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Chapitre 4 : Familles sommables

Table des matières

1 Pathologie des séries semi-convergentes 1


2 Théorie des familles sommables 2
2.1 Dénition et propriétés élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Familles sommables de nombres positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Normale sommabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.4 Séries commutativement convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.5 Sommation par paquets et séries doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3 Exercices 8
4 Application aux bases hilbertiennes 10
4.1 Théorie des bases Hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.2 Applications aux séries de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.3 Exemples de bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

5 Conclusion 15
6 Annexe : Ce qu'il faut savoir sur les séries de Fourier 15
6.1 Dénitions et règles de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6.2 Décroissance des coecients de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
6.3 Convergence de la série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Référence : Lelong-Ferrand Arnaudiès VII.9

1 Pathologie des séries semi-convergentes

Proposition 1
P
P Soit (xn )n∈N une suite de nombres réels telle que la série xn converge et la série
|xn | diverge (série 'semi-convergente'). Alors
P∞ + P∞ −
1. n=0 xn = +∞ et n=0 xn = +∞,
P∞
2. pour tout y ∈ R, il existe une permutation φ:N→N telle que y= n=0 xφ(n) .

Preuve :
1. Par l'absurde, supposonsPque la série xn converge. Comme xn = x+ n − xnPet la série

P + P
xn
converge, alors la série x−
n converge. Or |xn | = x + + x− donc la série
n n |x n | converge :
contradiction.
n
2. La preuve est délicate à écrire dans Ple cas général, j'en donne les idées avec xn = (−1) n et y > 0.
On somme des termes > 0,PSp := pk=1 1
Pq2k 1 jusqu'à ce que S p 0 −1 6 y < Sp 0 . Puis on somme
des termes < 0 : Sp0 +q := pk=1 0 1
− jusqu'à ce que Sp0 +q0 < y 6 S p0 +q0 −1 . Puis
2k
Ppj=0 +p
2j+1
q
on remet des termes > 0, Sp0 +q0 +p := k=1 1
j=0 2j+1 jusqu'à ce que Sp0 +q0 +p1 −1 6 y <
1
0
P 0
2k −
Sp0 +q0 +p1 ...etc. 

1
Bref, la notion de série convergente dépend étroitement de la structure ordonnée de N. La notion
de famille sommable va permettre une convergence commutative.

2 Théorie des familles sommables

2.1 Dénition et propriétés élémentaires


Denition 1 Soit (E, k.k) un evn. Une famille (xα )α∈A de E est sommable s'il existe x∈E tel
que
X
∀ > 0, ∃A0 ∈ Pf (A) telle que ∀B ∈ Pf (A) , A0 ⊂ B ⇒ x − xα <  .


α∈B

Alors x est appelé somme de la famille (xα )α∈A et noté


P
α∈A xα .
Une famille (xα )α∈A de E est de Cauchy si

X
∀ > 0, ∃A0 ∈ Pf (A) telle que ∀B 0 ∈ Pf (A) , A0 ∩ B 0 = ∅ ⇒ xα <  .

0

α∈B

Remarque 1 Lorsque (xn )n∈N est une suite d'un evn E, il faut bien distinguer :
 la série
P Pk
xn , qui converge
P∞ lorsque la suite de ses sommes partielles ( n=0 xn )k∈N converge,
et dont la somme s'écrit n=0 xn ,
 de la famille (xn )n∈N qui est sommable lorsque la denition ci-dessus est vériée et dont la
P
somme s'écrit n∈N xn . Cette notation doit être réservée aux familles sommables ! Elle ne sug-
gère aucun ordre de sommation.

Proposition 2 Une famille de Cauchy (xα )α∈A


1. 'tend vers zéro' : ∀ > 0, ∃A0 ∈ Pf (A) kxα k <  , ∀α ∈ A \ A0 ,
tel que
P
2. a ses sommes partielles nies bornées : sup{k α∈B xα k; B ∈ Pf (A)} < ∞,
3. est à support dénombrable.

Preuve :
1. On applique la dénition de 'famille de Cauchy' avec B 0 = {α}.
2. Fixons  > 0 et A0 associé dans la dénition de 'famille de Cauchy'. Soit C := max{k xα k; B 0 ∈
P
α∈B 0
Pf (A0 )}. Pour tout B ∈ Pf (A), on a

X X X

xα 6 xα + xα
6 C + .



α∈B α∈B∩A0 α∈B\A0

3. On a A∗ := {α ∈ A; xα 6= 0} = ∪n∈N∗ Kn où Kn := α ∈ A; kxα k > n1 . Pour tout n ∈ N∗ , il




existe Bn ∈ Pf (A) telle que ∀B 0 ∈ Pf (A) , Bn ∩ B 0 = ∅ ⇒ α∈B xα < n1 . Alors, pour tout
P
n ∈ N∗ , Kn ⊂ Bn donc Kn est ni. Ainsi, A∗ est dénombrable. 

Proposition 3 1. Toute famille sommable d'un evn E est de Cauchy.

2. Si E est complet alors la réciproque est vraie.

3. Dans un Banach, une sous-famille d'une famille sommable est sommable.

2
Remarque 2 De 1. on déduit que toute famille sommable est à support dénombrable. Mais attention,
ce support peut changer d'une famille sommable à l'autre !
L'hypothèse de complétude dans 2. est indispensable. Considérons par exemple l'espace cc (N) des
k.k∞ , n'est pas complet. La famille xp := 21p ep p∈N est

suites à support ni, qui, muni de la norme
de Cauchy dans (cc (N), k.k∞ ), mais elle n'est pas sommable dans cc (N). Sinon, elle serait sommable
∞ ∞
P
dans l (N) et de même somme. Or, dans l (N), on a p∈N xp ∈
/ cc (N).

Preuve :
1. Soit E un evn, (xα )α∈A une famille sommable de E , de somme x, et  > 0. Alors


X
∃A0 ∈ Pf (A) telle que ∀B ∈ Pf (A) , A0 ⊂ B ⇒ x − xα < .

2
α∈B

Soit B 0 ∈ Pf (A) tel que B 0 ∩ A0 = ∅. Alors (inégalité triangulaire)



X X X
 

xα 6 xα − x + x − xα < + = .

