Vous êtes sur la page 1sur 46

ENSA de Tétouan

Filière Génie Civil, semestre S5


Module: MMD

Mécanique des solides déformables

Chapitre 9
Elasticité linéaire

El Khannoussi Fadoua

1
Plan

• Description du comportement élastique


• Elasticité linéaire isotrope
• Critère de limite d’élasticité

2
1 Description du comportement élastique

 Le modèle de comportement le plus simple est le modèle élastique.

 Pour des matériaux ayant un comportement élastoplastique ou viscoplastique, ce


modèle convient parfaitement, pourvu que l’on ne dépasse pas le seuil de plasticité.

 Pour des matériaux ayant un comportement de type viscoélastique, la transformation


de Laplace permet de se ramener à un comportement élastique.

 Même pour des matériaux ayant un comportement plus complexe, un calcul élastique
peut fournir des résultats intéressants, par exemple pour le calcul des fondations en
mécanique des sols.

 Enfin, la résolution numérique d’un problème de mécanique des solides, avec une loi
de comportement quelconque, s’effectue presque toujours par résolution d’une suite de
problèmes élastiques. Il est donc naturel de réserver une place importante à ce modèle
de comportement.

3
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité

 Le comportement élastique est caractérisé par une relation linéaire entre


contraintes et déformations. Dans le cadre de l’élasticité tridimensionnelle,
cette relation s’écrit:

 A :  ou inversement    :
soit en notation indicielle
ij  Aijkl kl ou inversement ij  ijkl kl (1)

où Aijkl et ijkl sont les composantes de deux applications A et , inverses


l’une de l’autre, de l’espace des tenseurs symétriques d’ordre 4 dans
lui-même.

A Tenseur de rigidité
 Tenseur de complaisance (ou de souplesse)
4
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité

 Compte-tenu de la symétrie des tenseurs des contraintes et des


déformations, on doit avoir par exemple pour A:

Aijkl  A jikl  A jilk (petite symétrie)

Nous ferons de plus sur le tenseur d’élasticité les deux hypothèses suivantes:
- le tenseur d’élasticité est symétrique:

Aijkl  A klij (grande symétrie) (2)

- il vérifie la stabilité matérielle:


Aijkl ij kl ij kl   0 (3)

(Le tenseur d’élasticité est défini positif)


5
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité

 Compte-tenu des relations de symétrie, on constate que le tenseur


d’élasticité fait apparaître 21 coefficients. On peut le représenter par une
matrice 6 × 6 symétrique:

11  A A12 A13 A14 A15 A16  11 


   11   
 22  A12 A 22 A 23 A 24 A 25 A 26   22 
33  A A 23 A33 A 34 A 35 A 36  33 
    13   2  (4)
 223  A14 A 24 A34 A 44 A 45 A 46   23 
  A A 56   231 
 2 31 
A 25 A35 A 45 A 55
 
15
 2  A16 A 26 A36 A 46 A 56 A 66   2 
 12   12 

(21 coefficients)

6
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité
 On peut aussi obtenir le comportement élastique par une approche thermodynamique:
un matériau élastique est un matériau sans dissipation, c’est-à-dire un matériau dans
lequel toutes les évolutions sont réversibles. D’après le cours 7, diapositive 27, on a:

du du
   ijDij  0 , ijDij  
dt dt

En se plaçant d’un point de vue purement mécanique, l’équation précédente donne,


puisque la dissipation  est nulle, la relation

du dij
 ij (5)
dt dt

Ceci incite à prendre l’énergie interne u fonction des déformations

u  w    (6)
potentiel élastique
7
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité
 En dérivant (6) et en identifiant avec (5), il vient:

w
ij 
ij

Les déformations étant petites, on peut développer w en série de Taylor:

1
w  ij   w 0  a ijij  A ijklij kl  ...
2
avec aij symétrique et Aijkl vérifiant la petite et la grande symétrie.
D’où
ij  a ij  Aijkl kl

aij est nul si la configuration de référence est supposée libre de contrainte.


