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> Croissance, capital

et progrès technique

Séquence 2-SE01 21

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Introduction .........................................................................................................................................................................
25

Chapitre 1 > Sources et limites de la croissance ...............................................


27

A Les origines de la croissance


 La croissance, résultat de la mobilisation des facteurs de production
 Le rôle de la productivité
 Le rôle des agents économiques

B Les limites de la croissance


 La mesure de la croissance : un indicateur imparfait
 Les retombées négatives de la croissance

C L’impératif de développement durable


 Genèse du concept
 Définition
 Des propositions aux limites
 Faut-il envisager une décroissance ?

Chapitre 2 > L’investissement ..........................................................................................................


41

A Définitions et mesure
 L’investissement est un détour de production
 L’investissement au sens de la comptabilité nationale
 Les différents types d’investissement

B Le financement de l’investissement
 L’autofinancement
 Le financement externe

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C Les déterminants de l’investissement
 Le rôle de la demande anticipée
 Profits et rentabilité
 Le rôle des taux d’intérêts
 La situation financière

D L’investissement : moteur de la croissance


 Des analyses théoriques...
 ... aux faits

Chapitre 3 > Progrès technique et évolution économique


et sociale .................................................................................................................................
56

A Origine et diffusion du progrès technique


 Qu’est-ce que le progrès technique ?
 Les différentes formes d’innovation
 Le progrès technique : fruit d’un processus complexe

B Les effets du progrès technique sur la croissance


 L’analyse de Schumpeter
 Le rôle du progrès technique dans la croissance endogène
 Progrès technique, productivité et croissance.

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ntroduction

C ette séquence regroupe des concepts étroitement liés entre eux.


L’investissement, à l’origine de l’augmentation du capital, est aussi le vecteur du progrès technique.
Si différents modèles économiques donnent leur version explicative du phénomène de croissance écono-
mique, tous s’accordent à démontrer le rôle déterminant de l’investissement et du progrès technique.
Cette séquence se propose d’étudier ces différents concepts en lien avec la croissance économique et
le changement social.

Mots clés (notions essentielles et complémentaires à connaître)


Valeur ajoutée, produit intérieur brut, revenu par tête, population active, capital, productivité du travail,
FBCF, investissement.
Investissement immatériel, investissement public, IDH, développement durable.
Innovation, taux de rentabilité, taux d’intérêt, demande anticipée.
Épargne, innovation de procédé/de produit/organisationnelle, Recherche et développement, autofinan-
cement, financement externe, destruction créatrice.

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Sources et limites
de la croissance
La croissance mesurée par l’accroissement d’un indicateur de production globale est au centre du débat
politique. Condition nécessaire à l’amélioration du niveau de vie et facteur de profondes mutations, elle
fait cependant l’objet de multiples critiques. Alors que les populations prennent conscience des risques
qu’engendre une croissance non maîtrisée, de nombreux auteurs réfléchissent sur les conditions d’une
croissance propre et d’un développement durable.

Après l’étude des conditions de la croissance (A et B), nous nous interrogerons sur les limites qui se
posent (C).

A Les origines de la croissance


Du point de vue microéconomique….
Depuis la classe de seconde, vous savez que pour produire, l’entreprise combine des facteurs de pro-
duction, le travail et le capital.
Pour augmenter sa production, l’entreprise peut augmenter la quantité de facteurs utilisés et/ou amé-
liorer l’efficacité de sa combinaison productive.

Étudions à présent la croissance d’un point de vue macroéconomique.


Traditionnellement, on distingue deux types de croissance :
– La croissance extensive, qui résulte de l’accroissement des facteurs de production.
– La croissance intensive, qui résulte de l’accroissement de l’efficacité des facteurs de production, c’est-
à-dire d’une hausse de la productivité.
– La croissance économique est en réalité à la fois extensive et intensive. Toutefois, selon les époques
et les pays, l’une des formes domine. Ainsi, la croissance économique française des années 1945 à
1975 (les trente glorieuses) était pour une grande part intensive puisque près des deux tiers de la
croissance étaient dus à une augmentation de l’efficacité des facteurs de production.

Conclusion

Augmentation Augmentation
du facteur travail du facteur capital

Amélioration
de l’efficacité des facteurs de pro-
Augmentation duction = hausse de la productivité
de la quantité de facteurs utilisés

Hausse de la production =
Croissance économique

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 La croissance, résultat de la mobilisation
des facteurs de production

Exercice 1  Document 1

Facteurs de production : Le capital (fixe) désigne


l’ensemble des moyens de production durables uti-
lisés dans une économie (machines, biens d’équipe-
ment, infrastructures, logements, terrains). La po-
pulation active est l’ensemble de la population qui
a ou qui cherche un emploi : le facteur travail est
l’utilisation de la population active par l’économie ;
l’emploi désigne la population active occupée.

Questions

 Faites une phrase avec les données de l’année 2000.


 Pourquoi ces trois variables évoluent-elles en même temps ?
 La population est-elle un facteur de production ?
 Que regroupe le « stock de capital » ?

Exercice 2  Document 2

Insee

Questions

 Faites une phrase avec les données de 1975-1989.


 L’augmentation des facteurs de production suffit-elle à expliquer la croissance ?
Les facteurs travail et capital n’expliquent donc qu’une partie de la croissance, l’autre partie s’expliquant
par la productivité globale des facteurs, soit l’efficacité ou la mesure du progrès technique.
Ainsi, sur la période 1975-1989, la croissance française peut être décomposée de la manière suivante :
Croissance annuelle Contribution Contribution Résidu : productivité
du PIB = du facteur travail + du facteur capital + globale des facteurs

2,58% 0,21 0,77 1,6

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 Le rôle de la productivité

a. Définir et mesurer la productivité


Quand on parle de productivité sans autre précision, il s’agit de la productivité du travail. C’est la notion
la plus souvent utilisée. Néanmoins on définit également la productivité du capital et la productivité
globale des facteurs.
Vous devez retenir les définitions de l’INSEE.

Exercice 3 Remplissez le tableau ci-dessous

Définitions

Productivité du travail

Productivité
par personne

Productivité horaire appa-


rente* (INSEE)

Productivité du capital

Productivité apparente*
du capital (INSEE)

Productivité globale
du capital

* Le qualificatif « apparente » invite à une grande prudence dans l’explication des gains de productivité.

Le travail est certes plus efficace, mais pour des raisons qui peuvent être autres que le facteur travail
(mécanisation, investissement, progrès technique…).
De la même manière, un capital peut être plus efficace s’il est utilisé par une main-d’œuvre mieux formée.

b. La productivité accompagne la croissance

Exercice 4  Document 3

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Questions

 Faites une phrase avec les chiffres entourés


 Pourquoi la croissance de la productivité par tête est-elle inférieure à celle du PIB ?
 Que peut-on dire de la contribution de l’emploi à la croissance ?

c. À l’origine des gains de productivité


À partir du moment où la productivité augmente, il y a gains de productivité.

Extraits
La productivité
C’est la potion magique qui donne aux travailleurs une force surhumaine : chaque heure de travail utilisée en France produit, en moyenne,
7 fois plus de richesses qu’il y a un siècle : il faut environ cinquante fois moins de temps pour produire le même kilo de blé. Ce prodigieux
accroissement de l’efficacité trouve sa source dans plusieurs composantes. D’abord le facteur capital, comme disent les économistes
orthodoxes : les machines et l’utilisation de certains inputs, comme l’énergie ou les produits photo sanitaires. Ensuite l’organisation du
travail : spécialisation mais aussi analyse des temps et des informations pour réduire les déperditions. Enfin les hommes eux-mêmes
grâce à leur formation et leur intelligence.
Si l’on sait à peu près mesurer tout cela, c’est-à-dire la productivité apparente ou productivité horaire du travail, on ne sait pas comment
imputer ce résultat à chacun des facteurs susceptibles d’en être à l’origine. On en est donc réduit à mesurer les accroissements de
travail et de capital, et à mesurer la production supplémentaire qui ne provient ni des uns ni des autres : c’est la productivité globale
des facteurs. Certains la qualifient de mesure du protégé, d’autres mesure de notre ignorance. N’est-ce pas la même chose au fond.
Denis Clerc, Hors série Alternatives Économiques n°53, 3e trimestre 2002, La croissance, p. 8.
© Alternatives Economiques. www.alternatives-economiques.fr

Exercice 5 À l’aide de ce document et de vos connaissances, remplissez le schéma suivant

Gains de productivité

Les gains de productivité sont dus à une conjonction de facteurs. Toutefois, pour une meilleure com-
préhension, 3 facteurs fondamentaux seront étudiés séparément : la division du travail, l’accumulation
du capital et le progrès technique.

