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IMO 2022 CAMP

THEOREME DE ZSIGMONDY
El Mokhtari Zaid
July 31, 2022

1
Théorème de Zsigmondy page 2 Stage Février

Notations:
• P représente l’ensemble des nombres premiers.

• Pn représente l’ensemble des diviseurs premiers de n.

• Un représente l’ensemble des racines n-ème de l’unité.

• U∗n représente l’ensemble des racines primitives n-ème de l’unité.

• φ représente l’indicatrice d’Euler et qui désigne, pour un entier naturel


n ≥ 1,le cardinal de l’ensemble des entiers k ∈ [[1; n]] tel que: k ∧ n = 1

• Pour n ∈ N on désigne par: D(n) l’ensemble des diviseurs de n.


F
• Le symbole désigne qu’on va effectuer une réunion d’ensembles disjoints.

Rappel sur quelques propriétés


des polynômes cyclotomiques:

1 Définition et propriétés:
Les polynômes cyclotomiques sont des polynômes à coefficients dans C définies
pour un ordre n donné (où: n ∈ N∗ ) par :
Y
Φn (X) = (X − z)
z∈U∗
n

i2π
où U∗n = {z ∈ Un | ord(z) = n} = {ωnk | k ∈ [[0; n − 1]] et k ∧ n = 1} (avec ωn = e n )

- On a : deg(Φn ) = φ(n)

- Son coefficient dominant est 1, et ses racines sont les racines primitives n-
ème de l’unité.

- On a : Y
Xn − 1 = Φd (X)
d|n

U∗d
F
et cela s’en découle facilement du fait que: Un =
d|n

2
Théorème de Zsigmondy page 3 Stage Février

- Φn ∈ Z[X] ; Et on montre cela facilement par une simple récurrence forte


et la définition de la division euclédiènne.

- Parmis les résultats intéressants de la convolution de Dirichlet1 (qui se note


généralement ∗) on trouve la formule d’inversion de Möbius:
n
Y
Φn (X) = (Xd − 1)µ( d )
d|n

Où µ représente la fonction de Möbius définie par:


|Pn |
 Q
 (−1)
 si n =
p∈Pn
p
µ(n) =

0 sinon

q Xq − 1 q−1
(Xd − 1)µ( d ) = (X − 1)µ(q) (Xq − 1)µ(1) =
Q P k
- Pour q ∈ P, Φq (X) = = X
d|q X−1 k=0

2 Résultats fondamentales:
i) Soit n ∈ 2N + 1, on a :
Y
Xn + 1 = Φ2d (X)
d|n

ii) Soit q ∈ P et n ≥ 1, alors :



Φ (Xq ) si q|n
 n


Φqn (X) =
Φn (Xq )
sinon


Φn (X)

iii) Pour k ≥ 1, on a :
k
Φn (Xq )


 si q|n

Φnqk (X) = k
 Φn (Xq )

 sinon
Φn (Xqk−1 )
∗ ∗ ∗
1 C’est une loi de composition interne ou disant application de CN × CN −→ CN tel que:
∗ X n
∀f, g ∈ CN , ∀n ∈ N∗ , (f ∗ g)(n) = f(d).g
d
d|n

3
Théorème de Zsigmondy page 4 Stage Février

iv) On a:
Φ2n (X) = (−1)δ(n) .Φn (−X)
2

v) Soit m, n ∈ N∗ tel que , m ∧ n = 1 Alors :


Y
Φn (Xm ) = Φdn (X)
d|m

Preuve des résultats fondamentales:


i) Soit n ∈ 2N + 1, on a :
Y
(Xn + 1)(Xn − 1) = X2n − 1 = Φd (X)
d|2n

Donc:   
Y  Y 
(Xn + 1) (Xn − 1) = Φd (X) Φ2d (X) 3
  
d|n d|n

D’où le résultat.

ii) Soit q ∈ P et n ≥ 1, on a:
 
 
 





Y qn qn

 Y qn


(Xd − 1)µ( ) = (Xd − 1)µ( d )
Y
Φqn (X) = d (Xd − 1)µ( d )
  
d|qn d|n 

 d|qn



 
d∤n
 

- Si q ∧ n = 1 :

On a:  qn  n n
µ = µ(q)µ = −µ
d d d

est l’élément neutre pour la convolution de Dirichlet dans l’ensemble des fonctions
arithmétiques. Elle est définie par :

 1 si n = 1
δ(n) =
0 sinon

3 C’est un simple changement de variable.

4
Théorème de Zsigmondy page 5 Stage Février

Or: qn
(Xd − 1)µ( d ) = (Xqd − 1)µ( d ) = Φn (Xq )
Y Y n

d|qn d|n

d∤n
Alors:
Φn (Xq )
Φqn (X) =
Φn (X)

- Si q|n :

Simple il suffit de prouver l’égalité entre les deux expressions en les développants.

iii) Se démontre par une simple récurrence et une application du point ii).

iv)Simple manipulation des résultats précédents.

v)Essayer de se focaliser sur les ensembles des racines des deux expressions,
leur degré et leur coefficient dominant.