ij  A ijkl  kl
8
1 Description du comportement élastique
Tenseur d’élasticité
 On obtient donc (1), mais avec cette approche l’hypothèse thermodynamique
(2) est automatiquement vérifiée, alors que l’hypothèse de stabilité (3) exprime
le fait que l’énergie interne du matériau atteint son minimum dans l’état de référence :
c’est donc bien une hypothèse de stabilité. Autrement dit, il faut fournir un travail positif
pour déformer le matériau à partir de son état naturel.
Nous introduisons également par transformée de Legendre de w:

w *
w   ijij  w     ij 
*
ij
ce qui permet d’écrire en prenant w0=0

1 1
w  Aijkl ij  kl  w *   ijkl ij kl
2 2

w w*
ij   Aijklkl , ij  ijkl kl
ij ij
9
1 Description du comportement élastique
Isotropie et anisotropie
Le tenseur d’élasticité, qui caractérise complètement les propriétés élastiques du
matériau, dépend, dans le cas le plus général, de 21 coefficients. Cependant, on peut
restreindre ce nombre en utilisant les symétries du matériau, c’est-à-dire les propriétés
d’isotropie ou d’anisotropie. Lors d’un changement de repère, les tenseurs d’élasticité A
et  se transforment par

Aijkl  Qim Q jn Qkp Qlq A mnpq (7)

Les composantes Aijkl du tenseur d’élasticité, ou la matrice d’élasticité (4),


dépendent donc du repère choisi.

Les propriétés de symétrie matérielle caractérisent les transformations qui


laissent invariantes ces composantes.

10
1 Description du comportement élastique
Isotropie et anisotropie
On dira qu’un matériau est isotrope si toutes ses directions sont équivalentes, c’est-à-
dire si la matrice d’élasticité (6) est indépendante du repère choisi. On doit donc avoir,
pour tout Qij orthogonal :

Aijkl  Qim Q jn Qkp Qlq A mnpq

Si, au contraire, il existe des directions privilégiées, le matériau sera dit anisotrope
et la matrice d’élasticité dépendra du repère choisi. Il conviendra de choisir au mieux
ce repère.

Pour caractériser plus précisément l’anisotropie, nous introduisons le groupe d’isotropie


G: groupe des transformations orthogonales laissant invariantes les composantes du
tenseur d’élasticité. Il est clair que G est un sous-groupe du groupe orthogonal. Si G
est le groupe orthogonal tout entier, alors le matériau est isotrope, sinon le matériau
est anisotrope, et l’anisotropie est caractérisée par G.

11
1 Description du comportement élastique
Isotropie et anisotropie
 L’origine physique de l’anisotropie peut être liée à la structure du matériau ou à son
mode de formation.

- Anisotropie de structure:
- monocristaux métalliques pour lesquels le groupe d’isotropie est alors le groupe
cristallographique.
– matériaux composites renforcés par fibres unidirectionnelles ou multi-
directionnelles.
- matériaux composites stratifiés. Ces matériaux, de développement relativement
récent, permettent d’obtenir des performances très élevées.
- matériaux fibreux naturels comme le bois.

Pour les matériaux métalliques polycristallins, habituellement considérés comme


isotropes, cette isotropie est de nature statistique; le polycristal est en effet formé
de la juxtaposition d’un grand nombre de grains monocristallins, donc anisotropes.
L’isotropie globale du polycristal résulte donc du caractère aléatoire de la répartition
des orientations cristallographiques de chacun des grains.
12
1 Description du comportement élastique
Isotropie et anisotropie

- Anisotropie de formation pour des matériaux initialement isotropes mais qui ont été
rendus anisotropes par les traitements subis :

- produits métalliques semi-finis obtenus par forgeage: tôles minces obtenues


par laminage et qui présentent trois directions privilégiées (direction de
laminage, direction transversale et épaisseur), barres obtenues par filage
et qui ont une direction privilégiée.

– roches ou sols de nature sédimentaire ou qu’ils ont subi d’importants


tassements géologiques.

13
1 Description du comportement élastique
Orthotropie
 Il existe trois directions privilégiées mutuellement orthogonales et le groupe d’isotropie
est formé des symétries laissant invariantes chacune de ces trois directions (non
orientées), c’est-à-dire des symétries par rapport aux axes correspondants. Si nous
choisissons le repère formé par ces trois directions, alors le groupe d’isotropie G est
formé des quatre matrices:
1 0 0 1 0 0  1 0 0   1 0 0
0 1 0  , 0 1 0  ,  0 1 0 ,  0 1 0
       
0 0 1 0 0 1  0 0 1  0 0 1

En écrivant (7), il vient:


11  A B12 B13 0 0 0  11 
   1  
 22  B12 A2 B23 0 0 0   22 
33  B B23 A3 0 0 0  33  (9 coefficients)
    13   2 
 223  0 0 0 C4 0 0  23  (8)
  0 
0   231  
 2    0 0 0 C5
31

 2  0 0 0 0 0 C6   2 
 12   12 
14
1 Description du comportement élastique
Orthotropie
 Pour un matériau orthotrope, la matrice élastique ne fait plus intervenir que neuf
coefficients.

