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DROIT COMMERCIAL : Dr MAOULIDA TABATABAI

NOTION DU FONDS DE COMMERCE

Le commerçant est un acteur de la vie économique et sociale. Il ne peut exercer son activité commerciale
que dans le cadre d'un fonds de commerce (FDC) qui bénéficie de la protection juridique face au principe de la
libre concurrence.

I- DEFINITION
Le FDC est l'ensemble de biens corporels et incorporels du commerçant lui permettant d'exercer son activité
commerciale.

II- LES ELEMENTS DU FDC


1. Le nom commercial

-Il permet d'identifier le commerçant et son fonds


-Ce nom peut être un nom patronymique (ex : Agence de voyages RAKOTO) ou un nom de fantaisie
(ex : Madagascar Explorer)
-Le nom commercial est :
 cessible (qu'on peut vendre contrairement au nom patronymique des personnes physiques
qui est inaliénable mais qu'on peut changer une seule fois dans la vie)
 échangeable ou mutable mais il faut une bonne préparation psychologique des
consommateurs (ex : MADACOM, ZAIN devenu AIRTEL)
 protégé contre les diffamations et injures qui peuvent être sanctionnées pénalement
(= des peines d'emprisonnement et/ou d'amende) et civilement (dommages et intérêts)
 protégé contre toute imitation volontaire induisant les consommateurs en erreur

2. L'enseigne

C'est le signe distinctif d'un FDC; parfois il s'agit d'un emblème figuratif (ex: losange pour l'entreprise
RENAULT, maki sur un arbre pour un Tour opérateur)

3. Les propriétés industrielles et commerciales


Ce sont les autorisations administratives (ex; Licence A pour un organisateur de voyages, Ière catégorie
pour un débiteur de débit de boisson, une autorisation de la Commune pour ouvrir une salle de cinéma ou les
marques de fabrique (ex : Marque MAKI) permettant d'identifier le FDC. Cette marque est protégée contre
toute imitation frauduleuse (fausse marque) du moment que votre marque a été déposée auprès de l'office
malgache des propriétés industrielles (OMAPI).

4. Les marchandises
Ce sont les produits du commerçant qui sont à vendre : biens (ex : denrées alimentaires pour l'épicier,
matériels informatiques pour Double click) et des services (hébergement ou nuitées pour l'hôtelier, circuits pour

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un tour opérateur, déplacement de marchandises ou de voyageurs pour un transporteur). Les marchandises
doivent être conformes à la loi (ex : la vente de cannabis est interdite par la loi).

5. Les matériels et outillages


Ils permettent l'exploitation du FDC Ex: les meubles (table-bureau, fournitures de bureau, le tracteur
pour l'entreprise agricole, la vaisselle pour le restaurateur, les minibus pour le transporteur)

6. la clientèle et l'achalandage
Ils constituent l'élément fondamental du FDC sans lesquels celui-ci n'a pas sa raison d'être.
La clientèle est constituée par des consommateurs habituels qui manifestent leur confiance aux compétences
du commerçant (accueil, qualité des produits à vendre, dévouement...)
L'achalandage est constitué par les consommateurs occasionnels (de passage). Il faut alors que le commerçant
trouve des stratégies de marketing pour attirer la clientèle retenir, la fidéliser et la développer (ex : Chez
TOTAL, nous pouvons lire : « Vous ne reviendrez chez nous plus par hasard »)

7. Le droit au bail
Il s'agit d'un droit au renouvellement du contrat de bail lorsque le commerçant n'est pas propriétaire des
murs (il est donc locataire). A la fin du contrat, en principe, il doit quitter les lieux, mais cette situation va lui
porter préjudice car en changeant de siège social, sa clientèle risque de ne pas le retrouver, et son fonds de
commerce (son entreprise) va connaitre des difficultés financières et ne pourra plus payer ni le salaire de ses
employés ni les taxes devant être versées à l'Etat. Voilà pourquoi, il y a une protection de la loi.

