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Chapitre 2

Sommes et séries

1 Sommes usuelles 2
1.1 Formule du binôme et applications en
trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Autres sommes usuelles . . . . . . . . . . . . 5

2 Sommes doubles 6
2.1 Sommes doubles indexées par un rectangle . . 6
2.2 Sommes doubles indexées par un triangle . . 7

3 Rappels sur les séries 8


3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.2 Condition nécessaire de convergence . . . . . 11
3.3 Séries de référence . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.4 Séries à termes positifs . . . . . . . . . . . . . 13
3.5 Séries absolument convergentes . . . . . . . . 14
3.6 Plan d’étude d’une série . . . . . . . . . . . . 15

4 Séries doubles 15
4.1 Ensemble dénombrable infini . . . . . . . . . 15
4.2 Séries indexées par un ensemble dénombrable
infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4.3 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . 17
4.4 Sommation par paquets . . . . . . . . . . . . 19

Compétences attendues.

3 Calculer une somme finie à l’aide des sommes finies de référence.

3 Calculer une somme double finie indexée par un rectangle ou un triangle.

3 Étudier la convergence d’une série à termes positifs par comparaison aux séries de référence.

3 Étudier la convergence absolue d’une série.

3 Calculer la somme d’une série à l’aide des séries de référence.

3 Étudier la convergence d’une série double à l’aide du Théorème de Fubini ou d’une sommation
suivant les diagonales.

Mathieu Mansuy - Professeur de Mathématiques en ECS2 au Lycée Louis Pergaud (Besançon)


mansuy.mathieu@hotmail.fr
ECS2 Lycée Louis Pergaud

1 Sommes usuelles
1.1 Formule du binôme et applications en trigonométrie
Coefficients binomiaux
Définition.
n
Soit n ∈ N. On appelle factorielle n et on note n! l’entier défini par n! =
Y
k.
k=1

Remarque. On a 0! = 1 et si n ≥ 1, n! = n × (n − 1)!.
Définition.
Soit n ∈ N et p ∈ Z. On pose :
n!
! 
n  si p ∈ J0, nK
= p!(n − p)!
p 
0 si p > n ou p < 0
n
p est le coefficient binomial et se lit « p parmi n ».

Rappel. L’entier n
p est :

• le nombre de chemins réalisant p succès pour n répétitions dans un arbre binaire ;

• le nombre de parties à p éléments dans un ensemble à n éléments.

Exercice. Déterminer un équivalent de n


p lorsque n → +∞.

Propriété 1 (Relations sur les coefficients binomiaux)

Soit n un entier naturel non nul.

• Pour tout p ∈ [[0, n]], n


p = n 
n−p (symétrie des coefficients binomiaux).

• Pour tout p ∈ [[1, n]], p. n


p = n. n−1
p−1 .

• Pour tout p ∈ [[1, n − 1]], n


p = n−1
p−1 + n−1
p (formule du triangle de Pascal).

Preuve.

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Remarque. Cette dernière relation nous permet de construire le triangle dit de Pascal (1623 - 1662),
qui permet un calcul rapide des premiers coefficients binomiaux :
p=0 p=1 p=2 p=3 p=4 ...
n=0 1
n=1 1 1
n=2 1 2 1
n=3 1 3 3 1
n=4 1 4 6 4 1
.. .. ..
. . .
n 1 n
1
n
2 ... n
p
n 
p+1 ... 1

Formule du binôme de Newton


Théorème 2 (Formule du binôme de Newton (1642 - 1727))

Soient a et b deux nombres complexes et n un entier naturel. On a :


n
!
n k n−k
(a + b) =
X
n
a b .
k=0
k

Exemples.
n n
! !
n n k n−k
• = 1 1 = (1 + 1)n = 2n .
X X

k=0
k k=0
k
n n
! !
n n
• (−1) = (−1)k 1n−k = (1 − 1)n = 0.
X X
k

k=0
k k=0
k

Rappels de trigonométrie
Il faut savoir retrouver les relations suivantes par une lecture efficace du cercle trigonométrique.

