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Maison Rustique Du XIXe Siecle Tome 4
Maison Rustique Du XIXe Siecle Tome 4
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M C. */
MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE,
ANTOINE (de Rovitle), professeur a l'institut agri LECLERC-THOUIN (Oscar), des Soc. d'agricul
cole de Rowlle ( Heurthe). ture et d'horticulture.
ALDOUIN, professeur au Muséum d'histoire natu LOISELEUR DES LONGCHAMPS, des Soc. d'a
relle, membre de la Société centrale d'agriculture. griculture et d'horticulture.
BERLEZE (l'abbé), des Soc. d'agriculture et d'hor MACAREL, conseiller d'état, professeur de droit
ticulture. administratif, des Soc. d'horticulture et d'encoura
BIERNAKI, propriét. -cultivât., ancien ministre de gement.
l'intérieur en Pologne. MALEPEYRE (L. ), avocat à la Cour royale de
RIXIO (Alexandre), docteur en médeciue. Paris.
BON A FOI S, directeur du Jardin botanique de HASSON FOUR, ex professeur à l'école forestière
Turin, correspondant de l'Institut, de la Société de Nancy, directeur du Journal d'agriculture pra
d'agriculture, tique.
CHAPELAIN .Octave de), propriét.-cultiv. dans la MICHAliT, correspondant de l'Institut, de la Soc.
Lozère. d'agriculture.
DAILLY, propriét.-cultiv. a Trappes Seine - et- 1UIRREL, de l'Académie des Sciences, de la Soc.
Oise . des Soc iétés d'agriculture et d'horticulture d'agriculture professeur au Muséum d'histoire na
de Patis et de Versailles. turelle.
DEBONNAIRE DE GIF, cons. d'état, de la Soc. MOLARD, de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
d'agriculture. d'agriculture.
DERY, propriét.-cultiv. dans le Loir-et-Cher, de la MOLL, professeur à l'institut agricole de Roville.
Suc. d'agriculture. I MORIN DE SAINTE-COLOMBE, des Soc. d'a
DESJORERTS, député, cultiv. a Rieux (Seine-In griculture et d'horticulture.
férieure). IMOIROT (de Dijon), auteur de plusieurs ouvrages
DUPIN (Charles), député, président de l'Académie d'agriculture forestière.
des Sciences professeur au Conservatoire des arts NOIROT-BONNET, géomètre forestier à Langres
et métiers, etc. (Haute-Marne).
FEBUHIER, des Soc. d'agriculture et d'horticulture ODART (le comte), président de la section d'agri
de Paris et de Versailles. culture de la Soc. d agriculture de Tours, proprié
GASPAR1N (de), sous -secrétaire d'état de l'inté taire-agronome dans Indre-et-Loire.
rieur, He la Soc. d'agriculture, etc. ODOLANT DESNOS, auteur de plusieurs ouvra
GIRARD, de l'Acad. des Sciences, de la Soc. d'a ges sur les arts industriels et agricoles.
griculture. PAÏEN, manufacturier-chimiste, des Soc. d'agricul
GIRARDIN (Emile de), député, fondateur de l'ins ture d'horticulture et d'encouragement.
titut gratuit de Coëlbo, POITEAU, des Soc. d'agriculture et d'horticulture,
GOliRLIEH, architecte des Travaux-Publics de Pa auteur du /ion Jardinier, etc.
ris, de la Soc. d'encouragement, etc. POLONCEAU, inspecteur divisionnaire des ponts et
GUiOT (Jules), docteur eu médecine à Gyé-sur- chaussées, des Soc. d'agriculture, d'horticulture et
Seine 'Aube). d'encouragement.
HERICART DE THURY (vicomte). .icl'Acadmie POMMIER, directeur de l'Echo des hallet et mar
des sciences, président des Soc. d'agriculture et chés.
d'horticulture. PUVIS, président de la Soc. d'agriculture de l'Ain.
IIERPIN, propriét.-cultiv. dans l'Indre, de la Soc. RAMBUTEAU (de), député, conseiller d'état, préfet
d'agriculture. de la Seine, président de la Soc. d'agriculture.
nOMRRES-FIRMAS fie baron d'), correspondant RIVIERE (baron de), propriét.-cultiv. dans la Ca
de l'Institut et de la Soc. royale et centrale d'a margue, correspondant de la Soc. d'agriculture.
griculture, propriétaire agronome dans le Gard, etc. SOULANGE-BOD1N, des Soc. d'agriculture, d'hor
HUERNE DE POMMEUSE, des Soc. d'agriculture, ticulture et d'encouragement, fondateur de l'ins
d'horticulture et d'encouragement. titut horticole de Fromont (Scine-et-Oi»e).
HUZARD père de l'Académie des Sciences, archiv. SYLVESTRE (baron de), de l'Académie des Scien
de la Sec. d'agriculture, inspecteur des écoles vé ces, secrétaire perpétuel de la Soc. d'agricul
térinaires de France. ture.
HUZrxRD fils, des Soc. d'agriculture, d'horticulture TESSIER, de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
et d'encouragement. d'agriculture.
JAL'ME-SAINT-HILAIRE, de la Soc. d'agricul TURPIN de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
ture, auteur de la Flore et de la Pomone Fran d'horticulture.
çaises- VILMORIN, des Soc. d'agriculture et d'horticul
LABBE, des Soc. d'agriculture et d'horticulture. ture, propriét.-cultiv. aux Barres (Loiret), etc.
LADOUCETTE, député, des Soc. d'agriculture, VIREY, député, de la Soc. d'agriculture, etc.
d'horticulture et d'encouragement. YVART, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort,
LASSAIGNE, professeur à l'école vétérinaire d'Al- de li Soc. d'agriculture.
fort. I YUNG, rédacteur du liultelin des sciences agricoles
LEBLANC, professeur au Conservatoire des arts et I et de VAgronome.
métiers.
Tous les articles de la Maison Rustique sont signés de l'un de ces noms.
MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE.
c
têncydoyébie Agriculture pratiqua,
COirTEHAST
Ui MEILLEURES MÉTHODES DE CULTURE USITÉES PARTICULIÈREMENT EN FRANCE, EN ANGLETERRE,
EN ALLEMAGNE ET EN FLANDRE; — TOU8 LES RONS PROCÉDÉS PRATIQUES PROPRES A GUIllEH
LE PETIT CULTIVATEUR, LE FERMIER, LE RÉGISSEUR ET LE PROPRIÉTAIRE, DANS L'EXPLOITA
TION D'UN DOMAINE RURAL; — LES PRINCIPES GÉNÉRAUX D'AGRICULTURE , LA CULTURE IIB
TOUTES LES PLANTES UTILES; — L'ÉDUCATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES, l'aRT VÉTÉRINAIRE,
— la description de tou8 les arts agricoles; — les instrumens et batimens ruraux ; —
l'entretien et l'exploitation des vignes, des arbres fruitiers, des bois et forêts, des
étangs, etc.; — l'économie, l'organisation et la direction d'une administration bu
bale; — enfin la législation appliquée a l'agriculture;
RmmB
PAR DES TABLES MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE,
PAS LA LIST» DBS FIGURES ET CELLE DES ABREVIATIONS ET OUVRAGES CITES ;
â£o«rs timtntùu, eom^Ut tt métfjv^iqtu
D'ÉCONOMIE RURALE,
AVEC PLUS DE 2000 FIGURES REPRESENTANT TOUS LES INSTRUMENS, MACHINES, APPAREILS,
RACES D'ANIMAUX, ARBRES, ARBUSTES ET PLANTES, BATIMENS RURAUX, ETC. ,
Rédige et professe'
Par une réunion d'Agronomes et de Praticiens appartenant aux Sociétés agricoles de France ,
socs la auBenoa
H)f ill. JllaWpfjJre aîtw,
De la Société centrale d'Agriculture.
TOME QUATRIÈME.
H DCCC XXXVI.
ïfcS M j
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME
. —w
Une pépinière est un lieu destiné au» se Section i". — Choix et préparation des
mis, et par extension aux divers modes de terrains.
multiplication, sur une certaine échelle, de
tous les végétaux ligneux dont la culture pré § Ier. — Nature, fertilité, profondeur, exposition et .
sente de l'avantage sous le rapport de 1 uti situation du sol.
lité ou de l'agrément.
Le but de cet article est d'indiquer la mi Nature du sol. — Le terrain qui convient le
nière de former et d'entretenir un tel éta mieux à l'établissement d'une pépinière , est
blissement pour en obtenir les divers arbres celui que nous avons déjà designé sous le
utiles aux besoins de la grande culture. nom de terre franche, ou sous celui de
terre sablo-argileuse. Trop compact, il serait
AGRICULTURE. IV. — i
2 AGRICULTURE FORERTIÈRE : PÉPINIÈRES. liv. r.
peu favorable à la végétation de la plupart du sol doit servir de guide dahs celle opéra
des arbres; il rendrait les travaux de culture tion. — S'il est de bonne nature, on se rap-
matériellement difficiles, exigerait des la fiellera que les labours les plus profonds sont
bours et des binages trop fréquens, et, chose es meilleurs, et qu'une faible augmentation
également fâcheuse, en retenant outre me de dépense produira plus tard une notable
sure l'humidité et en se pénétrant difficile augmentation dans les produits. — Si le sous-
ment de la chaleur, il relarderait les progrès sol est de mauvaise qualité, il faudra, au con
de la végétation. — Trop léger, il aurait l'in traire, éviter de l'entamer, ou, tout au moins,
convénient non moins grave de nécessiter, de le ramener en trop grande épaisseur à la
dans plusieurs circonstances, des arrose- surface, à moins de nécessité absolue. — En
mens trop abondans et trop multipliés. fin, comme les meilleures terres, pour de
Fertilité ni soi..— Aux yeux du pépinié venir productives, ont besoin d'être plus on
riste, la richesse du sol n'est jamais trop moins long-temps exposées au contact im
grande. Plus les arbres végètent avec vigueur, médiat de l'air, et à 1 action directe des di
mieux et plus tôt il en trouve le débit: or, c'est vers météores atmosphériques, le défonce
en renouvelant le plus possible les produc nt ent devra être fait généralement le plus
tions de chaque parcelle de ses cultures qu'il long-temps possible avant l'époque des se
cherche à en augmenter le revenu. — Les pro mis ou des plantations.
priétaires ont le plus souvent des intérêts dif- Quoi qu'il en soit, le terrain ayant été ainsi
férens. A moins qu'ils ne puissent planter en remué, ameubli, débarrassé des pierres et
des fonds excellons, ils trouvent, comme des racines qui pourraient nuire à sa ferti
la théorie l'indique et comme la pratique le lité, ou gêner plus lard les travaux de la
démontre tous les jours, du désavantage à bours, de plantations ou d'arrachages, il no
acheter des arbres sortis d'un terrain trop reste plus qu'à le diviser de manière à fa-
fécond ; en effet, ces mêmes arbres, qui ont ciliter chaque sorte de culture et à éviter
pris, pendant leurs premières années, un dé pour les ouvriers toute perte de temps.
veloppement proportionné à la nourriture Le professeur Thouin , dont le beau nom
abondante qui leur était fournie, lorsqu'ils doit trouver si souvent place dans un ou
changent de position, surtout après une vrage de pratique, proposait pour cela d'é
transplantation qui diminue nécessairement tablir dans les pépinières six carrés princi
le nombre et l'action vitale de leurs racines, paux destinés : le premier aux semis, — le
ne trouvent plus les alimens suffisans pour second aux repiquages , — le troisième aux
fournir, je ne dirai pas seulement à leur transplantations, — le quatrième aux sau
luxueux accroissement, mais au seul main vageons et autres porte-greffes, — le cin
tien de l'existence dans toutes leurs parties. quième aux marcottes , — et le sixième aux
— Il est donc désirable que le sol d'une pé boutures.
pinière soit d'une fertilité moyenne. — Mieux Lorsque la qualité variée du sol ne con
vaudrait certainement qu'il fût trop fertile duit pas à adopter une division moins régu- ,
que trop pauvre. lière, mais plus en harmonie avec les habi- '
Profondeur bv 60L.—Il est indispensable, tudes des différens végétaux, chacun de ces
pour la culture des grands végétaux ligneux, carrés peut encore être subdivisé en deux ,
que la couche de terre végétale ait une cer trois ou quatre parties d'étendue calculée
taine profondeur. En général, plus cette pro d'après les besoins de l'agriculture et de
fondeur est considérable, mieux ils réussis l'horticulture du pays, consacrées alterna
sent. Cependant, 5 à 7 décimètres , île 18 po. tivement à la propagation particulière des
à moins de 2 pi.) peuvent rigoureusement arbresJorestiers à feuilles caduques,, des ar
suffire. bres verts, des arbresfruitiers, et des arbres
Exposition et situation. — Quoique l'ex et arbrisseaux d'ornement.
position et la situation dussent à vrai dire va Nous n'aurons pas à nous occuper ici de
rier en raison de l'espèce et de l'état parti ces derniers, et je ne devrai parler des au
culier de chaque culture, on doit préférer, tres qu'autant qu'ils font ou devraient faire-
en général, celles qui sont naturellement partie de la culture des champs.
abritées contre les vents violens qui pour
raient briser ou déraciner les arbres, les Section il — Des semis.
vents froids qui arrêteraient la marche de
la végétation, et les vents desséchant qui § l". — Avantages et inconveoiens.
pourraient l'entraver d'une manière fâcheuse
au moment de son développement; — celles Les semis ont sur les marcottes et les bou
qui ont le moins à redouter, dans le midi., la tures l'avantage à peu près incontesté de
sécheresse produite par une excessive éva- produire des individus d'une plus belle crois
poration, et, dans le nord, l'humidité froide sance et d'une plus grande longévité ; — ils
qu'on ne peut éviter dans les localités trop servent à propager la plupart des espèces de
couvertes; — celles enfin qui procurent les nos arbres forestiers. — Les graines récol
raux les plus abondantes et de meilleure qua tées sur des variétés donnent naissance à
lité dans le premier cas, et qui se prêtent le de nouvelles variétés parfois préférables à
mieux à l'absorption et à l'écoulement des celles dont elles proviennent. Une fois qu'el
eaux surabondantes dans le second. les se sont écartées des types, elles tendent
Quelles que soient les terres qu'on veut à varier continuellement de nouveau.— C'est
transformer en pépinières, la première chose ainsi que nous avons obtenu et que nous ob
a faire est de les défoncer convenablement tenons encore divers fruits améliorés incon
au moyen de la pioche ou du pic et de la nus de nos ancêtres.
bêche. Ce que j'ai déjà dit de la profondeur Les espèces présentent à la vérité moins sou-
ch*.i>. 1". MANIERE D'EFFE< TUER LES SEMIS. S
vent, mais elles présentent cependant de loin lout-à-l'heure, de faire cette opération sur
en loin la même singularité. Chacun sait que la radicule même à une époque où, selon
dans une pépinière forestière les semences moi, elle offre le moins d'inconvéniens.
d'un même arbre produisent souvent un cer Dans les pépinièresforestières, on stratifié:
tain nombre de plants assez différens des — soit en plein air : on dispose alors les grai
autres pour constituer de véritables variétés, nes par lits alternatifs avec du sable (in, et
et que , parmi ces variétés auxquelles on ne on les recouvre ensuite d'une couche de
fait pas toujours assez attention , il en est terre assez épaisse pour prévenir les effets
qui se recommandent par des qualités de la gelée ( fig. 2 ) ; — toit dans des pou, des
fiarticulières , telles que la précocité ou Fig. 2.
e retard de leur végétation , le développe
ment plus rapide ou plus considérable de
leurs diverses parties, la qualité même de
leur bois, leur existence plus robuste , etc.
Les semis ne servent qu'à multiplier
les espèces et les races , ou , comme nous ve
nons de le voir, à créer des variétés. Celles
qui existent déjà, moins nombreuses du reste
et moins importantes parmi les arbres fo terrines ou tous autres vases, en employant
restiers que parmi les arbres fruitiers, ue comme précédemment le sable, et en renfer
peuvent se transmettre qu'au moyen des mant ces vases en un lieu protégé également
marcottes, des boutures et des greffes. — contre l'excès de la chaleur et du froid, de la
Il est même de véritables espèces qu'on peut sécheresse et de l'humidité.
fort bien multiplier de graines et qu'on aime Le premier mode peut être utilisé pour
mieux cependant propager de marcottes, de grandes quantités de graines, le second
comme le tilleul, le platane, etc., ou de devra toujours être préféré pour de petites.
boutures, comme le saule, le peuplier, etc., Il procure seul les moyens de hâter la ger
parce que la grande facilité de ce mode de mination lorsque la température extérieure
multiplication fait oublier les inconvéniens est assez froide pour l'empêcher au com
qu'il peut présenter, et parce que la rapi mencement du printemps, et d'avancer ainsi
dité plus grande des résultats l'emporte sur très-sensiblement le développement du plant
la meilleure qualité des produits. pendant la première année.
Pour les graines qui ne conservent pas
§ II.— Disposition du terrain. leurs propriétés germinatives, le moment des
semis ou de la stratification varie en raison
Le terrain destiné aux semis de la plupart de celui de la maturité : — celles de l'orme,
des arbres forestiers est ordinairement di par exemple, tombent avant l'entier déve
visé en planches de 1 mètre 1/2 à 2 mètres loppement des feuilles. Dans le centre de la
de large, séparées par des sentiers de 2/3 de France, on peut les mettre en terre dès le
mètre. — Dans les localités humides, il est mois de mai , et obtenir ainsi de jeunes ar
bon d'élever ces planches et de les bomber bres avant le retour de l'hiver. Divers au
légèrement au-dessus du sol des allées; — tres végétaux sont dans un cas à peu près
dans les lieux naturellement secs, de les semblable. — Les graines des arbres fores
abaisser au contraire un peu au-dessous. tiers de la famille des amentacées, tels que
Ces précautions prises , et le sol ayant été le bouleau, le charme, le hêtre, le châtai
convenablement ameubli par les précédens gnier, le chêne , ne mûrissent qu'à la fin de
labours, on unit la surface au moyen du râ l'été ou dans le courant de l'automne. — On
teau. sème le plus ordinairement les deux premiè
§ III. — Époque des semis. res espèces; on sème ou on stratifié les trois
autres avant le moment des gelées.
Diverse^eraines perdent très-promptement Mais, pour les graines qui se conservent
leurs propriétés germinatives lorsqu'elles ne bonnes plus long-temps, l'époque des semis
sont pas défendues du contact immédiat de doit être en général déterminée d'après la
l'air et Je la lumière peu de temps après l'é nature du sol et la disposition particulière
poque de la maturité. De ce nombre sont du climat. — Ceux d'automne sont préféra
celles de l'orme, du bouleau, du charme, du bles dans toutes les terres qui ne pèchent
hélre, du châtaignier, du chêne, du frêne, pas par un excès d'humidité, parce que la
de l'érable. — Il est donc nécessaire de les filupart des semences des grands végétaux
semer ou de les stralifier le plus tôt possible. igneux, si elles n'ont pas été long-temps hu
Quand on peut semer les graines dès mectées, rompent difficilement leurs enve
qu'elles sont bien mûres, on évite les em loppes, et qu'un printemps sec peut retarder
barras de la stratification; mais les semis parfois d'un an leur germination. — Dans
présentent d'un autre côté, dans ce cas, l'in les sols saturés d'eau, surtout à des exposi
convénient assez grave, pour certaines se tions plus que d'autres sujettes aux froids
mences, de les laisser exposées, long-temps tardifs , il est nécessaire d'attendre le prin
avant la germination , à l'influence fâcheuse temps.
de l'humidité froide et excessive de l'hiver, § IV.— Manière d'effectuer les semis.
et surtout, lorsqu'elles offrent un certain
volume, à la voracité d'une foule d'animaux. La plupart des semis des pépinières se font
La stratification d'ailleurs, pour les espèces par planches et à la volée. — C'est le moyeu
et dans les cas où la suppression du pivot le plus expéditif. — On répand les graines à
«st nécessaire, permet, comme je le dirai la main, le plus également possible, à des
AGRICULTURE FORESTIÈRE : PÉPINIÈRES. hv. v.
distances proportionnées au développement
plus ou moins considérable que doivent prea Section m. — Des marcottes.
dre les jeunes plants. § Ier- — Avantages et incomeniens.
Pour les graines volumineuses et pour
celles d'une grosseur moindre, telles que les
pépins, qui ont été stratifiées et qui doivent Bien qu'on fasse un usage fréquent des
être répandues, en partie germées,aveclesa- marcottes dans les pépinières, on les emploie
ble auquel elles sont mêlées, dans le but de les rarement en grand pour les arbres foresliers.
espacer plus convenablement, ou afin de mé Je viens de dire que presque tous se multi
nager leurs radicules naissantes, on sème en plient le plus souvent de graines, et nous
de petits rayons creusés parallèlement entre verrons bientôt que, parmi ceux qui se prê
eux, à la binette ou au plantoir. tent le moins à ce mode de propagation, la
Enfin pour certains végétaux délicats, pen plupart réussissent aussi sûrement et plus fa
dant leur grande jeunesse, tels que divers cilement de bouture. Enfin, pour les arbres
arbres verts, on choisit des pots ou des ter fruitiers, on a recours à peu près exclusive
rines. ment aux greffes.
Les semences d'une certainefinesse veulent Cependant, dans certains cas, les marcottes
être peu recouvertes. Il en est, comme celles Peuvent être utilisées concurremment avec
du bouleau, de l'orme, qu'on trouve de l'a un ou l'autre deces moyens, et parfois à l'ex
vantage à abriterseulement par delà mousse clusion de tous les autres sur quelques arbres
Celles de la grosseur des semences de l'é exotiques assez robustes pour supporter nos
rable, du frêne, etc., peuvent être enterrées hivers, mais qui ne donnent pas. ou qui
au râteau ou à la pelle, à la profondeurd'un donnent encore rarement et en petite quan
centimètre (3 à 4 lig.) environ. tité de bonnes graines dans nos climats. —
Les châtaignes , les glan<ls doivent l'être A ce double titre, nous devons nous en oc
de 2 à 3 centimètres ( 1 pouce ) et plus, selon cuper ici.
la nature du sol. Dans l'acception la plus étendue de ce mot,
En général, il ne faut pas perdre de vue une marcotte est une lige à laquelle on lait
que la profondeur nécessaire pour assurer le pousser des racines; ou une racine à laquelle
succès du semis est, toutes choses égales d'ail on fait pousser une tige avant de la séparer
leurs, moins grande dansles terres compactes de l'individu dont elle fait partie, pour la
que dans les terres légères et dans celles qui planter ensuite comme on plante les végé
•ont humides et froides, que dans celles qui taux venus de semis.
jouissent de la propriété contraire.
Le plombage, complément des semis, con § II. — Des divers marcottages.
siste a comprimer légèrement le sol sur les
graines, de manière qu'elles se trouvent D'après cette définition, les drageons et les
de toutes parts en contact avec l'humidité rejetons sontde véritables marcottes naturel
qu'il conlient-Cette opération se fait dans les les.— Sans le secoursdel'arl,il est des arbres,
pépinières, soit avec le dos d'une pelle ou la tels que l'acacia, certains peupliers, des pru
balte, qui permet de ne fouler le sol qu'au niers, le broussonétier,ete., etc., qui donnent
tant qu'on le juge à propos, soit avec les successivement naissance à un si grand nom
pieds.— Pour les semis en pot, on emploie bre de ces rejetons qu'ils envahissent bientôt
simplement le revers de la main. à eux seuls tout un terrain. — Mais il en est
Presque tous les arbres forestiers de nos d'autres qui n'en produisent ordinairement
climats lèvent et réussissent de préférence, que lorsqu'ils y sout amenés par des moyens
pendant leur première année, à une expo.si- artificiels. — Leurs racines incisées, blessées
lion fraîche, ombragée et clans un terrain sur divers points, à une petite profondeur
maintenu constamment un peu humide à l'é dans le sol, se couvrent de nodosités qui
poque de la germinalion.Lorsqu'on ne trouve donnent naissance à des bourgeons adven
pas dans les pépinières une situation qui pré tices, comme on le remarque fréquemment
sente naturellement ce double avantage, on sur l'orme, le planera, l'alisiejL Vaylanthe
cherche à en approcher le plus possible en glanduleux et beaucoup d'autre?.
abritant la surface du sol par une couverture Le marcottage simple, par buttè^0U en cèpee
légère de terreau ou de fumier de vieilles {fig. 3), est, après celui-ci, le plus facile, et
■couches,quiaie double avantage de diminuer dans beaucoup de cas Fig. 3.
les effets de Pévaporation, et d'empêcher les le plus avantageux de
pluies de battre le sol; — en donnant quel tous, pour les arbres
ques arrosemens, lorsque le besoin s'en fait robustes qui se prê
impérieusement sentir, cas, du reste, assez tent facilement au
rare au printemps. recépage.— Il se bor
Depuis le moment de la germinationjusqu 'h ne à rabattre, avant
celui des repiquages, le principal soin à pren le printemps, la tige
dre est d'empêcher l'envahissement du ter principale tout près
rain par les mauvaises herbes. — Quelque du collet, et à recou-
fois on éclaircit le plant. —On arrose, si faire ir de terre le tronc
se peut, après le coucher du soleil, pendant ainsi mutilé. Les nom
les sécheresses excessives. — On couvre de breux bourgeons qui
paille longue, aux approches de l'hiver, pour se développent par
empêcher l'effet des premières gelées sur suite de cette opé
les tiges imparfaitement aoutées, ou sur les ration s'enracinent
racines des espèces délicates. presque aussitôt à
CHAP. V DES BOUTURES.
leur base, et peuvent être séparés et plantés,
, dès l'année suivante. Beau- Section iv. — Des lautun
sles recourent de préfé- 5 I".—Avantages et inconvénient.
îr obi enir les su jets de co
llent à recevoir les greffes Si les boutures onl ainsi que les marcottes
Je poiriers. — On peut l'employer avec suc l'inconvénient de diminuer progressivement
cès pour les mûriers, et notamment le mûrier la vigueur des individus et la fécondité des
îmillicaulc; pour le cyprèsdistique qui donue espèces, et si, à cet inconvénient, qui n'est
encore fort peu de bonnes graines en France, pas toujours également appréciable, elles joi
et qui reprend difficilement de bouture ; gnent celui de ne réussir que sur un certain
pour le gincko, dont j'ai lieu de croire nombre de végétaux, on doit reconnaître
qu'on obtiendrait ainsi des individus mieux qu'elles ont d'un autre côté l'avantage incon
disposés à s'élever verticalement, et pour testable d'offrir pour ces derniers un moyen
beaucoup d'autres arbres étrangers ou des de multiplication aussi prompt que facile et
variétés d'arbres indigènes qu'on est dans assuré.
l'usage de multiplier de grefles, et dont il D'après la définition la plus complète qu'on
peut être préférable, dans certains cas, d'ob en ail donnée, la bouture est une partie de
tenir des individus francs de pied. végétal qui, séparée de l'individu auquel elle
Le marcottage simple, par provins ou en appartenait, manque d'un des organes essen
archet {fig. 4), présente à peu près les mêmes tiels au maintien de la vie, de racines ou de
bourgeons. La culture peut lui faire produire
Fig. 4. les unes et les autres.
On fail des boutures avec des liges ou des
fragmensde tiges, des feuilles et parfois même
des pédoncules et des fruits; on en fait aussi
avec des racines : mais les seules qui offrent
de l'avantage pourla multiplication en grand
des végétaux qui nous occupent ici, cont cel
les de la première et de la dernière sortes.
Les arbres qui réussissent le mieux par ce
moyen sont ceux dont le bois est tendre, le
lissu parenchimaleux abondant , et l'écorce
marquée plus ostensiblement de ces sortes de
taches arrondies auxquellesM. De Candoli.k
a donné le nom delenticelles, et qu'il désigne
avantages. Cependant il demande plus de comme autant de points marques par la na
temps et occupe plus de place sur le terrain. ventices. le développement des racines ad
ture pour
On l'emploie communément pour la vigne, Ou multiplie habituellement de boulure
pour regarnir les clairières des bois, et, dans divers arbres forestiers des terrains humides,
les pépinières, pour remplacer, sur les végé tels que les saules, les peupliers, etc., etc.
taux d'une reprise difficile, les marcottages On a conseillé de bouturer aussi les arbres
par cépées. fruitiers, afin de les disposer à se mettre plus
Des branches de 1 ou 2 ans, ainsi disposées, lot à fruits, et de faire acquérir à la pulpe
manquent rarement de s'enraciner à l'épo de ces derniers plus de volume et de-saveur;
que de la sève descendante. — Cependant il mais, soit difficulté d'exécution, soit force
arrive parfois qu'une seule année ne suffit d'habitude, aucune expérience concluante
pas, et parfois encore on est dans l'obliga
tion de provoquer l'émission des racines en n'aQuant élé faite à cet égard.
aux arbres résineux, je ne pense
tordant, en comprimant par des liens ou en pas qu'il y ait jamais avanlage à employer
incisant de diverses manières les portions de pour eux un pareil mode de multiplication :
liges qui doivent les produire. non qu'on ne puisse assez bien réussir, même
Ces opérations préparatoires, dont la fig. 5 en pleine terre; mais parce que, d'après la
'I'1""" iitw» i#fifn en
donne une idée suffisan ffî il „
Fig. 5. te, constiluent le mar disposition tiendrait
particulière de leur tige, on ob
rarement des individus d'une belle
cottage compliqué. — Plus venue.
de détails me feraient
passer du domaine de la § II. — Boutures des tiges.
grande dans celui de la Epoque la plus favorable. Deux conditions
petite culture, et ne se
rattacheraient plus, par au principales sont on peut dire indispensables
conséq lient, qu'indirecte La première,succès des boutures faites en plein air.
ment à mon sujet. relative aux végétaux à feuilles
A plus forle raison, je caduques, c'est qu'ils aient achevé le cours
ne ferai qu'indiquer le de leur végétation annuelle; la seconde, rela
marcottage qui se fail en tive au sol, c'est qu'il soit pénétré d'une hu
midité suffisante. — Aussi, sauf le cas on les
des paniers, des pots ou gelées se font sentir et on des pluies excessi
autres vases, parce que le ves rendent
temps, les appareils et les difficile, on lapeut terre malsaine ou d'une culture
bouturer depuis le milieu
soins qu'il exige le ren de l'automne jusqu'aux approches du prin
dent peu propre à la multiplication de toutes temps. On préfère généralement cette r :r-
autr-s espèces «pie celles dont la rareté lait
le prix. nière époque.
AGRICULTURE FORESTIERE : PÉPINIÈRES LIT. »,
Dans le choix du terrain, il faut nécessai principales une foule de plaies Irrégulière»
rement avoir égard aux habitudes propres à qui deviennent souvent cancéreuses. — Dans
chaque espèce de végétai. Toutefois, comme plusieurs jardins, afin d'éviter cet in corné-
le but qu'on se propose avant tout, est, d'une nient on recèpe des arbres d'un certain âge
part, de faciliter la formation et l'extension de manière à les transformer en cépées, qu'on
des jeunes racines, et de l'autre, tant qu'elles rabat ensuite périodiquement comme les
ne sont pas encore développées, de mainte taillis et qui fournissent une immense quan
nir la vie dans la bouture en l'empêchant de tité de rameaux. — Les boutures en crossette
se dessécher faute d'eau ou par suite d'une se pratiquent avantageusement non seule
trop grande évaporation , on doit, dans tous ment sur la plupart des végétaux sarmen-
les cas, choisir un sol léger, un peu humide, teux et notamment les vignes, mais encore,
à une exposition ombragée et abritée des dans le midi, sur le figuier et l'olivier.
vents desséchans. — Une autre considération, Parmi les boutures de branche», les plus
moins générale peut-être, mais néanmoins employées à la multiplication des arbres
d'un grand intérêt, c'est que , toutes cho utiles sont celles en ramées et en plançons.
ses égales d'ailleurs, beaucoup de bou Les boutures en ramées sont de jeunes
tures qui manqueraient dans les localités branches {fig. 9) garnies de tous les rameaux
cultivées depuis long-temps en pépinières,
réussissent tort bien dans une terre neuve et Fig. 9
renouvelée par des cultures d'un autre
genre.
Préparation des boutures. On fait des bou
tures avec des bourgeons, c'est-à-dire du bois
d'une seule année de végétation; avec des ra
meaux ou du bois de deux ans; enfin avec
des branches de différens âges et de diffé
rentes grosseurs. La seconde et la troisième
méthode sont préférables pour les végétaux auxquels elles ont donné naissance. — Après
ligneux de nos contrées. les avoir couchées horizontalement dans une
Les boutures de rameaux s'effectuent de fosse peu profonde , on les recouvre de terre
trois manières principales. — Elles sout sim de manière que les sommités des liges dé
ples, — à talon, — ou en crossette.
Les boutures simples {Jîg. 6) sont des frag- passent le niveau du sol de plusieurs yeux, et
mens de rameaux de 2 à 3 décim. ( 8 à 10 p. ) on les rabat sur les deux ou trois premiers.
dépouillés de toutes les ramilles latérales — On emploie ces sortes de ramées pour
former des mères d'olivier qui donnent, pen
cl coupés obliquement par le gros bout.
Les boutures à talon {fig. 7 ) diffèrent de dant un grand nombre d'années, beaucoup
ces dernières, parce que, au lieu découper le de jeunes plants francs de pied et tout dis
rameau sur lui-même, on laisse à sa base une posés à se mettre promplement à fruit. — On
peut les utiliser sur le tilleul , le platane, l'o
partie de l'empâtement qui l'unissait à la bran sier et di\crs autres arbres.
che, en l'éclatant avec précaution.
Les boutures en plançons ne sont autre
Dans les boutures àcrossette {fig. 8), le talon chose
est remplacé par un crochet de vieux bois (6 à 9que des branches de 2 à 3 et 4 mètres
de quelques centimètres (1 ou 2 p.) de long. de deuxetmanières 12 pieds) et plus, qui se façonnent
: — tantôt on les é'tête par
F'6- 6- le sommet et on supprime tous les rameaux
latéraux; — tantôt on laisse ceux de la som
mité pour former la tête du nouvel arbre. —
Dans l'un ou l'autre cas on amincit triangu-
laireinent la partie qui doit être fixée en
terre. — Il est des localités où l'on ne con
naît pas d'autres moyens pour multiplier cd
place la plupart des peupliers et des saules.
Lorsque les arbres sont d'une reprise diffi
cile, il est nécessaire de provoquer la forma
tion d'un bourrelet par l'un des moyens que
j'ai déjà indiqués pour les marcottes,^. 5.
— Le plus simple est de ligaturer la branche,
vers le commencement de l'été, avec un fil
de fer de manière à arrêter en partie la sève
descendante au point où l'on désire obtenir
des racines.
Plantation des loutures. Les boul ures sim
ples et à talon se mettent en terre au plan
toir ou en des tranchées parallèles, dans les
quelles on les place à des distances et des
Fig. 7. profondeurs proportionnées à leur volume;
Les boutures simpleset à talon sont le plus puis on remplit ensuite successivement cha
fréquemment employées par les pépiniéris cune de ces tranchées avec la terre extraite
tes. — La seconde sorte offre plus de chances de la tranchée suivante, de manière à lais
de succès que la première, mais elle peut ser aux bouture* deux ou trois yeux au moins
avoir d'assez graves incouvéniens pour la vie à l'air libre.
des meres, en occasionant sur les branches Les crossettes , ainsi que 1rs ramers, se
cm. I". DËS GttErTËS.
plantent à peu près horizontalement. On doivent reproduire n'éprouvent pas une dif
relève seulement la partie supérieure sur ficulté particulière à développer des gem
l'un des bords de la rigole, et on laisse, mes adventices , elles réussissent presque
comme précédemment , quelques yeux de toujours.
bois bien aoùtë au-dessus de Ta surface du
sol. Section v. — Des greffes.
Quant aux plançons, la méthode la plus
usitée, quoique la moins bonne, est de faire, % Tr.— Avantages et inconvéniens.
au moyen d'une barre métallique ou d'un
avant- pieu, des trous de un demi à deux
tiers de mètre (18 po. à 2 pieds)de profondeur, Les greffes partagent avec les marcottes et
dans lesquels on les place. Si, en des terrains les boutures la propriété de propager les va
très-légers , une pareille pratique ne présente riétés non transmissibles de semis. — Elles
pas de graves inconvéniens , dans les terres réussissent même dans beaucoup de cas où
fortes elle en a de deux sortes : d'abord elle il serait difficile de recourir à l'un ou à l'au
comprime celles-ci de manière à les rendre tre de ces deux modes de reproduction.
peu perméables aux racines, et, ce qui est En théorie , les greffes peuvent être assi
pis , quelques soins qu'on prenne pour rem milées à de véritables boutures qui , au lieu
plir de terre des ouvertures aussi étroites, de puiser leur nourriture dans le sol , la re
elle laisse autour du tronc des vides nom çoivent par l'intermédiaire de la tige des
breux ; —» mieux vaut donc faire à l'avance sujets. Cette nourriture est modifiée au point
des trous comme pour une plantation ordi d'insertion, selon la disposition des organes
naire. de chaque végétal, comme elle l'est en pas
La culture première des bouturés se borne sant de la terre dans les racines; de sorte
à affermir le sol par un plombage, autour qu'un nombre indéterminé d'espèces bien
de leurs parties enterrées , de manière à les distinctes peut vivre sur le même tronc sans
mettre sur tous les points en communica éprouver d'autres modifications que celles qui
tion immédiate avec i'humidité de la terre; pourraient résulter de la différence du sol,
— à arroser lorsque les circonstances atmos de la quantité plus ou moins grande de sucs
phériques l'exigent, et à pailler, si faire se nourriciers qu'il contient. — Cè que j'ai dit
peut , pour diminuer les effets du hàle. Du de l'influence Lv. boutures est donc à peu
reste cette culture ne diffère pas de celle des près applicable aux greffes quant à la lon
autres plants des pépinières. gévité, à l'élévation et à la mise à fruit des
individus qui en proviennent, et il en résulte
§ III. — Boutures de racines. nécessairement qu'elles sont utilisées bien
moins fréquemment pour les arbres fores
Les boutures de racines , quoique moins tiers que pour les arbres fruitiers.—La greffe
employées que celles dont je viens de parler, améliore en effet sensiblement les fruits en
offrent cependant un moyen facile de mul volume, souvent en saveur; elle contribue
tiplier rapidement une partie de nos grands encore à hâter leur production, quoique cet
végétaux ligneux. effet soit rarement aussi marqué qu'on s'est
Les plus naturelles sont celles qu'on ob plu à le dire; mais d'un autre côté, elle nuit
tient parfois à l'endroit même où un arbre au développement des organes conservateurs
d'un certain âge vient d'être arraché , sans et elle abrège ordinairement le temps mar
autre soin que de laisser la fosse ouverte. — qué par la nature pour l'existence des ar
De toutes les extrémités des racines qui sont bres.— On sait cependant que le choix d'un
restées dans le sol on voit, le printemps sui bon sujet influe parfois d'une manière favo
vant, naître des bourgeons, et lorsque ceux- rable sur le port, et, chose plus impor
ci ont été enlevés , il n y a pas de raison pour tante, on a cru remarquer qu'il influait aussi
qu'il ne s'en forme pas d'autres sur les mê sur la rusticité des végétaux au point qu'il
mes racines de nouveau raccourcies. ne serait pas impossible de profiter de cette
Mais ce moyen est plus curieux qu'appli disposition pour faciliter la naturalisation
cable aux besoins de la grande culture ; il de certains arbres étrangers. — Afin d'at
en est un autre dont il me semble qu'on mé teindre un but aussi désirable ; — pour hâter
connaît généralement les avantages: je veux la fructification de quelques individus rebel
parler des bouturespar tronçons. les;— pour multiplier diverses variétés amé
Lorsque comme dans le cas précédent, on- liorées, ce qu'on ne fait pas, je trouve, assez ■
arrache un arbre, ou lorsqu'en labourant généralement, relativement aux essences lo-
dans son voisinage, on supprime celles de restières; — pour transformer même des
ses racines qui nuisent aux cultures voisines; espèces de peu de valeur en arbres <Pnn
Jorsqu'enfin on peut lui en ôter un certain meilleur produit, on devrait recourir aux
nombre sans nuire sensiblement à son dé greffes. — Le chêne robur, greffé sur le cer-
veloppement, on divise ces racines par tron ris, auquel la mauvaise qualité de son bois
çons de 1 à 2 et 3 décimètres (4 à 8 et 10 po.), a fait donner, dans beaucoup de pays, le
et .on les plante en élevant leur gros bout de nom de-doncicr, pousse, dit-on, plus rapide
(juelques millimètres seulement au-dessus ment sans perdre sensiblement de sa dureté;
du sol. —les chênes ballot» et autres à glands doux
Généralement ces boutures donnent nais- pourraient se multiplier, se perfectionne»
sance.dès lu première année, à des bourgeons peut-être, sur l'yeuse; — des ormeaux, des
vigoureux ; — parfois cependant elles restent frênes, se couvrir de feuilles plus abondantes .
dans l'inaction plus long-temps ; mais dans ou plus larges, et mieux du goût des bes
tous les cas, pour peu que les espèces qu'elle» tiaux, etc., etc.
AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. liv. v.
— on la casse bien net au tiers inférieur ou
J II. — Description des principales greffa». à moitié de sa longueur; on ne laisse à la
greffe également herbacée que 2 à 5 cent.
Les greffes qu'on emploie le plus fréquem (1 ou 2 po.); puis, après avoir incisé et réuni
ment dans les pépinières pour les grands vé les parties comme il vient d'être dit, et les
gétaux ligneux à feuilles caduques , sont les avoir consolidées par une ligature de laine,
suivantes : on les entoure d'un cornet de papier destiné
La greffe enfente ordinaire. (Voy. un peu à empêcher pendant les 10 a 15 premiers
plus loin, fig. 17.) jours les effets de l'évaporalion.
La greffe anglaise {fig.tO), que sa grande Les greffes herbacées ne sont pas seule
solidité et sa facile reprise rend très-utile ment propres à la multiplication des coniiè-
pour les arbres à écorce mince et à bois dur. res; la plupart des arbres à feuilles caduques,
La greffe Lee, ou par entaille triangulaire, ceux même qui reprennent difficilement par
{fig. 11), qui convient surtout aux végétaux tout autre moyen analogue réussissent gé
■ dont la moelle ne doit pas être attaquée, et néralement avec celui-là : je citerai seule
aux grosses tiges dont l'écorce vieillie offre ment le chêne et le noyer.
peu de sève. Pour les arbres fruitiers, les greffes en
La greffe Farin, à rameau posé entre l'au écusson, en fente, en couronne et en flûte ,
bier et l'écorce , comme une greffe en cou sont presque exclusivement employées.
ronne {fig. 12), qui réunit, les avantages des La greffe en écusson {fig. 15 et 16) convient
deux précédentes également à presque tous; on la pratique à peu
Fig. 12. Fig. 11. Fig. 10.
très-fréquemment
sur le poirier, le pommier et même l'oran
ger.
La greffe enfente {fig. 17, 18, 19, 20 et 21) a,
pourles arbres fruitiers à noyaux, le grave dé
faut de donner naissance à des extravasions
dénomme; aussi ne l'emploie-t-on presque ja
mais sur le pêcher et l'abricotier. — Elle a
moins d'inconvénient sur le prunier, quelques
cerisiers, etmême l'amandier; — elle n'en a
aucun sur l'olivier, le pommier, le poirier, la
vigne. — On s'en sert de préférence quand
les sujets, arrivés à un certain âge, ont une
écorce épaisse et rugueuse peu favorable à la
Fig. 13. La greffe Cels {fig. 13), sur raci pose des écussons.
nes séparées des arbres et plan Parmi les greffes en écusson, la greffe
tées par tronçons avant d'être Lenormand, avec un léger fragment d'au
opérées, qui permet de multiplier bier sous l'œil {fig. 15), est la plus facile, la
sur eux-mêmes des individus dont plus prompte Fig. 15. Fig. 16.
on ne possède pas de congénères. et aussi la plus
Enfin rarement celle en écus- employée dans
son.
15 et {Voy.
16.) un peu plus bas les JS
fis. les pépinières.
— Elle ne dif
La greffe herbacée des arbres fo fère de la gref
restiers résineux, telle qu'on la fe Descemet >£v
pratique presque exclusivement {fig. 16), que*
depuis une douzaine d'années, est parce que cet
d'une exécution fort simple et d'un résultat te dernière se
assuré. — Elle a permis de transformer par compose de
milliers, dans la forêt de Fontainebleau, des deux écussons
pins sylvestres en Laricio d'une superbe ve au lieu d'un.
nue. — On peut croire qu'elle présenterait — On peut „
le même avantage sur les terrains crétacés ainsi , dès la première année , obtenir les
de la Champagne pouilleuse. branches-mères d'un espalier.
Selon que la greffe est de diamètre égal à Parmi les greffes en fente, la greffe A tticus
celui du sujet ou un peu moindre, on la {fig. 17) se trouve la première.
Fig. 14. coupe triangulairement {fis. La greffe Palla- FigA6. Fig< 19 R „.
14), ou en biseau prolongé, aùu {fig.ts) en fen- 13
pour l'insérer dans une en- te,à deux rameaux,
taille correspondante à la som se pratique surdes"
mité de la tige principale de sujets plus gros;
l'arbre. — Dans tous les cas, elle offre une dou
on choisit, pour faire l'opéra ble chance de réus
tion, le moment où cette tige site.
jj^ encore herbacée a atteint les La greffe Tro-
deux tiers environ de son dé chereau { fig. 19)
veloppement, c'est-à-dire de 1 présente cette par
à 2 et 3 décim. environ ( 6 à ticularité, qu'au
8 et 10 po.), selon la vigueur de la végétation; lieu de fendre le
CHAP i". DES GREFFES.
sujet au centre on fait en sorte de ne pas lanières d'écorce qu'on a laissées sur le su
attaquer le canal médullaire. jet et qu'on relève après l'opération , de ma
Lagreffe enfenteau milieu du bois {.fig. 20) nière toutefois à ne pas couvrir les yeux de
Fig 20. est recommandée spécialement la greffe, offre quelques chances de succès
pour les vignes. de plus.
Les greffes en ramilles se dis $ III. — Choix des sujets.
tinguent des autres greffes en
fente en ce qu'elles se font avec Le choix des sujets est d'une grande im
de petites branches garnies de portance. Non seulement il doit exister en
leurs rameaux, souvent de leurs tre eux et les greffes une analogie naturelle
boutons à fleurs, et quelquefois aussi complète que possible, et celle ana
même de leurs fruits naissans. — logie, si l'on veut opérer sur des arbres fo
Elles sont employées assez fré restiers surtout, doit s'étendre à l'élévation,
quemment pour les orangers. — à la grosseur, aux époques de la végétation,
« En semant un pépin à une épo au mode de développement, à la durée
que déterminée, on est parvenu même de l'existence ; mais il faut encore
à recueillir avant la fin de l'année du fruit avoir égard à la propriété particulière à cha
mûr sur l'individu auquel il donna nais que espèce de croître dans tel ou tel terrain ,
sance {fig. 21). » V. A. Thouin, Cours de à telle ou telle latitude, telle ou telle posi
Fig. 21. Fig. 22. culture et de tion, etc., etc. Il faut rejeter rigoureusement
° naturalisa tous les individus mal constitués, et ne faire
tion. usage que lorsqu'on y est forcé de ceux qui
Les gref ne proviennent pas de semis.
fes en cou Les greffes herbacées réussissent particu
ronne ( .fig. lièrement sur les conifères, qui offrent entre
22), qui font eux, par le nombre de leurs feuilles, le plus
en quelque de ressemblance : — Le laricio, le weymouth
sorte le pas reprennent à merveille sur le pin sylvestre
sage entre d'Ecosse; — le pin à pignon, sur le pin mari
les greffes time; — le cimbro, sur le pin du lord; — les
en écusson sapinettes, sur l'épicéa, — les giléads, sur le
et les gref sapin argenté , etc., etc.
fes en fente, L'amandier se greffe sur lui-même ; — le
n'étant em rlécher, sur amandieretsur prunier, particu-
ployées avec ièrement sur le damas noir et le saint-ju
un avantage lien; — l'abricotier et le prunier, sur ces
particulier que pour de vieux troncs, ne sont deux dernières espèces et sur la ceriselte;
pas utilisées dans les pépinières. — Elles — le cerisier, sur franc, c'est-à-dire sur des
peuvent l'être dans les champs pour trans sujets venus de semence, quand on veut qu'il
former promptement en arbres à bon fruit s'élève ; sur griotlier pour obtenir des arbres
des sauvageons de peu de valeur. d'une moyenne croissance, et sur mahaleb
Les greffes enfiute conviennent de préfé si l'on désire qu'il forme des basses tiges.
rence a tous les arbres à écorce épaisse et à Le poirier se greffe aussi sur franc ou sur
moelle abondante.— On les emploie dans les cognassier. Dans le premier cas il s'élève da
pépinières et les campagnes pour le châtai vantage, vit plus vieux , mais se met inoins
gnier, le noyer, les figuiers et les mûriers. promptement à fruit; dans le second cas,
La greffe Jefferson (fig. 23), sans couper c'est le contraire. — Le pommier sur franc
la tête du sujet et à œil dormant, consiste à est aussi plus vigoureux et moins précoce ;
remplacer un anneau d'écorce enlevé sur le sur doucin , il prend un développement
sujet, par un autre anneau parfaitement d'é moyen ; sur paradis , il reste nain.
gale dimension , pris sur l'arbre qu'on veut Le figuier, l'olivier, l'oranger, ne réussis
propager, et muni au moins d'un œil. sent que sur eux-mêmes.
La greffe sifflet {fig. 24), avec suppression
de la tèle du sujet et a œil poussant, diffère § IV. — Choix des greffes.
firincipalement de la précédente en ce que
'anneau de remplacement n'est pas fendu Les personnes qui greffent annuellement
longitudinalement. beaucoup d'arbres fruitiers ont dès long
La greffe de Faune (fig. 25), au moyen de temps fait la remarque que le choix de Ta
Fig. 25. Fig. 24. Fig. 23. greffe influe , généralement au moins, d'une
manière bien positive sur son développe
ment ultérieur; — elles savent que les scions
ou les gemmes séparés de branches faibles
donnent des pousses moins belles que ceux
qu'on prend sur des branches mieux déve
loppées ; — que certains arbres cultivés en es
paliers forment difficilement une tige droite
f>our pyramide, si l'on choisit les greffes sur
es branches basses ou inclinées de l'espa
lier, taudis que si on les détache de ra
meaux qui s'élèvent perpendiculairement au
sol, à la sommité des plein-vents, on obtient
presqu'à coup sûr un effet contraire ; — que
ACHICOLTURK. IV. — a
10 AGRICULTURE FORESTIÈRE PÉPINIÈRES. ut. t.
des yeux séparés de vieilles branches peu
disposées à se mettre à fruit, se développe Section vi. — Delà taille desjeunes arbrei.
ront, toutes choses égales d'ailleurs, avec
moins de vigueur que d'autres, et produiront La taille des arbres de pépinières comprend
des arbres qui conserveront la même disposi quatre opérations principales: {'habillage ou
tion à la stérilité. la préparai ion des plants à l'époque du repi
T)e. pareils (ails ont une importance que quage ou de la transplantation; — la taille
d'habiles _ praticiens méconnaissent rare vulgairement dite en crochets, ou de pre
ment, mais qui n'est pas assez généralement mière formation des tiges; — le recepage et
appréciée. l'élagage.
Comme il importe que les sujets soient § 1". — Habillage.
plus en sève que les grelfes lors de l'opé
ration, on peut couper celles-ci quelque L'habillage du plant se subdivise en d'eux
temps d'avance, les réunir en paquets, et les opérations; l'une relative aux racines, l'au
enterrer ainsi par le gros bout, au nord, tre aux jeunes Ironcs. Il ne s'opère pas dans
dans un lieu frais sans excès d'humidité. tous les cas de la même manière.
Pour les arbres forestiers à racines pivo
5 >• — Temps propre à effectuer les greffes. tantes, particulièrement pour ceux qui doi
vent s'élever beaucoup, la plupart des théo
Deux époques conviennent particulière riciens ont recommandé de laisser intact le
ment à la reprise de la plupart des greffes : pivot, et il est certain qu'on trouve de l'avan
le printemps, au moment de l'ascensiou de tage à suivre un pareil conseil toules les fois
la sève, lorsque l'écorce a cessé d'être ad que cela se peut. — Le pivot n'est pas seule
hérente au bois et que les gemmes sont ment destiné à maintenir la sommité des
sur le point de s'ouvrir; — les approches de tiges contre les efforts du vent; il va cher
l'automne, pendant le cours de la seconde chera de grandes profondeurs l'humidité et
sève. — Les greffes herbacées et en ramilles les sucs nécessaires à la nutrition du végé
se font seules entre ces deux époques. tal. — On a pu remarquer, dans bien des
Les greffes de printemps se développent circonstances, que sa suppression arrête sen
immédiatement. Presque toujours celles en siblement le développement du tronc. — Mal
fente et en couronne sont de ce nombre. — heureusement il est rarement possible de le
Les greffes de la sève d'août doivent être conserver dans les pépinières, parce que gé
exécutées à une époque telle que la reprise néralement il y acquerrait en peu d'années
puisse encore avoir lieu convenablement, une longueur si considérable qu'il devien
sans toutefois que les yeux trouvent le temps drait extrêmement difficile de 1 arracher, et
de se développer, parce que les bourgeons aux que si on le brisait, passé un certain âge, un
quels ils donneraient naissance seraient le pareil accident entraînerait souvent la perle
plus souvent saisis par les gelées avant d'être de l'arbre.
aoûtés. — Ces sortes de greffes s'appellent à Cet inconvénient est si bien reconnu, qu'il
œil dormant par opposition à celles qui pous forcera toujours de recourir aux semis en
sant dès qu'elles sont faites, et quon a en place pour tous les arbres à racines pivo
conséquence nommées à œil poussant. — Ou tantes, tels que le chêne, par exemple, qu'on
greffe de l'une et l'autre manière en flûte et destine à former des futaies ou des planta
en écusson. tions d'aligncmens.
D'un autre côté , la suppression du pivot
5 VI. — Manière d'assurer le succès des greffes. a des avantages incontestables. — Elle oc-
casione le développement de plusieurs ra
La végétation d'accroissement en diamètre cines latérales qui se bifurquent, se cou
des arbres se faisant entre l'aubier et l'é vrent d'abondans chevelus, et contribuent
corce, et la soudure des greffes ne pouvant ainsi efficacement, non sculemeut à facili
avoir lieu qu'au moyen des parties herbacées ter l'arrachage et à assurer le succès des
ou du liber, il en résulte qu il faut faire coïn transplantations futures, mais encore à en di
cider le plus exactement possible le liber de minuer les frais.
la greffe avec celui du sujet, comme dans les Afin d'obtenir plus sûrement un tel résul
greffes en fente, ou le mettre en contact di tat, les pépiniéristes ne se bornent pas à rac
rect avec l'aubier de ce même sujet, comme courcir le pivot, ils rognent les principales
dans les greffes en écusson , eu flùle et en racines qui l'accompagnent ou le remplacent ,
couronne. — Pour les greffes herbacées , la et comme celte opération diminue pour
vie active étant encore également répartie quelque temps le nombre des bouchés. •nour
dans toute la jeune tige, elle jouit en entier ricières du végétal, ils sont dans l'oblig lion
delà propriété de s'unir a uue autre tige dans de supprimer aussi une partie des branches.
le même état. Lors du repiquage, ils taillent donc à un ou
Dès que les greffes sont placées, on les deux yeux toutes celles qui croissent latéra
consolide par une ligature de laine, et on les lement sur la lige principale, et le plus fré
abrite du contact de l'air par de la cire à quemment ils l'arrêtent elle-même à une cer
grefferainsi composée: 1/2 cire jaune, 1/4 poix taine hauteur, quoique les avantages de cette
commune et 1/4 poix de Bourgogne, dans la dernière pratique aient été vivement con
quelle on ajoute souvent un peu de suif, et testés, et qu'ils l'aient été, ce me semble, avec
qu'on fait fondre toutes les fois qu'on veut raison dans les applications à la culture des
1 employer.— Pour des liges d'un certain âge, arbres de haute croissance
ce simple enduit peut suffire sansaucune liga La suppression de la tête peut occasiotier
ture. chez eux des maladies qui abrègent leur
M LA TAILI.Ë DES JELNES ARBRES. Il
existence et dont les effets se font sentir, toutes les branches qui menacent d'attirer
même après la mort, sur la qualité du bois. par leur végétation vigoureuse une trop
— Elle est d'ailleurs le plus souvent inutile, grande partie de la sève qu'on veut diriger
car, pour peu que la diminution des branches vers la flèche.
toit proportionnée à celle des racines, il est Quant aux autres, si, outrant les consé
du reste assez indifférent qu'elle porte sur quences de ce principe, on voulait les rabat
telle ou telle parlie du tronc, et le cultiva tre également, on parviendrait en effet à
teur a conséquemment toute latitude pour augmenter encore le développement en hau
bien faire. teur de l'arbre, mais on empêcherait sa crois
Les espèces dont les racines ont plus de sance en diamètre; de sorte que bientôt il
tendance à se prolonger qu'à se multiplier, serait hors d'état de se maintenir "sans tu
qui n'en produisent que difficilement de nou teur. Il faut donc, à plus forte raison que
velles et qui ont peu de chevelu , exigent à lors de l'habillage, leur laisser quelques yeux
l'habillage plus de soins que celles qui pous pour appeler et maintenir la végétation à la
sent de nombreuses radicules, et qui repren circonférence.
nent avec facilité de marcottes ou de bou Là se borne à peu près la taille première des
ture.—On fera bien pour les premières de re arbresforestiers.
courir à la serpette ou au sécateur, et d'opé Du trop petit nombre d'arbres fruitiers
rer isolément sur chaque individu. — Quant qu'on cultive dans les champs, pour leurs
aux autres, pour abréger, on a coutume dans fruits ou les produits qu'on peut en tirer, la
les pépinières de lesreunirpar petits paquets; plupart sont à haute tige; — quelques-uns
on les place sur un billot, et, au moyen d'une en quenouilles on pyramides ; — quelques au
serpe bien tranchante, on vaille d'un pre tres en espaliers. Selon ces destinations di
mier coup les racines , d'un second la som verses, la taille doitvarierdans les pépinières.
mité des tiges. Celte méthode, tout impar Pour les hautes tiges, comme le noyer, le
faite qu'elle est, n'a pas pour les très-jeunes châtaignier, l'amandier, les pruniers, les abri
plants des inconvéniens aussi graves qu'on cotiers, quelques pêchers, des pommiers et
pourrait le croire. des poiriers, la (aille de première formation
Les arbres -verts, comme les pins, les sa ne diffère en rien de celle dont je viens de
pins, les mélèzes, etc., etc., ne veulent être parler. — Mais lorsque les arbres ont atteint
privés ni de leur pivot ni de leur tige princi de 1 i à 3 mètres, au lieu de continuer à pro
pale , parce que, sauf dans de rares circons téger la croissance de la tige mère au détri
tances, leurs racines ne se régénèrent pas plus ment des branches secondaires, on l'arrête
que leurs branches aux endroits où elles ont au contraire si elle est disposée à s'élever en
été détruites ou blessées. Aussi la culture pre flèche pour la forcer à se ramifier, ce qui ne
mière de ces sortes de végétaux a-t-elle pour manque pas d'arriver dès le printemps.
firincipal but de multiplier le plus possible Le but de cette opération étant moins en
eurs grêles et délicats chevelus, tout en core de donner une forme agréable à la tête
empèchaut l'exteDsion démesurée de leur des arbres que de hâter la production et
pivot. d'ajouter à la beauté des fruits, en entravant
Quant aux arbres fruitiers, la préparation la marche de la sève, on doit la répéter l'an
de leur plant pour le repiquage ne diffère de née suivante sur celles des branches supé
celle du plant des arbres forestiers à feuilles rieures qu'on a jugé convenable de conser
caduques, qu'en ce que, pour tous ceux qui ver. On choisit donc les 3 ou 4 plus belles
pivotent, la suppression partielle du pivot {fig. 26 ), et on les taille de manière que
est plus profitable que nuisible, puisque, si, les bourgeons qu'elles produisent s'écartent
d'une part, elle diminue leur vigueur, de de plus en plus de l'axe du tronc ; et comme
l'autre on a cru remarquer que, par cette au retour du 3" printemps ces bourgeons ont
même raison, elle les dispose à fructifier plus en effet poussé, on répète pour la dernière
tôt. Le noyer seul , à cause de l'abondance fois, sur eux, la même opération, après avoir
remarquable de sa moelle, redoute particu préalablement supprimé entièrement ceux
lièrement la moindre atteinte de la serpette qui croissent dans des directions défavora
sur sa tige principale, et doit être pincé plu bles. ( \oy.fig. 27.)
tôt que taillé sur les branches latérales. Fig. 26. Fig. 27.
• Taille en crochet ou de première formation
des tiges.
Depuis que le plant a quitté le carré des
semis, surtout si on lui a coupé la tête, il a
du se garnir de beaucoup de branches laté
rales que leur position plus ou moins verti
cale, plus ou moins rapprochée de la som
mité de la tige, et plus ou moins favorisée
par le contact de l'air et de la lumière, a fait
sedévelopper avec une vigueur plusou moins
grande. — Souvent 2 ou 3 de ces branches,
égales en force, se disputent la prééminence
qu'une seule doit obtenir pour devenir la tige
principale. — On doit supprimer rez tronc,
non seulement celles qui sont le moins avan
tageusement disposées . mais en général Le plus souvent les arbres à tifies, qu'on
13 AGRICULTURE FORESTIÈRE : PÉPINIÈRES.
nomme aussi plein-vents, sont sortis de la Les espèces cultivées en espalier sont, par
pépinière avant cette 3e taille. mi les fruitiers à noyaux , le pécher, l'abrico
Dans les jardins de ferme on ne taille guère tier, quelquefois le cerisier et le prunier;—,
en pyramide que le poirier, bien rarement le parmi les fruitiers à pépins, le poirier et le
pommier. Plus compliquée que la précédente, pommier.
cette taille est basée sur des principes dif- Si les pyramides donnent des fruits plus
férens. — Loin d'être dénudé de branches à beaux que les plein-vents, les espaliers en
sa partie inférieure; le tronc doit enèlre gar donnent de plus beaux encore que les pyra
ni du bas en haut, sur toute sa circonférence, mides.
à des distances à peu près régulières, et cal L'année qui suit celle du développement
culées de manière que l'air et la lumière de la greffe, on rabat la tige de l'arbre sur
puissent circuler facilement dans toutes les le 3° ou 4' œil, afin d'obtenir à peu de dis
directions. tance l'une de l'autre deux branches latérales
Dès l'année du développement de la greffe, qui formeront les ailes (Jig. 31). — Si les 4
lorsque la végétation est très-vigoureuse, les bourgeons prennent vie, ou pince les 2 moins
pépiniéristes en arrêtent une ou même deux bien placés pour donner plus de force aux 2
fois les sommités en les coupant avec les on autres.
gles, afin de transformer en bourgeons, dans L'automne suivant, les arbres sont en état
le cours de la même saison, les jeux qui n'é- d'circ plantes à demeure. — Si cependant on
taient destinés à en produire que le prin veut les conserver encore en pépinière, ce
temps suivant. — Ils gagnent ainsi un an. — que je suis loin de conseiller, on devra,
Dans des circonstances moins favorables, tailler assez court les 2 bourgeons réservés I
s'ils ne peuvent pas pincer, ils taillent sur 2 yeux, l'un supérieur, l'autre inférieur, j"
pendant 1 hiver au-dessus d'un œil bien dé pour obtenir seulement cette seconde an-]
veloppé qui devra servir de prolongement a née la prolongation de chaque branche mère
la tige mère, et à une hauteur qu'on peut fixer et la naissance d'une première branche se
approximativement de 2 à 4 et 5 décimè condaire inférieure {fig. 32); — une troi
tres (0 à 18 po.), selon que le scion opéré est sième taille donnera la première branche
de la grosseur d'un fort tuyau de plume ou secondaire supérieure {fig. 33). — C'est ainsi
de celle du petit doigt {fig. 28). que se formera d'année en année la char
L'année suivante on taille les branches la pente de l'espalier. — Plus de détails sorti
térales plus ou moins longues, selon qu'elles raient de mon sujet (1).
sont placées plus ou moins près du sol Fig. 31. Fig. 32.
et ou arrête de nouveau la ilèche, sans ja
mais perdre de vue les deux règles suivantes:
1° qu il faut tailler long un individu vigou
reux, pour éviter le développement d'un trop
grand nombre de branches et la croissance
de gourmands presque toujours nuisibles
dans les arbres soumis à la taille; — 2° qu'on
doit au contraire tailler court un individu
peu vigoureux, pour empêcher la trop grande FIG. 33
division de la sève ascendante, et la contrain
dre à développer convenablement le petit
nombre de bourgeons qu'on lui laisse.
La fig. 30 représente la taille de la troi
sième année.
Fig. 28. Fig. 29. Fig. 30.
On trouvera aux lettres A. et B les détails,
de la 2° et 3° taille pour une des ailes seule
ment.
§ III. — Du Reccpage.
Si parune cause quelconque un jeune tronc
entier était tortueux, grêle ou mal venant, il
faudrait le receper, c'est-à-dire le couper
très-près du sol, afin d'obtenir l'année sui
vante un bourgeon unique qui pût le rem
placer. — Le recepage, dont d'habiles théo
riciens ont voulu trop généraliser les incon-
véniens, pst à la vérité nuisible à certains ar
bres à bois très-dur, comme le chêne; à ceux
dont les liges uniques se régénèrent diffici
lement, comme les pins, et à un moindre de
gré les érables, les frênes, etc.; mais il est
sans inconvénient pour beaucoup d'autres, et
on a pu remarquer qu'il est le plus souvent
utile pour les végétaux dont les premières
pousses sont maigres et irrégulières, comme
0) les personnes qui voudraient se perfectionner dans l'art difficile et compliqué de la taille des arbres
fruitiers en général devront consulter l'excellent ouvrage de M. Dalbret, jardinier-chef des écoles cle
culture nu Jardin des plantes. —Prix : 6 fr. A Paris, chez Roiusclon, libraire. . .
tn*p. 1". DES TRANSPLANTATIONS 13
celles de l'orme, du châtaignier, du tilleul, grand établissement ; mais elle est excel
de l'aubépine, etc. lente.
J'ai vu rabattre au moment même de la Au reste, s'il est parfois nécessaire de
transplantation; mais cette pratique, excepté supprimer entièrement quelques branches,
Fieut-étre dans quelques terrams particul un éiagage d'hiver fait avec réserve et dis
ièrement mauvais, ou pour des végétaux cernement n'offre pas à beaucoup près, sur
dont les racines ont été trop mutilées, me les jeunes arbres des pépinières, le danger
parait avoirun double inconvénient.— D'une qu'il aura plus tard sur ceux d'un âge plus
part, les chevelus ne peuvent puiser une avancé et d'un développement plus considé
1" année dans le sol et envoyer au tronc rable.
mutilé qu'une très-faible quantité de sève.
Le but qu'on se propose, d'obtenir une tige Section vii. — Des transplantations.
droite, vigoureuse, et dans laquelle les vais
seaux séveux puissent prendre une extension Quelques végétaux ligneux d'une moyenne
suffisante pour favoriser ultérieurement les élévation qui doivent être plantés jeunes,
progrès d'une riche végétation, est complète comme ceux qu'on emploie d'ordinaire à la
ment manqué; — de l'autre, loin de forti formation des haies , des brise-vents , des
fier les racines au moins cette lrc année, le charmilles, etc., etc., ou qui ont été semés en
recepage arrête au contraire, momentané rayons , à certaines distances les uns des
ment, leur développement en suspendant les autres, peuvent attendre dans le carré des
effets de la sève descendante, de sorte qu'il semis le moment de la transplantation à de
peut nuire à la reprise. meure. Dans la plupart des cas, il est avan
Le recepage a fréquemment lieu dans les tageux de les repiquer avant cette époque.
Eépinières forestières. Il serait assez dif-
cile de fixer d'une manière précise l'âge au § I". — Du repiquage.
quel les arbres en profitent le mieux. Je dirai
seulement qu'elle doit être faite lorsque les Comme h transplantation , il comprend
racines ont pris assez de volume pour don trois opérations principales d'un grand inté
ner naissance à une pousse d'un beau déve rêt pour l'avenir des arbres, — / arrachage ,
loppement, mais avant que les tiges aient ac — la préparation ou l'habillage du plant, —
quis un diamètre trop considérable, afin de la plantation.
ne pas retarder les effets qu'on veut pro L'arrachage doit se faire à jauge ouverte,
duire, et d'éviter que la sève ne se perde en c'est-à-dire en creusant sur l'un des côtés
une multitude de scionsqu'il serait indispen du semis une tranchée dont la profondeur
sable de supprimer, à la réserve d'un seul. dépasse quelque peu l'extrémité inférieure
— Selon les circonstances, on pourra donc des racines, et en minant ensuite le terrain
receper, s'il y a lieu, quelques années après de proche en proche, de manière à soulever
le repiquage ou après la transplantation. — les jeunes plants sans effort et par consé
Dans tous les cas, on choisira le moment où quent sans détruire ou désorganiser les che
la sève est en apparence le plus complète velus.
ment inactive, c'est-à-dire, pour notre climat, J'ai dû parler de la préparation du plant
le mois de janvier. dans la section précédente.
§IV.— De l'Élagage. Quant à la plantation, elle se fait en rigole
ou au plantoir. — D'après le premier mode
L'élagage, que nous ne devons considérer on creuse au cordeau, au moyen de la bêche
ici que dans ses rapports avec la culture fo ou du hoyau,une petite fosse d'une profon
restière, est, en pareil cas, d'une application deur et d'une largeur proportionnées à In
assez restreinte, car il ne s'opère, sur les ar longueur et au volume des racines. On y met
bres d'alignement, que lorsque ceux-ci ont un a un les jeunes plants en les appuyant
atteint dans le carré des transplantations un sur la terre d'un des côtés, et en ayant soin
âge qui permet généralement de les en faire de les espacer également à une distance cal
sortir. — Celte opération n'est qu'une modi culée d'après le temps qu'on veut leur laisser
fication de la taille en crochet à laquelle elle passer en ce lien et l'accroissement qu'ils
fait suite; son but et sa théorie sont les mê doivent y prendre. On ouvre ensuite paral
mes, c'est-à-dire de donner au tronc une di lèlement à la première une seconde rigole,
rection plus droite, et d'augmenter le plus dont la terre est rejetée sur les racines mises
possible son élévation sans nuire à son dé précédemment en place, et on continue ainsi
veloppement en diamètre. clans toute la longueur de la planche ou du
Quand les arbres sont plantés à des dis carré. Il ne reste plus après celte opération
tances convenables, ils filent suffisamment qu'à piétiner le sol pour l'affermir convena
sans qu'on ait besoin de recourir à l'éla blement autour des jeunes arbres. — D'après
gage , et cette circonstance est d'autant la seconde méthode on trace sur le terrain,
plus favorable que divers inconvéniens ac toujours au moyen du cordeau , des lignes
compagnent souvent la suppression des gros équidistantes et parallèles coupées à angle
ses branches. droit par d'aulres lignes semblables. A tous
Dans une position différente, on peut en les points de section on fait, au plantoir, un
core rendre l'élagage inutile en pinçant une trou à la fois plus large et plus profond que
ou plusieurs fois, pendant le cours de la belle ne sont volumineuses et longues les racines
saison , les branches qui menacent de s'em qu'il doit recevoir, et après y avoir introduit
porter au détriment de la lige principale. ces racines, on les recouvre et on les com
Une telle pratique a contre elle d'exiger une prime légèrement à l'aide du plantoir ou de
surveillance assez active, difficile dans un la main , de manière à éviter, comme dans
Il AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. i.rv. t.
le cas précédent, qu' il ne se trouve quelque vera ailleurs développée avec détail , s'étend
vide entre elles et la terre. — Un arrosement aux arbres comme aux autres végétaux. Dans
copieux achève de conduire à ce but et ga les pépinières, ainsi que dans les champs,
rantit le succès de l'opération. elle est la base d'une bonne culture.
C'est après la chute des feuilles, par un Il est des arbres qui possèdent particuliè
temps plus humide que sec, mais lorsque le rement laJdcheuse propriété de rendre le sol
sol n'est pas imbibe d'eau outre mesure et impropre, pendant quelque temps, à la vé
qu'il peut se diviser facilement, qu'on pro gétation , non seulement de leurs congénè
cède au repiquage. Dans les terres humides res, mais de tous autres végétaux ligneux.
et froides on doit parfois le différer jusqu'au — Les cultivateurs, frappés depuis long
printemps. Dans tous les autres cas, il est temps de la manifestation journalière de
bon de le faire de bonne heure en automne, cette vérité, se sont efforcés de l'expliquer
parce que les racines ont le temps de former par les sécrétions des racines ou la décom
de nouveaux chevelus avant l'époque des position, hors de la présence d'une suffisante
gelées. — Ce principe, dont l'importance n'est quantité d'air, de fragmens de ces mêmes ra
fias toujours assez sentie, s'applique à toutes cines abandonnées dans la terre après la
es plantations. mort naturelleoul'arrachagedes vieux troncs.
§11. — De la transplantation. Soitqu'iis aient cru, avec plusieurs chimistes
modernes, aux effets fâcheux d'une fermen
Danslesensque nous lui donnons ici, c'est tation acide, analogue en quelque sorte à
la plantation des jeunes arbres tirés du carré celle des tourbières, ou, dans d'autres cas,
des repiquages, au moment où, par suite de à ceux d'une réaction particulière de prin
l'accroissement qu'ils ont pris, ils s'y trou cipes astringens ; soit qu'ils aient supposé
vent trop gênés. — A celte époque les arbres que diverses racines dépouillaient plus que
forestiers destinés à former des bois ou des d'autres le sol de l'air et des sucs nourriciers
massifs ont ordinairement atteint l'âge et la nécessaires à la belle végétation des arbres,
grandeur convenables pour être mis définiti toujours ont-ils reconnu que ceux-ci cessent
vement en place, car il est toujours avanta à la longue de prospérer dans les lieux où on
geux de les planter jeunes ; mais ceux qu'on les cultive depuis trop long-temps, et sur
réserve pour la plantation des routes et des tout que les mêmes espèces languissent d'une
avenues doivent séjourner encore dans la manière plus ou inoins apparente lorsqu'el les
pépinière. se succèdent plusieurs ibis de suite sur le
On les arrache, comme la première fois , à même terrain. La nature nous offre de loin
jauge ouverte. à loin des preuves de la seconde partie de
On prépare leurs racines et on taille leurs cette vérité; la pratique, qui devance, dans
tiges d'après les mêmes principes que lors bien d'autres cas, la théorie, démontre fré
du repiquage. Toutefois, cette seconde opé quemment la seconde.
ration exige , au moins accidentellement Lors de la destruction d'antiques forêts,
alors , quelques soins particuliers que je crois on a vu le hêtre, le bouleau, le tremble,
avoir indiqués avec des détails suffisans en etc., etc., succéder spontanément aux chê
parlant de la taille de formation et du rece- nes. — De vastes étendues de pins et de sa
page. pins, atteints pour la première fois par la
Enfin, on plante en quinconce à des distan cognée, se couvrent de semis naturels d'ar
ces proportionnées à chaque espèce de végé bres feuillus, tandis que ceux-ci, au con
tal, ni trop près, ni trop loin, afin que l'air etla traire, se transforment en semis de pins et
lumière puissent pénétrer dans la plantai ion, de sapins. — Plusieurs écrivains français,
mais que, d'un autre côté, les arbres d'aligne anglais et allemands attestent qu'il serait
ment soient forcés de s'élever au lieu de s'é facile de multiplier les exemples analogues.
tendre latéralement plus qu'il ne convient. D'un autre côté, on sait quV/ est parfois
— Dans un sol profondément et complète impossible de faire reprendre un arbre a la
ment ameubli, comme celui des pépinières, place d'uii autre arbre mort de maladie, au
il y aurait peu d'avanlages à ouvrirdes tran moins sans de grandes précautions, quoique
chées continues; aussi fait -on de simples je puisse dire en passant, à ce sujet, que je
trous au moyen de la bêche, en ayant soin me suis bien trouvé en pareil cas, dans les
de les rendre assez larges pour recevoir les sols argilo-schisteux de l'Anjou, de l'emploi
racines sans contrainte. — On place ensuite d'une certaine quantité de chaux mêlée a la
l'arbre de manière qu'il ne suit pas en terre du trou le plus long-temps possible
terré plus profondément qu'il ne l'était pré avant le moment de la plantation. — On sait
cédemment, et tandis qu'un ouvrier rejette la encore qu'on évite avec grand soin dans
terre en l'émietlant le plus possible, nu se maintes localités de faire succéder immédia
cond donne de temps en temps au tronc un tement la vigne au défrichement de taillis
mouvement de va et vient pour la faire encore de chêne; — dans d'autres, de planter des
mieux pénétrer entre les racines ; puis, lors vergers dans d'anciens vignoblesavant d'avoir
que le trou est en partie comblé, il piétine le préalablement refait la terre par quelques
sol en appuyant d'autant plus ou d'autant années de cultures herbacées; et j'ai vu con
moins fortement que ce même sol est plus stamment, dans le pays dont je viens déjà de
ou moins léger. parler, que, quand on veut transformer des
vignes en pépinières, ce qui arrive fréquem
Section viii. — Des assolemens dans les ment depuis quelques aimées aux environs
pépinières. d'Angers, on prend plus rigoureusement en
core les mêmes précautions ; on sème gé
La grande loi des assolemens, qu'on trou néralement des céréales , après avoir conve
ciiap. i*. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 15
nablemcnt défoncé et labouré le sol. — Si sissent pas aussi bien les uns après les autres.
l'on n'était pas trop pressé par le temps, il — Il en est, comme le chêne, qui paraissent
serait sans nul doute avantageux d'adopter nuire assez généralement aux cultures qui
un assolement de trois ou quatre ans analo leur succèdent;—d'autres, comme l'ormeau,
gue à ceux dont on fait usage sur les défri- qui semblent détériorer beaucoup moins le
chemens et dans lesquels l'avoine et les blés sol. — Quelques-uns réussissent assez bien,
alternent avec des racines alimentaires qui même dans les terres usées; — quelques au
exigent de fréquens binages et des bultages. tres ne prospèrent au contraire que clans des
Dans quelques parties de l'Angleterre, d'a terres neuves on renouvelées, et je connais
près Sang , lorsqu'on veut améliorer le ter tel pépiniériste, habile observateur, qui at
rain appauvri d'une pépinière , au lieu de le tribue surtout à l'application suivie d'une
fumer pour lui confier directement des grai telle remarque le succès complet de ses bou
nes forestières, on profite de l'engrais ré tures de cognassier.
pandu pour obtenir une première récolte de La théorie et l'observation tendent égale
plantes potagères ou fourrageuses. On a re ment à faire croire que, pour l'assolement
marqué que les fèves, les pois, les ognons, des pépinières, il est avantageux,comme pour
les choux, les raves et particulièrement les celui des champs, d'avoir égard aux rapports
laitues, sont en pareils cas les meilleures naturels des végétaux; — d'éloigner le plus
cultures intercalaires. — La conséquence possible sur le même terrain le retour des
nécessaire de celle excellente coutume est mêmes espèces, des mêmes genres, des mê
d'interrompre de loin à loin la succession mes familles; — de faire succéder les petits
des végétaux ligneux. aux grands arbres; — les essences à racines
Le même auteur a, je crois, entièrement traçantes à d'autres essences à racines pivo
raison, lorsqu'après avoir recommandé de tantes; — de changer successivement la des
choisir pour l'emplacement d'une pépinière tination de chaque carré, de manière que
de petite étendue un terrain qui puisse être les transplantations fassent place aux re
partiellement et alternativement occupé par piquages, etees derniers aux semis, etc., etc.
des cultures de jeunes arbres et de légumes, Du reste, cette partie de la science du
il ajoute que c'est un moyen à la fois sûr et pépiniériste est encore peu avancée. Je crain
profitable de faire prospérer les unes et les drais de rencontrer trop d'exceptions si je
autres. cherchais à déduire de faits épars et particu
Dans l'état actuel de nos connaissances, il liers des principes ou trop généraux ou trop
serait difficile de dire précisément quels ar précis. Un ouvrage de pratique doit finir là
bres doivent se succéder de préférence, quoi où commence le doute.
qu'il soit bien démontré que tous ne réus Oscar Leclerc-Thoiin.
Peuplier tremble, ou simplement Trem même hauteur que la précédente, et ses feuil
ble (P. tremula, Lin.). Ses feuilles, sur les les ont à peu près la même forme ; mais elles
jeunes pousses, sont en cœur, finement den sont en général moins grandes, et les chatons
tées, pubescentes ainsi que les rameaux qui femelles sont plus longs que dans aucune des
les portent; sur les branches plus âgées, au espèces précédentes. Depuis bien desannées,
contraire, les feuilles sont arrondies, gla on le cultive en Europe. C'est à tort que dans
bres et bordés de grosses dents. Cet arbre quelques cantons on rappelle Peuplier de Ca
croit dans les lieux un peu humides des bois ; roline ou Carolin.
il s'élève à 50 ou 60 pieds. Peuplier baumier(P.balsamifera,ÏÀn.) (fig-
Peuplier d'Athènes (P. grœca, Wïld.). Ses 61).Cette espèce est remarquable par ses bour-
feuilles sont en cœur, légèrement et finement
dentées, glabres ainsi que les rameaux, d'un Fig. 61.
vert un peu glauque. Cette espèce croit na
turellement en Grèce et dans les lies de l'Ar
chipel ; on la cultive plutôt comme arbre
d'ornement que de rapport; elle ne s'élève
guère à plus de 50 pi. ; on la multiplie en la
greffant sur une des espèces précédentes.
Peuplier noir, vulgairement Peuplierfranc.
(P. nigra, Lin. ). Cet arbre s'élève à 80 pieds
d'élévation et plus; ses feuilles sont presque
triangulaires, crénelées en leurs bords, gla
bres et d'un vert gai, portées sur des ra
meaux cylindriques, glabres, étalés ; les cha
tons mâles sont grêles. Celte espèce croit
dans les terrains numides et sur les bords
des eaux.
Peuplier pyramidal, d'Italie ou de Lom-
bardie ( P. fasligiala, Poir. ) . Cette espèce
ressemble à la précédente par son feuillage
et sa floraison; mais elle s'en distingue faci
lement par son tronc toujours très-droit, et
par ses branches et ses rameaux effilés, ser
rés contre les tiges, de manière à former une
longue pyramide. Cet arbre s'élève à 100 pi.
et plus; il nous est venu d'Italie, et parait
originaire du Levant.
Peuplier rfu CanadatP. Canadensis, Mich.). geons enduits d'une sorte de résine jaunâtre
Ses feuilles sont grandes, en cœur, glabres, abondante et d'une odeur balsamique agréa
crénelées en leurs bords, portées sur des ra ble. Ses feuilles, portées sur des pétioles ar
meaux cannelés. Son tronc s'élève à 70 ou 80 rondis dans toute leur longueur, sont ovales-
pieds. Cet arbre est originaire du Canada et lancéolees, dentées, d'un vert un peu foncé
des parties septentrionales des Etats-Unis; en dessus, réticulées et blanchâtres en des
depuis long-temps il est commun en Europe. sons, mais non cotonneuses. Ce peuplier est
Peuplier de Virginie ou Suisse {P. monilife- originaire du Canada , où il s'élève à 80 pieds
36 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. Li*.
de hauteur; on le cultive en France depuis nada; aussi, à mesure que ces dernières es
assez long-temps, mais plutôt comme arbre pèces se répandent, le peuplier noir devient-
d'ornement que de grande culture. il plus rare. Cependant il vaut mieux qu'eux
Quant aux usages et propriétés des peu- dirigé en têtards.
fliers et à leur culture, le Peuplier blanc a Son bois aussi est de meilleure qualité; on
avantage de croître rapidement et de venir en fait communément des sabots, de la volige ;
presque également bien dans les terrains hu les charpentiers des campagnes l'emploient
mides, comme dans ceux qui sont plus secs quelquefois pour les pièces de l'intérieur
Cepen c'est sur les bords des eaux et des maisons, en place de celui de chêne. Les
dans les : îds naturellement frais qu'il ac menuisiers s'en servent, par la même rai
quiert les plus belles proportions. Il n'est son, pour faire des ouvrages de toutes sortes,
pas rare, dans ces circonstances favorables, comme portes, volets, boiseries, planchers,
de voir des arbres de cette espèce avoir, à 60 châssis, tablettes, etc.
ou 70 ans, 10 pi. de tour à hauteur d'homme, On pourrait multiplier cet arbre de graines,
sur 80 à 100 pi. d'élévation; et quand un de mais l'extrême facilité avec laquelle il re
ces arbres a acquis de telles dimensions, sa prend de boutures fait qu'on néglige tous
valeur est de 100 à 150 fr> lorsque son tronc les autres moyens, et communément lès bou
est parfaitement sain; mais rarement lui tures ne se font qu'avec des branches de 5
laisse-t-on acquérir une telle valeur ; le plus à 6 ans, ayant 9 à 10 pieds de 'hauteur, et 6
souvent on l'abat quand il a seulement 5 à 7 pouces de tour par le bas. On aiguise ces
à 6 pieds de circonférence, et il ne vaut guère grosses boutures , appelées plançons, par le
alors que le quart du prix auquel nous l'a gros bout, à peu près en bec de flûte, et on
vons évalué. Le peuplier blanc se multiplie les plante à demeure sur les bords des prés
de graines, de rejetons et de marcottes; il re humides et le long des rivières ou fossés
prend très-difficilement de boutures; mais d'irrigation, dans des trous de 15 à 20 pouces
comme il produit d'ailleurs d'abondans re de profondeur et préparés seulement avec
jetons, c'est presque toujours par ce dernier un fort pieu de fer. Ces plançons doivent être
moyen qu'on le propage. De toutes les espè solidement fixés en foulant la terre à leur
ces de ce genre, c'est celle dont le bois est le pied, et encore en les butant, afin qu'ils ne
plus estimé. Ce bois est blanc, léger, homo soient ébranlés ni par les vents ni par les
gène; il setravaillebienet prendun beau poli; bestiaux : on peut les planter depuis le mois
mais il est un peu mou et d'une médiocre so de novembre jusqu'en mars; il y en a or
lidité. Les charpentiers, dans les campagnes, dinairement fort peu qui manquent de re
emploient les plus grosses pièces pour pou prendre.
tres et solives; les sabotiers en fabriquent Le Peuplier pyramidal ou d'Italie vient
des sabots; les menuisiers le font refendre mieux dans les terrains gras et humides que
en planches pour en faire des armoires, des partout ailleurs; cependant il croit encore as
boiseries, des portes, des tables ; à Paris les sez bien dans les terres légères et sablonneu
ébénistes en emploient beaucoup pour la ses,pourvu qu'elles ne soient pas trop sèches.
carcasse des meubles qu'ils plaquent en aca- On en plante beaucoup comme arbre d'orne
'ou. Il y a quelques années, on faisait, à ment; la forme pyramidale et régulière que
aris, des-chapeaux de femmes avec de fines prennent ses tiges le rend très-propre à
lanières de ce Dois artistement tissées, et qui former des rideaux de verdure, et à faire de
avaient presque l'aspect des chapeaux de belles avenues devant les châteaux et les
paille. maisons de campagne. Ou ne le multiplie que
Les bestiaux, surtout les chèvres et les de boutures, parce que jusqu'à présent on
moutons, broutent volontiers les feuilles du n'en connaît que l'individu màle.On en plante
peuplier blanc. On a essayé de faire du pa aujourd'hui beaucoup comme arbre de rap
pier et même des toiles avec l'espèce de co port, parce qu'il croit avec rapidité. Il est
ton dont ses graines sont chargées; mais ces bon à abattre depuis 20 jusqu'à 30 ans. Son
essais ont été assez promptement abandon bois est moins solide et plus léger que celui
nés. du peuplier noir; on l'emploie à peu près
Ce que nous venons de dire sur le peuplier aux mêmes usages; il est surtout propre, à
blanc peut en grande partie s'appliquer au cause de sa légèreté, pour faire des caisses
peuplier grisâtre et au tremble; seulement d'emballage; aussi les layetiers de Paris en
ces 2 derniers arbres sont sous tous les rap- font-ils une grande consommation.
Îiorts inférieurs en qualité et de moindre va- La manière de multiplier le Peuplier de
eur. Les menues branches de tous ces arbres Canada, celui de Virginie et le baumier, est
servent dans les campagnes au chauffage des la même que pour 1 espèce précédente. Ce
fours et des foyers. que nous pourrions dire aussi sur la crois
Le Peuplier noir acquiert une grande élé sance de ces trois arbres, surtout des deux
vation, lorsqu'il croit dans les lieux humides premiers, ou sur les qualités de leur bois,
et sur les bords des rivières ou fossés aqua aurait également beaucoup de rapport avec
tiques, et surtout lorsqu'on a soin de l'émon- ce qui a été dit du Peuplier d'Italie.
der tous les 3 à 4 ans, en en retranchant tou Au reste, de tous les peupliers, celui qui
tes les branches latérales, dont on fait, dans croit le plus rapidement est le véritable Peu
les campagnes, des bourrées qui servent à plier de Caroline, Populus angulata, Wild.
brûler. Il vient mal au contraire dans les dont nous n'avons point parlé, parce que cet
terrains secs, et sa végétation y est presque arbre est très-sujet à geler dans le climat de
toujours languissante. Dans les meilleures Paris, et parce que son bois est si tendre qu'il
situations, il croit plus lentement que le peu ne saurait être employé utilement. Un de
plier d'Italie, le P. de Virginie et celui du Ca- ces arbres, chez M. Audibert, de Tonelie,
chap. 3. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 37
près Tarascon, avait 6 pieds de tour à l'âge les, larges de 10 à 12 pouces, (ont seulement
de 12 ans. inégalement dentées, mais non découpées en
28. PLATANE (lat, Platanus).—Les plata lobes distincts.
nes sont de grands arbres, de la famille des Toutes ces espèces ou variétés sont sus
Amentacées^A feuilles alternes, découpées en ceptibles de s'élever à une grande hauteur,
lobes plus ou moins profonds ; leurs fleurs, à 80 et 100 pieds, et leur tronc peut acquérir
de peu d'apparence, sont unisexuelles, dispo avec les années une grosseur colossale.
sées sur le même individuen chatons arrondis, . Le platane d'Orient est aujourd'hui assez
pendans; aux femelles succèdent des graines rare en France, surtout dans le nord; la
oblongues, réunies un grand nombre ensem cause qui a fait disparaître dans cette par
ble, en paquets globuleux, à peu près de la tie de la France tous les platanes d'Orient,
grosseur d'un marron ordinaire. Les fleurs est une gelée tardive qui arriva il y à quel
paraissent à la fin d'avril ou au commence ques années, et qui fit périr tous ces arbres.
ment de mai. Depuis ce temps, on ne trouve plus à Paris
On trouve, dans les livres de botanique, et dans ses environs que le platane d'Occi
quatre espèces indiquées dans ce genre;mais dent et ses variétés P. acerifolia et P. cu
nous croyons qu'il n'en renferme réellement neata. Dans le midi de la France même, le
que deux , savoir : le Platans d'Orient platane d'Orient est assez rare; celui d'Occi
{P. Orienlalis, Lin. ), espèce très-ancienne dent, au contraire, ne parait pas craindre le
ment connue, que les Romains transplantè froid, et nous engageons les propriétaires à
rent en Italie, et le Platane d'Occident (P. filanter ce bel arbre beaucoup plus qu'on ne
Occidentalis, Lin. ) {fis. 62), apporté de l'A 'a fait jusqu'à présent: sa croissance rapide
mérique septentrionale en Angleterre, vers et l'utilité de son bois ne peuvent que leur
1640 en rendre la plantation avantageuse.
Fig. 62. Il faut aux platanes un terrain gras, un peu
humide et qui ait beaucoup de fond; ils se
plaisent surtout dans le "voisinage des eaux
et des rivières ; c'est là qu'ils acquièrent les
plus belles dimensions.
Les platanes se multiplient de graines, de
marcottes et de boutures. C'est à la fin de
l'hiver ou au plus tard au commencement du
printemps qu'il faut en semer les graines,
dans une bonne terre bien meuble et amen
dée avec du terreau très - consommé. Le
jeune semis craint le froid, surtout pendant
le 1er hiver, et l'on doit le préserver des for
tes gelées en le couvrant avec de la paille ou
des feuilles sèches. Le platane venu de graine
n'a que 6 pouces à un pied de hauteur a l'au
tomne de sa 1" année, et ce n'est, lors
qu'il a reçu les soins convenables en pépi
nière, qu'au bout de 6 à 7 ans qu'il est bon à
être mis en place. La lenteur des semis fait
qu'on préfère dans les pépinières multiplier
les platanes par marcottes, lesquelles en
moitié moins de temps font des arbres bons
à être transplantés partout où l'on veut les
placer. Les boutures faites de petits ra
meaux reprennent facilement si on a soin
de leur donner des arrosemens; mais elles
La 1" espèce se distingue de la 2°, par ses croissent plus lentement que les marcottes.
feuilles toujours découpées en lobes assez Cependant la facilité avec laquelle repren
profonds, bordés de dents grandes et irrégu- nent les boutures ordinaires a fait essayer
lières.EUe ne parait encore avoir produit au de planter des plançons ou plantards de pla
cune variété, parce que, jusqu'à présent, elle tane de la grosseur dont on fait ordinaire
n'a jamais été propagée que par boutures. ment ceux de saule et de peuplier, et ces
La 2e, au contraire, qui a été fréquemment plançons ont bien réussi toutes les fois qu'ils
multipliée par ses semences, a produit plu ont été placés sur le bord d'une rivière ou
sieurs variétés qu'on distingue de la première d'un fossé d'irrigation, et elles ont formé de
espèce, en ce que les lobes de leurs feuilles beaux arbres en peu de temps.
sont moins profonds et moins dentés, et que L'usage le plus fréquent qu'on fasse des
leur limbe se prolonge souvent sur le pé platanes, c'est de les planter en avenue, où
tiole. Dans la variété dite Platanus cuneata, ils doivent être espacés de 18 ou 20 pieds les
les feuilles n'ont que 3 lobes, et elles sont cu uns des autres. Ces arbres produisent, par
néiformes à leur base. Le P. acerifolia, autre leur large et beau feuillage, un très-bon ef
variété, a toutes ses feuilles à 5 lobes qui pé fet dans les promenades publiques , où ils
nètrent jusqu'à la moitié du limbe. En géné donnent une ombre agréable. On peut les
ral, les feuilles du platane d'Occident pa tailler au croissant, ainsi que l'on fait de
raissent être très-sujettes à varier dans leurs l'orme et du tilleul. En bordures dans les
découpures; la plus belle variété est celle qui prairies situées sur les bords des rivières,
a été nommée P. macroptylla, dont les feuil- Us supportent d'être émondés tous les 4 à S
38 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS, uv. v.
ans, et ils donnent alors de bons fagots pour et dans les lieux humides des bois et des mon
le chauffage. tagnes; le plus grand nombre appartient aux
On a proposé de planter les platanes pour climats tempères ou septentrionaux de l'Eu
faire des taillis, et quelques essais ont prouvé rope.
l'avantage qu'on en pourrait tirer. Ces taillis
poussent avec beaucoup de rapidité, lors- . 'L Espèces dont les feuilles sont en général
qu'ils ont été coupés; ils donnent, à l'au lancéolées, et les fleurs femelles à ovaires
tomne de la lre année, des jets de 6 a 9 pieds glabres.
de hauteur, et on peut en faire la coupe man
che tous les 5 à 6 ans. Saule blanc ( S. alba, Lin.). Cet arbre s'é-
La grosseur colossale que le tronc des pla Fig. 63.
tanes acquiert avec le temps l'a fait employer
dans le Levant et dans l'Amérique septen
trionale à faire des bateaux d'une seule pièce.
Le bois de platane est d'un tissu serré et il
ressemble assez à celui du hêtre; il est comme
lui d'une couleur rougeâtre claire , moucheté
de petites taches plus foncées. Il passe pour
être sujet à se fendre , et on lui reproche
d'être facilement attaqué par les vers ; mais
il perd ces mauvaises qualités etacquiert une
grande dureté lorsqu'avant de l'employer on
a pris la précaution de le débiter en madriers
et de le tenir submergé dans l'eau pendant
quelque temps. Il est propre aux ouvrages de
charronnage et de menuiserie. Les parties
inférieures et renflées du tronc sont surtout
bonnes à faire des meubles; débitées en
Elanches, elles présentent souvent des mar-
rures et des ronces d'un effet fort agréable.
Comme bois de chauffage, les platanes brû
lent en faisant une flamme vive et en don-
nantbeaucoup de chaleur. Leurs cendres sont
riches en potasse.
Au reste , les espèces de ce genre n'étant
pas encore très-repandues, leur bois n'est
pas non plus très-commun dansle commerce;
mais nous croyons que sous beaucoup de lève à 30 et 40 pieds ou plus, et il acquiert 6
rapports il serait avantageux de multiplier à 8 pieds de circonférence. Sesjeunes rameaux
davantage les plantations de ces arbres, en sont rougeàtres, garnis de feuilles lancéolées,
préférant le platane d'Orient dans le midi, soyeuses et blanchâtres des deux cotés, prin
et celui d'Occident dans le nord. Le 1" n'a cipalement dans leur jeunesse. Les fleurs se
pas besoin d'un terrain aussi humide que le développent en même temps que les feuilles,
second. le long des rameaux d'un an ; les écailles des
29. SAULE (lat. Salix; angl. Willow; ail. chatons sont pubescentes, et l'axe qui les
Weide; ital. Salice). — Les botanistes comp porte est velu. Cette espèce se trouve le long
tent plus de cent espèces de saules; mais des rivières et dans les prés humides.
dans ce grand nombre nous ne devons nous Saule osier ou Osier jaune (S. vitellina,
occuper ici que de celles qui nous offrent de Lin.). Cette espèce diffère de la précédente
l'intérêt sous le rapport de leurs usages et par ses rameaux d'un jaune plus ou moins
de leurs propriétés. Il nous suffira de dire foncé, et par ses feuilles plus étroites, gla
que ce genre comprend les extrêmes de la bres. On la trouve dans les mêmes lieux, mais
végétation, de grands arbres qui s'élèvent à elle forme un arbre moins élevé, et le plus
50 ou 60 pieds, et d'humbles arbustes dont les souvent elle n'est cultivée que comme osier.
tiges basses et rampantes n'ont que quelques Saule fragile (S.fragilis, Lin.). Quant au
pouces de longueur; tels sont : le Saule her port et a la hauteur, cet arbre a beaucoup
bacé (iS. herbacea, Lin.); le S. à Jeuilles de de rapports avec le saule blanc; ce qui lui
serpolet{S. serpyllifolia, Willd.); le S. émoussé est particulier, c'est que ses rameaux cassent
(S. retusa, Lin.), qui croissent sur les som en offrant très-peu de résistance à l'endroit
mets des Alpes. de leur insertion sur les branches ; ses feuil
Les saules font partie de la grande famille les sont d'ailleurs lancéolées, glabres et den
des Amentacées; ce sont des arbres ou des tées. Il est en général plus commun que les
arbustes, à feuilles alternes, entières, dont deux lr" espèces.
les fleurs, disposées sur des chatons axillai- Saule àfeuilles d'amandier(S. amygdalina,
res, sont toutes mâles ou toutes femelles sur Lin.). Lorsqu'on laisse croître cet arbre en
des individus différens. Ces chatons, plus ou liberté, il s'élève au moins autant que le saule
moins alongés, sont composés de fleurs nom blanc; ses rameaux sont rougeàtres, garnis
breuses. Leur fruit est une capsule ovale- de feuilles oblongues-lancéolees, glabres et
oblongue, à une seule loge renfermant plu d'un beau vert en dessus, glauques en des
sieurs graines entourées a leur base par une sous, bordées de nombreuses dents. Cette es
aigrette de poils. Les espèces de ce genre pèce est moins répandue que les trois qui
croissent en général sur les bords des eaux précèdent,
2. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS LWDIGÊTSES. 89
C'est principalement le saule blanc et le Saule àfeuilles aiptès{S. aeutifoUa. Willd.).
saule fragile qu'on plante sur le bord des Cet arbre est originaire des environs de la
prairies et des pâturages dont le fond est mer Caspienne; il s'élève à 20 ou 25 pieds
plus ou moins numide, ou qui sont situées de hauteur, et est remarquable par ses
sur les rives des eaux courantes. Ces arbres jeunes rameaux d'un violet noirâtre, à la
pourraient se multiplier de graines ; mais, surface desque ls se trouve une poussière ou
comme ce moyen serait trop long, on n'en sorte de fleur à peu près comme sur cer
fait jamais usage ; on n'emploie que les gros taines prunes. Ses feuilles sont étroites, lan
ses boutures, nommées plançons, que l'on céolées, aiguës, dentées et glanduleuses en
fait avec des branches de 4 à S ans, et ayant leurs bords. Ce saule est encore très-peu ré
6 à 7 pouces de tour par le bas; on taille pandu; il mériterait d'être multiplié, sur
! en bec de flûte, et on tout dans les oseraies, à cause de la flexibi
1 15 à 20 pouces en terre, dans des lité et de la ténacité de ses jeunes rameaux.
seulement avec un gros pieu dont Saule précoce {S. preecox, Willd.). Arbre
le bout est armé de fer. Avec le même pieu de 30 à 40 pieds de haut, dont les jeunes ra
on presse assez la terre autour du plançon,en meaux, d'un rouge assez foncé, paraissent
l'enfonçant à 2 ou 3 reprises et à quelques d'une couleur cendrée à cause de la poussière
pouces à côté, de manière à l'empêcher de qui les recouvre, ainsi que dans l'espèce pré
vaciller dans son trou ; enfin on le butte au cédente. Ses feuilles sont lancéolées, dentées,
{>ied, à la hauteur de 10 à 12 pouces, avec de munies d'une nervure très-prononcée; elles
a terre prise aux environs, et, sans autre pré ne viennent qu'après les fleurs, qui sont dis
caution, la presque totalité de ces plançons posées en chatons serrés et tres-velus. Ce
s'enracine facilement et fait promptement saule croit sur le bord des eaux, dans plu
de beaux arbres. Lorsqu'on veut élever les sieurs parties de la France, en Italie, en Al
saules à haute tige, il faut avoir la précau lemagne, etc. Ses jeunes rameaux ont toutes
tion de planter les branches entières sans en les qualités propres à faire de bon osier; le
retrancher le sommet: on les coupe, au con bois du tronc est blanchâtre, assez dur pour
traire, à 6 ou 7 pieds quaud on veut en faire ce genre : il serait propre à la menuiserie.
des têtards. Saule de Babylone ou pleureur {S. baby-
Les émondesque l'on retire des saules sont lonica, Lin.). Ce saule est facile à reconnaî
d'un usage journalier dans les campagnes tre; ses branches horizontales, divisées en
pour le chauffage, et ce sont principalement longs rameaux grêles et pendans, lui donnent
les menues branches qui y sont employées. un aspect tout particulier; ses feuilles sont
Elles nedonnent en brûlant qu'une médiocre étroites-lancéolées, glabres, d'un vert ten
chaleur; la braise qu'elles fournissent se cou dre; et ses fleurs sont disposées en chatons
vre promptement de cendres, ce qui lui fait grêles et jaunâtres. Cette espèce est originaire
perdre promptement son ardeur.On fait avec du Levant; on la cultive dans presque tous
les plus grosses des gaules qui servent pour les jardins pavsagers, à cause de l'effet pit
palissades, échalas, etc. C'est des saules tê toresque qu'elle produit.
tards qu'on retire les plus belles. Les arbres
à haute tige ne fournissent guère que de me II. Espèces dont lesfeuilles sont ovales ou lan
nus brins bons à brûler; mais quand ils ont céolées, et lesfleurs femelles à ovaires tou
une certaine grosseur, comme 3 à 4 pieds de jours velus.
circonférence à hauteur d'homme, on peut
les abattre pour faire du bois de travail. Le Saule morceau, vulgairement Marsault ou
tronc des têtards, au contraire, est presque Malsault {S. caprœa, Lin.). Arbre de 25 à 40
toujours pourri dans le cœur, et n'est bon à Fig. 64.
rien, si ce n'est à brûler.
Le tou du saule blancetdu saule fragile est
rougeàtre ou roussàtre ; il a le grain assez fin
et uni; il se travaille bien, soit à la varlope,
soit au tour ; ou en fait principalement des
sabots; les charpentiers des campagnes s'en
servent quelquefois pour solives ; les menui
siers l'emploient rarement, si ce n'est pour
des ouvrages communs. Ce bois est très-lé
ger; il titpèse que 27 à 28 livres par pied cube.
L'ccorce de ces arbres est ainere et astrin
gente; on l'a quelquefois employée comme
fébrifuge , à défaut de quinquina. Les chi
mistes modernes y ont découvert un principe
particulier auquel ils ont donné le nom de
talicine. Dans quelques cantons on se sert de
celte écorce pour le tannage des cuirs. Au
printemps, les abeilles font une abondante
moisson de cire et de miel sur les fleurs de
ces arbres et des autres espèces congénères.
Les vaches et les autres bestiaux aiment les
feuilles des saules et les broutent avec avi
dité. On a essayé sans succès de fabriquer
des étoffes avec le duvet qui est à la base des
graines ; il est trop court pour pouvoir è tréfilé.
AGRICULTURE FORESTIERE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS.
pieds,, dont les rameaux sont grisâtres, gar Saule viminal, vulgairement Osier blanc
nis de feuilles ovales ou arrondies, quelque ( S, ifimùtalis, Lin.). A l'état d'arbre ce saule
fois ovales-oblongues, glabres en dessus, co Fig. 65.
tonneuses et blanchâtres en dessous. Ses
fleurs, qui naissent avant les feuilles, ont les
écailles de leurs chatons très-velues. Le mar-
ceau est commun dans les bois frais et hu
mides de Ja France et de la plus grande par
tie de l'Europe.
Cet arbre croit avec beaucoup de rapidité,
surtout quand il repousse sur sa souche; il
n'est pas rare alors de le voir faire, dès la
V° année, des jets de 10 à 12 pieds de haut,
ce qui le rend très-propre à former des taillis
qu'on peut exploiter avec avantage tous les
6 à 7 ans.
Le bois qu'on relire du marceau cultivé, en
taillis est propre à faire des échalas, des cer
cles, des lattes pour les vaniers, des fourches,
des perches, etc.; enfin les menus brins font
des bourrées qui servent dans les campagnes
pour chauffer les foyers, les fours, et pour
cuire la brique, la chaux, le plâtre, etc. Ce
bois produit un feu clair qui n est pas de du
rée et ne donne pas beaucoup de chaleur, si
on le compare aux bois durs, mais d'ailleurs
préférable à celui de la plupart des autres
bois blancs. Comme bois de travail, celui du
marceau est d'un blanc tirant au rougeàtre;
il a le grain fin, serré, et est facile à travail
ler; il est propre à faire des sabots, des plan s'élève rarement à plus de 20 pieds ; ses jeu
ches pour la menuiserie; on peut aussi l'em nes rameaux sont effilés, très-droits, chargés,
ployer pour les pièces de charpente inté dans leur jeunesse, d'un duvet soyeux, garnis
rieure, quand on en rencontre d'assez gros de feuilles linéaires-lancéolées, aiguës, lé
pour ce genre de travaux. Taillé en têtard, gèrement ondulées en leurs bords, vertes et
comme le saule blanc et le saule fragile, il §labres en dessus, revêtues en dessous d'un
peut de même être émondé tous les 3 à 4 ans. uvet soyeux et argenté. Ses fleurs, plus pré
11 prend facilement de boutures, quand on coces que les feuilles, sont disposées en cha
fait celles-ci dans un lieu frais et humide : tons cylindriques et très-velus. Cette espèce
nous l'avons même planté en gros plançoos est commune en France et dans une grande
de!6à 18 pieds de longueur et de 12 pouces de partie de l'Europe ; on la trouve sur les bords
tour par le bas, et il a très-bien repris. Planté des rivières.
en petites boulures grosses comme le pouce, 'Saule hélice (S. hélix, Lin.). Cette espèce
il est très-propre à regarnir avec économie n'est qu'un arbrisseau de 10 à 12 pieds d'é
les parties d'un taillis qui sont dépourvues lévation, dont les rameaux sont effilés, gla
de bois : il est encore bon à former des haies bres, garnis de feuilles souvent opposées, ra
de clôture. rement alternes, linéaires-lancéolées, d'un
Tous les bestiaux, et surtout les chèvres, ai vert gai en dessus, glauques en dessous. Ce
ment lesfeuilles du marceau, et dans quelques saule se trouve en France et dans plusieurs
cantons on le cultive exprès pour en donner la parties de l'Europe, dans les lieux humides
dépouille à ces animaux ; sous ce rapport, les et aquatiques.
haies de cette espèce peuvent être tondues Saule pourpre, vulgairement Osier rouge
2à3fois dans la belle saison. Enfin son écorce, ( S. purpurca, Lin.). Cette espèce ressemble
amère et astringente, a été employée en mé beaucoup à la précédente, et l'on ne peut
decine comme succédanée du quinquina, et guère l'en distinguer que par ses feuilles plus
dans quelques contrées on s'en sert pour le étroites. Elle croit dans les mêmes lieux.
tannage des cuirs. Les 3 dernières espèces sont cultivées, à
Le Saule à oreillettes (S. aurita, Lin.), et cause de laflexibilité fort grande de leurs ra
le Saule acuminé {S. acuminata, Smith), ont meaux qui les fait employer à des ouvrages
beaucoup de rapports avec le marceau; ils se particuliers; le saule osier, ou l'osier jaune
trouvent comme lui dans les bois frais et de notre première section, se rencontre aussi
humides; mais ils poussent avec moins de fréquemment dans les cultures connues sous
rapidité, et s'élèvent moins haut, ce qui les le nom d'oseraies; le saule précoce et le
rend moins recommandablcs sous le rapport saule à feuilles aiguës, encore peu répandus,
de leurs usages. mériteraient aussi d'y trouver place.
Le Saule àfeuilles soyeuses ( S. holosericea,
Willd.), qui se distingue du marceau par ses III. Formation dune Oseraie.
feuilles lancéolées, acuminées, revêtues en
dessous d'un duvet très-soyeux, nous parait Pour former une oseraie, on fait choix d'un
pouvoir rivaliser pour les produits avec ce terrain convenable ; le meilleur est un sol
dernier. Cette espèce est d ailleurs peu ré profond, situé à peu de distance d'une ri
pandue. vière, ou qui soit naturellement gras et bu-
cMkr. y. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 41
mide : on lui fait donner un bon labour à la conservent leurs feuilles pendant l'hiver, ce
charrue ou à la houe ; et dans le mois de fé qui leur a valu aussi le nom d'arbres verts
vrier, si le temps le permet, on y piaule, à 3 en horticulture. Cette famille, après celle
ou 4 pieds l'une de Vautre, des boutures de des céréales et des arbres fruitiers, est cer
15 à 16 pouces de longueur et de la grosseur du tainement la plus intéressante pour les peu
doigt, prises parmi les espèces dont on veut ples de l'Europe dans leur état actuel de
composer son oseraie. Ces boutures se met civilisalion.Nos vaisseaux ne pourraient par
tent en terre, eu s'aidant d'un plantoir, et courir l'immensité des mers sans les hautes
en les enfonçant aux deux tiers de leur lon mâtures qu'elle leur fournit, sans le goudron
gueur. La coupe de la lr° année ne produit qui préserve leur coque et leurs agrès de la
nue des brindilles à peu près inutiles pour pourriture. L'architecture civile et militaire
1 usage, mais qu'il faut cependant couper en tirent des bois qui ne pourraient être
avec soin ; sans cela celle de la seconde année remplacés par aucun autre; enfin, elle offre
ne serait bonne qu'à brûler, parce que ses à l'économie domestique, industrielle et à la
branches seraient trop rameuses pour être médecine, des produits de première néces
employées à autre chose. Lorsqu'au con sité aussi nombreux que variés.
traire on a pris le soin de faire couper au ni Un autre avantage que possède encore
veau du tronc toutes les petites brindilles de cette précieuse famille, c'est que tous les ar
la première pousse, la seconde donne déjà bres qui la composent croissent dans les
un certain nombre de jets de 4 à 6 pieds de sols les plus maigres, parmi les rochers où
haut qui peuvent être utilisés. La coupe de aucune culture ne serait possible, et que la
la troisièpie année est plus productive, et d'an quantité de terreau qu'ils produisent par la
née en Smnée elle le devient davantage, de décomposition de leurs feuilles, est beau
telle manière que pendant 25 à 30 ans, lors coup plus grande que celle que fournissent
qu'il est en bon état et dans un bon fonds, les feuilles des autres arbres ; de sorte
un arpent d'oseraie peut rapporter tous les qu'une forêt d'arbres résineux enrichit le
ans 100 fr. et plus, et cela, sans aucune peine propriétaire, et améliore en même temps
et sans aucun soin de la part du proprié la terre plus qu'aucune autre. C'est doncavec
taire, si ce n'est d'en écarter les bestiaux, et de bien bonnes raisons que les économistes
d'y faire pratiquer quelques binages pendant conseillent les plantations d'arbres résineux,
les' 1"' années. et d'en faire des forêts dans les départe-
C'est eu février, ou au plus tard en mars, mens sablonneux et sur les montagnes ro
qu'il faut faire chaque année la coupe des cheuses de la France.
osiers; les belles pousses ont communément Le nord de l'Europe et l'Amérique sep
S à 10 pieds de longueur. On les coupe, avec tentrionale sont les contrées du globe où il
une torte serpette, à quelques lignes du tronc, croit le plus d'arbres conifères, susceptibles
qui devient ainsi une sorte de têtard. d'être cultivés avec un grand profit sur le
La plus grande partie de l'osier jaune et sol de la France. Nous allons signaler avec
de l'osier rouge s'emploie avec son éi'orce qui quelques détails, et indiquer la culture de
lui donne plus de force. Ces deux osiers sont ceux de ces arbres qui peuvent le plus con
d'un usage si général dans l'économie do tribuer à augmenter notre richesse territo
mestique etl'agriculture,qu'onserait aujour riale , et ne ferons qu'énumérer ceux qui ne
d'hui fort embarrassé pours'en passer : on en paraissent pas de nature à améliorer notre
fait desliens pour toutes sortes de choses, des agriculture ni notre économie industrielle.
corbeilles et des paniers légers, des claies, des Nons ne mentionnerons même pas les espè
holleset autres objets de vannerie commune. ces étrangères qui, ne pouvant supporter
Refendu en 2 ou 3 brins, l'osier jaune est em les rigueurs de notre climat eu pleine terre,
ployé par les tonneliers pour lier les cercles sont entièrement du ressort de l'horticulture.
des touneaux, des cuves, etc., et sous ce rap 1. CÈDRE du Liban ( Cedrus Libani, 15ar.
port, il s'en fait une grande consommation. Abies cedrus, Lin.; KftgX.Cedarlarch; AU. Cé
Les jardiniers et les vignerons font aussi un dar; Ital. Ccdro). —Cet arbre [fig. 66) est cer
grand usage d'osier pour le palissage des tainement le plus historique, le plus célèbre
arbres en espaliers, pour attacher les vignes
aux échalas. 66.
Les ouvrages de vannerie plus soignée se
font va osier blanc ou osier sans écorce, pour
lequel on emploie principalement le saule
viiuinal, parce que ses jets sont beaucoup
plus unis, ne se ramiliant jamais en brin
dilles secondaires.
Loiseleur Deslonchamps.
Abt. II. —Arbres résineux, Conifères.
On désigne sous ces noms une famille na
turelle de végétaux ligneux , composée de
grands, de moyens et de petits arbres divi
sés en plusieurs genres , et dont le carac
tère commun est d'être résineux, et d'avoir
les fleurs monoïques ou dioiques, disposées
en épi serré que les botanistes appellent
cône, d'où le nom de conifèrç. Presque tous
AGRICULTURE. TOME IV. 6
<2 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIT. V
et le plus majestueux de tous ceux que nous | connaissons. Lemont Liban {fig-W) est sa pa-
Fig. 67.
trio, cl jamais on ne l'a trouvé croissant spon reux rameaux étendus par étages distincts.
tanément sur aucun autre point du globe.Ily Ses feuilles sont courtes, simulées et dispo
était autrefois si abondant que l'on s'en ser- sées en faisceaux. A ses fleurs , peu éclatan
vaitdans la construction des flottes et des édi tes, succèdent des fruits (cônes) (Jîg- 66),
fices ; mais , déjà depuis long-temps , le nom ovales ou elliptiques , hauts d'environ 3 pou
bre en est tellement diminué, qu'en 1574 il ces, et dont les graines ne mûrissent que dans
n'en existait plus que 26 individus ; que cent la troisième année. Le bois du cèdre semble,
ans après, Rawou n'en trouva plus que 16, pour les qualités, tenir le milieu entre celui
etqu'enfinLABii.LARDiÊRE n'en a compté que du pin sylvestre et celui du sapin.
7 en 1798.Quoique le cèdre produise des grai Le cèdre du Liban n'étant encore chez
nes en quantité, il n'en résulte aucun jeune nous qu'un arbre d'agrément , propre aux
arbre sur le mont Liban , parce que la terre scènes des grands jardins paysagers , son
y est couverte de gazon , et que ce lieu est éducation et sa multiplication sont entre les
un rendez-vous où le peuple s'assemble. Il mains des pépiniéristes , qui l'élèvent de
est donc probable que bientôt il n'y aura plus graines recueillies sur quelques anciens in
aucun cèdre sur le mont Liban , et que la dividus, qui commencent à fructifier assez
destinée de ce colosse du règne végétal sera abondamment en France, en Angleterre et
entièrement entre les mains des cultivateurs. en Allemagne, pour qu'on ne craigne plus
Heureusement que le degré de civilisation d'en perdre l'espèce. Quoiqu'il soit assez dif
où les peuples de l'Europe sont parvenus , ficile de tirer les graines de leur cône, je
ne laisse aucune crainte de voir l'extinction n'en dirai rien , puisque tous les pépiniéris
de sa race, et qu'il est permis d'espérer qu'on tes connaissent les différens moyens de les
en verra plutôt planter des forêts , que sa en faire sortir.
multiplication négligée. Semis. — Les graines du Cèdre doivent être
Le tronc d'un cèdre mesuré sur le Liban semées au printemps , à une exposition
même, avait 36 pi. et demi de circonférence, chaude et ombragée , afin que le jeune plant
et ses branches couvraient une étendue de puisse acquérir, dans le courant de l'été,
111 pieds de diamètre. Des observations fai assez de force pour résister aux dangers de
tes sur celui planté en 1754, au Jardin-du- l'hiver suivant.C'est donc un bon usage de les
Roi à Paris, établissent que cet arbre croit semer en terrine dans de la terre de bruyère,
d'environ 5 lignes en diamètre chaque an de placer la terrine sur une couche tiède , de
née, pendant les premiers siècles de son la couvrir d'un panneau de châssis, de l'om
existence. Quant au nombre de siècles qu'il brer, et de tenir la terre de bruyère suffi
peut vivre , on ne sait rien de certain à cet samment chaude et humide pour que la ger
égard. Au reste, le cèdre du Liban intéres mination s'effectue en 15 ou 25 jours. Quand
sera toujours par son port majestueux , sa les cotylédons sont sortis , il faut diminuer
taille colossale, son aspect étranger, sa ver de beaucoup l'humidité de la terre en ména
dure sévère et la disposition de ses vigou geant les arrosemens, éviter que le soleil no
chap. 2". ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 43
vienne frapper le jeune plant, donner un préparée, on choisit un jeune cèdre bienfait,
peu d'air, mais bien prendre garde que le dont la croissance n'a pas souffert, qui sur
vent ne s'introduise sous le panneau , car la tout n'a pas perdu sa flèche, car quoique
grande humidité , le soleil et le vent , sont les jeunes cèdres s'en reforment une autre
trois ennemis dangereux pour beaucoup de assez facilement , il ne faut pas trop y comp
graines en germination.Si le jeune plant n'est ter; d'ailleurs ce n'est jamais qu'aux dépens
pas trop dru, on peut le laisser dans la terrine de quelques années de croissance qu'une flè
toute l'année pour le rentrer en orangerie aux che se reforme. Si la tige du jeune cèdre
approches de l'hiver, ou bien , s'il est pressé, convient, on le dépotera pour examiner l'é
repiquer séparément chaque individu en tat de ses racines, et pour peu qu'il s'en
motte quand les cotylédons sont bien déve trouve d'avariées , il faut le refuser. Quand
loppés , dans autant de petits pots en terre au contraire elles sont en bon état , on
de bruyère mélangée avec un quart de terre gratte la circonférence de la motte pour en
franche on normale , arroser modérémeut , faire tomber un peu de terre et mettre leurs
tenirà mi-ombre jusqu'à ce que la végétation extrémités à nu, sans les blesser ni les ra-
se manifeste par l'a longe ment de la jeune courcir; on plante de suite afin qu'elles ne
tige; en novembre, on rassemble les pots se dessèchent pas, et on arrose légèrement
dans un châssis , on les couvre de panneaux et doucement pour les attacher à la terre.
vitrés , et on prend bien garde que l'humi Le cèdre voulant croître en liberté , les seuls
dité ne s'introduise dans le coffre pendant soins qu'il réclame pendant sa jeunesse ,
l'hiver, autrement le jeune plant fondrait. sont quelques arrosemens dans les saisons
Pendant les deux et trois premières an sèches, des sarclages au pied pour que les
nées , la prudence demande que l'on abrite mauvaises herbes ne mangent pas la terre,
les jeunes cèdres des intempéries de l'hiver; de l'air et de la place pour qu'il puisse éle
après ce temps révolu, ils sont moins sensi ver sa tête au-dessus des plus hauts arbres
bles et ne réclament plus d'abris, mais il d'alentour, tandis que ses branches infé
faut chaque année leur donner un plus grand rieures couvriront au loin le sol où il est
pol et de la terre de bruyère mélangée avec planté.
un tiers de terre normale. On pourrait les Depuis long-temps on fait des vœux, si
planter en place età demeure à l'âge de 4 ans; non pour voir des forêts, du moins pour voir
cependant le plus souvent on les conserve planter des masses imposantes de cèdres
en pot beaucoup plus long-temps , parce que sur le sol de la France. Un seul mot du
l'occasion de les planter ne se présente pas gouvernement suffirait pour que quelques
encore fréquemment dans l'état actuel de grands propriétaires les réalisassent.
nos cultures; pendant ce temps, leurs raci 2- CYPRES commun ( Cùpressus sempervi-
nes se contournent dans le pot , forment la rens, Lin.). — Petit arbre pyramidal, origi
boule , prennent une mauvaise direction , et naire de la Grèce, ne s'élevant guère qu'à la
lorsqu'on met l'arbre en place, elles ont de hauteur de 25 ou 30 pieds, et dont le tronc
la peine à s'attacher au sol , et à s'étendre au ne prend que 8 ou 10 pouces de diamètre sur
loin pour aller chercher leur nourriture. notre sol. Son bois est assez fin , plus beau
C'est un inconvénient que partagent tous les que celui du pin ; mais, lorsqu'on le travaille,
arbres qui sont restés long-temps en pot, et soit vert, soit séché depuis long-temps, il ré
qu'il n'est guère possible d'éviter dans le pand une forte odeur désagréable. L'usage
commerce des plantes. Si on les élevait en de cet arbre se bornera probablement tou
pleine terre , ils croîtraient plus vile et leurs jours à accompagner les tombeaux et à pro
racines seraient en meilleur état; mais les duire des scènes mélancoliques dans les
difficultés de les lever, de les faire voyager grandsjardins paysagers. Il aune variété dont
eu motte, et le danger qu'ils courraient à la les Lranches étendues horizontalement for
reprise, ont déterminé les pépiniéristes à ment moins la pyramide.
les élever toujours en pot. 3. GENEVRIER commun {Juniperus commu-
Les voyageurs ne nous ayant pas fait con nis, lin.) (fig. 68).—Celte espèce croit sponta-
naître la nature de la terre du Liban, nous Fig. 68
sommes obligés d'examiner la croissance
des cèdres plantés sur différens sols en
France, pour reconnaître celui qui est le
{)lus favorable à la végétation de ce bel ar-
>re; et l'examen apprend qu'il croît mieux en
bonne terre siliceuse , plus sèche qu'humide,
que dans toute autre terre. C'est donc dans
les sols de cette nature qu'il faut planter le
cèdre si l'on veut le voir bien végéter et qu'il
développe toute sa majesté au profit des ra
ces futures.
Pour planter un cèdre avec la plus grande
chance de succès, il faut faire un trou carré de
G pieds de diamètre et de 2 pieds { à 3 pieds de
profondeur, l'emplir d'un mélange composé
de 1/2 terre de bruyère , 1/4 sable siliceux
et 1/4 terre franche ou normale, et l'affaisser
modérément si l'on doit planter de suite.
Uépoque la moins dangereuse est la fin d'a
vril pour notre pays. La terre étant ainsi
44 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS, m
nément en France, et se trouve plus fréquem Depuis 3 ans seulement on a commence à le
ment \ ers le nord de Paris que vers le midi. On multiplier avec assez de succès par la greffe
la rencontre plus souvent dans les mauvaises en fente et herbacée sur le genévrier de Vir
terres que dans les bonnes ; c'est sur la pente ginie ; mais ce dernier genévrier n'étant
des collines calcaires, nues, exposées au nord, qu'un petit arbre, il ne pourra jamais four
qu'elle parait se plaire, et où elle se multi nir au genévrier d'Orient assez de nourriture
plie le plus, sous forme de petits buissons pour en faire un grand arbre. Peut-être que
hauts seulement de 3 à 4 pieds, tandis que les si on le greffait sur racine, il s'affranchirait
individus oui croissent en bonne terre dans et prendrait le développement qui lui est na
les bois s'élèventàla hauteur de 12 à 15 pieds. turel. Dans tous les cas, il vaudrait toujours
Le genévrier commun a les rameaux étalés , mieux en faire venir des graines de son pays
pendans ou inclinés, diffus ; les feuilles op natal, et le multiplier abondamment de se
posées 3 par 3, linéaires, piquantes, longues mis sur notre sol.
de 6 lignes, d'un vert sombre et foncé. Genévrier^ Virginie (Juniperus Virginia-
Ses fleurs, petites et de peu d'apparence, s'é na,Lin.). On appelle assez communément ce
panouissent en mai, et il leur succède de lui-ci cèdre, cèdre rouge, cèdre de Virginie. Les
petits fruits ronds, noirâtres, un peu charnus, crayons de plombagine sont enveloppés de
globuleux, de deux lignes de diamètre, mû son bois, qui est roiigeâtre et odorant. C'est
rissant en automne, d'une saveur très-aro un arbre qui, dans son pays, s'élève à la hau
matique, âcre, un peu amère, et dont on fait teur de 30 à 40 pieds sous une forme pyrami
usage en médecine et surtout en économie dale; mais ici on n'en connaît guère qui aient
domestique. Dans plusieurs départemens,les plus de 20 pieds de hauteur; ils sont très-
pauvres se fabriquent une boisson en mettant rameux, laissent pendre leurs branches flexi
une certaine quantité de fruits de genévrier bles, effilées, couvertes de très-petites feuil-
dans un tonneau avec de l'eau , et en remuant lées ternées, imbriquées, et beaucoup moins
le tout de temps en temps; il en résulte une longues et piquantes que dans le genévrier
liqueur piquante, aromatisée, qui d'abord ne commun. Les fleurs des individus mâles ré
parait pas agréable, mais à laquelle on s'ac pandent un pollen si abondant qu'il en ré
coutume. sulte un petit nuage jaunâtre lorsqu'on les
Le genévrier commun ne devenant jamais secoue. Les pieds femelles se chargent d'une
grand, son bois est ordinairement abandonné énorme récolte de fruits bleuâtres, moins
aux pauvres gens, qui en font des bourrées gros que des pois, et moins aromatisés que
pour brûler. Dans les endroits où il s'élève ceux du genévrier commun. On ne s'en esrt
en petit arbre, on l'exploite en merrains pour que pour multiplier l'espèce.
en faire des seaux et d'autres vases, qui du J'ai vu exploiter en planches des troncs de
rent très-long-temps, parce que ce bois est genévriers de Virginie crûs en France ; ils
incorruptible et d'un grain très-fin. Il est avaient 8 ou 9 pouces de diamètre; leur au
d'ailleurs d'un assez beau rouge qui s'avive bier était blanc, et formait à peu près le tiers
encore avec le temps. Je n'ai rien à dire sur de leur diamètre; le cœur était d'un aussi
la multiplication de ce genévrier, puisqu'on beau rouge, était aussi fin, aussi odorant, et
ne le cultive pas, et qu'on laisse à la nature se polissait aussi bien que celui qui nous vient
et aux oiseaux le soin de sa conservation. d'Amérique. Je pense donc que le cèdre ou
Genévrier d'Orient {Juniperus excelsa, genévrier de Virginie, qui jusqu'ici n'a été
Wild.).— Celui-ci est un grand arbre pyrami cultivé que comme arbre (l'ornement dans
dal, originaire des bords de la mer Caspienne, les jardins paysagers, pourrait se cultiver en
on il croit, selon Willdenow, dans les sols grand pour I usage de son bois. Son éduca
arides et pierreux. On ne le connaît guère en tion n'offre aucune difficulté. On en sème les
France que par quelques individus qui exis graines eu terre légère ou de bruyère à mi-
tent çà et la dans quelques jardins, et qui ombre; on repique le jeune plant à un pied
proviennent de graines envoyées de Madrid de distance pour le faire fortifier, et on le
par le docteur Ortega il y a environ 50 ans. met en place quand il a atteint la hauteur de
Mal heureusement ce peu d'individus se trou 2 à 3 pieds.
vent tous mâles ou stériles. Ce n'est même Parmi les autres genévriers qui peuvent se
que depuis très- peu d'années que l'on a porté cultiver en France, mais dont le bois n'est
quelque attention au seul pied de cette espèce de nulle valeur, je citerai seulement le Cade,
planté dans le temps au jardin-du-Roi à Pa Juniperus oxycedrus , qui fournit l'huile de
ris ; et comme si une fatalité le poursuivait, cade dans nos départemens méridionaux, et
il se trouve placé si près de l'endroit où la Sabine, Juniperus sabina, qui se reconnaît
l'on élève aujourd'hui (1834) un nouveau ca à son odeur forte et désagréable, et dont on
binet de minéralogie, qu'il n'est pas proba fait usage particulièrement dans la médecine
ble qu'il puisse être conservé. Le tronc de vétérinaire.
cet arbre a 15 pouces de diamètre sur une 4. MÉLÈZE ( Larix Europœa, Lin.; angl.
assez grande longueur; sa hauteur n'est guère LarcA. ) (fig- 69).— Cet arbre magnifique ne
3ne de 45 pieds , parce que. gêné, étouffe par croit naturellement que dans les Alpes, au-
es arbres voisins pendant sa jeunesse, il n'a dessus des chênes et des sapins, et dans le
pu jouir de l'air qui lui était nécessaire pour nord de l'Europe. Cependant on le mul
s'élancer selon sa nature; mais on voit assez tiplie facilement dans les plaines aux en
que sans ces inconvéniens il aurait formé un virons de Paris. Il est le seul avec le Cy
beau fût; et comme tous les genévriers ont près chauve, parmi les arbres conifères, qui
le bois précieux par leur couleur, leur den perde ses feuilles pendant l'hiver. Dans les
sité et leur force, on regrette que celui-ci ne Alpes, on en trouve dont le tronc a 6 pieds
soit pas par millions sur le sol de la France. de diamètre, sur une grande longueur, et qui
cfcAP. 3'. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 45
Fig. 69. terre, appartenant à sir John Saimclaib, sur
laquelle on a planté une immense quantité
de mélèzes il y a une soixantaine d années,
et que l'on estime aujourd'hui à 10 millions de
francs. D'après cet exemple, M. le comte nu
Rambi teau, préfet de la Seine, vient d'en
faire planter plus de 300,000 sur ses proprié
tés, dans des terres auparavant incultes et
sans valeur.
Les feuilles du mélèze tombent toutes à l'au
tomne, et se reDouvellentau printemps; elles
sont linéaires, longues d'un pouce, d'un vert
tendre, naissent par faisceaux sur les bran
ches d'un an et alternes sur les pousses ac
tuelles. On peut impunément tondre ou cou
per au rez du tronc toutes les branches
des gros mélèzes, comme on fait aux peu
pliers d'Italie, en ne conservant que la flèche ,
ils repoussent une quantité d'autres bran
ches qui semblent ranimer la végétation. Les
s'élèvent àl40 on ISO pieds de hauteur, droits fleurs sont monoïques, et les cônes qui leur
comme des flèches, sous une forme pyrami succèdent sont de la grosseur du pouce,
dale élancée, parce que leurs branches, éten longs de 15 lignes, et se tiennent verticale
dues horizontalement ou inclinées, sont fort ment. Quant au semis et à l'éducation du mé
courtes. Mais ces beaux individus naissent et lèze, ce sont les mêmes que ceux expliqués
périssent sur place, l'homme n'ayant aucun à l'article du Pin sylvestre. (Voy. ci-nevant.)
moyen de les en extraire. Quant à ceux éle 5. IF {Taxus baccata, Lin.) C%.70).— L'if
vés dans nos cultures, on n'en trouve encore
guère dont le tronc ait plus de 2pieds de dia Fig. 70.
mètre et s'élève à plus de 100 pieds de hau
teur. Cependant nous les trouvons fort beaux,
et fondons de grandes espérances sur eux ,
comme devant devenir propres à la haute
mâture. Le bois du mélèze passe pour incor
ruptible et avoir les qualités de celui des
meilleurs pins; il est tantôt blanc, tantôt
Iaunâtre ou coloré en rouge; on l'estime
teaucoup pour la charpente, pour toutes
sortes de constructions, etMALESHEnBES cite
des maisons, dans les Alpes, bâties en mé
lèze, qui avaient plus de 200 ans, et dont les
bois étaient si durs qu'il ne put y faire entrer
la pointe d'un couteau.
Outre de la résine, qui est toujours liquide,
et que l'on extrait en faisant des trous dans
le bas de l'arbre, le mélèze contient encore,
mais seulement au centre, dit Pallas, une
gomme semblable à la gomme arabique. La
manne de Briançon est une substance qui
suinte pendant la nuit des jeunes branches
du mélèze, et qui se concrète eu petits grains
blancs pendant le jour. Sa sortie est favorisée est un arbre originaire des montagnes du midi
parles piqûres d'un puceron; et quand les de l'Europe s il ne craint nullement les ri
abeilles en recueillent une partie, elle nuit à gueurs de nos hivers, mais sa croissance est
la qualité de leur miel. très-lente, et quoique avec le temps son tronc
Les plus beaux mélèzes du centre de la devienne fort gros, sa hauteur ne s'élève pas
France sont, je crois, ceux plantés sur la au-dessus de 30 à 40 pieds. Lorsqu'il croit en
montagne Saint-Martin-le-Pauvre, à Thury liberté, il affecte assez la forme pyramidale;
(Oise), vers 1790, avec nos pins indigènes et ses rameaux s'étendent horizonialenient et
ceux d'Amérique. Ils ne le cèdent en grosseur laissent un peu pendre leurs extrémités; ses
qu'aux pins du lordWeimouth ; mais ils sont feuilles sont très-nombreuses, alternes, dis
beaucoup plus hauts, et promettent une bien tiques, linéaires-lancéolées, aiguës, longues
plus longue existence. D'autres mélèzes plan de 6 à 8 lignes, d'un vert foncé très-som-
tés à Trianon dix ans auparavant sont moins bre ; on leur reproche de répandre une
gros et moins hauts. Il n'existe aucun jardin odeur nauséabonde capable d'incommoder
paysager qui ne renferme un certain nombre les personnes qui resteraient long -temps
de cet arbre, mais nulle part on n'en voit de sous leur ombre. Aux petites fleurs jaunâ
plantation considérable, quoique l'on con tres, dioïques et peu apparentes de l'if,
vienne que son bois est de beaucoup supé succèdent des fruits ovales, gros comme des
rieur à celui du pin sylvestre pour une infi pois, qui deviennent d'un très-beau rouge,
nité d'usages et pour sa plus longue durée. charnus, visqueux, et nue les enfant man
Cependanton cite une propriété en Angle- gent impunément sous le nom de morviaux.
46 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARRRES ET ARRUSTES FORESTIERS, trv. V.
Le bois de l'if a l'aubier blanc, peu épais, rée et propre aux constructions, est d'autant
et le cœur d'un beau rouge-orange, nuancé, plus estimé qu'il provient d'une espèce à
très-dur, très-lourd, d'un grain fin, incorrup plus grandes dimensions, qu'il a le grain plus
tible, prenant un beau poli, très- propre aux fin et offre plus de résistance aux agens des
ouvrages de marqueterie, de tour, et pour tructeurs. Jusqu'à présent, c'est dans le pin
plaquer des meubles; le croisement de ses sylvestre que les peuples de l'Europe ont
fibres le rend aussi très-propre aux ouvrages trouvé le plus de qualités utiles, et c'est par
de charronnage et à tous ceux où il faut du lui qu'il convient de commencer l'énumera-
liant et de la dureté. Cependant on ne plante tion des espèces susceptibles d'être mention
aucun if pour ces usages , et il n'en existe nées dans cet ouvrage. Pour les présenter
aucune forêt nulle part. Autrefois on le pro avec un certain ordre, on les divisera d'a
diguait dans les jardins d'agrément, où on le près le nombre de feuilles contenues dans
taillait sous toutes sortes de formes; mais, chaque gaine.
en abandonnant ces goûts bizarres, on a cessé
de multiplier l'arbre qui était le seul propre 1. Pins à deuxfeuilles.
à les satisfaire, et l'if est aujourd'hui assez
rare partout, quoique son bois soit toujours Pin sylvestre ( Pinus sylrestris , Lin.; angl.
estimé. Wildpine, Scotch pine; ail. Kiefer; ital. Pino),
L'if peut se multiplier de boutures faites Pin de Riga, pin de Russie, pin de Haguenau,
pendant l'hiver, à l'ombre et dans une terre pin de Genève, pin à mâture.—Cet arbre pré-
substantielle ; mais les arbres qui en pro
viennent ne sont ni aussi beaux ni ne s élè
vent autant que ceux provenus de graines. degrés de latitude nord
Cest par graines,qu'il donne assez abondam de l'Europe; aussi est-ce de ces régions que les
ment, qu'il faut donc le multiplier; on doit puissances maritimes le tirent de préférence
les semer aussitôt qu'elles sont mûres, afin à toute autre pour la mâture de leurs vais
que la plus grande partie lève le printemps seaux et pour diverses parties des construc
suivant; autrement elles seraient deux ou tions navales, civiles et militaires. Il faut
trois ans à lever. On fait le semis sur un bout croire qu'il s'y multiplie rapidement, car,
de planche à l'ombre, en terre douce et d'après l'immense quantité qu'on en tire
fraîche, et quand le plant a 3 ou 4 pouces de Chaque année depuis des siècles, le pays en
hauteur, on le repique à la distance de 8 à serait dépourvu s'il n'y croissait pas plus
12 pouces, et on le laisse grandir jusqu'à ce promptement qu'en France, et ne se repro
qu'il ait atteint la hauteur de 2 à 4 pieds, qui duisait pas plus abondamment par ses grai
est la taille la plus convenable pour le planter nes. On le trouve aussi dans les Alpes, les
enfin à demeure. Quoique l'if ne soit pas Pyrénées, les Vosges, en Auvergne; mais
difficile sur la nature de la terre ni sur 1 ex dans aucun de ces endroits on ne lui recon
position, il croît cependant mieux en bonne naît ni la hauteur ni les qualités de celui qui
terre à blé que dans toute autre. On a même nous vient d'au-delà du Rhin. C'est pour
remarqué que des ifs venus en terre très- quoi les économistes et les constructeurs en
calcaire avaient le bois moins bon que celui font une espèce distincte de ceux de la même
d'autres ifs venus en terre moins calcaire. sorte naturels ou élevés en France, tandis
Il existe quelques autres espèces d'if dont que les botanistes soutiennent que ces diffé
je ne parle pas? parce qu'elles ne peuvent se rences ne constituent que des variétés dues
cultiver en pleine terre sous notre climat. au climat et au territoire. Le gouvernement
6. PIN ( laL Pinus; angl. Fir; ail. Fichte ; en a fait venir des graines de Russie il y a
ital. Pino ). — Voici le genre le plus nom une trentaine d'années, et en a fait planter
breux en espèces, et le plus utile de la famille une petite forêt près de Rochefort, qui donne
des conifères. Les zones froides< des deux actuellement de grandes espérances. Des par
mondes en produisent des forêts immenses, ticuliers en ont planté aussi dans l'espoir
tandis que les pays chauds n'en montrent qu'il soutiendra chez nous la réputation qu'il
que quelques espèces particulières et en pe a dans le nord. La forêt de Fontainebleau en
tit nombre. Quelques-unes s'élèvent à plus contient maintenant à peu près 10 mille ar-
de 150 piedsde hauteur,et d'autres atteignent pens de différens âges, et dont le premier
au plus 12 ou 15 pieds d'élévation. Toutes semis a été fait avec des graines tirées en
ont les feuilles filiformes, longues de 2 pou partie de Russie en 1786; je dis en partie,
ces à 1 pied, réunies de 2 à 5 à la base par car on a semé en même temps et en mélange
une petite gaine; les fleurs sont monoïques, du pin maritime.
disposées en chaton, et le pollen des fleurs Pour que le pin sylvestre atteigne toute sa
mâles est si abondant, qu'emporté au loin hauteur, qui est de plus de 100 pieds, il faut
par le vent et tombant sur la terre, on l'a qu'il croisse en forêt et en futaie; alors sa
quelquefois pris pour une pluie de soufre. tige file droit comme un cierge et son écorce
Le fruit, appelé cône, est de différentes gros reste lisse et grisâtre; ses rameaux, ternés
seurs, selon les espèces. Les graines ne mû ou quaternés, forment des étages plus éloi
rissent qu'à la seconde année, et même qu'à gnés les uns des autres cl le bois du tronc en
la troisième dans le pin Pignon. Ces graines; est meilleur; ses feuilles, longues de 3 pouces
munies d'une aile plus grande qu'elles ( ex dans les jeunes plants bien venant, et lon
cepté dans le Pignon et le Cimbro ), sont fa gues seulement de 2 pouces sur les arbres
cilement disséminées au loin par les vents. adultes, sont d'un vert gris sombre, raides et
Toutes les espèces de pin produisent de la fort dures. Les fruits {fig. 71 ) sont petits,
résine oudu goudron en plusou moins grande plus courts que les feuilles, restent de la gros
quantité, et leur bois, toujours de longue du seur d'un pois pendant la première année,
chÀp. S*." ARBRES ËT ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. «,
deviennent plus gros que le pouce, longs de de le labourer assez profondément pour faire
20 à 24 lignes, et mûrissent leurs graines dans le semis de la même manière; mais l'expé
la seconde année. rience a appris qu'un semis de pins fait sur
Fig. 71. une terre profondément labourée réussit
moins bien que sur une terre qui n'a été , en
quelque sorte, qu'égratignée parce que plus
la terre est ameublie à une grande profon
deur, plus les gelées successives de l'hiver
la soulèvent, déracinent les jeunes pins et
les font périr. L'époque la plus critique pour
un semis de pins est le premier hiver, sur
tout quand la terre ne reste pas couverte de
neige pendant long-temps. Quand on a com
mencé à semer en pins de grandes parties de
la forêt de Fontainebleau, on labourait la
terre à grands frais, et jamais un quart du
semis ne réussissait, soit parce que la terre
se soulevait par les gelées pendant l'hiver,
soit parce que le jeune plant manquait d'a
bri. Le semis à la volée ayant encore d'autres
chances contre lui , il vaut mieux semer en
rayons dirigés de l'est à l'ouest, espacés entre
eux de 5 à 6 pieds. Dans ce cas, les uns con
seillent de planter au moins un an d'avance
des lignes d'arbustes et d'arbrisseaux dans
le même sens et à la même distance, et de
A l'inspection des pins sylvestres provenus semer ensuite les pins en rayons parallèles
du premier semis fait dans la forêt de Fon aux lignes d'arbustes et à 1 pied ou 15 pouces
tainebleau, il y a bientôt 60 ans, on peut pré- de distance du côté du nord, afin que l'ombre
des arbrisseaux protège le jeune plant des
ardeurs du soleil. D'autres conseillent de
a de la perte à l'abattre plus tôt planter des lignes de topinambour au lieu
dans un sol favorable. d'arbrisseaux. Alors les tubercules du topi
Climat, sol, exposition.—Cetarbre parai t ne nambour peuvent se mettre en place seule
pas pouvoir atteindre toutes ses dimensions ment 8 ou 15 jours avant qu'on exécute le
dans les plaines à une latitude plus sud que semis de pins, ou bien en même temps. Leurs
l'ouest de la France. Si on le trouve prospé tiges et leurs feuilles, se renouvelant à cha
rant dans les Alpes et les Pyrénées, cela tient que printemps , protégeront le jeune semis
à la hauteur des lieux. Un sol sablonneux , pendant plusieurs années, et fourniront une
pierreux, plus sec qu'humide, lui suffit; ce quantité prodigieuse de tubercules précieux
pendant il est loin de refuser ce que nous pour la nourriture des bestiaux. Pendant ce
appelons bonne terre légère. Les montagnes temps, l'intervalle entre les lignes pourra
siliceuses ou granitiques, qui laissent des être cultivé en légumes, pommes-de-terre
roches à découvert, lui conviennent beau ou autres plantes. Mais si la terre, au lieu
coup; là ses racines, naturellement courtes d'être nue, était couverte d'herbages et d'ar
et menues, s'alongent de 20 à 25 pieds, de brisseaux, on ouvrirait des rigoles profondes
viennent grosses comme le bras, courent et de 4 ou 5 pouces, larges de 7 ou 8, dans la
serpentent le long des roches, qu'elles sem direction et à la distance indiquées , et on
blent affectionner pins que la meilleure terre. sèmerait la graine de pin dans le fond des
J'ai découvert et constaté cette singularité rigoles. Les herbages et les arbrisseaux pro
dans la forêt de Fontainebleau, où les roches tégeraient suffisamment le jeune plant. Ce
et les pins ne manquent pas. Quant à l'expo dernier procédé est employé avec succès dans
sition, celle du nord lui est le plus favorable ; la forêt de Fontainebleau, concurremment
mais sur les hauteurs, elle lui devient moins avec un autre moyen encore plus économi
nécessaire. que, qui consiste à semer à la volée les
Semis en place. — Tous les auteurs con graines de pin sur et au-travers des bruyères,
viennent que pour former un bois de pins et de donner la bruyère aux pauvres gens du
ou pour en couvrir un grand terrain, la pays à condition qu'ils l'arracheront de suite.
meilleure manière serait d'y faire un semis Les graines se trouvent suffisamment en
de graines de cet arbre; mais on n'est pas terrées par l'arrachage des bruyères, et le
d'accord sur le meilleur procédé à employer i'eune plant assez protégé par les her-
pour réussir le plus complètement possible. les qui restent et par les petits monti
Si le terrain est entièrement nu, les uns con cules de terre produits par l'arrachage. De
seillent de le labourer peu profondément, ?[uelque manière que l'on sème en place, il
et au printemps, d'y semer a la volée des aul tâcher que les graines ne soient guère
Î;raines de pin et de l'avoine ; cette dernière, qu'à 5 ou 6 pouces 1 une de l'autre; car, en
evant promptement , protégera le jeune supposant que toutes lèvent, il périra tou
plant de pins contre les ardeurs du soleil jours beaucoup de jeunes plants pendant la
pendant 1 été. Dans ce cas, il faut semer l'a première et la deuxième année.
voine clair et la laisser périr sur pied. Si, au Semis en pépinière. — Quand des difficul
contraire, le terrain était couvert d'herbages tés ou quelque raison ne permettent pas
et d'arbustes, on ne pourrait se dispenser d'exécuter le semis en place , on fait le se
48 AGRICULTURE FORESTIÈRE : AR] RES ET ARBUSTES FORESTIERS. Lrf. v°.
mis en pépinière, c'est-à-dire dans un lieu avec une grande partie de la terre qui est
très-circonscrit, en bonne lerre douce, lé entre leurs racines, et on va les placer dans
gère, à l'exposition du nord ou ombragée, les trous qui leur sont préparés. Cette fois-
sans cependant que la circulation de l'air ci il est rarement besoin d'arroser ; mais,
Jsoit interceptée. On laboure et on ameu- pendant les 2, 3 ou 4 ans que ces jeunes
lit bien la terre, on en nivelle la surface, arbres peuvent rester en place, on les entre
on y sème en avril les graines de pin à en tiendra nets par de légers labours et des
viron un pouce de distance, et on les re sarclages.
couvre immédiatement de 3 ou 4 lignes Plantation en place. — Les pins qui ont
d'épaisseur de terreau , ou mieux encore de subi les deux opérations que je viens de dé
terre de bruyère. Les soins de toute l'an crire n'ont presque plus de danger à cou
née se borneront ensuite à quelques arro- rir lorsqu'on les plante définitivement en
semens quand la terre devient trop sèche. place, parce que leurs racines seront moins
On laisse ordinairement le semis 2 ans sur longues, beaucoup plus ramifiées, et qu'on
place, mais lorsqu'il réussit parfaitement on est sûr de pouvoir les enlever avec une motte
peut le repiquer à l'âge d'un an. plus ou moins considérable, ce qui est une
Premier repiquage.— Soit que l'on repique grande sécurité pour le planteur. —Pendant
à l'âge d'un an ou de 2 ans, c'est toujours en les 2, 4, et même 6 années que les jeunes
avriiou mai, quand les pins entrent en sève, pins peuvent rester dans cette position sans
qu'il faut les repiquer. A cet elfet on pré souffrir, on a le temps d'aviser aux moyens
pare par un bon labour, à la bêche ou à la de préparer le grand terrain où l'on veut
noue, l'étendue de terrain nécessaire; on définitivement les voir figurer, soit en ave
soulève les plants en passant obliquement nue, soit en quinconce, en massif ou en fo
une bêche au-dessous de ses racines; on les rêt. Si l'on plante les pins de l'une des deux
met dans un panier sans en secouer la terre, premières manières, c'est évidemment dans
et on va sans perdre de temps les repiquer la vue de n'en retirer que de l'agrément
en lignes, à la distance de 12 ou 15 pouces ftendant longues années; alors on espacera
l'un de l'autre, dans la terre préparée. Un es arbres à 20 pieds l'un de l'autre. Dans le
temps couvert est le plus propre pour cette troisième cas, on peut avoir le même point
opération, et on donne un verre d'eau à de vue que dans les deux précédens, alors
chaque plant pour l'attacher à la terre où on plantera à la distance de 15 à 20 pieds; ou
il restera pendant 2 ans, et recevra un la bien on peut vouloir en tirer profit en peu
bour chaque année et les sarclages néces d'années, alors on plantera à la distance de
saires. Le repiquage a l'avantage de multiplier 6 pieds. Quant à la plantation d'un grand
les racines du jeune plant, et d'augmenter bois ou d'une forêt de pins, c'est le profit
les chances de succès lorsqu'il faudra le plan qu'on a droit d'en attendre qui doit être le
ter définitivement à demeure. Ce n'est pas premier mobile; et pour que les frais puis
que du plant non repiqué ne puisse jamais sent rentrer le plus tôt possible en attendant
réussir; mais, quand les années ne sont pas le profit, il convient de planter les arbres à
favorables, il en meurt une grande partie. 6 pieds l'un de l'autre et en lignes. — Lors
J'ai moi-même planté avec le plus g^rand suc que les jeunes pins de la pépinière ont 4 ou
cès des pins sylvestres, hauls de 8 a 10 pieds, 5 pieds de hauteur, il faut penser à les
pris dans la forêt de Fontainebleau, qui n'a planter à demeure. Pour cela on leur prépa
vaient jamais été repiqués; mais il m a fallu rera des trous profonds de 18 pouces sur 3
employer des soins minutieux et des pro pieds de face s'ils sont carrés , ou 3 pieds de
cédés dispendieux impraticables dans une diamètre s'ils sont ronds, et on rejettera de
grande plantation. la meilleure terre dans le fond des trous
Deuxième repiquage.—Cette seconde opé pour les réduire à la profondeur de 12 ou
ration ne peut pas être un repiquage propre 14 pouces. Cette opération peut, ou plutôt
ment dit , c'est une transplantation , mais je doit se faire six mois, un an avant l'époque
conserve le mot consacré par l'usage. Le se de la plantation, afin que la terre s'ameu
cond repiquage n'est pas même toujours blisse et se bonifie. Quoiqu'on cite des exem
exécuté dans l'éducation des pins; cepen ples de plantations faites à l'automne qui
dant, comme il contribue à augmenter le ont bien réussi, il est toujours prudent de
nombre et les fibrilles des racines, c'est tou ne planter les arbres résineux qu'au mo
jours une bonne pratique de l'exécuter. C'est ment où ils entrent en sève. Quand on les
même sous ce point de vue que j'ai conseillé sort de terre- plus tôt , leurs racines très-
de faire le premier repiquage à 12 ou 15 menues s'altèrent, pourrissent, et meurent
pouces de distance, car autrement il fau en partie avant que la végétation vienne
drait l'espacer davantage. Quand le premier pour les ranimer dans leur nouvelle posi
repiquage a 2 ans ou même 3, s'il n'a pas crû tion. Si l'on a beaucoup à planter, il faut
avec vigueur, on prépare, par un labour multiplier les bras pour que le tout soit ter
convenable, un terrain double en étendue miné en 8 ou 15 jours, en temps opportun.
de celui qui le contient, et on y ouvre, à 4 Les trous étant préparés, on lèvera les pins
pieds de distance, des trous de 8 à 9 pouces de la pépinière, en prenant bien garde d'en
de profondeur sur 1 pied de largeur, disposés dommager ni de raccourcir leurs racines,
en lignes à 2 pieds 1 un de l'autre, et de ma- entre lesquelles il devra rester beaucoup de
nièreà former l'échiquier; ensuite,et toujours terre, et on les transportera aux trous qui
en avril ou mai, quand la végétation sem leur sont destinés pour les y planter avec les
ble commencer, on passe une bêche sous les soins requis par l'expérience.
racines desjeunes pins, on les soulève par une Manière de soigner et d'utiliser un semis ou
pesée, ou les enlevé eu motte, ou du moins une plantation de pins pendant les premières
CHAP. 2*. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 49
années. — Les jeunes pins, une fois à de lui-ci forme de grandes forêts en Ecosse ; on
meure, n'ont plus besoin de culture propre l'indique aussi comme croissant naturelle
ment dite, parce que leur ombre fait mou ment dans les Alpes et dans les Pyrénées; les
rir les herbes qui se trouvent à leur pied; uns le considèrent comme une espèce distinc
mais si des arbrisseaux s'élevaient au-dessus te, et les autres comme une variété du pin
d'eux, il faudrait les en débarrasser. Dans sylvestre. Le fait est qu'on ne peut l'en distin
un semis à demeure, les individus sont tou guer par aucun caractère de quelque valeur,
jours beaucoup plus nombreux que la place et que ses légères modifications ne sont dues
et l'air ne le comportent, et les gros font mou qu'au climat. Les Anglais en font les mêmes
rir les petits, après en avoir souffert eux- usages que nous du pin sylvestre.
mêmes pendant quelque temps. 11 vaut donc Pin horizontal {Pinus horizontalis). Au
mieux couper les petits rez-terre avant qu'ils tre variété remarquée depuis très-peu d'an
soient étouffés, et en faire des bourrées, nées parmi la précédente dans les forêts de
afin que les grands croissent plus à leur aise; l'Ecosse. On la dit supérieure par les qua
et, en répétant cette opération tous les 2 ou lités de son bois, et divers auteurs l'ont déjà
3 ans dans le commencement, et à de plus préconisée. Elle est encore inconnue eu
longs intervalles dans la suite, on prélude France.M. Soulange-Bodin l'a introduite de
à rentrer dans ses frais. Cette espèce d'é- puis peu dans ses vastes pépinières.
claircie, qui fait partie de l'aménagement des Pin mugho {Pinus uncmata, De C.). Cette
forestiers, s'appelle jardiner, éclairci en jar espèce croit dans les Alpes et lesPyrénées,où.
dinant, et convient parfaitement aux pins. elle ne s'élève qu'à la hauteur de 12 ou 15 pi.,
Elle se répète aussi souvent que les arbres et par conséquent ne mérite pas la culture.
paraissent se gêner réciproquement en crois Pin nain {Pinus pumilla, WaldsL). Croit
sant trop près les uns des autres; toujours daus le Jura, et mérite encore moins la cul
on coupe près de terre les mal venant, les ture que le précédent.