30 Séquence 2-SE01

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 La division du travail

Exercice 6 Questions

 Pourquoi parle-t-on de division du travail ?


 Pourquoi la division du travail accroît-elle la productivité ?
Dès la fin du XVIIIe siècle, l’économiste classique écossais, A. Smith, montrait les avantages de la
division technique du travail (parcellisation des tâches) sur la productivité, à travers l’exemple devenu
célèbre de la manufacture d’épingles.

Accroissement
de l’habileté des ouvriers

Hausse
de la productivité

Division du travail Gain de temps

Innovations

Ces principes seront approfondis par Taylor au début XXe siècle, inventeur de l’OST (l’organisation
scientifique du travail). Sa méthode basée sur une double division du travail(séquence 3) sera à l’origine
d’importants gains de productivité. Puis l’industriel Ford généralisera les principes de Taylor, en y
ajoutant la standardisation des pièces et des produits, et le principe du convoyeur.
Les principes de Taylor et de Ford vont définir les bases d’une organisation du travail qui se généralise
dans l’ensemble des pays développés au lendemain de la seconde guerre mondiale. D’importants gains
de productivité seront alors à l’origine d’une croissance sans précédent.
Si la division du travail peut être source de gains de productivité, elle comporte un certain nombre
d’effets pervers qu’A. Smith lui-même a soulignés.

« Un homme dont toute la vie se passe à remplir un petit nombre d’opérations simples, dont les effets
sont aussi peut-être toujours les mêmes ou très approchant les mêmes, n’a pas lieu de développer son
intelligence ni d’exercer son imagination à chercher des expédients pour écarter des difficultés qu’il ne
rencontre jamais ; il perd donc naturellement l’habitude de déployer ou exercer ces facultés, et devient en
général aussi stupide et aussi ignorant qu’il soit possible à une créature humaine de le devenir … ».
A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1775.

Ainsi, la déqualification, l’ennui, la démotivation peuvent entraîner un baisse de la productivité.


Certains auteurs mettent aujourd’hui en avant les effets positifs de la qualification et de l’intérêt à la
tâche sur la productivité.
Comme le montre le document 4 avec l’exemple de l’iPod, la division du travail se développe au niveau
international avec la DIPP (décomposition international du processus productif).

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 Le rôle de l’accumulation de capital

Exercice 7  Document 4
« Les travailleurs sont aujourd’hui plus productifs qu’ils ne l’étaient il y a vingt
ou cent ans parce qu’ils disposent de plus de machines et que celles-ci sont de
meilleure qualité. […]
Des hausses de l’investissement par rapport au PIB se traduisent par une aug-
mentation du capital par travailleur. C’est ce que les économistes appellent l’ac-
croissement de l’intensité capitalistique (capital deepening). Puisque le capital
par salarié croît, la production par salarié augmente. Considérons une économie
qui enregistre un taux d’investissement de 10 % du PIB et un faible niveau de
capital par salarié. Un accroissement du taux d’investissement à 15 % augmente
le capital par salarié et donc la productivité. »
Joseph Stiglitz.

Question
Montrez que l’utilisation des machines favorise la croissance de deux façons différentes.
Pour les économistes classiques A. Smith et D. Ricardo, la croissance économique résulte de l’accumu-
lation du capital, c’est-à-dire la quantité du matériel à la disposition des travailleurs. L’augmentation
de la richesse par tête provient de celle du capital par tête.
En 1956, R. Solow, économiste néoclassique, propose un « modèle de croissance à long terme ». Pour
cet auteur, la productivité de chaque travailleur augmente d’une année sur l’autre car il dispose d’un
capital technique accru (machines, infrastructures…). C’est l’accumulation de capital, rendue possible
par l’investissement (voir chapitre suivant), qui augmente l’efficacité du travail fourni.

 Le progrès technique
L’investissement permet l’augmentation de l’efficacité productive car il incorpore du progrès technique.

Exercice 8  Document 5
Typologie des révolutions technologiques

Révolutions technologiques Nouvelles technologies et Début (date symbolique)


développements industriels
1re Révolution industrielle, fer 1771
et machines textiles
2e Machines à vapeur et chemins 1829
de fer
3e Acier, électricité et biens 1875
d’équipement lourd
4e Moteurs à explosion, 1908*
industries pétrolières
5e Microprocesseurs et technolo- 1971
gies de l’information et de la
* Lancement de la Ford T.
communication

Questions

 En quoi l’électricité est-elle une forme de progrès technique ?


 Quelles sont les activités économiques qui s’appuient sur la cinquième révolution technologique ?

32 Séquence 2-SE01

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Au sens large, le progrès technique (chapitre 3) désigne l’ensemble des innovations qui affectent les procédés
de fabrication et la nature des biens réalisés. La productivité est une mesure du progrès technique.
Le progrès technique est le résultat d’un processus complexe qui trouve son origine dans la recherche.
Lorsqu’un ingénieur met au point un robot, c’est une invention. Une invention appliquée dans le domaine
industriel ou commercial devient une innovation (ex : le robot utilisé dans une entreprise).
De ce point de vue, toutes les étapes qui passent de la recherche à l’investissement vont avoir des
conséquences sur l’efficacité des processus productifs. Ainsi, dans la perspective d’une amélioration de
la productivité, il est particulièrement important de pouvoir disposer d’une recherche et d’innovations
suffisantes pour pouvoir exploiter rapidement les idées et les méthodes nouvelles. Les efforts doivent
donc se porter à chaque étape du processus : la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le
développement expérimental, l’utilisation de méthodes de la recherche pour de nouveaux produits ou
procédés. Tous ces éléments constituent l’effort de recherche-développement (R-D).

 Le rôle des agents économiques


a. Le rôle de l’entrepreneur

Exercice 9  Document 6

« Ces dernières années, l’un des plus grands succès de l’industrie italienne est Geox, producteur de chaussures créé en 1995 à Montebelluna (province
de Trévise), région traditionnellement vouée à la chaussure et aux vêtements de sport. Geox a commencé avec dix employés, ils sont aujourd’hui 5000
à travers le monde. […] C’est devenu le quatrième producteur mondial, avec 9 millions de paires vendues en 2004. […]
Comment a-t-il été possible de créer une nouvelle entreprise dynamique dans un secteur dominé par les producteurs à faibles coûts dans des pays
comme la Chine, le Vietnam et l’Indonésie ? Le fondateur de Geox, Mario Moretti Polegato, a eu l’inspiration un jour où il se promenait à Reno, dans
le Nevada. Il faisait très chaud et, comme il avait mal aux pieds, il perça les semelles de ses chaussures pour laisser sortir la transpiration. Il lui vint
l’idée de fabriquer des semelles dotées d’une membrane permettant à l’humidité de s’échapper mais pas d’entrer. Geox détient aujourd’hui trente
brevets sur ce concept de base, et les concurrents n’ont pas encore pu le rattraper. Les publicités sur le thème de la « chaussure qui respire » montrent
la sueur sortant des semelles comme la vapeur sort d’un fer à repasser.
Sans l’expérience accumulée dans le domaine de la fabrication des chaussures, sans les compétences en matière de design et sans la main-d’œuvre
qualifiée qui existaient à Montebelluna, Greox n’aurait jamais pu décoller.

S. Berger

Questions

Quel est le rôle de l’entrepreneur dans le processus de croissance ?

