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Le Divorce

Maître Martine Valot-Forest


 

Avocat au barreau de Paris


 

 
Remerciements
 
L’auteur remercie chaleureusement toutes les personnes qui
ont contribué par leur précieuse intervention à la réalisation
de cet ouvrage et en particulier Madame Choubrac Nicole,
Marie-France Hirigoyen, Jean-Emmanuel Derny, Georges
Juttner, Dr Roland Coutanceau, Dr Patrick Baraf et
également Annabel Blouet et Elsa Didier.

 
Le Divorce pour les Nuls
© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2017.
Publié en accord avec John Wiley & Sons, Inc.
«  Pour les Nuls  » est une marque déposée de John
Wiley & Sons, Inc.
«  For Dummies  » est une marque déposée de John
Wiley & Sons, Inc.
 

Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement


réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou
diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de
tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et
constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se
réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de
propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou
pénales.
 
ISBN : 978-2-412-01980-1
ISBN numérique : 9782412025161
Dépôt légal : février 2017
 
Correction : Christine Cameau
Dessins : Marc Chalvin
Mise en page et couverture : Catherine Kédémos

 
Éditions First, un département d’Édi8
12, avenue d’Italie
75013 Paris – France
Tél. : 01 44 16 09 00
Fax : 01 44 16 09 01
E-mail : firstinfo@editionsfirst.fr
Internet : www.pourlesnuls.fr
 

Ce livre numérique a été converti initialement au format


EPUB par Isako www.isako.com à partir de l'édition papier
du même ouvrage.
À propos de l’auteur
Maître Martine Valot-Forest est avocat à la Cour.
Titulaire du CAPA depuis  1980, elle est spécialisée
dans le divorce depuis 25  ans. Présidente
d’audience, juge des référés depuis près de 20 ans,
elle siège au conseil des prudhommes de Paris. Elle
a été par ailleurs très investie dans la vie
associative, et notamment dans l’association SOS
papa, qui accompagne les pères au moment du
divorce. Elle est également l’auteur, chez First, de
Bien négocier son divorce, Divorce : Question d’argent et
Divorce : Question d’enfants.
Introduction

P renez une grande inspiration… et jetez-vous à


l’eau. C’est une plongée au cœur du monde
ténébreux des règles du divorce que nous vous
proposons. Nous vous aiderons à décoder le langage
obscur des juristes, à comprendre la complexité des
procédures, à connaître toutes les options qui
s’offrent à vous, afin d’y voir plus clair dans ce qui,
après tout, vous concerne au premier chef  : votre
divorce !

C’est d’ailleurs là toute la difficulté de ce domaine


du droit, qui touche à l’intime de chaque individu :
comment accepter qu’une tierce personne décide
du sort de nos biens, de notre logement, de notre
nom de famille et, plus grave encore, de nos
enfants  ? Comment admettre une telle incursion
dans notre vie privée, au moment même où la
rupture du couple, le plus souvent douloureuse,
nous fragilise ?

Car, pour être devenu fréquent (en France, un


mariage sur trois prend fin par un divorce, la
proportion passant à un sur deux dans les grandes
villes), le divorce n’est jamais banal, puisqu’il
décide du sort de ce que l’on a de plus précieux : la
cellule familiale.

Lorsqu’on engage une procédure de divorce, on


demande à un magistrat professionnel d’intervenir
dans la sphère de notre vie privée, mais il est en
même temps bien difficile d’accepter cette
intrusion, même temporaire, dans notre vie de
famille.

Ce que nous vous proposons ici, c’est de prendre en


main votre procès, puisqu’il faut nommer les
choses par leur nom, et de devenir un véritable
acteur de la procédure, en anticipant celle-ci étape
par étape, en prenant à bras-le-corps les difficultés
que vous rencontrerez, et en faisant preuve d’un
soupçon de stratégie pour tenter de maîtriser,
autant que possible, cet avenir qui semble si
incertain.

À propos de ce livre
Vous songez à divorcer, mais vous hésitez à
entreprendre une procédure réputée pénible,
longue et coûteuse  : ce livre vous aidera à choisir
entre le divorce et ses alternatives, ou à déterminer
le type de procédure de divorce la mieux adaptée à
votre histoire personnelle.

Votre décision est prise  : vous allez sauter à l’eau,


mais vos interrogations et vos doutes sont
nombreux  : cet ouvrage s’est fixé pour objectif de
répondre à vos questions afin que vous vous
engagiez dans cette procédure le plus sereinement
possible.

Vous êtes déjà plongé(e) jusqu’au cou dans une


procédure de divorce, choisie ou subie, et vous ne
comprenez pas toujours les motifs et les
implications des décisions prises par le magistrat
chargé de votre dossier. Là encore, ce livre est fait
pour vous, puisqu’il vous dévoilera les critères
utilisés par les juges et les tendances
jurisprudentielles.

Vous débutez des études de droit, vous êtes


assoiffé(e) de connaissances juridiques, ou
simplement curieux(se)  : vous aborderez de
manière plus ludique cet affluent du droit de la
famille qu’est le droit du divorce.

Bref, vous l’aurez compris, Le Divorce pour les Nuls


est à mettre entre toutes les mains !
Alors, êtes-vous prêt(e) pour le grand plongeon  ?
Rassurez-vous, nous resterons à vos côtés jusqu’à
ce que vous refassiez surface.

Comment ce livre est-il


organisé ?
Cet ouvrage se compose de cinq parties pour
aborder pas à pas les problématiques du divorce,
dans un ordre chronologique, ainsi que de la partie
des Dix commune à tous les titres de la collection
«  Pour les Nuls  » et, enfin, dans la septième
partie, d’un glossaire, d’une liste d’adresses de
sites internet et d’associations, et d’exemples de
documents dont vous aurez besoin.

Première partie : Un peu de


théorie : le b-a.ba du divorce
Pour comprendre les règles du divorce, un petit
rappel historique s’impose. Rassurez-vous, il ne
s’agit pas de vous assommer de dates, ni de
remonter à la préhistoire, mais seulement de
planter le décor en soulignant les étapes clés de
l’évolution du divorce. Cette première partie, qui
donne une approche concrète du contenu de ce
livre, permettra donc de savoir qui, comment, où et
pourquoi.

Nous envisagerons surtout ce que pourrait être le


divorce de demain, en décortiquant les réformes
envisagées par le législateur, notamment celle du
divorce par consentement mutuel devant notaire.

Cette première partie détaille les régimes


matrimoniaux, distingue les différents types de
divorce et présente les différents acteurs de la
procédure de divorce, en passant en revue tous les
possibles interlocuteurs.

Deuxième partie : Avant de


vous jeter à l’eau : préparez-
vous !
Où vous découvrirez que c’est avant même
l’ouverture de la procédure de divorce qu’il faut
faire preuve de stratégie, en se prémunissant
contre les éventuels agissements déloyaux de
son/sa futur(e) ex.

Il vous faudra garder la tête froide, et ne pas vous


lancer sans réfléchir dans une procédure dans
laquelle vous laisseriez des plumes non seulement
sur le plan affectif, mais également sur le plan
matériel. Pour cela, vous devez connaître toutes les
conséquences possibles du procès, et passer en
revue les diverses alternatives au divorce, qui sont
parfois préférables, si besoin est en faisant appel à
des professionnels. Il s’agit également de protéger
ses arrières avant le procès. Une fois encore, des
praticiens du droit et de la finance pourront vous
conseiller utilement.

Bien que vous soyez perturbé(e) par le divorce qui


s’annonce, il vous faudra pourtant prendre un
certain nombre de précautions. Ce n’est pas le
moment de commettre une erreur  : cette partie
vous donnera les outils nécessaires pour vous
protéger. Les procédures de divorce vous seront
cette fois exposées en détail, avec leurs avantages
et leurs inconvénients, afin que vous puissiez opter
pour celle qui vous correspond le mieux, et surtout
que vous évitiez celles qui pourraient vous nuire.

Troisième partie : Vous vous


jetez à l’eau : la vie pendant la
procédure
Un divorce, en raison des divers incidents qui
peuvent l’émailler, des voies de recours admises pour
certaines décisions, et surtout lorsqu’il s’agit d’une
procédure pour faute, cela peut être très long. D’où
l’intérêt de bien connaître ce qu’il reste des droits
et des devoirs du mariage pendant ce laps de
temps  : il serait dommage de tout gâcher en
commettant un impair pendant cette période.

Cette troisième partie reprend par le détail les


mesures provisoires qui peuvent être prises par le
magistrat chargé de votre dossier, pour la durée de
la procédure, et qui concernent au premier chef les
enfants et le domicile conjugal. Elle traite
également des procédures d’incident  –  sortes de
mini procédures dans la procédure  –, et de la
médiation, que, pour d’évidentes raisons, le
législateur encourage dans les affaires familiales
plus que dans tous les autres domaines du droit. La
médiation peut apaiser une procédure fort pénible
pour l’ensemble de la famille, mais ne saurait être
efficace si les futurs ex ne jouent pas le jeu.

Enfin, cette partie aborde ce que les praticiens du


droit nomment habituellement les « passerelles »,
qui permettent dans un certain nombre
d’hypothèses de changer de type de divorce en
cours de procès.
Quatrième partie : Les enjeux
du divorce : vos bouts d’chou
Les parents responsables sont à juste titre soucieux
d’épargner les aléas de la procédure à leurs enfants,
parce que ceux-ci n’ont pas choisi la séparation de
leurs parents et parce qu’ils vont sans doute
souffrir de cette rupture.

Pourtant, nous ne sommes que des êtres humains,


avec nos faiblesses, nos rancœurs et nos peines.
Pas toujours simple donc, voire impossible,
d’adopter au quotidien l’attitude parfaite, pleine
d’élégance et de détachement.

La quatrième partie offre quelques


recommandations, avant tout sur la manière
d’annoncer le divorce aux enfants : quand faut-il le
faire  ? Comment  ? Faut-il envisager l’intervention
de professionnels de l’enfance  ? Sur un plan plus
juridique, quid de l’autorité parentale pendant la
procédure  ? Il faudra ici se pencher sur les
éventuelles interventions des enfants  : nous
verrons dans quels cas ils peuvent être consultés
sur leur propre sort et pourquoi ils ne peuvent
l’être sur les torts de leurs parents.
Nous aborderons également les hypothèses dans
lesquelles les enfants ne sont pas biologiquement
les vôtres  : les règles seront-elles exactement les
mêmes?

Et si cela se passe mal avec votre futur(e) ex pour la


garde des enfants, nous vous donnerons des
conseils pratiques pour les cas de figure fréquents,
mais aussi dans les hypothèses plus dramatiques et
heureusement plus rares, telles que les
enlèvements d’enfants, les dérives sectaires, les
atteintes sexuelles soupçonnées ou avérées, etc.

Le droit de visite et d’hébergement est toujours régi


par le droit français, à défaut de meilleur accord des
parents  : nous verrons comment les magistrats
professionnels déterminent la résidence habituelle
et fixent le droit de visite et d’hébergement des
parents, mais également des grands-parents.

Il faudra également évoquer ce que beaucoup


considèrent encore comme la contrepartie du droit
de visite, et qui pourtant est simplement
l’expression d’un devoir parental : la contribution à
l’entretien et l’éducation de l’enfant, en nature ou
sous forme de pension alimentaire. Qui la fixe et
selon quels critères  ? Son règlement s’arrête-t-il
automatiquement à la majorité, ou à la fin des
études  ? Est-il possible de contrôler son
utilisation  ? Autant de questions récurrentes dans
la bouche des parents, auxquelles cette partie
répondra le plus précisément possible.

Cinquième partie : Les enjeux


du divorce : money, money,
money
Parler d’argent à propos du divorce n’est pas
obscène, dans la mesure où toute vie nouvelle
implique des dépenses importantes, et que les frais
d’un couple séparé sont nécessairement plus
conséquents que ceux d’un couple uni. Sans parler
du coût de la procédure elle-même, et des besoins
des enfants  : c’est donc faire preuve de
responsabilité que de défendre vos intérêts
financiers. Pour cela, il faut savoir avec précision ce
que l’on peut solliciter du magistrat pendant la
procédure, et au moment du prononcé du divorce.

Cette partie aborde également la question de la


liquidation du régime matrimonial  : en quoi elle
consiste, qui s’en charge, et quel peut être votre
rôle dans cette opération.
Enfin, vous saurez aussi comment obliger votre
conjoint(e) récalcitrant(e) à vous verser ce
qu’il(elle) vous doit et à vous remettre les biens qui
vous reviennent, au besoin en engageant les
procédures idoines.

Sixième partie : La partie des


Dix
Cette partie des Dix est déjà bien connue des
lecteurs de la collection. Pour les autres, elle pourra
constituer une première approche à la fois
schématique et représentative de cet ouvrage.

Elle regroupe des conseils sur les choses à faire et à


éviter, à garder en mémoire tout au long de la
procédure de divorce : à lire et à relire pour ne pas
commettre d’impair !

Septième partie : Annexes


En annexe, un glossaire (annexe A) complet qui
reprend les termes juridiques ou trop techniques
utilisés au fil de l’ouvrage et composés en italique à
leur première apparition dans le texte, ainsi que la
liste des bonnes adresses de sites internet et
d’associations à connaître (annexe B). Les annexes
C, D et E sont des exemples utiles de documents
dont vous aurez besoin.

Les icônes utilisées dans ce


livre
Cette icône signale un passage un peu technique,
que vous pouvez choisir de sauter !

Ne sautez surtout pas les paragraphes introduits


par cette icône ! Elle signale en effet des situations
potentiellement dangereuses, des erreurs à éviter,
si vous ne voulez pas perdre vos plumes !

Une information très utile, à garder dans un coin de


votre tête.

Des conseils pratiques ou des trucs bons à savoir


pour se sortir de toutes les situations et ne pas
entamer une procédure de divorce en étant
totalement ignorant(e) !

Des illustrations concrètes ou des mises en


situation pour bien comprendre à quoi la loi fait
référence et dans quels cas chacun(e) peut être
concerné(e).

Par où commencer ?
Le Divorce pour les Nuls n’est pas un manuel de
droit  ; il a vocation à être utilisé comme un guide
pratique, un mode d’emploi du divorce. Par
conséquent, les chapitres peuvent parfaitement être
consultés dans le désordre.

Le lecteur choisira donc son ordre de lecture en


fonction des parties de l’ouvrage qui l’intéressent
en priorité. Les nombreux renvois pour compléter
tel ou tel point, les icônes qui rythment la lecture
et, dans le glossaire de fin d’ouvrage (septième
partie), la définition des termes juridiques utilisés
dans l’ouvrage permettent d’offrir à chacun une
réponse exhaustive à ses interrogations.
1
Un peu de théorie : le b-a.ba
du divorce
DANS CETTE PARTIE…

« Les idylles et les familles heureuses se passent de


droit. »

Philippe Malaurie et Laurent Aynès, La Famille.

C’est évident !

Lorsque tout va bien, ça vous plairait qu’un juge


intervienne dans votre vie de famille ?

Si vous vouliez vous marier, ou que ce soit déjà


fait et que vous filiez le parfait amour, il ne vous
viendrait pas à l’idée de demander l’aide d’un
magistrat pour régenter votre vie de famille. Mais
si vous avez ouvert ce livre, c’est sans doute que
votre idylle prend fin, et que votre futur(e) ex et
vous êtes sur le point de vous étriper.

Dans ce cas, vous êtes bien obligé(e) de vous


tourner vers le juge pour qu’il mette un point final
à votre mariage, mais surtout pour qu’il règle les
conséquences de la rupture.

C’est l’épreuve tant redoutée du divorce…

D’accord, mais quel divorce ?


Chapitre 1
Le divorce aujourd’hui… et
demain
DANS CE CHAPITRE :
» Petit tour d’horizon du divorce aujourd’hui et de ses évolutions

» Demain le divorce oubliera-t-il nos fautes ?

» Demain le divorce se fera-t-il sans juge ?

Le divorce aujourd’hui
Vous pouvez l’observer, ne serait-ce qu’au travers
de l’évolution des chiffres, on hésite aujourd’hui
beaucoup moins à divorcer. Il est vrai que c’est
devenu relativement facile, mais le législateur n’a
fait que s’adapter aux changements de la société
dont il protège les valeurs.

L’évolution du divorce, c’est avant tout le recul de


l’influence religieuse, et donc une rupture de plus
en plus facilement envisagée et opérée  : fini le
temps où on acceptait en courbant l’échine de vivre
une vie triste pleine de frustrations, tout cela parce
que l’homme ne saurait désunir ce que Dieu a uni.
Vous le savez bien, vous qui avez acheté ce livre  :
quand votre union ne rime plus à rien, ce que vous
voulez avant tout… c’est en sortir !

Par ailleurs, le rôle du juge du divorce s’est


profondément modifié, puisqu’il est passé de
censeur à conciliateur  : aujourd’hui, il favorise
avant tout les accords que vous pourriez passer
entre vous.

Certains proposent d’aller plus loin encore, et peu à


peu a émergé l’idée de supprimer purement et
simplement le divorce pour faute et de créer une
nouvelle forme de divorce qui se passerait
totalement de juge (voir pages 19 et 23).

Enfin, les mœurs ont particulièrement évolué. Les


homosexuels ne sont plus perçus comme des
pervers ou des vicieux, à tel point que le mariage
leur a été ouvert en France en 2013.
EN PRATIQUE, QUI DIVORCE, ET COMMENT ?

En France, ce sont en moyenne près de 130 000 divorces qui


sont prononcés chaque année. Toutefois, le nombre de
divorce varie d’une année et sur l’autre, et on note que
depuis l’année 2010, la tendance s’est inversée. En effet,
en  2014, 123  537  divorces ont été prononcés
contre  133  909  en 2010. On constate donc une baisse de
plus de 8 %.

Si le nombre de divorce diminue, c’est tout simplement parce


qu’on célèbre moins de mariage, celui-ci étant devenu une
décision mûrement réfléchie. L’âge moyen d’un couple marié
est passé de 28 à 30 ans en moyenne depuis 1999 (31,6 ans
pour les hommes et 29,6 pour les femmes).

Par ailleurs, de plus en plus de couples font le choix de se


pacser, ce qui leur apporte des avantages quasi similaires à
ceux du mariage.

Quoi qu’il en soit, depuis la dernière réforme, on note une


nette augmentation des divorces par consentement mutuel,
qui représentent  55  % des divorces contre seulement  8  %
pour les divorces pour faute, 25 % pour les divorces acceptés
et  13  % pour les divorces pour altération définitive du lien
conjugal.

La durée moyenne du mariage est de  11,6  ans et de


seulement  2,6  ans pour les divorces par consentement
mutuel.
C’est entre la troisième et la septième année que le risque de
divorce est le plus élevé, avec un risque maximal durant la
cinquième année. Enfin, c’est encore la femme qui demande
le divorce dans 75 % des cas.

Statistiques françaises :
» Le coût moyen d’une procédure de divorce  :
3 000 €.

» Un mariage sur deux se termine en divorce dans les


grandes villes, un sur trois en province.

» Le divorce est la deuxième cause de faillite


personnelle.

Et dans l’Union Européenne ?


» Un mariage sur deux se termine en divorce.

» Les pays où l’on divorce le plus sont la Belgique, le


Danemark, la Lituanie, la Lettonie et la République
Tchèque.

» Ceux dans lesquels on divorce le moins sont


l’Irlande et l’Italie.

» Depuis juillet  2011, le divorce est enfin autorisé à


Malte.

» Londres est la capitale européenne du divorce.

Divers :
» 3,2  milliards d’euros  : c’est la somme que Dmitry
Rybolovlev, le patron du club de football de Monaco,
va devoir verser à son ex-femme. Le divorce le plus
cher de l’histoire !

» Summer Redstone, le patron de Viacom et CBS


Corporation, a dû payer en 1999 1,5 milliard d’euros
à son ex-femme, qui avait demandé le divorce
après 55 ans de mariage !

» Rupert Murdoch, un des hommes les plus riches du


monde, propriétaire de nombreux journaux et
chaînes TV, a dû quant à lui verser 1  milliard à son
ex, dont il a divorcé après  32  ans de mariage. Cela
ne lui a pas servi de leçon, puisqu’il s’est remarié
quelques jours plus tard !

» Considéré comme l’homme le plus riche de Russie


(on estime sa fortune à 12 milliards d’euros environ),
Roman Abramovitch s’en est beaucoup mieux sorti,
lui qui n’a payé que 190 millions d’euros à sa femme
lors de leur divorce, et ce après tout de
même 17 ans de mariage et cinq enfants…

» En  2006, près de deux millions de couples chinois,


soit quatre millions de personnes, ont demandé le
divorce.

» Polygame aux  86  femmes, un Nigérian a été


condamné en 2008 à divorcer 82 fois en trois jours,
pour ne «  garder  » que quatre femmes… C’est la
sentence imposée par les autorités islamiques, qui
certes ne condamnent pas la polygamie, mais ont
estimé qu’il ne pouvait traiter équitablement les
membres d’un harem de cette taille !

» Linda Wolf, une grand-mère britannique de 68 ans,


est officiellement devenue en février 2008 la femme
qui a été mariée avec le plus d’hommes différents.
Au cours de sa vie, Linda a dit oui à 23  reprises, et
est entrée dans le Livre Guinness des records. Mariée
pour la première fois à l’âge de 16  ans, elle aurait
ensuite développé une addiction à l’amour. Son plus
long mariage a duré  7  ans, et le plus
court 36 heures. Parmi ses 23 compagnons, deux se
sont révélés être homosexuels, et deux autres l’ont
trompée. Sa dernière union, avec Glynn Wolf, était
un coup de publicité, ce dernier étant l’homme le
plus marié du monde, avec 29 épouses à son actif.

Le mariage homosexuel
Depuis déjà quelques années, plusieurs pays
avaient autorisé le mariage homosexuel :
» Les Pays-Bas en 2001

» La Belgique en 2003
» L’Espagne et le Canada en 2005

» L’Afrique du Sud en 2006

» La Norvège en 2008

» La Suède en 2009

» Le Portugal, le Luxembourg, l’Islande, l’Argentine


et le Mexique en 2010

» Le Danemark et l’Uruguay en 2012

» Certains États américains

En France, le  5  juin  2004, Noël Mamère, maire de


Bègles, célébrait en grande pompe le mariage de
deux hommes. Sans surprise, celui-ci a ensuite été
annulé sur la demande du ministère public dès
le 27 juillet 2004 et le maire a été sanctionné pour
l’avoir célébré. La décision d’annulation a été
confirmée en appel, et la Cour de Cassation a rejeté
le pourvoi des époux.

Cependant, la question du mariage homosexuel a


continué de faire l’objet de nombreux débats. Deux
courants s’opposaient :
» Ceux qui étaient contre et qui avançaient
différents arguments, notamment religieux, à
savoir si les hommes et les femmes sont égaux, ils
ne sont pas interchangeables, chacun a une
fonction différente dans le mariage. D’autres
continuaient même de soutenir que les relations
sexuelles entre deux hommes ou deux femmes
sont « contre nature » ou encore que le fait de
légaliser le mariage homosexuel porterait atteinte
aux intérêts de l’enfant.

» De leur côté, les partisans du mariage


homosexuel soutenaient que, dans une société
moderne, l’égalité des droits doit prôner et que la
situation était particulièrement hypocrite étant
donné que de nombreux couples homosexuels
élevaient déjà des enfants adoptés, issus d’une
première union, de FIV, IAD ou de PMA.

Dans sa décision du  21  juillet  2015, la Cour


européenne des droits de l’homme (CEDH), qui
jusqu’alors s’était montrée craintive quant à la
question du statut juridique des couples
homosexuels, a finalement déclaré que l’union
entre deux personnes de même sexe devait être
légalement reconnue, sans pour autant parler de
l’obligation des États à ouvrir le mariage aux
couples homosexuels. Autrement dit, la CEDH
recommandait de reconnaître un statut légal aux
couples homosexuels mais pas nécessairement au
travers du mariage.
Quoi qu’il en soit, après moult débats, le mariage
pour tous a finalement été adopté par la France,
avec la loi no  2013-404  du 17  mai  2013  entrée en
vigueur le 19 mai 2013.

Ainsi, le mariage entre homosexuels est désormais


autorisé.

Avec l’adoption de cette loi, la France est devenu


le  14e pays au monde à ouvrir le mariage aux
homosexuels. Depuis  2013, huit autres pays ont
autorisé les couples de même sexe à se marier.

Toutefois, si le mariage est désormais possible pour


les couples homosexuels, ses effets quant à la
filiation des enfants issus de ces couples sont
limités. En effet, pour se voir reconnaître un statut
de parent, le conjoint du parent biologique devra
passer par la voie de l’adoption.

Pour plus de précisions sur ce point, se reporter au


chapitre 12.
LE MARIAGE HOMOSEXUEL EN QUELQUES CHIFFRES

Nombres de mariages homosexuels célébrés en France :


» 7 367 en 2013

» 10 522 en 201

» 8 000 en 2015

Cette baisse de  24  % est certainement due à «  l’effet


première année  ». En effet, certains couples homosexuels
attendaient la légalisation du mariage homosexuel pour se
marier. Ils ont donc souhaité le faire dès l’entrée en vigueur
de la loi.

Âge moyen des hommes homosexuels se mariant :


» 49,8 ans en 2013

» 44,5 ans en 2015

Âge moyen des femmes homosexuelles se mariant :

» 43 ans en 2013

» 39,8 ans en 2015

Un maire qui prendrait des mesures, ou qui resterait inactif,


pour que les mariages de couples homosexuels ne puissent
pas être célébrés dans sa commune s’expose à cinq années
de prison et à une amende de 75 000 euros.
Bientôt un divorce constat ?
Un mariage raté est-il devenu un simple accident
de la vie  ? Faut-il cesser de chercher qui est
responsable, et simplement se contenter de
constater l’échec ?

Les juridictions semblent aller dans ce sens,


puisque la Cour de cassation, celle qui crée la
tendance, précise qu’ «  il appartient aux juges du
fond, saisis d’une demande en divorce pour faute à
l’encontre d’un époux, d’apprécier lorsqu’ils y sont
invités si le comportement de son conjoint n’est
pas de nature à ôter aux faits reprochés le caractère
d’une faute au sens de l’article 242 du Code civil ».

Mais sommes-nous réellement prêts à accepter


cette idée selon laquelle le divorce serait toujours
l’échec du couple ?

Je rencontre tous les jours des personnes qui ont


besoin de «  laver leur linge sale  » devant la
société, sans quoi elles ne sauraient faire le deuil de
leur mariage raté. Elles souhaitent souvent qu’il
soit écrit noir sur blanc que ce n’est pas leur faute
si leur mariage a échoué, mais bien celle de leur ex.
Faut-il supprimer le divorce
pour faute ?
Le risque de la suppression du divorce pour faute ?
Que tout ce qui n’aura pas été dit au cours du
divorce ressorte plus tard, et nuise à vos relations
postdivorce, au détriment, le plus souvent, de vos
jeunes enfants. On assisterait alors à une explosion
des procédures «  règlements de comptes  »,
ouvertes sous le moindre prétexte, et la
suppression de la faute serait un faux gain de
temps et d’énergie.

N’est-ce pas précisément le rôle de conciliateur du


juge du divorce que de vous permettre d’apurer le
contentieux, afin que l’après-divorce se passe dans
un climat apaisé  ? D’éminents juristes se sont
penchés sur la question. Quels sont leurs points de
vue ?

Rapport Théry, 1998


En  1998, Irène Théry, juriste et sociologue,
spécialiste de la famille, se voit confier la rédaction
d’un rapport par le ministre de l’Emploi et de la
Solidarité et le garde des Sceaux.
Le but est de faire un bilan de l’évolution de la
famille, et de faire des propositions pour adapter le
Code civil à ces changements. Intitulé «  Couple,
filiation, et parenté aujourd’hui, le droit face aux
mutations de la famille et de la vie privée  », ce
rapport sera rendu en mai 1998.

Il ne préconise pas la suppression du divorce pour


faute, mais plaide pour la naissance d’un simple
divorce constat, qui s’ajouterait aux autres formes
de séparation, pour ceux capables de gérer seuls
leur divorce et ses suites.

Rapport Dekeuwer-Defossez
Le rapport de Françoise Dekeuwer-Defossez
(professeur de droit à l’université de Lille II),
« Rénover le droit de la famille : propositions pour
un droit adapté aux réalités et aux aspirations de
notre temps », est remis au garde des Sceaux à sa
demande, en janvier 1999. Il stipule : « Le groupe a
été surpris par la suggestion de supprimer
brutalement la procédure de divorce qui continue à
drainer près de la moitié de l’ensemble des divorce.
[…] ne plus faire de la violation des obligations
conjugales une cause de divorce aurait modifié
profondément la nature et le sens du mariage. Or, il
ne semble pas qu’une telle évolution corresponde à
une demande sociale majoritaire, alors qu’elle
pourrait avoir des effets tout à fait négatifs en
terme symbolique. La voie de la suppression
radicale du divorce pour faute a donc été écartée
par l’unanimité du groupe de travail. »

Pour résumer, tout en préconisant de faciliter le


prononcé des divorces sans répartition des torts, la
commission se prononce donc contre la
suppression du divorce pour faute : les Français n’y
sont pas prêts.

La proposition de loi Colcombet


Adoptée en première lecture par l’Assemblée
nationale le  10 octobre  2001, elle sera abandonnée
après le changement de majorité. Elle allait bien
plus loin que les rapports Théry et Dekeuwer-
Defossez, puisqu’elle supprimait purement et
simplement le divorce pour faute, et conservait
deux procédures seulement :
» le divorce par consentement mutuel

» le divorce pour rupture irrémédiable du lien


conjugal

Rapport Guinchard, 2008


Le rapport de la commission présidée par Serge
Guinchard (professeur d’université) rendu en
juin  2008  est sollicité par le gouvernement, qui
envisage de se passer du magistrat du divorce, ce
que les professionnels du droit refusent. Il envisage
la possibilité que le juge puisse à l’avenir prononcer
un divorce par consentement mutuel «  sans
convoquer les deux époux, s’il ne décèle pas de difficulté
dans le dossier  ». Mais il ne conseille pas pour
autant la suppression des autres types de
procédures.

En bref, si le divorce constat est un jour mis en


place par la législation française, il ne remplacera
pas l’intégralité des procédures actuelles, mais s’y
ajoutera simplement.

Bientôt un divorce chez le


notaire ?
Cette question est intimement liée à la précédente,
puisqu’elle n’est sérieusement envisagée que dans
le cas de divorces « à l’amiable ».

En effet, certains juristes, et non des moindres,


veulent, sinon supprimer le divorce judiciaire au
profit d’un divorce « civil », du moins offrir cette
possibilité à ceux qui sont parvenus à se mettre
d’accord sur les conditions et les conséquences de
leur rupture.

Un des arguments avancés est qu’actuellement, la


procédure coûte cher, entre autres parce que
l’avocat est obligatoire. Il est vrai que si vos
revenus sont faibles, l’aide juridictionnelle, totale
ou partielle, peut vous être accordée, mais les
plafonds sont très bas. De plus, les divorces
représentent une très grande part des procès
devant le tribunal de grande instance  : ils
encombrent les juridictions.

Le débat revient souvent sur le tapis, et plusieurs


rapports sollicités par les gouvernements successifs
l’ont évoqué.

Les textes de loi


Le rapport Irène Théry
En ce qui concerne le droit du divorce, la
commission Théry propose de permettre aux
couples qui sont capables de s’organiser seuls de
faire simplement enregistrer leur accord par le
greffier en chef du tribunal de grande instance, ou
encore par l’officier d’état civil, sans plus passer
par le JAF (juge aux affaires familiales). Ce divorce
serait très pratique quand il n’y a pas d’enjeux : pas
d’enfant mineur et peu de biens à partager.

Le rapport de Françoise Dekeuwer-


Defossez
Il commence par faire un rappel des arguments de
chacun des deux « camps » :

CONTRE UN DIVORCE SANS JUGE :


» Il s’agirait d’un pas supplémentaire dans la mise à
mort du mariage : si le juge n’a plus aucun droit
de regard sur le divorce, quelle différence
resterait-il entre le mariage et le concubinage ?
entre le mariage et le PACS ?

» Un divorce trop simple favoriserait l’instabilité du


couple, et donc la destruction de la famille.

» Les divorces faciles n’existent pas. Le passage


devant le juge reste un garde-fou indispensable.

» Il ne faut pas ignorer les pressions, voire les


violences que permettrait un divorce non
judiciaire. Certaines associations de défense des
droits de la femme, par exemple, s’opposent à la
perspective d’un divorce sans juge.
» Un tel divorce serait moins cher. Or, comment
éviter que, pour des raisons d’économie, vous
choisissiez ce divorce même sans être réellement
d’accord ? Le divorce « administratif » risquerait
de devenir le « divorce des classes moyennes »,
les procédures judiciaires étant réservées à ceux
qui bénéficient de l’aide juridictionnelle, d’une
part, et à ceux qui peuvent en assumer le coût,
d’autre part.

» Ce type de divorce exigerait d’imposer aux époux


un délai minimum de réflexion : le gain en termes
de temps ne serait donc pas nécessairement
important, ce qui lui retirerait une grande partie
de son intérêt.

POUR UN DIVORCE SANS JUGE :


» Cette procédure reconnaîtrait pleinement
l’accord entre deux adultes consentants et
responsables, sans qu’un tiers ne vienne dicter
leur choix.

» Favoriser le dialogue entre époux, loin de nuire à


l’institution du mariage, pourrait le valoriser.

» Pour certains, il n’y a plus rien à régler,


spécialement lorsque les conjoints sont séparés
depuis longtemps, ne possèdent plus de
patrimoine commun, et n’ont plus d’enfants
mineurs. À quoi sert alors le juge ?

» L’argument selon lequel un divorce sans juge


permettrait à un époux d’imposer ses choix à
l’autre serait fallacieux, car le contrôle actuel
n’empêche pas ces pressions. En revanche, un
système purement contractuel, qui autoriserait
ensuite la remise en cause des conventions
inéquitables, serait plus juste.

Finalement, la commission se prononce contre le


divorce « déjudiciarisé », mais pour un divorce sur
requête conjointe simplifié (une seule audience),
qui sera effectivement créé quelques années plus
tard.
LA LOI DU 26 MAI 2004

Avec cette nouvelle loi, le divorce accepté et le divorce par


consentement mutuel sont encore simplifiés, et le divorce
pour altération définitive du lien conjugal remplace le
divorce pour rupture de la vie commune, et est possible plus
tôt (deux ans de séparation au lieu de six).

De plus, celui qui prend l’initiative du divorce n’est plus le


«  méchant  », et n’est plus puni comme tel sur le plan
financier. C’est la consécration d’un «  droit au divorce  », qui
se rapproche fortement de la répudiation…

On peut reprocher à cette réforme d’oublier les intérêts du


conjoint malade, qui peut au bout de deux ans être obligé de
subir un divorce parce que son mari ou sa femme est
incapable d’assumer sa maladie. Et certains regrettent le
maintien du divorce pour faute, qui n’est pas, il est vrai, très
bon pour la paix des familles…

L’annonce de l’ancien président


Nicolas Sarkozy
Le  12  décembre  2007, l’ancien président de la
République annonce son désir d’aboutir à une
déjudiciarisation du divorce par consentement
mutuel, en remplaçant les juges par des notaires, et
donc en supprimant la règle de l’avocat obligatoire.
Levée immédiate de boucliers des avocats et des
professions judiciaires, qui appellent à la grève.

Simple désir pour les avocats de «  défendre leur


bifteck », lorsque l’on sait la part que représentent
les procédures de divorce dans les honoraires
perçus par de nombreux cabinets ? « Que nenni ! »
répondent les intéressés, il s’agit simplement de
permettre à chacun des époux de voir ses intérêts
valablement défendus par un professionnel du
droit, et d’éviter ainsi les pressions possibles d’un
conjoint sur l’autre pour lui faire accepter un
divorce qui le désavantage.

Précisons que l’Union nationale des associations


familiales (UNAF) était elle aussi réservée,
craignant que le plus faible des époux pâtisse de la
réforme.

Dont acte  : le gouvernement confie à une


commission le soin d’étudier la question, (ainsi que
l’hypothèse d’une fusion possible des professions
d’avocat, d’avoué et de notaire  : ce sont cette fois
les notaires qui grincent des dents ! ).

Le rapport de la commission
Guinchard
Rendu en juin 2008, il se prononce contre le divorce
par consentement mutuel devant notaire, mais
propose une procédure encore allégée de ce type de
divorce. L’audience par-devant le juge aux affaires
familiales serait maintenue dans trois cas
seulement :
» lorsque des enfants mineurs sont issus du
mariage,

» sur demande de l’un des époux,

» si le juge l’estime nécessaire.

Pour alléger les coûts de la procédure de divorce, la


commission propose par ailleurs la mise en place
d’une véritable concurrence entre avocats, qui
pourrait par exemple se faire :
» par le biais de la publication de barèmes
indicatifs et l’obligation pour votre avocat de
remettre une proposition de convention
d’honoraires avant toute intervention de sa part ;

» la fixation d’un tarif maximum par l’État.

Projet de loi de modernisation


de la justice du XXIe siècle
Malgré les réticences de certains professionnels du
monde judiciaire, un projet de loi prévoyant
notamment un divorce sans juge a été présenté par
le gouvernement et définitivement adopté par le
Parlement le 12 octobre 2016.

Cette nouvelle loi dite de modernisation de la


justice du XXIe siècle prévoit que les époux pourront
consentir à leur divorce par acte sous seing privé
contresigné par avocats et déposé au rang des
minutes d’un notaire.

Autrement dit, votre futur(e) ex et vous même


pourrez, chacun accompagné de votre avocat
respectif, négocier votre séparation et vous rendre
chez un notaire qui enregistrera la convention de
divorce. Le notaire conservera les dossiers et
confèrera une date d’entrée en vigueur et de force
exécutoire à cette convention.

Si la méthode d’enregistrement n’a pas encore été


précisée, on peut tout à fait imaginer que
l’intervention des avocats et l’enregistrement de la
convention de divorce par le notaire se fasse en
ligne sur une plateforme sécurisée. On s’orienterait
alors vers un divorce dématérialisé dans lequel le
rôle du notaire sera limité à l’enregistrement de la
rupture du mariage. En aucun cas, le notaire ne
jugera le contenu de la convention de divorce.

Chacune des parties disposera d’un délai de quinze


jours pour se rétracter. Dans une telle hypothèse, le
passage devant le juge deviendra obligatoire.

Cependant, cette nouvelle loi soulève au sein de la


communauté juridique quelques interrogations.
» Sur le prix de la procédure

Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a


assuré que l’intervention du notaire ne
dépasserait pas un prix moyen de 50 euros. Il
s’agirait donc d’un divorce à « bas coût ».

Toutefois, si l’enregistrement de la convention de


divorce par le notaire au rang des minutes
coûtera 50 euros, le montant du divorce risque
d’être un peu plus important étant donné que la
représentation par avocat demeure obligatoire.
Chacun des époux devra prendre en charge les
honoraires de son avocat.

» Sur les intérêts des enfants mineurs

Un autre problème apparaît s’agissant des enfants


mineurs. La nouvelle loi prévoit qu’en présence
d’enfant mineur, celui-ci devra être informé par
ses parents de son droit à être entendu par le
juge. Il pourra donc demander à être auditionné
par le juge.

Cependant, un enfant n’a pas nécessairement


conscience des conséquences du divorce de ses
parents. Le divorce est une affaire d’adultes qui se
règle entre parents, sans y impliquer les enfants.

Aussi, il n’est pas certain qu’un divorce sans juge


garantisse pleinement les droits et les intérêts des
enfants.

» Sur la disponibilité des notaires

Les études notariales sont souvent surchargées.


De plus, le montant prévu pour l’intervention du
notaire ne peut laisser espérer une collaboration
approfondie en dehors de l’enregistrement de
l’acte.

Pour certains, cela risque de conduire l’avocat à


revenir aux procédures dites classiques et moins
consensuelles.

Quoi qu’il en soit, le 17 octobre 2016, le Conseil


constitutionnel a été saisi par au
moins 60 sénateurs et au moins 60 députés pour
contrôler la conformité de cette loi à la
Constitution française.

Ainsi, le délai de promulgation de la loi de


modernisation de la justice du XXIe siècle a été
suspendu dans l’attente de la décision du Conseil
constitutionnel. Autrement dit, tant que le Conseil
Constitutionnel ne s’est pas prononcé, la loi ne
sera pas appliquée.

Le divorce par consentement mutuel sans juge


demeure donc en suspens.

ET SI ON SE SÉPARE APRÈS UN PACS OU UN


CONCUBINAGE ?

Vous n’étiez pas mariés mais pacsés ou concubins, que se


passe-t-il lors de la séparation ? Quid des biens, du logement,
des impôts mais surtout des enfants, le cas échéant  ? Est-il
possible aussi de demander des dommages et intérêts si la
rupture a été brutale ? Les droits et les devoirs dans ces deux
types d’union non maritale diffèrent quelque peu de ceux du
mariage et, a fortiori, du divorce, mais certaines règles
demeurent.

Vers un divorce européen ?


Avec les mariages mixtes, les juges français sont de
plus en plus souvent amenés à appliquer une loi
étrangère.

De manière générale, on remarque une évolution


convergente des législations européennes vers la
libéralisation de la rupture du mariage. En effet, le
consentement mutuel des époux sur le principe du
divorce est promu dans la plupart des pays
européens.

Cependant, rares sont les systèmes qui confient le


prononcé du divorce à une autorité non judiciaire.
Seule la Roumanie applique actuellement cette
mesure. Pour les autres, le contrôle du juge reste la
règle.

Ainsi, si aujourd’hui on constate une


européanisation du droit international privé des
personnes et de la famille, notamment par la
reconnaissance et l’exécution des décisions
judicaires entre États membres, une certaine
diversité des règles du divorce persiste, en
particulier pour ce qui concerne la liquidation du
régime matrimonial.

Le divorce européen n’est donc pas pour demain,


chaque pays étant attaché à ses valeurs et
principes.
DIVORCES « PEOPLE »

Voici les dix divorces de stars les plus coûteux :

1. Rupert Murdoch et Anna Murdoch (2013)  :


1,2 milliard de dollars

2. Bernie Ecclestone et Slavica Ecclestone (2009)  :


1 milliars de dollars

3. Mel Gibson et Robyn Moore (2011) : 425 millions de


dollars

4. Arnold Schawarzenegger et Maria Shriver (2011)  :


entre 250 et 375 millions de dollars

5. Michael Jordan et Juanita Jordan  : (2006)  :


168 millions de dollars

6. Neil Diamond et Marcia Murphey (1994):


150 millions de dollars

7. Steven Spielberg et Amy Irving (1986) : 100 millions


de dollars

8. Tiger Woods et Elyn Nordegren (2010) : 100 millions


de dollars

9. Harrison Ford et Melissa Mathison (2004)  :


90 millions de dollars

10.Madonna et Guy Ritchie (2008)  : 85  millions de


dollars
Le saviez-vous ?
» Zsa Zsa Gabor, actrice américano-hongroise, est la
recordwoman hollywoodienne des divorces  : neuf,
dont deux avec le même homme.

» Elisabeth Taylor a été mariée huit fois… avec sept


hommes différents ! Elle a épousé deux fois à deux
ans d’intervalle l’acteur Richard Burton.

» En  2001, Marie-Anne Chazel et Christian Clavier,


alors âgés de cinquante ans, divorcent. Le célèbre
couple de la bande du Splendid se connaît pourtant
depuis le lycée !
DIVORCES INSOLITES
» Une Saoudienne a décidé de se séparer de son
mari après  17  ans de mariage, en découvrant le
surnom, «  Guantanamo  », sous lequel il avait
enregistré son numéro de téléphone dans le
répertoire de son portable.

» Une Britannique a engagé une procédure de


divorce à cause des infidélités de son mari dans le
monde virtuel Second Life.

» Un Français excédé par un divorce difficile a décidé


de prendre l’expression «  séparation de biens  » au
pied de la lettre. L’homme a partagé équitablement
les biens de la maison en les découpant à parts
égales à l’aide d’une tronçonneuse !

» Une jeune femme et un jeune homme mariés en


Bosnie ont décidé de divorcer en découvrant qu’ils
chattaient ensemble sur Internet. Pendant plusieurs
mois, devenus de plus en plus proches… sur la toile,
ils se sont livrés à cœur ouvert, en parlant de leurs
problèmes de couple…

» Une Allemande a obtenu le divorce car son pauvre


mari, probablement atteint de troubles
obsessionnels compulsifs (TOC) était fou de
ménage. Il n’arrêtait pas de toute la journée !
» En Belgique, un homme a demandé le divorce
parce que sa femme portait un slip pour dormir.

» Au Nigéria, un homme a obtenu le divorce parce


qu’il estimait que sa femme ne lui servait pas ses
diners du soir à temps.

» Une japonaise fan du dessin animé La Reine des


neiges a demandé le divorce simplement parce que
son mari n’avait pas apprécié le fameux Walt Disney.
Chapitre 2
Les régimes matrimoniaux :
kesako ?
DANS CE CHAPITRE :
» Les obligations imposées dans tous les cas

» Votre régime matrimonial si vous n’avez pas fait de contrat de


mariage

» Les régimes de séparation des biens

» Les régimes de communauté

V ous avez, en principe, librement choisi de vous


marier. Ce que vous ne saviez pas, c’est que
pendant que vous vous avanciez vers l’autel,
nageant dans le bonheur et les yeux embués de
larmes, le droit français vous imposait d’office, à
vous et votre promis(e) un certain nombre de
devoirs et de droits réciproques.

Les juristes ont des noms bien obscurs pour parler


de ces droits et devoirs « incontournables » : c’est
le statut matrimonial de base, parfois appelé
régime primaire. Pour le reste, les rapports entre
conjoints seront différents selon le régime
matrimonial choisi.

Mais qu’il s’agisse du statut matrimonial de base


ou du régime matrimonial, tous deux ont des
conséquences non seulement entre les époux, mais
aussi vis-à-vis des tiers.

Par ailleurs, ils s’appliquent pendant la durée du


mariage, mais aussi pendant le divorce, d’où
l’importance d’en connaître le contenu avant !

Le statut de base, applicable


quel que soit le régime
Les règles édictées par le Code civil concernent tant
les rapports humains que les rapports pécuniaires,
entre les conjoints et au sein de leur famille.

Les rapports personnels


Le devoir de fidélité
Certes, celui-là, vous le connaissiez. Il appelle tout
de même une série de remarques :
» Tout d’abord, si vous le violez, vous ne serez
sanctionné(e) qu’en cas de séparation : en théorie
rien ne vous interdit, si vous êtes ou avez été
trompé(e) de demander des dommages et
intérêts à votre moitié sans divorcer. Mais, en
pratique, personne ne le fait. À noter : vous
pouvez aussi demander à l’amant ou la maîtresse
de vous indemniser, s’il ou elle connaissait
l’existence de votre mariage lorsqu’il ou elle a
batifolé avec votre moitié. Non mais !

» Impossible d’invoquer un adultère trop ancien


pour obtenir le divorce pour faute : si vous avez
pardonné (et on considère que c’est le cas si la vie
commune a continué après que vous avez
découvert le pot aux roses sauf si vous prouvez
que vous êtes resté(e) par obligation financière,
tout en refusant de partager le lit conjugal et
d’avoir le moindre contact avec votre conjoint(e)),
c’est une fois pour toutes. Injuste ? Sachez tout de
même que si vous êtes à nouveau trompé(e), non
seulement vous pourrez divorcer pour faute, mais
en plus, ce nouveau coup de canif dans le contrat
vous permet d’évoquer le premier.

» Ensuite, l’infidélité peut être « virtuelle » : il suffit


qu’il y ait entretien d’une relation amoureuse avec
une tierce personne. L’infidélité morale a été
admise comme une faute par certains magistrats,
l’existence d’une relation fusionnelle pour le
conjoint étant insultante, même en l’absence de
relations sexuelles adultères. Toutefois, le
manquement au devoir de secours est soumis à
l’appréciation souveraine des juges du fond. Le
juge tranche donc au cas par cas et au regard de
l’évolution de la société. Ainsi, les juges ont
récemment considéré que la femme qui a eu un
enfant avec un tiers parce que son mari refusait
d’en avoir n’a pas commis de faute.

Le devoir d’assistance
Il prend tout son sens en cas de maladie ou de
faiblesse de l’un de vous deux : si cela arrive à votre
moitié, vous avez l’obligation de lui accorder un
minimum de soins et d’attention. Comme le devoir
de fidélité, le devoir d’assistance est rarement
sanctionné en tant que tel. Sa violation pourra
cependant être invoquée comme une faute dans une
procédure de divorce ou de séparation de corps.

Le devoir d’assurer ensemble la


direction morale et matérielle de la
famille
Certes, mais quant à la sanction de l’époux qui ne
satisferait pas à son obligation d’assurer la
direction morale de la famille, elle est assez
théorique…

L’obligation de vous astreindre à


une communauté de vie
Elle recouvre non seulement l’obligation de
cohabiter, mais également celle de vous soumettre
au « devoir conjugal ».
» Impossible de contraindre physiquement votre
conjoint(e) à accomplir son devoir conjugal, le viol
entre époux est un crime. Et on voit mal comment
un juge pourrait vous condamner à coucher avec
votre mari ou votre femme, en fixant la durée et
la fréquence des relations… absurde, bien sûr ! En
revanche, vous pourrez invoquer le peu
d’enthousiasme de votre conjoint(e) pour les
relations intimes, voire l’absence totale de sexe
entre vous par sa faute, dans votre procès en
divorce (reste à la prouver !).

» La violation de l’obligation de communauté de vie


pourrait aussi théoriquement donner lieu à
l’octroi de dommages et intérêts hors de toute
procédure. Par ailleurs, la jurisprudence admet
que votre refus de cohabiter peut, s’il n’est fondé
sur aucun motif valable, justifier en contrepartie
le refus de votre conjoint(e) de contribuer aux
charges du mariage en monnaie sonnante et
trébuchante, puisqu’il/elle se proposait de
l’exécuter normalement dans le cadre de la vie
commune, et que vous l’en avez empêché(e).

» Quant à l’obligation de vivre sous le même toit,


son défaut n’est pas sanctionné si c’est d’un
commun accord que vous et votre conjoint(e)
disposez de domiciles propres, à condition que
vous vous voyez suffisamment pour que l’on
puisse parler de communauté de vie. Or, même si
ce schéma familial est loin d’être la norme, de plus
en plus de couples l’adoptent, en général pour
des motifs d’ordre professionnel.

» Dans sa forme la plus grave, elle devient abandon


de famille : si votre cher mari a décidé de
s’installer dans un loft avec sa dernière conquête
de dix-neuf ans ; en ne vous donnant pas un cent
pour vous et vos trois enfants, il commet un délit.

La liberté de choisir librement la


profession que vous souhaitez
exercer
Cela semble évident, et pourtant, si le Code civil
prend aujourd’hui la peine de le préciser, c’est que
tel n’a pas toujours été le cas par le passé. Sachez,
mesdames, que pendant longtemps vous ne pouviez
pas travailler si votre « homme » ne le voulait pas.
Ce n’est qu’en  1965  que la parfaite égalité de
chacun des membres du couple a enfin été
consacrée.

Mais toutes ces libertés ont à la fois des limites et


des contreparties, parmi lesquelles :

L’interdiction de disposer seul(e) du


logement familial
Il ne vous est en effet pas possible de prendre
seul(e) une décision concernant le logement de
votre famille, qui pourrait obliger celle-ci à le
quitter. Plusieurs remarques importantes :
» Cette règle essentielle est valable que vous soyez
locataire ou propriétaire.

» De même, peu importe que le bien ait été acquis


ou loué par un seul d’entre vous avant le
mariage : dès que votre famille y vit (mais ça ne
fonctionne pas pour les résidences secondaires), il
est protégé, ce qui interdit à un conjoint seul de le
vendre, de l’hypothéquer, de le nantir, de le louer
ou le sous-louer, de résilier le contrat de bail, etc.

Alors que se passe-t-il si votre époux(se) viole


cette interdiction ? C’est très simple : vous pouvez
demander en justice que soit constatée la nullité
de l’acte, ce pendant un an après en avoir eu
connaissance, et, si le mariage a pris fin, pendant
l’année qui suit.

» La règle ne se limite pas aux murs : elle est vraie


aussi pour les meubles.

» Reste-il des décisions que vous pouvez prendre


seul(e) ? La jurisprudence conserve la même
logique : il s’agit bien de s’assurer que la famille ne
pourra se retrouver sans domicile par le fait de
l’un d’entre vous seul. Donc, si vous êtes seul(e)
propriétaire du logement familial, vous pourrez
en céder la nue-propriété, puisque vous en
conserverez l’usufruit. En revanche, vous ne serez
pas autorisé(e) à résilier seul(e) le contrat
assurant le logement. De même, vous avez le
droit de disposer de votre bien après votre mort,
et donc de le léguer à une tierce personne.

Attention toutefois, la loi protège votre conjoint(e)


en lui permettant dans tous les cas de conserver
dans l’année qui suit votre décès la jouissance du
logement familial.

Les actions permettant de contrer


l’inaction de votre conjoint(e)
On distingue l’habilitation et l’autorisation, qui
exigent cependant toutes deux l’intervention d’un
magistrat professionnel, auquel il faudra donc
démontrer la nécessité d’y recourir.
» Si votre conjoint(e) est « hors d’état de manifester
sa volonté », par exemple pour des raisons de
santé, ou parce qu’on ignore où il/elle se trouve,
vous pouvez demander à agir en ses lieu et place.
Cette autorisation sera, selon les cas, donnée
pour un acte précis, ou de manière générale.

» Dans le même cas de figure, vous pourriez


également demander une autorisation de faire
seul(e) un acte pour lequel l’accord des deux
époux aurait en principe dû être recueilli.

» Notez deux différences essentielles :


l’autorisation concerne toujours un acte précis, et
n’est pas donnée de manière générale. De plus,
elle ne peut porter que sur des décisions qui
auraient dû être prises à deux, et non sur les
décisions que le représenté aurait dû prendre
seul.

» L’autorisation pourra également être accordée


lorsque le conjoint, tout à fait capable de donner
son consentement, refuse, sans que cela soit
justifié par l’intérêt de la famille, de passer l’acte
en question, alors que, dans cette hypothèse, il
est impossible de solliciter une habilitation.

Les actions permettant de lutter


contre l’action nuisible de votre
conjoint(e)
Là encore, le Code civil en prévoit deux :
» Il est possible de demander au juge d’empêcher
votre moitié de faire certains actes qu’il(elle)
aurait pu accomplir seul(e) dans des circonstances
normales, lorsque les intérêts de votre famille
sont en péril. Par exemple si votre mari est un
joueur invétéré, qui dilapide les revenus et les
économies de votre foyer.

» Si votre conjoint(e) est fautif(ve), c’est-à-dire


qu’il/elle a manqué gravement à un devoir né du
mariage, et qu’il y a urgence à protéger les
intérêts de sa famille, le magistrat ordonnera
toutes les mesures qui s’imposent : il a donc un
très large pouvoir d’intervention, proportionné à
la gravité de la situation. Notez toutefois que ces
dispositions ne pourront être que provisoires,
même si elles peuvent être renouvelées : en tout
état de cause, elles ne dépasseront jamais trois
ans.
VIOLENCES CONJUGALES

En France, en moyenne, chaque année, 223  000  femmes


sont victimes de violences conjugales dans ses formes les
plus graves, et seulement 14 % déposent plainte.

La loi du 9 juillet 2010 est venue renforcer les dispositions de


la loi du 1er janvier  2005  qui visait d’ores et déjà à protéger
les personnes victimes de violences conjugales.

Cette nouvelle loi a ainsi prévu une «  mesure phare  »  :


l’ordonnance de protection.

Lorsque des violences ont été exercées au sein d’un couple


ou au sein de la famille par un ancien conjoint, un ancien
partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien
concubin mettant en danger la personne qui en est victime,
un ou plusieurs enfants, le juge aux affaires familiales (JAF)
peut être saisi par la victime ou par le ministère public avec
l’accord de la victime.

Le JAF rend sous quinze jours, après audition des parties,


une ordonnance de protection qui permet d’attester de la
réalité des violences subies et de mettre en place, sans
attendre la décision de la victime sur le dépôt d’une plainte,
des mesures d’urgence telles que :
» L’interdiction pour l’agresseur d’entrer en relation
avec la victime, ses enfants ou ses proches.

» L’interdiction pour l’agresseur de détenir une arme.


» L’attribution du logement conjugal à la victime de
violences et la possibilité de prise en charge des
frais concernant ce logement.

» La révision des modalités de l’autorité parentale et


de la contribution à l’entretien et à l’éducation des
enfants.

» L’autorisation faite à la victime de dissimuler sa


nouvelle adresse au conjoint ou ex-conjoint et d’élire
domicile chez son avocat ou chez le Procureur.

» L’admission provisoire à l’aide juridictionnelle pour


couvrir les frais d’avocat, ainsi que les éventuels frais
d’huissier et d’interprète.

» L’interdiction de sortie de territoire pour les


enfants.

Ces mesures seront caduques au bout quatre mois, ce qui


est largement suffisant pour permettre à la victime de
déposer une requête en divorce ou en séparation de corps.

Si le conjoint violent ne respecte pas les mesures de


protection décidées par le juge, il pourra être condamné à
deux ans de prison et 15 000 euros d’amende.

La nouvelle loi punit également les violences psychologiques


ou morales.
Les rapports pécuniaires
La liberté de faire ce que vous
voulez de votre salaire
Chacun perçoit ses salaires et peut en faire ce qu’il
veut du moment qu’il s’acquitte des obligations du
mariage. Libre à vous donc de dépenser ou de
placer vos revenus. Mais attention : un bien acquis
avec votre paie ne sera pas automatiquement un
bien propre  : tout dépend du régime matrimonial
que vous avez choisi.

La liberté d’ouvrir un compte en


banque et de le faire fonctionner
seul(e)
Tout comme pour le droit de disposer de votre
salaire, il faut bien distinguer ici liberté et
propriété. Il ne s’agit pas de savoir si l’argent
déposé sur votre compte est un bien propre ou un
bien commun.

Ce que le Code civil dit, c’est que chacun d’entre


vous peut librement ouvrir un compte bancaire quel
qu’il soit (dépôt, compte-titres, PEL, PEA, etc.), et
le faire fonctionner seul, sans que le banquier soit
autorisé à vérifier l’origine ou la destination des
fonds déposés et retirés. En plus, il sera tenu au
secret absolu concernant le contenu et les
mouvements de ce compte à l’égard de tout le
monde, mari ou femme compris, sous peine de voir
sa responsabilité professionnelle engagée pour
violation du secret bancaire.

La liberté de prendre seul(e) des


décisions concernant vos meubles
Selon le Code civil : « Si l’un des époux se présente
seul pour faire un acte d’administration, de
jouissance ou de disposition sur un bien meuble
qu’il détient individuellement, il est réputé, à
l’égard des tiers de bonne foi, avoir le pouvoir de
faire seul cet acte. »

Le même article précise immédiatement après que


cette règle n’est pas valable pour le mobilier
garnissant le domicile de la famille, pas plus que
pour les biens dont la nature même fait présumer
la propriété de l’autre conjoint (les vêtements, les
souvenirs de famille…).

La personne qui souhaite par exemple vous acheter


un canapé n’a pas besoin de vérifier si votre mari
ou votre femme est d’accord pour cette cession, ni
même que vous êtes bien propriétaire de l’objet. En
revanche, il est nécessaire pour que la règle
s’applique que l’acheteur soit de bonne foi  : tel ne
serait pas le cas s’il savait pertinemment que ledit
canapé est un héritage de famille de madame, et
que monsieur n’a donc pas le pouvoir de le lui
céder. Dans cette hypothèse il serait possible
d’invoquer la nullité de la vente.

La liberté de gérer seul(e) vos biens


propres
Une fois encore, même si cela paraît aujourd’hui
évident, ça n’a pas toujours été le cas, puisque la
femme mariée s’est longtemps vu interdire cette
libre disposition.

L’absence de vol entre époux


Pour préserver la paix des familles, le droit pénal a
longtemps prévu une immunité absolue en cas de
vol entre époux  : autrement dit, celui-ci n’existait
pas, pas plus d’ailleurs que les infractions qui y
sont associées  : escroquerie et abus de confiance.
Mais dans certaines situations, cette règle peut être
aussi absurde qu’injuste. En effet, si vous vivez
chacun de votre côté depuis des années, cette
immunité a-t-elle encore un sens ?
Le nouveau Code pénal a nuancé la règle  : vous ne
pourrez pas invoquer l’immunité si vous êtes
séparé(e) de votre conjoint(e), ou que vous avez été
autorisé(e) par un juge à résider séparément.

Retenez toutefois que pendant la vie commune, il


reste impossible d’accuser votre moitié d’une telle
infraction, et donc de la faire sanctionner.

Le sort des dettes de votre


ménage : la règle de la solidarité
passive
Elle pose le principe général selon lequel ces
dépenses engagent solidairement les époux à
l’égard des tiers  : autrement dit, celui à qui vous
devez de l’argent pourra à son choix réclamer le
paiement de l’intégralité de la dette à vous ou à
votre conjoint(e), sans avoir à chercher si vous
étiez d’accord pour engager l’argent du couple. Il
n’est même pas obligé de se tourner en premier
vers celui d’entre vous qui a créé la dette.

Cette règle ne vaut que pour les dépenses faites


pour l’entretien du ménage ou l’éducation des
enfants  : nourriture, logement, loisirs, éducation,
etc. Elle ne se limite cependant pas aux dépenses
indispensables. Par exemple, les frais de scolarité
pour mettre les enfants dans une école privée sont
bien en principe soumis à cette règle, même si
l’inscription dans un établissement public, et donc
gratuit, était possible.

La loi écarte l’application de cette règle pour :


» les dépenses manifestement excessives : par
exemple, l’achat d’une voiture de luxe pour un
couple de smicards, ou comme vu ci-dessus,
l’inscription dans une école privée si votre couple
n’en a pas les moyens ;

» les achats à crédit ou les emprunts dépassant les


petites sommes nécessaires aux besoins de la vie
courante : là encore, si vous avez emprunté à
votre seul nom, et que les circonstances ne
démontrent pas que votre conjoint(e) était
d’accord, votre créancier ne pourra exiger le
remboursement que de vous seul(e).

La conclusion de contrats entre


époux
La loi a longtemps interdit les contrats entre époux,
à quelques exceptions près  : les mandats et
donations, les prêts d’argent ou à usage, le partage
au moment de la séparation… Aujourd’hui le
principe est inverse : les contrats entre époux sont
valables, à quelques exceptions près.

Trois types de conventions ont posé des difficultés,


mais sont aujourd’hui admis :
» Le contrat de travail entre époux, qui suppose un
lien de subordination aux rapports conjugaux, et
était donc soupçonné de créer un rapport malsain
entre le salarié et l’employeur, outre les risques de
fraude fiscale et/ou sociale qu’il pouvait
dissimuler.

» Le contrat de société entre époux, qui met au


plan commercial les époux sur un pied d’égalité,
et portait de fait atteinte à la suprématie de
monsieur sur madame qui existait sur le plan
conjugal : cette dernière ayant disparu, le contrat
de société est logiquement devenu possible.

» La vente entre époux, que l’on soupçonnait être


une donation déguisée. Or, si les donations entre
époux pouvaient être révoquées, cette « vente »
ne le pouvait pas, et pouvait donc dissimuler une
volonté de contourner la loi. Depuis la loi
du 23 juin 2006 toutefois, cette révocabilité des
donations n’existe plus, sauf pour les donations
de biens à venir.
La contribution aux charges du
mariage et le devoir de secours
Ces deux obligations sont distinguées par le Code
civil, qui se garde cependant de les définir  : pour
faire bref, on parle de contribution aux charges
pendant la durée normale du mariage, et de devoir
de secours en période de crise.

Remplir votre obligation de contribution aux


charges du mariage, c’est non seulement fournir
une partie des éléments essentiels au quotidien de
votre famille, mais plus largement permettre de
financer toutes ses dépenses courantes  :
alimentation bien entendu, mais également loisirs,
éducation des enfants, vacances, vêtements, argent
de poche, etc.

