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Transformation de Fourier
92
∂ 2 û
∂ξi2
il nous suffit de supposer que x �→ x2i u(x) ∈ L1 (RN ; C). Cela laisse
(ξ)
suggérer que la régularité de û est liée à la décroissance de u à l’infini.
Inversement, si u est suffisamment régulière, on peut écrire pour ξi �= 0,
� �
−2iπx·ξ 1 ∂u
û(ξ) = u(x)e dx = (x)e−2iπx·ξ dx.
R N 2iπξ i R N ∂x i
Cela suggère cette fois que la décroissance de û est intimement liée à la régularité
de u.
Introduisons l’espace de Schwartz des fonctions indéfiniment dérivables à
décroissance rapide.
∂ |α|
∂ α := α1
,
∂x1 · · · ∂xN αN
où |α| := α1 + · · · + αN est la longeur de α, et par xα le réel
xα := xα αN
1 · · · xN .
1
� α u(ξ),
∂ α û(ξ) = (−2iπx)
∂�α u(ξ) = (2iπξ)α û(ξ),
93
Démonstration. Comme il a été mentionné plus haut, il suffit dans le premier
cas de dériver l’expression intégrale définissant û, et dans le second de procéder
par intégrations par parties. Dans l’un et l’autre cas, le fait que u ∈ S(RN )
permet de justifier l’opération (convergence dominée et termes de bords nuls à
l’infini).
Rappelons que C0 (RN ; C) désigne l’espace de toutes les fonctions continues
qui s’annulent à l’ infini, ou de manière équivalente l’adhérence de Cc (RN ; C)
dans BC(RN ; C). Nous pouvons maintenant renforcer la Proposition 9.2 de la
manière suivante.
Théorème 9.6 (Riemann-Lebesgue). La transformation de Fourier est une
application linéaire continue de L1 (RN ; C) dans C0 (RN ; C).
Démonstration. Soit u ∈ L1 (RN ; C). Par densité, il existe une suite (un )n∈N ⊂
Cc∞ (RN ; C) ⊂ S(RN ) qui converge vers u dans L1 (RN ; C). En utilisant la Pro-
position 9.2, on déduit que ûn → û dans L∞ (RN ; C). Grâce aux propositions
6.9 et 9.5, pour tout n ∈ N, on a ûn ∈ C0 (RN ; C). En effet, si ε > 0 et α ∈ NN
est tel que |α| = 1, alors
1 1
|ûn (ξ)| ≤ �∂�
αu �
n ∞ ≤ �∂ α un �1 < ε
2π|ξ| 2π|ξ|
94
Définition 9.8. Si u : RN → C, pour a ∈ RN et λ ∈ R \ {0}, on définit la
translatée de u par a, et la dilatée de u par λ comme
pour tout x ∈ RN .
τ�
a u(ξ) = e
−2iπa·ξ
û(ξ),
δ� N
λ u(ξ) = |λ| δ1/λ û(ξ),
pour tout ξ ∈ RN .
Démonstration. On a, par définition,
� �
τ�a u(ξ) = u(x − a)e−2iπx·ξ dx = u(y)e−2iπ(y+a)·ξ dy
RN RN
�
−2iπa·ξ
= e u(y)e−2iπy·ξ dy = e−2iπa·ξ û(ξ).
RN
De même,
� �x� �
δ�
λ u(ξ) = u e −2iπx·ξ
dx = |λ| N
u(y)e−2iπ(λy)·ξ dy
RN λ RN
�
= |λ|N u(y)e−2iπy·(λξ) dy = |λ|N û(λξ)
RN
N
= |λ| δ1/λ û(ξ).
2
Corollaire 9.10. La fonction u : x �→ e−π|x| est laissée invariante par la
transformation de Fourier.
Démonstration. En effet, si α ∈ NN est un multi-indice de longueur |α| = 1, par
les propriétés de l’exponentielle on a
∂ α u = (−2πx)α u.
∂ α û = (−2πξ)α û.
Dès lors � �
ûα (∂ α û)u − (∂ α u)û
∂ = = 0.
u u2
Comme α est quelconque de longueur 1, on déduit que ûu est constante. Comme
� � �
û û(0) 2
(0) = = û(0) = e−π|x| dx.
u u(0) RN
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Pour calculer la dernière intégrale, on observe que, grâce au théorème de Fubini,
on a � � �
2 2 2 N
e−π|x| dx = ( e−πx dx)N = ( e−π|x| dx) 2 = 1.
RN R R2
L’utilisation de coordonnées polaires pour l’intégrale en dimension 2 montre que
celle-ci égale un, et la conclusion suit.
Si t > 0, on déduit du Lemme 9.9 et du Corollaire 9.10 que
�
e−πt 2 |x|2
= δ1/t�
2 2
(e−π|x|2 ) = t−N e−π|x| /t .
En conséquence,
� �
2 2
ˆ
û(x) = lim+ u(ty − x)e−π|y| dy = u(−x) e−π|y| dy = u(−x),
t→0 RN RN
96
Corollaire 9.12. La transformation de Fourier est une application linéaire
bijective de S(RN ) dans S(RN ).
ξ β ∂ α û(ξ) = � α u(ξ)
ξ β (−2iπx)
1 � α u(ξ)
= (2iπξ)β (−2iπx)
(2iπ)|β|
1 � α u).
