Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Structures algébriques,
Polynômes et Fractions Rationnelles
2023-2024
Ce polycopié se veut avant tout un outil complémentaire aux cours et travaux dirigés.
Table des matières
1 Calcul polynomial 2
1.1 Définition d’une fonction polynomiale et opérations usuelles . . 2
1.2 Degré d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Le polynôme dérivé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Division euclidienne des fonctions polynomiales . . . . . . . . . 7
1.5 Arithmétique dans K[x] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5.1 Divisibilité dans K[x] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5.2 Polynôme irréductible et factorisation de polynômes . . . 12
1.5.3 Le PGCD et ses applications dans K[x] . . . . . . . . . . 13
1.5.4 Le PPCM et ses applications dans K[x] . . . . . . . . . . 18
1
Chapitre 1
Calcul polynomial
2
CHAPITRE 1. CALCUL POLYNOMIAL
Notation 1.1.2
Rappellons que F(K), l’ensemble des fonctions de K dans K, est muni des
deux opérations "addition" et "multiplication" de deux fonctions.
Proposition 1.1.3
X X
Pour tous deux polynômes P = ak xk et Q = bk xk de K[x], on
a: X
P + Q = (ak + bk )xk
X k
X
k
PQ = ck x tel que ck = ai bk−i
i=0
Exercice 1.1.5
P ◦ (Q ◦ R) = (P ◦ Q) ◦ R
Exercice 1.1.6
Nous concluons cette section en affirmant que les coefficients d’une fonction
polynomiale déterminent de manière unique cette fonction. En réalité, ceci
découle simplement du résultat particulier suivant :
Lemme 1.1.7
X
Un polynôme P = ak xk est nul si et seulement si an = 0 pour tout
n ∈ N.
X
Preuve. Remarquer que P − Q = (ak − bk )xk . (c.q.f.d)
Proposition 1.2.2
En particulier,
1. Si deg(P ) 6= deg(Q), alors deg(P + Q) = max(deg(P ) , deg(Q)).
2. Si deg(P ) = deg(Q), alors deg(P + Q) = deg(Q) si et seulement si
les coefficients dominants de P et Q ne sont pas opposés.
3. Si P et Q sont deux polynômes non nuls, alors le coefficient domi-
nant de P Q est le produit des coefficients dominants de P et de
Q. Et on a : deg(P Q) = deg(P ) + deg(Q).
4. Si P et Q sont deux polynômes non nuls, alors deg(P ◦ Q) =
deg(P ) deg(Q).
Il faut noter que, dans F(K), on peut construire facilement deux fonctions
(même (réelles) continues) non nulles avec un produit nul. Cependant, dans
l’ensemble des polynômes nous avons le comportement suivant :
Corollaire 1.2.3
Corollaire 1.2.4
Proposition 1.3.1
n n
an+1 n+1−m X
k
X an+1
A− x B= ak x − bn+1−m+k xk
bm k=0 k=n+1−m
bm
Par suite,
an+1
deg(A − bk xn+1−m B) ≤ n
bm
Par hypothèse de récurrence, il existe (Q1 , R) ∈ K[X]2 tel que
an+1
A− bk xn+1−m B = BQ1 + R
bm
et deg(R) < deg(B). Mais alors,
an+1 n+1−m
A = B( x + Q1 ) + R
bm
CHAPITRE 1. CALCUL POLYNOMIAL
an+1 n+1−m
et les polynômes Q = x + Q1 et R conviennent.
bm
Le résultat est ainsi démontré par récurrence.
Définition 1.4.2
Proposition 1.4.3
Exercice 1.4.4
n
Y kπ kπ
1. On considère le polynôme P = X sin + cos (où n ≥
k=1
n n
2). Calculer le reste de la division euclidienne du polynôme P par
Q = x2 + 1.
2. Calculer le reste de la division euclidienne du polynôme xn + x + 1
par le polynôme (x − 1)2 .
Proposition 1.5.2
Proposition 1.5.3
Si, dans Z, a/b et b/a, alors a = b ou a = −b. Dans le cas des polynômes,
nous avons un résultat similaire.
Définition 1.5.4
Soient A et B deux polynômes dans K[x]. On dit que les deux poly-
nômes A et B sont associés si A/B et B/A.
CHAPITRE 1. CALCUL POLYNOMIAL
Proposition 1.5.5
Proposition 1.5.6
Corollaire 1.5.7
Proposition 1.5.8
1
Preuve. Soit A un polynôme non nul de coefficient dominant λ 6= 0. Alors, A
λ
est un polynôme unitaire associé à A (d’après la proposition 1.5.6). Supposons
qu’il existe un autre polynôme unitaire B associé à A. Alors A = ηB pour
certain η ∈ K. Mais B est unitaire, alors η est le coefficient dominant de
ηB = A. D’où η = λ . (c.q.f.d)
1.5. ARITHMÉTIQUE DANS K[X]
Définition 1.5.9
Un polynôme P est dit irréductible dans K[x] s’il n’est pas constant
et si ses seuls diviseurs sont les polynômes constants et les polynômes
associés.
