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Préliminaires: résolution d'une équation quadra-

tique et racines nièmes de l'unité dans les complexes

1) a) On considère l'équation générale du second degré: ax2 + bx + c = 0,


où a, b, c sont réels avec a 6= 0. Montrer que cette équation est équivalente à
b 2 ∆ 2
(x + 2a ) = 4a 2 où ∆ = b − 4ac est le discriminant de l'équation.
b 2 ∆
b) Posant X = x +
2a l'équation devient X = 4a2 , qu'on sait résoudre pouvu
que ∆ ≥ 0: écrire les solutions pour X , en déduire la formule habituelle pour les
racines de l'équation habituelle. Ainsi l'ajout d'une constante à l'inconnue x fait
disparaître le terme linéaire: on dit qu'on a complété le carré dans l'équation.
Que se passe-t-il si ∆ = 0?

2) On sait que lorsque ∆ est négatif, l'équation n'a pas de solution réelle. Cepen-
dant elle possède toujours une racine complexe. Supposant ∆ < 0, écrire les
2 ∆
solutions de l'équation X = en termes de la valueur absolue |∆| et du nom-
√ 4a2

bre imaginaire i = −1 (racine de l'équation x2 = −1). En déduire la formule


2
des racines de l'équation ax + bx + c = 0 dans le cas ∆ < 0. Montrer que ces
formules sont formellement identiques à celles qui valent pour ∆ > 0.

3) Etant donné un nombre complexe z = x + iy 6= 0 (avec x, y réels non tous


deux égaux à 0), on va voir que z possède toujours une racine carrée, i.e. il
existe un nombre complexe u = α + iβ tel que u2 = z .

−−→
a) On peut identier le nombre complexe z = x + iy au vecteur OM d'origine
O = (0, 0) et d'extrémité M = (x, y) dans le plan. On obtient ainsi une représen-
tation géométrique d'un nombre complexe. L'axe des abscisses Ox prend dans
cette représentation le nom d'axe réel, celui des ordonnées Oy prend le nom d'axe
imaginaire. A quels ensembles de nombres complexes ces axes correspondent-
ils? Comment s'interprète l'addition de deux nombres complexes en termes
des vecteurs correspondants? De même, donner les coordonnées du vecteur qui
correspond au produit des complexes z = x + iy et z 0 = x0 + iy 0 .

b) On dénit le conjugué de z = x + iy comme étant le nombre complexe


z̄ = x − iy . Montrer que la conjugaison préserve l'addition et la multiplica-
tion complexes, i.e. on a z + z 0 = z + z 0 et zz 0 = z z 0 . A quoi correspond
géométriquement la transformation z 7→ z̄ du plan complexe dans lui-même?
Que signie l'égalité z = z̄ ? Que signie l'égalité z = −z̄ ?

−−→
c) Soit θp∈] − π, π] l'angle que fait le vecteur OM avec l'axe réel, et soit r =
−−→
|OM | = x2 + y 2 . Montrer que le nombre complexe z = x + iy admet la
représentation suivante: z = r(cos θ + i sin θ), dite représentation polaire de z .
2
Le rayon |r| s'appelle le module de z et se note |z|. Montrer qu'on a |z| = z z̄ .
L'angle θ s'appelle l'argument principal de z , on le note aussi Arg z . L'adjectif

1
principal réfère à ce qu'on pourrait prendre une autre détermination de l'angle
θ, à savoir tout nombre de la forme θ0 = θ + 2πk avec k entier: θ0 est encore
une détermination de l'argument de 6 0.
z , non principale si k =

√ √
d) Soit
√ u = r cos(θ/2)+i r sin(θ/2)√ . (u est le nombre complexe de partie réèlle
2
r cos(θ/2) et de partie
√ imaginaire r sin(θ/2)
√ .) Montrer que l'on a u = z .
On convient de poser z = u. On dit que z est la détermination pricipale de
la racine carrée de z (obtenue en utilisant la détermination principale θ ∈]−π, π]
de l'argument de z ). Noter que cette dénition coïncide avec la dénition usuelle
√ √
si z est réel et ≥0: on a alors z = r et θ = 0, ce qui donne z = r. Si z
√ √
est un réel < 0, on a θ = π , ce qui donne z = i r. Quelle serait une autre

détermination possible pour z?

e) En utilisant le 3), montrer que les formules de résolution de l'équation ax2 +


bx+c = 0 trouvées en 1) et 2) sont en fait valables lorsque a, b, c sont des nombres
complexes quelconques (avec a 6= 0). Ce sont donc les formules générales de
résolution d'une équation du second degré dans le corps des nombres complexes.

