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Algèbre 1 , MIPC-I

T. ElBouayachi
Département de Mathématiques FSTT

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Chapitre 2: Polynômes
• Notions genérales: Définitions, notion d’indeterminée, opérations
• Division euclidienne-polynômes irréductibles
• Polynômes irréductibles dans K[X]
• Fonction Polynôme d’une variable, racine d’un polynôme
• Résolution analytiques des polynômes de degré 2 et 3

2
Notions genérales.
Dans tout ce chapitre K désignera un corps commutatif. Nous ne
considérons que le cas où K=IR, C
l ou Q.
l

Définition d’un polynôme

On appelle polynôme a coefficients dans K toute suite d’élements ai


de K; soit (a0 , a1 , ..., ai , ...), tous nuls a partir d’un certain rang, c.à.d
qu’il existe un n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , an = 0.
Les élements ai de K sont les coefficients du polynômes.
Notation: On note K[X] l’ensemble des polynômes à coefficients
dans K.

3
Egalité de deux polynômes

Soient P et Q deux polynômes à coefficients dans K:


P = (a0 , a1 , ..., ai , ...) ; Q = (b0 , b1 , ..., bi , ...) avec ai , bi ∈ K
Nous dirons que P = Q ssi pour tout i ∈ N , ai = bi .

Opération sur K[X]

Somme de deux polynômes

P et Q étant définis comme ci–dessus. La somme de P et Q est le


polynôme défini par:

P + Q = (a0 + b0 , a1 + b1 , ..., ai + bi , ...)

pour tout ai ∈ K, bi ∈ K on a ai + bi ∈ K, donc + est une loi de


composition interne.

4
Elément neutre de K[X]

L’élément neutre de K[X] pour l’addition est le polynôme 0K[X] dont


tout les coefficients sont nuls.
0K[X] = (0, 0, ...., 0, ...)
Le symétrique d’un polynôme P est l’opposé de P défini par:
−P = (−a0 , −a1 , ..., −ai , ...)

Produit de deux polynômes

Le produit de P et Q est défini par: P.Q = (c0 , c1 , . . . , ci , . . .) où les


ci sont donnés par: c0 = a0 b0 , c1 = a0 b1 + a1 b0 , ...,
ck = a0 bk + a1 bk−1 + ... + ak−1 b1 + ak b0
Si an = 0 pour n ≥ n0 , bm = 0 pour m ≥ m0 , alors cp = 0 pour
p ≥ n0 + m0 + 1

5
Remarque:

Si K est un corps commutatif alors le produit des polynômes est


commutatif.
Elément neutre pour le produit:

C’est le polynôme défini par: e = (1, 0, 0, ..., 0, ...) tel que pour tout
P ∈ K[X], P.e = e.P = P
Proposition: L’ensemble K[X] muni de la loi + et de la loi produit
est un anneau commutatif unitaire.

6
Multiplication par un scalaire λ ∈ K: multiplication externe

Cette loi est définie par l’application de K × K[X] dans K[X] telle
que pour tout λ ∈ K et P = (a0 , a1 , ..., ai , ...) ∈ K[X], le produit λP
est doné par: λP = (λa0 , λa1 , ..., λai , ...) ∈ K[X]

7
Notion d’indeterminée.

Soit le polynôme X = (0, 1, 0, ..., 0, ...), il est facile de voir que le


polynôme X 2 = (0, 0, 1, 0, ..., 0, ...) et que
X 3 = X 2 X = (0, 0, 0, 1, 0, ..., 0, ...). Par récurrence on vérifie que
X n = (0, 0, ..., 0, 1, 0, ...) et aussi X n X m = X n+m . Si on identifit le
polynôme (1, 0, 0, ..., 0, ...) à 1, tout polynôme P de K[X] s’écrit
comme:
P = a0 + a1 X + a2 X 2 + ... + an X n
pour tout n ∈ N la relation a0 + a1 X + a2 X 2 + ... + an X n = 0
implique que (ai = 0)i=0,1,2,...,n

Remarque:

X n’est pas un nombre mais un polynôme , c’est une indeterminée.