Elus faibles, pour faire de la place aux plus Pin d'Alep {Pinus halepensis, Desf.). Arbre
eaux, aux plus élevés, jusqu'à ce que ceux- peu garni . assez élégant, haut de 25 à 30
ci soient à 20, 25, 30 pieds les uns des autres, pieds, feuilles longues et fines, d'un vert
qu'ils jouissent de tout l'air convenable, et glauque, réunies par deux ou par trois dans
que rien ne les empêche d'atteindre le maxi la même gaine. Il croit sur les deux rivages
mum de leur croissance. Pendant ces lon de la Méditerranée, en Provence, en Syrie et
gues années on retire d'un semis ou d'une en Barbarie. De Caudolle dit que c'est de lui
plantation de pins en forêt, des bourrées, qu'on tire exclusivement le goudron en Pro
des fagots, du bois à briller, du bois de char vence. Il est plus du ressort des jardins
pente, du goudron, en attendant que les gros paysagers que de la grande culture
arbres soient eux-mêmes en âge d'être abat Pin pignon {Pinus pinea, Lin.). Cette es
tus avec le plus grand profit. pèce croit dans les parties méridionales de
Cette manière de semer et planter le pin l'Europe, et on la cultive peu en Fi ance. Son
sylvestre, d'en éclaircir le bois ou la forêt, tronc devient gros, mais sa hauteur ne parait
est applicable aux autres pins indigènes à pas devoir dépasser une cinquantaine de
grande dimension, aux exotiques, lorsqu'ils pieds, car il se forme naturellement une tête
ne craignent à aucun âge les rigueurs de nos hémisphérique fort large, qui ne lui permet
hivers, au mélèze, au sapin et à l'épicéa. Si pas d'alonger sa flèche. Son écorce, à un
quelques-unes de ces espèces réclament de certain âge, présente des stries en hélice qui
petits soins particuliers ou moins de précau indiqueraient que le bois de son tronc est
tions, j'en avertirai à leur article, comme je tors, ce qui lui donnerait une grande force.
renverrai à celui-ci pour les généralités de Aussi Olivier dit-il qu'il sert exclusivement
leur culture. de mâture à la marine turque. Ses feuilles sont
Pmd'Écosse {Pinus rubra,Yf\\\.) (Jîg.72).Ce- plus longues et d'un plus beau vert que celles
Fig. 72. du pin sylvestre, et ses cônes {fig. 73) , gros
Fig. 73.
AGRlCinUHE. TOME I\ . — 7
«0 AGRICULTDRÉ FORESTIÈRE : AR] tES ET ARBUSTES FORESTIERS, liv v.
commele poing, renferment desgraincs de la des pins maritimes de la forêt de Fontaine
grosseur d'une pistache, qui sont trois ans h bleau ; mais les rameaux n'ont pas souffert.
mûrir, et dont l'enveloppe osseuse et très- Ce ne serait donc pas snns danger que l'on
dure renferme une amande bonne à man exécuterait de grands semis en place pour
ger. Cet arbre est d'une croissance lente en en former un bois au nord de Paris; il vau
hauteur, et ses jeunes semis craignent nos drait mieux semer en pépinière et repiquer
gelées fortes pendant ! ou 3 ans, et ensuite ensuite, comme il est dit à l'article du pin
Tes bravent assez bien. sylvestre. On donne au pin maritime une ou
Pli» maritime (Pinus maritima, Lin.). Le plusieurs variétés sous les noms de pin pin-
pin maritime croît abondamment dans les sot, pin du Mans, pin à trocket ou à grappe,
landes de Bordeaux et le long de la Médi petitpin maritime, qui ne méritent pas d être
terranée; sa végétation est magnifique, et signalées dans cet ouvrage.
pendant sa jeunesse il est très-beau par ses Pin des Pyrénées [Pinus Pyrenaica, De C.),
nombreuses feuilles longues de 5 ou 6 pouces Pin écailleux {Pinus squamosa, Bosc). Sont
d'un vert tendre et très-grosses. Ses cônes deux pins encore inconnus dans nos cultu
(Jig. 74), gros et longs de 4 pouces, servent res; l'un se rencontre dans les Pyrénées et
Fig. 74. l'autre dans les Basses-Alpes.
Pin de Corse (Pinus laricio, Lin.). Celui-
ci est très-préconisé parmi nous, et sa cul
ture en grand est vivement conseillée par
les meilleurs écrivains. C'est un arbre ma
gnifique, non moins droit que le pin syl
vestre, et qui le surpasse en grosseur el
en élévation. Il est tout aussi rustique, et
son éducation est absolument la même;
ses feuilles, plus longues et tourmentées, lui
donnent un aspect plus agréable; ses fruits
(fig. 75 ) sont également plus gros et plus
Fig. 75.
CHAPITRE IU. —
La formation des bois et forêts a lieu de pratiquer dans les intervalles laissé» par les
2 ma nières : par l 'ensemencement des grai nés; enseii.cncemens naturels.
par la plantation de jeunes plants déjà for Lorsque ces arbres ont rempli leur» fonc
més. tions, on les «bal successivement, avec un
L'ensemencement est naturel, ou artifi profi l plus considérable, et sans crainte qu'en
ciel. La plantation est toujours un fait de tombant ils ne détruisent la recrue.
culture et ne peutélre qu'artificielle. Quant à Vensemencement naturel des bois
L'ensemencement naturel a produit arigl. d'arbres résineux, il faut se régler d'après
nairement toutes les forets, et il peut su flin: le principe de la différence essentielle des
à réparer leurs pertes naturelles pendant un propriétés des forêts de pins, de celle des
temps indéfini. Elles conservent, dans celte forets de sapins et d'épicéas situées sur les
condition et pendant celte période, Je nom montagnes.
de forêts naturelles. On a lieu de craindre, sur les montagnes
Les semences qui tombent des arbres lors et dans le» forêts d'épicéas que l'on éclaircit,
de leur maturité assurent donc, sans le que les vents ne renversent les réserves dans
secours de l'art, l'entretien naturel et la per des cantons entiers ; maison ne doit pas
pétuelle durée des forêts. Ces arbres s'ap avoir cette crainte à l'égard des réserves de
pellent porte-graines. Il faut, dans l'exploita pins sauvages. Tous les ans, celles-ci répan
tion économique des bois, savoir ménager dent en plus ou moin» grande quantité dans
cette ressource précieuse. Les arbres porte- les champs, leurs semeuces ailées auxquelles
graines garantissent eu outre contre l'ardeur elles donnent, dès qu'elles sont levées, les.
du soleil, les sécheresses, les vents, les gelées et abris et l'ombre que la nature légère du
la crue desherbes nuisibles, les plants régéné sol de» forêts de pins leur rend si néces
rateur» provenant des graines qu'ils ont pro saires.
duites et répandues sur la terre. Pour favoriser le repeuplement naturel
des forêts de pins sauvages, il convient du
Section i**. — Forêts naturelles. n'abattre annuellement qu'un tiers de la
coupe, sauf, pour avoir la même quantité de
L'ensemencement naturel se fait différem bois, a entamer trois coupes à la fois. L'an
ment dans les forêts de boisfeuillus, et dans née suivante, on exploite dans la même pro
les bois d'arbres résineux, et veut ainsi élre portion, tant sur ces trois coupes que sur une
particulièrement étudié el conduit dans l'un nouvelle coupe annuelle. Quand, par suite
et dan» l'autre cas. de ce procédé, la première coupe se trouve
Les bois feuillus ou à feuilles caduques ensemencée, on y enlève peu à peu les ar
Corient, ou des semences pesantes qui tonn bres à semence, avant que leur exploitation,
ent directement autour de leurs pi eus,ou des puisse nuire au jeune bois. Eu suivant d'an
semences légères que les vents emportent à née en année l'ordre établi pour la première
une certaine distance, on enfin des semences coupe, l'on parviendra à le» repeupler sans
ailées qui se disséminent facilement au loin. frais considérables pour le» ensemencemens,
Les semences pesantes ont besoin d'élre surtout si on a eu égard aux années fertiles
plus enterrées que les semences légères. en graines pour mettre les coupes en dc-
La connaissance de ces propriétés des fens.
graines apprend quelle est, pour chaque es Les ensemencemens naturels ne sont qu'un
pèce,l'étendue des repeuplemens naturels en secours léger et incertain pour le repeuple
jeunes plants qu'il est permis d'attendre des ment naturel des forêts depicéas, qui sont
arbres porte - graines, et par conséquent souvent plusieurs années sans produire de
quel est le nombre de ces arbres à conser graines fertiles. On le» favorisera, autant
ver, lors des exploitations, pour faire tour que possible, en évitant que les coupes ne
nerait profit des repeuplemens naturels tous livrent passage aux vents de l'ouest, et en
les avantages offerts par la nature. leur donnant une forme demi-circulaire,
Pouraider les porte-graines à bien effectuer puisque les terrains exploités doivent être
les ensemencemens, il y a seulement quel ensemencé» par la partie de la forêt qui est
ques soins à prendre, tels que la préparation encore en massif, et non à l'aide de baliveaux.
du terrain à recevoir la semence, une légère Mais il faudra surtout avoir recours aux «ta
culture, la mise en défense du canton et d'un ~ mencemens artificiels
i artificiel qu'il peut être Quand lesforêts de sapins •« trouveront à
68 AGRICULTURE FORESTIERE : PLA.NTATION DES FORETS. liv. t.
Ïieu près également mêlées d'épicéas, il faudra mide et une température fraîche qu'on lui
eur appliquer le mode d'aménagement indi- procure en l'élevant d'autant plus au-dessus
3né pour ces derniers. Mais, vu les propriétés du niveau de la mer. Comme il retrouve l'une
iverses de chacune de ces espèces d'arbres, et l'autre dans les lieux bas et très-humides,
et les différentes qualités de leursgraine», iné marécageux même, l'expérience a prouvé
gales en pesanteur et en durée, il faut les 3u'il s'accommodait très-bien de celte sorte
traiter suivant la méthode indiquée pour les 'exposition. Il ne faut pas un aussi bon
pins, d'après laquelle on ne doit pas faire fonds aux arbres à racines traçantes et super
de coupes à blauc-étoc, et prendre succes ficielles, qu'à ceux dont les racines pivotan
sivement le bois dont on a besoin dans un tes et perpendiculaires vont chercher la
canton déterminé, mais en en favorisant le nourriture a une grande profondeur. Il faut
repeuplement. placer à l'abri des vents violens qui régnent
Le repeuplement des forêts de mélèzes sera au bord de la mer et désolent certaines con
au contraire soumis aux principes indiqués trées, les arbres dont la cime branchue et le
pour celui des forets d'épicéas. feuillage épais donnent trop de prise à leur ac
tion. 1 es bois propres au chauffageauroiit tou
Section n. — Forêts artificielles. jours l'emploi de leurs produi ts assuré dans les
Ï>ays de minerai et de hauts fourneaux, et à
Les forets artificielles proviennent de se a portée de diverses usines dont les produits
mis ou de plantations faits par la inain des se traitent par le feu, comme les verreries. 1 .es
hommes. bois blancs, donnant de la volige, seront em
Les endroits qui sontprivés delà ressource ployés aux emballages de ces etablisseniens,
des ensemencemens naturels, ainsi que tous et, portés près des rivières et des canaux, ils
les terrains vides destinés à la culture des bois, pourront arriver sans trop de frais vers les
rentrent dans le domaine de l'art, auquel il points où la consommation eu sera assurée.
appartient de les peupler. Cet art forme le Les boisqui donnent descercleset des écbalas
premier et principal objet de la science fo seront d'un revenu certain dans les pays de vi
restière. Ses moyens sont : 1° les semis; 2" les gnobles. Les pins donnant de la mâture, des
plantations. pièces propres aux constructions navales, et
Aat. 1er. — Des semis. des produits résineux, à la portée des ports
de mer, offriront une source de richesse à
Les semis artificiels ont pour objet de rem des contrées frappées d'une stérilité immé
placer les arhrvs à semences. Ces semis au moriale.
ront un succès aussi heureux et plus uni § II. — Bonté des semence*.
forme que les ensemencemens naturels, s'ils
sont bien dirigés. Les méthodes les plus sim- Le succès de tout semisdépend essentielle
Ïiles et les moius coûteuses sont, dans tous ment de la bonté des semences; il y a S con
es cas, les plus sûres, si elles imitent la mar ditions principales pour qu'une graine soit
che de la nature et sont employées avec la bonne ei propre à germer.
prudence convenable. Ainsi , pour les semis La 1" est d'avoir pris complètement sa
artificiels, on doit s'occuper principalement: forme sur la mère plante, et d'avoir reçu,
1° de choisir les essences convenables; 2° de par une fructification convenable, un germe
s'assurer de la bonté des semences; 3° de s'en fertile. Chaque graine, bien mûre et bien
procurer une quantité suffisante; 4" de choi formée, doit avoir 3 pièces essentiel les, savoir:
sir et préparer convenablement le terrain; une enveloppe extérieure et une intérieure,
5° de saisir le temps propre aux eusemence- une amande, et un germe qui est le rudiment
mens; 6° d'enterrer la semence de manière de la plante future.
à ce qu'elle ne soit ni trop ni trop peu recou La 2e condition est d'être parvenue à un
verte; 7"enGn, d'examiner si l'entreprise degré convenable de maturité. La maturité
doit se faire en grand ou en petit. se reconnaît lorsque le fruit, la capsule ou le
§ I**.— Choix des essences. cône qui la renferme a acquis tout son déve
loppement; qu'elle contient elle-même et a
Les semis en çrand doivent toujours se l'état sain les parties huileuses et farineuses
faire avec des espèces de bois dont le mérite qui lui sont propres; que l'amande en est
est reconnu dans l'économie forestière, et bien formée et de la couleur et odeur qui lui
qui conviennent le plus aux besoins du pays sont propres; et, pour la plupartdes bois,lors-
et à la nature du terrain. 11 serait contre toute 3ue cette semence se détache naturellement
raison d'infester les forets des essences les e l'arbre.
moins utiles, et de néglig'-r celles qui ont La 3* condition dépend d'une bonne mé
toujours eu ou qui promettent un succès et thode de récolte et de conservation.
des avantages assurés. Les bois résineux se De la récolte. — Les semences doivent être
ront confies aux sols légers, sablonneux, récoltées fraiches et mûres, et être à l'instant
couverts de bruyère, en ayant égard à la dis étendues spacieusement dans des endroits
tinction qui. doit être faite entre les pins aérés, ou on les remue souvent pour les faire
proprement dits, les sapins*, les épicéas, les sécher, leur donner un dernier degré de ma
mélèzes, et entre les résineux indigènes et les turité, et empêcher par là qu'elles ne s'é
résineux exotiques. Le pin du lord, par exem- chauffent et ne se corrompent. — On doit
Ïde, s'élève dans les terrains bas, frais et pro- avoir recoursà ces moyens, soit que la graine
onds de l'Amérique septentrionale, et le Pi- doive être semée tout de suite, soit qu'elle
nus pungens croit sur des plateaux secs et doive être conservée.
élevés. Il faut au mélèze une atmosphère hu- Dans ce dernier cas, la conservation, cha
CHAP. S*. FORETS ARTIFICIELLES; SEMIS.
que espèce de graine demande un traitement du jour donnera plus de chances de succès.
particulier; mais pour toutes les graines on On pourra aussi protéger la levée des graint
doit avoir l'attention de prévenir, par les par des abris artificiels, susceptibles d'être
moyens appropriés, dont la stratification appliqués même à de grandes surfaces. Les
( voy. t. III, p 3) est le plus efficace, la trop vents de l'ouest et l'ardeur du sole il couchant
grande déperdition des fluides qu'elles con frappant un sol déjà desséché parla chaleur
tiennent, et d'empêcher qu'elles ne fermen du jour , non seulement font beaucoup de
tent, ne se pourrissent ou ne germent trop tort aux grands semis, mais aussi aux grands
tôt. arbres; on protège le semis contre leur ac
tion, soit en se servant de rideaux de grands
% III. — Choix et préparation des terres. !" arbres, quand cela est possible, soit en mê
lant aux graines des espèces dures et lentes
Choixdu terrain.—La terre, considérée sous à croître, des graines d'arbustes qui poussent
certains rapports généraux, est susceptible vite et vivent peu, comme les genêts, soit en
de nourrir des plantes dans chacune de ses semant ou plantant des zones de grands ar
expositions élevées, moyennes ou basses, et brisseaux que l'on fait courir du nord au
quelle qu'en soit la température; mais dans sud, et à l'est desquels on pratique les semis,
la culture artificielle, il est nécessaire d'étu quand ces espèces de haies peuvent com
dier le rapport de chaque espèce de plante mencer à les abriter et les défendre , soit
avec chaque espèce de terre, chacune se enfin en divisant le terrain en larges plate-
lon si nnture, son exposition et le climat. bandes au moyen de haies saches dans les
Ces généralités ont été traitées ailleurs. ftays où l'on peut se procurer à bon marché
( Voy. tom. I", p. 21 et suiv.) La situation d'un e menu bois propre à leur confection.
terrain a toujours une influence marquée Préparation du terrain. Lorsqu'on a choisi
sur la propriélé des terres, et par conséquent judicieusement l'espèce d'arbre qu'il con
sur la réussileet l'accroissement des arbres. vient d'établir dans une localité déterminée,
Les différences de situation produisent des d'après la nature du sol et les différentes
fonds tantôt très -humides et aquatiques, circonstances locales, on doit s'occuper de
tantôt moyennement humides, tantôt secs mettre le terrain en état de recevoir la se-
et arides. Quand il est question de la cullure mence, d'en favoriser la germination, et de
des arbres, on doit entendre par terrain hu fournir aux jeunes plants la nourriture dont
mide celui qui, toujours frais dans le temps ils ont besoin. Pour assurer au semis tous
le plus sec, n'est cependant pas habituelle ces avantages, il faut semer la graine dans
ment aquatique, car s'il conservait de l'eau une terre fraîche et nouvellement remuée,
à sa surface pendant tout l'été, il serait im de manière qu'elle puisse facilement y ger
propre, non seulement à toute espèce de se mer, s'y étendre et s y nourrir.
mis, mais encore à la plupart des plants fores On atteint ce but en cultivant la surface
tiers. du terrain, opération où les méthodes les
Les terrains médiocrement humides quand plus simples et les moins coûteuses sont tou
ils ne sont pas trop glaiseux et compactes, jours les plus naturelles et par conséquent
favorisent beaucoup Te développement des les meilleures.
graines et la nutrition des jeunes plants. Un terrain exempt de racines et de pierres
Mais , par la suite, ils influent sur la qualité admet la culture à la charrue {voy. 1 article
des tissus ligneux, et peuvent donner des bois Défrichemens, t. 1", p. 113), qui est la plus
moins bons dans leurs emplois économiques. expéditive et la plus économique ; mais,
Les terrains secs, quand ils ne le sont pas jus quand le terrain n'est pas dans cet état, il
qu'à l'aridité, donnent en général des bois faut avoir recours à la main des hommes
meilleurs.Les succès des semisqu'on leur con pour le faire remuer à la pioche ou à la
fie exigent quelques préparations de culture houe. Celte opération se fait de deux maniè
ayant pour objet de rendre et demaintenir la res : la première consiste à labourer toute la
surface du sol plus meuble et le dessous plus surface du terrain à la pioche ou à la houe,
frais. Mais les premières difficultés passées, et à le mettre dans l'état où il serait si des
les plants, plus endurcis, se soutiennent cochons y eussent passé; la seconde, à enle
mieux que dans l'autre cas contre les in ver le gazon à la houe par bandes alternées.
fluences atmosphériques. Les semis réussis On doit encore employer la pioche pour fa
sent bien à l'exposition du nord, parce que voriser par le simple remuement du sol les
le mouvement de la sève, qui est plus tardif repeuplemens naturels.
et plus lent, s'arrête plus tôt, et qu'ainsi les
jeunes plants sont mieux préservés des at § IV. — Quantité de semence à employer.
teintes des gelées tardives du printemps et
précoces de l'automne. La terre s'échaufje L'insuffisance des graines ne donne pas
passablement à Fest, mais les gelées tardives lieu d'espérer un semis fourni ni une crois
peuvent faire beaucoup de tort aux plants. sance convenable, en ce que les arbres, trop
Le midi, surtout quand ie pays est ouvert éloignés entre eux. étalent beaucoup leurs
et la chaleur excessive, offre de grands ob branches. La surabondance, au contraire,
stacles au succès des grands semis, si l'on outre une dépense inutile, donne des jeunes
n'a pasipu y di-séminer l'ombre en conser plants trop pressés, qui ne peuvent éten
vant çà et lit de grands arbres, et en conser dre convenablement leurs racines, s'élancent
vant des rideaux debois du côté du sud.Mais, en hauteur sans prendre de corps, et s'étouf
lorsqu'il se trouve à quelque distence quel fent entre eux en grande partie. Il ne faut
que montagne qui projette au loin son om donc répandre ni trop ni trop peu de graines,
bre, le côté qui en jouira pendant une partie et se régler d'après la nature du terrain,
W AGRICULTURE FORESTIÈRE : PLANTATION DES FORETS. uv. v.
celle du bois qu'on veut créer et la qualité dans du sable sec ou dans une fosse pro
reconnue de la semence. SI la semence est fonde. On sème du gland à trois intentions :
bonne et le terrain bien préparé, il y aura 1* pour repeupler une vieille forêt de chêne
lieu de semer d'autant inoins dru qu'il se qui conserve encore des moyens d'ensemen
présentera alors plus de chances de succès. cement naturel. Ali>rsonse contente de faire
La règle à suivre est donc de semer modéré herser les endroits qui ne peuvent recevoir les
ment qmnd la graine est bonne, le terrain semences qui tombent des arbres, puis on y
bon et bien cultivé; de doubler quelquefois fait un semis à la inain pour lequel on em
la semence dans lé cas contraire, et en gé ploie envirou 60 décalitres de glands par hec
néral de n'employer dans les semis par tare, quand on peut compter qu'il en est
rayons que les deux tiers au plus de la se tombé une pareille quaulité des arbres sur
mence ordinaire pour un espace donné. On place pendant la glandée. Après l'euscmeu-
économise beaucoup les semences et on se cement ou fait passer sur tout le terrain une
prépare un succès bien plus certain quand, herse avec laquelle on peut enfoncer les
parmi les semis en place, on plante des mort- glands à environ 2 pouces. — 2° Pour con
bois qui, par leur croissauce rapide, protè vertir en essence de chêne un canton compose
gent les jeunes plants et préviennent les d'autres essences. Ou double la quantité de
pertes nombreuses qu'occasione toujours le ■glands, attendu qu'il n'y a aucune ressour
défaut d'abri. Il y a même une excellente mé ce pour l'ensemencement naturel. La pré
thode, c'est de mêler aux semences de bois paration du te-, rai n esl)a même. —3°Pour con
une demi-semence de céréales dont on ne vertir en chênaie un terrain entièrement nu et
coupe le chaume qu'au tiers ou à la moitié dépouillé a'arbres. Il faut le mettre en culture
de sa hauteur. Par là on se dédommage des pendant quelques années, le labourer de nou
frais de culture, et l'on prépare au semis un veau en automne, y jeter du gland à la volée
abri, à la terre un engrais. à raison de 120 décalitres par hectare, puis le
herser dans toute sa longueur avec une herse
S V. — Recouvrement des graines. de fer. Si le terrain ne peut recevoir le labour
Le recouvrement des graines dépend du à la charrue, on doit y pratiquer à la houe
volume des semences, du temps qu'elles met des rayons disians de deux pieds entre eux,
tent à lever, de la manière dont elles lèvent, y déposer ensuite les glands seul à seul, et
de la qualité du terrain plus serré ou plus enfin les recouvrir d'un pouce de terre. Il
perméable. En général, les semences doivent faut pour cette opération 80 litres de glands
être peu recouvertes de terre; elles doivent par hectare.
l'être d'autant moins que le terrain est plus Semiî d'orme. Les semis d'orme peuvent
serré, que la semence est plus petite et être employés avec avantage pour le repeu
qu'elle lève accompagnée de feuilles sémina plement des terrains vagues et découverts,
les. Il faut très-peu recouvrir de terre les se pourvu que le sol soit frais et de bonne quan
mences pesantes que l'on sème en automne tité. On i amasse la graine dès qu'elle est
sous l'abri de vieux arbres, où elles doivent mûre, soit aux pieds des arbres, soit sur les
recevoir pendant l'hiver une couche épaisse arbres eux-mêmes. Il faut prendre garde
de feuillage. Ou ne doit point recouvrir de quVllenes'échauffe,caren peu d'heuresellese
terre les semences ailées et légères, mais il gâterait absolument. On la sème tout de suite
faut se contenter de les répandre à la surface après avoir bien préparé le terrain à la char
de la terre après une légère culture. Il n'en rue ou à la houe.il faut au moins 30 décalitres
sera pas tout-a-fait de même à l'égard des se de bonne semence par hectare. L'opération se
mences que l'on répand sur les sables lé fait par un temps calme et pluvieux, afin que la
gers après lesavoir dépouillées de leurs mem semence soit mouillée tout de suite et se mêle
branes ailées; cependant il sera toujours naturellement à la terre sans qu'on la recou
dangereux de les exposer à trop s'enfoncer. vre. Les semis d'orme ne réussissent point
Les semis de pins réussissent mieux lors dans les terrains dont la surface se dessèche
qu'ils ne sont pas recouverts. tout-à fait pendant l'été. Il faut, pour peu nier
ces terrains, employer les plantations d'or
$ VI. — Régies pour le semis des diverses espèces. mes à feuilles lisses.
Semis de Jrêne. Us sont propres à tous les
La quantité des graines à semer estaïusi modes de repeuplement indiqués à l'article
déterminée par la nature des essences. Nous du chêne. L'exposition peut donc être ombra
allons entrer à ce sujet dans quelques dé gée ou exposée en plein air, pourvu que le
tails. terrain soit très-bon, doux et toujours frais.
A. Bois feuillus On récolte la semence en octobre et on la
répand le plus tôt possible sur le terrain pré
Dans la formation de ces bois, on donne paré , soit à la houe, soit à la charrue , à rai-
en général la préférence au chêne, à l'orme, sou de 52 kilog. par hectare. On fait passer,
au frêne, au châtaignier, au hêtre, à l'aune, sur le semis, des broussailles d'épines qui le
au charme, aux érables et au bouleau. recouvrent légèrement. La graine est souvent
Semis de glands. La situation doit être om deux et même trois ans à lever.
bragée, la terre fraîche, profonde et plus Semis du hêtre et du châtaignier. Comme
douce que serrée. L'époque où l'on doit ra ceux du chêne, ils réussissent rarement sur
masser les glands est en octobre , où ils tom les terrai nsentièrement nus. L'exposition doit
bent parfaitement mûrs. Ils ne conservent surtout être ombragée, et plus au nord et à
guère leur faculté germinalive que jusqu'au l'est qu'au sud et a l'ouest. Comme les ra
printemps. La saison naturelle des semis est cines du hêtre s'étendent beaucoup en super
par conséquent en automne ; on les conserve ficie, ils ne demandent pas la même proton
chap. f. FORETS ARTIFICIELLES ; SEMIS, 71
deur de sol que le chêne. Les faînes et les châ élevée ni trop aride. Les semences mûrissent
taignes sont mûres en automne, c'est l'é sur la fin d'octobre, ce qui s'aperçoit à la
poque la plus sûre pour leur ensemence couleur jaune et à la sécheresse de leurs
ment. Il faut bien prendre garde qu'elles membranes. Si on veut différer l'ensemence
ne s'échauffent. Bien stratifiées dans du sa ment, on nettoiera la semence et on la con
ble, elles se conservent jusqu'au printemps; servera dan* du sable frais. Il faut par hec
mais les semis d'automne sont préférables. tare 45 kilog. de graine* non épluchées.
Quand il ne s'agit que du repeuplement Semis d'érable. Les variété* d'érable, ainsi
d'un bois déjà garni de vieux arbres, vingt que le charme, conviennent mieux pour les
décalitres de semences par hectare sus taillis que pour les futaies; il* préfèrent un
sent pour compléter l'ensemencement que terrain donx , noir et de bonne qualité; mais
fourniront les vieux arbres. Pour convertir l'érable plane vient bien daas un terrain sec
en essence de hêtre un bois composé d'autres el léger. La semence mûrit en octobre. Quand
espèces, ou fait disposer le terrain en rayons on veut différer le* semis au printemps , on
dans lesquels on place les faines à 6 po. de conserve la semence en la stratifiant dans do
distance. On les recouvre d'un demi-pouce au sable frais. L'érable commun et l'érable
plus de terre bien émiettée. Il faut alors plane paraissent dès le printemps : la plu
15 kilog. de faine par hectare. Quand les se part ne se montrent qu'aux seconde et troi
mis doivent avoir lieu dans des terrains con sième années. Il faut 30 kilog. de semence
sidérables absolument vides, il faut toujours d'érable par hectare, lorsqu'on l'emploie
les faire précéder par la culture de quelques avec ses ailes. Les grandes chaleurs et les ge
autres essences qui puissent protéger les jeu lées tardives nuisent beaucoup aux jeune*
nes hêtres. plants; c'est pourquoi il faut leur procurer
Semis d'aune. L'époque la plus favorable de l'ombre et des abris dan* leur première
aux semis d'aune est le commencement de enfance. On enterre suffisamment les graine*
mars. Les repeuplemens à faire dans les en traînant sur le terrain un fagot d'épines.
bois d'aune seront disposés dès l'été par un Semis de bouleau. C'est un des bois les
bon labour à la houe. Le dessous des arbres plus utiles et qui s'accommodent le plus de
sera suffisamment repeuplé par la chute na toute espèce de terrains. Parmi les bouleaux
turelle des graines; mais il faudra semer à la américains, il y en a qui sont éminemment
main les places vagues, ce qui emploie M dignes de nos soins, comme le bouleau me
kilog. par hectare. La même quantité sera risier ( Betula tenta ) et le bouleau k canot
nécessaire pour les endroits absolument vi {betula papyracea) (vojr. tome IV, pag. 54,
des qui se trouvent dans les fonds, mais qui 55 ). Les semis du bouleau présentent d«
ne doivent pas rester constamment inon grands avantages dans plusieurs circonstan
dés. Après les avoir labourés en automne, ces : i " on l'élevé en futaies avec d'autres es
on les sèmera dans le mois de mars à la vo pèces de bois . parmi lesquels il se distingua
lée, en tenant la semence entre trois doigts. par un très-grand rapport; 2° on le cultive
La semence de l'aune est renfermée daDS sur tes landes arides, où le chêne et le hêtre
des petits cônes qu'on récolte en octobre et ne peuvent végéter, et où seul il forme des
novembre. On les étend sur un sol bien plan- futaies oui se maintiennent en bon état au
chéié, et on les remue pour les faire sécher. moyen des cnsemencemens naturels et de
L'hiver on les fait ouvrir peu-à-peu en les quelques soins; 8° dans les hauts taillis il offre
étendant sur une claie dans nne chambre mo à la fois des arbres de réserve et de* perche*;
dérément chaude {fig. 92), puis on passe la sc- 4° on le cultive encore dans les petits taillis
Fig. 92. situes en bons terrains, pour en avoir des
produit* rapides; 5* enfin cet arbre est cul
tivé avec grand avantage sur -les terrains lé
gers et impropres à la culture de toute autrt
espèce , et peut servir à peupler en Jutaie les
ensablemens qui présentent le front à l'est «t
au nord , dès qu'on est parvenu à les fixer.
Il y a deux espèces de bouleau commun ,
l'une hâtive, dont la semence mûrit au mois
de juillet, et l'autre tardive, qui mûrit au
mois de septembre. Cette maturité se recon
naît à la fermeté et à la couleur brune des
graines renfermées dans les petits cônes
verts, d'où elles s'échappent tris facilement.
Elles s'échauffent très-proui ptement si on les
met en tas étant encore fraîches. Les semis
faits dès l'automne, ou en hiver sur la neige,
ouau printemps suivant, sont également bons.
Plus tard, ils ne réussissent jamais aussi
bien. On doit labourer la terre, mais sans la
mence au crible et on la transporte aussitôt rendre trop meuble. On emploie par hectare
dans un lieu frais pour la conserver. L'épo 35 kilog. de cônes broyés, ce qui fait 2 kilog.
que la plus favorable au semis de l'aune de semence mêlée de 33 kilog. d'écaillés.
commun est le commencement de mars. Cette quantité suffit, vu la petitesse extraor
Semis du charme. Le charme rénssit par dinaire de la graine. On choisit pour faire le
tout où il y a une couche de terre végétale semis un temps calme et pluvieux. Du reste,
et où la situation du terrain n'est ni trop on ne doit pas du tout le recouvrir. Le* plants
73 AGRICULTURE FORESTIERE : PLANTATION DES FORETS. U*. t.
de bouleau se plaisent mieux dans les en fermes, frais, pierreux, couverts de terre vé
droits découverts que dans ceux trop om gétale, exposés au nord et dans une situa
bragés, tion fraîche et ombragée. La semence de ces
arbres est contenue dans des cônes dirigés
B. Sois résineux. vers le ciel; elle mûrit et on doit la récolter
Cinq espèces de bois résineux concou en septembre. Les écailles des cônes s'ou
rent, surtout aujourd'hui à la formation des vrent très-facilement, et laissent tomber leura
forêts. Ce sont le pin sauvage, le sapin blanc graines; on doit en débarrasser la graine en
argenté, l'épicéa, le mélèze,et, dans les dépar- la passant au crible, et faire promplemeut
temens plus méridionaux, le pin maritime. cette opération, parce que cet te semence, con
Semis du pin sauvage. Il s'opère de deux tenant beaucoup de parties huileuses et
manières, soit avec des cônes entiers, soit aqueuses, ne conserve guère sa faculté ger-
avec la semence épluchée et débarrassée de minative au-delà du printemps suivant.
ses membranes. Le pin sauvage se contente Comme elle est beaucoup plus grosse que
des plus mauvais sables, pourvu qu'ils soient celle du pin sauvage, il en faut au moins une
fixes; mais il croit d'autant mieux que le ter fois autant que de celle-là , c'est-à-dire 31 ki
rain n'est pas exposé à la sécheresse, qu'il log. par hectare. On se contente de gratter la
est mêlé d'un peu de glaise, et que sa sur surface du terrain, et de répandre la semence
face est recouverte de terre végétale. On pré sans l'enterrer
pare dès l'automne, par un labour, le ter Semis d'épicéa. L'épicéa n'exige pas un ter
rain destiné à recevoir les semences. Quant rain aussi bon que le sapin argenté. Cepen
aux sables fixes, on se contente d'y passer là dant il vient mal daus un terrain sec et sa
herse, si toutefois on ne craint pas, par là, blonneux; il lui faut une exposition froide
de leur rendre trop de mobilité. Il faut éviter et élevée. Sa semence mûrit vers la fin d'oc
soigneusement de diriger les sillons de haut tobre, et il faut récolter les cônes depuis le
en bas, parce que les eaux inonderaient et mois de novembre jusqu'au mois de mars.
entraîneraient les semences ou lés jeunes Les semis doivent toujours se faire avec de
plants. La semence du pin mûrit ordinaire la semence épluchée, elle a l'avantage de se
ment vers le commencement d'octobre, et conserver plusieurs années. 11 faut 15 kilog.
s'envole au printemps lorsque le temps est de graine pure par hectare. Elle ne doit pas
chaud. La récolte peut donc se fixer de la fin être couverte.
d'octobre jusqu'au mois d'avril. Semis de mélèze. Cet arbre, le premier des
Semis de cônes entiers. Ils conviennent sur bois résineux, prospère dans les lieux élevés,
tout pour les endroits nus et sans abris froids, tempères, ainsi que dans les plaines où
contre le soleil, ainsi que pour les plaines il y a de la fraîcheur. Les cônes se récoltent
sablonneuses et les amas de sable restés à dé après le mois de novembre jusqu'en mars; on
couvert. Il faut, par hectare de terrain absolu ne doit pas cueillir ceux qui sont vieux et
ment nu , 24 hectolitres de cônes. On peut vides. Il est très-difficile de les éplucher, et
répandre les cônes à la main dans des sil ceux qui en font métier détruisent souvent
lons tracés à la charrue ou à la houe. Ils les germes en plaçant les cônes dans un four
s'ouvrent d'eux-mêmes et laissent échapper trop chaud. On répand la semence dans des
leurs graines, mais seulement par la surface sillons pratiqués à la charrue, ou dans des
qui touche à la terre et immédiatement au- rayons pratiqués à la houe. Dans le dernier
lour du cône , et non par la partie supérieure. cas, on n'emploie que 5 à 6 kilog. de graine
Pour rendre l'ensemencement égal, il faut, pure par hectare. Mais les semis de cette
quand les cônes sont parfaitement mûrs, sorte éprouvent tant de chances contraires,
faire passer dessus une herse de branchages. 3u'il est très-préférable de planter plutôt que
Les cônes, en roulant, répandent la semence e semer les terrains sur lesquels ou veut
qu'ils contiennent encore, et on abandonne établir des bois de mélèze.
ensuite le succès du semis aux hasards de la Akt. il. — Des plantations.
température.
Semis de graines de pins épluchées. Us sont
très-avantageux dans certains cas : 1° pour $ I".—Des différentes sortes de plants, enlèvement,
remplacer, après un léger labour, les coupes habillage.
dans lesquelles il ne reste pas assez de porte -
graines pour fournir un ensemencement suf Avant de déterminer une plantation, il faut
fisant ; 2° pour réeusemencer, après les avoir examiner avec soin la nature et la profon
hersés, les vides qui se trouvent dans les se deur du sol à planter, afin de pouvoir choisir
mis déjà avances en âge ; 3° pour semer les en avec discernement, parmi les essences de
droits ensablés qui sont recouverts de brous bois qui lui conviennent, celle dont le pro
sailles, et où il est impossible de remuer les duit deviendra le plus avantageux.
cônes qu'on y répandrait Dans ces différens U y a des essences qui croissent beaucoup
cas, on sème a la main, en se servant de trois mieux mélangées ensemble que quand elles
doigts, et on emploie environ 15 kilogram sont de la même espèce. Le chêne aime à
mes par hectare. Mais si on sème par rayon être entremêlé avec le frêne, et se plaît
trace à la charrue ou à la houe, il ne faut même mieux avec les bois blancs. Telles es
lue 5 à 6 kilog. de graines. Les semis de pins pèces enfoncent perpendiculairement leurs
nu veulent nullement être recouverts, il faut racines, d'autres les étendent à la surface.
que la semence reste à nu sur le sol. Celles-ci s'accommodent des lieux secs et éle
Semis de sapins. Les semis de sapins, soit vés; celles-là préfèrent les situations basses
en plaine, soit sur les montagnes, réussissent et humides.
très-bien dans les terrains de bonne qualité, Les plantations se font en Jeunes plants
cbap. S'. FORETS ARTIFICI LLES j PLANTATIONS. TS
élevés dans tes pépinières, ou arrachés dans
lesforêts; ou bien en jeunes arbres ayant § H. — Préparation du sol.
acquis en pépinière une certaine force. On connaît 4 manières de préparer à
Les plants élevés en pépinière sont infini moins de frais les terrains que l'on veut
ment préférables; la reprise en sera plus as planter en massifs de bois.
surée, dans beaucoup de cas, si, après avoir 1* On les cultive à la houe; savoir, à plat,
été conservés un an ou deux à la place où si le sol est sain et léger, ou en pente suf
le semis a été fait, ils ont été repiqués fisante; et en planches plus ou moins bom
en lignes, où ils auront pu former un bon bées, ou en rajons plus ou moins élevés, si le
chevelu. terrain est humide et compacte.
Les plants arrachés dans les bois valent en 2° On ne cultive les terrains à la houe que
core moins qu'ils ne coûtent. Ils n'ont en gé par rayons de 2/3 de mètre de largeur; on
néral qu'un pivot ou des racines peu cheve laisse incultes les intervalles, et l'on plante
lues qui se sont fait jour avec peine entre les ensuite sur les rayons cultivés.
racines serrées des autres arbres dans un 3" On cultive avec la charrue toute la super
terrain envahi et épuisé. Leur tige est mai ficie du terrain à planter, et avant de plan
gre et étiolée, leur bois est dur et rabougri, ter on lui donne assez de façons pour le
et l'habitude qu'ils ont de vivre à l'ombre, rendre bien meuble.
dans la mousse et sous de grands arbres, les 4° On ne cultive à la charrue, et sur une
rend extrêmement sensibles à l'action du so largeur de 2/3 de mètre, que les parties du
leil, du hàle et des vents, dans les positions terrain sur lesquelles on doit planter, et on
ouvertes. laisse inculte le surplus, comme dans la 2*
Quelqueespècedeplant qu'on sedétermine manière.
à employer, suivant les facilités qu'on peut II faut observer que. /m labours à la char
avoir et les convenances dont on veut pro rue sont plus propres aux semis et admet
fiter, l'enlèvement du plant et sa mise en place tent difficilement l'emploi des plants enra
définitivesontassujettis à des précautions qui
ont pour but d'en assurer la reprise et l'en cinés, à raison de toutes les précautions
tier succès. qu'il faut prendre pour assurer leur reprise;
On peut planter depuis la chute des feuil d'abord on ne peut guère planter ainsi que
les jusqu'à leur renouvellement. Le choix de déjeunes plants provenus de semis de 2 nus,
l'époque précise dépend de la nature des ter ensuite on ne peut appliquer cette manière
rains, de l'espèce des arbres, du caractère qu'à des terres très-legères et suffisamment
habituel que la différence de climat et d'ex préparées par plusieurs labours. Knfin il faut
position peut imprimer aux saisons.qui accé trois personnes pour effectuer celte planta
lèrent dans un lieu le phénomène de la vé tion, l'une qui ouvre le sillon , l'autre qui
gétation, et les retardent dans un autre. pose les plants dans la raie, et la 3' qui re
Les arbres qui poussent de bonne heure dresse en terre et y assujettit les plants que
au printemps, ou qu'on destine à des sols la charrue a renversés, ou n'a qu'imparfaite
légers, secs et chauds, doivent être plantés ment recouverts.
en automne ; ceux qui craignent les gelées, Une manière très-expéditive, quand le ter
ou qu'attendent des terrains argileux et hu rain y est propre, c'est de défoncer le sol à
mides, réussissent mieux au printemps. la houe, de placer le plant dans la tranchée
Il faut éviter d'arracher et de planter par à mesure qu'on avance, de le recouvrir avec
un temps de gelée, ou quand l'air est sec et la terre de la tranchée qu'on ouvre ensuite
froid. Les racines ne doivent rester exposées en avant, comme pour combler la jauge, et
à l'air que le moins possible. On retranche ainsi de suite en assujettissant suffisamment
celles qui ont été mutilées ou froissées. le plant avec la houe ou avec le pied.
Vhabillage des plants doit se borner là ; il $ III.—Modes divers de plantations, espacement
y a des ouvriers qui, par un retranchement des lignes.
exagéré duchevelu, remettent les plants pres-
qu'à l'état de boutures. C'est une grande On appelle plantation en pots, potets oupo-
faute, et il vaudrait infiniment mieux tomber quets(Jïg.93),\ action de planter dans des trous
dans l'excès contraire. On aura donc grand Fig. 93.
soin de ménager la partie ligneuse des raci
nes. Il y a des espèces d'arbres aux racines
desquels on ne touche généralement point ,
tels que les arbres verts. Lorsqu'on doit
transporter le plant à quelque distance de
la pépinière, il faut veiller à ce que les raci
nes ne se dessèchent pas en route : et si un
emballage est nécessaire, on prendra des
précautions pour qu'elles ne s'échauffent
pas, ce qui arrive ordinairement par la trop
grande humidité de l'intérieur des ballots.
Les plants s'échauffent quelquefois alors,
jusqu'à être complètement brûlés et perdus.
Le danger est encore plus grand , dans le cas
du transport des arbres verts, dont les feuil
lages persistans contractent et conservent
une plus grande humidité.
§ T. — Soins à anx
Culture, clôture, assainissement, ébourgeon-
nement, èmondage.
Les massifs plantés en jeunes plants doi
vent être cultivés pendant quelques années ,
au moyen de façons faites en temps op
portun , renouvelées à propos, et qui ont
pour objet d'entretenir le sol débarrassé
de mauvaises herbes et suffisamment ou
vert, par l'ameublisseiiient qui résulte de la
bours et binages, aux influences atmosphé
riques. On a soin de regarnir, chaque année,
les endroits où les plants ont manqué ; on
fient se dispenser de labourer et de sarcler
es endroits où il ne pousse pas assez d'herbe
pour étouffer les plants. Les arbres à ra
cines pivotantes viennent assez bien sans
culture. Il n'en est pas de même des arbres près que possible aux routes publiques (ser
à racines traçantes, comme les ormes , les vant à l'agriculture et au commerce, et of
platanes, les robiniers; il faut les cultiver frir en même temps un accès commode et
pour qu'ils prospèrent. On évite de donner un débouché facile ; ils ne doivent point être
des labours pendant les gelées et les séche tracés en ligne droite, afin de ne pas donner
resses. prise sur une longue étendue aux vents dé
Si la plantation a besoin de clôture on vastateurs. Mais il ne faut pas que, par leurs
d'assainissement, on creuse des fossés sur le courbes, ils fassent perdre trop de terrain;
pourtour, et l'on remarque toujours que les on parvient, sans beaucoup de frais, à les
plants qui croissent dans la terre de la rendre secs, unis et doux. On évite, en les
berge sont beaucoup plus beaux que ceux traçant, les fonds marécageux et les montées
de l'intérieur. Il faut faire les fossés de la trop rudes. Il faut qu'ils soient assez larges
clôture extérieure des bois d'un mètre 2/3 de pour laisser passer de front deux chariots
largeur, sur 1 mètre de profondeur, avec avec leur charge.
une relevée assez haute du côté du bois pour Les soins particuliers et accessoires à don
que les bestiaux ne puissent pas la franchir. ner aux arbres isolés et à ceux que l'on des
On entoure aussi les jeunes plantations avec tine à croître en futaie, consistent à donner
du palis {fîg. 95 ), des haies sèches , des des tuteurs à ceux qui en ont besoin , à les
murs en pierres sèches, des dalles plantées entourer d'épines pour les préserver de la
debout, du paillis (fig. 96) suivant que l'on dent ou du contact des animaux, et à leur
a sous la main les matériaux nécessaires. procurer de belles tiges. Dès la première an
Quand la clôture doit durer un grand nom née ils poussent beaucoup de bourgeons le
bre d'années, on plante en dedans du palis long de leur tige. Si on les laissait croître
une haie vivequel'onentretient, et qui pousse tous, ils se partageraient tonte la sève de
avec le reste. l'arbre au prejudiae de la hauteur qu'il doit
Les moyens d'assainissement et de dessè prendre. Il faut donc tébourgeonner très-
chement sont les mêmes que ceux que l'on souvent depuis le pied jusqu'à un demi-mè
emploie pour les terres arables et pour les tre environ de l'extrémité supérieure de là
prairies. ( Voy. 1. 1", p. 186.) tige; au mois d'août de la première année on
On n'aura pas oublié, avant de procéder à choisit parmi ces bourgeons supérieurs 3 ou
la plantation, de tracera travers les massifs 4 brancnes des plus fortes, et I on rabat en
de bois, les routes et les chemins nécessaires tièrement toutes les autres. On détermine
h leur exploitation. Ils doivent aboutir aussi ensuite la branche qui doit former In ennti
7e AGRICULTURE FORESTIERE : PLANTATION DES FORETS. x.iv. t.
nuation de la tige de l'arbre, et qui doit être rage, d'empêcher la récolte des herbes, et
non pas la plus forte, mais la plus verticale de conserver toutes les sortes de buissons
et la mieux placée. On la laisse intacle et on ou broussailles, les fougères ou autres piau
écotirte un peu les autres. L'ébourgeonne- les vivaces dont les racines maintiennent les
ment de la tige se continue, et si la branche- terres. On doit faire la plus sérieuse atten
tige avait poussé des branches latérales trop tion à la nature du terrain el à son exposi
vigoureuses, on les écourterait aussi. On tion. Les sapins, les pins, le mélèze et le bou
supprime en deux ou trois fois les branches leau prospèrent au nord; le levant convient
éconrtées les années précédentes. Ces soins au robinier, au hêtre, au charme et an bou
se continuent jusqu'à 6 ans. Depuis 6 ans jus leau; le chêne, l'érable, le châtaignier brave
qu'à 15, on laisse aux arbres isolés, en les ront les feux du midi; l'ouest sera propice
émondant, autant de hauteur de tête que de au sapin, au chêne, au hêtre et au charme.
hauteur de tronc. C'est le moyen de procu Les semis et les plantations en potels seront
rer de belles proportions à leur tige. Au-delà pratiqués avec économie et succès dans les
de cet âge, on peut les émonder jusqu'aux pentes encore couvertes de gazon C/ff.98), en
deux tiers de leur hauteur totale, mais ja
mais plus haut, parce qu'alors l'abondance Fig. 98.
de la sève tourmente la lige. Quand cette
tige a élé bien formée dans le principe, et
qu'on émonde les arbres au plus 'ard tous
les 4 ou 5 ans, on peut continuer l'éuiondage
périodiquement jusqu'à l'âge de 40 ans.
$ VI.— Plantation des terrains éleîés stériles,
en pente, et des dunes.
Dans nos climats, c'est sur les terrains éle
vés et dans les terrains stériles qn« les pro
priétaires doivent .surtout essayer la culture
des arbres résineux. Quand les fonds sont
bons, on y plante des arbres à Jeuilles cadu
ques, en choisissant de préférence les espèces
pivotantes les plus capables de se soutenir
contre l'effort des vents. Le boisement des
montagnes et de leurs pentes les plus rapi
des est le principal moyen de rétablir les cli
mats et de mettre uu frein aux ravages des observant de disposer les trous en échiquier,
eaux. Pour assurer le succès de l'opération, et d'amasser sur les bords de chacun, du côté
on doit combiner les semis et les planta de la pente de la montagne, les gazons et
tions. De toutes les méthodes qui ont élé les pierres sortis de l'excavation. L'aylanthe
proposées, la plus sure est de semer ou de ou vernis de la Chine poussant vite, s'élevant
planter sur des tranchées parallèles et hori très-haut , drageonnant beaucoup et très-
zontales; {fig. 97) comme il s'agit surtout loin, est très-propre pour consolider les ter
rains des pentes rapides.
Fig. 97. La prande mobililé des dunes est un Irès-
grand obstacle à leur plantation; mais elles
présentent, à une certaine profondeur, une
humidité constante qui, bien observée par
M. BnÉMONTiER, a servi de base aux travaux
qu'il a entrepris dans les landes de Bor
deaux. Le choix des arbustes et des arbres
qu'il faut planter d'abord dans les dunes est
loin d'être indifférent. Les arbres qu'il con
vient d'employer sont principalement des pins
maritimes, qui y donnent de la résine dès
l'âge de quatorze ans, et les chênes liège,
rouvre et tauzin. Les arbustes sont l'ajonc,
le lamarix, l'arbousier, l'alaterne, l'épine
blanche, le prunellier, le chèvrefeuille, le
garou, la bruyère. Les plantes vivaces sont
l'élyme, le roseau des sables, le millepertuis,
l'onagre, etc., auxquels on pourrait joindre
le topinambour, et beaucoup d'autres plan
tes indigènes et exotiques. Les dunes ne
commencent à s'élever qu'à quelque dis
tance de la mer. Le point important est d'a
briter de ce côté-là les jeunes plants prove
d'obvier à l'ébranlement des terres et au dé nant des semis, contre l'action des vents.
chaussement des racines des arbres, non- Pour l'amortir, on a proposé de planter les
seulement il faut bien se garder de culti six premiers rangs (Jig. 99), ou la première
ver en pommes - de - terre ou en céréales haie, avec des plantsde 3 ans tirés de pépiniè
les pentes des montagnes, mais il est im res et mis en place avant l'hiver avec toutes
portant d'interdire toute espèce de pàtu- leurs racines. Les autres lignes pourraient
CHAP. S*. FORETS ARTIFICIELLES; PLANTATIONS. 77
Fig. 99. Fig. 101.
40k A
élre semées et plantées avec certitude de suc perpendiculaires , plutôt que de ceux qui les
cès entre des rangées de topinambours écar ont opposées, et dont les feuilles sont larges
tées de 6 pieds, et parallèles à ces premières et variables en position; ainsi le charme est
lignes; on peut employer aussi des planches préférable à l'épine, et le peuplier d'Italie
de pin quand on en a à sa disposition , et des au peuplier tremble. Mais les meilleures
branches d'arbres résineux étendues sur le baies pour abris sont celles des arbres verts;
sol {fig. 100 ), arec leur gros bout dirigé du si elles sont un peu lentes à croître, on en
Fig. 100. est bien dédommagé par leur solidité, leur
beauté et leur durée. On peut voir à Fro-
mont le parti que j'ai tiré, très en grand, de
mes hautes palissades de thuya D'Orient,
pour l'abritement de mes pépinières exoti
ques. J'ai essayé avec le même succès le
tnuya d'Occident. Le genévrier de Virginie,
bien conduit , offrirait sans doute les mêmes
avantages.
Les arbres se servent mutuellement d'abri
quand ils croissent en massifs très-serrés;
mais cet avantage est balancé par des incon-
véniens dans l'éducation des arbres à feuil
les caduques. Les Anglais pratiquent un
moyen de protéger ces derniers dans leur
jeunesse. C'est de commencer par couvrir le
côté du vent. terrain de plants d'arbres verts, et de les en
VII. — Repeuplement de» clairières et terrains tretenir jusqu'à ce qu'ils aient atteint la
vagues; des abris. taille de 3 pieds, afin de pouvoir protéger
contre les injures du temps les arbres d'une
Le repeuplement des clairières et terrains autre nature que la leur qu'on introduit en
vagues dans les bois peut se faire par les suite parmi eux, soit par voie de plantation,
roo.vens combinés des semis, des plants enra soit par voie de semis. Il semblerait que celte
cinés et des provins. On y plante des tiges de méthode ferait perdre à ces derniers plu
tremble et d'ypréauà 8 mètres de distance les sieurs années de croissance sur le temps où
unes des autres, ainsi que des massifs voisins. ils doivent se développer; mais dans la réa
Les intervalles sont semés de glands en potets lité il n'en est point ainsi. Un grand avan
dans les espacemeus indiqués , et l'on fait tage qu'elle présente, c'est de préserver les
provigner les bordures intérieures des mas arbres tirés des pépinières pour être placés
sifs (fig. 101). Quatre ans après on coupe àrez- à des expositions après et froides, de l'en
terre les tiges des trembles et des y préaux ,ainsi durcissement de leur écorce et d'un rabou-
que les brins qui avaient été provignés : les grissement dont ils sont quelquefois long
rejets forment de fortes cepees à l'ombre temps à se rétablir. On peut élever ainsi le
desquelles les glands s'élèvent parfaitement. chêne, l'orme, le hêtre et les autres meilleures
Les arbres à feuilles caduques ont besoin, espèces d'arbres feuillus. L'opération consiste
dans leur jeunesse, d'abris contre le vent, le essentiellement à ne semer ou planter ces ar
Jroid, la chaleur. On vient de voir le parti bres que lorsque les pins et les mélèzes sont
qu'il était possible de tirer des hautes liges assez grands pour défendre, contre les vents
de topinambours plantés en lignes convena et contre le froid, des plants de taille infé
blement orientées et espacées. Les haies for rieure, ce qui demande de 4 à 7 ans, suivant
ment des abris très-bons quand elles ont pris la qualité des sols. On tire de grands profils
une hauteur et une épaisseur convenables. de l'exploitation successive de ces sortes de
Quand on les destine à cet usage, il vaut pépinières, qui permettent en outre de n'em
mieux les composer d'arbres à branches al ployer que la quantité rigoureusement né
ternes et à petites feuilles abondantes et cessaire de plants à feuilles caduques, qui
78 AGRICULTURE FORESTIERE PLANTATION DES FORÊTS. liv. v.
sont destinés à rester en place, jusqu'à ce entre eux d'un mètre. Ils sont espacés sur les
qu'ils aient acquis leur développement na rayons à 1™ 30, et ou évalue qu'il en entre
turel. 7,500 par hectare. Une plantation, ainsi éta
blie sur un sol défoncé de 40 à 50 centim. de
Abt. III. — Frais de ternis etplantations. profondeur, suivant la nature du terrain, re
çoit 4 années d'entretien, pendant lesquel
On sent combien ils doivent varier suivant les on lui donne 11 binages: 8, chacune
les lieux et les terrains. Il n'est pas sur les des 3 V" années, et 2 la 4e. A 8 ans, il faut
plantations de mode fixe, mais seulement faire émonder les couronnes inférieures du
quelques principes généraux. L'exécution rang de bouleau, dont on tire parti pour de
doit toujours être modifiée, d'après la nature la brinde à balais; et à 5 ou 6 ans, il con
et l'état du sol 3u'on veut mettre en emploi vient de le receper, parce qu'il ombragerait
es défoncemens, surtout, n< trop les essences dures. Ce recepage, dont
peut être une chose fixe ; en général, on dé l'on tire produit , est indispensable , soit
fonce trop, et on ne laboure pas assez; beau qu'on destine la plantation à faire un taillis,
coup de plantations manquent totalement soit qu'on se propose de la laisser croître à
pour avoir été trop défoncées. Voici, toute l'état de futaie; mais, dans ce dernier cas, le
fois, le devis de ce que doit coûter la planta recepage doit être réitéré a 12 ou 14 ans.
tion et l'entretien pendant quatre ans, d'un Voici comment se sous-divise la dépense de
hect. de terrain de médiocre qualité, planté ces plantations faites en massifs et essences
en essences forestières : feuillues qui se voient aujourd'hui à Fontai
1° Défoncement d'un hectare à 40 centimètres nebleau :
de profondeur. 200 fr 1° Défoncement à la main et à jauge ouverte
2° Fourniture de 10,000 plants de ri sur une profondeur de 40 à 50 centimètres,
goles: chênes, hêtres, charmes et suivant la possibilité. 150 fr.
pins, à 10 fr. le mille, âgés de 5, 4, S 2* 5,000 plants de chênes et autres es
et 2 ans. 100 sences dures, ayant au moins 3 ans
3° Transport du plant et exécution de semis en pépinière, ou ayant
de la plantation. 100 passé au moins 2 ans en rigoles, si
4" Trois regarnis estimés à 1500 de ces plants avaient été dans l'origine
plants, les trois. 45 arrachés sous bois en forêt, à 8 fr.
5° Huit façons, données en 4 ans, à le mille. 40
raison de 25 fr. 200 3° 2,500 plants de bouleau, ayant aussi
2 ans en pépinière, à 6 fr. le mille. 15
Total. 645 fr. 4" Tracé des rayons el mise en terre
Devis d'un semis de chêne. 1° Dans un terrain des plants. 45
très-riche qui ne sera pas envahi par des 5" 11 binages à 15 fr. chaque. 165
graminées a longues racines, telles que le 6° 4 regarnis ou repiquemens à 15 fr.
festuca cœrulea,\e calamagrostis et autres l'un. 60
de ce genre, il suffit de labourer le terrain 7" Pour frais de surveillance et autres
en bandes alternées de 66 centimètres de menus frais. 15
largeur, fouillées de 20 à 22 centimètres de A quoi il convient d'ajouter 10 p. 100
profondeur, éloignées l'une de l'autre par pour le bénéfice de l'entrepreneur. 49
trois pieds de friche. Cette opération doit
coûter de 50 à 60 fr. l'hect, ci. 60 fr. Total. 589 fr.
2» 12 hectolitres de glands semés très- Les semis de résineux se font en grand
drus, au printemps, dans un rayon dans deux systèmes, soit sur un défoncement
tracé au milieu de chaque bande total, soit par bandes; voici ce qu'ils coû
défoncée, à raison de 4 fr. l'une , tent :
conservation, transport et semage Semis en plein. — 1° Défoncement à 30 ou 85
compris. 48 centimètres de profondeur. 90 fr.
3" Deux façons à raison de 20 fr. l'hect. 40 2° Cassage des mottes, semage de la
graine et ratissage pour l'enterrer. 30
Total. 148 fr. 3° 10 kilogrammes de pins sylvestres.
Un semis ainsi pratiqué, quand on peut le à 3 fr. 30
garantir des mulots, des corneilles, des ra 4° 10 kilogr. de graine de pin mari
miers et autres ennemis, a sans .doute un time, à 50 cent. 5
succès beaucoup plus lent qu'une plantation,
mais il n'est pas moins sûr. Total. 155 fr.
Les éléinens qui précèdent ont été recueillis Dans les semis par bandes parallèles, de
dans la forêt de Compiègne. En voici d'autres 50 centimètres de largeur, entre lesquelles
qui établissent la dépense moyenne d'un restent des bandes incultes d'un mètre, la
hectare de bois dans la forêt de Fontaine dépense est la même, sauf une diminution
bleau, en y employant deux tiers d'essences sur le défoncement de 60 fr. par hectare, ce
dures et un tiers de bouleau. Ces plants sont qui réduit les frais à 95 fr.
placés dans des rayons parallèles et distans SOLLANGK BODIft.
ç»ai>. 4'. DES 'DIFFERENTES ESPECES DE BOISAT FORETS. 7»
Section i**. — Des différentes espèces de Ces futaies forment des massifs qui, en
bois et forêts. France, s'exploitent presque tous suivant la
méthode appelée jardinage ou furetage, qui
§ I". — Des forêts en général. consiste à choisir les arbres murs ou dépé-
rissans et à les extraire du massif pour les
Nos forêts sont en général une production employer aux usages auxquels on les juge
de la nature à la création de laquelle l'art Ïiropres. C'est ainsi, qu'on les exploite dans
n'a point contribué; il n'existe de forêts a majeure partie de l'Europe.
plantées que dans les contrées de l'Europe On nomme futaies sur taillis les baliveaux
où la sylviculture a fait des progrès. Sous de tous les âges que l'on choisit dans les
ce rapport, l'Allemagne est au premier rang, taillis. L'usage d'en réserver a commencé en
l'Angleterre est au second. On a fait aussi de France dans le moyen-âge et ne doit pas du
fort Délies plantations en France depuis quel rer long-temps. Nous ferons connaître les
ques années. La plupart des forêts plantées variations qu'il a subies avec leurs causes et
n'étant pas cultivées ne tardent pas à res leurs effets.
sembler aux forêts naturelles; des espèces On donne quelquefois le nom de vieilles
inférieures s'y introduisent ; elles dégénèrent ëcorces aux arbres dont l'âge est plus que
bientôt, mais la culture forestière, dont les centenaire {fig. 102, 103, 104, 105, 106).
produits sont bien supérieurs à ceux des fo
rêts abandonnées à la nature, devant s'éten Fig. 102. Fig. 103. Fig. 104
dre graduellement, on pourra désormais di
viser toutes les forêts en deux grandes classes;
celles qui demeurent incultes et celles qui
sont cuîtivéeSff
§ II.— Des taillis.
Les taillis sont des bois que l'on coupe or
dinairement assez jeunes, soit pour les em-
Cloyer au chauffage, soit pour convertir les
ùches en charbon, soit pour faire des écha-
las, des cercles, des pieux, etc. Le caractère
distinctif des taillis est qu'ils repoussent de
leurs souches, tandis que les futaies se re
peuplent presque entièrement par les semis.
Il n'y a point de taillis d'arbres résineux,
car ces bois ne repoussent pas de leurs sou
ches.
On divise ordinairement les bois taillis en
trois classes :
LesJeunes taillis sont ceux qui s'exploitent
à l'âge de 7, 8 ou 9 ans; ils sont composés
généralement de marsaults, de coudres, de
châtaigniers et de bouleaux, qui sont em
ployés à des usages divers, et surtout au
chauffage des habitans de la campagne.
Les taillis moyens sont ceux que l'on ex
ploite à l'âge de 18 à 30 ans pour en tirer du
charbon ou du petit bois de chauffage.
Les hauts-taillis s'exploitent à l'âge de 25 A l'avenir, on mettra plus de précision
à 40 ans et fournissent du bois de chauffage dans
pour les villes, de petites pièces de charpente tions levagues,
langage forestier. A des dénomina
on substituera l'expression, soit
et de charronnage, et surtout du bois de fente des dimensions exactes, soit de l'âge de l'ar
pour la latte, les échalas, etc.
Il n'existe plus guère de taillis de 40 ans ; bre ou de la classe d'arbres dont on voudra
en général, depuis un demi-siècle, les coupes parler.
sont beaucoup plus fréquentes qu'autrefois.
Nous en expliquerons la cause. § IV. — Forêts d'arbres d'une seule espèce.
§ III. — Des futaies. Il existe peu de forêts d'arbres d'une seule
essence, mais le nombre des espèces est
Les bois de futaie se divisent ordinaire d'autant moins grand que le bois a vieilli
ment en plusieurs classes, entre lesquelles il filus long-temps ; les grandes espèces, comme
n'y a point de différence bien caractérisée. es hêtres, les sapins et les chênes, survivent
La jeunefutaie est celle qui a de 40 à 50 à toutes les autres.
ans. On l'appelle demi-futaie lorsqu'elle est Le nombre des essences diverses est ordi
âgée de 50 à.60 années. Elle prend la déno nairement considérable dans les jeunes tail
mination de haute futaie lorsqu'elle a atteint lis; car les arbres qui ont le moins de lon
l'âge de 100 ans. gévité sont très-vivaces dans leur jeunesse et
80 AGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. Lrv.v.
croissent rapidement pendant les premières née à la nature, il ne s'agirait que d'observer
années de leur existence. un grand nombre de forêts et d'étudier la loi
que suit l'accroissement annuel, soit en ma
§ V. — Forêts mixtes. tière ligneuse, soit en valeur vénale. Mais
la culture, les nettoiemens, les éclaircis.
La plupart des forêts sont composées d'es ont singulièrement accéléré cet accroisse
pèces mélangées ; il en est un grand nombre ment. Un arbre de 40 ans, qui croit sous l'in
qui disparaissent même avant l'expiration de fluence de circonstances favorables, présente
la période de l'aménagement; mais, pendant un volume aussi fort que celui d'un arbre de
leur existence, elles oppriment les espèces 80 ans qui est relégué au fond d'un massif in
du i" ordre en dérobant a ces dernières l'es culte. Ainsi, nous présenterons des échelles
pace qui'leur est indispensable pour se déve d'accroissement qui diffèrent entre elles,mais
lopper. Ce dernier effet, qui se fait remar qui reposent sur des faits également obser
quer dans tous les taillis aménagés depuis vés dans des lieux divers.
long-temps suivant l'ancienne méthode, obli
gera d'abandonner le système actuel. 1" Tableau de la croissance des bois.
Section m. — De l'accroissement des arbres. Les massifs de taillis croissent d'après une
progr ession qui s'approche de celle des carrés
Avant d'indiquer le mode d'aménagement des nombres naturels. La marche est plus ra
qui convient le mieux pour chaque classe des pide dans un bon sol bien garni de souches;
forêts, il est indispensable de reconnaître la elle l'est moins dans un sol médiocre. Il y a
loi de l'accroissement progressif des arbres aussi des variations suivant que les espèces
et de leur décadence. Les idées à ce sujet d'arbres sont plus ou moins appropriées au
sont encore très-\agues, nous entrepren sol.
drons de les fixer. INous présenterons la progression «uivanle
La règle générale posée par les anciens fo comme un terme moyen. ^
restiers était celle-ci : coupez un taillis aus Ae«. Valu* a Age. Valeur a
sitôt qu'il donne des signes de dépérisse Ainico». chaque ftgt. Annéei. chaque ir.
ment -, exploitez une futaie aussitôt qu'elle 1 . . . . 1 23 . . . . 529
est parvenue à sa maturité. 2 . . . . 4 24 . . . . 576
Rien de plus vague et de plus inapplicable 3 . . . 9 25 . . . . 625
qu'un tel précepte ; car un taillis présente k 4 . . . 16 26 . . . . 676
tout âge des brins dépérissans et des brins 5 . . . 25 27 . . . . 729
qui croissent avec force; ces derniers étouf 6 . . . . 36 28 . . . . 784
fent les autres. Si l'on voulait abattre un 7 . . . . 49 29 . . . . 841
taillis aussitôt qu'une partie des brins dépé 8 . . . . 64 30 . . . . 900
rissent, il faudrait les couper avant l'âge de 9 . . . . 81 31 . . . . 961
10 ans; si l'on veut, au contraire, les conser 10 . . . . 100 32 . . . . 1024
ver tant que les brins principaux prospére 11 . . . . 121 33 . . . . 1089
ront, il n'est point de taillis qu'on ne puisse 12 . . . . 144 34 . . . . 1156
élever en haute-futaie; car, dans les plus 13 . . . . 169 35 . . . . 1225.
mauvais terrains, les arbres arrivent à de 11 . . . . 196 36 . . . . 1296
fortes dimensions lorsque le sol n'est jamais la . . . 223 37 . . . . 1369
découvert et que l'humidité ne s'évapore pas. 16 . . . . 256 38 . . . . 1444
Nous aurons souvent occasion d'appliquer 17 . . . . 289 39 . . . . 1521
cette observation, qui est fondamentale et 18 . . . . 324 40 . . . . 1600
qui explique 1° comment il existe de belles 19 . . . . 361 50 . . . . 2500
forêts dans des espaces où la terre végétale 20 . . . 400 60 . . . . 3600
n'a que 3 ou 4 po. d'épaisseur; 2° comment 70 . . . . 4900
ces forêts une fois détruites, il est impossible 22 . t* * 484 î>0 • « . . 6400
de les remplacer par d'autres qu'on n'ait
préalablement trouvé le moyen de garnir le Ainsi, un taillis de 40 ans a 16 fois plus de
sol de quelques plantes qui eu couvrent la valeur qu'un taillis de 10 ans; il en a 4 ibis da
■urface. vantage qu'un taillis de 20 ans, et 2 fois da
La question de savoir à quelle époque il vantage qu'un taillis de 28 ans.
faut couper les arbres se complique de plu
sieurs élémens qui en déterminent la solu 2" Tableau de la croissance des bois.
tion. Veut-on obtenir, dans un temps donné,
la plus grande masse de bois possible, ab
straction faite de toute autre considération ? Un arbre qui croit dans un bon sol et qui
veut-on avoir, dans un temps donné, le plu; n'est entouré que de sous bois, peu nuisible à
grand produit possible en argent? La solu sa croissance, augmente son volume suivant
tiou ne sera pas la même dans les deux cas ; la progression ci-après :
mais, quel que soit l'aspect sous lequel on
envisage le problème, l'une des données es
sentielles est la connaissance exacte de la loi
que suit l'accroissement dts arbres.
Si «es forêts continuaient à être exploitées
comme elles le sont encore généralement, si
leur croissance était entièrement abandon
CHAP. 4". DE L'ACCROISSEMENT DES ARBRES.
Circonfé- Cubase
* rrnce Hauteur. de l'arbre
l'«rbre. moyenne. écarri.
Cette progression ne s'applique pas a un
UIOMS. po. m<lr. pi. miu. pi. cubes. massif de futaies, mais seulement à un arbre
8 3 7 0 02 placé dans des circonstances assez favora
11 8 10 0 06 bles.
15 II 12 0 40 Les cinq tables suivantes ont été publiées
20 15 14 0 90 par M. Waistell. Elles donnent de 4 ans en
22 20 16 1 77 4 ans, depuis la 12e année de l'âge des taillis
24 22 17 1 89 jusqu'à cent ans, la progression de la crois
26 24 17 5 2 43 sance des arbres; elles font connaître en
28 26 18 3 12
30 28 19 3 96 même temps le décroissemenl du rapport
32 30 19 5 4 95 géométrique de la croissance annuelle, com
34 32 20 5 00 parée avec l'accroissement total de l'arbre.
36 34 21 6 12 La hauteur est prise jusqu'au sommet de
38 36 21 5 7 30 la principale tige, et la circonférence est
40 38 22 8 50 mesurée au milieu de la longueur de cette
42 40 23 10 23 lige; mais on ne s'occupe pas dus branches
44 42 23 5 10 44
48 44 24 12 latérales.
48 46 24 4 13 80 Ces tables sont calculées en mesures an
50 48 24 8 15 54 glaises. Comme il ne s'agit pas ici de quan
55 50 25 2 17 40 tités absolues, mais de rapports qui Font
60 51 25 6 17 70 toujours les mêmes dans quelque système
65 52 27 18 75 numérique que ce soit, la réductiou de ces
70 58 30 27 51 mesures est inutile; d'ailleurs, on la fera fa
75 65 31 5 37 00
80 73 33 48 09 cilement en se rappelant que le pied anglais
85 81 34 60 45 équivaut à 30, 48 centimètres, et que le pied
90 88 34 5 73 00 cube anglais vaut 0 décistère, 803.
95 94 35 83 10
100 98 36 95
110 101 36 5 101 37
120 104 37 108 15
130 106 37 4 114
140 108 37 7 121
150 109 38 122 1
Si l'arbre augmente de 18 pouces en hau lement, son accroissement sera comme ci-
teur et de 3 pouces en circonférence annuel dessous.
La table qui suit donne encore les mêmes Elle s'applique aux peupliers et aux arbres
détails pour les arbres dont la croissance à tiges élevées,
annuelle est de 18 pouces en hauteur et de 2
pouces en circonférence.
mil. ecDlim. BalUJ màir etniim. daclatéral. tr. ttat fr. ceof. mille». fr. Mal. milité.
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Un dernier tableau non» fera connaître
l'accroissement moyen des sapins dans un § I**.— Aménagement des taillis.
massif jardiné, dans les foréls du Jura et des
Vosges. Dans la pratique il est difficile de se
dre compte des motifs qui engagent les pro
priétaires à exploiter leurs taillis à tel âge
Age. Circonférence Hauteur. Solidité. filutôt qu'à tel autre. Nous allons indiquer
moyenne. es moyens de reconnaître cet âge, en sup
posant que l'on s'occupe d'obtenir le plus
haut revenu possible en argent. Nos premiers
w Poaeei mitriquci. Piedi miiriq. rieJ» eue. ccnli. calculs seront fondés sur la table des carrés
10 4 3 00 2 des nombres naturels, laquelle exprime d'une
20 9 12 00 18
30 14 22 00 93 manière très-approximative la moyenne de
40 20 33 3 66 l'accroissement du taillis.
50 28 44 9 18 A quel âge dois-je exploiter un taillis qui
60 37 56 19 02 croit suivant cette progression ? Si je l'ex
70 47 68 30 28 ploite lorsque sa 10* année est accomplie,
80 M 79 66 00 j'aurai le produit de la coupe évaluée 100 fr. ;
90 64 90 97 50 mais si j'attendais que ce taillis eût 20 ans,
100 72 100 136 08
110 81 109 193 80 j'obtiendrais le quadruple de cette somme
120 90 118 265 50 dans un espace de temps double du premier.
130 99 128 337 08 Nous allons reconnaître le rôle que joue le
140 108 135 433 11 calcul des intérêts dans la solution de cette
question.
C'est sur ces différentes données que nous En exploitant mon taillis à l'âge de 10 ans,
ferons les calculs relatifs à l'aménagement. j'aurai au bout de 20 ans :
1° Le produit de la 1" coupe qui s'est élevé
Section m. — De taménagement desJorcls. à 100 fr., somme qui, avec les intérêts cu
mulés à 4 p. 0/0 pendant 10 ans, s'élève
Aménager une forêt, c'est régler l'ordre à t48 fr. 02 c.
dans lequel on l'exploitera pendant une pé 2° J'aurai la 2* coupe du tail
riode dont la durée est indéterminée, mais lis de 10 ans qui vaut. . . . 100 »
qui doit comprendre au moins la I" exploi Total 248 IV. 02 c.
tation de tous les plants actuellement exis-
tans dans cette forêt; c'est déterminer la Les 2 coupes ne me donnent que 248 fr.
quantité de bois que l'on coupera tous les 02c. tandis qu'une seule aurait produit 400 fr.
ans et le mode que l'on suivra dans cette Il est donc beaucoup plus profitable d'ex
exploitation. Nous nous conformerons au ploiter ce taillis à l'âge de 20 ans qu'à celui
classement que nous avons indiqué précé de 10 ans.
demment de* différentes espèces de bois et Mais il doit arriver un terme où la pro
forêt». gression des intérêts dépassera celle de
86 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, ut. v.
l'accroissement du bois ; c'est ce terme qu'il 1348 fr. 30 c.
faut chercher. Pour cela, comparez la pé 2° Un taillis de 8 ans; je ga
riode de 80 ans avec celle de 40 ans. Sije gne donc une avance de 8 ans
préfère la dernière période, j'aurai à l'ex d'intérêts sur la coupe future,
piration des 80 ans : mais je n'en jouirai que dans
1° Le produit de la lr* coupe qui était âgé 34 ans ; or, 8 années d intérêts
de 40 ans, lequel est de 1600 fr. avec l'in de 1034 fr. à 3 p. 0/0, donnent
térêt cumulé de cette somme à 4 p. 0/0 pen 245 fr. 76 c, somme qui, ré
dant 40 ans, le tout s'élevant à 7,680 fr. 96 c. duite à sa valeur actuelle,
J' La J* coupe qui vaut n'est que de 107 63
comme la première .... 1,600 »
Total 1465 fr. 93 c.
Total 9,280 fr. 96 c. Dans ce cas-ci, il eût donc été préférable
d'attendre que le taillis eût atteint l'âge de
En faisant 2 coupes au lieu d'une seule, 40 ans, car il aurait produit 1600 fr.
j'obtiendrai donc une somme bien supé Nous allons actuellement faire de sembla
rieure à celle que m'aurait donnée une coupe bles calculs sur d'autres tables d'accroisse
de 80 ans dont le produit total ne se fût ment.
élevé qu'à 6,400 fr. Prenons la première table de M. Waisteli..
Nous avons choisi le taux de 4 p. 0/0 com Est-il plus avantageux d'exploiter à 24 ans
me le taux le plus convenable pour l'intérêt la plantation figurée dans ce tableau, que de
annuel; mais, si nous prenons pour base de la laisser subsister jusqu'à l'âge de 48 ans ?
nos calculs un taux plus élevé, le résultat — Si je l'exploite à 34 ans, j'aurai un volu
sera bien différent ; la raison en est évi me de bois exprimé par 1 pied 6 pouces, dont
dente: l'accroissement du bois dans les pre la valeur en décimales est 1500; j'aurai à
mières années marche aussi rapidement que l'expiration des 48 années :
l'intérêt composé; mais cette puissance d'ac 1° Cette somme, avec intérêts cumulés
cumulation ne tarde pas à détruire l'équi pendant 34 ans à 4 p. 0/0, laquelle s'élève
libre, et dans un long espace de temps elle a 3,844 fr. 80 c
laisse bien en arrière les progrès de la végé 3° Une seconde coupe de 34
tation; elle les devance d'autant plus vite ans dont la valeur est de. . . 1500 »
que le taux de l'intérêt est plus élevé. Cette
vérité sera rendue plus sensible par un Total. . . . 5,344 fr. 80 c.
exemple.
Calculons un moment d'après l'intérêt à Mais la valeur de mon bois, à l'âge de 48
5 l>. 0/0, et comparons l'aménagement de 33 ans, est exprimée parie nombre 12,000 fr. Il
ans avec celui de 40 ans. Supposons queJ'a y aurait donc une perte de plus de moitié, à
batte ma coupe lorsqu'elle a 33 ans. Elle exploiter la plantation à l'âge de 24 ans.
produit 1034 fr., somme qui, avec les intérêts Ainsi, d'après la table des carrés, il faut
pendant 8 ans, c'esl-à-dire jusqu'à l'époque couper les bois vers l'âge de 30 ans, et d'après
où elle aurait été abattue si j'eusse pris la la table de M. Waistkll, il faut attendre une
période de 40 ans, s'élève à . 1513 fr. 91c. époque beaucoup plus reculée. La raison de
J'aurai à la fin de la même cette différence est que la table des carrés
période un taillis de 8 ans ; on exprime le progrès de la valeur moyenne des
pourra donc faire la seconde bois abandonnes à la nature, et dont l'accrois
coupe 8 ans plus tôt; je ga sement se ralentit promptement, tandis que
gnerai 8 ans d'intérêt ou 409 fr. les tables de M. Waisteli. expriment les pro
60 c; mais je ne jouirai de grès d'une plantation cultivée.
cette dernière somme qu'à l'é Dans l'état actuel des bois, on ne peut pas
poque de la coupe ultérieure, compter sur une marche plus rapide que
c'est-à-dire dans 34 ans ; cette celle des carrés des nombres naturels, pour
même somme doit être réduite exprimer l'accroissement annuel des taillis
à sa valeur actuelle, à . . . 137 01 et des massifs de futaie non éclaircis. En ef
fet, si nous comparons cette table avec le
Total 1639 fr. 92 c. prix moyen des coupes, soit des petits-taillis,
soit des hauts-taillis, soit des massifs de
Mais si j'eusse attendu la 40* année pour haute-futaie, nous trouvons un rapport assez
exploiler ma coupe, elle ne m'aurait rendu exact avec les prix courans des coupes an
mie 1600 fr. J'ai donc gagné 39 fr. 92 c. à nuelles dans l'étendue delà France.
1 exploiter à 32 ans. La valeur d'un taillis de 30 ans est marquée
Nous allons voir que si je ne veux compter dans cette trfble par le nombre 400. Suppo
l'intérêt qu'à 3 p. 0/0, c'est-à-dire que si je sons que ce nombre exprime des francs, et
me déaide à laisser mes bois sur pied, pourvu que l'étendue soit d'un arpent (demi-hectare),
que leur accroissement me rapporte 3 p. 0/0 la valeur de la coupe sera 800 par hectare.
par an, je dois préférer l'aménagement de 40 C'est le prix actuel d'un taillis de cet âge,
ans à celui de 32 ans. venu dans un bon sol. L'expression de la va
En effet, si j'eusse abattu la coupe lors leur du taillis de 25 ans est de 635. La valeur
qu'elle avait 32 ans, j'aurais à l'expiration des de l'hectare est donc de 1250 fr. La valeur de
40 années : l'hectare de 30 ans sera de 1800 fr. La valeur
1° Le prix de cette coupe, ou 1024 fr. de l'hectare de 40 ans sera de 3,200 fr. La va
: intérêts cumulés à. 3 p.
. 0/0
. 1348
pendant
fr. 30
huit
c. leur de l'hectare de 50 ans sera de 5,000 fr.
Nous sommes d'accord jusque là, avec les
chap. 4\ DE L'AMENAG] DES ' 87
prix courans; mais, si nous poussons cette d'une route, qui ouvriront de nouveaux dé
MAmnnMnïorkn ITICmi'à la 1 OH* SlltlPP nHIU VPT- bouchés à l'exportation, engagent à laisser
vieillir les coupes ; mais, si ces voies de com
munication doivent au contraire apporter du
la loi des carrés; or, il n'y a point d'exem bois dans la contrée, il faut se hâter d'exploi
ple qu'un massif de futaie de cet âge, conduit ter ceux que l'on possède. 5° Il en est de
suivant la méthode ordinaire du jardinage, même, si l'on prévoit la prochaine introduc
c'est-à-dire abandonné à la nature, ait pro tion de la houille dans une contrée où l'on
duit cette somme. n'employait que du bois pour le chauffage et
Nous voulons seulement constater que les pour les usines. 6° Possède-t-on un taillis
Îtraduits annuels des forêts, traitées suivant composé uniquement de châtaigniers desti
a méthode ordinaire, ne dépassent pas la nés a faire des cercles ou cerceaux, on doit
Erogression indiquée par les carrés des nom- l'exploiter précisément au moment où les
res naturels. brins sont propres à cet usage. Il en est de
Nous n'ajouterons qu'un exemple du cal même d'un taillis de coudrier. 7* Un taillis de
cul nécessaire pour reconnaître l'âge le plus frêne s'exploite avec avantage, lorsque les
convenable pour couper un taillis, en calcu perches ont atteint les dimensions propres
lant l'accroissement suivant la progression aux ouvrages decharronnage. 8* Un taillis de
que le propriétaire de la forêt aura constatée. chêne doit être coupé avant l'époque où la
Son premier soin doit être de reconnaître qualité de l'écorce commence à se détériorer.
la valeur des taillis de chaque âge, dans sa Les préceptes que nous venons de donner
forêt; supposons qu'elle soit située dans une sur l'aménagement des taillis sont également
contrée où le principal emploi des taillis est applicables a ceux de France, d'Allemagne et
le débit des cercles et des fagots, comme en d Angleterre, et de tous les autres pays où les
Bresse et en Beauce, et que la progression de bois sont mis en coupes réglées. Nous ver
valeur soit celle-ci : rons plus loin les effets de Ta méthode mo
ans ans derne des nettoiemens ou éclaircies dans les
à 5 le taillis vaut 50 f. à 13 le taillis vaut 137 f. taillis.
6 61 14 148 S II des futaies en i
7 72 15 159
8 83 16 170 On n'a encore adopté en France aucune
9 94 17 181 méthode pour Yaménagement des massifs de
10 105 18 192 futaie. On les exploite généralement en jar
11 115 19 202 dinant, opération qui consiste à enlever les
12 126 20 214 arbres dépérissans ou nuisibles et ceux qui
Exploitera-t-on le taillis à l'âge de 10 ans, sont parvenus à l'époque que l'on croit être
ou à l'âge de 20 ans ? Si on l'exploite à 10 ans, celle de leur maturité. C'est ce qui se prati
on aura dans la période de 20 ans : que dans les forêts de sapins et de hêtres des
1" Le prix de la première coupe qui est Pyrénées, des Alpes, du Jura, et du versant
de 105 fr. » c. méridional des Vosges.
2JL'intérêtcumuléà 4 p.OjOde Les désavantage* de cet ancien usage sont :
cette somme, pendant 10 ans.. 50 42 1° le peu de revenu que l'on tire des forêts
3* Le prix de la 2e coupe. 150 ainsi traitées; on est obligé de les parcourir
pour aller chercher les arbres dépérissans, ce
260 fr. 42 c. qui rend l'exploitation et l'extraction très-
On aura donc 260 fr. 42 c. au lieu de 214 (r. dispendieuses; 2° les dégâts qui en résultent;
que rendrait la coupe faite à 20 ans. 3° la lenteur de l'accroissement des jeunes
Ces calculs ne servent pas toujours de rè plants qui languissent à l'ombre des massifs,
gle déterminante pour vendre la coupe, car au point que ceux qui sont le mieux exposés
des circonstances particulières décident sou croissent deux fois moins vite que s'ils jouis
vent les propriétaires publics ou privés à saient des bienfaits de l'air et de la lumière.
faire des coupes prématurées ou à les retar 4° La destruction des neuf dixièmes de ces
der. plants dans leur jeunesse.
L'époque d'exploit abilité est beaucoup plus Cet usage présente cependant un avantage
facile à déterminer dans un taillis homogène remarquable; le massif de la forêt se conserve
que dans un taillis mélangé, car il est évident intact pendant une durée indéfinie, si le jar
que lecoudrier et le marsault ne doivent pas dinage est bien exécuté, et surtout si l'on a
s'exploiter au même âge que le hêtre. Ces soin de conserver sur les bords une épaisse
calculs doivent d'ailleurs être combinés avec lisière pour défendre la forêt contre les vents
des considérations d'un autre ordre, que impétueux ou desséchans. Il est vrai que les
nous allons indiquer : Îtraduits sont inférieurs à ceux que procure
1° La probabilité d'une hausse ou d'une 'application des nouvelles méthodes d'amé
baisse future du prix des bois, influe sur la nagement ; mais, pour peu que ces métho
fixation de l'époque de la coupe. 2° Prévoit- des soient mal entendues dans l'exécution ,
on que les grands taillis ne larderont pas à la forêt se dégarnit et ne se repeuple plus.
être recherchés pour certains usages, comme C'est en ne découvrant jamais le sol en entier
des exploitations de mines, des ouvrages de avant d'avoir assuré le repeuplement, que l'on
fente, etc., on doit les laisser vieillir. 3° Les peut faire croître de magnifiques sapins sur
charbons sont-ils très-chers, on se hâte d'a un plateau de 2 à 3 pouces de terra repo
battre les taillis qui sont propres à cet usage. sant sur des masses de rocs calcaires ou gra
4° Le prochain établissement d'un canal ou nitiques; dans l'application des nouvelles
86 ÀGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMENAGEMENT DES FORETS, liv. v.
méthodes , le moindre accideut peut mettre favoriser les semis naturels, on enlève les
k terrain à nu. pousses et les herbes en grattant le ter
L'ancien usage d'exploiter les forêts en jar rain à la pioche. Les arbres isolés que l'on
dinant subsiste encore dans la plus grande a laissés de distance à autre pour aider au
partie de l'Allemagne, mais les nouvelles repeuplement doivent être coupés aussitôt
méthodes dont nous allons parler, et qui ont que le plant est assez épais et assez fort pour
été inventées et mises en pratique par des se passer d'abri.
Allemands, se propagent au point qu'elles Exemple : Forêt d'épicéas d'Aarau, canton
paraissent devoir remplacer partout l'ancien d'Argovie.
procédé.
§ III. — Coupes par bandes. § IV.— Méthode de repeuplement des foréti.
Au lieu de chercher çà et là les arbres La méthode scientifique adoptée dans l'Al
mûrs ou dépérissans,on fait une coupe pleine lemagne méridionale, et quia été appliquée
à laquelle on donne la forme d'un rectangle avec succès dans nos forêts du Haut et du
irréguticr très-alongc. Tous les arbres qui se Bas-Rhin, consiste à traiter l'exploitation
trouvent dans cette surface sont abattus, à des massifs de haute-futaie ainsi qu'il suit:
l'exception de quelques porte-graines. Cette Le massif de hêtre , de chêne ou de sapin
bande forme la coupe annuelle qui se repeu qui est jugé prochainement exploitable, est
ple naturellement par de jeunes plants qui mis en défense quelques années d'avance,
se trouvent déjà sur le sol, et surtout par ceux c'est-à-dire que le pâturage et le pacage y
qui doivent provenirdesgraines qui tombent sont interdits dans la vue de conserver les
des massifs d'arbres entre lesquels cette graines. Lorsque le moment de l'exploita
lisière est resserrée. L'année suivante on ex tion est arrive, on procède à l'assiette de
ploite une autre bande de forme semblable la coupe sombre, en désignant pour l'abattage
dans une autre partie du massif. La princi les arbres qui sont situes dans les endroits
pale précaution à prendre dans ces exploi les plus épais, de manière que ceux qui res
tations consiste à les diriger de manière à tent conservent un égal ombrage sur toute
ne pas donner entrée aux vents destructeurs. l'étendue du sol. Cetle opération importante
Les hêtres et les sapins, quoique d'une hau et délicate a un double objet : celui de per
teur excessive, n'étant pourvus que de fai mettre au semis de lever'et celui d'empê
bles racines, dans un sol très-peu profond ne cher l'accroissement des herbes. L'air circu
peuvent résister à de faibles coups de vent lera à travers le massif, la lumière commen
qui n'ébranleraient pas des arbres ordinaires. cera à s'y introduire, et les jeunes plants se
On dirige autant que possible les bandes développeront sous l'influence de ces agens
de l'est à 1 ouest, pour procurer de l'ombrage de la végétation , en même temps qu'ils se
au plant {fig. 107). Quelquefois on tourne sui- ront protégés contre les gelées et contre les
chaleurs.
Fig. 107. Lorsque le plant, répandu uniformément
sur le sol, a pris une hauteur de 10 à 15 pou
ces; lorsqu'on n'a plus lieu de craindre que
l'accès du soleil et du grand air ne le fasse
périr en occasionant une subite évapora-
tion de l'humidité du terrain ; lorsque le
massif est bien garni, il est temps de s'oc
cuper de la coupe secondaire. Celle-ci, que
l'on nomme aussi coupe claire, comprend
une grande partie des arbres restans. On
observera pour l'espacement des arbres des
règles à peu près semblables à celles d'après
lesquelles on a dirigé la coupe sombre; on
vant la pente, pour éviter que les pluies en la se rappellera seulement que les parties de
forêt les mieux repeuplées sont celles qui
traînent les graines (fig. 108). Dans la vue de exigent le moins d'arbres. On laisse subsis
Fig. 108. tes arbres réservés jusqu'à l'époque où le
semis, ayant atteint une hauteur moyenne
d'un mètre, est devenu assez robuste pour
être livré sans inconvénient à l'influence de
l'air, du soleil et des météores.
Cette époque arrivée, on peut procéder à
la coupe définitive qui comprend les arbres
restans, sauf quelques pieds destinés à ser
vir de porte-graines dans les endroits que
l'on ne juge pas suffisamment repeuplés.
Ces porte -graines sont ordinairement pris
parmi les arbres faibles, difformes, peu éle
vés ; leur destination est de donner des grai
nes et de conserver un peu d'ombrage dans
les lieux où le plant est encore faible. Ces
arbres ne tardent pas à être écimés, ébran-
chés, rompus ou déracinés.
Les trois exploitations embrassent ordi
chat. 4*. DE L'AMÉNAGEMENT DES FORÊTS «9
nairement une période d'environ 10 années. plement; 3° que les plants de 3 ou 4 pieds
La rareté ou l'abondance des graines, la ra de haut, étant dégagés du voisinage des grands
pidité ou la lenteur de la croissance des arbres, croissent bien plus rapidement que
plants déterminent les époques respectives ceux qui garnissent les bandes bordées de
des trois exploitations. La principale diffi massifs; 4° que les semis naturels sont dis
culté à surmonter dans l'emploi de cette mé pendieux et ne réussissent pas toujours.
thode, consiste à diriger les exploitations de Exemple d'une belle forêt traitée par la
manière que les vents ne s'introduisent pas méthode de l'ensemencement naturel : Forêt
dans la forêt après la coupe sombre et sur de Ribeau ville' (Haut-Rhin j.
tout après la coupe secondaire, car ils fe
raient tomber une foule d'arbres , qui, la $ V. — Des futaies surtaillis.
plupart, seraient brisés et sans valeur; mais
cette perte n'est pas la plus grande ; l'acci On nomme futaies surtaillis les baliveaux
dent que nous signalons dérange toutes les de tout âge que l'on réserve dans les taillis
combinaisons du forestier, qui a donné tant à mesure de leur exploitation.
de soins pour élever le jeune plant; on est L'usage le plus général est de réserver 50
obligé quelquefois de recourir à l'ensemence- baliveaux de taillis par hectare. Nous sup
mentnaturel; les plants ne sont plus du même poserons dans nos calculs ultérieurs que la
âge ni de la même force. Mais si aucun dé révolution de l'aménagement est réglée à la
sastre n'est venu déranger l'ouvrage de l'art, période de 25 ans. La coupe comprendra
la terre est bientôt couverte de myriades de
plants de l'essence qu'on a voulu propager; donc 50 baliveaux de l'âge du taillis par
hectare. A l'époque de la seconde coupe ces
l'extrême épaisseur de ce plant est une condi baliveaux soat âgés de 50 ans. On fait abattre
tion essentielle de sa réussite; les jeunes tiges,
délivrées du voisinage des arbres qui les au ceux qui sont faibles, difformes ou trop rap
raient affamées, s'élèvent droites et hautes ; proches les uns des autres, et on en réserve
environ 18 par hectare. A l'époque de la troi
elles forment un massif dans lequel tous les sième coupe ces baliveaux sont âgés de 75
brins étant à peu près de même force, cha ans. On en réserve 8 environ par hectare.
cun d'eux n'étant ni ombragé ni épuisé par A l'époque de la quatrième coupe, ces bali
les autres, croit avec le maximum de la force veaux sont âgés de 100 ans. On en réserve
qu'il tire de son essence, du sol dans lequel environ 3 par nectare. Aux époques des cou
il est né et de l'atmosphère dont il est en pes suivantes, ou réserve un ancre ou deux
vironné.
La traite du bois qui est abattu dans les parproportion
hectare, de 125, de 150 ans, etc. Telle est
coupes doit être exécutée très-promptement, la ordinaire dans les forêts bien
pour éviter de trop grands dégâts; on a soin aménagées du nord-est de la France.
qu'elle se fasse à travers les parties de la la L'accroissement de ces futaies varie suivant
nature du sol et l'âge auquel on exploite
coupe non encore exploitées. On recèpe les les taillis. Le tableau suivant fera connaître
ijeunes tiges de bois à feuilles caduques qui le rapport moyen de leur accroissement dans
lont été brisées, et leurs souches ne tardent un bon sol :
pas à repousser des rejets.
Lorsque le jeune taillis est parvenu à sa An dea CuLig* en grume, Am d«i Cabag* tu grume,
20' année, on procède à l'extraction des jeu ataliTtaax. piedi eubd. baliveaux. piedi cube».
nes plants de marsault, tremble, bouleau, 40 . ..23 80 . . . 18
charme, qui croissent plus rapidement que 50 . ..63 90 . . . 23
les bois mus ou qui embarrasseraient les 60 . . . 10 5 100 . . . 30
plants de sapins.—20 ans plus tard, on pro 70 . . . 13 120 . . . 56
cède à un second nettoiement , en avant 75 . . . 15 12Ô . . . 65
soin de tenir toujours le plant épais et bien La question des futaies surtaillis a été l'ob
garni; c'est une condition essentielle de leur jet de longues controverses entre les anciens
prospérité future. On continue ainsi tous les forestiers ; mais, comme la plupart d'entre
20 ou 25 ans, jusqu'à ce que le massif soit eux avaient négligé un élément essentiel, ce
exploitable. lui du calcul des produits et de l'intérêt
Les inconvéniens de celte méthode sont : composé, leur opinion n'a pas influé sur la
1° qu'il se passe souvent plusieurs années pratique générale.
sans qu'il y ail des semences forestières et Le molif qui a fait convertir les massifs de
qu'on est alors obligé de recourir aux semis haute-futaie en taillis est que lorsque l'in
artificiels qui ne réussissent pas toujours dustrie s'est introduite en France, on a
dans les terrains découverts; 2° que la moin abattu les massifs pour en consommer les
dre négligence dans l'exécution peut perdre produits, soit dans les villes, soit dans des
sans retour quelques parties de la forêt; usines, et que l'on a trouvé plus commode et
3° que trois exploitations clans le même lieu plus avantageux de couper les taillis lors
entraînent des Irais considérables, tandis qu'on trouvait à les vendre, que de les con
qu'en exploitant la coupe par bandes étroites server en massifs de futaie. Le développement
on abat tous les arbres à la fois, sauf quel de la richesse publique ayant successivement
ques porte-graines. Il est juste d'observer, augmenté la valeur des bois, on a reconnu
1* que les coupes par bandes favorisent aussi qu il y avait plus de profité abattre les gros
l'entrée des vents dans les massifs; 2° que arbres qu'à les conserver, et on en a peu à
celte succession de coupes sombre, secon fieu diminué le nombre par le motif ou sous
daire et définitive n'est indispensable que e prétexte que ces baliveaux nuisent à l'ac
dans les terrains secs; car, dans les bons sols, croissement du taillis. C'est sur cette idée
deux coupes suffisent pour opérer le repeu- qu'est fondée la pratique actuelle qui se pro-
AGMCULTURK . tomb IV.— i a
90 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMENAGEMENT DES FORETS, ur». •/.
page rapidement. Elle présente des inconvé- Il serait impossible de comprendre com
niens gui entraîneront l'abandon des futaies plètement la théorie générale de l'aménage
sur taillis. 1° Dans les terrains secs le sol ment si l'on n'appréciait pas toutes les con
est trop découvert par l'enlèvement de la séquences diverses de chacun des modes que
futaie, l'humidité s'évapore, et la végétation nous venons d'exposer. Nous ferons d'abord
s'affaiblit à un degré considérable ; les ra connaître la différence entre les produits
cines des arbres et du taillis restans, étant matériels dans deux circonstances opposées.
privés de l'humidité qui les alimentait, ne Prenons une forêt de 100 hectares aména
fournissent presque plus rien à la nourri gée à l'âge de 10 ans, dans un sol de qualité
ture des plantes ; 2° les cimes des arbres su moyenne: on exploite par an dix hectares de
bitement exposées aux courans d'air se des taillis qui produisent chacun 50 stères de
sèchent; 3° les jeunes baliveaux, n'étant plus bois, lesquels, à 5 fr. le stère, vaudraient
dans un état serré, se forment de grosses 250 fr., ce qui donnera pour le revenu de la
têtes et cessent de croître en hauteur après forêt 2,500 fr.
l'abattage du taillis. Prenons une autre forêt semblable pour
Ainsi on ne doit plus avoir désormais que le sol, mais aménagée à 100 ans, et dansjla-
des arbres difformes ou de petite stature quelle on enlève périodiquement le bois mort
dans les taillis. et les chablis ; cette forêt rendra :
Le mode qui est sur son déclin produisait 1° En bois mort et chablis, par
cependant une immense quantité de beaux an 200 fr.
arbres pour tous les besoins de l'Etat et des 3° La coupe pleine, dont la con
particuliers. Ces arbres étant tenus dans un tenance sera a'un hectare, com
état serré, leurs tiges s'élevaient à peu près prendra 500 arbres valant chacun
comme dans un massif ; le taillis ne formait 20 fr., ce qui fait en tout. . . . 10,000 fr.
qu'un sous-bois qui garnissait l'intervalle
entre les arbres; niais actuellement le taillis Revenu annuel . . . 10,200 fr.
étant devenu le produit principal, la futaie (On trouve en France, et notamment dans
dégénère rapidement. Les coupes des taillis le haut plateau des Vosges, des massifs de
dont l'époque est déterminée par des calculs haute-futaie qui contiennent pour 10,000 fr.
fondés sur un intérêt élevé étant plus fré d'arbres résineux dont l'âge moyen est de
quentes qu'elles ne l'étaient autrefois, il sera 100 ans.) Ainsi le pays perd les 3/4 des pro
impossible désormais d'élever de beaux ar duits en nature par un aménagement en
bres dans les coupes, car, pour avoir une taillis ; mais la génération présente gagne
futaie d'une belle dimension, les taillis ne sur l'intérêt de l'argent.
doivent pas être coupés trop jeunes; les ba Il est évident qu une contrée qui possède
liveaux ne s'élevant plus guère après l'ex- un million d'hectares de bois âgés de 100 à
Eloitation,surtout lorsqu'ils ne sont pas nom- 150 ans est beaucoup plus riche en matière
reux, ils ne forment jamais que des arbres forestière qu'une autre contrée qui possède
rabougris, et l'on ne manque pas de pronon un million d'hectares de bois taillis dont
cer que le sol de la futaie ainsi traitée ne l'âge moyen est de 20 ans. Dans la première;
convient pas pour élever de la futaie. contrée on fait abstraction de l'intérêt de
l'argent ; dans la seconde on en fait une ap
§ VI. — De l'âge auquel il couvieut de couper plication peu éclairée.
la futaie. Dans l'impossibilité de réduire le taux de
l'intérêt de 1 argent, il ne reste d'autre moyen
Nous parlerons d'abord de l'usage général. pour rétablir l'équilibre delà production que
Ce n'est que depuis un demi-siècle environ celui d'accélérer la croissance des plants
me l'on fait en France de grands abattis de forestiers; on y parvient par les cultures,
autaie. On conservait autrefois les vieux ar par le nettoiement, par l'élagage et par l'ap
bres sans s'occuper du point de savoir si leur propriation des bonnes espèces de bois au
accroissement rapportait 1, 2 ou 3 p. 0,0 ; l'u sol. Tel est aujourd'hui l'état de la science
sage, une espèce d idée vague du sacrifice fait forestière en Angleterre, où l'art s'efforce de
au bien public, une pensée dominante d'ordre recréer une partie de ce qui a été perdu sous
et de conservation guidaient le forestier l'influence de l'ancienne législation des forêts
même à son insu, et il réservait uneimmensité et des chasses.
d'arbres qui, tout en continuant de végéter, En Allemagne, on conduit d'une manière
nu gagnaient pas un pour cent par an. Les savante les arbres jusqu'au terme où ils ont
vues qui dirigent aujourd'hui le forestier fran acquis les plus belles dimensions propres à
çais sont encore puisées en partie dans ces leur espèce. On exploite la plupart des forêts
idées de conservation et reposent aussi en résineuses et celles de hêtres à l'âge de 150
partie sur des théories particulières ou sur ans; ainsi chaque année on abat la 140e par
des calculs plus ou moins justes; en sorte tie de leur étendue totale. Les massifs de
qu'il n'y a aucune fixité à cet égard. L'amé chêne subsistent pendant plusieurs siècles.
nagement en Allemagne se règle d'après les Comparons cet aménagement avec l'aména
Îiroduits en nature. On veut conserver pour gement ordinaire de nos forêts de sapins.
es siècles futurs une masse de bois égaie au Ces dernières, exploitées par la méthode
moins à celle que l'on a trouvée. Il en est du jardinage, produisent annuellement en
tout autrement en Angleterre, où l'on coupe viron 60 pieds cubes par hectare pour toute
un arbre lorsqu'il ne rapporte plus tant pour l'étendue de la forêt; ainsi une forêt de 140
cent. On cherche uniquement un produit en hectares produit par an 8,400 pieds cubes de
argent, à moins qu'il ne s'agisse d'arbres con bois qui valent dans la forêt, à raison de 60
servés pour agrément. centimes le pied cube, la somme de 5,040 fr.,
CHAV. 4*. DE L'AMENAGEMENT
laquelle exprime le revenu de 140 hectares, 188 fr. 80 c
en sorte que le revenu par hectare est de abattus; ces derniers cubent cha
36 francs. cun 30 pieds métriques et valent,
En Allemagne, une forêt âgée de 140 ans à raison d'un franc 20 centimes
contient 20,000 pieds cubes de bois, terme le pied cube, 36 francs chacun,
moyen, parhectare, en sorte qu'en exploitant ce qui fait pour tout 180 »
un hectare par an, le produit total est de 4° Il reste 3 arbres de cent ans
20,000 pieds cubes de bois de chêne, hêtre et au-dessus ; on peut en couper
ou sapin, qui, à 60 centimes le pied cube pris deux.qui valenleDsemble,y com
en forêt, valent. 12,000 fr. pris les branchages 112 »
On procède à l'expurgade des Le taillis de 25 ans produit
bois blancs et des plants qui sur 6,400 pieds cubes de bois propre
chargent le massif 4 fois clans la au chauffage ou à la carbonisa
révolution de l'aménagement, c'est- tion qui, à 15 centimes le pied
à-dire tous les 35 ans, coupe qui , cube, valent 960 »
réduite à un terme moyen annuel,
s'étend sur 4 hectares et produit à Valeur totale de la coupe. . . .1,440 f. 80 c.
raison de 600 fr. par hectare la
somme totale de 2,400 Comme cette coupe est le seul revenu
d'une forêt qui contient 25 hectares, il en ré
Total 14,400 fr. sulte que l'hectare rapporte annuellement
Ainsi, le revenu annuel d'un massif de périeure 57 francs 63 cent. Cette somme est bien su
futaie, traité par la méthode allemande, est de l'Etat,au taux moyen du revenu des forêts
de 14,400 francs pour 140 hectares, ce qui 20 francs par ne qui dépasse pas communément
hectare; mais nous calculons
revient à 102 fr. 85 cent, par hectare , sur une forêt située dans les plaines du nord-
somme qui dépasse de beaucoup le revenu
des forêts semblables traitées suivant l'an est de la France, où les débouchés sont fa
ciles et les moyens de consommation assu
cienne méthode du jardinage.
Exemples de forêts bien peuplées : Forêt de rés.Ainsi, en réduisant les produits à leur va
Riquervirch (Haut-Rhin) ; il y a dans ce m as leur en argent, nous trouvons qu'une forêt de
sit, moi) sapins par hectare estimés 21,000 fr.; haute-futaie jardinée produit annuellement
forêt de Nideck (Bas-Rhin).
Nous allons calculer pour dernier terme de parQu'une hectare, terme moyen
forêt semblable traitée
36 f. » c
comparaison le revenu moyen d'une futaie sur par la méthode allemande pro
taillis, exploitée suivant la méthode française
dans un sol assez fertile et dans laquelle on a duit Et qu'une forêt exploitée en
102 85
choisi des réserves dont le nombre est gra taillis et futaie sur taillis produit 57 63
dué dans la proportion indiquée au § précé Cette comparaison donne lieu aux ré
dent. Ce revenu est calculé pour la coupe
d'un hectare dans un bois de 25 hectares flexions suivantes :
Le système des massifs de futaie qui s'é
aménagé à 25 ans. tend sur les 9; 10" des forêts de la France n'est
1* On trouve 50 baliveaux âgés de 25 ans, plus en vigueur, puisque généralement on ne
et comme on eu réserve 18, il en reste 82 à réserve pas des arbres en assez grand nom
abattre. Dans ce dernier nombre la moitié
ne sert qu'à faire du bois de chauffage , il en bre et d'un âge convenable pour remplacer
ceux que l'on exploite. La méthode du jar
reste 16 dont les tiges contiennent chacune dinage n'est plus généralement suivie , mais
deuxpieds cubes 3/10, et comme le pied cube aucun mode fixe n'y a encore été substitué.
métrique de petit bois vaut communément On peut remarquer seulement que la prati-
un franc, la valeur de 16 arbres sur taillis est Î|ue générale qui s'établit
de 36 fr. 80 cent 86 f. 80 c. oule de faits isolés, tend en France, par une
à adopter en défi
Lés 16 autres arbres sur taillis, nitive pour unique base de l'aménagement
propres seulement au chauffage, forestier les produits en argent. C'est par une
valent ensemble, avec les bran suite de calculs faits avec plus ou moins
ches des premiers 12 » d'exactitude sur cette base qu'une grande
2° On trouve 18 modernes ou Partie de nos futaies ont été abattues, et que
arbres de 75 ans par hectare, époque de l'exploitation des taillis a été de
8 sont réservés et 10 sont coupés; vancée; les revenus sont considérables parce
dans ce dernier nombre 7 sont que l'on exploite beaucoup à la fois; mais ils
propres au service, les trois autres s'épuiseront, et l'on ne pourra en créer de
ne peuvent guère servir que pour nouveau \ i|iie par l'adoption d'un bon système
le chauffage. Les 7 premiers cu de culture forestière, lequel consiste princi
bent chacun 15 pieds métriques palement à accélérer la croissance des taillis
et valent 15 francs. Leur valeur et des futaies en dépensant à propos l'argent
totale est donc 105 » nécessaire pour en soigner la production.
Les trois modernes de qualité Celte culture consiste: 1° à approprier les
inférieure valent avec les bran espèces de bois au sol et au débit; 2° à com
ches des premiers 35 » poser chaque aménagement d'une espèce
3° On trouve 8 arbres anciens, d'arbres ou de deux espèces analogues; 3° à
âgés de 100 ans, par hectare, 3 ne conserver dans chaque massif que des
sont réservés , les autres sont plants delà même force, du même ùge et con
188 f. 80 c. venablement espacés autant que possible;
92 AGRICULT. FORESTIÈRÉ CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, tiv.
4° à n'exploiter chaque massif qu'à l'âge où il
rend le maximum des produits en argent; § VII. — Exploitation des futaies avec i
5" à ne pas conserver de vieux baliveaux clans ment artificiel.
les taillis, niais à élever de grands arbres
enmassirsdansla meilleure partie de U forêt; Si les repeuplemens artificiels étaient tou
6° à employer dans les portions arides des jours bien assurés, ce serait sans contredit
forêts la méthode d'ensemencement naturel la voie In plus économique pour repeupler les
pour les futaies et celle du fur tage pour les forêts.
taillis; 7° à ne pas épargner les frais de cul
ture lorsqu'il est évident qu'ils doivent être
remboursés par des produits immédiats ou talion à diverses'reprises pendant 10 ans;
par un surcroit de produits éloignés. mais on ne peut guère espérer de voir ce
Les calculs qui seront faits d'après l'étude procédé généralement usité, tant que chaque
du maximum des produits en argent feront forêt n'aura pas sa pépinière pour fournir
connaître que tel bois doit être exploité à du plant en abondance et à bon marché.
10 ans, tel autre à 30, tel autre à 100 ans, Cependant c'est ainsi que se régénèrent les
suivant les besoins que l'on a dans chaque plus belles forêts de sapins de la Toscane;
contrée, de menu bois, de gros bois ou de on y a fait les exploitations à blanc, et le
pièces de charpente. Partout l'étendue et la repeuplement s'opère au moyen des pépi
nature de la production devront se régler nières annexées aux forêts. Ces repeuple
d'après la demande présumée. On ne réali mens sont peu dispendieux, car une pépi
sera pas de telles améliorations sans beau- nière de 2 ares suffit pour replanter 1 hectare.
coup de calculs et de démonstrations préli Les plantations se font en automne; le prin
minaires. Nous ne croyons pas inutile, sous temps est trop sec en Italie pour que l'on
ce rapport, de passer encore une fois en revue puisse confier dans cette saison le plant à la
les tables précédentes. terre, à moins qu'elle ne soit arrosée. Les
Prenons un exemple dans la table 1" de la plants sont espacés de manière à occuper
page 81. La progression nous fera connaître, chacun un étendue de 7 à 8 pieds de rayon.
en la combinant avec un calcul très-facile, On a adopté l'ordre symétrique comme ce
l'àçe auquel il convient d'abattre les arbres lui dans lequel les arbres se développent le
qui croissent suivant cette progression. mieux. L'efficacité de ce soin est d accord
Nous supposerons que l'on venues exploiter avec l'observation que les arbres demandent
aussitôt qu'ils ne rapportent plus 4 p. 0/0 par un espace dans lequel ils puissent s'étendre
an. Leur valeur primitive doit doubler tous également dans tous les sens. Peu de temps
■les 18 ans pour qu'ils puissent rendre cet in après que la plantation est effectuée , le sol
térêt. Nous voyons que l'arbre désigné dans se couvre d'une infinité de ronces et d'au
ce tableau a plus que doublé de valeur tous tres arbustes que l'on se garde bien de dé
les 18 ans jusqu'à 1 âge de 55 ans; son volume truire, car ils tiennent le sol à couvert et
croit ensuite plus rapidement, mais le pied garantissent par là le jeune plant d'une trop
cube de gros bois étant plus cher que celui forte transpiration ; mais au bout de 6 ans
d'un petit bois, on gagne encore à attendre cette espèce d'abri a disparu, et les sapins
pour le couper. Si nous jetons un coup-d'œil couvrent tout l'espace.
sur le tableau de la page 19, nous verrons La coupe de ces arbres se fait vers leur
que jusqu'à l'âge de 110 ans la valeur de l'ar 90e année, lorsque la flèche supérieure, qui
bre qui fait le sujet de celte table, a encore est la dernière pousse annuelle, s'incline et
doublé dans la dernière période de 18 ans. ne s'alonge plus.
La table qui fait connaître l'accroissement La culture momentanée du seigle dans
moyen des sapins dans un massif jardiné les sapinières exploitées a produit, dans ces
(page 85) donne à peu près le même résultat. climats chauds, des effets désastreux , en
11 ne faut point perdre de vue que ces ta arrêtant la multiplication des arbustes, des
bleaux d'accroissementdes futaies ne s'appli ronces et des grands herbages qui croissent
quent qu'aux arbres qui ont pu vieillir un naturellement après la plantation, et qui
siècle ou un siècle et demi dans un état sain, seuls conservent la fraîcheur et l'humidité
mais qu'elles n'ont aucun rapport avec une nécessaires à la végétation.
foule d'autres arbres viciés ou gâtés par des On ne connaît en Italie que deux modes
maladies et des accidens de tout genre. Si les de culture forestière, celui des taillis et ce
arbresde la fclasse grossissent suivanteelte lui des massifs de haute-futaie. Le mode
progression, il s'en faut bien que l'accroisse mixte des futaies surtaillis n'y est pas em
ment total des massifs de nos futaies pris en ployé.
mnssc suive la même loi; maison la retrouve
dans les forêts soumises à la méthode de l'en $ VIII.— Des essarts.
semencement naturel et des expurgades par
éclaircies. J'ai reconnu que dans- la forêt de Après avoir parlé des méthodes générales
Joux, et dans les autres belles forêts du Jura, d'exploiter les bois, soit en taillis, soit en
les sapins qui ne sont pas défectueux grossis futaie, nous parlerons des pratiques locales
sent uniformément d'un pouce par an sur qui sortent Je ces grandes divisions.
leur circonférence; mais celte progression La culture des bois en essarts se pratique
n'est point applicable à l'étendue totale du depuis plusieurs siècles dans les Ardennes,
massif qui est soumis au jardinage. les Vosges, dans le pays de Darmstadt et eu
divers lieux sur les bords de la Sarre, de la
Moselle et du Rhin. Les bois d'essarts sont
des taillis de chêne qui s'exploitent en plein,
ciu*. 4'. DE L'AMÉNAGEMENT DES FORETS
sans réserve de baliveaux, tous les 16 ou
18 ans, et dont on cultive le sol après l'ex
ploitation pour y semer du seigle et d'autres
graines pendant 2 ou 3 ans au plus.
UécobuaL'e .est l'un des travaux essentiels
de cette culture. Lorsque le taillis est coupé,
les habitans du voisinage cultivent le sol a la
pioche ; ils disposent la pelouse en petits
fourneaux sur lesquels ils placent les genêts
et les herbes qu'ils ont pu ramasser dans le
voisinage ; les cendres de ces fourneaux sont
répandues sur le sol ; ensuite on y sème du
seigle. Dans certaines localités, la portion du
propriétaire, qui n'est tenu à aucuns frais,
s'élève ordinairement à 30 ou 36 francs par
hectare.
L'abattage des taillis et Vécorcement se
font simultanément en pleine sève. M. Lintz
a reconnu que la végétation se montre bien
plus puissante dans ces essarts que dans les
taillis ordinaires; il a mesuré des jets de
chêne d'un an, qui avaient 3 mètres de lon
gueur. Il regarde celte forte végétation com
me l'effet de l'abattage opéré en pleine sève;
mais la culture y contribue davantage, car ^
on ne remarque pas dans les taillis incultes , '
coupés en pleine sève, des effets semblables.
Les taillis des essarts sont aussi élevés et
aussi forts à l'âge de 6 ans que les taillis ordi
naires à l'âge de 12 ans. Les brins étant écor-
cés jusqu'au niveau du sol, les jets sortent
nécessairement du collet des racines et for riture abondante ; le taillis procure aux der
ment plus tard eux-mêmes de nouvelles niers jets des souches un abri contre les
souches. vents desséchans et contre les gelées. Ce
Les Allemands, qui ont étudié ce sujet genre d'exploitation convient parfaitement
d'un point de vue élevé, ont reconnu que aux taillis de hêtre, dans les terrains secs
cet usage se recommande encore plus par et légers. Il est usité dans les forêts du nord-
l'étendue des travaux utiles qu'il exige que est de la Nièvre, et de l'ouest de Saône-et-
par la richesse du produit brut qu'il pro Loire. Les taillis de chêne du même pays,
cure. En effet, une partie de ce produit est qui sont destinés à être écorcés , sont ex
une création industrielle. ploités de la manière suivante: tous les 6 ans
on coupe sur chaque souche les gros brins,
§ IX. — Du furetage. qui sont âgés de 18 ans, et on laisse subsister
tous ceux qui sont âgés de 12 ans et de 6 ans.
Six ans plus tard on revient couper les brins
On appelle ainsi le mode d'aménagement qui avaient 12 ans à l'époque de la coupe
qui consiste à couper dans un taillis les plus précédente, et ainsi de suite.
gros brins d'une grosseur déterminée , en Cette exploitation s'exerce avec certaines
laissant subsister les petits brins jusqu'à précautions, qui ne doivent jamais être né
l'époque où ils auront atteint la dimension gligées. Comme dans les essarts, on écorce
des premiers. Les bois où le furetage s'exerce les brins jusqu'au niveau du sol, afin que
sont peuplés principalement de hêtres; on les jets sortent nécessairement de terre; on
n'y conserve point de futaies, parce qu'elles ne réserve point de baliveaux; 2 ans après
sont considérées comme nuisibles; on ré
serve à peine quelques baliveaux ; mais on chaque tion qui
coupe, on procède au curage, opéra
consiste à couper le houx, le genêt,
laisse croître en liberté les châtaigniers qui les épines,
se trouvent çà et là dans ces taillis. L'ex adventices, les brins tralnans et les plantes
de manière que le. plant de chêne
ploitation revient tous les 10 ans dans la reste seul dans la forêt.
même partie de la forêt. Sur chaque souche
îl y a des brins de 3 âges différens {fig. 109). deExemples de ce mode d'exploitation : Bois
On coupe tous ceux qui ont plus d'un pied leuRoussillon
(Nièvre).
et Verrière (Morvan); bois d'Ar-
détour, et on laisse subsister les autres. On
conserve tous les brins de semence. Sx. - Aménagement nu assolement de forêts
Les coupes nouvellement Juretées sont suivant la méthode de M. Cotta.
couvertes d'herbes, de genêts , de brins cas
sés ou pliés; mais quelques années après on But de cette méthode. — Répartir les forêts
n'aperçoit aucune trace des dégâts que l'ex- selon les besoins du pays et suivant la nature
ploitation avait occasionés, et les arbustes du sol; — céder à 1 agriculture les portions
sont étouffés. Les petits brins, trouvant l'es- de forêts qui lui conviennent, et oui après
pace nécessaire pour se déveloper, croissent un long repos sont engraissées par 1 accumu
avec force , et comme lo sol n'est jamais , lation de débris végétaux ; — placer les forêts
découvert , les racines reçoivent une nom- J dans les lieux qui ne conviennent pas ou qui
M ÀGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORETS inr.v.
ne conviennent plus à l'agriculture; — régler 7° Lorsque ces derniers arbres ont atteint
cet assolement de manière à augmenter la l'âge déterminé, on les arrache et on en re
...:e totale- des
ID3S5C J ~„ produits
.., wl 1 1 i 1 t agricoles
i ir ri ( •< 1 1 1 et
f>t fores
frtrPQ- plante d'autres dans l'espace qu'occupaient
tiers : — tel est le but de la méthode de les céréales; ensuite on cultive des céréales
M. Cotta, qui classe dans un seul système tou dans les lieux où existaient les arbres que
tes les cultures, y compris la culture des bois. l'on vient d'arracher.
Exposéde la méthode. — 1° On choisit une 8° On dirige autant que possible les ran
forêt propre à l'objet que l'on se propose; on gées d'arbres du nord au sud.
la divise en un certain nombre de coupes 9° Les espèces d'arbres que l'on plante de
déterminées d'après la nature du sol, la tem- préférence, sont le bouleau, le pin, le mélèze
Pérature du climat, et l'espèce d'arbres que et le cerisier. (Il est indispensable d'avoir
on veut élever. une pépinière dans chaque forêt. )
2° Chaque année on abat le bois de l'une 10° En cessant de cultiver le blé, on sème
de ces coupes dans l'ordre suivant {fig. 110) : avec celui de la dernière année des graines
de trèfle et de sainfoin.
Fig. 110. 1 1° Les arbres sont soumis à l'élagage, s'ils
en ont besoin.
Les avantages de ce mode d'aménagement
sont ceux-ci : — le bois croit bien plus rapi
dement dans un espace cultivé que dans un
massif de forêt; — la croissance d'un arbre
isolé est bien plus vigoureuse que celle d'un
arbre de même espèce, qui croit au milieu
î 5 A d'un bois; — lorsqu'une terre a été pendant
30 ou 40 ans plantée de bois, et surtout d'es
sences résineuses, les céréales y croissent
avec plus de force qu'auparavant, et sans en
grais pendant long -temps; — les arbres
croissent ensuite à leur tour avec force dans
un sol qui a été cultivé ; — on ne nuit point
aux arbres, dans leur jeunesse, en cultivant
du blé ou d'autres plantes annuelles, dans
leur voisinage, et réciproquement, celles-ci
n'en reçoivent aucun dommage ; — on obtient
ainsi la plus grande quantité possible de blé,
de fourrage et de bois dans un espace donné.
Chaque partie du sol est occupée de la ma
nière la plus avantageuse ; le plus petit espace
est planté du bois qui lui convient, et chaque
espèce d'arbres est à sa place.
Exemples. En Poméranie, on essarte dans
les forêts de pins des espaces dans lesquels
on sème du blé pendant plusieurs années,
après lesquelles le terrain est abandonné
pour être ensemencé par les bois voisins. En
Souabe, en Franconie, les terres sont mélan
gées d'arbres. Dans la vallée de l'Emmen, en
Suisse, les coflines sont boisées de bouleaux
3° On défriche la coupe et on en dispose que l'on exploite à l'âge de 20 à 30 ans; on
le sol pour la culture des céréales. On cul arrache les souches, on brûle le résidu de
tive ce terrain défriché comme un champ sur le terrain pour l'exploitation en répandre les cendres
dans lequel on sème, pendant
ordinaire.
4° On choisit ensuite une espèce d'arbres 3 années de suite, du blé, des pommes-de-
propre au but que l'on veut atteindre et terre et des légumes. Le sol épuisé est de
aux besoins locaux. On plante ces arbres en rechef planté eu bouleau.
Application. — La culture du bois peut
raies dans le sens des sillons, en disposant s'alterner avec la culture des céréales, à des
les rangées de manière qu'elles soient éloi
gnées l'une de l'autre de 20 à 30 mètres, se intervalles plus ou moins longs; la durée
lon que l'on a plus ou moins besoin de Mr . des périodes varie suivant les espèces d'ar
de fourrage ou de bois. Les tiges des arbres bres. Le marsault s'exploite en taillis qui se
coupent tous les 8 ou 9 ans; les souches con
qui forment ces rangées sont éloignées en servent leur force pendant 30 ans; ensuite
tre elles de 10 à 12 décimètres.
5° Entre ces lignes d'arbres on cultive du on les arrache, et on cultive le sol jusqu'à
Dlé ou d'autres céréales, tous les ans, jusqu'à l'époque où la culture en devient onéreuse
l'époque où les arbres ont pris assez de crois ou peu profitable.
sance pour gêner cette culture. On la cesse Lorsqu'on exploite le pin sylvestre, les sou
ches sont arrachées, et on met utilement
ensuite
6" Onentièrement.
éclaircit ces arbres lorsqu'ils sont le terrain en culture. Les terres qui ont été
devenus assez forts pour se nuire mutuelle fécondées par l'engrais des feuilles de pins,
ment; on ne laisse subsister que ceux qui deviennent fertiles pour un assez grand nom
peuvent croître avec vigueur, jusqu'à l'épo bres d'années.
La culture forestière des grands bois à
que de la coupe définitive.
chap. 4*. CULTURE DES ?ORÊTS, 95
feuilles caduques ne peut s'alterner avec la très-épais. Si le plant de l'espèce que l'on
culture des céréales qu'à de longs intervalles, veut propager est trop cher, on remplit les
car les semis de chêne, d'orme et de frêne ne intervalles de bois blanc dont la croissance
produisent que de faibles brins, dans les 20 rapide procure promptement le couvert dont
premières années de leur existence ; mais, la plantation a besoin. Cette observation
après la première exploitation, le recru s'applique à tous les terrains qui ne sont pas
pousse avec force ; les souches produisent en humides.
core davantage après la seconde exploita
tion ; leur vigueur dure plus d'un siècle, à § U. —Travaux d\ et d'irrigation.
peu près dans la proportion suivante :
Dans un taillis de 20 ans, la solidité d'une L'humidité du sol, occasionée par le sé
tige est d'environ t pied cube. Sa souche jour d'eaux croupissantes, est une cause fré
poussera des rejets, dont le volume total, à la quente du dépérissement des forêts, tandis
fin de la 2* période de 20 ans, sera de 3 pieds qu'en faisant écouler ces eaux dans des ca
cubes. La souche de 40 ans portera des jets naux creusés pour ces objets, on peut, dans
qui, 20 ans plus tard, cuberont ensemble 10 certaines localités, s'en servir pour d'utiles
pieds. La souche de 60 ans produira une cé irrigations. Le dessèchement s'opère presque
pée d'environ 20 pieds cubes. toujours facilement en ouvrant, suivant la
Il est des souches d'aulnes qui produisent, direction de la pente du terrain, des fossés
dans une période de 20 ans, 60 pieds cubes qui versent les eaux au dehors de la forêt.
de bois. On peut vérifier cette observation Les eaux stagnantes se rendent dans ces fos
dans tous les taillis. sés par de petites rigoles qui sillonnent le
Ainsi, on ferait une perte considérable, si terrain dans toutes les directions indiquées
l'on arrachait un plant de bois dur tous les 20, par la configuration du sol (fig. 111).
30 ou 40 ans-, mais il y a du profit à arracher Fig. III.
les arbres résineux, dont les feuilles ou ai
guilles engraissent le sol, au point qu'il de
vient pour long-temps fertile sans engrais ni
amendement. L'assolement des céréales se
combinant parfaitement avec la culture des
arbres résineux, ce sont ces dernières essen-
ces qu'il faut planter de préférence.
Section rv. — Culture desforêts.
§ I". — Soins et culture à donner aux plantations.
Labourage et culture à la houe. Les planta
tions qui sont faites dans les terrains secs
n'ont besoin de oulture que dans la première
année qui suit la récolte des blés dans les
quels les plants ont été placés. Ce labour
coûte 18 fr. par hectare. Mais, dans les ter
rains humides, il est indispensable de cou
per l'herbe tous les ans, jusqu'à ce que le
taillis soit assez fort pour l'étouffer. Exem Ces fbssés et rigoles peuvent être traces
ple. — Vastes plantations de Nully (Haute- à peu de frais, de Ta manière suivante : On
Marne), en bouleaux, marsaults et chênes. charge le garde forestier, ou un ouvrier in
Il est beaucoup plus facile de cultiver les telligent, d'aller reconnaître, après une
plantations faites en lignes, que celles qui grande pluie, la direction des petits courans
sont disposées irrégulièrement. On peut qui s'établissent de toutes parts sur la sur
même semer dans les intervalles, des plantes face de la terre inondée, et de planter des
annuelles, dont la récolte rembourse les frais jalons dans toute l'étendue de ces courans ;
de culture. Exemple. — Plantation de chêne et lorsque l'eau est retirée, on fait creuser
et frêne , faite clans le bois de Lamarche des fossés et des rigoles plus ou moins larges
(Côte-d'Or), cultivée avec mélange de mais. dans toutes les directions jalonnées, que Ion
— Croissance excessivement rapide. redresse un peu. Le prix des fossés varie, sui
Les bois formés par la voie des semis ne vant leurs dimensions, de 10 à 15 centimes
demandent pas à être cultivés dans les pre par mètre courant. De petits aquéducs con
mières années, à moins qu'il n'y ait trop de struits en pierre ou en bois traversent les
grandes herbes sur le sol, mais il ne faut pas chemins et les routes, dans tous les endroits
même le dégarnir de ces plantes protectri où ces voies de communication interceptent
ces, à moins que le jeune plant ne soit assez le cours des eaux.
épais pour couvrir presque entièrement la Ce système de dessèchement, si peu dispen
terre. Exemple d'un semis de chêne âgé de 20 dieux, réussit complètement, à moins que le
ans, fait à la charrue, et n'ayant point reçu terrain ne soit dominé par des courans supé
de soins ultérieurs, à Buisseuil, près Paray rieurs. Il est inutile de donner d'abord beau
( Saône -et-Loire). Ce semis forme un taillis coup de largeur aux fossés: on reconnaît plus
très-beau et bien garni. tara, en exécutant le premier curage, les di
Des observations faites sur un grand nom mensions précises qui leur conviennent
bre de plantations prouvent que leur réus Un dessèchement subit fait périr les aul
site n'est assurée que lorsque tes plants sont nes et les marsaults; mais les espèces dures ne
06 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. Ut. v.
tardent pas à paraître à leur place, s'il y a de les palissades étant très-dispendieuses, on se
grands arbres porte-graines de cette dernière borne à ouvrir des fossés de 16 à 20 décimé-
essence dans le voisinage. Toutes les terres très de largeur; les terres provenant du cu
argileuses deviennent fécondes lorsqu'elles rage sont amoncelées sur le bord supérieur.
sont desséchées. Quelquefois on plante une haie sur cette
Les irrigations naturelles, occasionées par berge, et le fossé se remplit de ronces, ce qui
le débordement des rivières et des ravins fait une clôture impénétrable. On pourrait
dans les forêts, influent fortement sur la vé employer l'acacia, que l'on couperait en tail
gétation, pourvu que ces eaux puissent pren lis très-jeune pour le tenir constamment ser
dre assez promptement leur écoulement, et ré; la surface même du fossé serait ainsi em
ne croupissent pas dans le sol. Le bois qui ployée productiveiuent.
croll dans les parties arrosées d'une terre lé Dans les paj s de pâturage où les propriétés
gère ou sablonneuse a, toutes choses égales sont closes, il est plus indispensable qu'ail
d'ailleurs, quatre fois plus de volume que leurs que les taillis soieut environnés de hai»'s
celui qui existe dans les parties supérieures qui les défendent contre les incursions du bé
au niveau du débordement. Il est souvent tail. Quant aux pépinières forestières, il faut
facile, par le moyen de .quelques barrages, nécessairement les enclore de murs ou de pa
d'arroser un bois à peu de frais, opération lissades pour les défendre contre le gibier.
qui permet de récoller des fourrages dans
les intervalles des plants forestiers. $ IV. — Elagage des arbres dans les forêts.
§ III.—Clôture et abri des «émis et plantations. L'élagage des arbres dans les forêts a été
essayé et pratiqué souvent avec peu de
Sur les bords delà mer, où il est si difficile succès, parce qu'il exige plus de précautions
de faire réussir les plants forestiers sans avoir que l'on n'en prend ordinairement. Telle est
formé des abris préalables, il est nécessaire la cause qui a empêché que cette méthode
de conserver des massifs d'une dizaine de ne s'étendit généralement. On a cependant
mètres de largeur, pour protéger les plants ou réussi dans les forêts où l'on a employé la
le recru des taillis, surtout contre les vents méthode suivante : 1" On ne coupe que les
du nord-ouest, dans la plupart de nos con branches inférieures des arbres ; 2° on no
trées. Dans les Alpes, on laisse subsister sur coupe pas les grosses branches immédiate
les bords des forêts d'épaisses lisières d'ar ment près de la tige principale, mais on laisse
bres; ce sont ordinairement des sapins; quel un tronçon ou chicot d'environ un pied de
quefois on choisit d'autres espèces ; M. K as- longueur, lequel est abattu et rasé près de
thofer cite une plantation de sorbiers faite la tige un an ou deux après la première opé
autour d'une forêt communale en lignes si ration. Cette précaution a pour objet d'éviter
serrées, qu'ils en. ferment l'entrée aux brebis le dessèchement que produit toujours la
et aux chèvres. chute d'une grosse branche lorsqu'on la
En France, dans plusieurs localités, on coupe en une seule fois sur la tige; 3* ou a
laisse subsister des lisières de 2 à 3 mètres soin que la surface d« la section soit parfai
de largeur sur le bord des coupes, pour rom tement nette.
pre l'effort des vents et former une espèce L'élagage sera d'autant plus avantageux
de clôture. La figure suivante donne une idée que l'on se conformera davantage, dans
de la disposition de ces lisières, qui sont très- 1 exécution, aux préceptes suivans : 1° on
utiles dans les forêts dont le sol est un peu doit éviter de procéder trop tôt à l'élagage
sec et élevé (fig. 111). Les clôtures murées et des taillis dans un terrain sec; il faut que le
Fig. 112. sol soit suffisamment ombragé pour que l'on
puisse retrancher des branches sans le dé
garnir; 2° on choisit les plus belles bran
ches verticales et on supprime les branches
inférieures; on raccourcit seulement celles
qu'il parait utile de conserver pour ne pas
diminuer subitement la masse du feuillage;
3* il est inutile d'élaguer dans les taillis les
brins qui ne sont pas destinés à devenir un
jour des baliveaux; 4° on commence les éla-
gages au mois de septembre; ils doivent être
terminés au plus lard le 15 mars.
Montbath recommande aux forestiers
d'êlre soigneux dans le choix des branches
qu'ils doivent conserver, et de couper celles
qui tendent à s'élever dannine direction verti
cale et à rivaliser avec la tige principale.
Quant aux branches horizontales qui nuisent
peu à la végétation de l'arbre, on relrauche
seulement les plus basses. Lorsqu'un arbre
présente deux tiges élevées qui se disputent
la supériorité, il faut, si toutefois on peut le
faire sans porter préjudice à la tige princi
pale, enlever la moins belle et soigner celle
qui reste.
l,a râleur d'un arbre dépend principale
thap. 4'. CULTURE DES FORETS.
ment de la netteté, de la beauté et de la hau courbes en suivant soigneusement le pro
teur des tiges. On doit donc les diriger de cédé que nous allons indiquer d'après Mon-
manière à en former des arbres d'un certain teath.
prix {fig. 113.) Si vous avez un chêne, un orme ou un
Fig. 113. châtaignier qui se bifurquent en deux tiges
se disputant entre elles la supériorité, coupez
la tige la plus droite et la plus élevée {fig. 114).
Fig. 114.
Taillis de 15 ans.
Fig. 120.
Taillis de 20 ans,
ICO ACRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, lit v.
Fis. 121.
Taillis de 25 ans.
Fig. 122.
Taillis de 30 ans.
Ces figures indiquent le nombre et la sta temps. Il s'en faut de beaucoup qu'il en soit
ture des brins réservés après les nelloie- ainsi. Je ne citerai ici qu'une observation
que j'ai faite dans un parc sur un massif de
sapins dont les plants sont de n ême âge,
§ VI!.— De l'élagage des massifs de futaies de bois observation que tout le monde peut vérifier
feuillus. dans d'autres parcs. Les arbres du pourtour
La première operalinn qui se fait dans les dans ont 3 pieds et demi de tour; crux qui sont
mass'îs de futaie de chêne ou de hêtre com l'intérieur n'ont qu'un pied et demi ;
plètement repeuplée par la méthode d'ense la hauteur est à peu près égale, rn sorte que
mencement naturel, consiste à enlever, vers les derniers n'ont pas le cinquième du vo
la 24" année de l'âge du plant, tous les bois lume des premiers ( la solidité étant ici
blancs. Cette extraction donne un produit comme les carrés des surfaces).
assez considérable. Le plant destiné à former desOnmassifs peut faire la même observation sur
la futaie est encore très-faible, car il est ex qui croit au de futaie. Un chêne de 100 ans
milieu d'un massif non éclairci
trêmement épais. On peut en juger par le n'a ordinairement
dénombrement suivant: qu'un volume de 4 pieds
M. Lintz a compté dans la forêt du Mont- et demi cubes, tandis qu'un chêne du même
Tonnerre, sur une coupe de plants de hêtres âge qui croit sur le bord du massif ou même
âgés de 3 ans, 1 million de plants par hec daus une futaie sur taillis a ordinairement
tare. Un plant de la même espèce, âgé de 30 pieds cubes.
10 ans, lui a présenté 360,448 brins par hec La conclusion de ces faits est, qu'il faut
tare. Une autre coupe bien fournie en hêtres étudier avec soin le moment où 1rs plants
de 30 ans a donné 10,314 perches par hec commencent à languir et les enlever du mas
tare. Ainsi une immensité de brins avaient sif qu'il ne faut cependant pas trop dégarnir,
péri ou avaient été enlevés dans les inter car les arbres ont besoin pour croître en
valles des époques ci-dessus. hauteur de se soutenir mutuellement.
La culture forestière a pour objet d'en-
lever dans le temps le plus opportun ces § VIII. — Du nettoiement des forêts résineuses.
plants qui étaient destinés à périr, si l'art
ne fut pas intervenu dans la double vue ùe La plupart des forestiers veulent que les
les employer utilement et de dégager plus plan talions d'arbres résineux soient écbiircies
promptement les brins qui doivent former comme les autres bois; mais ils convien
le massif de futaie. La principale difficulté nent tous que ces arbres doivent être tenus
est relative à {'espacement à donner à ces dans un état serré pour résister aux vents
derniers dans chaque période de leur ac qui les fatiguent beaucoup plus que les ar
croissement. bres à feuilles caduques et pour que le sol
Il importe de détruire une erreur généra demeure entièremenl couvert. Le plus petit
lement répandue à ce sujet. Cette erreur espace suffit dans les forêts pour que chaque
consiste à croire que si l'on resserre les ar plant d'essence résineuse croisse avec une
bres dans un espace tel qu'ils occupent cha vigueur apparente ; on voit des centaines de
cun 4 pieds carrés, ils prendront moitié de jeunes arbres vigoureux s'élever dans un es
la force qu'ils auraient acquise dans un es pace de 10 mètres en carré, mais ils finissent
pace de 8 pieds carrés pendant le même par s'éclaircir naturellement; une lutte s'é
cnAP. 4*. EXECUTION DE L'AMÉNAGEMENT. 101
tablit entre eux, et les plus faibles ne tar leure de toutes les délimitations est l'ou
dent pas à languir; c'est sur celte indication verture d'une route mitoyenne sur tous les
qu'il faut procéder à leur extraction. points de la propriété qui sont limitrophes
En conséquence, dans une plantation d'ar d'une autre forêt; chacun des riverains ouvre
bres résineux qui s'e nbarrassent mutuelle un fo^sé sur son terrain pour fixer et assainir
ment, il faut éclaireir par degrés en coupant la route; on ouvre ainsi une voie commode
tous les plants qui sont dépassés par les au pour l'extraction des bois.
tres au point que ceux-ci doivent bientôt
les étouffer. L'effet de ces éclaircies est de § II. — Reconnaissance des coupes précédentes.
permettre aux arbres restans de s'étendre
un peu eu largeur et de développer leurs L'usage suivi jusqu'à l'époque où l'on s'oc
racines. cupe de l'aménagement doit être l'objet
Le mélèze et les épicéas seront tenus plus d'une étude attentive; les changemens
serrés que les autres espèces. II faut avoir brusques, lorsqu'ils ne sont pas impossibles,
égard aussi à la profondeur du sol; car, si sont souvent nuisibles; d'adleurs les pro
la couche de terre végétale est assez épaisse priétaires publics ou privés souscrivent dif
pour permettre aux racines de pénétrera ficilement à un nouveau plan dont l'exécu
une profondeur de deux pieds, l'arbre sera tion doit les priver momentanément de leurs
beaucoup plus solidement assis que dans une revenus. A-t-on reconnu par exemple qu'un
couche de terre qui n'a que trois pouces d'é taillis qui s'exploite à 20 ans le serait beau
paisseur; on peut dans les premiers sols coup plus avantageusement à 30- ans, on ne
éclaireir fortement, mais, dans les seconds, doit pas espérer de pouvoir suspendre les
il suffit d'enlever les plants à mesure qu'ils coupes pendant 10 ans; il faut donc cher
paraissent devoir être étouffés prochaine cher un moyen d'arriver par degrés au but
ment. Il vaut mieux perdre un peu de temps que l'on se propose. Supposons que le bois
sur l'accroissement que de risquer de voir contienne .30 arpens ; l'étendue de la coupe
l'arbre ébranlé et arrêté dans sa croissance actuelle est d'un arpent et demi ; il est cer
par le défaut de solidité de ses racines. Mais, tain qu'en la réduisant à un arpent, on ar
dans tous les cas où l'éclaircie peut être pra rivera au point de couper le taillis à l'ànre
tiquée, il ne faut pas la négliger, car les ar cherché; mais ce résultat ne sera obtenu
bres font plus de progrès en un an après une qu'à la fin de la période de 30 ans ; cepen
éclaircie bien entendue, qu'ils n'en faisaient dant le revenu augmentera tous les ans dans
en 3 années dans l'état primitif. une proportion telle que dans la IV année
Exemples de forêts trop éclaircies : Les le propriétaire jouira du même revenu qu'il
montagnes du Val-Travers (Suisse) sont cou avait auparavant, et qu'à la 30e année son
vertes d'épicéas qui croissent dans une cou revenu sera augmenté dans la proportion
che de terre de 4 pouces d'épaisseur reposant de 2 à 3.
sur un roc incliné impénétrable aux racines. Voici le calcul fait d'après la progression
Les parties non éclaircies sont couvertes de ordinaire de la valeur des taillis. L'n arpent
massifs épais d'arbres d'environ 40 mètres de taillis (demi-hectare) à^é de. 20 ans vaut
de hauteur et de 2, 3 et 4 mètres de circon 400 fr. La même étendue d'un taillis â.^é de
férence ; mais les portions qui ont été trop 30 ans vaut 900 fr. Le revenu produit par
éclaircies par des coupes prématurées on l'ancien aménagement est de 600 fr., puis
mal disposées sont dégarnies et ne paraissent que l'on coupe 1 arpent et demi par an. La
pas devoir se repeupler, coupe étant réduile à 1 arpent, elle vaudra
La plupart des plantations de pins du dé seulement 400 fr. Mais dès la seconde année
partement de la Marne étant trop espacées, on coupera du taillis de 21 ans, et successi
ces arbres s'élèvent peu; d'ailleurs le sol vement on exploitera des taillis plus âgés.
étant découvert, la plus grande partie des Cette simple conversion de l'ancien ordre
sucs nutritifs s'évapore. 11 conviendrait de de choses doit augmenter en définitive le
garnir entièrement le sol de bois blanc pour revenu de moitié ; mais un autre avantage
former un abri compacte. qu'elle procure, c'est celui de permettre de
faire une coupe de nettoiement assez lucra
Section v. — Execution de l'aménagement. tive ; car, dans un taillis qui ne doit s'ex
ploiter que tous les 30 ans, on peut exécuter
Ç 1"— Abornemcut. le nettoiement dans la 12e année, et le produit
à cet âj;e est considérable. Dans un bois de
Autrefois,lorsque le sol avait pende valeur, 30 arpens la coupe annuelle en nettoiement
on en marquait les limites par des arbres sera donc de 2 arpens et demi ; le produit
auxquels on donnait le nom de pieds cor- net, terme moyen, sera de 100 fr., en ï.orle
niers. (La langue forestière s'étant formée que le revenu sera porté immédiatement à
dans le moyen-âge présentait une foule de 700 fr. et s'élèvera jusqu'à 1000 fr.
locutions barbares dont la plupart sont inu
tiles et hors d'usage. 1 Ces arbres parvenaient § III. — De la forme et de l'étendue des coupes.
souvent à des dimensions colossales et ils
étaient destinés à pourrir sur pied; mais, de La configuration des coupes doit être de-
puis que le terrain et les arbres sont devenus terminée de manière que l'exploitation soit
précieux, les propriétaires respectifs ont mis d'une surveillance facile, et que chaque vente
plus de soin dans la détermination des li aboutisse sur uue route destinée à l'extrac
mites, et ils font abattre les vieux arbres. Le tion des bois; ces ventes sont ordinairement
périmètre des forêts est marqué par des bordées de chemins tracés en ligne droite;
porne» en pierres ou par des fossés: la meil- mais, dans les coteaux trop rapides pour per
102 AGR1CULT. FORESTIÈRE : CULT ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, liv. v ,
mettre le passage des voitures , on n'ouvre 8h. 33ar.
que des sentiers, à l'extrémité desquels on B), qu'il convient de couper à
place des bornes ou des poteaux qui indi l'âge de 20 an», pour fabriquerdu
quent le n° de la coupe. Deux soins assez im- charbon ; la coupe annuelle sera
porlans ne doivent jamais être perdus de vue de 6 00
dans cette opération : le 1er est d'observer 3° 200 hectares de taillis où
autant que possible l'ordre de contiguïté en- le chêne domine ( partie C ),
Ire les coupes qui doivent s'exploiter succes qu'il convient d'exploiter à l'âge
sivement, et de ne pas laisser subsister, par de 28 ans, avec une éclaircie
exemple, de grands massifs de taillis sur le faite à l'âge de 12 ans; l'éten
pourtour entier d'un taillis de 2 ou 3 ans ; le due de la coupe annuelle sera
second est d'éviter que la traite des coupes se de 7 15
fasse à travers les jeunes taillis. 4" Il reste 80 hectares de tail- .
Les coupes d'une forêt doivenl -elles être lis situés dans un vallon ; le chê
égales en étendue superficielle ? doivent-elles ne y domine, les autres essences
être égales en produits? L'un des objets prin sont l'orme, le frêne, le plane;
cipaux que se propose un propriétaire en ré on divisera le massif en deux
glant l'aménagement de ses bois, c'est de se portions de 40 hectareschacune.
faire un revenu à peu près égal tous les ans. La première (partie D), choi
On doit donc s'attacher plutôt à l'égalité des sie dans la portion du sol la
produits qu'à celle des surfaces exploitées; moins fertile, sera aménagée à
maison éprouvera raremeni cette difficulté si 40 ans ; on la divisera par consé
chaque portion de la forêt est aménagée d'une quent en 40 coupes, qui contien
manière analogue à la nature du sol, aux es dront chacune 1 hectare. . . 1 *
sences dont elle est peuplée, et au genre de On exécutera dans ce canton
débit usité pour ses produits. 3 nettoiemens de 13 en 13 ans;
On établira dans la forêt autant de séries on trouvera dans l'exploitation
de coupes qu'il y a de taillis d'espèce et de définitive environ 3,000 brins,
qualité différentes. dont une grande partie propres
Supposons que l'étendue du massif soit de à la petite charpente et au char-
500 heclares; ou examinera séparément cha ronnage.
que canton de la forêt, et on établira les La seconde portion E, dont l'é
échelles de la valeur progressive des taillis tendue est également de 40 hec
pour chacun de ces cantons. On fera ensuite tares, sera divisée en 80 petites
des calculs semblables à ceux dont nous parcelles qui s'exploiteront suc
avons donné plusieurs modèles, et on en cessivement, et qui seront net
établira le résultat dans l'ordre suivant : toyées de 12 en 12 ans; la coupe
définitive produira du bois de
Fig. 123. charpente et de charronnage;
son étendue sera de » 50
Total. . . 22 h. 98 ar.