L’économiste autrichien Schumpeter a montré le rôle clé joué par l’entrepreneur dans la mise en place
des innovations. Être entrepreneur innovateur au sens de Schumpeter exige de nombreuses qualités :
être créatif et travailleur, avoir l’esprit d’initiative et le goût du risque.
L’entrepreneur innovateur est celui qui accepte de prendre des risques.
Plus généralement, l’entrepreneur contribue à la croissance :
– en choisissant la combinaison productive ;
– en prenant les décisions d’investissement, de dépenses de recherche ;
– en se risquant à parier sur l’avenir.

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b. Le rôle de l’État
 Faciliter les externalités positives

Exercice 10  Document 7

Questions

 Qu’est-ce qu’une externalité ?


 Pourquoi un réseau de transports collectifs est-il source d’externalités positives ?

Au début des années 80, les nouvelles théories de la croissance réhabilitent le rôle de l’État.
En effet, l’État peut influer sur les comportements des agents économiques en matière d’innovation
et d’investissement :
– en instaurant un régime fiscal avantageux ;
– en renforçant la protection des brevets ;
– en favorisant l’accès à l’éducation (mise en place de bourses). Le stock de capital humain de la nation
augmente, ce qui contribue à améliorer la productivité ;
– en investissant dans les infrastructures publiques.

 Financer la recherche

Exercice 11  Document 8

34 Séquence 2-SE01

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Questions
 Quelle est la part des entreprises dans les dépenses de recherche en Suède ?
 Quelle place occupe la France dans ce classement ?
 Peut-on dire que les dépenses de recherche sont principalement le fait des entreprises ?
 Les dépenses de recherche ne profitent-elles qu’aux entreprises qui les effectuent ?

c. Le rôle des institutions et des incitations

Exercice 12  Document 9

Question
Pourquoi une entreprise a-t-elle besoin d’institutions juridiques stables (tribunaux) pour se développer ?

Ce document montre que l’environnement institutionnel est une garantie pour l’innovation et la croissance.
De nombreux auteurs montrent l’importance de la reconnaissance financière et de la protection de la
propriété intellectuelle dans la mise en place des innovations.
Institutions et incitations sont cependant intimement liées et l’explication de la croissance ne doit pas
être recherchée exclusivement dans l’accumulation du capital physique, technologique ou humain
mais bien dans les institutions qui la sous-tendent. En effet, les institutions déterminent les coûts des
transactions et de production, et donc la rentabilité de toute activité économique.
Plus généralement, elles définissent les règles du jeu économique et la structure des incitations (sub-
ventions, protection des brevets…..) qui motivent les comportements des agents économiques.

B Les limites de la croissance


 La mesure de la croissance : un indicateur imparfait

Le PIB se mesure généralement par l’augmentation du PIB. Or, vous avez vu en classe de première que
cet indicateur comporte un certain nombre de limites.

Séquence 2-SE01 35

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a. Le PIB ne mesure pas le bien-être

 PIB et indicateur de bien-être économique (IBEE)


Si la croissance est un préalable à l’évolution du niveau de vie, elle ne signifie pas forcément améliora-
tion du bien-être. Dans les années 2000, de nombreux indicateurs de richesse ont été créés pour pallier
l’insuffisance du PIB en ce domaine.

Exercice 13  Document 10
L’indice de bien-être économique est construit en faisant la moyenne de quatre indicateurs synthé-
tiques, portant respectivement sur :
– Les flux de consommation courante : consommation de biens et services marchands, flux réels de
production domestique, loisirs et autres biens et services non marchands.
– L’accumulation nette de stocks de ressources productives : accumulation nette de biens cor-
porels, de parcs de logements et de biens de consommation durables ; accumulation nette de capital
humain, de capital social et d’investissement en recherche et développement ; changements nets
dans la valeur des réserves de ressources naturelles ; coûts environnementaux et évolution nette de
l’endettement extérieur ;
– La répartition des revenus, les inégalités et la pauvreté économiques.
– Le degré de sécurité ou d’insécurité économique : risques économiques liés au chômage, à la
maladie, à la vieillesse, aux ruptures de la cellule familiale, à la pauvreté chez les personnes âgées.
Cette dimension est certainement la plus originale et peut être définie comme « l’inquiétude causée
par l’incapacité à être protégé contre les pertes économiques potentielles ».
À l’intérieur de chaque dimension, les variables composantes (au total 15 variables pour l’ensemble
des dimensions) sont traitées de deux façons distinctes. Pour les deux premières dimensions, qui sont
les plus économiques, la méthode de monétarisation est retenue, y compris pour la dégradation de
l’environnement. Pour les deux dernières dimensions, qui sont plus sociales, une moyenne pondérée
est effectuée.

Questions

 Faites une phrase avec les données entourées.


 Quelle est la composition de l’indice de bien-être économique ?
 Comment peut-on expliquer la divergence entre l’évolution du PIB et celle de l’IBEE ?
 La Norvège et le Royaume-Uni connaissent-ils la même évolution ?

Le document 11 montre que le bien-être est une notion très difficile à définir et donc à mesurer. Elle
intègre des éléments multiples et variés : l’état de santé et le niveau d’éducation d’une population, la
capacité des individus à maîtriser leur vie, la qualité des rapports sociaux, l’intensité de la participation
démocratique, la qualité des libertés publiques, le niveau de la pauvreté et des inégalités, le niveau de
la violence, la qualité de l’air et de l’eau… L’indice du bien-être économique tente de mesurer cette
notion en intégrant de nombreuses composantes.
La comparaison de la Norvège et du Royaume-Uni montre que croissance et bien-être, sans être anti-
nomiques, ne sont pas nécessairement synonymes.

 De quelles richesses parle-t-on ?


Certaines activités prises en compte dans le PIB sont significatives d’une dégradation du niveau de
vie : pollution, accidents de la route, alcoolisme. À l’inverse, des activités comme le bénévolat, utiles à
la qualité de vie, ne sont pas prises en compte.

36 Séquence 2-SE01

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b. Le PIB ne prend pas en compte l’économie souterraine

Exercice 14  Document 11
Des motos taxis qui n’existent pas...

© Le Monde

Questions

 D’où vient l’importance du secteur informel au Bénin ?


 Pourquoi l’activité des zemidjans n’est-elle pas comptée dans le PIB du Bénin ?
 S’agit-il pour autant d’une activité économique ?
 En quoi le travail informel peut-il être un obstacle à la croissance économique ?

Toute une partie de l’activité économique n’est pas prise en compte dans le calcul de la croissance
économique : c’est l’économie souterraine.
L’économie souterraine désigne l’ensemble des activités qui échappent au contrôle de l’État. Ces acti-
vités peuvent être légales (activités domestiques, services non déclarés, travail non déclaré) ou illégales
(prostitution, trafic d’armes…).

c. Le PIB est un indicateur purement monétaire


Il ne prend pas en compte les actes et les valeurs qui fondent le lien social, la solidarité (dons du sang,
associations…).
Conclusion

Séquence 2-SE01 37

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 Document 12

 Les retombées négatives de la croissance


Du sommet de la terre de Jania en 1992, au sommet de la terre de Johannesburg en 2002, en passant
par le protocole de Kyoto en 1997, la liste des forums, des sommets et des conventions est longue.
Tous ces événements sont révélateurs d’inquiétudes mais aussi de déceptions face à une planète en danger.

Exercice 15  Document 13
Les enjeux du développement durable

Questions
 Quelles sont les conséquences possibles du réchauffement climatique ?
 Quelles sont les solutions qui dépendent du progrès technique ?
 Les mesures de protection des ressources renouvelables sont-elles efficaces ?