2 2


α∈B 0

α∈A0 ∪B 0 α∈A0

2. Supposons E complet et (xα )α∈A une famille de Cauchy dans E :



X 1
∀n ∈ N∗ , ∃Bn ∈ Pf (A) telle que ∀B 0 ∈ Pf (A) , Bn ∩ B 0 = ∅ ⇒ xα < .

0
n
α∈B

Si son support A∗ est ni alors la famille est sommable. Supposons donc que A∗ est inni. Soit
k ∈ N 7→ αk ∈ A∗ une bijection de N sur A∗ . Pour n ∈ N, on note m(n) le plus grand entier k
tel que xαk ∈ Bn . Alors 0
p
X 1 0
(1)

< n , ∀p > p > m(n) ,
x αk


k=p

car {αp , ..., αp0 } ∩ Bn = ∅ par dénition de m(n). Ceci montre que la suite (P nk=0 xαk )n∈N est
P
de Cauchy dans E . Comme E est complet, cette suite converge vers x := ∞ k=0 xαk . Faisons
[p0 → ∞] dans (1) : on obtient
p−1

X 1
x − xαk < , ∀p > m(n) .

n
k=0

Montrons que (xα )α∈A est sommable de somme x. Soit  > 0 et n ∈ N∗ tel que n2 < . Soit
B ∈ Pf (A) contenant α0 , ..., αm(n) . Alors
m(n)

X X

X

1 1 2
x − xα 6 x − x αk + xα < + = < .

α∈[A∗ ∩B]\Bn n n n

α∈B k=0

Ceci montre que (xα )α∈A est sommable, de somme x.


3. On utilise le critère de Cauchy.

3
2.2 Familles sommables de nombres positifs
Proposition 4 Soit (xα )α∈A une famille de nombres réels positifs. Il y a équivalence entre

1. (xα )α∈A est sommable,


P
2. sup{ α∈B xα ; B ∈ Pf (A)} < ∞.

Conséquence : Pour une suite (xn )n∈N de réels positifs, la série xn converge ssi la famille
P
(xn )n∈N est sommable.

Preuve de la proposition :
1 ⇒ 2 : Une famille sommable est de Cauchy (Proposition 2) donc ses sommes nies sont majorées
(Proposition 3).
2 ⇒ 1 : Supposons C := sup{ α∈B xα ; B ∈ Pf (A)} < ∞. Soit  > 0. Par dénition du sup, il
P
existe A0 ∈ Pf (A) telle que X
C −< xα 6 C .
α∈A0

Alors, pour tout B ∈ Pf (A) contenant A0 , on a


X X
C −< xα 6 xα 6 C .
α∈A0 α∈B

Ceci montre que (xα )α∈A est sommable, de somme C . 

2.3 Normale sommabilité


Denition 2 Soit E un evn. Une famille (xα )α∈A de E est normalement sommable si
X
kxα k < ∞ .
α∈A

Proposition 5 Soit E un R-ev de dimension nie et (xα )α∈A une famille de E . Il y a équivalence
entre :

1. (xα )α∈A est sommable,


P
2. sup{k α∈B xα k; B ∈ Pf (A)} < ∞,
3. (xα )α∈A est normalement sommable.

Ce résultat est spectaculaire, quand on le compare à son homologue pour les séries : il existe beau-
coup de séries convergentes, qui ne sont pas absolument convergentes (cf : critère des séries alternées,
critère d'Abel...). L'hypothèse de R-ev de dimension nie est fondamentale pour 2 ⇒ 3.

Contre-exemple en dimension innie : 1


est normalement sommable dans cc (N), mais

2p ep p∈N
pas sommable dans cc (N).

Exercice : Exhiber une famille sommable, qui n'est pas normalement sommable, dans un R-evn de
dimension innie (voir séries de Fourier)

Preuve : 1 ⇒ 2 est vraie dans un evn, même de dimension innie. En eet, une famille sommable
est de Cauchy (Proposition 2) donc ses sommes nies sont majorées (Proposition 3).
3 ⇒ 1 se démontre en passant par le critère de Cauchy, car un ev de dimension nie est complet.
2 ⇒ 3 : On peut supposer que E = RN et kxk = Nj=1 |xj | (équivalence des normes).
P

4
Supposons M := sup{k α∈B xα k; B ∈ Pf (A)} < ∞. Alors | α∈B xjα | 6 M pour tout B ∈
P P
j
Pf (A) et j ∈ {1, ..., N }. Soit B ∈ Pf (A) et B± := {α ∈ B; ±xjα > 0}. Alors, pour tout j ∈ {1, ..., N },
on a X X X X
|xjα | = xjα − xjα 6 2M donc kxα k 6 2M N .
α∈B j j α∈B
α∈B+ α∈B−

Ainsi, (kxα k)α∈A est une famille de réels positifs, ses sommes partielles nies sont majorée donc cette
famille est sommable. 

2.4 Séries commutativement convergentes


Théorème 1 Soit (E, k.k) un Banach et (xn )n∈N une suite de E. Il y a équivalence entre

1. (xn )n∈N est une famille sommable,


série
P
2. pour toute application φ:N→N bijective, la xφ(n) converge dans (E, k.k).
P P∞
Alors n∈N xn = n=0 xφ(n) pour toute application φ:N→N bijective.

Exemple : Lorsque µ est une mesure à valeurs complexes et (Ak )k∈N une suite d'ensembles mesu-
rables 2 à 2 disjoints, alors la famille (µ(Ak ))k∈N est sommable.

On en déduit le corollaire suivant, qui est au programme !

Corollaire 1 Soit E un R-ev de dimension nie et (xn )n∈N une suite de E. Il y a équivalence
entre

série
P
1. la kxn k converge,

série
P
2. pour toute application φ:N→N bijective, la xφ(n) converge.

Lorsque vous appliquez Fubini, vous utilisez 1 ⇒ 2. Notez bien qu'il y a équivalence : 2 ⇒ 1 !
Preuve du Théorème 1 [Hirsh-Lacombe, exo 2.ii page 113] :
1 ⇒ 2 : Supposons que (xn )n∈N est une famille sommable et notons x := n∈N xn . Soit
P
φ : N → N bijective et  > 0. On cherche N∗ ∈ N tel que,
N

X
x − xφ(n) <  , ∀N > N∗ .


n=0

Par hypothèse, il existe A0 ∈ Pf (A) telle que, ∀B ∈ Pf (A), A0 ⊂ B ⇒ kx − xn k < . Soit


P
n∈B
N∗ := max{n; φ(n) ∈ A0 } et N > N∗ . Alors
N

X X

x − xφ(n) = x − <



n=0 α∈φ([0,N ])

car φ([0, N ]) est une partie nie de N contenant A0 .

