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Chapitre III

Séries entières
Notations : pour z0 ∈ C et r > 0, on notera D(z0 , r) = {z ∈ C, ∣z − z0 ∣ < r}, D(z0 , r) = {z ∈ C, ∣z − z0 ∣ ⩽ r} et
C(z0 , r) = {z ∈ C, ∣z − z0 ∣ = r}.

I. Dénitions
Dénition 1
On appelle série entière toute série de fonctions ∑n⩾0 fn où pour tout n ∈ N, la fonction
fn ∶ C → C a pour expression fn (z) = an z n avec an ∈ C.

Remarques :

1. Conformément à l'usage établi pour les séries entières, on fera l'abus de notation qui consiste à
confondre fn avec son expression au point z ∈ C. On notera donc dans la suite ∑n⩾0 an z n pour
désigner la série de fonctions ∑n⩾0 fn , alors que cette notation est d'ordinaire réservée à la série
numérique.
2. Certaines séries entières sont considérées comme des séries de fonctions de la variable réelle. Sauf
mention explicite du contraire, les résultats de ce chapitre sont énoncés pour les séries entières de la
variable complexe mais s'appliquent aussi, par restriction aux réels, aux séries entières de la variable
réelle. Nous laissons le soin à la lectrice ou au lecteur de détailler le cas de la variable réelle.

Lemme (d'Abel)
Si z0 ∈ C∗ est tel que la suite (an z0n )n⩾0 est bornée, alors la série entière ∑n⩾0 an z n converge
absolument sur D(0, ∣z0 ∣).

Convention : Si A ⊂ R est une partie non vide et non majorée, on pose sup(A) = +∞.

Dénition 2 (rayon de convergence)


On appelle rayon de convergence de la série entière ∑n⩾0 an z n , l'élément R de [0, +∞] déni par

R = sup{r ⩾ 0, (an rn )n⩾0 est bornée}.

15
Remarques :

1. Toute fonction polynôme est une série entière de rayon de convergence inni (puisque la suite (an )n⩾0
est alors nulle à partir d'un certain rang).
2. Si R > 0, pour tout r ∈ [0, R[, la suite (an rn )n⩾0 est bornée.

Théorème 3
Soit une série entière ∑n⩾0 an z n de rayon de convergence R. On a :
● Cas R = 0 : la série numérique ∑n⩾0 an z n converge pour z = 0 et diverge (grossièrement)
pour z ≠ 0.
● Cas R ∈]0, +∞[ : la série ∑n⩾0 an z n converge absolument pour ∣z∣ < R et diverge (grossiè-
rement) pour ∣z∣ > R.
● Cas R = +∞ : la série ∑n⩾0 an z n converge absolument pour tout z ∈ C.

Preuve

Pour z = 0, la série numérique ∑n⩾0 an z n est la série de terme général égal à 0, elle est bien sûr convergente.
Lorsque R ∈ [0, +∞[, pour tout z ∈ C tel que ∣z∣ > R, la suite (an z n )n⩾0 n'est pas bornée. En particulier,
elle ne converge pas vers 0 et donc la série numérique ∑n⩾0 an z n diverge grossièrement.
Lorsque R ∈]0, +∞], soit z0 ∈ C tel que ∣z0 ∣ < R et soit r tel que ∣z0 ∣ < r < R. D'après la remarque qui
précède le théorème, la suite (an rn )n⩾0 est bornée. Par le lemme d'Abel, la série de fonctions ∑n⩾0 an z n
converge absolument sur D(0, r). En particulier, la série numérique ∑n⩾0 an z0n est absolument convergente.
Ce qui a été prouvé sut pour conlure dans chacun des trois cas du théorème.

Remarque : Le théorème peut servir à déterminer le rayon de convergence d'une série entière. Par exemple,
s'il existe µ ∈]0, +∞[ tel que la série entière converge pour ∣z∣ < µ et diverge pour ∣z∣ > µ alors son rayon de
convergence est nécessairement égal à µ.

Dénition 4
On appelle disque ouvert de convergence d'une série entière de rayon de convergence R, l'en-
semble {z ∈ C, ∣z∣ < R}. Lorsque R ∈]0, +∞[, le cercle C(0, R) est appelé cercle d'incertitude.

Remarques :

1. Le disque ouvert de convergence est vide lorsque R = 0, est égal à D(0, R) lorsque R ∈]0, +∞[ et est
égal à C lorsque R = +∞.
2. Pour une série entière de la variable réelle, l'intervalle ouvert de convergence est {x ∈ R, ∣x∣ < R}.
3. La somme de la série entière est une fonction dont le domaine de dénition est l'ensemble {z ∈
C, ∑n⩾0 an z n est convergente}. Ce domaine de dénition contient le disque ouvert de convergence.

