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Département de Mathématiques
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Module : Algèbre 1
(S1)
Filière :
Sciences de Matière Physique et Chimie (SMPC)
Par :
M. Abdellah ALLA
Mme. Nadia BOUDI
M. Ahmed HAJJI
M. Houssame MAHZOULI.
Université Mohammed V, Faculté des Sciences RABAT. Avenue Ibn Battouta, B. P. 1014 RP, Rabat – Maroc. Site web :
www.fsr.ac.ma, Tel : (+212) 05 37 77 18 76, Fax : (+212) 05 37 77 42 61.
Profs. : A. ALLA, N. BOUDI A. HAJJI, H. MAHZOULI
Dans ce chapitre K désigne soit C soit R. Les éléments de K seront appelés les scalaires.
1 Définitions et opérations
Définition 1.1. – On appelle polynôme P à une indéterminée X et à coefficients dans K
toute suite (ak )k∈N nulle à partir d’un certain rang (c-à-d il existe n ∈ N tel que ∀k > n,
ak = 0). On écrit P sous la forme
Xn
P := P(X) = a0 + a1 X + a2 X + ... + an X =
2 n
ak X k
k=0
Les scalaires a0 , ..., an sont appelés les coefficients de P et X est l’indéterminée. On note
K[X] l’ensemble des polynômes à une indéterminée et à coefficients dans K.
– Le polynôme nul 0 est le polynôme dont tous les coefficients sont nuls.
– On dit que deux polynôme sont égaux si et seulement si les suites consituées de leurs
coefficients sont égales.
n
X
Définition 1.2 (Fonctions polynomiales). Si P = ak X k ∈ K[X], on appelle fonction poly-
k=0
nomiale associée, l’application :
P̃ : K −→ K
n
X
x −
7 → ak xk
k=0
Remarque 1.3. S’il n’y a pas d’ambiguïté, on identifie le polynôme avec la fonction polynomiale
associée.
n
X
Définition 1.4 (Somme de deux polynômes). La somme des polynômes P = ak X k et Q =
k=0
m
X
bk X k est le polynôme :
k=0
n+m
X
P+Q= (ak + bk )X k
k=0
N. B : Les coefficients qui ne s’affichent pas dans l’écriture de P et Q jusqu’à l’ordre n + m
seront remplacés par des zéros.
Remarquons que l’addition (la loi +) est une loi de composition interne sur K[X].
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Proposition 1.5 (Propriétés de +). La loi (+) sur K[X] vérifie les propriétés suivantes :
Associativité: : ∀P, Q, R ∈ K[X], P + (Q + R) = (P + Q) + R.
Existence d’un élément neutre: : Le polynôme nul est l’élément neutre pour la loi (+),
c’est à dire, P + 0 = 0 + P = P pour tout P ∈ K[X].
Existence d’un symétrique: −P est l’élément symétrique de P, c’est à dire, P + (−P) =
P − P = 0 pour tout P ∈ K[X].
Commutativité: ∀P, Q ∈ K[X], P + Q = Q + P.
Autrement dit, (K[X], +) est un groupe commutatif.
Démonstration. C’est une conséquence des résultats analogues sur les suites. t
u
n
X
Définition 1.6 (Multiplication par un scalaire). Soient λ ∈ K et P = ak X k ∈ K[X]. La
k=0
multiplication de P par λ est l’élément de K[X] défini par :
Xn
λ.P = (λak )X k .
k=0
Remarques 1.8. (1) La multiplication des polynômes par les scalaires est une loi de com-
position externe.
La multiplication entre polynômes est définie par analogie avec la multiplication entre fonctions
polynomiales.
n
X
Définition 1.9 (Multiplication de deux polynômes). Le produit des polynômes P = ak X k et
k=0
m
X
Q= bk X k est le polynôme :
k=0
n+m
X k
X X
P×Q= ck X , où ∀k
k
ak = ai bk−i = ai b j
k=0 i=0 i+ j=k
S’il n’y a pas d’ambiguïté, le produit des polynômes P et Q est aussi noté PQ.
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Proposition 1.10 (Propriétés de ×). La loi (×) sur K[X] vérifie les propriétés suivantes :
Associativité: : ∀P, Q, R ∈ K[X], P(QR) = (PQ)R.
