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Chapitre n°4 – La Justice et la loi

Quelle est la bonne chose à faire ?


É tudes de cas.

Consigne. Chacun des cas présentés ci-dessous décrit un dilemme moral, c'est-à-dire une situation dans laquelle la bonne
chose à faire n'est pas évidente, généralement parce qu'aucun choix n'est absolument sans inconvénient. En cherchant une
solution pour ces dilemmes, vous vous interrogerez sur les raisons qui vous poussent à faire tel ou tel choix  : ainsi, vous
commencerez à vous demander s'il est possible de trouver des principes universels selon lesquels nous pourrions savoir, en
toutes circonstances, ce qui est bien et mal...

Afin de mener à bien cette réflexion, répondez pour chaque cas proposé aux questions qui vous sont posés.

Cas n°1 : le dilemme du tramway.


Vous êtes conducteur de train (ou d'un tramway). Un soir, alors que vous dirigez votre locomotive vers une
aire de remisage, vous vous apercevez que quatre ouvriers sont en train de travailler sur les rails quelques dizaines
de mètres plus loin. Le bruit de leurs outils fait qu'ils ne vous entendent pas arriver. Vos freins ne fonctionnent pas
et vous ne pouvez éviter l'impact, mais vous pouvez toutefois dévier votre locomotive sur une voie secondaire.
Malheureusement, un ouvrier se trouve également sur cette voie. Vous n'avez que deux options : soit vous
poursuivez votre course sur votre voie actuelle, et tuez quatre ouvriers, soit vous vous déportez sur la voie
secondaire et tuez un ouvrier.

1) Quelle est la bonne chose à faire ? (= Qu'est-il juste de faire ?)


2) Pourquoi est-ce la bonne chose à faire ? Autrement dit, sur quels principes peut-on s'appuyer pour affirmer que
c'est la bonne chose à faire?

Remarque : par « principe », on entend ici une norme universelle à laquelle doit se conformer toute action pour être
considérée comme bonne. Essayez de formuler le principe qui justifie votre réponse à la précédente question (= « x est la
bonne chose à faire en vertu du principe y »)

Cas n°2 : le médecin urgentiste.


Vous êtes médecin urgentiste. Suite à un terrible accident, quatre personnes arrivent aux urgences, et les
quatre ont besoin en urgence d'une greffe d'organes. Il se trouve qu'au même moment, un patient parfaitement
sain se trouve aux urgences. Ses organes fonctionnent bien, et il est d'ailleurs sur le point de quitter l’hôpital pour
rejoindre sa famille et reprendre le cours de sa vie. Il vous suffirait de le tuer, et de récupérer ses organes. Si vous
ne le faites pas, les quatre autres patients mourront. Vous n'avez que deux options : soit vous assassinez le patient
sain pour récupérer ses organes, et alors les quatre patients accidentés survivront, soit vous laissez le patient sain
quitter les urgences et alors les quatre patients accidentés décéderont.

1) Quelle est la bonne chose à faire ?


2) Pourquoi est-ce la bonne chose à faire ?
3) Quelle est la différence entre cette situation et la situation précédente ?

Cas n°3 : le terroriste.


La DGSE met la main sur un terroriste qu'elle suspecte fortement d'avoir participé à la pose d'un engin
explosif dans le centre d'une grande ville française. Pour être plus exact, la culpabilité de cette personne est
avérée par de nombreux enregistrements. Il est prévu que l'engin explose dans la journée, or il faudrait des jours
et des jours avant de pouvoir retracer l'endroit prévu de l'explosion. La seule source d'information exploitable est
ce terroriste que détient la DGSE. Serait-il juste que les agents tentent d'exploiter cette source en la torturant ? Si
le terroriste n'avoue pas où se situe l'engin, il est extrêmement probable que les services de renseignements ne
pourront pas prévenir l'explosion. Le dilemme moral est le suivant : ou bien l'on torture un des responsables de
l'attentat, et il est possible que des milliers de personnes soient sauvées ; ou bien il faut renoncer à la torture et
trouver d'autres moyens de déceler l'endroit où se situe la bombe, et il est alors probable que des milliers de
personnes soient condamnées.

1) Est-il juste de torturer le terroriste ?


2) Sur quels principes appuyez-vous votre réponse ?
Cas n°4 : Tuer ou ne pas tuer des civils innocents ?

