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Almanach musical pour ...

:
éphémérides musicales,
biographies des célébrités de
la musique / [par Moléri
["puis" Molé] [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Almanach musical pour ... : éphémérides musicales, biographies
des célébrités de la musique / [par Moléri ["puis" Molé] et Oscar
Comettant]. 1862.

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POUR 1862 9e ANNÉE

COLLIGNON, libraire-édilenr,
BUE SEUPENTE
PRÈS L'ÉCOLE
, 31,
DE MÉDECINE,
Prix : 50 cent. E. GÉRARD ET Cie,
ANCIENNEMAISONMEISSONNIER,
RUE DAUPHINE, 18.
PARIS. PARIS.
1861
CALENDRIER POUR 1862

Nombre d'or
Epacte. COMPUT ECCLÉSIASTIQUE
1
Les 12, 14
QUATRE-TEMPS
et 15 mars.
Cycle solaire
Indiction romaine
XXX
XXIII
V
Les 11, 13 et 14 juin.
Les 17, 19 et 20 septembre.
Lettre dominicale E Les 17, 19 et 20 décembre.

FÊTES MOBILES
SEPTUAGÉSIME 10 février. L'ASCENSION 29 mai.
LES CENDRES 5 mars. LA PENTECOTE. 8 juin.
LES RAMEAUX. avril. LA TF.INITÉ..
PAQUES
26, 27 et 28 mai.
LES ROGATIONS
15
20 avril.
L'Avent
LA FÊTE-DIEU
15 juin.
19 juin.
30 novembre.

FÊTES CONSACRÉES EN FRANCE


Depuis le Concordat du 15 juillet 1801, signé entre le pape Pie VII et le premier consul Bonaparte, quatre
fêtes seulement ont été conservées dans le cours de la semaine; les autres sont remises au dimanche sui-
vant. Ces quatre fêtes sont :
L'ASCENSION, fête mobile. LATOUSSAINT, le 1er novembre.
L'ASSOMPTION, ou la Saint-Napoléon, fête NOEL, le 25 décembre.
nationale, le 15 août.

Sainte Cécile, patronne des musiciens, le 22 novembre.

COMMENCEMENT DES SAISONS


PRINTEMPS Le 20 mars, à
ÉTÉ 21 juin, Le
à
AUTOMNE Le 25 septembre, à
8 h. 55 m. du soir.
5 h. 50 m. du soir. Temps moyen

HIVER Le 21 décembre, à
7
1
h. 56 m. du matin.
h. 29 m. du soir.
de Paris.

ÉCLIPSES
1° Le 12 juin, éclipse totale de lune, invisible à Paris.
2° Le 27 juin, éclipse partielle de soleil, invisible à Paris.
5° Le 21 novembre, éclipse partielle de soleil, invisible à Paris.
4° Le 6 décembre, éclipse totale de lune, en partie visible à Paris.
5° Le 21 décembre, éclipse partielle de soleil, invisible à Paris.

RAPPORTS CHRONOLOGIQUES
Age du monde, 5861. L'année 1862 répond aux années : *
6575 de la période Julienne.
2658 des Olympiades.
1862 de la naissance de Jésus-Christ.
1278 de l'Hégire ou ère des Turcs, qui commence le 9 juillet 1861.
70 de la République française.
50 de l'EMPIRE FRANÇAIS.
L'année 1862 des Russes commence le 15 janvier de notre année.

©
Janvier. — Le Concert de famille.

JANVIER
LE VERSEAU.
Les jours croissent de 25 minutes le matin
Mois des Neiges.

--
Nivôse. et de 45 minutes le soir.
S SAINTS. *
JOURS. ÉPHÉMÉRIDES MUSICALES. ANS.

J
a
1 mercredi
2 jeudi
CIRCONCISION.
s' Isidore.
Premier bal de l'Opéra. 1716
Première représentation du Sorcier, de Philidor, à Paris. 1764
3 vendredi
4 samedi
s" Geneviève. Naissance de Frédéric Schneider, organiste. 1786
1720
s' Rigobert. Naissance du compositeur Agricola.
5 DIMANCHEste Émilienne, s* Abel. Mort du chanteur Trial. 1795
6 lundi EPIPHANIE. Mort de Rodolphe Kreutzer, à Genève. 1851
7 mardi D s" Mélanie. Naissance de Thalberg. pianiste, à Genève. 1812
8 mercredi s' Lucien, s' Baudouin. Première exécution du Te Deum de Lully à Paris. 1687
9 jeudi s' Julien le Pauvre. Mort del'organiste de St-Paul, à Leipsick.Werner Fabricius. 1679
1Q vendredi s'Guillaume (William). Naissance du composit. et violon. Zumsteeg, à Sachsenflur. 1760
11 samedi s10 Hortense, s' Théodose. Mort de Cimarosa, à Venise. 1801
12 DIMANCHE st- Césariiie. 1 "représentation de Sémiramide de Henri HimmePà Naples. 1795
15 lundi s" Véronique. )fort du comp. Ferd. Ries, à Francfort, élève de Beethoven. 1838
14 mardi s' Hilaire,s's' Félix. Début de Mlle Fontaine, la 1" femme qui ait dansé à l'Opéra. 1681
15 mercredi s' Maur, Bon. Naissance de Lesueur, comp. et écrivain, près d'Abbeville. 1763
t6 jeudi 6:) st Rolland. Mort de l'organiste Vallolti, compositeur de musique relig. 1780
17 vendredi s' Antoine (Tony). Naissance de J. B. Lully, à Florence. 1665
18 samedi s" Floride.
19 DIMANCHE s, Sulpice.
Mort d'Hérold. 1833
1805
Mort de Théophile Spazier, écrivain et musicien, à Leipsick.
20 lundi s' Sébastien (Bastien). Mort de la cantat. allemande M,, Mara, à Ravel (Russie). 1833
-
21 mardi sie Agnès.
mercredi s' Vincent, s' Anastase.
23 jeudi (J s' Ildefonsc.
Fondation de la Société des artistes musiaiens.
Naissance de Manuel Garcia à Séville, chanteur et compos.
1844
1775
Naissance du pianiste B. Negri, 1784. - ,Mort de Lablache. 1858
24 vendredi s'
Timothée, s'Babylas. L'Opéra s'établit aux Tuileries. - 1764
25 samedi s'Prix. Première représentation de Panurge, de Grétry,'à Paris. 1785
-6 DIMANCHE st Polycarpe. Mort du compositeur Godefroid Neefe. 1'98
oo lundi s" Angèie. Naissance de Mozart, à Salzbourg. 17Sb
28 mardi sie Herrninie,
29 mercredi s'Constant.
s'
Charlem. Naissance d'Hérold à Paris. 1791
1792
Naissance de Rossini.
30 jeudi * st- Bathilde, S" Aldegoiide. Naissance du Qûtiste.Quantz, à Oberscliaden (Hanovre). 1697
I 51 vendredi s" Marcelle. Naissance de F. Schubert, à Vienne. 1797

P. Q. le 7, à 10 h. 56 m. du soir. D. Q. le 23, à 6 h. 45 m. du matin.


P. L. le 16, à 2 h. 4 m. du matin. N. L. le 30, à 2 h. 59 m. du matin.
Février. — liai travesti.

FÉVRIER
LES POISSONS. Les jours croissent de 47 minutes le matin
Pluviôse. et de 45 minutes le soir. Mois des Pluies.
h'
JOURS. SAINTS. ÉPHÉMÉIUDES MUSICALES. ANS.
A

1 samedi s' Sévère, s1 Ignace. Mort du comp. Pitq^ii à Rome; maître de chap. au Vatican. 1743
2 DIMANCHE PURIFICATION. Mort de Palestrina. 1594
3 lundi s' Biaise. Naissance de Mendelssolin Bavtholy, à Berlin. 1809
4 mardi s" Jeanne, s* Gilbert. Naissance du violoniste Artot, à Bruxelles. 1815
5 mercredi s1" Agathe. Mort du compositeur Pierre Gaveaux. 1825
fi jeudi 1) s' Gaston, s" Dorothée. Naissance de madame Damoreau. 1801
7 vendredi s' Romuald. Naissance du compositeur de musique sacrée, Freislich. 1675
8 samedi s1 Lucius. Naissance de Jenny Lind, à Stockholm. 1820
9 DIMANCHE s" Apolline, s' Renaud. Naissance du compositeur Duni, à Matera. 1709
10 lundi s10 Scholast. Naissance du guittariste Ferdinand Carulli, à Naples. 1770
11 mardi s' Séverin, s'Adolphe. Naissance de Grétry, à Liège. 1741
12 mercredi s" Eulalie. Mort du composit. Dauvergne, à Lyon, aut. des Troqueurs. 1797
15 jeudi s* Polyeucte, Mort de la cantatrice d'opéra-comique, madame Trial. 1818
14 vendr. (g) s'Valentin. Naissance de Gluck. 1712
15 samedi s' Titus. 1" représentation d'Armide, opéra de Lully et Quinault. 1686
16 DIMANCHE Septuagêsme, s" Julienne. Mort du corniste Punto (Jean Stichdit), à Prague. 1803
17 lundi s"Marianne. 1" représ, à Paris de Joseph en Egypte, opéra de Méhul. 1807
18 mardi s' Siméon, s' Flavien. Naissance de Nicolo Paganini, à Gênes. 1784
19 mercredi s'. Barbat. Naissance de l'acousticien Daniel Bernouilli, à Groningue. 1700
20
21 jeudi (g;bl s'Pépin.
vendr. Enchère. Mort de Eugène
Naissance Scribe, poëte
du violoniste lyrique.à Verviers.
Vieuxtemps, 1861
1820
21
22
vendr. (f s' Pépin.
samedi st, Isabelle.
Mort de Eugène Scribe, poële lyrique.
Naissance du composit. Charles-Jacques Wagner, violon. 1772
'1861
23 DIMANCHE Sexagés., s, Pierre Damien. Naissance de la cantatrice madame Mara, à Cassel. 1749
24 lundi s* Mathias. Naissance de Haendel, à Halle (Saxe). 1684
1783
25 mardi s'Taraise. 1" représentation de Rinaldo, opéra de Sacchini, à Paris. 1836
26 mercredi s1 Nestor.
jeudi
Naissance du violoniste Rode, à Bordeaux. 1774
27 A" Honorine. Naissance d'Antoine Reicha, à Prague. 1770
28 @ s'Romain.
vendr. (g
vendr. s' Romain.
(
l"
1'. représ,
représ. de la Muette,
\\luette, 1828. -1'.
1828, - 11, œprés,
représ, des Huguenots. 1836

P. Q. le 6, à 8 h. 20 m. du soir. D. Q. le 21, à 2 h. 26 m. du soir.


P. L. le 14, à 5 h. 15 m. du soir. N. L. le 28, à 4 h. 59 m. du soir.
Mars. — Le Concert.

MARS
LE BÉLIER.
Les jours croissent de 64 minutes le matin
Ventôse.

--
et dé 47 minutes le soir. Mois des Vents.
| --
P
JOURS. SAINTS. * ÉPHÊMÉRIDES MUSICALES ANS..

1
2
samedi s" Eudoxie, s1 Aubin. Garat. à
Morfedei?chuppanzig, 1823
DIMANCHE Quinquagês., s* Simplice.
Mort du viol. Vienne, maitre de Mayseder. 1850
lundi s"Cunégonde. Première représentation d'Athalie. 1716
4 mardi MARDI GRAS, S' Casimir. Naiss. du compositeur suisse Égli, à Seegreben; mus. rel. 1742
5 mercredi CENDRES, s1 Adrien. Mort du compositeur anglais Augustin Arne. 1772
«
6 jeudi s" Colette. - Première représentation du Déserteur, de Monsigny. 1769
7 vendredi s' Thomas d'Aquin. Célèbre par ses comp. d'offices et chants religieux. Mort en -17,24
8 sam. j) s' Ponce.

10 lundi,
H
s' Blanchard. Mort de Démenti.
Rizzio. 1566
Mort d'Adolphe Nourrit, à Nnples.
9 nmANÈuE Qnadragés., s" Françoise. Mort de David
1839

1832
mardi s' Constantin. Mort du compositeur,Jean-MarieKanini. 1607
12 mercredi s' Pol de Léon. Q. T. Mort de l'organiste John Bull, à Anvers. 1628
15 jeudi s* Rodrigue. Naissance du flûtiste Blavet, à Besançon. 1700
14 vendredi s" Matliilde. Naissance de J. Strauss, à Vienne. 1804
15 samedi s' Tranquille. Mort de Cherubini, à Paris. 1842
16 DIMAN. © REMINISCERE, s' Fabien. Mort du facteur d'orgues Silbermann, à Strasbourg. 1754
17 lundi s,e Gertrude. Premièfe représentation de Charles VI (d'Halévy). 1845
18 mardi s* Alexandre. Léon X permet des représentations d'opéra dans son palais. 1513
-
1'9 mercredi s'Joseph. Naiss. de l'organiste Nicolas Séjan, à Paris; mort en 1819. 1745
20 jeudi s,
Iôacliim. 1" représentation des Femmes vengées, opéra de, Philidor. 1774
21 vendredi s' Benoît. Naissance de Sébastien Bach, à Eisenach..1683
1653.
22 sain. q s' Octavien.
25 DIMANCREOCULI,
.24 lundi
25 mardi
26 mercredi
27 jeudi
s' Victorien.
s' Flavius.
ANNONCIATION,S'
s'Emmanuel.
s" Lydie.
Gabriel.
Mort de Lully, à Paris, né en

Naissance de F. J. Frtis, à Nous.


Mort de Beethoven, à Vienne.
Mort du violoniste Hurel de Làmare, à Caen.

1687
Mort de Nicolo, à Paris. Il était né à Malte en 1775.
Naissance- de madame Malibran, née Garcia, à Paris.
l
1818
1808

1827
1825
'28 vendredi
29 samedi
50 DIMAN.
s* Contran:
s* Eustase. Mort de l'organiste de Brescia Alghisi.
l" représentation du Vampire, de Marscliner, à. Leipzig.
Naiss. de Pierre Schulz, à Liniebourg, tomp. de chants popul.
1825
1733
1747
51 lundi
® L.ETARE, s'Amédée.
s" Cornélie. Naissance d'Haydn, à Rohrau. 1732.