Existence d’un élément neutre: : Le polynôme P = 1 est l’élément neutre pour la loi
(×), c’est à dire P × 1 = 1 × P = P pour tout P ∈ K[X].
Commutativité: : ∀P, Q ∈ K[X], PQ = QP.
Distributivité sur +: : ∀P, Q, R ∈ K[X], P(Q + R) = PQ + PR.
Démonstration. Exercice. t
u
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(3) On a :
n+m
X k
X X
PQ = ck X , où ∀k
k
ak = ai bk−i = ai b j
k=0 i=0 i+ j=k
Alors, cn+m = an bm , 0 est le coefficient dominant de PQ. Ainsi, deg(PQ) = degP + degQ. t
u
3 Division euclidienne
Définition 3.1. Soient P, Q ∈ K[X] non nuls. On dit que Q divise P (ou que P est un multiple
de Q) s’il existe T ∈ K[X] tel que P = QT . On note alors Q | P.
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an n+1−m
un polynôme A de degré n + 1. Le polynôme A1 = A − X B est de degré ≤ n. Donc, il
bm
existe un couple (Q1 , R1 ) de polynômes de K[X] tel que A1 = Q1 B + R1 et degR1 < degB. Alors,
an an an
A = A1 + X n+1−m B = Q1 B + R1 + X n+1−m B = (Q1 + X n+1−m )B + R1
bm bm bm
an
On pose Q = Q1 + X n+1−m et R = R1 . On a bien le résultat.
bm
Unicité : Supposons l’existence de deux couples (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) qui satisfont à la conclu-
sion de ce théorème avec Q1 , Q2 . Donc, deg(R1 − R2 ) ≤ max{degR1 , degR2 } < B. En outre,
deg(R1 − R2 ) = deg(B(Q1 − Q2 )) = degB + deg(Q1 − Q2 ) ≥ degB. Absurde. t u
Exercice 3.7. Soit P ∈ R[X], tel que P(0) = P(2) = 1 et P(1) = 2. Déterminer le reste de la
division euclidienne de P par X(X − 1)(X − 2).
Le résultat suivant est la base de l’algorithme d’Euclide, qui permet de déterminer le plus grand
diviseur commun de deux polynômes :
Proposition 3.8 (Algorithme d’Euclide). Soient A et B deux polynômes de K[X] avec B , 0.
Si Q et R sont respectivement le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B, alors
les diviseurs communs à A et B sont les mêmes que les diviseurs communs à B et R.
Démonstration. C’est une conséquence des égalités A = BQ + R et R = A − BQ. t u
Théoréme 3.2. Soient A et B deux polynômes de K[X]. Il existe un unique polynôme nul ou
unitaire D de K[X] dont les diviseurs sont les diviseurs communs de A et B ; c’est-à-dire tel
que l’on ait :
∀P ∈ K[X], (P | A et P | B) ⇐⇒ P | D).
De plus, il existe deux polynômes U et V tels que AU + BV = D.
– Le polynôme D est appelé le plus grand commun diviseur de A et B et noté D :=
pgcd(A, B) où D := A ∧ B.
Démonstration. Existence : démontrons par réccurence sur n que si degB < n alors pour tout
polynôme A, il existe un polynôme D dont les diviseurs sont les diviseurs communs de A et B,
ainsi que U et V tels que AU + BV = D.
I Si n = 0, alors B = 0, il suffit de prendre D = A, U = 1 et V = 0.
I Supposons le résultat vrai pour n. Soient B de degré < n + 1 et A quelconque.
Si degB < n, l’hypothése de réccurence donne immédiatement le résultat. Sinon, B est non
nul ; soient respectivement Q et R le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B.
Comme degR < degB, on a degR < n et l’hypothése de réccurence nous donne l’existence
d’un polynôme D dont les diviseurs sont les diviseurs de R et B, ainsi que U1 et V1 tels que
(∗) BU1 + RV1 = D.
D’après la Proposition 3.8, les diviseurs communs de A et B sont les mêmes que ceux communs
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de B et R, et donc sont les diviseurs de D. D’autres part, la relation (∗) donne D = BU1 + (A −
BQ)V1 . Alors, D = AV1 + B(U1 − QV1 ). Donc, U = V1 et V = U1 − QV1 convient.
