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 Chapitre 9 

Séries entières
Notation.
 B(0, ρ) désigne la boule euclidienne (sur C) centrée en 0 et de rayon ρ.

I. Rayon de convergence des séries entières


I.1 Dénition
Définition 1 (Série entière).
Soit (an ) une suite de nombres complexes. La série an z n est la série entière de la variable
P
complexe z . Les nombres an sont les coecients de la série entière.

Exercice 1. Montrer que


+∞ +∞
1
z , ∀ z ∈ B(0, 1). xn
∀ x ∈] − 1, 1[.
P n P
1. 1−z = 3. ln(1 − x) = − n ,
n=0 n=1
+∞ +∞
(−1)n x2n+1 , ∀ x ∈] − 1, 1[. ∀ z ∈ C.
2n+1 zk
4. ez =
P P
2. arctan(x) = k! ,
n=0 n=0

(Lemme d’A BEL).


Lemme 1 P
Soient an z n une série entière et z0 ∈ C. Si (an z0n )n∈N est bornée, alors pour tout nombre
complexe z ,
an z n converge absolument.
X
|z| < |z0 | ⇒

Propriété 1.
Soit an z n une série entière. L'ensemble I = {r ∈ R+ ; (an rn ) est bornée} est un intervalle
P
de R+ contenant 0.
Définition 2 (Rayon de convergence).
Le rayon de convergence de la série an z n est le réel
P

ρ = sup {r ∈ R+ ; (an rn ) est bornée} ,

où ρ = +∞ si l'ensemble n'est pas borné.


Dans le cas où la variable est complexe, le disque ouvert de convergence est le disque B(0, ρ).
Dans le cas où la variable est réelle, l'intervalle ouvert de convergence est l'intervalle ] − ρ, ρ[.

3 Exercice 2.
1. Déterminer les rayons de convergence des séries exponentielle et géométrique.
2. Déterminer le rayon de convergence de nz et de nz .
P n P1 n

3. Déterminer le rayon de convergence de n!z n et de sin(n)z n .


P P

Propriété 2 (Convergence & Rayon de convergence).


Soit an z n une série entière de rayon de convergence ρ. Alors, pour tout z0 ∈ C,
P

(i). si z0 ∈ B(0, ρ), alors la série an z0n converge absolument.


P

(ii). si |z0 | > ρ, alors an z0n diverge grossièrement.


P

Exercice 3. Étudier les séries nz n , et sur les extrémités de leur intervalle de


P P zn P zn
n2 n
convergence.

Stanislas 64 A. Camanes
Chapitre 9. Séries entières PSI

I.2 Détermination pratique du rayon de convergence


Théorème 1 (Théorème de comparaison).
3 Soient an z et bn z deux séries entières de rayons de convergence respectifs ρa et ρb .
n n
P P

(i). Si an = O(bn ), alors ρa > ρb .


(ii). Si an ∼ bn , alors ρa = ρb .
(iii). Si an = nbn , alors ρa = ρb .

Exercice 4. Déterminer les rayons de convergence et la somme des séries n! z et n! z .


P n3 n P n! n

Rayon de convergence de n! z ? Ici avec Stirling, plus loi avec d'Alembert.


P nn n

Propriété 3 (Règle de d’A LEMBERT).


Soit an z n une série entière. On suppose que, à partir d'un
 certain rang, le coecient an
P

est non nul et qu'il existe ` ∈ R+ ∪ {+∞} tel que an tende vers `. Alors, le rayon de
an+1

convergence de an z n vaut 1` .
P

Exercice 5.
1. Reprendre les exemples précédents.
2. Soit θ ∈ R\ {0}. Déteminer le rayon de convergence des séries entières de coecient
a) sinh(n)
cosh(n)2
. b) sin(θ/n)
n! .
3. Soit (an ) la suite dénie pour
P tout n entier naturel par a2n = 22n
1
et a2n+1 = 32n+1
1
. Déterminer
le rayon de convergence de an z et étudier le comportement asymptotique de (an+1 /an ).
n

4. Déterminer le rayon de convergence de la série 2 ln(n)z 2n .


P n
3
I.3 Propriétés algébriques
ThéorèmeP 2 (Somme P & Produit de C AUCHY de séries entières).
Soient an z et bn z n deux séries entières de rayons de convergence respectifs ρa et ρb .
n
n
Pour tout entier naturel n, on pose cn = ak bn−k . Alors,
P
k=0
(i). (an + bn )z n a un rayon de convergence supérieur ou égal à min{ρa , ρb }.
P

(ii). cn z n a un rayon de convergence supérieur ou égal à min{ρa , ρb }.


