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Les polynômes sont des objets très simples mais aux propriétés extrêmement riches. Il permettent de faire une
étude algébrique des équations, comme les équations de degré 2 : ax2 + bx + c = 0, que vous savez déjà résoudre.
Avez-vous déjà vu une méthode de résolution des équations de degré 3 ? La résolution de telles équations a fait
l’objet de luttes acharnées dans l’Italie du X V I e siècle. Un concours était organisé avec un prix pour chacune de
trente équations de degré 3 à résoudre. Un jeune italien, Tartaglia, trouve la formule générale des solutions et
résout les trente équations en une seule nuit ! Cette méthode que Tartaglia voulait garder secrète sera quand
même publiée quelques années plus tard comme la « méthode de Cardan ».
Dans ce chapitre, après quelques définitions des concepts de base, nous allons étudier l’arithmétique des
polynômes. Il y a une grande analogie entre l’arithmétique des polynômes et celles des entiers. On continue avec
un théorème fondamental de l’algèbre : « Tout polynôme de degré n admet n racines complexes. » On termine avec
les fractions rationnelles : une fraction rationnelle est le quotient de deux polynômes.
Nous vous encourageons à compléter la lecture des différents cours de ce chapitre avec les références citées
dans les chapitres précédents disponibles à la Bibliothèque Universitaire. En fouillant dans les rayons de la BU,
vous trouverez d’autres références qui vous plairont peut-être encore plus.
Dans ce chapitre K désignera l’un des corps R ou C (on ne cherchera pas à savoir ce qu’est un corps ce
semestre mais les plus férus d’entre vous trouveront facilement un livre à la BU pour le découvrir).
1
2
Pré-requis : Objectifs :
– maîtriser les opérations algébriques élémentaires – maîtriser les opérations sur les degrés
– savoir poser une division euclidienne – connaître la notion de divisibilité pour des
polynômes
– savoir effectuer une division euclidienne avec
des polynômes
Définition 1
P ( X ) = a n X n + a n−1 X n−1 + · · · + a 2 X 2 + a 1 X + a 0 ,
Remarque 1
S’il est certainement plus simple d’imaginer que X désigne un nombre de R ou C, il faut néanmoins savoir
que l’on peut substituer à X un autre polynôme, une matrice. . . Nous ne rentrerons pas dans ces détails mais
une fonction polynomiale ne désigne pas nécessairement un polynôme.
Exemple 1
L’ensemble des polynômes K[ X ] est muni d’une multiplication distributive basée sur la multiplication dans K et
sur la multiplication des puissances de X .
Définition 2
X n × X m := X n + m .
Pp Pq
Soient P ( X ) = i =0
a i X i et Q ( X ) = j =0
b j X j deux polynômes de K[ X ]. Nous définissons le produit P × Q par
pX
+q k
c k X k , avec c k :=
X
(P × Q )( X ) := a m b k−m où a i = 0 si i > p et b j = 0 si j > q.
k=0 m=0
3
Exemple 2
(P × Q )( X ) = X 5 − 4 X 3 + 3 X 2 − 5 X + 3.
Proposition 1
Soient P et Q deux polynômes à coefficients dans K. Nous avons les relations suivantes :
Démonstration
Proposition 2.
Remarque 2
y
Cette propriété n’est pourtant pas si banale. En effet, le produit
de deux fonctions quelconques peut être nul sans qu’aucune des
deux ne le soit.
1
Prenons les fonctions continues f , g : R → R définies par les for-
Cg Cf
mules :
0 1 x
f ( x) = x − | x| et g( x) = x + | x| .
Définition 3
• Les polynômes comportant un seul terme non nul (du type a k X k ) sont appelés monômes.
• Soit P ( X ) = a n X n + a n−1 X n−1 + · · · + a 1 X + a 0 , un polynôme avec a n 6= 0. On appelle terme dominant
le monôme a n X n . Le coefficient a n est appelé le coefficient dominant de P .
• Si le coefficient dominant est 1, on dit que P est un polynôme unitaire.
