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L'ECONOMIE DU DON
CHEZ FRANÇOIS PERROUX
Jacques Poirot
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Jacques PoiROi
Naudet, 2006). L'APD a suscité de nombreux débats, portant sur les caractéris
tiques essentielles qu'elle devrait présenter : finalité, montant, modalités de sa
répartition entre les pays en développement, permanence des transferts, sources
de financement indépendantes ou non du contrôle des États (Brunel, Kipre et
PÉROUSE DE MONTCLOS, 2005 ; COHEN, guillaumont JEANNENEY et JACQUET, 2006 ;
Cohen et Portes, 2003 ; Gabas, 2005 ; Guillaumont, 2005 ; Groupe des Nations
unies pour le développement, 2005 ; Gunning, 2005 ; Nations unies, 2002 ;
Sogge, 2003). La finalité de l'aide est l'élément principal qui détermine en grande
partie les formes qu'elle devrait revêtir. Doit-elle, selon le paradigme du dévelop
pement, avoir pour objectif prioritaire de promouvoir le développement ou bien
doit-elle, selon le paradigme redistributif, s'attacher à maintenir un niveau de vie
décent dans les pays en développement, même si les transferts de capitaux sont
incapables à court terme d'initier un processus de croissance auto-entretenu
(Jacquet et Naudet, 2006) ? Est-il préférable d'attribuer une aide en priorité aux
pays qui sauront l'utiliser avec efficacité, car ils bénéficient d'une bonne gouver
nance capable de promouvoir le développement ? Faut-il au contraire attribuer
l'aide en fonction des besoins des populations, même s'il en résulte parfois des
gaspillages ou un surcroît de corruption ? Il n'est pas possible de répondre, de
façon cohérente, à cet ensemble de questions sans se référer à une véritable
philosophie du développement.
François Perroux, décédé en 1987, après avoir été pressenti pour le prix
Nobel en 1977, a inspiré nombre d'écoles de pensée, sans que ces dernières y
fassent souvent explicitement référence (Barre, Blardone et Savall, 2005 ; Maré
chal, 2005 et 2003). Il a proposé une nouvelle philosophie du développement en
assignant à l'économie d'être au service du genre humain. Dans quelle mesure
l'économie du don, qui constitue le fondement de nouvelles relations sociales
entre les individus et que préconise cet auteur, serait-elle susceptible d'apporter
une réponse cohérente et humaniste à l'ensemble des problèmes soulevés par
l'APD ? Nous analyserons, dans une première partie, le modèle d'aide au dévelop
pement proposé par F. Perroux, où le don joue un rôle essentiel. Nous examine
rons ensuite, dans une seconde partie, dans quelle mesure on trouve une optique
péroussienne dans les objectifs du développement, notamment les Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Nous nous demanderons également si
les recommandations des experts dans le domaine du développement s'ins
crivent dans la logique des principes proposés par F. Perroux.
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L'économie du don chez François Perroux
Il est difficile de déterminer dans quelle mesure les auteurs qui sont à l'origine
des OMD, comme A. Sen ou J. Sachs, ont été directement influencés par la
pensée de F. Perroux. Selon J-P. Maréchal, A. Sen aurait ignoré l'œuvre de
F. Perroux (Maréchal, 2003). Par conséquent, nous nous contenterons d'analy
ser la « proximité intellectuelle » entre les idées de F. Perroux et celles des
auteurs des OMD. Certains experts internationaux ayant participé aux travaux sur
les OMD ont pu être inspirés par l'œuvre de F. Perroux, mais cela dépend très
vraisemblablement de la culture économique de leur pays d'origine. Sauf à mener
une enquête auprès de ces experts, il n'est pas possible de savoir précisément si
ces derniers connaissent les concepts proposés par F. Perroux, et dans quelle
mesure ils ont été directement influencés par ses travaux, et notamment par les
idées et les recommandations développées dans L'économie du XXe siècle.
Pour F. Perroux, le don est une forme d'allocation des ressources plus efficace
que les prêts avec intérêt pour financer les investissements dans les pays en
développement. Il est également justifié par le caractère collectif de l'activité
économique et l'existence de mobiles allocentriques chez les individus.
