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2023/2024
Analyse 4
Semestre 3 – Département Mathématiques
Le présent cours vise à développer une expertise dans divers aspects de l’analyse ma-
thématique. Nous explorerons en profondeur les concepts suivants :
1 La maîtrise des différents types de convergences.
2 La manipulation des sommations des relations de comparaison, incluant les restes et les
sommes partielles des séries numériques positives convergentes et divergentes.
3 L’étude approfondie de la continuité, de la dérivabilité, ainsi que d’autres propriétés, au
sein de sommes de séries de fonctions et de limites de suites de fonctions.
4 Le développement des notions d’approximation de fonctions, y compris la majoration du
reste et l’approximation par les polynômes trigonométriques.
5 La compétence dans le calcul précis et efficace de certaines sommes de séries en utilisant
des opérations sur les séries entières et les séries de Fourier, ainsi que l’approximation de
certains nombres tels que π.
6 La capacité à exprimer rigoureusement certaines fonctions usuelles en termes de séries
entières, notamment les fonctions circulaires.
7 L’extension de certaines fonctions usuelles réelles aux cas complexes, y compris toutes
les fonctions développables en séries entières, ainsi qu’au cas des espaces vectoriels de
dimension finie, comme l’exponentielle des matrices.
8 L’exploration de nouvelles fonctions mathématiques passionnantes, telles que la fonction
zêta de Riemann.
9 La compétence à résoudre des problèmes de synthèse qui font appel aux séries, aux
intégrales et aux équations différentielles.
Pour suivre ce cours avec succès, les prérequis nécessaires sont les cours de
• Analyse 1,
• Analyse 2,
• et Analyse 3.
2
Table des matières
3
Chapitre 1
Séries numériques
Une suite numérique est une application u de l’ensemble N ou une partie I de N dans K (K = R ou
C),
u : I −→ K, n 7−→ u (n) ≡ un .
un est appelé terme général de la suite (un ).
Définitions 1.1
Exemple 1.1
Soit (un ) la suite réelle définie par
1
un = , ∀n ∈ N.
n
On a u0 = 1, u1 = 1, u2 = 12 , u3 = 16 , . . .. De plus, la suite (un ) est bornée et décroissante car
un+1 1
0 ≤ un ≤ 1, et = ≤ 1.
un n+1
4
CHAPITRE 1. SÉRIES NUMÉRIQUES 1.1. RAPPELS SUR LES SUITES NUMÉRIQUES
On dit qu’une suite (un ) est convergente et admet pour limite le nombre l ∈ R si
On dit aussi que un tend vers l quand n tend vers +∞ ou que (un ) converge vers l. On écrit
lim un = l ou un −→ l, n → ∞.
n→∞
Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente (ou diverge). Autrement dit, un converge si
lim un = l ∈ R
n→∞
et diverge si
lim un = ±∞ ou lim un n’existe pas.
n→∞ n→∞
Proposition 1.1
Exemple 1.2
• La suite
2n + 1
un = , n ∈ N,
n+1
converge vers 2 car
1
2+ n
lim un = 1 = 2.
n→∞ 1+ n
• La suite 2
n2 + 1
un = , n ∈ N∗ ,
n
tend vers +∞ car
n4 + 2n2 + 1 1
un = = n3 + 2n + +∞
→ +∞ + ∞ + 0 = +∞.
n n
Proposition 1.2
Soient (un ) et (vn ) deux suites convergentes ayant pour limites respectives l1 et l2 . Alors,
• la suite (αun ) , α ∈ R est convergente et a pour limite αl1 .
• la suite (un + vn ) est convergente et a pour limite l1 + l2 .
• la suite (un vn ) est convergente et a pour limite l1 l2 .
• la suite (|un |) est convergente et a pour limite |l1 |.
• si en plus l2 6= 0, alors la suite uvnn est convergente et a pour limite l2 .
l1
Proposition 1.3
Soient (un ), (vn ) et (wn ) trois suites convergentes.
• Si pour n assez grand, l’inégalité un ≤ vn ou un < vn , alors
lim un ≤ lim vn .
n→∞ n→∞
un ≤ wn ≤ vn pour n ≥ n0 .
Corollaire 1.1
Soit (un ) une suite convergente vers 0. Si la suite (vn ) vérifie la condition
|un | ≤ vn pour n ≥ n0 ,
Proposition 1.4
Soient (un ) et (vn ) deux suites vérifiant, à partir d’un certain rang, la condition : un ≥ vn .
• Si limn→∞ vn = +∞ alors limn→∞ un = +∞.
• Si limn→∞ un = −∞ alors limn→∞ vn = −∞.
Exemple 1.3
La suite
1 nπ
un = cos , n ∈ N∗ ,
n 2
converge vers 0 car
1
|un | ≤ → 0.
n +∞
On dit qu’une suite (un ) est stationnaire, s’il existe un entier n0 ∈ N tel que :
∀n ≥ n0 , un = un0 .
Exemple 1.4
La suite
(n + 1)!
un = cos 2 π ,
k
est une suite stationnaire car un = cos (2 (n + 1) · n · · · (k + 1) · (k − 1) · · · 2 · 1 · π) = 1.
Proposition 1.5
Toute suite stationnaire est convergente.
On dit qu’une suite (un ) est périodique„ s’il existe un entier p ∈ N∗ tel que :
∀n ≥ n0 , un+p = un .
La période de la suite (un ) est le plus petit de tous les entiers p ∈ N∗ possèdant cette propriété.
Exemple 1.5
On dit qu’une suite (vn ) est extraite (ou une sous-suite) d’une suite (un ) lorsqu’il existe une application
ϕ : N −→ N strictement croissante telle que :
∀n ∈ N, vn = uϕ(n) .
Proposition 1.6
• Si une suite (un ) converge vers l, alors toute suite extraite de (un ) converge vers l.