8
Degré d’un polynôme à une indeterminée:

a. Définition: Etant donné le polynôme


2
P = a0 + a1 X + a2 X + ... + ai X + ... = i∈N ai X i de K[X].
i
P

On appelle degré de P , que l’on note degP , le plus grand entier n tel
que an 6= 0.
Proprietés:
Soient
P = a0 + a1 X + ... + an X n et Q = b0 + b1 X + ... + bn X n avec an 6= 0,
bn 6= 0 on a les résultats suivants:
i Si n 6= m il en résulte que P + Q 6= 0 et deg(P + Q)=max(n, m)
ii Si n = m et si P + Q 6= 0 alors deg(P + Q) ≤max(n, m)
iii Si P Q 6= 0 alors deg(P Q) ≤ degP +degQ
iv Deux polynômes P et Q sont égaux ssi ils ont les mêmes

9
coefficients.
iv un polynôme est dit unitaire si le coefficient du terme de plus
haut degré est égal à 1K , c’est à dire:
P = a0 + a1 X + a2 X 2 + ... + an−1 xn−1 + X n
vi Soit P un élement non nul de K[X]. Quel est son inverse?
Soit Q son inverse: P Q = QP = 1 ceci implique que 0=degP +
degQ et parsuite degP =-degQ donc degP =degQ=0.
Les seuls éléments inversibles de K[X] sont les éléments de K ∗ .

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Propriété

L’ensemble des polynômes muni de la loi additif et de la


multiplication externe est un espace vectoriel sur le corp K.
Remarque: L’ensemble des polynômes K[X] de degré n est un
espace vectoriel de dimension n + 1. La famille (1, X, X 2 , . . . , X n ) est
une base de K[X].

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Division euclidienne-polynômes
irréductibles
Avant d’introduire la notion de fonction polynôme d’une variable et
l’étude des racines. Nous introduisons en premier la notion de
division euclidienne qui nous sera d’une grande utilité dans l’étude
des fonctions polynômes .
Division euclidienne (D.E).
Soient P et S deux polynômes de K[X].

. Si P est divisible par S 6= 0.


Alors, dans ce cas, il existe un polynôme Q unique tel que P = QS,
Q = 0 si et seulement si P = 0;
si P 6= 0, S 6= 0 et P = QS on a donc degQ=degP -degS ≥ 0.

12
Procedé de calcul de Q

Exemple.

P = X 3 + 4X 2 + 4X + 1, S = X + 1. Du fait que degP = 3 et


degS=1 donc degQ=2, on choisit donc Q de la forme aX 2 + bX + c.
Après identification de P avec Q.(X + 1) on trouve a = 1, b = 3 et
c = 1 et par suite Q = X 2 + 3X + 1.

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b. P non divisible par S: Existence et unicité du quotient et
du reste dans la D.E
Théorème: Soient P et S ∈ K[X] (S 6= 0); il existe un couple
unique d’élements de K[X] (Q, R) tel que: P = QS + R et R = 0,
degP < degS.
On dit que: Q est le quotient de la division de P par S, R est le reste.

Remarque: Si R = 0 on a donc P = QS ce qui implique que S


divise P (on retrouve le cas précedent ).

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Procedé de calcul de Q et R
Si P = 0 alors Q = R = 0 convienent. Supposons alors que P 6= 0 et
soient m = degP (P = a0 + a1 X + . . . + am X m ) tel que am 6= 0 et
n= degS (S = b0 + b1 X + . . . + bn X n ) tel que an 6= 0.
• Si m ≤ n , P = 0S + P : R = 0 et Q = 0 convienent.
• Si m ≥ n: le procéde de la determination de Q et R est
récapitulé dans l’exemple suivant.
Exemple:
Soit à effectuer la division euclidienne de
P = 3X 5 + X 4 − 6X 2 + 5X − 1 et de S = 2X 3 − X + 1. On trouve
Q = 32 X 2 + 21 X + 43

Exercices: Effectuer la D.E de P par S: avec


a. P = 7X 4 − x3 + 2X − 4 ; S = 2X 2 − 3X − 5
b. P = X 8 − 1 ; S = X 3 − 1

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PGCD de deux polynômes

Définition: P et Q étant deux polynômes non nuls, il existe un


polynôme unitaire D unique tel que l’ensembles des diviseurs
communs à P et Q est l’ensembles des diviseurs de D.