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Jacques Pol KO I
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L'économie du don chez François Perroux
dons paraît plus appropriée que les prêts classiques pour transférer des res
sources aux pays en développement. C'est un « procédé comme un autre d'amé
nagement économique des ressources en capital ».
L'innovateur n'est plus celui qui est capable « de faire du nouveau », mais celui
qui se montre le plus efficace « pour acquérir les meilleurs techniciens, trier à leur
bénéfice les innovations possibles, obtenir les alliances politiques ou administra
tives qu'il faut » et, pour cela, il doit disposer « des capacités et des compétences
du politicien, peut-être même du politique » (EV, p. 716).
4 - La production et l'innovation sont également considérées par A. Sen comme une création
collective (Gérardin et POIROT, 2005).
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Jacques Poirot
5 - Les coûts de l'homme comprennent trois catégories : « 1) ceux qui empêchent les êtres humains
de mourir ; 2) ceux qui permettent à tous les êtres humains une vie physique et mentale minima ; 3)
ceux qui permettent à tous les êtres humains une vie spécifiquement humaine, c'est-à-dire caractéri
sée par un minimum de connaissances et de loisirs (EV, p 367-368). La couverture des coûts de
l'homme, une idée chère à F. Perroux, fait également l'objet de développements de sa part dans
l'ouvrage Pour une philosophie du nouveau développement (1981). On pourra se reporter à GÉrar
din et poirot (2005).
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L'économie du don chez François Perroux
Par ailleurs, F. Perroux insiste sur l'efficacité avec laquelle doit fonctionner
une économie du don : « une économie moderne ouverte aux mobiles désinté
ressés et à l'esprit de don n'a rien de commun avec une économie où fleurissent
les institutions de bienfaisance et où la donation surgit à chaque occasion » (EV,
p. 427). L'économie du don n'est pas une économie qui se contenterait de « faire
au don sa part » en laissant à ce dernier une place marginale. Au contraire, une
économie du don, « c'est une économie dont les institutions vitales imposent
l'utilisation, chez tous, des mobiles désintéressés auxquels est restituée leur
efficacité proprement économique » (EV, p. 427). Une aide publique au dévelop
pement, qui aurait par conséquent un caractère permanent dans l'optique du
paradigme redistributif, s'insère parfaitement dans une économie du don et se
justifierait en partie par la nécessité, pour atteindre un optimum social, de satis
faire collectivement les mobiles allocentriques de la population des pays
donateurs.
2 - Le programme de développement
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Jacques Poirot
En s'appuyant sur une étude des Nations unies, il estime « qu'avec un quart
des ressources employées au réarmement, le monde libre pourrait augmenter de
2 % par an le revenu national par tête des pays sous-développés » (EV, p. 399).
Selon l'auteur, les charges du réarmement représentent 10 % du revenu total, et
« avec 10 % du revenu global des économies développées du monde libre, une
politique spectaculaire de développement est arithmétiquement possible qui
dépasserait vraisemblablement de beaucoup la capacité utile d'absorption des
pays économiquement sous-développés dans les mesures difficiles d'indemnisa
tions accordées à des productions non solvables par les moyens ordinaires du
commerce » (EV, p. 399). Si les sommes du réarmement affectées au développe
ment dépassent les capacités d'absorption des pays en développement, il serait
alors possible de consacrer seulement 2,3 % du revenu national au développe
ment, ce qui correspond à « 6,5 fois le montant actuel des capitaux à destination
des pays sous-développés », et « une politique très bienfaisante, d'allure et de
rythme modérés, peut être mise en œuvre » (EV, p. 399).
