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Estem- Casablanca le Fonds de Commerce

Droit commercial

LE FONDS DE COMMERCE

L’exercice d’une activité commerciale nécessite la mise en œuvre de moyens humains et matériels
dans le cadre d’une entreprise.
Avec le développement du commerce, la personne du commerçant qui était le pivot de l’activité
commerciale a commencé à perdre du terrain au profit de l’entreprise et des éléments qui la
composent. Dans ces conditions, l’entreprise en tant qu’entité indépendante du commerçant va
acquérir une valeur économique qui va lui permettre de faire l’objet de transactions, c’est cette entité
distincte qu’on appelle fonds de commerce.

I- Définition du fonds de commerce (FC)  :


Le code de commerce de 1996 dans son article 79 définit le F.C de la façon suivante : « Le FC est un
bien meuble incorporel constitué par  l’ensemble des biens mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de
plusieurs activités commerciales ». et droits qui servent à un commerçant ou à un industriel pour
l’exercice de sa profession.

II- Eléments du FC  :


Les éléments les plus fréquemment réunis dans un fonds de commerce peuvent être regroupés selon
leur caractère corporel ou incorporel.

A- Les éléments corporels :


Les éléments corporels se répartissent en deux catégories principales :

1- Le matériel :
Il comprend l’ensemble de l’outillage du fond, le mobilier, les machines, voitures, chevaux…etc.
servant à l’exploitation du commerce.

2- Les marchandises :
Elles constituent la matière même sur laquelle porte le commerce considéré ; elles font partie du FC.

B- Les éléments incorporels :


Ce sont les éléments incorporels qui confèrent au FC l’essentiel de sa valeur. On distingue :

1- La clientèle et l’achalandage :
La clientèle est constituée l’ensemble des personnes qui utilisent habituellement le service d’un
commerçant.
L’achalandage est une clientèle occasionnelle ou de passage. Elle est, en fait, liée à la position
géographique du F.C. Exemple : une pharmacie placée à côté d’une clinique ou un hôpital a la chance
d’attirer plus d’achalandage (patients se rendant aux centres hospitaliers).
En vérité, la clientèle, offerte au libre jeu de la concurrence et on susceptible d’appropriation, ne
peut être considéré comme un bien ni, par conséquent comme une composante du fonds de commerce.
Elle n’en constitue pas moins un critère d’existence et de transmission de fonds et, sous forme de
potentiel de chiffre d’affaire, une valeur accrochée aux signes de reconnaissance et d’attraction du
fonds. C’est ce dont on rend compte en l’érigeant juridiquement, par simple simplification
conceptuelle, en élément du fonds de commerce.

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2- Le nom commercial :

Le nom commercial est le nom sous lequel un commerçant, personne physique ou société
commerciale, exploite son commerce.
Lorsque le commerçant est une personne physique, le nom commercial peut être soit un nom
patronymique (nom de famille), soit un pseudonymeou même une appellation de fantaisie.
Lorsqu’il s’agit d’une société commerciale, la loi n’autorise que l’utilisation d’une dénomination
commerciale, c’est-à-dire un nom commercial issu de l’objet de l’activité. Exemple : Banque
Marocaine de commerce Extérieur (BMCE), Omnium Nord Africain (ONA), avec la possibilité pour
les sociétés de personnes et les SARL d’ajouter à la dénomination commerciale le nom d’un ou de
plusieurs associés.

3- L’enseigne commerciale :
L’enseigne est une inscription, une forme ou une image, apposée sur un immeuble et se rapportant à
l’activité qui s’y exerce. C’est un signe extérieur qui permet de distinguer et d’individualiser
l’entreprise commerciale.
L’enseigne peut se présenter sous la forme d’un emblème (symbole, logo). Ex. la silhouette d’un
animal, une figure géométrique, une dénomination de fantaisie et parfois même le nom commercial
(lion pour les voitures Peugeot, losange pour Renault, cheval brun pour la Banque Poulaire…)

Le nom commercial et l’enseigne constituent, en quelque sorte, le signe de ralliement de la clientèle


et représentent par conséquent un élément important du fonds.