Pour l’unicité, il suffit de remarquer que s’il y a deux polynômes nuls ou unitaires D et D0
qui satisfont cette propriété alors D | D0 et D0 | D. Alors D = D0 . t
u
Remarque 3.9. Comme pour le cas des entiers, le calcul du pgcd est basé sur l’algorithme
d’Euclide.
P = 2X 3 − 4X 2 − X + 2, Q = X 3 − 3X 2 + 3X − 2.
Posons R0 = Q.
P = Q1 R0 + R1 , où Q1 = 2, R1 = 2X 2 − 7X + 6
P ∧ R0 = R0 ∧ R1 .
1 1 7 7
R0 = Q2 R1 + R2 , où Q2 = X + , R2 = X − .
2 4 4 2
R0 ∧ R1 = R1 ∧ R2 = R1 ∧ (X − 2).
R1 = Q3 (X − 2) + 0, où Q3 = 2X − 3.
Donc
P ∧ Q = X − 2.
Remarque 3.12. Remarquons que comme pour les entiers, le pgdc est le dernier reste non nul.
Définition 3.13. Deux polynômes sont dits premiers entre eux si leur pgcd est égal à 1 (c-à-d ;
les seuls diviseurs communs de A et B sont les polynômes constants).
Exemple 3.14. (1) Soient a et b deux éléments distincts de K. Si p et q sont deux entiers
naturels, les polynômes A = (X − a) p et B = (X − b)q sont premiers entre eux puisque
les diviseurs unitaires de A sont les polynômes (X − a)k , avec k ≤ p, et que parmi eux,
seul 1 divise B.
(2) Si A = 0, alors A et B sont premiers entre eux si et seulement si le polynôme B est
constant et non nul.
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Montrons par récurrence que si P(λ) = P0 (λ) = ... = P(k−1) (λ) = 0 alors (X − λ)k | P. Si
P(λ) = 0 il es clair que (X − λ) | P. Alors l’assertion est vraie pour k = 1. Supposons qu’elle
reste vraie pour k. Soit P tel que P(λ) = P0 (λ) = ... = Pk (λ) = 0. Puisque P(λ) = 0, on a
(X − λ) | P. Ainsi, il existe Q ∈ K[X] tel que P = (X − λ)Q. Et on a P0 = Q + (X − λ)Q0 . On a
alors, Q = P0 − (X − λ)Q0 . Donc,
2Q0 = P(2) − (X − λ)Q(2)
3Q(2) = P(3) − (X − λ)Q(3)
...... = ...............
kQ(k−1) = P(k) − (X − λ)Q(k)
Alors, Q(λ) = Q0 (λ) = ... = Q(k−1) (λ) = 0. Donc, (X − λ)k | Q et par suite (X − λ)k+1 | P t
u
Proposition 4.10. Soit P ∈ K[X] tel que degP ≤ n avec n ∈ N. Si P admet n + 1 racines
distinctes alors P = 0.
Démonstration. Supposons P , 0 et notons λ1 , λ2 , . . . , λn+1 ∈ K les racines distinctes de P.
On a (X − λ1 ) | P implique l’existence d’un polynôme P1 tel que P = (X − λ1 )P1 . Donc,
P1 (λi ) = 0 pour i = 2, .., n + 1 (en effet λ1 − λi , pour tout i , 1). De même, il existe P2 tel que
P1 = (X − λ2 )P2 et P2 (λi ) = 0 pour i = 3, .., n + 1. Donc, P = (X − λ1 )(X − λ2 )P2 . Par récurrence,
on aura un polynôme Pn+1 tel que P = (X − λ1 )(X − λ2 ) . . . (X − λn+1 )Pn+1 . Donc, degP ≥ n + 1.
Absurde. t u
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Théoréme 5.1 (Théorème D’Alembert-Gauss). Tout polynôme dans C[X] admet une racine.
Le théorème de D’Alembert-Gauss permet de montrer que les polynômes irréductibles de
C[X] sont exactement les polynômes non nuls de degré au plus 1. Il en résulte que :
Proposition 5.3 (Théorème de factorisation, cas complexe). Si P ∈ C[X] est de degré n et de
coefficient dominant an , il existe des éléments distincts z1 , z2 , .., zk de C et α1 , α2 , .., αk ∈ N∗ tels
que :
Yk
α1 + α2 + ... + αk = n et P = an (X − zi )αi .
i=1
Donc,
k
Y
α1
α1 + α2 + ... + αk = α1 + degQ = degP et P = (X − z1 ) Q = an (X − zi )αi
i=1
u
t
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Démonstration. Existence : On écrit la factorisation dans C, on isole les racines réelles. Les ra-
cines restantes sont conjuguées deux à deux et de même ordre de multiplicité. On les regroupe :
(X − z j )β j (X − z j )β j = (X 2 − 2Re(z j )X + |z j |2 )β j .
