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Le deuxième chapitre de ce cours s’intéresse aux nombres complexes et à quelques-unes de leurs applications
en géométrie, en théorie des équations et en trigonométrie. Il n’est pas directement lié au chapitre précédent (à
part pour quelques applications) et il pourra donc être étudié de façon indépendante. Nous utiliserons cependant
ce chapitre et le précédent dans le troisième et dernier chapitre de ce cours. Les nombres complexes sont apparus
au XVI e siècle par nécessité pour trouver les zéros (réels) d’équations du type : x3 = 15 x + 4. Ils n’ont ensuite été
étudié plus en profondeur qu’au XIX e siècle pour leurs applications en géométrie et ils ne cessent d’être utilisés
dans de nombreux domaines des mathématiques depuis.
Nous présentons tout d’abord les propriétés de base des nombres complexes et nous observons que l’exponen-
tielle complexe permet de créer un lien fort entre nombres complexes et fonctions trigonométriques. On revient et
on insiste sur ce lien à la fin de ce chapitre avec la linéarisation des puissances de fonctions trigonométriques et
les formules d’angle multiple qui permettent de calculer le cosinus ou le sinus du multiple d’un angle en fonction
du cosinus ou du sinus de l’angle.
Le reste du chapitre présente des applications des nombres complexes en géométrie et, ce qui est le cœur de
ce chapitre, en théorie des équations. Les équations polynomiales du second degré à coefficients réels ont déjà
été étudiées au lycée. Les nombres complexes nous permettent de résoudre toutes les équations polynomiales du
second degré (à coefficients complexes) de façon uniforme. Nous analysons aussi quelques équations polynomiales
de degré supérieur à 2 avec l’aide des racines n-ièmes.
Nous vous encourageons à compléter la lecture des différents cours de ce chapitre avec les références suivantes
disponibles à la Bibliothèque Universitaire : [LTT16, AB13, AAA07, ML13, RW13].
1
2
Pré-requis : Objectifs :
– calcul algébrique, valeur absolue dans R – savoir calculer le module d’un nombre complexe
– écriture algébrique d’un nombre complexe – interpréter géométriquement un nombre complexe
– trigonométrie – effectuer les calculs algébriques avec des nombres
– application, bijection complexes
1.1. Histoire
Voir sur Wikipedia (par exemple) :
– les principaux héros : Niccolo Fontana dit Tartaglia, Jérôme Cardan, Ludovico Ferrari, Raphael Bombelli
– le lieu : Italie
– contexte historique : découverte de l’Amérique 1492, XVI-ème siècle, contemporains de Rabelais, Montaigne,
Shakespeare, Léonard de Vinci, Michel-Ange, assassinat Henri IV 1610.
– un fait : solution d’une équation du troisième degré à coefficients réels, formules de Cardan.
Remarque
On convient que dans ce cours les lettres a, b, a0 , b0 désignent toujours des nombres réels quelconques.
Deux nombres complexes z = a + ib et z = a0 + ib0 sont égaux si et seulement s’ils ont mêmes parties réelles et
mêmes parties imaginaires :
( (
0 R e( z) = R e( z0 ) a = a0
z=z ⇔ ⇔
I m( z ) = I m( z 0 ) b = b0 .
On note C l’ensemble des nombres complexes. (
R2 → C
La remarque précédente signifie que l’application : est une bijection de R2 dans C.
(a, b) 7 → z = a + ib
Exercice 1
1.3. Opérations
Les opérations d’addition (notée z + z0 ) et de multiplication (notée zz0 ou bien z × z0 , ou encore z · z0 ) sont définies
de manière naturelle, compte tenu de la relation i2 = −1 .
Ceci veut dire que : (a + i b) + (a0 + i b0 ) = (a + a0 ) + i( b + b0 ) et que (a + i b)(a0 + i b0 ) = (aa0 − bb0 ) + i(ab0 + ba0 ).
3
Exercice 2
Déterminer les parties réelles et imaginaires des complexes i(1 + i), (1 + i)2 , i z où z = a + i b.
On vérifie immédiatement que ces opérations (on dit aussi des lois de composition) ont, comme pour les nombres
réels, les propriétés suivantes :
1. Elles sont associatives : pour tout triplet de complexes ( z, z0 , z00 ), on a ( z + z0 ) + z00 = z + ( z0 + z00 ) et ( zz0 ) z00 =
z( z0 z00 ).
