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CA
Polynômes
AN
6.1 Introduction
Un polynôme P (en une indéterminée) est une expression de la forme :
BL
P (X) = a0 + a1 X + a2 X 2 + . . . + an X n , (6.1)
où les ai sont des constantes appelées coefficients de P et X est l’indéterminée.
d’éléments de A presque tous nuls (i.e. nuls à partir d’un certain rang, dépendant de P ).
L’ensemble de tous ces polynômes est noté A[X].
Remarque 6.1 1. L’indéterminée X := (0, 1, 0, 0, . . . , 0, . . .).
2. Le polynôme constant (a, 0, 0, . . . , 0, . . .) étant simplement noté a.
M
3. X 0 = (1, 0, . . .).
4. X n = (0, 0, . . . , 0, 1, 0, . . .) le chiffre 1 se trouve à la (n + 1)ème indice.
SA
7. Dorénavant nous ne désignerons plus un polynôme par une notation telle que
(a0 , a1 , . . . , an , 0, . . . , 0, . . .),
n
ai X i ou a0 + a1 X + . . . + an X n .
X
mais par les notations traditionnelles
i=0
77
78 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
Exemple 6.1 P = (2, −1, 0, 4, 0, 0, . . .) s’écrit sous la forme P (X) = 2 − X + 4X 3 .
Remarque 6.2 (0, 0, . . . , 0, . . .) est l’élément neutre pour la loi + et (1, 0, 0, 0, 0, 0, . . .) est l’élément neutre
pour la loi ×.
n
ai X i . On définit le degré de P, noté deg(P ),
X
Définitions 6.1 1. Soit P ∈ A[X] tel que P (X) =
CA
i=0
par : (
−∞ si P = 0
deg(P ) =
max{i ∈ N, ai , 0} si P , 0.
2. Si P , 0 et si deg(P ) = d et l’élément ad est appelé le coefficient dominant de P et ad X d son
AN
terme dominant.
3. On dit que P est unitaire si son coefficient dominant est égal à 1.
BL
de P.
2. Soit P (X) = 5 − 3X + X 2 . Alors P est unitaire, car a2 = 1.
Remarque 6.3 On distingue le polynôme nul P si et seulement si tous ses coefficients sont nuls, tandis
SA
que la fonction polynômiale associée est nulle si et seulement si ∀x ∈ A, P (x) = 0. On a bien P (X) =
0 ⇒ ∀x ∈ A, P (x) = 0. Mais la réciproque est n’est pas vraie en générale, comme le montre l’exemple
suivant.
EN
P (X) = (X − a1 ) × . . . × (X − an )
est non nul, mais ∀x ∈ A, P (x) = 0. Ce qui montre que la fonction polynômiale associée est nulle, même
si le polynôme non nul.
CA
∀x ∈ R, a1 x + a2 x2 + . . . + an xn = 0 ⇒ ∀x , 0, a1 + a2 x + . . . + an xn−1 = 0.
On ne peut plus prendre x = 0, cependant, on peut prendre la limite lorsque x tend vers 0, ce qui donne
a1 = 0, etc . . . Il s’ensuit que P est nul.
AN
Définition 6.3 Soit n ∈ N∗ , on note Kn [X] = {P ∈ K[X], deg(P ) ≤ n}.
BL
Preuve. Il suffit de donner un contre exemple. Pour cela pour P (X) = X n et Q(X) = X, on a évidemment
P, Q ∈ Kn [X], mais P Q < Kn [X], ce qui implique que Kn [X] n’est pas un anneau.
Proposition 6.5 Soient A, B ∈ K[X] tels que B , 0. Alors ∃!(Q, R) ∈ K[X] × K[X] tels que A = BQ + R,
avec deg(R) < deg(B). Le polynôme Q s’appelle le quotient, R s’appelle le le reste de la division
euclidienne de A par B.
M
2X 3 +X 2 +X + 1
2X 3 −X 2 −2X (6.3)
2
2X +3X + 1
2
2X −X − 2
4X + 3
CA
3. X 18 − 1 par X 3 − 1.
Définition 6.5 1. Soient A et B deux polynômes, il existe un polynôme unitaire D tel que les di-
viseurs communs à A et B soient les diviseurs de D, appelé P GCD de A et B, et on note
P GCD(A; B) = D ou A ∧ B = D.