P. Q. le 8, à 5 h. 30 m. du soir. D. Q. le 22, à 10 h. 0 m, du soir.


P. L. le 16, à 5 h. 26 m. du matin. N. L. le 30, à 7 h. 55 m. du matin.
Avril. — Fête champêtre.

AVRIL

-
LE. TAUREAU. Les jours croissent de 57 minutes le matin
Germinal. et de 43 minutes le soir.

5 JOURS. SAINTS. ËPHËMËMDES MUSICALES. ANS.


A<
1 mardi s' Hugues. Ad. Nourrit donne sa représentation de retraite. 1837
2 mercredi s' François de Paule. Naissance du compositeur Ignace Pleyel., 1757
5 jeudi s1" Hermance, s' Richard. Mort du harpiste Nadermann à Paris, né en 1773. 1855
4 vendredi s' Ambroise. L'archevêque de Milan, auteur du système dc musique en
usage dans le culte chrétien. Mort en 397
5 samedi s' Irène. Naissance du compositeur Zingarelli, à Naples. 1752
6 DIMANCHE PASSION, s, Prudent.
7 lundi 1) s' Hégésippe.
8 mardi s' Edèze.
9 mercredi s* Christian.
10 jeudi s' Preux.
Mort de honizetti.
Incendie de la salle de l'opéra du Palais-Royal. 1763 et
Naissance de Ruhini, à Romano, mort en 1854.
*
Mort du facteur d'orgues de Joachimstal, Jean Tobie Turley.
premier usage de l'orgue dans une église (Compiègne).
1781
179;;
18-18
1829
757
11 vendredi s' Léon I". Naissance du violoniste Alexandre Bouclier, à Paris. 1770
12 samedi s' Jules, s' Goth. Première représentation d'Obéron, à Londres. 1826
13 DIMANCHE RAMEAUX, s" Ide (Ida). Mort de l'abbé Joseph Gelinck, pian., né en Bohême en 1757. 1825
14 lundi @ s' Tiburce. Mort de Ilaendel à Londres, inhumé, à Westminster. 1751»
15 mardi s' Pausilype. Naissance du compositeur J. Fréd. Fasch., maître de chap. 1088
16 mercredi s'Fructueux, s* Quintilien. Naissance du chanteur Caffarelli, à Bari (Naples). 1703
17 jeudi s' Anicet. Naissance du compositeur Naumann. 1711
18 vendredi VENDREDI SAINT, s" Parfait. Premier concert de Teresa Milanollo, à Paris. 1811
19 samedi s' Timon. Première représentation, à Paris, d'iphigénie en Aulide. 1771
20 DIMANCHE PAQUES, s" Emma. Mort de Denner, inventeur de la clarinette. 1707
21 lundi (J s, Anselme. Mort du compositeur André Eler. 1821
22 mardi s" Opportune, [Naissance du violoniste RoUa, 1757
23 mercredi s, Georges. Naissance de Pierre Dupont, poëte et musicien, à Lyon. 1821
24 jeudi s' Fidèle. Naissance du guitariste Stool, à Vienne. 1707
25 vendredi s* Marc. évangéliste. Naissance du père Martini, à Bologne, 1706
26 samedi s' Clet, pape. Naissance de A. M. Panseron. 1795
27 DIMANCHE QUASIMODO,s" Libéral. Naissance du violoniste André Romberg, à Veclite. 1767
28 lundi (8) s' Prudence, s' Vital. Naissance du compos. Henri-Frédéric Enckhausen, organ. 1799
29 mardi s* Robert. MortdeJ. C. Fischer, à Londres,au moment de jouerunsolo. 1800
30 merct'edi 1 s' Eutrope. ftaissance du composit. Boni fa ce Assioli, à Corregio, écriv.- 1769

P. Q. le 7, à 0 h. 23 m. du soir. D. Q. le 21, à 6h. 12 m. du matin.


P. L. le 14, à 3 h. 7 m. du soir. N. L. le 28, à 11 h. 36 m. du soir.
Mai. — Dans les prés.

MAI
LES GÉMEAUX.
Les jours croissent de 39 minutes le matin
Floréal. et de 39 minutes le soir. Mois des Fleurs.

~-
5

2
1
JOURS.

jeudi s-
SAINTS.

Jacques, s*
vendredi s' Athanase, sle Zoé.
Philippe.
ÉPHÉMÈRIDES MUSICALES.

Naissance de Maurice Braun, célèbre bassoniste.


Naissance de l'organiste Louis Willing, à Kuhndorf.
1^65
175S
I-
ANS.

3 samedi s' Juvénal. Mort de Paër, à Paris, né à l'arme, 1" juin 1771. 1859
4 DIMANCHE s' Sylvain, s" Monique. Naissance du compositeur Léopold Gassmann, à Bruxelles. 1729
5 lundi si Pie, s' Ange. Faustina Bordoni, né à Venise, chante à Londres. 1700
6 mardi s' Jean P. Lat. Mort de l'abbé Vogler, à Liarmstadt. 1814
7 merer-1) s' Stanislas, s' Auguste. Mort de Piccini, à Passy, né à Bari, 1725. 1800
8 jeudi s' Désiré, s" Aglaé. Mort du ténor Thénard. 1858
9 vendredi s' Grégoire. Naissance de Paësiello, à Tarente, mort à Naples en 1816. 1741
10 samedi s" Gordien. Mort de Gavaudan. 1840
11 DIUANCUE s' Mamert. Mort de Gaspard Fürstenau, célèbre flûtiste à Oldenbourg. 1819
12 lundi s' Pancrace. Mort du compositeur dramatique Salieri, né en 1750. 1825
15 mardi © s' Servais. Naissance de madame Sontag, à Coblentz. 1805
14
15
mercredi
jeudi
s' Pacôme. Mort de la célèbre cantatrice M" Lebrun, née à Mannheim. 1756
s" Denyse. Mort de Zelter, compositeur. 1832
16 vendredi s' Honoré, s' Adam. Mort du violoniste Chrétien liesse. 1762
17 samedi s" Giselle. Mort du moine bénédictin Guy d'Arezzo. 1050
18 DIMANCHE s" Euphrasie. Naissance du clarinettiste Beer. 1744
19 lundi s' Yves. Naissance du compositeur Thomas Traetta. 1727
20 mardi Cf s' Bernardin. Naissance du ténor Chollet. 1798
21 mercredi s' Antioche, s" Virginie. Naissance du facteur d'orgues Délia Chiaja. 1671
22 jeudi s" Julie, s' Émile. Mort du célèbre théoricien Marpurg. 1^95
23 vendredi s' Didier. Naissance du violoniste Viotti. 1755
24 samedi s' Donatien. * Dernière représentation d'Haitzinger dans Robert le Diable. 1830
25 DIMANCHE s* Urbain. Mort du facteur de pianos Streicher, à Vienne. 1833
26 lundi Rogations, s' Bérenger. Naissance du compositeur Gaviniès. 1726
27 mardi s' Olivier. Mort de Paganini, à Nice. 1840
28 1836
mercr. S s' Germain, év. de Paris. Mort de Reicha.
29 jeudi ASCENSION, s" Théodosie. Naiss. du fact. d'org. et de pianos Treubluth, à Weiksdorf. 1739
30 vendredi s'Ferdinand. 1" représent, de Narcisse, à Londres, opéra de D. Scarlatti. 1720
31 samedi s" Perrine, s" Pétronille. Mort d'Haydn, à Vienne. 1809

P. Q. le 7, à 3 h. 33 m. du matin. D. Q. le 20, à 3 h. 47 m. du soir.


P. L. le 15, à 11 h. 8 m. du soir. N. L. le 28, à 3 h. 35 m. du soir.
Juin. — Café concert.

JUIN
Les jours croissent, jusqu'au 23, de 6 minutes le malin
Prairial. et de 14 minutes le soir.
lCl
JOURS. SAINTS.
-
ÉPIIÉMÉRlDES MUSICALES. AXS.

1 DIMANCHE s* Pamphile. Naissance d'Habeneck, à Mézières. 1781


2 lundi s" Émilie. Mort de Garcia, père de la Malibran et de MmeViarrlot Garcia. 1832
5 mardi s" Clotilde. Mort de-Roland de L'assus, à Munich, musicien belge, 1495 ou 1595
4 mercredi s* Quirin.
5 jeudi 1) s* Boniface, s'Ilildebrand. Mort de Weber à
6 vendredi s'Claude, s" Pauline.
Londres.
Mort du compositeur Pauwels. 1804
1826
1" représent. d'Andromaque, de Grétry, à l'Opéra de Paris. '1780
7 samedi st Procope. V. j. * Naissance du violoncellMe Servais, à Hal (Brahant) 1807
8 DIMANCHE PENTECOTE, s* Médard. Naissance de Robert Schumann, pianiste, a Swickau. 1810
9-lundi s" Pélagie. Naissance de l'organiste Umbreit, à Kelistedt, près Gotha. 1763
1Q mardi s* Landri. s" Diane. Mort du compositeur Schulz, à Sehwedt. '1800
11 mercredi s1 Barnabé. Q. T. Mort de Dum, l'un des fondateursde l'Opéra français. 1775
12 jeudi 0
s1 Olympe. Mort de -Jupin, à Paris, comp. viol., né à Chambéry, 1805. 1839
13 vendredi s' Fortuné. Naissance de falayrae, à Muret. 1755
14 samedi st Basile.
s1 Basile., Naissance
Naissance d'Elleviou
d'Elleviou, à Rennes:
Rennes. 1769
15 DIMANCHETRINITÉ, s' Modeste. Mort de
L. C. Daquin,
organiste français. 1772
16 lundi s' Cyr, SI Aurélien.
s' Isaure, s1 Manuel.
Mort de Fioravanli. 1857
'17 mardi
--
Petrucci, de Fossembrone, inventeur des caractères pour
l'impression de la musique, publie cinq messes de Brumel. Hi05
18 mercredi s' Amand, s* Léonce. 1" représentation du Freyschutz, de Weber, à Bérlin. :- '1821
19 jeudi ( £ s' Gervais. , Guignon reçoit ses lettres patentes de roi des ménétriers. 1741
20 vendredi sle Florence. Naissance de Sop')ie:Lebrun,'à.Londres(madame Dulken). 1781
21 samedi st Louis de (fflnzagve. Première exécution à Dresde du Pater Noster de Naumann. 1799
22 DIMANCHE FÊTE-DIEU, st Paulin.
25 lundi s1 Jacob.
24 mardi
Mort du compositeur Charles-Frédéric Abel, à Londres.
Début d'Alizard à l'Opéra.
s' JEAN-BAPTISTE (Nat. de). Naissance de Mchul,' à Givet.
Georges
,.' 1787
1837
1763
'25 mercredi s' Prosper, s' Maxime. Mort du composit. Plï. Teleman, né le 14 mars 1681. 1767,
_26 jeudi

28 samedi
s* Vigile.
27 vendra s" Adèle, s' Fernan:!.
s1 Irénëe.
Mort de Jean-Christophe Vogel, né à Nurémbourg, 1756.
Mort de Lebrun. ,"
Naissance de Jean-Jacques Rousseau à Genève.
1829 1788

1712
29 DIMANCHE
30 lundi
s'. Pierre et s, Paul, ap.
s'Martial.
Mort de Clioron.
Mort de Rouget de l'Isle, à Choisy-lé-Roi
> 1834
1836

P. Q. le 5; à 2 h. 52 m. du soir. D. Q. le 19, à 3 h. 20 m. du matin.


P. L. le 12, à 6 h. 26 m. du matin. N. L. le 27, à 7 h. 3 m. du matin.
Juillet. — Les Moissonneurs.

JUILLET


LE LION. Les jours décroissent de 32 minutes le matin
Messidor. et de 28 minutes le soir. M. des Moissons.
5
JOURS. SAINTS. ÉPHÉMÉRIDES MUSICALES. AKS-
0
1 mardi
2 mercredi
hs Théobald,
Othon.
s' Thibaud. Mort de Guillaume Bach, à Berlin.
Mort de J. J. Rousseau.
18166
1778
1778
3 jeudi s' Anatole,- s" Philomène. l"
représent. de Gabrielle de Verpy,
de'Carafa,
, àNaples. 1816 s
4 veDdr.f) s
Berthe, s' Ulric.
5- samedi s Marin.
Naissance de l'organiste L*. Claude Daquin, à
Zarlino succède à Cyprien de Bore à là chapelle de St-Marc. 156J
b
Paris. 1694 9

6 DIMANCHE s' Tranquillin. Mort do Richer, professeur de chant au Conservât, de Paris. 1819
8 9
"7 lundi s' Etides.. Naissance du corniste Louis Winceslas Lachnith, à Prague. 1746

y
8 mardi s* Aquila. ? Naissance du chanteur Ponchard, à Taris. 1789
9 mercredi s' Cyrille. Mort de Joseph Sauveur, fondât, delasciencede l'acoustique. 17i6
17 16
10 jeudi ss
Félicité.
41 vend r. (D Marcien.
Première représentation des Bardes de Lesueur, à Paris.
Naissance du ténor allemand Tichatsclieck, à Weckeisdorf.
1804
1807
12 samedi- s1 Gualbert.
13 dimanche s' Turiaf, e Anaclet.
14 lundi s Bonaventure.
15 mardi s' Henri (Henriette).
16 mercredi s' Vitalien.
Mort du guitariste Sar.
Mort de madame Scio..1807
Naissance de l'organiste Schneider, au vieux Guersdorf:

Mort de Farinelli, près Bologne.