Ces polynômes de degré 2 sont de discriminant strictement négatif, car sans racine réelle. Uni-
cité : deux décompositions différentes sur R induisent deux décompositions différentes sur C,
ce qui est impossible. t
u
Remarque 5.7. – Dans cette factorisation comme dans la factorisation dans C[X], il ne faut
pas oublier le coefficient dominant.
– Il est clair aussi que les polynômes irréductibles de R[X] sont exactement les polynômes
non nuls de degré au plus 1 et les polynômes non nuls de degré 2 de discriminant stricte-
ment négatif.
Exemple 5.8. Pour factoriser dans R[X], il y a essentiellement 3 méthodes. Expliquons les sur
l’exemple de X 4 + 1.
(1) Coefficients indéterminés : (la plus systématique) On pose a, b, c, d ∈ R tels que :
X 4 + 1 = (X 2 + aX + b)(X 2 + cX + d)
On développe et on identifie les coefficients. On trouve :
a+c =0
d + b + ac =0
ad + bc =1
=1
bd
√
On en déduit a = −c = 2 et b = d = 1. Donc,
√ √
X 4 + 1 = (X 2 + 2X + 1)(X 2 − 2X + 1)
On vérifie alors que ces deux polynômes sont de discriminant négatif.
(2) Factorisation directe (la plus astucieuse) On remarque que
√ √
X 4 + 1 = (X 4 + 2X 2 + 1) − 2X 2 = (X 2 + 1) − 2X 2 = (X 2 + 1 − 2X)(X 2 + 1 + 2X)
(3) Passer par C : On resoud dans C l’équation (X 2 )2 +1 = 0 (comme vue dans le chapitre des
1 1 1 1
nombre complexe). On obtient les 4 racine { √ (1 + i), √ (1 − i), √ (−1 − i), √ (−1 +
2 2 2 2
i)}.On regroupe chaque racine et sa conjugué, pour avoir
1 1 1 1 √ √
X 4 +1 = [(X− √ (1+i))(X− √ (1−i)][(X+ √ (1+i))(X+ √ (1−i)] = (X 2 − 2X+1)(X 2 + 2X+1)
2 2 2 2
Exercice 5.9. Décomposer les polynômes suivants :
(1) X 4 + X 2 + 1
(2) X 8 + X 4 + 1
(3) X 6 + 1
en produits de polynômes irréductibles sur R[X]
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6 Fractions rationnelles
Définition 6.1. Une fraction rationnelle de K[X] est le quotient de deux polynômes A et B de
A
K[X] avec B , 0. Cette fraction est notée F := . On note K(X) l’ensemble des fractions
B
rationnelles des polynômes de K[X].
A C
On dit que deux fractions rationnelles et sont égales si AD = BC (comme dans Q)
B D
A
On dit que la fraction est irréductible si les deux polynômes A et B sont premiers entre eux
B
(pgcd(A, B) = 1).
P
Tout polynôme de K[X] est identifié à la fraction rationelle .
1
Remarque 6.2 (Opérations sur les fractions rationnelles). Les opérations sur les fractions ration-
nelles sont analogues à celles dans Q.
Exemple 6.3.
X + 1 X 2 − 3 (X + 2)(X + 1) + X(X 2 − 3) X 3 + X 2 + 2
+ = = .
X X+2 X(X + 2) X(X + 2)
Proposition 6.4. Toute fraction rationnelle F ∈ K(X) admet une representation irréductible
P
(c-à-d, il existe P, Q ∈ K[X] avec Q , 0 tels que P et Q sont premiers entre eux et F = .)
Q
A
Démonstration. Soit une fraction rationnelle. On pose D = pgcd(A, B). Donc, il existe
B
A P
P, Q ∈ K[X] tels que A = DP et B = DQ. On a AQ = BP. Donc, = . Si R est un diviseur
B Q
commun de P et Q alors RD est un diviseur de commun de A et B, et donc divise D. Alors, R
est une constante. Par suite P et Q sont premiers entre eux. t
u
P
Définition 6.5 (Racines, pôles). Soit F une fraction rationnelle de forme irréductible .
