Analyse de l’effet des paramètres matériaux sur l'hydroformage des tubes

T. Zribi 1, A. Khalfallah 1, H. Belhadjsalah 1

1
Laboratoire de Génie Mécanique, ENIM, Monastir-Tunisie.
1
hedibelhadjsalah@enim.rnu.tn

Résumé : Nous proposons d’étudier l’effet des paramètres
d’écrouissage et d’anisotropie sur l’hydroformage des tubes
minces en expansion libre par la méthode des éléments finis
(MEF). Les résultats obtenus montrent l’influence de ces
paramètres sur la hauteur et l’épaisseur au pôle en fonction de
la pression appliquée. Une analyse de sensibilité de la déformée
par rapport à ces paramètres révèle que la loi d’écrouissage
joue un rôle important dans le comportement des tubes
hydroformés.
Mots clefs : Hydroformage des tubes ; Ecrouissage ;
Anisotropie ; Analyse de sensibilité ; Méthode des
éléments finis.
Un profil de pression linéaire au cours du temps est
appliqué à l’intérieur du tube (Fig.1-a). Le tube est gonflé
sous ce chargement en libérant uniquement ses extrémités
dans la direction de l’axe de symétrie du tube (Fig.1-b).
Le comportement est formulé dans le cadre des modèles
élastoplastiques anisotropes et avec écrouissage isotrope de
type Hollomon : σ s ( ε p ) = K ( ε p ) n . Les coefficients « K »
et « n » représentent les paramètres d’écrouissage.
L’anisotropie est caractérisée par le seul coefficient « R »
du critère quadratique isotrope transverse de Hill 48 [4].

1. Introduction
Le procédé d’hydroformage des tubes consiste à appliquer
une pression par un fluide à l’intérieur d’un tube pour
forcer ses parois à convoler la forme d’une cavité pratiquée
dans une matrice. Souvent, des efforts axiaux sont
appliqués aux extrémités du tube pour aider à l’écoulement
du métal et obtenir la meilleure distribution de
déformation. Ce procédé est largement appliqué dans
l’industrie automobile et aéronautique [1,2]. Il permet de
fabriquer des composantes mécaniques de formes Fig.1 (a)- Le modèle 3D avec les conditions de chargement et (b)- Le modèle
complexes ayant de faibles tolérances, légères, résistantes sollicité par gonflement hydraulique.
et tout en réduisant les opérations
2.1. Influence du coefficient d’écrouissage
supplémentaires d’assemblage ou de finition. Ce procédé
nécessite encore une bonne maîtrise de ses paramètres Pour étudier l’influence du coefficient d’écrouissage « n »,
ainsi que la détermination précise des paramètres du nous avons varié ce coefficient entre 0.2 et 0.4. Dans ces
comportement des matériaux. Une des méthodes simulations, nous avons utilisé ces valeurs de K=500 MPa
permettant la détermination des paramètres matériels des et de R =1.0. La Fig. 2 montre l’évolution de la hauteur et
tubes hydroformés est l’étude du gonflement libre des tubes l’épaisseur au pôle du tube en fonction de la pression pour
ou sans matrices [3]. La réalisation des expériences et des les différentes valeurs du coefficient d’écrouissage. Nous
simulations numériques (MEF) constitue une étape constatons que plus le coefficient « n » est élevé plus la
importante pour la réussite de ce procédé. déformation atteinte par expansion est importante.
Dans cette étude nous proposons d’étudier par une analyse
numérique (MEF) l’influence des paramètres d’écrouissage 8
1.0
et d’anisotropie sur l’hydroformage des tubes à parois
Hauteur au pôle (mm)

minces. Une analyse de sensibilité de ces paramètres est 6 0.9

Epaisseur (mm)

