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Tout polynôme possède-t-il une racine ? Question essentielle s’il en est, mais à laquelle nous n’avons encore jamais ré-
pondu. La réponse affirmative suivante est un théorème majeur des mathématiques.
Démonstration Hors programme, mais les curieux trouveront une preuve en fin de chapitre.
$ ATTENTION ! $ Le théorème est faux dans R[X ]. Le polynôme X 2 + 1, par exemple, n’a pas de racine RÉELLE.
Définition (Polynôme irréductible) Soit P ∈ K[X ]. On dit que P est irréductible (sur K) si P n’est PAS CONSTANT et si
ses seuls diviseurs sont 1 et P à constante multiplicative non nulle près.
$ ATTENTION ! $ La précision « irréductible SUR K » n’est pas superflue. Le polynôme X 2 + 1 n’est pas irréductible sur
2
C car : X + 1 = (X + i)(X − i), mais nous allons voir dans un instant qu’il l’est sur R.
Le résultat suivant est un théorème d’EXISTENCE facile à démontrer. Il montre que les polynômes irréductibles sont
l’analogue polynomial des nombres premiers dans Z et des particules élémentaires en physique. Tout polynôme peut être
cassé en petits morceaux que l’on ne peut pas casser davantage. Nous aurons plus tard un théorème d’UNICITÉ.
Théorème (Existence de la factorisation irréductible) Tout polynôme non constant de K[X ] est un produit de
polynômes irréductibles sur K.
Explication Dans cet énoncé lapidaire, on considère les polynômes constants non nuls comme le produit de 0
polynôme irréductible et tout polynôme irréductible comme le produit d’1 polynôme irréductible — soi-même.
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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Il nous reste bien sûr à comprendre ce que sont concrètement les polynômes irréductibles de R[X ] et C[X ]. Nous avons
vu que les polynômes de degré 1 le sont de toute façon. Ce qui est plus étonnant, c’est que la réciproque est vraie pour K = C
— autre manière d’énoncer le théorème de d’Alembert-Gauss.
Démonstration
(i) Soit P ∈ C[X ] irréductible. Non constant, P possède une racine λ ∈ C d’après le théorème de d’Alembert-
Gauss, donc X − λ divise P. L’irréductibilité de P sur C montre alors que P et X − λ sont associés, donc
que P est de degré 1. La réciproque a été traitée à l’instant comme un exemple.
(ii) découle de (i) et de la seule existence d’une factorisation irréductible.
Que dire à présent des irréductibles de R[X ] ? La situation reste assez simple, mais elle l’est moins que sur C.
Exemple Tout polynôme de R[X ] de degré 2 SANS RACINE RÉELLE est irréductible sur R — par exemple X 2 + 1.
En effet Soit P ∈ R[X ] de degré 2 sans racine réelle. Soient D un diviseur de P et A ∈ R[X ] tel que P = AD.
Alors A est non nul donc : ∂ ◦ A ¾ 0, donc : ∂ ◦ D ¶ ∂ ◦ P. Ainsi D est de degré 0, 1 ou 2.
— Si ∂ ◦ D = 0, D est constant non nul.
1
— Si ∂ ◦ D = 2, alors ∂ ◦ A = 0, i.e. A est constant non nul a. Aussitôt D s’écrit : P. D=
a
— Enfin, D peut-il être de degré 1 ? Si c’était le cas, D serait de la forme aX + b pour certains a ∈ R∗ et
b
b ∈ R, donc − serait racine de P mais c’est contraire à nos hypothèses.
a
Comme voulu, P est irréductible sur R.
Démonstration
(i) Soit P ∈ R[X ] irréductible. Non constant, P possède une racine λ COMPLEXE d’après le théorème de
d’Alembert-Gauss et nous savons alors, P étant à coefficients réels, que λ aussi est racine de P.
• Si λ ∈ R, X − λ divise P dans R[X ], or P est irréductible sur R, donc P et X − λ sont associés et P
est de degré 1.
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• Si λ ∈ C \ R, λ 6= λ donc : P = (X − λ) X − λ Q pour un certain Q ∈ C[X ], mais si on
développe : P = X 2 − 2Re(λ)X + |λ|2 Q, donc en réalité Q est à coefficients RÉELS par unicité
| {z }
∈R[X ]
de la division euclidienne dans C[X ]. De là, P étant irréductible sur R, P et X 2 − 2Re(λ)X + |λ|2 sont
associés et P est de degré 2. En outre, enfin, P est bien sans racine réelle.
(ii) Soit P ∈ R[X ] non constant. Nous savons que P est scindé SUR C, mais aussi, parce que il est à
coefficients RÉELS, que ses racines non réelles peuvent être regroupées par paires de conjuguées de
mêmes multiplicités. Comme en (i), le regroupement de deux termes X − λ et X − λ donne un terme
X 2 − 2Re(λ)X + |λ|2 irréductible.
Pour finir, cette factorisation irréductible sur R est unique, car si elle ne l’était pas, P aurait plusieurs
formes scindées sur C — ce que nous savons être faux.
