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Transformer les zones rurales de l'Algérie par l'économie de la connaissance:


le programme de proximité pour le développement rural intégré (PPDRI)

Article  in  Innovation and Development · January 2021

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1 author:

Abdelkader Djeflat
Université de Lille / Lille University
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Transformer les zones rurales de l'Algérie par l'économie de la
connaissance: le programme de proximité pour le développement rural
intégré (PPDRI)

Abdelkader DJEFLAT1
DIM-Maghtech2 – Clersé (UMR 8019 CNRS)
Université de Lille
France

Cité comme Djeflat, A. (2019) “Transforming Algeria's rural areas through STI and the
knowledge economy: the proximity programme for integrated rural development (PPDRI)”,
Innovation and Development, Vol. 10 n° 2. pp. 187- 206, DOI: 10.1080/2157930X.2019.1580941

Résumé : Pour accélérer le développement rural, l'Algérie a opté pour un grand programme,
appelé le programme de rénovation agricole et rurale. L'un de ses principaux instruments de
mise en œuvre était le Programme de proximité pour le développement rural intégré (PPDRI)
composé de centaines de projets de sensibilisation censés aider les populations rurales à
renforcer leurs activités économiques de base. La nouvelle politique combinant la Science,
Technologie et l’Innovation et l’Économie de la Connaissance (STI-Economie de la
Connaissance) proposée par l'État Développeur avait l'ambition de soutenir ce programme et
de le rendre plus participatif et inclusif. Notre travail aborde quatre questions clés: (1)
Comment la politique STI-Economie de la Connaissance est-elle liée au PPDRI (2) Quel était le
rôle du Etat Développeur dans le soutien de ce programme? (3) Quel a été le niveau de
participation des populations rurales? Et enfin (4) Quels ont été les obstacles rencontrés dans
sa mise en œuvre? Pour répondre à ces questions, cinq études de cas tirées de la littérature ont
été analysées dans trois Willayas (préfectures) du pays en plus de la méthodologie des
participants observateurs adoptée. L'examen du PPDRI à travers le prisme de la politique STI-
Economie de la Connaissance n'a jamais été utilisé auparavant et représente notre principale
valeur ajoutée. Les résultats ont permis de réviser du modèle de l’économie de la connaissance
de base lorsqu'il est appliqué au développement rural.

Mots clés: développement rural, Etat Développeur, Algérie, science, technologie et innovation,
économie de la connaissance

1
Abdelkader.djeflat@univ-lille.fr
2
MAGHTECH signifie Maghreb Technology le premier et le plus grand réseau d'activation
dans le domaine de la technologie pour le développement créé en 1994: Maghtech.org

1
INTRODUCTION

La croissance des dernières décennies ne s'est pas traduite par une sortie de millions
d'Africains de la pauvreté et une réduction des inégalités et de l'exclusion des populations
rurales (OCDE 2006). Stieglitz (2005) a proposé une intervention gouvernementale forte à
travers une combinaison de politiques macro et micro-économiques. Ainsi, l'Etat Développeur
(ED) est apparu comme une nécessité (Johnson 1994). Cette croyance prend ses racines, pour
plusieurs pays africains dans l'époque postcoloniale, dans les années soixante, lorsque les
objectifs majeurs fixés étaient la construction d'Etats-nations tant du point de vue politique
qu'économique. Depuis lors, l’Etat Développeur joue un rôle clé dans l'orientation du
développement économique en essayant d'équilibrer croissance économique et
développement social parfois sous la pression des organisations internationales pour se
conformer au programme d'ajustement structurel (PAS) et au mythe de la réglementation
(Bracking 1999) qui a conduit grande partie de la population, en particulier dans les zones
rurales, à tomber dans l'extrême pauvreté comme cela a été le cas en Algérie dans les années
90 (Rastoin et Benabderrazik 2014). Pour surmonter ces problèmes, les autorités algériennes
ont mis en place une nouvelle politique, la politique de renouvellement agricole et rural (RRA)3
basée sur une approche innovante du développement rural ciblant principalement les
populations rurales vivant dans des conditions difficiles dans les montagnes, les steppes et le
Sahara (MADR 2008). Pour mettre en œuvre cette stratégie, un nouvel instrument a été conçu:
le Programme de proximité pour le développement rural intégré (PPDRI), une politique basée
sur une approche innovante de sensibilisation au développement rural et visant à répondre
aux besoins des populations rurales en consolidant leurs activités économiques de base.

Pour la première fois, l’Etat Développeur, à travers le ministère de l'Agriculture et du


Développement rural (MADR), a mobilisé la science, la technologie et l'innovation (STI) et le
nouveau paradigme de l'économie de la connaissance (EC) pour faire face aux problèmes
rencontrés par les populations rurales (OCDE 2006 ). Il avait pour objectif de mettre en place
des politiques innovantes en faveur des pauvres et de favoriser un développement plus
inclusif dans les zones rurales (FIDA 2015). Quatre questions sont abordées dans notre
contribution: (1) Quel est le lien entre la politique STI et la politique de renouvellement rural?
(2) Quel a été le rôle de l'Etat dans le soutien du PPDRI à travers sa politique STI-Economie de
la Connaissance? (3) Quel est le niveau de participation des populations rurales à ce PPDRI et
enfin (4) quels ont été les obstacles rencontrés dans sa mise en œuvre?

Pour ce faire, nous avons mobilisé des données primaires et secondaires. La première
catégorie concernait les informations de première main résultant de la méthodologie de
l'observateur participant puisque nous avons été impliqués dans l'approche Economie de la
Connaissance au niveau du ministère (2006-2008). Dans la deuxième catégorie, cinq études de
cas bien documentées dans la littérature ont été analysées à travers le prisme de l'approche
STI-Economie de la Connaissance dans cinq willayas (régions) du pays qui ont été parmi les
premières à mettre en œuvre le PPDRI. Ceci a été accompagné par une recherche documentaire
approfondie à la fois auprès de sources internes (essentiellement le MADR) qu’internationales
(FIDA, FAO, IFPRI, etc.). Cette approche de l’économie de la connaissance n'a jamais été

3
RRA signifie Renouveau Rural et Agricole: la version française de l'acronyme est conservée
tout au long du texte pour faciliter la recherche

2
utilisée dans les évaluations existantes du PPDRI et du programme du développement rural
en général dans la littérature et représente une valeur ajoutée de ce travail et une nouvelle
perspective précieuse pour les décideurs et les chercheurs. La section II examine le rôle du Etat
Développeur dans l'application de la politique STI-Economie de la Connaissance dans le
développement rural en Algérie. La section trois examine la politique de renouvellement rural
et son programme phare, le PPDRI, comme une tentative du Etat Développeur de transformer
structurellement les zones rurales grâce à de nouveaux instruments politiques. La section
quatre examine empiriquement dans quelle mesure le niveau de l'approche STI-Economie de
la Connaissance a réussi à accroître la participation de la population rurale et la section cinq
discute des résultats et conclut.

