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M. Thioye – Droit des affaires
Chapitre I- La notion de fonds de commerce : composition et nature
juridique
(Chapitre 2 – Les opérations sur fonds de commerce)
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Civ., 21 juillet 1937, DP 1940. I. 17, note Voirin. Sur l’exclusion des immeubles par destination, v.
Civ. 1re, 4 janvier 1962, Bull. I, n° 284.
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expressément désignés par la loi, mais aussi tous les droits (notamment
intellectuels) permettant d’attirer la clientèle.
A- La clientèle
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Cass. 3e civ., 9 juillet 2008, n° 07-15534, parlant de « clientèle indépendante attachée à un fonds
de commerce ».
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Req., 23 oct. 1934, S. 1934 . 1. 392; 15 fév. 1937, DH 1937. 179.
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captifs, c’est-à-dire ceux qui sont liés au commerçant par des contrats
d’approvisionnement (avec éventuellement des clauses de quota ou d’exclusivité).
Partis de ce constat, certains auteurs contemporains contestent parfois
l’élévation de la clientèle au rang d’élément constitutif du fonds de commerce :
pour eux, elle ne serait que le but de l’exploitation (un élément d’appréciation de
la valeur du fonds, mais non un élément constitutif). La remarque est peut-être
logique et pertinente, mais force est de constater qu’elle n’a jamais eu d’incidence
sur la jurisprudence qui traite obstinément la clientèle comme une composante du
fonds. Cette qualification produit, entre autres, les conséquences suivantes :
- le commerçant peut défendre son droit à la clientèle contre ses rivaux qui
se rendraient coupables d’actes de concurrence illicite ou déloyale ;
- les tribunaux protègent l’acquéreur de fonds de commerce contre l’éviction
par le vendeur qui chercherait à reprendre la clientèle attachée au fonds.
Il est donc acquis, en définitive, que la clientèle constitue une condition
d’existence du fonds de commerce. Cela dit, elle doit présenter un certain nombre
de caractères qui ont été dégagés par la jurisprudence.
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Cass. civ. 1re, 7 nov. 2000, JCP, 2001, II. 10452, note F. Vialla.
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Voir toutefois : Cass. 3e civ., 19 mars 2003, D. 2003, Jur., p. 2749 : déduit exactement, sans
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attachée, au moins partiellement, au titulaire (ou à l’exploitant libre) du fonds,
sans pour autant que celui-ci possède des droits exclusifs sur les clients, lesquels
sont en principe libres. Ainsi, en l’absence de clientèle propre, il ne saurait y avoir
de fonds de commerce (exemples tirés de la jurisprudence : cas d’une buvette
installée dans un champ de course ou dans un aérodrome et qui n’a, comme clientèle,
que celle de l’enceinte plus large qui la renferme ; cas de l’emplacement qu’une
société a dans un supermarché ; cas d’un banc de poissons qu’une personne exploite
à proximité d’un supermarché ; cas d’une boutique de journaux et souvenirs
exploitée dans le hall d’un hôtel ; cas d’un gardien de refuge de montagne qui
fournit des prestations de nourriture6…).
Une exception est toutefois prévue à cette règle par la jurisprudence : le
concessionnaire et le franchisé, même s’ils exploitent la marque d’autrui
(concédant ou franchiseur), sont considérés comme titulaires d’une clientèle
propre et, par conséquent, comme propriétaires de fonds de commerce
autonomes7.
♦ Enfin, il faut que la clientèle considérée soit licite, ce qui est le cas si l’activité
exercée est permise par le droit (le trafic de stupéfiants étant prohibé,
l’existence malgré tout d’une clientèle ne saurait permettre au trafiquant de
prétendre avoir constitué un fonds de commerce).
1° Le nom commercial
inverser la charge de la preuve, que le preneur bénéficie du statut des baux commerciaux, une cour
d'appel ayant relevé que le locataire, régulièrement inscrit au registre du commerce et des
sociétés, exerce dans les lieux loués, dont il a la libre disposition toute l'année, un commerce de
vente de « casse-croûte» et boissons et qu'il possède, en dehors de la clientèle de la régie des
remontées mécaniques, une clientèle propre constituée par les amateurs de ski de fond, les
randonneurs, les promeneurs en raquette et les amateurs d'équitation, sans être tenue de
rechercher si cette clientèle personnelle, dont elle constate souverainement l'existence, est
prépondérante par rapport à celle de la régie.
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Cass. 3e civ., 9 juillet 2008, n° 07-15534 parlant de « clientèle indépendante attachée à un fonds
de commerce ».
7
CA Paris, 4 oct. 2000, JCP 2001, p. 324, note B. Boccara ; D. 2001, p. 1718, note H. Kenfack. Cela
dit, la clientèle titulaire de cartes de fidélité est attachée à l’enseigne du franchiseur (CA
Chambéry, 2 oct. 2007, RJDA 8-9/08, n° 900).
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en concurrence déloyale (la concurrence déloyale pouvant se faire par la création
d’une confusion). Sauf s’il a agi comme homme de paille ou prête-nom (simulation
pour permettre à des tiers de concurrencer une personne connue), l’on ne peut
interdire à un homonyme d’exercer le commerce sous son nom, mais il pourra se
voir prescrire des mesures de nature à éviter la confusion (emploi d’un prénom par
exemple). A cette restriction mineure, s’ajoute le fait que celui qui a consenti à
l’insertion de son nom dans la dénomination d’une société ne peut plus, en aucun
cas, concurrencer celle-ci en faisant usage de son nom (même s’il proposait d’y
associer son prénom).
2° L’enseigne commerciale
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E- Les licences et autorisations administratives
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§ 2- Les éléments corporels du fonds de commerce
On parle d’éléments corporels parce qu’ils ont une existence concrète, ils
sont palpables.
A- Le matériel professionnel
B- Les marchandises
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♦ Il s’agit des produits mobiliers corporels destinés à être vendus, soit en l’état
(matières premières), soit après transformation (produits finis ou semi-finis,
pièces détachées…). Les marchandises, que l’on appelle couramment « stocks », se
distinguent ainsi du matériel en ce qu’elles ont vocation à être écoulées (la
distinction se faisant non pas d’après la nature des choses, mais d’après leur
affectation).
Quoiqu’étant, très souvent, des biens nécessaires à l’activité, les
marchandises ne constituent pourtant qu’un élément facultatif du fonds de
commerce, puisque l’on peut tout à fait être commerçant sans vendre des
marchandises, en se contentant de fournir des services.
♦ Notons, pour terminer, que les marchandises ne sont pas, sur plusieurs points
essentiels, soumis au même régime que le matériel :
- le nantissement du fonds peut porter sur le matériel, non sur les
marchandises (solution logique puisque, destinées à disparaître, les
marchandises ne peuvent constituer un gage solide ; du reste, on imagine
mal qu’un commerçant puisse les immobiliser pour garantir un créancier) ;
- en cas de vente du fonds de commerce, le privilège du vendeur s’exerce en
priorité sur les marchandises, lesquelles doivent alors être nettement
isolées et évaluées ;
- toujours en cas de vente, les marchandises neuves sont soumises à un régime
fiscal spécial.
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Cass. com., 26 mai 2010, n° 09-66344, BRDA 11/10, inf. 11 ; CCC 2010, comm. 197, note L. Leveneur.
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§ 1- Le fonds de commerce, une universalité de fait ?
