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M. Thioye – Droit des affaires
effet, de patrimoine d’affectation professionnelle (patrimoine affecté à l’activité
professionnelle) et, de ce fait, le patrimoine personnel (biens non professionnels)
n’est pas à l’abri d’éventuelles poursuites (mesures conservatoires ou exécutoires
comme des saisies) de la part des créanciers professionnels (en cas de défaillance
de l’entrepreneur). On dit alors, dans ces conditions, que la responsabilité du
commerçant personne physique est illimitée puisqu’il ne dispose, en principe,
d’aucun outil pour protéger ses biens personnels, ceux-ci n’étant pas juridiquement
séparés de ses biens professionnels.
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Consécration. L’article 1er de la loi n° 2010-658 du 15 juin 20101 a inséré
dans le Code de commerce, dans le chapitre consacré aux garanties (chapitre VI
du titre II du livre V), une nouvelle section intitulée « De l'entrepreneur individuel
à responsabilité limitée » (EIRL) et comprenant aujourd’hui les articles L. 526-5-
1 et suivants et les articles R. 526-3 et suivants (dispositions réglementaires
introduites par le décret n° 2010-1706 du 29 décembre 2010).
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nature, ne peuvent être utilisés que dans le cadre de cette activité » : art. R. 526-
3-1, créé par le décret n° 2012-122 du 30 janvier 2012). Il peut comprendre, en
outre, les biens, droits, obligations ou sûretés dont l'entrepreneur individuel est
titulaire et qu'il décide d'utiliser et d’affecter (mais qu'il peut ensuite décider de
retirer du patrimoine affecté) à l'exercice de son activité professionnelle
(sachant qu’un même bien, droit, obligation ou sûreté ne peut entrer dans la
composition que d'un seul patrimoine affecté). Et, en cas de manquement grave à
ces règles, l'entrepreneur individuel à responsabilité limitée sera responsable sur
la totalité de ses biens et droits (article L. 526-12, al. 9).
3
Alors que, pour les sociétés, l’acquisition de la personnalité morale dépend, en principe, de leur
immatriculation au RCS.
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lui, ne l’est pas puisqu’il ne fait pas ou ne fait plus de tels actes. De même, la qualité
de commerçant est indépendante de l’immatriculation ou de la non-immatriculation
au RCS, puisque le commerçant irrégulier ou commerçant de fait est juridiquement
considéré comme un commerçant (sauf s’il s’agit d’un incapable).
4
CA Paris, 30 avril 1906, DP 1907, V, 9 ; 13 janvier 1976, JCP 1977. II. 18576.
5
NB : celui qui, sans exercer par ailleurs d’activité commerciale, tirerait habituellement des lettres
de change, pour recouvrer des loyers par exemple, ne deviendrait pas commerçant : c’est que, en
effet, tirer des lettres de change ne constitue pas une profession (Com., 11 mai 1993, Bull. IV, n°
179).
6
Com., 4 oct. 1994, Def. 1995, p. 249, note Le Cannu.
5
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2° L’activité commerciale doit être exercée par l’intéressé en son nom et pour
son compte personnel
7
Cass. soc., 16 janvier 2008, n° 07-40055, D. 2008, AJ, p. 477 : le gestionnaire d’un hôtel placé en
état de subordination est lié par un contrat de travail et non par un contrat de mandat.
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d’abord sous l’effet de la jurisprudence déclarant l’existence d’un contrat
de travail là où elle constatait un lien de subordination8. Ensuite, le
législateur lui-même, prenant en compte la situation de dépendance
économique de certaines catégories de personnes, les a fait bénéficier de
dispositions du droit du travail, en l’absence de contrat de travail : le livre
VII du Code du travail traite notamment de la situation des gérants non
salariés de succursales (gérants de stations-service, de magasins
d’alimentation), qui sont théoriquement des petits commerçants
indépendants, mais se trouvent assimilés à des salariés en raison de leur
dépendance économique totale9.
- 2e remarque : Des difficultés se posent quant à la collaboration ou à la co-
exploitation, c’est-à-dire lorsque plusieurs personnes exercent ensemble un
même commerce sans qu’il n’y ait contrat de travail entre elles.
La collaboration est un travail subordonné, gratuit et, par voie de
conséquence, différent du salariat. Elle n’est légalement reconnue que dans
le cas de conjoints ou de partenaires à un pacte civil de solidarité. La loi
permet au conjoint collaborateur (depuis 1982) ou au pacsé collaborateur
(depuis la loi du 4 août 2008) de se faire mentionner comme tel au RCS, ce
qui lui confère certains droits sans lui faire acquérir la qualité de
commerçant.