Le montant de la contribution n’est pas fixé par le


Code civil, et dépendra du train de vie de la famille,
ainsi que des revenus de chacun :
» Soit vous avez clairement prévu dans votre
contrat de mariage la proportion de contribution
qui devra être fournie par chacun d’entre vous.
Votre souhait sera alors respecté, du moins si les
moyens de l’un et de l’autre n’ont pas trop changé,
et que la clause n’est pas manifestement
déséquilibrée.
» Soit vous n’avez rien fixé à l’avance, et dans ce cas
le Code civil prévoit que vous et votre conjoint(e)
pourvoirez aux besoins de la famille « à
proportion de [vos] facultés respectives ».

La contribution aux charges du mariage n’est pas


toujours versée en monnaie sonnante et
trébuchante, bien au contraire :
» D’une part, si vous n’avez pas de revenus, vous
pouvez la payer en nature, par exemple en vous
occupant des enfants et de la maison, ou encore
en collaborant à l’activité professionnelle de votre
moitié (c’est l’exemple encore fréquent des
membres de professions libérales dont le conjoint
assure le secrétariat et/ou la comptabilité sans
être salarié).

» D’autre part, il est bien évident que vous n’allez


pas tenir chaque mois une comptabilité de vos
contributions respectives aux charges du
mariage : elles se font naturellement, et c’est
seulement en période de crise que le magistrat
chargé du dossier fixera clairement leurs
montants en euros.

Voilà donc pour les règles qui s’appliqueront avec


ou sans contrat de mariage. Pour le reste, tout
dépend de votre régime matrimonial. Or, il y a un
nombre infini de régimes matrimoniaux, parce que
vous pouvez créer le vôtre sur mesure. Je vais donc
me contenter de citer deux grandes catégories de
régime, après avoir étudié plus en détail celui qui
s’applique à défaut de contrat : le régime légal.
C’EST QUOI, L’IMMUTABILITÉ DES RÉGIMES
MATRIMONIAUX ?

Un principe qui énonce que vous ne pouvez plus modifier


votre régime matrimonial une fois le mariage prononcé.
Mais il ne reste aujourd’hui plus grand-chose de cette règle.
En réalité, il vous sera facile de changer de régime, du
moment que celui que vous aviez adopté au départ s’est
appliqué au moins deux ans. Il vous suffit de contacter un
notaire, qui se chargera de toutes les démarches.

Votre seule obligation  : informer vos créanciers, ainsi que


vos enfants majeurs de vos intentions. Ils ont trois mois pour
s’opposer à cette modification. Si opposition il y a, c’est le
tribunal de votre domicile qui décidera d’accepter ou de
refuser le changement de régime, en tenant compte de
l’intérêt global de la famille (et non de l’intérêt des seuls
opposants), et en vérifiant si le changement n’a pas pour but
ou pour conséquence de spolier vos créanciers.

Et si vous avez des enfants mineurs, l’homologation par le


juge sera obligatoire, même en l’absence d’opposition. Mais
en dehors de ces deux hypothèses, le changement de
régime est devenu facile et rapide, puisque le tribunal n’a pas
à intervenir.
Sans contrat de mariage : le
régime légal
Si vous n’avez pas conclu de contrat de mariage
avant le jour de la célébration, ne croyez pas pour
autant que vous n’êtes soumis(e) à aucun régime
matrimonial  : simplement, dans votre cas, c’est la
loi qui en fixe le contenu.

Pour les mariages célébrés


après le 1er février 1966
Si vous vous êtes marié(e) sans contrat après le 1er
février  1966, vous êtes soumis(e) au régime de la
communauté réduite aux acquêts.

Dans ce régime, on distingue :


» le patrimoine du mari, appelé également biens
propres, et qui se compose de l’ensemble des
biens, des créances, mais aussi des dettes, qu’il
possédait déjà au moment du mariage, auxquels
s’ajoutent les biens et créances qu’il reçoit
gratuitement et les dettes contractées par lui seul
pendant le mariage ;

» le patrimoine de la femme constitué de la même


façon qu’évoqué ci-dessus ;
» la communauté : les biens communs du couple
sont composés de ce que l’on appelle les acquêts,
c’est-à-dire les biens acquis à titre onéreux
pendant le mariage, et les dettes contractées par
le couple.

Lorsque la communauté est dissoute, par exemple


après un divorce, puisque c’est le cas qui nous
intéresse, chacun des conjoints reprend ses biens
propres, et on partage en deux les biens communs.

Se reporter au chapitre  17  qui traite de la


liquidation du régime matrimonial.

Pour les mariages célébrés


avant le 1er février 1966
Si vous vous êtes marié(e) sans contrat avant le 1er
février  1966, vous êtes soumis(e) au régime de la
communauté de tous les meubles et des acquêts.
C’est l’ancien régime légal.

Comme son nom l’indique, dans ce régime, la


communauté se composait non seulement des
acquêts, mais également de tous les biens meubles,
d’où qu’ils proviennent.

Il concerne encore un certain nombre de couples.


Les régimes de type séparatiste

Le régime de la séparation de
biens
Dans ce type de régime, il n’y a aucun bien
commun. Tous les biens sont propres, et
appartiennent donc soit à vous, soit à votre moitié.

Bien entendu, la liquidation, autrement dit la


répartition des biens à la fin du mariage (qui sera
étudiée dans le chapitre  17), sera la plus simple,
surtout si vous avez tous les deux gardé
soigneusement les preuves de propriété de ces
biens.

Rien ne vous empêche d’acheter des biens à deux,


mais ceux-ci seront alors régis non par les règles
de la communauté, mais par celles de l’indivision.

Le régime de la participation
aux acquêts
C’est une sorte de régime matrimonial hybride  :
pendant le mariage, chacun gère seul ses biens
personnels, acquis avant ou pendant le mariage.
Tout se passe donc comme si l’on était dans un
régime de séparation de biens.

Au moment de la liquidation toutefois, les choses


changent, puisque chacun devra alors à l’autre
récompense, en général pour moitié, des biens qu’il
aura acquis pendant le mariage.

Se reporter au chapitre  17  qui traite de la


liquidation du régime matrimonial.

Les régimes de type


communautaire
Le régime légal en est un. Mais ce n’est pas le seul :
vous êtes en effet libre de modifier la composition
des biens communs comme vous l’entendez par le
biais de votre contrat de mariage, créant ainsi un
régime communautaire « à la carte ».

Vous pouvez même décider que tous les biens sans


exception seront communs  : c’est ce que l’on
nomme le régime de la communauté universelle,
assorti généralement d’une clause d’attribution de
ladite communauté au conjoint survivant.
Autrement dit, lorsque l’un d’entre vous décédera,
l’autre récuperera tous les biens, sans avoir à payer
de droits de succession.
Chapitre 3
Les formes de divorce et ses
acteurs : un petit tour de ce
qui vous attend
DANS CE CHAPITRE :
» Du mariage indissoluble à la consécration d’un droit au divorce

» Les différentes conceptions du divorce

» Connaître les acteurs du divorce

L esurbutlesdecaractéristiques
ce chapitre est d’attirer votre attention
de chaque type de divorce
et de vous présenter les personnes à qui vous aurez
affaire lors de la procédure. Vous vous ferez ainsi
une première opinion quant au divorce qui
s’adaptera le mieux à votre situation, et vous en
connaîtrez à l’avance les avantages comme les
inconvénients.

Mais avant, un petit rappel historique et théorique


s’impose, qui vous permettra de mieux comprendre
la législation actuelle et d’y voir plus clair en
appréhendant l’origine des quatre procédures
actuelles.
LE DROIT DU DIVORCE ET SES IDÉOLOGIES EN 13
ÉTAPES

L’interdiction pure et simple de divorcer existait dans la


plupart des droits primitifs pour protéger le patrimoine de la
famille transmis de génération en génération. Si cette
conception a existé en France pendant toute la durée de la
monarchie absolue, elle a par la suite disparu.

1. Le Code d’Hammourabi  : Première codification


connue, le Code d’Hammourabi règlemente avec
soin la répudiation de la femme par le mari mais
aussi celle du mari par la femme, c’est-à-dire la
possibilité de mettre fin au mariage même si l’un
des deux s’y oppose. On notera qu’elle est toujours
d’actualité dans le droit musulman.

2. La Bible  : L’Ancien Testament permet le divorce


mais à certaines conditions. Le Christ le condamne,
exception faite du cas d’adultère de la femme.

3. Le droit romain : Il est possible de mettre fin à son


mariage tout simplement en faisant connaître
publiquement à son conjoint son désir de se
séparer.

4. L’Ancien Régime : L’influence de l’Église est si forte


que les procès relatifs au mariage sont tranchés par
les tribunaux ecclésiastiques.
5. La Révolution française : Le 20 septembre 1972, le
divorce reçoit un statut légal et échappe désormais
au pouvoir de l’Église. Il est possible de divorcer par
consentement mutuel, et même pour
incompatibilité d’humeur. En l’an II, les
révolutionnaires iront jusqu’à permettre une
dissolution «  automatique  » après six mois de
séparation.

6. Le Premier Empire : En 1804, Napoléon Bonaparte


maintient le divorce dans son code civil mais
supprime le divorce pour incompatibilité d’humeur.

7. La Restauration  : Le catholicisme redevient


religion d’État, et le divorce est à nouveau interdit
par la loi du 8 mai 1816.

8. La loi Naquet  : Sous l’impulsion du député et


professeur de droit Alfred Naquet, le divorce est
instauré par la loi du  27  juillet  1884, devenue
essentielle car elle marque la fin de l’interdiction du
divorce en France.

9. Le Régime de Vichy : La loi du 2 avril 1941 interdit


d’engager la procédure dans les trois premières
années du mariage.

10.L’ordonnance du 12 avril 1945 : Elle abroge le délai


de trois ans.
11.La loi du  11  juillet 1975  : C’est la grande réforme,
celle qui voit naître notamment le divorce par
consentement mutuel, la prestation compensatoire
et le juge conciliateur.

12.La loi du  12  janvier  1993  : Elle crée le juge aux
affaires familiales.

13.La loi du  26  mai  2004  : Le divorce accepté et le


divorce par consentement mutuel sont encore
simplifiés. Le divorce pour altération définitive du
lien conjugal remplace le divorce pour rupture de la
vie commune. Il est possible plus tôt (deux ans de
séparation au lieu de six).

À ces trois cas de divorce doit être ajouté un autre type de


divorce en France  : le divorce pour faute, qui permet de
mettre fin à son mariage en prouvant la faute de l’autre.

Les acteurs du divorce : casting


complet
Tout au long de votre divorce, votre route croisera
celle d’un certain nombre d’intervenants ayant
chacun un rôle bien déterminé. Certains sont
incontournables, d’autres apparaissent ou non
selon le déroulement de la procédure.
Connaître leurs fonctions et leurs pouvoirs vous
aidera à vous y retrouver, car il faut bien avouer
que certains divorces, surtout lorsque des enfants
et/ou un gros patrimoine sont en jeu, peuvent
devenir très complexes, même pour un
professionnel.

Vous, les futurs ex


En tant que couple, mais également en tant que
parents, vous avez un rôle à jouer avant, pendant et
après la procédure. Prendre à bras-le-corps votre
divorce, c’est éviter que des décisions injustes ou
illogiques soient adoptées. Si vous vous laissez
faire, vous n’aurez aucun droit de râler après…
réagissez, prenez-vous en main !

Bien entendu, tout dépend aussi de l’attitude de


votre conjoint(e).

Lorsque tout va bien dans le


meilleur des mondes
Dans le scénario idéal, vous vous entendez
suffisamment pour réellement gérer seuls ou
presque votre séparation, et le juge n’est là que
pour s’assurer que personne n’est lésé, voire
sacrifié. C’est le divorce réussi, au moins sur le plan
judiciaire, celui que je souhaite à tout le monde.
Mais c’est aussi le plus rare…

Voir, au chapitre  7  le divorce par consentement


mutuel et le divorce accepté.

Attention d’ailleurs à protéger vos intérêts et ceux


de votre famille : votre conjoint est-il parfaitement
transparent, la convention sur laquelle vous êtes
tombés d’accord est-elle équilibrée, quelles sont les
mesures qui pourront être modifiées si la situation
change ?

Il ne faut pas que votre désir de préserver la paix,


ou d’en finir au plus vite, voire un orgueil mal
placé, sacrifie au passage les enjeux essentiels de
votre divorce, car vous pourriez vous en mordre les
doigts. Prenez conseil auprès de votre avocat.

Lorsque le divorce ne se passe pas


trop mal
C’est l’hypothèse dans laquelle votre futur(e) ex et
vous souhaitez tous deux le divorce  : vous arrivez
encore à échanger, mais de là à vous mettre
d’accord sur toutes les conséquences de la
séparation…
Il faut défendre vos intérêts et ceux de vos enfants
(voir sur ce point la quatrième partie), en donnant
les informations les plus exactes, les plus
complètes et les plus honnêtes possible à votre
avocat. En effet, par souci des convenances, par
culpabilité ou par fierté, vous «  oubliez  » trop
souvent de lui donner certains renseignements, ou
vous lui mentez même carrément  ! Ce qui, je vous
le dis tout net, est idiot  : hello, nous sommes de
votre côté  ! Je me suis ainsi retrouvée confrontée,
un jour d’audience, à des faits essentiels dont je
n’avais pas eu connaissance et qui ont mis ma
défense en fâcheuse posture, alors que si mon
client me les avait confiés avant, ils auraient pu
être gérés.

Gardez bien en tête que votre avocat n’est pas là


pour vous juger, mais pour vous assister, et ce n’est
qu’en ayant toutes les cartes dans son jeu qu’il
pourra anticiper, et donc contrer, les arguments
adverses.

Par ailleurs, une mesure de médiation pourra être


mise en place dans le cas où les conjoints ont des
difficultés à dialoguer.

Sur la médiation, voir le chapitre 10.


Quand c’est la guerre
Parce que l’un de vous ne souhaitait pas le divorce,
ou parce que toute discussion est devenue
impossible, parce qu’il y a trop de rancœur et de
reproches entre vous, la procédure s’annonce
« musclée », et « polluée » par les règlements de
comptes. Certains conjoints animés par une haine
sans fin feront de la procédure leur ciel de lit.

Un dossier « béton »
Vous devrez, plus encore que dans le cas précédent,
donner à votre avocat un maximum
d’informations, en rassemblant toutes les preuves
et les éléments que vous pensez utiles à la défense
de votre dossier, sans rien lui cacher. Il ne s’agit
pas de prendre sa place, et encore moins celle du
juge, mais de participer à la constitution de votre
dossier dans la mesure de vos moyens. Une bonne
synergie avec votre avocat est un gage de meilleure
réussite.

Attention quand même, n’agissez pas à tort et à


travers, sans demander conseil avant  : vous
risqueriez de nuire à vos intérêts en croyant les
servir.
Sachez par exemple que «  trop de pièces tuent les
pièces » : il arrive que certains dossiers de divorce
se composent de centaines d’attestations, de
procès-verbaux, de certificats médicaux  : le risque
est grand alors de noyer le magistrat sous les
informations, l’empêchant ainsi de voir l’essentiel
du dossier. Nous ne jouons pas à la bataille, ce n’est
pas le plus gros dossier qui l’emporte.

Pas de filature !
De même, inutile de jouer les détectives privés, en
suivant ou en faisant suivre votre ex par des
proches dans le but, par exemple, de prouver son
adultère, sous peine d’agacer le juge. Si besoin est,
faites appel à de vrais professionnels. Ou encore,
demandez au juge l’autorisation de faire procéder à
un constat d’adultère par huissier de justice.

N’oubliez pas les réels enjeux de votre divorce, et


ne vous perdez pas dans des détails sans intérêt par
simple désir de vengeance  : vous ne vous rendriez
pas service.

Pas de haine mal placée !


Enfin, et cette dernière remarque est d’autant plus
essentielle que le divorce est contentieux, veillez à
épargner le plus possible vos enfants : ceux-ci vont
nécessairement être perturbés par la séparation de
leurs parents, inutile d’en rajouter en dénigrant
votre ex devant eux, ou même en partageant avec
eux les détails les plus sordides de la procédure.

Nous reviendrons sur ce point dans la quatrième


partie de cet ouvrage, consacrée à vos bouts de
chou.

Mais notez dès à présent que toute mesure de


médiation n’est pas exclue dans ce cas de figure,
bien au contraire  : elle peut vous permettre de
reprendre le dialogue, ne serait-ce que dans
l’intérêt de vos enfants.

Gardez toujours à l’esprit que les décisions que


vous parviendrez à prendre en accord avec votre
futur(e) ex seront autant de points que le magistrat
n’aura pas à trancher dans le vif. Il est en effet
préférable que les décisions concernant votre avenir
au plan des enfants et au plan financier soient
adoptées ensemble et non fixées par un juge qui
fera ce qu’il pourra avec les éléments qui lui seront
soumis.
Le juge, qui ne vous départage
que si c’est nécessaire
Qui est-il ?
C’est le juge aux affaires familiales (JAF) qui est
chargé de la procédure de divorce et de ses suites.

Il s’agit d’un magistrat professionnel, formé à


l’École nationale de la magistrature et rattaché au
tribunal de grande instance. Il est en principe
accompagné seulement de son greffier, et en
général les entretiens ont lieu dans son bureau, et
non dans une salle d’audience, en tout cas au
moins au moment de la tentative de conciliation.
Cela dépend toutefois des tribunaux. Quoi qu’il en
soit, les audiences de divorce se tiennent à huis
clos. Personne d’autre que vous et vos avocats ne
peuvent y assister.

Lors de l’audience de jugement, s’il l’estime


nécessaire, il peut décider de renvoyer l’affaire
devant une composition collégiale, c’est-à-dire
constituée de plusieurs magistrats, qui délibéreront
ensemble avant de rendre leur décision.

Sachez que vous pouvez également, si vous le


souhaitez, exiger cette collégialité, on ne peut pas
vous la refuser.

Quel est son rôle ?


Dès lors qu’il est saisi, le JAF est seul compétent
pour :
» prendre les mesures provisoires qui
s’appliqueront à vous-même et à vos enfants
pendant la durée de la procédure par le prononcé
d’une ordonnance de non-conciliation (ONC) ;

» trancher les éventuels « incidents » de procédure


(étudiés en détail dans le chapitre 9), sortes de
procès dans le procès ;

• prononcer le divorce ;

• décider des conséquences du divorce :


autorité parentale, contribution à l’entretien
et l’éducation des enfants, résidence des
enfants, montant de la prestation
compensatoire, éventuels dommages et
intérêts, etc. ;

» Depuis le 1er janvier 2016, le JAF, qui jusqu’alors


ne pouvait intervenir que ponctuellement dans la
liquidation et le partage des intérêts patrimoniaux
des époux, notamment en statuant sur les
demandes de maintien dans l’indivision,
d’attribution préférentielle et d’avance sur part de
communauté, peut désormais statuer sur
l’ensemble de la liquidation et du partage des
intérêts patrimoniaux des époux divorçant,
lorsqu’il apparaît, dès la phase de divorce,
qu’aucune solution amiable n’est envisageable.

Autrement dit, le domaine de compétence du JAF


a été élargi. Avant 2016, il se contentait
d’ordonner la liquidation de votre régime
matrimonial. Pour ce faire, il était nécessaire
d’avoir recours à un notaire. Dorénavant, le JAF
peut régler les conséquences patrimoniales de
votre divorce, si votre futur(e) ex et vous-même
rapportez la preuve des désaccords qui subsistent
entre vous, en produisant soit une déclaration
commune d’acceptation marquant les points de
désaccord, soit un projet d’état liquidatif et de
partage établi par un notaire désigné. Le JAF
pourra également déterminer le régime
matrimonial applicable entre vous.

En octroyant de véritables pouvoirs liquidatifs au


JAF, cela permettra de voir votre régime
matrimonial liquidé plus rapidement si votre
futur(e) ex et vous-même rapportez la preuve
qu’aucun accord amiable n’est possible. Le JAF
prononcera donc une seule décision qui
comprendra tant le prononcé de votre divorce
que la liquidation de votre régime matrimonial.
Vous avez donc tout intérêt à voir désigner un
notaire lors de la phase de tentative de
conciliation afin qu’il établisse votre projet d’état
liquidatif.

» modifier après le divorce les dispositions


concernant l’exercice de l’autorité parentale, la
contribution à l’entretien et l’éducation des
enfants, leur résidence, le montant de la
prestation compensatoire ou ses modalités de
paiement.

Comment ça se passe
concrètement ?
Durant les audiences (à l’exception des éventuelles
audiences de procédure, que votre avocat vous
signalera), vous devez être là  : impossible de vous
faire « remplacer » par votre avocat ou qui que ce
soit d’autre. Mais le public n’aura pas accès à la
salle.

Il est possible que pendant la première audience,


dite de tentative de conciliation, le JAF s’adresse
directement à vous, pour vous poser des questions
ou vous faire certaines remarques.
Dans la procédure sur requête conjointe, et lors de
la première audience dans les autres types de
divorce, il est même probable que vous soyez
comme votre conjoint dans un premier temps
seul(e) face à lui, chacun à votre tour.

Répondez alors avec sincérité et simplicité aux


interrogations qui vous seront faites. Ne craignez
pas de vous exprimer librement, sans toutefois bien
sûr faire preuve d’agressivité. Ne prenez pas la
parole sans qu’on vous la donne : si vous souhaitez
intervenir ou voir souligner un fait, tournez-vous
plutôt vers votre avocat, qui jugera si votre
remarque est pertinente à ce stade de la procédure
et transmettra au magistrat.

Méfiez-vous enfin des impressions d’audience  :


certains époux, convaincus de s’être mis le juge
«  dans la poche  », sont fort surpris, lorsque la
décision de ce dernier est rendue, de constater
qu’elle n’est pas en leur faveur, ou du moins pas
conforme à ce qu’ils en espéraient. À l’inverse, vous
pouvez trouver le magistrat peu réceptif à vos
arguments et découvrir dans sa décision qu’ils l’ont
pourtant convaincu.

L’avocat, un allié indéfectible


Qui est-il ?
L’avocat est obligatoire  : impossible de divorcer
sans lui. C’est votre interlocuteur privilégié avant,
pendant et même après la procédure. Il est votre
allié, et une réelle relation de confiance doit exister
entre vous.

C’est pourquoi nous sommes nombreux à


recommander de prendre un avocat par conjoint, et
ce même dans les procédures «  paisibles  ».
Prendre un seul avocat pour deux, ce qui est
possible avec la procédure de divorce par
consentement mutuel (voir au chapitre  7), est
rarement une bonne idée, pour deux raisons :
» seul un avocat qui vous défend exclusivement
vous conseillera sans contrainte, et donc le plus
efficacement. Au contraire, un conseil unique est
obligé de « s’arranger » avec les intérêts
contradictoires des deux époux ;

» si votre séparation, qui se présentait a priori sous


un jour pacifique, vient à devenir contentieuse,
l’avocat unique que vous aviez choisi ne pourra
rester conseil ni de vous, ni de votre conjoint : non
seulement sa déontologie l’exige (comment
plaider contre son ex-client ?), mais aussi la
jurisprudence a déjà eu l’occasion de le rappeler.
Il faudra donc choisir non pas un mais deux
nouveaux avocats, ce qui est une perte de temps
et d’argent.

Une seule exception  : si vous êtes tous deux


d’accord pour divorcer, que vous n’avez pas
d’enfant, aucun bien commun et pas ou peu de
différence de revenus, que votre mariage a été très
court, vous pouvez envisager de prendre un avocat
unique, car on voit mal, dans cette hypothèse, quels
pourraient être les points de désaccord et les
spoliations possibles.
L’AVOCAT DE L’ENFANT

Votre enfant mineur peut avoir un avocat chargé de ses


intérêts propres pendant la procédure de divorce.

Il peut dans certains cas être entendu par le magistrat


chargé de la procédure, pour donner son opinion sur sa
résidence habituelle (voir les chapitres  12  et  13). Il a donc
des intérêts personnels à protéger, différents des vôtres et
de ceux de votre futur(e) ex. Pour ce motif, il peut demander
à avoir son propre avocat, et ce par simple lettre adressée au
bâtonnier de l’ordre, qui lui désignera un conseil.

Ce dernier ne pourra bien entendu être ni votre avocat, ni


celui de votre conjoint. En outre, la loi ouvre
automatiquement le bénéfice de l’aide juridictionnelle au
mineur, c’est donc l’État qui paiera l’avocat de votre enfant,
garantissant ainsi sa parfaite indépendance par rapport à
chacun d’entre vous.

Pour plus de détails sur l’avocat de l’enfant et son rôle, se


reporter au chapitre 12 : « Quand ils prennent un avocat »).

Quel est son rôle ?


Sachez que le rôle de votre avocat est double :
» Assistance : ce versant regroupe son devoir de
conseil et son devoir de vous défendre devant la
justice.
» Représentation : il est votre porte-parole devant
la juridiction, et n’a pas à justifier d’un mandat
spécifique pour ce faire : il est cru sur parole, on
dit qu’il bénéficie d’un mandat « ad litem ».
LES HONORAIRES DE L’AVOCAT

Vous êtes en droit d’exiger une facture détaillée de ses


prestations, et il doit faire apparaître clairement sur ses
courriers ses tarifs horaires, qu’il fixe librement. Il est
possible de prévoir avec lui et à l’avance une sorte de
«  forfait  » de procédure, en concluant une convention
d’honoraires.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi no  2015-


990 du 6 août 2015, l’avocat est tenu d’établir avec son client
une convention d’honoraires écrite pour toute matière et
tout type d’intervention.

Il est également permis de prévoir à l’avance que votre


avocat touchera un pourcentage (qui doit rester raisonnable)
de ce que vous percevrez à l’issue de votre procédure, du
montant de votre prestation compensatoire, etc.

Attention toutefois : il est interdit de fonder l’intégralité de la


rémunération sur ce critère  : ces pactes, dits de quota litis
sont prohibés en France (contrairement à ce qui pratique
couramment aux États-Unis par exemple).

Si vous ne réglez pas les honoraires dus, ou si vous souhaitez


contester leur montant, c’est le bâtonnier de l’ordre des
avocats qui est seul compétent pour trancher  : c’est la
procédure de «  taxation d’honoraires  ». Vous saisirez le
bâtonnier par simple courrier, envoyé à l’ordre des avocats
dont dépend votre conseil.
Votre avocat est tenu de manière absolue par le
secret professionnel et pourrait, s’il le violait, être
sanctionné non seulement sur le plan disciplinaire
(par le conseil de l’ordre des avocats de son
barreau) mais également sur le plan pénal.

S’il commet une faute professionnelle grave dans


l’exercice de son mandat (par exemple s’il omet
d’interjeter appel d’une décision dans les délais), il
peut se voir condamné à vous verser des dommages
et intérêts pour le préjudice que vous subissez du
fait de son erreur. Il est d’ailleurs spécialement
assuré pour ce risque.

Enfin, notez que l’avocat a le droit de choisir ses


clients  : autrement dit, il peut refuser de prendre
en charge votre dossier, ou vous «  le rendre  » en
cours de procédure, s’il estime qu’il ne peut
accomplir sa mission dans des conditions
acceptables (par exemple, s’il refuse de défendre
une thèse absurde ou malhonnête).

Même lorsqu’il a été désigné par le biais de l’aide


juridictionnelle, rien ne l’empêche de faire jouer
cette « clause de conscience ». De la même façon,
vous avez bien sûr, de votre côté, toute liberté de
changer de conseil à tout moment de la procédure,
à condition de régler à votre premier avocat
l’intégralité des honoraires dus pour les prestations
(on parle de diligences) qu’il a déjà accomplies. La
déontologie des avocats français leur impose en
effet, avant d’accomplir tout acte dans un nouveau
dossier, de prendre contact  –  en général par
courrier  –  avec le confrère qui les a précédés, afin
de s’assurer qu’il a été intégralement payé. À
défaut, le second avocat doit refuser d’accomplir
tout nouvel acte avant le total règlement de son
prédécesseur.

L’avocat postulant
(anciennement avoué), si vous
vous retrouvez devant la cour
d’appel
Qui est-il ?
L’avoué était un officier ministériel chargé
d’accomplir des actes de procédure et de
représenter ses clients devant une cour d’appel
déterminée. Il avait donc le monopole de la
représentation des parties devant une cour d’appel.
Cette profession a disparu le  1er janvier  2012  pour
permettre au justiciable un meilleur accès aux
procédures d’appel. Le rôle des avoués est
désormais endossé par les avocats.

Le principe est celui de la représentation


territoriale illimitée de l’avocat en France.
Autrement dit, cela signifie qu’un avocat de Paris
peut vous représenter à Marseille pour une affaire
devant les tribunaux de commerce, les tribunaux
d’instance, les conseils de prud’hommes, etc.

Mais, par exception, dès lors que la représentation


par un avocat est obligatoire, l’avocat vous
représentant doit être inscrit au barreau
correspondant au ressort du tribunal en question.
C’est le cas pour les procédures devant le tribunal
de grande instance et la cour d’appel.

Par exemple, un avocat vous représentant au


tribunal de grande instance de Paris doit être
inscrit au barreau de Paris  ; s’il est inscrit au
barreau de Toulouse, il ne pourra pas vous y
représenter.

Un principe de multipostulation existe pour la


région parisienne. Ainsi, l’avocat inscrit au barreau
de Paris peut vous représenter devant le TGI de
Paris mais aussi devant celui de Créteil, de Bobigny
et de Nanterre.

Comment faire si vous êtes à Toulouse, que votre


avocat est à Toulouse mais que votre divorce doit
être jugé à Paris ? Votre avocat devra avoir recours
à un avocat postulant.

Matériellement, c’est lui qui s’en charge étant


donné qu’il a accès à un réseau de correspondants
dans la France entière.

Vous aurez alors deux avocats : un avocat postulant


et un avocat plaidant. Vous serez en contact
uniquement avec votre avocat plaidant.

Quel est son rôle ?


L’avocat postulant a une simple mission de
représentation. Il joue le rôle d’intermédiaire entre
votre avocat plaidant et le tribunal ou la Cour. Il
aura pour devoir d’accomplir les actes de
procédure. Dans l’immense majorité des cas, c’est
votre avocat plaidant qui aura rédigé les
conclusions que le postulant déposera, et c’est
aussi lui qui plaidera votre dossier.

L’avocat plaidant peut être inscrit à n’importe quel


barreau. Le principe est que vous avez le choix de
votre avocat plaidant dès lors que vous êtes
représenté par un avocat local devant le tribunal où
l’affaire est jugée.

Dans certains cas toutefois, l’avocat postulant


plaide le dossier à la place de l’avocat plaidant, par
exemple si ce dernier est empêché ou s’il s’agit
d’un problème de procédure.

De même, c’est lui qui sollicite les éventuels


renvois d’audience à une date ultérieure, qui
demande le rejet de certaines pièces ou conclusions
adverses parce qu’elles ne sont pas conformes aux
exigences posées par le code de procédure civile ou
qu’elles sont transmises tardivement, etc.

L’avocat postulant engage sa responsabilité au


même titre que l’avocat plaidant, mais dans le
cadre de sa mission de postulation. De ce fait, il est
en mesure d’exiger le paiement d’honoraires qui
sont généralement des forfaits variant de  600  à
1  200  euros hors taxes selon les diligences
accomplies.

Bien entendu, vous pouvez éviter ces frais et


décider de contacter directement un avocat situé
dans le ressort du barreau où sera jugée votre
affaire. Toutefois, notez bien qu’en cas de longue
distance, la communication risque d’être plus
difficile.

Si vous êtes bénéficiaire de l’aide juridictionnelle,


les honoraires de l’avocat postulant seront
également pris en charge.

Si dans votre affaire un appel a été interjeté,


l’avocat qui a plaidé votre dossier en première
instance peut, dans certains cas, directement
postuler devant la Cour d’appel. Il n’a pas
nécessairement besoin d’avoir recours à un avocat
postulant. Toutefois, la procédure d’appel étant
particulièrement complexe, il est essentiel que
votre avocat ait suivi une formation spécialisée. À
défaut, il prendra un avocat postulant, qui
généralement est un ancien avoué et qui est donc
parfaitement compétent en la matière.

L’avocat au Conseil, si vous


allez jusqu’en cassation
Qui est-il ?
Les avocats au Conseil d’État et à la Cour de
cassation (c’est leur titre complet) sont titulaires
d’une charge et bénéficient en contrepartie d’un
monopole.

Ils exercent devant la Cour de cassation à la fois les


fonctions des avocats et celles des avocats
postulants, puisqu’ils représentent leurs clients,
plaident pour eux, et perçoivent des honoraires
librement fixés. Mais les plaidoiries sont réduites à
leur plus simple expression. Ce sont surtout les
mémoires déposés à l’audience qui seront examinés
par les magistrats.

Quel est son rôle ?


Il est important, pour bien comprendre le
mécanisme du pourvoi en cassation, d’admettre
que la Cour de cassation n’est pas un troisième
degré de juridiction, puisqu’elle n’aborde pas le
fond de l’affaire, et se contente de contrôler la
manière dont elle a été jugée.

Tout se passe donc comme si elle jugeait la décision


attaquée, et non l’affaire  : si elle estime que les
juges «  du fond  » ont rendu une sentence de
manière irréprochable, elle rejette le pourvoi, et
l’affaire est close. Dans le cas contraire, on dit
qu’elle casse la décision rendue, mais comme elle
n’aborde pas le fond du dossier, elle se contente de
renvoyer l’affaire devant une juridiction de même
degré que celle qu’elle a censurée (par exemple,
devant une autre cour d’appel), qui reprendra tout
le dossier à zéro.

L’huissier de justice, un triple


rôle
En matière de divorce, il peut en effet intervenir de
trois manières différentes :
» Il a le monopole des significations judiciaires, qui
obéissent à un formalisme rigoureux : c’est donc
lui seul, notamment, qui pourra délivrer
l’assignation en divorce pour votre compte.

» Il peut être chargé de faire procéder à l’exécution


forcée des actes publics, c’est-à-dire notamment
des jugements revêtus de la formule exécutoire,
ce qui sera le cas de votre jugement de divorce.

» Il peut, à votre demande, être amené à dresser


certains constats, qui, puisqu’il s’agit d’un officier
assermenté, auront bien plus de valeur aux yeux
du juge que votre simple parole. L’huissier peut
par exemple dresser sur procès-verbal un
inventaire des objets mobiliers de valeur se
trouvant au domicile conjugal, ou sur autorisation
du juge dresser un constat d’adultère, retranscrire
un message vocal, etc.

» Depuis le décret du 23 septembre 2011, l’huissier


de justice peut exercer à titre accessoire l’activité
de médiation conventionnelle ou judiciaire.

Attention toutefois  : il ne peut s’agir que de pures


constatations matérielles, exclusives de toute
opinion ou de tout avis sur les conséquences de fait
ou de droit qui peuvent en résulter.

Un détail à savoir  : chaque huissier ne peut


intervenir que dans une zone géographique
déterminée, et non partout en France : lorsque vous
ferez appel à lui, demandez- lui de vérifier qu’il est
bien compétent territorialement.

Le médiateur, pour vous aider à


rétablir le dialogue
Le médiateur agit sur demande du juge, ce dernier
pouvant décider une mesure de médiation d’office,
ou bien à la demande de l’un d’entre vous.

Le médiateur familial n’est pas un magistrat, il


peut travailler seul ou au sein d’une association. Il
est un professionnel qualifié par un diplôme d’État,
doté de compétences en psychologie et en droit.
Le médiateur familial est notamment formé à
l’écoute et à la négociation entre les personnes. Il
respecte les principes déontologiques et observe
une stricte confidentialité. Il ne prend parti pour
personne et ne vous juge pas. Son rôle est
d’entendre les points de vue de votre conjoint(e) et
de vous-même et de les confronter pour tenter de
vous permettre de renouer le dialogue et de vous
aider à trouver une solution concrète à votre conflit
ou à votre situation.

Dans le cas d’un divorce, les points abordés durant


les séances de médiation vont porter sur les
conséquences du divorce, à savoir la vie
quotidienne des enfants, l’exercice de l’autorité
parentale, la résidence principale des enfants, le
droit de visite et d’hébergement, les choix scolaires
ou la contribution financière à l’éducation des
enfants, etc.

Le nombre de séances varie en fonction des


questions à aborder. En moyenne, trois séances
de  1  h  30  à  2  h seront nécessaires. Le coût de la
médiation est fixé par le juge et fait l’objet d’une
consignation à la régie du tribunal.

La médiation est depuis quelques années de plus en


plus encouragée, en matière familiale en
particulier, d’une part pour désengorger les
tribunaux, et d’autre part, pour préserver l’intérêt
des familles. Les tribunaux de grande instance
d’Arras et de Bordeaux font d’ailleurs actuellement
l’objet d’une expérimentation en matière de
médiation familiale obligatoire.

En effet, dès lors que l’un des parents souhaite


faire modifier les modalités d’exercice de l’autorité
parentale, il doit, avant de pouvoir saisir le juge aux
affaires familiales, passer par la case médiation. En
cas d’échec de la médiation, il pourra alors
demander au juge de trancher.

Cette médiation obligatoire est aujourd’hui


seulement expérimentale mais elle dessine peut-
être les contours de ce que sera demain la pratique
quotidienne du contentieux familiale en matière
d’autorité parentale.

Pour plus de détails sur la médiation, se reporter au


chapitre 10.
ATTENTION, LE MÉDIATEUR N’EST PAS
CONCILIATEUR

Ne confondez pas le médiateur et le conciliateur de justice :


ce dernier intervient en effet en dehors de toute procédure
judiciaire, pour tenter d’éviter le procès. Cette fonction n’est
confiée en outre qu’à des personnes certes compétentes,
mais bénévoles, et celles-ci ne peuvent exercer en même
temps d’activité judiciaire à titre professionnel. Ainsi un
ancien avocat peut-il être conciliateur, mais pas un avocat en
exercice, alors que ce dernier pourra parfaitement être
médiateur (à condition que cela soit dans un dossier dans
lequel il n’intervient pas comme conseil, bien entendu).

L’expert, indépendant car


nommé par le juge
Qui est-il ?
Le magistrat dispose de la possibilité d’ordonner
des mesures d’expertise, de sa propre initiative, à
votre demande ou à celle de votre conjoint(e).

L’expertise se fera sous son contrôle. L’expert est le


plus souvent désigné sur l’une des listes officielles
établies soit près des cours d’appel, soit près de la
Cour de cassation. Toutefois, ce n’est pas là une
obligation pour le magistrat, qui peut désigner
toute personne qu’il estime avoir les qualités
requises pour mener à bien la mission.

L’expert doit donc être compétent, mais il doit


également rester impartial. Il doit exécuter
personnellement l’expertise, mais peut être une
personne morale, par exemple une association.

Pourquoi faire appel à expert ?


Dans les procédures de divorce, l’expertise
sollicitée peut être :
» Un examen médico-psychologique, décidé
d’office par le juge, ou encore demandé par un
des parents, voire les deux, et accordé par le juge.
L’expert désigné est généralement un médecin,
mais il peut également s’agir d’une équipe
pluridisciplinaire composée également de
travailleurs sociaux, de psychologues, etc. Le
rapport de l’expert devra faire une sorte de bilan
de l’état psychologique de chacun des membres
de la cellule familiale, pour en déduire un avis
concernant l’attribution de l’autorité parentale, la
fixation de la résidence des enfants, le droit de
visite, etc.
» Une enquête sociale, qui a pour objet de
recueillir toutes les informations susceptibles de
permettre au juge d’apprécier où est l’intérêt de
l’enfant, et de donner un avis sur la résidence
habituelle de ce dernier. Cette enquête, menée
par un(e) assistant(e) social(e) concernera
également l’ensemble de la cellule familiale, et
peut même, selon la mission de l’expert et sa
manière de la concevoir, s’étendre largement. Il
n’est pas rare de constater que des enquêteurs
rencontrent non seulement les enfants, mais
également l’entourage familial qui est
régulièrement en contact avec vos bouts de chou,
ainsi que les enseignants de l’établissement
scolaire qu’ils fréquentent, etc.

» Un inventaire estimatif et/ou une proposition de


règlement de vos intérêts pécuniaires respectifs.
L’article 255 du Code civil, qui prévoit cette
possibilité, n’impose pas que ce soit un notaire
qui soit chargé de cette mission, faisant
simplement référence à un « professionnel
qualifié ». Il peut donc s’agir d’un notaire, mais
également d’un avocat, d’un expert-comptable,
d’un commissaire-priseur, d’un expert financier,
ou de toute personne que le magistrat estimera
compétente dans votre dossier.
» Un projet d’état liquidatif du régime matrimonial
et de formation des lots à partager, que le
magistrat demande à un notaire d’établir, et qui
lui permet d’y voir plus clair dans les patrimoines
propres et communs. Ces informations objectives
permettront notamment au juge de statuer sur le
montant de la prestation compensatoire (voir le
chapitre 16). Cette mesure d’expertise n’est bien
entendu ordonnée que dans les cas où le
patrimoine a une certaine consistance, et l’expert
est nécessairement un notaire, en raison de la
technicité des opérations en cause.

Les expertises rendues ne lient pas le juge, qui peut


parfaitement prendre des décisions non conformes
aux conclusions de l’expert. Toutefois, dans
l’immense majorité des cas, il fait confiance aux
conclusions de l’expert qu’il a désigné, et suit ses
recommandations.

Le notaire, pour partager vos biens


Nous nous limiterons ici à son rôle dans la
liquidation du régime matrimonial après divorce,
en excluant son éventuelle désignation en tant
qu’expert et en tant qu’acteur de la nouvelle
procédure de divorce par consentement mutuel, vue
ci-dessus. Le notaire est en effet chargé, après le
jugement de divorce, de « rendre à César ce qui est
à César ».

En tenant compte de votre régime matrimonial, des


éventuelles décisions du magistrat du divorce
pouvant influer sur la répartition des biens (par
exemple, le montant de la prestation
compensatoire, ou l’attribution du domicile
conjugal, voir le chapitre  16), et en utilisant les
pièces et les preuves qui lui seront rapportées par
monsieur et madame, il répartira les biens du
couple en trois masses :
» les biens propres de madame, qu’elle se verra
bien entendu attribuer ;

» les biens propres de monsieur, qui repartira lui


aussi avec ;

» les biens communs, dont il assure le partage.

Depuis la loi de  2004, son travail est facilité,


puisque :
» Lorsqu’un des époux demande le divorce, il doit
obligatoirement insérer dans l’assignation en
divorce une proposition de règlement des intérêts
pécuniaires et patrimoniaux des époux.
» Dès le stade des mesures provisoires (voir le
chapitre 9), le juge peut commencer à préparer la
liquidation en désignant un professionnel qualifié
en vue de dresser un inventaire estimatif ou de
faire des propositions quant au règlement des
intérêts pécuniaires des époux.

» Il peut même désigner un notaire qui aura pour


mission d’élaborer un véritable projet de
liquidation du régime matrimonial et de
formation des lots à partager.

» Si vous divorcez par consentement mutuel, c’est


vous qui, dans votre convention homologuée par
le juge, prévoyez l’intégralité des conséquences
patrimoniales de votre divorce.

» Attention : si vous avez acheté un bien


immobilier en indivision ou en commun avec
votre conjoint(e) durant votre mariage, un état
liquidatif dressé par un notaire est obligatoire.

» Même si votre divorce est contentieux, vous


pouvez passer un accord concernant la
liquidation et le partage de vos biens.

Le détail des opérations de liquidation du régime


matrimonial, qui sont relativement complexes, est
étudié au chapitre 17.
INTERVIEW DE MAÎTRE FRANÇOIS, NOTAIRE

Quelle est votre position face aux nouvelles


responsabilités qui vous incombent en matière de
divorce par consentement mutuel ?

La loi «  Justice du  21e siècle  » prévoit des dispositions


relatives aux divorces par consentement mutuel.

L’article  229  du Code civil nouveau indique que les époux


peuvent consentir mutuellement à leur divorce par acte sous
signatures privées, contresigné par avocats, déposé au rang
des minutes d’un notaire. Le divorce aura donc lieu sans
juge.

Nous n’avons pas encore assez de recul mais le rôle du


notaire semblerait «  se limiter  » à une simple formalité
d’enregistrement. Il serait cantonné au contrôle des
exigences formelles.

La question se pose quant à l’existence et l’étendue de son


devoir de conseils.

Le notaire ne serait pas à même de contrôler l’équilibre des


intérêts en jeu, cette mission étant assurée par les avocats.

Les opérations de liquidation du régime matrimonial


sont-elles toujours aussi longues et compliquées ?

J’aborderai votre question sous l’angle du rôle du notaire


dans le partage judiciaire des intérêts patrimoniaux du
couple.

Le partage judiciaire reste l’exception et l’environnement


législatif a été maintes fois modifié depuis  2004  (lois
du 2 mai 2004, du 23 juin 2006, du 12 mai 2009 ; ordonnance
du 15 octobre 2015).

Lorsqu’il est désigné par le tribunal, la mission du notaire est


encadrée dans un délai d’un an avec possibilité de
prorogation d’un an.

Le notaire dispose de pouvoirs très larges pour mener à


terme son travail liquidatif, y compris en cas de difficultés. Il
a la possibilité de s’adjoindre un expert et de se faire assister
d’un juge à tout moment. Si une des parties fait preuve
d’inertie, le notaire peut faire désigner par le juge un
mandataire ad hoc.

Tout ce dispositif facilite grandement notre mission


d’auxiliaire de justice.

À ce jour, je constate que les dossiers complexes de


liquidation de régime matrimonial peuvent être plus
facilement menés à leur terme dans des délais plus
raisonnables pour les parties.

Est-ce que la médiation est utile pour accélérer la


liquidation du régime matrimonial ?

La médiation, mode alternatif de résolution de différends


(MARD), est en plein essor et s’inscrit dans la logique de
déjudiciarisation des conflits.
La loi «  Justice du  21e siècle  » consacre ces MARD,
notamment la médiation, dont un titre entier leur est
consacré. Elle modifie leur régime juridique pour en faciliter
l’utilisation, les rendant obligatoires dans certains cas.

La médiation s’inscrit dans le cœur du métier de notaire


puisque nous sommes des professionnels neutres,
impartiaux, indépendants, tenus à la confidentialité, ayant
vocation à trouver un accord amiable.

Je suis moi-même médiateur professionnel, membre de la


Chambre Professionnelle de la Médiation et de la
Négociation.

La médiation professionnelle vise à rendre aux parties,


déstabilisées par la dynamique conflictuelle, leur libre arbitre
et leur faculté à élaborer une solution la plus satisfaisante ou
la moins insatisfaisante possible, selon leur situation
réciproque après le conflit. La médiation professionnelle est
la seule voie par laquelle les parties en conflit aboutissent à
une libre décision.

Ce processus, rapide et efficace, permet aux parties de


revenir sur la voie d’une discussion directe.

Par son savoir-faire et son savoir-être, le médiateur


professionnel commence par apurer la dimension
émotionnelle du conflit, faisant ré-émerger la raison et
rendant aux parties leur capacité à négocier et élaborer
elles-mêmes une solution qui leur convient.
L’accord auquel sont arrivées les parties peut faire l’objet
d’un protocole signé qui a valeur de transaction, et à ce titre
a une autorité semblable à celle d’un jugement.
2
Avant de vous jeter à l’eau :
préparez-vous !
DANS CETTE PARTIE…

Divorcer, ce n’est pas rien.

Avez-vous réellement envie de mettre un point


final à votre union ? Toute réconciliation est-elle
exclue ? Une séparation temporaire ne suffira-t-
elle pas ?

Et si votre décision est prise, ou que votre


conjoint(e) l’a déjà prise pour vous, il vous faut
entreprendre les premières démarches avec
prudence, en essayant de garder la tête froide.

Que vous soyez celui/celle qui largue ou celui/celle


qui est largué(e), vous allez passer par des phases
de « déconstruction » et de « reconstruction »,
bien décrites par les psychiatres, les
psychologues, mais aussi les divorcés, pendant
lesquelles vous ne serez pas toujours capable de
prendre seul(e) des décisions raisonnables. D’où
l’intérêt de vous entourer de professionnels, qui
vont conseilleront sur un plan technique et
psychologique, mais aussi de proches, qui vous
soutiendront pendant cette épreuve, qui peut
dans la plupart des cas être comparée à un deuil.
Chapitre 4
Attention où vous mettez les
pieds !
DANS CE CHAPITRE :
» Faites un bilan de votre mariage avant de prendre une décision

» Avant de foncer : posez-vous les bonnes questions

» Examinez vos finances

N eparlancez pas la procédure sur un coup de tête, ou


vengeance, faites un véritable bilan de votre
mariage avant de prendre la moindre décision.

Et si vous êtes sûr(e) de vous, alors ne vous


précipitez pas sans réflexion.

Pas question de vous dissuader d’entamer la


procédure, mais au contraire de vous permettre
d’anticiper les conséquences matérielles et
psychologiques, pour vous éviter de mauvaises
surprises.
Posez-vous les bonnes
questions

Le moment de divorcer est-il


venu pour moi ?
Vous êtes bien loin de l’idylle du début de votre
relation. Les « discussions animées » sont de plus
en plus nombreuses, ou pire encore, elles ont été
remplacées par l’indifférence. Quant à votre vie
sexuelle… sans commentaire ! Comment être sûr(e)
que cette crise n’est pas passagère ?

Et puis, vous vous demandez s’il ne vaudrait pas


mieux rester marié(e) pour ne pas perturber vos
enfants. Ce divorce va bouleverser leur routine, à
laquelle ils sont d’autant plus attachés qu’il sont
jeunes, briser tous leurs repères… Mais d’un autre
côté, ils sont déjà victimes de la situation actuelle :
quand ils ne sont pas carrément témoins de vos
disputes, ils sentent une modification dans le
comportement de leurs parents. C’est un beau
bazar dans votre tête, et c’est bien normal.

Je n’ai certainement pas l’ambition de vous aider à


prendre votre décision. Un psychologue, un
psychiatre et/ou un conseiller conjugal seront sans
aucun doute plus à même de vous accompagner
dans ce travail sur vous-même.

Mais mon expérience me permet tout de même de


vous conseiller de faire attention à certains signes :
» Les disputes sans arrêt, et surtout qui ne mènent
à rien : si vous vous chamaillez toujours à propos
des mêmes sujets, sans parvenir à vous écouter,
que votre relation est devenue une succession de
batailles rangées, et que vous ne pouvez
pratiquement plus jamais avoir une conversation
normale, c’est un signe inquiétant, parce que les
conflits ne se règlent jamais à l’usure.

» La dépression, le vague à l’âme, une impression


chronique de solitude : vous vous étonnez du
manque de réaction de l’autre quand vous vous
confiez à lui, ou pire encore, vous vous y êtes
habitué(e), et cherchez du réconfort ailleurs.

» Des différences impossibles à concilier : une fois


passée l’euphorie du début de la relation, vous
vous apercevez que vous avez chacun votre cercle
d’amis, vos activités extra-professionnelles, vos
loisirs, que vos buts dans la vie sont différents et
vos opinions divergent sur à peu près tous les
sujets. Vous ne partagez pas les mêmes valeurs,
l’ennui s’installe.
» Le troisième larron : l’adultère reste la première
cause de séparation des couples. Non que vous
ayez mis un coup de canif dans le contrat et avez
tué votre mariage. Mais si vous avez trompé ou
avez été trompé(e) c’est qu’il y a un problème
dans votre couple. Tromper l’autre, ça peut aussi
être un appel à l’aide.

Si après un examen honnête de la situation, vous


pensez qu’il y a péril en la demeure, ne vous voilez
pas la face, et ne laissez pas la situation s’enliser.

Qui m’aidera à traverser cette


épreuve ?
Même si cela n’est pas dans votre nature, il est
temps d’apprendre à tendre la main, et accepter
l’aide de tierces personnes, au moins dans un
premier temps.

La famille
Bien sûr, il y a votre famille. Pourtant vous serez
surpris(e) de constater que certains de vos plus
proches parents prendront fait et cause pour votre
conjoint(e)  : jetez-les dehors, et n’acceptez que
ceux qui vous réconfortent. C’est déjà
suffisamment difficile comme ça !

Les amis
N’hésitez pas là encore à «  faire le ménage  »  :
fuyez la bonne copine qui dramatise ( «  Non  ? À
ton âge  ? Mais que vas-tu devenir  ? Et ce crédit à
payer, les enfants à élever seule, comment vas-tu
t’en sortir  ?  » ), celle qui, obsédée par votre
divorce, va vous bombarder de questions plus
indiscrètes les unes que les autres, celle qui n’aura
qu’une hâte  : draguer votre ex, et celle qui vous
répond avec une candeur déconcertante : « Ah bon,
tu étais mariée  ?  » Préférez leur ces ami(e)s qui
savent écouter sans juger, qui sauront deviner
quand vous avez besoin de pleurer, de parler, ou de
vous changer les idées, qui sauront à quel moment
vous laisser vous apitoyer sur votre sort et à quel
moment vous secouer un peu !

Les pros
Nous sommes encore très loin, en France, de
l’attitude des Américains, qui recourent sans
complexe à l’aide de psychothérapeutes. Nous nous
moquons volontiers de ces New-Yorkaises qui
appellent leur psy dès qu’elles cassent un talon de
chaussure, et de ces businessmen qui cherchent à
trouver dans leur petite enfance des excuses à leurs
incartades amoureuses.

Pourtant, en période de crise, l’aide d’un


professionnel peut être indispensable. Pourquoi ne
pas juger «  sur pièces  »  ? Consultez un, voire
plusieurs psychologues ou psychothérapeutes, et
choisissez celui qui vous correspond le mieux.

Aurai-je le courage de
divorcer ?
Tous les «  jeunes divorcés  » ou presque vous le
diront : au début, le monde entier s’écroule. La fin
d’un amour est une des expériences les plus
douloureuses qui soient.

Le divorce, c’était pour les autres, cela ne devait


pas m’arriver ! Je ne suis pas prêt(e).

Car, après tout, ce n’était pas supposé se passer


ainsi ! On aurait dû vieillir côte à côte, la tendresse
remplaçant peu à peu la passion, mais l’amour
grandissant jour après jour. Nous devions voir
naître nos petits-enfants, les regarder grandir,
prendre une retraite paisible et bien méritée, etc.
Ça, c’est vrai dans les films, et encore, mais
rarement dans la vie !

Dans l’inconscient collectif, le «  grand amour  »


est éternel. Certains prendront pour modèle le
couple de leurs parents ou grands-parents qui
n’ont pas divorcé. Quant à ceux dont les parents se
sont séparés, ils souhaitent souvent établir ce
sentiment de sécurité affective dont ils ont eux-
mêmes manqué.

Aujourd’hui, notamment en raison de


l’indépendance financière des femmes, nous
sommes plus concentrés sur notre bien-être que
sur la survie de la cellule familiale. On ne se marie
donc plus pour les mêmes raisons. Désormais, le
mariage doit nous aider à nous épanouir. Et si ce
n’est pas ou plus le cas, autant divorcer à la
première insatisfaction.

Retenez en tout cas que ce n’est pas la peur d’une


nouvelle vie «  solo  » qui doit vous bloquer, ni
même une quelconque culpabilité envers vos
enfants. Tous les auteurs et thérapeutes sont
d’accord sur un point  : on survit à un divorce  ! Et
vous verrez qu’on est capable d’aimer et de faire
confiance à nouveau.
LES CINQ ÉTAPES PSYCHOLOGIQUES DU DIVORCE

Vickie King et Jennifer O’Connell, Américaines et


respectivement divorcée et meilleure amie de ladite
divorcée, auteurs de The Divorced Girls’ Society (Polka Dot
Press, 2007, non traduit), décrivent fort bien ce processus
psychologique, et considèrent notamment qu’il ne faut
prendre aucune décision importante dans les vingt-quatre
premières heures suivant l’annonce de la séparation.

Elles conseillent de s’entourer le plus rapidement possible de


deux experts indispensables : l’avocat et le thérapeute.

Elles insistent aussi sur le fait qu’il vous faut apprendre à


compter sur votre entourage, et que comme tou(te)s les
divorcé(e)s, vous passerez nécessairement par différentes
étapes : le déni, la colère, la négociation/ les concessions, la
dépression, et enfin l’acceptation.
COMMENT ÉCHAPPER À UN HARCELEUR ?

Questions à Marie-France Hirigoyen, docteur en médecine


depuis plus de vingt ans, spécialisée en psychiatrie familiale
et auteur de nombreux ouvrages, dont Le Harcèlement moral,
la violence perverse au quotidien (1998) et Femmes sous
emprise, les ressorts de la violence dans le couple (2005).

Y a-t-il un profil type de pervers narcissique ? Peut-on les


repérer (et donc éviter de les épouser) ?

Non, on ne peut pas les repérer parce qu’ils sont séduisants


et malins. Il faut savoir que les pervers narcissiques sont la
plupart du temps des gens très agréables en public, de la
part desquels on ne pourrait pas soupçonner ce genre de
comportement. Ils sont hyper adaptés à notre société, et on
envie souvent leur conjoint(e)  ! Leur but est de réussir, ils
sont stratèges, intelligents, séducteurs et efficaces puisqu’ils
n’ont aucun scrupule. Mais pour se maintenir dans cette
séduction, ils ont besoin d’écraser et de dominer quelqu’un.

Les enfants sont-ils souvent victimes ou le/la conjoint(e)


est-il/elle seul(e) visé(e) ?

Ils sont plus instruments que victimes. À travers les enfants,


c’est en fait l’autre que le pervers veut atteindre.

La violence passe de plus en plus par les enfants, qui sont


devenus un enjeu, une façon d’attaquer l’autre. Le but, c’est
d’accaparer l’enfant. C’est l’exemple classique de celui qui ne
s’est jamais occupé des enfants et qui, au moment de la
séparation, veut leur garde. Quand il n’y a pas d’enfants, on
constate que le pervers s’attaque au chien ou au chat, en
tout cas à ce à quoi l’autre tient.

Comment se traduit concrètement la violence du


pervers narcissique ?

Un pervers narcissique, c’est quelqu’un qui utilise l’autre


comme un objet, qui est totalement indifférent à son/sa
conjoint(e) et aux demandes de ce dernier. Il n’a aucun
respect pour l’autre, qui n’existe qu’en fonction de son utilité
immédiate. Le but essentiel est de l’amener à perdre l’estime
de soi, en attaquant son identité, son appartenance à sa
famille, ses amis, sa culture, sa religion, pour dominer la
personne de quelque manière que ce soit. La victime est
alors placée en position de totale dépendance. Il y a
rarement violence physique, mais uniquement une violence
psychologique extrêmement destructrice, permanente, par
petites touches, car il s’agit d’attaquer par des mots, l’intimité
et l’identité d’une personne. Comme c’est très subtil, les
victimes doutent  : elles ne sont pas sûres que c’est de la
violence et cela les amène à penser que c’est elles qui sont
responsables. Un pervers narcissique sait repérer chez
l’autre la faille et s’y infiltrer. En cas de violence perverse, des
constantes reviennent  : la victime reçoit des reproches ou
des insultes, le pervers parle plus que l’autre devant les
autres, se réapproprie ses idées, il met en doute sa santé
mentale, il n’est aimable que lorsqu’il a besoin de l’autre, il
montre une distance froide que sa moitié se reproche, etc.

Selon votre expérience, cette manipulation est-elle


souvent cause de divorce ?

Ce n’est pas la cause du divorce. La difficulté quand on est


face à un pervers narcissique, c’est d’en prendre conscience.
Il faut le plus souvent une psychothérapie pour en sortir,
pour prendre confiance en s’autonomisant.

Comment aider la victime d’un tel comportement ?

Il faut avant tout se déculpabiliser pour oser partir. Et pour


cela, il faut se faire aider, par un professionnel, en parler à
ses proches, et sortir de l’isolement en reprenant contact
avec ses amis et sa famille.

Plus la violence a été grave, plus longtemps elle a duré,


moins la personne pourra s’en sortir seule. Elle a besoin
d’être accompagnée pour s’autonomiser, pour sortir de ce
lavage de cerveau.

Le pervers narcissique est-il curable ?

Ceux qui le sont ne sont pas de vrais pervers narcissiques,


mais des individus qui utilisent des fonctionnements pervers
de façon ponctuelle. Car on peut avoir des comportements
pervers sans pour autant être un pervers narcissique. La
période du divorce, en particulier, fragilise et peut faire
apparaître pour un temps des comportements pervers
(mauvaise foi, pulsions violentes, coups…). Pour les
personnes manipulatrices ponctuelles, la psychothérapie
peut aider, à condition qu’elles soient demandeuses : il faut
donc au préalable une prise de conscience de leur part.

Pour les pervers narcissiques, en revanche, il n’y a jamais de


demande, puisqu’ils ont toujours raison et que les autres
sont des imbéciles à leurs yeux. On ne peut pas aider
quelqu’un qui trouve normal de traiter son/sa conjoint(e) de
cette façon car il pense que celui/celle-ci le mérite. Quand les
pervers narcissiques consultent, c’est toujours à la demande
de quelqu’un d’autre et seulement pour nous prouver que
nous sommes des imbéciles ou pour nous utiliser. On ne
peut rien faire avec ces personnes-là.

Avez-vous financièrement
intérêt à divorcer ? Faites un
audit financier
Plus concrètement, il faut dès maintenant vous
préoccuper de considérations beaucoup plus terre à
terre, et avant tout financières. Un divorce, ça coûte
cher à plus d’un titre  : frais de procédure,
doublement de certains postes budgétaires
(logement, alimentation, loisirs…). Il vous faudra
faire face seul(e) aux dépenses quotidiennes, et
prévoir votre avenir en solo, ainsi que celui de vos
enfants.

Connaissez-vous réellement l’étendue de votre


patrimoine, et avez-vous sous la main les
documents nécessaires pour cela ?

Votre moitié et vous-même avez probablement des


comptes bancaires, ainsi peut-être que des
assurances vie ou des assurances décès, des biens
immobiliers, des participations à des sociétés
civiles ou commerciales, des objets de valeur et des
placements de toutes sortes.

Il va falloir vous y retrouver, mais pas forcément


tout(e) seul(e)  : prenez l’annuaire, appelez un
huissier qui pourra faire un inventaire de vos biens,
une agence immobilière qui estimera votre maison,
des experts et des commissaires-priseurs pour une
évaluation de vos meubles de valeur… Plus le
patrimoine est important, plus cela peut être utile.

Vous pensez que tout cela est prématuré  ? N’en


croyez rien, car vous y serez immédiatement
confronté(e), que vous le vouliez ou non. Il est donc
essentiel de recenser précisément l’étendue des
biens de votre couple, ainsi que l’intégralité des
sources de revenus de l’un et de l’autre. Cela n’est
pas toujours simple, surtout si le patrimoine est
important et/ou que vous ne vous êtes jamais
occupé(e) de la gestion de l’argent pendant votre
mariage.

Complétez vos informations


sur les patrimoines et les
comptes
À l’issue du divorce, chacun d’entre vous va
acquérir une autonomie financière et se retrouver à
la tête d’un patrimoine propre. Or, sa consistance
dépend essentiellement du régime matrimonial que
vous avez choisi (voir le chapitre  2). Il vous faut
donc bien connaître les règles de répartition.

Sous le régime de la communauté


légale
Si, comme l’immense majorité des Français, vous
avez opté pour le régime de la communauté légale,
autrement, dit si vous n’avez pas rédigé de contrat
de mariage, vos biens propres sont, pour
simplifier :
» les biens propres par nature, c’est-à-dire les biens
rattachés exclusivement à votre personne, tels
que les vêtements, le linge, les décorations et
diplômes, mais également les instruments
nécessaires à l’exercice de votre profession, les
actions en réparation d’un dommage corporel ou
moral, ainsi que les indemnités perçues au titre
de ces préjudices, les créances et les pensions
incessibles (pensions de retraite des militaires,
rentes versées après un accident du travail,
pensions alimentaires,…) ;

» les biens propres par leur origine, à savoir tous


ceux, meubles ou immeubles, dont vous étiez
déjà propriétaire au moment du mariage, ainsi
que ceux que vous avez reçus par succession,
donation ou legs pendant votre union ;

» les biens accessoires de vos biens propres : par


exemple, l’outillage et marchandises acquis pour
l’exploitation de votre fonds de commerce propre,
les constructions édifiées sur un terrain propre
(moyennant éventuelle récompense, c’est-à-dire
remboursement à la communauté) ;

» les biens propres par subrogation, c’est-à-dire qui


sont acquis en remplacement d’un bien propre, à
condition que vous ayez accompli certaines
formalités.