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L'économie du don chez François Pl. H ROUX
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Jacques Poirot
Les grands principes défendus par François Perroux dans son programme de
développement fondé sur le don sont-ils repris actuellement par les responsables
de l'aide publique au développement ? Comment, à cet égard, les objectifs de la
communauté internationale ont-ils évolué dans le domaine du développement
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour aboutir, en septembre 2000, à
l'adoption de la Déclaration du millénaire par laquelle les dirigeants mondiaux
s'engagent, à travers les Objectifs du millénaire pour le développement, à réduire
la pauvreté, à améliorer la santé et à promouvoir la paix, le respect des droits de
l'homme, l'égalité des sexes et la viabilité environnementale ? Le rapport publié
en 2005 8 par le Projet objectifs du millénaire (POM) précise quels devraient être,
selon les experts internationaux du développement, le niveau de l'aide publique
apportée par les pays développés ainsi que ses modalités, pour que puissent être
atteints les OMD (POM, 2005). Le POM est un organe consultatif indépendant
créé par Kofi Annan, alors secrétaire général de l'ONU, qui a pour mission
d'analyser les progrès réalisés et les efforts déployés par la communauté interna
tionale pour atteindre les Objectifs du millénaire. Le rapport reflète dans une
7 - Il s'agirait ici, dans l'esprit de F. Perroux, de centres régionaux opérant sous le contrôle du
Centre de développement créé par les Nations unies.
8 - Ce rapport est souvent appelé « Rapport Sachs », du nom du président du groupe de travail.
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L'économie du don chez Francois Perroijx
large mesure le consensus qui s'est dégagé à la suite de la réflexion menée au sein
de ce groupe de travail. Les recommandations, qui devraient avoir sans doute une
influence sur les futures décisions des dirigeants au niveau mondial comme au
niveau des États nationaux, concernent les investissements à réaliser pour attein
dre les OMD, ainsi que les modalités de leur financement où l'aide publique au
développement occupe une place centrale. Nous avons considéré que ces recom
mandations étaient représentatives de la conception du rôle des pays développés
qu'ont la plupart des gestionnaires du développement.
Nous analyserons, tout d'abord, dans quelle mesure les OMD s'inscrivent dans
une optique perroussienne. Le mode et les sources de financement durables
proposés par le POM seront ensuite examinés et confrontés aux recommanda
tions faites par F. Perroux.
Une correspondance a été tout d'abord établie entre les OMD retenus en 2000
et les objectifs que François Perroux avait assignés au développement. L'effort
que le POM demande aux pays développés a été ensuite comparé au montant de
l'APD que cet auteur estimait indispensable pour créer une économie du genre
humain.
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Jacques Poirot
reconnaissance planétaire. Les huit grands objectifs, qui s'inscrivent dans la logi
que du paradigme redistributif, se déclinent en 18 cibles et 48 indicateurs. Si la
notion de coûts de l'homme développée par F. Perroux a sans doute été ignorée
par ceux qui ont établi les Objectifs du millénaire, on retrouve la plupart des
objectifs que cet auteur avait assignés aux dépenses destinées à « couvrir les coûts
de l'homme » dans une économie du genre humain. La première catégorie de
coûts, « empêcher les êtres humains de mourir », apparaît avec les objectifs N° 1
(réduire l'extrême pauvreté et la faim), N° 4 (réduire la mortalité infantile), et N° 6
(combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies). La deuxième catégorie
de coûts, « permettre à tous les êtres humains une vie physique et mentale
minima », comprenant « les activités de préventions hygiéniques, de soins médi
caux, de secours invalidité, vieillesse, chômage», regroupe certaines cibles de
l'objectif N° 8 (mettre en place un partenariat mondial pour le développement),
la cible N° 16 (en coopération avec les pays en développement, formuler et
appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent et
utile) et la cible N° 17 (en coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre
les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en développe
ment). La troisième catégorie de coûts de l'homme, « ceux qui permettent à tous
les êtres humains une vie spécifiquement humaine, c'est-à-dire caractérisée par
un minimum de connaissances et un minimum de loisirs », est concernée par
l'objectif N° 2 (assurer l'éducation primaire pour tous) et la cible N° 3 (promou
voir l'égalité et l'autonomisation des femmes). L'objectif N° 8 (assurer un environ
nement durable) ne correspond pas directement à un objectif lié à la couverture
des coûts de l'homme, mais F. Perroux a par ailleurs vigoureusement dénoncé
les atteintes à la nature, aux espèces animales et végétales. On remarquera
toutefois que le droit à un loisir minimal qu'il mentionne n'a pas été inclus dans
les Objectifs du millénaire, ni la création de systèmes sociaux versant des revenus
de substitution en cas de perte de revenu pour les individus. Chez F. Perroux, les
objectifs liés à la couverture des coûts de l'homme présentent un caractère
universel, tandis que certains objectifs et a fortiori certaines cibles ou indicateurs
des OMD sont le reflet des problèmes contemporains. Ces derniers peuvent ne
pas avoir un caractère permanent, comme certaines épidémies qui préoccupent
actuellement les dirigeants.
