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religieux. Recherches
interdisciplinaires
3 (2008)
Transmission, traduction, propagande (II)
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Danièle Vazeilles
Connexions entre le néo-chamanisme
et le néo-druidisme contemporains.
Étude en anthropologie/ethnologie
comparée
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Référence électronique
Danièle Vazeilles, « Connexions entre le néo-chamanisme et le néo-druidisme contemporains. Étude en
anthropologie/ethnologie comparée », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires [En ligne],
3 | 2008, mis en ligne le 04 juillet 2008, consulté le 04 mai 2013. URL : http://cerri.revues.org/161 ; DOI : 10.4000/
cerri.161
Éditeur : MSH-M
http://cerri.revues.org
http://www.revues.org
Danièle Vazeilles
« vampires » face aux cultures et traditions anciennes, dont ils nient l’originalité et les valeurs,
puisqu’ils les expliquent en empruntant les valeurs et croyances ésotériques occidentales.
S’emparer de manière aussi réductrice des pratiques chamaniques des peuples indigènes
pourrait être une nouvelle preuve de non-respect face à ces populations toujours opprimées,
dont beaucoup vivent encore dans la misère face à l’indifférence du reste du monde. Ces
peuples sont eux aussi engagés dans la modernité ; dès qu’ils le peuvent, ils adoptent les biens
matériels et les techniques du monde moderne. Va-t-on leur prendre leur religion, la seule
chose qui leur reste pour lutter efficacement contre l’ethnocide19 ?
30 Des représentants de certaines tribus, des associations et des journalistes amérindiens ont
dénoncé cette exploitation commerciale des différentes religions amérindiennes à travers ces
ouvrages, ces stages de néo-chamanisme, ces « objets de pouvoirs divinatoires » en vente
dans les boutiques. Des problèmes20 peuvent se poser et se passer quand on exporte en terre
étrangère des pratiques cérémonielles appartenant à des ethnies et des cultures localisées dans
un espace géographique déterminé. Ces problèmes ont été perçus, dès les années 1980, par de
nombreux chamanes reconnus des Réserves indiennes de l’Amérique du Nord et en particulier
par l’association dite « Cercle des Anciens » (Elders Circle). Des guides spirituels des Réserves
ont exposé leurs préoccupations dans plusieurs articles parus dans des journaux indiens21. Ils
ont émis de sérieuses réserves en ce qui concerne, par exemple : A. Fire Lame Deer « qui n’est
en aucun cas mandaté, ni par l’AIM (American Indian Movement), ni par la Nation Sioux» ;
« l’enseignement de la Roue de la Médecine », dont nous parlerons plus loin ... Le journal
des Sioux Lakotas, le Lakota Times, a publié, depuis 1991, une série d’articles dénonçant
ces pratiques qui dénaturent les croyances et pratiques des Indiens d’Amérique du Nord. En
1993, des Indiens Sioux réunis au Parliament of the World’s Religions à Chicago ont lancé
une Declaration of War Against Exploiters of Lakota Spirituality22. Leurs conclusions sont
sévères : après avoir volé leurs terres, avoir nié les croyances, voilà que les « Blancs » veulent
en déposséder les Indiens, une nouvelle forme perverse de colonialisme(Vazeilles, 1996, 2001,
2003).
31 Ainsi, l’indianité et la légitimité de néo-chamanes s’autoproclamant « chamanes amérindiens »
sont contestées par les Amérindiens eux-mêmes. Des auteurs amérindiens néo-chamanes et
New Agers (A. Fire, McGaa) présentent leurs théories en proclamant qu’elles sont conformes
aux croyances traditionnelles de leurs ancêtres. Les rares indiens qui les ont lues, s’étonnent
de leurs nombreuses innovations. De notre côté, j’ai montré (2002, 2003) que ces auteurs
« néo-chamanes » empruntent, à doses massives, aux ésotérismes européens. Plusieurs
expliquent, par exemple, que les Amérindiens du Nord sont originaires de l’Atlantide et ceux
de l’Amérique du Sud du continent Mu, ces deux « continents perdus » légendaires chers aux
ésotéristes et occultistes. L’idéologie chamanique de type traditionnel ne se retrouve plus dans
ces travaux qui, en fait, illustrent et se fondent dans la mouvance mystique et ésotérique de
notre époque.
38 Ainsi, on pourrait adopter une autre perspective anthropologique moins critique que celle
du notre paragraphe « Dénonciations… », et dire que ce nouveau ressourcement religieux
et identitaire de type chamanique pourrait être compris comme une nouvelle preuve du
dynamisme duChamanisme, de la grande variété des chamanismes25, qui ont su s’adapter
aux changements survenus au cours des siècles, voir des millénaires, et se transmettre en se
modifiant quelque peu d’une génération à l’autre. Les chamanismes s’internationalisent, en
continuant à se transmettre sous des formes variées qui doivent beaucoup aux contextes locaux.
