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Goitre simple
M. Guitard-Moret, C. Bournaud

Pathologie endocrinienne extrêmement répandue, le goitre « simple » se présente sous de multiples


aspects, de la simple hyperplasie diffuse au goitre multinodulaire qui reflètent différentes phases de
l’évolution naturelle du goitre. La physiopathologie du goitre reste imparfaitement comprise à ce jour. Des
considérations épidémiologiques, cliniques et biologiques ont conduit à remettre en cause le seul rôle de la
carence iodée, et permis d’identifier de nombreux facteurs, TSH et autres facteurs de croissance, facteurs
génétiques ou environnementaux potentiellement impliqués dans le processus de goitrogenèse. La
démarche diagnostique vise à écarter une dysthyroïdie, un cancer ou des phénomènes compressifs. La
prise en charge va de la simple surveillance à la thyroïdectomie totale, mais les indications thérapeutiques
restent mal codifiées. Si la supplémentation en iode est essentielle à la prévention du goitre endémique,
son efficacité en traitement curatif est limitée. Il en est de même du traitement par hormones
thyroïdiennes, dont le bénéfice est inconstant, et disparaît à l’arrêt du traitement. Ce traitement,
prolongé sur plusieurs décennies, n’est en outre pas dénué d’effets cardiovasculaires potentiellement
délétères. Enfin, il ne prévient pas toujours efficacement la récidive de goitre après chirurgie thyroïdienne
incomplète.
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Mots clés : Thyroïde ; Goitre ; Carence iodée ; Physiopathologie

Plan ■ Introduction
Le goitre simple se caractérise par une augmentation de
¶ Introduction 1
volume de la thyroïde, qui, si elle est à la phase initiale diffuse
¶ Définition 1 et homogène, tend à devenir hétérogène et nodulaire. C’est une
¶ Épidémiologie 2 pathologie extrêmement fréquente, endémique dans les régions
carencées en iode dans lesquelles sa prévalence dépasse 5 %
¶ Histologie 2 chez les enfants de 6 à 12 ans, ou sporadique. L’éradication de
Goitre diffus 2 la carence iodée représente le traitement préventif de choix,
Goitre nodulaire 2 mais elle reste loin d’être atteinte, et ne prévient pas de
¶ Pathogénie 2 l’apparition du goitre sporadique, dont la physiopathologie fait
Facteurs de croissance 3 intervenir de multiples autres facteurs.
Facteurs génétiques 3
Facteurs environnementaux
Rôle des estrogènes
4
5
■ Définition
¶ Clinique 5 Le goitre est défini par une augmentation de volume de la
glande thyroïde. La détermination du volume thyroïdien
¶ Paraclinique 5
normal a été l’objet d’une importante littérature, et en 1999,
Échographie 5 Delange posait la question dans un éditorial de l’European
Bilan biologique 6 Journal of Endocrinology « What do we call a goiter ? » [1]. La
Examens scintigraphiques 6 définition du volume thyroïdien normal, basée sur des mesures
Autres examens morphologiques 6 autopsiques, cliniques, échographiques ou scintigraphiques, a
¶ Complications 6 évolué dans le temps. Ainsi, dans les années 1950, le volume
Goitre toxique 6 thyroïdien était considéré comme normal entre 20 et 25 g, voire
Goitre compressif 7 jusqu’à 30 g, alors que des études plus récentes retiennent un
volume moyen d’une dizaine de grammes et une limite supé-
Goitre suspect de malignité 7
rieure de 20 g [2, 3]. Outre le mode d’évaluation — palpation ou
¶ Traitement 7 échographie —, le volume thyroïdien normal est influencé par
Outils thérapeutiques 7 le statut iodé, comme détaillé plus loin dans le texte.
Indications thérapeutiques 8 Le goitre « simple » correspond à un goitre ne s’accompa-
¶ Conclusion 8 gnant ni de dysfonction thyroïdienne, ni de contexte inflam-
matoire ou néoplasique. Le goitre simple peut présenter des
aspects très variés, allant de l’hyperplasie thyroïdienne diffuse et
modérée au goitre multinodulaire [4] . Il n’est pas rare que

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l’évolution naturelle du goitre nodulaire se fasse vers l’appari-


tion d’une hyperthyroïdie, ou vers des complications
mécaniques.

■ Épidémiologie
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la prévalence
mondiale du goitre pouvait être estimée en 2003 à 15,8 % [5].
Cette pathologie concernerait donc plusieurs centaines de
millions d’individus dans le monde, avec néanmoins de grandes
disparités d’une région à l’autre du globe, principalement
fonction des apports iodés. Ainsi, en Amérique du Nord, où
moins de 10 % de la population générale souffre de carence
iodée (définie par des apports nutritionnels en iode inférieurs à
100 µg/j), la prévalence du goitre est de 4,7 %. Elle atteint en
revanche 37 % dans les pays de l’Est du Bassin méditerranéen,
où plus de la moitié de la population est exposée à une carence
iodée parfois profonde (< 20 µg/j). On parle de zone d’endémie
goitreuse lorsque la prévalence du goitre dans la population des
enfants âgés de 6 à 12 ans dépasse 5 % [5], dans les autres cas le
goitre est qualifié de sporadique. Dans la population des enfants
d’âge scolaire, la mesure du volume thyroïdien permet d’évaluer
le statut iodé : un volume thyroïdien supérieur au 97e percentile
pour l’âge et le sexe, tout comme une iodurie inférieure à
100 µg/l, définissent une carence iodée [5, 6].
En Europe, malgré les programmes de supplémentation iodée
mis en place depuis le début des années 1990, la carence iodée
persiste dans de nombreuses régions, comme le rappelaient en
2003 Vitti et Delange [7]. La France n’est pas épargnée, et si le
projet « Thyromobile » conduit au milieu des années 1990 dans
quatre régions (Lorraine, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées) chez plus de 1 500 enfants âgés de 6 à 14 ans a
montré l’absence de zone de goitre endémique, puisque la
prévalence du goitre évaluée par échographie était, chez les
garçons de 4,1 % et chez les filles de 3,1 %, 10 % des enfants
présentaient une iodurie inférieure à 5 µg/dl [8] . Dans la
population adulte, l’étude SU.VI.MAX retrouvait une prévalence
du goitre de 11,3 % chez les hommes et 13,9 % chez les
femmes [9].
Néanmoins, même dans les régions ayant des apports iodés
adéquats, la prévalence du goitre reste non nulle. C’est le cas en
Suisse, où des programmes de supplémentation iodée ont été
mis en place dès 1992, avec une bonne efficacité puisque
l’iodurie atteint 150 µg/j [10] : la carence iodée ne saurait être Figure 1. Aspect histologique de goitre (hémalun-phloxine-safran
seule responsable du processus de goitrogenèse. [HPS], × 40) (collection du Dr M. Decaussin-Petrucci, CHU de Lyon).
A. Aspect de goitre multinodulaire.

■ Histologie B. Aspect de goitre colloïde.