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immobilière ; cela dit, cette analogie avec le régime des immeubles n’est pas
sans limite : ainsi, par exemple, la location-gérance de fonds de commerce
ne peut pas valablement inclure une clause d’indexation de la redevance qui
se référerait à l’indice national du coût de la construction, indice de type
immobilier9.
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Com., 15 juin 1993, Bull. IV, n° 248.
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Chapitre II- Les principales opérations sur fonds de commerce
Objet matériel et pécuniaire (quoi ?). L’objet de la vente est double : d’une
part, le fonds de commerce (objet matériel) et, d’autre part, le prix (objet
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Com., 18 oct. 1994, Bull. Joly 1994, p. 1330, note Saintourens.
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pécuniaire).
S’agissant de la vente du fonds, il appartient aux parties de déterminer
librement les éléments autres que la clientèle qui sont cédés (sans cession de
clientèle, il ne saurait y avoir cession du fonds). Dans le silence de la convention,
l’on considère que sont compris dans la cession tous les éléments corporels et
incorporels composant le fonds au moment de la vente.
En ce qui concerne le prix, il faut, conformément au droit commun de la
vente, qu’il soit déterminé ou déterminable (voir infra les mentions obligatoires
requises au titre des conditions de forme). Les clauses repoussant à plus tard sa
fixation font donc, en principe, échec à la vente (open price contract ou accord
différé).
Le problème essentiel concernant le prix de vente du fonds de commerce est
celui de la simulation, c’est-à-dire des dissimulations pour des raisons fiscales
notamment (ou en fraude aux droits des créanciers), l’objectif étant d’échapper
partiellement aux droits de mutation. Pour éviter ces montages, la loi permet à
l’administration fiscale d’intervenir dans la vente, selon deux techniques.
- Théorie de l’abus de droit. En cas de contre-lettre (accord secret) qui
prévoit un prix plus élevé que celui figurant dans l’acte ostensible
(apparent), le fisc peut calculer les droits de mutation sur la base du prix
dissimulé (l’article 1202du Code civil frappe de nullité toute contre-lettre
dissimulant une partie du prix ; et pour renforcer l’efficacité de la sanction
en incitant l’acquéreur à dénoncer la manœuvre, la jurisprudence décide que
la vente est valable mais pour le prix ostensible minoré).
- Théorie de l’acte anormal de gestion. Le fisc dispose d’une procédure de
redressement du prix lorsqu’il estime que celui-ci n’est pas suffisant,
compte tenu notamment de la nature et de l’emplacement du fonds (dans ce
cas, une discussion s’engage avec le vendeur et, à défaut d’accord amiable,
c’est une Commission départementale de conciliation qui tranchera le
différend).
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1° Quant à la forme de l’acte
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En effet, « l'omission des énonciations (…) prescrites (pouvait), sur la demande de l'acquéreur
formée dans l'année, entraîner la nullité de l'acte de vente » (C. com., ancien art. L. 141-1, II).
Ainsi, l’omission (volontaire ou involontaire) n’entraînait pas automatiquement la nullité de la vente.
En effet, si elle est demandée par l’acquéreur (dans le délai préfix d’un an à compter du jour de
l’acte qui l’a engagé), le juge ne devait la prononcer qu’après avoir vérifié que le manquement était
de nature à vicier le consentement du demandeur (caractère déterminant de l’erreur) et lui avait
causé un dommage. Dès lors, il ne pouvait y avoir d’annulation effective si, par exemple, l’absence
des mentions requises dans la promesse établie SSP a été régularisée dans l’acte authentique de
vente (Cass. com., 27 juin 2000, n° 95-15406, Bull. civ. IV, 132 ; D. 2000, 357, obs. Monéger-
Dupuis), si tous les livres comptables tenus par le vendeur avaient été, avant la signature de l’acte
de cession, mis à la disposition de l’acquéreur (Cass. com., 30 janvier 1990, n° 87-14493, Bull. civ.
IV, n° 29).
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stipulé une importante indemnité d’immobilisation à la charge du bénéficiaire) et
synallagmatiques de vente. Mêmes exigences concernant les apports en société de
fonds de commerce.
Cela dit, il convient de souligner que, malgré la suppression par l’article 1er de
la loi n° 2019-744 du 19 juillet 2019 du formalisme classique innervant l’acte de
vente, il demeure que, « au jour de la cession, le vendeur et l'acquéreur visent un
document présentant les chiffres d'affaires mensuels réalisés entre la clôture du
dernier exercice comptable et le mois précédant celui de la vente » (C. commerce,
art. L. 141-2, alinéa 1er).
En outre, nonobstant la suppression des mentions obligatoires initialement
prévues par l’ancien article L. 141-1 du Code de commerce, l’article L. 141-3 du
même code dispose toujours que « le vendeur est, nonobstant toute stipulation
contraire, tenu de la garantie à raison de l'inexactitude de ses énonciations dans
les conditions édictées par les articles 1644 et 1645 du Code civil (garantie des
vices cachés) ». Certes, l’inexactitude des énonciations portées dans l’acte peut
d’abord donner lieu, conformément au droit commun, à des actions en nullité
(relative) fondées sur le dol ou l’erreur12 (prescription quinquennale). Mais surtout,
en assimilant toutes les énonciations du vendeur dans l’acte de vente, lorsqu’elles
sont inexactes, à des vices cachés dont le vendeur est, impérativement, tenu à
garantie dans les conditions du droit commun de la vente : l’acquéreur peut ainsi
demander, soit l’anéantissement de la vente (action rédhibitoire ou actio
redhibitoria), soit une réduction du prix (action estimatoire ou actio quanti
minoris)13. Cela dit, par dérogation au droit commun de la vente, l’action en garantie
des vices cachés doit être exercée par l’acquéreur dans le délai d’un an (et non
dans le délai biennal de l’article 1648 du Code civil) à compter de la date de sa
prise de possession (C. com., art. L. 141-4).
2° Quant à la publicité
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Cass. com., 18 juin 1996, n° 93-19645, RTD com. 1996, 664, obs. Derruppé.
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En revanche, le fonds de commerce étant un meuble, la rescision pour lésion est exclue entre
personnes capables.
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642-5) prend la forme suivante : dans un délai de 15 jours suivant la signature de
l’acte, la vente doit faire l’objet, à la diligence et aux frais de l’acquéreur, d’une
publication sur un support habilité à recevoir des annonces légales dans le
département dans lequel le fonds est exploité et sous forme d'extrait ou d'avis
au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (l’extrait ou l’avis doit
contenir un certain nombre d’informations strictement envisagées par la loi).
Mais, selon l’article L. 141-13, cette publication doit être, à peine de nullité,
précédée soit de l'enregistrement de l'acte contenant mutation, sauf s'il s'agit
d'un acte authentique, soit, à défaut d'acte, de la déclaration prescrite par les
articles 638 et 653 du code général des impôts.
Ainsi, dans les dix jours suivant la dernière en date des deux publications
prévues à l'article L. 141-12 (support habilité à recevoir des annonces légales ou
BODACC), tout créancier du précédent propriétaire du vendeur, que sa créance
soit ou non exigible, peut former au domicile élu, par acte extrajudiciaire ou par
lettre recommandée avec demande d'avis de réception, opposition au paiement du
prix (Code de commerce, art. L. 141-14).
