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Goitre simple
M. Guitard-Moret, C. Bournaud
Plan ■ Introduction
Le goitre simple se caractérise par une augmentation de
¶ Introduction 1
volume de la thyroïde, qui, si elle est à la phase initiale diffuse
¶ Définition 1 et homogène, tend à devenir hétérogène et nodulaire. C’est une
¶ Épidémiologie 2 pathologie extrêmement fréquente, endémique dans les régions
carencées en iode dans lesquelles sa prévalence dépasse 5 %
¶ Histologie 2 chez les enfants de 6 à 12 ans, ou sporadique. L’éradication de
Goitre diffus 2 la carence iodée représente le traitement préventif de choix,
Goitre nodulaire 2 mais elle reste loin d’être atteinte, et ne prévient pas de
¶ Pathogénie 2 l’apparition du goitre sporadique, dont la physiopathologie fait
Facteurs de croissance 3 intervenir de multiples autres facteurs.
Facteurs génétiques 3
Facteurs environnementaux
Rôle des estrogènes
4
5
■ Définition
¶ Clinique 5 Le goitre est défini par une augmentation de volume de la
glande thyroïde. La détermination du volume thyroïdien
¶ Paraclinique 5
normal a été l’objet d’une importante littérature, et en 1999,
Échographie 5 Delange posait la question dans un éditorial de l’European
Bilan biologique 6 Journal of Endocrinology « What do we call a goiter ? » [1]. La
Examens scintigraphiques 6 définition du volume thyroïdien normal, basée sur des mesures
Autres examens morphologiques 6 autopsiques, cliniques, échographiques ou scintigraphiques, a
¶ Complications 6 évolué dans le temps. Ainsi, dans les années 1950, le volume
Goitre toxique 6 thyroïdien était considéré comme normal entre 20 et 25 g, voire
Goitre compressif 7 jusqu’à 30 g, alors que des études plus récentes retiennent un
volume moyen d’une dizaine de grammes et une limite supé-
Goitre suspect de malignité 7
rieure de 20 g [2, 3]. Outre le mode d’évaluation — palpation ou
¶ Traitement 7 échographie —, le volume thyroïdien normal est influencé par
Outils thérapeutiques 7 le statut iodé, comme détaillé plus loin dans le texte.
Indications thérapeutiques 8 Le goitre « simple » correspond à un goitre ne s’accompa-
¶ Conclusion 8 gnant ni de dysfonction thyroïdienne, ni de contexte inflam-
matoire ou néoplasique. Le goitre simple peut présenter des
aspects très variés, allant de l’hyperplasie thyroïdienne diffuse et
modérée au goitre multinodulaire [4] . Il n’est pas rare que
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■ Épidémiologie
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la prévalence
mondiale du goitre pouvait être estimée en 2003 à 15,8 % [5].
Cette pathologie concernerait donc plusieurs centaines de
millions d’individus dans le monde, avec néanmoins de grandes
disparités d’une région à l’autre du globe, principalement
fonction des apports iodés. Ainsi, en Amérique du Nord, où
moins de 10 % de la population générale souffre de carence
iodée (définie par des apports nutritionnels en iode inférieurs à
100 µg/j), la prévalence du goitre est de 4,7 %. Elle atteint en
revanche 37 % dans les pays de l’Est du Bassin méditerranéen,
où plus de la moitié de la population est exposée à une carence
iodée parfois profonde (< 20 µg/j). On parle de zone d’endémie
goitreuse lorsque la prévalence du goitre dans la population des
enfants âgés de 6 à 12 ans dépasse 5 % [5], dans les autres cas le
goitre est qualifié de sporadique. Dans la population des enfants
d’âge scolaire, la mesure du volume thyroïdien permet d’évaluer
le statut iodé : un volume thyroïdien supérieur au 97e percentile
pour l’âge et le sexe, tout comme une iodurie inférieure à
100 µg/l, définissent une carence iodée [5, 6].