II - LES POLITIQUES DE L’ETAT DEVELOPPEUR ET L’APPROCHE STI-Economie de la


Connaissance POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL

2.1. L'Etat Développeur et STI-Economie de la Connaissance en Algérie.

Le concept d'État Développeur a été utilisé par les spécialistes de l'économie politique
et fait référence au phénomène de planification macroéconomique en Asie de l'Est à la fin du
XXe siècle. Un Etat Développeur est souvent caractérisé par une forte intervention de l'État,
ainsi que par une régulation et une planification étendues. Le terme a ensuite été utilisé pour
décrire des pays en dehors de l'Asie de l'Est et qui satisfont aux critères d'un État développeur
(Kwon 2005; White et Wade 1988) avec des illustrations venant notamment du Japon
(Charlotte 2008). L’Etat Développeur peut intervenir directement dans la transformation
structurelle de l'économie pour trouver un équilibre entre la croissance économique et le
développement social. Pour cela ; il utilise les ressources publiques et l'influence de l'État pour
lutter contre la pauvreté et les inégalités (Amsden 1992) et pour promouvoir une
transformation inclusive des zones rurales (Unger 2002; Usman 2013; Steven et al.2007). En
Algérie l’Etat Développeur trouve ses racines dans la lutte acharnée contre le colonisateur
français suivi d’une forte attitude volontariste orientée vers l’acquisition de son
«indépendance économique» par suite de la souveraineté politique. Le système d'économie
planifiée adopté a donné à l’Etat Développeur un rôle de premier plan dans le développement
du pays et l'autorité nécessaire (Johnson 1994). Cela s'est concrétisé par l'adoption de quatre
plans de développement successifs: (1965-1967, 1967-1973, 1973-1977 et 1979-1982) orientés
vers la mise en place d'une stratégie de croissance déséquilibrée (Hirschman 1958) et
d'industrialisation industrialisante par la multiplication liens en amont et en aval (Perroux
1950 ; De Bernis 1963) dans le contexte du modèle de substitution aux importations. Elle a
utilisé des technologies massivement importées de l'étranger (Djeflat et Oufriha 1990) grâce à
d'importantes recettes pétrolières.

Ce régime économique a connu une fin brutale avec la crise du pétrole des années 80
et la crise de la dette entraînant un chômage massif (Valensisi et Davis 2011) et une explosion
de la pauvreté à la suite d’un PAS imposé par la Banque mondiale et le FMI (Banque mondiale
2014). Le seuil de pauvreté a atteint 3,18 $ en milieu rural (taux de pauvreté de 4,8%) avec un
indice de Gini de 27,61 (Ibarra et Atamanov 2017). L'indice de développement humain rural
(0,3) était la moitié de l'indice national (0,6) (MADR 2006) et le chômage rural est passé de 23%
en 1977 (Fontaine 1983) à près de 53% en 2008 (DPAT 2008). La facture alimentaire a atteint

3
7,71 milliards de dollars US en 2008 (Lebeche 2011). La nouvelle politique entamée en 2000 par
le Gouvernement algérien était donc de se tourner vers son secteur agricole et rural, largement
négligé auparavant, en utilisant une approche moderne basée sur la STI et l’Economie de la
connaissance. C'est ce que nous examinerons dans la section suivante.

2.2. Les politiques Etat Développeur et STI-Economie de la Connaissance

L'approche utilisée pour mettre en place une base conceptuelle pour la politique de
renouvellement rural et agricole (RRA) comprend à la fois des composantes S&T et Economie
de la Connaissance (figure 1).

Source : l’auteur et la WBI

C'est l'un des axes prioritaires que l’Etat Développeur algérien a décidé de poursuivre afin
d'optimiser ses efforts et ses ressources pour le développement rural et la transformation
structurelle. Les composantes STI et Economie de la Connaissance seront examinées en
profondeur dans les paragraphes suivants.

2.2.1. La politique scientifique et technologique adoptée

Le domaine de l'innovation et du développement a connu un intérêt croissant ces dernières


années, essentiellement pour résoudre la question de savoir pourquoi les diverses politiques
scientifiques et technologiques mises en œuvre par les Gouvernements du Sud n'ont pas réussi
à impulser l'innovation comme moteur de la croissance. Plusieurs problèmes ont été mis en
évidence dans la littérature: l’environnement macroéconomique vulnérable et instable
(Cassiolato et Lastres 1999), l’écart d'innovation Nord-Sud (Arocena et Sutz 2000), l'incapacité
des institutions locales à interagir avec les institutions productives (Oyelaran-Oyeyinka 2004;
Wangwe 2003) ) et les difficultés à mettre en place des systèmes nationaux d'innovation
structurés, souvent construits ex post (Lundvall et al. 2002). La plupart de ces éléments se

4
retrouvent dans l'expérience algérienne. L’Etat Développeur algérien a commencé à se
pencher sur la politique de la science et de la technologie (S&T) (Oukil 2014) mais à travers le
prisme étroit de l'enseignement supérieur afin de fournir les compétences nécessaires dont le
secteur productif avait besoin. Quatre grandes périodes peuvent être identifiées (Beddek 1993;
Djeflat 2010).

-La première période (1973-1984) a été caractérisée par un processus assez rapide de
renforcement des institutions par le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
(MESRS).

-La seconde période (1984-1986) a vu le lancement des programmes nationaux de


recherche prioritaire (PNR) qui incluaient l'agriculture et le développement des zones arides.

-La troisième période (1986-1997) a vu la naissance du Haut-Commissaire à la


Recherche sous l'autorité directe du Président de la République.

-Enfin, la quatrième période (à partir de 1998) a vu la promulgation de la loi de 1998


sur la recherche scientifique et le développement technologique. Cette loi4 a encouragé le
secteur public ainsi que le secteur privé à investir dans la R&D et a créé un fonds national de
recherche dédié (FNR) dans le but d'allouer 1% du PIB à la recherche à l’horizon 2002. La
nouvelle loi a été étendue au secteur agricole et rural. Cette période a également vu un intérêt
pour une politique fondée sur l’Economie de la Connaissance. Nous l'examinerons dans le
paragraphe suivant.

