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Introduction à la science des matériaux 

:
Diagrammes binaires

Introduction à la science des matériaux/Diagrammes binaires

Sommaire
Résumé
Introduction
Exemple : eau+sel
Construction d'un diagramme d'équilibre
Définitions
Phases et cristallographie
Diagrammes à miscibilité complète
Diagramme à miscibilité partielle
Polymorphisme et eutectoïde
Solidification
Composition chimique d'un lingot
Courbes d'analyse thermique
Forme des cristaux dans un lingot
Avec un eutectique
Frittage
Transformations en phase solide
Description du phénomène
Cinétique du phénomène
Traitements thermiques
Diagrammes ternaires
Voir aussi

Résumé
Nous allons étudier les transformations de la matière en fonction de la température.

Introduction
La matière change d'état selon la pression et la température. Par exemple, l'eau pure sous pression
atmosphérique est sous forme de glace en dessous de 0 °C et sous forme de vapeur au dessus de 100 °C ; le
phénomène est un peu plus complexe puisque l'eau peut s'évaporer à température ambiante, mais on n'a
jamais d'eau liquide au-dessus de 100 °C.

Nous allons ici regarder les changements solide-liquide, mais aussi les transformations à l'état solide,
toujours sous pression atmosphérique. Nous ne prendrons en compte que la température et la composition
chimique de la matière.
Exemple : eau+sel
On dit que «  le sel fait fondre la glace  », ce
phénomène est utilisé en hiver (salage des
routes). En fait, il faudrait dire « la température
de fusion du mélange eau+sel dépend de la
teneur en sel  »  ; par sel, il faut comprendre
chlorure de sodium NaCl.

On prend un mélange eau+sel, on le refroidit et


on regarde à quelle température il commence à
se former des cristaux. On peut tracer le
graphique de cette température en fonction de
la teneur en sel. On remarque que l’on a un extrait du diagramme binaire du mélange eau+sel ; légende : L :
minimum de −21  °C pour 22  % de sel en liquide — L+S : mélange liquide et solide — S : solide — E :
masse ; on parle d'« eutexie » (du grec eutêksia eutectique.
« bien fondre », fusion facile).

Comme il ne s'agit pas d'un corps pur, la température continue à baisser en cours de solidification. On peut
donc aussi tracer la température à laquelle tout devient solide en fonction de la teneur en sel. On remarque
que cela fait une droite à −21 °C, à l'exception des très faibles teneurs en sel.

Cette courbe est appelée « diagramme binaire » ou « diagramme d'équilibre ».

Construction d'un diagramme d'équilibre


Pour détecter le début et la fin de la
solidification, on utilise une courbe d'analyse
thermique  : on fait un mélange liquide, on le
fait refroidir et l’on mesure l'évolution de sa
température T en fonction du temps t :
Courbes d'analyse thermique d'un corps solide (1), d'un corps pur
dans le cas d'un solide, la température suit (2), d'un alliage (3) ou (4)
une courbe régulière ayant pour asymptote
la température ambiante (1) ;
si l’on a un corps pur, la courbe présente un plateau correspondant à la solidification : la chaleur dégagée
par la solidification compense le refroidissement, la température reste constante durant la solidification
(2) ;
dans le cas d'un alliage, la température évolue durant la solidification (3) ou (4), la chaleur dégagée par
la solidification ne compense pas complètement le refroidissement ; les ruptures de pentes de la courbe
marquent le début de la solidification (liquidus) et la fin de la solidification (solidus).

Définitions
Liquidus, solidus

Sur le diagramme binaire, la courbe du haut correspond au liquidus, c'est-à-dire à la température au dessus
de laquelle il n'y a que du liquide ; la courbe du bas correspond au solidus, c'est-à-dire à la température en
dessous de laquelle il n'y a que du solide.
Courbes du liquidus et du solidus pour le diagramme binaire
eau+sel

Phase

Une phase est une substance homogène, ayant les mêmes propriétés partout.