4- Le droit au bail :
Le fonds exige des locaux pour son exploitation et le commerçant les détient souvent en qualité de
locataire. Or, la prospérité du fonds peut dépendre, dans une large mesure, de la situation qu’il occupe.
En revanche, la propriété d’un immeuble ne peut faire partie du FC en raison du caractère mobilier de
celui-ci ; si le commerçant est propriétaire de l’immeuble dans lequel il exploite son fonds, c’est
seulement la jouissance de cet immeuble qui dépend du fonds.
Ainsi s’explique l’intervention des pouvoirs publics en faveur des commerçants en instituant un
droit au renouvellement du bail dont ils sont titulaires. Concrètement la situation est la suivante : au
terme de son bail, le preneur commerçant ou artisan peut en solliciter la reconduction, auquel cas, le
bailleur n’a que le choix de renouveler le bail ou, s’il s’y refuse, d’indemniser le locataire de tout
préjudice lui est causé par l’éviction. L’avantage ainsi conféré au commerçant locataire est si fort que
la pratique le désigne par une dénomination suggestive : celle de « propriété commerciale ».

5- Les droits de propriété industrielle :


Ces droits sont de création de l’intelligence et confèrent à leur titulaire un monopole. Ils sont
réglementés au Maroc par le Dahir du 23 juin 1916. Les principaux droits de propriété industrielle et
commerciale sont, en plus du nom commercial et de l’enseigne, les brevets d’invention, les marques
de fabrique, les dessins et modèles.

a- Le brevet d’invention  :
C’est un certificat délivré par l’OMPIC (Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale) à l’auteur d’une invention susceptible de recevoir une application industrielle.

b- Les marques  :

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Ce sont des signes distinctifs qui permettent à la clientèle d’identifier et d’individualiser les produits
fabriqués par un industriel (marques de fabrique), les produits diffusés par un commerçant, grossiste
ou détaillant (marques de commerce), les prestations de services fournies un opérateur Télécom, un
hôtelier… (marques de service).

c- Les dessins et modèles  :


Ils sont protégés par la loi pendant une durée de 50 ans à condition d’être déposés à l’OMPIC. C’est
le cas, par exemple, pour les dessins imprimés sur tissus, modèles de mobilier, carrosserie de voiture,
conditionnement de produit,…etc.

6- La propriété artistique et littéraire :


On assimile à la propriété industrielle, la propriété artistique et littéraire régie par le dahir du 29
juillet 1970. Cette propriété confère aux auteurs le droit d’exploiter commercialement leurs œuvres
littéraires et artistiques. Ce droit s’appelle le droit d’auteur.

Les droits de propriété industrielle ainsi que les droits de propriété littéraire et artistique peuvent
faire partie du FC et par conséquent de possibilité de cession. Ainsi, dans le cas de la vente d’un FC
d’une maison d’édition, les contrats passés avec les auteurs pour la publication de leurs œuvres font
partie de la cession.

III- Protection des éléments du FC  :