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Les valeurs remarquables des fonctions circulaires sont aussi à connaitre.

x 0 π
√6
π
√4
π
3
π
2 π
cos(x) 1 2
3
√2
2 1
√2
0 -1
sin(x) 0 1
2 2
2
√2
3
1 0
tan(x) 0 √1
3
1 3 0

Définition.
Soit x un réel. On note eix le nombre complexe défini par eix = cos x + i sin x.

Propriété 3

• Pour tout x ∈ R, eix est de module 1, ce qui s’écrit aussi :

cos2 (x) + sin2 (x) = 1.

• Pour tout (a, b) ∈ R2 , on a eia eib = ei(a+b) , ce qui s’écrit en identifiant parties réelles
et imaginaires :

cos(a + b) = cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b) ; sin(a + b) = sin(a) cos(b) + sin(b) cos(a).

• En prenant a = b dans les formules précédentes, on a pour tout a ∈ R :

cos(2a) = cos2 (a)−sin2 (a) = 2 cos2 (a)−1 = 1−2 sin2 (a) et sin(2a) = 2 sin(a) cos(a).

Propriété 4 (Formules d’Euler (1707 - 1783))

eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ


Pour tout θ ∈ R, on a cos θ = et sin θ =
2 2i

Propriété 5 (Formule de Moivre (1667 - 1754))

Pour θ ∈ R et n ∈ Z, (eiθ )n = einθ ou encore par définition de eiθ :

(cos θ + i sin θ)n = cos nθ + i sin nθ

Linéarisation

Méthode.
Pour linéariser une expression trigonométrique du type cosk x sinl x, on procède comme suit :

(i) On utilise les formules d’Euler pour changer cos x et sin x en termes avec eix et e−ix ;

(ii) On développe complètement, avec le binôme de Newton ;

(iii) On regroupe les termes deux à deux conjugués pour reconnaître des cos(αx) ou sin(βx).

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Exercice. Linéariser cos4 (x) et sin5 (x).

1.2 Autres sommes usuelles


Sommes usuelles
n
k=
X
Somme des premiers entiers
k=0
n
k2 =
X
Somme des premiers carrés
k=0
n
k3 =
X
Somme des premiers cubes
k=0 



n



qk =
X
Sommes géométriques ∀q ∈ R,

k=m 



Application. Somme des racines n-èmes de l’unité.


Le polynôme X n − 1 admet exactement n racines distinctes, appelées les racines n-ème de l’unité. Ce
sont les nombres complexes :

2ikπ
 
exp avec k ∈ J0, n − 1K.
n

Racines 3-èmes de l’unité. Racines 5-èmes de l’unité


j = e2iπ/3 e2iπ/5

e4iπ/5

1 1

e6iπ/5

j 2 = e4iπ/3 e8iπ/5
Les racines n-èmes de l’unité sont les sommets d’un polygone régulier à n côtés.

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La somme des racines n-èmes de l’unité est égale à 0.

Propriété 6

Soit n ∈ N∗ , a et b des complexes. Alors on a :


n−1
!
a − b = (a − b)
X
n n k n−1−k
a b .
k=0

n−1
!
Preuve. On développe (a − b) :
X
k n−1−k
a b
k=0
n−1
!
(a − b) = (a − b)(bn−1 + abn−2 + · · · + an−1 )
X
k n−1−k
a b
k=0
= (abn−1 + a2 bn−2 + · · · + an ) − (bn + abn−1 + · · · + an−1 b)
= an − bn .


2 Sommes doubles
2.1 Sommes doubles indexées par un rectangle
Soit (n, p) ∈ (N∗ )2 . On considère une famille de réels indexée par deux indices (ai,j ) 1≤i≤n . On souhaite
1≤j≤p

calculer la somme de tous les réels de cette famille, on la note S =


X
ai,j .
1≤i≤n
1≤j≤p

Propriété 7 (Somme double indexée par un rectangle)

On a les égalités suivantes :


p
n X p X
n
aij = aij =
X X X
aij .
1≤i≤n i=1 j=1 j=1 i=1
1≤j ≤p

Preuve. On dispose les ai,j dans un tableau à double entrée.