On peut dresser une liste non exhaustive des dégâts engendrés par deux siècles de croissance :
– pollution de l’air (rejets industriels et CO2)
– pollution des eaux
– gaspillage des ressources énergétiques
– pollution de la nappe phréatique (engrais)

38 Séquence 2-SE01

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– désertification
– réchauffement de la planète et effet de serre (amplifications des conditions climatiques, expansion
de certaines maladies…)
– traitement des déchets
– pénurie d’eau
– catastrophes nucléaires
– catastrophes sanitaires et humaines (accès à la santé, malnutrition au Sud…)
– injustices et exclusion

Le mode de développement des nations industrialisées auquel souhaitent légitimement adhérer les
pays en développement débouche sur une impasse écologique et humaine. Sa généralisation sera un
suicide, il est donc urgent :
1- de repenser nos méthodes de production et nos habitudes de consommation au Nord ;
2- de favoriser un processus de développement différent dans les pays du tiers-monde.

C L’impératif de développement durable


 Genèse du concept
Après-guerre Reconstruction
ordre économique mondial (guerre froide)
consommation et production de masse
Limites : dépendance de l’énergie fossile

1972 Conférence de Stockholm


prise de conscience, émergence du slogan « une seule terre ! »
question fondamentale : environnement et développement

1987 Le rapport Brundtland


acte de naissance du concept de développement durable
nécessité de concilier les préoccupations économiques et environnementales
fracture pays du Nord et pays du Sud se creuse

1992 « Sommet de la terre » Rio de Janeiro


adoption du concept de développement durable
Programme à long terme AGENDA 21
signature de deux conventions internationales sur les changements climatiques et sur la biodiversité

1997 Conférence de Kyoto sur l’effet de serre


Pays signataires s’engagent à limiter les émissions de gaz à effet de serre
Protocole opérationnel après signature par la Russie (non signé par les États-Unis).

2002 Sommet de Johannesburg


Bilan
Dimension sociale (inégalités pays du Nord / pays du Sud)

 Définition
C’est un modèle de développement qui permet à la fois de satisfaire les besoins des générations pré-
sentes, sans épuiser les ressources naturelles, et de garantir ainsi la capacité des générations futures
à satisfaire les leurs.
 Ce concept repose sur une double solidarité :
– horizontale : à l’égard des plus démunis du moment
– verticale : entre générations

Séquence 2-SE01 39

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 et concerne deux champs d’action :
- la question de l’environnement
- les problèmes sociaux

 Des propositions aux limites


Le document 14 présente un certain nombre de solutions qui ne remettent pas en cause le modèle
productiviste capitaliste, pourtant décrié par certains qui proposent une alternative ; « le concept de
décroissance ».

 Faut-il envisager une décroissance ?

Exercice 16  Document 14

Franck-Dominique Vivien, «Croissance


soutenable ou croissance zéro ?»
Sciences humaines hors-série n°49 -
Juillet-Aout 2005.

Déchets d’emballage par tête en 2002


669

Déchets d'emballage par tête en 2002


En kg/hab
250
250
210
200 180
160
150 130
100 80
50
0
is ce ne e e de
Un an ag gn ch
lan
ts- Fr m pa tri
Ét
a le Es Au Fin
Al

Questions

 Quel est le principe de décroissance ?


 Peut-on dire qu’il s’agit d’une critique de la société de consommation ?
 La décroissance vous semble-t-elle une solution possible pour préserver l’environnement ?

La « décroissance » n’est pas un concept économique ; c’est un slogan politique qui remet en cause
le mode de développement occidental productiviste. Les défenseurs de cette idée considèrent que le
développement durable n’est pas compatible avec les formes actuelles de la croissance.

40 Séquence 2-SE01

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L’investissement

Le chapitre précédent a permis d’aborder le concept d’investissement et de montrer son rôle dans la
croissance. Il s’agit à présent d’apporter des précisions nécessaires à une meilleure compréhension des
phénomènes économiques et sociaux qui y sont liés.
Toutes les écoles de pensée s’accordent au moins sur un point : celui du rôle moteur de l’investissement
dans l’économie. Pourquoi ? Avant de répondre à cette question (D), il est nécessaire de définir préci-
sément la notion d’investissement (A) de s’interroger sur les possibilités de financement (B) avant de
présenter les facteurs qui influent sur la décision d’investir (C).

A Définitions et mesure

 L’investissement est un détour de production

Exercice 17  Document 15
« Selon l’économiste autrichien Böhm-Bawerk, le capital est « l’ensemble des biens indirects
ou intermédiaires qui, à travers des détours productifs féconds et moyennant une dépense
de temps, ont la vertu de rendre plus productif le travail ». Fabriquer des machines demande
du temps et du travail et repousse à plus tard la production de biens de consommation qui
auraient pu être immédiatement disponibles, mais ce « détour de production » permettra
par la suite d’obtenir une quantité supérieure de ces biens de consommation.
Un investissement et une dépense réalisée aujourd’hui dans l’espoir de gagner une somme
supérieure dans un délai déterminé. Ainsi, une entreprise achète une nouvelle machine pour
augmenter son niveau de production si elle pense que les bénéfices générés par les ventes
supplémentaires vont plus que compenser le montant de l’investissement. Ce « retour sur
investissement » est un pari sur l’avenir».

Questions
 Expliquez ce qu’est un détour de production.
 Qu’appelle-t-on un retour sur investissement ?
 Pourquoi l’investissement est-il un pari sur l’avenir ?

Le document 15 apporte une première réponse à la question de définition de l’investissement.


C’est un détour de production (dépense immédiate consacrée à créer ou à augmenter un capital tech-
nique) qui devra, à terme, engendrer un revenu supplémentaire (c’est le retour sur investissement).
La décision d’investir est le résultat d’anticipations réalisées par l’agent économique. En ce sens, l’in-
vestissement est un pari sur l’avenir ; le revenu supplémentaire dépendra de l’évolution de la
conjoncture.
(+)
Investissement Stock de capital

Dépense immédiate Revenu futur hypothétique

Séquence 2-SE01 41

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 L’investissement au sens de la comptabilité nationale

Exercice 18  Document 16

Patrick Villieu, Macroéconomie.


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www.editionsladecouverte.fr
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Questions

 Expliquez la phrase soulignée.


 En quoi peuvent consister des investissements financiers assimilés à des placements financiers ?

L’investissement, au sens de la comptabilité nationale, est mesuré par un indicateur que vous avez déjà
rencontré en classe de première : la formation brute de capital fixe (FBCF).
La FBCF représente l’acquisition de biens durables pour produire. L’utilisation doit être supérieure à 1 an.
Depuis 1995, La FBCF inclut l’acquisition de logiciels.
La formation nette de capital déduit les amortissements.
FNCF = FBCF – amortissements.

Les amortissements représentent le coût, généralement annuel, de la dépréciation (perte de valeur) des
actifs ou des biens de production, due à l’usure ou à l’obsolescence.
L’obsolescence est une usure liée à l’évolution technique.

Différents agents économiques participent à la FBCF :

FBCF
totale

FBCF FBCF FBCF


des entreprises des ménages des administrations

42 Séquence 2-SE01

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FBCF des entreprises = achats de biens de production durables y compris achats de logiciels.
= investissement productif
FBCF des ménages = achats de logements neufs
FBCF des administrations = achats d’équipements collectifs (crèches, écoles, hôpitaux…) et gros maté-
riels (ordinateurs, voitures…)

O Il ne faut pas confondre biens de production et consommations intermédiaires. Vous devez également
savoir distinguer biens de production à destination de l’entreprise et biens de consommation finale à
destination des ménages. Après avoir revu ces différentes définitions, assurez-vous de leur maîtrise à
l’aide de l’exercice suivant :

Exercice 19 Cochez la case correspondante.