2. Elles sont commutatives : pour tout couple de complexes ( z, z0 ), on a z + z0 = z0 + z et zz0 = z0 z.
3. La multiplication est distributive par rapport à l’addition : pour tout triplet de complexes ( z, z0 , z00 ), on a
z( z0 + z00 ) = zz0 + zz00 .
4. Le nombre complexe 0 := 0 + i0 est élément neutre pour l’addition : pour tout z ∈ C, on a z + 0 = z. De plus si
z = a + i b est un nombre complexe, alors le nombre complexe − z := −a + i(− b) = −a − i b est son opposé, c’est
à dire z + (− z) = 0.
5. Le nombre complexe 1 := 1 + i0 est l’élément neutre pour la multiplication, i.e. ∀ z ∈ C, 1.z = z.1 = z.
6. Tout élément z = a + i b ∈ C, z 6= 0 a un “élément symétrique” pour la multiplication (c’est-à-dire qu’il existe
1
z0 ∈ C tel que zz0 = z0 z = 1), que l’on appelle inverse de z et qui est noté z−1 ou bien .
z
Démonstration
Remarque
Lorsqu’un ensemble E est muni d’une loi de composition interne ~ qui est associative, qui possède un élément
neutre et dont chaque élément de l’ensemble possède un élément symétrique, on dit que (E, ~) est un groupe.
Ici, les ensembles (C, +) et (C∗ , ×) sont des groupes. Ils sont de plus commutatifs.
(
R→C
Il existe alors une injection naturelle de R dans C par φ : qui est compatible avec la multiplication
a 7→ a + i0
et l’addition définies sur C. On convient de noter a + i0 = a et d’identifier φ(R) à R. On considère donc désormais
R comme un sous-ensemble des nombres complexes : R ⊂ C. Soit z ∈ C, z est un réel si et seulement si sa partie
imaginaire est nulle. L’addition et la multiplication qui existent sur R se prolongent à C comme défini plus haut.
La valeur absolue sur R se prolonge également à C (cf. paragraphe 1.6). Par contre la relation É ne se prolonge
pas sur C.
1.4. Conjugaison
Soient z = a + i b un nombre complexe, le conjugué de z est le complexe z = a − i b.
Démonstration
Proposition 1. Propriétés de la conjugaison
Exercice 3
1 + i 1 + i 11
µ ¶
Déterminer les parties réelles et imaginaires des complexes , .
1−i 1−i
4
~
v ~
v
z = a + ib
O ~
u a R
O ~
u a R
−b
[ z̄]
Exercice 4
Proposition 2
~ +w
a) w ~ 0 a pour affixe z + z0 ,
~ a pour affixe λ z.
b) λw
Ainsi l’addition complexe correspond à l’addition vectorielle, la multiplication par un nombre réel d’un nombre
complexe correspond donc à la multiplication d’un vecteur par un scalaire, le milieu à la moyenne... bref les choses
se passent plutôt bien.
1. Un repère (O, →
−
u,→
−v ) est direct si la mesure principale de l’angle (→
−
u,→
−v ) est positive.
5
Exercice 5
Soit A = [−1 − i], B = 2 − 12 i , C = 52 + i et D = 21 (−1 + i) quatre points. Démontrez d’au moins deux façons
£ ¤ £ ¤ £ ¤
1.6. Module
Soit z = a + i b un nombre complexe. Le nombre zz = a2 + b2 est un nombre réel positif, qui est nul si et seulement
si a = 0 = b, c’est-à-dire si et seulement si z = 0. On définit le module de z par
p p
| z| := zz = a2 + b2 (c’est un nombre réel positif).
Exemple 1
On a |3 + 4i| = 5.
Remarque 1
−−→ p
Le théorème de Pythagore nous dit que la longueur du vecteur OM de coordonnées (a, b) est a2 + b2 : on
voit donc que le module | z| de z = a + i b n’est rien d’autre que la longueur du vecteur d’affixe z.
R
M z = [ z]
OM = | z|
~
v b
O ~
u a R
En particulier si A et B sont deux points du plan d’affixes z A et zB respectivement, la distance entre les
points A et B est AB = | zB − z A |.
Démonstration
Proposition 3
|| z| − | z0 || É | z + z0 | É | z| + | z0 |.