• Si une suite (un ) possède deux suites extraites uϕ1 (n) et uϕ2 (n) telles que :
Exemple 1.6
Deux suites (un ) et (vn ) sont dites adjacentes si (un ) est croissante, (vn ) est décroissante et si
limn→∞ (un − vn ) = 0.
Proposition 1.7
Si (un ) et (vn ) sont deux suites adjacentes, alors elles convergent et ont même limite. En outre, on a
u0 ≤ un ≤ un+1 ≤ vn+1 ≤ vn ≤ v0 , ∀n ∈ N.
Propriété 1.1
Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction. Supposons que I soit stable par f (c.-à-d., telle
que f (I) ⊂ I). Une suite récurrente est définie par la donnée de u0 ∈ I et la relation de récurrence :
un+1 = f (n) , ∀n ∈ N.
Le fait que f (I) ⊂ I assure que la suite (un ) est définie et que tous les termes de la suite en question
appartiennent donc à I.
Proposition 1.8
• Si la fonction f est continue sur l’intervalle fermé I et si la suite récurrente (un ) converge, alors
sa limite l ∈ I et vérifie l = f (l) (On dit que l est un point fixe de f ).
• Si f est croissante sur I, alors la suite récurrente (un ) est monotone. Elle est croissante si u1 −u0 ≥
0 et décroissante si u1 − u0 ≤ 0.
• Si f est décroissante sur I, alors les deux suites (u2n ) et (u2n+1 ) sont monotones et varient en
sens opposés.
Une suite (un ) est dite arithmétique s’il existe r ∈ R tel que :
∀n ∈ N, un+1 = un + r.
Propriété 1.2
Soit (un ) une suite arithmétique de raison r. Alors
−∞ si r < 0
∀n ∈ N, un = u0 + nr, lim un = +∞ si r > 0
n→∞
si r = 0
u0
n−1
X u0 + un−1 2u0 + (n − 1) r
uk = u0 + u1 + . . . + un−1 = n =n .
2 2
k=0
Une suite (un ) est dite géométrique s’il existe q ∈ R∗ tel que :
∀n ∈ N, un+1 = qun .
Propriété 1.3
si
0 |q| < 1
si
+∞ q>1
∀n ∈ N, un = u0 q n , lim un =
n→∞ n’existe pas
si q ≤ −1
si
u0 q=1
si q 6= 1
n
n−1
(
X
2 n−1
u0 1−q
1−q
uk = u0 1 + q + q + . . . + q = .
k=0
nu0 si q = 1
On dit que (un ) est négligeable devant (vn ) lorsque n tend vers ∞, et on note uu = +∞
o (vn ) s’il existe
une suite εn avec limn→∞ εn = 0, telle que :
un = εn vn ,
Exemple 1.7
La suite un = 1
n2 est négligeable devant vn = 1+n .
1
Exemple 1.8
La suite un = n sin (n) est dominée par vn = n.
Remarque:-
Si uu = o (vn ) alors uu = O (vn ).
+∞ +∞
On dit que (un ) est équivalente à (vn ) en ∞, et on note uu ∼ vn s’il existe une suite wn avec
+∞
Exemple 1.9
Les suites un = n2 − n et vn = n2 sont équivalentes.
Remarque:-
∼ vn ⇐⇒ uu − vn = +∞
uu +∞ o (vn ) .
Cette suite (Sn )n≥0 est appelée suite des sommes partielles associée à la suite (un )n≥0 .
1.2.1 Définitions
Définition 1.14
Soit (un )n≥0 une suite numérique. On appelle série numérique de terme général un , l’expression :
+∞
noté un ou
X X
u0 + u1 + . . . + un + . . . un .
n n=0
Remarque:-
1 Si (un )n≥0 est une suite numérique, alors on peut l’associer à sa suite de sommes partielles (Sn )n≥0
et inversement de la manière suivante :
u0 = S0 et un = Sn − Sn−1 .
• On dit que la série n un converge dans K si la suite de sommes partielles (Sn )n converge dans
P
K.
• Si S ∈ K P désigne la limite de la suite (Sn )n , on dit que S est la somme de la série n un et on
P
note S = n=0 un .
∞
• Si la suite de sommes partielles (Sn )n diverge dans K, on dit que la série n un diverge.
P
Remarque:-
La nature d’une série est inchangée lorsqu’on modifie ou l’on supprime un nombre fini de ses termes.
Définition 1.16
Étant donné une série numérique n un convergente, on appelle reste d’ordre N de la série et on note
P
RN la somme de la série n≥N +1 un :
P
+∞
X
RN = un .
n=N +1
Remarque:-
Si la série n un est convergente et a pour somme le nombre S, alors on a pour tout N ∈ N
P
+∞ N +∞
un = SN + RN et lim RN = 0.
X X X
S= un = un +
N →∞
n=0 n=0 n=N +1
si q 6= 1
n+1
n
(
X u0 1−q
1−q
Sn = un = .
k=0
(n + 1) u0 si q = 1
Alors
• Si |q| < 1, la suite (Sn )n converge vers u0 (1 − q) et donc .
−1 P∞ −1
n=0 un = u0 (1 − q)
• Si |q| ≥ 1, la suite (Sn )n diverge.
Exemple 1.11
Considérons la série n≥2 un de termes général un = n(n−1)
1
. En utilisant la décomposition en éléments
P
simples dans R (X), le terme général de la suite de sommes partielles (Sn )n est sous la forme
n n n−1 n
X X 1 1 X 1 X1 1
Sn = uk = − = − =1− .
k−1 k k k n
k=2 k=2 k=1 k=2
La suite de sommes partielles converge vers 1 et par conséquent la série un est convergente et a
P
n≥2
pour somme n=2 un = 1.
P+∞
k ∈ N∗ on a k1 = 0 tk−1 dt, alors le terme général de la suite des sommes partielles associée à la série
R 1
Or
n
1X 1 n
1 − (−t)
Z Z
k−1
(−t) dt = dt,
0 k=1 0 1+t
On en déduit que
1 n 1 1 n
1 − (−t)
Z Z Z
1 (−t)
Sn = − dt = − dt + dt
0 1+t 0 1+t 0 1+t
Z 1 n
(−t)
= − ln (2) + dt.