j=1 j=2 ··· j=p
i=1 a1,1 a1,2 ··· a1,p

i=2 a2,1 a2,2 ··· a2,p


.. .. .. ..
. . . .
i=n an,1 an,2 ··· an,p

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Propriété 8 (Produit de deux sommes)

Soient (ai )1≤i≤n et (bj )1≤j≤p deux familles de nombres complexes. Alors on a :
 
n
! p p
n X p X
n
bj  = ai bj =
X X X X
ai ×  ai bj .
i=1 j=1 i=1 j=1 j=1 i=1

Preuve.      
n
! p n p n p
bj  = bj  =
X X X X X X
ai ×  ai  ai bj  .
i=1 j=1 i=1 j=1 i=1 j=1
On est ramené à une somme double comme dans la proposition précédente. 

2.2 Sommes doubles indexées par un triangle


On suppose à présent que n = p, et on souhaite faire la somme de tous les coefficients se trouvant au
dessus de la diagonale (comprise ou non).

Propriété 9 (Somme double indexée par un triangle)

On a les égalités suivantes :


n
n X j
n X
aij = aij =
X X X
aij .
1≤i≤j≤n i=1 j=i j=1 i=1

n−1 n n j−1
aij = aij =
X X X X X
aij .
1≤i<j≤n i=1 j=i+1 j=2 i=1

Preuve. De même, on dispose les ai,j dans un tableau à double entrée. Mais cette fois le tableau est
triangulaire : seuls sont pris en compte les éléments ai,j où i ≤ j.
j=1 j=2 ··· j=n
n
i=1
X
a1,1 a1,2 ··· a1,n a1,j
j=1
n
i=2
X
a2,2 ··· a2,n a2,j
j=2
.. .. .. ..
. . . .
n
i=n
X
an,n an,j
j=n
1
X 2
X n
X
ai,1 ai,2 ··· ai,n S
i=1 i=1 i=1

La deuxième égalité s’obtient en sommant les termes qui sont strictement au dessus de la diagonale.


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Méthode.
Ces égalités ne sont pas à apprendre par cœur. Il faut savoir les retrouver en procédant ainsi :

(i) choisir la variable sur laquelle


 on somme
 en premier, par exemple i. On écrit alors les

sommes sans les bornes : ai,j  ;


X X

i= j=

(ii) on détermine les bornes de la somme en regardant l’intervalle d’entiers parcouru par i.
X

i=
Ces bornes ne doivent pas dépendre de j ;

(iii) on détermine enfin les bornes de la deuxième somme en fixant i et en regardant l’intervalle
X

j=
d’entiers parcourut par j. Cet intervalle dépend de i.

i
Exercice. Calculer .
X

1≤i≤j≤n
j

3 Rappels sur les séries


Dans cette section, (uk )k∈N et (vk )k∈N sont deux suites de réels.

3.1 Généralités

Définition.

• On appelle série de terme général un , la suite (Sn )n∈N définie pour tout n ∈ N par
n
Sn = uk . On la note un , un ou encore un .
X X X X

k=0 n∈N n≥0


Pour tout n ∈ N, Sn est appelé la somme partielle d’ordre n ou n-ème somme partielle.

• On dit que la série un converge si la suite (Sn )n∈N admet une limite finie dans R, et on
X

n +∞
appelle alors somme de la série le réel lim uk , qu’on note S ou uk .
X X
n→+∞
k=0 k=0

Dans le cas contraire, on dit que la série un est divergente.


X

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Remarques.

• Attention aux notations !


n +∞
un ou
X P X X
uk un un
k=0 n≥0 n=0
Série de terme général
! un : Somme de la série (si convergence) :
n +∞
Somme partielle d’indice n
la suite
X
un = lim uk
X
uk
n→+∞
k=0 n∈N n=0

• La nature d’une série (convergente ou divergente) ne dépend pas :

– de l’indice de départ : étant donné n0 ∈ N, un converge un converge.


X X

n≥0 n≥n0

– des constantes multiplicatives : pour tout λ ∈ R, les séries un et λun sont de même
X X

nature.