P

De plus, pour tout z ∈ C tel que |z| < min{ρa , ρb }, alors


+∞ +∞ +∞ +∞ +∞ +∞
! !
bn z n et
X X X X X X
(an + bn )z n = an z n + cn z n = an z n · bn z n .
n=0 n=0 n=0 n=0 n=0 n=0

Exercice 6.
1. Déterminer un exemple où (an + bn )z n a un rayon de convergence strictement plus grand
P
que le minimum entre ρa et ρb .
+∞
2. Déterminer les rayons de convergence des séries f (z) = 1 − z , g(z) = z et f · g .
P n
n=0
3. Monter que (n + 1)z n est un produit de séries entières de rayon de convergence égal à 1 et
P
que son rayon est égal à 1.

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II. Séries entières de la variable réelle


Dans toute cette partie, les séries entières sont considérées comme étant de la variable réelle.
II.1 Régularité
Propriété 4 (Convergence normale sur tout segment).
Soit an xn une sérieP entière de rayon de convergence ρ. Pour tout (a, b) ∈] − ρ, ρ[2 tels que
P
a < b, la série entière an xn est normalement convergente sur [a, b].

Exercice 7. Montrer qu'il n'y a pas nécessairement convergence normale sur ] − ρ, ρ[.

P 3 (Continuité, Primitive, Dérivée).


Théorème
Soit an xn une série entière réelle de rayon de convergence ρ > 0 et de somme f .
(i). f est continue sur ] − ρ, ρ[.
(ii). Pour tout segment [a, b] ⊂] − ρ, ρ[, la fonction f est intégrable sur [a, b].
(iii). Si F est une primitive de f , alors
+∞
X an n+1
∀ x ∈] − ρ, ρ[, F (x) − F (0) = x .
n+1
n=0

(iv). f est de classe C ∞ sur ] − ρ, ρ[ et


+∞
(k)
X n!
∀ x ∈] − ρ, ρ[, ∀ k ∈ N, f (x) = an xn−k .
(n − k)!
n=k

+∞
Exercice 8. Pour tout x ∈] − 1, 1[, déterminer x2n
.
P
4n2 −1
n=0

Propriété 5 (Continuité, Admis).


La série de la variable complexe an z n est continue sur son disque ouvert de convergence.
P

Propriété 6 (Coefficients & Dérivation).


Soit an z n une série entière de la variable réelle de rayon de convergence non nul et de somme
P
f . Alors, pour tout entier naturel n,

f (n) (0)
an = .
n!

ThéorèmeP .
4 (Unicité)P
Soient an x et bn xn deux séries entières de rayons de convergence non nuls. S'il existe
n

r > 0 tel que


+∞
X +∞
X
n
∀ x ∈] − r, r[, an x = bn xn ,
n=0 n=0

alors pour tout entier naturel n, an = bn .

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Chapitre 9. Séries entières PSI

II.2 Développement en série entière au voisinage de 0


Définition 3 (Fonction développable en série entière).
Soit f une fonction d'un intervalle I de K contenant 0 en son intérieur et r > 0. La fonction
f est développable en série entière sur l'intervalle ] − r, r[ s'il existe une suite (an ) telle que
+∞
X
∀ x ∈] − r, r[, f (x) = an xn .
n=0

Exercice 9. Déterminer la forme du développement en série entière d'une fonction paire (resp.
impaire) développable en série entière.
Définition 4 (Série de TAYLOR).
Soit f une fonction de classe C ∞ de I (intervalle contenant 0) dans R. La série de Taylor de
P f (n) (0) n
f (en 0) est n! x .