2 ⇒ 1 : On suppose que pour toute application φ : N → N bijective, la série xφ(n) converge.


P
Par l'absurde, supposons que (xn )n∈N n'est pas une famille sommable. Comme E est complet alors
(xn )n∈N n'est pas une famille de Cauchy :

X
∃ > 0 tel que ∀A0 ∈ Pf (N) , ∃B ∈ Pf (N) telle que A0 ∩ B = ∅ et xn >  .


n∈B

5
On peut alors construire, par récurrence, une suite (Ck )k∈N∗ de parties
P nies de N, telles que Ck <
Ck+1 pour tout k ∈ N (cad a ∈ Ck et b ∈ Ck+1 implique a < b) et n∈Ck xn >  pour tout k ∈ N∗ .

Soit N0 := −1 et Nk := max(Ck ) pour tout k ∈ N∗ . On construit φ : N → N bijective de la façon


suivante (faire une dessin)
 φ : [Nk + 1, Nk+1 ] → [Nk + 1, Nk+1 ] est bijective,
 φ est croissante sur [Nk + 1, Nk + Card(Ck + 1)] et son image est Ck ,
 φ est croissante sur [Nk + Card(Ck + 1) + 1, Nk+1 ] et son image est [Nk + 1, Nk+1 ] \ Ck .
Alors, pour tout k ∈ N∗ ,
Nk +Card(Ck +1)


X X

x φ(n)
=

x α
> ,

n=Nk +1 α∈Ck
donc la série xφ(n) n'est pas de Cauchy : contradiction. 
P

2.5 Sommation par paquets et séries doubles


Théorème 2
P
Soit E un Banach, (xP
α )α∈A une famille sommable de E , x := α∈A xα , A = ∪k∈Λ Ak
une
P partition (qlq) de A et sk := x
α∈Ak α , ∀k ∈ Λ . Alors (s )
k k∈Λ est une famille sommable et

k∈Λ sk = x.

Remarque 3 Pour tout k ∈ Λ, (xα )α∈Ak est sommable comme sous famille d'une famille sommable
dans un espace complet (Proposition 3).

Preuve : Soit  > 0. On cherche K0 ∈ Pf (Λ) telle que




X X X
c'est-à-dire

∀K ∈ Pf (Λ) , K0 ⊂ K ⇒ x − sk <  x − xα
< .


k∈K k∈K α∈Ak

Comme x = α∈A xα , il existe B0 ∈ Pf (A) telle que


P



X
∀B ∈ Pf (A) , B0 ⊂ B ⇒ x − xα < .

2
α∈B

Alors K0 := {k ∈ Λ; Ak ∩B0 6= ∅} est ni, car B0 est ni et les A


Pk sont 2 à 2 disjoints. Soit K ∈ Pf (Λ)
telle que K0 ⊂ K et n := Card(K). Pour tout k ∈ K , sk = α∈Ak xα donc il existe A0k ∈ Pf (Ak )
telle que

0
X 
∀Bk ∈ Pf (Ak ) , Ak ⊂ Bk ⇒ sk −

< 2n .
α∈Bk
On a
P P P P P P
x − k∈K α∈Ak xα 6 x − k∈K α∈A0 ∪[Ak ∩B0 ] xα + k∈K α∈Ak \(A0 ∪B0 ) xα

k k

6 2 + k∈K sk − α∈A0 ∪[Ak ∩B0 ]


P P
k

6 2 + n 2n = .

La 2e inégalité est justiée par le fait que ∪k∈K {A0k ∪ [Ak ∩ B0 ]} est une partie nie de A qui contient
B0 ; en eet B0 = ∪k∈K0 [B0 ∩ Ak ] et K0 ⊂ K . La dernière inégalité est justiée par le fait que
A0k ∪ [Ak ∩ B0 ] est une partie nie de Ak qui contient A0k . 

Lorsqu'on manipule une suite à double indices (xp,q )(p,q)∈N2 , et qu'on souhaite sommer ses termes,
il faut être vigilant au sens qu'on donne à la somme.

6
Denition 3
P
Soit (E, k.k) un evn et (xp,q )(p,q)∈N2 une famille de E . On dit que la série double xp,q
converge lorsque la famille (xp,q )(p,q)∈N2 est sommable.

Corollaire 2 Soit (E, k.k) un Banach


P
(xp,q )(p,q)∈N2 une famille de E . S'il existe une partition
et

N2
P
= ∪k∈Λ Ak telle que k∈Λ (p,q)∈Ak kx p,q k < ∞ alors la famille (xp,q )(p,q)∈N2 est sommable. En
particulier, on peut sommer ses termes dans l'ordre qu'on veut sans changer la somme
   
∞ ∞ ∞ ∞ ∞
!
X X X X X X X
xp,q =  xp,q  =  xp,q  = xp,q = ...
(p,q)∈N2 p=0 q=0 q=0 p=0 n=0 p+q=n

Preuve : La famille de réels positifs (kxp,q k)(p,q)∈N2 a ses sommes nies majorées donc elle est
sommable. Comme (E, k.k) est complet alors la famille (xp,q )(p,q)∈N2 est sommable. Le théorème de
sommation par paquet fournit la conclusion. 

Corollaire 3 Soit E une algèbre de Banach et (xα )α∈A , (yβ )β∈B deux familles normalement som-
mables. Alors (xα yβ )(α,β)∈A×B est une famille sommable de E et
! 
X X X
x α yβ = xα  yβ  .
(α,β)∈A×B α∈A β∈B

7
3 Exercices

Exercice 1 : Pour quelles valeurs de α ∈ (0, ∞) la famille


 
1
(i+j)α est-elle sommable ?
(i,j)∈N∗ 2

Il s'agit d'une suite de nombres réels positifs. Pour n ∈ N∗ xé, Card ∗ ∗


 {(i,j) ∈ N × N ; i + j =
n} = (n − 1) et la série nα converge ssi α − 1 > 1. Ainsi la famille (i+j)α est sommable
P n−1 1
∗2 (i,j)∈N
si et seulement si α > 2 (voir Corollaire 2).

