Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(2) Si f : V → [0, +∞] est mesurable, alors f ◦ ϕ(·) × |J(·)| : U → [0, +∞] l’est, et
� �
f (y)dy = f (φ(x))|J(x)|dx.
V U
(3) Pour tout f : V → C mesurable, f est sommable ssi f ◦ ϕ(·) × |J(·)| : U → C est sommable, et si c’est
le cas � �
f (y)dy = f (φ(x))|J(x)|dx.
V U
pour laquelle les boules sont des pavés, et même des cubes.
41
42 CHAPITRE 5. THÉORÈME DU CHANGEMENT DE VARIABLES
Lemme 5.1.2. Soit N ⊂ Rd négligeable, et ϕ : N → Rd une application lipschitzienne. L’ensemble ϕ(N ) est
négligeable.
Remarque 1 : résultat faux si les espaces de départ et d’arrivée de ϕ sont de dimension distinctes. par
exemple si F ⊂ R est non mesurable, N = F × {0} ⊂ R2 est négligeable, et ϕ : R2 → R définie par ϕ(x, y) = x
vérifie ϕ(N ) = F ∈/ L(R).
Remarque 2 : le résultat est vrai pour les applications localement Lipschitziennes (exo). En particulier
l’image directe d’un ensemble négligeable par une application de classe C 1 de Rd dans Rd , est négligeable.
Démonstration. Soit C la constante de Lipschitz de ϕ. Soit Q ⊂ Rd un cube borné, de côté r > 0. Pour tout
x, x� ∈ N ∩ Q, on a
�ϕ(x) − ϕ(x� )� ≤ C�x − x� � ≤ Cr.
ϕ(N ∩ Q) est donc inclus dans une boule pour �·� de rayon Cr, c’est-à-dire un cube de côté 2Cr. Donc
Soit ε > 0. Comme N est négligeable, il existe un ouvert U contenant N tel que m(U ) < ε. C’est ouvert est
une union disjointe de cubes Qn dyadiques. Donc
Démonstration. Un tel espace est l’image de Rk × {0}� (k + � = d, k < d) par une application linéaire. Or
Rk × {0}� est un pavé de mesure nulle, et une application linéaire est lipschitzienne, cqfd.
Comme ϕ est un homéomorphisme, ϕ(B) est un borélien. Il suffit donc de montrer que ϕ(N ) est de mesure
nulle.
Soit P ⊂ U un cube relativement compact. Comme dϕ est continue sur le compact P , elle est bornée.
Par l’inégalité des accroissements finis, ϕ est Lipschitzienne sur P . En particulier, ϕ(N ∩ P ) est négligeable.
Comme U est une union dénombrable de tels cubes P , ϕ(N ) est négligeable.
5.2. CHANGEMENTS DE VARIABLES LINÉAIRES 43
5.1.4 Mesurabilité de f ◦ ϕ
Proposition 5.1.6. Soient U et V deux ouverts de Rd et ϕ : U → V un difféomorphisme de classe C 1 . Si
f : V → [0, +∞] ou C est mesurable, alors f ◦ ϕ l’est.
Démonstration. Il s’agit de voir que l’image réciproque d’un ensemble mesurable par ϕ est mesurable. Soit
E ⊂ V mesurable. Écrivons E = B ∪ N avec B borélien et N négligeable. On a
Le premier ensemble est un borélien puisque ϕ est continue. Le second est négligeable puisque ϕ −1 est de
classe C 1 .
Remarque : le résultat est trivialement vrai si A n’est pas inversible. Dans ce cas A(E) ⊂ Im(A), qui est un
sous-espace vectoriel strict, donc de mesure nulle.
µ(E) := m(A(E)).
Ceci est bien défini puisque A est en particulier un difféomorphisme de classe C 1 , donc A(E) est bien mesurable.
µ est bien une mesure : c’est la mesure image de m par A−1 .
Pour tout x ∈ Rd , pour tout E ∈ L(Rd ), A(x + E) = A(x) + A(E), puisque A est linéaire. Donc
Ce sont des mesures sur (U, B(U )) (la première est une mesure image, la seconde une mesure à densité).
On sait donc que µ et ν coı̈ncident sur les ouverts de U (lemme de Whitney). Donc elles sont égale sur les
Boréliens (théorème d’unicité des mesures). Or on a déjà vu qu’elles coı̈ncident sur les ensembles négligeables,
cqfd.
Lemme 5.3.2. Pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout Q ⊂ P dyadique tel que �(Q) ≤ η,
m(ϕ(Q))
(1 + ε)−1 |J(xQ )| ≤ ≤ (1 + ε)|J(xQ )|
m(Q)
Démonstration. L’uniforme continuité de dϕ sur P permet de trouver η > 0 tel que pour tout x, x� ∈ P
vérifiant ||x − x� || < η,
ϕ(x) = ϕ(x� ) + dϕ(x� ) · (x − x� ) + ε(x, x� )||x − x� ||,
avec ||ε(x, x� )|| < ε. En effet, la formule de Taylor avec reste donne
� 1
� � �
ϕ(x) = ϕ(x ) + dϕ(x ) · (x − x ) + (dϕ((1 − t)x� + tx) − dϕ(x� )) · (x − x� )dt.
0
Soit R est le cube pour �·� de centre 0, de côté (1 + Cε)l(Q), où C est la borne sup de �dϕ−1 � sur P . On a
pour tout cube Q ⊂ P dyadique de côté ≤ η,
donc
m(ϕ(Q)) ≤ m(ϕ(xQ ) + dϕ(xQ )(R)) = |det(J(xQ )|m(R) = (1 + Cε)d |J(xQ )|m(Q).
5.3.3 Conclusion
Soit 2−N le côté de P . Pour tout n ≥ N soit Fn la famille (finie) des cubes dyadiques de côté 2−n partitionnant
P . Soit
� m(ϕ(Q))
fn = 1Q .
Q∈F
m(Q)
n
Le lemme donne que fn converge simplement vers |J| sur P . De plus comme ϕ est Lipschitzienne sur P , les
d
fn sont uniformément
� bornés (par
� C , si C est� la constante de Lipschitz). Par le théorème de convergence
dominée, fn dm converge vers |J|dm. Or fn dm est constante puisque
P P P
� �
fn dm = m(ϕ(Q)) = m(ϕ(P )), cqfd.
P Q∈Fn
ce qui prouve que ϕ est sommable sur V ssi f ◦ ϕ(·)|J(·)| l’est sur U . En appliquant alors (2) aux parties
positives et négatives des parties réelles et imaginaires de f on obtient (3).
Exemple 1 : le changement de variable classique en dimension 1. soient I =]a, b[ et J =]c, d[ deux interalles
ouverts et ϕ : I → J un difféomorphisme de classe C 1 . C’est une application continue et bijective de I dans
J, donc strictement monotone (théorème des valeurs intermédiaires). Soit f : J → C sommable sur J. On a
� d � b
f (y)dy = f (ϕ(x))ϕ� (x)dx
c a
si ϕ est croissante, et � �
d b
f (y)dy = − f (ϕ(x))ϕ� (x)dx
c a
si elle est décroissante.
Exemple 2 : Soit f : R → [0, +∞] mesurable. On a
� �
f (x)dx = f (x − 1/x)dx.
R R∗