Quant à la co-exploitation, elle se caractérise par l’égalité des
prérogatives et des responsabilités entre les intéressés, lesquels exploitent
ensemble le fonds de commerce sur un pied d’égalité, encore que seul l’un
d’entre eux est immatriculé au RCS. A la demande des créanciers, les juges
recherchent si chacune de ces personnes a oui ou non réalisé des actes de
commerce à titre de profession habituelle. Si c’est le cas, elles sont toutes
considérées comme des commerçants avec les conséquences qui en résultent
(solidarité quant aux dettes de l’exploitation ; application d’une procédure
collective à chacune en cas de faillite).
La co-exploitation pose une difficulté supplémentaire lorsqu’elle met
en présence deux époux. En effet, aux termes de l’article L. 121-3 du Code
de commerce, « le conjoint d’un commerçant n’est réputé lui-même
commerçant que s’il exerce une activité séparée de celle de son époux ». A
s’en tenir à ce texte, deux époux exploitant le même fonds de commerce ne
peuvent pas tous deux être commerçants. Toutefois, la jurisprudence
considère que ce texte n’établirait qu’une présomption simple de non-
8
Une jurisprudence récente estime même que les dispositions du Code du travail sont applicables
dès lors que les conditions énoncées par l’article L. 7322-1 (ancien article L. 781-1, 2° du Code du
travail (ancien) sont, en fait, réunies, quelles que soient les stipulations du contrat, sans qu’il soit
besoin d’établir l’existence d’un lien de subordination (Soc., 4 déc. 2001, BRDA 2/02, inf. 14 ; CA
Nîmes, 5 juillet 2002, BRDA 2/03, inf. 16, p. 8).
9
Com., 3 mai 1995, D. 1997. 10, note Amiel-Cosme.
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commercialité. En d’autres termes, le seul fait pour un époux d’aider son
conjoint ne suffit pas à en faire un commerçant. Mais comme il ne s’agit que
d’une présomption simple, les créanciers pourraient démontrer que le
conjoint du commerçant exerce lui-même des actes de commerce pour
pouvoir saisir tous les biens du ménage (voir infra).
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1° Négativement : l’exclusion de principe du droit commercial
Cette originalité posée en règle de principe, il n’en reste pas moins que les
artisans sont soumis, dans certaines hypothèses, à des règles du droit
commercial :
- Ainsi, la location-gérance du fonds artisanal est soumis, en vertu de la loi du
20 mars 1956, à des règles analogues à celles applicables à la location-
gérance de fonds de commerce.
- De même, le fonds artisanal peut aujourd’hui, depuis la loi du 5 juillet 1996,
faire l’objet d’un nantissement dans les mêmes formes et conditions qu’un
fonds de commerce.
- En outre, depuis la loi du 5 janvier 1957, les artisans immatriculés au
répertoire des métiers bénéficient du statut spécial des baux commerciaux.
- La loi du 25 janvier 1985 a, de son côté, étendu les procédures collectives
aux entreprises artisanales.
- Notons, par ailleurs, que lorsqu’une succession porte sur un fonds artisanal,
l’attribution préférentielle de ce fonds est faisable au profit du conjoint
survivant ou d’un héritier copropriétaire, s’il participait avant le décès à
l’exploitation (à charge pour lui de désintéresser, le cas échéant, ses co-
10
Cass. com., 11 mars 2008, n° 06-20089, JCP E 2008, 2050, note Ch. Lebel: le tribunal de
commerce n'est pas compétent pour connaître de l'action formée à l’encontre d’un artisan.
11
Ils étaient aussi exonérés, à certaines conditions, de la taxe professionnelle mais celle-ci a été
supprimée par la loi de finances pour 2010 à compter du 1er janvier 2010 et remplacée par la
contribution économique territoriale.
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héritiers par le paiement d’une soulte).
- Soulignons, entre autres, que le conjoint de l’artisan travaillant dans
l’entreprise familiale bénéficie, depuis 1982, du même traitement, que le
conjoint du commerçant (art. L. 121-4 et suivants du Code de commerce).