Exercice 2 : Pour quelles valeurs de α ∈ (0, ∞) la famille


 
1
(iα +j α ) (i,j)∈N∗ 2 est-elle sommable ?

Il s'agit d'une suite de nombres réels positifs. Pour i ∈ N∗ xé, on a (monotonie intégrale)
∞ Z ∞ Z ∞
X 1 dx C dy
6 = α−1 , où C :=
(i + j α )
α
0
α
i +x α i 0 1 + yα
j=1
 
Ceci montre que la famille 1
(iα +j α ) (i,j)∈N∗ 2 est sommable lorsque α > 2. Réciproquement, si α < 2
alors

∞ X ∞ i ∞
X 1 XX 1 X i
> > = ∞.
(iα + j α ) (iα + j α ) 2iα
i=1 j=1 i=1 j=1 i=1
 
Ainsi la famille 1
(iα +j α ) (i,j)∈N∗ 2 est sommable si et seulement si α > 2.

Exercice 3 : La famille (an,p )(n,p)∈N∗ ×N∗ dénie par an,p := 1


n2 −p2
si n 6= p, 0 sinon est-elle
sommable ?

Non. Par l'absurde, supposons que cette famille de nombres réels soit sommable. Alors toute sous-
famille est également sommable. Considérons la sous-famille construite avec p = n − 1 et n > 2, qui
est une famille de réels positifs :
∞ ∞
X 1 X 1
= = ∞ : contradiction.
n2 − (n − 1)2 2n − 1
n=2 n=2

Exercice 4 : Montrer que x2n+1 xm


P∞ P∞
n=0 1−x2n+1 = m=1 1−x2m pour tout x ∈ C tel que |x| < 1.

Soit x ∈ C tel que |x| < 1. On va utiliser la convergence commutative :


P∞ x2n+1
= ∞
P∞
x(2n+1)m
P
n=0 1−x2n+1 P∞ Pm=1
n=0
= Pm=1 ∞ n=0 x(2n+1)m
∞ m
P∞ 2m )n
= m=1 x n=0 (x
P∞ x m
= m=1 1−x 2m .

Pour la justier, il faut montrer que la famille (x(2n+1)m )(m,n)∈N∗ ×N est normalement sommable. Or
∞ X
∞ ∞
X X |x|2n+1
|x|(2n+1)m = < ∞,
1 − |x|2n+1
n=0 m=1 n=0

|x|2n+1
car 1−|x|2n+1
< 2|x|2n+1 pour n assez grand.

8
Exercice 5 :
P∞ P∞ 
Exhiber une famille (un,p )(n,p)∈N2 de nombres réels telle que n=0 p=0 un,p
P∞ P∞
diverge et p=0 ( n=0 un,p ) converge.

On considère, pour tout p ∈ N, un,p := −1 2n lorsque n > 1 et u0,p = 1. Alors, à p xé, la série
indexée par n converge et
∞ ∞
X X 1
=1− =0
2n
n=0 n=1

donc la série indexée par p, de terme général ∞n=0 un,p converge et sa somme est nulle :
P

∞ ∞
!
X X
un,p = 0 .
p=0 n=0

En revanche, à n xé, la série indexée par p a un terme général constant, donc elle diverge.

Exercice 6 : Exhiber une famille (un,p )(n,p)∈N2 de nombres réels telle que les 2 sommes ci-dessus
convergent, mais sont de somme diérente.

On considère un,n = 1, un,p = 0 si n > p et un,p = − 2p−n


1
si n < p. Alors
∞ ∞ ∞
X X X 1
un,p = un,p = 1 − = 0.
p=n
2k
p=0 k=1

donc  

X X∞
 un,p  = 0 .
n=0 p=0

Par ailleurs,
∞ p p−1
X X X 1 1
un,p = un,p = − + 1 = ... =
2p−n 2p
n=0 n=0 n=0
donc
∞ ∞
!
X X
un,p = 2.
p=0 n=0

ExerciceP
7 : Exhiber deux suites P
(un )n∈N et (vn )n∈N telles que les séries un et vn converge,
P P
n
mais la série wn diverge, où wn := p=0 uk vn−k .

(−1)n
Considérons vn = un := . Alors la série un converge par le critère des séries alternées.
P

n+1
Pour tout n ∈ N, on a
n n n+1
X X 1 X 1
wn := uk un−k = (−1)n p = (−1)n p .
k=0 k=0
(k + 1)(n − k + 1) l=1
l(n + 2 − l)

Or, l(n + 2 − l) 6 n+2


pour l = 1, ..., n + 1 donc
p
2

2(n + 1)
|wn | >
n+2

9
ne tend pas vers zéro quand [n → ∞]. Il en résulte que wn diverge.
P

Référence pour ces contre-exemples : Hauchecorne, Les contre-exemples en mathématiques, pages


100, 101.

4 Application aux bases hilbertiennes

[voir Hirsch-Lacombe, Chap 3.4 p 107]

4.1 Théorie des bases Hilbertiennes


Soit (E, h., .i) un espace préhilbertien sur R.

Denition 4 Une base hilbertienne de E est une famille orthonormée totale (l'espace vectoriel
qu'elle engendre est dense dans H ).

Lemme 1 (E, h., .i) un espace


Soit préhilbertien sur R, (ej )j∈J une famille orthonormée nie de E
et F := Vect(ej ; j ∈ J). Alors
2
X X
2 2
|hx, ej i|2 , ∀x ∈ E .

dist(x, F ) = x −
hx, ej iej
= kxk −
j∈J j∈J

Preuve :PLa caractérisation de PF (x) dans le théorème de projection sur un convexe fermé implique
PF (x) = j∈J hx, ej iej , puis on développe la norme au carré. 

Théorème 3 [Bessel Parseval] Soit (E, h., .i) un espace préhilbertien sur R et (ej )j∈J une famille
orthonormée de E. Il y a équivalence entre les énoncés :

1. (ej )j∈J est une base hilbertienne de E,


E , kxk2 |hx, ej i|2 ,
P
2. pour tout x∈ = j∈J (égalité de Bessel)
P
3. pour tout x, y ∈ E , hx, yi = j∈J hx, ej ihej , yi.