Remarque
¯ ³ ´¯
Il y a égalité dans l’inégalité triangulaire lorsque : R e( zz0 ) = ¯R e zz0 ¯ c’est-à-dire R e( zz0 ) ∈ R+ ; posons
¯ ¯
³ ´
R e( zz0 ) = λ ∈ R+ alors, si z0 6= 0, on a z = | zλ0 |2 z0 . Les complexes z et z0 sont positivement proportionnels.
6
Pré-requis : Objectifs :
– calcul algébrique, module dans C – savoir calculer le module et l’argument d’un nombre
– trigonométrie complexe
– application, bijection – savoir manipuler l’exponentielle complexe
– exponentielle réelle – formules d’Euler et de Moivre
– effectuer des calculs avec la forme exponentielle
Cette écriture amène à différents résultats comme les formules d’Euler et de Moivre, en lien avec les fonctions
trigonométriques. Pour finir, nous présentons la notion d’argument qui correspond à un choix particulier de θ
permettant de décrire un point du cercle unité.
x 2 + y2 = 1
x2 + y2 = 1
Le cercle du plan d’Argand–Cauchy ci-dessus est paramétré par les points de coordonnées (cos θ , sin θ ), pour
θ ∈ [0, 2π[. Il en est de même pour le cercle U , qui est paramétré par la fonction z(θ ) := cos θ + i sin θ , pour θ ∈ [0, 2π[.
Nous allons utiliser les points de U pour décrire les nombre complexe. Pour cette raison, pour tout θ ∈ R, nous
définissons
eiθ := cos θ + i sin θ .
Cette écriture permet d’obtenir des formules qui s’écrivent de façon plus concise et nous allons voir qu’elle est
compatible avec les propriétés classiques de l’exponentielle réelle.
7
Remarque
Pour tout θ ∈ R, on a z(θ ) = z(θ + 2π), donc en particulier e2iπ = e0 = 1. De même z(θ + π) = − z(θ ) donc eiπ = −1.
Proposition 5
Exercice 6
π π π π π π
Positionner sur le cercle trigonométrique les points d’affixes, −i, eiπ , e−i 3 , e−i 6 , i e−i 3 , e5i 4 , e−3i 2 , e0 , e2i 3 .
D
•
Démonstration
•C
b Prouvons la deuxième égalité, les autres
a B s’en déduiront : on a DC = BE donc....
•
O a−b
•E
Proposition 8. Démonstration
Démonstration
Proposition 10. Formule de Moivre
³ ´n Utiliser la formule du produit d’exponen-
Soient n ∈ N∗ et θ ∈ R. On a einθ = eiθ . tielle avec θ 0 = θ et une récurrence.
Autrement dit : cos( nθ ) + i sin( nθ ) = (cos(θ ) + i sin(θ ))n .
On en déduit :
• cos( nθ ) = R e((cos(θ ) + i sin(θ ))n ),
• sin( nθ ) = I m((cos(θ ) + i sin(θ ))n ).
Nous développerons dans le cours magistral n°15 des applications de la formule de Moivre, en plus de celles de la
formule d’Euler.
Exercice 7
À l’aide des formules d’Euler et de Moivre, ou des formules d’addition des cosinus et sinus, démontrer les
formules suivantes de trigonométrie classique, que vous devez connaître par cœur.
Proposition 11
Pour tout a, b ∈ R, on a
• cos(2a) = cos2 (a) − sin2 (a) = 2 cos2 (a) − 1 = 1 − 2 sin2 (a),
• sin(2a) = 2 sin(a) cos(a),
• 2 cos(a) cos( b) = cos(a − b) + cos(a + b),
• 2 sin(a) sin( b) = cos(a − b) − cos(a + b),
• 2 sin(a) cos( b) = sin(a − b) + sin(a + b)).
2.5. Argument
z
Si z 6= 0 alors ∈ U donc est de la forme eiθ , θ ∈ R. Le
| z| iR
nombre réel θ est appelé un argument de z. Il existe un [ z]
unique θ ∈ [0, 2π[ qui réalise cette égalité. C’est l’argu-
ment principal de z, que l’on note Arg(z). | z| p
b | z| = a2 + b 2
i
θ
O 1 a R
z
Ainsi = eiθ et z = | z| eiθ est la forme exponentielle du
| z|
nombre complexe z.
9
Soit z un complexe non nul. Il existe un unique r > 0 et un unique θ ∈ [0, 2π[ tels que z = r eiθ . Le réel r est
le module de z et θ est son argument.