Théorème 5 (Série entière & Série de TAYLOR).


Soit f une fonction développable en série entière sur un intervalle ] − r, r[. Alors, f est de classe
C ∞ sur ] − r, r[, sa série de Taylor a un rayon de convergence supérieur à r et f est égale à la
somme de sa série de Taylor.
Réciproquement, pour toute fonction f de classe C ∞ sur ] − r, r[, f est développable en série
entière sur ] − r, r[ si et seulement si elle est la somme de sa série de Taylor, i.e. si et seulement
si Z x
(x − t)N (N +1)
∀ x ∈] − r, r[, lim f (t) dt = 0.
N →+∞ 0 N!

Exercice 10.
1. Reprendre l'exemple de la fonction exponentielle.
2. La fonction x 7→ exp(−1/x2 ) est-elle développable en série entière ?

III. Détermination pratique


III.1 Exemples de développements en séries entières
1. a) Soit a ∈ C∗ . Déterminer le développement en série entière et le rayon de convergence de
1
z 7→ z−a .
b) En déduire le développement en série entière de x 7→ 1
1−2x cos(α)+x2
.
2. Déterminer le développement en série entière de x 7→ ln(1 + x + x2 ).
3. Déterminer le développement en série entière de x 7→ 2x
(1+x2 )2
.
4. Soit f : x 7→ arcsin(x)

1−x2
.
Déterminer une équation diérentielle linéaire d'ordre 1 satisfaite par f ,
puis en déduire le développement en série entière de f .

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III.2 Formulaire
Soient z ∈ C et α ∈ R.
+∞
zn
ez
P
= n! , ρ = +∞
n=0
+∞ 2n+1
x
(−1)n (2n+1)!
P
sin(x) = , ρ = +∞
n=0
+∞ 2n
x
(−1)n (2n)!
P
cos(x) = , ρ = +∞
n=0
+∞
P x2n+1
sinh(x) = (2n+1)! , ρ = +∞
n=0
+∞
P x2n
cosh(x) = (2n)! , ρ = +∞
n=0
+∞
1
zn
P
1−z = ,ρ=1
n=0
+∞ n
(−1)n+1 xn
P
ln(1 + x) = ,ρ=1
n=1
+∞
α···(α−n+1) n
(1 + x)α
P
=1+ n! x ,ρ=1
n=1
+∞ 2n+1
(−1)n x2n+1
P
arctan(x) = ,ρ=1
n=0
+∞
(2n)!
x2n+1
P
arcsin(x) = 22n (n!)2 (2n+1)
, ρ = 1.
n=0

+∞
(−1)n 22n−1
Exercice 11. Déterminer .
P
(2n)!
n=0

IV. Fonctions génératrices


Notation.
 Les variables aléatoires sont réelles, discrètes, à valeurs dans N.
Définition 5 (Fonction génératrice).
Soit X une variable aléatoire discrète à valeurs dans N. La fonction génératrice de X est la
série entière
+∞
X
GX : t 7→ E[tX ] = P (X = k) · tk .
k=0

Exercice 12.
1. Déterminer les fonctions génératrices d'une variable aléatoire de loi. . .
a) . . . constante presque sûrement. d) . . . Binomiale.
b) . . . de Bernoulli. e) . . . de Poisson.
c) . . . uniforme sur J0, nK. f) . . . géométrique.

2. Montrer que, si X est bornée, alors GX est une fonction polynomiale.


Propriété 7 (Rayon de convergence).
Le rayon de convergence d'une fonction génératrice est supérieur ou égal à 1.

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Propriété 8 (Fonctions génératrices & Loi).


Soient X et Y deux variables aléatoires discrètes à valeurs dans N. On suppose qu'il existe un
réel r > 0 tel que pour tout t ∈ [−r, r], GX (t) = GY (t). Alors, X et Y suivent la même loi et
1 (n)
∀ n ∈ N, P (X = n) = G (0).
n! X

Théorème 6 (Espérance & Variance).