En pratique La factorisation irréductible sur R se calcule à partir de la factorisation irréductible sur C par re-
groupement des racines non réelles par paires de conjuguées.
iπ iπ 3iπ 3iπ
Exemple La factorisation irréductible de X 4 + 16 sur C est : X 4 + 16 = X − 2e− 4 X − 2e 4 X − 2e− 4 X − 2e 4 .
p p
Quant à sa factorisation irréductible sur R : X 4 + 16 = X 2 − 2 2X + 4 X 2 + 2 2X + 4 .
En effet
• Factorisation irréductible sur C : Qui sont les racines complexes de X 4 + 16 ? Pour tout r ∈ C :
iπ 4 iπ 2ikπ
r 4 + 16 = 0 ⇐⇒ r 4 = −16 = 2e 4 ⇐⇒ ∃ k ∈ ¹0, 3º, r = 2e 4 + 4 .
iπ 3iπ 3iπ iπ
Les racines de X 4 + 16 sont donc 2e 4 (k = 0), 2e 4 (k = 1), 2e− 4 (k = 2) et 2e− 4 (k = 3). La
factorisation irréductible de X 4 + 16 sur C en découle — toutes les multiplicités valent forcément 1 ici.
• Factorisation irréductible sur R : Il nous reste à regrouper les racines par paires de conjuguées.
iπ iπ iπ iπ π p
X − 2e− 4 X − 2e 4 = X 2 − 2 e− 4 + e 4 X + 4 = X 2 − 4 cos × X + 4 = X 2 − 2 2X + 4
4
3iπ 3iπ 3iπ 3iπ 3π p
et X − 2e− 4 X − 2e 4 = X 2 − 2 e− 4 + e 4 X + 4 = X 2 − 4 cos × X + 4 = X 2 + 2 2X + 4.
4
2 PGCD, PPCM
Démonstration Pour justifier l’existence d’un PGCD dans le cas où A 6= 0, remarquons simplement que
l’ensemble des DEGRÉS des diviseurs communs non nuls de A et B contient 0 — car A et B sont divisibles par 1
— et qu’il est majoré par ∂ ◦ A. Cet ensemble est donc une partie non vide majorée de N, donc possède un plus
grand élément.
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Exemple Pour tout A ∈ K[X ], les PGCD de A et 0 sont exactement les associés de A.
En effet Les diviseurs communs de A et 0 sont exactement les diviseurs de A et les diviseurs de A de degré
maximal sont exactement ses associés.
Théorème (Idée fondamentale de l’algorithme d’Euclide) Pour tous A, B, K ∈ K[X ], A + BK et B ont les mêmes
diviseurs communs que A et B, et donc aussi les mêmes PGCD.
Explication En particulier, pour tous A, B ∈ K[X ] avec B 6= 0, en notant R le reste de la division euclidienne de
A par B, B et R ont les mêmes diviseurs communs que A et B.
Théorème (« Unicité » du PGCD de deux polynômes, diviseurs communs et diviseurs du PGCD) Soient A, B ∈ K[X ].
• Les PGCD de A et B sont associés. Un seul d’entre eux est donc unitaire, on l’appelle LE PGCD de A et B et on le
note A ∧ B.
• Les diviseurs communs de A et B sont exactement les diviseurs de A ∧ B.
Démonstration Nous allons mettre en œuvre dans cette preuve un algorithme de calcul du PGCD qu’on ap-
pelle l’algorithme d’Euclide. Soient A, B ∈ K[X ]. On peut supposer que : ∂ ◦ B ¶ ∂ ◦ A sans perte de généralité.
On définit une liste de polynômes R0 , R1 , R2 . . . de la manière suivante.
— Au départ, on pose : R0 = A et R1 = B.
— Ensuite, pour k ∈ N, TANT QUE R k+1 6= 0, on note R k+2 le reste de la division euclidienne de R k par R k+1
— en particulier : ∂ ◦ R k+2 < ∂ ◦ R k+1 .
À l’issue de cette construction : ∂ ◦ R0 ¾ ∂ ◦ R1 > ∂ ◦ R2 > . . ., et comme il n’existe qu’un nombre FINI
d’entiers naturels entre 0 et ∂ ◦ R0 , on obtient forcément ∂ ◦ R N = −∞ pour un certain N ∈ N∗ , i.e. R N = 0
— l’algorithme se termine. Or, en vertu de l’idée fondamentale de l’algorithme d’Euclide, A = R0 et B = R1
ont les mêmes diviseurs communs et les mêmes PGCD que R1 et R2 , puis que R2 et R3 . . . et enfin que R N −1 et
R N = 0. Les PGCD de R N −1 et 0 étant exactement les associés de R N −1 , les diviseurs communs de A et B sont
ainsi exactement les diviseurs de R N −1 et leurs PGCD sont exactement les associés de R N −1 . En particulier, les
PGCD de A et B sont associés.
En pratique (Algorithme d’Euclide) Comme on vient de le voir, l’algorithme d’Euclide est un algorithme de calcul
du PGCD de deux polynômes. Il a été montré en particulier que : A∧ B = R N −1 où R N −1 est le dernier polynôme non nul
de la liste R0 , R1 , R2 . . . On retiendra ceci :
À une constante multiplicative près, A ∧ B est le DERNIER RESTE NON NUL de la suite des restes successifs R0 , R1 , R2 . . .