39 Par ailleurs, face aux critiques sévères émises par des représentants des peuples autochtones
sur ces nouvelles formes de chamanisme, des penseurs ésotérico-mystiques non-indiens ont
fait des démarches pour retrouver dans les mythes et pratiques païennes de leurs ancêtres des
pratiques et rituels de type chamanique. Et aujourd’hui, on découvre en France et ailleurs dans
le monde occidental des personnes s’affirmant être des « chamanes celtiques, des chamanes
néolithiques et néandertaliens».
avec l’aide des animaux30. La vision chamanique, le « voyage chamanique », devient un moyen
de « recouvrer nos sens», grâce à des exercices de méditation pour modifier notre « conscience
dévoyée». Certains lieux seraient propices à ces méditations (sites archéologiques celtiques,
dolmen, cavernes…). Il s’agirait d’aiguiser nos sens par des techniques de visualisation,
chaque jour si possible, d’utiliser « les temps et les espaces sacrés », pour accomplir le « voyage
dans d’autres mondes», où nous pourrions « acquérir l’immense savoir des anciens Celtes qui
peut toujours être en notre possession». Pour ce « voyage », il faudrait adopter une posture
rituelle : assis en tailleurs, yeux clos, qui serait, d’après lui, la posture du dieu Cernunos tel
qu’il est représenté sur le chaudron dit de Grunderstrup31. Pour Matthews, ce personnage du
chaudron est sans aucun doute un « dieu chamane» qui tient le serpent, ou plutôt « l’anguille
porteuse de sagesse». Matthews propose d’autres postures rituelles, en empruntant à l’Afrique,
aux Aborigènes australiens et même à la préhistoire européenne.
43 Matthews résume « le » folklore celtique d’une manière telle que toutes les époques et les lieux
géographiques et imaginaires se télescopent. Pour lui, le « cosmos chamanique celtique » est
centré autour de différents symboles. Il donne souvent les noms de personnages, animaux et
humains celtiques, en essayant de les replacer dans la « roue du temps »,dite aussi « croix dans
le cercle», qui divise le temps et l’année en quatre périodes en fonction des équinoxes et des
solstices. Pour les Celtes, il s’agirait selon lui d’une « rouelle du temps à huit rayons », ces
huit directions renvoyant aux divisions de l’espace et aux quatre fêtes de l’année celtique qui
prenaient place entre ces événements solaires.
44 Ces « roues du temps » ou « roues de la médecine» sont une influence des Indiens d’Amérique
du Nord32 et de la Méso-Amérique, en passant par les Toltèques (un autre peuple mythique
souvent cité par les mystiques-ésotériques) mais aussi des romans de Carlos Castaneda… Des
roues similaires appartiennent à d’autres systèmes symboliques33, les penseurs ésotériques les
ont, eux aussi, utilisées à travers les siècles.
45 Dans les textes de Matthews, on reconnaît aussi le discours typique du New Age. Dans le
chapitre « La rencontre avec les êtres de lumière», il s’agirait de partir à la rencontre de
notre « guide chamanique», du « chamane intérieur», ce « maître de l’autre monde» qui sera
notre guide sur le chemin de la découverte de soi. Ce voyage permettrait « l’éveil de l’âme»,
« de la mémoire enfouie dans les profondeurs de nous-mêmes», de « la mémoire de nos
ancêtres » (Matthews, 1996, p. 105-106). On reconnaît là le discours typique du New Age et
des réseaux magico-religieux. Ce moi caché, nous l’atteindrions par le « silence intérieur»,
en une communion sensuelle en harmonie avec la Nature. Ce « chamane intérieur », nous
le posséderions tous : il nous permettrait d’effectuer une union avec la « nature profonde
des entités avec lesquelles nous communiquons», qui seraient « des êtres hautement évolués,
dont l’unique dessein est de nous enseigner» et qui seraient en fait des « facettes de notre
personnalité » qu’il nous faudrait découvrir.
46 Pour le New Age et le néo-chamanisme, le chamanisme est « une tradition sacrée». Matthews
(1996, p. 112) explique qu’il « n’est pas une religion, mais une discipline spirituelle visant
à libérer tout le potentiel humain, et à lui permettre d’évoluer dans d’autres sphères » et
de rencontrer des « êtres d’essence divine». Matthews leur donne des noms celtiques et
les organise en fonction de leurs principaux symbolismes et de leurs connexions avec les
« directions sacrées ». Il cherche à prouver que, dans la littérature médiévale sur les anciens
Celtes, on retrouve la technique de classification des « choses de l’Univers » préconisée par les
Amérindiens, à partir de la « Roue de la Médecine ». Par exemple, au « centre du monde » selon
Matthews, on trouve Rigantona ou Rhiannon, « la Grande Reine» qui est liée aux chevaux
(c’est une des cavalières surnaturelles des textes médiévaux) et à la terre.