Preuve : 1 ⇒ 2 : Soit x ∈ E et  > 0. Il existe J0 ∈ Pf (J) telle que dist(x, Vect(ej ; j ∈ J0 )) < .
Alors, en utilisant le Lemme précédent, on obtient
 
X X 
|hx, ej i|2 = sup |hx, ej i|2 ; K ∈ Pf (J) 6 kxk2
 
j∈J j∈K

et X X
|hx, ej i|2 > |hx, ej i|2 = kxk2 − dist(x, Vect(ej ; j ∈ J0 ))2 > kxk2 −  .
j∈J j∈J0

Ceci est vrai pour tout  > 0 donc l'égalité de Bessel est prouvée.

2 ⇒ 1 : Soit x ∈ E et  > 0. Il existe J0 ∈ Pf (J) telle que 0 6 kxk2 − |hx, ej i|2 < 2 . Alors,
P
j∈J0
d'après le Lemme précédent,
s X
dist(x, Vect(ej ; j ∈ J0 )) = kxk2 − |hx, ej i|2 <  .
j∈J0

10
2 ⇒ 3 résulte des formules de polarisation : hx, yi = 1
2 (kx + yk2 − kxk2 − kyk2 ).

3 ⇒ 2 résulte de la dénition de la norme kxk2 = hx, xi. 

Théorème 4 (E, h., .i) un espace préhilbertien sur R et (ej )j∈J une base hilbertienne de E . Alors
Soit
 l'application x ∈ E 7→ (hx, ej i)j∈J ∈ l2 (J) est une isométrie,
 cette isométrie est surjective si et seulement si E est complet,

j∈J hx, ej iej au sens des familles sommable de E, pour tout x ∈ E .


P
 x=

Remarque 4 Il faut bien comprendre ce que signie x = j∈J hx, ej iej .


P
 La somme est au sens des familles sommables de H , cad pour la norme hilbertienne de H , pas
pour une autre norme !
Par exemple si
P J =N la famille (hx, en ien )n∈Nest sommable dans E de somme x, même si la
P∞
série hx, en ien n'est pas normalement convergente, i.e.
P∞n=0 |hx, en i| = ∞
 Si H est séparable, on peut prendre J =N et alors x = n=0 hx, en ien , c'est la somme d'une
série commutativement convergente dans H . Seul ce cadre relève vraiment du programme de
l'agrégation.
 Si H est un Hilbert non séparable, par exemple H = l2 ([0, 1]), alors on ne peut pas se ramener
à des séries !
 La complétude de (E, k.k) n'est utile que pour la surjectivité de l'application x ∈ E 7→ (hx, ej i)j∈J ∈
l2 (J). La décomposition x = j∈J hx, ej iej est toujours vraie sur un eph.
P

Preuve :
 L'aspect isométrie résulte de 1 ⇒ 2 dans le thm précédent.
 Si cette isométrie est surjective, alors E est isométrique à l2 (J), qui est complet, P
donc E est
complet. Réciproquement, supposons que E est complet. Soit (xj )j∈J ∈ l (J) et a := j∈J |xj |2 .
2

Il existe une suite croissante (Jn )n∈N de parties nies de J telles que,
1 X
a− < |xj |2 6 a , ∀n ∈ N . (2)
2n
j∈Jn

Soit un := xj ej .
P
j∈Jn

Etape 1 : Montrons que (un )n∈N est une suite de Cauchy dans E . Pour n < p, on a
X 1
kun − up k2 = |xj |2 < .
2n
j∈Jp \Jn

Comme E est complet alors la suite (un )n∈N converge dans E . Notons x ∈ E sa limite.
Etape 2 : Montrons que hx, ej i = xj pour tout j ∈ J . Pour tout j ∈ J , on a

hx, ej i = lim hun , ej i .


n→∞

Lorsque j ∈ ∪n∈N Jn alors la suite (hun , ej i)n∈N est stationnaire en xj , par construction, ce qui
fournit la conclusion. Lorsque j ∈
/ ∪n∈N Jn alors la suite (hun , ej i)n∈N est identiquement nulle.
Montrons qu'alors xj = 0. On déduit de (2) que
X
|xj |2 = a
j∈∪n∈N Jn

Comme a := |xj |2 alors on en déduit que xj = 0 pour tout j ∈ J \ ∪n∈N Jn .


P
j∈J

11
 Soit x ∈ E et  > 0. Il existe J0 ∈ Pf (J) telle que
X
0 6 kxk2 − |hx, ej i|2 < 2 .
j∈J0

Soit K ∈ Pf (J) telle que J0 ⊂ K . Alors


X X
0 6 kxk2 − |hx, ej i|2 6 kxk2 − |hx, ej i|2 < 2 ,
j∈K j∈J0

donc
X s X

x − hx, ej ie j
= kxk2 − |hx, ej i|2 <  . 

j∈K j∈K

Théorème 5 Tout espace de Hilbert admet une base hilbertienne.

Preuve : La preuve est simple lorsque l'Hilbert est séparable. il sut d'appliquer le procédé d'ortho-
normalisation de Gramm-Schmidt à une suite totale.

Lorsque H n'est pas séparable, on doit utiliser le Lemme de Zörn. Soit (ej )j∈J une famille or-
thonormale maximale de H (Zörn). Par l'absurde, supposons qu'elle n'est pas totale. Alors F :=
AdhH [Vect(ej , j ∈ J)] est un sous-espace fermé strict de H donc (TSO) H = F + F ⊥ . Soit v ∈ F ⊥
de norme = 1. Alors {v, ej ; j ∈ J} est une famille orthonormée de H , ce qui contredit la maximalité
de (ej )j∈J . En conclusion, (ej )j∈J est orthonormée et totale : c'est une base hilbertienne de H . 

4.2 Applications aux séries de Fourier


Théorème 6 On muni le C-ev L2 ((0, 2π), C) du produit scalaire
Z 2π
1
hf, gi := f (t)g(t)dt .
2π 0

Alors (eint )n∈Z est une base hilbertienne de L2 ((0, 2π), C).

Preuve : Il s'agit clairement d'une famille orthonormée. Il sut donc de montrer que l'ev des poly-
nômes trigonométriques, VectC {eint ; n ∈ Z}, est dense dans (L2 ((0, 2π), C), k.k2 ).

Stratégie 1 : On applique le théorème de Stone Weierstrass.

