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Introduction à la science des matériaux 

: Le
cristal parfait

Introduction à la science des matériaux/Le cristal parfait

Sommaire
Résumé
Généralités
Le réseau cristallin
Ordre chimique
Relations géométriques
Réseau cubique centré
Réseau cubique à faces centrées
Sites interstitiels
Déformation plastique et directions de glissement
Bilan

Résumé
Nous étudions le modèle du cristal parfait, qui est un des modes d'organisation des atomes dans la matière
solide. Nous en déduisons les propriétés que cette organisation confère à la matière.

Durée recommandée : 1 h.

Généralités
La cristallographie est la science décrivant les cristaux. Elle est née de l’observation de la forme extérieure des
cristaux.

Cristaux de sel Monocristal de Cristaux de niobium


protéine

Elle s’est consolidée grâce à la radiocristallographie (diffraction de rayons X sur des cristaux), qui a permis
l'étude de l’organisation interne des cristaux.
Cliché de Laue : diffraction de rayons X sur un
monocristal, mettant en évidence l'organisation de
la matière

L’organisation des atomes dans le cristal détermine :

la forme possible de ses faces (clivage) ;


les possibilités de déformation plastique (glissement des
atomes entre eux) ;
l’anisotropie des propriétés : les cristaux n'ont pas les
mêmes propriétés selon la direction que l’on considère
(rigidité, propriétés optiques, …) ;
la possibilité « d’accueillir » des atomes étrangers
(alliages, impuretés dans les « espaces vides »).

Déformation élastique : les atomes se resserrent


ou s'écartent, mais gardent leur position dans le
cristal

Déformation plastique : les atomes glissent les


uns par rapport aux autres

Le réseau cristallin
Un cristal parfait est un empilement infini et régulier d’atomes ou de
molécules.

Cristal monotatomique : empilement


régulier à trois dimensions d'atomes

Un cristal peut se représenter comme un motif qui se répète


aux nœuds d’un réseau.

Dans le cadre du présent cours, nous prendrons souvent


comme exemple des cristaux dont le motif est formé d'un seul
atome  ; c’est en effet le cas de la plupart des métaux purs.
Cependant, ce n’est pas le cas général.

Cristal : un motif qui se répète aux nœuds d’un


réseau

Le réseau peut être décomposé en cellules ayant les mêmes symétries que
le réseau complet : ce sont les mailles élémentaires.

Mailles élémentaires d'un réseau

Le réseau peut être vu comme des mailles élémentaires qui se


juxtaposent.

Réseau : empilement de mailles


élémentaires
On classe les mailles selon leurs symétries :

parallélépipèdes rectangles

cubique tétragonal ou Orthorhombique


quadratique (base (base rectangulaire)
carrée)

parallélépipèdes droits

hexagonal (base monoclinique (base


losange à 120°) parallélogramme
quelconque)

parallélépipèdes obliques

rhomboédrique triclinique
(tous les côtés sont (parallélépipède
égaux) quelconque)

Par ailleurs, les réseaux peuvent être

simples : un nœud à chaque sommet ;


centrés : + un nœud au centre ;
à faces centrées : + un nœud au centre de chaque face ;
ce qui donne les 14 réseaux de Bravais.
Les 14 réseaux de Bravais
Système Simple Centré À 2 faces centrées À faces centrées

Cubique

Hexagonal

Tétragonal

Rhomboédrique

Orthorhombique

Monoclinique

Triclinique
Exemples :

Cubique centré (cc) : fer α (ferrite), tungstène, vanadium ;


Cubique à faces centrées (cfc) : cuivre, aluminium, fer γ (austénite), nickel, or, plomb… tous les métaux
ductiles ;
Hexagonal : carbone graphite, titane.

Dans le cadre du présent cours, nous ne nous intéresserons qu'aux structures cubiques, qui sont les
structures les plus courantes pour les métaux.

Ordre chimique
Un motif peut être formé de plusieurs atomes différents. Dans ce cas, on a un ordre chimique dans le cristal
(alternance régulières des différents types d'atome).