Achats de biens de Consommations


FBCF Autres
consommation finale intermédiaires

Achat d’une voiture par


l’administration des finances

Achat d’une voiture par


une entreprise

Achat d’une voiture par


un particulier

Achat d’un logiciel de comp-


tabilité par une entreprise

Achat de tomates par


une conserverie

Achat de tomates par


un particulier

Émissions d’actions par


une entreprise

Achat d’ordinateurs par


le Cned

Achat d’actions par


un particulier

Séquence 2-SE01 43

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 Les différents types d’investissement

a. Des investissements différents selon leur destination

Exercice 20  Document 17

Questions

 Construisez un tableau récapitulatif des différentes formes d’investissement en précisant leurs objec-
tifs et donnez un exemple concret de chacune des formes.
 Pourquoi ces formes d’investissement sont-elles difficiles à distinguer ?
 Quelle est la forme qui permet a priori de créer le plus d’emplois ? Pourquoi ?

 les investissements de remplacement :


investissements destinés à remplacer les équipements déclassés, c’est-à-dire qu’il a fallu retirer du
processus de production, soit parce qu’ils sont usés à force d’avoir fonctionné, soit parce qu’ils sont
devenus obsolètes.
 les investissements de capacité :
investissements destinés à accroître la capacité de production potentielle. Celle-ci étant plus ou moins
utilisée, l’INSEE calcule chaque trimestre le taux d’utilisation des capacités de production.
 les investissements de productivité ou de rationalisation ou de modernisation :
investissements destinés à accroître la productivité des facteurs. Ils induisent une baisse du coût par
unité produite en économisant de la main-d’œuvre.
Sur le plan micro-économique, ces trois formes d’investissements sont souvent difficiles à distinguer.
L’investissement est souvent l’occasion de remplacer un bien d’équipement usagé, tout en augmentant
les capacités de production et la productivité des facteurs.
Si l’investissement de remplacement n’est pas réalisé, la valeur du capital fixe diminue et on parlera
alors souvent de désinvestissement.

b. Investissement matériel et investissement immatériel


On distingue l’investissement matériel (machines, bâtiments...) et l’investissement immatériel.
L’investissement matériel correspond à l’acquisition de biens de production.
L’investissement immatériel regroupe six types de dépenses : l’acquisition de brevets et de licences, les
dépenses de formation, les dépenses de publicité et de marketing, les investissements commerciaux à
l’étranger, l’achat de logiciels et les dépenses de recherche-développement.

Rappel la comptabilité nationale inclut dans la FBCF des entreprises essentiellement les biens de production
auxquels il faut rajouter les logiciels, depuis 1995.

44 Séquence 2-SE01

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Conclusion Les différents types d’investissement

Matériels : machines, bâtiments….


Par nature
Immatériels : formation, recherche, publicité, marketing….

Investissements de remplacement : destinés à renouveler le capital usagé


(amortissement)

Investissements de capacité (augmen-


Selon le but
tation des capacités productives)
Investissements nouveaux
Investissements de productivité (amé-
lioration des capacités productives)

B Le financement de l’investissement
D’où viennent les fonds qui permettent l’investissement ? À l’échelon micro-économique, l’investissement
est financé par l’épargne propre de l’investisseur ou par l’emprunt. À l’échelon macro-économique, une
partie des fonds empruntés vient de l’épargne d’autres agents. L’insuffisance de l’épargne globale conduit
les institutions financières à créer des ressources monétaires nouvelles (programme de première).

Exercice 21  Document 18

Les modes de financement de l’investissement

Financement Endettement
sur fonds propres

Financement
Financement externe
interne

Autofinancement
Financement Financement
direct indirect
(marchés financiers) (établissements de crédit)

Sans Avec
Actions Obligations création création
monétaire monétaire

Questions
 Recensez ce qui correspond à un financement sur fonds propres et ce qui correspond à un endettement.
 En quoi consiste un financement externe indirect avec création monétaire ?

 L’autofinancement
On parle d’autofinancement quand l’investissement est financé par les ressources propres de l’agent
économique.
Taux d’autofinancement = (épargne brute / FCF) x 100

Séquence 2-SE01 45

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 Le financement externe
L’émission d’actions
L’entreprise peut décider d’augmenter son capital social en faisant appel à l’épargne de ses action-
naires ou/et de nouveaux actionnaires.

L’endettement
L’entreprise peut contracter des emprunts par le système bancaire (financement désintermédié).
Elle peut s’adresser directement au marché financier en émettant des emprunts obligataires ou obligations.
Vous pouvez retenir le schéma proposé plus haut (document 20).

C Les déterminants de l’investissement


L’entrepreneur qui envisage un investissement est amené à comparer une dépense immédiate avec
des recettes futures résultant de la vente des produits obtenus grâce à cet investissement. La décision
d’investir s’intègre à une stratégie globale et constitue un pari sur l’avenir.
Au niveau macro-économique, le niveau de l’investissement est la résultante de multiples facteurs
résumés par le schéma ci-après :

Quel niveau de demande ?


Quelles sont les prévisions ?
 effet accélérateur

Demande
anticipée

Rentabilité Décision Situation


d’investir financière

Niveau
Quel est le coût de d’endettement
l’investissement Coût relatif du
(taux d’intérêts) travail et du capital
Quel profit supplémentaire
va-t-il engendrer ?
Y a-t-il des placements
plus rentables ?
Est-il plus intéressant d’employer
des travailleurs supplémentaires ou
d’investir dans des machines ?

Quels sont les facteurs qui agissent sur la décision d’investir ?


Quelles questions se pose l’entreprise avant d’investir ?

46 Séquence 2-SE01

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 Le rôle de la demande anticipée

Exercice 22  Document 19
L’importance du taux d’utilisation des capacités
de production

Questions

 Pourquoi le volume des équipements disponibles est-il


inerte à court terme ?
 Face à une hausse temporaire de l’activité, que font les
entreprises pour pouvoir répondre à la demande ?

Exercice 23  Document 20 : L’importance de la


demande

« La croissance de la demande couvre des perspectives de profits qui incitent les entreprises
à investir. Cette relation est formalisée par le principe d’accélération (ou accélérateur), qui
désigne le mécanisme par lequel la variation de la demande induit une variation plus que
proportionnelle de l’investissement. »
Dictionnaire des Sciences économiques et sociales, Bréal, p 177, 2002.

Ainsi, une augmentation de la demande entraînera une augmentation plus importante de l’investisse-
ment, et un simple ralentissement de la demande entraînera une chute de l’investissement.
Cette relation repose cependant sur trois hypothèses :
– Le coefficient de capital (rapport entre le stock de capital et la production ) doit être constant sur la
période étudiée, ce qui suppose une absence de progrès technique , ainsi il faut toujours la même
quantité de capital pour un niveau donné de production.
– Le taux d’utilisation des capacités de production doit être au maximum (proche de 100%). En effet,
dans le cas contraire une augmentation de la production ne se traduirait pas par une augmentation
de l’investissement mais par une augmentation du taux d’utilisation des capacités productives.
– L’entreprise ne doit pas répondre à l’augmentation de la demande par une hausse des prix mais par
une augmentation de la production , et donc de l’investissement.

Périodes Demande Equipement Investissement Taux Taux


nécessaire induit* de variation de variation de
de la l’investissement
demande
* L’ investissement induit 1 200 800
est lié à une variation de 2 206 824 24 3%
la demande contraire-
3 210 840 16 1,9% -33%
ment à l’investissement
autonome qui est indé- 4 230
pendant de l’évolution 5 235
de la demande
6 235

1,9% = [(210 – 206)/206] X 100 –33% = [(16 – 24)/24] X 100

Séquence 2-SE01 47

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Question
Supposons qu’une entreprise ait un coefficient de capital (K/Y) de 4. Construisez et remplissez un tableau
sur le modèle page suivante, en fonction de l’évolution de la demande, et trouvez durant quelle période
il y a effet d’accélération.

Les entreprises cherchent à ajuster leurs capacités de production à l’évolution des débouchés.(exercice 23)
Le principe de l’accélérateur (exercice 24) met en évidence qu’un investissement induit par une
augmentation de la demande augmente plus que proportionnellement à la demande. Cela traduit
le fait que l’appareil technique ne peut fournir des réponses parfaitement adaptées aux besoins des
consommateurs.