0 1+t
D’ou n
1 1 1
tn
Z Z Z
(−t) 1
|Sn + ln (2)| = dt ≤ . dt ≤ tn dt =
0 1+t 0 n+1 1+t 0
(−1)n
On conlut que la série harmonique alternée est convergente et sa somme vaut n=0
P+∞
n = − ln (2)
Exemple 1.13
Soit la série n≥1 un de termes général un = n! 1
. En utilisant la formule de Taylor-Lagrange appliquée
P
à l’ordre n à la fonction exponentielle entre 0 et 1, on a
n
X 1 1
∃cn ∈ ]0, 1[ e= + exp (cn ) .
k! (n + 1)!
k=0
Le terme général de la suite de sommes partielles (Sn )n associée à cette série vérifie donc :
n
X 1 1
Sn = =e− exp (cn ) .
k! (n + 1)!
k=1
Par
P le théorème d’encadrement, la suite de sommes
P+∞ 1 partielles converge vers e et par conséquent la série
n≥1 u n est convergente et a pour somme n=1 n! = e.
n
!
X
∀ε ∈ R∗+ ∃N ∈ N ∀ (m, n) ∈ N 2
n > m ≥ N =⇒ uk ≤ ε .
k=m+1
Démonstration : La série numérique n un est convergente si et seulement si la suite des sommes partielles
P
(Sn )n qui lui est associée converge. Puisqu’une suite numérique
P est convergente si et seulement s’elle est de
Cauchy (voir le cours d’Analyse 1). Ainsi, la série numérique n un est convergente si et seulement si la suite
(Sn )n est de Cauchy.
Exemple 1.14
La série, dite harmonique, n≥1 n1 est divergente car elle ne satisfait pas le critère de Cauchy. En
P
Alors, pour un ε = 1
4 on a montré
n
!
1
(n > m ≥ N ) et
X
2
∃ε > 0 ∀N ∈ N ∃ (m, n) ∈ N >ε
k
k=m+1
Proposition 1.9
Soient n un et n vn deux séries numériques telles que
P P
∃N ∈ N ∀n ∈ N (n ≥ N =⇒ vn = un ) ,
Proposition 1.10
Si une série numérique un est convergente alors la suite (un )n converge vers 0. La réciproque est
P
n
fausse en général.
Remarque:-
• Si limn→∞ un 6= 0 alors la série numérique un diverge et on dit que la série diverge grossièrement.
P
n
• Il se peut que limn→∞ un = 0 sans que la série n un soit convergente.
P
Exemple 1.15
• La série n sin (n) diverge grossièrement car la suite de terme général sin (n) diverge.
P
n n
X n+1 X
Sn = ln = (ln (n + 1) − ln (n)) = ln (n + 1)
n
k=1 k=1
Proposition 1.11
+∞
X +∞
X +∞
X
un = Re (un ) + Im (un ) .
n=0 n=0 n=0
Exemple 1.16
Les série n n1 et n −1
divergent. La série (un + vn ) est la série nulle qui converge et qui a pour
P P P
n n
somme 0.
Sn = u0 + u1 + . . . + un ,
Proposition 1.12
Une série n un à termes positifs est convergente si et seulement si la suite de sommes partielles
P
associée à cette série est majorée, i.e. que
n
X
∃M ∈ R+ ∀n ∈ N uk ≤ M.
k=0
Démonstration : On a
∀n ∈ N Sn+1 − Sn = un+1 ≥ 0,
alors la suite des sommes partielles
P(Sn )n est croissante. Or puisque qu’elle est majorée alors elle est conver-
gente et par conséquent la série n un l’est aussi. Inversement, par contraposition, si la suite de sommes
partielles est non
P majorée alors elle diverge ( car elle est croissante (voir le cours d’Analyse 1)) et tend vers
+∞ et la série n un diverge.
Remarque:-
Toute série à termes positifs est soit elle converge et a pour somme un réel positif, soit elle diverge en ayant
une somme infinie.
Théorème 1.2
Soient (un )n et (vn )n deux suites à termes positifs telles que
∃N ∈ N
∀n ∈ N (n ≥ N =⇒ un ≤ vn ) .
n
X N
X −1 n
X N
X −1 n
X N
X −1
Sn = uk = uk + uk ≤ uk + vk ≤ uk + T.
k=0 k=0 k=N k=0 k=N k=0
La suite des sommes partielles (Sn )n est majorée. D’après la Proposition 1.12, la série un est convergente.
P
n
la deuxième assertion est la contraposition de la première.
Remarque:-
Si un est une série à termes positifs convergente alors limn→∞ un = 0 et donc
P
n
∃N ∈ N ∀n ≥ N 0 ≤ un ≤ 1.
Exemple 1.17
Considérons deux séries de termes généraux un = 1+sin (n)
2n+1 et vn = 2n .
1
On a
∀n ∈ N 0 < un ≤ vn .
Comme la série vn est une série géométrique de raison 12 , donc convergente. Alors la série
P P
n n un
est convergente.
Un autre critère de comparaison lié au premier, d’une grande utilité, est présenté par la proposition
suivante :
Proposition 1.13
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles à termes strictement positifs à partir d’un certain rang telles que
la suite de terme général un /vn admette pour limite l ∈ R+ ∪ {+∞}.
• Si l > 0 alors les deux séries n un et n vn sont de même nature.
P P
n vn .
P
— Si l = +∞ alors à partir P
d’un certain rang on aura un ≥ Avn (A est
P un réel strictement positif), et donc
la divergence de la série n vn entraîne la divergence de la série n un .
Corollaire 1.2
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles à termes strictement positifs telles que un +∞
∼ vn . Les deux séries
n un et n vn sont de même nature.