Stratégie 2 : On utilise le Théorème Fejer (voir ci-dessous). Soit f ∈ L ((0, 2π), C) et  > 0. Par
2

densité de C ([0, 2π], C) dans (L ((0, 2π), C), k.k2 ), il existe g ∈ C ([0, 2π], C) telle que kf −gk2
0 2 0 < /2.
Grâce au théorème de Fejer, il existe un polynôme trigonométrique P tel que kg − P k∞ < /2. Alors
kf − P k2 < . 

Denition 5 On dénit le noyau de Dirichlet


N
X sin[(N + 1/2)t]
DN (t) := eint = , ∀N ∈ N∗ ,
sin(t/2)
n=−N

et le noyau de Fejer
N −1
1 X sin[(N + 1/2)t]2
KN (t) := Dn (t) = , ∀N ∈ N∗ .
N N sin(t/2)2
n=0

12
Pour f ∈ L1 ((0, 2π), C), on dénit les coecients de Fourier de f
Z
cn (f ) := f (t)e−int dt , ∀n ∈ Z ,
T

la série de Fourier de f (convergente ou non)


X
cn (f )eint ,

les sommes partielles de la série de Fourier de f


N Z 2π
X 1
cn (f )eint = (DN ∗ f )(t) := DN (t − s)f (s)ds , ∀N ∈ N∗
2π 0
n=−N

et leur moyenne de Césaro


N −1
1 X
(Dn ∗ f )(t) = (KN ∗ f )(t) , ∀N ∈ N∗ .
N
n=0

Ces formules résultent de calculs simples sur les sommes géométriques et l'interversion d'une
somme nie avec une intégrale.

Théorème 7 (Théorème de Fejer) Si f ∈ C 0 (R, C) est une fonction 2π -périodique, alors kf −


KN ∗ f k∞ → 0.
N →∞

Remarque 5 KN ∗ f est la moyenne de césaro des DN ∗ f donc elle a de meilleures propriétés de


convergence
0
que DN ∗ f : si f ∈ C ([0, 2π], C) et (DN ∗ f )(t0 ) converge alors nécessairement sa limite
est f (t0 ) (car c'est la limite des moyennes de Cesaro).
La raison en est la suivante : DN n'est pas un approximation de l'unité car elle n'a pas de signe ;
en revanche KN est une approximation de l'unité, parce qu'elle est positive.

Preuve du Théorème de Féjer : Soit f ∈ C 0 (R, C) une fonction 2π -périodique et  > 0. D'après
le théorème de Heine, f est uniformément continue : il existe δ > 0 tel que |f (x) − f (x − t)| <  pour
tout t , x ∈ R vériant |t| < δ .
Soit x ∈ [−π, π]. On a

1 Rπ sin[(N +1/2)t]2
|f (x) − (KN ∗ f )(x)| = 2πN −π [f (x) − f (x − t)] sin[t/2]2
dt
1
Rπ sin[(N +1/2)t]2
6 2πN −π |f (x) − f (x − t)| sin[t/2]2 dt
1
R sin[(N +1/2)t]2
6 2π |t|<δ |f (x) − f (x − t)| N sin[t/2]2 dt
1
R sin[(N +1/2)t]2
+ 2πN δ<|t|<π |f (x) − f (x − t)| sin[t/2]2
dt
2kf k∞
6 + N sin[δ/2]2
.

Cette majoration est uniforme par rapport à x ∈ [0, 2π] et montre que kf − KN ∗ f k∞ → 0 quand
N → ∞. 

Corollaire 4 Si f ∈ L2 (0, 2π) alors la famille (cn (f )eint )n∈Z est sommable dans L2 (0, 2π) et sa
somme vaut f.

Ce corollaire résulte des Thm P 6 et 4. Il s'applique en particulier à f ∈ C (R, C), 2π -périodique.


0

Néanmoins, en général, la série cn (f )enPne converge pas uniformément vers f sur [0, 2π], cad dans
(C 0 ([0, 2π], C), k.k∞ ). Donc l'égalité f = n∈Z cn (f )en est fausse dans (C 0 ([0, 2π], C), k.k∞ ) (au sens
des famille sommables de cet evn).

13
Corollaire 5 1. Si f ∈ L2 ((0, 2π), C) et si sa série de Fourier converge simplement alors
sa somme coincide avec f presque partout.

2. Si f ∈ C 0 ([0, 2π], C) et si sa série de Fourier converge simplement alors sa somme


coincide avec f partout.

3. Si
1 (R, C) alors
f ∈ Cper sa série de Fourier converge uniformément par rapport à t ∈ [0, 2π] et
kDN ∗ f − f k∞ → 0.

Preuve :
1. On sait que DN ∗ f −→ f dans L2 (0, 2π) donc (réciproque de Lebesgue) il existe une extraction
φ telle que Dφ(N ) ∗ f (t) −→ f (t)
P pour presque tout t ∈ (0, 2π). Alors, par unicité de la limite
p.p. de Dφ(N ) ∗ f , on a f (t) = ∞ c
n=−∞ n (f )eint pour presque tout t ∈ [0, 2π].

2. Notons g(t) la somme de la série de Fourier g(t) := limN →∞ (DN ∗ f )(t) pour tout t ∈ [0, 2π].
Alors (thm de Césaro) (KN ∗ f )(t) −→ g(t) pour tout t ∈ [0, 2π]. Or (thm de Fejer) (KN ∗
N →∞
f )(t) −→ f (t) pour tout t ∈ [0, 2π]. Donc (unicité de la limite simple) g(t) = f (t) pour tout
N →∞
t ∈ [0, 2π]. 
0

1 (R, C) alors |c (f )| = cn (f ) 6 |c (f 0 )|2 + 1 donc la série de Fourier
3. Si f ∈ Cper cn (f )eint
P
n in n n2
converge normalement, donc uniformément par rapport à t ∈ [0, 2π]. D'après ce qui précède, sa
limite est nécessairement f .