Si elle résulte d’un mécanisme commun, la prolifération des


cellules thyroïdiennes, l’hypertrophie thyroïdienne revêt de glande présentant une surface bosselée très irrégulière. Le
multiples aspects, de l’hyperplasie thyroïdienne diffuse à la parenchyme thyroïdien peut être déformé par quelques nodules
multinodularité, conduisant à parler d’« hétérogénéité morpho- ou par de multiples nodules, pas toujours bien délimités. Des
logique et fonctionnelle ». L’évolution naturelle du goitre se fait plages de tissu normal peuvent persister, mais souvent les
du goitre diffus vers le goitre nodulaire, qu’il est classique de structures folliculaires sont déformées par des zones de nécrose,
distinguer au plan anatomopathologique, comme l’illustre la d’hémorragie intratissulaire, d’inflammation et de fibrose [13].
Figure 1. À l’examen microscopique, le goitre nodulaire peut être
parenchymateux ou colloïde, mais est le plus souvent mixte,
Goitre diffus présentant des zones microfolliculaires très cellulaires, compo-
Au stade débutant, le goitre est caractérisé par une augmen- sées de larges cellules cuboïdales, et des zones colloïdes entou-
tation de volume diffuse et homogène de la glande, secondaire rées d’un épithélium aplati [13]. Les zones parenchymateuses
à la prolifération et à l’hypertrophie des cellules folliculaires [11]. correspondent à de nombreux nodules de taille variable issus de
Outre les modifications des cellules thyroïdiennes, l’on constate la prolifération épithéliale, souvent encapsulés. Les zones
souvent une augmentation de la vascularisation. colloïdes comportent des nodules non encapsulés.
L’histologie fait la distinction entre goitre parenchymateux et On distingue, parmi les goitres nodulaires, le goitre hyperpla-
goitre colloïde. Le goitre parenchymateux est ferme ; il est sique constitué de multiples nodules millimétriques [12].
formé de petites vésicules, pauvres en colloïde, composées de
cellules épithéliales hautes. Le goitre colloïde est quant à lui de
consistance plutôt molle ; il est constitué de vésicules dilatées ■ Pathogénie
par la colloïde avec un épithélium aplati. Dès ce stade, on peut Les intervenants de la régulation de la prolifération des
également rencontrer des goitres polymorphes comportant des cellules thyroïdiennes ne se limitent pas à la thyroid stimulating
zones parenchymateuses et des zones colloïdes [12]. hormone (TSH) et la carence iodée. De multiples facteurs
extrinsèques, facteurs de croissance, facteurs goitrogènes
Goitre nodulaire alimentaires, polluants, mais également des facteurs intrinsè-
Il représente un stade avancé de l’évolution du goitre. ques, génétiques, mutations somatiques, sont impliqués dans ce
L’hétérogénéité est frappante dès l’examen macroscopique, la processus complexe.

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Facteurs de croissance 6 jours de traitement, le poids de la thyroïde augmente de