2.2.2. Le paradigme de l'économie de la connaissance

L’Economie de la Connaissance en tant que nouveau paradigme « paradigme shift »


semble avoir attiré beaucoup d'attention de la part des décideurs politiques, en particulier
dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) (Auber et Reiffers 2013).
D'un point de vue conceptuel, la connaissance en tant que bien public avec ses principaux
attributs de « non-exclusivité » et de « non-rivalité » (Stiglitz 1999) devait accélérer le
développement et la croissance (Foray et Mansell 2009; Liaqut et Anders 2015). La vision
«connaissance en action» et le processus d’apprentissage (Bruckmeier et Tovey 2008)
contribuent à forger la vision du savoir pour le développement (K4D) développée
principalement par la Banque mondiale (Stiglitz 1999; Rischard 2002). Le canevas de
l’économie de la connaissance des quatre piliers adopté inclue : l’innovation, l’éducation, les
TIC et les institutions (Dahlman 2003). Il devait permettre simultanément un développement
économique «équilibré», l'inclusion sociale et la protection de l'environnement grâce à des
instruments politiques dédiés et des réseaux de connaissances au niveau local (Conteh 2012).
Cela a été facilité par les instruments relativement conviviaux adoptés, notamment la
méthodologie d'évaluation des connaissances (KAM) utilisée par l’Institut de la Banque
Mondiales (WBI) pour classer divers pays dans le monde sur l’échelle de l'indice de l'économie
de la connaissance (KEI) (Chen et Dahlman 2006). Le succès des STI et de l’Economie de la
Connaissance repose sur un niveau élevé d'interaction et d'apprentissage interactif entre les

4
Loi n ° 98-11 dite «loi d’orientation et programme de développement de la recherche
scientifique et du développement technologique 1998-2002

5
différentes sphères (Figure 1). Nous verrons concrètement comment ces interactions se sont
déroulées en Algérie dans la section suivante.

2.2.3. L'application du modèle Economie de la Connaissance au développement rural en Algérie

Le nouveau paradigme semblait particulièrement adapté aux zones rurales (Conteh


2012) où la production, la diffusion et l'utilisation des connaissances peuvent être facilitées par
des réseaux de connaissances au niveau local. L'intérêt manifesté par l’Etat pour le paradigme
de l’Economie de la Connaissance a débuté en 2002 sous l'impulsion de l'Institut de la Banque
Mondiale pour la région MENA qui a organisé la première rencontre sur l’économie de la
connaissance à Marseille. Le Conseil National Economique et Social (CNES)s’en est ensuite
emparé en 2003. S’en est suivi la première Conférence Nationale sur l’Economie de la
Connaissance en 2006 organisée par le Réseau Maghtech en présence du Ministre de
l'Agriculture et du Rural et de la Ministre Déléguée à la Recherche Scientifique. La phase la
plus formelle s’est traduite par la création en 2007 du comité ad-hoc de l’Economie de la
Connaissance par le CNES (Djeflat 2006). En matière d’implémentation, le MADR a été à
l'avant-garde et a décidé de formater l'ensemble de la stratégie de développement rural et
agricole (Stratégie pour l'Agriculture et le Développement Rural SADR) en utilisant une
approche Economie de la Connaissance. Il s’est engouffré ainsi dans un changement de
paradigme pour une nouvelle politique rurale (Clamor 2018; Aubert et Reiffers 2014) jouant
ainsi un rôle de pionnier. Nous examinerons dans la section suivante comment la Politique de
Renouvellement Rural (PRR) et son principal programme phare, le PPDRI, en tant que
principaux instruments politiques, ont largement bénéficié de l'approche Economie de la
Connaissance.

III - LE PROGRAMME DE PROXIMITE POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL INTEGRE


(PPDRI) ET LA POLITIQUE DE L’ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE.

3.1. Les fondements et la mise en œuvre de la nouvelle politique et du Renouveau Agricole


et Rural

Le nouvel accent mis sur le développement rural commencé en 20005 était une tentative
de parvenir à une économie plus diversifiée grâce à la réhabilitation du secteur agricole et
rural qui employait environ 14% de la population active totale (Lebeche 2011) et de réduire la
dépendance alimentaire (Rastoin et Benabderrazik 2014).

La Politique de Renouveau Rural et Agricole (PRAR) constitue une politique innovante


majeure choisie pour le développement rural et agricole de l’Algérie (MADR 2016). C'était
aussi la fin du mode de gouvernance centralisé « Top Down » des territoires ruraux et la
nécessité de mettre en œuvre une approche plus participative et inclusive donnant ainsi aux

Avec la désignation du nouveau président Abdelaziz Bouteflika


5

6
agriculteurs la possibilité d'apprendre les uns des autres grâce à un nouveau mode de
gouvernance (Chapman et Slaymaker 2002; Bendjeffal et Benabdelli 2016). La PRAR repose
sur trois piliers (Figure 2).

(1) la politique de renouvellement agricole (PRA),

(2) la politique de renouvellement rural (PRR)

(3) le renforcement des capacités humaines et le soutien technique aux producteurs à


travers le Programme de Renforcement des Capacités Humaines (PRCHAT) (MADR 2010)

-La PRA poursuivait trois objectifs: le premier c’est l'intensification et la modernisation


de l'agriculture. Le second, c’est la mise en place d'un système de réglementation et le troisième
la création d'un environnement approprié et incitatif.

-Le PRR a été construit principalement sur la base d'une `` approche innovante du
développement rural qui ciblait principalement les zones où la production et les conditions de
vie étaient les plus difficiles pour les agriculteurs (montagnes, steppe, Sahara) '' (MADR 2016)
Il était basé sur une attitude volontariste de l’État d'utiliser une approche plus participative et
plus inclusive.

-Le PRCHAT est un programme majeur de formation et de renforcement des capacités


que nous examinerons plus en détail ultérieurement.

Nous nous concentrerons dans la section suivante sur le programme de proximité pour
le développement rural intégré (PPDRI) qui était le principal instrument politique pour mettre
en œuvre le PRAR;

7
3.2. Le PPDRI

Le PPDRI visait à aider les populations rurales à consolider leurs activités économiques
de base et à les étendre à d'autres activités productives innovantes grâce à la participation et à
l'inclusion. Quatre domaines principaux sont couverts (1) la modernisation et réhabilitation
des villages et ksours et amélioration de la qualité et des conditions de vie en milieu rural; (2)
la diversification des activités économiques (3) la protection et la valorisation des ressources
naturelles; et (4) la protection et la valorisation du patrimoine immatériel rural.