-
1797
1839
1859

1729
Mort de Heinicken, maître de chapelle du roi de Pologne.
17 jeudi b Alexis (Alexinâ). Arrêté pour l'établ. d'un diapason-type pour toute laFrance. 1858
18 vendr. (t s Frédéric. Naissance de madame Viardot-Garcia. 1821
1827
19 samedi & Vincent de Paul, s>e Sara. Naiss. de Guillaume Kalliwoda, maître de chap àCailsruhe.
1 20 DIMANCHE s Marguerite, SI Élie, 1" représentation de Lodoïska, de Chérubini, à Paris. 1791
21 lundi s Victor, s'Félicien. Naissance du compositeur J. Wolfram, à Dabrzan (Bohrrae). 1789
18J2
22 mardi s" Madeleine.. Mort de la Saint-Huherty, assassinée près de .Londres.
23 mercredis Apollinaire. Naissance de Sacchini, compositeur, à Puzzoli. 1754
24 jeudi sl* Christine, lerjoup danic. Naissance de Marcillo, à Venise, compositeur de psaumes. lbSb

-
25 vendredi s' Jacques, s' Christophe. Paësiello quitte Naples pour aller en Russie au serv. de Cathcr. 1777

1-
1856
26 sa m. ® s' Erasté. Naissance de Richer en 1740. - Mort de Gonis.
1784
27 umANcnE s' Pantaléon, s" Nathalie. Naissance du compositeur Onslow, à Clermont.
28 lundi s" 'Anne, s'Innocent. Mort du compositeur J. Sarti, à Berlin., 1802
1744
Theilè, organiste, à Naumbourg.
29 mardi slc Marthe, s1" Béatrix. - Naissance de J.
30 mercredi Abdon. -, Mort dé Sébastien Bach, à Leipsick. v 16§5
de Saint-Marc àa Venise. j îbaa
1750
31" jeudi s' Germain l'Auxerrois.
s, iotoine Lotti est nommé organiste deSaint-Marc
~ntoine,Lotti

P. Q. le 4, à 11 h. 0 m. du soir. D. Q. le 18, à 5 h. 22 m. du soir.


P. L. le 11, à 1 h. 48 m. du soir. ; H. L. le 26, à 9 h. 14 m. du soir:
Août. — Concert sur l'eau.

AOUT
LA VIERGE. Les jours décroissent de 45 minutes le matin
Thermidor. et de 55 minutes le soir.

| JOURS. SAINTS. ÉPHÉMÉRIDES MUSICALES. ANS.


<
a
1 vendredi s" Sophie, s1 Justin. Creel termine l'orgue de l'église Sainte-Elisabeth à Breslau. 1657
2 samedi s1 Alphonse. Naissance du compositeur Vacher, à Paris, romances. 1772
5 DIMAN.^) s' Hermel, s' Geffroy. 1" représentation de Guillaume Tell, de Rossini, à Paris. 1829
4 lundi s'Dominique. Naissance de 1.. Nourrit, à Montpellier, père d'Adolphe. 1780
5 mardi s' Abel, s' Paris. Naissance d'Ambroise Thomas, à Metz. 1811
6 mercredi s' Mattnus, s' Just. Établissement du Conservatoire de musique. 1795
7 jeudi s' Albert, s' Gaétan. Mort de Rink, organ. de Hesse-Darmstadt, né à Efgersburg. 1846
8 vendredi s* Cyriaque, s,e Agape. Mort de Henri Graun, maît. de chap. de Frédéric II, à Berlin. 1759
9 sam. © s' Domitien. Mort de Monpou. 1841
10 DIMANCHE s' Laurent. Mort de Michel Haydn, à Salzbourg, compos. relig. 1806
11 lundi s" Suzanne, s' Tiburce. Inauguration de la statue de Beethoven, à Bonn. 1845
12 mardi s1" Claire (Clara, Clarisse). Naissance du joueur de galoubet Carbonnel, à Salon. 1751
13 mercredi s' Hippolyte. Mort du violoncelliste Romberg. 1841
14 jeudi s1 Eusèbe. V. j. Mort de l'organiste Zachau, à Halle. 1721
15 vendredi ASSOMP., s' Napoléon. Naissance du compositeur Seyfried. 1776
16 samedi s' Roch, s* Raoul. Naiss. de Marschner, maître de chap. du roi de Hanovre. 1795
17 DIMAN. (J s' Mammès. Mort de Frédéric II, roi de Prusse. 1786
18 lundi s" Hélène. Mort de Rodolphe.. 1812
19 mardi s' Marien. Naissance de Salieri. 1750
20 mercredi s' Bernard, s' Samuel. Naissance du compositeur Eckersberg, à Henstadt. 1762
21 jeudi s' Natalis. La reine d'Angleterre à l'Opéra-Français. 1855
22 vendredi s' Symphorien. Mort de l'organiste Eckersberg. 1821
23 samedi s' Eléazar, s' Spire. Mort du violoniste Lafont. 1839
24 Barthélemi. du célèbre compositeur français Goudinel.

26 mardi
DIMANCHE s'
25 lundi ® s' Louis, roi (Ludovic).
s' Zéphiriu. Fin j. canic.
Mort
Mort du violoncelliste Platel..
Mort du composit. Wanhal, à Vienne, né le 12 mai 1713., 1813
1572
1835

27 mercredi s1 Césaire (César). 1 '"de la Double Échelle, d'Ambr.Thomas, àl'Op.-Com. Paris. 1837
28 jeudi s' Augustin. Mort de Jomelli. 1774
29 vendredi s' Merry. Mort de l'organiste Muller. 1782
50 smedi s' Fiacre, s" Rose. Mortde Philidor. 1795. Mort de Galin, invent, du méloplaste. 1822
31 DIMANCHE s* Ovide, s* Aristide. Naissance du compositeur Joseph llubner. 1735

P. Q. le 3, à 5 h. 5 m. du matin. D. Q. le 17, à 9 h. 57 m. du matin.


P. L. le 9, à 10 h. 2 m. du soir. N. L. le 25, à 9 h. 49 m. du matin.
SEPTEMBRE
LA BALANCE.
Les jours décroissent de 42 minutes le matin
Fructidor. et de 62 minutes le soir. Mois des Fruits.

-!. JOURS. SAINTS. MUSICALES..


EPHÉl\IÉRIDESMUSICALES.
ÉPHÉMÉRIDES ANS.

2 lundi 1)
mardi
3 mercredi
S't Leu, st Gllles-
st Antomn.,
Première représentation du Faust de Spohr.
Première repl ésentation de l'Amant déguisé, de Philidor. 1769
s ° Phébé, s' Grégoire le G. Léop. Boehm
jeudi est nommé violoncel. solo du pr. Fûrstenberg. 1828
A
S Ilosalie,
56 vendredi Victorin, s" Hermione. Naissance du compositeur-pianiste Venceslas Plachy. 1785
s'
7 samedi s" Eve, s' Bertin. Naissance de Gustave Matthieu, poëte, à Nevers. 1808
s" Édithe. Naissance de Charles de Kontski, à Cracovie. MIS
Itiidi
8g mardi
st Cloud, s"
(D NATIVITÉ
DllwàlqcLOE s" N. Il.
Reine. Naiss. de compos. et joueur d'échecs.
Danican, dit Philidor, ,compost
deDanican, 1729
@ NATIVITÉ
9 mardi s< Orner, DE N. D. Naissance de Chérubini, à Florence. 1760
10 mercredi s' Hyacinthe. Mort du violoniste Gaviniès.. 1800
s" Pulchérie. Naissance du compositeur François Benoist. 1795
12
11 jeudi
13 vendredi
s' Émilien. Naissance du compositeur Fioravanti, à Rome. 1769
14 samedi
15 D,MiNC"E
s' Aimé.
s' Raphaël, s" Bonne. Mort de Rameau.
Première représentation de Zémire et Azor
s' Cyprien, s' Corneille. Naissance du philosophe Agrippa de Nettesheim.
1764
1771
1486
1 lundi 1712
6 s' Lubin, s' Valérien.
mardi q s" Euphémie.
Naissance du graveur Simon Fournier.
Exécution du Sélamd'E. Reyer, en présence d'Àbd-el-Kader. 1852

n
17 mercredi s" Ariane,
18 jeudi
s' Lambert.
s"> Stéphanie(Fanny).Q.r. Mort de Quinault, à
vendredi s' Janvier.
Gien.
Naissance du pianiste Schlechter, à Vienne.

Palestrina est nommé maître de chapelle de Jules III.


1805
1744
1551
20 samedi s' Eustache, Candide.
*1 DIMANCHE s' Matthieu.
s" Mort du musicien Jean Henri Gehra. 1785
170i
Naissance de Pergolèse, à Pergola.
22 lundi 1'¡39
s« Maurice. Mort de Pergolèse.
25 mardi (§) 1836
s" Thècle, s' Lin, 2" pape. Mort de la Malibran.
24 Mercredi
25 mercredi s'
25 jeudi
Germer.
st Germer. Mort de Grétry, 1813. — 1" représentation du Chalet. 1834
1198
s' Firmin. Naissance de Donizetti.
26 vendredi s' Théotiste. Naissance de Wimc. Huiler, à Turnau, compos. d'opérettes. 1767
27 samedi s' Côme et s' Damien. 1790
Naissance du compositeur Alinovi.
28 DIMANCHE s* Venceslas. Naissance de François Francœur, surint. de la chapelle de
Louis XIV. 1698
29 lundi sl Michel, archange. Naissance du musicien Louis Gerber. 1746
30 mardi$) s' Jérôme. Naissance de Palestrina (Jean Pierluigi).. 1524

'Q. le 1, à 10 li. 9,8 m. du soir.


P. D. Q. le 16, à 4 h. 31 m. du matin. P. Q. le 30, à 4 h, 18 m. du soir.
P. L. le 8, à 8 h. 6 m. du matin. N. L. le 23, à 9 h. 6 m. du soir.
Octobre. — Séance de l'Orphéon.

OCTOBRE
LE SCORPION. Les jours décroissent dé 48 minutes le matin
Vendémiaire. et de 59 minutes le soir.

g l' ÉPIIÉMÉRIDES MUSICALES.


JOURS..SAINTS. ANS.
*P

>1 mercredi s' Remi; évêque. Première représentation du Serment, d'Auber. 1851
2 jeudi SU Anges gard., s1 Léger. Naissance de l'abbé André Schmidt-. 1672
"5 vendredi s* Gérard. Première'représentaLion de la Donna ciel Lago. 1819
'4 samedi 'Franç.d'As.(Francisque). Naissance de la cantatrice Schrœder Devrient. 1805
5 DIMANCHE s" Tullie, s', Flavie. Naissance de Graeting, 1758
,
7
6 lundi s, Bruno, s', Fédée.
mardi GY s'Serge, sle Iustine.
8 mercredi s" Brigitte, s' Amour.
Mort de Sacchini. 1786
Naissance du compositeur Jean-Antoine André.

Mort de Boïeldieu.
1775

1834.
'9 jeudi s' Denis, 1er év. de Paris. Première représentation du Siège de Corinthe. - 1826
10' vendredi s' Cassius. Naissance du compositeur Porpora. -1687
11 samedi s' Gasman, Première représentation d'Ariodant, de Méhul. 1799
12 DIMANCHE s'Wilfrid, Bx Séraphin. Naissance du chapelain Ignace Franz. 1729
15 lundi s' Edouard; s' Théophile, Naissance de la cantatrice Charlotte Faller. 1758
14 mardi s' Calixte, slc Céleste. Naissance du chanteur Martin. 1769
15 merci-. (J sle Thérèse. Mort du philosophe Schoettgen. 1751
16 jeudi s' Bertrand. Première représentation Je la Chatte métamorphosée. 1837
17 vendredi ste Artémise, s' Florentin. Naissance de Monsigny, à Fauqueuberg. 1729
18 samedi s' Luc, évangéliste. Première représentation des Saisons, de Lully. 1695
19" DiMANCUE s' Amable, s'Aquilin. Mort de Méhul. 1817
20 lundi s" Cléopâtre.. Première représentation
représentation
deZémire et Azor, ballet. 1824
21 mardi s" Célinie (Céline). Première de Richard Cœur-de-Lion. 1794
22 mercredi s'6 Alodie. Naissance du philosophe Aldrigjietti. 1600
25 jeudi © s' Gratien. Première représentation dll; Trïomphè de Trajan. 1807
24 vendredi s' Magloire. Mort d'Alexandre Scarlatli, eomposit., né à Trapani- (Sicile). 1725
25 samedi s' Crépin et s' Crépinien.Première représentation d'Euryanthe, à Vienne. 1825
226 DIMANCHE s' Évariste. Mort de Scariatti. 1789
27 lundi s' Armand. L'Académie de musique à la Porte-Saint-Martin. 1781
: 28 mardi s" Simon et Jude, s1 Alfred.
Première représentation de la Xacarilla. 1839
29 mercr.f) s" Kusébie, s' Maximilien. Mort de l'organisteHammerschmidt, de Merliani.
30 jeudi s' Lucain.
'31 vendredi s, Qtieiit-in.
Arrivée deSacchini à Paris.
V, j. Mort de Heriger, auteur de l'hymne à la Vierge Aveper quam.
1674
1782
1009

P. L. le 7, à 8 h. 54 m. du soir. N. L. le 23, à 7 h. 45 m. du matin.


D. Q. le 15, à 11 h. 51. m. du soir. P. Q. le 29, à 11 h. 53 m. du soir.
g
o
LE SAGITTAIRE.
Brumaire.
JOURS.
1
SAINTS.
*
NOVEMBRE

:1
Les jours décroissent de 45 minutes le matin
et de 55 minutes le soir.

ÉPHÉMÉRIDES MUSICALES.

village. îwic
ANS.

,
2
]
1 samedi
1752 -
same ITOUSS
TOUSSAINT.
1 j;\ Représentationdu Devin de
2 DIMANCHE LE JOUR DES Naiss. de M- Branchu
-
1780. Début de Lablasbe a Pans. 1855
3 lundi MORTS.
s' Marcel, Hubert. de l'Almanach musical, 1 année pour 1854. IS55 I
Mise en. vente
Première représentation de don Juan a Prague.
4 mardi s' Charles, Si Agricole. 1750
6 mercredi s' Zacbarie, bl Alain. Zachane Fischer. 1814
Naissance du fafcteur de violons
6 jeudi @ Si Léonard.
7 vendredi s' Ernest,
s' Florent.
Naissance d'Adolphe Sax.
Naissance de Niedermeyer.
18031814

1628
8 samedi st Godefroy, st Dieudonné. Naissance du compositeur Thomas Hoppe.Fontainebleau, 1771
9 DIMANCUE s' Mathurin, s1 Théodore. 1" représent, de Zéinire et Azor, de Grétry, à 17711
10 lundi st. Nymphe. Naissance de Piccini. inu.
à Dinldage.
11 mardi s' Martin, évêque. Naissance de Bernard Bomberg, violoncellisteCuochettina. 1730
12 mercredi s' René, év., s" Estelle.,
il jeudi s' Brice, év., s' Fleury.
Naiss. de Catherine Gabrielli, surnommeela
il- rep. del'Amitié à l'épreuve, de Gretry, à Fontainebleau.
10
1714
14 vendr. Ci sie Balsamie. Concerts de Paganini à Plaisance. 1714
15 samedi st T.éopold, s* Eugène, Naissance de Gluck, à Vienne. 1766
16 DIMANCHE st Edùie. Naissance de Kreutzer, à Versailles. 1778
17 lundi s' Agnan. Naissance, de Spontini, à Miolatti, près Pise. ng7
s' Mandé. Naissance de l'organiste Angelet, à Gand.