A- Protection du nom commercial :
Une fois inscrit au registre de commerce et publié dans les journaux d’annonces légales, le nom
commercial jouit d’une protection particulière. Ainsi il ne peut être utilisé par aucun autre commerçant
même s’il porte un nom patronymique identique, celui-ci doit obligatoirement ajouter à ce nom une
identification qui doit le distinguer du nom commercial déjà existant.
L’utilisation par un commerçant d’un nom déjà existant ou d’un nom proche, peut donner lieu à des
dommages- intérêts par le moyen d’une action en responsabilité particulière appelée action en
concurrence déloyale surtout lorsque le nom a une notoriété nationale ou internationale. Par ailleurs,
l’utilisation frauduleuse du nom commercial est sanctionné pénalement par un emprisonnement de 3
mois à 3 ans.
Ensuite, contrairement au nom patronyme qui est hors du commerce, le nom commercial peut être
cédé avec le fonds. C’est un moyen important pour attirer et retenir la clientèle. Toutefois, en cas de
cession ou de succession d’un FC, l’acquéreur du nom commercial devrait le faire précéder ou suivre
d’une mention précisant ce fait. Ex. : successeur de …., Anciens établissements de … , Héritiers de
….
Le code de commerce de 1996 a concrétisé la pratique déjà existante du certificat négatif. Tout
commerçant doit obtenir un certificat négatif de l’administration pour l’inscription du nom commercial
au registre de commerce. Moyen préventif qui permet d’éviter l’utilisation des noms déjà inscrits.
Le certificat négatif est valable pendant une année. Passé ce délai et faute d’une inscription au
registre de commerce, le commerçant est obligé de demander le renouvellement, sinon, la radiation est
de droit.
D’autre part, l’inutilisation du nom commercial pendant une durée de trois ans fait perdre le
privilège attaché à cette inscription et tout intéressé peut demander la radiation.

B- Protection de l’enseigne commerciale :


La protection de l’enseigne est beaucoup moins stricte que celle du nom commercial. Il n’ y a
concurrence déloyale que dans le cas où il y a utilisation d’une enseigne identique ou semblable, pour
détourner la clientèle.
C- Le droit au bail :

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Le droit au renouvellement du bail ne peut être invoqué par les locataires, leurs concessionnaires ou
ayants droits, qui ne justifient pas d’une durée minimale de jouissance dans les locaux où ils exploitent
leur commerce.
Cette durée est différente selon qu’il s’agit d’un bail écrit (deux années) ou d’un bail oral (quatre
ans).
Contrairement au droit commun, le bail commercial ne cesse pas automatiquement à l’expiration du
terme établi par les parties, mais il faut obligatoirement un avis de congé donné au moins six mois
avant l’expiration du bail.
Normalement, c’est le locataire qui doit demander le renouvellement de son contrat de bail, six mois
avant l’expiration du contrat et à tout moment au cours de sa continuation. Dans la pratique, cette
prérogative n’est guère usitée. Le locataire ne se manifeste que rarement donnant l’initiative au
bailleur. Le silence de ce dernier vaut tacite reconduction et le bail aura ainsi la même durée que celle
prévue par le contrat expiré.
La demande doit être adressée au bailleur en personne. Adressé à son gérant, elle est aussi valable ;
et s’il y a plusieurs propriétaires, la demande envoyée à l’un d’eux, vaut à l’égard de tous.
Quand la demande de renouvellement ne comporte pas de changements aux conditions et clauses du
précédent bail ; le silence du bailleur vaut tacite reconduction et le contrat est renouvelé pour la même
durée que le précédent.
Il se peut aussi que recevant la demande, le bailleur désire des changements dans certaines clauses
du contrat. Dans ce cas, il doit, dans un délai de trois mois, adresser au locataire une lettre
recommandée avec accusé de réception précisant les nouvelles conditions.
Enfin, le propriétaire peut aussi refuser le renouvellement du bail. Dans tel cas, la loi ‘oblige au
versement d’une indemnité d’éviction, au locataire, égale au préjudice subi.
Le bailleur peut refuser le renouvellement du bail, s’il motive son refus par la reprise des lieux pour
y habiter personnellement, pour habiter son conjoint, ses descendants et ses descendants ainsi que ceux
de son conjoint.
Toutefois, la loi prévoit deux possibilités où le bailleur se trouve libéré du paiement de l’indemnité :
 Faute grave du locataire : Ex. non paiement ou paiement irrégulier des loyers, abus de
jouissance, attitude injurieuse vis-à-vis du bailleur,…
 Etat d’insalubrité ou état dangereux de l’immeuble

D- Protection de la propriété industrielle et commerciale, de la


propriété artistique et littéraire :

La protection de ces éléments est assurée par leur inscription à L’OMPIC


Les marques garantissent au consommateur l’origine ou la qualité du produit ou du service. Une fois
déposées à l’OMPIC, elles jouissent d’une protection pour une durée de 20 ans indéfiniment
renouvelable.
Le brevet d’invention confère le monopole d’exploitation de cette invention pendant une durée de 20
ans renouvelable à volonté.
La protection dont jouissent les auteurs s’étend à toute leur vie et se perpétue au profit de leurs
ayants droits, 50 ans après la mort de l’auteur.