Exemple 3
Proposition 3
1. Si deg(Q ) Ê 1 alors deg(P (Q )) = deg(P ) × deg(Q ) (avec la règle (−∞) × n = −∞, pour tout n ∈ N∗ ).
2. Si deg(Q ) = 0, alors deg(P (Q )) É 0.
3. Si deg(Q ) = −∞, alors deg(P (Q )) É 0.
2. Arithmétique dans K[ X ]
Dans cette section, nous présentons deux similitudes entre les nombres entiers et les polynômes : la notion de
divisibilité et la division euclidienne.
Définition 4
On dit que le polynôme A divise le polynôme B, et nous notons A | B, s’il existe un polynôme C tel que B = AC .
Dans ce cas, on dit aussi que B est un multiple de A .
Il est facile de vérifier que tout polynôme divise 0, mais que 0 ne divise que lui-même. De même, 1 divise tout
polynôme, mais les seuls polynômes qui divisent 1 sont les constantes non nulles.
Démonstration
Proposition 4
Démonstration
Proposition 5
Soient A, B ∈ K[ X ] deux polynômes. On suppose A 6= 0. Il existe alors un unique couple (Q, R ) de polynômes
dans K[ X ] tel que :
B = Q A + R et deg R < deg A.
Démonstration
Démontrons que lorsque cette écriture existe, alors elle est unique.
1. En d’autre termes, l’arithmétique dans l’anneau K[ X ] est assez semblable à l’arithmétique dans l’anneau Z.
5
Exemple 4
2X 4 − X 3 − 2X 2 + 3X − 1 X2 − X +1 X 4 − 3X 3 + X +1 X2 +2
− 4 2
− (2 X 4 − 2 X 3 + 2 X 2 ) (X + 2X )
X 3 − 4X 2 + 3X − 1 2X 2 + X − 3 −3 X 3 − 2 X 2 + X + 1 X 2 − 3X − 2
− (−3 X 3
− (X 3 − X 2 + X ) − 6X )
−3 X 2 + 2 X − 1 −2 X 2 + 7 X + 1
− (−3 X 2 + 3 X − 3) − (−2 X 2 − 4)
−X + 2 7X + 5
Pré-requis : Objectifs :
– maîtriser les opérations sur les degrés – savoir exhiber certains diviseurs d’un polynôme à
– connaître la notion de divisibilité pour des l’aide de ses racines
polynômes – savoir déterminer la multiplicité d’une racine
– savoir effectuer une division euclidienne – savoir utiliser les racines d’un polynôme pour le fac-
– savoir dériver un polynôme toriser
Définition 5
Démonstration
Théorème 2.
Exercice 1
ζn−1 + ζn−2 + · · · + ζ + 1 = 0.
Définition 6
Soit P un polynôme. La multiplicité (ou ordre) d’une racine r de P est l’entier m tel que ( X − r )m divise
P ( X ) et ( X − r )m+1 ne divise pas P ( X ).
On dit que r est une racine simple si m = 1, et une racine multiple si m Ê 2.
7
Remarque 3
Définition 7
Pn i
Soit P ( X ) = i =0 a i X un polynôme. Le polynôme dérivée de P est le polynôme
n
P 0 ( X ) := ia i X i−1 .
X
i =1
Théorème 3. Admis
P ( r ) = P 0 ( r ) = · · · = P (k−1) ( r ) = 0.
Remarque 4
Par conséquent, si
P ( r ) = P 0 ( r ) = · · · = P (k−1) ( r ) = 0 et P (k) ( r ) 6= 0,
Lemme 1
Soit P un polynôme. Supposons qu’il s’écrit comme produit de deux polynômes : P = AB. Si :
• r est racine d’ordre au moins m de P , et
• B( r ) 6= 0 (c’est-à-dire que r n’est pas racine de B),
alors r est racine d’ordre au moins m de A .