Purcell.
18 mardi s" Aude, 1595
19 mercredi s" Élisabeth (Élisa). Mort de Waelrant.
Versailles.
20 jeudi s' Edmond, st Octave, 1" représent, de l'Amant jaloux, de Gietry, à, '1695
21 vendr. <S> s' Estève. Mort de
22 samedi s" Cécile (Cécilie, Cécilia). Patronne des musiciens, chantait les louanges de Dieu
rt- , <„.
en
s'accompagnant d'instruments de musique, martyre en
180
23 DIMANCHE s'Clément (Clémentine).. Philippe-Auguste organise les jongleurs et menetriers. 1351
1825
24 lundi s" Flore (Florine, Florent). Représentation de Sémiramide, à Venise.
25 mardi s" Catherine.
26 mercredi ste Victorine, s' Conrad.
27 jeudi st Virgile.
28 vendr.f) st Sosthène.
Mort deDalayrac.
Mort de Gluck.
Naissance du compositeur Seckendorf.
, r

Naissance de Michel Carafa, à Naples.


1787
IQnq
1809
1785
1780
'29 samedi s, Saturiiin.
50 DIMANCHE AVENT, st André, apôtre. Mort du chanteur Caffarelh, à
Santo-Dorato.
Naissance du compositeur G. Gerhard.

P. L; le 6, à 0 h. 58 m. du soir.
N. L. le 21, à 6 h. 23 m. du soir.
D. Q. le 14, à 6 h. 19 m. du soir.
P. Q. le 28, à 10 h. 11 m. du matin.
DÉCEMBRE
LE CAPRICORNE. Les jours décroissent de 12 minutes le matin
Frimaire. et de 4 minutes le soir.

Î JOURS. SAINTS. ÉPlIÉMÉRIDES MUSICALES. ANS.


o<
1 lundi s* Éloi, évoque. Naissance de Castil-Blaze. 1781
2 mardi s" Aurélie. 1" représent, du Domino Noir, d'Auber, à l'Opéra-Comique.18,)7
3 mercredi Xavier (s' François-). Naissance de madame Ugalde, née Beaucé, à Paris. 1829
4 jeudi Naissance du théoricien Portmann. 1819
s1" Parbe.
5 vendredi s' Sabas, abbé. Mort de Mozart. 1791
6 sam. © s'Nicolas (Nicole). Naissance de Lablache 1794.— Naissance de G. Duprez. 1806
Naissance du philosophe Spanhein. 16,29
7 DIMANCHE s" Fare, vierge.
8 lundi IMMACULÉECONCEPTION. Naissance du corniste Gallay. 1,9;)
9 mardi Naissance du compositeur Auhéri de Boulley. ld96
s" Léocadie. I"d64
10 mercredi s" Valère (Valérie). Naissance de la cantatrice madame Saint-Aubin.
11 jeudi s'Daniel, s1 Damase. Naissance du savant Algarotti, à Venise.
12 vendredi s'Maxence. Naissance du savant Godefroi Siber. 1659
13 samedi Luce. Naissance de Trial (de l'Opéra-Comique). 1732
'I4'!4
14 omAN, (1 s' Nicaise, s' Arsène. Naissance du compositeur luthérien Spératus.
15 lundi Naissance de Boïeldieu. à Rouen. -J 77:,
s' Faustin.
16 mardi s" tdélaïde, sl, Albine. Naissance de Beethoven, à Bonn. 1772
17 mercredi s' Lazare. Q. T. Naissance du pianiste Valentin Alcan. 1815
i8 jeudi s1 Galien. Naissance de Weber, à Eutin. 1780
19 vendredi s' Timoléon, s' Meuris. Naissance de la cantatrice Altmutter. 1790
20 samedi s' Philogone. Naissance du compositeur Antoine Gatayes. 177-1
21 DiNfAri. * s'Thomas, apôtre. Naissance du compositeur Flaschner de Ruliberg. 1461
22 lundi s* Zenon, soldat. Naissance de l'organiste Gleichmann. 1685
23 murdi s" Victoire. Représentation d'Othello, à Naples. 1816
24 mercredi s' Delphin (Delphine). 1'. j. Naissance du compositeur Rodolphe Ahle. 1625
25 jeudi NOI'L, s'* Anastasie. Naissance du chevalier Saint-Georges. 1745
26 vendredi s' Étienne (Stéphane). Naissance d'Albert Grisar, à Anvers. 1808
27 sam. f) s' Jean l'évangéliste. Arrivée de Piccini à Paris. 1776
28 DIMANCHE s" Innocents, s' Caton. Représentation de Moïse à l'Opéra. 1827
29 lundi s" Éléonore. Naissance du clarinettiste Hermslædt. 1778
50 mardi s, Roger. Mort du littérateur musicien Ilerbin. 1806
31 mercredi s' Sylvestre, s" Colombe. Naissance de Dorât. 11751
1
--- -
P. L. le 6, à 7 h. 47 m. du matin. N. L. le 21, à 5 h. 13 m. du matin.
D. Q. le 14, à 10 h. 41 m. du matin. P. Q. le 27, à 11 h. 53 m. du soir.
MINISTÈRE, D'ÉTAT,
PLACE DU CARROUSEL.

S. Exc. M. le Comte COLONNA WALEWSKI (G. ~), Sénateur, Ministre d'État


et membre du Conseil privé.

Division des
#),
Théâtres.
M. Camille DOUCET (0. chef de division.
M. CABANIS ~, chef de bureau.

MUSIQUE DE LA CHAPELLE ET DE LA CHAMBRE DE L'EMPEREUR.


M. le comte Bacciocchi (0. ~),
surintendant des spectacles de la cour, de. la musique de la
chapelle et de la chambre..
MM. Auber (C. ~), membre de l'Institut, directeur. Allary, Labarre, pianistes accompagnateurs.

INSTITUT DE FRANCE..
ACABÉBHE DES BEAUX-ARTS (Section de composition musicale).
Élus en Succédant à Elus en Succédant à
Auber (Daniel-Franç.) (C. ~) 1829 Gossec. Reher (Henri) 1853 Onslow.
Carafa de Colobrano (O. *). 1857 Lesueur. Clapisson (Louis) 1854 Halévy.
Thomas (Ambroise) (0. ~). 1851 Spontini. Berlioz (Hector) 1856 Adam.
Secrétaire perpétuel : M. Halévy (Fromental), élu en 1854.

CONSERVATOIRE IMPÉRIAL DE MUSIQUE


15, RUE FAUBOURG-POISSONNIÈRE.
DU

ADMINISTRATION.
MM. Auber (G. ~), de l'Institut, directeur. Lassabathie, administrateur. De Beauchesne, secrétaire.
Rety, caissier. Ferrière, surveillant des classes.
Comité d'enseignement des études musicales.
MM. Auber (C. ~), président. — Monnais
C. Doucet (0. 4jfc). Vogt Gallay Prumier
Halévy (C. *). Carafa (0. -*). Thomas
Dancla. E. Perrin -*. Kastner Meyer-
(0.
beer (C. *). Cabanis. — De Beauchesne, secrétaire.
BIBLIOTHÈQUE (ouverte de 10 heures à 5 heures). Berlioz ~, bibliothécaire. Leroy, préposé.

ENSEIGNEMENT. — CLASSES D'ÉTUDES MUSICALES.

Composition idéale, contre-point et fugue.


MM. Halévy (C. îfif), Carafa (0. ~), Le Borner ~, Ambroise Thomas (0. ijfc).

Harmonie écrite. — MM. Elwart (A.). Reber (Henri) *.


Harmonie et accompagnement pratique, réunis.
Pour les hommes : M. Bazin — Pour les dames : M. Bienaimé, Madame Dufresne-Demay.
Musique vocale.
CHANT.
— MM. Révial, Giuliani, Battaillc, Massel, Laget, Fontana, Grosset, Paulin-Lespinasse.
SOLFÉGE INDIVIDUEL. Pour les hommes: MM. Tariot (J.), Duvernoy (H.), Savard, Alkan, Jonas Durand
(Emile), Gillette. — Pour les daines : M. Goblin. Mesdemoiselles Raillard, Mercié-Porte. Barles.
Mesdames Maucorps-Delsuc, Doumic.

SOLFÉGE COLLECTIF Professeurs pour les hommes et pour les dames : MM. Batiste, Lebel.
CLASSE D'ENSEMBLE VOCALE. M. Pasdeloup.
DÉCLAMATION LYRIQUE. Opéra sérieux : MM. Levasseur, Duvernoy (Charles). — Opéra comique :
MM. Morin, Mocker, Mademoiselle Hersant.

Musique instrumentale.
ORGUE ET IMPROVISATION. M. Benoist *, CLARINETTE. M. Klosé.
PIANO. MM. Laurent *,
Marmontel, Herz *;
Ma-
BASSON. M. Cokken.
Mesdames Farenc, le Couppey, Coche. —' COR 1er et 2e. M. Gallay
dame Érard, fournisseur de pianos. COR A PISTON. M. Meifred
CLASSE D'ENSEMBLE INSTRUMENTAL. M. Baillot TROMPETTE. M. Dauverné aîné.
(René). TROMBONE. M. Dieppo.
ETUDE
DU CLAVIER. Croharé, Portehaut;
MM.
Mesdames Lemarchand - Berchtold, Jousselin Classes des élèves militaires.
(Fanny), E. Réty.
HARPE A DOUBLE MOUVEMENT. M. Prumier. HARMONIE. MM. Bazin ~, Jonas.
VIOLON. MM. Alard ~,
Massart, Dancla, Sauzay. CORNET A PISTON. M. Forestier.
VIOLONCELLE. MM. Franchomme *,
Chevillard. SAXOPHONE. M. Ad. Sax.
CONTRE-BASSE. M. Labro. SAX-HORN. M. Arban.
FLUTE. M. Dorus.
HAUTBOIS. M. Verroust. SOLFÉGE. MM. Alkan, Durand.

CLASSE POUR L'ENSEIGNEMENT POPULAIRE ET SIMULTANÉ DU CHANT.

M. Éd. Baliste, professeur; M. Henri Chollet, suppléant, les mardi et vendredi, à 8 heures du soir
On s'inscrit au Conservatoire.

COURS NORMAL DE CHANT (FONDÉ PAR LA VILLE DE PARIS).

M. PASDELOUP, directeur de la rive drbite.


M. BAZIN ~, directeur de la rive gauche.
M. HUBERT ~, inspecteur de la rive droite.
M. FOULON ~, inspecteur de la rive gauche.
Madame directrice de la méthode des salles d'asile.
CAMUS,
M. DUCHEMIN-BOISJOUSSE, directeur du chant des salles d'asile.
M. DELAFOKTAINE, professeur des écoles.

MÉTHODE GALIN-PARIS-CHEVÉ.
à l'aide
Son but est de rendre universelle la lecture musicale et la musique chorale de la notation
en chiffres. Les premières bases de cette méthode se rencontrent dans J. J. Rousseau; elle a été
fondée en 1818 par Galin à Bordeaux, et continuée depuis par Aimé Paris et Emile Chevé.
Les cours gratuits de cette méthode ont lieu à Paris, dans le grand amphithéâtre de l'École de
médecine, tous les soirs, de 9 à 11 heures. Il suffit de se faire inscrire et de prendre une carte
d'admission.
ASSOCIATION DES SOCIÉTÉS CHORALES ET ORPHÉONS

DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE i,
1

L'Association fondée à Paris depuis l'année 1855 dans le but de propager et de perfectionner le
chant choral, aide à la formation des nouveaux Orphéons, à la conservation des .anciens, rapproche
tous les membres des Sociétés chorales pour organiser plusieurs fois dans l'année de grandes so-
lennités musicales, souvent au profit des œuvres de bienfaisance, et par des concours musicaux ouverts
soit dans Paris soit dans les départements, excite la plus grande émulation entre tous les Orphéons.
Elle est formée de plus d'un millier de chanteurs hommes et compte parmi ses membres d'honneur :
MM-. Auber, Ambrbise Thomas, Georges Kastner, membres de l'Institut, des compositeurs de
mu-
sique et des fonctionnaires des plus distingués.

1
Elle est administrée par un comité dont le siège est établi rue Notre-Dame de Nazareth, et qui est
ainsi composé :

MM. DELAFONTAINE, Président. LORY,


MM. LEGRAND, CANTAREL, Trésorier.
Trésorier.
JOUVIN, 1
VAQUETTE, Secrétaires. VERNE,
YERNE, Bibliothécaire.
LÉTANG, Vice-présidents.

NOMS DES SOCIÉTÉS CHORALES

ALLIANCE
Noms.
CHORALE.
ALSACIENNE. DUSSOURT.
ARTS ET MÉTIERS. LHTAN&.
AUBERVILLIERS. - - VIEL.
Directeurs, MM.
VERriE.
soir Jours de réunion.
Mercredi, samedi, 9, h. du

id.
id.
Mercredi, samedi,
'Mercredi, samedi,
id. :
Rue Gambert,
Locaux.

Rue Malher, 5.
Rue Montgolfier, 1,
16.