Algorithme d’Euclide pour la recherche du


P.G.C.D de deux polynômes

Soient P et Q deux polynômes de K[X],


la première étape consiste à effectuer la D.E de P par S, on désigne
par R0 le reste de cette division (degR0 ≤ degS). La deuxième étape
consiste à effectuer la division de S par R0 et ainsi de suite. On a
donc l’algorithme suivant:

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Algorithme d’Euclide

P = Q0 S + R0 degR0 < degS


S = Q1 R0 + R1 degR1 < degR0
R0 = Q2 R1 + R2 degR2 < degR1
R1 = Q3 R2 + R3 degR3 < degR2
.. ..
.= .
Rn−2 = Qn Rn−1 + Rn degRn < degRn−1
Rn−1 = Qn+1 Rn + Rn+1 Rn+1 = 0

A partir de ces egalités, on montre que Rn = P U1 + SU2

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Exemple:

Calculer le PGCD de X 4 − 1 et X 3 − 1. La division Euclidiene de


X 4 − 1 par X 3 − 1 donne:

X 4 − 1 = X(X 3 − 1) + X − 1

X 3 − 1 est divisible par X − 1 car X 3 − 1 = (X − 1)(X 2 + X + 1), on


a donc:

P GCD(X 4 −1, X 3 −1) = P GCD(X 3 −1, X−1) = P GCD(X−1, 0) = X−1

L’identité de Bezout est vérifiée:

X − 1 = (X 4 − 1)1 + (X 3 − 1)(−X) U1 = 1 , U2 = −X

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Exercice

Calculer le PGCD de P et S:

P = X 4 + X 3 − 3X 2 − 4X − 1 , S = X 3 + X 2 − X − 1
4 2 4
√ 3 2

P = X − 10X + 1 , S = X − 4 2X + 6X − 4 2 + 1
P = X 5 − iX 4 + X 3 − X 2 + iX − 1 , S = X 4 − iX 3 + 3X 2 − 2iX + 2

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Proposition: P et Q étant deux polynômes non nuls, D est le
PGCD de P et Q; il existe U , V ∈ K[X] tels que

D = P U + QV (1)

Preuve: Découle de l’algorithme d’Euclide.

Définition Deux polynômes P et Q ∈ K[X] sont premiers entre eux


si leurs PGCD est un polynôme de degré 0; P GCD(P, Q) = 1.

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Théorème P et Q deux polynômes de K[X] non nuls. Les
propriétés suivantes sont équivalentes:
i P GCD(P, Q) = 1
ii Il existe U1 et U2 ∈ K[X] tels que:
P U1 + QU2 = 1, c′ est l′ identite de Bezout

Preuve:
i) ⇒ ii) triviale.
ii) ⇒ i); en effet, supposons qu’il existe U1 et U2 ∈ K[X] tels que:
P U1 + QU2 = 1 et soit D = P.G.C.D(P, Q). Alors D|P et D|Q, c’est
à dire, il existe R1,2 ∈ K[X] tels que P = DR1 et Q = DR2 . On aura
P U1 = DR1 U1 et QU2 = DR2 U2 et donc
1 = P U1 + QU2 = D(R1 U1 + R2 U2 ), ce qui veut dire que
D|(P U1 + QU2 = 1) et par suite D est forcément le polynôme
constant D = 1. P et Q sont donc premiers entre eux.

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Théorème P et Q deux polynômes de K[X] non nuls. Les
propriétés suivantes sont équivalentes:
i P GCD(P, Q) = 1
ii Il existe U1 et U2 ∈ K[X] tels que:

P U1 + QU2 = 1, c′ est l′ identite de Bezout

iii Pour tout polynôme Q ∈ K[X], il existe V1 et V2 de K[X] tels


que Q = P V1 + QV2 .
Preuve: triviale.

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Proposition P , Q et R trois polynômes de K[X] non nuls. Les
propriétés suivantes sont équivalentes:
i P GCD(P, Q) = 1 et P GCD(P, R) = 1
ii P GCD(P, QR) = 1
Preuve:
i) ⇒ ii). On a P GCD(P, Q) = 1 et P GCD(P, R) = 1, d’après
l’identité de Bezout, il existent U1,2 et V1,2 de K[X] tels que
1 = P U1 + QU2 et 1 = P V1 + RV2 , donc

(QU2 )(RV2 ) = (1 − P U1 )(1 − P V1 )


= 1 − P (U1 + V1 − P U1 V1 ) (2)

Le dernière égalité implique que

(QR)(U2 V2 ) + P (U1 + V1 − P U1 V1 ) = 1

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ce qui veut dire que P GCD(P, QR) = 1.
ii) ⇒ i): supposons que P GCD(P, QR) = 1. D’après Bezout il existe
U1 , U2 ∈ K[X] tel que 1 = P U1 + (QR)U2 ce qui exprime d’une part:
1 = P U1 + Q(RU2 ) et d’autre part 1 = P U1 + R(QU2 ) et donc
P GCD(P, Q) = 1 et P GCD(P, R) = 1.

