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Chapitre 6

CA
Polynômes

AN
6.1 Introduction
Un polynôme P (en une indéterminée) est une expression de la forme :

BL
P (X) = a0 + a1 X + a2 X 2 + . . . + an X n , (6.1)
où les ai sont des constantes appelées coefficients de P et X est l’indéterminée.

La bonne définition d’un polynôme est la suivante.


SA
Définition 6.1 Soit A un anneau commutatif unitaire. Un polynôme en une indéterminée X, à coeffi-
cients dans A est une suite infinie, indexée par N, et est défini par
P = (a0 , a1 , . . . , an , . . .) (6.2)
CA

d’éléments de A presque tous nuls (i.e. nuls à partir d’un certain rang, dépendant de P ).
L’ensemble de tous ces polynômes est noté A[X].
Remarque 6.1 1. L’indéterminée X := (0, 1, 0, 0, . . . , 0, . . .).
2. Le polynôme constant (a, 0, 0, . . . , 0, . . .) étant simplement noté a.
M

3. X 0 = (1, 0, . . .).
4. X n = (0, 0, . . . , 0, 1, 0, . . .) le chiffre 1 se trouve à la (n + 1)ème indice.
SA

5. (a0 , a1 , . . . , an , . . .)(b0 , b1 , . . . , bn , . . .) = (c0 , c1 , . . . , cn , . . .), où les coefficients cn sont définis par


n
X
cn = ai bn−i .
i=0
6. aX = (a, 0, . . . , 0, . . .)(0, 1, 0, . . . , 0, . . .) = (0, a, 0 . . . , 0, . . .).
EN

7. Dorénavant nous ne désignerons plus un polynôme par une notation telle que
(a0 , a1 , . . . , an , 0, . . . , 0, . . .),
n
ai X i ou a0 + a1 X + . . . + an X n .
X
mais par les notations traditionnelles
i=0

77
78 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
Exemple 6.1 P = (2, −1, 0, 4, 0, 0, . . .) s’écrit sous la forme P (X) = 2 − X + 4X 3 .

Proposition 6.1 (A[X], +, ×) est un anneau commutatif unitaire.

Remarque 6.2 (0, 0, . . . , 0, . . .) est l’élément neutre pour la loi + et (1, 0, 0, 0, 0, 0, . . .) est l’élément neutre
pour la loi ×.
n
ai X i . On définit le degré de P, noté deg(P ),
X
Définitions 6.1 1. Soit P ∈ A[X] tel que P (X) =

CA
i=0
par : (
−∞ si P = 0
deg(P ) =
max{i ∈ N, ai , 0} si P , 0.
2. Si P , 0 et si deg(P ) = d et l’élément ad est appelé le coefficient dominant de P et ad X d son

AN
terme dominant.
3. On dit que P est unitaire si son coefficient dominant est égal à 1.

Exemple 6.2 1. Soit P (X) = 3 + 5X 3 − 7X 5 . Alors deg(P ) = 5 et a5 = −7 est le coefficient dominant

BL
de P.
2. Soit P (X) = 5 − 3X + X 2 . Alors P est unitaire, car a2 = 1.

Proposition 6.2 Soient P, Q ∈ A[X]. Alors


SA
1. deg(P + Q) ≤ max{deg P, deg Q}.
2. deg(P Q) ≤ deg(P ) + deg(Q).
CA

6.1.1 Fonctions polynômes


Dans cette section, nous allons nous borner à remplacer la variable muette X par des nombres réels
ou complexes.
Définition 6.2 Soit P ∈ A[X] défini par P (X) = an X n + . . . + a1 X + a0 et t ∈ A. On définit alors
P (t) ∈ A par P (t) = an tn + . . . + a1 t + a0 . On dit que P (t) est obtenu par substitution de t à X.
M

L’application t 7−→ P (t) de A dans A est la fonction polynôme associée à P.