La matrice d’élasticité associée à  a évidemment la même structure. Cette forme


simple est liée au choix du repère associé aux directions d’orthotropie. Dans un autre
repère, cette matrice aurait une forme plus compliquée.

 Des essais de traction sur des éprouvettes découpées dans les directions
d’orthotropie permettent de déterminer assez facilement les coefficients A 1, A2, A3,
beaucoup plus difficilement les coefficients B 12, B13, B23. Quant aux coefficients C4,
C5 et C6, ils sont très difficiles à obtenir expérimentalement.

 Physiquement, l’orthotropie s’applique par exemple aux tôles laminées ou aux


matériaux composites renforcés par deux ou trois systèmes de fibres dans des
directions perpendiculaires.

15
1 Description du comportement élastique
Isotropie transverse
 Le matériau a une direction privilégiée, et le groupe d’isotropie G est le groupe des
transformations laissant invariante cette direction non orientée. Nous choisissons un
repère ayant l’axe x3 comme direction privilégiée. Le groupe G est alors formé :
– des rotations autour de x3 (d’angle quelconque) ;
– des symétries par rapport aux droites du plan x1, x2.
C’est donc le groupe des matrices de la forme
 cos  sin  0 cos  sin  0
 sin  cos  0 ,  sin   cos  0
   
 0 0 1  0 0 1
On peut obtenir la forme suivante pour la matrice d’élasticité:
11  A B E 0 0 0  11 
     22 
 22  B A E 0 0 0  
33  E E D 0 0 0  33  (5 coefficients)
    2 
 2  23  0 0 0 C 0 0  23 
   (8)
2  0 0 0 0 C 0   2 
 31 
  31 
 2  0 0 0 0 0 A  B  2  16
 12   12 
1 Description du comportement élastique
Isotropie transverse
 Dans le cas de l’isotropie transverse, il reste cinq coefficients d’élasticité.

 Les coefficients D et E s’obtiennent par un essai de traction sur une éprouvette


parallèle à la direction privilégiée.

 Les coefficients A et B, par un essai de traction sur une éprouvette perpendiculaire


à la direction privilégiée.

 Enfin le coefficient C peut s’obtenir par une expérience de torsion sur un tube mince
parallèle à l’axe privilégié.

 L’isotropie transverse est un type d’anisotropie que l’on rencontre très fréquemment:
composites renforcés par fibres unidirectionnelles, composites stratifiés, bois, barres
obtenues par filage, roches et sols sédimentaires,

17
1 Description du comportement élastique
Symétrie cubique
 C’est un cas particulier de l’orthotrope; il existe toujours trois directions privilégiées
mutuellement orthogonales, mais en plus, ces trois directions sont équivalentes. Aux
matrices du groupe de l’orthotrope, il faut rajouter les quatre matrices suivantes:

1 1 0 0 0 1  1 0 0 0 1 0 
1 0 0 , 0 1 0  , 0 0 1  , 0 0 1 
       
0 0 1 1 0 0 0 1 0 1 0 0

et (8) devient
11  A B B 0 0 0  11 
    
 22  B A B 0 0 0   22 
33  B B A 0 0 0  33 
    2 
 2  23  0 0 0 C 0 0 23  (3 coefficients)
    
 2  31 
0 0 0 0 C 0   231 
  (10)
 2  0 0 0 0 0 C  2 
 12   12 
18
1 Description du comportement élastique
Symétrie cubique

 Physiquement, cette anisotropie correspond, par exemple, à un matériau


composite renforcé par trois systèmes de fibres identiques et dans des
directions perpendiculaires.

 Elle correspond aussi à un monocristal en système cubique ou cubique


à face centrée. Plus généralement, on sait construire les matrices d’élasticité
associées aux divers systèmes cristallographiques, mais ce type d’anisotropie
intervient rarement en mécanique.

19
2 Elasticité linéaire isotrope
Coefficients d’élasticité

 Pour un matériau isotrope, sans direction privilégiée, les composantes, du


tenseur d’élasticité doivent vérifier la relation (7) pour toute matrice orthogonale
Qij. On vérifie facilement que le tenseur :

Aijkl ijkh   ik  jh ih  jk  (11)

satisfait à cette condition.