Démonstration
Soient P un polynôme et r une racine de P . On suppose que P = AB avec B( r ) 6= 0. On va démontrer par récurrence sur m Ê 1 la
propriété :
Initialisation : supposons m = 1. Si r est racine (d’ordre au moins 1) de P , alors 0 = P ( r ) = A ( r )B( r ). Or, on a supposé B( r ) 6= 0, il
s’ensuit que A ( r ) = 0. Ainsi, r est bien racine d’ordre au moins 1 de A .
→ La propriété est vraie au rang m = 1.
Hérédité : soit m Ê 1 fixé. Supposons la propriété vraie au rang m. Montrons qu’elle reste vraie au rang m + 1.
Supposons que r est racine d’ordre au moins m + 1 de P , c’est-à-dire que P ( X ) = ( X − r )m+1 P1 ( X ).
En particulier, r est aussi une racine d’ordre au moins m de P , donc par hypothèse de récurrence, r est racine d’ordre au moins m de
A . Autrement dit on a : A ( X ) = ( X − r )m A 1 ( X ), d’où finalement :
( X − r )m+1 P1 ( X ) = ( X − r )m A 1 ( X )B( X ).
8
En simplifiant par ( X − r )m , on trouve ( X − r )P1 ( X ) = A 1 ( X )B( X ). Puis, en évaluant en r : 0 = A 1 ( r )B( r ). Or, B( r ) 6= 0, d’où A 1 ( r ) = 0.
Ainsi A 1 ( X ) = ( X − r ) A 2 ( X ). En remplaçant A 1 dans l’expression de A on obtient
A ( X ) = ( X − r )m A 1 ( X ) = ( X − r )m+1 A 2 ( X ),
Démonstration
Théorème 4
P ( X ) = ( X − r 1 )m1 · · · ( X − r k )m k Q ( X ).
Corollaire 1
Soit P un polynôme. Si P est non-nul, alors le nombre de ses racines comptées avec leur multiplicité est
inférieur ou égal au degré de P , c’est-à-dire
deg(P ) Ê m 1 + · · · + m k .
9
Pré-requis :
Objectifs :
– savoir reconnaître des racines évidentes
– connaître les polynômes irréductibles de C et de R
– savoir calculer la multiplicité d’une racine
– savoir décomposer sur C et sur R un polynôme en
– savoir trouver les racines d’un polynôme de degré 2
produit d’irréductibles
à coefficients réels ou complexes et le factoriser
– connaître les relations entre nombre de racines et
– maîtriser les nombres complexes (conjugué, partie
degré d’un polynôme
réelle, module)
Définition 8
Soit P un polynôme non constant. Le polynôme P est irréductible s’il ne peut pas s’écrire comme un produit
de deux polynômes tous deux non constants. Autrement dit, si P = QR , alors Q est constant ou R est constant.
Sinon, P est dit réductible.
Remarque 5
En revanche, on verra dans la suite de cette leçon que P est irréductible sur R, c’est-à-dire qu’on ne peut pas
l’écrire comme produit de deux polynômes à coefficients réels tous deux non-constants.
Le but de ce cours est de décomposer un polynôme réductible en produit de polynômes irréductibles. Il faut pour
cela savoir caractériser les polynômes irréductibles sur C et sur R.
Sur C, tout polynôme de degré supérieur ou égal à 1 admet au moins une racine.
P ( X ) = a( X − r 1 ) m 1 · · · ( X − r k ) m k ,
Remarque 6
Pour décomposer un polynôme sur C, il suffit donc de connaître toutes ses racines et leur multiplicité.
Exemple 5
Les racines du polynôme X n − 1 sont les racines n-èmes de l’unité, les ζk = e2iπk/n pour 0 É k É n − 1. Sur C, ce
polynôme se décompose donc de la façon suivante :
nY
−1 2iπ k
Xn −1 = (X − e n ).
k=0
Proposition 6
Démonstration
On va démontrer l’énoncé équivalent (en faisant une double contraposée) : pour un polynôme P de degré 2, on a
Le sens retour est immédiat. On sait qu’un polynôme de degré 2 à coefficients réels dont le discriminant est positif ou
nul admet deux racines réelles r 1 et r 2 (éventuellement confondues), et se factorise sous la forme
Ainsi, on sait maintenant que la décomposition dans R d’un polynôme peut éventuellement faire intervenir des
polynômes irréductibles de degré 2.
