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1.1 Introduction
Les corps finis les plus simples sont ceux de la forme Z/pZ où p est premier. Ce sont
d’ailleurs, à isomorphisme près, les uniques corps finis de cardinaux premiers. On va voir
dans la suite que ces corps particuliers interviennent dans la structure de tous les corps finis.
Il existe des corps qui ne sont pas commutatifs, l’exemple classique étant le fameux corps
des quaternions. On peut alors se poser la question suivante : existe-t-il des corps finis non
commutatifs ? La réponse est non, comme le montre le célèbre théorème de Wedderburn qui
suit.
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La relation R est une relation d’équivalence. La classe d’équivalence de a ∈ Z, notée a, est
donnée par
a = {x ∈ Z : x − a ∈ nZ} = {a + nk : k ∈ Z} .
Ces opérations sont bien définies, c’est-à-dire qu’elles ne dépendent pas du choix du représen-
tant d’une classe. Muni de ces deux opérations, l’ensemble Z/nZ est un anneau commutatif.
Dans la suite on notera, respectivement, simplement + et . au lieu de ⊕ et .
On peut vérifier directement que Z/3Z est un corps, alors que Z/4Z ne l’est pas. Cepen-
dant, on a le théorème fondamental bien connu qui suit.
Démonstration. On suppose que n est premier. Montrons que Z/nZ est un corps. Il suffit
de montrer que tout élément non nul de Z/nZ est inversible. Soit x ∈ Z/nZ, x 6= 0. Comme
n est premier, alors PGCD(x, n) = 1. Il existe donc a, b ∈ Z tels que an + bx = 1, alors
an + bx = 1, donc an + bx = 1, et comme an = 0, alors bx = 1, c’est-à-dire que x est
inversible, d’où Z/nZ est un corps. Réciproquement, si n n’est pas premier, alors on peut
écrire n = qp, où 1 < p < n et 1 < q < n. On a alors 0 = n = pq = pq avec p 6= 0 et
q 6= 0, donc Z/nZ n’est pas intègre, d0 où Z/nZ n’est pas un corps.
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1 + 1 + ··· + 1 (n fois ) si n > 0,
où n.1= 0 si n = 0,
(−1) + (−1) + · · · + (−1) ( − n fois ) si n < 0.
L’application f est un morphisme d’anneaux et on a
Comme ker f est un idéal de Z, il est donc de la forme pZ, p ∈ N, d’où Z/ ker f = Z/pZ '
f (Z). Comme K est un corps fini, il est intègre et tout sous-anneau de K est intègre, d’où
f (Z) ' Z/pZ est intègre. On en déduit que p est premier.
On ainsi montré que tout corps fini K contient une copie de Z/pZ, où p est un nombre
premier. Autrement dit, K est une extension de Z/pZ. Remarquons que le nombre premier p
est la caractéristique du corps K, i.e., le plus petit entier strictement positif tel que p.1 = 0.
Théoréme 1.3.1 Soit K un corps fini, alors le cardinal de K est égal à pn , où p est un
nombre premier et n est un nombre entier naturel non nul.
Démonstration. Soit K un corps fini, alors K est une extension de Z/pZ, où p est un
nombre premier, notons n = [K : Z/pZ]. Soit {v1 , v2 , ...., vn } une base de K sur Z/pZ, on
a : K = { ni=1 αi νi , αi ∈ Z/pZ}, d’où card(K) = pn .
P
Définition 1.3.1 Le nombre premier p est appelé caractéristique du corps K et Z/pZ est
appelé corps premier de K.
Théoréme 1.4.1 a) Pour tout nombre premier p et pour tout n ∈ N∗ , il existe un corps fini
à pn éléments.
b) Deux corps finis ayant le même nombre d’éléments sont isomorphes.
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Démonstration. a) Posons q = pn et soit f (x) = xq − x ∈ Fp [x]. On va vérifier que
l’ensemble des racines du polynôme f (x) (dans une clôture algébrique Fp de Fp ) forme un
corps à q éléments. Notons
n o
A = α ∈ F̄p : f (α) = 0 .
Ainsi, tout corps fini à q éléments est le corps de décomposition de xq − x sur Fp . Le corps
de décomposition étant unique à isomorphisme près, on a le résultat voulu.
où α est une racine de f (x) dans une clôture algébrique de Fp . Dans la suite, après avoir
choisi un polynôme unitaire et irréductible de degré n, on écrira simplement
Fpn = Fp [α].
F4 = F2 [α] = {a + αb : a, b ∈ F2 et α2 = α + 1}.
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Remarquons que α3 = α2 α = α(α + 1) = α2 + α = α + 1 + α = 1. On obtient alors les tables
d’addition et de multiplication dans F4 = {0, 1, α, 1 + α} .
+ 0 1 α α+1
0 0 1 α α+1
1 1 0 α+1 α
α α α+1 0 1
α+1 α+1 α 1 0
· 0 1 α α+1
0 0 0 0 0
1 0 1 α α+1 .