Réciproquement, on peut montrer que cette condition ne peut être vérifiée
que si le tenseur d’élasticité a la forme (11). En écrivant (1), on obtient la loi
de comportement:

ij  kk ij  2ij (12)

20
2 Elasticité linéaire isotrope
Coefficients d’élasticité

 D’où la matrice d’élasticité:

11   2   0 0 0  11 


     
 22    2  0 0 0  22  (2 coefficients)
33     2 0 0 0  33 
    2  (13)
 223  0 0 0 2 0 0  23 
    
 2  31 
0 0 0 0 2 0   231 
 
 2   0 0 0 0 0 2   2 
 12   12 

 et  s’appellent les coefficients de Lamé.

La matrice d’élasticité (13) a la même forme que pour un matériau à symétrie


cubique (10), avec en plus la relation: C=A-B.

21
2 Elasticité linéaire isotrope
Coefficients d’élasticité

 Pour calculer les coefficients Aijkl de la loi de comportement inverse, nous


prenons la trace de (13):

kk  3 2   kk

qui donne les déformations en fonction des contraintes.

1 
ij  ij  kk ij (14)
2 2 3 2 

Ainsi, la loi élastique linéaire isotrope générale dépend de deux coefficients,


les coefficients de Lamé  et μ. Pour dégager leur signification physique, et
en particulier pour les mesurer, il faut envisager des états de contraintes et
de déformations particuliers. 22
2 Elasticité linéaire isotrope
Etats de contraintes et de déformations particuliers

 Tension ou compression hydrostatique

ij ij  ij ij et  3 2

3 2
Le module de rigidité à la compression est: K  (15)
3
 Glissement simple

0  0   0  0
H  0 0 0     0 0
0 0 0  0 0 0

Cisaillement simple

Le module de rigidité au cisaillement (module de Coulomb) est: G  (16) 23


2 Elasticité linéaire isotrope
Etats de contraintes et de déformations particuliers

 Traction simple
 0 0  L 0 0 
   0 0 0       0 T 0 
   
 0 0 0  0 0 T 
avec:
 1 
L    et T     L
 3 2  E 2 3 2 

 3 2 
E Module d’Young (17)



2    Coefficient de Poisson (18)
24
2 Elasticité linéaire isotrope
Relations entre les coefficients d’élasticité

On peut obtenir par un essai de traction le module d’Young et le coefficient de


Poisson: le module d’Young est la pente de la partie rectiligne du diagramme et
le coefficient de Poisson s’obtient par la mesure de la contraction transversale.
On peut ensuite à partir de E et  calculer les coefficients:

E E E
 ,  , K (19)
21  1 2 1  31 2 

On peut réécrire la loi de comportement élastique linéaire isotrope (14)


sous la forme:
1 
ij  ij   kk ij (20)
E E

25
2 Elasticité linéaire isotrope
Matrice d’élasticité inverse

La matrice d’élasticité inverse de (13) peut alors s’écrire:

11  1   0 0 0  11 
     
 22   1  0 0 0  22 
33  1   1 0 0 0  33  (21)
     2 
 2 23  E 0 0 0 1 0 0  23 
  0  
 2 31 
0 0 0 1 0   231 
 
 2  0 0 0 0 0 1   2 
 12   12 

Les coefficients d’élasticité: E, ,  ont la dimension d’une contrainte


tandis que le coefficient de Poisson  est sans dimension.

26
2 Elasticité linéaire isotrope
Quelques valeurs du module d’Young et du coefficient de
Poisson

E(hbar) 
Acier 22000 0.26  0.29
Aliminium 7000 0.32  0.34
Cuivre 12000 0.33  0.36
Titane 11000 0.34
Verre 6000 0.21 0.27
Caoutchouc 0.2 0.4999

1hbar 10MPa

27
2 Elasticité linéaire isotrope
Propriétés remarquables

 La forme générale (11) du tenseur d’élasticité dans le cas isotrope présente


quelques propriétés remarquables:
- Elle vérifie automatiquement l’hypothèse thermodynamique (2). C’est une
des raisons pour laquelle cette hypothèse n’a pas de support expérimental,
car le cas isotrope, le plus simple et le mieux connu, ne prouve rien.
- Les directions principales des contraintes et des déformations coïncident.
C’est une propriété générale du comportement élastique isotrope.