Définition.
On suppose que la série
X
un converge.
Pour n ∈ N, on appelle reste partiel d’ordre n le nombre :
+∞
Rn = S − Sn =
X
uk .
k=n+1

Remarque. Si un est une série convergente, lim Rn = lim S − Sn = 0.


X
n→+∞ n→+∞

Propriété 10 (Opérations sur les séries)

• Si un et vn sont convergentes et (λ, µ) ∈ R2 , alors la série (λun + µvn )


X X X

converge et
+∞ +∞ +∞
(λun + µvn ) = λ un + µ
X X X
vn .
n=0 n=0 n=0

• Si un est convergente et vn est divergente, alors (un + vn ) est une série


X X X

divergente.

Mise en garde.
Il est possible que la série (un + vn ) converge alors que les séries un et vn divergent (par
X X X

exemple dans le cas où un = 1 et vn = −1 pour tout n ∈ N).

Pour scinder une somme en deux, on vérifiera au préalable que les deux séries
convergent.

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Propriété 11 (Télescopage)

La série (un − un+1 ) converge si et seulement si la suite (un )n∈N converge.


X

Preuve. Pour tout n ∈ N, on a :


n
(uk − uk+1 ) = u0 − un+1 .
X

k=0

Ainsi la série (un − un+1 ) converge si et seulement si la suite (un )n∈N converge.
X

Exercice.

1. Montrer que pour tout x ≥ 0, ln(1 + x) ≤ x.


1
2. En déduire que ln(n + 1) − ln(n) ≤ pour tout n ≥ 1.
n
X 1
3. Montrer que la série harmonique diverge.
n≥1
n

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3.2 Condition nécessaire de convergence


Propriété 12 (Condition nécessaire de convergence)

Pour que la série un converge, il faut que lim uk = 0.


X
k→+∞
n≥0
Mais ce n’est pas suffisant !

Preuve.

Remarque. Par contraposition si la suite (un )n∈N ne converge pas vers 0, alors la série diverge. On
dit dans ce cas que la série un diverge grossièrement.
P

Exemple. La série (−1)n diverge grossièrement.


X

n≥0

Mise en garde.
Il existe des séries dont le terme général tend vers 0 et divergentes. Par exemple, la série
X 1
harmonique n’est pas grossièrement divergente ( n1 tend vers 0), mais on a vu que cette
n≥1
n
série diverge cependant.

3.3 Séries de référence

Séries usuelles Cas de convergence Somme dans ce cas


X 1
Séries de Riemann ,α∈R α>1
k≥1

+∞
1
qk , q ∈ R |q| < 1 qk =
X X
Séries géométriques
k≥0 k=0
1−q
+∞
Séries géométriques 1
|q| < 1 =
X X
kq k−1 k−1
kq
dérivées d’ordre 1
k≥1 k=1
(1 − q)2
+∞
Séries géométriques 2
k(k − 1)q k−2 |q| < 1 k(k − 1)q k−2 =
X X
dérivées d’ordre 2
k≥2 k=2
(1 − q)3
X xk +∞
xk
quelque soit x ∈ R = ex
X
Séries exponentielles , x∈R
k≥0
k! k=0
k!

Remarque. Les sommes des séries géométriques dérivées s’obtiennent en dérivant celle de la série
géométrique par rapport à q.

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Exemple. Piles et sommes de Riemann.


Imaginons un empilement de cubes de bois d’arêtes
1 1
de longueurs 1, , , ... à l’infini.
2 3
Bien que de hauteur infinie (puisque la série har-
X1
monique diverge), il ne faudrait qu’une quan-
n
tité finie de peinture pour recouvrir cette pile (sa
+∞
X 6
surface étant inférieure à qui converge), et
n=1
n2
une quantité finie de bois pour la fabriquer (son
+∞
X 1
volume étant lui inférieur à qui converge
n=1
n3
aussi).