3 Lemmes utiles:
- Encadrement des polynômes cyclotomiques:4

Soit a ∈ C et n≥1 unentier, Alors:

||a| − 1|φ(n) ≤ |Φn (a)| ≤ (|a| + 1)φ(n)

avec inégalité stricte si et seulement si n ≥ 3.

- La double multiplicité implique la divisibilité !5

Soient (a, n) ∈ Z × N∗ deux entiers et p ∈ P. On suppose que:

∃P ∈ Z/pZ[X],
Xn − 1 = (X − a)2 P(X) (∗)
4 Pour la preuve, il suffit d’écrire la définition des polynômes cyclotomiques par les racines

primitives et d’utiliser l’inégalité polygonale (en terme de module)


5 Pour la preuve il suffit de dériver la relation (∗), et par le fait que a ∧ p = 1 (??), on

conclut le résultat demandé.

5
Théorème de Zsigmondy page 6 Stage Février

dans Z/pZ[X]. Alors: p|n

- Conséquence importante de cette double multiplicité:

Soit n ≥ 1 un entier et p ∈ P.Soit d ∈ D(n) tel que d ̸= n. Supposons que:

p|(Φn (a) ∧ Φd (a))

alors: p|n

4 Théorème (important):
Soient m, n ≥ 1 deux entiers distincts ,a ∈ Z et p ∈ P. On suppose que:
p|Φn (a), Φm (a). Alors:
m
∃k ∈ Z, = pk
n

De plus: Φn (a) ∧ Φm (a) est une puissance de p.

Preuve
On pose: n = pβ .N et m = pα .M (avec N ∧ p = M ∧ p = 1).

On a:
m M
= pα−β .
n N
Donc pour montrer notre théorème il suffit de montrer que M = N .

On a:
p|Φm (a)

Or: α
ΦM (ap )
Φm (a) = Φpα .M =
ΦM (apα−1 )

Donc: α
p|ΦM (ap )

6
Théorème de Zsigmondy page 7 Stage Février

D’après le petit théorème de Fermat, on a (puisque a ∧ p = 1):


α
ap ≡ a[p]

Donc: α
0 ≡ ΦM (ap ) ≡ ΦM (a)[p]

De même on montre que :


ΦN (a) ≡ 0[p]

Supposons que: M ̸= N

Soit l = max(M, N ) ∈ {M, N } et g = M ∧ N .

Donc: g < l (sinon ??)

On a:
p|aM − 1 , aN − 1
(pourquoi??)

Donc:
p|(aM − 1) ∧ (aN − 1) = ag − 1

D’où: ∃ d|g (c’est à dire: d|l et d < l), p|Φd (a)

Or:
p|Φl (a)

D’où, d’après le lemme précédent, on conclut:

p|l

(ce qui est absurde).

Donc:
M =N

7
Théorème de Zsigmondy page 8 Stage Février

Posons:
T = Φn (a) ∧ Φm (a)

- Si T = 1 ,alors T est une puissance de p.

- Sinon (c’est à direT > 1):

Soit q ∈ P tel que: q|T

Donc d’après ce qui précède on aura:


m ′
= q k = pk /k ′ , k ∈ N∗
n
(WLOG on peut supposer que νq (m) > νq (n) et donc k ∈ N∗ )

D’où: p = q

Donc:
T est une puissance de p

5 Corollaires:
Soit q ∈ P et n ∈ N∗ et a ∈ Z.

i) Si q|Φn (a) , alors:


q ≡ 1[n] ou q|n

ii) Si n = q v N (avec N ∧ q = 1) et q|Φn (a) , alors:


ordF∗q (a) = N

iii) Si q ∧ n = 1 , alors:
q|Φn (a) ⇔ ordF∗q (a) = n

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Théorème de Zsigmondy page 9 Stage Février

Preuve
Posons:
d = ordF∗q (a) = N
n
i) On a: q|Φn (a), alors: q|a − 1

Donc: d|n et d’après le petit théorème de Fermat, on a: d|q − 1

- Si d = n , alors: q ≡ 1[n]

- Sinon, d < n .