47 Contrairement aux enseignements des Amérindiens, il n’y aurait pas d’ordre véritable pour
suivre ces « sentiers de la connaissance» : on pourrait les suivre en fonction de ses besoins.
C’est là une attitude typiquement New Age. Les peuples autochtones amérindiens et sibériens
préconisent toujours un ordre rituel rigoureux même lorsqu’il est inversé.
1. « une philosophie qui développe le caractère sacré de toute vie, située au centre d’une
toile d’araignée reliant le vivant, sans séparer la matière de l’esprit(pensée des peuples
animistes ; la « toile » du trickster des Sioux, Iktomi « araignée »).
2. Des liens avec la nature affirment notre appartenance à la communauté de tous les êtres
vivants.
3. Des possibilités de guérison et de longévité, en utilisant des méthodes de type holiste
(ne séparant pas le physique du spirituel).
4. La vie comme un voyage, avec de nombreux rites de passage (naissance, mariage, mort,
et les rites d’initiation spirituelle).
5. Des techniques pour voyager, et explorer les « états modifiés de conscience », les
« autres réalités », l’autre monde. Ces techniques sont utilisées par d’autres traditions
spirituelles : méditation, visualisation, voyage chamanique, par l’intermédiaire de
cérémonies, musiques, chants et sweathouses36, toutes ces techniques étant revues et
corrigées par la tradition et le symbolisme druidiques.
6. Développer le potentiel humain (DPH du New Age).
7. « Don de la magie »… « qui nous enseigne l’art pour nous ouvrir à la magie d’être
vivant, l’art pour savoir comment amener nos vies à se manifester, et l’art de voyager,
d’entreprendre une quête pour obtenir la sagesse, la guérison et l’inspiration. »
49 Ce site montre la volonté des néo-druides, depuis les années 1990, pour renouveler leurs études
de la « sagesse des anciens Druides ». Ce texte est une synthèse réfléchie, issue d’une certaine
volonté d’analyser de manière comparative des écrits portant sur les religions, spiritualités
et philosophies d’autres cultures. Des références sont données, que l’on retrouve dans des
livres écrits par des néo-druides contemporains et dans d’autres ouvrages ésotériques. Donnons
quelques exemples : la doctrine Ahimsa (non-violence) tirée des Upanishads37 (- 800 av. J.-
C.), telle qu’elle a été développée et connue grâce au Mahatma Gandhi, ou à Martin Luther
King, et encore par le Parehaka Maori Movement de Nouvelle-Zélande. Des références à Jules
César et autres auteurs de l’Antiquité classique, qui parlent des druides et des Celtes ; au
Livre des Morts des anciens Égyptiens. Plus souvent que dans le passé, des récits symboliques
sont empruntés aux textes médiévaux, ainsi que des références aux travaux d’archéologues et
linguistes spécialistes des peuples de langues celtiques.
50 Une autre partie du site de l’OBOD explique l’importance des animaux38 dans cette spiritualité
druidique contemporaine. Je pense y repérer l’influence du néo-chamanisme amérindien, qui
permet aux néo-druides d’aujourd’hui de « récupérer » ce qu’ils appellent les « animaux
celtiques». Les chamanes amérindiens expliquent qu’ils font appel à la « sagesse des
animaux», lors des pratiques de guérison, de leurs voyages dans l’autre réalité, dans le « monde
des esprits». Dans les récits celtiques du Moyen Âge, on trouve des histoires qui suggèrent
un comportement similaire. Pour en donner deux exemples : l’histoire du roi Cormac qui,
cherchant ses enfants enlevés par un guerrier mystérieux (le dieu de la mer Manannan Mac
Lir), découvre le puits où nage le « saumon de la sagesse». Ou encore, le corbeau, messager
entre les mondes et associé au roi prophète, Bran Le Bénis, dont la tête avec sa couronne ornée
de corbeaux a été enterrée, à sa demande, sur le Mont Blanc de Londres, là où se dresse la Tour
de Londres qui, on le sait, abrite les fameux grands corbeaux de la capitale du Royaume-Uni.
en accord avec le mouvement néo-païen wicca. Les wiccans et les druides contemporains,
deux mouvements néo-païens structurés en associations hiérarchisées, sont des écoles de type
« traditions à mystères », avec un système d’initiation de plus en plus complexe. Le site
de l’OBOD explique que « l’étude des cartes dites le Tarot de l’Art des Druides» pourrait
aider à « accomplir notre voyage vers la connaissance et le développement spirituel». Ces
cartes représentent quatre tribus ou familles, dont les membres s’efforcent de converger vers le
« Grand Hall des anciens rois celtiques irlandais situé à Tara » (au centre de l’Irlande celtique),
ou vers le grand cercle de pierres levées de Stonehenge, où a lieu la réunion annuelle des néo-
druides (coven) pour le solstice d’été. Dans ce jeu de tarot « celtique », les princesses seraient
« les pucelles de la forêt», les rois, les Uther Pendragon. La carte de l’arcane majeur, dite
Fool’s Journey, renverrait au voyage du héros à la recherche du Saint Graal, ou de la pierre
philosophale de l’alchimiste… Les « amants » renvoient aux « paires » lors du grand rite
wicca, pour commémorer l’union entre le Dieu et la Déesse, ou encore les « deux aspects du
soi» (la part féminine et la part masculine), l’union elle-même étant symbolisée par la « biche
blanche40 » à l’arrière-plan.
qui, avec son fils Mordred, causera la chute du royaume de Camalot, Arianrhod, cette mère
des Enfers, est pour lui « une beauté délicate et transparente».