3.2.1. La dimension participative

La dimension participative reposait sur la conviction que le succès des projets de


développement rural dépendait dans une large mesure de la participation active et intense des
populations rurales (Meister 1969; Chambers 1995). Ce changement d'attitude de la part des
autorités s’explique également par l'échec des programmes non-participatifs menés par le
passé (Chaib 2015).

La participation était donc l'épine dorsale du PPDRI. A travers ce nouveau programme,


l'intervention publique est devenue `` horizontale, de proximité, ascendante, intégrée,
participative et décentralisée '' (Souidi et Bessaoud 2011; Chaib et Baroudi 2014) au niveau
territorial (Enda Graf Sahel 1993). Elle est basée sur un développement rural de proximité qui
peut prendre plusieurs formes (Murdoch 2000; Maiga 1984) et peut être piloté par les autorités
locales (Bocher 2008). Les agriculteurs peuvent généralement participer à travers leurs
associations (près de 1300 associations créées depuis 1999) (Bessaoud 2008). Plusieurs
problèmes ont été résolus de cette façon: l'accès au foncier agricole, la difficulté de
remboursement des prêts bancaires, etc. Cependant, la participation des agriculteurs a pris un
nouveau tournant à travers la nouvelle architecture institutionnelle créée au niveau local et
qui sera examinée plus tard.

3.2.2 La dimension d'inclusivité:

L'inclusivité vise à réduire les inégalités, à lutter contre les exclusions sociales (Larose
2016) et à faire en sorte que tous les groupes marginalisés et exclus deviennent parties
prenantes des processus de développement (Pouw et Gupta 2017; Usman 2013). La
transformation rurale inclusive est donc une composante essentielle du développement
durable (FIDA 2016) et soulève la question de la participation des femmes rurales au PPDRI.
En principe, le PPDRI n'a pas fait de discrimination à l'égard des femmes et elles peuvent
participer pleinement à toutes les composantes du PPDRI.

Les femmes sont connues pour être un acteur clé dans les zones rurales et le pilier des
ménages ruraux (Palmer 1980; Ogunlela et Mukhtar 2009). L'autonomisation des femmes a eu
un impact décisif sur le développement rural et sa durabilité (Palmer 1980; Ogunlela et
Mukhtar 2009).

3.2.3. Mise en œuvre du PPDRI

8
Les réalisations des PPDRI semblent impressionnante selon l'évaluation officielle (faite
par le Ministère du Développement Agricole et Rural MADR 2015): 10 842 PPDRI ont été
lancés et 6 468 achevés (60%) au cours de la période (2009-2014). Ils couvrent 1 400 communes
et 10 000 localités rurales regroupant 1,1 million de ménages représentant 18% de la population
totale. Par thème, les PPDRI sur la valorisation des ressources naturelles sont arrivés en
premier (50% des projets lancés) suivis de la diversification des activités économiques (37%),
de la modernisation et / ou de la réhabilitation des villages (10%) et enfin de la protection et
du patrimoine rural matériel et immatériel (03%). Le programme a bénéficié de 600 milliards
de dinars algériens (DZD) (plus de 5 milliards de dollars américains). Ce tableau relativement
réussi doit être confronté à la réalité à travers les yeux des analystes et des principaux
bénéficiaires, à savoir la population rurale et les agriculteurs. Cela sera fait dans la section
empirique. Nous examinerons dans la section suivante les liens entre la politique de
l’Economie de la Connaissance et le PPDRI.

3.3. Les composants Economie de la Connaissance du PPDRI

Le PPDRI comportait plusieurs éléments qui indiquaient la volonté de l’Etat de


moderniser l'espace rural à travers une approche STI-Economie de la Connaissance. Nous
examinerons ci-dessous les quatre composantes de cette stratégie: l'innovation, la formation,
les TIC et les institutions qui sont également les quatre piliers du modèle de base de l’Economie
de la Connaissance vu précédemment. Faute d’espace, le volet recherche ne sera pas examiné
ici.

3.3.1. L’Innovation

L'innovation pour le développement rural a suscité un grand intérêt dans la littérature.


Plusieurs modèles ont été proposés allant des modèles linéaires à des modèles plus
systémiques (Knickel et al.2009) où l'innovation est davantage vue comme un processus
collaboratif, et où l'apprentissage se fait entre les différentes parties prenantes (Moseley 2000;
Pouch 2015). L'accent est mis sur la diffusion et la capacité d'innovation et de regroupement
de la population rurale (Morshedi et Lashgarara 2011; Cooke et harts 2007; Floride 1995). Dans
les zones rurales, l'innovation sociale est considérée comme un élément clé. Elle peut être
définie comme « des interactions sociales visant à atteindre un ou plusieurs objectifs
communs, des moyens nouveaux ou améliorés d'actions collaboratives » (Mumford 2002;
Neumeier 2012) et constitue l'un des piliers du processus de développement rural durable
(Dargan et Shucksmith 2008). Cinq catégories d'innovations semblent avoir eu lieu dans le
PPDRI (Tableau 1)

Tableau 1: The innovation map of social and technical Innovative processes introduced in
the PPDRI

Nouveaux Nouvelle Nouveaux Nouveau système Nouveaux


equipements gouvernance mécanismes de d’information Acteurs
et processus territorial Financement
Culture de la Accroissement de Financement de Flux Facilitateurs
terre la sensibilisation soutien d’information

9
utilisant la base de
données
Techniques Prise de decisions microfinance Système Animateur
irrigation d’information
géographique
décentralisé (GIS)
Potterie programation Management du Système de Réseau d’
risque communication acteurs
Confection Management Finances de Chefs de
de tissus Proximité Projets

Technique monitoring Prêt sans intérêt Représentants


de : RFIG des
conservation Associations
de la
production
Protection Renforcement Leasing des
and gestion institutional équipements
du
patrimoine
local
facilitation Système
d’assurance
Coopération entre
acteurs
Source: l’auteur

Tout d'abord, le PPDRI a promu diverses activités d'innovation technique: dans la poterie,
dans la confection de tissus, dans la conservation des produits et dans la gestion du patrimoine
local. Deuxièmement, le Gouvernement a introduit un nouveau système de gouvernance
territoriale (décentralisation, nouveaux outils de prise de décision et de collecte
d'informations) pour renforcer la participation des acteurs clés du territoire rural.
Troisièmement, plusieurs mécanismes liés à la sphère financière ont été mis en place et que
nous les examinerons plus en détail ultérieurement. Quatrièmement, de nouveaux
instruments liés à la sphère de l'information ont été introduits et cinquièmement, de nouveaux
acteurs jouant un rôle clé ont été mobilisés. Cela a contribué à la relance de certains secteurs
de l'agro-alimentaire, de l'industrie mécanique et agrochimique, etc. et à la création de plus de
240 000 emplois permanents équivalent temps plein au cours de l'année 2009 par exemple.