La coupe annuelle sera de 22 hectares 98
ares, ce qui équivaut à l'étendue totale d'une
exploitation réglée sur l'âge uniforme de 21
à 22 ans.
L'adoption d'un aménagement ainsi com
biné donnera le maximum du produit dont
la forêt est susceptible, et n'occasionera point
de diminution momentanée dans les revenus
des propriétaires, car ils exploitent commu
nément leurs taillis à l'âge de 20 à 22 ans.
§IV. -Des chemins et routes dans l'intérieur
des forêts.
Les routes qui traversent les forêts rem
plissent le double objet de séparer les exploi
tations et de servir à la traite des produits.
Dans les plaines, ces routes sont ouvertes en
lignes droites; elles servent à pénétrer dans la
foret dans tous les sens, de manière que d'un
1* 100 hectares de taillis de coudriers et de point quelconque, le tiajet à un autre point
marsaulx, situés sur une montagne (partieA), éloigné soit le plus court possible. On em
qu'il convient d'exploiterdans leur I2'année, ploie à cet effet le système des lignes brisées
pour faire des cercles, de petits échalas et du sous des angles très-obtus {fig. 124). Nous
Dois de chauffage; la coupe annuelle sera par donnons comme exemple le plan de la forêt
conséquent de 1 . . 8 h. 33 ar. de Lux^ Cote-d'Or, contenant 1850 heclares.
Eu général, l'extraction des bois dans les
2* 120hect. de taillis de char- coupes est très-pénible et très-coùteuse ; les
B>es, coudriers, bouleaux (partie taillis et les arbres qui bordent les chemins
H 8d ne permettant pas. q>.e l'air t la chaleur du
CHAP. 4*. EXECUTION DE L'AMENAGEMENT. 103
Fig. 124. Fig. 125.
L'exploitation des bois doit toujours être ou l'espèce des arbres ; l'un est formé de fi
dirigée dans la vue (Cobtenir des coupes le bres dures et presque incorruptibles; la durée
plus haut prix possible. Nous croyons devoir de l'autre n'est pas de la durée du premier.
faire précéder ce que nous avons à dire sur Ainsi, la valeur du pied cube de hèlre étant
les détails de l'exploitation, de quelques exprimée par 1, celle du pied cube de chêne
considérations relatives au prix des bois abat devrait être exprimée par 2.
tus ou exploités. 6° Le rapport de la demande h la quantité
de la matière. Si, dans le voisinage de la forêt
Section i". — Du prix des bois. en question, il existe peu de hêtres, et que la
demande de ce dernier bois soit plus consi
Ce prix n'est jamais en raison directe et dérable que celle du chêne, dans le rapport
simple du poids, ou du volume, ou de l'es de 3 à 2, le rapport des prix respectifs est
pèce des arbres; mais il est en raison com alors de 3 à 4, c'est-à-dire que le pied cube
posée de divers élémens assez nombreux. de chêne se vend 4 fr. lorsque le pied cube de
1° La qualité du bois. Ainsi, le chêne, pro hèlre se vend 3 fr.
pre à une infinité d'usages, est plus cher en 7° L'emploi dont chaque bois est suscepti
proportion que d'autres arbres qui ne sont ble. Si le chêne ne vaut rien pour la fente, et
pas susceptibles d'emplois aussi variés. qu'il ne puisse se débiter qu'en planches, tan
2° L 'abondance ou la rareté de chaque es- dis que le hêtre se débite en plateaux, pilots,
pèt e de bois dans chaque localité. ustensiles de toute espèce, etc., celle circon
3" Le genre de débit usité dans la contrée. stance influe sur les prix, et si leur rapport
L'orme et le frêne se vendent un tiers de est de 4 à 3, la valeur du pied cube de hêtre
plus que le chêne, dans les bois situés à por est remontée au niveau de celle du pied cube
tés des vil les; ils se vendent un tiers de moins de chêne, quoique la valeur intrinsèque des
que le chêne dans les forêts éloignées des deux bois puisse être dans le rapport d'un
voies de communication où ce dernier arbre à 2. Un pied cube de chêne, débité en boissel-
se débile en merrain, boisselleric ou autres lerie, merrain, planches, etc., vaut moitié
marchandises d'un transport facile. Le con plus que le pied cube de sapin, débité de
traire arrive dans les montagnes où les habi même; mais le pied cube d'un sapin de 72 pi.
tas* industrieux savent diviser le frêne en de longueur, propre à faire une belle pièce de
petits ouvrages de sculpture. Le buis a beau charpente, se vend aussi cher qu'un pied cu
coup plus de valeur dans les environs de St.- be de chêne, ce qui provient de ce que la tige
Clande que dans d'autres contrées où il de ce dernier arbre n'atteint pas la longueur
n'exisle point de fabriques pour l'employer. dont on a besoin pour l'usage dont il s'agit.
4° La proximité ou l'éloignement des lieux 8°La construction d'usines, routes et canaux
de consommation. Un mélèze situé dans des modifie le prix des bois. Ces prix sont aug
montagnes peu accessibles se vend beaucoup mentés aux lieux d'où se fait l'exportation,
moins cher qu'un peuplier d'un égal volume et diminués ailleurs. Ils sont diversement
qui croit dans le lieu même de la consom modifiés suivant les espèces d'arbres mises
mation. en circulation. L'établissement d'une scierie
S" La valeur intrinsèque des bots, Cette Va* donne de la valeur aux chênes et aux sa
leur iu triuDéquB m détermina par la nature pin». La construction d'un moulin à tan a
chap. 5'. DU PRIX DES BOIS. J07
pour résultat de rendre la futaie de chêne
plus rare, car le propriétaire, ayant le débit Section h. — De l'emploi des bois.
de ses taillis assuré par la vente de l'écorce,
élève moins de bois en futaie. On a indiqué dans d'autres parties de cet
9" Le prix des bois varie suivant la qualité ouvrage les usages auxquels on emploie ordi
de chaque arbre et de chaque partie du même nairement chaque espèce de bois, nous au
arbre. Les chênes dont le tissu est gras et rons donc peu de choses à ajouter sous ce rap
spongieux sont d'une qualité bien inférieure port; mais, comme le mérite d'une bonne
à celle des chênes dont la libre est élastique. exploitation consiste principalement à em
Dans certaines forêts, ces arbres ont peu ployer chaque pièce de bois à l'usage le plus
d'aubier; dans d'autres, l'aubier forme une lucratif, nous traiterons ce sujet sous ce
parlie considérable de leur volume. point-devue. '
10° Enfin, il faut se rappeler que tous les Pour donner une idée de la perte qui ré
bois demandés dans lajorét se vendent plus sulte du mauvais emploi des arbres, nous
cher que ceux que l'on est obligé d'offrir sur dirons seulement que le bois de chauffage
les marchés, après les avoir fait débiter en vaut 5 fr. le stère pris en forêt et que le bois
marchandises. de service vaut au moins, dans la même posi
On ne peut donner sur les prix compara tion, 40 fr. le stère; cette énorme différence
tifs des bois en général que des évaluations fait sentir l'étendue de la perle qu'éprouve
approximatives, mais on pourrait dresser le marchand ou le propriétaire de la coupe
pour chaque localité un tableau semblable à lorsqu'il met en bois de chauffage un arbre
celui ci dessous; ce travail procurerait, entre qui aurait pu être propre à tout autre usage.
autres avantages, celui de faire connaître Tel arbre scié en planches produit 40 fr.
l'espèce d'arbres dont la culture présente le dont on aurait tiré une courbe qui seule
plus grand bénéfice. aurait valu 60 fr.
Les arbres qui vont être désignés sont tous Nous passerons successivement en revue
âgés de GO ans. les principales espèces d'arbres :
Yulumv Chêne. On commence par le choix de tou
Je Valeur Va rur tes les pièces propres à faire des courbes
Noms de» irbrei. chniuie li(,e du pied de lit laque
;e.
pour les navires, des ceiutres de ponts, des
d'arbre. cube. roues d'usines. On détache, sans endomma
t'ieiUrubci. fr. mit fr. eent. ger les liges, les branches propre à faire des
14 1 60 22 40 courbes de bateaux. On vend ensuite les
15 1 65 24 75 tiges propres aux constructions navales et à
22 2 ■ 44 •a la charpente des usines. Comme il faut pour
18 1 10 19 80 ces usages des pièces de dimensions déter
22 1 2& 27 50 minées, le marchand qui les possède les vend
22 1 22 » souvent à un prix de monopole. Les pièces
1» 1 ■ 18 »■» de charpente pour les bàtiuiens en construc
18 1 50 27 •» tion nu en réparations dans la contrée, se
20 ■ 90 18 vendent aussi à un prix assez élevé. Vient
22 1 20 26 40 ensuite l'emploi de la fente pour tous les
22 1 35 29 70
7 3 M 21 y arbres non demandés par des acheteurs.
15 1 65 24 75 Leur prix est nécessairement intérieur au
Pumm cr, alizicr, précédent, car le merraiu provenant d'une
sorbier 5 3 • 15 » belle tige de 30 pieds de longueur ne se
4 4 ■ 16 » vend pas plus cher sur le marché que le
Merisier, poirier . 18 I 30 23 40 merrain provenant d'un arbre dont la tige
10 1 25 12 50 n'a que 10 pieds de longueur ou d'une bille
iTilleul 22 1 10 24 20
Marronnier d'Inde. 30 1 Si) 24 » de bon bois prise dans un arbre dont tout
Acacia ( faux). . . . 22 1 30 28 60 le reste est défectueux. Les chênes qui ne
sont pas propres à la fente se débitent en
Le tableau suivant fera connaître le prix planches.
Orme. Le plus profitable emploi de I' rme
des bois eu Angleterre, sur les marchés de est le charronnage pour l'artillerie, car on
Londres et de Leith; on doit déduire à peu n'admet que de beaux arbres pour ce ser
près moitié de ces prix pour les frais de trans vice, et l'on ne peut choisir sans payer plus
port, et pour le profit du marchand qui a cher. Les limons de charrette se vendent
exploité les coupes. bien lorsqu'ils sont droits et sains. La con
Prix Piix struction des voitures à jantes larges exige
Nom» det arbres. du pk-il cube du des ormes de 7 à 8 pieds de tour pour faire
anglais. •léri'. les moyeux. Dans les contrées où le chêne
tr. CMU. fr. est rare, on emploie l'orme pour bois de
4 20 148 charpente; mais comme le cœur de cet ar
3 75 133 bre se gâte proniplement, il ne taut l'em
3 75 133 ployer que scié en quatre pièces.
3 60 127 Hêtre. Le hêtre esl propre à une infinité
2 50 ?8
3 75 133 d'emplois ; mais comme chacun de ces em
4 20 148 plois est très-borné et que les frais de débit
2 50 88 sont considérables, (exploitation d'une
2 50 88 grande coupe de hètres-ful aies est assez dif»
1 Ci 58 ficilc. Plus le» ouvrages que l'on fait ave**
108 AGRICULTURE FORESTIEBE : DE L'EXPLOITATION DES BOIS. Lrv. v.
ce bois sont communs, moins les frais de I moins vite, l'infériorité de son volume lui
main-d'œuvre sont élevés et plus le pied cube 1 donne, à égalité d'âge, moins de valeur qu'à
de bois rapporte.
apporte. Par exemple, ternie
exempl dans les con ce dernier.
trées où le hêtre vaut "5 centimes le pied Bouleau. Les sabots, le charronnage, le
cube, on le débite en sabols; mais on n'en merrain pour les marchandises sèches, sont
fait des ouvrages délicats que dans les forets les emplois les plus profitables.
où les sabots ne se vendraient pas bien; il Tremble, peuplier. On fait avec ces bois
faut alors établir des ateliers qui débitent des charpentes durables si elles ne sont pas
les hêtres en une foule de petits ouvrages trop chargées et si elles sont bien aérées. Les
comme étuis de gainerie, feuilles à mettre sablières et autres pièces qui portent sur les
derrière les glaces, etc. Comme les frais murs durent très long-temps si on les pose
de fabrication sont considérables, il faut que sur de petits chevalets qui les séparent du
le bois ne coule pas plus de 50 centimes le contact des mortiers. L usage de ces bois
pied cube. Le débit le plus avanlageux est le s'étendra progressivement.
charronnage. Ce bois exposé aux intempé
ries est sujet à être piqué des vers et se gâte Sectiox III. — De la qualité des bois relati
en très-peu de temps, mais il se conserve vement au terrain, au climat et à l'exposi
bien dans la terre; il est très cher dans quel tion»
ques villes d'Angleterre, où l'on en fait des
pilotis pour asseoir les halimcns. Entre les terrains aquatiques il faut distin
Franc. Les portions de l'arbre propres à guer soigneusement ceux qui sout inondés
faire des meubles se vendent 4 fr. le pied par des eaux courautesdeceux qui ne sont pé
cube. Les arbres de 5 pieds de tour propres nétrés que d'eaux stagnantes. Les arbres qui
à faire des brancards sont d'un bon débit. Il croissent dans les terrains de cette dernière
y a du bénéfice à vendre pour la construc espèce sont d'un tissu gras, lâche et spon
tion des moulins et des machines toules les gieux, faible et tendre. Ceux qui croissent
pièces qui conviennent à cet usage. Le frêne, dans des terrains arrosés sont d'un tissu
étant actuellement employé dans la con dense, assez dur et élastique. Les meilleurs
struction des diligences et autres voitures, sont ceux qui viennent dans de bonnes terres
est fort recherché. La valeur du pied cube convenablement desséchées. Les chênes des
de frêne est communément à celle du pied forêts d'Amérique et du nord de l'Europe
cube d'orme comme 3 est à 2. sont de mauvaise qualité pour les ouvrages
Pins, sapins, mélèzes. La vente de ces ar qui doivent être exposés en plein air. Ces
bres en pièces de grandes dimensions pré bois ont beaucoup d'aubier. On en fait de
sente beaucoup de bénéfice. Vienneut en- bonne menuiserie, mais ce n'est là qu'un
mite les emplois secondaires, tels que la emploi secondaire.
fente cl le sciage. Les bois qui croissent dans les sables gra
Châtaignier. Les grandes pièces venues en nitiques ou dans les graviers sont de bonne
massif sont bonnes pour la charpente et qualité quand les racines peuvent pénétrer
pour le merrain lorsqu'elles ne sont pas assez profondément dans le sol. Les chênes
trop vieilles. Mais la plupart des arbres qui qui viennent dans une mince couche de
croissent épai s on en futaies sur taillis sont terre posée sur un roc plat ont ordinairement
creux. Le pied cube de châtaignier vaut un beaucoup d'aubier et une libre cassante. La
tiers de moins que le pied cube de chêne. végétation y est faible, à moins que l'humi-
Aune. Le débit de ce bois pour en l'aire dilé de l'atmosphère ne suffise pour l'entre
des tuyaux de conduite et de pilotis a peu tenir.
d'étendue. La fabrication des sabols en ab La dureté des bois varie selon les climats.
sorbe bien davantage, mais on le vend beau En France même le bois des forêts du midi
coup plus cher pour le premier emploi, est plus lourd que celui des forêts de nos
lorsqu'il se présente, que pour le second. départemens du nord.
Les tuyaux de conduite doivent être cou Les arbres isolés sont peu propres à la
verts de 8 pouces de terre au moins; autre fente, mais ils fournissent de bonnes pièces
ment ils ne se conserveraient pas. pour les constructions navales.
Erable, sycomore. Dans les forêts où ces Si l'on considère les qualités des bois rela
arbres sont nombreux, on les emploie au tivement à l'exposition des arbres, on peut
charronnage; l'érable se vend très-cher lors dire que les aspects du nord-est, de l'est et
qu'il est dt mandé pour faire des meubles. du sud sont les meilleurs, et que la plus mau
Alizier, sorbier, cormier. Le cormier est vaise exposition est celle du nord-ouest, car
plus dur que les deux autres espèces. Ces la plupart des arbres placés à ce dernier
arbres ne croissent que d'un tiers de pouce aspect sont attaqués de la gélivure.
par an sur leur circonférence. Leur haute Wons allons passer à l'estimation d'une
valeur intrinsèque ne compenserait | as la coupe de bois taut en matière qu'en argent.
lenteur de leur croissance, si ces arbres
étaient plus communs. Section iv. — Evaluation des produits
Merisier. Les cercles de ce bois convien d'une coupe.
nent pour les caves humides. On ne doit pas
attendre que les arbres soient trop gros § 1er. — Instrumens pour mesurer les arbres.
pour les couper, car leur bois ne serait pas
sain. Pour estimer un bois sur pied il est indis
Poirier, pommier. Le premier de ces bois, pensable d'en connaître les dimensions. La
excellent pour les ouvrages de tour, est su grosseur des arbres se mesure à l'aide d'une
périeur au pommier ; mais comme il croit chaînette en fil de fer divisée en 1/2 pieds ou
ÉVALUATION DÉS PRODUITS D'UNE COUPÉ. 163
en centimètres, ou bien au moyen d'une hauteur de la tige au-dessus du niveau de
tresse gommée divisée en nouvelles et en l'instrument. Il faut ajouter à celte hauteur
anciennes mesures. On estime la grosseur la dislance entre le sol et le point de la tige
moyenne d'un arbre sur pied en appréciant à où l'alidade fixe est dirigée. Si au lieu de
l'oeil la grosseur supérieure par comparaison s'éloigner de 10 mètres on s'éloignait de
avec la mesure réelle de la partie inférieure; 10 toises, le nombre qui se lirait sur le limbe
on ne se trompe guère quand on a l'œil un exprimerait des loises et des fractions de
peu exercé. On peut d'ailleurs avoir égard toises. Peu importe de quelle mesure on se
a celle remarque, que dans les futaies sur serve, pourvu qu'on s'éloigne d. pied de
taillis ordinaires la grosseur des tiges dé l'arbre oe 10 fo.j la longueur de cette mu-
croît d'un pouce par pied de hauteur, et que sure.
dans un massif de futaie elle ne décroit que
d'un 1/2 po. par pied. Supposons un chêne § II. — Cubage des bois.
dont la tige a 30 pi. de longueur et dont la
grosseur inférieure est de G pi. de tour; sa Dans une exploitation de bois on mesure
grosseur supérieure doit être de 3 pi. 1,2 de toutes les marchandises et toutes les pièces
tour, et sa grosseur moyenne de 4 pieds au pied cube pour avoir une mesure com
9 pouces. mune. La manière de cuber les arbres varie
Ce décroissement n'est pas uniforme poul suivant les localités, mais nulle part dans le
ies diverses espèces d'aibres; la lige du commerce on ne mesure le volume total de
lielrc se rapproche plus de la forme cylin l'arbre avec son éeorce.
drique que celle du chêne. Supposons un En Angleterre on déduit técorce et on
sapin de 100 pi. de hauteur dont la grosseur prend le quart de la circonférence pour le
inférieure est de 108 po. de tour; cette côté du carré; l'écorce y est évaluée dans
grosseur décroissant d'un 1/2 po. par pied, les proportions suivantes :
elle se réduit à 58 po. au sommet; la gros Gr—fw Loinl* àti arbre*. Déduclion pour
seur moyenne est donc de 83 pouces. De 12 h 25 pouces métriques. . . 2 pouces.
On mesure ordinairement la circonférence De 24 à 30 » » ... 3 »
à la hauteur de 3 pi. et 1/2 au-dessus du sol, De 30 à '18 » » ... 4 »
quand on se sert d'une chaînette ; il faut de De 48 à 72 » » ... 5 »
même évaluer la grosseur supérieure à 3 pi. De 72 et au-dessus 0 »
et 1/2 au-dessous du sommet de la tige. Ainsi un chêne de 6 pi. de tour est réduit
On a quelquefois mesuré la grosseur des à <i7 po. non compris son écorce. Le quart
arbres à l'aide d'une espèce de compas, mais de 07 po. est 17 po. 7/10 ou 48 centimèl.;
ce mode est défectueux, car il s'en faut de si l'on multiplie ce dernier nombre par lui-
beaucoup que les tiges des arbres soient môme, la section du carré sera de 0,2."04, et
exactement rondes. si l'arbre a 10 mètres de hauteur, la solidité
On parvient d'une manière facile à me sera de 2 stères 304, ou 02 pi. cubes métri
surer la hauteur Ans arbres au moyen d'un ques, i
instrument dont j'ai donné l'idée à M. le mar En France on prend dans certaines loca
quis d'Agrain et qu'il a fait exécuter et per lités le ijuart de la circonférence de Carbre,
fectionner {fg. 129) Voici la manière de se y compris l'écorce, pour le coté du carré ;
Fig. 129. mais plus généralement on fait une déduc-*
lion sur la circonférence , et On prend le
quart du reste.
L'usage le plus commun et celui de l'ad
ministration de la marine est de déduire le
cinquième. Supposons un arbre de 5 pi. de
tour, y compris l'écorce, et de 30 pi. de Ion-,
guenr; déduisant un cinquième de la cir-.
conférence, il restera 4 pi.; le quart de ce
dernier nombre ou le côté du carré est 1 ;
ainsi le volume de cet arbre est de 30 pi.
cubes : c'est à peu près ce que donne l'éear-
rissage fait suivant l'usage.
Dans les environs de Paris, on déduit le G"
de la circonférence et on prend le quart du
reste. Un arbre «le 5 pieds de tour, y compris
l'écorce, et de 30 pi. de longueur, cubera, sui
vant cette méthode, 32 pi. 55 100. Dans plu
sieurs contrées du midi on cube les arbres en
servir de cet instrument. On le place, au déduisant seulement le 12' de la circonfé
moyen d'un pied planté en terre, à 10 mè rence; un arbre de 5 pieds de tour, y compris
tres de l'arbre; on dispose horizontalement l'écorce, et de 30 pieds de longueur, cubera,
l'al'dade fixe au moyen du petit niveau, suivant cette méthode, 39 pieds cubes 38,100.
en la dirigeant vers la tige de l'arbre. On Enfin, on prend ailleurs le 1/4 de la circonfé
fait monter l'alidade mobile jusqu'au point rence. Un arbre de 5 pieds de lour, y compris
où elle permet de voir dans sa direction le l'écorce, cubera 40 pieds cubes 8,10. Ainsi,
sommet de la tige ; on la fixe au moyen d'une un arbre qui, suivant celle dernière méthode,
vis de pression, et il ne s'agit plus que de cubera {fig. 130), carré A, 40 pieds cubes 8, 10;
lire sur le limbe de l'instrument le nombre au 12' déduit cubera, carré II, 39 pi. cub. 4,10;
de mètres et de décimètres qui exprime la au G" déduit cubera, carré C, 32 pi. cub. 53/100;
110 AGRICULTURE FORESTIÈRE EXPLOITATION Î)ËS BOIS ttV. V.
Fig. 130. plus que de multiplier ce nombre par 28 (lon
gueur de l'arbre), et on a pour la solidité de
cet arbre 52 pieds cubes 64/100. Cette der
nière partie de l'opération figure le cubage
des bois carrés.
Comme on abrège beaucoup les calculs en
prenant le pied métrique pour unité de me
sure, nous placerons ici une peti'e table pour
la réduction des ponces linéaires en fractions
décimales du pied :
Pourel. rii-d. Poures. Pied.. P0UC#1k. Pieds,
1 . . 0,083 5 . . 0,417 9 . . 0,750
2 . . 0,107 6 . . 0,500 10 . . 0,833
3 . . 0,250 7 . . 0,583 11 . . 0,917
4 . . 0,333 8 . . 0.G07 12 . . 1,000
Section \. — Dc l'exploitation des taillis.
Les personnes habituées à évaluer les pro»
duits matériels des taillis sur pied s'accor
dent ordinairement, à un vingtième près, sur
la quantité de stères et de fagots que la coupe
peut fournir. Supposons un taillis de chêne
qui s'exploite à l'âge de 8 ans pour l'usage
au 5e déduit cubera, carré D, 30 pieds cubes. des tuileries ou des fours à chaux. On pourra
Lorsqu'on connaît le volume d'un arbre, il en tirer 3,000 fagots par hectare, dont la fa
s'agit de choisir l'emploi le plus avantageux. çon coûtera 2 fr. le cent. Le cent de fagots se
Les exploitons sont généralement attachés à vendra 6 francs, en sorte que le produit net
l'usage établi depuis un temps immémorial ; sera de 4 fr. par cent, ce qui fera 120 fr. par
cependant l'art d'employer les bois les moins hectare.
chers a déjà fait quelques progrès. Le chêne Dans les pays d'usines, on estime les taillis
était exclusivement employé aux charpentes à la corde ou au stère.
intérieures et extérieures, et aux ouvrages de Le tableau suivant peut servir à évaluer
fente. Ou commence à se servir du tremble, approximativement le produit des taillis.
du bouleau et du peuplier, pour les charpen
tes légères; le pin et le sapin y sont employés
dans les lieux où ils croissent naturellement, .Age Produit de l'hectare de taillis dans
et dans tous ceux où ils peuvent s'exploi du
ter. On commence aussi à varier l'emploi de taillis.
l'orme, qui était réservé exclusivement pour un sol excellent. un sot médiocre. tlfl SOi IMHYQ1S.
charron nage.
On ne doit pas craindre d'employer à de | Ant. Nomlire de Blcrcs. Nombre de itères. Nombre de «tire».
nouveaux usages les bois qui jusqu'à présent 1 20 180 100 70
n'avaient été consacrés qu'à des usages spé | 25 270 140 90
ciaux, pourvu 1° que ces bois aient été gra
duellement desséchés; 2" qu'ils ne soient pas
exposés aux intempéries; 3° qu'ils soient pla Quand le produit total est connu, on le di
cés dans un lieu où l'air se renouvelle facile vise suivant l'emploi que l'on peut faire des
ment- bois.
Le but d'une bonne exploitation étant d'ob Les personnes qui ne sont pas familiarisées
tenir le plus haut prix possible du pied cube avec les évaluations peuvent, avant de vendre
de chaque espèce de bois, il faut d'abord con ou d'exploiter une côupe, procéder de la ma
naître les moyens exacts de déterminer le nière suivante. On fait abattre un quart
volume, de chaque partie des taillis et de d'hectare dans la meilleure partie de la cou
chaque partie des futaies pe, un quart d'hectare dans la partie médio
cre, et un quart d'hectare dons la plus mau
vaise partie; on fait soigneusement débiter
§ III. Manière «le cuber les arbres à défaut de le bois que produit chaque petite portion ;
table. ensuite on additionne les produits, et le
tiers du total forme la valeur moyenne du
Exemple. — Nous voulons avoir, au 6« dé quart d'hectare, d'où l'on déduit immédia
duit, le cubage d'un arhre de 28 pieds de lon tement celle de l'hectare de la coupe.
gueur sur 6 pieds 7 pouces de circonférence Les lisières de taillis qui bordent les rou
moyenne. Prenons d'abord le fie de la circon tes dans les forêts s'évaluent facilement. Il
férence, et pour plus de facilité réduisons les suffit de faire couper dans chaque lisière les
pouces en parties décimales du pied Or, 7 arbres et le taillis sur la longueur d'un déca
pouces égalent 0,583 pieds. La circonférence mètre. On fait soigneusement exploiter et
de l'arbre étant de C pieds, 583, le 6. de ce évaluer le tout : une simple proportion donne
nombre, est 1,097; déduisant ce dernier nom la valeur totale; on fait plusieurs épreuves
bre du premier, il reste 5,486, dont le quart semblables, si la consistance des taillis et de*
est de 1,371, ce qui exprime le côté du carré; futaies n'est uas uniforme,
en multipliant ce nombre par lui-même, on
• pour la surface du carre 1 ,88 : i) ne s'agit
CHAP. ÉVALUATION DES PRODUITS D'UNE COUPE. lit
neuf. Le bois gravier est composé de bûches
S — Division du bois du taillis. de bois dur, flottées et non lavées. Enfin on
1° Bois de chauffage. comprend sous le nom de bois flotté celui
qui est composé de bûches de toute espèce
Moules, cordes. On dresse le bois en cordes et dont l'écorce n'est plus adhérente au
bois.
ou en moules, dont les dimensions varient Les faiourdes ont 80 centimètres de cir
suivant les localités et l'espèce des bois ( fig. conférence sur 57 centimètres de longueur.
131 ). Le bûcheron choisit un terrain sur le- Le double stère ou la voie de Paris a
Fig. 131 2 mètres de couche et 88 centimètres de
hauteur; la longueur de la bûche est d'un
mètre 14 centimètres. La solidité est de
2,0064 stères.
Le prix du bois de chauffage est fondé
principalement sur deux élémens : 1* l'es
pèce des bois ; 2° la grosseur des bûches.
Supposons que le stère de bois de chêne
vaut 10 fr. » c.
Le stère de charme, orme, hê
tre, frêne, vaut 50
Le stère de pin et de sapin
vaut . . . . • 6
quel il n'y a point de souches. Il planle 2 Le stère de châtaignier vaut . 6 50
forts piquets verticaux soutenus en dehors Le stère de cerisier vaut . . 6
par des arcs-boutans, entre lesquels il em Le stère d'aune vaut. . . . C 50
pile les bûches jusqu'à la hauteur convena Le stère de tremble vaut . . 5 50
nte ; mais si la hauteur doit être par exemple Sous le rapport de la grosseur des bûches,
de 4 pieds, au moment où la corde sera en on trouve les différences suivantes fondées
levée, il faut lui donner 2 ou 3 pouces de plus, sur ce qu'un stère composé de grosses bûches
attendu que l'affaissement du bois réduira la pèse beaucoup plus et renferme par consé
hauteur d'une assez forte quantité dans l'es quent beaucoup plus de matière ligneuse
pace de six semaines ou deux mois. qu'un stère composé de petites bûches. Un
Les ouvriers sont plus ou moins habiles stère de bûches de 30 à 36 pouces de tour
dans l'exécution de ce travail. Une corde de vaut 12 fr.
80 pi. cubes (1) passablement empilée ne con Un stère de bûches de 20 à 30 pou
tiendrait pas plus de 60 à 70 pi. cubes si elle ces de tour vaut 10
était dressée par des ouvriers très-habiles Un stère de bûches de 15 à 20 pou
dans ce genre de travail. Il y en a dans les ces de tour vaut 9
grandes forêts qui sont chargés exclusive Un stère de bûches de 10 à 15 pou
ment de cette partie de l'exploitation. Ils ces de tour vaut 7
ont soin de placer les bûches tordues sur la Un stère de huches de 6 à 10 pou
superficie et de mettre toutes les bhches ces de tour vaut 6
courbes en dehors sur les côtés de la corde. Un stère de bûches de 2 à 6 pouces
Les bûches destinées au chauffage sont or de tour vaut 5
dinairement sciées ; il y a aussi de l'avantage On suppose que tous les stères sont formés
à faire scier les gros brins et ceux de gros de la même espèce de bois.
seur moyenne qui doivent être réduits en Lafaçon de l'abattage et du dressage d'une
charbon, car les entailles en bec de flûte sont corde est de 36 centimes par stère. Le trans
perdues dans la carbonisation. port du bois de chauffage dans les chemins
Autrefois on fendait des chênes de 2 à 3 de traverse se paie ainsi qu'il suit : Pour un
pi. de tour pour les mettre en bois de chauf stère de gros bois conduit à 2 lieues de la
fage. Actuellement, dans une exploitation coupe, 1 fr.; pour un stère de bois blanc con
bien dirigée, on range dans les bois de ser duit à la même distance, 1 fr. 50 c.
vice tous les arbres qui sont propres à quel Fagots. On distingue presque autnnl d'es
que autre usage qu'au chauffage. Les plus pèces de fagots qu'il y a de forêts différentes.
belles bûches de énëne servent à faire de la On peut les réduire à deux divisions princi
latle , des rais, des échalas, des âges ou des pales : 1° les fagots de gros bois; 2° les fa
manches de charrues. gots de ramilles, appelés bourrées.
Il y a différentes espèces de bois de chauf Le cotret est un fagot de 18 pouces de
fage qui sont classées d'après la grosseur tour composé de brins d'égale longueur,
des bûches et leur qualité de bois tendre ou rangés avec soin et liés de deux hartx ou tiens
de bois dur. On nomme bois neuf, à Paris, qui sont des menus brins de coudrier,cliat'im>,
celui qui n'a pas été flotté; il est composé saule, osier, viorne, etc. La façon du cent
de bûches de chêne, charme, hêtre et orme. de cotrels est de 1 fr. 60 c.
Le bois lavé est celui qui n'a été flotté que Pour serrer fortement les fagots de gros
dans un court trajet de rivière, et dont les bois ( dont les brins ont de 3 à 6 pouces de
bûches ont été lavées au moment du tirage tour), on se sert d'une corde et d'un petit
des trains. Il a presque autant de valeur, levier, ensuite on adapte les harls à chaque
toutes choses égales d'ailleurs, que le bois bout du fagot.
(I) En parlant du pied, nous entendrons toujours le pied métrique égal à 333 millimètres lmdaircs,
112 AGRICULTURE FORESTIERE : Î)E L'EXPLOITATION lDËS BOIS^ ttf.fr.
Les fagots qui ne sont pas dépouilles de | parquet {fig.\Z4). Ce parquet est composé
feudlcs se vendent inoins cher que les autres, I yïb. 134.
excepté dans les contrées où la feuille des
arbres forme une partie importante de la
nourriture des bestiaux. Les fagots de menus
brins sont moins chers, et même, dans les
îwys très-boisés, les petites branches et tous
les brins qui n'ont pas un pouce de tour ne
servent qu à fabriquer de la potasse. Le prix
des fagots de gros brins de C pieds de lon
gueur sur 26 pouces de tour ( 8 centièmes
de stère) dans les départcinens où le bois est
cher, est de 50 centimes chacun. Ce prix
porte le stère à 6 (r. 25 c. Sur les ports de la
Saôn»*, entre Chàlons et Lyon, un fagot de d'une plate-forme en bois autour de laquelle
gros brins, pesant 17 kilogrammes dix mois sont solidement fixés des piquets formant une
après l'exploitation, se vend 25 centimes. enceinte circulaire dans laquelle l'ouvrier
Dans les forêts où l'on fabrique du charbon, ajuste et range ses cercles. Il fait disparaître
il ne reste que les plus petits brins qui pro les nœuds et les courbures à l'aide du mail
duisent, par hectare, 800 bourrées qui valent let et de la plane. La façon des cercles de
S fr. le cent; déduisant 1 fr. 50 c. pour la tonneau de 3 mètres de longueur se paie au
façon, le produit net est de 4 fr. 50 c. par cerclier à raison de 35 centimes la couronne;
;ent ou de 3G fr. par hectare. la façon des cercles de 22 à 25 décimètres
se paie 25 centimes la couronne. La façon
2* Cercles de futailles. de chaque cercle de cuve coule 50 centimes.
Ces cercles se vendent 20 francs la douzaine.
Les meilleurs bois pour fabriquer les écr Le travail du cerclier produit un paquet
ies on cerceaux des futailles dans lesquelles de petits copeaux par couronne; chaque pa
ou met le vin et les liqueurs spiritueuscs, quet vaut 10 à 12 centimes pris à l'atelier.
sont le châtaignier,le coudrier et le marsault. Le transport des cercles de futailles de
Les cercles de cette dernière essence con 220 litres dans les chemins de traverse coûte
viennent très-bien pour les caves humides. 15 centimes par couronne et par lieue.
Les plus mauvais bois pour cet usage sout le 3° Echalas. •
chêne, le charme et le hêtre.
Les meilleurs cercles de cuves sont ceux de
châtaignier, de bouleau, d'orme et de frêne. et On dislingue les éclialas de bois fendu,
Les petites perches de coudrier, mar deslesbrins échalas appelés paisseaux, qui sont
entiers de 20 à 25 lignes de cir
sault, etc., font ordinairement chacune deux
cercles de futailles; les plus fortes en four conférence. On emploie ces derniers dans
les vignes après avoir aiguisé le pied pour
nissent chacune 3, 4, 5 et même G ; on les lie le faire entrer dans la terre et enlevé les
en paquets appelés couronnes ou môles qui petites
contiennent chacune 25 cercles (fig. 132). Les nissaientbranches et les nœuds qui en gar
la tige. Les meilleurs paisseaux sont
fig. 132. ceux de genévrier et de pin; mais ils sout
rares. Ceux de coudrier et de marsault sont
passables; mais les paisseaux de charme,
hêlre, tremble, chêne et bouleau pourrissent
Irès-promptement.
Un moule de bûches de chêne propre à
faire des échalas a les dimensions suivantes :
4 pieds sur 2 faces; la longueur des bûches
est de 4 pieds 8 pouces. La solidité est de 74
pieds cubes 1/10. Ce moule rend 2,500 écha
las ou 50 bottes, composées chacune de 50
échalas. Le prix dans la forêt est d'un franc
la botle, ce qui fait 20 fr. le mille d'échalas.
Nous allons donner le compte d'un moule
fabrique :
perches destinées à cette fabrication ne doi 2,500 échalas à 20 fr. le mille valent en
vent pas être coupées pendant l'ascension de tout 50 fr 50 fr.
la sève, car l'écorce se détacherait, et les cer Il faut déduire la façon qui est de
cles qui en seraient dépouillés ne se ven 4 fr. par mille en abandonnant les co
draient pas. . peaux au feudeur 10
Le travail du cerclier consiste à Tendre
adroitement les perches et à enlever ensuite Produit net 40 fr.
à\ l aide d'une plane
Jnn» Fig. 133. Le moule se vend 30 fr. dans la forêt ; le
{fiii. 133 ), le bois profit de l'acheteur est par conséquent de
qui ne doit pas res 10 fr.
ter dans le cercle Le Iremble et les autres bois blancs ser
qu'il fait ensuite vent à faire de bons échalas de fente qui tou
entrer à coups de tefois ne doivent être employés que lorsqu'ils
maillet dans le sont parfaitement secs.
eux*. S*. EVALUATION DES PRODUITS D'UNE COUPE. lia
La botte de 50 paisseaux de brins ronds Dans les forêts du centre de la France, la
coûte à transporter à 2 lieues par un chemin botte d'écorcea 3 pieds 1/2 de tour sur 3 pieds
de traverse 7 centimes, et à 8 lieues 1/2, 12 1/2 de longueur ; elle se vend 90 cent, dans la
centimes. Le transport des échalas de fente coupe ; la façon est de 18 cent. Cette botte
coûte moitié plus cher. pèse 28 livres. Un taillis de 18 à 20 ans bien
peuplé de chênes rend 700,bottes parhectare;
4° Perches propres à divers usages. on compte 9 à 10 bottes d'écorce par double
stère de bois.
Les perches et chantiers pour la construc 'Vécorcement fait perdre sur une corde de
tion des radeaux sont de petits bois dont le bois le 8* du volume de cette corde.
prix fojme l'intermédiaire entre celui du bois Voici le classement de la valeur des écor
de service et celui du bois de chauffage. Les cés en Angleterre , où l'art de les employer
taillis de frêne servent à faire de petites pour le tan est poussé très-loin. La meilleure
échelles, des manches de balais, de brosses , écorce de chêne mélangée recueillie sur du
etc. On dresse ou l'on courbe les brins au taillis et des futaies vaut par tonne ( 1000
moyen du feu après les avoir fait tremper kilog. ) 300 fr.
dans l'eau pendant quelque temps. Les per L'écorce de châtaignier 243
ches propres à former les treillages qui gar L'écorce de bouleau 162
nissent les murs des jardins ont environ 2 L'écorce de frêne de montagne. . 125
pouces de tour sur 10 pieds de longueur. L'écorce de mélèse 131
Lesfourches qui servent à faner le foin et L'écorce de l'épicéa fournit aussi du tan ;
à charger les fourrages de toute espèce sur on la mélange avec celle du chêne.
les voitures sont des brins branchus dont
la forme naturelle les rend propres à cet 6° Charbon.
usage ; mais ordinairement on les façonne
en les chauffant soit sous une cheminée, soit L'ancienne méthode de cuire le charbon
dans un four, soit sur un feu de menus brins dans les forêts à l'air libre est toujours usi
dans la coupe même; on les lient assujetties tée et n'a reçu que de légers perfectionnè-
au moyen de crochets, et quand elles sont re
froidies, elles conservent la courbure qu'on On a reconnu récemment que les fourneaux
leur a fait prendre. les plus avantageux sont ceux qui ne contien
Ces objets se vendent beaucoup plus chers nent pas plus de 60 stères de bois, et que la
que le bois de chauffage, à égalité de vo dimension la plus convenable pour les bûcnes
lume. est celle de 3 à 7 pouces de circonférence.
5" Ecorce. Les brins qui excèdent cette dernière mesure
sont refendus.
La meilleure écorce pour faire du tan est La longueur des bûches ne doit pas ex
celle qui provient des taillis de chêne âgés céder 2 pieds ; car lorsqu'elles sont trop
de 18 à 30 ans. L'écorce des chênes de 50, 75 longues, il est difficile de lus arranger, sur
et 80 ans se vend pour le même usage, mais tout si elles sont courbes. Ou coupe ordinai
il faut qu'elle soit nettoyée, c'est-à-dire que rement ces dernières en plusieurs morceaux.
les rugosités soient e nievées.C'est du 10 mai au Le cuisage réussit d'autant mieux que les
10 juin que l'on enlève l'écorce sur les brins espaces qui se trouvent entre les brins sont
de chêne; la meilleure est celle du mois de plus petits et plus égaux entre eux. La flamme
mai ; le mélèse et le bouleau sont écorcés se développerait dans les vides trop grands,
beaucoup plus tard ; on attend même quel et le bois serait consumé au lieu d'être ré
quefois au mois d'août. duit en charbon.
L'ouvrier abat la tige à la cognée, et au On fabrique du charbon avec des souches
moyen de sa serpe il fend l'écorce qu'il en refendues et des racines, mais on ne doit
lève ensuite à l'aide d'une espèce de spatule jamais le mettre dans un magasin fermé, car
appropriée à cet usage. L'écorce enlevée doit il s'enflamme spontanément avec facilité.
être immédiatement mise en paquets. Quel Pour obtenir la plus grande quantité pos
quefois , malgré la défense du propriétaire , sible de charbon, le bois ne doit être ni trop
Vécorcement se fait sur pied, ce qui est plus vert ni trop sec; on laisse ordinairement
facile qu'après l'abattage , car la sève se re sécher les cordes pendant 2 ou 3 mois, plus
tire presque aussitôt que le brin est coupé ; ou moins suivant la saison, la température
mais si l'on est obligé de souffrir ce procédé, et la grosseur des bûches.
11 faut exiger que le brin soit abatt< immé Un stère de bois taillis âgé de 16 à 18 ans
diatement après l'écorcement, car si on tar rend 7 pieds cubes de charbon. Un stère de
dait et que la souche eût le temps de pousser taillis âgé*de 24 à 30 ans rend 9 pieds cubes
des rejeton s, on les détruirait infailliblement de charbon.
en coupant plus tard le brin écorcé. Le poids d'un pied cube de charbon varie
L'écorce de jeunes taillis mélangée d'écor- de 15 à 18 livres (7 à 9 kilogr.) suivant l'es
ce de futaie se vend, dans beaucoup de loca pèce du bois et sa pesanteur spécifique.
lités, à raison de 40 cent, le paquet pris en Un stère de bois sec pèse 675 livres, de qui
forêt. Ce paquet est un cylindre de 2 pieds fait 25 livres par pied cube, y compris les
de longueur sur 3 pieds de tour cubants cen interstices des bûcnes qui sont évalués aux
tièmes de stère. La façon est de 8 cent, par 9/20" du volume total; ce stère, que nous sup
botte,y compris l'abattage du bois.l.esfrais de posons de bon bois, rend 9 pieds cubes de
transport sent de 2 f. 50 c. par lieue pour 104 charbon pesant 162 livres. Le bois rend donc
bottes de cette dimension dans un chemin le quart de son poids en charbon, terme
de traverse ordinaire. moyen.
AGRICULTURE. tohi IV,-— 1 5
114 AGRICULTURE FORESTIERE EXPLOITATION DES BOIS. Lit.
h»frais de transport du charbon dans Isa
chemins ordinaires sont d'un franc par stère Fig. ltt.
ftesant 486 livres (238 kiiogr. ) pour une
ieue; ces frais ue sont que de 64 centimes
par lieue lorsque la dislance excède S lieues.
Le transport a dos de bêles de somme coûte
un quart de plus.
7* De la feuille des arbres.
La feuille du charme, du chêne, du frêne,
du tremble et de l'alisier serl à nourrir les
moutons. Pour jouir de ce produit on abat
les taillis à la fin d'août. Les ramilles ou
menues branches sont mises en fagots de
18 à 34 pouces de tour, qu'on Laisse sécher à
l'air pendant quelques jours ; ensuite on les
place sous un hangar, ou ils peuvent se con
server pendant une année entière. Un hec
tare de taillis, âgé de 20 à 25 ans, rend 3,500
fagots de feuillage qui >alenl 40 fr. le mille
dans la coupe; la façon est de 8 fr. par mille;
le produit net est par conséquent de 83 fr.
le mille, ce qui fuit 80 fr. par hectare.
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Le commis détache de son livre un coupon Le livre décaisse indique journellement le
contenant les mêmes énonciations que le montant des recettes et des dépenses.
talon, et il le remet au voiturier; et comme Un livre de compte courant doit être ouvert
chaque conducteur d'une voilure chargée de pour les ouvriers, en sorle que la balance
bois provenant de la coupe doit être por du compte de chacun puisse s'opérer en une
teur de ce bulletin énoncialif de la nature minute.
et de la quantité de la marchandise enlevée, A mesure que l'exploitation avance, on
on trouve dans cette précaution le moyen dresse des tableaux de situation contenant
de prévenir la fraude. l'état exact des fabrications déjà exécutées,
134. AGRICULT. FORESTIERE ; PRODUITS DIVERS DES BOIS ET.FORETS. lit. v.
et l'eiat approximatif et détaillé de celles qui dises. Ces renseignetnens, pris en détail près
restent à faire, el l'on ne perd jamais de vue des vendeurs, des acheteurs, des ouvriers et
que l'emploi de chaque espèce de bois doit des voituriers dans les coupes et sur les
être projeté et calculé pour chacun des em marchés, se contrôlent réciproquement.
plois divers dont ils sont susceptibles, afin Mais on n'est assuré d'avoir obtenu une
que l'on puisse choisir le plus utile, ou, ce exactitude suffisante que lorsque les grada
qui est 'la même chose, dans cette circon tions de qualités et de prix sont bien obser
stance, le plus lucratif. vées, et qu'aucune contradiction ne se mani
Pour appliquer dans un cas particulier les feste dans les faits ou dans les calculs. Les
instructions oui précèdent, il faut s'informer cadres que nous avons donnés serviront à
dans les localités voisines de la coupe en ex n'oublier aucun élément, et
ploitation, des prix séparés de chaque espèce
de bois, soit brut, soit débité en marchan que ce
CHAPITRE VI. —
Nous sommes entrés, dans l'article intitulé dant un temps ps plus ou moins long. Cette fa
Culture et aménagement des forêts, dans tous culté n'est pasis 'identique pour tous les bois, et
les détails nécessaires sur la croissance des dans un même bois suivant di
arbres, et dans celui de l'exploitation ; nous verses circonstances, parmi lesquelles les sui
avons fait connaître la destination qu'on peut vantes exercent le plus d'influence :
donner aux produits d'une coupe, le prix de 1° La pesanteur spécifique. D'après les ex
la façon et du transport des bois; il ne nous périences de M. Hahtig, la pesanteur spéci
reste donc ici qu'à traiter d'une manière gé fique des bois ne règle pas exactement l'or
nérale des produits variés que donnent les dre de leurs qualités pour le chauffage ; mais ■
forêts et de l'usage auquel on peut les desti généralement parlant, et surtout dans une
ner. Ces produits sont le bois de chauffage, même essence, les bois qui ont une plus
le charbon, les bois d'oeuvre et quelques me grande pesanteur, c'est-à-dire les plus den
nus produits, utiles dans l'économie agricole ses, sont ceux aussi qui donnent une chaleur
ou industrielle. plus intense et plus durable. Les causes qui
La forme sous laquelle il peut être le plus paraissent le plus influer sur la pesanteur
avantageux aux propriétaires de débiter les des bois, sont le climat, la nature, la situation
produits de leurs bois et forêts, est une ques et l'exposition du terrain, l'état libre ou
tion purement économique, dont la solution serré dans lequel les arbres croissent, le
dépend la plupart du temps des localités. degré de dessèchement ou d'humidité de ces
Les objets qu'il importe le plus d'examiner bois, la partie de l'arbre où le bois est pris,
pour la résoudre sont l'essence, l'âge, la l'ége et l'état de vigueur et le dépérissement
quantité et la qualité des bois qu'on veut ex du sujet, la saison dans laquelle il est abattu,
ploiter, la nature du terrain où ils ont vé l'état de l'atmosphère au moment où l'on
gété, leur prix marchand à l'époque fixée, la fait usage du bois, etc.
demande et la consommation sous telle ou 2° L'âge. La qualité des bois de feu varie
telle forme dans les environs et jusqu'à une avec l'âge ; mais, ainsi que nous le verrons
certaine distance, la facilité des débouchés, plus bas, cette variation n'est pas la même
tels que rivières flottables ou navigables, pour chaque essence. Les expériences ont
routes, chemins, canaux, etc. Enfin le mode prouvé que dans les arbres à feuilles cadu
: et d'exploitation. ques c'étaient les bois d'un âge moyen ou
qui ont acquis un accroissement parfait, sans
Section i". — Bois de chauffage. être sur le retour, qui donnaient, à volume
égal, la plus grande quantité de chaleur,
La majeure partie des bois qu'on exploite tandis que, dans les arbres résineux, les bois
et qu'on recueille dans les forêts est em de l'âge le plus élevé dégagent constam
ployée au chauffage, soit des foyers domesti ment plus de chaleur que ceux d'un âge
ques, soit des fours, fourneaux ou feux des moindre.
usines et établissemens industriels. On fait 3° Le terrain et l'exposition.Tous les terrains
usage comme bois de feu de presque toutes et toutes les expositions ne conviennent pas
les essences d'arbres, quoique toutes ne don aux différentes essences; le chêne se plaît
nent pas un combustible de même nature et dans les terres fortes, dans les fonds d'argile
de même valeur. La différence qu'ils offrent mêlés de terre végétale, de sable, de pier
sous ces rapports sert tantôt à fixer leur raille ; il aime les revers de montagnes, les
valeur vénale, tantôt à les faire rechercher expositions au nord et les plaines. Le hêtre
dans quelques industries et dans plusieurs croit de préférence dans un bon terrain frais,
arts particuliers. mêlé de sable et de gravier, et dans les
La qualité la plus importante dans le bois mêmes expositions que le chêne; le frêne et
de chauffage est la combustibilité, c'est-à-dire l'orme se plaisent particulièrement dans les
la faculté de dégager par l'acte de la combus- fonds humides, le ier, dans les ter-
"\ de calorique, pen rains sablonneux, etc. bois d'un arbre a
CSUP. 6* BOIS DE CHAUFFAGE. 125
d'autant plus de qualités que celui-ci a vé 1/5* à 1/6* de leur poids d'eau qu'on ne peut
gété dans une situation plus favorable à son leur enlever qu'à une température de
essence. En général, dans les terrains fort 100* c.
humides, le bois, à l'exception de celui des 7° La partie de Tarbre. Dans un même arbre
arbres aquatiques, est léger, tendre et poreux, sain et vigoureux, toutes ses parties étant
et au contraire il a d'autant plus de den au même degré de dessiccation, le bois est
sité et de qualités, que les arbres ont végété plus pesant au cœur du tronc qu'à la circon
dans des fonds dont la terre était substan férence, davantage près des racines qu'au
tielle et non sujette à être inondée. sommet de l'arbre, et celui du tronc pèse
4° Le climat. Les arbres crus dans les pays plus que celui des branches. Ainsi M. Hah
chauds ont plus de densité et sont plus durs tig a trouvé que la valeur comparative du
et plus solides que les mêmes arbres qui ont bois de chauffage de tronc, coupe hors sève
végète dans des pays tempérés ou froids ; et bien sec, dans du hêtre de 120 ans, du
il y a aussi une différence notable entre les charme de 90 ans, du chêne pédonculé de
bois qui ont végété en niasse ou bien isolés, 190 ans, était représentée par les nombres
et entre ceux des pays plats et des monta 1600, 1719, 1459, tandis que le bois des gros
gnes, etc. ses branches de ces mêmes arbres, dans les
5° La saison de rabattage. L'usage est d'a mêmes circonstances, n'était représentée
battre les arbres en hiver. A celte époque le que par les nombres 1386, 1364 et 1234.
bois n'est pas en sève; il sèche plus prompte- 8* Vétat du bois. Un bois carié ou échauf
ment, et, à poids égal, donne un meilleur fé donne, à poids égal et dans des circon
combustible. stances identiques, moins de chaleur que du
6° La dessiccation du bois. Plus un bois est bois sain et de bonne qualité. Un bois flotté
sec, plus , à poids égal, il est susceptible de donne aussi moins de chaleur qu'un bois
dégager une quantité utile de calorique en de gravier ou du bois neuf. Par exemple, la
brûlant. Dans un bois vert et gorgé de sève, quantité de chaleur dégagée du bois de hêtre
une portion notable de ce calorique est em en combustion, sec et bien sain, de 120 ans,
ployée à vaporiser l'humidité du bois, et est étant représentée par 1600, celle du bois
ainsi dissipée en pure perte. A ce sujet échauffé provenant du tronc n'est plus que
M. Hahtig a trouvé que du bois de tronc de 1258. Du bois de chêne pédonculé de 190 ans,
hêtre de80 ans, coupe hors sève parfaitement en bon état, donne une quantité de chaleur
sec, donnait, quand on le brûlait, une quan représentée par 1458 ; le même bois échauffé
tité de chaleur représentée par 1557, tandis n'en donne plus que 1241, et 939 quand il
que le même bois brûlé vert ne donnait a été flotté.
plus qu'une quantité de calorique repré 9° L'essence du bois. On a fait de nombreu
sentée par 1226 ou un peu plus des 2/3 du ses expériences pour s'assurer du rapport de
bois sec. la combustibilité, et par conséquent de la
Nous devons à M- Schùbi.er la table sui valeur des différentes espèces de bois comme
vante de la quantité moyenne d'eau, va combustible. Duhamel, Rumfort, Hassen-
riable suivant les espèces , l'âge et l'époquiie kratz, en France, ont tenté des essais de ce
tat genre; mais les plus complets ont été faits en
de l'abattage, que les bois contiennent à l'éta
vertrt et qu'ils perdent en grande partie par Allemagne. Celles de M. Hartig sur ce sujet
la à l'air. ont été fort étendues: cependant, comme il a
négligé dans ses expériences plusieurs cir
constances importantes qui devaient influer
sur ses résultats, ceux-ci n'ont pas toute la
rigueur nécessaire pour les faire admettre
avec confiance. M. Wbrhsk a repris ces expé
riences en tenant compte de ces circonstan
Charme 18,6 81,4 ces et en cherchant à donner plus de préci
Saule marseau. . , 26,0 74,0 sion aux calculs. Enfin plus récemment, en
Sycomore 27,0 73,0 1826, M. Kalschi.nger a fixé son attention
Sorbier des oiseaux. 28,3 71,7 sur ce sujet, en cherchant à apprécier toutes
Frêne 28,7 71,3
Bouleau.. . . 30,8 69,2 les causes qui pouvaient influer sur la valeur
Alizier i 32,3 67,7 comparative des bois de feu. Malgré le peu
Chêne i 34,7 65,3 d'accord qui existe entre les résultats de ces
Chêne pédonculé. 35,4 64,6 trois forestiers distingués, nous donnons ici le
Épicéa 37,1 62,9 tableau des chiffres auxquels ils sont parve
Marronnier. . . 38,2 61,8 nus, en réduisant tous les nombres à un dé
Pin sylvestre. . . 39,7 60,3 nominateur commun, et en supposant pour
Hêtre 39,7 60.3
Aune 41,6 58,4 cela que du bois de hêtre sain, de bonne
Tremble 43,7 56,3 qualité et âgé de 120 ans, a une valeur de
Orme 44,5 55,5 1000. Nous nous bornerons aussi au bois de
Sapin 45,2 54,8 tronc à différens âges, sulfisamment sec et
Tilleul 47,1 52,9 dans un bon état de conservation.
Peuplier d'Italie.. 48,2 51,8
Mélèse 48,6 51,4
Peuplier blanc. . 50,6 49,4
Peuplier noir. . . 51,8 48,2
Quelques observateurs ont aussi remar sains, denses, d'un Age moyen, ayant végété
que que le volume du bois variait suivant dms un terrain approprié à leur nature, qui
ta longueur des bûches. Ainsi, suivant M. Le ont été abattus hors sève, bien desséches,
brun, un stère de bois diminue de 1/4 de conservés et transportes par terre jusqu'à
son volume lorsqu'il est scié en deux , de destination.
1/3 lorsqu'on le scie en trois, et d'un peu On n'apprécie pas de la même manière les
plu* du tiers lorsqu'on le scie en quatre. qualités du bois de chauffage dans tous les
M. Biimn a vu qu'une demi -corde ou arts ou dans l'économie domestique. Quand
64 pieds cubes de bois des environs de Mou on veut développer tout-à-coup une grande
lins, qui se composait de 80 bûches et pesait flamme, communiquer une température
1650 liv., ce qui porte le stère à 36 bûches élevée à des objets éloignés du foyer, ou une
pesant 753 liv., ne formait plus, lorsque ces température uniforme à des corps solides en
bûches avaient été sciées en quatre, qu'un grandes masses, on donne la préférence aux
volume de 48 1/9 pi. cubes, et que le poids du bois légers et refendus en bûchettes pour
stère était alors de 1016 liv. rendre la combustion encore plus vive. C'est
En résnmé, les meilleurs bois de chauf sons cette forme qu'on s'en sert dans les
fage sont les bois du tronc qui sont bien verreries, les faïenceries, les fabriques de
1)8 AGRICULT. FORESTIÈRE i PRODUITS DIVERS DES ROIS ET FORÊTS, lit.
etc. Au contraire les bois denses bouleau, etc. Dan s quelques arts on recherche
sont préférables pour le chauffage des chau le charbon de plusieurs espèces particulières
dières et des autres appareils de ce genre, de bois : ainsi, dans la fabrication de la
ainsi que pour celui des cheminées ordinai poudre, on donne la préférence aux char»
res, des poêles, des calorifères, où ces bois, bons d'aune, de bouleau, de saule et surtout
par la lenteur de leur combustion, permet de bourgène ; on se sert de charbon de saule
tent d'entretenir une température uniforme ou de bouleau pour la fabrication des crayons,
sans être obligé de charger très-souvent l'ap et les dessinateurs donnent la préférence au
pareil. charbon du fusain pour dessiner, etc.
Le meilleur charbon se prépare avec de
Section II. — Du charbon. jeunes rondins de 6 à 12 po. (16 à 32 cent.)
de circonférence, provenant de taillis de
Tout le monde sait qu'on nomme charbon l'âge de 16 à 20 ans. Quand on veut convertir
une substance qui reste après qu'on a dé du bois plus gros en charbon, il faut le re
pouillé le bois par la chaleur et au moyen de fendre en quartiers. Dans les taillis exploités
précautions ou dispositions particulières de en bois de feu ou en bois de charpente, on
toutes les matières volatiles qu'il contient. destine ordinairement au charbon tous les
Le charbon sert principalement à la cuisson bois de branchage et les brins qui ne peu
des alimens, à la fabrication et au travail du vent fournir du bois de corde et qui ont au
fer et des autres métaux; il a aussi une moins 1 po de diamètre. On devrait rejeter
foule d'autres usages économiques et indus tous les bois tortueux, qui ont l'inconvénient
triels dont -il est inutile ici de parler. Nous de laisser des vides dans l'intérieur des four
nous contenterons de rappeler que, quand il neaux de charbonnage, et d'empêcher les
est convenablement préparé, c'est un com charbonniers de bien conduire leur feu.
bustible qui brûle sans flamme ni fumée, et Les bois coupés hors sève donnent un meil
•st susceptible en même temps de donner leur charbon que ceux coupés en temps de
un degré de chaleur plus élevé que celui sève. Les bois trop verts donnent, à poids
qu'on obtient du bois à poids égal. égal, une quantité moindre de charbon
Le bois séché à l'air se compose, d'après et de plus mauvaise qualité que les bois
l'analyse des chimistes, de 38,48 parties de secs ; mais les bois trop secs se consument
carbone, 85,52 d'eau combinée, 25 d'eau libre trop facilement et se réduisent aisément en
et de 1 de cendre. braise, sorte de charbon auquel le contact de
On peut convertir en charbon toute es l'air a enlevé en grande partie ses propriétés
pèce de bois d'après les procédés que nous combustibles, et qui ne donne plus qu'une
faisons connaître dans les arts agricoles; faible chaleur.
mais on donne ordinairement la préférence Lasaison\a plusfavorable pour transformer
aux bois qui ne peuvent être employés comme les bois en charbon, est, pour ceux abattus en
bois de chauffage et qui sont à meilleur mar hiver, les mois d'août, septembre et octobre
ché, à moins que, comme dans les pays riches suivans.
en forêts, où les débouchés du bois sous Nous nous sommes déjà expliqué (j 114)
forme de bûches ou de bois d'oeuvre sont sur la longueur qu'il faut donner au
peu étendus, les transports difficiles, et où destinées au charbonnage.
le bois a peu de valeur, on ne trouve plus Des expériences faites à Aschaffenbourg
avantageux de convertir en charbon tous les par M. "VYeknek, et publiées en 1811, lui ont
produits des forêts. permis d'établir le tableau comparatif de la
Tous les bois ne donnent pas la même quan quantité de chaleur que donnent les diffé
tité de charbon ni des charbons de la même rentes essences forestières, quand elles ont
Qualité. Suivant M. Wernek, les qualités été converties en charbon; les nombres ex
es charbons dépendent à peu près de celles primés ici ne sont pas des quantités absolues
de chaleur données par chaque charbon,
mais expriment seulement les rapports des
différens charbons entre eux.
son état de conservation, ses dimensions, la
saison dans laquelle il a été abattu, son état urrear
NOMS *
de dessiccation et d'humidité, etc. la quaolilt
Les diverses espèces de bois n'exigent pas ce cUl.ur
dé,elop,,*..
non plus U même espace de temps ni la même
température pour être convertis en charbon i. Hêtre, bois d'un Ironc de iid ant. . . 1600
de bonne qualité. Le mode de carbonisation — boii d'un arbre de 40 ans. . 1639
exerce aussi une grande influence sur la 1172
bonté du charbon ; ainsi la carbonisation en t. CKène pédoncule , bois du tronc de i go mu. 1*69
forêts donne non-seulement un charbon — boit d'un arbre de (OUI, . . . 1484
moins abondant, mais encore sa qualité est 939
de 1/8 environ moindre que celle des char S. Charnu, boii du tronc de 90 ans. . • . 1684
bons préparés en vases clos. 1239
Dans les forges et grandes usines on dis «. MisUr, boit du tronc de 90 ant. . . . 1292
— boit d'un brin de 3o ant. . . . 1409
tingue les charbons en 2 classes : 1° les char 5. Frêne, bois d'un tronc de 100 ant. 1046
bons de bois durs et pesons, tels que ceux de 1753
chêne, épine, hêtre, charme, orme, érable, 1200
cornouiller, alizier, pommier; 2° les cher- G. Orme, boit du tronc de 100 ant. . . . 1407
bons de bois doux et légers, savoir : ceux de 1522
tilleul, tremble, aune, coudrier, pin, sapin,
CHAP. fl*. DU CHrVRBOtf. 12»
bon, ainsi que la quantité en poids de char
bon qu'ils devraient fournir. M. Nau a égale
ment déterminé cette dernière quantité et a
donné aussi, avec le précèdent auteur, le
poids spécifique du charbon obtenu.Nous réu
7. Erable SfCOmort Ijois d'un 1647 nissons leurs, résulta tsdans le tableau ci:après:
— hrin de 4o ans 1720
— bois flotté du troue. . 1117 ' £u ch.il lion.
8. Tilltul, bois d'un tronc de 80 ans .
9. Bouleau, bris d'un [roue de Go ans.
1089
1461
Cent parlici de boia Eu •f 'Poids
< 1 '1 ^ :ir
contiennent E„ poids, aurvanj du
— brin de iS ana 1406 soluine. charbon.
— bois flotle du tronc. . 1062 Wtruck. NrlU.
[O. Aune, bois du tronc de 70 ana. , 886
1 1 . Saule blanc, boif du tronc de 5o ana 935 46,6 33,6 33,5 0,224
11. Saute Maictaii. idem de ''o aos. .
Ttenibi* buis d'un irouc de Go ana.
1173
988 Chêne rouvre. . . . 47,8 34,6 ■;o,7 0,255
■3. Chêne pédoaculé.. . 44,0 u .1 0.244
— brin de 10 ana 1017 Charme 50,2 31,6 19,0 0,268
i4. Jfe iu'av, buis de tronc. I24G Bouleau 48,4 35,5 16,2 9,249
1 5 . Erab e cltampètr*, bois d'une perche. 1733 Sycomore 49,6 33,5 12,7 0,268
tG. Pin taiwnge, buis d'uu tronc de ia5 ans. 1724 33,9 211.8 0,225
— souche
— bois flotté du tronc. ...
1899
1 199 Alizier des bois. . . 51,2 33,9 •2l),K 0,209
Sorbier des oiseaux.. 49,6 » 0,215
17 Sapin commun, bois d'uu tronc de 100 ana 1127 Orme 51,5 33,8 • 0,196
- buis d'un tronc de 80 ana brûlé i Aune 44,2, 32,i 15,4 0,190
J'air libre 1202 Peuplier tremble. . 44,2 3y,5 19,4 0,184
884 Tilleul 4.i,S u w 0,196
18. Epicéa, bois d'un tronc de 100 ans. 1176 Saule osier.. . . . 45,8 n u 9,196
Saule blanc. . • . 45,8 33,7 15,3 0,196
Ainsi, (Attraction faite des autres qualités Saule inarceau. . . 48,7 » t 0,200
du charbon, on trouve que, sous le rapport Robinier 54,5 31,2 21,0 0,208
Châtaignier. . . . 51,4 37,8 18,4 0,271
de la quantité de chaleur dégagée, les char Érable champêtre. . 62,7 31,9 » 0,249
bons de bois doivent être rangés dans l'ordre 52,7 34,1 16,8 0,162
suivant : frêne, érable champêtre, pin sau 60,2 33,7 25,9 0,226
vage, érable sycomore, charnu', hêtre, orme, Cornouiller sanguin. 50,2 u » 0,268
ali/.ier, chêne pédonculé, bouleau, merisier, 52,7 31,2 20,4 0,184
épicéa, saule marceau, sapin, tilleul, saule Pin sylvestre 42,6 33,8 21,1 0,2ù2
blanc, tremble et au ne.On voit en outre parce Mt'lcze 45,8 37,2 20,6 0,217
Sapin 45.2 36,9 17,4 0,204
tableau que c'est le charbon de bois d'un âge 4' ,2 36,7 26,1 0,210
moyen qui donne le plus haut degré de cha
leur, et que celui qui provient de bois altéré
parle flottage est inférieur sous ce rapport. La quantité de charbon que donne le bois
Un bon charbon doit être bien cuit, et pré- dans la carbonisation en forêts, varie non-
senler la forme du végétal qui l'n produit ; il seulement, comme nous venons de voir, avec
est noir, brillant, dur, pesant, sonore, solide et l'espèce, mais encore avec l'dge et ta qualité
se cassant difficilement, salissant faiblement des bois; bien plus, elle n'est pas la même
les doigts, ne présentant pas de fenles consi suivant que l'opération du charbonnage est
dérables, et d'autant plus compacte qu'il pro dirigée par un charbonnier habile ou par un
vient d'un bois plus dur et que la carbonisa- ouvrier médiocre. 51.11 vrtig, qui a suivi avec
li n a été opérée graduellement et d'une beaucoup d'attention des travaux de char
manière lente. Il s'allume facilement, brûle bonnage, faits par mie excellente mélhode
avec vivacité et sans répandre d'odeur dés dans les forêts de la principauté de Nassau,
agréable. nous fournil à cet égard des renseignemens
M. Wer\ek a déterminé d'une manière iutéressans que nous a\ons convertis en me
très-précise la diminution de volume que les sures françaises et que nous présentons dans
bois éprouvent par leur conversion en cliar- le tableau suivant^
Poids Kilogrammes de charbon pro- i ( i. ,. de. . ' u lu . ) de
d'un stère duilapour iootilog.de bois. ITOlloil, | •1ère ( 1000
NOMS (looodreim. cubes) d
El qualités des bois. cubes)dc bois Psr un bon Par un ouvrier
en kilog. ourrirr. médiocre.
kilog. kilog. kilog. heet.
1. Hêtre, bois de fentede 100 a 19 50 4 '.m 4 41
120 ans 452 21 33
— Cotrets provenant d'é- 4 3 00 |
elaircies de 70 à 90 ans. . . . 497 13 » Î0 » 30
CnÈ.NE, bois de fente de vieil
les liges impropres à la con 00 3 20
struction 528 12 » lt 3
— Cotrets provenant de 6(1 4 05 3 30
perches île 18 à «o ans. . . . 645 16 » 14
PIN, bois de fente d'arbres de se 5 55 S o:
70 à 80 ans 426 10 » 14
— Cotrets provenant d'é- 511 4 20 3 «S
claircies 355 17 » li
4° Bois courbes, ou bois de fortes dimensions à 2 branches, courbés en arc, qu'on p.uit
diviser en 3 espèces.
a. Bois formant un angle obtus.
Court* dciillic ire (Jig. 1(9, C) . 3,24 38 se Brion ou ringenl ira (Jig. i<3 A). 5,85 43 te
— de jolereau ire Çfo 159B) 3,90 43 22 Bouoir 1™ (Jig. i5î B) . . . 4,55 38 3*
— d'arcade ir* (Jig. i<5 B) . 4,53 43 37
b. Bois formant un angle droit ou a peu près
Courho de gaillarde 3e (Jig. 141 B, 1 64B.M 2,92 I 43 43 Courbe d'èiambot 1™ (^y. 157 B i65). 4,55, 38 .18
— d. chambre V (fg. i54 B.164 C,l 2,27 I 22 I 16 | — de pout ■ " (Jig. 1 i9 B) . . . 2,92 | 35 27
c. Bois formant un angle aigu, ou ressemblant à un Y.
Courbe de capucine 1™ (Jig. i44 B). . I 3,24 | 54 1 43 I Fourcat 3e (Jig. 163 B). . . | 3,25 1 13 27
Fourca!:i"(/ig. i<6B, 160 B). . | 3,25 | 49 | 32 |
Fig. 160. 161. 162. 163. 164. 165.
Les bois droits sont l'ouvrage de la nature; sayé un grand nombre de procédés. Mon-
les soins de l'homme doivent se borner à TEATH, Bl'FFOtf, DUHAMEL, HaSSENFR ATZ. Du-
écarter autant que possible les obstacles qui bois db Chemai i , Beckbr et beaucoup
peuvent s'opposer à la croissanceverticaledes d'autres ont proposé des moyens plus ou
arbres. Parmi ces obstacles on range l'action moins ingénieux pour donner artificielle
des vents, les dommages causés par les ment aux arbres la courbure qui les rend si
homme», les animaux sauvages ou domes précieux dans les chantiers de construction.
tiques, les insectes, le voisinage des autres Toutes les méthodes qu'ils ont proposées, si
arbres, vie. on était curieux de les connaître, sont expo
Les bois courbes sont le produit de la na sées avec détail à l'article Marine du tome II
ture ou de l'art. Les bois des arbres propres du Dictionnaire des eaux et forêts de Bau-
à fournir naturellement des courbes se trou driixart, auquel nous renvoyons. Aujour
vent particulièrement sur les lisières des fo d'hui, elles ont moins d'intérêt depuis qu'on
rêts, dans les bois mal peuplés, dans les bor a établi dans plusieurs de nos chantiers de
dures, les haies, et partout où les arbres construction des appareils propres à courber
sont isolés, parce que, dans ces positions, ils les bois et à leur donner les formes requises
poussent beaucoup de branches, s'inclinent par des moyens mécaniques, aidés de l'ac
du côté des terrains découverts pour y jouir tion de la vapeur d'eau bouillante.
de l'air et de la lumière, se courbent par la Les bois de chêne, pour le service des arse
charge des neiges et sous l'action des vents. naux de la marine, se vendent au stère et à
Parmi les arbres dont les bois sont courbés des prix débattus entre les propriétaires ou
naturellement , on n'en rencontre qu'un petit adjudicataires et l'administration.
nombre qui soient sans défauts cl propres Dans les constructions pour la navigation
aux constructions navales. Celte disette a fait fluviale, on emploie généralement le chêne
rechercher les moyens d'y suppléer par des pour les grands bateaux, tels que les foncets,
moyens artificiels, et, dans ce but, on a es écayers, fiettes, barquettes, cabotières de la
CHAP. 6' BOIS D'OEUVRE 135
Normandie; les marnais, languettes, flûtes de les moulins à poudre, à papier, à fouler, à
l'Oise et de la Marne. Quant aux loues ou sa extraire les huiles, etc., exigent également
pines de laHaute-'Loire,elies sont toutes bâties des arbres qui aient de 40 à 48 pouces (108 à
en planches de sapin, et sont assez ordinaire 125 centim.) d'écarrissage, etc. Quant aux
ment déchirées au lieu de leur destination. autres pièces diverses qui entrent dans
Les bois courbes pour ces constructions étant la composition des grandes machines ou
d'une dimension beaucoup moindre, sont dans celle des machines plus petites, on
bien plus communs et plus faciles à se pro fait usage de divers bois d'écarrissage plus
curer. petit. Par exemple, on emploie , pour les
roues dentées des moulins, les écrous des
$ III. — Bois propres aux constructions civiles. firessoirs, les vis de presses, les, plateaux des
anternes, les fuseaux, les alluchons, etc., de
Dans les constructions civiles, on fait usage l'orme ou du noyer, ou bien encore du cor
de presque toutes les espèces de bois qui mier, de l'alisier, du cornouiller, du meri
croissent dans nos forêts ; les uns sont em sier, du charme, etc.
ployés comme bois de charpente, d'autres On divise communément le bois de char
comme bois propres à la construction des pente en deux espèces. L'une se nomme bois
grandes machines ou appareils usités dans de brin et l'autre bois de sciage. Le bois de
Tes arts; d'autres, enfin, comme exclusive brin est celui qui reste de grosseur naturelle
ment propres à la menuiserie. et qui a seulement été écarri sur ses 4 faces,
en enlevant 4 dosses à la scie ou à la coignée.
Le bois de sciage est celui qui est refendu à
1" Bois de charpente. la scie en plusieurs morceaux.
.Les bois de charpente arrivent à Paris en
Dans les grandes constructions civiles, telles pièces de différentes sortes : 1° en poutres et
que celles des ponts, des écluses, des ports, poutrelles ; 2° en solives, chevrons, poteaux et
des grands édifices publics, les arbres de fu membrures.
taies dont on peut obtenir des bois de dimen Les poutres et poutrelles sont des pièces
sions plus ou moins grandes, sont le chêne, de bois de brin, ayant depuis 12 jusqu'à 24
le châtaignier et le sapin. Ces constructions pouces (32 à 65 centim.) d'écarrissage sur une
exigent parfois des arbres qui aient 30, 40, longueur variable. Quant aux solives, che
50 et 60 pieds (10 à 20 mètres) de hauteur de vrons, poteaux et membrures, nous avons
tige, et 5 à 6 pieds (1 mètre 60 à 2 mètres ) de donné dans le précédent chapitre (pag. 117)
circonférence moyenne. leur écarrissage el leur longueur.
On fait principalement usage, dans les con La longueur des bois de charpente diffère
structions civiles ordinaires pour la charpente de 3 en 3 pi., et leur grosseur en proportion,
des villes, des différentes espèces de chênes, dcpuis6, 9, 12, 15,18, 21, 24, 27, jusqu'à 30 pi.
du châtaignier et du sapin ; pour celles des (2 a 10 met.) et plus. Ces bois s'estiment à la
campagnes, du bouleau, des érables, des sau pièce, qui est une mesure de 6 pieds (2 met.)
les, des peupliers, des arbres résineux, de de long sur 6 pouces (16 centim.) d'écarrissage
l'orme, du cormier, de l'alisier, du frêne, du ou 3 pieds cubes de bois. C'est à celle mesure
charme, du merisier, etc. qu'on réduit tous les bois de différentes lon
Dans les constructions en terrains humides gueurs et largeurs qui entrent dans la con
ou submergés,pour les pi lotis, les grillages, les struction des bàlimens. Ils se vendent au
fondations, le muraillement des puits et des cent de bois, c'esl-à-dire par cent pièces de
mines i nondées, les pieux, etc.,on se sert, avec bois, ou au slère.
avantage, outre le chêne, de l'orme, des bois
résineux et surtout de l'aune. C'est avec ce 2° Bois de menuiserie.
dernier bois que sont exécutés les pilotis sur
lesquels sont fondées Venise el la plupart des Menuisier en bâtimens. Les bois employés
villes de la Hollande. Les clôtures rurales le plus ordinairement par les menuisiers en
sèches, les pieux el les planches établis pour bâtimens sont le chêne, le châtaignier, le sa
soutenir les fossés, les terrains, le bord des pin et le tilleul. Ils font encore usage de
marcs, canaux, et les endiguages sont plus noyer, orme, hêtre, frêne, platane, sycomore,
durables quând on les établit en chêne, en érable, merisier, cornouiller, tremble, robi
châtaignier, en hèlre, en acacia. Les conduits nier, etc. Ces bois sont généralement débités,
d'eau et les pompes se fout particulièrement sous différentes dimensions, dans les forêts
en orme, en aune, en sapin, en mélèze, etc. par des scieurs de long ou dans les moulins
La construction des grandes machines, ou a scier le bois.
celle d'appareils dans les usines, exige aussi Le chapitre précédent contient (page 117),
souvent des bois de nature diverse el d'assez à l'égard de ces sortes de bois appelés bois
fortes dimensions; pour les arbres et pivots de sciage, toutes les instructions nécessaires
de moulin, les arbres des roues hydrauliques, pour faire connaître leurs dimensions et le
iar exemple, on emploie les chênes, ou, à prix de leur main-d'œuvre.
leeur défaut, le pin sylvestre, le sapin, l'é Menuisier en meubles, ébéniste et marque
picéa qui ont depuis 20 jusqu'à 36 pieds (7 à teur. Les bois indigènes de nos forêts dont
12 mètres) de longueur sur 20 ou 24 pouces se servent les menuisiers en meubles sont des
(54 à 65 cent:m.) d'écarrissage; pour ceux des bois durs, tels que chêne, orme, frêne, érable,
martinets de forge, des chênes, des hêtres, prunier, poirier et pommier sauvages, alisier,
des arbres résineux de 36 à 40 pieds (12 à 13 cytise, sureau, if, etc., et les bois blancs ou
mètres) de longueur sur un écarrissage de 40 tendres de saule, tremble, bouleau, peuplier,
à 42 pouces (108 à 112 centim.). Les piles pour | tilleul, ainsi que le sapin, et de plus le brous
136 AGRICULT. FORESTIÈRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORÊTS, itv. V.
tin loupes ou excroissance, de buis, d'érable I usage de perches, rames et ramilles, pour faire
de frêne, d'aune, d'orme et de sycomore. Ces 'des saucissons, des gabions, des fascines,
bois leur sont livrés sous la forme de soli des clayonnages; d'arbres retendus, de pieux,
veaux, de battans, de membrures, planches d'échalas pour former des palissades; de
ou voliges. plauches, de chevrons de chêne pour les
On les voit encore faire usage, en arbres Ela te formes de batteries; de solives pour
de nos forêts, et comme bois d'ébénîsterie, lindes, etc.
de placage ou de marqueterie, d'acacia,
buis, châtaignier, cornouiller, fusain, gené J V. — Bois d'ouvrage.
vrier, houx , marronnier, mélèze, micocou
lier, coudrier, pin, platane, sycomore, etc. On donne ce nom au bois qu'on travaille
Menuisier en voitures. Il fait principale dans les forêts ou dans leur voisinage, et
ment usage du frêne, de l'orme, du noyer, dont on fait de menus ouvrages ou diflerens
du tilleul et du peuplier refendus à la scie ustensiles. Ces bois sont ou simplement fen
en tables de diverses épaisseurs, bien des dus et dressés, ou bien reçoivent plus de
séchés, et du bois <.e sapin. Le bois d'orme façon. Dans le 1" cas on les nomme bois de
sert aux bâtis; à défaut d'orme, on emploie /ente et ils servent à faire des échalas, des
le noyer ou le frêne . comme en Angle lattes, du merrain, du douvain, des barres
terre. Les panneaux des équipages sont tou pour soutenir le fond des tonneaux, des co
jours en noyer. Le s.i| in sert |>our les pan peaux, pour les gainiers au miroitiers, des
neaux de custode, le tilleul pour les caves, cercles ou cerceaux, des cercles pour cri
les panneaux de doublure, et à couvrir les bles, caisses de tambours, bordures de ta
pavillons. mis, mesures de capacité, des éclisses ou
Menuisier treillagcur. Cet artiste emploie clayettes pour dresser les fromages, etc.
les bois de chàlaigno r, de chêne, de frêne, et Dans le 2e on les appelle bois de raclerie, et
les bois à grains fini, tels que le bouleau, on en fait des attelles de colliers, des fûts
l'aune, le pin, le sa, in, le cyprès, etc., qu'il de bâts et arçons de selle, des jougs de
refend avec le contre et travaille ensuite bœuf», des pelles à four, à grains et à boues,
avec des outils qui lui sont propres. Il se des battoirs de lessive, etc. Tous ces ob
sert, la plupart du temps, des bois de fente jets se font presque exclusivement en hêtre,
travaillés en forêts, et dont nous parlerons mais on en fait aussi quelques-uns en aune,
plus bas. bouleau, charme, noyer et saule. C'est aussi
Menuisier layetier. Il ne fait guère usage en hêtre que se font la plupart des sabots ; on
que des voliges de bois blancs qui servent à eu fabrique aussi en noyer et en orme, et
faire les caisses destinées au transport des avec du bouleau,du tilleul, du marronnier, de
marchandises. l'aune du tremble, du saule et du peuplier.
Nous renvoyons, pour plus de détails sur ces
$ IV.— Bois de charronnage. bois d'ouvrage, a ce que nous avons dit au
chapitre précédent, à l'article de l'exploita
On comprend sous ce nom tous les bois tion d'une coupe (pag. 110 à 120).
qui sont mis en œuvre par le charron pour
la construction des roues et pour celle des 5 VI.— Bois employés dans différons arts.
chariots, charrettes, trains descarrosseset de
plusieurs iuslrumeiis d'agriculture. Les bois Les bois que produisent nos forêts reçoi
employés de préférence par le charron sont vent un grand nombre d'autres applications
l'orme, le frêne, le chêne, l'éruble, le hêtre, utiles, ou servent dans diverses industries,
le charme et le bouleau. Nous avons indiqué parmi lesquelles nous citerons les suivantes.
plus haut (page 1 16) l'usage et le choix, qu on Un fait des échalas de rondin, de menues
lait de ces bois pour les diverses pièces de perches, des tuteurs, des piquets avec pres
charronnage. Nous ajouterous seulement que que tous les bois, mais surtout avec le chêne,
les bois sont livrés au charron en grume, en cornouiller, châtaignier, charme, pin, gené
billes ou tronçons coupés de longueur ou re vrier, robinier, coudrier, etc.On en fait aussi
fendus à la scie, et qu'ils se vendent généra en saule, tilleul, sureau, peuplier et aune.
lement au stère. Les harts, liens, rouelles de trains de flot
fou propres à l'artillerie. L'artillerie, dans tage se font avec les jeunes rameaux tralnans
ses Constructions, fait à peu près usage des ou rampansde la plupart des arbres. On em
marnes bois que le charron. Ces bois sont ploie, pour les manches de fouet et houssi-
tous fournis et tr-'.nspoi tés en grume, ou nes, des jeunes liges d'érable, micocoulier,
simplement dégrossis Pour les flasques, on houx, elc. ; pour les fascines qui servent dans
emploie le bois. d'orme bien sec; pour les les constructions en bois, ou à maintenir les
enlretoises, le chêne très-secet de dimension terrains en pente ou dégradés par les eaux,
variable, suivant que les pièces sont montées des rameaux de toutes sortes de bois. On
pour l'artillerie de terre ou celle de la ma débile des allumeties dans de petites billes
rine. Les roues sont en orme, les moyeux en de tremble sec ou de bourgène refendues en
bois vert, les jantes en bois sec, les raies en menus brins; on fait des manches d'outils,
chêne pur et sans nœuds. Les essieux se font des fléaux, des maillets, des masses, des pou
en orme, les limonières d'avant- train , les lies, des coins, des fourches et râteaux en
sellettes, les sassoires, etc., se fout avec le charme, chêne yeuse, frêne, aubépine, cor
niéme bois. Les bois blancs, tels que l'aune, nouiller, so.-bier, micocoulier, tilleul, etc.;
le peuplier, servei.1 ordinairement pour le des balais avec des brindilles et en particu
corps (tes caissons et les coffrets. lier celles du bouleau ; des fuseaux, lardoires,
L artillerie et le génie militaire font encore aiguilles à tricoter, en fusain ou en buis; des
chaf. «\ MENUS PRODUITS DES FORÊTS. 137
manches de couteaux communs, des étuis, importance pour l'économie agricole etdans
en hêtre durci au feu;eton fabrique en buis, les arts. Voici 1rs principaux :
surtout aux environs de St.-Claude, quantité Les écorces. Celles des jeunes chênes se
dis menus ouvrages, tels que grains de cha vendent avantageusement pour lanner les
pelets, sifflets, boutons, cannelles à vin, cuil cuirs, et nous renvoyons à ce sujet au cha
lers, fourchettes, tabatières, peignes, coque pitre qui précède. On sait que l'écorce du
tiers, poivrières, moules à beurre, etc. Les chene-iiége fournit des bouchons, des se
chaises communes, les échelles se font avec melles, des chapelets pour les filets des pê
le tilleul, l'aune, le bouleau, et les lignes de cheurs, etc. Les cordes à puits se fabriquent
{>éche en saule, peuplier, sapin, micocou- avec l'écorce de tilleul. La teinlure tait usage
ier, etc. de l'écorce de l'aune «t du noyer. On retire
Les pompiers font usage de l'orme et de de l'épiderme du bouleau une huile empy-
l'aune pour les conduits d'eau et les corps reumalique qui sert à la préparation des
de pompe; les tourneurs, de noyer, buis, fu cuirs dits de Russie. L'écorce du houx et
sain, genévrier, merisier, frêne, alisier, cor celle de l'if sont employées à la préparation
nouiller, sorbier, robinier, tremble, aune, de la glu. On fait des nattes et des objets
bouleau, ainsi que de hêtre, charme et syco de vannerie, des cabas avec la deuxième
more. Les graveurs préfèrent le buis à tous écorce de l'orme, du tilleul et de quelques
les autres bois pour la gravure en relief, qui autres arbres. Enfin, on retire de l'écorce
est destinée à s'allier à la typographie, et le du saule un corps alcaloïde, connu sous le
poirier, cormier, alisier pour la gravure des nom de salicine, et dont la vertu fébrifuge
planches employées à l'impression des in est presque égale à celle du quiuquina, etc.
diennes ou des papiers peints. Les sculpteurs LesJeuiUes. On peut les employer à l'état
travaillent le chêne, noyer, sycomore, aune, frais, ou convenablement conservées, pour la
tilleul, marronnier, peuplier, saule, etc. Les nourriture des bestiaux. Les feuilles qu'on
dessinateurs, peintres, graveurs se servent estime le plus sous ce rapport sont celles de
de bois de saule ou de fusain calciné pour frêne, érable, tilleul, orme, platane, tremble,
dessiner; du même bois de saule eu tablettes cormier; puis viennent celles de chêne,
pour tracer des croquis, et du bois de marron charme, saule, peuplier, coudrier, etc. Dans
nier dressé et poli, et connu alors sous le le Nord on emploie même à cet usage les
nom de bois deSpa, pour décalquer des litho feuilles des arbres résineux. On peut encore
graphies qui doivent orner des boites ou pe se servir des feuilles, soit comme litière pour
tits meubles de goût. Les orfèvres font usage les animaux, soit pour former des engrais,
du bois de saule pour polir l'or et l'argent. des composts, ou bien des couches dans les
Le tabletier emploie presque tous les bois, jardins, etc.
soit pour faire le corps de son ouvrage, soit Fruits sauvages et semences. Ceux dont la
comme placage ou marqueterie. Le cojfre- vente ou l'emploi peuvent procurer des
tier-malletier construit ses boites en hêtre, avantages ou des profits sont les gUiiuls, qui
chêne ou sapin. Le brossier, pour le dos de servent à l'engraissement des porcs; la Jatne,
ses brosses, prend des planchettes minces de qu'on destine au même usage ou à la nour
hêtre, uoyer ou bois blanc. Le paumier-ra- riture des dindons, et dont on retire une
quelier fait usage de beau bois de frêne en grande quantité d'huile bonne à brûler et à
billes refendues en échalas pour le corps manger; la semence du micocoulier, qui, sou
des raquettes, et de tilleul ou de bois blanc mise à la trituration et à la presse, donne
pour l'élançon. Le formier fait des formes également une huile douce et agréable ; les
ôu des embauchoirs en hêtre, charme ou i noir, les noisettes, les châtaignes, les mar
noyer. Le luthier emploie presque tous les rons, dont tout le moude connaît les usages
bois, et surtout le hêtre pour la table infé économiques; le marrond'Inde donton peut
rieure des instrumeus à corde, et le sapin retirer plusieurs produits; les fruits du ge
pour la supérieure. Le facteur de pianos se névrier, du prunier épineux, du cornouiller,
sert de tous les bois d'ébénisterie et en outre de Vépine-vinette, du sureau, de la ronce, dont
du sapin pour les tables d'harmonie, etc. on tait plusieurs préparations utiles dans les
Dans les ouvrages de Vannerie, tels que ménages rustiques; ceux du cormier, qu'on
hottes, paniers, corbeilles, vans, on fait le mange comme les nèfles et dont on fabrique
plus communément usage de l'osier jaune et une espèce de cidre; la semence de tous les
de l'osier rouge. Les objets les plus soignés arbres, et entre autres des conifères, qui
en ce genre sout en osier blanc ou saule vi- peut être récollée, séchée et vendue avan
minal. On fait aussi des corbeilles et des tageusement, etc.
paniers avec les rameaux de la viorne La sève. Avec celle du bouleau on prépare
mancienue, de la bourgène, du cornouiller une liqueur fermentée assez agréable; celles
sanguin, du noisetier, du bouleau et autres, du sycomore et de l'érable champêtre con
refendus eu menus brins. Enfin, les vanniers tiennent aussi une quantité notable de sucre
emploieut encore des lattes minces de saule et peuvent être converties en boissons fer-
marceau et du bois de peuplier réduit en mentées. Le pin maritime, le pin sylvestre,
lanières minces dont on fabrique aussi des auxquels on a pratiqué des incisions, lais
chapeaux. sent écouler ce corps demi-fluide connu sous
le nom de térébenthine de Bordeaux ; les sa
Section iv. — Menus produits desjorëts. pins commun et épicéa donnent par des pro
cédés analogues la térébenthine de Strasbourg,
Nous rangerons sous ce titre quantité et le mélèze la térébenthine de femse, tous
de produits qu'un peut recueillir dans les produits qu'on peut transformer eu un grand
forêts, et dont quelques-uns ne sont pas saus nombre de corps, couuus dans les arts sons
AGRICULTURE. tome IV.— 1 8
138 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORÊTS, liv. v.
le nom de résine, poix, goudron, noir de fu potasse ; les mousses, qu'on peut employer
mée, etc Les merisiers laissent aussi suinter comme litière ou pour faire des composts,
une matière épaisse qui se concrète à l'air, des matelas, ou emballer des marchandises;
et qui est employée dans divers arts sous le les herbages et foins, etc., qu'on peut récol
nom de gomme de pays. On recueille encore ter en temps opportun ou faire pâturer par
sur le tronc des jeunes mélèzes une substance les animaux domestiques; la viorne obier
grasse, connue sous le nom de manne de {viburnum opulus), dont on fait des baguettes
Briançon, et qui est employée en médecine. de fusil, des tuyaux de pipe, de petits ou
On peut encore ranger au nombre des me vrages au tour; la viorne cotonneuse ( v. lan-
nus produits des forêts les fruits du meri tana ), qu'on emploie à faire de petits cer
sier, du fraisier, de l'airelle myrtille, du cles, des lient, des paniers, des corbeilles;
framboisier qu'on mange en nature, dont le daphne maereum, dont on fabrique des
on prépare aussi des boissons ou qui servent chapeaux d'un blanc éclatant et du papier
àdiverses préparations économiques; la ronce imitant celui de Chine; la clématite des haies
dont on fait des liens; les églantiers ou ro (clematis vitalba L. ), qui sert à faire des
siers sauvages, sur lesquels on greffe d'autres liens, des paniers, des corbeilles, des ruches ;
rosiers dans les jardins; les truffes, les cham le brou de noix, qu'on emploie en teinture ;
pignons comestibles, les morilles qu'on ré les œufs defourmis, dont on nourrit les jeunes
serve pour la table; Xagaric chirurgical, le faisans; les cantharides, employées en phar
bolet amadouvier; le genêt commun, dont ou macie; les œufs des oiseaux sauvages; enfin
fait des balais, des liens, de la litière, des une foule de plantes, de semences et de fruits
bourrées ; le genêt des teinturiers, employé employés dans les arts industriels, l'art de
encore en teinture; les fougères, qui peuvent guérir et l'économie domestique, etc.
servir à la nourriture des bestiaux, à couvrir Il faut encore mettre au rang des produits
les plantes de jardin pendant l'hiver, et four des forets le miel, qu'on peut enlever aux
nissent par leur incinération une grande abeilles sauvages, et les animaux sauvages,
quantité de potasse; les bruyères, que les soit quadrupèdes, soit oiseaux, dont la pour
moutons, les chèvres et les vaches mangent suite ou la destruction fait l'objet de la
volontiers, dont on fait de la litière, des ba chasse, et dont la dépouille et la vente peu
lais, des corbeilles, des cabanes de vers-à- vent procurer des bénéfices assea impor-
soie, et dont on relire du charbon et de la tans. F. M.
La science forestière ne consiste pas seu Les dommages causés par l'homme peu
lement à connaître les essences qui profite vent avoir lieu par suite d'une attaque im
ront le mieux sur le sol dont on peut dispo médiate contre la propriété, ou être le ré
ser, les meilleures méthodes de semis, plan sultat d'actes médiats préjudiciables aux fo
tation, culture, aménagement et exploitation rêts , ou enfin celui de l'ignorance ou de
des bois et forêts, elle apprend encore à dé 1 abus.
fendre ces sortes de propriétés contre toute
sorte d'agens destructeurs, et à les garantir § 1". — Attaques immédiates contre la propriété
des attaques d'ennemis auxquelles elles sont forestière.
plus exposées que toutes les autres.
Les moyens de conservation ou de défense Ces attaques portent atteinte soit au sol fo
doivent varier suivant la nature des a^ens de restier, soit à ses produits.
destruction ou l'espèce d'ennemis qui atta I" On porte atteinte au solforestier quand on
quent nos forets. Ces agens ou ces ennemis déplace, bouleverse ou supprime les marques,
soiit l'homme, les animaux, les végétaux et bornes, poteaux, fossés, pieds corniers, etc.,
quelques phénomènes physiques. qui établissent la limite des héritages. Les
Des forestiers distingués de la France et de fontaine.-., ruisseaux, rivières, chemins, mon
l'Allemagne ont étudié avec soin cette partie tagnes sont souvent employés pour fixer les
intéressante de la science; nous citerons en limites forestières, mais on leur préfère au
tre autres MM Dralet, Beciistein, Buhos- jourd'hui les pierres, qui ont en effet plu
DORFF, COTTA. HaiITIG, MEYER, PfEIL, SCHIL sieurs avantages. Pour assurer ces limites, il
LING et Laurop. Ce sont les travaux de ces faut y établir, dans un lieu apparent, des
satans, surtout ceux des derniers, qui vont bornes en pierre d'un assez fort cubage pour
nous servir de guides dans ce chapitre. qu'on ne puisse les renverser tacitement. On
enfouit sous ces bornes d'autres pierres plus
Section I". — Dommages causés par petites ou des matières incorruptibles, telles
l'homme. que du charbon, qu'on appelle témoins, et
qu'on retrouve quand les bornes ont été dé
L'homme peut porter préjudice aux forêts placées. Un plan cadastral bien fait, une des
de bien des manières diverses, prévues la cription précise de la propriété, des recole-
plupart par les réglemens forestiers ou les mensde bornage faits de temps à autre avec le
lois de l'Etat, et classées par celles-ci, suivant plan à la main et en présence des propriétaires
leur gravité, en contraventions, délits ou riverains, et dont il est dressé proces-verbal,
cnu.es. enfin, une surveillance active de la part des
CBA.P. T. DOMMAGES CAUSÉS PAR L'HOMME. 189
açens chargés de la garde des bois et forëls, fâcheuses ; lels sont le renversement des
sont les moyens les plus propres à conserver marques de coupes, la destruction des haies,
et à garantir leurs limites. fossés, treillages, palis, murs ou clôtures
Avant d'aller plus loin, nous dirons un mot quelconques, ce qui facilite les vols ; le ren
des qualités nécessaires à de bons agens versement des tuteurs des jeunes arbres, le
forestiers, en prenant pour guide le portrait bouleversement ou la destruction des routes
qu'en a tracé M. Hartig. Un bon garde doil forestières ou des chemins, des ponts, du lit
être d'une constitution robuste, d'une bonne des rivières flottables, des ports de débarde-
santé, bon marcheur, doué d'une bonne vue, ment; la destruction des greffes, l'eulève-
de l'ouïe fine et de beaucoup d'activité et de meut d'anneaux d'écorce aux arbres, ou les
persévérance. Il est indispensable que sa blessures graves qu'on peut leur faire , le
moralité soit irréprochable. Il doil avoir un renversement des cordes ou piles de bois et
certain degré d'intelligeuce et de capacité, et plusieurs autres délits, presque tous prévus
être brave pour réprimer l'audace desdélin- et punis par les réglemens forestiers. Les
quans et des brigands dont les bois sont sou agens préposés doivent tenir rigoureusement
vent le repaire. Il doit savoir lire et écrire et la main à ^observation de ces réglemens , et
être en état de faire un rapport clair et mé s'opposer à ce qu'on s'introduise dans les
thodique, connaître l'arithmétique, savoir un forêts avec des scies, haches, serpes, coignées
peu de géométrie, avoir une idée générale de et autres inslrumens de cette nature; à ce
l'administration, de la ocience et de l'écono 3u'on pratique dans une saison ce qui est
mie forestières, enfin, counallre tout ce qui éfendu à cette époque ; à ce qu'on ne donne
concerne les délits forestiers, la chasse et la pas lieu, par négligence ou autrement, à des
conservation du gibier. incendies, etc.
2" Les produitsforestierssont très-difficiles L'homme peut allumer un incendie dans
à défendre contre les attaques de l'homme. les forêts, soit avec pi (''méditation , soit par
Le bois est un de ceux qui donnent le plus négligence ou par imprudence. C'est un fléau
fréquemment lieu aux délits. Une surveil au'il faut prévenir avec soin, parce qu'il cause
lance active et les peines portée-, par nos lois souvent les plus prompts et les plus affreux
ne le mettent pas toujours à l'abri des dé ravages. Un incendie peut se déclarer dans
prédations. On y parvient quelquefois en dé une foret quand des bûcherons ou des char
livrant à très-bas prix ou même gratuitement bonniers allument sans précaution du feu
les broussailles, ramilles, copeau* et autres dans des lieux où il peut courir, ou quand
combustibles d'une faible valeur aux pauvres les fourneaux de ces derniers sont établis et
des communes voisines, en maintenanl à un conduits avec négligence. Dans les séche
prix très-modéré dans les euvirons tous les resses, une étincelle échappée de la pipe d'un
menus bois qui servent dans l'agriculture, fumeur, la bourre enflammée d'un fusil, une
tels que perches, échalas, gaulettes, liens, légère flammèche quele vent apported'un feu
rames pour les légumineuses ou le hou voisin, sont la plupart du temps la cause des
blon, etc.; en redoublant de vigilance au embrasemens. Nos réglemens forestiers con-
moment des coupes; en rassemblant autant tiennent un grand nombre de dispositions
que possible les bois coupés en grandes mas qui ont pour objet de prévenir cet événe
ses, toujours plus faciles à surveiller; en vi ment, et des piines graves contre ceux qui
dant les coupes le plus prouiplement pos tendraient à les enfreindre. C'est aux per
sible, etc. sonnes préposées à la garde des forêts à les
Il n'y a aussi qu'une surveillance active qui connaître et à les faire observer rigoureu-
puisse prévenir certains délils qui ont pour sement.
objet de mutiler ou d'estropier, avec des în- Quand ['incendie est déclaré, ilfaut em
slrumens tranchans, les arbres sur pied ou ployer les moyens lesplusprompts pour arrêter
les jeunes plants. Ces attaques, quelquefois les progrès du feu: 1° faire annoncer le feu
très-désastreuses pour les forets, ont lieu la dans loin le voisinage par le son des cloches
plupart du temps dans le but de se procurer ou tout autre moyen, et inviler les habitans
des harts pour les fagots et les gerbes en à se rendre sur le lieu de l'incendie, armés
coupant déjeunes brins dans les taillis, d'eu- de haches, hoyaux, pelles ou bêches; 2°à pla
lever des marcottes et des boutures, de faire cer les travailleurs a mesure qu'ils arrivent,
des balais avec les pousses du bouleau, de les uns pour faire des abattis sous le vent,
recueillir de la sève en perçant les arbres les autres pour peler la superficie de la terre
résineux, des écorces pour la vannerie et la dans une largeur de 6 à 7 mètres, en reje
sparlerie, de la nourriture ou de la litière tant les herbages secs et les gazons du côté
pour les animaux, en enlevant les fruits fo opposé au feu; 3° à pratiquer, quand la cir
restiers, ou en coupant des branches de co constance l'exige, des tranchées à une cer
nifères, en moissonnant a la main ou en fai taine dislance du feu ; 4° à se servir d'eau et
sant brouter aux bestiaux les herbes, gazons de pompes quand on peut s'en procurer; 5° à
et autres plantes dans les semis ou planta faire fouiller la terre quand le feu a pris dans
tions, en dépouillant les arbres de leurs les bruyères ou des matières sèches, et à la
feuilles ou bien en enlevant les feuilles sè jeter sur ces matières enflammées, ou même
ches, mousses, genêls, bruyères dans les lieux sans attendre qu'elles le soient. La terre
où ces objets sont utiles à la culture et au élouffe le feu et la tranchée arrête la com
repeuplement de la forêt. munication.
Nous regardons encore comme préju Quand on est parvenu, n'importe par que'
diciables aux forets une foule d'actes qui, moyen, à éteindre un incendie, on fait veiller
si on ne s'y opposait pas par une bonne sur les lieux pendant plusieurs jours et plu
garde, finiraient par avoir des conséquences sieurs nuits, surtout si on aperçoit encore ça.
140 ÀGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORETS, lit. y.
et là des matières enflammées, et on fait par Relativement aux droits d'affouage et de
courir aux hommes préposés à cette garde, marronnage , l'usager ne pouvant exercer son
non seulement les endroits incendiés, mais en droit sans une délivrance préalable du pro
core reux des environs qui se trouveraient priétaire ou de l'administration forestière,
sous le vent, afin d'étouffer, avec de la terre et les arbres en délivrance étant préalable
ou autrement, le/feitqui se rallumerait, ou les ment marqués, on parvient avec de la sur
flammèches qui auraient été emportées dans veillance à prévenir les abus. D'ailleurs, on
les cantons voisins. peut fixer le jour auquel on enlèvera ces
bois; ne pas permettre que les usagers ven
§ II. — Attaques médiates contre les forêts. dent ou permutent leurs lots; surveiller leur
transport, et s'assurer que ces bois ne reçoi
L'homme nuit médiatement aux forêts vent pas une autre destination que celle pour
3uand il cherche à en tirer, dans un temps laquelle ils sont délivrés. Ou peut aussi dis
onné, plus de produits qu'elles ne peuvent cuter et soumettre à la révision 1: s titres des
en fournir; quand il en néglige la culture el en usagers, faire procéder à une évaluation de
dirige mal l'aménagement. Il diminue aussi leurs droits, et racheter ces droits par une
leur produit lorsqu'il tolère les abus qui se indemnité ou par l'affectation d'un canton
glissent la plupart du temps dans la jouis nement ; enfin, on peut atténuer l'effet des
sance des servitudes on des droits d'usage. abus qu'entraîne leur jouissance par l'obser
Un propriétaire nuit à ses forêts quand il vation r goitreuse des lois forestières, que
y coupe plus de bois que ne fe comporte une nous ferons connaître dans notre partie lé
bonne période d'aménagement. Il diminue gislative.
leur produit quand il déracine, sur partie ou Le pâturage et le panage sont bien plus
totalité du sol, des arbres dont les souches préjudiciables aux forêts que l'affouage,
auraient donné de bons recrus, ou défriche tant sous le rapport du dommage que les
imprudemment et emploie le sol à d'autres animaux font dans les bois, que par les nom
usages économiques ; lorsqu'il pratique des breux délits et les abus auxquels donne lieu
Coupes extraordinaires, règle d'une manière la jouissance de ce droit. En effet, les vaches
préjudiciable à sa propriété l'âge de ses cou et les bœufs recherchent les feuilles et les
pes, de manière que la quantité de bois dimi bourgeons, leurs pieds battent le terrain et
nue annuellement; lorsque ses arbres, aban étouffent les germes el les jeunes plantes;
donnés trop long-temps sans être exploités, les chevaux et les ânes mangent des branches
dépérissent et se pourrissent;lt>rsqn'il adopte de l'épaisseur du doigt, rongent l'écorce des
un mode vicieux de culture forestière, opère arbres, et en se roulant font un dégât énor
ses coupes à contre - saison, néglige de taire me; les chèvres et les moutons, dont l'intro
le nettoiement des taillis et les éclaircies né duction est sévèrement prohibée dans les
cessaires, ou bien enlève trop de bois en les bois de l'Etat et des communes, causent
pratiquant, et agit, dans ce cas, avec peu de dans les forêts de bien plus grands dom
Jirudence et sans discernement ; enfin, quand mages encore en broutant les bourgeons des
I néglige le repeuplement en bonnes essen jeunes coupes, et en privant ainsi les cépées
ces appropriées au sol, ou d'après les règles de leurs feuilles et de leurs moyens naturels de
d'un non assolement forestier. Il n'y a d au végéter; les porcs mangent les glands el les
tre moyen, pour éviter les dévastations qu'on faines, fouillent la terre, déracinent les cé
peut causer ainsi aux forêts et leur dépéris pées, culbutent les semis el causent un dou
sement, qu'à les diriger suivant les prin ble dommage en détruisant le bois el en
cipes que nous avons posés dans ce livre, ou s'opposant au repeuplement.
d'en confier l'administration à des forestiers Les meilleurs réglemens sur le pâturage
instruits et honnêtes. et le panage dans Tes forêts ne suffiront ja
Les droits d'usage qui pèsent encore sur mais pour en faire cesser les abus, el tous les
les forêts donnent lieu, quelle que soit l'acti forestiers instriiits.tant françai-. qu'étrangers,
vité des gardes el malgré les lois qui en rè s'accordent à en réclamer la suppression.
glent et déterminent la jouissance, à des On peut employer contre les abus auxquels
abus si graves et si nombreux, cjue c'est une ce droit donne lieu, ainsi que contre les pe
des causes les plus actives du dépérissement tits usages, quelques- uns des moyens indiqués
de la propriété forestière. Ces droits d'usage pour se préservtr des încouvéuieus de l'af
6e divisent en grands et petits usages. Les fouage, tels que la surveillance active, le ra-
grands usages sont : 1° Vaffouage, ou droit chatnioyennanlindemuité et l'observation ri
de prendre dans une forêt le bois de chauf goureuse des dispositions réglementaires et
fage nécessaire aux usagers; 2° le marronnage, législatives qui lixeul l'exercice de ce droit,
ou le droit de se faire délivrer des arbres tant dans les forêts de l'Etat que dans celles
pour la construction et les réparations des des particuliers.
bàtirnens; 3° le pdturage ou pacage, ou droit
d« faire paître le bétail ; 4° le panage, la
glandée ou la poisson, qui consiste dans la § III.— Dommages résultantrance.
de l'abus ou de l'igno
faculté de mener les porcs dans une forêt,
pour s'y nourrir de glands et faines.— Les
fietits usages consistent principalement à en- L'exploitation des bois, c'est-à-dire l'abat
ever les branches sèches, les bois morts el tage, le transport el le travail en forêts peu
les morts-bois, c'est-à-dire certaines espèces vent donner lieu à plusieurs pratiques vicieu
de peu de valeur, telles que saules-, marsaults, ses et à des abus très-funestes, qui exigent
épities, sureaux, aunes, genêts, genévriers et qu'on les prévienne, les arrête ou les ré
ronces. prime avec sévérité. Ces pratiques, relative
GHAP. 7* ANIMAUX NUISIBLES A.UX FORÊTS. 141
ment à l'abattage, concernent soit le temps sur les arbres entaillés au printemps est faite
où on le fait, soit la manière de le faire. plus tôt que le mois d'août suivant, avant
L'expérience parait avoir prouvé qu'il est que les plaies de l'arbre puissenl se recou
nuisible à la qualité des buis et à la repro- vrir et empêcher les eaux pluviales de péné
duuclion des souches de procéder h l'abattage trer dans la substance ligneuse. On ne doit
de.es arbres en sève, et que l'exploitation d'hi également faire sur chaque arbre, du côté
ver est la plus favorable. L'abattage d'été opposéà celui où viennent les pluies, qu'une
détériore les bois, affaiblit les souches par entaille s'il est petit, el s'il est gros, qu'une
une déperdition considérable de sève, tait seconde après la première; ces entailles
perdre une feuille. endommage davantage les ayant au plus 4 pi. de hauteur sur 1 et 1/2
jeunes plants, est plus dispendieux et enfin po. de largeur. La récolle des feuilles, celle
Îilus difficile par suite de la quantité de feuil- des fruits sauvages à la maiu ou au pâturage
es dont les bois sout couverts. et à la glandéc ne doivent avoir lieu aussi,
Relativement aux méthodes qu'il faut sui pouf éviter les abus, qu'à une époque fixée,
vre pour l'abattage, nous nous sommes déjà dans des cantons désignés et avec des for
expliqué à cet égard ( page 120), mais il faut malités qu'il importe à la sûreté des forets
de plus veiller à ce que pendant le travail les et à leur repeuplement de rendre aussi dif-
arbres de réserve ne soient pas encrouéx, I licites que possible à remplir et de faire ob-
c'est-à-dire endommagés par la chute de server avec vigueur.
ceux qu'on abat, et s'opposer avec soin à ce La culture des clairières, des places vides,
que les arbres à abiltre tombent sur de jeu vaines ou -vagues renfermées dans l'enceinte
nés plants, ne les brisent ou ne les mutilent des foréts,souvenl utile el avantageuse,donne
dans leur chute. On évite les dégâts de celte quelquefois lieu à des délits et à des excès qui
nature en élaguant les principales branches peuvent avoir des conséquences graves pour
des arbres à exploiter et en dirigeant avant les bois. Aussi doil-ou, quand on la permet,
l'abattage leur chute dans la direction où ils fixer au fermier le mode de culture, les plan
causeront le moins de dommage, ce qui est tes qu'il doit cultiver, l'époque de la récolte
toujours possible. et la manière de la faire, et en même temps
Quant aux abus auxquels peut donner lieu surveiller tous les serviteurs et ouvriers
Yexploitation des bois, on doit d'autant plu-, qu'il emploie, et les rendre responsables des
se mettre en garde contre eux et les prévenir, dégâts.
qu'ils donnent lieu à des dommages le plus Le sol des forêts offre souvent des espèces
souvent irréparables; qu'ils entraînent à des minérales utiles, telles que la chaux, la pierre
dépenses considérables ou bien à des procès à bâlir, l'argile, la manie, le sable, la tourbe,
ruineux. C'est dans cette catégorie qu'il faut à l'enlèvement et à l'extraction desquelles il
ranger l'abattage des pieds corniers, témoins, faut généralement s'opposer. Si ou juge à
parois, arbres de lisière et de réserve, le bou propos de faire ou de concéder l'exploitation
leversement des routes et chemins, la des de ces matières, il faut y procéder avec des
truction des ponts, ponceaux, barrières, le précautions extrêmes, parce que celle-ci en
comblement des fossés, sangsues, rigoles, la traîne à sa suite un grand nombre d'incon-
ruine des cépées, semis et plantations, la mu véuiens et d'abus Irès-préjueiables aux forêts
tilation des gros arbres, l enlèvement frau et qui balancent les avantages qu'on peut
duleux des bois de chauffage, les vols de toute recueillir de l'exploitation. C'est ainsi qu'en
espèce, etc. Une active surveillance au mo ouvrant des cari léres et en transportant les
ment de l'exploitation et l'observation des machines, les matériaux ou produits, on
réglemens de police forestière peuvent pré diminue, on mine l'étendue, du sol forestier,
venir et mettre un terme à ces abus; mais il on détruit, renverse ou mutile les arbres
faut en outre rendre responsables des délits qui peuplent la forêt, el enfin qu'on ouvre une
les adjudicataires des coupes, les marchands large porte aux vols ou aux délits de toute es-
ventiers, leurs facteurs ou garde-ventes et pèceauxquels se li\ renl journellement les ou
tous autres préposés à cette exploitatiou ou vriers exploitant Pour mettre fin à ces abus
à la direction des ateliers. ou délits, il laul renoncer à ces sortes d'ex-
La récolte ou l'exploitation de ce que nous ploitalions quand on peut se procurer les
avons nommé menus produits au chap. VI peu matières minérales autre part et au même
vent devenir extrêmement dangereuses pour prix; circonscrire, clore etentourer le canton
les forêts quand on ne surveille pas avec ac exploité el les roules qui y conduisent, réta
tivité ceux, qui sont chargés de les faire. blir le sol partout où on cesse d'exploiter,
C'est ainsi que la récolte des écorces pour les détermiuer avec soin le mode d'exploitation
tanneurs fait périr les souches quand on ne et de transport, rendie les entrepreneurs
pratique pas auparavant au pied du brin de responsables des délits commis par leurs ou
taillis, et le plus près possible de terre, une vriers ou geus de service, ainsi que de tous
incision annulaire d'une largeur suffisante ceux qui oui lieu dans les cantons environ-
pour que le déchirement de l'écorce ne se uaus de leur exploitation.
communique pas aux racines; que l'extrac
tion des produits résineux ou de la sève, qui Ssction il. — Animaux nuisibles auxforêts.
déjà nuit à la croissance des arbres, à la qua
lité de leur bois el à la durée de leur exi Dans la poii.e forestière il faut distinguer
stence, devient encore plus préjudiciable les animaux domestiques de ceux qui vivent
quand elle commence plus de 10 à 12 ans 'i l'état sauvage. Uue surveillance active et
avant l'exploitation d'un canton, qu'on la pra es peines portées par nos lois el réglemens
tique plus de 5 ou 6 fois sur chaque arbre, contre les propriétaires des premiers servent»
que l'enlèvement et le gratlage de la résine | comme pou* l'avous vu, à garantir la pro
142 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORÊTS. LTV. V.
priété contre leurs ravages. Quant aux se hêtres, érables et frênes, et il arrive souvent
conds, il n'est pas aussi facile de prévenir cjue les taillis de 2 à 6 ans sont entièrement
leurs attaques ou des'eu préserver. ecorcés par ce rongeur. On le voit aussi se
Parmi les animaux sauvages qui portent nourrir, en cas de besoin, de racines tendres
préjudice à nos forêts, les uns appartiennent et des bi urgeons de presque tous les jeunes
a la classe des mammifères, les autres à celle plants, qu'il déchausse en outre en soule
des oiseaux, et le plus grand nombre à celle vant la lerre pour creuser ses galeries. La
des insectes. souris cause moins de dégâts que le mulot,
parce qu'elle est plus faible et moins vorace,
§ I". — Les mammifères. mais elle est nuisible par sa grande fécondité.
8° La taupe [tatpa Èuropea, L.) bouleverse
1° Le daim{cervus dama, L.). En hiver il dé les semis et coupe les racines des jeunes ar
vore les bourgeons et l'écorce de tous les bres. Les forestiers connaissent aujourd'hui
arbres, au printemps les jeunes pousses, et les moyens qu'on emploie ordinairement pour
en été les feuilles et les branches des pins, se délivrer de cet animal.
sapins, mélèzes, et de plusieurs arbres à La plupart des forestiers sont d'avis qu'il
feuilles caduques. A tontes les époques de n'est pas possible de conserver de beaux bois
l'année cet animal dépouille les arbres de avec des bêlesfauves, et qu'il vaudrait mieux
leur écorce et brise les jeunes brins. les bannir entièrement que de It^s multi
2° Le cerf {cervus elaphus, L.). En hiver il plier. Néanmoins, comme ces animaux, mal
mange les jeunes pousses, surtout celles des gré leurs ravages dans les forêts, ont encore
épicéas, mélèzes, trembles et de plusieurs un but d'utilité, soit comme produit, soit
saules; au printemps il attaque celles des pour les plaisirs de la chasse, etc., il con
hêtres, érables, ormes et frênes; en été il vient peut-être d'en conserver un certain
détruit les feuilles et les jeunes branches de nombre. Sous ce point de vue. la science du
tous les arbres. Il est encore très-nuisible forestier consiste donc à fixer ce nombre
par les plaies redoutables que sa dent fait à d'une manière telle que les inconvéniens qui
l'écorce des sapins et des pins. Il cause résultent de leur présence soient compensés
quelque dommage aux arbres en y frottant par les avantages qu'on peut en tirer. Ainsi,
son jeune bois pour le débarrasser de la peau on doit accroître ou diminuer ce non bre
qui le couvre. jusqu'à ce qu'on soit arrivé au point où, avec
3° Le chevreuil ( cen-us caprenlw, L. ) est des bêtes fauvts, le repeuplement de la forêt
très-préjudiciaMe aux forêts, où sa présence n'éprouve pas de difficulté sensible, et où les
s'oppose à un bon mode de culture. Il ha arbres prennent librement tout le développe
bite de préférence 1rs taillis, oii il se nonri'it ment qui correspond à leur âge. Arrivés a cet le
des jeunes liges, des pousses et des bour limite, il faut pourvoira la nourriture de ces
geons des plantes ligneuses, surtout du animaux, si on veut encore diminuer leurs
chêne, frêne, charme, tremble, et des jets de ravages. On y parvient en favorisant, au prin-
pins et même de sapins. A peine touche-t-il iem^ et en éle',dans les clairières et les lieux
aux plantes herbacées et aux graminées. dégarnis, la croissance des végétaux et des
4° Le sanglier {sus scropha, L.) fait un tort plantes qu'ils préfèrent, et, en automne, en
considérable dans les semis de bois en fouil abattant quelques arbres dont les feuilles et
lant la terre pour en tirer le gland, la châ les jeunes tiges leur servent principalement
taigne et la fatne; il empêche encore le repeu d'alimens, tels que les trembles, peupliers,
plement, en broutant les jeunes arbres nou tilleuls, etc., et en les laissant avec leurs
vellement levéset en détruisant par sa masse feuilles et branchages sur le terrain tant que
et ses habitudes brutales les jeunes taillis les animaux y trouvent de quoi se nourrir.
qu'il mutile,foule aux pieds, brise ou déchire. Les clôtures sont aussi un moyen fort efficace
Lesangliera quelque utilité, il délivre les bois pour garantir les jeunes arbres, semis et
des mulots, des souris et de quelques insectes Clanlations de la dent des bêtes fauves. Une
auxquels il fait une chasse fort active. auteur de 5 pieds est suffisante pour cet ob
5° Le lièvre et le lapin ( lepus timidus et cu- jet ; seulement, ces clôtures doivent être éta
niculus L. ) ne sont nuisibles que lorsqu'ils blies le plus économiquement possible. A ce
sont très-multipliés. Alors ils font quelque sujet, on doit encore observer, pour garantir
fois beaucoup de tort en dévorant les pousses les forêts contre les dégâts des bêtes fauves,
des jeunes hêtres et parfois même des sapins, que, suivant les localités et les essences, cer
et en écorçant aussi les trembles , les saules taines espèces sontplus nuisibles que d'autres.
et quelques autres arbres, mais seulement en On s'attachera donc à diminuer neaucoup le
hiver quand ils manquent de nourriture. nombre des premières, ou à les détruire en
6e Uécureuil (sciurus -vulgaris, L.) ne de tièrement, et à favoriser la multiplication des
vient incommode que lorsqu'il se multiplie autres. Enfin, on doit s'appliquer constam
beaucoup ; alors il ronge les bourgeons des ment, au moyen d'une surveillance active, à
arbres à feuilles caduques, mange les pousses éloigner certaines espèces des endroits où
des pinsetdes sapins, et déterre les semences elles pourraient causer le plus de ravages.
des chênes, hêtres, ainsi que celle des pins et La chasse de ces animaux cause aussi des
sapins. dévastations considérables dans les forêts;
7° Le mulot et la souris {mus sylvaticus et c'est au forestier habile à donner les indica
7nujcu/u.r,L.).Le premier de ces animaux cause tions nécessaires pour la diriger de la manière
de grands ravages dans les forêts par la grande la moins désastreuse aux végétaux qui peu
consommation qu'il fait de glands et de plent les bois confiés à ses soins.
faines, et parla destruction des jeunes recrus La quantité de be'tes fauves qu'il faut con-
Il aime surtout l'écorce des jeunes charmes, I server1 sur un espace donné j i±
dépend 1 des
j — iloca
—
CHAP. 7*. ANIMAUX NUISIBLES AUX FORÊTS. 143
lités, de l'essence des arbres qui y croissent , conifères et des bouleaux, et quelques-uns
du mode de culture et d'aménagement, de d'entre eux se nourrissent même de jeunes
l'espèce d'animaux qu'on veut y entretenir et tiges.
des moyens artificiels dont on peut disposer Au nombre des oiseaux les plus nuisibles
pour les nourrir. En Allemagne on calcule, aux forêts, on compte le coq Je bruyère, le
en ayant égard à toutes ces considérations, pelit tétras ou coq de bouleau, qui est très-
qu'on peut placer un cerf et une biche sur rare en France, la gelinotte ou poule des cou
4 hectares de superficie ; une paire de daims driers, le pigeon ramier, le faisan, l'oie et le
sur 2 hect. 1|2, et une paire de chevreuils sur canard sauvages ; d'autres le sont beaucoup
environ 3 hectares. Quant au sanglier, on moins, tels sont : le pinçon ordinaire, les
doit autant que possible le bannir entière becs-croisés, le verdier, le loriot, etc.
ment. Les mesures à prendre \ontre les oiseaux
Lorsque l'écureuil se propage en trop grand sont d'empêcher la multiplication de ceux
nombre, on lui fait une chasse active et on qui fout le plus de dégâts dans les forèls, et
provoque le zèle des habitans du voisinage par la vigilance, d'écarter simplement les
en accordant une primeà ceux qui l'attaquent , autres pendant quelque temps du lieu où
et le détruisent. l'on a fuit des. semis.
On emploie divers moyens pour se garan
tir des ravages des mulots et des souris, et § III.— Les insectes.
pour amener leur destruction.
1° On favorise la multiplication des ani Voici les ennemis les plus dangereux des
maux qui dévorent ces petits quadrupèdes. forêts, ceux qui se multiplient à l'excès quand
Parmi les mammifères, les plus dangereux on n'arrête pas leur propagation , et qui exi
ennemis des rats et des souris sont les chats, gent la plus grande surveillance et l'activité
les renards, le blaireau, le putois, le héris la plus infatigable «le la part des agens fores
son, les martes, les belettes, etc. Les chiens tiers pour prévenir leurs dégâts et arrêter
les chassent aussi avec fureur et en tuent leurs ratages.
beaucoup. Il serait facile de les dresser à L'ignorance où l'on est encore sur les
cette chasse. mœurs <le la plupart des insectes à l'état de
Au nombre des oiseaux, on compte tous larve, fait qu'on ne connaît pas encore tous
ceux qui sont nocturnes, le milan commun, ceux qui peuvent nuire aux /oréts , et la na
le tiercelet, l'éinouchet, l'orfraie, la buse, le ture Jes dégâts qu'ils y font. Nous ne pou
faucon, la bondrée, la corneille, le corbeau, vons donc mentionner ici que ceux dont les
la cigogne, etc. Ces animaux détruisent une attaques ont été bien constatées par les ob
quantité considérable de souris; quelques- servations des forestiers et des naturalistes,
uus, il est vrai, nuisent à la propagation du en les rangeant dans l'ordre adopté par ces
menu gibier, mais, au moins, on n'a pas à de rniers.
craindre de les voir se multiplier au-dela des .Les ravages causés par les insectes sont de
bornes nécessaires, parce que la plupart émi- différentes espèces ; les uns percent le bois
grent quand ils ne trouvent plus une nourri des arbres abattus ou vivans, les autres se
ture suffisante dans les lieux qu'ils habitent, nourrissent de leurs fruits, et un grand nom
ou bien se font mutuellement la chasse. bre en dévorent ou en sucent les feuilles. Plu
2° On introduit des porcs dans les forêts in sieurs, tels que la plupart des coléoptères,
festées. Ceux-ci fouillent la terre, vont cher des hémiptères et des hyménoptères, vivent
cher les mulots et souris jusque dans leur re séparés et n'attaquent guère qu'individuelle
traite et les dévorent. ment les végétaux des forêts; d'autres, au
3° On pratique desJossés sur la limite des contraire, comme plusieurs lépidoptères,
champs et des forêts. Les mulots se répan sont réunis en société et dévastent en com
dent dans les champs pendant le printemps mun, à l'état de chenilles, nos bois et nos ver
jusqu'à l'automne, époque à laquelle ils re gers, où ils causent des perles incalculables
tournent dans les forêts, où ils trouvent des si ou ne s'empresse d'anéantir leurs voraces
glands, des faines, des noisettes et autres peuplades.
fruits dont ils font provision pour l'hiver.
Pendant I été on creuse au bord des forêts A. Coléoptères
des fossés de 3 pieds de profondeur, à parois
verticales et bien unies, et on place de dis Voici l'énumération des insectes de cet
tance en distance des pots à demi remplis ordre, que le forestier doit redouter :
d'eau, de telle f.içonque l'animal, qui ne peut 1° Le hanneton commun (scarabœus melo-
les éviter, tombe dedans et se noie. Les au lontha, L.), insecte connu de tout le monde,
tres moyens proposés pour détruire ces ani qui se montre aux mois d'avril et de mai, et
maux ne paraissent pas praticables en grand. dévore les fleurs et les feuilles des chênes et
des hêtres. Ses larves, connues sous les noms
§ II. — Les oiseaux. vulgaires de vers blancs, mans, turcs, etc.,
rongent les racines des arbres et les font
Les dégâts que causent les oiseaux dans languir ou périr. A l'état parfait on peut re
les forêts sont peu considérables, à moins cueillir les hannetons en secouant lesarbres,
qu'ils ne multiplient au-delà des limites rai les insectes engourdis tombent ; on les écrase
sonnables. Ils se bornent, en général, à re ou bien on les brûle en tas. A celui de larve,
chercher et à dévorer les graines, soit sur on les trouve en remuant la terre et on les
les arbres, soit dans le sol, ce qui les rend fait dévorer par des oiseaux de basse-cour
nuisibles aux semis. Quelquefois ils becquet ou des porcs. Quelques quadrupèdes, les oi
tent les bourgeons, principalement ceux des seaux de proie diurnes et nocturnes, les pies
UÂ AGRIC. FORESTIERE CONSERVATION ET DEFENSE DES FORETS. tiv. v.
grièches, les gallinacées, les freux, les pies, sylvestres morts ou Fig. 168. Fig. 169.
les corbeaux, leur font une chasse active et vivans, gisans ou
en détruisent beaucoup. sur pied, surtout
Fig. 166. J,e hanneton foulon les vieux arbres.
S.fullo, L.) {fig. 166 ), On se garantit de
long d un pouce et ses ravages et on
demi, brun ou noirâ le détruit par les
tre, tacheté de blanc mêmes moyens
en dessus. On le ren que le précédent
contre particulière 4° Scolyte pini-
ment sur les côtes et perde ( scolytus
dans les dunes. Il pa piniperda, Oliv.
rait en juillet et atta Lat.), dermesJc piniperde de Linné {fig. 169),
que les tilleuls, les peu noir, légèrement velu, avec des stries cré
pliers et surtout les nelées sur les élylres; antennes et pattes
chênes qu'il dépouille rouges; long de 2 lignes. On le trouve sous
de leurs feuilles. On l'écorce des bois résineux de 40 à 70 ans, aux
peut lui faire la guerre quels il cause souvent de très- grands
comme au précédent. dommages. Il perce aussi un trou dans les
2° Le bostriche typographe (bostrichus ty- jeunes pousses des pins sauvages, et dépose
pographus, Fab. ), dermeste typographe de sesœufs dans leur canal médullaire. La larve,
LlNNÉ, et scolyte typographe d Olivier et de qui éclôt bientôt après, ronge la moelle et
Fig. 167. Latheille {fig. 167); occasione ainsi le dessèchement et la chute
brun, velu, à entres des pousses. On emploie pour sa destruction
striés, tronqués et les mêmes moyens que pour le typographe.
dentés à l'extrémité, 5° Sccfyte destructeur {scolytus destruclor,
long de 2 ligues 1/2. Lat.) {fig. 170 ), noir,
C'est à l'état de larve, brillant, ponctué, les
depuis avril jusqu'en antennes,les étuis et les
octobre, que cet insec pattes marron. Il cause
te attaque divers ar les plus grands dom
bres, et devient un vé mages aux ormes, sur
ritable fléau pour les tout à ceux qui végètent
.forêts de sapins et d'épicéas, en s'insinuant avec peu de vigueur.
'entre l'écorce et le bois, et en y traçant une 6° Bostriche du mé
multitude de galeries qui arrêtent la circula lèze {bostrichus lancis,
tion de la sève. Il exerce de préférence ses Fab.), noir, élytres cré
ravages sur les arbres malades ou mutilés et nelés, long de 2 lignes.
les bois gisans, mais il se jette aussi sur les Il se tient sous l'écorce des mélèzes sur pied
arbres sains, et détruit en peu d'années de ou gisans.
vastes forêts. Pour se garantir du typographe, ,7" Bostriche des sapins {dermestes micro-
on favorise la mulliplication de ses ennemis, graphus, \AX.,bostrichusabictiperda, Bixiivr),
tels que les oiseaux de nuit, les campagnols, noir, corps tronqué à l'extrémité, élylres eu-
les pics, tes mésanges, les pinçons et plusieurs tiers, long de 1 1/4 ligne. On le rencontre
autres espèces de passereaux; on enlève surtout sous l'écorce tles épicéas de tous lés
prompteinent, et en toute saison, les arbres âges.
malades, avariés ou abattus, ou au moins ou 8° Scolyte testacé {scolytus testaceus,L.KT.),
écorce ces derniers; on extirpe aussitôt les dermeste testacé de LlNNE , d'un jaune d'ocre
souches après l'abattage, ou on les dépouille ou brun; ailes entières, lisses et recouvrant
le plus tôt possible de leur écorce; on garantit tout le corps. On ne le trouve guère que sur
les bois d'arbres résineux de l'action vio les pins malades, et est assez rare en France.
lente des vents et de la chaleur, qui occa- Il est de la grosseur du typographe , et on
sioueut l'état languissant des arbres que le peut lui faire la guerre en même temps qu'à
bostriche attaque de préférence. En fin, on re celui-ci.
cherche a >ec attention les arbres attaqués par La famille des xilophages de Latbeille,
l'insecte, qu'on reconnaît à leur flèche des parmi laquelle sont \esbostriches, \esscolytes,
séchée et à la couleur jaune de leurs aiguilles, etc., contient encore un bien plus grand
et on les abat et les écorce sans délai. On par nombre d'insectes qui vivent sous l'écorce ou
vient à détruire le typographe par des pro dans le bois des arbres ; mais leurs mot?urs
cédés analogues, et en brûlant l'écorce des sont moins connues, et ils ne se multiplient
arbres infectés, ou en lui offrant pour appât pas avec autant de rapidité que le typogra
quelques arbres gisans où il se réfugie, et phe. D'ailleurs on peut arrêter leurs ravages
qu'on livre aux flammes au bout de trois à par les mêmes moyens qu'on emploie contre
quatre semaines. Un lait épais de chaux vive, ce dernier ennemi
appliqué au pinceau sur les parties décorti 9° \jxcantharide des boutiques {meloevesi-
quées des arbres attaqués, a donné, dit-on, caioricus)(fig.n l),longue de6à 10 lignes. d'un
«le bous résultats. vert doré, luisant , avec les antennes noires.
3" Bostriche du pin sylvestre { B. pinastri, Cetinsecle, bien connu par ses propriétés vési-
Becustj, bostriche capucin de Geoffroy. Oli cantes, attaque surtout le frêneà fleurs [fraxi-
vier elLATREii.LE (fig. 168); Ion;; de4 àô lig., nus ornus). En secouant, le matin, les jeunes
brun marron avec les é.uisel l'abdomen rou- arbres que les cautharides affectionnent le
ges.Il attaque, comme le précédent, les pins plus, elles tombent; ou les ramasse et ou les
CHAP. 7*. ANIMAUX NUISIBLES AUX FOUETS. 145
jette dans du vinaigre pour les vendre en Fig. 176. Fig. 177. Fig. 178.
suite aux pharmaciens.
10° Dans la famille des charançons, on
compte principalement parmi ceux qui atta
quent les arbres de nos forêts : 1" le rhyn-
chêne des pins (rhynchœnus pineti, Fab. )
[fis- 173), qui est noir, long de 3 lignes, avec
Fig. 171. Fig. t72.
nkure(P. piniaria, L.) {fig. 190), qui «e nour- pèces de ce genre et dont les ailes supérieu
Fig. 190. res sont d'un vert tendre avec 2 lignes obli
ques blanches, est connue par les ravages
qu'elle cause à l'aune et surtout au chêne.
Plusieurs papillons delà famille fies crépus
culaires sont aussi très-nuisibles aux arbres
de nos loréts, entre autres le sphinx du pin
(sphinx pinastri, L.) (fig. 196), doutla chenille
Fig. 196.
Dans les chapitres précédens, on a pré règles; personne ne doute que l'estimation
senté d'abord le dénombrement et la des des forêts ne soit un anneau essentiel dans
cription exacte de tous les arbres qui en la chaîne des travaux confiés à la science du
trent dans la composition de nos forêts; on forestier*, c'est le corollaire, le complément
a donné ensuite des préceptes sur leur plan de sa mission ; tous ses soins habituels tendent
tation, leur conservation et leur reproduction; en effet à accélérer le développement des
plus loin on a exposé les principes qui produits qui doivent, par la suite, appeler
doivent présidera la culture, à l'aménage son attention comme estimateur. Ses appré
ment et à l'exploitation des bois; en dernier ciations, alors, prennent place i armi les plus
lieu on a fait connaître la nature et l'emploi importantes opérations de l'économie fores
des produits variés dont ces fouds précieux tière, elles interviennent forcément dans les
sont la source, ainsi que les moyens de les relations du vendeur et de l'acheteur : leur
garantir des attaques et des dégâts ; actuelle but esL de garantir à l'un qu'il retirera de sa
ment nous avons à traiter de l'estimation chose le prix le plus élevé possible, et à l'au
des forêts; eu d'autres termes, â ramener tre qu'il ne la paiera cependant point au-delà
l'appréciation de ces propriétés à l'unique d'une véritable et juste valeur.
point de vue de Leur valeur pécuniaire. L'estimation des bois se rattache à des inté
L'estimation d'un bois consiste à détermi rêts majeurs dans une foule de circonstances,
ner la valeur en argent, soit du fonds, soit des mais plus particulièrement dans lecas d'attri
produits superficiels de cefonds. De là, î di bution de cantonnement à des usagers, ou
visions principales dans notre travail. La i" iorsqu'ils'agit de l'aliénation d'une forêt, d'un
se rapportera à l'évaluation du sol, et la se partage, d'un échange de bois, en un mot,
conde à l'évaluation de la superficie des bois. dans toutes les transactions qui impliquent
Il serait surabondant de faire ressortir l'u l'évaluation du fonds même de la propriété,
tilité de l'art dont nous allons avec l'évaluation de ses produits. Nous rem
152 AGRICULTURE FORESTIERE : DE L'ESTIMATION DES FORETS. liv. t.
placerons les procédés vagues et arbitraires rêts qui s'élèvera à 600 fr., de sorte que cette
dont on se contente assez communément, par propriété me rapportera 1600 f. dans le cours
des règles positives, que nous déduirons du de 20 années, tandis que dans le même
raisonnement ou de lexpérience. Nous les temps le produit de l'hectare ne sera que de
formulerons de manière à les mettre à la por 1000 fr. Ces deux fonds n'ont donc aucune
tée de toutes les intelligences, en leur donnant identité de valeur, bien que leurs revenus
cependant assez de précision pour qu'elles annuels semblent être exactement les mêmes;
conduisent toujours à des résultats certains l'hectare de bois dont il s'agit ne peut être
et rigoureux. estimé au même prix que l'hectare de terre;
ce qui nous autorise à conclure que le mode
Section I". — Evaluation du sol des bois. d'évaluation des fonds de bois ne saurait avoir
§ I". — Principes de l'évaluation du sol des bois. rien de commun avec le mode d'évaluation
des fonds de terre.
L'estimation des terres, des prés, des vignes, Il est d'usage, cependant, d'estimer les
ainsi que des usines de tout genre, c'est-à-dire fonds de bois par comparaison aux terres voi
l'estimation des propriétés tant rurales qu'in sines, en prenant pour base le produit annuel
dustrielles, présente, eu général, la plusgrande des classes de terre analogues aux classes di
facilité, klle n'exige qu une seule recherche verses du sol boisé. Nous démontrerons,
préalable, celle du revenu de la propriété. Or, avant d'aller plus loin, que cette pratique est
ce revenu est toujours aisé à déterminer, extrêmement vicieuse, et qu'elle nepeut con-
souvent même il se trouve tout exprimé. Lors duirequ'à des résultats erronés.
qu'on en connaît le chiffre, on le multiplie _ Supposons qu'il s'agisse d'estimer des bois
par celui qui indique le taux de l'intérêt cou situés sur des coteaux ardus n'offrant qu'une
rant. Ainsi, par exemple, qu'un champ soit couche légère de terre végétale; nous re
afiermé à raison de 50 Ir. par an, on sait im marquerons que le bois prospère plutôt dans
médiatement, à l'aide d'un calcul tout-a-fait ces terrains inclinés que dans les plaines,
usuel, que ce fonds vaut 1000 fr. si l'intérêt dont le fonds serait de même nature, et plu
de l'argent est compté à 5 p. 100 ; 1250 fr. si tôt encore au revers septentrional des mon
l'intérêt n'est porte qu'à 4 p. 100, et, enfin, tagnes que dans les pentes exposées au midi.
1666 fr. et une fraction de franc, si l'intérêt Des terres labourables, au contraire, siiuées
ne s'élève pas au-dessus de 3 p. 100. Ces ap sur de fortes déclivités, seraient tout-à-fait
préciations ne comportent aucune méthode impropres à la culture ou ne donneraient
spéciale; il est aussi aisé d'en saisir les élémeus qu'un faible revenu, notamment si elles se
que de les soumettre aux combinaisons du trouvaient à l'aspect du nord. La consé
calcul. quence évidente de ce rapprochement, c'est
Mais où trouver l'expression du revenu an 3ue dans les situations les plus semblables,
nuel des bois pour en faire la base d'une éva es terrains de même nature peuvent avoir
luation semblable à celle qui précède? Un beaucoup de valeur comme bois, ou n'en avoir
hectare de bois rend 1000 fr. à chacune de ses aucune comme terre.
exploitations, dontle retour a lieu périodique Ne trouve-t-ou pas quelquefois dans les
ment tous les 20 ans. Si je me place par la pays de plaine, et fréquemment dans les con
pensée à l'origine d'une de ces périodes, j'ai trées monlueuses, des forêts du plus précieux
devant moi la perspective d'un produit de revenu, entourées de terres d'uu faible pro
1000 fr. à recueillir après une révolution de duit, el même de friches que le soc n'a jamais
20 années. Et si, pour ramener ce produit à sillonnées? Si le fonds de ces forêts devait être
la forme d'un revenu annuelle le divise par estimé proportionnellement aux terres voi
le nombre d'années que je dois mettre à 1 at sines, l'évaluation ne donnerait qu'un résul
tendre, je trouve pour chacune de ces 20 an tat fort exigu ou tout-à-fait nul. Or, comment
nées un revenu apparent de 50 f.; nous disons un fonds qui est supposé donner de grands
apparent, parce que, comme nous alions le produits pourrait-il n'offrir aucune valeur
voir, le revenu vrai est bien inférieur à ce capitale?
chiffre. Il est de toute évidence, au surplus, qu'on
Comparons les produits respectifs d'un ne peut établir de rapprochement vrai et ri
hectare de terre el d'un hectare de bois dans goureux qu'entre des valeurs ou des choses
le cours d'une période de 20 ans, en suppo semblables. Les fonds plantés de bois et les
sant que ces deux fonds rapportent, savoir : terres cultivées diffèrent essentiellement par
le champ 50 fr. par an, et le bois 1000 fr. au leur nature comme par le mode de succession
bout de 20 ans. de leurs produits ; ces propriétés n'ont entre
Je perçois annuellement le revenu du elles aucune mesure commune. La valeur des
champ, c'est-à-dire que, chaque année, je re unes ne saurait donc être prise pour base de
çois une somme de 50 fr. Cette série de pe l'estimation des autres.
tits capitaux se bonifie de la réunion des in Un principe qui parait incontestable dans
térêts progressifs. La 1™ rentrée de 50 fr. me le sujet qui nous occupe, c'est que les fonds
procure 19 ans d'intérêts, la 2* rentrée 18 ans, de bois doivent itre estimés, et d après le de
la 3* 17 ans, et ainsi de suite, en décroissant gré de bonté du sol, et d'après la valeur vé
jusqu'à la 20* et dernière annuité. L'accumu nale des produits. Mais comme les produits
lation de ces intérêts, que je ne supposerai varient et doivent nécessairement varier en
que de 4 p. 100, finit par ajouter au capital quantité ou volume, selon la bonne, ou mé
un accessoire très-important. Dans l'hypo diocre, ou mauvaise qualité du sol, il est clair
thèse que j'ai choisie, le champ me donnera, que les données relatives au sol d'un bois se
non seulement vingt fois 50 fr. ou un capital trouvent toujours implicitement comprises
de 1000 fr., mais en outre une somme d'inté dans l'expression de son produit pécuniaire.
CHAT. S*. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS. 15S
D'où il suit que ce produit doit être le véri somme exprime réellement la juste valeur
table régulateur de l'estimation du fonds. du fonds de l'hectare de bois, mettons en
Et en effet, on pourrait éuumérer beau parallèle 2 placemens simultanés, l'un de
coup de circonstances susceptibles d'accroitre 360 f. 18 c. à 4 p. 100 d'intérêts sur obliga
le revenu, et par conséquent la valeur d'une tion, l'autre de pareille somme, formant le
forêt, sans opérer aucune amélioration dans prix d'acquisition d'un hectare de bois dé
la qualité de son sol. La création d'usines qui pouillé de taillis et d'arbres de réserve, ou
assurent un débouché plus régulier et plus du moins, dont les réserves sont évaluées et
avantageux à ses produits; l'établissement de payées à part. L'accroissement du taillis, re
routes qui la mettent en rapport avec de nou produit par le fonds acheté, représente la
veaux lieux de consommation et appellent progression des intérêts dont se grossit an
une plus grande concurrence; enfin, un sys nuellement le capital primitif, dans le place
tème d'aménagement mieux combiné, et d'au ment par contrat de renie. Au bout de la
tres moyens industriels, dont l'influence, période de 25 ans, ces 2 placemens offriront
sans modifier en aucune manière le fonds de des résultats entièrement semblables et ma
la propriété, en élève cependant le prix ca tériellement égaux; l'un et l'autre auront
pital. Ainsi, nous sommes tout-à-fait fondés à produit, dans le laps de temps donné, la
établir, comme règle générale, que l'on doit même masse d'intérêts, c'est-à-dire chacun
apprécier la valeur d'une forêt, non d'après 600 fr. Us sont donc identiques ; le fonds de
la nature plus ou moins riche de son sol, mais bois étant payé 360 fr. 18 c. se trouve acheté
uniquement d'après la mesure de ses produits à sa véritable valeur; car, à égalité du taux
ou de son revenu. de l'intérêt, les avantages que procure cette
Ce revenu se détermine ainsi qu'il suit : on acquisition sont les mêmes que ceux qui
récapitule tous les produits donnés par les doivent résulter d'un prêt à intérêt. De part
coupes annuelles Décidant un certain nombre et d'autre, chaque placement, après 25 ans,
d'aunées (la forêt étant aménagée réellement aura coustitué un capital de 960 fr. 18 c,
ou fictivement), et l'on en prend le terme composé de la mise originaire qui est de
moyen. Mais ici se présente une question : 360 fr. 18 c., et des intérêts agglomérés qui
Quelle série d'années doit-on embrasser pour s'élèvent à 600 fr.
en déduire le revenu moyen? On peut bor Puisque ces 2 modes de placement condui
ner cette série à 14 ans, comme ou le pra sent à des résultats tout-à-fait semblables, et
tique pour déterminer le revenu imposable qu'ilsoffrent une égale utilité,on peut indiffé
des terres, et pour évaluer le produit des remment se décider pour l'un ou pour l'au
fonds atteints par les droits de mutation. tre; dès-lors, la somme de 360 f. 18 c. est,
| L'année commune est formée sur 14 années sans contredit, l'expression exacte de la va
antérieures, moins les deux plus fortes et les leur vénale d'un hectare de bois qui rap
deux plus faibles. porte 600 f. tous les 25 ans, en admettant,
Le produit des 14 dernières coupes repré- comme nous le ferons dans toute la suite de
seutera-t-il exactement le revenu d'un bois? notre travail, que le taux de 4 p. 100 est l'in
Oui, si les coupes qui ont précédé cette pé térêt moyeu des placemens en immeubles, et
riode sont de la même consistance et de la particulièrement en fonds de bois.
même valeur que les autres. Dans le cas op Quel que soit au surplus te taux de l'inté
posé, on peut déterminer par analogie le pro rêt, les principes que nous venons d'émettre
duit qu'auraient donné ces coupes, si elles restent les mêmes; seulement les conséquen
eussent été exploitées dans le même inter ces sont différentes : le prix des fonds doit
valle de temps, en les supposant parvenues varier, ainsi que uous l'avons vu plus haut,
au terme de l'aménagement ; ajoutant alors dans un rapport inverse du taux de l'intérêt,
la dernière somme à la première, et divisant c'est-à-dire que plus ce taux est élevé, moin
le total par le nombre des coupes annuelles, dre est te prix du fonds.
on obtient l'expression numérique du revenu Nous avons démontré que la valeur du
brut moyen. fonds d'un hectare de bois est égale à la
On déduira ensuite de la somme trouvée : somme qui, étant placée pendant la période
1° les frais de conservation ou de garde ; de l'exploitabilité, donne en intérêts seule
2° les impôts; 3* les frais de vente, si le bois ment un produit équivalent au revenu net
est en régie ; 4° les frais de repeuplement et de cet hectare. Il s'agit maintenant de trouver
d'eutretieu; et ou aura pour reste le revenu cette valeurfoncière, dans toutes les hypothè
net et moyen de la forêt. ses possibles. Si nous voulons résoudre ce
Cherchons actuellement à remonter du re problème par les moyens que fournit l'arith
venu d'un bois à l'évaluation de son sol. Afin métique, nous serons obligés de recourir à la
de mieux fixer les idées, posons la question règle appelée de fausse-position, que nous fe
suivante : Quelle est la valeur foncière d'un rons counaltre par une application à l'hec
hectare de bois actuellement exploité, qui tare de bois, dont nous avons déjà déter
doit, après une période de 25 ans, rapporter miné la valeur. Nous chercherons donc quel
600 fr., tous les frais déduits? Il est évident est le prix du fonds d'un hectare de bois qui
que celte valeur doit être égale au capital rapporte 600 fr. à chaque révolution de 25
qu'il faudrait placer aujourd'hui à 4 p. 100 ans. Nous supposerons tout d'abord que la
(cet intérélétant suppose celui des placemens question est résolue, et que le capital cher
immobiliers) pour obtenir, en revenus seule ché est 1000 fr.; puis, nous établirons sur ce
ment, uu bout de 2.i ans, une somme de chiffre fictif tous nos calculs ultérieurs. Un
C00 f. I.e calcul nous apprend que le capital capital de 1000 fr., placé à 4 p. 100 pendant
qui satisfait à cette condition est de 300 1. 18c, 25 ans, se grossit d'année en année, selon la
Afin de nous convaincre que celte dernière | progression suivante, que nous ne pousserons
AGR1CDI.TUHE, TOMB IV. — 20
m AGRICULTURE FORESTIÈRE DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. LIT. V.
pas au-delà du 4* terme, noire objet n'étant facilitera l'usage de ces tables, sans en alté
que d'indiquer la marthe du calcul : rer l'exactitude, comme njus allons sur-le-
Au bout d'un an, on a 1000 fr., plus 40 fr. champ en offrir la preuve.
d'intérêts; au total 1040 fr. »c A l'aide de laborieuses combinaisons de
Au bout de 2 ans, on a chiffres, nous avons reconnu, il y a un mo
J040 fr., plus 41 fr. 60 c d'inté ment, que la valeur foncière de l'hectare de
rêt»; au total. ..... 1081 60 bois susceptible de rapporter 600 fr. à 25 ans
Au bout de 3 ans, on a est de 360 fr. 18 c. Voyons actuellement de
1081 fr. 60 c, plus 43 fr. 26 c. quelle manière nous arriverons à cette solu
d'intérêts; au total. . . ,\ 1124 86 tion par l'emploi de nos tables.
Au bout de 4 ans, on a Je prends dans la table n* II (calculée sur
1124 fr. 86 c , plus 44 fr. 99 c. l'intérêt de 4 p. 100) le nombre qui corres
d'intérêts; au total. . . . . 1169 85 pond à 25 ans. Ce nombre est. . 600
On poursuit ces évaluations successives, Je le multiplie par le produit
jusqu'à ce qu'on ail épuisé la série des 25 an de l'hectare qui est supposé de. 600 fr.
nées. On parvient alors à un résultat final de
2,665 fr. 84 c, dont il faut retrancher 1000 fr. . . 360,000
pour le capital primitif; ce qui donne 1665 f. Je retranche 3 chiffres sur la droite du
84 c. pour la somme des intérêts accumu produit, et j'ai dans le reste, à gauche, 860 fr.
lés. La longueur d'un pareil calcul le r> nd pour la valeur demandée. Ce chiffre est, à 18
d'autant moins praticable, qu'il ne réalise centimes près, le même que celui qui est ré
pas encore la solution cherchée; il ne fait sulté d'un calcul rigoureux. Une pareille ap
3ue la préparer, en fournissant les élémens proximation est bien siiifi-ante dans la prati-
ela proportion suivante : aue même la plus sévère. On voit que l'usage
Si, pour recueillir 1665 fr. 84 c. d'intérêts e nos tables abrège singulièrement le tra
en 25 années, il faut placer un capital de vail, en le réduisant à une multiplication de
1000 fr., quel autre capital faut-il placer pour 2 nombres l'un par l'autre. Le premier de ces
obtenir 600 fr. d'intérêts composés pendant nombres se puise dans la table, et le second
la même période? En effectuant le calcul, on exprime le produit net d'un hectare de bois
trouve que le capital cherché est de 360 fr. d'un âge donné, depuis 10 jusqu'à 40 ans.