56 Ainsi, il semble bien que plusieurs néo-druides aient accepté l’idée à la mode que le druidisme
serait « l’ancienne religion chamanique de la Grande-Bretagne41 ».
63 Dans Mythology of the British Isles (1990), Geoffrey Ashe présente les sources de l’histoire
légendaire des îles britanniques et de l’Irlande, de la préhistoire au IXe siècle, en prenant
en compte la diversité culturelle et ethnique, des pré-Celtes, aux Celtes, aux Romains et aux
Anglo-Saxons. Peter Beresford Ellis, écrivain et spécialiste des Celtes, dans The Mammoth
Book of Celtic Myths and Legends (1999), commente les grandes sagas des Celtes et en
présente une importante sélection. Ses textes sont retranscrits en langue moderne, et réinsérés
dans les contextes culturels contemporains des différents auteurs qui les ont rapportés chacun
à leur tour.
64 Pour ces spécialistes, dès le début du XVIe siècle dans les contrées « celtiques » (pays
de Galles, Cornouailles, Écosse, Bretagne armoricaine), des érudits dits Antiquarians
commencèrent à découvrir la littérature classique gréco-romaine. Ils s’enflammèrent pour les
mystérieux Celtes que certains écrivains et historiens de l’Antiquité présentaient comme des
sauvages assoiffés de sang, ou au contraire comme de sages philosophes. Ils s’intéressèrent
alors à la littérature médiévale et en discuteront au sein des sociétés savantes pour y chercher
des arguments et affirmer leurs identités culturelles face aux Anglo-saxons.
En France
72 Pour être bref, on pourrait citer le Breton Hersart de la Villemarqué avec son œuvre Barsaz
Breiz (patrimoine poétique de la Bretagne), parue en 1839 qui avait suscité l’admiration
enthousiaste de l’Europe entière58. On sait que George Sand et Lamartine (marié à une Galloise
rencontrée lors d’une ersteaddfod d’Abergavenny et nommé barde par les Gallois en 1838)
s’enflammèrent pour cette œuvre poétique. L’ouvrage de la Villemarqué fut décrété frauduleux
comme les contes de Macpherson. En 1989, Donatien Laurent, chercheur au CNRS, retrouva
un carnet manuscrit de collecte de contes et de poèmes, écrit par la mère de cet auteur. En 1855,
des Bretons créèrent l’association Breuriez Breiz (fraternité de Bretagne), dont La Villemarqué
fut président59. En 1898, le mouvement druidique devint plus social en Bretagne, avec la
création de l’association Union régionaliste bretonne (URB).
73 La même année, sous la présidence de l’archi-druide gallois Hwfa Mon, la première conférence
inter celtique réunit à Dublin des délégations irlandaises, galloises, écossaises, manxoises,
bretonnes et américaines60.
rattachant aux Patriarches. Cette démarche leur a permis d’affirmer que l’héritage britannique
provenait directement de la Terre Sainte des judéo-chrétiens.
hindouistes. (Il aurait pu rappeler les connexions historiques entre les associations druidiques
et celles des francs-maçons, issues pour ces dernières, des guildes des artisans68).
Conclusion
Pour une interprétation anthropologique du néo-chamanisme et du
néo-druidisme contemporains
94 Ces développements contemporains du chamanisme et du paganisme fonctionnent dans
une approche « holiste et vitaliste ». Ils se présentent comme des modèles d’une nouvelle
compréhension de la nature, et des relations des hommes avec la nature. Ils affirment les
« capacités des Occidentaux» à accéder à des « niveaux spirituels de la réalité », à mener une
vie respectueuse envers l’Univers. Les déplacements dans les temps et les espaces réels ou
virtuels sont en continuité avec les conceptions des « voyages » chamaniques et de ceux des
héros celtiques à Tir na Nog.
95 Chamanisme et paganisme sont des religions cosmiques, holistes, panthéistes et polythéistes.
Ils accordent une place centrale à la magie. L’expérience magique est une expérience de
pouvoir qui cherche à attirer et manipuler le sacré pour le mettre au service des buts des
« magiciens ». Des buts « nobles » qui permettront d’aider et de guérir les membres de
son groupe, en accédantà des dimensions supérieures de conscience(des états modifiés de
conscience – EMC) ; ou des buts matériels : recherche du gain, d’une liaison sentimentale,
d’une vengeance, d’un raid guerrier, contre les ennemis du clan ou de la « tribu ». Il s’agit là du
fonctionnement de la pensée magique, de la « pensée sauvage » analysée par Cl. Lévi-Strauss.