11
Exemple 6
On a vu dans la remarque 5 que le polynôme X 2 + 1 est réductible sur C. La proposition 6 nous dit qu’il est
irréductible sur R.
Nous allons voir que ces facteurs de degré 2 peuvent être retrouvés à partir de la décomposition dans C du même
polynôme. Commençons avec l’observation suivante :
Lemme 2.
Soit P un polynôme dont tous les coefficients sont réels. Alors un nombre complexe z ∈ C est racine de P si et
seulement si son conjugué z̄ est aussi racine de P . De plus, les deux racines z et z̄ ont la même multiplicité.
Démonstration
Supposons qu’on connaisse la décomposition dans C d’un polynôme à coefficients réels. Alors à chaque fois qu’un
facteur ( X − z)m apparaît dans cette décomposition, le lemme précédent assure qu’on a aussi un facteur ( X − z̄)m .
En regroupant ces facteurs, on obtient
qui est un produit de m polynômes à coefficients réels irréductibles. Il suffit de répéter l’opération pour chaque
paire de racines complexes conjuguées, et on obtient alors une décomposition en polynômes irréductibles dans R
du polynôme de départ.
Exemple 7
P ( X ) = ( X 2 + X + 1)( X 2 − X + 1).
P ( X ) = a( X − r 1 ) m 1 · · · ( X − r k ) m k ( X 2 + b 1 X + c 1 ) n 1 · · · ( X 2 + b ` X + c ` ) n ` , (1)
Pré-requis : Objectifs :
– savoir utiliser la factorisation des polynômes – savoir effectuer des calculs élémentaires sur les frac-
– savoir effectuer la division euclidienne de deux po- tions rationnelles
lynômes – savoir décomposer dans C( X ) (resp. R( X )) une frac-
– savoir rechercher les racines communes à deux po- tion rationnelle de deux polynômes de C[ X ] (resp.
lynômes R[ X ])
5. Fractions rationnelles
De la même façon que nous nous intéressons aux fractions de nombres entiers ( 23 de pizza), nous pouvons définir
des fractions de polynômes. Des exemples bien connus sont les fractions X1 ou X12 mais il y en a bien d’autres.
Attention : il est très pratique, sans que ce soit indispensable à la compréhension du cours, de donner un nom
aux ensembles que l’on utilise. Pour cette raison, il est d’usage de noter
• C[ X ] l’ensemble des polynômes à coefficients dans C,
• R[ X ] l’ensemble des polynômes à coefficients dans R,
• C( X ) l’ensemble des fractions rationnelles à coefficients dans C,
• R( X ) l’ensemble des fractions rationnelles à coefficients dans R.
Définition 9
Une fraction rationnelle à coefficients réels (resp. complexes) est une expression de la forme
P P(X )
F= ou F(X ) = ,
Q Q(X )
Exemple 8
1
La fraction rationnelle F ( X ) = peut être considérée soit comme une fraction rationnelle à coefficients
X −1
X
réels, soit comme une fraction rationnelle à coefficients complexes. La fraction rationnelle G ( X ) = 2 ,
X −X
bien qu’ayant un numérateur et un dénominateur différent de ceux de F ( X ), est identifiée à F ( X ). Voir la
définition qui suit.
Définition 10
P1 P2
Deux fractions rationnelles (à coefficients réels ou complexes) et sont dites égales lorsque P1 Q 2 =
Q1 Q2
P1 P2 P1
P2 Q 1 . Nous dirons alors que et sont deux représentants de la fraction rationnelle F = .
Q1 Q2 Q1
Définition 11
P1 P2 P1 P2 P1 Q 2 + P2 Q 1
L’addition de deux fractions rationnelles et est définie par + = .
Q1 Q2 Q1 Q2 Q1 Q2
P1 P2 P1 P2 P1 P2
Le produit de deux fractions rationnelles et est défini par × = .