En science des matériaux, nous considérons une définition plus vaste  : une phase est un milieu dont les
propriétés varient de manière continue et lente. Les propriétés du milieu peuvent varier d'un bout à l'autre,
tant que localement on a une impression d'homogénéité.

Un liquide au repos forme toujours une phase unique, mais le liquide


peut contenir une phase solide (suspension ou précipitation). Un liquide
agité peut présenter une dispersion de gouttelettes de phases différentes
(émulsion), à l'instar de la vinaigrette ; si le système est laissé au repos,
les phases se séparent et forment deux couches.

liquide seul (gauche), avec une


suspension solide (centre), avec un
précipité (droite)

Un solide peut contenir plusieurs phases, à l'instar du nougat.

Granite, exemple de solide


comprenant plusieurs phases

Solution solide

Une solution solide est une situation où un élément est dispersé au sein d'un cristal. L'élément est sous forme
d’atomes interstitiels ou de substitution.
Solution solide de substitution (haut)
et d'insertion (bas).

Phases et cristallographie
Il existe une multitude de cas possibles, mais nous n'en verrons que les trois principaux :

diagramme à fuseau unique, dit « à miscibilité complète » ;


diagramme à eutectique unique ;
diagramme à eutectique et à eutectoïde.

Diagrammes à miscibilité complète

Dans certains cas, les deux éléments forment une solution solide de même structure cristalline, au paramètre
de maille près. C'est le cas si

les éléments pur cristallisent dans le même réseau ;


ont des rayons atomiques proches (écart inférieur à 15 %) ;
et ont des propriétés physiques et chimiques proches, en particulier des électronégativités (capacité à
attirer les électrons) proches.

C'est par exemple l'or et l’argent (Au-Ag) ou le cuivre et le nickel (Cu-Ni).

On a typiquement un diagramme de phase à un seul fuseau.


Diagramme binaire or-argent, typique des alliages à miscibilité
complètes

On a donc une solution solide unique, qui


évolue de manière continue avec la
composition.

La courbe d'analyse thermique correspond au


cas no  3 du graphique ci-dessus  : elle ne
présente pas de plateau horizontal.

Évolution de la structure cristalline selon la composition dans le


cas d'éléments à miscibilité totale

Diagramme à miscibilité partielle

Dans la plupart des cas, la solubilité d'un élément dans un autre est limitée. Le principe est le même que pour
la saturation des solutions aqueuses  : si l’on dépasse une certaine teneur, appelée limite de solubilité, on
observe de la précipitation, les atomes se réorganisent localement pour former des «  composés définis  »,
c'est-à-dire ayant une composition fixe (ou tout du moins admettant peu d'écarts). On va donc avoir des
« lignes verticales » sur le diagramme binaire, correspondant aux limites de solubilité ; ces lignes s'appellent
« solvus ».

Il existe plusieurs cas possibles, mais celui qui nous concerne est celui de l'eutexie. Prenons le cas des alliages
plomb-étain (Pb-Sn), qui présente un diagramme simple.

le solidus et le liquidus se rejoignent au point le plus bas du liquidus. L’eutectique, qui est l'alliage dont la
composition correspond à ce point, se solidifie donc à température constante, comme les corps purs (courbe
2 ci-dessus).
Diagramme binaire plomb-étain

Ce diagramme comporte six zones :

la zone liquide L, en haut ;


la zone solide α, qui est une solution solide de B dans A
(A est majoritaire) ;
la zone solide β, qui est une solution solide de A dans B
(B est majoritaire) ;
la zone solide α+β, où les deux solutions solides sont
présentes côte à côte, on a des cristaux d'α et des
cristaux de β ;
les deux zones liquide + solide : Diagramme binaire à eutectique générique

cristaux de solution solide α dans du liquide, L+α,


cristaux de solution solide β dans du liquide, L+β.

Les cristaux d'eutectique sont en général des assemblages de cristaux des


phases α et β :

soit sous forme de lamelles ; Eutectique lamellaire (gauche) ou


soit sous forme de globules. globulaire (droite)

L'image ci-contre est schématique ; les cristallites ne sont en réalité pas


aussi réguliers, les lamelles ne sont pas strictement planes et de largeur fixe, les globules ne sont pas
sphériques mais plutôt prismatiques (suivant les plans cristallographiques denses).