Par exemple, la structure ci-contre, dite « CsCl » ou « B2 » (notation du


journal Strukturbericht), ressemble à une structure cubique centrée. En
fait, c’est une structure cubique simple. On a une alternance d'atomes ou
d'ion selon la grande diagonale.

C'est le cas du chlorure de césium (CsCl)

les ions Cl- occupent les sommets des cubes et les ions Cs+
occupent les centres des cubes, ou vice versa,

et de quelques alliages dits « ordonnés », comme l'aluminiure de fer FeAl


par exemple

les atomes Fe occupent les sommets des cubes et les atomes Al Structure CsCl/B2
occupent les centres des cubes, ou vice versa.

La structure ci-contre, dite «  NaCl  » ou «  B1  » (notation du journal


Strukturbericht), est une structure cubique à faces centrées (cfc) avec
alternance chimique le long des arêtes du cube. C'est le cas du sel de table
(chlorure de sodium NaCl), du chlorure de potassium (KCl) et de la
galène (PbS).

Structure NaCl/B1

Relations géométriques

Réseau cubique centré


Une maille élémentaire d'un réseau cubique centré (cc) contient deux
motifs par maille, c'est-à-dire, dans le cas d'un cristal monoatomique,
deux atomes par maille. En effet, les motifs situés aux sommets du cube
sont partagés entre les huit mailles voisines ; on a donc :

8 sommets avec chacun 1/8 motif, 8 × 1/8 = 1 motif ;


le motif central qui compte pleinement.

Un réseau cubique centré a deux


motifs par maille

Considérons une arête du cube. Sa longueur est le paramètre de maille a.


Deux atomes s'alignent sur cette arête, donc la distance entre les centre
des atomes est a (problème des « piquets et des bouts de ficelle »).

Considérons la grande diagonale du cube. Cette diagonale a pour


longueur . Trois atomes s'alignent sur cette diagonale, donc la
distance entre les centres des atomes est . Donc les atomes
sont au contact sur la grande diagonale et non sur les arêtes.

La longueur de la grande diagonale est donc égale à quatre fois le rayon


atomique r :

Relations géométriques pour un


. cristal monoatomique cubique
centré

La compacité c est le rapport entre l'espace occupé par les atomes,


considérés comme des sphères, et le volume de la maille. On a deux atomes par maille soit

C'est-à-dire que les atomes occupent environ 68 % du volume du cristal et que l’on a 32 % de vide.

La masse volumique mesurée pour le fer α, ou ferrite, de structure cubique centrée, vaut

ρFe α = 7 874 kg/m3.

Par diffraction de rayons X, on détermine que le paramètre de maille vaut

a = 2,87 Å.

On en déduit la masse molaire atomique MFe ainsi que le rayon atomique rFe :

 ;
une maille a un volume

V = (2,87⋅10-10)3 = 2,36⋅10−29 m3,
et contient

n = 2/N = 3,32⋅10−24 mol de fer,

donc la masse d'une maille vaut

m = ρFe αV = 7 874 × 2,36⋅10-29 = 1,86⋅10−25 kg

et donc

soit 56 g/mol.

Un calcul littéral nous donne

Note
La valeur du rayon atomique retenue est légèrement différente : rFe = 126 pm.

Les relations géométriques dans la maille permettent donc de déterminer la compacité c et, à partir de
valeurs mesurées expérimentalement (ρFe α, a), de déterminer le rayon atomique rFe et la masse molaire
atomique MFe.

Réseau cubique à faces centrées

Exercice
À partir de la description de la maille cubique à faces centrée ci-
contre,
déterminer le nombre d'atomes par maille ;
calculer la relation entre le paramètre de maille a (longueur
d'une arête du cube) et le rayon atomique rFe ;
calculer la compacité c.