Q1 Q2 Q1 Q2 Q1 Q2
13
Exemple 9 Exemple 10
P1 ( X ) X P2 ( X ) 1 P1 ( X ) X P2 ( X ) X + 2
Soient = 2 et = . Soient = 2 et = .
Q1( X ) X + X − 2 Q2( X ) X + 2 Q1( X ) X + X − 2 Q2( X ) 1
P1 ( X ) P2 ( X ) 2X − 1 P1 ( X ) P2 ( X ) X
+ = 2 . × = .
Q1( X ) Q2( X ) X + X − 2 Q1( X ) Q2( X ) X − 1
Démonstration
Proposition 7
P
Soit F = une fraction rationnelle (à coefficients réels ou complexes). Il existe
Q
P0
un unique représentant de F de la forme , tel que P0 et Q 0 n’ont pas de racine
Q0
commune dans C (on dit aussi que P0 et Q 0 sont premiers entre eux), et tel que
le coefficient de plus haut degré de Q 0 est égal à 1 (on dit que Q 0 est unitaire).
On appelle forme irréductible de F ce représentant.
Remarque 7
P0
Un représentant d’une fraction rationnelle F de la forme , tel que P0 et Q 0 n’ont pas de racine commune
Q0
dans C, est parfois aussi appelé une forme irréductible de F même si Q 0 n’est pas unitaire.
Proposition 8
P
Soit F = une fraction rationnelle (à coefficients réels ou complexes). On pose
Q
Démonstration
Exemple 11
P
Soit F une fraction rationnelle de C( X ) et la forme irréductible de F , avec
Q
Q ( X ) = ( X − α1 )k1 × · · · × ( X − α` )k` ,
P E ×Q +R R
= =E+ .
Q Q Q
R
Nous cherchons ensuite la décomposition en éléments simples de Q.
Exemple 12
X4 + X3 −9 X2 −9 X +1
La fraction rationnelle est de degré 2. Déterminons sa partie entière à l’aide d’une
( X − 3) ( X + 1)
division euclidienne.
P(X ) a1 a`
= E( X ) + +···+ .
Q(X ) ( X − α1 ) ( X − α` )
Exemple 13
Décomposons en éléments simples la fraction rationnelle ( X −3)(1 X +1) . Nous avons E = 0. Nous cherchons a ∈ C,
b ∈ C tels que
1 a b
= + . (2)
( X − 3)( X + 1) X − 3 X + 1
En multipliant les deux membres de l’égalité par ( X − 3), nous avons
1 b( X − 3) b( X − 3)
= a+ = a+ .
X +1 X +1 X +1
15
1
En substituant 3 à X , nous obtenons 4 = a. Pour le calcul de b, on repart de (2) que l’on multiplie par X + 1.
Nous avons
1 a( X + 1)
= + b.
X −3 X −3
Nous en déduisons b = − 41 en substituant −1 à X .
P(X ) a b c
= E( X ) + + + .
Q(X ) ( X − α1 )2 ( X − α1 ) ( X − α2 )
Exemple 14
Décomposons en éléments simples la fraction rationnelle ( X +21)X2+( X1 +2) . Nous avons E = 0. Nous cherchons a ∈ C,
b ∈ C et c ∈ C tels que
2X + 1 a b c
= + + . (3)
( X + 1)2 ( X + 2) ( X + 1)2 X + 1 X + 2
En multipliant les deux membres de l’égalité par ( X + 1)2 , nous avons
2X + 1 c( X + 1)2
= a + b( X + 1) + .
X +2 X +2
En substituant −1 à X , nous obtenons −1 = a. Pour le calcul de c, nous repartons de (3) que nous multiplions
par X + 2. Nous avons
2X + 1 a( X + 2) b( X + 2)
2
= + + c.
( X + 1) ( X + 1)2 X +1
En substituant −2 à X , nous obtenons −3 = c. Il y a plusieurs méthodes permettant de calculer b. L’une d’elle
consiste à écrire
2X + 1 1 b c
+ = + ,
( X + 1)2 ( X + 2) ( X + 1)2 X + 1 X + 2
et
2X + 1 1 2X + 1 + X + 2 3
+ = = .