Dans la zone solide, de gauche à droite :

dans la zone α, on a une solution solide unique ;


puis, à gauche de l'eutectique — zone dite hypoeutectique —, on a
hors de la « zone d'influence de l'eutectique », des cristaux de α et quelques cristaux de β,
dans la zone d'influence de l'eutectique, des cristaux de d'eutectique et des cristaux de phase α ;
à la composition eutectique E, on n'a bien entendue que de l'eutectique ;
à droite de l'eutectique — zone dite hypereutectique —, on a
dans la zone d'influence de l'eutectique,
des cristaux d'eutectique et de phase β,
hors de la zone d'influence de
l'eutectique, des cristaux de β et
quelques cristaux de α ;
dans la zone β, on a une solution solide
unique.

Eutectique : diagramme binaire et structure cristalline

Polymorphisme et eutectoïde

On peut aussi avoir des changements de forme cristalline en phase solide : un métal a une structure donnée à
basse température, et une autre structure à haute température. C'est le cas par exemple du fer pur :

en dessous de 912 °C, il est cubique centré (fer α ou ferrite) ;


entre 912 °C et 1 394 °C, il est cubique à faces centrées (fer γ ou austénite) ;
entre 1 394 °C et la fusion (1 538 °C), il est à nouveau cubique centré (fer δ).

Ces changements de forme portent le nom de polymorphisme  ; pour les éléments purs, on utilise le terme
d'allotropie. On a donc trois formes allotropiques du fer : α, γ et δ.
Transformations allotropiques du fer

Un diagramme d'un alliage présentant du polymorphisme


peut prendre des formes très variées. Dans certains cas, on a
une forme en « aile de papillon » similaire à l'eutectique sauf
que l’on est à l'intérieur de la phase solide. On parle alors
d'eutectoïde (« similaire à un eutectique »).

Diagramme de phase avec un eutectique et un


eutectoïde

Solidification
Considérons un diagramme à un fuseau AB (alliage à miscibilité complète), et un liquide de composition c0
qui refroidit dans une lingotière (moule de forme globalement parallélépipédique).

Composition chimique d'un lingot

On part de la phase liquide, puis le système refroidit. La


chaleur part par les parois de la lingotière — l'air est un bon
isolant — donc le liquide est plus froid le long des parois. Les
premiers cristaux se forment donc sur les parois, d'autant
plus que la présence de défauts facilite la cristallisation, et ce
lorsque la température atteint le liquidus.
Composition des premiers cristaux formés
Les premiers cristaux formés sont à l'équilibre avec le
liquide ; leur concentration est donc déterminée par le solidus
à cette température, elle est différente de la composition du
liquide. Avec le diagramme ci-contre, les premiers cristaux sont donc plus pauvres en B  ; ils ont une
composition c1 < c0.

Ce fait est utilisé pour purifier les produits (recristallisation de produits organiques, fusion de zone pour le
silicium utilisé en électronique) : les impuretés sont rejetées dans le liquide.

Au cours de la solidification, le liquide s'enrichit donc en B ; à


une température donnée, la composition c’2 du liquide est
donnée par le liquidus.

Le solidus, quant à lui, donne la composition moyenne c2 de


la matière déjà solidifiée  : le solide n’est pas homogène, les
derniers cristaux formés sont pus riches en B que les
premiers. Cristaux formés en cours de solidification

À la fin de la solidification, la composition moyenne du lingot


est c0, mais le dernier cristal solidifié a la composition de la
dernière goutte de liquide, c’3. C'est la partie la plus riche en
B.

Le rejet des impuretés au cœur du solide est appelé


« ségrégation ». Par exemple, le cœur d'un glaçon contient en
Cristaux formés en fin de solidification
général des bulles  : l'air dissout dans l'eau est rejeté dans le
liquide, et il ne reste à la fin plus que de l'air qui est piégé sous
la surface de la glace.