AN
2. On dit que deux polynômes A et B sont premiers entre eux si leur P GCD vaut 1.
Exemple 6.6 1. Déterminons (X − 1) ∧ (X 2 + 2X + 1). Les seuls polynômes divisant X − 1 sont les
polynômes constants non nuls et les polynômes de la forme λ(X − 1) où λ est une constante non
BL
nulle. Donc, les seuls diviseurs unitaires de X − 1 sont les polynômes 1 et X − 1. Si on cherche
les diviseurs unitaires communs à X − 1 et X 2 + 2X + 1, cela ne peut être que 1 et X − 1. Or,
X − 1 ne divise pas X 2 + 2X + 1 puisque la division euclidienne de X 2 + 2X + 1 par X − 1 donne
X 2 + 2X + 1 = (X − 1)(X + 3) + 4. Donc le seul diviseur unitaire commun aux deux polynômes
SA
est 1. Donc les deux polynômes X − 1 et X 2 + 2X + 1 sont premiers entre eux.
2. Calculons D(X) = (X 3 + 2X 2 − X − 2) ∧ (X 2 + 4X + 3). On a
X 3 + 2X 2 − X − 2 = (X 2 + 4X + 3)(X − 2) + 4X + 4
CA
et
1 3
X 2 + 4X + 3 = (4X + 4)( X + ).
4 4
3 2 2
Donc (X + 2X − X − 2) ∧ (X + 4X + 3) = X + 1.
M
Théorème 6.1 Soient A et B deux polynômes tels que A ∧ B = D. Il existe deux polynômes U et V
sachant que U A + V B = D.
SA
CA
Preuve. Si (X − α)|P (X), alors il existe Q ∈ A[X] tel que P (X) = (X − α)Q(X). On a alors P (α) = 0.
Réciproquement, si P (α) = 0, considérons la division euclidienne de P (X) par X − α. On a
AN
avec deg(R) < deg(X − α) = 1, donc R est une constante. On obtient alors 0 = P (α) = R donc R = 0
et (X − α)|P (X).
Exercice 6.3 Déterminer a et b pour que X 2 − aX + 1 divise X 3 − X + b.
BL
Exercice 6.4 Soit P (X) = an X n + an−1 X n−1 + . . . + a0 avec aj ∈ Z, ∀j ∈ ~0, n. Montrer que si P a une
racine rationnelle αβ , alors α|a0 et β|an .
SA
6.1.4 Dérivation dans K[X]
Définition 6.7 Soit P (X) = a0 + a1 X + . . . + an X n . On appelle polynôme dérivé de P, le polynôme noté
n
kak X k−1 .
X
0 0 n−1
P et défini par P (X) = a1 + 2a2 X + . . . + nan X =
CA
j=1
4. (λP )0 = λP 0 .
5. (P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
Proposition 6.8 Soient P ∈ K[X]; α ∈ K et k ∈ N∗ . Alors, les propositions suivantes sont équivalentes
1. (X − α)k |P (X) et (X − α)k+1 - P (X).
2. Il existe Q ∈ K[X] tel que Q(α) , 0 et P (X) = (X − α)k Q(X).
3. P (α) = P 0 (α) = . . . = P (k−1) (α) = 0 et P (k) (α) , 0.
Remarque 6.5 Soit P (X) = X 3 − X 2 − X + 1. On a 1 est une racine de multiplicité 2, puisque P (1) = 0
et P 0 (1) = 0 et P 00 (1) , 0. De plus, −1 est une racine simple (ou racine de multiplicité 1) car P (−1) = 0
et P 0 (−1) , 0.
CA
Proposition 6.9 Un polynôme de degré n ∈ N admet au plus n racines comptées avec leur ordre de
multiplicité.
AN
On en déduit que (X − ai )αi ∧ (X − aj )αj = 1. Donc
k
(X − ai )αi |P (X), ∀λ ∈ K∗ .
Y
λ
i=1
BL
k k
deg(X − ai )αi ≤ n. Le membre de gauche vaut
X X
Donc αi , d’où le résultat.
i=1 i=1
Remarque 6.6 Le seul polynôme ayant une infinité de racines est le polynôme nul.
SA
Définition 6.8 On dit qu’un polynôme P ∈ K[X] est irréductible, s’il est non-constant, et si ses seuls
diviseurs sont les polynômes constants et les polynômes de la forme λP avec λ ∈ K∗ .
CA
Définition 6.9 Soient P et Q deux polynômes non nuls. Si P |Q et Q|P, alors P et Q sont proportionnels,
M
c’est-à-dire qu’il existe λ ∈ K∗ tel que P = λQ. On dit que P et Q sont associés.
Remarque 6.8 1. À la différence des nombres premiers, les polynômes irréductibles ont une infinité
SA
Remarque 6.9 Les polynômes irréductibles jouent dans K[X] le même rôle que les nombres premiers dans
l’ensemble Z.