Il est facile à montrer que tout polynôme de degré 1 est irréductible. La réci-
proque est vraie pour les polynômes complexes, grâce au célèbre théorème de
d’Alembert-Gauss, qui énonce que "Tout polynôme non constant de C[x] pos-
sède au moins une racine." La démonstration de ce dernier résultat, relevant de
l’analyse, est hors-programme. En utilisant ce fameux résultat, nous obtenons
le théorème important suivant, qui présente la factorisation des polynômes
dans C[x].
Théorème 1.5.10
Théorème 1.5.11
Théorème 1.5.13
Dans ce qui suit, nous allons présenter quelques propriétés du PGCD de deux
polynômes similaires à celles du PGCD de deux entiers.
1.5. ARITHMÉTIQUE DANS K[X]
Proposition 1.5.14
Proposition 1.5.17
Exemple 1.5.19
Soient a at b deux éléments différents de K. Alors, x − a et x − b sont
premiers entre eux.
En effet, puisque b 6= a, b − a 6= 0 et on a (b − a)−1 (x − a) + (a −
b)−1 (x − b) = 1.
Proposition 1.5.20
A = Q1 B + R1 ; B = Q2 R1 + R2 ; R1 = Q3 R2 + R3 ; · · ·
∀k ≤ n, Rk 6= 0 et Rn+1 = 0,
Exemple 1.5.21
Trouvons le PGCD de A = x4 −x3 +2x2 −X+1 et B = x3 +1 dans R[x].
Posons R1 = 2x2 − 2X + 2.
Par division euclidienne de B par R1 , on trouve que
1 1
B = ( X + )R1 .
2 2
1
Ainsi, PGCD(A, B) = R1 = x2 − x + 1.
2
Exercice 1.5.22
Corollaire 1.5.24
Proposition 1.5.25
Proposition 1.5.26
Proposition 1.5.28
La formule de Taylor (Théorème 1.3.2) nous offre une méthode pratique pour
déterminer le degré de multiplicité d’une racine d’un polynôme.
Proposition 1.5.29
Remarque 1.5.30
Soit P un polynôme. Un élément a ∈ K est une racine de multiplicité
au moins m ∈ N∗ de P si et seulement si P (a) = P 0 (a) = · · · = P (m−1) =
0.
Exercice 1.5.31
Théorème 1.5.33
Tout comme dans le cas des entiers, il existe une relation particulière entre le
pgcd et le ppcm des polynômes, exprimée par une égalité. Cette égalité offre
des propriétés similaires à celles que l’on observe pour les entiers.
CHAPITRE 1. CALCUL POLYNOMIAL
Fractions rationnelles :
Décomposition en éléments
simples
A
Toute fonction de la forme F = ∈ K(X), où A et B sont deux
B
6 0, est appelée une fraction rationnelle.
polynômes de K[x] avec B =
1. Si le numérateur A et le dénominateur B d’une fraction rationnelle
A
F = ∈ K(X) ne sont pas premiers entre eux, alors on peut ré-
B
duire F en divisant A et B par un PGCD de A et B, soit D, ce
A0 A B
PGCD. Alors, F = où A0 = et B0 = qui sont deux poly-
B0 D D
A0
nômes premiers entre eux. On dit que est une forme réduite
B0
(ou irréductible) de F . Si de plus B0 est unitaire, le représentant
A0
de F est appelé la forme réduite (ou irréductible) de F .
B0
A0
2. Soit une forme irréductible d’une fraction rationnelle F . On
B0
appelle pôle de F toute racine α ∈ K de B0 . La multiplicité de α
en tant que racine de B0 est appelé l’ordre ou la multiplicité du
pôle α. En particulier, un pôle d’ordre 1 est dit un pôle simple.
On appelle zéro de F toute racine α ∈ K de A0 .
La multiplicité de α en tant que racine de A0 est appelé l’ordre
ou la multiplicité du zéro α.
Le principal objectif de cette partie est de montrer que n’importe quelle frac-
tion rationnelle admet une décomposition en une somme de termes plus simples
appelés éléments simples. Cette opération est très utile pour les calculs de pri-
mitives. Nous donnerons par la suite uelques méthodes pratiques de la décom-
position en éléments simples.
CHAPITRE 2. FRACTIONS RATIONNELLES : DÉCOMPOSITION EN
ÉLÉMENTS SIMPLES
Corollaire 2.0.3
Remarque 2.0.4
A
On considère une fraction rationnelle F = .