La ségrégation joue un rôle important dans la soudure des aciers inoxydables : les impuretés, et en particulier
le soufre et le phosphore, sont rejetés au centre du cordon de soudure. Ils abaissent la température de fusion,
donc le centre met plus de temps à solidifier  ; comme la tôle se déforme par la chaleur, ceci provoque une
fissuration du cordon de soudure pendant la soudure (phénomène de fissuration à chaud). Cela impose de
choisir soigneusement le métal servant à effectuer la soudure.

La composition des cristaux formés à chaque instant est donnée par une autre courbe  : la composition c’’2
d'un cristal est inférieure à la composition moyenne du lingot c2 donnée par le solidus. La fin de solidification
se fait à une température inférieure à celle donnée par le diagramme de phase.

En fait, la solidification se fait hors équilibre, puisque la composition du solide change selon l'endroit ; c’est la
raison pour laquelle le diagramme binaire, qui est un diagramme d'équilibre, ne s'applique pas. On pourrait
envisager une solidification à l'équilibre, c'est-à-dire suivant le solidus et avec un solide toujours homogène,
pour des vitesses de refroidissement très lente, permettant au
solide de s'homogénéiser par diffusion. Dans la pratique, on
préfère souvent réchauffer le lingot — recuit
d'homogénisation — une fois solidifié pour activer la diffusion
est avoir un solide plus homogène.

Composition des cristaux formés en cours de


solidification

Courbes d'analyse thermique

Les courbes d'analyse thermique évoluent avec la composition, de gauche à droite :

courbe à un plateau : A pur (solidification à température constante) ;


courbes avec rupture de pente : solidification de l'alliage (traversée de la zone « Sm+MK », évolution de
la température avec la solidification) ;
courbe à un plateau : B pur (solidification à température constante).

Forme des cristaux dans un lingot

La structure des cristaux qui se forment évolue également au


cours de la solidification :

les premiers cristaux se forment de manière aléatoire, on


a donc contre la paroi de la lingotière une « peau » de
cristaux de forme quelconque et sans orientation précise ;
on parle de structure équiaxe ; la paroi étant très froide,
les cristaux se forment rapidement, ils sont donc très
petits ;
puis, la croissance se fait de manière dirigée, on a donc
des cristaux orientés perpendiculairement à la paroi ; on Forme des grains dans un lingot
parle de structure colonnaire ou basaltique ;
pour certains alliages, on a une formation de dendrites
(cristaux en forme d'arbres) : le front de progression de la solidification s'ondule, les ondulations
s'accentuent et on a une croissance rapide selon des directions
précises ;
au centre, on a à nouveau une structure équiaxe : la convection du
liquide casse les extrémités des dendrites, ces petits morceaux
forment des amorces de cristaux, qui ont donc une forme et une
orientation quelconques.

Les bords ont donc des propriétés différentes du cœur, ce qui impose
parfois de retailler dans le lingot, ou de mieux maîtriser le
refroidissement (refroidissement lent, solidification dirigée).
dendrites
Ces phénomènes se retrouvent aussi dans le cas des soudures. En
particulier, pour la soudure des aciers inoxydables, on cherche à avoir
des dendrites qui, de par leur forme, ont un rôle «  d'accroche  » et empêchent la fissuration en cours de
soudure.

Avec un eutectique

Les courbes d'analyse thermique évoluent selon la composition. Ci-dessous, de gauche à droite :

courbe à un plateau (A pur) ;


courbe avec rupture de pente (traversée de la zone « Sm+A ») et plateau (solidification de l'eutectique) ;
courbe à un plateau (eutectique pur) ;
courbe avec rupture de pente (traversée de la zone « Sm+B ») et plateau (solidification de l'eutectique) ;
courbe à un plateau (B pur).

Prenons l'exemple d'un alliage hypoeutectique, de composition inférieure à l'eutectique mais dans la zone
d'influence de l'eutectique.

Au début de la solidification, il ne se forme que de la phase α ; la température continue à évoluer. Lorsque
l’on s'approche du solidus, le liquide a quasiment une composition eutectique. Les derniers grains qui se
forment sont donc des grains eutectiques ; la température reste constante.