Remarque 6.3 On distingue le polynôme nul P si et seulement si tous ses coefficients sont nuls, tandis
SA

que la fonction polynômiale associée est nulle si et seulement si ∀x ∈ A, P (x) = 0. On a bien P (X) =
0 ⇒ ∀x ∈ A, P (x) = 0. Mais la réciproque est n’est pas vraie en générale, comme le montre l’exemple
suivant.
EN

Exemple 6.3 Soit A = {ai , . . . , an } un anneau fini. Le polynôme

P (X) = (X − a1 ) × . . . × (X − an )

est non nul, mais ∀x ∈ A, P (x) = 0. Ce qui montre que la fonction polynômiale associée est nulle, même
si le polynôme non nul.

A. TSOULI 78 Cours d’Algèbre 1


Division euclidienne 79
Le résultat suivant montre sous certaine condition et lorsque la fonction polynômiale est nulle, alors son
polynôme associé est aussi nul.
Proposition 6.3 Soit P un polynôme à coefficients dans R ou C. Alors si la fonction polynômiale associée
à P est identiquement nulle, alors le polynôme P a tous ses coefficients nuls.
n
ak X k
X
Preuve. On suppose que la variable x ne prend que des valeurs dans K := R, C. Soit P (X) =
k=0
tel que ∀x ∈ K, P (x) = 0. Alors, pour x = 0, on obtient a0 = 0. Donc

CA
∀x ∈ R, a1 x + a2 x2 + . . . + an xn = 0 ⇒ ∀x , 0, a1 + a2 x + . . . + an xn−1 = 0.

On ne peut plus prendre x = 0, cependant, on peut prendre la limite lorsque x tend vers 0, ce qui donne
a1 = 0, etc . . . Il s’ensuit que P est nul.

AN
Définition 6.3 Soit n ∈ N∗ , on note Kn [X] = {P ∈ K[X], deg(P ) ≤ n}.

Proposition 6.4 Soit n ∈ N∗ , l’ensemble Kn [X] n’est pas un anneau.

BL
Preuve. Il suffit de donner un contre exemple. Pour cela pour P (X) = X n et Q(X) = X, on a évidemment
P, Q ∈ Kn [X], mais P Q < Kn [X], ce qui implique que Kn [X] n’est pas un anneau.

6.1.2 Division euclidienne


SA
Définition 6.4 1. On dit qu’un polynôme B divise un polynôme A, s’il existe un polynôme Q tel
que A = BQ et on écrit B|A.
2. On dit alors que B est un diviseur de A ou encore que A est un multiple de B.
CA

Exemple 6.4 On a (X + 1)|(X 3 + 1). En effet X 3 + 1 = (X + 1)(X 2 − X + 1).

Proposition 6.5 Soient A, B ∈ K[X] tels que B , 0. Alors ∃!(Q, R) ∈ K[X] × K[X] tels que A = BQ + R,
avec deg(R) < deg(B). Le polynôme Q s’appelle le quotient, R s’appelle le le reste de la division
euclidienne de A par B.
M

Remarque 6.4 On a R = 0 ⇔ B|A.


SA

Exemple 6.5 Soient P (X) = 2X 4 + X 3 − X 2 + X + 1 et Q(X) = 2X 2 − X − 2. Effectuons la division


euclidienne de P par Q.
2X 4 +X 3 −X 2 +X + 1 2X 2 −X − 2
2X 4 −X 3 −2X 2 X 2 +X + 1
EN

2X 3 +X 2 +X + 1
2X 3 −X 2 −2X (6.3)
2
2X +3X + 1
2
2X −X − 2
4X + 3

A. TSOULI 79 Cours d’Algèbre 1


80 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
Donc
4
2X
|
+ X 3 −{zX 2 + X + 1} = (2X
|
2
−{zX − 2})(X
|
2
+{zX + 1}) + (4X + 3).
| {z }
Dividende diviseur quotient reste

Exercice 6.1 Effectuer la division euclidienne de


1. 4X 5 − 2X 4 + 5X 3 + 4X + 2 par X 2 + 1.
2. 2X 4 − 3X 3 + 4X 2 − 5X + 6 par X 2 − 3X + 1.