18 c-, ainsi que nous le savions déjà. Le pro Il faut observer ici que la détermination
blème est donc résolu par les procédés ordi du produit net d'un hectare de bois n'est
naires de l'arithmétique. Des calculs d'un point une opération aussi simple qu'elle le
autre ordre épargneraient ce long circuit de parait au premier abord ; le revenu net est ce
chiffres, en procurant sans effort et sans perle qui reste du produit brut, lorsqu'on a fait la
de temps la solution du problème; mais ces reprise des déboursés relatifs à la garde du
calculs exigent l'emploi des tables de logarith bois, aux impôts et autres charges annuelles.
mes, que peu de personnes connaissent ou Or, ces déboursés consistent non seulement
possèdent; nous ne pouvons donc proposer dans la somme des mises successives, mais
ce moyen, qui, quoique extrêmement simple, encore dans les intérêts progressifs de cha
ne serait pas à la portée de tous nos lecteurs. que mise, à partir du moment où elle a lieu,
Cette considération nous a suggéré la pen jusqu'à celui où l'exploitatiou du bois réalise
sée de chercher un mode de calcul qui se ré le revenu que le propriétaire attend depuis
duisit à une simple multiplication, opération une certaine suite d'années.
familière à tout le monde. Nous sommes par Comme ces intérêts ont une importance
venus à ce but, en déterminant la valeur d'un 3ni ne permet point de les négliger, et que
hectare dont le produit eu taillis de chaque 'ailleurs on ne peut les évaluer que par des
Age, exprimé oumériquemen l , serai I constam calculs longs et compliqués, nous avons ob
ment I unité suivie de zéros, comme 1000, de vié a cette difficulté par trois tables qui font
manière que pour les diverses périodes d'a suite à celles des valeurs du sol.
ménagement, comprises entre les termes Une remarque ne doit pas nous échapper,
extrêmes 10 et 40 ans, nous avons établi une c'est que le calcul des intérêts composés, ap-
série de valeurs fictives, formant le type de pliqueaux déboursésannuels,n'est nécessaire
toute» les valeurs réelles que l'on peut avoir que pour l'évaluation des bois non aména
besoin de connaît ie, et que l'on trouvera gés. Quant aux forêts divisées en coupes or
avec toute la facilité possible par la multi dinaires, le revenu net se trouve exprimé par
plication de deux nom Dre*, et le retranche la différence entre les déboursés simples et
ment de trois chiffres sur la droite du pro le produit brut de chaque coupe; c'est-à-dire
duit. Ces valeurs fictives composent les trois que, dans celte hypothèse, il sulfit d'une sous
tables par lesquelles commence le paragra traction ordinaire pour déterminer le revenu
phe qui va suivre. Ces tables se rapportent net du bois. Observons encore que par cette
aux degrés 5, 4 et 3 p. 100 de l'échelle des in expression, revenu du bois , nous entendons
térêts. le produit des taillis pur- ou des taillis sous-
Nous n'entrerons dans aucune explication futaie. La futaie elle-même n'est pas un re
sur la formation de ces tables : des détails venu proprement dit, c'est un capital dont
de pure théorie seraient déplacés dans un l'évaluation fera, dans notre travail, l'objet
ouvrage de la nature de celui-ci. On pourra d'une division particulière.
d'ailleurs les trouver dans le Manuel théori Ces développemens nous paraissent d'au
que et pratique de l'estimateur desJorétSyd'oix tant plus sufnsaus pour préparer à l'intelli
nous avons extrait toutes les tables que ren gence des tables qui vont suivre, que nous
ferme cet article, eu les simplifiant par la consacrerons le 8' paragraphe à montrer en
" " de 2 chiffres décimaux, ce qui détail la manière de s'en servir.
e*A». »•. EVALUATION DU SOL DES BOIS; 155
$ 11.—Table* pour l'éraluation du sol des bois.
TABLE n° r, TABLE H" II, TABLE N* III,
Au taux de 5 pour 100. Au taux de 4 pour 100. Au taux de 3 pour 100.
Période Facleuis constans Période Facteurs c -ustani Période Facteurs eonstans
de l'aménagement pour de l'aménagement pour de l'aménagement pour
ou de l'eiploit-ibi- uo hectare. ou de 1 egpïoiuM* un hectare. ou de l'exploitabi- un hecare.
miteS du l>oû. lilé du bois. lité du bois.
Années. Années Anota».
10 I5S0 10 2082 10 2908
11 1408 U 1854 11 2603
13 1257 ■ 13 1664 12 2349
13 1129 * 13 1504 13 3134
14 1020 14 1367 14 1951 ;
15 927 15 1249 15 1792
16 845 16 1146 16 1654
17 774 17 1055 17 1532
18 711 18 975 18 1424
19 6>5 | 19 903 19 1327
20 605 20 840 30 1241
31 560 21 782 31 1162
23 519 22 730 22 1092
23 483 23 683 23 1027
34 449 24 640 24 968
25 419 25 600 25 914
26 391 26 564 26 865
27 366 27 531 27 819
28 342 2» 500 28 776
29 321 29 472 29 737
30 301 30 446 30 701
31 283 31 421 31 667
82 266 32 399 32 635
33 350 33 378 33 ; 605
34 235 34 358 34 577
35 121 35 339 35 551
9 36 209 36 322 36 527
37 197 37 306 37 504
1 38 186 38 291 38 482
39 175 39 276 39 461
40 165 40 263 40 442
TABLE, N" IV, de progression des déboursés annuels avec les intérêts à S p. 100 à déduire du
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
PÉRIODE Déboursés pour impôts , Frais de garde, régie, etc.
de
l'exploitab'lité. 5 fr. par an. A fr. nar an . * tr. par an. 3 fr. par au. a fr. par au. i fr. par an.
Aimera.
10 85 71 57 43 28 14
II 96 80 64 48 32 16
12 106 88 70 53 35 18
13 118 98 78 59 39 20
14 130 108 86 65 43 22
15 142 118 94 71 47 24
16 155 129 103 77 52 26
17 169 141 113 85 56 28
18 183 152 122 91 61 30
19 198 165 132 99 66 33
30 214 178 142 107 71 36 |
31 231 192 154 115 77 38 I
22 249 207 166 124 83 41 |
23 267 222 178 133 89 44 n
24 286 238 190 142 95 48
25 307 256 205 154 102 51
26 329 274 219 164 110 55
37 350 292 334 176 117 58
28 374 312 350 187 125 62
29 399 332 266 199 133 66
30 425 354 283 212 142 71
31 452 377 302 227 151 75
32 480 400 320 240 160 80
33 510 425 340 255 170 85
34 542 452 362 272 . 181 90
35 575 479 383 287 192 96
3b 610 508 406 305 203 102
37 646 538 431 321 215 108
38 685 571 «57 342 228 lit
39 725 604 483 3c:t 242 121
40 767 6.19 511 38 256 128
tm AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. Uv. *
TABLE, N* "S , de progression des déboursés annuels avec les intérêts à A p. 100 a déduire dr
produit brut d'un hectare, au bout de. chaque période d'exploitabilité.
\'° Classe. 2' Classe. 3' Classe. 4* Classe. 5* Classe. 6' Classe.
>
Plaine
n min propreféoonde, fer. Pleine Fertile, Plaine médiorre, Bon lerralu Terrain médiocre Terrain de montagne
Oê à faire terrain propre i faire ternit, propre à la «11- en et icc, en coteau, pierreux-
C de* prés de première de trea bonne, ture ordinaire, coteau à ou
Ë. qualité. lerrea labourablea. fonds uo peu froid. exposé lu nord. direraca exposition*. aablooneux.'
Kuence* donvnantea: Essence* dominante*: Etiencei dominante!: Eaaeneea dominante*: Eueneea dominante*: Essences dominante*:
Orme, Frêne et Chénc, Hêtre et Cb»rme, Tremble Hêtre, Cbarme Clirne, Cbarme, Cbéne, Cbarme
CUêne. Tremble. et Aune. et Chêne. Aliiirr et Erable. AlilieretCornouillier
An*. Corde*. Sierra. Cordea. Stcrea. Cordei. Stère*. Cordea. Stère*. Corde». Stère*. Corde*. Stère*.
10 36 82 23 63 20 55 15 41 7 19 7 19
15 47 128 35 96 32 88 25 68 12 33 12 33
20 67 183 50 137 45 123 38 104 20 55 18 49
25 87 238 65 178 60 164 51 140 28 76 23 63
:io 107 293 80 219 75 205 64 175 35 96 28 76
35 127 348 95 260 90 246 76 208 41 112 33 90
40 147 402 110 301 105 283 87 238 47 128 38 104
Nota. — Le produit de la vente des ramilles suffit pour couvrir les frais d'exploitation dans les
pays de plaine, et pour en payer un tiers environ, dans les localités montagneuses, où le bois est
ordinairement plus abondant qu'ailleurs ; un hectare peut donner de 1100 à 1400 fagots, après la
fabrication de la cliarbonnette.
SOI.lDITÉ-PLEmE. ISTERST1CES
KOMHRE APPROCHÉ ou vides de la corde.
ESSENCE. des bâches
composant la corde. on en en en ,
pieds cubes. solives. pieds cubes. solives.
ào à
» 2 FiCTECRS g -S FÀCTECM « 1
FACTEUH3 § 3 § .3 FACTEURS
M cousions. II constans. S I constans. constans.
S- «3M * s- V
*o
d'un trou conique, se bouche par un bouchon Le puits ( fig. 204 ) se monte au-dessus de
en bois qui prend le nom de bonde et qui est
taillé de manière à remplir le trou ou œil du Fig. 204.
canal; cette boude se manœuvre par une tige
en bois ou en fer qu'on soulève, depuis le ter
re-plein supérieur de la chaussée.
On donne, dans le département de l'Ain, à
tout le mécanisme employé à évacuer ou re
tirer les eaux le nom de thou; on l'établit le
plus souvent en bois. Pour manœuvrer plus
facilement, on place l'œil du canal et par con
séquent la tige de la bonde à la naissance su
périeure de la pente, et les terres de chaque
côté, comme celle de la chaussée elle-même,
se retiennent par une charpente en bois
doublée de plateaux dans les 2 parties laté
rales, et de travons de 5 à 6 pouces d'équar-
rissage du côté de la chaussée ; les 2 colonnes
qui tiennent la pièce où manœuvre la tige de
la bonde sont de fort échantillon, de 10 à 12
pouces d'équarrissage.
L'ensemble de celte construction est, vu
la rareté et la cherté des bois de forte di
mension, très dispendieuse; sa durée est à
§eine de 25 ans et demande de l'entretien ; il
evenait donc important d'y faire des modi
fications : un architecte de Bourg, M. Debelat
père , a proposé de remplacer la construction
en bois qui enveloppe la tige de la bonde par
un puits en pierre ou en brique. Cette cons
truction, qui se rapproche de la méthode pié-
montaise que notre architecte cependant ne
connaissait pas , a été exécutée avec avantage
sur un grand nombre de points. Déjà aupara
vant on avait employé la pierre ou la brique
pour remplacer le bois, mais la forme de
construction était restée la même, en sorte
qu'on avait gagné un peu de durée, mais fait
beaucoup plus de dépense. Les premiers
essais de ces thoux en pierre ont été faits par
mon beau-père et moi; l'expérience nous a
conduits à des modifications, mais nous avons
obtenu des résultats avantageux dont les
détails ont été consignés dans un mémoire
assez étendu publié dans le journal de l'Ain :
nous nous bornerons à en extraire quelques
détails techniques nécessaires pour diriger
ceux qui voudraient répéter ce mode de cons
truction. l'œil du canal en laissant 3 ou 4 pouces d'es
188 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. 1,1V. V.
pacc entre la bonde et le côté intérieur du y comprenant la main-d'œuvre du charpentier,
puits du côté de la chaussée, et en ménageant s'élève au moins à 3 ou 400 fr. Le prix d'un
un espace au moins double du côté de l'étang thou de même dimension en pierre ou en
et de l'embouchure du canal qui mène les eaux briques , y compris le fer et toute la main-
à l'œil du canal de vidange. Ce canal , qui fait d'œuvre du maçon , du maréchal et du tailleur
communiquer le puits avec l'étang, n'aura que de pierres, n'est guère plus de moitié. Ces
3 à 4 pieds de longueur et une largeur suffi résultats sont donnés par l'expérience pour
sante pour qu'un homme puisse, en s'y en- des localités où le bois est cher, mais où la
Î;ageant, manœuvrer à son aise et prendre pierre et la brique le sont encore davantage.
e soin nécessaire pour boucher hermétique Outre le moindre prix , la facilité de la sur
ment la bonde, soin qui consiste à garnir de veillance, le moindre danger qu'où risque
mousse le joint circulaire de la bonde avec des malveillans , les thoux en pierre offrent
l'œil et à recouvrir de boue ou d'argile cette encore l'avantage d'être d'une durée indé
espèce de cal fat. Le puits, pour une bonde de finie, et de n'avoir besoin d'aucun entretien.
18 pouces de diamètre , doit avoir de 32 à 34 Nous avons parlé précédemment des thoux
pouces de diamètre. On garnit avec avantage piémontais; ces thoux ressemblent à ceux en
sa partie supéreure d'un collet de pierres de Eierre que nous venons de décrire, mais le
3 à 4 pouces d'épaisseur; ce collet se recouvre ouchon, au lieu d'être en bois, est en pierre ,
de plateaux de chêne ou d'une dalle qui s'en garni d'un plateau qui reçoit un cuir à sa
gage dans une feuillure du collet; on re partie inférieure; on le manœuvre au moyen
couvre de terre le tout, soit pour le conserver, d'un treuil placé à la partie supérieure de la
soit pour le mettre à l'abri des curieux et des chaussée, autour duquel s'enveloppe une
malveillans. chaîne qui soutient le bouchon ; cette chaîne,
hepilon, bouchon ou bonde est en bois; il porte à 18 pouces de la bonde, se divise en 3 chaînons
une tige de fer plat, qui le traverse et qui sert 3ui aboutissent à 3 points également éloignés
à le hausser ou le baisser; la tige est main e la circonférence du bouchon ; le treuil , à
tenue dans sa direction par 2 anneaux plats sa partie supérieure, porte une roue dentée
fixés sur 2 traverses en fer, scellées dans les dans laquelle un cliquet s'engrène , pour
murs du puits. Pour manœuvrer la tige, sou maintenir la bonde à la nauteur que l'on veut.
lever et fixer à volonté le bouchon, la tige Les étangs de ce pays, qui sont destinés à l'ir
sur un de ses côtés porte des dents dans les rigation de prairies , envoient leur trop plein
quelles s'engrène un cliquet placé de manière dans les parties les plus élevées; et la chaussée
à s'accrocher aux dents par son propre poids; est percée à cet effet à différentes hauteurs
un fil de fer qui monte jusqu au-dessus du par des canaux qui s'ouvrent et se bouchent
puits sert à soulever le cliquet pour pouvoir a volonté , et qui correspondent à des rigoles
a volonté baisser le bouchon; la tige en fer a qui arrosent les parties intermédiaires des
une longueur telle que lorsque la bonde est prés. Ceux de ces étangs où l'on élève du
soulevée et l'étang en assec , le puits puisse poisson ne se vident entièrement que pour la
encore rester bouché; il est essentiel aussi pêche.
que la face inférieure du bouchon ou pilon, On emploie encore quelquefois des thoux
soulevée pendant le temps de l'assec, soit au- dits à In prussienne ; dans ces thoux, l'orifice
dessus de la partie supérieure du canal qui du canal pour évacuer les eaux est à quelque
amène l'eau de l'étang; sans cela, le choc des distance de la chaussée, en sorte que la bonde
grandes eaux sur le pilon peut ébranler la se trouve au milieu de l'eau ; le bâti au mi
construction. L'extrémité supérieure de la lieu duquel elle est placée peut être en fer
tige est garnie d'un anneau ; cet anneau est ou en bois; on y arrivé au moyen d'une
plongé dans l'eau lorsque l'étang est plein. échelle ou d'une planche qui sert de pont
Pour soulever la bonde on a une tige en fer, et s'appuie d'un côté sur la chaussée, et de
munie d'un crochet à un bout, et a l'autre l'autre sur les traverses de fer ou de bois du
bout d'un large anneau; quand on veut sou thou. Le treuil piémontais serait le meilleur
lever la bonde, on engage le crochet dans moyen de manœuvrer ce thou ; trois montans
l'anneau de la bonde, et dans l'anneau de la en "fer, scellés dans la pierre de la bonde et
tige un levier à l'aide duquel on soulève avec maintenus entre eux par des traverses, pour
facilité la bonde; cette tige se conserve à la raient soutenir tout le mécanisme et ne se
maison et peut servir de clé à tous les étangs raient point une dépense plus considérable
de même construction : par ces divers moyens que le puits en pierre; toutefois on serait
toute la manœuvre de 1 étang se trouve tout- obligé, pour empêcher le poisson de sortir
à-fait à l'abri de la malveillance. lors de la pêche , de couvrir l'orifice par une
Lorsque l'étang doit être grand et que la grille sphéroïdale assez élevée pour permettre
quantité des eaux affluentes est considérable, le soulèvement de la bonde, et dans laquelle
comme il ne serait point du tout commode on laisserait un trou pour le jeu de la tige ou
de donner à l'œil du canal plus de 18 pouces de la chaîne qui la soutient. Cette grille en fer
de diamètre, on construit alors deux canaux mince serait une dépense qui ne dépasserait
parallèles qui se touchent immédiatement et pas 50 fr.
ont chacun leur œil; on ne fait qu'un seul Tous les avantages des thoux en pierre n'ont
puits pour la manœuvre; on le fait ovale, en pas encore pu les faire généralement admettre;
donnant au grand diamètre parallèle à la cependant on en trouve sur un assez grand
chaussée une dimension suffisante pour une nombre de points des pays d'étangs dans le
manœuvre facile. département de l'Ain, et il parait que dans
Avec les prix actuels des bois, et surtout le Forez on a commencé à les introduire.
des bois de fort échantillon , le prix d'un Après avoir décrit le moyen d'obtenir et
thou en hois avec sa bâchasse ou son canal, eu d'évacuer les eaux , nous devons nous occuper
cnAP. 0«. DE L'ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONSTRUCTION DES ÉTANGS. 189
des moyens de les introduire et faire sortir le On peut suppléer la grille du trop-plein d'une
trop plein. manière simple et avantageuse; pour cela, dans
Pour empicher le poisson de sortir de l'étang, le mur du puits dont nous avons parlé et du colé
en remontant ou en descendant le cours des de l'étang, on place un tuyau en fonte en deux
eaux qui y arrivent ou qui en sortent, on place pièces; on donneàce tuyau lahatiteurdubanc
des grilles G{fig. 199 ) a l'entrée et à la sortie; gravier où s'écoule le trop-plein; ce tuyau a
ces grilles sont faites en bois avec des bar son embouchure inférieure dans le canal d'é
reaux quadrangulaires de 2 1/4 pouces d'écar- vacuation de l'étang, et ce canal est pavé en
rissage, placés diagonalement a 8 lignes de dalles sous le point du dégorgement du tuyau
distance entre eux et maintenus dans un as de fond, comme sous l'œil de la bonde; ces
semblage de charpente dans lequel ils s'enga- tuyaux se scellent à leur entrée dans le canal,
Sent.Ainsi construites, ces grilles sont chères, à leur point de réunion et avec le mur du puits,
tirent peu long-temps et sont faciles à se dé- avec du ciment de Pouilly ou le ciment à la
rangeretàse détruire; nous les avons rempla rouille, qui se fait avec 17 parties de limaille
cées avec avantage et économie par des grilles de fer, une de sel ammoniaque et 2 de fleur de
en fer, de petit échantillon, de3à4 lignes de soufre; on entoure la partie supérieure du
coté( fig. 205 ), assemblées dans trois traverses tuyau d'une petite grille en fer qui empêche
Fig. 205. la sortie du poisson. Le diamètre de ce tuyau
doit être proportionné à la quantité d'eau af-
fluente et à la hauteur de l'eau dans l'étang.
Les dimensions du canal d'évacuation ont
dû être réglées proportionnellement à la quan
tité d'eau affluente; c'est donc ces dimen
sions et la hauteur de l'eau dans l'étang qui
doivent servir d'élément pour établir le dia
mètre de notre tuyau vertical. On suppose
que le canal de l'étang, dans les grandes eaux,
se remplit et débite ses eaux avec une vitesse
d'un mètre par seconde, mais comme la con
traction de la veine-fluide et d'autres causes
en fer plat placées au-dessus, au-dessous et physiques diminuent de beaucoup la quantité
au milieu de la grille; la traverse du dessous d'écoulement que donne le calcul , comme
se noie dans un banc-gravier en pierres de surtout l'expérience nous a prouvé que les
taille; ce banc-gravier supporte 2 montans dimensions doubles de celles données par le
en pierres dans lesquelles se scellent les 2 calcul n'étaient pas suffisantes , nous avons
autres traverses de la grille. En donnant à ces pensé que des dimensions quadruples seraient
grilles en fer la moitié de la largeur des convenables, et qu'elles mettraient plus sûre
grilles en bois, elles offrent un beaucoup plus ment à l'abri de toute chance d'accident. Nous
fort dégorgement que celles-ci; chaque nar- avons donc modifié le tableau donné dans le
reau de bois offrant 8 lignes de passage d'eau, mémoire en question , et nous le reprodui
pour un espace de 44 lignes , et le barreau en sons ici , en désignant pour le canal en fonte
fer donnant la même issue pour un espace de des dimensions quadruples de celles du calcul.
12 à 13 lignes (1). On emploie pour cet
usage le fer laminé, et la grille peut s'établir PROF NDEUR DIMENSION PROFONDEUR
bJcS M H H
à froid; une grille de 4 pieds de large sur H H -S
2 1/2 pieds de hauteur pèse moins de 50 livres. r «1
En estimant la pierre et la main-d'œuvre chè -i c3 3B
a
s -
2a »a
rement, l'établissement d'une grille en fer S m
revient en tout à 60 fr. et dure toujours,
pendant qu'une grille en bois coûte a peu Piedj. Poucei. u Piadl. Poate».
près le même prix et ne dure pas 20 ans. 6 7 û3 6 lt 75«-
Dans le Dauphiné quelques étangs ont des 7 fi 80'- O— 7 ff 10
grilles de cette espèce. 8
M. Périer, député actuel de l'Ain, s'est 6 60 00 M*** 8 11 05
bien trouvé de remplacer le système de grille 9 (i 40 V < 9 10 70
de barreaux rectangulaires en bois, qui pren 10 r, 20 "3 «3 J 10 10 35
11 6 ~nc 11 10 00
nent trop de place, par un assemblage de pe 12 5 80 On 12
tites lames parallèles en chêne, placées comme 9 70
les lames de persiennes ou d'abat-jours; la grille 6 8 32 cj f 6 13 50
ancienne se remplace par une grille en lames 7 S 05 S. 7 13 15
à laquelle on peut donner 4 fois moins d'é 8 7 80 o ■i"** 8 12 80
tendue; la distance entre les lames est de 9 7 55 , 9 12 45
8 lignes comme pour les autres grilles; 10 7 30 =î 10 12 10
l'inclinaison des lames est du côté de la 11 7 05 *ac 11 11 75
chaussée. 12 G 80 \ 12 11 40
G 11 G 17 75
(l) La théorie semblerait dire qu'on pourrait ne 7 10 70 c o 7 17 15
donner aux grilles en fer qu'un tiers de celle des grilles 8 10 40 »m en 8 15 95
en bois , mais la pratique apprend que les grilles en 9 10 10 9 15 55
bois dégorgent presque autant que le tiers de leur lar 10 !» 80 -3 10 15 35
geur; et pour celte raison nous avons donné moitié de 11 9 50 a "<5 11 14 75
celle dimension i la grille en fer. 12 9 20 ô 12 14 15
AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
Il n'y aurait pas d'inconvénient qu'une por le canal, il serait impossible de le boucher
tion de la chaussée bien gazonnée, <fune v ing taine par ce moyen; il ne resterait que le premier
de pieds de large, fût tenue six pouces plus bas que nous avons indiqué.
que tout le reste , en la garnissant du côté de
l'étang d'une petite claie à claire voie qui per Section V. — Dépense de construction
mettrait le débit de l'eau, et défendrait le pas d'un étang.
sage du poisson. Les grandes eaux sont la cir
constance la plus à craindre pour les étangs ; La dépense de construction d'un étang
quand la chaussée est surmontée, le poisson est très variable; nous allons prendre pour
s entraîne, la chaussée se détruit en plusieurs exemple un cas simple qui pourra servir à
points, et si l'étang renferme un grand volume remonter à d'autres plus complexes.
d'eau , tous les fonds inférieurs sont submer Supposons un bassin favorable et tel qu'en
gés et entraînés ; on ne peut donc prendre le barrant par une seule chaussée transversale
trop de précautions contre de pareils accidens, on puisse couvrir d'eau une surface de dix
et encore ne sera-t-on jamais à l'abri des sacs hectares ; en admettant que l'étang ait une
d'eau qui arrivent quelquefois. fois plus de longeur que de largeur, la chaussée
Le peu de solidité et de durée des grilles en bois aura 3 ou 400 mètres, soit 350 mètres de
est cause que beaucoup d'étangs s'en trouvent longueur; si le terrain a, depuis l'entrée de
privés à l'entrée et à la sortie des eaux ; on les l'eau ou la queue jusqu'au point le plus bas
supplée par des fascinages, auxquels on donne vers le milieu de la chaussée, 9 pieds de pente,
le nom de fagottées, qui ne permettent qu'un l'étang aura 9 pieds de profondeur, et la
débit très lent aux eaux , et causent par-là de chaussée 10 pieds de hauteur; sa base infé
frequens accidens que préviendraient les rieure vers le thou sera de 30 pieds , soit plus
grilles en fer que nous avons proposées. Il est convenablement de 35; la base supérieure
encore un moyen très utile de parer aux ac ou le terre-plein aura 10 pieds : or le cube
cidens et d'assurer le produit de l'étang en de cette chaussée , en supposant la pente
eau et en assec : ce moyen consiste à faire pas uniforme, est de 96,000 pieds cubes ou même
ser les eaux de l'étang, quand il est plein, dans de 100,000 parce que le fond du bassin a
m fossé qui en contourne les bords. Ce moyen toujours une partie qui a peu de pente. Ce
offre le grand avantage de débiter une grande massif donne 237 toises cubes de 7 pieds et
partie des eaux dans les o;is d'inondation; en demi de côté, de 422 pieds cubes ou enfin
outre, quand l'étang est plein, il est de remar 3300 mètres cubes.
que que le poisson se nourrit mieux et profite La construction à forfait des chaussées se
davantage lorsque de nouvelles eaux ne vien conclut de deux manières différentes: la pre
nent pas dans l'étang; ce fait admis par tous mière consiste à payer au déblai 12 à 15 cent,
les praticiens, quoiqu'ils ne l'expliquent guè par toise carrée de 7 pieds et demi de côté
re, est néanmoins tout-à-fait certain. sur une pointe de pèle de 4 pouces de pro
Lorsque l'étang plein vient à couler par le ca fondeur. Ce prix porte la toise cube de 2 fr.
nal ou autour du canal,on faitavec des fascines 70 cent, à 3 fr. 37 cent., ou le mètre cube
et de la terre, derrière le canal, une digue circu de 20 à 24 centimes, prix sans doute peu
laire qui se rattache à la chaussée en envelop élevé pour le mètre cube de terres qu'on doit
pant l embouchure du canal ; on monte cette charrier de quelque distance à la brouette,
digue en battant la terre aussi rapidement qu'on doit bien travailler dans la clave et
qu'on le peut jusqu'au niveau de la chaussée. conduire et régaler sur tout le reste de la
Si la masse d'eau qui coule était assez forte pour chaussée. Mais dans cette manière d'apprécier
empêcher cette construction, on peut mettre le travail, on trouve souvent des ouvriers
dans ladigue un tuyau en bois qui donne passage peu consciencieux qui prennent leurs témoins
à l'eau pendant la construction, et lorsque la de déblai dans les endroits les plus hauts et
digue est construite on bouche le tuyau par qui savent au besoin les surhausser. Pour
un tampon. n'être pas trompé ou n'avoir point de difficul-'
Si on n'a pas de tuyau , ou que la fuite soit té, il est préférable de payer au remblai de 4
trop considérable , on fait derrière la claie au- à 5 fr. la toise cube, de 29 à 35 cent, le mètre
dessus du canal un fossé perpendiculaire; lors- cube. La chaussée reviendra à ce prix à 1 1 à
u'on arrive au canal, on enlève un ou deux 1200 fr. Le pionnier aura fait en même temps
a es plateaux de recouvrement; si la perte d'eau la pêcherie et une petite partie du bief dont il
a lieu par le canal , on place l'un des plateaux a conduit les terres sur la chaussée. <Je bief
en travers, et on le garnit autant que possible et la rivière de ceinture auront 600 mètres
avec de la terre et de la mousse ; puis , avec au moins de longueur chacun. La rivière de
autant de promptitude qu'on peut, on jette ceinture de 4 pieds 1/2 de largeur sur 2 à 3
dans le canal des terres argileuses qu'on de profondeur, dont les déblais se placent sur
2orroie, et on continue jusqu'à ce que le le bord du côté de l'étang, peut valoir au
fossé pratiqué soit plein : par ce moyen l'eau moins 30 cent, la toise ou 12 cent, le mètre
se trouve ou tout-à-fait ou en très grande courant. Le bief qui aura 9 à 10 pieds de lar
partie tarie. Si le canal, au lieu d'être en geur sur 18 pouces de profondeur, et dont il
bois, était en pierre, on enfoncerait la voûte faut que les terres se transportent ou se
ou on lèverait une des dalles qui le recouvrent jettent en des points où elles n'empêchent pas
pour faire la même opération. l'écoulement des eaux , coûtera a peu près
Si le passage de l'eau était à côté de la bonde, 50 cent, la toise ou 20 cent, le mètre courant.
lorsqu'on y arriverait on y jetterait pronipte- En tout la rivière et le bief coûteront 192 fr.,
ment de la terre préparée , battue et mouillée, soit 200 fr. en comptant quelque chose pour
et on se hâterait de remplir de terre bien le creusement de la vidange au bas de la
battue le fossé. Enfin, si le passage était sous chaussé» et à la grilla du trop-plein; ajoutant
CHAP. 9e. DE L'EMPOISSONNEMENT. 191
à cela 400 fr. pour le lliou et le canal de dé lasse et n'est pas d'un bon goût; il est géné
charge que nous supposons simple, et pour ralement meilleur lorsque l'étang renferme
la grille d'introduction des eaux et pour celle du brochet qui l'empêche de se livrer tran
de trop-plein,nous aurons en moyenne 2000 fr., quillement à la pose.
pour la dépense de construction d'un étang La carpe n'a quelquefois point de sexe, elle
de 10 hectares en position favorable, soit porte alors le nom de carpeau. Les carpeaux
200 fr. par hectare. Mais la moitié peut-être sont beaucoup plus estimés par les gourmets
des étangs, n'est pas en aussi bonne position; que les carpes des 2 sexes. Ils semblent qu'ils
un assez grand nombre, ceux surtout où l'on appartiennent au sexe mâle, et que quel
est oblige de faire un ou plusieurs chaussons que circonstance aura détruit leurs organes
ou chaussées latérales ou plusieurs thoux, sexuels.
peuvent coûter au moins le double; il y en a Les Anglais ont essayé de faire des carpeaux,
en outre un grand nombre de petits dont la et ils y ont réussi. On a aussi soumis à la
dépense par hectare devient beaucoup plus même opération les tanches , les brochets et
forte, en sorte qu'on n'exagérerait rien en les perclies. Dans cet état le poisson croit da
disant que, pour construire les 23,000 hectares vantage , s'engraisse beaucoup plus vite et
d'étangs qui sont dans le département de beaucoup mieux; il est de meilleur goût. Nous
l'Ain , il faudrait dépenser au moins moitié ignorons si cette industrie est arrivée jusqu'en
en sus de notre évaluation ou 300 fr. par Irance. Rozier se récrie beaucoup contre
hectare , ce qui porterait la dépense totale à cette cruauté, mais la plupart des animaux
7 millions. destinés à la consommation de l'homme sont
traités de même par lui; et s'il fallait mesurer
Section VI. — De Vempoissonnement. la pitié que l'homme doit aux animaux qui
deviennent victimes de ses spéculations gas
On emploie dans les étangs trois espèces tronomiques en raison de l'utilité et de fin-
principales de poissons : la carpe, le brochet telligence, certes la carpe en mériterait moins
et la tanche. qu'aucun autre.
Sans recourir à cette opération, il parait
5 I". — La carpe. que la séparation des sexes suffirait seule pour
avoir en moins de temps des produits plus
La carpe est regardée comme le produit forts et de meilleure qualité.
principal {fig. 206); ce n'est qu'à l'âge de 3
5 IL — Le brochet.
Fig. 206.
Le brochet ( fig. 207) tient le deuxième rang
Fig. 207.
ans au plus tôt qu on l'emploie à la consomma parmi les poissons que l'industrie de l'homme
tion; elle pèse alors un peu plus ou un peu prépare pour sa consommation. Pendant que la
moins d'une livre; un an plus tard elle pèse carpe semble ne vivre que de petits insectes ou
d'une à2 livres ; elle a alors plus de chair et de de produits à peine apercevablesdu sol dans le
graisse, et elle est de meilleur goût. Elle peut quel elle fouille pour prendre sa nourriture,
arriver à une grosseur beaucoup plus consi le brochet ne vit que de poissons; il s'attaque
dérable, mais elle grossit d'autant moins à toutes les espèces , à la carpe , surtout à la
vite qu'elle est plus âgée, et il paraît qu'à tanche et à son espèce même lorsque les
une certaine grosseur elle fatigue beaucoup autres lui manquent. Le brochet d'une livre
les fonds dans lesquels on la nourrit : quel- qu'on mettrait avant l'hiver dans un étang où
3ues praticiens estiment qu'une carpe au- se trouveraient beaucoup de petits poissons ,
essus de 6 livres charge autant un fond et surtout de la tanche, peut croître dans l'été
qu'un cent d'empoissonnage, en sorte qu'une d'une livre par mois.
carpe de 12 livres qui mettra 10 ans à arriver Il en est de même des brochets que de
à ce poids aura fait perdre 5 à 6 fois sa valeur la carpe. Lorsque le brochet a acquis une cer
à ceux qui l'ont nourrie , alors même qu'on taine grosseur, qu'il est arrivé à 6 livres, par
l'évaluerait à 6 fr. le kilogramme. exemple ; il lui faut plus de temps et surtout
Les moyens rie multiplication de cette espèce beaucoup plus de nourriture pour arriver jus
sont immenses : une carpe femelle pond qu'à 10 livres qu'il n'en a mis pour arriver jus
chaque année depuis 21,000 jusqu'à 600,000 qu'à 6 livres. On n'a donc pas d'intérêt à cher
œufs. Si on la laisse seule ou sans brochets, cher à faire de grosses pièces qui d'ailleurs ne se
dans un étang, elles'épuise à poser, ne grossit vendent pas plus cher le kilogramme que les
pas et l'étang est inondé de feuilles et d'em autres pièces moyennes.
poissonnage qui se nuisent réciproquement. Le brochet fraye en février et juin. Il perd
La carpe-femelle dépose ses œufs sur le bord dans ce moment beaucoup de sa qualité ; il de
des étangs, et la carpe-mâle les féconde en les vient maigre ; il faut alors prendre beaucoup
serrant sous son ventre, d'où la pression fait de soin pour l'empêcher de s'échapper de l'é
sortir la liqueur séminale que contiennent les tang, parce qu'il remonte tous les fossés où
laitances. il rencontre de l'eau.
Le frai des carpes a lieu 2 fois par an, en La séparation des sexes dans le brochet pa
mai et août; à cette époque, lepoisson est mol raîtrait devoir offrir beaucoup d'avantage.
192 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS.
M. Vaitlpré , médecin instruit et agronome Il paraît que dans quelques pays d'étangs, '
habile, a fait sur ce sujet des expériences qui on cherche aussi à élever l'anguille (fig. 20S)) ;
paraissent très concluantes. Il a placé dans un Fig. 209.
étang d'empoissonnage des brochetons mâles,
et dans un autre des hrochetons de sexes mé
langés; et les brochetons mâles, un an après,
ont produit un poids 50 fois plus considérable,
pendant que ceux de sexes mélangés n'ont pris mais elle perce les chaussées , s'écarte dans
que l'accroissement ordinaire de 10 pouces. les prairies qui bordent les étangs, et lors de
Le brochet peut donc être un produit très la pèche on n'en retrouve presque plus. On
avantageux, d autant mieux que son prix est semble donc y avoir généralement renoncé.
souvent triple de celui de la carpe; mais pour
qu'il soit avantageux de produire du bro Section VII. — De l'assolement des étangs.
chet , il est nécessaire qu'il ne consomme que
du poisson de peu de valeur, et dont l'exis § I". — Principes d'assolement dans divers pays
tence serait plutôt nuisible qu'utile au produit de la France.
général de 1 étang, autrement la perte serait
grande pour le producteur, parce que le poids
<!u brochet consommateur ne produit pas le lesLes principes de l'assolement des étangs sont
mêmes que ceux de l'assolement des ter
dixième du poids du poisson consommé. res en labours. La nature demande à varier
§ III. — La tanche. ses produits, et le sol, soit qu'il produise par
l'effet de la végétation spontanée ou de la vé
La tanche {fig. 208) est un poisson du genre gétation artificielle dirigée par l'homme , se
Fig 508. repose en produisant des végétaux de familles
diverses. Ce principe s'étend à tous les pro
duits naturels, aussi bien aux produits ani
maux qu'aux produits végétaux
Dans la culture des étangs, la terre couverte
d'eau nourrit avec avantage et fait croitre du
des cyprins, dont la reproduction a beaucoup poisson pendant 2 ou 3 ans. Déjà même, dans la
exerce les naturalistes. Cependant onafini par 2' année on estime dans le Forez que la pêche
s'assurer qu'à l'époque du frai , aux mois de vaut 1/I0eou 1/8" de moins. Mais si la culture
juin et de septembre, les tanches avaient com en eau se prolonge, elle diminue de produit,
me les carpes des œufs et des laitances qui pendant que le sol, fécondé à ce qu'il semble
disparaissent ensuite; la tanche alors s'agite et par les déjections des poissons qui y ont vécu,
maigrit beaucoup. Le brochet en est particu mis à sec et labouré, donne d'abondantes ré
lièrement friand, il la poursuit à outrance et coltes, après lesquelles le produit en poisson
elle lui échappe, dit-on, en pénétrant dans la redevient de nouveau avantageux. Ce principe
vase. Quand elle est grasse elle est très recher a été rigoureusement appliqué aux étangs de
chée des consommateurs ; son poids moyen Bresse et Dombes. Us sont dans ce pays d'un
est d'une livre, et il faut des circonstances fa intérêt beaucoup plus grand que dans les au
vorables pour qu'elle prenne un poids plus tres; ils y couvrent 1/6' du sol, pendant qu'ail
élevé ; ce poids néanmoins, dans quelques cas leurs ils en couvrent à peine 1/25'. On y a donc
particuliers, peut aller jusqu'à 10 livres. attaché plus d'importance. En outre, en Dom
bes, ils appartiennent souvent àdes associations
§ IV. — Autres poissons d'étang. de particuliers, et souvent encore l'eau n'ap-
{lartient pas au propriétaire auquel appartient
Après les trois espèces de poissons dont nous e sol. Il a donc été nécessaire que dans ce
venons de parler, quelques propriétaires d'é paysdes conditions régulières fussent établies,
tangs admettent la perche. Ce poisson très vo- et que les droits respectifs des propriétaires
race détruit le frai des autres espèces? et con de Passée entre eux et le propriétaire de l'eau
somme dans l'étang une grande partie de ce fussent réglés d'une manière précise. Nous
qui sert à la nourriture des autres. Quand il allons parcourir rapidement ce que nous avons
est un peu nombreux, on dit qu'il brûle l'é pu recueillir sur les systèmes d aménagement
tang ; aussi, par cette raison, les éleveurs de adoptés dans les principaux pays d'étangs.
poissons lerejettent quand ils en sont les mai- Nous développerons ensuite avec plus d'éten
ires. En Dombes surtout on ne le trouve guè due celui suivi dans l'Ain, pour le comparer
re que dans les étangs formés par cours d eau aux autres , et prendre dans chacun d'eux ce
ou dans ceux où la malveillance les jette qui nous semblera meilleur;
quelquefois. Le brochet ne peut presque pas D'abord nous nous occuperons des étangs des
i atteindre : ses nageoires sont armées de poin plateaux étendus qui bordent la Loire; l'aména
tes qu'il hérisse quand il se sent attaqué et gement des étangsy parait à peu près le même.
qui blessent cruellement la gueule armée de Dans toutes ces contrées , les détails que
son ennemi , qui est obligé de lâcher prise. donnent MM. de Marivaux, de Morogues,
La perche est très délicate; on la regarde Rozier, Bosc , Froberville et d'Auteroche
comme supérieure aux trois espèces qui pré n'annoncent pas de système général admis ab
cèdent. Avant la révolution, les fermiers des solument; mais les étangs, dans presque tous
terres de Dombes cherchèrent à élever des les pays dont ils ont voulu parler, sont à peu
perches jusqu'au poids de 2 livres qu'ils joi- près toujours en eau; rarement on les cultive,
f«aient aux carpeaux de 12 à 15, pour présens et l'assolement par le labour est un souhait
leurs propriétaires. qu'ils forment assez généralement , mais qui
CHAP. 9'. DE L'ASSOLEMENT DES ETANGS. 1U3
ne serait presque nulle part accompli. Les ditctifs pour la pêche. Aussi leur culture et
étangs des plateaux de la Loire sont donc pour leur assolement sont plutôt dirigés pour l'une
la plupart toujoun en eau; on les fait chômer ou l'autre de ces conditions que pour le plus
à terme fixe pour les reposer, curer la pêcherie grand produit en poisson; toutefois ce produit
et les biefs, réparer au besoin la chaussée et y est d excellente qualité, et il vaut au moinsle
la bonde. poisson de rivière.
Dans la Brenne, pays inondé , à la gauche Dans le Jura, l'assolement le plus ordinaire
de la Loire, dans le département de l'In est en avoine ou blé noir pour les terres légè
dre, ce repos revient à peu près tous les res. Dans les terres argileuses de bonne qua
onze ans; mais on ne laboure pas cette année lité, on laisse jusqu'à 3 ans en eau pour avoir
l'assec. Cette opération ne serait pas profitable ensuite 2 récoltes successives et sans engrais,
parce que le sol en étang non cultivé se trouve la 1" de maïs, la 2e de froment. On a généra
presque toujours infeste de plantesaquatiques, lement remarqué que le poisson profite mieux
de roseaux, de carex qui s'élèvent souvent par après une année de céréale qu'après une ré
cépées au-dessus du sol «t qui coûteraient colte sarclée; serait-ce parce qu'une céréale
trop à détruire pour la culture en labours laisse toujours des grains et de La paille sur le
d'une seule année. On fait pâturer le bord des sol de l'étang, pendant que la récolte sarclée
étangs, ou on y fauche jusque dans l'eau un enlève tout?
fourrage de mauvaise qualité qui sert cepen
dant à nourrir plus ou moins mal les bestiaux 5 IL — Auolement des étangs de l'Ain.
pendant l'hiver.
L'éducation des poissons se fait dans trois Nous arrivons maintenant aux détails à don
sortes d'étang». Dans les plus petits on élève la ner sur l'assolement et la culture des étangs
feuille, dans ceux un peu plus grands on la dans l'Ain. En principe général , les étangs
fait grossir pour en faire du nourrain ou em- doivent être 2 années en eau et une année en assee.
poissonnage, et dans les plus grands on place La plupart des étangs sont labourés chaque
le nourrain pour y faire du poisson de vente S* année; cependant, dans les positions où on a
qu'on ne péché qu'au bout de la deuxième peine à se défendre des eaux , les étangs 6e
année. fauchent l'année d'assec; le poisson y est moins
L'empoissonnage d'un étang se compose des productif, et lorsque l'assec ne dure qu'une
trois premières espèces dont nous avons par année le fourrage y est de mauvaise qualité ;
lé; on trouve que les anguilles se perdent et mais à la 2e année d'assec, le produit s'amé
que la perche nuit beaucoup au-delà de ce liore. Aussi ces étangs , lorsqu ils appartien
que vaut son produit. nent à un seul ou qu'il peut y avoir accord
Cet assolement, qui semble appartenir à la entre les divers propriétaires, restent-ils sou
phisgrande partie des étangs de France, change vent 2 années en assec; mais le cas des étangs
pour ceux <Ie l'Est; leur assolement rentre dans qui restent en prairies est généralement assez
les principes de la culture alterne. Dans le Fo rare : l'assolement général est donc en eau
rez où la plaine de Montbrison renferme une et labourage.
quantité proportionnelle d'étangs beaucoup Depuis quelques années on a trouvé plus
plus grande que les parties inondées de la profitable de pécher tous les ans. Il n'est
Sologne , les étangs sont alternativement en peut-être pas difficile d'en assigner la raison :
eau et en labourage. La culture en poissons la 1™ année, il faut 40 à 50 feuilles pour peser
dure 2 à 3 ans, et celle à la charrue en dure une livre, la 2e trois ou quatre pèsent autant;
une, 2 ou 8 années, suivant la nature du ter la 3* la carpe pèse en moyenne une livre, et
rain. C'est dans les terrains compactes que la la 4* une livre et demie. Ces poids sont ceux
culture est plus longue ; souvent la tn année des carpes d'étangs médiocres; dans les étangs
d'assec s'emploie tout entière à labourer le de meilleure qualité le produit est plus fort,
sol ; on fait la 2* année la 1™ récolte, qui est mais conserve toujours à peu près le même
suivie d'une seconde la 3e année. Dans les ter rapport. La carpe décuple donc la 2* année,
rains légers on ne laisse guère que 2 années ' )le la 3*, et grossit seulement de moitié
en assec. en sus la 4*. Aussi, malgré qu'on doive faire
On a divers étangs pour produire la feuille, tous Jes ans de nouveaux frais d'empoisson-
l'empoissonnage et le poisson de vente, mais nage, malgré les frais de pêche, le produit net
assez souvent dans le même fonds on fait à la de 2 pêches d'un an parait plus fort que celui
fois la feuille et l'empoissonnage. des pêches de 2 ans. Le poisson, la 1" année,
L'expérience semble avoir amené à pécher prend de la taille et du volume, la 2* année il
tous les ans au lieu de ne pécher que la 2« an se met en chair. La qualité est donc meilleure
née. Un produit plus fréquent et annuel con dans le poisson de 2 ans, mais le producteur
vient mieux au cultivateur, et surtout au fer s'occupe plus du résultat de la vente que de la
mier, qu'un produit qui se fait attendre. qualité meilleure qui ne se paie pas plus cher.
La proportion des brochets qu'on met dans La pèche d'un an donne assez peu de brochets,
l'étang n'est jamais que moitié de celle de la pendant que la pêche de 2 ans peut en four
dose ordinaire de l'Ain; peut-être cet usage a- nir beaucoup ; mais le succès du brochet est
t-il pris sa source dans leur habitude de pê toujours assez chanceux , par la raison peut-
cher à un an. être qu'on ne sait pas toujours proportionner
Dans Saône-et-Loire on assole à peu près de leur nombre et leur force a la nourriture qu'ils
la même manière que dans le département de doivent prendre dans l'étang. Nous ne regai-
l'Ain les étangs des plaines; ceux des monta dons pas cette question de la préférence à
gnes du Charollais sont plutôt des étangs pour donner à la pêche d'un an sur la pêche de 2
les irrigations, des étangs qui servent de ré comme absolument décidée; on est peu d'ac
servoir aux moulins, que des étangs pro- cord sur ce point, quoique ce soit une ques-
ACIUCULTIRS. 00° livraison. roME IV. — 35.
194 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. liv. v.
tion de chiffres sur laquelle on peut acquérir che réglée ; on ne met de tanches que le quart
tous les ans de nouvelles données. du nombre des carpes, et les tanches doivent
II est très utile de faire communiquer ensem être grosses et en bon état. Ni l'une ni l'autre
ble les divers étangs qu'on possède; par ce moyen espèce d'empoissonnage n'a besoin d'être en
on peut donner de l'eau à ceux qui eu man forts individus. On a remarqué que la pose
quent et remplir ceux qu'on veut empoisson était plus abondante lorsque le nombre des
ner à l'époquiMne l'on choisit. Lorsque les mâles était double de celui des femelles. Les
étangs sont nombreux le but est plus aisément laites et les œufs désignent très bien le sexe
rempli, parce que leur distance est moindre dans les carpes , mais dans les tanches ces 2
et que les fosses de communication ont par indices n'existent que dans le temps du frai ;
conséquent moins d'étendue. L'opération est cependant les mâles se distinguent en tout
fort simple lorsque les étangs sont situés dans temps , parce que leurs nageoires sont plus
un même vallon, mais quand ils sont dans des fortes que celles des femelles.
vallons différens le niveau apprend ce qui Au bout de l'année on pèche une grande quan
Êeut se faire. M. Greppo le père, dont la Dôm tité de feuilles dont la grosseur est inégale, par
es conserve l'honorable souvenir, a , par ce ce qu'il y a la pose du printemps et celle de la
moyen, fait communiquer le plus grand nom- fin de l'été. Les carpes et les tanches qu'on a
bredes36 étangs de sa propriétédeMontellier; misesau commencement de l'année, s'épuisant
il a ainsi facilité leur aménagement et amé par la pose , sont restées maigres et ont peu
lioré leurs produits. Son fils en recueille l'a profite.
vantage, et marche dignement sur ses traces On sépare la feuille des tanches de celles des
en se dévouant tout entier aux améliorations carpes; ces feuilles se vendent au cent. Pour
de toute espèce. les compter sans les fatiguer , parce qu'elles
On a depuis quelque temps imité avec pro craignent beaucoup la main de l'homme, on
fit la pratique du Forez qui, pendant la 1™ an en remplit un petit vase dont on compte les
née d'assec, donne au sol les labours profonds individus , et le reste de la feuille s'apprécie
et répétés d'une jachère d'été; l'année d'après en la mettant dans le vase sans la compter.
on aune bel le récolte en seigle ou en froment, Dans le Forez, on emploie pour la pose des
et les poissons et l'avoine qui succèdent réus carpes qui ont cessé de profiter depuis quelque
sissent très bien. Au bout de quelques années temps , et qui viennent des étants trop char
la terre se tasse sous l'eau et le labour léger gés , de ceux où l'eau a manque ou de ceux
de l'avoine, en sorte que le besoin d'un nou que le défaut de brochets a laissé s'épuiser
veau travail à soleil se fait sentir. à la pose ; on regarde ce poisson comme plus
On a encore trouvé de l'avantage ^partager productif de feuilles.
les grands étangs par des chaussées; leur pro Le cent de feuilles et de l'empoissonnage
duit est meilleur, leur pèche plus facile ; l'é dans l'À in est de 80 pairesou de 160 têtes; dans
tang supérieur prend une plus grande quan la Brenne , il est de 70 paires ou de 140 têtes ;
tité d'eau.M.PÉRiERaainsi divisé l'Étang-Tur- dans la Bresse Chdonnaise de Saône-et-Loire,
let en 2 autres étangs qui ont très sensible il est de 64 paires ou 128 têtes. Il est probable
ment augmenté son produit net. que dans cette manière de compter on a grossi
le cent de toute la perte probable du poisson
Section VIII. — Éducation du poisson. pendant l'année; on en conclurait que la perte
est plus grande dans le département de l'Ain.
Les poissons d'étangs ne se consomment guère § II. — Etangs pour l'empoissonnage.
qu'à l'dgede 3 ou 4 ans. Il serait très difficile et
peu profitable d'élever ces différens âges en La feuille se place dans un autre étang de
semble et dans les mêmes eaux, par cette rai moyenne grandeur ; on y en met de 500 a un
son. Partout où les éiangs un peu nombreux millier
ont été assujélis à un aménagement régulier, tang enpar cent du poisson qu'on met dans l'é
on a trois ou au moins deux espèces d'etangs : livres depêche réglée ; on v met aussi 15 à 20
les étangs pour produire la pose ou la feuille, feuilles defeuilles carpes.
de tanches par millier de
les étangs dans lesquels la feuille grossit pour Ces étangs s'empoissonnent avant l'hiver. La
devenir em poisson nage, et enfin les étangs
pour produire les poissons de vente, où l'em- feuille qu'on sort d'un étang où elle est en
tassée profite déjà pendant le cours de la sai
Êoissonnage grossit pour la consommation, son froide. L'empoissonnait' sera d'autant plus
ose, dans le nouveau Dictionnaire d'Agricul
ture, a donc commis une erreur grave en di beau à la pêche , qu'où y aura moins mis de
feuilles d'août, et plus de feuilles de mai. Pour
sant que ces aménagemens lui paraissaient empêcher cet empoissonnage de s'épuiser à la
n'exister que dans les étangs qu'il avait vus en Pose , et pour que la pose faite ne charge pas
Allemagne. étang en feuilles qui seraient inutiles , on
met au mois de mai 8 à 10 brochetons de la
S t"— Étangs pour la pose. grosseur du doigt par cent de feuilles ; par ce
moyen, au bout de l'année , on a des brochets
On emploie les plus petits étangs à la produc dp 2 à 3 livres , très gras et très délicats , et
tion de la feuille ; il est bon qu'ils soient peu l'empoissonnage est en beaucoup meilleur état
profonds, à l'abri des vents, et qu'ils ne soient et a grossi davantage. On le trouve de trois
point vaseux ; il est surtout nécessaire que les sortes ; la feuille produite par la pose du mois
brochets ne puissent en aucune manière s'y in de mai de l'année précédente donne du pois
troduire. Ony met en carpes dont un 1/3 de fe son de 4 1/2 à 6 pouces eutre tête et queue, qui
melles, et 2/3 de mâles du 6' au 1/4 du nom fournit de l'empoissonnage à un an ; la pose
bre nécessaire à empoissonner l'étang en pê- .du mois d'août donne de l'empoissonnage à 2
CBAt>. 9< DE LA PRATIQUE DES PÊCHES. 196
ans, de 3 à 4 1/2 pouces entre tête et queue ; Dombes , parce que la maniéré d'empoisson
ceux au-dessous prennent le nom de carnous- ner y donne un produit plus considérable en
tiers , et sont employés à foire la feuille ou poisson. On aurait donc , à ce qu'il semble ,
nourrir les brochets. tout avantage à imiter en Dombes la pratique
Dans le Forez on charge un peu moins les du Forez.
étangs d'empoissonnage ; les pèches à un an Dans la Brenne les étangs d'empoissonnage
ont prévalu, et c'est la raison pour laquelle on reçoivent un millier de têtes de feuilles par hec
cherche à se faire de plus forts nourrains. tare; là on le transporte à dos de cheval dans
Pour avoir du poisson d'une livre et demie au des paniers appelés mannequins, et on ne pesé
bout de l'année, on prend le nourrain du poids pas le nourrain. Ce nourrain est marchand
de 1/2 livre, et pour les carpes de une livre et lorsque le poissonnier, ayant la main fermée,
quart, on le prend de 3 à 4 à la livre: toutefois la tête et la queue dépassent le poignet ; cette
on a remarqué que lorsque le nourrain est taille correspond à 3 ou 4 pouces , et c'est ce
d'une 1/2 livre, la pêche est plus égale qu'avec le que donne leur empoissonnage pour leur pê
nourrain de 3/4 ; avec ce dernier on a à l'em- che à 2 ans.
poissonnage de plus grosses carpes en petit
nombre, mais aussi un plus grand nombre de § III. — Etangs pour le poisson de vente.
petites.
Nous avons dit que dans ce pays un même Nous avons vu précédemment que l'asso
étang leur servait souvent à faire leur feuille et lement régulier dans le département de l'Ain
leur empoissonnage. Pour cela, avec un millier était 2 ans en eau et un au en assec ; cepen
en moyenne de têtes de feuilles par hectare, dant, sur beaucoup de points , comme le pro
ils mettent 6 à 8 têtes de carpes d'une livre, duit en avoine est plus considérable que celui
tant mâles que femelles, prisesparmi les moins en poisson , on assole les étangs une année en
belles et les plus vieilles. Au bout de l'année eau et une année en culture. 11 est certain qu'il
l'étang donne de i'empoissonnage de 6 à 8 on est des étangs dans lesquels cet assolement
ces par tête, une grande quantité de feuilles; est profitable, mais peut-être ne l'applique-t-
et les carpes se sont refaites d'une manière on pas toujours à propos; il est un peu plus
remarquable. Ce procédé ne donne, il est vrai, commode pour des fermiers qui, sans avoir
point de brochets, mais il est très commode un grand nombre d'étangs, peuvent par ce
{>our ceux qui ont peu d'étangs et qui ne veu- moyen vendre tous les ans du poisson et de
ent acheter ni feuilles ni empoissonnage sou l'avoine. Parmi les étangs qu'on laisse 2 ans
vent très cher. en eau, il arrive aussi qu un assez grand nom
Nous avons ici une observation fort impor bre se pêche tous les ans. Ce poisson d'un an
tante à faire : la Dombes, dont les principes a plus d'apparence que de qualité réelle; il pa
d'assolement et plusieurs pratiques d'aména raît souvent presque aussi gros que relui de
gement des étangs peuvent bien être regar 2 ans; une paire de carpes d'un an, dans les
dés comme un modèle, a néanmoins, à ce qu'il étangs d'assez bonne qualité, pèse 3 livres,
nous semble, une excellente leçon à prendre comme à 2 ans elle en pèserait 4, sans avoir
dans le Forez pour la manière d'empoissonner des dimensions sensiblement plus fortes; mais
en carpes dans la pêche d'un an. Le sol de la croissance a été plus que double dans la
Dombes est, à ce qu'il semble en moyenne, lr« année, et les marchands détaillans vendent
au moins égal en qualité à celui du Forez. Les presque aussi cher ce poisson plus jeune ;
produits en labour des étangs y sont même c'est ce qui fait l'un des plus grands avantages
supérieurs ; comment se fait-il donc que le des pêches à un an. On a peu de brochets dans
Eroduit en poisson soit très inférieur en Dôm cespêches, alors même qu'on ne les met qu'au
es , où il devrait être meilleur parce que les mois de mai; ils mangent le frai avant que
pluies annuelles y sont plus considérables ? l'œuf soit développé et pendant qu'il est en
Dans le Forez, les pêches d'un an donnent de core au chapelet. Lorsque la nourriture en
la carpe de 3 livres la paire, sur la rive gauche jeunes poissons leur manque, ils se jettent sur
de la Loire, mais avec un empoissonnage d'une I'empoissonnage, et particulièrement sur les
demi-livre, et sur la rive droite, le poids est de tanches, et s'épuisent à poser eux-mêmes, en
2 1/2 livres avec de I'empoissonnage de 3 à 4 sorte que lors de la pêche il arrive souvent
à la livre. En Dombes, avec de I'empoisson qu'on a peu de brochets. Mais, sans nous oc
nage de 4 à 5 à la livre , on a en moyenne cuper plus long-temps de cette question que
des carpes de 2 livres la paire , pendant qu'on nous avons précédemment agitée, nous allons
peut regarder comme à peu près certain qu'a entrer dans la pratique des pêches à 2 ans et
vec de I'empoissonnage d'une demi-livre on des pêches à un an.
atteindrait le poids moyen du Forez, 3 livres
la paire. En Dombes, un quintal d'empoisson Section IX. — De la pratique des pécha.
nage en reproduit 4 en poissons de vente ;
dans le Forez, et sur la même étendue, 2 quin § Ier. — Pèche à deux ans.
taux en reproduisent 6, et d'un poisson qui
vaut sur les marchés un cinquième au moins Nous commencerons par nous occuper de
de plus. En ôtant de part et d'autre la valeur cette pèche qui est la pêche de règle et qui
de I'empoissonnage, ajoutant un quart de la nous servira de point de départ pour les
valeur ordinaire de la pêche, à cause des bro 3 U tl'CS
chets et des tanches, les produits nets com On doit retenir les eaux dans Vétang aussitôt
parés sont entre eux comme 20 est à 30. La va que la récolte est enlevée, et empoissonner leplus
leur nette de la pêche avec le fort empoisson tôt que faire se pourra, pour que le peisson
nage est donc de moitié en sus*, aussi y répète-t puisse se reconnaître, se reposer des fatigues
on plus souvent les années de pêche qu'eu du transport pendant l'hiver et soit disposé à
196 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. uv. v.
commencer à travailler dès le premier prin souuage; il propose donc, pour se diriger dans
temps. Le poisson, dans le premier mois qu'il ce point important, de peser les carpes de la
passe dans un étang, s'occupe à le parcourir, pêche d'un étang, et pour avoir le nombre de
a le reconnaître sur tous les points et profite têtes d'empoissonnage à y mettre, il divise le
peu; il vaut beaucoup mieux qu'il emploie à poids total par le poids particulier qu'il veut
ceia un mois d'hiver qu'un mois de printemps avoirpour les carpes de sa pêche. Il ajoute 1/5",
qui serait perdu pour sa croissance. pour couvrir les chances de la mortalité et les
Nous avons dit précédemment que l'em- pertes probables ; il proportionne ensuite à
poissonnage de carpes à 2 ans, devait avoir de ce nombre celui des tanches el des brochets
3 1/2 à 4 1/3 pouces. Il est convenable pour qu'il doit y ajouter. Ce système serait facile et
toute espèce de pêche et de poisson , qu'il soit commode à adopter si le principe sur lequel
égal autant que possible; lorsqu'il est inégal , il se fondeétait bien avéré; mais fl est douteux
carpes, tancnes ou brochets, les plus gros qu'un étang produise toujours le même poids
vivent aux dépens des plus petits et a la de poissons, et l'expérience et la raison prou
pécheon a quelques belles pièces, mais le plus vent que le poids est moindre lorsque la quan
grand nombre est resté faible, et le produit tité d'empoissonnage est trop forte ou trop
; total estmoindre que si on n'eut employé que faible.
du petit empoissonnage. Dans la Brenne la proportion de Vempois-
La quantité d'empoissonnage se règle suivant sonnage est beaucoup moindre. M. de Marivaux,
la qualité des fonds ; on met dans les meilleurs auteur d'un bon écrit sur les étangs de ce
• fonds environ un cent d'empoissonnage ou 80 pays, évalue de 9 à 1 100 têtes de carpes l'em
paires de carpes pour dix coupées, inondées poissonnage d'un étang de 10 hect., propor
soit 2/3 d'hectare ; dans les fonds médiocres, tion d'un tiers yilus faible que la proportion
un cent pour 16 coupées ou un hectare et dans moyenne admise dans l'Ain. Nous pensons que
les mauvais, un cent pour 20 coupées. En tra cette quantité résulte dans ce pays de l'expé
duisant en hectare el en cent d'empoissonnage rience comme celle admise dans l'Ain. La fai
on a 240 létes par hectare dans les bons fonds, ble quantité de la Brenne peut venir de ce que
160 dans les médiocres et 120 dans les mau le sol serait de moindre qualité ou de ce qu on
vais. On met par 100 d'empoissonnage en compte pour la surface a empoissonner tout
carpes de 10 à 25 livres de tanches suivant la le terrain, même les parties non inondées de
nature de fonds et 10 brochets, ce qui fait l'étang; lorsque les étangs sont laissés en pâ
une livre de tanches pour 6 têtes de carpes et turage comme dans la Brenne, on comprend
un brochet pour 16. dans l'étang une assez grande étendue que
On préfère généralement ne mettre le brochet l'eau ne couvre point. Dans l'Ain, on base, et
qu'au bout de la 1 " année. Au mois d'octobre on avec raison, rigoureusement la quantité de
jette l'épervier pour reconnaître si la carpe a l'empoissonnage sur l'étendue du sol inondé,
posé. Pour attirer le poisson dès la pointe du et par millier de carpes on met en moyenne
jouron a dû amorceren jetant dans les endroits 20 à 25 brochets et 50 tanches.
profonds, à la distance de 40 à 50 pas, de l'orge, En Sologne, M. de Morogues donne pour
ael'avoine,duseigleoudu blé noir cuit avecune les étangs de 1" qualité la proportion de 400
tête d'ail. Une heure après on jette l'épervier; d'empoissonnage par hectare de te
s: le filet ramène peudefeuilles,onmetpar 100 iours couvert d'eau; elle serait
de carpes 10 brochets du poids d'une livre en ble de la nôtre si la base sur laquelle "on 1'
moyenne; si la carpe a posé, on peut en mettre blit était la même ; mais en Sologne on ne
depuis 15 jusqu'à 30 têtes par cent de carpes. compte rigoureusement que le sol que l'eau
Les quantités relatives des 3 espèces de pois couvre encore dans les grandes sécheresses,
sons se modifient aussi suivant la nature des pendant que nous comptons tout le sol que
fonds: dans les sols légers non vaseux auxquels peut couvrir l'eau pendant que l'étang est
on donne le nom d'etangs blancs, la carpe et plein. Ce qu'il y a de particulier dans I amé
le brochet réussissent mieux; on peut en aug nagement d'étangs de ce pays, c'est qu'on ne
menter la quanti!/ en diminuant celle des met point de brochets dans la pêche et qu'il
tanches. Il arrive souvent dans ces étangs que en reste ou s'en insinue presque toujours
les tanches reproduisent à la pêche à peine ce Quelques - uns , qu'on y accuse d'apporter
qu'elles ont coûté d'empoissonnage, parce ans l'étang plus de dommage que de profit.
qu'elles y ont peu profité et qu'elles n'ont pu On conçoit que des brochets d une grosseur
se mettre dans la bourbe à l'abri de la vora sans proportion avec celle de l'empoissonnage
cité du brochet ; au contraire, dans les étangs pe~i7ent être nuisibles, mais en revanche ils
vaseux dont le sol est compacte, la tanche ar sont très profitables lorsque l'empoissonnage
rive souvent au produit de 8 pour un : elle du brochet est fait d'une manière rationnelle.
doit donc y être mise en plus forte quantité. En Sologne, où l'on pêche à 2 ans, sans alter
Dans le Forez on charge un peu plus m em- nance dassec, les brochets qui restent dans
po isson n âge, quoique les pêches soient généra les biefs comme résidu de pêche, et ceux qui
lement à un an; on met 250 à 300 têtes de car ont été mis comme empoissonnage la 1™ an
pes par hectare, 120 à 150 tanches et 10 bro née, peuvent faire beaucoup de dégât et occa
chets ; toutefois on fait varier cette moyenne sionner plus de perte que de profil, surtout
suivant la qualité du sol. M. Durand, vice- s'ils sont plus forts que le reste de l'empois
président du tribunal et membre de la société sonnage. Dans l'Ain on pare à cet inconvénient
aagricuiltire de Montbrison, qui a fait un fort en ne mettant le brochet que la 2* année.
bon écrit sur l'aménagement des étangs du On aurait donc tout intérêt en Sologne à
Forez, admet en principe que le produit en imiter la pratique du Forez, où l'on egoutte
poissons dans un étang est ordinairement le rigoureusement tous les étangs qu'on doit em
. même, quel que soit le nombre de l'empois- poissonner l'année d'aorès ; on les laisse au
CHAP- 9e. DE LA PRATIQUE DES PÊCHES. 197
moins 15 jours en vidange , afin que les feuil j le plus souvent plusieurs pèches successives i
les de toute espèce et les Drochets périssent et a un an; on trouve néanmoins que la seconde
ne Tiennent pas surcharger ou détruire l'em- est inférieure d'un 8' ou d'un lu* à la pre
poissonnage qu'on doit y mettre. mière.
Il est tout-à-fait reconnu que la carpe est
meilleure et plut belle dans les étangs où il se
trouve du brochet que dans ceux ou il y en a $ III.— Pèche fbhe.
1>eu ou point. Le brochet débarrasse l'étang de
a feuille, du petit poisson qui le chargerait et Dans l'Ain on a donné ce nom à une pêche
nuirait à la nutrition et à la croissance du pois a 2 ans dans laquelle on ne met que la moitié
son de la pêche; d'ailleurs en pourchassant la de l'empoissonnage ordinaire en carpes dont
carpe et la tanche, il les empêche de s'aban 2/3 de laitées et 1/3 d'oeuvées; on met la quan
donner librement à leurs amours qui les épui tité ordinaire de tanches de 2 ans et 4 à 5 tan»
sent, les maigrissent et les arrêtent dans leur ches en bon état par cent (l'empoissonnage.
développement. Dans l'automne on connaît à l'épervier si la
Les brochets, dans l'empoissonnage à un an, carpe et la tanche ont produit beaucoup de
ne donnent pas toujours de profil, mais cn- feuilles et si les feuilles ont bien profite, et
corey sont-ils utiles pourdébarrasser la feuille. suivant qu'il y a beaucoup ou peu de pose on
met dans l'étang depuis 15 jusqu'à 30 et même
40 têtes de brochets par centd empoissonnage
g IL—Pêche ion an. mis la 1" année. La grosseur des brochets est
d'une livre en moyenne qu'on augmente ou
La première condition pour une pêche à un diminue suivant la grosseur de la feuille et de
an, c'est de recevoir l'eau dans ton étang le plut l'empoissonnage. Il est essentiel que les bro
tôtpossible et d'empoistonner avant l'hiver; l'em chets ne soient pas assez gros pour manger la
poissonnage qu'on sort d'étangs où il est très première pose des carpes, la pose du mois de
nombreux et se nuit réciproquement se trouve mai, qui doit offrir à la pêche de l'empois."»-
très bien d'être mis au large et d'avoir une nage de choix. Le succès de cette pêche dé
nourriture abondante; il commence donc à pend pour l'ordinaire du nombre et de la gros
profiter pendant les temps doux de l'hiver et seur des brochets qu'on y a mis. On lui donne
du premier printemps. le nom de pèche folle parce que son succès est
On met pour la pèche d un an les 2/3 de l'em moins assuré que celui des pêches régulières;
poissonnage qu'on met pour la pêche à 2 ans, mais en cas de réussite son prod'iit est très
et l'empoissonnage doit avoir 4 1/2 à 6 po. en considérable. El le offre un brochet moins gros,
tre tête et queue. On met toujours de 10 a 25 il est vrai, que dans les pêches réglées, mais
liv. de tanches et 10 brochets pour chaque plus gras et pour l'ordinaire en grande quan
cent de 80 paires d'empoissonnage.Les tanches tité; la carpe est bien en chair, quoique un peu
sont aussi plus grosses; elles doivent avoir la coriace, et elle supporte facilement le trans
grosseur du pouce, pendant qu'il suffit qu'elles port. Quant à la tanche, il en^reste assez peu;
aient moitié de cette grosseur pour l'empois le brochet en est tellement avide qu'il la pour
sonnage à 2 ans. Le brochet ne se met qu'au suit à outrance et la préfère à tout autre pois
mois de mai après la pose faite; il doit être à son; cependant au hasard d'en pêcher peu, il
peu près d'une 1/2 livre. Il serait à désirer est nécessaire au succès du brochet d'empois
qu'on choisit pour cela des brochets d'un seul sonner l'étang en tanches.
sexe; on pourrait espérer d'en trouver au On retrouve encore à la pêche des empois-
moins le double en poids. Il arrive assez sou son nages de différentes qualités, de gros em
vent que le brochet ne réussit pas dans ces poissonnâmes de la pose de mai, qu'on nomme
pêches. En arrivant dans l'étang il se jette sur panneaux et qui se vendent jusqu'à 30 f. le
le frai et détruit parce moyen ses ressources cent (Tuonoissonnage à un an et deux ans,
pour l'avenir; et si les tanches ne sont pas et des camattiert ou plus petit empoisson
un peu fortes, et surtout si la nature du sol nage.
de 1 étang ne leur permet pas , en s'embour- Le produit de cette pèche ett faible lorsque la
bant, d'échapper à la dent ae leur ennemi, on pose de la première année n'a pas été abondante;
en trouve peu a la pêche; toutefois, comme alors on ne retrouve à la pêche que de la carpe
nous l'avons dit, il est toujours nécessaire d'y et du brochet, et le brochet, après avoir été
mettre du brochet. abondamment nourri, lorsqu il a consommé
L'empoissonnage à un an pète au moint le tout ce qu'il peut atteindre, dépérit ; elle est
double de celui à 2 ans et il coûte souvent plus faible encore lorsque le nombre des tanches
du double.Le prix de l'empoissonnage à 2 ans n'a pas été suffisant ou qu'il s'en est beaucoup
va de 4 à 6 f., et celui à un an de 8 a 12 f. La perdu. On retrouve à la pêche un grand nom
tanche se vend depuis 40 jusqu'à 60 f. le quin bre de poissons; mais la carpe et la tanche, af
tal ; elle est d'autant plus chère qu'elle est famées par la quantité (l'empoissonnage, sont
plus petite. Le brochet, pour l'empoissonnage maigres et petites, et les empoissonnages ont
de 2 ans, vaut de 6 à 8 sous la livre , et celui peu de valeur. Le peu de brochets qui reslrnt
d'un an 1/3 en sus. . est beau,mais ils sont trop peu nombreux pour
Y.'avantage le plut notable de cette pèche est indemniser de la perte. Ce cas arrive assez
de faire revenir le produit en avoine tous les souvent parce que peu d'étangs ont leur grille
2 ans au lieu de le faire revenir tous les 3 ans assez bien en état pour retenir le brochet qui
seulement. Le produit en avoine est souvent s'échappe de toutes parts a l'époque du frai.
double de celui du poisson, et sa paille offre Les pêches à 2 ans tournent quelquefoit en
des ressources de fourrages et de litière pré pèche folle lorsque le brochet y a manqué par
cieuses au cultivateur. Dans le Forez on fait l'une ou l'autre des raisons 1 '
198 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ETANGS. liv. v.
Section. X. — Accidents et destruction des coup desorages; lorsque la foudre a éclaté dans
poissons. le voisinage d'un étang ou peut-être sur l'é
tang lui-même, il arrive souvent qu'on trouve
Le poisson craint beaucoup la neige et, même
mér un grand nombre de poissons, et surtout de
l'eau de neige. Après quelques inslans qif<l'on brochets, morts. Cette année j'ai perdu do
l'a placé surcette' substance, le sang sort au cette manière en grande partie les brochets
tour de ses écailles et il meurt promptement. d'un étang de 10 hectares. On croit aussi que
Les hivers neigeux et accompagnés de beau la grêle est souvent fatale aux poissons; peut-
coup de glace fui. sont dangereux ; l'hiver de être cela tienl-il à une même cause, à l'état
89 fit périr une grande partie des poissons des électrique de l'atmosphère.
étangs. On a beaucoup disserté sur la cause , Les loutres sont aussi de dangereux ennemis des
qu'on ne parait pas avoir rencontrée.Depuis ce poissons; cet animal amphibie va les attaquer
temps, toutes les fois que la glace couvre les jusque dans leur élément et en fait un grand
étangs, on la casse vis-à-vis les places les plus carnage; on les prend avec des filets, on les
profondes qui servent de retraite au poisson tue à coups de fusils, des chiens les poursui
et on met dans le trou une botte de paille ou vent dans les terriers qu'elles se sont mé
de chènevoltes pour empêcher la glace de nagées, mais leur dent est acérée, et souvent
reprendre et permettre à l'air de s'introduire. elles les déchirent. Le renard, dit-on, détrui
Ce moyen parait utile, mais n'est point encore rait aussi des poissons, mais on ne sait par
un spécifique; il renouvelle évidemment l'air quelle industrie; le héron, les mouette* et une
nécessaire aux poissons et qui se trouve entre foule d'oiseaux d'eau vivent de petits poissons
la glace et l'eau, mais il est incertain que la et c'est à eux qu'on doit en grande partie la
cause de mortalité soit tout entière dans disparition à la pêche d'un quart ou d'un
l'air vicié. cinquième de l'empoissonnage qu'on avait
Le poisson pendant l'été souffre souvent beau- mis dans l'étang.
Section XI. — Du mode de pêche des étangs.
Fig. 210
Le «iode de pèche des étangs nous parait à cherie derrière la chaussée où s'arrêtent les pois
peu près uniforme dans les divers pays dont sons petits ou gros qui passent par le canal;
nous parcourons les usages. Partout, dans la mais lorsqu'on a des l houx établis dans le sys-
partie la plus basse se trouve un fossé ou bief Fig. 211. tème que nous avons pro
où le poisson se retire lorsqu'on fait couler posé, on se dispense de
l'eau. A côté du bief est un espace creusé à cette pêcherie au moyen
nn pied de profondeur de plus , auquel on d'une grille en fer qu'on
donne le nom de poêle ou de pêcherie. Place temporairement à
Un grand filet plus large que le biefse traîne orifice intérieur du ca
depuis la partie supérieure de l'étang pour nal de décharge. Cette
réunir tout le poisson dans la pêcherie; lors grille se glisse facilement,
qu'il y est réuni on le pêche avec des trubles ou au moyen de cordons qui
pioches (fig. 211); on le pèse ensuite ou on le la soutiennent, depuis le
compte , suivant les conventions avec le mar bord supérieur de la
chand, et on le met ordinairement dans des chaussée au-devant du
tonnettes. Un second coup de filet) réunit le canal dans l'étang ; une
poisson qui a échappé au premier. seule suffit pour tous
Dans quelques étangs on a mis une petite pê les étangs, parce qu'on
chap. 9<. CONSERVATION DU POISSON. 199
n'ea a besoin qu'au moment de la pèche. leurs feuilles dans des paniers à dos de cheval
Le poisson calme ou agité au sortir de la pê ou à dos d'homme en les plaçant sur un peu de
cherie indique s'il y aura ou non du danger paille ou dans un linge. Lorsque l'einpoisson-
pour son transport; l'agitation annonce un nage arrive on le reçoit dans des paniers et on
commencement de souffrance qui s'accroît le verse doucement au bord de l'eau; on
pendant la route. s'assure par ce moyen de la quantité que le
L'heure la plus favorable pour la pèche est transport a fait périr. Lorsque c'est du gros
celle du soleil levant. Quand on craint du dan poisson, on le place de même et on ouvre les
ger il faut remplir les tonnettes d'eau fraîche ouïes de celui qui parait en avoir besoin.
et au besoin y mêler moitié d'eau de puits. Dans la Brenne on prend un soin analogue,
mais encore mieux raisonné. Ils font en arri
Section XII. — Du transport du poisson. vant une petite enceinte avec du menu bois,
de la bruyère ou des roseaux dans un endroit
Dans l'Ain, le transport du poisson se fait peu profond de l'étang; ils y déposent leur
ordinairement dans des tonnettes ou petits empoissonnage en le sortant des paniers. Au
tonneaux d'un hectolitre et demi pleins d'eau bout de quelque temps de repos, si le poisson
fraîche. On met de 100 à 150 liv. de poissons est bienvif, on lui ouvre une petite issue dans
dans chacune , en séparant les brochets des l'étang; le poisson alors gagne la grande eau
carpes et des tanches. Ces tonnettes se pla sans danger, pendant que, sans cette précau
cent sur des charrettes qu'on conduit sans dé tion , le poisson jeté dans l'étang se noie ou
teler à leur destination. La quantité de pois s'étouffe en se plongeant la tête dans la vase.
sons des tonnettes varie suivant que les veuls Quant à leur gros poisson , lorsqu'on ne le
sont au nord ou au midi, que le transport sera transporte pas en tonnettes, on le charge sur
plus ou moins long et suivant la facilité qu'on des charrettes bien garnies de paille (fig. 212)
a de donner en route de l'eau fraîche au pois
son. Lorsqu'on est obligé de faire manger l'a Fig. 212.
voine au cheval, on ne le détèle pas afin qu'il
produise en mangeant de petites secousses qui
tiennent le poisson éveillé; au besoin le con
ducteur le remue dans la tonnette avec un
bâton ; il change en route l'eau aussi souvent
qu'il le peut, en préférant de beaucoup l'eau
de source ou au moins l'eau fraîche. En intro
duisant celte eau il remue son poisson , afin
que la nouvelle eau débarrasse autant que pos
sible le poisson de l'enduit visqueux qui le
couvre. Lorsque Lyon, point ordinaire de
destination, n'est qu'à 4 ou 5 lieues des étangs,
on l'y conduit en voiture: mais lorsqu'il est par lits alternatifs de paille et de poissons. Le
éloigné , on le mène à la Saône ou à la rivière brochet, plus délicat, se place au-dessus de la
d'Ain; on l'embarque alors en le plaçant dans carpe et on le recouvre de paille; on place à
des filets que traînent des bateaux, ou dans l'arrivée le poisson dans des réservoirs.
des bateaux percés de trous. Dans le transport à dos de cheval les pré
Dans la Brenne, les tonnettes ou tonneaux cautions consistent àouvrir de temps en temps
Îieuvent contenir 3 quintaux de poissons, aussi dans la route les ouïes des carpes, qui se col
curs frais de transport sont moins chers; lent, et à les faire dégorger souvent. La charge
mais il est à croire que la dimension des ton- d'un cheval est de 150 hv. dans les 2 paniers.
nettes de l'Ain est plus favorable à la conser Le transport du poisson de Sologne est plus
vation. L'expérience y a conduit à diminuer difficile qu'en Dombes; la distance des riviè
d'un tiers la contenance de 2 hect. des vieilles res et des grands débouchés est plus grande.
fûtes pour le vin, qu'on emploie à cet usage. Nous pensons que leurs moyens de transport
Le poisson se porte à dos de cheval dans le sont préférables; ils sont d'ail'eurs analogues
Daupniné ou la Savoie; il est alors placé sur à celui qu'on emploie dans l'Ain pour la Sa
de la paille, et toutes les fois qu'on s'arrête on voie et le Dauphiné. La soustraction de l'eau
le met dégorger dans des réservoirs. Ou a»oiii au poisson ne lui est pas promptement mor
d'ouvrir de temps en temps dans la roure les telle. M. Duhajsd rappelle dans son écritqu'on
ouïesdescarpes; lorsqu'on transporte de belles a conservé pendant plusieurs mois des carpes
pièces, on tient leurs ouïes séparées avec une en lieux frais dansdes filets suspendus et garnis
pelure de pomme ou une rouelle de pomm° de de mousse qu'on arrosait fréquemment, et sur
terre. On met 3 jours pour arriver à Cham- laquelle on plaçait, pour les nourrir, du pain
béry; le voyage se fait sans avarie si le froid ou détrempé dans du lait; il parle encore de car
la chaleur ne se sont pas fait trop sentir.Lors- pes transportées à de grandes distances dans
que le poisson arrive on enlève avec un linge des caisses percées de trous, garnies de mousse
fin le gluten qui colle les ouïes. humide sur laquelle on les couchait après
Lorsque les Bressans veulent changer Veau avoir séparé les ouïes avec des pelures de pom
des tonnettes, ils donnent l'eau nouvelle par mes.
l'ouverture supérieure , en faisant déborder
l'eau par-dessus sans la tirer par le bas. Dans Section XIII. — Conservation du poisson.
le Forez ils vident leurs tonnettes par le bas
et les remplissent en même temps par le haut Les poissonniers conservent le poisson dont
en continuant de laisser couler jusqu'à ce que de grandes caisses de chêne percées de trous,
J'eau sorte claire. Us transportent volontiers qu'ils placent dans des rivières ou dans des
300 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. uv. v.
réservoirs. Une tonnette percée de trous est oui, les inondant, refroidissent le sol, donnent
un moyen commode de conservation pour la de la force aux herbes aquatiques et affaiblis
consommation d'une maison particulière. sent en même temps les jeunes céréales; l'a
Le poisson se garde mieux dans le cuivre que voine, surtout, craint beaucoup celte inonda
dans le boit et dans le chêne mieux que dans le tion. Le sol recèle dans son sein des myriades
sapin, dont il craint l'odeur et la saveur rési de graines qui ne pourrissent pas sous les
neuse; une poignée de farine de seigle, de la eaux et qui, lorsque l'étang est en assec,
fiente de vache ou de cheval, du jus de fumier poussent et couvrent la surface; si l'humidité
aident à le conserver. Toutefois s'il est nom et le séjour des eaux viennent favoriser la vé
breux dans un vase où l'eau ne se renouvelle gétation de ces plantes aquatiques, la céréale,
pas, il faut le changer assez souvent. Par le sé l'avoine surtout qui n'a pas encore eu le temps
jour dans la même eau, leur corps se recouvre de prendre de la force, est étouffée par leur
d'un enduit visqueux qui parait beaucoup leur produit. On sent dans ce cas l'utilité d'un
nuire, surtout si le temps est chaud. large canal d'évacuation; on y supplée par un
second canal auquel on donne le nom de bâ
Section XIV. — De la culture de l'étang dans chasse borgne; l'orifice intérieur de ce canal se
les années d'assec. bouche de terre dans l'étang en eau et s'ouvre
dans l'étang en assec pour hâter le débit des
Nous avons dit précédemment que le pro eaux d'inondation. Mais on conçoit qu'une
duit des étangs alternés en eau et en laboura rivière de ceinture est un moyen plus sûr,
ges était plus considérable. L'usage est d'avoir plus complet, et utile dans l'étang en eau
2 ans d'eau et une année de culture; cepen comme dans l'étang en assec.
dant lorsque le sol est d'une nature argileuse, En Dombes, le propriétaire qui habite sur
2 années d'eau tassent quelquefois le terrain les lieux, ou son fermier général, fait cul
de manière à ce qu'un seul labour ne parvient tiver les domaines à moitié, ou les amodie en
pas à l'ameublir; dans ce cas il est plus profi argent et s'en réserve les étangs; il les em
table de ne donner qu'une année d'eau. On poissonne à son compte et l'année de la cul ture
trouve dar s cet^.e nature de sol grand avan il les fait ensemencer à moitié par les fermiers,
tage à faire geidi* ce terrain, et pour cela on qui fournissent toute la semence et ont pour
pèche au commencement de l'hiver. Les étangs eux toute la paille avec la moitié du grain,
brouilleux, c'est-à-dire où abonde la brouille toutefois avec le prélèvement des affauures
fétuque flottante (fesluca fluitans) sont dans le de moissons et de battaisons qui sont le cin
même cas. On y trouve de plus l'avantage de quième du produit total en grains.
faire pourrir cette plante aquatique pendant Depuis quelques années on a imaginé un
l'hiver. Les étangs sablonneux doivent rester cours de culture que l'expérience a prouvé tris
couverts d'eau jusqu'au moment des semail profitable. La première année d'assec se con
les, et on les laboure pendant que le sol est sacre à une jachère d'été dans laquelle on la
encore humide, pour lui donner un peu plus boure profondément ; cette jachère est suivie
de consistance. Dans le sol argileux, le labour, de seigle ou froment qui donne une récolte
autant que possible, doit se faire quand le ter abondante; le produit en poisson qui lui suc
rain est presque sec. cède et l'avoine qui le suit sont par- là beau
Un seul labour en planches de 3 à 4 pieds, coup améliorés; il serait à désirer que cette
bombées dans le milieu et sur lesquelles on jachère pût revenir de temps en temps , parce
donne un coup de herse , suffit pour la se que la terre se tasse de nouveau sous l'eau
maine. On couvre la semence avec un ou plu et le labour léger de l'avoine. Cet assolement
sieurs hersages; une dernière façon à la herse, ne peut se suivre que dans les étangs d.ms les
donnée lorsque la plante est sortie, est sou quels on est maître, soit de l'assec, soit de
vent très utile; elle sarcle en quelque façon la 1 évolage.
céréale et détruit la mauvaise herbe qu'on Les labours profonds sont donc, à ce qu'il
pourrait craindre. Les soins que nous venons me semble, éminemment utiles aux produits
d'indiquer sont ceux qu'on donne à lasemaille de toute espèce des étangs; on conçoit bien
d'avoine, qui est le produit le plus fréquent alors que, dans les systèmes de culture
dans les étangs. On sème un quart plus d'a où on ne les laboure pas, les produits doivent
voine qu'on ne sèmerait de blé. être inférieurs. Dans la Brenne on ne les
Lorsqu'on veut semer du froment dans un laine en assec que chaque 11* année;
étang, il faut le pécher avant la fin d'août ou cette année même ne produit qu'un mauvais
vers le milieu de septembre. Dans le premier pâturage , parce qu'il est impossible de faucher
cas on le laboure à plusieurs reprises, et on le dans ces étangs infestés de mottes de roseaux
sème en octobre dans la terre ainsi bien pré et de carex.
parée.
Lorsqu'on pêche en septembre on laisse Section XV. — Du pâturage des étangs.
ressuyer les fondspendant une dizaine dejours,
au bout desquels on donne un labour. On sème Lorsque les étangs sont en eau , leur pâtu
ensuite le froment après un premier hersage et rage offre une assez grande ressource. Ce sont
on recouvre la semence par un deuxième coup ceux surtout où abonde la brouille qui offrent
de herse. Cette dernière méthode s'appelle se le plus d'avantage. Au premier printemps, cette
mer sur la boue ;el le est souvent aussi profitable framinée tapisse la surface des eaux ; les bêtes
que l'autre; en 1835 un étang ainsi semé m'a cornes et les chevaux en mangent avidement
produit plus de onze fois la semaille. les pousses nouvelles et se remettent assez
Les rivières de ceinture sont éminemment proraptement de la disette des fourrages
utiles pour la mise en culture des étangs. Elles qu'ils ont presque toujours éprouvée pendant
défendent les récoltes contre l'arrivée des eaux 1 hiver. Au milieu de l'été , lorsqu'elle monte
s
0'. DU PRODUIT COMPARÉ DÉS ÉTANGS. sot
en graine , 8e9 liges durcissent et cessent d'être beaucoup baisser et n'être que le 1/3 de celui
recherchées des bestiaux; mais la graine, à ce que nous venons de donner comme terme
2u'il parait , devient très utile au poisson. En moyen. Dans le temps où l'on voulait tout
ologne, où elle est très abondante, on la re mettre en étangs , on agit comme dans toute
cueille sous le nom de manne de Pologne et on circonstance où l'engouement tient lieu de
en fait des potages très savoureux; la sève raison. On fil de très grandes dépenses pour
d'automne, après la fructification, fait pous mettre en étangs des fonds qui produisent très
ser à la brouille de nouvelles tiges, qui de peu en poisson, et qui auraient pu produire
viennent de nouveau du goût des bestiaux de bons bois ou être labourés et cultivés avec
comme au printemps. quelque avantage. Les chaussées qui environ
Cette graminée repousse avee une grande vi nent ces fonds, souvent de trois côtés , coûte
gueur et presque a mesure que ses tigessont con raient maintenant beaucoup plus à faire que
sommées. Le rédacteur de l'article Etanjf, dans le fonds n'aurait de valeur vénale.
la statisque de l'Ain , cite un étang brouilleux Dans les fonds de qualité moyenne dont nous
qui nourrit 40 têtes de bétail depuis le com avons parlé, le produit de l'assec est regardé
mencement du printemps jusqu'à la mi-mai comme double de celui du poisson; le produit
et depuis le mois d'août jusqu'à l'hiver. Quoi de l'avoine est de 20 à 25 hectolitres par hec
que les étangs ne soient pas toujours si produc tare.
tifs, ils offrent réellement un grand avantage Dans le Forez le produit donné par M. Du
comme pâturage; mais ce n'est encore que les rand est plus considérable; les frais d'empois
étangs labourés qui peuvent fournir ces gran sonnage sont aussi plus forts; leur empois-
des ressources, parce que les autres sont in sonnage d'un an pèse 7 à 8 onces , pendant qu'il
festés de plantes perennes qui sont une mau ne pèse que moitié dans l'Ain. Le produit brut
vaise nourriture pour le bétail. en poissons y serait de 100 fr. par hectare et
Le fenouil d'eau (phellandrium aquaticum), par an, dont ils ôtent moitié pour frais d'em
Eoison pour l'homme, est très recherché du poissonnage, de garde et de pêche; il resterait
était. Il croit au milieu des étangs les plus en produit net 50 fr. Le produit de la pèche
profonds et les bestiaux vont le chercher à la de deuxième année s'évalue à 1/8" de moins
nage; il parait aussi utile au poisson, du moins que celle de première année. Le produit en
les étangs qui le produisent donnent de plus assec, au contraire de ce qui se passe dans le
gros poissons. département de l'Ain , est regardé comme in
Dans quelques étangs se trouvent en abon férieur à celui du poisson , en sorte que le
dance une variété de scirpusmaritimus; les co produit net moyen annuel de l'hectare du
chons sont très avides de sa racine; ils vien terrain en étang serait de 40 fr. Cependant les
nent la chercher de fort loin et dévastent, si étangs se sont relativement moins accrus que
on n'y prend garde, les étangs en avoine. dans le département de l'Ain; mais l'usage
La chasse des étangs offre aussi de l'impor des pèches d'un an et du labour des étangs est
tance; il est tel grand fonds où, le jour Je la devenu tout-à-fait général.
chasse, on tue plusieurs centaines de têtes de M. de Morogues évalue le produit annuel à
gibier, qui se composent de morelles, de ca un quintal de poisson par an etpar hectare. Si
nards et de sarcelles. La chasse se fait au fu on évalue le quintal de 25 à 30 (r.,et qu'on ôte
sil et dans des bateaux; le canard fuit au pre moitié pour 1 empoissonnage, le chômage, ce
mier coup de fusil, mais la morelle ne fait qui est sans doute beaucoup, on aurait 12 à
que changer de place et se laisse détruire sur 15 fr. par an pour le produit net moyen de
1 étang pendant tout le jour de la chasse ; la l'hectare d'étang. Ailleurs il ne porte ce pro
nuit, celles qui ont échappé au carnage se ras duit net qu'à 5 fr. Ces deux chiffres, donnés
semblent pour partir et ne plus revenir. par un propriétaire qui habite le pays, seraient
assez difficiles à concilieretnes'expliqueraient
Section XVI. — Du produit comparé des que par la grande différence de valeur du
étangs. poisson dans les différens cantons de la So
logne. Mais ces résultats, en prenant même
Dans le département de l'Ain , on estime en le plus fort, prouvent surabondamment que
moyenne, dans la pèche à 2 ans, à 60 fr. par an le produit des étangs, non alternés en labou
le produit par cent d'empoissonnage assorti rage, est peu considérable.
de ses tanches et de ses brochets. Il faut en Enfin M. de Marivaux estime le produit en
déduire les frais d'empoissonnage qui sont en Îioisson annuel, d'un hectare de première qua-
moyenne de 10 fr. par cent d'empoissonnage ité,danslaBeauce,à32 fr. 50c, déduction faite
à 2 ans et de 15 à 20 fr. pour frais d'empois de l'empoissonnage et des frais; si on retran
sonnage à 1 an , en y comprenant les tanches che les frais de pêche et le chômage de la
et les brochets. La pêche à 1 an vaudrait, peut- ouzième année, ce produit se réduit à 28 fr. ;
être un peu plus de 60 fr. par cent d'empois il est de très bons fonds, dans le département
sonnage, surtout si les brochets ont réussi. de l'Ain, qui donnent un produit triple.
Dans un étang de bonne qualité la carpe, en Le résultat de ces comparaisons de produits
2 ans , augmente dans la proportion de 1 à 16, serait donc évidemment que l'assolement al
c'est-à-dire qu'une carpe de 2 onces arrive à ternatif en labour et en poissons est sans compa
2 liv.; le brochet d'un quarteron arrive à 2 et raison le plus favorable au produit; d'ailleurs
8 liv. et la tanche quadruple ou quintuple son il fournit tous les 2 ou 3 ans, sans engrais, une
poids. Mais il y a dans tous ces produits bien récolte abondante de paille qui est une res
du hasard , et c'est pour cela que nous avons source très précieuse pour le domaine; il est
réduit le produit moyen au-dessous de ce ré encore moins malsain, parce que la terre de
sultat. Lorsque 1* sol se tasse facilement ou l'étang, labourée en planches bombées, à me
çu'U est de mauvaise qualité, ce produit peut sure que par l'évaporation de l'été le sol se
Agriculture. tome IV. — 26
302 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. MV. V.
découvre, s'égoute beaucoup mieux que le nérale du pays fut donc attaquée jusque dans
soi couvert de joncs, de carex et de plantes ses sources les plus fécondes par une opéra
aquatiques. tion qui favorisait quelques intérêts indivi
duels; en même temps,par une réaction toute
Section XVII. — Du dessèchement des étangs. naturelle et qui se reproduit toujours, la di
minution de prospérité agricole, de salubrité
Cette question qui intéresse la salubrité de- et de population se fit sentir au pays tout en
vient, en quelque façon, par-là une question tier. Ceux mêmes qui avaient trouvé quelques
d i n térèt pu blic. Nous avons vu précédemment bénéfices présens et matériels à construire
que cette grande mesure ne pouvait pas être des étangs, ou au plus tard la génération qui
ordonnée comme elle l'a été en masse une les suivit, perdirent beaucoup plus qu'ils n'a
lro fois par la législation; il serait toutefois à vaient d'abord gagné. Ceux de leurs tonds qui
désirer que sur les réclamations des commu- ne furent pas inondés, c'est-à-dire les 5/6 de
jies ou des particuliers, le dessèchement d'un la surface, virent s'évanouir la moitié de
étang put être ordonné, sauf indemnité au leurs revenus nets ; mais il est bien difficile de
') •() orietaire, et que, comme nous l'avons dit revenir à meilleur ordre et à l'état ancien des
orécédemment, on ne pût pas construire un choses. Les propriétaires actuels ont encore,
nouvel étang ou en agrandir uu ancien sans en général, le même intérêt à conserver leurs
une enquête de commodo vel incommodo. étangs que leurs devanciers ont eu à les éta
Nous avons vu plus haut qu'une dépense blir; il est donc impossible de leur demander
actuelle de sept millions au moins serait né un dessèchement spontané pour lequel il leur
cessaire pour mettre en étang les 23,000 hec manquerait les moyens nécessaires aussi bien
tares inondés du département de l'Ain; il se que la volonté. Le gouvernement peut res
rait impossible, dans le moment présent, de treindre l'établissement de nouveaux étangs,
faire l'avance de cette somme énorme avec les et il serait à désirer qu'une exemption d'im
ressources qu'offre le pays, en supposant pôts pendant vingt ans pût être accordée à
même que les constructions ne se fissent que ceux qui dessécheraient les leurs, en frappant
dans un grand espace de temps; il est. donc d'un impôt double, pendant le même-temps,
tout-a-fait probable qu'à l'époque de la cons ceux qui les rétabliraient après les avoir des
truction de ces étangs, où le prix du travail séchés et avoir profité de l'immunité.
comparé à la valeur des fonds était relative Le tort de ceux qui dans le temps étaient
ment beaucoup plus élevé, le pays était plus chargés des intérêts généraux fut de ne pas
riche, plus prospère qu'il ne l'est maintenant. deviner l'avenir qui menaçait la contrée par
Des anciennes villes ruinées, où se trouvent l'établissement des étangs, et de favoriser par
encore beaucoup de maisons sans habilans; une foule de dispositions spéciales leur
d'anciens châteaux dont on a démoli une construction. Maintenant les choses en sont
grande partie, et dont la plupart de ceux qui à un point que l'autorité légale ne peut tout à
restent sont à peine habités: enfin les traces couples changer; mais elle peut bien, dans le
d'une cul ture ancienne qu'on rencontre sur des Code rural , prononcer la cessation de toute excep-
terrains en bois ou en pâturage, prouvent en lion favorable pour les étangs qu'on voudrait
core d'une manière plus précise le fait d'une établir, en même temps que, comme nous
l'avons dit, elle les classerait dans l'une des
catégories des éiablissemens insalubres en in
terdisant leur construction à moins de 500
ment des étangs. Les étangs, dont on ne peut mètres des bâtimens.
aujourd'hui se passer,qui représentent presque Le dessèchement de certains étangs est sou
tout le produit net du pays , qui sont une né vent une opération d'un très grand produit;
cessité agricole dans l'état actuel des choses , mais c'est surtout le dessèchement de ceux
ont donc été, pour l'avenir de lacontrée, plutôt qui sont toujours en eau. Un étang de II hec
un moyen d'appauvrissement que de richesse. tares, sur lequel était un moulin, et dont le re
Dans le temps les propriétaires trouvaient venu n'était pas de 300 fr. , est maintenant
sans doute avantage à inonder leurs fonds, une petite prairie qui produit annuellement
puisqu'ils l'ont fait en un aussi grand nombre 2000 fr.; au-dessus et au-dessous de cet étang
de lieux ; le prix élevé du poisson, son facile s'en trouvent deux autres d'une plus grande
débit, le peu de main-d'œuvre nécessaire à la étendue, dont le dessèchement a encore été
culture engagèrent à construire des étangs, plus utile.
mais les intérêts généraux et bientôt les inlé- 3T. Doulset, propriétaire à Paracuy, dans
térêts particuliers en souffrirent eux-mêmes; le Berry, a changé un étang de 1000 fr. de lo
l'insalubrité du pays s'accrut, la masse géné cation en une prairie qui en rend 5 à 6000.
rale de la main d'oeuvre nécessaire à la culture Eu Dombes, l'étang du grand marais qui ne
du sol diminua; avec un moindre besoin de s'asséchait jamais a été desséché et assaini par
bras, une partie de la population cessa d'avoir M. de Belvey qui en retire maintenant un
de l'emploi et alla en chercher ailleurs; la produit beaucoup plus considérable; un autre
construction des étangs absorba une grande élang, dans la commune de Villiers, dont l'é-
partie du capital agricole; les étangs devenus volage appartient à M. de Latour-Maubouhg
une fois le produit principal , la culture des et l'assec à MM. Greppo et autres proprié
autres fonds fut négligée : la plupart des fonds taires, desséche maintenant, donne d'immen
des vallons, couverts de prairies furent chan ses prodnils qu'on a beaucoup accrus par des
gés en étangs dont le produit était plus élevé; chantages bien entendus. Enfin la Bresse était
"agriculture, dans toutes ses branches, fut couverte d'étangs dans les siècles derniers ; des
donc énervée et tomba dans la langueur où prés de bonne qualité les remplacent presque
nous la voyons aujourd'hui. La prospérité gé partout et produisent, sans doute 2 ou 3
CHAT. 9'. DES VIVIERS. 203
fois autant que lorsqu'ils étaient eu eau. Leur Les étangs qui, pendant longues années , ont
dessèchement est assez ancien, son époque est reçu les eaux de toutes les parties supérieures,
oubliée, et si les chaussées, les titres et les se sont enrichis de leurs débris; la chaux em
lieux dits ne les rappelaient, on ne soupçon ployée sur ce sol y produit le plus grand effet.
nerait pas l'ancien étal des choses. Nul doute M. Gaeppo a retiré 16 pour 1 en froment de
que dans la Dombes et dans la plupart des ses portions d'assec de l'étang dont nous avons
pays d'étang, une grande partie de ces fonds parlé, et qu'il a amendées avec de la chaux.
desséchés ne parvinssent enfin à donner du Les terres étant rendues productives par les
fourrage d'assez bonne qualité. Partout les amendemens calcaires on en voudra augmen
étangs n'ont pu être établis que dans le fonds ter l'étendue, et pour celaon mettra en culture
de petites vallées , et c'est là partout la po les étangs qui s égoùtent avec plus de faci
sition des prés. Mais comment arriver à l'état lité. La ferme dans laquelle le travail à la
de prospérité et de richesse agricole néces charrue s'est accru, aura besoin aussi d'ac
saire dans les pays d'étangs pour cet impor croître le nombre de ses bestiaux et par consé
tant changement ? quent ses fourrages; on mettra donc en prés
Dans les parties assez nombreuses où un sol les étangs les plus bas et qui reçoivent le plus
glaiseux, tenace et qui se tasse sous les eaux d'eau. La population et les bras qui manquent
ou par l'effet seul de la pluie, ne donne que seront appelés dans le pays parce qu'ils y trou
des étangs tout-à-fait médiocres, leur destruc veront de l'emploi, de l'aisance, et un prix de
tion ne doit pas être longue à attendre. Cette salaire élevé. On laisserait sans doute encore
nature de sol le plus souvent peut produire en eau quelques étangs, parce qu'il est des
de bon bois, et le prix de cette denrée s'est sols et des positions où aucun autre produit
presque partout élevé de manière à produire ne leur est supérieur, mais ils resteront en
un revenu supérieur à celui de ces mauvais petit nombre, et placés dans une contrée ri
étangs; des plantations de bois sont donc che, féconde et assainie, ils seraient désormais
tout-a-fait convenables et n'exigent pas des sans inconvéniens.
avances considérables. Ainsi, dans une pro Il faut, il est vrai, bien du temps pour
priété qui contenait 9 étangs, nous en avons réaliser tout cet ensemble de prospérité; mais
fait planter 7. Déjà, au printemps , le sol jadis toutes les circonstances s'enchaînent, se né
en eau commence à verdir sous le feuillage; cessitent l'une et l'autre; elles dépendent sou
dans la place qu'occupaient ces réservoirs vent d'une première impulsion; cette impul
d'eau insalubres, tristes à voir et d'un mince sion est donnée dansl'Ain.TJne foule de grands
produit, la verdure vive et variée des diffé propriétaires s'empressent d'employer la
rentes variétés d'arbres résineux commence chaux ; des moissons abondantes et des four
à se nuancer pendant toutes les saisons. Si les rages vigoureux récompensent leurs avances ;
derniers étangs ne sont pas plantés, c'est toute la contrée est témoin de ces succès , et
qu'il aurait fallu discuter judiciairement des le temps n'est peut-être pas loin ou chacun
prétentions au pâturage. Le dessèchement dans ce pays fera ses efforts, suivant sa posi
des contrées analogues offrirait donc peu de tion, pour se procurer de la chaux, moyen
difficultés lorsque l'assec et l'évolage appar fmissantetdurable de fécondité et, nous osons
tiendraient au même propriétaire; dans le e dire, de salubrité.
cas contraire, les difficultés nous paraissent
assez grandes. M. Varennes de Jemlle, en Section XVIII — Des viviers.
discutant celte question prouve, que , dans le
cas de dessèchement, il devrait être attribué $ Itr. — De l'usage de» viviers.
au propriétaire de l'évolage 5/9 de l'étendue
et 4[9 au propriétaire du sol. D'ailleurs l'as Lesviviers ou réservoirs sont des pièces d'eau
sainissement de ce sol d'étang est facile: un pour conserver ou engraisser le poisson. C'est
petit nombre de fossés, pratiqués dans les un établissement très utile àlacampagne.Outre
Earties basses et qui aboutissent à l'ancien l'agrément d'une pièce d'eau qui anime, vivifie
ief, assainissent toute la surface. et varie le coup d'œil des jardins , il procure
Quant aux pays où les étangs offrent plus le grand avantage de tenir le poisson prêt pour
d'avantage, dans le chapitre ie '■et ouvrage où ie moment du besoin. A la ville les poisson
nous avons traité des amendemens calcaires niers se chargent de ce soin, mais à la campa
( tom. I", pag. 60), nous avons vu que tous gne cette ressource manque. Nous n'entrerons
les pays de sol argilo-siliceux pouvaient de pas dans les détails des constructions et des
voir à leur emploi de grandes richesses agri usages des viviers des anciens ; c'était un objet
coles; nous avons vu que, suivant toutes les sur lequel ils avaient porté tout leur luxe et
probabilités , ces amendemens, en apportant la toute leur industrie; mais c'était surtout des
richesse dans un pays, y apporteraient aussi viviers d'eau de mer qu'ils avaient établis ;
la salubrité. Nous remarquerons maintenant ils y conservaient à leur disposition des pois
que dans tous les pays ou les amendemens sons de toutes les mers connues et de toutes
calcaires sont généralement employés, les les tailles.
plateaux argilo-siliceux n'offrent point d'é Les réservoirs des modernes sont plus mo
tangs et ne sont point insalubres; nous en destes et mieux assortis à nos mœurs et à nos
conclurons que leur emploi dans les pays habitudes; ils sont destinés particulièrement
d'étangs, en doublant le produit du sol cul aux trois espèces de poissons dont nous avons
tivé, en enrichissant le propriétaire et le cul parlé : aux carpes , aux tanches et aux brochets.
tivateur, leur donnerait les avances néces Il est a propos d'avoir 2 réservoirs pour cha
saires pour se passer du moyen insalubre des que espèce, ou au moins 2 séparations dans un
étangs et appeler sur leur sol desséché toutes seul reservoir.Le brochet doit être seul, parce
les cultures productives. que autrement il dévore ou fait au moins pé
204 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS i.iv. v.
rirles 2 autres espèces ; la faim lui fait attaquer sources peu abondantes viennent les rafraîchir.
les carpes d'un poids presque égal au sien ; il L'année dernière, dans le fort de la sécheresse,
ne peut les avaler, mais il les blesse cruelle des carpes et des brochets ont péri en assez
ment, et le plus souvent elles succombent aux grand nombre dans des réservoirs alimentés
suites de ces blessures. On le nourrit avec des par des sources, mais auxquels manquait de la
petits poissons. On le conserve aussi sans lui protondeur.
donner de nourriture, qu'il n'est pas toujours Si les réservoirs sont assez grands pour que le
facile d'avoir sous la main et qui, a la longue, poisson puisse y faire de la feuille, il est bon
serait très dispendieuse. Lorsque l'eau du ré 3ue l'un des bords au moins soit en pente
servoir est vive, que quelques sources l'ali once, pour faciliter le frai. On se défend
mentent et que le fond n'est pas vaseux , il y des maraudeurs en plaçant des piquets dans
maigrit sans nourriture, mais néanmoins se le fond des viviers pour empêcher 1 action des
conserve ferme et d'excellent goût pour le filets; mais il est néanmoins à propos de se con
moment de la consommation. server au moins une place profonde où l'on
Dans des pays d'eau vive on a aussi des ré Ïmisse soi-même, avec un épervier, prendre
servoirs de truite» , mais il faut que leur eau soit e poisson au moment du besoin, autrement
près de la source et qu'elle se renouvelle fré on est obligé de faire couler son réservoir, ce
quemment. La truite est aussi un poisson vo- qui n'est pas sans un grand inconvénient si on
race; il faut donc l'alimenter avec de petits n'a pas une source abondante pour le remplir.
poissons de rivières ou d'étangs. On jette quelque amorce dans cette espèce de
Les carpes et les tanches se nourrissent avec pêcherie, et on y envoie an besoin le poisson
plus de facilité; on envoie, si l'on peut, avec en battant l'eau dans les autres parties du ré
grand avantage, dans leurs viviers , les eaux servoir.
des écuries, des éviers; les débris de la table,
Jes balayures de la maison leur conviennent $ II. — De la construction des vivien.
à merveille; le fumier, frais ou vieux, les
grains de toute espèce, cuits ou crus, liés entre Il faut choisir aux réservoirs une position
eux avec de l'argile; les boulettes de pommes favorable; un pli ou une inflexion de terrain
de terre cuites, pétries avec des farines d'orge, leur est presque nécessaire, comme à l'éta
de froment, de mais ou de sarrasin, les sa blissement d"un étang; s'il ne s'en trouve pas,
lades crues, les racines hachées, toutes ces il faut alors creuser sur un terrain en pente;
nourritures entretiennent et engraissent la car la pente est absolument nécessaire aux
carpe et la tanche dont la chair est d'autant réservoirs, autrement on ne pourrait pas les
plus délicate qu'on les a mieux nourries. vider, soit pour prendre le poisson, soit pour
Il parait qu'à Strasbourg on engraisse les débarrasser le fond de la bourbe qui s'y éta
carpeaux du Rhin, et on les fait grossir dans blit.
des réservoirs d'ou on les tire pour les de Si on n'a point d'eau de source pour son
mandes du pays, et souvent de Paris. En Hol réservoir, il faut l'établir dans un point qui
lande on engraisse les carpes sans eau, sus reçoive une quantité d'eau de pluie capable de le
pendues dans des filets où elles reposent sur remplir en peu de temps ; les eaux grasses ,
de la mousse humide, avec de la laitue et les eaux des cours, des terres labourées, con
de la mie de pain imbibée de lait; la courge viennent beaucoup mieux que celles des
ou l'orge bouillie conviennent aussi très bien bois ou des terrains maigres.
pour cet objet. Si on a été obligé de creuser son réservoir,
On fait dans les réservoirs la provision d'hi on recommande de le laisser sans eau , exposé
ver des carpes avec de grosses masses d'ar pendant un an aux influences atmosphériques
gile pétrie avec de l'orge ou d'autres grains; avant d'y retenir l'eau.
le poisson attaque cette argile et consomme, à Mais ici, comme dans les étangs , Pline des
mesure du besoin, le grain qui s'y trouve; la premières conditions est d'avoir un sol imper
carpe sans nourriture maigrit beaucoup, mais méable, à moins que le vivier ne soit alimenté
se conserve ferme et de bon goût, si les eaux par des eaux abondantes et qui coulent sans
des réservoirs sont vives et reçoivent des cesse. Si le sol est imperméable et qu'on ait
sources ou un peu d'eau courante. Il est es une inflexion dé terrain, une chaussée en
sentiel dedébarrasser fréquemment le fond des terre se fait avec les mêmes soins et sous les
viviers de la vase qui s'y forme, sans cela la mêmes conditions que nous avons vues pour
carpe y prend un goût de bourbe fort désa les étangs; lorsqu'on a creusé le sol on fait la
gréable. Cette saveur peut se perdre par le chaussée avec les terres du déblai.
séjour un peu prolonge dans une eau vive. Si le sol n'est pas imperméable, il faut y
La boue des réservoirs est un excellent en- suppléer par l'industrie; on peut alors glaiser
frais pour la plupart des terrains, quand on le fond, c'est-à-dire le garnir d'un corroi
ui a laissé passer quelques mois à l'air; on est d'argile pure d'un pied aépaisseur. Les An
donc amplement dédommagé du soin et des glais se sont bien trouvés de mettre un lit de
frais de curage. chaux sous le lit d'argile ; cette chaux repousse
Le réservotr doit être placé en lieu aéré et qui les insectes, défend par conséquent le corroi.
reçoive le soleil. Des arbres nombreux, qui y La marne ne vaudrait rien pour cet objet,
jettent leurs feuilles et leurs débris font de la parce qu'elle se pénètre par 1 eau et se délite
vase et sont plus nuisibles qu'utiles aupoisson. facilement. Pour s'assurer que l'argile n'est
Il leur faut aussi une certaine profondeur, point calcaire, quelques gouttes d'acide avec
pour que l'eau pendant l'été ne prenne pas lesquelles on touche l'argile décident la ques
une température trop élevée; sans cela les tion ; lorsqu'il n'y a point d'effervescence, on
poissons périssent dans les jours chauds et a de l'argile pure; l'argile effervescente est
longs de la canicule, alors même que quelques marneuse. Le corroi ou la clave s'établit avec
CHAT. 9*. DES MARES ET DE LEUR CONSTRUCTION. 205
les mêmes soins que nous avons recom Section XIX. — Des mares et de leur construc
mandés pour les chaussées d'étangs. tion.
On fait la chaussée du réservoir en y met
tant uneclavede 2 pieds au moins, d'épaisseur Les mares sont des réservoirs d'eau desti
d'argile. nés à abreuver le bétail ; elles sont presque de
On parvient par ces divers moyens à avoir i" nécessité dans une exploitation, et comme
un réservoir qui ne perde pas l'eau. Cependant il faut qu'elles conservent l'eau pendant l'été,
le temps, les poissons, les insectes et les soins elles doivent être en sol imperméable ou
de curage, détruisent bientôt le corroi du fond rendu tel par l'art.
dans lequel les moindres fissures suffisent Si on a des sources, il suffit d'agrandir le lieu
pour perdre l'eau. Pour faire donc un ouvrage où elles sourdeut, et le terrain dans ce point
solide et durable, il faut garnir le fond et les est d'ordinaire assez imperméable pour que
bords d'une couche de 6 pouces de bon béton le réservoir reste plein.
de chaux hydraulique, te moyen est plus Si on n'a point de source, la mare doit être
cher sans doute mais il est de toute durée et placée de manière à pouvoir y attirer une
à l'abri de presque tous les accidens. On assez grande quantité d'eau de pluie pour
trouve maintenant à peu près partout la la maintenir pleine pendant toute l'année.
pierre pour faire la chaux hydraulique ; la dé Il faut chercher à y envoyer l'eau des
pense n'est donc pas plus considérable qu'a toits qui fournit toujours une assez grande
vec la chaux ordinaire. Avec de la chaux hy masse, parce qu'elle ne s'imbibe pas à mesure
draulique à 2 fr. l'hectolitre on 20 fr. le mètre de sa cnute, comme celle qui tombe sur le
• cube, prix sans doute très élevé, et du sable sol. L'eau des fumiers s'emploie beaucoup
ou gravier à 2 fr. le mètre cube, on peut fa plus utilement sur des prés à peu de distance
briquer du béton à moins de 10 fr. le mètre de la maison; elle les féconde d'une manière
cube ou 85 c. le pied cube ; le mètre carré du très remarquable; mais si on n'en a pas l'em
fond du réservoir reviendra donc à moins de ploi et qu'elle soit perdue pour l'exploitation,
4fr. on peut la recevoir dans la mare; elle en al
Le béton se fait plus économiquement et tère la couleur, la saveur peut-être; mais elle
meilleur, même avec le gravier qu'avec le sable est assez du goût des bestiaux, qui n'en veu
fin. Dans un béton bien fait, la chaux doit en lent point d'autre quand ils y sont habitués.
velopper chaque molécule, et il est bien évi Cet usage est répandu dans tin grand nombre
dent qu'un gros gravier demande, pour être de pays; on l'a beaucoup critiqué, mais on l'y
enveloppé, beaucoup moins de chaux qu'un conserve, et l'expérience ne le condamne pas
volume égal de sable fin dont toutes les molé comme le raisonnement , ce qui est le plus es
cules doivent être également entourées. sentiel. D'ailleurs l'instinct des animaux qui
On emploie aussi le béton d'une manière très recherchent avec empressement ces eaux
économique , toutes les fois qu'on peut se pro sentit, à ce qu'il me semble, tout-à-fait rassu
curer de la blocaille ou des cailloux ; on fait rant contre l'insalubrité; et puis enfin les ma
unel" couche de béton de 2à3 pouces d'épais res qui reçoivent les eaux donnent, chaque
seur sur le sol; on jette de la blocaille sur le fois qu'on "les vide, des engrais d'excellente
béton, on l'y distribue de manière à ce qu'elle qualité.
soit placée partout à bain de béton, et on l'en Si le sol où est la mare n'est pas imperméable,
fonce jusqu'à ce qu'elle touche le sol; les il faut absolument le rendre tel. Les moyens
pieds armes de sabots sont le moyen le plus sont les mêmes que pour les réservoirs : mais
facile pour l'enfoncer et la disposer convena pour les mares, plus encore que pour les vi
blement. On met une nouvelle couche de bé viers, le corroi de glaise est insuffisant; les
ton de même épaisseur, dans laquelle on jette bestiaux, en descendant sur les bords de
de la nouvelle blocaille, et on continue ainsi la mare, et en parcourant le fond, détruisent
sa construction, et la blocaille aura épargné lecorroi dont 1 imperméabiliténe peutdurer;
un quart de volume du béton ; deux couches il est donc alors absolument nécessaire de re
ainsi disposées suffisent pour faire le fond du courir à un béton de chaux hvdraulique.Si la
réservoir. chaux n'était pas d'une grande hydraulicité,
Si on n'a pas de bonne argile, un mur de 2 que sa prise dans les premiers moments ne fût
pieds d'épaisseur, construit avec des matériaux pas très ferme, il serait nécessaire que la der
de peu de volume, placés à bain de mortier nière couche de béton fût couverte de pier
hydraulique, feront une construction que les res plates, placées à bain de béton, et qui of
eaux ne pourront traverser. Lorsqu'on n'est friraient aux pieds des animaux un ensemble
pas à portée de la pierre, ou qu'on a des terres de résistaneequ'ilsne rencontreraient pas dans
a sa disposition, on fait une chaussée en terre le béton lui-même.
dans laquelle on a une clave de béton d'un Robert Gardener a imaginé une construc
Eied d'épaisseur qui suffit pour arrêter l'in- tion d'abreuvoirpour lesbestxaux qui a très bien
ltration des eaux. réussi et qui s'est répandue dans tout le comté
Les moyens d'évacuer l'eau des viviers sont d'York. Sur le fond bien dressé et bien battu
les mêmes que ceux des étangs ; on peut les du réservoir A(/îjf, 213), on place une couche
faire plus simples en plaçant au-devant de la Fig. 213.
chaussée, dans le réservoir, l'œil de la bonde,
sans aucune construction, ni en bois ni en
pierres. Cet œil est bouché avec un tampon de
bois qui porte un anneau de fer; un bâton
garni d'un crochet de fer, qu'on rentre à la
maison, suffit pour ouvrir ta bonde et faire
évacuer l'eau quand on veut vider le réservoir.
306 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. MV. V.
d'argile B de 6 p., qu'on bat ou marche jusqu'à 8 lig. de hauteur d'eau, à moitié à peu près
ce qu'elle forme une masse bien homogène. de cette surface, ce qui semble devoir suffire
Sur cette argile on place une couche de chaux pendant une sécheresse de plus de 2 mois ;
ou de mortier C, de 2 à 3 po., qu'on unit et mais il est assez rare d'avoir un fond imper
dresse de même épaisseur sur toute lasurfacc. méable dans un sol de jardin ; c'est donc là et
Sur cette couche, quand elle est un peu sè plus qu'ailleurs qu'il faut avoir recours à l'art.
che et qu'on l'a bien préservée des fentes, on Il n'y a d'ordinaire point de chaussée dans
met une 2' couche D, de 6 po., bien égale, ces réservoirs; il faudrait, pour établir une
d'argile ou terre argileuse qu'on bat et unit chaussée, avoir une pente dans son terrain,
avec soin. Le pied des moutons est le meil ce qui est rare dans les jardins, et qui exige-
leur moyen de la tasser également. Sur ce lit rail même des murs de terrasse pour empê
d'argile on met un lit de gravier ou de bio cher l'éboulement des terres.
caille E, d'un pied d'épaisseur. Lorsque ces Ces réservoirs se font donc dans le sol avec
matériaux sont rares on peut faire un pre un plancher de béton d'un pied d'épaisseur
mier lit de gazons retournés sur lequel on et des murs circulaires de 18 pouces, faits en
met une couche de gravier. Le réservoir, dont petits matériaux et de bonne chaux hydrau
le fond est garanti de l'effet des pieds des lique. Nous recommandons les petits maté
bestiaux par le lit de gravier, estalors très du riaux parce que notre expérience nous a ap
rable et conserve bien l'eau. Toutefois, le pris que les pierres qui ont de grandes di
béton de chaux hydraulique, qui reçoit un mensions occasionnent souvent des fentes,
pavé, nous semble plus solide, plus durable par la raison que le béton adhère moins à la
et moins cher. pierre qu'avec lui-même; feaii se fait souvent
un passage sur toute leur longueur, pendant
que les petits matériaux sont séparés entre
Section XX. — Des réservoirspour les jardins. eux par des couches de béton qui interdisent
tout passage.
Les jardins de l'homme des champs ont On peut faire son réservoir d moins de frais ;
un besoin d'arrosement tout-à-fait indispen pour cela on creuse dans le sol un fossé cir
sable. L'eau est doue pour eux un objet de culaire sur tout le développement de l'en
Êremière nécessité. On a, pour remplir ce ceinte qu'on veut lui donner et auquel on
ut, les sources, des puits, des pompes ou des donne un pied de profondeur de plus qu'au
réservoirs. Le 1" moyeu, l'eau de souroe, est réservoir. Pour en faire la fondation on rem
rare; le 2«, les puits, peuvent partout s'éta plit ce fossé de béton garni de blocaille. Lors
blir; le 3c, les pompes, ne sont que le com que la prise est faite on vide tout l'intérieurà
plément du second ; et néanmoins ces trois un pied de profondeur de plus qu'on ne veut
moyens, qui fournissent de l'eau, dispensent donner au réservoir; on jette sur le fond bien
à peine du réservoir. nettoyéun béton d'un pied d'épaisseur et pour
Les eaux de source ou de puits ont besoin, que la liaison du fond avec les parois du réser
pour bien réussir dans les jardins, d'être ex voir se fasse plus exactement, on gratte et on
posées pendant quelque temps à l'air et au détruit une partie du béton qui correspond
soleil. Le réservoir n'a pas besoin d'être à l'épaisseur dubéton du fond, et afin de ren
grand quand on a une source ou un puits dre toute fuite par ce joint impossible, on
pour l'alimenter; mais lorsqu'on n'a pour le peut y faire une petite moraine de ciment de
remplir que les eaux de pluie, il faut que la Pouilly.
masse d'eau qu'il offre soit proportionnée à Nous avons vu dans le Vivarais des réser
la durée probable des sécheresses et à l'éten voirs de jardins faits également à peu de frais.
due du sol à arroser. Le fond se garnit de 3 po. de béton, et le tour
Sa profondeur peut être de 5 à 6 pieds ; la d'un mur à sec fait en petits matériaux. Un
dimension en profondeur est celle qui coûte crépissage de leur mortier sur ce mur à sec
le moins, parce qu'elle demande moins d'es suffit pour leur donner des réservoirs qui ne
pace et qu'elle exige un moindre développe perdent pas une goutte d'eau, mais on trouve
ment de travail quand on est obligé de faire rarement de la chaux de cette qualité; le
des constructions. temps, sans doute, n'est pas loin où, la science
Lorsque l'étendue du sol qui verse au ré marchant avec la pratique , nous aurons par
servoir est un peu grande, il se remplit facile tout des cimens et des chaux hydrauliques de
ment sans avoir besoin de grandes pluies. Dans toute qualité auxquelles nos constructions
ce cas un réservoir rond, de 24 pieds ( 8 mé devront à la fois la durée, la solidité, l'imper
trés) de diamètre, sur 6 pieds (2 mètres ) de méabilité et par conséquent la salubrité; mais
profondeur, suffit à peu près à un jardin en attendant il faut marcher avec les maté
d'un quart d'hectare. Cette contenance de riaux qu'on a, et se contenter de la chaux hy
100 mètres ou 1000 hectolitres peut fournir draulique qu'on peut se procurer.
pendant la sécheresse un décimètre ou 3 po, A. Puvis.
Nous allons faire connaître à nos lecteurs 1" tuyau A (fig. 214), fermé à l'une de ses
une méthode nouvelle pour vider les étangs extrémités par une calotte hémisphérique et
et pour remplacer les bondes ordinaires que dont la partie supérieure est percée de fentes
vient de proposer M. Quenard, propriétaire à oblongues qui forment grille , de façon que
Courtenay (Loiret), et qu'il nous assure avoir cette portion grillée offre autant et plus de
mis à exécution avec beaucoup de succès. vide que. la section intérieure du tuyau. La
L'appareil qu'il a inventé pour cet objet, et partie inférieure reste pleine afin d'empêcher
qu'il nomme tuyau-bonde, se compose d'un le passage de la bourbe. Ce corps de tuyau
C1IAP. 9«. DES RÉSERVOIRS POUR LES JARDINS. 207
Fig. 214.
r ; 1 1—■——J ^—
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V?
reste en entier sous l'eau, en-deçà de la bite du froid , alors on peut par un léger écou
chaussée. B, C, sont des tuyaux simples lement d'eau, se garantir de la perte trop
qui s'ajustent au 1" et qui augmentent en fréquente du poisson, qui, surpris entre les
nombre suivant l'épaisseur de la chaussée; deux couches de glace, est infailliblement
d est le dernier tuyau fermé à son extré gelé. Par ce moyen le poisson se relire avec
mité par un tampon et percé verticalement l'eau qui vient à baisser et rentre sous la pre
dans toute son épaisseur d'un trou coni mière glace; et l'on peut dire, à l'avantage du
que comme le boisseau d'un robinet. A la nouveau procédé sur l'ancien, que cela se fait
partie supérieure de cette ouverture il existe sans aucuns frais et avec une faible dépense
un bourrelet dans lequel est creusée une gout de temps; tandis qu'avec la bonde ordinaire,
tière circulaire. Ce bourrelet est interrompu après en avoir baissé le pilon, il faut , pour
sur sa circonférence par 2 échancrures qui l'étancher, approcher une et souvent plu
descendent jusqu'à la gouttière circulaire. Ce sieurs voitures de terre, ou mieux de poussier
dernier tuyau est coulé d'une seule pièb* ; de charbon, et en charger ce pilon.
« est un autre cylindre creux destiné à fermer « Il en est ainsi toutes les fois qu'on veut
exactement l'ouverture conique du tuyau pré lever la bonde et la baisser.
cédent comme la noix d'un robinet. Ce cy « Dans l'été, à la suite des orages, lorsque
lindre est surmonté d'une calotte sur laquelle les étangs se déchargent par la grille, on aura
est implantée une tige octogone pleine, à la un moyen précieux d'abreuver sans frais les
quelle s'adapte une clé à double levier, qui sert prés qui se trouvent à la file des étangs; j'ose
à le faire tourner quand on veut présenter au même espérer par ce moyen utiliser une eau
fluide une partie percée à jour dans cette noix Î|ui s'en va ordinairement en pure perte et
Ï>our le faire écouler ou la partie pleine pour aire faire un pas à notre système d'irriga
e retenir. Le tuyau e est en fer ou en fonte tion, si utile dans ses applications à l'agricul
étamée recouverte d'une feuille de cuivre; il ture, et voir s'établir désormais, à la suite de
doit être graissé pour en faciliter le service. tous les grands réservoirs d'eau, de grandes et
A la hauteur f, ce cylindre porte 2 dents qui fécondes prairies.
entrent dans les échancrures du bourrelet et « Avec la bonde ordinaire, avant de mettre
glissent quand on le tourne dans la gouttière un étang en pèche, il faut toujours avoir la
circulaire. De cette manière on est assuré que précaution d établir dans le fossé d'écoule
l'eau ne soulèvera pas ce cylindre, et les dents ment, à quatre ou cinq pieds de la fosse ou trou
sont autant de points de repère oui indiquent où tombe l'eau en sortant du canal , une pe
la fermeture ou l'ouverture de l'appareil. Ce tite digue appelée rouettis, faite avec quelques
cylindre peut, au moyen de la clé, s'enlever à légers pieux entrelacés de rouettes ou bran
volonté quand on veut vider l'étang et faire ches flexibles, afin de barrer le passage aux
écouler 1 eau par toute la capacité du tuyau ; il poissons qui auraient pu couler dans le canal;
n'y a pour cela qu'à faire arriver les dents vis- après la pèche de l'étang l'on baquette et l'on
à-vis les échancrures et à soulever le cylindre f>êche cette fosse. Ces deux opérations ont
qui sort alors de l'ouverture conique, h h h, 'une et l'autre de grands inconvéniens. D'abord
sont des brides en fer qui relient les tuyaux si le rouettis est trop serré ou obstrué , il re
les uns aux autres ; J J des tiges qui servent à tarde l'eau; s'il est trop lâche, la force de l'eau
fixer ces tuyaux, soit dans uue pièce de bois le troue , soit sur les côtés , soit en dessous , et
placée en travers dans le sol, soit dans un dé il ouvre passage aux poissons j dans tous les
en pierre percé à cet effet. Les parties du cas il exige une surveillance active. Enfin pour
tuyau qui sont recouvertes par les eaux ont baquetcr ou pêcher la fosse ou trou de bonde,
peu de chose à craindre de Voxidation, mais il arrive souvent qu'il faut employer le tiers
celles qui sont en contact avec la terre de la du temps qu'on a déjà passé à pécher l'étang.
chaussée sont enduites d'une forte couche Le tuyau-bonde n'exige ni ces préparatifs ni
de goudron, pour les préserver de la destruc ces travaux.
tion. « Avec le tuyau -bonde, disparaissent ces
Cet appareil offre une fermeture exacte et dispendieuses pièces de bois nécessaires à la
sans qu on ait à craindre de perte d'eau. Il confection d'une bonde, et qui nécessitent des
fonctionne avec célérité quand on a besoin de renouvellemens fréquens et une foule de tra
faire écouler l'eau , et donne un écoulement vaux longs et toujours coûteux qui diminuent
qu'on peut graduer à volonté. beaucoup le produit net des étangs.
« Dans l'hiver, dit l'auteur, au moment où de ■< Le travail pour la pose du tuyau- bonde
fortes glaces pèsent sur les étangs, ou surtout consiste dans celui d'une tranchée ordinaire
lorsque après un faux dégel une seconde glace qu'on pratique dans la chaussée, à la suite de
est survenue par l'intensité nouvelle et su la partie la plus basse du bief ou fossé. Des
AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. liv. v.
pièces de bois placées en travers , ou des dés ce cas, la tige du cylindre e reçoit t
en pierres , l'un à la téte , un autre à la queue autre tige sur son carré, puis celle-ci une au
du tuyau et un troisième au milieu, si on le tre, jusqu'à la surface de l'eau, où la clé or
juge à propos, reçoivent sur leur niveau, un dinaire remplit son service. »
peu incline, tout 1 appareil. Plusieurs couches M. Qvenard s'est occupé de la fabrication
de terre glaise pilonnée, enveloppent ensuite de son appareil , et d'après les devis et le prix
les tuyaux placés dans la tranchée. Le devant des matériaux , il a calculé qu'une bonde ordi
de cette tranchée dans toute sa hauteur jus- naire à chapeau, de 11 pieds de hauteur et dont
3u'au milieu, en largeur de la chaussée, le canal a 42 pieds de longueur ou la largeur
evra être pilonné avec cette même terre de la chaussée, coûtait dans le Loiretau moins
glaise, afin de fermer l'entrée aux vagues ; le 350 fr.; tandis qu'il peut livrer un tuyau-bonde
surplus de la tranchée peut être rempli de de la même longueur, de 7 pouces de diamètre
terre ordinaire. et 3 à 4 lignes d'épaisseur pour 160 fr. savoir:
« S'il advenait qu'un étang ou tout autre 135 fr. pour les 42 pieds de tuyaux à 32 fr. les
pièce d'eau fût placée au-dessus d'un autre 100 kilog. de fonte, et 26 fr. pour la confec
étang , et qu'on voulût faire écouler l'eau du tion du cylindre, 8 écrous, l'ajustement des
premier dans le second, ou faire fonctionner tuyaux et la clé. Les travaux de terrassement
cette machine pour augmenter l'eau de la sont à peu près les mêmes dans les deux cas.
deuxième pièce d'eau, ou enfin qu'on voulût F. M.
mettre en communication deux pièces d'eau ,
r
ECONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULTURE,
ET LÉGISLATION RURALE.
Sat définit l'impôt de la manière sui 2ue sous une pareille égide, ne mérite pas
'être protégée; il vaut mieux pour le pays
vante : « C'est une valeur délivrée au gouver qu'elle soit abandonnée; droits protecteurs
nement par les particuliers, pour subvenir exactement
aux dépenses publiques. Il se mesure sur le national à lasuffisants pour assurer le marché
sacrifice exigé du contribuable, et non sur la nière toutefoisproduction intérieure, de ma
à ne point accorder nue
somme que reçoit le gouvernement; telle prime à l'ignorance ou à l'indolence du fabri
ment que les frais de recouvrement, le temps cant ; abaissement progressif du droit pro
perdu par le contribuable, les services per tecteur, au fur et à mesure que les condi
sonnels qu'on exige de lui, etc. , font partie tions de la production indigène deviennent
des impôts. »
Le sacrifice résultant de l'impôt ne tombe plus favorables : telles sont en abrégé les
conditions générales de l'assiette de l'impôt.
pas constamment et complètement sur celui J'ajouterai a ces conditions quelques considé
par qui la contribution est payée. Lorsqu'il
est producteur et qu'il peut, en vertu de rations générales quej'aiindiquéesdansledis-
cours que j'ai prononcé lors de la discussion
l'impôt, élever le prix de ses produits, cette du
augmentation de prix est une portion de vaisbudget tâcher
des recettes de 1833 (1), et que je
de résumer en peu de mots.
l'impôt qui tombe sur le consommateur des
produits qui ont renchéri. « 1 1 est toujours difficile d'innover en finances, parce
L'augmentation de prix ou de valeur que qu'on court le danger des illusions qui se passionnent
les produits subissent en vertu de l'impôt, pour un système nouveau sans avoir pu en étudier et
n'augmente en rien le revenu du producteur surtout sans pouvoir en garantir les résultats. L'a
venir d'un grand peuple, l'exactitude dis services,
de ces produits, et elle équivaut à une dimi l'intérêt
nution dans le revenu de leurs consomma tout commande de sa défense, la conservation de son crédit,
la prudence.
teurs. • L'impôt progressif n'a encore été indiqué que
L'impôt est donc une charge qui pèse sur comme un progrès, rumine une espéranee de sou
l'industrie et sur la propriété, et dont on lagement des classes souffrantes ; mais dépouillé des
trouve la compensation par la sûreté et par grands mots qui le voilent, c'est une loi agraire.
les jouissances que l'état de société procure En effet, la propriété foncière serait la seule qu'il
aux hommes. seiait possible du soumettre, en partie du moins, à
Lorsque l'impôt est trop lourd, il diminue l'action de l'impôt progressif. Car une partie de la
la consommation générale et tarit ainsi la matière imposable disparaîtrait par les aliénations,
source de la production. les partages fictifs et par les hypothèques réelles ou
Sous le nom d'impôt il faut comprendre simulées, dont il faudrait hien admettre la réduc
tion pour déterminer ce surplus dont on voudrait
tout ce qui grève l'industrie ou la propriété dépouiller les particuliers au profit de l'intérêt gêné*
Ainsi, les dîmes au profit du cierge qui exis ral. En France, ou les capitaux, la fortune mobilière,
lent encore dans certains pays, les taxes des les produits et bénéfices de l'industrie, sont évalués a
pauvres, les charges foncières et municipales une somme égale aux produits de l'agriculture, cette
agissent sur les produits de la même ma partie du revenu échapperait toujours à l'action de
nière que l'impôt. l'impôt progressif, quelque arbitraire ou tyrannique
Quelquefois l'impôt est destiné à protéger qu'on suppose sa puissance. Mais ce serait encore le
la production intérieure contre l'envahisse moindre danger de cette mesure : essentiellement
ment des produits étrangers, il prend alors mobiles, les capitaux fuiraient bientôt une terre in
le nom de droits protecteurs, et le système hospitalière, qui n'offrirait au travail, à l'industrie,
général des lois qui règlent l'importation et àpar la richesse aucune sécurité. L'impôt progressif n'est
une nouveauté : fruit de l'envie et de la jaluusio
l'exportation des marchandises et des rela qui trouve
tions avec les étrangers, a reçu le nom de ment ceux qu'il est plus facile de dépouiller violem
qui possèdent, que de se placer à leurs cô
système îles douanes. tés par les fruits du travail et de l'intelligence, loua
Si la liberté complète du commerce était les gouvernemens révolutionnaires, tyranniques ou
possible enlre les diverses nations, les diffi populaires ont usé de ce moyen par des taxes arbitrai
cultés qui se présentent en foule pour for res, des emprunts forcés, des réquisitions, le maxi
muler une bonne loi de douanes disparaî mum, etc. La Convention n'avait guère d'antres
traient immédiatement, ou plutôt cette loi systèmes financiers que la planche aux assignats et
serait inutile, car il suffirait de proclamer le le balancier de la place de la Révolution. Le Direc
principe de la liberté commerciale. Mais toire, en renonçant a ces derniers moyens, fut im
malheureusement il n'en est pas ainsi. puissant en finances et en crédit, et ta détresse de
nos soldats quand les fruits de la victoire ne venaient
Chaque nation, soit par sa situation géogra pas
phique, soit par la nature de son sol , soit de quelquesl'impéritie
couvrit du gouvernement, la fortune
fournisseurs, la misère générale, ont
par son infériorité industrielle, soit enfin prouvé que la richesse des Etats, comme celle des
par des causes accidentelles , telles que particuliers, tient aux mêmes causes : la justice, la
dettes publiques et autres erapéchemens loyauté, la bonne foi dans les engagetnens, l'esprit
analogues, a besoin de protégerson industrie d'ordre et d'économie. Les luxes somptuaires n'ont
contre la concurrence étrangère. Les prin jamais rendu 2,000,000 et paralysent vingt fois au
cipes qui gouvernent aujourd'hui celte ma tant de travail et de consommation.
tière peuvent se résumer ainsi : suppression » L'impôt proportionnel sur tous tes revenus serait
de toute prohibition, car la fabrication d'un une belle et importante découverte, ni son exécution
produit indigène qui , ne peut se soutenir était aussi facile que sa pensée est juste et raisonna-
(I) Discours de M. de Rambuteau, député de Saônc-ct-Loirc dans la discussion du budget des
recettes pour l'année 1833 , prononcé â la séance du 17 avril 1832.
223 ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULTURE : DES IMPOTS. Liv. Tl.
blc. 11 résoudrait le grand problème du tous les éco de restreindre les consommations, de nuire à la re
nomistes, de prendre i tous une part égale à leurs production, de paralyser les améliorations, ces con
bénéfices; moi» s'il est facile de constater les reve sidérations prennent une grande importance aux
nus du sol, il est impossible de fixer les capitaux, yeux dit législateur, et doivent balancer dans son
rie constater d'une manière équitable et régulière esprit la facilité avec laquelle on lui propose trop
les bénéfices du commerce et de l'industrie, varia souvent d'augmenter les ressources du trésor au
bles de lenr nature : il faudrait donc livrer à une inves moyen de centimes additionnels, dont le son pré
tigation de tous les instana les livres et les opérations sente à l'oreille une valeur minime, alors qu'elle se
du commerce, il faudrait établir des peines sévères résout en pénibles sacrifices pour les contribuables.
pour les soustractions et fausses déclarations, il fau • Un des résultats les plus importons de notre
drait encore une armée d'employés pour celte sur révolution de 1789, a été de tripler et au delà le
veillance journalière, qui placerait chaque négo nombre des propriétaires en France, par l'abolition
ciant, chaque industriel dans la situation d'un des biens de main-morte, la veute de ceux du clergé,
failli envers l'Etat. L'exercice sur les 380,000 débi l'égalité des partages, la liberté et la protection du
tants do boissons qui est facultatif, deviendrait la travail; ils ont contribué a amener les résultats sui
situation de tous les citoyens; le secret de toutes les vants : la France possède 52,000,000 d'hectares, le
fortunes, de toutes les entreprises, serait livré à la cadastre constate environ 125,000,000 de parcelles,
cupidité et à la malignité. Je doute que la paix pu dont le nombre s'accroît ton* les ans dans une
blique, la prospérité commerciale fussent le résultat forte proportion. Il existe en France 11,000,000 de
d'un pareil système. Celui relatif aux patentes, aux cotes foncières, possédées par 5,000,000 de proprié
taxes de luxe, aurait les mêmes inconvénients. Qui taires chefs de famille : c'est en moyenne a cote»
oesait que dans la mérne classe de patentés, il se i/5 par propriétaire. Comme toutes les parcelles
fait dix fuis plus d'affaire» et plus de bénéfices dans existant dans la même commune, appartenant au
une maison que dans une autre ? La pensée d'impo même contribuable, sont portée* & un seul article
ser les bénéfices des artistes, médecins, avocats, au du rôle, c'est en moyenne II à 11 parcelles par cote*
teurs et autres classes libérales par la patente, n'est et 26 ou 37 par propriétaires* Les cotes de ao francs
Fas plus heureuse ; elle trouverait peu défaveur dans et au-dessous s'élèvent à 8,024,987, tandis que celle*
opinion. de 1001 fr. et au-dessns ne s'élèvent qu'à 1 3,447-
• Quant aux prêts hypothécaires ou commerciaux, • II faut remarquer encore que l'impôt qui porte
les premiers s'élèvent à 10 milliards; mais qui ne sur le revenu n'est pas la seule charge qui pèse sur
comprend que tout impôt dè cette nature sera une la propriété foncière ; l'enregistrement lors des mu
Douvellc charge pour l'emprunteur auquel le pré tations, l'intérêt toujours élevé des prêts hypothé
teur fera toujours la loi, et qu'il diminuerait néces caires, la législation sur les hypothèques qui est si
sairement la valeur du sol par la concurrence des contraire aux intérêts de celte nature de biens,
ventes multipliées qui auraient nécessairement lieu? doivent aussi être pris en considération. Tel est en
Pour le commerce, comment contracter ces prêts F résumé l'ensemble des charges qui grèvent en France
Les soumettre à une déclaration, c'est mettre en la propriété foncière, accrues encore des dépenses
fuite le capital circulant qui porte partout la vie, et charges locales.
l'activité et le travail. • 11 résulte des, faits ci-dessus, 1° que le sol de la
• La propriété foncière offre à l'impôt une assiette France est possédé par plus de 5, 000,000 de proprié
convenable, pourvu toutefois qu'il soit modéré. Les taires chefs de famille, et qu'environ 25 ou »fi,000,000
deux tiers de la contribution foncière sont payés en de sa population sont intéiessés a la propriété foncière.
France par des contribuables au-dessous de aoof.Cette ■ a" Que la division de la propriété tend chaque
dernière quotité suppose un revenu de 11 ou 1200 fr., jour à s'acroître, par l'égalité des partages et par le
elle descend par des degrés fort rapides pour les 4/5 désir de choque cultivateur de devenir propriétaire.
de nos propriétaires ruraux. Ce fait est important à • 3" Qu'enfin les 2/3 de l'impôt sont supportés par
constater, car trop souvent en imposant de nouvelles des chefs de famille ayant moins de 1000 fr. de re
charges aux contributions directes, on a l'esprit venus, et que toute augmentation sur l'impôt fon
préoccupé de la pensée que le sol est possédé par cier porte pour la plupart dus propriétaires sur
des propriétaires aisés, pour qui un accroissement leur nécessaire; que ces impôts, lorsqu'ils sont trop
d'impôt est une réduction sur leur superflu. Mais si, onéreux, paralysent dans une progression effrayante
au contraire, la plus forte partie du sacrifice imposé dans nos compagnes la culture des terres et le tra
est prélevée sur le nécessaire, si elle a pour résultat vail qui la féconde.»
INTRODUCTION.
Les biens situés à la campagne sont acquis, de trois systèmes principaux , qui sont : 1° la
possédés et transmis conformément aux lois loi du 28 septembre 1791, qu'on a long-temps
civiles générales; mais ils sont en outre pro considérés, malgré ses imperfections, comme
tégés par des lois particulières dont l'ensem le Code rural français; mais la plupart de ses
ble forme ce qu'on appelle le Code rural. dispositions ont été tellement modifiées par
La codification de ces lois n'a pas encore été une foule de lois postérieures et éparses qu'il
faite en France par le pouvoir législatif; elles en reste à peine aujourd'hui quelques articles
sont encore disséminées dans le volumineux eh vigueur; 2° la loi du 21 mai 1827, qui s'oc
Bulletin des Lois. Napoléon, dont l'esprit vaste cupe exclusivement des forêts et des bois ap
s'étendait à tout ce qui pouvait contribuer au partenant tant à l'Etat qu'aux particuliers, et
développement de la force ou de la grandeur celle du 15 avril 1829, qui traite tout ce qui est
de la France , avait voulu aussi doter l'agricul relatifà la pèche fluviale. On a reproché ajuste
ture d'un code complet , et par son décret im titre à ces deux dernières lois d'avoir con
périal du 19 mai 1808 il avait créé une com fondu les dispositions légales qui intéressent
mission d'hommes instruits pour préparer un les biens des particuliers avec celles qui inté
ftrojet de loi sur cette partie si importante de ressent les biens de l'Etat, et d'avoir mêlé en
'économie publique; mais ce travail conscien semble des intérêts administratifs à des inté
cieux est resté imparfait comme un monument rêts purement privés. Dans le travail que nous
inachevé qui atteste les difficultés de cette en présentons, nous ferons disparaître cet incon
treprise. vénient et nous n'emprunterons à ces lois que
Depuis la publication de ce projet, les lois les dispositions qui régissent les intérêts pri
qui régissent plus spécialement les intérêts vés Mais notre travail serait encore fort im
agricoles ontétéconsidérablement améliorées, parfait si nous nous contentions de puiser à
et un examen attentif de ces lois m'ayant con ces sources. Nous étendrons en conséquence
vaincu que, malgré quelques lacunes et imper la sphère de nos conquêtes ; nous emprunte
fections, elles étaient encore les moins impar rons avec hardiesse aux lois civiles de procé
faites de toutes celles qui régissent les contrées dure et de pénalité tout ce qui intéresse la
les plus civilisées de l'Europe, j'ai essayé en propriété rurale, sans nous inquiéter du sys
1834 de les recueillir systématiquement, et tème de codification auquel elles peuvent ap
j'ai publié cet essai sous le titre de Code rural partenir. En un mot, nous nous efforcerons
français. de présenter un résumé complet de notre lé
Ce recueil , malgré son titre , ne renferme gislation agricole-
pas uniquement les lois qui appartiennent spé Ce travail sera divisé en trois|titres : dans
cialement au Code rural ; il embrasse aussi le premier nous classerons tout ce qui con
toutes les lois civiles de procédure et de pé cerne la propriété considérée comme droit ab
nalité qu'il est surtout nécessaire de mettre solu et toutes les modifications que l'intérêt
journellement sous les yeux des propriétaires général a forcé d'apporter à ce droit ; nous
ruraux. Je me propose de suivre le même plan parlerons de la jouissance des biens des par
dans l'exposition méthodique que je vais pré ticuliers , et enfin des règles qui gouvernent
senter de la législation rurale; je tâcherai, au les biens des communes soumis à des disposi
tant que possible, d'enseigner aux cultivateurs tions spéciales dans l'intérêt des particuliers;
et propriétaires ruraux tout ce qu'ils doivent dans le second titre nous traiterons de la
savoir pour se garantir des pièges que la mau compétence des diverses autorités qui protè
vaise foi pourrait leur tendre; j'essaierai de leur gent les biens ruraux et des formes de procé
faire connaître leurs droits et leurs devoirs, et dure à suivre pour conserver ou réclamer ses
de leur indiquer les moyens de repousser ou droits; enfin , dans le troisième, nous rap
de venger les atteintes qu'on porterait à leurs pellerons toutes les peines dont la loi me
propriétés. nace ceux qui contreviendraient à ses ordres
Les lois rurales de la France se composent | souverains.
TITRE PREMIER.
On comprend sous le nom de biens tout ce meubles, parce qu'élles ne peuvent plus être
qui peut être l'objet d'une propriété publique considérées comme accessoires du fonds.
ou privéej mais nous ne nous occuperons ici Sont encore immeubles par leur nature les
que des biens corporels , c'est-à-dire de ceux moulins à vent ou à eau établis sur le sol ou
qui ont une existence matérielle et qui tom piliers fixes, lorsqu'ils ont été construits par le
bent sous les sens, comme un champ , un che propriétaire du sol (C. c.,519). Il en est de
val, etc. ; les biens incorporels, tels que la reven même desarbres qui ne sont pas destinés à être
dication d'un droit, une créance, etc., appar coupés ou abattus ; ils font partie du fonds pen-
tenant exclusivement au droit civil général. dantqu'ilsy restent attaches; s'ilssont vendus,
Les biens corporels se divisent en meubles ils deviennent meubles entre les mains de l'ac
et en immeubles. quéreur, parce qu'ils sont dès lors destinés à
être abattus.
Sect. I™. — Des meubles. A l'égard des arbustes et des fleurs, ils sont
immeubles lorsqu'ils sont en pleine terre et
Les meubles sont en général les corps qui qu'ils y ont été plantés par le propriétaire ,
peuvent se transporter <fun lieu à un autre , parce qu'ils forment dès lors un accessoire du
soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes comme fonds; mais lorsqu'ils sont dans des caisses,
les animaux, soit qu'ils ne puissent changer pots ou vases, lors même qu'ils seraient en
de place que par l'effet d'une force étrangère, terre, ils conservent leur nature de meubles.
comme les choses inanimées (C. c, 528). Les ognons de fleurs, même ceux qu'on retire
Ainsi sont meubles par leur nature les ba de terre pendant l'hiver, restent toujours im
teaux, bacs, navires, moulins et bains sur ba meubles, comme les accessoires du fonds,
teaux, et généralement toutes usines non mais il faut qu'ils aient été mis en terre au
fixées par des piliers et ne faisant pas partie moins une fois ; la même distinction doit avoir
de la maison (C. c, 531). Il en est de même lieu à l'égard des cchalas des vignes.
des matériaux provenant de la démolition d'un Les mines, les bâtimens, machines, puits,
édifice (C c, 582), sauf l'exception que nous galeries et autres travaux établis à demeure
signalerons par la suite. Nous verrons aussi sont également immeubles comme adhérant
qu'il existe un grand nombre de circonstances au sol ; mais les matières extraites , les appro-
oh des objets meubles par leur nature de visionnemens et autres objets mobiliers con
viennent immeubles, parce que cette qualité servent leur nature de meubles ( loi du 21 avril
leur est attribuée par la loi, eu égard a leur 1810, art. 8 et 9).
destination. Ces distinctions pourront peut- La loi répute également immeubles les ré
être paraître subtiles aux esprits qui n'en coltes pendantes par les racines et les fruits
apercevraient pas du premier coup d'oeil toute des arbres non encore recueillis ; dès que les
l'importance , mais elles sont indispensables à grains sont coupés et les fruits détachés,
connaître pour ne pas s'égarer dans l'apprécia quoique non enlevés, ils sont meubles. Si une
tion ou la revendication de ses droits. partie seulement de la récolte est coupée, cette
partie seule est meuble (C. c, 520).
Sect. IL Des immeubles. Les coupes ordinaires des bois taillis ou de
futaies, mises en coupes réglées, ne devien
5 I". — De» immeubles en ecnéral. nent meubles qu'au fur et à mesure que les
arbres sont abattus (C. c, 521).
