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Polynômes

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Polynômes
UFR de Mathématiques
2022 – 2023

Table des matières


1 Polynômes 3
1.1 Qu’est ce qu’un polynôme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Structure de l’ensemble des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Fonctions polynomiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Arithmétique des polynômes 5


2.1 Division euclidienne de polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Irréductibilité et factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3 Racines d’un polynôme 6


3.1 Notion de racine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Relations entre coefficients et racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3 Théorème fondamental de l’algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.4 Factorisation effective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1 Polynômes
Dans ce chapitre, la notation K désigne soit l’ensemble R des nombres réels, soit l’ensemble C des
nombres complexes. Lorsque les propriétés diffèrent entre les deux ensembles, nous l’indiquons claire-
ment.

Des théories presque identiques peuvent être définies avec d’autres ensembles K, comme
par exemple l’ensemble Q des nombres rationnels. Certains résultats présentés ici ne
seront cependant pas valables dans un cadre plus général !

1.1 Qu’est ce qu’un polynôme ?

Définition d’un polynôme


Un polynôme P est défini comme une expression de la forme

P = a0 + a1 X + a2 X 2 + · · · + an X n , (1)

où les coefficients a0 , . . . , an sont des éléments de K et X est un symbole formel appelé


indéterminée du polynôme.

— Chacun des élements ak X k constituant la somme est appelé un monôme.

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— Lorsque tous les coefficients a0 , . . . , an sont nuls, le polynôme P est appelé le polynôme nul ; on
le note P = 0.
— Si un polynôme P est non nul, son degré est défini par max{j ∈ N | aj 6= 0} ; c’est le plus grand
exposant de X devant lequel le coefficient n’est pas nul. On note deg(P ) le degré du polynôme P .
— Par convention, le degré du polynôme nul vaut deg(0) = −∞.
— Pour un polynôme non nul, le coefficient dominant est le coefficient ak pour lequel k = deg(P )
(ce coefficient dominant est non nul par définition du degré).
— Si le coefficient dominant vaut 1, on dit que le polynôme est unitaire.

Plus formellement, on peut définir un polynôme à coefficients dans K comme une suite
(a0 , a1 , . . . , ak , . . . ) d’éléments de K qui s’annule à partir d’un certain rang. Dans ce cas,
les coefficients du polynôme coïncident avec les éléments de la suite associée.

Par définition, deux polynômes sont égaux si les coefficients de leurs monômes de même degré sont
égaux. En particulier, on a le résultat suivant :

Polynôme nul
Pour tout entier n ≥ 0, on a :

a0 + a1 X + · · · + an X n = 0 =⇒ ai = 0 pour tout i ∈ {0, . . . , n}.

Ensemble de polynômes
• K[X] désigne l’ensemble de tous les polynômes à coefficients dans K.
• KN [X] désigne l’ensemble de tous les polynômes à coefficients dans K de degré inférieur
ou égal à N .

1.2 Structure de l’ensemble des polynômes


Il est possible de définir la somme de deux polynômes, ainsi que la multiplication d’un polynôme par
un nombre réel (ou un complexe).
ak X k et Q = bk X k sont deux polynômes et si λ ∈ K, alors on pose
X X
Plus précisément, si P =
k≥0 k≥0

(ak + bk ) X k (λ ak ) X k .
X X
P +Q= et λP =
k≥0 k≥0

ak X k sous-entend que la suite (ak )k≥0 est nulle à partir d’un certain
X
La notation P =
k≥0
rang. Plus précisément, ak = 0 pour tout k > deg(P ).

On définit également la multiplication de deux polynômes et la dérivation d’un polynôme de la façon


suivante :
k
ck X k
X X
• PQ = avec ck = aj bk−j pour tout k ≥ 0,
k≥0 j=0

• P0 = kak X k−1 .
X

k≥1

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Pour diviser deux polynômes, ce n’est pas si simple... voir la suite (partie 2) !

Opérations et degré
Si P et Q sont deux polynômes à coefficients dans K alors
deg(P + Q) ≤ max(deg(P ) , deg(Q))
deg(P Q) = deg(P ) + deg(Q)
deg(P 0 ) = deg(P ) − 1 si P est non constant.

1.3 Fonctions polynomiales


À chaque polynôme P = a0 + a1 X + a2 X 2 + · · · + aN X N , on associe une fonction Pe : C −→ C définie
par :
Pe (x) = a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + aN xN .

Le plus souvent, on identifie un polynôme P et sa fonction polynomiale Pe associée.


Cette confusion est essentiellement anodine lorsque, comme c’est le cas dans ce cours,
on a K = R ou C.

2 Arithmétique des polynômes


2.1 Division euclidienne de polynômes

Division euclidienne
Soient A et B deux polynômes à coefficients dans K, avec B 6= 0.
Il existe un unique couple (Q, R) de polynômes à coefficients dans K tel que
A = BQ + R et deg(R) < deg(B).
Trouver (Q, R) c’est effectuer la division euclidienne de A par B dans K[X].
Le polynôme A est appelé le dividende, B le diviseur, Q le quotient et R le reste.

Corollaire
Le reste de la division euclidienne de P par X − a est P (a).

Divisibilité
Soient A et B deux polynômes à coefficients dans K, avec B 6= 0.
On dit que B divise A (dans K[X]) et on note B|A s’il existe un polynôme Q à coefficients
dans K tel que A = BQ.
On dit aussi que A est un multiple de B, ou que B est un diviseur de A, dans K[X].