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Proposition P , Q deux polynômes de K[X] non nuls, on a:
i ∀n ∈ IN∗ : P GCD(P, Q) = 1 ⇔ P GCD(P, Qn ) = 1
ii ∀n, m ∈ IN∗ : P GCD(P, Q) = 1 ⇔ P GCD(P n , Qm ) = 1
Preuve: i)
implication directe: D’après la proposition precédente si
P GCD(P, Q) = 1 alors P GCD(P, Q2 ) = 1. Par récurrence sur n on
montre que P GCD(P, Qn ) = 1.
Réciproquement, si pour tout n ∈ IN∗ , P GCD(P, Qn ) = 1.
Si n = 1 alors P GCD(P, Q) = 1.
si n ≥ 2; P GCD(P, Qn ) = P GCD(P, QQn−1 ) = 1 d’après la
proposition précédente on conclut que P GCD(P, Q) = 1.
ii) pour tout m, n ∈ IN∗ , d’après i) on a:

P GCD(P, Q) = 1 ⇔ P GCD(P, Qm ) = 1 ⇔ P GCD(P n , Qm ) = 1 (3)

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Corrolaire(de Gauss ): Soient P , Q et R trois polynômes de
K[X], si P divise QR et PGCD(P, Q) = 1 alors P divise R
preuve: P divise QR donc il existe S tel que QR = P S. P et Q sont
premiers entre eux, d’après l’identié de Bezout, il existe U et V tels
que 1 = P U + QV . En multipliant cette égalié par R on obtient:
R = P RU + QRV et en utilisant le fait que QR = P S, on aboutit à
R = P RU + P SV = P (RU + SV ) ce qui veut dire que P divise R.

26
Proposition P , Q et R trois polynômes de K[X] non nuls, tel que
P GCD(P, Q) = 1. Si P divise R et Q divise R alors P Q divise R.
Preuve:
On a P |R, il existe donc S tel que R = P S. Or Q|R = Q|(P S) avec
P GCD(P, Q) = 1, d’après le corollaire de Gauss, alors Q|S et par
suite il existe T ∈ K[X] tel que S = QT et donc R = P S = P QT ce
qui exprime que P Q divise R.

27
Polynômes irréductibles dans K[X]
a. Définition

P est un polynome de K[X], on dit que P est irréductible dans K[X]


si degP ≥ 1 et tout diviseur de P est (à un facteur λ ∈ K ∗ près) 1 ou
P (λ ou λP )

b. Exemples:

a. Tout polynôme de degré 1 est irréductible


2
√ √
b. Dans IR[X]; le polynôme X − 2 = (X − 2)(X + 2) est
réductible.
Par contre dans Q[X],
l X 2 − 2 est irréductible car si
X 2 − 2 = (X − α)(X − β) avec α, β éléments de Q,l alors

28
α + β = 0 et αβ = −2 ce qui donne α2 = 2 et qui est en
contradiction avec le fait que α ∈ Q.
l
c. Dans IR[X]; le polynôme X 2 + 1 est irréductible.
Par contre dans C[X],
l X 2 + 1 = (X + i)(X − i) est réductible.

29
c. Théorème de d’Alembert-Gauss

Les polynômes irréductibles de C[X]


l sont les polynômes de degré 1.
Autrement: tout polynôme de degré ≥ 1 de C[X]
l admet (au moins )
une racine dans C.
l
Exemple

2 −1∓i 3
P (X) = X + X + 2 les racines de P sont z1,2 = 2 .
Dans C[X], P est réductible P (X) = (X − z1 )(X − z2 ), alors que
dans IR[X], P est irréductible.

Corollaire

Les polynômes irréductibles de IR[X] sont les polynômes de degré 1


(aX + b) et les polynômes de degré 2 aX 2 + bX + c à descriminant
négatif (b2 − 4ac < 0).