Les biens ruraux sont immeubles par leur Mais si les récoltes de fruits ou la coupe
nature, par leur destination ou par l'objet au de bois étaient vendues, elles deviendraient
quel ils s'appliquent (C. c, 517). meubles entre les mains de l'acquéreur dès
Les biens qui ne peuvent être transportés que la vente serait parfaite; car ces fruits ne
d'un lieu à un autre sont immeubles par leur pourraient plus dès lors être considérés comme
nature; tels sont les fonds déterre et les bà- des accessoires du fonds.
timens; il faut toutefois remarquer que les La même distinction doit être appliquée anx
constructions élevées sur un fonds ne sont im animaux que le propriétaire du fonds livre au
meubles que comme accessoires du fonds. Si fermier ou métayer pour la culture; s'ils res
donc elles appartiennent à d'autres qu'au pro tent attachés au fonds, ils participent à sa na
priétaire, par exemple au fermier ou à l'usu ture; mais si le propriétaire les vendait an fer
fruitier, elles conservent alors leur nature de mier ou métayer, ils cesseraient 'd'être ira
CIRAT. 2*. DES IMMEUBLES. 227
meubles , quoiqu'ils restassent sur le fonds , 3ue la disposition de la loi du 11 août 1789, qui
parce qu'ils n'en seraient plus l'accessoire. onne à chacun le droit de tuer les pigeons
Il est également évident que si les animaux trouvés sur son terrain en temps prohibé,
étaient donnés à cheptel par un autre que le est devenue insuffisante à raison de lu
propriétaire , ou que le propriétaire les don variété des assolemens. Pour la compléter, le
nât à cheptel à d'autres qu'a son propre fer ministre du commerce , par sa circulaire datée
mier, ils conserveraient leur nature de meu du 4 septembre 1835, propose d'accorder aux
bles (C. c, 522 ). propriétaires la faculté de tuer les pigeons en
De plus la loi considère comme immeubles tout temps sur leurs terrains , du moment où
par destination les objets que le propriétaire ilspeuvent leur causer du dommage, sans pou
y a placés pour le service et l'exploitation de voir dans aucun cas s'approprier les animaux
ce fonds ; tels sont : 1° les tuyaux servant à la tués. Cette mesure est réclamée par les inté
conduite des eaux; 2° les semences données au rêts agricoles , et nous ne doutons pas que tôt
fermier ou colon partiaire; 3° les lapins de ga ou tard elle ne soit adoptée.
renne; 4° les poissons des étangs; 5° les pres
soirs , chaudières , alambics , cuves et tonnes ; $ III. — Dei ruchei, eisaims et vera i nie.
6° les ustensiles nécessaires à l'exploitation des
forges, papeteries et autres usines ; 7° les pailles Les ruches à miel sont également cor
et engrais (C. c, 524). rées par la loi comme des immeubles
Sont aussi considérés encore comme immeu qu'elles ont été placées par le propriétaire du
bles par destination tous les objets que le pro sol (C. c, 524), et les abeilles qu'elles renfer
priétaire a attachés au fonds à perpétuelle de ment participent à leur nature, car elles sont
meure; tels sont ceux qui sont scellés à plâtre rangées par la loi au nombre des animaux sau
ou à ciment et qui ne peuvent être détachés vages jouissant de leur liberté naturelle; elles
sans fracturer ou détériorer soit les objets eux- ne sont susceptibles de devenir propriété pri
mêmes , soit la partie du fonds à laquelle ils vée que lorsqu'elles sont renfermées dans une
sont attachés (C. c, 525). ruche, qu'elles y ont établi leur gîte et qu'elles
y reviennent habituellement. En conséquence ,
J II. — Dei pigeons. les abeilles trouvées sur un arbre., dans un
buisson , dans un rocher , la cire et le miel
Les pigeons des colombiers sont aussi con qu'elles y déposent, appartiennent au premier
sidérés comme immeubles par destination (C. occupant.
c, 524), parce que, jouissant de tonte leur li Le propriétaire d'un essaim a le droit de le
berté , nous ne pouvons pas dire, à proprement réclamer et de s'en ressaisir tant qu'il n'a pas
parler, que nous les possédons; nous ne pos cessé de le poursuivre; autrement l'essaim
sédons réellement qu un colombier peuple de appartiendrait au propriétaire du terrain sur
pigeons ; ils ne forment pas quelque chose de lequel il se serait fixé ( loi du 28 septembre
distinct du colombier. Mais il en est autre 1791, titre l",sect. III, art. 5). On a coutume
ment lorsqu'ils sont renfermés dans des vo en pareils cas de poursuivre par des cris ou
lières; nous les possédons réellement alors , sons retentissans les essaims qui s'échappent;
nous les tenons sous notre main ; ils conser cette pratique n'a pas pour but , comme on le>
vent donc en ce cas leur qualité de meubles. croit généralement, de retenir et de fixer les
Lorsque les pigeons de colombier passent abeilles , car il est constant qu'elle ne saurait
dans un autre colombier, ils deviennent aus avoir cet effet , mais bien de constater que le
sitôt la propriété du maître du nouveau gîte propriétaire continue à poursuivre son es
qu'ils se sont choisis; mais il faut que la dé saim.
sertion n'ait pas été provoquée par quelque Au surplus, le propriétaire d'un essaim peut
pratique frauduleuse; car, dans ce cas, le suivre et le ressaisir partout où il le trouve;
le propriétaire du colombier dépeuplé au il n'a pas besoin de la permission du juge de
rait le droit de réclamer des dommages-inté paix du lieu où l'essaim s'est arrêté ( Réper
rêts du propriétaire qui aurait employé des toire de Merlin, au mot Âbeillet); mais s'il
moyens illicites et frauduleux (C. c, 564). commet quelque dégât pour exercer ce droit,
Au surplus, le décret du 1 1 août 1789, en pro de suite il est tenu de le réparer (C. c. , 1382
nonçant 1 abolition du droit exclusif defuies et et 1383).
en ordonnant que les pigeons doivent être ren Pour protéger et encourager l'éducation
fermés pendant le temps fixé par les commu des abeilles la loi défend de les troubler dans
nautés, ne prononce d'autres peines contre le leurs travaux; en conséquence, même en cas
défaut de clôture des colombiers que la per de saisie légitime, une ruche ne peut être dé
mission accordée aux propriétaires de tuer les placée que dans les mois de décembre, jan
pigeons sur leurs terrains; il n'est donc pas vier et février, époques où elles peuvent
permis aux conseilsmunicipauxd'étendrecetle l'être sans de graves inconvéniens. Cesabeilles
peine et d'en prononcer une autre quelconque ne peuvent èlre saisies ni vendues pour au
{décision du comité féodul de l'Assemblée cons cune cause de dette , si ce n'est au profit de
tituante, 23 juillet 1790). Conformément à cette la personne qui les a fournies ou pour raison
décision, la Cotirde cassation a jugé, par divers des droits du propriétaire envers son fermier:
arrêts rapportés auRépertoiredeMerlin,au mot dans ce cas ce sont les derniers objets qui
Colombier, que le propriétaire qui laissait sor peuvent être saisis ( loi du 28 septembre
tir ses pigeons en temps prohibé ne pouvait 1791, titre I», sect. III, art. 8).
être poursuivi par voie de simple police; mais Tous les objets que la loi déclare» immeu
le propriétaire des pigeons peut être poursuivi bles par destination ne peuvent être saisis
par voie civile pour réparer le dommage qu'ils mobilièrenient ; mais ils seraient néerssaire-
ont causé. On s'accorde aujourd'hui a penser ment compris dans la sais'"» oc rimuieublo,
228 LÉGISLATION RURALE. LtT. VI
dont ils ne forment que l'accessoire en cas de guesseau, défendait de saisir les feuilles de
saisie immobilière (C. de proc., 592). mûrier; cette disposition a été conservée et
Les vers à soie et les feuilles de mûriers étendue à l'insecte lui-même, par l'art. 4 de la
cueillis pour leur nourriture conservent leur sect. III , titre I" de la loi du 28 septembre
nature de meubles ; mais pour encourager 1791 , ainsi conçu : « Les vers à soie sont de
l'éducation de ces précieux insectes dans les même insaisissables pendant leur travail ,
provinces méridionales de la France, une dé- ainsi que la feuille de mûrier qui leur est
olaration de Louis XV, du 6 août 1732, rendue nécessaire pendant leur éducation. »
sur la proposition du célèbre chancelier d'A-
Nous diviserons le régime des eaux, en reste dans le domaine public, qui, étant as
eaux vives ou courantes et en eaux stagnantes servi à l'usage de tous et étant hors du com
telles que lacs et étangs. merce , n'est pas susceptible des règles de la
propriété.
Section I™. — Des eaux courantes. Ainsi toute anticipation pratiquée sur les
bords d'une rivière navigable ou flottable,
eau courante considérée comme élément tout ouvrage établi dans le lit de la rivière ,
est hors du commerce des hommes, comme tout canal de dérivation d'eau, tous ponts ou
l'air et la lumière, elle n'est donc pas suscep écluses, moulins ou bàtimens qui y seraient
tible d'une possession exclusive et incommu- construits par des particuliers, même avec
table; elle n'est en conséquence soumise l'autorisation des autorités compétentes, ne
qu'aux lois de police qui règlent la manière pourraient toujours exister que précairement
aen jouir. Cependant la loi civile a dû néces et de fait, sans que, vis-à-vis du Gouverne
sairement établir une distinction entre les ri ment, le droit pùt être acquis par prescrip
vières et lleuves navigables ou flottables, et tion, même après la possession la plus longue.
les rivières ou ruisseaux qui ne le sont pas. Nous verrons ci-après à quelle autorité il faut
Les premiers restent exclusivement dans le avoir recours pour obtenir même précaire
domaine public; à l'égard des seconds la loi a ment l'usage des eaux des rivières navigables
accordé aux propriétaires riverains des droits ou flottables (voy. ci-après Police des eaux).
fort étendus sur l'usage de leurs eaux.
§ II. — Des rivières et ruisseaux non navigables ou
J Ie' —De* fleuvei et rivières navigables ou flottables. flottables.
On appelle rivières navigables celles qui Les droits d'usage des particuliers sur les
portent bateaux pour le service public; elles eaux de ces rivières sont bien plus étendus et
n'appartiennent au domaine public que jus ils équivalent réellement à une quasi -pro-
qu'au point oh peuvent remonter les bateaux. Criéle. Ainsi le propriétaire dont l'héritage
Les rivières qui ne sont que flottables sont orde une eau courante, autre que les fleu
celles qui, sans porter bateaux de leur fonds, ves et rivières navigables ou flottables, peut
servent néanmoins à transporter le bois, soit s'en servir pour l'irrigation de ses propriétés
en trains ou radeaux, soit à bûches perdues. ( C. c. , 644), pourvu que le propriétaire du
En conséquence on doit ranger dans cette fonds inférieur n'en ait pas acquis ou pres
classe les simples ruisseaux lorsqu' ils sont crit l'usage. Mais pour donner au proprié
asservis aux mêmes usages publics ; mais d'a- taire riverain le droit de se servir de Veau
pros l'art. 1" de la loi du 15 avril 1829, il n'y pour arroser ses domaines, il faut que le cours
a que les rivières sur lesquelles le flottage d'eau soit naturel . On ne pourrait pas faire des
s'exerce avec train et radeaux qui appartien coupures ou prises d'eau sur un cours d"e;.u
nent sous tous les rapports au domaine pu artificiel ; tel serait un canal ou bief servant à
blic. Les ruisseaux qui ne sont flottables qu'à l'usage des moulins ou usiues, lors même que
bûches perdîtes rotent quant à tous leurs cet usage ne nuirait pas au propriétaire du
usages, excepté celui de la flottabilite, dans canal, ou qu'il serait reclamé daus l'intérêt de
le domaine privé des propriétaires riverains. l'industrie ( Gourde cass., 28 novembre 1815,
Ces fleuves et rivières appartenant ainsi et 9 décembre 1818) ; car dans ce cas le lit du
que leurs lits au domaine public, il s'ensuit cours d'eau appartient à celui qiii a creusé le
que les Iles, Ilots et attérissemens formés ou canal ou le bief.
3ui se forment successivement dans le sein Les droits du propriétaire dont eau cou-
e rivières appartiennent à l'Etat, puis raute traverse l'héritagetage soi
sont encore beau
qu'ils font partie de leur lit. coup plus étendus , car la loi lui accorde le
Les particuliers peuvent acquérir, soit par droit d'en user pour ses besoins dans l'inter
titre, soit par prescription, certains droits sur valle qu'elle y parcourt; il est seulement tenu
les fleuves ou rivières navigables ou flotta de la transmettre, mais dans l'état où elle se
bles; ils pourraient acquérir ainsi la pro trouve, après l'usage qu'il en a fait, au pro
priété des Iles , Ilots ou attérissemens , des priétaire du fonds inférieur, et de la ren
droits de pèche, et autres analogues; mais dre ainsi à son cours ordinaire (C. c, 644).
quand il s agit du fleuve considéré en lui- Ainsi il peut faire dans son fonds toutes les
même comme agent de la navigation, il est coupures et constructions qu'il juge néces-
imprescriptible dans toutes ses parties; il | saires, lors même qu'elles diminueraient le
chap 8'. DES EAUX COURANTES. 229
volume de l'eau et que l'usage en altérerait Tellement et d'une manière continue. La loi
la limpidité. Cependant on admet en général a voulu que l'eau qui sourcille ou qui jaillit
qu'il doit jouir de ces avantages avec réserve, soit considérée comme un produit du fonds ,
et de manière à ne pas rendre illusoire la par la raison que le corps de la source en fait
jouissance dévolue aux propriétaires infé une partie matérielle.Ainsi, qu'il s'agisse d'une
rieurs. Si donc il s'élève quelques contesta source d'eau douce et ordinaire, ou d'une
tions entre les propriétaires auxquels ces source d'eau salée ou d'eau thermale, ou mi
eaux peuvent être utiles, ce sont les tribunaux nérale, peu importe, elle appartiendra, ainsi
ordinaires qui prononcent sur ces difficultés. 3ue tous les avantages qui peuvent résulter
Ils doivent d'aoord consulter les réglemens e son usage, au maître de 1 héritage. Il peut
d'eaux particuliers, s'il en existe, et appuyer donc disposer des eaux comme bon lui sem
leur décision sur cette base. A défaut de rè ble, il peut même en céder l'usage, soit à
glement , la loi leur trace elle-même le prin titre gratuit , soit à titre onéreux.
cipe qu'ils doivent suivre, en leur prescrivant Cependant comme l'intérêt de l'agricul
de concilier autant que possible l'intérêt de ture, qui peut bien être sacrifié au respect dû
l'agriculture avec le respect dû à la propriété à la propriété, ne doit pas l'être au caprice
(C c, 645). ou à tout autre motif de malveillance de la
C'est d'ailleurs l'autorité administrative qui part du propriétaire de la source native , on
a le droit de fixer la hauteur des eaux et de s'accorde à refuser au propriétaire du fonds
veiller à ce qu'elles ne nuisent à personne où la source prend naissance le droit de re
(loi du 28 sept. 1791, tit. II, art. 16), comme tenir ou interrompre le cours d'eau par ma
aussi de déterminer la hauteur des ouvrages lice ou vengeance , et sans intérêt pour lui
que l'on peut faire pour en jouir (Cass., (loi 38, § de Rei vendit., lib. 6, tit. I). Ainsi il
7 avril 1807 , Répertoire de Merlin , au mot ne pourrait l'anéantir en la perdant dans un
Cours d'eau). Enfin , dans le cas de la décou puits ou entonnoir perforé dans son domaine;
verte d'un nouveau cours d'eau, c'est encore il pourrait moins encore se permettre d'en
à l'autorité administrative qu'il appartient de corrompre les eaux , car c'est là une action
le diriger autant que possible vers un but qui a toujours été considérée comme coupa
d'utilité générale , d'après les principes de ble et qui pourrait donner lieu à des pour
l'irrigation ( instruction de l'assemblée na suites correctionnelles contre le propriétaire
tionale du 12 août 1790 ). Remarquez que si le voisinage en était incommodé. Mais
ce droit si étendu que la loi accorde au comme le droit de propriété est toujours su
propriétaire dont l'héritage est traversé par bordonné à l'intérêt général et qu'il est borne
un cours d'eau, ne doit appartenir qu'à celui au droit de jouir et disposer de la chose en se
dont il parcourt naturellement la propriété. conformant aux lois et réglemens, le pro
Le propriétaire qui l'aurait fait pénétrer dans priétaire de la source ne peut en changer le
son domàne artificiellement par des tran cours, et il perd même le droit d'en disposer ,
chées, fossés ou coupures, ne pourrait pas lorsqu'elle fournit l'eau nécessaire à un service
réclamer un droit aussi étendu. Il n'y a d'ail- public, qu'elle alimente, par exemple, une
•ctirs que celui dout la propriété est traversée fontaine qui fournit l'eau nécessaire aux habi-
j>arune eau courante qui ait ledroitd'en user tans d'une commune, village ou hameau, sauf
a sa volonté pour l'irrigation de ses propriétés ;l'indemnité qui peut être due au propriétaire
celui dont la propriété est plus reculée ne et qui est réglée par experts, si les habitans
pourrait pas forcer le voisin immédiat de la n'en ont pas acquis ou prescrit l'usage (C. c,
rivière à lui livrer passage par une rigole ou 643 ). Cette servitude s'étendrait même au
canal d'irrigation amenant les eaux sur son droit de pénétrer et de conduire leurs bes
fonds. Et si un pareil canal de dérivation était tiaux sur l'héritage du propriétaire du fonds
fait sans le consentement des propriétaires de la source, si les habitans ne pouvaient pro
inférieurs qui jouissent aussi des eaux du fiter autrement de l'usage des eaux. En ce cas,
ruisseau , ils auraient droit de réclamer con l'entrée devrait leur être livrée par l'endroit
tre cette dérivation extraordinaire qui porte le moins dommageable. C'est là une servitude
rait atteinte à leurs droits. Mais il est à dé de nécessité qui ne peut s'appliquer qu'à l'u
sirer, dans l'intérêt de l'agriculture, qu'il sage personnel et immédiat des habitans et
intervienne, entre les divers propriétaires voi à leurs besoins journaliers. Au surplus, la
sins ou à la proximité des rivières, des accords servitude doit se borner à la satisfaction des be
pour étendre autant que possible les bienfaits soins de la commune, en sorte que si la source
des irrigations. Au surplus, le gouvernement était assez abondante pour satisfaire à plu
conserve toujours le droit d'empêcher les dé sieurs usages, le propriétaire resterait maître
rivations d'eau , même à l'égard des simples d'en détourner une partie, car il ne doit aux
ruisseaux, lorsqu'il s'agit de les faire servir à habitans de la commune que l'eau qui leur est
la navigation intérieure. A l'égard des petites nécessaire.
rivières, le propriétaire du fonds traversé ne Le propriétaire du fonds où la source prend
pourrait pas, de sa propre autorité, en dépla naissance perd encore le droit d'en dispo
cer le cours, aucun changement, modification, ser lorsque les propriétaires des fonds infé-
inflexion ou même rectification ne pouvant rieuen ont acquis ou prescrit l'usage ( C. c. ,
y être fait que par les ordres de l'autorité 641); mais les servitudes ne pouvant s'ac
publique (loi du 28 septembre 1791 , tit. II, quérir par prescription qu'autant quelles
art. 16). sont continues et apparentes , la servitude
$ III. — Des sources. de cours d'eau ne peut être acquise par pres
cription que par une jouissance non inter
On entend par source une eau vive qui se rompue de 30 années, à compter du moment
fa«t jour à la surface du sol et qui coule natu- où le propriétaire du fonds inférieur a fait
230 LÉGISLÀTION RURALE. LIV, \I»
et terminé ln ouvrages apparent destinés à tendu qu'il n'y a qu'un torrent là où les eaux
faciliter la chute et le cours de l'eau dans sa ne s'écoulent que dans les temps d'hiver ou de
propriété (C. c, 642); il faut que ces tra grande pluie.
vaux apparens aient été faits sur le fonds su La différence qui existe entre les petites ri
périeur, parce qu'alors la loi suppose qu'il y vières et les ruisseaux , c'est qu'à l'égard des
a eu convention , mais que le titre a été égare. premières les droits des propriétaires se bor
Les ouvrages faits sur le fonds inférieur ne nent à un simple usage des eaux et du domaine
peuvent pas servir à fonder la prescription, superficiaire du lit du fleuve; mais l'auto
car le propriétaire du fonds supérieur a pu les rité conserve le droit tréfoncier sur le corps
ignorer, et en tout cas il ne pouvait pas les et le lit de la rivière, ce qui entraîne le droit
empêcher. Il faut de plus que ces travaux pour le public de prise d'eau pour boire et
soient apparens, il ne suffirait pas qu'il existât, abreuver les bestiaux et pour lavages, de flol-
même sur le fonds supérieur, des conduits tabilité à bûches perdues et concession du
ou tuyaux souterrains pratiqués même de droit d'établir des usines sur les bords de ces
temps immémorial , à moins qu' il n'y ait des rivières. Les ruisseaux, au contraire, sont ainsi
regards qui manifestassent ces travaux (Cass. que leur lit et leur tréfonds dans le domaine
25 août 1812. Henhiow-dk-Panssy, ch. 26, $ des particuliers dont ils bordent ou traversent
4, n* 1" et Proudhon , du Domaine public , n* les domaines. On peut voir à cet égard la sa
1376. vante dissertation de M. Proudhon, Traité du
La seule existence de ruisseaux tracés par Domaine public, u' 930 et suiv., vol. III. De là
la nature, et possédés par le propriétaire in résultent plusieurs différences. D'abord, lors
férieur , ne suffirait pas pour lui assurer la que le cours d'eau d'une petite rivière borne
propriété incontestable du cours d'eau. Quel un héritage, il lui sert de confins, et l'héri
que longue qu'ait été sa jouissance durant tage profite de tous les accroissemens et sup
cet état de choses, il pourrait toujours être porte toutes les pertes de terrain qui résultent
privé de l'avantage des eaux par le fait du des alluvions, attérissement, relais ou chan-
propriétaire de la source qui voudrait lui don gemens de lits, et la propriété se trouvant
ner un nouveau cours ou un nouvel emploi. ainsi bornée naturellement, le propriétaire ne
Quoique les sources d'eau salée appartien peut former contre le riverain opposé aucune
nent, comme celles d'eau douce, au proprié demande en délimitation. Mais il n'en est pas
taire du fonds où elles prennent naissance, ainsi à l'égard des ruisseaux dont le lit est dans
cependant l'intérêt du fisc a fait admettre le domaine de propriété privée; le droit d'al-
quelques règles particulières. Ainsi aux ter luvion n'existe pas ; il n'y a rien d'incertain et
mes de la loi du 24 avril 1806, il ne peut être de flottant dans les limites de la propriété ,
établi aucune fabrique et chaudière de sel et nonobstant les changement qui peuvent ar
sans une déclaration préalable du fabricant, à river dans ce genre de cours d'eau, ie droit de
Ïteine de confiscation des ustensiles propres à propriété foncière reste toujours lemême.fCha
a fabrication et de cent francs d'amende ( voy. que propriétaire peut donc demander la déli
Traité du Domaine public, par M- Proudhon, mitation de son héritage. Et si le ruisseau chan
n° 1392 et suiv. ). Enfin les sources d'eau geant de lit s'est porte entièrement sur l'héri
thermale et minérale sont restées sous la sur tage d'un des riverains, il devient sa propriété
veillance de l'administration publique, non exclusive. Les petites rivières restent , quant
plus par rapport aux intérêts du fisc, mais à la police, sous la direction réglementaire d«
dans l'intérêt de l'hygiène publique (td., l'autorité gouvernementale; elle doit surveil
n« 1409 et suiv.). ler et réprimer toutes les anticipations qu«
l'un des riverains pourrait faire sur le sol de
Sacrant il. — De la propriété du lit du cours la rivière, sauf le droit qui appartient aussi aux
d'eau. riverains de poursuivre devant les tribunaux
la répression des anticipations commises pat
On distingue trois espèces de cours d'eau : d'autres et qui feraient refluer d'une manière
1* les grandes rivières sur lesquelles s'exerce dommageable les eaux sur leurs propriétés.
la navigation ou le flottage avec trains ou ra Mais le lit des ruisseaux étant dans le domaine
deaux; elles appartiennent au domaine public, privé , les contestations qui pourraient s'éle«
non-seulement quant aux usages, mais aussi versurde prétendues anticipations appartien
quant au lit du fleuve; 2° les petites rivières, draient exclusivement à la juridiction des tri
(rest-à-dire celles qui ne sont ni navigables ni bunaux ordinaires.
flottables ; on doit aussi comprendre sous cette Les propriétaires riverains ni autres ne peu
dénomination la partie supérieure des fleuves, vent établir aucun pont ni construire aucune
en remontant vers leur source, à partir du usine dans le lit des rivières sans l'autorisation
point où ils commencent à être navigables ou du gouvernement ; mais cette autorisation n'est
flottables; elles sont, quant à la jouissance pas nécessaire pour former de pareils établisse-
des avantages qu'on peut en tirer , dans le do mens sur les ruisseaux des propriétés privées.
maine privé; mais leur tréfonds reste dans Enfin, le propriétaire dont un ruisseau tra
le domaine public; 3* enfin les simples ruis verse l'héritage peut de sa seule autorité opé
seaux qui sont dans le domaine privé, même rer un déplacement dans le cours d'eau , le
quant a leur lit et tréfonds. Pour distinguer faire serpenter et circuler sur son domaine
une petite rivière d'un simple ruisseau, il faut suivant son caprice, tandis qu'en fait de ri
considérer sa grandeur et la qualification vières, de quelque classe qu'elles soient, aucun
Si'elle a reçue des habitans. De plus, le carac- changement, modification, inflexion ou recti
re essentiel d'une rivière , c'est qu'elle ait fication ne peut y être fait que par les ordrej
un cours pérenne,ou, en d'autres' termes, de l'administration publique.
que le cours de ses eaux soit continuel , at- Cependant , et dans tous les cas, les droiti
cnxr. 3e. DES ILES ET ILOTS. '331
des propriétaires sur l'élément liquide ne con gable ou non enlève par une force subite une
sistent jamais que dans une jouissance usa- partie considérable et reconuaissable d'un
gère, et ils doivent sans distinction rendre les champ riverain, et le porte vers un champ in
eaux , à la sortie de leur fonds , à leur cours férieur ou vers la rive opposée , le proprié
naturel. taire de la partie enlevée peut réclamer sa pro
priété. Mais il est tenu de former sa demande
Sbction III. — De l'alluvion et det changement dans l'année. Après ce délai il n'y serait plus
de lit. recevable, à moins que le propriétaire du
On appelle alluvion les attérissemens ou ac- champ auquel la partie enlevée a été unie
croissemens qui se forment successivement et n'ait pas encore pris possession de celle-ci
imperceptiblement aux fonds riverains_ d'un (C. c, 559).
fleuve ou d'une rivière, soit que l'alluvion se M. Proudhon (n. 1282) pense que ce droit de
forme par le dépôt des terres charriées par un revendication subsiste , soit que la portion dé
fleuve ou rivière, et alors il s'appelle plus spé tachée du terrain se soit unie à l'héritage infé
cialement attérissement, soit qu'il ait lieu par rieur par superposition ou par simple adjonc
les relais que forme l'eau courante en se reti tion; mais il ajoute que le droit de revendica
rant insensiblement de l'une des rives pour se tion que la loi attribue au propriétaire de la
porter sur l'autre. L'alluvion appartient tou partie enlevée n'est pas celui de revendiquer
jours au propriétaire de la rive découverte, ou de se faire adjuger une partie du sol comme
sans que le riverain du côté opposé puisse venir formant un second fonds qui soit à lui, mais
réclamer le terrain qu'il a perdu. Toutefois ce bien seulement de reprendre et enlever les
droit n'a pas lieu à l'égard des relais de la mer, terres et débris reconnaissables provenant de
et ne peut être exercé sur les fleuves et ri son fonds. Cette revendication doit être faite
vières navigables et flottables qu'à la charge de dans l'année, et si le propriétaire inférieur
laisserle marche-pied ouchemiu de halage con voulait en disposer sans attendre la fin de
formément aux réglemens (C. c, 556 et 557 ï. l'année, il aurait le droit de requérir l'autre
L'alluvion doit élre l'œuvre progressive de d'avoir a s'expliquer sur la question de savoir
la nature; un des propriétaires riverains ne s'il veut ou non enlever le dépôt et lui faire
pourrait donc jeter dans la rivière aucun prescrire un délai pour cela
corps, ni y faire aucune plantation dans la vue Si une rivière ou un fleuve coupe ou em
de donner naissance à 1 alluvion et d'en favo brasse une propriété, elle continue à appar
riser l'agrandissement.Lorsque l'alluviona pris tenir au propriétaire; car il n'y a aucun mo
une consistance ferme et solide et que l'eau a tif de l'en priver (C. a, 562). Si un fleuve ou
cessé de le dominer, il peut, il est vrai , y faire une rivière navigable , flottable ou non , se
des plantations pour s'en mieux assurer la pos forme un nouveau cours en abandonnant son
session, parce qu'alors il ne s'agit plus que de ancien lit, les propriétaires des fonds nou
conserver ce qu'il a acquis ; mais ces planta vellement occupés prennent à titre d'indem
tions ne doivent pas être faites de manière à nité l'ancien lit abandonné, chacun dans la
faveriser l'accroissement de l'alluvion ; on doit proportion du terrain qui lui a été enlevé
laisser à la nature seule le soin de compléter (C c, 563).
son œuvre. 11 est également permis , sauf les
lois de police, aux propriétaires riverains, de Section IV. — Des ilet et tlots gui te forment
pratiquer des ouvrages inoffensifs envers les dont le lit des fleuves et rivières.
tiers, pour mettre leurs héritages à couvert
du débordementou de l'action envahissante des Le lit des fleuves et rivières navigables ou
eaux. flottables appartenant au domaine public, il
Le partage des alluvions entre les divers en résulte comme conséquence naturelle que
propriétaires riverains peut faire naitre des les lies , ilôts et attérissemens qui se forment
difficultés sérieuses entre eux ; nous pensons dans le lit de ces fleuves ou rivières, et qui
qu'il doit s'opérer par la prolongation des li- ne sont que l'exhaussement de leur fonds, ap
Î;nes latérales des divers héritages voisins de partiennent à l'Etat. Mais aujourd'hui les fonds
a rivière, quelle que soit la direction respec du domaine public se diviseut en deux classes :
tive de ces ligues; c'est l'opinion de M.» Char la première comprend ceux qui, consacrés à
bon, président du tribunal civil d'Auxerre, l'usage de tous, ne sont la propriété de per
dans son excellent Traité du Droit d'alluvion. sonne ; telles que les rivières navigables et les
C'est aussi de cette manière que le gouverne grandes routes, et qui par rapport à leur des
ment partage les terrains entre les proprié tination sont inaliénables et imprescriptibles.
taires riverains, lorsqu'il supprime ou rétré La seconde comprend les fonds du domaine
cit une rue ou voie de communication. Voir national ordinaire qui sout possédés par l'Etat
toutefois la dissertation de M. Froudhon, à titre de propriétaire, et qui, comme les pro
n. 1391. priétés particulières, sont susceptibles d'être
La loi distingue avec soin le cas où l'ac irrévocablement aliénés lorsque la vente en
croissement a été successif et insensible de est faite en vertu d'une loi, car l'art. 2227 du
celui où il a été subit et visible : dans le pre Code civil veut que l'Etat soit soumis pour ces
mier cas, l'alluvion profite par droit d'incor biens aux mêmes règles que les particuliers.
poration aux propriétaires des terres aux- De là résulte que les iles et attérissemens qui
auelles il s'est joint; celui dont l'héritage est se forment dans les rivières navigables ou flot
insinué ne peut le revendiquer , parce qu'il tables quoique appartenant à l'état sont sou
est impossible de constater si ces particules mis à la prescription (Ce, £60).
terreuses proviennent du sol de son héritage Mais les lies, Ilots et attérissemens qui sa
ou de celui de toute autre propriété supé forment H«ns les rivières non navigables ni
rieure; mais si un fleuve ou une rivière navi- flottables appartiennent aux propriétaires ri
232 LÉGISLATION RURALE LIV. VI.
verains (C.c.,561) , et d'après les principes que entrepreneurs qui doivent le creuser à leurs
nous avons adoptés ce n'est pas comme formant frais.
une part de leur fonds, puisque le lit ou tré Lorsque la confection ou réparation des ca
fonds de toutes les rivières appartiennent au naux cause quelque dommage aux propriétai
domaine public, mais à titre de don fait par res voisins, ratât ou les entrepreneurs doivent
la loi. L'Ile appartient au propriétaire riverain les indemniser-, toutes les contestations qui
du côté oh elle s'est formée. Si elle ne se peuvent s'élever à cet égard entre eux et les
trouve placée que vis-à-vis d'un seul héritage, entrepreneurs sont de la compétence du con
elle appartient tout entière au propriétaire de seil de préfecture ( loi du 28 pluviôse an VIII ,
ce fonds; mais si l'Ile s'est formée vis-à-vis le art. 4).
frdnt de plusieurs héritages, elle appartien Il en est de même des dommages qui peu
dra à chaque propriétaire en proportion du vent résulter de leur établissement pour les
front de chaque domaioe. Lorsque l'Ile s'est propriétés voisines, par les infiltrations qu'ils
formée des deux côtés, elle appartient aux y portent , soit que les terrains soient simple
propriétaires des deux rives à partir de la li ment humectés ou inondés. Les propriétaires
gne qu'on suppose tracée au milieu de la rivière ainsi lésés ont contre le gouvernement ou les
(Ce, 561). concessionnaires un recours en indemnité pour
les pertes qu'ils éprouvent. Ces principes, qui
Section V. - Des canaux de navigation ne sont que l'application rigoureuse des lois
intérieure. ité , ont été adoptés par décision du
conseil d'état du 12 mars 1824 a l'égard du <
Les canaux de navigation intérieure qui ont nal de Loing.(Fdy.)oi du 21 vendémiaire an V,
été établis par le gouvernement, quoique creu préambule; décret du 22 février 1813, art. 4;
sés de main d'homme , font partie du do arrêt du 27 avril 1826, cité par M. Macahel,
maine public, puisqu'ils ont expressément t. VIII, p. 227 ; arrêt du 29 février 1832, et
reçu cette destination, et qu'ils n'ont été exé M. Pboudhon, Traité du Domainepublic, nM 797,
cutés, pour le service public, que par l'ex 1563 et 1655.)
propriation des fonds qu'ils occupent; or, cette
expropriation avait justement pour but de les Section VI. — Des lacs.
faire sortir du domaine privé.
Le plus souvent les canaux de navigation in Les lacs sont de grands et profonds réser
térieure s'établissent par des concessions faites voirs créés par la nature et alimentés par des
à des compagnies ou entrepreneurs qui , aux sources ou des courans qui conservent perpé
termes de leurs traités, doivent en avoir la tuellement la masse de ces grands réceptacles
possession à perpétuité ou pour un temps li d'eaux.
mité. Dans ce cas , les concessions faites à ces En thèse générale, les lacs font partie du
entrepreneurs consistent seulement dans la domaine public; mais un lac peut également
possession ou jouissance de l'octroi de la na être dans le domaine privé d'un particulier ou
vigation et non pas dans l'aliénation du canal d'une commune ; c'est ce qui se voit fréquem
qui, étant placé dans le domaine public, est ment à l'égard des petits lacs qu'on trouve
essentiellement inaliénable et imprescriptible dans les pays de montagnes.
tant que la destination du fonds n'a pas été tota La différence qui existe entre les lacs qui
lement changée. De là il résulte que toutes les dépendent du domaine public et ceux qui ap
aliénations faites par le gouvernement, à la partiennent au domaine privé sont les sui
charge par les acquéreurs ou les concession vantes :
naires de les éntretenir dans leur état de via Dans les lacs publics, le revenu de la pêche,
bilité publique , ne sont pas de véritables ac comme celui des rivières navigables , appar
tes de vente opérant une aliénation parfaite ; tient à l'Etal; dans les lacs qui sont propriété
que ce ne sont que des engagement révoca privée , la pêche appartient exclusivement au
bles suivant les circonstances , en indemni propriétaire.
sant les concessionnaires. Ces canaux , même Sur les lacs publics, l'usage de la navigation
concédés à perpétuité, conserveut donc tou ou des passages qui peuvent avoir lieu en tous
jours leur nature de voie publique, et comme sens par le moyen de barques et bateaux doit
tels ils restent soumis aux servitudes de vue être permis à chacun comme l'usage des gran
et autres, compatibles avec leur nature envers des routes ; mais le passage au moyen de bar
les fonds voisins ; et toutes les contestations ques à travers un lac privé, pour arriver de
3ni peuvent avoir pour objet ces servitudes I un des bords sur le fonds situé de l'autre
oiyent être portées devant les tribunaux côté, ne peut être exigé, pour servir à l'ex
ordinaires. Les canaux de navigation étant des ploitation de ces fonds enclavés , lorsqu'il n'y
voies de communication tracées dans l'intérêt a pas de servitude consentie par le proprié
public, legouvernement peut toujours, moyen taire , que moyennânt indemnité.
nant indemnité, s'emparer des sources et ruis Dans les lacs publics où la masse d'eau est
seaux qui se trouvent dans les terrains supé en général assez abondante pour satisfaire à
rieurs et qui peuvent être nécessaires pour tous les besoins du voisinage, sans nuire à la
alimenter le canal. navigation , toutes les prises d'eau doivent être
En tous cas, le concours du pouvoir législa permises ; au contraire il ne peut être permis
tif est indispensable pour autoriser un canal de pratiquer des rigoles de dérivation dans un
qui doit être creusé par le gouvernement et canal propriété privée sans le consentement
pour voter les fonds nécessaires à sa confec de cepropriétaire.
tion. Le concours de l'autorité législative est Ennn , si le propriétaire du lac privé a quel
«également nécessaire pour autoriser la cou- que moyen d'en faire écouler les eaux, il peut,
Cession d'un canal à une compagnie ou à des de sa propre autorité, obtenir ainsi une pluf
CIIAP. 3*. DES ETANGS. 233
grande quantité de terrain et même le ré l'eau vienne à diminuer; et réciproquement,
duire à sec, sans avoir recours aux mesures le propriétaire de l'étang n'acquiert aucun
exigées parla loi du 16 septembre 1807, comme droit sur les terres riveraines que son eau
on peut le voir dans la décision du conseil vient à couvrir dans les crues extraordinaires
d'état du 11 août 1824, rapportée par M. Ma- (Ce, art. 558).
carel, t. VI, p. 523, sauf les lois de police sa Il résulte de cet article que les fonds rive
nitaire. rains d'un étang sont soumis à la servitude
d'inondation plus ou moins étendue sur leurs
Section. VII. — Des étangs. bords , dans le temps des grandes crues, el
qu'il suffit que l'étang ait été établi depuis
On nomme étang un amas d'eau retenu par plus de 30 ans, pour que cette servitude reste
des ouvrages de main d'homme. définitivement acquise à l'un sur l'héritage
Chacun peut établir des étangs sur sa pro de l'autre. Mais avant l'écoulement de cet es
priété, mais il doit préalablement obtenir la pace de temps , les propriétaires voisins au
permission d« -l'autorité administrative, qui raient une action pour faire réduire la chaussée
ne l'accorde qu'après une enquête de commodo de l'étang à une nauteur telle qu'elle ne pût
tel incommode, faite dans l'intérêt de la salu plus leur nuire; et ils auraient même droit
brité publique. C'est elle aussi qui doit fixer d'en exiger la démolition totale si la disposi
la hauteur du déversoir des eaux de manière tion du focal ne permettait pas d'y for er un
à ce qu'elles ne nuisent à personne ( loi du 28 étang.
septembre 1791 , tit. II, art. 16). Les voisins Il résulte aussi de cette disposition de notre
sont également autorisés à former opposition Code que ce qu'on peut appeler les lais et
dans leur intérêt particulier à la formation relais <fun étang ne sont pour le propriétaire,
d'un étang, sauf à faire statuer par l'autorité comme pour ses voisins, que soumis à une
compétente sur le mérite de leur opposition. possession passagère et précaire , les actes de
Le propriétaire d'un étang nouvellement possession de la part des riverains, tels que
construit n'a pas le droit de forcer le proprié d'y couper de l'herbe, d'y faire paître des
taire inférieur à recevoir ses eaux, a moins troupeaux, ne pourraient pas servir de fon
qu'elles n'eussent auparavant un écoulement dement à la prescription , et de part ni d'au
naturel, même en lui offrant une indemnité tre on ne pourrait agir au possessoire sur cet
proportionnée au tort qu'il en éprouverait , espace intermédiaire.
attendu que dans ce cas il ne s'agit plus d'un L. Malepeyre.
intérêt public, mais d'un intérêt privé ( C. c,
545 et 640). On voit par ce qui précède combien les dis
Le propriétaire d'un étang doit tenir sa positions de nos lois sur les étangs sont in
bonde et sa chaussée dans un état tel qu'il complètes; aussi, comme nous l'avons déjà
n'en résulte aucun préjudice pour les pro dit dans notre article sur ce sujet, p. 179,
priétaires voisins. S'il ne les réparait pas et les étangs, dans le département de l'Ain, sont-
qu'il résultât de sa négligence des chutes ou ils des nids à procès. La nécessité d'avoir
infiltrations d'eau, il serait tenu de réparer le des règles fixes, pour prévenir ou décider les
dommage qui en résulterait. contestations, y a fait établir quelques règles
Durant tout le temps qui s'écoule depuis d'usage ou de coutume qui tiennent lieu de
l'alvinage ou l'empeuplement , jusqu'à la pê loi ; mais ces règles elles-mêmes sont souvent
che de l'étang, les poissons qui s'y nourris contestées. Dans la plupart des autres pays
sent sont considérés comme accessoires du on n'a pas des réglemens aussi précis : on se
fonds, et en cette qualité immeubles par des plaint généralement de ce que les lois ne sont
tination ( C. c. , 524 ) ; mais lorsque tirés des pas intervenues pour donner un caractère fixe
étangs ils sont renfermés dans des viviers ou a ces dispositions souvent vagues et peu pré
réservoirs, ils reprennent leur nature de meu cises, et qui, par cette raison, sont souvent
bles. ruineuses pour ceux qui les invoquent. Nous
Lorsque deux ou plusieurs étangs commu allons résumer la plupart de ces dispositions,
niquent entre eux, les poissons appartiennent en parcourant ce que M. Durand a dit sur les
toujours au propriétaire de l'étang où ils se usages du Forez et M. de Marivaux sur ceux
trouvent, pourvu qu'ils n'y aient pas été atti de la Sologne ; nous avons trouvé peu à ajoutei
rés par fraude ou artifice (Ce, art. 564 ); aux usages de Bresse ; ils sont consignés dans
mais un propriétaire peut suivre son poisson les ouvrages des jurisconsultes Rêvai, et
3ni a remonté par une crue ou débordement Collet , etc. , résumés dans la statistique de
'eau, jusque dans la fosse ou auge de l'étang Collin , d'où nous les avons extraits, en les
voisin ; il peut faire vider cette fosse dans la resserrant, comme pouvant fournir des ren-
huitaine, le propriétaire présent ou dûment seignemens utiles à tous les pays d'étangs.
appelé. Une partie de ces dispositions est sans doute
C'était l'ancien usage attesté par tous les devenue contestable dans l'ordre nouveau et
auteurs qui ont écrit sur le droit rural, et le sa législation actuelle; c'est un motif de plus
Code n'y a pas dérogé, puisqu'il n'attribue au pour solliciter à ce sujet des dispositions lé-
propriétaire que le poisson qui passe dans son gislatives.Toutefois nou^i'admettronspas l'o
étang. pinion de ceux qui voudraient regarder l'tvo-
Enfin l'alluvion n'a pas lieu à l'égard des lage comme un droit purement téodal ; il y a
étangs, les propriétaires riverains ne peuvent sans doute un grand nombre d'étangs faits
acquérir aucun droit sur l'étang dont le pro- par conventions et le consentement mutuel
Îirié taire conserve toujours le terrain que des parties qui y ont trouvé avantage.
'eau couvre lorsqu'elle est à la hauteur de la 1° Le propriétaire d'étangs doit la vidange à
décharge de l'étang, encore que le volume de l'étang supérieur ,tant pour la pêche que pour
AGRICULTURE. tome^IV.—30
234 LÉGISLATION RURALE. Lrv. ru
l'assec; cette vidange doit se donner avant le lement à la charge de l'état. Sont toutefois
15 mars. 2° Le propriétaire d'un fond supé exceptés les canaux et fossés existans ou qui
rieur à un étang ne peut, même pour son seraient creusés dans les propriétés particu
usage , détourner les eaux de l'étang. 3» Le lières et entretenus aux frais des propriétai
propriétaire de révolage a droit de suite sur res ( loi citée, art. i" ).
son poisson dans les prés et même dans les La pêche, dans les rivières de l'état, ne
étangs supérieurs; ce droit ne dure qu'un an. peut donc être exercée que par les porteurs
4» Le propriétaire des étangs a le jet de Berce, de licence ou par les fermiers qui s'en seront
c'est-à-dire le droit de prendre de la terre à rendus adjudicataires ( idem, art. 5 ).
7 pieds et demi au dehors de sa chaussée, et le Le gouvernement doit déterminer, d'après
voisin de l'étang ne peut faire des fossés sans des enquêtes de commodo vel incommedo,
se tenir au moins à cette distance. 5° Le pro- quelles sont les parties des fleuves et rivières
Îiriétaire de l'étang ouvre et ferme à volonté où le droit de pêche sera exercé au profit du
es grilles ou daraises, les fonds inférieurs ne domaine de l'état. Il a également le droit de
peuvent rien exiger pour cet objet, sans titre. déclarer navigable ou flottable une rivière qui
6* Le propriétaire de l'évolage doit donner ne l'était pas, et dans ce cas il n'est dû aux
assec chaque 3« année ; s'il est le plus grand propriétaires riverains que l'indemnité de leur
portionnaire du sol, il peut s'en dispenser, droit de pêche supprimé (idem, art. 3).
sauf indemnité, sinon il ne peut le refuser. Les fermiers et porteurs de licence ne
Il entretient seul la chaussée , les grilles et peuvent user, sur les fleuves et canaux navi
les thoux; pour les réparations de la chaussée, gables, que du chemin de halage, et sur les
on prend la terre d'abord dans la pêcherie et rivières flottables, que du marche-pied, sauf
ensuite partout oii on le peut sans nuire. 7° Ce à traiter de gré à gré avec les propriétaires
lui qui a pie dans l'étang doit l'ensemencer riverains sur l'usage des terrains dont ils peu
de grains qui s'enlèvent en même temps que vent avoir besoin pour retirer et asséner leurs
ceux semés par les autres propriétaires; le filets ( tdem, art. 35 ).
propriétaire de l'eau a droit de le sommer à cet Dans toutes les rivières et canaux, autres
effet, et après le délai, de cultiver la pie lui- que ceux ci-dessus désignés, les propriétaires
même. 8° Un propriétaire de pie peut la clore riverains ont, chacun de son côté, le droit de
d'une naie ' sèche l'année de l'assec, et en pêche jusqu'au milieu du cours de Keau, sans
jouir alors comme il l'entend , pourvu que sa préjudice des droits contraires établis par
récolte soit enlevée au moment de recueillir possession on titre.
les eaux, qui est fixé à la Toussaint. 9° Un Le droit de pêche, dans les cours d'eau non
propriétaire de pie peut forcer tous les autres navigables ou flottables, est un des attributs et
a réparer la chaussée. 10° Tout propriétaire comme une partie de l'usufruit perpétuel que
de partie d'assec ou d'évolage a droit de nai- la loi attache aux propriétés riveraines; il ne
sage et pâturage; ce droit cesse si les eaux peut donc en être détaché et cédé à perpé
sont baissées d'un tiers. 11° Le propriétaire tuité à des étrangers ; mais l'un des proprié
d'une pie, lorsque l'étang est en assec , n'a taires riverains pourrait acquérir, par titre ou
droit de pâturage que sur sa pie; ce droit par possession, le droit de pèche sur tout le
cesse même après la récolte. cours d'eau qui est vis-à-vis le front de son
M. de Marivaux dans son écrit sur les héritage; ce serait alors un des deux usufrui
étangs de la Brenne, propose un projet de loi tiers qui prescrirait contre l'autre. Chacun
ou il a fondu une partie de ces dispositions; des propriétaires pourrait aussi louer et af
cet écrit, très bon à consulter, se trouve fermer son droit de pèche sur sa portion de
dans le numéro des Annales d'Agriculture du la rivière, comme tout usufruitier peut affer
SI août 1826. mer le droit de jouissance qu'il a sur un héri
A. Puvis. tage.
Les droits qui dérivent de la propriété sont la loi a voulu que le bornage se fit à frais
assez multipliés, nous ne nous occuperons ici communs » (Ce, 646 ).
que de deux espèces de ces droits dérivatifs Le bornage remonte aux premiers âges du
a savoir : du bornage et du droit de clôture. monde. Moïse et Niima Pompilius, ces deux
grands législateurs des Hébreux et des Ro
Section Ir>. — Des bornage et délimitations. mains , avaient non-seulement fait un devoir
à leurs peuples de fixer les limites de leurs
$ Ier. — Du bornage de» propriétés rurales. héritages, mais ils avaient mis au rang des
plus grands crimes le déplacement fraudu
Le droit de bornage dérive du droit de pro leux de ces signes sacrés de la propriété,
priété , le maître de la chose ayant toujours parce qu'ils avaient senti que le respect de ce
intérêt à ce qu'elle ne soit pas confondue droit pouvait seul assurer l'existence et le re
avec celle de ses voisins; de là cette disposi pos des sociétés.
tion de la loi qui porte que « tout propriétaire On entend en général par borne toute mar
peut obliger son voisin au bornage de leurs que qui sert à désigner la ligne séparative de
propriétés contiguè's ; et comme cette délimi deux héritages. Mais le plus communément
tation d'héritages est dans l'intérêt commun. ce sont des pierres plantées debout et en fou
CHAT. 4*. DES BORNAGES ET DÉLIMITATIONS. 239
cées en terre aux confins des propriétés con- Si les titres des deux voisins offraient une
tiguës. Pour témoigner que cei bornes ont étendue plus ou moins grande que celle de
été placées pour limiter les héritages, on place tout le terrain, il faudrait faire une règle de
dans certains endroits du charbon pilé sous proportion et attribuer à chacun une quan
la pierre qui sert de borne ; dans d'autres lo tité proportionnelle à ses droits.
calités , ce sont des morceaux de verre , de Si les bornes avaient été placées en vertu
cuivre ou autre métal ou quelques autres frag- d'un titre commun et non contesté et que,
mens de matière qui paraissent avoir été par erreur, elles se trouvassent avoir été mal
placés de mains d'hommes. Le plus souvent placées, l'erreur devrait être rectifiée.
on se contente de placer des tuileaux prove Après la vérification des titres et le mesu-
nant d'une seule brique que l'on casse en plu rage des terres, on place les bornes, on dresse
sieurs morceaux, et qu'on place en divers en procès-verbal de l'opération, et si le bornage
droits du pied de la borne, sans trop les'mor- est fait en justice, les experts déposent leur
celer, de manière qu'on puisse reconnaître, Tapport au greffe du tribunal, qui statue con
en les rapprochant , qu'ils proviennent d'une formément aux dispositions du Code de. pro
même tuile ou brique. cédure civile.
Ces marques s'appellent garant, témoin* Souvent il arrive que la demande de bor
ou fUaueê( Brodeau, sur la Coutume du Maine, nage entre deux propriétaires nécessite la
art. 297. Coquille, sur celle du Nivernais, même opération entre un plus grand nombre.
lit. VIII ). Mais ces usages ne limitant pas Si, par exemple, le propriétaire dont le champ
les signes qui peuvent servir à déterminer les fait partie d'une vaste plaine demande le bor
bornes des propriétés, tout autre mode de nage à son voisin et que ni l'un ni l'autre ne
délimitation, tel qu'un fossé, un talus, un trouve la quantité de terrain portée en leurs
mur, une haie, etc. pourraient servir à borner titres, ils sont alors forcés de demander le
des propriétés contiguës. bornage aux autres voisins, de sorte que le
Le bornage ou la reconnaissance des an bornage peut s'étendre ainsi de proche' en
ciennes limites se fait à l'amiable, si les deux proche à tous les propriétaires d'une vas..'
voisins sont majeurs et d'accord. Ils dressent plaine.
alors un acte sous seing privé, en double, ou C'est un grave inconvénient, car les frai»
ils font rédiger, par le notaire du lieu, un énormes qu entraînent ces arpentages géné»;
procès -verbal authentique qui constate le raux mettent les petits propriétaires dans l'im-!
bornage. possibilité de profiter des dispositions de la
S'ils ne peuvent s'accorder, les bornes doi loi, puisqu'ils ne pourraient obtenir le borna
vent être placées, en vertu d'un jugement, par ge sans s'exposer à se ruiner. Le meilleur
des experts convenus entre les parties ou moyen d'éviter que l'action que la loi leur ac
nommes d'office par le juge. Ces experts prê corde ne soit vaine, ce serait de fixer sur (e
tent serment et procèdent dans les formes territoire de chaque commune et, sous la sur
déterminées par le Code de procédure ci veillance des conseils municipaux, des points
vile. fixes de repère qui auraient été établis avec
Chaque partie remet ses titres aux experts toutes les précautions nécessaires, de ma
pour qu'ils puissent déterminer les endroits nière à limiter les arpentages que le bornage
où les bornes doivent être placées. Ces titres pourrait exiger.
doivent servir de règles, à moins que l'un des Nous avons vu avec plaisir que ce moyen
voisins n'ait acquis une plus grande quantité de faciliter ou plutôt de rendre possible les
de terrain que celle portée dans son titre par bornages que nous avons proposés lors de la
la prescription, c'est-à-dire par une posses Ïmblication de notre code rural ( 1834), a fixé
sion paisible et continue pendant 30 ans, s'il 'attention du gouvernement. Voici en effet
n'a pas de titre qui lui confère un droit sur dans quels termes s'exprime M. le ministre
cette partie de la propriété, et pendant dix du commerce, dans la circulaire par lui adres
ans seulement, si la personne contre laquelle sée aux conseils généraux, le 4 septembre
il prescrit réside sur les lieux, et 20 ans si 1835. « Les anticipations de propriété sont
elle n'y est pas, lorsqu'il possède en vertu fréquentes et grandement dommageables. —
d'un titre translatifde propriété dont il ignore Lorsque l'on considère tout l'avantage qu'il y
les vices. Mais, pour prescrire, même par la aurait à mettre obstacle à ces empiètemens
possession de 30 ans, il ne faut pas que cette et à tarir ainsi la source principale des con
possession puisse être considérée comme clan testations relatives à la propriété rurale;
destine, et l'on réputerait telle une légère an quand on s'aperçoit que les mutations de
ticipation de terrain faite en labourant une propriété, souvent indiquées avec inexacti
pièce de terre où il n'y aurait pas de bornes tude, diminuent insensiblement chaque an
ou dont les bornes ne seraient plus appa- née les bienfaits de l'opération du cadastre,
• rentes. on est amené à regretter que dès le principe
S'il y a différence entre les titres des deux de cette grande opération les communes, à
voisins, celui qui possède doit être préféré. mesure que leur territoire a été cadastré;
S'il n'y a pas de titre, la seule possession n'aient pas fait limiter les principales divi
doit faire la règle. Si l'un a des titres et que sions cadastrales qui n'avaient pas de limites
l'autre n'en ait pas, les titres doivent servir certaines par des bornes rattachées à des
de règle. points fixes et toujours facilement rempla
Si les deux voisins ont des titres, mais qu'ils cées en cas de disparition. Dans l'intérieur
ne fixent pas l'étendue de la portion de eha- de ces divisions, les géomètres auraient pu
cun, il faut partager également et par moitié, indiquer sur les plans la largeur et la hau
toujours en supposant qu'il n'y ait pas de pos teur de chaque parcelle, et de cette façon les
session contraire. usurpations auraient été rendues impossibles.
*
2-10 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI.
« Ce bornage, qui n'aurait pas causé beau l'état et les' propriétés riveraines peut tou
coup de frais pour chaque commune et dont jours être requise, soit par l'administration
la dépense aurait été supportée, soit sur les forestière, soit par les propriétaires riverains
fonds communaux, soit au moyen d'un rôle (loi citée, art. 8).
extraordinaire additionnel à la contribution Toutefois, en reconnaissant le droit égal
foncière, pourrait être appliqué à tous les soit des particuliers soit de l'administration
territoires qui ne sont pas encore cadastrés. à provoquer la séparation des immeubles li
« Quant aux territoires cadastrés, l'opération mitrophes, il a paru conforme à la justice
pourrait se rattacher aux plans de conserva d'autoriser l'administration à suspendre le
tion du cadastre, dont s'occupe M. le minis cours des actions partielles en bornage, pour
tre des finances et qui sera l'objet d'une pro vu qu'elle offrit d y faire droit dans le détai de
position législative. » six mois en procédant à une délimitation géné
Ces vues sont sages, sans doute, et introdui rale de la forêt ( idem, art. 9 ).
raient de grandes améliorations dans la pro Dans ce cas l'administration doit annoncer
priété rurale, mais elles se rattacheraient cette opération deux mois à l'avance, par
mieux encore à un plan général de réunion un arrêté du préfet, qui sera publié el af
qui, nous aimons à nous flatter de cet espoir, fiché dans les communes limitrophes; et,
remédiera un jour au morcellement pres pour qu'aucun citoyen ne puisse être dé
que indéfini de la propriété qui menace l'ave pouille d'une portion de sa propriété par
nir de notre agriculture et a l'enclave et en l'emploi de moyens administratifs, dont il
chevêtrement des terres, source de procès et pourrait très facilement, surtout dans les
de dommages pour la culture de notre sol. campagnes, n'être pas instruit en temps uti
Dans l'état actuel de notre législation, la le, la loi a voulu que l'arrêté du préfet
délimitation ne peut être confondue avec le fût signifié au domicile des propriétaires
bornage, la cour de cassation l'a décidé ainsi riverains ou à celui de leurs fermiers, gar
par arrêt du 30 décembre 1818. Elle a pensé des ou agens {idem, art. 10 ); et comme
que la délimitation indiquait seulement la l'article 173 de cette même loi donne aux
ligne séparative des propriétés, mais que le gardes de l'administration le droit de faire
bornage seul constatait légalement cette li toutes citations et significations d'exploits en
gne ; qu'ainsi l'action de bornage devait être matière forestière, Tes frais qui auraient pu
accueillie lors même que les propriétés au résulter de cette disposition se trouvent ré
raient des limites suffisamment indiquées, duits et les inconvéniens qu'elle semble pré
telles que haies vives, épines et arbres. senter au premier abord sont entièrement
En général les bornes placées aux extrémi palliés.
tés des héritages indiquent qu'il faut, pour _ Après ce délai, les agens de l'administra
former les limites, tirer une ligne droite d'u tion forestière procèdent à la délimitation en
ne borne à l'autre. présence ou en l'absence des propriétaires ri
Pour avoir droit d'intenter l'action en bor verains (idem, art. 10 ).
nage, il faut posséder à titre de propriétaire. Le procès-verbal de délimitation est immé
Ainsi le fermier ou colon ne pourrait pas in diatement déposé au secrétariat de la préfec
tenter directement cette action, mais ils le ture et par extrait au secrétariat de la sous-
pourraient indirectement en actionnant leur préfecture, en ce qui concerne chaque arron
bailleur pour le contraindre à leur livrer la dissement. Il en est donné avis par un arrêté
contenance de terrain qui leur a été donnée du préfet, publié et affiché dans les commu
à bail ou à faire cesser le trouble qu'ils éprou nes limitrophes. Les intéressés peuvent en
veraient dans leur jouissance, de la part du prendre connaissaissance et former leur op
voisin. position dans le délai d'une année, à dater du
Enfin on s'accorde à donner à l'usufruitier jour où l'arrêté a été publié. Dans le mê
et au preneur, à titre d'emphytéose, le droit me délai le gouvernement déclare s'il ap
d'intenter l'action de bornage. Mais M. Pboud- prouve ou s'il refuse d'homologuer ce pro
hon pense que le bornage fait avec l'usufrui cès-verbal, en tout ou en partie. Sa déclara
tier n'est que provisoire, et que le proprié tion est rendue publique de la même ma
taire peut en demander un nouveau à la fin nière que le procès - verbal de délimitation
de l'usufruit ( Traité de l'utufruit, n° 1243. ( idem, art. 11).
Voy. aussi Toullieh, n« 169 et suiv.). Si, à l'expiration de ce délai, il n'a été élevé
On considère aujourd'hui l'action de bor aucune réclamation par les propriétaires ri
nage comme imprescriptible, parce qu'elle est verains contre le procès-verbal de délimita
inhérente à la propriété, qu'elle en suit le tion et si le gouvernement n'a pas déclaré son
sort et ne peut en être détachée. refus d'homologuer, l'opération sera définiti
ve. Les agens de l'administration procéderont,
$ II. — De la délimitation et bornage des boil et dans le mois suivant, au bornage en présence
forêts continués ù ceux de l'Etat. des parties intéressées, ou elles dûment ap
pelées par un arrêté du préfet, ainsi qu'il est
La délimitation et bornage des bois et fo prescrit ci-dessus ( idem, art. 12 ).
rêts appartenant à des particuliers se fait con Si la séparation s'opère par un simple bor
formément aux règles qui précèdent, mais nage, les dispositions de l'article 640 du Code
lorsqu'ils sont contigus à des forêts de l'état, civil sont applicables et les frais de bornage
le bornage se fait d'après des règles particu sont supportes en commun ( idem, art. 14 ).
lières qui sont consignées dans la loi du 21 La séparation peut aussi être effectuée par
mai 1827 et dans l'ordonnance d'exécution du des fossés de clôture, soit de la part de l'admi
1er août de la même année. nistration, soit de la part des particuliers. Eu
La séparation entre les bois et forêts de ce cas, ces fossés doivent être faits aux frais de
DROIT DE CLOTURE.
la partie requérante et pris en entier sur son refusent de le faire, si même ils ne se présen
terrain', idem, art. 14). Mais il ne résulte pas de tent ni. en personne ni par un londé de pou
cette disposition que l'état ouïes particuliers voir, il en sera fait mention. En cas de
Îmissent nuire au voisin, sans que celui-ci ait difficultés sur la fixation des limites, les ré
e droit de réclamer une indemnité. Un fossé quisitions directes ou observations contradic
de clôture peut nuire considérablement aux li toires seront consignées au procès- verbal.
sières des bois qui, en général, sont formées Toutes les fois que par un motif quelcon
des plus beaux arbres ; en dénudant leurs ra que les lignes de pourtour d'une forêt, telles
cines, on les expose à souffrir et même à pé qu'elles existent actuellement, devront être
rir. La loi a voulu seulement considérer l'é rectifiées, de manière à déterminer l'abandon
tat comme un particulier et que chacun res d'une portion du sol forestier, le procès-verbal
tât dans le droit commun. Celui donc oui devra annoncer les motifs de cette rectifica
se croira lésé pourra poursuivre l'autre de tion, quand même il n'y aurait à cet égard
vant les tribunaux. On sent, en effet, que les aucune contestation entre les experts ( idem,
dispositions de l'article 672 du Code ci-vil, qui art. 61 ).
permet au propriétaire de couper les racines Dans le délai d'une année le ministre des
des arbres qui s'avancent sin1 son terrain et de finances doit rendre compte au roi des mo
contraindre le voisin à élaguer les branches tifs qui pourront déterminer l'approbation
qui se projettent sur sa propriété, ne sont pas ou le refus d'homologation du procès-verbal
applicables aux bois et forêts, aux termes des de délimitation ; il est statué par le roi sur ce
dispositions de l'article 150 de la loi du 21 mai rapport.
1827 qui prononce des peines graves contre A cet effet, aussitôt que le rapport aura été
ceux qui élagueraient les arbres des bois et déposé au secrétariat de la préfecture, le pré
forêts sans 1 autorisation des propriétaires. fet doit en faire une copie entière qu'il adresse
Au surplus, l'indemnité ne pourrait être pro sans délai au ministre des finances ( idem,
noncée que par les tribunaux civils, en con art. 62 ).
formité de l'article 1332 du Code civil. Les intéressés peuvent requérir des ex
En tous cas ce sont les tribunaux ordinai traits dûment certifiés du procès-verbal de
res qui sont appelés à statuer sur toutes les délimitation, en ce qui concerne leur proprié
contestations qui peuvent s'élever relative té; les frais d'expédition de ces extraits sont
ment à la délimitation entre l'état et les par à la charge des requérans et réglés à raison
ticuliers, et c'est encore eux qui doivent sta de 75 centimes par rôle d'écriture^ confor
tuer si les agens forestiers refusent de pro mément à l'article 37 de la loi du 25 juin 1794
céder au bornage ( idem, art. 13 ). ( idem, art 63 ).
Les réclamations que les propriétaires pour
$ III. — Mode de procéder à la délimitation et au ront former, soit pendant les opérations, soit
bornage des boia et forêts. dans le délai d'un an, devront être adressées
au préfet du département, qui les communi
L'ordonnance du 1er août 1827 règle le mode quera au conservateur des forêts et au direc
de procéder à la délimitation et au bornage teur des domaines pour avoir leurs observa
des bois et forêts entre l'état et les particu tions idem, art. 64 ).
liers. La demande doit en être adressée au Les maires justifieront, dans la forme pres
préfet du département (art. 57). crite par l'article 60 ci-dessus, de la publica
Si les demandes ont pour objet des délimi tion de l'arrêté pris par le préfet pour faire
tations partielles, il sera procédé dans les for connaître la résolution prise par le gouverne
mes ordinaires. Dans le cas où les parties se ment relativement au procè' -verbal de déli
raient d'accord pour opérer la délimitation et mitation. Il en sera de même de l'arrêté par
le bornage, il y aurait lieu à nommer des ex lequel le préfet appellera les riverains au bor
perts; le préfet, après avoir pris l'avis du nage, conformément à l'article 12 du Code
conservateur des forêts et du directeur des forestier ( idem, art. 65 ).
domaines, nommera un agent forestier pour Les frais de délimitation et bornage seront
opérer comme expert dans l'intérêt de l'état établis par articles séparés, pour chaque pro
( idem, art. 58 ). priétaire riverain, et supportés en commun
Mais s'il s'agit d'effectuer la délimitation par l'administration et lui. L'état en sera
générale d'une forêt, le préfet nomme les dressé par le conservateur des forêts et visé
agens forestiers et les arpenteurs qui devront par le préfet. Il sera remis au receveur des
procéder dans l'intérêt de l'état, et indique domaines, qui poursuivra par voie oe con
le jour pour le commencement des opéra trainte le paiement des sommes à la charge
tions et le point de départ ( idem, art. 59 ). des riverains, sauf l'opposition sur laquelle il
Les maires des communes où devra être af sera statué par les tribunaux, conformément
fiché l'arrêté destiné à annoncer les opéra aux lois ( idem, art. 66 ).
tions relatives à la délimitation générale sont
tenus d'adresser au préfet des certificats Section IL — Du droit de clôture.
constatant que cet arrêté a été publié et affi
ché dans ces communes ( idem, art. 60 ). Le droit de clore ses héritages dérive éga
Le procès-verbal de délimitation est rédigé lement du droit de propriété , et l'assem
parles experts, suivant l'ordre dans lequel l'o blée constituante a aboli toutes les lois et
pération aura été faite; il sera divisé en autant coutumes qui contrariaient ce droit par l'ar
d'articles qu'il y aura de propriétés riveraines, ticle 4 de la section IV de la loi du 28 sep
et chacun de ces articles sera clos séparément tembre 1791. Le Code civil a sanctionné cette
et signé par les parties intéressées. Si les pro disposition.
priétaires riverains ne peuvent pas signer ou Deux exceptions ont toutefois été intro-
A6IUCCbTa&£. 82' livraùon. tom* IV.—21
242 LÉGISLATION RURALE. i:v. '.1.
«luîtes, la première en faveur de celui dont le qu'il en a le droit, perd son droit au parcours
fonds est enclavé. Il peut réclamer un droit et à la vaine pâture, en proportion du ter
de passage, comme nous le dirons par la rain qu'il y soustrait (C. c, 648 ). Si donc
suite; il en est de même, à plus forte raison, il clôt le tiers de ses héritages, il perdra le
lorsque le droit de passage est fondé sur un droit d'envoyer à la pâture le tiers des bes
titre- tiaux qu'il aurait eu le droit d'y faire paître,
Dans les pays oh le parcours et la vaine pâ avant de faire clore ses propriétés.
ture ont lieu, pour connaître si l'on peut Un héritage est réputé clos lorsqu'il est en
clore son héritage il faut établir les distinc touré d'un mur de quatre pieds Je hauteur,
tions suivantes: Si le droit de parcours et avec barrière ou porte, ou lorsqu'il est exac
vaine pâture est fondé sur un titre exprès, tement fermé ou entouré de palissades ou de
au profit d'un ou plusieurs particuliers, on treillages, ou d'une haie vive, ou d'une haie
ne peut clore l'héritage qui y est soumis; mais sèche faite avec des pieux ou cordelée avec
s'il n'existe que de paroisse a paroisse ou qu'il des branches, ou de toute autre manière de
ne soit fondé, même entre particuliers, que faire des haies, en usage dans chaque localité,
sur des usages locaux, chaque propriétaire ou enfin d'un fossé de quatre pieds de large
peut s'y soustraire en mettant ses héritages au moins à l'ouverture et de deux de profon
en état de clôt.-.re. Ces distinctions, qui ré deur (loi du 28 septembre 1791, titre I", sec
sultent des dispositions de la loi du 28 sep tion IV, art. 6 ).
tembre 1791, ont été consacrées par un arrêt La clôture n'est jamais forcée dans les cam
de la cour ie cassation, du 14 fructidor an IX, pagnes ; on ne peut donc pas contraindre le
et confirmées depuis la promulgation du Code voisin même à la réparation de la clôture com
civil par un nouvel arrêt de la même cour, mune, la loi ne la rendant obligatoire que dans
du 13 décembre 1808. les villes et dans les faubourgs ( C. c, 663).
Tout propriétaire qui se clôt, lors même
Avant la loi du 28 septembre 1791, la jouis gestion de leurs biens, ces derniers seuls ont
sance des propriétés rurales était soumise à Te droit de faire des baux des biens de leurs
une foule d'entraves. Indépendamment des administrés.
restrictions imposées par les usages féodaux, Lorsqu'un fermier prend une ferme à bail,
les lois de police soumettaient Tes proprié il doit donc faire examiner les titres de pro
taires aux oans de moisson, fenaison, de priété du bailleur, car s'il n'était pas proprié
vendange, glanage, chaumage, ratelage, taire, s'il n'avait qu'un droit résoluble ou con
grapillage et autres usages qui mettaient la testé, le fermier ne devrait pas accepter le
propriété dans une espèce de tutelle des au bail, car son droit s'évanouirait avec celui du
torités locales. L'assolement forcé a quelque prétendu propriétaire.
fois été prescrit par les autorités locales, mais Le bail serait également nul s'il avait été
en cette matière comme dans tous les cas de fait par le propriétaire privé de l'administra
froduction, il est toujours plus conforme à tion de ses biens, sans l'assistance de ceux que
intérêt général d'accorder aux producteurs la loi charge de les diriger.
la plus grande liberté. Leur intérêt les gui Enfin lors même que ces baux seraient faits
dera toujours mieux que les actes souvent par les véritables administrateurs, ils ne
arbitraires de l'autorité. pourraient obliger les femmes mariées Ou
La liberté restituée aux propriétaires ru leurs héritiers, les mineurs devenus majeurs,
raux, par la loi du 28 septembre 1791, em les interdits en cas de résipiscence, les com
porte avec elle la faculté de se servir de tous les munes, hospices ou autres élablissemens pu
instrumens qui peuvent leur convenir, de faire blics pour les baux consentis par les maires,
la récolte quand bon leur semble, de disposer économes et autres administrateurs, que pour
à leur gré des productions de leur propriété, le temps qui resterait à courir soit de la pre
d'avoir telle espèce de troupeaux qu'ils ju mière période de 9 années, si les parties s'y
gent convenable, en un mot de disposer avec trouvaient encore , soit de la seconde et ainsi
toute latitude de leurs produits, en se con de suite, de manière que le fermier n'aurait
formant toutefois aux lois et réglemens de que le droit d'achever la période de neuf
police. années dans laquelle il se trouverait ( C. c.
Ce chapitre comprendra 1° le bail à ferme, 171, 481, 450, 509, 1429, 1430, 1718; loi du
2° le bail a cheptel, 3° les mesures de police que 5 février 1791; loi du 16 messidor an VII, art.
l'intérêt des particuliers a exigées pour 15 arrêté des consuls du 7 germinal an IX).
certaines récoltes. t Les baux de neuf ans et au-dessous que ces
administrateurs auraient passé ou renouvelés
Section I™. — Du bail à ferme. plus de trois ans avant 1 expiration du bail
courant, seraient sans effet, a moins que leur
Règles générales. exécution ne fût commencée avant la fin de leur
gestion.
On appelle bail à ferme celui des héritages L'usufruitier est soumis aux mêmes obli
ruraux, pour le distinguer du bail des pro gations (C. c, 595). A l'égard du simple usa
priétés urbaines qui a reçu le nom de bail à ger, il ne peut céder son droit et doit jouir
loyer. par lui-même (C. c, 630, 631).
En général le droit de jouir d'un héritage L'intérêt de notre agriculture fait un de
n'appartient qu'à celui qui est propriétaire, voir de modifier ces différentes dispositions.
ou a celui auquel un titre régulier confère la Il faut permettre aux administrateurs de taire
jouissance de ce bien, tels sont les usufrui des baux beaucoup plus longs, en prenant les
tiers, les usagers, et les preneurs à titre de bail. précautions nécessaires pour que les droits
Quoique en règle générale le propriétaire de la des incapables ne soient pas compromis.
chose ait seul le droit d'en conférer et céder la Le bail peut être fait verbalement ou par
jouissance, cependant comme dans la société écrit.
chacun n'a pas l'administration de ses propres
biens et qu il a été nécessaire dans 1 intérêt $ I" — Du bail verbal.
des mineurs, des interdits et des femmes
mariées de confier à des administrateurs la Le contrat de bail n'exige aucune formalité
chap. u\ DU. BAIL- A FERME. 259
et peut être bit même verbalement, et alors
conditions en sont réglées par l'usage des t\ Droits et obligation! du bailleur
ix et les dispositions (Tes lois.
Cependant lorsque le bail n'est que verbal Le bailleur est tenu de délivrer au pre
et qu'il n'a reçu aucun commencement d'exé neur la chose louée au temps convenu, de
cution, c'est-à-dire lorsque le fermier n'a en l'entretenir en bon état de grosses répara
core fait aucun acte de prise de possession, tions qui surviennent pendant la jouissance ;
la preuve ne peut en être faite par témoins, le fermier n'étant tenu ordinairement et
quelque modique que soit le prix du bail et sauf stipulations contraires, que des répara
lors même qu on alléguerait qu'il y a eu des tions locatives, et n'étant obligé de faire les ré
arrhes données. Mais s'il existe un commen parations plus importantes que lorsqu'elles
cement de preuve écrite, c'est-à-dire un écrit ont été occasionnées par le défaut de répara
émané de celui qui nierait le bail, lequel écrit tions locatives. Nous indiquerons par la suite
rendrait probable le fait allégué, la preuve, dans la partie administrative quelles sont les
testimoniale pourrait alors être admise. réparations locatives. Enfin il est tenu de Taire
En tous cas, Te serment peut être déféré à jouir paisiblement le preneur pendant la du
celui qui nie le bail ( C. c, 1715). rée du bail ( C. c, 1719 et 1720 ).
S'il y a eu prise de possession, et qu'il y ait Le bailleur, dès qu'il a livré la jouissance
seulement contestation sur le prix du bail, de sa chose pendant un temps déterminé,
les quittances font foi s'il en existe. S'il n'en ne peut plus en changer la forme; ainsi il n'a
existe pas le propriétaire est cru sur son affir pas le droit pendant ta jouissance de conver
mation, sauf le droit réservé au fermier de tir un pré en bois, une prairie en terres la
requérir une expertise, auquel cas les frais bourables, ni de faire pendant la durée du
de l'expertise restent à sa charge si l'estima bail aucuns travaux qui puissent gêner la
tion excède le prix qu'il a déclaré (C c, jouissance du fermier, à moins que ce ne soit
1716 ). des travaux urgens qui ne puissent être dif
Le bail à ferme fait sans écrit a cela de par férés , car dans ce cas le fermier serait tenu
ticulier qu'il est censé fait pour tout le temps de les souffrir sans indemnité, pourvu qu'ils
nécessaire pour que le preneur recueille tous ne durent pas plus de quarante jours. (C. c.,
les fruits de l'héritage affermé. Mais la durée 1724).
est-elle alors proportionnée à celle de l'asso Le bailleur n'est tenu de garantir le pre
lement au moment où le fermier entre en neur du trouble que des tiers apportent par
jouissance, ou bien à celui qu'il adopte ? Nous voie de fait à sa jouissance, que lorsqu'ils
pensons que l'intérêt de l'agriculture doit prétendent quelque droit à la propriété, par
faire décider la question en faveur du fermier, exemple , lorsque la ferme ou une partie des
et que s'il adoptait l'assolement quinquennal terres qui en dépendent sont revendiquées
ou septennal sur ses terres lors même qu'il par un prétendu propriétaire ou fermier. En
ne serait pas en usage dans le pays, le Dail ce cas, le fermier a droit à une indemnité
verbal devrait durer 5 ou 7 ans, car il n'aurait proportionnée au préjudice qu'il éprouve,
épuisé qu'après cet espace de temps la rota pourvu toutefois qu'il ait dénoncé le trouble
tion d'assolement qu'il aurait adoptée , et au propriétaire en temps opportun (Ce-,
l'art. 1774 du Code civil lui donne droit de 1726); mais si le trouble est occasionné par
profiter de tous les fruits, de toutes les soles. des personnes qui ne prétendent aucun droit
Cette décision paraîtra peut-être rigoureuse de propriété ou de jouissance sur la chose
aux jurisconsultes, mais elle louée, le bailleur n'est plus tenu de garan
aux intérêts de l'agriculture. tir le fermier du trouble, sauf à ce dernier
à les poursuivre en son nom personnel (C c.»
> il. — Do bail écrit. 1725).
Si le bail est écrit, les conditions en sont »°. Droits et obligations du preneur.
réglées par l'acte qui a été dressé. Si 'cet acte
est sous seings privés, il doit être fait en au- Le preneur a droit de céder son bail en
taut d'originaux qu'il y a de parties contrac tout ou en partie, si cette faculté ne lui a
tantes. Ainsi, s'il n'y a d'autres parties que le pas été interdite (C. c, 1717). Il lui est dû
propriétaire et le fermier, il suffit qu'il soit fait garantie pour tous les vices ou défauts ca
en double; s'il y a une caution qui intervienne, chés qui empêcheraient l'usage de la chose,
il doit être fait triple, et lorsque plusieurs lors même que le bailleur ne les aurait pas con
personnes ont un même intérêt, il suffit d'une nus lors du bail. Par exemple, si les terres
seule copie pour toutes celles dont, l'intérêt étaient sujettes à des inondations périodi
est le même; un mari et une femme, plusieurs ques, qui rendraient la culture impossible.
co-héritiers ou co-propriétaires n'auront be S'il résultait même de ces vices ou. défauts
soin que d'une seule copie. Le bail est un quelque perte pour le preneur, le bailleur
acte fort important; lorsqu'il s'agit d'un grand devrait 1 indemniser; ainsi dans l'exemple
corps de ferme, il doit être fait avec le plus ci-dessus, si les inondations avaient détruit
grand soin. Il vaut mieux le faire dresser par les semences du fermier, le bailleur devrait
un notaire, parce qu'il acquiert alors ce qu on lui en rembourser les frais (C c, 1721).
appelle l'exécution parée ; c'est-à-dire le droit Le fermier doit user de la chose louée en
<ren poursuivre l'effet de piano, sans avoir bon père de famille, c'est-à-dire employer
recours au tribunal, et sans être obligé de su chaque choseaux usages auxquels elle est desti
bir les délais de la justice. Lorsque le bail est née; ne pas convertir, par exemple, les ap
écrit, sa durée est toujours fixée par l'acte partenons en greniers, les magasins en écu
même. ries; et apporter au contraire a la conserva
260 LEGISLATION RURALE. ttv. VI.
tion des'cbosesjes soins d'un bon père ( C. c, Il répond de l'incendie, à moins qu'il ne
1728 ). Il doit réparer les dégradations qui ré prouve que l'incendie est arrivé par cas for
sultent de l'usage de la chose, excepté toute tuit ou force majeure, ou par vice de cons
fois les objets détruits par vétusté ou force ma truction, ou que le feu a été communiqué
jeure. S'il a été fait un état de lieux, il doit les par quelque maison ou ferme voisine, ( C. c,
rendre tels qu'il les a reçus d'après l'état ; et 1733 ).
s'il n'en existe pas, il est censé les avoir reçus Les pailles et fumiers sont considérés
en bon état , sauf la preuve contraire. comme faisant partie d'un domaine rural
Le fermier doit cultiver en homme de bien, (C. c, 524). Le fermier n'a pas le droit de
garnir sa ferme d'ustensiles aratoires , de bes les détourner ni de les vendre, mais il est
tiaux et autres objets nécessaires à son ex tenu de les consommer sur le terrain même
ploitation; engranger dans les lieux à ce qu'il tient à bail; cependant si ces fumiers
destinés ; diriger son domaine comme un cul n'étaient pas tous nécessaires à ses terres,
tivateur intelligent qui tire de ses terres soit parce que le genre de ses cultures ne
tous les produits qu'elles peuvent fournir l'exigerait pas, soit parce qu'il aurait d'autres
sans s'épuiser; fumer et ensemencer en temps moyens de les fumer, le parquage de nom
et saisons convenables , et exécuter avec pro breux troupeaux, par exemple, il n'y aurait
bité toutes les clauses de son bail. pas lieu à exiger rigoureusement la conver
Une autre obligation non moins impérieuse sion des pailles en fumier. Le fermier sortant
du fermier, c'est de payer exactement les fer doit laisser les pailles et engrais de l'année ,
mages à leurs échéances; ce paiement doit c'est-à-dire ceux faits journellement après
être fait au lieu désigné par le bail. Si le bail qu'il a semé sa dernière sole de blé, s'il les a
est verbal ou qu'il n'y ait pas eu de désigna reçus lors de son entrée en jouissance; s'il ne
tion, le paiement devra être fait au domicile les a pas reçus, le propriétaire peut toujours
du fermier, surtout si ce paiement devait les retenir sur estimation (C. c, 1777).
avoir lieu en nature de grains et autres pro Le fermier sortant doit offrir à celui qui
duits du sol, oui exigeraient des frais de voi lui succède toutes les facilités pour les tra
ture: s'il a été convenu que le paiement se vaux de l'année, et réciproquement le fer
rait tait au domicile du bailleur , ce dernier mier entrant doit laisser à celui qui sort les
ne peut pas rendre cette condition plus oné logemens et facilités pour la consommation
reuse en allant demeurer plus loin. Dans ce des fourrages et les récoltes restant à faire ;
cas il devrait désigner un lieu à la même dis en tous cas les fermiers entrant et sortant
tance où le paiement serait fait, à moins doivent se conformer à l'usage des lieux
toutefois qu'if n'eût été stipulé par le bail (C. c, 1778).
que le paiement serait fait au domicile du Souvent on stipule la contrainte par corps
bailleur quel qu'il fût, et alors même qu'il contre les fermiers pour le paiement des
viendrait à en changer par la suite; car dans fermages des biens ruraux; elle ne peut être
ce cas cette clause devrait recevoir son exé ordonnée que lorsqu'elle a été formellement
cution (C. c, 1728). stipulée. Toutefois le j uge peut la prononcer
Pour éviter des contestations sur des diffé contre les fermiers et colons partiaires sans
rences minimes relatives à la contenance de stipulation , faute par eux de représenter à la
la ferme , la loi a décidé qu'il n'y aurait ja Gn du bail le cheptel de bétail , les semences
mais lieu à augmentation ou diminution du et instrumens aratoires qui leur ont été con
prix du bail , pour différence de mesure en fiés, à moins qu'ils ne justifient que le déficit
tre la contenance réelle des terres louées et de ces objets ne provient pas de leur fait
celle déclarée au contrat, qu'autant que la (C. c, 2062). Dans ce cas le temps de la dé
différence serait d'un vingtième en plus ou tention est fixé par le jugement qui la pro
en moins, sauf le droit réservé au fermier de nonce; elle ne peut être moindre cr un an, ni
se désister du contrat toutes les fois qu'il y excéder cinq ans ( loi du 17 avril 1832, art. 7 ).
aurait lieu à augmentation de prix (C. c,
1619 , 1620 et 1765 ). 3°. Du colon partiaire.
La loi met encore au nombre des devoirs
du preneur l'obligation d'avertir le proprié Celui qui cultive sous la condition d'un
taire des usurpations qui pourraient être partage de fruits, est tenu des mêmes obli
commises sur le fonds, et punit cette négli gations que le fermier; cependant, comme la
gence par des dommages-intérêts (C. c, convention qui est faite avec lui est basée
1768). Le preneur doit aussi souffrir les ré principalement sur la considération de sa
parations, pourvu qu'elles ne durent pas personne comme cultivateur, il ne peut ni
au-delà de 40 jours, autrement il a droit à sous-louer ni céder son exploitation , a moins
une indemnité; mais si ces réparations étaient que cette faculté ne lui ait été réservée. En
de telle nature qu'elles renaissent inhabita cas de contravention, le propriétaire a le droit
ble ce qui est nécessaire au logement du de rentrer en jouissance, et le colon peut
fermier et de sa famille, il pourrait deman être condamné aux dommages-intérêts (C. c,
der la résiliation du bail (C. c, 1724). 1763 et 1764).
_ Le fermier est encore tenu des dégrada Le colon , toutes les fois qu'il éprouve une
tions survenues pendant sa jouissance , à perte de fruits , lors même qu'ils sont déta
moins qu'il ne prouve qu'elles ont eu lieu chés de la terre , a le droit de faire supporter
sans sa faute (C. c, 1732). Il est également au propriétaire sa part dans la perte, pourvu
tenu de celles commises par ses enfans, par toutefois qu'il ne fut pas en demeure de lui
ses valets et pâtres, ainsi que par les per délivrer sa part de récolte, car alors le retard
sonnes de sa maison ou de ses sous-locatai- constituerait une faute qui ferait supporter
ves (C. c, 1735). la perte au colon seul (C. c, 1771).
chap. 6*. , du bail A FERME. 261
trouve fréquemment celle qui impose au fer
4*. — Des pertes qui surviennent pendant la mier de suivre les assolemens locaux, sans
jouissance. pouvoir dessoler ni dessaisonner. Cette clause
absurde, si elle était rigoureusement exécutée,
La loi n'admet le fermier à réclamer une arrêterait tous perfectionnemens agricoles.
remise sur le prix du bail , que si la perte est Mirlin, Répertoire, au mot Assolement ensei
de la totalité ou de la moitié au moins d'une gne qu'il a été plusieurs fois jugé, que ledes-
récolte. Si le bail est d'une année, l'indem solement pouvait être justifie par l'usage,
nité est proportionnée à la perte ; si le bail quoiqu'il fût expressément défendu par les
est fait pour plusieurs années, le fermier baux ; nous ajouterons qu'il devrait être éga
peut encore demander une remise, à moins lement justifié, s'il était conforme à une saine
qu'il ne soit indemnisé par les récoltes pré théorie et aux règles de l'agriculture. L'article
cédentes; s'il n'est pas indemnisé par les 1766 n'autorise le bailleur a demander la réso
récoltes précédentes, l'estimation ne peut lution du contrat, que lorsque le premier
avoir lieu qu'à la fin du bail , sauf la faculté n'exécute pas les clauses du bail et qu'il en
réservée au juge de dispenser provisoirement résulte pour le bailleur un dommage. Si donc
le fermier de payer une partie du prix de son les terres, loin de souffrir du nouvel as
bail, en raison de la perte soufferte (Ce, solement, en profitaient, il est certain que
1769). le bailleur ne serait pas recevable à se plain
Ainsi, soit un bail de 9 ans : la première dre.
année la totalité des fruits est perdue; la Parmi les principales obligations du fer
deuxième année le fermier a encore éprouvé mier, il faut placer, comme nous l'avons dit,
une seconde perte de la moitié de sa récolte ; celle de payer ses fermages aux termes conve
mais les sept autres années ont été abondan nus. Faute de paiement, la, résolution du bail
tes, et ont indemnisé amplement le fermier peut être demandée par le propriétaire, à
des pertes qu'il a éprouvées; il n'y aura pas moins qu'il ne préfère poursuivre simplement
lieu à indemnité. Mais si les sept dernières le fermier en paiement de ses fermages, sans
années ont été médiocres, il devra obtenir demander cette résolution. Ce n'est, en effet,
une indemnité proportionnée à ses pertes, qu'un moyen d'exécution que la loi met à sa
c'est-à-dire d'une récolte et de la moitié d'une disposition, et dont il peut, en conséquence,
récolte. user ou ne pas user.
Le fermier ne peut demander d'indemnité, A l'égard du nombre de termes nécessaires
lorsque la perte est moindre de moitié ; il n'a pour demander la résolution, il faut suivre
pas non plus droit à une remise, lorsque la solu les usages locaux. Le bail peut aussi être ré
perte arrive après que les fruits ont été déta par le défaut respectif du bailleur ou du
preneur de remplir leurs engagemens. Il est
chés de la terre, à moins que le bail ne donne résolu
au propriétaire une portion de la récolte en louée ou de plein droit par la perte de la chose
1 impossibilité de l'employer désor
nature. Si la cause du mal existait et qu'il ait mais à l'usage
Ï>u le prévenir au moment où il a pris le bail, auquel elle est destinée (C. c,
e fermier n'a pas droit à une indemnité ( C. c, 1741).
Dans le contrat de louage, comme dans la
1770 et 1771). Le preneur peut aussi être
chargé des cas fortuits par une stipulation plupart des autres contrats, nous sommes
expresse (C. c, 1772). Cette stipulation ne censés stipuler pour nous et nos héritiers;
en conséquence, le bail n'est pas résolu par la
s'entend alors que des cas fortuits ordinai mort du preneur ni parcelle du bailleur(C. c,
res, tels que grêle, feu du ciel, gelée ou cou
lure. Enfin, le preneur peut être chargé de 1742). Si le bailleur vend la chose louée, l'acqué
tous les cas fortuits ordinaires et extraordi
naires, prévus et imprévus, et en ce cas il les reur ne peut expulser le fermier dont le
bail a une date certaine, à moins qu'il ne se
supporte tous, même ceux qui proviendraient soit
des ravages de la guerre ou d'une inondation 1743)réservé ce droit par le contrat (C. c,
auquel le pays ne serait pas sujet (C. c, donner(1). La manière la plus ordinaire de
une date certaine au contrat, c'est de
1773). le faire enregistrer. Si l'acquéreur a cette fa
culté et qu'il n'ait été fait aucune stipulation
$ III. — Comment finit le bail à ferme. sur les dommages-intérêts, l'indemnité que le
bailleur doit payer au fermier est du tiers du
L'obligation de jouir en bon père de famille bail pour tout le temps qui en reste à courir
est tellement de rigueur dans ce contrat, que ( C. c, 1744 et 1746). L'acquéreur qui veut ex
la loi permet au bailleur de demander la ré pulser le fermier, doit en outre l'avertir au
siliation du bail, si le fermier n'use pas de la moins une année d'avance (C. c, 1748). Le
ferme louée en bon cultivateur. Il doit donc fermier ne peut d'ailleurs être expulsé que
garnir la ferme des bestiaux et ustensiles né lorsqu'il a été payé des dommages-intérêts
cessaires, ne pas abandonner la culture et ne ci -dessus expliqués (C. c, 1749). Lorsque
pas employer la chose louée à un autre usage le bail n'a pas de date certaine, l'acquéreur
que celui auquel elle a été destinée. Cette ré peut expulser le fermier, en lui signifiant un
siliation peut encore être demandée, s'il n'exé congé au temps d'avance fixé par rusage des
cute pas les clauses du bail et qu'il en ré lieux; il n'est alors tenu d'aucuns dommages-
sulte un préjudice pour le bailleur ( C. c, intérêts, sauf le recours du fermier contre
1766). Parmi les clauses les plus usitées, on son bailleur (C. c, 1750).
(l) Payez les inconvénients des clauses de cette nature ci-après. Administration, liv. VII, au titra de* baux
à ferme.
Î62 LÉGISLATIO» RURALÏ. liv. vi.
Le bail des héritages ruraux a cela de parti 1736 placé sous le titre des règles communes
culier que, lors même qu'il est verbal, il est aux baux des maisons et deS biens ruraux
censé lait pour tout le temps qui est néces porte que, lorsque le bail a été fait sans écrit,
saire au fermier pour recueillir tous les fruits l'une des parties ne peut donner congé à l'au
de l'héritage affermé ; ainsi le bail à ferme tre qu'eil observant les délais fixés par l'usage
d'un pré, d'une vigne et de tout autre fonds, des lieux ce qui semble iropliqnerune contra
dont les fruits se recueillent en entier dans le diction. Pour concilier cette antinomie appa
cours de l'année, est censé fait pour un an. rente qui existe entre l'article 1736 et les ar
Le bail des terres labourables, lorsqu'elles se ticles 1774 et 1775, il faut faire une distinction:
divisent par soles ou saisons, est censé fait le propriétaire qui a loué verbalement peut
pour autant d'années qu'il y a de soles (Ce, reprendre les lieux après l'expiration du temps
1774). De plus ce bail, quoique fait sans écrit, fixé par l'article 1774, sans être forcé de si
cesse de plein droit à l'expiration du temps gnifier un congé; mais si lepropriétairea laissé
Eour lequel il est censé fait, sans qu'il soit le fermier en jouissance pendant deux ou plu
esoin de signifier un congé (C. c, 1775). sieurs périodes de ce même temps, alors il
A plus forte raison il cesse de plein droit à ne peut mettre fin à la jouissance qu'en noti
l'expiration du temps fixé par l'acte qui le fiant régulièrement un congé. Le congé est
constate. Cependant, si le preneur continuait également nécessaire si, à l'expiration du bail
à jouir, au vu et su du bailleur, sans opposi écrit, le fermier est laissé en possession ; en
tion de sa part après l'expiration du temps un mot, il s'applique au cas où il y a tacite re
fixé, il en résulterait un nouveau bail, qui se conduction, parce que, dans ce cas, le délai
rait censé fait aux mêmes conditions, mais fixé pour la fin du bail pouvant se prolonger
pour la durée, se trouverait soumis aux indéfiniment, à la volonté des parties, il faut
règles que nous avons posées pour le bail ver bien qu'elles s'avertissent assez long-temps
bal (Ce, 1776 ). d'avance pour qu ssent prendre réci-
Ce nouveau bail se nomme tacite reconduc proquement les n nécessaires.
tion; il est alors fondé sur le consentement Le Code ne don n règle positive pour
présumé du propriétaire. I) en résulte que les délais des coni est rapporté à l'u-
cette présomption cesse, s'il a manifesté une IX, sont trèsdifférens,
volonté contraire ; par exemple, s'il a fait si di serait donc à dési-
gnifier un congé, ou s'il a fait a son fermier rer que ces usages fussent constatés par des
une sommation de déguerpir. enquêtes, on, mieux encore, que la loi pres
Si la chose louée vient à périr en totalité, le crivit quelque mesure uniforme à cet égard.
bail est résolu; il en est de même si le bail Dans les environs de Paris, on s'accorde, en
leur est évincé de sa propriété, c'est-à-dire général, à reconnaître que le délai doit être
s'il est reconnu qu'il n'était pas propriétaire de trois mois au moins avant la fin de l'an
réel, sauf les dommages-intérêts du fermier née agricole, c'est-à-dire avant la Saint-Mar
contre le bailleur. Si la chose louée n'était dé tin, à l'égard des héritages dont les fruits se
truite qu'en partie, le preneur pourrait, sui recueillent en entier dans le cours de l'année,
vant les circonstances, demander une dimi comme prés, vergers, vignes et terres ense
nution du prix ou la résiliation même du bail. mencées tous les ans; mais, à l'égard des ter-
Dans l'un et l'autre cas, comme dans celui de reslabourables, divisées par soles ou saisons, il
destruction totale par cas fortuit, il n'est du au faut donner le congé six mois au moins avant
i
n-eneur aucun dédommagement, à moins que l'époque où finit la récolte de la dernière sole,
a destruction n'ait été occasionnée par quelque afin que le fermier soit averti à temps de ne
faute antérieure du bailleur, ou que le vice pas commencer les labours de la sole dont le
de la chose n'existât au moment du bail, et qu'il tour va revenir. Ainsi, dan* les pays où les
en soit résulté une perte pour le preneur, au terres se cultivent par trois soles, le congé
quel cas le bailleur devrait l'indemniser (C. c, doit être signifié six mois avant l'expiration
1722). de la troisième année agricole. Enfin, d'après
Le bail finit aussi par le consentement mu les nouveaux éditeurs de Dimzamt. si les hé
tuel des parties, et sauf les droits des tiers; par ritages produisent annuellement, s'ils son t , par
exemple, si la résiliation consentie parle fer exemple, cultivés en foin ou luzerne, le con
mier avait pour but de frustrer ses créanciers, gé doit être donné avant la Saint-Jean, pour
ces derniers pourraient s'y opposer. Les ef quitter l'héritage avant la Saint-Martin. Les
fets de la résolution, par consentement mu mêmes auteurs font observer que? relative
tuel sont déterminés par les conventions des ment aux marais de Paris, le propriétaire est
parties. tenu de payer ce qui reste sur le terrain, d'a
Du congé. Lecongé doit être également classé près la prisée qui s'en fait par experts-jardi
parnn les moyens de mettre fin au bail à ferme. niers ; ce qui peut s'élever à des sommes con
sidérables. C'est pourquoi il est prudent, lors
qu'on passe un bail de marais potagers, de
fixer la somme à laquelle la prisée pourra être
l'article 1737, le bail écrit cesse de plein droit au portée, sans pouvoir l'excéder; ou plutôt de
terme fixé, sans qu'il soit nécessaire de donner stipuler que je propriétaire ne devra aucune
congé et que, suivant les art. 1774 et 1775, le indemnité à cet égard.
bail verbal est censé fait pour le temps qui Nous donnerons un modèle ou formule
est nécessaire au fermier pour recueillir tous complète de bail à ferme dans le livresuivan^,
les fruits de l'héritage affermé, et qu'il cesse dans le chapitre qui traitera de l'acquitition
de plein droit à l'expiration du temps pour ou de la location d'un domaine.
lequel il est censé fait, sans qu'il soit besoin
de signifier un congé. Cependant, l'article
OTap. 6*. DTI BAIL A CHEPTEL. 263
En cas de contestation, le preneur est tenu
Siction II. —Dit bail à cheptel. de prouver le cas fortuit , et le bailleur la
faute, qu'il impute au preneur (C. c, 1808).
Le bail à cheptel est un contrat par lequel Mais en cas de perte même par cas fortuit,
l'une des parties donne à l'autre un fonds de si le cheptel périt en entier sans la fauje du
bétail, c'est-à-dire, toute, espèce d'animaux preneur, la perte est pour le bailleur; s'il ne
susceptibles de crplt ppur l'agriculture, et le périt qu'eu partie, la perte est supportée en
corilmèrce, tels bue bêtes à laine, bêtes à commun, d'après le prix de l'estimation ori
cornes, chèvres, cneyaux, et même des porcs ginaire et celui, de l'estimation à l'expiration
pour les garder, nourrir, soigner soils les du cheptel (C. c, 1810).
Conditions convenues entre elles (C. ç., 1800 Lorsque ,1e preneur est déchargé parce
et 1802). L'acte qui règle les conditions n'est qu'il prouve que la perte est le résultat d'un
d'ailleurs assujéti à aucune forme spéciale , cas fortuit, il doit néanmoins rendre compte
et peut être fait par acte sous seing privé, et des peaux des bêtes (Ç. c, 1809).
alors il doit être fait en autant de doubles Le fonds de bétail appartenant au bailleur
qu'il y a de parties, ou par acte devant no pour la propriété, et au preneur pour une
taire. Lorsqu'il est fait sous signatures pri Partie de la jouissance, il n'est pas permis à
vées, il est toujours prudent de le faire enre un de disposer d'aucune bête du troupeau
gistrer, autrement il ne pourrait pas être sans le consentement de l'autre (C. c, 1812).
opposé aux tiers qui auraient intérêt à con Cette défense s'applique aux vieilles bêtes
tester la propriété du troupeau. , ainsi qu'aux jeunes. Quelques coutumes pro
On distingue trois, espèces de cheptel : nonçaient même des peines corporelles con
1° Le cheptel simple; 2° le cheptel à moi tre les preneurs qui disposaient des bêtes
tié; 3° et le cheptel donné par le propriétaire sans le consentement des bailleurs. Sous la
à son fermier ou colon, que l'on appelle chep législation actuelle, il pourrait y avoir lieu
tel de fer, Eufin. il y a une quatrième espèce d'appliquer les peines prononcées par la loi
de contrat improprement appelé cheptel , contre l'abus de confiance et les dispositions
que nous ferons aussi connaître (C. c, de l'art. 2062 du Code civil.
t8ot). La toute se divise entre les deux parties ;
Ces contrats se règlent ordinairement par le preneur ne doit pas tondre sans en aver
les conventions écrites des parties, mais à tir le bailleur assez à temps pour qu'il puisse
défaut de conventions on suit les règles sui vérifier la tontepar lui-même ou par ses prépo
vantes (C. c.,1803). sés; si la tonte était effectuée à l'insu du
bailleur, il y aurait présomption de fraude,
$ I". — Du cheptel simple. qui pourrait devenir une cause de résiliation
(C, c, 1814 et 1816).
Le bail à cheptel simple est un contrat qui Néanmoins si , hors la saison des tontes , la
entraîne obligation de Ja part du preneur de santé des bêtes exigeait qu'on leur enlevât de
garder, nourrir, et soigner des bestiaux, à la laine sur quelques parties du corps, le pre
condition qu'il profitera de la moitié du croit neur pourrait le faire, après en avoir averti le
et qu'il supportera aussi la moitié de la perte bailleur.
(Ce, 1804). La durée du bail lorsqu'elle n'a pas été
A l'égard du laitage, du fumier et du tra fixée par les parties est de trois ans ( C. c,
vail des animaux, ils profitent au preneur 1815) , on fait alors une nouvelle estimation
seul. Le bail à cheptel simple forme donc du cheptel. S'il y a accroissement le croit se
une espèce de société entre le bailleur et le Eartage ; s'il y a perte, le preneur doit en rem-
preneur qui a été soumise à des règles dic ourser moitié au bailleur qui reprend le
tées eu général par l'équité. Ainsi il n'est pas cheptel. Le partage du croit et des laines doit
permis de stipuler que le preneur suppor être fait aux époques déterminées par les
tera la perte totale, quoique arrivée par cas conventions; il n'est d'ailleurs pas indispen
fortuit et sans sa faute, ou qu'il supportera sable que le croit ne soit partagé qu'à la fin
dans la perte une part plus forte que dans le du bail ; s'il n'a pas été fait de convention, il
profit, ou que le bailleur prélèvera à la fin doit être fait à des époques convenables, qui
du bail quelque chose de plus que le cheptel s'accordent avec les intérêts des deux parties
qu'il a fourni ; toute convention semblable se (C. c, 1817).
rait nulle (C. c, 1811). Tout ce qui garnit la ferme est le gage du
Il se fait ordinairement au commencement propriétaire; le cheptel livré au fermier par
du bail une estimation du cheptel; cette esti un autre que le propriétaire, se confondant
mation n'équivaut cependant pas à une vente, f>vec les objets mobiliers qui appartiennent au
et ne transfert pas par conséquent la pro fermier, deviendrait aussi parconfusion le gage
priété du cheptel au preneur. Elle sert seu du propriétaire. Mais comme il est de l'intérêt
lement à constater la qualité, la nature et la de l'agriculture et même de celui des proprié
valeur des bêtes, et à servir de règle dans le taires des terres, que de nombreux troupeaux
cas où il y aurait lieu à remplacement. (C. c, soient entretenus dans les fermes, le bail
1805).,.^ , leur du cheptel peut garantir son troupeau
Le preneur n'est pas tenu des cas fortuits, du recours du propriétaire, en lui faisant no
à moins qu'ils n'aient été précédés de quelque tifier l'acte qui le contient avec désignation
faute de sa part , qui y ait donné lieu et exacte de chaque bête; mais cette notifica
sans laquelle la perte ne serait pas arrivée tion doit être faite au propriétaire au mo-
(C c, 1807); par il doit à la conservation du ent même où l'on introduit le cheptel
cheptel les soins d'un bon père de famille «us la ferme ; plus tard elle n'aurait plus
'C. c, 1806). effet, et le propriétaire pourrait le saisir
264 LEGISLATION RURALE. wv. vi.
gager, comme les autres objets mobiliers ap les veaux qui appartiennent au bailleur, le
partenant à son fermier, faute par celui-ci de quel conserve aussi la propriété des vaches
remplir ses obligations (C. c, 1813). A l'ex (C. c, 1881).
piration des baux à cheptel écrits, si les par Celui qui loge et nourrit les vaches doit
ties ne procèdent pas au partage, il s'opère, faire allaiter les veaux jusqu'à ce qu'ils puis
comme dans les baux à ferme, une tacite sent être sevrés et en état d'être vendus; à
reconduction qui, d'après les usages, ne s'é cette époque le bailleur est tenu de les reti
tend pas au-delà de la Saint-Jean suivante, rer, à peine des dommages-intérêts du pre
neur.
$ II. — Du cheptel à moitié. L'âge réputé convenable pour retirer les
veaux est celui de six semaines au plus tard.
Ce cheptel est une véritable société dans Si la durée de cette espèce de louage a été
laquelle chacune des parties fournit la moi fixée, le bailleur doit laisser la vache pendant,
tié des bestiaux qui demeurent communs le temps convenu, à moins qu'il n'ait de jus-'
entre eux (C. c, 1818). Le bailleur n'a droit tes motifs pour faire prononcer la résiliation
qu'à la moitié des laines et du croit. Les lai du contrat.
tages, fumiers et travaux des bétes appartien A défaut de convention, le bailleur peut le
nent au preneur, et toute convention con retenir quand bon lui semble. Toutefois, il y
traire est nulle , à moins que le bailleur ne a des usages et des convenances qui doivent
«oit propriétaire de la métairie dont le pre être observés ; ainsi, le bailleur ne pourrait
neur est fermier ou colon (C. c, 1819). pas retirer la vache immédiatement après
Toutes les autres règles du cheptel simple avoir retiré le veau, car le preneur a été privé
s'appliquent au cheptel à moitié (C. c, 1820). des laitages pendant tout le temps de l'allaite
ment ; il est donc juste qu'il jouisse des laita
5 III.— Du cheptel donné par le propriétaire i toa ges pendant un temps assez long pour l'in
fermier. demniser.
De même, le bailleur qui aurait donné une
Cecheptela lieu lorsque lepropriétaire d'un vache à l'entrée de l'hiver, époque où les four
héritage, le donne à son fermier tout garni rages sont chers, ne pourrait pas la retirer au
de bestiaux , à la charge qu'à l'expiration du printemps.
bail , il laissera des bestiaux d'une valeur Par réciprocité, le preneur ne pourrait pas
égale au prix de l'estimation de ceux qu'il a rendre la vache au bailleur dans un moment
reçus (C. c, 1821). Tous les risques sont inopportun ; par exemple, au moment ou elle
alors à la charge du fermier, mais aussi tous est prête à vêler.
les profits lui appartiennent, sous l'obliga Ces difficultés, qui sont de ia compétence
tion d'employer exclusivement les fumiers à des tribunaux, doivent en général se régler
l'amélioration de la métairie, et de rendre un d'après les principes de l'équité.
cheptel de pareille valeur à la fin du bail Le maître de la vache, en restant proprié
(C. c, 1823 et 1824), le fermier est même taire, la perte qui surviendrait de l'animal se
tenu de la perte totale et par cas fortuit, sauf rait supportée par lui, sauf son recours con
les conventions contraires (C. c, 1828). A la tre le preneur pour le cas seulement où il se
fin du bail le fermier ne peut retenir le rait prouvé qu'il y a eu faute de sa part.
cheptel en en payant l'estimation originaire ,
il doit en laisser un de valeur pareille à celui Section III. — Police des récoltes.
qu'il a reçu, s'il y a du déficit h doit le payer,
et c'est seulement l'excédant qui lui appar Jadis, comme nous l'avons indiqué au com
tient (C. c, 1826). Ce cheptel qui n'est en mencement de ce chapitre, la jouissance des
général qu'une des conditions du Mil ne finit champs était soumise a une foule d'entraves
qu'avec le bail de la métairie. qui ont été abolies par la loi du 28 septembre
1791; elle n'a maintenu que les mesures
5 IV. — Du cheptel donné au colon partiaire. de police qui sont nécessaires pour la sûreté
des propriétaires ruraux.
Ce cheptel est soumis aux mêmes condi Amsi, les bans des vendanges, qui empê
tions que le cheptel simple, sauf les modi chent un particulier de vendanger prématu
fications suivantes : rément sa petite propriété, de marauder celle
On peut stipuler que le colon délaissera de ses voisins et de faire passer ses larcins
au bailleur sa part de la toison, à un prix in pour les fruits de son crû, ont été maintenus.
férieur à la valeur ordinaire ; Dans les pays où les bans de vendange sont
Que le bailleur aura une plus grande part en usage, il peut être fait à cet égard chaque
du profit ; qu'il aura la moitié des laitages, année un règlement par le conseil municipal,
sans cependant que sa part puisse excéder la mais seulement pour les vignes non closes.
moitié; mais on ne peut stipuler que le colon Les réclamations qui peuvent être faites con
sera tenu de toute la perte (C. c, 1828). tre le règlement sont portées devant le préfet
Au surplus, ce cheptel finit aussi avec le du département, qui statuera, sauf l'avis du
bail de la métairie (C. c, 1829). sous-préfet ( loi du 28 sept. 1791, sect. V,
art._ 2 ). C'est le maire qui, après avoir pris
J Y. — Du contrat improprement appelé cheptel. l'avis du conseil municipal, publie le ban des
vendanges.
Ce contrat a lieu lorsqu'une ou plusieurs Il ne doit être publié que sur la déclaration
vaches sont données à quelqu'un qui se d'un certain nombre de propriétaires, que la
charge de les loger et de les nourrir , sous la récolte est en maturité ( Edit du mois de fé
condition d'en avoir tous les profits, excepté vrier .1535); même après la publication du.
chap. T.' GARDES CHAMPÊTRES ET FORESTIERS DES PARTICULIERS. 265
ban des vendanges, les propriétaires doivent treindre les viticoles à des entraves inutiles.
se conformer aux usages. Ainsi, ils ne peu L'affranchissement du ban des vendanges a
vent commencer leur récolte avant le lever été introduit sans inconvénient en 1834, dans
du soleil, ni la continuer après son coucher. plusieurs communes importantes des princi
La prohibition relative à l'ouverture des ven paux vignobles de la Côte-d'Or. Nous approu
danges ne s'applique pas aux terrains clos de vons donc la mesure proposée par M. le mi
murs, fossés, haies ou palissades ; le proprié nistre du commerce, à savoir : de maintenir
taire peut les exploiter sans attendre la publi le ban des vendanges dans les communes qui
cation du ban. en ont conservé l'usage, et autant seulement
On a demandé que la formalité du ban des que les conseils municipaux n'en deman
vendanges fût appliquée à toutes les commu deraient pas la suppression (Circulaire du 4
nes qui le réclameraient. Cette demande est sept. 1835).
motivée sur l'avantage d'assurer la bonne qua La loi du 6 messidor an III, qui est encore
lité des vins, et de prévenir la déprédation des en vigueur, a prohibé la vente des grains en
vignes; mais il est évident qu'il vaut mieux vert ou pendans par racines, sous peine de
étendre que restreindre la liberté de jouissance confiscation encourue, moitié par le vendeur
des propriétaires. L'intérêt personnel deceux- et moitié par l'acheteur. Mais cette loi, pu
ci à la bonne fabrication de leurs vins offre la bliée en l'an III, c'est-à-dire à une époque où
les céréales étaient rares, fut une mesure de
circonstance, l'intérêt public n'exige pas qu'elle
soit maintenue ; il faut donc la laisser tomber
fait de si grands progrès, ce serait peut-être en désuétude, si on ne l'abroge pas formelle
arrêter l'élan qu a pris cet art de vouloir as- ment.
TITRE DEUXIÈME.
Attributions, compétence et procédure en matière rurale.
Les agriculteurs ont fréquemment des de ordinaires de la vie. Nous diviserons donc
mandes ou des réclamations à adresser aux celte partie de notre travail en 4 chapitres;
diverses autorités qui administrent le pays. dans le premier nous comprendrons la com-
Les attributions de chacune de ces autorités Ï>étence administrative et la procédure que
étant spéciales et définies , il est nécessaire, 'on doit suivre ; dans le deuxième, la compé
non pas de les faire connaître à fond, car tence civile; dans le troisième la compétence
un pareil travail excéderait de beaucoup les pénale et la procédure à suivre; enfin le
bornes d'un ouvrage élémentaire de la nature quatrième et dernier chapitre comprendra
de celui-ci, mais de les indiquer au moins quelques formes et procédures spéciales qu'il
sommairement , afin de pouvoir diriger les nous a paru nécessaire d'indiquer.
cultivateurs dans les circonstances les plus
TITRE TROISIEME.
DES PEINES.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
On appelle peine le châtiment que la loi peines réunies, suivant la gravité des circon
prononce contre les crimes, les délits ou les stances, et quelquefois de confiscation, sans
contraventions. préjudice de l'indemnité de la partie lésée.
L'infraction que les lois punissent de pei Mais en cas de concurrence de l'amende et de
nes de police est une contravention. la confiscation dans les cas où elle est autori
L'infraction punie de peines correction sée, avec les restitutions et dommages-inté
nelles est un délit; l'infraction punie d'une rêts dus à la partie lésée sur les biens insuffi-
peine afflictive ou infamante est un crime sans du condamné, la partie civile doit obte
(Code pénal, 1 ). nir la préféreuce ( loi du 28 septembre 1791,
En général les délits ruraux sont punis d'a tit. II. art. 3; C. p. 54, et lettre du grand juge,
mende ou d'emprisonnement, ou de ces deux 19 mars 1 S08).
ciiap. 1er. DISPOSITIONS GENERALES. 2S.3
Toutefois le privilège accordé par la loi du lits punis par la loi du 28 sept. 1791, aucune
5 septembre 1807 au trésor public , pour le excuse ni circonstances atténuantes (cass., 31
recouvrement des frais, prime l'indemnité octobre 1832 ). Mais la loi du 28 avril 1832,
due à la partie civile, ces frais étant censés art. 102, a modifié la généralité de cette dispo
faits dans l'intérêt de cette partie(lettre citée). sition, et l'article 463 du Code pénal, qui per
D'ailleurs nulle contravention, nul délit, nul met au j uge, lorsqu'il y a des circonstances at
crime ne peut être puni de peines qui n'é ténuantes, de réduire l'amende et l'emprison
taient pas prononcées par la loi avant qu'ils nement, est aujourd'hui applicable à tous les
fussent commis (C. p., 4). Si le fait n était délits qui ne sont plus exclusivement punis
pas défendu par la loi on ne peut pas le pour par la loi du 28 septembre 1791 (loi du 28
suivre, quelque mauvaise que soit 1 action sous avril 1832, art. 102, et nouv. C. pén, 483).
le rapport moral. L'exécution des condamnations à l'amende,
Toute tentative de crime manifestée par des restitutions, dommages-intérêts et frais, peut
actes extérieurs et suivie d'un commence être poursuivie par la voie de la contrainte
ment d'exécution , si elle n'a été suspendue par corps (C. p., 52).
ou n'a manqué son effet que par des circon Toutefois , la contrainte par corps ne peut
stances fortuites ou indépendantes de la vo être exercée que lorsque le jugement de con
lonté de l'auteur, est considérée comme le damnation est définitif, et qu'ayant été signi
crime lui-même (C. p., 2). Mais les tentati fié à la partie condamnée, avec commandement
ves de délits ne sont considérées comme dé de payer, il s'est écoulé cinq jours depuis ce
lits que dans les cas déterminés par une dis commandement sans que le condamné se soit
position spéciale de la loi (C. p. , 3). libéré. De plus, la partiecivile qui veut exercer
La solidarité est de droit contre tous ceux cette contrainte doit consigner les alimens
qui ont été condamnés pour un même délit ; nécessaires au condamné ( loi du 17 avril
chacun d'eux peut être poursuivi pour la to 1832, tit. V).
talité des amendes, restitutions, dommages- Cependant l'exercice de la contrainte par
intérêts et (rais (C. p., 55 ). corps n'est que facultatif; elle n'est pas con
Les peines , pour délits ruraux , qui n'en sidérée comme une mutation ni une prolon
traînent pas, aux termes de la loi du 28 sep gation de peines, mais comme un moyen d'exé
tembre 1791, condamnation à une amende cution autorisée par la loi pour parvenir au
excédant trois journées de travail , doivent être recouvrement des amendes et autres condam
doublées en cas de récidive ou si le délit a été nations pécuniaires. L'état ou la partie civile
commis avant le lever ou après le coucher du peuvent donc en exercer ou en suspendre les
soleil, et triplées si ces deux circonstances se effets (circulaire du ministre de la justice,
trouvent jointes (loi du 28 septembre 1791, 1" août 1812).
tit. II , art. 4 ). Si le condamné prouve son insolvabilité con
Depuis la loi du 23 thermidor an IV, les formément à l'art 420 du C. d'instr. crim., il
amendes prononcées par la loi du 28 septem peut être mis en liberté après avoir subi la
bre 1791 ne peuvent être au-dessous de trois contrainte pendant les délais et suivant les
journées de travail ou de trois jours d'em distinctions établies par l'art. 33 de la loi du 17
prisonnement ( C. de cass. , 19 messidor an avril 1832.
VII et 24 avril 1807 ); et aux termes de la loi La durée de la détention doit toujours être
du 23 juillet 1820, art. 28 , le prix de la jour fixée par le jugement qui doit la prononcer
née de travail doit être fixé chaque année par ( loi citée, art. 39 et 40 ).
les conseils généraux des départemens, sur la Le directeur de l'enregistrement peut tou
proposition du préfet ; elle ne peut être au- jours abréger la durée de la peine lorsqu'il
dessous de 50 c. , ni excéder 1 fr. 50 c. le juge utile aux intérêts de l'état , saut le
La cour de cassation a aussi décidé que la droit de reprendre la contrainte par corps
peine des délits graves, que la loi du 28 sep s'il survient au condamné quelques moyens
tembre 1791 déclarait être double de celle de solvabilité (C. p., 53).
des délits simples, avait également été portée C'est donc au directeur de l'enregistrement
au double de celle fixée par la loi du 23 ther et des domaines que doivent être adressées les
midor an IV, c'est-à-dire à six jours d'empri réclamations des condamnés , par voie de pé
sonnement et à six jours de travail (Dalloz, tition, avec les pièces à l'appui.
p. 756, verso, Délit rural ). Les peines de simple police sont : 1» l'em
La loi en général n'a pas puni et ne pouvait prisonnement, 2° l'amende, 3« la confiscation
punir avec la même rigueur les délits qui atta des objets lorsque la loi autorise (C. pén.,
quent les propriétés rurales que celles situées 464). L'emprisonnement pour contravention
dans les villes, mais elle a voulu qu'aucunecon- de police ne peut être moindre d'un jour ni
travention ou délit rural ne restât impuni. excéder 5 jours (idem, art. 465), et le con
Dans cette vue elle a investi le ministère public damné ne peut être détenu pour cet objet
du droit d'action, nonobstant le silence de la Elus de 15 jours, s'il justifie de son insolva-
partie lésée. De plus, elle n'admet pour les dé- . ilité (idem , art. 467).
INTRODUCTION.
Abandonnée pendant long-temps à l'empire éviter les mécomptes. C'est elle encore qui
des circonstances et soumise à une routine nous apprend à raisonner et à conduire à
empirique, l'agriculture, en France, a com bonne fin toutes nos opérations, à nous livrer
mencé seulement de nos jours à suivre une avec confiance à des améliorations dont les
marche plus rationnelle et plus en harmonie avantages ou les chances sont prévues à l'a
avec les progrès des sciences et de la ci vance, à nous assurer des bénéfices indus
vilisation. Mais en améliorant ainsi les mé triels a peu près certains, et enfin à nous ren
thodes de culture et en portant la lumière dre compte numériquement de toutes les opé
dans diverses branches de l'industrie agri rations que nous entreprenons ou que nous
cole , on n'a pas tardé à s'apercevoir que nous proposons d'entreprendre dans l'exploi
le perfectionnement des méthodes, et les ap tation d'un domaine rural quelconque.
plications les plus heureuses des faits dé Afin de faire mieux sentir l'utilité d'une
couverts dans les sciences physiques ou natu bonne administration, ajoutons à ce que nous
relles, n'étaient pas les seuls élemensd'un pro venons de dire quelques considérations géné
grès certain et le gage d'un avenir prospère;que, rales qui rentrent dans ce sujet.
de plus, il était nécessaire de recueillir tous les Pour exercer l'industrie agricole , il faut
faits généraux d'expérience qui seprésentaient posséder des capitaux quelquefois considé
dans la pratique, de les coordonner, d'en dé rables. Ces capitaux, qui servent à faire des
terminer les rapports, les limites, les consé avances à la production , ne peuvent , par
quences et d'en former un corps de doctrines suite de la nature même des opérations agri
propres à éclairer la marche de l'agriculteur coles, être avancés et rentrer avec bénéfice
qui débute dans la carrière, à servir de flam plusieurs fois dans l'année, comme cela s'ob
beau à celui qui a vielli dans l'exercice de cette serve dans les industries manufacturières et
industrie, et enfin a donner aux opérations commerciales ; il faut, la plupart du temps,
de l'un et de l'autre une certitude de succès attendre une année entière pour que le cercle
et une régularité dans la marche qu'elles n'a complet de la production agricole ait été par
vaient point présenté jusqu'alors. D'un autre couru ; ce qui oblige, pour obtenir des profits
côté, les progrès des sciences économiques égaux à ceux qu'on recueille dans les autres
ont aussi permis de faire d'heureuses applica industries, à des avances plus fortes decapitaux
tions de leurs théories à la production agri et pose une limite assez resserrée aux bénéfi
cole, et c'est des faits généraux empruntes à ces qu'on est en droit d'espérer ou d'attendre
l'expérience, des inductions qu'en a tirées le de l'industrie qui s'applique à la création des
raisonnement et des applications qu'a fournies produits de l'agriculture.
l'économie politique, qu'est résulté une nou Par suite du nombre considérable des pro
velle branche des sciences agricoles, qu'on a ducteurs, de l'approvisionnement constant et
désignée sous le nom d'administration rurale, soutenu des marchés, de l'immense concur
d'économie ou d'administration de l'agriculture. rence dans la production et le commerce des
Une administration rurale fondée sur les meil- denrées agricoles, concurrence à laquelle les
leursprincipes est aujourd'hui la seule base solide étrangers sont eux-mêmes appelés à partici
de toute bonne agriculture. En vain vous adop per sous certaines conditions, ces denrées ont
teriez les systèmes de culture les plus vantes, en général un prix qui n'éprouve que de fai
en vain vous mettriez en pratique les procé bles variations, etqui, n'étant pas de beaucoup
dés les plus accrédités et ceux qui ont donné supérieur aux frais de production, ne laisse à
les résultats les plus heureux, vous ne pour l'agriculteur qu'un bénéfice peu considérable
rez espérer un succès constant si les princi et qu'une prime peu élevée pour l'intérêt des
pes d'une administration sévère, méthodique capitaux qu'il avance et pour couvrir des chan
et régulière ne servent à guider vos pas ,dans ces souvent très désastreuses.
la carrière si fertile en revers que vous par Quoique les diverses branches de l'écono
courez. C'est en effet la science de l'adminis mie rurale fassent chaque année quelques pro
tration agricole qui nous enseigne à l'avance grès et qu'on doive s empresser d'accueillir
à ne pas compromettre notre fortune dans et d'appliquer les perfectionnerons qui sont
des entreprises hasardeuses , à connaître les proposés et qu'on croit fondés sur des prin
avances de capitaux auxquelles il faudra nous cipes raisonnes et sur l'expérience, cependant
résoudre suivant les besoins , à calculer nos l'introduction de nouveaux procédés dans un
ressources, évaluer les frais d'une opération , établissement rural exigetant de prudence, tant
apprécier les bénéfices, vérifier les pertes et de temps consommé en essais et en tàtonne-
AGIUCULXURE. 89' M aison, tome IV.— 39
306. ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
mens, et des avances de capitaux parfois si travaux , à leurs spéculations et à leurs bénéfi
importantes qu'on a, la plupart du temps, ces, que l'étendue du marché qu'ils savent
de la peine à se déterminer, même avec un s'ouvrir, la rapidité de la consommation et la
esprit éclairé et progressif, à les adopter ; ou concurrence, l'agriculteur a non-seulement
bien que, faute de moyens, on est obligé de les mêmes limites comme marchand de den
persévérer dans des méthodes ordinaires qui rées agricoles , mais de plus il a devant lui
donnent moins de bénéfices et vous placent les obstacles insurmontables que présentent
dans un état d'infériorité vis-à-vis les autres les bornes du fonds qu'il peut exploiter avan
producteurs qui ont cédé à l'impulsion. tageusement et la pénurie des capitaux.
L'état d'imperfection des voies de com Ainsi tout concourt, dans l'industrie agri
munication, les charges fiscales, la pénurie cole, d'un côté à réduire le taux des bénéfi
des capitaux, le taux élevé de ceux qu'on ces, et de l'autre à resserrer ceux-ci dans d'é
veut emprunter, sont encore pour les agri troites limites, et tout prescrit, tout fait une
culteurs les plus instruits et les plus actifs loi impérieuse à ceux qui se livrent à l'exer
eux-mêmes, autant d'obstacles qui entra cice de cette industrie, de rechercher, dans
vent leur industrie, accroissent leurs frais une appréciation rigoureuse de toutes les cir
de production et restreignent encore leurs constances qui influent sur la production,
bénéfices. dans la comparaison numérique des avantages
La plupart des produits bruts de l'agricul que présente tel ou tel procédé , tel ou tel sys
ture sont volumineux , lourds , encombrans, tème, dansdes tableaux et des comptes exacts
et ne peuvent , généralement parlant , par de tous les moyens mis en œuvre pour par
rapport à leur valeur vénale, supporter de venir à un résultat quelconque, en un mot ,
gros frais de transport et être avec avantage dans une administration habile, régulière et
envoyés au loin; ce qui restreint le marché méthodique, les chances de succès et les bé
où on pourrait espérer de les placer, empêche néfices auxquels a droit tout homme actif,
de les vendre sur celui où on eu retirerait un comme récompense de ses travaux et de son
plus gros bénéfice, et diminue le nombre des industrie.
consommateurs auxquels on pourrait les of Dans l'exposé sommaire que nous allons
frir. mettre sous les yeux du lecteur des principes
La division du travail, qui accroît la puis de l'administration rurale, nous avons pensé
sance du producteur, diminue les frais de que le premier devoir de celui qui voulait se
production et à laauelle l'industrie manufac consacrer à la production agricole était de
turière et les arts doivent tant de merveilles, jeter un coup d'oeil sur lui-même, et d'exa
ne trouve guère d'applications que dans les miner s'il réunit les conditions auxquelles doit
grandes fermes et les exploitations étendues. satisfaire tout entrepreneurde ce genre d'ind us-
Dans toutes les autres, c'est-à-dire dans la ma trie. Dans le cas afnrmatif , son deuxième de
jeure partie de la France , l'exiguité des héri voir est de se livrer à la recherche, puis de
tages ne permet pas que chaque travailleur procéder à l'acquisition ou location du do
soit constamment occupé d'un même genre maine qu'il doit exploiter. Une fois en pos
d'ouvrage et empêche de profiter des avan session de ce fonds, c'est à lui à l'organiser
tages de cette division. Ajoutez à cela que dans toutes ses parties d'après les principes
l'agriculture se compose d'une variété infinie qu'enseigne la science. Enfin, le fonds étant
de travaux annuels,, qui presque tous doi organisé , il ne restera plus qu'à imprimer à
vent être exécutés dans une saison opportune, l'administration la direction que l'entrepre
qu'il faut un très petit nombre de travailleurs neur jugera la plus convenable et la plus con
pour exploiter même un domaine d'une cer forme à ses intérêts.
taine étendue, enfin que des avances plus con Ces quatre phases distinctes de l'admi
sidérables de capitaux sont indispensables nistration rurale feront le sujet d'autant
pour établir une division profitable du travail de titres séparés dans le présent livre ; mais,
dans une opération quelconque, et on conce avant d'entrer en matière, nous éprouvons
vra que, dans les circonstances actuelles, l'a le besoin de consigner ici une observation
griculture, en France, ne peut pas comp générale , que nous prions de ne jamais per-
ter sur ce moyen puissant pour diminuer re de vue dans tout le cours de ce livre ,
ses frais de production et accroître ses béné- parce qu'elle s'applique en quelque sorte à
tous les sujets que nous aurons à traiter, et
Dans les conditions les plus ordinaires , un qu'elle nous évitera le soin d'ent
entrepreneur, quelque instruit, actif ou in détails minutieux ou des répétit
dustrieux qu'il soit, ne peut guère diriger ou fastidieuses.
avec succès qu'une exploitation d'une gran La production agricole est un problème
deur médiocre; les difficultés croissantes que immense , susceptible d'une variété infinie de
présente l'entreprise à mesure qu'elle aug combinaisons et de solutions , et dans lequel
mente d'étendue, la rareté des capitaux, Ta il entre un nombre considérable d'élémens
répugnance de ceux qui les possèdent à les non-seulement divers entre eux, mais varia
confier à l'industrie agricole, le taux ruineux bles eux-mêmes suivant une foule de circons
et beaucoup trop élevé de l'intérêlqu'on exige tances accidentelles, imprévues, et souvent
pour les prêteraux agriculteurs, tendent donc très difficiles à discerner et à apprécier. Ainsi,
aussi à restreindre l'industrie de ceux-ci et à ce qui est vrai pour un pays ne l'est pas par
les forcer de se contenter des bénéfices qu'on fois pour un autre; ce qui parait bon et avan
peut recueillir sur un domaine resserré ; et tageux dans un canton pourrait être pr "
tandis que lemanufacturier et lecommerçant, diciablc dans un canton voisin; ce qu\
soutenus par un crédit presque illimité, ne pourrait entreprendre avec profil dans
Connaissent souvent d'autres bornes à leurs ferme serait désastreux dam un '
QUALITÉS PERSONNELLES DE L'ENTREPRENEUR. 3or
quelquefois voisin ; ce qui a réussi une année dans une matière aussi compliquée , c'est d'é
peut échouer dans toutes les autres, et enfin tablir des données moyennes et générales qui
ce qui a été avantageux dans un temps peut puissent servir de jalons au milieu des routés
cesser de l'être sous l'empire des circonstan innombrables qu'offre l'agriculture dans un
ces. Dans cet état de choses, on doit aisément état avancé, en laissant aux agriculteurs à
comprendre qu'il nous a été impossible de te démêler suivant les localités , les circonstan
nir compte des influences infiniment varia ces, les temps, la sagacité ou la capacité des
bles qui affectent à un degré plus ou moins individus, ce qui peut être le plus profitable
éminent le phénomène de Ta production agri pour eux, et en leur indiquant toutefois com
cole, tant sous le rapport des lois de la nature ment ils doivent s'y prendre pour apprécier
que sous celui des moyens mécaniques et éco les avantages, les inconvéniens et les obsta
nomiques qui sont soumis à la volonté de cles qui se présentent, ou comment ils peu
l'homme, et qu'on se tromperait si on regar vent s'éclairer dans leur marche bu se ren
dait comme absolus les principes que nous al dre compte des succès et des revers dans
lons exposer. Ce que nous avons dû tenter toute la série de leurs opérations.
TITRE PREMIER.
DE L'ENTREPRENEUR D'INDUSTRLE AGRrcOLE.
Un entrepreneor d'industrie agricole est telles Sont ses connaissances théoriques et
un homme qui conçoit, exécute cm fait exécuter pratiques, son activité, sa prudence, son amour
une mite (ïopération» ou de travaux qui ont pour de l'ordre, etc. ; les autres conditions sont re
objet la production agricole. latives à l'état de sa fortune et de se* biens et
Pour concevoir, exécuter ou diriger ces opé constituent pour lui ce qui a été désigné sous
rations, cet entrepreneur doitréunir enlui plu le nom de fonds d'instrumens d'industrie, va
sieurs conditions essentielles qui le rendent leurs capitales matérielles, etc. ; tels sont ses
apte a concourir au phénomène de la produc capitaux , ses biens immobiliers et mobi
tion. Ces conditions forment deux catégories liers, etc. Chacune de ces catégories donne
bien distinctes; les unes sont toutes person lieu à des considérations particulières, qui
nelles à l'individu, et forment pour lui ce que vont faire te sujet des deux chapitres sui-
les économistes ont appelé son fonds indus vans.
triel, ses capacités, ses capitaux immatériels ;
TITRE DEUXIÈME.
DU DOMAINE.
Le premier devoir d'un homme qui se con vues ? puis en déterminer la valeur vénale ou
sacre a la production agricole et qui possède locative , et enfin procéder à son acquisition
les capitaux nécessaires ainsi que les qualités ou à sa location, en suivant les formalités
que nous avons exigées, c'est de se procurer nécessaires en pareil cas. Ce sont là autant de
la jouissance d'un fonds productif; pour par sujets divers qui vont être développés dans
venir à ce but il doit d'abord se livrer a la les chapitres suivans.
recherche d'un domaine propre à remplir ses
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la i,84o 5,44i 5,4oo 41
i
cniP. 2'. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX.
Celle féculerie consomme annuellement 2,000 quint, du domaine, d'après le tableau de la page 340
met. de pommes de terre , qui donnent 300 quinl. de pour les terres arables, daus chacun des sys
résidus. Le calcul de ses frais et de ses receltes démon tèmes économiques qu'il présente et suivant
tre qu'elle paie 40 c. de quintal de pommes de terre. les bases posées dans la 2* division de cet ar
La contribution foncière , d'après l'évaluation cadas ticle pour les autres natures de biens.
trale, est de 1,8*6 fr. ; l'impôt personnel , les centi
mes additionnels et charges communales de 180 fr. 5 Ier. — Production végétale.
Le domaine n'est soumis à aucune servitude de na
ture quelconque, ni au parcours ou vaine pâture, et n'a Les calculs qu'il est nécessaire de faire pour connaî
droit a la jouissance d'aucune propriété communale. tre le produit brut en nature du domaine de M
sont renfermés dans le tableau suivant.
Section II. — Évaluation du produit net du
domaine.
Nous allons dabord évaluer le produit brut
Evaluation sommaire du produit brut en nature et des travaux dé culture du domaine de M...
>.
CIIAP. 3«. LOCATION DES DOMAINES RURAUX. 361
la demande de ce qu'ils possèdent, c'est-à-dire emploiera ses capitaux, son habileté et son
le terrain, peut s'étendre sans cesse et établir industrie à cultiver les terres en bon père de
ainsi entre les fermiers une concurrence oui famille. Il est de l'intérêt du propriétaire que
en rehausse le prix, tandis que le droit que les le fermier trouve toute sécurité dans la jouis-
cultivateurs Ont besoin d'acheter, à savoir sauce des droits qui lui sont ainsi conférés,
l'exploitation du sol, ne s'étend que jusqu'à afin qu'il puisse se livrer avec ardeur et con
un certain point. Dès lors le marché qui fiance à l'exploitation du domaine et se mettre
se conclut entre le propriétaire et le fer- ainsi en état de remplir ses engagemens. De
son côté le propriétaire a le droit d'exiger
toutes les sécurités possibles et compatibles
avecla nature du contrat et la position du fer
de son fermage, tirât plus que l'intérêt de son mier. Nous nous proposons en conséquence
capital et le salaire de ses peines, ce terrain d'examiner successivement !• le mode de for
trouverait nécessairement un enchérisseur au mation du bail et les précautions à prendre
moment oii cesseraient les droits de jouis avant de le passer; 2° l'époque d'entrée en
sance du fermier exploitant ; il suit de là que jouissance ; 3° l'inventaire et état de lieux :
le propriétaire profite seul de toutes les circon 4° la durée des baux ; 5° les précautions à
stances favorables à l'exploitation des terres. prendre lorsqu'on fait un bail; 6° la forme du
L'ouverture d'un canal, d'un chemin, les pro bail ; V les conditions du bail, prix et charges;
grès de la population et de l'aisance d'un can 8° les cautions et hypothèques à exiger; 9U les
ton, les perfectionnemens dans les méthodes de assurances de toutes espèces; 10° les sous-
culture, peuvent donc être utiles, pendant un baux ; 1 1° les remises à faire pour pertes de
espace de temps limité, aux fermiers; mais ils fruits ; 12<> les précautions qu'on doit observer
tournent toujours en définitive, d\une manière à la fin de la jouissance; 13° enfin les répara
permanente, au profit du propriétaire du sol. tions et remises de lieux.
Par la même raison, c'est toujours sur le pro-
Ïiriétaire que retombent en dernier résultat 2" Formation du bail et précautions à prendre
es circonstances désastreuses. Quand le profit avant de le passer.
que rend la terre ne suffit pas pour payer le
fermage, le fermier y sacrifie nécessairement Lorsqu'on a l'intention de passer un bail la
une partie de ses capitaux et de son industrie ; première règle qu'on doit suivre, c'est de tâ
mais bientôt il se ruine et est forcé d'abandon- cher, si cela est possible, que les conditions du
uer la culture si le propriétaire ne consent pas nouveau bail soient arrêtées deux ans ou 18
à lui faire des remises. mois avant l'expiration du bail courant; cette
Le propriétaire est donc plus que le fermier précaution est toujours utile, soit qu'un nou
intéressé aux améliorations, quelles qu'elles veau fermier succède à l'ancien, soit que ce
soient, oui surviennent dans le paysen général lui-ci continue à cultiver la ferme. Une autre
et dans le canton en particulier, car elles ten règle à observer, c'est que le fermier en posses
dent toutes à l'augmentation du prix des baux. sion doit, à conditions égales, avoir lapréfé-
Ainsi les propriétaires qui passent mollement rence, à moins que sa conduite n'ait été très
leur vie dans une ville ou dans une maison répréhensible ; son exploitation marchera ainsi
de plaisance, touchant avec nonchalance l'ar plus régulièrement et lui procurera des pro
gent que leur apportent leurs fermiers, sans fits supérieurs à ceux que pourrait obtenir le
s'occuper des sources de la prospérité publi nouveau fermier. De son côté le propriétaire
que et sans vouloir y contribuer, ceux profitera aussi de cet arrangement, car le fer
nui ne s'inquiètent en rien des progrès de mier ne peut plus dès lors être tenté de dété
lart agricole, qui ne provoquent, qui ne riorer les terres par des récoltes épuisantes
secondent aucune de ces grandes entreprises pendant les dernières années qui précèdent
d'irrigation et de canaux, de ponts, de routes l'expiration de son bail. Si le propriétaire ne
et de fabriques, qui doivent accroître la pro peut s'arranger avec l'ancien fermier aux con
duction et la population des cantons où ils ditions qu'il offre, la meilleure marche à sui
ont des terres, suivent une routine plus hon vre est de faire faire une estimation de la
teuse encore et plus contraire à leurs vrais ferme par un des cultivateurs les plus intelli-
intérêts, que celle à laquelle ils reprochent gens et les plus expérimentés du canton, puis
aux habitans des campagnes d'être si forte d'offrir bail pour 20 années ou tout autre pé
ment attachés. Lorsque l'agriculteur s'enrichit, riode de temps, moyennant la somme fixée
la rente du propriétaire s'augmente bientôt et par l'estimation, d'abord au fermier actuel, et
la prospérité agricole amène celle de toutes s'il ne peut tomber d'accord avec lui, à celui
les autres branches de l'industrie nationale. qui acceptera ces conditions, qui offrira de
Leur intérêt, comme citoyens et comme pro faire le plus d'améliorations sur l'héritage et
priétaires, fait donc un devoir aux possesseurs qui consentira aux stipulations propres à le
du sol de n'imposer à la classe qui le cultive laisser en meilleur état à la fin du bail.
que des conditions raisonnables qui leur per Lorsqu'on est forcé deprendre un nouveau fer
mettent de tirer un profit légitime de leurs mier i\ faut, dit M. de Gasparin, commencer par
pénibles travaux. rédiger uncahier de chargesou projet debail,qui
contient toutes les nouvelles conditions que
1° Du contrat de bail à ferme en général. l'on veut obtenir, en laissant en blanc les prix
divers dont on se réserve de convenir lors de
Le bai! à ferme est un contrat agricole par le la négociation; on envoie une copie de ce pro
quel l'unedespartiesiiureà Vautre lajouissance jet au notaire en qui l'on a confiance, et on
paisible d'un fonds de terre, sous la condition que pose des affiches qui annoncent le domicile
celui-ci lui en paiera une rente annuelle et qu'il du notaire, du propriétaire, la situation de la
AGRICULTURE. tome IV.—40
362 ADMINISTRATION RURALE. 1.1V. VII
Ïiropriété, sa contenance, sa composition et ser un dommage considérable aux terres par
'époque où doit commencer le nouveau bail. le piétinement des bestiaux. C'est aussi le mo
Ces affiches doivent être placardées dans ment le plus favorable au nouveau fermier,
toutes les communes du canton et dans les non-seulement pour acheter des bestiaux,
villes principales du département et dans mais aussi pour exécuter divers travaux né
toutes les éludes des notaires des environs ; cessaires à la préparation des pâturages pour
on en fait insérer l'annonce à plusieurs re l'été suivant. Un fermier ne peut même tirer
prises dans les feuilles locales les plus répan un parti avantageux des pâturages pondant
dues. On entre alors en pourparler avec les l'été, s'il n'en a pas joui l'hiver précédent.
divers amateurs , on cède sur les circonstan Pour les terres arables , l'époque la plus con
ces accessoires et on maintient soigneusement forme aux intérêts des deux parties, est celle
toutes celles qui sont la base du système que où le fermier sortant a recueilli toutes ses
l'on adopte, à moins que les observations qu ils récoltes et les a mises à l'abri de tous les ris
ne manquent pas de faire ne soieut assez im ques. C'est aussi l'instant où la présence et
portantes pour conduire à modifier le système les attelages du fermier entrant sont le plus
lui-même. On prend note de ces différentes nécessaires pour faire ses eusemencemens
offres, de ces observations, des prix débattus, d'automne et pour préparer les terres pour
et l'on se prononce enfin pour celui qui offre les semailles du printemps, et où il peut, en
les avantages combinés les plus grands. général, acheter à des prix raisonnables tous
C'est de cette manière que les intérêts du les approvisionnemens dont il a besoin.
fermier, ceux du propriétaire et de sa famille, En Ecosse on comprend en général fort
ainsi que ceux du public, seront tous égale bien tout ce qui a rapport aux conventions de
ment ménagés. cette espèce; l'époque ordinaire, fixée pour
l'entrée en jouissance des terres en jachères
3° De Vepoque d'entrée en jouissance. et des pâturages permanens, est la Pentecôte.
Le fermier sortant reste en possession des
L'époque naturelle où doit finir le bail est terres labouréesjusqu'à l'enlèvement de la ré
celle où toutes les semailles, dont le fermier colte. Dans le nord de l'Angleterre on adopte la
doit percevoir les fruits après sa sortie, sont même époque ou bien lel" mai; dans le midi,
complètement achevées et où les travaux du où l'on s'occupe beaucoup de l'élève des bes
nouveau fermier ne sont pas encore com tiaux , l'époque généralement choisie est la
mencés. Saint-Michel (20 septembre) ou la Chandeleur
Dans les pays ou règnel'assolement triennal, ( 1" février). Dans les pays où prévaut le sys
cette époque se rencontre immédiatement tème des jachères, l'époque de la Pentecôte
après la semaille du blé de printemps, s'il est est la plus convenable, car le succès de la ré
ausage que le fermier sortant jouisse de cette colte à venir dépend en grande partie de la ma
récolte, c'est-à-dire vers la fin de mars dans nière dont la préparation des terres aura été
le nord de la France et au commencement de faite. Le fermier sortant, n'ayant d'autre inté
mars au centre. Mais si le fermier sortant ne rêt que de rentrer dans ses déboursés, peut
sème pas le blé de mars à son profit, l'époque ne pas y mettre tous les soins convenables ; il
naturelle est celle où il a fini les semailles est donc essentiel que le fermier entrant soit
d'automne, comme dans le pays où l'assole en possession des terres en jachères assez à
ment est biennal, c'est-à-dire du 1" au 30 no temps pour les préparer lui-même. Il ne peut
vembre selon le pays. Dans le courant de l'hi alors faire tort à son devancier ; mais il n'en
ver le fermier a le temps de se livrer au cure- serait pas de même s'il entrait en jouissance
ment des fossés, aux cultures profondes qui des pâturages; il pourrait alors mettre le fer
doivent préparer ses semis de fourrages, et à mier sortant dans la nécessité de se défaire
tous les travaux qui annoncent un nouvel or de son bétail dans un moment défavorable.
dre de choses ; au lieu que s'il n'entre qu'au Dans les districts où le sol est léger et où,
printemps, il ne peut plus, pour cette année, parconséquent, la facilité de semeren prairies
quesuivre laroutine tracée, ou c'est une année dispense de mettre régulièrement une partie
perdue pour l'amélioration. Ce sujet est de la des terres en jachères, l'époque de la Saint-
plus haute importance; car si l'époque d'en Michel offre 1 avantage d'établir une démar
trée en jouissance est maladroitement calcu cation bien tranchée entre les intérêts du fer
lée le fermier peut se trouver, pendant la mier entrant et ceux du fermier sortant, qui,
f>remière année de son bail et même pendant en général, sont assez mal intentionnés 1 un
es 18 premiers mois, dans une position très à l'égard de l'autre. Cette délimitation s'opère
défavorable. Il est alors à craindre que le dé encore mieux depuis qu'on a adopté l'usage
couragement ne s'empare de lui et ne vienne d'acheter la récolte par évaluation. Dans ce
éteindre toute son énergie. Nous allons donc cas, le fermier acheteur a des facilités pour
chercher, par l'application de quelques prin le paiement en donnant des garanties; si les
cipes, à remédiera cet inconvénient. fermiers ne peuvent s'entendre à cet égard ,
Dans les fermes composées principalement le fermier sortant conserve la disposition des
de pâturages de montagnes , le fermier doit dé granges jusqu'au mois de mai suivant.
sirer d'entrer en jouissance à une époque où Dans les pays de pâturages , l'époque de la
il peut acheter des bestiaux aux conditions Chandeleur est évidemment préférable, mais
les plus avantageuses , c'est-à-dire immédia on ne pourrait Padnptersans des inconvéniens
tement avant lVmverturedes pâturages. graves pour les terres de labours; ainsi cha
Dans les herbages humides, l'époque lapins cune de ces époques a ses avantages et ses in-
favorable est avant le commencement de la convéïiicns. Le fermier doit prendre son parti
saison des pluies ; parce que c'est le seul là-dessus, car il est rare qu'il soit maître de
moyen d'empêcher le fermier sortant de cau- choisir le moment de la prise de possession.