Soient r, r 0 > 0 deux réels strictement positifs et α, β ∈ R. Si r eiα = r 0 eiβ , alors r = r 0 et α = β + 2 kπ, pour un
certain entier k ∈ Z.
Démonstration
Conséquences :
Proposition 13
Si z, z0 6= 0, on a
• Arg(µzz¶0 ) = Arg( z) + Arg( z0 ) + 2 kπ, pour un certain entier k ∈ Z,
1
• Arg = −Arg( z) + 2 kπ, pour un certain entier k ∈ Z,
³ zz ´
• Arg 0 = Arg( z) − Arg( z0 ) + 2 kπ, pour un certain entier k ∈ Z.
z
Proposition 14
Remarque 2
L’égalité a = b + 2 kπ, pour un certain entier k ∈ Z s’écrit aussi a = b [2π]. On dit que a est congru à b modulo
2π.
Exercice 8
− eiθ
Déterminez le module et l’argument des complexes −2i, 1 + i, (1 + i)51 , − eiθ , .
1+i
exp( z) := ea eib
(rappelons que a, b sont réels et e a désigne l’exponentielle réelle). Ce qui a été vu précédemment nous assure que
cette exponentielle complexe vérifie, pour tout z, z0 ∈ C, l’égalité :
Pré-requis : Objectifs :
• maîtriser la forme algébrique • savoir reconnaître ou définir une translation
• maîtriser la forme exponentielle • savoir reconnaître ou définir une rotation
• connaître les propriétés de l’argument
3. Transformations du plan
Une application bijective du plan dans lui-même est appelée transformation. L’objet de ce qui suit n’est pas
d’identifier toutes les transformations du plan mais seulement d’en étudier deux types : les translations et les
rotations. Nous présentons leur description dans le plan en terme de vecteurs et d’angle. Puis nous explicitons
leur description équivalente dans le plan complexe en terme de somme, de produit, d’exponentielle complexe et
d’argument. Avant de s’attaquer aux transformations, nous étudions les notions de cercle et d’angle dans les deux
mondes.
Définition 1
Dans un plan P , le cercle C (Ω, r ) de centre Ω et de rayon r > 0 est l’ensemble des points M de P à distance
r de Ω, c’est-à-dire
−−→
C (Ω, r ) := { M ∈ P tel que ||Ω M || = r }.
Exercice 9
Nous souhaitons maintenant donner une définition équivalente dans le langage des nombres complexes.
Exercice 10
−−→ −−→
Donner les définitions de AB et de || AB|| en fonction des coordonnées de A et B ? Donner les définitions
équivalentes en utilisant les affixes z A et zB des points A et B.
Proposition 15.
Soit Ω un point d’affixe zΩ et r > 0. Un point M d’affixe z appartient au cercle C (Ω, r ) si et seulement si
| z − zΩ | = r.
Démonstration
D~v
Définition 2
~
v D~u
Soient ~u et ~
v deux vecteurs et D~u , D~v les demi-droites définies ci-dessus.
B ~
u
On note A et B les points d’intersection respectifs des demi-droites D~u •
et D~v avec le cercle trigonométrique (c’est-à-dire le cercle unité). L’angle •A
orienté (~u, ~
v) (en radians) est la longueur de l’arc de cercle délimité par A
O
et B parcouru dans le sens direct.
Exercice 11
Proposition 16
Soit O l’origine d’un plan et A et B deux points du plan, distincts de O . On note z A et zB les affixes respectives
−−→ −−→ zB
des points A et B. L’angle orienté (O A, OB) est donné par l’argument du nombre complexe .
zA
Plus généralement soient A, B, C et D quatre points du plan d’affixes respectives z A zB zC et Z D .
→
− −−→ z D − zC
Si z A 6= zB et zC 6= zD , l’angle orienté ( ( AB), CD ) est l’argument du nombre complexe .
zB − z A
Remarque 3
Les angles qui apparaissent dans ce cours sont toujours orientés. Nous nous contentons donc de parler d’angle
dans la suite.
3.2. Translation
La translation est une transformation du plan qui correspond intuitivement au glissement d’un objet, sans rotation,
retournement ou déformation de l’objet.