Le développement aujourd’hui des néo-chamanismes et des néo-paganismes montre que de
nombreux citoyens de notre planète envahie par le réalisme technologique et économique
ont besoin de merveilleux pour s’évader de la société moderne consumériste, égocentrique et
sauvage.
Influences et transmission
96 Le développement récent d’un néo-chamanisme celtique montre que les associations
druidiques contemporaines ont subi plusieurs influences : celles de « scientifiques » devenus
néo-chamanes, comme Michael Harner et Carlos Castaneda69, mais aussi celles des travaux de
scientifiques spécialistes des anciens Celtes, et de la littérature médiévale « celtique ».
97 Les druides contemporains et les « chamanes celtiques » ont rapidement noté que les
spécialistes, surtout britanniques et américains, de la littérature médiévale, ont pu montrer,
grâce aux travaux d’archéologues dès les années 1970-80, que les textes médiévaux des
peuples de langues celtiques démontraient des « archaïsmes » qui les apparentaient aux mythes
des Indo-européens (Grecs et Indiens de l’Inde). En conséquence, ces récits ne pouvaient donc
pas avoir été entièrement « concoctés » par les auteurs ou les copieurs chrétiens du Moyen
Âge. Les néo-druides d’aujourd’hui ont compris que, au-delà des interprétations chrétiennes
d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde (par Chrétien de Troyes entre autres), si on lit
les versions galloises et irlandaises, on peut apprécier plus facilement des bribes des anciens
mythes et les aventures des héros / avatars des anciens dieux celtiques. La fascination pour les
druides perdure, car ces savants de l’époque, philosophes, naturalistes, astronomes, sont aussi
des magiciens et des voyants-guérisseurs, tout comme les chamanes.
98 Dans les années 1960, les adeptes de la contre-culture découvrent les expériences
émotionnelles profondes à la recherche de son moi intérieur et d’extases divines. On s’initie
aux transes et « projections astrales », à la liberté sexuelle, sous l’influence ou non de
substances psychotropes. Des anthropologues influencèrent les hippies : Weston La Barre et
le « culte du peyotl » (1950), Gordon Wasson et les champignons de Maria Sabina, la sage
mazatèque, Aldous Huxley et Les Portes de la perception (1956), Anaïs Nin et ses théories
exaltées sur la fiction comme rêve éveillé. L’ouvrage mondialement connu de l’historien des
religions Mircea Eliade, Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase (1951), a
une influence qui perdure aujourd’hui. Il en est de même pour Carlos Castaneda qui créa
en 1960 le personnage de Don Juan, un « sage indien » utilisant le datura. L’anthropologue
Michael Harner, qui collabora avec Castaneda, rejette les psychotropes. En 1975, il fonde le
« Centre pour les Études chamaniques» qui œuvre pour la préservation des cultures et de la
sagesse chamanique à travers le monde. Dès I983, Harner organisa en Europe des « journées
d’apprentissage au chamanisme ».
99 Ces auteurs reprennent à leur compte la théorie d’Eliade dite du mythe de l’éternel retour qui
propose que, par la répétition, le primitif et l’homme religieux retrouveraient le « paradis des
origines et des archétypes », et chercheraient à annuler le temps historique pour vivre dans le
présent. Ces auteurs, chacun à leur manière, rejètent implicitement les méthodes de l’histoire
et de l’anthropologie, et mélangent les religions sans en montrer vraiment les différences, les
changements et la continuité. Il s’agit là d’un comportement de type ésotérique et occultiste.
leurs recommandations peuvent induire en erreur un public trop crédule. Et ce d’autant plus
que certains néo-chamanes se cachent derrière la caution de la science en citant les noms de
scientifiques reconnus. On peut se demander aussi si certains néo-chamanes ne cherchent pas
seulement à faire mieux vendre leurs bouquins et leurs recettes.
Éléments bibliographiques
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1995.
168 1 Enquêtes orales et observation participante chez les Indiens Sioux Lakotas (Sud Dakota,
USA), séjours de deux ans (1969-71), et de nombreux mois d’été jusqu’en 2003.
169 2 R. N. Hamayon, « Introduction à Chamanismes. Réalités autochtones, réinventions
occidentales », in R. N. Hamayon (ed), Chamanismes, Revue Diogène, 2003, p. 7-54.
170 3 Vazeilles1990, 1999, 2000, 2001, 2003. 1 et 2.
171 4 Les wiccans sont un groupe néo-païen qui s’inspire du folklore celtique et anglo-saxon. Vers
le milieu du XXe siècle, Gerald Gardner porta sur la place publique la « sorcellerie folklorique
européenne » ; il s’inspira des ouvrages de l’égyptologue Margaret Murray (The Witch Cult in
Western Europe, 1921 et The God of the Witches, 1933). On peut reconnaître aussi les influences
de Sir James Frazer et de Robert Graves. Les wiccans sont des adorateurs de la Grande Déesse
et de son Consort.