Remarque 6 Attention, pour f ∈ C 0 ([0, 2π], R), la série de Fourier de f peut ne pas converger
simplement ! L'hypothèse et si sa série de Fourier converge simplement est donc très importante
0
dans l'énoncé ci-dessus. L'existence d'une fonction f ∈ C ([0, 2π], R) dont la série de Fourier ne
converge pas simplement peut se faire avec des arguments abstraits : il s'agit d'une application du thm
de Banach Steinhauss (voir Rudin).
Mais on peut aussi construire explicitement une telle fonction : voir le livre 'Les contre-exemples
en mathématiques' de Bertrand Hauchecorne, pages 115, 116, 117, ou le livre 'Suites et séries' de
Jean Combes, pages 194 et 195.

Remarque 7 Pour f ∈ C 0 ([0, 2π], C), si on veut que la série de Fourier de f converge uniformément
0
vers f , cad converge vers f dans (C ([0, 2π], C), k.k∞ ), il faut ajouter une hypothèse, par exemple
f ∈ C 0 ∩ Cpm
1 ([0, 2π], C) : voir thm de Dirichlet en annexe.

Exemple de famille sommable, pas normalement sommable, en dimension innie : Dans


L2 (0, 2π), une famille de la forme (an einx )n∈Z est sommable
 ssi (an )n∈Z ∈ l2 (Z), normalement som-
inx
mable ssi (an )n∈N ∈ l1 (Z). Par exemple la famille 1+|n|
e
est sommable dans L2 (0, 2π), mais pas
n∈Z
normalement sommable dans L2 (0, 2π).

Remarque sur le Théorème 4 dans le cadre des séries de Fourier : L'espace C 0 ([0, 2π], C),
muni du produit scalaire de L2 (0, 2π) est un espace préhilbertien donc les énoncés 1 et P3 du Théorème
4 s'appliquent : pour toute fonction continue et 2π -périodique alors kf k2L2 (0,2π) = n∈Z |cn (f )|2 et
int au sens des familles sommables pour la norme k.k
L2 (0,2π) . En revanche,
P
f = n∈Z cn (f )e
comme C ([0, 2π], C) n'est pas complet pour la norme k.kL2 (0,2π) (il n'est pas fermé) alors l'énoncé
0

2 du Théorème 4 ne s'applique pas : il existe des suites (an )n∈Z ∈ l2 (Z) telle que n∈Z an eint ne
P
soit pas une fonction continue ; il sut de prendre pour an les coecients de Fourier d'une fonction
L2 (0, 2π) qui n'est pas continue.

14
4.3 Exemples de bases hilbertiennes
Des exemples de bases hilbertiennes :
1. les exponentielles complexes dans L2 (T).
2. les polynômes orthogonaux :
 polynômes de Legendre [Hirsch-lacombe, Ex 4, page 114]
 polynômes d'Hermite [Hirsch-lacombe, Ex 5, page 114]
 polynômes de Tchebyche [Hirsch-lacombe, Ex 6, page 115]
 polynômes de Laguerre [Hirsch-lacombe, Ex 7, page 114]
3. la base de Haar [Hirsch-lacombe, Ex 13, page 114]

Des exemples d'Hilberts non séparables


1. l2 (I) où I est un intervalle de R
2. voir [Hirsch-Lacombe, Ex 10, page 116]

5 Conclusion

Les objectifs de ce cours sont de


1. manipuler du "non dénombrable" et la notion de sommabilité, en comparaison avec la
convergence des séries,
2. vous sensibiliser à la nécéssité d'invoquer le dénombrable dans votre plan, notamment
dans les énoncés sur les bases hilbertiennes (hypothèse 'Hilbert séparable'), pour vous ramener
à des séries.
3. vous sensibiliser au sens de certaines sommes, qui sont P parfois plus que des sommes
de séries : pour x dans un Hilbert séparable, la série ∞ n=0 hx, en ien est commutativement
convergente dans H, car (hx, en ien )n∈N est une famille sommable. La convergence obtenue est
plus forte que la convergence usuelle des séries.
4. vous sensibiliser au sens de la convergence d'une série à double indices,
5. souligner l'intérêt (et les limites) du dénombrable.
Les familles sommables ne doivent pas forcément gurer dans vos leçons. Le but de ce cours est
davantage d'assurer vos arrières.

6 Annexe : Ce qu'il faut savoir sur les séries de Fourier

6.1 Dénitions et règles de calcul


Proposition 6 1. Pour f ∈ L1loc (R, C) fonction 2π -périodique et a ∈ R, on dénit

(τa f ) : R → C
t 7→ f (t − a)

alors cn (τa f ) = eina cn (f ) pour tout n ∈ Z.


 
2. Pour f ∈ L1 ((0, 2π), C), cn t 7→ eikt f (t) = cn−k (f ) pour tous n, k ∈ Z.
3. Pour f, g ∈ L1loc (R, C) fonctions 2π -périodiques, on dénit
Z 2π
1
(f ∗ g)(t) := f (s)g(t − s)ds ,
2π 0
et alors cn (f ∗ g) = cn (f )cn (g) pour tout n ∈ Z.

15
4. Si f ∈ C 1 ([0, 2π]) est 2π -périodique, alors cn (f 0 ) = incn (f ).

La preuve des ces énoncés est laisée en Exercice : elle repose sur des manipulations élémentaires :
CVAR, IPP, théorème de Fubini. On constate en particulier que la tranformée de Fourier transforme
un produit de convolution (de fonctions) en un produit (de coecients de Fourier). Elle tranforme
également un produit (de fonctions) en un produit de convolution (des suites), sous des hypothèses
adhoc, par exemple f ∈ C 0 ∩ Cpm
1 et g ∈ L∞ . Exercice : le démontrer.
loc

Exemples : Pour  ∈ (0, π),


 la fonction signal σ := 1[−,] (faire un dessin) admet pour coecients de Fourier

sin(n)
si n 6= 0 ,

cn (σ ) = πn

π si n = 0 .
 
 la fonction triangle ∆ := 1 − |x|
 + (faire un dessin) vérie ∆ = 2π
 σ ∗ σ donc ses coecients
de Fourier sont cn (∆ ) =  cn (σ ) ,
2π 2

(
2 sin(n)2
 πn2 si n 6= 0 ,
cn (∆ ) = 2
π si n = 0 .