P P
1.13.
Exemple 1.18
Le Corollaire 1.2 est très util lorsque le terme général de la série des factorielles car la formule de
Stirling
√ n n
∼
n! +∞ 2πn
e
donne un équivalent à n! au voisinage de +∞. Déterminons alors la nature de la série n!/nn . Cette
P
n
série est à termes positifs et d’après la formule de Stirling on a
n! √ √
∼ 2π ne−n .
un =
n
n +∞
√
De plus, on peut montrer par récurrence que ne−n ≤ 1/2n . Comme la série n
est une série
P
P √ n 1/2
géométrique P
convergente, le Théorème 1.2 permet de conclure que la série n ne −n
converge aussi
et donc que n un converge.
Corollaire 1.3
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles à termes strictement positifs telles que un = o (vn ).
+∞
Exemple 1.19
• La série n≥2 1
converge car 1 1
et la série 1
converge.
P P
n2 ln(n) n2 ln(n) = o n2 n≥2 n2
+∞
• La série √ 1 diverge car 1 √ 1 et la série 1
diverge.
P P
n≥2 n ln(n) n = +∞
o n ln(n) n≥2 n
Proposition 1.14
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles à termes strictement positifs telles que un = +∞
O (vn ).
• Si la série n vn converge alors la série n un converge.
P P
a) Si un = +∞
O (vn ) alors Rn = +∞
O (ρn ).
b) Si un = o (vn ) alors Rn = o (ρn ).
+∞ +∞
c) Si un ∼ vn alors Rn ∼ ρn .
+∞ +∞
n n
et Tn =
X X
Sn = uk vk .
k=0 k=0
a) Si un = +∞
O (vn ) alors Sn = +∞
O (Tn ).
b) Si un = +∞
o (vn ) alors Sn = +∞
o (Tn ).
c) Si un +∞
∼ vn alors Sn +∞
∼ Tn .
Démonstration :
1 Cas des séries convergentes. On suppose que n vn est une série convergente
P
⇐⇒ Rn − ρn = +∞
o (ρn ) (selon )1.b)
⇐⇒ Rn +∞
∼ ρn
2 Cas des séries divergentes. On suppose que n vn est une série divergente
P
a) Si un = +∞
O (vn ) alors ils existent M ∈ R+ et N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , un ≤ M vn . Soit
n≥N
n
X N
X −1 n
X
uk ≤ uk + uk
k=0 k=0 k=N
n N −1
avec A = uk ne dépend pas de n
X X
≤A+M vk
k=N k=0
≤ A + M Tn
⇐⇒ Sn − Tn = +∞
o (T ) (selon 2.b)
⇐⇒ sn ∼ Tn
+∞
Remarque:-
Le Théorème 1.3 reste vrai si la série un est à valeurs complexes, il suffit de remplacer un par |un | dans
P
n
la démonstration.
1 Montrer que si (un )n est une suite convergente alors (vn )n est aussi convergente et converge vers
la même limite.
2 Montrer que si (un )n est une suite à termes positifs tendant vers +∞ alors (vn ) l’est aussi.
Solution :
1 Si on pose limn→+∞ un = l alors un − l = o (1). Comme la série n 1 est divergente alors, d’après le
P
+∞
Théorème 1.3, k=0 (uk − l) = o ( k=0 1). Cequi implique k=0 uk − (n + 1) l = o (n + 1). On en
Pn Pn Pn
+∞ +∞
déduit que vn − l = +∞
o (1) ou encore limn→+∞ vn = l
Démonstration : Vue que la fonction f est décroissante sur [n0 , +∞[, on a pour tout t ∈ [k, k + 1] (où
k ∈ N, k ≥ n0 ) f (k + 1) ≤ f (t) ≤ f (k). Alors
Z k+1
f (k + 1) ≤ f (t) dt ≤ f (k) .
k
Alors,
(⇒) Comme f est une fonction positive, la fonction définie par F : x ∈ [n0 , +∞[ 7→ n0 f (t) dt est croissante.
Rx
Si la série f (n) converge et a pour somme S alors, puisque f est positive, on a k=n0 f (k) ≤ S.
P PE(x)
n≥n0
L’application F est donc majorée et par conséquent l’intégrale généralisée n0 f (t) dt converge.
R +∞
Z +∞ Z x
I= f (t) dt = lim f (t) dt. (1.1)
n0 x→+∞ n0
Donc, le terme général de la suite de sommes partielles k=nP f (k) est une suite à termes positive et
PN
0
majorée par f (n0 ) + I, donc d’après le Théorème 1.2 la série n≥n0 f (n) est convergente.
• Interprétation graphique :
L’aire cumulée des pavés [k, k + 1]×[0, f (k)] pour k ≥ n0 est finie si et seulement si l’aire sous la représentation
graphique de la fonction f sur l’intervalle [n0 , +∞[ est finie.
Exemple 1.20
La fonction f : x ∈ ]1, +∞] 7→ 1
x ln(x)est positive, décroissante et elle admet pour primitive x 7→
ln (ln (x)). On a l’intégrale généralisée 2 x ln(x) diverge car
R +∞ dx
Z x
dt
= ln (ln (x)) − ln (ln (2)) et lim ln (ln (x)) = +∞.
2 t ln (t) x→+∞
Remarque:-
Bien que la série n≥n0 f (n) et l’intégrale généralisée n0 f (t) dt soient de même nature, si elles
P R +∞
convergent, la somme de la série est en général différente de la valeur de l’intégrale généralisé. Ainsi,
l’application f : x ∈ [1, +∞[ 7→ 1/x2 est positive et décroissante. Pour tout réel x ≥ 1 on a
Z x x
1 1 1
2
dt = − =1− .
1 t t 1 x
La proposition suivante fournit un autre critère d’usage moins fréquent que ceux donnés précédemment.