Ces OMD visent non pas les États mais leur population, et principalement la
frange la plus pauvre, comme le souhaitait F. Perroux quand il précisait que les
centres de développement régionaux devraient consacrer une part de leurs
ressources à la couverture des coûts de l'homme. Il existe en effet souvent des
différences d'intérêts et même d'objectifs entre les gouvernements et leur popu
lation, et notamment la partie la moins favorisée, parfois négligée. Par ailleurs,
aucun des OMD, comme le soulignent P. Jacquet et J.-D. Naudet « ne comporte
explicitement une notion de dynamique ou de soutenabilité » (2006, p. 81) 10. De
même, F. Perroux n'avait fixé aucune condition de ce type pour l'octroi d'une
aide aux pays les plus pauvres.
10 - Ces auteurs font néanmoins remarquer que l'objectif N°1 de réduire de moitié la pauvreté
monétaire entraîne implicitement une croissance durable, s'il est associé à l'extension des droits
humains.
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L'économie du don chez Francois Perroux
Le POM estime que « le coût de réalisation des OMD dans l'ensemble des pays
dotés d'une gouvernance adéquate correspond à 0,44 96 du Revenu national brut
(RNB) des pays de l'OCDE en 2006 et 0,54 96 en 2015 (contre 0,23 96 en 2002 et
0,25 96 en 2003), soit moins que les 0,7 96 sur lesquels les pays riches s'étaient
eux-mêmes engagés » (POM, p. 299). Toutefois, ces pourcentages ne prennent en
considération que l'APD directement consacrée à la réalisation des OMD. Si on
inclut les autres APD, qui ne sont pas directement en rapport avec les OMD, le
« montant total des besoins d'aide publique au développement pourrait donc
approcher le pourcentage visé de 0,7 96 ».
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Jacques PoiROT
poids de l'aide publique dans le RNB des pays donateurs de l'OCDE depuis I960
(0,5 % en I960 à moins de 0,3 % en 2005) (PNUD, 2005, p. 88) ?
Dans quelle mesure, ainsi que l'avait préconisé François Perroux, le don tend
à s'imposer au niveau international comme mode de financement privilégié de
l'aide au développement ? Selon le POM, l'aide doit avoir en effet le caractère de
don, être multilatérale et constituée de flux durables et prévisibles.
Le POM rejette l'aide bilatérale et invite les donateurs à se concerter pour que
l'aide revête un caractère multilatéral, rejoignant en cela les souhaits de F. Per
roux pour qui l'aide devait être totalement désintéressée et accordée sous forme
de dons et non de pseudo-dons, servant directement les intérêts du donateur.
Le POM constate en effet que « la qualité de l'aide bilatérale est souvent très
médiocre ». F. Perroux l'avait mis en avant, souvent l'aide bilatérale n'est pas
désintéressée. Elle répond, d'une façon générale, aux « objectifs des donateurs
distincts sans être coordonnée pour faciliter l'exécution d'un plan national » dans
le pays d'accueil. Au plan technique, il s'agit souvent d'une aide liée favorisant les
« entrepreneurs du pays donateur ». En outre, le système bilatéral ne permet pas
de réaliser des économies d'échelle, car « les différents organismes bilatéraux
travaillent à une bien moindre échelle et tendent à imposer aux pays des coûts de
transactions plus élevés que ne le font les donateurs multilatéraux (car le pays
bénéficiaire doit être en relation avec une bonne vingtaine d'organismes dona
teurs bilatéraux) ». Enfin, les « résultats ne sont pas analysés ni évalués systémati
quement », à cause de la complexité du système d'aide bilatérale (POM, p. 248).