Exemple 6.9 P (X) = X 2 + 1 est irréductible dans R[X], mais n’est pas irréductible dans C[X]. En effet
(X + i)|P (X).
CA
j=1
Cette décomposition appelée décomposition en facteurs irréductibles est unique à ordre des facteurs
près.
AN
Remarque 6.10 1. Dans C[X], tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré. Il en
résulte immédiatement que sur C tout polynôme de degré p admet exactement p racines (comptées
avec leur multiplicité).
2. Dans R[X] tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré et de polynômes du second
degré qui n’ont pas de racine réelle.
BL
Exemple 6.10 1. Dans C, on peut écrire X 4 + X 2 = X × X × (X − i) × (X + i). Ce polynôme a pour
racines : 0 avec la multiplicité 2, i et −i.
2. Dans R, on peut écrire X 4 + X 2 = X × X × (X 2 + 1). Ce polynôme a pour racines 0 avec la
SA
multiplicité 2 et X 2 + 1 est un polynôme sans racine réelle.
Exercice 6.6 Décomposer dans C[X] puis dans R[X] les polynômes suivants en facteurs irréductibles.
1. X 3 + 1.
CA
2. X 3 − 1.
3. X 4 + 1.
4. X 6 + 1.
M
de ses racines est égal à son degré. Autrement dit, P de degré n est scindé si et seulement si il existe un
n-uplet (λ1 , . . . , λn ) de Kn tel que
P (X) = λ(X − λ1 ) × . . . × (X − λn ), λ ∈ K∗ .
EN
1 1
Exemple 6.11 Soit P (X) = 3X 2 − 1 est scindé dans R[X]. En effet P (X) = 3(X − √
3
)(X + √
3
). Tandis
que, P (X) = X 2 + 2 n’est pas scindé dans R[X].
Définition 6.11 On dit que le corps K est algébriquement clos lorsque tout polynôme non constant de
K[X] admet au moins une racine dans K.
CA
6.3 Fractions rationnelles
Définition 6.12 On appelle fraction rationnelle à une indéterminée tout couple (P, Q) de K [X]×K [X]∗ .
P
On la note F = avec P ∧ Q = 1. On note K (X) l’ensemble des fractions rationnelles à coefficients
Q
AN
dans K.
BL
6.3.1 Décomposition en éléments simples dans C (X)
P
Théorème 6.6 Soit F = une fraction rationnelle sur C avec P ∧ Q = 1. Le dénominateur Q peut
Q
s’écrire sous la forme du produit
SA
Q(X) = λ(X − a1 )p1 (X − a2 )p2 . . . (X − ak )pk ,
où les pi sont des entiers et les ai et λ des complexes. Il existe alors un polynôme E ∈ C[X] et des éléments
CA
bij
iii) s’appellent des éléments simples.
(X − ai )j
P
Théorème 6.7 Soit F = une fraction rationnelle sur R telle que avec P ∧ Q = 1. Le dénominateur Q
Q
peut s’écrire sous la forme du produit
A
P
— le polynôme E, s’appelle la partie entière de ,
Q
NC
dij
— les fractions de la forme , s’appellent des éléments simples de première espèce,
(X − ai )j
Aij X + Bij
— les fractions de la forme , s’appellent des éléments simples de seconde espèce.
(X 2 + bi X + ci )j
LA
Exemple 6.13 Décomposons la fraction
P (X) X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11
F (X) = = .
Q(X) X 3 − 3X + 2
AB
1. Première étape : partie polynomiale. Tout d’abord on a
X 3 − 3X + 2 X 3 − 3X + 2
Décomposons maintenant la fraction
2X 2 − 5X + 9
.
X 3 − 3X + 2
M
2X 2 − 5X + 9
Notons que pour la fraction le degré du numérateur est strictement plus petit que
X 3 − 3X + 2
le degré du dénominateur.
SA
a b c (b + c)X 2 + (a + b − 2c)X + 2a − 2b + c
+ + =
(X − 1)2 X − 1 X + 1 (X − 1)2 (X + 2)
A
qui doit être égale à
NC
2X 2 − 5X + 9
.
(X − 1)2 (X + 2)
On en déduit b + c = 2, a + b − 2c = −5 et 2a − 2b + c = 9. Cela conduit à l’unique solution
a = 2, b = −1, c = 3. Donc
LA
P (X) X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11 2 1 3
= = X2 + 1 + − + .
Q(X) X − 3X + 2
3 (X − 1) 2 X −1 X +2
Exemple 6.14 Décomposer en éléments simples dans R(X) les fractions suivantes.
1. F (X) =
1
X(X − 2)
. On a
AB
a b
F (X) = + .
