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TD d’Analyse – Correction

Centrale Casablanca, 2018-2019

20 octobre 2018

Exercice 2.40 (Tribu engendrée par les singletons)


Soit X un ensemble infini et S = {{x}, x ∈ X}. On note P (X) l’ensemble des parties de X et σ (S)
la tribu engendrée par S.
1. Supposons que X est dénombrable. Montrer que σ (S) = P (X).

Solution
— σ (S) ⊂ P (X), car σ (S) est la tribu engendrée par S ⊂ P (X).
— Montrons l’inclusion P (X) ⊂ σ (S). Soit A ∈ P (X) alors A ⊂ X. Comme X est dénom-
brable, A est au plus dénombrable. Si A = ∅ alors A ∈ σ (S) (car σ (S) est une tribu)
sinon il s’écrit A = ∪n∈N {xn } avec xn ∈ X (le cas A fini correspond à des xn égaux à
partir d’un certain rang). On a {xn } ∈ σ (S) pour tout n ∈ N car {xn } ∈ S et S ⊂ σ (S).
On en déduit que A ∈ σ (S) par stabilité par union dénombrable d’une tribu.
Conclusion : σ (S) = P (X).
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2. Supposons que X est non dénombrable. On note A l’ensemble des parties de X au plus
dénombrables et B = {Ac , A ∈ A}. Montrer que σ (S) = A ∪ B.

Solution
— Montrons A ∪ B ⊂ σ (S). Soit A ∈ A ∪ B.
— Si A ∈ A alors A est au plus dénombrable d’où A ∈ σ (S) (même raisonnement qu’à
la question 1.).
— Si A ∈ B alors A = C c avec C ∈ A. Or C ∈ σ (S) d’où A ∈ σ (S) par stabilité par
passage au complémentaire d’une tribu.
— Montrons que A ∪ B est une tribu qui contient S.
— Pour tout x dans X, {x} est une partie finie de X (de cardinal 1) donc {x} ∈ A. D’où
S ⊂ A ∪ B.
— ∅ ∈ A ∪ B. En effet, l’ensemble vide est fini (son cardinal est 0) donc ∅ ∈ A.
— Si A ∈ A ∪ B alors A ∈ A ou A ∈ B. Montrons que Ac ∈ A ∪ B.
— Si A ∈ A alors Ac ∈ B donc Ac ∈ A ∪ B.
— Si A ∈ B alors A = C c avec C ∈ A donc Ac = C ∈ A donc Ac ∈ A ∪ B.
— Si (An )n∈N est une suite d’éléments de A ∪ B, alors ∀n ∈ N, (An ∈ A ou An ∈ B).
Montrons que ∪n∈N An ∈ A ∪ B.
— Si ∀n ∈ N, An ∈ A alors ∪n∈N An ∈ A car la réunion dénombrable d’ensembles
au plus dénombrables est au plus dénombrable.
— Si ∀n ∈ N, An ∈ B alors ∪n∈N An ∈ B car (∪n∈N An )c = ∩n∈N (An )c ∈ A. En effet,
∩n∈N (An )c ⊂ (A0 )c et (A0 )c ∈ A i.e. (A0 )c est au plus dénombrable, et donc
∩n∈N (An )c aussi i.e. ∩n∈N (An )c ∈ A.

1
— Posons I = {n ∈ N, An ∈ A} et J = {n ∈ N, An ∈ B}. Alors ∪n∈N An = (∪n∈I An ) ∪
(∪n∈J An ) = E ∪ F avec E ∈ A et F ∈ B d’après ce qui précède. On a (E ∪ F)c =
E c ∩F c ⊂ F c . Or F c est au plus dénombrable donc (E ∪F)c aussi i.e. (E ∪F)c ∈ A,
d’où E ∪ F ∈ B.
Conclusion : σ (S) = A ∪ B car S ⊂ A ∪ B ⊂ σ (S) et σ (S) est la plus petite tribu contenant
S.
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3. Dans cette question, on prend X = R. Soit f la fonction de (R, σ (S)) dans (R, B(R)) définie
par f (x) = x pour tout x ∈ R. Montrer que f n’est pas mesurable.

Solution
f mesurable ⇔ ∀B ∈ B(R), f −1 (B) = B ∈ σ (S) ⇔ B(R) ⊂ σ (S).
Pour montrer que f n’est pas mesurble, il suffit de trouver B ∈ B(R) tel que B < σ (S). Ici
X = R est non dénombrable donc σ (S) = A ∪ B d’après la question 2. B = ]0, +∞[ ∈ B(R)
convient par exemple. En effet, B n’est pas dénombrable donc B < A et Bc = ]−∞, 0[ non
plus donc B < B. Ainsi B < A ∪ B.