 Profits et rentabilité

a. Les nécessaires calculs d’actualisation


 La décision d'investir repose toujours sur une sorte de pari : en effet, l'entreprise va décider d’augmenter
son stock de capital (et c’est en général une grosse dépense) alors qu’elle ne sait pas avec certitude de
quoi demain sera fait ; elle parie qu’elle arrivera à rentabiliser son investissement, c’est-à-dire
à augmenter ses profits Mais comme l’entreprise a horreur de faire des paris risqués, elle essaie au
maximum de limiter l’incertitude. Pour cela, elle va essayer de prévoir, c’est-à-dire d’anticiper,
tout ce qui pourrait avoir des conséquences sur la rentabilité de l’investissement.
 L'entreprise va procéder à des calculs d’actualisation, c’est-à-dire ramener à des valeurs actuelles
des valeurs futures. En effet pour déterminer si un projet est rentable, il faut comparer son coût initial
(I) aux revenus qui seront issus de cet investissement. Pour comparer des montants exprimés à des
dates différentes, un calcul d’actualisation est nécessaire.
 Exemple, j’investis aujourd’hui 100 000 €, qui devraient me rapporter 1 million d'€ dans 5 ans. Mais
combien vaut aujourd’hui cette somme qui ne rentrera dans les caisses que dans 5 ans ? Cela dépend
en particulier du taux d’inflation, du risque…..
 On appelle valeur actuelle nette (VAN) la différence, pour un taux donné, entre les revenus actualisés
attendus de l’investissement et le coût initial du projet.

b. La rentabilité économique
Le profit est mesuré par l’EBE

La rentabilité économique (RE) ou taux de profit mesure ce que rapporte, en termes de profit, un
capital engagé.

La rentabilité économique se mesure par le rapport suivant :


RE = EBE/capital engagé

Exemple : Si un investissement de 100 € permet à l’entreprise de dégager un profit de 10 €, alors la rentabilité


économique sera de 0,10 (10/100)
Pour étudier l’évolution de la rentabilité, il est intéressant de décomposer le rapport définissant la
rentabilité économique de la manière suivante :

EBE EBE Valeur ajoutée


= x
Capital engagé Valeur ajoutée Capital engagé

Taux de marge Productivité du capital

48 Séquence 2-SE01

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Exercice 24 Complétez

La rentabilité économique augmente quand le taux de marge …………………………..et/ou


quand la …………………. …. ……………….. augmente.

Exercice 25 Soit une entreprise qui envisage de réaliser un investissement d’un montant de 1000 000 . Le profit
annuel escompté de cet investissement se monte à 150 000 .
 Calculez la rentabilité économique de cet investissement.
 Quelles sont les sources possibles de cet investissement ?
 Si le taux d’intérêt de l’argent emprunté est de 8 %, l’entreprise a-t-elle intérêt à s’endetter ?
Pourquoi ? Y a-t-il des limites à l’endettement ?
 Si le taux d’intérêt dépasse 15 %, l’entreprise a-t-elle intérêt à investir grâce à l’emprunt ?
Que peut-elle faire de ses bénéfices lorsqu’elle décide de retarder une décision d’investissement ?
Cet exercice a deux objectifs :
1. Vérifier l’acquisition de connaissances (rentabilité économique, sources de financement)
2. Mettre en évidence l’existence d’autres facteurs, en particulier le niveau des taux d’intérêt et le
niveau d’endettement de l’entreprise.

 Le rôle des taux d’intérêt


Les investissements doivent en général être, en partie tout au moins, financés par des emprunts dont
le coût dépend du niveau des taux d’intérêt. Lorsque le taux d’intérêt s’élève, certains projets d’inves-
tissement ne sont plus rentables (question 4 de l’exercice 25). Plus le taux d’intérêt est élevé, plus la
masse des investissements rentables est faible. Inversement, plus le taux d’intérêt est faible, plus la
masse des investissements rentables est forte.
Le taux d’intérêt représente également le « coût d’opportunité » des capitaux propres réinvestis par
l’entreprise, c’est-à-dire le manque à gagner par rapport à un placement de ces capitaux sur le marché
financier.
L’exercice 25 montre que lorsque la rentabilité économique est supérieure au taux d’intérêt, l’entreprise
a intérêt à emprunter pour investir car l’endettement accroît la rentabilité des capitaux propres : c’est
l’effet de levier.
Les entreprises françaises ont fait jouer l’effet de levier dans les années 70 grâce à la faiblesse des
taux d’intérêt.
À l’inverse, lorsque la rentabilité économique est inférieure au taux d’intérêt, l’entreprise a intérêt a
se désendetter ou à orienter son épargne vers des placements financiers plus rentables. Sinon, c’est
l’effet boomerang.
Les entreprises doivent plus précisément prendre en compte le taux d’inflation. En effet, l’inflation
déprécie les charges de remboursement et réduit le coût réel de l’endettement. C’est pourquoi les
économistes ont introduit la notion de taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - taux d’inflation.
Un taux d’intérêt réel élevé décourage l’investissement et encourage les entreprises à se désendetter
ou à préférer des placements financiers plus rentables sur le court terme.
Le niveau élevé des taux d’intérêt réel dans les années 80 a profondément alourdi les charges financiè-
res des entreprises qui ont préféré se désendetter et retarder leurs investissements. Ce comportement
de prudence s’est poursuivi dans les années 90 malgré une relative détente sur les taux d’intérêt. En
1998, le taux d’autofinancement des entreprises est de 113,3 % : les entreprises ont donc éliminé leur
besoin de financement.

 La situation financière
En pratique, l’entreprise ne peut s’endetter de manière illimitée. L’importance des fonds propres et le
poids de l’endettement antérieur sont pris en compte dans la décision d’investir. Lorsque l’entreprise

Séquence 2-SE01 49

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se rapproche du seuil d’insolvabilité, elle préfère utiliser les profits réalisés pour se désendetter plutôt
que pour investir.

Conclusion : Les déterminants financiers de la décision d’investir

 Document 21

Exercices d’application

Exercice 26  Document 22
Croissance en volume du PIB et de la FBCF

Questions

 Que signifient les chiffres entourés ?


 En quoi peut-on dire que ce graphique confirme le principe théorique de l’accélérateur ?
 Pourquoi, parmi les différents déterminants de l’investissement, certains se réfèrent-ils à des juge-
ments sur la situation présente, et d’autres sur la situation future ?

50 Séquence 2-SE01

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Exercice 27  Document 23
Taux de marge et taux d’investissement des sociétés non financières

Questions

 En quoi l’évolution du taux de marge peut-elle être un déterminant dans la décision d’investir ?
 Le graphique confirme-t-il toujours cette corrélation ?
 Pourquoi le niveau des taux d’intérêt est-il un élément souvent essentiel dans la décision d’investir ?

D L’investissement : moteur de la croissance

 Des analyses théoriques…

a. L’investissement agit sur la demande et donc sur la croissance (optique


keynésienne de court terme)

 directement : augmentation de la demande en biens d’équipement


L’investissement est un élément de la demande globale. Une hausse de l’investissement entraîne donc
une augmentation de la demande globale, facteur de croissance économique.
 le multiplicateur keynésien

Séquence 2-SE01 51

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Exercice 28  Document 24
Circuit économique et multiplicateur

 Pourquoi l’épargne est-elle considérée comme une fuite ?


 Quelle est la signification d’une propension marginale à consommer de 0,5 ?
 Si c=0,5, à combien se monte le multiplicateur ?

Keynes montre donc le rôle moteur de l’investissement sur la croissance grâce au multiplicateur d’in-
vestissement.

Le mécanisme :
Une dépense initiale d’investissement autonome se traduit par une augmentation équivalente
de revenus distribués qui sont pour partie consommés (c ) et pour partie épargnés. Ensuite
s’ensuit une succession de vagues de consommation qui entraînent au final une augmentation
plus que proportionnelle du revenu national.
Keynes démontre que, en économie fermée,
∆Y = k x ∆I
avec k = 1/1-c

Y = revenu ou production nationale


∆Y = variation du revenu ou de la production
∆I = variation initiale d’investissement
k = multiplicateur d’investissement
c= propension marginale à consommer, c’est-à-dire la variation du revenu consacré à une
augmentation de la consommation ( C ).
c= ∆C/∆Y

52 Séquence 2-SE01

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b. L’investissement permet l’amélioration des conditions de l’offre
La mondialisation impose aux entreprises une concurrence toujours plus forte. L’investissement, en
améliorant les conditions de l’offre, permet alors de répondre à cet impératif de compétitivité imposé
aux entreprises :
- en augmentant les capacités de production,
- en remplaçant les machines usées ou obsolètes,
- en améliorant la productivité.

c. Le rôle des investissements publics

Exercice 29  Document 25

Questions

 En quoi consistent les externalités positives ?