 Les relations entre les contraintes et les déformations principales s’écrivent:

I    2   I    II  III 
1 
 I   I    II  III 
E E

28
2 Elasticité linéaire isotrope
Découplage déviateur et partie sphérique

 La loi de comportement (12) ou (20) se découple en deux lois de


comportement, portant la première sur les parties sphériques, la seconde
sur les déviateurs

m  3K m , sij  2 eij (22)

e   d , s d

Ce découplage du comportement entre partie sphérique et déviateur


est spécifique du cas isotrope.

29
Démonstration:

Décomposition du tenseur des contraintes et déformations:


ij m ij  sij et ij  m ij  eij
Sachant que:
kk  3 2   kk  3K kk

Puisque: 1
 m   kk
3
1
 m   kk
3

m  3Km

30
2 Elasticité linéaire isotrope
Energie de déformation

 En utilisant le découplage partie sphérique - déviateur, l’énergie de


déformation s’écrit:
1 1
2
1
2
1
w  ijij   m ij  sij   m ij  eij   3m  m  sijeij   9K m2  2eijeij
2 2

K
  kk ll eijeij
2
De même
K 1 1
w  w   kk ll eijeij 
*
kk ll  sijsij
2 18K 4
Puisque déviateurs et parties sphériques sont indépendants, on voit qu’une
condition nécessaire et suffisante pour que l’hypothèse de stabilité (3) soit
vérifiée est:
1
K 0 , 0 soit E  0 , 1
2
31
2 Elasticité linéaire isotrope
Energie de déformation

 Supposons que K soit très grand (par rapport à μ et aux contraintes appliquées). La
relation (22) montre alors que kk, c’est-à-dire la variation de volume, est très petite,
le matériau est donc très peu compressible et il est raisonnable de l’approcher par un
matériau incompressible soumis à la liaison :

ii  0 , ij  eij (23)

Avec cette approximation, on perd toute information sur la partie sphérique


du tenseur des contraintes, la loi de comportement devient donc

ij pij  2ij

où p est une pression hydrostatique, nouvelle fonction inconnue dans la résolution


du problème. Elle vient compenser l’équation de liaison supplémentaire (23).

32
3 Critère de limite d’élasticité

e

Dans la région élastique, c’est-à-dire le domaine où le seuil de limite élastique n’est


pas dépassé, le comportement est élastique.
Le principe du calcul élastique des structures ou des éléments de construction
s’appuie sur la condition:

 e domaine élastique (24)


33
3 Critère de limite d’élasticité
Dans le cas tridimensionnel, il faut vérifier un critère de limite d’élasticité qui, de
manière générale, peut s’écrire:

f   0

où f est une fonction réelle, la fonction seuil élastique. Ce critère limite, dans l’espace
des contraintes, la région élastique dans laquelle doit rester le point représentatif des
contraintes. Cette fonction doit vérifier les symétries du matériau, et doit donc être
telle que:

f Qik Qilkl   f ij   Q orthogonale (f est isotrope)

On montre que:

f   f  I1,J 2 ,J3   f I , II , III 

34
3 Critère de limite d’élasticité
Le tenseur des contraintes (ou plus généralement tout tenseur symétrique) peut
être caractérisé par les trois contraintes principales et l’orientation du repère
principal. Dans de nombreux cas, l’orientation du repère principal ne joue pas un
rôle essentiel, et on pourra caractériser le tenseur des contraintes par les trois
contraintes principales I, II, III. On peut donc représenter un tenseur des
contraintes par un point d’un espace à trois dimensions  O, I , II , III  .
I


III
II
Cette représentation, très utile, exige néanmoins certaines précautions : on
représente géométriquement l’espace des contraintes principales par un espace
mais ce n’est pas un espace vectoriel. En particulier, les changements d’axes
sont dépourvus de sens. 35
3 Critère de limite d’élasticité
Dans cet espace, les tenseurs sphériques sont représentés par les points de
 1 1 1 
l’axe hydrostatique D de cosinus directeurs  , , .
 3 3 3
Les déviateurs sont représentés par les points du plan déviatoire P, perpendiculaire
en O à l’axe hydrostatique D.
P / I II III  0

I

D
P
II III

36
3 Critère de limite d’élasticité
Dans le plan déviatoire P, on trace la projection des axes I, II, III qui font entre
eux un angle de 2p/3 et un tenseur sera représenté par le point S

I
S

P
II III

Le point S ainsi construit caractérise le déviateur, puisque, si l’on rajoute


un tenseur sphérique arbitraire au tenseur dont la partie déviatoire représentée
par le point S, ce dernier point ne change pas.

