Vous êtes sur la page 1sur 7

Republique Algerienne Democratique et Populaire Ministere de l’Enseignement Superieur et de

la Recherche Scientifique
Centre universitaire de Relizane Institut des sciences et technologie
1eme Annee Master ST - Departement (Genie Electrique) - Specialité Electrotechnique industriel

Ecologie
industriel et
developpement
durable

Responsable du Module : Dr. Nessim Abderrahim Bourahla

Annee Universitaire 2020/ 2021


Chapitre 1
Naissance et
evolution du concept
d’ecologie industrielle
l.Introduction
Ecologie et industrie ne font habituellement pas bon menage. On separe habituellement l’«
environnement » et les activites humaines, urbaines ou industrielles.

L’ecologie industrielle propose une exploration de l’hypothese inverse. Les activites humaines utilisant
directement des ressources naturelles et rejetant des effluents et dechets dans l’environnement,
pourquoi ne pas considerer un seul systeme dans lequel seraient integrees l’environnement et les
activites humaines : un « ecosysteme industriel ».

Ainsi, la demarche d’Ecologie Industrielle, nourrie par les demarches scientifiques rigoureuses de
l’ecologie scientifique, propose une demarche nouvelle, operationnelle et cooperative pour decoupler
l’augmentation des activites economiques et leurs consequences negatives sur l’environnement, les
territoires et les hommes.

2.Concept du ”End Of Pipe”

Dans les annees 50-60 l’approche principale consiste a limiter les impacts des activites humaines sur
les differents milieux, via des seuils d’emission maximale dans l’environnement (dans l’eau, dans
l’air, ...). Ceci a conduit a une gestion « individuelle » des emissions polluantes dans
l’environnement, en agissant principalement de maniere reparatrice, en aval, en traitant la pollution :
c’est ce que l’on appelle l’approche « end of pipe », qu’on peut traduire en francais par « en fin de
processus ».
Cette approche « end of pipe » met en avant differents amenagements ou technologies :

• les procedes pour le traitement de la pollution : technologie de de pollution de l’eau, filtres


de traitement de l’air, equipements de mesure.

• des infrastructures necessaires au fonctionnement des equipements : stations d’epuration,


incinerateurs.

• des entreprises d’etude, de conseil et de services, pour les mesures de la pollution, les
analyses, le dimensionnement des installations
Le systeme industriel percu comme separe de la Biosphere Ainsi, l’approche « end of pipe »
suppose une vision de l’environnement comme etant exterieur a l’activite economique, une vision
de l’homme (et de ses activites) comme etant en dehors de la nature. Il s’agit donc de minimiser les
impacts des activites humaines sur l’exterieur, sur la nature, sur « I'environnement». Dans cette
vision, l’activite economique, le systeme industriel, sont vus comme separes de la Biosphere.

Cette approche « end of pipe », certes utile, se revele de plus couteuse, et souvent
insuffisamment efficace. Elle conduit souvent, de maniere reguliere (ou incrementale) a viser
le simple respect des normes en limitant les couts, et parfois a deplacer les problemes d’un
milieu a un autre ou vers un autre acteur.
L’ecologie industrielle, a l’inverse, vise a l’optimisation globale des systemes
economiques et territoriaux, afin de mieux gerer collectivement les impacts a
l’amont.

Ceci necessite une integration des problematiques a une echelle plus vaste qu’un site
industriel ou d’une collectivite.

3. Naissance et evolution du concept d’ecologie industrielle


Le concept d’ecologie industrielle s’est constitue petit a petit, de son emergence aux debuts de sa
mise en application. Cependant, deux visions de ce concept s’opposent toujours.

La veritable emergence du concept d’ecologie industrielle n’a debute qu’en septembre 1989, avec
l’article, redige par "Robert Frosh et Nicholas Gallopoulos", pour prouver qu’il est possible de
developper des methodes de production ayant un impact considerablement plus faible sur
l’environnement, et cela grace au concept d’ecologie industrielle.

Ce dernier reside dans la transformation du modele productif actuel en un modele plus integre,
fonctionnant de maniere similaire a un ecosysteme naturel (au sens biologique du terme).
Contrairement aux precedents

L’approche de l’ecologie industrielle prend deux directions


- La creation de parces eco-industriels:
Ce sont des parces industriels ou se forment des sortes de biocenoses industrielles ,basees sur des
echanges de flux de matiere et d’energie entre les differentes entreprises. C’est l’application la plus
directe du concept d’ecologie industrielle. Il se forme ainsi des « ilots de durabilite » a travers le
monde, que ce soit aux Etats-Unis, en Europe, mais aussi en Asie. L’exemple de la symbiose de
Kalundborg est tres rapidement utilise comme reference, et beaucoup d’etudes y sont consacrees.
- La dematerialisation, la decarbonisation et l’economie de
fonctionnalite
Il se deroule en meme temps un developpement de concepts et de strategies d’optimisation des flux de
matiere et d’energie et de la productivite des ressources. Tout ceci a pour objectif de maximiser la
reduction de la consommation de ressources naturelles et des impacts environnementaux qui en
decoulent.
Bien entendu, tant la reduction que l’optimisation des flux ont un objectif commun de rentabilite
economique pour les entreprises. En effet, l’ecologie industrielle a ete concue par des industriels, afin
d’optimiser les systemes industriels existants.