Cette situation est basée sur des faits qui se sont réellement produits.
En juin 2005, un détachement de forces spéciales des SEALs est envoyé secrètement en Afghanistan pour
une mission de reconnaissance. Le but était de localiser un chef Taliban étroitement lié à Oussama Ben Laden.
D'après le service des renseignements, leur cible se situait dans un petit village montagnard, et était protégée par
140 à 150 combattants lourdement armés. Peu de temps après que le détachement ait pris position derrière une
crête pour surveiller le village et localiser leur cible, un troupeau de chèvres guidé par trois bergers, dont un
enfant, passe à proximité et les aperçoit. Il s'agissait de civils, et ils n'étaient pas armés. L'officier Marcus Luttrell,
en charge de la mission, fait face à un terrible dilemme. S'ils laissent les bergers sains et saufs poursuivre leur
route, il se peut qu'ils aillent prévenir le village de la présence de soldats américains et fassent ainsi échouer
l'opération, mettant en danger tout le détachement. Mais s'ils veulent s'assurer qu'ils ne préviendront pas
l'ennemi, il faut les abattre. En effet, les soldats n'ont pas de corde sur eux pour attacher et neutraliser les bergers
le temps de l'opération, il faut donc soit les tuer, soit les laisser partir. Cette situation, à l'inverse des précédentes,
constitue un cas de figure dans lequel il faut agir dans l'incertitude. Si l'on laisse partir les bergers, il est possible
qu'ils aillent prévenir les talibans, tout comme il est possible qu'ils poursuivent leur route. Il faut prendre une
décision sans savoir exactement ce qui en découlera.

1) Quelle est la bonne chose à faire ?


2) Pourquoi est-ce la bonne chose à faire ?

Cas n°5  : L'excision et la circoncision.

L'excision et la circoncision sont deux pratiques de mutilation des organes sexuels, respectivement chez la
femme et chez l'homme, pratiqués généralement dans la petite enfance (donc sans que la personne soit capable
de donner son consentement) dans certaines sociétés ou certains groupes humains, conformément à certaines
coutumes ou croyances propres à ces groupes.
a) L'excision, aussi appelée « mutilation génitale féminine », pratiquée dans certains pays d'Afrique et du
Moyen-Orient, ou encore en Indonésie, consiste en une lésion des organes sexuels féminins (souvent une ablation
totale ou partielle des organes externes). Elle est réalisée dans l'enfance ou la petite enfance, pour des raisons
traditionnelles rattachées à certaines croyances, selon lesquelles cet acte améliore la fertilité de la femme,
constitue un « honneur » et possède des vertus hygiéniques. En réalité, l'excision a des effets sur la sexualité et
sur la santé des femmes concernées. Elle peut aller jusqu'à entraîner la mort dans les cas les plus graves. Selon un
rapport de l'UNICEF en 2013 : « Dans les communautés où elle est pratiquée, l’excision/mutilation génitale
féminine n’est considérée ni comme dangereuse, ni comme une violation des droits humains. Elle constitue une
étape nécessaire dans la bonne éducation d’une fille, une façon de la protéger et, dans de nombreux cas, de lui
permettre de se marier. Les parents font exciser leurs filles afin de leur garantir le meilleur futur possible.
L’honneur familial et les attentes sociales jouent un grand rôle dans la perpétuation de [l'excision], ce qui permet
difficilement aux familles individuelles ainsi qu’aux femmes et aux filles en tant qu’individus de renoncer à la
pratique. Même lorsque les familles sont conscientes des conséquences néfastes de l’intervention, elles perpétuent
la pratique car elles craignent les jugements moraux et les sanctions sociales au cas où elles ne se conformeraient
pas aux attentes de la société. Le moteur principal qui entretient la pratique est souvent le désir de protéger les
filles et de leur offrir le meilleur futur possible leur assurant sécurité économique et acceptation sociale ».
b) La circoncision, largement pratiquée dans les communautés juives, chez les musulmans d'Afrique et du
Moyen-Orient et plus minoritairement dans certaines traditions chrétiennes, consiste en une ablation totale ou
partielle du prépuce. Cet acte rituel et traditionnel est pratiqué dans l'enfance et les raisons invoquées sont
généralement hygiéniques. Ses effets sur la sexualité masculine sont très discutés par les scientifiques. En dehors
des complication, il ne semble pas avoir de conséquence majeure sur la santé.

1) Peut-on considérer qu'il est juste, dans les sociétés ou les groupes sociaux concernés, d'exciser les petites filles
et/ou de circoncire les petits garçons ? Votre réponse peut être différente pour l'une et l'autre des deux pratiques.
2) Quelles raisons avez-vous de considérer que ces pratiques sont justes ou injustes ?

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