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C. – Eventuel droit de préemption communal en cas d’aliénations à titre onéreux
de fonds de commerce
Par son article 58-I, la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites
et moyennes entreprises a inséré dans le Code de l’urbanisme un nouveau chapitre,
regroupant les articles L. 214-1 à L. 214-3, visant à instituer un droit de
préemption concernant les aliénations à titre onéreux14 de fonds artisanaux, de
fonds de commerce, de baux commerciaux et de terrains faisant l'objet de
projets d'aménagement commercial (la loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de
modernisation de l’économie ayant élargi le champ du dispositif aux terrains
considérés). En effet, par délibération, les conseils municipaux peuvent désormais
instaurer des périmètres de sauvegarde du commerce et de l’artisanat de
proximité, espaces au sein desquels les communes pourront exercer un droit de
préemption sur les aliénations à titre onéreux de fonds de commerce notamment.
Confiné dans un domaine déterminé et soumis à des conditions strictes, ce droit
de préemption trouve une limite supplémentaire dans le fait que la commune qui
l’exerce est tenue, dans le délai de deux ans15 à compter de la prise d’effet de
l’aliénation, de rétrocéder le fonds de commerce à une entreprise immatriculée au
registre du commerce et des sociétés. Cela dit, force est de souligner que dès lors
que le bien considéré se trouve dans un périmètre de sauvegarde du commerce et
de l’artisanat de proximité préalablement délimité, l’article L. 214-1, al. 3, du Code
de l’urbanisme dispose que son « aliénation à titre onéreux est subordonnée, à
peine de nullité (qui se prescrit par cinq ans à compter de la prise d’effet de la
cession), à une déclaration préalable faite par le cédant à la commune », dans les
formes prescrites par un arrêté du ministre chargé de l’Urbanisme et du ministre
de la Justice (C. urb., art. R. 214-4, al. 1er) et précisant « le prix et les conditions
de la cession » (mentions parmi lesquelles ne compte pas, du moins expressément,
l’identité du cessionnaire).
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Intégrant dans la partie législative du Code de l’urbanisme une précision qui, jusqu’alors, ne
figurait que dans la partie réglementaire, c’est la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la
simplification du droit et à l’allègement des démarches administratives qui a substitué au terme
« cessions », initialement employé, l’expression « aliénations à titre onéreux ».
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C’est la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des
démarches administratives (qui a modifié l’article L. 143-21 du Code de commerce) qui a fait passer
le délai de 1 à 2 ans.
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La loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et
solidaire a instauré un dispositif d’information anticipée des salariés leur
permettant de présenter une offre en cas de vente d'un fonds de commerce, d’une
part, dans les entreprises qui n'ont pas l'obligation de mettre en place un comité
d'entreprise (C. com., art. L. 141-23 et suivants, modifiés par L. n° 2015-990, 6
août 2015) et, d’autre part, dans les entreprises soumises à l'obligation de mettre
en place un comité d'entreprise (C. com., art. L. 141-28 et suivants, modifiés par
L. n° 2015-990, 6 août 2015). Il semble qu’il s’agisse là, du moins dans l’esprit du
législateur, d’un nouveau droit de préemption quoique cette qualification – qui n’est
évoquée nulle part dans le texte – semble techniquement impraticable dès l’instant
qu’il n’y pas d’offre de vente émanant du propriétaire mais une simple information
destinée aux salariés qui pourront, alors, prendre l’initiative de présenter une
offre d’achat.
16 Le domaine du dispositif n’est pas général puisque, selon l’article L. 141-27 du Code de commerce,
il n'est pas applicable dans les cas suivants: en cas de vente du fonds à un conjoint, à un ascendant
ou à un descendant ; aux entreprises faisant l'objet d'une procédure de conciliation, de
sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaires ; si, au cours des douze mois qui
précèdent la vente, celle-ci a déjà fait l'objet d'une information en application de l'article 18 de
la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire.
17 Les modalités d’information des salariés sont précisées à l’article L. 141-25, alinéas 1 et 2, du
Code de commerce
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salarié a fait connaître sa décision de ne pas présenter d'offre (C. com., art. L.
141-23, al. 5) et, en tout état de cause, elle doit intervenir dans un délai maximal
de deux ans après l'expiration du délai de deux mois précité puisque, au-delà de
celui-ci, toute vente sera de nouveau soumise aux articles L. 141-23 à L. 141-25 (C.
com., art. L. 141-26). Toujours est-il que le propriétaire qui manque à ses
obligations peut faire l’objet d’une action en responsabilité et, dans ce cas, la
juridiction saisie peut, à la demande du ministère public, prononcer une amende
civile dont le montant ne peut excéder 2 % du montant de la vente (C. com., art. L.
141-23, al. 6). Notons, enfin, que les salariés sont tenus à une obligation de
discrétion s'agissant des informations reçues, dans les mêmes conditions que
celles prévues pour les membres des comités d'entreprise à l’article L. 2325-5 du
Code du travail, sauf à l'égard des personnes dont le concours est nécessaire pour
leur permettre de présenter au vendeur une offre d’achat18 (C. com., art. L. 141-
25, al. 3).
18
Notons que, « à leur demande, les salariés peuvent se faire assister par un représentant de la
chambre de commerce et de l'industrie régionale, de la chambre régionale d'agriculture, de la
chambre régionale de métiers et de l'artisanat territorialement compétentes en lien avec les
chambres régionales de l'économie sociale et solidaire et par toute personne désignée par les
salariés, dans des conditions définies par décret » (C. com., art. L. 141-24).
19 Le domaine du dispositif n’est pas général puisque, selon l’article L. 141-32 du Code de commerce,
il n'est pas applicable dans les cas suivants: en cas de vente du fonds à un conjoint, à un ascendant
ou à un descendant ; aux entreprises faisant l'objet d'une procédure de conciliation, de
sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaires ; si, au cours des douze mois qui
précèdent la vente, celle-ci a déjà fait l'objet d'une information en application de l'article 18 de
la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire.
20
Néanmoins, en cas d'absences concomitantes du comité d'entreprise et de délégué du personnel,
constatées conformément aux articles L. 2324-8 et L. 2314-5 du Code du travail, la vente est soumise
aux articles L. 141-23 à L. 141-27 du Code de commerce (C. com., art. L. 141-28, al. 6).
21 Les modalités d’information des salariés sont précisées à l’article L. 141-30, alinéas 1 et 2, du
Code de commerce
19
M. Thioye – Droit des affaires
au vendeur une offre d’achat (C. com., art. L. 141-28, al. 2) ; ainsi, l'exploitant doit
notifier sans délai au propriétaire toute offre d'achat présentée par un salarié
(C. com., art. L. 141-28, al. 3). Mais, lorsque le fonds est exploité par son
propriétaire, celui-ci doit notifier directement aux salariés sa volonté de vendre
en les informant qu'ils peuvent lui présenter une offre d’achat (C. com., art. L. 141-
28, al. 4). La vente projetée doit alors, en tout état de cause, intervenir dans un
délai maximal de deux ans après la date à laquelle tous les salariés ont été informés
de la vente puisque, au-delà de ce délai, toute vente sera de nouveau soumise aux
articles L. 141-28 à L. 141-30 (C. com., art. L. 141-31)22. Toujours est-il que le
propriétaire qui manque à ses obligations peut faire l’objet d’une action en
responsabilité et, dans ce cas, la juridiction saisie peut, à la demande du ministère
public, prononcer une amende civile dont le montant ne peut excéder 2 % du
montant de la vente (C. com., art. L. 141-28, al. 5). Quant aux salariés, ils sont
soumis à une obligation de discrétion s'agissant des informations reçues, dans les
mêmes conditions que celles prévues pour les membres des comités d'entreprise
à l’article L. 2325-5 du Code du travail, sauf à l'égard des personnes dont le
concours est nécessaire pour leur permettre de présenter au vendeur une offre
d’achat23 (C. com., art. L. 141-30, al. 3).