Exemple On peut vérifier grâce à l’algorithme d’Euclide que : (X + 1)3 ∧ (X + 1)2 (X + 2) = (X + 1)2 .
1
Si vous aimez les calculs : 2X 4 + 9X 3 + 12X 2 + 10X + 3 ∧ 2X 4 + X 3 − 2X 2 + 3X + 2 = X + .
2
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Théorème (Relations de Bézout pour deux polynômes) Soient A, B ∈ K[X ]. Il existe des polynômes U, V ∈ K[X ]
pour lesquels : A ∧ B = AU + BV . Une telle relation est appelée UNE relation de Bézout de A et B.
Démonstration
¦ © Le résultat est trivial si A = B = 0. Supposons donc A 6= 0 ou B 6= 0. Dans ce cas, l’ensemble
∂ ◦ (aK +bL) \ −∞ est une partie non vide de N donc possède un plus petit élément d. Par définition,
K,L∈K[X ]
cet entier naturel d s’écrit : d = ∂ ◦ (AU +BV ) pour certains U, V ∈ K[X ]. Posons : D = AU +BV . Il nous
reste ainsi à montrer que D est un PGCD de A et B. Quitte à remplacer U et V par deux polynômes associés, on
aura bien prouvé le résultat.
• Montrons que D divise A — par symétrie des rôles de A et B, on pourra en déduire que D est un diviseur
commun de A et B. La division euclidienne de A par D s’écrit : A = DQ + R pour certains Q, R ∈ K[X ]
avec ∂ ¦◦ R < ∂ ◦ D. Dans
© ces conditions : R = A − DQ = A − (AU + BV )Q = A(1 − UQ) − BV Q, donc
◦ ◦
∂ R ∈ ∂ (aK + bL) . Par minimalité de d, forcément : ∂ ◦ R = −∞, , i.e. R = 0, ou encore
K,L∈K[X ]
D divise A.
• Ensuite, tout diviseur commun de A et B divise D puisque : D = AU + BV , donc D est comme voulu
un diviseur commun de A et B de degré maximal.
En pratique (Algorithme d’Euclide étendu) Même principe qu’au chapitre « Arithmétique des entiers relatifs ».
Cherchons par exemple le PGCD de : A = 6X 4 + 8X 3 − 7X 2 − 5X − 2 et B = 6X 3 − 4X 2 − X − 1 ainsi qu’une relation de
Bézout associée. On part des divisions euclidiennes successives de l’algorithme d’Euclide, dont nous notons R0, R1 , R2 . . . les
4 3
restes successifs à partir de R0 = A et R1 = B : | + 8X −{z
6X 2X 2{z
7X 2 − 5X − 2} = (X + 2) × 6X 3 − 4X 2 − X − 1 + | − 2X},
| {z }
R0 R2
R1
3 2 2
2
puis : 6X − 4X − X − 1 = (3X + 1) × 2X − 2X + X − 1, et enfin : 2X − 2X = 2X × (X − 1) + |{z}
0
| {z } | {z } | {z } | {z } | {z }
R1 R3 R2 R3 R4 .
R2
Le dernier reste non nul est X − 1 et il est unitaire, c’est lui le PGCD de A et B. Finalement :
R3 1 R R2
z }| { z }| { z }| {
A∧ B = X − 1 = 6X − 4X 2 − X − 1 −(3X + 1) × 2X 2 − 2X
3
R1 R0 R1
z}|{ z}|{ z}|{
= B −(3X + 1) × A −(X + 2) × B (on élimine R2 )
R0 R1
z}|{ z}|{
= −(3X + 1) × A + 3X 2 + 7X + 3 × B. La voilà, notre identité de Bézout.
Exemple 2X (X + 1)2 (X + 2)3 ∧ X (X + 2)4 X 2 + 1 = X (X + 2)3 .
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En pratique Comme dans le cas des entiers, le calcul du PGCD d’une famille finie de polynômes peut être ramené
à des calculs de PGCD de deux polynômes. Par exemple :
X 3 + 4X 2 + 5X + 2 ∧ X 3 + 4X 2 + 4X ∧ X 2 − 4 = (X + 2) ∧ X 2 − 4 = X + 2.
Théorème (Reprise des résultats précédents dans le cas d’une famille finie de polynômes) Soient A1 , . . . , A r ∈ K[X ].
• Les diviseurs communs de A1 , . . . , A r sont exactement les diviseurs de A1 ∧ . . . ∧ A r .
• Pour tout K ∈ K[X ] : (A1 K) ∧ . . . (A r K) et K(A1 ∧ . . . ∧ A r ) sont associés.
• Il existe des polynômes U1 , . . . , U r ∈ K[X ] pour lesquels : A1 ∧ . . . ∧ A r = A1 U1 + . . . + A r U r . Une telle relation
est appelée UNE relation de Bézout de A1 , . . . , A r .
Définition (Polynômes premiers entre eux, cas de deux polynômes) Soient A, B ∈ K[X ]. On dit que A et B sont
premiers entre eux si 1 est leur seul diviseur commun unitaire, i.e. si : A ∧ B = 1.