En Europe, malgré les programmes de supplémentation iodée
mis en place depuis le début des années 1990, la carence iodée
persiste dans de nombreuses régions, comme le rappelaient en
2003 Vitti et Delange [7]. La France n’est pas épargnée, et si le
projet « Thyromobile » conduit au milieu des années 1990 dans
quatre régions (Lorraine, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées) chez plus de 1 500 enfants âgés de 6 à 14 ans a
montré l’absence de zone de goitre endémique, puisque la
prévalence du goitre évaluée par échographie était, chez les
garçons de 4,1 % et chez les filles de 3,1 %, 10 % des enfants
présentaient une iodurie inférieure à 5 µg/dl [8] . Dans la
population adulte, l’étude SU.VI.MAX retrouvait une prévalence
du goitre de 11,3 % chez les hommes et 13,9 % chez les
femmes [9].
Néanmoins, même dans les régions ayant des apports iodés
adéquats, la prévalence du goitre reste non nulle. C’est le cas en
Suisse, où des programmes de supplémentation iodée ont été
mis en place dès 1992, avec une bonne efficacité puisque
l’iodurie atteint 150 µg/j [10] : la carence iodée ne saurait être Figure 1. Aspect histologique de goitre (hémalun-phloxine-safran
seule responsable du processus de goitrogenèse. [HPS], × 40) (collection du Dr M. Decaussin-Petrucci, CHU de Lyon).
A. Aspect de goitre multinodulaire.
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exposition à des facteurs environnementaux goitrogènes. parents, porteurs des mêmes mutations, étaient en euthyroïdie.
L’étude d’une famille présentant une incidence particulièrement Le rôle de THOX2 est donc possible dans la genèse du goitre
élevée de goitre avait conduit à l’hypothèse d’une transmission euthyroïdien.
selon le mode autosomique dominant [45]. La concordance du
goitre chez les jumeaux homozygotes est de plus de 40 %, Études génétiques par analyse de liaison
supérieure à celle chez les jumeaux hétérozygotes [46]. Une étude Les études génétiques par analyse de liaison cherchent à
sur plus de 5 000 jumeaux monozygotes et dizygotes dans une identifier de nouveaux loci de susceptibilité à la goitrogenèse au
zone non endémique de goitre suggère que le développement sein de familles ou de paires de jumeaux atteints de goitre. On
d’un goitre chez les femmes est expliqué à 82 % par la utilise des marqueurs génétiques (microsatellites ou séquences
génétique [46]. nucléotidiques répétées) et on étudie l’ensemble du génome.
Cette susceptibilité génétique à la goitrogenèse a pu être Ce type d’analyse a permis d’identifier un locus candidat
étudiée plus précisément par les études de biologie moléculaire, dénommé MNG1 (multinodular goiter 1) situé sur le chromo-
d’une part par l’approche du gène candidat et d’autre part par some 14 (locus 14q31) dans une famille canadienne [59] puis
analyse de liaison. dans une famille allemande [60]. Le gène du récepteur de la TSH
se situe à proximité de ce locus et a donc été séquencé compte
Analyses de gènes candidats tenu de sa possible implication dans le processus de goitroge-
Les approches de gène candidat consistent à rechercher, dans nèse : aucune mutation n’a été retrouvée [59].
une population porteuse de goitre, des mutations ou des Un second locus d’intérêt a été identifié sur le chromosome X
polymorphismes de gènes codant des protéines impliquées dans dans une famille italienne porteuse de goitres euthyroïdiens et
la physiologie thyroïdienne et dans la synthèse hormonale fut dénommé MNG2 (locus Xp22) [61].
thyroïdienne. D’autres familles furent analysées pour tester la validité de ces
régions candidates ; cependant aucune association ne fut
Gène de la thyroglobuline
retrouvée [62].