Exemples 1 : Sur le cercle d'incertitude, tout est possible ! La série entière peut diverger (ou converger)
en tout point du cercle d'incertitude ou peut converger en certains points et diverger en d'autres. Les
exemples suivants (dont le rayon de convergence vaut 1) illustrent ces diérentes situations.
● ∑n⩾1 zn2 converge en tout point de son cercle d'incertitude.
n

● ∑n⩾0 z n diverge en tout point de son cercle d'incertitude.


● ∑n⩾1 zn diverge en z = 1 et converge en tout autre point de son cercle d'incertitude grâce au théorème
n

d'Abel pour les séries numériques.

16
II. Détermination du rayon de convergence
1) Comparaisons
Lorsque a = (an )n⩾0 ∈ CN , on notera Ra le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾0 an z n et Sa sa
somme.
Soit (an )n⩾0 et (bn )n⩾0 deux suites de nombres complexes.
Rappel :

 (an ) et (bn ) sont équivalentes (noté an ∼ bn ), lorsqu'il existe N ∈ N et (εn )n⩾N une suite qui converge
vers 1, tel que pour tout n ⩾ N an = εn bn .
 (an ) est négligeable devant (bn ) (noté an = o(bn )), lorsqu'il existe N ∈ N et (εn )n⩾N une suite qui
converge vers 0, tel que pour tout n ⩾ N an = εn bn .
 (an ) est dominée par (bn ) (noté an = O(bn )), lorsqu'il existe N ∈ N et (εn )n⩾N une suite bornée, tel
que pour tout n ⩾ N an = εn bn .

Proposition 5
Soit ∑n⩾0 an z n et ∑n⩾0 bn z n deux séries entières.
1. Si an = o(bn ) ou an = O(bn ) alors Ra ⩾ Rb .
2. Si ∣an ∣ ∼ ∣bn ∣ alors Ra = Rb .

Preuve

Pour le premier point, il sut d'établir le cas où an = O(bn ) qui est le plus général des deux. Il existe
alors C > 0 et N ∈ N tel que pour tout n ⩾ N on a ∣an ∣ ⩽ C∣bn ∣. Soit r ⩾ 0 tel que (bn rn )n⩾0 est une suite
bornée et soit K > 0 tel que ∀n ∈ N ∣bn rn ∣ ⩽ K . On a alors

∀n ⩾ N ∣an rn ∣ ⩽ C∣bn ∣rn ⩽ CK.

La suite (an rn )n⩾0 est donc bornée et on en déduit (via la dénition du rayon de convergence) que Ra ⩾ Rb .
Le second point se déduit du second en observant que si ∣an ∣ ∼ ∣bn ∣ alors an = O(bn ) et bn = O(an ).

Remarque : Plus généralement, s'il existe A, B > 0 et un rang N tel que pour tout n ⩾ N A∣an ∣ ⩽ ∣bn ∣ ⩽ B∣an ∣,
alors Ra = Rb , puisque cette condition équivaut à an = O(bn ) et bn = O(an ).

2) Cauchy, Hadamard et D'Alembert


Dans les énoncés suivants, on utilise les conventions 1
0 = +∞ et 1
+∞ = 0.
Rappel : Règle de D'Alembert pour les séries numériques. Soit (un ) une suite de nombres complexes qui
ne s'annule pas à partir d'un certain rang et tel que la suite (∣ uun+1
n
∣) admet une limite ℓ ∈ [0, +∞].
+
 Si ℓ > 1 ou ℓ = 1 , la série ∑n⩾0 un est grossièrement divergente,
 Si ℓ < 1, la série ∑n⩾0 un est absolument convergente.

Proposition 6 (règle de D'Alembert pour les séries entières)


Soit ∑n⩾0 an z n une série entière dont le coecient an ne s'annule pas à partir d'un certain rang.
1
Si la suite (∣ aan+1 ∣) admet une limite ℓ ∈ [0, +∞], alors R = .
n

17
Preuve

Soit z ∈ C∗ . La suite (∣ an+1 ∣) a pour limite ∣z∣ℓ. Grâce à la règle de D'Alembert pour les séries
z n+1
an z n
numériques, la série numérique ∑n⩾0 an z n est absolument convergente si ∣z∣ℓ < 1 et diverge grossièrement
si ∣z∣ℓ > 1. On en déduit que R = 1ℓ .
Exemples 2 : Grâce à cette règle, on obtient que le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾0 nz2n
n

vaut 2. La série entière ∑n⩾0 nz2n étant lacunaire, la régle de D'Alembert précédente ne s'applique pas. Par
2n

contre, la série numérique ∑n⩾0 nz2n converge lorsque ∣z 2 ∣ < 2 et diverge lorsque ∣z 2 ∣ > 2 (puisque le rayon
2n

de la première

série entière vaut 2). On en déduit que le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾0
nz 2n
2n
est égal à 2.
Si (un )n⩾0 est une suite de réels, la suite (sup uk )n⩾0 est une suite décroissante d'éléments de R ∪ {+∞}. Il
k⩾n
y a deux cas de gure possibles :
 si la suite (un )n⩾0 n'est pas majorée, alors aucune des suites (uk )k⩾n n'est majorée donc la suite
(sup uk )n⩾0 est constante égale à +∞, on dira alors que sa limite est +∞,
k⩾n
 si la suite (un )n⩾0 est majorée, alors la suite (sup uk )n⩾0 est une suite décroissante de réels, elle
k⩾n
admet donc une limite dans R ∪ {−∞}.
Dans tous les cas, lim sup uk est donc bien déni comme élément de R = R ∪ {−∞, +∞}. Notons que si
n Ð→ +∞ k⩾n
tous les un sont positifs alors lim sup uk ∈ [0, +∞].
n Ð→ +∞ k⩾n