 Expliquez la phrase soulignée.
 Pourquoi l’État a-t-il tendance à réduire son effort d’investissement malgré les effets positifs que
celui-ci engendre ?

Si tout investissement engendre des effets positifs sur la croissance, l’investissement public présente
certaines spécificités :

 En raison des domaines qui le concernent :


– Les infrastructures (transports, télécommunications …) utiles à tous.
– Les dépenses de santé et d’éducation permettant d’améliorer le capital humain.

 L’État raisonne en termes d’intérêt général.

 L’État
peut, enfin, utiliser les dépenses d’investissement public comme instrument de politique éco-
nomique pour relancer l’activité économique (politique keynésienne).

Séquence 2-SE01 53

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… aux faits
Les interactions entre investissement et croissance : Il s’agit ici d’une sorte de synthèse sous forme
de deux graphiques et d’un schéma pour résumer les interactions entre investissement et croissance.

Exercice 30  Document 27

Effet accélérateur

Demande Investissement

Effet multiplicateur

 Que signifient les chiffres entourés dans les deux graphiques ?


 Où peut-on voir que l’investissement entraîne la croissance et, à l’inverse, que la croissance entraîne
l’investissement ?
 En quoi peut-on relier ce phénomène au double mécanisme multiplicateur-accélérateur ?

Conclusion 1 - ne pas confondre :


Accélérateur : effet de la hausse de la demande (qui se traduit par une hausse du PIB) sur l’inves-
tissement.
Multiplicateur : effet de la hausse de l’investissement sur la croissance (PIB).

Conclusion 2 : Les conséquences de l’investissement sur la croissance économique

54 Séquence 2-SE01

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Investissement

Action sur la demande en Action sur


biens d’équipement l’offre

Demande amplifiée par Accroissement Accroissement


l’effet multiplicateur de capacité de productivité

Effet d’entraînement Croissance Amélioration de


sur la production Économique la compétitivité

Séquence 2-SE01 55

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Progrès technique et évolution
économique et sociale

Introduction
Le progrès technique touche des domaines aussi variés que la santé, l’alimentation, l’emploi, les loi-
sirs… Source d’amélioration du niveau de vie, il est cependant à l’origine de bien des inquiétudes : Que
mangerons-nous demain ? Comment travaillerons-nous ?
Ce dernier point de la séquence revient sur les conséquences du progrès technique déjà abordé précé-
demment. Après avoir apporté quelques précisions sur la signification et l’origine du progrès technique,
nous analyserons, les effets du progrès technique sur la croissance et le développement.

A Origine et diffusion du progrès technique

 Qu’est-ce que le progrès technique ?


Le progrès technique a été défini précédemment comme l’ensemble des modifications qui affectent
les procédés de fabrication et la nature des biens réalisés. Cela concerne les biens de production mais
aussi l’organisation de la production ou de la commercialisation.

 Les différentes formes d’innovation

Exercice 31  Document 27

« Schumpeter spécifie cinq formes d’innovation : la production d’un bien ou d’un service nouveau; l’adoption d’une nouvelle méthode de production
ou d’un nouveau procédé commercial ; une nouvelle organisation des entreprises ou des marchés ; l’ouverture d’un débouché nouveau ; l’accès à une
nouvelle source de matières premières ou de produits semi-finis, jusqu’alors inconnue ou jugée difficilement exploitable.
Sur cette base, les auteurs contemporains distinguent deux grandes catégories d’innovations. La première regroupe les innovations technologiques :
il s’agit d’innovations de produit ou d’innovations de procédé (en sont parfois exclues, du fait de leur spécificité, les innovations commerciales ou
financières). Les innovations de procédé (ou de processus) correspondent aux nouvelles technologiques de production ou de commercialisation. Les
innovations de produit concernent les biens et des services nouveaux. Ces innovations sont radicales lorsque les produits n’ont aucun équivalent
préexistant; elles sont incrémentales lorsqu’elles se traduisent par l’amélioration significative des performances de produits existants. La seconde
catégorie concerne les innovations organisationnelles qui correspondent à de nouvelles formes d’organisation des entreprises ou des marchés.
Pour Schumpeter, l’innovation est l’essence même de l’activité de l’entrepreneur. »
Serge d’Agostino

Questions

 Donnez des exemples récents de chacune des cinq innovations distinguées par Schumpeter

 Expliquez la phrase soulignée

56 Séquence 2-SE01

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a. Des innovations différentes par leur nature

 Les différentes formes d’innovation

Innovation Innovation organisationnelle


technologique (nouvelles formes d’organisation des
entreprises et des marchés)
Ex : Division internationale des pro-
cessus productifs (DIPP)

Innovation Innovation
de procédé de produit

Nouvelles Produits
techniques de produc- nouveaux : DVD
tion ou de commercia-
lisation
Ex : robot

 Schumpeter définit 5 types d’innovation :


1. Nouveau produit : télévision, DVD…
2. Nouveau procédé de production : la conception assistée par ordinateur.
3. Nouvelle organisation de la production : concentration
4. Nouveau marché : Chine, NPI
5. Nouvelle source de matière première ou d’énergie : nucléaire, solaire…
Le même auteur précise qu’une innovation n’arrive jamais seule car une innovation en suscite d’autres.
Schumpeter parle de « grappes d’innovations ».

b. Des innovations différentes par leur ampleur


On distingue les innovations majeures (ou radicales) qui constituent une véritable rupture et les inno-
vations mineures (ou incrémentales) qui correspondent à une amélioration des produits et procédés
nouveaux.

Séquence 2-SE01 57

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 Le progrès technique :
fruit d’un processus complexe

a. De la recherche développement …
À l’origine du progrès technique : la recherche-développement

 La première phase du progrès technique, c’est la phase de recherche. On distingue :


– la recherche fondamentale qui élargit le champ des connaissances ;
– la recherche appliquée qui est à l’origine d’une invention ;
– le développement qui permet de concevoir un prototype pour s’assurer de la faisabilité industrielle
du projet : c’est la phase initiale de l’innovation.

 Les dépenses de recherche

Exercice 32  Document 28

Qui finance la recherche-développement ? R&D en % du PIB en 2005

Japon 3,3
États-Unis 2,8
Allemagne 2,4
France 2,2

Questions

 Que signifient les chiffres entourés ?


 Quelle est la situation de la France par rapport à ses concurrents ?
L’effort annuel de recherche et développement d’une nation est le plus souvent évalué par la dépense
intérieure de recherche et de développement (DIRD) qui correspond à l’ensemble des travaux de RD
exécutés sur le territoire national, quelle que soit la nationalité des bailleurs de fonds.
En 2005, la DIRD en France représentait environ 2,2 % du PIB.

b. … aux innovations
Les innovations sont le résultat d’un processus complexe :
Recherche - découverte - invention - (procédé technique brevetable) - développement (mise au point
d’un prototype) - innovation (production en série du produit nouveau).

Le progrès technique correspond à l’ensemble des innovations :


- Nouveaux biens de consommation qui doivent permettre l’amélioration des conditions de vie.
- Nouveaux procédés de fabrication qui entrent dans l’entreprise via l’investissement engendrant une
augmentation de la productivité.
La productivité est donc la mesure du progrès technique.
Le progrès technique est à l’origine d’importants changements structurels que nous allons étudier
maintenant.