B- La définition de l’artisan
12
Articles 4 et 4 bis du Code de l’artisanat : en cas d’usurpation, le contrevenant encourt les peines
prévues à l'article L. 213-1 du Code de la consommation (emprisonnement de deux ans au plus et
d'une amende de 37 500 euros au plus ou de l'une de ces deux peines seulement).
13
Voir aussi la dispense résultant de la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 (art. 2
de la loi n° 82-1091 du 23 décembre 1982).
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M. Thioye – Droit des affaires
Sachant que, selon l’article 21, I, al. 1er, de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996
relative au développement et à la promotion du commerce et de l’artisanat, « les
personnes physiques ainsi que les dirigeants sociaux des personnes morales
relevant du secteur de l'artisanat au sens du I de l'article 19 peuvent se prévaloir
de la qualité d'artisan dès lors qu'ils justifient d'un diplôme, d'un titre ou d'une
expérience professionnelle dans le métier qu'ils exercent, dans des conditions
définies par décret en Conseil d'Etat », l’article 19 s’attache à deux critères pour
déterminer les personnes physiques ou morales relevant du secteur de l’artisanat
et devant à ce titre être immatriculées au répertoire des métiers tenu par les
chambres de métiers et de l'artisanat départementales ou de région et pouvant
participer aux élections aux chambres des métiers ou bénéficier du crédit à
l’artisanat :
- elles ne doivent pas employer plus de 10 salariés : l’appréciation de l’effectif
est fait conformément aux articles L. 1111-2 et L. 1111-3 du Code du travail,
c’est-à-dire notamment que les apprentis ne sont compris au nombre des
salariés, et que les salariés intérimaires ou sous contrat à durée déterminée
sont pris en compte au prorata de leur temps de présence effectif dans
l’entreprise ;
- elles doivent exercer, à titre principal ou secondaire, une activité
professionnelle indépendante de production, de transformation, de
réparation ou de prestation de services relevant de l'artisanat et figurant
sur une liste établie par décret en Conseil d’Etat (exclusion des activités
agricoles, libérales ou de négoce).
Les définitions fiscales sont parfois beaucoup plus restrictives, puisqu’elles ne
tolèrent, pour l’exonération de la taxe d’apprentissage, que l’emploi d’un ou de
plusieurs apprentis (art. 224, 3, 1°, du CGI). En outre, les rémunérations versées
aux apprentis par les entreprises qui emploient au plus dix salariés sont exonérées
de la taxe sur les salaires (art. 231 bis I du CGI).
14
Voir Com., 19 nov. 1975, Bull. IV, n° 275.
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M. Thioye – Droit des affaires
Il a donc fallu, en jurisprudence, tenter de bâtir une définition plus générale
de l’artisan. Deux séries d’éléments ont été retenus :
♦ L’artisan est un travailleur indépendant qui est, dès lors, distinct du salarié et
du travailleur à domicile (ces derniers œuvrant pour le compte et sous le contrôle
d’un tiers) ;
♦ Les revenus de l’artisan doivent, pour l’essentiel, provenir de son travail manuel
ou, tout au moins, personnel15. Il en résulte trois conséquences :
- l’artisan ne doit employer que peu de salariés en dehors du cercle familial
puisque, à la différence de l’entreprise de manufacture caractérisée par
une spéculation sur le travail d’autrui, il doit vivre de son propre travail et
de celui de sa famille ;
- l’artisan ne doit pas spéculer sur le travail des machines, ce qui ne signifie
pas qu’il ne doit pas utiliser l’outillage mécanique ;
- l’artisan ne doit pas spéculer sur les marchandises. Il peut certes faire des
achats pour revendre, mais ces actes (qui seraient, en rigueur des principes,
de commerce) doivent rester l’accessoire de la profession artisanale. Ainsi,
il ne doit pas revendre en l’état des objets préalablement achetés, ou alors
ces opérations ne doivent représenter qu’une faible fraction de son chiffre
d’affaires et rester liées à son activité principale (exemple : articles de
parfumerie vendus par les coiffeurs).
1° Les sociétés
15
Cass. com., 11 mars 2008, n° 06-20089, JCP E 2008, 2050, note Ch. Lebel: une cour d'appel qui,
saisie d'une action en concurrence déloyale, relève que le défendeur travaille sans l'apport d'une
main-d’œuvre interne ou externe, qu'il exerce de manière prépondérante une activité de
production, transformation et prestation de services dont il tire l'essentiel de sa rémunération,
et que l'achat de marchandises pour revendre est accessoire et marginale, fait ressortir que
l'intéressé est un travailleur indépendant dont les gains proviennent essentiellement du produit de
son travail personnel, qu'il ne spécule ni sur les marchandises ni sur la main-d’œuvre, et peut en
déduire que le tribunal de commerce n'est pas compétent pour connaître de l'action formée à son
encontre.