LOCATION DES DOMAINES RTHAUX. 363
puisque cela dépend en général de l'époque également le nouveau fermier à retenir sur le
où le bail de son prédécesseur vient à expirer. pied de l'estimation, faite de gré à gré ou par
Les exemples que nous avons offerts sont ti des experts choisis par les parties, la portion
rés des usages de l'Ecosse et de l'Angleterre; de récolte dont il peut avoir besoin. De même,
ils pourraient s'appliquer au nord de la France. au lieu d'obliger, suivant les dispositions du
Quant aux autres parties de notre territoire, même Code, le fermier entrant à laisser à ce
il faudrait nécessairement avoir égard au cli lui qui sort les logemens convenables pour
mat, à la culture et aux autres circonstances les récoltes restant à faire et autres facilités
locales, pour déterminer les époques d'entrée pour la consommation des fourrages, il vau
en jouissance les plus avantageuses au fermier drait mieux que le fermier sortant fût indem
entrant et au fermier sortant. nisé de ses frais de labours et remboursé pour
Il serait fort à désirer que cet objet fût exa les produits confiés à la terre, sur le pied de
miné avec tout le soin qu'il mérite et que des leur estimation, d'après leur état à la fin du
règles générales fussent posées par les pro bail. Au surplus, le même article déclarant
priétaires les plus influens de chaque arron qu'on doit se conformer à l'usage des lieux,
dissement, pour déterminer le commence les propriétaires sont toujours libres d'établir
ment et la fin des baux, suivant le climat, le les usages qu'ils jugent utiles en en faisant
mode de culture et les autres circonstances lo une des clauses des baux qu'ils consentent et
cales. Ces règles deviendraient bientôt la cou à modifier ainsi les dispositions de la loi.
tume du pays, et au besoin la loi pourrait les L'expérience ne peut également qu'approu
rendre obligatoires au grand avantage des ver l'obligation que l'article 1778 du Code ci
propriétaires et des fermiers. vil impose au fermier sortant de laisser les
Quant aux arrangement généraux qui se rap pailles et engrais de l'année, s'il les a reçus
portent à l'entrée en jouissance , ils peuvent se lors de son entrée en jouissance, en accordant
résumer comme il suit : l'entrée en jouissance même,- - ' ' ' • ' ' '
du nouveau fermier doit être entière et non sur
partielle, le système contraire entraînant ferai i
toujours de graves inconvéniens. Il fait naître poque de" son entrée en jouissance.
des querelles sans cesse renaissantes entre le En Ecosse, la paille et le fumier sont égale
fermier qui sort et celui qjii lui succède, au ment considérés comme tenant au sol, par
grand détriment des 2 parties. conséquent ils appartiennent sans indemnité
La loi française (art. 1777 du Code civil ) au fermier entrant. Cet usage qui existe aussi
oblige le fermier sortant à laisser à celui qui dans plusieurs comtés de l'Angleterre parait,
lui succède les logemens convenables et au au 1er abord, également avantageux aux 2
tres facilités nécessaires pour les travaux de parties; cela est vrai quant à la paille; le
l'année suivante. fermier entrant y trouve un bénéfice et le sor
L'intention est bonne, mais son exécution tant n'y perd rien, puisqu'il son entrée il a
est incomplète et peut donner lieu à de joui de la même faveur. Il n'en est pas de
grands abus ; car il est rare d'avoir dans une même pour le fumier; le fermier sortant n'a
ferme des bâtimens suffisons pour loger pas d'intérêt à diminuer la quantité de paille,
une double population de bestiaux et d'ou puisque le g^rain y est adhérent, mais il n'est
vriers; il est donc nécessaire de compléter pas intéresse à conserver le fumier. Or, comme
les dispositions de la loi par des conventions l'engrais est d'une grande importance, il vaut
additionnelles. Ainsi, sile bail finit en novem mieux en trouver une quantité considérable
bre, on stipulera que le fermier sera tenu de en bon état, à un prix raisonnable, que d'a
loger en hiver un nombre d'ouvriers et de voir pour rien les balayures des cours et éta-
bêtes de trait pour travailler aux raies d'é bles. La meilleure méthode serait donc de sti
coulement; au printemps , tel autre nombre puler dans les baux que le fumier serait laissé
pour les travaux de mars et les sarclages; et au fermier entrant à prix débattu.
enfin en été, l'attirail nécessaire pour enlever Enfin, comme le fermier sortant ne profite
les récoltes. Si le bail finit en mars , il faut pas de la paille qui reste à son successeur, il
stipuler que le fermier sortant laissera jouir arrive le plus souvent qu'il fait couper les
celui qui le remplacera, des terres et chau blés de la dernière récolte très haut, ce qui
mes immédiatement après la récolte, pour lui procure quelque réduction sur le prix du
pouvoir y faire des cultures convenables a l'é fauciilage, mais ce qui aussi diminue beau
tablissement de ses fourrages et pour le se coup la quantité de paille, au grand détriment
mis de ses mars, sans préjudice du parcours dé la ferme; c'est un abus dont il est lui-
des troupeaux jusqu'au moment où la terre même victime dans la nouvelle ferme qu'il va
sera couverte. occuper. L'intérêt commun du fermier et ce
Il est bon aussi d'établir par une clause ex lui de la propriété exigerait donc que les pro
presse que le fermier entrant aura le droit priétaires s'accordassent pour le faire cesser ; ce
de semer sur les mars du fermier sortant, ou qui dépend de chacun d'eux, en stipulant dans
sur les blés d'hiver, si l'on ne fait pas de mars le bail à ferme la hauteur à laquelle seront
dans le pays, une quantité déterminée de faucillés les blés de la dernière récolte et en
graines de trèfle, de sainfoin et d'autres four ! fixant une indemnité pour chaque pouce de
rages, et que pour tous ces travaux le premier hauteur dont le chaume dépasserait ce qui est
sera tenu de fournir logement à un nombre convenu. Si les gerbes ont 1 mètre de hau
détermiué d'hommes et de bêtes de travail. teur et que l'hectolitre de grain produise 800
On peut aussi fixer d'avance les parties de lo livres de paille, il en résultera pour chaque
gement qui composeront cette jouissance mo centimètre un poids de 3 livres. C est donc sur
mentanée. Il serait à désirer que la loi ou les cette évaluation et sur le prix moyen de la
stipulations du contrat de bail autorisassent paille que l'on fixera la valeur de l'indemnité
364 ADMINISTRATION RURALE liv, vu.
par chaque centimètre dont le chaume sera des améliorations ni même à tenter un asso
plus élevé que ce qui est convenu. lement avantageux. Un homme qui possède
un capital considérable et qui veut l'employer
4° De Vinventaire et état de lieux. sur une ferme étendue a le droit d'y chercher
le bien-être, la sûreté et l'indépendance de lui
Les lw mesures qui doivent être prises par et de sa famille. S'il ne trouvait pas ces avan
le propriétaire et par le fermier, aussitôt après tages dans la carrière agricole, il renoncerait
la passation du bail, c'est de faire dresser un certainement à cette professiou et chercherait
inventaire exact de tous les objets qui garnis à utiliser ses capitaux et sa capacité dans quel
sent la ferme et qui en dépendent, comme ques autres branches d'industrie. Les baux de
aussi de faire dresser ou vérifier s'il existe longue durée sont donc une des conditions les
déjà, par un ou plusieurs architectes vérifi plus essentielles aux intérêts agricoles de tous
cateurs, l'état des lieux et bàtimens de la les pays.
ferme. Les bauxdeïO années environ sont ceux dont
Le fermier, plus encore que le propriétaire, la durée est généralement préférable. Avec
est intéressé à faire soigneusement vérifier et la sécurité quWfre un pareil bail, le fermier
constater l'état des lieux ; car, aux termes de peut payer un prix plus élevé, faire des dé
l'article 1731 du Code civil, s'il n'a pas été fait penses en améliorations avec la certitude d'en
d'état de lieux, le preneur est présumé les recueillir les bénéfices. Du reste, c'est une
avoir reçus en bon état de réparations loca- bonne habitude dans ces sortes de baux de
tives et doit les rendre tels; et comme l'ar constater à la fin de chaque période les amé
ticle 605 du Code civil, ainsi que l'équité, liorations qui ont été exécutées et de signaler
mettent à la charge de celui qui jouit même celles qui pourraient encore avoir lieu. On a
les grosses réparations, lorsqu'elles ont été reconnu aussi que le nombre exact d'années
occasionnées par le défaut des réparations doit dépendre delà rotation qu'on a adoptée,
d'entretien à sa charge depuis son entrée en attendu que le fermier doit jouir au moins des
jouissance, on aperçoit de suite combien le rotations complètes. Si la ferme est presque
fermier pourrait éprouver de préjudice s'il dans l'état de nature et qu'elle exige des clô
ne faisait pas dresser ou vérifier régulière tures , des amendemens , des dessechemens ,
ment l'état des lieux. L'article 1731 réserve, il un bail de 25 ans peut être suffisant; mais il
est vrai, au fermier la preuve contraire, mais faut le porter à 30 ans au moins si le fermier
on sent combien cette preuve doit être diffi est obligé de dépenser des sommes considé
cile à faire admettre lorsqu'il n'existe pas d'é rables pour la construction ou la réparation
tat de lieux, que le propriétaire prétend qu'ils des bàtimens de la ferme et de ses dépendan
ont été livres en bon état, et invoque la ces. Enfin, en certains cas, l'on a vu en Angle
présomption légale qui résulte de l'article terre des propriétaires accorder des baux de
1731. 50 et 60 ans pour des terres incultes qui de
Lorsqu'il a été dressé un état de lieux entre vaient être défriohées, et ce moyen a provo
le bailleur et le preneur, celui-ci doit rendre qué des améliorations importantes.
la ferme telle qu'il l'a reçue suivant cet état, Ces baux peuvent devenir très avantageux,
excepté ce qui a péri ou a été dégradé par vé même pour les familles qui les consentent,
tusté ou force majeure (voy. Législation ru lorsqu'on a soin de stipuler une augmentation
rale, bail à ferme, page 258 et suiv. ). progressive du fermage a chaque période de 10
ou 12 ans- La sécurité d'un long bail encou
5° De la durée des baux. rage les améliorations du fermier en même
temps que l'élévation modérée et successive
Ce sujet est de la plus haute importance, du fermage est un stimulant pour sou indus
car tant qu'un fermier n'aura pas la certi trie.
tude de profiter des améliorations qu'il On pense en général qu'un bail à long terme
pourra introduire, il n'en fera aucune. Le plus n'est pas aussi nécessaire pour les fermes de pâ
mauvais mode de fermage est sans contredit turages, parce qu'elles exigent moins de dé
celui où le fermier reste soumis à la volonté penses et de travail que celles formées de ter
arbitraire du propriétaire, et on calcule qu'on res arables. Mais même dans ce cas, il vaut
n'obtient d'une terre louée de cette manière mieux accorder un bail d'une durée modérée,
précaire que la moitié environ du prix qui en de 15 ou 18 années, par exemple, avec stipula
serait offert avec un bail de 20 années. tion que le prix augmentera à certaines pé
Les baux peuvent être classés en baux de riodes, cette stipulation dispensant le fermier
courte durée; ce sont ceux de 3, 6 ou 9 an^ de changer souvent de place et quelquefois
nées ; en baux de durée moyenne, ce sont ceux même de changer ses bestiaux, circonstances
de 15, 18 ou 21 années; et en baux de longue qui nuisent essentiellement à ses intérêts.
durée, ce sont ceux de 25, 30, 50 ou même Dans les fermes arables qui sont déjà très
U'J années. améliorées, on a prétendu que les longs baux
Les baux de courte durée valent mieux que n'étaient pas nécessaires, parce qu'elles exi
le louage soumis au seul caprice du proprié gent moins de dépenses et de travail pour leur
taire, pourvu toutefois qu'ils soient assez longs exploitation, et l'on suppose que dans le cours
pour que le preneur puisse recueillir tous les de 10 ou 12 aimées le fermier peut trouver un
fruits de l'héritage affermé. Un bail à court dédommagement suffisant de ses travaux et
terme offre moins d'inconvéniens dans les pays un ample profit pour les capitaux qu'il a avan
où les terres sont généralement bonnes et cés. Cependant, comme on doit s attendre à
bien cultivées; mais avec des baux de cette ce que les terres ne recevront, dans les 3 der
espèce l'agriculture ne saurait se perfection- nières années du bail, ni marnages ni autres
per, car le fermier n'a aucun intérêt à faire amendemens permanens, cl qu'aucune autre
CÏIAp". 3'. DE LA LOCATION DES DOMAINES RURAUX. 365
dépense ne sera faite par le fermier dans cette fermier sortant une somme de 10,000 fr. Pour
dernière époque de sa jouissance, il est clair les baux de neuf années on pourrait peut-être
qu'une pareille ferme, qui changera de main fixer un multiplicateur moins élevé.
tous les 10 ou 12 ans, se détériorera au lieu de Au moyen de cette convention un fermier,
s'améliorer. Cependant en France, pour les même avec un bail de 9 ans, ne peut craindre
terres les plus médiocres et même pour les d'entreprendre des opérations coûteuses, d'ef
plus mauvaises, l'usage presque général est fectuer des améliorations importantes , car il
de ne pas faire de baux qui- excèdent 9 an sait qu'à la fin de son bail, si le propriétaire
nées. Un propriétaire ne veut pas se dessaisir; ne le laisse pas jouir du fruit de son travail et
c'est l'étrange expression dont il se sert ; il de ses dépenses, il sera obligé de lui donner
considère un bail plus long comme une alié une compensation. On n'a pas à craindre que
nation de la propriété utile de son domaine. le fermier, dans l'espoir d'obtenir une forte
Ce funeste préjugé, malheureusement encou somme à sa sortie, ne propose une augmenta
ragé par notre loi civile, qui ne permet pas au tion trop considérable, car le propriétaire, à
mari administrateur des biens de sa femme, moins de circonstances particulières, ne man
aux tuteurs des mineurs et interdits et autres querait pas de le prendre au mot, et le fermier
administrateurs de faire des baux qui excèdent serait forcé de payer, pendant toute la durée
9 années pour les biens dont la gestion leur de son nouveau bail , un fermage trop élevé
est confiée, tend à rendre stationnaire notre et hors de proportion avec les améliorations
agriculture Un bail qui n'a qu'une durée aussi qu'il aurait faites , de sorte que cette clause a
limitée a le double inconvénient de former le rare mérite de concilier les intérêts si sou
obstacle à l'amélioration des fermes et de ne vent opposés du propriétaire et du fermier.
pouvoir rendre qu'un fermage peu considéra Les fermiers, au lieu de se considérer pour
ble. En somme, l'expérience a démontré plei ainsi dire comme enpays ennemi, cultiveraient
nement que les baux à court terme , ainsi que leurs fermes en véritables propriétaires ; le sol
ceux dont la durée est incertaine, sont con s'améliorerait d'année en année et les revenus
traires aux intérêts des propriétaires et des des propriétaires croîtraient en proportion.
fermiers, et qu'ainsi une période de 19 à 21 Il ne faudrait pas cependant conclure de
ans est le terme le plus avantageux pour tou tout ce que nous avons dit qu'il faut toujours
tes les parties, puisqu'il assure au proprié et indistinctement donner ses terres à ferme.
taire l'amélioration progressive de ses terres On ne doit faire bail que là où la terre est
et une augmentation périodique de ses reve d'une étendue suffisante et en état d'être cul
nus, tandis qu'il stimule l'industrie du fer tivée avec fruit; et là surtout où l'on peut
mier par la certitude qu'il lui offre de recueil trouver des fermiers assez habiles, assez in
lir les fruits de ses travaux, de son habileté et dustrieux et assez riches pour pouvoir diriger
de ses capitaux. Si le bon sens des proprié les cultures avec avantage. Les améliorations
taires ne parvient pas à secouer le joug des d'une propriété, loin d'être activées, sont au
Eréjugés qui s'opposent encore aux longs contraire retardées lorsque des baux sont
aux, on ne peut calculer le préjudice qui en accordés maladroitement et à contre-temps à
résultera, non - seulement pour leur intérêt des fermiers ignorans et nécessiteux qui ne
spécial, mais encore pour l'agriculture du méritent pas la confiance du propriétaire;
royaume ; car, non-seulement ce funeste sys mais surtout on ne doit jamais passer bail
tème formera un obstacle puissant à toute sans prendre les précautions nécessaires pour
amélioration dans notre agriculture, mais il prévenir l'épuisement des terres et la dévas
est même à craindre que notre sol n'éprouve tation de la propriété.
une détérioration graduelle qui à la longue fi
nirait par plonger la population dans la misère 6° De la tacite reconduction.
et l'abrutissement.
Enfin si l'on ne peut vaincre en France l'an On appelle ainsi la continuation de la jouis
tipathie trop forte que l'on éprouve pour les sance d'une ferme, lorsque le terme du bail
longs baux, les propriétaires devraient au étant arrivé le fermier est laissé en possession
moins être assez amis de leurs intérêts et de et continue à jouir avec le consentement pré
leur pays pour introduire dans tous leurs sumé du propriétaire aux conditions que por
baux la clause dite de lord Kamis, du nom du tait le bail expiré.
propriétaire anglais qui le premier Tamise en La durée de ce bail tacite est alors censée
usage (1). Par cette clause excellente pour faite, ainsi que nous l'avons dit dans la partie
toute espèce de baux, mais surtout pour législative (voy. page 262), pour le temps né
ceux de courte durée, le propriétaire s'engage cessaire, afin que le fermier récolte tous les
à payer au fermier, à la fin de sa jouissance, fruits de l'héritage affermé (C. c, 1774, com
dix fois l'augmentation de fermage que celui- biné avec l'art. 1738) M. Gaspabin, dans son
ci propose, dans le cas où le propriétaire ne Guide du propriétaire de biens ruraux affer
voudrait pas renouveler le bail avec l'augmen més, p. 343 , pense que les fermiers qui se
tation proposée. Ainsi supposons que le fer trouvent dans ce cas n'éprouvent pas cet état
mier, à la tin de son bail, propose a son pro d'inquiétude qui est le propre de ceux qui ne
priétaire de lui payer une rente de 6,000 fr. tiennent leur ferme que d'une manière pré
au lieu de 5,000 qu'il lui payait auparavant; si caire, suivant le caprice du propriétaire. II
le propriétaire accepte, te bail est renouvelé s'établit souvent, dit-il, des habitudes de con
à ces conditions ; mais si le propriétaire n'ac fiance entre eux et les propriétaires qui finis
cepte pas et qu'il veuille reprendre sa fermeou sent par dissiper tous les doutes, et biensou-
la louer à un autre, il sera obligé de payer au ' vent les familles qui ont occupé un domaine
<i) Xojet ci aprèe, pag. 375.
36G ADMINISTRATION RURALE. LIV. Vit.
de père en fils depuis de longues années, se Dans l'exploitation d'un vaste domaine , on
fiant au caractère moral de ceux à qui il ap ne pourrait dresser un plan uniforme appli
partient, ne s'y regardent pas comme moins cable à toutes les terres quelles que soient leur
en sûreté que s'ils avaient un bail authenti situation, élévation ou état de culture. Le plau
que; j'en ai vu môme, ajoute-t-il, recevoir d'exploitation, lorsqu'on juge convenable de
avec déplaisir l'offre d'un pareil acte; c'était le dresser, devrait donc être fait dans ce cas
pour eux limiter une possession qu'ils s'étaient en observant ces circonstances ; il est même
accoutumés à regarder comme indéfinie. Elus prudent , lorsque le fermier est un
On ne peut nier, continue-t-il , que dans tous omme habile, d'un caractère respectable et
ces cas la tacite reconduction ne, soit un puis pourvu de capitaux suffisans, de confier à sou
sant stimulant pour engager le fermier à 1 acti jugement le choix du mode d'exploitation des
vité et à une bonne conduite. Ainsi, quand un terres et de ne lui imposer d'autres obliga
ordre d'assolement ou de travaux est bien éta tions que celles qui sont nécessaires pour le
bli et qu'on n'a exigé que sa continuation, la forcer à rendre la ferme à la fin du bail dans
crainte d'un congé est sans doute très forte sur un bon état de fertilité.
un fermier et l'engage à s'observer lui-même.
Cependant, dit -il en terminant, on ne peut 8° Forme du bail.
s'attendre àce que le fermier mette de grands
capitaux en frais de culture pour l'avantage Les baux sont trop fréquemment faits par
d'une propriété qui peut lui échapper à cha
que instant. Je préfère donc généralement les des hommes qui ignorent et les principes du
droit et la science agricole; ils les remplissent
baux qui ont un terme limite.
Quant à nous, nous croyons que cet état en conséquence de clauses inutiles et suran
nées qui enchaînent, sans nécessité, le fer
d'incertitude nuit au propriétaire aussi bien mier, portent préjudice au propriétaire et oc
qu'au fermier, et que partout où l'agriculteur casionnent ainsi des pertes aux 2 parties. Les
sentira la dignité de sa condition, il voudra baux peuvent être faits devant notaire ou
pouvoir traiter d'égal à égal avec le proprié sous les signatures privées des parties. Nous
taire ; il ne souffrira pas qu'on puisse le chas avons offert dans la partie législative les rè
ser comme un serviteur, et quelle que soit sa gles spéciales à cette espèce de contrat.
confiance dans son propriétaire actuel, il n'ira
pas risquer ses capitaux et le sort futur de sa
famille sur une ferme dont il pourra être dé 9° Clauses et conditions du bail.
pouillé par les héritiers avides de l'homme le
plus respectable. La tacite reconduction ayant A. Restrictions «t entraves aux opérations du fermier.
d'ailleurs tous les inconvéniens des baux à
courte échéance, il faut lui appliquer tout ce Les clause; du bail ne doivent pas être trop
que nous avons dit dans le paragraphe précé nombreuses ou trop compliquées; les restric
dent. tions inutiles sont toujours dangereuses, par
V Précautions à prendre lorsqu'on fait un ce qu'elles enchaînent l'esprit cfamélioration
bail. et le génie des expériences qui est la source
principale des améliorations.
La nécessité de ces précautions est démon En Ecosse, où les idées les plus saines en
trée par d'innombrables exemples , et l'on agriculture sont depuis long -temps mises en
s'expose, en les négligeant, à voir les fermiers pratique, les clauses restrictives sont peu mul
abuser impunément des terres qui leur sont tipliées; elles ne s'appliquent en général qu'à
confiées. La ferme peut se trouver ainsi réduite la dernière période du bail. Les restrictions
à la moitié de sa valeur primitive, et la fertilité imposées au fermier n'ont rapport qu'au mode
du sol ne peut alors être rappelée que par des d'assolement, à la quantité de terres à laisser
moyens dispendieux , soit que le propriétaire en prairies, au fumier de la ferme et à l'éten
prenne lui-même la direction de sa ferme pen due de terrain que le fermier sortant doit lais
dant quelques années ou qu'il soit obligé d'en ser en jachères dans la dernière année de son
abaisser la rente et de la confier à des mains bail. Mais rien n'est plus préjudiciable que de
plus habiles, les résultats sont pour lui les vouloir régler pendant toute la durée du bail,
mêmes. comme on le l'ait en Angleterre, toutes les
Lorsqu'on veut passer un bail, il serait utile opérations du fermier. L'agriculture est une
de faire examiner l'état de la ferme par un agri science qui fait chaque jour des progrès; ce
culteur expérimeuté ou par un expert qui dé qui est considéré à une époque comme un
terminerait quelles sont les améliorations , bon assolement peut être démontré défec
tels que dessécliemens, clôtures, bàtimens, tueux et préjudiciable par l'expérience et l'ob
chemins, réparations, etc., qui sont néces servation.
saires, et quelle est la portion qui doit être Mais s'il est nécessaire de repousser tou
faite par le propriétaire et celle qu'on peut tes les clauses qui pourraient enchaîner la
laisser à la charge du fermier. L'expert pour liberté et l'esprit d'amélioration du fer
rait aussi dresser le plan d'un système de cul mier sans avantage pour le propriétaire, il
ture et déterminer quelles sont les terres mé n'en résulte pas que ce dernier doive négliger
diocres ou mauvaises qu'il faut améliorer, les mesures de prévoyance. Nous admettons
l'époque où ces opérations devront être com sans balancer qu'il lui est avantageux de pré
mencées et la manière d'y procéder. Ces ciser dans le bail les règles générales de cul
points étant une fois bien fixés, il faudrait ex ture à suivre, telles que de mettre le sol eu
primer distinctement dans le bail les obliga bon état, de consommer toutes les pailles de
tions de chacune des parties, afin qu'elles ne la ferme et de ne pas vendre de fumier. Non-
puissent les méconnaître. seulement nous approuvons ces restricUuust
CHAP. 3«. CONDITIONS DU BAIL. 367
mais nous pensons aussi que lorsque les baux les émettre. Ce serait cependant une des sour
ont une durée convenable, il est très raison ces les plus abondantes où pourrait puiser
nable que la propriété du bailleur soit proté l'agriculture. Ce qui manque surtout aux agri
gée par des clauses restrictives pour les 5 der culteurs, c'est l'argent ou plutôt le crédit qui
nières années du bail. A ces restrictions uti en procure, et on peut voir daus ma bro
les on peut encore ajouter l'obligation de la chure, citée, page 312 de ce recueil, les mer
part du fermier de laisser à sa sortie une éten veilleux résultats que les banques de l'Écosse
due déterminée de terre en prairie, spécifier ont produit sur l'agriculture de cette contrée
le mode d'assolement qui devra être suivi daus industrieuse. La clause surannée dont nous
les dernières années du bail et l'état dans lequel parlons doit donc désormais disparaître de nos
les bâtimens et clôtures devront être laissés. baux.
Toutes ces conventions méritent la plus scru A l'égard du paiement en produits du sol,
puleuse attention, et le propriétaire qui les il est en général préjudiciable aux intérêts du
négligerait s'apercevrait certainement a la fin fermier. Une rente ou canon de ferme qui est
dubail que, loin d'avoir retiré un revenu de son payée en grains, soit eu partie, soit en tota
domaine, il a éprouvé un véritable préjudice. lité, nuit nécessairement à celui qui paie, parce
L'ancienne législation permettait au nouvel quela valeur de la rei^te est d'autant plus éle
acquéreur, en cas de vente, d'expulser le fer vée que les moyens qu'il a de s'acquitter sont
mier pour exploiter lui-même le domaine. plus diminués et plus restreints par la modi
Cette faculté, qui avait l'inconvénient très cité des récoltes qu'il a faites. Le prix du
rave de reudreia jouissance du fermiertout- grain ne s'élève que lorsque les mauvaises
r-fait précaire, a été proscrite par l'article saisons occasionnent uue disette ou une di
1743 du Code civil, et toutes les fois que le minution dans les approvisicjiinemens. Lors-
fermier a un bail qui ne peut être légalement 3 ue le fermier paie en argent, l'augmentation
contesté son expulsion ne peut avoir lieu, à u prix des denrées le dédommage de la mo
moins que cette faculté n'ait été réservée par dicité des récoltes; mais lorsqu'il paie en
le bail. Mais nous aimons à croire qu'il y a nature, tous les produits de la ferme sont
aujourd'hui peu de propriétaires assez igno- souvent insuffisans pour qu'il s'acquitte du
rans ou assez ennemis de leurs intérêts pour paiement de son canon de ferme, et consé-
insérer une pareille clause dans leurs baux, à quemment il se trouve alors placé dans une
moins qu'ils ne soient placés dans des cir position fort critique.
constances particulières qu'ils peuvent alors En tous cas, il faut fixer positivement le lieu
seuls apprécier. où le paiement doit être fait, quelle que soit la
nature des objets qui doivent servir à l'effec
B. Prix du bail ou canon de ferme. tuer. Si aucune stipulation n'a été faite à cet
égard, la règle générale est que le paiement
Le prix du bail peut être stipulé, soit en doit être effectué au domicile du débiteur
argent, et c'est le cas le plus fréquent, soit eu ( C. c, 1247) ; mais presque toujours on a soin
produits du sol, soit enfin en argent ou en pro de stipuler dans les baux que le paiement sera
duits du sol, au choix du propriétaire. Cette fait au domicile du bailleur. Cette stipulatiun,
faculté réservée au propriétaire de pouvoir lorsqu'elle est conçue en termes généraux,
exiger son paiement en nature s'il le juge con pourrait devenir une charge très pesante pour
venable est même devenue de style dans pres le fermier, surtout si le paiement devait être
que tous les baux à ferme depuis la révolu fait en produits du sol ; car, lors même que le
tion de 1789. Le souvenir des désastres pro bailleur fixerait son domicile dans un dépar
duits par l'abus scandaleux que le gouverne tement très éloigné, le preneur serait forcé
ment révolutionnaire avait fait du papier-mon d'y transporter les produits qui devraient ser
naie, a entretenu la crainte chimérique que vir à sa libération. Pour éviter cet inconvé
ces désastres ne se représentent, et pour évi nient, on peut stipuler que le paiement sera
ter ces maux qui ne reparaîtront probable fait au domicile actuel du bailleur, quelle que
ment jamais, on insère encore dans les baux soit par la suite sa résidence, ou en tel autre
une clause dont l'inutilité est le moindre in lieu qui serait fixé par la convention des par
convénient. ties.
Nous disons d'abord qu'elle est inutile, car
dans l'état actuel de la science économique, il C. Charges publiques qui augmentent le prix.
est impossible qu'aucun gouvernement émette
jamais un papier-monnaie à cours forcé; et si Indépendamment de ce qu'on appelle le ca
le pouvoir tombait jamais daus des mains as non de ferme ou fermage, il arrive souvent
sez ignorantes et ennemies du bien public pour que le fermier doit supporter plusieurs char
ordonner despotiquement l'émission forcée ges publiques , en vertu des stipulations de son
dans les paiemens d'un pareil signe monétaire, bail ou des lois du pays. En Angleterre, par
on ne manquerait pas d'annuler arbitraire exemple, toutes les charges publiques qui pè
ment toutes les clauses qui pourraient s'oppo sent sur la propriété foncière sont acquittées
ser à l'application de la loi, sans égard aux par le fermier; telles sont: les émolumens des
conventions et à la rétroactivité de la dispo maîtres d'école, la taxe des pauvres, les pres
sition. Mais le plus grand inconvénient de tations personnelles ou corvées pour l'entre
cette clause, c'est de perpétuer dans les cam tien des routes, les dîmes, etc.; souvent ces
pagnes une défiance mal fondée a l'égard de charges s'élèvent à une somme plus considé
tous les agens de la circulation qui ne sont rable que la rente nominale. En outre, la plu
pas l'or ou l'argent; elle entretient des pré part de ces charges ou impôts n'étant pas fi
jugés contre les billets de banque, les billets xes et n'étant souvent déterminés que par le.
de confiance et banques locales qui pourraient 1 mode de culture ( comme la dîme, par ex.em~
308 ADMINISTRATION RURALE. Mv. vit.
pie) , elles rendent la position du fermier in thèque, soit de la part du preneur lui-même,
certaine , peu agréable et peu lucrative. Là soit de la part de la caution, il doit être né
où le sol est affranchi de la dlme , où les im cessairement fait devant notaires ; car l'hypo
pôts publics sont à la charge du propriétaire, thèque ne peut jamais résulter que d'un acte
où le fermage est une somme fixe et déter ayant un caractère authentique.
minée pour toutes les années du bail et où le Enfin , dans quelques parties de la France
fermier n'a pas à craindre des réclamations etspécialement dans la Haute-Normandie,quel
arbitraires, l'agriculture est un art exercé ques propriétaires exigent à titre de garantie
avec satisfaction et bénéfice. En Écosse , les que le fermier paie l'année courante, et même
charges sont peu considérables ; les cultiva quelquefois deux années, six mois après
teurs écossais jouissent d'une plus grande li 1 entrée en ferme. Cette clause, qui tend à
berté et les rapports entre les propriétaires priver le fermier d'une grande portion de ses
et les fermiers sont établis sur des bases plus capitaux disponibles, nous parait offrir de
équitables ; aussi les progrès de l'art agricole grands inconvéniens.
sont-ils plus rapides en Écosse qu'en An
gleterre , quoique les circonstances physiques 10° Des assurances de toute espèce.
soient plus favorables dans le dernier de ces
deux pays. Les principes qui ont été démon Tout propriétaire doué de prudence doit
trés avantageux à l'agriculture écossaise, et faire assurer les bdtimens d1 habitation et ceux
3ui sont à peu près ceux de la France, auraient destinés à l'exploitation de la ferme, contre les
ù y produire les mêmes avantages, surtout incendies si fréquens dans certaines parties de
sous un climat bien plus propice à la produc la France ; il doit également exiger que ses
tion agricole. fermiers fassent assurer les ustensiles et bes
tiaux qui leur appartiennent et qui garnissent
D. Cautions et hypothèque*. la ferme, ainsi que leurs récoltes, car autre
ment un incendie en ruinant leur fermier
L'intérêt du propriétaire lui fait un devoir porterait aussi un préjudice notable aux in
d'exiger toutes les sécurités possibles pour as térêts du propriétaire. Malheureusement les
surer l'exécution des conditions qu'il impose primes qu'exigent les compagnies d'assu
k son fermier, lors même que pour obtenir rance dans les départemens sont encore tel
ces garanties il serait forcé de se contenter lement élevées que le plus grand nombre
d'un revenu moindre ; car la diminution mo des propriétaires répugnent a assurer leur
mentanée de sa rente sera compensée et bien sécurité par un sacrifice pécuniaire qui leur
au-delà par les améliorations que ces précau semble trop pesant. Enfin le propriétaire
tions amèneront nécessairement. Ces garan a un grand intérêt à exiger que le fermier
ties peuvent être de diverses espèces ; les fasse assurer les produits du sol encore atta
plus ordinaires sont : la caution simple, la cau chés à la terre contre la grêle et autres acci-
tion hypothécaire, ou enfin l'hypothèque con dens météorologiques ; car, ainsi que nous
sentie par le preneur lui-même sur ses pro l'avons vu dans la partie législative , en cas de
pres biens. Celui qui se rend caution d'une perte de la totalité ou de la moitié d'une ré
obligation se soumet envers le créancier à colte, il doit faire à son fermier une remise
satisfaire à cette obligation si le débiteur n'y proportionnelle sur le prix de son bail. Le
satisfait pas lui-même. La caution simple est preneur peut, il est vrai , être chargé par une
celle qui engage sa personne et ses biens à clause du bail de tous les cas fortuits prévus
l'acquittement de l'obligation, mais sans af ou imprévus, mais cette stipulation n'assure
fectation spéciale de tel ou tel bien ; en géné pas encore entièrement les droits du proprié
ral , la caution n'est obligée envers le créan taire, puisque si le fermier est ruiné par
cier qu'à défaut du débiteur, qui doit être suite d'un cas fortuit , contre lequel il pouvait
préalablement discuté dans ses biens; mais la se faire assurer, le propriétaire souffre néces
renonciation à ce bénéfice est de style dans sairement un dommage souvent très considé
presque tous les contrats, et on stipule pres rable, qu'il aurait pu éviter en obligeant le
que toujours que le créancier pourra s'adres fermier a faire assurer chaque année les fruits
ser à la caution, qui s'engage alors solidaire de la terre recueillis ou non recueillis.
ment à payer après un simple commandement
fait inutilement au débiteur principal. 11° Du sous-bail.
Si la caution affecte spécialement un im
meuble à la garantie de son cautionnement, En général le preneur a le droit de sous-louer
elle devient alors hypothécaire; pour obtenir ou même de céder son bail à un autre , si cette
toutes les sécurités qu'il exige, le propriétaire faculté ne lui a pas été interdite, mais alors
doit alors se faire représenter un certificat il n'en reste pas moins obligé envers le pro
du conservateur des hypothèques qui constate priétaire à 1 exécution de toutes les clauses
le montant des créances privilégiées qui grè du bail et devient ainsi responsable des faits
vent l'immeuble ou qui prouve qu'il n'en de son cessionnaire. Cette faculté peut être
existe pas. Il doit aussi faire examiner les ti interdite pour tout ou partie, et dans presque
tres de propriété et prendre les précautions tous les baux à ferme on impose au preneur
que nous avons conseillées ci-dessus au pro- l'obligation de ne pouvoir céder son bail en
Îiriétairc qui veut acquérir un domaine. Si tout ou en partie sans le consentement par
'hypothèque est consentie par le fermier sur écrit du bailleur. Ce dernier a le plus grand
ses biens personnels, le bailleur doit aussi intérêt à imposer cette obligation au fermier,
faire les mêmes vérifications pour assurer son car autrement celui-ci pourrait se substituer
droit et son rang hypothécaire. dans la culture un homme qui n'aurait ni la
Lorsque le bail contient stipulation d'hypo même solvabilité, ni la même intelligence, ni
cdap. 3". MODÈLE DE BAIL A FERME, 969
la même habileté; puis dégarnir la ferme des encore les faire saisir et conserver ainsi sur
ustensiles et bestiaux qu'il employait à son eux son privilège, pourvu qu'il ait fait la re
exploitation et laisser ainsi le propriétaire vis- vendication dans le délai de 40 jours (C. C,
à-vis un fermier incapable et nécessiteux. 2102).
Au contraire, celui qui cultive sous la con S'il avait obtenu une caution ou une garan
dition d'un partage de fruits ne peut ni sous- tie hypothécaire, il ne devrait donner dé
louer ni céder ton bail, parce qu alors la con charge ou main-levée que lorsque tout aurait
vention qui intervient avec lui est basée prin été réglé à sa satisfaction.
cipalement sur la considération de sa per
sonne. Cette faculté peut, il est vrai, lui être 13° Modèle de bail à ferme.
réservée par le bail, mais il y a peu de pro
priétaires assez négligens de leurs intérêts Pour compléter ce sujet important, nous
pour permettre l'insertion au bail d'une pa allons offrir à nos lecteurs un modèle très
reille réserve, qui pourrait devenir pour eux simple de bail à ferme que l'on peut considé
une source de pertes et de regrets. rer comme un des moins imparfaits parmi les
baux que rédigent ordinairement les notaires.
12° Fin de jouissance, remise de lieux et Comme ce modèle laisse encore beaucoup a
réparations. désirer et qu'il serait insuffisant pour des ex
ploitations étendues, où la liberté d'action du
Lorsque l'époque fixée pour la durée du fermier et l'amélioration du sol formeraient la
bail est arrivée, l'inventaire et l'état des lieux, base des conventions des parties, nous ajoute
qui ont dû être dressés au moment de l'en rons, comme appendice à ce modèle, les clau
trée en jouissance du preneur, doivent être ses principales du bail de l'établissement agri
vérifiés avec soin. Le preneur doit justifier cole de Roville, qui est le plus parfait que
qu'il a fait toutes les réparations et améliora nous connaissions parmi ceux qui ont été ré
tions que lui imposaient les clauses de son digés en France.
bail, et si aucune stipulation n'a été faite à cet
égard, il doit rendre les lieux, les ustensiles PAR-DEVANT, etc.
et machines dans l'état où il les a reçus. Nous
avons vu ci-dessus que, lorsqu'il u avait pas Furent présent* {nom, prénoms, qualité et demeure
été dressé d'état de lieux, le preneur était du propriétaire, ainsi que de safemme, si U bien pro
censé les avoir reçus en bon état de répara vient du chefde cette dernière. Sites propriétaires ne
tion-, il doit alors faire toutes les réparations résident pas dans l'arrondissement , il sera bon qu'ils
dites locatives que la loi met spécialement à élisent domicile chez une personne qui l'habite pour
sa charge. texécution des clauses dit bail. )
Ces réparations sont en général celles qui Lesquels donnent à ferme les Mtimens et terres ci~
sont désignées comme telles par l'usage des lieux, après désignés, pour... récolles consécutives , à com
et entre autres celles à faire aux âtres, contre- mencer par celle de...
cœurs et tablettes des cheminées, au recrépi- A ( nom , prénoms et demeure dufermier et de sa
ment du bas des murailles des appartemens femme. ) , ce acceptant.
et autres lieux d'habitation, à la hauteur d'un La jouissance pour la préparation et l'exploitation
mètre, aux pavés et carreaux des chambres, de ces... récoltes commencera a partir du 11 novem
s'il y en a seulement quelques-uns de cassés; bre 18... et finira le a » juin îs... (Pour lafxau'on
s'ils étaient pour la plupart brisés, la répara- de Cépoque d'entrée en jouissance, voyez ce que nous
avons dit ci-dessus. )
(l) Pour connaître cette matière importante on peut consulter avec fruit le Traité des sociétés t
ciales, par M. AUlei'evre, avocat à la cour royale de Paris, et M. Jourdain, juge au tribunal civil de la mémo
ville, au gros volume iu-8°, prix 7 fr. 60 c. , chez Mansut fila, libraire, rue des Mathurinï-Saint-Jacques, 1 7.
ADMINISTRATION RURALE. ut. vn.
TITRE TROISIÈME.
DE L'ORGANISATION DU DOMAINE.
Lorsqu'on s'est procura à un titre quelcon suivent, lesquels passent les uni aux autres par des
que la jouissance d'un fonds productif, les nuances souvent peu tranchées et difficiles a saisir.
principes de l'économie de l'agriculture en t" Système. Culture des végétaux. Dans ce sys
seignent que pour l'exploiter il est nécessaire tème on s'adonne principalement a la culture et au
d'y établir un certain nombre de services qui, travail des végétaux , ou au moins ceux-ci forment à
d'une manière plus ou moins directe, con beaucoup près la branche la plus importante des reve
courent avec le fonds lui-même à la produc nus de l'établissement. Nous en avons des exemples
tion agricole. L'établissement de ces divers dans la culture des plantes potagères, des fourrages et
services constitue ce que nous appelons ici des céréales, près des grandes villes ou autres localités,
l'organisation du domaine. où les engrais sont abondans et A bon compte, ainsi
L organisation d'un domaine rural exige que dans celle des forêts , des prairies , des oliviers ,
beaucoup d'expérience, de tact et de connais des mûriers, des vignes, du houblon, des pépiniè
sances, et influe puissamment, suivant qu'elle res, etc.
a été faite avec habileté ou avec ignorance, sur 1* Système. Éducation des animaux. Ce système
les succès et les revers de rétablissement. On comprend l'éducation, l'entretien et l'engraissement
doit autant que possible s'attacher des l'ori des bestiaux sans culture de la terre , avec les résidus
gine à suivre une bonne direction; des erreurs des établissemens industriels ou des grandes villes, ou
légères en apparence causent parfois votre en achetant des fourrages , louant des pâturages, etc.;
ruine ou bien il s'écoule beaucoup de temps on y rattache aussi l'éducation des oiseaux de basse-
et on perd beaucoup d'argent avant qu'on cour, des vers à soie, des abeilles et celle des pois
puisse rentrer dans la bonne voie. sons dans les étangs toujours en eau , etc.
Les règles d'une sage économie prescrivent S* Système, ou Système mixte. Dans ce système, qui
de faire dans l'organisation d'un domaine rural est une combinaison des 1 précédens et embrasse la
tout ce qui est nécessaire pour l'exploitation rai- majorité des établissemens agricoles, la culture des vé
sonnée du fonds, mais aussi rien que ce qui est gétaux est réunie 4 l'éducation des animaux suivant
nécessaire. Si tous les services n'ont pas été un rapport infiniment variable. C'est ce système que
établis convenablement, si on a mis une éco nous aurons principalement en vue dans les détails
nomie mal entendue dans leur organisation, où nous allons entrer sur l'organisation du domaine
on ne parviendra jamais à tirer du fonds tous rural.
les fruits qu'il est capable de donner, et, si on Quand on est fixé sur le système économique d'a
a été au-delà du but, on a la plupart du temps près lequel on exploitera un fonds rural , il faut déter
engagé des capitaux qui deviennent impro miner le système de culture qu'on adoptera pour le
ductifs ou dont les intérêts grèvent inutile mettre en valeur. Ce système varie nécessairement avec
ment la production et dont personne ne con le pays et les circonstances.
sentirait à rembourser la valeur dans le cas Tantôt le domaine en entier est consacré au pâtu
où on voudrait vendre ou céder sa propriété. rage, tantôt on l'exploite par la culture triennale avec
Les fonds productifs dont se compose le jachère; ici on peut introduire la culture des céréales
territoire d'un pays peuvent être, les uns eu avec prairies naturelles, la un assolement avec prai
friche et à l'état de nature, tandis que les ries artificielles et la culture sarclée des plantes com
autres ont déjà reçu des améliorations fon merciales.
cières plus ou moins importantes ; dans les C'est encore en s'occupant du système de culture
1'" tout est à organiser, et, comme ce cas est qu'on doit déterminer la manière dont les bestiaux se
le plus général, c est celui que nous prendrons ront alimentés, soit a l'étable ou ils resteront cons
pour exemple dans l'ensemble de ce titre, en tamment, soit en partie i l'étable et en partie au pâ
supposant que l'entrepreneur possède les ca turage, soit enfin , uniquement au pâturage ou dans
pitaux nécessaires pour donner à chacun des les champs où on les tiendra toute l'année.
services le développement qu'il exige dans un Le système de culture étant déterminé, on passera
établissement dirigé suivant les principes au plan de culture ou a Cassolement. Celui-ci comme
d'une bonne administration. on sait, comprend deux choses principales. 1° La pé
riode de fassolement qui peut être, suivant les circon
Avant de songer à organiser un domaine , il est in stances, d'un plus ou moins grand nombre d'années.
dispensable d'avoir une opinion arrêtée sur le système 3° La rotation qui détermine le choix des plantes
d'exploitation au moyen duquel on se propose d'en ti quientrerontdans l'assolement et la manière dont elles
rer des fruits, parce que les systèmes divers adoptés en se succéderont.
agriculture réclament la plupart dn temps une orga Enfin, après avoir raisonné le plan de culture, il con
nisation qui leur est propre et que tous n'ont pas un viendra d'étudier le mode daménagement qu'on sui
égal besoin des services qui composent une organisation vra pour tirer le plus grand produit des terres dans
complète. l'assolement dont on aura fait choix. Ce mode d'amé
Le choix d'un système d'exploitation comprend a nagement doit avoir pour but : 1° de déterminer les
■oo tour celui d'un système d'économie rurale , de cul moyens qui permettront d'entretenir ou d'accroître la
ture et d'aménagement, expressions sur lesquelles nous fécondité de la terre et de la maintenir dans un boa
pensons qu'il importe de s'entendre avant d'aller plus état de propreté, d'ameublissement, de profondeur et
loin. de richesse. Ainsi on s'occupe de la quantité d'engrais
Pour exploiter un fonds, on peut d'abord choisir en que doit recevoir chaque sole, du nombre de façons
tre les 3 principaux systèmes Wéconomie rurale qui qu'on lui donnera , etc. ï° De faire choix des moyens
CBAP 1". DES CAPITAUX. 38t
d'exécution , c'est-à-dire des agens du personnel qui Voici maintenant les divers services dont un do-
doivent la cultiver et des inslrumens qu'on y emploiera, mainc exploité suivant le système mixte réclame l'or
etc. 3-' De l'exécution , c'est-à-dire de la manière par ganisation : i° Le service des capitaux. 2° Celui du
ticulière dont tous les travaux seront exécutés et des personnel. 3° Le service du fonds lui-même. 4° Le
époques où on les entreprendra. service de \'inventait e qui se partage en inventaire vi
Nous ne nous occuperons pas davantage de ce sujet vant qui comprend les béus de trait et de rente et en
qui, ainsi qu'on le voit, embrasse presque toute l'admi inventaire mort ou mobilier proprement dit. 5* Le ser
nistration rurale et sur lequel les chapitres suivans sont vice des engrais. 6" Enfui divers services qui ont
destinés à répandre beaucoup de jour ; d'ailleurs nous le une certaine importance dans un établissement un peu
reprendrons en particulier lorsque nous traiterons du considérable.
choix qu'il convient de faire d'un système d'exploita
tion pour un domaine.
Nous désignons ici sous le nom ^organisa est un bien petit nombre parmi ces der
tion du service du fonds , toutes les opérations, nières qui ne soit susceptible d'améliorations
tous les travaux qui sont nécessaires pour pour compléter cette organisation et augmen
rendre productif un fonds inculte jusque là ter leur produit net.
ou au moins pour accroître sa faculté pro Dans nos départemens où les baux n'ont
ductive et faciliter son exploitation. Ces opé qu'une durée très limitée , c'est la plupart du
rations ont été désignées sous le nom d'amé Xemps \e propriétaire qui se charge de mettre
liorations foncières , pour les distinguer des le fonds en état et de l'organiser ; mais dans
améliorations agricoles , dont nous parlerons les pays où ces contrats ont une plus longue
daus un autre chapitre. existence , en Angleterre par exemple , on
La majeure partie des propriétés rurales voit très souvent des fermiers prendre à bail
en France sont déjà dans un état plus ou moins des fonds en friche ou en mauvais état, et y
finrfait d'exploitation, ou ont reçu des amé- faire à leurs frais toutes les améliorations pour
iorations plus ou moins importantes, et il les rendre exploitables ou plus productifs. Le
n'est pas toujours nécessaire de procéder à fermage, est alors diminué proportionnelle
Une organisation fondamentale, mais il en ment aux améliorations stipulées dans le bail
ciïap. 3". DE L'ÉTENDUE DES FONDS RURAUX. 4oi
ou bien le propriétaire fait remise au fermier | plus (l'avantagea donner del'étendue au fonds
de 2 ou 3 années de ' loyer,
'" ou bien
' enfin
,; le' " et-t à chercher un accroissement de produit
fermier abandonne au propriétaire, à l'expira )lulôt dans l'extension donnée à la surface
tion du bail, les améliorations qu'il a laites exploitée que dans un accroissement de main-
dans l'état où elles se trouvent, a des condi d'œuvre sur une surface circonscrite; c'est
tions arrêtées à l'avance dans les clauses mê le contraire dans les pays où le sol est cher
mes de ce contrat. et le travail à bon marché. — Dans un pays oii
Quelquefois aussi des compagnies ou socié le sol est naturellement fécond et le climat
tés se chargent à leurs risques et périls de très favorable à la végétation , et où la produc
certaines améliorations qui, comme des des- tion végétale exige peu de travaux, on peut
sèehemens de vastes marais , le défrichement exploiter un domaine plus considérable que
de landes considérables, exigent de très fortes dans les contrées où ces conditions ne se ren
avances de capitaux; ces avances sont faites contrent pas.—Quand le climat d'un pays est
moyennant le sacrifice de la part des proprié très variable et ne laisse que quelques jours
taires d'une partie des terres améliorées au pour certaines opérations importantes de l'a
profit des compagnies , ou à des conditions griculture , on franchit plus aisément ces pé
variables suivant les localités ou la nature des riodes critiques en appliquant aux travaux
travaux. toutes les forces disponibles d'une grande fer
Enfin, on a vu dans ces derniers temps , des me. — Dans les pays montueux et coupés ,
associations de propriétaires se livrer en com quand un domaine est placé sur le flanc des
mun à dévastes améliorations qui ont tout colliuesou des montagnes, il n'y a guère qu'un
à coup transformé des cantons presque incul petit exploitant qui puisse se livrer avec suc
tes en de riches contrées. cès aux travaux longs et pénibles que ces fonds
Avant de nous occuper d'une mapière gé nécessitent. Il en est demême pour ceux dont
nérale des améliorations qu'on peut opérer la surface est composée d'une roche dénudée
sur les fonds , nous croyons utile de parler qu'il faut briser à bras et pulvériser pour en
de l'étendue qu'il convient de donner à une faire un sol meuble; au contraire, dans les
exploitation rurale. pays de plaine où la surface est unie, les trans
ports faciles , et les travaux par machines ai
Section I". — De l'étendue à donner d un fonds sément praticables, les fermes peuvent avoir
rural. une plus grande étendue. — Dans certains
pays très peuplés, dans ceux où la propriété
Disons d'abord un mot de ce qu'on entend est très divisée, tels que la Flandre, la Belgi
par petite , moyenne et grande ferme. Ces ter que, l'Alsace, la Toscane, et une grande par
mes désignent dans chaque pays des établis- tie de la France , il serait souvent très diffi
semens bien différens les uns des autres sous cile de trouver, de former ou d'exploiter avec
le rapport de l'étendue superficielle; une profit un grand domaine, tandis que dans
grande ferme en Belgique, de 30 à 36 hect., d'autres, comme l'Espagne, l'Angleterre et la
est à peine une ferme moyenne dans la Bauce, plusgrande partie de l'Allemagne, où les biens
et les grandes fermes de ce dernier pays ne fonds sont concentrés dans les mains d'un pe
seraient guère regardées en Angleterre et en tit nombre de propriétaires, on trouverait
Allemagne que comme des fermes moyen difficilement une petite ferme, et il y aurait
nes. souvent peu de profit à l'exploiter. Enfin,
Il semble, dit un auteur, qu'en tout pays dans d'autres, comme dans l'ancien Berry ou
on peut donner le nom de petites fermes à cel le Gatinais, où on ne rencontre le plus com
les où le fermier est obligé, pour vivre , de munément que des fermes moyennes, les fer
faire lui-même et avec sa famille , ou un très mes grandes ou petites exploitées par le mode
petit nombre de serviteurs, tous les travaux usité dans le pays seraient sans doute peu
manuels de son exploitation ; celui de grandes avantageuses. — Près des grandes villes , où
fermes à celles où le fermier est uniquement l'agriculture ressemble à une culture jardi
occupé à diriger et surveiller les travaux de nière et se compose d'une multitude de pe
nombreux serviteurs et a même besoin de tits travaux de détail et où les capitaux sont
surveillans , et de réserver le nom de fermes abondons les petites ou moyennes exploitations
moyennes à celles où le fermier, tout en em sont ordinairement celles qui sont les plus
ployant et surveillant lui-même un certain productives. — Les pays où la majeure partie
nombre de serviteurs, prend une part directe de la population habite les villes et s'adonne
aux travaux manuels de son exploitation. aux arts et aux travaux des manufactures
En France, les établissemens auxquels on permettent l'exploitation de domaines d'une
peut donner le nom de grandes fermes ont, plus grande étendue que ceux où elle est
terme moyen, de 120 à 200 hect. et au-delà; répandue dans les campagnes et s'occupe
les fermes moyennes sont celles qui exploi exclusivement de travaux agricoles , etc.
tent de 50 à 120 hect.; au-dessous, les éta 2° Causes relatives à l'entrepreneur- Tout le
blissemens peuvent être rangés parmi les pe succès des entreprises agricoles dépend, com
tites fermes. me nous l'avons dit déjà, du fonds industriel
Parmi les causes qui tendent à faire varier de l'entrepreneur et des capitaux qu'il pos
l'étendue que doit recevoir un établissement sède; tel homme qui dispose de gros capitaux,
rural , les unes sont purement locales , les au et a un bon fonds de connaissances agricoles
tres tiennent à l'individu qui se propose de ainsiquetouteslesqualités requises,exploitera
l'exploiter ou au mode d'exploitation qu'il avantageusement unefermed une très grande
mettra en usage. étendue, landis qu'un autre qui ne réunira pas
1 Causes locales. Partout .on le terrain est à ces conditions, ou seulement à qui l'une d'en
bon marché et où le travail est cher, il y a tre elles manquera , échouera dans l'adminis-
AGIUCULTUnK. 101e. livraison. tome IV. — 51
402 ADMINISTRATION RURALE. UV. VII.
tration d'un fonds rural même d'une étendue treprendre pour rendre un domaine exploita
bornée. ble et productif peuvent être rangées sous les
En général , tous les cultivateurs sont dis 4 titres su ivans.
posés, quand ils ont fait quelques économies, à
acheter des parcelles de terres pour les ajou 1° Pour prendre possession du terrain, le former on
ter à leur héritage plutôt que de chercher à le conserver. Tels sonl les travaux d'endiguage, d'en
accroître la faculté productive de celui-ci par caissement ou d'embanquement , la construction des
des améliorations bien entendues. Les entre chaussées, jetées , épis de défenses pour contenir les
preneurs qui prennent à loyer les fonds des eaux, celle des canaux, fossés, coulisses, puits, pui
propriétaires sont tourmentés aussi par une sards, boitouts, ouvrages d'arts divers pour dessèche
malndie analogue que J. Sinclair et beaucoup ment, l'établissement de claies vivaces, de clayonna-
d'autres agronomes ont s%nalée depuis long ges, de gazonnemens, de plantations, de remblais, etc.
temps. S° Peur éloigner Us obstacles qui .s'opposent à la
« Les fermiers, dit le premier de ces au culture. Tantôt ce sont des eaux stagnantes à la sur
teurs, sont toujours disposés à entreprendre face ou sur le sous-sol , auxquelles il faut procurer un
l'exploitation de fermes trop considérables écoulement par des puits, coulisses, saignées couvertes,
pour le capital dont ils disposent. C'est une etc. ; tantôt des masses de sable ou de matières miné
grave erreur; il en résulte que bien des gens rales qu'on doit enlever; d'autres fois de grosses pier
restent pauvres sur une grande ferme, tan re», des éclats ou pointes de rochers, de grands végé
dis qu'ils auraient pu vivre avec aisance et taux ligneux, des souches, des cepées, qu'il faut faire
faire de bonnes affaires sur une ferme de moin disparaître; tantôt enfin des ondulations incommodes
dre étendue. Un fermier ne peut se livrer à du terrain qui nécessitent des remblais et des travaux
son entreprise avec sécurité s'il n'est pas en de nivellement, etc.
état de payer non-seulement les dépenses or 3° Pour améliorer tétai du sol. Les travaux d'amé
dinaires de son établissement , mais aussi de lioration du sol sont : les défricliemens, les défonce-
faire face aux circonstances imprévues. Lors raens, la pulvérisation et l'ameublisscment du sol par
qu'un fermier, au contraire, prend une exploi labours, hersages, roulages, par Péeobuage , la com
tation inférieure à son capital, il se met en pression mécanique du sol, le limonage, l'épierremcnl
étal de profiter de toutes les circonstances ou enlèvement des pierres roulantes, le chargement du
favorables pour acheter lorsque les prix sont sol avec divers mélanges terreux, le marnage, le chan
bas, et attendre, pour vendre, l'augmentation tage, le plâtrage, etc.; la construction des abris, des
des prix.» rideaux d arbres, des haies, des murs; l'accroissement
En Angleterre les fermiers en général ne de la richesse du sol par les façons, l'enfouissement
prennent guère d'établissemens agricoles au- des récoltes en vert, les engrais de toute nature; la
dessus de leurs moyens ; c'est le contraire destruction des plantes parasites, etc.
dans la plusgrandcpartie delà France , et une fPour faciliter Cexploilation du sol. Tels sont :
des causes auxquelles onaattribué avec raison les travaux pour établir des chemins ruraux , des
l'infériorité de notre agriculture. bàlimens d'habitation et d'exploitation, des clôtures,
3" Causes relatives à la nature et au mode 'd'ex des moyens d'Irrigation ou l'accumulation des eaux né
ploitation du domaine.Il est bien plus faciled'ex- cessaires aux usages de la ferme dans des mares ou bas
ploiter un grand domaine qui consiste en bois, sins, des puilsordinaires et artésiens, des citernes, etc.;
prairies, pâturages, étangs, etc., et il faut la ceux qui ont pourobjet l'ouverture des mines ou carrières
plupart du temps pour cela bien moins de capi pour se procurer des amendemens, du combustible fos
taux que pour un établissement en terres ara sile, des matériaux de construction; enfin ceux qu'on
bles de même étendue. Une ferme à pâturage entreprend pour l'arpentage, la réunion des parcelles,
en pays de montagne peut avoir 1000 à 1200 la division du terrain en soles et la classification des
hect. sans exiger autant de capitaux de roule terres, et qui ont pour but de dresser le plan, la carie
ment qu'une ferme à grains en pays de plaine lopographique , l'inventaire et l'état de lieux du do
de 100 a 120 hect.; au contraire, la culture des maine et de tout ce qu'il contient, etc.
vignes, des plantes potagères ou industrielles La plupart des travaux d'amélioration dont nous ve
qui exigent une mam-d œuvre considérable, nons de parler, ont, sous le rapport technique, été dé
sont plus avantageuses sur une petite échelle. crits dans les livres précédens de cet ouvrage, il ne
Une dimension modérée est cellequi convient nous reste donc qu'à les considérer sous un point de
le mieux aux fermes à laiterie et où l'on en vue économique et administratif, les seuls qui puissent
tretient du gros bétail, tandis que l'éducation ici nous occuper. Cependant, comme il en est quelques-
des moutons n'est au contraire bien dirigée uns, tels que la division d'un domaine en pièces de
que dans les exploitations de grande cultu terre, les opérations topographiques et la construction
re, etc. des bfttimens ruraux, qui n'ont pas encore été traités
1!étendue qu'il convient de donner à une ex dans les tomes précédens, et qui se rattachent a l'ad-
ploitation doit donc être celle dans laquelle ininis ration générale d'un établissement, nous entre
l'entrepreneur, au milieu des circonstances rons à leur égard dans des considérations plus détail
locales qui l'entourent, avec les capitaux dont lées.
il dispose, la somme de ses connaissances et
son fonds industriel, parviendra, par l'emploi 5 I". — Des principes économiques applicables aux
le plus judicieux des uns et des autres, à réa améliorations foncières.
liser les plus gros profits qu'on puisse faire
dans des conditions pareilles. Des travaux opérés sur un domaine ne peu
vent, en économie agricole, être considérés
Section H. — Des améliorations foncières en comme des améliorations foncières qu'autant
général. qu'ils doivent produire une utilité réelle, im
médiate ou prochaine, et qu'ils donnent au
Les améliorations foncières qu'on peut en- fonds une plus haute valeur. Tous les capi
CTAP. S*. DES AMÉLIORATIONS FONCIÈRES.
taux avancés en travaux, et qui ne don C'est surtout lorsqu'on vent entreprendre
nent pas à un fonds une nouvelle valeur des améliorations importantes dans un payi
proportionnelle aux avances, ont été dépensés encore inculte ou très arriéré sous le rapport
împroductivement et sont perdus pour celui agricole, c'est lorsque les moyens de compa
qui les a mis ainsi dehors imprudemment. raison avec des fonds voisins viennent à man
Il y a donc deux choses fort importantes h quer et que l'on ne peut plus être guidé par
considéreravant d'entreprendre des améliora 1 analogie, ou enfin lorsque, étranger au pays,
tions foncières : 1" les sommes dont il sera on n'a pas une connaissance approfondie de
nécessaire de faire l'avance pour opérer les toutes les circonstances locales, qu'il convient
améliorations désirées; 2° la valeur nouvelle de redoubler de soin et de prudence. C'est en
que le fonds acquerra par suite de ces amé effet dans des tentatives agricoles de ce genre
liorations. qu'ont eu lieu les chutes les plus éclatantes et
Les avances qu'on est obligé de faire pour les revers les plus désastreux. Dans ce cas, le
l'exécution des travaux qui doivent améliorer bon sens prescrit d'établir une enquête sévère
un fonds ne se composent pas seulement des et raisonnée sur le plan de celle dont nous
capitaux qu'on met dehors; il faut de plus y avons esquissé le modèle dans le chapitre I" du
ajouter les intérêts de ceux-ci pendant tout le titre II de ce livre. Cette enquête, faite avec
temps que les améliorations commencées ne sagacité, fournira en effet tons les élémensqui
rendent pas encore de service utile, comme seront nécessaires pour calculer avec préci
des bâtimens jusqu'à ce qu'ils soient achevés, sion, soit l'accroissement dans la faculté pro
un puits artésien jusqu'à ce que l'eau jaillis ductive qu'on pourra donner à la terre par
se, etc. ; plus, le profit industriel de 1 entre des améliorations, soit l'augmentation de sa
preneur, soit propriétaire ou fermier, c'est-à- valeur foncière et courante.
dire les profits légitimes auxquels il a droit Quand on est maitre de tous les élémens
pour l'application de son industrie à ces tra qui servent à calculer l'augmentation de va
vaux d'amélioration. Nous reviendrons pins leur que le domaine pourra acquérir par
bas surcesujet à l'occasion du projet qui doit des améliorations, il est utile d'établir au
précéder toute entreprise de ce genre. moyen de quels sacrifices pécuniaires on ob
L'estimation de la valeur nouvelle qu'un tiendra cet accroissement et de comparer les 2
fonds est susceptible d'acquérir par des amé résultats entre eux. Mais avant de faire au
liorations est souvent difficile à déterminer, à cune avance pécuniaire pour des travaux quel
cause des nombreux élémens qui entrent dans conques d'amélioration,il faut soumettre ceux-
le calcul, surtout lorsque le terrain est à l'é ci à un examen préalable et rigoureux.
tat inculte et qu'il s'agit de le transformer en Ainsi, il faut d'abord s'assurer que les tra
un fonds productif. vaux qu'on projette sont utiles, qu'ils sont
Ce qu'il importe d'abord de reconnaître, opportuns, possibles sous le rapport de l'art
c'est la valeur courante des diverses espèces et qu'ils pourront, sans obstacles graves, être
de fonds productifs dans le pays environ conduits à bonne fin. Il faut être certain qu'on
nant, et principalement celle des fonds qui ne rencontrera pas, soit dans les préjuges, la
se trouvent dans des conditions aussi sembla mauvaise foi ou l'inhabileté de la population
bles que possible à celle du domaine lorsqu'il ou l'ignorance des autorités locales des diffi
aura été amélioré. Cette valeur, qui n'est pas cultés qui eu feront perdre les fruits ou ba
la même dans tous les pays, varie aussi dans lanceront l'utilité qu'on en attendait; que leur
une môme localité par suite de la concur service utile ne se fera pas trop long-temps
rence, de l'abondance de la population, de sa attendre et que ces améliorations ne seront
richesse, de son industrie, de la facilité des pas sujettes à des détériorations annuelles as
débouchés, et enfin des conditions particu sez rapides pour anéantir tous les avantages
lières dans lesquelles un fonds se trouve qu'on s'en promet, etc.
placé. Enfin, la prudence conseille de ne jamais
Quand on connaît la valeur moyenne et se livrer à 1 exécution de projets d'améliora
courante des fonds productifs dans une loca tion que lorsqu'on peut immédiatement dis
lité, ce sont par conséquent ces conditions par poser d'un capital suffisant pour faire face à
ticulières qu'il s'agit d'étudier avec le plus toutes les avances ou au moins après qu'on
graud soin avant d'entreprendre les travaux aura constaté d'une manière positive qu'on
qui doivent améliorer un fonds. Cette élude pourra, dans un avenir prochain et en tenant
exige presque toujours des connaissances compte des circonstances que l'homme peut
étendues, une expérience consommée et une prévoir, avoir à sa disposition des moyens suf
sagacité peu commune. Par exemple, com fisais. Il v a toujours un grand danger à s'a-
ment un entrepreneur parviendra-t-il à re venturer dans une opération qu'on sera peut-
connaître à l'avance, si ce n'est au moyen de être obligé, faute de capitaux, d'abandonner
connaissances solides et variées, que le défri avant son entière exécution ; on perd pres
chement de tel bois frappera pour long-temps que toujours ainsi les sommes qui ont été
le sol de stérilité, que les eaux affluentes dans avancées en travaux la plupart du temps \i-
un bas fonds ne pourront être domptées sans fructueux.
des dépenses hors de proportion avec la va On ne devrait en général commencer des
leur nouvelle qu'acquerra le fonds , qu'un travaux d'amélioration qu'après en avoir long
sous-sol ramené à la surface rendra celle-ci temps à l'avance établi et mûrt leprojet, avoir con-
infertile pendant plusieurs années, qu'un ter sultéles gens de l'art ou des hommes d'expé
rain bien ameubli et engraissé fera partie de rience et de pratique ; il y a même souvent de
telle ou telle classe de terres, qu'on retirera l'avantage à publier ce projet et à le soumettre
des avantages réels d'une clôture, de moyens ainsi à la critique des voisins, des hommes
d'irrigation, d'un nive'JMnent, etc.? instruits ou des gens du pays. Cette sorte d'eu
461 ADMINISTRATION RtTRALË. Liv. vit.
quête publique révèle toujours une Coule de taillée des moyens cl du mode d'exécution; 3° l'esti
choses utiles dont un administrateur de bon mation détaillée, aussi approximative que possible, de
sens sait faire son profit. la valeur des divers travaux; 4° les conditions d'ordre,
Parmi les diverses améliorations dont un d'administration et de comptabilité qui devront être
domaine est susceptible il faut toujours com observées par le propriétaire, l'entrepreneur ou celui
mencer par les plus simples, les plus urgentes, qui sera chargé de la direction des travaux.
celles qui offrent le plus de chances de succès ou li'exposé des motifs a pour but d'établir d'une ma
qui récompenseront plus amplement les frais nière précise le but des travaux, ainsi que les condi
et les travaux. Le succès amené la confiance, tions économiques de service, d'étendue, de durée que
augmente les ressources et accroît l'expé le propriétaire exige dans ces travaux et que l'entre
rience, tandis que des améliorations entre preneur s'engage à garantir après l'exécution. Ces con
prises sur une trop grande échelle et qui ditions doivent être rédigées avec clarté, précision et
échouent , épuisent les capitaux, paralysent toute la concision nécessaires, toute ambiguïté pouvant
l'industrie de l'agriculteur et portent le dé donner lieu à des contestations et toute omission à
couragement dans son esprit. des variations considérables dans la qualité et la valeur
Si une amélioration ne doit être entreprise des travaux.
qu'après y avoir mûrement réfléchi, après l'a La description contiendra l'indication de la nature
voir long-temps discutée avec calme et pru et de la qualité des matériaux de toute espèce qui se
dence et lorsqu'on a ccquis la certitude mo ront employés dans les travaux et qui peuvent varier
rale de réussir, il n'en est plus de même lors suivant les localités; on y spécifiera aussi leur volume,
qu'elle est commencée sur un projet bien ar les façons qu'ils devront recevoir, les soins particuliers
rêté ; il faut alors la conduire avec toute la vi qu'il faudra apporter dans leur transport, leur prépa
gueur et l'activité que comporte sa bonne exé ration et leur mise en oeuvre.
cution. Une opération conduite vivement fait \Jestimation se composera de 8 parties : La com
éprouver une perte moindre sur l'intérêt des prendra le mesurage (toiséou métré), qui présentera,
sommes avancées et n'expose pas les travaux pour chaque partie de construction et au besoin pour
déjà faits à perdre, soit par négligence ou in chaque partie de main-d'œuvre qu'il peut y avoir lieu
curie, soit par accident, une partie de leur de compter séparément, l'énonciation des diverses di
utilité. mensions nécessaires, soit linéaires, soit superficielles
Il faut autant que possible ne se livrer à ou cubiques, soit le poids pour en établir les quantités
une nouvelle amélioration que quand celle qui totales. La Se est le bordereau ou mise à prix, qui
l'a précédée est entièrement terminée et lors consiste dans l'application aux quantités résultant du
que le succès en est bien établi; à plus forte mesurage des prix qui leur conviennent successive
raison si c'était pour réparer une faute faite ment , afin d'établir la valeur partielle d» chaque na
antérieurement, cas dans lequel on ne sau ture d'ouvrage et enfin la valeur totale de l'ensemble
rait étudier avec trop de soin et de lenteur des constructions ou des travaux.
les causes qui ont amené un revers. A la valeur totale résultant de la mise à prix ou
ajoute ordinairement une somme à valoir pour faire
5 II. — Du projet et dei travaux d'amélioration. face aux cas imprévus, aux erreurs, aux omissions, aux
variations dans les prix, aux insuffisances d'estima
Avant de ie livrer à une amélioration foncière quel tion, surtout dans les travaux de terrassement, d'épui
conque et d'en commencer les travaux, il est indispen sement, de réparations, etc. Cette somme, qui peut va
sable d'en dresser le projet. Ce projet sera rédigé par rier suivant la nature des travaux, est, dans les cas
l'administrateur lui-même, si ce sont des travaux pu ordinaires, portée i t/30* du montant de la mise a
rement agricoles, ou par l'ingénieur, l'arcliitecte ou prix, et suivant les cas il peut être nécessaire de l'é
l'entrepreneur si ce sont des travaux qui exigent des lever à 1/10* et même davantage.
connaissances ou des applications spéciales. Quant aux conditions, elles indiqueront : 1° Le mode
Un projet se compose des dessins et du devis ; il doit d'exécution des travaux. Ici on indiquera quelle sera
être bien complet et avoir été étudié sur le terrain la nature du marché qu'on devra faire pour l'exécution
même avec la plus scrupuleuse exactitude, de manière des travaux, la manière dont on passera ce marché,
à ce qu'il contienne toutes les conditions qu'il faut l'ordre dans lequel les travaux devront être exécutés,
remplir suivant les localités et les circonstances, ainsi les époques où ils commenceront et seront terminés
que le système suivant lequel les opérations doivent en tout ou partie, les modifications, ad.« lions, suppres
être conduites; c'est la base de toute entreprise de sions qu'on se réserve de faire au projet ou que pour
travaux et celle sans laquelle on ne peut espérer de raient nécessiter des circonstances imprévues; la spé
succès. cification d'indemnités en cas de suspension des tra
Les dessins sont la représentation graphique des vaux, etc. ; 4° Les bénéfices de l'entrepreneur, ainsi
travaux ou objets qu'il s'agit d'exécuter; ils sont cotés, que les conditions spéciales pour les époques de paie
annotés et établis sur une échelle suffisamment grande ment, soit en à-comptes pendant le cours des travaux
pour qu'on puisse prendre la mesure exacte des diverses et en raison de leur avancement, soit pour solde après
parties des travaux; ils représentent les constructions la vérification ou l'estimation définitive et la réception
ou les travaux dans leurs faces extérieures et dans leurs des travaux; 30 Des stipulations particulières sur la
faces intérieures par des coupes convenablement éta garantie des travaux. Quoique celte garantie soit de
blies; différens objets de détail y sont même souvent droit, elle exige cependant, dans des cas spéciaux, des
représentés sur un plus grand nombre de faces et sur conditions plus précises; 4° Des mesures d'ordre, de
une échelle plus étendue. sûreté et d'administration qui devront être observées
Le devis est un mémoire écrit qui a pour but de pendant l'exécution des travaux; 5° Enfin, des clause*
compléter les notions que ne peuvent fournir les des particulières dans le cas où il s'élèverait des contesta
sins et de suppléer à leur insuffisance. Ce devis doit tions entre le propriétaire elles entrepreneurs.
remplir 4 objets principaux et contenir : 1° l'exposé Lorsque les travaux d'amélioration sont uniquement
des motifs du projet et les dispositions qu'on a cru de du ressort de l'agriculture, un propriétaire ou un fer
voir adopter pour son exécution ; a» la description dé mier peuvent fort bien, avec le secours de )purs aide*
CHAP. 3'. DES AMÉLIORATIONS FONCIÈRES. 405
et des travailleurs, les diriger et les Taire exécuter. Il croissent pas la valeur du fonds, et sont ainsi consom
en est de môme lorsqu'il est question de travaux de con més improdiictivement, ou dont les intérêts grèvent
struction de peu d'importance; il ne s'agit pour les effec- sans nécessite la production agricole.
tuerque de s'assurer le concours des ouvriersdediverse La simplicité dans le plan et dans l'exécution lors
nature et d'acquérir directement les diverses espèces qu'elle n'exclut pas les autres conditions que doivent
de matériaux; c'est ce qu'on appelle des travaux faits remplir des travaux, doit toujours être recherchée dans
en dépense, par régie, par économie, etc. ; mais lors les améliorations foncières. Ainsi un bâtiment rural
que les travaux prennent quelque importance ou offrent est décoré comme il doit l'être quand il satisfait i
des difficultés» il devient nécessaire ou du moins il ne toutes les convenances du service, et est parfaitement
peut qu'être avantageux d'en confier l'exécution à un approprié à sa destination.
entrepreneur. Une trop grande solidité est également un luxe inu
Le choix d'un entrepreneur n'est pas indifférent et tile, et, en bonne économie, des travaux d'amélioration
on doit rechercher celui qui est pourvu des notions doivent être établis pour avoir une durée limitée et
théoriques et des connaissances pratiques propres à non pas pour être éternels.
bien faire exécuter des travaux, qui possède en outre L'économie dans les moyens d'exécution est une
les moyens pécuniaires suffisans ou du crédit, et qui chose importante dans toute entreprise d'amélioration.
est doué d'intelligence cl d'activité; c'est lui qui se Cette économie ne réside pas seulement dans la sim
charge alors de faire effectuer les travaux d'après le plicité et la légèreté dans les dimensions, la masse ou
projet qui a été rédigé par le propriétaire, un archi la force suffisantes, mais dans le choix des bons maté
tecte ou un ingénieur et sous leur direction ou sur riaux, ce qui exige qu'on connaisse tous ceux que four
veillance. nit le pays; dans leur mise en œuvre par des construc
Les conditions auxquelles un entrepreneur se charge teurs et des ouvriers habiles; dans l'ordre et la marche
à ses frais, risques et périls de faire effectuer des ira- rapide et régulière de tous les travaux.
vaux font ordinairement entre lui et le propriétaire
l'objet d'un contrat qu'on nomme marché. Les bases et § III. — Exemple d'un calcul d'amélioration.
les clauses de ce contrat sont puisées dans le projet et
sont débattues ou modifiées suivant les circonstances,
le prix du travail manuel, celui des matériaux, etc. Ces Nous avons dit qu'un devis exact et détaillé permet
conditions peuvent varier à l'infini, mais il est 3 for la comparaison entre les avances à faire en améliora
mes principales sous lesquelles se reproduisent en gé tions foncières et l'accroissement de valeur qu'acquer
néral tous les marchés faits entre des particuliers et ra la propriété par ces améliorations; essayons, pour
les entrepreneurs. éclaircir ce sujet, de donner un exemple.
L'entrepreneur se charge en bloc ou àforfait, c'est- Un entrepreneur a, je suppose, réuni en un seul
à-dire moyennant un prix fixé à l'avance, d'exécuter morceau 80 hectares de terre de diverses qualités ; 30
les travaux tels qu'ils sont définis et arrêtés dans le de ces hectares sont des terres vagues, argilo -sa
projet ei aux autres conditions stipulées dans ce travail bleuses et de cohésion moyenne, couvertes de plantes
et reproduites dans le marché. parasites et de pierres roulantes; 18 autres sont inon
Ou bien il entreprend les travaux et les construc dées et marécageuses , mais dans un bon fonds ; enfin
tions à la condition d'en être payé d'après une série les 15 dernières sont de terres arables en assez mau
de prix fixés et consentis à l'avance, ou d'après des vais état de cul lui e. Ces terres lui ont coûté, savoir :
prix également consentis pour chaque nature d'ouvrage 90 hectares à 600 fr. . . . 13,000 f. \
et suivant les quantités qui en auront été faites. 18 heci. i 800 fr. . . . 7,800 f
Ou bien, enfin, il les exécute pour des prix établis 15 hect. à 1000 fr. . . . 18,000 )36,9H0fr.
et débattus après le toisé et l'estimation ou l'expertise Enregistrement et frais de
de la valeur de l'ouvrage qu'il aura confectionné. Cette contrat 3,460
dernière manière d'opérer peut donner lieu à des dé
bats fâcheux, mais elle parait être la plus sûre, et celle Les améliorations ont donné lieu aux
qui n'oblige à payer en définitive que la quantité et la frais suivans.
qualité réelles et visibles de l'ouvrage qui aura été 30 enlèvement
hect. Extirpation de végétaux ligneux,
des pierres, écobuage, labours
fait. et façons diverses, à 140 fr.l'hect. 3,800
Quelle que soit la nature du marché qu'on passe
avec un entrepreneur, rien ne doit dispenser celui qui 18 ment, hect. Endiguage, en fascines, dessèche
défrichement, amendemens cal
fait exécuter des travaux de surveiller activement ou 4,800
faire surveiller les ouvriers de l'entrepreneur. De mau 18caires, a 300 fr. 1 hect
hect. Nivellement, défonçage, façons di
vais matériaux peuvent être employés ou rais en œuvre
avec négligence dans l'intérieur des massifs; un défon- verses, marnage, à 106 fr. l'hect. . '. 1,878
cement peut ne pas atteindre la profondeur conve Etablissement de chemins d'exploitation. . 800
nue, etc., sans que rien puisse souvent avertir le pro Construction de clôtures, mare pour les eaux. 1,ÏSS
priétaire ou les experts de l'exécution vicieuse de ces Construction des batimens d'exploitation et
travaux. d'habitation 33,860
Envisagés sous un point de vue général, les tra Total des avances. . . 70,400
vaux d'amélioration donnent lieu à des considérations
qc'il ne faut pas perdre de vue. Nous mentionnerons Intérêts de cette somme & 8 p. o/o pendant
les principales. 1 8 mois, durée moyenne des travaux. . 8,380
Quelle que soit la nature des travaux a exécuter, on Bénéfices industriels de l'entrepreneur pen
ne doit leur donner que les dimensions, l'étendue, les dant ces 18 mois, à raison de 8 p. o/o de
formes, ou la masse suffisantes pour le service aux son capital avancé et de ses intérêts . . 8,67n
quels on les destine. Leurs diverses parties doivent Total des frais. . . 8l,3SG
èlic en harmonie parfaite avec ce service et avoir
chacune leur utilité bien constatée. Toute supcrfluilé Au taux où se vendent les terres dans le paj* en
à cet égard entraîne à une augmentation de travail et corps de ferme et de même qualité, le domaine nué-
& une avanie plus considenble de capitaux qui n'ac- lioré peut être évalué ainsi qu'il suit
40G ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
30 hect. de terre à froment de *• classe, propriété, ainsi que celle de tous les objets qu'on re
à 1,800 fr. l'hect 36,000 f. marque sur le terrain ou au moins l'indication de 1leur
15 hect. à céréales de printemps de cl. situation respective suivant des signes convenus. Le
à 1,080 fr.niect 24,750 lever de la carte topographique suppose, comme on voit,
16 becl. de terre à froment de 4« classe, à l'arpentage, et tantôt on arpente en levant, et tantôt
1400 fr, . . . . : 91,000 on lève en arpentant. Les instrumens dont on se sert
Total. . . 81,780 pour mesurer l'étendue de la surface du fonds et en
relever les principaux détails sont ceux de l'arpenteur;
Ainsi cet entrepreneur a fait une spéculation-avan le grap/tométre pour obtenir des valeurs angulaires ;
tageuse puisqu'il est parvenu à donner par des amé la boussole pour le même objet el pour orienter la
liorations une valeur de 81,780 fr. à des terres qui carte, et enfin la planchette, pour lever directement
n'en avaient dans l'origine que 36,980 fr. , qu'il n'a sans connaître les distances ni les angles. Tous les re-
avancé en réalité pour cela que 70,400 fr., et qu'il a lèvcmcns étant faits, on procède au dessin de la carie,
trouvé pendant ce temps l'intérêt de ses capitaux et c'est-à-dire qu'on trace d'abord au crayon sur le pa
nne Indemnité pour son industrie. pier, suivant l'échelle, toutes les lignes que comporte
Si la valeur vénale du fonds amélioré ne s'était le plan ainsi que tous les détails qu'il renferme suivant
élevée qu'à 78,680 fr. , l'entrepreneur ne serait par les signes convenus. Ce dessin est ensuite mis au trait
venu à donner a celui-ci qu'une valeur égale à ses à l'encre, puis lavé, c'est-à-dire colorié avec des cou
avances et à l'intérêt de ses capitaux; son industrie leurs et des teintes conventionnelles pour les terres
n'aurait pas, dans ce cas, trouve sa récompense, et si labourables, vignes, vergers, landes, bois, bruyères,
cette valeur n'était montée qu'à T0,400 fr., non-seu sables, marais, étangs, cours d'eau, arbres, construc
lement il n'aurait eu aucun profit industriel, mais il tions, bàlimens, etc.
aurait pesdu encore l'intérêt de ses capitaux pendant Examinons maintenant en particulier les avantages
18 moil. que présentent ces opérations lopographiques, et ajou
tons plusieurs considérations auxquelles il faut avoir
$ IV. — Des opérations topographiques et de la di égard quand on les entreprend.
vision à opérer sur unfonds. L'arpentage a non-seulement pour but de connaître
la superficie réelle delà propriété , mais il sert de plus
Lorsqu'on organise le service d'un fonds de terre , il à en déterminer les limites, à en rectifier et fixer le
est nécessaire avant d'entreprendre les travaux qui bornage, à prévenir des contestations fâcheuses avec
doivent en rendre la surface cultivable, ou après l'exé des voisins avides ou de mauvaise foi , et à s'opposer à
cution de plusieurs de ces travaux, de procéder à cer leurs envahissemens. Sous ces divers points de vue il
taines opérations topographiques dont nous allons nous importe qu'il soit fait avec soin et par un homme
occuper. exercé et consciencieux.
Ces opérations pour être enseignées aux agriculteurs Le nivellement est une opération qui demande à être
et être bien comprises par eux, exigeraient qu'on en également bien faite, parce que c'est sur elle qu'on
trât dans un trop grand nombre de détails que ne coin- s'appuie toutes les fois qu'on entreprend de faire
porte pas la nature de cet ouvrage, et nous sommes for écouler ou d'amener des eaux, d'adoucir des pentes, do
cés de renvoyer aux ouvrages qui traitent spécialement faire disparaître les inégaliiés du terrain , de déter
de ces matières. Nous dirons seulement qu'elles sont miner la direction des pièces de terre, des clôtures,
faites la plupart du temps dans nos campagnes, par les celle des chemins ruraux, ou de se livrer à certains
géomètres-arpeiueurs et dans les cas les plus impor travaux de terrassement.
tais, par des ingénieurs; mais que la connaissance de Dans le tracé des chemins ruraux, dans celui des
leurs méthodes et de leurs procédés , dans les cas or canaux, étangs, marais, fossés, rigoles, dans celui de
dinaires, n'exigeant que les simples notions de l'arith l'emplacement des constructions, ouvrages d'art ou bà
métique, de la géométrie et du dessin , elles pourraient limens, il ne faut jamais perdre de vue que ces objets
aisément devenir familières aux cultivateurs, et être doivent être établis de manière à nécessiter le moins
avantageusement exécutées par eux avec une précision de frais d'entretien, à ménager le terrain, à faciliter
suffisante. Ces opérations sont : ou à diminuer les travaux des hommes ou des attelages,
|o L'arpentage, qui a pour but de mesurer l'étendue à économiser le temps et les frais de transport.
de la surface de la propriété ou des champs, et qui L'établissement des chemins ruraux, étant en parti
s'exécute au moyen de jalons et de Jiches, ainsi que culier une opération purement agricole, mérite d'attirer
d'une chatoie et d'une équerre dites d'arpenteur. Les l'attention de l'administrateur. D'abord ils doivent pro
mesures une fois prises avec ces instrument, on dresse curer un accès facile aux bàlimens ruraux, à chaque
le tracé du plan, c'est-à-dire une figure qui représente pièce de terre, aux étangs, mares, carrières, ainsi
sur le papier celle de la propriété arpentée et de ses qu'aux chemins communaux, ce qui ne parait pas pré
principales divisions d'après un certain rapport qu'on senter de difficulté quand la ferme est de figure ré
nomme une échelle. gulière, divisée en vastes enclos et placée favorable
S° Le nivellement, qui sert à déterminer les diffé ment relativement aux chemins vicinaux, mais qui
rences de niveau entre les divers points de la surface du parfois offre des obstacles qu'il faut étudier et savoir
domaine. Ou l'exécute sur le terrain arpenté au moyen du vaincre quand le domaine ne se trouve pas dans ces
niveau d'eau et d'une règle de bois divisée, portant une conditions. Ces chemins doivent être autant que pos-
planchette qu'on nomme mire. sible dirigés en lignes droites pour ménager le terrain,
3° Le tracédes chemins ruraux oud'exploitation, ce pour diminuer les frais d'établissement et d'entretien,
lui des canaux , étangs, mares, fossés, rigoles, celui de tant des chemins eux-mêmes que des clôtures qui les
l'emplacement des constructions, ouvrages l'art et bà- bordent ; ils doivent présenter plus de largeur près des
timens, etc. Ce tracé étudié et figuré d'abord sur le plan angles brusques, aux alentours des portes des enclos
est ensuite reporté sur le terrain au moyen des instru pour donner aux voitures plus de facilité pour tourner
mens d'arpentage. et éviter les accidens fâcheux. Quant à leur construc
4° Le lever de la carie topographique qui est la re tion, nous renvoyons au tom. Ier, pag. 353, où ce sujet
présentation sur le papier el d'après une échelle dé a élé traité par l'un de nos collaborateurs.
terminée des dimensions et de la figure exacte de la Le lever de la carte cl la division du terrain en pii.
CBAP. 3«." DES AMÉLIORATIONS FONCIERES. 407
ces de terre sont d'une très grande importance dans une construction de ponts ou autres ouvrages pour passer
eiploilation rurale. Ces opérations ont pour avantages d'une partie d'une pièce dans une autre. On est encore
communs de permettre l'établissement d'un assolement souvent contraint d'adopier une certaine direction dans
régulier sur la propriété, de déterminer le tracé des clô la division des pièces, quand la propriété esi frappée de
tures; de faciliter la direction de tous les travaux agri servitudes gênantes ; ainsi, tantôt on est obligé de livrer
coles qu'on peut conduire en suivant les indications passage aux hommes et aux animaux qui se rendent sur
de la carte et de ses divisions; de rendre plus aisée la les fonds voisins ou sur un pacage communal, et dans
surveillance des travailleurs et la mesure de leur tra ce cas il faut établir les chemins les plus directs et les
vail , enfin de fournir un certain nombre d'élémens plus courts, et les border de haies ou de fossés qui
indispensables dans les calculs relatifs à des plans gé servent de limites aux pièces conliguèset préviennent
néraux et particuliers de culture ou de produit des les déprédations des passans ou les ravages des bes
tenus. tiaux étrangers ; tantôt on est assujéli à recevoir les eaux
Arrêtons-nous en particulier sur chacune de ces opé d'uu fonds supérieur auxquelles il faut creuser un lit
rations. entre les pièces de terre pour les empêcher d'inonder
D'abord nous répéterons ici, relativement a la carte celles-ci et d'interrompre ou contrarier, si elles cou»
topographique, ce que nous avons dit pour le tracé du paient une pièce, les travaux de labourage ou autres,
plan d'arpentage; elle ne saurait être faite avec trop etc. Enfin la figure même de la propriété peut être
d'attention, et la plupart du temps elle dispense du !• telle qu'il soit beaucoup plus avantageux d'établir les
d,)!it elle contient toutes les indications. Mais pour com pièci s dans une direction que dans une autre.
piler les notions qu'on peut puiser dans son inspec La situation respective des pièces varie en raison
tion, nous pensons qu'il est indispensable dans une ex des mêmes causes que la direction ; mais ici la figure
plication bien dirigée, d'y joindre un mémoire des de la propriété joue un rôle plus important, et c'est i
criptif ou état de lieux où sont décrits tous les objets l'administrateur à chercher, parmi toutes les combinai
i m mobiliers qui se trouvent sur le domaine suivant leurs sons dont la division est susceptible, celle qui présente
situations respectives, leurs dimensions, les parties qui le plus d'avantages sous tous les rapports.
lus composent, leur usage, leur qualité et leur étal au L'égalité de* pièces, sous le rapport de l'étendue et
moment où on rédige ce mémoire. Celui-ci contient de la nature, est une chose fort importante pour avoir
en outre la désignation de cliaque pièce de terre sui chaque année la même quantité de travaux a exécuter
vant son étendue, sos limites, ses caractères physiques et obtenir la mémo masse de grains et de fourrages;
et agronomiques, et les améliorations dont ces pièces mais elle est souvent difficile & établir, surtout quand
peuvent être susceptibles. Do celte manière la carte et les bitimens sont dans une position peu favorable et
le mémoire qui l'accompagne, deviennent la base sur placés à une des extrémités de la ferme ou quand la
laquelle l'administrateur s'appuie par la suite pour propriété présente des différences considérables dans
établir et diriger tout son système d'exploitation et la nature et la qualité des terres, ce qui contraint sou
d'amélioration. vent à doubler le nombre des soles, à multiplier les
Le mémoire peut être rédigé par l'administrateur pièces ou à adopter 2 assolemens divers.
lui-mime, s'il a les connaissances pratiques suffisantes, Relativement à la Jigure et i Vétendue des pièces
ou, dans le cas contraire, par un ingénieur du cadastre, nous allons emprunter les paroles de l'auteur du Code
un géomètre arpenteur, un architecte ou un expert. d'agriculture qui a traité ce sujet avec beaucoup de
Avant de nous occuper do la divis.ou d'un domaine nettelé.
en soles ou pièces, rappelons que nous avons signalé « C'est, dit J. SiNCLAta, un grand avantage pour ce
ailleurs (p 223 ) les inconvéniens des propriétés mor lui qui exploite une forme que ses pièces soient dY-
celées et de l'enchevêtrement et les moyens d'y remé tendue et de figure convenables. Il est exposé à des
dier. pertes inévitables lorsqu'elles sont divisées au hasard,
La division du terrain d'un domaine en soles ou sans attention au système particulier de culture qu'on
pièces de terre exige une attention spéciale, parce doit y suivre. Lorsqu'une ferme est divisée en pièces
qu'elle exerce sur le succès et la bonne direction des de diverses étendues il est difficile d'y établir uue ro
opérations ultérieures une influence beaucoup plus tation régulière do récoltes et d'y tenir ses comptes de
grande qu'on ne le croit communément. culture très exacts; il est certainement convenable
Les divisions qu'on opère sur la surface d'un do dans une ferme d'avoir quelques pièces de peu d'éten
maine doivent être envisagées sous le rapport de leur due encloses pour en former des pâturages , et, dans
direction, de leur situation respective, de leur égalité, les situations élevées, les abris que présentent les petits
do leur étendue et de leur forme. endos ont aussi leur avantage, l'hiver surtout; mais
La direction îles pièces do terre n'est pas indiffé dans les fermes à grains il n'est généralement pas
rente; d'abord l'exposition, puis l'état de sécheresse ou avantageux d'avoir un grand nombre de petits enclos
d'humidité du sol et les phénomènes climatériquos sont de forme irrégulière, entourés d'arbres ou de haies
autant d'élémens qu'il faut prendre en considération élevées, principalement dans les contrées plates où les
avant de se déterminer sur la direction qu'il convient abris ne sont pas nécessaires. Les clôtures multipliées
de donner, vers tel ou tel point de l'horizon, aux sont dispendieuses à établir, elles s'opposent i la libre
pièces de terre, surtout quand on les trace de (orme circulation de l'air, donneul asile i un grand nombre
oblongue. Celte direction dépend encore de la si d'oiseaux, font perdre un très grand espace de terrain,
tuation des bâlimens d'exploitation- dont il faut rap épuisent le sol, nourrissent une foule de plantes para
procher autant que possible l'entrée des pièce», de sites dont les graines se répandent sur les champs et
la nécessité de ménager un accès facile aux hommes, nuisent à la dessiccation des moissons lors des récoltes.
aux voilures et aux animaux, de celle où on est de fa D'un autre côté, lorsque les pièces de terre sont d'une
ciliter les moyens d'abreuver journellement le bétail, grande étendue, il y a moins de terrain perdu, moins
dos conditions physiques dans lesquelles se trouve le do de clôtures i exécuter, les récoltes peuvent être ren
maine qui poul être traversé, soit par ui.e route ou un trées plus promptemenl et suuflreut moins dans tes sai
chemin public servant de limites naturelles aux pièces sons humides; dans lis pâturages, il est plus facile de
et qui permettent d'y pénétrer sans l'établissement d'un fournir de l'eau pour abreuver le bétail ; enfin dans les
chemin rural, ce qui économise le lorrain, soit par un graudes pièces de terres arables, ou n'est pas obligé,
cours d'eau qui, en limitant les soles, n'oblige pas à la lors du labourage, à des louruées fréquentes cl on fait,
408 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
lorsque les pièces sont régulières cl les sillons de lon nière plus expéditive. La forme carrée permet de la
gueur convenable, autant d'ouvrage avec S charrues bourer dans toutes les directions, lorsque cela est
qu'avec 0 travaillant dans de petites pièces de forme nécessaire, et c'est celle qui entraîne le moins de perte
irrc^'ulière. Presque tous les autres travaux présentent de temps dans toutes les opérations de l'agriculture.
un rapport à peu près aussi avantageux.. Lorsque les pièces sont petites, on doit préférer la fi
« Les circonstances dont doit dépendre l'étendue des gure rectangulaire ou en carré oblong, afin que les la
pièces de terre sont : L'étendue de la ferme; dans les bours s'exécutent avec moins de tournées. Cette forme
petites fermes situées près des villes, c'est peut-élre a encore l'avantage de pouvoir subdiviser facilement
assez de 3 hect. 80 ares à 8 liecl. ; mais lorsque les ces pièces pardes claies pour faire consommer des ré
fermes sont d'une grande étendue, on peut donner avec coltes sur place par les bestiaux. Enfin, les champs
avantage aux pièces depuis 8 jusqu'à 30 hect., et carrés ou rectangulaires permettent de connaître avec
même, dans quelques cas particuliers, jusqu'à 31 liect. facilité et par un calcul simple, d'après la longueur et
Cependant, en général, les juges compétens préfèr nt la largeur des sillons, si les laboureurs ont bien em
les pièces moyennes de 0 à iO hect., même dans les ployé leur temps. »
grandes fermes quand les circonstances locales le per
mettent ; — Le sol et le sous-sol; on doit faire at § IV.—Des constructions rurales.
tention, lorsque le sol est varié, de séparer les terrains
légers des terrains argileux; non-seulement il est plus L'industrie agricole a besoin, pour loger ses
facile de les consacrer.à différentes récolles et de les travailleurs, mettre ses récoltes à l'abri de
soumettre à des assolemens différens, mais il est plus l'influence des saisons ou des déprédations ,
commode d'exécuter les cultures qui doivent èue faites abriter et tenir chaudement ses animaux de
dans les saisons différentes; — Lan> alion adoptée; trait et de rente, d'édifices ou bâtimeus qu'on
en thèse générale, une ferme doit être divisée confor désigne ordinairement sous le nom collectif
mément à l'assolement qu'on doit y suivre ; c'est-à- de bdtimens ruraux ou de maison de ferme.
dire qu'une ferme où l'on adopte un assolement de 6 Vart des constructions rurales ou Varchilcc-
ans doit être divisée en 6 pièces ou en 12, selon les ture rurale est une branche de l'architecture
circonslances.il est bon qu'une pièce entière, si le sol qui s'occupe en particulier de la rédaction
est uniforme, soit chargée de la même récolte, et tout des projets et de la construction de tous les
cultivateur expérimenté sait combien il est avantageux bâtimeus , édifices ou des travaux d'art qui
. que les produits de chaque année soient égaux sur la peuvent être utiles à l'agriculture. Cet art
ferme autant que le sol et les saisons peuvent le per fort important a été beaucoup négligé en
mettre; — Le nombre des charrues; il est également France , et nous regrettons que les limites
convenable que l'étendue des pièces de terre soit pro qui nous sont imposées ne nous permet
portionnée au nombre de chevaux et de charrues qu'on tent pas d'entrer dans tous les détails qu'il
emploie sur la ferme, de manière que les labours soient comporte, et nous force de renvoyer aux
achevés en peu de temps et que ies hersages, les rou ouvrages qui traitent spécialement cette ma
lages et la moisson soient terminés plus promptement tière.
et économiquement. Par exemple, lorsqu'on emploie Les bâtimens ruraux doivent en général at
6 charrues à 3 chevaux, on considère des pièces de 7 tirer l'attention touteparticulière d'an adminis
à to hect. comme l'étendue la plus convenable; avec trateur, parce qu'ils contribuent pour une part
12 chevaux ces pièces peuvent toujours être terminées beaucoup plus grande qu'on ne se l'imagine
en 4 jours ou en 8 au plus ; — L'inclinaison du ter dans nos campagnes, au succès des opérations
rain; môme dans les terrains bien desséchés on ne peut dans un établissement. Un emplacement mal
faire, si le sol est en pente, les sillons très longs, par choisi, une forme ou une distribution incom
ce que les attelages seraient trop fatigués; — Pâtu modes , des constructions insalubres ou mal
rages; lorsqu'on adopte la méthode d'employer le sol adaptées à leur service, etc., occasionnent des
en pâturages et en lerres arables, surtout lorsque le pertes de temps, de denrées, de capitaux qui
pâturage doit durer 2 à 3 années de suite, les pièces accroissent sans nécessité les frais de produc
de terre de 8 à 13 hect. sont avantageuses; le cultiva tion. Partout où les maisons de ferme et les
teur peut ainsi diviser son bétail ; les bêles à cornes et bâtimens destinésà loger lebétail sontétroits,
les moutons sont plus tranquilles que lorsqu'on les et construits d'après des principes vicieux,
réunit en plus grand nombre et il y a moins d'herbe comme dans la majeure partie de la France ,
détruite par le piétinement; — Le climat; dans les on peut dire sans craindre de se tromper,
climats secs et froids on doit désirer les petits enclos, que l'agriculture n'est pas florissante ; tandis
à cause de l'avantage des abris, tandis que dans les que partout, au contraire, où les bâtimens de
pays humides, les pièces de lerre en culture ne peuvent ferme sont bien placés, distribués avantageu
être trop ouvertes et trop aérées, aOn que le sol se des sement, entretenus avec soin , ainsi que cela
sèche promptement, que les grains croissent et mûris se rencontre communément en Angleterre et
sent avec plus de facilité et que le cultivateur, favorisé dans d'autres pays, on est en droit d'en con
par le libre accès de l'air, soit moins gêné pour ren clure que l'agriculture prospère et y est bien
trer ses récolles dans nne saison défavorable. entendue.
« Quoique, dans les grandes exploitations les pièces Des bâtimens qui réunissent les conditions
de terre doivent être d'une grande étendue, cependant qu'on exige dans ces édifices accroissent d'une
il est très utile d'avoir près de la maison de ferme manière bien notable la valeur d'un domaine et
quelques enclosj>lus petits pour les vaches qui ali Sinclair ne craint pas d'avancer qu'un fer
mentent la famille, pour y renfermer les poulains et mier industrieux pourra offrir un fermage
les jumens, pour y cultiver une grande variété de vé d'un quart et même d'un tiers en plus pour
gétaux et pour y faire en petit des expériences. une ferme dont les terres et les bâtimens sont
«Quant à la figure des pièces de terre, elle peut distribués d'une manière commode et régu
être carrée ou rectangulaire. Dans les pièces defigure lière plutôt que pour une autre ferme de mô
carrée, on a l'avantage que les clôtures forment des li me étendue, disposée suivant un plan irrégu-
gnes droites et que le labourage s'y exécute d'une mi- îier cl incommode. Dans une ferme comme
cnAP. 3'. DES BATIMENS RURAUX. «09
ces dernières, ajonte-t-il, line partie des terres es inconvéniens des divers emplacemens,
est souvent négligée et on y met moins d'en et àt se décider pour celui qui lui procu
grais; les dépenses de culture y sont essen rera dans son exploitation la plus grande
tiellement augmentées, les attelages sont as- économie de temps, de main-d'œuvre et de ca
sujétis à une fatigue inutile, le travail ne pitaux.
Eeut y être réglé d'un manière profitable, le 2° La situation et l'orientation. Une maison
étail ne prospère pas et on ne peut attendre de ferme ne doit pas être située sur le som
d'aucune opération agricole autant de succès met d'une colline ou sur un sol plat ; on doit
que si tout était disposé autrement. la placer, quand on le peut, sur un terrain
très légèrement en pente et a l'exposition du
1» Des conditions générales que doivent rem midi. Cette exposition peut au reste varier
plir les bàtimens ruraux. suivant les localités. Le lieu où on l'établira
sera parfaitement sec, afin que les bàtimens
"Les conditions que doivent remplir des bà soient plus sains et qu'on puisse plus aisé
timens ruraux, pour être parfaitement adap ment les maintenir chauds et propres ; il sera
tés au service auquel on les destine, sont aussi d'un accès facile pour les animaux et les véhi
diversifiées que les habitudes, les mœurs, l'é cules ; il s'élèvera suffisamment au-dessus du
tat de l'agriculture , la position topographique niveau du domaine pour qu'on puisse aperce
des pays et la nature des exploitations. Il en voir d'un coup d'œil la plus grande partie de
est néanmoins quelques-unes qui ont un ca celui-ci et tous les travailleurs qui opèrent
ractère de généralité et sur lesquelles nous dans un point quelconque. Le bord d'un petit
devons insister plus particulièrement : ruisseau sur un sol sablonneux ou graveleux
1° L'emplacement; c'est un axiome en éco est une situation à la fois agréable, salubre et
nomie agricole que la maison de ferme et ses commode, mais désavantageuse au contraire
dépendances doivent autant que possible êtrepla sur les terres glaiseuses et fortes. On évitera
cées au centre de Vexploitation. Ce principe , toujours les localités basses et marécageuses
comme il est facile de le comprendre, a moins qui nuisent à la santé des hommes et des ani
d'importance pour les petites fermes; mais maux et affaiblissent leur vigueur et leur
dans les grands établissemeus où on néglige énergie et celles où l'on est trop exposé aux
d'en faire l'application , non -seulement on influences d'un soleil d'été brûlant ou à la fu
éprouve des pertes de temps inévitables , un reur des vents, des orages ou des ouragans.
surcroît de travail et de très grandes difficul Dans les fonds en terres tenaces et où l'at
tés pour la surveillance des travaux, mais les mosphère est constamment saturé de vapeurs,
pièces de terre qui se trouvent très éloignées, les charrois et les travaux sont toujours pé
par suite de l'emplacement mal choisi pour nibles et les bàtimens malsains et numides ;
les bàtimens, sont cultivées avec moinsde soin en outre, ceux-ci s'y détériorent très promp-
ou abandonnées souvent à un misérable état tement, et les récoltes, quoique rentrées en
de pâturage qui fait décroître leur fécondité. bon état, y contractent une moiteur ou même
On conçoit d'après cela combien il est peu de la moisissure qui diminue leur valeur ou
judicieux,' ainsi qu'on le voit dans une foule leur cause de notables avaries.
de lieux, de placer les maisons de ferme dans 3° La réunion des bàtimens. Le mode qui pa
les villages et à une distance quelquefois très rait devoir être le plus avantageux dans les
grande des terres qu'on y exploite. Dans tous parties septentrionales de la France, c'est de
les cantons les mieux cultivés de la Belgique , réunir tous les bàtimens en un seul corps et sous
il n'y a que les marchands, les artisans , les un même toit; les frais de construction ainsi
ouvriers ou journaliers qui habitent les villa que ceux d'entretien sont ainsi beaucoup
ges; toutes les maisons de ferme sont placées moindres, et la température au sein de ces bà
au milieu des champs qu'on y cultive; c'est timens agglomérés se conserve plus aisément
même eu grande partie à cet état de choses douce et modérée pendant la saison rigou
que Schwerz attribue les progrès si remar reuse que dans ceux qui sont isolés. Dans le
quables de l'agriculture dans ce pays. 11 en Midi, où on a besoin d une plus grande circu
est à peu près de même dans quelques dé- lation d'air, on peut s'éloigner de ce prin
partemens du nord et de l'est de la France, cipe.
en Angleterre, en Hollande, dans le Holstein, Dans les pays où, comme en Angleterre, on
en Suisse, en Toscane et dans toutes les loca fait passer aux bestiaux l'hiver en plein air,
lités qui se distinguent par des progrès dans on a trouvé avantageux de construire sur les
l'industrie agricole. pâturages ou les soles trop éloignées des
11 est quelques circonstances où on peut abris légers où les animaux peuvent se réfu
s'écarter du principe qui exige qu'on place les gier ou recevoir leurs alimens; on épargne de
bàtimens au centre de l'exploitation ou à peu cette manière tout le travail qui aurait été
près; telles sont celles où l'on est obligé dese nécessaire pour transporter les récoltes vertes
rapprocher d'un cours d'eau soit pourabreuver au centre de l'exploitation et les fumiers sur
les animaux ou pour les usages domestiques, les champs.
soit pour mettre en mouvement une machine Quelques grands fermiers de ce pays font
à battre, des moulins à blé, des roues hydrau même construire ainsi dans diverses parties
liques qui servent de 1«" moteurs aux machi placées trop loin de ce centre, de petites
nes d'une fabrique, ou bien celles où le centre granges légères où on emmagasine les récol
de l'établissement ne présente pas les condi tes des champs environnans.
tions désirables, celles enfin, où la nécessité Dans les fermes où s'exercent un ou plu
force de se rapprocher d'un chemin public, sieurs arts agricoles qui nécessitent l'emploi
d'un canal, des lieux habités, etc.; c'est à de la force motrice de l'eau, on est souvent
l'administrateur à peser les avantages et obligé de séparer les bàtiuiens de la fabrique
AGBJCULTUBC tome IV.—52
4!0 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
de ceux de la ferme ; c'est même une mesure dans l'intérieur de la ferme, et d'opposer les
commandée par la prudence, quand cette fa 3 côtés fermés aux 3 autres points cardinaux
brique est de nature à causer des incen de l'horizon.
dies. Toutes les autres formes qui donnent lieu
II en est de même dans les pays où les à des projections extérieures ou à des angles
constructions sont en totalité ou en partie saillans ou rentraus sont désavantageuses ;
établies en bois ou recouvertes en chaume, eu elles augmentent l'étendue des murs d'en
roseaux ou bruyères ; on sépare ainsi quel ceinte et des toits et par conséquent les dé
quefois tous les bâtiinens les uns des autres, penses, sans accroître la surface utile ou la
comme on le voit dans une grande partie de capacité disponible.
la Normandie, pour éviter la communication 5" La configuration extérieure. Il est utile,
des incendies. Les constructions rurales du surtout dans les climats exposés aux vents
petit pays de Waes, si renommé par l'excel rigoureux de l'hiver , que les bàtimens. pré-
lence de son agriculture, sont, au rapport de scuteut leurs murs d'enceinte à l'extérieur,
Schwerz, les plus élégantes, les plus com afin d'y mieux conserver la chaleur. Cette
modes et les moins dispendieuses. Les gran disposition a en outre l'avantage de former
des, les étables, les hangars sont construits de tous cotés une clôture qui prévient les at
m planches, et la maison d'habitation seule taques extérieures, et de faciliter toutes les
est en briques. Cette maison, qui est propre, opérations par l'accès que la cour intérieure
commode et munie de plusieurs grandes fe donne à toutes les parties du bâtiment.
nêtres, est ordinairement placée au fondd'une Quelques auteurs ont proposé d'appuyer
cour spacieuse et gazonnée; les bâlimeus sur les murs d'un bàlimeut central toutes
d'exploitation sont placés ça et là, à peu de les dépendances d'une maison de ferme, et
distance, et tous séparés les uns des autres, ou voit très fréquemment uue disposition de
par des espaces, entourés de haies d'aubépine ce genre dans les petits élablissemeus, mais
ou de houx. Les étables où les vaches reçoivent cette forme qui n'a pas d inconvénient sen
l'hiver des alimeus cuits sont près de la mai sible dans ce dernier cas, et qui du reste
son d'habitation, les granges et autres bâli- entretient une température plus élevée dans
mens placés à quelque distance. La vue d'une' le bàlimeut central, et procure une économie
petite ferme de celle espèce est aussi riante et dans les frais de construction doit être pros
pittoresque que cette habitation est agréable crite pour les exploitations plus étendues ,
et salubre pour ceux qui la peuplent. 1° parce qu'elle n'y est pas aussi aisément
Au reste, dans tous les lieux où les bâli praticable; 2" parce qu'il n'y a pas de clôture
meus sont séparés les uns des autres, il est et que les faces d'entrée et de sortie des bà
indispensable de les entourer et de les unir par timens sont exposées aux vents ; 3" Parce que
des clôtures quelconques, afin qu'on ne puisse y les incendies peuvent y faire plus de ravages;
pénétrer du dehors que par les portes ou les 4° parce que le service exige qu'on tourne
ouvertures qu'on ménage à cet effet. à chaque instant autour du bâtiment, ce qui
4° La forme générale. Les formes qu'on peut occasionne une grande perte de temps ; 5°
donner a un bàlimeut de ferme sont infini enfin, parce uue la surveillance y est plus dif
ment variables suivant les pays, les besoins et ficile et que les serviteurs peuvent s y sous
les circonstances; nous nous contenterons de traire plus aisément à l'œil du maître.
Carier de celles qu'il convient de donner à des d" La surface gènèraleoxx aire circonscrite par
àtimens réunis en un seitl corps. les bàtimens. Elle doit être proportionnelle à
On a essayé de faire des corps de ferme circu l'importance de la ferme, mais soumise néan
laires, c'est-à-dire où les bàtimens étaient moins à quelques conditions.
disposés circulairement autour d'une cour L'étendue des cours est une chose fort essen
intérieure. Cette forme, qui, pour un même tielle dan* un établissement rural; outre
périmètre, renferme une plus grande sur qu'elle est nécessaire pour la santédes hommes
face que toute autre figure, a ensuite été mo et des animaux, elle donne encore une grande
difiée par Marshall, qui a proposé un octo facilité quand on peut introduire les véhicules
gone ou un polygone d un plus grand nombre et les faire manœuvrer dans l'intérieur du
decôtés. Ces figures ont pré.seulé de l'écono corps des bàtimens. Cette étendue est encore
mie dans la construction, mais elles ont rendu plus nécessaire dans les fermes où l'on est
les distributions et subdivisions plus difficiles clans l'habitude d'amasser le fumier et de l'y
et offert des inconvéniens qui les ont fait re laisser se parfaire en las et surtout quand on
jeter. en fait des tas distincts suivant le degré
La forme à laquelle on accorde générale d'ancienneté, ainsi que dans celles où on nour
ment la préférence est une aire ayant la fi ri t et engraisse le gros bétail dans des cours
gure du carré ou du rectangle. Ces figures où on rassemble et répand journellement le
sont d'autant plus avantageuses que l'enceinte fumier des écuries et des étables à vaches.
des bàtimens est plus considérable ; ainsi, une Des cours *paci'eu*e« sont encore une nécessité
maison de ferme qui couvre un are a besoin dausle système de la stabulalion permanente
d'un mur d'enceinle de 40 mèt. de développe des bestiaux, afin qu'on puisse de tempsàautre
ment, tandis qu'uu mur de 80 met. ou du faire prendre l'air à ces animaux et les faire
double sulfit pour clore une surface de 4 ares sortir soit pour boire, soit pour nettoyer les
ou quadruple de la précédente. étables.
Tantôt le rectangle ainsi formé est fermé de Dans des cours d'une étendue convenable,
tous côtés, tantôt il est ouvert sur l'un de ses tous les services se font avec aisance sans
cotés. Dans ce cas, on prescrit en règle générale perte de temps et sans encombrement; mais,
de choisir pour ce dernier l'aspect dumidi,pour par contre, dans une cour qui a trop d'éten
que l'air et la chaleur solaire pénètrent mieux due, il y a surcroit de travail, perte de terrain
3«. DES BATIMENS RURAUX 411
cultivable et accroissement inutile de dépenses à laiterie à surface égale en "exige davantage,
pour s'enclore. mais moins qu'une ferme à grains à culture
7° Le groupement des constructions ou la dis triennale, et celle-ci moins encore qu'une
tribution méthodique des bàtimens affectés à ferme cultivée suivant l'assolement alterne et
divers services. où on exerce un ou plusieurs arts agricoles.
Ce groupement, qui mérite la plus sérieuse De même, un établissement rural où l'on
attention quand on dresse le projet d'une fait beaucoup de charrois a besoin d'écuries ,
maison de ferme, puisqu'il doit procurer des de selleries et de hangars plus vastes que ce
avantages nombreux et permanens, ne saurait lui qui n'en fait annuellement qu'un petit
être le même pour tous les établissemens et doi t nombre. Certaines fermes à grains ou a lai
être modifié suivant que les bàlimens sont terie placées près des grandes villes et qui se
destinés à une ferme à grains ou à pâturage procurent à l'extérieur des engrais ou des ali-
ou à un établissement où l'on fait des élèves, à mens, ont des bàtimens qui ne paraissent pas
celui où l'on engraisse le bétail, à celui ou l'on répondre à l'importance de l'établissement,
récolte du vin ou bien où on exerce plusieurs comparativement à ce qu'on voit dans les fer
arts agricoles, etc. mes plus éloignées. L'habitude de conserver
« Lorsqu'on construit tine maison de ferme les céréales eu meules, comme on le fait géné
il est de la plus haute importance, suivant l'o ralement en Angleterre, en Hollande et dans
pinion d'un agronome anglais, de grouper con les environs de Paris, n'exige pas des bàtimens
venablement les bâtimcns d'exploitation ; il est aussi vastes que dans les pays, la Normandie,
rare qu'on puisse ensuite corriger les fautes Ïiar exemple, où on engrange presque toutes
qu'on a commises en ce genre sans de grands es récoltes. Enfin, on conçoit que sur 2 fer
sacrifices. Des dispositions locales peuvent, il mes de même étendue, mais où les terres ap
est vrai, sur un établissement, modifier ce partiennent à des classes différentes, où l'on
groupement, mais uue maison de ferme n'est peut récolter sur l'une 2 fois autant de pro
construite sur un bon modèle que lorsque duits que sur l'antre, et avoir besoin de 2 fois
tous les travaux peuvent s'y exécuter de la autant d'engrais , les bàtimens ne peuvent
manière la plus rapide et la plus économique. dans les 2 cas avoir la même étendue.
Parmi les conditions principales, nous ran L'étendue des bàtimens se mesure suivant
geons un accès facile de l'emplacement des leurs 3 dimensions géométriques , savoir : la
meules à la machine à battre ou à la grange, longueur, la largeur et la hauteur. Les deux pre
et de la grange aux greniers; le rapproche- mières multipliées l'une par l'autre donnent
meu t des magasins à fourrages ou des silos, col l'étendue superficielle d'un bâtiment, et leur
liers ou caves à racines, des étableset écuries, produit ou cette étendue multipliée par la 3"
le choix judicieux de l'emplacement pour la ou la hauteur donne sa capacité.
fosse à fumier et pour les eaux qui servent à Quand on connaît l'étendue superficielle
abreuver le bétail, la bonne disposition des que doit recevoir un bâtiment pour loger par
magasins où sont renfermées les récoltes, exemple, des chevaux , des bestiaux ou des
tant pour eu faciliter la rentrée que pour en instrumens, on peut faire varier à volonté ses
accélérer le chargement, une disposition fa 2 dimeîisions, suivant les besoins du service
vorable à la surveillance de tous les travaux, et pour combiner l'économie avec la commo
etc. Avec des bàtimens bien groupés, ou ob dité. 11 en est de même d'un bàlimentdestinéà
tient, avec moins de soins vigilans, plus de recevoir des récoltes en couches plus ou moins
travail des domestiques, et on éprouve inoins épaisses et dont on peut modifier les 3 dimen
de pertes dans les transports par les infidéli sions ou 2 d'entre elles seulement suivant les
tés, les coulages, etc. circonstances.
Dans ce groupement il est aussi quelques au Des bàtimens trop restreints ou trop vastes
tres conditions auxquelles il est utile d'avoir sont également désavantageux. Dans le 1" cas,
égard; tellessont, par exemple, le soin, dans les le service par suiie de l'encombrement, se lait
cas ordinaires, de placer la maison d'habitation avec peine; les animaux sont mal garantis con
et les cours pour le grosbétailaumidi, Pélable tre les rigueurs de l'hiver et ou risque, sur
à vaches, la laiterie au nord, et ainsi des autres tout dans les années abondantes, de perdre
portions de bàtimens, suivant les circonstan une partie des récoltes, faute de pouvoir les
ces physiques et locales; telle est encore l'at abriter. Les bàtimens trop étendus n'ont pas
tention de les disposer entre eux de telle fa- moins d'inconvéuiens : d abord les capitaux
■çonque lesaccidens causés par les incendies qui ont été avancés pour leur construction ne
y soient plus rares ou qu'on puisse plus aisé produisent qu'un faible intérêt , mais de plus
ment en arrêter les ravages, etc. une maison de ferme trop vaste ou qui con
Cette bonne distribution des différentes tient des bàtimens superflus multiplie sans
.parties des bàtimens de la ferme entre eux utilité les soins de surveillance, favorise les
n'exclu t pas la régularité, et c'est même le pro infidélités des serviteurs ainsi que la propaga
blème qu'il s'agit de résoudre, savoir: d'éta tion des animaux nuisibles, enfin elle occa
blir et grouper les bàtimens de manière qu'ils sionne toujours une augmentation de travail
offrent la plus grande somme possible d'a et un surcroit de dépenses pour la clore et la
vantages, tout en conservant la symétrie dans conserver en bon état.
leur ensemble. Pour connaître ['étendue qu'on doit donner d
8" Vétendue et la capacité des bâtiment. Elles des bàtimens, il faut déterminer la superficie
varient avec l'importance de rétablissement, que couvriront les uns d'après le nombre des
la nature de l'exploitation, la qualité des animaux de trait ou de bêtes de rente qu'ils
terres, etc. doivent recevoir, et la capacité desautres, d'a
Une ferme à pâturage n'a pas besoin de bâ près le volume ou le poids des récoltes qu'on
timcns d'exploitation bien vastes; une ferme doit y rentrer. Dans le 1er cas, il faut avoir
413 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VIT.
égard à la taille et à la race des animaux et 100 kil. de gerbes de from. 40 kil. grain et 60 kil. paille.
à leur mode d'alimentation. Par exemple, une 100 . . . seigle. 36 . . , 64
bergerie pour des moutons petits et communs 100 . . . . orge. 45 ... SB
n'a pas besoin, pour un nombre égal de télés, 100. . . . avoine. 42 . . . 88
de présenter autant de surface que celle des 100. . pois et vesces. S* ... 76
tinée à des moutons de haute taille ou perfec Des céréales coupées à la faucille occupent
tionnés; des animaux nourris constamment à aussi moins de place que celles moissonnées à
l'élable ont besoin de plus d'air et d'espace la faux, parce qu'elles sont moins brouillées
que ceux oui sortent et pâturent, et les bêtes et disposées plus régulièrement.
ngrai!is doivent jouir
joi ' d'un espace libre plus Cela posé, le savant agronome que nous
considérable que les autres bêtes de rente. avons cité plus haut a trouvé qu'au moment
L'expérience parait avoir démontré, suivant de la récolte, les produits suivans occupaient
M. Block, que l'étendue superficielle des bà- terme moyen pour les bonnes et les mauvaises
timcns pour chaque espèce d'animaux qui années, savoir :
composent le bétail de trait ou de rente de
vait être réglée de la manière suivante : 1 kil. de gerbe de froment d'bîrer, 46o po. cubti ou gioo renlim. cub.
I — aeigle d'biver, 4Ho ou 9600
Pour un cheval de taille plutôt grosse que petite, et i — aroiue, *5o — qono.
y compris le magasin à fourrages, la chambre au cof 1I kil. de trèfle— rouge porte poi* cl reieea, 640 — ia8uo.
graine , Sfto — 10S00.
fre à avoine, au hache-paille et la sellerie, 75 pi. car. 11 kil de foin de—trèfle etbleue. —
(on regain.
4*o — SSoo.
48o — gCoo.
(environ 7 l/i met. car.). 1 kil. de foin de prairie el ion regain, 46o — gtoo.
Pour une vache plus grosse que petite, y compris le
magasin a fourrage , 63 pi. car. (6 met. car. ) ; — un l'orge, l'avoine et les pois, et pour unle rapport
En moyenne pour le froment, seigle,
bœuf de trait de forte taille, 56 pi. car. ( environ 5 moyen entre la paille et le grain qu'elle four
l/â met. car.); — un bœuf d'engrais ,62 pi. car. ( fl nit, on peut admettre que 8 liv. ou 4 kilog. de
met. car.) ; — de jeunes tétesdegros bétail de la 3 ans gerbes occupent un espace d'un pi. cube ou
en moyenne, 40 pi. car. (4 met. car.).
Pour des béies à laine, y compris la crèche et les 34 décimètres cubes, et que 7 liv., ou 3 1/2
mangeoires, quand ces animaux ne sont tondus qu'une t mètreoccupent
kilog., cette même capacité (environ
cube par quintal métrique) quand il
fois par an, 10 pi. car. (l met. car.) et pour ceux, s'agit d'emmagasiner diverses espèces de ré
tondus S fois B i/l à 9 pieds carrés ( 85 à 90 déci coltes el qu'il faut, dans les granges, laisser
mètres carrés ).
Pour une truie de forte race , 30 a 35 pi. car. ( 3 desQuant espaces vides entre, elles.
aux foins de trèfle ou de prairie et à
à 3 l/i mil. car. ); — un veiTatîi à 48 pi. car. (2 à 3 leurs regains, on voit que 1 quintal métrique
mèt.car ); — un cochonneau jusqu'à G mois, 1 0 à 12 pi. (200 liv.) occupe
car. (environ l met. car. ) et au-dessus de cet âge, 13 cubes ou un peu aussi à fort peu près 57 pi.
moins d'un mètre cube et
à 16 pi. car. (1 1/3 à l l/i met. car. ). que c'est sur cette capacité qu'il faut compter
pour chaque quintal de fourrage.
On suppose dans cette évaluation que tous Toutes ces récoltes, après quelque temps
ces animaux sont réunis plusieurs ensemble, de séjour dans les granges et magasins, dimi
et que dans une construction neuve on tien nuent de poids par suite d'une dessiccation
dra compte de l'emplacement des portes et des plus complète et de volume par le tassement.
fenêtres. 9" La distribution et la disposition intérieure
La hauteur de ces bàtimens doit être au des bâtimens affectés à chaque service. C'est un
moins de 10 à 12 pi. pour les écuries, les éta- sujet dont nous ne pouvons nous occuper en
bles et bergeries, et de 6 à 7 pi. pour les toits détail pour le moment, mais sur lequel nous
à porcs. ajouterons quelques notions dans le para
La capacité des granges ou autres bâtimens graphe suivant. Il nous suffira de dire que
qui servent à emmagasiner les récoltes ne cette distribution doit satisfaire à plusieurs
saurait être déterminée avec exactitude, sui conditions essentielles, savoir : surface utile
vant le même auteur, quand on évalue les ré et disponible la plus étendue possible, com
coltes en poids, parce qu'un certain poids modité pour le service, économie de temps
de céréales dont la paille est très forte et le et de main-d'œuvre, salubrité pour les hommes
grain bien nourri tient bien plus de place et les animaux, sécurité contre les accidens
que si cette paille était fine et mince et le qui pourraient mettre la vie des uns ou des
grain amaigri; à ce sujet nous croyotis devoir autres en danger ou compromettre la fortune
consigner ici les résultats moyens qui ont été du maître, Nous renvoyons, au reste, au tome
obtenus sur le rapport en poids du grain à ce Ie', p. 304, où nous avons parlé des disposi
lui de la paille dans diverses espèces de tions intérieures que doivent présenter les
graines. On a trouvé que dans un sol fertile et bàtimens destinés à contenir les récoltes, et
lorsque la paille est bien développée, on ob au livre des animaux domestiques où on
tenait pour trouve énoncés les principes qui doivent pré
100 kil.de gerbe» de from. 30 kil. gràfn et 70 kil. paille. sider à la construction des bâtimens néces
saires pour abriter ceux-ci.
100 seigle. 35 75 10° L'économie dans les frais de construction.
100 orge. 38 65 Nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs,
100 avoine. 30 70 en parlant des améliorations foncières, plu
100 pois et vesecs. 90 F0 sieurs des principes généraux qui doivent gtti-
et que dans lis sols moins fertiles et qui donnent des derdans rétablissement des bàtimens ruraux.
récoltes de grains moins abondantes et où le grain ÎNous ajouterons ici quelques observations à
donne proportionnellement moins de paille pour ce sujet.
CHAP. 3«. DES BATIMENS RURAUX. 413
Les bàtimens ruraux, les travaux d'art, les être calculés au moins à 2 ou 3 fois une an
constructions destinées aux arts agricoles qui née de fermage, et même davantage pour les
sont chargés à l'intérieur de poids considéra établissemens de moyenne et petite étendue.
bles, ou qui supportent des efforts énormes Dans le cas, disent-ils , où ce fermage s'élève
de pression, doivent assurément avoir une de 8 à 12,000 fr., on estime qu'une année doit
force qui leur permette de résister à ces suffire en moyenne pour la construction de
pressions; mais dans un système bien enten la maison d'habitation et que dans les fermes
du ils ne doivent pas présenter une résistance plus importantes, il ne faut pas plus de 12 à
supérieure à celle que l'expérience a démon 15,000 fr. pour cet objet ; que dans le
trée suffisante et rien ne peut justifier les dé 1er, ainsi que dans le 2e cas , de 20 à 30,000
penses qu'on fait ainsi pour leur donner une fr. sont nécessaires pour la construction des
force qui surpasse les besoins. Il en est de bàtimens d'exploitation. Dans ces évaluations,
même relativement à leur masse ou à leur il faut se rappeler que les constructions ru
solidité. Sous ce dernier point de vue, il se rales sont établies en Angleterre avec soin,
rait utile en agriculture d'imiter l'industrie qu'elles sont propres, d'une capacité convena
manufacturière qui construit en général des ble, appropriées a leur service et que le fer
bàtimens légers, d'une durée peu considérable mier et sa famille y sont logés commodé
et dont la construction économique permet ment, mais que les matériaux de construction
de disposer d'un capital d'exploitation plus et la main d'oeuvre y sont à un prix plus élevé
considérable que dans le cas où les fonds sont qu'en France.
employés en bàtimens d'une trop grande so D'autres, et particulièrement les agronomes
lidité et dispendieux. L'expérience a bientôt allemands , ont préféré prendre pour base de
appris aux industriels que les intérêts des ca ces évaluations la production en nature sur les
pitaux employés en constructions étaient une domaines.
charge pour la production qu'il fallait alléger Nous venons de dire que l'étendue des
autant que possible, et que des capitaux ainsi bàtimens d'exploitation dont on a besoin sur
placés ne rapportaient qu'un faible intérêt et un établissement rural , au moins ceux qui
presque toujours fort au-dessous de celui servent à loger les denrées, se mesurait par
qu'on retire d'un capital de roulement. la quantité des produits bruts qu'on récoltait
« Supposez, dit M. Bergery dans son Traité sur les terres arables, les prairies et les pâtu
d'économie industrielle, que pour 30,000 fr. rages , et que, plus ce produit net en grains,
vous puissiez édifier un bâtiment capable de eu fourrages et en paille sur un domaine était
durer plusieurs siècles et qu'eu limitant la considérable, plus aussi il fallait que les bàti
dépense à 10,000 fr., vous obtiendrez une so mens fussent vastes pour loger ces récoltés;
lidité qui comporte une durée de 15 aus seu mais quand il s'agit d'établir à neuf ces bà
lement. Au bout de ces 15 années vous serez timens, il faut de plus avoir égard à la va
obligés de dépenser 10 autres mille fr. pour leur des objets récoltés; et, si des bàtimens
renouveler le bâtiment; mais pendant qu'elles pour une ferme en terre à froment de 1™ clas
s'écouleront les 20,000 fr. économisés fructi se doivent à peu de chose près être aussi
fieront et donneront des bénéfices annuels; ces étendus que ceux d'une ferme en terre à sei
bénéfices capitalisés en donneront d'autres, et gle de même superficie et aussi de 1™ classe,
au taux modique de 5 p. 0/0 par an, intérêts il est évident qu'un propriétaire ferait une
déduits, ces 20,000 fr. deviendront, en moins faute grave en consacrant une même somme
de 15 ans, 40,000 fr. ; vous pourrez donc dis à la construction des bàtimens ruraux sur
poser de 30,000 fr. et vous posséderez un bâ les 2 fermes, la valeur du produit étant bien
timent neuf, mieux approprié aux besoins moindre sur la seconde que sur la 1™ , et ne
que le temps aura fait naître. A la fin des 15 pouvant payer une rente aussi forte pour la
autres années vous aurez 60,000 fr., et si vous jouissance des bàtimens qui doivent, dans ce
quittez les affaires ce capital libre vous don cas , être nécessairement moins commodes ,
nera un revenu de 3,000 fr., tandis que le bâ moins solides et bâtis en matériaux plus lé
timent de 30,000 fr. ne vous procurerait qu'un gers,, et n'offrant pas autant de sécurité pour
revenu de 1,500 fr., supposé qu'il fût vendu la conservation des récoltes, la santé des bes
au bout de 30 ans tout autant qu'il a coûté. tiaux, ou autant de jouissances pour le fermier
Les avantages des constructions légères se et sa famille. Or, en partant de cette règle et
raient bien supérieurs s'il s'agissait de trans de cette observation , et en comparant les
mettre de père en fils une exploitation agri frais de construction des bàtimens ruraux
cole; toute somme qui se grossit annuellement avec la valeur des denrées qu'ils sont destines'
de 5 p. OyO devient double en 15 ans, triple à contenir, les agronomes allemands ont cru
en 23, quadruple en 29, quintuple en 33 et remarquer que dans les endroits où l'on en
sextuple en 37 ; au bout de 40 ans elle forme tendait le mieux cette matière, on trouvait les
un capital égal à 7 fois sa valeur primitive et rapports suivans :
il suffit de moins de 43 ans pour produire 8 1° Les frais de construction des granges
fois cette même valeur. » s'élèvent ordinairement de 45 à 50 p. 0/0 de
Quelques auteurs ont essayé de donner d'a la valeur en argent des grains et de la paille
près l'expérience des évaluations en bloc des qu'elles peuvent contenir.
sommes qu'on doit consacrer dans un établis 2° Les frais de construction des magasins
sement à la construction des bàtimens ru ou des greniers à grains, les hangars et au
raux ; voici à ce sujet les résultats fournis tres bàtimens à loger des denrées s'élèvent
par quelques-uns d'entre eux. de 20 à 25 p. 0/0 du prix des récoltes des
Les agronomes anglais pensent que les frais grains et de la paille.
de construction des bàtimens ruraux sur un 3° Les frais de construction des écuries,
domaine varient suivant le loyer et peuvent des étables ou bergeries, s'élèvent de 120 à
«14 ADMINISTRATION RURALE. trr. tn.
125 p.' 0/0 de la valeur des fourrages et ma démêler la cause qui est uniquement due aux effluves
tériaux de litière, tels que paille, foin, nour qu'ils respirent continuellement autour d'eux et dont
riture verte, pâturage, pommes de terre, bet ils devraient chercher à se préserver. Ces effluves sont
teraves, etc. dues à des laines qui s'échauffent, ides objets de sel
Cette évaluation s'applique particulière- lerie humides, à des eaux de savon croupies, à des
meut à des bâtimens d'une solidité moyenne, graisses, des chairs musculaires qu'on laisse putréfier,
construits à neuf et avec les soius convena à des vèteincni imprégnés de sueur qu'on néglige d'as
bles. sainir, Âdes mares à purin ou d'eaux ménagères qu'on
Si on voulait évaluer des bâtimens ruraux abandonne à la fermentation, i des émanations de
et les frais de leur bonne construction à neuf, buanderies ou de fumiers qui se décomposent, à des
en prenant pour base le produit brut total vapeurs de charbons en combustion, à des gaz ou odeurs
d'un établissement, les mêmes auteurs ont qui s'exhalent des denrées récoltées et rassemblées en
trouvé les rapports suivans : grandes masses, qui vicient l'air et le rendent impro
1» Les frais de construction des granges pre à la respiration, et enfin i un mauvais système de
s'élèvent sur un domaine de 35 à 40 p. 0/0 de ventilation. »
a valeur du produit brut des terres laboura l.a commodité est non-seulement une jouissance de
bles, tels que grains de toute sorte, maté tous les instans, mais elle facilite la surveillance et
riaux de litière, fourrages, pâturages, à l'ex économise 1e temps. Pour être commode, une maison
ception des plantes industrielles. d'habitation doit être suffisamment étendue, relative
2° Les frais de construction des magasins ment au nombre des individus qui l'habitent, distri
ou greniers à grains ou des hangars et au buée d'après un bon plan et parfaitement adaptée aux
tres bâtimens destinés à loger des denrées divers travaux ou services qui s'y exécutent. De plus,
s'élèvent de 12 à 16 p. 0/0 de la valeur de ce il est juste qu'elle soit décorée avec convenance, c'est-
même produit brut. a-dire avec goût, économie et simplicité.
3* Les frais de construction des écuries, Aucun capital ne serait, dans un batimenldc ferme,
étables, bergeries, etc. s'élèvent de 73 à 80 dépensé d'une manière plus improductive que celui
p. 0/0 de la valeur de ce môme produit brut. qu'on emploierait à donner une étendue superflue à la
Au total les frais de tous les bâtimens s'é maison d'habitation ou à la décorer avec un luxe que
lèvent de 120 à 136 p. 0/0 de la valeur du pro- ne comporte pas sa destination.
' duit brut. l^élendue superficielle de la maison d'habitation
varie nécessairement suivant la condition du fermier et
A. De la maison, d'habitation. le nombre dos individus qui composent sa famille. Un
petit exploitant, dont la famille et le personnel se
• Un propriétaire qui consacre ses capitaux, son in composeront de 4 ou S individus, dont les goûts et le*
dustrie et tous les moroens de son existence à la pro mœurs sont simples et rustiques, pourra se contenter
duction agricole, un fermier qui paie un fort loyer ont de 80 à 100 mèl. de plancher, tandis qu'un gros fer
des droit» à la jouissance d'une habitation commode, mier qui a un nombreux personnel , qui est souvent
salubrc et qui contribue à leur bien-être et à celui de plus éclairé et a plus de besoins n'aura pas trop de 2
leur famille. Pour atteindre ce but, la maison d'habita ou ."00 mèt. carrés cl plus.
tion doit remplir certaines conditions que nous allons Une maison d'habitation peut s'étendre de 2 ma
rappeler en peu de mots : nières : t» sur la superficie du terrain; 9° en éléva
La maison d'habitation de l'administrateur doit tion, en y construisant plusieurs étages.
être pldcée d'une façon telle qu'il puisse apercevoir Les maisons qui ne consistent qu'en un rez-de-
d'un coup d'œil tout ce qui se passe dans l'enceinte chaussée sont sujettes à être insalubres, surtout dans
des cours el bâtimens, et même, quand cela est possi les pavs bas, humides et mal ventilés, et on ne doit
ble, embrasser toute l'étendue, ou au moins la majo construire de celte manière que dans les lieux sains,
rité du territoire de la ferme, ainsi que les travaux découverts, bien aérés et sur des terrains secs jusqu'à
qu'on peut y exécuter. une grande profondeur. On obvie en partie aux incon
Cette habitation se place quelquefois au centre d'une véniens précités en élevant ces habitations sur caves et
des Taces de la maison de ferme, parfois au milieu de à 4 ou ( pi. et même plus au-dessus du sol. Une mai
l'enceinte des cours ou un peu en arrière de la cour son ainsi bâtie couvre, surtout quand il s'agit de loger
principale; mais il parait préférable de l'établir en un nombreux personnel, un trop grand espace de ter
avant ou en arrière, â quelque distance de la masse des rain; sa construction est dispendieuse, principalement
bâtimens d'exploitation. Par celte disposition, on di dansles paysoù les matériaux sont cliers, et où on établit
minue le danger des incendies ; on a l'avantage de pou des bâtimens massifs; et enfin la distribution des lo—
voir entourer la maison d'un jardin, d'en rendre les gemens pour plusieurs familles n'y est pas commode,
abords plus faciles et de l'environner d'un air cons et le fermier, quoique l'accès en soit facile, ne peut
tamment renouvelé qui contribue à sa salubrité. Dans surveiller et dominer aussi aisément l'ensemble de la
ne dernier cas elle ne doit pas être trop rapprochée des ferme et les travailleurs.
bâtimens d'exploitation piur ne pas projeter son ombre D'un autre côté, ces sortes de maisons ont aussi
fur la façade de ceux-ci qui est tournée vers le midi, ni leurs avantages, suivant un agronome expérimenté,
trop éloignée, parce qu'une dislance trop grande en- a Les maisons d'habitation des fermiers de la Belgi
trainerait d'autres inconvéniens. que, dit Schweez, n'ont qu'un seul étage, c'est-à-
La salubrité, qui contribue si puissamment à la dire que toutes les chambres sont situées an rei-de-
santé, à la force ctà l'énergie des lialiilans de la ferme, chau-sée avec les greniers au-dessus. L'entassement des
est une condition trop négligée en France, où les mai appartemens les uns sur les autres, dans les construc
sons de ferme sont presque généralement dans un état tions rurales, là où la place ne manque pas, me parait
révoltant de malpropreté et placées dans les situations peu judicieux. Il est vrai que des bâtimens à un seul
les plus malsaines, ou choisies avec le moins de discer étage exigent des toits plus étendus, mais aussi on a
nement. « Les agriculteurs, fait observer avec justesse plus de greniers, qui manquent souvent dans les fer
le docteur Wali.uu, ont quelquefois une santé lan mes. Les maisons de celte espèce n'ont pas besoin de
guissante et une constitution affaiblie sans en pouvoir murs aussi épais; elles sont plus commodes, puisqu'il
chap. S». DES BATIMENS RURAUX. 415
n'y a pas 'd'escalier a monter, plus chaades et mieux nous borner à ce que nom venons de dire sur un sujet
garanties contre les vents et les ouragans que celles ù intéressant, mais encore -peu étudié parmi nous, nous
plusieurs étages, et fort économiques quand on les éla- cruyons seulement utile d'ajouter qu'il est d'une trè»
blil convenablement, comme dans les environs d'An grande importance pour une maison d'habitation qu'on
vers, où j'ai vu des maisons de ce genre fort propres, puisse facilement cl en tout temps s'y procurer des
salubres cl très agréables, dont la légèreté m'a paru eaux pures et abondantes, soit pour les usages domes
surprenante. - tiques, soit en cas où un incendie viendrait a éclater.
Les maisons à un ou pli/sieurs étages au-dessus du
rez-de-chaussée sont en général plus saines, plus com B. Du logement des serviteurs.
modes pour séparer les divers ménages ou membres
d'une famille, plus riantes et plus économiques en Les serviteurs sont logés tantôt dans la maison d'ha
construction massive. La surveillance, tant sur les bitation, tantôt dans les batimens d'exploitation, soit
membres de la famille que sur les travaux de la ferme, dans des chambres disposées à cet effet et placées dans
y est incontestablement plus facile; mais, d'un autre les combles ou au rez-de-chaussée, soit dans les par
côté, elles occasionnent une perle de temps dans tous ties des édifices où sont placés les services qui leur sont
les travaux du ménage et ne présentent pas ces vas confiés. Celte dernière méthode est la meilleure, et il
tes greniers qui sont une ressource précieuse en tout parait convenable que les charretiers et valets d'écurie
temps. Ce sont celles qu'on rencontre le plus commu soient le plus près possible des chevaux pour les sur
nément en Angleterre. veiller de jour cl de nuit, et que les bouviers ou ber
La distribution intérieure de l'habitation mérite do gers puissent sans cesse avoir l'œil sur les bestiaux ;
fixer l'attention, parce qu'une bonne distribution rend c'est le moyen de rendre la surveillance plus facile,
les travaux du ménige plus faciles el qu'elle contribue d'accélérer le service et d'assurer la sécurité de la fer
au bien-être et à l'agrément. A ce sujet, les diverses me conlre toute attaque extérieure ou des événemens
pièces ou dépendances qui peuvent composer une mai imprévus. Ces logemens doivent remplir S conditions
son d'habitation exigent une attention particulière. importantes : fil.-, doivent être suffisamment spacieux
La cuisine, le fournil, la buanderie, le saloir sont pour que les serviteurs el leur famille, quand ils sont
souvent placé' dans un étage souterrain. Celte situation mariés , puissent être logés commodément. 3° Il est
n'est bonne qu'autant que cet étage s'élève de moitiéde rigoureusement nécessaire qu'ils soient salubres, si on
sa hauteur environ au-dessus du niveau du sol et qu'on veut conserver la santé el l'énergie des employés, et
peut y entretenir une bonne ventilation , autrement, exiger d'eux un bon service. La plupart du temps, on
pour ne pas nuire à la santé de la ménagère cl des ser tient trop peu de compte decetle condition essentielle,
vantes, il serait préférable de les établir au rez de- et on loge les serviteurs dans des lieux mal aérés ou
chaussée ou dans des ailes ou dépendances de la mai infectés d'émanations insalubres qui peuvent altérer
son. Les caves, celliers aux boissons, aux pommes de leur constitution. 3° Enfin, ils devraient être placés de
terre, aux racines, aux légumes sont très bien placés lelle façon que la négligence, l'apathie ou l'ignorance
sous le bâtiment; seulement, quand cet étage n'est pas des serviteurs, défauts trop communs parmi les indi
entièrement souterrain, il faut y construire les murs vidus de celte clause, ne puissent causer des dommages
plus épais ou élever contre eux la terre en talus pour y considérables aux batimens ou aux valeurs capitales
maintenir en toute saison l'égalité de la température. qu'ils renferment.
La salle à manger, celle de réception ou de réunion ou En Angleterre et en Ecosse, on est dans l'usage de
parloir, le cabinet du fermier, avec sa caisse journa loger les domestiques , ou même les manouvriers em
lière, le garde-manger doivent, pour la commodité, ployés aux travaux agricoles, dans de petites maisons
occuper le rez-de-chaussée. Les dépendances de ce rez- dépendantes des batimens d'exploitation ou de petites
de-chaussée sont la laiterie à lait, & beurre ou à fro chaumières élevées à quelque distance de ces batimens.
mage avec son éclutudnir, qui, quand elle n'est pas Ces habitation* qui ont un ou deux étages, sont la plu
souterraine, doitètre placée dans un petit bâtiment re part du temps construites en briques el recouvertes en
jeté derrière la maison et exposé au nord { roy. t. lit, chaume, ardoises ou autres matériaux. Toutes ont un
p. 51 et 3); le fruitier, le conservatoire ù légumes, la petit jardin de quelques ares par-derrière, et dans les
chambre aux provisions , etc., doivent être à la même districts les mieux cultivés de l'Ecosse, où on permet
exposition que la laiterie; le bûcher, les hangars pour aux domestiques mariés d'avoir une ou plusieurs va
certaines opérations de ménage peuvent être groupés ches et des cochons, on construit, lorsque ces animaux
autour de la maison ; il en est de même quelquefois ne sont pas nourris avec ceuxdu mallre, de petits abris
des cabanes pour des animaux domestiques, tels que pour eux soil derrière la maison, soit à Pextrémilé^de
chiens, lapins, etc., et des latrines communes ou pri la li .ne de maisons qu'occupent tous les domestiques
vées qu'on peut rejeter à quelque distance. Au 1" étage, ou les manouvriers d'une même exploitation. Cette
on place avantageusement la chambre à couclier du coutume d'élever ainsi pour les employés des maisons
fermier, sur le devant du bâtiment ou du coté de la qu'on construit souvent avec une certaine élégance et
ferme, afin qu'il puisse voir ce qui s'y passe, les salles beaucoup de propreté, et qu'on réunit en des espèces
pour la lingerie, pour le travail des femmes, la garde- de petits hameaux ou groupés artistement dans les di
robe, un cabinet pour serrer de l'argent, des papiers et verses parties d'un domaine, a donné naissance a [ar
objets imporlans, et quelquefois le logement des en- chitecture des chaumières, genre de construction qui
fans. Au S* étage peuvent être placées les chambres joue un rôle important en Angleterre dans les cons
pour les plus jeunes membres de la famille, avec 3 ou tructions rurales , la décoration des parcs et des jardins
S chambres de réserve pour lea étrangers et pour des et l'aspect pittoresque du pays.
usages quelconques, et enfin dans le comble quelques
chambrée pour les servantes attachées au service de la C. Des bâtiment d'exploitation*
famille ou pour tout autre usage.
On conçoit que .es mœurs, lea mages, la situation S'il fallait présenter dans ce paragraphe toutes les
des lieux, la condition et le degré d'éducation des agri considérations auxquelles donnent lieu soit la construc
culteurs doivent apporter des modifications infinies à tion, soil la distribution, la forme, etc., de chaque por
l'étendue, au mode de construction et de distribution tion des batimens ruraux en particulier, nous serions
de la maison d'habitation; aussi croyons-nous devoir obligés d'entrer dans des détails étendus que ne corn.
ADMINISTRATION RURALE. tIV. VTJ
porte pas l'étendue de cet ouvrage ; nous croyom donc finit, chambre au hache paille, au coffre à avoine,
devoir nous restreindre ici à quelques observations d'un sellerie ou salle aux harnais. Notre livre consacré aux
intérêt pratique et d'une application usuelle. animaux domestiques contient tout ce qu'il est néces
WAmtell à qui l'on doit un fort bon traite sur les saire de savoir sur la construction, l'aéragc et la sa
constructions rurales publié i Londres en 1 827, a par lubrité de ces bàtimens. Nous reviendrons seulement
tagé tous les bâtiment d'exploitation et dépendances sur le détail de leurs dimensions que nous n'avons
en n classes suivant le service auquel ils sont desti précédemment donné qu'en gros.
nés ou leur analogie ; nous en ajouterons 2 autres qui
formeront ainsi 13 classes dislinctesque oousallons pas 1° UnLa lion cheval de taille moyenne exige pour
longueur du râtelier ou mangeoire, non
ser en revue. compris les poteaux, barres ou planches
1 " classe. Granges , gerbiers, aire à battre, loge- de séparation entre les stalles .... 5 pi. carres.
mentde la machine à battre. Les granges sont inuti 2° La longueur de la stalle, y compris la lar
les ou inoins grandes dans les pays où l'on met les cé geur de la mangeoire ou du râtelier et un
réales en meules; Waisteh pense que les granges en for passage derrière l'animal 12
me de rectangle sont proportionnellement plus dispen Ce qui fut pour chaque cheval à l'écurie. 60
dieuses que celles de forme carrée; cependant, en Bel S* Le magasin k fourrage, sellerie, chambre au
gique, on donne partout la préférence aux granges lon coffre â avoine, au hache-paille, etc., en
gues et peu élevées. Il est avantageux que ces bàtimens supposant une écurie de 8 k 16 chevaux
présentent 2 portes charretières à 2 ventaux pour que pour chacun 15
les voitures chargées de récoltes entrent par l'une et Au total, pour chaque cheval : .* . « 75 pi. carres,
en ressortenl vides par l'autre. Dans quelques lieux on de surface de bâtiment.
ne conserve qu'une fenêtre à l'extérieur sous laquelle Il est avantageux d'établir des séparations entre les
«'approchent les voitures et qui servent à rentrer ces chevaux. Ces bàtimens ne doivent pas avoir moins de
récolles.
Nous avons vu précédemment que 3,8 kil. de gerbes faut éviterdede hauteur
8 à 9 pi. et le plus souvent 10 à 12. H
placer
occupaient environ 1 pi. cube ( 1 quint, mèt. environ rages avec plancher à claire au-dessus les greniers à four
voie. La ventilation doit
1 mèt. cube); cette donnée va nous servir à déterminer s'opérer par des fenêtres sufGsamment spacieuses et
la capacité qu'il faudrait donner à une grange daus le par de petites ouvertures, qu'on peut fermer au besoin
cas où il s'agirait de la construire à neuf.
Supposons, par exemple, qu'il s'agit d'engranger par et qu'on établit à diverses hauteurs. Le plancher doit
année 30,000 gerbes de 6 kil. chacune ou 180,000 kil, être légèrement en pente, et en matériaux imperméables
pour que l'urine ne s'infiltre pas et ne s'y corrompe
de diverses espèces de grains, dans une grange à laquelle pas.
on veut donner 36 pi. (12 mèt.) de largeur et 12 pi. crépiIlenserait ciment
avantageux que le bas des murs fut re
hydraulique.
( 4 mèt. ) de hauteur ; quelle longueur ce bâtiment 4« Classe, fâcherie, étables pour les bœufs de
doit-il avoir? trait ou à l'engrais, les animaux malades, cellier, si
Voici le calcul qu'il faut faire : los, caves ou magasins à racines fourragères,finil,
1 80,000 kilog. à 3,5 kilog. par pi. cube pi. carrés. chambre aux machines à nettoyer et couper les raci
exigeront une capacité de. . . 61,428 nes, hacher les fourrages et cuire les aliment,fosse
Deux travées pour l'aire à battre, chacune à urine. Ces constructions doivent, ainsi que nous le
de 14 pi. de largeur sur 36 pi. de lon disons dans le livre de l'éducation des animaux, satis
gueur et 12 pi. de hauteur; capacité. faire à peu près aux mêmes conditions que les précé
Total de la capacité de la grange . . dentes. Voici le détail de l'étendue qu'il convient do
Le corps delà grange à 36 pi. de largeur leur donner pour chaque tête de gros bétail.
et 12 pi. de hauteur, c'est une surface
en coupe transversale de ... A. Une vache, de taille plutôt grosse que petite, nourria
452 pi. constamment
Le toit à 36 pi. de largeur et 18 pi. de à l'e'table ou en partie au pâturage *xige pour
10 La longueur de la mangeoire ou râte
hauteur au milieu ; sa surface en coupe lier 4 pi. 1/2 ci
transversale est de 324 pi. 30 La longueur de la stalle, y compris le
Dont il faut déduire 1^3 pour passage derrière les animaux et la lar
les solives des travées ci. . 1 08 geur de la mangeoire ..... 11
Reste pour la coupe transversale du toit. 216 Ce qui fait par vache k lVtable . . 49
Total de la coupe transversale disponible. 648. 3e Magasin à fourrage, au hache-paille,
Ainsi chaque pi. de longueur de bâtiment donne une etc., en supposant re'unies de 15 à 30
vaches ; par tète 11
capacité de 648 pi. cubes; il faut donc, pour connaître Au total pour chaque tète d'animal. 61 pi. carrés,
la longueur de la grange, diviser par ce nombre la ca de surface de bâtiment.
pacité totale qu'elle doit avoir, ou 65,624 pi. Le quo B. Pour un bœuf de irait plutôt fort que de petite taille,
tient donne pour cette longueur, en nombre rond 99 le Longueur de mangeoire. ... . 4 pi. carrés.
pi., non compris l'épaisseur des murs des extrémités 3° Longueur de la stalle. . * . . . . 11
ou de refend s'il y en a, c'est-à-dire 7 travées distan Ce qui fait par bœuf à l'e'table .... 44
tes eaviron chacune de 14 pi. 3e Le magasin à fnin, la salle au hache-paille,
Dans une grange bien conttruite, les récoltes doi etc., pour une étable de 15 à 30 bœufs
vent, au moyen d'un bon système de ventilation, être pour chacun • . . , 12
maintenues sèchement et à l'abri de l'humidité qui Au total pour un bœuf de traiu . . 56 pi. carrés,
peut y causer un dommage considérable, ainsi que de de surface de bâtiment.
l'attaque des animaux nuisibles (vojr. t. I, p. 318). C. Pour un bœuf d'engrais de forte taille, comme uue
2« Classe. Greniers ou chambres à grain. La ven vache ou 60 à 62 pi. carrés de surface de bâtiment.
tilation, la sécheresse et la sécurité contre l'attaque D. Pottr de jeunes bèlesk cornei.
de la vermine sont les conditions principales que doi- Un jeune animal au-dessous d'un an 25 k 30 pi. carrés.
rent remplir ces sortes de bàtimens; à cet égard nous de 1 à 3 ans 30 k 40
renvoyons à ce que nous en avons déjà dit, t. I, p. 320. de » à 3 ans 40 k 50
»• Classe. Ecurie , cour à panser les chevaux , lileleEnd'animal.
moyenne, 40 pi. carrés de surface de bâtiment par
CHAI». 3c. BATIMENS D'EXPLOITATION. 417
En Angleterre, dans beaucoup de ferai à laiterie répandre sur les champs. On éloigne de ces court le*
des districts à pal» râpes, on donne aui bêtes à cornes eaux pluviales et coûtantes qui en lavant le fumier lui
un>* largeur de niangioire supérieure i celle que nous enlèvent son arlivilé, et, quand cela est |>ossible, on re
indiquons et que nous regardons comme suffiranle, et couvre le dépôl decilui-ci par un toit, ou au moins on
qui esl quelquefois du double plus grande. l'abrite cou ire le soleil et le préserve d'une trop forte
Dans li-s étables belles, où on praiiqur un passage év.-iporation ou du dessèchement par des plantation!
en avant des hèles à Cornes pour distribuer les ali d'arbres. Les voitures doivent pouvoir en approcher
mens, et derrière elles un espace large et enfoncé facilement.
dans lequel se rendent les urines et où on accumule le S* Classe. Hangars, appentis pour les véhicules et
fumier, il faut, par teted'animal, une longueur double Us instrumens, salle à outils, magasin à serrer les
de celle que nous venons d'indiquer. laines. Toutes ces constructions doivent être très lé
Dans les grands établissement , il est avantageux gères et avoir au moins 7 s 8 pi. i l'entrée; quelques-
d'avoir des élables séparées, soit pour les animaux de unes doivent être fermées par despoiles, et entre au
différentes races, soit pour ceux d'Ages divers ou pour tres le magasin aux laines qui, de plu', doit être sec,
les bêles qui n'ont |>as la même destination. éloigné de toute cause qui pourrait causer un incendie
Les endroits où l'on dépose lefoin et les racines doi et i l'abri des larcins ou des animaux destructeurs.
vent être spcs et très propres, afin que ces alimens ne Souvent on construit au-dessus de ces bàlimens de*
conl raclent pas de mauvaise odeur ou des qualités qui greniers à fourrages ou à grains qui s'y trouvent bien
dégotiienl les tiesliaux et leur font constamment rejeter placés. Dans un grand établissement il est utile d'avoir
une nourriture qui leur répugne. une salle fermée pour déposer tous les vieux objets
La salle i cuire les alimens doit être à portée des qui, sans celle précaution, disparaissent quelquefois ou
magasins à foin ou celliers à racines et potasses de sont perdus par suite de négligence ou d'infidélités.
terre. 9* Classe. Salles à chauler les blés, à abattre les
Dans les étaldes où l'on établit des réservoirs à animaux, à saler les viandes, elc. Une seule salle
urine, il faut calculer que ebaque bêle à cornes de taille peut suffire a ces divers services, mais il faut qu'elle
ordinaire, nourrie constamment i l'élable,soilen vert, soit dallée, mastiquée dans le bas des murs et qu'un
soit en sec, donne, terme moyen, un pi. cube (84 déc. robinet y fournisse de l'eau en abondance.
cube ) d'urine en 34 heures. 10* Classe. Futge, atelier , magasins aux maté
S» Classe. Bergerie. Les moutons de forte taille, riaux de construction. La forge, dans les établisse-
dont 1/4 à 1/5 consistent en brebis portières et qui ne mens qui en onl besoin, doit être séparée des attires
sont soumis à la tonte qu'une fois par an, exigent 15 constructions de craintedu feu ; les autres bàlimens, sous
po. de crêclie chacun et occupent, en moyenne, 10 pi. le rapport des dimensions, seront proportionnés à l'ac
carrés de snrface ; ceux qui sont tondus 8 fois par an, tivité qui règne dans les ateliers ou à la consomma
13 po. de crèche et 9 pi. carrés de surface, les agneaux tion des matériaux et placés suivant les besoins du
de 4,6, ou y mois, 9, 1 0 et 1 1 po. de crèche. On com service, eu veillant toutefois i ce qu'en les desservant
prend dans celle estimai ion l'emplacement néces on ne puisse nuire à l'activité ou à la facilité des travaux
saire aux crèches, aux claies de séparation, au passage agricoles.
et aux agneaux. 11» (.lasse. Chambres aux grosses provisions de
Les portes et les fenè'res d'une bergerie doivent être ménage. Il faut, pour cet objet, un bâtiment ou por
vastes, d'une élévatiou de 14à 15 pi., le sol elle bas de» tion de bâtiment placé à la portée de la maison d'habi
murs cimentés et imperméables; il serait convenable tation et qui suit sec, frais, suffisamment spacieux et
qu'il y eût auprès une petite cour où les moulons pus pourvu d'eau.
sent prendre l'air a volonté. Un magasin de 19 à 13 H« Classe. Puils, citernes, lieux d'aisance, etc.
pi. de largeur, 38 à 40 de longueur et 13 à 14 de hau Dans les petites exploitations, les puils, citernes ou
teur, suffit au servie»? journalier des fourrages et rati pompes seront placés près de la maison d'habitation;
nes, pour 500 a 800 bêles, et au temps de la tonte, pour dans les fermes plus élendues, où il y en aura plu
tous les travaux de celle opération. sieurs, on les placera près de cette maison et près des
8' Classe. Toits ou réduits à porcs, poulaillers, ca écuries, des élables, des bergeries et des bàlimens où
banes pour les dise ux ei autres petits animaux do s'exercent quelques arts agricoles. Dans toute ferme il
mestiques, etc. Ces bàlimens doivent être placés de devrait y avoir 3 cabinets d'avance au moins pour les
façon qu'on y puisse communiquer facilement de la cui gens de service, l'un à l'usage des femmes près de la
sine ou de la maison d'habitation, mais toutefois sans maison d'habitation, et l'autre pour les hommes, non
nuire à la salub iléde l'air de celles-ci. Il ne faut pas loin des écuries ou des élables; ceux de la maison
les entasser dans un seul endroit, ni les faire trop sur d'habitation devraient de même être doubles, l'un pour
baissés ou en contre -bas du sol, etc. la ménagère et les jeunes enfans et l'autre pour le fer
7e Classe. Cours , appentis , abris pour les bes mier, les amis et les visiteurs.
tiaux, cours à fumiers, bassins à put in, etc. Les cours 13* Classe. Bàlimens où s'exercent un ou plusieurs
à bestiaux doivent èlre exposées au midi et abritées arts agricoles. Il en est un 1res grand nombre qu'il est
des veuls froids par les bàlimens les plus élevés de la indispensable de séparer de la masse des autres bâti-
maison de ferme ou par des arbres. Les appentis sont mens, tant pour les rapprocher des moteurs naturels
établis plus économiquement contre les murs de ces ou les placer el les exposer convenablement que pour
bàlimens que quand il faut les construire exprès. Us éviter les incendies que quelques unsd'entre eux pour
ne doivent pas avoir moins de 7 pi. de hou leur à l'en raient allumer el qui pourrait se communiquer à la
trée. Les cours où sont les dépôts à fumiers se pla totalité des bàlimens d'exploitation. Au reste, ils doi
cent commodément à peu de distance des élables; elles vent être à portée des magasins, silos, celliers ou cave*
doivent être pavées, glaiséesou cimentées pour en ren qui leur fournissent leurs matières 1™ ou qui servent
dre le sol imperméable aux urines, et creusées en fond à emmagasiner leurs produits, el le plus souvent être
de chaudière, c'est-à-dire un peu enfoncées au milien pourvus d'eau en abondance.
où se trouve un puisard ou réservoir qui sert à rassem
bler le purin. Quelques fermiers les chargent de terre 2° Exemples et modèles de bàlimens ruraux.
meuble ou de débris qui, en absorbant les urines, for
ment des com|iosts qu'on eulève de temps à autre |<our Nous allons présenter dans ce paragraphe
AGRICULTURE. 103' livraison. T0MS IV. — (3
418 ADMINISTRATION RURALE. LIV. TH.
quelques modèles de plans de bàtimens ru Maison double de journalier avec <!tage au-
raux, d'après les principes qui ont été posés dessus et dépendances ; ce '
précédemment; nous commencerons par les habitations pins chaudes
plus simples et nous passerons successivement de frais de construction.
a ceux qui sont plus composés et où il im Fig. 220. Fig. 221/
porte de remplir un plus grand nombre de
conditions. Nous rappellerons, relativement à
ces exemples, ce que nous avons dit au para 1 3 1, ^
graphe précédent, savoir ; que ces bàtimens
Boivent nécessairement recevoir des modifi
cations très variées, suivant les mœurs, les 1
usages et la nature des matériaux du pays, la m
manière de mettre ceux-ci en œuvre, les pro
grès de l'agriculture, etc. Nous prévenons
également que nous n'avons pas jugé à propos
d indiquer les matériaux à employer ou don
ner des devis de prix qui n'ont en général d'in
térêt que pour les lieux où ils ont été dressés.