Proposition 1.16
Soient n un et n vn deux séries à termes strictement positifs à partir d’un cartain rang N , et telles
P P
que
un+1 vn+1
∀n ≥ N, ≤ .
un vn
1. Si n vn converge, alors la série n un converge aussi.
P P
Comme f est une fonction positiveP et décroissante et l’intégrale généralisée converge, alors
R +∞ 1
1 tα dt
d’après la Proposition 1.15 la série n≥1 1/nα converge.
Proposition 1.18
Soit n un une série à termes positifs.
P
• S’il existe un réel α ∈ ]1, +∞[ tel que la suite (nα un )n converge vers 0 alors la série
P
n un
converge.
• S’il existe un réel α ∈ ]−∞, 1] tel que la suite (nα un )n tend vers +∞ alors la série n un diverge.
P
Démonstration : On a
Exemple 1.21
Considérons la série de terme général un = (ln (n)) . On a pour tout n ∈ N∗
−n
n2
n2 un = n = exp (2 ln (n) − n ln (ln (n)))
(ln (n))
On a 2 ln (n) = o (n ln (ln (n))) puisque ln (n) = o (n). Alors, 2 ln (n) − n ln (ln (n)) ∼
+∞ +∞ +∞
1.4.1 Généralités
Définition 1.19
La série numérique n un est dite absolument convergente si la série n |un | est une série convergente.
P P
Remarque:-
• Étant donné que la convergence absolue implique des séries avec des termes positifs, tous les résultats
de la section 1.3 peuvent être utilisés pour montrer qu’une série converge absolument.
• Si n uP n et n vn sont deux séries absolument convergentes à termes dans K (où K = R ou C), alors
P P
la série n (un + vn ) est absolument convergente car on a pour tout n ∈ N |un + vn | ≤ |un | + |vn |.
Proposition 1.20
Toute série numérique absolument convergente est une série convergente.
Démonstration : Si la série numérique n un est absolument convergente, alors la série n |un | est conver-
P P
gente et vérifie le critère de Cauchy du Théorème 1.1 :
n
!
X
∗ 2
∀ε ∈ R+ ∃N ∈ N ∀ (m, n) ∈ N n > m ≥ N =⇒ |uk | ≤ ε .
k=m+1
Ce qui signifie que la série numérique un satisfait le critère de Cauchy. Elle est donc convergente.
P
n
Remarque:-
• Puisque limn→∞ un = 0 ⇔ limn→∞ P|un | = 0, alors la divergence grossière de la série |un | entraine
P
n
la divergence grossière de la série n un .
• La réciproque de la Proposition 1.20 est fausse en général. Il suffit de prendre la suite de termes
n n
général un = (−1) . On a la série n≥1 (−1) converge vers (− ln (2) voir l’Exemple 1.12) mais la
P
n n
série n≥1 n1 diverge.
P
• Si une série numérique n un est absolument convergente, cela signifie que la série n P |un | converge
P P
également. Cependant, il n’y a pas de relation directe entre la somme S de la série n |un | et la
somme T de la série n un . En d’autres termes, on ne peut pas affirmer que |T | = S (voir l’Exemple
P
1.22).Mais il est possible de montrer que |T | ≤ S.
Exemple 1.22
(−1)n
La série de terme général un = n! est une série absolument convergente car |un | = 1
n! et on a
+∞ +∞ n
1 (−1) 1
= e mais (voir la série d’exercices).
X X
=
n=0
n! n=0
n! e
• On suppose que la suite (vn )n converge vers une limite l ∈ [0, 1[. Soit ε = 12 (1 − l) > 0. Comme (vn )n
converge vers l, on a
p
∃N ∈ N ∀n ∈ N n ≥ N =⇒ n |un | − l ≤ ε .
Remarque:-
Si la suite de terme général n |un | converge vers 1 ou P si cette suite n’a pas de limite, on ne peut pas
p
conclure à la convergence ou à la divergence de la série n un . Par exemple, pour les séries de Riemann
−α
(α on a
P
n≥1 n ∈ R)
p √ α
α
|un | = n−α = n− n = exp − ln (n)
n n
n
et pour tout réel α, cette quantité tend vers 1 quand n tend vers l’infini. Or, on sait que si α > 1 la série
converge et que si a α ≤ 1 elle diverge.
Exemple 1.23
n1
et
p
n
|un | = exp −n2 = exp (−n) lim exp (−n) = 0 < 1.
n→∞
12 12
1 4 1 4 1
et
p
n
|un | = + 2 lim + 2 = < 1.
4 n n→∞ 4 n 2
un+1
l = lim (l ∈ R+ ∪ {+∞}) .
n→+∞ un
où K = . Comme
(1 + l) < 1, la série géométrique n 12 (1 + l) converge. Ce qui implique
|uN | 1
P n
N
1 2
2 (1+l)
par le critère de comparaison que la série n un est absolument convergente.
P
• On suppose maintenant que la suite (vn )n converge vers une limite l > 1. On prend ε = 12 (l − 1).
En utilisant de la même manière la définition de la limite, on aura pour tout n ≥ N avec N ∈ N,
un . Comme 2 (1 + l) > 1, la suite de terme général |un | est strictement croissante
1 un+1 1
2 (1 + l) = l − ε ≤
à partir P
d’un certain rang N . Puisqu’elle est à termes positifs, elle ne tend pas vers 0. Cela signifie que
la série n |un | diverge grossièrement et donc la série n un diverge aussi grossièrement.
P
Remarque:-
Si la suite de terme général |un+1 /un | converge vers 1 ouPsi cette suite n’a pas de limite, on ne peut pas
conclure à la convergence ou à la divergence de la série n un . Par exemple, pour les séries de Riemann
−α
(α ∈ R) on a
P
n≥1 n
−α −α
un+1 (n + 1) 1
= = 1 +
un n−α n
et pour tout α ∈ R, cette quantité tend vers 1 quand n tend vers l’infini. Or, on sait que si α > 1 alors la
série converge et que si α ≤ 1 alors elle diverge.