43 % [31] . Chez l’animal soumis à un régime goitrogène,
TSH associant antithyroïdien et alimentation pauvre en iode, l’on
L’hormone thyréotrope TSH est le principal déterminant de assiste à une augmentation précoce de l’expression du FGF2, qui
la prolifération des cellules thyroïdiennes. Son rôle dans la est maximale à la fin de la première semaine de traitement, puis
survenue de la goitrogenèse est illustré par les nombreuses diminue progressivement en se maintenant à un niveau supé-
situations cliniques d’élévation de la TSH sans atteinte primitive rieur à celui chez les animaux contrôles. L’expression du
de la thyroïde, parmi lesquelles on peut citer le syndrome de récepteur de type 1 des FGF est également augmentée, mais de
résistance généralisée aux hormones thyroïdiennes, l’hypothy- manière plus tardive [32] . Il semble que l’effet des FGF ne
roïdie périphérique iatrogène, l’adénome thyréotrope. Des s’exerce qu’en présence de TSH. En effet, ce même régime
travaux expérimentaux anciens ont montré que l’exposition alimentaire reste sans effet sur la production de FGF et de son
chronique à des concentrations élevées de TSH (induites par récepteur chez des rats hypophysectomisés [33].
exemple par l’administration d’un antithyroïdien [14]) conduit, « Epidermal growth factor » (EGF)
chez le rat, à l’apparition d’un goitre. En outre, des modèles Ce facteur est synthétisé par les cellules thyroïdiennes
animaux ont apporté la preuve que la stimulation constitutive humaines, et stimule la prolifération des thyrocytes en cul-
de la voie de signalisation de la TSH est impliquée dans la ture [34] . Il inhibe en revanche l’expression des fonctions
goitrogenèse. Les souris transgéniques qui expriment de façon différenciées. La synthèse du récepteur de l’EGF par les thyro-
thyroïde-spécifique le récepteur A2 de l’adénosine ou la sous- cytes est augmentée en présence de TSH [35]. Dans les goitres
unité A1 de la toxine du choléra présentent une activation secondaires à des troubles de l’hormonogenèse, le niveau de
constitutive de la voie de l’acide adénosine monophosphate transcription des gènes codant l’EGF et son récepteur est
cyclique (AMPc) et développent un goitre et une hyperthyroï- augmenté par rapport à du tissu thyroïdien normal [36]. Enfin,
die [15, 16]. Celles exprimant une forme mutée du récepteur la concentration plasmatique d’EGF chez des femmes présentant
a1-adrénergique, responsable de la stimulation constitutive des un goitre nodulaire est significativement supérieure à celle des
voies de l’AMPc et de la phospholipase C, développent un contrôles ; elle diminue après thyroïdectomie, suggérant une
goitre nodulaire et une hyperthyroïdie [17]. L’on peut rapprocher origine thyroïdienne de l’EGF circulant [37].
de ces modèles expérimentaux les situations de mutations du
récepteur de la TSH rencontrées en pathologie humaine. « Transforming growth factor b » (TGFb)
Lorsqu’elles sont germinales, ces mutations conduisent aux Le TGFb est un puissant inhibiteur de la prolifération et de
tableaux d’hyperthyroïdie congénitale non auto-immune [18] l’expression des fonctions différenciées des cellules thyroïdien-
auxquels est associé un goitre. Les mutations somatiques du nes, régulant négativement la synthèse du transporteur d’iodure
récepteur de la TSH ou de la sous-unité a sont quant à elles (NIS), de la thyroglobuline, et de la thyroperoxydase (TPO) [38].
impliquées dans la genèse des adénomes toxiques. Leur préva- Son expression est stimulée par la TSH et l’iodure. Outre son
lence est très diversement appréciée selon les études, variant effet inhibiteur sur la prolifération cellulaire induite par la
respectivement de 3 % à 82 % et de 7 % à 38 % des cas [19, 20]. TSH [39], l’IGF1 et le FGF, le TGFb augmente la synthèse d’IGF-
BP3, contribuant ainsi à réduire la biodisponibilité de l’IGF1.
Autres facteurs de croissance Au cours de la goitrogenèse expérimentale chez le rat, l’on
Le goitre sporadique survient généralement chez des patients assiste à une augmentation de la production thyroïdienne de
dont le taux de TSH est normal, et en absence de toute carence TGFb pendant les 2 premières semaines de traitement, et celle-ci
en iode. L’effet de nombreux facteurs de croissance, agissant in reste élevée tant que le traitement goitrogène est poursuivi. Ce
vivo de manière endocrine, autocrine ou paracrine, a été étudié phénomène pourrait contribuer à limiter l’augmentation de la
in vitro et sur des modèles animaux. taille du goitre, et rendre compte de la phase de « plateau » qui
« Insulin-like growth factor » 1 (IGF1) succède à la phase de croissance des cellules thyroïdiennes [40].
Toutefois, l’implication du TGFb dans la goitrogenèse chez
L’IGF1 est synthétisé par les fibroblastes, les cellules endothé- l’homme reste controversée, certains auteurs rapportant une
liales et les cellules thyroïdiennes, ces dernières exprimant en diminution de l’expression du TGFb dans le tissu hyperplasique
outre le récepteur de l’IGF1 [21, 22]. In vitro, l’IGF1 stimule la comparativement au tissu sain, d’autres montrant une expres-
prolifération et la différenciation des thyrocytes en synergie sion de TFGb accrue dans les goitres récidivant après chirur-
avec la TSH [23]. La biodisponibilité de l’IGF1 dépend de son gie [33]. Indépendamment du niveau d’expression du TGFb, les
niveau d’expression mais aussi des IGF binding proteins (IGF- cellules thyroïdiennes de goitres nodulaires présentent souvent
BP) [22], qui sont sécrétées par les cellules thyroïdiennes en une résistance aux effets antiprolifératifs du TGFb [41] . Les
culture. La TSH exerce un effet inhibiteur sur la synthèse de ces mécanismes de cette résistance ont été plus particulièrement
IGF-BP, ce qui pourrait contribuer à l’effet de stimulation de la étudiés dans des modèles de tumeurs épithéliales et peuvent
prolifération des thyrocytes [24]. La biodisponibilité de résulter de mutations inactivatrices du récepteur de type II ou
l’IGF1 autour des thyrocytes pourrait en outre être régulée par d’anomalies de la voie de signalisation des TGFb [42, 43].
l’iode ou ses dérivés : il a en effet été démontré, dans des À côté des effets inhibiteurs qu’il exerce sur les cellules
cellules thyroïdiennes de porc, que l’iodure intracellulaire épithéliales, le TGFb stimule la prolifération des fibroblastes et
inhibait la transcription du gène de l’IGF1 [25] . Le rôle de l’accumulation de matrice extracellulaire, et il pourrait être
l’IGF1 dans le processus de goitrogenèse est illustré par la forte impliqué dans les phénomènes de fibrose fréquemment rencon-
prévalence du goitre chez les patients acromégales. D’après trés au sein des goitres multinodulaires [33].
Wuster et al. [26] , elle atteindrait 70 %, et dans l’étude de
Miyakawa [27] 64,7 % des patients acromégales présentent un
goitre multinodulaire dépisté par échographie. Plus récemment,
Facteurs génétiques
une association entre une concentration plasmatique Études familiales et étude de jumeaux
d’IGF1 dans les valeurs hautes de la zone de normalité et la
présence d’un goitre en échographie a été démontrée [28]. Plusieurs observations cliniques conduisent à suspecter une
prédisposition génétique au processus de goitrogenèse. Il s’agit
« Fibroblast growth factors » (FGF) par exemple de l’agrégation familiale des goitres, de la prédo-
Les cellules thyroïdiennes synthétisent les FGF1 et 2, impli- minance féminine (ratio de 7/1 à 9/1 dans les zones sans
qués dans la régulation de la prolifération de nombreux types endémie goitreuse), et de la persistance de goitres dans les zones
cellulaires et dans l’angiogenèse. Elles synthétisent également le où des programmes de prophylaxie iodée ont été instaurés [4].
récepteur de type 1 des FGF. Le niveau d’expression des FGF est Les études familiales et de jumeaux renforcent les arguments
accru dans le goitre multinodulaire [29]. L’effet mitogène du FGF en faveur de cette prédisposition génétique. Les premières
a été démontré sur des cellules thyroïdiennes en culture [30]. d’entre elles [44], déjà anciennes, ont par exemple montré que le
L’effet du FGF sur la prolifération des cellules thyroïdiennes a risque de développer un goitre était significativement augmenté
aussi été analysé in vivo. L’administration intraveineuse de FGF chez les enfants dont les parents présentaient un goitre, cette
conduit chez le rat à l’apparition rapide d’un goitre : après observation pouvant néanmoins aussi s’expliquer par une