CA
3. X 18 − 1 par X 3 − 1.

Définition 6.5 1. Soient A et B deux polynômes, il existe un polynôme unitaire D tel que les di-
viseurs communs à A et B soient les diviseurs de D, appelé P GCD de A et B, et on note
P GCD(A; B) = D ou A ∧ B = D.

AN
2. On dit que deux polynômes A et B sont premiers entre eux si leur P GCD vaut 1.

Exemple 6.6 1. Déterminons (X − 1) ∧ (X 2 + 2X + 1). Les seuls polynômes divisant X − 1 sont les
polynômes constants non nuls et les polynômes de la forme λ(X − 1) où λ est une constante non

BL
nulle. Donc, les seuls diviseurs unitaires de X − 1 sont les polynômes 1 et X − 1. Si on cherche
les diviseurs unitaires communs à X − 1 et X 2 + 2X + 1, cela ne peut être que 1 et X − 1. Or,
X − 1 ne divise pas X 2 + 2X + 1 puisque la division euclidienne de X 2 + 2X + 1 par X − 1 donne
X 2 + 2X + 1 = (X − 1)(X + 3) + 4. Donc le seul diviseur unitaire commun aux deux polynômes
SA
est 1. Donc les deux polynômes X − 1 et X 2 + 2X + 1 sont premiers entre eux.
2. Calculons D(X) = (X 3 + 2X 2 − X − 2) ∧ (X 2 + 4X + 3). On a

X 3 + 2X 2 − X − 2 = (X 2 + 4X + 3)(X − 2) + 4X + 4
CA

et
1 3
X 2 + 4X + 3 = (4X + 4)( X + ).
4 4
3 2 2
Donc (X + 2X − X − 2) ∧ (X + 4X + 3) = X + 1.
M

Théorème 6.1 Soient A et B deux polynômes tels que A ∧ B = D. Il existe deux polynômes U et V
sachant que U A + V B = D.
SA

Exercice 6.2 Soient P (X) = 3X 3 + 2X 2 + 2 et Q(X) = X 2 − 2.


1. Utiliser l’algorithme d’Euclide pour déterminer P ∧ Q.
2. En déduire deux polynômes U et V tels que U P + V Q = P ∧ Q.
EN

Théorème 6.2 (Identité de Bézout).


Soient P, Q ∈ A[X]. Alors P ∧ Q = 1 ⇔ ∃(U, V ) ∈ A[X] × A[X], AU + BV = 1.

Théorème 6.3 (Lemme de Gauss).


Soient A, B et C des polynômes tels que A et B soient premiers entre eux et que A divise le produit BC.
Alors A divise C.

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Zéros ou racines d’un polynôme 81
6.1.3 Zéros ou racines d’un polynôme
Définition 6.6 On dit que α ∈ A est un zéro ou une racine du polynôme P si α annule la fonction
polynômiale associée à P, c’est à dire P (α) = 0.

Exemple 6.7 Le nombre 2 est une racine de P (X) = X − 2. En effet P (2) = 2 − 2 = 0.

Proposition 6.6 Soient P ∈ A[X] et α ∈ A. On a P (α) = 0 ⇔ (X − α)|P (X).

CA
Preuve. Si (X − α)|P (X), alors il existe Q ∈ A[X] tel que P (X) = (X − α)Q(X). On a alors P (α) = 0.
Réciproquement, si P (α) = 0, considérons la division euclidienne de P (X) par X − α. On a

P (X) = (X − α)Q(X) + R(X),

AN
avec deg(R) < deg(X − α) = 1, donc R est une constante. On obtient alors 0 = P (α) = R donc R = 0
et (X − α)|P (X).
Exercice 6.3 Déterminer a et b pour que X 2 − aX + 1 divise X 3 − X + b.