172 5 Beresford 2002, Douglas 2003, Graves 1979, MacKillop 2006.
173 6 Ouvrages de C. Guyonvarc’h et F. Leroux ; Dumézil 1986.
174 7 Brunaux 2006, Eluere 1992, Green 2000, Konstam 2001, Ralls-Macleod & Robertson 2005…
175 8 C’est le thème, par exemple, du roman Ceremony de Leslie Silko, une Indienne Laguna
métisse du Sud-Ouest des USA.
176 9 Voir l’ouvrage de Marilyn Ferguson, 1980, un des ouvrages fondateurs du New Age.
177 10 La biographie du chamane sioux Nicolas Black Elk, mort en 1952, est un best-seller traduit
en plusieurs langues, voir J. Neihardt et J.E. Brown.
178 11 Vazeilles, 1997, 2000, 2001, 2003.1 et .2 ; voir aussi les travaux de M. Perrin 1991, qui
est très critique ; l’introduction par R. Hamayon à l’ouvrage collectif Chamanismes…op. cit.,
2003, p. 7-54.
179 12 Pour une présentation d’autres medicine men amérindiens qui viennent en Europe et en
Russie, voir Perrin 1991 et Vazeilles 1990, 2001, 2003.
180 13 Archie Fire Lame Deer, avec la collaboration de Richard Erdoes, Le Cercle Sacré. Mémoires
d’un homme-médecine sioux, 1995 (Gift of Power, 1992).
181 14 Biographie de John Fire Lame Deer écrite par R. Erdoes 1972.
182 15 Barbara Means Adams, Rolling Thunder, Allen Ross – Ehanamani, voir Vazeilles 2001 et
2003.
183 16 Néo-chamanes français : P. Dacquay, M. Mercier…
184 17 Par exemple, lors de la venue plusieurs années de suite d’A. Fire Lame Deer, que certains
de mes étudiants et moi-même sommes allés rencontrer, ou encore de « chamanes indiens
chamanisant » dans la forêt de Brocéliande.
185 18 Catlinite, pierre dite à savon rouge dont l’origine mythique serait la fossilisation du sang des
ancêtres des Indiens et que l’on retrouve dans une carrière au Minnesota. La vendre ainsi hors
d’un contexte sacré est un véritable scandale pour les Indiens des Plaines traditionalistes.
186 19 Perrin 1991. J’ai développé ces aspects dans deux articles (2001 et 2003) parus dans des
ouvrages construits à partir d’actes de colloque dont plusieurs communications abordaient ces
thèmes à partir de recherches menées tant au Mexique qu’en Russie ou encore en Corée.
187 20 J’ai reçu quelques lettres poignantes, des appels au secours relatant des situations
dramatiques diverses, difficiles à vérifier, du harassement sexuel de la part du medicine man
indien, jusqu’à des accusations de viol, ou des lettres décrivant le désespoir face à la maladie
en phase terminale, le malade ou ses proches pensant trouver une meilleure aide auprès d’un
« véritable » chamane qu’on me demandait de trouver chez les « véritables » Indiens.
188 21 Par exemple, Akwesasne Notes, automne et hiver 1983, publié par la tribu des Mohawks.
189 22 On peut lire cette « déclaration de guerre » sur le site Internet : www.geocities.com/Area5/
Dimension/7670/1lakotaltr.html. Notons que plusieurs sites sur les vampires renvoient à ce
texte.
190 23 Vazeilles enquêtes de terrain, 2001 et 2003.
191 24 M. Ferguson, auteure fondatrice du New Age, Les Enfants du Verseau, 1982.
192 25 Voir R. Hamayon, (ed), Chamanismes…, op. cit.
193 26 K. Meadows (1992) dit pratiquer un « chamanisme amérindien et un chamanisme celtique ».
194 27 Les folklores européens parlent souvent des chasses sauvages, appelées en France, chasse
Arthur, chasse gallière... Ces cavalcades terrifiantes traversaient les forêts et les cieux les soirs
d’orage, ou au moment des tempêtes des équinoxes, ou des nuits d’épouvante (veille de la
Toussaint, Halloween, nuit de Walpurgis - le 30 avril, pour la Saint André, etc.). Arthur et les
déesses Diane ou Hel, sur des chevaux d’ébène entourés de chiens monstrueux et écumants,
entraînaient derrière eux fées, elfes, gobelins, sorciers, morts et revenants, et autres créatures
« surnaturelles », « démoniaques » disaient les chrétiens, en une cavalcade terrifiante.
195 28 Lévi-Strauss traduit trickster par décepteur, voir Anthropologie structurale et L’homme nu.
Voir pour les Sioux et autres amérindiens, Vazeilles, 1996.