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M. Thioye – Droit des affaires
qui pourra en résulter.
Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté
d’une seule personne. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes ».
De la lecture de ce texte, il ressort que le terme « société » a un double
sens :
- Il renvoie, d’abord, au contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent
de mettre quelque chose (biens ou industrie) en commun en vue de se partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. La notion désigne
alors l’acte juridique constitutif du groupement.
Il faut néanmoins noter que la pluralité des participants ne constitue plus
une nécessité absolue, depuis que le législateur a consacré la possibilité de créer
des sociétés unipersonnelles : SARL à associé unique ou « EURL » par la loi du 11
juillet 198516 ; société par actions simplifiée unipersonnelle ou SASU par la loi du
12 juillet 1999 ; entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée ou
EUSRL (loi du 28 décembre 1999) ; société d’exercice libéral à responsabilité
limitée ou SELARL (loi du 23 juin 1999). Autrement dit, il est possible pour une
personne physique notamment de constituer, par un acte unilatéral de volonté (art.
1382, al 2), une société dont elle est l’unique associé. Mais la société unipersonnelle
peut aussi être accidentelle, et résulter de la réunion dans une seule main de
toutes les parts d’une SARL ou de toutes les actions d’une SAS, cette réunion
n’étant plus une cause de dissolution judiciaire de ces types de société.
- Outre l’acte constitutif, le terme « société » sert aussi à désigner la personne
juridique à laquelle est affectée la chose mise en commun et qui est investie de la
capacité juridique d’agir au nom et pour le compte de la collectivité. D’ailleurs,
c’est dans ce sens que le mot « société » est généralement employé dans le langage
des affaires, alors que l’acte de constitution sera, lui, appelé contrat de société
ou, plus simplement, statuts.
La société ne jouit de la personnalité juridique qu’à partir de son
immatriculation au RCS, laquelle ne peut avoir lieu qu’après des formalités
préalables et la réalisation des apports.
2° Les associations
Aux termes de l’article 1er de la loi du 1er juillet 1901, « l’association est la
convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une
façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de
partager des bénéfices ».
Contrairement à la société, l’association ne saurait donc être à but lucratif
(recherche d’un profit pour les sociétaires). Elle peut certes exercer une activité
16
La loi du 11 juillet 1985 a aussi institué l’exploitation agricole à responsabilité limitée
(EARL).
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M. Thioye – Droit des affaires
17
économique , mais les bénéfices pouvant en découler ne pourraient être
distribués aux sociétaires. Ils doivent être réinvestis ou mis en réserve et, en cas
de dissolution de l’association, être attribués à une autre association poursuivant
un but similaire. Si une association, directement ou indirectement, distribuait les
18
excédents qu’elle dégage dans sa gestion, elle serait requalifiée en société .
Le but du GIE est, non de réaliser des bénéfices pour lui-même, mais de
favoriser l’activité économique de ses membres (entre lesquels existe une affectio
cooperationis) en les faisant profiter des économies résultant de son action. Son
activité doit nécessairement se rattacher à celle de ses adhérents et ne peut,
ainsi, avoir qu’un caractère accessoire par rapport à celle-ci.
Il acquiert la personnalité morale à compter de son immatriculation au RCS.
17
Cela dit, l’association qui se livre à des actes de commerce peut être attraite devant le tribunal
de commerce (Cass. com., 14 fév. 2006, n° 05-13453, Droit des sociétés, janvier 2008, p. 13, n° 1,
note J.-P. Legros). La Cour de cassation n’a toutefois pas pris le soin, dans cette affaire, d’entrer
dans le débat relatif à l’objet social et à la commercialité des associations.
18
Cass. com. 12 février 1985, Bull. civ. IV, n° 59 : appréciation de la qualité de commerçant d’une
association à partir d’un double critère : existence d’une activité spéculative et importance de
cette activité.
