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Complément

Topologie des polynˆomes


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I POLYNÔMES SCINDÉS SUR R [X] alors
n−1
X
On rappelle qu’un polynôme s indé sur R[X] se décom- |z| 6 1 + |ak | .
pose en un produit de polynômes de degré 1. S’il est de k=0
degré d, il admet donc d racines, comptées avec leur mul- (Il suffit de séparer selon que |z| 6 1 ou |z| > 1.)
tiplicité. Soit (Pn )n>0 une suite de polynômes scindés simples
Si de plus toutes les racines sont simples (c’est-à-dire de de degré d, convergente de limite Q. Alors l’ensemble
multiplicité égale à 1), on dit que le polynôme est simple- des racines de tous les Pn est borné d’après la re-
ment s indé, ou encore s indé simple. marque précédente. On écrit
d
PROPOSITION 9.1 i) L’ensemble des polynômes sim- Y (n)
plement scindés unitaires de degré d à coefficients P n = an (X − λk ).
k=1
réels est ouvert.
(n) (n) 
ii) L’ensemble des polynômes scindés unitaires de degré d Puisque est bornée dans Rd , on ex-
λ1 , . . . , λd n
à coefficients réels est son adhérence. trait une sous-suite convergente, donc
Soit d ∈ N∗ . On munit Rd [X] de sa topologie usuelle, on d
Y
note Ud l’ensemble des polynômes unitaires de degré d de Pϕ(n) −−−−→ (X − λk )
n→∞
Rd [X] et Ad l’ensemble des polynômes de Ud simplement k=1
scindés sur R. ce qui montre que Q est scindé.
i) Soit P ∈ Rd [X].
On note (λ1 , λ2 , . . . , λd ) les racines de P, on choisit Deuxième méthode
des réels
Tout est basé sur une caractérisation astucieuse des
a0 < λ1 < a1 < · · · < ad−1 < λd < ad polynômes scindés, qui a l’avantage de « passer à la
limite » :
de sorte que le signe de P alterne à chaque ai .
L’application Si P ∈ Rd [X] un polynôme unitaire de degré d, alors
 il y a équivalence entre les énoncés :
Φ : Q 7−→ Q(a0 ) Q(a1 ), . . . , Q(ad−1 ) Q(ad ) (a) ∀z ∈ C
d
|Im z| 6 P(z) ;
est continue, et Φ(P) est dans l’ouvert (R− d
∗ ) . Il existe
(b) P est scindé sur R.
donc un voisinage de P sur lequel on est encore En effet, si l’on suppose (a), alors toute racine de P
d
dans (R−∗ ) , donc scindé simple grâce à une utilisation est réelle. Réciproquement, si l’on suppose P scindé,
judicieuse du théorème des valeurs intermédiaires : On a
si Q est dans ce voisinage, Q change strictement de d d
signe entre ai et ai+1 , donc s’annule sur ]ai ; ai+1 [, et P(z) =
Y
(z − ak ) P(z) =
Y
|z − ak |
ce pour i = 0, . . . , d − 1. k=1 k=1
ii) Notons Bd l’ensemble des polynômes unitaires
de Rd [X] scindés. Or puisque ak est réel,
2 2 2 2
• Montrons que A d ⊂ B d . |z − ak | = |Re z − ak | + |Im z| > |Im z|

On propose deux méthodes. donc


d
|z − ak | > |Im z| et P(z) > |Im z| .
Première méthode
Tout d’abord, une remarque : si z est racine d’un Notamment, si (Pn )n>0 est une suite de polynômes
polynôme P ∈ C[X] de la forme scindés convergeant vers P, alors pour tout z ∈ C
on a
n−1
X Pn (z) > |Im z|d
P = Xn + ak Xk
k=0

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 topologie des polynômes

et le membre de gauche admet une limite quand Il suffit alors de résoudre en les coefficients de Qk ,
n→∞: en commençant par les coefficients de plus gros degré
d
P(z) > |Im z| . pour vérifier que Qk → Q.
Ainsi, P est scindé, et on a terminé. • Par récurrence, en remarquant que les Qk sont uni-
taires, et quitte à permuter les racines de chaque Pk ,
• Montrons que B d ⊂ A d . on a
Qd (k)
Soit Q = k=1 (X − λi ), alors on considère ∀i ∈ J1 ; nK λi −−−−→ λi ,
k→∞
d 
Y 2−n
 ce qui est le résultat de « continuité » que l’on peut
Pn = X − λi − attendre.
k
k=1

qui est scindé simple pour n suffisamment grand : il


suffit de prendre n tel que 2−n soit plus petit que

min |λi − λk | ; λi 6= λj
s’ils ne sont pas tous égaux, et n quelconque sinon.

II CONTINUITÉ DES RACINES


Si l’application
Φ: Cn −→ Cn [X]
n
Y
(λ1 , λ2 , . . . , λn ) 7−→ (X − λi )
i=1

est continue (les coefficients de Φ (λ1 , λ2 , . . . , λn ) sont des


polynômes (symétriques) en λ1 , λ2 , . . . , λn , on peut légi-
timement se poser la question de la continuité de la réci-
proque.
Problème, Φ n’est évidemment pas inversible, car non
injective (deux listes de complexes qui ne diffèrent que
d’une permutation ont même image).
On peut cependant montrer que, quitte à « bien ordon-
ner » les racines, on a un résultat de continuité, pour peu
que l’on se limite aux polynômes unitaires 1
Soit (Pk )k>0 une suite de polynômes unitaires de Cn [X],
de degré n, convergeant vers P ∈ Cn [X] (pour une norme
quelconque sur Cn [X].
(k)
On note λi (i = 1, . . . , n) les racines de Pk , comptées
avec leur multiplicité. De même, on note λi les racines
de P.
• Pour tout k ∈ N, notons ik un entier tel que
(k)
λ1 − λik soit minimal. Alors Par minimalité, on
a la majoration
n
(k) n (k)
Y
λi − λik 6 λi − λi = Pk (λ1 ) −−−−→ 0.
k→∞
i=1

c’est-à-dire que
(k)
λik −−−−→ λ1 .
k→∞

• Pour tout k ∈ N, on peut donc factoriser Pk sous la


forme
(k)
Pk = (X − λik ) Qk .
De même on factorise
P = (X − λ1 ) Q.

1. Sinon, il suffit de considérer par exemple εX2 + X + 1 et faire


tendre ε vers 0 pour passer d’un ensemble de 2 racines à un single-
ton, rendant vain tout espoir de continuité ou même de formulation
précise de ce que l’on veut.

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