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Alexandræ ‘Abdelh.

amid Bali, 16−17 mars 2023

nen z n . En quels points du bord du disque


P
Exercice Déterminer le rayon de convergence de la série entière
n≥0
de convergence la série converge-t-elle ?

Début de réponse En utilisant le critère d’Alembert, on obtient 1/R = lim n
nen = e, donc R = e−1 . Sur
n→∞
k
z ∈ ∂B(0, e−1 ), on a z = e−1+iθ pour quelque θ ∈ [0, 2π[. Si θ = 0, alors pour k ≥ 0 on a nen (e−1+iθ )n =
P
n=0
k
P
n → ∞. Si θ ∈ ]0, 2π[, on va se concentrer sur la partie réelle, car :
n=0

k
! k
!
−1+iθ n
X X
n iθn

Re ne e = Re ne
n=0 n=0
k
X
= n cos(θn)
n=0
k
d X
= cos(θn)
dθ n=0

car on est sur une somme finie de fonctions, avec pour sommandes les x 7→ cos(xn), P dérivables en θ pour tout
n ∈ N. Il faut cependant montrer qu’une propriété de fθ : x 7→ cos(θx) empêche à n f (n) de converger. Nous
allons enquêter sur ces diverses propriétés.

Piste no 1 : Périodicité Si α est rationnelle, disons α = p/q pour p, q ∈ N, et f est une fonction α-périodique,
alors (f (n))n≥0 a pour valeurs d’adhérence f (N) = f ({1, · · ·, q}), mais tant que c’est juste {0} ça peut converger,
par exemple si on prend f : x ∈ R 7→ sin(4(q/p)πx) sin(2pqπx). Si c’est quoi que ce soit d’autre cependant, y a pas
de soucis. Du coup, la périodicité n’est pas la bonne piste. Cependant, il se pourrait qu’une période irrationnelle
permette d’éviter ce problème.

Piste no 2 : Périodicité irrationnelle Prenons α irrationnelle. On prend f : x ∈ R 7→ 1αZ (x) = 1 − ⌈x/α⌉ + ⌊x/α⌋.
On a alors f (x + α) = f (x) pour tout x ∈ R, donc P f est bien α-périodique. Cependant, pour n ∈ Z, αn ∈ Z ssi
n = 0 par définition de l’irrationnalité d’α, donc n≥0 f (n) converge bien et vaut 1. Cependant, f est extrêmement
continue, donc peut-être le problème s’agit de la continuité.

o
Piste
P n 3:P Continuité Prenons f : x ∈ R 7→ 0 la fonction identiquement nulle, on a bien f continue. Cependant,
n f (n) = 0 = 0 donc converge trivialement.
P On a déjà que des fonction non-identiquement nulles existent de
périodes quelconques telle que la série des n f (n) converge, on peut alors tester des fonctions non-identiquement
nulles et continues.

Piste no 4 : Continuité et non-nullité Prenons f : x ∈ R 7→ 2−x , on a n≥0 2−n = 2 (série géométrique) et donc
P
converge. Allez, un peu d’efforts là... Il ne reste plus qu’une seule combinaison à essayer : continuité, non-nullité,
ET périodicité.

Théorème Soit f une fonction périodique et continue sur R. Alors,


P
(i) La série n f (n) converge ssi f (N) = {0},
(ssi f (R) = {0} si f est de période irrationnelle).
(ii) f (N) est dense dans f (R) si la période de f est irrationnelle.

Disjonction de cas
P
(i) Si α = p/q ∈ Q, alors f (n) converge ssi f ({0, · · ·, p − 1}) = f (N) = {0}.
n
P
(ii) Si α ∈
/ Q, alors f (N) est dense dans f (R), et n f (n) converge ssi f ([0, α[) = {0} = f (N).
Preuve de (i) Si α = p/q, alors pour tout k ∈ N, f (k + p) = f (k + p/q · q) = f (k + α · q) = f (k). Puisque f est
périodique, (f (n))n≥1 doit être stationnaire/constante pour converger, et donc que im(f |N ) soit un singleton, mais
on aP déjà que (f (0), · · · , f (p − 1)) = (f (np), · · · , f (np + p − 1)) pour n ∈ N donc im(f |N ) = f ({0, · · ·, p − 1}). Pour
que n f (n) converge, il faut que la suite (f (n))n≥0 tende vers 0, et donc que f |N = 0|N . □

Lemme 1 Soit α > 0 irrationnel. Il existe n ∈ Z≥1 tel que le premier chiffre de nα après la virgule soit 0 en base
b ∈ Z≥2 .

Preuve On peut développer P {α} (la partie fractionnaire de α, càd α − ⌊α⌋) en chiffres après la virgule
en base b par 0.d1 d2 d3 . . . := k≥1 dk b−k , avec (dk )k≥1 ∈ {0, · · ·, b − 1}Z≥1 . On note aussi {·} la partie
b-cimale ({·} : x ∈ R 7→ |x| − ⌊|x|⌋ ∈ [0, 1[). Si on trouve un k tel que dk = 0, on a n = bk−1 . Sinon,
on construit la relation test suivante :
c
R : (Z≥1 × Z≥1 ) ∩ (1, 1)Z≥1 −→ {VRAI, FAUX} 
dk1 +1 < dk2 +1 si k1 < k2
(k1 , k2 ) 7−→ dk1 = dk2 et
dk1 +1 > dk2 +1 si k1 > k2