4) Soit n un entier ≥ 1. On va résoudre l'équation un = 1 dans les complexes.

a) Soient u = cos θ + i sin θ et u0 = cos θ0 + i sin θ0 deux nombres complexes


0
de module 1 (autrement dit, u et u appartiennent au cercle unité dans le plan
complexe). Calculer leur produit, et montrer que

uu0 = cos(θ + θ0 ) + i sin(θ + θ0 ).

b) Pour tout nombre réel θ, déduire du a) la formule de Moivre:

(cos θ + i sin θ)n = cos(nθ) + i sin(nθ).

c) Soit u = r(cos θ + i sin θ) un = 1. Utilisant la


un nombre complexe tel que
formule de de Moivre, montrer qu'on a nécessairement r = 1, autrement dit que
u appartient au cercle unité du plan complexe.

d) Déterminer les valeurs de θ pour lesquelles(cos θ + i sin θ)n = 1. En déduire


ièmes 2πk
que les racines n de l'unité sont les nombres complexes uk = cos
n +
i sin 2πk
n pour k = 0, 1, ..., n − 1. Utilisant encore la formule de Moivre, montrer
qu'on a aussi uk = (cos 2π 2π k
n + i sin n ) = u1 .
k

2
e) Application: racines cubiques de l'unité. On posera dans la suite j = cos 2π3 +

−1+i 3
i sin 2π
3 = 2 . Expliciter les racines cubiques de l'unité,
2
calculer j , et
2
démontrer la relation 1 + j + j = 0.

f ) Etant donné un nombre complexe z, expliciter les n racines de l'équation


un = z . On utilisera la décomposition polaire de z et on supposera qu'on sait
extraire la racine
√ nième positive d'un nombre réel positif r, qu'on notera r1/n
ou
n
r. En particulier, écrire de cette manière les racines cubiques de
√ z. Par
analogie avec la dénition de z
√ donnée plus haut, on dénit la détermination

principale de la racine cubique de z = 3 r(cos θ3 + i sin θ3 ), où θ désigne
z par
3

la détermination principale de l'argument de z . Cette dénition coïncide avec


la notion usuelle de racine cubique lorsque z est réel.

Résolution des équations du troisième degré (par

la méthode de Cardan)

L'équation du 3ème degré la plus générale est de la forme ax3 + bx2 + cx + d = 0,


avec a 6= 0. On supposera d'abord que a, b, c, d sont des nombres complexes quel-
conques car la méthode de résolution marche dans tous les cas. On supposera
ensuite a, b, c, d réels et on explicitera certains cas d'intérêt. Même dans ce cas,
on a besoin des nombres complexes pour écrire les formules générales des racines
de l'équation.

1) Montrer que la recherche des racines de cette équation est équivalente à celle
de l'équation x3 = px + q , où p et q sont des constantes que l'on exprimera en
fonction des coecients a, b, c, d.

b
Réponse: On fait le changement de variable X = x+
3a , ce qui conduit à
3 c b 2 b 3 bc d b 2 c
l'équation X +( −( ) )X −(
a a 3a ) − 3a2 + a . On peut donc prendre p = ( a ) − a
d b 3 bc 3 2
et q =
a − ( 3a ) − 3a2 . Alors x est une solution de ax + bx + cx + d = 0 si et
b 3
seulement si X = x +
3a est solution de X = pX + q .

2) Résolution de l'équation x3 = px + q .

a) Démontrer l'identité algébrique suivante: (a + b)3 = a3 + b3 + 3ab(a + b). En


3 3
déduire que si deux nombres a, b vérient p = 3ab et q = a + b , alors x = a + b
3
satisfait l'équation x = px + q .

b) Montrer que deux nombres a, b vérient le système p = 3ab et q = a3 + b3 si


et seulement si l'égalité polynômiale suivante est vériée:
x3 − px − q = (x − a − b)(x − ja − j 2 b)(x − j 2 a − jb).