Réseau cubique à faces centrées

Réseau cubique à faces centrées [ Dérouler ]


 

Exercice
Le fer γ, également appelé austénite, a une structure cubique à faces centrées (cfc). À partir des
données déterminées ci-dessus (rFe = 124 pm et MFe = 56 g/mol), déterminer le paramètre a de la
maille et la masse volumique de l'austénite ρFe γ.

Austénite [ Dérouler ]
 
Le réseau cubique à faces centrées a une compacité plus grande que le réseau cubique centré, donc
logiquement, l'austénite a une masse volumique plus importante que la ferrite. CLa plupart des aciers
inoxydables sont austénitiques, ils ont donc une masse volumique plus importante que la plupart des autres
aciers.

Sites interstitiels
L'empilement des atomes laisse de l'espace vide. Cet espace peut être
occupé par de petits atomes, des atomes de faible numéro atomique Z,
typiquement C, H, N.

Les endroits du cristal où les l'espace vide est maximal sont appelés sites
interstitiels. Pour les réseaux cubiques centrés et cubiques à faces
centrées, on distingue deux types de sites interstitiels :

les sites octaédriques : c’est le vide entre six atomes formant un


octaèdre, ce sont les sites les plus « spacieux » ;
les sites tétraédriques : c’est le vide entre quatre atomes formant un
tétraèdre.
Sites interstitiels dans un réseau
cubique centré

Sites interstitiels dans un réseau


cubique à faces centrées

Dans un réseau cubique centré, le diamètre de la plus grande sphère inscrite dans un site octaédrique vaut a -
2r, donc le rayon RO de cette sphère vaut

.
Sphère maximale dans un site
octaédrique d'un réseau cubique
centré

Exercice
Calculer le rayon RO d'un site octaédrique d'un réseau cubique à faces centrées en fonction du rayon
atomique r.

RO d'un cfc [ Dérouler ]


 

On voit donc que pour un même rayon atomique r, RO est 2,7 fois plus grand dans un réseau cubique à faces
centrées que dans un réseau cubique centré. Dans le cas du fer (rFe = 1,26 Å) :

ferrite (fer α, cc) : RO = 0,19 Å ;


austénite (fer γ, cfc) : RO = 0,52 Å.

Cette notion de site interstitiel a une importance capitale en ce qui concerne les impuretés et les alliages,
puisque de petits atomes peuvent se loger dans ces sites.

Déformation plastique et directions de glissement


La déformation plastique se fait par «  glissement  » de «  plans
atomiques  ». On peut voir cela comme les cartes d'un jeu de cartes qui
glissent les unes sur les autres.

Jeu de cartes, analogie avec le


glissement de plans atomiques.

Un plan atomique est un ensemble des atomes situés sur un plan géométrique. Entre le début et la fin du
glissement, la structure du cristal doit être la même  ; seule la forme extérieure a changé. La distance de
glissement minimale est donc la distance séparant deux atomes sur la rangée atomique le long de laquelle le
plan glisse.
Le glissement va donc se faire essentiellement selon les directions les
plus denses : la distance minimale étant plus courte, l'effort à fournir est
moindre.

Distance de glissement selon la


direction

Sur la figure ci-contre, nous voyons que :

sur la structure du haut, il n'y a que deux orientations denses, de


glissement facile ;
sur la structure du bas, il y en a trois.

La structure du bas se déforme donc plus facilement que celle du haut.

Ainsi, certains réseaux sont de fait plus ductiles que d'autres. Le réseau le
plus ductile est le réseau cubique à faces centrées : c’est celui qui présente
le plus de modes de glissement. Tous les métaux «  mous  » sont de
structure cfc : or, argent;, plomb, cuivre, étain, aluminium, austénite, …

Bilan Nombre de directions de glissement


facile
Outre la forme extérieure des gemmes comme nous l'avions déjà vu,
l'organisation atomique des cristaux permet de comprendre la relation
entre :

masse volumique et la masse molaire atomique ;


la dimension des atomes et la masse volumique ;
la dimension des atomes et l'espace disponible pour des impuretés et éléments d'alliage.

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