Théorème 7 (formule de Cauchy-Hadamard)


1
Soit ∑n⩾0 an z n une série entière. On note ℓ = lim sup ∣ak ∣1/k . On a R = .
n Ð→ +∞ k⩾n ℓ

Preuve

On commence par supposer ℓ ≠ +∞ et on xe r > 0 tel que r < 1ℓ . Alors, ℓ < 1
r et il existe donc n0 ∈ N tel
que
1
∀n ⩾ n0 sup ∣ak ∣1/k < .
k⩾n r
D'où, pour tout n ⩾ n0 , ∣an ∣1/n < 1r et donc ∣an rn ∣ < 1. Par conséquent, la suite (an rn )n⩾0 est bornée. On
en déduit que R ⩾ 1ℓ (et cette inégalité est aussi vraie lorsque ℓ = +∞).
On suppose à présent que ℓ ≠ 0 et on xe r > 1ℓ . On a alors rℓ > 1 et on xe également δ tel que rℓ > δ > 1.
δ
Puisque ℓ > rδ , on a pour tout n ∈ N sup ∣ak ∣1/k > . Pour tout n ∈ N, il existe donc k ⩾ n tel que
k⩾n r
∣ak rk ∣ > δ k ⩾ δ n . Comme la suite géométrique (δ n )n⩾0 diverge vers +∞, on en déduit que la suite (ak rr )k⩾0
n'est pas bornée. Par conséquent, R ⩽ 1ℓ (ce qui est également vrai lorsque ℓ = 0).
On vérie que si (un ) est une suite de réels qui admet une limite ℓ ∈ R alors lim sup uk = ℓ. On en
n Ð→ +∞ k⩾n
déduit la variante suivante (plus faible mais plus pratique) de la formule de Cauchy-Hadamard. On peut
également prouver directement cette variante à l'aide de la règle de Cauchy pour les séries numériques (en
mimant ce qui a été fait pour la règle de D'Alembert).
Corollaire 8 (règle de Cauchy pour les séries entières)
1
Soit ∑n⩾0 an z n une série entière. Si la suite (∣an ∣1/n )n⩾1 admet une limite ℓ ∈ [0, +∞] alors R = .

18
Preuve

Soit z ∈ C∗ . La suite (∣an z n ∣1/n )n⩾1 a pour limite ∣z∣ℓ. D'après la règle de Cauchy pour les séries numériques,
la série numérique ∑n⩾0 an z n est absolument convergente lorsque ∣z∣ℓ < 1 et grossièrement divergente
lorsque ∣z∣ℓ > 1. On en déduit que R = 1ℓ .
Remarque : La formule de Cauchy-Hadamard s'applique à toute série entière. Les règles de Cauchy et de
D'Alembert sont moins générales puisqu'elles requièrent l'existence de certaines limites. On peut prouver
que lorsque les hypothèses de la règle de D'Alembert sont vériées alors celle de la règle de Cauchy
l'est également. La règle de Cauchy permet donc de conclure plus souvent que la règle de D'Alembert.
Cependant, la règle de D'Alembert est, lorsqu'on peut l'appliquer, souvent celle qui conduit aux calculs
les plus faciles.

3) Opérations
Proposition 9 (somme)
Soit ∑n⩾0 an z n et ∑n⩾0 bn z n deux séries entières. La série entière ∑n⩾0 (an + bn )z n a un rayon de
convergence Ra+b qui vérie :
Ra+b ⩾ min(Ra , Rb ).
Avec l'hypothèse supplémentaire que Ra ≠ Rb , on a l'égalité Ra+b = min(Ra , Rb ).
De plus, pour tout z ∈ C avec ∣z∣ < min(Ra , Rb ) on a Sa+b (z) = Sa (z) + Sb (z) (par linéarité de la
somme de séries convergentes).