réalisée pour déterminer quels sont les coefficients qui n=0.2

auront la plus grande influence sur un tube hydroformé. n=0.3 0.8
4 n=0.4
2. Simulation numérique 0.7
La méthode des éléments finis est utilisée pour explorer 2
0.6
l’influence de l’écrouissage, de l’anisotropie et de la
sensibilité de ces paramètres sur la réponse du tube en 0 0.5
expansion libre. Un modèle tridimensionnel discrétisé en 0 5 10 15 20
éléments finis (3D) est alors construit avec 8840 nœuds et Pression (MPa)
4355 éléments solides briques à 8 nœuds (C3D8) et ensuite
résolu avec ABAQUS Standard. Il s’agit d’un tube de Fig.2 Influence du coefficient d’écrouissage sur la hauteur et l’épaisseur au
pôle du tube hydroformé.
longueur 100mm, de diamètre 30mm et d’épaisseur initiale
1mm.
2.2. Influence du module d’écrouissage
L’effet du coefficient K ou le module d’écrouissage sur la
hauteur et l’épaisseur au pôle du tube déformé par
expansion est aussi étudié. Cette étude est réalisée avec les
paramètres suivants : n=0.3, R=1.0 en variant K entre 400
MPa, et K=600 MPa. La Fig. 3 montre que pour le plus
faible module d’écrouissage, la hauteur au pôle est la plus
importante. Pour cette même valeur (K=400 MPa), la
tendance à l’amincissement est grande et par la suite la
striction et la rupture sont envisagées.
6
5
Hauteur au pôle (mm)
K=400 MPa
4 K=500 MPa
K=600 MPa
3 de 16 MPa. Il est important de noter que nous avons utilisé
2 pression au cours du temps pour toutes les simulations.
1
0
0 5 10 15
Pression (MPa)
Fig.3 Influence du coefficient K sur la hauteur et l’épaisseur au pôle du tube
hydroformé.
2.3. Influence de l’anisotropie
L’influence du coefficient de l’isotropie transverse de Hill
« R » sur le tube hydroformé est aussi étudiée.
Les simulations numériques sont effectuées avec les
paramètres suivants: K=500 MPa, n=0.3 en prenant
R=0.5, R=1.0 et R=2.0. La Fig. 4 représente la hauteur et
l’épaisseur au pôle en fonction de la pression pour ces
différents coefficients d’anisotropie.
6 S (%)
Hauteur au pôle (mm)
R=0.5
4 R=1.0
R=2.0
2 0.6
0 0.4
0 5 10 15
Pression (MPa)
Fig.4 Influence du coefficient d’anisotropie sur la hauteur et l’épaisseur au
pôle du tube hydroformé.
Nous constatons qu’un faible coefficient d’anisotropie
correspond à une hauteur au pôle importante, mais il
conduit à une réduction sérieuse de l’épaisseur (tendance à
l’amincissement) provoquant la striction puis la rupture.
Alors qu’un coefficient d’anisotropie important correspond
à une épaisseur élevée. Ceci est synonyme d’une résistance
à l’amincissement plus efficace et une distribution de
l’épaisseur plus homogène.
Pour atteindre des champs de déformation importants, il
est préférable que le matériau dispose des coefficients
d’écrouissage et d’anisotropie très élevés.
2.4. Analyse de sensibilité
Pour quantifier la sensibilité de la déformée (profil
extérieur) du tube par rapport aux paramètres K, n et R.
nous avons calculé la fonction donnée par l’Eq. (1). Cette
fonction représente la différence entre le calcul des
hauteurs des nœuds prisent le long d’une génératrice du
tube. Le premier calcul est effectué avec un paramètre
1.0 matériel de référence P0 et le deuxième calcul est réalisé en
incrémentant ce dernier paramètre de 20% tout en gardant
les deux autres paramètres à leurs valeurs de référence. Les
0.9
paramètres de référence sont K=500 MPa, n=0.3 et R=1.0.
Epaisseur (mm)
0.8 La pression maximale atteinte pour chaque simulation est
0.7 le même trajet de chargement, c'est-à-dire l’évolution de la
0.6
Cette sensibilité est calculée par l’expression suivante :
2
1 N  H (i) (P) − H (i) (P0 ) 
20
0.5 S= ∑  H(i) (P )  × 100%
N i =1 
(1)
0 
i
Où H est la hauteur au nœud i, P0 et P représentent le
paramètre de référence et le paramètre incrémenté de 20%
par rapport à celui de la référence. N représente le nombre
des nœuds sur la génératrice du tube.
D’après le Tab. 1, le calcul de sensibilité montrent que le
coefficient d’écrouissage « n » est le plus influent, alors
que le coefficient d’anisotropie « R » est le moins sensible.
Ces résultats révèlent le rôle important joué par la loi
d’écrouissage pour l’hydroformage des tubes. Cette loi doit
être identifiée avec une bonne précision.
Tab.1 Sensibilité du profil extérieur du tube par rapport aux paramètres K, n
et R lorsqu’ils sont incrémentés de 20%.
1.0 K n R
6.927 11.850 1.579
0.9
Epaisseur (mm)
0.8 3. Conclusions
0.7 En se basant sur la simulation numérique, nous avons
étudié et analysé l’influence de chaque coefficient K, n et
R sur le procédé d’hyroformage des tubes. Il est clair que le
coefficient d’écrouissage est le facteur le plus important
0.5 dans ce procédé, comparé aux autres paramètres. Ceci est
confirmé par l’analyse de sensibilité. D’ailleurs des
20 matériaux ayant des coefficients d’écrouissage élevés sont
toujours désirés pour obtenir le maximum de déformation.
4. Références
[1] F. Dohmann, Ch. Harlt, “Tube hydroforming- research and practical
application”, J. Mater. Process. Technol., 71, 1997, 194.
[2] D. Schmoeckel, P. Dick, C. Hielscher, “Innovational possibilities of
internal high pressure forming with superimposed bending stresses”,
Rblech Rohre Profile, 43, 1996, 49.
[3] M. Imaninejad, G. Subhash, A. Loukus, “Experimental and numerical
investigation of free-bulge formation during hydroforming of
aluminium extrusions”, J. Mater. Process. Technol., 147, 2004, 247.
[4] R. Hill, “A theory of the yielding and plastic flow of anisotropic
metals”, Proc. Roy. Soc. London A193, 1948, 281.