14
M. Thioye – Droit des affaires
des bénéfices permettant de satisfaire leur objet. On parle, dès lors,
d’associations-entreprises. D’après la jurisprudence, la loi de 1901 ne s’oppose pas
à cette situation, car tout ce qui est interdit à l’association, c’est de partager des
bénéfices (but lucratif), non d’en réaliser et de rémunérer avec eux dirigeants et
salariés. Cela dit, les associations qui pratiquent régulièrement des actes de
commerce (et qui peuvent même être propriétaires d’un fonds de commerce)
s’exposent aux règles du droit commercial. Ainsi, elles sont passibles des mêmes
impôts et taxes que les sociétés de capitaux et elles peuvent être attraites devant
le tribunal de commerce19. En outre, la Cour de cassation considère que le droit des
sociétés pourrait leur être applicable en tant que norme subsidiaire20. Cela dit, la
jurisprudence estime qu’une association, même exerçant une activité commerciale,
ne saurait, en l’état actuel des textes, prétendre à une immatriculation au RCS21.
Cette solution a pour conséquence de la priver du bénéfice légal du statut des
baux commerciaux, encore que rien ne l’empêche d’opter conventionnellement pour
ce régime, en accord avec le bailleur de ses locaux.
Les entreprises publiques sont des entreprises qui dépendent des personnes
morales de droit public (Etat et autres collectivités publiques déconcentrées ou
décentralisées : régions, départements, communes, CCI). Leur étude relève
spécialement du droit public économique, et non du droit privé. Certaines d’entre
elles ont néanmoins une qualification commerciale et, à ce titre, intéressent le
droit commercial.
A- L’exploitation en régie
19
L’association qui se livre à des actes de commerce peut être attraite devant le tribunal de
commerce (Cass. com., 14 fév. 2006, n° 05-13453, Droit des sociétés, janvier 2008, p. 13, n° 1, note
J.-P. Legros). La Cour de cassation n’a toutefois pas pris le soin, dans cette affaire, d’entrer dans
le débat relatif à l’objet social et à la commercialité des associations.
20
Voir par ex., Civ. 1re, 29 nov. 1994, RS 1995, 318, note Guyon ; Civ. 3e, 4 oct. 1995, RS 1996, 102,
note Guyon ; Cass. 1re civ.., 13 mars 2007, n° 05-21658, JCP G 2008, II, 10105 : par une extension
des causes de dissolution des sociétés aux associations, il a été jugé que l’association qui ne remplit
plus son objet doit être dissoute pour justes motifs.
21
Com., 1er mars 1994, n° 92-13529, D. 1994, 528, note Coutant ; Rev. des sociétés 1994, 502, note
Guyon.
15
M. Thioye – Droit des affaires
vagues de privatisations. En effet, la plupart des entreprises jadis exploitées en
régie sont devenues des établissements ou exploitants publics (SEITA, La Poste
depuis une loi du 2 juillet 1990).
Quoi qu’il en soit, l’on considère que la personne publique exploitant en régie
ne fait pas acte de commerce et qu’elle n’a pas la qualité de commerçant. Il en va
ainsi parce la personne publique, l’Etat notamment (qui ne peut être commerçant),
ne gère pas l’entreprise dans une philosophie de spéculation, même si l’activité est
bénéficiaire, mais dans un intérêt général (intérêt artistique, sécurité, etc.). Il
s’agit d’un service public sans personnalité morale.
Exemple actuel : la Documentation Française.
22
Certains organismes administratifs comme les chambres de commerce et d’industrie
territoriales restent encore soumis au droit administratif, notamment aux règles de la
comptabilité publique.
23
Soc., 9 juillet 1951, D. 1952. 14 . Contra, TGI Paris, 1er fév. 1984, JCP 1984. II. 20294, note
Prévault.
24
La Poste est une entreprise de droit public (personne morale) depuis la loi n° 90-568 du 2 juillet
1990. Placée sous la tutelle du ministère de l’industrie, les relations entre La Poste et son tuteur
sont contractualisés dans le cadre d’un contrat de plan. Evolution vers le statut de SA ?
16
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1° L’exploitation par des sociétés nationalisées (publiques)
Alors que dans les sociétés nationalisées c’est l’Etat qui détient à lui seul
tout le capital, les sociétés d’économie mixte réunissent à la fois des participations
majoritaires de personnes publiques (Etat ou autres collectivités) et des
participations de simples particuliers.
Les SEM sont régies par des textes spéciaux déterminant les prérogatives de
l’Etat.
En principe, elles restent des entreprises privées qui jouissent de la qualité
de commerçant avec les conséquences en découlant (application du droit
commercial).
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