Soit X une variable aléatoire discrète à valeurs dans N de fonction génératrice GX .
(i). X admet une espérance nie si et seulement si GX est dérivable en 1. Alors,
E[X] = G0X (1).
(ii). X admet une variance nie si et seulement si GX est deux fois dérivable en 1. Alors,
E[X(X − 1)] = G00X (1).

Exercice 13.
1. Lorsqu'elle existe, exprimer la variance de X en fonction de G0X (1) et G00X (1).
2. Reprendre les exemples concernant les lois classiques.
Propriété 9 (Indépendance & Fonction génératrice).
Soient X, Y deux variables aléatoires indépendantes de fonctions génératrices GX et GY . Alors,
GX+Y = GX · GY .

Exercice 14. Soient X et Y deux variables aléatoires à valeurs dans J0, 2K de loi conjointe

1
P (X = 0, Y = 0) = P (X = 1, Y = 1) = P (X = 2, Y = 2) =
9
2
P (X = 0, Y = 2) = P (X = 1, Y = 0) = P (X = 2, Y = 1) =
9
P (X = 0, Y = 1) = P (X = 1, Y = 2) = P (X = 2, Y = 0) = 0

Déterminer les lois de X et de Y . En déduire les fonctions génératrices GX , GY et GX+Y .


Théorème 7 (Somme de variables aléatoires indépendantes).
(i). Soient p ∈ [0, 1] et (X1 , . . . , Xn ) des variables aléatoires discrètes indépendantes et de
n
même loi de Bernoulli de paramètre p. Alors, Xk suit une loi binomiale de paramètres
P
k=1
(n, p).
(ii). Soient X, Y deux variables aléatoires indépendantes de loi de Poisson de paramètres
respectifs λ et µ. Alors, X + Y suit une loi de Poisson de paramètre λ + µ.

Exercice 15.
1. Soient X une variable aléatoire de loi B(n, p) et Y une variable aléatoire de loi B(m, p). Si
X et Y sont indépendantes, déterminer la loi de X + Y .
2. Soient n ∈ N, (Xk )k∈J1,nK une suite variables aléatoires indépendantes et de mêmes lois et T
une variable aléatoire à valeurs dans J1, nK indépendante des (Xk ).
TP
(ω)
a) Déterminer la fonction génératrice de S : ω 7→ Xk (ω) en fonction des fonctions généra-
k=1
trices de X1 et de T .

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b) Identité de WALD. Si X1 et T sont d'espérances nies, montrer que S est d'espérance nie
et E [S] = E [X1 ] E [T ].
c) Déterminer la valeur moyenne obtenue en sommant le résultat de T lancers de dés, lorsque
T suit une loi uniforme sur J1, 6K.

Un cas particulier du théorème d'Abel


Exercice 16. Soit (an ) ∈ RN et R ∈ R∗+ tels que an xn soit de rayon de convergence R. Pour
P
+∞
tout x ∈] − R, R[, on pose f (x) = an xn . On suppose que an Rn est convergente, on note
P P
n=0
n
ak Rk et S sa limite.
P
Sn =
k=0
1. Montrer que f est continue sur ] − R, R[.
2. En considérant une fonction fe, montrer que l'on peut se ramener au cas où R = 1 sans perdre
de généralité.
On supposera dans la suite que R = 1.
+∞
3. Montrer, pour tout x ∈] − 1, 1[, la relation f (x) = (1 − x) Sn xn .
P
n=0
4. En déduire que f est prolongeable par continuité 1.

Programme ociel (PSI)


Suites et séries - C - Séries entières (p. 16)
Probabilités - B - Variables aléatoires discrètes - c) Variables aléatoires à valeurs dans N.

Mathématiciens
Taylor Brook (18 août 1685 à Edmonton-29 déc. 1731 à Londres).
Alembert Jean Le Rond d' (17 nov. 1717 à Paris-29 oct. 1783 à Paris).
Cauchy Augustin-Louis (21 août 1789 à Paris-23 mai 1857 à Sceaux).
Abel Niels Henrik (5 août 1802 à Frindöe-6 avr. 1829 à Froland).
Wald Abraham (31 oct. 1902 à Kolozsvàr-13 déc. 1950 à Travancore).

Stanislas 70 A. Camanes

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