Définition (Polynômes premiers entre eux dans leur ensemble/deux à deux) Soient A1 , . . . , A r ∈ K[X ].
• On dit que A1 , . . . , A r sont premiers entre eux dans leur ensemble si 1 est leur seul diviseur commun unitaire, i.e. si :
A1 ∧ . . . ∧ A r = 1.
• On dit que A1 , . . . , A r sont premiers entre eux deux à deux si Ai et A j sont premiers entre eux pour tous i, j ∈ ¹1, rº
distincts.
$ ATTENTION ! $ Premiers entre eux DEUX À DEUX =⇒ Premiers entre eux DANS LEUR ENSEMBLE mais LA
RÉCIPROQUE EST FAUSSE ! Par exemple, X (X + 1), X (X + 2) et (X + 1)(X + 2) sont premiers entre eux dans leur ensemble
MAIS : X (X + 1) ∧ X (X + 2) = X 6= 1, X (X + 2) ∧ (X + 1)(X + 2) = X + 2 6= 1 et (X + 1)(X + 2) ∧ X (X + 1) = X + 1 6= 1.
Théorème (Théorème de Bézout) Soient A, B ∈ K[X ]. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) A ∧ B = 1. (ii) Il existe deux polynômes U, V ∈ K[X ] tels que AU + BV = 1.
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Définition (PPCM de deux polynômes) Soient A, B ∈ K[X ]. On appelle plus petit commun multiple (ou PPCM) de A et
B tout polynôme M ∈ K[X ] satisfaisant les deux assertions :
— M est un multiple commun de A et B, — M divise tout multiple commun de A et B.
Exemple 3X 2 (X + 1) ∨ X 4 (X + 2)2 = X 4 (X + 1)(X + 2)2 .
3 FRACTIONS RATIONNELLES
Nous avons déjà parlé informellement des fractions rationnelles en début d’année au chapitre « Introduction à la dé-
composition en éléments simples », mais nous ne connaissions alors pas la notion de polynôme formel et tous nos résultats
étaient admis. Nous sommes à présent en mesure de les fonder proprement.
Définition (Ensemble K(X )) On construit dans la preuve ci-dessous un ensemble K(X ) satisfaisant les trois assertions
suivantes :
A
— À tout couple (A, B) ∈ K[X ]2 tel que B 6= 0, on peut associer un unique élément de K(X ) noté .
B
A
— Tout élément de K(X ) peut être écrit sous la forme pour certains A, B ∈ K[X ] avec B 6= 0.
B
A C
— Pour tous (A, B), (C, D) ∈ K[X ]2 tels que B 6= 0 et D 6= 0 : = ⇐⇒ AD = BC.
B D
Les éléments de K(X ) sont appelés les fractions rationnelles à coefficients dans K.
Démonstration Notons F l’ensemble K[X ] × K[X ] \ 0 . On définit sur F une relation binaire ∼ de la
manière suivante — pour tous (A, B), (C, D) ∈ F : (A, B) ∼ (C, D) ⇐⇒ AD = BC. Il se trouve alors
que cette relation ∼ est une relation d’équivalence.
• Réflexivité : Pour tout (A, B) ∈ F : AB = AB donc (A, B) ∼ (A, B).
• Transitivité : Pour tous (A, B), (C, D), (E, F ) ∈ F tels que (A, B) ∼ (C, D) et (C, D) ∼ (E, F ) : AD = BC
et C F = DE, donc : ADF = BC F = BDE, or K[X ] est intègre et D 6= 0, donc : AF = BE,
i.e. (A, B) ∼ (E, F ).
• Symétrie : Pour tous (A, B), (C, D) ∈ F , si (A, B) ∼ (C, D) alors : AD = BC, donc aussi : C B = DA,
i.e. (C, D) ∼ (A, B).
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A
Notons à présent K(X ) l’ensemble quotient de F par ∼ et, pour tout (A, B) ∈ F , la classe d’équivalence de
B
(A, B) associée. L’ensemble ainsi construit satisfait par définition toutes les propriétés désirées. Remarquez bien
pour finir que la notation « fraction » n’est qu’une NOTATION pour désigner une classe d’équivalence ! — mais
à vrai dire, c’est une remarque que vous pouvez oublier.
1 X +1
Exemple Dans R(X ), les fractions et sont égales car : 1 × X (X + 1) = X × (X + 1).
X X (X + 1)
Définition (Structure de corps sur K(X )) On munit K(X ) de deux lois internes + et × qui en font un corps en posant,
pour tous (A, B), (C, D) ∈ K[X ]2 tels que B 6= 0 et D 6= 0 :
A C AD + BC A C AC
+ = et × = ,
B D BD B D BD
AD + BC AC A C
définitions possibles car les fractions et dépendent de et sans dépendre du choix de (A, B) et (C, D).
BD BD B D
eD
AC × B e = AB
e × CD e × D Ce = BD × A
e = BA eCe
et : eD
(AD + BC) × B e = AB
e × DD
e + BB
e × CD
e = BA
e× DD e × D Ce = BD × A
e + BB eDe +B
eCe .
A C AD + BC C B + DA C A
• Commutativité de + : + = = = + .