= ∂ β ((−2iπx)
(2iπ)|β|
ˆ
ˆ
ˆ=u
û pour tout u ∈ S(RN ),
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Ci-dessus, on a également utilisé le fait que δ�
−1 û = u, et qui est une consé-
quence de la formule d’inversion de Fourier appliquée à û.
Venons-en maintenant à ii). Par bijectivité de la transformation de Fourier
sur S(RN ), u = fˆ et v = ĝ pour certains f et g ∈ S(RN ). Par conséquent,
par (ii) on déduit que u� ˆ ∗ ĝ = f�
∗ v = f� �g = (δ−1 f )(δ−1 g) = ûv̂ puisque, par le
ˆ
Théorème 9.11, δ−1 f = fˆ = û et de même pour g.
Enfin, grâce à (i) on a u ∗ v = δ−1 ûv̂.� Comme S(RN ) est stable par la
transformation de Fourier, par la multiplication, et bien évidemment par δ−1 , il
suit que u ∗ v ∈ S(RN ), ce qui termine la preuve.
Corollaire 9.15. Si u ∈ S(RN ), alors
�û�2 = �u�2 .
Dans la section qui suit nous définirons la transformation de Fourier des fonc-
tions de L2 (RN ; C). Mentionnons que L2 (RN ; C) �⊂ L1 (RN ; C) et que L1 (RN ; C) �⊂
L2 (RN ; C), il sera ainsi nécessaire de s’assurer que les deux notions coïncident
sur l’intersection.
F : L2 (RN ; C) −→ L2 (RN ; C)
u �−→ F (u),
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telle que F(u) = û pour tout u ∈ S(RN ). On désigne par F(u) la transformée
de Fourier pour u appartenant à L2 (RN ; C). Comme mentionné plus haut, a
priori il n’est pas immédiat que
F(u) = û
pour u ∈ (L1 (RN ; C) ∩ L2 (RN ; C)) \ S(RN ). Nous reviendrons sur ce point dans
la suite. Commençons par le
Théorème 9.16. La transformation de Fourier F est une bijection linéaire
isométrique de L2 (RN ; C) dans L2 (RN ; C). De plus, pour tout u ∈ L2 (RN ; C),
de sorte que �
(û − F(u))v dx = 0
B(0,n)
pour tout v ∈ Cc∞ (RN ; C). On choisit v = ρj ∗ û − F(u), où (ρj )j∈N est une suite
régularisante (cfr Définition 4.15). En prenant la limite lorsque j → ∞, et en
utilisant le Lemme 4.16 et le Théorème 3.25, on obtient que û = F(u) presque
partout dans B(0, n). Finalement, comme n est arbitraire, les deux fonctions
coïncident presque partout sur RN .
99
Nous terminons cette section par un résultat analogue au Corollaire 9.15
pour les fonctions de L2 (RN ; C).
Corollaire 9.19 (Identité de Plancherel). Si u ∈ L2 (RN ; C), alors
�u�2 = �F(u)�2 ,
et aussi, si u, v ∈ L2 (RN ; C), alors
� �
u v̄ dx = F(u)F(v) dx.
RN RN
Démonstration. On procède encore par densité. Pour u ∈ L2 (RN ; C), soit (un ) ⊂
S(RN ) une suite telle que un → u dans L2 (RN ; C). Alors, par le Théorème 9.16,
ûn = F(un ) → F(u) in L2 (RN ; C), et grâce au Corollaire 9.15 on aboutit à
�u�2 = lim �un �2 = lim �ûn �2 = lim �F(un )�2 = �F(u)�2 .
n→∞ n→∞ n→∞
100
En utilisant la Proposition 9.5, on obtient , après avoir appliqué la transforma-
tion de Fourier à l’équation,
∂v
(t, ξ) = −4π 2 |ξ|2 v(t, ξ) pour (t, ξ) ∈ R+ × RN ,
∂t
v(0, ξ) = û0 (ξ) pour ξ ∈ RN .
L’avantage de cette dernière formulation est que pour ξ fixé (et donc consi-
déré comme une paramètre), il s’agit là non plus d’une équation aux dérivées
partielles mais d’une équation différentielle ordinaire, dont la solution s’écrit
simplement
2 2
v(t, ξ) = û0 (ξ)e−4π |ξ| t .
2
Notons que si l’on pose ρ(ξ) := e−π|ξ| , alors
2
|ξ|2 t
e−4π = δ1/√4πt ρ
= δ1/√4πt ρ̂
= (4πt)−N/2 δ�
√
4πt ρ,
101
pour tous (t, x) ∈ (0, ∞) × RN .
Nous nous intéressons maintenant à la convergence vers la donnée initiale.
On note que, pour tout t > 0,
�
|y|2
(4πt)−N/2 e− 4t dy = 1 (9.3.1)
RN
et donc
�
|y|2
−N/2
|u(t, x) − u0 (x)| ≤ (4πt) |u0 (x − y) − u0 (x)|e− 4t dy
RN
sup �τy u0 − u0 �1 → 0
y∈B(0,δ)
lorsque δ → 0. Par ailleurs, par changement de variable il suit que pour tout
δ > 0,
� |y|2 �
e− 4t 2
N/2
dy = √ e−π|z| dz → 0
N
R \B(0,δ) (4πt) N
R \B(0,δ/ 4πt)
2
lorsque t → 0, car z �→ e−π|z| ∈ L1 (RN ). Finalement, en prenant d’abord la
limite lorsque δ → 0, et ensuite celle lorsque t → 0 on aboutit à
lim �u(t, ·) − u0 �1 = 0,
t→0+
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