BOOLOGNE-SUR-SEIXE. GIRARD.
- CHORALDE BELLEVILLE.. JOUVIN.
Mercredi, samedi,
Mardi, vendredi,
Mardi, vendredi,
iel.
id.
Mairie.
Mairie.
Chaussée Ménilmontant, 37.
LoRy. Lundi, mercr., vendr., id..
Roy.
CHORAL DE MONTMARTRE. Grande Rue des Batignol-
ENFANTS DE CHOISY-LE-
LEGRAND. Mercredi,
FÉRAT.
- samedi, id.
id.
les, 6.
Mairie.
ENFANTS
ENSEMBLE.
DE

FILS D'ORPHÉE.
PARIS..
VAQUETTE.
NICOLAS.
Mercredi, samedi,
Mercredi, samedi,
Mercredi, samedi,
id.
id.
Rue des Rosiers, 24.
Rue Beaubourg,,46.
Rue.VieiUe-du-Temple, '159;
I
GERMANLA SCHLOSSER. Mardi, vendredi, ici.- Rue de la Monnaie, 11,
GENHLLY. Mardi, jeudi, id
LIEDERTAFEL. ENDRES.
GANTAREL.
Mercredi, samedi, id. Mairie.
Boulevard Sébastopol, café
des Halles.
LOUVRE
ODÉON
MONTREUIL-ADX-PÊCHES..
DARNAULT.
GAGXE.
Mardi, vendredi.
Mardi, vendredi, id.
id.
id. Rue
Mairie.
d'Argenteuil, 37.

PANTIN.
DELAFONTAISE. Mardi, vendredi,
PORCHET. Mercredi, samedi, id. Rue Racine, 8.
Ecole communale.

2.
ANNÉE SCOLAIRE

'.CONCOURS DU CONSERVATOIRE

Le Conservatoire de Paris passer juste titre, et depuis longtemps déjà, pour la pre-
mière école de musique qu'il y ait en Europe. Mais bien peu de personnes se font une
idée exacte de cet établissement, et beaucoup se le figurent entièrement différent de ce
qu'il est.
Quant aux règlements qui le régissent, ils sont entièrement inconnus, non-seulement
du public, mais encore de la grande majorité des artistes.
Nous espérons donc être agréable à nos lecteurs en leur faisant connaître en détail
ce vaste établissement, en les initiant aux articles les plus importants de son règlement.
Le Conservatoire de Paris compte, dans le moment où nous écrivons ces lignes, neuf
cent trente-quatre élèves ainsi divisés :
Classe des hommes, trois cent cinquante;
Classe des femmes, deux cent trente-deux ;
Élèves auditeurs, soixante-dix-sept;
Élèves du cours d'Orphéon fait par M. Batiste, deux cent soixante-quinze
Tous les élèves du Conservatoire reçoivent gratuitementl'instruction musicale ou dra-
matique, dans quatre-vingt-six classes dirigées par quatre-vingt-un professeurs titu-
laires, agrégés ou répétiteurs.
Il y tt, en outre, au Conservatoire, un pensionnat de dix élèves hommes, spéciale-
ment destinés aux études lyriques. -
L'enseignement au Conservatoire est ainsi divisé :
1° Etude de solfège, étude de clavier, étude des rôles, constituant l'enseignement
élémentaire; 2° étude du chant; 3° étude de la déclamation lyrique; 4° étude du piano

Ce
celui des écoles communales. Les adultes hommes y sont seuls admis.
cours a pour objet l'enseignement simultané et populaire du, chant, d'un degré supérieur à
et de la harpe; 5° étude des instruments à archet; 6° étude des instruments à vent;
7° étude de l'harmonie, de l'orgue et de la composition; 8° étude de la déclamation
dramatique ou déclamation spéciale.
L'enseignement du solfège a deux degrés : le solfège collectif et le solfége individuel.
Il y a deux classes de solfége collectif; l'une des classes est faite par un professeur ti-
tulaire, l'autre par un professeur agrégé. Ce sont MM. Batiste et Lebel.
Le nombre des élèves pour ces deux classes est illimité. Quarante-cinq élèves compo-
sent aujourd'hui ces deux classes.
Il y a douze classes de solfège individuel ; chacune de ces classes ne peut admettre que
douze élèves au plus. Elles sont faites, pour la classe des hommes, par trois professeurs
titulaires : MM. Tariot, Henri Duveruoy, Savard, et par quatre répétiteurs : MM. Alkan,
Jonas, Durand et Gilette.
Six professeurs agrégés (dames) tiennent des classes de femmes : ce sont mesdames
Dupuis-Ruestenhollz, Raillard, Mercié-Porte, Lorotte et Maucorps-Delsuc. Il fautajou-
ter aussi madame Gobelin, qui tient aussi une classe de solfège pour les femmes.
La durée des
cours de solfége collectif est fixée à une année; celle des cours de sol-
fège individuel, à deux années, sauf les exceptions, dont le comité d'enseignement est
Juge.
L'étude du clavier forme cinq classes : deux de ces classes sont destinées aux hommes;
les trois autres sont pour les femmes. Les deux classes d'hommes sont faites par un
professeur agrégé et un répétiteur, MM. Croharé et Portehaut. Les trois classes de
femmes sont dirigées par un professeur agrégé et un répétiteur : madame Lemarchand-
Berchtold, Retz et mademoiselleJousselin.
Le chant est enseigné, au Conservatoire, dans huit classes, tenues toutes par des pro-
fesseurs titulaires. Ces professeurs sont : MM. Révial, Giuliani, Battaille, Masset, Laget,
Fontana, Gressetet Paulin-Lespinasse.
Le maximum des élèves de chant admis dans chaque classe est de huit.
Outre ces différentes classes de chant, il existe une classe tenue par M. Pasdeloup,
spécialement destinée à l'exécution des morceaux d'ensemble pour les chanteurs des
deux sexes. D'après les règlements, les élèves des classes de composition sont tenus d'y
assister; mais je ne suis pas bien sûr qu'ils y assistent régulièrement, tous.
La déclamation lyrique fournit quatre classes à notre école nationale de musique :
Deux pour l'opéra sérieux, autrement dit pour le grand opéra, dirigées par MM. Le-
vasseur et Charles Duvernoy, professeurs titulaires; deux pour l'opéra comique, tenues
par MM. Morin et Mocker, professeurs titulaires.
Il y a, en outre, une classe de maintien théâtral, tenue par M. Élie, professeur ti-
tulaire; une classe d'étude des rôles, par M. Henri Potier, professeur titulaire, et une
classe de lecture à haute voix, par M. Morin, professeur titulaire aussi.
Il y a six classes de piano, dont deux pour les hommes, dirigées par des professeurs
titulaires : MM. Marmontel et Laurent, et quatre pour les femmes, tenues par quatre
professeurs titulaires aussi, mesdames Farrenc et Coche, MM. Henri Herz et Lecouppey.
Chaque classe de piano comporte huit élèves au plus et deux élèves auditeurs ou
élèves aspirants.
La classe de harpe est tenue par M. Prumier.
Le violon se divise en quatre classes, sous la direction de MM. Alard, Massart, Charles
Dancla et Sauzai.
Le violoncelle est enseigné dans deux classes, par MM. Franchomme et Chevillard.
La contrebasse a pour professeur titulaire M. Labro.
Toutes ces classes admettent huit élèves chacune, avec deux élèves auditeurs; mais il
est rare que la classe de contrebasse soit au complet. Il n'y a dans ce moment que quatre
élèves pour cet instrument.
Les instruments à vent sont classés de la manière suivante :
Une classe de flûte, tenue par M. Dorus;
Une classe de hautbois, tenue par M. Verroust;
Une classe de clarinette, par'M. Klosé;
Une classe de cor ordinaire, par M. Gallay;
Une classe de cor chromatique, par M. Meifred;
Une classe de basson, par M. Cokken;
Une classe de trompette, par M. Dauverné aîné;
Une classe de trombone, par M. Dieppo.
A ces classes d'instruments il faut joindre les classes des élèves militaires, qui sont
aujourd'hui annexées au Conservatoire.
Il y a une classe de cornet à pistons, dirigée par M. Forestier;
Une classe de saxophone (pour la famille entière de ces instruments), tenue par
M. Adolphe Sax;
Et une classe de saxhorn, faite par M. Arban.
Les élèves militaires jouissent en outre, au Conservatoire, de deux cours de solfège,
laits par MM. Napoléon Alkan et Émile Durand, et de deux classes d'harmonie et de
composition, tenues par MM. Bazin et Jonas.
Toutes ces classes sont faites par des professeurs titulaires; elles comportent huit
élèves au plus et deux élèves auditeurs.
Mais il est rare que la classe de basson et les classes de cor soient complètes. La
classe de basson ne compte en ce moment que quatre élèves.
La classe de harpe est aussi très-souvent pauvre d'élèves, malgré tout le talent et le
zèle du professeur qui la dirige, et les efforts du directeur du Conservatoire pour en-
courager l'étude de cet instrument, si éminemment utile dans les orchestres, et qu'on
délaisse à tort.
D'après les règlements, il doit y avoir au Conservatoire une classe d'ensemble instru-
mental, avec des programmes combinés de manière à ce que les élèves de piano, de
harpe, d'instruments à archet et à vent y participent également. Mais, si mes informa-
tions sont exactes, cette classe ne fonctionne pas encore d'une manière régulière.
M. Baillet est le professeur titulaire de cette classe, qui, mieux réglée, pourrait contri-
buer de la manière la plus efficace au progrès des élèves, en leur donnant ce qui leur
manque à tous, plus ou moins, l'expéritnce.
L'harmonie est enseignée dans six classes : deux de ces classes ont pour unique objet
l'harmonie écrite. Elles sont faites pour les hommes et tenues par des professeurs titu-
laires : MM. Anlony, Elwart et Reber. Ces classes comportent chacune, au plus, douze
élèves et quatre aspirants. Une autre classe, faite aussi pour des hommes, a pour objet,
avec l'harmonie écrite, l'accompagnement au piano de la grande partition d'orchestre.
Le professeur titulaire de cette classe est M. François Bazin. Comme dans les classes
précédentes, huit élèves au plus, et quatre élèves aspirants sont admis au cours d'har-
monie et d'accompagnement.
Deux autres classes d'harmonie et d'accompagnement sont réservées aux femmes,
ayant le même nombre d'élèves et d'auditeurs. L'une de ces deux classes est faite par
un professeur titulaire, M. Bienaimé; l'autre par un professeur agrégé, madame Du-
fresne.
Les cours d'harmonie simple et les cours d'harmonie et d'accompagnement doivent
durer, pour chaque élève, trois ans au plus.
La classe d'orgue et d'improvisation est tenue par un professeur titulaire, M. Be-
noist. Cette classe est faite pour douze élèves et deux auditeurs.
Après l'harmonie, les élèves passent dans les classes de haute composition. Ces
classes, au nombre de quatre, sont dirigées par MM. Halévy, Carafa, Ambroise Thomas
et Leborne.
Dans ces classes, les élèves, nombre4 de douze de
au et quatre auditeurs pour chacune
d'elles, divisent leurs études deux catégories : le contre-point et la fugue, et la com-
en
position idéale.
L'enseignement est réglé, au Conservatoire, par. te directeur, conformément aux dé-
libérations des comités des études musicales et dramatiques.
Le comité des éludes musicales est composé de douze membres, dont neuf, compris
y
le directeur et le commissaire du
gouvernement, appartiennent au Conservatoire ; les
trois autres membres sont choisis parmi les
personnes étrangères à l'école, par le mi-
nistre, et, sur la proposition du directeur, dans les diverses spécialités de l'enseigne-
ment.
L'étude de la déclamation spéciale comprend quatre classes, tenues par des profes-
seurs titulaires, qui sont actuellement MM. Provost, Beauvallet, Régnier, et mademoi-
selle Augustine Brohan. Chaque professeur de déclamation dramatique fait deux cours
par semaine ; tous les élèves de déclamation sont tenus d'assister aux leçons de chaque
professeur.
Les professeurs de musique, titulaires ou agrégés, sont obligés de donner trois le-
çons, de deux heures chacune, par seipaine.,
A côté de ces deux classes de professeurs, il a au Conservatoire, comme nous l'a-
y
voiis dit plus haut, des répétiteurs, lesquels sont nommés par le directeur, sur la pro-
position des professeurs auxquels ils doivent être attachés. Ces répétiteurs sont chargés,
sous la direction des professeurs, de donner l'enseignement préparatoire aux élèves
admis dans les classes; ils n'.ont que des fonctions temporaires, dont le terme ne doit
pas dépasser trois années.
N'oublions pas de dire que le comité des études dramatiques se compose toujours du
directeur, du commissaire du gouvernement, des professeurs des classes de déclama-
tion, et de trois membres étrangers à l'établissement. Les commissaires du gouverne-
ment près le Théâtre-Français et l'Odéon doivent également assister aux séances du cô-
mité des études.
Enfin, il y a au Conservatoire un professeur d'escrime pour les élèves qui se desti-
nent au théâtre. Ce professeur est M. Grisier, et il a le titre de professeur titulaire.
Pourquoi a-t-on supprimé le professeur de danse, et surtout le professeur de gram-
maire qui, jadis, étaient attachés à notre école de musique et de déclamation? Il nous
serait impossible d'en pénétrer la raison; car, en ce qui touche la dernière-de ces
classes, si nous savons tous les services que peuvent rendre à beaucoup de jeunes ar-
tistes l'étude de la grammaire française, nous ne connaissons aucun des inconvénients
qui ont pu entraîner sa suppression au Conservatoire.
L'ignorance de certains artistes en dehors de leur art est vraiment déplorable. Nous
pourrions citer des compositeurs en renom, dés exécutants célèbres, qui n'ont jamais lu
Racine, et déploient autant de fantaisie dans l'orthographe que dans leurs fantaisies
musicales.
Après le directeur du Conservatoire, que tout le monde sait être notre savant et glo-
rieux compositeur, M. Auber, et l'administrateur, M. Lassabathie, l'administration de
l'école se compose :
1° D'un secrétaire attaché à la direction de l'école, M. de Beauchesne; 20 d'un agent
comptable chargé de la caisse et de la comptabilité, M. Hety; 5° d'un surveillant des
classes, M. Ferrière; 4° d'un bibliothécaire en chef, M. Berlioz, membre de l'Institut;
5° d'un préposé à la bibliothèque, M. Leroy..Et puisque nous venons de parler des bi-
bliothécaires, disons quelques mots de la bibliothèque.
La bibliothèque du Conservatoire, composée d'oeuvres de musique et de livres relatifs
à l'art musical et à l'art dramatique, n'est pas seulement créée à l'usage des élèves de
cet établissement, elle est entièrement publique. Si la bibliothèque n'est pas encore
aussi riche qu'on serait peut-être en droit de l'exiger, il faut reconnaître qu'elle s'aug-

alloué.
mente incessamment par le dépôt des ouvrages nouveaux, en vertu de l'ordonnance du
29 mars 1834, et quelquefois aussi, mais trop rarement, par des acquisitions pour les-
quelles un crédit, hélas ! bien chétif, lui est
Un musée d'instruments manquait au Conservatoire ; le gouvernement a fait l'acqui-
sition du musée particulier de M. Clapisson, qui a été transporté dans cet établisse-
ment et peut être visité par le public. M. Clapisson a été nommé conservateur de ce
musée.
Nous avons dit plus haut qu'il y avait au Conservatoire un pensionnat de dix élèves
hommes, spécialement destinés aux études lyriques. Autrefois il a existé un pensionnat
pour les femmes destinées spécialement aussi aux études lyriques; mais on a reconnu
l'inconvénient de ces deux pensionnats dans un même établissement. Pour être juste
envers les femmes pensionnaires exclues de l'école, il a été créé un nombre égal de
pensions à huit cents francs chacune, attribuées aux élèves femmes qui ont besoin d'être
secourues et se destinent au théâtre lyrique.
Le crédit du Conservatoire (crédit beaucoup trop restreint pour les services que cet
établissement rend au pays), ne permet pas toujours d'accomplir ces libéralités.
Tout élève admis au pensionnat, ou à qui une [tension est allouée, contracte, par ce
fait même, l'engagement de débuter, à l'expiration de ses études, sur. un des théâtres

sur ces mêmes théâtres.