Quant aux biens communs, ce sont ceux acquis par


votre conjoint(e) et vous pendant la durée du
mariage, ensemble ou séparément, avec des
revenus provenant du travail, des biens communs,
ou des biens propres  ; ce sont également les
salaires et les gains divers, les fruits et les revenus
des biens (par exemple : loyer, intérêts, etc.).

Chaque fois que vous ne parviendrez pas à prouver


qu’un bien est propre, il sera réputé commun. Il
faut donc garder soigneusement les preuves de
l’origine de chacun de vos biens : tickets de caisse,
factures, courriers, photographies, etc.

Le passif de votre couple sera réparti entre les


patrimoines propres et communs de cette manière :
» Certaines dettes nées à votre initiative
n’engagent que vous, et vos créanciers ne
pourront en réclamer le paiement qu’à vous :
celles qui sont nées avant le mariage, qui sont
attachées à une succession ou une donation qui
vous est propre, les cautionnements et emprunts
souscrits par vous seul(e).

» Certaines dettes engagent vos proches et la


communauté, à l’exclusion des gains et salaires de
votre conjoint(e) : toutes les autres dettes que
vous avez contractées seul(e) (sauf celles qui sont
nées en fraude des droits de la communauté), les
dettes ménagères non solidaires
» Enfin, certaines dettes donnent à votre créancier
un droit de poursuite maximum : il peut saisir
tous les biens du couple, propres et communs :
sont concernées les dettes ménagères solidaires,
les dettes communes d’aliments, les contrats que
vous aurez signés ensemble.
LA QUESTION DE LA DETTE

Nous savons maintenant vers qui les créanciers peuvent se


tourner. Mais pour autant, qui aura la charge définitive de la
dette ?
» Les dettes à la charge définitive de la communauté
sont toutes les dettes qui ont été contractées au
profit de cette dernière (par exemple, l’achat d’une
maison commune), celles qui ont été contractées
pour l’entretien du ménage et l’éducation des
enfants, même les dettes ménagères non solidaires,
et les dettes d’aliments quelles qu’elles soient.

» Les dettes à la charge définitive des patrimoines


personnels seront celles qui sont antérieures au
mariage, celles qui dépendent des successions,
donations et legs (sauf s’ils ont été fait au profit de la
communauté), les engagements contractés dans
l’intérêt personnel d’un des époux (par exemple, une
dépense faite pendant le mariage pour améliorer un
de vos biens propres, ou pour le conserver) ainsi
que les dettes nées d’un fait illicite personnel à l’un
des époux.

Sous le régime de la communauté


des meubles et acquêts
Si vous êtes mariés sous le régime de la
communauté des meubles et acquêts, les biens
communs sont constitués non seulement des
acquêts enregistrés au cours de la vie commune,
mais encore de tous les biens meubles acquis par
chacun avant la célébration de votre mariage, ainsi
que ceux reçus par donation ou legs, à moins que le
donateur ou le testateur n’ait stipulé le contraire.

Sous le régime de la communauté


universelle
Il n’y a que des biens communs, à l’actif comme au
passif. Par conséquent, il n’y aura aucun problème
de répartition : tout sera divisé en deux.

Sous le régime de la séparation de


biens
Chacun demeure propriétaire des biens qu’il avait
avant le mariage et qu’il a acquis au cours du
mariage, gains professionnels inclus, et il n’y a
aucun bien commun : les biens achetés à deux (pas
nécessairement à parts égales) sont dits indivis,
comme pour des concubins, et sont donc soumis
aux règles de l’indivision. Il n’y a pas non plus de
passif commun.
Sous le régime de la participation
aux acquêts
Durant le mariage, tout s’est passé comme dans le
régime de séparation de biens : il n’y a aucun bien
commun et pas de passif commun. Chacun gérait
seul ses biens propres. En revanche, au moment de
la liquidation du régime matrimonial, chacun des
époux se voit attribuer ses biens propres, mais
aussi la moitié des acquêts de l’autre. En clair,
chacun a le droit de participer pour moitié à
l’enrichissement de l’autre.

Ce régime a l’avantage de l’équité car


l’enrichissement est partagé mais chacun conserve
son patrimoine. De plus, il vous protège
efficacement d’un(e) ex dépensier(ère), puisque si
son «  compte  » est déficitaire, il/elle devra en
assumer seul(e) les conséquences.
MÉMO POUR DIVORCER DANS LES MEILLEURES
CONDITIONS
» Rassembler soigneusement les preuves du
caractère propre de vos biens  : actes de vente, de
partage, titres de famille, photographies, factures,
etc. Si vous ne pouvez fournir une telle preuve, les
biens seront réputés indivis ou communs (selon
votre régime matrimonial) et seront donc partagés.

» Fournir les preuves de vos droits à récompense


lorsque vos deniers personnels ont enrichi la
communauté ou le patrimoine propre de votre
conjoint(e). À défaut, vous ne pourrez pas obtenir de
compensation financière.

» Remédier à l’inégalité engendrée par la séparation,


en particulier si vous avez cessé de travailler pour
vous consacrer à votre famille ou pour collaborer
bénévolement à la profession de votre conjoint(e).
Munissez-vous dès maintenant de preuves de
manière à pouvoir demander au juge une indemnité
qui sera conséquente.

Le recours à un détective privé


Au besoin, surtout si le patrimoine est important,
ou si vous soupçonnez votre chère et tendre moitié
d’en avoir soigneusement dissimulé ou détourné
une partie, faites appel à un professionnel. Les
services de police n’ont pas toujours le temps, les
moyens, ni même le droit d’enquêter sur une
affaire qui, bien qu’importante pour vous, ne
concerne pas la sécurité publique.

Rassurez-vous (ou faites-vous une raison…), ce


détective que nous vous proposons d’engager, ce
n’est ni Thomas Magnum ni Hercule Poirot.
L’imperméable n’est pas de rigueur (pas plus que la
chemise hawaïenne ! ), et il ne planque pas dans les
bars louches en sirotant son whisky caché derrière
un journal. Enfin, il n’a pas de permis de port
d’arme. Le quotidien des détectives est bien loin de
ces clichés, mais leur travail n’en est pas moins
utile.

Pourquoi un détective privé ?


En ce qui concerne la procédure de divorce, le
détective privé a longtemps été engagé pour
prouver les fautes du ou de la conjoint(e), et en
particulier l’adultère. Aujourd’hui, en raison de
l’évolution des mœurs et de la législation, ce rôle
tend à disparaître au profit notamment de
l’enquête financière. En effet, d’une part, l’adultère
n’est désormais plus une cause péremptoire de
divorce, c’est-à-dire qu’il n’entraîne plus
systématiquement le divorce pour faute, et d’autre
part, les conséquences financières du divorce ne
sont plus liées à la répartition des torts, de sorte
que prouver l’adultère de votre conjoint(e) a perdu
de son intérêt. Néanmoins, si l’attitude de votre
conjoint(e) se modifie, il est bon d’en connaître la
véritable cause et ainsi d’anticiper le moment et les
conditions de la rupture en se préparant.

Après avoir soigneusement choisi l’enquêteur, il


faudra déterminer avec lui l’étendue de sa mission,
par contrat de mandat.

Comment le choisir ?
Votre avocat pourra éventuellement vous aider pour
choisir un détective privé. Il a peut-être même son
enquêteur attitré, dont il connait et apprécie les
méthodes de travail.

Sachez que depuis  2005, deux universités et deux


écoles agréées par le RNCP (Répertoire national des
certifications professionnelles) délivrent le diplôme
ad hoc afin d’obtenir par la suite l’agrément
obligatoire délivré par le CNAPS (Conseil national
des activités privées de sécurité), établissement
public du ministère de l’Intérieur.

En effet, la profession de détective privé est


drastiquement réglementée depuis la loi sur la
sécurité intérieure de 1983, modifiée en 2003, et la
création du CNAPS en 2012.

Les agents de recherches privées, plus connus sous


la dénomination de détectives privés, doivent donc
être agréés par le ministère de l’Intérieur via le
CNAPS. Le numéro de cet agrément doit être
mentionné sur tous leurs documents administratifs
et commerciaux, y compris leur site Internet.
N’hésitez pas à vérifier si votre détective privé est
agréé sur Internet en consultant les sites  :
https://teleservices-
cnaps.interieur.gouv.fr/teleservices/ihm/#/home
ou encore www.telecartepro.

Vous pouvez également consulter le site d’un


syndicat professionnel sérieux, qui s’engage à
certifier ses adhérents comme étant agréés par le
CNAPS.

Certains détectives sont généralistes, d’autres


spécialistes : filature à pied, à moto, recherches sur
Internet, études de solvabilité, recherches
notariale, infiltration en entreprise, enquêtes de
voisinage, collecte de témoignages, détection
d’écoutes téléphoniques, recherches généalogiques,
etc.

Le cœur de leur métier repose sur la recherche de


preuves en vue d’une négociation ou d’une
procédure judiciaire. Ils ont également un rôle de
conseil, mais attention, ils ont une obligation de
moyens et non de résultats.

Enfin, privilégiez ses qualités humaines, son sens


de l’organisation, sa patience, sa tolérance, mais
aussi son état de santé, son sens de l’observation et
sa réactivité, sans oublier son honnêteté.

Déterminer l’étendue de la
mission
La mission doit être dévolue et varie en fonction du
patrimoine de votre couple, du comportement de
votre conjoint(e), et de votre accès aux données
financières de votre ménage.

Vous pouvez par exemple demander au détective :


» de rassembler des preuves du patrimoine caché
de votre ex,
» de démontrer que ce/cette dernier(ère) cherche à
organiser son insolvabilité,

» de mettre la main sur des éléments tendant à


prouver le caractère propre de certains de vos
biens,

» de prouver que le train de vie de votre moitié ne


correspond en rien à ce qu’elle prétend,

» de mettre en évidence le concubinage de votre


conjoint(e), dont il ou elle se garde bien de faire
état, alors que cette vie commune lui permet de
partager ses dépenses courantes avec un tiers qui
perçoit des revenus,

» de faire diverses démarches auprès des


collectivités locales afin de déterminer l’étendue
du patrimoine immobilier de votre époux(se),

» etc.
POUR ÉVITER DE VOUS FAIRE ESCROQUER PAR UN
DÉTECTIVE

Depuis 2012, les préfectures ne gèrent plus la profession de


détective privé. Ainsi, si le détective privé ne vous
communique pas son numéro d’agrément du CNAPS, ou s’il
vous indique un ancien numéro de préfecture, fuyez, et
cherchez un autre professionnel !

Fuyez également les détectives qui affichent sur leur


publicité des éléments pouvant prêter à confusion avec les
services de l’État, car c’est illégal (usage des logos, drapeaux,
Marianne, insignes, médailles de la République et autres
titres de la police ou de la gendarmerie).

Méfiez-vous également des titres pompeux de cabinets


d’enquêtes aux allures hollywoodiennes.

Enfin, les détectives qui annoncent posséder plusieurs


succursales doivent pouvoir justifier d’adresses réelles ou de
domiciliations professionnelles légales, et non pas d’adresses
de complaisances, voire d’une «  cabine téléphonique dans
une gare ».

Pour ce faire, chaque établissement doit posséder un


numéro d’autorisation délivré par le CNAPS, vérifiable
également sur Internet.

Combien ça coûte ?
Bien entendu, plus la mission sera étendue et
complexe, plus chère risque d’être la note. Prenez
les devants en demandant à votre détective de vous
donner un devis. En général, celui-ci dépend du
temps passé sur la mission.

Par ailleurs, n’oubliez pas de l’interroger sur ses


frais  : sont-ils compris dans son taux horaire, ou,
ce qui est plus probable, viennent-ils en sus de la
facture proprement dite ?

Les nouveaux textes de lois leur imposent de


conclure un contrat de mandat écrit, précisant le
descriptif (même succinct) de la mission dévolue
ainsi que les honoraires convenus, les coordonnées
de l’agence du détective et son identité, sans
oublier son numéro d’agrément du CNAPS.

En cas de contrôle, le CNAPS, qui a un rôle de police


administrative, vérifie que le client n’est pas lésé.
De ce fait, il s’assure qu’il y a bien eu un contrat de
mandat signé par les deux parties, un rapport
fourni au client, et une facture en bonne et due
forme.
POUR ÊTRE CERTAIN QUE LE DÉTECTIVE N’EST PAS
EN INFRACTION
» Le code de déontologie officiel de la profession (JO
de juillet 2012) doit être affiché de façon visible dans
toute entreprise ou agence concernée.

» Les documents administratifs doivent faire


référence à ce code de déontologie et être signalés
sur les contrats de mandats et les rapports.

» Le code de déontologie doit pouvoir être


communiqué aux clients.

» Le CNAPS impose sur les contrats de mandats et les


rapports la mention suivante (ou similaire)  :
«  L’autorisation administrative préalable ne confère
aucun caractère officiel à l’entreprise ou aux personnes
qui en bénéficient. Elle n’engage en aucune manière la
responsabilité des pouvoirs publics ».

Quelle est la valeur en justice


d’un rapport d’enquêteur
privé ?
La jurisprudence considère que si ledit rapport
remplit les conditions de validité de l’attestation, il
a la même valeur, ni plus ni moins. Il devra donc
répondre à toutes les conditions de forme d’une
attestation.

Sur ce point, voir encadré «  Comment être sûr


qu’une attestation est valable  ?  » dans le
chapitre 6.

Toutefois, rédigée par un professionnel, cette


«  attestation  » apporte sans aucun doute un plus
par rapport à un témoignage lambda  : elle précise
les jour, heure et lieu des constatations, ne se fonde
pas sur des ouï-dire, se contente d’un relevé des
faits sans appréciation d’aucune sorte. Elle peut
donc être un mode de preuve précieux.
INTERVIEW D’UN DÉTECTIVE PRIVÉ

Détective privé depuis  2004, Jean-Emmanuel Derny est


notamment président du Syndicat national de agents de
recherches privées (SNARP), membre de la World Association of
Detective (WAD), directeur d’enquêtes et fondateur de Roche
Investigations, membre du collège du CNAPS en qualité de
personnalité représentant la profession, membre de la
Commission nationale et de contrôle (CNAC) au CNAPS.

Lorsque vous êtes contacté par des personnes en


instance de divorce, quelles sont les missions qui vous
sont le plus souvent confiées ?

D’abord la recherche de preuves :


» soit aucune procédure n’est encore engagée, et l’un
des conjoints nous contacte pour mieux préparer
son dossier avec son avocat, voire avant de le
confier à ce dernier,

» Soit une procédure est en cours, et la personne


souhaite obtenir des éléments souvent à caractère
financier, du style train de vie, ce que fait le nouveau
conjoint, etc.

L’objectif est souvent d’obtenir un maximum d’informations


pour le calcul des indemnités et de la pension alimentaire,
mais aussi en vue de la garde des enfants, par exemple pour
prouver que l’un des conjoints a entrepris de convertir les
enfants communs à une autre religion sans l’accord de
l’autre.

Nous sommes également de plus en plus sollicités dans le


cas où les conjoints ont des nationalités différentes  : l’un a
peur que l’autre se «  sauve  » à l’étranger avec un ou des
enfants en bas âge, et ne revienne plus.

Dans certains cas, les demandes sont moins centrées sur la


procédure elle-même que sur le désir d’avoir des
explications concrètes  : parce que cela leur est nécessaire
pour faire leur deuil, il arrive que les intéressés veuillent
savoir pourquoi et avec qui leur conjoint(e) est parti(e). Nous
sommes alors plus dans un rôle d’aide psychologique.

Refusez-vous certaines de ces missions, et dans quels


cas ?

Un bon détective doit refuser systématiquement toute


mission illégitime ou immorale, ou encore ne reposant pas
sur un point de légalité (texte de loi), ce qui va souvent
ensemble.

Avant d’accepter une mission, nous vérifions par ailleurs si le


client est en mesure de prouver l’existence de son mariage :
nous exigeons la carte d’identité et la copie de l’acte de ma–
riage, de l’ordonnance de non conciliation, ou du livret de
famille.

Pour ma part, je refuse tout client qui me parait « malsain »,


même s’il est dans son droit : nous sommes libres de le faire
car notre profession est reconnue comme profession
libérale. Il n’y a donc pas dans ce cas « refus de vente ».

Faites-vous beaucoup de constats d’adultère  ? Leur


nombre a-t-il diminué ?

Le nombre des constats d’adultère a chuté, mais le Code de


procédure civile permet de solliciter une ordonnance sur
requête, ce qui remplace souvent le constat d’huissier. Avec
un bon avocat et un rapport de détective digne de ce nom,
c’est-à-dire sérieusement rédigé, et factuel, précis, sans parti
pris, le client obtient souvent gain de cause.

Constatez-vous une évolution importante, ou encore une


dimension supplémentaire, dans les missions qui vous
sont confiées ?

Oui, de plus en plus le système se judiciarise, sur le mode


anglo-saxon : nous sommes en train de passer d’un système
inquisitoire à un système accusatoire.

Le métier de détective privé est de plus en plus encadré,


légiféré, professionnalisé (formations diplômantes et
formations continues obligatoires), contrôles par la police
administrative du CNAPS. C’est une meilleure garantie de
protection pour nos clients. Il y a eu trop de détectives
voyous dans le passé, donnant mauvaise réputation à la
profession.

Quid des aspects financiers du divorce  ? Quel est votre


rôle de ce point de vue ?
C’est effectivement une demande grandissante. De plus en
plus de gens dissimulent tout ou partie de leurs biens pour
payer le moins possible  : chômage volontaire, insolvabilité
organisée, fuite de capitaux à l’étranger, etc.

Etes-vous consulté pour des missions postdivorce, et


dans ce cas lesquelles ?

Nous avons régulièrement des missions postdivorce, car


nous vivons de plus en plus «  vieux  », les situations
matérielles évoluent dans le temps, surtout avec la crise, le
chômage, et donc les conditions de règlement des pensions
alimentaires changent.

A l’opposé, nous procédons également à des enquêtes avant


le mariage.

De quels moyens disposez-vous pour mener vos


enquêtes ? Avez-vous des pouvoirs supplémentaires par
rapport à un particulier ?

Là est bien le cœur du problème. Nous ne disposons


d’aucune prérogative de droit public, et sommes placés de ce
point de vue dans la même situation qu’un citoyen lambda…
Notre valeur ajoutée repose sur notre réactivité, nos
connaissances juridiques, notre expérience, et (grâce à notre
syndicat et notre réseau de confrères) sur notre mobilité
géographique. De plus, par rapport à un citoyen lambda,
nous avons le temps utile nécessaire à nos missions.
Notre rapport d’enquête est un élément fondamental de
notre travail, dès lors qu’il ne souffre pas d’imperfection
littéraire, technique ou juridique.

Notre but, à moyen terme, est de devenir de véritables


auxiliaires de justice reconnus avec des moyens
supplémentaires utiles aux intérêts de nos clients. Notre
profession a déjà tendu la main au ministère en acceptant
les exigences de contrôle du CNAPS.

Comment déterminez-vous le montant de vos tarifs ?

Les tarifs sont libres et varient en fonction du temps passé,


des moyens requis, de la complexité et de la dangerosité de
la mission.
Chapitre 5
Se séparer sans divorcer : les
alternatives
DANS CE CHAPITRE :
» Se quitter sans formalité

» Se limiter à une séparation officielle

» Faire annuler son mariage

» Demander une pension

L el’immédiat.
divorce  ? Peut-être un jour, mais pas dans
Pourtant, vivre ainsi, ce n’est plus
possible. Que faire  ? Envisager toutes les autres
options qui s’offrent à vous.

La séparation de fait
Si vous avez encore l’espoir de vous rabibocher, ou
même si vous ne vous supportez plus sans pour
autant vous sentir capables de divorcer, la
séparation de fait peut être une solution, même
temporaire.
Comme son nom l’indique, elle se résume au fait de
ne plus vivre ensemble, auquel s’ajoute l’intention
de ne plus constituer un couple. Elle n’est pas
définie, et encore moins réglementée, par la loi.
D’ailleurs, les décisions de justice rappellent, quand
c’est nécessaire, que les «  conventions de
séparation amiable  » sont juridiquement nulles.
Autrement dit, si vous concluez un contrat dans
lequel vous prévoyez les droits et obligations de
chacun dans votre séparation, il n’aura que la
valeur que vous voudrez bien lui accorder. Tant que
vous l’appliquerez tous les deux, aucun problème.
Mais si l’un d’entre vous le viole, tant pis pour
l’autre !

Mais il est possible de demander au juge aux


affaires familiales, même sans divorcer,
l’autorisation de résider séparément.

Par ailleurs, vous pouvez, en dehors de toute


procédure de divorce ou de séparation de corps,
passer un accord concernant vos enfants  :
résidence, droit de visite et d’hébergement,
montant de la pension. Vous pourrez faire
homologuer cette convention par le magistrat, qui
ne refusera que s’il considère qu’elle n’est pas dans
l’intérêt des enfants ou qu’un des parents n’a pas
donné librement son accord.

J’AI ENTAMÉ UNE PROCÉDURE, MAIS LE DIVORCE


N’A JAMAIS ÉTÉ PRONONCÉ. SUIS-JE OBLIGÉ(E) DE
VIVRE À NOUVEAU AVEC MON EX ?

Cela paraît absurde, et pourtant…


» Si vous vous êtes réconciliés, la cohabitation a
logiquement repris, et une nouvelle rupture
nécessitera une nouvelle demande de résidences
séparées.

» Si le divorce est refusé par le juge, on imagine mal


que vous repreniez la vie commune. Cette
hypothèse est prévue par le Code civil, qui permet
au magistrat, dans la même décision, de statuer sur
la contribution aux charges du mariage, la résidence
de la famille et les modalités d’exercice de l’autorité
parentale. Rien n’oblige cependant le JAF (juge aux
affaires familiales) à prendre ces mesures, et s’il le
fait, elles seront toujours provisoires.

» Si la procédure n’est pas poursuivie mais que la vie


commune ne reprend pas, les mesures provisoires
sont caduques trente mois après l’ordonnance de
non-conciliation. L’obligation de vie commune renaît
donc de ses cendres.
La séparation de corps
Elle est généralement définie comme l’état de deux
époux dispensés par le juge de vivre ensemble.
Parfois appelée « divorce des catholiques », elle a
été supprimée par la Révolution, rétablie sous
Bonaparte, et a persisté jusqu’à nos jours.

Tout comme la séparation de fait, elle permet de ne


plus cohabiter sans divorcer  ; la différence, c’est
que cette fois la séparation est réglementée.

Vous pouvez aujourd’hui la demander dans les


mêmes hypothèses que le divorce. Il y a donc :
» la séparation de corps par consentement mutuel

» la séparation de corps acceptée

» la séparation de corps pour altération définitive


du lien conjugal

» la séparation de corps pour faute

La procédure est aussi calquée sur celle du divorce.


Il n’est donc pas plus facile ni plus rapide
d’engager une procédure de séparation de corps
que de divorcer, d’autant plus que le recours à un
avocat est obligatoire.
Les conséquences de la
séparation de corps
Elle vous autorise bien entendu à résider
séparément, c’est là son intérêt essentiel. Mais elle
entraîne également automatiquement la liquidation
de votre régime matrimonial, comme en cas de
divorce (voir le chapitre  17). Pour l’avenir, vous
serez automatiquement soumis(e) au régime de la
séparation de biens ; la gestion du patrimoine sera
donc simplifiée.

Enfin, la présomption de paternité (selon laquelle


le père de l’enfant de la femme mariée est présumé
être le mari, sauf preuve contraire) disparaît, parce
que la paternité de l’époux paraît désormais peu
probable.

Ce qui subsiste du mariage


En principe, vous restez tenus par le devoir de
fidélité. Toutefois, les tribunaux sont réalistes, et
donc indulgents en cas d’adultère, leur seuil de
tolérance augmentant avec le temps de séparation.

Puisque le mariage n’a pas pris fin, chacun des


conjoints conserve la possibilité d’utiliser le nom
de famille de l’autre à titre d’usage, sauf si cela est
contraire aux intérêts respectifs.

Les droits successoraux restent inchangés  : en cas


de décès, les époux héritent donc normalement l’un
de l’autre, sauf si, séparés de corps par
consentement mutuel, ils ont inclus dans leur
convention une renonciation mutuelle à succession.

Le devoir de secours subsiste également, une


contribution aux charges du mariage pourrait donc
être sollicitée par l’un des conjoints.

Si la consistance des biens de l’époux condamné à


la payer s’y prête, la pension alimentaire (voir
chapitre  15) sera remplacée, partiellement ou
totalement, par un capital, versé dans les mêmes
conditions que la prestation compensatoire (voir
chapitre  16). Le but est double  : le versement
unique réduit les risques de non-paiement, mais
aussi les conflits récurrents relatifs à la pension.

Mais si le montant s’avère ensuite insuffisant pour


couvrir les besoins de celui qui la reçoit, celui-ci
pourrait demander un complément sous forme de
pension alimentaire.
La fin de la séparation de
corps
La séparation de corps peut durer toute la vie si cela
convient aux époux. À défaut, elle peut prendre fin
de trois manières différentes :

Si vous reprenez volontairement la


vie commune
Sans qu’aucune démarche judiciaire ne soit cette
fois nécessaire.

Toutefois, cette réconciliation devra, pour être


opposable aux tiers, être constatée par un acte
notarié, ou faire l’objet d’une déclaration à la
mairie. Dans les deux cas, elle sera mentionnée en
marge de l’acte de mariage et de vos actes de
naissance. En pratique, ces formalités ne sont
jamais accomplies, car elles n’ont aucun intérêt  :
on voit mal quel avantage vos créanciers auraient
pu tirer de votre séparation de corps.

Toutes les dispositions prises au préalable


s’annulent, sauf la séparation des biens, qui
subsiste pour l’avenir  ; on ne revient donc pas au
régime matrimonial initial.
La conversion de la séparation de
corps en divorce
Et cela au bout de deux ans. Elle est de droit, le juge
ne peut pas vous la refuser. La procédure sera
simple, puisque il n’y aura plus qu’à décider des
effets du divorce. En effet, le divorce sera prononcé
pour le même motif que la séparation de corps.

Une exception toutefois : quel que soit le motif de la


séparation, vous pouvez demander sa conversion en
divorce par consentement mutuel. Dans ce cas
particulier, vous devrez faire la demande ensemble.

Enfin, si la séparation de corps a été prononcée par


consentement mutuel, elle ne peut être convertie
en divorce que par une nouvelle demande conjointe.

Le divorce indépendant de la
séparation de corps
L’un des conjoints peut, à tout moment, demander
le divorce tout à fait classiquement, sans condition
de délai. Il peut fonder sa demande sur des causes
différentes, généralement apparues ou découvertes
après que la séparation de corps a été prononcée.
Tout se passe donc comme s’il n’y avait jamais eu
de séparation de corps, mais bien entendu,
l’absence de cohabitation ne pourra jamais être
invoquée comme une faute.

L’annulation du mariage
L’annulation du mariage, c’est son anéantissement,
non seulement pour l’avenir, mais aussi pour le
passé  : sur le plan juridique, on considère que le
mariage n’a jamais existé.

Bien entendu, cela n’est possible que dans de rares


hypothèses.
CONCRÈTEMENT, LA RÉTROACTIVITÉ DE LA NULLITÉ
DU MARIAGE, C’EST QUOI ?

En théorie, c’est tout simple : le mariage n’a jamais eu lieu, et


aucun régime matrimonial n’a jamais été créé entre votre
conjoint(e) et vous, qui n’a toujours été, aux yeux de la loi,
que votre concubin(e).

En pratique, les choses se compliquent, puisque la


rétroactivité ne s’impose pas à vous si vous avez réellement
cru que votre mariage était valable (on dit que vous êtes de
bonne foi, et la bonne foi est présumée jusqu’à preuve du
contraire). On parle de mariage putatif :
» si vous êtes tous les deux de bonne foi, tous les
effets du mariage sont maintenus pour le passé.
Ainsi, si vous décédez avant que la nullité ne soit
prononcée, votre mari ou votre femme viendra à la
succession  ; de même, dans tous les cas, il faudra
procéder à la liquidation de votre régime
matrimonial (cf. chapitre 17) ;

» si un seul d’entre vous est de bonne foi, il est le seul


qui puisse invoquer les effets du mariage putatif : il
peut recueillir la succession de l’autre en cas de
décès avant annulation, conserver les donations
faites en vue du mariage, etc. Pour l’autre, en
revanche, c’est impossible.
Sachez tout de même que la putativité exige un minimum de
ressemblance avec un mariage valide  : il ne vous suffit pas
de fantasmer pour pouvoir invoquer les effets d’une union
qui n’a jamais existé.

En pratique, la cause principale de nullité invoquée


reste la bigamie (polyandrie si c’est madame qui a
plusieurs époux) : c’est alors le second mariage qui
est nul.

Dans quelques hypothèses, l’époux(se) demande la


nullité pour vice du consentement, voire l’absence
totale de consentement. Les autres causes de nullité
sont rarissimes.

Qui peut demander la nullité


de mon mariage ?
Il faut distinguer les différentes formes de nullité :
» On parle de nullité relative quand vous et votre
moitié êtes les seuls à pouvoir le faire.

» On parle de nullité absolue quand tout


« intéressé » peut le faire. En pratique, les
« intéressés », ça peut être :

• votre moitié et vous, bien entendu, mais


également :
• vos ascendants (parents, grands-parents,
aïeux, etc.),

• des personnes ayant un intérêt pécuniaire


à voir votre mariage annulé (créanciers,
frères et sœurs des époux pour des motifs
successoraux,…),

• le ministère public (donc le procureur) s’il


estime que la protection de l’ordre public
l’exige. Mais il ne peut intervenir que de
votre vivant à tous deux.

Les deux cas de nullité


relative
Les vices du consentement
Dans ce cas, vous pouvez demander à un juge de
prononcer la nullité du mariage, mais ce seulement
pendant les cinq années suivant le mariage. Au-
delà, il ne vous restera que la possibilité de
divorcer.

Si vous décédez avant cette prescription de cinq


ans :
» et que vous n’aviez pas demandé la nullité, vos
héritiers ne pourront pas entreprendre la
procédure eux-mêmes : ce droit ne leur a pas été
transmis par le décès ;

» et que vous aviez entamé la procédure de votre


vivant, ils pourront la poursuivre.

Les deux cas de vices du consentement admis en


matière de mariage sont l’erreur (vous vous être
marié(e) à X croyant que c’était Y, ou bien vous
avez été trompé(e) sur un élément si essentiel de sa
personne que si vous l’aviez connu, vous n’auriez
jamais accepté de vous marier) et la violence (qui
peut en théorie être physique, mais on voit mal
comment votre futur(e) aurait pu vous traîner par
les cheveux jusqu’à l’hôtel de ville sans que
l’officier d’état civil, même très distrait, ne le
remarque, ou morale  : menaces, chantage,
pressions en tous genres, et même révérence
familiale).

Prenons deux exemples :

» Votre conjoint(e) n’était pas vierge quand vous


vous êtes marié(e). Cela vous permet-il d’annuler
votre union ? En principe non, bien sûr, sauf si
vous arrivez à prouver que c’était très important
pour vous, par exemple parce que vous êtes
catholique pratiquant(e).
» De même, si l’impuissance peut être cause de
nullité, elle risque de ne pas être reconnue si vous
avez épousé un homme de quatre-vingt-dix ans,
car on peut sans trop de risque admettre que ce
n’est pas pour ses performances sexuelles
supposées que vous vous êtes unie à lui…

Le défaut d’autorisation
Sont ici visés les mariages de mineurs, pour
lesquels l’autorisation d’au moins un titulaire de
l’autorité parentale est exigée, et l’union des
incapables majeurs (c’est-à-dire les personnes
sous tutelle ou curatelle), lorsque les parents, le
conseil de famille ou le curateur doivent y
consentir.

Si vous êtes dans l’un de ces cas, vous pouvez


vous-même demander la nullité de votre mariage,
mais la personne qui aurait dû donner son accord
dispose également de ce pouvoir.

Les nullités relatives peuvent être «  couvertes  »,


c’est-à-dire «  réparées  » par une confirmation,
soit le désir de poursuivre l’union malgré la
découverte de l’erreur par l’époux victime ou la
cessation de la violence.
Les six cas de nullité absolue
Le défaut total de consentement
Il recouvre deux hypothèses  : le mariage d’une
personne qui était démente au moment du mariage
et le mariage simulé, dit mariage blanc.

L’impuberté
Elle vous concerne si vous vous êtes marié(e) avant
dix-huit ans sans autorisation d’au moins un
titulaire de l’autorité parentale, et sans avoir
obtenu de dispense.

La bigamie
Étant précisé que, même si le premier mariage a
cessé depuis que le second a été célébré, la
demande en nullité du second reste possible.

L’inceste
Au sens juridique du terme  : impossible de vous
marier avec votre père, votre mère, un de vos
grands-parents, un de vos enfants, un de vos
petits-enfants, avec votre frère, sœur, nièce, neveu,
oncle, tante. Mais il existe des cas de dispense.
L’incompétence de l’officier d’état
civil
Il s’agissait bien d’un maire, mais pas de celui de la
commune dans laquelle vous vous êtes mariés, ou
bien aucun de vous deux ne résidait dans la
commune au moment du mariage et vous n’aviez
pas obtenu de dérogation, ou encore le conseiller
municipal qui vous a mariés n’avait pas obtenu de
délégation. Encore faut-il que cela rende le mariage
clandestin ou manifestement frauduleux.

La clandestinité
Vous vous êtes mariés sans publication des bans,
sans témoin, dans un lieu privé, ou dans un lieu
public dont les portes étaient fermées, etc.

Les nullités absolues sont soumises à une


prescription de trente ans à partir de la date de
célébration du mariage  : passé ce délai, plus
possible d’agir. En cas d’impuberté, toute
annulation devient exclue six mois après la
majorité du mineur, ou dès que madame est
enceinte.
L’action en contribution aux
charges du mariage
Vous le savez si vous avez lu le chapitre  2, le
mariage oblige chacun d’entre vous à contribuer,
en argent ou en nature, aux charges du ménage.

Si vous vivez chacun de votre côté, et que vous ne


voulez pas divorcer, vous pouvez envisager d’agir
en contribution aux charges du mariage.

La seule hypothèse dans laquelle vous ne pourrez


pas agir est celle dans laquelle vous êtes seul(e)
responsable de la séparation  : si vous êtes parti(e)
sans motif grave et que vous refusez de reprendre
la vie commune, vous ne pouvez pas faire payer
votre conjoint(e). Ce serait un comble !

Comment obtenir cette


contribution ?
Rendez-vous au tribunal de grande instance, on
vous indiquera le greffe du juge aux affaires
familiales  : expliquer votre cas au greffier, il vous
donnera la marche à suivre. L’intervention d’un
avocat n’est pas obligatoire.
Ensuite, vous serez tous les deux convoqués par le
tribunal par lettre recommandée avec accusé de
réception, et vous vous présenterez devant le juge
aux affaires familiales, qui, en fonction des revenus
et des dépenses de chacun, du lieu de résidence des
enfants, de leurs besoins propres, etc., fixera le
montant de la contribution et le mode de
versement.

Cette décision n’est jamais définitivement figée, et


en cas de modification de votre situation ou de celle
de votre conjoint(e), il est toujours possible à l’un
ou à l’autre de saisir à nouveau la juridiction pour
obtenir une modification du montant de la
contribution, voire sa suppression.
Chapitre 6
Dernière ligne droite : adoptez
la bonne attitude
DANS CE CHAPITRE :
» Évitez les erreurs bêtes, mais profitez de celles de votre futur(e) ex

» Raflez les documents

» Videz les messageries

» Planquez l’argent !

U n seul mot : vigilance !

Voici quelques points essentiels à ne pas négliger.

Ce n’est pas le moment de faire


un faux pas
C’est au cas par cas que nous devrions vous faire la
leçon, mais cela est impossible. Voici donc quelques
exemples courants qui illustrent ce qu’il ne faut pas
faire.

Ne quittez pas le domicile


conjugal
Ne quittez pas le domicile conjugal sur un coup de
tête sans y avoir été autorisé(e) par le juge. D’une
part c’est une faute, cause de divorce, d’autre part
vous risquez d’oublier d’emporter des objets et des
papiers qu’il ne sera plus aussi simple de récupérer.
De plus, vous diminuez ainsi vos chances de vous
voir attribuer la jouissance du domicile conjugal
pendant la durée de la procédure.

Si votre conjoint(e) est violent(e), des procédures


d’urgence existent, servez-vous-en.

(Se reporter à l’encadré «  L’ordonnance de


protection » au chapitre 8).

Soyez discret(ète)
Vous avez été humilié(e) par les liaisons de votre
conjoint(e), et souhaitez lui rendre la monnaie de
sa pièce. Mais si de votre côté vous avez retrouvé
quelqu’un, soyez discret(ète), ce n’est pas le
moment de vous en vanter, même si c’est tentant
de le balancer au visage de votre ex. N’oubliez pas
que même l’autorisation de résidence séparée ne
vous dispense pas de votre devoir de fidélité.

Pas de scène !
Peu importe votre niveau d’exaspération, ne vous
donnez pas en spectacle, ne faites pas de
révélations fracassantes sur votre vie de couple en
public, ou à des collègues de travail de votre
futur(e) ex, ne faites pas preuve d’une déloyauté
manifeste à l’égard de votre conjoint(e), toutes ces
attitudes étant autant de comportements fautifs qui
pourraient être utilisés par votre chère moitié
pendant la procédure de divorce.

L’appartenance sectaire, le désintérêt pour votre


vie de famille, le refus de toute relation sexuelle,
etc. sont également considérés comme des fautes
par la jurisprudence.

Pas de bain de sang !


Est-il besoin de le préciser  ? Hors de question de
porter des coups, même si vous trouvez votre
femme/mari nu(e) comme un ver dans les bras de
votre meilleur(e) ami(e)  ! Oh, et puis j’allais
oublier  : tuer les deux amants n’est pas non plus
une option !

La bonne attitude
Vous avez déjà quitté votre famille, sans attendre
qu’une ordonnance de non-conciliation soit
rendue. Pensez à participer financièrement à la vie
de famille. Si vous avez les moyens de payer,
faites-le de manière spontanée, ne serait-ce pour
que ce délaissement matériel ne soit pas invoqué
comme une faute en cours de procédure.

Pensez à vous ménager des preuves de ces


versements, et si votre conjoint(e) refuse
d’endosser les chèques que vous lui remettez (si, si,
croyez-moi, cela arrive, c’est même assez courant),
procédez par virement ou par mandat cash,
envoyez l’argent sous pli recommandé avec accusé
de réception, ou mieux encore, par l’intermédiaire
de votre avocat, etc.

Pensez à vos enfants !


Depuis votre séparation, impossible de voir vos
enfants, votre ex refuse de vous les remettre. Si
l’ordonnance de non-conciliation a déjà été rendue,
et qu’elle vous octroie la résidence habituelle, ou un
droit de visite et d’hébergement, il existe des
moyens légaux d’agir. Sachez que vous pouvez
attaquer au pénal votre conjoint(e) si il/elle refuse
de respecter votre droit de visite et d’hébergement.
Surtout, pas de démonstration de force, de bagarre
à la sortie de l’école ou pire encore.

Reportez-vous au chapitre  13, dans lequel est


étudié en détail le droit de visite et d’hébergement.

Votre avocat vous aidera à prendre les mesures qui


s’imposent, et sachez que l’attitude de votre ex ne
peut que lui nuire dans le cadre de la procédure,
puisque l’aptitude de chacun des parents à
respecter la place de l’autre dans la vie de l’enfant
est un des critères dont le magistrat tiendra compte
lorsqu’il fixera la résidence habituelle de vos bouts
de chou.

Si aucune mesure n’a encore été prise, vous avez


tous les deux exactement les mêmes droits et les
mêmes devoirs envers vos enfants.

Aucune loi ne décide, par exemple, que c’est au


domicile de la mère que les enfants devront vivre
durant cette période, mais elle a l’air de penser le
contraire  : une fois encore, restez calme et agissez
avec modération.

Multipliez les démarches « officielles » (courriers,


e-mails, appels téléphoniques…) pour avoir accès à
vos enfants, démontrez votre bonne volonté et le
juge en tiendra compte. Et surtout, n’oubliez pas
que si vous avez des droits en tant que parent, c’est
toujours l’intérêt de vos enfants qui prime.

Pas de faux ni d’usage de


faux !
Les attestations produites par votre conjoint(e)
déforment la vérité, ou sont carrément
mensongères  : ne répondez pas par des
témoignages plus abjects encore. Rassurez-vous,
les juges sont habitués aux attestations au vitriol,
et ne prennent pas systématiquement le
témoignage de belle-maman, qui n’a jamais pu
vous voir en peinture, pour argent comptant.
Concentrez-vous plutôt sur la recherche de preuves
contraires.

Préférez les témoignages d’amis communs, ou de


tierces personnes (voisins, commerçants du
quartier, etc.) aux attestations familiales, qui sont
rarement objectives, et donc peu prises en compte
par les juges. De même, hors de question de
menacer votre futur(e) ex, de le/la harceler, de
vouloir lui faire entendre raison autrement que par
le biais d’une médiation, ou de tierces personnes
bien intentionnées. Sachez que vous pouvez
attaquer au pénal les fausses attestations produites
par votre conjoint(e) et que si celles-ci font état
d’accusations graves, vous avez toutes les chances
de voir leur(s) auteur(s) condamné(s).

Pas de règlements de comptes non plus, et encore


moins de tentatives de pression sur votre entourage
ou celui de votre conjoint(e), afin de leur soutirer
une attestation ou tenter de les faire revenir sur
leurs témoignages. Une fois encore, adoptez la zen
attitude, au moins en apparence. Concentrez-vous
sur l’essentiel  : monter un bon dossier avec l’aide
de votre avocat. Prenez un papier et un stylo,
examinez les attestations mensongères à la loupe,
pointez les incohérences, les inexactitudes
évidentes, les contradictions, mettez l’accent sur
les liens de subordination ou de parenté, afin de
retirer toute valeur probante à ces témoignages de
complaisance.
Votre conjoint est fautif ?
Rassemblez des preuves
Cette démarche vous semblera évidente si vous
avez décidé d’entreprendre une procédure de
divorce pour faute (voir chapitre 7).

Mais même si vous préférez une démarche moins


contentieuse, on n’est jamais trop prudent(e).
D’une part, vous pourriez changer d’avis, et vous
diriger vers un divorce pour faute. D’autre part, ces
documents divers peuvent devenir un bon moyen
de pression pour obtenir un divorce favorable,
notamment sur le plan financier (voir les aspects
détaillés dans la cinquième partie).

Quelques exemples concrets


Votre mari envoie régulièrement des e-mails
passionnés à sa dernière petite amie en date  ?
Imprimez-les, ou mieux encore, faites-les suivre
sur votre propre boîte de messagerie. Conservez les
lettres compromettantes, les notes d’hôtel
suspectes, les factures de petits cadeaux féminins
qui n’étaient manifestement ni pour vous, ni pour
sa mère, etc.
PUIS-JE VERSER AU DOSSIER DES LETTRES SANS
AUTORISATION DE LEUR AUTEUR ET DE LEUR
DESTINATAIRE ?

Tout à fait, et tant pis pour lui/elle si votre conjoint(e) a


négligé de les mettre à l’abri. De même, le juge ne peut
écarter des documents tels qu’un journal intime, un journal
de bord,… en se bornant à énoncer que leur production
porte atteinte à la vie privée. La jurisprudence rappelle
régulièrement que la production du journal intime du/de la
conjoint(e) est une preuve parfaitement licite, dont les juges
peuvent tirer leur conviction quant à la réalité des fautes
alléguées.

N’oubliez pas qu’il n’y a pas de vol entre époux (voir


chapitre  2, «  L’absence de vol entre époux  ») jusqu’à ce que
l’ordonnance de non-conciliation ait ordonné les résidences
séparées. À moins donc que le journal, la lettre, ou le texto
que vous êtes parvenu(e) à subtiliser ne l’ait été au moyen de
la violence ou d’une fraude, le magistrat pourra sans
problème en tenir compte.
» Elle boit comme un trou, se drogue, est
constamment sous l’emprise de psychotropes  ?
Faites attester les amis et les connaissances qui ont
eu l’occasion de la voir en plein shoot, munissez-
vous des PV pour conduite sous l’emprise d’un état
alcoolique, des éventuels examens sanguins
révélant la trace de produits illicites, etc.
» Elle refuse de faire des enfants, et a déjà subi cinq
avortements sans même vous en parler  ? Certes,
c’est son droit le plus strict en tant que femme, mais
en tant qu’épouse, cela peut constituer un
comportement fautif, surtout si elle n’avait jamais
évoqué ce refus de maternité avant votre mariage.
Là encore, rassemblez des preuves quand cela vous
est possible. Mais ne comptez pas sur une
attestation de son docteur, secret médical oblige.

» Il est sans arrêt au travail, ne rentre jamais


avant 22 heures, et passe son week-end à dormir au
lieu d’assister à la compétition de judo de votre fille
et au spectacle de danse de votre petit dernier (ou
l’inverse…) : un désintérêt manifeste pour sa famille
étant fautif, notez les dates, et faites témoigner les
parents des autres enfants de son absence
chronique aux festivités et aux entraînements.

» Il/Elle ne participe pas à la scolarité de ses enfants :


sachez que, bien souvent, il est difficile de faire
attester le Directeur d’école et/ou les instituteurs qui
ne souhaitent pas, et ne doivent pas, intervenir dans
les conflits parentaux. Privilégiez les attestations
d’autres parents d’élèves.
COMMENT ÊTRE SÛR(E) QU’UNE ATTESTATION EST
VALABLE ?

Pour être recevable, une attestation doit répondre à toutes


les conditions posées par l’article  202  du nouveau Code de
procédure civile :
» elle doit être écrite à la main, et signée de la main
de son auteur ;

» elle doit être accompagnée d’une photocopie d’une


pièce d’identité de son auteur ;

» elle doit comporter les nom et prénom de son


auteur, ainsi que son éventuel lien de parenté,
d’alliance ou de subordination à une des parties
(frère, mère, oncle, beau-frère, salarié, etc.) ;

» elle doit comporter un certain nombre de mentions


obligatoires, parmi lesquelles la connaissance qu’a
son auteur de la possibilité d’être poursuivi(e) en
justice en cas d’attestation mensongère.

Demandez à votre conseil de vous fournir un modèle


d’attestation.

Si les attestations adverses ne répondent pas à ces critères


impératifs, vous pouvez demander au juge de les rejeter des
débats, c’est-à-dire de les retirer purement et simplement du
dossier lorsqu’il examinera celui-ci. Il ne devra pas tenir
compte de ces documents, et encore moins fonder sa
décision sur leur contenu.

Conservez la paperasse !
Mettez à l’abri tous les documents administratifs et
ceux qui pourront être utiles pendant la procédure.
Même après la séparation, si votre conjoint(e) a
laissé au domicile que vous continuez d’occuper des
documents qui lui sont personnels, et que vous
tombez dessus « par le plus heureux des hasards »
, il/elle ne pourra pas vous reprocher de les avoir
consultés.

N’hésitez donc pas à faire main basse sur tous les


papiers officiels, documents administratifs, relevés
bancaires,… qui pourront vous être utiles par la
suite.

Vous êtes également en droit de conserver par-


devers vous des relevés téléphoniques, quittances
de loyer, factures EDF, papiers d’identité, livrets de
famille, passeports, contrat de mariage, papiers
d’assurance, talons de chéquier, bulletins de paie,
avis d’imposition, etc.

Rien ne vous oblige à les remettre à votre


conjoint(e) ou au magistrat, à moins que ce dernier
ne recoure à une injonction de communiquer, qui
intervient en général après plusieurs sommations
de communiquer de la partie adverse.

Attention cependant à ne pas user de moyens


frauduleux pour obtenir ces documents (voir supra
« Pas de faux ni d’usage de faux ! » ).

Sachez enfin qu’en application de l’article  167  du


Livre des procédures fiscales, le conjoint d’un
contribuable peut à sa demande :
» avoir communication auprès du service des
impôts des documents produits par ce
contribuable ou auxquels ce dernier aurait lui-
même accès ;

» se faire délivrer un extrait de rôle ou un


bordereau de situation de cotisations d’impôts
sur le revenu pour les périodes d’imposition
commune.

Videz les cartes mémoires et les


messageries
Sont ici concernées les cartes mémoires de vos
divers ordinateurs, sans oublier les portables, les
tablettes, les téléphones mobiles (SMS et messages
vocaux), les mails, etc.
On ne compte plus les divorcés qui se sont fait
«  avoir  » en raison de leur négligence  : des SMS
un peu «  hard  » de la nouvelle petite amie aux
excuses laissées sur messagerie, en passant par les
mises en garde de votre bookmaker ou les e-mails
de votre banquier concernant vos transferts
boursiers : attention, terrain miné !

Pensez aussi aux répondeurs, y compris sur le


téléphone fixe, qui ont pu enregistrer des messages
ou des conversations que vous souhaitez conserver
privés. Effacez tout, et n’oubliez pas que beaucoup
d’appareils peuvent être consultés à distance, et
que des logiciels permettent de pirater vos codes
d’accès. Changez donc ces codes.

Mettez l’argent à l’abri !


Au diable le romantisme, vous êtes sur le point de
divorcer !

Et préalablement, il vous faut tout connaître des


conséquences sur le plan pécuniaire, et aussi
préparer concrètement le terrain afin de ne pas y
laisser trop de plumes.

Si vous avez une activité professionnelle qui paie


bien, que vous percevez des revenus mobiliers ou
immobiliers importants, ou encore si vous
alimentez un compte joint de quelque manière que
ce soit, pensez à désolidariser immédiatement ce
compte. Ainsi votre conjoint(e) ne pourra-t-il/elle
pas faire main basse sur votre argent.

Et si vous n’avez pas de revenus propres, n’hésitez


pas à vous servir dans les comptes communs,
surtout si vous craignez que votre époux(se) ne le
fasse avant vous, qu’il/elle dépense sans compter
ou qu’il/elle omette de contribuer aux charges du
mariage.

Annulez bien entendu toutes les procurations que


vous auriez pu accorder à votre moitié sur vos
comptes personnels. Si vous avez fait un testament
à son profit, pensez à le révoquer purement et
simplement, ou à en établir un autre.

Pensez également à modifier le bénéficiaire de


votre assurance-vie.

Surveillez le comportement de
votre conjoint(e)
Si son comportement se modifie depuis quelque
temps, peut-être lui/elle aussi est-il/elle en train
de se préparer au divorce  : méfiez-vous s’il/elle
vous demande tout à coup de reprendre une activité
professionnelle alors que vous vous consacrez à
votre vie de famille depuis des années, il/elle essaie
peut-être de se préparer aux conséquences
financières du divorce ; et si ses comptes se vident
peu à peu, il/elle tente sans doute d’organiser son
insolvabilité avant d’entamer les démarches
judiciaires. Raflez alors tout ce que vous pourrez
sur les comptes joints ou ceux sur lesquels vous
disposez encore d’une procuration, et mettez cet
argent à l’abri.

Pouvez-vous augmentez vos


biens propres ?
L’intérêt d’augmenter vos biens propres est de
diminuer vos liquidités et donc les risques que
votre conjoint(e) puisse en percevoir la moitié. Vous
les augmenterez chaque fois que vous vous offrirez
des bijoux, des vêtements, et plus généralement
des biens étroitement attachés à votre personne.
Alors lâchez-vous !

Mais avant même d’augmenter vos biens propres,


pensez surtout à ne pas les diminuer : lorsque vous
achetez, remplacez ou échangez un de vos biens
propres pour un nouveau bien propre, faites une
déclaration d’emploi ou de remploi, et d’une
manière plus générale, ménagez-vous
systématiquement des preuves de l’origine des
biens. À défaut, votre conjoint(e) pourra en
demander la moitié.

La déclaration d’emploi ou de remploi est un acte


unilatéral qui doit être joint à l’acte d’acquisition
du bien. On parle d’emploi quand les sommes
investies sont des sommes héritées ou reçues d’une
donation, et de remploi quand il s’agit de sommes
reçues à la suite de la vente d’un bien propre.

Quid des donations et des legs


entre époux ?
Les donations que votre conjoint(e) vous fera
pendant la durée du mariage vont bien entendu
vous permettre d’augmenter votre patrimoine. Le
danger  ? Qu’il/elle les révoque. De votre côté,
revenez également, lorsque c’est possible, sur
toutes les donations et avantages matrimoniaux
que vous auriez pu octroyer à votre conjoint(e).

Or, la loi du  26  mai  2004  a profondément modifié


les règles concernant la révocabilité des donations.
Les donations de biens futurs, c’est-à-dire celles
dont le transfert de la propriété du bien ne
s’effectuera qu’à l’issue du divorce ou au décès
d’un des époux, sont désormais révocables.

L’époux donateur n’a pas à justifier de sa décision


et il n’est même pas tenu de prévenir son conjoint.
Depuis le  1er janvier 2005, le divorce entraîne la
révocation automatique de ces donations, sauf
volonté contraire des époux.

À l’inverse, les donations de biens présents, dites


aussi à « effet immédiat », sont celles aux termes
desquelles le bénéficiaire de la donation devient
immédiatement propriétaire.

Si ces donations ont été effectuées avant le  1er


janvier  2005, elles sont librement et à tout instant
révocables (y compris après cette date).

En revanche, si elles ont été effectuées depuis le 1er


janvier  2005, elles sont en principe irrévocables,
même en cas de divorce et même si une clause de
«  non-divorce  » (c’est-à-dire une clause qui
prévoit qu’en cas de divorce la donation est
anéantie) avait été insérée dans l’acte de donation.

Attention donc en cas de financement par vos soins


de la quotepart de votre époux(se) dans un bien
indivis, quand vous êtes mariés sous le régime de la
séparation de biens.

Toutefois, les donations de biens présents sont


révocables si :
» les conditions de la donation n’ont pas été
remplies.

» pour ingratitude, c’est-à-dire si vous avez tué ou


tenté de tuer votre bienfaiteur, si vous vous êtes
rendu(e) coupable envers lui /elle de sévices,
délits ou injures graves, si vous lui avez refusé des
aliments lorsqu’il était dans le besoin. C’est assez
logique, convenons-en !

» pour survenance de nouveaux enfants.


Chapitre 7
Ça y est, c’est décidé ?
Choisissez la bonne procédure
DANS CE CHAPITRE :
» Les types de divorce décryptés pour mieux choisir

» Le divorce par consentement mutuel

» Le divorce accepté

» Le divorce pour altération définitive du lien conjugal

» Le divorce pour faute

» Les arguments pour et contre de chaque type de divorce

P our cela, il vous faut prendre le temps de voir


quelle procédure convient le mieux à votre
histoire et à votre caractère, sans oublier de penser
aux intérêts de votre entourage, et en particulier de
vos enfants.

Votre avocat vous détaillera les avantages et les


inconvénients de chaque forme de divorce.

Si vous avez commencé la procédure et que vous


vous dites  : «  Je me suis planté(e), j’aurais dû en
choisir une autre  », pas de panique  : il est parfois
possible de changer en cours de route, en utilisant
ce que les juristes appellent «  une passerelle  »
(voir le chapitre 10).

Le divorce par consentement


mutuel

Qu’est-ce que c’est ?


C’est le seul vrai divorce à l’amiable, puisque votre
futur(e) ex et vous devez être d’accord sur le fait de
divorcer, mais aussi sur tout le reste  : partage des
biens, éventuelles pensions et prestations à verser,
sort des enfants, etc.

La procédure en détail

Avant le 1er janvier 2017


Pour toutes les demandes en divorce par
consentement mutuel effectuées avant le  1er
janvier  2017, le passage devant le juge aux affaires
familiales est obligatoire. Toutefois, son rôle se
limite à contrôler le libre consentement de chacun
de vous et l’équité de la convention de divorce que
vous lui soumettez.

Le juge ne vérifie pas si la cause profonde du


divorce, autrement dit, si les motifs de votre
séparation sont raisonnables étant donné qu’ils
n’ont pas à être mentionnés dans la convention. En
effet, même si vous divorcez pour faire plaisir à
votre père ou pour obtenir une mutation, le juge ne
peut pas vous refuser le divorce, du moment que
votre volonté ne fait aucun doute et que la
convention est équilibrée.

Le contrôle du juge se déroule lors d’une audience


unique à laquelle vous avez été convoqués et à
laquelle vous devez obligatoirement être présents.

Le jour de l’audience, le magistrat vous reçoit tous


les deux, d’abord séparément et sans votre ou vos
avocat(s), puis ensemble avec votre ou vos
conseil(s). Le juge attirera alors votre attention sur
l’importance des engagements que vous prenez, en
particulier à l’égard de vos enfants.

S’il pense que chacun d’entre vous a librement pris


sa décision, il valide la convention et prononce le
divorce : c’est fini, vous êtes divorcés en sortant de
son bureau.
S’il considère que certains points de détails doivent
être revus, il peut, en accord avec vous, la modifier
légèrement, en présence de votre ou vos avocat(s),
puis la valider et prononcer le divorce.

En revanche, s’il trouve que la convention est


contraire à vos intérêts, ou à ceux des enfants, ou si
vous refusez les modifications qu’il suggère, il ne
peut pas la valider et prononcer le divorce. Vous
aurez alors un délai de  6  mois pour présenter une
nouvelle convention. Passé ce délai, le juge
prononcera la caducité de la demande et il faudra
tout reprendre à zéro.

En général, à l’issue de l’audience, votre ou vos


avocat(s) vous font signer un acte d’acquiescement
par lequel vous vous engagez à renoncer à tout
recours.

Si vous ne signez pas cet acte, vous avez alors la


possibilité de remettre en cause la convention de
divorce en formant un pourvoi en cassation ou en
invoquant la nullité de la convention si vous
prouvez qu’il y a eu vice de consentement ou de
forme. Toutefois, dans ce cas, c’est tout le divorce
qui sera remis en cause.
À compter du 1er janvier 2017
Avec la loi de modernisation de la justice du XXIe

siècle, entrée en vigueur au  1er janvier  2017, les


règles relatives au divorce par consentement
mutuel ont été profondément modifiées.

En effet, depuis le  1er janvier  2017, le divorce par


consentement mutuel, qui jusqu’alors s’effectuait
devant le juge aux affaires familiales, se fait
désormais devant un notaire. Il n’y a donc plus de
contrôle juridictionnel.

L’INTERVENTION DES AVOCATS

Chacun de vous doit avoir recours à un avocat  ; le


recours à un avocat commun n’est plus possible.
Tout au long du processus, l’avocat est en charge
de vous accompagner, de vous informer et de vous
conseiller.

Chaque effet de la rupture du mariage doit être


discuté avant d’être consenti.

Une fois l’accord trouvé, l’un des avocats se charge


de rédiger la convention de divorce, qui prend la
forme d’un acte sous signature privée contresigné
par vos conseils.

LE CONTENU DE LA CONVENTION DE DIVORCE


La convention de divorce doit comporter, sous
peine de nullité, les nom, prénoms, profession,
résidence, nationalité, date et lieu de naissance de
chacun des époux, la date et le lieu de mariage, les
mêmes indications pour chacun de leurs enfants,
ainsi que les modalités du règlement complet des
effets du divorce, et notamment, l’éventuel
versement d’une prestation compensatoire à l’un
ou l’autre d’entre vous.

Cette convention doit aussi prévoir l’état liquidatif


du régime matrimonial, c’est-à-dire le sort de
l’ensemble de vos biens.

La situation des enfants doit également être


déterminée, tant sur les modalités de résidence
et/ou de l’exercice du droit de visite et
d’hébergement des enfants que sur la fixation de la
pension alimentaire. La convention doit également
porter la mention que l’enfant mineur a été
informé de son droit d’être entendu par le juge et
qu’il ne souhaite pas en faire usage.

Une fois la rédaction achevée, votre avocat vous


adresse, par lettre recommandée avec accusé de
réception, le projet de convention.

LE DÉLAI DE RÉFLEXION DE 15 JOURS


À compter de la réception de la lettre, vous avez
alors un délai de réflexion de quinze jours pour
vous rétracter, sous peine de nullité. Durant ce
délai, vous pouvez la relire, l’étudier,
l’appréhender, parfois la digérer et en accepter les
termes avec sérénité et sans empressement.

Ce n’est qu’à l’expiration de ce délai que vous


signerez la convention en présence de votre
conjoint(e) et de vos avocats respectifs. L’avocat
a 7 jours pour l’adresser au notaire.

L’ENREGISTREMENT DE LA CONVENTION DE DIVORCE


PAR LE NOTAIRE

La convention de divorce est adressée au notaire,


qui a  15  jours pour l’enregistrer au rang des
minutes afin de lui donner une date certaine et
force exécutoire. Il doit également vérifier que le
délai de réflexion de quinze jours a bien été
respecté et que toutes les exigences formelles ont
été honorées.

Il transmet aux avocats une attestation de dépôt


mentionnant la date d’enregistrement et l’identité
des deux ex-époux. Votre avocat se charge ensuite
de faire transcrire la mention de votre divorce sur
les actes d’état civil en adressant l’attestation de
dépôt aux mairies concernées.

LE COÛT DE LA PROCÉDURE

La prestation du notaire représente un droit fixe


facturé 50 euros. Vous devez également prendre en
charge les honoraires de votre avocat.

LES CAS D’EXCLUSIONS

Attention, le divorce par consentement mutuel


n’est pas possible lorsque :
» Un enfant mineur demande expressément à être
entendu par le juge.

» L’un des époux fait l’objet d’une mesure de


protection (tutelle, curatelle, etc.)

La procédure commune aux


divorces contentieux
Les divorces accepté, pour altération définitive du
lien conjugal et pour faute ont une procédure en
grande partie commune, mais certaines spécificités
existent pour chacun.
Phase 1 : la requête initiale,
l’audience de conciliation et
l’ordonnance de non-
conciliation
La première étape de la procédure est la même, elle
commence avec la requête initiale et prend fin par
l’ordonnance de non-conciliation. Entre les deux
aura lieu la première audience, à laquelle vous êtes
obligé(e) d’assister.

La requête initiale
La requête initiale, qui sera déposée par votre
avocat, est tout simplement l’acte par lequel vous
dites officiellement au juge que vous voulez
divorcer. Elle contient l’état civil complet de chacun
d’entre vous, les dates du mariage et de l’éventuel
contrat prénuptial, les prénom, nom et date de
naissance des enfants, et les mesures provisoires
que vous souhaitez voir prises pendant la durée de
l’instance.

Elle ne doit pas lister les motifs du divorce.

Si votre conjoint(e), par son comportement,


présente un danger pour la famille, vous pouvez
aussi y demander des mesures d’urgence
immédiates.

L’audience de conciliation
Quand il aura reçu la requête, le juge aux affaires
familiales va vous convoquer votre futur(e) ex et
vous pour une audience de tentative de conciliation,
qui est obligatoire.

Le nom est trompeur  : le but n’est pas de vous


inciter à vous réconcilier pendant ce rendez-vous,
puisque cela n’arrive que dans 0,1 % des cas !

La véritable raison d’être de cette audience est de


« concilier les époux tant sur le principe du divorce
que sur ses conséquences », en clair, de vous aider
à choisir le type de divorce le plus adapté dans
votre cas. De plus, le juge aux affaires familiales
vous encouragera à vous mettre d’accord entre vous
sur les conséquences du divorce quelles qu’elles
soient, afin de ne pas l’obliger à trancher à votre
place.

Le juge aux affaires familiales rencontre d’abord


votre futur(e) ex et vous, séparément et hors
présence des avocats, puis ensemble, et la présence
des avocats est alors fortement recommandée, mais
non obligatoire, étant précisé que chacun d’entre
vous doit avoir le sien  : impossible de prendre un
conseil commun. Vos avocats exposeront leurs
arguments concernant les mesures provisoires que
vous souhaitez voir prises pour la durée de la
procédure.

L’ordonnance de non-conciliation
À la fin de l’audience, le magistrat rendra une
décision appelée ordonnance de non-conciliation,
qui constate que les époux ne se sont pas
réconciliés depuis le dépôt de la requête initiale,
que celui qui a demandé le divorce n’a pas changé
d’avis, et énonce les mesures provisoires qui seront
mises en place pendant le procès (cf. chapitre 9).