37
3 Critère de limite d’élasticité
On peut alors montrer que la position du point S est complètement caractérisée par
les deux invariants J2 et J3 introduits par:
J3 3 3
r  2J 2 , cos3
2(J 2 )3/ 2

La position du point  dans l’espace des contraintes principales est complètement
caractérisée par I1, J2, J3 : I1 fixe la projection sur D, J2 la distance à D et J3 l’orientation
de la projection de O sur P.

I

II
III
38
3 Critère de limite d’élasticité

Si J3 n’intervient pas dans f alors cette surface seuil est de révolution autour de
l’axe hydrostatique.

Pour les métaux, on a montré expérimentalement qu’une pression hydrostatique,


aussi élevée soit-elle, ne produisait aucune déformation plastique. Nous pouvons
donc supposer que la partie sphérique du tenseur des contraintes n’intervient
pas dans f.

f  J 2 ,J3   0

Dans l’espace des contraintes principales, la surface seuil est un cylindre de


génératrice parallèle à l’axe hydrostatique.

39
3 Critère de limite d’élasticité

Le seuil sera donc complètement défini par l’intersection de la surface seuil avec
le plan déviatoire ou plutôt, compte tenu des symétries, par cette intersection
limitée à un secteur de 60 degrés, le reste étant complété par symétrie.

40
3 Critère de limite d’élasticité
1
 
Pour les sols, la pression moyenne m 3  kk intervient drastiquement dans f.
On suppose alors souvent que la contrainte principale intermédiaire n’intervient
pas dans f, c’est-à-dire que f  I , II , III  dépend uniquement de la plus grande
et de la plus petite des contraintes principales.

f  I , III   0 si I II  III

Dans la représentation de Mohr, seul intervient donc le plus grand des trois cercles.
Le critère est alors complètement défini par la courbe intrinsèque C, enveloppe des
demi-cercles limites, c’est-à-dire correspondant à f = 0. C’est le critère de la courbe
intrinsèque.
t
C

n 41
3 Critère de limite d’élasticité
Critère de von Mises

Le critère de von Mises s’écrit:


1
J 2  sijsij   (25)
2

où  est une constante, caractéristique du matériau, que l’on peut relier


à la limite élastique en traction. En traction simple en effet, le critère (25)
donne:
1 2 e2
sijsij      
2 3 3

1 e2
sijsij  (26)
2 3

42
3 Critère de limite d’élasticité
Critère de von Mises

On peut donner du critère de von Mises diverses interprétations physiques.


Ce critère exprime que l’énergie de distorsion ne doit pas dépasser un certain seuil:

1
w dist  sijsij  w lim
4

On peut également introduire les facettes octaédriques normales aux quatre


trisectrices des directions principales. Le critère de von Mises exprime donc que la
contrainte tangentielle octaédrique ne doit pas dépasser un certain seuil:

oct
t  3 J 2 lim
2

43
3 Critère de limite d’élasticité
Critère de Tresca

Le critère de Tresca exprime que la contrainte tangentielle ne doit pas dépasser


un certain seuil:

I  III
  si  I  II  III (27)
2

Comme pour le critère de von Mises, on obtient la valeur de  en identifiant (27)


dans le cas de la traction simple:

I III e

44
3 Critère de limite d’élasticité
Comparaison des critères de von Mises et Tresca
Les deux critères de von Mises et Tresca s’appliquent aux métaux. Ils
conduisent à des résultats légèrement différents. Par exemple, en
cisaillement simple, la limite élastique correspond à:

 e
 2 pour Tresca
e  
 e pour von Mises
 3

45
3 Critère de limite d’élasticité
Comparaison des critères de von Mises et Tresca

Dans la pratique, les deux critères conduisent à des résultats suffisamment voisins
pour qu’on puisse utiliser indifféremment l’un ou l’autre. On utilisera donc le critère
de von Mises lorsque l’on connaîtra le tenseur des contraintes par ses composantes,
puisque ce critère s’exprime alors par la relation:

11 22  22 33  33 11   6122  6232  6312  2e2
2 2 2

Ce critère se prête donc bien aux calculs analytiques ou numériques.

On utilisera le critère de Tresca lorsque l’on connaîtra a priori les contraintes


principales du tenseur des contraintes; il conduira alors à des calculs plus
simples que le critère de von Mises.

I III e
46

Vous aimerez peut-être aussi