Définition 3 iR
Exercice 12 0 1 R
Théorème 1
Soit a ∈ C. L’application du plan complexe qui à tout nombre complexe z associe le nombre complexe d’affixe
z + a est la translation de vecteur ~
u d’affixe a. Elle s’écrit donc :
t : C → C
z 7→ z+a
Démonstration
3.3. Rotation
La rotation est une transformation du plan qui correspond intuitivement au mouvement circulaire d’un objet
autour d’un point. Nous présentons dans cette section les rotations d’un point de vue géométrique puis d’un point
de vue algébrique (à l’aide des nombres complexes).
Définition 4
Remarque 4
La formule de Moivre s’interprête géométriquement de la façon suivante : faire une rotation d’angle nθ (et
de centre O ) est la même chose que faire n rotations d’angle θ (et de centre O ).
13
Pré-requis : Objectifs :
• maîtriser la forme algébrique • calculer les racines d’un nombre complexe
• maîtriser la forme exponentielle • résoudre une équation de degré 2 à coefficients com-
• savoir résoudre un système linéaire de deux équa- plexes
tions à deux inconnues
Définition 5
On appelle racine carrée d’un nombre complexe z tout nombre complexe δ tel que δ2 = z.
De la même manière, pour tout entier naturel n, on appellera racine nième d’un nombre complexe z tout
nombre complexe δ tel que δn = z (nous étudierons plus en profondeur les racines nième dans le cours
suivant).
Démonstration
Théorème 3
Remarque 5
Bien sûr, lorsque z = 0, il n’y a qu’une seule racine carrée qui est 0 lui-même.
Attention : contrairement au cas réel, la fonction racine carrée n’est pas définie sur les nombres complexes. En
effet, contrairement au cas réel positif, on ne peut pas privilégier une des deux racines en général. Souvenez-vous
p
bien que la notation x n’a donc un sens que pour x ∈ R+ .
Exemple 2
p
Regardons comment calculer les racines de z = 3 − 3 3i. Nous pouvons utiliser une des deux méthodes
suivantes.
p
Méthode 1 : Il faut écrire z sous forme exponentielle. Le module de z est | z| = 9 + 27 = 6. Ainsi, | zz| =
p π π
1
2 − 23 i = e−i 3 , et par conséquent z s’écrit z = 6 e−i 3 . Une fois que z est écrit sous forme exponentielle les
p π p π
racines se trouvent facilement : 6 e−i 6 et − 6 e−i 6 (remarquons que la deuxième n’est pas mise sous forme
exponentielle).
p
Méthode 2 : Nous cherchons δ = a + i b tel que δ2 = 3 − 3 3i. Nous avons δ2 = a2 − b2 + 2iab. Nous devons
2. On se permettra l’abus de langage consistant à utiliser simplement le terme racine pour désigner une racine carrée.
14
résoudre le système : p
| δ| 2 = |3 − 3 3i|
p p
2
δ = 3 − 3 3i ⇔ Re(δ2 ) = Re(3 − 3 3i)
p
Im(δ2 )
= Im(3 − 3 3i).
p p
Calculons |3 − 3 3i| = 9 + 27 = 6, d’où :
± p3
a =
2 2 2
a +b = 6 (1) 2a = 9 (1) + (2) q2
2 2
a −b = 3 (2) ⇔ 2 b2 = 3 (1) – (2) ⇔ b = ± 32
p p p
2ab = −3 3 2ab = −3 3 −323.
ab =
Le produit ab est négatif donc a et b doivent être de signe contraire. Ainsi on obtient :
p3 − p3
( (
p a = a =
2 2 q 2
δ = 3 − 3 3i ⇔ q
3
ou 3
b = − 2 b = 2.
Exercice 14
p
Calculez les racines carrées de z1 = 1 − i, de z2 = 3 + 2i, de z3 = 5 3 + 5i et de z4 = 1 − 7i.
az2 + bz + c = 0,
où a, b, c sont des nombres complexes (et bien sûr le cas des paramètres réels n’en est qu’un cas particulier). Les
solutions s’expriment exactement comme dans le cas réel. Nous supposerons toujours que a 6= 0, car sinon nous
avons affaire à une simple équation du premier degré.
Proposition 17.
déf
Appelons ∆ = b2 − 4ac le discriminant de l’équation, et δ et −δ les deux racines carrées de ∆.
Alors,
b
1. Si ∆ = 0, il n’y a qu’une seule solution z0 = − . On dira alors (pour une raison qui sera expliquée dans
2a
le chapitre « polynômes ») qu’il s’agit d’une racine double.