6.2 Décroissance des coecients de Fourier


Proposition 7 1. Lemme de Riemann-Lebesgue : Si f ∈ L1 (0, 2π) alors cn (f ) = o(1) quand
[n → ∞].
f ∈ C 0 ∩ Cpm
1 (R, C) cn (f 0 ) = incn (f ) 1

2. Si est 2π -périodique, alors donc cn (f ) = o n .
f ∈ C k ([0, 2π]) cn (f ) = o n1k

3. Si est 2π -périodique, alors

Preuve :
1. Pour f ∈ C 1 ([0, 2π]), on fait une IPP ; puis on utilise la densité de C 1 ([0, 2π]) dans (L1 (0, 2π), k.k1 ).
2. On fait une IPP : les termes de bord disparaissent par 2π -périodicité.
3. On fait k IPP : les termes de bord disparaissent par 2π -périodicité.

Remarque 8 L'énoncé 1. se reformule de la façon suivante : l'application f ∈ L1 (0, 2π) 7→ (cn (f ))n∈Z
est à valeurs dans c0 (Z, C). Il s'agit d' une application linéaire
1
continue de (L (0, 2π), k.k1 ) dans
(c0 (Z), k.k∞ ).
Il est légitime de se demander si cette application

F : L1 (0, 2π) → c0 (Z
f 7→ (cn (f ))n∈Z

est injective et/ou surjective.


Elle est eectivement injective Exercice : Le démontrer avec le thm de Fejer L1 (ce sera fait en
TD)
En revanche elle n'est pas surjective. Ceci sera démontré ultérieurement, de façon abstraite (et
courte), en appliquant le thm d'isomorphisme de Banach.
Mais on peut aussi le montrer de manière plus élémentaire (et longue). Par exemple, on peut
1
P bn (f )
commencer par établir que, pour toute fonction f ∈ L (0, 2π), la série f converge (voir le livre
'Suites et séries' de Jean Combes, pages 180 et 181). En conséquence, il n'existe pas de fonction
1 P∞ 1
f ∈ L1 (0, 2π) telle que bn (f ) = ln(n) pour tout n > 2, car n=2 n ln(n) = +∞.

16
Remarque 9 0 1
L'énoncé 2. implique en particulier que, si f ∈ C ∩ Cpm (R, C) est 2π -périodique, alors
|cn (f )| converge car |cn (f )| 6 |cn (f 0 )|2 + n12 . Alors la série de Fourier de f , cn (f )eint , converge
P P
0
normalement cad converge dans (C ([0, 2π]), k.k∞ ), sa somme dénit donc une fonction continue sur
[0, 2π].

Remarque 10 La proposition précédente souligne que la décroissance des coecients de Fourier est
liée à la régularité de la fonction : plus la fonction est régulière, plus ses coecients de Fourier
décroissent vite. Cela se constate très bien sur les exemples de la section précédente : ∆ est plus
régulière que σ et ses coecients de Fourier décroissent eectivement plus vite. Ces exemples illustrent
pas ailleurs l'optimalité des conditions susantes ci-dessus.
On peut même montrer, en utilisant de l'analyse complexe, que pour f ∈ C 0 (R, C) 2π -périodique,
−α|n| , ∀n ∈ N.

f est analytique ssi il existe α > 0 tel que cn (f ) = O e

6.3 Convergence de la série de Fourier


Théorème 8 (Théorème de Dirichlet) f ∈ L1 (0, 2π)
1. Soit et x ∈ [0, 2π]. Si f admet au
f (x+t)−f (x+0)
point x des limites à droite f (x + 0) et à gauche f (x − 0) et si les fonctions t 7→ t
f (x−t)−f (x−0) +
et t 7→ t sont bornées au voisinage de t = 0 alors

f (x − 0) + f (x + 0)
(DN ∗ f )(x) −→ .
N →∞ 2
2. Si f ∈ C 0 ∩ Cpm
1 (R, C) est 2π -périodique alors la série de Fourier de f converge uniformément
vers f sur : kDN ∗ f − f k∞ −→ 0.
N →∞

Preuve :
1. La parité de DN justie
Z π
1 sin[(N + 1/2)s]
(DN ∗ f )(x) = [f (x − s) + f (x + s)] ds
2π 0 sin(s/2)
Alors Rπ
f (x−0)+f (x+0) 1 f (x−s)−f (x−0)
(DN ∗ f )(x) − 2 = 2π 0 sin(s/2) sin[(N + 1/2)s]ds
1
Rπ f (x+s)−f (x+0)
+ 2π 0 sin(s/2) sin[(N + 1/2)s]ds .

Pour conclure, il sut de montrer que les fonctions s 7→ f (x±s)−f (x±0)


sin(s/2) sont L1 (0, π) (Lemme de
Riemann Lebesgue). Ces fonctions est intégrables sur [δ, π] pour tout δ > 0, car le dénominateur
y est minoré par sin(δ/2) > 0. En utilisant l'inégalité de convexite sin(y) > π2 y , ∀y ∈ (0, π/2),
on obtient, pour s assez petit

f (x ± s) − f (x ± 0) f (x ± s) − f (x ± 0) s/2
= 6Mπ
sin(s/2) s/2 sin(s/2) 2

où M majore t 7→ f (x±t)−ft
(x±0)
au voisinage de t = 0+ . Ainsi, les fonctions s 7→ f (x±s)−f (x±0)
sin(s/2)
sont bien intégrables en s = 0+ .
2. Soit f ∈ C 0 ∩ Cpm
1 (R, C). D'après le 1., D ∗ f converge simplement vers f :
N

+∞
X
f (t) = cn (f )eint , ∀t ∈ [0, 2π] .
n=−∞

Or la série cn (f )eint converge normalement (voir Remarque 9). Donc (DN ∗ f ) converge
P
uniformément vers f . 

17
Théorème 9 (Théorème de Fejer, convergence au sens de Césaro) Si f ∈ C 0 ([0, 2π], C) alors
kf − KN ∗ f k∞ −→ 0.
N →∞

Remarque 11 En aaiblissant la notion de convergence considérée (convergence uniforme au sens de


Cesaro, au lieu de la convergence uniforme habituelle), on obtient une conclusion sous des hypothèses
0 0 1
plus faibles (f ∈ C au lieu de f ∈ C ∩ Cpm ).

La preuve a déjà été faite. On peut également montrer que, pour tout f ∈ Lp (0, 2π) alors kKN ∗
f − f kp −→ 0 (thm de Fejer Lp ). (pour la preuve, voir le livre 'Elements d'analyse pour l'agrégation'
N →∞
de Zuily-Queelec, pages 82 et 82).

18

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