196 29 Matthews John, The Celtic Shaman, a Handbook, 1992 ; trad. française : Le chaman celtique,
1996. Il est aussi l’auteur de Taliesin : Shamanism and the Bardic Mysteries in Britain and
Ireland, 1991, « … une étude en religion et anthropologie comparées ».
197 30 L’histoire de Kullwch et Owen, fille d’Ispadaden Pengwor, dans les contes gallois
Nabinogion. Les héros recherchent les animaux les plus anciens qui doivent être capables
d’expliquer comment joindre le dieu Mabon, retenu prisonnier. Mabon, le plus ancien des Dieux,
est un des intermédiaires entre les humains et les Dieux. Une histoire qui se compare facilement
à des thèmes de type chamanique, en particulier la croyance à l’antériorité de la création des
animaux : une plus grande antériorité est le gage de la plus grande connaissance des créatures
vivant sur terre. Les esprits alliés du chamane sont de formes zoomorphes.
198 31 Le chaudron de Grunderstrup montre, entre autres personnages, un homme ou un dieu
(Cernunos ?), peut-être assis en tailleur (dans la position du « demi-lotus » pour d’autres) qui
brandit de la main droite un torque et de la gauche un serpent (ou une anguille). Un autre
dieu plonge des hommes (morts ?) dans un chaudron, qui pourrait être le Chaudron Annwn, le
« chardon de la renaissance », qui permettait à certains morts de renaître.
199 32 Les Amérindiens du Nord parlent de « roue de la médecine » (medicine wheel), de « cercle
du monde ».
200 33 Par exemple, la roue du cycle des Nartes, héros divins des Ossètes, cf. Loki de Dumézil.
201 34 Site que j’ai consulté à plusieurs reprises, dont le 25 décembre 2005 : www.druidry.org.
Voir aussi P. Carr-Gomm, Druid Mysteries.
202 35 Les sept rituels sacrés des Indiens Sioux Lakotas par J. E. Brown. Les biographies des
chamanes sioux sont très prisées par les néo-chamanes et les New Agers.
203 36 Les Amérindiens disent plutôt sweatlodges, « tente pour les bains de vapeurs ».
204 37 Voir Brekilien 2002, p. 36-41.
205 38 Voir P. & S. Carr-Gomm, The Druid Animal Oracle : working with the sacred animals of
the druidic tradition, 1996.
206 39 Ph. & S. Carr-Gomm & W. Worthington (illustrator), The Druid Card Tarot : Use of Magic
of Wicca and Druidry to Guide your Life,2005, www.druid.org.
207 40 Une biche blanche dans l’iconographie et les légendes européennes représente souvent
la présence d’une fée…Les récits folkloriques disent que les cervidés sont le bétail des êtres
féeriques.
208 41 Ph. Carr-Gomm , Druid Way.
209 42 Ph. Carr-Gomm, La renaissance druidique. La voix du druide contemporain, 2001 ; Brekilien
Yann, La mythologie celtique, 1983 ; et Les secrets des druides, 2002.
210 43 Traits et encoches sur des baguettes de bois gravées et colorées avec vingt symboles
analogues aux runes germaniques, les ogams étaient encore pratiqués au Moyen âge irlandais
dans l’art de la divination.
211 44 Archéologues et historiens consultés pour ce travail : Th. Cahill, Ch. Ejuère, Miranda Greene,
Angus Konstam, Karen Ralls-Macleod…
212 45 Par exemple, M. Raoult, 1992, « Celte et druide » p. 5 et 19-26.
213 46 L. E. Jones, 1998 ; K. Ralls-Macleod & I. Robertson, 2005, M. Raoult, 1992…
214 47 John Toland, A Critical History of the Celtic Religion and Learning : Containing an Account
of the Druids, or, the Priests and Judges ; of the Vaids, or the Diviners and Physicians ; and of
the Bards, or, the Poets and Heralds ; of the Ancient Gauls, Britons, Irish and Scots, London,
1726.
215 48 Ross Nichols, The Book of Druidry, Foreword by Ph. Carr-Gomm, 1990, p. 98.
216 49 Beltaine, 30 avril-1er mai, appelée nuit de Walpurgis par les Germano-Scandinaves, est en
quelque sorte le pendant de Samain (Halloween). Depuis une vingtaine d’années, des feux de
Beltaine sont à nouveau allumés dans plusieurs villes d’Écosse, dont une cérémonie néo-païenne
et wicca sur Calton Hill à Edinburgh, que j’ai pu observer en 2007.
217 50 Voir les travaux de l’archéoastronome G. S. Hawkins, 1965, Stonehenge decoded.
218 51 Des néo-druides et francs-maçons disent que, le 24 juin 1717 eut lieu à Londres, dans la
taverne The Goose and Gridion, la première assemblée générale constitutive de la Grande Loge
spéculative qui réunit des représentants des quatre grandes loges franc-maçonnes de la ville de
Londres.