Exemple 1.24
• Pour tout z ∈ C∗ fixé, la série numérique n un de terme général un = z n /n! converge absolu-
P
ment car
un+1 |z|
=
un n+1
tend vers 0 quand n tend vers +∞. (Pour z = 0, on a la série nulle.)
• Considérons la série n un de terme général un = n/an où a désigne un réel non nul fixé. Pour
P
tout n ∈ N∗ , on a
un+1 1 n+1 un+1 1
= d’où lim = .
un |a| n n→+∞ un |a|
Le théorème de D’Alembert indique que la série n un converge absolument si |a| > 1 et diverge
P
si |a| < 1. On peut ajouter que dans le cas où |a| = 1 elle diverge grossièrement.
Proposition 1.23
Soit (un )n une suite numérique dont les termes sont tous non nuls à partir d’un certain rang. On
psuppose
que la suite de terme général |un+1 /un | admet une limite l ∈ R+ ∪ {+∞}, alors la suite n
|un |
n
admet la même limite l.
Exemple 1.25
Soit la série de terme général un = n(−1) /2n . Pour tout n ∈ N∗ , on a
n
(−1)n+1
si n est pair
(
1
un+1 1 (n + 1) 2n(n+1)
= = .
2 n (n + 1) si n est impair
n
un 2 n(−1) 1
La suite de terme général |un+1 /un | n’a pas de limite. La règle de D’Alembert ne s’aplique donc pas
à cette série. Par contre, on a pour tout n ∈ N∗
( √
√ 1 n
n si n est pair
n
un = 21 p .
2
n
1/n si n est impair
√ √
Comme limn→∞ n n = 1 et limn→∞ n 1/n = 1, P la suite de terme général n un converge vers 1/2. La
p
Soient n un etP n vn deux séries numériques. On appelle produit (de Cauchy) des séries n un et
P P P
, la série dont le terme général est :
P
v
n n w
n n
n
X
wn = uk vn−k .
k=0
Remarque:-
Le produit de Cauchy de deux séries convergentes n’est pas nécessairement une série convergente comme
le prouve l’exemple suivant.
Exemple 1.26
n √
OnP
a la série de terme général un = (−1) / n est convergente. Déterminons la série n wn produit
P
de n≥1 un par elle-même. On pose u0 = 0 de sorte que pour tout n ∈ N∗ :
n n−1
X n
X 1
wn = uk un−k = (−1) p .
k=0 k=1
k (n − k)
Pour 1 ≤ k ≤ n − 1 on a Sn = k=1 pk(n−k) ≥ 1. Alors la suite (Sn )n ne converge pas vers 0 et par
Pn−1 1
Proposition 1.24
Si Pn un et Pn vn sont deux séries numériques absolument convergentes alors la série n wn produit
P P P
de n un et n vn est absolument convergente. De plus,
+∞ +∞
! +∞
!
X X X
wn = un · vn .
n=0 n=0 n=0
Exemple 1.27
• La série n 1/n! est une série absolument convergente dont la somme est e. Le produit de cette
P
série avec elle-même a pour terme général :
n n
X 1 1 X k 2n
wn = = Cn = .
k! (n − k)! n! n!
k=0 k=0
Une série est dite semi-convergente si elle est convergente sans être absolument convergente.
Exemple 1.28
La série harmonique alternée n≥1 (−1) /n est une série qui est semi-convergente. Elle converge et sa
P n
somme vaut − ln (2) mais elle ne converge pas absolument car |(−1) /n| = 1/n et la série harmonique
n
On appelle série alternée une série numérique dont le terme général est de la forme (−1) αn ou
n
Remarque:-
• Si la suite (αn )n ne tend pas vers 0, les séries alternées n (−1) αn et n (−1) αn divergent
P n P n+1
grossièrement.
• On a n (−1) αn = − n (−1) αn ; d’après la Proposition 1.11 les deux séries n (−1) αn et
P n+1 P n P n
αn sont de même nature (et dans le cas où elles convergent leur somme P est opposée).
P n+1
n (−1)
Dans la suite de cette étude, nous nous restreindrons à l’analyse des propriétés de la série n (−1) αn
n
Exemple 1.29
q
La série n≥1 un de terme général un = 1 − 1 + (−1)n
est une série alternée. Pour tout k ∈ N∗ , on a
P
n
r r
1 2k + 1
u2k = 1 − 1+ =1− < 0,
2k 2k
r r
1 2k
u2k+1 =1− 1− =1− > 0.
2k + 1 2k + 1
On a donc q
n+1 − 1 si n est pair
αn où αn =
n+1 n
un = (−1) q
1 − n−1 si n est impair
n
q
autrement dit, un = (−1) αn avec αn = (−1) 1+ n −1 .
(−1)n
n+1 n
S2n+1 ≤ S ≤ S2n
Démonstration : Considérons la suite (Sn )n des sommes partielles associée à la série alternée n un de
P
terme général un = (−1) αn où αn est une suite de réels positifs, décroissante et convergeant vers 0. Soient
n
On a pour tout n ∈ N
2n+2
X 2n
X
An+1 − An = S2n+2 − S2n = uk − uk
k=0 k=0
2n+2 2n+1
= (−1) α2n+2 + (−1) α2n+1 = α2n+2 − α2n+1 ≤ 0
car (αn )n est décroissante de réels positifs. ce qui implique que (An )n est décroissante. De même on peut
montrer que
Bn+1 − Bn = S2n+3 − S2n+1 α2n+2 − α2n+3 ≥ 0.
Ce qui montre que (Bn )n est croissante. De plus, on a
On en déduite que les deux suites (An )n et (Bn )n sont adjacentes. Elles convergent donc et ont même limite.
Leur limite commune S vérifie
∀n ∈ N Bn = S2n+1 ≤ S ≤ An = S2n .
Cela veut dire que la suite (Sn )n est aussi convergente et donc la série alternée (−1) αn converge et a
P n
n
pour somme le réel S.