B D BD DB D B
A C E AD + BC E (AD + BC)F + (BD)E
• Associativité de + : + + = + =
B D F BD F (BD)F
A(DF ) + B(C F + DE) A C F + DE A C E
= = + = + + .
B(DF ) B DF B D F
0 A 0 A× 1 + B × 0 A 0 A A
• Neutralité de pour + : + = = et de même + = .
1 B 1 B×1 B 1 B B
A −A AB + B(−A) 0 0 −A A 0
• Inverses pour + : + = 2
= 2 = et de même + = .
B B B B 1 B B 1
0
• À ce stade, K(X ), + est un groupe commutatif d’élément neutre . Pour montrer que K(X ), +, × est
1
1
un anneau, on peut montrer de même que K(X ), × est un magma associatif d’élément neutre et
1
que × est distributive sur +. Enfin, pour montrer que K(X ), +, × est un corps, on peut montrer que ×
A B
est commutative et que toute fraction non nulle admet un inverse, en l’occurrence .
B A
Théorème (Les polynômes sont des fractions rationnelles) On identifie tout polynôme P ∈ K[X ] à la fraction
P
rationnelle . Cette identification fait de K[X ] un sous-anneau de K(X ).
1
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Démonstration
P
• Pseudo-inclusion : L’application P 7−→ est injective de K[X ] dans K(X ) car pour tous P, Q ∈ K[X ],
1
P Q
si : = , alors : P = P × 1 = 1 ×Q = Q. On peut donc voir K[X ] comme une partie de K(X ).
1 1
• Cohérence des notations + et × : Soient P, Q ∈ K[X ]. C’est bien beau de vouloir voir P et Q comme
des fractions, le problème c’est que P + Q et P × Q désignent alors à la fois des objets dans K[X ] et des
objets dans K(X ) — peut-être différents. Tout se passe pour le mieux heureusement, car :
P Q P ×1+1×Q P +Q P Q PQ P ×Q
+ = = et × = = .
1 1 1×1 1 1 1 1×1 1
§ ª
P 1
• Sous-anneau : Avec notre identification : K[X ] = . En particulier : = 1 ∈ K[X ].
1 P∈K[X ] 1
P Q P −Q
Ensuite, K[X ] est stable par différence et produit car pour tous P, Q ∈ K[X ] : − = ∈ K[X ]
1 1 1
P Q PQ
et × = ∈ K[X ].
1 1 1
Théorème (Structure d’espace vectoriel de K(X )) Parce que tout élément de K peut être identifié à un polynôme et
donc à une fraction rationnelle, on sait multiplier toute fraction rationnelle de K(X ) par un scalaire. Cette identification
fait de K(X ) un K-espace vectoriel.
A
Dans tout ce qui suit, quand nous écrirons sans préciser « R = », il sera sous-entendu que (A, B) ∈ K[X ]2 et que B 6= 0.
B
Les résultats qui suivent seront admis par souci d’efficacité.
Définition (Forme irréductible d’une fraction rationnelle) Soit R ∈ K(X ). On appelle forme irréductible de R toute
A
écriture de R de la forme R = avec A et B premiers entre eux. Une telle écriture est toujours possible, et unique à
B
multiplication près par des scalaires non nuls.
X 2 + 1 (X + 1)2 X 2 + 1 (X + 1)
Exemple La fraction n’est pas irréductible, mais la fraction l’est.
X (X + 1) X
X
+∞
k 7
Exemple = .
k=0
7k 36
X
n
1 − X n+1
En effet Dérivons pour tout n ∈ N la relation : Xk = dans K(X ).
k=0
1−X
Xn
−(n + 1)X n (1 − X ) + 1 − X n+1 1 + nX n+1 − (n + 1)X n
Cela donne : kX k−1 = 2
= , puis multiplions par
k=0
(1 − X ) (1 − X )2
Xn Xn
k X n+1 n 1 k 7 n n+1
X: kX = 1+ nX −(n+1)X . Évaluons enfin en : = 1 + n+1 − n .
k=0
(1 − X )2 7 k=0
7k 36 7 7
Il ne reste plus qu’à passer à la limite.
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$ ATTENTION ! $ Seule la fraction rationnelle 0 est de degré −∞, mais une fraction rationnelle peut être de degré
X4 + X3 + 1
positif sans être un polynôme. Par exemple, la fraction rationnelle est de degré 4− 2 = 2 sans être un polynôme.
X2 + 3
A A(x)
Définition (Fonction rationnelle) Soit R = ∈ K(X ) IRRÉDUCTIBLE. La fonction x 7−→ définie sur K privé
B B(x)
des racines de B est appelée la fonction rationnelle associée à R et encore notée R — définition possible car cette fonction
dépend de R sans dépendre du choix de (A, B).
A
Explication On impose ici à l’écriture R = d’être irréductible pour que le dénominateur de R ait le moins
B
de racines possible, et donc pour que R, comme fonction, soit définie sur le plus grand ensemble possible. Par exemple, la
3
3
x + x +1 x x + x + 1
fonction x 7−→ est définie sur R \ 1 mais la fonction x 7−→ l’est seulement sur R \ 0, 1 .
x −1 x(x − 1)
A
Définition (Zéro et pôle d’une fraction rationnelle, multiplicité) Soit R = ∈ K(X ) IRRÉDUCTIBLE.