IV- Opérations juridiques portant sur le fonds de commerce  :


Faisant partie intégrante du patrimoine du commerçant, le FC confère un son propriétaire un certain
nombre de prérogatives Ainsi, il peut céder son FC par la vente de celui-ci ; étant un bien, il peut faire
un apport en société ; il peut le louer par e moyen de la location- gérance. Enfin, en cas de besoin de
crédit, il peut l’utiliser comme garantie dans le cadre d’un nantissement.

A- La location gérance du FC :

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La gérance libre désigne la concession à bail d’un FC à un preneur dit « gérant » ou « locataire
gérant » qui l’exploite à ses risques et périls. Elle s’oppose à la gérance salariée qui est un véritable
contrat de travail entre le propriétaire du fonds et celui qui l’emploi pour l’exploiter. Dans la gérance
salariée, le propriétaire du fonds fait participer le cas échéant le gérant, simple préposé, aux bénéfices,
tandis que le gérant libre s’acquitte seulement d’une redevance, souvent indexée sur le chiffre d’affaire
ou le bénéfice.
Le contrat de gérance, publié, dans la quinzaine de sa date au bulletin officiel et dans un journal
d’annonces légale, fait du gérant un commerçant soumis à toutes les obligations qui découlent de cette
qualité. Jusqu’à la publication du contrat et pour la période de 6 mois subséquents, le bailleur du fonds
- qui se sera fait radier du registre de commerce ou aura sollicité une inscription modificative – est
solidairement responsable avec le gérant des dettes contractées par celui- ci à l’occasion de
l’exploitation du FC.
Si la concession du fonds en gérance est de nature à porter préjudice aux créanciers du bailleur, le
tribunal du ressort peut déclarer exigibles les créances antérieures nées de l’exploitation dudit fonds.
Inversement, la cessation de la gérance rend immédiatement exigibles les dettes d’exploitation nées du
gérant libre au cours de sa gérance.

B- La vente du fonds de commerce :


Le FC peut, en principe être vendu librement. Le législateur a cependant jugé utile d’intervenir en
raison des caractères particuliers que présente, en pratique, la vente du FC. D’une part, ce bien
représente un actif important et il est rare que l’acquéreur en puisse acquitter le prix au comptant ; il
convenait donc de sauvegarder les droits du vendeur. D’autre part, en raison de son importance, le
fonds constitue le principal gage des créanciers du commerçant ; il fallait éviter q’un débiteur de
mauvaise fois ne vende son fonds, n’encaisse le prix et ne disparaisse en ne laissant rien à ses
créanciers. Enfin, il arrive parfois que le vendeur cherche à tromper l’acheteur sur la valeur réelle du
fonds.
Ces dispositions protectrices exigent l’accomplissement de certaines formalités.

2- Conditions de la vente d’un FC :


Il s’agit des conditions de fond, de forme et de publicité. Les conditions de fond sont celles de
validité de tout contrat à savoir : la capacité juridique des contractants, leur consentement exempt de
tout vice, l’objet et cause licites.
a- Conditions de forme  :
La vente du FC doit être constatée par un acte écrit en la forme authentique ou sous seing privé.
L’acte doit mentionner :
le nom du vendeur, la date et la nature de son acte d’acquisition ;
L’état des privilèges et nantissements pris sur le fonds ;
 S’il y a lieu, le bail, sa durée, sa date, le montant du loyer, le nom et l’adresse du bailleur ;
Ces mentions étant obligatoires, le défaut ou l’inexactitude est sanctionné.