Exemple 1.30
n √
La série √ n (−1) / n est une série alternée convergente. En effet, la suite (αn )n de terme général
P
αn = 1/ n est une suite à termes positifs, tendant vers 0 et strictement décroissante puisque pour
tout entier n ≥ 1,
1 1 1
αn+1 − αn = √ − √ = −√ √ √ √ < 0.
n+1 n n+1 n n+1+ n
Remarque:-
Si la série n αn converge il est donc inutile et fortement déconseillé d’utiliser le critère spécial pour les
P
séries alternées.
n
X n
X n
X n
X
R (m, n) = vk = αk (Sk − Sk−1 ) = αk Sk − αk Sk−1
k=m+1 k=m+1 k=m+1 k=m+1
n
X n−1
X n−1
X
= αk Sk − αk+1 Sk = αn Sn − αm+1 Sm + (αk − αk+1 ) Sk .
k=m+1 k=m k=m+1
Si M = 0 on a le résultat. On suppose que M > 0. Comme la suite (αn ) est une suite à termes positives
tendant vers 0, on a pour εe = 2M
ε
ε
∃N ∈ N ∀m ∈ N m ≥ N =⇒ αn ≤ ,
2M
Ce qui permet de conclure que pour tout m, n ∈ N tels que n > m ≥ N , on a |R (m, n)| ≤ 2M αm+1 ≤ ε. La
série de terme général vn = αn un vérifie bien le critère de Cauchy, donc elle converge.
On appelle série trigonométrique toute série dont le terme général est de la forme αn eint où (αn )n est
une suite réelle et t un réel.
Exemple 1.31
Considérons les séries n≥1 cos(nt)
nα ,
sin(nt)
et eint
pour α ∈ R.
P P P
n≥1 nα n≥1 nα
• Si α ∈ ]−∞, 0] et t 6= kπ, k ∈ Z :
— On a
eint 1
= α
nα n
ne tend pas vers 0. Donc, la série eint
diverge (même grossièrement).
P
n≥1 nα
— Si on suppose que limn→∞ cos(nt)
nα tend vers 0, alors limn→∞ cos (nt) = 0. On a
cos [(n + 1) t] = cos (nt) cos (t) − sin (nt) sin (t)
tend aussi vers 0. Et Comme t 6= kπ, alors sin (nt) tend vers 0, ce qui est contradictoire avec
cos2 (nt) + sin2 (nt) = 1. On en déduit que les série n≥1 cos(nt) et n≥1 sin(nt) sont aussi
P P
nα nα
(grossièrement) divergentes.
• Si α ∈ ]0, 1] et t 6= 2kπ, k ∈ Z :
— On a la suite 1
est décroissante et limn→∞ 1
nα nα = 0.
— Et on a
n
X 1 − eint 2 1
eikt = ≤ =
sin 2t
1 − eit |1 − eit |
k=1
et
n n
1 1
et
X X
cos (kt) ≤ sin (kt) ≤
sin 2t sin 2t
k=1 k=1
Théorème 1.6
Si (αn )n est une suite réelle à termes positifs, décroissante et convergeant vers 0, alors pour tout
t ∈ R\2πZ la série trigonométrique αn eint est convergente.
Démonstration : On utilise la règle d’Abel. La suite (αn )n étant par hypothèse une suite à termes positifs,
décroissante et convergeant vers 0, il faut montrer que pour tout t ∈ R\2πZ la suite de terme général
un = exp (int) vérifie :
Xn
∃M ∈ R+ ∀n ∈ N uk ≤ M.
k=0
La suite (un )n est une suite géométrique de raison q = exp (it). Pour tout t ∈ R\2πZ on a q 6= 1 et par
conséquent
n p √
X 1 − exp (i (n + 1) t) 1 − cos ((n + 1) t) 2
uk = = p ≤p .
1 − exp (it) 1 − cos (t) 1 − cos (t)
k=0
√
Donc il suffit de prendre M = p 2
1−cos(t)
.
Exemple 1.32
Considérons la série n un de terme général un = sin(n) . Pour tout n ∈ N∗ , on a un = Im (αn exp (in))
P
√
√ n
où αn = 1/ n. La suite (αn )n est une suite réelle à termes
P positifs, décroissante et convergeant vers
0 et t = 1 ∈
/ 2πZ. Le Théorème 1.6 indique que la série n αn exp (in) converge. On en déduit que la
série n sin(n) converge aussi.
P
√
n
Exemple 1.33
Exemple 1.34
Considérons maintenant la série n≥1 un de terme général un = (−1) qui est une série convergente
P
√
n
(voir la série d’exercices). Si l’on permute l’ordre des termes de sorte d’avoir tous les termes
P+∞d’indice
pair puis tous les termes d’indice impair. La série ainsi construite est divergente car n=1 u2n =
et
P+∞ 1 P+∞ P+∞ −1
√
n=1 2n = +∞ u
n=1 2n−1 = √
n=1 2n−1 = −∞.
Démonstration : • Soient (Sn ) la suite de sommes partielles associée à la série un et (Tn ) celle
P
n
associée à la série n un . Pour tout n ∈ N, on a
P
n φ(n)
X X
Tn = vk = uk = Sφ(n) ;
k=0 k=0
la suite (Tn ) est donc une suite extraite de la suite (Sn ). Comme la série n un converge et admet pour
P
somme S, la suite de sommes partielles P (Sn ) converge vers S. Donc, la suite (Tn ) extraite de la suite
(Sn ) converge aussi vers S. La série n vn est donc convergente et de somme S.
• Supposons maintenant que la série n un est à termes positifs et que la série n vn converge et de somme
P P
T . Comme un ≥ 0 pour tout n ∈ N, les suites de sommes partielles (Sn ) et (Tn ) sont croissantes.On a
donc Tn ≤ T pour tout n ∈ N. Et puisque φ est une application de N dans N strictement croissante,
alors φ (n) ≥ n. Ce qui implique que
∀n ∈ N Sn ≤ Sφ(n) = Tn ≤ T.