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exposition à des facteurs environnementaux goitrogènes. parents, porteurs des mêmes mutations, étaient en euthyroïdie.
L’étude d’une famille présentant une incidence particulièrement Le rôle de THOX2 est donc possible dans la genèse du goitre
élevée de goitre avait conduit à l’hypothèse d’une transmission euthyroïdien.
selon le mode autosomique dominant [45]. La concordance du
goitre chez les jumeaux homozygotes est de plus de 40 %, Études génétiques par analyse de liaison
supérieure à celle chez les jumeaux hétérozygotes [46]. Une étude Les études génétiques par analyse de liaison cherchent à
sur plus de 5 000 jumeaux monozygotes et dizygotes dans une identifier de nouveaux loci de susceptibilité à la goitrogenèse au
zone non endémique de goitre suggère que le développement sein de familles ou de paires de jumeaux atteints de goitre. On
d’un goitre chez les femmes est expliqué à 82 % par la utilise des marqueurs génétiques (microsatellites ou séquences
génétique [46]. nucléotidiques répétées) et on étudie l’ensemble du génome.
Cette susceptibilité génétique à la goitrogenèse a pu être Ce type d’analyse a permis d’identifier un locus candidat
étudiée plus précisément par les études de biologie moléculaire, dénommé MNG1 (multinodular goiter 1) situé sur le chromo-
d’une part par l’approche du gène candidat et d’autre part par some 14 (locus 14q31) dans une famille canadienne [59] puis
analyse de liaison. dans une famille allemande [60]. Le gène du récepteur de la TSH
se situe à proximité de ce locus et a donc été séquencé compte
Analyses de gènes candidats tenu de sa possible implication dans le processus de goitroge-
Les approches de gène candidat consistent à rechercher, dans nèse : aucune mutation n’a été retrouvée [59].
une population porteuse de goitre, des mutations ou des Un second locus d’intérêt a été identifié sur le chromosome X
polymorphismes de gènes codant des protéines impliquées dans dans une famille italienne porteuse de goitres euthyroïdiens et
la physiologie thyroïdienne et dans la synthèse hormonale fut dénommé MNG2 (locus Xp22) [61].
thyroïdienne. D’autres familles furent analysées pour tester la validité de ces
régions candidates ; cependant aucune association ne fut
Gène de la thyroglobuline
retrouvée [62].
Des mutations du gène de la thyroglobuline sont impliquées Afin d’identifier d’autres régions candidates, une analyse a été
dans les troubles de l’hormonogenèse, qui s’accompagnent de conduite dans 18 familles porteuses d’un goitre familial à l’aide
goitre congénital [47]. Bien qu’initialement considéré comme de 450 microsatellites [63]. Quatre nouveaux loci ont ainsi été
l’un des principaux gènes candidats du goitre simple euthyroï- identifiés sur les chromosomes 2q, 3p, 7q et 8p. L’association
dien, seuls quelques cas ont été rapportés dans la littérature [48]. avec le locus 3p était retrouvée dans quatre familles (soit chez
L’un correspond à une mutation faux sens dans l’exon 10 du 20 % des familles) alors que les associations avec les autres loci
gène codant la thyroglobuline, et a été identifié chez 25 des n’étaient retrouvées que dans une famille. Sur le locus 3p, on a
26 sujets de trois familles présentant des goitres sans dysfonc- pu identifier le gène du récepteur bêta des hormones thyroï-
tion thyroïdienne [49, 50] . La large délétion du gène de la diennes et sur les loci 2q et 7q des gènes codant pour des
thyroglobuline décrite par Gonzalez-Sarmiento [51] est retrouvée molécules qui interagissent avec le récepteur de la TSH. Aucun
chez un seul des 50 patients porteurs de goitre testés, et son gène d’intérêt n’a été retrouvé sur le locus 8p. Ces gènes
implication dans la goitrogenèse est remise en cause par certains candidats ont été séquencés, sans qu’aucune mutation ne soit
auteurs [48]. retrouvée.
Gène de la thyroperoxydase (TPO) L’ensemble de ces études suggère que la probabilité que des
La plupart des mutations homozygotes ou hétérozygotes anomalies monogéniques soient responsables des goitres
composites du gène de la TPO ont été identifiées chez des euthyroïdiens, est faible. Ainsi, la prédisposition génétique à la
patients porteurs d’un goitre congénital avec hypothyroïdie [48]. goitrogenèse est hétérogène, probablement variable d’une
Seuls deux exemples anciens de mutation du gène de la TPO famille à l’autre. Par ailleurs, dans la majorité des cas, ce
associée à des goitres euthyroïdiens ont été rapportés : l’une « bagage » génétique complexe interagit avec de nombreux
avec une absence à la fois de la peroxydation et de l’organifica- facteurs environnementaux de susceptibilité.
tion de l’iode [52] et l’autre avec une peroxydation normale de
l’iode mais un défaut d’organification de l’iode [53]. Facteurs environnementaux
Gène du transporteur de l’iode sodium dépendant (SLC5A5) Iode
Le transport actif de l’iode dans la thyroïde est médié par le Longtemps considérée comme la principale cause de goitre, la
transporteur de l’iode sodium-dépendant (NIS) situé sur la carence iodée ne peut être tenue pour responsable de tout
membrane basolatérale des thyréocytes, cloné en 1996. Plusieurs processus de goitrogenèse, comme en atteste la prévalence non
anomalies du gène ont été décrites, associées à des tableaux nulle du goitre dans les zones exemptes de carence iodée, et à
cliniques variés. La mutation faux sens T354P à l’état homo- l’inverse l’absence de goitre chez certains sujets exposés à une
zygote a été rapportée à plusieurs reprises chez des patients carence iodée. Néanmoins, il existe une relation inverse entre le
japonais porteurs de goitre euthyroïdien [54, 55], alors qu’elle a volume thyroïdien et l’excrétion urinaire d’iode [64] . Cette
été retrouvée à l’état hétérozygote chez des patients présentant situation s’accompagne d’une stimulation chronique par la TSH,
l’association d’un goitre et d’une hypothyroïdie [56]. reflet de l’adaptation de l’axe thyréotrope à la moindre capacité
Gène de la pendrine (SLC6A4) de synthèse hormonale des thyréocytes, avec pour conséquence
la prolifération accrue des cellules thyroïdiennes. En outre, en
Ce gène code une protéine, la pendrine, dont le rôle physio- cas de carence iodée, les cellules thyroïdiennes deviennent plus
logique reste controversé. La pendrine serait un transporteur sensibles à l’effet mitogène de la TSH, comme l’a démontré Bray
spécifique de l’iode et participerait à son efflux [57]. Le syndrome en 1968 [65] : l’administration d’hormone thyréotrope chez des
de Pendred, transmis sur le mode autosomique récessif, associe rats hypophysectomisés s’accompagne d’une augmentation du
une surdité neurosensorielle et un goitre. Plusieurs mutations du volume thyroïdien, nettement plus importante lorsque les
gène PDS ont été rapportées, mais le goitre est parfois absent du animaux ont préalablement été soumis à une carence iodée
tableau clinique [48, 58]. profonde. Les mécanismes d’action de l’iode font intervenir la
Gène du récepteur de la TSH voie de l’AMPc, mais aussi une voie indépendante de l’AMPc,
Du fait de son rôle majeur dans la fonction et la croissance comme l’ont montré Tramontano et al. [66] . En présence
thyroïdiennes, le gène du récepteur de la TSH est un candidat. d’iodure, la réponse proliférative des cellules thyroïdiennes à la
Cependant, aucune mutation n’a clairement été identifiée dans TSH est diminuée, sans que le contenu intracellulaire en AMPc
le cadre des goitres euthyroïdiens. soit modifié. L’iode exerce ses effets directs par l’intermédiaire
des iodolactones.
Gène « THOX2 »
Le gène THOX2 code une protéine intervenant dans le Tabagisme
système de génération du peroxyde d’hydrogène. Plusieurs Le volume thyroïdien et la prévalence du goitre sont associés
délétions de ce gène ont été décrites chez des enfants atteints au tabagisme [67, 68] , l’association la plus importante étant
d’hypothyroïdie congénitale avec goitre ; cependant leurs observée dans les zones de profonde carence iodée [67]. Dans la

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méta-analyse publiée en 2002 par Vestergaard [69], le risque de Tableau 1.