Q
– On appelle racin de F toute racine de P.
– On appelle pôle de F toute racine de Q.
– Si a est une racine (respectivement un pôle) de F , 0, l’ordre de multiplicité de a est
l’ordre de multiplicité de a en tant que racine du polynôme P (respectivement Q).
Attention ! ! ! !.
– Un élément de K ne peut pas être à la fois racine et pôle d’un fraction rationnelle.
– Les racines et les pôles d’une fraction rationnelle ne peuvent être obtenus qu’à partir d’une
forme irréductible. Par exemple, 1 n’est ni racine, ni pôle de la fraction rationnelle F =
X3 − 1 X2 + X + 1
, car pgcd(X − 1, X − 1) = X − 1. Et donc, F =
3 2
X2 − 1 X+1
A
Définition 6.6 (Partie entière). Soient F = ∈ K(X) une fraction rationnelle et A = BQ + R la
B
division euclidienne de A par B (Q, R ∈ K[X] et degR < degB). Alors, Q est appelé la partie
entiére de F et on a
R
F = Q+ .
B
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X5 + 1
Exemple 6.8. Soit F = . Les pôles de F sont 0 et 1.
X(X − 1)2
α
(1) La partie polaire relative à 0 est avec α = 1/1 = 1
X
a b
(2) La partie polaire relative à 1 est + avec b = 2/1 = 2.
X − 1 (X − 1)2
Comme :
2 X4 + X3 + X2 + X − 1
F− =
(X − 1)2 (X − 1)X
On en déduit que a = 3/1 = 3.
A
Théoréme 6.1 (Décomposition en éléments simples dans C(X)). Soit F = ∈ C(X) et soient
B
a1 , a2 , ..., an les pôles distincts de cette fraction d’ordres de multiplicité respectifs r1 , r2 , ..., rn .
Alors, F s’écrit de maniére unique sous la forme :
ri
n
X λi,k
X
F=E+
i=1 k=1
(X − a )k
i
rj ri
λ j,k λi,k
X X X
F= + Fj F j := E +
avec
k=1
(X − a j )k i, j
k=1
(X − ai )k
rj
X λi,k
Il est clair que la fraction F j n’admet pas a j pour pôle. Donc, est la partie polaire
k=1
(X − a j )k
relative au pôle a j . D’où l’unicité de λ j,1 , λ j,2 , ..., λ j,r j .
On montre l’existence par récurrence sur le nombre des pôles, n.
I Si F admet un seul pôle a d’ordre r. Alors, d’après Proposition 6.7,
λ1 λ2 λr C
F= + 2
+ ··· + r
+
X − a (X − a) (X − a) D
C
où λ1 , λ2 , . . . , λ p ∈ C et est une fraction irréductible et n’admet aucun pôle. Donc, D est
D
un polynôme de C[X] qui n’admet aucune racine. Alors, c’est une constante non nulle. Donc,
C λ1 λ2 λr
E := ∈ C[X]. Alors, (∗) A = B( + 2
+···+ ) + BE. Or, (X − a)r divise
D X − a (X − a) (X − a)r
λ1 λ2 λr
B. Donc, R = B( + + · · · + ) ∈ C[X] et degR < degB. D’où, (∗) est la
X − a (X − a)2 (X − a)r
division euclidienne de A par B. Ainsi, E est la partie entière de F.
I Supposons la propriété (existence) vraie pour les fractions qui ont n pôles distincts et soit F
une fraction qui a n + 1 pôles distincts a1 , a2 , .., an+1 d’ordre r1 , r2 , .., rn+1 respectivement. Donc,
λ1,1 λ1,2 λ1,r C
F= + 2
+ ··· + r
+
X − a1 (X − a1 ) (X − a1 ) 1 D
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C
où λ1,1 , λ1,2 , . . . , λ1,p ∈ C et
est irréductible et ses pôles sont a2 , .., an+1 d’ordre r2 , .., rn+1
D
C
respectivement. Alors, d’après l’hypothèse de récurrence, s’écrit de manière unique sous la
D
forme : ri
n
X λi,k
C X
=E+
(X − a )k
D i=2 k=1 i
C
où E est la partie entière de et les λi,k sont des complexes.