α 0 α α+1 1
α+1 0 α+1 1 α
On a (α2 + α + 1)(α2 + α) = α + α2 + α2 + α3 + α3 + α4 = α + α4 .
= α + α(α3 ) = α + α(α + 1) = α + α2 + α.
= α2 .
Remarquons que :
α3 = 1 + α, α4 = α + α2 , α5 = 1 + α + α2 , α6 = 1 + α2 et α7 = 1.
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f (x) n’a pas de racine dans F2 ; de plus (x2 + x + 1)2 = x4 + x2 + 1 6= f (x), et x2 + x + 1 est
le seul polynôme irréductible de degré 2 sur F2 . On a donc
F9 = {a + αb : a, b ∈ F3 et α2 = 2}.
Définition 1.6.1 Un générateur de groupe cyclique F∗q est appelé élément primitif du corps
Fq .
Remarque 1.6.1 Il faut faire attention à ne pas confondre cette notion d’élément primitif
du corps Fq avec la notion d’élément primitif donné en théorie des extensions de corps. En
effet, on a une implication dans un sens : si F∗q = hαi alors Fq = Fp (α). Mais en général
Fq = Fp (α) n’implique pas F∗q = hαi, comme on le voit dans l’exemple qui suit :
F9 = {a + bα : a, b ∈ F3 et α2 = 2},
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Exemples 1.6.3 Le corps F32
Pour décrire F32 = F25 , il suffit de se donner un polynôme irréductible sur F2 de degré 5. Les
polynômes réductibles sur F2 de degré 5 sont :
1- Les polynômes ayant une racine dans F2 .
2- Les polynômes qui se factorisent sous la forme f = gh, avec deg g = 2 et deg h = 3, g et
h étant irréductibles sur F2 .
Dans la catégorie 2, on trouve exactement deux polynômes : (x2 + x + 1)(x3 + x + 1) et
(x2 + x + 1)(x3 + x2 + 1), qui sont f1 (x) = x5 + x + 1 et f2 (x) = x5 + x4 + 1. Les polynômes
irréductibles sur F2 de degré 5 sont par conséquent les polynômes n’ayant pas de racine dans
F2 et qui sont distincts des polynômes f1 et f2 . Le polynôme f (x) = x5 +x2 +1 est irréductible
sur F2 . On peut alors écrire :
X4
F32 = F2 [α] = { ai αi : ai ∈ F2 , α5 = α2 + 1},
i=0
L’élément α est primitif car |F∗32 | = 31 est premier, et on sait que dans un groupe cyclique
d’ordre premier, tout élément distinct de l’élément neutre est générateur. On a donc
Proposition 1.7.1 Soit K un corps fini et soit L un sous corps de K, alors K et L ont
même caractéristique.
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Démonstration. On suppose que Fpm ⊂ Fpn . Posons k = [Fpn : Fpm ], on a pn = pm × pm ×
... × pm (k fois) , donc pn = pmk , d’où n = mk et m divise n. Réciproquement, si m divise
n, alors il existe k tel que n = mk. Soit x ∈ Fpm . On a
n mk n
m pm ··· pm
xp = xp =⇒ xp = xp (k fois) .
m
m··· p
On en déduit que xp = (x)p
n m
= x, car xp = x du fait que x ∈ Fpm , d’où x ∈ Fpn , alors
Fpm ⊂ Fpn .
Remarque 1.8.1 Le morphisme ϕ peut ne pas être bijectif si le corps F n’est pas fini.
Trouver un contre-exemple !
Aut (Fq ) = ϕ, ϕ2 , · · · , ϕn = id .
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Démonstration. On a déjà vu que ϕ est un automorphisme de Fq , montrons qu’il est
n
d’ordre n. On a, pour tout a ∈ Fq , ϕn (a) = ap = 1, donc ϕn = id. Supposons par l’absurde
qu’il existe un entier m tel que 0 < m < n et ϕm = id. Alors on a, pour tout a ∈ Fq ,
m m m
ϕm (a) = ap = a, d’où ap − a = 0. Ainsi, le polynôme xp − x ∈ Fp [x] qui est de degré
pm < pn admet au moins pn racines. Contradiction.
Il reste à montrer que tout automorphisme de Fq est de la forme ϕi , 1 ≤ i ≤ n. Ceci est
laissé en exercice, et pourrait être proposé au prochain test !
Exemples 1.8.1 Le groupe des automorphismes G = Aut (F16 ) du corps F16 = F24 est
donné par
G = ϕ, ϕ2 , ϕ3 , ϕ4 = id ,
où ϕ est l’automorphisme de Frobenius défini par ϕ (a) = a2 , pour tout a ∈ F16 . Comme G
est cyclique, alors il possède un unique sous-groupe propre, qui est d’ordre 2 : H = {id, ϕ2 } .
Ce sous-groupe correspond à l’unique sous-corps propre de F16 :
1.9 Exercices
Soit p un nombre premier et soit K un corps de caractéristique p. Montrer que l’on a
m m m
∀a, b ∈ K, ∀m ∈ N, (a + b)p = ap + bp .
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