X X −2
S
Cherchons les deux réels a et b. En multipliant F (X) par X, il vient
CA
bX 1
XF (X) = a + = .
X −2 X −2
En substituant X par 0, on obtient
1 1
=a=− .
M
0−2 2
De la même manière en multipliant F (X) par X − 2, il vient
SA
a(X − 2) 1
(X − 2)F (X) = +b= .
X X
En substituant X par 2, on obtient
EN
1
b= .
2
Ainsi
1 1
1 1 1
F (X) = =−2 + 2 =− + .
X(X − 2) X X −2 2X 2(X − 2)
3 a(X − 2) b(X − 2)
2
= (X − 2)F (X) = + + c.
X X X2
CA
En substituant X par 2, on obtient
3 a(2 − 2) b(2 − 2)
2
= + +c = c.
2 | 2 22 }
AN
{z
=0
3
Alors c = . Cherchons b. En multipliant F (X) par X 2 , il vient
4
cX 2
BL
3
= X 2 F (X) = aX + b + .
X −2 X −2
En substituant X par 0, on obtient
SA
3 3 c × 02
− = =a×0+b+ = b.
2 0−2 0−2
3
Alors b = − . Reste à trouver a. En multipliant F (x) par x, il vient
CA
2
3 b cx
= xF (x) = a + + .
x(x − 2) x x−2
0 = a + 0 + c = a + c,
3
SA
alors a = −c = − . Donc
4
3 3 3
−
F (X) = 4 − 22 + 4 .
X X X −2
EN
1
3. F (X) = . Ici deg(X 2 + 1) = 2 et ∆ = 02 − 4 × 1 × 1 = −4 < 0. Alors i et −i
+ 1)2 (X − 1)
(X 2
sont deux racines de X 2 + 1. Ainsi
a bX + c dX + e
F (X) = + 2 + , a, b, c, d, e ∈ R.
X − 1 X + 1 (X 2 + 1)2
A
En multipliant F (X) par (X 2 + 1)2 , on obtient
1 a(X 2 + 1)2 (bX + c)(X²+ 1)²
= (X 2 + 1)2 F (X) =
NC
+ + dX + e.
X −1 X −1 (X 2 + 1)
En substituant X par i, on obtient
1 1 a × 02 (bi + c) × 0
− = = + + di + e = di + e.
1−i i−1 i−1
LA
Donc
1+i 1+i 1+i 1 1
− =− =− = − − i = e + di.
(1 − i)(1 + i) 1−i 2 2 2 2
1
AB
Ainsi e = d = − . Cherchons c. En substituant X par 0, on trouve
2
1 1
F (0) = −1 = −a + c + e = − − + c = − + c.
3
4 2 4
1
S
Ainsi c = − . Cherchons maintenant b. En multipliant F (x) par x, il vient
4
CA
x ax bx2 + cx dx2 + ex
xF (x) = 2 = + + 2 .
(x + 1)2 (x − 1) x−1 x2 + 1 (x + 1)2
En passant à la limite quand x → ∞, il vient
0 = a + b + 0,
M
1
c’est-à-dire b = −a = − . Donc
4
1 1 1 1 1
− X− − X−
SA
F (X) = 4 + 4 2 4 + 2 2.
X −1 X +1 (X 2 + 1)2
X3 + 2
Exemple 6.15 Décomposer en éléments simples 2 . On a deg(X 3 +2) > deg(X 2 −X). En effectuant,
EN
X −X
alors la division euclidienne, on obtient
X3 + 2 X −2 a b
=X +1+ 2 =X +1+ + ,
X −X
2 X −X X X −1
X −2 a b
avec = + . En utilisant la même utilisée précédemment, on obtient a = 2 et b = −1.
X −X
2 X X −1
On a commencer à déterminer la constante c qui correspond le dénominateur de haut degré, pour cela
on multiplie F (X) par (X − 1)3 , on obtient (X − 1)3 F (X) = X + 1 = a(X − 1)2 + b(X − 1) + c. On
CA
remplace X par 1 on obtient c = 2. En suite, on fait la différence
c X +1 2 1 a b
F (X) − = − = = + .
(X − 1)3 (X − 1)3 (X − 1)3 (X − 1)2 X − 1 (X − 1)2
AN
Par identification, on a a = 0 et b = 1.
P (X) 1
BL
F (X) = = 4 .
Q(X) X −1
2X 4 + X 2 + 8
Exercice 6.7 Décomposer dans R(X) puis dans C(X), la fraction suivante : .
CA
(X − 2)3 (X 2 + 2X + 2)2
M
SA
EN