BL
Exercice 6.4 Soit P (X) = an X n + an−1 X n−1 + . . . + a0 avec aj ∈ Z, ∀j ∈ ~0, n. Montrer que si P a une
racine rationnelle αβ , alors α|a0 et β|an .
SA
6.1.4 Dérivation dans K[X]
Définition 6.7 Soit P (X) = a0 + a1 X + . . . + an X n . On appelle polynôme dérivé de P, le polynôme noté
n
kak X k−1 .
X
0 0 n−1
P et défini par P (X) = a1 + 2a2 X + . . . + nan X =
CA

j=1

Exemple 6.8 Soit P (X) = 5X 3 − 12X + 1. On a P 0 (X) = 15X 2 − 12.

Proposition 6.7 Soit P et Q deux polynômes, et λ ∈ K.


1. Si P est constant, alors P 0 = 0.
M

2. Si deg(P ) > 0 alors deg(P 0 ) = deg(P ) − 1.


3. (P + Q)0 = P 0 + Q0 .
SA

4. (λP )0 = λP 0 .
5. (P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .

6.1.5 Ordre de multiplicité d’une racine


EN

Proposition 6.8 Soient P ∈ K[X]; α ∈ K et k ∈ N∗ . Alors, les propositions suivantes sont équivalentes
1. (X − α)k |P (X) et (X − α)k+1 - P (X).
2. Il existe Q ∈ K[X] tel que Q(α) , 0 et P (X) = (X − α)k Q(X).
3. P (α) = P 0 (α) = . . . = P (k−1) (α) = 0 et P (k) (α) , 0.

A. TSOULI 81 Cours d’Algèbre 1


82 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
On dit que α est une racine de multiplicité k du polynôme P.

Remarque 6.5 Soit P (X) = X 3 − X 2 − X + 1. On a 1 est une racine de multiplicité 2, puisque P (1) = 0
et P 0 (1) = 0 et P 00 (1) , 0. De plus, −1 est une racine simple (ou racine de multiplicité 1) car P (−1) = 0
et P 0 (−1) , 0.

Exercice 6.5 Soit P (X) = X 5 − 5X 4 + 7X 3 − 2X 2 + 4X − 8. Quelle est la multiplicité de 2 en tant que


racine de P ?

CA
Proposition 6.9 Un polynôme de degré n ∈ N admet au plus n racines comptées avec leur ordre de
multiplicité.

Preuve. On a (X − ai )αi |P (X), ∀i ∈ {1, . . . , k} et (X − ai ) ∧ (X − aj ) = 1, ∀i, j ∈ {1, . . . , k} avec i , j.

AN
On en déduit que (X − ai )αi ∧ (X − aj )αj = 1. Donc
k
(X − ai )αi |P (X), ∀λ ∈ K∗ .
Y
λ
i=1

BL
k k
deg(X − ai )αi ≤ n. Le membre de gauche vaut
X X
Donc αi , d’où le résultat.
i=1 i=1

Remarque 6.6 Le seul polynôme ayant une infinité de racines est le polynôme nul.
SA
Définition 6.8 On dit qu’un polynôme P ∈ K[X] est irréductible, s’il est non-constant, et si ses seuls
diviseurs sont les polynômes constants et les polynômes de la forme λP avec λ ∈ K∗ .
CA

Remarque 6.7 1. Les polynômes irréductibles dans C sont aX + b avec a , 0.


2. Les polynômes irréductibles dans R sont aX + b avec a , 0 et aX 2 + bX + c, a , 0 tel que
b2 − 4ac < 0.

Définition 6.9 Soient P et Q deux polynômes non nuls. Si P |Q et Q|P, alors P et Q sont proportionnels,
M

c’est-à-dire qu’il existe λ ∈ K∗ tel que P = λQ. On dit que P et Q sont associés.