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L'économie du don chez François Perroux
Même si les propositions du POM sont très en retrait par rapport aux idées de
cet auteur sur l'organisation de l'aide multilatérale, elles constitueraient un pro
grès par rapport à la situation actuelle, si elles étaient appliquées. Le POM note en
effet qu'en 2005 la coordination de l'aide dans un cadre multilatéral n'a guère
progressé. Les organismes techniques de l'ONU « sont habituellement invités à se
cantonner dans des petits projets pilotes ». Quant aux organismes multilatéraux,
« ils se font fréquemment concurrence pour amener les gouvernements dona
teurs à financer de petits projets au lieu de contribuer à des plans et des budgets
à l'échelle nationale » (POM, p. 232).
F. Perroux l'avait observé, l'aide sous forme de dons n'a jamais eu et ne peut
pas avoir un caractère exceptionnel tant qu'il existera de grandes inégalités de
développement. Il se réfère aux emprunts internationaux du XIXe siècle « dont ni
le service ni le remboursement n'avaient jamais été faits et dont une fraction
pourtant avait rempli son rôle économique [...] (effets de complémentarité réelle,
élévation des produits et du produit global en termes réels) » (EV, p. 410).
Dans cette perspective, le POM préconise des flux de dons durables, pour que
l'aide soit « prévisible et définie à long terme, pour répondre aux besoins de
l'augmentation d'échelle » n, comme c'est le cas par exemple dans le domaine de
la santé, où « la formation d'un grand nombre d'infirmières ou la construction
d'écoles de médecine prend plusieurs années et requiert un appui financier
concret. En précisant leurs engagements à plus long terme, les pays partenaires
de développement pourraient ainsi, au niveau du pays, favoriser l'adoption d'un
horizon à long terme » (POM, pp. 242-243).
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Jacques Poirot
pour que les progrès acquis dans la lutte contre la pauvreté puissent être mainte
nus, notamment dans les pays les plus pauvres. F. Perroux avait fait la même
analyse, quand il précisait qu'une partie des ressources affectées aux « centres
régionaux » devrait servir à couvrir les coûts de l'homme.
12 - Mais ils ont dû préciser qu'avec les autres dépenses indispensables, moins directement liées
aux OMD, l'effort atteindrait en définitive 0,7 % du RNB, un engagement ancien, mais non tenu, des
pays développés.
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L'économie du don chez François Perroux
Des auteurs ont fait remarquer qu'il serait parfois nécessaire de limiter l'aide
aux pays en développement, notamment sous forme de dons, faute d'une « capa
cité d'absorption » suffisante chez ces derniers (PNUD, 2005 ; Severino, 2005 ;
POM, 2005). F. Perroux avait évoqué cette possibilité, mais uniquement dans
l'hypothèse où la part du budget des armées, devenue inutile, aurait été entière
ment affectée au financement de dons, soit 10 % du RNB des pays développés.
Avec des parts plus limitées du RNB consacrées à l'aide, F. Perroux considérait
implicitement que ce problème ne se posait pas. En fait, selon de nombreux
auteurs, et notamment ceux du rapport du POM, « les pays [bénéficiaires] sont en
mesure d'absorber de brusques hausses des moyens de financement pour de
nombreuses raisons » (rendre l'enseignement primaire ou la santé gratuits pour
les plus pauvres, etc.).
13 - Le POM propose par ailleurs la mise en place d'une Facilité de financement internationale
proposée par le Royaume-Uni, consistant à émettre, sur les marchés internationaux de capitaux, des
obligations adossées à des engagements à long terme des donateurs juridiquement contraignants
(POM, p. 305).
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Jacques PomoT
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L'économie du don chez François Perroux
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