Des mutations du gène de la thyroglobuline sont impliquées Afin d’identifier d’autres régions candidates, une analyse a été
dans les troubles de l’hormonogenèse, qui s’accompagnent de conduite dans 18 familles porteuses d’un goitre familial à l’aide
goitre congénital [47]. Bien qu’initialement considéré comme de 450 microsatellites [63]. Quatre nouveaux loci ont ainsi été
l’un des principaux gènes candidats du goitre simple euthyroï- identifiés sur les chromosomes 2q, 3p, 7q et 8p. L’association
dien, seuls quelques cas ont été rapportés dans la littérature [48]. avec le locus 3p était retrouvée dans quatre familles (soit chez
L’un correspond à une mutation faux sens dans l’exon 10 du 20 % des familles) alors que les associations avec les autres loci
gène codant la thyroglobuline, et a été identifié chez 25 des n’étaient retrouvées que dans une famille. Sur le locus 3p, on a
26 sujets de trois familles présentant des goitres sans dysfonc- pu identifier le gène du récepteur bêta des hormones thyroï-
tion thyroïdienne [49, 50] . La large délétion du gène de la diennes et sur les loci 2q et 7q des gènes codant pour des
thyroglobuline décrite par Gonzalez-Sarmiento [51] est retrouvée molécules qui interagissent avec le récepteur de la TSH. Aucun
chez un seul des 50 patients porteurs de goitre testés, et son gène d’intérêt n’a été retrouvé sur le locus 8p. Ces gènes
implication dans la goitrogenèse est remise en cause par certains candidats ont été séquencés, sans qu’aucune mutation ne soit
auteurs [48]. retrouvée.
Gène de la thyroperoxydase (TPO) L’ensemble de ces études suggère que la probabilité que des
La plupart des mutations homozygotes ou hétérozygotes anomalies monogéniques soient responsables des goitres
composites du gène de la TPO ont été identifiées chez des euthyroïdiens, est faible. Ainsi, la prédisposition génétique à la
patients porteurs d’un goitre congénital avec hypothyroïdie [48]. goitrogenèse est hétérogène, probablement variable d’une
Seuls deux exemples anciens de mutation du gène de la TPO famille à l’autre. Par ailleurs, dans la majorité des cas, ce
associée à des goitres euthyroïdiens ont été rapportés : l’une « bagage » génétique complexe interagit avec de nombreux
avec une absence à la fois de la peroxydation et de l’organifica- facteurs environnementaux de susceptibilité.
tion de l’iode [52] et l’autre avec une peroxydation normale de
l’iode mais un défaut d’organification de l’iode [53]. Facteurs environnementaux
Gène du transporteur de l’iode sodium dépendant (SLC5A5) Iode
Le transport actif de l’iode dans la thyroïde est médié par le Longtemps considérée comme la principale cause de goitre, la
transporteur de l’iode sodium-dépendant (NIS) situé sur la carence iodée ne peut être tenue pour responsable de tout
membrane basolatérale des thyréocytes, cloné en 1996. Plusieurs processus de goitrogenèse, comme en atteste la prévalence non
anomalies du gène ont été décrites, associées à des tableaux nulle du goitre dans les zones exemptes de carence iodée, et à
cliniques variés. La mutation faux sens T354P à l’état homo- l’inverse l’absence de goitre chez certains sujets exposés à une
zygote a été rapportée à plusieurs reprises chez des patients carence iodée. Néanmoins, il existe une relation inverse entre le
japonais porteurs de goitre euthyroïdien [54, 55], alors qu’elle a volume thyroïdien et l’excrétion urinaire d’iode [64] . Cette
été retrouvée à l’état hétérozygote chez des patients présentant situation s’accompagne d’une stimulation chronique par la TSH,
l’association d’un goitre et d’une hypothyroïdie [56]. reflet de l’adaptation de l’axe thyréotrope à la moindre capacité
Gène de la pendrine (SLC6A4) de synthèse hormonale des thyréocytes, avec pour conséquence
la prolifération accrue des cellules thyroïdiennes. En outre, en
Ce gène code une protéine, la pendrine, dont le rôle physio- cas de carence iodée, les cellules thyroïdiennes deviennent plus
logique reste controversé. La pendrine serait un transporteur sensibles à l’effet mitogène de la TSH, comme l’a démontré Bray
spécifique de l’iode et participerait à son efflux [57]. Le syndrome en 1968 [65] : l’administration d’hormone thyréotrope chez des
de Pendred, transmis sur le mode autosomique récessif, associe rats hypophysectomisés s’accompagne d’une augmentation du
une surdité neurosensorielle et un goitre. Plusieurs mutations du volume thyroïdien, nettement plus importante lorsque les
gène PDS ont été rapportées, mais le goitre est parfois absent du animaux ont préalablement été soumis à une carence iodée
tableau clinique [48, 58]. profonde. Les mécanismes d’action de l’iode font intervenir la
Gène du récepteur de la TSH voie de l’AMPc, mais aussi une voie indépendante de l’AMPc,
Du fait de son rôle majeur dans la fonction et la croissance comme l’ont montré Tramontano et al. [66] . En présence
thyroïdiennes, le gène du récepteur de la TSH est un candidat. d’iodure, la réponse proliférative des cellules thyroïdiennes à la
Cependant, aucune mutation n’a clairement été identifiée dans TSH est diminuée, sans que le contenu intracellulaire en AMPc
le cadre des goitres euthyroïdiens. soit modifié. L’iode exerce ses effets directs par l’intermédiaire
des iodolactones.