58 Séquence 2-SE01

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B Les effets du progrès technique sur la croissance

 L’analyse de Schumpeter

Exercice 33  Document 29
Un facteur essentiel de croissance pour Schumpeter

Serge d’Agostino, « La Dynamique de


l’économie – L’innovation – Comprendre l’économie
1. Concepts et mécanismes ».
Cahiers français n°315, La Documentation française,
juillet – août 2003

Questions

 Comment expliquer le caractère cyclique des innovations dans un processus de destruction créatrice ?
 Expliquez la phrase soulignée
 Pourquoi peut-on penser que les NTIC sont à l’origine d’un nouveau cycle de croissance ?

J. A. Schumpeter, économiste autrichien (1883- 1950), se situe en rupture avec l’économie néoclassique.
En effet selon lui, la situation normale de l’économie n’est pas l’équilibre sur les différents marchés
mais le déséquilibre dynamique rythmé par la fréquence des innovations.
Il se place dans les cycles longs de Kondratieff (environ 50 ans). L’innovation surgit dans une période
de dépression afin d’y faire face, et permet une forte croissance, prolongée par sa diffusion, jusqu’à son
essoufflement. Une autre innovation majeure prend alors le relais (vapeur, chemin de fer, électricité,
auto et électronique).
Les cycles Kondratieff se définissent par une phase d’expansion d’environ 25 ans suivie d’une phase
de récession d’environ 25 ans.
À l’origine de la phase d’expansion, une « grappe d’innovations » issue de l’initiative d’entrepreneurs
« dynamiques » ou « innovateurs », qui apparaissent puis mûrissent au sein de l’économie.
Pourquoi parler de « grappes d’innovations » ? Parce qu’une innovation en suscite d’autres :
informatique robot ; nouveaux emplois ; nouvelle organisation du travail ; ordinateur ; logiciels…
Ces « grappes d’innovations » vont se traduire par une hausse de l’investissement, des emplois, et
contribuer ainsi à la croissance économique.

Séquence 2-SE01 59

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Ensuite des entrepreneurs « routiniers » vont imiter les entrepreneurs « innovateurs » car ils y voient
une source de profit : cette vague d’imitation enclenche un processus d’accroissement de l’investisse-
ment, de l’emploi et de la production.
Plus la phase d’imitation est longue, plus la phase d’expansion est longue.
Cette phase d’expansion s’accompagne d’un processus de « destruction créatrice » :
Ces nouvelles innovations rendent obsolètes les anciennes capacités de production qui deviennent dépas-
sées (exemple : les ordinateurs rendent inutiles les machines à écrire). Elles entraînent la disparition des
entreprises les moins efficaces de la structure économique : ce double mouvement (apparition de nouvelles
entreprises et élimination d’autres) est appelé processus de destruction créatrice par Schumpeter.
La dépression est provoquée par l’innovation qui ruine une partie de l’appareil productif.
La dépression se mue en récession car le système déstabilisé est poussé vers une liquidation excessive.
L’afflux d’entrepreneurs « imitateurs » conduit à concurrencer les entrepreneurs « initiateurs » sur
leurs produits ou procédés nouveaux, ce qui entraîne un surinvestissement, une surproduction et une
saturation des marchés.
Cette « surchauffe » de l’économie aboutit à une chute de l’investissement, de la production, de l’emploi
et de la consommation.

 Une nouvelle phase d’expansion ne débutera qu’avec l’émergence d’une nouvelle vague d’innovations.

 Le rôle du progrès technique


dans la croissance endogène

Exercice 34  Document 30

Marc Montoussé, « La Dynamique de


l’économie – Comprendre l’économie 1. Concepts et mécanismes ». Cahiers français n°315, La
Documentation française, juillet – août 2003
Questions

 Donnez des exemples d’externalités positives permises par les différentes formes de progrès tech-
niques distinguées par Romer, Lucas ou Barro.
 En quoi le rôle de l’État est-il réhabilité par ces analyses ?
 Quelles sont les limites du rôle de l’État dans ces analyses ?

60 Séquence 2-SE01

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Les théories de la croissance économique ont pour objet d’expliquer la hausse persistante des niveaux
de vie, observée dans de nombreux pays.
Le modèle de Solow, qui se définit comme une des principales théories de la croissance, sou-
ligne le rôle important joué par le progrès technique dans l’explication de la croissance.
Une des limites de ce modèle réside dans l’absence d’explication de l’apparition et
de la formation du progrès technique. Solow appréhende en effet le progrès techni-
que comme exogène au modèle. Il l’apparente ainsi à « une manne tombée du ciel ».
Des économistes de l’École de Chicago, tels Romer ou Lucas, se sont penchés sur cette question écar-
tée par Solow : comment s’explique la formation du progrès technique ? Ces recherches ont mené à
la conception de théories de la croissance dans lesquelles le progrès technique est considéré comme
endogène, c’est-à-dire issu des comportements internes de l’économie.
Ces modèles expliquent que la croissance engendre du progrès technique par trois grands mécanismes.
Premièrement, le « learning by doing » : plus on produit, plus on apprend à produire de manière efficace.
En produisant, on acquiert en particulier de l’expérience, qui accroît la productivité. Deuxièmement, la
croissance favorise l’accumulation du capital humain, c’est-à-dire les compétences possédées par la
main-d’œuvre et dont dépend sa productivité. En effet, plus la croissance est forte, plus il est possible
d’accroître le niveau d’instruction de la main-d’œuvre, en investissant notamment dans le système
éducatif. Troisièmement, la croissance permet de financer des infrastructures (publiques ou privées)
qui la stimulent. La création de réseaux de communication efficaces favorise, par exemple, l’activité
productive.
Les théoriciens de la croissance endogène sont des économistes d’inspiration libérale qui ont réhabi-
lité les rôles de l’État en montrant les conséquences positives (externalités) que les investissements
publics engendraient « gratuitement » pour les autres agents économiques (financement ou construc-
tion d’infrastructures, formation professionnelle, aides à la recherche développement ) et la croissance
économique.

 Progrès technique, productivité et croissance


Exercice 35  Document 31

Joëlle Bails, « Productivité – Découverte de l’économie 1 – Concepts et mécanismes ».


Cahiers français n°279, La Documentation française, janvier – février 1997.

Questions

 Quels liens peut-on établir entre investissement, innovation et progrès technique ?


 Pourquoi les innovations de procédés et les innovations organisationnelles aboutissent-elles à des hausses
de salaires et à des baisses de prix ? En quoi ces évolutions dynamisent-elles la production ?
 En vous appuyant sur le lien existant entre valeur ajoutée et revenus, expliquez pourquoi des hausses
de profit et de prélèvements obligatoires vont aussi avoir lieu ?
 Quels sont les effets sur l’offre et la demande ?
 Quelle place faut-il accorder aux innovations de produit dans ce raisonnement ?

Séquence 2-SE01 61

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Les effets du progrès technique sur la croissance, via les gains de productivité qu’il engendre, peuvent
être résumés par le schéma ci-dessous.

 Document 32

Le partage des gains de productivité et ses effets


sur la croissance économique

Hausse de la Baisse
compétitivité des prix

Hausse des
exportations

Hausse des Gains Hausse des


profits de productivité salaires

Hausse des
prélèvements
étatiques

Hausse des Hausse des Hausse de la


investissemens dépenses publiques consommation

Croissance
de la production

Les effets sur la croissance dépendront du partage des gains de productivité, qui peut faire l’objet, nous
le verrons, de conflits, ou en tout cas de négociations.
Conclusion : Le progrès technique engendre des transformations structurelles importantes. Il n’a cessé
de dynamiser les économies, entraînant sur son passage des transformations importantes. Les gains
de productivité engendrés depuis plus de deux siècles ont permis des progrès sociaux considérables
(du niveau de vie, disparition de certaines tâches pénibles,... ) et ont profondément changé les modes
de vie et les relations sociales. Pour autant le progrès technique a toujours fait peur, et aujourd’hui
encore certains travailleurs craignent qu’il ne détruise leur emploi. D’autres conséquences seront ainsi
étudiées dans les séquences suivantes, notamment le lien progrès technique, croissance et emploi
(séquence suivante). ■

62 Séquence 2-SE01

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