30
b. Exemples:

1. Dans IR[X], P (X) = X 2 + X + 1 est irréductible (∆ = −3 < 0).


2. Dans IR[X]; P (X) = X 4 + 1 = X 4 + 2X 2 + 1 − 2X 2 =
2 2
√ 2 2
√ 2

(X + 1) − ( 2X) = [X + 1 − 2X][X + 1 + 2X]. Les deux
2
√ 2

polynôme X + 1 − 2X et X + 1 − 2X sont à descriminant
négatif.
3. Dans IR[X];
P (X) = X 4 + X 2 − 1 = X 4 + 2X 2 12 + ( 21 )2 − ( 12 )2 − 1 =
√ √
2 1 2 5 2 1
(X + 2 ) − 4 = (X + 2 + 2 )(X + 2 − 25 ). Le polynôme
5 2 1
√ √
(X + 2 + 2 ) est irréductible dans IR alors que (X + 2 − 25 )
2 1 5 2 1
√ q√ q√
est réductible: (X 2 + 12 − 25 ) = (X − 5−1
2 )(X + 5−1
2 )

31
Fonction Polynôme d’une variable, racine
d’un polynôme

Fonction polynôme

Définition

A tout polynôme P = a0 + a1 X + . . . + an X n de K[X]. On peut faire


correspondre une application p̃ de K dans K définie par:
Pour tout x ∈ K

p̃(x) = a0 + a1 x + . . . + an xn ∈ K

appelée fonction polynôme associée au polynôme P

32
Dérivée d’un polynôme

Définition

Soit P ∈ K[X] donné par:

P (X) = a0 + a1 X + a2 X 2 + . . . + an X n ∈ K

le polynôme dérivée de P (X) noté P ′ (X) est donné par:

P ′ (X) = a1 + 2a2 X . . . + nan X n−1 ∈ K

Exemple

Si P (X) = 1 + 2X + 3X 2 , P ′ (X) = 2 + 6X

33
Formule de Taylor pour les polynômes

Théorème

Soit P ∈ K[X] et a ∈ K, alors si degP ≤ n on a:


(X − a) ′ (X − a)2 ′′ (X − a)3 (3)
P (X) = P (a) + P (a) + P (a) + P (a) + . . . +
1! 2! 3!
(X − a)n (n)
P (a) (4)
n!

Exemple

P (X) = X 2 + 1, la formule de Taylor au point a = 1 s’écrit:


(X − 1) ′ (X − 1)2 ′′
P (X) = P (1)+ P (1)+ P (1) = 2+2(X−1)+(X−1)2
1! 2!

34
Racine d’un polynôme

Définition

Soit P ∈ K[X], si pour x ∈ K; P (x) = 0 on dit que x est racine de P .

Exemples

a. 1 est racine de P (X) = X n − 1 = (X − 1)(X n−1 + xn−2 + . . . + 1)


b. −1 est racine de
P (X) = X 2n+1 + 1 = (X + 1)(X 2n + x2n−1 + . . . + 1)

35
Théorème

α ∈ K est racine de P ∈ K[X] si et seulement si (X − α) divise P


Preuve:
Soit α un élément de K; la division euclidienne dans K[X] de P par
le polynôme (X − α) donne:

P (X) = (X − α)Q(X) + R(X) degR < 1

donc forcément degR = 0 et donc R est le polynôme constant, soit


R(X) = c ∈ K.
Or P (α) = 0 = (α − α)Q(α) + c, ce qui donne c = 0

36
Définition

On appelle ordre de multiplicité d’une racine α ∈ K d’un polynôme


P , le plus grand entier k tel que P soit divisible par (X − α)k .
• Si k = 1, on dit que α est racine simple de P
• Si k > 1, on dit que α est racine multiple d’ordre k de P

37
Théorème

P ∈ K[X] un polynôme de degré n ≥ k, les deux propriétés suivantes


sont équivalentes:
i. α est racine d’ordre k de P
ii. P (α) = P ′ (α) = P ′′ (α) = P (k−1) (α) = 0 et P (k) (α) 6= 0
Preuve: ⇒ )
Par définition, α est racine d’ordre k de P si et seulement si
P (X) = (X − α)k Q(X). Le calcul des dérivées successives de P
donne:

P ′ (X) = k(X − α)k−1 Q(X) + (X − α)k Q′ (X)


P ′′ (X) = k(k − 1)(X − α)k−2 Q(X) + k(X − α)k−1 Q′ (X) + (X − α)k Q′′ (X)
.. ..
. = .