Phase 2 : l’assignation en
divorce
C’est seulement pendant cette seconde étape que se
fait le choix du type de divorce.

Si c’est vous qui avez déposé la requête en divorce,


vous serez le/la seul(e) à pouvoir assigner en
divorce pendant les trois mois qui suivent le
prononcé de l’ordonnance de non-conciliation.
Après ce délai, votre conjoint(e) pourra lui/elle
aussi vous assigner en divorce, sur le fondement de
son choix. Mais quel que soit celui qui assigne,
l’autre pourra toujours former une demande
reconventionnelle (donc répondre par une autre
demande de divorce  : par exemple, si vous
demandez le divorce pour altération définitive du
lien conjugal, votre moitié peut parfaitement
demander, en « réponse », le divorce pour faute).
Et si vous êtes d’accord pour un divorce pour
altération définitive du lien conjugal, vous
présenterez une requête conjointe en ce sens.

L’assignation est délivrée par un huissier, et doit


donc répondre à un formalisme beaucoup plus
élaboré que la requête. Ne vous préoccupez pas de
cet aspect technique, votre avocat s’en chargera.
Vous devez seulement savoir que vous serez tenu(e)
obligatoirement d’y joindre une proposition de
liquidation de votre régime matrimonial, dans
laquelle vous recensez les principaux biens propres
et communs et expliquez la manière dont vous
souhaiteriez que soit faite leur répartition après le
divorce.

Voir le chapitre  17  pour la liquidation du régime


matrimonial.
À la fin de cette phase de la procédure, le magistrat
prononcera le divorce, à de rares exceptions près
(voir encadré page  129), et décidera des
conséquences du divorce sur lesquelles vous ne
serez pas parvenus à vous mettre d’accord. En
effet, quelle que soit la procédure finalement
choisie, la loi vous incite fortement à passer entre
vous des conventions. Elles peuvent intervenir dès
l’audience de tentative de conciliation, et à tout
moment de la procédure. Elles peuvent porter sur
les mesures provisoires comme sur les effets du
divorce.

Les divorces contentieux

Le divorce accepté
Qu’est-ce que c’est ?
C’est le divorce faillite, puisque vous constatez tous
les deux l’échec de votre mariage, acceptez le
principe du divorce, et laissez au juge le soin d’en
régler les conséquences. Il suppose simplement que
vous soyez tous les deux d’accord pour divorcer.
En optant pour cette procédure, vous acceptez que
le mariage soit rompu sans considération des faits
à l’origine de cette rupture : en clair, plus question
de revenir sur les fautes de l’autre, même en appel.
L’expression «  divorce accepté  » est trompeuse  :
vous acceptez non seulement de divorcer, mais
aussi de ne plus jamais débattre des causes de votre
séparation. Si le juge est convaincu que vous avez
tous les deux donné librement votre accord, la
cause du divorce est déjà acquise irrévocablement.

L’avantage évident : gagner du temps, puisque une


bonne partie du contentieux du divorce est ainsi
évacué.

En pratique
Ce type de divorce ne suppose pas que vous fassiez
état des causes profondes du divorce au stade de la
requête.

De ce point de vue, il est identique au divorce par


consentement mutuel. La différence ? L’acceptation
du principe de la rupture intervient au moment de
l’audience de non-conciliation (si vous êtes tous
deux d’accord sur ce point), ou à son issue, et non
préalablement.
Contrairement à ce qu’il se passe pour le divorce
par consentement mutuel, c’est le juge aux affaires
familiales qui tranche les désaccords concernant
l’organisation et les conséquences du divorce. C’est
donc, en quelque sorte, un divorce mi-amiable mi-
contentieux.

Reste que votre futur(e) ex et vous pouvez passer


des accords partiels concernant les conséquences
du divorce, éventuellement avec l’aide d’un
médiateur, ou de vos avocats, que vous pourrez
faire valider par le juge. En ce qui concerne les
conséquences du divorce, elles sont réglées par le
magistrat, après examen des arguments et des
pièces présentés par chacun.

En pratique, ces conventions touchent


généralement les enfants, mais elles peuvent
également porter sur le partage des biens, le
montant de la prestation compensatoire, la garde
du chien, etc., vous pouvez aboutir à un quasi-
divorce par consentement mutuel, la justice ne
tranchant plus que les quelques désaccords qui
subsistent.

Le divorce pour altération


définitive du lien conjugal
Qu’est-ce que c’est ?
Plus question de rester enfermé(e) dans un mariage
dont vous ne voulez plus pour la seule raison que
votre moitié s’y oppose et n’a commis aucune
faute. Lorsque votre union est devenue une coquille
vide, que vous êtes en mesure de prouver que ça
dure depuis au moins deux ans, personne ne peut
vous empêcher de divorcer.

Notez que c’est bien la date de l’assignation qui


compte, et non celle de la requête. Si vous êtes très
pressé(e) de divorcer, vous pouvez donc déposer
votre requête avant même l’expiration du délai, dès
lors qu’au moment de l’assignation deux années se
soient bien écoulées depuis la séparation.

Par ailleurs, si votre futur(e) ex a présenté une


demande en divorce pour faute, et vous une
demande reconventionnelle pour altération
définitive du lien conjugal, et que sa demande est
rejetée, on examine ensuite la vôtre, qui est valable
même si votre séparation date de moins de deux
ans  : dans cette hypothèse, la condition de délai
disparaît complètement, comme si la demande
initiale de votre chère moitié avait définitivement
anéanti votre union, sans qu’il soit besoin
d’attendre davantage pour le constater.
En pratique
COMMENT PROUVER LA SÉPARATION ?

Vous l’avez compris, plus encore que la fin d’un


amour, c’est la cessation de la vie commune qu’il
va falloir démontrer.

Or, vous n’avez pas nécessairement, lors de cette


séparation, pris le soin de vous en ménager des
preuves (par exemple, en faisant un dépôt de main
courante au commissariat), et si votre conjoint(e)
n’est pas d’accord pour divorcer, il/elle ne va pas
vous aider. Comment, dans ce cas, prouver que
toute vie commune et affective a cessé depuis deux
ans ?

Tous les moyens légaux sont bons, c’est le juge qui


verra s’il est convaincu ou non par les pièces que
vous lui soumettrez : factures et quittances de loyer
de votre nouveau domicile si c’est vous qui avez
quitté le domicile conjugal, attestations d’amis ou
de voisins, etc.

Bien sûr, la preuve sera plus difficile si vous viviez


déjà séparés avant, pour d’autres raisons, par
exemple professionnelles. Il faudra prouver que
l’éloignement est devenu aussi affectif.
Vous pouvez tout à fait répudier votre moitié… et
lui demander de vous verser une prestation
compensatoire, si vous remplissez les conditions
nécessaires.

Cet aspect de la loi est « gênant » quand celui qui


est répudié est gravement malade  : il n’existe plus
aucune protection particulière le concernant, et il
peut se voir à la fois abandonné au pire moment de
sa vie… et plumé !

Les conséquences du divorce seront tranchées dans


les mêmes conditions que les procédures
contentieuses.
LA DISPARITION DU DIVORCE POUR ALTÉRATION
DES FACULTÉS MENTALES

Votre conjoint(e), que vous avez épousé(e) en pleine


possession de ses moyens intellectuels, vient d’être
diagnostiqué(e) Alzheimer, ou est atteint(e) de tout autre
maladie mentale. Pouvez-vous divorcer pour ce motif ?

Pendant longtemps, la loi a répondu non, estimant qu’au


contraire les obligations du mariage vous contraignaient à
soutenir votre moitié dans cette épreuve.

En 1975, le législateur a ouvert une brèche en permettant de


divorcer lorsque l’altération des facultés mentales liée à une
infirmité, à la maladie ou à l’âge avait duré au moins six ans,
avait détruit toute vie de couple, et était sans espoir de
guérison. Toutefois, on vous faisait « payer » cet abandon en
vous obligeant à prendre en charge les conséquences
financières du divorce (sans compter la possibilité d’invoquer
la clause d’exceptionnelle dureté, qui permettait au magistrat
de vous refuser le divorce quand la rupture du mariage était
trop dure pour l’autre).

Depuis la réforme de  2004, une séparation de fait de deux


ans suffit pour que le conjoint malade puisse être
abandonné à son triste sort. Beaucoup d’observateurs et de
praticiens du droit regrettent ce changement, qu’ils estiment
particulièrement cruel.
Le divorce pour faute
Qu’est-ce que c’est ?
Il est régulièrement question de le supprimer mais
il remporte toujours un succès certain  : de
nombreuses personnes ressentent le besoin de
répartir les torts, et donc les responsabilités dans
l’échec du mariage, pour faire le deuil de leur
couple.

Voir chapitre 1, « Faut-il supprimer le divorce pour


faute ? ».

Sachez sur ce point que, depuis la réforme de 2004,


il n’existe plus de causes péremptoires de divorce,
c’est-à-dire celles qui étaient définies par la loi et
obligeaient le magistrat, dès lors qu’elles étaient
prouvées, à prononcer le divorce sans pouvoir
l’excuser (par le comportement de l’autre conjoint
par exemple) ou en apprécier la gravité.

Quelles sont les fautes les plus


fréquentes ?
L’adultère, encore et toujours, mais aussi
l’abandon, l’alcoolisme, la violence, les scènes de
ménage publiques, l’insuffisante participation
financière ou matérielle aux charges du mariage,
les sorties excessives, l’absence de démonstration
d’intérêt et d’affection envers le conjoint.

Pour établir une cause de divorce, il faut à la fois :


» prouver ce qu’on reproche à l’autre,

» prouver que c’est une violation grave ou


renouvelée des obligations du mariage : une faute
même légère peut donc suffire, à condition qu’elle
se soit répétée suffisamment pour être prise en
considération,

» prouver que, pour vous, du fait de cette faute, il


serait insupportable de devoir rester marié(e) :
cette démonstration est plus subjective. Le
magistrat saisi du dossier devra faire du cas par
cas.

Aujourd’hui, le seul avantage que vous pouvez tirer


de la reconnaissance publique de la faute de votre
conjoint(e) est purement moral  : il sera indiqué
dans la décision de justice que le divorce est
prononcé « aux torts exclusifs de M. ou Mme X ».
Mais sur le plan financier, nous l’avons vu, cela ne
change rien.
PUIS-JE DEMANDER DES DOMMAGES ET INTÉRÊTS À
MON/MA CONJOINT(E) FAUTIF(VE) ?

Si vous considérez que dans ce divorce, c’est vous la victime,


et que vous ne voulez pas que votre futur(e) ex s’en tire aussi
facilement, la seule possibilité de le/la faire punir, c’est de
demander des dommages et intérêts, soit :
» en réparation du préjudice que vous subissez du
fait de la dissolution du mariage  : vous devrez
prouver que vous êtes la victime dans cette rupture,
même si c’est vous qui avez commencé la
procédure, et que le divorce a pour vous des
conséquences d’une particulière gravité
(article 266 du Code civil) ;

Cette demande ne peut être faite que pendant le


divorce : vous ne pourrez plus agir après.

» en réparation du préjudice subi du fait de la faute


elle-même. Vous pouvez le faire avant, pendant ou
après le divorce. Il faudra démontrer cette fois non
pas un dommage résultant du divorce, mais bien un
préjudice résultant de la faute elle-même
(article 1240 du Code civil).

Même si vous avez démontré la ou les faute(s) de


votre chère moitié, celle-ci peut contre-attaquer :
» En disant que vous vous étiez réconciliés après
que vous avez découvert la faute : autrement dit,
en tentant de prouver que vous lui aviez
pardonné.

Comme souvent, le magistrat appréciera la valeur


des preuves au cas par cas… Il peut même
estimer qu’il y a eu pardon alors que votre futur(e)
ex n’avait même pas soulevé cet argument. Mais
comme il ne faut pas exagérer, si celui-ci a refait la
même bêtise, non seulement vous pourrez
invoquer cette nouvelle inconduite de sa part,
mais la répétition « réactivera » la première faute,
dont vous pourrez également faire état, comme si
le pardon n’avait jamais existé.

» En prouvant votre propre faute, de manière à


obtenir un prononcé aux torts partagés, ou en
soutenant que votre faute excuse la sienne (on
parle d’« excuse de provocation »). Une fois
encore, le juge peut, même si votre conjoint(e) n’a
pas formulé une telle demande, relever votre
propre faute, et prononcer le divorce aux torts
partagés,… voire à vos torts exclusifs !

En pratique
Les causes de divorce sont donc toujours
facultatives, c’est-à-dire que :
» le juge peut qualifier le fait démontré de fautif,
ou non fautif. Il a un pouvoir d’appréciation ;

» le juge peut estimer que le fait est fautif mais


peut être excusé dans ce dossier précis, en raison
du contexte dans lequel il a été commis ;

» la faute doit non seulement être prouvée, mais


elle doit de plus rendre intolérable le maintien de
la vie commune.

Il vous faut être conscient(e), si vous optez pour


cette forme de divorce, que l’attribution des fautes
n’a aucune influence sur les conséquences
financières de la rupture : ainsi, par exemple, votre
femme adultère ne verra pas sa prestation
compensatoire diminuée ou supprimée pour autant.

Sur la prestation compensatoire, voir le chapitre 16.

En outre, le procès pour faute est, dans l’immense


majorité des cas, la procédure la plus longue et la
plus pénible, et par voie de conséquence la plus
coûteuse pour l’ensemble de la famille.
QUAND LE JUGE AUX AFFAIRES FAMILIALES REFUSE
DE PRONONCER LE DIVORCE…

Il peut arriver que votre ex et vous demandiez le divorce


pour faute mais qu’aucun des deux n’arrive à en prouver
une. On aboutit ainsi à des situations absurdes.

Certains juges prononcent alors le divorce aux torts


partagés, en usant de «  tours de passe-passe  », parce
qu’aucun de vous ne veut plus de ce mariage. C’est l’attitude
pragmatique. D’autres jouent les puristes et refusent de
prononcer le divorce sur la base de griefs non démontrés, et
rejettent vos deux demandes : ce faisant, ils vous refusent le
divorce !

J’ai en tête l’exemple de cette cliente insatisfaite de la


décision du juge aux affaires familiales, qui avait prononcé le
divorce à ses torts exclusifs. Elle fait appel.

Son ex et elle, aussi remontés l’un que l’autre, multiplient


tout comme lors du premier procès  : les attestations,
certificats médicaux, ainsi que d’autres pièces moins valables
les unes que les autres. Les magistrats de la cour d’appel,
manifestement excédés, rejettent leurs deux demandes au
motif que monsieur ne prouve pas l’adultère de son épouse,
pas plus que madame ne prouve la violence de son conjoint.
Les voilà toujours unis, pour le pire… et obligés de reprendre
tout à zéro  ! Le croirez-vous  ? Ils ont entamé une nouvelle
procédure de divorce… pour faute !
Les pour et les contre de
chaque type de divorce

Le divorce par consentement


mutuel
La règle d’or concernant ce divorce, c’est de ne le
choisir que si vous êtes réellement d’accord sur
tout, même si on ne vous demande pas d’être
devenus les meilleurs amis du monde.

Hors de question, donc, d’adopter cette procédure


uniquement parce que :
» vous souhaitez vous débarrasser de ce mariage
au plus vite, quitte à y laisser des plumes ;

» vous voulez économiser des frais en faisant


« avocat commun », quitte à sacrifier une partie
de vos « revendications » ;

» vous culpabilisez sur l’échec de votre mariage, ce


qui vous pousse à tout abandonner à votre
conjoint(e) ;

» vous n’avez jamais rien su refuser à votre ex, et


celui/ celle-ci vous harcèle pour que acceptiez ses
conditions. Idem si les pressions sont le fait de
votre entourage.
Au contraire, vous pourrez tenter de «  négocier  »
un divorce par consentement mutuel avantageux
pour vous (forte prestation compensatoire,
contribution importante à l’entretien et l’éducation
des enfants, etc.) si vous êtes en bons termes avec
votre futur(e) ex, et que vous le/la sentez prêt(e) à
se plier à vos exigences  : cela peut être le cas si
c’est lui/elle qui est pressé(e) de divorcer, par
exemple pour refaire sa vie.

Par ailleurs, certaines situations, sans s’opposer à


cette forme de divorce, exigent un minimum de
prudence :
» Si le patrimoine de votre couple est important, et
surtout si vous n’êtes pas ou peu intervenu(e)
dans sa gestion pendant la durée du mariage, et
que vous n’avez donc pas vraiment connaissance
de l’étendue de ce patrimoine, entourez-vous de
professionnels de la finance, de l’immobilier et du
droit, pour ne pas signer une convention qui vous
serait défavorable. N’oubliez pas en effet que le
contrôle du juge reste, par la force des choses,
relativement superficiel.

» Si vous avez réglé le problème de la résidence


des enfants alors que vos domiciles respectifs
sont proches, mais que l’un de vous envisage
prochainement de déménager, éloignant ainsi les
domiciles parentaux, prévoyez dès à présent les
modifications concernant la résidence des
enfants, le droit de visite et la contribution
éventuelle, pour éviter tout conflit futur.

» De même, lorsque vous avez décidé du


versement d’une prestation compensatoire (sur la
prestation compensatoire, voir le chapitre 16),
prévoyez dans votre convention une clause
permettant de modifier son montant en cas de
changement important dans les ressources ou les
besoins de l’un d’entre vous.

» Si vous avez décidé de prendre un seul avocat


pour deux, prévoyez clairement dans votre
convention qui paiera ses honoraires.

» Dans tous les cas, précisez qui paiera les


éventuels dépens, qui sont les frais taxables d’un
procès (émoluments dus aux officiers publics et
aux experts nommés par le tribunal) et qui seront
partagés si votre convention est silencieuse sur ce
point.

Le divorce accepté
Il vous permet d’« évacuer » les causes profondes
du divorce, et de vous concentrer sur ses
conséquences, donc sur les enjeux essentiels,
généralement vos enfants et l’argent.

Mais en optant pour ce type de divorce, n’oubliez


pas que vous vous interdisez définitivement
d’obtenir des dommages et intérêts pour les
souffrances que peut vous avoir fait endurer votre
conjoint(e) pendant le mariage. Si les fautes de
ce(tte) dernier(ère) sont particulièrement graves
(violence physique, torture psychologique, etc.),
vous risquez de le regretter amèrement plus tard.
Certes, vous voulez peut-être préserver vos
enfants, mais demandez-vous si cela doit se faire
au détriment de votre propre équilibre.

Si vous n’êtes pas sûr(e) de vouloir renoncer à


invoquer des griefs à l’encontre de votre futur(e)
ex, donnez-vous un peu de temps, et refusez
d’opter pour ce type de procédure dès l’audience de
conciliation. Il sera toujours temps de choisir le
divorce accepté au moment où vous assignerez,
voire d’assigner sur un autre fondement et
convertir la procédure plus tard par le biais d’une
« passerelle » (voir le chapitre 10).

Le divorce pour altération


définitive du lien conjugal
Impossible, si les conditions sont remplies,
d’empêcher votre chère moitié de vous « jeter ».

Cette situation peut vous sembler révoltante si


votre conjoint(e) vous a abandonné(e) en raison de
la grave maladie dont vous êtes atteint(e). Il vous
reste la possibilité de «  contre-attaquer  », en
faisant une demande reconventionnelle en divorce
pour faute, pour obtenir le prononcé du divorce aux
torts de votre conjoint(e).

Dans ce cas, le magistrat n’a pas le choix : il devra


examiner en premier lieu votre demande, et c’est
seulement si vous ne parvenez pas à démontrer la
faute de votre conjoint(e) que le divorce sera
prononcé pour altération définitive du lien
conjugal.

Le divorce pour faute


Cela tombe sous le sens, il est préférable de ne pas
opter pour ce type de procédure lorsque vous êtes
le/la seul(e) à avoir violé les obligations du
mariage, et c’est sans grand intérêt lorsque vous
avez tous les deux commis des erreurs.

Mais cette procédure est également dangereuse si


les fautes, réelles, commises par votre conjoint(e),
sont impossibles à démontrer : vous n’avez jamais
porté plainte ou fait constater les coups reçus par
un médecin, l’adultère de votre moitié est resté très
discret,… Bref, il/elle est en apparence
irréprochable. Mieux vaut ne pas vous lancer dans
une procédure vouée à l’échec, car le risque est
double :
» vous pourriez vous retrouver avec un divorce
prononcé à vos propres torts : vous auriez alors
obtenu l’effet inverse de celui escompté : au lieu
de voir reconnaître publiquement les fautes de
votre ex, vous devriez « endosser le massacre » ;

» le juge pourrait refuser de prononcer le divorce,


et tout serait à refaire (voir encadré supra :
« Quand le juge aux affaires criminelles refuse de
prononcer le divorce… »).
3
Vous vous jetez à l’eau : la vie
pendant la procédure
DANS CETTE PARTIE…

Cette fois, ça y est, le procès est lancé, et c’est


votre avocat qui a pris les choses en main. Mais ne
baissez pas votre garde, ce divorce reste le vôtre.

À ce stade, il vous faut tout d’abord connaître ce


qui subsiste de vos droits et obligations dans le
mariage pour savoir ce que vous pouvez faire et
ce dont il vaut mieux vous abstenir pour l’instant.

Le déroulement du procès peut aussi vous


conduire, surtout s’il s’éternise, à provoquer ou
subir des « incidents de procédure ». Le meilleur
moyen d’éviter ces incidents, qui retardent
d’autant la procédure, c’est sans doute de réussir
sa médiation. Mais il est aussi possible de changer
de type de divorce en cours de route, grâce à ce
qu’on appelle une « passerelle ».
Chapitre 8
Quid des droits et devoirs du
mariage pendant la
procédure ?
DANS CE CHAPITRE :
» Ce que deviennent vos rapports personnels

» Ce que deviennent vos rapports pécuniaires

D’ accord, vous avez le sentiment que votre union


a pris fin au moment où a été engagée la
procédure, et vous parlez déjà de votre conjoint(e)
comme de votre « ex ».

Mais vous n’êtes pas encore divorcé(e) !

Il est essentiel que vous conserviez cette idée en


tête jusqu’au jugement final, car vous êtes encore
marié(e), et cela vous donne certaines obligations,
que cela vous plaise ou non.

Dans la pratique quotidienne de mon métier, je vois


pourtant se dessiner certaines tendances, que je
caricature volontairement ici :
» Messieurs, vous avez trop souvent du mal à
admettre qu’il vous faut encore « entretenir »
votre femme sans revenu, et même à lui verser
une contribution pour l’entretien et l’éducation
des enfants, parce que vous pensez qu’elle en
profite aussi. Votre mariage est fini… rideau !

» Quant à vous, mesdames, vous oubliez parfois


un peu vite que même si c’est vous qui vous
occupez principalement des enfants, ceux-ci ont
aussi un père, qui, dans l’immense majorité des
cas, n’a pas démérité. Ils ont le droit d’entretenir
avec lui des relations fréquentes et paisibles, et
celui qui ne sera bientôt plus votre mari n’a pas
perdu le droit d’être le père de vos enfants.

» Quant au devoir de fidélité, vous le piétinez


allègrement les uns comme les autres…

N’agissez pas bêtement, ce n’est pas le moment de


commettre des bévues qui pourraient vous rendre
peu populaire aux yeux du magistrat, et, plus grave
encore, faire du tort à votre famille.

Quels sont donc les devoirs et obligations pendant


la procédure de divorce ?

Les rapports personnels


Pour le détail des rapports personnels entre
conjoints, voir chapitre 2.

L’obligation de communauté
de vie
Elle n’existe plus, puisque l’ordonnance de non-
conciliation vous en dispense.

Avant celle-ci, vous ne pouviez en principe pas


abandonner le domicile conjugal, sauf en cas
d’urgence. En effet, le juge peut, dès la requête en
divorce, prendre des mesures d’urgence, et
notamment vous autoriser à résider séparément,
s’il y a lieu, avec vos enfants mineurs. Reste à
démontrer qu’il y a bien urgence.

Hors ces hypothèses, pas de dispense, donc, à


l’obligation de communauté (sauf bien sûr si une
décision judiciaire antérieure vous avait déjà
autorisés à vous séparer).

En pratique pourtant, la violation de cette


obligation n’est pas sanctionnée en tant que telle.
Tout au plus pourrait-elle être invoquée par votre
ex comme une violation des obligations du
mariage, et donc constituer un grief contre vous
dans le cadre d’un divorce pour faute (voir
chapitre 7).
L’ORDONNANCE DE PROTECTION

L’ordonnance de protection vous permet de demander au


juge aux affaires familiales de prendre des mesures avant
même que votre époux(se) ne soit informé(e) de votre
démarche  : vous autoriser à conserver le domicile conjugal,
en faire expulser votre conjoint(e), si vous parvenez à
démontrer que vos enfants et/ou vous-même êtes
gravement en danger. Si vos enfants et/ou vous-même êtes
victime(s) de votre conjoint(e), cette procédure permet de
le/la mettre dehors, et ce dès le stade de la requête en
divorce. La violence peut être physique, mais aussi morale,
même si cette dernière est plus difficile à prouver. Si vous ne
souhaitez pas rester au domicile conjugal, ne serait-ce que
parce que vous craignez les représailles de votre bourreau
dès que ce dernier aura connaissance de la décision, vous
serez au moins autorisé(e) à quitter votre résidence sans
plus attendre. D’autres mesures peuvent être prises par le
juge aux affaires familiales (voir chapitre 2)

Ces mesures seront caduques au bout de quatre mois si


vous n’avez pas entamé de procédure de divorce ou de
séparation de corps dans ce délai.

Vous pouvez préférer agir devant la juridiction pénale  : le


procureur de la République, le juge d’instruction, le juge des
libertés et de la détention, la juridiction qui aura condamné
votre conjoint(e) ou le juge de l’application des peines peut
ordonner à votre époux(se) violent(e) de résider hors du
domicile et de ne plus paraître à proximité.

Par ailleurs, si elle a été faite dans des conditions


particulièrement mortifiantes, ou blessantes, vous
pourrez demander l’octroi de dommages et
intérêts.

Sur les dommages et intérêts, voir au chapitre 16.

Le devoir de fidélité
Il survit en principe pendant toute la durée de la
procédure de divorce, et si vous trompez votre
conjoint(e), rien n’empêche ce(tte) dernier(ère) de
s’en servir.

Mais en général les adultères commis après


l’ordonnance de non-conciliation sont examinés
par les juges avec indulgence, en particulier quand
le divorce dure depuis plusieurs années. On parle de
«  relâchement  » de l’obligation de fidélité mais
pas d’absence d’exonération. Votre faute peut aussi
être « excusée » par celle de votre conjoint(e).

Le devoir d’assistance
Le devoir d’assistance oblige les époux à s’entraider
moralement et physiquement. Il s’agit d’une sorte
de solidarité qui doit être respectée au quotidien, et
à plus forte raison lorsque surviennent de graves
difficultés (maladie, deuil, chômage, échec, etc.). Ce
devoir subsiste pendant la procédure, mais a-t-il
encore un sens ?

Comment vous demander de soutenir votre


conjoint(e) au moment même ou vous êtes en train
de mettre fin à votre union, et alors que c’est peut-
être précisément la rupture qui met votre ex dans
un état de vulnérabilité extrême ?

Le devoir d’assurer ensemble


la direction morale et
matérielle de la famille
Le divorce ne vous dispense pas de vos obligations
à l’égard de vos enfants. À fortiori ne pouvez-vous
pas vous en délester pendant la durée de la
procédure.

Mais il n’est pas toujours facile d’assurer d’un


commun accord cette direction morale et
matérielle, alors que vous êtes peut-être en train de
vous étriper par avocats interposés… La médiation
peut vous aider.

Sur la médiation, se reporter au chapitre 10.

La liberté de choisir librement


sa profession
Cette liberté existe bien sûr plus que jamais
pendant la procédure de divorce !

L’interdiction de disposer
seul(e) du logement familial
Elle est maintenue, même si vous en êtes l’unique
propriétaire.

Si votre conjoint(e) s’est vu attribuer la jouissance


exclusive du domicile conjugal par l’ordonnance de
non-conciliation, vous ne pourrez vider la maison,
sous prétexte que le mobilier vous appartient. Vous
devrez attendre le prononcé du divorce, voire la
liquidation de votre régime matrimonial, pour les
récupérer. Vous ne pourrez même pas résilier
l’assurance de ce logement sans son accord.
Les actions permettant de
lutter contre l’inertie de votre
conjoint(e)
Qu’il s’agisse d’habilitation ou d’autorisation, elles
peuvent être mises en œuvre pendant la procédure,
même si c’est rarement le cas en pratique.

Les actions permettant de


lutter contre l’action nuisible
du conjoint(e)
Vous pouvez les actionner pendant la durée de la
procédure de divorce. L’article  257  du Code civil le
prévoit même noir sur blanc.

Par exemple, si vous avez peur que votre conjoint


dilapide votre patrimoine pour organiser son
insolvabilité, vous pouvez demander au juge de
faire apposer des scellés sur les biens communs.

Les rapports pécuniaires


Pour le détail des rapports pécuniaires entre
conjoints, voir chapitre 2.
La liberté de faire ce que vous
voulez de votre salaire
C’était vrai pendant la durée de la vie commune, ça
l’est plus encore pendant la procédure de divorce.

Vous percevez seul(e) votre salaire, le placez ou le


dépensez comme vous le voulez, du moment que
vous appliquez les dispositions prises par
l’ordonnance de non-conciliation (paiement de la
pension alimentaire, de la contribution à l’entretien
et l’éducation des enfants, versement de la
provision pour frais d’instance, de la provision sur
votre part dans le partage, etc. Voir le chapitre  9,
sur les mesures provisoires).

La liberté d’ouvrir un compte


en banque et de le faire
fonctionner seul(e)
Si vous avez attentivement lu les premiers
chapitres de ce livre et appliqué nos conseils, vous
n’avez plus de compte joint avec votre futur(e) ex
et avez annulé toutes les procurations et autres
pouvoirs qu’il/elle avait sur vos comptes.
Vous faites donc fonctionner seul(e) tous vos
comptes personnels, en totale liberté.

Votre banquier est tenu au secret professionnel, il


ne pourra donc informer qui que ce soit sur le solde
de ces comptes, ou sur les opérations bancaires que
vous réalisez.

La liberté de prendre seul(e)


des décisions concernant les
meubles que vous détenez
Elle subsiste, mais la bonne foi du tiers qui passera
un contrat avec vous est plus que jamais nécessaire
pour que cet acte soit valable.

Si en vendant, louant, échangeant,… le bien, vous


avez spolié la communauté ou votre conjoint(e),
vous devrez en rendre des comptes au moment de
la liquidation, et peut-être même sur le plan pénal
s’il y a eu vol, escroquerie ou abus de confiance,
puisqu’il n’y a plus de vie commune (voir ci-
dessous le vol entre époux).

La liberté de gérer ses biens


propres
Là aussi, ce qui était valable quand tout allait bien
entre vous l’est plus encore après votre séparation
et l’autorisation de résidence séparée.

Cela ne vous autorise toutefois pas à organiser


votre insolvabilité, en cédant tous vos meubles de
valeur et en faisant disparaître le prix de vente.

De plus, vous ne pourrez pas dans l’immédiat vous


séparer des meubles du domicile conjugal, même
s’ils sont à vous seul(e), si la jouissance dudit
domicile est octroyée par le juge à votre conjoint(e).

Le vol entre époux


Auparavant, la règle était que le vol entre époux
n’existait pas en droit pénal, et ne pouvait donc pas
être sanctionné. Mais depuis la dernière réforme
sur le divorce, il réapparaît après la cessation de la
vie commune.

Vous pourriez donc parfaitement être puni(e) si


vous subtilisez des biens de valeur appartenant à
votre conjoint(e) pendant la procédure de divorce.

Sont assimilées au vol, et donc pénalement


punissables, deux autres délits :
» l’escroquerie : vous avez commis une escroquerie
à l’égard de votre conjoint(e) si vous l’avez
trompé(e) de manière à le/la décider à vous
remettre à son préjudice des fonds, des valeurs
ou un bien quelconque ;

» l’abus de confiance : c’est le cas lorsque votre


conjoint(e) vous a remis un bien, des fonds ou des
valeurs, que vous deviez lui restituer ou utiliser
dans un but précis, et que vous les avez
détournés dans votre intérêt propre.

Le sort des dettes ménagères


et la règle de la solidarité
passive nées après
l’ordonnance de non-
conciliation
Lorsqu’une dette est née après l’ordonnance de
non-conciliation, elle doit être supportée par celui
qui l’a contractée.

Cependant, certaines dettes, même contractées


après la séparation de droit, conservent leur
caractère ménager et la solidarité passive est de
rigueur. C’est le cas par exemple des dettes
contractées dans l’intérêt des enfants ou pour les
besoins du mariage.

Toutefois, la dette ne doit être ni manifestement


excessive, ni un achat à tempérament (c’est-à-dire
dont le vendeur vous fait crédit), ni un crédit dont
le montant serait supérieur aux besoins de la vie
courante.

Le devoir de secours
Il subsiste, et sera concrètement mis en œuvre si,
du fait de la séparation, l’un d’entre vous voit son
train de vie diminuer, par rapport à l’autre. Le
versement d’une pension alimentaire par ou pour
votre conjoint(e) peut alors être prévu.

Pour une étude détaillée des modalités de son


exécution, reportez-vous au chapitre 15.

Les contrats entre époux :


vente, contrat de travail,
contrat de société
Il n’y a aucun obstacle à la conclusion de tels
contrats entre vous pendant la durée de la
procédure, et encore moins d’en poursuivre
l’exécution.

En pratique cependant, difficile d’imaginer que


vous parviendrez tous deux à séparer votre vie de
couple de votre « vie contractuelle », en particulier
de votre relation professionnelle.
Chapitre 9
Mesures provisoires et
procédures d’incident
DANS CE CHAPITRE :
» Sachez les mesures provisoires qui peuvent être décidées par le
juge

» Découvrez les procédures d’incident

S consentement mutuel, votre procédure va vous


auf dans l’hypothèse où vous divorcez par

contraindre à au moins deux passages devant le


juge.

Entre-temps, de longs mois peuvent s’écouler,


parfois des années, et pas question de continuer la
vie commune comme si de rien n’était.

Dès le début du procès, il va vous falloir réfléchir à


l’organisation qui vous convient le mieux dans
l’immédiat, afin de formuler vos demandes devant
le magistrat  : avec qui vont vivre les enfants  ?
Voulez-vous occuper le domicile conjugal pendant
la durée de la procédure ? Souhaitez-vous solliciter
ou offrir une pension alimentaire à votre
conjoint(e)  ? Qui paiera les remboursements du
crédit immobilier ? Comment faire face aux frais de
procédure ? etc.

Une fois encore, les conventions entre époux sont


en effet fortement encouragées, mais si vous êtes
incapables de vous entendre, c’est le magistrat qui
tranchera et mettra en place les mesures
provisoires. Chaque divorce étant unique, il vous
confectionnera une organisation « sur mesure » si
vous savez formuler vos demandes de manière
complète et précise.

Le juge peut vous proposer une mesure de


médiation (voir le chapitre suivant), mais il peut
aussi décider de nombreux points concernant votre
union en cours de divorce.

Les mesures provisoires


décidées par le juge

Les modalités de la résidence


séparée
Le juge vous autorise à vivre séparément, sans pour
autant suspendre les autres obligations du mariage.

Selon vos demandes respectives, il peut attribuer,


pour la durée de la procédure, la jouissance du
logement familial ainsi que de son mobilier à titre
exclusif à l’un d’entre vous. Sur ce point comme
sur d’autres, le magistrat respectera avant tout
votre volonté commune et ne tranchera qu’en cas
de désaccord.

Rien ne vous empêche, par exemple, si la


configuration de la maison le permet, de décider de
continuer à partager le domicile conjugal, tout en
ayant chacun votre autonomie. Cette organisation
est parfaitement envisageable lorsque votre maison
comprend deux appartements indépendants, avec
des entrées séparées.

Dans le cas où vous souhaiteriez tous les deux


obtenir la jouissance du domicile conjugal, sachez
que le juge aux affaires familiales l’attribuera en
pratique le plus souvent à celui chez qui la
résidence habituelle des enfants aura été fixée.
Toutefois, rien ne l’y oblige. Si vous avez décidé de
vous installer dans la résidence secondaire familiale
avec vos enfants, le magistrat peut parfaitement
maintenir ce statu quo, et attribuer la jouissance du
domicile conjugal à votre conjoint(e).

La jouissance exclusive du domicile conjugal n’est


pas nécessairement gratuite : si ce logement est un
de vos biens propres, ou un bien commun, et qu’il
est attribué à votre conjoint(e) pour la durée du
procès, ce(tte) dernier(ère) pourrait être
contraint(e) de vous verser en contrepartie, à vous
seul(e) ou à la communauté, une indemnité
d’occupation.

Si l’ordonnance de non-conciliation ne précise pas


si la jouissance se fera à titre gratuit ou à titre
onéreux, elle est présumée faite à titre onéreux,
c’est-à-dire moyennant une indemnité.

SI JE PRÉFÈRE VIVRE DANS NOTRE RÉSIDENCE


SECONDAIRE PENDANT LA DURÉE DE LA
PROCÉDURE, PUIS-JE DEMANDER AU MAGISTRAT DE
M’EN ATTRIBUER LA JOUISSANCE EXCLUSIVE ?

Absolument pas, car cette possibilité se limite au domicile


principal. Un magistrat qui statuerait en ce sens
outrepasserait les pouvoirs que la loi lui donne.

Mais si vous êtes propriétaire de ladite résidence, rien ne


vous empêche bien sûr de l’occuper.
La jurisprudence considère que l’indemnité
d’occupation est due à compter de la date de
l’assignation en divorce, mais votre conjoint(e) et
vous pouvez décider d’un commun accord d’une
autre date, de même que le juge.

En pratique, le paiement de l’indemnité


d’occupation est souvent problématique. En effet, il
faudra vous mettre d’accord avec votre ex ! Sachez
que le montant de l’indemnité devra être inférieur
à celui d’un loyer, car l’occupation est plus
précaire. En général, pour calculer le montant de
l’indemnité d’occupation, il convient de se référer à
la valeur locative du bien et d’opérer un abattement
de 15 % à 30 %.

Enfin, l’indemnité de jouissance est soumise à la


déchéance quinquennale  : si vous n’avez pas
réclamé son paiement pendant cinq ans, elle n’est
plus due.

Mais le juge aux affaires familiales peut également


décider qu’aucune indemnité d’occupation ne sera
due, et que l’époux propriétaire du bien, en mettant
ainsi sa maison, volontairement ou malgré lui, à la
disposition de son conjoint, remplit son devoir de
secours (ce qui, le cas échéant, n’empêchera pas de
prévoir également une pension alimentaire en
numéraire, mais moindre).

De même, si les enfants y résident également, il


peut expressément prévoir dans l’ordonnance de
non-conciliation que la contribution à l’entretien et
l’éducation des enfants est ainsi partiellement ou
totalement exécutée.

Notez que si votre moitié se voit attribuer la


jouissance du domicile conjugal pendant la durée
du divorce, vous ne pourrez pas, même s’il s’agit
d’un bien propre, résilier l’assurance habitation de
ce bien sans son accord. Impossible, à plus forte
raison, de mettre le bien en location, de le vendre,
de l’échanger… bref, vous ne pouvez plus en
disposer dans l’immédiat.

Puisqu’on vous dit que vous êtes encore marié(e) !


ET SI MON EX M’A FICHU(E) DEHORS, ET OCCUPAIT
DÉJÀ SEUL(E) LE DOMICILE CONJUGAL AVANT
L’ORDONNANCE DE NON-CONCILIATION ?

La jouissance du domicile conjugal à titre exclusif par l’un


d’entre vous avant l’ordonnance de non-conciliation ne
donnera en principe pas lieu à indemnité d’occupation. Pour
qu’il en aille autrement, il faut que le juge le prévoie
clairement dans sa décision. Donc, si c’est ce que vous
voulez, demandez-le-lui.

Les objets et vêtements


personnels
En pratique, même ce point est source de
contentieux.

Il n’est pas rare en effet que l’un d’entre vous


refuse de rendre certains objets personnels, parce
qu’il en revendique la propriété, parce qu’il a
l’intention de s’en servir durant la procédure
(documents, administratifs, échanges de courriers,
etc.), par pur plaisir de nuire à l’autre, ou encore
parce que, dans un accès de rage, il les a détruits ou
donnés.
Difficile en pratique de faire sanctionner ces
comportements  ; vous serez notamment
confronté(e) à un problème de preuve manifeste  :
comment démontrer à la fois que ces objets
existaient, étaient à vous, étaient restés au domicile
commun, et que c’est votre conjoint(e) qui a fait
main basse dessus ?

De plus, une fois que la résidence séparée aura été


mise en place, si la jouissance du domicile conjugal
a été accordée à votre conjoint(e), plus question
pour vous d’y remettre les pieds sans son accord,
car le magistrat vous a dans le même temps
interdit de troubler la jouissance paisible de ce bien
par votre futur(e) ex.

Par conséquent, lorsque vous emballez vos petites


affaires, soyez très vigilant(e), raflez tout, et ne
comptez pas sur un éventuel « deuxième voyage ».

La pension alimentaire
Le juge fixe le montant et les modalités de
versement de l’éventuelle pension alimentaire qui
devra être payée par l’un d’entre vous à l’autre
pendant toute la durée du procès
Avant toute chose, il convient de bien distinguer
cette pension alimentaire de la contribution à
l’entretien et l’éducation des enfants, qui peut être
prévue par ailleurs par le magistrat. La différence
essentielle tient dans le fait que la pension
alimentaire est versée pour vous, alors que la
contribution à l’entretien et l’éducation des
enfants, comme son nom l’indique, est payée pour
vos bouts de chou. D’autre part, la première cesse
après le divorce, alors que la seconde subsiste dans
la grande majorité des cas.

Pendant la durée de la cohabitation, le devoir de


secours a en principe été exécuté spontanément, en
argent ou en nature. Avec votre séparation, ce mode
de contribution n’est plus envisageable. C’est
pourquoi, si vous êtes sans ressources, et que votre
conjoint(e) en a les moyens, vous pouvez solliciter
sa condamnation à vous verser une pension
alimentaire jusqu’au jour où le jugement de divorce
deviendra définitif.

Impossible toutefois de prolonger son versement


au-delà, et c’est logique : plus de mariage, plus de
devoir de secours.

Peu importe que vous soyez à l’origine de la


procédure de divorce, ou que vous la subissiez, vous
pouvez prétendre à cette pension alimentaire sous
certaines conditions. Elle vise à répondre aux
besoins de la vie quotidienne  : dépenses de
nourriture, de logement, d’habillage, soins
médicaux, etc. Son montant dépendra donc de vos
besoins et des ressources de votre futur(e) ex, et le
juge le fixe librement, sans référence à un
quelconque barème officiel.

Il ne s’agit pas cependant de vous procurer


simplement le minimum vital : le train de vie avant
la séparation sera pris en considération, ainsi que
votre position sociale, afin s’assurer une certaine
continuité dans votre standing. Une fois encore,
ménagez-vous des preuves.

Pour une étude détaillée de la pension alimentaire,


reportez-vous au chapitre  15  : «  Ce que vous
pouvez obtenir pendant la procédure ».

Une provision pour frais


d’instance
Le juge peut décider du versement d’une provision
pour frais d’instance ou provision ad litem.

Cela peut être le cas lorsque l’un des conjoints a des


ressources faibles, mais pas assez toutefois pour
bénéficier de l’aide juridictionnelle (les plafonds de
celle-ci sont en effet extrêmement bas), de manière
à l’aider à faire face aux frais du divorce.

Pour une étude détaillée de la provision ad litem,


reportez-vous au chapitre  15  : «  Ce que vous
pouvez obtenir pendant la procédure ».

Un acompte sur votre part du


gâteau
Le juge peut prévoir le versement d’une provision à
valoir sur vos droits dans la liquidation du régime
matrimonial

Cette mesure n’est prise que lorsqu’elle est


nécessaire, donc, en pratique, si vous avez de
faibles revenus, contrairement à votre moitié, mais
que vous aurez manifestement des droits à faire
valoir au moment de la liquidation du régime
matrimonial.

Vous l’avez compris, elle n’est qu’une avance sur


votre part.

Pour une étude détaillée de cette provision,


reportez-vous au chapitre  15  : «  Ce que vous
pouvez obtenir pendant la procédure ».
Ce que deviennent les dettes
Le juge peut décider lequel d’entre vous réglera
certaines dettes communes pendant la durée de la
procédure.

Cette mesure est une innovation de la réforme


de  2004, et répond à une difficulté courante en
pratique. En effet, vous avez souvent contracté
divers dettes et emprunts conjointement durant la
vie commune, et une logique pure voudrait qu’une
fois l’ordonnance de non-conciliation rendue, vous
remboursiez chacun la moitié des échéances restant
dues.

Cependant, si l’un d’entre vous est sans ressources


ou presque, une telle répartition n’est souvent pas
envisageable. Le juge peut donc demander à ce que
l’autre paie l’intégralité, ou la plus grosse partie
des dettes pendant la durée du procès.

Attention toutefois, cela ne change rien aux


obligations définitives de chacun  : si le juge a
décidé que pendant la durée de la procédure votre
époux(se) paierait seul(e) les échéances de
l’emprunt immobilier que vous avez conjointement
contracté, il aura, au moment de la liquidation de
votre régime matrimonial, une créance à faire
valoir, dont le notaire tiendra compte.

Cette mesure vous permet de respirer pendant la


durée de la procédure, mais ne vous enrichira pas :
on dit qu’elle règle le problème de la contribution à
la dette, mais pas de votre obligation à la dette, que
vous serez tenu(e) de rembourser au bout du
compte. Le règlement se fera au moment de la
liquidation de votre régime matrimonial, et se
traduira par une diminution de votre part.

Des expertises
Le juge peut ordonner des expertises diverses et
variées. Et il nomme simultanément l’expert qu’il
désigne, tout en lui fixant un délai pour rendre son
rapport (concernant le rôle des experts, reportez-
vous au chapitre 3).

Il décide également à cette occasion lequel de vous


deux devra régler la provision sur expertise, et s’il
ne le précise pas, chacun devra en payer la moitié.

Sachez qu’en pratique, si votre futur(e) ex refuse de


verser sa part de provision, vous devrez vous en
acquitter à sa place, si vous voulez que l’expertise
ait lieu, car si vous ne le faites pas, la mesure sera
paralysée, et ralentira du même coup la poursuite
de la procédure.

Vous pourrez cependant solliciter le


remboursement de cette somme à votre conjoint(e)
ultérieurement.

Quid des enfants ?


Le juge prend les mesures concernant le sort des
enfants  : il va fixer leur résidence habituelle (dans
certains cas une résidence alternée), le montant de
l’éventuelle contribution à leur entretien et leur
éducation, les modalités selon lesquelles
s’effectuera le droit de visite (quand pourrez-vous
les voir, quel parent fera les trajets, qui paiera les
frais de transport, etc.).

Nous reviendrons en détail sur ces mesures dans la


quatrième partie, qui sera entièrement consacrée à
vos bouts de chou.

En cas de désaccords
Vous avez peut-être déjà une idée très précise de la
manière dont vous souhaitez voir organiser votre
quotidien pendant la procédure. Si votre futur(e) ex
ne partage pas votre point de vue, il va vous falloir
présenter des arguments au soutien de chacune de
vos demandes.

Demandez à votre avocat de quelles pièces il


pourrait avoir besoin, et rassemblez-les dans les
plus brefs délais, sans perdre de vue que ces
mesures, si elles sont provisoires, donnent souvent
un avant-goût de ce que seront les mesures
définitives postdivorce.

Si les mesures provisoires prises par le magistrat


ne vous conviennent pas, vous pouvez en faire
appel dans le délai de quinze jours. En revanche, si
la cour d’appel ne vous donne pas satisfaction, un
pourvoi en cassation est impossible.

Ces mesures peuvent également être modifiées en


cours de procédure si les conditions dans lesquelles
elles ont été mises en place, les circonstances ayant
motivé la décision du magistrat, ont changé. Vous
pouvez formuler cette demande au magistrat dans
le cadre d’une procédure d’incident (voir infra),
encore faudra-t-il démontrer la survenance d’un
fait nouveau.

Les procédures d’incident


Pourquoi vous le cacher  ? Plus la procédure de
divorce est contentieuse, plus elle risque de traîner
en longueur. Certains divorces durent plusieurs
années et sont émaillés de voies de recours diverses
et variées, ainsi que d’incidents multiples.

Pour quelques individus particulièrement acharnés,


faire durer la procédure est avant tout un moyen,
souvent inconscient, de conserver un lien avec leur
futur(e) ex. Ils multiplient alors les démarches
stériles, indisposant leur époux(se) mais aussi les
magistrats.

Dans certains cas, en revanche, il est réellement


nécessaire de provoquer un incident afin de voir
compléter ou modifier les mesures provisoires.

C’est quoi, un incident ?


Provoquer un incident, en matière de divorce, c’est
demander au magistrat de prendre une décision
autonome sur un point précis. C’est donc une mini
procédure, qui intervient comme une parenthèse
pendant le procès principal.

Le juge aux affaires familiales est seul compétent


pour statuer sur les incidents car il est juge de la
mise en état (c’est-à-dire qu’il gère lui-même le
déroulement de la procédure).

Les cas de figure les plus


fréquents
Les mesures provisoires telles que fixées par
l’ordonnance de non-conciliation peuvent être
modifiées par voie d’incident lorsqu’un
changement important dans la situation de l’un
d’entre vous, ou dans les éléments portés à la
connaissance du juge et ayant déterminé sa
décision, peut le justifier.

En pratique, cette procédure dans la procédure


intervient notamment :

» Après le dépôt d’un rapport d’expertise : enquête


sociale, expertise médico-psychologique,
évaluation des biens du couple,… afin qu’il soit
rapidement statué au vu des conclusions de
l’expert : l’assistante sociale déconseille fortement
de confier vos enfants à leur père, or c’est chez lui
qu’a été fixée leur résidence habituelle ; l’expert
médico-psychologique met sérieusement en
doute les attouchements sur votre fils dont votre
femme vous accuse, or ces accusations vous
avaient empêché d’obtenir un droit de visite
normal ; votre femme a dissimulé une grande
partie de ses revenus, et vous souhaitez donc voir
supprimer la pension alimentaire que vous avez
été condamné à lui verser, etc.

» Parce que la situation de fait change : vous êtes


sur le point de déménager à l’autre bout de
l’Hexagone, ce qui remet en cause les modalités
d’exercice du droit de visite, vous avez été
condamné à verser une pension alimentaire à
votre femme mais venez de perdre votre emploi ;
la naissance des jumeaux issus de votre nouvelle
union ne vous permet plus de faire face à la
contribution à l’entretien et l’éducation de vos
enfants fixée dans l’ordonnance de non-
conciliation, etc.

» En cas de difficultés graves dans la mise en


œuvre des mesures provisoires : vos enfants ne
supportent pas la résidence alternée qui leur a
été imposée, ou encore le fait que la fratrie ait été
séparée parce que votre fils vit chez vous et vos
filles chez votre ex ; votre femme ne vous remet
jamais les enfants alors que vous bénéficiez d’un
droit de visite et d’hébergement, et vous voulez
que la résidence soit fixée chez vous, etc.

» Afin de formuler une demande d’audition d’un de


vos enfants par le juge chargé du dossier,
notamment si celui-ci souhaite donner son avis
sur sa résidence habituelle. Notez que dans ce cas
il peut également demander au bâtonnier de
l’ordre des avocats de lui désigner son propre
avocat, qui formulera directement cette demande
au juge (voir l’encadré « L’avocat de l’enfant »).

» Pour obliger votre ex à fournir certaines pièces :


malgré vos sommations répétées, votre époux n’a
jamais versé aux débats le dernier bilan de sa
société, son avis d’imposition, ou encore la lettre
que sa maîtresse vous a envoyée pour vous
apprendre leur liaison, et qu’il a subtilisée. Vous
pouvez par le moyen d’un incident demander au
magistrat de faire injonction à votre cher mari de
communiquer ces pièces, au besoin sous
astreinte de X euros par jour de retard.

La marche à suivre
Concrètement, la demande d’incident est faite par
votre avocat, qui transmet au juge saisi de votre
dossier de divorce ainsi qu’à la partie adverse, des
conclusions (c’est-à-dire ses arguments écrits et
les documents sur lesquels il se fonde).

Bien entendu, il vous faudra sérieusement étayer


votre demande, car vous ne pouvez pas retarder
ainsi le déroulement de la procédure « principale »
sans motif sérieux.

Une fois que l’avocat adverse aura déposé des


conclusions en réponse, une audience sera fixée, au
cours de laquelle seul l’incident sera plaidé. À la
suite de l’audience, le magistrat rendra sa décision
via une ordonnance. Si vous n’êtes pas satisfait(e)
de la décision rendue, vous pouvez en faire appel
devant la Cour dans les  15  jours. Votre avocat s’en
chargera.
JE NE SUIS PAS SATISFAIT(E) D’UNE DES MESURES
PROVISOIRES MISES EN PLACE : DOIS-JE FAIRE
APPEL DE L’ORDONNANCE DE NON-CONCILIATION
OU PLUTÔT PROVOQUER UN INCIDENT ?

Il s’agit de deux démarches totalement différentes, même si


elles peuvent aboutir au même résultat  : la modification
d’une mesure provisoire.
» Dans le cas de l’appel, vous contestez le contenu de
la décision prise, qui ne vous convient pas, et
souhaitez que la Cour réexamine votre dossier afin
de prendre une décision différente. Vous accédez
ainsi à un deuxième degré de juridiction. Vous
pouvez vous présenter devant la Cour avec les
mêmes pièces qu’en première instance, sans avoir à
prouver un quelconque élément nouveau depuis
que l’ordonnance de non-conciliation a été prise.
Mais vous pouvez également apporter les éventuels
éléments nouveaux en votre possession. Si la Cour
vous donne raison, elle désavoue en quelque sorte
le magistrat de première instance.

» En revanche, vous ne pouvez pas provoquer un


incident simplement parce que vous n’êtes pas
satisfait(e) du contenu de l’ordonnance de non-
conciliation  : il vous faudra démontrer qu’un
élément inédit est intervenu depuis que la première
décision a été rendue. De plus, le dossier sera
réexaminé par le même magistrat  : c’est lui qui
pourra, s’il est convaincu par vos arguments,
modifier les mesures prises, non parce qu’il s’est
trompé la première fois, mais bien parce que les
choses ont changé.

L’annulation des mesures


provisoires
Enfin, si votre conjoint(e) et vous abandonnez la
procédure en cours de route, c’est-à-dire qu’aucun
d’entre vous ne fait délivrer d’assignation en
divorce dans les trente mois suivant l’ordonnance
de non-conciliation, les mesures provisoires seront
caduques à l’issue de ce délai. Une nouvelle
procédure en divorce devrait donc être engagée si
vous persistez dans votre projet de divorce.

Cependant, si vous avez été séparés et l’êtes


toujours depuis 24 mois, vous pouvez sauter la case
« divorce pour faute » et assigner en divorce pour
«  altération définitive du lien conjugal  ». Bien
évidemment, il conviendra préalablement de
déposer une requête et obtenir une ordonnance de
non-conciliation.
Et si une réconciliation intervenait avant, elles
disparaîtraient dès ce moment-là, puisqu’elles
n’auraient plus de raison d’être. Une nouvelle
séparation ultérieure ne les ferait pas renaître, et il
vous faudrait à nouveau saisir le juge aux affaires
familiales.
Chapitre 10
La médiation
DANS CE CHAPITRE :
» Qui la décide ?

» Qui s’en charge ?

» Quand ?

» Quel est le rôle du médiateur ?

» Sur quoi porte la médiation ?

L des conflits qui, depuis quelques années, est de


a médiation est un mode alternatif de règlement

plus en plus encouragé, dans le domaine judiciaire


en général, et en matière familiale en particulier,
d’une part pour désengorger les tribunaux, et
d’autre part pour préserver la paix des familles.
LE DIVORCE : UN CONFLIT EN CHIFFRES

Un rapide examen des statistiques de la justice familiale


permet de s’apercevoir que :

» un enfant sur trois ne voit plus ou presque plus le parent


dont il ne partage pas le quotidien (la plupart du temps le
père) ;
» près de la moitié des pensions alimentaires ne sont
pas, plus ou mal payées ;

» trois divorces sur cinq reviennent devant le juge aux


affaires familiales pour une demande de
modification des mesures prises, la plupart du
temps dans les deux à trois années qui suivent le
divorce.

En effet, trop souvent, l’intervention judiciaire, loin


d’apaiser les conflits familiaux, ne fait que les
aggraver.

«  Le conflit initial est souvent envenimé par la


procédure, par les pièces et attestations produites
au dossier, par les paroles prononcées à l’audience,
parfois par les conclusions et les plaidoiries des
avocats, voire par le comportement du juge aux
affaires familiales lui-même et par le rituel de
l’audience.  » (Marc Juston, président du tribunal
de grande instance de Tarascon et juge aux affaires
familiales).

Ainsi, dans certains cas, la médiation permet de


faciliter le travail du juge et de l’avocat. Toutefois,
le médiateur n’est pas là pour régler tous vos
points de divergence, mais pour vous aider à
reconstruire un certain nombre de liens malgré les
conflits et dans l’intérêt de tous.

Sur le plan procédural, la médiation vous laisse à


tous deux la possibilité d’être partie prenante dans
le conflit, sans qu’il soit tranché par un tiers.

Sur un plan plus psychologique, elle vous permet


d’exprimer les souffrances liées à la séparation
elle-même, ou aux conditions dans lesquelles elle a
eu lieu, et de trouver des modes d’organisation qui
permettent de dépasser cette souffrance.

La médiation tend à devenir obligatoire. En effet,


l’idée est qu’elle soit un mode habituel de
règlement des conflits. Depuis 2015, il est d’ailleurs
fortement recommandé aux parties d’entreprendre,
avant l’introduction d’une procédure civile, une
démarche amiable pour tenter de procéder à la
résolution du différend.
Depuis le  1er janvier  2016, cette tentative de
médiation préalable est également requise pour
certains litiges relevant du droit de la
consommation.

Qu’est ce que la médiation ?


La médiation est définie comme « un processus de
construction ou de reconstruction du lien familial,
axé sur l’autonomie et la responsabilité des
personnes concernées par des situations de rupture
ou de séparation, dans lesquels un tiers impartial,
indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision –
  le médiateur familial  –  favorise, à travers
l’organisation d’entretiens confidentiels, leur
communication, la gestion de leur conflit, dans le
domaine familial entendu dans sa diversité et son
évolution ».

Autrement dit, la médiation familiale est un temps


d’écoute, d’échange et de négociations qui permet
d’aborder les problèmes liés à un conflit familial et
de prendre en compte les besoins de chacun,
notamment ceux des enfants, grâce à l’intervention
d’un tiers qualifié et impartial.
Quels sont les objectifs de la
médiation ?
La médiation a pour objectif de vous permettre :
» de vous réapproprier votre procédure de divorce,

» d’établir une communication constructive,

» d’identifier au mieux la source du conflit, et de


désamorcer les conflits profonds,

» d’organiser vos droits et devoirs de parents,


notamment pour ce qui concerne les enfants,

» d’aborder les questions financières,

» de trouver des solutions nouvelles et équitables.

Qui en décide ?
Un médiateur familial ou nommé
par le juge
Rien ne vous empêche de faire appel à un
médiateur familial de votre propre initiative, et en
dehors de toute procédure. Mais dans le cadre du
procès en divorce, il n’agit que sur décision du
juge  –  ce dernier pouvant décider une médiation à
la demande de l’un d’entre vous (voir le
chapitre  9  consacré aux mesures provisoires), ou
encore d’office. En effet, le magistrat peut vous
imposer de rencontrer une fois le médiateur.

A priori, il peut paraître absurde de prévoir une


telle disposition  : comment obtenir en effet des
résultats valables si vous et/ou votre ex êtes
opposés à toute tentative d’apaisement, puisque le
médiateur ne dispose d’aucun pouvoir coercitif ?

C’est bien le médiateur qui se charge de la mesure.


Cependant, pour que celle-ci soit efficace, il est
préférable que :
» Pendant l’audience, le juge fasse preuve d’une
véritable écoute, et tente de mettre en place un
début de dialogue, pour faire accepter l’idée de la
médiation. Les audiences étant surchargées, il ne
dispose souvent pour cela que de peu de temps.
De plus, dans son ordonnance de non-
conciliation, il devra dans l’idéal user d’une
motivation qui ne heurte pas les sentiments et les
susceptibilités de l’un des époux. Si vous avez la
sensation d’avoir été le/la grand(e) perdant(e) de
cette ordonnance, vous serez sans doute peu
enclin(e) au dialogue.

» Vos avocats respectifs vous encouragent dans


cette démarche, sans « mettre de l’huile sur le
feu ». Un bon conseil vous permettra de défendre
vos intérêts, vous donnera des informations
juridiques et proposera des solutions, sans
envenimer le conflit. Sachez qu’en tout état de
cause, il n’assistera pas aux rencontres avec le
médiateur, car son intervention fausserait
nécessairement le dialogue.

Dans quelles situations peut-


elle être ordonnée ?
Voici quelques exemples de situations dans
lesquelles la médiation est tout indiquée pour éviter
que vos difficultés ne dégénèrent :
» lorsque votre conjoint et vous ne parvenez plus
du tout à dialoguer ;

» lorsque tout dialogue n’est pas exclu, mais que


l’un d’entre vous est beaucoup plus faible, ou
influençable, et qu’il risque de se voir imposer les
exigences de l’autre ;

» lorsque vous n’êtes pas capables de vous mettre


d’accord sur les modalités d’exercice de l’autorité
parentale : résidence de l’enfant, droit de visite et
d’hébergement, ou sur les conséquences
économiques de votre séparation ;

» lorsque la résidence alternée des enfants a été


imposée à l’un d’entre vous, voire aux deux, et
qu’elle est mal vécue ;

» lorsque des difficultés apparaissent dans la mise


en œuvre des mesures provisoires.

En revanche, il est le plus souvent inutile de tenter


une telle mesure si :
» vous soupçonnez votre conjoint(e), ou êtes vous-
même soupçonné(e), d’attouchements sur vos
enfants ;

» votre couple est enfermé dans une spirale de


violence conjugale : une médiation pénale sera
sans aucun doute plus indiquée ;

» l’un d’entre vous est alcoolique ou toxicomane ;

» l’un d’entre vous a des problèmes psychiatriques


graves.

Qui est le médiateur ?


UN MÉDIATEUR POUR PACIFIER LES RAPPORTS

Si l’intervention du médiateur ne semble pas encore faire


totalement partie des mœurs des justiciables et des
professionnels de la justice, son apparition dans le Code civil
marque tout de même un réel effort vers la pacification des
rapports parentaux.

Marc Juston, président du tribunal de grande instance de


Tarascon et juge aux affaires familiales, écrit à ce sujet dans
la Gazette du palais (128e année, nos  300-302)  : «  Comme le
dit Fabienne Allard, juge aux affaires familiales du tribunal de
grande instance de Tarascon  : “Ordonner une médiation
familiale, c’est dire aux parents qu’ils sont capables de
décider.” C’est donner, redonner le pouvoir de décision aux
justiciables. En ordonnant une médiation familiale, le juge
tente de redonner le pouvoir décisionnel aux parents. »

Le Code civil précise encore que le juge aux affaires


familiales a la possibilité de recourir à la médiation familiale
en cas de désaccord sur le principe ou les modalités de la
résidence alternée.

Le médiateur n’est pas un magistrat. C’est un


professionnel qualifié doté de compétences en
psychologie et en droit. Il est un accompagnateur,
un facilitateur qui va vous aider à vous exprimer et
à trouver des solutions.
Il peut travailler seul ou au sein d’une association,
et l’on exige de lui :
» qu’il ait de par son activité professionnelle, une
expérience en matière familiale : il s’agit souvent
d’avocats ou de magistrats retraités.

Cependant, ils interviennent bien ici en tant que


médiateurs, leur rôle est donc très différent.

» qu’il justifie d’une formation adaptée à la


pratique de la médiation et notamment à l’écoute
et à la négociation des personnes.