Erreurs communes
— Il faut préciser les hypothèses utilisées : par ex. A ⊂ X et X dénombrable donc A au plus
dénombrable.
— Plus généralement, il faut justifier chaque passage en indiquant les propriétés utilisées
(par ex. stabilité par union dénombrable d’une tribu, stabilité par passage au complé-
mentaire, la réunion dénombrable d’ensembles au plus dénombrables est au plus dé-
nombrable).
— Attention à ne pas confondre ∈ et ⊂. Par exemple, on a S ⊂ σ (S) et non pas S ∈ σ (S).
— ∀n ∈ N, An ∈ A ∪ B ⇒ ∀n ∈ N, (An ∈ A ou An ∈ B) ; (∀n ∈ N, An ∈ A) ou (∀n ∈ N, An ∈
B).
— L’ensemble B est différent de l’ensemble des parties de X non dénombrables.
[ n
— Que signifie lim Ak ?
n→∞
k=0
— On n’a pas A ∈ X et B ∈ X ⇒ A ∪ B ∈ X. Contre-ex. : X = {{1}, {2}}, A = {1}, B = {2}.

2
Exercice 4.40
1. Montrer que X
δn converge dans D0 (R).
n∈Z

Solution
0 N
On s’intéresse à la convergence dans D0 (R) des suites SM =
P P
δk et TN = δk . Ce
k=−M k=1
sont des distributions car il s’agit de combinaisons linéaires de mesures boréliennes
localement bornées. On a pour tout ϕ ∈ D(R) à support inclus dans [−L, L] (L ∈ N),
0
X 0
X
hSM , ϕi = ϕ(k) = ϕ(k) pour M ≥ L donc converge lorsque M → +∞.
k=−M k=−L
De même,
N
X L
X
hTN , ϕi = ϕ(k) = ϕ(k) pour N ≥ L donc converge lorsque N → +∞.
k=1 k=1

Ainsi les suites (SM )M∈N et (TN )N ∈N convergent dans D0 (R) d’après le Théorème 4.24.
δn dans D0 (R).
P
D’où la convergence de la série
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .n∈Z
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2. La série
+∞
X
δ1/n
n=1
converge-t-elle dans D0 (R) ? Même question avec D0 (]0, +∞[).
Solution
n
P
On s’intéresse à la suite des sommes partielles Tn = δ1/k . C’est une suite de distribu-
k=1
tions car il s’agit de combinaisons linéaires de mesures boréliennes localement bornées.
On a pour tout ϕ ∈ D(R),
n
X n
X
hTn , ϕi = hδ1/k , ϕi = ϕ(1/k).
k=1 k=1

Pour une fonction test ϕ vérifiant ϕ = 1 sur [0, 1] (une telle fonction test existe d’après
le Lemme 4.34), on a
n
X
hTn , ϕi = ϕ(1/k) = n qui diverge lorsque n → +∞.
k=1
+∞
δ1/n ne converge pas dans D0 (R).
P
Conclusion : la série
n=1
En revanche, pour ϕ ∈ D(]0, +∞[), ϕ est à support compact dans ]0, +∞[, i.e. il existe
deux réels α, β > 0 tels que Supp(ϕ) ⊂ [α, β] ⊂ ]0, +∞[. Ainsi, pour ϕ ∈ D(]0, +∞[), on a
n b1/αc
X X 1
hTn , ϕi = ϕ(1/k) = ϕ(1/k) pour n ≥ donc converge lorsque n → +∞.
α
k=1 k=1
+∞
δ1/n converge dans D0 (]0, +∞[).
P
Conclusion : la série
n=1

3
Exercice 4.41
1. Pour k ∈ N, donner la dérivée k-ième de δ0 .
Solution
Par définition de la dérivée d’une distribution, on a pour tout ϕ ∈ D(R),
(k)
hδ0 , ϕi = (−1)k hδ0 , ϕ (k) i = (−1)k ϕ (k) (0).