Si k1 Rk2 et k1 > k2 , il est facile de se convaincre que ⌊(bk1 − bk2 )α⌋ ≡ 0 (mod b) (par exemple,
{10391.27 − 9.26} = 0.01 mais {10391.27 − 9.28} = 0.99, d’où l’importance que dk1 +1 < dk2 +1 ), et donc
n = bk1 −1 − bk2 −1 satisfait les conditions de l’hypothèse du lemme. Il faut alors démontrer qu’il existe
une telle paire (k1 , k2 ) d’entiers ≥ 1 distincts tels que k1 Rk2 .
Déjà, y a forcément au moins deux chiffres distincts qui sont répétés une infinité de fois, sinon quoi y
aurait p ∈ N tel que bp (b − 1)α ∈ N, ce qui donnerait une solution à notre problème de toute manière, si
ce n’était pas pour le fait que ça implique α ∈ Q. Ça signifie donc qu’y existent deux chiffres distincts
d, d′ ∈ [[0, b − 1]] qui se répètent une infinité de fois dans les b-cimales d’α, notamment on peut supposer
d < d′ .
Ça implique directement qu’y existent deux chiffres d < d′ où y a une infinité de k ∈ Z≥1 tels que
(dk , dk+1 ) = (d, d′ ), ainsi qu’une infinité de k ∈ Z≥1 tels que (dk , dk+1 ) = (d′ , d). On notera ces deux
chiffres 1 et 2, avec 1 < 2, de façon purement arbitraire, mais surtout pour la lisibilité.
Y a aussi une infinité de (1, 1) ou de (2, 2), − possiblement les deux, mais possiblement que l’un des
deux, − sinon quoi y aurait p ∈ N tel que bp (b2 − 1)α ∈ N, donc même conclusion que précédemment.
S’y existe une infinité de (1, 1), alors y existent k, k ′ ∈ Z≥1 tels que k < k ′ et (dk , dk+1 ) = (1, 1) et
(dk′ , dk′ +1 ) = (1, 2), donc kRk ′ . S’y existe une infinité de (2, 2), alors y existent k, k ′ ∈ Z≥1 tels que
k < k ′ et (dk , dk+1 ) = (2, 1) et (dk′ , dk′ +1 ) = (2, 2), donc kRk ′ . Ça conclut ce qu’on voulait montrer. □

Exemple Si on prend une quantité irrationnelle qui n’a pas de 0 quelque part dans ses b-cimales, je
peux utiliser l’algorithme décrit précédemment, comme par exemple ici en base dix :

Ici la première est la constante du haut multipliée par 103 , et en bas par 100 , donc leur soustraction
c’est la constante du haut multipliée par 103 − 100 = 999.

Lemme 2 Pour b ∈ Z≥2 , α irrationnel et d ∈ [[0, b − 1]], y existent une infinité de k tels que kα ait d pour premier
chiffre après la virgule en base b.

Preuve Prenons n ∈ Z≥2 tel que nα ait P pour premier chiffre 0 après la virgule en base b (c.f. Lemme
1). On a alors {nα} = 0.0d2 d3 d4 . . . = k≥2 dk b−k en base b. Puisque b{nα} = {bnα} ∈ ]0, 1[, on a que
0 < b{nα} < 1, donc il en existe toujours des multiples dans chaque intervalle de longueur 1, notamment
[N, N + 1[ pour tout N ∈ N.

2
l m
bk+d
Constructivement, en prenant le n du lemme 1, on construit (ak )k≥0 avec k ≥ 0 =⇒ ak := n b{nα} .
(ak α)k≥0 est alors une suite de multiples d’α par des entiers dont leur premier chiffre après la virgule
en base b soit d. □

Lemme 3 Pour tout α ∈ R \ Q, il est possible d’extraire (kα)k≥0 avec une fonction ϕ : N → N telle que
⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α → x ∈ [0, 1[ quand k → ∞.

Preuve On prend ϕ(0) = 0, et pour tout k ∈ Z≥1 , on prend ϕ(k) tel que ϕ(k) > ϕ(k − 1) et que le
premier chiffre de ϕ(k)α après la virgule coı̈ncide avec celui de 1 − x en base 10k par exemple, ce qui est
possible grâce au lemme 2. On a alors ϕ strictement croissante, et on a |⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α| ∈ [x, x + 10−k ]
qui décroı̂t vers le singleton contenant x, ce qui signifie que ⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α → x pour k → ∞. □

Preuve de (ii) Soit ϕ : N → N telle que ⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α → {x} où x ∈ f −1 (y) pour n’importe quel y ∈ f (R). On
a alors x = ⌊x⌋ + {x}, donc ⌊x⌋ + ⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α → x. Par continuité de f , on a :

f ⌊x⌋ + ⌊ϕ(k)α⌉ − ϕ(k)α −→ f (x)

∥ ↗

f ⌊x⌋ + ⌊ϕ(k)α⌉
| {z }
entiers naturels ↗


En utilisant alors φ : k ∈ N → ⌊x⌋ + ⌊ϕ(k)α⌉ ∈ N, on peut l’utiliser pour extraire de f (k) k≥0 une suite qui

converge vers y ∈ f (R) quelconque. Plus précisément, on prend f (ϕ(k)) k≥0 . Les adhérences de (f (n))n∈N sont
donc f (R), ce qui nous permet de conclure que f (N)Pest dense dans f (R). Si ce dernier n’est pas le singleton
contenant 0, (f (n))n≥0 ne tend donc pas vers 0, donc n f (n) diverge grossièrement. □

Fin de la réponse
P Puisque im fθ : x 7→ cos(θx) = [−1, 1] ̸= {0}, que f (0) = 1 ̸= 0, on a par le théorème prouvé
ci-haut que n fθ (n) diverge peu importe θ ∈ [0, 2π[. □

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