D
Alors,
ri ri
r1
λ1,k
n
X λi,k n+1
X λi,k
A X X X
= + + = E +
E
k
k
B k=1 (X − a1 )k i=2 k=1
(X − a i ) i=1 k=1
(X − a i )
n+1 ri
X X λi,k
Or, (X − ai ) divise B pour i = 1, .., n + 1. Donc, R = B
ri ∈ C[X] et
k
i=1 k=1
(X − ai )
degR < degB. En outre, A = BE + R. Alors, par unicité de la division euclidienne de A par B,
E est la partie entière de F. t
u
X5 + 1
Exemple 6.9. (1) La partie entière de F = est X 2 + 2X + 3. Exemple 6.8, nous donne
X(X − 1)2
donc :
1 2 3
F = X 2 + 2X + 3 + + 2
+ .
X (X − 1) X−1
1
(2) Soit F = . Les pôles de F sont 1, e2iπ/5 , e4iπ/5 , e6iπ/5 , e8iπ/5 . La partie polaire relative
X5
−1
αk A(ωk )
au pôle ωk = (e2iπ/5 )k (avec k = 0, 1, 2, 3, 4) est où αk = 0 avec A = 1 et B = X 5 −1.
X − ωk B (ωk )
1 ωk
Donc, αk = = . Alors, puisque la partie entière est nulle, on a :
5(ωk )4 5
4
X ωk
F=
k=0
5(X − ωk )
P
Méthode pratique pour décomposer une fraction rationnelle dans C(X). Soit F =
une
Q
fraction rationnelle à coefficients complexes dont les pôles sont a1 , a2 , ..., an d’ordres respectifs
r1 , r2 , .., rn . Sa décomposition est de la forme :
ri
n
X λi,k
X
F=E+
k
(X − a )
k=1 i
i=1
Les coefficients λi,ri se calculent immédiatement à l’aide des formules :
P(ai ) ri !P(ai )
λi,ri = = (ri )
Qi (ai ) Q (ai )
avec Q = (X − ai ) Qi .
ri
Si tous les pôles sont simples, on a ainsi la décomposition en éléments simples. Sinon, on
λi,ri
retranche à F chaque fraction et on recommence. Mais, il est souvent beaucoup plus
(X − ai )ri
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Si la fraction est à coefficients réels: Si a est un pôle non réel de F d’ordre r, alors a
est aussi un pôle d’ordre r et les coefficients des parties polaires associés à a et a sont
conjugués deux à deux.
Si la fraction est paire ou impaire: Si une fraction rationnelle est paire ou impaire, sa
décomposition doit refléter cette propriété. On en déduit alors des relations sur les coef-
ficients (le nombres d’inconnues diminue environ de moitié).
S’il ne reste qu’un ou deux coefficients à calculer: Lorsqu’il ne reste plus qu’un ou deux
coefficients à calculer, on peut substituer à X une ou deux valeurs simples.
4
Exemple 6.10. La fraction F = se décompose en éléments simples sous la forme :
(X 2
− 1)2
a b c d
F= + + +
X − 1 X + 1 (X − 1) 2 (X + 1)2
On a :
a b c d −a −b c d
F(X) = F(−X) = + + + = + + +
−X − 1 −X + 1 (−X − 1)2 (−X + 1)2 X + 1 X − 1 (X + 1)2 (X − 1)2
4
Donc, a = −b et c = d. En outre, c = = 1. Donc, c = d = 1. En plus, 4 = F(0) =
(1 + 1)2
−a + b + c + d = −a + b + 2. Alors, b − a = 2. Ainsi, b = 1 et a = −1. Par suite,
1 1 1 1
F=− + + +
X − 1 X + 1 (X − 1) 2 (X + 1)2
On admet le théorème suivant :
A
Théoréme 6.2 (Décomposition en éléments simples dans R(X)). Soit ∈ R(X) une fraction
p q
B
Y Y
irréductible. On pose B = b (X −ai )ri (X 2 − s j X +t j )β j où a1 , ..., a p sont les racines réelles
1 j=1
de B avec multiplicité r1 , ..., r p et β j ∈ N et b, ai , s j , t j ∈ R avec s2j − 4t j < 0, la décomposition
A
de B en éléments irréductibles dans R[X]. Alors, s’écrit de maniére unique sous la forme :
B
p ri q X
β
X X λi,k
A X j
α j,k + γ j,k X
=E+ +
B i=1
(X − ai )k
k=1 j=1 k=1
(X 2 − s X + t )k
j j
A
où E est la partie entiére de et les λi,k , α j,k , γ j,k sont des réels.