Des visions qui s’opposent:


La vision de Allenby
La vision de Ehrenfeld

La vision de Allenby
le systeme industriel est considere comme un ecosysteme a part entiere, qui doit fonctionner de
maniere similaire a un ecosysteme naturel .
Allenby compare l’evolution des ecosystemes terrestres a celle necessaire aux systemes industriels
pour devenir durables.
Il definit ainsi trois types d’ecosystemes :

« l’écosystème de type « l’écosystème de type II » « l’écosystème de type


I » ou écosystème im ou écosystème de III » ou écosystème
mature. transition. mature.

- « l’écosystème de type I » ou écosystème immature.


Il se caractérise par une linéarité des flux, une consommation infinie de ressources ainsi que des
rejets et déchets non limités. Cela peut s’expliquer par le fait qu’au début de la vie sur Terre, les
premiers organismes étaient peu nombreux, donc avaient peu d’impacts s ur leur environnement, et
que les ressources semblaient infinies. Il en va de même, à l’échelle des sociétés industrielles, au
début de l’ ère industriel.

- « l’écosystème de type II » ou écosystème de transition.


Peu à peu, les ressources se sont raréfiées, et les différentes espèc es ont dû former des liensentre elles
pour subvenir à leurs besoins . Il s’est ainsi formé les premières communautésbiotiques, systèm es
caractérisés par de nombreux échanges internes et par conséqu ent parune réduction simultanée de la
consommation des ressourc es et de la production de déchets
C’est le stade que commence à connaître actuellement les systèm es industriels, devant
lararéfaction des ressources et les problème s locaux et globaux que le mode de production etde
consommatio n actuel des pays industrialisés entraine.
- « l’écosystème de type III » ou écosystème mature.
les écosystèmes naturels ont dû évoluer vers un stade de maturité plus important. Ainsi, dans
l’évolution de la vie sur Terre, laform ation de véritables réseaux d’échanges de flux a permis
d’élimine r touteconsommation de matière supplémentaire à l’extérieur des écosystèmes, ainsi que
touteproduction de déchets. En effet, dans un écosystème naturel, les déchets d’une espèceconstituent
les res sources d’une ou plusieurs autres. Ainsi, il n’y a pas de perteSeul e une source d’énergie reste
nécessaire du fait del’entropie exista nte.grâce à la photosynthèse, les écosystèmes la puisent
uniquem ent dans l’énergie rayonnanteprovenant du soleil (énergie renouv elable). C’est vers ce stade
mature d’écosystème que lasociété ind ustrielle doit évoluer, d’après Allenby, si elle veut devenir
durable dans le temps.
cette vision de l’écologie industrielle n’intègre pas les principes dudé veloppement durable,puisque
aucune considération humaine ou soci ale n’apparait. Eneffet, Allenby s’arrête à une vision très
technique e t technologique, dans laquelle il faitconfiance à l’efficience de la coo rdination
marchande et aux lois de la concurrence,pouvant conduire à une artificialisation très poussée de la
société. Par conséquent,cette vision n’offre qu’une durabilité faible

La vision de Ehrenfeld
Pour lui, l’écologie industrielle passe plutôt par une modification du « paradigme social dominant»
actuel, c'est-àdire une modification de « l’ensemble de concepts, de croyances et de pratiques standards
qui guident l’action de l’homme».
Le concept d’écologie industrielle prend cette fois une dimension so ciale beaucoupplus importante. En
admettant que l’ensemble des « st ructures sociales […] sont le résultatde la diffusion de notions parad
igmatiques » , Ehrenfeld met enévidence que le changement nécessai re à la mise en place de démarches
d’écologieindustrielle nécessite u ne intervention humaine.
De plus, la coordination marchande ne peutinculquer seule ce ch angement, puisque contrairement à ce
qu’a évoqué Allenby, elle n’estjamais efficiente (la concurrence ne pouvant être parfaite). Ainsi, pour
Ehrenfeld, l’écologieindustrielle consiste en une « re construction de la relation fondamentale entre
l’homme etla natu re » . L’analogie avec les écosystèmes naturels est aussi présente danscette vision.
Toutefois, cette dernière s’étend cette fois sur le s aspects structurel etorganisationnel de ces derniers.
Ehrenfeld s emble donc proposer une vision plus durable de l’écologie industrielle.

Vous aimerez peut-être aussi