Le saviez vous ?
X 1
Le problème de Bâle consiste à demander la valeur de la somme de la série . Posé par
n2
le mathématicien Pietro Mengoli en 1644, ce problème résiste aux attaques des mathématiciens
éminents de l’époque. C’est Euler qui en découvra la valeura en 1735 :
+∞
1 π2
=
X
.
n=1
n2 6

Dans ses travaux, il est amené à introduire la fonction ζ définie pour tout s > 1 par :
+∞
1
ζ(s) =
X

n=1
ns

et démontre une formule liant ζ à l’ensemble des nombres premiers. Dès lors, l’étude de cette
fonction devient un enjeu crucial pour les mathématiciens, puisque sa compréhension améliorerait
la connaissance de la répartition des nombres premiers.
Les idées d’Euler sont reprises par le mathématicien allemand Bernhard Riemann dans un article
de 1859, dans lequel il étudie (un prolongement de) la fonction ζ, baptisée depuis la fonction zêta
de Riemann, en démontre les propriétés de base et énonce une conjecture, appelée hypothèse de
Riemann, sur les points d’annulation de cette fonction.
L’hypothèse de Riemann est l’un des problèmes ouverts les plus importants des mathématiques du
début du XXI e siècle. Il fait partie des sept Problèmes du prix du millénaire posés par l’Institut
de mathématiques Clay en 2000, qui offre un million de dollars pour sa résolution.
Si les séries de Riemann vous passionnent, si vous voulez devenir riche et célèbre, ou si vous voulez
simplement en savoir un peu plus sur ce sujet fascinant, ce lien devrait vous plaire.
a
Une preuve de cette surprenante formule se trouve dans le problème 2 du sujet d’EM Lyon 2005.

X n2
Exercice. Convergence et somme de la série ?
n≥1
3n

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3.4 Séries à termes positifs

Mise en garde.
Les résultats énoncés dans cette partie ne sont valables que pour les séries à termes positifs, ou
plus généralement pour les séries de terme général de signe constant à partir d’un certain
rang. Ils sont faux si le terme général change de signe.

Propriété 13

Si uk ≥ 0 pour tout k ∈ N, alors la suite des sommes partielles est une suite croissante et
dans ce cas :

• soit la suite des sommes partielles est majorée auquel cas la série converge ;

• soit la suite des sommes partielles n’est pas majorée auquel cas la série diverge vers
n
+∞, c’est-à-dire lim uk = +∞.
X
n→+∞
k=0

Preuve. C’est le théorème de convergence monotone pour les suites réelles. 

Comparaison par Hypothèses Conclusion


• uk ∼ vk
+∞
uk converge
X

Équivalent k ≥ 0 (ou uk ≥ 0) à partir d’un certain rang


• vX k≥0
• vk converge (respectivement diverge) (resp. diverge)
k≥0

• uk = o vk

+∞
k ≥ 0 à partir d’un certain rang
• vX uk converge
X

• vk converge k≥0
Négligeabilité k≥0

« petit o » • uk = o vk

+∞
k ≥ 0 à partir d’un certain rang
• vX vk diverge
X

• uk diverge k≥0
k≥0

• uk ≤ vk à partir d’un certain rang


• uk ≥ 0 à partir d’un certain rang
uk converge
X
vk converge
X
• k≥0
k≥0
Inégalité
• uk ≤ vk à partir d’un certain rang
• uk ≥ 0 à partir d’un certain rang
vk diverge
X
uk diverge
X
• k≥0
k≥0

Exercice. Étudier la nature des séries suivantes :


1
 
• tan .
X

n≥1
n

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1
• .
X

n≥2
n2 ln(n)

X ln(n)
• .
n≥2
n2

3.5 Séries absolument convergentes


Définition.
On dit qu’une série un est absolument convergente si la série à termes positifs |un | converge.
P P

Remarque. Grâce à cette notion, on se ramène à l’étude d’une série à termes positifs pour laquelle
on peut appliquer tous les résultats de la section précédente.

Exemples.

• xn , nxn , n(n − 1)xn sont absolument convergentes pour |x| < 1.


X X X

P xn
• est absolument convergente pour tout x ∈ R.
n!

Propriété 14 (Condition suffisante de convergence)

Si la série un converge absolument, alors elle converge. De plus on a :


P

+∞ +∞
X
(inégalité triangulaire généralisée).
X
un ≤ |un |



n=0 n=0

Preuve.