B
• Soit λ ∈ K. On dit que λ est un zéro de R si λ est une racine de A. La multiplicité de λ dans A est alors appelée la
multiplicité de λ dans R.
• Soit µ ∈ K. On dit que µ est un pôle de R si µ est une racine de B. La multiplicité de µ dans B est alors appelée la
multiplicité de µ dans R. Un pôle de multiplicité 1 (resp. 2) est aussi appelé un pôle simple (resp. double).
A
Explication On impose ici à l’écriture R = d’être irréductible pour qu’il ne soit pas possible de confondre les
B
zéros et les pôles de R. Quand A et B sont premiers entre eux, il est certain en effet qu’ils n’ont pas de racine commune.
X 2 + 1 (X − 2)3 (X + 1)X
Exemple Dans R(X ), la fraction a pour zéros les réels −1, 0 et 2 et pour pôle le seul réel 1.
(X − 1)2 X 2 + X + 1
La multiplicité de 2 est égale à 3, celle de 1 est 2, etc.
A
Théorème (Partie entière) Soit R = ∈ K(X ). Il existe un unique polynôme E ∈ K[X ] et une unique fraction
B
rationnelle Q ∈ K(X ) pour lesquels : R = E + Q et ∂ ◦Q < 0. Le polynôme E est appelé la partie entière de R et
n’est autre que le quotient de la division euclidienne de A par B.
Démonstration
• Existence : Notons E le quotient de la division euclidienne de A par B et F son reste, et posons :
F A EB + F
Q = . Alors d’une part : ∂ ◦ Q = ∂ ◦ F − ∂ ◦ B < 0, mais d’autre part : R = = = E + Q.
B B B
e deux décompositions de R conformes au théorème. Le POLYNÔME
• Unicité : Soient R = E +Q et R = Ee +Q
¦ ©
e ◦ e e ∂ ◦ Q < 0, donc est nul, donc E = E e
e, puis Q = Q.
E − E est de degré : ∂ Q − Q ¶ max ∂ ◦ Q,
10
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
X 4 − 3X 3 + 5X 2 − 1
Exemple La partie entière de la fraction est X 2 + 4.
X 2 − 3X + 1
En effet Simple division euclidienne : X 4 − 3X 3 + 5X 2 − 1 = X 2 − 3X + 1 X 2 + 4 + 12X − 5.
Théorème (Décomposition en éléments simples sur C) Soit R ∈ C(X ) de partie entière E et de pôles distincts
λ1 , . . . , λ r de multiplicités respectives m1 , . . . , m r . Il existe une et une seule famille (aik ) 1¶i¶r de nombres complexes
1¶k¶mi
telle que : r X
X mi
aik
R=E+ . Cette décomposition de R
(X − λi )k
On n’oublie pas la partie entière ! i=1 k=1 est appelée sa décomposition
| {z }
Partie polaire en éléments simples sur C.
associée au pôle λi
Démonstration Démonstration hors programme, mais il n’est pas inintéressant de comprendre l’EXISTENCE
A
de la décomposition. Écrivons pour cela : R = avec A ∈ C[X ] et B = (X − λ1 )m1 . . . (X − λ r )mr .
B
B B
• Les polynômes m
,..., sont premiers entre eux dans leur ensemble, donc pour cer-
(X − λ1 ) 1 (X − λ r )mr
Xr
BUi
tains U1 , . . . , U r ∈ C[X ] : 1 = — relation de Bézout.
i=1
(X − λ i ) mi
A X
r
AUi
• Multiplions par R : R= = .
B i=1
(X − λi )mi
• Pour tout i ∈ ¹1, rº, la division euclidienne de AUi par (X − λi )mi s’écrit : AUi = (X − λi )mi Ei + R i
pour certains Ei ∈ C[X ] et R i ∈ Cmi −1 [X ].
• Pour tout i ∈ ¹1, rº, décomposons R i dans la base (X − λi )mi −k de Cmi −1 [X ]. Il existe des
1¶k¶mi
mr
X
scalaires ai1 , . . . , aimi ∈ C pour lesquels : Ri = aik (X − λi )mi −k . Il nous reste à conclure :
k=1
mi
A X X X X X
r r r r r X
AUi (X − λi )mi Ei + R i Ri aik
R= = mi
= mi
= E i + mi
= E + .
B i=1
(X − λ i ) i=1
(X − λ i ) i=1 i=1
(X − λ i ) i=1 k=1
(X − λ i )k
| {z } | {z }
Polynôme Fraction de degré
strictement négatif
Exemple Dans les exemples suivants, on a pris soin de faire apparaître la partie entière même quand elle est nulle.
Les fractions proposées étant en outre à coefficients RÉELS, elles sont égales à leur conjuguée, raison pour laquelle certains
coefficients sont égaux à conjugaison près.
X3 + 4 a a
• Pour un certain a ∈ C : =X+ + .
X2 + 1 X −i X +i
X4 + X + 1 a b c d e e
• Pour certains a, b, c, d, e ∈ C : =0+ + + + + + .