Preuve

Si Ra = Rb = 0, il n'y a rien à prouver. Sinon, soit z ∈ C tel que ∣z∣ < min(Ra , Rb ). Les séries numériques
∑n⩾0 an z n et ∑n⩾0 bn z n sont alors (absolument) convergentes, donc la série numérique ∑n⩾0 (an z n + bn z n )
l'est également et on a Sa+b (z) = Sa (z) + Sb (z). On en déduit aussi que Ra+b ⩾ min(Ra , Rb ).
Supposons Ra ≠ Rb et par exemple Ra < Rb . Soit z ∈ C tel que Ra < ∣z∣ < Rb . Alors, la série ∑n⩾0 an z n
est divergente et la série ∑n⩾0 bn z n est convergente. On en déduit que leur somme ∑n⩾0 (an z n + bn z n ) est
divergente puis que Ra+b ⩽ Ra = min(Ra , Rb ).
Remarque : Il y a des situations où Ra+b > min(Ra , Rb ). Par exemple, a = (1)n⩾0 et b = −a. On a Ra = Rb = 1
alors que Ra+b = +∞.
Proposition 10 (produit)
Soit ∑n⩾0 an z n et ∑n⩾0 bn z n deux séries entières.
n
La série entière produit est la série entière ∑n⩾0 cn z n où pour tout n ∈ N cn = ∑ ak bn−k . Son
k=0
rayon de convergence Rc vérie
Rc ⩾ min(Ra , Rb ).
De plus, pour tout z ∈ C avec ∣z∣ < min(Ra , Rb ), on a Sc (z) = Sa (z) × Sb (z).

Preuve

On peut supposer que min(Ra , Rb ) > 0. Soit z ∈ C tel que ∣z∣ < min(Ra , Rb ). Les séries numériques
∑n⩾0 an z n et ∑n⩾0 bn z n étant absolument convergentes, leur produit de Cauchy qui est la série numérique
∑n⩾0 un , avec
n
∀n ∈ N un = ∑ (ak z k × bn−k z n−k ) = cn z n ,
k=0

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est aussi une série absolument convergente. De plus, on a alors
+∞ =∞ +∞
∑ un = ( ∑ an z n ) × ( ∑ bn z n ),
n=0 n=0 n=0

et ceci signie que Sc (z) = Sa (z) × Sb (z). On en déduit aussi que ∣z∣ ⩽ Rc puis que Rc ⩾ min(Ra , Rb ).

Remarques :

1. On observera que la proposition précédente étend aux séries entières, la formule connue pour le
produit de deux fonctions polynôme.
2. Il y a des situations où Rc > min(Ra , Rb ). Par exemple, avec a = (0)n⩾0 et b = (1)n⩾0 , on a Ra = +∞,
Rb = 1 et Rc = +∞.

Proposition 11 (séries entières dérivées)


Soit ∑n⩾0 an z n une série entière.
Pour tout p ∈ N, le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾p an (n−p)!
n!
z n−p est égal à Ra .

Preuve

Le résultat se démontre par récurrence sur l'entier p ∈ N. On commence par observer que l'initialisation
à p = 0 est immédiate et que l'hérédité est une conséquence du cas p = 1. On ne détaillera donc que ce
cas là.
On note R′ le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾1 an nz n−1 (qui désigne en réalité la série entière
∑n⩾0 an+1 (n + 1)z n ).
Soit r ⩾ 0 tel que la suite (an+1 (n + 1)rn )n⩾0 est bornée. Il existe C > 0 tel que

∀n ∈ N ∣an+1 (n + 1)rn ∣ ⩽ C.

Alors, pour tout n ⩾ 1, on a


∣an rn ∣ ⩽ n∣an rn ∣ = r∣an nrn−1 ∣ ⩽ rC.
On en déduit que la suite (an rn )n⩾0 est bornée puis que R′ ⩽ R.
Pour montrer l'autre inégalité, on peut supposer que R ≠ 0. Soit r ∈]0, R[ et soit δ ∈]r, R[.
Pour tout n ∈ N, on a
1 r n+1
(n + 1)an+1 rn = (an+1 δ n+1 ) × (n + 1)( ) ,
r δ
où on a fait apparaître le produit d'une suite bornée par une suite qui tend vers 0 (puisque rδ ∈ [0, 1[).
On en déduit que la suite ((n + 1)an+1 rn )n⩾0 est bornée. On a donc r ⩽ R′ et on en déduit que R ⩽ R′ .

Remarques :

1. Lorsque la variable est réelle 1 , la série entière ∑n⩾p an (n−p)!


n!
xn−p est la série de fonctions dont le
terme général est la dérivée p-ème du terme général de la série entière ∑n⩾0 an xn .
2. En appliquant la proposition précédente à la série entière ∑n⩾0 n+1 an n+1
z avec p = 1, on obtient que
son rayon de convergence est identique à celui de la série entière ∑n⩾0 an z n .
1. C'est encore vrai dans le cas où la variable est complexe à condition d'introduire une notion de dérivation pour les
fonctions de la variable complexe (cf. compléments).

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III. Propriétés de la somme
Théorème 12
La série entière ∑n⩾0 an z n converge normalement sur tout disque fermé D(0, r) de rayon r < Ra .