» qu’il présente les garanties d’indépendance


nécessaires à l’exercice de sa mission vis-à-vis de
toute autorité, institution ou personne.

» qu’il n’ait jamais fait l’objet d’une condamnation


pénale.

» et bien entendu, qu’il ne soit pas intervenu dans


le dossier à un autre titre.

Le rôle et les pouvoirs du


médiateur
Son rôle est d’entendre les points de vue de votre
conjoint(e) et de vous-même et de les confronter
pour tenter de vous permettre de renouer un
dialogue, voire de trouver une solution à vos
conflits.

Pas question de refouler les reproches, au contraire,


une médiation bien menée vous donnera l’occasion
d’évoquer vos rancœurs, afin d’éviter qu’elles
ressurgissent dans des procédures postdivorce.

Elle se construit sur la base de plusieurs entretiens


et, lors de la première rencontre, le médiateur
établit avec chacun d’entre vous un contrat
précisant les règles de collaboration et les points
d’achoppement sur lesquels il faudra trouver un
accord (qui concernent généralement les enfants).

Le médiateur n’a aucun pouvoir de décision, ni


aucune possibilité de contrainte à votre égard. Il
doit vous permettre d’ouvrir le dialogue, de purger
les conflits afin d’éviter qu’ils ne viennent parasiter
la procédure. Il doit également vous rappeler qu’un
divorce, même lorsqu’il se passe bien, est toujours
douloureux pour les enfants, mais que lorsqu’il est
vécu dans le contentieux, il rajoute de la souffrance
à leur souffrance, les marquant pour toute leur vie.

Au contraire, si vous parvenez à vous entendre, et à


construire un mode de garde « sur mesure » pour
votre progéniture, sans l’obliger à choisir elle-
même, mais en tenant compte de ses besoins
particuliers  – que vous plus que tout autre êtes en
mesure de connaître  –, vous l’épargnerez au
maximum.

Sur quoi peut porter la


médiation ?
Sur tous les enjeux de la séparation, tant affectifs
qu’économiques, qui sont souvent étroitement liés.

De plus, vous savez maintenant qu’à n’importe


quel moment du procès, votre conjoint(e) et vous
pouvez passer des conventions réglant tout ou
partie des conséquences du divorce qui seront
soumises à l’homologation du juge aux affaires
familiales. Il sera ainsi possible de conclure des
conventions, non seulement sur les modalités
d’exercice de l’autorité parentale, mais aussi, par
exemple, sur la prestation compensatoire (voir le
chapitre  16) et la liquidation de votre régime
matrimonial (voir le chapitre 17).

Le rôle du juge étant réduit à un contrôle restreint


sur tous les points sur lesquels vous parviendrez à
vous mettre d’accord, votre procédure sera plus
simple, probablement plus rapide, et surtout, vous
reprendrez ainsi possession de votre divorce. La
médiation peut vous y aider.

Elle peut ainsi porter sur :


» Le choix de la procédure de divorce elle-même :
nombre de divorces pour faute pourraient être
évités si un minimum de dialogue parvenait à
s’instaurer entre les conjoints. Vous éviterez ainsi
d’envenimer vos relations en échangeant des
attestations plus ou moins mensongères, mais
également d’impliquer votre entourage amical,
familial, voire professionnel, dans le conflit.

» La résidence alternée, et plus généralement les


modalités d’exercice de l’autorité parentale :
résidence principale, droit de visite, contribution à
l’entretien et l’éducation des enfants, prise en
charge matérielle et financière des trajets,… outre
que cela vous simplifiera indéniablement la vie de
trouver un terrain d’entente sur ces points avec
votre ex, vous épargnerez à vos enfants d’être
trop impliqués dans la procédure, en leur évitant,
le cas échéant, d’être auditionnés par le juge, et
donc d’avoir le sentiment d’être placés en position
de décideurs.

Comment ça se passe ?
La médiation familiale se déroule en 3 étapes :
» L’entretien d’information

Au cours de celui-ci, le médiateur vous exposera


sa mission, ses méthodes de travail, les objectifs,
le contenu et les thèmes que vous pouvez
aborder durant la médiation.

Il vous expliquera également qu’il ne s’agit en


aucun cas de vous réconcilier, mais seulement de
tenter de créer un dialogue bénéfique à la cellule
familiale. Il vous dira aussi qu’il n’est pas magistrat
et qu’il n’a donc pas le pouvoir de prendre une
quelconque décision.

Cet entretien est sans engagement.

Ainsi, si à l’issue de ce rendez-vous, vous n’êtes


pas convaincus de la possibilité et / ou nécessité
de mettre en place une médiation, le processus
s’arrêtera là.

Si au contraire, vous êtes tous les deux d’accord,


vous pourrez entamer en toute liberté une
médiation.

» Les entretiens de médiation familiale

Si vous acceptez de suivre une médiation


familiale, vous devrez alors participer à des
entretiens d’une durée de 1 h 30 à 2 heures
environ.

Le nombre d’entretien et leur fréquence varient


selon votre situation et les sujets que vous
souhaitez aborder.

» La fin de la médiation

Soit vous aboutissez à un accord, vous pouvez


alors demander au juge de l’homologuer. Soit
aucun accord n’a été trouvé, dans ce cas, la
procédure en divorce se poursuivra.

Combien ça coûte ?
L’entretien d’information est gratuit.

Lorsque les services de médiation sont


conventionnés, le montant est défini sur la base
d’un barème de participation.

Si la médiation est décidée par le juge, ce dernier


détermine également la provision à valoir sur la
rémunération du médiateur, et décide qui devra la
verser. Le médiateur sera soit intégralement payé
par votre futur(e) ex et / ou vous (ou par l’aide
juridictionnelle si vous y avez droit), soit à parts
égales ou selon la répartition que vous aurez
choisie d’un commun accord ou, à défaut, que le
juge vous aura imposée.

Dans tous les autres cas, le coût vous sera


communiqué par le médiateur ou le service de
médiation familiale.
« LA PAROLE EST AUX MÉDIÉS »

Extraits de la doctrine de Marc Juston, président du tribunal


de grande instance de Tarascon et juge aux affaires
familiales, « Justice et médiation familiale », Gazette du palais,
128e année, nos 300-302
» «  J’ai participé très récemment à une médiation
familiale, pour un souci de garde partagée. Un peu
rétif au départ, j’en avoue aujourd’hui toute
l’efficacité. Pour ma part, je trouve cette solution
bien plus “intelligente” que d’être convoqué par un
juge qui n’a pas vraiment le temps de faire
correctement son métier […] » [concernant bien sûr
ce type d’affaires]

» «  C’est bien volontiers que j’accepte de témoigner


de ma satisfaction du service rendu par la médiation
familiale dans le différend qui m’opposait à mon ex-
compagne. […] Sur le fond, nous, les deux parties,
sommes assez vite parvenus à une entente que je
juge, encore aujourd’hui, deux ans plus tard,
satisfaisante, avec le sentiment que personne ne l’a
emporté sur l’autre. Sur la forme, et ce n’était pas
vraiment prévu, la qualité d’écoute de la médiatrice
familiale, sa façon “amicale” d’amener ma compagne
ou moi-même à dire des choses difficiles, m’ont
apporté un apaisement résultant de l’impression
que je n’étais plus nié dans ma fonction de père. J’en
avais alors besoin. […] »

» «  Je me permets d’affirmer que la médiation


familiale qui nous a été imposée par le magistrat
instructeur dans notre dossier en instance de
divorce a été très bénéfique pour renouer le
dialogue complètement rompu entre mon ex-
épouse et moi-même. La compétence, la
disponibilité et la psychologie des personnes qui ont
eu en charge cette médiation nous ont permis de
prendre de la distance et de dissocier nos
problèmes personnels d’adultes pour trouver des
solutions à la gestion de la situation en prenant en
compte, en particulier et principalement, l’avenir des
enfants. La totalité des problèmes a été évoquée par
ordre d’importance défini par nous et nous avons
essayé de les régler dans un esprit positif, aidés en
cela par la médiatrice, sans qui il n’aurait pas pu
exister de dialogue. Tout simplement parce que la
tension était trop vive et qu’il faut une tierce
personne pour toujours réorienter les débats et
éviter que cela dégénère en bataille verbale et
stérile.

Je pense aussi que la qualification de la personne


qui joue ce rôle de médiateur est un des principaux
atouts de la réussite et qu’il lui est nécessaire d’avoir
une formation adéquate pour réussir à jouer son
rôle. Ce fut le cas pour moi. »

Si elle n’est pas la solution miracle à toutes les


difficultés auxquelles vous devrez faire face
pendant votre divorce, la médiation peut être
source d’espoir pour vous et vos enfants, en vous
épargnant l’enlisement dans des conflits stériles et
en promouvant la justice du dialogue. Surtout, elle
vous ouvre la possibilité de ne pas subir des
décisions qui tranchent nécessairement dans le vif,
mais de redevenir acteur de votre séparation.

Alors, quelles que soient vos relations actuelles


avec celui ou celle que vous considérez déjà comme
votre ex, pensez-y…

D’autres modes alternatifs de


règlement des conflits : le droit
collaboratif et la procédure
participative
Il existe en France, et dans d’autres pays tels que
les États-Unis et le Canada, une véritable volonté
de déjudiciariser les contentieux familiaux, c’est-
à-dire, de permettre un règlement des conflits
autrement que par la voie du procès.

Si la médiation conforte cette tendance, deux


modes de règlement des conflits ont vu le jour ces
dernières années en France, et sont en voie de
développement, bien qu’encore trop peu utilisés à
l’heure actuelle  : le droit collaboratif et la
procédure participative.

La principale différence entre ces modes alternatifs


de règlement des conflits et la médiation est que la
relation n’est pas simplement triangulaire (le
médiateur, vous et votre futur ex), mais
rectangulaire (votre futur ex, vous et vos avocats
respectifs).

Le droit collaboratif
Le droit collaboratif est un processus né aux États-
Unis dans les années  1990  qui a pour but de
proposer une alternative efficace au contentieux
judiciaire.

Ce processus permet, lors de réunions communes


entre avocats et clients, de travailler en équipe,
selon des règles prédéfinies, dans le but de
rechercher, dans le respect et la coopération, un
accord global et pérenne qui pourra être soumis à
l’homologation du juge.

Dès lors, l’utilisation de certains outils facilitant le


dialogue, tels que l’écoute active et la négociation
raisonnée, sont indispensables.

En signant un contrat collaboratif, vous vous


engagez, vous et votre futur ex, à ne pas porter
votre différend par devant les tribunaux et à
respecter des obligations de transparence dans la
communication des informations pendant toute la
durée des négociations et des obligations de
confidentialité, renforcée en cas d’échec du
processus.

En cas d’échec de la procédure collaborative, le juge


pourra être saisi. Cependant, les deux avocats qui
ont participé au processus devront impérativement
se retirer.

Sachez que le processus collaboratif n’est pas plus


onéreux qu’une procédure contentieuse, puisque le
travail effectué lors des réunions se substitue aux
diligences contentieuses parfois plus longues et
plus couteuses.

Toutefois, le droit collaboratif ne peut être proposé


que par des avocats ayant suivi la formation
initiale, conforme aux standards de l’IACP
(International Academy of Collaborative Professionals).
Aujourd’hui, ils sont un peu plus d’un millier en
France.

La procédure participative
La procédure participative, instaurée par la loi
no  2010-1609  du 22  décembre  2010, est également
un mode alternatif de résolution des différends, qui
ne contraint pas à solliciter l’intervention d’un
tiers, juge, médiateur ou conciliateur.

Elle consiste en la conclusion d’une convention


entre les parties à un conflit, c’est-à-dire entre
votre futur ex, vous et vos avocats respectifs, en
vue de rechercher ensemble une solution
constructive dans une démarche de discussion.

L’assistance par un avocat est obligatoire.

Si la procédure participative n’aboutit pas à un


accord global, le juge pourra être saisi pour régler
les différends demeurant en suspens. Les avocats
n’auront pas l’obligation de se retirer des débats,
au contraire.

Certains considèrent cette procédure plutôt comme


une procédure préparatoire au procès et non
alternative.
LES « PASSERELLES » : COMMENT CHANGER DE
PROCÉDURE DE DIVORCE EN COURS DE ROUTE ?
» Passer d’un divorce contentieux à un divorce
par consentement mutuel

Que vous vous soyez engagés dans une procédure


pour faute, pour altération définitive du lien
conjugal, ou de divorce accepté, il est toujours
possible de basculer dans un divorce par
consentement mutuel, et ce à tout moment de la
procédure (même devant la Cour d’appel).

Pour plus d’informations sur le déroulé de la


procédure par consentement mutuel, reportez-vous
au chapitre 7.

Depuis le  1er janvier  2017, il n’est plus possible de


passer par un divorce par consentement mutuel dès
lors qu’une procédure de divorce pour un autre
motif a été engagée.

Vous aurez toutefois la possibilité de parvenir à un


accord que vous soumettrez à l’homologation du
juge.

» Passer d’une répudiation à un divorce accepté

Grâce à l’article  247-1  du code civil, vous pouvez


passer d’un divorce pour altération définitive du lien
conjugal à un divorce accepté à condition d’être tous
les deux d’accord sur le principe du divorce.

Vous gagnerez ainsi du temps : le juge ne s’attardera


pas sur le fondement de votre séparation mais
seulement sur ses conséquences.

Attention cependant, une fois le principe du divorce


accepté, vous ne pourrez plus invoquer à l’avenir
une quelconque faute de votre conjoint(e), même en
appel.

» Passer d’une répudiation à un divorce pour


faute

Si vous êtes engagés dans un divorce pour


altération définitive du lien conjugal mais vous
souhaitez invoquer les fautes de votre conjoint(e),
cela est possible en formant une demande
reconventionnelle de divorce pour faute.

Dans ce cas, le magistrat n’aura pas le choix, il devra


examiner votre demande en premier lieu bien
qu’elle ait été formulée après l’autre.

Attention cependant, votre conjoint(e), pour se


défendre, pourra invoquer vos fautes (s’il y en a), et
le divorce pourra alors être prononcé aux torts
partagés, voire à vos torts exclusifs !

De plus, si le magistrat rejette votre demande de


divorce pour faute, il prononcera le divorce pour
altération définitive du lien conjugal même si la
séparation de deux ans n’est pas établie.
4
Les enjeux du divorce : vos
bouts d’chou
DANS CETTE PARTIE…

Comme la plupart des parents, vous pensez sans


doute que, bien qu’en aucun cas responsables de
votre séparation, vos enfants en seront pourtant
les premières victimes.

Comment comprendre ce qu’il se passe dans leurs


petites têtes, afin de les aider à surmonter ce cap
difficile ? Fiez-vous à votre intuition : vous êtes
celui ou celle qui connaissez le mieux vos
bambins. Nous allons cependant vous donner ici
quelques clés pour annoncer votre divorce à vos
enfants.

Si toutefois, malgré tous vos efforts et le soutien


de votre entourage vous ne parvenez pas à les
épargner, il vous faudra peut-être consulter des
professionnels de la petite enfance.

Sur un plan plus juridique, vous apprendrez aussi


ici quels sont les règles et les critères appliqués
par le magistrat chargé de votre dossier pour
décider du sort de votre progéniture, et comment
seront gérées, via les décisions du juge, vos
relations avec vos enfants mineurs.
Chapitre 11
Les enfants, papa et maman
ont quelque chose à vous
dire…
DANS CE CHAPITRE :
» Le moment idéal

» Le moyen idéal

» Épargnez-leur les querelles d’adultes

» Privilégiez médiation et arrangements à l’amiable

» Faites appel à un pro si nécessaire

Q enfants ?
uand et comment annoncer votre divorce à vos

Vous y pensez depuis le moment même où l’idée


d’une séparation définitive a pour la première fois
traversé votre esprit, ou depuis que votre
conjoint(e) vous a annoncé son souhait d’engager
la procédure.
Est-il possible de leur éviter toute souffrance  ?
Sans doute pas, mais vous pouvez tenter de
minimiser celle-ci en appliquant quelques règles
d’or, qu’ont peu à peu dégagé les professionnels de
l’enfance et du droit.

Même si vos propres émotions sont déjà difficiles à


gérer, votre responsabilité de parent est de préparer
vos enfants avec le plus de tact et de douceur
possible.

Le moment idéal
Cela tombe sous le sens  : pas d’annonce
prématurée. De grâce, ne faites pas vivre à vos
enfants les tribulations de votre couple si vous
parlez divorce tous les quinze jours avant de vous
réconcilier… jusqu’à la prochaine dispute !

Ce n’est qu’une fois la décision véritablement prise


que vous vous tournerez vers eux. À l’opposé,
n’attendez pas trop longtemps non plus  : une
annonce tardive vous obligerait à leur mentir pour
préserver le secret de la rupture, et pourrait briser à
tout jamais leur confiance.

Par ailleurs, ils risqueraient d’apprendre la nouvelle


par quelqu’un : or, vous devez le leur dire avec vos
propres mots, pour pouvoir les rassurer
immédiatement après. Imaginez quels dégâts
pourrait produire dans leurs petites têtes une
« gaffe » faite par un membre de la famille ou un
copain de classe !

Ne leur annoncez pas non plus votre divorce sous le


coup de la colère ou du désespoir : prenez le temps
de leur parler calmement, dans un cadre sécurisant,
en ayant réfléchi à tête reposée à ce que vous allez
leur dire.

Choisissez en outre un moment qui ne sera pas


immédiatement suivi d’un emploi du temps
surchargé pour eux, afin qu’ils aient le temps
d’assimiler la nouvelle, de poser des questions,
mais aussi de pleurer et d’exprimer leurs craintes.

Certains professionnels affirment qu’au moment de


cette annonce, il peut être souhaitable qu’un
proche, avec lequel vos enfants entretiennent des
liens privilégiés, soit «  dans les parages  ». Ce
dernier pourra, immédiatement après votre
discussion, recueillir leurs premières confidences,
les aider à «  encaisser  » la nouvelle, leur faire
prendre l’air ou leur changer les idées s’ils sont
choqués par l’annonce.
Le moyen idéal
Gardez toujours à l’esprit que, même si votre
divorce était inéluctable, et que les signes avant-
coureurs étaient nombreux, l’annonce restera
choquante pour vos bouts de chou. En cette période
difficile comme en temps normal, tous les enfants,
quel que soit leur âge, ont besoin d’honnêteté, et
d’une explication adaptée à leur âge. Pour autant, il
est bien entendu exclu de faire d’eux vos
confidents : pour cela, vous ferez appel aux adultes
de confiance de votre entourage.

Vous devrez au contraire leur faire sentir que leurs


parents peuvent prendre soin d’eux-mêmes, de
manière qu’ils ne culpabilisent pas et ne se
chargent pas de responsabilités qui ne sont pas les
leurs.

N’hésitez pas à leur répéter qu’il n’y a rien qu’ils


puissent faire pour que leur papa et leur maman
vivent à nouveau en couple, et que votre décision
n’a strictement aucun rapport avec leur
comportement.

Ne leur cachez pas non plus que leur vie va être


différente à l’avenir, même si vous ferez tout pour
que leur quotidien soit au plus proche de ce qu’il
était. Ne faites cependant pas de promesse que vous
ne pourrez peut-être pas tenir  : si vous ne savez
pas encore si vos moyens financiers vous
permettront de continuer à payer les cours
d’équitation de votre aîné, dites-lui simplement
qu’il est trop tôt pour l’affirmer, mais que vous
ferez tout votre possible pour qu’il en soit ainsi.

Il vous faudra tenter de comprendre leur anxiété et


leur angoisse. Pour cela, prenez le temps de
dialoguer, et donc d’écouter leur souffrance. Enfin,
n’hésitez pas à leur répéter aussi souvent que
nécessaire qu’ils ont toujours une famille, certes
différente, mais bien présente.

Seul(e) ou à deux ?
Dans le meilleur des cas, votre futur(e) ex et vous
annoncerez ensemble votre divorce à vos enfants.

Pour eux comme pour vous, ce sera un moment


particulièrement douloureux. Si votre conjoint(e) et
vous pouvez faire fi de vos propres sentiments
durant l’explication que vous donnerez à vos
enfants, et que vous parvenez à rester aussi calmes
et rationnels que possible, ils seront sans doute
moins effrayés et mieux préparés au futur.
Il vous faudra leur expliquer, avec des mots
simples, que vous n’êtes plus amoureux l’un de
l’autre, que votre décision est irréversible et ne
dépend pas d’eux, mais que votre amour à leur
égard n’a pas cessé pour autant. Même si c’est
extrêmement difficile, faire front commun, et
donner une version unique à vos enfants, est
préférable. Par conséquent, si vous ne pouvez pas
leur parler ensemble, essayez au moins d’accorder
vos violons.

Enfin, si les circonstances vous obligent à annoncer


la nouvelle seul(e), ne dénigrez pas l’autre parent,
et ceci même si celui/ celle-ci s’est très mal
comporté(e). Vous êtes vous-même fragile en ce
moment, mais prenez sur vous, et concentrez-vous
sur le bien-être de vos petites têtes blondes.

En tenant compte de leur âge


Tout enfant est unique, et vous connaissez les
vôtres mieux que personne. Toutefois, vous devrez
adapter votre discours à leur âge.

Si vos bouts de chou sont tous dans la même


tranche d’âge, vous pourrez leur annoncer la
nouvelle en même temps  : ainsi seront-ils assurés
que le contenu de l’information est exactement le
même, ce qui revêt une certaine importance à leurs
yeux (n’en doutez pas, ils compareront
nécessairement à un moment ou un autre leurs
« notes », ne brisez pas leur confiance).

En revanche, si les âges sont différents, il vous


faudra le faire séparément. Le contenu essentiel
restera identique, mais la manière de l’annoncer, et
peut-être aussi le moment choisi, ne le seront pas.
En effet, la notion du temps pour les enfants en bas
âge n’est pas la même que pour nous, adultes, et
une annonce prématurée serait néfaste car elle
augmenterait inutilement leur anxiété : une à deux
semaines avant la séparation suffiront.

Si vous avez déjà averti vos préados et ados, vous


aurez pris le soin d’insister sur le fait que c’est à
vous d’en parler aux plus jeunes, afin qu’ils ne
«  lâchent pas le morceau  » à leurs cadets à votre
place.

De 0 à 1 an
Il n’est pas rare que le divorce intervienne avant
même la naissance de l’enfant, ou ce dernier à
peine né. Si vous êtes enceinte, jeune mère ou jeune
père au moment de la séparation, rappelez-vous
qu’un nouveau-né ressent fortement les émotions
de ses proches. Il souffrira s’il vous sent
extrêmement stressé(e), ou peu attentif(ve) à sa
personne parce que vos préoccupations sont
ailleurs.

Assumer ses seuls besoins vitaux est largement


insuffisant, ne perdez pas de vue que les jeux, les
rires, les échanges avec le monde extérieur sont
essentiels à son développement. Il a avant tout
besoin de contacts, de tendresse et de sécurité.

Attention toutefois, car, à l’opposé, une


surprotection, qui est parfois la conséquence d’un
sentiment de culpabilité de la mère, peut aussi
empêcher le nourrisson d’acquérir peu à peu son
autonomie, et donc de se développer normalement.

De 1 à 5 ans
Non, votre enfant n’est pas trop petit pour
comprendre ce qu’il se passe, et ce n’est pas lui
rendre service que de lui cacher votre divorce ou de
lui mentir. Au contraire, on sait aujourd’hui que
plus un enfant est jeune au moment de la
séparation, plus les conséquences sur son
développement psychoaffectif peuvent être
dommageables en cas de situation mal gérée.
Par ailleurs, la personnalité de votre bout de chou
est en train de se former, votre rôle est de lui offrir
une sécurité affective qui lui donnera l’envie
d’apprendre et de découvrir ce que le monde
extérieur lui réserve de meilleur. Si vous lui
renvoyez l’image d’un parent triste et aigri, vous
en serez incapable, et même les professionnels de
la petite enfance resteront impuissants.

Votre «  positive attitude  » est donc essentielle. Si


vous vous en sentez incapable pour l’instant,
n’hésitez pas à vous faire aider par votre entourage
proche pour qu’il lui procure le sentiment de
sécurité que vous ne pouvez pas encore lui offrir.

De 5 à 10 ans
Les enfants de cet âge sont capables de vivre
simultanément dans deux mondes  : le leur, rempli
de fantaisie et de magie, et celui des adultes,
nécessairement moins ludique, mais dans lequel ils
sont aptes à faire des incursions.

Pourtant, bien que maîtrisant le langage, ils ont


encore des difficultés à verbaliser leurs émotions,
et lorsqu’ils sont tristes, jaloux, apeurés ou en
colère, ils l’exprimeront avec leur langage corporel
plutôt qu’avec des mots. Il est souvent difficile pour
les adultes que nous sommes de comprendre
comment le jus d’orange est systématiquement
renversé sur la table tous les matins, pourquoi
notre petit dernier prend un soin tout particulier à
faire à nouveau pipi à côté de la cuvette des
toilettes, ou encore pour quelle raison notre aînée
s’est mise à voler ou frapper ses camarades de
classe. Les parents que nous sommes devrons alors
faire preuve d’une autorité à la fois ferme et tendre
pour éviter que la prunelle de nos yeux ne devienne
hors de contrôle, voire dépressive.

De 10 à 13 ans
Autour de l’âge de dix ans, garçons et filles
prennent un soin tout particulier à s’ignorer dans
la cour de récréation, mais s’espionnent
mutuellement et se posent un tas de questions sur
l’autre sexe.

À la maison, ils nous «  détestent  » parce qu’ils


n’ont « jamais le droit de rien faire », et réclament
plus de liberté au moment même où nous, parents,
commençons à exiger un travail scolaire accru et un
coup de main pour les tâches ménagères. Cette
étape tout à fait normale de leur développement ne
doit pas être parasitée par votre séparation, et
empêcher votre préado de poursuivre son
bonhomme de chemin.

Certains signes vous alerteront, tels qu’une chute


brutale des résultats scolaires, ou encore un
surinvestissement dans l’aide qu’il vous apporte à
la maison. Dans ce dernier cas, vous devrez au
besoin l’encourager à rejoindre ses amis et à
prendre du bon temps, en lui rappelant aussi
souvent que nécessaire son rôle réel au sein de la
famille, et qu’il n’a pas besoin de grandir trop vite,
même si ses parents divorcent.

Les adolescents
Vos ados entreprennent un difficile travail sur eux-
mêmes, grâce auquel ils doivent apprendre à la fois
qui ils sont, ce qu’ils pensent, qui ils aiment… Ils
cherchent à couper le cordon sans rompre les liens
familiaux. Ils vous détestent toujours, mais
maintenant, c’est parce que « de toute façon, vous
ne comprenez jamais rien ».

Ils peuvent avoir l’air indifférents, ou du moins peu


touchés par votre divorce. En réalité, ils enfouissent
souvent leurs sentiments, et fuient l’atmosphère
lourde de la maison pour prendre l’air avec leurs
amis et se préoccuper avant tout de leur propre
bien-être. Le meilleur moyen de les aider est le plus
souvent de leur faire confiance : ils trouveront leur
propre façon d’exprimer leurs souffrances, et vous
n’interviendrez que si ce média est dangereux.

Les parents séparés que vous êtes devront leur


fournir une structure homogène et cohérente
d’autorité, en imposant dans la mesure du possible
des règles identiques qui ne rajouteront pas à leur
confusion. Les maîtres mots seront encore une fois
écoute, conseil et amour.
LES QUESTIONS QU’ILS VOUS POSERONT

Tous âges confondus, voici quelques questions que vos


chers petits ne manqueront pas de vous poser,
immédiatement après l’annonce du divorce ou plus tard.
Mieux vaut vous y préparer, pour leur donner une réponse
complète et réfléchie.
» Est-ce qu’on va déménager ?

» Où est-ce qu’on va vivre ?

» Est-ce qu’on va changer d’école ?

» Est-ce que papa/maman va continuer à vivre dans


la même ville que nous ?

» Avec qui va-t-on vivre ? Est-ce qu’on passera autant


de temps avec chacun d’entre vous ?

» Est-ce que je vais pouvoir continuer à suivre mes


cours de musique, de sport… ?

» Est-ce qu’on aura assez d’argent ?

» Comment va-t-on faire pour les vacances ?

» Est-ce que la fratrie va être séparée ?

Répondez avec sincérité, et si vous n’avez pas de réponse


sûre dans l’immédiat, dites-le-leur franchement. Une fois
encore, il vous faudra tenter de les sécuriser au maximum,
sans risquer de perdre leur confiance.
Épargnez-leur les querelles
d’adultes
Cette règle est valable quel que soit l’âge de vos
enfants.

Pour le mineur, la séparation parentale entraîne


l’apparition d’un état psychique très proche de
celui du deuil. Les séquelles d’un divorce ne se
révèlent pas seulement dans l’immédiat, mais des
années plus tard. C’est là la fameuse « dynamique
de l’inconscient  » dont parlait Françoise Dolto
(pédiatre et psychanalyste française, spécialisée
dans la psychanalyse des enfants dont elle fut une
des pionnières. Décédée en  1988, elle œuvra à la
vulgarisation de ses connaissances de clinicienne,
mais fut aussi reconnue pour son travail théorique
très poussé).

En effet, il serait illusoire de prétendre que votre


séparation sera sans impact sur la vie quotidienne
et future de vos chères têtes blondes.
LES ENFANTS DE DIVORCÉS SONT DIFFÉRENTS

Le récent ouvrage de la journaliste Agathe Fourgnaud, Le jour


où mes parents ont divorcé. Des adultes témoignent (Presses de
la Renaissance, 2009), rassemble les témoignages de
majeurs, parfois même relativement âgés, qui mettent en
exergue les difficultés récurrentes auxquelles ils ont dû faire
face en tant qu’enfants du divorce :
» un sentiment d’abandon, de manque

» un renfermement sur soi-même, la difficulté à


aborder le sujet avec qui que ce soit

» une maturité intellectuelle précoce, mais ayant


pour corollaires une certaine immaturité affective, et
l’impossibilité de se reposer sur un tiers quel qu’il
soit

» le désir profond de ne pas répéter le schéma


parental

» la conviction que tout divorce est un échec, etc.

On sait aussi qu’ils quittent généralement plus tôt que les


autres le domicile parental, qu’ils sont plus exposés aux
toxico-dépendances, plus sujets à la dépression…

Cependant, ces mêmes individus insistent également sur le


fait qu’ils ont plus souffert de la mauvaise relation parentale,
du manque de communication que du divorce lui-même. Ce
qu’ils souhaitent avant tout, c’est revoir leurs parents côte à
côte, pas nécessairement en tant qu’amants, mais au moins
qu’en tant qu’amis.

Edwige Antier (pédiatre et femme politique française, auteur


de nombreux guides et livres sur les enfants, l’éducation et la
famille, qui a été chroniqueuse radio sur France Inter et sur
France Info), qui préface l’ouvrage, souligne qu’on a trop
souvent cru que la banalisation des séparations atténuerait
le choc subi par les enfants, pour la simple raison que, le
divorce étant devenu courant, ces derniers ne se sentiraient
pas différents des autres. C’était une erreur.

Quelques règles à respecter


Lorsque nous divorçons, nous sommes
majoritairement rongés par l’angoisse et cherchons
à agir au mieux pour nos enfants. Toutefois,
submergés par notre souffrance, nous ne faisons
pas toujours les bons choix, mais sommes
naturellement portés à nous mentir à nous-mêmes,
et à nous convaincre que nous avons géré au mieux
notre séparation, sans que notre progéniture n’ait
eu à en souffrir  : c’est là une sorte de déni de
souffrance.

Comment éviter ça ?


» Tout d’abord, ne couvrez pas vos bambins de
cadeaux pour tenter d’échapper à votre sentiment
de culpabilité. De même, ne cédez pas à la
tentation de relâcher votre discipline, ou de leur
accorder de nouveaux privilèges.

» N’oubliez pas que leur quotidien devra n’être


modifié que lorsque c’est indispensable.

» Dans la mesure du possible, informez donc vos


enfants de votre décision et de la procédure en
cours, mais en leur épargnant les détails sordides.

» Ne les impliquez pas plus qu’il ne faut dans le


procès : hors de question de leur raconter par le
menu les tribulations de la procédure, les
échanges lors de la dernière audience, de leur
faire lire les pièces adverses, de critiquer devant
eux « la pétasse de leur père » ou de les utiliser
comme messagers lorsque vous voulez
communiquer avec votre ex. Ce ne sont pas vos
confidents.

» N’interférez jamais dans les rapports de votre


progéniture avec votre conjoint(e). N’oubliez pas
que vos enfants ne vous appartiennent pas et
qu’ils ont tout autant que de vous besoin de leur
autre parent.
» De même, ne faites pas d’eux des espions en les
interrogeant sur la nouvelle vie de votre ex, ses
relations et son emploi du temps chaque fois
qu’ils reviennent de chez lui/elle.

» Enfin, ne leur faites jamais choisir un camp, en


tentant d’être le bon parent face au mauvais. Au-
delà même des sentiments contradictoires que
cela pourrait leur inspirer (conflit de loyauté,
écœurement, rancœurs, etc.), cet étalage les
encombrera : incapables de le digérer, ils risquent
de se sentir submergés.

» À l’inverse, ne les tenez pas non plus


exagérément à l’écart : refuser de parler de votre
séparation, en faire un non-événement qui ne
mériterait pas qu’on s’y arrête, c’est transformer
un échec en tabou, et placer plus encore votre
enfant dans une position passive : il subira les
conséquences de cette situation, dont on ne veut
pas lui expliquer les tenants et les aboutissants.

» Enfin, ne maintenez pas de liens ambigus avec


l’autre parent, car cela pourrait ajouter à la
confusion de vos petits : si vous vous entendez
trop bien, et continuez à donner l’image
apparente d’un couple, ils ne pourront pas faire le
deuil de votre séparation.
Rangez vos gros sabots : il va vous falloir agir avec
finesse et subtilité.

Gardez toujours à l’esprit que, tôt ou tard, les


enfants comprennent que leurs parents se séparent.
Ce qu’ils n’admettront jamais, c’est que ces
derniers se déchirent, les oublient, les trahissent ou
les manipulent.

Une dernière chose  : n’attendez pas de soutien de


leur part, c’est vous qui êtes le parent et qui devrez
leur apporter le vôtre.

Privilégiez les arrangements à


l’amiable et la médiation
La loi les encourage, les spécialistes de l’enfance
également, afin de préserver l’innocence de vos
bouts de chou, et de recadrer régulièrement le
débat autour d’eux.

Personne ne vous demande de vous réconcilier, ni


même de devenir amis, mais simplement d’agir en
adultes responsables en mettant entre parenthèses
vos querelles de couple lorsque votre progéniture
est concernée.
Pour une étude plus détaillée de la médiation,
reportez-vous au chapitre 10.

La communication avant tout


Un minimum de communication devra être établi,
ou rétabli, non seulement pour la gestion de la
logistique (heure et lieu de remise des enfants,
contenu de la valise en fonction du lieu de
vacances, choix de l’établissement scolaire
fréquenté l’année prochaine, etc.), mais aussi pour
que l’éducation donnée reste homogène.

Avec ou sans médiation, la loi vous offre la


possibilité, quel que soit le type de divorce
entrepris, de soumettre au magistrat du divorce
tout accord concernant les mesures provisoires ou
définitives que vous souhaitez mettre en place.
Profitez de cette opportunité qui vous est offerte,
dans l’intérêt de vos bouts de chou.

Rassurez-les sur leur vie après


le divorce
Ne perdez pas de vue que, lorsque leurs parents
divorcent, beaucoup d’enfants craignent de voir
s’éloigner définitivement celui avec lequel ils ne
résideront pas de manière habituelle. Il serait
préférable que votre ex et vous puissiez les
convaincre de concert que cette crainte est
injustifiée dans leur cas, et que vous parviendrez à
vous entendre pour éviter cette extrémité.

La médiation
Le contenu de votre discussion via le médiateur
peut porter sur des points très concrets, et même
vous projeter dans l’avenir :
» comment sera organisée la routine de vos
enfants ;

» de quelle façon seront prises les décisions


concernant leur éducation religieuse et scolaire,
ainsi que leurs loisirs ;

» l’accès de chacun d’entre vous aux documents


médicaux et la prise des décisions relevant de leur
santé ;

» qui prendra une journée de congé en cas de


maladie d’un de vos bouts de chou ;

» qui s’occupera d’eux si l’un d’entre vous ne peut


pas assumer la garde pendant un certain laps de
temps ;
» quelle sera votre ligne de conduite en ce qui
concerne la vie affective et sexuelle de vos ados ;

» comment vous gérerez les dépenses inattendues


en ce qui les concerne ;

» comment vous agirez de concert si vos enfants


rencontrent des problèmes de drogue,
d’alcoolisme, de comportement en classe…

Au-delà de la rédaction d’une convention réglant


les conséquences de votre divorce, la médiation
vous permettra de trouver l’énergie supplémentaire
qu’il va vous falloir développer en tant que parent
solo, de constater l’avantage que peut présenter le
fait d’appréhender en amont tous les litiges
possibles avec votre ex concernant vos enfants afin
de les parer, et de savoir que vous pouvez compter
sur l’intervention de l’autre parent en cas de
difficulté.

Enfin, cela vous donnera à tous les deux l’occasion


de faire part à l’autre des projets de vie que vous
formez pour vos enfants, afin de vérifier s’ils sont
compatibles, et dans le cas contraire trouver un
compromis sur ce point également.
Au besoin, consultez un
pédopsychiatre
Notre propos n’est pas de recommander
l’intervention d’un professionnel de l’enfance de
manière systématique. Dans une grande partie des
cas, elle ne sera en effet pas indispensable. Mais si
vos enfants sont profondément, perturbés, et que
votre moitié et vous-même ne parvenez pas à les
aider, cela peut s’avérer indispensable.

En outre, il arrive que les enfants donnent


l’impression de relativement bien vivre une
séparation, mais que leur comportement change
sensiblement, révélant ainsi un malaise profond.
Peut-être leur cerveau fourmille-t-il de questions
qu’ils ne poseront jamais. Si c’est le cas pour vos
bambins, proposez-leur de discuter, et si vous vous
heurtez à un mur, faites les rencontrer un
professionnel de l’enfance, qui, outre ses
compétences professionnelles, présente l’avantage
de la neutralité et de l’extériorité.

Soyez attentif(ve) à tous les signes  : baisse des


résultats scolaires, insolence systématique, ou au
contraire attitude trop calme, troubles somatiques
(maux de tête, tics nerveux, eczéma, énurésie,
troubles du sommeil, prise de poids…), etc.

Par ailleurs, même si cela vous coûte, informez


tous les adultes susceptibles de relever ces signes :
enseignants, baby-sitters, parents de leurs proches
amis, nounous, voisins chez lesquels ils passent du
temps, etc., en leur demandant de vous prévenir
immédiatement s’ils notent un changement dans le
comportement de vos enfants.
LES IDÉES QUI TRAVERSENT PEUT-ÊTRE L’ESPRIT DE
VOS ENFANTS SANS QU’ILS OSENT VOUS EN
PARLER
» Je suis responsable du divorce de mes parents.

» Le parent avec lequel je ne vis plus va


m’abandonner pour toujours.

» Si je suis très gentil, mes parents se remettront


ensemble.

» Je dois choisir entre mes parents, je ne pourrai pas


continuer à avoir de bons rapports avec les deux
après le divorce.

» Le nouveau conjoint de mon père/ ma mère va


remplacer mon/ma vrai(e) père/mère.

» Mes nouveaux demi-frères/nouvelles demi-sœurs


vont me remplacer auprès de mon père/ma mère.

Même si vous les trouvez ridicules pour votre part, ces idées
tournent peut-être, même inconsciemment, dans la tête de
vos enfants. Hâtez-vous de les détromper.

La gestion de leurs troubles est complexe et


difficile  : ce n’est pas être un mauvais parent que
d’admettre que l’intervention d’un tiers,
spécialement formé pour ce faire, est indispensable
en cette période chaotique. Bien au contraire ! Vous
leur donnez ainsi une chance de parler à quelqu’un
qui n’est pas personnellement impliqué dans leur
vie et avec lequel ils se sentiront peut-être plus
libres, et donc de traverser sans dommages graves
le processus de séparation de leurs parents.

Libérés par la parole de leurs craintes, de leurs


doutes et de leur colère, ils pourront grandir et
s’épanouir aussi sereinement que les enfants dont
les parents vivent toujours ensemble.
QUESTIONS À GEORGES JUTTNER

Pédopsychiatre, psychanalyste et expert judiciaire depuis  1980,


Georges Juttner est l’héritier spirituel de Françoise Dolto, avec
laquelle il a travaillé de  1978  à 1988. Il est responsable du
centre médico-psychologique du Carret, à Nice.

Est-il possible d’épargner à un enfant toute la souffrance


quand ses parents divorcent ?

Cette souffrance est la manifestation consciente de


l’angoisse existant en profondeur. Durant toutes les phases
de la structuration de sa personnalité, tout enfant, pour
accéder au stade suivant, doit renoncer au plaisir et au
confort de la période antérieure. Ces passages se font
toujours avec angoisse, donc un ressenti de souffrance.

Il va donc être amené à une réorganisation, où il devra


retrouver lui-même son autonomie identitaire face à une
redistribution des images parentales initiales. Son
adaptation y sera d’autant moins difficile que les parents
auront su lui transmettre, avec bienveillance et amour, le fait
que la fonction parentale ne coïncide pas intégralement avec
l’image de l’union conjugale de deux adultes.

Comment doit-on annoncer son divorce prochain à son


enfant ?

Il n’existe pas de recette miracle ni de moment propice pour


cette annonce.
Dans les meilleurs cas, les membres de la famille
continueront des discussions communes, mais le résultat
escompté n’est pas toujours obtenu. Ainsi un couple habitué
à ce type de communication efficace décide-t-il d’annoncer à
son enfant âgé de neuf ans la décision de divorce. Quand il
font l’annonce à l’enfant, à leur grande surprise, celui-ci ne
les laissent pas terminer leur discours et leur dit : « Changez
tout de suite de projet ! »

À l’opposé, quand les familles connaissent des troubles


structurels de leur communication, elles accumulent non-
dits et rancœurs qui ne pourront que se répercuter sur le
mode de l’annonce, enfermant, une fois de plus, l’enfant
dans le monologue intérieur et solitaire auquel il s’est déjà
confronté depuis sa naissance.

Pensez-vous que l’audition des enfants concernant leur


lieu de résidence est une bonne chose ? Dans quel cas la
recommandez-vous ?

L’audition des enfants est toujours une bonne chose  ; ceci


paraît indiscutable.

En revanche, il est néfaste de leur poser toute question


concernant l’affirmation d’une préférence affective pour l’un
de leurs deux parents.

D’ailleurs, du temps de la vie commune, les principales


mesures éducatives sont, en général, prises après discussion
entre les parents. Ils décident notamment du lieu de
résidence de la famille même s’ils peuvent avoir pris, au
passage, l’avis de leurs enfants.

Dans le cas d’une séparation parentale, il est toujours


dommageable à l’enfant qu’il ait l’impression que c’est son
seul choix qui a déterminé son mode de vie à venir. Dans la
pratique quotidienne, les questions directes comme : « Avec
lequel de tes deux parents voudrais-tu habiter  ?  » devrait
être proscrite. On peut, malgré tout, recueillir les propos
spontanés de l’enfant qui donnent une certaine indication
pour les décisions à prendre.

Êtes-vous favorable à la résidence alternée ?

La solution de la résidence alternée a le mérite de laisser


manifester à l’enfant l’équivalente affection qui le lie à
chacun de ses deux parents. Elle est souvent, quant elle est
décidée à l’amiable ou de manière privée par les parents, le
fruit de discussions et d’un dialogue éducatif jamais
interrompu. C’est la solution qui respecterait au plus près ce
que les juristes nomment l’exercice conjoint de l’autorité
parentale.

En revanche, elle oblige l’enfant à une souplesse d’adaptation


dans son quotidien. Bien sûr, l’enfant est obligé d’organiser
une sorte de déménagement de toutes ses affaires (habits,
matériels scolaires…). Elle ne peut se comprendre que si les
deux domiciles parentaux ne sont pas trop éloignés l’un de
l’autre. Lorsqu’elle est imposée aux parents par décision de
justice, elle peut, dans le cas où leurs conflits perdurent,
amener l’enfant à vivre une étanchéité quasi absolue entre
les deux « vies » qu’il a alternativement.

Quelles sont les interrogations les plus fréquentes des


enfants confrontés au divorce de leurs parents ?

Il n’existe pas d’interrogation type ; chaque sujet se pose les


questions qui sont au plus proche de son identité et de son
histoire. Souvent, il s’agit d’un questionnement d’allure un
peu flou. Ils ont parfois besoin de l’aide d’un spécialiste,
psychothérapeute par exemple, pour faire émerger ces
questions et trouver les mots adéquats pour mettre de
l’ordre en eux face à la nouvelle situation. On entend parfois
dire par certains enfants : « Quand papa (ou maman) nous a
quittés… » Il y a tout un travail psychique pour faire entendre
à l’enfant que la rupture est intervenue entre ses parents et
non pas entre un parent et lui. C’est grâce à ce travail
d’élaboration qu’il pourra s’approprier les nouveaux repères
qui lui permettront de poursuivre sa construction identitaire.

Comment se passent les rencontres de l’expert avec


l’enfant en cas d’enquête médico-psychologique ?

L’expert pratique un entretien individuel avec l’enfant afin


d’évaluer les grandes lignes de son fonctionnement
psychique.

Dans un deuxième temps, il lui est proposé deux entretiens :


un le réunissant à sa mère, et l’autre à son père, pour évaluer
la qualité de l’interrelation existant entre l’enfant et chacun
de ses parents. On y apprécie également la capacité de
l’enfant à s’inscrire dans un dialogue avec ses parents ainsi
que celle des parents à être à l’écoute des éventuelles
demandes de l’enfant, en acceptant de mettre de côté leurs
conflits d’adultes. Les enfants abordent ces entretiens avec
facilité, la plupart du temps, et savent qu’ils y seront écoutés.
Chapitre 12
L’autorité parentale pendant
et après la procédure
DANS CE CHAPITRE :
» Faut-il demander leur avis ?

» Que faire quand nous, parents, ne parvenons pas à nous entendre ?

» Que faire quand l’autre met les enfants en danger ?

» Et s’ils ne sont pas de moi ?

L’ autorité parentale est un ensemble des droits et


devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant,
pour le protéger dans sa santé, sa sécurité, sa
moralité, assurer son éducation et permettre son
développement dans le respect de sa personne.

La question de l’autorité
parentale en cas de divorce
Sauf cas exceptionnels, elle appartient aux père et
mère de l’enfant, juridiquement reconnus comme
tels. Dans l’immense majorité des cas, votre
divorce sera sans influence sur ce point.

En revanche, ce sont les modalités d’exercice de ces


droits et devoirs qui vont nécessairement changer,
puisque ce qui se faisait naturellement pendant la
vie commune va devoir être précisément organisé
et calibré après la séparation du couple parental.

Les questions qui se posent sont en effet très


concrètes  : chez qui les enfants vont-ils résider de
manière habituelle ? Comment s’organisera le droit
de visite de l’autre titulaire de l’autorité parentale ?
Celui-ci devra-t-il verser une contribution pour
leur entretien et leur éducation, et si tel est le cas
quel en sera le montant ? À qui sera-t-elle versée ?
etc.

Rappelons-le une fois encore, ici plus qu’ailleurs, la


loi favorise les accords entre vous  : si vous
parvenez à un consensus concernant les modalités
d’exercice de l’autorité parentale, quel que soit le
type de divorce dans lequel vous êtes engagés, vous
pouvez à tout moment charger vos avocats de
rédiger une convention qui règlera les
conséquences de votre divorce, notamment pour ce
qui concerne vos enfants, dans la mesure où elle
préserve l’intérêt de ces derniers. Ces conventions
peuvent intervenir à tout moment de la procédure,
et leur élaboration sera au besoin facilitée par une
médiation.

Si tout dialogue est impossible, ou que vous ne


parvenez pas à tomber d’accord, c’est le magistrat
qui tranchera. Dans cette hypothèse, vos enfants
peuvent-ils donner leur opinion sur leur sort ? Pas
toujours, nous verrons dans quels cas et à quelles
conditions cela est possible.

Les enfants sont-ils consultés ?


Il n’est question bien entendu ici que de leur
opinion sur leur propre sort, puisqu’ils ne peuvent
en aucun cas exprimer d’avis sur les torts respectifs
de leurs parents, que ce soit directement ou par le
biais d’une attestation.

Fort heureusement, les lois qui régissent le divorce


le leur interdisent : même si on fait abstraction du
caractère moralement choquant d’une telle
démarche, il est évident qu’un enfant évoquant la
séparation de ses parents ne peut pas être objectif :
son témoignage n’aurait donc aucune valeur
probante.
Leur audition
Même en ce qui concerne les modalités d’exercice
de l’autorité parentale, les magistrats répugnent
très souvent à entendre vos chères têtes blondes.
En effet, quelles que soient les précautions que peut
prendre la justice, il est à craindre que les mineurs,
surtout lorsqu’ils sont jeunes, aient la sensation
qu’on leur demande de choisir un de leur parent au
détriment de l’autre. Et, soyons honnêtes, n’est-ce
pas effectivement ce qu’on leur demande  ? Cette
position d’arbitre peut accroître le désarroi
résultant de la séparation.

L’audition, qu’est-ce que c’est ?


Toutefois, la possibilité légale de donner la parole
au mineur existe, et est très souvent mise en œuvre
depuis quelques années étant donné que la loi
du  5  mars  2007  a précisé que leur audition est de
droit lorsqu’ils en font la demande.

Cela signifie-t-il que votre petit bout d’homme de


quatre ans, soigneusement manipulé par votre ex,
peut demander à rencontrer le juge pour lui
expliquer à quel point vous êtes un mauvais père ?
Non, fort heureusement !
Le décret d’application, en date du  20  mai  2009, a
indiqué les conditions d’application de ce droit.

Sachez tout d’abord que votre fils ou votre fille peut


demander à donner son opinion sur son sort à tout
moment de la procédure, y compris pour la
première fois devant la cour d’appel. Le magistrat
doit vérifier que l’enfant a bien été informé de son
droit à être entendu.

Ceci est également valable pour votre conjoint(e) et


vous : si vous n’êtes pas encore tout à fait sûr(e) de
souhaiter que vos enfants rencontrent le magistrat,
il n’est pas nécessaire de vous décider
immédiatement, puisque vous pourrez former cette
demande n’importe quand tant que la procédure ne
sera pas arrivée à son terme.

La demande d’audition
Si c’est votre enfant qui a demandé à être entendu,
le magistrat ne pourra le lui refuser que dans deux
hypothèses :
» s’il considère que le mineur n’est pas encore
doué de discernement : en pratique s’il l’estime
trop jeune (même si la loi ne fixe pas d’âge
minimum, les magistrats ne descendent jamais en
dessous de sept ans ; les mineurs sont plutôt
auditionnés à partir de l’âge de 9 ans) ou trop
immature pour avoir une véritable opinion libre et
éclairée ;

ou

» si la procédure en cours ne le concerne pas (ce


qui ne sera jamais le cas en matière de divorce).

Dans tous les cas, il devra motiver sa décision.

Notez bien que si la demande émane de votre


enfant, celle-ci devra prendre la forme d’une lettre
écrite de sa main, dans laquelle il devra bien
préciser au magistrat qu’il souhaite le rencontrer.
Cette lettre devra être directement envoyée au
cabinet du juge. Votre avocat pourra vous indiquer
l’adresse postale.

En revanche, si c’est votre conjoint(e) ou vous-


même qui êtes à l’origine de la demande, le
magistrat pourra refuser l’audition pour les mêmes
motifs, mais aussi s’il considère qu’elle n’est pas
nécessaire, ou est contraire à l’intérêt de l’enfant.
Autrement dit, son pouvoir d’appréciation est bien
supérieur, et nettement plus subjectif.

Enfin, cas beaucoup plus rare en pratique, si c’est le


magistrat qui souhaite rencontrer votre enfant, et
que ce dernier s’y oppose, le juge appréciera le
bien-fondé de ce refus  : s’il l’estime injustifié, il
pourra tout de même lui imposer la rencontre.

Une précision qui a son importance  : la décision


prise par le magistrat face à une demande
d’audition formulée par l’enfant n’est susceptible
d’aucun recours  ; autrement dit, si sa demande
d’audition est rejetée, votre bambin ne pourra pas
faire appel de la décision, ou se pourvoir en
cassation, puisqu’il n’est pas partie au procès. Pour
le même motif, il ne peut pas formuler de demande
à l’occasion de son audition.

Si la demande émane de votre ex ou vous-même,


vous ne pourrez faire remettre en cause le refus du
magistrat que si vous intentez un recours contre
l’Ordonnance de non-conciliation ou le jugement
de divorce eux-mêmes.

Qui réalise l’audition ?


Le juge peut procéder à l’audition mais également
déléguer cette mission à une personne qui ne doit
entretenir de liens ni avec le mineur, ni avec l’une
ou l’autre des parties. Cette personne doit exercer
une activité dans le domaine social, psychologique
ou médico-psychologique (voir
page 197 « l’enquête sociale » ).
Cette option devra bien entendu être privilégiée
dans le cas où une audition «  directe  » pourra
impressionner l’enfant à un tel point qu’il ne soit
plus en mesure de s’exprimer librement. Elle
présente toutefois l’inconvénient pour le magistrat
de ne pas vérifier par lui-même l’état
psychologique de l’enfant et recueillir
spontanément les réponses à ses interrogations.

L’enfant peut demander à être assisté par son


propre avocat (voir chapitre  3  «  L’avocat de
l’enfant » ) ou par une personne de son choix : par
exemple, un éducateur ou un membre de sa famille.
Bien entendu, il ne pourra pas venir avec l’un de
ses parents, puisque ceux-ci sont par définition
tous deux impliqués dans la procédure.

À quoi sert-elle ?
Attention  : n’oubliez pas que le juge dispose
d’autres outils d’aide à la décision  : avant de fixer
les modalités d’exercice de l’autorité parentale, il a
également le devoir d’apprécier les résultats des
éventuelles enquêtes sociale et médico-
psychologique mises en œuvre dans votre
procédure.
Par ailleurs, la parole de votre bambin n’est pas
parole d’Évangile et, pour la justice du divorce, la
vérité ne sort pas nécessairement de la bouche des
enfants  : même s’il affirme au juge vouloir vivre
avec vous, rien n’oblige ce dernier à le suivre dans
cette voie  : l’audition est un simple élément
d’information, mais peut ne pas être déterminante,
par exemple si le juge considère que l’avis de
l’enfant est influencé par un fort sentiment de
loyauté à votre égard, ou encore que son entourage
a, par son attitude ou par un bourrage de crâne en
bonne et due forme, faussé son opinion, ou dicté les
réponses.

Le JAF n’est pas contraint de rédiger un procès-


verbal en présence d’un greffier. Il peut rédiger une
simple note manuscrite dans laquelle il retranscrit
partiellement, voire pas du tout, les déclarations de
l’enfant.

Toutefois, le juge n’est pas lié par la parole du


mineur.

Quand ils prennent un avocat


Voir encadré « L’avocat de l’enfant », chapitre 3.
Même en dehors de toute demande d’audition de
l’enfant, ce dernier peut, bien que n’étant pas
partie au procès, se voir désigner un avocat qui
aura pour mission de le conseiller, de lui expliquer
les tenants et les aboutissants de la procédure, et
d’être son porte-parole auprès de la juridiction.
Celui-ci peut ainsi demander au magistrat
l’audition de son client, et formuler des
observations en cours d’audience.

Attention toutefois  : cela ne donne pas le droit à


l’enfant de formuler des demandes. Son conseil
n’est là que pour l’assister à toutes les phases et
audiences de la procédure et s’assurer que ses
intérêts son bien respectés.

Bien entendu, comme tout avocat, il est tenu au


secret professionnel. Il est rémunéré par l’État, au
titre de l’aide juridictionnelle, afin d’assurer sa
parfaite indépendance vis-à-vis de vous et de
l’autre parent.

Qui fait appel à l’avocat de


l’enfant ?
L’avocat de votre enfant a pu intervenir à la
demande :
» de votre ex, de vous, de son tuteur, de la
personne ou du service auquel il a été confié ;

» de l’enfant lui-même, et dans ce cas l’avocat qu’il


aura choisi doit en informer le magistrat chargé
du dossier en cause. Vous ne pouvez pas vous
opposer à la demande de votre enfant, et l’avocat
saisi n’a pas à vérifier que vous êtes d’accord pour
que son client soit représenté à la procédure ;

» du juge chargé de la procédure ; dans notre


hypothèse, le juge aux affaires familiales ou la
cour d’appel si l’avocat n’intervient qu’à ce stade.

Si votre enfant a choisi d’être assisté par un avocat


mais n’en a pas choisi un lui-même, le juge devra
demander au bâtonnier de lui en désigner un.

Le rôle de l’avocat de l’enfant


Sachez que, dans le cas particulier de l’audition de
l’enfant, le rôle de l’avocat est un peu différent de
sa fonction habituelle  : il devra avant tout lui
apporter un soutien moral et psychologique, en
l’aidant à exprimer en toute liberté ses sentiments,
et en le rassurant au maximum face au juge, dans
ce lieu impressionnant qu’est un palais de justice.
Dans des affaires particulièrement délicates ou
contentieuses, certains magistrats, dans le but de
préserver plus encore le mineur, autorisent l’avocat
à venir seul à l’audience pour se faire le porte-
parole des sentiments exprimés par l’enfant.

L’enquête sociale
Qui la décide ?
Avant de fixer les modalités de l’exercice de
l’autorité parentale et / ou du droit de visite et
d’hébergement des parents sur leurs enfants, le
juge peut donner mission à toute personne
qualifiée d’effectuer une enquête sociale.

Il désignera alors un enquêteur social inscrit sur la


liste dans le ressort de la Cour d’appel dont votre
affaire dépend qui aura pour mission d’éclairer le
juge sur votre situation familiale.

Vous pouvez également, si vous le jugez utile ou si


vous estimez par exemple que vos enfants sont mal
lotis chez votre leur père / mère, demander au juge
aux affaires familiales d’ordonner une enquête
sociale.
Attention, cependant, au retour de bâton. En effet,
lorsqu’une enquête sociale est ordonnée,
l’enquêteur social va se rendre à la fois au domicile
de votre ex mais également à votre domicile. Il vous
entendra, entendra les enfants en votre présence,
puis séparément. Dans certains cas, il peut arriver
que le rapport d’enquête sociale ne vous soit
finalement pas bénéfique, voire même, qu’il soit
favorable à votre ex. C’est notamment le cas
lorsque l’enquêteur aura eu l’impression que vous
surprotégez vos enfants ou que l’autre parent a su
se présenter sous son meilleur jour (certaines
personnes sont particulièrement douées en matière
de manipulation).

Dans quel but ?


L’enquête sociale a pour objectif d’éclairer le juge
sur votre situation familiale, et notamment celle
des enfants, sur les possibilités de réalisation du
projet des parents ou de l’un d’eux quant aux
modalités d’exercice de l’autorité parentale, en
recueillant tous les éléments nécessaires.

Qui est l’enquêteur social ?


L’enquêteur social doit avoir moins de  70  ans et
avoir exercé pendant un temps suffisant une
profession ou une activité dans le domaine social
ou psychologique en relation avec l’objet des
enquêtes sociales.

Il doit avoir des connaissances juridiques, sociales


et psychologiques. Il n’existe cependant pas
actuellement de diplôme d’État ou de diplôme
spécialisé.

Comment se déroule l’enquête


sociale ?
En premier lieu, l’enquêteur social va prendre
contact avec vous pour définir d’une date de
rendez-vous à votre domicile.

Une fois sur place, il réunira la famille (vous et vos


enfants) et devra vous expliquer les modalités du
jugement qui a été rendu par le juge, la mesure
décidée et le sens de son intervention. Il
s’entretiendra ensuite avec vous et vos enfants,
puis avec chacun d’entre vous séparément.

Durant les entretiens, l’enquêteur social va


reconstituer votre parcours familial et social, voire
judiciaire, la nature de vos activités
professionnelles, si vous travaillez à temps partiel,
à temps complet, de jour ou de nuit, vos ressources
financières et vos charges. Vous avez donc tout
intérêt, avec l’aide de votre avocat, à lister les
pièces qui pourraient éclairer l’enquêteur social
(bulletins de salaires, tableau des charges,
attestation des aides sociales, main-courantes,
certains dépôts de plainte…)

Il va également examiner la distance kilométrique


entre les domiciles des deux parents ainsi que les
caractéristiques de vos logements respectifs et les
conditions d’accueil de vos enfants.

Il va ensuite interroger vos enfants sur la façon


dont ils vivent votre séparation, ce qu’ils ressentent
et comment ils souhaitent voir la situation évoluer.

Enfin, l’enquêteur social va établir un rapport qu’il


remet au juge et dans lequel il décrit les
constatations faites durant l’exercice de sa mission
et les solutions qu’il propose.

Le rapport vous sera communiqué. Vous serez alors


convoqués à une nouvelle audience devant le juge
aux affaires familiales pour en discuter. Le cas
échéant, vous aurez la faculté de faire des
remarques écrites qui seront transmises au juge.
Si le rapport d’enquête sociale ne vous satisfait pas,
vous pourrez demander un complément d’enquête
ou une contre-enquête au juge. Cependant, le juge
n’est pas tenu d’y faire droit.

L’enquête sociale est fréquemment doublée d’une


expertise médico-psychologique ou psychiatrique
dans les dossiers complexes.

L’expertise médico-
psychologique ou
psychiatrique
Le juge aux affaires familiales peut ordonner une
expertise médico-psychologique ou psychiatrique
afin de recueillir des informations relatives à la
santé mentale ou au comportement (violences,
tentatives de suicide, addictions, aliénation
parentale, appartenance à une secte…) d’un de vos
enfants, de votre ex ou encore de vous-même.

Il va alors nommer un expert inscrit sur la liste des


experts auprès de la Cour d’appel dans le ressort de
laquelle votre affaire dépend.

L’expertise médico-psychologique, qui s’apparente


souvent à une enquête sociale complétée par une
analyse psychologique et des recommandations, est
réalisée par un psychologue, alors que l’expertise
psychiatrique est purement médicale et est
effectuée par un médecin psychiatre.

L’entretien d’expertise se déroule au cabinet du


psychologue ou du psychiatre désigné.

Durant celui-ci, l’expert va interroger la personne


concernée sur ses antécédents familiaux, son père,
sa mère, sa fratrie, ses conjoints, ses enfants, sa vie
sociale, ses antécédents professionnels, ses
relations avec autrui, son environnement
professionnel, ses antécédents médicaux, sa vie
affective, sentimentale et sexuelle, ses traitements
médicamenteux, ses projets personnels, etc.

La personne expertisée peut communiquer toutes


les pièces médicales démontrant une guérison, un
état stabilisé, une observance du traitement, un
suivi spécifique, compatible par exemple avec la
résidence d’un enfant à son domicile ou avec
l’exercice d’un droit de visite et d’hébergement, ou
bien avec l’exercice de l’autorité parentale.

L’expert va ensuite remettre son rapport et ses


recommandations au juge, qui n’est pas tenu de les
suivre. Cependant, la pratique démontre souvent le
contraire.
Comme dans le cadre d’une enquête sociale, votre
avocat pourra solliciter une contre-expertise, avec
notamment la désignation d’un autre expert.
ET SI ON N’ÉTAIT QUE CONCUBINS, QUID DES
ENFANTS COMMUNS ?

Au moment de la séparation, comme pendant la vie


commune, les règles ne sont pas très différentes de celles
qui s’appliquent en cas de mariage. Si vous avez tous deux
reconnu l’enfant, et qu’aucun de vous n’a démérité en tant
que parent, l’autorité parentale sera conjointe.

Si vous parvenez à vous mettre d’accord, en ce qui concerne


la résidence habituelle de l’enfant et l’éventuelle contribution
à son entretien et son éducation, il ne sera pas nécessaire de
faire appel à l’arbitrage du juge. En revanche, si c’est la
guerre, et que chacun veut conserver la garde de votre bout
de chou, saisissez immédiatement le juge aux affaires
familiales pour qu’il tranche la question.