On a:
ad ≡ 1[q]

Donc: ∃s ∈ D,
q|Φs (a)

or: s ⩽ d < n , s|n , et q|Φn (a) , donc, d’après le troisième lemme(du paragraphe
des lemmes utiles), on conclut que:

q|n

ii) On a: q|Φn (a) , or:


v
ΦN (aq )
Φn (a) = Φqv N (a) =
ΦN (aqv−1 )

D’après le petit théorème de Fermat (puisque q ∧ a = 1 (car an ≡ 1[q])), on


conclut que: v
0 ≡ ΦN (aq ) ≡ ΦN (a)[q]

Supposons par absurde que: d < N

Alors, de la même démarche utilisé dans la démonstration précédente, on mon-


trera que: q|N , ce qui est absurde, car : q ∧ N = 1

D’où:
d=N

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Théorème de Zsigmondy page 10 Stage Février

iii) - Le premier sens est une conséquence du point ii) en prenant v = 0

- Pour le deuxième sens, travaillez en raisonnant par absurde, et trouvez une


contradiction avec la minimalité de l’ordre(définition!!) puis conclure.

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Théorème de Zsigmondy page 11 Stage Février

THÉORÈME DE ZSIGMONDY:

Énoncé(1892)
Soit a > b ≥ 1 deux entiers premiers entre eux, et soit n ≥ 2. Alors il existe
au moins un diviseur premier de an − bn qui ne divise pas ak − bk pour tout
k ∈ [[1; n − 1]], à l’exception des cas suivantes:

• n = 2 et a + b est une puissance de 2.

• (a, b, n) = (2, 1, 6)

Les nombres premiers vérifiant la propriété du théorème de Zsigmondy sont


appelés: Les diviseurs premiers primitives de an − bn .

Corollaire
Soit a > b ≥ 1 deux entiers premiers entre eux, et soit n ≥ 2 un entier. Alors
an +bn admet au moins un diviseur premier primitif, à l’exception du cas suivant:

• (a, b, n) = (2, 1, 3)

Application:
P1:(Japanese MO 2011)
Trouvez touts les cinq-uplets d’entier naturels (a, n, p, q, r) tel que:

an − 1 = (ap − 1)(aq − 1)(ar − 1)

P2:(IMO Shortlist 2000)


Trouvez touts les tri-uplets (a, m, n) d’entiers naturels non nuls tel que:

am + 1|(a + 1)n

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Théorème de Zsigmondy page 12 Stage Février

P3:
Trouvez touts les tri-uplets (a, m, n) d’entiers naturels non nuls vérifiants:

(a + 1)(a2 + a + 1) · · · · · (an + an−1 + · · · · · + 1) = am + am−1 + · · · · · · +1

P4:(1994 Romanian TST)


Montrer que la suite (an )n≥2 définie par:

an = 3n − 2n ∀n ≥ 2

ne contient pas trois termes en progréssion géométrique.

P5:(Le dernier théorème de Fermat)


Prouvez le dernier théorème de Fermat pour z ∈ P et xyz ̸= 0

P6:(IMO Shortlist 2002)


Soit n ≥ 1 un entier, et soit p1 , p2 , · · · · ·pn des nombres premiers distincts
supérieurs strictement à 3. Montrer que:

2p1 p2 ····pn + 1
n
admet au moins 22 diviseurs.

n
On pose: N = 2p1 p2 ·····pn + 1 , r = pi , Nd = 2d + 1
Q
Solution: ∀d ∈ D(r)
i=1
et P∗d = {p ∈ P/ p|Nd et p ∤ Nd′ ∀d′ < d} ⊂ PN (Car Nd |N ∀d ∈ D(r))

Donc:
|D(r)| = 2n

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Théorème de Zsigmondy page 13 Stage Février

Soit d ∈ D(r) . On a: 3 ∈
/ D(r) , alors d’après le corollaire du théorème de
Zsigmondy, on a:
P∗d ̸= ∅

Lemme:

∀d, d′ ∈ D(r) d ̸= d′ ⇒ P∗d ∩ P∗d′ = ∅

Supposons par absurde que: ∃d, d′ ∈ D(r),

P∗d ∩ P∗d′ ̸= ∅

Alors WLOG (Without Loss Of Generality) on peut supposer que: d > d′

Soit : p ∈ P∗d ∩ P∗d′

Alors, par définition de P∗d on a:

p|Nd et p ∤ Nd′

Ce qui est absurde. D’où:

∀d, d′ ∈ D(r) d ̸= d′ ⇒ P∗d ∩ P∗d′ = ∅

Donc: G
P∗d ⊂ PN
d|r

D’où: G
| P∗d | ≤ |PN |
d|r

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Théorème de Zsigmondy page 14 Stage Février

Or: G X X
| P∗d | = |P∗d | ≥ 1 = |D(r)| = 2n
d|r d|r d∈D(r)

D’où:
|PN | ≥ 2n

Donc: n
|D(N )| ≥ 22

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