Remarque 6.8 1. À la différence des nombres premiers, les polynômes irréductibles ont une infinité
SA

de diviseurs. Mais on notera que ces diviseurs sont triviaux !


2. Tout polynôme de degré 1 est irréductible. En effet, soit P de degré 1, et Q un diviseur de P. Alors
deg Q ∈ {0, 1}. Si deg Q = 0, alors Q est une constante, si deg Q = 1, alors deg Q = deg P. Donc
P et Q sont associés.
EN

Remarque 6.9 Les polynômes irréductibles jouent dans K[X] le même rôle que les nombres premiers dans
l’ensemble Z.

Exemple 6.9 P (X) = X 2 + 1 est irréductible dans R[X], mais n’est pas irréductible dans C[X]. En effet
(X + i)|P (X).

A. TSOULI 82 Cours d’Algèbre 1


6.2. POLYNÔMES SCINDÉS 83
De même que tout entier possède une décomposition en facteurs premiers, tout polynôme a une décom-
position en facteurs irréductibles.
Théorème 6.4 (Décomposition en facteurs irréductibles).
Soit P un polynôme non constant. Alors il existe un entier k ≥ 1 et k entiers α1 , . . . , αk non nuls et k
polynômes irréductibles unitaires P1 , . . . , Pk deux à deux distincts, et λ ∈ K∗ tels que
k
Y α
P (X) = λ Pj j (X).

CA
j=1

Cette décomposition appelée décomposition en facteurs irréductibles est unique à ordre des facteurs
près.

AN
Remarque 6.10 1. Dans C[X], tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré. Il en
résulte immédiatement que sur C tout polynôme de degré p admet exactement p racines (comptées
avec leur multiplicité).
2. Dans R[X] tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré et de polynômes du second
degré qui n’ont pas de racine réelle.

BL
Exemple 6.10 1. Dans C, on peut écrire X 4 + X 2 = X × X × (X − i) × (X + i). Ce polynôme a pour
racines : 0 avec la multiplicité 2, i et −i.
2. Dans R, on peut écrire X 4 + X 2 = X × X × (X 2 + 1). Ce polynôme a pour racines 0 avec la
SA
multiplicité 2 et X 2 + 1 est un polynôme sans racine réelle.

Exercice 6.6 Décomposer dans C[X] puis dans R[X] les polynômes suivants en facteurs irréductibles.
1. X 3 + 1.
CA

2. X 3 − 1.
3. X 4 + 1.
4. X 6 + 1.
M

6.2 Polynômes scindés


Définition 6.10 On dit qu’un polynôme non constant est scindé si la somme des ordres de multiplicité
SA

de ses racines est égal à son degré. Autrement dit, P de degré n est scindé si et seulement si il existe un
n-uplet (λ1 , . . . , λn ) de Kn tel que

P (X) = λ(X − λ1 ) × . . . × (X − λn ), λ ∈ K∗ .
EN

1 1
Exemple 6.11 Soit P (X) = 3X 2 − 1 est scindé dans R[X]. En effet P (X) = 3(X − √
3
)(X + √
3
). Tandis
que, P (X) = X 2 + 2 n’est pas scindé dans R[X].

Définition 6.11 On dit que le corps K est algébriquement clos lorsque tout polynôme non constant de
K[X] admet au moins une racine dans K.

A. TSOULI 83 Cours d’Algèbre 1


84 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
Remarque 6.11 C est un corps algébriquement clos. Tandis que Q et R ne sont pas algébriquement clos.

Théorème 6.5 (Théorème fondamental de l’algèbre).


Tout polynôme de C[X] est scindé.
√ √
1−i 3 1+i 3
Exemple 6.12 P (X) = X 3 + 1 = (X + 1)(X − 2
)(X − 2
). Alors P est scindé dans C[X].