22
Néanmoins, si pendant cette période de deux ans le comité d'entreprise est consulté, en
application de l'article L. 2323-33 du code du travail, sur un projet de vente du fonds de commerce,
le cours de ce délai de deux ans est suspendu entre la date de saisine du comité et la date où il
rend son avis et, à défaut, jusqu'à la date où expire le délai imparti pour rendre cet avis (C. com.,
art. L. 141-31, al. 2).
23
Notons que, « à leur demande, les salariés peuvent se faire assister par un représentant de la
chambre de commerce et de l'industrie régionale, de la chambre régionale d'agriculture, de la
chambre régionale de métiers et de l'artisanat territorialement compétentes en lien avec les
chambres régionales de l'économie sociale et solidaire et par toute personne désignée par les
salariés, dans des conditions définies par décret » (C. com., art. L. 141-29).
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M. Thioye – Droit des affaires
fonds de commerce
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C’est la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des
démarches administratives qui a fait passer le délai de 3 à 5 mois.
25
D’ailleurs, en vertu des obligations du droit commun incombant aux notaires, aux courtiers et aux
agents d’affaires, les intermédiaires dans la vente de fonds de commerce doivent insérer les
mentions obligatoires dans l’acte et renseigner les parties sur les risques que le contrat peut leur
faire courir (Cass. com., 22 juillet 1958, Grands Arrêts de la jurisprudence civile, 144, note P.
Bourel et B. B.).
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M. Thioye – Droit des affaires
Comme tout vendeur, le vendeur de fonds de commerce est tenu de deux
obligations essentielles : une obligation de délivrance et une obligation de garantie.
A- L’obligation de délivrance
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Cass. com., 24 nov. 1992, n° 91-11055 : Bull. civ. IV, n° 371, p. 262; RTD com. 1993, p. 489, obs.
J. Derruppé : « la clientèle étant un élément du fonds de commerce, l'omission de transmettre
tout ou partie de celle-ci lors de la cession constitue pour le vendeur une inexécution de son
obligation de délivrance ».
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« Toute clause contraire est réputée non écrite » (Code de commerce, art. L. 141-2, dernier
alinéa).
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M. Thioye – Droit des affaires
Extension de l’obligation de délivrance par une convention de tutorat.
Complétant les dispositions légales gouvernant l’obligation de délivrance, des
stipulations conventionnelles peuvent venir renforcer cette obligation de
délivrance en prévoyant, par exemple, que le vendeur devra assurer à l’acquéreur
une assistance momentanée dans le cadre d’une convention qui est aujourd’hui
régie par l’article L. 129-1 du Code de commerce. Il résulte, en effet, des
dispositions de cet texte que « le cédant d’une entreprise commerciale (…) peut,
après cette cession, conclure avec le cessionnaire de cette entreprise une
convention aux termes de laquelle il s’engage, contre rémunération ou à titre
bénévole, à réaliser une prestation temporaire de tutorat. Cette prestation vise à
assurer la transmission au cessionnaire de l’expérience professionnelle acquise par
le cédant en tant que chef de l’entreprise cédée. Si une rémunération est versée,
le tuteur reste affilié aux régimes de sécurité sociale dont il relevait
antérieurement à la cession ».
B- L’obligation de garantie
2° La garantie d’éviction
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M. Thioye – Droit des affaires
l’acquéreur contre les troubles de droit qu’il pourrait subir de la part de tiers (tels
que ceux qui revendiqueraient un droit sur le fonds). Une telle garantie est, en
pratique, rarement appelée à jouer car l’éventualité d’une éviction par des tiers
est, grâce notamment aux opérations de publicité, plutôt marginale28.
28
Cass. com., 20 fév. 2001, n° 98-16842: Bull. civ. IV, n° 44, p. 41: l’acquéreur d’un fonds de
commerce, qui avait été expulsé des locaux commerciaux en raison de la résiliation du bail liant le
propriétaire des lieux au vendeur, avait alors assigné ce dernier en résolution de la vente du fonds
de commerce et en restitution du prix.
29
Cass. com., 24 mai 2005, n° 02-19704: Bull. civ. IV, n° 112, p. 117: « attendu qu'en cas de cession
d'un fonds de commerce, la garantie légale d'éviction interdit au vendeur de détourner la clientèle
du fonds cédé, et que si le vendeur est une personne morale cette interdiction pèse non seulement
sur elle, mais aussi sur son dirigeant ou sur les personnes qu'il pourrait interposer pour échapper
à ses obligations ».
30
Rappelant que la clause de non-concurrence ne doit pas être confondue avec une clause de non-
réaffiliation, V. Cass. com., 28 septembre 2010, n° 09-13888, CCC 2010, comm. 271, note M.
Malaurie-Vignal : « attendu que la clause de non-concurrence a pour objet de limiter l'exercice par
le franchisé d'une activité similaire ou analogue à celle du réseau qu'il quitte, tandis que la clause
de non-réaffiliation se borne à restreindre sa liberté d'affiliation à un autre réseau ».
31
En droit du travail, les conditions sont plus strictes : limitation dans le temps ET dans l’espace
et, en outre, exigence impérative d’une compensation financière.
24
M. Thioye – Droit des affaires
au cédant tous agissements ayant pour effet de lui permettre de reprendre la
clientèle du fonds cédé et, ainsi, de priver celui-ci de sa substance32. Notons, en
outre, que l’obligation légale de non-concurrence est attachée au fonds de
commerce et, par voie de conséquence, se transmet avec lui au bénéfice ou à la
charge du sous-acquéreur (en cas de revente du fonds avant l’expiration du délai
conventionnel ou légal de non-rétablissement).
32
Cass. com., 16 janv. 2001, n° 98-21145: Bull. civ. IV, n° 16, p. 13 ; Contrats, conc., consom. 2001,
n° 42, obs. L. Leveneur ; Rappr. Cass. com., 15 déc. 2009, n° 08-20522, Bull. civ. IV, n° 172 ; BRDA
3/10, inf. 3 ; CCC 2010, comm. 66, note L. Leveneur : après l'expiration d'une obligation
conventionnelle de non-concurrence, le cessionnaire des actions d'une société demeure fondé à se
prévaloir de la garantie légale d'éviction.
33
Il doit, notamment, être informé du déplacement du fonds de commerce, des demandes de
résiliation du bail ou encore des modifications de l’activité exercée.
25
M. Thioye – Droit des affaires
Conditions de mise en œuvre. Pour que le vendeur de fonds de commerce puisse
disposer d’un privilège (Code de commerce, art. L. 141-5 et s.), il faut :
- la vente doit avoir été constatée par un écrit (acte authentique ou acte SSP)
dûment enregistré ;
- l’acte de vente doit porter l’indication des prix distincts pour les éléments
incorporels, le matériel et les marchandises ;
- le vendeur doit faire inscrire son privilège sur un registre spécial tenu au
greffe du TC dans le ressort duquel est exploité le fonds (cette inscription
devant, à peine de nullité du privilège, être faite dans les trente jours
suivant l’acte de cession ; elle se périme par dix ans, mais elle peut être
renouvelée ; faite dans le délai légal, le privilège prend rang au jour même
de la vente).