goitre non toxique est associé au tabagisme, passé ou en cours, Classification des goitres selon l’OMS (1994).
particulièrement chez les femmes. Dans une étude transversale
Stade 0 Pas de goitre palpable ou visible
menée par Knudsen chez plus de 4500 sujets, la moitié des
goitres serait expliquée par le tabagisme [67] . L’explication Stade 1 Goitre palpable, non visible lorsque le cou est en position
normale
physiopathologique proposée pour expliquer cette association
est l’augmentation du taux de thiocyanate circulant par inhala- Présence de nodule(s)
tion des cyanides contenus dans la fumée de cigarette. Les Stade 2 Goitre visible le cou en position normale
cyanides sont en effet détoxifiés dans l’organisme par un
système enzymatique complexe qui génère des thiocyanates à masse corporelle : l’augmentation de la conversion des andro-
partir de ces cyanides et des thiosulfates [37] . Le rôle des gènes en estrogènes au niveau du tissu adipeux pourrait alors
thiocyanates est abordé ci-après. rendre compte de cette association [72].
En revanche, l’utilisation d’une contraception estroprogesta-
Thiocyanates tive serait associée à une diminution de la prévalence du goitre,
Les thiocyanates sont présents de façon ubiquitaire dans ce qui va à l’encontre de l’hypothèse physiopathologique
l’organisme. Ils proviennent de l’alimentation (choux, millet) et énoncée précédemment [70].
sont aussi générés dans l’organisme ; en effet, leur concentration L’ensemble de ces données montre la complexité du proces-
augmente au cours des processus inflammatoires et ils sont sus de goitrogenèse, qui dépend de l’intrication complexe de
également le produit de la détoxification des cyanides. Ces nombreuses composantes à la fois génétiques et environ-
derniers sont émis dans l’air ambiant de façon considérable par nementales.
la combustion industrielle. Dans les pays industrialisés, les
concentrations plasmatiques et urinaires de thiocyanates
reflètent l’importance de l’exposition aux déchets industriels. ■ Clinique
Les thiocyanates comportent un certain nombre d’effets L’inspection et la palpation permettent de poser le diagnostic
biologiques. Ils favorisent la croissance cellulaire et protègent de goitre clinique. Celui-ci est affirmé si la surface d’un lobe est
également les cellules en cas d’exposition toxique. Par ailleurs, supérieure à la surface de la dernière phalange du pouce du
ils stimulent le système immunitaire et la phagocytose. Ils ont patient. En 1994, l’OMS a proposé une révision de la classifica-
également une action directe sur le tissu thyroïdien, qui est tion initiale de 1960, approximative mais simple à mettre en
concentration dépendante. À faibles doses, ils stimulent les œuvre notamment dans le cadre d’études épidémiologiques
fonctions thyroïdiennes ; à fortes doses, ils agissent comme un (Tableau 1).
compétiteur du transport de l’iodure dans les thyréocytes [37], et La palpation thyroïdienne permet d’apprécier, outre le
ils diminueraient l’organification de l’iode [70]. Dans une étude volume thyroïdien, la consistance du goitre (souple, ferme,
récente, Brauer et al. ont montré que l’excrétion urinaire de dure), sa sensibilité et son caractère homogène ou nodulaire.
thiocyanates est corrélée à la prévalence des goitres et que le Elle peut cependant être peu informative chez des patients
ratio « excrétion urinaire d’iode/excrétion urinaire de thiocya- ayant un cou large, court ou une cyphose dorsale. Il en est de
nates » est un bon marqueur pour dépister les sujets susceptibles même si le goitre présente un développement intrathoracique ;
de développer un goitre [37]. dans ce cas, on ne perçoit parfois que les pôles supérieurs des
lobes.
Vitamine A L’auscultation du goitre peut permettre de révéler un souffle
Il a été montré que dans les pays en voie de développement holosystolique qui oriente plus volontiers vers une maladie de
où coexistent carence en iode et carence en vitamine A, la Basedow.
supplémentation en iode et en vitamine A était plus efficace sur L’interrogatoire recherche les antécédents familiaux de goitre
la réduction du volume thyroïdien que la supplémentation en et de dysthyroïdie ou un antécédent personnel d’irradiation
iode seule [71]. Cette observation s’explique par l’effet d’inhibi- cervicale, et s’attache à préciser l’origine ethnique et géographi-
tion qu’exerce la vitamine A sur la transcription du gène de la que, ainsi que l’ancienneté et l’évolutivité du goitre.
sous-unité alpha de la TSH ; ainsi, elle potentialise l’action de L’examen clinique doit aussi rechercher des signes évoquant
l’iode en régulant le principal facteur de croissance de la un goitre compliqué (toxicité, compression, néoplasie), qui sont
thyroïde. décrits ultérieurement.

Sélénium ■ Paraclinique
Le sélénium est un micronutriment essentiel, impliqué dans
Certains examens paracliniques peuvent conduire à la décou-
le processus enzymatique de toutes les sélénoenzymes, en
verte fortuite d’un goitre. Le diagnostic peut en effet être posé
particulier les désiodases qui permettent la conversion de la
à l’occasion d’un échodoppler des vaisseaux du cou, d’une
T4 en T3. C’est d’ailleurs dans la thyroïde que la concentration
radiographie ou d’un scanner thoraciques.
de sélénium est la plus importante. La carence en sélénium
pourrait, sur le plan mécanistique, favoriser la survenue d’un
goitre par la diminution du taux d’hormones thyroïdiennes
Échographie
actives. Les études publiées rapportent des résultats discordants, L’échographie cervicale est généralement prescrite à la suite
principalement des apports iodés très variables dans les diffé- de la découverte clinique d’un goitre pour préciser les mensu-
rentes populations étudiées. Récemment, Bauer et al. ont rations de la thyroïde afin d’avoir un examen de référence pour
rapporté que l’excrétion urinaire de sélénium dans une popula- juger de l’évolutivité ultérieure. Elle est d’ailleurs indispensable
tion non carencée en iode, n’était pas un facteur de risque en cas de goitre mal palpable, plongeant ou nodulaire. En effet,
indépendant de développer un goitre [37]. pour la détection des nodules, l’échographie est beaucoup plus
sensible que la palpation cervicale. Elle permet aussi de guider
la cytoponction en cas de goitre diffus ou nodulaire suspect de
Rôle des estrogènes malignité.
La prévalence du goitre est cinq fois plus importante chez les L’échographie permet une mesure tridimensionnelle de la
femmes que chez les hommes [48] . Outre la prédisposition thyroïde, afin d’en calculer précisément le volume. En effet,
génétique, on peut évoquer le rôle des estrogènes. En effet, ces chaque lobe thyroïdien peut être considéré comme une sphère
derniers favoriseraient la prolifération des thyréocytes [70]. Ce et son volume peut donc être calculé de la façon suivante :
phénomène pourrait expliquer l’augmentation du volume de la Volume (ml) = 4/3p × (diamètre/2)3
thyroïde durant la grossesse qui peut cependant aussi être Volume (ml) = 0,52 × largeur (cm) × longueur (cm) × épais-
rapportée à la majoration de la carence en iode du fait de seur (cm)
l’augmentation des besoins. Par ailleurs, Phitayakorn et al. ont Le volume thyroïdien moyen a pu être mesuré en échogra-
montré que le volume de la thyroïde était corrélé à l’indice de phie dans une population de 2 987 adultes français âgés de 35

Endocrinologie-Nutrition 5
10-007-A-10 ¶ Goitre simple

Figure 2. Radiographie de trachée d’un volumineux goitre endothora-


cique, responsable d’une déviation trachéale.

à 60 ans participant à l’étude SU.VI.MAX (supplémentation en


vitamines et minéraux antioxydants). Il est en moyenne de
13,3 ml chez l’homme et 8,9 ml chez la femme [73].