B
1. Si deg A < deg B, alors la partie entière de F est le polynôme nul.
Exemple 2.0.5
x2 + x + 1
On considère la fraction rationnelle suivante : F (x) =
x(x − 1)(x + 1)
La DES de F est de la forme
λ µ ν
F (x) = + +
x x−1 x+1
On réduit au même dénominateur le membre de la DES, on obtient :
Exemple 2.0.6
On considère la fraction rationnelle de l’exemple précédent.
x2 + x + 1 λ µ ν
F (x) = = + +
x(x − 1)(x + 1) x x−1 x+1
x2 + x + 1 λ µ ν
lim x = lim x( + + )
x→∞ x(x − 1)(x + 1) x→∞ x x − 1 x + 1
7 λ ν
On obtient l’équation = + µ + en remplaçant x par 2.
6 2 3
2.0.3 Multiplication et substitution.
Cette méthode permet de trouver le coefficient du terme de plus haut degré
de chaque partie polaire.
On utilise les notations du théorème 2.0.2.
Soit i ∈ {1, ..., k}. Pour déterminer le coefficient bi,mi on multiplie F et sa DES
par (x − ai )mi et on évalue l’égalité obtenue en remplaçant x par ai .
Exemple 2.0.7
On considère la fraction rationnelle suivante :
2x4 + x3 + 3x2 − 6x + 1
F (x) =
2x3 − x2
Premièrement, par la division euclidienne on obtient : F (x) = x +
4x2 − 6x + 1
1 + F1 (x) avec F1 (x) = . Puis, en factorisant le dénomi-
2x3 − x2
nateur de F1 , on a la DES de F1 :
A B C
F1 (x) = + + .
x 2 x x − 21
Exemple 2.0.8
On considère la fraction rationnelle suivante :
a x5 − 2x4 + 2x3 − x2 + 2x + 2
F1 (x) = F (x) − =
x (x2 + 1)3
Ainsi,
bx + c dx + e fx + g
F1 (x) = 2 3
+ 2 2
+ 2 .
(x + 1) (x + 1) x +1
On peut obtenir b et c en multipliant par (x2 + 1)3 puis en replaçant x
par i ou par −i (avec séparation des parties réelle et imaginaire). Mais
bx + c
cela est insuffisant pour conclure : il faut encore soustraire 2
(x + 1)3
2 2
puis simplifier par (x + 1) et enfin calculer d et e. De même pour
calculer f et g. Cela entraîne beaucoup de calculs. Pour cela, on pro-
pose la méthode suivante :
La décomposition peut se faire par divisions euclidienne successives du
numérateur x5 − 2x4 + 2x3 − x2 + 2x + 2 par x2 + 1, puis du quotient
obtenu par x2 + 1 :
Remarque 2.0.9
La dérnière méthode est souvent utilisée dans le cas où le dénominateur
est une puissance d’un polynôme de degré 2. Voici un autre exemple. On
x3 + 1
considère la fraction rationnelle suivante : F (x) = 2 .
(x + x + 1)2
En utilisant la division euclidienne de x3 + 1 par x2 + x + 1, x3 + 1 =
(x − 1)(x2 + x + 1) + 2, on trouve la DES de F :
x3 + 1 x−1 2
2 2
= 2 + 2 .
(x + x + 1) x + x + 1 (x + x + 1)2
2.0.4 Calcul de la partie polaire relative à un pôle simple.
A
Si α est un pôle simple d’une fraction rationnelle F = , alors le coefficient
B
A(α)
de la partie polaire relative à α est .
B 0 (α)
Exemple 2.0.10
x2 + x + 1
On considère la fraction rationnelle : F (x) = . Alors,
x(x − 1)(x + 1)
x2 + x + 1
F (x) = .
x3 − x
La DES de F est de la forme
λ µ ν
F (x) = + +
x x−1 x+1
Exercice 2.0.11
1
On considère un entier n ∈ N∗ . Décomposer en éléments
Xn − 1
simples dans C(X).
2.0.5 Parité.
x2 + 1
Soit F (x) = . Puisque F est paire, la DES de F est de la
(x − 1)2 (x + 1)2
forme :
a b a b
F (x) = + − + .
x − 1 (x − 1)2 x + 1 (x + 1)2
CHAPITRE 2. FRACTIONS RATIONNELLES : DÉCOMPOSITION EN
ÉLÉMENTS SIMPLES
Exemple 2.0.13
La méthode de calcul est exactement la même que celle de la division
euclidienne en rangeant les deux polynômes dans le sens inverse (i.e.,
suivant les puissances croissantes). Illustrons le pour p = 3 avec les
polynômes suivants : A = 1 + 3x + 2x2 − 7x3 et B = 1 + x − 2x2 .
Ce qui s’écrit :
0 A(k−1) (a)
A(x) = A(a) + A (a)(x − a) + · · · + (x − a)k−1
(k − 1)!
On trouve la DES de F :
k A(k−i) (a)
A(x) X (k−i)!
=
(x − a)k i=1
(x − a)i