b- Conditions de publicité  :
Afin de protéger les tiers, la loi a organisé une publicité qui leur permet d’être au courant de la vente
du fonds et faire valoir leurs droits.
Une copie de l’acte de vente doit être déposée dans la quinzaine de sa date au secrétariat greffe du
tribunal de première instance dans le ressort duquel est exploité le FC. Un extrait de cet acte doit être
inscrit au registre de commerce. Cet extrait est ensuite publié, par les soins du secrétaire greffier dans
un journal d’annonces légales et au bulletin officiel. Cette publication doit être renouvelée par
l’acquéreur lui- même entre le 8ème et le 15 ème jour après la première insertion.
L’extrait inscrit au registre de commerce et publié, doit contenir les noms, prénoms et domiciles du
vendeur et acheteur, la nature et le siège du fons, Le prix stipulé, l’indication et le siège des

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succursales comprises dans la vente, l’indication du délai fixé pour les oppositions des créanciers (15
jours après la 2ème publication).

3- Protection de l’acquéreur :
a- Obligation de délivrance  :
Le vendeur doit transférer la propriété du fonds à l’acquéreur. Ainsi, pour le matériel, l’outillage et
les marchandises, il faut la mise en possession de l’acheteur. Pour le droit au bail, il faut que la cession
soit notifiée au bailleur. Pour les droits de propriété industrielle, il faut opérer une inscription à
l’OMPIC pour faire constater la cession.

b- Obligation de garantie  :
L’obligation de garantie du vendeur prend la forme d’une obligation de non concurrence ce qui se
traduit généralement par l’insertion dans le contrat de vente d’une clause de non rétablissement. Il
s’agit d’interdire au vendeur soit personnellement, soit sous couvert d’un prête-nom d’une société de
détourner à son profit la clientèle qu’il a cédée en exerçant une activité similaire ou concurrente. Cette
clause de non rétablissement ne peut produire d’effets que pendant une période bien déterminée et
pour un périmètre géographique délimité.

4- Mesures prises en faveur du vendeur :


Le paiement du prix de vente peut se faire au comptant ou à crédit. Dans ce dernier cas, les parties
ont recours à l’utilisation des effets de commerce.
Pour faciliter les ventes à crédit et garantir le paiement du prix, le dahir de 1996 a conféré au
vendeur à crédit deux garanties : d’une part, le privilège spécial qui lui permet d’obtenir le paiement
du prix, et d’autre part, une action résolutoire qui lui permet l’annulation de la vente.

a- Le privilège du vendeur  :
Ce privilège est généralement mentionné dans l’acte de vente, il doit être inscrit au registre de
commerce dans un délai de 15 jours de sa date. Le privilège dûment inscrit confère à son titulaire un
droit de préférence et un droit de suite.
 Le droit de préférence permet au vendeur impayé, de saisir le FC, de le faire vendre aux
enchères publiques et de se faire payer par préférence sur le prix de vente.
 Le droit de suite permet de saisir le FC entre les mains de toute personne, lorsque le fonds ne se
trouve plus dans le patrimoine de l’acquéreur par la suite d’une vente ou d’une aliénation à titre
gratuit.
b- L’action résolutoire  :
Le vendeur impayé peut réclamer la résolution de la vente, c’est-à-dire l’anéantissement avec effet
rétroactif du contrat de vente. Cette action résolutoire permet au vendeur de reprendre son FC. Pour
être valable, cette action suppose réunir trois conditions :
 Elle doit être mentionnée expressément dans l’inscription du privilège ;
 Le vendeur qui exerce l’action résolutoire doit notifier son intention aux créanciers inscrits au registre de
commerce. Le jugement prononçant la résolution ne doit intervenir qu’un mois après cette notification ;
 La résolution est limitée aux seuls éléments sur lesquels porte le privilège. Autrement dit, si le prix stipulé
est un prix global pour le tout, la résolution de la vente ne touchera pas les marchandises et le matériel.
En cas de résolution, le vendeur va reprendre son FC et en fonction de la fraction du prix qui a été déjà payée
par l’acquéreur, un compte sera établi pour évaluer les sommes que le vendeur doit restituer à l’acquéreur.