CA
6.3 Fractions rationnelles
Définition 6.12 On appelle fraction rationnelle à une indéterminée tout couple (P, Q) de K [X]×K [X]∗ .
P
On la note F = avec P ∧ Q = 1. On note K (X) l’ensemble des fractions rationnelles à coefficients
Q

AN
dans K.

Dans la suite nous allons considérer K = R ou K = C.

BL
6.3.1 Décomposition en éléments simples dans C (X)
P
Théorème 6.6 Soit F = une fraction rationnelle sur C avec P ∧ Q = 1. Le dénominateur Q peut
Q
s’écrire sous la forme du produit
SA
Q(X) = λ(X − a1 )p1 (X − a2 )p2 . . . (X − ak )pk ,

où les pi sont des entiers et les ai et λ des complexes. Il existe alors un polynôme E ∈ C[X] et des éléments
CA

bij de C tels que :

P (X) b11 b12 b1p1 bkpk


F (X) = = E(X) + + + ... + +... + .
Q(X) (X − a1 ) (X − a1 ) 2 (X − a1 )p1 (X − ak )pk
| {z }
s’appelle partie principal de F relative au pôle a1
M

i) Le polynôme E s’appelle la partie entière de F.


ii) Les nombre ak ∈ C est dit pôle de F d’ordre pk autrement dit une racine de Q d’ordre pk .
SA

bij
iii) s’appellent des éléments simples.
(X − ai )j

6.3.2 Décomposition en éléments simples dans R (X)


EN

P
Théorème 6.7 Soit F = une fraction rationnelle sur R telle que avec P ∧ Q = 1. Le dénominateur Q
Q
peut s’écrire sous la forme du produit

Q(X) = λ(X − a1 )p1 (X − a2 )p2 . . . (X − ak )pk (X 2 + b1 X + c1 )q1 (X 2 + b2 X + c2 )q2 . . . (X 2 + b` X + c` )q` ,

A. TSOULI 84 Cours d’Algèbre 1


Décomposition en éléments simples dans R (X) 85
où les pi et qi sont des entiers et les ai , bi , ci et λ des réels tels que b2i − 4ci < 0.
Il existe alors un polynôme E, des éléments dij , Aij et Bij de R tels que :
P (X) d11 d12 d1p1 dkpk
= E(X) + + + ... + p
+ ... + +
Q(X) (X − a1 ) (X − a1 )2 (X − a1 ) 1 (X − ak )pk
A11 X + B11 A12 X + B12 A1q1 X + B1q1 A`q` X + B`q`
... + + + ... + q
+ . . . + .
2 2
(X + b1 X + c1 ) (X + b1 X + c1 )2 2
(X + b1 X + c1 ) 1 (X 2 + b` X + c` )q`

A
P
— le polynôme E, s’appelle la partie entière de ,
Q

NC
dij
— les fractions de la forme , s’appellent des éléments simples de première espèce,
(X − ai )j
Aij X + Bij
— les fractions de la forme , s’appellent des éléments simples de seconde espèce.
(X 2 + bi X + ci )j

LA
Exemple 6.13 Décomposons la fraction
P (X) X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11
F (X) = = .
Q(X) X 3 − 3X + 2

AB
1. Première étape : partie polynomiale. Tout d’abord on a

deg(X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11) > deg(X 3 − 3X + 2),

on doit effectuer la division euclidienne. On calcule la division euclidienne, on aura


S
X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11 2 2X 2 − 5X + 9
= X + 1 + .
CA

X 3 − 3X + 2 X 3 − 3X + 2
Décomposons maintenant la fraction
2X 2 − 5X + 9
.
X 3 − 3X + 2
M

2X 2 − 5X + 9
Notons que pour la fraction le degré du numérateur est strictement plus petit que
X 3 − 3X + 2
le degré du dénominateur.
SA

2. Deuxième étape : factorisation du dénominateur.


Q a pour racine évidente 1 (racine double) et −2 (racine simple) et se factorise donc ainsi Q(X) =
(X − 1)2 (X + 2).
3. Troisième étape : décomposition théorique en éléments simples. Le théorème de décomposition
EN

en éléments simples nous dit qu’il existe une unique décomposition :


P (X) a b c
= E(X) + + + .
Q(X) (X − 1)2 X − 1 X +2
Nous savons déjà que E(X) = X 2 + 1, il reste à trouver les nombres a, b, c.