2. Si ∆ 6= 0, il y a deux racines distinctes qui sont
−b + δ −b − δ
z1 = , z2 = .
2a 2a
On voit donc que l’expression est exactement la même que pour les équations à coefficients réels.
Exemple 3
p
Ainsi on calcule | − 15 − 8i| = 152 + 82 = 17 d’où :
2 2 2
x +y = 17 x = 1
( (
2 2 2 x = 1 x = −1
x −y = −15 ⇔ y = 16 ⇔ ou
y = −4 y = 4
2 x y = −8 2x y = −8
−(1 + 2 i ) − δ −(1 + 2 i ) + δ
z1 = et z2 = soit z1 = −1 + i et z2 = −3i.
2 2
Exercice 15
P 1 ( X ) = X 2 − X + 1 − i, P2 ( X ) = 4 X 2 − 4 X + 9 − 6i, P3 ( X ) = X 2 + (i − 1) X − i.
a. Une racine d’un polynôme P est une valeur z pour laquelle P ( z) = 0.
16
Pré-requis : Objectifs :
• savoir déterminer et utiliser l’écriture trigonomé- • savoir calculer les racines n-ièmes d’un nombre com-
trique des complexes plexe
• connaître la formule de Moivre • savoir représenter les racines n-ièmes d’un nombre
• savoir calculer les racines carrées d’un nombre com- dans le plan complexe
plexe • savoir utiliser le calcul des racines n-ièmes d’un
nombre complexe pour la factorisation de certains
polynômes ou pour des applications géométriques
5.1. Rappels
Nous rappelons ici deux résultats élémentaires, mais très utiles pour la suite.
Proposition 18
L’égalité
0
ρ e iθ = ρ 0 e iθ , avec ρ , ρ 0 ∈ R∗+ et θ , θ 0 ∈ R,
est équivalente à
ρ = ρ0 et θ = θ 0 + 2 kπ avec k ∈ Z.
Proposition 19
Définition 6
Soit z0 un nombre complexe non nul et soit n ∈ N∗ , n > 1. On appelle racines n-ièmes de z0 tout nombre
complexe z tel que
z n = z0 .
Exemple 4
est de la forme {a 1 , a 2 , a 3 , a 4 }. Calculer a41 , a42 , a43 , a44 . En déduire des racines 4-ièmes de l’unité.
Recherche des racines n-ièmes de l’unité. Les racines n-ièmes de l’unité sont les nombres z = ρ e iθ , avec
ρ ∈ R∗+ et θ ∈ R, vérifiant
z n = ρ n e i nθ = 1.
ρn = 1 et n θ = 2 kπ avec k ∈ Z.
Proposition 20
Exemple 5
Recherche des racines n-ièmes d’un nombre complexe non nul. Soit z0 = ρ 0 e iθ0 , avec ρ 0 > 0 et θ0 ∈ R. Les
racines n-ièmes de z0 sont les nombres z = ρ e iθ vérifiant
z n = ρ n e i n θ = ρ 0 e i θ0 .
ρ n = ρ0 et n θ = θ0 + 2 k π avec k ∈ Z.
Proposition 21
Exemple 6
Exercice 16
Il est facile de déterminer tout d’abord les solutions de l’équation v2 + v + 1 = 0, puis d’en
déduire ensuite les solutions de l’équation z4 = v.
Résoudre ce système.
Exercice 17
Vérifier que
( z − 1)( z n + z n−1 + · · · + z + 1) = z n+1 − 1.
z n + z n−1 + · · · + z + 1 = 0.
Vérifier que i est racine de P . En déduire que − i est aussi racine de P . Vérifier que −1 est aussi racine de P . En
déduire une factorisation de P .
Exercice 18
Exercice 19
Exercice 20
Pré-requis : Objectifs :
• maîtriser la forme algébrique • savoir utiliser la formule du binôme
• maîtriser la forme exponentielle • exprimer cos( nx) ou sin( nx) à l’aide de polynômes
• connaître les formules de Moivre et d’Euler trigonométriques
• linéariser un polynôme trigonométrique
Avec la loi binomiale, il a été vu au lycée les coefficients binomiaux. Ces coefficients étaient obtenus au lycée à
l’aide de la calculatrice. Voici leur formule :
Définition 7
¡ n¢
Soient n et k deux entiers naturels. Le nombre k , qui se lit “ k parmi n”, est défini par
à !
n déf n! n( n − 1) · · · ( n − k + 1)
= = ,
k k!( n − k)! k!
déf
n! = 1 × 2 × · · · × n, avec la convention 0! = 1.