Assiette. Le privilège porte sur les éléments mentionnés dans l’acte de vente
et dans l’inscription. En l’absence de précision, il ne porte que sur l’enseigne, le nom
commercial, le droit au bail, la clientèle et l’achalandage (art. L. 141-5, al. 2, C.
com.). En tout état de cause, il ne porte sur les droits de propriété industrielle
(brevets d’invention, marques de fabrique, dessins et modèles) que moyennant des
inscriptions additionnelles spéciales faites sur des registres tenus par l’INPI (art.
L. 143-17, al. 1, C. com.).
a) Le droit de préférence
26
M. Thioye – Droit des affaires
Modalités d’exercice. L’exercice du droit de préférence, qui implique la
mise en vente aux enchères publiques du fonds (vente amiable ou judiciaire), est
d’une complexité qui atténue son efficacité. En effet, le droit de préférence ne
s’exerce pas indivisiblement sur l’intégralité du prix de revente. Il se produit un
fractionnement du privilège en trois parties, c'est-à-dire qu’il s’exerce
séparément sur chacun des trois corps que sont les marchandises, le matériel et
les éléments incorporels. C’est la raison pour laquelle l’exercice du privilège
implique la fixation d’un prix distinct pour chacun de ces éléments. En outre, les
paiements partiels, autres que le paiement comptant, s’imputent d’abord sur les
marchandises, ensuite sur le matériel, enfin sur les éléments incorporels. C’est
dans cet ordre (disposition ordinale) que va s’éteindre le privilège.
b) Le droit de suite
Objet. Au lieu de faire vendre le fonds pour exercer son privilège sur le prix,
le vendeur peut choisir d’exercer l’action résolutoire pour récupérer ledit fonds
en restituant les acomptes perçus.
27
M. Thioye – Droit des affaires
L’action résolutoire doit être notifiée aux créanciers (de l’acquéreur) inscrits
(vendeur du fonds ou créanciers nantis). Ceux-ci disposent alors d’un délai d’un
mois pour la paralyser en payant à la place de leur débiteur. Passé ce délai, la
résolution pourra être prononcée par le tribunal de commerce (ou son président
s’il existe une clause contractuelle lui donnant compétence) et produira ses effets
habituels : restitution du fonds au vendeur (avec tous ses éléments actuels) contre
restitution des acomptes, avec éventuellement des dommages-intérêts au profit
du vendeur.
28
M. Thioye – Droit des affaires
Les créanciers du vendeur, tiers intéressés à la vente, jouissent d’une
importante prérogative : un droit d’opposition au paiement du prix de vente (Code
de commerce, art. L. 141-14 et s.).
Domaine. L’opposition peut être faite pour toute créance certaine (ayant
une existence actuelle et incontestable), qu’elle soit civile ou commerciale, qu’elle
soit exigible (non affectée d’un terme suspensif) ou non (mais le bailleur ne peut
faire opposition que pour des loyers échus et non pour des loyers en cours ou à
échoir, et ce, nonobstant toutes stipulations contraires).
29
M. Thioye – Droit des affaires
- D’une part, s’il estime que l’opposition n’est pas fondée, il peut demander en
référé que soit ordonnée la mainlevée de ladite opposition (la mainlevée,
lourde de conséquences, n’est autorisée que lorsque l’opposition a été faite
sans titre et sans cause, si elle est nulle en la forme et s’il n’y a pas
d’instance engagée au principal)34.
- D’autre part, si la mainlevée ne peut être obtenue, le vendeur peut demander
le cantonnement des oppositions lorsque le montant des créances pour
lesquelles il est fait opposition est inférieur au prix de vente du fonds et
que le délai de dix jours est expiré35. Le cantonnement est une procédure
qui lui permet de percevoir le solde du prix de vente une fois consignées
entre les mains d’un tiers séquestre (ou de la Caisse des dépôts et
consignations) les sommes correspondant au montant des oppositions.
A- Définition
La location-gérance ou gérance libre (nom qui lui est donné dans la pratique)
est un contrat par lequel le propriétaire ou l’exploitant d’un fonds de commerce
« en concède totalement ou partiellement la location à un gérant qui l’exploite à
ses risques et périls » (art. L. 144-1 C. com.).
C’est donc un contrat de bail portant sur un fonds de commerce. Par
conséquent, le locataire-gérant (ou gérant libre) doit traditionnellement verser au
34
« Si l'opposition a été faite sans titre et sans cause ou est nulle en la forme et s'il n'y a pas
instance engagée au principal, le vendeur peut se pourvoir en référé devant le président du tribunal,
à l'effet d'obtenir l'autorisation de toucher son prix, malgré l'opposition » (C. com., art. L. 141-
16).
35
Cette seconde condition s’explique par le fait que d’autres oppositions peuvent voir le jour tant
que le délai de 10 jours n’est pas expiré.
36
La surenchère était le droit pour tout créancier inscrit ou opposant (seulement l’un ou l’autre)
de provoquer la remise en vente aux enchères publiques du fonds si le prix de vente ne suffit pas
à désintéresser tous les créanciers (elle a été instituée pour protéger les créanciers contre un
prix de vente dérisoire ou contre les opérations de simulation).
30
M. Thioye – Droit des affaires
bailleur une redevance périodique en contrepartie de la mise à disposition du fonds.
Néanmoins, depuis un arrêt très contestable du 23 mars 1999, la Cour de cassation
considère que la stipulation d’une telle redevance ne constitue pas une condition
essentielle de qualification du contrat : il y a encore location-gérance, même en
l’absence de versement effectif d’une redevance, dès lors que le fonds a été
concédé par son propriétaire à une personne qui l’exploite à ses risques et périls
dans un intérêt économique commun aux deux parties37.
Le locataire-gérant exploitant le fonds à ses risques et périls, il a la qualité
de commerçant et doit, dès lors, être immatriculé au RCS (alors que le bailleur
perd cette qualité s’il l’avait et devra se faire radier du RCS).
3° Location-gérance et gérance-mandat
37
Com., 23 mars 1999, Bull. civ. IV, n° 71, p. 58 ; RDC 1999. 633, obs. J. DERRUPPE ; JCP E 1999,
p. 1540, note L. LEVENEUR. Cette solution aboutit à étendre la qualification de location-gérance à
des opérations qui lui étaient traditionnellement étrangères : commodat, apport en jouissance d’un
fonds de commerce à une société.
38
Ni avec la sous-location des locaux commerciaux (cf. Cass. civ. 3e, 9 juillet 2003, D. 2003, juris.,
AJ, p. 2013, obs. Y. Rouquet.
39
La loi nº 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des PME vient d’insérer dans le Code de commerce
un nouveau Chapitre VI relatif aux gérants-mandataires.
31
M. Thioye – Droit des affaires
Dans la gérance-mandat, le propriétaire du fonds en confie l’exploitation à un tiers
avec lequel il passe un contrat de mandat. Le gérant-mandataire a, en général, plus
de pouvoir que le gérant salarié (cf. art. L. 146-1 : le mandant lui fixe une mission,
en lui laissant toute latitude, dans le cadre ainsi tracé, de déterminer ses
conditions de travail, d'embaucher du personnel et de se substituer des
remplaçants dans son activité à ses frais et sous son entière responsabilité) mais
il doit, en tant que représentant, rendre compte de sa gestion au propriétaire qui
exerce un contrôle a posteriori.