Gène « THOX2 »
Le gène THOX2 code une protéine intervenant dans le Tabagisme
système de génération du peroxyde d’hydrogène. Plusieurs Le volume thyroïdien et la prévalence du goitre sont associés
délétions de ce gène ont été décrites chez des enfants atteints au tabagisme [67, 68] , l’association la plus importante étant
d’hypothyroïdie congénitale avec goitre ; cependant leurs observée dans les zones de profonde carence iodée [67]. Dans la
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Sélénium ■ Paraclinique
Le sélénium est un micronutriment essentiel, impliqué dans
Certains examens paracliniques peuvent conduire à la décou-
le processus enzymatique de toutes les sélénoenzymes, en
verte fortuite d’un goitre. Le diagnostic peut en effet être posé
particulier les désiodases qui permettent la conversion de la
à l’occasion d’un échodoppler des vaisseaux du cou, d’une
T4 en T3. C’est d’ailleurs dans la thyroïde que la concentration
radiographie ou d’un scanner thoraciques.
de sélénium est la plus importante. La carence en sélénium
pourrait, sur le plan mécanistique, favoriser la survenue d’un
goitre par la diminution du taux d’hormones thyroïdiennes
Échographie
actives. Les études publiées rapportent des résultats discordants, L’échographie cervicale est généralement prescrite à la suite
principalement des apports iodés très variables dans les diffé- de la découverte clinique d’un goitre pour préciser les mensu-
rentes populations étudiées. Récemment, Bauer et al. ont rations de la thyroïde afin d’avoir un examen de référence pour
rapporté que l’excrétion urinaire de sélénium dans une popula- juger de l’évolutivité ultérieure. Elle est d’ailleurs indispensable
tion non carencée en iode, n’était pas un facteur de risque en cas de goitre mal palpable, plongeant ou nodulaire. En effet,
indépendant de développer un goitre [37]. pour la détection des nodules, l’échographie est beaucoup plus
sensible que la palpation cervicale. Elle permet aussi de guider
la cytoponction en cas de goitre diffus ou nodulaire suspect de
Rôle des estrogènes malignité.
La prévalence du goitre est cinq fois plus importante chez les L’échographie permet une mesure tridimensionnelle de la
femmes que chez les hommes [48] . Outre la prédisposition thyroïde, afin d’en calculer précisément le volume. En effet,
génétique, on peut évoquer le rôle des estrogènes. En effet, ces chaque lobe thyroïdien peut être considéré comme une sphère
derniers favoriseraient la prolifération des thyréocytes [70]. Ce et son volume peut donc être calculé de la façon suivante :
phénomène pourrait expliquer l’augmentation du volume de la Volume (ml) = 4/3p × (diamètre/2)3
thyroïde durant la grossesse qui peut cependant aussi être Volume (ml) = 0,52 × largeur (cm) × longueur (cm) × épais-
rapportée à la majoration de la carence en iode du fait de seur (cm)
l’augmentation des besoins. Par ailleurs, Phitayakorn et al. ont Le volume thyroïdien moyen a pu être mesuré en échogra-
montré que le volume de la thyroïde était corrélé à l’indice de phie dans une population de 2 987 adultes français âgés de 35
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Bilan biologique
Les examens biologiques sont indiqués afin de faire le
diagnostic différentiel du goitre simple (goitre toxique, maladie
de Basedow, thyroïdite lymphocytaire d’Hashimoto, thyroïdite).