subventionnés par l'État. Cette obligation lui constitue également un droit au début

Le pensionnat est placé sous la surveillance d'un chef, qui est aujourd hui M. Charles
Duvernoy.
Maintenant, jetons un coup d'œil sur le chapitre de l'admission des élèves, sur leurs
droits et aussi sur leurs devoirs.
Les aspirants aux classes du Conservatoire doivent se faire inscrire au secrétariat, et
aucun aspirant ne peut être admis s'il a moins de neuf ans et plus de vingt-deux. Au
delà de celte limite, l'admission n'a lieu qu'exceptionnellement.
Les aspirants sont examinés par les comités.
Il y a deux examens d'admission, l'un an mois de décembre, l'autre au mois de juin.
II y en a bien un troisième au mois de mars, mais seulement pour les chanteurs, lesquels
sont toujours les bienvenus au Conservatoire, quel que soit leur âge, lorsqu'ils apportent
une belle voix.
Après son admission, l'élève a le droit de rester dans les classes une année au moins.
Tout élève qui manque la classe deux fois dans le mois, sans excuse légitime, est rayé
des contrôles.
Un article du règlement qui pourrait paraître sévère et qui n'est que sage, est ce-
lui-ci: aucun élève ne peut, sous peine de radiation, contracter un engagement avec
un théâtre quelconque, jouer un rôle, chanter ou exécuter un morceau sur un théâtre,
dans un orchestre, ou dans un concert public, sans la permission expresse du directeur.
Les mères des élèves femmes ont aussi leur droit au Conservatoire; elles ont le droit
d'assister aux leçons données à leurs filles.
Enfin la France, libérale dans toutes ses institutions, admet au Conservatoire des
élèves étrangers après quelques formalités accomplies. Ils y jouissent des mêmes avan-
tages et sont soumis aux mêmes devoirs que les élèves nationaux.
En ce qui concerne les prix à décerner aux élèves, les règlements en vigueur depuis
le 22 novembre 1850 portent :
1° Il ne peut être décerné plus d'un premier prix, d'un second et de trois accessit
gradués dans toutes les branches de l'enseignement pour les élèves de chaque sexe, dans
les classes où ils concourent séparément.
2° Dans le cas où le scrutin attribuerait le même prix à deux ou plusieurs élèves,
ce prix appartiendrait à celui qui aurait réuni le plus de voix, et, en cas d'égalité de
suffrages, au plus âgé, à l'exclusion des autres.
3° Toutefois, dans le cas où, à l'unanimité, le jury déciderait que deux élèves ont
fait preuve d'un mérite égal,
un premier prix pourra être décerné à chacun d'eux.
40, Un premier prix,
un second prix et des accessit gradués sont affectés séparément
aux élèves hommes et aux élèves femmes qui concourent dans les classes de déclama-
tion lyrique et de déclamation dramatique.
Du mois de novembre au mois de juin, six exercices lyriques et dramatiques, aux-
quels sont conviés un grand nombre de spectateurs étrangers, ont lieu dans la grande
salle du Conservatoire. Les élèves qui prennent part à ces exercices, excellents sous
tous les rapports, sont désignés par le directeur.
Quand nous aurons dit que l'année scolaire commence le i' octobre, qu'elle finit
immédiatement après le concours, et que l'enseignement des hommes est séparé de
celui des femmes, excepté dans les classes de déclamation lyrique et de déclamation
dramatique, nous aurons, je pense, donné à nos lecteurs une idée suffisante des rouages
administratifs du Conservatoire et de l'importance de cet établissement.
Ajoutons que M. Auber le dirige avec un zèle qui n'a d égal que le zèle de tous les
-employés supérieurs de l'administration et celui des professeurs, dont on ne saurait
trop louer les services précieux, services poussés parfois jusqu'au dévouement.
Parlons à présent des concours qui, cette année, ont été très-remarquables, et com-
mençons par la tragédie.
Le nombre des récompenses accordées (récompenses que nos lecteurs trouveront con-
signées plus loin, avec le résultat de tous les autres concours) me prouve que le jury
ne désespère pas de l'avenir de la tragédie dans notre pays.
Quant à l'avenir de la comédie, nous en répondrions avec plus d'assurance.
l'armi les hommes, l'élève qui a obtenu le premier prix, M. Laroche, est un acteur
charmant déjà; il a pour lui la distinction, une voix sonore, un visage très-avenant et
un certain air de noblesse qu'il doit plus encore, peut-être, à la nature qu'à l'étude.
M. Laroche a concouru dans le quatrième acte des Femmes savantes, et il a dit avec
beaucoup d'esprit et de chaleur le ravissant dialogue avec Trissotin.
Le jury n'a point accordé de second prix de comédie.
Mademoiselle Danbrecourt est une jolie petite brune qui'<a conquis tous les suffrages,
en jouant le rôle de la fille de lady Tartufe dans la pièce de ce nom. Mademoiselle Dan-
brecourt possède un véritable talent, talent sympathique, heureusement secondé par un
organe doux et caressant comme une suave mélodie.
On lui a donné le premier prix, c'est très-bien; mais pourquoi n'a-t-on pas donné la
même récompense à mademoiselle Rousseil? Certes, cette dernière jeune fille n'a pas

de la comédienne.
moins de talent que mademoiselle Danbrecourt, et la nature, à son égard, ne s-, est pas
montrée moins prodigue de tous les charmes de la femme, qui sont une des nécessités

Peut-être la balance, entre les mains du jury, a-t-elle penché en faveur de mademoi-
selle Danbrecourt exclusivement, parce que mademoiselle Rousseil avait obtenu le_pre-
mier prix de tragédie.
<' à la classe de déclamation du
Quoi qu'il en soit, ces deux jeunes artistes font honneur
Conservatoire. -
Le premier accessit est échu à mesdemoiselles Bernard et Petit. La première de ces
jeunes filles n'est pas née pour la comédie, mais elle a sa place marquée dans le drame;
le second prix de tragédie lui a été accordé, et c'est grande justice. Il y a dans l'expres-
sion du visage de cette toute jeune artiste (elle a seize ans), dans sa tenue, dans le son
de sa voix et dans sa manière de dire, quelque chose de sympathique et d'essentiellement
émouvant. Mademoiselle Bernard a la corde du cœur. Je ne serais point surpris delà
voir briller un jour au premier rang.
Mademoiselle Petit a concouru dans le Barbier de Séville, et le public l'eût reconnue
au portrait que fait d'elle, dans la pièce, le malin Figaro. C'est assez dire qu'elle est
charmante de sa personne. Ajoutons qu'elle a le talent de sa physionomie.
Que manque-t-il à mademoiselle Lloyd, qui est une belle personne, et une personne
Ires-distinguée, pour être parfaite? Uniquement un peu de force dans la voix. Mais la -
force vient avec l'âge, et mademoiselle Lloyd est encore toute jeune.
Mademoiselle Roussel est aussi une charmante personne (je crois en vérité qu'elles le
sçnt toutes! ), mais elle manque un peu d'animation. L'animation, comme l'ampleur
dans la voix, viendra certainement avec les années. Le poète Delille eut dit : avec les
printemps.
obtenue.
Mesdemoiselles Nancy et Surand méritent à tous égards la distinction qu'elles ont

Cinquante-deux élèves des deux sexes ont pris part au concours de chant, qui, en
somme, a été très-satisfaisant. Le jury, composé de MM. Auber, président, Édouard
Monnais, commissairedu gouvernement près les théâtres impériaux, Ambroise Thomas,
Georges Kastner, Halévy, Wekerlin, et des ténors Roger et Montaubry, a décidé, après
une longue délibération, que le premier prix devait être accordé en partage à MM. Ca-
ron et Morere, le premier élève de M. Saget, le second de M. Révial. M. Caron ne fait
partie du Conservatoire que depuis deux ou trois mois, et il a fallu, pour l'admettre à
concourir, fermer les yeux sur les règlements de l'école.
Si M. Capoul (un ténor de grâce) a chanté l'air de Joseph d'une manière un peu af-
fectée dans certains
passages, il a été néanmoins évident pour tout le monde que ce
jeune homme est supérieur à ses camarades par le goût et la méthode. M. Capoul vient
d'être engagé à l'Opéra-Comique.
Un élève de la classe de M. Grosset, M. Laderac, a remporté le second prix.
Nous n'avons que des encouragements à donner à MM. Peront, Vidal et Rougé, aux-
quels sont échus lé 1er, le 2e et le 5e accessit. •
Un diamant, une perle, un joyau sonore est sorti du concours des femmes.
Ce diamant, cette perle, ce joyau mélodique, c'est mademoiselle Gico, qui, dans l'air
si difficile des Huguenots, a excité l'enthousiasme de la salle entière. Cette jeune fille
est une artiste extrêmement remarquable déjà, et qui deviendra certainement une ar-
tiste hors ligne lorsque, mettant entièrement à profit tous les conseils de son professeur,
son cœur et son âme se seront assez ouverts aux beautés de l'art pour donner à tous les
accents de son chant la spontanéité et cette chaleur mystérieuse et vivifiante qui parfois
lui manque encore. Certes on ne saurait phraser mieux et chanter avec une voix plus
agréable et plus savamment conduite; c'est parfait, et mademoiselle Cico est un chef-
d'œuvre d'élève (si je puis m'exprimer ainsi), mais c'est encore une élève. Et-je le lui
dis, parce que je lui porte intérêt. -

Qu'elle ne se laisse pas éblouir par ce premier succès, qu'elle continue de travailler
avec son professeur, qu'elle s'applique à penser, à sentir par elle-même ce que jusqu'ici
M. Révial a pensé et senti pour elle, et je le prédis, sans viser au prophète, nous aurons
bientôt, en mademoiselle Cico, une grande cantatrice.
Mademoiselle Ennequiste, qui, dans ces derniers temps, a débuté sous le nom de Bion-
dina, au théâtre des Italiens, a mérité le second prix avec l'air du Trouvère. Cette
jeune artiste possède une très-belle voix, qu'elle doit s'attacher à rendre plus agréable
et plus souple dans les nôles élevées du registre. Il est une partie de cet air de Verdi
que mademoiselle Ennequiste a littéralement enlevée; c'est le long trille qui s'y trouve,
et dont les cantatrices suppriment d'ordinaire une bonne partie, faute de respiration né-
cessaire. En somme, cette jeune artiste a de très-bonnes qualités, sur lesquelles il est
permis de fonder de légitimes' espérances.
• Un second prix a été aussi accordé à mademoiselle Broù de la Yessière, qui, pour
mon compte, m'a fait le plus grand plaisir dans l'air de.Casta Diva.
J'en dirai autant de mademoiselle lieboux, qui a été véritablement charmante dans
les variations de la Cenerentola.
Parmi les accessit, je dois une mention spéciale à mesdemoiselles Chaudouèt et
Noémi Rey. La première de ces jeunes personnes possède une voix pleine, sûre et. bien
timbrée. Elle a dit avec beaucoup de charme (les applaudissements de la salle ont dû le
lui prouver) l'air de Sémiramis, qui n'est point un air facile à chanter, tant s'en faut.
Quant à mademoiselle Rey, - joli visage et* tournure distinguée, - entendre les
sons isolés de sa voix, c'est déjà entendre de. la musique, tant cette voix est jeune,
suave, pure, cristalline et sympathique dans toute l'étendue de l'échelle. Mademoiselle
Noémi Rey est depuis peu de mois au Conservatoire,m'a-t-on dit, et la mention qu'elle
a obtenue dans cette épreuve, doublement difficile par le grand nombre des concur-
rentes et leur degré d'avancement en général, est de nature à l'encourager fortement.
Mademoiselle Rey a chanté l'air si charmant- de Lestoq, et j'ai vu l'illustre auteur de ce
délicieux opéra, M. Auber, donner, à plusieurs reprises, durant l'exécution de ce mor-
ceau, des signes de son assentiment. -