219 52 Brekilien 2002, p. 186.
220 53 Ouvrages de W. Stuckeley, Stonhenge, 1740 et Avebur, 1743.
221 54 M. Raoult, 1992, p. 219-220.
222 55 Ossian est un poète cité dans les textes médiévaux irlandais (manuscrit du XVIe siècle) dits
« Le cycle des Fenians », des récits indépendants les uns des autres racontant les hauts faits
de guerriers mercenaires organisés en bandes. Les Fenians seraient des milices chevaleresques
célèbres pour leurs exploits cynégétiques et fantastiques dont les chefs Finn et Ossian sont des
bardes. Ces bandes furent vaincues à la bataille de Cabra entre 254 à 330 A.D.
223 56 Williams Edward (Iolo Morganwg), Poems Lyrical and Pastoral. London, 1794.
224 57 D’autres chercheurs, dont Leslie E. Jones, verront dans ces transformations successives
autant d’épisodes de type chamanique, tout particulièrement les récits qui concernent Taliesin
et Cuchulain le héros guerrier du cycle irlandais dit « Le rameau rouge » (IIe siècle ap. J.-C.).
225 58 Brekilien 2002, p.189.
226 59 Brekilien, 2002, p.191.
227 60 Brekilien 2002, p. 192.
228 61 Église protestante unitarienne (Unitarian Church) rejette la doctrine de la Trinité et la divinité
de Jésus, et affirme que Dieu est un. Elle fonctionne en congrégations autonomes, et accorde
beaucoup d’importance au développement de la personnalité individuelle et affiche une grande
tolérance face aux différentes conceptions religieuses.
229 62 Les Quakers, une secte religieuse appelée Society of Friends, fondée par un Anglais,
George Fox, en 1650. Les membres, qui refusent de s’appeler quakers, sont des défenseurs de la
simplicité dans tous les domaines, comportementaux, vestimentaires, ainsi que lors des cultes.
230 63 Boddicée est, selon certains archéologues, une druidesse spécialiste des combats.
231 64 Rabelais, Les Grandes et Inestimables Cronicqs du grand et énorme géant Gargantua :
contenant généalogies. La grandeur et force de son corps. Aussi les merveilleux faits d’armes
qu’il fit pour le Roy Artur, comme verrez ci-après. Imprimé nouvellement, 1532.
232 65 J. Markale, Le Cycle du Graal, Première époque, La naissance du roi Arthur, 1992 : « Jean
Markale, écrivain, poète, homme de radio et de télévision, comédien et conférencier… ».
233 66 Voir aussi le spécialiste des Gaulois, Brunaux (2006).
234 67 B. Contou-Carrère, 2005.
235 68 Voir K. Ralls-Macleod et I. Robertson., 2005.
236 69 Vazeilles 2003.2.
237 70 Enquêtes menées par plusieurs de mes étudiants, dont le doctorant Tanguy Fraud, dans le
sud de la France sur les trois dernières années.
238 71 Cf. Ouvrage de G. Douglas, 2003.
Référence électronique
À propos de l'auteur
Danièle Vazeilles
Professeur d’ethnologie/anthropologie sociale à l’Université de Montpellier III (Département
d’Ethnologie), a écrit des ouvrages sur les Indiens d’Amérique du Nord, tout particulièrement les
Indiens des Plaines et les Sioux Lakotas, traitant de la vie quotidienne, du renouveau identitaire
des Indiens et le dynamisme des chamanes, ainsi que de l’engagement des Sioux pour restaurer la
biodiversité dans les grandes plaines. Plusieurs travaux portent sur les personnages transgresseurs
amérindiens (tricksters, clowns rituels, hommes-femmes) et européens dont les vampires. De manière
plus générale, elle s’intéresse aux relations interculturelles, aux minorités et peuples autochtones, aux
ressourcements identitaires, aux pratiques religieuses et aux nouvelles formes du chamanisme et du
paganisme dans les sociétés occidentales.
Droits d'auteur
Tous droits réservés
Résumés
Basé sur des recherches de terrain sur le chamanisme des Amérindiens, des analyses d’écrits
de néo-chamanes, « new agers » et néo-druides, de textes médiévaux et d’ouvrages de
spécialistes des mondes celtes, cet article montre que New Age et néo-paganisme reprennent
à leur compte maintes idées des sociétés animistes et chamaniques. Des auteurs Sioux
Lakotas ont adopté les croyances holistiques de la mouvance magico-ésotérique, avec des
emprunts à des « connaissances spirituelles des anciens Celtes et de leurs druides ».
Chamanes et druides modernes cherchent à traduire en termes modernes des notions
« étrangères » pour les transmettre aux générations futures. Ils innovent en réactualisant les
connaissances ancestrales pour en développer les aspects « psychothérapeutiques ». Leurs
activités spirituelles démontrent le dynamisme des traditions chamaniques et païennes dans
le monde moderne.
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