Alors, la suite (Sn ) est une suite croissante et majorée, donc convergente. Comme la suite (Tn ) est une
suite extraite de la suite (Sn ) et la suite (Tn ) converge vers T , la suite (Sn ) converge aussi vers T .
Remarque:-
1 La Proposition 1.25 indique que si n un est une série convergente alors quel que soit
Ple regroupement
P
de termes qui est opéré, la série obtenue est convergente (et de même somme que n un ).
2 Une série obtenue par regroupement de termes peut converger alors que la série initiale divergeait ;
cela ne peut avoir lieu que pour des séries qui ne sont pas à termes positifs (ou plus généralement,
qui ne sont pas de signe constant à partir d’un certain rang).
Remarque:-
En changeant l’ordre des termes d’une série convergente qui n’est pas absolument convergente, on change
en général la valeur de la somme de cette série. Le cas de la série harmonique alternée est intéressante à ce
point : on peut montrer que quel que soit le réel que l’on se fixe, il existe un réarrangement de ses termes
pour lequel la somme de la série réarrangée est égal à ce réel.
+∞
X
|S − SN | = |RN | = un
n=N +1
où
P (SN ) est la suite des sommes partielles associée à la série n un et RN est le reste d’ordre N de la série
P
n un . Comme on peut le constater, une valeur approchée de la somme de la série, lorsque celle-ci n’est
pas explicitement calculable, est donnée par SN pour N assez grand. La détermination de la valeur de N à
prendre en considération pour obtenir une erreur inférieure à une valeur fixée au préalable nécessite d’être en
mesure d’estimer ou de majorer le reste d’ordre N de la série.
Proposition 1.27
Soient n0 ∈ N et f une application de [n0 , +∞[ dans R, positive etPdécroissante, telle que la série
n≥n0 f (n) converge. Pour N > n0 , le reste d’ordre N de la série n≥n0 f (n), qui est défini par
P
Z +∞ Z +∞
f (t) dt ≤ RN ≤ f (t) dt.
N +1 N
Remarque:-
Lorsqu’on approche la somme de la série n≥n0 f (n) par n=n0 f (n), la Proposition 1.27 nous dit qu’on
P PN
Exemple 1.35
Considérons la série ζ (3) = n≥1 n3 . L’application f : x ∈ [1, +∞[ 7→ x
1 −3
est une application
P
continue, positive et décroissante. On a
Z +∞ +∞
1 1 1 1
et
X
dt = 2 ≤ f (k) ≤ .
N t3 2N 2 2 (N + 1) 2N 2
k=N +1
La somme n=1 n13 approche par défaut ζ (3) à moins de 55.10−5 près puisque R30 ≤ 1800 . En utilisant
P30 1
|uk | ≤ r (il suffit de prendre ε = r − l dans la définition de la limite), i.e. |uk | ≤ rk . On en déduit que pour
p
k
tout n ≥ N on a :
+∞ +∞ +∞
rn+1
(?)
X X X
|Rn | = uk ≤ |uk | ≤ rk = .
1−r
k=n+1 k=n+1 k=n+1
Exemple 1.36
n2
Considérons la série de terme général un = sh n1 qui est convergente (voir la série d’exercices).
On a l = limn→∞ n |un | = 0 et pour tout p ∈ N avec p ≥ 2 on a p |up | ∈ ]0, 1[. Prenons r = p |up | où
p p p
k p
p
k 1 1
|uk | = sh ≤ sh = r.
k p
En utilisant Matlab, le reste à l’ordre 4 vaut environ 10−12 (R4 = 1.124210−12 ). La convergence de la
série est donc extrêmement rapide et S4 = 1.249 constitue une très bonne approximation de la somme
de la série.
Exemple 1.37
Considérons la série de terme général un = n!/nn qui est convergente(voir la série d’exercices). On
p
a l = limn→∞ |un+1 /un | = 0 et pour tout p ∈ N∗ on a |up+1 /up | = p+1p
∈ ]0, 1[. Prenons alors
p n
r = p+1 . Comme la suite de terme général |un+1 /un | = n+1
p n
est déroissante, on a pour tout
k ≥ p on a
k p
uk+1 k p
= ≤ = r.
uk k+1 p+1
La relation (??) permet de donner la majoration suivante du reste d’ordre p pour tout p ∈ N :
r p!
|Rp | ≤ |up | = p .
1−r (p + 1) − pp
En utilisant Matlab, on établit que pour que SN soit une valeur approchée de la somme de la série
avec une erreur inférieure à 10−6 , il faut choisir N ≥ 16. On trouve alors pour valeur approchée de la
somme de la série : S16 = 2.8798 avec R16 = 6.924810−7 .
|Rn | = |S − Sn | ≤ |Sn+1 − Sn |
car
— si n est pair on a Sn+1 ≤ S ≤ Sn donc 0 ≤ S − Sn+1 ≤ Sn − Sn+1 ;
— si n est impair on a Sn ≤ S ≤ Sn+1 donc Sn − Sn+1 ≤ S − Sn+1 ≤ 0.
Donc |Sn+1 − Sn | = (−1) αn+1 = αn+1 car (αn )n est une suite de réels positifs.
n+1
Exemple 1.38
n
La série n (−1)
2n+1 est une série alternée qui converge d’après le critère spécial pour les série alternées.
P
n
On peut obtenir une valeur approchée de sa somme S en calculant SN = n=0 (−1) 2n+1 . L’erreur commise
PN
|SN − S| est, d’après la Proposition 1.28, majorée par αN +1 = 2N1+3 . Ainsi, si l’on souhaite obtenir
une valeur approchée à 10−3 près, il suffit de prendre N ≥ 499 (ultérieurement, à l’aide des série de
n
Fourier, on montrera que n=0 (−1)2n+1 = 4 ).
P+∞ π