5- Mesures prises en faveur des créanciers du vendeur :


Dans les 15jours qui suivent la 2ème insertion de l’acte de vente au journal d’annonces légales, tout créancier du
vendeur, même si la créance n’est pas échue, peut faire opposition, par lettre recommandée à la remise du prix au
vendeur. En effet, le prix est toujours déposé auprès d’une instance dûment habilitée à recevoir les dépôts.

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En outre, si un créancier estime le prix insuffisant, il peut demander la vente aux enchères en se portant
premier adjudicataire pour un prix supérieur du sixième à celui figurant dans l’acte.
En cas d’apport du fonds de commerce à une société, les mêmes formalités de publicité sont prévues et les
créanciers de l’apporteur se font connaître dans un délai de 15 jours par déclaration au greffe du tribunal : faute
par l’un ou plusieurs des associés de former, dans les trente jours de la seconde insertion, une demande en
annulation de l’apport ou de la société, celle-ci est tenue solidairement avec l’apporteur du passif ainsi déclaré et
justifié.

C- Le nantissement du FC :
1- Notion de nantissement :

Le fonds de commerce peut faire l'objet de nantissement. Le nantissement est un contrat par
lequel le fonds est affecté au paiement d’une dette. Il a pour but de permettre au commerçant
d’obtenir des crédits par une mise en gage du fonds à titre de sûreté pour garantir le
remboursement du prêt qui lui sera consenti. Toutefois, les fonds de commerce est un meuble,
or en matière mobilière, le gage ne se conçoit pas sans dépossession du bien gagé qui est
remis au créancier.

L’application des règles civiles du gage au FC ne va pas sans inconvénient puisqu’elle


aboutit à la privation du commerçant de la l’exploitation de son FC. Ainsi le code de
commerce prévoit que « le nantissement du FC ne donne pas au créancier gagiste le droit de
se faire attribuer le fonds en paiement et jusqu'à due concurrence ».

2- Conditions de nantissement :

La constitution du nantissement obéit à des conditions de fond, de forme et de publicité.

a- Conditions de fonds  :

Le nantissement ne peut porter sur tous les éléments du FC ; il porte sur tous les éléments
corporels à l’exception des marchandises et sur tous les éléments incorporels à l’exclusion des
créances. Ceci s’explique pour les créances par leur incertitude et pour les marchandises par
leur instabilité d’une part et d’autre part, le législateur a voulu laisser au moins une valeur
libre aux créanciers chirographaires.

A défaut de désignation expresse et précise dans l'acte qui le constitue, le nantissement ne


comprend que le nom commercial, I' enseigne, le droit au bail, la clientèle et l'achalandage.
Si le nantissement porte sur un fonds de commerce et ses succursales, celles-ci doivent être
désignées par l’indication précise de leur siège.

Normalement, le nantissement est conventionnel. Mais, la loi a prévu, en outre, un


nantissement judiciaire. Le créancier d’un commerçant peut ainsi demander en justice, par
voie de requête, un nantissement conservatoire « en cas d’urgence et si le recouvrement de la
créance semble en péril ». L’opportunité de la mesure est appréciée par le juge.

b- Conditions de forme  :

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Le nantissement est constaté par un acte écrit sous la forme notariée ou sous seing privé
avec les mêmes mentions exigées par la vente du FC.

L'extrait contient la date de l'acte, les nom, prénom et domicile du propriétaire du fonds et
du créancier, l'indication des succursales et du siège des succursales qui peuvent être
comprises dans le nantissement.