B
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Profs. : A. ALLA, N. BOUDI A. HAJJI, H. MAHZOULI
Exercice 6.11. Décomposer en éléments simples dans C[X] et dans R[X] les fractions sui-
vantes :
10X 3
(1) F = 2
(X + 1)(X 2 − 4)
2(X − 2)
(2) F = 2
(X + 1)2
7 Supplément de cours
Définition 7.1. Soit n ∈ N. On note Kn [X] l’ensemble des polynômes de degré au plus n ;
Kn [X] := {P ∈ K[X] | degP ≤ n}
Remarque 7.2. (Kn [X], +, .) est un sous espace vectoriel de (K[X], +, .).
Proposition 7.3 (Identité de Bézout). Les polynômes A et B de K[X] sont premiers entre eux
si et seulement si il existe U et V de K[X] tels que AU + BV = 1.
Démonstration. Si A et B sont premiers entre eux, alors d’après Théorème 3.2, il existe U et
V de K[X] tels que AU + BV = 1.
S’il existe deux polynômes U et V tels que AU + BV = 1, alors tout diviseur D de A et B
divise AU + BV = 1. Donc, D est de degré 0. On en déduit que A et B sont premiers entre eux.
u
t
Théoréme 7.1 (Formule de Taylor pour les polynômes). Soient P ∈ K[X] un polynôme de
degré n et soit α ∈ K. Alors
n
X P(k) (α)
P(X) = (X − α)k .
k=0
k!
Démonstration. Par un procédé de récurrence, on vérifie d’abord que si λ ∈ K, n, k ∈ N∗ , alors
n!
[(X − λ)n ](k) = (X − λ)n−k .
(n − k)!
Ecrivons maintenant P =
Pn
i=0 ai X i . Alors
P(X) = a (X − α + α)i
Pn
Pn i=0 Pi i i
= i=0 ai k=0 k (X − α) α
k i−k
Proposition 7.4. Soient A, B ∈ K[X] deux polynômes non nuls. Alors il existe un et un seul
polynôme unitaire M de plus petit degré vérifiant A/M et B/M. De plus, si M 0 ∈ K[X] et A/M 0
et B/M 0 , alors M/M 0 .
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Profs. : A. ALLA, N. BOUDI A. HAJJI, H. MAHZOULI
R(2) =1 4a + 2b + 1 =1 a =-1
( ( (
⇐⇒ ⇐⇒
R(1) =2 a+b+1 2 b 2
Par suite, R = −X 2 + 2X + 1.
Exercice 4.3. (1) La démonstration sera par récurrence sur p (le nombre des racine).
I Si p = 1, le résultat découle de Proposition 4.2.
I Supposons la propriété vraie pour p, et démontrons le pour p + 1. Soient a1 , a2 , ..., a p+1 des
Yp
racines distinctes d’un polynôme A. D’après l’hypothèse de réccurence, (X − ai ) divise A.
i=1
Alors, il existe B ∈ K[X] tel que
p
Y
A=B (X − ai )
i=1
Comme a p+1 est racine de A, on a
p
Y
0 = B(a p+1 ) (a p+1 − ai )
i=1
ce qui prouve que B(a p+1 ) = 0. Alors, (X − a p+1 ) | B. Donc, il existe C ∈ K[X] tel que
B = (X − a p+1 )C
Alors,
p
Y p
Y p+1
Y
A=B (X − ai ) = C(X − a p+1 ) (X − ai ) = C (X − ai )
i=1 i=1 i=1
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(2) Soit P un polynôme de degré n. Supposons que P admet n+1 racines distinctes a1 , a2 , .., an+1 .
n+1
Y
Alors, d’après (1), (X − ai ) divise P. C’est-à-dire qu’il existe Q ∈ K[X] tel que
i=1
n+1
Y
P=Q (X − ai )
i=1
D’où, degP = degQ + n + 1 > n. Absurde.
Exercice 5.4. (1) Factorisation de P = X 4 + 1 dans C[X] : On pose x = eiθ avec θ ∈ [0, 2π[.