3.3.2. Formation et renforcement des capacités

C'est un aspect déterminant pour la réussite du renouveau rural et une composante


importante du modèle STI-Economie de la Connaissance. La nouvelle philosophie consistait à
trouver de nouveaux moyens de renforcement des compétences pour une participation plus
efficace de la population rurale. Cela s'est fait à travers le programme de Renforcement des
Capacités Humaines et d'Assistance Technique (PRCHAT) lancé par le MADR en 2010. Il
comprenait notamment (1) un investissement plus important dans la recherche et la formation
pour faciliter le développement et le transfert de nouvelles technologies, (2) le renforcement

10
des capacités humaines de toutes les institutions et organes chargés de l'accompagnement des
agriculteurs et des opérateurs (MADR 2010). Il a bénéficié d'un budget annuel de 24 milliards
de dinars (197 millions d'euros) sur la période 2010-2014.

3.3.3. Utilisation des TIC

Les TIC ont un grand potentiel pour promouvoir le développement rural grâce à l'accès
à l'information, à une capacité de prise de décision accrue (Chapman et Slaymaker 2002) et à
une participation, une autonomisation et une inclusion accrues de la population rurale
(Richardson et Paisley 1998). En outre, ils peuvent aider l'administration électronique locale.
Conscient de cela, le MDRA a introduit deux outils basés sur les TIC: le Système d'Information
pour le Programme d'Appui au Renouvellement Rural (SI-PSRR) et le Système d'Aide à la
Décision pour le Développement Durable (SNADDR) (MADR 2009). Tous deux ont été
développés par le BNEDDER (Bureau national d’études pour le développement rural) qui est
un bureau de conseil placé sous l’autorité du MADR et visant à aligner le système local sur les
pratiques internationales (Parker 2000).

3.3.4. Les institutions

L'efficacité de l’Etat Développeur repose également sur sa capacité à gérer la


transformation rurale par un fonctionnement adéquat des institutions chargées de la mise en
œuvre de la politique de l'État (Böcher 2008; Fox 1995). Des approches descendantes et
ascendantes sont nécessaires pour donner aux communautés locales la possibilité de participer
pleinement (Goldenberg 2008; Conteh 2012). La mise en œuvre du PPDRI nécessitait de
nouvelles institutions et acteurs décrits ci-dessous.

Il existe trois niveaux d'institutions: (1) La cellule d'animation des communes rurales
(CACR) au niveau le plus bas qui est en contact direct avec les communautés rurales. Elle
bénéficie d’une large représentation des principales parties prenantes. (2) Le comité technique
de la Daira (CTD) qui constitue un organe important où tous les services techniques et
spécialistes sont présents, y compris la Banque de Développement rural (BADR). (3) Le Comité
technique de Willaya (CTW): La willaya (préfecture) est la plus haute institution décisionnelle
et le représentant du gouvernement au niveau régional. Elle traite toutes les questions liées au
PPRDI au niveau de la Willaya (MADR 2015). L'équipe de projet comprend le facilitateur
désigné par la cellule d’animation des communes rurales (CACR) qui assure la liaison entre la
population et l'administration et l'animateur, désigné parmi la commune locale, et qui devient
de facto chef de projet. En collaboration avec des associations locales, ils s'activent dans la
cellule d'animation rurale (MADR 2009) grâce à une participation intense (Meister 1969).

Nous avons examiné dans cette première partie l'ensemble des efforts consentis par l’Etat
Développeur en tant que concepteur, en tant que moteur de transformation structurelle des
espaces ruraux et en tant qu'acteur principal dans la mise en œuvre d'une nouvelle vision du
développement rural participatif, inclusif et porté par l’Economie de la Connaissance. . La
section suivante tentera d'illustrer comment cette vision s'est traduite sur le terrain.

IV - ANALYSE DES ETUDES DE CAS

11
Le développement rural conduit à travers le prisme de l’Economie de la Connaissance
nécessite une variété d'actions à mener simultanément par l'État de développement pour une
transformation structurelle efficace des zones rurales (Parker 2000; Grimes 2003; GIFAD 2016).
Les cinq études de cas que nous avons sélectionnées dans la littérature ont été examinées en
profondeur, notamment sous l'angle de la participation de la population rurale et des
agriculteurs aux PPDRI. Elles couvrent trois des régions les plus importantes du pays: trois
willaya de l'Ouest, la Willaya de Tlemcen (Hattab & Gaouar 2016), la Willaya d'Ain
Témouchent (Chaib 2015) et la Willaya de Mascara (Bendjeffal et Benabdelli 2016) , une willaya
du Centre, la Willaya de Bejaia (Akerkar 2015) et une willaya de l'Est: la Willaya de Sétif
(Zaghib 2009). Elles ont été parmi les premières willayas à bénéficier du PPDRI. L'enquête
approfondie sur le terrain comprenait des entretiens avec des acteurs clés (agriculteurs,
facilitateurs, animateurs, chefs de projet et représentants des autorités locales) et l'utilisation
de questionnaires, de guides d’entretien et de focus groupes. Un total de 524 personnes a été
interviewées et constituent notre échantillon (tableau 2).

Table 2: Structure de l’échantillon utilisé dans les cinq études de cas.

Région/Willaya Instruments Taille de Communes rurales


utilisés dans l’échantillon
l’étude de (key players)
terrain
Tlemcen Questionnaire + 122 Ain Fezza, El Gor and
(Nord-Ouest) focus groupes Sidi Djilali)
Sétif Questionnaire 158 Iaoutiouene, bouimene
(Nord-Est) (ait tizi)

Ain Témouchent 40 (estimé)


Nord-Ouest
Mascara Questionnaire 40 municipalities of
(Nord-Est) plus focus Hachem, Zelamta
groupes and Nesmoth
Béjaia Questionnaire 164
(Centre) plus focus
groupes
Total 524
Compilation par l’auteur

Notre contribution est de les examiner à travers les lentilles de l’approche Economie de la
Connaissance. Ce n'était pas une tâche facile d'avoir le même volume, profondeur et qualité
des données et c'est l'une des limites de notre travail. Bien que l'accent soit mis sur le PRR
(rural), nous avons également inclus un cas du PRAR (agriculture). Nous avons utilisé le
canevas Economie de la Connaissance avec ses quatre piliers principaux (Innovation,
Formation, TIC et Institutions) auxquels nous avons ajouté la participation et l’inclusion
comme autre pilier pour s'adapter au monde rural (Fig. 3). C'est notre contribution au cadre
conceptuel.