Cette inscription n'est pas soumise à la publication dans les journaux.

c- Conditions de publicité  :

L’acte de nantissement doit être déposé au secrétariat greffe du tribunal de première


instance dans le ressort duquel se trouve le fonds dans les 15 jours de sa date à peine de nullité
du nantissement. L’inscription conserve le nantissement pendant une durée de 5 ans. A
l’expiration de cette durée, l’inscription est périmée et à défaut de renouvellement de
l’inscription, le nantissement cesse de produire effet.

3- Effets du nantissement :

Le nantissement confère à son titulaire les garanties classiques de l’hypothèque, à savoir le


droit de préférence et le droit de suite :

a- le droit de préférence  :

Le créancier impayé qui veut poursuivre la réalisation du nantissement, doit dresser au


propriétaire du fonds une sommation de payer pour mettre en demeure le débiteur d’acquitter
sa dette. Cette sommation peut être faite soit par acte extrajudiciaire, c’est-à-dire par
l’intermédiaire du greffe du tribunal, soit par simple lettre recommandée.

La vente aux enchères publiques ne peut être demandée en justice que 8 jours après la
sommation. Lorsque le fonds est vendu aux enchères ou à l’amiable, le créancier nanti a une
place privilégiée pour recouvrer sa créance, il passe avant les créanciers chirographaires du
propriétaire du fonds. S’il y a plusieurs nantissements sur un même fonds, est préféré celui qui
a une inscription antérieure en date. Si le créancier nanti se trouve en concours avec des
créanciers privilégiés, on fait application des règles de droit commun, c’est-à-dire qu’on
commence par régler la fraction insaisissable des salaires, ensuite les frais de justice, en
troisième lieu, la créance sur le trésor, et en quatrième lieu les loyers dus au propriétaire du
local, le créancier nanti viendrait donc en cinquième position avant les salaires pour la
fraction saisissable et avant la CNSS.

b- le droit de suite  :

Ce droit permet au créancier nanti de suivre le fonds de commerce en quelque main qu’il se
trouve pour le saisir et le faire vendre aux enchères publiques. Pour assurer la mise en œuvre
de ce droit, la loi a prévu un certain nombre de prescriptions dont le but est concilier les
intérêts du créancier nanti et les intérêts du créancier du fonds.

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La loi oblige tout d’abord l’acquéreur à offrir en priorité le prix de vente aux créanciers
nantis et de ne verser que le reliquat au propriétaire du fonds. S’il ne le fait pas, il s’expose
aux poursuites des créanciers et risque ainsi de perdre le fonds qu’il a acquis.
En deuxième lieu, pour empêcher les ventes factices et les dissimulations de prix, il est
permis à tout créancier nanti de faire une surenchère de 1/10, c'est-à-dire qu’il a la possibilité
de requérir la mise aux enchères publiques du fonds en offrant de payer le prix des éléments
incorporels augmenté de 1/10.
En troisième lieu, il faut avoir présent à l’esprit que le nantissement est un gage sans
dépossession, le commerçant qui conserve l’exploitation de son fonds pourrait être ainsi
amené à faire des actes ayant pour conséquence de diminuer la valeur du fonds et partant de
diminuer la garantie des créanciers lorsque le commerçant déplace son fonds d’un endroit à
un autre ou vend séparément un ou plusieurs éléments du fonds ou qu’il résilie son bail.

c- Cas de déplacement du fonds :

Malgré l’existence d’un nantissement sur le fonds, le commerçant garde l’entière liberté de
choisir un autre endroit pour continuer l’exploitation de son fonds. Dans ce cas, le propriétaire
du fonds a l’obligation de faire connaître aux créanciers dans les 15 jours avant le
déplacement son intention et de leur indiquer le nouveau siège qu’il entend lui donner. Si
cette notification est faite régulièrement, les créanciers nantis disposent d’un délai de 15 jours
pour modifier leur inscription originaire ou pour prendre une inscription nouvelle au
secrétariat du tribunal dans le ressort duquel le siège a été transféré. A défaut de cette
inscription, les créanciers risquent de perdre leur privilège.