Remarques :

1. La somme d'une série entière est limite uniforme de polynômes sur tout disque centré en 0 et de
rayon strictement plus petit que son rayon de convergence.
2. On ne peut espérer "mieux" en général : la série entière ∑n⩾0 z n ne converge pas normalement sur
son disque ouvert de convergence D(0, 1).
3. Lorsque Ra ∈]0, +∞[, on montre (en exercice) que la convergence normale de ∑n⩾0 an z n sur D(0, Ra )
est équivalente à la convergence absolue de la série entière en un (et de manière équivalente en tous)
point du cercle d'incertitude.
Corollaire 13
La somme d'une série entière est continue sur son disque ouvert de convergence.

Remarques :

1. Attention, lorsque la somme d'une série entière de rayon de convergence R ∈]0, +∞[ est dénie en
certains points du cercle d'incertitude, ellen peut ne pas être continue en ces points. Par exemple, on
z 3 −z 2.3
n
peut montrer que la série entière ∑n⩾1
2
n (dont le rayon de convergence vaut 1) a une somme
dénie au point z = 1 mais qu'elle n'y est pas continue.
+∞
2. Par contre, on peut prouver (en utilisant le théorème de permutation lim / ∑) que si la série entière
converge uniformément sur son disque ouvert de convergence D(0, R) (avec 0 < R < +∞) alors elle
converge en tout point point de son cercle d'incertitude. On vérie alors que la convergence est aussi
uniforme sur D(0, R) et on en déduit que sa somme S est continue sur D(0, R) (en exercice).

Théorème 14 (dérivation terme à terme d'une série entière)


Soit ∑n⩾0 an xn une série entière de la variable réelle de rayon de convergence R ≠ 0.
Sa somme S est une fonction de classe C ∞ sur son intervalle ouvert de convergence. De plus,
pour tout p ∈ N, la dérivée p-ème S (p) est la somme de la série de fonctions obtenue en dérivant
p-fois, terme à terme, la série entière ∑n⩾0 an xn , c'est-à-dire
+∞
n!
∀x ∈] − R, R[ S (p) (x) = ∑ an xn−p .
n=p (n − p)!

(p)
Remarque : En particulier, on a pour tout p ∈ N, S p!(0) = ap . Les coecients de la série entière sont donc
entièrement déterminés par les valeurs prises par S sur un voisinage de 0.
Exemple 3 : La série entière ∑n⩾0 xn a un rayon de convergence égal à 1 et sa somme est S ∶ x ∈]−1, 1[↦ 1−x
1
.
Pour tout p ∈ N, on a
p! n!
∀x ∈] − 1, 1[ = S (p) (x) = ∑ xn−p .
(1 − x)p+1
n⩾p (n − p)!
2. Mais c'est un exercice dicile au niveau L2.

21
Corollaire 15
Soient ∑n⩾0 an xn et ∑n⩾0 bn xn deux séries entières de la variable réelle de rayons de convergence
non nuls. S'il existe δ > 0 tel que pour tout x ∈] − δ, δ[ on a Sa (x) = Sb (x), alors pour tout n ∈ N,
on a an = bn .

Proposition 16
Soit ∑n⩾0 an xn une série entière de rayon de convergence R ≠ 0 et de somme S . La primitive de
S qui s'annule en 0 est la somme de la série entière obtenue en primitivant terme à terme, i.e.
x +∞
an n+1
∀x ∈] − R, R[ ∫ S(t)dt = ∑ x .
0 n=0 n + 1

Remarque : On a déjà observé que les séries entières ∑n⩾0 an xn et ∑n⩾0 n+1
an n+1
x ont même rayon de conver-
gence.
x +∞ n+1
dt x
Exemple 4 : Pour tout x ∈] − 1, 1[ on a − ln(1 − x) = ∫ =∑ .
0 1 − t n=0 n + 1

IV. Fonctions développables en série entière


1) Dénition et premières propriétés
Dénition 17
Soit D ⊂ C et z0 ∈ D. Soit f ∶ D → C. On dit que f est développable en série entière au
point z0 3 lorsqu'il existe δ > 0 et une série entière ∑n⩾0 an z n de rayon de convergence supérieur
ou égal à δ tel que D(z0 , δ) ⊂ D et
+∞
∀z ∈ D(z0 , δ) f (z) = ∑ an (z − z0 )n .
n=0

Remarques :

1. On a une dénition analogue pour une fonction de la variable réelle f ∶ D → C où D est une partie
de R. Dans l'énoncé ci-dessus, il sut de remplacer D(z0 , δ) par ]z0 − δ, z0 + δ[.
2. On appellera série entière centrée au point z0 toute série de fonctions de la forme ∑n⩾0 an (z − z0 )n .
Les propriétés de cette série entière centrée en z0 sont analogues (et se déduisent par translation)
de celles de la série entière centrée en 0 ∑n⩾0 an z n .
3. On observe que f est développable en série entière au point z0 si et seulement si la fonction h ↦
f (z0 +h) est développable en série entière au point 0. Avec les mêmes notations que dans la dénition,
on a alors +∞
∀h ∈ D(0, δ) f (z0 + h) = ∑ an hn .
n=0

4. Le réel δ peut être strictement plus petit que le rayon de convergence de la série entière ∑n⩾0 an z n .

22
Exemples 5 :
1. La fonction f ∶ C∗ → C dénie par f (z) = − z1 est développable en série entière en −1 puisque
+∞
1
∀h ∈ D(0, 1) f (−1 + h) = = ∑ hn .
1 − h n=0

2. La fonction f ∶]−∞, 1[→ R dénie par f (x) = ln(1−x) est développable en série entière en 0 puisque
+∞
xn+1
∀x ∈] − 1, 1[ ln(1 − x) = − ∑ .
n=0 n + 1

Proposition 18 (opérations)
Si f et g sont développables en série entière au point z0 , alors λf + µg (où λ, µ ∈ C) et f × g le
sont aussi.