Selon l’article L. 146-1, sa rémunération prend la forme d’une commission
proportionnelle au chiffre d’affaires (prix proportionnel ou clause de rentabilité).
32
M. Thioye – Droit des affaires
Pour le propriétaire du fonds de commerce, la location-gérance présente
des intérêts indéniables, notamment lorsqu’il est empêché de l’exploiter
directement (c’est-à-dire personnellement) ou par personne interposée (gérant
salarié ou gérant-mandataire) : ainsi, en cas de maladie du commerçant, en cas de
décès avec transmission successorale du fonds à des enfants mineurs incapables
pour l’instant d’en poursuivre l’exploitation). L’opération présente toutefois
certains risques, puisque le propriétaire n’a aucune réelle assurance quant aux
conditions de l’exploitation du fonds par le preneur qui est un gérant libre. Ajoutés
aux risques de spéculation, ce sont de tels risques qui expliquent que la loi et la
jurisprudence aient envisagé assez strictement le régime (conditions et effets)
de la location-gérance.
Outre les conditions de validité imposées à tout contrat par le Code civil
(art. 1108 ancien ou article 1128 nouveau), la conclusion d’un contrat de location-
gérance nécessite d’observer certaines conditions particulières.
Et puisque « le locataire-gérant a la qualité de commerçant » (C. com.,
art. L. 144-2, al. 1er), il doit remplir toutes les conditions exigées des commerçants
et, notamment, disposer de la capacité commerciale (ou, en d’autre termes, ne pas
être sous le coup d’une incapacité générale ou spéciale d’exercer le commerce) et
satisfaire à d’éventuelles autres conditions (comme, par exemple, l’obligation de
déclaration ou d’autorisation préalable imposée à certaines catégories de
commerçant).
33
M. Thioye – Droit des affaires
A défaut de publication, le contrat n’est pas nul mais il se produit des
conséquences lourdes pour le propriétaire loueur : en effet, il sera indéfiniment
solidaire des dettes du locataire-gérant contractées par celui-ci à l’occasion de
l’exploitation du fonds40 (alors que, si la publication avait eu lieu, celle solidarité
ne vaudrait que pendant une durée de six mois à compter de ladite publication du
contrat).
40
V. Cass. com., 4 mai 1999, n° 97-14031 : Bull. civ. IV, n° 92, p. 76 ; RJDA 7/1999, n° 780 :
« attendu que, dès lors que le contrat de location-gérance n'a pas été publié, le loueur est, en
application de ce texte, solidairement responsable des dettes contractées par le locataire-gérant
pour l'exploitation du fonds de commerce, sans qu'il y ait lieu de rechercher si le créancier avait
eu connaissance de la mise en location-gérance de ce fonds ».
34
M. Thioye – Droit des affaires
1° Les effets à l’égard des créanciers du bailleur
Sauf cas de fraude (laquelle corrompt tout : « fraus omnia corrumpit »), la
location-gérance est opposable aux créanciers du bailleur même s’ils ont une
sûreté sur le fonds de commerce. Cela dit, les créanciers à terme du bailleur, dont
les créances sont nées à l’occasion de l’exploitation du fonds, peuvent demander
au TC de déclarer leurs créances immédiatement exigibles en justifiant que la
location-gérance met en péril leur recouvrement. L’action doit être introduite dans
les trois mois de la publication du contrat sur un support habilité à recevoir des
annonces légales.
41
Avant la réécritude de l’article L. 144-7 du Code de commerve par l’article 144 de la loi n° 2016-
1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la
modernisation de la vie économique, le texte prévoyait la solidarité « jusqu’à la publication du
contrat de location-gérance et pendant un délai de six mois à compter de cette publication ».
42
Cette solidarité devient d’ailleurs d’une durée illimitée si le contrat n’est pas publié (V. Cass.
com., 4 mai 1999, n° 97-14031 : Bull. civ. IV, n° 92, p. 76 ; RJDA 7/1999, n° 780 : « attendu que,
dès lors que le contrat de location-gérance n'a pas été publié, le loueur est, en application de ce
texte, solidairement responsable des dettes contractées par le locataire-gérant pour
l'exploitation du fonds de commerce, sans qu'il y ait lieu de rechercher si le créancier avait eu
connaissance de la mise en location-gérance de ce fonds »). La solidarité subsisterait aussi, pour
les dettes contractées au-delà des 6 mois, si le bailleur continuait lui-même à exploiter le fonds
aux côtés du preneur.
35
M. Thioye – Droit des affaires
loué)43. Etant entendu que la date à prendre en considération pour faire jouer la
solidarité, c’est celle de la naissance de la dette, et non celle de son échéance ou
exigibilité (il en résulte que le loueur n’est pas automatiquement libéré par la seule
expiration du délai semestriel : il reste tenu des commandes conclues mais non
payées ainsi que des contrats à exécution successive d’une durée supérieure à 6
mois).
Instituée dans le seul intérêt des tiers (qui ont pu, dans les premiers temps,
ignorer la mise en location-gérance du fonds), cette règle ne peut être invoquée
que par eux, non par le preneur lui-même. La solidarité ne joue toutefois que pour
les dettes strictement nécessaires à l’exploitation du fonds (ce qui exclut par
exemple les dettes personnelles du locataire, celles contractées avant l’acquisition
de la qualité de locataire-gérant…)44.
43
V. Cass. com., 4 mai 1999, n° 97-14031 : Bull. civ. IV, n° 92, p. 76 ; RJDA 7/1999, n° 780 : pour
l'application de l'article 8 de la loi du 20 mars 1956, aux termes duquel, jusqu'à la publication du
contrat de location-gérance et pendant un délai de 6 mois à compter de cette publication, le loueur
du fonds est solidairement responsable avec le locataire-gérant des dettes contractées par celui-
ci à l'occasion de l'exploitation du fonds, il suffit que les dettes, qu'elles soient d'origine
contractuelle ou non, aient été nécessaires à l'exploitation du fonds donné en location-gérance.
Hypothèses dans lesquelles le caractère nécessaire a été reconnu: V. Cass. com., 19 févr. 1979, n°
77-15475, préc. : Bull. civ. IV, n° 67, p. 52: viande pour une boucherie. – Cass. com., 4 mai 1999,
préc. : cotisations dues pour les retraites complémentaires des salariés du locataire-gérant. –
Hypothèses dans lesquelles le caractère nécessaire n’a pas été reconnu, V. CA Paris, 17 janv. 2008,
n° 06-14580, BRDA 10/08, inf. 16. - CA Paris, 5e ch. A, 27 mai 2009, SA Erval Nogent – Entrepôts
réunis du Val-de-Marne c/ SARL Arc en ciel, n° 07-10249, BRDA 17/09, p. 7, n° 13 : jugé que le
loueur d’un fonds de commerce de « boulangerie-pâtisserie » n’était pas tenu solidairement de
payer les factures de boissons commandées par le locataire-gérant car la distribution de boissons
n’était pas nécessaire à l’exploitation du fonds.
44
La solidarité ne joue pas davantage pour les dettes contractées dans les six mois suivant le
renouvellement du contrat de location-gérance (Com., 16 janvier 1996, D. Aff. 1996. 346), à moins
qu’une modification ne soit intervenue depuis la publicité initiale dans la nature de l’exploitation ou
la personne de l’exploitant, auquel cas une nouvelle publicité serait requise (Com., 3 mars 1996, Bull.