38
P (k−1) (X) = (k(k − 1) . . . 32)(X − α)1 Q(X) + (k(k − 1) . . . 3)(X − α)2 Q′ (X)
+(k(k − 1) . . . 4)(X − α)2 Q′′ (X) + . . . + (X − α)k Q(k−1) (X)
P (k) (X) = (k(k − 1) . . . 321)Q(X) + (k(k − 1) . . . 32)(X − α)1 Q′ (X)
+(k(k − 1) . . . 43)(X − α)2 Q′′ (X) + . . . + (X − α)k Q(k) (X)
(5)
il est clair que P (α) = P ′ (α) = P ′′ (α) = P (k−1) (α) = 0 et
P (k) (α) 6= 0.
Réciproquement, si P (α) = P ′ (α) = P ′′ (α) = P (k−1) (α) = 0 et
P (k) (α) 6= 0. On applique la formule de Taylor à l’ordre n au
polynôme P au point α:
(X − α) ′ (X − α)2 ′′ (X − α)k−1 (k−1)
P (X) = P (α) + P (α) + P (α) + . . . + P (α
1! 2! 3!
(X − α)(k+1) (k+1) (X − α)(n) (n)
+ P (α) + . . . + P (α)
(k + 1)! n!

39
étant donné que toute les dérivées
P (α) = P ′ (α) = P ′′ (α) = P (k−1) (α) = 0 sont nulles et que
P (k) (α) 6= 0, on peut factoriser (X − α)k du reste du developpement.
On aura donc
P (x) = (X − α)k Q(X)

40
Résolution analytiques des polynômes de
degré 2 et 3

polynômes de degré 2
Soit à résoudre ax2 + bx + c = 0, a, b, c ∈ IR. On suppose que a 6= 0
car sinon on se ramène a un polynôme du premier degré. Résoudre
ax2 + bx + c = 0 avec a 6= 0 revient à résoudre x2 + px + q = 0. Pour
ce fait, on applique alors la méthode classique:
p p p
x2 + px + q = x2 + 2 x + ( )2 − ( )2 + q
2 2 2
p 2
= (x + ) − (p2 − 4q)/4 (7)
2
On distingue trois cas:
• si p2 − 4q = 0, on a une solution x1,2 = − p2

41

2 −p+ p2 −4q
• si p − 4q > 0, on a deux solutions réelles: x1 = 2 et
√ 2
−p− p −4q
x2 = 2

2 −p+i 4q−p2
• si p − 4q < 0, on a deux solutions complexes: x1 = 2

−p−i 4q−p2
et x2 = 2 = x¯1

42
Remarques

1. La quantité p2 − 4q n’est rien d’autre que ce qu’on appelle le


descriminant de Cramer ∆ = p2 − 4q.
2. Dans tous les cas, on remarque que la somme des racines est
x1 + x2 = −p et le produit est x1 x2 = q, l’équation x2 + px + q = 0
aura donc la forme suivante: x2 − (x1 + x2 )x + x1 x2 = 0

polynômes de degré 3

Soit à résoudre ax3 + bx2 + cx + d = 0, a, b, c, d ∈ IR. On suppose que


a 6= 0, sinon on se ramène à une équation du second degré.
On divise tout par a, on obtient x3 + b/ax2 + c/ax + d/a = 0 que l’on
réecrit de la façon suivante:
b c d b 2 b b c d b
x3 + x2 + x + = x3 + 3 x + 3( )2 x + ( )3 + x + − ( )3 − 3(
a a a 3a 3a 3a a a 3a 3

43
b 3 c b 2 d b 3
= (x + ) + x( − 3( ) ) + − ( )
3a a 3a a 3a
b
en posant x = X − 3a on transforme facilement
x3 + b/ax2 + c/ax + d/a à une équation de la forme

X 3 + pX + q (9)

avec p et q étant des constantes qui dépendent de a, b, c et d:

q = (2b3 − 9abc + 27a2 d)/(27a3 )


p = (−b2 + 3ac)/(3a2 ) (10)

44
Méthode de Cardan (1545) pour X 3 + pX + q = 0

Pour résoudre X 3 + pX + q = 0, on pose X = u + v et on développe,


on trouve

X 3 + pX + q = u3 + v 3 + q + (u + v)(3uv + p) (11)

Si on parvient à trouver deux nombres u et v tels que:

u3 + v 3 + q = 0 et 3uv + p = 0 (12)

on aura trouvé une solution de l’équation de départ (11). Le système


(12) est équivalent à:

u3 + v 3 = −q (13)
3 3 p3
u v =− (14)
27
On est donc ramené à trouver deux nombres u3 et v 3 dont on connait

45
p3
la somme “−q” et le produit “− 27 ”.
D’après la remarque de la
section précédente, ces deux nombres sont solutions de l’équation :