3
p3
c) Montrer que le système d'équations uv =
27 , u + v = q est équivalent à
2 p3
l'égalité polynômiale (x − u)(x − v) = x − qx +
27 . En√déduire que

ce système
q+ ∆ q− ∆
a pour solutions les paires (u, v) et (v, u) avec u = , v = , où on a
√ 2 2
2 4p3
posé ∆ = q − ∆ est la détermination principale de la racine carrée de
27 et
∆ dénie plus haut.
√ √
q+ ∆ q− ∆ 1/3 1/3
d) Montrer que si on pose u = 2 , v =
2 , puis a = u , b = v
(en prenant la détermination principale de la racine cubique), alors les racines
3
complexes de l'équation x = px + q , au nombre de trois, sont données par
r1 = a + b, r2 = ja + j b, r3 = j 2 a + jb.
2

La méthode de résolution précédente, dite méthode de Cardan, procède par


étapes:
4p3
i) On calcule ∆ = q2 − 27 . √
ii) On extrait la racine carrée complexe

∆. √
q+ ∆ q− ∆
iii) On forme les expressions u = , v = .
2 2
1/3 1/3
iv) On extrait les racines cubiques complexes a = u et b = v .
2 2
v) On forme les racines r1 = a + b, r2 = ja + j b, r3 = j a + jb.

A chaque étape on calcule une expression rationnelle dans les nombres calculés
précédemment, ou bien on extrait une racine carrée ou cubique complexe. On
exprime ceci en disant que l'équation est résolue par radicaux.

3) On va re-déduire de ce qui précède, en les explicitant, les solutions de


l'équation x3 = px + q , p, q sont
lorsque des nombres réels. On discutera trois
4p3
cas possibles, suivant que ∆ > 0, ∆ = 0, ou ∆<0 (avec ∆ = q2 − 27 ).

2 3
a) Cas ∆ > 0. Alors l'équation x − qx + p /27 = 0 possède deux racines réelles
√ √
q+ ∆ q− ∆
u = 2 , v = 2 . Déduire que l'équation cubique dans ce cas possède une
racine réelle simple et deux racines complexes conjuguées données par:

q √ q √ q √ q √
3 q+ ∆ 3 q− ∆ 3 q+ ∆ 3 q− ∆
r1 = + , r2 = j + j2 ,
q2 √ q2 √ 2 2
2 3 q+ ∆ 3 q− ∆
r3 = j 2 +j 2 = r̄2

b) Cas ∆ = 0. Alors l'équation x2 − qx + p3 /27 = 0 possède une racine double


u = v = 2q . Montrer que dans ce cas la cubique possède une racine simple et
pq 3q
p3 q 3q
une racine double, données par: r1 = 2 3
2 = p , r2 = r3 = − 2 = − 2p . (On
met de côté le cas trivial p = q = 0 dans lequel r1 = r2 = r3 = 0.)

4
2
c) Cas ∆ < 0. Alors l'équation
√ x − qx +√ p3 /27 = 0 possède deux racines
q+i |∆| q−i |∆|
complexes conjuguées u= 2 , v =
2 . Montrer que dans ce cas la
cubique possède 3 racines simples données par:

q √ q √ q √ q √
q+i ∆
+ q−i2 ∆ , r2 = q+i ∆ q−i ∆
3 3 3 2 3
r1 = j +j ,
q2 √ q √ 2 2

j 2 q+i2 ∆ + j q−i2 ∆ .
3 3
r3 =
q √ q √
q+i ∆
b = q−i2 ∆ sont
3 3
Montrer de plus que les nombres complexes a= 2 et

conjugués. En déduire que les racines r1 = a + b, r2 = ja + j 2 b, r3 = j 2 a + jb


sont en fait toutes réelles dans ce cas (bien qu'exprimées au moyen de nombres
complexes). On remarquera que j 2 = j̄ .

4p3
4) Exemples. Pour chacune des équations ci-dessous, calculer
27 ∆ = q2 −
et vérier les valeurs données de r1 , r2 , r3 en indiquant les racines simples ou
doubles.


i) x3 = 3x + 5.q
√ q√ √
On trouve a = 3 5+1
2 , b = 3 5−1
2 ⇒ r1 = a + b, r2 = − r21 + i 3
2 (a − b),

r3 = − r21 −i 3
2 (a − b).

x3 = 3x + 2.
ii)
On trouve a = b = 1⇒ r1 = 2, r2 = r3 = −1.

x3 = 15x + 4. (Exemple de Cardan)


iii)
√ √
3
On trouve ∆ = −4 × 121 ⇒ a = 2 + 11i
√ = 2 + i, b = 3 2 − 11i = 2√− i.
⇒ r1 = a + b = 4, r2 = ja + j 2 b = −2 + 3, r3 = j 2 a + jb = −2 − 3.

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