Bilan biologique
Les examens biologiques sont indiqués afin de faire le
diagnostic différentiel du goitre simple (goitre toxique, maladie
de Basedow, thyroïdite lymphocytaire d’Hashimoto, thyroïdite).
On réalise donc un dosage de la TSH qui, s’il est anormal, est
accompagné du dosage de l’hormonémie périphérique. Selon les
circonstances, l’on complète ce bilan par la recherche des
autoanticorps antithyroïde (anticorps antirécepteurs de la TSH,
antithyroperoxydase, voire antithyroglobuline) et éventuelle-
ment par le dosage des marqueurs inflammatoires en cas de
suspicion de thyroïdite. Les dosages de la thyroglobuline et de
la calcitonine ne sont pas indiqués en première intention. Le
taux de thyroglobuline est corrélé au volume thyroïdien, et
n’apporte pas d’indication pour un patient donné.
Figure 3. Tomodensitométrie avec injection de produit de contraste
Examens scintigraphiques iodé. Goitre endothoracique responsable d’une déviation et d’une sté-
La scintigraphie thyroïdienne ne doit pas être réalisée nose trachéale.
systématiquement ; elle présente un intérêt en cas de mise en A. Coupe transverse.
évidence d’une hyperthyroïdie afin d’en préciser le mécanisme, B. Coupe frontale.
par exemple pour dépister un nodule toxique, ou encore pour
distinguer une hyperthyroïdie de type basedowien d’un goitre
nodulaire toxique. Par ailleurs, elle est réalisée à l’iode 123 ou à Imagerie par résonance magnétique (IRM)
l’iode 131 avant de décider d’un traitement isotopique (cf. infra) L’IRM cervicomédiastinale bénéficie d’une meilleure résolu-
pour s’assurer d’une fixation suffisante de l’iode. tion que le scanner sur le contraste des tissus mais d’une moins
bonne résolution spatiale [4] . L’extension médiastinale des
Autres examens morphologiques goitres est bien identifiée de même que les relations avec les
vaisseaux du médiastin. Les coupes sagittales et frontales
En cas de goitre volumineux ou plongeant, d’autres examens
apportent des informations supplémentaires par rapport au
sont utiles pour étudier le retentissement sur les structures
scanner, bien que désormais les reconstructions scanographiques
adjacentes.
soient de plus en plus performantes. L’injection de gadolinium
Radiographie de trachée offre l’avantage de ne pas interférer avec l’administration
ultérieure d’iode radioactif.
La radiographie pulmonaire ou de trachée de face peut mettre
À l’issue de ces explorations, il est possible d’identifier le
en évidence le goitre sous la forme d’un élargissement du
goitre « symptôme » induit par des pathologies thyroïdiennes
médiastin supérieur ; elle permet également d’apprécier le
sous-jacentes (qui ne fait pas l’objet de ce chapitre), du goitre
retentissement du goitre sur la trachée (déviation ou sténose
« idiopathique » simple ou compliqué.
trachéale) (Fig. 2).
Scanner ■ Complications
Le scanner cervicothoracique permet de préciser l’extension
médiastinale du goitre plongeant et ses relations avec la trachée, L’évolution naturelle du goitre se fait volontiers vers la
l’œsophage, les carotides et les veines jugulaires, notamment nodularité et la toxicité. Une relation entre le volume du goitre
dans la perspective d’un geste opératoire (Fig. 3). On peut et l’âge du patient a ainsi été démontrée. En revanche, les taux
observer une alternance de zones se rehaussant après injection de TSH sont négativement corrélés au volume thyroïdien
de produit de contraste iodé et de zones restant hypodenses [74]. mesuré par échographie [75].
La principale limite du scanner repose sur l’injection de produit
de contraste iodé qui expose au risque d’hyperthyroïdie et qui Goitre toxique
nécessite un délai d’au moins 4 semaines avant toute réalisation Le goitre toxique correspond à un goitre multinodulaire dont
d’exploration scintigraphique thyroïdienne. un ou plusieurs nodules se sont autonomisés. Ils peuvent