2 p3
y + qy − =0
27
dont le descriminant est ∆ = q 2 + 4p3 /27, les solutions sont:
• Si ∆ est positif, l’équation possède alors une solution réelle et
deux complexes. q √ q √
3 −q+ ∆ 3 −q− ∆
On pose u = 2 et v= 2 .
La seule solution réelle est alors x1 = u + v .
Il existe également deux solutions complexes conjuguées l’une de
l’autre

x2 = ju + j̄v
x3 = j 2 u + j 2 v

46
√ 2π
où j = − 21 + i 23 = ei 3 .
• Si ∆ est nul. L’équation possède alors deux solutions réelles, une
simple et une double :
r r
3 −q −p 3q
x1 = 2 = −2 =
2 3 p
r r
−q −p −3q
x2 = x3 = − 3 = =
2 3 2p
• Si ∆ est négatif. L’équation possède alors trois solutions réelles.
k
Les solutions sont les sommes de deux complexes conjugués j u,
q √
3 −q+i −∆
et j k u où u = 2 et k = {0, 1, 2}, soit l’ensemble suivant
:

x1 = u + ū
x2 = ju + ju

47
x3 = j 2 u + j 2 u

La forme réelle des solutions est obtenue en écrivant j k u sous la


forme trigonométrique.

48
Exemple:

Soit à résoudre x3 − 8x + 8 = 0. On a p = −8 et q = 8, donc :


83
u3 v 3 = 27 = 512/27 et u3 + v 3 = 8 donc u3 et v 3 sont racines de
l’équation X 2 + 8X + 512/27 = 0, dont les racines sont 27 et 8. Donc
u et v valent 3 et 2 et la solution cherche est x = u + v = 5 .
l alors les autres racines sont u = 3 j etv = 2 j 2 ,
Si on se place dans C,
2iπ
où j = exp 3 , ou bien u = 3j 2 et v = 2j . On obtient donc comme


autres racines :


5 3
z = 3j + 2j 2 = − + i
2 2

5 3
z = 3j 2 + 2j = − − i
2 2

49
Exercices résolus
Exercice 1:
a.) Factoriser X 2 − 2 cos α X + 1 en produit de polynômes
irréductibles sur IR[X] puis sur C[X]
l (discuter selon les valeurs du
paramètre réel α ∈ [0, π])
b.) Même question pour X 4 − 2 cos α X 2 + 1.
Réponse:
a.) Le descriminant du polynôme X 2 − 2 cos α X + 1 est donné par
∆ = 4 cos2 α − 4 = −4 sin2 α ≤ 0.
• ∆ = 0 si α = 0 ou α = π, dans ce cas X 2 − 2 cos α X + 1 a une
racine double X1,2 = 1 (α = 0) ou X1,2 = −1 (α = π). La
décomposition de X 2 − 2 cos α X + 1 en produit de polynômes
irréductibles dans IR[X] est donnée par
X 2 − 2 cos α X + 1 = X 2 − 2X = (X − 1)2 (α = 0) ou

50
X 2 − 2 cos α X + 1 = X 2 + 2X = (X + 1)2 (α = π).
• Si ∆ 6= 0 c’est à dire α 6= 0 et α 6= π, dans ce cas
∆ = −4 sin2 α < 0. X 2 − 2 cos α X + 1 n’a pas de racines dans
IR, il est donc irréductible dans IR[X].
• Les racines de X 2 − 2 cos αX + 1 dans Cl sont
X1,2 = cos α ± i sin α = e±iα (X2 = X̄1 ). La décomposition de
X 2 − 2 cos α X + 1 en produit de polynômes irréductibles dans
C[X]
l est:

X 2 − 2 cos α X + 1 = (X − e+iα )(X − e−iα )

b.) Dans ce cas, on pose: Y = X 2 . On a donc:


X 4 − 2 cos α X 2 + 1 = Y 2 − 2 cos α Y + 1, dont le descriminat est:
−4 sin2 α ≤ 0.
• Si α = 0, X 4 − 2 X 2 + 1 = (X 2 − 1)2 = (X − 1)2 (X + 1)2 .