Proposition 19 (dérivation)
Soit f ∶ D ⊂ R → C une fonction développable en série entière au point x0 ∈ D, de dévelop-
pement f (x) = ∑n⩾0 an (x − x0 )n . Alors, f est de classe C ∞ au voisinage de x0 et pour tout
(n)
n ∈ N, an = f n!(x0 ) .
De plus, toutes les dérivées de f sont développables en série entière au point x0 et leurs déve-
loppements s'obtiennent en dérivant terme à terme celui de f .

Remarque : Lorsqu'une fonction est développable en série entière au point x0 , elle y admet un développe-
ment limité à tout ordre n au point x0 et la partie régulière de ce développement limité coïncide avec la
somme partielle d'ordre n de son développement en série entière.

Dénition 20
Soit f ∶ D ⊂ R → C une fonction de classe C ∞ au voisinage de x0 ∈ D. La série de Taylor de f
f (n) (x0 )
au point x0 est la série de fonctions ∑n⩾0 (x − x0 )n .
n!

Remarque : Lorsqu'une fonction f est développable en série entière au point x0 alors f coïncide avec la
somme de sa série de Taylor au voisinage de ce point (en particulier cette série de fonctions converge
simplement au voisinage de x0 ).

2) Quelques critères
Rappel : Formule de Taylor avec reste intégral (ou de Laplace). Soit f ∶ I → C une fonction de classe C n+1
sur l'intervalle I et x0 ∈ I . Pour tout x ∈ I ,
n
f (k) (x0 ) x (x − t)n
f (x) = ∑ (x − x0 )k + Rx0 ,n (x) où Rx0 ,n (x) = ∫ f (n+1) (t)dt.
k=0 k! x 0 n!
3. On dit aussi que f est analytique au point z0 . Lorsque f est analytique en chaque point d'un ouvert D, on dit que f
est analytique sur D.

23
Proposition 21
Soit f ∶ D ⊂ R → C une fonction de classe C ∞ . Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est développable en série entière au point x0 ,
2. il existe δ > 0 tel que la série de Taylor de f au point x0 converge simplement vers f sur
]x0 − δ, x0 + δ[,
3. il existe δ > 0 tel que la suite des restes de Laplace (Rx0 ,n )n⩾0 converge simplement vers
0 sur ]x0 − δ, x0 + δ[.

Preuve

1 ⇒ 2 découle de la proposition 19 et des remarques qui la suivent.


2 ⇒ 1 est immédiat puisque f coïncide sur ]x0 − δ, x0 + δ[ avec la somme de sa série de Taylor au point
x0 qui est une série entière (centrée au point x0 ).
(k)
2 ⇔ 3. Notons Sx0 ,n = ∑nk=0 f k!(x0 ) (x − x0 )k la somme partielle d'ordre n de la série de Taylor de f au
point x0 . Par la formule de Taylor avec reste intégral, on a

∀x ∈ D f (x) − Sx0 ,n (x) = Rx0 ,n (x),

donc la convergence simple de (Sx0 ,n )n⩾0 vers f sur ]x0 − δ, x0 + δ[ est équivalente à la convergence simple
de (Rx0 ,n )n⩾0 vers 0 sur ce même intervalle.
Remarques :

1. La série de Taylor d'une fonction f de classe C ∞ peut diverger en tout point diérent de x0 . Par
cos(2n x)
exemple, soit f la somme de la série de fonctions ∑n⩾0 n! . On vérie (en utilisant les théorèmes
du chapitre précédent) que f est de classe C ∞ sur R et que ses dérivées s'obtiennent par dérivation
(p)
terme à terme. Ceci permet d'obtenir que pour tout p ∈ N, on a f p!(0) = exp(2
p)

p! et d'en déduire que


la série Taylor de f en 0 a un rayon de convergence nul (détails en exercice).
2. Même lorsqu'elle converge, la somme de la série de Taylor peut ne pas être égale à f . Soit, par
exemple, la fonction f ∶ R → R dénie par f (0) = 0 et f (x) = exp(−1/x2 ) pour x ≠ 0. On vérie que
f est de classe C ∞ sur R et que les dérivées successives de f sont toutes nulles en 0. La fonction f
(qui est strictement positive sur R∗ ) dière de la somme de sa série de Taylor en 0 sur tout voisinage
de ce point.
Corollaire 22
Soit f ∶ D ⊂ R → C une fonction de classe C ∞ . Soit x0 ∈ D. S'il existe δ > 0 et M > 0 tel que

∀x ∈]x0 − δ, x0 + δ[ ∀n ∈ N ∣f (n) (x)∣ ⩽ M.