A. TSOULI 85 Cours d’Algèbre 1


86 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
4. Quatrième étape : détermination des coefficients. Voici une première façon de déterminer a, b, c.
a b c
On récrit la fraction + + au même dénominateur et on l’identifie avec
(X − 1) 2 X −1 X +2
2X 2 − 5X + 9
:
Q(X)

a b c (b + c)X 2 + (a + b − 2c)X + 2a − 2b + c
+ + =
(X − 1)2 X − 1 X + 1 (X − 1)2 (X + 2)

A
qui doit être égale à

NC
2X 2 − 5X + 9
.
(X − 1)2 (X + 2)
On en déduit b + c = 2, a + b − 2c = −5 et 2a − 2b + c = 9. Cela conduit à l’unique solution
a = 2, b = −1, c = 3. Donc

LA
P (X) X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11 2 1 3
= = X2 + 1 + − + .
Q(X) X − 3X + 2
3 (X − 1) 2 X −1 X +2

Exemple 6.14 Décomposer en éléments simples dans R(X) les fractions suivantes.

1. F (X) =
1
X(X − 2)
. On a
AB
a b
F (X) = + .
X X −2
S
Cherchons les deux réels a et b. En multipliant F (X) par X, il vient
CA

bX 1
XF (X) = a + = .
X −2 X −2
En substituant X par 0, on obtient
1 1
=a=− .
M

0−2 2
De la même manière en multipliant F (X) par X − 2, il vient
SA

a(X − 2) 1
(X − 2)F (X) = +b= .
X X
En substituant X par 2, on obtient
EN

1
b= .
2
Ainsi
1 1
1 1 1
F (X) = =−2 + 2 =− + .
X(X − 2) X X −2 2X 2(X − 2)

A. TSOULI 86 Cours d’Algèbre 1


Décomposition en éléments simples dans R (X) 87
3
2. F (X) = 2 . On a
X (X − 2)
a b c
F (X) = + 2+ .
X X X −2
Cherchons les réels a, b et c. En multipliant F (X) par X − 2, il vient

3 a(X − 2) b(X − 2)
2
= (X − 2)F (X) = + + c.
X X X2

CA
En substituant X par 2, on obtient

3 a(2 − 2) b(2 − 2)
2
= + +c = c.
2 | 2 22 }

AN
{z
=0

3
Alors c = . Cherchons b. En multipliant F (X) par X 2 , il vient
4
cX 2

BL
3
= X 2 F (X) = aX + b + .
X −2 X −2
En substituant X par 0, on obtient
SA
3 3 c × 02
− = =a×0+b+ = b.
2 0−2 0−2
3
Alors b = − . Reste à trouver a. En multipliant F (x) par x, il vient
CA

2
3 b cx
= xF (x) = a + + .
x(x − 2) x x−2

En passant à la limite quand x → ∞, il vient


M

0 = a + 0 + c = a + c,
3
SA

alors a = −c = − . Donc
4
3 3 3

F (X) = 4 − 22 + 4 .
X X X −2
EN

1
3. F (X) = . Ici deg(X 2 + 1) = 2 et ∆ = 02 − 4 × 1 × 1 = −4 < 0. Alors i et −i
+ 1)2 (X − 1)
(X 2
sont deux racines de X 2 + 1. Ainsi
a bX + c dX + e
F (X) = + 2 + , a, b, c, d, e ∈ R.
X − 1 X + 1 (X 2 + 1)2