Pour cela vous n’avez pas besoin de faire appel à un avocat :


rendez-vous au greffe du tribunal de grande instance dont
vous dépendez, il vous remettra un formulaire à remplir.
Rien ne vous empêchera ensuite de choisir un avocat en
cours de procédure, ce que je vous conseille fortement, afin
que votre dossier soit complet, et que votre défense soit la
meilleure possible.

Pour le reste, reportez-vous aux règles qui s’appliquent au


divorce.

De même, en cas de difficultés après la décision initiale du


magistrat, ou de modification importante de la situation,
vous pouvez le saisir à nouveau pour solliciter une
modification des mesures prises pour les enfants.

Et en cas de PACS, quid des enfants communs ?

La loi ne prévoit rien de spécial de ce point de vue : les règles


sont donc les mêmes qu’en cas de concubinage.

Et si les enfants ne sont pas de


moi, quid de mes droits et
devoirs ?
Plusieurs cas, fort différents, doivent être
distingués :

Les enfants nés de l’adultère


Vous saviez que cet enfant n’était pas le vôtre, et
l’avez élevé comme tel, mais souhaitez, maintenant
que vous divorcez, voir supprimer ce lien qui crée
des obligations que vous ne voulez plus assumer.

Ou, au contraire, vous souhaitez être certain(e) que


cet enfant qui est juridiquement mais pas
biologiquement le vôtre ne vous sera pas arraché au
terme de la procédure.
Ou bien encore, vous n’apprenez qu’à l’occasion de
la procédure de divorce que celui que vous avez
toujours cru être votre enfant biologique n’est pas
le vôtre, et votre conjoint(e) adultère, le véritable
parent biologique ou vous-même souhaitant
contester le lien qui vous unit à cet enfant.

INCROYABLE MAIS VRAI !

J’ai d’ailleurs été témoin de cette annonce saisissante au


cours d’une audience de tentative de conciliation. Mon client
sollicitait un droit de visite et d’hébergement sur sa petite
fille de cinq ans, issue d’une seconde union avec une femme
de trente ans sa cadette. Celle-ci, installée à l’étranger,
refusait obstinément de lui confier l’enfant, mais ne
demandait pas moins de  1  000  euros de contribution
alimentaire  ! Devant cette attitude paradoxale, j’émis un
doute sur la paternité de mon client. Le juge posa
directement la question à l’épouse, qui déclara tout net : « Il
n’est pas le père. » Il y eut un blanc dans l’assistance, ce fut
un grand moment d’émotion. Aucune contribution ne fut
accordée, et une action en contestation de paternité fut par la
suite engagée.

Lien légal et lien biologique


Une précision préalable s’impose : vous devez bien
comprendre que ce qui compte pour le magistrat,
c’est le lien légal, et non le lien biologique : si vous
êtes juridiquement le parent d’un mineur, vous en
avez les droits et les devoirs. Dans le cas contraire,
vous ne les avez pas.

Dans la mesure où, à l’heure actuelle, et malgré les


progrès de la science, c’est toujours la femme qui
porte l’enfant et accouche, c’est en pratique pour
les pères que la question de l’enfant adultérin se
pose. En effet, lorsqu’un enfant naît d’un homme
adultère, il vit dans l’immense majorité des cas
avec sa mère, n’est pas intégré à l’ « autre foyer »
paternel, et aucune obligation ne pèse sur l’épouse
trompée.

Le mariage crée une présomption de paternité à


l’égard de l’époux  : un adage latin affirme que  :
«  Pater is est quem nuptiae demonstrant  », en
français  : «  Le père est celui que le mariage
désigne. »

En clair, si vous étiez marié lorsque votre femme a


conçu ou donné naissance à un enfant, la loi
présume que vous en êtes le père, sans que vous
ayez aucune démarche à faire pour cela. Sont
concrètement concernés les bambins nés plus de
cent quatre-vingts jours après la date du mariage
et moins de trois cents jours avant la dissolution de
celui-ci.

Toutefois, cette règle n’a de sens que si votre


paternité reste vraisemblable. La présomption
disparaît donc automatiquement :
» Si vous étiez légalement séparé de votre femme à
l’époque de la conception : séparation de corps,
procédure de divorce ayant donné lieu à une
ordonnance de non-conciliation, etc., mais dans
ce cas de figure, la présomption renaît si aucun
autre homme n’a été officiellement désigné
comme le père de l’enfant, et qu’en revanche
votre conjointe s’est comportée avec lui comme
tel avec vous au vu et au su de tous.

» Si, lors de la déclaration de naissance à l’état civil,


votre nom n’apparaît pas, et que l’enfant n’a pas
de possession d’état à votre égard, c’est-à-dire
pour simplifier que vous ne vous êtes pas
comporté avec lui comme un père.

En admettant que la présomption de paternité joue,


est-il possible de la contester au moment du
divorce ?
» Pas si la possession d’état a duré au moins cinq
ans depuis la naissance : vous êtes pour toujours
le père de l’enfant, personne ne peut plus le
contester.

» Si la possession d’état n’a pas encore duré cinq


ans et/ou que cinq années ne se sont pas encore
écoulées depuis qu’elle a pris fin, il est possible de
contrer la présomption, mais seulement pour
certaines personnes (l’enfant, la mère, le mari,
celui qui se prétend le père véritable).

» S’il n’y a pas de possession d’état, toute personne


qui y a intérêt peut contester la filiation dans les
dix ans. Si c’est l’enfant lui-même qui agit, le délai
commence à courir à sa majorité.

QU’EST-CE QUE LA POSSESSION D’ÉTAT ?

Pour simplifier, elle se compose de trois éléments :


» nomen : le nom de famille que l’enfant porte, celui
du mari ;

» tractatus : la façon dont l’enfant est traité au sein de


la famille : comme le fils du mari ;

» fama  : la façon dont il perçu et connu par


l’entourage de la famille et le reste de la société : le
fils du mari.
Si vous souhaitez contester votre paternité, ou que
votre épouse souhaite le faire, il faudra d’abord
remplir les conditions prévues par la loi. Une fois ce
cap franchi, les tests génétiques étant désormais
fiables à  99,99  %, il sera relativement facile de
faire confirmer ou infirmer le lien biologique.
Certains n’hésitent pas à franchir les frontières
pour voir réaliser des tests génétiques qui lèveront
leurs soupçons. Sachez cependant qu’y procéder est
considéré en France comme un délit qui vous
expose à 15 000 euros d’amende.

Si tel est le cas, et que votre paternité tombe, vous


n’aurez plus d’obligation légale de parent à l’égard
de l’enfant. Pour ce qui est de vos obligations
morales, à vous de voir…

Sachez qu’eu égard aux circonstances, même si


vous n’avez plus de lien légal avec l’enfant, vous
pouvez solliciter du magistrat le droit de maintenir
certains liens avec lui  : correspondance, droit de
visite, voire d’hébergement.

Sur ce point, voir le paragraphe «  Les enfants du


conjoint », infra.

Les enfants adoptés


Avez-vous les mêmes droits et les mêmes devoirs
que les autres parents si vous avez adopté votre
enfant ?

Il faut distinguer deux cas de figure :

Dans le cas d’une adoption simple


Dans ce cas, votre fils ou votre fille a conservé des
liens légaux avec sa famille biologique. L’adoption
y a superposé ceux que vous avez souhaité créer par
l’adoption. En revanche, c’est vous seul(e) qui êtes
titulaire ou cotitulaire de l’autorité parentale.

Un cas particulier  : lorsque vous avez adopté


l’enfant de votre conjoint(e), êtes-vous comme lui
titulaire de l’autorité parentale  ? Oui, c’est
indiscutable. En revanche, seul(e) votre ex en a
l’exercice, à moins que vous n’ayez procédé à une
déclaration conjointe devant le greffier en chef du
tribunal de grande instance, précisant que
l’exercice serait commun également. Ceci reste
valable en cas de divorce.

Dans le cas d’une adoption plénière


Vous savez donc que l’adoption plénière assimile
totalement l’enfant adopté à un enfant biologique.
Dans cette hypothèse, il n’existe aucun
particularité  : vous êtes devenus les seuls parents
légaux du mineur, et avez donc exactement les
mêmes droits et les mêmes devoirs que s’il était
votre enfant biologique.

Les enfants du conjoint


Si vous les avez adoptés, reportez-vous aux
rubriques ci-dessus.

Dans le cas contraire, vous n’êtes pas titulaire de


l’autorité parentale.

Peut-être, pendant la vie commune, votre ex vous


a-t-il octroyé une délégation d’autorité parentale,
pour que vous puissiez accomplir en ses lieu et
place certains actes de la vie courante (démarches
administratives, inscription à l’école,…). Cette
délégation a été validée par un juge. Pourtant, au
moment du divorce, votre conjoint(e) peut tout
vous reprendre, en justifiant devant le juge de la
circonstance nouvelle qu’est votre divorce.

Toutefois, le législateur a pris en compte l’injustice


et la douleur que peut créer ce genre de situations :
dans certains cas, en effet, même si aucun lien
légal n’a été créé entre vous, vous avez élevé les
enfants de votre ex comme les vôtres, assurant
financièrement et sentimentalement leur
éducation.

Couper du jour au lendemain les ponts entre eux et


vous est non seulement violent et douloureux pour
vous mais aussi pour l’enfant. Or, vous connaissez
désormais l’importance que donne le droit français
à l’intérêt du mineur en matière de divorce, et
d’autorité parentale.

Si celui-ci l’exige, le juge pourra organiser, même


contre la volonté des parents, un droit de visite ou
de correspondance entre l’enfant et vous-même.

La loi de  1970  exigeait que vous démontriez


l’existence de circonstances exceptionnelles pour
prendre ce genre de mesure. Mais depuis la réforme
de 2002, cela n’est plus nécessaire. Seul l’intérêt de
l’enfant, supérieur à celui des adultes qui
l’entourent, compte : encore faudra-t-il démontrer
que cet intérêt exige que vous puissiez maintenir
avec lui des liens étroits.

Les enfants issus de couples


homosexuels
La loi du  17  mai  2013  a ouvert le mariage aux
couples de même sexe, et partant, l’accès à une
filiation partagée par le biais de l’adoption.

Autrement dit, les deux pères ou deux mères du


couple homosexuel peuvent désormais établir, à
condition d’être mariés, un lien de filiation envers
l’enfant.

Toutefois, le mariage ne confère pas


automatiquement la qualité de parent au conjoint
homosexuel. Pour ce faire, il devra déposer une
requête en adoption de l’enfant de son conjoint.

Cette adoption sera simple si la filiation biologique


de l’enfant du conjoint a été établie et sous réserve
que le parent biologique ait donné son
consentement.

En revanche, l’adoption sera plénière dans le cas où


la filiation de l’enfant n’a été établie qu’à l’égard
du conjoint.

Les conséquences d’une séparation seront alors les


mêmes que pour un couple hétérosexuel.

Les conflits d’autorité parentale


Que faire lorsque l’enfant
refuse d’aller chez mon ex ?
La jurisprudence, bien que parfois controversée, est
claire sur ce point  : le juge ne saurait soumettre
l’exercice du droit de visite et d’hébergement d’un
parent au bon vouloir de l’enfant mineur. En effet,
les risques sont trop importants de voir l’adulte
chez lequel le mineur vit la plus grande partie du
temps manipuler ce dernier pour qu’il finisse par
rompre les liens avec l’autre.

Par conséquent, à vous de persuader votre enfant


de suivre son père ou sa mère, en lui faisant
miroiter les avantages que cela représente. Vous ne
pouvez pas le laisser choisir, et si vous ne parvenez
pas à convaincre votre fils ou votre fille, vous
devrez au besoin user de la contrainte.

En effet, si vous ne remettiez pas l’enfant comme


vous en avez l’obligation, vous vous exposez à être
condamné(e) pénalement pour non-représentation
d’enfant (concernant cette infraction, voir infra).

Plus grave encore, si vous réitérez vos refus, le juge


pourrait vous retirer la résidence principale du
mineur, considérant que vous ne respectez pas
suffisamment les droits de l’autre parent.
Bien entendu, lorsque le refus a une cause précise
et grave, notamment si votre bout de chou vous
affirme qu’il est battu ou abusé, faites-en
immédiatement part à votre avocat, afin que celui-
ci fasse suspendre légalement le droit de visite (voir
infra concernant les infractions à caractère sexuel).
Mais dans la mesure du possible, ne vous mettez
pas en tort.

Que faire si mon ex me remet


l’enfant sans vêtements ni
affaires ?
Voilà un problème malheureusement tristement
courant, il fait partie de la gue-guerre stérile à
laquelle se livrent certains ex.

Si vous êtes le parent chez lequel l’enfant réside à


titre habituel, vous remettez en principe à l’autre,
lors de l’exercice de chaque droit de visite et
d’hébergement, une valise contenant un certain
nombre d’affaires et de vêtements pour votre
enfant.

Or, certains parents sont négligents, d’autres peu


soigneux, d’autres enfin ont simplement envie de
nuire. Bref, il se peut que certaines affaires ne
reviennent pas, ou très abîmées. Il est également
possible que papa, même en ayant eu sa marmaille
pendant trois semaines, n’ait pas pris la peine de
faire une seule lessive, et que vous récupériez le
tout… sale.

Si, au contraire, vous êtes celui ou celle qui prend


les enfants pour le week-end et les vacances, vous
êtes peut-être excédé(e) de vous voir
systématiquement remettre des vêtements trop
petits, déchirés, voire pas de vêtements du tout  !
Vous achetez des affaires à chaque nouvelle visite,
et quand vous reprenez les enfants la fois suivante,
celles-ci ont été remplacées par de nouvelles
guenilles, si bien que vous avez fini par conserver
la garde-robe chez vous.

Pouvez-vous contraindre votre ex à se comporter


avec plus de correction  ? La loi ne prévoit rien sur
ce point. Vous pourrez donc simplement en faire
état lors des audiences devant le juge saisi de votre
dossier, afin que ce dernier en tienne compte au
moment de fixer le montant de la contribution à
l’entretien et l’éducation des enfants.

Par ailleurs, parlez-en à votre avocat pour que ce


dernier fasse part du problème à son homologue
adverse, au besoin par une lettre officielle.
Enfin, si une médiation est en cours (voir le
chapitre 10), incluez cette difficulté dans les points
à traiter.

Que faire si mon ex conserve


les passeports ?
Depuis le  15  juin  2009, et la mise en place des
nouveaux passeports biométriques, vous ne pouvez
plus faire inscrire votre enfant sur votre passeport :
vous avez l’obligation, si vous souhaitez vous
déplacer avec lui à l’étranger, d’en faire établir un
en son nom propre.

Que faire si c’est votre conjoint(e) qui est en


possession de ce document et qu’il/elle refuse de
vous le remettre ?

Vous ne pourriez pas en faire établir un second sans


faire une déclaration mensongère de perte ou de
vol, ce qui n’est pas envisageable. Par conséquent,
si votre ex refuse de vous donner le passeport de
votre enfant alors que vous en avez besoin pour
partir à l’étranger avec lui, parlez-en d’abord à
votre conseil afin que celui-ci prenne contact avec
l’avocat adverse.
Vous pouvez également vous confier au médiateur
éventuellement en charge de votre dossier afin qu’il
tente un règlement pacifique du problème. Mais si
cela ne suffisait pas, demandez à votre avocat de
saisir le juge aux affaires familiales, au besoin en
urgence, de cette difficulté afin qu’il la tranche.

Si cela est nécessaire, le magistrat pourrait


contraindre sous astreinte votre ex à vous remettre
le passeport.

Un cas particulier, qui n’est pas si rare, mérite


d’être évoqué  : il est possible, car la législation
civile le prévoit, que le magistrat ait prévu une
interdiction de sortie du territoire pour vos enfants
sans l’accord de l’autre parent, et l’ait fait
expressément mentionner sur les passeports. Dans
ce cas, et si votre ex vous refuse ladite autorisation,
vous ne pourrez pas quitter le territoire national
avec votre bout de chou, et la remise du passeport
de ce dernier n’y changera rien.

Il s’agit en général de cas particulièrement


contentieux dans lesquels un des parents est de
nationalité étrangère, et que l’on redoute un
enlèvement d’enfant (voir infra).
Là encore, si vous estimez que ce refus est
injustifié, demandez à votre conseil de saisir le juge
afin qu’il examine le problème.

Que faire si mon ex


déménage ?
Hors de question bien entendu d’interdire à un
parent quel qu’il soit de déménager, car ce serait là
violer les droits les plus essentiels de l’individu. De
plus, les aléas de la vie, en particulier la nécessité
de trouver un emploi, peuvent nous contraindre à
quitter notre région pour aller occuper un poste à
l’autre bout de la France. Ce n’est pas toujours un
choix !

En revanche, on ne déplace pas un enfant comme


un meuble, au gré de ses humeurs. Il est donc
possible que le magistrat se fonde sur cette
modification de résidence pour changer également
les modalités d’exercice de l’autorité parentale, et
ce à plus forte raison si votre ex a déménagé « à la
cloche de bois ». En effet, le Code civil prévoit noir
sur blanc que le parent qui déménage a l’obligation
d’en informer l’autre dès lors que cela peut avoir
une influence quelconque sur les modalités
d’exercice de l’autorité parentale.

De plus, il faut que cette information ait lieu en


temps et en heure pour vous permettre de vous
retourner, et elle devra intervenir en tout état de
cause… avant le déménagement.

Si vous ne parvenez pas à un nouvel accord


concernant la résidence et l’exercice du droit de
visite, éventuellement la modification de la
contribution, ainsi que la répartition de la charge
matérielle et financière des trajets, l’un d’entre
vous devra saisir à nouveau le juge aux affaires
familiales, si nécessaire en urgence, afin que celui-
ci tranche.

Comme toujours, c’est l’intérêt de l’enfant qui


primera, étant bien entendu qu’il réside
notamment dans la possibilité qu’il a de conserver
des liens avec chacun de ses parents, mais aussi de
garder ses repères sociaux et géographiques.

Sur le plan des sanctions proprement dites, si


l’autre parent a d’ores et déjà déménagé sans vous
prévenir, et vous a ainsi empêché(e) d’exercer votre
droit de visite et d’hébergement, vous pouvez
porter plainte pour non-représentation d’enfant. Il
vous faudra le faire chaque fois que vos droits
seront bafoués, ou déposer une plainte avec
constitution de partie civile pour être sûr(e) de voir
le parquet poursuivre votre ex.

Par ailleurs, vous pouvez aussi déposer plainte pour


enlèvement d’enfant si vous ignorez où votre ex a
emmené vos bouts de chou.

En ce qui concerne le cas particulier des


enlèvements internationaux (voir infra).

Sachez enfin que le fait pour le parent dont les


enfants résident chez lui de déménager sans
notifier à l’autre parent son changement de
domicile dans le délai de un mois à compter de ce
changement est également un délit, pouvant être
puni de six mois d’emprisonnement et
de 7 500 euros d’amende.

Que faire si mon ex n’use


jamais de son droit de visite ?
Aussi regrettable que soit ce comportement, dont
vos enfants ne manqueront sans doute pas de
souffrir, vous ne pouvez pas contraindre leur père
ou mère à user de son droit de visite et
d’hébergement. Ce n’est qu’une faculté que lui
offre la loi et non une obligation.

D’ailleurs, franchement, comment obliger un père


ou une mère à passer du temps avec ses enfants, et
prendre soin d’eux ? Si cela n’est pas une évidence
pour lui ou elle, quel bien cela pourrait-il faire aux
enfants de l’y forcer ?

En revanche, cela peut avoir une implication


financière  : dans la mesure où le magistrat a tenu
compte, lorsqu’il a fixé le montant de la
contribution à l’entretien et l’éducation des
enfants, du temps que ces derniers devraient passer
avec leur autre parent, rien ne vous empêche de
saisir à nouveau le magistrat, en arguant de ce que
les enfants se trouvent désormais avec vous
pendant ces périodes, augmentant ainsi votre
charge financière. Vous pourrez ainsi faire modifier
le montant de la contribution initialement prévue.

Si vous êtes ce parent fantôme, sachez que la


contribution à l’entretien et l’éducation des enfants
n’est en aucun cas la contrepartie du droit de visite
et d’hébergement de celui qui la verse  : par
conséquent, le fait de ne pas prendre les enfants ne
vous dispense pas de payer pour ces derniers.
Et ne perdez pas de vue que si vous les négligez
trop, vous pourriez bien un jour perdre totalement
votre autorité parentale,… sans être pour autant
dispensé(e) d’entretenir financièrement vos
enfants.

Les comportements dangereux

La non-représentation
d’enfant
Il s’agit d’une infraction pénale, qui consiste dans
le fait de «  refuser indûment de représenter un
enfant mineur à la personne qui a le droit de le
réclamer ». Ce délit peut être le fait du parent chez
lequel l’enfant réside à titre habituel, et qui refuse
de le remettre quand le titulaire du droit de visite se
présente à son domicile, ou au contraire de ce
dernier qui ne ramène pas l’enfant en temps et en
heure à l’issue de son droit de visite.

Si vous vous rendez coupable de ce délit, et à plus


forte raison si vous le répétez, sachez que vous
risquez une peine maximale de un an
d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Par conséquent, si vous pensez qu’une difficulté
pourrait se présenter lors du prochain droit de
visite (retard, etc.), prévenez l’autre parent, afin
d’éviter tout malentendu, et donc tout incident.

Et si les modalités d’hébergement ne vous


conviennent plus, plutôt que d’engager un bras de
fer avec votre ex, voyez avec lui/elle si une
modification est envisageable à l’amiable, et si tel
n’est pas le cas, saisissez le magistrat afin qu’il
modifie sa décision pour l’avenir.

Si vous êtes le parent victime d’une non-


représentation, vous pouvez déposer une plainte
simple au commissariat de police ou par lettre
adressée au procureur de la République. Vous
pouvez également prendre un avocat qui saisira le
tribunal correctionnel par citation directe, ou porter
plainte avec constitution de partie civile.

Les enlèvements
internationaux
Bien sûr, il n’est pas nécessaire d’emmener
l’enfant à l’étranger pour qu’il y ait enlèvement.
Dans tous les cas, il s’agit d’une infraction grave,
pénalement sanctionnée, et qui peut sur le plan
civil entraîner pour son auteur jusqu’à la perte de
l’autorité parentale.

Toutefois, dans le cas des enlèvements


internationaux, à la douleur de l’éloignement
s’ajoute la difficulté de faire valoir ses droits à
l’étranger, c’est-à-dire d’une part, d’obtenir la
reconnaissance de l’infraction par la nation en
cause, et d’autre part, d’obtenir son aide afin de se
voir restituer l’enfant.

La multiplication des mariages mixtes, et le


développement des échanges ont malheureusement
eu pour corollaire l’augmentation de ces
enlèvements internationaux. Par ailleurs, ceux-ci
sont plus médiatisés qu’auparavant. Vos enfants
sont les premières victimes de ces comportements
extrêmes, qui les empêchent de facto de conserver
des relations avec un de leurs parents.

Le déplacement d’un enfant mineur, fût-ce par l’un


de ses parents, à l’étranger est considéré comme
illicite s’il est commis en violation des conditions
d’exercice de l’autorité parentale fixées par le
jugement de divorce (ou par les mesures
provisoires lorsque la procédure est encore en
cours).
En cas de soupçon d’enlèvement, saisissez tout de
suite la police de l’air et des frontières pour
interdire à l’enfant et à l’autre parent de quitter le
territoire national.

Si vous êtes victime de l’enlèvement de votre


enfant par son autre parent au-delà d’une
frontière, ou si vous éprouvez des difficultés à
maintenir des relations personnelles avec votre
enfant résidant à l’étranger, je ne saurais que trop
vous recommander de contacter au plus tôt le
Bureau du droit de l’Union, du droit international
privé et de l’entraide civile.
BUREAU DU DROIT DE L’UNION, DU DROIT
INTERNATIONAL PRIVÉ ET DE L’ENTRAIDE CIVILE

13, place Vendôme, 75042 Paris

Cedex 01, Tél. : 01 44 77 61 05 -Fax : 01 44 77 61 22

(Direction des affaires civiles et du sceau du ministère de la


Justice)

www.justice.gouv.fr

Désigné en tant qu’autorité centrale pour la France afin


d’assurer la mise en œuvre des instruments internationaux
existant.

En effet, la France a conclu plusieurs accords bilatéraux ou


multilatéraux destinés à lutter contre les enlèvements
d’enfants en empêchant le parent ravisseur d’utiliser le
cloisonnement des frontières pour y conforter, voire y
légaliser, la situation de fait qu’il a ainsi créée.

Voici la liste complète des États ainsi liés à la France :


» Afrique du Sud

» Albanie

» Algérie

» Allemagne

» Argentine

» Arménie
» Australie

» Autriche

» Bahamas

» Belgique

» Belize

» Bénin

» Biélorussie

» Bosnie-Herzégovine

» Brésil

» Bulgarie

» Burkina Faso

» Canada

» Chili

» Chine

» Chypre

» Colombie

» Congo

» Costa Rica

» Croatie

» Danemark
» Djibouti

» Égypte

» El Salvador

» Équateur

» Espagne

» Estonie

» États-Unis

» Fidji

» Finlande

» Géorgie

» Grèce

» Guatemala

» Honduras

» Hongrie

» Irlande

» Islande

» Israël

» Italie

» Lettonie

» Liban
» Liechtenstein

» Lituanie

» Luxembourg

» Macédoine

» Malte

» Maroc

» Maurice

» Mexique

» Moldavie

» Monaco

» Monténégro

» Nicaragua

» Niger

» Norvège

» Nouvelle-Zélande

» Ouzbékistan

» Panama

» Paraguay

» Pays-Bas

» Pérou
» Pologne

» Portugal

» République dominicaine

» République de Saint-Martin

» République des Seychelles

» République tchèque

» Roumanie

» Royaume-Uni

» Saint-Kitts-et-Nevis

» Sénégal

» Serbie

» Slovaquie

» Slovénie

» Sri Lanka

» Suède

» Suisse

» Tchad

» Thaïlande

» Togo

» Trinité et Tobago
» Tunisie

» Turkménistan

» Turquie

» Ukraine

» Uruguay

» Venezuela

» Zimbabwé
SI LE PAYS DANS LEQUEL VOTRE EX A EMMENÉ
VOTRE ENFANT FAIT PARTIE DE LA LISTE CI-DESSUS,
VOICI COMMENT FAIRE EN PRATIQUE :

–  Si vous voulez solliciter le retour de votre enfant ou la


protection de votre droit de visite transfrontalier, il vous faut
constituer un dossier comprenant :
» votre demande

» divers formulaires de renseignements que vous


pourrez télécharger sur le site suivant  :
www.enlevement-parental.justice.gouv.fr

» toutes les pièces d’état civil concernant l’enfant,


votre conjoint(e) et vous-même (actes de naissance,
acte de mariage)

» toutes les décisions judiciaires déjà rendues, toutes


les procédures en cours, en France ou à l’étranger,
dont vous avez connaissance

» des photographies les plus récentes possible du ou


des enfants enlevés, ainsi que du parent ravisseur

» une description de votre situation familiale au


moment de l’enlèvement, en particulier de vos
relations avec votre ex

» toute information susceptible d’aider à la


localisation du ou des enfants, ainsi que du
ravisseur (familles et amis connus sur place,
ancienne adresse dans ce pays,…)

» précision que vous connaissez ou non la langue du


pays

» une brève analyse juridique de vos droits parentaux


au moment de l’enlèvement ou de l’impossibilité
d’exercer votre droit de visite (vous pouvez voir ce
point avec votre avocat)

» tout élément utile à la compréhension de votre


situation

Toutes ces décisions et documents doivent être traduits par


un traducteur assermenté dans la langue du pays concerné.

–  Si vous pensez que malgré la gravité de la situation, tout


dialogue n’est pas définitivement rompu avec l’autre parent,
sachez que ce même bureau propose une aide à la
médiation familiale internationale  : il vous faut alors
adresser au bureau d’entraide (et plus précisément à la
Mission d’aide à la médiation internationale pour les
familles) un courrier personnel en indiquant votre situation
et celle de l’enfant, l’historique du conflit, les décisions de
justice rendues, les coordonnées de l’autre parent et de
l’enfant, le but de votre démarche. Vous devrez y joindre les
documents suivants :
» la copie de l’acte de naissance du ou des enfants

» la photocopie du livret de famille


» les documents concernant les procédures en cours
en France et/ou à l’étranger

» les photocopies de toutes les décisions de justice


déjà rendues en France ou à l’étranger

Il vous sera apporté une aide dans le but d’apaiser les


conflits. Sachez enfin que si vous ne disposez que de faibles
revenus, il existe une assistance judiciaire internationale, qui
peut vous être octroyée en cas d’enlèvement.
LES CONVENTIONS APPLICABLES
» Le Règlement européen dit « Bruxelles II bis », entré
en vigueur en mars  2005, sur la compétence, la
reconnaissance et l’exécution des décisions en
matière matrimoniale et de responsabilité parentale

» La Convention de La Haye sur les aspects civils de


l’enlèvement international d’enfants du  25  octobre
1980, entrée en vigueur en France le  1er
décembre  1983. Essentielle, cette convention
institue une coopération des autorités centrales de
chaque État signataire pour assurer le retour de
l’enfant illicitement déplacé au lieu de sa résidence
habituelle.

Elle s’applique à tout enfant, quelle que soit sa


nationalité, qui avait sa résidence dans un des États
signataires lors de l’enlèvement.

» Attention cependant  : une fois que votre enfant


aura atteint l’âge de seize ans, elle cessera de
s’appliquer.
LES CONVENTIONS APPLICABLES
» La Convention de Luxembourg du 20  mai  1980,
conclue au sein du Conseil de l’Europe : elle a pour
but de promouvoir des relations de coopération
judiciaire entre les États contractants pour faciliter la
reconnaissance et l’exécution des décisions
étrangères en matière de garde et de droit de visite.

» Les conventions bilatérales conclues entre la France


et divers États étrangers.

Ces conventions ont toutes pour objectif de favoriser


l’émergence d’une coopérations administrative et judiciaire
entre les États. Elles prévoient la désignation d’autorités
centrales chargées de mettre en œuvre une procédure
judiciaire simple et rapide en vue du retour de l’enfant
illicitement déplacé. En France, c’est donc le Bureau du droit
de l’Union, du droit international privé et de l’entraide civile,
qui, lorsqu’il est requérant, demande à ses homologue
étrangers :
» la recherche ou la confirmation de la localisation de
votre enfant

» à défaut de règlement à l’amiable, la saisine d’une


juridiction qui devra statuer sur la demande de
retour de l’enfant, ou la demande de reconnaissance
d’un droit de visite transfrontalier et qui, lorsqu’il est
requis, fournit les mêmes prestations.
SI LE PAYS DANS LEQUEL EST RETENU VOTRE
ENFANT N’A CONCLU AUCUNE CONVENTION
QUELLE QU’ELLE SOIT AVEC LA FRANCE, IL VOUS
FAUDRA ENGAGER UNE PROCÉDURE DITE
D’EXÉQUATUR DANS LE PAYS ÉTRANGER EN CAUSE

Pour simplifier, le but est que ce pays reconnaisse au


jugement, à l’arrêt ou à l’ordonnance que vous souhaitez
faire appliquer, la valeur d’une véritable décision de justice
exécutoire sur son territoire.

Pour cela, il vous faudra faire appel à un avocat local.

UN DERNIER CONSEIL ?

Dans tous les cas, et même si vous pensez avoir tout


compris, eu égard à la complexité des démarches à
entreprendre, dont vous n’avez qu’un tout petit aperçu ici
(c’est dire  !), n’hésitez pas à vous adjoindre les services d’un
avocat français. Certains se sont spécialisés en la matière,
contactez l’ordre des avocats qui vous renseignera.

Les sectes
C’est bien connu, les sectes adorent les enfants,
d’autant plus faciles à manipuler qu’ils sont jeunes.
Les dangers
Donc, si votre ex s’est fait embrigader dans un tel
mouvement, il est fort probable qu’il y entraîne vos
enfants. Or les dangers sont multiples :
» lavage de cerveau, parfois associé à un manque
de sommeil, désinformation, qui empêchent
l’esprit critique de l’enfant de se développer ;

» perte de l’identité familiale : dans certains


groupes, les liens d’autorité entre parents et
enfants sont niés : on « donne » à l’enfant une
nouvelle famille, parfois avec plusieurs « pères »
et plusieurs « mères » ;

» désocialisation lorsque le mineur n’a pas accès


aux crèches, aux écoles, aux activités culturelles,
association sportives, etc.

Et dans les cas les plus graves :


» carences nutritionnelles quand le régime
alimentaire est déficient ;

» châtiments corporels ;

» abus sexuels, prostitution ;

» voire danger de mort lorsque l’organisation est


hostile à la médecine et prétend guérir les
maladies avec ses propres méthodes, ou encore
prône le suicide collectif.
Dans la plupart des cas, cependant, les enfants ne
sont pas totalement coupés du monde extérieur.
Les dangers n’en sont pas moins réels  : le risque
n’est plus alors la déscolarisation, mais la
perversion de ce qui est appris à l’école. Les
connaissances sont soupesées, triées, et les valeurs
laïques, républicaines et démocratiques sont
contrebalancées.

Les membres de la secte expliquent par exemple à


votre bambin que ce qu’on lui enseigne à l’école
n’est pas la vérité, on lui interdit de fêter Noël, ou
son anniversaire, de participer à certaines activités
avec ses camarades de classe, on lui recommande
de refuser les vaccins ou les transfusions
sanguines… On imagine les dégâts qui peuvent
ainsi être occasionnés sur une personnalité en
pleine construction.

Certains mouvements ont carrément ouvert des


écoles, des garderies, des crèches, ont mis en place
des cours du soir, créé des centres de
«  formation  », proposent la garde d’enfants à
domicile, ou encore tentent d’infiltrer le réseau des
assistantes maternelles.

Ne devenez pas non plus paranoïaque : ce n’est pas


parce que votre ex ne mange plus que des produits
macrobiotiques, qu’il fait du yoga et consulte un
sophrologue qu’il fait partie d’une secte  ! Méfiez-
vous des amalgames.

Quels sont les recours ?


Mais que faire s’il est bien membre d’une secte, et
y implique vos enfants ?

Sachez tout d’abord que le droit français ne donne


pas de définition de la secte, mais punit tous les
agissements qui portent atteinte aux droits de
l’homme (et aux droits de l’enfant), aux libertés
fondamentales, ou qui constituent une menace à
l’ordre public.

Sur le plan strictement familial, la jurisprudence


rappelle régulièrement que la seule appartenance à
un mouvement sectaire ne saurait justifier une
décision défavorable à l’égard de l’adepte
concernant la fixation de la résidence des enfants
ou du droit de visite et d’hébergement.

Le droit français respecte en effet la liberté de culte


et la liberté de penser. Encore faut-il, pour que le
magistrat estime nécessaire de protéger vos bouts
de chou, que le comportement de votre ex nuise, ou
risque de nuire, à leur équilibre.
Il vous faudra donc prouver, pour obtenir la garde,
supprimer le droit de visite de l’autre parent, voire
solliciter le retrait de l’autorité parentale à votre ex,
qu’il y a un danger réel, concret et grave.

Seul l’intérêt de l’enfant compte  : son


développement harmonieux, ses résultats scolaires,
son comportement en société et au sein de la
famille seront autant d’éléments d’appréciation qui
seront pris en compte par le juge chargé de votre
dossier.

N’hésitez pas à demander au juge une enquête


sociale et une expertise médico-psychologique, qui
permettront de connaître les conditions de vie de
votre bambin, mais aussi les répercussions de
l’influence de la secte sur son équilibre
psychoaffectif. Renseignez-vous sur les pratiques,
affichées et occultes, du mouvement dont votre ex
est le membre, et faites-en part au juge.

Quant à l’audition de l’enfant, elle peut être


dangereuse en la matière  : certes, si ce dernier est
en âge d’émettre une opinion est-il à priori
souhaitable qu’il en fasse part au magistrat. Mais
s’il est embrigadé dans le mouvement, cet entretien
pourrait bien avoir l’effet inverse de celui que vous
escomptiez.
Une expertise, qui non seulement rapportera au
juge la parole du mineur, mais également
l’interprétera à la lumière des manipulations dont
ce dernier est victime, sera sans doute préférable.

SECTES : FAUT-IL SAISIR LE JUGE DES ENFANTS ?

Vous pouvez, parallèlement à la procédure de divorce, saisir


le juge des enfants, si la santé, la sécurité ou la moralité de
votre enfant est en danger ou que les conditions de son
éducation sont gravement compromises. Ce dernier pourra
prendre diverses mesures de protection, pouvant aller, si la
résidence était jusque-là fixée chez le parent adepte,
jusqu’au placement de l’enfant.

Sachez cependant que, dans ce dernier cas, les magistrats


répugnent souvent à placer le mineur chez vous, de crainte
que votre demande ne dissimule en réalité le souhait de voir
transférer la résidence à votre domicile, et donc de
contourner la décision prise par le juge aux affaires
familiales. Il est par conséquent probable que le placement
soit ordonné dans une structure spécialisée, et non chez
vous.

Les infractions d’ordre sexuel


«  Calomniez, calomniez, il en restera toujours
quelque chose… si vous êtes victime de fausses
accusations. »

À court d’arguments pour obtenir la garde de votre


enfant, ou soucieux(se) de vous exclure totalement
de la vie de celui-ci, votre ex n’a pas hésité à vous
accuser d’attouchements, d’exhibition ou de viol
sur votre bout de chou. Pour être parfaitement
ignobles, ces «  techniques  » peuvent
malheureusement s’avérer efficaces, au moins dans
un premier temps.

En effet, le magistrat, appliquant le principe de


précaution, peut en présence de telles allégations
vous empêcher temporairement d’avoir accès à vos
bambins, ou en tout cas de manière classique.

Il ordonnera alors que votre droit d’hébergement


soit suspendu, et qu’un simple droit de visite soit
mis en place, et ce en « milieu neutre », c’est-à-
dire concrètement au sein d’une association. Votre
ex y conduira l’enfant, que vous pourrez voir, mais
pendant un temps limité (en général quelques
heures) et toujours en présence de tierces
personnes. Parallèlement, le magistrat ordonnera
des expertises qui auront pour but de déterminer si
les accusations de votre ex sont crédibles.
Certes, vous vous savez innocent(e), et vous êtes
convaincu(e) que ces démarches ne feront que le
prouver. Toutefois, vous êtes sans aucun doute, et à
juste titre, écœurée(e) par l’attitude de votre ex, et
redoutez que quelques bonnes âmes, même après
que vous avez été blanchi(e), ne persistent à dire
qu’il n’y a pas de fumée sans feu, souillant ainsi
votre réputations à vie. Et surtout, le temps perdu
avec vos bouts de chou ne pourra pas être rattrapé.

Que faire si vous êtes


soupçonné(e) ?
» Même si cela vous coûte, et on le conçoit fort
bien, soumettez-vous de bonne grâce aux
mesures d’expertise et aux dispositions
temporaires prises par le juge, en vous focalisant
sur le fait que le seul souci de la justice est de
protéger votre enfant.

» Lorsque l’autre parent se rend coupable de non-


représentation d’enfant, signalez-le
systématiquement auprès d’un commissariat de
police, afin que cela soit acté sur une main
courante. Vous pouvez également porter plainte
auprès des services de police ou de gendarmerie :
peu importe ce que vous affirmeront certains
fonctionnaires peu motivés à l’idée de devoir
consigner vos dires, ce dépôt de plainte ne peut
en aucun cas vous être refusé. Conservez ensuite
les références de votre main courante ou de votre
plainte, et transmettez-les à votre avocat, qui
pourra ainsi se faire envoyer le contenu de vos
déclarations. C’est très contraignant de passer par
la case « commissariat » à chaque non-
représentation, je vous l’accorde. Cependant, c’est
souvent l’accumulation qui motivera le procureur
de la République à poursuivre l’auteur des faits, et
cela n’est donc pas inutile. De plus, cette
démarche présente l’avantage de consigner
clairement dates et faits, que vous pourriez peu à
peu oublier ou confondre.

» Si votre bout de chou est manipulé par votre ex,


n’en rajoutez pas : si vous ne parvenez pas à le
convaincre de dire la vérité, ne vous en prenez
pas à lui ; ce n’est qu’un enfant, pris au milieu d’un
terrible conflit de loyauté. Il est lui aussi avant
tout une victime.

» Dès que la justice aura reconnu votre innocence,


faites valoir vos droits : j’encourage pour ma part
mes clients à porter plainte pour dénonciation
calomnieuse, ou selon les cas pour diffamation,
de manière à faire sanctionner l’ex-conjoint(e) et à
faire taire les mauvaises langues.
» En ce qui concerne les modalités d’exercice de
l’autorité parentale, sachez que le magistrat, une
fois que votre innocence aura été reconnue, peut
prendre des mesures radicales à l’encontre de
votre ex, pouvant aller jusqu’au transfert de
résidence ou au placement, ceci non pas par
mesure de rétorsion, mais dans l’intérêt de
l’enfant.

Vous soupçonnez ou avez


connaissance de telles infractions
Si vous avez constaté des marques suspectes sur
votre enfant, que le comportement de ce dernier a
changé d’une étrange façon, ou encore qu’il vous
déclare être victime de sévices sexuels, il faut bien
entendu réagir.

Attention toutefois à ne pas agir sans


discernement  : la gravité des accusations que vous
pourriez être amené(e) à porter, ou des soupçons
que vous vous apprêtez à révéler, est extrême, et
aura de graves conséquences pour votre famille.

Les attouchements, exhibitions et viols ne sont pas


toujours le fait de l’autre parent, mais parfois de
l’entourage proche de celui-ci, qui est amené à être
en contact avec votre bout de chou lorsque ce
dernier se trouve chez votre ex  : beau-parent,
grand-parent, demi-frère ou demi-sœur, cousin,
ami…

Quant à la parole de l’enfant, si elle est


heureusement aujourd’hui entendue, elle n’est pas
parole d’Évangile, et le tristement célèbre procès
d’Outreau l’a suffisamment démontré. Perturbé par
votre séparation, terrorisé, ou influencé par un
tiers, votre bambin peut avoir inventé des faits
pour être le centre de l’attention, mal interprété
certaines attitudes, ou encore accuser la mauvaise
personne d’être l’auteur des infractions dont il a
effectivement été victime.

Tournez-vous en priorité vers votre avocat, qui


vous indiquera comment agir, notamment lors du
prochain droit de visite, et qui entreprendra les
démarches judiciaires qui s’imposent, sur le plan
pénal (plainte simple, plainte avec constitution de
partie civile) comme sur le plan civil (saisine du
juge aux affaires familiales et/ou du juge des
enfants).

Si c’est l’entourage de votre ex-conjoint(e) que


vous soupçonnez, parlez-en à ce(tte) dernier(ère),
afin de recueillir son avis, et lui demander le cas
échéant de ne pas laisser votre enfant seul avec le
ou les individus en cause.

Par ailleurs, consultez des professionnels de la


petite enfance (pédiatre, pédopsychiatre, etc.), qui
vous permettront d’y voir plus clair.
Chapitre 13
Le droit de visite et
d’hébergement
DANS CE CHAPITRE :
» Où vivront les enfants après le divorce ?

» Les droits du parent du week-end

» La résidence alternée

» Les droits des grands-parents

» Les droits des beaux-parents

L fixée
orsque la résidence habituelle des enfants est
chez votre ex, le magistrat met dans
l’immense majorité des cas en place un droit de
visite et d’hébergement à votre profit.
LES DIFFÉRENTES FORMES DU DROIT DE VISITE ET
D’HÉBERGEMENT (DVH)

Le droit de visite en lieu médiatisé (10 %)

Si l’intérêt de l’enfant le commande, le droit de visite de l’un


des parents pourra s’exercer en lieu médiatisé c’est-à-dire au
sein d’un espace de rencontre conçu à cet effet.

C’est généralement le cas lorsque certains éléments laissent


à penser que le parent est dangereux pour l’enfant
(problèmes psychologiques, violences…), ou lorsque pour
une raison toute autre, le père ou la mère ne peut
provisoirement exercer son droit à son domicile. L’objectif est
de permettre aux enfants et au parent concerné de recréer
une relation de confiance et de sécurité.

Il s’agit d’une décision d’exception car le droit du père ou de


la mère sur son enfant est considérablement réduit.

En effet, il / elle ne pourra plus le rencontrer que sous la


surveillance d’un tiers.

Bien souvent, il existe une très forte tension entre les


parents. La mise en place d’un tel droit est fréquemment
vécue par le père ou la mère concerné(e) comme une
humiliation, une tentative de l’autre parent de le mettre à
l’écart de la vie de l’enfant.

Cependant, au fil de l’accompagnement, la plupart des


parents concernés s’aperçoivent que la reprise des contacts
avec l’enfant, dans ce lieu neutre, est une opportunité pour
maintenir un lien et dénouer peu à peu les tensions.

Dans tous les cas, cette mesure doit être limitée dans le
temps. Sa durée est fixée par le juge (en général  6  mois
renouvelables).

Concrètement, le magistrat va désigner une association en


charge de mettre en place le droit de visite du parent
concerné, selon la fréquence des rencontres fixée par le
magistrat, (ce peut être une fois par mois, une fois toutes les
deux semaines, deux heures, une après-midi…).

À l’issue de sa mission, l’association rédigera un rapport


qu’elle remettra au juge. Les parents pourront en prendre
connaissance et faire leurs observations. Le magistrat
décidera ensuite soit de fixer un droit de visite et / ou
d’hébergement, soit de renouveler la mesure, soit de
suspendre provisoirement le droit de visite du parent si
celui-ci a un comportement dangereux pour l’enfant.

Le droit de visite simple (10 % des cas)

Dans le cas où la défaillance d’un parent sera établie, son


droit sera limité à une simple visite en journée. Il ne pourra
donc pas l’héberger.

Le droit de visite et d’hébergement classique (57  % des


cas)

Le droit de visite et d’hébergement dit classique s’entend


d’un week-end sur deux et la moitié des vacances.
Le droit de visite et d’hébergement élargi (11 % des cas)

Ce droit peut être composé de plusieurs jours d’affilés, ou


d’un week-end sur deux ainsi que d’un milieu de semaine
(par exemple du mardi sortie des classes au jeudi rentrée
des classes) ainsi que de la moitié des vacances.

La résidence alternée (17 % des cas)

La résidence de l’enfant peut être fixée en alternance, c’est-à-


dire au domicile d’un parent puis de l’autre.

Cependant, ce mode de garde est soumis à diverses


conditions notamment à l’âge des enfants. (Pour en savoir
plus, reportez vous à la page 235).

Autres hypothèses

Parfois, le juge peut décider de prononcer un droit de visite


et d’hébergement «  progressif  » qui débutera, par exemple,
par la mise en place d’un DVH classique sur quelques mois,
puis d’un DVH élargi, voire même d’une résidence alternée.
L’idée est de permettre à l’enfant de s’adapter en douceur à
son nouveau mode de vie.

Dans les cas les plus graves, le droit de visite et


d’hébergement du parent peut être suspendu, notamment
lorsque celui-ci présente un danger pour l’enfant (violences,
abus sexuels…). Cela représente 4 % des cas.

Retenez que le droit de visite et d’hébergement peut être


modifié à tout moment et que, dans tous les cas, il doit être
adapté à l’enfant. Il n’y a pas de règles spécifiques ; à vous de
voir avec le père ou la mère de votre enfant l’organisation qui
lui sera la plus favorable.

La fixation de la résidence
habituelle
On ne le répétera jamais trop  : malgré votre
séparation, c’est votre éventuel accord qui prime  :
quel que soit le type de divorce, les conventions
parentales sont privilégiées plus encore au sujet des
enfants qu’en toute matière.

Le contrôle du juge sera alors limité, puisqu’il se


contentera de vérifier que votre accord est réel, et
qu’il préserve suffisamment l’intérêt de vos
enfants.

Si tout dialogue sur ce point est rompu, la résidence


sera fixée par décision de justice.

Par qui ?
Par le juge aux affaires familiales (JAF) chargé de
votre divorce.

Pour tout savoir sur le juge aux affaires familiales,


reportez-vous au chapitre 3.
Lorsque, à défaut d’accord acceptable entre vous, il
doit trancher par lui-même, il ne dispose que de
peu de temps pour le faire. La loi lui permet d’user
d’un certain nombre d’outils qui lui permettront de
prendre sa décision, parmi lesquels diverses
expertises (enquête sociale et éventuellement
expertises médico-psychologique et/ou
psychiatrique).

Toutefois, il lui faut prendre des mesures


provisoires dès le stade de l’ordonnance de non-
conciliation, c’est-à-dire au moment même où il
ordonne ces éventuelles expertises.
QUESTIONS À MME NICOLE CHOUBRAC, EX-VICE
PRÉSIDENTE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
DE PARIS EN CHARGE DES AFFAIRES FAMILIALES

Comment fixez-vous la résidence habituelle des


enfants ?

Là, c’est vraiment au cas par cas, guidés par ce que nous
pensons être l’intérêt de l’enfant, aidés par les rapports
médico-psychologiques et éventuellement par l’audition de
l’enfant.

Entendez-vous les enfants en votre cabinet ?

Quand il s’agit d’un adolescent, sa parole est réellement


importante au regard du peu de poids de la contrainte en ce
domaine. Quand il s’agit d’un plus petit, entre dix et treize
ans, il récite bien souvent la leçon que lui a fait répéter
l’accompagnant. Personnellement, je ne les entendais pas
avant dix ans. S’ils demandaient à être entendus avant, ou
que leurs parents le demandaient, je le faisais faire par des
professionnels qui ont davantage d’outils et d’expérience que
nous pour le faire.

Si l’un d’entre vous a porté des accusations plus ou


moins graves à l’encontre de l’autre (violence,
attouchements, alcoolisme, etc.), et qu’il a fourni
des éléments susceptibles de rendre ses accusations
crédibles, le magistrat devra faire preuve de
prudence. Dans ces cas de figure, il arrive qu’en
attendant les résultats de l’expertise, l’autre parent
ne puisse exercer normalement ses droits, et doive
par exemple se contenter d’un droit de visite sans
hébergement, voire de rencontres dans un lieu
neutre, sans pouvoir être jamais seul avec ses
enfants.

Bien entendu, un sentiment d’injustice très fort est


alors, à juste titre, ressenti par le parent ainsi
soupçonné. Si tel est votre cas, sachez que seul
l’intérêt de votre enfant compte pour le juge, et
prenez votre mal en patience. Le fait qu’il applique
le «  principe de précaution  » en la matière ne
signifie pas qu’il soit convaincu par les allégations
de la partie adverse, mais seulement qu’il se doit
d’être d’une vigilance sans faille quand l’intérêt de
vos enfants est concerné, ce qui est une bonne
chose.

Une fois votre innocence démontrée, non


seulement vous récupérerez toutes vos prérogatives
parentales, mais il est même possible que votre
accusateur(rice) soit sanctionné(e) par le magistrat
du divorce, qui tient notamment compte pour la
fixation de la résidence de l’aptitude de chacun à
respecter les droits de l’autre.
Enfin, dans les cas les plus graves vous aurez la
possibilité d’intenter une action en diffamation ou
dénonciation calomnieuse contre votre ex, et de
le/la faire condamner pénalement (voir supra, les
infractions sexuelles).

Selon quels critères ?


Cette question n’intéresse, bien entendu, que les
cas dans lesquels c’est le magistrat chargé du
divorce qui devra prendre la décision : si vous êtes
parvenus à vous mettre d’accord, personne ne vous
demandera de faire état de vos motivations.

Le Code civil, pour faciliter la mission du juge


chargé de votre dossier, énumère un certain
nombre de critères dans son article  373-2-11. Il
s’agit de :
» la pratique que votre moitié et vous aviez
précédemment suivie, ou les accords que vous
aviez conclus avant l’intervention du magistrat ;

» les sentiments exprimés par votre enfant mineur,


lorsque celui-ci a eu l’occasion de le faire (audition
par le magistrat, par un des experts ou
intervention dans la procédure par l’intermédiaire
de son propre avocat) ;
» l’aptitude de chacun à assumer ses devoirs, ceci
sur le plan éducatif, matériel, financier, moral,
etc. ;

» l’aptitude de chacun à respecter les droits de


l’autre, et en particulier sa place dans la vie de
l’enfant : ainsi un magistrat peut-il parfaitement
fonder sa décision sur l’attitude négative de l’un
des conjoints à l’endroit de l’autre : dénigrement
systématique, refus répétés de remettre l’enfant
lors des droits de visite, décisions essentielles
concernant l’enfant prises sans l’accord de l’autre
parent, etc. ;

» le résultat des expertises éventuellement


effectuées, tenant compte de l’âge de l’enfant ;

» les renseignements qui ont pu être recueillis


dans les éventuelles enquêtes et contre-enquêtes
sociales qui ont pu être ordonnées dans le cadre
de la procédure de divorce.

Sachez que, selon les cas, et pour tenir compte des


particularités de chaque dossier, le magistrat
pourra faire appel à d’autres critères. On dit que la
liste de l’article  373-3-11  du Code civil n’est pas
« limitative ».

Vous le savez maintenant, en matière divorce, et


plus encore concernant le sort des enfants, la
législation française privilégie le sur-mesure par
rapport au prêt-à-porter.

Ainsi, un autre critère fréquemment pris en


considération par les juges aux affaires familiales
est le souci de ne pas séparer une fratrie  : il n’est
pas rare que l’un des parents, ayant refait sa vie,
agrandisse la famille, donnant des demi-frères
et/ou des demi-sœurs aux enfants nés de sa
première union. Lorsque le magistrat fixera la
résidence habituelle de ces derniers, il tiendra
compte de la nécessité de leur permettre de nouer
et entretenir des liens avec ces autres enfants.

Pour combien de temps ?


Dans l’intérêt des enfants, les mesures les
concernant ne sont jamais figées, ni pendant, ni
après la procédure. Par conséquent, elles sont
toujours révisables.

Sachez que si les mesures provisoires vous ont


privé(e) d’un mode d’exercice «  classique  » de
votre autorité parentale, ou que vous n’êtes pas
satisfait(e) de la décision rendue, vous n’aurez pas
nécessairement besoin d’attendre le prononcé du
divorce pour obtenir un changement du mode
d’exercice de l’autorité parentale  : vous pourrez
agir par voie d’incident pour faire modifier les
mesures prises (reportez-vous au chapitre  9
concernant les procédures d’incident) dès que vous
pourrez arguer d’un élément nouveau (par
exemple, les résultats de l’enquête sociale ou de
l’enquête médico-psychologique), qui vous est
favorable.

Si les circonstances ont changé depuis le prononcé


du divorce, et que vous souhaitez voir modifier les
conditions d’exercice de l’autorité parentale, il vous
suffira de vous rendre au greffe du juge aux affaires
familiales du tribunal de grande instance : on vous
y remettra un formulaire à remplir, dans lequel
vous indiquerez la teneur de votre demande. Le
juge sera ainsi à nouveau saisi, et prendra une
nouvelle décision à la lumière des éléments
nouveaux que vous lui présenterez.

Vous n’êtes pas obligé(e) de prendre un avocat pour


ce faire, mais vous devrez communiquer à la partie
adverse (votre ex) toutes les pièces que vous
donnerez au juge. À défaut, l’affaire risque d’être
renvoyée.
Les droits et devoirs du
« parent du week-end »
Les enfants ne vivent pas chez vous au quotidien,
cependant vous conservez l’autorité parentale, au
même titre que l’autre parent. Le principe de
«  coparentalité  », que le législateur met
aujourd’hui en exergue, développe l’idée que
l’exercice reste commun, même après la
séparation.

Cela vous donne des obligations et des droits, qui


devront toujours avoir pour but l’intérêt de
l’enfant :
» Prise en charge quotidienne de l’enfant lorsque
celui-ci est avec vous : il ne peut quitter votre
domicile sans votre autorisation, et vous êtes
responsable des éventuels dommages qu’il
pourrait causer pendant ce laps de temps.

» Surveillance de l’enfant : vous devez contrôler ses


allées et venues, son utilisation des outils
numériques (les films et les séries qu’ils
visionnent, les sites Internet qu’ils visitent…), ses
relations avec les membres de la famille et avec
les tiers, mais aussi ses correspondances, qu’elles
soient épistolaires, téléphoniques ou
informatiques (Internet) ; cependant, cette
surveillance ne doit pas tourner à l’espionnage :
elle ne sera exercée que pour protéger votre
enfant contre les dangers provenant de
l’extérieur. Par ailleurs, elle s’allégera au fur et à
mesure que celui-ci grandit, cela pour respecter
son intimité.

» Choix d’un traitement, d’une prise en charge


thérapeutique ou d’une intervention chirurgicale,
étant précisé que votre enfant a le droit de
donner son avis, mais sans pouvoir prendre lui-
même la décision. Tout au plus a-t-il le pouvoir de
refuser certains actes, (comme le prélèvement de
moelle osseuse au profit d’un frère ou d’une sœur,
ou de se prêter à une recherche biomédicale), et
pour les jeunes filles d’obtenir un moyen de
contraception, de demander l’autorisation
d’avorter malgré votre refus.

» Éducation de l’enfant, qu’elle soit scolaire et


professionnelle ou religieuse. Dans la mesure où il
y a séparation, les désaccords entre les parents
que vous êtes ne seront pas toujours tranchés par
vos soins. Dès lors, vous pouvez faire intervenir le
magistrat si vous refusez le choix de religion
imposée par votre ex, l’établissement scolaire
choisi, etc., le juge tranchera en fonction de ce
qu’il pensera être l’intérêt de l’enfant. Sur ce point
également, les sentiments du mineur seront pris
en compte au fur et à mesure de son
développement, afin de respecter sa liberté de
pensée, de conscience et de religion.

» Depuis la réforme de 2002, la loi prévoit


également que l’autorité parentale doit permettre
à l’enfant de se développer : il s’agit donc de
conduire l’enfant sur le chemin de la vie en lui
permettant de s’épanouir physiquement,
intellectuellement, mais aussi sur le plan de la
personnalité.

La résidence alternée
Vous envisagez peut-être de mettre en place une
résidence alternée pour vos enfants, de manière
que ces derniers passent autant de temps ou
presque avec chacun de leurs parents. Et en effet, le
système peut sembler à priori idéal, tant un enfant
a besoin de la présence de ses deux parents.

Les arguments pour


» La résidence alternée aurait l’avantage de
reconnaître officiellement que certains pères
s’occupent de leurs enfants, et souhaitent que
cela continue malgré le divorce, qui échappent
ainsi à la toute-puissance maternelle.

» L’enfant, dont l’intérêt reste le critère prééminent


lorsqu’il s’agit de déterminer les modalités
d’exercice de l’autorité parentale, doit pouvoir
continuer à entretenir des liens avec chacun de
ses parents au quotidien. Or, le parent du week-
end ne saurait remplir pleinement son rôle : 56 %
des jeunes enfants ne dormant pas chez leur père
perdent tout contact avec lui. Avec l’avènement de
la résidence alternée, il n’y a plus de parent
« secondaire » ni de « papa du week-end », ces
derniers, puisque ce sont surtout eux qui
réclamaient une réforme, se sentant réinvestis
dans leur vrai rôle. En effet, en ne voyant leurs
enfants qu’un week-end sur deux et la moitié des
vacances, ils avaient souvent le sentiment d’être
réduits à une sorte de papa gâteau qui emmène
sa marmaille dans les parcs d’attraction et les fast-
foods et tolère tout de peur de gâcher le peu de
temps passé ensemble.

» Le fait pour chacun des parents de n’avoir à


s’occuper des enfants qu’une semaine sur deux
permettrait à chacun de reconstruire plus
facilement sa vie d’adulte, en particulier sur le
plan affectif, et de se rendre pleinement
disponible pour ses bambins lorsqu’ils sont avec
lui.

» Ce serait la fin de la prééminence maternelle


pour les petits, prééminence qui ne serait en
réalité qu’une habitude culturelle et ne
correspondrait pas à un réel besoin de l’enfant.

Cependant, ce mode de «  garde  », s’il tend


aujourd’hui à se développer, en partie sous
l’impulsion du législateur (cf. infra), continue
cependant à faire débat dans l’opinion publique,
chez les praticiens du droit et au sein des
professionnels de l’enfance.

La résidence alternée est plus fréquente chez les


parents dont les revenus étaient élevés avant la
séparation. Ceci s’explique par la nécessité pour
chacun des parents d’avoir un logement
suffisamment spacieux pour accueillir les enfant,
ce qui engendre forcément un coût.

Les craintes
» On redoute tout d’abord que les enfants ne
soient trop souvent « trimbalés » d’un foyer à
l’autre, et ne se sentent finalement chez eux nulle
part. Toutefois, cet argument est à mon sens
contestable : n’en va-t-il pas de même lorsqu’un
droit de visite et d’hébergement « classique » est
mis en place et que l’enfant « déménage » un
week-end sur deux, parfois en milieu de semaine,
et pendant la moitié de toutes les vacances
scolaires ? De plus, les enfants ont pour la plupart
une grande facilité d’adaptation.

» Mise en place trop tôt, la résidence alternée


pourrait séparer prématurément un enfant de sa
mère pour une longue période.
LA SÉPARATION PRÉMATURÉE D’UN ENFANT DE SA
MÈRE

Selon le professeur Maurice Berger, ancien chef de service


en psychiatrie de l’enfant au CHU de Saint-Étienne, et bien
connu des partisans comme des contradicteurs à la
résidence alternée, à laquelle il s’oppose dans tous les cas
avant l’âge de six ans, certains troubles caractéristiques
surviendraient chaque fois qu’un enfant de moins de six ans
est soumis à une séparation d’avec sa mère trop longue par
rapport à ce qu’il peut supporter, c’est-à-dire par rapport au
temps pendant lequel il peut garder en mémoire l’image de
sa mère :
» un sentiment d’insécurité avec apparition
d’angoisses d’abandon, l’enfant ne supportant plus
l’éloignement de sa maman et demandant à être en
permanence en contact visuel avec elle ;

» un sentiment dépressif avec un regard vide


pendant plusieurs heures et parfois un état de
confusion ;

» des troubles du sommeil ;

» de l’eczéma ;

» de l’agressivité, en particulier à l’égard de la mère


considérée comme responsable de la séparation ;
» une perte de confiance dans les adultes, en
particulier le père, dont la vision déclencherait une
réaction de refus ;

» enfin, chez certains enfants plus grands, un refus


de suivre la moindre contrainte, scolaire ou
familiale.

Toujours selon le professeur Berger, il serait faux de vouloir


prétendre que le père est une mère comme les autres  : les
mères seraient plus dans un dialogue émotionnel, plus
tournées vers la protection, quand les pères seraient dans
des échanges plus physiques, plus stimulants et plus
discontinus  : pour être complémentaires, ces styles
d’échanges ne seraient pas pour autant équivalents. Et ce
n’est pas parce que les adultes, et en particulier les hommes,
ont décidé d’exercer différemment leur rôle parental dans
une société en pleine évolution que les besoins relationnels
des enfants ont changé  : dans la mesure où c’est la femme
qui est enceinte, qui accouche, qui allaite, c’est elle qui reste
pour l’enfant la première figure d’attachement.

» On s’interroge également parfois concernant les


réelles motivations des parents : égalitarisme
primaire (on se partage un enfant), souci de faire
baisser, voire de supprimer la contribution à
l’entretien et l’éducation de l’enfant, souhait de
remporter une victoire sur l’autre parent. Quand
on n’est pas disponible pour s’occuper soi-même
de son enfant, ou que l’on soutient ne pas pouvoir
verser de contribution à son entretien en raison
de ses faibles revenus, est-il raisonnable de
revendiquer la mise en place d’une résidence
alternée, plus coûteuse en temps et en argent ?
Selon certains, ce mode d’exercice de l’autorité
parentale ferait trop souvent plaisir à l’adulte au
détriment de l’enfant. Or, c’est bien l’intérêt de ce
dernier qui devrait rester au cœur du
raisonnement.

» Certains parents, pour diverses raisons, tenant


parfois aux souhaits respectifs de leurs enfants,
ne sollicitent la résidence alternée que pour l’un
d’entre eux, et non pour les autres. S’il est peu
probable qu’un magistrat impose une telle
répartition à un parent contre l’autre, il est en
revanche possible qu’il valide un tel accord, ce qui
pourrait être extrêmement nuisible à l’équilibre et
l’unicité de la fratrie. L’accord des parents peut-il
justifier tout et n’importe quoi ?