On réalise donc un dosage de la TSH qui, s’il est anormal, est
accompagné du dosage de l’hormonémie périphérique. Selon les
circonstances, l’on complète ce bilan par la recherche des
autoanticorps antithyroïde (anticorps antirécepteurs de la TSH,
antithyroperoxydase, voire antithyroglobuline) et éventuelle-
ment par le dosage des marqueurs inflammatoires en cas de
suspicion de thyroïdite. Les dosages de la thyroglobuline et de
la calcitonine ne sont pas indiqués en première intention. Le
taux de thyroglobuline est corrélé au volume thyroïdien, et
n’apporte pas d’indication pour un patient donné.
Figure 3. Tomodensitométrie avec injection de produit de contraste
Examens scintigraphiques iodé. Goitre endothoracique responsable d’une déviation et d’une sté-
La scintigraphie thyroïdienne ne doit pas être réalisée nose trachéale.
systématiquement ; elle présente un intérêt en cas de mise en A. Coupe transverse.
évidence d’une hyperthyroïdie afin d’en préciser le mécanisme, B. Coupe frontale.
par exemple pour dépister un nodule toxique, ou encore pour
distinguer une hyperthyroïdie de type basedowien d’un goitre
nodulaire toxique. Par ailleurs, elle est réalisée à l’iode 123 ou à Imagerie par résonance magnétique (IRM)
l’iode 131 avant de décider d’un traitement isotopique (cf. infra) L’IRM cervicomédiastinale bénéficie d’une meilleure résolu-
pour s’assurer d’une fixation suffisante de l’iode. tion que le scanner sur le contraste des tissus mais d’une moins
bonne résolution spatiale [4] . L’extension médiastinale des
Autres examens morphologiques goitres est bien identifiée de même que les relations avec les
vaisseaux du médiastin. Les coupes sagittales et frontales
En cas de goitre volumineux ou plongeant, d’autres examens
apportent des informations supplémentaires par rapport au
sont utiles pour étudier le retentissement sur les structures
scanner, bien que désormais les reconstructions scanographiques
adjacentes.
soient de plus en plus performantes. L’injection de gadolinium
Radiographie de trachée offre l’avantage de ne pas interférer avec l’administration
ultérieure d’iode radioactif.
La radiographie pulmonaire ou de trachée de face peut mettre
À l’issue de ces explorations, il est possible d’identifier le
en évidence le goitre sous la forme d’un élargissement du
goitre « symptôme » induit par des pathologies thyroïdiennes
médiastin supérieur ; elle permet également d’apprécier le
sous-jacentes (qui ne fait pas l’objet de ce chapitre), du goitre
retentissement du goitre sur la trachée (déviation ou sténose
« idiopathique » simple ou compliqué.
trachéale) (Fig. 2).
Scanner ■ Complications
Le scanner cervicothoracique permet de préciser l’extension
médiastinale du goitre plongeant et ses relations avec la trachée, L’évolution naturelle du goitre se fait volontiers vers la
l’œsophage, les carotides et les veines jugulaires, notamment nodularité et la toxicité. Une relation entre le volume du goitre
dans la perspective d’un geste opératoire (Fig. 3). On peut et l’âge du patient a ainsi été démontrée. En revanche, les taux
observer une alternance de zones se rehaussant après injection de TSH sont négativement corrélés au volume thyroïdien
de produit de contraste iodé et de zones restant hypodenses [74]. mesuré par échographie [75].
La principale limite du scanner repose sur l’injection de produit
de contraste iodé qui expose au risque d’hyperthyroïdie et qui Goitre toxique
nécessite un délai d’au moins 4 semaines avant toute réalisation Le goitre toxique correspond à un goitre multinodulaire dont
d’exploration scintigraphique thyroïdienne. un ou plusieurs nodules se sont autonomisés. Ils peuvent
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Tableau 2.
Traitement freinateur de goitres : résultats des études contrôlées.