π kπ
x4 + 1 = 0 ⇐⇒ e4iθ = eiπ ⇐⇒ θ = + avec k ∈ {0, 1, 2, 3}
4 2
Donc, les racines de P sont
√ √
π 2 2
z1 = ei 4 = +i
2√ 2√
2 2
3π
z2 = e 4 = − √2 + i √2 = −z1
i
2 2
5π
z3 = ei 4 = − = z2 = −z1
−i
√2 √2
2 2
z4 = ei 7π4 = = z1
−i
2 2
Donc,
P = (X − z1 )(X − z1 )(X + z1 )(X + z1 )
(1) Factorisation de Q = X + X 2 + 1 : Il suffir de chercher les solutions dans C de l’équation
4
n
X n
X
Exercice 5.5. (1) Si α est une racine de P alors zi α = 0. Donc,
i
zi αi = 0. Ainsi,
i=0 i=0
n
X
zi αi = 0. Par suite, P(α) = 0.
i=0
Inversement, si α est une racine de P, alors par ce que précéde α = α est une racinede P = P.
Xn
(2) Il est clair que pour tout polynôme A = ai X i = 0 ∈ C[X], on a :
i=0
n
X
(A)0 = iāi X i−1 = A0
i=1
Soit α ∈ C. Le complexe α est une α est une racine de P d’ordre r si et seulement si
P(λ) = P0 (λ) = ... = P(k−1) (λ) = 0 et Pk (λ) , 0
C’est-à-dire en conjuguant :
P(λ̄) = P0 (λ̄) = ... = P(k−1) (λ̄) = 0 et Pk (λ̄) , 0
Ce qui est equivaut à :
P(λ̄) = (P)0 (λ) = ... = (P)(k−1) (λ) = 0 et (P)k (λ) , 0
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Exercice 5.9.
(1) Factorisation de X 4 + X 2 + 1
X 4 + X 2 + 1 = X 4 + 2X 2 + 1 − X 2
= (X 2 + 1)2 − X 2
= (X 2 − X + 1)(X 2 + X + 1)
(2) Factorisation de X 8 + X 4 + 1
X8 + X4 + 1 = X 8 + 2X 4 + 1 − X 4
= (X 4 + 1)2 − X 4
= (X 4 − X 2 + 1)(X 4 + X 2 + 1)
= (X 4 + 2X 2 + 1 − 3X 2 )(X 4 + X 2 + 1)
√ √
= (X 2 − 3X + 1)(X 2 + 3X + 1)(X 2 − X + 1)(X 2 + X + 1)
(3) Factorisation de X 6 + 1
X 6 + 1 = (X 2 + 1)(X 4 − X 2 + 1)
√ √
= (X 2 + 1)(X 2 − 3X + 1)(X 2 + 3X + 1)
Exercice 6.11.
10X 3
(1) Décomposer en éléments simple dans C[X] et dans R[X] la fractions F = :
(X 2 + 1)(X 2 − 4)
La partie entière est nulle et les pôles sont i, −i, 2, −2. Alors, F est écrit sous la forme :
a b c d
F= + + +
X−i X+i X−2 X+2
avec
10i3 −10i
a= = =1
(i + i)(i − 4 −10i
2
b=a=1
10(2)3
c= =4
(4 + 1)(2 + 2)
10(−2)3
d= = 4,
(4 + 1)(−2 − 2)
Donc,
1 1 4 4
F= + + +
X−i X+i X−2 X+2
La décomposition dans R[X] est :
2X 4 4
F= + +
X2 +1 X−2 X+2
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Profs. : A. ALLA, N. BOUDI A. HAJJI, H. MAHZOULI
2(X − 2)
(1) Décomposer en éléments simple dans C[X] et dans R[X] la fractions F = :
(X 2 + 1)2
La partie entière est nulle, et les pôles sont i et −i d’ordre 2 (tous les deux). La décomposition
est alors de la forme :
a b c d
F= + + +
(X − i)2 X − i (X + i)2 X + i
2(i − 2) 2 − i 2+i
avec a = 2
= et c = ā =
4i 2 2
On donne a X la valeur 0, on obtient −4 = −a − c + bi − di. Donc, 2i = b − d. De même on
donne à X la valeur 2, on obtient 0 = b + d. Alors, b = i et d = −i. Par suite,
2−i i 2+i −i
F= + + +
2(X − i)2 X − i 2(X + i) 2 X+i
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