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X (−1)n
Exemple. La série est absolument convergente, donc convergente.
n≥1
n2

Mise en garde.
Il existe des séries convergentes ( un converge) qui ne sont pas absolument convergentes
X

X (−1)n−1
( |un | diverge). Nous verrons par exemple en TD que la série harmonique alternée
X

n≥1
n
est convergente, mais pas absolument convergente.

3.6 Plan d’étude d’une série


Considérons une série un à termes réels de signe quelconque. Pour montrer que un converge,
X X

on vérifie, dans l’ordre :


• si son terme général tend vers 0 : si ce n’est pas le cas, la série diverge grossièrement et
l’étude s’arrête là ;

• si son terme général est de signe constant à partir d’un certain rang :

– on le précise dès le début de l’étude (« C’est une série de terme général de signe constant
(à partir d’un certain rang) ») ;
– on applique les théorèmes de comparaison/domination/équivalence avec/par des séries de
références (géométrique, Riemann, exponentielle).

• si son terme général est de signe quelconque :

– on étudie la convergence absolue de la série ;


– si elle n’est pas absolument convergente, l’énoncé nous guidera sur une autre méthode,
éventuellement celle détaillée dans le
+ Complément de cours 1. Autour des séries alternées.

4 Séries doubles
4.1 Ensemble dénombrable infini
Définition.
On dit qu’un ensemble I est dénombrable infini lorsqu’il existe une bijection ϕ de N dans I
c’est-à-dire lorsque I est un ensemble infini dont on peut énumérer les éléments, sans omission ni
répétition.

15
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Exemples.
• N est dénombrable : on peut énumérer 0, 1, 2, 3, . . .
• Z est dénombrable : on peut énumérer 0, 1, −1, 2, −2, . . .

• N2 est dénombrable : on peut énumérer suivant les diagonales (0, 0), (1, 0), (0, 1), (2, 0), (1, 1), (0, 2), . . .

• R n’est pas dénombrable (difficile à montrer).

Remarque. On admet que les manipulations ensemblistes classiques (produits finis, réunions dénom-
brables) d’ensembles dénombrables fournissent encore des ensembles dénombrables. Par exemple
N3 = N × N × N est aussi dénombrable.

4.2 Séries indexées par un ensemble dénombrable infini


Définition.
Soit I un ensemble dénombrable, et soit (ui )i∈I une famille de réels indexés par I.
On dit que la famille (ui )i∈I est sommable s’il existe une bijection ϕ : N → I telle que
X
uϕ(n)
n≥0
converge absolument.

Propriété 15

+∞
Si la famille (ui )i∈I est sommable, alors la somme uϕ(n) est indépendante de l’indexation
X

n=0
ϕ. On appelle ce réel la somme de la famille (ui )i∈I et on la note simplement ui .
X

i∈I

Corollaire 16

Si un est absolument convergente, alors sa somme est indépendante de l’indexation


X

choisie. En d’autres termes, pour tout ϕ : N → N bijective, la série uϕ(n) est absol-
X

ument convergente, et on a :
+∞ +∞
un =
X X
uϕ(n) .
n=0 n=0

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Mise en garde.
Ce résultat est faux si la série ne converge pas absolument : l’ordre de sommation peut influer
X (−1)n
sur la nature de la série ou la valeur de sa somme. Prenons par exemple . Cette série
n
est convergente mais pas absolument convergente. Et on peut montrer que :

1 1 1 1 1 1 1 (−1)n−1
1− + − + − + − + ··· + −→ ln(2)
2 3 4 5 6 7 8 n n→+∞

alors qu’en arrangeant les termes d’une autre façon, on obtient :

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ln(2)
1− − + − − + + ··· + − − + −→ .
2 4 3 6 8 5 2n − 1 4n − 2 4n 2n + 1 n→+∞ 2

On peut même trouver une numérotation ϕ telle que uϕ(n) diverge.