La phase α est donc présente sous deux formes :

sous la forme de lamelles de l'eutectique ;


sous la forme de grains formés avant l'eutectique ; on parle de phase α proeutectique.
Solidification d'un alliage hypoeutectique dans de la zone
d'influence de l'eutectique

Voir les exercices sur : Exploitation d'un diagramme de phase.

Frittage
On peut éviter un certain nombre des inconvénients de la solidification
grâce au frittage des poudres  : l’objet est obtenu en compactant de la
poudre dans un moule puis en effectuant un frittage (sintering)  : les
grains se « soudent » par diffusion ou fusion locale. Le procédé s'utilise
pour les céramiques (cuisson des poteries), mais aussi pour les métaux :
c’est le domaine de la métallurgie des poudres.
Soudage de deux grains de poudre
Le chauffage est « modéré » (on ne va pas jusqu'à la fusion), donc : lors du frittage

on économise de l'énergie ;
on maîtrise la structure du produit (structure équiaxe et taille des grains) ;
on a une très faible contraction au refroidissement, et en particulier un faible retrait et pas de retassure,
ce qui permet d’avoir une pièce « bonne » brute de frittage et réduit donc les opérations d'usinage.

Il faut appliquer de bonnes conditions de pression, de température et de durée pour maîtriser la porosité :
soit avoir une faible porosité résiduelle, soit au contraire avoir une porosité permettant de retenir des
liquides, comme dans le cas des coussinets frittés en bronze que l’on imprègne d'huile pour avoir une auto-
lubrification.

Avec le frittage, on n'a pas de transformation de phase, sauf éventuellement une fusion localisée.

Transformations en phase solide

Description du phénomène

En phase solide, les transformations de phase se font :

par déplacement sur de petites distances : transformations « displacives », p. ex. changement de


cristallisation (transformation allotropique) ;
par migration sur de grandes distances (diffusion) : transformations « diffusives », p. ex. précipitation ou
mise en solution.
Ces transformations interviennent lorsque, sur le diagramme
binaire, la droite correspondant à la composition de l'alliage
traverse plusieurs domaines solides. Étudions ce qui se passe
lors du refroidissement d'un alliage à solubilité partielle avec
eutectique.

Précipitation : transformation diffusive

Par rapport au diagramme générique que nous avons donné précédemment, les zones où la droite de
composition coupe un solvus — frontière entre domaines solides — sont les zones biphasées α+β, situées à
gauche et à droite du segment horizontal de l'eutectique. Ces zones sont dites «  hors de l'influence de
l'eutectique », puisqu’il ne se forme pas d'eutectique.

Prenons l'exemple d'une composition proche du


A pur hors de la zone d'influence de l'eutectique
(à gauche du point limitant la droite
horizontale).

Lors du refroidissement, il se forme


initialement uniquement de la phase α. Lorsque
la température baisse, la solubilité de B dans A
diminue  : l'agitation des atomes étant plus
faible, il y a « moins de place » dans les mailles
du cristal A pour loger des atomes étrangers B.
Les atomes B sont donc «  chassés  », ils
diffusent (se déplacent) vers les zones où il y a Précipitation en phase solide au cours du refroidissement d'un
plus de place, c'est-à-dire les joints de grain et alliage hypoeutectique hors de la zone d'influence de l'eutectique
en particulier les joints triples (intersection de
trois grains de α).

Là, les atomes de B commencent à former de nouveaux cristaux de phase β.

Si l’on chauffe l'alliage, il se passe le phénomène inverse : au-dessus du solvus, les cristaux de β se dissolvent
et les atomes de B diffusent pour se répartir dans la matrice α. On parle de « mise en solution ».

Cinétique du phénomène

Les transformations en phase solide mettent « un certain temps » à se produire. Ce temps est d'autant plus
long que la température est basse  : les atomes ont moins de mobilité. Les transformations displacives sont
bien évidemment plus rapides que les diffusives, les atomes ayant moins de chemin à parcourir.