Alors f est développable en série entière au point x0 . Plus précisément, f coïncide avec la somme
de sa série de Taylor au point x0 sur l'intervalle ]x0 − δ, x0 + δ[.

Preuve

Il sut de prouver que la suite des restes de Laplace (Rx0 ,n )n⩾0 converge simplement vers 0 sur l'intervalle
]x0 − δ, x0 + δ[. Soit x ∈]x0 − δ, x0 + δ[. On a
(x − t)n (n+1)
x max(x0 ,x) ∣x − t∣n
∣Rx0 ,n (x)∣ = ∣∫ f (t)dt∣ ⩽ ∫ ∣f (n+1) (t)∣dt
x0 n! min(x0 ,x) n!
max(x0 ,x) ∣x − t∣n ∣x − x0 ∣n+1
⩽M∫ dt = M .
min(x0 ,x) n! (n + 1)!
24
Puisque ∣x − x0 ∣n = o(n!), on conclut que lim Rx0 ,n (x) = 0.
n Ð→ +∞

Exemples 6 :
1. Les fonctions sinus et cosinus sont développables en série entière au point 0 et on a
+∞ +∞
x2n+1 x2n
∀x ∈ R sin(x) = ∑ (−1)n et cos(x) = ∑ (−1)n .
n=0 (2n + 1)! n=0 (2n)!

2. Les fonctions exponentielle, sinus et cosinus hyperbolique sont développables en série entière au
point 0 et on a
+∞
xn ex − e−x +∞ x2n+1 ex + e−x +∞ x2n
∀x ∈ R ex = ∑ , sh(x) = =∑ et ch(x) = =∑ .
n=0 n! 2 n=0 (2n + 1)! 2 n=0 (2n)!

Détaillons comment prouver le développement en série entière de la fonction exponentielle en 0.


Soit δ > 0. Pour tout x ∈] − δ, δ[, on a et pour tout n ∈ N, on a

∀n ∈ N ∣ exp(n) (x)∣ = ex ⩽ eδ .

D'après le corollaire précédent, la fonction exponentielle coïncide, sur l'intervalle ] − δ, δ[, avec la
somme de sa série de Taylor en 0 qui n'est autre que ∑n⩾0 xn! . Ceci étant vrai pour tout δ > 0, on
n

obtient le résultat souhaité.

Dénition 23
La série entière ∑n⩾0 zn! a un rayon de convergence inni, sa somme est la fonction exponentielle
n

+∞
zn
complexe. Pour tout z ∈ C, on note ez ou encore exp(z) = ∑ .
n=0 n!

Remarques :

1. On peut vérier que cette dénition est cohérente avec la formule d'Euler eix = cos(x)+i sin(x) pour
tout x réel.
′ ′
2. On peut prouver, à l'aide d'un produit de Cauchy, que pour tous complexes z, z ′ on a ez+z = ez .ez ,
ce qui étend la propriété connue pour l'exponentielle réelle.
3. Une voie alternative et mathématiquement rigoureuse 4 pour fonder la théorie trigonométrique
usuelle, consiste à dénir en premier la fonction exponentielle complexe, puis les fonctions cosinus
et sinus (respectivement comme partie réelle et imaginaire de x ↦ eix ), et la constante π (en
dénissant π2 comme le plus petit zéro strictement positif de la fonction cosinus). Il reste ensuite à
établir les propriétés fondamentales de la trigonométrie et à prouver les propriétés géométriques de
la constante π . Cela demande un peu de travail et est à la portée du bagage mathématique d'un
étudiant de L2 mais nous ne le ferons pas dans ce cours.
4. Songez aux dénitions des fonctions sinus et cosinus introduites au lycée.

25
3) Développements en série entière usuels
+∞
xn
∀x ∈ R ex = ∑
n=0 n!
+∞
x2n+1
∀x ∈ R sin(x) = ∑ (−1)n
n=0 (2n + 1)!
+∞
x2n
∀x ∈ R cos(x) = ∑ (−1)n
n=0 (2n)!
+∞
x2n+1
∀x ∈ R sh(x) = ∑
n=0 (2n + 1)!
+∞
x2n
∀x ∈ R ch(x) = ∑
n=0 (2n)!
+∞ +∞
1 1
∀x ∈] − 1, 1[ = ∑ xn et = ∑ (−1)n xn
1 − x n=0 1 + x n=0
+∞ n +∞
x xn
∀x ∈] − 1, 1[ ln(1 − x) = − ∑ et ln(1 + x) = ∑ (−1)n+1
n=1 n n=1 n
+∞
1 n
∀p ∈ N ∀x ∈] − 1, 1[ = ∑ ( )xn−p
(1 − x)p+1
n=p p
+∞
x2n+1
∀x ∈] − 1, 1[ arctan(x) = ∑ (−1)n
n=0 2n + 1
+∞
x2n+1
∀x ∈] − 1, 1[ argth(x) = ∑
n=0 2n + 1
+∞
α(α − 1)⋯(α − (n − 1)) n
∀α ∈ R ∀x ∈] − 1, 1[ (1 + x)α = ∑ x
n=0 n!
Preuve

Il reste seulement à obtenir les trois derniers développements en série entière.