X

Remarque. Les définitions de cette section sont peu utilisables en pratique (problème du choix de
ϕ qui peut mener à des calculs trop compliqués). Pour montrer qu’une famille indexée par N2 est
sommable, on utilisera l’un des théorèmes des sections suivantes (Fubini ou sommation suivant les
diagonales).

4.3 Théorème de Fubini


Théorème 17 (Théorème de Fubini (1879 - 1943))

Les assertions suivantes sont équivalentes :

(i) La famille (ui,j )(i,j)∈N2 est sommable.


 
+∞
(ii) Pour tout i ∈ N, la série |ui,j | converge et la série |ui,j | converge.
X X X

j≥0 i≥0 j=0

X +∞
!
(iii) Pour tout j ∈ N, la série |ui,j | converge et la série converge.
X X
|ui,j |
i≥0 j≥0 i=0

Dans ce cas, on a alors :


 
+∞ +∞ +∞ +∞
!
ui,j = ui,j  =
X X X X X
 ui,j ,
(i,j)∈N2 i=0 j=0 j=0 i=0

toutes les sommes intervenant dans cette égalité étant des sommes de séries convergentes.

Méthode.
Pour appliquer le théorème de Fubini à une série double (indexée par N2 ) :

• on montre selon les cas le point (ii) ou le point (iii).


On en déduit en particulier que la famille est sommable.

• On peut alors permuter les sommes infinies et calculer la somme de la série double.

17
ECS2 Lycée Louis Pergaud

(−1)i+j ij
Exercices. Pour tout (i, j) ∈ N2 , on définit ui,j = . Montrer que la famille (ui,j ) est
i!j!
sommable et calculer sa somme.

Propriété 18

Soit (ui )i∈NXet (vj )j∈N deux suites réelles.


Si les séries ui et vj convergent absolument alors la famille (ui vj )(i,j)∈N2 est sommable,
X

i≥0 j≥0
et on a : ! +∞ 
+∞
ui vj =
X X X
ui  vj  .
(i,j)∈N2 i=0 j=0

Preuve.

18
ECS2 Lycée Louis Pergaud

4.4 Sommation par paquets


Propriété 19 (Sommation par paquets)

Soit (In )n∈N une partition de N2 , c’est à dire une famille de sous-ensembles de N2 telle que :
+∞
In = N2 et In ∩ Im = ∅ si n 6= m.
[

n=0

Les assertions suivantes sont équivalentes :

(i) La famille (ui,j )(i,j)∈N2 est sommable.


 

(ii) Pour tout n ∈ N, la série |ui,j | converge et la série |ui,j | converge.


X X X

(i,j)∈In n≥0 (i,j)∈In

Dans ce cas, on a :  
+∞
ui,j =
X X X
 ui,j  .
(i,j)∈N2 n=0 (i,j)∈In

Cas particulier important. Sommation suivant les diagonales.

Pour tout n ∈ N, on pose :

In = {(i, j) ∈ N2 / i + j = n}
= {(i, n − i) / i ∈ J0, nK}

C’est un ensemble fini de cardinal n + 1.


Les (In ) forment bien une partition de N2 .

I0 I1 I2 I3

En appliquant le résultat précédent avec la partition (In ) de N2 suivant les diagonales, on obtient la

Propriété 20 (Sommation suivant les diagonales)


 

La famille (ui,j )(i,j)∈N2 est sommable si et seulement si la série |ui,j | converge,


X X

n≥0 i+j=n
et dans ce cas :  
+∞ +∞ n
!
ui,j = ui,j  =
X X X X X
 ui,n−i .
(i,j)∈N2 n=0 i+j=n n=0 i=0

19
ECS2 Lycée Louis Pergaud

Méthode.
On pensera à utiliser la sommation suivant les diagonales quand le terme général ui,j de la famille
fait intervenir la quantité i + j.

Exercice. Pour tout (i, j) ∈ N2 , on pose ui,j = (i+j)! .


1
Montrer que la famille (ui,j ) est sommable, et
calculer sa somme.

Remarques.

• On admettra que les théorèmes ou les techniques classiques concernant les séries s’étendent aux
familles indexées par N × N.

• On pourrait de la même façon traiter des familles indexées par N3 , N4 , · · ·

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