12
Source : L’auteur

Le nouveau cadre se traduit en cinq piliers: l'innovation (y compris le financement RFIG), le


renforcement des capacités (PRACHT), les TIC (SI-PSRR), la gouvernance et les institutions
(SNADDR) et la participation / inclusion et sera utilisé comme outil d'analyse de la réalité du
terrain .

4.1. L’Innovation : Les réalisations varient d'un willaya à l'autre.

L’innovation a porté aussi bien sur les équipements et infrastructures , sur la finance

4.1.1. L’innovation en équipements et infrastructures

Nous avons trois situations dans nos cas.

-La première est considérée comme relativement réussie: à Tlemcen et Ain-


Temouchent, le PPDRI a englobé de larges pans d'activités rurales (Amélioration des terres,
projets de plantations fruitières et projets hydro-agricoles). De nombreux agriculteurs ont
montré un grand intérêt à étendre leurs terres agricoles pour surmonter l'obstacle de la
fragmentation dans les petites tailles et qui les empêchent d'atteindre une productivité élevée
(Jia et Patrick 2013). Ils ont montré une attitude dynamique en introduisant des espèces
fruitières rustiques telles que les olives sur terre non-irriguées (bour), les amandes et les figues
et de nouveaux arbres fruitiers tels que les cerisiers. Ils ont ainsi contribué à la diversification
des cultures et à la création d'un tout nouveau marché local (Hattab et Gaouar 2016). Enfin,
l'acquisition de nouveaux équipements hydroélectriques et le renouvellement de l'existant ont
permis aux agriculteurs d'augmenter la profondeur de leurs forages et d'accroître les débits

13
d'eau. Cependant, certains agriculteurs ont montré une certaine «résistance au changement».
Un même succès dans l'adoption de nouvelles techniques a été enregistré dans le cas de
Mascara où la première année (2009) a vu le démarrage de 96% des projets de modernisation
des villages pour l'amélioration du niveau de vie des ménages, 76% de diversification
d'activité économique et 87% dans la protection et la valorisation des ressources naturelles.

-Dans la deuxième catégorie (Sétif), le PPDRI comprenait la construction


d'équipements socio-économiques de base (centre de santé, route et habitat rural) pour
l'amélioration des conditions de vie, la mise en place de nouveaux équipements (pompes
hydroélectriques pour la protection contre les inondations ) et des projets de microfinance.
Trois ans plus tard, seuls trois projets semblent avoir été achevés tandis que les autres étaient
soit en cours, soit abandonnés. De nombreux projets ont souffert de la mauvaise qualité des
infrastructures (les pistes, les œuvres d'art, les bassins, les corrections torrentielles, etc.) et une
résistance relativement forte de la part de la population rurale.

-Dans la troisième catégorie de cas, les projets innovants ont rencontré d’importantes
difficultés. Ainsi à Béjaia, le taux de mise en œuvre des PPDRI était relativement faible la
première année: 11% des PPDRI ont été mis en œuvre couvrant 8% des ménages et 16% des
localités. Cependant 15% des actions étaient uniquement pour le développement rural, le reste
était pour l'agriculture. Seuls 57% des fonds alloués ont été utilisés et les projets liés à la
diversification des activités économiques telles que le tourisme, l'artisanat et les produits
locaux à contenu créatif étaient insignifiants. Selon la population, les autorités en charge
semblent avoir privilégié les réalisations physiques à travers des projets rapides plutôt que
celles qui contribuent à la transformation structurelle.

4.1.2. L’innovation financière

De nouveaux mécanismes de `` financement de proximité '' ont été introduits, à travers


le lancement d'un nouvel instrument, le RFIG (signifiant compagnon en Arabe) qui est un
crédit `` sans intérêt '' et peut être considéré comme l'une des innovations majeures de la
microfinance, le renforcement du crédit-bail pour l'achat de matériel agricole et de nouveaux
systèmes d'assurance (Laib et Chakour 2018). Un nouveau mode de financement multi-sources
a également été mis en place avec des fonds provenant du fonds de développement rural pour
la mise en valeur des terres et notamment le FDRMVTC qui est le Fonds de développement
rural et de la mise en valeur des terres par Ia concession. Ce fond est issu des plans
communaux de développement rural (PCDR), des plans de développement communaux
traditionnels (CDP) et de sources privées (crédit bancaire, subvention publique et
autofinancement) (MADR 2012). Tout cela s'est accompagné d'un nouveau cadre législatif et
réglementaire. Nous avons

-Dans la première catégorie, à Tlemcen et Ain-Temouchent, les financements publics ont été
canalisés via le FDRMVTC et dans une moindre mesure le PCD-DR et les PCD. Le financement
privé provenait de prêts bancaires et d'autofinancement. Ce modèle s'est toutefois avéré
difficile à mettre en œuvre dans les régions montagneuses pauvres. Les agriculteurs pauvres
ont eu du mal à obtenir un crédit bancaire soumis à une garantie et à s'autofinancer (MADR
2008).

14
-Dans le second cas, à Mascara, la tendance était de s'appuyer excessivement sur le budget de
l'Etat acheminé par la Banque de l'Agriculture et du Développement Rural (BADR), banque
publique, sous forme de microfinance. Et dans certaines zones rurales montagneuses pauvres,
la contribution personnelle ne semblait pas suffisante, car les agriculteurs des zones pauvres
n'avaient pas la capacité d'autofinancement nécessaire.

-Dans la troisième situation, à Sétif les micro-crédits de la banque semblent avoir manqué leurs
objectifs comme indiqué par la population rurale et ne correspondaient pas à leurs besoins.

-Dans la quatrième situation, à Béjaia, la ventilation des financements sectoriels montre que
l'agriculture représente près de la moitié du total des crédits de programme (47,7%) suivie de
l'amélioration des conditions de vie (43,4%) de l'hydraulique (1,4%) et de la pêche et des forêts
(0,7%). Ce déséquilibre du financement a entraîné des déséquilibres dans les réalisations
physiques.