Cette année, comme les précédentes, M. Marmontel triomphe par le nombre des ré -
compenses accordées à ses élèves, dans le concours de piano.
Cest d'abord M. Lavignac, un jeune Bordelais d'une douzaine d'années, qui joue avec
des qualités si charmantes et si réelles déjà, qu'on croirait parfois entendre quelqu'un
de nos virtuoses en grand renom ;
Puis MM. Emmanuel et Wiegman, qui distinguent tous deux par un jeu sévère et
se
correct; enfin M. Deluhayc, qlili joue avec un brio peu commun et a été l'objet d'une
manifestation enthousiaste de la part du public.
Quant à la classe de M.- Laurent, elle a fourni un sujet véritablement très-distingué,
M. Bernard, qui n'a plus qu'un
pas à faire pour paraître partout un pianiste de premier
ordre.
Le jury s'est monlré galant en accordant aux femmes trois premiers prix de piano.
A vrai dire, c'était là une galanterie forcée,
car si mesdemoiselles Lachaine et Blanc, de
la classe de M. Lecouppey, ont bien mérité de la patrie et du clavier, mademoiselle Pei-
chel, de la classe de M. Ilerz, ne bur est inférieure en rien.
Ces jeunes artistes, très-sufifsammentrécompensées par le premier prix, "me permet-
tront de m'occuper des secondes mentions.
Chacun a ses fibres sensibles, que certains artistes ont le pouvoir de faire vibrer.
Pour moi, pour mes nerfs, pour mon cœur, le jeu si pur, si délicat, si essentiellement
féminin de mademoiselle Bessaignet a des attraits tout particuliers, et la beauté distin-
guée de cette jeune personne ajoute encore au charme de son talent. Si je dis que ma-
demoiselle Bessaignet m'a rappelé madame Pleyel dans certains traits de ce poétique
concerto de Chopin, en mi mineur, j'aurai, je crois, fait de cette jeune pianiste tout
l'éloge qu'on en peut faire.
Mademoiselle Bessaignet a partagé le second prix avec mademoiselle Dehays-Meifred.
Cette élève fait le plus grand honneur à la classe de madame Coche. Mademoiselle Dehays-
Meifred est, si nous ne nous trompons, la nièce de M. Meifred, l'excellent professeur de
cor à pistons au Conservatoire. Un jeu savant, une grande régularité dans la mesure,
des doigts souples et doués de cette exquise sensibilité qui est le secret de la belle qua-

d'expérience.
lité du son au piano; voilà, en peu de mots, l'analyse du talent de cette jeune personne,
à laquelle il ne manque plus, pour être une pianiste accomplie, que quelques années

Après les deux seconds prix, et pour ainsi dire à côté d'eux, viennent se placer mes-
demoiselles Bernard, de Biéville et Cellier.
Mademoiselle de Biéville est la fille du critique érndit et si judicieux du Siècle, et
mademoiselle Cellier a pour père l'honorable avocat de ce nom.
Le concours d'opéra comique réunissait vingt concurrents.
Capoul, qui a manqué son premier prix de chant, pour prouver une fois de plus
qu'il ne faut jurer de rien en fait de choses à venir, et que le plus adroit tireur
peut manquer un veau à quinze pas, Capoul a pris une éclatante revanche dans le con-
;
cours d'opéra comique. Ce jeune artiste ne s'est point ménagé il a successivement paru
dans des fragments du Songe d'une Nuit d'été, des Diamants de la Couronne et du
Caïd. Dans tous ces rôles il s'est montré bon chanteur et comédien intelligent. Le pre-
mier prix lui a été décerné à l'unanimité par le jury, composé de MM. Auber, Monuais,
Halévy, Thomas. Kastner, Bazin, Cabanis, chef du bureau des théâtres au ministère
d'État, et Perrin, ancien directeur du théâtre de l'Opéra-Comique.
Le concours des femmes m'a paru plus satisfaisant encore dans son ensemble que le
concours des hommes. Le premier prix a été donné en partage, et à l'unanimité, à mes-
demoiselles Balbi et Tlico, la reine du concours de chant. Je connaissais mademoiselle
Balbi pour être une des plus agréables cantatrices de concert, mais combien j'étais loin
de soupçonner ses excellentes dispositions pour la comédie !
MM. Beaumont, directeur de l'Opéra-Comique, et Bety, directeur du Théàtre-Lyri-
que, ont vu mademoiselle Balbi dans cette scène d'opéra comique; tous deux, j'en suis
sûr, voudront l'engager.
Mademoiselle Cico n'a pas eu moins de succès que mademoiselle Balbi, et le travesti
de Carlo Broschi - justaucorps rouge, manteau brun, bottes molles et chapeau mous-
quetaire — rehaussait encore la beauté naturelle de cette jeune personne. Elle a chanté
en perfection et joué en artiste expérimentée.
Les trois seconds prix ont été bien mérités par mesdemoisellesSimon, qui a concouru
dans une scène de Y Étoile du Nord ; Reboux, jolie blonde, qui a chanté, d'une fort

jolie voix, le duo du Songe d'une Nuit d'été;
— et Rolin, qui apporte dans son jeu un
esprit et une finesse charmante.
Je dois aussi, pour être juste, une mention très-honorable à mademoiselle Saint-
Aguet, qui, dans une scène isolée, assez ingrate, parce qu'elle a besoin, pour être bien
jouée et chantée, d'être préparée par les scènes précédentes, a fait preuve d'une voix
souple et très-juste, de beaucoup de grâce et de naturel comme comédienne.
Quand on voit deux violoncellistes aussi éminemment distingués que MM. Fran-
chomme et Chevillard comme professeurs de violoncelle au Conservatoire, on a sujet
de s'étonner de la faiblesse extrême des classes de cet instrument.
En revanche, l'école du violon au Conservatoire est sans contredit la première école
de ce. genre que nous ayons en Europe. Chaque année ajoute un progrès à l'année qui
s est écoulée, surtout en ce qui concerne le maniement de l'archet. Quant au méca-
nisme proprement dit, le progrès n'est pas aussi sensible, et c'est moins par une jus-
tesse irréprochable, par des traits en double corde, dont ils se montrent très-sobres, que
par la qualité et l'ampleur du son que les élèves de violon du Conservatoire se distin-
guent en général.
Après une longue délibération, le jury, composé de MM. Auber, Edouard Monnais,
Ambroise Thomas, Georges Ivastner, Benoist, Deldevez, Hermann, Norblin et Prumier
père, a décidé qu'il y avait lieu à décerner trois premiers prix.
Cette décision a paru juste, et c'est au milieu des applaudissements de la salle entière
que les trois vainqueurs, MM. Willaume et Jacobi, élèves de M. Massait, et mademoi-
selle Casfellan, élève de M. Alard, sont venus recevoir la bonne nouvelle de la bouche
de M. Auber. Ces trois lauréats, s'ils ont le même mérite en somme, se distinguent par
des nuances bien tranchées. M. Willaume a compris l'œuvre de Kreutzer en excellent
musicien, et il sait avec feu, mais sans emportement, communiquer au public les émo-
tions qui l'animent; c'est un virtuose.
M. Jacobi, excellent musicien aussi, a plus de sévérité dans le jeu que d'expansion
naturelle, et il me paraît plus propre à briller dans la musique concertante, dans le
quatuor, par exemple, que dans les solos.
Mademoiselle Castellan est dotée comme une femme artiste doit l'être; le charme est
son partage, et sa beauté naturelle, sa grande distinction, ajoutent un attrait de plus au
plaisir qu'on a de l'entendre.
D'après ce que j'ai dit de l'ensemble du concours de violon, je ne me crois pas obligé
d'entrer dans les détails touchant l'exécution de tous les lauréats; j'ajouterai seulement
un mot : c'est que s il avait pu être donné quatre premiers prix, M. Lclong, élève de
M. Sauzai, n'eut pas eu le second.
Dans le concours de grand opéra, signalons d'abord M. Morère, un véritable fort té-
nor, celui-là, et que le public, qui se croyait sans doute à l'Obéra, a voulu rappeler après
la grande scène du quatrième acte des Huguenots. Ce chanteur a fait, comme chanteur,
de remarquables progrès depuis un an, tout le monde s'accorde à le reconnaître, et il
montre d'excellentes dispositions pour le drame. L'Opéra peut dormir tranquille, il a
pour le moins un ténor sur la planche.
La jeune personne qui a joué la scène des Huguenots avec M. Morère, mademoiselle
Rosez, n'a pas encore dans la voix toute l'ampleur nécessaire au grand opéra, mais elle
a le geste dramatique, l'accent qui pénètre le cœur, et l'on peut tout espérer de sou
avenir. Le jury lui a décerné un second prix en partage avec mademoiselle Simon, une
belle jeune fille à laquelle le public a fait aussi le plus chaleureux accueil.
Les premiers prix ont été remportés par mademoiselle Cico (déjà deux fois nommée),
et par mademoiselle Ennequiste, dont le talent s'est révélé complet dans cette dernière
épreuve. Cette cantatrice est élève de M. Masset, pour le chant, et de M. Levasseur pour
la déclamation lyrique Si mademoiselle Ennequisle ne pouvait pas avoir de meilleurs
professeurs, ces derniers ne pouvaient espérer former une élève qui leur fît plus
d'honneur.
Mesdemoiselles Dupin et Reboux ont grandement mérité le premier accessit qui leur
a été donné en partage et à l'unanimité.
Et maintenant passons à la harpe et aux instruments à vent.
MM. Auber, Edouard Monnais, Georges Kastner, Henoist, Pasdeloup, Paulus et Fré-
déric Duvernoy composaient le jury avec M. le général Mellinet, aussi savant et aussi
brave militaire que dilettante raftiné et qu'excellent musicien. M. le général Meilinet,
on le sait, est inspecteur des musiques militaires de l'empire.
Le concours de harpe a été faible. Bien que la classe de M. Prumier compte une demi-
douzaine d'élèves pour cet instrument, il n'a donné pour toute récompense qu'un pre-
mier accessit à mademoiselle Landoux.
La flùt.e, sous la direction de M. Dorus, a donné d'excellents résultais, deux premiers
prix, un très-bon second et deux accessit.
M. Fourcade-Cancellé, qui a obtenu le premier prix de hautbois, est un véritable ar-
tiste, qui tient de son excellent professeur,Verroust,certaines des précieuses qualités de
ce maîIre.
Cette classe tout entière a été remarquable.
Le cor à pistons, qui devrait bien enfin remplacer le cor ordinaire, puisqu'on peut
faire sur le cor à pistons tout ce qu'on fait sur le cor ordinaire, et qu'on ne peut faire
sur ce dernier instrument que la centième partie des traits qu'on exécute sur l'autre,
le cor à pistons n'est pas encore généralement cultivé en France; on a cultivé, avant
toute chose, la routine et le préjugé.
Deux accessit, voilà tout ce que la classe de cor à pistons a donné.
La trompette sonne vigoureusement et chante avec grâce sous les lèvres de M. Mignot
et de M. Laurent, qui ont obtenu le premier et le second prix pour cet instrument.
Quant au basson qui, le plus souvent, brille par son absence aux concours du Conser-
accessit.
vatoire, il s'est relevé cette année, et a fourni deux prix et deux
Le cor ordinaire nous a révélé un cor qui n'est point ordinaire, dans la personne de
M. Wibo. Ce jeune artiste possède une belle qualité de son sur son instrument, et c'est
là le point important.
OSCAR CnMETTAXT.
LISTE DES LAURÉATS

ORGUE — M. Pouzot, élève de M. Batiste.


1er grand prix, M. Péron. — M. Corbaz, élève de M. Savart.
2e M. Diémen. — M. Wenner, élève de M. Émile
— Jonas.
1er accessit, M. Jacob.
2e M. Roques. 3es
— M. Bonnange, élève de M. Du-

3e
— M. Sieg. vernoy.
Tous élèves de 51. Benoît. M. Hammerl, élève de M. Batiste.

M. Barbarat, élève de M. Savart.
CONTRE POINT ET FUGUE —
M. Laffage, élève de M. Émile

1" prix, M. Diémer, élève de M Bazin et de Jonas.
M. Amb. Thomas. — M. Hess, id.
2e 1er Émile Girard, élève de M. Amb. Tho-
— M. FEMMES.
mas et de M. A. Elwart. 1res médailles, Mlle Picard, élève de
2e prix, M. Rembielinski, élève de M. F. Ilalévy. Mlle Mercié-
1er accessit, M. Ducoudray-Bourgault, élève de Porte.
— Mlle Riester, élève de Mlle Hersant.
M. Amb. Thomas.
2e 5I1U Charlotte Jacques, élève de — Mlle Davis, élève de M. Lebel.
— illlle Drevet, id.
M. Leborne. —
— 511Ie Cavailhés, élève de Mme Mau-
HARMONIE ET ACCOMPAGNEMENT corps.
PRATIQUE Mlle Tissot, élève de M. Lebel.

51lk' Laviolette, élève de Mme Dou-
HOMMES. —
1" prix, M. Léon Delahaye. mic.
2e Pessard.
M. — Mlle Boutoille, id.
— Mlle Patin, élève de 5PU Hersant.
1er accessit, M. Kleczinski. —
2e — M. Pradeau. — Mlle Girardot, élève de M. Lebel.
3* M. Colomer. 2es
— Mlle Wilden, élève de Mme Mau-

Ces cinq lauréats sont élèves de M. François corps.
Bazin. 11ll. Mangot, élève de M. Batiste.

Mlle de Biéville, élève de M. Goblin.
FEMMES. —
— Mlle Anspacher,élève de M. Lebel.
1" prix, Mlle Mongin, élève de M. Bienaimé. Mlle Baute, élève de Mme Doumic.
M11* Rouget de Lisle, élève de Du- —
2e 1er
— Mme 3" — Mlle Courtois, élève de M. Batiste.
fresne. Mlle Leprévost, élève de Mlle Her-
2e prix, Mlle Bessaignet, id. —
sant.
1er accessit, Mlle Remaury, id. 51"* Mayrargue, él. de Mlle Barles.
2* Mlle Roulle, élève de M. Bienaimé.

— — MIle Rambault, id.
3* 5111" Courmaire, id. Mlle Picamelot, élève de M. Batiste.
— — élève
51Ilc Hoffer, de M. Lebel.
HARMONIE ÉCRITE —
— MI, Kortmann, élève de Mme Mau-
1er prix, M. Wachmann, élève de M. Reber.
corps.
2e
— M. Baretty, id. — M"6 Larcéna, élève de Mll' Rail-
1" accessit, M. Placel, id. lard.
2e — M. Godin, id. Mlle Beaumont, élève de M'°'Mau-

SOLFÈGE corps.
Mlle Cayrol, élève de Mme Doumic.

HOMMES. Mlle Lovato, élève de Mlle Hersant.

1 e. médailles : M. Chaffet, élève de M. Savart.
M. Arnoud, élève de M. Durand. CONTRE-BASSE

— M. Suiste, élève de M. Batiste. ,
PROFESSEUR M. LABRO.
2es
— M. Carben, élève de M. Durand. 1er prix, M. Bernard.
— M. Bourgeois, élève de M. Savart. 2' — M. Baute.
ÉTUDE DU CLAVIER 5e Mlle Rollin, élève de M. Masset.