Maison de journalier à un seul étage.
Fig. 2 1 S.a , cuisine clans
laquelle on entre «lu ile-
hort (4 mètres X 4 met.);
— b, chambre à coucher
à » lits ( <■» X ).- —
e , chambre à coucher
d'enfant (4m x 2m); —
rf, petite buanderie avec
une porte sur le derrière i ■1 1 1 1 1
( 3™ X lm); — «. petit
garde-manger (IX ' )» Fig. 222.
latrines: — o, petit Fig. 229. Plan du rez de-chaussée i - a, porche ave*
bûcher ou lieu ferme' armoire ou rayons pour les outils; — 6, cuisine ( iim X Jm);
pour conserver les outils. — c, arrière-cuisine avec four ou buandeiie (3mx3m);
Fig. 21 6. Vue en ele'- — rf, garde-mar.ger un peu enfonce en terre et en partie sous
\ation de la maison qui a Pescatier e; —f. bâcher; — o, petit cellier; — A. latrines;
8 mett es de f»ce, r» de — /, toit a pure a double mur pour éviter les infiltrations;
profondeur et qui orcttpe au-dessus uu poulailler.
par conséquent 4 0 mètres Fig. 216
de superficie dans œuvre (1), avec une hauteur de 3 mètres à X Fig.)• 221. Plan du 1" étage : — I et m, chambres (4">
la naissance du toit. F'g. 222. Vue en ele'vation de la maison qui a 8 mètres de
Maison de journalier avec un étage au- face, autant de profondeur ou <i4 mètres carres de superficie ;
dessus. la hauteur est de 6 mètre.; les dépendances n'en ont que 3 et
Fig. 218. Fig. 217. autant de largeur; superficie totale des bàtimens 119 mètres
carres.
Maison d'un manouvrier avec un étage au-
dessus et dépendances pour loger 2 vaches et
laiterie.
Fig. 223. et Fig. 224.
Fig. 219.
Fig. 517. Plan du rei de-chaussee i — a, cuisine ( 5"» X
5"); — buanderie ( 3m X 3m ) ; — c, peiit garde-manjer;
devant est on espace pour placer quelque* oui ils ;■—</, esca
lier à Pelage supérieur et soui lequel ou peut placer uue pe
tite prowsion de bois; — o, latrines.
Fig. 318- Plan du 1er étagoi — e, chambre a coucher à
3 lïts et 1 lit d'enfant , et avec une cheminée; — /, autre
r.hambre à coucher; — A, armoire ou tambour ferme'.
Fig. 21 9. Vue en élévation de la maison qui a 8 mètres de
'ace sur 5 mètres de profondeur et occupe une surface de
40 mètre* carres; hauteur a la naissance du toit, 6 mètres. Fig. 225. |
(O Toute, les indications que nous donnerons de la superGcie des bitimens seront toujours dans «uvrtJ, W-
paisteur des mur* changeant avec le* pavs, les matériaux et la charge qu'ils dotveul porter.
tHAP. 3». BATIMENS D'EXPLOITATION. 419
Fig. 223. Plan du rez-de-chaussée: — a, cuisine avec esca Fig. 230 et Fig. 231.
lier à l'étage supérieur (6mx6m)> — o, chambre de ré
ception ou de travail, parloir (6™ X 3m );— e, buanderie
(J"X! I/S" ); — i, étable pour S vaches ( 3™ X 3m) |
— laiterie (3m X 3M) ; — e, bûcher s —/, latrines.
Fig. 33*. Plan du 1er étage i — g et h, chambres à cou
cher.
Fig. 325. Tue en élévation de ta maison qui a g mètres de
façade, 6 de profondeur et qui occupe 64 mèn es de superficie ;
sa hauteur e»t de 6 mètres; les dépendances n'en ont que 3 et
autant de profondeur; superficie totale des bàtimens, 81
mètres carrés.
Autre maison de journalier avec étage de
mi-souterrain, étable pour 2 vaches et laiterie.
M. MoutL de Yi.ndé a proposé le plan sui
vant :
Fig. 226. "
Fig. 232. _
Fig. 330. Plan du rez-de-chaussée i — a, cuisine avec
four et escalier (5m X ln)t — ©, cabinet pour le lin ou le
chanvre de vente (3nX3m){ — e, laiterie (2">x '■");
— d, étable (4">X im); — «, petite grange (J«x 3m );
—J, case a porcs (2m X 3m)l — o, poulailler ; —A, latrines;
—L petit bûcher.
Fig. SU, Pian du 1" étage: — /, m, », chambra* di
verses.
Fig. 233. Tue en élévation de la maison qui ail mètres
de façade, 5 de profondeur et qui couvre 55 mètres carrée
de superficie; sa hauteur est de 6 mètres; les dépendances
sont moins élevées rH ont 3 mètres de profondeur; superficie
totale 70 mètres carrés.
Habitation et dépendances pour un petit
cultivateur exploitant 2 à 3 hectares de terre,
exerçant un art agricole et mettant ses récoltes
en meules.
Fig. 333.
Fig. 229.
Fig. 996. Plan des fondations i — a, fournil et cellier avec
son four (3X™ 5™';-
Fig. 397. Plen du rez-de-chaussée t — b, cuisine avec 2
lits d'enfant ( X «'" '; — »i chambre h coucher à 3 lits,
avec un poêle r (>x — ^. étable pour 3 vaches
(S 1/am X 3«)(— », laiterie (ta» X 2 l/2m) —/, hangar
servant de bâcher ; — o, toit à porc ; — h, poulailler i — t,
cases à lapins; — /, latrines.
Fig. 228. Coupe du bâtiment ou les mêmes lettres désignent
les mêmes objets que dans les tig. précédentes—mm, gre
niers auxquels on monte par une échelle mobile.
Fig. 2^9. Elévation de face du bâtiment qui a 13 mètres
de façade, 5 de profondeur et couvre une surface de 65
mitres carrt's.
Habitation pour un manouvrier plus aisé,
avec étage au-dessus, une étable pour 3 ou 4
vaches, un toit à porc et une petite grange.
Pebtw is, dans son Mémoire sur l'art de
perfectionner les constructions rurales, a pré
senté le plan qui suit :
Fig. 234.
Fig. 333. Plan du rez-de-chaussée t — a, porche avec
toit; — li, bûcher; — c, cuiaine (6«X»B)i — d, atelier
ichiae(4nX 9m)i — «.
430 ADMINISTRATION RURALE. UT. vu.
arrièrt-cnifine ou buanderie ( 3» X im) avec escalier /con Le 1er étage est distribué comme le rez-de-chaussée.
duisant au 1er e'iage; — o, garde-manger; — i, magasin k Fig. 234. Elévation des bâtimens. Le corps principal a 10
fourragea ( 3m X -i 1/2"1 ); — *, étable pour 2 ou 3 vaches mètre* de façade sur 9 de profondeur et rouvre 90 mètres
(3™X *m) ; — l, laiterie ( 3m X 4m ) au-dessus, ainsi que de superficiels; la cuisine, l'atelier sont élevés de 50 centimètres
detable, magasin à paille; — m, magasin aux oulili el instru ati-desius du niveau du sol; le magasin à fourrages, la buan
ment et servant aussi de cellier ( 3m X 4"i); — n, magasin derie, l'étable, le toit à porc sont au niveau; la laiterie, le
aux racines servant aussi dVire abattre (3"»x im);au-(Je»u». cellier, le magasin aux racines un peu au-dessous; haulenr du
des greniers; — y» réduit pour S ou 3 porcs [i 'Xîm); bâtiment, 6 mètres; dépendances de chaque cité, 4 mètres de
—p, latrines ; — r, poulailler. profondeur ; superficie totale, 1 62 mètres carrés.
Petite maison de ferme pour un propriétaire I terres à froment de 1" classe avec récoltes en
cultivateur exploitant 10 à 12 hectares de | meules.
Fig. 236.
x, - Fig. 237.
Fig. 935. Plan de Te'tage souterrain auquel on descend — *, •'curie pour % chevaux (4m X 4" ) ; — t, aire à battre
par l'escalier 3 couvert par un appentis: — a, fournil; — b, avec grenier au-dessus ( 6m X 4m ) ; les magasins à paille s
cellier aux boissons; — ce, celliers aux racines. au-dessus de la laiterie, de la sellerie et de récurie ; — u . basse-
Fig. 2 3 G . Plan de la ferme i — d, cuisina (4ni X 5m); cour; — r, meules; — /, tas k fumier; — s, puits ou
—ft airière>cui»ine, ou buanderie avecescalier h au («réiage pompe.
(2» X 3m )ï —«» garde-manger ( l™ X 'm ) i — fT* * Fig. 237. Vue en élévation de U ferme. Le bâtiment central
manger ou de réception ( 3m X 4m ) î — cabinet du fermier d habitation a 8 mètres de face, 7 de profondeur et occupe
(3"X4lu)i — *, hsngar aux voilures (4m x 4m ) ; — /, 56 mètres carré* de surface, sa hauteur e»( de 6 mètres; les
laiierie ( 3m X 4™); — m, échauduir pour la laiterie (4m X dépendances couvrent de chaque côté une surface de
1 1/t ) ; — r, étable pour 5 k 6 vaches ( 9m X 4 ) ; — o, toits 70 mèires carrés; supeificie totale, 198 j
k porcs; — p, latrines; — w$ magasin à foin ( 5m X 4 ) ; cobipris la basse-cour.
— r. sellerie, hache-paille, coflre à avoine (9 1/2"» x 4 );
chap. 3«. BATIMENS D'EXPLOITATION 421
Autre modèle pour un cultivateur qui ex Fig. 238. Plan «le I' feimei — a, cuisine ( Sm X 'm )|
ploite la même étendue de terrain et engrange on a pratiqué dans le mur une ouverture où est placée une
cage d'e»ralier maçonné qui conduit au l«r étage ; — d, buan
toutes ses récoltes. derie nu échaudoir ( 3m X 4o> ) ; — c, laiterie (4ro x 4™ )l
Fig. 238. — A. vacherie ( Sm X <m ) i — «i écurie ( 4m X <">); —/,
magasin à fourrages (6m X*m); — gi cellier à racinea
(!■ X ); — A, hangars ( 6"» X *)< — ■'. "ire et grange
( 8»> x 8"< ) ; — l. autre petit hangar ( 2m X 4 ■ ) ; — m, loita
a porcs (4In X îm)i — ». poulailler (3m X î™); — », U-
trines.
Fig. 239. Vue perspective du bâtiment. Celui du centre k
Bis sur 8m, ou 64 mèt. de superficie, elles appentis et dépen
dances 4 mètres de profondeur, au total 256 mètres | la hau
teur du rez*de<haussée dans la grange est de 5 mètres, celle
de l'étage supérieur 3 mètres; le tout couvert en tuiles ou en
ardoises.
Bâtimens d'habitation et d'exploitation pour
une ferme en pays de plaine où on exploite
34 hectares ( 100 arp. de Paris de 900 toises
carrées ), en terre à froment de 1™ classe et où
on récolte terme moyen, dans un assolement
de 5 années, 390 hectol. de froment et 210
d'orge, semence déduite, 1060 quint, mèt. de
paille et autant de foin. Les bêles de trait sont
3 chevaux de taille moyenne; les bétes de
rente, nourries constamment àl'étable, 20 va
ches du poids de 350 à 400 kil. ; 1 taureau , 4
veaux, 6 porcs et des oiseaux de basse-cour.
Une partie des récolles des céréales seule est
engrangée, l'autre est mise en meules.
Fig. 1 tO. Plan de l'étage à demi souterrain de la maison l'étae;e supérieur (3» X i"1); — 6, salle de réception on
d'habitation; 1, laiterie voûtée garnie de tables de pierre et k manger ( 4,75m x 3,75m); — 7, cabinet du fermier,
dallée, avec un dégorgeoir donnant snr un puisard pour l'é> (4,75m x 3,75m ); — a, petit hangar par où l'on entre
roulement des eaux. On descend à la laiterie par un escalier s, dans l'arrière-cuisine et l'on descend k la laiterie et qui sert k
placé sous les bilimens d'exploitation ( &m x 4 1/2 ) ; faire sécher les ustensiles de celle<i (4m x Ii5m)j — t,
— 2 , cellier aux boissons et au charbon (4m X 4m ) ; — garde-manger ( 1,5m X '.5m)t — c, elable pour les vache»
3, celliers aux racines et pommes de terre. On descend k ces qui vêlent, malades ou k l'engrais et un taureau (4m X °m)i
celliers par l'escalier x (4m X 4m et 5™ X 5"> ). — 0!, étable pour 24 vaches (14m X 6.50m), — », éla-
Fig. 34 1. Plan du rea de-chausace de tous les bâtimens;— ble pour 4 \eaux(2n»X 3m) ; —/.réduit pour les usten
4, cuisine (5m x 5 l/2>n); — 5, arrière-cuisine seirant de siles de pansement des vaches; — c, magasin ou hangar à
fournil et d'échaudoir pour la laiterie; un escalier conduit k foin (9m x <m); — A, toits pour les porcs, et 1 , latrines
432 ADMINISTRATION RURALE. UV, Vil.
pour lei hommes (6m X 5* )l — * i écurie pour ou 5 ares. Le magasin à foin et les grenier» au-dessus des éta-
3 cheraoi ( C" X *m )i — 'i sellerie, hache-paille , bles, des écuries et des hangars, présentent un développe-
coffre a avoine ( 6m X 2n,)ï — R, hangar pour les voilu ment de plus de 400 met. cubes |pour le logement des fourra-
re! el instrumena (8m X 6m)| — n, grange ( 10m X 6m)f ges, et sulfUans pour 4 mois d'hivernage.
i 0, basde-cour ;—p, bîicher; — 7, lalrituM pour le fermier et Les hauteurs sont, pour l'étage souterrain, 3m 50, le bâ
lu «ervanlei) 1 — r, niche a chien 1 — 1, réservoirs i urines / timent d'habitation 6 met., les étableset écuries 4 met. ,1a gran
— t,puits ou citernes avec auge pour abreuver lesanimauij — ge et le magasin a fourrages 5 met.
u f tas h fumier sous un hangar ,■ — v , fonve à purin ; — jr,
emplacement des meules. Autre exemple pour une ferme de même
Fig. 343. Vue perspective de l'établissement. Toute la su étendue que la précédente, et exploitée de
perficie du terrain qu'il occupe est de 7 ares ou 700 met. car.; même.
il a 34 mêl. de façade sur 39,50 de profondeur. Le major Beatsoi», dans son nouveau systè
Le bâtiment d'habitation couvre 100 met. car. ou 1 are, et me de culture publié en 1820, a proposée
lu bàlimens d'eiploitalioo 400 met., en tout 500 met car. me très commode le plan suivant :
Fig. J45.
< M u
S 5 |Mpl |
■SIS .1
si' 1 ÂR] Cl
r. 62
i
Fig. 243.
La maison (l'habitai.on est placée à 10 met. en «Tant dnsbi- . Instrumens (î,imx 5m)f — anlie fermée aux ouiîls(5"
timens d'exploitation; dans se» étages souterrains elle ressem X Jm ) ,■ — m, logement d'an terviieur ou surveillant, itic
ble a la précédente, et on y plaee le fournil , le cellier aux un ï*r éiage au besoin (4m x 3» ) ; — n, bûcher ( 3"1
boissons et le bûcher. La laiterie peal y éire également sou- 2m ); — ot basse*cour ; — />. latrines ; — q, puits , mare ou
lorraine ou bien être placée avec son échaudoir au rez-de- citerne , avec auge pour les bestiaux ; — r, mare pour les
chaussée comme dépendance, et du côte du nord. porcs.
Fig. 24 3. Plan de la maison d'habitation : — I, cuisine; — La maison d'habitation couvre avec la laiterie 130 mèt. de
S, buanderie; — 3, cabinet du fermier ; —4, salle à manger ; superficie ; les bâtimens d'exploitation 3f>4 ou 370 met. an to
— 5, laiterie ; — 6, échaudoir el chambre à fromages. tal 500 met. car. ou 5 ares comme précédemment. La superfi
Fig. 2-1 4.r., sellerie, hache-paille, coffre à avoine (2™ cie totale enceinte par les bilimens eut également environ eV
y 8m ) . — b> écurie pour 4 à 5 chevaux ( 4™ X 8» ) ; — 7 ares ; savoir : 1 are 3o pour la maison d'habitation , et 3
r, élable pour 4 Team (2m X 8m ); — &, étable pour lî ares 90 pour les bàlimens d'exploitation (2% met. de long, sur
Taches ( 7m x $m); — *» cour à fumier avec toits à porcs; 2; de largeur). La grange a 70 met. de plancher sa haulenr
( f 0'n X 'm)ï —■/» éiable pour 14 vaches ou bêles à l'en est de 3 1/1 U met., sa capacité* est de 250 à 300 mètres
grais (7m X 1îm) , et magasin a. foin au-dessus; — grange cubes. Les greniers a fourrages au-dessus des écuries, des éia-
( 10™ X 7 ) ; — h, cellier aux racines ( 5,60™ X *>ni );— bles , des hangars et des salles, ont une capacité de 413 met.
^hangar aux Toiiurei (5m x 5"»)j — fï, salle fermc'e aux cubes, et le cellier aux racines de 100 mèt. cub.
chap. 3«. BATIMENS D''EXPLOITATION. 43S
Dans les 3 exemples qui précèdent, nous avons établi pâturage k classe et à nature de terre égales, une par
le plan et l'étendue <les bâtiment pour une ferme de tie des récoltes étant consommée sur place, le matériel
34 nect. en terre à framenl de tre classe, avec culture mort et le personnel ne sont pas, pour une même élen-
alterne et nourriture des bestiaux à tetable. On due, aussi considérables que dans le système de la
sent assez que si la ferme, quoique de même étendue, stabulation permanente, et que les bàlimens qui ser
était en terre a froment de 3e, 3° ou 4° classe, ce plan vent à loger les bêles de rente n'ont pas besoin d'être
pourrait être noo -seulement modifié suivant les be établis avec autant de frais el de soin dans ces 3 cas.
soins, mais que l'étendue décroîtrait proportionnelle Il est encore utile de remarquer que les observa
ment avec le volume ou la valeur des récolles, au point tions précédentes ne sont applicables qu'aux ferme*
qu'une ferme de 34 bect. en terre à froment de filasse d'une même localité et qu'elles ne seraient pas tou
n'exigerait pas des bàlimens plus vastes qu'une ferme jours exactes si on les étendait à des pays différens. II
de 10 à 12 bect. en terre a froment de l" classe, le est, par exemple, des terres à seigle en Belgique qui
poids des récoltes, dans les 3 cas, étant ù peu près le donnent des produits et paient un fermages fois plu»
même, et le nombre des bestiaux qu'on peut entretenir forts pour une surface égale que quelques terre» à fro
dans l'une et dans l'autre étant peu différent. ment de même classe ou même de classe supérieur*
A surface égale et à classe correspondante, les récol dans quelques départemena de l;i France, el où le fermier
tes, sous le rapport du volume, ne diffèrent pas beau- belge a droit par conséquent à des bàlimens plus spa
coupdansles terres à seigle et dans celles à froment et cieux, plus commodes et plus agréables.
exigent, par conséquent, une capacité à peu près égale
pour les loger; mais elles ont une bien moindre va A ces exemples trop peu nombreux de la
leur, et, ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le disposition et du plan des établissemens ru
faire remarquer, elles ne peuvent payer, pour les bà raux, nous ajouterons un modèle proposé par
limens, une rente aussi élevée. Ces bàlimens doivent Waistell dans son Architecture rurale, pour
donc être plus légers et présenter moins de commodi une ferme de grande dimension et ou on
tés dans leur construction, surtout relativement à la nourrit et engraisse beaucoup de bétes à cor
maison d'habitation qui peut être plus modeste. nes qui passent l'hiver dans de vastes cours
Dans les terres à céréales de printemps, les récoltes garnies d appentis pour les garantir des inju
étant à surface et classe égales, moindres et moins as res du temps. Nous ne donnons pas ici les
surées, le fermage ne peut être aussi élevé que dans mesures, parce qu'on peut aisément agrandir
les 3 divisions précédentes, ce qui nécessite une dimi ou diminuer les dimensions des diverses par
nution dans l'étendue et les frais de construction des ties , suivant l'étendue de la ferme et les
bàlimens ruraux. besoins de l'établissement qu'on se propose
Nous ferons aussi observer que, dans le système du de former sur ce modèle.
' L'organisation du service des attelages a | tains animaux domestiques à divers appareils,
pour but d'économiser le temps et les frais I instrumens ou machines pour exécuter plu-
de, main-d'œuvre en appliquant la force de cer- [ sieurs travaux agricoles, qu'on n« pourrait
chap. 4V COMPOSITION DES ATTELAGES 421
entreprendre avantageusement sans leur se pensons qu'il est utile de rappeler qu'autre
cours. fois les bœufs étaient employés presque ex
Ces travaux consistent, pour la plupart, en clusivement aux travaux des champs, et que,
labours, hersages, roulages, façons diverses don dans presque tous les pays où ces travaux, au
nées à la terre, el en transports de denrées, en lieu d'être comme jadis irréguliers et inter-
grais ou matériaux , et c'est parce qu'on les miltens, sont devenus coustans et uniformes;
exécute le plus communément au moyeu de et principalement dans les exploitations éten
bêtes attelées à une machine qu'elles mettent dues qui paient un gros fermage et où les
en mouvement, qu'on a désigné cette bran agriculteurs sont dans l'aisance, on parait avoir
che de l'organisation d'un domaine par l'ex donné la préférence aux chevaux. L'emploi de
pression de seroice des attelages. la force de ces derniers a même prévalu sur
Tous les hommes versés dans la pratique de les petits établissemeus où il n'y a pas toute
l'art agricole, sont d'un avis unanime sur la l'année d'occupation pour les attelages et où
nécessité d'apporter le plus grand soin dans l'entretien de ces auimaux parait devoir être
l'organisation de ce service. C'est en effet de la dispendieux.
bonne composition des attelages et de la ma 11 importe peut-être ici de faire observer
nière dont ils sont dirigés, que dépendent la que, d'après les principes des plus célèbres
perfection des façons qu'on donne à la terre éleveurs de bestiaux, on doit regarder comme
et qui jouent un rôle si important dans la des qualités très précieuses pour les bêles h
quantité et la qualité des produits; c'est à la cornes la faculté d'engraisser jeunes et de
sagacité qu'on apporte dans leur organisation prendre facilement la graisse à tous les âges.
que sont dues, en grande partie, la célérité Ces qualités se rencontrent à un éminent de
des travaux, l'économie du temps et des frais gré dans les races dites perfectionnées qu'on
de production. est surtout parvenu à créer en Angleterre;
Les animaux qu'on emploie le plus com mais ces races, par des causes dont nous n'a
munément en France au service des atlclages, vons pas à nous occuper ici, sont devenues en
sont le cheval et le bœuf, qui se disputent à cet même temps moins robustes et moins pro
égard la prééminence. Ou attelle aussi quel pres aux travaux de l'agriculture que les bê
quefois les vaches , comme nous le verrons tes communes, et, en outre, comme elles don
plus loin. Dans quelques pays, et notamment nent des animaux qui, dès l'âge de 3 à 4 ans,
dans l'Isère , le Var, les Bouches-du-Rhône et fournissent pour la boucherie une chaird'aussi
quelques départemens de l'Ouest , on fait bonne qualité quecelledes bœufs qu'on garde
usage du mulet, animal très propre aux travaux jusqu'à 8 ou 9 ans en les faisant travailler, les
rustiques; dans d'autres on se sert des tau agriculteurs ont trouvé qu'il était plus avan
reaux. Enfin Vàne, qui est généralement trop tageux pour eux de les élever plutôt comme
faible pour la plupart des travaux agricoles, bètes de rente que pour le travail, puisque leur
est cependant attelé quelquefois à la charrue prompte maturité et leur engraissement facile
dans des sols très légers, mais plus générale donnaient lieu à un renouvellement plus
ment employé à effectuer des transports à de prompt des capitaux avancés pour leur édu
petites distances, surtout dans les établisse- cation et leur entretien, et d'employer exclu
mens les plus modestes où il est souvent le sivement les chevaux à tous les travaux d'éco
seul animal dont on puisse payer les services. nomie rurale.
Nous traiterons d'abord dans une première La question de l'emploi des chevaux et des
section de la composition des attelages, et en bœufs dans les travaux ruraux se rattache
suite dans une 2e section de leur force et de aussi à plusieurs sujets d'intérêt public, que
leur nombre. nous passons toutefois sous silence pour ne
l'envisager que sous le point de vue purement
Section ln.— De la composition des attelages. agricole.
Dans l'organisation d'un fonds, un admi
Nous venons de dire que les attelages étaient nistrateur doit se proposer naturellement
le plus ordinairement composés de chevaux d'effectuer tous les travaux du sirvice des at
et de bœufs , et que ces deux espèces d'ani telages de la manière la plus avantageuse à set
maux de trait se disputaient la prééminence ; intérêts et la plus profitable à son établisse
nous allons en Ier heu faire connaître com ment ; or, en réfléchissant aux principes éco
ment on parvient à comparer le travail de nomiques qui peuvent conduire à ce but, on
remarque que le travail des animaux doit être
l'une ou de l'autre de ces espèces, et à eu éta étudié sous 4 rapports principaux : 1° la quan
blir la mesure économique; puis après cela tité qu'on en obtient d'un animal; 2° la qua
nous parlerons des attelages de vaches. lité de ce travail; 3° la célérité avec laquelle
Si- — Du travail des Létcs de trait et des frais de il peut être exécuté; 4° enfin le prix auquel il
leur service. revient. C'est en combinant, dans chaque si
tuation et suivant les circonstances, les 3pre-
!" Il n'y a peut-être pas de question qui ait été miers élémens avec le 4' qu'on parvient à éta
plus vivement débattue, soit parmi les agro blir la mesure économique du travail des ani
nomes, soit parmi les cultivateurs, que celle maux, et à fixer sou choix sur le mode qui
relative à la préférence qu'on doit donner aux présente la plus forte somme d'avantages so
chevaux sur les bœufs. iXous ne croyons pas lides et permauens.
devoir rapporter , les nombreux argumens Quoiqu'il soit difficile, au moment de l'or
qu'on a fait valoir en faveur des uns et des au ganisation d'un fonds, d'établir à l'avance avec
tres, parce que cette question, traitée de cette rigueur le prix du travail des attelages, puis-
manière, ne nous parait pas avoir été envisagée aue ce prix dépend de la variation de celui des
avec la généralité qu'elle comporte ; mais nous enrées dans les années suivantes, des cas
432 ADMINISTRATION RURALE. Lrv. vii.
fortuits qui peuvent occasionner la perte des un mode vicieux d'expérimentation dans la mesure du
animaux ou au moins leur inaction pendant travail des 3 espèces et surtout a l'oubli presque géné
long- temps, des modifications que l'expé ral de ramener ides termes comparables tous les élémens
rience forcera d'adopter dans le système de qui pourraient servira la solution de ce problème.
culture, ou l'administration économique des M. Frost, qui a pendant long temps administré le
divers services, etc., néanmoins, de pareils domaine de Windsor , où 1rs bœufs seuls étaient em
calculs ont toujours beaucoup d'utilité pour ployés a tous les travaux d exploitation, a reconnu que
déterminer la combinaison la plus avanta les 107 bœufs d. stiiu's à cet usage auraient pu facile
geuse dans le choix des moteurs, et d'ailleurs ment être remplacés par 68 chevaux (rapport de la
ils offrent d'autant plus d'exactitude que les quantité de travail annuel d'un bœuf a celui d'un che
chances et les accidens sont prévus et qu'on val, B/y" environ) (l).
y porte en compte les sommes destinées à Dans les districts du Yorkshireet de l'Herlfordsliire,
couvrir les pertes qu'on peut éprouver par où l'on fait usage d'attelages de bœufs, on considère que
l'effet du hasard. 8 bons bœufs travaillant constamment, el qu'on ne veut
Entrons maintenant dans l'examen des élé- pas accabler de fatigue, lonl autant d'ouvrage que 4
mens qui servent à mesurer économiquement chevaux (rapport du travail journalier d'un bœuf à ce
le travail. lui d un cheval, 3/3); c'est aussi le chiffre que donne Sih-
claie, qui regarde ce rapport comme un ternie moyen
1° La quantité de travail. Elle «e mesure ordi- parmi tous ceux fournis par les partisans des bœufs en
nairemenl en mécanique par le poids qu'un moteur élè Angleterre. M.Bum ER,dans»on Manueld'agriculture,
ve, dans un lempsdonoé, à une certaine hauteur, et donne aussi ce même rapport; mais il ajoute que toutes
dans les applications usuelles par la résistance vaincue circonstances égales, il lui parait que les bœufs travail
ou le poids transporté à une certaine distance dans un lant toute l'année donnent l/i de moins d'ouvrage qu'un
même temps. Dans les travaux ruraux, le temps donné même nombre de chevaux (rapport, 3/4). Dans le
est le nombre d'heures de travail effectif qu'un animal comté de Gloucesler , 8 bœufs de la race d'Hercford ,
fournil dans l'année, et la résistance est celle que les nourris avec du foin et de l'herbe verte, sont regardés
inslrumens ou les véhicules opposent aux efforts que dans les travauxde labourage comme égaux a 4 chevaux
font les moteurs pour les mettre eu mouvement. Celte ( rapport, 4/s). M. de Dombasle , qui pendant plu
résistance ( st variable suivant le travail; mais on se sert sieurs années a fait exécuter une partie des travaux de
souvent en économie rurale de celle qu'on éprouve son établissement par des bœufs du poids de 360 kil.
pour labourer la terre et qui offre en général le travail environ, nous apprend que l'expérience lui a démontré
le plus pénible qu'il y ail à faire sur un établissement qu'on pouvait constamment obtenir de ces bœufs ferrés
et celui qui s'y exécute avec le plus d'étendue aux prin des 4 pieds, nnurris]en abondance à l'établi*, et dans des
cipales é|wques de l'année. journées de travail de 9 heures en 3 attelées, les 4/5M du
La quantité de travail qu'on peut tirer d'un animal travail que peuvent exécuter des chevaux de taille ana
dans le cours d'une année, sans altérer sa vigueur et sa logue, rapport qui nous parait en effet le plus exact et
santé, dépend principalement de sa masse,de son éner le mieux constaté , quoiqu'il ne manque pas d'exemples
gie musculaire et du régime qu'on lui fait suivre. On nombreux en Angleterre d'attelages de bœufs faisant
peut accroître ceae quantité pour un même animal par autant d'ouvrage que des chevaux dans des circonstan
un bon mode de répartition des labeurs dans le courant ces a peu près semblables , etc.
d'une année, et une distribution économique des heures Pour être à même de comparer avec certitude la
de travail et de repos pendanl la journée, par une bonne quantité de travail annuel des chevaux et des bœufs, il
combinaison dans la force des bêles qui composent les est nécessaire de se rappeler que ces derniers, dans le
attelages, par l'attention qu'on prend pour dresser el cours d'une année et sur un même établissement, ne
conduire ces animaux et les soins hygiéniques qu'on leur peuvent, à cause des circonstances atmosphériques et de
donne, par une nourriture abondanlcel substantielle, l'état des chemins dans les diverses saisons, être en-
par l'emploi d'inslruiuens perfectionnés et des meilleu vujrés deliors et attelés aussi souvent que les chevaux, et
res machines, par un bon mode d'attelage et l'emploi fournissent par conséquent dans une année un nom
des appareils de tirage bien conçus et parfaitement bre moindre de journées el d'heures de travail que ceux-
adaptés a la conformation des moteurs; enfin, en ne con ci. Ce nombre est très variable suivant les localités et
fiant ces moteurs pour les faire fonctionner qu'à des dépend en grande paitie, en supposant une distribution
agens actifs, honnêtes et expérimentés. également habile des labeurs el une bonne administra
Mous nous occuperons dans uu autre chapitre de la tion, du climat et de la nature du sol.
quantité absolue de travail qu'on peut obtenir d'un che M. Blocs., qui habite la Silésie sous une latitude à
val ou d'un bœuf, de taille et de force moyennes , peu près semblables celle du nord de la France ou de
dans les circonstances les plus ordinaires; ce qu'il im la Belgique, nous informe que ses nombreuses investi
porte d'établir ici, c'est le rapport entre la quantité de gations sur les terrains variés de sa province lui ont
travail du 1er de res animaux et celle que fournit le se démontré qu'on pouvait, relativement au nombre de
cond lorsque les circonstances sont les mêmes pour l'un journées de travail des animaux, classer les sols de la
comme |iour l'autre, c'esl-à dire lorsqu'ils sont de bon manière suivante :
ne race, de taille et de forces analogues , bien dressés, lr* Clause. Terrain* élevés, faciles à travailler et
entretenus, nourris et conduits avec les soins convena qu'on peut labour, r sans désavantage, S» heur, après
bles et appliqués à un même liavail. la pluie kl plus abondante.
Les docuiuens qu'on trouve sur ce sujeldans les écrits S" Classe. Terrains bas, humilies, qui ne peuvent
des agronomes de tous les pays présentent des discor être labourés ou parcourus |iar les animaux attelés après
dances considérables qui soûl dues en grande partie à une pluie abondante qu'au bout de plusieurs jours.
(l) Ce rapport nous parait remarquable en ce qu'en prenant le rapport delà quantité de travail journalier assigné
par M. de DuMAsLi pour le bœuf et le cheval ou 4/5", et le multipliant par le nombre des journées de travail
fournies dans l'année par ces animaux, suivant M. Blocx comme on va le voir plus bas, on obtient les nombres
030 el 1438, 840 el 1380, 780 et 1380 qui sont, en effet, à fort peu près entre eux daus le rapport de 65 à
107.
chap. 4*. COMPOSITION DES ATTELAGES. 433
3" Classe. Terrains bas , compactes , argileux , im tionsà remplir pour atteindre celte perfection étant va
perméables et pourvus en ou Ire de mauvais chemins. riables avec la naturedes travaux.
En tenant compte ensuite (les jours fériés et de ceux C'est uu fait qui parait démontré que les bœufs atte
où il est impossible de travailler la terre, de faire rou lés au joug soûl plus propres que les chevaux aux la
ler les véhicules ou mettre les animaux dehors, il a bours, elque leur travail, surtout dans les sols argileux,
trouvé que le nombre des journées de travail élait en tenaces, pierreux ou monlueux , ou quand il s'agit de
moyenne : défoncer à 9 ou 12 po.de profondeur, ou de rompredci
galons ou de vieux pâturages, est exécuté d'une manière
«ouH LU ron lu plus régulière et plus parfaite. Ainsi, dans les fermée
tteurt. où les terres ont été négligées el sonl en mauvais état,
celles où l'on a besoin de labours soignés el multipliés ,
on peut employer les bœufs à ces trauvaux , quoique
sur les terres furies, qui ne produisent pour eux que
de la paille el du foin, leur nourriture soit plus dispen
dieuse que sur les terres d'une moindre cohésion , plus
l les terrain* de ire cl f( ira»ai
irflTi d'été
IriT d tmer LOO 186 [ %3o propres à la culture des racines qui conviennent mieux
■- tr*T. d'été
M If. | Inr. d'hiver 174 à ers animaux. Les bœufs sont également employés
96 ,J 7° avec avantage dans tous les autres travaux qui exigent
a. j'r" d'été 1*8 y5i>
| Ira?. d'iiirer y a des efforts soutenus et paliens, el on peut les appliquer
au manège, aux transports sur les terrains escarpés , à
l'extraction des bois des foré.s, etc. Ces animaux pa
Quant au nombre d'heures dont se compose la jour raissent perdre une parlie ce leurs avantages quand on
née des bêles de trait, il l'évalue terme moyen, à II les attelle au collier, mais ils sont alors plus lestes et
heures pour les jours d'élé, et à 8 pour ceux d'hiver; font plus d'ouvrage.
ce qui donne pour le nombre d'Iieures de travail de Les chevaux de leur côté sont moins pesans que les
l'année, les ré*uliais suivans : bœufs; ils plombent inoins les terres labourées et leur
conservent mieux leur élasticité cl leur légèreté, ce qui
[.Dann les terrains. Pour les chev.iui. Pour les bœufs. les rend [ lus aples aux hersages et autres façons qu'on
de lr* classe. donne auxchamps,etqui, n'offrant qu'une faible résis
S83B. . 3168. tance, peuvent être exécutés avec célérité. Ce sont aussi
. 8684. . . 1993. ces animaux auxquels on doit donner la préférence quand
3' . . 3474. . . 1804. il s'agit de transports, surtoulde ceux qui se font au loin
et avec rapidité ou qui ont lieu dans des routes diffici
M. de Dombasle, malgré tout le soin qu'il a mis à les et en mauvais élat.
régler chez lui le travail des attelages, de manière à em Le directeur de Rovillc nous apprend (Ann. t. 1",
ployer ses chevaux toute l'année cl à peu près sans in p. 1 64 ) qu'il a appliqué sans inconvénient ses bœufs
terruption, nousapprend fAnn.de Rovillc, t. VI, p. 89), à tous les travaux de culture autres que les labours,
qu'il n'a pu parvenir à obtenir plus de 241 journées qu'il lesaallelés à la herse, à l'exlirpaleur, à la houe
moyennes de 8 h. de Irav. effectif ou 1928 h. par an à cheval, et que parloul ils se sont comportés avec au
Les quantités de travail indiquéesci-dessus pour 1rs tant de iloeiliié el de régularité que les chevaux ; mais,
bœufs sont bien moindres quand, au lieu'de les faire pour obtenir ces résultats, il faut qu'un établissement
travailler constamment , on ne leurfait faire qu'une agricole suit aussi habilement administré que celui que
seule attelée parjour. Thaer élab'il que, dans les pays nous venons de citer et que lis services divers y soient
où l'on fait ainsi travailler ces animaux, un attelage de organisés avec le même foin.
rechange de 4 bœufs fat seulement un peu plus d ou 3° La célérité du travail. La célérité est une
vrage que 2 chevaux, et même avec celte condition que chose très désirable dans tous les travaux agricoles sur-
l'allelage de rechange est conduit au charretier dans toutdans nos ilimats septentrionaux où le nombre des
les champs par un jeune garçon. Il « si des i outrées où jours favorables aux travaux agricoles est loujouis bor
le nombre des bœujs de rechange est égal coiiuiie ci- né. C'est à l'extrême mobilité des saisons en Ecosse
dessus a celui des animaux qui travaillent , d'autres que tous les écrivains anglais attribuent l'abandon gé
où ce nombre n'est que la moitié, c'est-à dire un bœuf néral des bœufs dans l'agriculture de ce pays, tandis
de rechange pour 2 qui travaillent, et d'autres enfin où que la douceur et l'uniformité du climat dans quelques
l'on n'entretient qu'un bœufdc rechange pour 4 ou 6 districts de l'Angleterre, rendant les travaux des champs
bœufs d'attelage. faciles à toutes les époques de l'année, les ont fail con
Ces dernières manières d'employer les bœufs au tra server. D'un autre cùlé, la célérité, quand elle n'ex
vail sont bien loin, comme on le voit, de faire un em clut pas la bonne qualité du travail et qu'elle ne peut
ploi économique de leurs forces; elles conviennent porter aucun préjudice à la santé ou à la vigueur des
mieux dans les établissement1 où ces animaux sont plu moicurs, esl toujours une chose ulile qui permet d'ob
tôt considérés comme des biles de rente qu'on engraisse tenir le concours de ceux-ci à un prix moindre et plus
dans le cours de Tannée et qu'il faut ménager, que avantageux.
comme des bêles de trait dont il s'agit de comparer le La célérité dans le travail des animaux suppose 3
travail à celui des chevaux. On conçoit au reste que conditions; 1° que les animaux peuvent supporter pen
dans les fermes mal administrées, où les attelages chô dant un certain temps un travail! extraordinaire ;
ment une partie de l'année el où l'on se sert d'instru- 2° que leur allure esl vive el accélérée.
mens grossiers qui nécessitent l'application d'un grand Relativement au 1™ point, le cheval en général l'em
nombre d'animaux dont on fait ainsi un emploi si peu porte
judicieux, il peut être plus avantageux d'employer des tité desurseslealimcns bœuf, el on peut, en augmentant la quan
el en les lui donnant de qualité su
bœufs, même de cette manière, que des chevaux qui périeure , obtenir de lui une quantité de Iravail très
resteraient la plupart du temps dans 1 inaction el per considérable; néanmoins, il parait démontré que le
draient annuellement de leur valeur. bœuf jouit de la même facullé ; SiitCLtm parle d'un
2" La qualité du uavail. On la reconnaît à la per habile agriculteur anglais qui, en noun issant ses bœufs
fection avec laquelle un travail est effectué , les condi- avec de l'avoine, leur faisait supporter des travaux cx-
AGRICl LTVtiE. 104e livraison. TOME IV.— 55
434 ADMINISTRATION RURALE Ltv. Wf.
traordinaires, aussi bien qu'au* chevaux; on cite en l'achat ou l'éducation des bêles de trait sont, toutes cir
France les boeufs de race auvergnate, auxquels on fait constances égales d'ailleurs, beaucoup pins élevées, jus
faire dans le Cantal, à certaines époques de Tannée, qu'à 3 el même 3 fois davantage, pour un chevalque pour
des trava il étonnans pour le transport des bois et qui un bœuf, et cette différence déjà fort importante pour nos
résistent fort bien à la fatigue. M. de Doubasle affir agriculteurs dont le capital d'exploitation est trop sou
me mêinc(Ann. de Rov., t. I, p. 165) qu'après plu vent très borné et généralement insuffisant , le devient
sieurs années d'emploi de ces animaux , il a constam encore plus par les inlérétsdeces sommesqui accroissent
ment remarqué que, dans les temps où les travaux ont d'une manière permanente le prix du travail du 1" de
-été un peu forcés dans son établissement, ses bœufs ont ces animaux ; cependant , nous croyons utile de faire
mieux soutenu que les chevaux cet excédant de fatigue observer que les bœufs de trait ne sont à bon marché
et ont inoins dépéri que ceux-ci. que parce que leur usage esl peu répandu, el qu'aussi
Quant à la rapidité de l'allure, celle des bœufs est tôt que les agriculteurs les demanderont en grand nom
incontestablement plus lente que celle des chevaux , et bre dans uncanton, la concurrence portera bientôt leur
nous avons vu que dans leurs travaux journaliers la dif valeur à un prix capable de balancer ou d'annuler peut-
férence pouvait, dans des attelages bien conduits , être être les avantages qu'on trouve dans leur emploi.
environ pour les Ie™ les 4(6" de celle des seconds; (&) Fonds d'amortissement ou prime annuelle qui
mais cette lenteur dans la marche parait, au moins dans doit servir à rétablir le capital p'-mitif d'achat quand
un asseï grand nombre de cas, êlredue plu'ôt au choix les animaux auront péri ou seront hors de service. On
d'une race qui n'est pas propr" au Irait, et i une édu peut supposer que le cheval commence à travailler a 4
cation incomplète ou mal dirigée, qu'à la nature même ans, et qu'il est hors de service i 14, et établir par con
et au tempérameit de l'animal; dans une foule de séquent celle primi annuel'e au g* du capilal ou environ
concours de charrues qui ont eu lieu un Angleterre, en 13 p. o/o. Quant au bœuf qu'un fait travaillera Bans
Ecosse et en Irlande, des bœufs, attelés par paires, ont et qu'on réforme à 8 ou 10, il n'y a la plupart Ju temps
fait autant d'ouvrage dans le même temps que les che rien a pirler au prix de son travail pour celte prime,
vaux entrés en lice avec eux. En 1803, lord Sovien- patee qu'on le revend au même laut où on I ai hèle ; sou
Yii.le produisit dans un concours de ce genre plusieurs vent même ce taux étant supérieur, l'excédant vient encore
attelages de S hœufschacun, pris pirmi ceux du pajs et en Jèilui tion du prix de son travail ; mais c'est un dés
Conduits chacun par un seul charretier, et qui délias avantage d'être obligé tous les 4 J 5 ans de renouve
sèrent en vitesse tous les attelages de chevaux appelés ler les bœufs de Irail et de dresser des attelages.
à lutter contre eux. Schwebz dans son ouvrage sur (c) Prix d'assurance sur la vie des animaux. Cette
l'agriculture de la Belgique, loin. Ivr, pag. 07, dit prime, destinée à faire face aux sinistres, tels qu'épi-
que dans quelques cantons de ce pays on attelle zootics , mort subite , maladies , blessures et accidents
souvent à la charrue un cheval et un bœuf , le graves, esl en général basée sur la valeur capitale des
t« marchant dans le sillon, et que, quoique le cheval animaux et moindre pour le bœuf que pour le cheval.
ail une abure accélérée, le bœuf le suit sans effort et Le lw, étant d'un tempérament plus rustique, est
avec une égale vitesse; il rapporte aussi qu'il a vu moins exposé aux maladies et au danger de périr. La
dans la Cam pi ne des bœufs conduisant deschars du fu prime d'assurance peut s'élever de 1/3 a 1 p. O/o du
mier et qui marchaient avec une telle rapidité qu'il capilal, quand eu sont des compagnie* d'assurances qui
avait peine a les suivie. On dit que dans le Comwall et prennent à leur charge tous les risquas à 4 et à 8 p. O/o
le Devonshire, où on attelle généralement des bœufs, ces pour le bœuf et 7 à 8 el plus pour le cheval quand il
animaux, aux temps de la fenaison et delà moisson, Taut soi - même supporter leschanccsde celtcassurance.
transporte t avec aisance et au trot les chariols vi (d) Frais de logement. Ces l'rais se composent , ainsi
des dans les champs. On a cité les bœufs de lord Schi-.f- que nous l'avons déjà vu p. 316 et 413, du loyer des
Fibld, dans ses domaines du Snssex, qui ont une al écuries, étables, magasins à lourrages et autres bàli-
lure plus relevée et plus accélérée que tous les che- mens i l'usage des animaux , ainsi que de celui des
vauxde travail du pays ; enfin , Tuhïïer recommande hangars où sont déposés les insirumens el machines
comme bêles de Irait la race de bœufs du Lancashire, avec lesquels ils travaillent. Sous le rapport du loge
qui non-seulement esl très robuste et 1res vive, mais ment, un bœuf de trait n'ayant besoin' que de 56 pi.
qui avant le corps allongé , lait des pas de 4 po. plus car., tandis qu'il en faut 75 pour un cheval, les frais
grands que les autres races, ce qui la rend éminem de son logement sont moindres que pour ce dernier.
ment propre aux iravaux qui exigent de la célérité. Ses équipages et instrumens occupent aussi moins de
Malgré ces exemples, il est certain que dans lis cas p'are.
les plus ordinaires les bœufs sont moins aples que les (e) Intérêts à 5 p 0/0 des sommes employées à
chevaux pour exéiulcr avec célérité les iravaux de cul l'acquisition des objets mobiliers à l'usage des bêles de
ture ou les transports lointains, cl que parloul où il Irait, tels que harnais el objets de selles-if , ustrusiles
sera néicssairc d'établir une succession rapide de tra décurie au détnble, el instrument el machines avec
vaux a certaines éjioques de l'année et avec le plus pe Icsquilsles animaux opèrent. Li s sommes mises ainsi
tit nombre possible de moteurs, parloul > ù IcsélabUs- en avant par tète d'animal, dans l'organisation d'une
semens sont éloignés des lieux de consommation, où ferme, sont infiniment variables suivant la nature de
les pièces de lerre sont à une grande distance de la l'exploitation, les travaux qu'on y exécute, le nombre
mai'on de ferme, etc., on devra donner la préférence de bêles qu'on attelle à chaque machine , le mode d'al-
aux chevaux. lelage ou de harnachement des animaux, etc. Alin de
4° \a- ptix du travail. Ainsi qu» nous l'avons dit , donner une idée des calculs qu'il est nécessaire d'effec
ce prix, combiné avec 'a quantité et la qualité, donne tuer pour lixer le chiffre dis inlérêls qui figuienl pour
la mesure économique de ce travail ; il convient donc les objets dé> ignés ci-dessus dans le f.nx du travail des
d'en ncherchci el d'en évaluer tous les éléuicus qu'on bêles de Irait , nous allons piésenter des exemples en
peut ranger sou» les litres suivana : supposant qu'il s'agit d'établir ce chiffre pour un che-
(n) Intérêts du /irir d'achat di s animaux ou des val de labour el pour un lœuf de trait, pourvus de tout
sommes qu'il en a coûté |«>ur leur éducation jusqu'au ce qui est nécessaire au service auquel ils sool des
moment où on les applique au travail. Ces inlérêls sont tinés et dans un établissent ni où les travaux sont dis
ordinairement calculé» sur le pied de 5 a 6 p. (I/o du tribués avec régularité et économie el où ou n'i
capital. Les sommes qu'il est nécessaire d'avancer pour jamais plus de i bèlcS.
CtiAP. 4*. COMPOSITION DES ATTELAGES. 435
I" Un cheval de labour exige les objets suivans, es (h) Éclairage des écuries on étabtes , assainisse
times à un prix moyen nécessairement variable pour ment de ces bàlimens et des objets mobiliers 4 l'usage
ebaque localité. des animaux, graisse ou vieux-oing pour les instru-
mens roulans , elc. Ces sommes sont 4 peu près les
1 collier avec dossière el traits enfer. . . mêmes pour un cheval el pour un ba?uf,el peuvenls'éle-
1 bride, chamelle, mors, bridon et ver en moyenne 4 S el 6 fr. par an pour l'un ou l'autre.
guides en cordeau . • 16 (i) Salaire, nourriture et entretien des serviteurs
1 selletle el avaloir à 18 fr. pour 2 chargés du soin des animaux. Un aide uniquement char
chevaux ; par cheval. gé de soigner el panser les bêles de trait, d'aller cher
1 chariol à 2 bêles, à essieu en fer
et son attirait à 400 fr ; par cheval 200 cher, de hacher, cuire et distribuer leur nourriture ,
t charrue de Roville avec bâlis el ver- peut aisément gouverner ainsi 8 4 10 chevaux ou 11
soir en /onte, soc en acier el laloo de re à 18 bœufs de trait, nourris pendant toute l'année à
change à 68 fr.; par cheval 34 l'écurie ou 4 l'élable. En supposant 8 des Ie™ et 12 des
l extirpaleur à pied» fîtes et socs en seconds, et qu'un aide pour ce service revient 4 420
acier à 80 fr.; par cheval 40 fr. par an (no/, p. 400;, on voit qu'il faudra porter
1 hoiie à cheval avec 4 pieds el're'gu-
Iateurà48 fr.; par cheval • 24 au compte du prix de liavail des animaux 52 fr. 80 c.
1 herse à losange a dents de fer pour un cheval, et 38 fr. pour un boeuf. On comprend
pour 2 bêles, avec sa chaîne el no- que le mode d'alimentation , les soins pins ou moins
chels à 4 G fr. ; par cheval 23 attentifs qu'on donne aux bêles et le prix auquel re
1 Rouleau en pierre et sa limonière. . . . 40 vient le travail des aides, etc., apportent des modifica
Objets divers de remise, lels que chè tions nombreuses dans le chiffre que nous venons de
vre a graisser les roues, crics , sabot et donner pour exemple.
chaîne d'enrayage, eu- ; par cheval. . (i) Nourriture et litière. Le prix de la nourriture
Objets divers d'ecorie; colTre à avoi est l'objet qui, dans les frais qu'occasionne le travail
ne , bache-paille , ustensiles de panse
ment, vaus, seaux, s«tcs, mesures à avoi d'un animal, apporte dans ceux ci lus différences les
ne, pelles, fourches, etc.; par cheval. plus remarquables. Ce prix peut varier de cent maniè
Objelsdiverf pour magasina fourra* res diverses, suivant le régimequ'on fait Suivre aux ani
get silos à racines, etc maux et le mode d'alimentation auquel on les soumet,
Total du pris des objets mobiliers ainsi que suivant les localités et les circonstances. Le
à Fu>age d'un cheval. ...... 470 mode d'alimentation lui-même est aussi modilié dans
Intérêts de celle somme à 5 p. 0/0 un même lieu par suite de la mobilité des prix du mar
parais 23,50 ché, et suivant les saisons, les travaux et surtout l'éco
3° Un boeuf de trait travaillant toute l'année et em nomie que peut procurer telle ou telle combinaison.
ployé 4 tous les travaux de la ferme a besoin des objets F.n effet, d'après les règles d'une bonncadministralion,
mobiliers suivans : la nourriture des bêtes de trait doit être réglée de telle
l joug avec tous ses accessoires. façon qu'elle revienne au prix le plus modéré possible,
t chariol avec essieu en fer à 400 fr.; mais elle doit en même temps satisfaire à la condition
par bœuf. ... • , 20 0 d'être saine, abondante, substantielle et proportion
i charrue a 68 fr.; par bxuf. 34 née 4 la quantité de travail qu'on exige des animaux.
1 «stirpaleur a 80 fr.; par bœuf. 40
J houe à 48 fr | par boeuf. 34 C'est une grave erreur de croire qu'en nourrissant le»
bêles de trait avec parcimonie et avec des alimens peu
Objets de remise, de magasin à fourra,
ge, de silos à racines, etc.; par bœuf. , B riches en matière réparatrice on fasse une économie sur
Objets d'e'iable, e;c 15 le prix de leur travail; loin de 14, ce travail devient
Total do prix des objets mobiliers à ainsi fort dispendieux. Ainsi , dans les fermes où l'on
l'usage d'un bœuf de trait. 330 suit encore l'assolement triennal aveu jachère complète,,
lote'rêu de cette somme à 5 p. 0/0. 16,5o on regarde comme une économie de nourrir les bœufs
de trait uniquement avec de la paille, et de les laisser
[f) Prime pour dépérissement etrenouvellemenldes dans l'inaction; mais ces animaux maigrissent peu h
objets mobiliers ci-dessus. Los frais d'entretien et de peu, s'affaiblissent et ne sont plus capables de grand»
renouvellement, surtout des véhicules et des inslru- efforts lors du retour de la saison des trava-ix, de sorte
mens d'agriculture, sont variables suivant la qualité et que celte nourriture peu substantielle et distribuée
la nature du sol, la viabilité des chemins et la bonne d'une main avare n'a donné cependant aucun profit à
construction de ces objets. Dans les circonstances ordi l'agriculteur puisqu'elle n'a produit ni travail, ni chair,
naires, l'expérience a prouvé qu'on pouvait les évaluer ni graisse, el que le fumier qu'elle a procuré a été en
i 28 p. O/o du capital, ce qui ferait, dans les exem petite quantité et de qualité très médiocre.
ples cités ci dessus , 117 fr. S0 c. pour les objets à En général le bœuf est moins difficile que le cne--
l'usage d'un cheval, el 82 fr. 80 c. pour ceux à l'usa val sur le choix des alimens, el sa nourritue peut très
ge d'un bœuf. Dans les sols compactes, tenaces, rem bien se composer de substances plus grossières el d'un
plis de pierres ou autres olislacles, el quand les objets prix moins élevé, mais si on veut entretenir sa santé
sont mal construits , ces frais peuvent s'élever ù 33 et sa vigueur, el surtout si on se propose de le soumet
p. 0/0 et même davantage dans les élablissemeni où tre 4 des travaux extraordinaires ou d'en obtenir la
on n'établit pas un bon mode d'organisation de surveil même quantité de travail qued'un cheval.il est néces
lance. Au reste, dans colle somme peut être comprise saire que celle nourriture devienne substantielle; il ne
un prime de 1/1 4 l/â pour 0/0 de la valeur desdits serait pas raisonnable d'exiger de bœufs nourris de
objets pourfrais ttassurance contre l'incendie. paille ou d'herbe verte seulement amant de travail
{g) Ferrure, soins du vétérinaire, médicamens. que de chevaux nourris de bon foin el d'avoine. Sous
Les bœufs dont on veut tirer Vin travail constant et qu'on ce point de vue, la différence dans les frais qu'occa
emploie à des charrois doivent être ferrés des 4 pieds. sionne l'alimentation n'est pas aussi considérable pour
Ou peut évaluer, selon les circonslancc-s , celle ferrure les 3 espè.-es qu'on est généralement (>orlé 4 le croirej
ainsi que les frais du vétérinaire et des médicamens, a toutefois, 4 force égale dans les animaux, celte diffé
98 fr. environ pour un cheval et 4 18 ou 30 fr. pour rence parait être constamment en faveur <lu l œuf.
an boeuf. Nous n'essaierons pas de calculer le prix du travail
'436 ADMINISTRATION RURALE. uv. vit.
des bêtesdetrait dans tous les modes possiblesd'alimen- titéde fumier produite dans ce cas sera de2k.il. 500
talion, parce qu'un pareil travail n'aurait qu'une mé gram. ( ou, pour une liv. d'alim., de S liv. * on. 6 gros
diocre utilité pratique; mais nous croyons qu'il est au 28 grains de fumier).
moins essentiel de présenter un exemple de la manière En reprenant l'exemple que nous avons donné ci-
d'opérer dans ce cas, parce que cet exemple nous ser dessus, de la consommation annuelle d'un cheval , et
vira plus loin à établir la mesure économique du tra réduisant le tout en poids et en kilogrammes, nous au
vail des animaux.Nous «upposoiis ici que les bé'esdetrail rons :
pour lesquelles il s'agit de calculer les Irais de nourriture klL
et de litière sont nourries constamment à I écurie ou à - Foin 3680
l'étable, qu'on exige d'elles un travail soutenu et éner Avoine, 22 hect. a 46 kil. l'hect. . 900
gique pendant tout le cours de Tannée, elque l«*ur nour Paille pour nourriture et litière. 8737
riture est suffisamment abondante et réparatrice pour Son, l/2 hect. à 24 kil. l'hect. . 12
entretenir leur sa nié et leur vigueur. Total du poids annuel de la
Exemple du calcul des frais de la nourriture et de la nourrit, et de la lit. d'un cheval. 7389.
litière d'un cheval de taille moyenne, de 2*6 à 950 kil. Multipliant ce poids parle rapport 2,3, nous aurons
pour la quantité annuelle en poids de fumier produit
Foin, 10 kil. parjoar, ou 36,50 quint. par un cheval dans les conditions pré
mil. par an, à 6 f. le quiot. . 319 cédentes 16,994 kil.
Avoine, 6 Ut, par jour ou 33 hect. par ou environ 170 quint, mét.
an, à 7 f. l'hect 154 En faisant la même opération pour la nourriture du
Pzillc hachée ou brute pour aliment, bœuf, et en observant de ne porter les pommes de terre
5 kil. par jour ou 18,25 quiul. moi. par qu'on lui distribue que pour la moitié de leur poids,
ao à 1 f. 6a c. le quint 30 15 parce que ces alimens sont à l'état Trais, on trouvera
1'° eau blanche, recoupet- que le poids de la nourriture annuelle et de la lihère
tea, etc.) 1/2 n*ct 1 25 d'un bœuf, est de 7,293 kil.
Total «lu prix delà nour. d'un cheval. 404,40 Qui, multipliés par le rapport 2,3, donneront pour
Paille pour litière, 2 t/2kil. p^rjour,
ou 9,12 quint, me't. par an, à 1 fr. 65 c. 15, 10 la quantité annuelle de fumier fournie par un bœuf de
trait, dans les conditions précitées. . . 16,77-1 kil.
Total du prix de lanourrilure et de
419,50 ou Les environ 168 quint, mét.
la litière d'un cheval quantités annuelles de fumier fournies ainsi par
les animaux de trait ne profitent pas entièrement à l'é
Exemple du calcul des frais de la nourriture et de la tablissement rural pour lequel ils travaillent, parce
litière d'un bœufde 380 a 400 kil., et nourri toute qu'une partie des matières solides et liquides de leurs
l'année à l'étable. déjections est pcidue sur les roules et 1rs chemins où
Nourriture eVèli. ils les répandent. La plupart des agronomes évaluent
ordinairement la perle qu'on éprouve ainsi à la moitié
Trèfle vert , 56 kil. par jour équivalents fr. c. de ces quantités; nous croyons qu'elle ne peut être
k 14 kit. de trèfle sec i pendant 5 mois aussi considérable, et que des chevaux ou des I neufs qui
ou 150 jour*, 21 quint. met. à 4 f. le quint. . . 84 labourent ou sont occupés à d'autres travaux sur les
Paille de froment, 3 i/3 kil. par jour,
ou pour 1 50 jours, 3,75 quint, m. à 1 1'. 65. 6 20 terres d'une ferme, répandant sur ces terres un partie
Sel, 25gramm. par jour, ou 3,75 kil. de leurs excrémens pendant les heures de travail , cel
pour 150 jours, à 35 c. le kil 1 30 les-ci en tirent toujours quelque profit, cl qu'en éva
luant, lerme moyen, pour tous les terrains, cette perte
Nourriture d'hiver. au lien seulement de la quantité que les animaux pour
Pommes de terre, 2 kil par jour, ou raient produire s'ils restaient constamment à l'écurie,
42 quint, met. pour 21 5 jours, à2 fr, 50 c on approcherait plus de la réalité. Dans les exemples
le quiut 105 choisis on aurait alors 113,3 quint, pour le cheval, et
Paille de froment, de seigle ou d'avoi t 1 £ quint, pour le bœuf.
ne, 5 kil. par jour, ou 10,75 quint, met.
pour 21 5 jours, à 1 fr.65 c. le quint. 22 90 quiNous proposerons pour cet objet une autre méthode
nous parait plus ralionnellr, et qui consiste a compa
Foin, 2 1/2 kil. par jour, ou 5,4 0 quint,
me't pour 215 jours, u 6 fr. le quint. 32 40 rer le nombre d'heures contenues dans l'année avec
Total du prix de la nourr. d'un hceuf. 251 80 celui où les animaux sont dehors pour leurs travaux, et
à réduire proportionnellement à ce dernier nombre la
Paille pour litière, 3 kd. par jour, ou
lt quint, me't. par an, à 1 fr. 65 c. 18 quantité de fumier qu'on obtiendrait d'eux dans le cas
Total du prix de la nourriture «l de d'une stabulation petmanente.
la litière d'ua bœuf de trait. 269 80 Ainsi, il y a 8,700 heures dans l'année, et en se re
portant au tableau de la p. 433, on voit que dans un ter
(f) Fumiers. Les bêles de trait ne paient pas uni rain de la Isolasse, par exemple, un cheval peul don
quement par du travail leur nourriture et les soins ner 2836 heures de travail; retranchant donc de 170
qu'on leur donne ; e'Ies remboursent encore une partie quint un nombre proportionnel à 2,858, on le réduit
des avances qu'on a fait pour cet objet par des fu à 120 quint, qui est la quantité de fumier qu'on doit
miers qui ont une valeur importante pour l'agriculteur. obtenir d'un cheval dans les circonstances proposées 5 en
La quantité de fumier que fournissent annuellement un faisant la mètne opération pour le bœuf de Irait qui ne
cheval ou un bœuf de travail dépend de leur race, de fournit que 168 quint, et 2,168 heures de travail
leur taille, de la quantité ou poids cl de la qualité des dans le même terrain, on trouve >26,S quint, pour la
alimens qu'on leur fait consommer. quantité réelle de fumier qu'il donnera en un an dans
Dans un autre chapitre nous nous occuperon - d'éta les mêmes circonstances.
blir le rapport en poids du fumier produit aux alimens Au reste, on conçoit que ces évaluations n'ont d'au
consommés ; il nous sul'lira de dire ici , pour l'objet que tre but que de faciliter, lors de l'organisation d'un do
nous avonsen vue, que ce rapport est terme moyen des,3, maine, les calculs propres à établir approximativement
c'est-à-dire que si on suppose qu'on ait fait consom le prix du service des animaux de travail; il est en
mer à un animal t kil. par exemple d'alimcns, la quan- suite aisé, après quelques annéesd'une exploitai ion régi»
CHAP. 4*. COMPOSITION DES ATTELAGES. 487
lière , de mesurer directement la quantité de fumier seul charretier, sont aussi économiques que
fournie par ceux-ci. et de la porter pour sa valeur réelle le transport de ce même fardeau par 3 ou 6
dans la comptabilité, en se rappelant toutefois que le attelages de 2 bétes ou d'une seule, conduits
fumier de boeuf a une valeur plus élevée que celui du par 2 ou plusieurs serviteurs, etc.
cbeval, parce qu'il est plus propreà diverses cultures.
Celle valeur ne peut pas au reste être fixée arbitrai $ II . — De la mesure économique du travail dea ' '
rement dans les calculs d'évaluation ; en effet, puisque attelages.
dans le compte du prix du travail des bétes du trait,
ainsi que nous venons de l'établir, on porte les denrées Lorsqu'on organise le service des attelages
consommées par eux au prix du marché, quoique pri il importe d'avoir sous les yeux l'enquête
ses sur la ferme, et qu'on y fait figurer les soins qu'ils qu'où a dû faire avant d'acquérir la jouissance
exigent au prix courant de ces services , il est clair qu'on d'un fonds, et tous les élémens qui ont servi
doit de mime porter au crédit de ce compte les fumiers à son estimation. Au moyen de ces documens
suivant leur prix courant, c'est-à-dire le prix auquel on est à même d'évaluer les ressources dont
on pourrait communément en vendre ou en acheter on pourra disposer pour l'alimentation des
dans le pays, déduction faite des frais de transport. bêtes de trait, tant en produits de la ferme
qu'en denrées achetées à l'extérieur, ainsi que
Avant de terminer ce paragraphe, nous fe le prix d'achat des animaux et celui de tous
rons observer cju'il est des circonstances qui in les objets mobiliers à leur usage; c'est ainsi
fluent nécessairement sur le choix que l'agri qu'on peut parvenir à établir le compte du
culteur doit faire entre l'une ou l'autre espèce prix du travail, soit pour les chevaux, soit pour
de bêles de trait ou qui peuvent au moins le dé les bœufs, suivant des régimes ou modes d'a
terminer à composer ses attelages en partie limentation divers, mais également propres à
de chevaux et en partie de bœufs. Ainsi, dans leur conserver leur énergie et leur santé, et
les fermes où l'on recueille en abondance des à découvrirla combinaison qui donne la même
herbages grossiers, il y a de l'avantage à les quantité de travail rapide et de bonne qualité
faire consommer par des bœufs; dans celles au prix le plus modéré, ou celle qui au même
oit les fourrages sont acides, il vaut mieux au prix donne un travail d'une plus haute va
contraire entretenir des chevaux qui mangent leur.
volontiers cette espèce de foin, que des bœufs Afin de présenter un exemple de calculs
qui les refusent. Dans les lieux oit on se pro pour mesurer sous le point de vue économi
cure aisément des résidus de sucreries, de dis que le travail des bêles de trait, nous suppo
tilleries, de féctileries, elc, il est présumable serons qu'il s'agit de comparer le prix du tra
qu'on obtient à bon compte le travail des vail d'un cheval et d'un bœuf de force et de
bœufs. Un agriculteur qui se livreà l'éducation taille analogues et moyennes, dans un établis
des chevaux de trait et de travail et qui peut sement qu'on organise, où la terre produira
faire exécuter des labours légers ou quelques tout ce qui sera nécessaire à l'alimentation de
travaux faciles aux poulains de 3 ans, comme l'une ou de l'autre espèce, où le sol peut être
ou le voit en grande partie dans la Seine-In rangé sous le rapporl de la difficulté du tra
férieure, l'Eure, le Calvados, etc., obtient vail dans les terrains de la 1™ classe, et en ad
ainsi du travail à bon marché. Un établisse mettant que les attelages ne se composent que
ment, placé au sein d'un canton où existent de 2 bétes qui travaillent loute l'année et sont
de nombreuses foires pour l'achat et la vente indistinctement appliquées à presque tous les
des bœufs, trouvera sans doute de l'avantage travaux de culture.
à composer en totalité ou en partie ses atte Cela posé , nous allons établir notre calcul
lages avec ces animaux, surtout si les chevaux en empruntant les principaux élémens au pa
y sont rares, d'un haut prix ou de race ché- ragraphe précédent.
tive.
Enfin nous rappellerons que lorsqu'on éva Prix du travail d'un cheval de taille moyenne.
lue le prix du travail des bêles de trait, il est Prix d'acquisition 600 fr.
indispensable de prendre encore en considé Harnais, instrumens et autres objets
ration \eprix du travail des aides agricoles qui mobil. à l'usage de cet anim. (p.Â35). 470
fonctionnent avec ces animaux , pendant tout 970 "
le temps que ces 2 sortes d'agens sont ensem fr. r. «
ble en activité. Ainsi, il est des pays où un Intérêts de cette somme â 5 p. 0/0 48 So
serviteur qui conduit les bœufs est moins ré Prime d'amortissement pour dépe'ris-
tribué que celui qui dirige un attelage de che sement de l'animal, i/He du capital 62 50
vaux; mais en outre il faut faire attention, Prima d'assurance sur la vie, 8 p. 0/0
lorsqu'on veut connaître la combinaison la du capital 40 ■
plus économique, qu'il peut arriver que 4 at Frais de logement ( p. 256 ) 17 50
telages de 2 chevaux, conduits chacun par objets Dépérissement et renouvellement des
un seul homme, soient moins dispendieux que mobiliers, 25 p. 0/0 du capital 117 50
Ferrure, soins du vétérinaire , mo'di-
5 attelages de 2 bœufs qui ne font que le même camens 35 ■
travail et exigent 5 charretiers pour les diri Eclairage des e'euries, assainissement. ... 5 ■
ger, et que bien souvent le travail d'un atte Salaire , nourriture et entretien d'un
lage de 4 chevaux obéissant à la voix d'un seul serviteur. S2 50
homme, reviendra moins cher que celui de 5 Nourriture et litière 419 50
bœufs qui nécessiteront l'emploi de 2 aides et 78S
feront au plus autant d'ouvrage, et enfin, A de'duire pour 120 quint, me't. de
que dans les transports sur les routes, il faut fumier , à 1 fr. 10 c. le quintal. 132
calculer si des attelages de 4, 5 et 6 chevaux Total du prix du travail annuel d'un
traînant un pesant fardeau et dirigés par un cheval. G5S
438 ADMINISTRATION RURALE. L.IV. VU.
Ainsi, arec le mode d'alimentation proposé, et dans 1rs tion réelle et immédiate, des principes que nous avons
circonstances mentionnées , les Trais pour l'entretien posés dans le court de ce titre.
d'un cheval reviendraient en moyenne, pendant tout le
cours de l amine, a environ I fr. 80 c. par jour, etcom- Dans le calcul que nous venons de présen
me sur le terrain de t™ classe donlil est ici question ter ou voit que le prix de la journée de tra-
il donnerait ïps jours de travail , on voit que ces jour — vail:i du
.1 .. Ibœufc s'est. élevé
'1 ; à, 1. V_
fr. 83 c._ que
nées reviendraient à 3 fr. 30 C. celle du cheval est restée à 2 fr. 30, et que si
Le nombre d'heures de travail effectif dans le cours on parvenait à faire une économie de 47 c. sur
de l'année étant sur ce terrain de a, 83», chacune d'elles la journée de ce dernier, en employant à sa
coûterait en moyenne 43 c. a peu près. Dans les ter nourriture, soit des carottes, soit des pommes
rains de ie cl 3" classe, celle heure de travail revien de terre cuites, des rutabagas ou tout autre,
drait à 34 c. ijt et 36 c i/3 dans les mêmes circons sans diminuer sa vigueur, son énergie et la
tances. quantité de son travail, non-seulement ce tra
vail ne reviendrait pas plus cher que celui du
Prix du travail d'un bœufde poids bœuf, mais serait en outre exécuté avec
Prix d'acqnisilion 140 plus de promptitude.
Harnais, iuslrumens et autres ob Ces résultais changeraient bien plus encore,
jet* mobiliers. 330 si au lieu de faire constamment travailler l'at
telage de 2 bœufs on en employait tin de re
change par jour, ou si on avait 2 relais de
Inie'reti de cette somme k S p. 0/0. . . bœufs par journée de travail ; les prix seraient
Piime d'ass. aurlavie, op. 0/0 du cap. bientôt en faveur des animaux de l'espèce
Frai* de logement chevaline. Il en serait de même si les bœufs
Dépeïissemenl des objets mobiliers étaient d'un faible poids, mal dressés, indo
35 p 0/0 du capital ciles, d'une allure très lente et conduits par
Ferruie, soins du véte'rinaire, etc.. des valets mal disposés en faveur des atte
Eclairage des etabtes, assainissement. . lages de celte espèce.
Salaire, nourriture et entretien d'un Nous croyons inutile de faire connaître le
serviteur.
Nourriture et litière. prix du travail des attelages dans divers pays
ou dans des établissemens agricoles renom
A déduire pour 196,5 quint, met. de més par la perfection ou la régularité de leur
fumier, h I fr. 20 c. le quint 151 80 administration, parce que la plupart des ter
Total du prix du trav. ann. d'un bœuf. . . mes qui concourent à composer ce prix sont
306 » extrêmement mobiles et souvent peu compa
Ainsi, dans les conditions indiquées , les frais de nécessité où l'on mais
rables entre eux;
est
nous insisterons sur la
d'imprimer dès l'origine
toute nature pour l'entretien d'un bœuf penJant tout
le cours d'une année sont de 84 c. environ par jour, une bonne direction à ce service, puisqu'il
et ceux de sa journée de travail, dont on ne compte est évident d'après les détails dans lesquels
dans le terrain de l,e classe que 330 par an, de 1 fr. nous venons d'entrer qu'on éprouve une perte
33 c. Les heures de son travail dans ce terrain, qui journalière considérable en laissant les atte
(ont au noubre de 3,168 , reviendraient donc à 14 c. lages dans l'oisiveté, ou plutôt que la petite
quantité de travail qu'on leur fait exécuter
t/s.dans 1rs terrains de 3e classe à 18 c. 1/3 elàprès dans le cours d'une année revient, clans ce
de 17 c. dans ceux de 3". cas, à un prix excessif. En vain cherche-t-on
Kn se rappelant maintenant qu'un bœuf bien dres dans ce
sé, de bonne race, et conduit convenablement, ne four qu'on faitmode vicieux à compenser les pertes
nit dans une journée de travail que les 4^8'de l'ouvrage maux pendant ainsi en diminuant la ration des ani
que peut faire un cheval de taille et de force analo faiblissent insensiblement les jours de repos, ceux-ci s'af
, perdent par le re
gues, on voit que, s'il s'agissait, par exemple, d'un tra pos
vail qu'un attelage de 3 chevaux peut exécuter en l plus l'habitude du travail et n'en fournissent
qu'une quantité minime quand on vient
fr. c. a les atteler et à en exiger des services.
jour, ce travail ainsi fait coulerait. . 4 Cu
Que ce même travail ne serait accom $ III. — Des attelages de vaches et de taureaux.
pli, par un attelage de 3 bœufs, qu'en 1 1/4
de journée de travail qui coûterait . 3 33 On a souvent demandé s'il convenait d'atte
Somme a laquelle il conviendra d'ajou ler les vaches et de leur faire exécuter des
ter, en supposant que chaque atlelage soit travaux sur un établissement rural. Beau
conduit par 1 seul charretier recevont un coup d'agriculteurs ont pensé que le travail
mime salaire, l/l de journ. de charr. ou 35 exécuté par ces animaux était le plus écono
Différence en faveur de l'altel. de bœuf. » 03 mique de tous, quand cette opération était
bien conduite. L'ai litre des vaches est plus vive,
II resterait maintenant à examiner si cette diffé plus franche et presque aussi rapide que celle
rence de 93 c. en faveur du prix du travail journalier des chevaux, surtout si elles sont dressées de
des bœufs sera réellement avantageuse à l'établisse bonne heure; leur force moyenne est les 2/3
ment ; s'il ne serait pas plus profitable de faire le sacri de celle d'un bœuf de mèmerace;on peut les
fice de celte somme atin d'obtenir un travail plus accé atteler pendant 3 à 4 mois de la gestation, le*
léré, de meilleure qualité, ou plus conforme aux con employer sans inconvénient à la charrue, à la
ditions par iculiéres dans lesquelles le domaine se trouve herse, à l'exlirpateur, aux charrois, et elles
placé. C'est une question qui ne peut être qu'indi n'en donnent pas moins un veau fort et bien
quée ici, et nou pas résolue d'une manière générale, constitué. Le lait diminue en quantité (de
tout dépendant de circonstances que l'administrateur 1/4 environ ), mais ce produit a une valeur
est seul capable d'apprécier quand il fait une applica bien peu considérable clans beaucoup d'éta-
chap. 4: FORCE ET NOMBRE, DES ATTELAGES. 439
blissemens, et si on a l'attention d'augmenter i Dans le Cantal, lus taureaux sont aussi dres
la ration des vaches qui travaillent et de ne sés et attelés entre 2 ou 3 ans, époque à la-
les fatiguer que modérément, la qualité s'a 3uelle leur force n'est calculée que la moitié
méliore et sa quantité revieutaisémeut quand e celle des bœufs dans la-force de l'âge, et
la vache se repose pendant quelque temps. dans la belle ferme-modèle du Ménil-Saint-
D'un autre côte, on fait aux attelages de Firmin (Oise), on fait un emploi avantageux
vaches les reproches suivans : Ils exigent de la force de ces animaux en les attelant au
pour le labourage des animaux de très forte manège.
race, si l'on ne veut pas perdre l'avantage de
n'atteler à la charrue qu'une paire de bêles Section IL — De la force et du nombre des
et de la faire conduire par un seul homme, et attelages.
obligent à entretenir un trop grand nombre
de bêtes de trait, puisqu'el les sont moins fortes Le choix des animaux qui doivent compo
que les bœufs, font moins de travail et doi ser les attelages, les formes extérieures, les
vent d'ailleurs être plus ménagées que ces qualités qu'il est utile de rechercher dans
derniers et ne faire même qu'une attelée par ceux qu'on destine au travail, la manière de
jour, surtout quand elles sont pleines. Cette les élever, de les soigner, de les nourrir et de
augmentation d'animaux de travail accroît les les diriger ont donné lieu à d'importants dé-
frais de harnais, de logement, d'aides pour veloppeniens dans le livre III, où l'on s'oc
les conduire et les soigner, et tous les genres cupe spécialement des animaux domestiques;
de risques sur les bestiaux. Les vaches sont il ne nous reste donc à présenter et à discu
souvent indociles, et commeon ne peut les faire ter que quelques questions générales qui inté
travailler continuellement, on ne peut évi ressent l'administrateur, principalement au
ter, eu les attelant au joug, de les changer de moment où il organise le service de ses atte
main, ce qui apporte des difficultés et des len lages. Ces questions sont relatives à la force a
teurs dans le travail. Au collier, il est bien dif donner aux attelages et au nombre de bêtes
ficile de les maîtriser, et elles exigent, si on de trait qu'il convient de réunir sur une ex
ne veut pas que leur emploi devienne onéreux ploitation rurale pour y exécuter tous les tra
à l'établissement, des soins plus assidus que vaux.
les autres bêtes de Irait. Enfin, les bêtes de
rente ayant une destination et une économie $ Ier. — De la force des attelage».
spéciales, il ne parait pas qu'il puisse être
avantageux d'exiger du travail et de tirer des Parmi les labeurs qu'exécutent annuelle
produits journaliers d'un même animal. ment des attelages sur un fonds rural, nous
En balançant ces argumens les uns par les avons déjà reconnu que les travaux de labou
autres, on reconnaît aisément qu'il n'y a guère rage étaient les jilus pénibles, les plus multi
que chez les petits exploitons chez qui l'achat pliés et ceux qui nécessitaient des efforts plus
et l'entretien des chevaux serait trop dispen soutenus et une plus grande vigueur dans
dieux et où cet animal resterait oisif la ma les animaux, et que c'étaient ceux par consé
jeure partie de l'année; qu'il peut être conve quent qu'on pouvait prendre pour exemple
nable de faire travailler les vaches et de les pour établir la commune mesure de la force
eniployerà tous les travaux ruraux; que c'est motrice qu'il convient d'accumuler sur un
là surtout qu'elles reçoivent les soins attentifs fonds pour y effectuer tous les travaux qui
qu'elles réclament dans ce cas. C'est dans ces sont le partage du service de ces attelages.
circonstances que les vaches sout employées Avant de nous engager dans la discussion
dans le Cantal aux charrois et aux labours , des principes qui règlent la mesure de cette
qu'en Toscane, dans le val de Nievole, où l'a force, disons un mol sur ce qu'on entend par
griculture est si florissante, on attelle cons force ou puissance d'une bête de trait.
tamment les vaches à la charrue, et que les La puissance d'un animal pour vaincre une
petits cultivateurs des environs de Hambourg résistance quelconque, et en faisant abstrac
labourent tous leurs fonds avec deux va tion de la vitesse du mouvement, se compose
ches, etc. Néanmoins quelques personnes de 2 élémens: 1° son énergie musculaire, qui
persistent à penser que, dans les exploitations varie avec chaque animal suivant sa race, sa
étendues, on pourrait entretenir avantageuse conformité, son tempérament et son régime :
ment quelques attelages de vaches toutes 2" sa masse, qui est également variable d'un
dressées qui serviraient au transport de l'herbe animal à l'autre. La masse se mesure par le
verte, aux légers charrois, et qu'on emploie poids des animaux. Ce poids, dans la plupart
rait surtout dans les sols meubles et légers d'entre eux et pour une même espèce, est
lors des semailles, de la moisson et des tra firesque toujours proportionnel à leur vo-
vaux urgens. ume ou espace géométrique qu'ils occupent,
Certains agriculteurs anglais préfèrent aux de façon qu'on peut dire d'une manière gé
vaches ordinaires et même aux bœufs le free- nérale que les animaux qui ont la taille la plus
martin, sorte de vache stérile qui naît dans 1 haute avec la plus forte carrure sont aussi
une même portée avec les veaux mâles, ou ceux qui ont le plus de masse ou qui offrent
bien choisissent les vaches châtrées. Les Ie" ani le plus grand poids. Généralement parlant,
maux sont généralement robustes et actifs et enlre 2 animaux qui ont la même énergie
font, dit-on , quand ils sont nourris convena musculaire, celui qui aura le plus de masse,
blement, presque autant d'ouvrage que les che c'est-à-dire qui sera plus grand et plus gros,
vaux de bonne race. sera aussi celui qui parviendra à vaincre avec
Dans d'autres pays on dompte les taureaux un même effort une plus grande résistance
et on les applique aux travaux agricoles. Cet ou à faire dans un temps donné une plus
usage est commua en Italie et eu Espague. grande somme de travail, et qui l'emportera
'440 ADMINISTRATION RURALE, lit. vu.
à cet égard sur un animal de taille et de cor dans ce comté, où l'on élève des chevaux de taille colos
pulence moindres. L'énergie et la masse, eu se sale et auxquels un prodigue l'orge et les autres alimens
combinant dans des proportions infiniment substantiels, il y a des fermes où l'cntreliend'un allelage
Variables, donnent aussi des animaux de puis de ces animaux est d'un prix aussi élevé que le loyer
sances très différentes, et chez lesquels cette du fonds où ils travaillent; ces chevaux qu'on achète à
force ou puissance est due pour les uns à la 2 ans et revend à 6 aux entrepreneurs de roulage de
Ïtrédominance de l'une ou l'autre de ces qua- Londres, et qu'on est obligé de ménager pour qu'ils at
ités, et chez les autres à une heureuse com teignent toute leur taille et leur beauté, remboursent
binaison de toutes deux. rarement ainsi et par leur travail le prix exorbitant
Ceci bien compris , on demande quelle est de leur enlreiien. Dans quelques endroits de l'Allema
la force qu'on doit donner aux attelages ou, en gne et de la France, où l'on a voulu appliquer au trait
d'autres termes, comment ils doivent être les bœufs de la grosse race suisse qui pèsent ordinaire
composés pour vaincre de la manière la plus ment de 700 à 780 kit. , on a trouvé que ces animaux
complète et la plus avantageuse la résistance payaient peu avantageusement par leur travail les frais
constante qu'ils éprouvent dans des travaux de leur entretien, qu'ils étaient mous, indolens, et ne
de labourage, par exemple dans un sol de co fournissaient guère plus de travail qu'un bœuf de la
hésion et de consistance moyennes ? moitié ou même du tiers de leur poids, qui ne con
Les lois de la mécanique enseignent que, sommait par conséquent que la moitié ou le tiers des
dans toute nature de travaux, la puissance alimens qui sont nécessaires à ces gros animaux ; enfin
doit être proportionnelle à la résistance ; or, il parait constant que, dans plusieurs localités de l'An
dans les travaux de l'agriculture il y a 3 gleterre, le bon sens des cultivateurs leur a fait aban
modes différens pour rendre la puissance donner ces animaux à forte corpulence , que pendant
proportionnelle aux résistances qu'il s'agit quelque temps on avait regardé comme plus propres que
de vaincre. Voici ces 3 modes. les auircs aux travaux ruraux.
8° En augmentant te nombre des animaux qui com
1° 'En faisant usage d'aninaux quiprésentent une posent les attelages.
grande taille ou une grande masse. Celte augmentation présente des inconvénient graves
Ce mode de composition des attelages a donné lieu qui ont été signalés depuis long-temps. Il est toujours
à des discussions dont il importe de résumer ici les plus difficile de conduire 3 ou 4 chevaux dans un même
principaux arguracns, en prévenant qu'ils s'appliquent attelage que S seulement ; il est impossible, fussent-
plus spécialement aux chevaux. ils même dressés avec le plus grand soin, qu'ils ne se
Deux chevaux d'une haute stature et d'un grand gênent et ne se contrarient pas mutuellement ; on ne
poids, ontdit les partisans de ce système, bien dressés et peut ainsi parvenir à les faire tirer constamment avec
appariés, tirent d'une manière plus simultanée, sur la même uniformité et en obtenir la même quantité de
montent les résistances avec plus d'aisance, et font un travail que s'ils étaient attelés séparément ou au moins
labour plus correct et plus uni 'orme; ils peuvent ainsi par paires; la perle de force et de temps qu'on éprouve
travailler long-temps dans un sol compacte et argileux de cette manière s'accroit avec le nombre de bêtes atte
sans épuiser leurs forces cl sans être accablés par la lées, et au-delà d'une certaine limite, assez restreinte,
fa igue; ils sont faciles a conduire et n'ont besoin pour l'addition d'un autre animal dans les attelages accroît
cela que d'un seul charretier; ils exigent moins de les difficultés sans augmenter la puissance; le travail
harnais, de ferrure, de matériel qu'un plus grand nom d'un attelage composé d'un grand nombre d'animaux
bre de chevaux moins puissans qui ne feraient quele mê est la plupart du temps moins correct et moins parfait
me ouvrage; enfin, dans les charrois, ils se tirent que celui de S bêles; dans les labours et autres façons
mieux d'un mauvais pas au moyen d'un fort coup de données à la terre, ils piétinent et durcissent davanta
collier. ge celle ci ; une augmentation dans le nombre des bêtes
Les gros chevaux, ont répondu les adversaires, sont de trait accroît aussi les frais pour les harnais, la fer
des sujets de choix, difficiles! trouver et a remplacer, rure, le matériel, le logement, ainsi que pour le salaire
et qui ayant nécessité plus de frais pour leur éduca et l'entretien des serviteurs plus nombreux qui sont
tion et pour leur faire acquérir tout leur développe nécessaires pour les soigner cl Us faire fonctionner, et
ment et toute leur vigueur, sont par suite d'un prix fait naître une foule d'embarras dans la direction éco
proportionnellement plus élevé que li s autres; à pro nomique et raisonnéc de ce service.
portion de leur travail ils consomment plus que des Ces imonvéniens dominent surtout quand on réunit
chevaux de moindre taille, et leurs aliment doivent le sur un domaine des animaux de race chétive ou trop
plus souvent être de meilleure qualité, si on veut les faibles qu'on est obligé d'allelleren grand nombre pour
maintenir en bon étal. Chez des chevaux de forte cor exécuter les tiavaux agricoles les moin^ pénibles.
pulence, l'énergie manque fréquemment ainsi que la vi 3° En faisant chuix d'animaux doués, proportion
vacité ; leur allure est très souvent lente, parce qu'ils na llemeia à leur taille ou à leur poids, d'une grande
ont une grande masse à transportent ils s'usent promp- énergie.
temeut par leur propre poids; dans les sols argileux Ce choix parait conforme aux principes d'une sage
ils plombent le terrain, ou nuisent à ceux qui sont lé économie; en effet, l'énergie dans un animal destiné
gers, humides et ameublis, en y enfonçant profondé au travail peut suppléer en partie à la masse et au
ment. Quand ils périssent par accident ou par suite nombre , et dispense par conséquent d'avoir des che
d'épizoolie, on perd une plus forte valeur capitale; vaux d'une trop forte stature ou de composer les attela
leur oisiveté ou leur inaction par suite de maladies uu ges d'un nombre superQu d'animaux. Cette énergie
autrement est plus onéreuse ; enfin il est une foule de dans un cheval est souvent due aux belles proportions
petits labeurs auxquels on ne peut pas appliquer un gros et à l'harmonie des formes extérieures unies à la viva
cheval, qui ne ferait ainsi qu'un emploi de sa force peu cité et a un ccrlain tempérament qui constituent,
avantageux aux intérêts du cultivateur. quand l'animal est en outre doué à un haut degré de
Ces derniers argumens paraissent péremp'oires, et l'aptitude nécessaire au service auquel on le destine, ce
il nous suffira de les appuyer par des exemples tirés de qu'on nomme un bon cheval de travail. Un bon che
la pratique. Th. Davis, dans son ouvrage intitulé, Coup val, ou un cheval actif, énergique, courageux et patient,
dœil sur Cagriculture du ffiluhire, rapporte que fournit dans le même espace de temps un bien meit
CHAP. 4: FORCE Eï NOMBRE DES ATTELAGES. 441
leur travail et en plus grande quantité qu'une autre partie de leurs forces, et ne font qu'un travail incor
béle du même poids dénuée d'activité et de courage, rect et qui marche avec lenteur. Dans un attelage com
et comme tous deux consomment à peu près la méme posé d'animaux de force inégale, le plus fort fatigue le
quantité de grains et de fourrages et exigent les mêmes plus faible et s'épuise en efforts qui ont peu d'effet utile;
soins et les mêmes frais , il est évident que le travail dans cciui où les bêles ont une allure qui n'est pas la
du 1er a une bien plus grande valeur pour le cultiva même, le travail ne marche qu'avec la vitesse de celui
teur que celui du second ; ce travail convient en outre qui a la marche la plus lente, et il n'y a que dans des
à un bien plus grand nombre de cultures. Souvent en attelages bien appariés où le travail ait toute la célé
fin le prix d'achat d'un bon cheval ou d'un bon bœuf rité et la régularité qu'il comporte. Nous avons parlé
n'est pas beaucoup plus élevé que celui d'un autre ani plus haut de l'influence de la nourriture sur l'éner
mal de même apparence, mais dépourvu des quali gie motrice des animaux, et par conséquent sur la quan
tés précieuses qu'on doit rechercher dans les bêles de tité et la qualité de leur travail. 3° Employer des ser
trait. / viteurs habiles, honnêtes et intelligens. C'est un fait
Ces principes étant admis, il est aisé d'en faire l'ap bien connu que des chevaux conduits par un bon la
plication dans l'appréciation économique de la force des boureur sont moins faligués par le même travail que
attelages. ceux conduits par un homme maladroit ou inexpéri
t° Les animaux de travail ne doivent pas être de menté. Un homme habile fait d'ailleurs plus de tra
taille nu de dimension tropfortes, ou trop clie'lives, et on vail dans un même lemps , et un meilleur ouvra'e. *°
doit donner la préférence à ceux de taille et de poids Faire usage de harnais et d'un mode d'attelage bien
moyens, qui sont en général les plus faciles à rencon entendus. Des harnais mal adaptés à la conformation
trer, et chez lesquels on trouve le plus souvent la vi des animaux leur font perdre une partie de leurs avan
gueur, l'énergie, l'activité, la sobriété, qualités dont il tages et les empèchentde produire le plus grand effet
est si intéressant que soient doués les moteurs animés utile dont ils sont susceptibles. Un mode d'attelage vi
employés en agriculture ; c'est aussi chez eux que ces cieux produit le même effet; ainsi l'expérience parait
qualités, quand on n'abuse pas de leurs forces, se conser avoir démontré que, dans les mêmes circonstances, S
vent le plus long-temps el ceux parconséquentqui four chevaux de front font autant de travail que 3 allelés à
nissent un travail à meilleur marché et d'une plus gran la file, etc. 5° flr'gler convenablement les heures de
de valeur, qui sont applicables à des travaux plus .va travail, de manière que les animaux aient un lemps
riés et peuvent faire dans ces travaux l'emploi le plus suffisant pour le repos et fassent néanmoins un em
avantageux de leur force et de leur temps. ploi avantageux de leur force ; 9 à 10 heures de travail
2" Dans les travaux de labourage on ne doit pas, en effectif par jour en 2 attelées parait êlre le mode qui
général, atteler plus de 2 bêles. C'est une règle admise donne les résultats les plus satisfaisans. La répartition
aujourd'hui à peu près dans tous les pays où l'agricul habile du travail dans le cours d'une année est aussi
ture a fait des progrès el par tous les praticiens éclai fort importante pour obtenir le maximum que peuvent
rés. L'expérience a prouvé en effet qu'il est bien peu fournir les moteurs, et pour parvenir a ce but on doit
de sols, même les lerrainscompactes el argileux, qui ne autant que possible les faire travailler constamment et
puissent êlre labourés avec 9 chevaux, excepté peut- non pas irrégulièrement el àdel ngs intervalles, com
être les labours de défrichement el le 1" iabour de me cela se voil dans quelques établissemens.
jachère des terres Irès tenaces. Partout où on a adopté « En général, dit M. de Dombasle ( .Vnn. de Rov.,
l'usage de n'atteler à la charrue que 2 chevaux ou 2 t. 1", p. 105), il m'est impossible de concevoii qu'on
bœufs, la situation des cultivateurs s'est fortement amé puisse se livrer à l asriculture avec profil lorsqu'on
liorée par suite d'une diminution aussi essentielle dans est forcé d'atteler à la charrue 4 ou 8 chevaux el plus,
les frais de culture, et ce doit êlre un motif puissant comme on le fait dans certains pays. L'emploi d'une
pour engager les propriétaires et les agriculteurs a in mauvaise charrue qui exige une force de tirage si con
troduire sur leurs établissement l'usage des charrues sidérable et entraîne à des dépenses si énormes pour
à •> bêtes , ainsi que celui de faire deux attelées par l'entretien des attelages met le cultivateur le plus in
jour. dustrieux, placé dans cette circonstance, dans le plus
Lorsque, d'après l'expérience des plus habiles prati cruel embarras. S'il économise les labours, ses récolles
ciens, nous disons que dans les labours on ne doit pas diminuent el ses terres s'empoisonnenl de plus en plus
atteler plus de 2 bêtes, nous entendons également que de mauvaises herbes ; s'il les mulliplie, il se jetle dans
celle opération est faite avec toute la perfection dési des frais de culture qui ne pourront souvent pas être
rable, c'est-A-dire que la bande est de largeur conve couverls par le produit des récoltes. »
nable, la lerre Irancbée à la profondeur nécessaire el Lorsque nous nous occuperons de la quanlité de tra
retournée convenablement, que les animaux fournissent vail que doivent fournir les moteurs animés el les agens
dans leur journée le maximum de travail qu'ils peu employés en agriculture, nous ferons connaître le tra
vent donner el travaillent ainsi journellement sans être vail journalier des bêles de irait dans les travaux de la
trop fatigués et sans que leur san^ se détériore et que bourage; mais on conçoit dès à présent que les terrains
leur vigueur diminue. qui, depuis l'argile compacte jusqu'au siblc mobile ,
Pour obtenir ces résultats avec 2 bêles altelées, il présentent des degrés de cohésion si divers , doivent
faut remplir plusieurs conditions : 1»faire usage d'une dans le travail faire éprouver des résistances Irès dif
bonne charrue. Un bon instrument de ce genre réduit | férentes, et qu'il convient d'avoirégard à ces différences.
souvent la force nécessaire pour opérer un même tra Avec un même attelage de force convenable , on laboure
vail à la moitié et au tiers ou même au quarl de celle une bien plus grande surface dans un terrain léger que
qu'on est souvenl obligé d'employer avec une charrue de dans un terrain tenace et argileux, et comme nous avons
construction vieil use ou établie en dépit des principes vu que la puissance des animaux pour le travail se com
de la mécanique. 2° Avoir des animaux biendressés et posait de leur énergie musculaire et de leur masse, on
appariés, soignés et nourris convenablement. Des ani voit aisément que , pour travailler ces derniers terrains
maux bien exercés apprennent à ménager leurs forces el pour ne pas contraindre les moteurs à déployer une
el â ne faire aucun mouvement qui n'ait un but utile, énergie musculaire considérable , ce qui pourrait les
ce qui rend leur travail rapide et régulier, tandis que épuiser, il convient d'augmenter leur niasse , qui leur
des bêtes mal dressées ou indociles s'emportent , s'é permet de vaincre alors une partie de la résislance par
carient de la voie, dissipent ainsi en pure perte une leur propre poids.
AGIUCULTUR*. TOME IV. —56
442 ADMINISTRATION RURALE. LXV. VII.
Ainsi, dans les lorrains qui offrent une grande cohé ter tous les travaux annuels dévolus aux at
sion,on choisira desanimaux Je travail de taille moyenne, telages dépend nécessairement des conditions
mais Joué* d'une certaine masse et d'une grande vigueur particulières dans lesquelles se trouve réta
et qui soutiendront ainsi sans trop J'efforis musculaires blissement.
un travail long et pénible, lanJis que Jans les sols lé Disons d'abord, quelle que soit la nature du
gers on pourra donner la préférence a Jes animaux domaine, que, si ou veut s attacher aux règles
moins puissans, à formes plus svelles, d'une allure d'uue rigoureuse économie, celle-ci prescrit,
plus légère, et qui expéjieront plus d'ouvrage dans un lorsqu'on a déterminé la force des attelages,
même temps, ou a des animaux un pru plus pesans , de iii entretenir que le nombre de bélet stricte
malt dont un seul suflira pour retourner le lerrain ment nécessaire pour la bonne exécution de tout
coin me on le voit dans plusieurs localités delà Belgique, les travaux dans le cours d'une année agricole.
et entre autres dans la Cainpinc et dans les environs de Les bètes de trait, en effet, fournissent uni
Lille. Enfin, dans les terrains de cohésion moyenne, quement du travail et ne donnent aucun re
on pourra se rapprocher, suivant les circonstances , de venu; leur nombre doit être restreint dans
l'une ou de I autre de ces limites. les limites les plus étroites; mais il est une
Il serait du plus grand intérêt pour l'agrirulture et foule de circonstances où il est impossible de
pour la solution du problème de l'emploi le plus écono ne pas laire fléchir cette règle qu'il ne faut pas
mique de la force Jes moteurs, qu'il existât un dyna néanmoins perdre de vue, et des situations où
momètre exact et sur les indications Juquel on pût on éprouverait des perles bien plus impor
compter, et qu'avec cet instrument on entreprit une sé tantes eu restreignant ainsi le nombre des ani
rie d'expériences, J'ahorJ avec une même charrue et maux de travail qu'eu l'accroissant, quelque
un même mode d'attelage, Jans Jes terrains Je Cohé coûteux que leur entretien soit pour un éta
sions Ji verses, et qu'on mesurât les forces nécessaires blissement.
pour opérer ce travail; puis, qu'on fit ensuite dans un
même terrain une suite Je nou eaux essais, en faisant Cela posé, il est évident que le nombre des bètes de
varier la forme Jes charrues, les appareils J'altelagc, trait dépend d'abord de [espèce & laquelle on donne la
la vitesse Jes animaux, etc. Oe pareilles expériences, préférence, puisque nous avons vu que la quantité de
combinées avec celles qu'on posséje Jéjà sur la force travail des bœufs est inférieure à celle Jes chevaux, et que
moyenne Jes bêles de travail , serviraient à l'instant pour exécuter un même travail, les trr,ont besoin d'être
même à Jélerminer, pour un terrain Jonné, la force plus nombreux sur un même domaine, Pour une même
qu'il serait le plus économique Je Jonner aux attela espèce el Jans les mêmes conJitions, ce nombre varie
ges. ensuite avec la race, In taille. In vigueur,la docilité,
11 nous reste une observation à faire sur l'ensemble le courage et l'énergie Jes moteurs Jont on fait choix.
Je la composition etJe la force Jes;iitlelages. Les uns ont Le mode d'alimentation, ainsi que nous l'avons Jil, influe
conseillé Je les composer tous Je bêtes de mente poids, et beaucoup sur leur vigueur, en pennettanl aussi J'en ti
de même force, et J autres J'avoir Jes atlel<tges àejîtn- rer une plus granJe quanlilé Je travail, et par consé
ces diverses ; l'une et l'autre Je ces opinions peut être quent Je diminuer leur nombre.
prise en considération suivant les circonslances. Dans Le climat Ju pays au sein Juquel le domaine est
les petits établissemens où les mêmes animaux Je trait placé modifie aussi le nombre Jes attelages ; ainsi, lors
sout employés à une foule Je travaux Jivers Jans que ce climat est très variable cl peu favorable a la vé
le cours d'une année, il parait plus avantageux J'avoir gétation, qu'il faut concentrer tous les travaux Je l'an
Jes allelages Je même puissance et Je force constante; née sur un petit nombre Je mois, et mettre prompte-
on parvient Je celte manière a faire une répartition mi ni a profit les courts intervalles propres aux travaux
plus régulière Jes travaux annuels J'allelage et à ap Jes champs qui peuvent se présenter Jans ces mois, on
pliquer avec économie et avantage aux inslrumens ou Joil cher, lier à racheter les Jésavantages Je celle |io—
véhicules une force qu'on connaît bien et Jont on aélu- si lion par une plus granJe célérité Jans ces travaux,
dié l'intensité. Dans les grandes fermes au contraire, où ce qui ne peut s'effectuer la plupart Ju temps sans une
on réussit mieux à établir la division du travail el où il augmentation Jans le nombre Jes bêles Je trait, sur
est plus aisé de distribuerégalement les travaux dans le tout lorsqu'on ne veut pas alors accabler Je fatigue des
cours de l'année, on conçoit qu'on doit trouver plus pro attelages insuffisans, moyen que réprouve une sage éco
fitable d'avoir des atteljges de forces variées el propor nomie et qu'on préfère par un sacrifice pénible, il est
tionnelles aux labeurs auxquels on les applique ; ainsi, vrai, atténuer les chances Je perles considérables qui
ceux qui laboureront tous les jours sur les terres fortes vous menacent sous un semblable climat.
ou qui feront de pénibles charrois sur des coteaux Parmi les causes influentes Jans l'organisation du
abruptes ou à travers Jes routes présentant Jes obsta service qui nous occupe, c'est la masse des tiaenuj
cles, devront être J une masse plus considérable que ttattelages Je toute espèce qu'il s'agit d'exécuter dans
ceux chargés Jes travaux les plus légers Je culture, ou le cours d'une année qui règle le plus impérieusement
Ju transport accéléré Jes récolles ou des denrées surdes le nombre des bêles de trait. Ces travaux, qu'on peut
chemins ou des routes unies et en bon état. C'est exécuter de bien des manières diverses qui ne nécessi
même un des avantages des grands établissemens de tent pas toutes l'emploi d'une même force, peuvent en
pouvoir ainsi appliquer à un travail quelconque la force outre être plus ou moins multipliés sur des domaines
rigoureusement nécessaire qui lui convienl, tandis que qui présentent une égale surface. Lorsque nous nous
dans les petits on est obligé souvent de mettre en mou sommes occupés de déterminer le nombre des travail
vement des animaux et de leur faire exécuter des travaux leurs qu'il convient d'appeler pour l'exploitation d'un
qui sont loin d'employer toute leur force el de fournir fonds (p. 393 ), nous avuns fixé noire atlenllou sur les
un travail économique. causes qui peuvent accroître ou diminuer ces travaux
el signalé en particulier parmi celles-ci la nature
J II. — Du nombre des animaux d'attelage lur un et la configuration du terrain , l'éloignement des
établissement rural. pièces Je terre el Jes bâtiment, l'étal Jes chemins ru
raux, le système d'exploitation, Je culture el d'aména
Le nombre de bêles de trait qu'il convient gement qu'on a adopté, le choix des inslrumens, le*
de réunir sur un domaine rural pour exécu- mesures administratives plus ou moins bien entendues,
UAP. 4*. FORCE ET NOMBRE DES ATTELAGES. 443
le nombre des journées de travail de l'année, et dans cultivateurs. Dansd'aulres où l'on établit des fabriques
chacune d'elles celui des heures de travail effectif , la agricoles ou des entreprises accessoires qui emploient
force, l'intelligence, l'adresse et l'énergie des serviteurs des animaux à des charrois ou autres obje's, on trouve
a gages ou autres agens, etc. 5 nous pouvons donc nous naturellement sous sa nain une ressource précieuse
dispenser de rttjtnir sur les détails d'un sujet qui se dans des besoins urgens, et un nombre d attelages addi
représentera d'ailleurs encore dans le cours de ce li tionnels pour exécuter ave* vigueur et célérité des
vre. travaux qui ne souffrent ni délai , ni négligence, etc.
C'est iri qu'il nous parait utile de rappeler que le
nombre des bêles de irait dans les ilablissemens ru On a proposé plusieurs règles empiriques
raux ne croîtpas dans la mêmeproportion que l'éten pour estimer approximativement le nombre de
due des surfaces, même en supposant que le système bête* d'altclage dont on a besoin sur un éta
d'exploitation et celui de culture y fussent les mêmes blissement rural, mais comme ces règles ne
et également bien dirigés. Dans un grand établissement tiennent pas compte la plupart du temps des
où s'établit naturellement la division du travail, on peut circonstances variées auxquelles il est néces
consacrer presque constamment les mêmes attelages et saire d'avoir égard dans cette estimation, nous
les mêmes serviteurs à un seul et même travail dans ne pensons pas qu'il soit nécessaire d'en faire
lequel les uns et les autres deviennent plus experts, mention. Le plus sûr, dans l'opinion de Thaer,
tout en expédiant plus de besogne; on ronçpil d'ail est toujours de dresser le tableau des travaux
leurs qu'au moyen de celte division on peut employer que dans chaque cas donné, d'après le sys
des attelages mieux appariés au service auquel on les tème de culture et d'aménagement adopté,
destine, leur distribuer plus régulièrement le travail ainsi que suivant les circonstances locales, on
pendant le cours d'une année et que dans les grandes doit exécuter à chacune des périodes de l'an*
fermes les animaux peuvent être plus vigoureux , plus née agricole. On distinguera en même temps,
beaux et mieux nourris. Dans les petits élablisseroens, en les plaçant dans 2 colonnes différentes, les
au contraire, la multiplicité des travaux auxquels on travaux qiti pourraient élre exécutés d'une
est obligé d'appliquer un même attelage fait que les manière plus parfaite par des bœufs de ceux
moteurs et les agens sont moint aptes et moins habi qui doivent l'être par clés chevaux, et on por
les pour chacun d'eux; le passage continuel de l'un a tera dans chaque colonne, en regard de la spé
l'autre ne se fait pas sans perte de temps ou sans qu'il cification du travail, l'indication du nombre de
s'en écoule une portion assez nolable avant que le nou journées que chaque bête de trait emploiera
veau travail auquel on applique l'attelage marche ré pour l'exécuter. On déterminera ainsi avec
gulièrement et avec la célérité convenable, ce qui oblige une exactitude rigoureuse le nombre d'ani
d'entretenir proportionnellement un plus grand nom maux dont on aura besoin sur l'établissement,
bre d'animaux. et le rapport le plus avantageux entre le nom
Celle différence dans le nombre des attelages néces bre des bœufs et celui des chevaux quand on
saires est bien plus sensible encore entre les grands et veut employer simultanément au travail l'une
les petits établissement, lorsque leurs modes de cultu et l'autre espèce.
re viennent à différer- Ces calculs, comme on voit, sont simples,
Dan» les I"', on à recours a des machines perfec mais ils exigent la connaissance de la quantité
tionnées, d'un prix d'achat élevé, mais qui expédient de travail que fournissent les moteurs appli
beaucoup de besogne; on ne donne à la terre que les qués a divers labeurs ; nous renvoyons donc au
façons rigoureusement nécessaires à la production , et chapitre qui traitera des travaux l'exemple au
on cherche à restreindre le nombre des attelages et 1 moyen duquel nous nous proposons d'en faire
économiser sur la main-d'eeuvre. Dans tes seconds, au voir l'application; mais afin de fixer les idées
contraire, on ne laisse jamais la terre en repos et on des agriculteurs qui débutent, nous termine
lui proJigue les façons; on ne craint pas de cultiver rons ce chapitre par quelques exemples du
les plantes qui exigent les travaux les plus multipliés nombre de bêtes de trait qui, d'après le témoi
de sarclage, de binage ou autres; ce qui nécessite un gnage d'agronomes instruits, sont employées
nombre de moteurs quelquefois double de celui que la dans quelques pays et dans des systèmes va
grande culture emploie sur la même surface. riés de culture.
Malgré ces attelages quelquefois nombreux, c'est ce
pendant la petite ou la moyenne culture qui éprouve A. Grande culture.
souvent le plus d'embarras dans les climats variables et Dans lis pays où règne encore l'assolement triennal
dans les circonstances almosphériqocs peu favorables avec jachère complète et où on épargne les façons et les
a l'agriculture. En effet, dans les fermes moyennes et engrais à la terre, on n'emploie pas plus d'un cheval
petites, où tout doit être réglé avec économie, on fiie pour 30 i il hectares de terres labourables ou prai
le nombre des bêles de trait d'après les besoins rigou ries.
reux du service, et on cherche autant qu'on le peut Tbaei, qui a donné dans son agriculture raisonné»
par un accroissement temporairedans le travail des hom plusieures évaluations des travaux qu'on doit exécuter
mes et des animaux, à franchir heureusement les pé sur une exploitation rurale dans des systèmes variés de
riodes chanceuses de l'année. Il n'en est pas de même culture depuis l'assolement avec jachère complète jus
dans les grandes fermes bien dirigées, où l'on fait sou qu'aux assolemens alternes les mieux entendus, et avec
vent un commerce de gros bétail qui permet d'appli nourriture du bétail à cornes à I Viable, estime que pour
quer au travail dans les moroens urgens des boeufs ou un domainede 360 hect. en bonne terre, dont SB sont en
vaches qu'on achète aux épwjues des grands labeurs , prairies permanentes, et où dans l'assolement triennal
qu'un engraisse ensuite et revend avec profit; dans ces T8 hect. sont en pâturages, ce qui ne laisse que 150
gran Is éiablissemens qui se trouvent parfois placés au hect. a la charrue; tandis que dans la culture alterne
milieu de pays où la grande cl la petite culture sont 80 hect. sont joints aux soles eu culture, ce qui porto
également réparties, on n'hésite pas i entretenir un les terres soumises a la charrue a 300 hect., il faut de
nombre d'attelages supérieur aux besoins , parce que 8 i 1-2 chevaux (terme moyen 10). plus 16 a *4 bœuft
aux époquesoù on n'en fait pas usage, on loue leurs ser (terme moyen 30), ne faisant qu'une attelée par jour
vices cl ou les fait travailler à façon pour les petits ou en comptant comme lui, que so bons bœuf* de re
411 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
change font autant d'ouvrage que 11 chevaux, en tout En France , dans la majeure partie des départemens
91 chevaux pour 360 hect., ou 1 cheval pour 17 liecl. situés au nord de Paris, où l'assolement triennal amé
environ , les journées de charrues étant calculées pour lioré s'est introduit, et où les établissemens ruraux
4 chevaux et les autres travaux par journées d'atte sont administrés avec inte'ligence, ceux de moyenne ou
lages de 4 bêles ; mais il est nécessaire de faire ob grande étendue et en sol silico-argirfcux emploient à
server que ce célèbre praticien compte 500 jours de 9 peu prés 1 e.hev. sur 10 à 12 heci.
heures chacun de travail effectif dans l'année, et qu'on Un relevé fait en Angleterre, et que nous avons sous
a beaucoup de peine dans les exploitations bornées et les yeux, nous apprend que dans un grand nombre d'éta-
surtout quand on commence à se livrer à l'exercice de blissemens agricoles choisis dans des districts divers et
l'agriculture à établir cette distribution parfaite des exploités suivant un système de culture alterne, on a
travaux et du temps des agens qu'on parvient & obte trouvé en moyenne que sur une étendue de 40 hect. de
nir dans des exploitations rurales très vastes, bien diri terres arables, il faut un attelage de 2 chevaux et un
gées cl depuis long-temps en activité. attelage de 2 bœufs ou en moyenne de une bête de trait
A Roville, où on se sert d'une excellente charrue et pour 10 hect.
de chariots attelés d'un seul cheval , le nombre des B. Petite cullure.
bêles de travail a varié suivant le plan de culture adopté Les petits cultivateurs du comté de Norfolk, où la
à diverses époques. Dans ce domaine composé de 190 culture alterne est en vigueur et où le sol est léger et
hect. de terres de cohésions diverses et dont 16 sont sableux, tiennent communément un cheval pour 8 hec
en prairies irriguées, le nombre des liéles de trait en tares de terres soumises à la charrue.
1813 au moment de la formation de l'établissement et Parmi les exemples nombreux cités par Balsamo,
où les terres en assez mauvais état ont nécessité des l'abbé Mark et Schwerz, sur la culture de la Belgique
labours profonds et multipliés, a été de 14, savoir: et de la Flandre, on voit que dans les différens sols
5 chevaux et 9 bœufs, et en calculant suivant les dont se compose ce pays, les cultivateurs calculent 1 che
Annales de cet établissement, que tes 9 bœufs fai val pour 7,6 et même 6 hect. Dans la Campine, beau
saient autant d'ouvrage que 7 chevaux environ, de 12 coup d'agriculteurs n'ont qu'un bœuf pour cultiver 6
chevaux ou d'un cheval pour 16 hect. En 1828, le hect. environ d'un sol meuble et léger.
nettoiement progressif des terres ne rendant plus Dans son ouvrage sur l'agriculture de tAlsace
nécessaires des cultures aussi multipliées, et environ (p. 47), Schwerz dit qu'on rencontre communément
80 hect. de terres de la culture la plus difficile dans ce pays de petits établissemens où tout le travail
avant été consacrés à la luzerne , le nombre des che d'un cheval est nécessaire pour cultiver 4 hectares de
vaux a été de 8 ou 1 cheval pour 24 hect. Enfin, terrain.
en 1830 les terres consacrées à la luzerne ayant été Quant au rapport des bœufs à celui des chevaux
remises en cullure . le nombre des bêtes de trait a été sur les grands établissemens ruraux, Sinclair rapporte
reporté à 12 chevaux comme précédemment, ou l che que dans les fermes anglaises qui exigent le travail de
val pour 16 hect. 20 chevaux, on en entrelient souvent 16 avec 8 bœufs;
Dans l'agriculture anglaise on compte en général que dans une ferme bien administrée un fermier en
dans les districts bien cultivés, sur les grandes fermes tretient 22 charrues attelées de chevaux et 8 attelées
en terres arables et dans divers systèmes d'assolemens, de bœufs, et que beaucoup d'agriculteurs regardent le
environ 1 cheval pour 11 à 13 hect. au moins et sou rapport de 60 chevaux a 38 bœufs de trait comme le
vent davantage, parce que le climat égal et tempéré plus avantageux qu'on puisse établir pour l'économie et
du pays permet une répartition facile des travaux dans la bonne exécution des travaux.
le cours de l'année. F: M.
On donne le nom detnobilier en particulier, 1™ Catégorie. Outils ou objets qui dans les travaux
àematëriel ou cheptel mort, elc, à cette portion de culture se manient ordinairement a la main.
des objets mobiliers d'un établissement rural Bêches, pioches, houes, biuelles, faux, faucilles, sapes, râ
qui servent aux hommes ou aux animaux à teaux, coupe-gazons, loucheis, bidenls, fourches, brouettes,
exécuter les travaux que rend nécessaires l'ex plantoirs, etc.
ploitation du fonds ou qui sout à leur usage Ces outils sont à peu près les seuls dont on fasse
individuel. usage dans la culture maraichère ou les jardins pota
Les objets divers qui peuvent entrer dans gers, ou dans celle, des champs sur la plus petite échelle.
la composition du mobilier d'un établisse Un s'en sert aussi dans la moyenne et la grande cul
ment sont nombreux et variés, et plus la cul ture, mais seulement pour certaines espèces de tra
ture tend à se perfectionner, plus aussi on les vaux.
voit se multiplier. Notre intention n'est pas 2e Catécome. Jnstrumens de cullure ou appareils
ici de les examiner en détail, mais de les en mobiles et transportâmes mis généralement en action
visager d'une manière générale et comme il par les bêtes de trait.
convient à l'administrateur qui organise ce
service avec toute l'attention et le soin qu'il ï° ïnstrumens de labourage. Araires,charmes simples on avec
réclame. avant-train et divers binots, exlirpoleurs, scarificateurs, culti
Pour fixer les idées sur la diversité des ob vateurs, etc. 2o ïnstrumens de pulvérisation, d'ameublissement
jets ou appareils qui peuvent faire partie du ttde déplacement du sot. Herses, rouleaux, ïnstrumens divers
mobilier d'une ferme , nous essaierons de les à niveler la lerre, former les billons, etc. 3° ïnstrumens pour
classer sons 4 catégories distinctes qui peu semaille. Semoirs divers, plantoirs à cheval, rayonneurs, etc.
4° ïnstrumens pourfaçons d'entretien. Houes à cheval, sar.
vent se partager elles-mêmes en plusieurs cloirs, ratissoii's, buloirs, charrues à biner et d'irrigation, etc.
sous-divisions. 6» Ïnstrumens pour réco'les et engrais, Chars, charrettes, lotu-
ciiap. S: ORGANISATION DU SERVICE MOBILIER. 44..
Itereau v . camion*, râteaux à cheval, inslrumens à faner, char* part du temps à un très haut prix, tandis
à moissonner, charrues à arracher let racines, etc. ?|u'il serait facile de les remplacer avec peu de
rais par des instrumens perfectionnés qu'on
C'es( dans celle catégorie que se trouvent les appa peut déjà se procurer sur plusieurs points du
reils les plus utiles 6 l'agriculture, et qui constituent en territoire.
grande partie le m >b V. r d'une ferme Plus un établis Pour mettre l'administrateur à même de
sement de ce genre est bien monté et dirigé, plus aussi comprendre l'importance des bons instru
sont généralement nombreux et variés les instrumcns mens, nous lui présenterons le résumé des
qu'il emploie. avantages qu'on doit se proposer d'obtenir par
3e Catécobie. Machines ou appareils fixes, et dont l'emploi judicieux des instrumens et des ma
le mécanisme est mis en activité sur place par des hout- chines dans les travaux de l'agriculture.
mes ou des animaux.
Machine à battre les grains, tarares et antres appareils 5 I". — Du but de l'emploi des instrumens et
pour vanner, nette.) er, concasser, décortiquer, réduire en fa des machines en agriculture.
rine les graines, nettoyer, couper on hacher les tubercules ou
les racines, concasser et pulvériser les os, la chaux, le plaire,
etc., et toutes les machines employées en agriculture qui re Les instrumens et les machines ne créent
cueillent, transmettent ou consomment à poile fixe une force pas de la force, mais permettent de faire un
motrice quelconque. emploi plus avantageux de celle des moteurs.
La plupart de ces machines ne sont encore employées Cet emploi plus avantageux de la force se réa
que dans les grauds établissemeus. où elles procurent lise par la combinaison de 4 conditions essen
une économie de main-d'œuvre et de temps. tielles que voici.
4e Catégorii. Ustensiles, appareils ou objets ayant 1° W'économie de la force. Les forces dont on fait
une destination variée; tels sont ceux pour : usage en agriculture dans les travaux des champs son
1° Le harnachement des chevaux et des bœufs; 2o les écu- empruntées le plus communément aux moteurs ani
riet,les ètables, la bergeiie, la porcherie, la basse-cour, la <ra
renne, le colombier, etc ; 3° les grandes et les greni-rs\ 4° les més, soit I homme, soit les bètes de trait. L'emploi de
fabriques et arts agncolei divers tels que ceux pour les laite celte force, comme nous le savons déjà, n'étant pas
ries à lait, à beurre et à fromage , l'éducation des abeilles , la gratuit, il importe d'en faire l'usage le plus profitable
magnanerie, la fabrication des vins, de l'eau-de-vie, de la bière, qu'il e-t possilile. Les avances ou les sacrifices qu'on
du cidre, de l'huile, etc , i° le bureau et la comptabilité; 6° le est obligé de faire pour en obtenir la jouissance se
mesumgedes récoltes, produits, denrées, etc.; 7o le nunage mesurent, pour les hommes, par les salaires qu'on leur
dans lesquels sont couipti. les ustensiles et autres objets pour
la maison d'habitation, le logement des serviteurs, la cave, le accorde et les frais qu'on est souvent obligé de faire
cellier, le bâcher, etc ; 8° h conservation des bàiimens , tels pour leur nourriture et leur entrelien, comme nous
que oui ils dis ers pour les réparations, pompe à incendie, seaux, l'avons vu au chapitre III du présent litre, et pour les
échelles, etc. animaux, par les frais variés dont nous avons essayé
Les ustensiles entrent pour une part plus ou moins de faire l'évaluation économique dans le chapitre pré
grande dans lous lesétablisaemens ruraux, suivanll'itn- cédent.
porlance de ceux-ci , le système dVxploilalion adopté, Les frais qu'occasionne, à l'époque actuelle, l'emploi
ie nombre des fabriques accessoires qui s'y trouvent de la force de l'homme , sont environ les 9/3 ou la
établies, et l'aisance de l'entrepreneur. moitié de ceux que nécessite l'emploi du service d'un
Cette classification simple étant admise, bon cheval de taille moyenne; mais ce dernier étant
nous allons nous occuper dans les sections capable de vaincre dans un même temps une résistance
qui vont suivre du choix et de la composilion au moins 7 (ois aussi considérable que celle que sur
des objets qui doivent former le mobilier d'un monte le !«*, on voit déjà que la substitution du tra
établissement rural et du prix de leur ser vail des animaux à celui de l'homme, non-seulement a
vice, en avertissant, toutefois, que les consi permis d'exécuter des travaux que la faiblesse de celui-
dérations dans lesquelles nous allons entrer ci rendait impraticables, mais en outre a procuré à l'a
s'appliquent plus spécialemeut à ceux que griculture un avantage considérable par I économie du
nous avons compris dans la 2* catégorie, c'est- nombre de bras qui autrement eussent élé nécessaires.
à-dire aux instrumens qui sont, eu effet, les L'agriculture ne s'est pas contentée de celle sim
objets les plus importaus du mobilier et ceux ple substitution de la force des animaux à celle de
doul la bonne composition influe le plus sur l'homme, elle a dû chercher de plus à tirer des
le succès en agriculture. lr" le plus grand ffjri utile possible, ou a leur faire
payer soit par une plus grande quantité de travail, soit
Section I". — Du choix des instrumens par un travail d'une plus haute valeur, In soins et la
d'agriculture. nourriture qu'on leur accorde. Ces conditions n'ont
pu être remplies qu'en donnant aux animaux, parl'exer-
Le choix des instrumens agricoles est en cice, une éducation conforme aux services qu'on vou
général d'un très haut intérêt, et on a fait re lait en tirer, en les faisant conduire par des hommes
marquer avec beaucoup de raison que, si les exercés à ces travaux , et enfin en fournissant à ces
agriculteurs anglais et belges ont une supé moteurs des instrumens propres à mettre utilement à
riorité bien marquée sur ceux de la plupart profil la somme de leurs efforts journaliers.
des autres nations, on doit l'attribuer en Celle dernière condition, la seule qui doive nous oc
grande partie aux excellens instrumens qu'ils cuper ici, est bien loin d'être réalisée dans la plupart
emploient dans leurs travaux de culture. des instrumens d'agriculture encore en usage, et pour
En France on ne comprend pas encore as n'en rappeler qu'un exemple vulgaire, il suffit de citer
sez généralement que, de toutes les amélio- ces chai rues avec avant -train construites avec tant
ralions que l'agriculture peut recevoir, l'a d'imperfection qu'on esl, dans quelques localités, obligé
doption des bons instrumens est une des plus d'y atteler 4 ou 6 héles et plus pour faire un labour
urgentes et celle qui doit procurer les avan qu'une lionne charrue simple, établie sur un bon mo
tages immédiats les plus étendus. On con dèle, telles que celles de Small, de Hoville, etc., exé
serve encore des instrumens grossiers et dont cuterait aisément el d'une manière plus parfaite avec
le travail est très imparfait cl revient la plu- 2 chevaux seulement.
446 ADMINISTRATION RURALÈ. irv. vii.
Ainsi ndtu Soyons qae la force nécessaire pour exé- conséquence, en agriculture, une augmentation dans la
cuter un même travail, en supposant qu'il ail la même production, c'est à-dire un accroissement dans la quan
perfection dans les 3 cas, peut être S, S et même 4 fois tité des produits récollés avec les mêmes frais; ainsi,
plus considérable avec un instrument imparfait qu'avec dans les Annales de Roville (t. III, p. 303), on cite
un autre instrument construit sur un bon modèle, d'a un fermier de la Moselle qui, d'une année à l'autre, a
près les principes de la mécanique et suivant les con vu s'accroître de 33 p. 0/0 le produit brut en grain
ditions que l'expérience a révélées, et combien il im de ses champs, par la substitution de la charrue sim
porte à l'administrateur d'économiser dans ces travaux ple de cet établissement, attelée de 3 chevaux , à une
par un choix d'appareils perfectionnés cette force mo charrue du pays avec avant-train, qui employait 6 a 8
trice qu'il paie fort cher, et d'en faire l'emploi le plus chevaux.
utile et le plus judicieux. On ne peut nier toutefois que parmi les inslrumens
8° La cëlérié des travaux. Puisqu'un animal attelé qui économisent la force et accélèrent l'ouvrage, il n'y
à un instrument ou à une machine convenable expé en ait beaucoup qui donnent souvent un travail infé
die dans un même temps beaucoup plus de travail qu'un rieur en qualité à celui qui est exécuté à la main avec
homme, et que sou travail devient ainsi proportionnel des outils; ainsi, avec les charrues, les herses et les rou
lement moins dispendieux, il parait tout simple, dès leaux, on parvient diffici'ement à obtenir dans les la
que les travaux deviennent plus importants et l'éten bours l'ameublissement, l'égalité, la légèreté et l'élasti
due de la surface qu'on veut exploiter plus considéra cité que le travail de la bêche donne au sol, et sous ce
ble, de faire exécuter ceux-ci par les bêles d'attelage; rapport 11 reste encore beaucoup à faire dans la méca
c'est ce qu'on a fait de temps immémorial pour les la nique agricole ; mais il n'en reste pas moins constant
bours et les charrois, et c'est d'après le même principe que les inslrumens améliorés étant ceux qui dans le
que nous voyons, dans les pays où l'agriculture fait des travail se rapprochent le plus de celte perfection, qui
progrès, les boues, les binclies, les fourches et les râ est une des conditions a laquelle on doit viser sans
teaux ordinaires, etc., ontils qui , dans la main de cesse, ce sont aussi ceux auxquels il convient de donner
l'homme ne font qu'un travail lent et pénible, être la préférence dans tout établissement bien organisé.
remplacés par la houe a cheval, les sarcloirs, les char économie dans lesfrais de production. C'est II
mes à butter, les appareils pour faner, etc., inslrumens principalement l'objet qu'on a en vue dans l'emploi des
qui, conduits par un animal, expédient bien plus vite inslrumens et des machines, ainsi que le but et la con
la besogne. séquence de l'économie de la force et de la célérité dan»
Mais cette célérité siprécieuse dans les travaux d'a les travaux agricoles qu'on cherche dans leur secours.
griculture ne doit pas être achetée aux dépens de la Cette économie, dans tous les cas, ne consiste pas seu
perfection des façons ou par une dépense superflue lement à épargner sur les frais d'un travail qu'il est
dans l'emploi de la force motrice; or, ces conditions évidemment plus profitable de faire exécuter par des
ne peuvent être remplies qu'en faisant usage d'inslru- animaux et des inslrumens que par un grand nombre
mens perfectionné*, qui, a part l'habileté de ceux qui d'hommes , il faut de plus qu'elle soit la plus considé
les dirigent et l'aptitude des animaux qui les mettent rable qu'il est possible de réaliser, lout en obtenant un
en mouvement, sont les seuls qui, pour un travail bien invalide bonne qualité ou m^mede qualité supérieure;
fait, consomment la moindre quantité de force et expé c'est-à-dire qu'on doit s'efforcer, parmi les inslrumens
dient en même temps le plus d'ouvrage. employés en agriculture , de faire choix de ceux qui
Ce n'est pas seulement sous le rapjiort de l'exécu donnent eu même temps un travail parfait el rapide,
tion prompte des travaux journaliers d'un établisse et avec moins de fiais que par toute autre combinai
ment que les inslrumens perfectionnés présentent de son.
l'avantage, c'est aussi 1res souvent sous celui de l'ac Nous pouvons encore citer à ce sujet la machine à
complissement plus entier de la masse des travaux battre le grain, trop peu répandue parmi nous, mais qui
annuels, dont ils permettent la distribution plus égale l'est beaucoup plus en Angleterre. Celle machine, d'un
et plus régulière. Un exemple bien connu aujourd'hui prix toujours assez élevé, n'est guère à la portée que
en France met cette vérité dans tout son jour. L'ex des grandes exploitations; mais dans ce dernier pays où
cellente charrue sans avant-train de Roville, qui per on est industrieux, les petits fermiers ne sont pas
met de labourer presque par tous les temps, en toute privés des avantages qu'elle procure, et dans quelques
saison et dans tous les terrains, et d'obtenir constam comtés on voit un homme, assisté d'un enfant, transpor
ment un travail satisfaisant, olfre certainement une ter avec 3 chevaux, de ferme en ferme , une machine
bien plus grande faci'ité pour la répartition méthodique portative de celle es|>èce dont ils louent le service à la
des travaux annuels, et par conséquent pour apporter journée (for-, t. I", p. 33*). Dans celle journée de tra
une plus grande diligence et une plus grande activité vail, la machine bal environ 30 à 33 hecl. de froment
dans l'exploitation d'un fonds rural, qu'une charrue très proprement el sans endommager la paille, pour le
établie sur un modèle vicieux, et avec laquelle on ne prix de 3 1 fr.; avec celte donnée, essayons de faire le
peut obtenir un travail passable que pendant quelques corn pic du battage a<i Déau el à la machine en Angleterre,
jours seulement dans la saison favorable. où le froment est actuellement coté au prix d'environ
3« La perfection des travaux. L'emploi des inslru 34 fr. l'hecl., el de comparer les frais qu'occasionnent
mens et des machines en agriculture a aussi pour but ces deux modes usités pour faire un même travail.
d'obtenir un travail plus parfait; ainsi la machine a Battage à la machine. La machine bal 900 gerbes
battre qui donne communément l/isc de plus en grain fans une journée de travail, el donne en grain 1/1»" de
que le battage au lléau, et fait bien plus d'ouvrage que plus qae le hallage au fléau, ou. . 31 liect.
ce dernier dans un temps égal et avec une même dé Qui,au prix moyen de3 4 fr. l'hecl.,
pense, fournit par conséquent un travail plus perfec foui une somme de
tionné; les semoirs, qui répartissent les grains sur le
sol d'une manière plus égale et de telle façon que cha de Aladéduire
machine
pour le prix du service
cun d'eux jouit plus complètement des aliment qu'il
peut puiser dans le sol et de sa portion d'air et de Reste nel 744
lumière, sont des in&lruincus qui perfectionnent lu tra Battage auJléati. Un bon batteur
vail, etc. en grange ne bat guère que 90 ger
Celte perfection du travail a presque toujours pour be* | qui fournissent s hoct. de grain.
CHAP. 5". DU CHOIX DES INSTRUMENS D'AGRICULTURE. 4rt
D'autre part. . . . 744 fr. autre en bois, comme elle peut servir 3 fois plus long
Il faudrait 10 journées d'homme pour temps, elle est à meilleur marché 7° Il faut qu'on
battre les 900 gerbes qui ne donne puisse les régler sans peine, prompleinent et surplace,
ront que SOh.OOl. et qu'ils Tassent un bon travail, indépendamment de la
A déduire en nature 5 p. 0/0 pour dextérité ou de l'habileté du travailleur et de la doci
frais de battage 1 60 lité et de l'aptitudedu moteur. 8° Enfin les instrumens
Beste »8 80 doivent être adaptés à la nature soit montueuse , soit
Qui,au taux moyen de 34 fr.l'bect., plane du pays, à la qualité de son sol, ceux qui con
684 viennent à des terres légèr. s ne rendant pas d'aussi
bons services dans les terres fortes , ou même pouvant
Différence en faveur de la machine. •& n'être d aucun usage, el appropries à son climat, à l'état
Ainsi , non-seulement on a obtenu un travail plus de ses routes, à la force des bêles de trait dont on fait
rapide, puisqu'en un sculjouron abattu une quantité usage, et surtout au système de culture et d'aména
de gerbes qui eût exigé un grand nombre de travail gement au moyen duquel on tire des fruits d'un fonds.
leurs qu'il est toujours difficile de se procurer et de
surveiller, mais eu outre ce travail a été mieux fait car Nous venons de dire que les instrumens
on a obtenu l/lB* de grain de plus; enfin, avec la ma d'agriculture doivent être solides et durables ;
chine le prix du battage n'est revenu qu'à 75 c. l'hect. ces qualités dépendent en partie des maté
de grain disponible, tandis qu'il a coulé plus de 1 fr. riaux qu'on emploie à leur construction.
26 c. par le battage au fléau. Ceux dont on fait lè plus communément usage
sont le bois et le fer, soit à l'état de fer forgé,
Ç H. — Des conditions auxquelles doivent satisfaire soit à celui de fonte.
les instrumens d'agriculture. Ces 2 matières peuvent entrer dans des pro
Après avoir fait connaître le but de l'emploi portions très variées dans la construction des
des instrumens et des machines et combien tnslrumens d'agriculture ou dans celle de
il importe que ces objets soient établis et leurs pièces, el aujourd'hui il en est plusieurs
construits d'après les meilleurs principes, qu'on construit en totalité en fer forgé ou en
nous allons rappeler, d'après Sinclair, Thaer fonte, ou avec ces deux espèces de malériaux.
et autres agronomes et praticiens distingués, Le bois a l'avantage d'être facile à travailler
quelques-unes des autres conditions aux et d'un prix peu élevé; les pièces construites
quelles ils doivent satisfaire. en bois se réparent ou se remplacent aisé
ment, mais aussi elles se détériorent plus
1° Les instrumens d'agriculture doivent être aussi promptement par le travail ou quand on n'en
simples dans leur construction que le permet le but prend pas soin, et souvent on ne parvient à
auquel ils sont destinés, afin què leur usage soit plus leur donuer le degré de solidité qui leur est
facile et qu'ils puissent être réparés par les ouvriers or nécessaire qu'en augmentant beaucoup leur
dinaires quand le cas l'exige. Ils ne doivent présenter volume ou leur poids.
aucune pièce inutile ou dont l'objet ne puisse être at Le /èr, par suite de la résistance plus con
teint d'une manière plus simple et plus commode ; on sidérable qu'il offre, permet de diminuer beau
doit ainsi éviter d'introduire des pièces qui éprouvent coup le volume des pièces sans nuire à leur
des frottemena et qui occasionnent par conséquent une solidité. Construits dans de vastes établisse-
grande perte de force ; i° Les matériaux qui entrent mens qui peuvent adopter la division du tra
dans leur construction doivent être durables, afin d'é vail, et d'après des patrons ou des modèles
viter autant que possible les interruptions de travail choisis avec attention, les instrumens en fer
et les perles de temps qu'entraînent les réparations ou ont en général des formes plus satisfaisantes,
l'achat d'un matériel trop considérable. 3" Us doivent plus régulières et ne reviennent pas alors
être d'une construction solide, afin qu'ils soient peu beaucoup plus cher que ceux en bois. Le fer
endommages par les secousses et les chocs auxquels ils en outre convient mieux, en ce qu'il n'est pas
sont exp .sés, et pour qu'ils puissent être manoeuvres attaqué par les insectes, qu'il résiste mieux ,
sans crainte de les briser par les ouvriers ordinaires sans éclater ou s'altérer, aux alternatives de
qui n'ont pas l'habitude de manier des instrumens per la chaleur et du froid, de la sécheresse et de
fectionnés. 4* Dana le< instrumens ou machines d'un l'humidité ou à la déformation qui résultent
grand volume, on doit fnre une attention particulière des influences climatériques ainsi qu'aux
à la légèrité de la construction ; un pesant chariot, par chocs violens.
exemple, s'use par son propre poids presque autant Les instrumens en fer ou en fonte jouissent
que par les denrées dont il est chargé; il fatigue les en outre d'un avantage important; c'est que
chemins cl les terres , et diminue l'effet utrle qu'on leurs différentes pièces élanl faites la plupart
peut tirer ciu travail des animaux. 8° Le bois doit être du temps sur des modèles invariables qui les
coupé et placé de la manière la plus convenable pour reproduisent avec des formes parfaitement
résister a la fatigue, el on doit éviter de faire sans né identiques, on peut facilement remplacer en
cessité des assemblages et des mortaises pour réunir mi instant une pièce détériorée sans autre
les pièces celles ci doivent, quand elles ne latiguent travail que celui qui est nécessaire pour fixer
pas, éire assez réluiles pour donner toute la légèreté des boulons, tourner des écrotts ou chasser
compatible avec la solidité de l'instrument. 6" Le prix des clavettes, la nouvelle pièce s'adaptant par
doit être Ici que les cultivateurs d'une fortune médio faitement à la machine sans frais et sans perte
cre puissent en faire la dépense ; cependant, le bas prix île temps ; avantage inestimable et que doivent
ne doit jamais déterminer un administrateur judicieux apprécier ceux qui savent combien une pièce
a faire 1 acquisition d'un instrument peu solide ou de réparée d'après des principes arbitraires dans
construction vicieuse; il n'y a même qu'une économie un instrument d'agriculture peut faire varier
apparente dans ce marché, car le prix d'achat se com les conditions et la qualité de son travail, et
bine av.'C les fraisd'enlrelien, et lors même par exem avec quelle atteution on doit chercher à faire
ple qu'une charrue en fer coûterait a fois plus qu'uuo fonctionner des ageas soumis, la plupart du
448 ADMINISTRA1; ION RURALE. liv. vu.
temps, à l'empire de la routine,à des préjugés, nouveaux instrumens dans un canton; l'igno
ou incapables d'un nouvel apprentissage avec rance, les préjugés, la routine, l'obstination
des instrumens d'une forme parfaitement con des valets de ferme ou des gens du pays of
stante et donnant toujours les résultats iden frent parfois des obstacles presque insurmon
tiques. tables etdont M. de Dombasle, dans son excel
Enfin, les instrumens en fer bien établis, lent mémoire intitulé Du succès ou il s revers
étant d'une inflexibilité presque absolue, il eu dans les entreprises d'améliorations agricoles(l),
résulte beaucoup de régularité dans leur mar nous a présenté un tableau exact.
che; avec eux la perfection du travail de « L'adoption des instrumens perfectionnés
vient moins dépendante de la volonté de ce d'agriculture semble, dit-il, au 1er aperçu, du
lui qui les fait agir, et enfin il est plus aisé, nombre de ces améliorations qui sont à la
par suite de la constante uniformité de la portée de tout le monde, dans lesquelles on
résistance qu'ils éprouvent, de mesurer la peut réussir partout dès le début d'une entre
force nécessaire pour vaincre celle-ci et d'em prise agricole. Cependant il est bien certain
ployer plus utilement la force motrice. que c'est par des tentatives prématurées de
On a reproché aux instrumens en fer de ne ce genre que beaucoup de personnes en ont
pouvoir être réparés par tous les ouvriers, compromis le succès dans leurs exploitations,
d'être plus pesans et d'un prix plus élevé; et quelquefois aussi dans le voisinage. Le con
mais il est constant que les altérations et les rup cours de la volonté des employés inférieurs
tures y sont beaucoup moins fréquentes que ou des valets de ferme est indispensable pour
dans les instrumens en bois, et qu'au moyeu qu'un nouvel instrument, quelque utile qu'on
des pièces de rechauge les réparations sont le suppose , puisse s'introduire avec succès
aussi rapides que faciles; que s'ils sont quel dans une exploitation rurale, plus que tout
quefois plus pesants, la régularité et la per autre genre d'amélioration. Pour obtenir ce
fection de leurs formes font qu'ils n'offrent résultat, il fatit que le maitre inspire de la
pas plus de résistance au 'tirage; enfin, que confiance à ses valets, je veux dire de la con
lors de l'acquisition, s'ils sont d'un prix plus fiance comme cultivateur el surtout comme
élevé, leur durée et la perfection de leur tra possédant les connaissances du métier, car
vail paient bien au-delà, el souvent dès la lre c'est là tout ce qui constitue toute l'agricul
année, l'excédant de dépense qu'ils occasion ture aux yeux des hommes de cette classe.
nent. Au reste, il est présumable que l'abais Communément le propriétaire qui entreprend
sement progressif du prix du fer, et l'établis d'exploiter son domaine en changeant les mé
sement sur plusieurs points du royaume thodes du pays ne place guère de confiance
de fabriques tl'instrumens d'agriculture aux dans les idées des valets; mais ceux-ci dans
quelles un bon système d'étalonnage permet ce cas en placent encore bien moins dans les
tra de réduire les prix, ne laisseront plus, connaissances de pratique du maître, et il ré-
même au petit ménager, de prétexte pour sultede cette défiance réciproque la situation
donner la préférence aux instrumens grossiers la moins favorable pour l'introduction de
du charron de sou village. nouveaux instrumens. La confiance ne peut
seconimanderetil n'estqu'un moyen de l'oble-
§ III. — Considérations sur le choix des instrumens nir,c'esl de la mériter. Aussitôt que le proprié
et des machines. taire aura réellement acquis de l'expérience,
qu'il possédera une connaissance approfondie
Quelque éclairé qu'on soit dans la pratique de ses terres; lorsqu'il connaîtra bien la mar
de l'art, quelque versé qu'on puisse être dans che ei l'emploi des instrumens que l'on y ap
la théorie et les sciences accessoires à l'agri plique tous les jours; lorsqu'il sera en état
culture,' il n'en faut pas moins apporter la d'apprécier par ses propres observations
plus grande prudence dans le choix des ins leurs qualités el leurs défauts, les avantages
trumens dont on veut garnir un domaine. Par ou les vices des cultures qu'ils exécutent, alors
exemple, on a fait observer avec justesse qu'il ses valets commenceront à juger qu'il est cul
ne serait pas toujours judicieux de repousser tivateur, et il trouvera dans les essais qu'il
sans examen les instrumens employés dans pourra tenter pour introduire de nouveaux in
un pays où l'on organise un fonds, sous le strumens, non-seulement des1 bases plus sû
prétexte qu'ils sont construits dans leur en res pourasseoir lui-niêineuiijugementsur les
semble sur des principes vicieux. Ces instru effets qu'il en obtiendra et pour s'affranchir à
mens peuvent eu effet présenter des formes cet égard de la dépendance de ses gens,
ou des modifications qu'une longue pratique niais aussi bien moins de résistance de leur
aura fait juger nécessaires, qui ont pour elles part. S'il a réussi dans ses l™1 tentatives, ou
la sanction de l'expérience et qui sont utiles du moins sises valets l'ont vu juger avec dis
dans la circonstance locale où ou en fait usage ; cernement et en praticien les instrumens
ce qu'il importe alors, c'est de corriger les qu'il a essayés, on peut être assuré qu'il lui
vices de construction tout en conservant le sera facile d'obtenir une coopération franche
principe, et d'obtenir ainsi une amélioration et bienveillante dans les tentatives du même
sans s'écarter des habitudes dit pays et de la genre qu'il fera ensuite. Je ne crains pas d'af
routine des agens. firmer que dans le nombre des mécomptes
Quand les instrumens sont imparfaits et ne que beaucoup de propriétaires ont éprouvés
présentent aucune modification utile, le mieux dans des essais d'introduction d'instrumens
est assurément de les remplacer complète perfectionnés d'agriculture , la cause princi
ment par des instrumens perfectionnés; mais pale se trouve dans le défaut de confiance
il est souvent très dilficile d'introduire de des valets occasionné par l'absence des con-
(i) Annales de Rwille, tome VIII, p. J"8,
CflAP. 5". COMPOSITION DU MOBILIER. 449
naissances de pratique du mattre. Il est donc l'acquisition qu'au moyen d'un marché dans
sage de s'efforcer d'acquérir ces connaissances lequel on énoncerait le prix convenu, la na
avant de se livrer à des tentatives de ce genre, ture et la quantité de travail qu'on exige dans
à moins qu'on n'ait sous la main un homme la machine et où on stipulerait que le paie
dans lequel on est bien assuré de trouver, avec ment ne serait effectué qu'au moment où, la
des connaissances de pratique, une coopéra machine étant montée, le mécanisme fonc
tion franche et le désir sincère d'obtenir la tionnera bien. Une machine fonctionne bien
réussite des instrumens que l'on veut intro lorsque sa marche est douce, silencieuse, uni
duire. » forme, qu'elle remplit les conditions voulues
Lorsque nous conseillons de faire choix, au relativement à l'emploi de la force, ou du com
moment où on organise les divers services du bustible consomme si c'est une machine à feu,
domaine, d'instrumens nouveaux et perfec à la quantité et à la qualité du travail exigé.
tionnés, nous n'entendons pas qu'on garnisse Une mauvaise machine est toujours très dis
la ferme d'instrumens nouvellement inventés pendieuse par les résultats imparfaits quelle
ou de ceux auxquels des agriculteurs ou des donne, les réparations qu'elle nécessite ou les
mécaniciens auront propose de faire quelques chômages continuels qu'elle occasionne.
améliorations qui peuvent être parfois utiles
dans une localité, mais qui n'ont pas ce ca Section IL — De la composition du mobilier.
ractère de généralité qui distingue les bons
instrumens. En agissant de cette dernière ma § I". — Des principes propret à guider dans l'évalua
nière, on ferait en effet une faute grave; l'an tion numérique des objets du mobilier.
née où l'on forme un établissement rural n'est
pas le moment favorable pour faire l'essai de Le nombre des instrumens d'agriculture
nouveaux instrumens, à cette époque on ne inventés jusqu'ici est si considérable qu'il faut
saurait marcher avec trop de circonspection et nécessairement faire un choix, même parmi
on a beaucoup d'autres études et de tentatives ceux qui jouissent d'une réputation méritée.