On pourra déceler une analogie avec la division euclidienne pour les nombres entiers...

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2.2 Irréductibilité et factorisation

Définition d’irréductibilité
Un polynôme P ∈ K[X] est irréductible si deg(P ) ≥ 1 et si ses seuls diviseurs sont les
constantes λ et les polynômes de la forme λP , λ ∈ K, λ 6= 0.

Théorème de factorisation
Soit A un polynôme à coefficients dans K avec deg(A) ≥ 1.
Il existe un entier r ≥ 1, des polynômes irréductibles unitaires P1 , P2 , . . . , Pr distincts,
des entiers strictement positifs k1 , k2 , . . . , kr et une constante λ ∈ K, λ 6= 0, tels que
A = λ P1k1 P2k2 · · · Prkr .
Cette décomposition est unique à l’ordre près des facteurs.

3 Racines d’un polynôme


3.1 Notion de racine

Définition de racine d’un polynôme


Soit P ∈ K[X].
On appelle racine dans K du polynôme P tout élément c ∈ K tel que P (c) = 0.

Propriété
Soit P un polynôme à coefficients dans K et c ∈ K.
c est une racine dans K de P ⇐⇒ X − c divise P dans K[X]
En particulier, un polynôme non nul P ∈ K[X] admet au plus deg(P ) racines dans K.

Définition de la multiplicité d’une racine


Soient P ∈ K[X], P 6= 0, c ∈ K une racine de P et m ∈ N? .
On dit que c est racine de P avec multiplicité m si
P (c) = P 0 (c) = · · · = P (m−1) (c) = 0 et P (m) (c) 6= 0.
Si m = 1 on parle de racine simple, si m = 2 on parle de racine double.

Notons que P (k) désigne la dérivée k-ième de P et que par convention P (0) = P .

Caractérisation d’une racine multiple


Un élément c ∈ K est racine d’un polynôme P ∈ K[X] non nul, avec multiplicité m ∈ N?
si et seulement si
(X − c)m | P et (X − c)m+1 - P dans K[X],

ce qui équivaut aussi à : il existe Q ∈ K[X] tel que P = (X − c)m Q et Q(c) 6= 0.

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3.2 Relations entre coefficients et racines

Cas des polynômes de degré 2


Soit P = aX 2 + bX + c un polynôme de degré 2 à coefficients complexes. Si u et v sont
deux racines distinctes de P alors on a
b c
u+v =− et uv = .
a a

Ce type de relations peut se généraliser à des polynômes de degré supérieur.


Par exemple, si P = aX 3 + bX 2 + cX + d est un polynôme de degré 3 à coefficients
complexes et si u, v et w sont trois racines distinctes de P alors on a
b c d
u + v + w = − , uv + vw + wu = et uvw = − .
a a a

3.3 Théorème fondamental de l’algèbre

Théorème de d’Alembert-Gauss
Tout polynôme non constant à coefficients dans C admet au moins une racine dans C.

Reformulation du théorème de d’Alembert-Gauss


Tout polynôme à coefficients dans C, de degré N ≥ 1, a exactement N racines dans C
(en tenant compte de la multiplicité des racines).

3.4 Factorisation effective


Le théorème de d’Alembert-Gauss affirme que les seuls polynômes irréductibles de C[X] sont ceux de
degré 1, c’est-à-dire de la forme λ(X − b) où λ 6= 0 et b sont deux nombres complexes. On a donc :

Théorème de factorisation sur C


Pour tout polynôme P non constant à coefficients dans C, il existe un entier r ≥ 1, des
nombres complexes b1 , b2 , . . . , br distincts, des entiers strictement positifs k1 , k2 , . . . , kr
et un nombre complexe λ non nul tels que
P = λ(X − b1 )k1 (X − b2 )k2 · · · (X − br )kr .

— Cette décomposition est unique à l’ordre près des facteurs.


— Les nombres complexes bi correspondent exactement aux racines de P dans C. La multiplicité
de bi est donnée par l’entier ki .

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Pour obtenir un théorème de factorisation sur R des polynômes de R[X], on a besoin de connaître les
polynômes irrédutibles de R[X]. Pour cela, on utilise le résultat préliminaire suivant :

Lemme - Si c ∈ C est racine d’un polynôme P à coefficients dans R alors c est aussi racine de P .

On en déduit :

Polynômes irréductibles sur R


Les polynômes irréductibles de R[X] sont
1. tous les polynômes de degré 1, c’est-à-dire de la forme λ(X − b) où λ 6= 0 et b sont
deux nombres réels,
2. tous les polynômes de degré 2 de discriminant strictement négatif, c’est-à-dire de
la forme λ(X 2 + pX + q) où λ, p et q sont des réels tels que λ 6= 0 et p2 − 4q < 0.

Théorème de factorisation sur R


Tout polynôme P non constant à coefficients dans R s’écrit sous la forme

P = λ(X − b1 )k1 · · · (X − br )kr (X 2 + p1 X + q1 )`1 · · · (X 2 + ps X + qs )`s

où b1 , p1 , q1 , ... sont réels, k1 , k2 , . . . , `1 , `2 , . . . sont des entiers > 0 et où pour tout i on


a p2i − 4qi < 0.

— Cette décomposition est unique à l’ordre près des facteurs.


— Les nombres réels bi correspondent exactement aux racines de P dans R. La multiplicité de bi
est donnée par l’entier ki .

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