IV, n° 104).
36
M. Thioye – Droit des affaires
commerce. En vertu du principe de la relativité des conventions, le locataire-
gérant, parce qu’il est étranger au bail commercial liant le propriétaire du
fonds au propriétaire de l’immeuble d’exploitation, ne peut personnellement
prétendre au renouvellement dudit bail commercial (il n’est pas assimilé à un
sous-locataire). Il appartient donc au seul propriétaire du fonds de
demander le renouvellement du bail ou, s’il y a lieu, de se plaindre d’un
éventuel refus45.
- Vis-à-vis de l’acquéreur du fonds de commerce déjà loué. Il faut savoir que
l’existence d’un contrat de location-gérance ne prive pas le propriétaire du
fonds de la faculté (droit) de le vendre. Or, le locataire-gérant n’a aucun
droit vis-à-vis du nouveau propriétaire du fonds qui alors, sauf stipulation
contraire de son acte d’acquisition (qui réglerait le sort de la location-
gérance), pourra immédiatement donner congé au locataire-gérant (sans
attendre la date normale d’expiration de la location-gérance). Mais alors,
dans ce cas-là, le locataire-gérant pourra agir en garantie (d’éviction)
contre le bailleur.
§ 3 La fin de la location-gérance
45
Comme conséquence logique de l’absence de tout lien juridique entre bailleur de l’immeuble et
locataire-gérant, on peut noter que la clause du bail commercial qui interdirait la sous-location ne
fait pas obstacle à la sous-location (Com., 8 fév. 1949, JCP 1949. II. 4947, note Cohen).
37
M. Thioye – Droit des affaires
locataire-gérant, sans opposition du propriétaire, continue d’avoir la jouissance du
fonds après l’expiration du contrat).
Quelle qu’en soit la durée, il est possible d’insérer une clause résolutoire
dans le contrat de location-gérance. Il s’agit d’une clause de résiliation anticipée
et automatique, c’est-à-dire que le contrat sera de plein droit anéanti du seul
fait de l’inexécution par l’une des parties d’une ou de plusieurs de ses obligations
(non-paiement des redevances par exemple)46. Notons que le juge ne dispose ici
d’aucun pouvoir d’appréciation dès lors que l’inexécution visée est caractérisée.
4° La résiliation judiciaire
46
Force est de souligner que les clauses résolutoires n’entraînent pas toutes une résolution de plein
droit du contrat en cas d’inexécution : alors que la clause résolutoire de plein droit implique la
volonté des parties de soustraire la résolution au pouvoir d’appréciation des juges, la simple clause
résolutoire suppose une mise en œuvre judiciaire sachant que, dans ce cas, les juges ne doivent
faire droit à la demande de résolution qu’après avoir apprécié souverainement la gravité de
l’inexécution contractuelle prévue par la clause (V. Cass. 3e civ., 26 janvier 2011, n° 08-21781 : Bull.
civ. III, n° ???; BRDA 4/11, comm. 15).
47
Req., 22 juillet 1931, DH 1931. 507.
38
M. Thioye – Droit des affaires
pour des activités nouvelles non transférées au loueur en fin de location-gérance.
Sous cette réserve, les licenciements qui feraient suite à la location-gérance
seront à la charge du propriétaire du fonds, sauf si le fonds est devenu
inexploitable (auquel cas c’est le gérant qui les supportera).
En l’absence de stipulations contractuelles contraires, le propriétaire du
fonds n’est pas tenu de reprendre le stock laissé par le locataire-gérant48.
Le locataire-gérant répond des déperditions de valeur (pertes et
dégradations) subies par le fonds du fait de ses fautes49. Dans le cas contraire
d’augmentation de valeur, il ne peut, en principe, exiger du bailleur aucune
indemnité compensatrice pour la plus-value procurée au fonds par son activité.
Notons toutefois que dans l’hypothèse où le locataire-gérant a créé, avec
l’accord du bailleur, une branche d’activité nouvelle constitutive elle-même d’un
fonds de commerce, il en garde la propriété.
Les dettes contractées par le locataire-gérant pour l’exploitation du fonds
de commerce deviennent immédiatement et de plein droit exigibles (l’on craint que
la fin de la gérance ne diminue sa solvabilité).
Il n’existe pas une obligation de non-concurrence de plein droit à la charge
de l’ancien locataire-gérant. Seule une clause valable du contrat pourrait alors
limiter sa liberté de rétablissement.
Pour terminer, notons que la fin de la location-gérance donne lieu aux mêmes
mesures de publicité que celles exigées lors de sa conclusion, à savoir la publication
d’un avis dans un JAL dans un délai de quinze jours suivant le terme du contrat. A
cela s’ajoute le fait que si le locataire-gérant ne poursuit aucune activité
commerciale, alors qu’il ne tirait sa qualité de commerçant que de sa seule qualité
de locataire-gérant, il doit solliciter sa radiation du RCS.
48
En effet, aucune disposition légale n’impose le rachat des marchandises (Com., 23 mars 1999,
JCP E 1999, p. 1782, note LEVENEUR ; D. Aff. 1999. 703).
49
La faute doit être prouvée par le bailleur (Civ. 3e, 13 oct. 1999, CCC 2000, n° 21, obs. LEVENEUR).
39
M. Thioye – Droit des affaires
conservant la possession et le droit de vendre, moyennant une inscription prise au
greffe du tribunal de commerce.
Le nantissement est normalement conventionnel, mais la loi a aussi instauré
un nantissement judiciaire.
§ 1- Le nantissement conventionnel
Le créancier nanti bénéficie des mêmes droits que le vendeur inscrit : droit
de préférence (celui du créancier nanti est toutefois primé par celui du vendeur
inscrit), droit de suite et garanties complémentaires (Voir supra).
40
M. Thioye – Droit des affaires
A- Les conditions
Créé par la loi du 12 novembre 1955, et régi aujourd’hui par la loi du 9 juillet
1991, le nantissement judiciaire du fonds de commerce est une mesure
conservatoire qui permet à un créancier de se protéger contre les risques
d’insolvabilité de son débiteur commerçant. Le principe en est simple : toute
personne dont la créance paraît fondée en son principe peut solliciter du juge
l’autorisation de pratiquer un nantissement sur le fonds de commerce du débiteur,
sans commandement préalable, si elle justifie de circonstances susceptibles d’en
menacer le recouvrement.
41
M. Thioye – Droit des affaires
valeurs moyennant l’attribution à l’apporteur de droits sociaux (parts sociales ou
actions). On parle d’apport en nature lorsque l’opération porte sur des biens
mobiliers ou immobiliers, corporels ou incorporels (l’apport pouvant se faire en
propriété, en usufruit, en nue-propriété ou en jouissance). Tel est le cas de l’apport
en société d’un fonds de commerce.
L’apport en société de fonds de commerce constitue, comme la vente, une
aliénation à titre onéreux du fonds considéré. Il y a toutefois une différence
notable entre les deux opérations, différence portant sur le mode de
rémunération : la vente suppose le paiement d’un prix au vendeur, tandis que
l’apport est rémunéré par l’attribution de parts sociales ou d’actions à l’apporteur
(cette différence en entraîne une autre : à la différence de la vente, l’apport en
société présente un caractère assez aléatoire, car l’apporteur devenu associé
devra, au titre de sa participation aux résultats de la société, contribuer aux
éventuelles pertes de la société).