+∞
1
Pour tout t ∈] − 1, 1[, on a = ∑ (−1)n t2n . Cette série entière ayant un rayon de convergence égal à
1 + t2 n=0
1, on obtient en primitivant terme à terme (cf. proposition 16) :
+∞
x2n+1
∀x ∈] − 1, 1[ arctan(x) = ∑ (−1)n .
n=0 2n + 1
Mutatis mutandis, on obtient le développement en série entière de la fonction argth au point 0.
Soit α ∈ R. On note f ∶]−1, +∞[→ R dénie par f (x) = (1+x)α . Si α ∈ N, alors f est une fonction polynôme
et la formule du binôme permet d'obtenir le développement souhaité. Dans la suite, on suppose que α ∉ N.
Les dérivées successives de f ont pour expression :
∀n ∈ N∗ ∀x ∈] − 1, +∞[ f (n) (x) = α(α − 1)⋯(α − (n − 1))(1 + x)α−n .
α(α − 1)⋯(α − (n − 1)) n
La série de Taylor de f au point 0 est donc la série entière ∑ x . Il reste à montrer
n⩾0 n!
que la suite des restes de Laplace (R0,n ) converge simplement vers la fonction nulle sur l'intervalle ]−1, 1[.
Soit x ∈] − 1, 1[. Pour tout n ∈ N, on a
1 x ∣α(α − 1)⋯(α − n)∣ max(0,x) x − t n
∣R0,n (x)∣ = ∣∫ (x − t)n f (n+1) (t)dt∣ ⩽ ∫min(0,x) ∣ 1 + t ∣ ∣1 + t∣ dt.
α−1
n! 0 n!
Si x ⩾ 0, pour tout t ∈ [0, x], on a
x−t x−t x
∣ ∣= ⩽ ⩽ x = ∣x∣.
1+t 1+t 1+t

26
Si x < 0, pour tout t ∈ [x, 0], on a
x − t t − x t + tx − (1 + t)x t(1 + x)
∣ ∣= = = − x ⩽ −x = ∣x∣.
1+t 1+t 1+t 1+t
Dans tous les cas on a donc la majoration :
∣α(α − 1)⋯(α − n)∣ n max(0,x)
∣R0,n (x)∣ ⩽ ∣x∣ ∫ (1 + t)α−1 dt.
n! min(0,x)

On note un = ∣α(α−1)⋯(α−n)∣
n! ∣x∣n . Il sut de montrer que la suite (un )n⩾0 converge vers 0. La suite (un )n⩾0
est à termes strictement positifs et on a
un+1 ∣α − (n + 1)∣.∣x∣
= Ð→ ∣x∣.
un n+1 n Ð→ +∞

un+1
Soit δ ∈]∣x∣, 1[. Il existe un rang N ∈ N tel que pour n ⩾ N on a ⩽ δ . On en déduit alors (par
un
récurrence sur n ⩾ N ) que
∀n ⩾ N 0 < un ⩽ δ n−N uN .
Comme δ ∈ [0, 1[, on en déduit (via le théorème de limite par encadrement) que (un )n⩾0 converge vers 0.

Exemples 7 :
+∞
(−1)n+1
1. Montrons que ∑ = ln(2).
n=1 n
Le point de départ est le développement en série entière en 0 de la fonction x ↦ ln(1 + x) donné
ci-dessus : +∞
xn
∀x ∈] − 1, 1[ ln(1 + x) = ∑ (−1)n+1 .
n=1 n
Notons S la somme de la série entière de cette série entière. Comme la série numérique ∑n⩾1 (−1)n
n+1

est convergente (grâce au critère des séries alternées), la fonction S est bien dénie sur ] − 1, 1].
Le critère uniforme des séries alternées (hypothèses à vérier) permet de montrer que la série de
fonctions ∑n⩾1 (−1)n+1 xn converge uniformément sur [0, 1]. En particulier, on en déduit que S est
n

continue sur [0, 1] en tant que somme uniformément convergente sur [0, 1] de fonctions continues.
Comme, S et x ↦ ln(1 + x) coïncident sur ] − 1, 1[, et avec la continuité de S en 1, on obtient que
+∞
(−1)n+1
∑ = S(1) = lim S(x) = lim ln(1 + x) = ln(2).
n x Ð→ 1− x Ð→ 1−
n=1

2. Avec un argument similaire (à l'aide du développement en série entière de la fonction arctan) on


+∞
(−1)n π
montre que ∑ = .
n=0 2n + 1 4

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