Si le propriétaire du fonds ne fait pas connaître aux créanciers inscrits ses intentions, les
créances inscrites deviennent immédiatement exigibles, et en conséquence de cette déchéance
du terme, les créanciers peuvent faire vendre le F.C. Aussi, si le fonds a été déplacé sans le
consentement des créanciers et s’il résulte de ce déplacement une dépréciation du fonds, les
créanciers nantis peuvent demander au tribunal de déclarer que leurs créances sont devenues
exigibles.

d- Cas de vente séparée d’un ou plusieurs éléments du fonds  :

Si le propriétaire vend un ou plusieurs éléments de ce fonds, il sera coupable de délit de


détournement d’objet gagé (qui est un délit pénal puni d’emprisonnement et d’amende). Si
cette vente est poursuivie par un créancier du commerçant, les créanciers nantis sont autorisés
à demander au tribunal la vente globale du fonds.

e- Cas de résiliation du bail  :

Dans ce cas, les créanciers nantis risquent de perdre leur droit surtout lorsque la situation
du fonds est un élément important de sa valeur, c’est pourquoi le code de commerce oblige le
propriétaire du local dans lequel est exploité le fonds selon que c’est l’un ou l’autre qui
demande la résiliation. Cette notification a pour conséquence de permettre aux créanciers
pendant le délai du mois d’éviter la résiliation en offrant, par exemple, de payer les loyers à la

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place du commerçant locataire si le non paiement du loyer est la cause de la demande de


résiliation.

4- Le nantissement de l’outillage et du matériel


d’équipement :

Cette sûreté mobilière sans dépossession a été instituée pour faciliter la modernisation du
matériel d’équipement professionnel par l’achat à crédit. Ce nantissement est prévu au profit
des vendeurs à crédit ou des prêteurs qui avancent les fonds nécessaires à l’achat de
l’outillage et du matériel d’équipement, pour la garantie du prix d’acquisition. Si des effets de
commerce sont souscrits à cette occasion, le bénéfice du nantissement est, à certaines
conditions, transmis de plein droit aux porteurs de l’effet.

a- Conditions de nantissement  :

Ce nantissement requiert, pour sa constitution, la rédaction d’un acte écrit authentique ou


sous seing privé intervenant au plus tard dans le mois de la livraison du matériel et une
inscription prise dans les 20 jours de sa date sur un registre spécial tenu au greffe du tribunal
dans le ressort duquel les biens nantis sont exploité et , le cas échéant, au registre de
commerce.

b- Effets du nantissement  :

L’inscription qui garantit le paiement du principal et de deux années d’intérêt, conserve le


privilège pendant cinq ans à compter de sa régularisation définitive ; elle est renouvelable une
fois pour la même durée. S’il n’est pas payé, le créancier nanti sur du matériel ou de
l’outillage industriel peut faire vendre le matériel grevé après s’y être fait autoriser par le juge
des référés compétent. Son privilège est opposable à la faillite et à la liquidation judiciaire
des biens si l’inscription a eu lieu avant le jugement déclaratif. Ce privilège prime celui du
trésor, le privilège de la CNSS et des caisses de crédits agricoles et ceux des créanciers
inscrits sur le F.C., si le nantissement leur a été signifié. En revanche, le privilège du créancier
nanti sur le matériel est primé par celui des salariés ainsi que les frais de justice et de
conservation de la chose.

A la différence du créancier nanti sur le FC, le créancier nanti sur le matériel d’équipement
professionnel n’a pas de droit de suite, mais en cas de déplacement clandestin des objets

Prof.  : Najat Sentel 2 ingénierie en sciences de gestion et commerce -


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Estem- Casablanca le Fonds de Commerce
Droit commercial

nantis, les créances garanties deviennent de plein droit exigibles et un délit pénal sanctionne
toute altération ou dissimulation des biens donnés en garantie.

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