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(k)
2. Donner l’ordre de δ0 . Indication : on pourra considérer la suite de fonctions ϕn (x) =
einx ψ(x) où ψ ∈ D(R) satisfaisant ψ = 1 sur un voisinage de 0, 0 ≤ ψ ≤ 1 et Supp(ψ) ⊂
B(0, 1).
Solution
Pour tout compact K de R, pour tout ϕ ∈ DK (R),
(k)
|hδ0 , ϕi| = |ϕ (k) (0)| ≤ sup |ϕ (α) (x)|.
x∈R, |α|≤k

(k)
Ainsi la distribution δ0 est d’ordre inférieur ou égal à k.
(k)
Supposons que la distribution δ0 est d’ordre inférieur ou égal à k − 1. Dans ce cas, pour
tout compact K de R, il existe une constante C telle que
(k)
∀ϕ ∈ DK (R), |hδ0 , ϕi| = |ϕ (k) (0)| ≤ C sup |ϕ (α) (x)|.
x∈R, |α|≤k−1

On considère la suite de fonctions ϕn indiquée dans l’énoncé. On montre par récurrence


(k)
que |ϕn (0)| = nk . D’un autre côté, on a pour n ∈ N∗ et 0 ≤ ` ≤ k − 1,
X̀ ` !
(`)
|ϕn (x)| = (einx )(j) ψ (`−j) (x)
j
j=0
X̀ ` !
= (in)j einx ψ (`−j) (x)
j
j=0
X̀ ` !
(m)
≤ sup kψ k∞ nj
0≤m≤` j
j=0
(m)
≤ sup kψ k∞ (n + 1)`
0≤m≤k−1
≤ sup kψ (m) k∞ 2` n`
0≤m≤k−1
(`)
sup |ϕn (x)| ≤ sup kψ (`) k∞ 2k−1 nk−1 ≤ C 0 nk−1 ,
x∈R, 0≤`≤k−1 0≤`≤k−1

(k)
où C 0 est une constante indépendante de n. Ainsi si δ0 est d’ordre inférieur ou égal à
k − 1, en prenant ϕ = ϕn dans la propriété de continuité, on obtient l’existence d’une
constante D telle que pour tout n ∈ N∗ ,
nk ≤ Dnk−1 i.e. n ≤ D.
Contradiction.
(k)
Conclusion : l’ordre de δ0 est k.
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4
P (k)
3. Montrer que k∈N δk est une distribution d’ordre infini.

Solution
(k)
Tout d’abord, la série k∈N δk converge dans D0 (R). En effet, pour tout ϕ ∈ D(R) à
P
support dans [−L, L] (L ∈ N),
n n L
(k)
X X X
(k)
h δk , ϕi = k
(−1) ϕ (k) = (−1)k ϕ (k) (k) pour n ≥ L donc converge lorsque n → +∞.
k=0 k=0 k=0

P (k)
Supposons que la distribution k∈N δk est d’ordre fini. Alors, il existe un entier p tel
que pour tout compact K de R, il existe une constante C telle que
X X
(k)
∀ϕ ∈ DK (R), h δk , ϕi = ϕ (k) (k) ≤ C sup |ϕ (α) (x)|.
k∈N k∈N x∈R, |α|≤p

On considère la suite de fonctions ϕp,n (x) = einx ψp (x) où ψp ∈ D(R) satisfaisant ψp = 1


(k)
sur un voisinage de p +1, 0 ≤ ψp ≤ 1 et Supp(ψp ) ⊂ B(p +1, 12 ). Si la distribution k∈N δk
P
est d’ordre fini p, on obtient, en prenant ϕ = ϕp,n dans la propriété de continuité, l’exis-
tence d’une constante D telle que pour tout n ∈ N∗ ,
X
(k) (p+1) (α)
ϕp,n (k) = |ϕp,n (p + 1)| = np+1 ≤ C sup |ϕp,n (x)| ≤ Dnp .
k∈N x∈R, |α|≤p

Contradiction.
P (k)
Conclusion : la distribution k∈N δk est d’ordre infini.
Remarque : on aurait aussi pu, au lieu de travailler par contradiction, démontrer la
négation d’être d’ordre fini pour une distribution, à savoir :
X
(k)
∀p ∈ N, ∃K compact de R, ∀C ∈ R, ∃ϕ ∈ DK (R), h δk , ϕi > C sup |ϕ (α) (x)|.
k∈N x∈R, |α|≤p

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P (k)
4. Est-ce que k∈N δ0 définit une distribution ? Si oui, donner son ordre.

Solution
Pour une fonction test ϕ(x) = ex ψ(x) où ψ ∈ D(R) satisfaisant ψ = 1 sur un voisinage de
0, 0 ≤ ψ ≤ 1 et Supp(ψ) ⊂ B(0, 1), on obtient
n n n
(k)
X X X
k (k)
h δ0 , ϕi = (−1) ϕ (0) = (−1)k qui ne converge pas lorsque n → +∞.
k=0 k=0 k=0

P (k)
Ainsi, k∈N δ0 ne définit pas une distribution.

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