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Goitre simple ¶ 10-007-A-10

correspondre à un clone présentant une mutation somatique


activatrice du récepteur de la TSH ou de la sous-unité activatrice
des protéines G. Une surcharge iodée est susceptible de précipi-
ter l’apparition d’une hyperthyroïdie ou d’aggraver une hyper-
“ Points essentiels
thyroïdie déjà présente le plus souvent infraclinique (TSH basse La démarche diagnostique devant un goitre doit :
et hormonémie périphérique normale). • dépister une dysthyroïdie ;
Du fait de la lente évolution vers l’autonomie puis l’hyper-
thyroïdie, celle-ci survient volontiers chez les sujets âgés. Même
• identifier un cancer ;
infraclinique, l’hyperthyroïdie dans cette population expose à • rechercher une menace de compression locale.
des complications, essentiellement cardiovasculaires : le risque Le bilan minimal comporte donc :
relatif de troubles du rythme supraventriculaire est augmenté • un examen clinique soigneux ;
d’un facteur 3 chez les patients de plus de 60 ans présentant • un dosage de TSH ;
une TSH basse (< 0,1 mU/l) [76]. • un éventuel examen morphologique (échographie
Dans la démarche diagnostique face un goitre, il est ainsi cervicale). Une TDM peut être proposée en cas de goitre
justifié de rechercher les signes cliniques d’hyperthyroïdie et de plongeant non explorable dans sa totalité par
doser la TSH.
l’échographie cervicale.
Goitre compressif
Le risque de compression est facilement évoqué en cas de Surveillance
goitre volumineux mais doit aussi être recherché en cas de
Cette option n’est pas souvent discutée dans la littérature
goitre plongeant endothoracique. Il faut ainsi rechercher les
peut-être du fait de l’histoire naturelle du goitre et du souhait
atteintes suivantes :
de traiter avant l’apparition des complications compressives.
• une compression de la trachée qui se traduit cliniquement
Cependant, chez certains patients, le volume du goitre peut
par une dyspnée inspiratoire ; elle peut être objectivée sur les
rester stable au fil des ans ; c’est pourquoi certains auteurs
examens morphologiques (radio de thorax, scanner thoraci-
recommandent cette simple surveillance si le patient est
que ou IRM cervicomédiastinale) ;
totalement asymptomatique et ne présente pas de dysfonction
• une compression de l’œsophage que l’on peut diagnostiquer
thyroïdienne [80].
devant une dysphagie ;
• une compression du nerf récurrent à l’origine d’une dyspho- Supplémentation en iode
nie ou de fausses routes ; cette atteinte est plus en faveur d’un La supplémentation en iode semble être une approche
processus néoplasique mais peut tout de même se rencontrer adéquate puisque le développement du goitre est fortement
au cours de pathologies bénignes [4] ; associé à la carence en iode. L’efficacité de cette supplémenta-
• une compression veineuse se traduisant par une circulation tion, lorsque le goitre est déjà développé, a peu été étudiée [64].
collatérale cervicothoracique avec possibilité d’œdème en Un essai contrôlé réalisé dans une zone géographique de
pèlerine dans le cadre d’un syndrome cave supérieur. carence iodée rapporte que l’administration de 400 µg/j d’iode
Ces symptômes obstructifs peuvent être accentués par la pendant 8 mois est aussi efficace que l’administration de
manœuvre de Pemberton qui consiste à élever les deux bras 150 µg/j de L-thyroxine [81]. Cependant, le facteur limitant de
jusqu’à ce qu’ils touchent la tête ; la manœuvre est considérée cette augmentation des apports iodés à visée thérapeutique est
comme positive si en moins de 1 minute survient une conges- le risque d’induire une thyrotoxicose. Par ailleurs, une étude a
tion de la face avec possible cyanose et apparition d’une montré l’augmentation de l’incidence des carcinomes papillaires
détresse respiratoire. et des thyroïdites lymphocytaires après augmentation des
apports iodés dans une région de goitre endémique [82]. C’est
Goitre suspect de malignité pourquoi cette thérapeutique n’est pour l’instant pas recom-
La transformation maligne du goitre se manifeste devant une mandée, sauf en Allemagne où elle est régulièrement pratiquée.
rapide augmentation de volume de l’ensemble de la glande ou
d’un nodule antérieurement connu, une glande dure et com- Traitement freinateur par L-thyroxine
pressive ou la présence d’adénopathies. Il est donc important La freination de la TSH, encore considérée comme le princi-
d’associer à la palpation thyroïdienne la palpation des aires pal facteur de croissance de la thyroïde, par un traitement par
ganglionnaires cervicales dans la démarche diagnostique face à L-thyroxine est supposée ralentir l’augmentation de volume du
un goitre. goitre, voire le diminuer. Les différentes études qui ont analysé
Le processus néoplasique peut toucher l’ensemble de la l’intérêt de la L-thyroxine dans le traitement du goitre retrou-
glande en cas de lymphome ou de cancer anaplasique. Le plus vent une diminution de 15 à 40 % du volume thyroïdien dans
souvent, on rencontre des carcinomes papillaires dans le cadre les 3 mois suivant l’initiation du traitement [64]. Cependant,
de goitres multinodulaires. Selon les séries chirurgicales, 10 à parmi ces études, peu d’essais comportent un groupe pla-
14 % des goitres multinodulaires opérés présentent un foyer de cebo [80]. Les études contrôlées sont résumées dans le Tableau 2.
carcinome papillaire [77, 78]. Il est donc nécessaire de surveiller À l’arrêt du traitement freinateur, la thyroïde retrouve le plus
cliniquement et échographiquement les goitres multinodulaires souvent son volume initial. Ainsi, pour être efficace, le traite-
afin de repérer les situations suspectes de malignité. Tout nodule ment par L-thyroxine nécessite d’être poursuivi indéfiniment.
suspect cliniquement ou échographiquement est la cible d’une Or, les conséquences cardiovasculaires de l’hyperthyroïdie
cytoponction à l’aiguille fine : en effet, l’analyse cytologique est infraclinique au long terme (avec l’augmentation de l’incidence
la meilleure méthode de détection de la malignité d’un nodule, des arythmies complètes par fibrillation auriculaire [AC/FA])
comme l’ont démontré de multiples travaux. Dans l’étude sont actuellement bien démontrées [76, 83] ; le risque de déminé-
rétrospective de Ravetto et al. [79] portant sur 37 895 cytoponc- ralisation osseuse est quant à lui plus controversé. Le rapport
tions de nodules thyroïdiens dont 4 204 ont été opérés, la bénéfice/risque d’un tel traitement n’est donc actuellement pas
sensibilité de la cytoponction est évaluée à 91,8 %, et sa démontré. La réponse en termes de diminution de volume
spécificité à 75,5 %. semble plus importante dans le goitre diffus que dans le goitre
nodulaire ; de même, ce traitement semble plus efficace chez les
■ Traitement sujets jeunes chez qui le diagnostic de goitre a été fait précoce-
ment [84] . Une étude allemande est en cours pour évaluer
l’efficacité de la L-thyroxine dans le goitre nodulaire [85].
Outils thérapeutiques
Les outils thérapeutiques se répartissent entre la simple Traitement par iode radioactif
surveillance clinique, les traitements médicaux et la chirurgie. Suite à l’observation de la diminution de taille de la thyroïde
Les approches thérapeutiques concernent à la fois la prise en chez les patients traités par iode radioactif pour une maladie de
charge du goitre simple et du goitre multinodulaire. Basedow, il a été suggéré d’utiliser cet outil thérapeutique pour

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10-007-A-10 ¶ Goitre simple

Tableau 2.
Traitement freinateur de goitres : résultats des études contrôlées.
Auteur N Durée du traitement Dose de LT4 Résultat Groupe contrôle Résultat groupe
(mois) contrôle
Berghout et al. 55 9 2,5 µg/kg 58 % de patients répondeurs a (25 % Placebo 5 % de patients
(1990) de réduction du volume du goitre) répondeurs a
Lima et al. (1997) 62 12 200 µg 30 % de patients répondeurs b Absence de Aucun répondeur b

traitement
Papini et al. (1998) 83 60 2 µg/kg Diminution du volume de la thyroïde Absence de Augmentation du
de 0,8 % traitement volume thyroïdien de
16 %
Wesche et al. 57 24 2,5 µg/kg 43 % de patients répondeurs a Iode radioactif 96 % de patients
(2001) répondeurs a
N : nombre de patients dans l’étude ; LT4 : L-thyroxine.
a
Diminution du goitre d’au moins 13 %.
b
Diminution du goitre d’au moins 50 %.