X (X − 5)3 X 2 + 4 X (X − 5)3 (X − 5)2 X − 5 X − 2i X + 2i
1 a b c b c
• Pour certains a, b, c ∈ C : 2 = 0 + + 2
+ + 2 + .
X X2 + X + 1 X (X − j) X − j X− j X− j
11
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
A
Théorème (Décomposition en éléments simples sur R) Soit R = ∈ R(X ) IRRÉDUCTIBLE de partie entière E. On
B
Y
r Y
s
n j
introduit la factorisation irréductible de B : B = β (X − λi )mi X 2 + bj X + cj (notations évidentes).
i=1 j=1
Il existe des familles uniques (aik ) 1¶i¶r , (u jk ) 1¶ j¶s et (v jk ) 1¶ j¶s de réels telles que :
1¶k¶mi 1¶k¶n j 1¶k¶n j
mi n
r X
X aik Xs X j
u jk X + v jk
R= E+ k
+ k . Cette décomposition de R
(X − λi ) 2
j=1 k=1 X + b j X + c j
On n’oublie pas la partie entière ! i=1 k=1 est appelée sa décomposition
| {z }
Partie polaire en éléments simples sur R.
associée au pôle λi
En pratique À présent, pour le calcul des coefficients, rappelons trois techniques de début d’année :
— multiplier par (X − λ)m puis évaluer en λ,
— multiplier par X puis passer à la limite en +∞,
— évaluer en un point.
X 2 + 3X + 1 5 10 11
Exemple =− − + .
(X − 1)2 (X − 2) (X − 1)2 X − 1 X − 2
En effet
• Forme de la décomposition en éléments simples sur R : La partie entière est nulle, donc pour certains
X 2 + 3X + 1 a b c
a, b, c ∈ R : Æ 2
= 2
+ + .
(X − 1) (X − 2) (X − 1) X −1 X −2
• Calcul de a : On multiplie Æ par (X − 1)2 puis on évalue en 1 : a = −5.
• Calcul de c : On multiplie Æ par X − 2 puis on évalue en 2 : c = 11.
• Calcul de b : On multiplie Æ par X puis on passe à la limite en +∞ : b + c = 1, donc b = −10.
Le théorème qui suit est spécifique aux PÔLES SIMPLES et souvent pratique quand on connaît la forme développée du
dénominateur.
A
Théorème (Partie polaire associée à un pôle simple) Soient R = ∈ C(X ) IRRÉDUCTIBLE et λ ∈ C. Si λ est un PÔLE
B
a A(λ)
SIMPLE de R de partie polaire associée avec a ∈ C, alors : a= ′ .
X −λ B (λ)
Démonstration Comme λ est pôle simple de R, B = (X − λ)C pour un certain C ∈ K[X ] avec C(λ) 6= 0 et la
a
décomposition en éléments simples de R sur C s’écrit : R = +Q pour une certaine fraction Q ∈ C[X ]
X −λ
A A(λ)
n’admettant pas λ pour pôle. Aussitôt : = (X − λ)R = a + (X − λ)Q, donc en λ : a = , mais
C C(λ)
A(λ) A(λ)
par ailleurs : B ′ = C + (X − λ)C ′ donc : B ′ (λ) = C(λ), donc en effet : a = = ′ .
C(λ) B (λ)
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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
1 1 X ω
Exemple Pour tout n ∈ N∗ : = .
Xn −1 n ω∈U X − ω
n
1
En effet Les pôles de n sont les racines nèmes de l’unité et sont tous simples. La partie entière étant par
X −X1
1 aω
ailleurs nulle : = pour une certaine famille (aω )ω∈Un ∈ Cn .
X n − 1 ω∈U X − ω
n
Soit ω ∈ Un fixé. La technique de multiplication par X − ω puis évaluation en ω serait ici pénible à mettre
en œuvre — essayez pour comprendre — nous allons nous en sortir grâce au théorème précédent. Comme
1 A A(ω) 1 ωn =1 1 ω
= avec A = 1 et B = X n − 1 et comme ω est PÔLE SIMPLE : aω = ′ = = = .
n
X −1 B B (ω) nωn−1 nω−1 n
En pratique Quand les pôles NON RÉELS d’une fraction RÉELLE sont SIMPLES, on peut obtenir la décomposition
en éléments simples sur R facilement à partir de la décomposition en éléments simples sur C par simple regroupement des
parties polaires conjuguées.
Z 1
2 t 5 dt 1 1 3
Exemple 4
= + ln .
0
t −1 8 4 5
En effet
• Décomposition en éléments simples sur C : La partie entière est nulle, donc pour certains a, b, c, d ∈ C :
X5 X5 a b c c
Æ = =X+ + + + ,
X4 − 1 (X − 1)(X + 1)(X − i)(X + i) X −1 X +1 X −i X +i
mais les pôles 1, −1et i étant SIMPLES :
X5 1 X5 1 X5 1
a= ′ (1) = , b= ′ (−1) = et c= ′ (i) = − .