Auteur N Durée du traitement Dose de LT4 Résultat Groupe contrôle Résultat groupe
(mois) contrôle
Berghout et al. 55 9 2,5 µg/kg 58 % de patients répondeurs a (25 % Placebo 5 % de patients
(1990) de réduction du volume du goitre) répondeurs a
Lima et al. (1997) 62 12 200 µg 30 % de patients répondeurs b Absence de Aucun répondeur b
traitement
Papini et al. (1998) 83 60 2 µg/kg Diminution du volume de la thyroïde Absence de Augmentation du
de 0,8 % traitement volume thyroïdien de
16 %
Wesche et al. 57 24 2,5 µg/kg 43 % de patients répondeurs a Iode radioactif 96 % de patients
(2001) répondeurs a
N : nombre de patients dans l’étude ; LT4 : L-thyroxine.
a
Diminution du goitre d’au moins 13 %.
b
Diminution du goitre d’au moins 50 %.
diminuer la taille des goitres euthyroïdiens. Toutes les études 1,5 fois plus importante chez les patients ayant reçu de la TSH
réalisées sauf une [86] sont des études non contrôlées. Cepen- recombinante par rapport aux contrôles, au prix d’un taux
dant, les résultats sont assez reproductibles d’une étude à l’autre d’hypothyroïdie définitive plus fréquent (4 à 6 fois).
avec en moyenne une diminution de la taille du goitre de 35 % Une des limites à l’utilisation de la TSH recombinante dans
à 55 % [64] . Wesche et al. ont démontré la supériorité du cette indication est la crainte de l’augmentation transitoire du
traitement par iode radioactif sur le traitement freinateur avec volume du goitre qui pourrait alors devenir compressif. Nielsen
une diminution du volume du goitre à 2 ans de 44 % versus et al. ont montré que l’administration de 0,3 mg de TSH
1 % [86]. L’efficacité du traitement semble inversement corrélée recombinante entraînait une augmentation maximale du goitre
à la taille du goitre ; en effet, dans les volumineux goitres, une de 24 % à 48 heures, mais sans complications respiratoires dans
grande partie de la thyroïde est en inertie et capte donc moins cette étude [94]. Néanmoins, la même équipe rapporte un cas de
bien l’iode radioactif [64]. Ainsi, plus le goitre est volumineux, dyspnée aiguë résolutive sous corticothérapie après administra-
plus la dose d’iode à administrer doit être importante. tion de la même dose de TSH recombinante [95]. L’autre effet
Le traitement par iode radioactif est généralement bien secondaire attendu est l’hyperthyroïdie transitoire qui survient
supporté. Certains auteurs ont rapporté une augmentation chez 50 % des patients [94], potentiellement délétère chez les
modérée précoce du volume du goitre liée à l’inflammation patients âgés. Une étude récente rapporte cependant l’absence
locale [87, 88] qui incite à la prudence en cas de traitement de de modification des paramètres cardiaques après administration
volumineux goitres responsables de compression trachéale. de TSH recombinante [96].
Cette situation peut justifier la mise en place d’une corticothé- En attendant les résultats d’études complémentaires sur
rapie transitoire. Par ailleurs, des thyroïdites radio-induites ont l’efficacité et l’innocuité, l’utilisation de la TSH humaine
été décrites dans les premiers mois après l’irathérapie, nécessi- recombinante en préparation au traitement des goitres par iode
tant un traitement anti-inflammatoire de courte durée associé radioactif n’est pas recommandée.
éventuellement à un bêtabloquant du fait de l’hyperthyroïdie
transitoire concomitante [64]. Thermocoagulation par laser
Ce traitement isotopique peut s’accompagner de l’apparition Ce traitement est un moyen simple et sûr pour réduire la
d’une authentique hyperthyroïdie basedowienne 1 à 3 mois taille des nodules thyroïdiens [97]. Ainsi, on peut envisager son
après le traitement. Elle surviendrait chez 5 % des patients et utilisation dans le goitre multinodulaire. Spiezia et al. ont
serait favorisée par la présence d’anticorps anti-TPO. L’iode montré que l’on pouvait ainsi diminuer de 66 % le volume de
radioactif entraînerait un relargage de composants antigéniques la thyroïde chez des patients porteurs de goitre
des cellules folliculaires qui pourrait induire une immunisation multinodulaire [98].
avec l’apparition d’anticorps antirécepteurs de la TSH [64].
