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2023-09-07 (18:45)

Polynômes
Alexey Muranov

Un polynôme en une indéterminée X à coefficients dans R (on dit aussi : un polynôme


sur R) s’écrit comme une « expression formelle » de la forme :

a0 X 0 + a1 X 1 + a2 X 2 + · · · + an X n ,

ou, plus simplement :

a0 + a1 X + a2 X 2 + · · · + an X n ,

avec n ∈ N, a0 , . . . , an ∈ R. L’indéterminée X dans cette expression est juste un symbole.


Les polynômes constants1 de la forme aX 0 , avec a ∈ R, sont autorisés, et on identifie
aX 0 avec le réel a. Parmi les polynômes constants, il y a un polynôme special : le
polynôme nul 0.
Si P = a0 + a1 X + · · · + an X n avec an ̸= 0, alors le nombre n s’appelle le degré de P ,
noté deg P . En particulier, le degré d’un polynôme constant non nul est 0. Le degré du
polynôme nul est parfois défini comme −∞, mais il peut être mieux de laisser « deg 0 »
indefini.2
La représentation d’un polynôme par une « expression formelle » n’est pas tout à fait
unique. Par exemple : 1 + 1X = 1 + 1X + 0X 2 + 0X 3 . On se permet aussi d’écrire X n
au lieu de 1X n , d’écrire les termes d’un polynôme dans un ordre quelconque, et de ne
pas écrire les termes nuls : 1 + 0X + 1X 2 + 0X 3 = 1 + X 2 = X 2 + 1.
L’ensemble de tous les polynômes en X sur R est noté R[X].
Les trois opérations algébriques principales définies dans R[X] sont les suivantes :

(1) l’addition de deux polynômes,

(2) la multiplication d’un polynôme par un élément de R (cette opération peut être
vue aussi comme un cas particulier de la multiplication de deux polynômes),
1
L’usage du mot « constant » ici paraît maladroit, mais telle est la tradition qui a l’origine à l’époque où
on ne faisait pas de distinction entre les polynômes et les fonctions polynomiales, et où même la notion
moderne de fonction n’existait pas. Peut-être il serait plus approprié d’appeler ces polynômes polynômes
scalaires.
2
Pour simplifier la définition de la division euclidienne des polynômes, il paraît pratique d’avoir deg 0 < 0.
Pour avoir la propriété que deg P Q = deg P +deg Q, il paraît pratique d’avoir deg 0 = ∞ ou deg 0 = −∞.
Pour avoir la propriété que si P divise Q, alors deg P ⩽ deg Q, il paraît pratique d’avoir deg 0 = ∞. En
somme, peut-être il vaut mieux laisser le degré du polynôme nul indéfini.

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(3) la multiplication de deux polynômes.

Polynômes ne sont pas fonctions, et ils n’ont pas de « domaines de définition », mais
à tout polynôme P = a0 + a1 X + · · · + an X n ∈ R[X] on peut associe la fonction
polynomiale p : R → R définie par p(x) = a0 + a1 x + · · · + an xn . On peut associer à P
d’autres fonctions polynomiales sur d’autres domaines, par exemple sur C.
Si P = a0 + a1 X + · · · + an X n ∈ R[X] est un polynôme et x est un nombre, réel ou
complexe, alors le résultat de substitution de x pour X dans P est le nombre noté P (x)
et défini comme
déf
P (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn .

Il y a d’autres objets mathématiques qu’on peut substituer pour une indéterminée dans
un polynôme, comme, par exemple, des matrices carrées, des opérateurs différentiels, ou
d’autres polynômes.

Définition. Un nombre réel ou complexe α est dit une racine de P ∈ R[X] si et


seulement si P (α) = 0.

Proposition. Soient P ∈ R[X] un polynôme et α ∈ R un nombre. Alors P (α) = 0 si


et seulement si il existe un polynôme Q ∈ R[X] tel que P = (X − α)Q.

Définition. Un nombre α ∈ R est dit une racine de multiplicité m de P ∈ R[X] si et


seulement si il existe un polynôme Q ∈ R[X] tel que

P = (X − α)m Q et Q(α) ̸= 0.

Une racine de multiplicité 1 est dite une racine simple, une racine de multiplicité 2 est
dite une racine double.

Exemple. Soit P = X 3 − 2X 2 + X = (X − 0)(X − 1)2 . Alors

(1) 0 est une racine de P de multiplicité 1 (racine simple),

(2) 1 est une racine de P de multiplicité 2 (racine double),

(3) 2 est une racine de P de multiplicité 0 (autrement dit, 2 n’est pas une racine).

Définition. Le polynôme dérivé de P = a0 + a1 X + · · · + an X n ∈ R[X], noté P ′ , est


défini comme
déf
P ′ = a1 + 2a2 X + · · · + nan X n−1 .

Contrairement aux dérivées des fonctions, cette définition ne repose pas sur la notion
de limite.
La dérivation des polynômes satisfait quelques identités « habituelles » :

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(1) (P + Q)′ = P ′ + Q′ , (3) (P Q)′ = P ′ Q + P Q′ ,

(2) (αP )′ = αP ′ , (4) (P (Q))′ = P ′ (Q)Q′ .


Pour la dérivation itérée, la notation suivante peut être utilisée :
déf déf déf déf
P (0) = P, P (1) = P ′ , P (2) = P ′′ , P (3) = P ′′′ , . . .

Proposition. Soient P ∈ R[X] un polynôme et α ∈ R un nombre. Alors α est une


racine de P de multiplicité m si et seulement si

(1) P (k) (α) = 0 pour tout k < m, et

(2) P (m) (α) ̸= 0.

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