On représente ceci par les courbes « temps-température-taux de transformation », ou diagrammes TTT. Pour
les construire, on effectue un refroidissement très rapide jusqu'à la température visée (trempe), on maintient
un pallier à cette température, et l’on regarde le temps que met la transformation à se faire. On peut par
exemple doser la quantité de phase qui s'est transformée avec des mesures de diffraction de rayons X. On
peut aussi se servir d'une caractéristique physique, par exemple de la dureté du solide obtenu, pour quantifier
la transformation.
L'échelle des temps est logarithmique.

On obtient typiquement une courbe avec un « nez » :

au-dessus du solvus, il n'y a pas de transformation ;


plus on est en dessous du solvus, plus la phase A est
instable, donc plus la transformation est rapide, la durée
de transformation diminue ;
mais plus la température baisse, moins les atomes sont
mobiles, donc la transformation se ralentit, les temps de
transformation s'allongent ;
pour les températures de trempe trop basses
(hypertrempe), les atomes n'ont plus la possibilité de
bouger et la transformation en peut plus avoir lieu ; on a
de la phase A bien que celle-ci soit instable, on parle de Diagramme de trempe TTT générique
phase « métastable ».

Si au contraire on réchauffe l'alliage sous forme B, le


diagramme TTT est très différent  : on n'a de transformation
qu'au-dessus du solvus, et plus la température est élevée,
moins la phase B est stable et plus les atomes sont mobiles.
On a donc une diminution du temps de transformation avec la
température.

Diagramme de réchauffement TTT générique

Mais la courbe réelle de refroidissement d'une pièce un tant


soit peu massive n’est pas étagée, elle est continue. Dans la
pratique industrielle, on préfère donc utiliser des courbes de
refroidissement continues, ou diagrammes TRC.

Diagramme de trempe TRC générique

Traitements thermiques

On effectue des traitements thermiques sur les alliages pour opérer des transformations en phase solide et
modifier ainsi les caractéristiques physiques et mécanique du matériau. Les principales opérations sont :
recuit (annealing) : chauffage, maintien en
température pour laisser le temps aux
transformations de se faire, puis
refroidissement lent ; ce traitement sert à
amener le métal à l’état d’équilibre et le
rendre homogène, on chauffe en général
juste au-dessus du solvus pour reformer
totalement la phase stable lors du
refroidissement, soit en dessous du solvus
si l’on veut conserver la structure de base ; Courbes génériques de température en fonction du temps pour les
trempe (quenching) : chauffage au-dessus traitements thermiques
du solvus pour amener tout l'alliage dans la
phase stable à haute température
(éventuellement mise en solution de précipités), puis refroidissement rapide pour piéger une structure
métastable.
revenu (tempering) : traitement parfois appliqué après une trempe, consistant en un chauffage et
maintien à une température inférieure au solvus, pour activer la diffusion des atomes et « annuler » une
partie de la trempe ou permettre la formation de précipités.

Diagrammes ternaires
Dans certains cas, on s'intéresse à l'alliage de trois éléments.
On peut dans ce cas-là utiliser un diagramme ternaire  : il
s'agit d'un diagramme isotherme (pour une température
donnée) en forme de triangle, chaque point correspondant à
une composition de l'alliage.

Diagramme ternaire or-argent-cuivre utilisé en


joaillerie et indiquant la couleur d'un alliage

Soit un diagramme ternaire pour trois éléments (ou composés) A, B et C. Chaque sommet correspond à un
élément pur.

La composition correspondant à un point quelconque du diagramme se détermine comme suit  : pour


l'élément A,

on trace la parallèle au côté opposé au sommet A ;


on détermine l'intersection de cette droite avec le côté portant la mention « %A » ;
la valeur est celle indiquée par l'échelle de ce côté.

Dans l'exemple ci-contre, le point rouge correspond donc à 20 % de A, 20 % de B et 60 % de C.
Lecture d'un diagramme ternaire

Voir aussi
Annexe : Application à la géologie
Barralis et Maeder (1991)

p. 31-39

Philibert et col. (1998) III-2 (p. 569-580), III-4.1 à 4.5 (p. 583-593), III-5 (p. 600-604)

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