Un des points forts de la réforme


du 4 mars 2002 sur l’autorité parentale aura été la
consécration législative de la résidence alternée,
mais n’a pas mis fin aux débats. Quoi qu’il en soit,
elle est désormais intégrée dans le Code civil
comme une modalité d’exercice de l’autorité
parentale (elle est même première sur la liste des
options possibles), et a immédiatement rencontré
un vif succès. Reste à voir si elle est applicable dans
votre cas…

Les cas dans lesquels elle est


envisageable
La loi ne fixe pas de critère spécifique pour la mise
en place d’une résidence alternée, et c’est donc la
pratique judiciaire qui nous renseigne sur ce point.
En effet, les magistrats ont mis en place un
faisceau d’indices censé révéler la capacité de vos
enfants et des adultes que vous êtes à s’adapter à ce
mode de vie particulier.

Seront donc pris en considération :

Votre aptitude sur le plan


relationnel
Les juges restent majoritairement opposés à la mise
en place d’une résidence alternée lorsque les
parents sont en conflit ouvert à tout propos : dans
la mesure où votre enfant va fréquemment changer
de résidence, vous allez être amenés à vous
rencontrer souvent, et à échanger sur la gestion du
quotidien : par conséquent, il est essentiel que vous
parveniez à un minimum d’entente, sans quoi
l’expérience pourrait virer au cauchemar.

Bien entendu, certaines décisions rappellent que la


mésentente des parents ne saurait à elle seule être
un obstacle à la mise en place d’une résidence
alternée, et la loi permet au juge de l’imposer
même lorsque l’un de vous s’oppose à ce mode de
garde.

Pour autant, les juges seront plus enclins à opter


pour ce mode d’exercice si vous parvenez à
maintenir un minimum de dialogue. Vous détestez
votre ex  ? c’est votre droit  : si vous parvenez à
surmonter cette haine pour admettre qu’il reste
l’autre parent et à échanger avec lui/elle
exclusivement en ce qui concerne l’éducation de
vos enfants, le juge ne vous en demandera pas plus.

Votre aptitude sur le plan matériel


Elle se subdivise en plusieurs points :
» La résidence alternée ne doit pas contraindre vos
bouts de chou à faire des allers-retours trop
longs, fatigants, qui ne peuvent que nuire à leur
croissance et à leurs résultats scolaires. Le juge va
donc s’attacher à la proximité des domiciles
parentaux entre eux, et par rapport à l’école, au
domicile de la nourrice, etc. Cette appréciation est
très concrète : n’espérez pas obtenir la mise en
place d’une résidence alternée si vous avez
déménagé à cent kilomètres de l’établissement
scolaire fréquenté par votre fils.

» Vous devrez démontrer au juge que vous vous


êtes organisé(e) pour pouvoir recevoir vos enfants
dans de bonnes conditions lorsqu’ils résideront
chez vous : première condition, donc, avoir un
« chez-vous ». vous ne pouvez solliciter la mise en
place d’une résidence alternée alors que vous
logez chez des amis, ou que vous ne disposez que
d’une chambre au sein du domicile de vos
parents. De même, si les magistrats admettent
que vos bambins partagent un canapé-lit dans
votre deux-pièces lorsque vous sollicitez un droit
de visite et d’hébergement « classique », il en va
différemment lorsqu’ils vont être amenés à vivre
chez vous sur de plus longues périodes. Il est
donc préférable qu’une chambre leur soit
réservée dans votre lieu de résidence (et dans
l’idéal, s’ils sont plusieurs, qu’ils aient chacun la
leur). En clair : vous ne pouvez pas revendiquer la
mise en place d’une résidence alternée et
prétendre les recevoir dans une garçonnière !
» Enfin, les magistrats exigeront un minimum de
disponibilité de votre part pour vous occuper de
vos enfants : bien entendu, on ne vous demande
pas d’abandonner votre travail. Toutefois, vous
comprendrez aisément que si votre femme est
enseignante, et rentre tous les soirs à 18 heures à
son domicile, alors que vous dirigez une
entreprise et travaillez douze à treize heures par
jour week-ends compris, le juge hésitera à mettre
en place une résidence alternée alors qu’en
pratique, vos enfants passeront plus de temps
avec leur nounou qu’avec vous. Attention : cela ne
signifie pas non plus que vous devrez les attendre
tous les jours au garde-à-vous, goûter en main, à
la sortie de l’école : l’aide de tierces personnes est
tout à fait admise, y compris l’aide familiale
(grands-parents, oncles et tantes, etc.) dans la
mesure où est maintenue une certaine égalité
parentale à l’égard de l’éducation des enfants.

L’âge de l’enfant
Il reste déterminant dans la décision des
magistrats. La tendance actuelle semble être de
refuser la résidence alternée en dessous de trois
ans, mais certaines juridictions vont jusqu’à
attendre l’âge de six ans. En effet, certaines études
démontrent que la résidence alternée est mieux
vécue par les enfants âgés de  6  ans ou plus. Les
grands adolescents, à partir de quinze ans, ont
également un régime particulier  : eu égard à
l’indépendance dont ces futurs adultes ont besoin,
leur avis et leur emploi du temps sont le plus
souvent essentiels dans la décision du magistrat.

L’état psychique l’enfant


Il sera bien entendu pris en considération. À cet
égard, le juge se fie aux éventuelles expertises qu’il
a ordonnées, mais aussi à son impression
personnelle, et il refusera le plus souvent la
résidence alternée d’enfants déjà trop fragilisés par
la séparation de leurs parents ou leur histoire
personnelle. La qualité des résultats scolaires peut
également être un indice utile pour le magistrat.

L’opinion de l’enfant
Lorsque le magistrat estime qu’il est utile de
l’entendre (voir supra : l’audition de l’enfant), elle
peut également être un critère de décision. Même si
elle ne lie pas le juge, on voit mal comment celui-ci
pourrait imposer à vos bouts de chou une résidence
alternée qu’ils rejettent de toutes leurs forces (à
condition bien entendu que ce refus soit réel, et
non pas simplement le reflet de celui d’un de leurs
parents). Par ailleurs, le juge peut également être
informé des souhaits de vos enfants par le biais des
mesures d’expertise qu’il a ordonnées  : l’avantage
est que dans ce cas la parole de votre bambin sera
non seulement rapportée, mais également
«  traduite  » par un professionnel. Votre enfant,
dès lors qu’il est censé être doué de discernement,
et que le sujet le concerne au premier plan, peut
écrire au magistrat pour demander à être entendu
par lui (voir chapitre 12).

Ne perdez jamais de vue que l’ensemble de ces


critères, que chaque magistrat peut parfaitement
compléter en y ajoutant ceux qui lui sont propres,
sont appliqués plus rigoureusement lorsqu’il est
amené à trancher un désaccord entre les parents.

En effet, si vous et votre ex êtes parvenus à vous


entendre sur le principe et les modalités de mise en
œuvre d’une résidence alternée pour vos chères
têtes blondes, et ce quel que soit le type de divorce
que vous avez entrepris, il favorisera cette
convention en n’effectuant qu’un contrôle
minimum, limité au respect de l’intérêt des
mineurs.
Mais la résidence alternée peut également être mise
en place malgré votre opposition.

Les cas dans lesquels elle est


imposée
La loi donne désormais au juge le pouvoir
d’imposer ce mode d’exercice de l’autorité
parentale à titre expérimental :
» quand l’un d’entre vous l’a sollicité et que l’autre
s’y oppose ;

» si votre ex et vous-même, sans avoir


spécifiquement sollicité cette expérimentation,
êtes dans une impasse en ce qui concerne la
résidence de vos enfants.

Dans la même décision, le magistrat fixe la durée


de cette tentative, à l’issue de laquelle vous serez à
nouveau convoqués devant lui pour faire un bilan
qui l’aidera à prendre des dispositions plus
durables.

Si l’expérience n’a été bénéfique pour personne, il y


a fort à parier que le magistrat reviendra à un mode
plus «  classique  » d’hébergement, avec résidence
habituelle chez l’un et droit de visite pour l’autre.
En revanche, si l’un d’entre vous est convaincu, à
l’examen de la situation, que l’intérêt des enfants
semble être le maintien d’un statu quo, celui qui
s’oppose à la résidence alternée pourrait
parfaitement se la voir imposer de façon plus
pérenne.

Vous trouvez cela assez étrange puisque, dans le


même temps, la jurisprudence affirme qu’une
bonne entente entre les parents est essentielle pour
la mise en place de la résidence alternée ? Ce n’est
pas faux  : si vous avez la sensation d’avoir
«  perdu  », vous pourriez être tenté(e) de vous
braquer, et il vous sera facile de «  saboter  »
l’alternance en créant des tensions en permanence
et en multipliant les incidents.

Mais ne perdez jamais de vue l’intérêt de vos


enfants, et si ces derniers semblent à priori adhérer
à ce mode de garde, ne tronquez pas l’expérience
simplement pour « gagner ».

Essayer de vous focaliser sur les avantages que


présente la résidence alternée pour eux… mais
aussi pour vous, avant de rejeter définitivement
cette option. Rappelez-vous qu’on n’est pas trop de
deux parents pour veiller sur ses enfants.
Comment elle s’organise au
quotidien
Sachez tout d’abord que, contrairement à une idée
répandue, la résidence alternée n’implique pas
nécessairement un partage parfaitement égal du
temps de résidence chez chacun des parents  :
toutes les répartitions sont possibles, du moment
qu’est respecté l’intérêt de l’enfant.

Le schéma une semaine chez l’un puis une semaine


chez l’autre, pour être majoritaire, n’est pas pour
autant unique, et bien d’autres répartitions sont
envisageables. Ainsi, si l’un de vous a des horaires
de travail classique et que l’autre occupe un emploi
de nuit, il est tout à fait possible d’imaginer une
résidence alternée dans laquelle maman récupère
les enfants chez leur père en sortant de son travail
et s’occupe d’eux jusqu’au lendemain matin rentrée
des classes, tandis que papa vient les chercher à
l’école tous les jours pour le déjeuner, les ramène
à 14 heures et vient les chercher à la sortie jusqu’au
retour de maman (avec un partage des week-ends
et des vacances).

Bien entendu, on imagine mal imposer une telle


organisation, qui ne pourra être mise en place que
si chacun l’applique avec bonne volonté.

De même, une autre idée reçue consiste à croire que


la résidence alternée supprimerait de facto toute
contribution à l’entretien et l’éducation des
enfants. Or tel n’est pas le cas, même si la
répartition en termes de temps est parfaitement
égalitaire.

En effet, si l’un d’entre vous a conservé un train de


vie bien supérieur à celui de l’autre, rien n’empêche
ce dernier de solliciter une contribution pour les
enfants, afin d’être en mesure d’offrir à ceux-ci,
pendant son temps de garde, un train de vie qui ne
soit pas trop différent.

En ce qui concerne les dépenses de la vie courante,


tout arrangement est là encore envisageable, et
l’idéal est bien entendu que vous parveniez à un
accord entre parents.

Dans le cas contraire, c’est le magistrat qui devra, à


votre demande, préciser dans sa décision qui paiera
l’achat des vêtements, les activités extrascolaires,
les fournitures scolaires, la cantine, les voyages, les
dépenses de santé, la crèche, la nourrice, etc., ce
qui peut être extrêmement fastidieux.
QU’EN EST-IL DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
PARENTS DU FAIT DES ENFANTS MINEURS ?

Vous n’ignorez sans doute pas qu’en tant que père et mère
titulaires de l’autorité parentale, la loi considère que vous
êtes solidairement responsables des dommages causés à
autrui par vos bambins habitant avec vous. D’où la question
suivante  : lorsque les enfants sont en résidence alternée,
chez qui habitent-ils aux yeux de la loi ?

Les juges sont partagés sur ce point, et on peut donc


envisager deux cas de figure :
» une responsabilité alternative, chaque parent étant
responsable du fait de son enfant pendant le temps
où il réside chez lui, ou

» une responsabilité cumulative, par laquelle les deux


parents seraient solidairement responsables à tout
moment, que son enfant soit chez lui au moment
des faits ou non.

Or, la responsabilité légale des parents du fait de leurs


enfants mineurs est construite sur une logique
d’indemnisation et non une logique de faute  : en clair, le
souci du législateur n’est pas de démontrer que vous avez
commis une erreur dans l’éducation ou la surveillance de
votre enfant, mais bien d’indemniser la victime.
Par conséquent, il est probable qu’un magistrat saisi d’un
dossier dans lequel l’enfant est en résidence alternée opte
pour une responsabilité cumulative, permettant ainsi à la
victime de se retourner contre n’importe lequel d’entre vous.

Sur le plan fiscal, qui bénéficiera du


quotient familial ?
Si vous êtes parvenus à un accord sur ce point,
l’administration fiscale s’y conformera. Sachez
toutefois qu’en aucun cas, vous ne pouvez tous
deux bénéficier pleinement de ce quotient.

En l’absence d’accord, le Code général des impôts


précise qu’en cas de résidence alternée, les enfants
sont réputés être à la charge égale de chacun des
parents ; dès lors, le quotient familial est divisé par
deux, et vous bénéficiez donc chacun de la moitié.
Cependant, si en pratique vous assumez seul(e) ou
presque la charge financière des enfants, malgré la
résidence alternée, et que vous êtes en mesure de le
prouver, vous pourrez faire «  tomber  » cette
présomption et recevoir seul(e) de la totalité du
quotient familial.

Il en va de même pour les autres avantages fiscaux


(par exemple, la réduction d’impôts accordée au
titre des frais de scolarité) : ils sont divisés en deux
parts égales.

Sachez enfin que vous ne pouvez pas à la fois


bénéficier du quotient familial et déduire la
contribution à l’entretien et l’éducation de vos
enfants de vos revenus. Il vous faudra choisir.

Sur le plan des prestations sociales


En ce qui concerne l’Assurance maladie, vos
enfants peuvent désormais être rattachés en qualité
d’ayant droits à chacun de leurs deux parents, ce
qui pourrait mettre fin à un contentieux classique
entre parents divorcés  : je fais l’avance des soins
pour nos enfants mais c’est mon ex qui se fait
rembourser, et il ne me reverse jamais l’argent.
Désormais, rien n’empêche que vos enfants
mineurs apparaissent sur les deux cartes vitales.

Enfin, pour les autres prestations sociales, telles


que les allocations familiales, les allocations
logement, les allocations de rentrée scolaire, le
problème est longtemps resté entier car les CAF ne
les divisaient pas en deux  : un seul des parents en
touchait l’intégralité. Par conséquent, il fallait vous
mettre d’accord entre vous, ou demander au
magistrat de trancher, afin que cela ne soit pas
source de contentieux récurrents entre vous.

Depuis le 1er mai  2007, les choses ont changé  : les


allocations familiales peuvent désormais être
partagées entre les parents divorcés ou séparés en
cas de garde alternée de leurs enfants. Chaque
parent reçoit ainsi la moitié des allocations versées
pour chaque enfant.

Pour obtenir ce partage, il faut tout simplement en


faire la demande à la CAF. Mais pour cette dernière
il n’y a toujours qu’un allocataire, c’est-à-dire une
seule personne au nom de laquelle est ouvert un
dossier et les droits à prestations : par conséquent,
ladite demande sera conjointe si votre ex et vous
êtes tous deux d’accord pour cette répartition et
devra être faite par l’allocataire dans le cas
contraire.

De plus, pour les autres prestations familiales, il y a


pour l’instant statu quo  : l’enfant sera
obligatoirement rattaché à un seul de ses parents,
qui percevra l’intégralité de la prestation, en ce qui
concerne par exemple le complément de libre choix
de mode de garde.
Les droits des grands-parents
Depuis la réforme de  2007, c’est le droit de
l’enfant, et non celui des adultes, qui est mis en
avant, et qui sera au cœur des critères de décision
du magistrat.

Il est assez récent que l’on entende parler des


relations de l’enfant avec ses grands-parents
lorsque l’un des parents, voire les deux, s’y oppose.

Ce n’est d’ailleurs pas au sujet du divorce que la


question est généralement médiatisée, mais plutôt
à l’occasion d’affaires dans lesquelles des enfants
mineurs sont coupés du monde extérieur, y
compris de leurs proches, en raison de l’implication
de leurs parents dans un mouvement sectaire. Les
grands-parents ont alors parfois perdu espoir de
« récupérer » leurs enfants, mais espèrent encore
sauver leur relation avec leurs petits-enfants.

Toutefois, les règles sont les mêmes en cas de


divorce, si les enfants sont privés de la présence de
leurs grands-parents par la faute des parents.

Concrètement, tous les ascendants (grands-


parents, aïeux, etc.) doivent avoir la possibilité de
correspondre, de rencontrer le mineur, voire de
l’héberger pour de courtes périodes.

Si du fait du divorce, vos relations avec les enfants


de votre enfant sont devenues quasi-nulles, en
raison de l’obstruction systématique de l’autre
parent, ou encore parce que votre fils ou votre fille
ne voit pas lui-même sa progéniture, vous avez la
possibilité d’entreprendre une action en votre nom
personnel pour voir fixer un droit de visite, voire
d’hébergement.

Sachez toutefois que les magistrats rejettent


souvent ces demandes lorsque l’enfant refuse de
vous rencontrer, ou encore lorsque les relations
entre les parents et vous-même sont trop
conflictuelles. De même, le juge s’attachera à
vérifier que vous ne cherchez pas, via votre action,
à contourner une décision qu’il a prise  :
concrètement, à obtenir ou étendre le droit de visite
et d’hébergement pour votre enfant qui se l’est vu
refuser ou restreindre.

Enfin, vous ne devez bien entendu pas présenter le


moindre risque pour vos petits-enfants si vous
voulez avoir une chance de vous voir accorder un
droit de visite. Si votre mode de vie, vos mœurs ou
votre comportement à leur égard sont sujets à
controverse, il est probable que le juge aux affaires
familiales rejette votre demande.

Les droits des beaux-parents


La loi ne prévoit aucun statut du beau-parent en
tant que tel. Cependant, les parents de l’enfant ont
la possibilité de déléguer totalement ou
partiellement l’autorité parentale au beau-parent.
Cette délégation doit résulter d’un jugement du
juge aux affaires familiales.

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé en


février 2009 son souhait de voir adopter une loi sur
le statut des beaux-parents, qui leur permettrait
notamment d’accomplir certains actes de la vie
courante sans nécessiter l’autorisation spécifique
des parents biologiques (par exemple, aller
chercher les enfants à l’école). Toutefois cette idée
a immédiatement soulevé une série
d’interrogations et de critiques :
» Les enfants dont les parents biologiques ne
vivent pas ensemble n’en ont pas moins un père
et une mère, et ce serait compliquer inutilement
leurs repères que de créer un statut pour un
beau-parent.
» Ce n’est pas dans l’intérêt de l’enfant qu’une telle
réforme serait envisagée, mais pour faire plaisir
aux adultes, ce qui est contraire à l’esprit de la
législation sur le divorce et sur l’autorité
parentale.

» Comment définir le statut de beau-parent ? Celui-


ci exigerait-il un remariage, une durée minimale
de vie commune entre le parent biologique et cet
autre adulte ? etc.

» Quelle conséquence aurait ce statut en cas de


séparation du parent et du beau-parent ?

» Quid de l’équilibre des enfants qui se verraient


imposer plusieurs beaux-parents successifs, au
gré des aventures amoureuses de leurs parents ?

Trop controversée, et sans doute trop compliquée à


mettre en œuvre, il semble que cette réforme soit
pour l’instant « passée à la trappe ».

La législation actuelle ne crée donc aucun statut


spécifique pour le beau-parent, quelle que soit la
durée pendant laquelle celui-ci a pris soin du
mineur.

Si vous êtes ce beau-parent, sachez qu’en l’absence


d’adoption, votre sort ne sera pas différent de celui
des autres proches de l’enfant. Tout au plus
pourrez-vous solliciter, si vous parvenez à
démontrer au juge que l’intérêt de l’enfant l’exige,
le maintien de liens affectifs avec le mineur, qui
passera par le droit d’entretenir avec lui une
correspondance régulière, voire par un droit de
visite judiciairement mis en place.
Chapitre 14
La contribution à l’entretien
et l’éducation de l’enfant
DANS CE CHAPITRE :
» Qui fait l’enfant doit le nourrir

» Combien faut-il donner ?

» Comment la verser ?

» Le cas des enfants majeurs

L’ obligation d’entretien de votre enfant n’est pas


prévue par un ensemble cohérent de règles, mais
par plusieurs textes dispersés.

Le principe « Qui fait l’enfant


doit le nourrir »
Encore une fois, ce qui compte, c’est le lien
juridique, non le lien biologique  : la filiation fait
naître l’obligation d’entretien, à condition qu’elle
ait été juridiquement établie.
Lorsqu’elle ne l’est pas, la seule possibilité est
d’obtenir des subsides contre l’homme qui a eu des
relations sexuelles avec la mère pendant la période
où l’enfant a été conçu, rendant ainsi sa paternité
crédible.

Mais dans le cadre du divorce, la question ne se


pose pas, puisque les enfants conçus pendant le
mariage sont présumés être ceux du mari : c’est ce
que l’on nomme la présomption de paternité. Par
conséquent, la filiation est établie, sauf dans le cas
particulier où le présumé père décide de contester
sa paternité (voir le chapitre 12).

En revanche, dès lors que cette filiation a été


établie, peu importe que l’autorité parentale soit
exercée par un seul d’entre vous ou par les deux.
Dans tous les cas, la situation est la même du point
de vue matériel : vous devez tous deux contribuer à
l’entretien et l’éducation de votre progéniture.

Les critères de fixation du juge


Comme c’est le cas pour de nombreux points, il
faut avant tout mettre à part le cas du divorce par
consentement mutuel, pour lequel le montant de la
contribution sera fixé d’un commun accord entre
vous, par votre convention.

Même dans les autres procédures, il vous est


également possible de prévoir une convention que
vous soumettrez à l’approbation du magistrat.

Dans toutes les autres hypothèses, c’est le juge aux


affaires familiales qui va déterminer le montant de
la contribution, en tenant compte :
» des ressources respectives des parents : sachez
que certaines décisions prennent en
considération non seulement vos revenus
effectifs, mais aussi ceux que vous pourriez avoir
si vous faisiez mieux fructifier votre patrimoine
(ceci lorsque vous avez manifestement organisé
votre insolvabilité pour faire baisser le montant
de votre contribution) ;

» des besoins de l’enfant, qui ne se limitent pas à


ses besoins vitaux, mais sont plutôt calculés par
rapport à leur train de vie habituel : la
contribution peut ainsi dans certains cas atteindre
des montants importants, en fonction de la
fortune du parent qui la verse, sans représenter
pour autant une pension alimentaire déguisée
pour le parent qui la perçoit.
Le ministère de la Justice publie une grille des
montants de la contribution alimentaire fixée en
fonction des revenus du débiteur et du mode de
garde de l’enfant (voir Annexe E). Attention
cependant, le juge n’est pas lié par ce barème et
peut apprécier librement le montant de la
contribution alimentaire.

Le plus souvent, elle est indexée sur le coût de la


vie, concrètement sur l’indice de la consommation
des ménages urbains publié annuellement par
l’INSEE. Elle sera donc augmentée tous les ans
proportionnellement à la hausse de cet indice, sans
avoir à repasser devant le juge.

Si vous cessez sans motif valable de payer la


contribution à laquelle vous avez été condamné(e)
ou que vous avez accepté de payer dans la
convention passée avec votre ex, vous êtes coupable
du délit d’abandon de famille, et pouvez être
traduit(e) pour cela devant la juridiction pénale.

Dans les cas les plus graves, le juge peut


parfaitement décider de vous déchoir de vos droits
parentaux, en attribuant l’exercice de l’autorité
parentale à l’autre parent. Pour autant, même dans
cette hypothèse, vous ne serez pas plus dispensé(e)
qu’avant de verser une contribution à l’entretien et
l’éducation de vos enfants.

Les différentes formes de


contribution
Si vos enfants résident à titre habituel chez vous,
vous contribuez financièrement à leur éducation
comme vous le faisiez pendant votre vie d’époux/
épouse, c’est-à-dire en nature.

Si vos enfants ne résident pas chez vous, votre


contribution sera fixée par le juge, ou par l’accord
que vous avez passé avec l’autre parent et que le
magistrat a validé. Dans les deux cas, elle sera
versée à l’autre parent sous la forme d’une pension
alimentaire, à charge pour lui de s’en servir
uniquement pour vos enfants.

Sachez également que le fait que vos enfants ne


résident pas au quotidien avec vous ne vous interdit
pas de demander le versement d’une contribution
par l’autre parent, si c’est bien vous qui assumez la
charge financière effective de leur éducation (par
exemple, si votre enfant poursuit ses études dans
une ville éloignée, ou vit seul, et que vous êtes le/la
seul(e) à l’aider).
Le juge chargé de votre divorce peut également, à la
demande de votre ex ou même de sa propre
initiative, décider au titre des mesures provisoires
que le domicile conjugal, qui est un bien commun
ou un de vos biens propres, ainsi que tous les
meubles qui le garnissent seront attribués à titre
exclusif et gratuit à l’autre époux, avec lequel
réside les enfants, et que vous vous acquitterez
sous cette forme de votre contribution à l’entretien
et l’éducation des enfants.

Voir le chapitre 9 consacré aux mesures provisoires.

Pour autant, s’il considère que cela n’est pas


suffisant, il pourra vous condamner en plus à
verser une contribution en monnaie sonnante et
trébuchante.

Les décisions n’imposent pas en général de mode


de versement de la contribution. Un petit conseil
cependant  : prenez le soin d’user d’un moyen qui
vous permet de prouver que le versement a bien eu
lieu. Les versements en liquide en particulier sont
dangereux, à moins de s’en ménager une preuve
(reçu).

Certains ex n’ont en effet aucun scrupule à affirmer


que la contribution n’a jamais été payée, et si vous
ne pouvez pas prouver le contraire, vous pourrez
être condamné(e) à la payer deux fois, sans
compter que vous pourrez être poursuivi(e) pour
abandon de famille, voire être déchu(e) de certaines
prérogatives parentales.

De même, si vous avez des problèmes de trésorerie


temporaires, et que l’autre parent a accepté un
paiement différé, ménagez-vous là encore des
preuves, pour les mêmes motifs.

En cas de résidence alternée (voir chapitre 13, « La


résidence alternée », même si vos enfants passent
autant de temps avec vous qu’avec leur autre
parent, vous ne serez pas nécessairement
dispensé(e) de verser une contribution : en effet, si
vos moyens financiers sont supérieurs à ceux de
l’autre parent et que vos trains de vie sont par trop
différents, il ne pourra pas leur offrir les mêmes
conditions d’hébergement que vous.

Toujours dans l’intérêt des enfants, le magistrat


peut fixer une contribution qui aura pour but de
diminuer votre différence de train de vie.

Et quand les enfants sont


devenus majeurs, dois-je
encore payer ?
L’obligation alimentaire est la traduction financière
de votre obligation d’entretenir et éduquer vos
enfants.

Contrairement à une idée reçue, cette obligation ne


cesse pas automatiquement du jour au lendemain
sous prétexte que l’âge de dix-huit ans est atteint.

Le principe : la contribution
ne cesse pas de plein droit à la
majorité
Rares sont aujourd’hui les jeunes majeurs capables
de s’assumer financièrement, soit parce qu’ils
poursuivent des études, soit parce qu’en raison du
contexte économique actuel, ils ont des difficultés à
gagner leur vie.

Par conséquent, depuis plusieurs dizaines


d’années, la jurisprudence décide que les parents
qui en ont les moyens doivent continuer à subvenir
aux besoins de leur enfant même majeur lorsque ce
dernier ne peut le faire par lui-même.

Depuis la loi du 4 mars 2002, c’est même une règle


inscrite dans le Code civil.
Sachez qu’elle concerne avant tout les étudiants,
mais également :
» les jeunes majeurs que leur maladie empêche de
s’assumer ;

» les chômeurs, sauf lorsque cette situation leur


est imputable (par exemple, parce qu’ils ont
démissionné de leur dernier poste et refusent
systématiquement tous ceux qui leur sont
proposés, « organisant » ainsi leur état de
nécessité).

Il est tout à fait envisageable, dans la mesure où


votre enfant a atteint l’âge de la majorité, de verser
directement la contribution entre ses mains, ce que
le magistrat vous accordera plus volontiers si votre
jeune majeur ne vit plus chez l’autre parent.

Quelle que soit la forme sous laquelle elle est


acquittée, la pension cesse d’être due dès que votre
enfant devient capable de subvenir à ses besoins.
En tout état de cause, il n’est guère d’exemples
dans lesquels elle ait été maintenue pour un enfant
de plus de vingt-cinq ans  : impossible d’être
étudiant à vie parce que papa et maman ont les
moyens de vous entretenir !

Et s’il/elle vit avec quelqu’un ?


q q
Le concubinage en lui-même est sans conséquence,
puisque votre enfant, majeur, n’est plus soumis à
votre autorité. Votre obligation est une charge
naturelle, qui résulte de votre parenté, mais non de
l’autorité parentale.

Même si votre descendant avait totalement coupé


les ponts avec vous, vous ne pourriez arguer de
cette « faute » pour faire cesser le paiement.

En revanche, le fait que le concubin, le partenaire


de PACS ou le/la conjoint(e) de votre jeune
majeur(e) gagne sa vie, d’une manière ou d’une
autre, peut faire cesser votre obligation, parce que
votre descendant n’est plus dans le besoin.

Et s’il/elle arrête ses études ?


Vous ne serez plus contraint(e) de payer s’il les
arrête sans raison valable et avant leur terme.

Pendant la durée de ses études, vous restez


redevable envers votre jeune majeur(e) d’une
obligation alimentaire à quatre conditions :
» absence de ressources de l’enfant : celui-ci ne
doit pas être capable d’assumer la charge
financière de ses études, ni être entretenu par
quelqu’un qui aurait les moyens de les financer ;
» existence de ressources des parents : si l’enfant
vit chez vous, vous contribuez en nature à son
entretien et à son éducation. Quant à l’autre
parent, il doit continuer à payer. Et si le jeune
majeur ne vit plus ni chez l’un ni chez l’autre, vous
devrez tous deux payer ;

» les études doivent être nécessaires à l’enfant :


impossible en principe de poursuivre des études
fictives uniquement pour continuer à percevoir sa
pension : votre « Tanguy » devra prouver qu’elles
sont véritablement utiles à son parcours de
formation professionnelle. S’il commence un CAP
de boucher charcutier après son BTS de tourisme,
vous pourrez sans doute mettre un terme à cette
petite plaisanterie ;

» celui-ci doit être apte à les poursuivre et les


continuer effectivement : vous êtes parfaitement
en droit d’exiger de votre fils ou votre fille la
preuve de son inscription auprès de l’école dans
laquelle il dit poursuivre des études, mais
également ses relevés de notes et bulletins
scolaires. En outre, si votre fille s’apprête à
entamer sa cinquième première année de fac
d’économie, vous pourrez également envisager de
cesser de payer votre contribution.
Après l’obtention de son diplôme de fin d’études,
votre fils ou votre fille ne pourra pas s’assumer
avant de trouver un emploi, et s’il/elle fait tous les
efforts nécessaires pour cela, vous ne serez sans
doute pas autorisé(e) à cesser toute contribution.

L’enfant majeur, si vous devez continuer à subvenir


à ses besoins, n’est plus soumis à votre autorité
parentale. En principe, rien ne l’empêche donc par
exemple de vivre en concubinage, malgré votre
opposition.

Il fait désormais ses propres choix et n’est plus


censé vous obéir.

Malgré une croyance assez répandue, votre


contribution n’est donc pas la contrepartie de sa
soumission.

Par ailleurs, outre le versement de cette


contribution alimentaire, le juge pourra, si votre ex
et vous n’êtes pas d’accord, décider des modalités
de paiement des frais de scolarité, des activités
extrascolaires, des frais médicaux non remboursés
et des frais exceptionnels (voyages scolaires,
linguistiques, etc.)

Il pourra décider qu’il sera supporté par l’un des


parents seul ou au prorata des revenus de chacun.
Ce point est important car il n’est pas toujours
tranché par le juge et fait souvent l’objet de
conflits, notamment lorsque les enfants
grandissent.

Dans tous les cas, si un élément nouveau venait à


apparaître (licenciement, inscription de l’enfant
dans une école privée, etc.), vous pourrez saisir le
juge aux affaires familiales pour lui demander de
modifier le montant de la contribution alimentaire.
PUIS-JE PROPOSER DE CONTINUER À M’ACQUITTER
DE MON OBLIGATION EN NATURE, PLUTÔT QUE DE
VERSER UNE PENSION À MON ENFANT ?

Pas si votre enfant le refuse. En effet, si vous pouvez exiger


d’être informé(e) sur l’évolution des études, vous ne pouvez
pas en revanche exiger une cohabitation.

J’ai eu à traiter d’un dossier concernant une jeune fille, issue


d’un milieu très favorisé et plutôt «  vieille France  », dans
lequel l’autorité parentale, malgré sa majorité, était sans
doute assez pesante. Elle poursuivait jusqu’alors comme ses
frères et sœurs des études brillantes, et n’avait jamais posé
le moindre problème à ses parents.

Du jour au lendemain, après être tombée amoureuse d’un


homme bien plus âgé qu’elle, elle se mit à délaisser ses
études, à découcher régulièrement et à ne plus fréquenter
que de loin en loin le domicile parental. Après avoir tenté de
la raisonner, ses parents décidèrent finalement de lui couper
les vivres, et la jeune femme les quitta pour de bon pour
aller s’installer avec son Roméo.

Conseillée par l’un de mes confrères, elle ne tarda pas à


entamer une procédure visant à contraindre ses parents à lui
verser une contribution à son entretien et son éducation.

Ceux-ci proposaient de leur côté de l’accueillir à nouveau à


leur domicile, afin de s’acquitter de leurs devoirs parentaux
en nature, ce à quoi notre jeune amoureuse s’opposait bien
entendu avec force.

Eu égard au contexte particulièrement conflictuel dans


lequel étaient tombées les parties, le magistrat choisit de ne
pas imposer à cette jeune majeure un retour chez ses
parents  : il condamna donc ces derniers à lui verser une
contribution somme toute assez raisonnable, mais assortit
sa décision d’une «  obligation de résultat  » pour la jeune
femme, dont les notes avaient vertigineusement chuté
depuis son escapade, et dont il ne s’agissait pas d’encourager
le dilettantisme.
ET NOTRE TOUTOU/MINOU CHÉRI ?

Que va-t-il devenir ?

Désolée, pour le droit français, votre animal domestique


n’est pas une personne et, fort heureusement, encore moins
un enfant !

C’est un objet, plus exactement un bien meuble.

Le juge ne se préoccupera pas de sa garde dans le cadre de


votre divorce  : pas de fixation de résidence habituelle ou
alternée, pas de contribution financière, pas de droit de
visite et d’hébergement.

La jurisprudence est très claire sur ce point  : c’est son


propriétaire légal qui conservera l’animal, et donc pas
forcément celui qui s’en préoccupe le plus sur le plan affectif.
Il pourra le vendre, le donner ou le garder sans que l’autre ne
puisse rien y faire.

Et si l’animal en question est un bien commun ou indivis,


vous n’avez plus qu’à en réclamer l’attribution… au moment
de la liquidation de votre régime matrimonial !

C’est d’ailleurs également parce qu’il est un bien meuble que


vous pourrez prévoir quel sera son sort dans votre
convention dans le cas où vous divorcez par consentement
mutuel, puisque vous devez régler dans cet accord toutes les
conséquences de votre séparation, y compris patrimoniales.
Dans toutes les autres formes de divorce, vous pourrez
également passer une convention, que vous soumettrez au
juge, dans laquelle pourra être précisé qui d’entre vous le
conservera.
5
Les enjeux du divorce :
money, money, money
DANS CETTE PARTIE…

« Franchement, l’argent, pour l’instant, c’est le


cadet de mes soucis ! »

Vraiment ? Vous avez tort !

Réveillez-vous, vous êtes dans la vraie vie : inutile


de vous raconter des histoires, même si vous êtes
particulièrement perturbé(e) par votre divorce
,vous ne devez à aucun prix négliger l’aspect
financier de votre séparation, et ce quelle que soit
la procédure dans laquelle vous êtes engagé(e).

Si vous divorcez par consentement mutuel, soyez


attentif(ve) à n’accepter qu’une convention
équitable, qui préserve vos intérêts, mais aussi
ceux de vos enfants, car vous n’êtes pas seul(e) en
cause. Si la procédure est contentieuse, la
législation vous offre de multiples possibilités
pour vous mettre à l’abri du besoin, pendant et
après la procédure. N’hésitez pas à en faire usage.
Chapitre 15
Ce que vous pouvez obtenir
pendant la procédure
DANS CE CHAPITRE :
» Comment obtenir de votre ex une somme d’argent qui vous aidera
à faire face aux frais de procédure

» Comment bénéficier d’une avance sur votre part du gâteau

» Comment percevoir une pension alimentaire jusqu’à la fin du


divorce

» Comment faire payer à votre ex une pension pour vos enfants

» Comment conserver le domicile conjugal pendant la procédure

» Qui paiera les impôts ?

N’ oubliez jamais que la procédure de divorce est


toujours onéreuse et qu’il est difficile
d’appréhender à l’avance toutes les dépenses que
vous allez devoir faire.

En plus de votre avocat, il faudra payer l’huissier,


le notaire, les experts, éventuellement l’avocat
postulant, etc.

Voir les acteurs du divorce au chapitre 3.


Comme, pendant ce temps, il faut bien manger, se
loger, payer ses assurances, son téléphone, etc., et
que souvent l’autre avait des revenus qui ne vous
profitent plus, les temps risquent d’être durs au
début.

Et puis, peut-être devrez-vous verser des pensions


à votre ex et vos enfants.

Tout cela finit par faire des sommes considérables,


et plus que jamais, l’argent est le nerf de la guerre.
Parmi les mesures provisoires fixées dans
l’ordonnance de non-conciliation (voir le
chapitre  9), vous pouvez obtenir des sommes
d’argent qui vont aideront à ce stade.

Une provision pour faire face


aux frais d’instance
Vous craignez de ne pas pouvoir faire face aux
dépenses de la procédure de divorce, parce que c’est
votre futur(e) ex qui a l’argent ? Demandez au juge
chargé de votre divorce de condamner votre moitié
à vous verser une provision pour frais d’instance.

Si, à la fin du procès, votre conjoint(e) est


condamné(e) aux dépens, cette provision restera
définitivement à sa charge, vous n’aurez donc rien
à rembourser.

En revanche, si c’est vous qui devez payer


l’intégralité des dépens, ou que le magistrat laisse à
chacun d’entre vous la charge des siens, la
provision qui vous a été versée sera déduite de
votre part au moment de la liquidation de votre
régime matrimonial.

Sur la liquidation de votre régime matrimonial, voir


le chapitre 17.

Une avance sur votre part de la


communauté
Nous sommes toujours dans la situation dans
laquelle :
» c’est votre ex qui détient l’argent,

» vous-même ne roulez pas sur l’or.

Il vous est possible de vous tourner vers le JAF (juge


aux affaires familiales) pour que celui-ci vous
autorise à percevoir une avance sur ce à quoi vous
aurez droit une fois le divorce prononcé.

Ce versement ne vous enrichit pas, puisqu’il sera


ensuite déduit de votre part. Il vous permet
seulement de ne pas vous endetter pendant la durée
du divorce.

Pour vous : une pension


alimentaire
Elle est la traduction de ce sacro-saint devoir de
secours entre époux, qui est maintenu pendant la
durée de la procédure (voir le chapitre 8).

Pendant longtemps, la tentation était grande pour


celui qui bénéficiait d’une telle pension de faire
durer la procédure pour la toucher le plus
longtemps possible. En effet, vous ne pouviez
prétendre au versement d’une prestation
compensatoire si le divorce était prononcé à vos
torts exclusifs et risquiez de perdre après le
jugement une source de revenus qui était parfois
non négligeable  : dans ce cas, autant obliger votre
ex à vous entretenir durablement !

Ce raisonnement est devenu inutile, puisque plus


rien ne vous empêche de demander une prestation
compensatoire même si vous êtes entièrement
fautif(ve).
Les deux critères utilisés par
le juge
Les ressources de votre ex par
rapport aux vôtres
Le juge tiendra toujours compte des revenus
effectifs, mais également parfois des revenus
potentiels. Je m’explique  : quelques décisions ont
pu estimer que l’époux condamné à payer la
pension ne faisait pas efficacement fructifier son
patrimoine, pour faire diminuer artificiellement ses
ressources, et ainsi être condamné à verser une
pension alimentaire plus faible. Elles ont alors tenu
compte des revenus «  qu’une gestion utile du
capital aurait pu procurer  », et pas seulement des
revenus réels dont il était fait état.

Vos besoins
Il ne s’agit pas de savoir combien il vous faut pour
manger à votre faim  : la pension vise au maintien
d’un train de vie qui ne soit pas trop différent ni de
celui que vous aviez pendant la vie commune, ni de
celui de votre ex.
Pensez à fournir un tableau détaillé de vos revenus
et charges, preuves à l’appui. Rien ne vous empêche
non plus d’établir avec votre avocat un tableau des
ressources et dépenses de votre moitié, pour
faciliter le travail du juge.

La plupart du temps, le devoir de secours est payé


sous la forme d’une somme d’argent  : la pension
alimentaire.

Mais le juge pourrait parfaitement obliger votre ex


à l’exécuter :
» via l’attribution, à votre profit exclusif, de la
jouissance gratuite du domicile conjugal pendant
la durée de la procédure ;

» via le règlement des échéances de l’emprunt


contracté pour l’acquisition du domicile conjugal ;

» via le règlement du loyer du logement familial,


etc.

La durée de paiement
Vous percevrez la pension à partir du prononcé de
l’ordonnance de non-conciliation.

Vous cesserez de la toucher au prononcé définitif


du divorce ; c’est logique : plus de mariage, plus de
devoir de secours.

Pour la même raison, le paiement devra continuer


si l’un d’entre vous fait appel du jugement de
divorce, ou va jusqu’en cassation, puisque dans ce
cas il n’est toujours pas définitivement mis fin au
mariage.

Attention  : si vous avez accepté le principe du


divorce, cela signifie que vous ne pouvez pas faire
appel sur les causes du divorce mais seulement sur
ses effets. Veillez bien cependant à faire un appel
total (et non partiel), sinon le versement de la
pension alimentaire cessera, même durant la
procédure d’appel.

Si votre ex ne paie pas, le


recouvrement de la pension
Pour connaître par le détail tous les moyens en
votre possession, reportez-vous au chapitre suivant
( « Il ou elle ne paie pas ! »).

Vous avez la possibilité de poursuivre votre ex


mauvais(e) payeur(se) pendant une période de
trente ans, sans pouvoir réclamer les arriérés sur
plus de cinq ans.
Vous pouvez vous faire régler directement le
montant des pensions dues par son employeur ou
par tout dépositaire de fonds lui appartenant
(banque,…).

Par ailleurs, le Trésor public peut recouvrer pour


votre compte la pension, si vous démontrez n’avoir
pas pu obtenir son règlement total ou partiel par le
biais des voies de droit privé qui vous sont offertes.

Le fait de ne pas payer la pension est une infraction


pénale, le délit d’abandon de famille : vous pouvez
donc porter plainte contre votre ex ou le/la menacer
de le faire pour qu’il/elle verse la pension due. De
plus, le non-paiement ou le paiement irrégulier est
une faute qui peut être invoquée comme telle dans
votre procès en divorce.

Pour vos enfants : une


contribution à leur entretien et
leur éducation
Sur ce point, reportez-vous au chapitre  14, qui en
traite en détail.

Un petit rappel essentiel toutefois  : en pratique, le


montant de la contribution fixée sera souvent le
même pendant la procédure et à l’issue du divorce,
sauf si les conditions d’hébergement ou les revenus
de l’un ou de l’autre ont grandement changé.

Ne négligez donc pas ce point, et fournissez bien


dès maintenant au juge tous les documents et
renseignements nécessaires.
UN ENFANT, ÇA COÛTE COMBIEN ?

La Chancellerie fixe chaque année un barème des pensions


alimentaires en fonction des revenus du débiteur et du droit
de visite et d’hébergement de ce dernier sur le ou les
enfant(s). Toutefois, le juge n’est pas tenu de se conformer à
ce barème, qui est un simple indicateur. Ainsi, le juge tiendra
compte des dépenses que vous faisiez pour vos enfants
avant la séparation pour fixer le montant de la contribution.

Celui-ci dépend de votre niveau social, mais aussi de l’âge de


votre enfant, étant entendu que les bébés et les ados sont
plus coûteux :
» Pour les premiers, parce qu’ils ont une alimentation
particulière (lait infantile, petits pots,…) et vous
obligent à exposer des frais spécifiques  : couches-
culottes (vous le savez, c’est un vrai budget  ! ),
nounou, crèche, etc.

» Pour les seconds, parce qu’il faut compter avec


l’argent de poche («  Papa, t’es vraiment radin, j’ai
même pas assez pour une conso en boîte avec ce
que tu me donnes  »), les sorties («  OK, je suis déjà
allé(e) au ciné deux fois cette semaine, mais ce film-
là, il est d’la balle…  ») et les vêtements («  Mes
copines, elles, elles les ont toutes, ces chaussures, et
moi j’ai trop l’air d’une clocharde à côté »).
La jouissance du logement
familial
Vous ne voulez pas déménager  ? demandez la
jouissance du logement familial.

Sur ce point, reportez-vous au chapitre  9  sur les


mesures provisoires ( «  Les modalités de la
résidence séparée  » ), et ce spécialement si vos
enfants vivent chez vous pendant la procédure.

Le fait de conserver la jouissance du domicile


conjugal ne signifie pas que vous le garderez après
le divorce, spécialement si c’est un bien qui
appartient entièrement à votre ex (maison achetée
avant le mariage, héritage, etc.).

Mais cela vous donnera le temps de vous retourner


pour chercher un logement acceptable et vous
éviter dans l’immédiat le versement d’un loyer ou
le remboursement d’un crédit.

Quid des impôts ?


Pendant toute la durée du mariage, vous devez faire
une déclaration commune, et le fisc peut se
retourner contre n’importe lequel d’entre vous
pour se faire régler les sommes qui lui sont dues.
Cela reste-t-il vrai pendant la procédure de
divorce ?

Heureusement, non, car la règle de déclaration


commune par foyer fiscal cesse au moment où vous
serez autorisés par le juge du divorce à résider
séparément, donc concrètement quand sera rendue
l’ordonnance de non-conciliation, même si vous
êtes séparés depuis longtemps.

Pour la première année qui suit la séparation, vous


ferez donc, à vous deux, trois déclarations au
moins :
» une commune pour la partie de l’année
précédant l’ordonnance de non-conciliation,

» une chacun à compter de l’ordonnance de non-


conciliation.
Chapitre 16
Ce que vous pouvez obtenir au
prononcé du divorce
DANS CE CHAPITRE :
» Votre ex a plus d’argent que vous : demandez qu’il vous verse une
prestation compensatoire

» Votre divorce vous cause un préjudice : demandez que votre ex


vous verse des dommages et intérêts

» Vous voulez continuer à habiter le domicile conjugal : comment


l’obtenir

» Vos enfants sont mineurs ou poursuivent des études : faites


contribuer votre ex aux frais

» Vous voulez percevoir les prestations familiales : comment faire ?

» Que faire s’il/elle ne paie pas ?

L celui
ongtemps, celui qui «  gagnait » le divorce était
qui parvenait à obtenir un prononcé aux
torts exclusifs de l’autre. Non seulement, il restait
ainsi « l’innocent » aux yeux de la société, mais de
plus, il était généralement financièrement gagnant,
puisque son conjoint « coupable » était seul privé
de certains droits :
» il perdait de facto les donations et autres
avantages patrimoniaux que son conjoint avait pu
lui accorder pendant l’union ;

» il ne pouvait pas prétendre au versement d’une


prestation compensatoire ;

» il perdait le bénéfice de l’éventuelle pension de


réversion de son ex-conjoint décédé avant lui.

Aujourd’hui, les choses ont bien changé  : la


répartition des torts n’a plus qu’un intérêt moral,
puisqu’elle est sans incidence sur les conséquences
financières. S’il y a un gagnant du divorce
désormais, c’est avant tout celui qui en tire le
maximum sur le plan patrimonial.

Une prestation compensatoire


Vous avez moins d’argent que votre ex ? Demandez
une prestation compensatoire.

Après le divorce, plus de devoirs entre époux bien


sûr. Mais on n’efface pas ainsi une ardoise de
parfois plusieurs dizaines d’années  : la prestation
compensatoire existe pour compenser autant que
possible la disparité que la rupture du mariage crée
dans vos conditions de vie respectives.
Autrement dit, pas question que l’un se retrouve
totalement plumé pendant que l’autre profite du
magot : vous avez partagé les aléas de la vie, il est
normal que l’enrichissement de l’un profite un peu
à l’autre.

Pour la paix des familles, le droit encourage un


règlement rapide des conséquences du divorce, et
l’aspect financier ne fait pas exception.

En ce qui concerne la prestation compensatoire,


elle remplace désormais l’ancienne «  pension
alimentaire  » postdivorce et est, chaque fois que
c’est possible, versée en une fois, sous forme de
capital.

Avez-vous droit à une


prestation compensatoire ?
Avant toute chose, il faut la demander  : si vous ne
le faites pas, le juge ne pourra pas vous le suggérer,
et encore moins condamner votre ex à vous en
verser une. Or, une fois le divorce prononcé, il sera
trop tard. Mettez donc de côté votre orgueil et
réfléchissez bien avant de repousser cette idée.
POURQUOI EST-CE TOUJOURS LES FEMMES QUI
BÉNÉFICIENT D’UNE PRESTATION COMPENSATOIRE
?

Détrompez-vous, les hommes peuvent aussi y prétendre.

Dans l’immense majorité des cas, c’est l’ex-femme qui en


profite encore, parce que c’est souvent elle qui a les revenus
les plus bas, ou en est même dépourvue quand elle s’est
consacrée à son foyer. Ce n’est donc pas parce que les juges
la favorise, mais parce que c’est elle qui remplit les
conditions nécessaires.

Mais cela marche dans les deux sens, et l’on voit désormais
des maris en réclamer une.

Ainsi, un de mes clients, relativement fortuné, et qui avait


pendant des années entretenu son épouse désargentée
mais menant grand train, n’a pas hésité, lorsque celle-ci a
hérité de l’immense fortune familiale pendant la procédure
de divorce, à demander une solide prestation
compensatoire, qu’il s’est logiquement vu accorder.

La prestation compensatoire peut être sollicitée


dans tout type de divorce, et désormais même si
celui-ci est prononcé à vos torts exclusifs.

Seule la disparité dans le train de vie de votre


moitié et vous-même sera vérifié par le juge pour
décider si vous y avez droit.

Mais même s’il y a bien une différence de train de


vie, il pourra refuser toute prestation
compensatoire s’il considère que «  l’équité le
commande  », nous dit le Code civil  : formule
quelque peu obscure, elle semble surtout offrir au
magistrat la possibilité de rejeter votre demande
s’il l’estime moralement contestable. Ne comptez
donc pas trop sur une prestation si vous avez
frappé ou violenté votre conjoint(e), si vous l’avez
abandonné(e) au moment où il/elle tombait
gravement malade, etc.

Quel sera son montant ?


Le juge va bien sûr examiner votre train de vie
actuel à tous les deux, mais pas seulement. Il doit
aussi chercher à évaluer ce qu’il sera à l’avenir,
c’est-à-dire après le prononcé du divorce.

Il va utiliser certains critères pour l’aider dans sa


décision, énumérés par le Code civil, soit :
» La durée du mariage : plus la vie commune a été
longue, plus vous avez partagé les galères et les
coups durs, plus la prestation sera conséquente.
Mais si vous avez vécu ensemble avant de vous
marier, même longtemps, rien n’oblige le juge à
en tenir compte.

» L’âge et l’état de santé des époux : si vous êtes


âgé(e) et malade, votre prestation sera plus
importante que si vous avez encore toute la vie
devant vous et que vous êtes en pleine forme.

» La qualification et la situation professionnelle des


époux : si vous êtes au chômage depuis quelques
années, si vous n’avez pas fait de longues études,
si vous n’avez jamais travaillé, votre prestation
sera plus importante que si votre CV vous permet
de retrouver rapidement un emploi bien payé.

» Les conséquences résultant des choix professionnels


faits par l’un des époux pendant la vie commune
pour l’éducation des enfants, et le temps qu’il faudra
encore y consacrer, ou pour favoriser la carrière de
son conjoint au détriment de la sienne : vous avez
beau avoir une formation d’ingénieur, si n’avez
pas exercé depuis vingt ans, votre profession, vos
chances de vous faire tout(e) seul(e) une place au
soleil sont minces, et votre prestation s’épaissira
en conséquence.

» Le patrimoine estimé ou prévisible des époux, tant


en capital qu’en revenus, après la liquidation du
régime matrimonial : donc, plus votre part du
gâteau est réduite, plus vous pourrez demander à
grignoter celle de votre ex.

» Les droits existant et prévisibles : si vous êtes


l’unique héritier(ère) de l’Oncle Picsou, qu’il est
mourant, et qu’il est donc probable que vous
deveniez prochainement très riche, votre ex peut
le faire valoir pour faire diminuer le montant de la
prestation (même si les espérances successorales
ne sont pas officiellement reconnues comme un
critère de fixation).

» La situation respective en matière de pension de


retraite : on vous l’a dit, le juge examine votre
situation actuelle, mais se projette également
dans le futur.

Le JAF (juge aux affaires familiales) n’est pas obligé


de se contenter de cette liste de critères, et suivant
le cas auquel il a affaire, il peut tenir compte
d’autres éléments, comme par exemple les
ressources du (de la) nouveau(elle) conjoint(e) de
votre ex.

Des méthodes de calcul ont été élaborées par des


professionnels du droit (notaires, etc.), pour
certaines très affinées, afin de cerner ce montant,
souvent point d’orgue de la procédure. Mais sachez
qu’au final il appartient au juge seul de trancher en
fonction des éléments spécifiques de chaque
dossier.
EN QUOI CONSISTE LA DÉCLARATION SUR
L’HONNEUR DE MES RESSOURCES, REVENUS,
PATRIMOINE ET CONDITIONS DE VIE, QUE MON
AVOCAT M’A DEMANDÉ DE RÉDIGER ?

C’est un document qui se présente le plus souvent sous la


forme d’un tableau à compléter et dans lequel vous
indiquerez toutes vos sources de revenus, votre épargne,
votre patrimoine, vos dépenses et vos charges, etc.

La loi vous oblige à la remettre au magistrat en cours de


procédure, que vous ayez demandé une prestation
compensatoire ou que ce soit votre ex qui l’ai fait.

Si vous ne fournissez pas cette déclaration, cela ne vous


interdit pas de solliciter une prestation, mais le juge ne sera
sans doute pas très bien disposé à votre égard.

Prenez la peine de la remplir avec soin, si nécessaire en


demandant l’aide de votre avocat ou de votre comptable, et
joignez-y les pièces justificatives, qui prouveront votre bonne
foi.

Si vous savez que votre ex a caché une partie de ses revenus


ou de son patrimoine pour faire baisser le montant de la
prestation, rassemblez des preuves et donnez-les à votre
avocat, qui les transmettra au juge.

En effet, en pratique, celui-ci ne va pas aller fouiller les


tiroirs, et dans l’immense majorité des cas il va avant tout
fonder sa décision sur les déclarations sur l’honneur que
votre ex et vous avez l’obligation de lui remettre.

Voir un modèle de déclaration sur l’honneur en annexe C.

Quand et comment allez-vous


la toucher ?
Elle est fixée dans le jugement de divorce et sera
donc versée une fois celui-ci prononcé.

Depuis  1975, le principe est simple  : versement en


une fois, sous la forme d’un capital. Ce n’est que si
les moyens financiers de votre ex ne lui permettent
pas ce versement unique qu’une rente peut être
prévue à la place. Mais pendant longtemps, le
principe est devenu l’exception, et l’exception le
principe  : en pratique, en effet, les juges
prévoyaient souvent un versement mensuel, et
rarement un capital.

Les réformes successives ont voulu remédier à cette


dérive. Désormais, c’est bien le capital qui est roi,
mais pas nécessairement sous la forme de
liquidités  : votre ex peut également être
condamné(e) à s’en acquitter :
» en vous cédant un bien lui appartenant, en
usufruit ou en plein propriété ;

» en vous accordant sur un de ses biens (le plus


souvent le domicile conjugal) un droit d’usage ou
d’habitation, temporaire ou jusqu’à votre décès
(voir ci-dessous, sur le domicile conjugal).

Mais si les revenus et le patrimoine de votre ex ne


lui permettent pas de tout verser en une fois, le
juge pourra prévoir à sa demande un versement en
plusieurs fois, sur huit ans au maximum, étant
précisé que les versements seront indexés sur
l’indice INSEE du coût de la vie.

Enfin, rien n’empêche le juge de combiner tous les


modes de versement, en condamnant par exemple
votre ex à vous donner sa résidence secondaire
ainsi qu’une somme importante aujourd’hui et
plusieurs de moindre importance dans les années à
venir.

À titre tout à fait exceptionnel, le magistrat peut


prévoir une rente à la place d’un versement en
capital, mais alors elle sera forcément viagère  : en
aucun cas elle ne peut être temporaire. Cette rente
sera indexée chaque année sur l’indice des prix à la
consommation fixé par l’INSEE. Cette décision ne
sera prise que si votre âge et/ou votre état de santé
ne vous permet pas de subvenir à vos besoins. Le
but est alors que vous touchiez chaque mois une
somme d’argent qui vous permettra de vivre. Parce
qu’elle doit rester occasionnelle, une telle décision
devra être motivée en détail par le juge.

Là encore, ce dernier peut mixer, en prévoyant à la


fois le versement d’un capital et une rente.

ET SI NOUS DIVORÇONS PAR CONSENTEMENT


MUTUEL, QUE POUVONS-NOUS PRÉVOIR ?

Ce que vous voulez !

Oubliez les règles que détaillées ci-dessus, vous pouvez


parfaitement décider que la prestation sera versée sous
forme de rente sans avoir à vous justifier. Vous pouvez
même prévoir qu’elle cessera en cas de concubinage, qu’elle
sera temporaire, etc.

D’ailleurs, même dans un divorce contentieux, vous pouvez


passer un accord avec votre ex sur ce point, et le soumettre
au juge.

Pourra-t-elle être modifiée


après le divorce ?
En principe, non. Ce qui peut être modifié dans
certains cas, ce n’est pas le montant, mais les
modalités de versement.

Si la prestation devait à l’origine être payée sous


forme de capital, votre ex (et non vous) pourra
demander un changement si sa situation
(financière) a été modifiée de manière importante
depuis, par exemple en procédant à
rééchelonnement des paiements. Le juge peut
même, exceptionnellement, et en motivant sa
décision, prévoir un versement sur plus de huit ans.

À l’inverse, si votre ex devait au départ payer en


plusieurs fois, il/elle peut toujours décider de verser
le solde de ce qu’il/elle vous doit à tout moment,
sans avoir à motiver ce choix et sans vous
demander votre avis. Logique, puisque le droit
français favorise tout ce qui vous permettra de
couper les ponts une fois pour toutes.

De votre côté, une fois le régime matrimonial


liquidé (voir le chapitre  17), si vous constatez que
votre chère moitié a désormais les moyens de payer
en une fois ou qu’elle a dissimulé une partie de ses
ressources au moment de la fixation du montant de
la prestation compensatoire, n’hésitez pas à
retourner devant le juge pour demander qu’il le
fasse.

Enfin, si vous avez divorcé par consentement


mutuel, vous pouvez toujours, si vous êtes tous les
deux d’accord pour cela, demander au juge une
modification de votre convention initiale.

Les très rares cas où le montant


peut changer
Si la prestation est une rente, votre ex ou vous
pouvez demander sa suppression ou sa
modification en prouvant que l’un ou l’autre a vu
changer ses besoins ou ses ressources de façon
importante depuis le jugement de divorce. Depuis la
loi no 2015-177 du 16 février 2015, le juge doit tenir
compte de la durée de versement de la rente et des
montants déjà versés. Ainsi, le débiteur peut
désormais invoquer un avantage manifestement
excessif au bénéfice du créancier, qui n’est soumis
à aucun changement dans la situation financière du
débiteur ou du créancier.

Concrètement ? En cas de perte d’emploi, de nouvel


enfant arrivé dans la famille, de maladie
invalidante, ou au contraire en cas d’héritage, de
promotion, d’un concubinage tout frais qui permet
de partager les charges et d’augmenter les revenus,
et pourquoi pas, comme c’est arrivé à un de mes
clients,… si celui qui paie gagne au Loto !

Attention cependant, le montant de la rente ne peut


pas être augmenté. Notez que  54  % des ex-époux
échouent dans leur demande.

Si la prestation est un capital, échelonné ou non, la


modification du montant est impossible, sauf :
» s’il était le résultat d’une convention entre vous
que le juge a homologuée

et

» si vous avez prévu la possibilité d’une


modification dans cette convention ou que vous
êtes tous deux d’accord pour passer un nouveau
pacte.
MES HÉRITIERS VONT-ILS DEVOIR CONTINUER À
PAYER LA PRESTATION COMPENSATOIRE QUE JE
DOIS À MON EX ?

Oui, mais dans la limite de ce que vous leur avez laissé. Ils ne
paieront pas de leur poche si votre héritage ne suffit pas.

Si la prestation était prévue sous forme de capital échelonné,


ils devront payer tout le solde en une fois. Idem s’il s’agissait
d’une rente  : celle-ci sera transformée en capital et
immédiatement exigible.

Si vos héritiers préfèrent que rien ne change, ils peuvent


continuer à verser la prestation dans les mêmes conditions
que vous, mais dans ce cas, ils devront continuer à payer
même si tout l’héritage y est déjà passé. C’est prendre un
gros risque…
QUESTIONS À MME NICOLE CHOUBRAC, EX-VICE
PRÉSIDENTE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
DE PARIS EN CHARGE DES AFFAIRES FAMILIALES

Quels sont les avantages et les inconvénients d’un


versement en capital ou sous forme de rente de la
prestation compensatoire ?

La première question à se poser est de savoir si les biens du


débiteur permettent un versement en capital, ce qui n’est
pas toujours le cas. À supposer que ce soit possible, si l’on
estime qu’il faut, par ce biais de la prestation compensatoire,
permettre au créancier de se reloger, il faut donner un
capital. Si, au contraire, la finalité est de l’aider à passer
quelques années difficiles, en attendant qu’il trouve un
emploi ou que la société qui vient d’être créée dégage des
bénéfices, alors la rente est préférable. Mais nous sommes
tenus par les demandes et les offres, et il n’est pas rare qu’on
ne nous demande qu’un capital. L’avantage de la rente, bien
sûr, c’est de pouvoir être révisée en cas de changement
important dans les conditions de vie du débiteur ou du
créancier.

Quelle est la proportion d’hommes et de femmes


demandeurs en prestation compensatoire  ? A-t-elle
évolué ?

15 % d’hommes environ, et la proportion n’a pas réellement


changé.
Comment déterminez-vous le quantum de la
prestation ?

Cette question revient en permanence, et c’est bien normal.


Il n’y a pas de tarif préfabriqué. Y en aurait-il un que je ne
suis pas sûre que cela réjouirait tout le monde. Je crois qu’on
nous plaiderait alors que le cas ne rentre pas dans le tarif. Je
crois qu’on peut aborder le problème de deux façons :
» Si la pension alimentaire donnée à l’un des époux
au moment de la conciliation n’a pas été démentie
par une décision de cour d’appel, une première idée
peut être donnée par la capitalisation de cette
pension sur les huit années prévues par le Code
civil.

» S’il n’y a pas eu de pension, on peut alors retenir le


delta entre les revenus mensuels de monsieur et
ceux de madame, considérer que le plus «  riche  »
doit donner à l’autre environ 20 % de ce delta pour
compenser la disparité et capitaliser la somme
obtenue sur huit ans.