( X + 1)2 ( X + 2) ( X + 1)2 ( X + 1)2 ( X + 2) ( X + 1)( X + 2)
Nous calculons ensuite b comme dans le cas où Q n’a que des racines simples. Nous trouvons b = 3.
Exemple 15
Pré-requis : Objectifs :
– savoir décomposer dans C( X ) une fraction ration- – décomposer dans R( X ) une fraction rationnelle de
nelle de deux polynômes de C[ X ] deux polynômes de R[ X ]
– savoir calculer les primitives de certaines fractions – savoir calculer les primitives de fractions ration-
rationnelles de type éléments simples nelles réelles
P
= E + F1 + · · · + F p + G 1 + · · · + G q , (4)
Q
avec
a i,1 a i,2 a i,k i
Fi (X ) =
( X −α i ) + ( X −α i )2 + · · · + ( X −α i )k i , pour les facteurs irréductibles de degré 1 de Q , et
b X +c b j,2 X + c j,2 b j,l X + c j,l j
G j ( X ) = ( X 2j,−1β X +j,γ1 ) + ( X 2 −β j X +γ j )2
+···+ 2 j l , pour les facteurs irréductibles de degré 2 de Q .
( X −β j X +γ j ) j
j j
Exemple 16
3
La décomposition en éléments simples la fraction rationnelle X 3 −1
dans C( X ) est de la forme
3 3 α β β̄
= = + + .
X 3 − 1 ( X − 1)( X − e2iπ/3 )( X − e−2iπ/3 ) X − 1 X − e2iπ/3 X − e−2iπ/3
Le calcul des coefficients α et β se fait de la façon décrite dans le cours précédent et vous trouvez
3 1 e2ıπ/3 e−2iπ/3
= + + .
X 3 − 1 X − 1 X − e2iπ/3 X − e−2iπ/3
e2iπ/3 e−2iπ/3
Pour trouver la factorisation réelle, il suffit de regrouper les termes complexes conjugués X −e2iπ/3
et X −e−2iπ/3
sous le même dénominateur :
e2iπ/3 e−2iπ/3 −X − 2
+ = .
X − e2iπ/3 X − e−2iπ/3 X 2 + X + 1
Finalement,
3 1 X +2
= − 2 .
X3 −1 X −1 X + X +1
Il est aussi possible d’effectuer une décomposition en éléments simples dans R( X ) directement en utilisant la forme
de la décomposition en éléments simples décrite par l’équation 4. Nous reprenons l’exemple précédent pour voir la
nouvelle procédure à suivre dans le cas où les racines complexes du dénominateur sont simples.
Exemple 17
Nous allons décomposer la fraction rationnelle X 33−1 directement dans R( X ). La décomposition réelle est de
la forme
3 3 a bX + c
3
= 2
= + 2 .
X − 1 ( X − 1)( X + X + 1) X − 1 X + X + 1
On obtient a = 1 de la même façon que dans le cours précédent. Puis, en multipliant la décomposition réelle
17
3x x bx2 + cx x bx2 + cx
µ ¶
lim = lim + = lim + lim ,
x→+∞ x3 − 1 x→+∞ x − 1 x2 + x + 1 x→+∞ x − 1 x→+∞ x2 + x + 1
Exemple 18
2
Le dénominateur de la fraction rationnelle F ( X ) = a pour racines complexes 0, de multiplicité 2,
X 2 ( X 2 + 1)2
i de multiplicité 2, et − i de multiplicité 2. La décomposition complexe est donc de la forme
a b c d e f
F(X ) = + + + + + ,
X X 2 X + i ( X + i)2 X − i ( X − i)2
a b αX + β γX + δ
F(X ) = + + + .
X X 2 X 2 + 1 ( X 2 + 1)2
Nous calculons b en multipliant F ( X ) par X 2 , puis après simplification, en substituant 0 à X . Nous trouvons
b = 2. Nous calculons ensuite
2 X 4 + 2X 2 X2 +2 a αX + β γX + δ
F(X ) − 2
= −2 2 2 2
= −2 2 = + 2 + .