Parce que l’opération d’apport fait courir des risques aux créanciers de
l’apporteur, la loi la soumet à des conditions particulières de validité.
D’abord, l’apport du fonds (à une société en formation ou déjà existante) doit être
constaté par acte écrit (acte authentique ou SSP).
Ensuite, cet acte doit, à peine de nullité, contenir les mêmes mentions
obligatoires que l’acte de vente de fonds de commerce (même régime, V. supra),
cela pour protéger les autres associés.
Notons, enfin, que sous réserve de quelques particularités, l’opération est
également soumise aux mêmes mesures (et délais) de publicité que la vente
(support habilité à recevoir des annonces légales ou BODACC).
42
M. Thioye – Droit des affaires
§ 1- Présentation générale
Disons très brièvement que le crédit-bail doit faire l’objet d’une inscription
sur un registre spécial tenu au greffe du tribunal de commerce et être publié sur
un support habilité à recevoir des annonces légales.
Pendant la phase de location, les règles de fond sont, pour l’essentiel, celles
de la location-gérance (voir supra).
Il existe toutefois une différence fondamentale tenant à ce que les loyers
contractuellement fixés ne peuvent pas, lorsqu’ils sont assortis d’une clause
d’échelle mobile, faire l’objet d’une révision judiciaire (même si, par l’effet de
cette clause, il se produisait une baisse ou une augmentation du loyer initial de plus
43
M. Thioye – Droit des affaires
du quart). Comme autre différence, notons aussi si le crédit-preneur lève l’option
d’achat, les dettes nées de l’exploitation pendant la période de location ne
deviennent pas immédiatement exigibles (la règle de l’exigibilité immédiate des
dettes nées de l’exploitation au cas de cessation de la location-gérance
s’expliquant par la diminution de la solvabilité du locataire-gérant, elle n’a plus de
raison d’être lorsque le crédit-preneur se porte acquéreur du fonds de commerce).
L’application du régime de la location-gérance pendant la période de location
suscite certaines incohérences. A ce propos, l’on fait remarquer que pendant toute
la phase de location, les risques de l’exploitation pèsent sur le crédit-bailleur qui
est, juridiquement, propriétaire du fonds : il en résulte qu’il ne pourra pas se payer
sur le fonds en cas de non-paiement des loyers (alors qu’un créancier nanti le
pourrait) ; il en résulte aussi, de manière générale, qu’il est un peu à la merci du
crédit-preneur si l’exploitation se passe mal car, dans cette hypothèse, ce dernier
ne lèvera évidemment pas l’option (le risque étant alors pour le crédit-bailleur de
se retrouver avec un fonds de très faible valeur, avec du personnel à licencier).
44
M. Thioye – Droit des affaires
Chapitre III- La propriété industrielle (observations sommaires)
50
CJUE, 10 mars 2010, aff. 51/10, BRDA 6/11, comm. 14 : rappelant qu’un signe exclusivement
composé de chiffres peut être enregistré à titre de marque.
51
CJCE, 12 déc. 2002, aff. 273/00 P, BRDA 01/03, p. 13, n° 24.
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Section 2- Les brevets d’invention et les certificats d’utilité
L’intérêt de la société est que les découvertes soient divulguées. Mais il faut
aussi encourager les chercheurs en leur reconnaissant des avantages, en
l’occurrence un monopole temporaire d’exploitation sur leurs découvertes. Les
brevets d’invention et les certificats d’utilité protègent ainsi les créations
industrielles à caractère utilitaire. Tous deux concernent le même objet, à savoir
les inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptibles
d’application industrielle (art. L. 611-10 CPI). La différence tient à la procédure
de délivrance du titre, plus souple concernant le certificat d’utilité, et à la durée
de protection, six ans pour le certificat et vingt pour le brevet.
La réglementation résulte d’une loi du 2 janvier 1968, plusieurs fois
réformée, et aujourd’hui intégrée dans le CPI (institué par une loi du 1er juillet
1992) : articles L. 611-1 et suivants.
Les dessins sont des assemblages de lignes et/ou de couleurs sur une
surface plane. Quant aux modèles, ce sont des formes plastiques en relief. Ils se
situent entre la propriété industrielle et la propriété littéraire et artistique (par
application de la règle dite de « l’unité de l’art »), et bénéficient ainsi d’une
protection à chacun de ces titres. En revanche, c’est uniquement dans le cadre de
la législation sur les brevets d’invention que peuvent être protégées les formes qui
sont inséparables d’une invention brevetable.
Le régime particulier des dessins et modèles industriels figure aux articles
511-1 et suivants de CPI.
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(ou son enseigne) ou sa marque, la protection juridique du nom de domaine se fera
à travers celle des signes traditionnels que sont la marque, le nom social, la
dénomination sociale, l’enseigne…52 En revanche, une difficulté surgit dans le cas
contraire.
Dans le silence des textes53, une certaine jurisprudence considère que le
nom de domaine peut justifier en soi, compte tenu de sa valeur commerciale pour
l’entreprise, une protection contre les atteintes dont il ferait l’objet. Cette
protection, qui repose sur l’idée d’un certain droit privatif du titulaire, est
naturellement subordonnée à certaines conditions : le nom ne doit pas porter
atteinte à un droit légitimement acquis sur la dénomination qu’il adopte (marque,
nom commercial, dénomination sociale) ; l’entreprise qui en poursuit la protection
doit rapporter la preuve de la priorité de son usage sur le réseau de l’Internet54.
La cour d’appel de Paris a inscrit la réservation des noms de domaine dans
le giron du droit de propriété tout en subordonnant la protection (par la
responsabilité civile) à la démonstration de l’existence d’un risque de confusion,
dans l’esprit du public, consécutif à l’utilisation de la même dénomination sous la
forme d’un signe distinctif55.
Par un arrêt du 18 septembre 2007, la Cour EDH a jugé que le droit exclusif
d’utiliser et de céder librement les noms de domaine a une valeur économique et
constitue donc un bien au sens de l’article 1er du Premier Protocole additionnel à la
Convention EDH56.
52
V. TGI Paris, 8 avril 2005, cité par J. Mestre et alii, 28e éd., n° 685-26.
53
L’attribution et la gestion des noms de domaine de l'internet est aujourd’hui réglementée par
articles R. 20-44-34 et suiv. du Code des postes et des communications électroniques (textes
insérés par le décret n° 2007-162 du 6 février 2007 relatif à l'attribution et à la gestion des noms
de domaine de l'internet et modifiant le code des postes et des communications électroniques). V.
Cons. Const., 6 oct. 2010, déc. n° 2010-45 QPC, BRDA 19/10, n° 15 : le Conseil a dléclé contraire à
la Constitution l’article L. 45 du Code des Postes et des communications électroniques.
54
Voir arrêts cités par Mestre et Pancrazi, op. cit., n° 635-1 ou par Th. Revet, obs. RTD civ. 2008,
p. 504.
55
Paris, 18 oct. 2000, D. 2000, 1379, note G. Loiseau; CCE juin 2001, n° 60, obs. Ch. Caron ; Paris,
14e ch. A, 25 mai 2005, D. 2005, 1846, obs. C. Manara.
56
CEDH, 18 septembre 2007, Paeffgen gmbh c/ Allemagne, n° 25379/04, 21688/05, 21722/05 et
21770/05, JCP G 2008, I, 158, n° 1, obs. Ch. Caron ; RTD civ. 2008, p. 503, obs. Th. Revet.
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