On peut aussi faire une moyenne entre les deux méthodes,


et surtout, il faut adapter le résultat à l’âge du créancier et à
ses besoins en termes de logement ou de ressources
mensuelles. Mais c’est souvent une hypothèse, en raison du
problème éternel des pièces versées aux débats, qui sont la
plupart du temps anciennes et parcellaires.
Des dommages et intérêts

Parce que votre divorce en lui-


même vous cause un
préjudice
Cette possibilité ne vous est ouverte qu’en cas de
divorce pour faute et si celui-ci a été prononcé aux
torts exclusifs de votre ex.

En outre, vous ne pourrez faire cette demande que


pendant la procédure de divorce  : si vous ne le
faites pas à cette occasion, il sera trop tard pour
agir une fois le divorce définitif. En revanche, rien
ne vous empêche de formuler cette demande pour
la première fois en appel, puisque, à contrario, le
divorce n’est pas encore définitif dans ce cas.

Pour obtenir des dommages et intérêts, il vous


faudra démontrer à la fois l’existence d’un
préjudice matériel ou moral en lien direct avec
votre divorce, la faute de votre conjoint(e), et le
rapport de cause à effet entre les deux.

La jurisprudence est très pointilleuse en la matière,


puisque les juges ont déjà retenu le fait pour une
femme, après de longues années de mariage, d’être
délaissée pour une jeune fille, mais rejettent en
revanche la demande fondée sur le fait que le
conjoint ait brutalement quitté le domicile conjugal
pour vivre avec une autre femme. De même, la
diminution de votre train de vie ne peut pas être
avancée ici, car c’est la prestation compensatoire
qui a vocation à la compenser (sur la prestation
compensatoire, voir supra).

Parce que votre ex vous a


causé du tort pendant le
mariage ou à l’occasion de la
rupture
Cette fois, il n’est pas nécessaire que vous divorciez
pour faute.

De plus, vous pouvez faire votre demande, avant,


pendant et même après la procédure de divorce.

Ici encore, il faudra démontrer une faute de votre


conjoint(e), un préjudice et un lien direct entre les
deux. Puisque tous les types de divorce sont
concernés, la faute de votre ex, dont vous ferez
état, n’est pas obligatoirement à l’origine votre
divorce. Ainsi le juge peut-il retenir par exemple la
diffamation systématique dont votre moitié s’est
rendue coupable à votre endroit ou encore sa
violence, mais aussi de la manière particulièrement
brutale dont il vous a annoncé son intention de
divorcer, etc.

Enfin, le préjudice peut là aussi être matériel ou


moral :

» Moral : votre mari avait une maîtresse et


délaissait son foyer, ce qui vous a fait beaucoup
souffrir et a causé votre état dépressif, ou encore
il était d’une radinerie monstrueuse, et vous a
pourri la vie pendant des années avec ses
économies de bouts de chandelle, etc.

» Matériel : votre femme est une joueuse invétérée


et elle a perdu tout ce que vous possédiez.

Pendant la vie commune, vous avez oublié vos


ambitions personnelles pour vous consacrer à votre
famille. Bonne pomme, vous avez collaboré
pendant des années à titre bénévole à
l’épanouissement professionnel de votre ex, en
assurant son secrétariat, en faisant sa comptabilité,
en tenant la caisse de son commerce, etc.

Tant que tout allait bien entre vous, cela ne vous


dérangeait pas, mais vous réalisez maintenant que
tout cela n’a profité qu’à votre moitié et vous
voulez votre part du gâteau  ? Cette rubrique est
faite pour vous.

Comment procéder ?
Demandez à votre avocat d’agir contre votre
époux(se) sur le fondement de l’enrichissement
sans cause. Pour être un peu alambiquée, la
formule a le mérite d’être claire  : l’enrichissement
sans cause, c’est tout simplement l’enrichissement
d’une personne au détriment de l’autre, sans
qu’aucun motif juridique ou légal ne le justifie.

Dans ce cas, l’individu appauvri (vous  ! ) peut


introduire contre celui qui s’est enrichi (votre ex…)
une action de in rem verso  : voilà une formule
latine, comme seuls les juristes savent en pondre,
et qui est bien obscure  ! Retenez simplement
qu’elle vous permet de demander à être
indemnisé(e) pour tout ce travail fourni pendant
des années et non rémunéré.

Vous pouvez agir quel que soit votre régime


matrimonial, mais l’appauvrissement sera bien
entendu beaucoup plus facile à démontrer si vous
étiez en séparation de biens, puisque dans ce cas
votre travail aura intégralement profité au
patrimoine propre de votre époux (et non aux biens
communs, puisqu’il n’y en a pas).

Puis-je cumuler cette


indemnité avec une
prestation compensatoire ?
Non, dans la plupart des cas, puisque le juge a déjà
tenu compte de votre bénévolat quand il a fixé le
montant de la prestation compensatoire, et peut
donc refuser de vous accorder en plus une
indemnité spécifique, en estimant qu’il a déjà
réparé l’injustice.

Cependant, ce n’est parce que vous avez obtenu une


prestation compensatoire que l’indemnisation du
travail non rémunéré est impossible  : elle sera
accordée si votre appauvrissement n’a pas été
totalement pris en compte par la prestation
compensatoire décidée (vous pouvez par exemple
invoquer l’abandon de votre propre profession,
pourtant plus rémunératrice, pour vous consacrer à
la carrière de votre ex).

Que faire pour conserver le


logement familial ?
Si c’était une location
Bien sûr, vous pouvez la quitter tous les deux.

Mais si vous voulez continuer à louer seul(e), vous


pouvez parfaitement demander au juge de vous
attribuer le bail, même s’il n’a jamais été à votre
nom auparavant.

Si le bail était à vos deux noms, la transcription du


jugement entrainera immédiatement la fin de la
cotitularité.

Si c’est un bien commun


Là encore, vous pouvez vous installer ailleurs l’un
comme l’autre, et le louer, le mettre en vente, etc.

Ou bien le juge peut décider à votre demande qu’il


vous sera attribué. Il se prononcera en fonction des
intérêts en présence, et en pratique tiendra compte
avant toute chose de la personne avec laquelle vont
vivre vos enfants.

S’il appartient à votre ex


Le JAF (juge aux affaires familiales) a la possibilité
d’obliger votre ex à vous consentir un bail si les
enfants résident avec vous, et ce jusqu’à la majorité
du plus jeune.

Par ailleurs, comme vu ci-dessus, vous pouvez


demander au magistrat de vous accorder à titre de
prestation compensatoire la jouissance temporaire
ou viagère (c’est-à-dire jusqu’à votre mort), voire
même la propriété d’un bien commun ou
appartenant à votre ex.

Il peut s’agir, et il s’agira d’ailleurs dans l’immense


majorité des cas, du domicile conjugal. C’est là une
bien grosse entorse au respect de la propriété
privée !

Mais il existe quand même une limite  : votre ex


devra donner son accord pour cette cession forcée
si le domicile en question est un bien reçu par
donation ou succession : vieille tradition française,
la protection de l’époux moins fortuné cède devant
celle de l’héritage familial.

Une contribution pour


l’entretien et l’éducation des
enfants
Reportez-vous au chapitre 14, qui traite ce sujet en
détail.

Les prestations familiales


Sauf dans les cas où il y a résidence alternée (voir le
chapitre  13), les caisses d’allocations familiales
n’acceptent pas à ce jour de partager le versement
de leurs prestations entre les parents : c’est l’un ou
l’autre qui sera l’allocataire et percevra seul
l’intégralité desdites prestations.

Or, selon les revenus respectifs de chacun, et le


nombre d’enfants, cela peut représenter des
sommes importantes, il faut donc vous en
préoccuper.

Vous pouvez bien entendu vous mettre d’accord


entre vous, en soumettant ou non votre convention
au magistrat chargé de votre divorce. Si vous n’y
parvenez pas, rien ne vous interdit de demander à
ce dernier de trancher la question, ou du moins de
tenir compte de l’importance des allocations et
prestations familiales versées à votre ex lorsqu’il
fixera le montant de la contribution à l’entretien et
l’éducation des enfants.
Il ou elle ne paie pas !
La loi a parfois prévu des garanties pour vous éviter
de vous retrouver dans de telles situations : le juge
peut imposer que des hypothèques soient prises par
votre ex pour garantir le paiement de la pension ou
de la prestation compensatoire. Vous pouvez
également engager cette démarche seul(e) ou avec
l’assistance de votre avocat.

En ce qui concerne la prestation compensatoire, il


peut aussi l’obliger à constituer un gage, à donner
une caution ou à souscrire un contrat garantissant
le paiement. Mais si le jugement de divorce n’a rien
prévu sur ce point, vous pouvez vous retrouver face
à l’inertie de votre ex, et vous sentir bien
démuni(e).

Voici comment faire pour que cela change…

Primo, utilisez les voies


d’exécution ordinaires à votre
disposition
Vous avez à votre disposition au moins trois
possibilités :
Engagez une procédure de
paiement direct
Comme son nom l’indique, elle vous permet de
vous faire payer directement par une personne
devant de l’argent à votre ex ou détenant de
l’argent pour lui  : son employeur, son banquier,
etc.

Dès qu’un mois de contribution n’a pas été payé


dans les temps, vous pouvez vous adresser à un
huissier de justice territorialement compétent là où
réside votre ex (à ce sujet, voir le chapitre  3),
auquel vous remettrez copie de la décision fixant le
montant de la contribution, un décompte des
sommes qui vous sont dues, l’identité et l’adresse
de votre ex.

C’est ensuite cet huissier qui engagera la


procédure, afin de vous permettre de percevoir
directement de la personne détenant des fonds
pour votre conjoint(e) les arriérés sur six mois,
ainsi que les contributions à venir à chaque
nouvelle échéance.

Les frais de procédure ne seront pas à votre charge,


mais ajoutés à la dette du ou de la mauvais(e)
payeur(se).
Faites saisir le salaire de votre ex
Vous pouvez demander une saisie des
rémunérations pour récupérer l’arriéré jusqu’à cinq
ans, et faire payer de force les mensualités à venir.
Déposez pour cela une requête au tribunal
d’instance de votre domicile. L’intervention d’un
avocat n’est pas obligatoire.

À la barre, il y aura une tentative de conciliation,


pour que votre ex et vous parveniez à un éventuel
accord global concernant l’arriéré et les futurs
versements. À défaut, un acte de saisie sera décidé
par le juge et rédigé par le greffe  : chaque mois,
l’employeur de votre ex versera auprès du greffe la
somme saisie.

Demandez au fisc d’agir en votre


nom
Une fois que vous lui aurez fourni un état
exécutoire établi par le procureur de la République,
le fisc agira en vos lieu et place, à condition
toutefois que vous lui prouviez que vous avez
auparavant tenté d’obtenir le paiement par vous-
même.
Le comptable du Trésor va alors se substituer à
vous pour se faire payer la pension. Or, il dispose de
moyens autrement plus… persuasifs.

Petite précision  : le fisc ne sera pas perdant dans


l’affaire, puisque votre ex devra non seulement
payer l’arriéré, mais aussi une majoration de  10  %
ainsi que les éventuels frais de poursuite.

Comment faire pour obtenir cet état exécutoire  ?


Envoyez une lettre recommandée avec accusé de
réception au procureur de la République (il y en a
un dans chaque tribunal de grande instance) en y
joignant une copie de la décision fixant le montant
de la pension ou de la contribution due et les
documents prouvant les démarches que vous avez
effectuées par vous-même sans succès.

Faites appel à la CAF


Vous l’ignorez sans doute, mais face à un(e) ex
particulièrement récalcitrant(e), vous pouvez vous
tourner vers la Caisse d’allocations familiales (CAF)
et lui demander de vous verser tout ou partie de la
somme due par votre conjoint(e). Pour se
rembourser, l’organisme se retournera directement
contre ce(tte) dernier(ère).
C’est, et de loin, le plus simple et le plus efficace
des moyens dont vous disposez.

Secundo, agissez devant la


juridiction pénale
Le parent qui ne paie pas intégralement la
contribution à l’entretien et l’éducation de ses
enfants à laquelle la justice l’a condamné pendant
plus de deux mois se rend coupable du délit
d’abandon de famille.

Passé ce délai, si votre ex ne paie pas ou


qu’incomplètement la pension fixée, et que vous
pouvez démontrer qu’il omet volontairement de
s’acquitter de ce devoir, vous pouvez l’attaquer
devant le tribunal correctionnel situé dans le
ressort dont dépend votre lieu d’habitation.

Sachez par ailleurs qu’il existe un délit


d’organisation d’insolvabilité (art. 314-1  CP), qui
peut également valoir à votre ex une condamnation
pénale s’il est établi qu’il ou elle s’est
« arrangé(e) » pour ne pas être solvable et ne plus
pouvoir payer sa contribution ou sa pension, en
augmentant ses dettes, en faisant diminuer en
apparence son patrimoine ou encore en dissimulant
une partie de ses biens ou de ses revenus.

PUIS-JE L’EMPÊCHER D’EXERCER SON DROIT DE


VISITE TANT QU’IL NE PAIE PAS LA CONTRIBUTION ?

Non, car l’un n’est pas la contrepartie de l’autre.

De la même façon que lui ou elle ne peut pas se dispenser


de payer même si vous l’empêchez de voir ses enfants (il/elle
devra agir autrement pour faire valoir ses droits), vous ne
pouvez pas le/la priver de son droit de visite parce qu’il/elle
ne vous paie pas ce qu’il/elle doit pour les enfants.

Outre que cela n’est sans doute pas dans l’intérêt de vos
bouts de chou, qui seraient ainsi pris en otages, la loi ne le
permet pas.

En revanche, il est possible, en cas d’abandon de famille


avéré, de demander au juge de déchoir le parent fautif de
ses droits parentaux  : autorité parentale, garde et droit de
visite. Mais ces mesures sont d’une telle gravité que les
magistrats répugnent à les prendre, sauf cas extrêmes.
Chapitre 17
La liquidation de votre régime
matrimonial après le divorce
DANS CE CHAPITRE :
» Petite piqûre de rappel : connaissez-vous votre régime
matrimonial ?

» Sachez ce qu’est la liquidation de votre régime

» Apprenez qui va procéder à cette liquidation

» Suivez le processus étape par étape

» Déterminez quand la liquidation deviendra effective

E ndemême temps qu’il prononce le divorce, le juge,


manière systématique, «  ordonne la
liquidation et le partage de vos intérêts
patrimoniaux » : cette formule est sans doute très
obscure pour vous ? Plus pour longtemps !

Voici tout ce que vous auriez voulu ne jamais avoir


à connaître sur la liquidation du régime
matrimonial, mais qu’il va bien vous falloir
potasser si vous voulez savoir ce que vont devenir
vos biens !
Quel est votre régime
matrimonial ?
Si vous avez lu la première partie de cet ouvrage,
vous savez désormais ce qu’est un régime
matrimonial et connaissez la nature du vôtre.

Si ce n’est pas le cas, reportez-vous au chapitre 2.


C’est en effet un préalable indispensable à la
compréhension de la liquidation.

Qu’est-ce qu’une liquidation ?


C’est la procédure qui précède le partage
proprement dit, et qui consiste à faire les comptes
entre les parties, et à déterminer qui est créancier
ou débiteur de l’autre ou de la communauté et de
combien.

Quel que soit le régime matrimonial choisi, sa


liquidation est obligatoire. Il s’agit d’une procédure
indépendante au divorce qui peut être ouverte en
parallèle de la procédure de divorce.

Identifiez les acteurs de la


liquidation
Le magistrat
C’est le juge du divorce, autrement dit le juge aux
affaires familiales (ou JAF), qui est compétent pour
ordonner cette liquidation. Il dispose de pouvoirs
très étendus.

Avant la réforme de  2004, rien ne vous obligeait à


liquider votre régime matrimonial ni au cours de la
procédure, ni au moment du prononcé du divorce,
ni même après celui-ci. Si aucun n’en prenait
l’initiative, vous pouviez rester dans l’indivision
jusqu’au décès de l’un d’entre vous.

Les conséquences de cet état de fait pouvaient être


désastreuses, puisque :
» vous restiez d’une certaine façon lié(e) à votre ex
jusqu’à la mort, ce qui est le contraire de l’effet
recherché dans un divorce ;

» la détermination du montant de la prestation


compensatoire relevait de la divination : personne
ne connaissant précisément l’étendue de vos
biens respectifs, le juge fixait donc un montant au
petit bonheur la chance.

Aujourd’hui, tout est fait pour éviter cette impasse


et, dans le but d’accélérer le règlement des
conséquences du divorce, la loi offre plusieurs
outils au magistrat chargé de votre divorce :
» Elle lui permet désormais, dès le stade des
mesures provisoires, de commencer à préparer la
liquidation en désignant un professionnel pour
dresser un inventaire estimatif ou faire des
propositions quant au règlement de vos intérêts
pécuniaires.

» Par ailleurs, votre assignation en divorce doit


obligatoirement comporter une proposition de
règlement, qui contient un descriptif sommaire de
vos patrimoines et précise vos intentions quant à
la liquidation de la communauté. Si vous ne faites
pas cette proposition de règlement, votre
demande en divorce est irrecevable, autrement
dit invalide.

» Le juge peut même désigner un notaire, pour


qu’il fasse un projet de liquidation et de formation
des lots à partager. La liquidation est en effet une
opération très technique, pour laquelle le notaire
est spécialement formé, et donc seul compétent.

» Si, au moment du prononcé du divorce, ce projet


contient des éléments suffisants, le juge ne
tranche que les désaccords persistants entre
vous.
» Enfin, la loi a mis en place un calendrier de la
liquidation afin d’en accélérer le règlement.

» Depuis l’ordonnance du 15 octobre 2015, le juge


peut désormais statuer sur l’ensemble de la
liquidation et du partage de vos intérêts
patrimoniaux lorsqu’aucune solution amiable
n’est envisageable. Dans ce cas, vous devez
rapporter la preuve des désaccords qui subsistent
entre votre ex et vous-même en produisant, soit
une déclaration commune d’acceptation des
désaccords, soit un projet d’état liquidatif établi
par le notaire désigné.

» Le juge peut également, en cas de litige sur ce


point, déterminer quel régime matrimonial
s’applique à votre cas.

Le professionnel qualifié
Comme nous venons de le voir, cet expert peut être
nommé pendant la procédure par le JAF (juge aux
affaires familiales), afin de dresser un inventaire ou
faire des propositions quant au règlement de vos
intérêts pécuniaires  : ce n’est pas obligatoirement
un notaire, il peut aussi s’agir d’un avocat, un
expert-comptable, un commissaire-priseur, etc.
Le notaire
Son intervention est obligatoire dès lors que vous
possédez au moins un bien immobilier.

Il peut intervenir pendant la procédure, à la


demande du juge, pour élaborer un projet de
recensement et de répartition des biens entre
époux, ce qui peut grandement faciliter le travail du
juge et aboutir à une décision plus équitable. En
effet, c’est en connaissance de cause qu’il pourra
décider s’il y a lieu de prévoir une prestation
compensatoire, et son montant, puisqu’il sait dans
le détail la manière dont le patrimoine de votre
couple sera partagé après le divorce.

De plus, après le divorce, c’est un notaire, que vous


choisirez d’un commun accord ou qui sera désigné
par le juge aux affaires familiales, qui procédera
réellement au partage.

Votre ex et vous
« Do it yourself »
Faut-il le répéter  ? Quel que soit le divorce pour
lequel vous avez opté, la loi vous permet de passer
tous les accords possibles et imaginables entre vous
pendant la procédure de divorce et de les soumettre
à l’homologation du juge. C’est vrai aussi en ce qui
concerne la liquidation de votre régime
matrimonial. Vous pouvez la régler totalement ou
en partie, même si le reste du divorce est
contentieux.

Comprenez bien que, dans ce cas, vous devrez


également être d’accord sur l’existence et le
montant de l’éventuelle prestation compensatoire
qui sera versée par l’un d’entre vous à l’autre  :
impossible en effet de dissocier ce point de la
liquidation.

En pratique, le JAF s’assure seulement grosso modo


que l’un d’entre vous n’est pas gravement spolié et
que vos enfants ne sont pas lésés dans ce partage,
et le tour est joué.

Si vous n’êtes pas d’accord


C’est le juge qui décide, d’après les éléments qu’il a
en sa possession.

Dans ce cas, avez-vous un rôle à jouer ? Oui : vous


n’êtes pas un professionnel du droit, et encore
moins un notaire, mais votre intervention peut
pourtant être essentielle dans la liquidation.
Comme dans le cadre de la procédure, vous
collecterez un maximum d’informations et de
preuves que vous fournirez via votre avocat au juge,
au professionnel désigné et au notaire  : propriété
des biens, origine des fonds, éventuels
détournements et omissions de votre ex, donations
familiales, etc.

Ne négligez pas de le faire, car personne n’ira aussi


profondément à la pêche aux informations à votre
place. Sauf dans un cas : vous pouvez demander au
magistrat de solliciter des services fiscaux copie des
déclarations et des avis d’imposition de votre ex,
afin de compléter les informations auxquelles vous
n’auriez pas accès malgré vos demandes. Dans ce
cas précis, le secret fiscal n’est pas opposable au
magistrat, et l’administration devra s’exécuter.

Suivez les étapes de la


liquidation en connaissance de
cause
Pendant votre mariage, vos deux patrimoines se
sont entremêlés, et vous avez de plus alimenté un
patrimoine commun. Après votre divorce, il faut
faire les comptes entre vous  : c’est l’objet de la
liquidation.

Nous n’allons pas vous transformer en notaire


grâce à ce paragraphe, ce n’est ni faisable ni utile.
Mais voici grosso modo les étapes clés de la
liquidation, afin que vous puissiez comprendre ce
que vous racontera le notaire lors de vos différentes
rencontres :
» Le notaire va d’abord recenser sans distinction
l’ensemble de vos biens, mais aussi de vos dettes,
d’après les renseignements et les documents que
vous lui fournirez.

» Il évaluera ensuite les biens et les dettes


communs du couple (chacun reprenant ses biens
propres) et fera les comptes entre la communauté
et chacun d’entre vous. Si la communauté a
profité d’un bien propre de l’un (par exemple,
vous avez financé les travaux de votre maison,
bien commun, grâce à l’héritage de votre père),
elle devra l’indemniser en lui versant une
« récompense ». Mais c’est également valable
dans l’autre sens : si vous avez usé de l’argent
commun pour rénover la maison héritée de votre
tante, vous devrez une récompense à la
communauté.
» Ensuite, le notaire procède à la répartition
effective de vos biens et de vos dettes : pour ce
partage, il cherchera un accord entre vous. Cela va
sans dire, si votre situation est simple et que ce
n’est pas la guerre totale, la liquidation sera
rapide. Dans le cas contraire, les opérations de
liquidation, qui nécessitent un minimum de
conscensus au moment du partage, pourront
traîner en longueur.

À compter du  1er janvier  2016, s’il apparaît dès la


phase de divorce qu’aucune solution amiable n’est
possible en votre ex et vous-même, le juge pourra,
sous certaines conditions, statuer sur l’ensemble de
la liquidation et du partage de votre régime
matrimonial. Pour connaître les conditions, voir
précédemment.

Quand la liquidation prendra-t-


elle effet ?

Pour vous
Comme souvent, il faut distinguer :
» Si votre divorce est contentieux, la fin du régime
matrimonial se situe au jour de l’ordonnance de
non-conciliation.

» Une des conséquences de cette rétroactivité est


que si vous avez acheté un bien après cette date,
il ne peut pas être commun : il s’agit d’un de vos
biens propres.

» Mais les effets patrimoniaux du divorce peuvent


remonter plus loin encore : si l’un d’entre vous en
fait la demande, et que le juge l’accepte, la
liquidation peut prendre effet à la date où vous
avez cessé de cohabiter et de collaborer : c’est
l’hypothèse dans laquelle vous n’avez pas attendu
l’ordonnance de non-conciliation pour vivre votre
vie chacun de votre côté.

» Si vous divorcez par consentement mutuel, vous


avez obligatoirement réglé la liquidation dans
votre convention, et les effets de celle-ci
commencent le jour où elle est validée par le juge,
ou enregistrée par le notaire au rang des minutes
s’il s’agit d’un divorce engagé après le 1er
janvier 2017. Mais il vous est toujours possible de
prévoir une autre date dans votre accord.

Pour le reste du monde


Vis-à-vis des tiers, le jugement de divorce ne
produit ses effets, y compris sur le plan
patrimonial, que le jour où il est retranscrit en
marge de vos actes d’état civil.

Cette retranscription est faite par les mairies ayant


dressé ces différents actes, auxquelles votre avocat
transmettra le jugement de divorce une fois qu’il
sera devenu définitif par la signature d’un acte
d’acquiescement ou passé un délai de un mois sans
qu’un appel ne soit relevé après sa signification par
huissier.

Concrètement, cela consiste à écrire dans la marge


«  divorce en date du…  », ce qui rend votre
séparation officielle aux yeux de tous.
6
La partie des Dix
DANS CETTE PARTIE…

J’ai conçu cette partie comme un pense-bête : si,


après avoir lu ce livre, vous ne devez en garder
que quelques éléments en tête, retenez ceux-là.

Pendant la procédure, vous aurez autre chose à


faire que vérifier systématiquement si telle action
entreprise ou telle phrase prononcée l’a été à tort
ou à raison. Ai-je bien fait d’agir ainsi ? Mes
enfants ne vont-ils pas en souffrir ? Comment les
aider à gérer cette étape de leur vie pendant
laquelle ils subissent plus qu’ils ne choisissent ?
Comment vais-je moi-même survivre à ce divorce,
qui me pompe toute mon énergie et met fin à mes
dernières illusions ? Est-ce que je me suis fait avoir
en acceptant de lui laisser la voiture ou la
maison ? Comment m’assurer que je ne suis pas le
dindon de la farce ? Suis-je bien et assez
entouré(e) ? Vers qui me tourner en cas de
problème ?

Ne vous torturez plus !

Reportez-vous à cette partie des Dix, qui réunit


quelques règles essentielles pour un divorce
« réussi ».
Chapitre 18
Les dix erreurs fatales à éviter
Ne partez pas sur un coup de
tête
D’abord, parce que vous pourriez vous mettre en
tort (l’abandon du domicile conjugal avant que le
juge ne vous y ait autorisé est une faute) ensuite,
parce que cela vous empêchera de monter votre
dossier correctement, notamment en oubliant
certains documents ou objets qui pourraient être
essentiels par la suite.

Ne lui laissez pas tout l’argent


et les meubles
Ce serait une erreur car il n’y a aucune raison de
renoncer à ce que vous avez construit à deux.
N’hésitez pas à faire appel à un huissier pour faire
dresser un inventaire objectif de ce qui se trouve
chez vous avant de partir pour éviter de vous faire
plumer.
Ne lui laissez pas la carte bleue,
supprimez les comptes joints et
les procurations
Si votre chère moitié vide tous les comptes vous ne
pourrez pas portez plainte, alors méfiance  !
Redevenez indépendant(e) financièrement dès que
possible !

Révoquez les dispositions qui


avaient été prises pour l’avenir
Révoquez, lorsque c’est possible, celles qui
avantageaient votre futur(e) ex.

Ménagez-vous des preuves, et


au besoin, faites appel à un
détective privé
C’est avant même le début de la procédure qu’il
faut rassembler les preuves (messages
téléphoniques, SMS, courriers, e-mails…). Vous n’y
aurez peut être plus accès après, donc ne négligez
rien, d’autant plus que le vol entre époux n’existe
pas, en tout cas tant que la séparation n’est pas
prononcée. Et vous aurez besoin de présenter des
preuves au magistrat donc n’hésitez pas, raflez
tous les documents administratifs et financiers !

Ne sous-estimez pas vos


besoins ou ceux de vos enfants
Beaucoup de vos dépenses vont être multipliées par
deux maintenant. Ainsi, dès le début de la
procédure, il vous faut anticiper le montant des
charges que vous allez avoir pour éviter d’ajouter
les difficultés financières à la douleur de mettre fin
à votre union.

Ne lui déléguez pas l’éducation


des enfants
Quelque soit votre part de responsabilité dans
l’échec de votre union, ne négligez pas vos enfants,
ils ont besoin de vous.

Payez ce que vous devez


Même si vous n’êtes pas d’accord, payez d’abord et
contestez ensuite  ! Cela vous évitera d’avoir des
comptes à rendre plus tard.
Ne laissez pas des traces de vos
petits « écarts de conduite »
Attention à votre téléphone, vos mails  –  même
supprimés, votre ordinateur, votre iPad, bref tout
ce qui pourrait laisser des traces de vos potentiels
écarts…

Consultez immédiatement un
avocat
Sans son assistance, vous risquez de commettre des
erreurs ou d’oublier de prendre certaines
précautions essentielles qui pourraient causer du
tort à votre dossier, ce serait dommage !
Chapitre 19
Les dix façons d’aider vos
enfants
Annoncez leur au bon moment
et de préférence un moment
calme
C’est-à-dire ni trop tôt, ni trop tard, pour ne pas
qu’ils ne l’apprennent par une autre personne,
auquel cas ils pourraient se sentir trahis.

Dites-leur sans dramatiser


Papa et maman se séparent, ils ne s’aiment plus,
mais cela n’a rien à avoir avec vous. Papa et maman
vous aiment. Ne faites pas peser le poids de vos
angoisses sur vos enfants.

Épargnez leur les détails


sordides
Pitié pour eux, ne mêlez pas vos enfants à la
procédure, même si certains agissements de votre
ex vous irritent au plus haut point. Le divorce est
une affaire d’adultes, et les problèmes liés à cette
situation doivent rester entre eux.

Adaptez votre discours à leur


âge
Pas question de tenir à un bout d’chou de trois ans
le même discours qu’à un ado de quinze ans, et
inversement. Quel que soit leur âge, il est
important de rester ouvert(e) au dialogue, de
répondre sincèrement à leurs questions et d’être
disponible pour guetter les signaux d’alerte.

Ne leur demandez pas de vous


aider
C’est à vous de les aider et non le contraire  ! Leur
présence peut être réconfortante, mais vous ne
devez pas vous appuyer sur eux dans cette épreuve.

Recherchez l’accord parental


Quelles que soient vos querelles d’adultes, essayez
de les mettre de côté dans l’intérêt de vos enfants.
Tentez le dialogue  ; en cas de besoin, le médiateur
peut vous aider.

Choisissez le mode de garde qui


leur convient le mieux
À chaque famille, à chaque cas de figure correspond
un système préférable aux autres. Adaptez-vous à
vos enfants, à leur caractère et à leur attitude face
au divorce.

Faites passer leurs intérêts


avant le vôtre
Aux yeux du juge ce n’est pas votre désir qui
compte mais l’intérêt des enfants. C’est son critère
principal de décision. Cela doit également être le
vôtre.

Soyez attentif(ve) aux signes de


mal-être
Guettez tous les symptômes de souffrance de vos
petits chéris, et surtout, restez toujours en alerte,
car ils dissimulent parfois avec talent leur
dépression.

Si c’est nécessaire, demandez


l’aide des professionnels
Ce n’est pas un aveu d’échec que d’accepter de vous
faire aider par des professionnels de la petite
enfance. Si cela s’avère nécessaire pour le bien-être
de vos enfants, ils vous remercieront d’avoir
organisé cette intervention pour eux.
Chapitre 20
Les dix « trucs » pour aller de
l’avant
Commencez un journal de bord
Un petit carnet peut vous servir de défouloir sans
présenter de risque, à condition bien sûr de le
ranger hors de portée des curieux… Vous pouvez y
noter vos sentiments, vos rancœurs, y inscrire vos
projets, vos objectifs, vos progrès, etc.

Luttez contre vos démons


Si vous vivez mal cette nouvelle vie en solitaire,
pensez à tout ce qui vous manquait pendant votre
mariage, à tout ce que vous n’osiez pas faire, à ces
sacrifices que vous consentiez  : il y a sans doute
une multitude de choses que vous pouvez
désormais vous permettre, alors profitez-en !
Sachez apprécier les avantages
de la vie en solo
Réorganisez votre vie pour ne pas vivre votre
célibat retrouvé comme un manque mais comme
une nouvelle chance de vous épanouir (sortez,
dansez, amusez-vous…). La vie de célibataire a du
bon, tachez de vous en souvenir.

Faites du sport
Quel que soit votre sport de prédilection, avoir une
activité sportive vous aidera à faire le vide dans
votre esprit, à clarifier certaines situations et à
libérer des endorphines qui vous feront vous sentir
mieux. C’est également l’occasion de garder ou de
retrouver la ligne, mais aussi de rencontrer de
nouvelles personnes.

Donnez un nouvel élan à votre


carrière
Si vous avez freiné vos ambitions dans l’intérêt
d’une vie de couple qui a pris fin, c’est le moment
ou jamais de faire revenir votre profession sur le
devant de la scène. Lancez-vous dans un projet qui
vous tient à cœur !

Retrouvez les amis célibataires


et faites-vous de nouvelles
relations
Vous entourer de sang neuf vous aidera à
commencer un nouveau chapitre de votre vie. Ces
amis, anciens et nouveaux, vous serviront d’appui
pour prendre un nouveau départ.

Profitez des moments où les


enfants sont avec votre ex
Ne culpabilisez pas de vivre votre vie sans vos
enfants. Le temps est venu de penser à vous. Un
seul credo : faites-vous plaisir !

Faites-vous chouchouter par


vos proches et chouchoutez-
vous
À quoi servent les amis et la famille sinon à
resserrer les rangs en cas de coup dur ? Sachez que
vous pouvez compter sur eux en cas de besoin.

N’excluez pas une nouvelle vie


de couple
Même si ce n’est pas forcément votre priorité,
fermer la porte à toute possibilité, c’est un peu
fermer la porte à votre avenir. N’excluez pas une
nouvelle histoire d’amour, qui pourrait arriver bien
plus vite que vous ne le croyez !

Acceptez de vous faire aider et,


au besoin, consultez un
thérapeute
Remballez pour un temps votre orgueil mal placé,
et saisissez les mains qui vous sont tendues. La
solidarité a du bon. Si votre souffrance est
insupportable, si vous ne parvenez pas à avancer, à
sortir de la dépression dans laquelle vous a plongé
votre divorce, faites-vous aider par un
professionnel.
Chapitre 21
Les dix points à retenir pour
l’avenir
Vous pouvez continuer d’user
du nom de votre ex sous
certaines conditions
Vous pouvez continuer à utiliser le nom de famille
de votre ex si le juge vous y a autorisé. Attention
tout de même à vérifier si cette autorisation n’est
pas temporaire, c’est-à-dire, par exemple, si elle
ne cesse pas à la majorité de vos enfants.

Vous pouvez demander la


révision de certaines
conséquences financières du
divorce en cas de fraude de
votre ex
Si vous découvrez par exemple que lors du divorce,
votre ex a volontairement dissimulé une partie de
ses ressources financières, voire même l’existence
d’un bien immobilier, vous pouvez saisir le juge
aux affaires familiales pour qu’il en tienne compte
cette fois-ci.

Vous pouvez, dans certains cas,


demander la modification des
modalités de paiement du
montant de la prestation
compensatoire
En fonction de la situation dans laquelle vous vous
trouvez, il est possible de demander la modification
des modalités de paiement du montant de la
prestation compensatoire. Pour plus de détails,
reportez-vous au chapitre 16.

Vous pouvez demander la


modification du montant de la
contribution alimentaire des
enfants
Si les revenus de votre ex et / ou vos charges ont
augmenté, et si vous en avez la preuve, vous
pouvez demander la modification du montant de la
contribution alimentaire que votre ex paie pour vos
enfants en engageant une action devant le juge aux
affaires familiales.

Vous pouvez demander la


modification des modalités de
garde des enfants
Rien n’est jamais figé pour les enfants, vous pouvez
donc, si bien sûr les circonstances le justifient,
saisir le juge aux affaires familiales pour demander
la mise en place d’une résidence alternée, d’un
droit de visite et d’hébergement élargi ou classique,
voire même sa suppression, tant que vous apportez
la preuve, par des éléments concrets, que le mode
de garde actuel des enfants ne convient plus.

Vous pouvez engager des


actions en cas de non paiement
des pensions alimentaires
Si votre ex refuse ou arrête de payer la prestation
compensatoire et / ou les contributions pour les
enfants auxquelles il/elle a été condamné(e), vous
pouvez engager des actions, notamment pénales.
Pour plus de détails, voir le chapitre 16.

Vous pouvez percevoir la


pension de réversion de votre
ex
En principe, votre divorce n’empêche pas que vous
perceviez, au moins en partie, la pension de
réversion de votre ex (c’est-à-dire un pourcentage
de la retraite qu’il percevait au moment de sa mort
ou qu’il aurait pu percevoir), à condition bien
entendu que vous remplissiez les autres conditions
(de ressources et d’âge).

Vous pouvez acheter une


nouvelle maison

Vous pouvez enfin jouir de vos


bonus et autres primes,
toutefois, sans ostentation !
Vous pouvez vivre en
concubinage, vous pacser ou
même vous remarier
librement !
7
ANNEXES
DANS CETTE PARTIE…

Vous trouverez ici un glossaire définissant tous les


termes juridiques ou un peu techniques utilisés au
fil du texte.

Cette partie offre aussi une liste de sites internet


et de coordonnées d’associations qui peuvent
compléter vos informations, ainsi que des
exemples utiles de documents dont vous aurez
besoin.

Enfin, vous trouverez également la table de


référence servant à fixer le montant des pensions
alimentaires.
Annexe A
Glossaire
A
Abandon de famille : délit pénal, dont l’auteur encourt
une peine de deux ans d’emprisonnement et
de  15  000  euros d’amende. Le Code pénal le définit
comme le fait, pour une personne, de ne pas exécuter
une décision judiciaire ou une convention
judiciairement homologuée lui imposant de verser au
profit d’un enfant mineur, d’une descendant, d’un
ascendant ou du conjoint une pension, une
contribution, des subsides ou des prestations de toute
nature.

Abus de confiance : infraction pénale consistant, de la


part d’une personne, à détourner au préjudice d’autrui
des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, qui lui
ont été remis et qu’elle a accepté à charge de les
rendre, de les représenter ou d’en faire un usage
déterminé.

Achat à tempérament  : achat à crédit, avec cette


particularité que le crédit est accordé par le vendeur lui-
même.

Acquêts  : biens acquis à titre onéreux au cours du


mariage et qui sont communs aux deux époux.

Acte introductif d’instance : document qui ouvre une


affaire ou une instance judiciaire.

Aide juridictionnelle  : aide financière que l’État


accorde aux justiciables à faible revenu pour faire face
aux frais de justice. Cette prise en charge peut être
partielle ou totale, selon le montant des revenus de la
personne en cause.

Aliments  : ce qu’il faut pour nourrir et entretenir une


personne. Par extension, somme versée pour couvrir
ces besoins.

Annulation  : anéantissement rétroactif, sanction de


l’invalidité d’un acte juridique.

Assignation : acte d’huissier par lequel on fait citer une


personne en justice. Elle est soumise à un formalisme
strict.

Assignation en divorce  : c’est l’acte introductif


d’instance (voir ce mot) du divorce. Délivrée par un
huissier de justice, elle est soumise à un formalisme
strict.

Astreinte : somme d’argent qu’une personne débitrice


d’une obligation de faire ou de ne pas faire doit payer à
son créancier jusqu’à ce que la prestation soit exécutée.
Le montant de la contrainte est fixé généralement par
jour de retard. Une fois l’obligation accomplie, le juge
décide si la contrainte aura un caractère définitif, en
liquidant ou non l’astreinte.

Autorité parentale : ensemble de droits et de devoirs


ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant, pour protéger sa
santé, sa sécurité et sa moralité, assurer son éducation
et permettre son développement dans le respect dû à
sa personne.

Attribution préférentielle :

B
Bien commun  : bien meuble ou immeuble qui est la
propriété des deux conjoints.

Bien indivis  : bien sur lequel s’exercent des droits de


même nature détenus par plusieurs personnes.

Bien meuble  : bien que l’on peut déplacer sans le


modifier ou le détruire.

Bien propre : bien, meuble ou immeuble, appartenant


exclusivement à l’un des époux.

Bien propre par accessoire  : bien qui devient propre


parce qu’il est acquis à titre d’accessoire d’un bien
propre.
Bien propre par nature  : bien propre car réservé à
l’usage personnel de l’un des époux.

Bien propre par subrogation  : bien ou indemnité


remplaçant un bien propre, et devenant de ce fait un
bien propre.

C
Caducité  : sanction que la loi attache à la négligence
dont peut faire preuve la personne qui a pris l’initiative
d’engager un procès, qui a renoncé à un droit ou a
négligé de l’exercer.

Cause péremptoire de divorce : motif de divorce qui,


lorsqu’il est établi, contraint le juge à prononcer le
divorce sans possibilité d’appréciation.

Clause de préciput/préciputaire : clause prévoyant un


préciput (voir ce mot).

Code Napoléon  : premier Code civil rédigé et


promulgué en  1804 à l’initiative de Napoléon
Bonaparte.

Conclusions  : document rédigé par l’avocat qui


présente les prétentions, les demandes, les arguments
invoqués par une partie au procès. Les conclusions
doivent être «  communiquées  » à la partie adverse,
c’est-à-dire qu’on lui en envoie une copie, et remises au
juge à l’issue de l’audience.
Contestation de paternité  : action par laquelle un
homme juridiquement relié à un enfant, parce qu’il était
marié à sa mère au moment de la conception, décide
de contester ce lien de parenté en prouvant qu’il est
biologiquement inexact.

D
Déclaration d’emploi  : mention faite dans un acte
juridique de l’intention de son auteur d’opérer une
opération d’emploi.

Déclaration de remploi  : mention, dans un acte


juridique, de l’intention de son auteur d’opérer une
opération de remploi (voir ce mot).

Délégation d’autorité parentale  : acte qui peut être


décidé par les parents ou par le juge, par lequel on
délègue tout ou partie de l’autorité parentale à une
personne qui n’en est pas en principe titulaire (par
exemple, au compagnon de la mère).

Demande principale : demande de la partie ayant pris


l’initiative du procès.

Demande reconventionnelle  : faire une demande


reconventionnelle consiste à contrer la demande de
celui qui a pris l’initiative du procès (le demandeur
principal) en faisant soi-même une demande.
Dépens  : ce sont les frais de justice engagés pour un
procès, notamment les frais d’huissier, d’expertise, de
médiation, etc. À l’issue de la procédure, le juge
détermine en principe dans sa décision celui ou ceux
qui devront les payer. Les frais d’avocat ne sont pas
compris dans les dépens.

Dol : manipulation visant à tromper une personne pour


l’amener à donner son consentement à un acte.

Donataire : individu à qui est destinée une donation.

Donateur : personne faisant une donation.

Donation  : transmission d’un bien ou d’un droit par


une personne au profit d’une autre.

Donation de biens à venir  : donation dont le


donataire ne profite pas immédiatement, mais dont il
jouira à une date ou après un événement précisément
déterminé (par exemple, à la mort du donateur).

Droit canon(ique)  : droit de la religion catholique,


restée, en France notamment, longtemps religion
d’État.

E
Empêchement à mariage  : obstacle au mariage
imposé par la loi, par exemple en raison d’un lien de
parenté trop étroit entre les fiancés.
Emploi  : opération par laquelle une personne investit
des capitaux propres dans l’acquisition d’un bien ou
d’un droit.

Enrichissement sans cause  : se dit du fait, pour une


personne, de s’enrichir au détriment d’une autre,
l’appauvrissement corrélatif qui en résulte ne trouvant
sa justification ni dans un contrat, ni dans une intention
libérale, ni dans une disposition légale ou
réglementaire.

Escroquerie  : infraction pénale consistant dans le fait,


par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, par
l’abus d’une qualité vraie ou par l’emploi de manœuvres
frauduleuses, de tromper une personne afin de la
déterminer, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à
remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque,
à fournir un service ou à consentir un acte opérant
obligation ou décharge.

Exécutoire (décision) : décision que tout officier public,


et en particulier l’huissier de justice, peut requérir pour
celui qui en est le bénéficiaire, afin que soit engagée
une procédure d’exécution.

Exéquatur (procédure d’)  : procédure permettant


d’exécuter soit une sentence arbitrale, soit une décision
de justice étrangère.
F
Formule exécutoire : formule portée sur une décision
ou un acte judiciaire donnant pouvoir à tout officier
public, notamment l’huissier de justice, à la demande
du bénéficiaire de l’acte ou d’une partie à l’instance,
d’engager une procédure d’exécution.

I
Incapable : personne dont les engagements, en raison
de son âge, de la défaillance de ses facultés mentales,
sont nuls ou annulables, et qui pour ce motif se trouve
placée sous un régime légal de protection. On distingue
les incapables mineurs et les incapables majeurs, c’est-
à-dire placés sous tutelle, curatelle ou sauvegarde de
justice

Indivision  : situation dans laquelle se trouvent des


biens sur lesquels s’exercent des droits de même
nature appartenant à plusieurs personnes. On parle de
biens indivis (voir ce mot).

Injonction de communiquer  : ordre adressé par le


juge à une partie au procès de verser aux débats une
ou plusieurs pièces déterminées.

J
Juge des tutelles  : la loi du  12  mai  2009  de
simplification et de clarification du droit et d’allègement
des procédures a transféré les attributions du juge
d’instance, anciennement juge des tutelles, au juge aux
affaires familiales du tribunal de grande instance.

Jugement en force de chose jugée : la chose jugée est


l’autorité attachée à un acte de juridiction et qui sert de
fondement à l’exécution forcée du droit judiciairement
établi, en faisant obstacle à ce que la même affaire soit
une nouvelle fois soumise à un juge. Votre jugement de
divorce aura force de chose jugée lorsque les délais des
voies de recours seront expirés ou que celles-ci auront
été utilisées.

Jurisprudence : ensemble des décisions (jugements et


arrêts) qu’ont rendu les cours et les tribunaux pour la
solution d’une situation juridique donnée.

L
Liquidation du régime matrimonial  : procédure qui
précède le partage du régime matrimonial, et qui
consiste à faire les comptes entre les parties, et à
déterminer qui est créancier ou débiteur de l’autre ou
de la communauté, et de combien. C’est un notaire qui
procède à la liquidation du régime matrimonial, après
le divorce des époux.
M
Mandat ad litem : mandat donné spécialement à une
personne pour une procédure particulière. Les avocats
ont un mandat ad litem à l’égard de leurs clients, ils
n’ont pas à justifier d’un pouvoir spécial.

Mariage blanc  : mariage contracté dans un autre but


que la vie commune. C’est un moyen de détourner le
mariage, souvent en vue d’obtenir la nationalité
française pour un des époux.

Mariage clandestin  : il y a clandestinité du mariage


lorsque celui-ci n’a eu aucune publicité quelle qu’elle
soit  : absence de publication des bans, absence de
témoins, fermeture des portes de la mairie, etc.

Mariage putatif : mariage qui n’a aucune valeur réelle,


mais qui existe bel et bien dans l’esprit d’un époux, qui
pense donc s’être valablement marié. La putativité
permet de faire produire à ce mariage nul certaines
conséquences d’un mariage valide, mais seulement au
bénéfice du conjoint de bonne foi.

N
Nue-propriété : le droit de propriété qu’une personne
exerce sur un bien lui appartenant se subdivise en la
nue-propriété, c’est-à-dire le droit de disposer de ce
bien à sa guise, de le modifier, ou de le détruire, et
l’usufruit, qui est le droit de se servir de ce bien et d’en
percevoir les revenus éventuels.

Nullité du mariage : la nullité diffère du divorce en ce


qu’elle annule celui-ci de manière rétroactive. Il est donc
censé n’avoir jamais existé

O
Opposabilité  : portée juridique d’un acte ou d’une
décision à l’égard des personnes qui n’ont pas été
parties à cet acte. L’opposabilité signifie que l’acte ou la
décision oblige celles-ci à reconnaître l’existence des
droits ou des actes dits opposables, à les respecter
comme des éléments de l’ordre juridique dont les effets
s’imposent à eux.

P
Plainte avec constitution de partie civile  : par
opposition à la plainte simple, celle-ci oblige le
ministère public à mettre en mouvement l’action
publique. Elle n’est soumise à aucun formalisme
particulier, vous pouvez donc par exemple déposer
plainte avec constitution de partie civile par simple
lettre adressée à monsieur le procureur de la
République du tribunal de grande instance. En
revanche, ce type de plainte vous oblige à consigner
une somme d’argent qui sera fixée par le juge et a pour
but de garantir le sérieux de votre action. Elle vous sera
restituée si votre plainte n’est pas jugée abusive.

Possession d’état  : présomption légale permettant


d’établir la filiation d’une personne sur la base de
certains faits constatés par son entourage relativement
aux relations existant et ayant existé entre elle et la
personne dont elle affirme être l’enfant.

Préciput  : avantage résultant de la loi ou d’un contre


rédigé en ce sens, de pouvoir prélever, avant tout
partage et hors part, certaines sommes d’argent, un
objet, un lot, un ou plusieurs biens.

Prescription : présomption dont l’effet, tantôt extinctif,


tantôt créatif de droit, se produit à l’échéance d’un délai
fixé par la loi. La prescription extinctive, qui est la seule
qui nous intéresse dans cet ouvrage, est un mode
d’extinction d’un droit résultant de l’inaction de son
titulaire pendant un certain laps de temps.

Présomption de paternité  : règle découlant du


mariage, selon laquelle, à défaut de demande  –  et de
preuve  –  contraire, l’enfant né pendant le mariage est
présumé être celui de l’époux de la mère. Règle
ancienne, «  pater is est quem nuptiae demonstrant  »  :
le père est celui que le mariage désigne.
Prestation compensatoire  : somme dont le montant
est fixé par le juge et qui est versée par un des ex-
époux à l’autre, dans le but de rééquilibrer
(partiellement) la situation matérielle des ex-époux
après le prononcé du divorce.

Procureur de la République  : magistrat qui dirige le


parquet d’un tribunal de grande instance.

R
Recevabilité  : qualité que doit présenter la demande
dont un plaideur saisit une juridiction pour que le juge
en soit régulièrement saisi. Si la demande ne réunit pas
les conditions fixées par la loi, elle est dite irrecevable,
c’est-à-dire que le juge va la rejeter sans qu’il puisse
examiner si elle est bien fondée.

Récompense  : lorsqu’un bien propre, on un bien


commun (voir ces mots), a servi à payer une créance
dont le propriétaire se trouvait débiteur (étant précisé
que ledit débiteur peut être la communauté), à la place
de ce dernier, celui qui a payé peut en réclamer
récompense à celui auquel il appartenait de régler cette
dette.

Remploi  : opération par laquelle une personne


réinvestit les revenus d’une immobilisation, les capitaux
produits par la vente d’un bien ou par le partage d’une
indivision.

S
Saisine  : appréhension du différend sur lequel le juge
va devoir trancher  ; concrètement, acte par lequel on
« saisit » la juridiction.

Séparation de corps : décision judiciaire constatant ou


décidant la séparation des époux sans prononcer le
divorce.

Signification judiciaire  : notification officielle d’une


assignation à comparaître devant une juridiction ou
d’une décision rendue par une juridiction. Elle est
obligatoirement faite par un huissier de justice.

Sommation de communiquer : mise en demeure faite


par une partie à l’autre d’avoir à verser telle ou telle
pièce aux débats.

Subsides  : voir Aliments. Secours financier qui se


présente comme un substitut de l’obligation d’entretien
en nature.

T
Tribunal de grande instance  : juridiction de droit
commun en matière civile. Il dispose d’une compétence
générale pour statuer sur toutes les affaires que la loi
ne confie pas spécialement à une autre juridiction. Il est
notamment seul compétent en matière de divorce.

U
Usufruit : le droit de propriété qu’une personne exerce
sur un bien lui appartenant se subdivise en la nue-
propriété, c’est-à-dire le droit de disposer de ce bien à
sa guise, de le modifier ou de le détruire, et l’usufruit,
qui est le droit de se servir de ce bien (habiter une
maison, utiliser du mobilier…) et d’en percevoir les
revenus (encaisser des loyers, des intérêts, des
dividendes…).

V
Vice du consentement  : erreur, dol (voir ce mot) ou
violence physique ou morale ayant vicié le
consentement de la personne, celle-ci n’ayant pas pu
donner son accord de façon libre et éclairée. Le vice du
consentement, s’il est avéré, invalide l’acte en cause.

Voies de recours : ensemble des procédures destinées


à permettre un nouvel examen de la cause (appel,
cassation…).

Vol : soustraction frauduleuse de la chose d’autrui.


Annexe B
Les bonnes adresses
Les sites internet qui vont
vous aider
» www.legifrance.fr

» www.caf.fr

» www.impots.gouv.fr

» www.servicepublic.fr,

» www.justice.gouv.fr

» www.mediationfamiliale.asso.fr

Les associations à connaître


» Association Condition Paternelle (FMCP)

144, avenue Daumesnil, Paris 75012

tél. : 01 43 41 45 18

» SOS papa de France

34, rue du Président Wilson,


78230 Le Pecq

tél. 01 39 76 07 07

» Maman solo – www.maman-solo.com

» Les enfants du divorce

7, rue Scrive, 59000 Marcq en Barœul

tél. : 03 20 60 28 28

www.enfantsdudivorce5962-fr

e-mail : association@enfantsdudivorce5962.fr

» Association pour la Promotion de la Médiation


Familiale (AMPF)

11, rue Beccaria, 75012 Paris

01 43 40 29 32

www.ampf.fr

e-mail : contact@ampf.fr

» Harcèlement Association de réflexion et de


soutien

22, rue de Velotte, 25000 Besançon

www.mapage.cybercable.fr/hars

e-mail : hars@noos.fr

» Harcèlement Moral Stop – 11, rue des


Laboureurs,
94150 Rungis, tél. : 06 07 24 35 93

www.chez.com/hms/

e-mail : courrierhms@aol.com

» Contre le harcèlement – BP 52, 76302 Sotteville-


les-Rouen

tél. : 02 35 72 15 15

e-mail : contre-le-harcelement@wanadoo.fr

» Association de victimes et de familles victimes


contre la violence morale dans la vie privée

A JC BP 134 – 78312 Maurepas Cedex

tél. 01 30 66 39 09

» CERAF Mediation – 236, rue Marcadet,


75018 Paris

tél. 01 42 63 05 00

» Association OLGA SPIZER –


 Espace - Famille - Médiation

36, rue Claude Decaen, 75012 Paris

tél. 01 43 07 97 34.
Annexe C
Déclaration sur l’honneur
Je, soussigné(e),

Atteste, conformément aux dispositions de


l’article  272  du Code civil, avoir donné
connaissance de tous les renseignements
concernant mes ressources, revenus, patrimoine et
conditions de vie, propres à déterminer le principe
et le montant d’une prestation compensatoire.

Je certifie sur l’honneur l’exactitude de ces


renseignements.

Fait à  ,

Le  .

Signature :
Ressources de l’année : 20… (compléter)

Revenus Annuels nets Mensuels nets


imposables imposables

Salaires    

Bénéfices    

Autres ressources    

Retraites (y compris    
retraite complémentaire)

Rente d’invalidité ou rente    


accident

Indemnités Assédic    

Pensions alimentaires    

Rente viagère    

Revenus fonciers    

Revenus mobiliers    

Avantages en nature    

Prestations familiales    

Allocations logement    
Patrimoine immobilier

Désignation Estimation Passif (emprunts en cours,


actuelle charges, etc.)

Biens    
communs :

Adresse :    

Adresse :    

Adresse :    

Biens indivis    
:

Adresse :    

Adresse :    

Adresse :    

Biens    
propres :

Adresse :    

Adresse :    

Adresse :    
Patrimoine mobilier (au 31 décembre de l’année écoulée)

  Estimation  
actuelle

Désignation Biens propres Biens


communs

Valeurs immobilières    

Codévi    

Compte épargne    

Plan épargne logement    

Assurances vie    

Parts de sociétés    

Indemnités de    
licenciement

Stock options    

Autres    
Conditions de vie – Charges incompressibles

Charges incompressibles Annuelles Mensuelles

Charges de logement :    

Loyers    

Crédits    

EDF    

GDF    

Assurances    

Télécoms    

Taxe d’habitation    

Taxe foncière    

Autres    

Impôt sur les revenus    

Impôt sur la fortune    

Personnes à charges :    

Enfants    

Ascendants    

Autres charges    
Annexe D
E53 - Attestation
Je soussigné, M

Né à

le

Demeurant à

Profession

Déclarant n’avoir aucun lien de parenté ou alliance


avec aucune des parties et ne pas être sous leur
dépendance économique

(ou, s’il n’en pas ainsi, préciser le lien).

Certifie l’exactitude des faits ci-après, pour en


avoir été le témoin direct :

(relation des faits)

Je délivre la présente attestation à Monsieur


(Madame)

et je suis informé du fait que celui-ci (celle-ci) doit


la produire en justice, dans le procès qu’il (elle) a
engagé contre M
J’ai parfaitement connaissance de ce que toute
déclaration mensongère de ma part m’engagerait à
des sanctions pénales.

Fait à

le

signature

L’attestation doit être écrite, datée et signée de la


main de son auteur.

Joindre photocopie de la carte d’identité, certifiée


conforme (avec signature du témoin).
Annexe E
Table de référence pour fixer
les pensions alimentaires
Sommaire

Couverture
Le divorce pour les nuls
Copyright
À propos de l’auteur
Introduction

À propos de ce livre

Comment ce livre est-il organisé ?

Les icônes utilisées dans ce livre

Par où commencer ?

1. Un peu de théorie : le b-a.ba du divorce

Chapitre 1. Le divorce aujourd’hui… et demain

Le divorce aujourd’hui

Bientôt un divorce constat ?

Bientôt un divorce chez le notaire ?

Chapitre 2. Les régimes matrimoniaux : kesako ?

Le statut de base, applicable quel que soit le régime


Sans contrat de mariage : le régime légal

Les régimes de type séparatiste

Les régimes de type communautaire

Chapitre 3. Les formes de divorce et ses acteurs : un


petit tour de ce qui vous attend

Les acteurs du divorce : casting complet

2. Avant de vous jeter à l’eau : préparez-vous !

Chapitre 4. Attention où vous mettez les pieds !

Posez-vous les bonnes questions

Avez-vous financièrement intérêt à divorcer ? Faites un audit


financier

Le recours à un détective privé

Chapitre 5. Se séparer sans divorcer : les alternatives

La séparation de fait

La séparation de corps

L’annulation du mariage

L’action en contribution aux charges du mariage

Chapitre 6. Dernière ligne droite : adoptez la bonne


attitude

Ce n’est pas le moment de faire un faux pas

Votre conjoint est fautif ? Rassemblez des preuves


Conservez la paperasse !

Videz les cartes mémoires et les messageries

Mettez l’argent à l’abri !

Surveillez le comportement de votre conjoint(e)

Pouvez-vous augmentez vos biens propres ?

Quid des donations et des legs entre époux ?

Chapitre 7. Ça y est, c’est décidé ? Choisissez la


bonne procédure

Le divorce par consentement mutuel

La procédure commune aux divorces contentieux

Les divorces contentieux

Les pour et les contre de chaque type de divorce

3. Vous vous jetez à l’eau : la vie pendant la


procédure

Chapitre 8. Quid des droits et devoirs du mariage


pendant la procédure ?

Les rapports personnels

Les rapports pécuniaires

Chapitre 9. Mesures provisoires et procédures


d’incident

Les mesures provisoires décidées par le juge

En cas de désaccords
Les procédures d’incident

L’annulation des mesures provisoires

Chapitre 10. La médiation

Qu’est ce que la médiation ?

Qui est le médiateur ?

Sur quoi peut porter la médiation ?

D’autres modes alternatifs de règlement des conflits : le droit


collaboratif et la procédure participative

4. Les enjeux du divorce : vos bouts d’chou

Chapitre 11. Les enfants, papa et maman ont quelque


chose à vous dire…

Le moment idéal

Le moyen idéal

Épargnez-leur les querelles d’adultes

Privilégiez les arrangements à l’amiable et la médiation

Au besoin, consultez un pédopsychiatre

Chapitre 12. L’autorité parentale pendant et après la


procédure

La question de l’autorité parentale en cas de divorce

Les enfants sont-ils consultés ?

Et si les enfants ne sont pas de moi, quid de mes droits et devoirs ?


Les conflits d’autorité parentale

Les comportements dangereux

Chapitre 13. Le droit de visite et d’hébergement

La fixation de la résidence habituelle

Les droits et devoirs du « parent du week-end »

Les droits des grands-parents

Les droits des beaux-parents

Chapitre 14. La contribution à l’entretien et


l’éducation de l’enfant

Le principe « Qui fait l’enfant doit le nourrir »

Les critères de fixation du juge

Les différentes formes de contribution

Et quand les enfants sont devenus majeurs, dois-je encore payer ?

5. Les enjeux du divorce : money, money, money

Chapitre 15. Ce que vous pouvez obtenir pendant la


procédure

Une provision pour faire face aux frais d’instance

Une avance sur votre part de la communauté

Pour vous : une pension alimentaire

Pour vos enfants : une contribution à leur entretien et leur éducation

La jouissance du logement familial


Quid des impôts ?

Chapitre 16. Ce que vous pouvez obtenir au prononcé


du divorce

Une prestation compensatoire

Des dommages et intérêts

Que faire pour conserver le logement familial ?

Une contribution pour l’entretien et l’éducation des enfants

Les prestations familiales

Il ou elle ne paie pas !

Chapitre 17. La liquidation de votre régime


matrimonial après le divorce

Quel est votre régime matrimonial ?

Qu’est-ce qu’une liquidation ?

Identifiez les acteurs de la liquidation

Suivez les étapes de la liquidation en connaissance de cause

Quand la liquidation prendra-t-elle effet ?

6. La partie des Dix

Chapitre 18. Les dix erreurs fatales à éviter

Ne partez pas sur un coup de tête

Ne lui laissez pas tout l’argent et les meubles


Ne lui laissez pas la carte bleue, supprimez les comptes joints et les
procurations

Révoquez les dispositions qui avaient été prises pour l’avenir

Ménagez-vous des preuves, et au besoin, faites appel à un détective


privé

Ne sous-estimez pas vos besoins ou ceux de vos enfants

Ne lui déléguez pas l’éducation des enfants

Payez ce que vous devez

Ne laissez pas des traces de vos petits « écarts de conduite »

Consultez immédiatement un avocat

Chapitre 19. Les dix façons d’aider vos enfants

Annoncez leur au bon moment et de préférence un moment calme

Dites-leur sans dramatiser

Épargnez leur les détails sordides

Adaptez votre discours à leur âge

Ne leur demandez pas de vous aider

Recherchez l’accord parental

Choisissez le mode de garde qui leur convient le mieux

Faites passer leurs intérêts avant le vôtre

Soyez attentif(ve) aux signes de mal-être

Si c’est nécessaire, demandez l’aide des professionnels

Chapitre 20. Les dix « trucs » pour aller de l’avant


Commencez un journal de bord

Luttez contre vos démons

Sachez apprécier les avantages de la vie en solo

Faites du sport

Donnez un nouvel élan à votre carrière

Retrouvez les amis célibataires et faites-vous de nouvelles relations

Profitez des moments où les enfants sont avec votre ex

Faites-vous chouchouter par vos proches et chouchoutez-vous

N’excluez pas une nouvelle vie de couple

Acceptez de vous faire aider et, au besoin, consultez un thérapeute

Chapitre 21. Les dix points à retenir pour l’avenir

Vous pouvez continuer d’user du nom de votre ex sous certaines


conditions

Vous pouvez demander la révision de certaines conséquences


financières du divorce en cas de fraude de votre ex

Vous pouvez, dans certains cas, demander la modification des


modalités de paiement du montant de la prestation compensatoire

Vous pouvez demander la modification du montant de la


contribution alimentaire des enfants

Vous pouvez demander la modification des modalités de garde des


enfants

Vous pouvez engager des actions en cas de non paiement des


pensions alimentaires

Vous pouvez percevoir la pension de réversion de votre ex


Vous pouvez acheter une nouvelle maison

Vous pouvez enfin jouir de vos bonus et autres primes, toutefois,


sans ostentation !

Vous pouvez vivre en concubinage, vous pacser ou même vous


remarier librement !

ANNEXES

Annexe A. Glossaire

Annexe B. Les bonnes adresses

Les sites internet qui vont vous aider

Les associations à connaître

Annexe C. Déclaration sur l’honneur

Annexe D. E53 - Attestation

Annexe E. Table de référence pour fixer les pensions


alimentaires

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