diminuer la taille des goitres euthyroïdiens. Toutes les études 1,5 fois plus importante chez les patients ayant reçu de la TSH
réalisées sauf une [86] sont des études non contrôlées. Cepen- recombinante par rapport aux contrôles, au prix d’un taux
dant, les résultats sont assez reproductibles d’une étude à l’autre d’hypothyroïdie définitive plus fréquent (4 à 6 fois).
avec en moyenne une diminution de la taille du goitre de 35 % Une des limites à l’utilisation de la TSH recombinante dans
à 55 % [64] . Wesche et al. ont démontré la supériorité du cette indication est la crainte de l’augmentation transitoire du
traitement par iode radioactif sur le traitement freinateur avec volume du goitre qui pourrait alors devenir compressif. Nielsen
une diminution du volume du goitre à 2 ans de 44 % versus et al. ont montré que l’administration de 0,3 mg de TSH
1 % [86]. L’efficacité du traitement semble inversement corrélée recombinante entraînait une augmentation maximale du goitre
à la taille du goitre ; en effet, dans les volumineux goitres, une de 24 % à 48 heures, mais sans complications respiratoires dans
grande partie de la thyroïde est en inertie et capte donc moins cette étude [94]. Néanmoins, la même équipe rapporte un cas de
bien l’iode radioactif [64]. Ainsi, plus le goitre est volumineux, dyspnée aiguë résolutive sous corticothérapie après administra-
plus la dose d’iode à administrer doit être importante. tion de la même dose de TSH recombinante [95]. L’autre effet
Le traitement par iode radioactif est généralement bien secondaire attendu est l’hyperthyroïdie transitoire qui survient
supporté. Certains auteurs ont rapporté une augmentation chez 50 % des patients [94], potentiellement délétère chez les
modérée précoce du volume du goitre liée à l’inflammation patients âgés. Une étude récente rapporte cependant l’absence
locale [87, 88] qui incite à la prudence en cas de traitement de de modification des paramètres cardiaques après administration
volumineux goitres responsables de compression trachéale. de TSH recombinante [96].
Cette situation peut justifier la mise en place d’une corticothé- En attendant les résultats d’études complémentaires sur
rapie transitoire. Par ailleurs, des thyroïdites radio-induites ont l’efficacité et l’innocuité, l’utilisation de la TSH humaine
été décrites dans les premiers mois après l’irathérapie, nécessi- recombinante en préparation au traitement des goitres par iode
tant un traitement anti-inflammatoire de courte durée associé radioactif n’est pas recommandée.
éventuellement à un bêtabloquant du fait de l’hyperthyroïdie
transitoire concomitante [64]. Thermocoagulation par laser
Ce traitement isotopique peut s’accompagner de l’apparition Ce traitement est un moyen simple et sûr pour réduire la
d’une authentique hyperthyroïdie basedowienne 1 à 3 mois taille des nodules thyroïdiens [97]. Ainsi, on peut envisager son
après le traitement. Elle surviendrait chez 5 % des patients et utilisation dans le goitre multinodulaire. Spiezia et al. ont
serait favorisée par la présence d’anticorps anti-TPO. L’iode montré que l’on pouvait ainsi diminuer de 66 % le volume de
radioactif entraînerait un relargage de composants antigéniques la thyroïde chez des patients porteurs de goitre
des cellules folliculaires qui pourrait induire une immunisation multinodulaire [98].
avec l’apparition d’anticorps antirécepteurs de la TSH [64].
Le risque d’hypothyroïdie n’est pas négligeable avec un risque Traitement chirurgical
cumulé de 58 % à 8 ans après le traitement ; les déterminants La thyroïdectomie a comme avantages de diminuer significa-
de la survenue d’une hypothyroïdie sont la positivité des tivement le volume du goitre et de permettre un contrôle
anticorps anti-TPO, l’existence d’une dysthyroïdie familiale et anatomopathologique en cas de goitre multinodulaire. Cepen-
un goitre de petit volume [89]. dant, la morbidité postopératoire n’est pas négligeable avec les
Administration d’iode radioactif après injection de TSH risques connus de paralysie récurrentielle et d’hypoparathyroï-
recombinante (Thyrogen®) die, respectivement évalués à moins de 1 % et de 1 % à 2 % [99],
Dès sa mise sur le marché, certains auteurs ont évoqué la ce d’autant plus que le goitre est volumineux. La thyroïdecto-
possibilité d’utiliser la TSH recombinante en préparation de mie totale est à l’heure actuelle le traitement radical de réfé-
l’administration d’une dose d’iode radioactif pour le traitement rence avec un risque de récidive faible de 0,3 % dans le travail
isotopique des goitres dans l’objectif de potentialiser la capta- de Snook et al. [100]. En revanche, en cas de thyroïdectomie
tion de l’iode au niveau de la thyroïde. En effet, après injection partielle, le taux de récidive du goitre est de 10 % [64] ; la mise
de 0,03 mg de TSH recombinante, la captation de l’iode par la en place d’un traitement freinateur en postopératoire ne
thyroïde est deux fois plus importante : le pourcentage de prévient pas ces récidives et n’est donc pas recommandée après
fixation de l’iode est de 63 % versus 30 % en l’absence de chirurgie thyroïdienne incomplète.
préparation par la TSH recombinante [90]. Après administration
d’une dose d’iode à visée thérapeutique, le pourcentage d’iode Indications thérapeutiques
retenu par la thyroïde est même plus important que celui Les indications thérapeutiques sont résumées dans la Figure 4.
attendu [91]. Par ailleurs, 24 heures après l’injection de TSH
recombinante, la distribution de la radioactivité au niveau de la
thyroïde est beaucoup plus homogène [92]. Du fait de cette
meilleure fixation de l’iode, l’irradiation des tissus extrathyroï-
■ Conclusion
diens est deux à trois fois plus faible qu’en l’absence de Caractérisée par sa grande fréquence, la pathologie hyperpla-
préparation par TSH recombinante [93]. sique de la thyroïde se présente sous de multiples aspects, du
Cette préparation par TSH recombinante est efficace comme goitre homogène au goitre multinodulaire, qui reflètent les
le suggèrent les différentes études contrôlées résumées dans le différentes phases de l’évolution naturelle du goitre. Si la
Tableau 3. La réduction du volume du goitre est en moyenne physiopathologie en reste incomplètement comprise à ce jour,

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Tableau 3.
Préparation au traitement isotopique des goitres par TSH (thyroid stimulating hormone) recombinante : résultats des études contrôlées.
Auteur N Suivi Mode Taille Activité d’iode Diminution Hypothyroïdie
de préparation du goitre 131 administrée de volume du
goitre
Silva, 2004 34 12 mois Contrôle np np 39,7 % 21,4 %
rTSH 0,45 mg 57,8 % 64,7 %
Nielsen, 2006 57 12 mois Placebo 51 ml 15 mCi 46,1 % 11 %
rTSH 0,3 mg 59 ml 15 mCi 62,1 % 62 %
Giusti et al., 20 6 mois Contrôle 89,8 ml np 25 % np
2006 rTSH 0,4 mg 78,1 ml 36,7 %
Bonnema, 2007 29 12 mois Placebo 170 ml 40 mCi 34,1 % 6,7 %
rTSH 0,3 mg 151 ml 40 mCi 53,3 % 21,4 %
N : nombre de patients dans l’étude ; np : non précisé ; rTSH : TSH recombinante.

Goitre homogène ou
nodulaire euthyroïdien

Femme jeune ou
susceptible d'être enceinte

Oui Non

Supplémentation iodée Goitre suspect de


Oui
ou traitement freinateur malignité ?
par LT4

Non Chirurgie

Goitre
compressif ?

Oui Non

Contre-indications Surveillance clinique


opératoires ou refus et échographique
de la chirurgie ?

Oui Non Évolution

Discuter de
Chirurgie Oui Non
l'iode radioactif

Figure 4. Arbre décisionnel. Principes de traitement des goitres simples. LT4 : L-thyroxine.

elle fait intervenir de nombreux facteurs, dont la TSH. La


carence iodée reste l’un des facteurs principaux de goitrogenèse,
et sa correction reste le meilleur traitement préventif du goitre.
Il importe de bien connaître la démarche diagnostique et les
principes de prise en charge thérapeutique du goitre, qui vont
de la simple surveillance à la thyroïdectomie totale, et dont les
indications se doivent d’être posées de manière rationnelle.

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