4
X −1 4 4
X −1 4 X4 −1 4
1
Exemple Pour tout n ∈ N∗ , a pour décomposition en éléments simples sur R :
X 2n − 1
kπ
X cos −1
1X
n−1
1 1 1 n
= − + .
X 2n − 1 2n(X − 1) 2n(X + 1) n k=1 kπ
X 2 − 2X cos +1
n
En effet Nous avons déjà calculé la décomposition en éléments simples sur C, elle admet −1 et 1 pour seuls
pôles réels, les autres peuvent être regroupés par paires de conjugués.
2ikπ ikπ ikπ ikπ
1 X e 2n 1 X e n X
2n−1 2n−1 n−1
1 1 1 1 e n e− n
= = = − + +
X 2n − 1 2n k=0 X − e 2ikπ
2n
2n k=0 X − e ikπ n 2n X − 1 X + 1 k=1 X − e ikπ n
ikπ
X − e− n
ikπ ikπ ikπ ikπ
n X − e− n + e− n X − e n
1 Xe
n−1
1 1
= − + ikπ
ikπ
2n(X − 1) 2n(X + 1) 2n k=1 X −e n X − e− n
kπ kπ
2X cos −2 X cos −1
1 X X
n−1 n−1
1 1 n 1 1 1 n
= − + = − + .
2n(X − 1) 2n(X + 1) 2n k=1 kπ 2n(X − 1) 2n(X + 1) n k=1 2 kπ
X 2 − 2X cos +1 X − 2X cos +1
n n
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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Nous terminerons ce chapitre sur une preuve — hors programme — du théorème de d’Alembert-Gauss.
Démonstration Soit P ∈ C[X ] non constant. Pour montrer que P possède une racine dans C, nous allons
nous intéresser à la fonction |P|, prouver d’abord qu’elle possède un minimum, puis prouver que ce minimum
est forcément 0 — ce qui garantira bien l’existence d’une racine. Introduisons pour le moment les coefficients
Xd
de P : P = ak X k , avec d = ∂ ◦ P ¾ 1 et ad 6= 0.
k=0
• Montrons que |P| possède un minimum dans C. En tout cas, la fonction |P| étant positive, la propriété
de la borne inférieure justifie l’existence de m = inf |P|. Mais avons-nous là un minimum ?
C
X
d−1 X
d−1
1) Pour tous r ¾ 0 et z ∈ C de module r : P(z) ¾ |ad | × |z|d − ak z k ¾ |ad |r d − |ak |r k .
k=0 k=0
X
d−1 X
d−1
Or lim |ad |r d − |ak |r k = +∞, donc |ad |r d − |ak |r k > m + 1 pour tout r strictement
r→+∞
k=0 k=0
supérieur à un certain R > 0. Finalement, pour tout z ∈ C tel que |z| > R : P(z) > m + 1.
1 1
2) Pour tout n ∈ N, m + n
ne minore pas |P|, donc P(zn ) < m + n pour un certain zn ∈ C — et
2 2
1
même : m ¶ P(zn ) < m + n . D’après le théorème d’encadrement : lim P(zn ) = m.
2 n→+∞
1
3) Pour tout n ∈ N : P(zn ) < m + n ¶ m + 1, donc d’après 1) : |zn | ¶ R. Bornée, la suite
2
(zn )n∈N possède ainsi une suite extraite convergente zϕ(n) n∈N d’après le théorème de Bolzano-
2)
Weierstrass, disons de limite ℓ. Dans ces conditions : m = lim P zϕ(n) = P(ℓ) . Conclusion :
n→+∞
m est un minimum de |P| — pas seulement une borne inférieure.
• Pour montrer que le minimum m = P(ℓ) de |P| vaut forcément 0, supposons par l’absurde que P(ℓ) 6= 0
et notons Q le polynôme P(X + ℓ) avec ses coefficients : Q = b0 + bq X q + bq+1 X q+1 + . . . + bd X d , où
bq est le premier coefficient non nul après b0 = Q(0) = P(ℓ) 6= 0. Notons en outre θ un argument de
b0 b0 b0 iθ iθ
− , de sorte que : =− e . Fixons enfin r ∈ ]0, 1] et posons z = re q .
bq bq bq
X
d
bq r q eiθ X
d
Q(z) = b0 + bq z q + bq+1 z q+1 + . . . + bd z d ¶ b0 + bq z q + |bk | × |z|k = |b0 | × 1 + + |bk |r k
k=q+1
b0 k=q+1
0<r¶1 bq X
d
bq X
d
¶ |b0 | × 1 − r q + r q+1 |bk | = |b0 | × 1 − r q + r q+1 T si l’on pose T = |bk | > 0.
b0 k=q+1
b0 k=q+1
v
qu
|bq | bq q |bq |r q
t b0
Choisissons a posteriori r inférieur à et . Alors : 1 − r ¾ 0 et r q+1 T ¶ ,
bq 2T b0 2
bq q |bq |r q |bq |r q
donc : Q(z) ¶ |b0 | × 1 − r + = |b0 | − < |b0 | = Q(0) = P(z0 ) = m. Conclu-
b0 2 2
sion : P(z + ℓ) = Q(z) < m — alors que m minore |P| ! Comme voulu : P(ℓ) = 0.
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