III- PROTECTION JURIDIQUE DU FDC

1. La déspécialisation de l'activité commerciale


Il arrive que le commerçant dort adapter son commerce aux besoins de la clientèle. Voilà pourquoi, il
peut déspécialiser son activité prévue par le contrat, soit en ajoutant une autre activité complémentaire à la
première, soit en la changeant / modifiant totalement.
-Dans le 1er cas. Il s'agit d'une déspécialisation partielle de l'activité, et c'est un droit pour le locataire
commerçant, le bailleur ne doit pas y trouver de faute susceptible d'entrainer la résiliation du contrat de bail 'ex
: activité initialement prévue par le contrat : boucherie ; compte tenu des demandes de la clientèle, le boucher
a étendu son activité en installant dans le local des rayons « Charcuterie »
-Dans le 2nd cas. Il s'agit par exemple de l'organisateur de voyages, qui avec les conséquences de la crise
n'a pu trouver de clientèle et a ouvert à la place un cyber café ; la destination des lieux loués est donc modifiée
totalement. Il faut dans ce cas l’autorisation expresse (par écrit : lettre recommandée avec accusé de réception,
lettre d'huissier) du bailleur, sinon ce serait une faute du locataire.
2. L'action en concurrence déloyale
Tout commerçant doit subir la concurrence; mais lorsqu'il y a des concurrents déloyaux, le commerçant
victime a le droit de saisir la justice et demander réparation devant le tribunal civil du lieu du siège social du
commerçant concurrent. 3 conditions doivent être réunies :
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- l'existence d'une faute du commerçant déloyal : ou il y a eu débauchage du personnel du
commerçant victime, dénigrement du commerçant concurrent ( ex : il est un coureur de jupon ou un escroc) ou
de ses produits (ex : produits chinois, ou périmés)
- l'existence d'un dommage / préjudice (matériel, moral ou financier)
- l'existence d'un lien de cause à effet entre la faute et le préjudice subi

3. Le droit au bail ou droit au renouvellement du bail


En principe, les droits et les obligations des parties (commerçant et le bailleur propriétaire des murs)
prennent fin à.la date prévue par le contrat. Le commerçant doit donc quitter les lieux loués et doit s'installer
dans un autre endroit qui ne va pas permettre facilement à la clientèle de le retrouver. C'est ainsi que la loi, à
défaut d'accord amiable entre les parties, reconnaît au commerçant locataire un droit au renouvellement du bail
mais pour une durée indéterminée.
En cas de refus du bailleur le droit du commerçant au renouvellement du bail, il doit lui verser une
indemnité d'éviction qui est égale a : valeur du FDC + Frais de déménagement + Frais de réinstallation
Conséquences: le commerçant locataire peut ne pas quitter les lieux tant qu'il n'a pas reçu son indemnité
d'éviction.
Le bailleur n'est pas tenu de verser l'indemnité d'éviction que dans les cas suivants :
a) La reprise pour habiter
-il doit envoyer un préavis (par lettre recommandée avec accusé de réception ou par acte
d'huissier) au moins un an avant la fin du bail demandant au commerçant de quitter les lieux et noter le
nom de la personne qui va y habiter (cette personne doit être un de ses proches en terme de famille
restreinte ou nucléaire)
-il doit ou la personne désignée dans le préavis/occuper les lieux au plus tard 06 mois à compter
de la date de départ du locataire commerçant cela pendant au moins 06 ans, sinon, le commerçant pourra
encore réclamer l'indemnité d'éviction. En plus, il ne faut pas que les lieux loués nécessitent de grands
aménagements pour une habitation personnelle.
b) Faute du locataire commerçant
Cette faute se caractérise le plus souvent par le non-paiement du loyer ou de l'inexécution de ses
obligations prévues par le contrat (ex : détérioration grave des infrastructures) ; le bailleur peut demander
son expulsion avant même l'échéance (fin du contrat)
c) En cas de réhabilitation des lieux loués
Le commerçant n'est pas tenu de quitter les lieux si les travaux ne nécessitent pas son évacuation;
dans le cas contraire, le commerçant a le droit d'être averti en premier de la disposition des lieux loués,
et il lui appartient de décider ou non de s'y réinstaller. Cependant, le bailleur peut réviser à la hausse le
loyer compte tenu des dépenses occasionnées par les travaux.
d) En cas d'insalubrité des lieux loués
Hypothèse : les lieux constituent un danger pour le public et c'est la décision de l'autorité
administrative compétente qui déclare les lieux loués insalubres nécessitant l'évacuation du locataire

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commerçant. Tout comme le cas cité plus haut, le commerçant dispose d'un droit de préemption sur la
location à la fin des travaux.

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