51
• Si α = π, 
 (X 2 + 1)2 dans IR[X]
X 4 + 2 X 2 + 1 = (X 2 + 1)2 = .
 (X + i)2 (X − i)2 dans C[X]
l
• Si α 6= 0, π, le descriminant de ce polynôme de second degré est:
∆ = −4 sin2 α < 0. D’après la question a.) on a
Y 2 −2 cos α Y +1 = (Y −e+iα )(Y −e−iα ) = (X 2 −e+iα )(X 2 −e−iα ).
A ce niveau, pour completer la décomposition dans C[x],
l on
décompose (X 2 − e+iα ) et (X 2 − e−iα ). En effet:
2 +iα +i α +i α
X −e = (X − e 2 )(X − (−e 2 ))
2 −iα −i α −i α
X −e = (X − e 2 )(X − (−e 2 ))
La décomposition de X 4 − 2 cos α X 2 + 1 dans C[X]
l est:
+i α −i α +i α −i α
(X − e 2 )(X − e 2 )(X + e 2 )(X + e 2 )
De cette décomposition dans C[X],
l on en déduit celle dans IR[X],

52
pour cela il suffit de regrouper les termes complexes conjugés
deux à deux. En effet
α
(X − e+i 2 )(X − e−i 2 ) = (X 2 − 2 cos + 1)
α α

2
+i α −i α 2 α
(X + e 2 )(X + e 2 ) = (X + 2 cos + 1)
2
Il s’ensuit donc que la décomposition de X 4 − 2 cos α X 2 + 1
dans IR[X] est:
α α
X 4 − 2 cos α X 2 + 1 = (X 2 + 2 cos + 1)(X 2 − 2 cos + 1)
2 2

53
Exercice 2: √
Soit le nombre complexe j = − 2 + i 23 . Donner l’écriture
1

exponentielle de j et vérifier que 1 + j + j 2 = 0 et en déduire que


j 3 = 1. Résoudre dans C: l 1 − X 3 = 0.
Réponse: √
1 3 2π 2π i 2π
j = − 2 + i 2 = cos 3 + i sin 3 = e 3 , il est facile de vérifier que
1 + j + j 2 = 0 et que j 3 = e2iπ = 1.
Il est évident que 1 est racine de 1 − X 3 = 0. D’après la formule du
binôme (ou division Euclidienne de 1 − X 3 par 1 − X) on a :
1 − X 3 = (1 − x)(1 + X + X 2 ), le polynôme 1 + X + X 2 est à
coefficients réels, d’après ce qui précede les autres solutions sont j et

j̄ = e−i 3 .

54
Exercice 3:
Soit P le polynôme de IR[X] définie par:
P (X) = 4 − 10X + 6X 2 + X 3 + X 4 − 3X 5 + X 6
a. Montrer que 1 est racine de P et donner son ordre de multiplicité.
b. Montrer que 2 est racine de P et donner son ordre de multiplicité.
c. P admet il d’autre racines dans IR[X]? Donner la décomposition
en polynômes irréductibles dans IR[X] et puis dans C[X]. l
Réponse:
a. P (1) = 0, donc 1 est racine de P . Pour savoir l’ordre de
multiplicité de la racine 1 il faut calculer les dérivées successives P (p)
de P. En effet,
P ′ (X) = −10 + 12X + 3X 2 + 4X 3 − 15X 4 + 6X 5 , P ′ (1) = 0
′′ ′′
2 3 4
P (X) = 12 + 6X + 12X − 60X + 30X , P (1) = 0
P (3) (X) = 6 + 24X − 180X 2 + 120X 3 , P 3 (1) = −30 6= 0 (15)

55
′′
D’après l’équation (15), P (1) = P (1) = 0 et P 3 (1) 6= 0, on conclut

que 1 est racine triple.


b. P (2) = 0 et P ′ (2) = 10 6= 0 donc 2 est racine simple (ou racine
d’ordre 1) de P .
c. P admet 1 comme racine triple, donc P est divisible par
(X − 1)3 = −1 + 3X − 3X 2 + X 3 , on montre facilement que

P (X) = (X − 1)3 (−4 − 2X + X 3 )

et comme 2 est racine simple de P , alors (−4 − 2X + X 3 ) est


divisible par X − 2. Il est facile de vérifier que
−4 − 2X + X 3 = (X − 2)(2 + 2X + X 2 ) avec 2 + 2X + X 2 est
irréductible dans IR[X] (car ∆ < 0). Dans C[X],l 2 + 2X + X 2 a deux
racines z = −1 − i et z̄ = −1 + i et donc
2 + 2X + X 2 = (X − z)(Z − z̄). La décomposition en polynômes

56
irréductibles de P est

P (X) = (X − 1)3 (X − 2)(2 + 2X + X 2 ) dans IR[X]


= (X − 1)3 (X − 2)(X + 1 − i)(X + 1 + i) dans C[X]
l

57

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