A. TSOULI 87 Cours d’Algèbre 1


88 CHAPITRE 6. POLYNÔMES
En multipliant F (X) par X − 1, il vient
1 (bX + c)(X − 1) (dX + e)(X − 1)
2 = (X − 1)F (X) = a + + .
(X 2 + 1) (X 2 + 1) (X 2 + 1)2
En substituant X par 1, on obtient
1
= a + 0 + 0 = a.
4

A
En multipliant F (X) par (X 2 + 1)2 , on obtient
1 a(X 2 + 1)2 (bX + c)(X²+ 1)²
= (X 2 + 1)2 F (X) =

NC
+ + dX + e.
X −1 X −1 (X 2 + 1)
En substituant X par i, on obtient
1 1 a × 02 (bi + c) × 0
− = = + + di + e = di + e.
1−i i−1 i−1

LA
Donc
1+i 1+i 1+i 1 1
− =− =− = − − i = e + di.
(1 − i)(1 + i) 1−i 2 2 2 2
1
AB
Ainsi e = d = − . Cherchons c. En substituant X par 0, on trouve
2
1 1
F (0) = −1 = −a + c + e = − − + c = − + c.
3
4 2 4
1
S
Ainsi c = − . Cherchons maintenant b. En multipliant F (x) par x, il vient
4
CA

x ax bx2 + cx dx2 + ex
xF (x) = 2 = + + 2 .
(x + 1)2 (x − 1) x−1 x2 + 1 (x + 1)2
En passant à la limite quand x → ∞, il vient
0 = a + b + 0,
M

1
c’est-à-dire b = −a = − . Donc
4
1 1 1 1 1
− X− − X−
SA

F (X) = 4 + 4 2 4 + 2 2.
X −1 X +1 (X 2 + 1)2
X3 + 2
Exemple 6.15 Décomposer en éléments simples 2 . On a deg(X 3 +2) > deg(X 2 −X). En effectuant,
EN

X −X
alors la division euclidienne, on obtient
X3 + 2 X −2 a b
=X +1+ 2 =X +1+ + ,
X −X
2 X −X X X −1
X −2 a b
avec = + . En utilisant la même utilisée précédemment, on obtient a = 2 et b = −1.
X −X
2 X X −1

A. TSOULI 88 Cours d’Algèbre 1


Décomposition en éléments simples dans R (X) 89
X +1
Exemple 6.16 Décomposer en éléments simples F (X) = . Ici 1 est un pôle d’ordre 3, donc la
(X − 1)3
décomposition s’écrit sous la forme
X +1 a b c
F (X) = = + + .
(X − 1)3 X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3

On a commencer à déterminer la constante c qui correspond le dénominateur de haut degré, pour cela
on multiplie F (X) par (X − 1)3 , on obtient (X − 1)3 F (X) = X + 1 = a(X − 1)2 + b(X − 1) + c. On

CA
remplace X par 1 on obtient c = 2. En suite, on fait la différence
c X +1 2 1 a b
F (X) − = − = = + .
(X − 1)3 (X − 1)3 (X − 1)3 (X − 1)2 X − 1 (X − 1)2

AN
Par identification, on a a = 0 et b = 1.

Exemple 6.17 Décomposons dans C(X) la fraction suivante :

P (X) 1

BL
F (X) = = 4 .
Q(X) X −1

Dans C le polynôme Q(X) = X 4 − 1 = (X − 1)(X + 1)(X + i)(X − i). Donc


SA
P (X) a b c d
F (X) = = + + + .
Q(X) X −1 X +1 X +i X −i

2X 4 + X 2 + 8
Exercice 6.7 Décomposer dans R(X) puis dans C(X), la fraction suivante : .
CA

(X − 2)3 (X 2 + 2X + 2)2
M
SA
EN

A. TSOULI 89 Cours d’Algèbre 1

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