Le risque d’hypothyroïdie n’est pas négligeable avec un risque Traitement chirurgical
cumulé de 58 % à 8 ans après le traitement ; les déterminants La thyroïdectomie a comme avantages de diminuer significa-
de la survenue d’une hypothyroïdie sont la positivité des tivement le volume du goitre et de permettre un contrôle
anticorps anti-TPO, l’existence d’une dysthyroïdie familiale et anatomopathologique en cas de goitre multinodulaire. Cepen-
un goitre de petit volume [89]. dant, la morbidité postopératoire n’est pas négligeable avec les
Administration d’iode radioactif après injection de TSH risques connus de paralysie récurrentielle et d’hypoparathyroï-
recombinante (Thyrogen®) die, respectivement évalués à moins de 1 % et de 1 % à 2 % [99],
Dès sa mise sur le marché, certains auteurs ont évoqué la ce d’autant plus que le goitre est volumineux. La thyroïdecto-
possibilité d’utiliser la TSH recombinante en préparation de mie totale est à l’heure actuelle le traitement radical de réfé-
l’administration d’une dose d’iode radioactif pour le traitement rence avec un risque de récidive faible de 0,3 % dans le travail
isotopique des goitres dans l’objectif de potentialiser la capta- de Snook et al. [100]. En revanche, en cas de thyroïdectomie
tion de l’iode au niveau de la thyroïde. En effet, après injection partielle, le taux de récidive du goitre est de 10 % [64] ; la mise
de 0,03 mg de TSH recombinante, la captation de l’iode par la en place d’un traitement freinateur en postopératoire ne
thyroïde est deux fois plus importante : le pourcentage de prévient pas ces récidives et n’est donc pas recommandée après
fixation de l’iode est de 63 % versus 30 % en l’absence de chirurgie thyroïdienne incomplète.
préparation par la TSH recombinante [90]. Après administration
d’une dose d’iode à visée thérapeutique, le pourcentage d’iode Indications thérapeutiques
retenu par la thyroïde est même plus important que celui Les indications thérapeutiques sont résumées dans la Figure 4.
attendu [91]. Par ailleurs, 24 heures après l’injection de TSH
recombinante, la distribution de la radioactivité au niveau de la
thyroïde est beaucoup plus homogène [92]. Du fait de cette
meilleure fixation de l’iode, l’irradiation des tissus extrathyroï-
■ Conclusion
diens est deux à trois fois plus faible qu’en l’absence de Caractérisée par sa grande fréquence, la pathologie hyperpla-
préparation par TSH recombinante [93]. sique de la thyroïde se présente sous de multiples aspects, du
Cette préparation par TSH recombinante est efficace comme goitre homogène au goitre multinodulaire, qui reflètent les
le suggèrent les différentes études contrôlées résumées dans le différentes phases de l’évolution naturelle du goitre. Si la
Tableau 3. La réduction du volume du goitre est en moyenne physiopathologie en reste incomplètement comprise à ce jour,
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Tableau 3.
Préparation au traitement isotopique des goitres par TSH (thyroid stimulating hormone) recombinante : résultats des études contrôlées.
Auteur N Suivi Mode Taille Activité d’iode Diminution Hypothyroïdie
de préparation du goitre 131 administrée de volume du
goitre
Silva, 2004 34 12 mois Contrôle np np 39,7 % 21,4 %
rTSH 0,45 mg 57,8 % 64,7 %
Nielsen, 2006 57 12 mois Placebo 51 ml 15 mCi 46,1 % 11 %
rTSH 0,3 mg 59 ml 15 mCi 62,1 % 62 %
Giusti et al., 20 6 mois Contrôle 89,8 ml np 25 % np
2006 rTSH 0,4 mg 78,1 ml 36,7 %
Bonnema, 2007 29 12 mois Placebo 170 ml 40 mCi 34,1 % 6,7 %
rTSH 0,3 mg 151 ml 40 mCi 53,3 % 21,4 %
N : nombre de patients dans l’étude ; np : non précisé ; rTSH : TSH recombinante.
Goitre homogène ou
nodulaire euthyroïdien
Femme jeune ou
susceptible d'être enceinte
Oui Non
Non Chirurgie
Goitre
compressif ?
Oui Non
Discuter de
Chirurgie Oui Non
l'iode radioactif
Figure 4. Arbre décisionnel. Principes de traitement des goitres simples. LT4 : L-thyroxine.
Endocrinologie-Nutrition 9