X X ( X + 1) ( X + 1)2 X X + 1 ( X 2 + 1)2
Cela permet de trouver a = 0 (c’est un hasard de l’avoir trouvé aussi facilement). Nous remarquons que
X2 +2 −2( X 2 + 1) −2
−2 = + 2 .
( X 2 + 1)2 ( X 2 + 1)2 ( X + 1)2
Proposition 9
1. Nous avons
dt
Z
= ln(| t − a|) + C dans ]a, +∞[ ou dans ] − ∞, a[, avec C une constante.
t−a
2. Pour p Ê 2, nous avons
dt 1 1
Z
p
= +C dans ]a, +∞[ ou dans ] − ∞, a[, avec C une constante.
( t − a) (− p + 1) ( t − a) p−1
dt 1 1 b b
Z ¸ · ¸ ·
p
= +C dans − , +∞ ou dans −∞, − , avec C une constante.
(at + b) a(− p + 1) (at + b) p−1 a a
Exemple 19
1 1 1
= − . (5)
( X − 3)( X + 1) 4( X − 3) 4( X + 1)
Exemple 20.
Nous avons aussi obtenue dans l’exemple 14 du cours précédent la décomposition en élément simple suivante
2X + 1 1 3 3
=− + − . (6)
( X + 1)2 ( X + 2) ( X + 1)2 X + 1 X + 2
2t + 1 1 3 3 dt dt dt
Z Z µ ¶ Z Z Z
dt = − + − dt = − +3 −3
( t + 1)2 ( t + 2) ( t + 1)2 t + 1 t + 2 ( t + 1)2 t+1 t+2
1
=− + 3 ln(| t + 1|) − 3 ln(| t + 2|) + C,
t+1
où C est une constante.
2t + b
Calcul des primitives des éléments de la forme
( t2 + bt + c) p
Nous avons Z 2t + b 1 1
2 p
dt = + C, si p > 1, et
(− p + 1) ( t + bt + c) p−1
2
Z ( t + bt + c)
2t + b
dt = ln( t2 + bt + c) + C, où C est une constante.
t2 + bt + c
19
1
Calcul des primitives des éléments de la forme
( t2 + bt + c) p
Comme t2 + bt + c > 0 pour tout t ∈ZR, on peut trouver un changement de variable permettant de ramener le calcul
1 1
Z
de dt au calcul de d y. La mise sous forme canonique d’un trinôme du second degré
( t2 + bt + c) p ( y2 + 1) p
2
consiste à ramener ax + bx + c (a 6= 0) à l’une des formes suivantes via un changement de variable :
2
K ( y − 1)
si ∆ = b2 − 4ac > 0,
Ky 2
si ∆ = b2 − 4ac = 0,
2
∆ = b2 − 4ac < 0.
K ( y + 1) si
b2 b2 b 2
¶ µ 2
b c b − 4ac
µ ¶ µµ ¶¶
2 2
ax + bx + c = a x + 2 x + 2 − 2 + = a x+ − .
2a 4a 4a a 2a 4 a2
1 1
Z Z
dx au calcul de d y.
( x2 + bx + c)m ( y2 + 1)m
b b ¸b Z b
dy dy 1 y 2m − 3 dy
Z Z ·
Ainsi en isolant , nous obtenons d y = + d y.
a ( y + 1)m
2
a
2
( y + 1) m 2
2( m − 1) ( y + 1) m −1 2
a 2( m − 1) a ( y + 1)
m−1
Exemple 21
Z 1 ds s+1
2p 3( t2 +1)
Calculons I = . Posons t = . Le trinôme devient s2 + s + 1 = 4 et l’intégrale est égale à
0 s2 + s + 1 3
p
2
Z 3/ 3 dt 2 ³ p p ´
I=p p = p arctan(3/ 3) − arctan(1/ 3) .
3 1/ 3 t2 + 1 3
s+1
2p
C’est la raison pour laquelle on introduit le changement de variable t = .
3
20