La difficulté de mobiliser les différentes sources de financement s'est traduite par une dépense
prononcée des ressources du FDRMVTC et dans une moindre mesure de celles du PCD-DR et
des PCD. Par ailleurs, le montant de la subvention publique semblait peu incitatif pour les
bénéficiaires du PPDRI en l'absence de réajustement des financements en fonction des
particularités des zones de montagne pauvres et défavorisées. De plus, les agriculteurs y
voient une simple distribution de fonds par l'Etat, la logique de la culture rentière (Bizri 2013)
et une autre façon de financer l'agriculture aux dépens du développement rural. Cela pose la
question de la capacité de l’Etat à trouver le juste équilibre entre les financements publics et
privés dans la promotion du développement rural.

4.2. La formation

Afin de renforcer les capacités humaines, le PRCHAT a été mis en œuvre dans les cinq
PPDRI avec différents niveaux de succès. Tant à Tlemcen qu'à Ain-Temouchent, le programme
a rencontré une acceptation relativement bonne et une mise en œuvre réussie grâce à
l'attention portée par l'administration locale aux besoins des agriculteurs locaux et à leur
capacité d'adaptation. À Mascara, il a été mis en œuvre de manière satisfaisante dans ses
composantes de formation selon les participants. Cependant, certaines lacunes ont été
enregistrées principalement la qualification insuffisante des formateurs des zones urbaines, ne
connaissant pas la réalité rurale. A Sétif, les agriculteurs et la communauté rurale qui n'y
voyaient aucun bénéfice, probablement en raison d'une mauvaise mise en œuvre. Dans le cas
de Béjaia, le programme semble être arrivé trop tard aux yeux de la population, en plus de
déficits qualitatifs et quantitatifs en ressources humaines et en moyens matériels. Ceci soulève
la question importante du calendrier de la formation et de la célérité de la mise en œuvre en
plus du choix des méthodes pédagogiques sachant que le taux d'analphabétisme de 26% est
encore relativement élevé parmi la population rurale.

4.3. TIC

Les TIC ont joué un rôle clé dans le PPDRI principalement à travers le SI-PSRR (Système
d’information-Programme de Soutien au Renouveau Rural) qui est un programme d’appui
par la diffusion de l’information. Quatre installations ont été fournies par le système, toutes

15
exécutées en ligne (1) `` l'assemblage et la conception du PPDRI '' pour les agriculteurs ruraux
et les principaux acteurs pour entreprendre des fonctions d'édition telles que l'enregistrement
de leurs projets, la confirmation, la validation et l'approbation (2) le `` suivi des réalisations du
PPDRI 'pour que les agriculteurs suivent le niveau de réalisation des projets (3)' l'accès au
programme d'appui PPDRI 'au niveau de Willaya et Daira à tous les projets enregistrés et (4)
le' degré d'achèvement de la structure d'appui 'qui indique dans quelle mesure la procédure
de PPDRI est achevée. En 2008, le SI-PSRR avait été utilisé par 26 Willayas sur 48 soit 54% (PM
2008). À ce jour, la plupart des Willayas semblent l'avoir utilisé.

4.4. Les institutions

Plusieurs aspects sont ressortis des études empiriques. Si la dimension institutionnelle


du PPDRI a fait des progrès remarquables, de nombreuses difficultés ont été signalées dans
les études de terrain. Premièrement, le PPDRI a souffert d'un manque de coordination entre
les différents organes de décision centraux tels que les départements ministériels et localement
(Ain-Témouchent) du fait parfois d'un manque de coopération entre les administrations
locales. Deuxièmement, l'approche bureaucratique descendante des procédures adoptées a
sapé le sentiment d'appropriation du programme par la population de certaines Willayas
(Béjaia). Ainsi, la population rurale y voit une autre intervention hiérarchique des pouvoirs
publics (Sétif) face à la bureaucratie et à l'absence de transparence. Troisièmement, le mauvais
diagnostic des besoins et des aspirations des communautés rurales effectué par
l'administration locale semble avoir conduit à des solutions inadéquates des populations
rurales. À cet égard, les actions des facilitateurs pour surmonter les interprétations erronées
n’ont pas été très efficaces et la population rurale a perçu le PPDRI comme une autre
«production intellectuelle exposée habilement». Enfin, la direction générale des forêts chargée
de la mise en œuvre du PPDRI, selon les analystes, n'avait aucune qualification pour gérer le
caractère participatif et ascendant de ce programme.

4.5. Participation et inclusivité

4.5.1. Participation

Le niveau de participation a été mesuré par le taux de présence aux réunions à différents
niveaux. Aux cellules d'animation des municipalités rurales (CAMR), la participation était
relativement élevée à Tlemcen et à Aint-Témouchent. Les deux lieux pourraient mobiliser la
plupart des acteurs et parties prenantes clés dont l'université locale, ce qui était une nouveauté
sachant que cette participation ne dépassait pas 4% dans les CAMR du pays. Mais certaines
communes rurales n'ont enregistré qu'une participation mineure, signe de certains problèmes
rencontrés par les agriculteurs ruraux. À Mascara, une faible participation a été enregistrée, ce
qui peut signifier une faible prise de conscience de l'importance de ces réunions, une mauvaise
appropriation du programme par la population rurale locale et le sentiment que leurs
aspirations n'ont pas été prises en compte correctement. A Sétif et Béjaia, très peu de
participation a été enregistrée aux réunions à différents niveaux, le projet étant perçu comme
imposé par l'administration locale et ne reflétant pas leurs véritables besoins.

16
4.5.2. Inclusivité

L'inclusivité est examinée essentiellement à travers la participation des femmes. Les femmes
ayant un faible niveau d'alphabétisation mais une expérience pratique uniquement, ont
rencontré des difficultés pour bénéficier du programme de formation et semblent largement
sous-représentées dans les différentes structures: par exemple, aucune femme ne faisait partie
des animateurs ou des facilitateurs. Cette dimension genre, probablement mal comprise et
prise en charge par les concepteurs du programme a conduit à un très faible niveau
d'inclusivité des femmes. Parmi les obstacles évoqués, certaines relèveraient des traditions de
la région, fortement conservatrice semblent avoir joué un rôle (ex: inhibitions des femmes à
passer des transactions et à entreprendre des négociations avec les hommes surtout étrangers
à leur communauté).

5. DISCUSSION

Nos quatre questions initiales semblent avoir eu des réponses adéquates grâce à
l'analyse. Concernant la première question, les résultats montrent que le PRR et en particulier
son programme phare le PPDRI ont été effectivement formatés sur la base de la politique de
STI et de l’Economie de la Connaissance, d'abord par la loi de 1998 sur les STI puis par le
nouveau paradigme Economie de la Connaissance adopté par le MADR .