à faire pour en assurer le succès. Par instru Ce choix, comme on le pense bien, doit être
mens nouveaux et perfectionnés nous enten nécessairement basé sur les besoins du ser
dons de bons instrument, qui ont été améliorés vice et sur l'importance ou la nature de l'éta
d'après les principes de la mécanique ou les blissement qu'on organise.
préceptes de l'expérience, et qui ont déjà reçu, Il est d'abord 2 écueils qu'on doit chercher
dans les pays où l'agriculture a fait les progrès à éviter quand on s'occupe du mobilier d'une
les plus remarquables, la sanction du temps ferme , l'un est de garnir la ferme d'un nom
et l'approbation des praticiens les plus éclai bre insuffisant d'instrumens et l'autre d'un
rés; et enfin ceux qui, dans les circonstances nombre superflu.
où on se trouve placé, sont les plus propres à Un mobilier insuffisant annonce toujours un
remplir les conditions qu'on doit chercher établissement mal administré et où on veut
dans l'emploi des instrumens d'agriculture ét souvent exploiter une étendue de terrain qui
que nous avons exposées plus haut. n'est pas en proportion avec les capitaux dont
Nous avons insisté il n y a qu'un moment on dispose. Dans une pareille ferme, faute
sur la simplicité, la solidité et la légèreté que d'instrumens et de machines, on éprouve,
doivent présenter .des instrumens d'agricul dans les cas urgens, des dommages considé
ture, et nous avons ajouté quelques considé rables ; les appareils, y fatiguent beaucoup
rations sur les matériaux qui doivent servir à et ont besoin de réparations fréquentes qui
les construire ; nous n'avions alors en vue que occasionnent des chômages prolongés et très
d'énoncer les principes généraux qui doivent onéreux pour l'entrepreneur. Cest doue
guider dans le choix de ces instrumens ; mais une économie bien mal entendue que de ne
quand il s'agit de les acquérir; il faut pousser consacrer, sur le capital fixe d'exploitation,
encore plus loin l'examen de détail. Il ne suffit qu'une somme qui ne suffit pas pour se pro
pas qu'un instrument soit construit d'après un curer tous les objets mobiliers nécessaires
bon modèle et avec des matériaux convena pour établir une bonne distribution économi
bles, il est de plus nécessaire qu'une bonne que des travaux dans le cours d'une année et
exécution assure à ces appareils tous les avan pour être même en état de faire face aux cas
tages que leur modèle présente et doit garan graves et urgens, et un précepte dangereux
tir. Ainsi, après avoir étudié avec attention la par ses conséquences que celui donné parquel-
pureté et la rigueur des formes d'un instru ques auteurs de mettre la plus rigoureuse éco
ment, après avoir reconnu les matériaux qui nomie dans l'acquisition des instrumens, sous
entrent dans sa construction, on s'assurera de le prétexte que c'est un capital qui dépérit
la bonne qualité de ceux-ci, surtout dans les très rapidement et ne peu t se renouveler qu'au
pièces qui sont destinées à éprouver beaucoup moyen de nouveaux sacrifices.
de fatigue, des secousses violentes ou des Remarquons d'abord que les instrumens
chocs; on examinera avec attention leur mise perfectionnés et bien établis, comparés en par
en œuvre et surtout les moyens d'union des ticulier à ceux de même espèce mais d'une
pièces et les assemblages, et enfin les orne- construction moins parfaite, expédiant en gé
mens toujours superflus dont les construc néral plus de besogne que ceux-ci, n'ont pas
teurs décorent les instrumens souvent pour besoin d'être aussi nombreux, et, quoique
masquer certains vices de construction qui souvent d'un prix plus élevé comparative
ne doivent pas échapper à un œil exercé. ment, ne sont pas, au résumé, plus onéreux
S'il s'agissait d'une machine plus impor pour le capital d'exploitation.
tante, telle que la machine qui sert à battre Rappelons ensuite que quand on substitue
le grain ou celles qu'on emploie dans divers les instrumens mis en action par les animaux
arts agricoles, il serait nécessaire de n'en faire au travail de l'homme, on est, il est vrai,
AGRICULTURE. 109* livraison. TOME IV. — 57
4M ADMINISTRATION RURALE. LIT.
obligé de consacrer une somme plus considé termine ses qui accroissent pu d.
rable à l'acquisition des instrumeus et des nuenl la ilf de travail annuel sur les c...
moteurs, mais on diminue en même temps blissemens ruraux, tant pour lesagens(p. 393)
dans une proportion bien plus grande les som que pour les moteurs (p. 432), nous avons vu
mes qu'il faudrait consacrer annuellement que les principales étaient l'étendue du fonds
aux travaux manuels, et il est rerlaiu qu'une a exploiter, la nature et la configuration du
comptabilité en règle démontre bientôt qu'il terrain, le climat, J'éloignement des pièces de
y aeu économie réelle sur les capitaux avancés terre, l'état des roules et chemins, le système
pour l'exploitation du fonds au bout d'un de culture et d'aménagement, le mode d'ad-
certain espace de temps. miuislralion, le nombre et la durée des jour
D'un autre côté, un mobilier superflu a ses nées de travail, la force, l'énergie et l'adresse
înconvenieus; il occasionne des avances de des .travailleurs, la vigueur ou l'aptitude des
fonds plus considérables et charge inutile bêtes de trait, les travaux d'amélioration, etc.
ment la production des intérêts de ces avan Tcules ces causes agissent dans le même sens
ces; il occasionne des ci.combrcmens qui, pour l'aire varier le nombre des outils, inslru
dans les fermes où l'espace renfermé jiar les mens, machines ou ustensiles dont il convient
batimens est limité, causent des perles de de garnir un domaine, puisque c'est avec ces
temps, des lenteurs dans le travail ou des ac- objets que le travail est généralement exé
cidens. De plus, il n'esl pas un eu 1 1 j vat"iir qui cuté l)e même que lorsqu'il s°agi| des
ne sacbe qu'on ne parvient en agric Uture à agens e.l des moteurs, plus les instrumeus
faire économiquement un bon travail, qu'au sont propres aux services auxquels on les
tant que les agens ou les moteurs eux-mèiues applique, moins ils ont besoiu d'être nom
ont acquis par UU usage constant et prolongé breux.
l'habitude des instrumeus; que, des qu'on Dans le mode le plus ordinaire, on déter
change très fréquemment c ux -ci, ou devient mine d'abord le nombre des charmes dont on
moins expert à conduire chacun d'eux et qu'on aura besoin pour les labours; puis on fixe en
perd même un temps assez considérablea une suite, d'après cette donnée, le nombre pro
sorte de nouvel apprentissage qu'il faut faire portionnel des autres instrument de culture
chaque fois qu'on change d'inslrumeus el qui seront nécessaires. Dans d'autres occa
avant que le travail marche avec une parfaite sions on prend pour hase le nombre des che-
régularité. C'est en se basant sur ce fait d'ex DOUXqui sont juges .utiles pour exécuter lotis
périence que Anukuso.n, qui avait surtout en les travaux, et ou établit, d'après la composi
vue les fermiers anglais qui assez souvent tion des attelages, le nombre des charrues en
f;arnissenl leurs étahussemeus d'objets mnbi- comptant 1 charrue pour 2, 4 ou G chevaux;
iers nouveaux et trop multiplies, disait (pie puis proportionnellement celui desautres ob
des instrumeus nombreux et qu'on emploie jets. Ainsi, je suppose qu':l s'agisse de con
rarement étaient pour le cultivateur une naître quels sont les instrumeus ordinaires de
source d'embarras et de mécomptes plutôt culture qu'il serait nécessaire d'acquérir pour
que de satisfaction- exploiter dans le système de la culture al
Celle observation s'adresse surtout aux jeu terne un domaine de 120 ihect de terres la
nes gens qui forment un établissement ou aux bourables placées eu plaine, en sol de consis
propriétaires zélés pour les progrès de l'agri tance plutôt comuacteOjUe moyenne, dont les
culture, qui, animés du désir de monter leur labours doivent être exécutés dans l'espace de
ferme avec tous les perfectiouneme/is connus -in jours, où les bâlimens sont situés au cen
dans le moment, ou d'épargner la main-d'œu tre de l'exploitation, les chemins en bon état,
vre, ou enfin de répandre la connaissance d'un les journées de J2 heures de travail effec
nouvel instrument qu'ilseroient avoir un haut tif et les instrumeus perfectionnés. Sur ce
degré d'utilité, s'empressent d'acquérir une domaine 8 chevaux de taille moyeune, bien
foule d'objets mobiliers superflus dont ils se dressés, travaillant avec 4 charrues, seront
servent rarement ou dont ils sont obliges sou nécessaires pour exécuter ces labours dans le
vent d'abandonner l'usage. temps déterminé. Eu outre, on aura besoin
En règle générale, ou ne doit meubler une d'une charrue de rechange, au moins, en cas
ferme qu'avec les objets réellement nécessai de rupiure, de détérioration ou d'accident ; en
res et ceux seulement dont on peut faire un tout 5 charrues. Il faudra compter également
emploi utile et avantageux. sur S herses à 2 bêtes. Si on employ ait un ex-
tirpateui', il eu faudrait également 5; mais,
J II. — De» mode* iliven pour ùYlerminer la quantité dans ce cas, on n'aurait plus besoin que de 2
ou le nombre de* objet! mobiliers charrues. Deux rouleaux sut liront poui les
4 attelages, et 1 ou 2 boues a cheval, suivant
l'étendue des cultures sarclées. Quant aux
Nous n'essaierons pas de donner ici un in véhicules, il faudra 4 charrettes ou chariots
ventaire exact du mobilier d'un établissement à 2 chevaux pour les 8 animaux de trait, etc.
rural ; ou comprend assez que les modifica Lu mode plus naturel pour connaître, lors
tions infinies qu'apportent dans ce service les de l'organisation d'un domaine, la manière
conditions essentiellement variables dans les dont ou doit composer le mobilier consiste,
quelles chaque lenne se trouve placée, reu- après qu'on a arrêté le système de culture et
Uraieutcelte nomenclature longue,incomplète d'aménagement qu'on devra suivre, à former
ou inutile; mais nous pouvons dire un mot sur le tabliau de» .travaux annuels de culture. Ce
la manière dont il convient, dans chaque ras tableau étant dressé suivant les saisons,
particulier, de régler la quantité de ces objets on y relève ensuite séparément tous les tra
mobiliers. vaux de différente espèce, c'est-à-dire qu'on
Lorsque nous nous sommes occupés de dé fait un relevé de tous les labours qu'où aura
chap. 5r. PRIX DU SERVICE DES OBJETS MOBILIERS. «1
à exécuter dans l'année, aussi bien que celui néralement dans le prix du travail de ces ser
des hersages, roulages et charrois, etc. vices; c'est ainsi que nous avons porté an prix
Prenant ensuite en considération la pâture du service des attelages les frais qu'occasion
du terrain, la situation des bâliniens, la diffî nent les i i) s t rumens avec lesquels les animaux
culté des travaux', la perfection des ihstro travaillent, les ustensiles qui servent à leur
rnens et la quantité de travail journalier que harnachement, leur pansement, leur nourri
peuvent fournir les agens et les moleursqu on ture, etc. ; il est donc fort essentiel de con
emploie, ainsi que l'espace de temps pendant naître ces frais pour déterminer le prix du
Stquel ces travaux doivent être exécutés, on travaiTou de la coopération des services actifs
étermine aisément par cette méthode le et pour faciliter la recherche des combinai
ifhmbre des outils et des instrumeus qui se sons qui peuvent présenter l'économie la plus
roui nécessaires pour faire' ces travaux, en réelle et la plus avantageuse.
avant égard aux casualitès, c'est-à-dire' aux
circonstances où il faudrait achever ces tfà- .Les frais pour la jouissance des objet! mobilier! le
vaux en mi moindibindrc temps el' où' les accidéns compo<ent de divers Niémen." dont voici réuumération :
ét les détériorations petrverit rriél'lr'e un objet I* Intérêts du prix d'aclial qu'on calcule i raiion
hors de service pour quelque temps. On 'par de S ou 6 pour 0/0 par an, suivant le taux de l'ar
vient ainsi à connaître la quantité des ob gent.
jets qui dëlvènf com'poser les 2 premières ca *• Frais de réparations et d'entretien. Ces frais des
tégories établies ati coirinVencement dé ce cha - tinés a faire face au dé|térissenu*rit annuel el au renou
pitre, et comme ils forment là partie princi vellement desolijels mobiliers dép 'ndenlde leur lionne
pale du mobiliér d'une' ferme, nous essaierons ou de leur mauvaise construction, de leur nombre, des
dé donner lîh exemple de cé mode d'évalua matériaux qu'on y emploie , des difficultés du travail ,
tion" numérique à la suite <ïri chapitre qui du soin qu ori en prend, de l'habileté des agens, etc.
trâîtéra des travaux. Dans une ferme bien tenue el pourvue d'un mobilier
Maintenant, comme dans le système de cul- convenable, tes frais, en supposant les objets arhelés
titre que nous supposons qu'on a adopté, on neufs el en bon élal, peuvent s'éleverde 48 à 36 p.O/o
peut calculer assez exactement le poids pu la du prix d'achat pour les charrues ; de as à 33 pour les
Quantité des récoltes probables, il n'est pas herbes à dénis de bois, cl 10 à 11 pour celles a dénis
ifficile alors de déterminer' le' nombre des dè fer ; de T i IS pour les rou'eaux , de 1 S à 90 pour
Objets dè là 3, catégorie où des màchinés qui les cl arretles el chariot»; de ii 4 2S pour les autres ou
seront nécessaires pour faire subir à ces den tils ou instrumeus; de 30 à 30 pour Tes objets de harna
rées récollées un travail ou une transforma chement d'éiurie et d'élable, etc. En moyenne, el pour
tion quelconque, et, de'mëme, il n'y1 A pas de lous les objets mobiliers, les divers auteurs varient
difficulté à' mesurer la fbi're recueillie, trans dans leurs eslimalions. Je 15 à 1S pour 0/0; on
mise ou consommée dont on aura besoin,' peut adopter Ï0 p. 0/0 comme terme général pour lous
Enfin, relativement à là 4» catégorie ou aux les pava et dans toutes les circonstances, et pour ne
ustensiles, le nombre et fé mode de harnnehc- pas rester au-dessous des besoins dans telle évalua-
ment des attelages détermineront les pièces lion.
qui composeront celte partie du mobilier, les 3° Frais pourle logement des objets mobiliers. Ce!
connaîssanées pratiques qu'on possède déjà, frais «e calculent tomme teux du même ce re pourle!
les usages du pàys, l'aisanée' du fermier ser mire! services ; nous avons donné à la page 316 la m i-
viront' ensuite polir établir l'a nomenclature de nière d'effcilucr ce calcul. Nous y renvoyons, en rap
tous les autres objets1 <fé cette' catégorie' qui pelarit que les frais d'assurante des bàtlmens spéciale
appartietinéut à un service quelconque. ment affectés à cet emploi sont compris dans celle éva
luation.
Section III. — Du prix du service des objets 4* Frais d'assurance contre l'incendie qu'on dp peut
mobiliers. pas évaluer au-delà de l/i p. o/o, attendu qu'en ca!
d incendie, on parvient presque toujours à sauver une
Les objets mobiliers étant pour la plupart à partie des objets mobiliers.
l'usage des attirés services, les' frais auxquels
leur jouissance donne lieu figurent léplns gé- F. M.
TltRE QUATRIÈME.
La bonne administration d'un domaine a rale. Ensuite il faut savoir faire choix d'un
pour base une organisation forte et habile; système d'exploitation, de culture ou d'amé
mais une fois cette organisation établie, c'est nagement dans chacune des u verses bran-
à la direction a s'emparer des divers services .ches économiques dont se compose l'établis
qui ont élé créés, à les mettre eu activité et a sement; puis évaluer, mesurer, surveiller
leur imprimer un mouvement régulier, cons l'exécution de tons les travaux dui doivent s'y
tant et propre à assurer la bonne exécution faire, savoir établir les frais de production
et le succès de toutes les opérations. des denrées, connaître lés lois économiques
Pour diriger un domaine rural, il est indis qui règlent la vente et l'achat de ces denrées,
pensable d'abord d'exercer une autorité, un et enfin coordonner et contrôler tous les dé
contrôle et une surveillance sur l'ensemble tails de cette administration par une bonne
des opérations et sur toutes les circonstances comptabilité. C*e§t à l'examen de ces divers
3 ni peuvent intervenir dans l'administration sujets que les chapitres qui suivent vont être
'un établissement rural ; c'est ce que nous consacrés.
désignerons sous le nom de direction géné
l, 600
Ainsi, par exemple, je suppose que l'établissement lo Pour ses intérêts qui vont grossir le prix de la
en question entretienne 10 chevaux de travail ; leur jouissance des services auxquels il fait des avances. C'est
logement et celui des objets a leur usag" coûtera par ainsi que le prix du travail des serviteurs agricoles se
an 169 fr. SO c. à l'entrepreneur; plus, lit fr. 30c. trouve grevé comme nous l'avons vu à la page 400 ,
pour le logement des instrumens avec lesquels ils tra des intérêts de tontes les sommes avancées pour nourri
vaillent : en tout, 311 fr. 10 c. ; c'est-à-dire que le ture, salaire, logement, entretien , etc. Ces intérêts sont
prix du travail de chaque cheval est grevé annuelle i un taux plus ou moin* élevé, suivant que les capitaux
ment de 34 fr 10 c, savoir: 16 fr. 98 c. pour le lo appartiennent en propre à l'entrepreneur, ou qu'il a élé
gement de l'animal , et 18 fr. 43 ç. pour celui des ins obligé de les emprunter » des conditions qui varient
trumens à son usage. De même, la production animale suivant les pays , et par les causes que nous avons in
iloit supporter une charge de 391 fr, 80 c. pour loyer diquées plus haut en nous occupant du protit des capi
desétables; de 159 fr. 80 c. pour magasin à paille et taux.
fourrages; de ISO fr. 10 c. pour caves à racines; de S° Pourlesfrais d"assurance contre la grêle etCin
114 fr. 50 c. pour laiterie, et de 50 fr. pour logementcendie , pendant tout le temps que ce capital est sous
des agens du personnel préposés à ce service ; en forme de récoltes qui peuvent être détruites par ces
tout, 836 fr. 30 c. qui, répartis entre télés de gros fléaux.
bétail qu'on suppose réunies sur le domaine, mettent 3° Pour prime contre les faillites , banqueroutes ,
à la charge de chacune d'elles pour logement une somme retards de paiement qu'on peut évaluer à 1/4 p. 0/0 du
île il fr. 60 c. capital de roulement.
B. Le capital fixe ou • ngagè d'exploitation figure
§ II. — Service des capitaux. dans les frais de production :
1° Pour ses intérêts aux mêmes conditions que celui
Le prix du service des capitaux varie suivant qu'ils de roulement.
appartiennent au capital de roulement, ou au capital »° Pour les frais de son entretien et tes réparations,
fixe ou engagé. qui peuvent s'élever jusqu'à 35 et 30 p. 0/0 par an,
A. Le capital de roulement entre dans les frais de suivant l'espèce et la nature des objets mobiliers péris
production. sables qui le représentent. Nous avons cherché i éva
630 ADMINISTRATION RURALE. MV. VII.
luer pour chacun Je ceux-ci le chiffre de cet entretien de frais de production. Il en sera de même si , par une
lorsque nous avons , dam le titre II , traité de l'orga administration sage et habile, on diminue les déchets,
nisation des divers services. les rebuts, les avaries, les vols, etc.; si on fait choix de
S" Pour lesfrais d'assurance contre l'incendie, et travailleurs plus laborieux et plus actifs et intelligeos ;
contre les épizooties ou les maladies contagieuses qui si on réduit au strict nécessaire les capitaux fixés dans
attaquent les animaux; frais aui varient suivant les cir des objets qui ne sont productifs que d'agrément, tels
constances. que meubles somptueux . habillemens recherchés; si on
établit une rigoureuse économie dans les dépenses du
§ III. — Services des industriels. nfénage, etc.
D'un autre coté, si , tout en dépensant une même
Les services des industriels dans les entreprises agri valeur en services industriels, ou pour les mêmes frai»
coles accroissent h masse des frais de production de toute de production , on parvient a créer une plus grande
la somme qui représente les profits auxquels ils ont droit quantité de produits d'une même valeur que précédem
pour leur coopération ; or , en nous occupant de l'or ment, ou des produits d'une plus haute valeur, on aura
ganisation du service du personnel dans le titre III, et encore produit plus avantageusement, puisqu'on don
des profils industriels dans le présent chapitre, nous nera moins pour obtenir plus, ce qui est une meilleure
sommes entrés dans des détails assez étendus pour éva affaire et un marché plus profitable. C'est ainsi qu'on
luer et calculer cette portion des frais de production ; peut considérer comme un progrès qui équivaut à une
ce qui nous dispense de revenir sur ce sujet diminution de frais de production la suppression des
jachères , l'adoption d'un bon système d'assolement ,
$ IV. — Principes économiques applicables aux frais l'éducation des races fécondes et productives de bes
de production. tiaux, l'amélioration et l'accroissement successif de la
fertilité du sol, qui donne alors des récolles plus abon
Dans tout établissement agricole, de même que dans dantes qui ne coûtent pas plus de travail, etc.
tontes les autres entreprises industrielles, il faut, pour Tous les efforts d'un entrepreneur doivent donc ten
prospérer, que les produits créés aient une valeurégale dre sans cesse, par tous les moyens que lui suggèrent
à leursfrais de production. En effet, si la valeur de ses connaissances , sa capacité et sa pratique, et les
ces produits ne couvre pas les frais qu'ils ont coûté, il progrès des arts agricoles, à diminuer se*frais de pro
y a un service productif qui n'a pas reçu sa récom duction , soit en faisant une économie sur le prix des
pense. services productifs, soit, avec la même quantité de ser
Par exemple, l'entrepreneur, par l'influence des cir vice et les mêmes frais, en obtenant des produits plus
constances ou par son inexpérience , peut ne pas être abondans et d'une plus hante valeur.
indemnisé de ses soins, ou bien les capitaux qu'il a C'est l'entrepreneur qui profite d'abord de la dimi
avancés ne lui rapporter aucun intérêt. Dans tous les nution dans les frais de production qu'il parvient i
cas, comme c'est lui qui a conçu la pensée de l'entre obtenir, soit par des bénéfices plus considérables , soit
prise et qui l'a dirigée a ses risques et périls, c'est aussi par un écoulement plus prompt et plus assuré de ses
le plus communément lui qui coure toutes les chances produits.
de la production ; ses bénéfices s'accroissent ou dimi Si cette diminution est due i une méthode perfec
nuent suivant les circonstances ou le degré d'habileté tionnée, & un instrument plus parfait, i un mode ad
avec lequel il a conduit ses opérations. ministratif mieux entendu , toutes choses qui peuvent
Quand un produit paie très largement ses frais de avoir des imitateurs, laconcurrencc,commenous l'avons
production, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, déjà dit, ne tarde pas à ramener les bénéfices au prix
lorsque les bénéfices que recueille un agriculteur de la courant dans le pays. Mais si cette diminution est en
création de ce produit s'élèvent au-dessus de ceux que tièrement due aux qualités personnelles de l'entrepre
donnent communément les autres produits , les autres neur; si elle réside dans sa sagacité , dans ses vastes
producteurs ne tardent pas à s'en emparer et à rame connaissances et son expérience consommée; si elle est
ner par la concurrence les bénéfices qu'il procure au due à une habileté peu commune pour juger par le tact
taux moyen des autres productions du pays. et la vue des qualités du bétail , a une aptitude toute
Leprir courant des bénéfices qu'on peut faire sur particulière pour l'achat et la vente des animaux , à
chaque produit varie néanmoins dans des limites assez une activité extrême et toute personnelle i l'individu,
étendues, dans chaque canton et dans chaque établisse il est clair alors que l'entrepreneur peut espérer jouir
ment. Dans ce dernier cas, nous savons déjà que le taux long-temps de l'accroissement de bénéfices qu'il se pro
du fermage, celui de l'intérêt descapilaux, la capacité in cure ainsi par la diminution de ses frais de production.
dustrielle de l'entrepreneur sont les causes qui déter Le calcul desfrais de production est indispensable
minent les variations les plus sensibles dans ce prix. à établir toutes les fois qu'on a créé un produit et qu'on
Souvent la concurrence ou l'engouement des agricul veut le porter sur le marché, afin de comparer les prix
teurs pour un produit peuvent être tels que son prix qu'on en offre aux frais qu'il a coûtés, ou pour s'assurer
courant descende au-dessous de sesfrais de produc de la réalité et de l'étendue des profits que donne une
tion. C'est à l'administrateur habile à prévoir ce con opération agricole quelconque. Ce calcul suppose d'abord
cours, & se mettre en garde contre ces dépréciations de une connaissance parfaite de tous les élément qui doi
prix, et a diriger sur des produits d'une vente plus vent y figurer, et que nous venons de faire connaître,
ferme et plus soutenue ses efforts et ses capitaux. et ensuite une comptabilité très régulière où l'on puisse
On fait faire un progrès à l'industrie agricole toutes puiser ces élémens avec facilité et avec la certitude qu'ils
les fois que, par nn moyen quelconque, on parvient i ont toute l'exactitude nécessaire pour qu'on puisse
diminuer les frais de production. compter sur les résultats rigoureux des calculs. Nous
Si, tout en obtenant une même quantité deproduits donnerons quelques exemples de ces calculs dans l'ar
et des produits de même qualité, on parvient à suppri ticle qui traitera de la comptabilité et qui terminera
mer, je suppose, en tout ou en partie, l'usage d'un ce titre.
«ervice, à obtenir des conditions plus favorables dans
l'emploi des agens ou des moteurs, a tirer un meilleur
parti du concours d'un service quelconque , etc., il est
clair nu'on .mr,i créé une valeur é^a'e |na:, avct moin?
CHAI". 4'. DES VENTES ET ACHATS. Ml
créés qui ne peuvent être consommé* par le maître, 'ea
serviteurs, les bêtes de trait ou de rente, ou les fabrique*
Section III. — De» vente» et achats. industrielles, il devient indispensable de proposer ce
surplus à d'autres consommateurs. Or, on ne peut
{ I,r. —' Dm principe! de* vente» et achats. abandonner à ceux-ci la jouissance ou l'usage de cet
produits que s'ils consentent a donner en échange un
Un agriculteur qui produit pour son propre compte autre produit qui convienne i l'entrepreneur. C'est cet
n'est pas seulement un entrepreneur d'industrie, échange de produits qu'on nomme vente et achat.
c'est encore un marchand de denrées agricoles, qui Un produitm'a de valeur échangeable au autant
souvent ne se contente pas de vendre ses propres den qu'il a de Vutilitétax yeux de celui qui veut I acquérir;
rées, mais spécule en outre sur les denrées créées par l'échange sert donc à constater la valeur d'utilité des
d'autres et cherche ainsi à réaliser des bénéfices choses. Pour comparer et évaluer l'utilité des chose*
en dehors de la production par des combinaisons plus on se sert ordinairement d'un certain nombre de pièce*
ou moins heureuses suivant sa sagacité et son intelli de monnaie, parce que la monnaie est un produit
gence. dont la valeur, c'est-à-dire la quantité de chose qu'un
L'agriculteur doit donc, indépendamment deses con nombre déterminé de pièces de monnaie peut acquérir,
naissances dans l'industrie qu'il exerce, avoir l'habileté étantgénéralement connue, parait sous ce rapport émi-
du négociant et l'expérience du marchand ; et, à ces di nement propre a ces sortes d'évaluations. ,
vers titres , il importe que celui qui administre un do La valeur d'échange des choses est de sa nature
maine connaisse les phénomènes sociaux qui se mani perpétuellement variable; elle change avec les lieux ou
festent dans la vente et l'achat des produits de toute d'un moment à l'autre, et rien ne peut la fixer définiti
espèce. vement parce qu'elle est fondée sur des besoins et sur
La venu des produitsdudomaine est une des fonc de* moyens de production qui peuvent varier à chaque
tions dévolues à l'administrateur. C'est la conclusion instant, et suivant de* circonstances infiniment multi
de toutes les opérations agricoles , celle qui complète pliées.
le cercle de la production, démontre si on a conduit Une des cause* principales qui tendent surtout I
avec habileté ces opérations , révèle souvent les vices faire varier la valeur des produits dans une localité ,
d'une méthode ou d'un mode d'administration, fait ren c'est lafacilitédes débouchés, ou moyens d'effectuer l'é
trer annuellement le capital de roulement augmenté change réciproque des produits créés. Les débouché*
des bénéfices industriels de l'entrepreneur, et constate sont d'autant plu* vastes , plus faciles et plus varié*
enfin d'une manière préremptoire l'étendue de ces bé que les producteurs dans un pays sont plus nombreux,
néfices. Mais il ne faut pas échouer au port, et, après plus actifs , plus riches, et les objets échangeables plus
avoir conduit toutes ses opérations avec prudence et sa variés; que la civilisation fait éprouver i la population
gacité, perdre par négligence ou par l'ignorance des pre des besoins qu'elle est par son industrie en état de sa
miers principes du commerce les fruits de son travail et tisfaire; que les objets sont produits à moins de frais ;
de son industrie. La vente des produits d'un domaine que les moyens de transports y sont plus étendus , plu*
est donc une opération dans laquelle on ne saurait variés , plus sûrs et moins dispendieux; que de* me
apporter trop de sagacité, de prudence et d'activité. sures administratives n'y entravent pas la production ,
Témoins des chute* multipliées et des revers qui ont la libre circulation , et la consommation des pro
été la conséquence de spéculations entreprises par des duits, etc.
fermier*, beaucoup d'agronomes ont fait observer que
l'agriculteurprudent ne devraitjamais sefaire spécu J II. — Du pris courant et des
lateur en denrées agricoles ; que les chances dans
ce genre d'industrie, qui en réalité est en dehors de l'a La quantité de monnaie pour laquelle on trouva
griculture proprement dite , étaient trop incertaines et communément & acheter ou vendre un produit quel
trop variables pour ne pas porter la perturbation dans un conque constitue son prix courant. Le prix courant
établissement ; que les risques qu'on court, comme toutes d'une marchandise suppose toujours, dans les transac
le*choses qui présententquelque apparence aléatoire ou tions du commerce, une quantité fixe de cette mar
d'un jeu, finissent par dominer l'esprit de celui qui s'y chandise et une qualité déterminée. Ainsi, quand on
abandonne; que, dans cet état, un agriculteur tout en dit que le froment était, en février 1*38, i 16 fr. sur
tier adonné au soin de ses spéculations ne pouvait le marché de Paris, cela signifie qu'un hect. de fro
plus apporter la même activité ni la même attention à ment de lra qualité s'échangeait contre cette somme i
l'exploitation de son domaine ; enfin , qu'il devenait cette époque à la halle aux blé* de Pari*.
plutôt un marchand de denrées qu'un agriculteur. Ces Le prix originaire d'un produit est d'abord basé sur
observation* nous paraissent exacte*, et nous pensons les frais de production, et, quand ce* frais de pro
aussi qu'un administrateur prudent se bornera simple duction ont déterminé le taux le plu* bas auquel la
ment à spéculersur les produits qu'il a créés lui-même ; création de ce produit peut être entreprise et poursui
cette aorte de spéculation offre déjà de* chances assez vie avantageusement, ce taux, combiné avec l'utilité
multipliées san* le* grossir par des achats et des ventés propre du produit ainsi qu'avec le nombre, la richesse,
sur de* produit* autre* que ceux du domaine, et sans les besoin* des consommateurs, détermine la quantité
■'exposer aux innombrable* mécompte* que présentent de ce produit que le public demande et par conséquent
les prix courans et les mercuriales, et la solvabilité ou la quantité qu'on peut créer avec profit.
la mauvaise foi des autres spéculateurs. C'est bien assez Quand un produit est cher, c'est-i-Jire quand il ne
d'ailleurs que toutes les opérations de l'agriculture ne peut être créé qu'avec de gros frais de production, la
■oient, pour ainsi dire, qu'une sorte de spéculation , où demande qu'on en fait est moindre, puisqu'il n'y a
on achète de* services productifs qu'on paie les uns en qu'un nombre limité de consommateurs qui peuvent la
argent et les autres en nourriture, en entretien , en lo payer, et réciproquement lorsque, par de* moyens per
gement , et en soin* divers ; car toute opération agricole fectionné* de production, les produits baissent deprix,
n'est, en définitive, qu'une spéculation dont tout le se leur consommation s'accroît dans une proportion bien
cret est de donner le moins pour recevoir le plus. plus rapide que la diminution des prix.
Puisque dans la plupart des élablissemens agricoles Plus un produit est demandé, plus les service*
il y a toujours une quantité considérable de produits qu'on consomme pour sa production deviennent d'a«
AGRICULTURE 114* livraison. TOME IV. — 66
,522 ADMINISTRATION RURALE. LIV.
bord rare» et marché un emplacement public où l'on se rend de tons
étendue a-t-elle les lieux d'alentour pour vendre des denrées qu'on
faire élever les prix produit ou acheter celles qu'on veut consommer.
ble, le prix d'un produit Il ne suffît pas, en effet, de produire des denrées et
plus qu'il est plus offert par le producteur «c que les consommateurs dans un pays soient multipliés,
demandé par le consommateur, ou que les services riches et en état de les acquérir par l'échange, il faut
dont il est le résultat sont plu* offerts et ravins de encore, pour qu'ils puissent proposer et effectuer cet
mandés. ■éciiange, qu'on mette les produits i leur portée ou sous
Très souvent le prix courant des denrées agricoles leur main par des transports, qu'on les divise par por
éprouve d'autres influences que celle des frais de pro tions, afin qu'ils puissent en prendre la quantité dont
duction ; des circonstances politiques, l'apparence des rie ont besoin et dans un lieu où il leur est commode
récoltes prochaines, la crainte d'une mauvaise année ou de les trouver. Cest ce lieu, cet emplacement où le pro
l'espérance d'une bouée, la direction des besoin* des ducteur et le consommateur se rencontrent et où l'on
consommateurs, la formation d'industries nouvelles, la trouve communément les denrées que l'un veut céder
concurrence entre les acheteurs cotnbinéeovec celle qui ou l'autre acheter divisées en portions d'un poids on
s'établit entre les vendeurs, la mode et l'eHSjowinent d'un volume déterminé, auquel on donne le nom de
qui exercent aussi 1eur empire sur les denrées ngrioo- marchépublic, de huile, loùrse de commerce, etc.
les, etc., influent sur les quantités offertes «t demsN- Cest dansées halles et marchés publics, où les agri
dée<=, et par conséquent sur le rapport de l'une a l'astre culteurs, les industriels ou les marchands se rendent I
qui est l'expression du prix courant. Dans tous les ras, certaines époques fixes, que s'établit le prix courant ou
les frais de production d'un coté et les besoins de l'autre cours des denrées agricoles. Ce prix, ainsi que nous l'a
vons dit, s'établit naturellement en hausse, suivant que
les denrées sont plus demandées et moins offertes, et
Les économistes ont donné le nom de nturrhé « tous en fatisse, suivant qu'elles sont plus offertes et moin*
les endroits où l'on trouve l'écoulement ou la vente des demandées. Souvent ce prix éprouve des fluctuation*
produits dont on veut se défaire ; c'est, a proprement assez notables dans un même marché par suite d*une
parler, l'étendue physique de terrain sur lequel en nouveMc affluence de vendeurs ou «"acheteurs, par de*
trouve des consommateur* de ces produits : ainsi, nos spéculations inattendues o.u considérables, par des cau
département maritimes sont un marché actif pour la ses fortuites, des nouvelles sur la politique ou .la si<-
vente des chanvres, celui du Bas-tYhm poar cette de ta tuetion industrielle et agricole.du pays, vraies ou faus
garance, celui de la Seine pour les denrées agricoles de ses, ou par besoins imprévus, etc. Tantôt, au .contraire,
toute espèce, etc. ce prix reste calme ou n'éprouve que des variations peu
Un marché, dans le sens général de oe mot, est d'au étendues.
tant plus considérable ou plus étendu que l 'importance LesnaUes et marchés ont donc t>vauta|e pour le
et les moyens de vente y sont plus considérables, plu* cultivateur de constituer des points .de réunion ou des
faciles et plus multipliés. Un pays populeux et riche rendez-vous dans lesquels ,il jat certain , à diverses
offre, pour tous les produits qu'on peut y vendre, on époques de Tannée , de trouver rassemblés des ache
marché plus étendu qu'un pays pauvre et dépeuplé, et teurs on des vendeurs de denrées agricoles , .et où ta
les grandes villes présentent partout un «usrahé consi concurrence pt les circonstance* locales ou accidentelles
dérable pour la vente des denrés agricoles. rhrentle prix courant des denrées qu'A veut vendre ou
Des moyens de transport faciles et peu coûteux, qui de celles 'dqpt il veut se pourvoir.
permettent de faire voyager plus au loin les denrées La connaissance du cours des denrées sert ensuite
agricoles, un service d'attelages bien organisé, etc., pour les acfiais et les vjeatesguipeuvent sejairc liors
augmentent l'étendue du marché sur lequel on peut des marchés; elle permet de ne tas payer une .mar
vendre des denrées. De mauvaises roules, l'absence de chandise au-delà de sa véritable valeur, ni de la vendre
canaux de navigation, «le chemins de fer, des mesures au-dessous de son prix courant.
fiscale» onéreuses, des Attelages mal montes, 'l'igno Cesprincipes étant posés, nous allons examiner quel*
rance des besoins des populations et du prix courent sotit tes devoirs de l'adrainistcaleur .comme marchand
dans les localités environnantes, l'indolence du plus de denrées agricoles.
grand nombre des cultivateurs, 'l'apathie des popula- ■L'objet le plus important que l'adnïinrstrale,ur d'un
, sont autant.de causes qni tendent an contraire à domaine doit d'abord .avoir en vue pour la vente de sa*
restreindre l'étendue du denrées est de s'assurerde Tétendue du jnarclu: .sur le»
Le poids des denrées, combiné avec leur valeur qoçl îl pourra écouler ses produits ; .pour cela, il pas
échangeable ou leur iprix-courant «merturt à'acorflitre sera successivement en revue les lieux où se tiennent
ou à restreindre l'étendue du marché. "Par **empjc, les marchés, cejcrx où il j a des halles permanente»,
une marchandise précieuse ou qni a une haute valeur Icspqimsoyla.populationse trouvei^lqméfée, comme
pjut, quel que soit son poids, être transportée à une les vflles, les bourgs., !cs,camps, ,ou bien les centre*
grande distance; les frais de transport ne seront tou cFactivîtt» 'industrielle ou commerciale» comme les fa
jours qu'une petite Fraction de sa valeur qui Se Irouve- briques,les usines, Jes ports, les vtIles_3'.entrepot,.etc.
ra fort peu augmentée par ce déplacement. Il n'en est Cela fait , il s'assurera de l'espèce des denrées dont on
pas de même de la plupart des denrées agricoles, qui trouve 1e plusTacilemeot à se défaire sur ces marchés^
ont en général un -grand poids et Un volume souvent d> celles qui y "ont un cou es permanent, ou ou'on de-
considérable avec une faible valeur. ,11 n'est pas possi mandeleplùs particulièrement dans )es lieux de con
ble, ai ce n'est par les moyens les ptus économiques sommation.
que présentent^ navigation de la mer, des rivières oudes 'Ces notions étan.t acquises, il s'informera àefim-
canaux, et les chemins de fer, de les transporter a une \poruince Ses marchés, de la masse des affaires qui
grande distance sans augmenter d'une manière notable s'y font dans chaque espèce de denrées, les jours où
leurs frais de production que les prix du transport Vien le marché est ouvert ; .si ces affaires se font plus par
nent encore grossir; leur marché est donc toujours bor ticulièrement. par petites, moyennes ou grosses paftiesj
né à une étendue de pays assez limitée par suite «Via quels sont les individus nui se présentent communé
difficulté ou du prix des transports. ment comme acheteurs; s'il sont solvables et d'une ino-
Dans un sens pins restreint, on désigna par le mot ralité rec .:nue; si la vente des denrée» et la variation
cnAP. 4r DES VENTES ET ACHATS.
des prix courante ne sont pas à la Ji ~cr<* i ion de quelques *; S»jr le toarehe il» (j. lUuc à S Lilom., le prix lu froment ea| ml.
gros marchand», de courtiers ou de spéculateur» , ereteeHMr iSTr. Seie. !.. rorHf rjui y conduit rrt ferrée et en tnaurai, état. Les
le IramptHt et te rrlour. qarl peuvent l>ftVCH>er rn nne jour-
et s'il faut nécessairement avoir à fairo à eu» et passer "Jf«. PiT u»r ^"rctle »Uelee de 4 ite'lUE ueccaaairei Kir celle
par leurs mains; quels sont les modes de traiter les roule,4 joermeee ronl, «avoir
de rheral n ■ fr. So r » fr. 10 e.
plus en usage; si on fait les affaires au Domptant, à 1 iOTUJei de eparmitr. f cttapria; le taiictamtol et
crédit ou à ternie; à quelles conditions et soin quelles déetiar)tentent de ta toiture, à 1 Tr. io e 1 40
Coulage, éehantillun»,
réserves, suivant le» usages locaux, les vente» le font pow cwi. . •. . défaut
. , de meaurage, uu quartn » 9a
ordinairement; si, avec la quantité de denrées qu'on IJrolti luunicipaHii^
peut jeter sur le marché, on ne dépréciera pal le prix —ii 60
T0.4 ....... >J ,
courant ; ti çe prix t'établit naturellement et n'est pas 3. U «arrhé A, r «,, »i.u« a i? ^ilc.»n ; |«? frpmta|v rit to\è iC f Boe.
sujet à des fluctuations considérables, résultat des ma pravinai Un jv*nl i« rrn(,pc t r-». mrtrr.tr par unf n'iitrc natïpnbte , qui pi» Ù
de U (trinf, chw»t |t ôiHtMM» rM MU (ûft tl O* l'on mute
nœuvre» de quelques spéculateur*; si on n'est pas sou in tout ifin^ tic; bj>*î^u| rn pli^jr. i4|(| 4 U, rrmotilf ap i ]a dr»o nte
mis pour le déplacement dps denrées i des mesure» vexa- ewpnt 1« Inn^nrt 14 prix du ni *■ ÏO etni. par tpnn«Au el pfcr k.ilr>m.'iir, y
dru"* df narifntion. I.« trannport »>t U
loires ou aux exigences du fisc , etc. l'SfJlrwni,* dj cpucliçfi tttHhiH wt le* lysn» cl q.ti pirniieul un pwir
Toujçsces macères étant éclairai»» > il s'assurera de cent Xlruti de Hi^tt de romn.,»i.çt.. 1.»^ rrtiîf nopt alun 1*» ■•uran» :
jwirtiee de et.nàl pour (rtrnport ait batrM, ft
la distance de 1a ferme à tons ces marché» ou lieux de l j* de journée
ç. ....
consommation dans un ravop asse* étendu , en tenant ■?u»rt dT.on.me. pour cfisrp'r, rondulrc. l fr. *e c
compte des sinuosités et détours des chemins ; puis, il dfchargrr II Toiturr el dëpoter « «ur le batrati, a
étudiera avec le plus grand soin )es z-prés de çotrm>'i>i- Frai| t df nasifîtùo'i ti » 4t
Catfoff qui conduisent aux uns et aux autres sous le ut du VaiinKi trampoH tu marrie. ... I •
C*t*.M*, r«*«ïl(Ul«a tlefauldr lurfura^r ,
rapport de leur viabilité, 4e célérité des moyens lyi ârBit pour reut 1 C«
de transport , de la sécurité du rpu'agfi, et enfin du MEmM r>-r.ïre"le* arci«ïeTrt, 1^8 pourcml ■ 4o
prix du transport pour une distance et pour un poids |t>f«*t
ÏJr j d»tin.r«a*Mi>*a«i**«
■. .; .oa au CW*€t.fT> .......... II 10 *W
déterminé de denn'es, T°MÏ. - - .
C'est d'après (ous «es docujnepa, et en les ccnaiii- eot» a| fr
nant entre eux, que l'aduiinislrateur se déterminera à d>e ! ï. e. Ou w rend a et imrcW p*r u») eanal ditlant iTuue d< mi-jr>urnée
porter ses denrées sur le awrcllé qui lui présents» cbju» nvtt de U fr. ane *t •ù l*i>n Irtmve eh mut t»mp» taenpa «Vî
dei hateaui e.
U lj-4ii*pnri «I la TetMp fe *»t f-ut de atatet»
ntrrur par
far de* e
uue somme d'avantages supérieure 4 celle de tous las dH prrle.çst ut) liuï| de droit de ruanmÎHton. I.r nrïide>du eourliera
Irairanapurtquiet
autre*. dfWo dmib #m J« il rént. par tamtraii el par irihnne-tTr etH tea Frail
de tranaport, «atoir :
D innop» un i jounté« de rberal pour trantport au IMfJ. à«rr. Jo. 4 fr. Co e.
recourir dans ce ça». i journée d'homme pour rb.aif.er. rontïuira, dérbar-
L'administrateur de la ferme de M" dans, le canton «J» rlh droit de Hnavigation
Fraïf dip»HI a»r i* Ulr«» ...... 111 90 4o
de V", je suppose , veut vondpe â» liactolitrei do for Déchargement du baleau et tranaport au marché . . ■
Lovla**. er.pea. MaMMillow. daMaart de anerurape ,
ment du jioiJs do Tû Ulog. riieetql,, «l» lotit t.dflu iffl. _ uu .:--hi; Djiur çpt. . . . .j p .... * s
(ou l US, topnçau de i ,0i)Q kiloe. }. La frai» (je ae e^nrml**«r»n au rourtler S Co
ce froment sur la ferme ont été, d'après le i élevé de lUPOW cent a la
\T ji ^
la comptabilité, et y compris les frais de conservation > » «o
jusqu'à celle époque ft les Ijênéfice» industriel» _ de S L. »vrké de E iric«et>t | eateoté
l'entrepreneur, qu'on a porlé» i 6 p. p/Q de son capital l€ tr. !oc, Q11 part-—' mu dt ter qui païae a
d'cxpinit^iq». de 1 1, fr. l'l|eciplitre. Cinq nui die» pour «Waa^oueaw. de 1:, ferme pêû d'1 Jwtaoee. Le . _ 1 r* elrrmtn r>t à in»
l'éc lujement de ce froment spot ouverts constamment ■ ■nuùuratrur qui ue^ia, ,ej aVrrca>ra>ca< par lad-
ri> du tta»i»| rn eat de
et | restaient chacun, pour une distance qui n'est pas S4 eent. eafH. par temnean et rearlïlefm.'.
par kilom. l.ea frai» ae cnmpi •port cVa TOja^euia
la jiême , une voie de communication diffc rente.el un ) j u.nera de £M r.ri pijur Jraii»nprt au ebyiiaer. cfc»uiljtr de rfcar
prix souvent différent pour chacun d eux. (rrmerrï du rlierorn. a a rr ip r . ; <r r . ,
■ (partvu-f d faea.»e penr tt.raer. eouduëre, devlurper ta
i. Sur temarrti* de A, stlu*. i ap kïloni., le? pria ilu Mierteoté l£ L; rOMpre r t
EfU du imvporj. • rbacxrr fur ica w«|oa» «T 4. 71
U ratdr qui | tmiml «St fSïtt en'lout terrrrrî lïeefiireen.rrrt et tranaport aur le aaarekS. S S.
tl.•ri s*r». Le» fr<i»
'i loarrrfr»
■ Le pour la Irauaporl M la Mloar «n «eurent .r»Vvu
r#arta)cr
par une eSarretle de la leroie atleKe de i tke,.ua. «oe
DMMrlaVrlMSlilr.Sir. . . ' L ^f. »
a jouruéea de raMNn, ! reerqHK I» riui(n»nl et Ft.it rk »•■; w
dt > l.-r^< num de la Voiture àa"ii fr. Jm
j t. , . ', , , a
r.mil.f,. ,,|.„,;ili,.r,. dt-Fïul 3e (natta, meatu-age,
»
une mri( 4rà rneiiùi'tl'q, la rqi" * Avec ces élcmcn». on est en état de dresser le ta-
H iausuivant qui fait voir d'un seul coup d'oeil les avan-
Trial. Up s que fU 'Sente tel ou tel marche
=====
MOYEN m«Ti«c« van*
Littt de xncai. à d. deprnilrrrtfon de rux
vente
da par- transport •4 pria sur let
datrsflapott aMafe
f».Seront, courir. 50 hiut. ».rchî
• .. ... p. et*
■ - * ■ r"" - — 1
•V *» M. Jofr. 30 c. tSfr. c. 3W fr. S« c. — 1 fr. ie c.
B. . . • . • rt 6* ICI t — t «
C. . . . . 4 4» 16 »o 354 60 2>< +• 11 Ii
^•fltia . « r, . ffi U 32» «« 3,1 +- * »o
Chemin de fer. . *» S s 16 »0 3»i io 314) éf 4 S0
: —— -aj_
Dan» ce tableau, on soit d'un coup d'œil que les lageux, sut tout si on peut employer les hétes de trait
marchés \ et B, où l'on se rend par routa de terre et plu» utilement ; que mime ce» deux marchés, qui «ont
avec les attelages de la ferme, ne sont nullement les plus rapproché», donnent , à cause du laas prix du
524 ADMINISTRATION RURALE. tnr. vit.
froment, une perle de 30 c. et de l fr. sur les frais de i marchés par les petits cultivateurs pressés de convertir
production et de transport. Les autres voies de commu en argent leurs récoltes, et qui se contentent alors d'un
nication présentent toutes de l'avantage ; mais c'est très léger bénéfice. Dans d'autres lieux on a observé
celle par la rivière qui réalise sur l'opération une dif qu'aux époques les plus généralement adoptées dans le
férence en plus de il fr. 31 e. qui parait mériter la pays pour le paiement en argent du canon de la ferme,
préférence. le marché se chargeait davantage de denrées qu'aux
Resterait à balancer les avantages que le calcul assi autres époques, parce que les fermiers sont alors obligés
gne aux divers marchés par les chances commercia de convertir en écus une partie de leurs denrées, etc.
les que présente chacun d'eux sous le rapport de la Quelques fermiers, pour se délivrer des inquiétudes
certitude de la vente, de la moralité et de la solvabilité que peuvent leur causer la mobilité des prix courans,
des acheteurs ; de la bonne foi et de la loyauté des adoptent la méthode de partager leurs récoltes en un
courtiers; des conditions, termes ou échéances auxquels grand nombre de petites portions, qu'ils livrent succes
se font les ventes et les paiemens, etc.; toutes circons sivement à la consommation chaque jour de marché.
tance qu'il nous est impossible d'examiner ici , et dont Cette méthode a cet avantage que les denrées, au bout
la connaissance des localités, l'expérience et la pratique de l'année, ont été vendues au prix courant moyen
permettent seules de tenir compte dans les transactions de l'année et que les rentrées ont été faites régulière
de cette espèce. ment pour couvrir les dépenses , ce qui occasionne des
Rien ne serait plus facile pour un administrateur avances moindres de capitaux; mais elle a l'inconvénient
que de dresser un tableau du prix moyen du transport, de nécessiter des charrois et de causer des pertes de
a diverses époques de l'année, d'un hectolitre ou d'un temps bien plus considérables, et dont il serait impor
quintal métrique de toute autre denrée, pour tous les tant de tenir compte si on voulait la comparer écono
marchés qui l'entourent et toutes les voies de commu miquement avec celles qu'on suit en d'autres lieux.
nication qui peuvent y conduire. Un pareil tableau A moins qu'on ne prévoie avec quelque certitude un
étant placé sous ses yeux , lorsqu'il voudrait vendre des événement grave ou une circonstance importante qui
denrées, il n'aurait plus qu'à comparer entre eux les sera très propre à élever prochainement le prix courant
prix courans, les rapprocher du prix du transport et d'une manière sensible et un peu durable , la prudence
calculer en un instant et en tout temps sur quel mar conseille, dans toute spéculation , aussitôt que le prix
ché il pourrait placer ses denrées avec le plus d'avan courant est arrivé à un taux satisfaisant , de se dé
tage. faire de ses denrées et de réaliser ses bénéfices. En agis
sant ainsi, on se délivre du soin de la conservation
§ III. De la pratique des ventes et achats. des récolles et des chances défavorables qui peuvent
naître par suite de la variation dans les prix ; on cesse
Le prix courant , combiné, ainsi qu'on vient de le de charger les récoltes de frais de logement et de con
voir, avec les frais de production , y compris le trans servation; on délivre des capitaux qui étaient engagés
port sur le marché , sert donc de base a toutes les spé et restaient oisifs, et qui peuvent être employés à faire
culations de l'administrateur, et lui indiquent les lieux de nouvelles avances i la production ou i d'autres spé
où il doit livrer ses denrées à la consommation ; mais culations avantageuses, etc.
l'instant auquel il convient , dans les intérêts du produc A cet égard, on ne sait pas toujours, dans les élablis-
teur, de se délivrer ainsi de ses denrées et de les jeter semens ruraux, calculer avec cette rigueur qu'on doit
sur le marché n'est pas aussi facile à déterminer qu'on apporter dans toutes les parties de l'administration,
se l'imagine, et mérite que nous entrions à cet égard mais surtout quand il s'agit de vente etde spéculations.
dans quelques explications. AGn de donner une idée des opérations de calcul qu'il
Les prix courans, comme nous l'avons dit, sont es est utile de faire dans ce cas, nous donnerons un exem
sentiellement mobiles , et il arrive souvent que d'un ple bien simple.
marché à l'autre, et parfois dans un même jour de mar - Supposons que le froment de lra qualité, dans mon
ché, ils éprouvent des variations dont il est très difficile établissement, revienne, en frais de production, i 16 fr.
d'apercevoir les causes et qui déjouent tousles calculs de l'hectolit., y compris les frais de conservation et mes
l'administrateur. Il faut infiniment de sagacité et une bénéfices de 96 c. à 6 pour 0/0 par an comme entrepre
connaissance approfondie des besoins et des ressources neur et que j'en aie 100 hectolitres i vendre que
d'un pays pour pouvoir déterminer a l'avance avec quel je puis trouver à placer sur un marché a raison de
que chance de succès les limites probables entre les 16 francs 30 centimes l'hectolitre, les frais de
quelles pourront osciller les prix pendant une certaine toute espèce pour le transport et la vente étant de
période de temps. Des études raisonnées, des voyages, 6 c. l'hectolit. En vendant au moment indiqué sur ce
un commerce étendu, une connaissance parfaite des marché, je réaliserai une somme de. . . 1,830 fr.
marchés, une grande habitude des spéculations, peu dont il faudra déduire pour frais de trans
vent seules donner ce coup d'œil sur, cette prévision port 6
nette des mouvemens que devront éprouver les prix ou, en somme nette 1,634
courans. C'est le fruit d'une longue expérience et des
applications auxquelles nous conseillons l'administra
teur de se livrer comme étude, soit réellement, soit c'est-à-dire que j'aurai vendu mon froment 16 fr. 34 c.
même fictivement, quand l'importance de son entreprise l'hectolitre et que mon bénéfice aura été de 96 c, plus
ne lui fournit pas suffisamment d'occasions favorables, 34 c. ou l fr. 30 c. par hectolitre.
s'il veut porter dans ses spéculations cet esprit d'ordre, Un cultivateur voisin, qui a observé que les prix cou
cette prévision, cette prudence qui en assure le succès. rans du marchéon t éprouvé peude variations depuis quel
Quelquesfaits d'expérience, relativement à la varia que temps et qu'ils ont une tendance à la hausse, préfère)
tion des prix courans, sont pour ainsi dire devenus attendre que ces prix soient plus élevés. En effet, il se
banals, mais n'en méritent pas moins l'attention de manifeste dans le prix courant un mouvement de hausse,
l'administrateur. Dans un assez grand nombre de loca mais assez lent, et au bout de 4 mois les fromens de
lités, par exemple, on remarque, après la moisson, la qualité supposée sont cotés sur le même marché i
quel qu'ait été le succès de la récolte , que les céréales 17 fr. 30 c. l'hectolit. Voyons lequel de nous deux a
éprouvent généralement une -dépression qui provient réalisé les bénéfices les plus considérables, en suppo
de la grande quantité de ces denrées apportées sur les sant que les frais de production fussent les mêmes.
CHAP. 5*. AVANTAGE ET NÉCESSITÉ D'UNE COMPTABILITÉ. 525
fr. | tes et par fois constituant do véritables fraudes pour
100 hectolit. de froment lui coulaient en | tromper l'acheteur sur la qualité de la marchandise ou
frais de production ù l'époque où j'ai I lui en imposer sur la quantité, ou enfin pour l'attirer,
vendu 1,600 pour le séduire, pour capter sa confiance et conclure
Auxquels il convient d'ajouter : un marché à un prix qui leur soit avantageux. Il en est
Frais de conservation pendant 4 mois, de même pour les ventes qu'un homme peu expérimen
10 journées d'homme a l fr. 40 c. 14 té tente de faire ; là une foule de voix s'élèvent pour
Intérêts des avances à raison de 8 p. 0/0 le décourager, pour déprécier sa marchandise, pour le
par an, pendant 4 mois 38 60 contraindre à la céder ù vil prix ou lui imposer des
Bénéfices industriels, i 6 p. 0/0 par an des conditions onéreuses. Ce n'est qu'à force de bon sens
capitaux avancés; pour 4 mois. . . . Si » et de droiture qu'on parvient à déjouer toutes ces ru
Avaries, pertes, vols, coulage, à raison de ses mercantiles qui au reste exercent peu d'inOuenca
top. 0/0 par an ; pour 4 mois. . . 83 33 sur un administrateur qui fréquente habituellement
Frais de transport sur le marché. . . 6 » les marchés et qui par suite a acquis une grande ex
Total des frais 1,731 93 périence et finit par apprécier la loyauté et la pro
Ainsi son froment, au bout de 4 mois, lui coûte, bité individuelles de la majeure partie des marchands
rendu sure marché, 17 fr. 33 c. l'hecloliL, et comme ou des spéculateurs qu'on y rencontre, et se tient en
en réalité il ne l'a vendu que 17 fr. 30 c, il s'ensuit garde contre leurs manœuvres de toute nature.
que son bénéfice, pour 1 6 mois, a été composé de la ma En général, il faudrait s'astreindre, dans un éta
nière suivante : 96 c par hectol. a l'époque de ma vente, blissement bien dirigé, à ne porter sur les marchés
plus 33 c. pour les 4 mois qu'il a conservé son blé en que des produits aussi améliores que cela est possible.
magasin, moins 13 c, différence du prix de revientau Un exemple que nous avons eu sous les yeux nous a
bout de 4 mois, avec le prix du marché ou au total de la paru assez frappant pour que nous le citions ici.
sommede 1 fr. 1 6 c. tandis que le mien, au bout de 1 6 Un cultivateur dont les terres étaient négligées ré
mois se composera d'abord d'une somme de 1 fr. 30 c, collait un froment de bonne qualité d'ailleurs, mais
réalisée 4 mois plus toi, plus de 23 c pour mes bénéfi renfermant une assez grande qnantilé de grains amai
ces industriels pendant ces 4 mois où j'ai dû recommen gris et de graines d'herbes parasites. Ce blé, transporté
cer une opération productive, au total 1 fr. 53 c. par sur les marchés, s'y vendait, à cause de sa malpropreté,
hect., c'est-à-dire une différence de 36 fr. sur les 100 1 fr. 60 c. de moins par hectolit. que le blé nettoyé ;
hectolit., sans compter les soins administratifs que la ainsi, lorsque les prix courans du marché étaient, pour
conservation lui a nécessités, les inquiétudes que la va les blés propres, de 16 fr. l'heclolit., ce fermier ne pou
riation des prix loi a causés, les embarras pour défaut vait vendre les siens que 14 fr. 50 c. Unneltoyage soi
d'argent comptant et peut-être la stagnation dedivers tra gné, que nous lui conseillâmes et qui ne revenait qu'à
vaux qu'il n'a pas pu entreprendre faute de moyens,elc, 40 c par hectolit., fit aussitôt remonter ce froment au
et encore ne faisons-nous pas figurer dans les calculs les taux ordinaire et procura de suite à ce cultivateur un
frais de logement des récoltes, qui pourraient y être por profit de l fr. 10 c. par hectolit. par cette seule opé
tés si, dans les 4 mois où mon voisin a conservé ces ré ration ; la diminution de la quantité de blé se trouvant
colles j'avais trouvé le moyen d'employer utilement mes presque compensée par la valeur des grains maigres
greniers, mes granges et mes magasins. donnés comme aliment aux volailles et aux cochons.
Ce n'est pas assurément une chose simple et aussi En définitive il résulte de tout ce que nous avons dit,
facile qu'elle leparaît au premier abordque de vendre que, dans les ventes et achats, il faut connaître les be
et acheter sur les marchés; indépendamment de la soins et les ressources d'un pays et l'allure de ses mar
connaissance parfaite des circonstances qui peuvent in chés, avoir une connaissance parfaite des hommes, sa
fluer sur le prix courant, c'est un art qui exige une voir apprécier avec sagacité la valeur et la qualité des
parfaite connaissance des nommes en général et en par objets qu'on veut vendre ou acheter, agir avec pru
ticulier de ceux avec lesquels on traite. On a générale dence et réaliser quand on trouve un prix convenable,
ment à faire, dans les achats à des marchands ou à des et chercher plutôt les gros profils dans la répétition
négocians qui défendent leurs intérêts avec une ex des bénéfices quand cela est possible que dans l'espoir
trême aprelé et à qui la pratique et l'expérience ont d'une grande élévation dans les prix.
enseigné une foule de manœuvres quelquefois innocen- F. M.
fr. c. frc.
charrues simples i 85 fr. l'une. . 510 >
Mobilier de la ferme charruei a avaot-lrain a 115 fr. . 230 »
herses a 13 fr. 50 c 62 50 802 50
Il etc.
2 jumens de 7 ans à 500 fr. l'une, 1000
Chevaux. » chevaux, robe etagediversl SOOf. 2700
a poulains de s ans a 350 fr. . , 500 4200 »
8 râteliers doubles à 30 fr. . . , 180
Bergerie. 6 béliers i 50 fr. . . . . . 300
300 portières i 15 fr 4800 5280 »
etc. 10282 50
Ce tableau suffira , je pense , pour mettre quelle quotité doit être à la charge de chaque
chacun sur la voie qu'il convient de suivre. groupe.
Quoiqu'il ne convienne pas , ainsi que je l'ai Quoiqu'il soit facile à chacun dégrouper les
dit, de réunir en un seul groupe des objets valeurs qu'il a à inventorier, je pense néan
peu analogues dans leur destination, il ne faut moins qu'il ne sera pas inutile de faire con
pas cependant toujours suivre cette indication naître ici les objets qui viennent se ranger dans
dans le classement des valeurs. De quelque les principaux groupes.
manière que l'on distribue aux différens comp Caisse. Ce compte comprend exclusivement
tes ou groupes les valeurs à inventorier , le les valeurs représentées par les espèces mo
résultat général et définitif sera bien toujours nétaires.
le même; mais on n'aura pas une idée précise Effets à recevoir- On range dans ce groupe
des résultats partiels et spéciaux. Je n'approu les valeurs qui sont en portefeuille, tels que
verais pas, par exemple , un inventaire dans billets à ordre, traites, obligations de banques,
lequel la cabane du berger, les claies et us promesses, enfin toutes les espèces de papier-
tensiles du parc, etc., seraient réunis au mo monnaie souscrits en faveur de l'exploitant.
bilier de la ferme; je préférerais les mettre à la Mobilier de la ferme. On inscrit sous ce titre
charge du compte de la bergerie : et voici sur tous les objets mobiliers dont les frais d'en
3uelles raisons je fonde mon opinion. Les frais tretien et de renouvellement , ainsi que la
'entretien du mobilier de la ferme sont et rente, sont à la charge des récoltes. Les char
doivent être répartis entre les différentes ré rues, les chariots, très souvent les ustensiles
coltes; si l'entretien des ustensiles de porche de ménage, degranges, d'écuries, de greniers,
rie, de bergerie, de laiterie se trouvaient en de magasins; les harnais, les ameublemens et
globés dans le mobilier de la ferme, les récoltes literies des valets y entrent comme partie es
en seraient indûment chargées , tandis que sentielle.
les porcs, les vaches, le troupeau auraient leurs Ménage ou Provisions de ménage, ou enfin
comptes respectifs bonifiés d'une somme Dépensée déménage. Ce groupe représente tou
qu'ils devraient supporter. Quand même il tes les provisions emmagasinées et destinées
n'y aurait pas homogénéité de nature, je crois à être consommées par les gens de la ferme :
donc qu'il est plus rationnel de distribuer à le pain, la farine, le sel, l'huile, le porc
chaque groupe la portion du mobilier qui n'est sale, etc.
pas destinée à être répartie entre les diverses Animaux. Je ne conseillerai jamais à un cul
récoltes. Ce mode de fractionnement présente tivateur qui opère sur une échelle un peu im
quelquefois des difficultés qu'il n'est pas fa portante, d'introduire dans son inventaire un
cile de résoudre. Par exemple , à une exploi groupe général pour tous les animaux qu'il
tation rurale 5e trouve annexé le service des possède. Il est préférable d'établir plusieurs
postes royales : les cAevaux sont alternative catégories. Ainsi, il y aura, suivant les circon
ment occupés sur la ferme et à la course; oui stances, un groupe spécial pour les chevaux,
dira quelle portion des frais d'entretien des les vaches, les bœufs de travail, les bœufs à ien
harnais, des râteliers, etc., sera supportée par grais, les porcs , les moutons. On pourra, sui
les récoltes , quelle autre portion devra être vant les renseignemens qu'on désire obtenir,
à la charge du compte de poste ? Il en sera de fractionner encore ce dernier compte ; ainsi,
même si l'établissement agricole est confondu l'on aurait les groupes de moutons fins , com
avec une entreprise de messageries, avec une muns, métis, anglais, moutons d'engrais, mou
tuilerie, une sucrerie, etc. Je ne crois pas qu'il tons à laine, etc.
soit possible, dans ces différens cas , de faire Denrées en magasin. Je ferai pour ces valeurs
une répartition mathématiquement équitable la même observation que pour les animaux.
des frais occasionnés par l'entretien et le re On aura donc a l'inventaire un groupe spécial
nouvellement du mobilier. Quand on se trouve f>our les racines en magasin, pour les pailles,
en face de semblables conjonctures , il vaut es foins, les grains en magasin; et si l'on a
mieux n'avoir qu'un compte de mobilier , et une grande tenue, il ne sera pas sans utilité de
confier à sa prudence le soin de déterminer fractionner encore quelques-uns de ces corn»
CHAP. 5e. DE L'INVENTAIRE ET DE L'ETAT DE SITUATION. 699
tes ; ainsi on pourra avoir si on le désire, avoine, l'hypothèse qu'on succède à un fermier qui a
bli, orge, seigle, eu magasin; foin de trèfle , de cultivé suivaot l'assolement triennal. Les avan
luzerne,d'esparcette, etc., en magasin. Enfin, il ces au profit du fermier entrant ne seraient
est rare qu on n'ait pas à établir un compte de pas moins importantes si son prédécesseur
fumiers ou d'engrais. Sous ces différens chefs avait cultivé suivant l'assolementou le système
viennent se ranger les différentes valeurs que alterne, pastoral, etc.
le cultivateur possède à son entrée en ferme, On m'objectera peut-être que ces valeurs
ou dans le courant de sa carrière. S'il y en a sont fictives plutôt que réelles , car on doit
quelques-unes qui ne trouvent pas naturelle en laisser d'équivalentes en sortant. C'estjouer
ment leur place dans quelqu'une des précé sur les mots , ou prouver qu'on n'a pas une
dentes catégories , il sera facile de lui assi idée bien précise de ce qu'on appelle capital.
gner une dénomination, etd'en faire un groupe Le capital de l'exploitant, ce sont les valeurs
nouveau. qu'il consacre à l'exercice de son industrie.
Les inventaires se bornent ordinairement Peu importe à l'essence du capital que ces va
à l'estimation des objets analogues à ceux que leurs appartiennent en propre à l'exploitant,
je viens de mentionner; cependant ils ne for ou qu'a les doive à son crédit, à des prêteurs,
ment pas la totalité du capital dont le fermier à des actionnaires, etc. Dans l'espèce,les valeurs
débutant peut disposer. Il y a encore d'autres engagées dans le sol doivent être rendues à la
valeurs qui, pour être latentes et généralement fin du bail , je le sais ; mais elles ne font pas
négligées, méritent d'être prises en considé moins partie intégrante du capital, et doivent
ration sérieuse. Ces valeurs sont représentées figurer dans l'inventaire avec d'autant plus de
par les engrais, qui se trouvent non pas dans justice qu'on n'en paie pas ordinairement
la cour ou les parcs de la ferme, mais qui sont d'intérêts. Ceux qui n'ont pas résolu de nier
déjà enfouies dans le sol. Ces valeurs sont l'évidence seront donc convaincus avec moi
réelles, et personne, queje sache, n'a conseillé que l'inventaire réclame à bon droit l'estima
de les inventorier. C'est certainement une tion de ces valeurs.
erreur; car elles font partie intégrante du ca- Je vais essayer de poser quelques principes
>ital, et l'inventaire est incomplet toutes les sur la manière dont on doit procéder à l'éva
fibis qu'il ne résume pas tous les élémens dont luation de cette portion du capital; je suppose
se compose le capital. Ces engrais déposés qu'on entre à la Saint-Michel : les pailles, les
dans le sol ne reçoivent pas le nom de fumiers, racines, les fourrages de toute espèce laissés
mais celui d'engrais en terre. par le fermier sortant à son successeur trou
Au nombre des valeurs qui ne figurent pas veront naturellement leur place dans les grou
ordinairement dans les inventaires, et à tort, pes , pailles, racines, foins, etc., en magasin.
selon moi , on peut encore mettre toutes cel Les fumiers qui pourront exister seront in
les qui ne sont plus disponibles, mais qui n'en ventoriés comme a l'ordinaire.
sont pas moins existantes; telles sont les terres Pour les champs emblavés , on supputera,
qui ont reçu des labours, les terres déjà en 1° les frais de labours, hersages, etc.; 2» les
semencées, les prairies artificielles en pleine frais de semences; 3* les engrais en terre. Les
prospérité, etc. deux premiers objets sont faciles à évaluer
Je vais essayer de faire sentir toute l'impor d'après les usages locaux ; les engrais en terre
tance de cette portion du capital ainsi engagé s'estiment de la manière suivante :
dans le sol, importance qui est aussi grande Dans l'assolement triennal , blé. avoine, ja
pour le fermier que pour le propriétaire ex chère, on suppose que le froment s'empare
ploitant. Les deux époques ordinaires d'entrée des 3/5 des engrais déposés dans le sol ; que
en ferme sont la Saint-Georges (fin d'avril), l'avoine prend à sa charge les 2 autres cin
et la Saint-Michel ( fin de septembre). Si on quièmes.
prend possession du sol au printemps , on ne Dans l'assolement alterne , racines, céréa
jouira pas, à la vérité, des céréales ensemen les de printemps, trèfle, blé, on suppose que
cées; mais on aura à sa disposition les fumiers les racines de la 1™ récolte épuisent la moitié
3ui ont été amassés pendant l'hiver , on jouira des fumiers qu'elles ont reçus ; que la céréale
es engrais qu'a reçus la jachère précédente, qui les suit épuise la moitié de ce qui reste ou
et que le dernier blé du fermier sortant n'é 1/4 de la totalité ; enfin, que, sans rien mettre
puisera pas en totalité. On aura aussi la jouis à la charge du trèfle, on fait supporter le der
sance des prairies artificielles qui n'auront coû nier quart au blé de la dernière année.
té aucun frais d'ensemencement. Si l'époque Pour les prairies artificielles de longue du
d'entrée est fixée à la Saint-Michel, le capital rée, on divise les frais d'ensemencement par
engagé dans le sol au profit du débutant est le nombre probable d'années que durera la
bien plus considérable encore et plus appa prairie ; et on mettra à la charge des prairies
rent; il jouit des emblavures, il jouit des en existantes la quote part qu'elles doivent sup
grais en terre, il jouit enfin de tous les four porter. Je vais éclaircir ces considérations par
rages, de toutes les pailles qui ont été récoltées quelques exemples.
pendant l'exercice précédent. J'ai parlé dans
Le colza, étant généralement considéré com Sectios IV. — Reddition et Ôiit du journal.
me une plante sarclée, ne prend que la moi
tié des engrais qu'il trouve dans lt- sol et laisse La comptabilité est chargée d'indiquer toutes
l'autre moitié à la charge des récoltes qui lui les modifications de valeurs que Subit lé capital
succéderont. Cependant, att tableau qire je accusé par l'inventaire. Suivant les circonstan
présente comme modèle , le colza supporte ces, il résulte de l'exercice d'une industrie
tous les frais de fnmnre, ou une moitié de création, anéantissement, modification de va
trop; mais il sera facile, à la fin de l'année ou leur. Tous les faits qui font Maître fuiie ou
de l'enercice, de diminuer celte moitié, et de l'autre de ces transformations, Ou plutôt, les
la reportef si» la récolte survante. faits qui sont l'expression de CëS rtiétàmor-
Je me suis peut-être arrêté long-temps sur phoses sont du domaine de la comptabilité.
cette seconde partie de l'inventaire; mais elle La création de valeurs nouvelles së nomme
m'a paru si importante, et je l'ai trouvée si bénéfices , l'anéantissentênt de valeurs anté
généralement omise dans toutes les méthodes rieurement existantes prend îê nom dé per
de comptabilité qu'on a proposées au culti tes. Quant aux simples modifications, ou trans
vateur, qu'il était à désirer qu'on fit connaître port de valeurs (l'un objet à Un Autre', on se
i erreur qor abuse les < le bu tans sur leur vé- contente de les consigner sans leur donner de
dénominations partientières.
L'inventaire n'a pas dans la langue du comp Le journal est un registre qui représente
table, la même signification que l'état de situa fidèlement, et jour par jour, toutes les modi
tion. L'état de situation fait connaître les va fications de valeurs qui ont lieu siir les objets
leurs réellement possédées par l'exploitant; il oui constituent le capital. Pat èxëihple , on
se compose de deux élémens : l'actif repré donne 15 ktï. de foin a un. bœuf à l'engrais; la
sente les valeurs dont l'industriel peut dispo valeur représentée par ce fourragé sè trans
ser ; le passif représente celles de ces valeurs porte de Foin en magasin h Bœufs â l'engrais;
u'il a empruntées, qu'il remboursera, on c'est là un fait qu'il faut constater.
a ont il s'est constitué débiteur de toute autre Le premier article du journal doit repré
manière. Inscrire méthodiquement dans un senter, en tête de chaquejour, l'état de la tem
tableau synoptique les valeurs qui représen- pérature et la physionomie climatérique de la
tentson actif et son passif, c'est faire son état journée. On y enregistrera aussi les faits qui,
de situation ou son bilan; mot qui ne signifie sans constater une modification de valeurs,
pas toujours, comme on le pense faussement, méritent cependant une mention particu
que l'industriel est en faillite. Si l'actif excède lière.
le passif , la situation est bonne; si le con En tète du journal on place le résumé de
traire arrive, les valeurs des créanciers sont l'inventaire.
en péril. La rédaction du journal n'est soumise à au
cune forme particulière, à aucun mécanisme
BA*. ». DU LIVRE DE (LUSSE. 531
obligataire. Cè principe me parait si impor- 1 étendue , sans être prolixe ; concise , sa&sdtre
tant que je 'econsidère comme l'émancipation | aride.
du comptable. Cette rédaction sera assez } Exemple :
Aujodrd'hirt terminé firitenfaireV Inscrit sot On cahier Spécial degttaé à recevoir atonootlemefiff fr.
(ouï mes inventaires ultérieurs. Celte disposition facilitera la comparaison de» rétutlats qoe< j'ob
tiendrai. J'àl trouvé que me* capital se répartit ainsi entre les objet» soivan* :
Lé mobilier de" 1* ferme «e monte a la sommé tê.i . . lit in*,. n, s. i- ,»/..- .• t. n 8tT2 80
Les elievânx . . . I . ( i ..<».<. i (, » < t .)(;;.-).• ; *i06 »
La bergerie1 4.. ..»./.». .(. . / . >».it.^r . . » . . 9*»0 v
La luzerne devant le moulin vaut encore. >>jj....<i.w.i,(rw^^ . ièi sa
Le colza ( clos des Boeufs) a une valeur de 818 60
Le blé ( Hâot-G-ravier ) a une valeur de ...... s . ï i ...... . .... ISS» 60
fen sorte que là totalité de mon capital ou de mcm actif Si iriohtë à 12700 »
Sur cette tomme, je dois à M. Salomon, marchand de chevaux i Meizières 650 fr. » c.
à M. Rafin-Rosé, coattructeur à Paris jio »
à M. Saiufroid, banquier à Metz. . 9500 »
Ainsi mon passif se porte* à* - SUS •
Ce qui réduit réellëmént mî foflnfleà •J406
Aujourd'hui jour fériéj point de travail. Mes garçons venus le matin, j'ai prescrit à chacun sa
besogne ; j'ai réglé avec eux la ration des animaux :
Les ju mens recevront tous les jours 40 liv. de foin, » litres1 d'avoine,
Les chevaux — — — 138 —- 6 — — <00 liv. pommesde tefrff
Les poulains — — — 20 — 4 — — 0 cuites.
Les montons — — — 530 —- J) — — Srrcr
Ainiitoui tel jour» il y aura uue dépense do 5 1 5 liv. de foïn, 18 litre» d'avoïue. 600 liv. pomill. ij.
Comme je ne vois rien qui s'oppose à ce que je rationne ainsi me» animant pendant uri certain
temps, je compterai les mêmes quantités jusqu'à ce que'j'introduise quelque modification dan» laj
ration.
Le foin sera compté an prix de 82 fr. les 860 kif. — Le* pommes de terré 30! prktdc 4 fr. tOe.
l'hectolitre de 68 kil. , et l'avoine à raison de 7 fr. les 100 litres. —: Le» pommes dS terre co*er>"t|
de plus les frais de cuisson. Voici comment je les évaluerai. J'ai pris 10 fagots à la bneherië pour
les faire cuire. Le compte de ménage sera bonifié de la valeur de ce bois qui était en totalité pe'rté
du eélé des dépenses de nu-nage, et j'en chargerai les moutons pont S/6 et leschevan» pouf 4/8.
C'est dans cette proportion que ces racines «mt d'attribuée* à ces 2 espèces d'animaux.
J'ai mis aa moulin 3 hectolitres de blé i 18 Mfr. * e.
1 — seigles 10 fr >.!.*.;..'..}. «J *
lut monture coûtera , 3 »
11 y a donc à- mettre au nombre des dépentes de ménage 61 C7 1.
J'ai visité le colza du clos des Bœufs ; il faudra demain envoyer l'irrigaleur assain
[laques u"eari qui so trouvent sur cette pièce".
Observations météorologiques.
Thermomètre, matin -)- 8° K, midi -f 1, soir -f- 3. Petite pluie le malin, découvert ensuite
Venl N. 0".
Je ne pousserai pas plus loin pour le mo cles qui concernent d'autres objets, ne peu
ment ces exemples de rédaction pour le jour vent être facilement groupés pour être vérifiés.
nal; j'aurai encore plusieurs fois occasion d'y Cette vérification de la caisse se nomme o«-
revenir dans la suite de cet article. ktnee, et elle repose sur un principe qu'il est
facile de comprendre : La somme qui reste en
Section V. — Du livre de caisse. caisse, plus celle qu'on a dépensée en versemens,
égale la somme totale qu'on possédait avant d'ef
J'ai dit que le journal enregistre jour par fectuer aucun paiement ; lu somme» que l'on pos
jour toutes les modifications de valeurs, lotî sédait, plus celles qu'ona reçue*, sont égale» aux
tes les opérations. Cependant il est préférable somme» qWon a déboursées, plu» celles qui ret
d'avoir pour les dépenses et les recettes qui ient. De ces deut principes découle la distri
s'effectuent itnmédiatement en nirmërair'e, bution des pages dit livre de caisse, aitlsi que
un livre spécial auquel on donne communé la manière dont Ort doit faire la vérification.
ment le nom de livre décaisse. Les motifs qui Cette vérification a pour but de découvrir si,
m'engagent à prescrire la tenue de ce livre dans la transcription des articles de caisse, on
spécial sont d'abord : que les articles ordinai n'aurait pas commis quelque omission Oit
res du journal ne se transcrivent que lorsqne quelque erreur. Si la somme qu'on possédait
toutes le*» opérations de la journée sont ter le matin, augmentée des recouvremens effec
minées, tandis que les opérations décaisse doi tués, est trouvée le soir plus grande que la
vent êlre enrôlées au fur et à mesure qu'elles somme qui reste en caisse, pins les paiemens
se présentent ; ensuite parce que les recettes faits dans le cohrsde la journée, il est évident
et les déboursés en argent confondus pêle- qu'on n'anra pas inscrit toutes les dépenses
mêle les uns avec les autres , et avec les arti qu'on a soldées en espèces • alors, il faut re-
532 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
passer dans son esprit tous sesactes de lajour- l'on paie ou que l'on débourse. En regard de
née jusqu'à ce quon se rappelle le paiement chaque nombre, on indique sommairement à
dont l'omission avait causé 1 erreur. Si on ne qui et pour quoi la somme a été donnée ou
peut découvrir d'omission, c'est quequelqu'un reçue.
a reçu une somme moins forte que celle qui Une règle qui rend les causes d'erreurs
est indiquée au livre de caisse. moins fréquentes, c'est de marquer sur son
Dans le livre de caisse, chaque page est di livre avant de payer, et de recevoir avant de
visée en deux portions égales ; sur la partie marquer. J'engage beaucoup les caissiers à se
qui est à gauche on place les sommes qui sont familiariser avec cette pratique ; ils s'épargne
eu caisse ou qui y entrent ; sur la partie qui ront beaucoup de désagrémens et de recher
est à droite on inscrit toutes les sommes que ches pénibles.
Recettes. Livre de Caisse. Dépenses.
1 DITES. DATES.
fr. 0. fr. e.
Jambe i. Il y a en caisse suivant inventaire 43i7 35 Paye à Brasion pour 3 peina de jeune* pores. Go a
» t Heçu de M. Bobert pour i bectol. blé à 1 9 fr. . . 38 » Janvier 1.
Reçu de Pierre Cirion te montant de sou billot. . *fi a& ■• » — au facteur divers porte de lettre i »
■ — à Sylvestre, 6 hectolitre» de vio nouveau. 90 a
a » — i Colin, berger, pour gratification . 10 £ »
Pour sea gages (avance ). l5o ■ 170 •
44oo 60 — à Meunier, charron, le montant de Bon mé 8S 10
Apport des déboursés* . . . 408 »sl moire que j'ai vérifie et recounu juste. . .
Janvier s. Total. . . . 4o8 55
Sije trouvais, en comptant l'argent qui reste, pide et moins fastidieux. La connaissance aes
une somme plus grande ou plus petite que signes abréviatifs est utile à celui qui veut te
3.992 fr. 05 c, c'est qu'il y aurait une erreur nir une comptabilité, et indispensable à celui
ou une omission qu'il faudrait s'occuper de qui veut lire et comprendre les extraits de
rechercher sans délai. Le système monétaire comptes qu'il peut être dans le cas de recevoir
aujourd'hui introduit en France donne le des maisons de banque, de roulage , de com
moyen de compter assez vite des sommes très missions, etc.; c'est ce qui m'a engagé à ex
importantes; mais pour abréger le travail, on poser ici les principaux de ces signes conven
pourrait se servir de la méthode dite par borde tionnels.
reau, laquel le cqnsiste simplement à compter le On supprime très fréquemment la particule
nombre de pièces de chaque sorte de monnaie. de. Ainsi, au lieu dédire : 1 hectolitre de blé ,
Ainsi pour trouver la somme ci-dessus de 15 kilogrammes de foin, on écrit et on lit :
3.993 fr. 05 c.,on rendra le travail plus rapide 1 hectolitre blé, 15 kilogrammes foin.
el moins fastidieux si on prend un morceau
de papier sur lequel on transcrit le nombre
des pièces de la manière suivante :
C'« signifie compagnie. Hectol. signifie hectolitre.
BORDEREAU DU 1er JAKVIER. SOIR. Dp* — département. Pr — pottr.
Ardt — arrondissement. Fo — folio.
,S' — suivant. O/ — ordre.
1 |V/ — voire ou vo». Bs — billet.
8 740 N/ — notre ou nos. Sr — sur.
1100 ,S/ — son ou ses. Ngt — De'gociant.
P.0/0 — pour cent. CP»< — compte.
130 P. 0/00— pour mille. Mdt mandat
— .1* Lvon — livraison. PMe — pajable.
— 7 SO Kilo. — kilogramme.
2 KO
— 0 OS
m, placée au-dessous d'un autre chiffre si-
3993 05
fnifîe»u7/e: l5/mpourl5 mille, quand le nom-
re ne doit être soumis à aucun calcul d'ad
Cette manière de compter facilite beaucoup dition ou de soustraction.
les vérifications. Supposons qu'on reçoive l'en Fin courant veut dire : à la fin du présent
voi d'un sac annoncé comme contenant la mois.
somme précédente, et qu'après avoir compté,
on ait fait une erreur de 1 fr., il est certain Section VII. — Suite de la rédaction du
qu'on n'aura pas à compter de rechef les piè journal.
ces de 20, de 5, de 2 fr., et que l'erreur ne
pourra être que dans les pièces de 1 fr. et de Je ne saurais trop répéter que cette rédaction
50 c, etc. n'est astreinte à aucun mécanisme obligé, à au
cune forme particulière. Cependant comme
Section VI. — Des abréviations. l'ordre, la méthode, la régularité sont par
tout des élémens de succès, des moyens de
Uy a, dans lalanguede la comptabilité, quel rendre le travail plus simple, plus satisfaisant
ques expressions qui se présentent fréquem à l'œil, je crois que la marche à suivre dans
ment sous la plume, et qu'on n'écrit pas en la rédaction quotidienne devra êtreempreinte
toutes lettres pour rendre le travail plus ra- d'une sorte d'uniformité et de parallélisme
CHAT. 5*. SUITE DE LA RÉDACTION DU JOURNAL. 533
dans la succession des divers articles. Je veux pas été faites au comptant, etc. Les expressions
dire qu'on commencera tous les jours par la qui, dans la rédaction sont destinées a frapper
transcription des mêmes faits. Après avoir in les yeux parce qu'elles forment l'idée domi
diqué les observations météorologiques , on nante qui a présidé à la transcription de l'ar
passera les articles des travaux extérieurs, des ticle, seront écrites en lettres particulières ,
chevaux, des valets à gages ou employés, des mises en marge ou soulignées suivant que
journaliers; arrivent ensuite les travaux ou les circonstances le demanderont ou le per
particularités extérieures, les objets consom mettront.
més, lesachats, lesventes, les pertes, qui n'ont
MODÈLE DU JOURNAL.
Du l«r mars 183...
Obskrvatioks météorologiques : Th.'mat., -f- 3 ; midi + 7 ; soir, -|- 3. DécouTert fr. c.
et soleil par intervalles, vent N. E., Barom. 17 po. 1/3.
Chuvaux. 4 pour 3 charrues; labour au pré battu pour l'avoine. I* Avoine.
4 pour 3 herses ; même pièce. |* Avoine
conduit du fumier sur le blé du Haut-Gravier ; l o voitures
prises au fumier des chevaux. 1* Blé.
t au bois pour Jean-Paul, manœuvre. r Jean-Paul
Boran. 4 pour i charrue, champ de la Fontaine, pour pommes de terre. |* Pommes de terre.
3 malades ou fatigués. Je crois décidément que les boeufs, pour bien
travailler doivent être ferrés comme les chevaux.
Emploies. Labour et hersage du Pré-Battu, pour l'avoine, par Bradier, Denis
et Faraud ; au champ de la Fontaine, pour les pommes de terre,
Philippe. Pierre a conduit du fumier sur le blé du Haut-Gra
vier. Ce blé languit.
Journaliers. [Aug. Henriot], hersé au Pré-Battu pourl'avoine; [Blangy] avec Phi
lippe, à la Fontaine pour pommes de terre ; [Ricard], au bois pour
Jean-Paul. Célestine Bordin, Françoise Camon, chargé du fu
mierpour le blé. [Afane Colin], [Claudine Croisé], [Joséphine
Evrard] répandu le fumier sur le blé; [Duval], suivi les bœufs
pour compléter le travail de la charrue qui retourne mal. l'Pooomesde terre.
Fisju. La consommation des animaux n'a pas changé. Il faut cependant
ajouter 6 kilogr. de farine de seigle pour les bœufs malades.
Marie, cuisinière, m'a remis l'état des œufs pondus pendant le
mois de février; il y en a eu 7 douzaines, dont 4 ont été con
sommées par le ménage ; il y en a 5 de reste, qu'on ne peut ven
dre à cause de l'approche du carême. | Volailles.
Les vaches donnent par jour 3 lit. de lait de plus que dans le mois
précédent ; c'est donc 19 lit. par jour. |*Vaches.
Troupeau. II est mort aujourd'hui une brebis ; le berger a tué l'agneau pour
le ménage.
Porcs. On a égorgé un porc pesant 110 kilogr. pour le ménage. Il faudrait
ce jour diminuer la consommation des porcs de 3 lit. farine de
féverolles et de 13 kilogr. pommes de terre cuites.
Orskrvatiors J'ai fait conduire du fumier sur le blé du Haut-Gravier; m'étant
culturali5 aperçu que les chevaux et le chariot laissaient dans la terre
des traces profondes, j'ai pris le parti de faire décharger près du
chemin et de faire transporter de là sur le champ avec des ci
vières.
Le berger prétend que la brebis perdue est morte d'épuisement, il
assure que les agneaux commencent i manger concurremment avec
les mères : comme la dose de la ration n'a pas changé, la nourri
ture ne suffit plus; c'est ce que je verrai.
nu 3 MARS.
Obsirvatiobs météorologiques : Th. mat., + S ; midi, -+- 9 ; soir, 4- 4. Très beau,
vent N.-E., Barom., 37 po. l/3.
CHEVAUX. 4 à s charrues au Pré-Battu. l'Avoine.
4 à 3 herses au même endroit. On a recouvert l'avoine semée. |* Avoiue.
1 laissé reposer la jument grise qui poulinera bientôt.
3 hersé aux Basses-Haies pour semer des carottes. I * Carottes.
Boïurs. 4 labouré au champ de la Fontaine; mais sur le haut, cela retourne
mieux. |*Pommesde terre
Emploies. Au pré:Battu, Bradier, Denis et Faraud pour pommes de terre ;
Philippe avec ses boeufs au champ de la Fontaine pour l'avoine;
Pierre hersé aux Basses-Haies pour carottes. 1 Carottes.
Jour»u.ii»i. [Auguste Henriot], hersé an Pré-Battu pour avoine; [Blangy] avec
Philippe aux pommes de terre ; [Duvat], [Ricard], [Célestine Bor
din]., [JPk Lamon], [/"• Croisé], [Claudine Evrard] amassé
des pierres dans la luzerne devant le moulin. [Jaeques] a travaillé!
£34 ADMINISTRATION RURALE. uv. m.
Suite âv Modèle de journal.
au jardin; j) a palissade, planté des pois tl ratissé les allées au
compte dn ménage.
J'ai fait augmenter la ration du troupeau de 40 lilogr. de pommes
de terre cuites ; c'est 840 Mogr. tous les jours. " Troupeau.
Vendu à Aubry, bouclier, le veau delà vaclie n° 7, la Luby, âgé de
a mots l/â; à payer daas 15 jours. AuLry, bouclier, »t «oj
On pourra accompagner cette rédaction de Nous trouvons sous la date du 2 mars qu'un
réflexions plus ou moins étendues, suivant veau a été vendu à Aubry, boucher. Il faut
qu'on en aura le loisir, ou qu'on ea sentira le porter 88 fr. 50 c, valeur du veau, du côté du
besoin et l'importance. Croduit des vaches, et il faut encore les por-
Quels que soient l'ordre, la méthode et la ;r sur le compte courant d'Aubry. Sans cette
régularité qui auront présidé À la rédaction double transcription^ on ne pourra jamais ar
des articles du journal, il est facile de voir river à \exactitude ; je dis plus : la comptabi
que les objets ne peuvent y être groupés de lité fourmillera d'erreurs.
manière à en faire surgir un résultat satisfai Maintenant que l'on connaît approximati
sant. Pour que la comptabilité soit réellement vement le rôle que sont appelés à remplir
et immédiatement instructive et positive, il dans la comptabilité les livres spéciaux, il me
est indispensable que les faits qui, dans le reîte a indiquer comment ils peuvent être
journal sont rangés par ordre de datés, soient tracés, paginés et distribués dans leurs détails
classés dans un autre livre par ordre de ma et dans leur ensemble pour en former un tout
tières. régulier.
Section VIII.— De» litres spéciaux. On craindra peut-être une surcharge d«
travail si l'on est obligé de passer au journal
Ces livres seront donc comme une seconde tous les faits qui se présentent à enregistrer,
copie du journal et du livre de caisse; seule puis <Je les transporter encore deux fois sur
ment les objets y seront placés suivant un les (ivres spéciaux. Il faut avouer que ce tra
ordre différent. vail est long; mon intention, je l'ai déjà dit,
On aura préparc pour cela un cahier spé n'a pas été de faire une comptabilité abrégée,
cial, ou plutôt trois registres qui porteront les simple, parce que je suis convaincu que la
noms de Compte* de culture, Compte* d'ordre, comptabilité qui offrira ces deux avantages
Comptes courons. Dans l'une on l'autre de ces encourra le reproche d'inexactitude et n'a
catégories viennent se ranger tous les articles mènera à aucun résultat utile. Si on veu|
du journal. Mais avant d'indiquer les particu qu'une comptabilité féconde l'avenir, il faut
larités fui concernent chacun de ces comptes, être prodigue de détails. Cependant il est pos
(est ufile d'indiquer quelques principes qui sible encore d'abréger un peu le travail et de
faciliteront le transport des articles du jour- s'épargner la peine de passer aux livres spé
ual aux comptes spéciaux. ciaux une foule de petits articles dont la tran
Toute modification de valeur subie par un ob- scription créerait une occupation assez fasti
qui a une place marquée dan* la complabi- dieuse. Le moyen que je propose consiste
ié exige l'intervention de deux comptes, l'un dans un dépouillement préparatoire du jour
ipii reçoit, l'autre qui donne; l'un jut prête, nal, dépouillement que l'on ferait tous les
Vautre qui emprunte. La consommation d'un mois dans les petites fermes et toutes les se
fait étant le résultat de l'altération subie par maines dans les grandes exploitations. Ce dé
deux objets ou groupe, il s'ensuit que chaque pouillement n'offre dans son exécution au
article du journal qui est l'expression d'un cune difficulté sériense. Je vais en donner un
fait concerne toujours deux comptes; il s'en exemple :
suit encore que chaque article du journal co Voici le dépouillement fictif de la fraction
pié sur les livres spéciaux doit être transcrit de journal que j'ai donnée pour le 1er et 2
deux fojs sur ceux-ci, une fois an compte de mars. On agirait de même pour une période
l'objet qui donne et une fois au compte du plus longue.
groupe qui reçoit.
Je vais éclaircir par quelques exemples ce Dépouillement du travail des chevaux du
que ces propositions paraissent avoir de trop i" au 2 mars inclusivement.
abstrait. Nous trouvons au jpurual sous la
date du t mars que 8 chevaux ont travaillé Le jour est pris pour unité.
à préparer la terre du Pré-Battu pour rece
voir un ensemencement en avoine. Cette 1 dç» tu**>»* OmEKTiTIOM.
terre reçoit la valeur de 8 journées de che iryjks.
vaux: il faut donc prendre le compte de l'a de four*.
voine, inscrire la valeur de ces journées à l'ar ———■——
ticle des dépenses. Si l'avoine a exigé une dé Avoine. . 16
pense de 8 journées, il faut que ces 8 jour 91
nées soient produites par les chevaux; il faut Iran Payl . .
donc marquer du côte du produit de ceux-ci t'.Mnm. . l
Ikpfl» . . l
la valeur de leur travail. Ainsi, l'article dont M
il est question doit figurer deux ibis sur les
livres spéciaux, au compte des chevaux com
me produit, et au compte de l'avoine comme Comme, en effet, j'ai 1 1 cliCTaux de travail, î jour»
dépense. d'occupation doivent réaliier 33 j""1"*— en comolant
chap. 5«. COMPTES DE CULTURE. 5S5
le» joursde repos accidentel ; c'est U te moyeu de vcxi - - en est de même du travail des employés, c'est*
fier si l'on a compté exactement. à-dire des domestiques à gages.
Chaque fois que l'on inscrit ie travail d'un Le dépouillement du travail des journaliers
jour sur la feuille du dépouillement on place est plus compliqué, et je conseille de le faire
a côté du mot indiquant l'objet qui a reçu le toutes les semaines. il sera double. Dans le
travail un pt-Lit trait oblique ou asterique pour premier dépouillement on prendra pour base
indiquer que «et -article est mentionné au du groupement des travaux te compte ou le
dépouillement, j'ai figuré ces petits traits nom de chaque journalier; dans le second
aux mots Avoine, Blé, Jean-Paul , Pommes .dépouillement on catégorisera les travaux d'a
de terre et Carottes du modèle du journal. près la nature des récoltes ou des objets i
LcdépouiUemiMl du travail des bœufs s'opère quels ils ont été affectés.
de la même manière que celui des chevaux. 11
1" Dépouillement des journaliers du \" oui mars. 2l Dépouillement desjoumaitmdu t" tu 3 murs.
IUH1S ■■■■ .
clr In rte 11
i ouTritri. «le jouM. journée. ti ori-iTit Att complet. ie iflun. ïcirrnee. en HKgenl
Jr. t. I>. e.
Au g" Heoriot. •-! M Hersage. 1 «i 3 SO
l'Iaogv. a P. Dt ter e. Labour. 1 » 3 >
iRi.anl. S |J.-Paut,, charroi de bois. i 1 10 1 «0
|jDuval. ■ Blé. Fumure. drïpr». S 00
iCerW Bordin. ■ 7S LuïEiiNE. Épierrafle. t divers. S 70
F" Camon. 2 » 7S Mékage. Jardin. 1 80
||M» Colùi. i J> r-0
Josne Croisé. •2 1> Y-0
Qldnr Evrard. a x 70 I
['Jacques , jardinier. 1 1 S0
49 Totaux. . J )u 17 40
Pour indiquer qu'un travail de journalier tion de valeur ne doit pas ^égifammrentjeur
est porté au premier dépeutNement on fait à être imputée. L'es charrues, par exemple, les
gauche du trait qui souligne le nom de .cha herses, les chariots dont te réunion forme
que journalier un .second petit brait perpen le compile du mobilier «'usent et -se détério
diculaire au premier: pour indiquer que ce rent continuellement ; mais MM par eux-
même travail est parte au second dépouille mêmes ils ne sont point la «anse <te«ett« dé
ment on fait 4e -même irait à droite. Ainsi térioration qui doit être imputée «h blé, à l'a
lorsqu'on rencontrera dans le journal -le nom voine, aux prés, etc., le compte mobilier ne
[ Ricard «.vec le trait -à gauche, .ou saura que supporte pas de pertes. La dUtiïb'Wèce de va
la journée -de «e manœuvre -est portée au pre leur qui se trouve entre ie ipreœier et *e -se
mier dé|HMiil!emciit, -mais pas au second; si cond inventaire forme une scrrïtoe qnri est
on trouve ce même nom avec le -trait à droite, répartie entre les diverses récoltes, en propor-
Ricard], on saura que la journée est inscrite tion de leur étendue IS ous me classerons donc
sur le second dépouillement, mais non au point le compte de mobilier dans les -cumptes
premier ; enfin -si les d eu x traits sont présens, de culture. Les chevaux de travail, U* ho'iifs
[Ricard], la journée «st -portée sur les .deux de travail ont des .comptes qui, «onerme «elui
dépou il Unions. du mobilier, ne font point partie de «hm dits
On pourrait suivant le -degré d'importance de culture-; car on peut considérer les. aiii-
des matières faire «les dcpoutlleniens pour la maux de travail comme un .mobilier vivant;
consommation du -ménage, pour 4a consom ainsi, la perte que pourraient «prouver «es
mation desanwaaux domestiques, etc. Mais ce comptes se répart ii<all aux rendîtes.; il ente
n'est que dans -h* grandes bailues que ces dé- rait de «jême du bénéfice s1*! s'*» .présentait.
pou il le.mens *oiri .imliopei ist.l>|es. <H ous avrais U ne faut pas confondre le bétail de vente
indiqué trois :oatégaw«s de comptes ou livres avec le bétail ti-availlour. Le premier est le
spéciaux. Saurs -ail «us cIoiuum- quelques détails but de la spéculation; il rapporte du bénéfice
sur chuoun d'*»ux. ou de la perte ; la seconde espèce de bétail
n'est qu'un moveu, qu\»n intermédiaire pour
jSscivom 3X . —Compte* de mltmre. arrivera UD outre .but, et il ne prend aucune
part dans les pertes ou les hé&éfices.
-Ces otttnpU's qu'on |>«airrait appeler Comptes Voici les priuc.ipnux comptes de euhm-e :
de spéculation *<u jimmeiers eoaoementtous les Avoine, Bergerie, Blé, Bamfsd l'engrais , Cadet
objets qui. «-Uns -une ^xploi ial ion rurale, sont tes, Fourrages en magasin, fjïverolks, Grain*
exposés à des chances de pertes ou de bénéfi en magasin. Luzerne, Orge, Pois, Pommes de
ces. Ils ne sont pas «usai nombreux qu'on terre, Prés, Sainfoin, Seigle, Un, Chanvre, Va
pourrait se l'imaginer. Il y a -bien un grand ches, Colza, trèfle.
nombre de comptes qui subissent des pertes Chacun de ces comptes occupe sur le ca
ou mieux des diminutions de valeur, par l'u hier les deux pages en regard : le verso d'un
sure, par l'exercice, etc. ; mais cette diminu feuillet et lerectodu feuillet suivant;. le côté
836 ADMINISTRATION RURALE. tiv. vit.
Î;auche est destiné à recevoir les dépenses et même prix à des opérations dont l'évaluation
e côté droit est destiné à recevoir les pro est soumise à des variations incessantes. Par
duits. Bien entendu qu'aucun article ne doit exemple, à Roville on compte par hectare
arriver au grand compte de culture qu'après 3 fr. pour un hersage ; il y a cependant des
avoir passé par le journal. jours où la terre est rebelle a la herse, et d'au
Parmi les différentes dépenses qu'occasion tres jours ou elle se prête merveilleusement
nent les comptes de culture, on fait figurer en au hersage. Dans cette dernière circonstance
premier lieu celles qui sont énoncées à l'in on fait quelquefois le double de besogne que
ventaire; puis, au fur et à mesure que les ar dans la première. C'est donc une erreur de
ticles viennent s'inscrire au journal, on les compter le même prix pour des opérations
transporte aux comptes de culture, à moins 'faites dans des circonstances si différentes. Je
que ces articles ne soient de nature à être en veux bien quece prix représente une moyenne
rôlés dans les dépouillemens. tirée d'un grand nombre d'années; mais il
Tout ce qui passe aux comptes spéciaux doit n'en est pas moins certain que l'évaluation du
itre évalué en argent. Ainsi, les semences, les travail ne doit pas être constante dans sa va
travaux de journaliers sont convertis en nu leur, mais avoir assez de flexibilité pour être
méraire; les travaux des employés le sont toujours proportionnée aux frais qu'a néces
également; mais ici l'évaluation présente plus sites l'opération. C'est là l'idéal d'une perfec
de difficultés : en effet, il faut faire entrer tion qu on n'a pas encore atteint jusqu'à ce
dans le prix de la journée le salaire annuel, la jour; mais on s en rapproche beaucoup si on
valeur de la nourriture, du logement, des évalue séparément l'espace de temps que les
jours fériés et les autres qui ne permettent chevaux ont consacré à cette besogne. Aussi,
point de travailler. De toutes ces données on au lieu de marquer pour un labour une som
fait sortir une moyenne probable qui repré me constante de 25 fr. , nous inscrirons au
sente assez bien le prix du travail des em journal, et au dépouillement s'il y a lieu:
ployés en général. Labouré telle pièce pour du blé: 12 jour
Voici comment on peut procéder à cette nées de chevaux a 2 fr. 25 c. • . 27 fr. » c.
évaluation : je suppose qu'on tient 4 valets, 4 journées d'employés à 1 fr. ;
l'un à 200 fr. , l'autre à 250 et les 2 derniers à 42 c. 1/2 5 70
270 fr. chacun , ou en tout 990 fr. » c. Total du prix du labour 32 70
La nourriture revient à 70 c. Si pour le labour suivant il est indispensa
par jour et par téte, ou en tout ble d'employer un plus grand nombre ou un
pour un an à 1,022 » moindre nombre de chevaux, ce mode d'éva
Le logement, les soins, le lin luation l'indiquera; il serait impossible de
ge de lit, etc. peut s'évaluer pour faire passer ces variations dans la comptabilité
les 4 à 40 » si on avait un taux fixe pour chaque opéra- ,
Total de la dépense pour 4 tion. On conçoit que pour arriver a ce degré '■
employés 2,052 » d'exactitude il est nécessaire de déterminer
Pour un seul 513 « préalablement le prix de la journée d'un che
Les employés sont occupés à val. Cette fixation exige que l'on fasse pour
soigner, panser et alimenter les les animaux un calcul analogue à celui que
chevaux pendant 2 heures par nous avons établi pour les employés. Comme
jour ou pendant 1/6' de leur ici les données sont plus variables et que les
temps, objet pour lequel on élémens du calcul sont plus nombreux et
compte 1/6* du salaire moyen plus complexes, je crois utile de les énumé-
ou par chaque téte 85 50 rer sommairement.
Il ne reste plus d'applicable Les objets qui constituent la dépense an
directement aux travaux que. 427 50 nuelle d'un cheval sont : les frais de nourri
Et comme on travaille à peu près 300 jours ture, de pansement, de logement, de vétéri
pendant l'année, chaque journée reviendra en naire, l'intérêt du prix d'achat, la prime d'as
moyenne à 1 fr. 42 c. 1/2 — On sent que les de surance représentant la diminution annuelle
élémens du calcul varient dans des propor le travail, la valeur de l'animal. Les produits sont :
tions infinies; mais la manière d'opérer est mens, ou lelesaut fumier, le poulain chez les ju-
toujours la même. — Dans beaucoup de con jours pendant lesquels des étalons. La somme des
trées, la valeur du travail des employés est travailler n'est pas partout les chevaux peuvent
confondue avec celui des attelages qu'ils con l'évalue à 300 par an ; Pabst àla285 même. Thaer
; M. de Dom-
duisent; cette méthode d'évaluation est très basle à 240. Je crois que ce dernier chiffre est
vicieuse ; elle est d'ailleurs presque toujours celui qui se rapproche le plus de la vérité pour
inexacte. la France centrale et septentrionale. Au reste
L'évaluation du travail des chevaux se fait j'ai déjà dit que les élémens qui forment la
de deux manières différentes : on peut pren dépense et le produit des chevaux amènent
dre pour base de l'estimation la quantité de une combinaison de résultats assez différens
travail qui a été exécuté ; on détermine sui suivant les localités. Le tableau suivant indi
vant l'usage des lieux le prix du labour, du que pour la journée d'un cheval des prix assez
hersage sur une surface donnée ; on sait com différens, et qui tous cependant reposent sur
bien on comptera pour le transport d'une des évaluations exactes; j'y ai joint le prix de
voiture de fumier, combien pour la rentrée la journée d'un employé et d'un bœuf , dans
d'une voiture de gerbes, etc. — Cette méthode les mêmes circonstances.
n'est pu exacte, en ce sens qu'elle donne le
CHAP. S». COMPTES DE CULTURE. 537
Pris de la journéede valet i fr. » c. 1 fr. 11 C. 1 fr. 60 c. 1 fr. 40 c. 1 fr. 80 c. ifr. SOC.
— — — d'un cheval » H 1 60 3 40* 1 50 3 a« I 94
_ _ _ d'un bœuf 0 7» 1 30 f 60 t 40 » » 1 24
Ainsi tous les travaux qui s'exécutent à bras convient de suivre lorsque l'exploitant est pro-
d'hommes, tous ceux qui réclament l'emploi Ïiriétaire. Lorsqu'il est fermier, la fixation du
des attelages seront estimés journée par jour oyer de chaque parcelle se détermine sui-
née, et non pas à la pièce , à moins que l'ou vantune autre manière de procéder. On com
vrage n'ait été entrepris à la tâche; et, dans mence par faire l'estimation spéciale de la va
ce cas , l'estimation ne présente ni difficulté, leur foncière de chaque pièce; et de longs
ni chance d'erreur. Il serait sans doute ridi raisonnemens seraient superflus pour prouver
cule de calculer les frais c*e moissons par jour que le lover de chaque parceile est en pro
née si on est convenu de leur payer par hec portion directe avec la valeur foncière. Con
tare une somme déterminée. naissant la valeur locative totale, la détermi
Les comptes de culture sont chargés des nation de la portion qui doit être affectée à
frais de fumure et d'engrais en terre dans la chaque parcelle se déterminera facilement.
proportion quenous avons indiquée en parlant Je vais donner un exemple : .
de l'inventaire. 3î;Oii a loué une ferme pour la somme totale de
Enfin, ou portedu côté des dépenses la por 7, 500 fr.; on désire savoir quelle fraction de
tion de loyer qu'il convient de faire supporter cette somme doit être à la charge de chaque
à chaque récolte, eu égard à la surface qu'elle pièce, comme loyer. On débute, ainsi que je
occupe et à la bonté du sol sur lequel elle se l'ai prescrit, par faire l'estimation foncière.
trouve. La rente réelle du sol se détermine,
soit approximativement, en comparant Ja va- VALEOR
leur de chaque pièce à celle de pièces voisines riscu. COHTIlfAKCgJ de TALEUX
dont on connaît la valeur et la rente, soit pro l'hectare. totale.
portionnellement à l'évaluation du cadastre fr.
et des tableaux dressés pour les impositions 5 hect. 3,000fr. 9,000
foncières : cette méthode me paraît la plus Pré du Clo». . . 3 3,300 4.400
judicieuse; soit enfin en se servant du mode PréVaur-Boii. . . 15 9,000 30.000
d'évaluation observé ordinairement dans les 7 3,800 24.800
placemens d'argent, c'est-à-dire en comptant Verte-Cote. . . 30 2,000 40,000
pour le lover environ 2 1/2 à 3 p. 0/0 de la va Pré-Rompu. . . 13 1,800 31,800
leur foncière. Pour être moins éloigné de la Grandes-Haie». . 98 t,B00 37,500
vérité, on pourra même prendre la moyenne Vieui-Puit». . . 30 1,400 42,000
déduite de ces 3 modes d'évaluation.
Exemple : Il s'agit de déterminer la rente 209,000
d'une pièce de 3 hectares de terres arables.
Les terres de même nature sont affermées
dans le canton à raison de 50 fr. l'hectare ; à Une simple règle de trois sera suffisante
ce taux, le loyer de la pièce en fr. c. pour nous faire connaître la valeur locative
question serait de 150 » d'une pièce ; celle du jardin, par exemple, se
Sur les cotes foncières le revenu trouvera au moyen delà proportion suivante:
de cette pièce est évalué à . . . 140 » 209,000 : 9,000 : : 7,500 : x ~ 323 fr. 06 c. Le
Enfin, cette pièce pourraitse ven même calcul fait sur les autres pièces amène
dre à raison de 2,100 fr. l'hectare, rait pour résultat le montant de leur valeur
ou 6,300 fr. la totalité. locative.
Dans le pays, les propriétés fon Au nombre des de'penses qui viennent s'en
cières rapportent 2 1/2 p. 0/0; le rôler dans les comptes de culture, on place
loyer serait donc de 157 50 encore avec raison les frais généraux dont
La somme des trois modes d'éva nous aurons occasion de parler plus ample
luation étant de 447 50 ment.
Pour donner une idée de la manière dont il
La moyenne, ou le loyer le plus convient de grouper les élémens qui consti
raisonnable sera le tiers, ou. . . 149 17 tuent les comptes de culture, je donne ici W
ou bien par hectare, de 49 fr. 72 c. spécimen de deux de ces comptes.
Telle est la marche 'a plus rationnellequ'il
Dépenses. Produit.
j Janvier. H re»ie de l'engrais *préa les pommes de &/n) gerbea qui. au battage previfoire,
terre, suivant l'inventaire, pour la 10m- fr. c. ont été préauméea donner aoo heclol. (r. «.
de 4oo fr 4oo f |X*tn * 7 fr. H l,*5o >
Février. i journée» de chevaut pour rompre la Plus 8,5oo kil. paille à 19 fr. p. 0700
kiaern*
UITM. .... ...... 1 * * 1 •» i« kit. lit }r>
journées de valets pour U môme be- La menue paille eaudra cnairM. . . . al a
10 So Le pâturage aurait pu être loue G fr par
\h rbevaux pour her*er. J ko , je porte donc en produit . .
a valets. Htm a 6o 11 reate «n encrau n.nabiorbéi
'iiorbéi enai
e
5n ournéei de chevaux. Labour au] In rm'ilié de ce qu'il J arait
Terre»-Rouge» wm l'ensemencement on
35 tournée» d'employé mërue bétonne
a5 heclol.de Kmence .i S t'r loo ■
16.Jo chevaux pour recouvrir la lemenre Jo »0
3,s5 [ourue»* d'employé», même besog. lo 70
ik journée» de manoeuvres pour tarder. 10 So
Faurillage. A 8 0. l*heet*re. 70 ■
4a journalier». Bngerbage «tenyneubge. 60 »
Transport de* gerbe». 4 chevaux et 4
valet» ....
Loyer de la terra de» Longues Baie», à
45 fr. l'hectare 101 )6
Loyer de»Terrei-Rougei , 1 îo fr. l'hccf. 10S ■
' îo O FheiMare. . . . >7 So
iflIV Lei
oeltofraie d«
duit en grain, ce qui fait 14 ti. à
7 fr. al e. ou loifr Soc.
a° Lea dépenaea encontre i.jno lo î.eoe .
Il I 4S7 a
I
Je dois, pour l'intelligence du compte qui Chaque fois que l'on rentre les gerbes d'une
précède, donner quelques éclaircissements sur récolte, on les compte soigneusement. Pour
certains articles dont l'évaluation pourrait pa estimer approximativement leur rendement
raître arbitraire ou erronée. futur, on en pèse quelques-unes, on les bat,
La plupart des articles qui constituent la on en mesure le grain et on pèse la paille qui
dépense en travail de chevaux et d'employés provient de ce battage préalable. On a ainsi la
ne sont pas immédiatement transportés du mesure du produit probable de chaque ré
journal, mais ils sont copiés sur les dépouil- colte et de chaque pièce. Cette opération m
lemens dont j'ai parlé. Ainsi, quand je dis nomme battage provisoire.
qu'au 28 février, on a employé 50 journées de La valeur du pâturage sur les chaumes, va
chevaux pour labourer aux lerre» rouget, cela rie suivant une infinitede circonstances qu'on
veut dire que, depuis le dépouillement, qui ne peu t exactement apprécier quesur les Item.
précède le 28 février, jusqu'au dépouillement En Allemagne, elle est ordinairement évaluée
qui a été fait à cette dernière époque, SO jour à 5 p. oyo du produit brut en grain.
nées de chevaux ont été exigées pour ce tra Pour compléter ce que j'ai à dire sur le»
vail. Il est bon de remarquer qu'a» lieu de comptes de culture ou comptes financiers
journée d'un cheval, on dit simplement 1 proprement dits, je donne le modèle d'un
cheval. compte de
J'ai déjà dit queje parlerais ailleurs des frais
généraux.
CÎIAP. ff. DES COMPTES IVOHDRE. £39
Dépenses. Èceufs à Pengrais. l'RODUlT.
tSSfl. 1«J6.
Fétrier. Acheté de M. Mariortc ib bouta mai fr. • Ma. V- ii'ln à l.ôVs II. -ur lier I b.nif pciani
ï ....... | l,7«o
Pi} r li- lourheur qui « amené l«l lxruf» Il 1 Juin. 1
Mm. Nu à t'tU&le le bœuf n* S pour le m Août. Vendu su mente bœuf pour.
tr> I tViiprats BfiS ■ Dtfeembr*. Vendu 1 ia hrruf* à Bsatieit pour,
Avril. Acheté de Mariotte i bœuf» maigrtt. 6oô soi l e» b#uf* ont produit 75 voilures di
Pavé au tourbetir fumirr quW je mm nie à 5 fr ; miil
'Juin, 3 journéea d'employéi pour hacher dea difii et pm la paille entre pour irn '
raeines S 70 lté. Je na met! ail r/ le dei btrufa q
Elirait du dépouillement de la rouiont a fr. ht «. pal toiture. ..... 18a 60
maliort faite ju*qu'à ce iour.
Foin 8.700 kil. à *8 fr. p. on ■> ( 1 -■' ' or
H □ i11 5, tonk à 40 fr. p. qjvo 104 *
Racine* 14 heel. Pommes de
terre à a fr af a
Tourteaux 1,700 kil. à 83 p.
ojoo ....i.,:
Luxeme Terle pour ioo jour*
a 35 c 73 So
Sainfoin vert pouf 90 jours à
35 c. ... « 3i ha fh)9 10
Décembre, l 3i Extrait du dépouillement de la consom
mation faite depuia le Jo juin jua-
qu'en juillet l836 :
Foin, 1 -'11 kil. à 48 fr. p. 0/00 7 10
Féierolfea, 3i5 litrea à 18 fr.
l'ii.rtolitra 88 60
Luiefne verte, 13 jours de nour-
duiri S aï
Sainfoiai vert 10 3 60 7* *»
Jje meta au (7 te dea bouta le q^uart du
aalairc du vacher qui Ici a soignés . <I ■«]
Et 1/4 autai de sa nourriture et de 1/
logtaaeut. Je* 40'
1
640 ADMINISTRATION RURALE. LIV. TIIv
TTfl
i employés ont été nourrit pendant i au, }e mots i leur
c/te
Le vacher i employé i;4 de ton tempi pour les bouts à
l'engrais, je mets ila charge de ceui-ei t. M
if 11 s étéeoniacré aui pores Il (o
i;3 ont été consacrés tut vaebtf 108
Le berger n'a été employé que n mais, c'est donc au compte
du troupeau •••«*•••
Jinrïer. i.
Ferrier. î.
Afril. 3.
Juin. t.
Août. «.
Dtoambra, i:
Total.
La dépense annuelle peut se résumer a
i3o litres de lait i
86 kil. beurre a i fr. îo c. .
71 kil. saindoui i 1 fr. .
I70 kil. de lard à 1 fr.
sa hectol. blé à 18 fr. .
17 hect. blé i 8 fr.
Il8 kil. viande fraîche à 70 e. .
Gagea de la cuisinière,
lé journées de femmes pourlaver le linge .
Sel et poivre
S! de cette somme on retranché lié. des dépenses de la oui-
siniére pour le temps qu'elle doune i la laiterie et qui se porte
i éS fr. de salaire, plus 36 fr. 90 e. pour entretien.
11 ne restera plus k la charge dci employée que. ..... 1.
Nous avons 6 employés pendant 1 mois ou 1 80 jours. 1,110 ■
7 employés peudaol 11 mois ou i,3ï8 jours
En tout . 1,818 jours. Nota. Jauraiidû treur.r ici ti—
négligé dam mei calcula dei fraction!
le« opération! arithmétique! loriqu'on i
Ca qui fait par tète et par jour 41 c environ ou 164 fr. par an. n'abooliaieot qu'à de médiocre! rèaullati.
Chacun pourra, suivant les circonstances parties : l'une qui regarde les dépenses, et l'au
de sa position , augmenter ou diminuer le tre qui indique la répartition de ces dépenses.
nombre des colonnes destinées à enregistrer Je me crois dispensé de rappeler désormais q ue
la nature de chaque objet mis en consomma la première partieest le résumé desobjets con
tion.-Je dis mis en consommation, car on in sommés et autres dépenses , tandis que la se
scrit ces objets non pas lorsqu'ils sont con conde est l'indication des objets auxquels le
sommés, mais lorsqu'on les livre à la consom travail a été affecté. Il se compose d'un double
mation. dépouillement auquel on ajoute les valeurs
qui n'ont pu y figurer.
$ II.— Chevaux de IraTail.
Ce compte se distribue également en deux
Dépenses. Chevaux. Travail et produit.
• En multipliant les totaux de chacun des Ce qui restera sera certainement la valeur
objets de consommation par la valeur res du travail que les chevaux ont effectué dans
pective de ces objets , on obtient facile l'année. S'il y avait moins-value dans le nouvel
ment le prix de la nourriture des chevaux ; inventaire, il faudrait en porter le montant
si on ajoute les frais de vétérinaire, de médi- du côté des dépenses.
camens , d'éclairage, de ferrage, etc.; on Si on divise la valeur du travail des chevaux
obtiendra la totalité de la dépense des che par le nombre de jours qu'ils ont travaillé,
vaux , on aura le prix de la journée de travail ; si ce
Si de cette somme on retranche: prix coïncide avec la valeur fictive qu'on a
1° La plus-value accusée par le nouvel in supposée, il n'y a pas d'opération ultérieure à
ventaire sur l'ancien ; effectuer ; mais si la comparaison établit une
2° La valeur du fumier. différence, le montant de celle-ci constitue
CHAP. S*. DES COMPTES D'ORDRE. 54 1
un article de frais généraux. Exemple : un servi représente la valeur de 1,500 liv. de foin,
cheval a effectué annuellement un travail de ou la nourriture d'un cheval pendant 80 jours.
200 jours ; j'avais présumé au commencement Comme la nourriture d'un cheval coûte ordi
de l année que chaque jour de travail coûte nairement 35 cent. , la valeur du vert con
rait 1 fr. 85; il se trouveque, vérification faite sommé dans le cas présent serait de 18 fr.
à la fin de l'année , cette journée ne revient On fera des tableaux semblables pour les
qu'à 1 fr. 70. Il s'ensuit que plusieurs récoltes bœufs de travail , pour les vaches de travail ,
ont été chargées en dépense d'une somme pour les mulets , etc. Mais il est facile de
trop forte de 15 cent, par chaque journée de comprendre que les comptes de vaches lai
cheval qu'elles ont exigée; il est Jonc indis tières, de bœufs à l'engrais, de chevaux d'é
pensable de rétablir cette erreur qui se monte lève, de volaille, de veaux engraissés, de porcs,
a 30 fr. par cheval pour toute l'année et sur de bergerie , etc., ne sont pas des comptes
l'ensemble de toutes lesopéralions. C'est à quoi d'ordre , mais des comptes financiers. Ceux-
l'on parvient jusqu'à un certain point au ci. sont le but , l'objet et la fin ; les autres ne
moyen du compte de frais généraux. servent que d'instrumens , de moyens ou
Suivant la marche adoptée à Roville, ie n'ai d'auxiliaires. La nuance qui sépare ces deux
pas évalué la nourriture au vert d'après son catégories est souvent très délicate et diffi
fiouls. Il faut cependant lui donner une va- cile a saisir, mais on y parvient avec un peu
eur. Pour la déterminer , on s'est servi d'un de sagacité et de réflexion.
moyen qui parait à l'abri de tout reproche.
On connaît par la consommation de l'hiver § III.— Livres de magasina.
ce que les chevaux mangent de foin pendant
l'espace d'un jour ou d'un mois. Pendant l'été, Ces comptes sont très faciles à tenir : comme
on leur donne du vert dont on ne cherche pas pour les précédens, les objets qui y sont con
d'abord à déterminer la valeur. La différence signés auront été préalablement enrôlés au
entre la consommation en foin de l'hiver et journal. Ils se composent de deux parties :
celle de l'été donne la valeur du trèfle con dans la première on marque l'entrée ; dans la
sommé. En supposant qu'un cheval mange seconde, la sortie. Il y a un compte pour
par jour 25 liv. de foin , c'est pour 6 chevaux chaque nature de récolte. Je vais seulement
pendant un mois, 4,500 liv. Si, outre le vert, en donner un modèle qui fera comprendre
ils n'en consomment au mois de mai que 3,000 facilement la disposition que présentent ces
liv. , il est évident que le vert qui leur a été sortes de comptes.
On fera de même pour le seigle, l'avoine , blé en magasin figure aussi dans les comptes
le foin, la paille, etc. Je ne veux pas encom de spéculation ou de culture.
brer cet article de modèles analogues au pré
cédent ; leur distribution ne présente aucune J IV.— Compte du fumier.
difficulté, et chacun sent leur importance. Le |
Provenance. Compte du fomier. Emploi et distribution.
- ■
j X Nombre Nom» Genre Nature Nombre
• | H s i Surface
H» ■S X i o
Oa H "3 de dei pieeei de de de voiturée
Sa < fumée.
i 1 Toïlurei. fuméca. récolte. fumier. par hrct.
â
Voi- Voi- Voi- Voi- Voi- Voi-
turee. turee. tarée. tur a. turee. turea.
Jarmer. li. Il■o « B ■ i ae a a a • a a
Panier. la II Jo 10 a 113 S» BaiM4Ha.ee A beat. Pemmeede terre. Divrrte. ao
Juin. it. io i3 «o li 3 77 196 Grand Clos 7 b. BeRereTei.
JoLiot
Diterse. a8 environ
Septembre li. 30 ai aa C SI 160 , h. Col». Direrte. 11 1,1
Décembre. li. »o 3o ai 10 7 lia 8 SiDKm o,i5 Suerion. Cheval 11
Total lie IOJ Tii- «5 ai eM 415
342 ADMINISTRATION RURALE. LIV. «U,
Il reste sans emploi 10 voiture» de fumier,
qui feront partie du nouvel inventaire. | V. — Du compte de frai» généraux.
Chaque voiture de fumier s'évalue suivant
son poids ou les usages de la localité. Nous Jusqu'à ces derniers temps on n'avait atta
supposerons , qu'une voiture de 700 kil. fu ché que peu d'importance a ce compte, el je
mier vaut S fr. Les betteraves du Grand-Clos suis persuadé que c'est à cette faute qu'il faut
auront à supporter une somme de 975 fr. , et attribuer les nombreux mécomptes des culti
ainsi des autres récolles. Le fumier se compte vateurs, qui croyaient faire de beaux béné
aux animaux pour moitié de sa valeur. L'autre fices lorsque réellement ils étaient en perte.
moitié est censée devoir couvrir la valeur de La plupart des comptes rendus des expéri
la paille qui a servi de litière. Si la paille n'a mentateurs n'en font aucune mention , et
pas réellement une valeur égale à celle de la c'est pour cela qu'ils se sont fait illusion à
moitié du fumier, on a évalué la voiture de eux-mêmes, et ont fait naître des espérances
celui-ci à un taux trop élevé, et les récoltes trompeuses dans l'esprit de leurs lecteurs.
fumées ont été chargées d'une dépense illé Les Allemands, mieux avisés, manquent rare
gitime. Si, au contraire, la paille donnée en li ment de tenir compte des frais généraux ; et
tière a plus de valeur que la moitié de celle quand ils ne peuvent en déterminer la quotité
du fumier, il est évident que celui-ci n'a pas parce qu'ils n'ont pas tenu une comptabilité
été porté à un prix assez haut,etqu'ona favo exacte , ils les évaluent en inoyenuc à 10 p. 0/0
risé injustement les récoltes qui l'ont reçu. du produit brut.
Dans tous les cas, l'excédant se porte au Ce compte est appelé frais généraux parce
compte des récoltes fumées.Exemple : que les valeurs qui le composent sont répar
Le tableau ci-dessus mon- fr, c. ties
lies entre toutes
loules les récoltes,
recolti un raison de
tre qu'on a récolté 443 voi la surface qu'elles occupent sur le terrain.
tures de fumier à 5 fr., ce Comme les précédens, il se e 9mposu de deux
qui fait 2,315 « parties.
, L'une représente les valeurs qui sont
La moitiédecette somme a répartir du côté des dépenses des recolles ;
se répartit entre les diffé- les autres qui sont à répartir du côté du pro
rens producteurs du fu duit de ces mêmes récoltes. Examinons les
mier, ou 1,1 W 50 principales valeurs qui forment la part à
On a employé pour li distribuer aux récoltes du côté de leurs dé
tière 5 Ojmkil. paille à 18 fr. penses.
p. 0/0 ou 940 « Ce sont: 1° les intérêts du capital à 5 p. 0/0;
Ce qui porte le prix de 2° les impositions si elles sont a la charge de
revient à J,Û47 60 l'exploitant ; 3° les frais de commis . de bu
reau, de correspondance; 4° les gratifications,
Ce prix de revient est in amendes , prestations et corvées,; 5° les frais
férieur à celui supposé de 1(7 50 d'assurance contre la grêle, l'incendie, etc.;
Cette somme doit donc être répartie entre 6° l'achat des livres, l'abonnement aux re
les récoltes fumées, en proportion du nombre cueils périodiques , les souscriptions aux
de voitures qu'elles opt reçue». comices, sociétés agricoles et scientifique*. U
Il resterait à savoir par quel moyen on par est évident pour les moins clair*voyan9 que
viendra à déterminer le nombre de voitures ces dépenses ne peuvent légitimement être
de fumier produit par chaque espèce de bé mises à la charge d'une récolte spéciale, mais
tail. Cela n'est réellement pas facile, si l'on qu'elles doivent être réparties sur toutes les
veut prétendre à une rigoureuse exactitude. récoltes en g«it«ral.
Cependant , avec un peu de tact et d'expérience, Si on a évalué le prix de la journée, d'un
on n'a pas à craindre de s'éloigner beaucoup cheval àl fr. 86 c, et que le compte de chevaux
de la vérité. Si le fumier est enlevé desétables démontre à la fin de l'année que ce prix n'est
sur des civières , on pèse chacune de celles- en réalité que de 1 fr. 70 c, if fout décharger
ci pendant quelques jours. Connaissant le les récoltes, ou les bonifier Ae cette différence;
nombre de civières et leur poids, il sera et ce sont les articles de cette nature qui for
facile de savoir combien de kilog. de fumier ment, pour lecompte de frais générçmic% lapp|>
on a obtenu , et partant, le nombre dé voi tion à répartir du côté du produit des récoltes.
tures & mettre au compte de chaque espèce Si, au contraire, lajournée d'un cheval coûtait
de bétail. On vérifiera, à l'époque dH trans 1 fr. 95 eau lient de 1 fr> c. 85 prix d'évaluation
port sur les champs, si les chiffras se rap provisoire, il faudrait parler la différera du
portent, el c'est seulement alorsqu'on pourra côté des dépenses des récolte».
avoir une donnée un peu précise sur la ma
nière <k»nt on doit calculer. Exemple :
ciiAp. ae. OES COMPTES D ORDRE. 543
RÉPARTITION ENTRE LES DEPENSES. COMPTES DU FR.ilS GEHERAL'X. PBODOTTS.
Pajc au Prieur divers port» de lettrée fr.
Rvoipoelé «m eencaure de ** un prît de •ta
•t piquet». .' . 4« a* l'alM «Unie qm Ij journée du» chetal
Juillet Payé ,'u ilii n'N'ur ilv U Cit'n pour Déci nibre. Muterai* 1 fr. M c.| elle nb rr rient
mf*m#r^eâr * . . . . qu'à i (r. to c. i eue 10 chevaux qui
Abonni-mut. h VJgrrnm* a 1» •irt travaillé iàojatte»,c'ait ttlta somme
i iiu*liyut 4 • t . . *• 4o de aaa. >« »■»
Payé nu peprtier pou/ règlure et re-
(Mtrc, pluiuvji, apcr«
Intereu) d« iJ,t<H> tr. de capital . . . 9.180
Payé lu percepteur les prestations à
m/ebarge , . . . ,
Payé Ni/ci,ii,.nioii au ■acrùtarial .Je la
Payé un banc à .'égliie pour m/uiaUoD.
uns soi »7*
Nous avons donc 2,480 fr. 30 C. à nie lire à diaires intelligens avec lesquels il traite, je
la charge des diverses récoltes : nous de vais en parler succinctement.
vons eu même temps les décharger ou les
boniller de 574 fr. C'est en définitive les char Section XI. — Des compta courant.
ger d'une somme de 1906 fr. 30 c. Si nous Les comptes courans expriment la situation
supposons maintenant qu'on a une ferme de du cultivateur relativement à toutes les per
200 hectares de terres arables de toute nature, sonnes avec lesquelles il est en affaires : tous
chaque hectare supportera comme dépense les ouvriers, les employés, les charrons, les
une somme de 9 fr. 55 c. journaliers, les épiciers, etc. Les matériaux
Au moyen de ces différens comptes, et des de ces comptes se trouvent tous au journal,
articles qui n'y figurent pas, mais qui sont et quelques-uns sont aussi consignés dans les
consignés au journal, il est très facile d'établir dépouillemens ou comptes d'ordre. Les comp
les comptes financiers ou de culture. tes courans bien tenus, exacts, circonstanciés,
Jusqu'à présent nous n'avons pas parlé des constamment à jour, sont les plus sûrs gar
comptes courans qui n'ont pas mission d'in diens de la bonne intelligence , préviennent
diquer le résultat des opérations culturales,ni les difficultés, les malentendus et quelque lois
de tracer la marche de l'expérience; mais écartent des procès dispendieux. Je vais don
comme ils sont essentiels pour maintenir eu ner quelques exemples de ces comptes cou
bonne relation le cultivateur et les intermé rans.
Doit. Compte courant de Louis, maréchal. Avoir.
Janvier, Reçu a becl*?). blé au prig Je i , fi. . . . M ■ ii i Foarw eoo dout p«ar la■ bergerie
u.rgvrrc. . . .
février. DeUK ri.cVa.ui et FVnnçoii p. un voyage. U J- Ferré encerclée , evtieua en fer , un cha
Ai.»a t. (.onduii * Torture* de Me. . . riot. r. t. mémoire lit
Novembre. Laboure , tiecUrej cU terre à %i f. (fr'mi 13. retirai il petite» te.
Novembre. Ri . u en esfbveej h Juin. il. Ferré deux brouettée nte, i a 1 . . . ta
a
Décembre. Yntdu 5 Ijectol bié a iS£ Août. .S. Fourni un balancier pour 1a nouvelle
It..;u M opeoea puaipe } 4
Septembre. la Vet.du 4 pelle, tu far 7 la
ie. Vendu une griffe à arracher le houblon. 6 •
Noien.br*. a. Vendu , marteaux à caeaer let pîerrea. . ■a ■
Décembre. >t. Vu ton mémoire pour raccommodage de
détail el reconnu conforme
Ferrie* da <j «hevâul à 5 f. pie.a (pru
convenu] tas •
Fourni fil dele fer pour un à la bar.
Je lai gerie, article oublie ' It
Les mots doit et avoir s'expliquent natu cependant cru devoir mentionner Ici une par
rellement ici par l'inspection du compte. Au ticularité qui est d'un usage habituel. On voit
coté de la page où est inscrit le mot doit, ou par le compte courant précédent qu'il est
enregistre tout ce qu'à reçu le compte. A la du au maréchal une somme de 111 fr. 25 c.
page que dislingue le mot a cuir, on enregistre Cette somme se nomme balance. On nomme
tout ce qu'où a reçu du compte ou de l'indi ainsi les valeurs ajoutées au débit pour le reo-
vidu dout le nom forme le titre du compte. dre égal au crédit, ou au crédit pour le ren
Ces mots s'emploient fréquemment dans la dre égal au débit, Toute balance qui ne repré
comptabilité en parties doubles. Le coté où sente pas un bénéfice ou une perle forme un
est inscrit doit se nomme le débit du compte; article cFinventaire", je parle delà méthode de
l'autre côté se nomme le crédit. Quoique j'ai comptabilité que je propose ici.
évite de me modeler sur cette méthode, j'ai
544 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Compte courant d'à. blangy, journalier. 1336. V. eomptti courant, i835, p. 4O.
fr. «■
r—
Janvier. i. ConTi que mi jourueei de déc bre à Janvier. 1. Il lui «st redu fur ■/ dernier compte. . . G M.
mari lui seront comptées à go i :., 1. Janvier. M. Jouméea du 5 au *o janvier. 8 7 so
aulree à i fr. 10 e. ; celles de i/fi-mme H. de •/ femnia. . . 1$ 10 40
le seront i 60 c. ponr toute 1* h t. Juillet. A. li depuis le dépouillement du. . i£. 11 40
Janvier. 1. Payé le montant de la balance de s/ der Août. "9- Sa femme a faucille 1 hectares blé à 9 fr. 18 >
nier compte 6 lo Août. 11. Fourni 11 bottes paille de seigle pour
tu. 6. Loue i5 ares de m/ pré au chalet, i 36 f. . J6 . liens a io e 4 80
Juillet. Reçu an hectolitre Lté à ■• '»■ 7»* Septembre. ». Journées depuis le dép. du 4 juillet, il. . a? lo
11. Fait couvrir »/ vache par m/ taureau. . . • s
61 6i 98 10
li li 1 1U7, p. 1*.
9» >»
Pour faciliter les recherches en cas d'erreur, pour la découvrir. Avec la méthode que je
d'oubli ou d'omission, on note en haut de la propose on peut commettre des erreurs, mais
)age le folio où le compte se trouve dans le rien n'avertit qu'elles sont commises. C'est là
Fiivre précédent; on note également au bas de un désavantage, je l'avoue; mais il est large
la page du compte, le folio où le compte se ment compensé.Je suis persuadéqu'un homme
trouve reporté pour l'année suivante. un peu habile à compter ne fera pas de gran
Comme on le voit, les comptes courans des fautes, et que les erreurs qui se glisseront
sont très faciles à tenir ; ceux qui concernent à son insu auront peu d'influence sur la phy
les journaliers devront être très circonstan sionomie de chaque compte.
ciés, parce que les ouvriers des. campagnes L'exposition de cette méthode a pu paraître
n'ayant que peu de mémoire, en général , et ardue; quelques comptes ont semblé peut-
n'écrivant pas eux-mêmes, confient leur comp être arbitraires dans leurs dispositions et la
te à leur souvenir, calculent de tête, comme combinaison des colonnes. C'est là la surface,
ils disent, et se trompent fort souvent. Si le et je ne prétends pas que pour réussir on
compte du cultivateur ne s'accorde point avec doive calquer ses comptes d'ordre sur les mo
le leur, ils s'imaginent qu'on veut les tromper, dèles que j'ai donnés, pourvu qu'on ne s'é
à moins que le compte ne mentionne une carte pas des principes fondamentaux, c'est-à-
foule de détails fastidieux au premier abord, dire le journal et les 3 sortes de comptes.
mais qui souvent évitent bien des querelles, On a discuté la question de savoir a quelle
et éloignent les causes de malentendu. Un époque il convient d'ouvrir et de clore la
ouvrier réclamait une journée de binage qui comptabilité. M. Pabst traite cette question
n'était point sur le registre. Fatigué de son avec lucidité dans l'ouvrage qu'il vient de pu-
obstinât ion, j'étais.sur le point d'êtreconvaincu blierà Darmstadtsur l'économie rurale ; je ne
que c'était un oubli de ma part. Knfiu , en saurais mieux faire que de reproduire ici ce
compulsant le journal, je trouvai que le jour qu'il en dit : « Les opérations du cultivateur
où l'ouvrier |>retendaitavoir travaillé, avait été sont tellement compactes et liées entre elles
remarquable par une pluie battante. Les as que jamais il n'y a d interruption, et par con
sistons confirmèrent mon observation ; le ré séquent on ne peut trouver aucune époque
clamant en fut quitte pour un peu de honte, dont on puisse dire que l'année écoulée n'a
et l'exactitude du comptable devint prover pas laisse à celle qui arrive beaucoup de tra
biale. vaux dont celle-ci profitera. D'après cette ob
servation, on pourrait regarder l'époque où
Section XII. — Réflexions générales. l'on est entré en ferme comme la plus favo
rable à la clôture des comptes. Cependant, à
voir les choses plus attentivement, il y a dans
Telle est la marche de la comptabilité que l'année agricole 3 époques qui sont à préférer
je propose. Toutes les opérations, toutes les pour l'opération dont il s'agit ; ces 3 époques
ventes, les achats, les entrées, les sorties, sont sont : la fin de l'automne ou le commence
du domaine du journal et vont ensuite se ment de l'hiver ; la fin de l'hiver ou le com
ranger par ordre de matière, soit dans les mencement du printemps; enfin, le commen
comptes courons ou de personne, soit dans les cement de l'été lorsqu'on a terminé les ense-
comptes financiers ou de culture, soit enfin mencemens de printemps.
dans les comptes auxiliaires, ou d'ordre. Cha « Chacune de ces époques présente aes
que article du journal doit figurer dans deux avantages et des inconvéniens; et pourle choix,
comptes spéciaux: Je vends 1 hectol. bléàPaul; il faut consulter les circonstances locales, et
cet article doit figurer dans le compte finan peser les considérations personnelles.
cier Blé en magasin, dans le compte d'ordre « On trouve à l'avantage de la première épo-
Blé en magasin, et enfin dans le compte de 3ue, fin d'automne, que ce moment, c'est-à-
Paul. 11 y a donc des cas où un article figure ire vers le l^novembre, les travaux de l'année
dans 3 comptes spéciaux. qui commence et de celle qui finit sont assez
Cette marche est simple, et n'est jamais en nettement divisés; et qu'il n'y a que les ense-
travée par la nécessité de suivre un mécanisme mencemens d'hiver qui ont été anticipés par
obligé, qui fait de l'homme une machine , et l'année finissant sur celle qui lui succède ;
qui cependant exige de sa part beaucoup de on dit surtout que l'hiver est la saison la plus
calme, de sang-froid et de réflexion. Dans la propice pour se livrer aux opérations de cal
comptabilité commerciale, les erreurs sont cul. Mais on objecte qu'il n'est pas facile de
découvertes tôt ou tard; mais s'il y a une er clore alors la comptabilité avant que le battage
reur, il faut un travail très long et rebutant n'ait été terminé, sans quoi il faudrait faire des
aur. 5e. CLOTURE DES COMPTES. 545
évaluations provisoires, cequi estsujet à beau partition de ce compte entre toutes les récol
coup d'incertitudes. tes; alors tous les comptes marchentde front.
« La seconde époque, la fin de l'hiver, au Lorsqu'on s'est assuré que tout est réparti,
1™ mars ou au 1" avril, a les mêmes avantages que chaque compte est chargé des dépenses
que la précédente; de plus, le battage terminé qu'il a occasionnées, et que les produits qu'il
ou sur le point de l'être, on peut avoir sur les a fournis sont exactement inscrits, on fait les
récoltes des évaluations positives; le fourrage additions et on détermine ainsi pour cha
est en partie consommé et peut être évalue ; cun le bénéfice ou la perte. Je n'entends par
on peut prévoir le bénéfice que donneront les ler ici que des comptes financiers, car les
animaux. On peut opposer, qu'au printemps , comptes d'ordre, étant généralement un objet
le cultivateur n'a pas assez de relâche pour se de répartition, ont dû être distribués pendant
livrer assidûment à la comptabilité , incon le courant de l'année, ou du moins avant de
vénient qui disparaît lorsque, pendant l'hiver faire les additions.
on a fait les évaluations les plus indispensa On ne doit regarder comme bénéfice ou
bles. comme perte réelle que la différence entre
« La troisième époque, c'est-à-dire au com les dépenses et les produits des comptes qui
mencement de l'été , vers le milieu ou la fin n'ont plus désormais aucun rôle à jouer.
de jjuin, et toujours avant la récolte des foins, Mais si l'objet pour lequel le compte est éta
présente cet avantage que dans cette saison , bli n'a pas encore parcouru toute la série des
les magasins sont presque vides, la laine est transformations qui peuvent l'affecter, on ne
serrée et souvent déjà vendue. En revanche, peut pas dire qu'il a rapporté du bénéfice ou
dans cette saison on a peu de temps à donner supporté de la perte ; car qui sait ce que nous
à la comptabilité; cependant cette époque est réserve l'avenir? Je vais faire sentir cette dif
à préférer dans les établissemens auxquels est férence: je suppose qu'on veuille clore la
attaché un comptable spécial. » comptabilité au 31 décembre 1836. On a deux
comptes de blé, l'un pour blé 1836 qui vient
Section XIII. — Clôturedel'exercice ancien; d'être récolté, l'autre pour blé 1837 qui vient
ouverture des comptes nouveaux. d'être semé. Le premier de ces deux comptes
est terminé puisque la récolle est faite ; rien
Les comptables nomment exercice l'espace ne peut nous priver des bénéfices qu'il a réa
de temps oui s'écoule entre deux inventaires. lises, et il est désormais impuissant à réparer
La durée de l'exercice est ordinairement d'un les pertes qu'il a pu essuyer. La balance de ce
an ; dans les fortes maisons de banque elle compte est un article de pertes ou de profits.
n'est que de 6 mois; chez les détail lans elle Mais les choses se passent autrement pour
est fréquemment de plusieurs années. La plu le blé 1837 : ce compte présente une forte dé
part des produits de la culture étant annuels, pense occasionnée par les frais d'ensemence
les fermages étant généralement fixés à tant ment et de préparations; frais et dépenses qui
par an, la durée naturelle de l'exercice est an ne sont encore couverts par aucune espèce de
nuelle dans la comptabilité agricole. Quelle produits. Néanmoins il serait injuste de les
que soit l'époque à laquelle on se soit arrêté considérer comme une perte sèche , car la va
pour fermer les comptes, on doit s'être mé leur de cette dépense n'est qu'un prêt, qu'une
nagé le temps nécessaire pour ce travail im avance; c'est une valeur réelle qui fait partie
portant, et avoir préparé un local où l'on soit essentielle de l'inventaire. En résumé, tout
en sûreté contre les importuns, et à l'abri des compte qui n'est pas réputé insolvable est
distractions. balancé par inventaire et non par bénéfice ou
Pour arriver promptement à un résultat par perte. Il n'y aurait qu'un cas où blé 1837
satisfaisant, l'ordre, la méthode sont de puis- aurait réellement donné de la perte, c'est ce
sans auxiliaires. J'engage beaucoup les comp lui où il aurait été détruit par une gelée, une
tables à ne pas travailler successivement à inondât ion, etc. Il n'y aurait également qu'un
chaque compte jusqu'à ce qu'il soit terminé, cas où il pourrait réellement donner un bé
mais à travailler simultanément à tous ceux néfice, c'est celui où l'on aurait vendu la ré
qui ont de l'analogie dans leurs dépenses et colte future au hasard. Mais dans l'un et l'au
leurs produits , leurs entrées et leurs sor tre cas, le compte n'a plus pour le fermier
ties. de chances heureuses ou malheureuses à cou
Ainsi, au lieu de porter au compte d'avoine rir.
toutes les valeurs qui le concernent, puis de Avant de procéder aux additions des comp
passer au compte de blé pour se livrer au tes de culture, il est nécessaire pour opérer
même travail , il vaut mieux, pour économiser méthodiquement de mettre du côté du pro
le temps et rendre les erreurs moins faciles, duit de ces comptes le montant de l'inveu-
prendre, par exemple, le compte de frais gé taire nouveau qui les concerne ; sans cela on
néraux, et répartir, non pas sur l'avoine ce n'arriverait qu'a des résultats faux. Je vais
qui est à sa charge, pour passer à un autre ob donner un exemple :
jet qui la concerne, mais d opérer de suite la ré-
DBPEH1ES. VACHES. iSSi. RECETTES.
1
Il Janvier. î. Montant de finrentaire • 3,'iOoCr. Produit en beurre , en lait, en rea ut, ete . I,6oo fr.
Dépens» de consommation *| d'entretien, .
7,900 o,too
— semaille cm plantation.
— engrais en terre.
r*r »• année de report dos engrais en terre*
Je vais indiquer un tableau d'assolement où I sage qu'on peu^ en _ faire. Je *,ypppse une
sée de 6 planches ou htllous.
ces signes sont appliqués et ou l'on verra l'ur I pièce composée
i 1IU-BI1XO*
4*1 5* B1LLOS. r'e MIL».
A'ATHJtVS.
1 Léo. 5o urci. iptct. tira, 1 heet. houtt.
1
16 jmini J'ai ewfy*), an11r ■ ni.- j. <rr
lortcWi d* culture l'ipia mjni
1 lûirr. I ni'hl ■•pr«t Lr ebarep I
îanvirr. cal wri Ironto^' t|c tja*ta ta co*n-
fin.Ui*ii. Comme j «i rérnlie
pluf dv gfrbf* "UT la ] jrtie !••
mari. btiurec utant l'bi*«*r que »ur
| l'aitIfi* , j jUfure bien des la
boon d'aulomuf•
ii mai îglwctol. d'erpe.
t4 mal i
3 Mptrabn I 3.?5A périrai doot î.ûSfi de* 3 (dernier* billoai. |
500 bfrto|. pom | oie» de lerr* 8S0 kfcl. pom ] mei do terre. iS/ni kil. racine!
Ou voit ainsi, d'un seul coup d'oeil, la succès - qu'un seul trait de plume indique une opéra
siou des opérations culturales, les modifica tion.
tions apportées dans la quotité des produits 4" Conversion des mesures locales m me
suivant les différentes manières dont le sol sures 4écitnQÎes. Le comptable , s'il veut être
a été traité. On peut à peine se figurer l'im compris et comprendre les renseiguemens
mense importance qu'auraient pour l'art agri qu'il est obligé de recevoir, doit parier un
cole en général , et pour la pratique locale en langage familier aux personnes avec lesquelles
particulier , de se m niables tableaux dressés il est journellement en contact. La connais
sur les principales exploitations du territoire sance des mesures locales pour les surfaces
français. Leur rédaction est fort simple puis et les contenances lui est indispensable; mais
548 ADMINISTRATION RURALE. liv. vn.
aussi, comme les nouvelles mesures se prêtent Sur une feuille collée à un carton, on aura, par
{>lus facilement à la rapidité du calcul par des calculs préalables, fait une sorte de ba
eur composition et décomposition décimales , rème au moyen duquel on peut, sans beau
il faut qu'il puisse avec célérité opérer la con coup de calcul, trouver promptement leschif-
version des anciennes en nouvelles, et réci fres dont on a besoin. Je prends pour exemple
proquement. Quoique ce ne soit pas ici le lieu lejour lorrain, qui est de 20 ares 44 centiares.
de faire un traité d arithmétique, je crois être J'inscris sur la feuille précitée les chiffres sui-
utile aux comptables en leur indiquant une vans :
manière très facile d'opérer cette conversion.
1 jour vaut 20 ares 44 1 hect. vaut 4 jours 8 nommées
2 — — 40 — 88 2 — — 9 — 6
8 — — 61 — 32 3 — — 14 — 4
4 — — 81 — 76 etc.
5 — lhect. 2 — 20
6 —lhect. 22 — 64
Il y a quelques opérations qui exigent une et soignées avec la plus scrupuleuse minutie.
double conversion. Le resal lorrain équivaut Quand on est obligé de parcourir une foule de
à 125 litres; on récolte environ 3 resaux par paperasses entassées sans ordre ou jetées dans
jour. Pour avoir le rapport correspondant en un coin pêle-mêle les unes avec les autres, les
mesures nouvelles, il serait nécessaire de mul recherches sont souvent rebutantes, quelque
tiplier 3 par 122, et on aurait le nombre de fois infructueuses; toujours elles exigent un
litres récoltés sur 20 arcs 44 centiares; puis temps infini. Dans le focal affecté au comp
pour obtenir le nombre de litres recollés sur table , on fera disposer quelques rayons hori
un hectare, il faudrait trouver le quatrième zontaux en forme de bibliothèque , coupés
terme de la proportion suivante, 3,75 : x :: eux-mêmes à angles droits par plusieurs
20,44 : 100 , et alors on aurait 18 hectol. 34 autres planches verticales. Dans chacun des
litres, produit d'un hectare. Cette voie est tor casiers que forme cette disposition, on met
tueuse, embarrassante et fort longue. Je suis en dépôt les pièces dont je viens de parler.
parvenu pour les conversions analogues à trou Tous les rayons supérieurs sont consacrés
ver un rapport très simple, et qui abrège sin à la correspondance si elle est un peu éten
gulièrement le calcul. Il consiste à diviser 18 due ; dans chacun des autres casiers on
hectol. 34 litres, produit d'un hectare, par 3, ' place :
chiffre qui représente le produit en re Conventions et marchés: tous les actes de
saux d'un jour lorrain : le quotient est 6, 11; cette nature que l'on passe avec les domes
En multipliant par ce rapport le produit d'un tiques, avec les ouvriers de toute nature, les
jour lorrain exprimé en resaux , on aura ins marchands , les fournisseurs, etc.
tantanément le produit d'un hectare exprimé Mémoires et factures acquittés : tous ceux dont
en litres. Exemple : On a récolté 4 resaux 1/2 on a payé le montant.
d avoine par jour ; on désire savoir à combien Mémoires et factures à acquitter: tous ceux
d hectolitres par hectare ce produit corres qui restent à payer.
pond. On n'a qu'à multiplier 4, 5 par 6, 11 et Quittances des ouvriers.
on obtient 27 hectolitres 50 litres. On trouve Quittances et reçus de contributions.
rait facilement des rapports analogues pour id. xd. d'assurance contre l'in
les antres cantons. cendie.
5° Casiers et répertoires. Le comptable est Pour faciliter encore les recherches des
chargé du dépôt, et souvent de la rédaction objets déposés dans chaque casier , on les nu
d'une foule de pièces importantes, tel'-es que mérote à mesure qu'on les reçoit , et on les
reçus d'impôts et contributions, marchés et inscrit sur un double répertoire. Ce réper
conventions , correspondance commerciale . toire présente la liste des objets classés par
quittance despaiemens qu'il a faits. Ces pièces n°* ; puis la même liste, en prenant pour base
ne font pas, à proprement parler , partie de la de la classification l'ordre alphabétique.
comptabilité, mais elles doivent être classées Exemple :
r>N DU (WATtlIÊMB ET
LISTE ALPHABETIQUE
DES NOMS DES AUTEURS AVEC LÉS ARTICLES QU'ILS ONT RÉDIGÉS DANS
LA MAISON RUSTIQUE DU XIX« SIÈCLE.
la
iea
>=.-
i.'
I!
P-
;w!
I*.
tu-
f.i
l'eff-
uiisi-
Del'
nui»
■
f