La formule du binôme se prouve par récurrence sur n en utilisant les relations de Pascal :
à ! à ! à !
n+1 n n
= + .
k+1 k k+1
21
Cette formule permet aussi de calculer effectivement les coefficients du binôme grâce au triangle de Pascal
1 1
1 2 1
1 3 3 1
1 4 6 4 1
1 5 10 10 5 1
1 6 15 20 15 6 1
1 7 21 35 35 21 7 1
On trouve dans la n-ième ligne les coefficients du développement du binôme pour l’exposant n. On passe d’une
ligne à la suivante en sommant les nombres de la ligne précédente sur la même colonne et la colonne précédente.
Ainsi, en lisant ce tableau pour la deuxième ligne, on trouve
(a + b)2 = a2 + 2ab + b2 ,
Exercice 21
De cette formule, nous écrivons que cos( nx) et sin( nx) sont respectivement la partie réelle et la partie imaginaire
de (cos x + i sin x)n . Nous développons ensuite (cos x + i sin x)n avec la formule du binôme et nous trouvons ainsi une
formule explicite pour cos( nx) et sin( nx) en fonction de cos x et sin x. Si nous connaissons les valeurs de cos x et de
sin x, nous pouvons donc en déduire les valeurs de cos( nx) et sin( nx) pour tout n ∈ N.
Exemple 7
cos(5 x) = Re( e5 ix )
= Re((cos( x) + i sin( x))5 )
= Re cos5 ( x) + 5i cos4 ( x) sin( x) − 10 cos3 ( x) sin2 ( x) − 10i cos2 ( x) sin3 ( x) + 5 cos( x) sin4 ( x) + i sin5 ( x)
¡ ¢
= Re cos5 ( x) − 10 cos3 ( x) sin2 ( x) + 5 cos( x) sin4 ( x) + i 5 cos4 ( x) sin( x) − 10 cos2 ( x) sin3 ( x) + sin5 ( x)
¡ ¡ ¢¢
Remarque 6
Pour ceux qui ont une excellente mémoire, il existe une formule générale qu’on ne vous encourage pas à
essayer de retenir :
à !
n/2c
bX
n
cos( nx) = (−1)` (cos x)n−2` (sin x)2` ,
`=0 2 `
à !
b( n−1)/2c
n
(−1)` (cos x)n−2`−1 (sin x)2`+1 .
X
sin( nx) =
`=0 2 ` + 1
On a noté bac la partie entière de a. Si l’on remplace partout sin2 x par 1 − cos2 x, on constate que cos( nx)
s’exprime comme un polynôme en cos x seul, et que sin( nx) s’exprime comme le produit de sin x par un
polynôme en cos x seul. Il existe des formules très générales, mais il est aussi simple de savoir les retrouver
au coup par coup.
22
Exercice 22
1. Donnez explicitement cos(3 x) et sin(3 x) en fonction de cos x et sin x, leur produit ou leur puissance.
2. Donnez explicitement cos(4 x) et sin(4 x) en fonction de cos x et sin x, leur produit ou leur puissance.
ei x + e−i x ei x − e−i x
cos x = et sin x = ,
2 2i
on déduit que les puissances de cosinus et de sinus et leurs produits peuvent s’exprimer comme des combinaisons
linéaires d’exponentielles.
Exemple 8
Remarque 7
Comme on sait d’avance que le résultat est réel, on peut remplacer chaque terme du membre de droite par sa
partie réelle : Ã ! Ã !
n n ³ ´ n n
n −n i(2 k− n) x −n
X X
cos x = 2 Re e =2 cos ((2 k − n) x) .
k=0 k k=0 k
Exercice 23
1. Écrivez de la même façon cos3 ( x) en fonction de cos( x), sin( x), cos(2 x), sin(2 x), cos(3 x), sin(3 x). C’est ce
que l’on appelle linéariser.
2. Linéarisez cos3 ( x) sin2 ( x) puis cos2 ( x) sin3 ( x). Que remarquez-vous ?
3. Calculez une primitive de cos3 ( x) sin2 ( x).
Exercice 24
23