Quatre instruments politiques importants reliaient STI-Economie de la Connaissance


et PPDRI: l'IS-PSRR (TIC), le RFIG (finance), le DSSD (gouvernance) et le PRCHAT
(formation). De cette façon, le PPDRI s'est ancré sur les quatre piliers du modèle Economie de
la Connaissance auxquels nous avons ajouté la participation et l'inclusion augmentant les
perspectives de transformation rurale.

En ce qui concerne la deuxième question, notre analyse indique que la politique


volontariste de l’Etat s'est reflétée à travers le rôle clé joué par le MADR dans l'impulsion d'une
stratégie explicite centrée sur la STI et l’ Economie de la Connaissance. L'État a joué un rôle clé
à travers la loi STI de 1998 qui a été étendue au développement agricole et rural et l'adoption
délibérée du modèle Economie de la Connaissance. Cela a été renforcé par l'attitude très
proactive et innovante qu'il a adoptée et par l'introduction de divers nouveaux instruments
politiques. De même, l'État a adopté un mécanisme de prise de décision décentralisé et de
nouveaux modes de gouvernance pour renforcer la participation et l'inclusion. Les travaux
empiriques et les études de cas que nous avons examinés ont répondu à la troisième question,
à savoir la participation et l'exclusivité. Il est clair que le nouveau programme ambitieux
PPDRI pour la transformation rurale nécessitait une participation intense de la population
rurale, loin des anciennes procédures bureaucratiques traditionnelles descendantes. Les
résultats montrent que le niveau de participation n'est pas encore pleinement atteint et que la
décentralisation des décisions reste inachevée. Le niveau de participation et d'inclusion
dépendait de la capacité du système de gouvernance locale à créer le bon écosystème où les
projets basés sur la STI-Economie de la Connaissance pourraient se développer avec succès.
Nos résultats indiquent que l'approche a réussi dans certains endroits et a échoué dans
d'autres. Trois catégories de situations prévalaient: la première indique un faible niveau

17
d'intégration dans l'écosystème STI-Economie de la Connaissance conduisant à une faible
participation et inclusivité. La seconde indique un niveau moyen de participation et
d'inclusivité résultant d'une intégration partielle dans l'écosystème STI-Economie de la
Connaissance. La troisième situation indiquait un niveau de participation relativement élevé
résultant d'une mise en œuvre prononcée du modèle STI-Economie de la Connaissance.
Néanmoins, l'inclusivité des femmes reste faible dans les trois situations. Des recherches
supplémentaires sont nécessaires pour clarifier les racines de cette répartition, mais il est clair
que les facteurs géographiques, socio-économiques et politiques étaient en jeu. En particulier,
l'attitude des municipalités à l'égard du PPDRI et les attitudes de la population rurale ont joué
un rôle décisif. En utilisant ceux-ci, nous pourrions cartographier les différentes willayas sur
une grille combinant STI-Economie de la Connaissance et inclusivité de la participation
(Figure 4).

Figure 4: Cartographier les différents cas étudiés dans le canevas de la STI-


Economie de la connaissance

EC : Innovation/ Gouvernance/ capacity humaine/TIC


faible moyenne forte

Faible

Kabylie

Mascara
Participation
Bejaia
Sétif
Moyenne

Ain Ain-
Ain
Temouch
ent Tlemcen

Forte
Source : L’auteur

La quatrième question sur les obstacles rencontrés est probablement la plus abordée dans les
études sélectionnées ici et là dans la littérature sur le PPPRI en général. Il est clair que le
programme a permis d'obtenir des résultats tangibles et de la satisfaction dans certaines zones
rurales tout en suscitant frustration et mécontentement dans d'autres en raison des nombreux
obstacles rencontrés. Tout d'abord, la loi de 1998 sur la STI n'a pas tout à fait impulsé le niveau
d'innovation requis par la transformation structurelle requise. Deuxièmement, le PRCHAT
semble avoir raté ses objectifs dans de nombreuses zones rurales par suite de difficultés de
mise en œuvre et des interprétations erronées des populations. Ceci s'ajoute aux difficultés

18
d'établir des liens fructueux avec le monde académique et au manque de reconnaissance de
l'importance des connaissances tacites accumulées à travers l'apprentissage par la pratique des
agriculteurs de la population rurale. Troisièmement, l'étude montre que la mise en œuvre du
programme a souffert de problèmes de coordination au plus haut niveau décisionnel ainsi
qu'au niveau local, manquant l'occasion de mettre en place un véritable système d'innovation
rurale. Quatrièmement, la mise en œuvre du STI-Economie de la Connaissance a rencontré des
obstacles importants liés à la résistance au changement dans certains domaines probablement
minimisés par le concepteur du programme lui-même. La mise en œuvre n'a pas réussi à créer
le bon écosystème STI-Economie de la Connaissance nécessaire, ce qui s'est traduit par une
faible participation aux divers comités de populations rurales en plus d'une faible inclusion
des femmes. Elle a également contribué à forger l'attitude de rejet observée dans certains
domaines. Le PRR dans son ensemble et le PPDRI en particulier ont sans doute souffert de
l'héritage et de l'image négatifs des plans et programmes antérieurs décidés au niveau central
par l'Etat et qui ont échoué.

Pour conclure, alors que le PRR achève sa première décennie de vie, de nouvelles
conditions doivent être prises en compte: le modèle de financement basé sur la rente n'est plus
possible compte tenu de la baisse des prix du pétrole et des revenus. Il est donc nécessaire de
réajuster le modèle économique utilisé jusqu'à présent, où le financement privé via le système
de banque privée et le d’autres sources privées prennent le relais avec un soutien sélectif aux
zones montagneuses pauvres. Le modèle STI-KBA qui a été relativement bien intégré dans le
PRR et le PPDRI en particulier ne peut être durable que si la sphère de la connaissance et
l'université en particulier sont massivement impliquées dans la poursuite et
l'approfondissement de la conception et de la mise en œuvre de ce programme et du pays
comme un tout, apte pour un modèle Economie de la Connaissance. D'où la nécessité d'une
action encore plus profonde de l'Etat développeur.

Remerciements: Je suis redevable à plusieurs collègues qui ont contribué à la collecte de données et à
la compréhension, notamment à M. Rachid Benaissa, ancien ministre de l'Agriculture et du
Développement rural d'Algérie Remarques

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