1ers médailles, Mlla Noël, élève de M. Jousselin. — Mlle Ebriird. élève de M. Laget.
Mlle Imbault, élève de Mme Réty.
— PIANO
— Mlle Pendefer, id.
HOMMES.
2es
— Mlle Adcock, élève de Mme Jous-
selin. 1er prix, partagé entre M. Lavignac, élève de
Mlle Tissot, élève de Mme Réty. M. Marmontel, et M. Bernard, élève
— de M. Laurent.
— l'Ille Cantin, élève de Mme Jous-
selin. 2e
— M. Emmanuel, élève de M. Marmontel.
1er accessit, M. Wiégan, id.
TRAGÉDIE 2e — M Delahaye, id.
5' — partagé entre M. Martin, élève de
HOMMES. M. Marmontel, .et M. Suiste, élève
1er prix, M. Laroche, élève de M. Provost. de M. Laurent.
1er accessit, M. Hucherard, élève de Beau-
2e
vallet.
Bonaventure, élève de
M.
M.

1er prix, partagé entre


FEMMES.
Lachaîne, élève de
Mlle
— M. Beau-
vallet. M. Lecouppey, Mlle Blanc, id., et
3e M. Beauvallet, élève de M. Beau- Mlle Peichel, élève de M Henri Herz.

vallet. 2e
— partagé entre Mlle Bessaighet, élève de
Mme Farrenc, et Dehays-Meifred,
Mlle
FEMMES. élève de Mme Coche.
1er prix, Mme Rousseil, élève de M. Régnier: 1er accessit, Mlle Bernard.
partagé entre
2e
— Mlle Bernard, élève de M. Provost. 2e
— Mlles de Biéville et
4" accessit, Mlle Nancy, élève de Mlle Brohan. Cellier.
3e Mlles Merangue et Petit-Jean.
COMÉDIE —
OPÉRA COMIQUE
HOMMES. (25 juillet).
1er prix, M. Laroche, élève de M. Provost.
HOMMES. ,
1 er accessit, M. Andrieu, élève de M. Provost. 1er prix, à l'unanimité, Capoul, élève de
M.
M. Révial pour le chant, et, pour
FEMMES.
1er. prix, Mlle Danbrecourt, élève de M. Régnier.
l'opéra comique, de M. Mocker.
2e — Mlle Rousseil, id.
2e
— M. Geraiser, élève de M. Laget pour le

2e

Mlle
»
1er accessit, Mlle Bernard, élève de M. Provost.-
Petitet, élève de Mlle Brohan.
Mlles Roussel et Lloyd, toutes deux
M.
1ers accessit, M.
Morin.
chant, et, pour l'opéra comique, de

Péron, élève de MM. Laget et


— Mocker, et M. Dervieux, élève
: élèves de M. Régnier.
5° Mlles Nancy et Surand, toutes deux de MM. Révial et Mocker.

élèves de MUe Brohau. -
- FEMMES.
1er prix, Mlle Balbi, élève dé MM. Grosset et
CHANT Mocker.

prix,
HOMMES.
Caron, élève
— Mlle Marie Cico, élève de MM. Révial
et Mocker.
1er M. de M. Laget.
— Morère, élève de M. Révial.
M. 2e — Mlle Simon, élève de MM. Battaille et
2e
— Lédérac, élève de M. Grosset.
M. Mocker.
1er accessit, M. Péron, élève'de M. Laget. — Mlle Reboux, élève de MM. Grosset et
2e — M. Vidal, id. Mocker.
3e
— M. Rougé, élève de M. J. J. Masset. — Mlle Robin, élève de MM. Masset et
Mocker.
FEMMES. 1ers accessit, Mlle Saint-Aguet, élève de M. Morin.
1er prix, à l'unanimité, Mlle Marie Cico, élève de Mlle Dupin, élève de MM. Révial et

Révial.
M. Mocker.
2e — Mlle Ennequiste, élève de M. Masset. 2e Mlle Rosez, élève de MM. Laget et

— Mlle Brou, élève de M. Révial. Morin.
1er accessit, Mlle Reboux, élève de M Grosset. 3es Mlle Ceronetti, élève de MM. Giu-

— Mlle Simon, élève de M. Baltaille. liani et Mocker.
2e Mlle Chaudouet et Mlle Rey, toutes Mlle Gallino, élève de MM. Giuliani
— —
deux élèves de M. Révial. et Morin.
VIOLONCELLE 2e
— M. Hernandez.
juillet).
(26 3e
— M. Faivret.
Ier prix, M. Rabaud, élève de M. Franchomme.
2e Loys, id.
M. COR A PISTONS
— -
1er accessit, M. Thalgrün, id. (29 juillet).
2e — M. Pfotzer, élève de M. Chevillard. PROFESSEUR, M. MEIFRED.
Il y avait huit concurrents. 1er accessit, M. Dourthe.
2e
— M. Lelong.
VIOLON
(26 juillet). TROMPETTE
1er prix, M. Willaume, élève de M. Massart. (29 juillet).
— M"" Castellan, élève de M Alard. PROFESSEUR, M. DAUVER.NÉ.
élève de M Massart.
— M. Jacob, 1er prix, M. Mignot.
2e
— M. Lelong, élève de M. Sauzay. 20,
— M. Laurent.
1er accessit, M. Muratet, élève de M. Dancla. 1er accessit, M. Dossunet.
2e
— M. Labattut, id. 2e M. Leroy.
3e M. Rinck, élève de M. Sauzay.


BASSON
GRAND OPÉRA
(29 juillet).
(27 juillet).
1er prix, M. Bourdeau.
HOMMES.
1er prix, M. Morère (unanimité). 20

M. Schubert.
1er accessit, M. Béruau.
2"
— M. Capoul (unanimité). 2e M. Baussart.
1er accessit. M. Leydérac (unanimité). —
2e MM. Mendioroz et Péront.
— COR
3* M. Fetlinger. (29 juillet).

PROFESSEUR, M. GALLAY.
1er prix,
FEMMES.
et Ennequist.
Mlles Cico 1er prix, M. Wilbo.
2e 1er accessit, M. Riché.
— NI,, Rozès et Simon.
1er accessit, Mlles Reboux et Dupin.
2e TROMBONNE A COULISSE
— Mlles Vaillant et Gareau.
3e
(50 juillet).
— Mlles Saint-Aguet et Grenier.
PROFESSEUR, M. DIEPPO.
HARPE 1er prix, M. Lautier.
; (29 juillet). 2e
— M. Carro.
PROFESSEUR, M. PRUMIER PÈRE. 1er accessit, M. Blancard.
1er accessit, Mlle Laudoux.
TROMBONNE A PISTON
FLUTE (30 juillet).
(29 juillet).
1ers prix, MM. Noël et Favre.
FROFESSEUR, M. DORUS.
1er prix, MM. Thorpe et Génin.
2e — M. Pochon.
1er accessit, M. Reboul.
2e
— M. Richard. 2e M. Hautecœur.
1er accessit, M. Contié. —
2e M. Donat. SAXOPHONE

HAUTBOIS (30 juillet).
,
(29 juillet). PROFESSEUR, M. ADOLPHE SAX.
1ers prix, MM. Révérand, Daynès et
Lapasset.
PROFESSEUR, M. VERROUST.
1er prix, M. Fourcade-Cancellé. 2es prix, MM. Eyckermanns et Decalonne.
2e M. Magnien. 1er accessit, M. Guérin.
— 2e M. Bonnange aîné.
1er accessit, M. Nicolleau. —
3es MM. Certain et Mollé.
2e
— M. Bonnet. —
CLARINETTE SAXHORN
(29 juillet). (30 juillet).
PROFESSEUR, M. KLOSE. PROFESSEUR, M. ARBAN.
1er prix, M; Raymond. 1ers prix, Dimier, Ponché et Munier.
MM.
2e
— M. Pesqueur (1er). 2es — MM. Flahant, Astoin et Amann.
1er accessit, M. Lardeur. Accessit, MM. Mullot et Voituret.
LA CHANTEUSE DES RUES

LA G A HE D'ANCEMS.

Dans un wagon de première classe, sur la ligne de Tours à Nantes, se trouvait un


voyageur dont, au premier abord, il eût été impossible de deviner l'âge et la physio-
nomie. Un bonnet de voyage, descendant jusqu'aux yeux et rabattu sur les deux
oreilles, dérobait aux regards la moitié supérieure de la tête ; quant à la moitié infé-
rieure, elle était plongée dans une espèce d'entonnoir que formaient autour du cou les
enroulements d'un ample cache-nez. La taille était-elle épaisse ou fine? Ce point ne
pouvait s'éclaircjr à travers les fourrures de la pelisse dont elle était enveloppée. Enfin
les pieds et les jambes disparaissaient dans les profondeurs d'une chaude couverture de
tartan. Ce voyageur devait être un septuagénaire malade, ou quelque ténor impa-
tiemment attendu, et soignant son larynx pour être en état de chanter au débotté.
Il y eut quelques minutes d'arrêt à la gare d'Ancenis. Une simple barrière y sépare
la voie ferrée d'une des rues de la ville. A cet endroit se tient d'ordinaire une sorte de
mendiant débitant à haute voix des leçons d'histoire, de géographie et de physique,

,
entremêlées de couplets, et qui doit faire maigre pitance s'il n'a, pour vivre, que les
rares petits sous arrachés à la compassion des voyageurs.
Mais ce jour-là, la monotone déclamation du mendiant fut remplacée par les accents

auplus.
d'une voix jeune et suave.
A cette bonne fortune inattendue, notre voyageur sortit tout à coup la tête de sa cara-
pace et demeura penché à la portière tout le temps que le chant dura.
Ce n'était point un septuagénaire, mais un beau jeune homme de vingt-cinq ans

Etait-ce un ténor? Nous le saurons sans doute plus tard. Ce qu'il y a de certain pour
l'instant, c'est qu'oubliant son hygiénique attirail, il s'exposait bravement à l'aiguillon
d'un froid assez vif, afin de se livrer sans empêchement au double plaisir d'entendre et
de voir.
Ou'entendait-il ? Une vieille romance dont l'air et les paroles, colportés de ville en
ville par les joueurs d'orgue de Barbarie, avaient quelque peu perdu de la pureté de
leur caractère primitif.
Que voyait-il? Une pauvre enfant d'une quinzaine d'années, pâle, chétive, à demi
couverte de haillons.
Mais quel charme puissant dans la fraîcheur, l'étendue et l'éclat de cette jeune voix!
Quelle touchante expression dans le regard de ces grands yeux noirs, surmontés de
sourcils qui semblaient avoir été tracés avec un pinceau !
Le voyageur demeurait immobile d'étonnement et d'admiration.
Soit effet du hasard, soit attraction magnétique, les veux de la chanteuse rencon-
trèrent, dès le premier moment, ceux de son admirateur, et ne s'en écartèrent plus.
On eût dit qu'elle étudiait les traits de son visage, pour n'en jamais perdre le sou-
venir.
Tout à coup le voyageur, par un brusque mouvement, se retira de la portière et
rentra dans sa coquille, je veux dire dans son cache-nez.
- Une voix ravissante! fit-il entre les dents.
Et il ajouta, avec un léger haussement des épaules :
— Ce sera un souffle éteint avant deux ans. Que de gosiers de fauvettes ont été ainsi
tués par la faim et le froid !
Puis après un moment de silence :
— Cette petite
a un regard qui vous va au cœur. Mais quelle misère, mon Dieu
Comme elle est pàle et maigre, la malheureuse enfant!. Vous verrez que, de tous
!.
ces barbares qui l'écoulent, pas un n'aura la générosité de lui jeter seulement un
sou!. Si la destinée, pauvre fille, est de mourir de faim, je ne veux pas du moins
que ce soit aujourd'hui ni par ma faute.
Il atteignit son porte-monnaie, y prit une petite pièce, euveloppa celle-ci dans le
premier chiffon de papier qu'il trouva dans sa poche, et lança par la portière son
offrande qui alla tomber aux pieds de la chanteuse.
Cela fait, il
se renfonça dans son coin.
Bientôt après le sifflement aigu de la locomotive se fit entendre; le train se remit en
marche, et notre voyageur, plus encapuchonné que jamais, se mit à dormir du som-
meil profond et calme d'un homme qui vient de faire une bonne action.

II
t
ROSINE.

Le premier mouvement de la chanteuse, lorsqu'elle eut ramassé le papier, fut de le


déplier. -
Ses yeux brillèrent d'un vif éclat à la vue d'une pièce d'or de vingt francs.
Elle se hâta de faire rentrer la précieuse aumône dans son enveloppe, et de mettre
le tout en sûreté dans sa poche.
Dans ce même instant, elle se vit assaillie d'une vingtaine de projectiles.
Un mouton avait sauté, vingt autres ne pouvaient manquer de suivre.
Seulement il ne se trouva dans aucun des papiers un pendant à la pièce d'or.
Cependant, si le sou vulgaire s'y rencontrait quelquefois, les petites pièces blanches
étaient en majorité. Tout compte fait, cette seconde recette s'éleva à une douzaine de
francs, chiffre souvent rêvé peut-être par la jeune fille, mais dont elle n'avait pas eu
encore une seule occasion de graver la réalisation dans sa mémoire.
Rentrée dans le grenier où une bonne vieille dame d'Ancenis la laissait coucher par
charité, elle se mit à compter et à recompter son trésor. Son visage était rayonnant.
Douze francs de menue monnaie, et une pièce d'or de vingt francs ! A celle-ci surtout
elle prodiguait les regards, les caresses, je dirais volontiers les adorations. Elle en baisa
mille fois l'enveloppe à défaut de la main qui la lui avait envoyée.
Il arriva qu'à force d'approcher et d'écarter le papier de ses lèvres, l'idée lui vint
d'y arrêter ses yeux un moment.
Pour des raisons qu'il serait inutile d'exposer et qui n'en sont pas moins impé-
rieuses, le lecteur voudra bien me permettre de substituer des noms de fantaisie aux
noms réels des personnages de cette histoire toute récente : le dénoûment en a eu lieu
en 1861.
Je baptiserai en conséquence notre chanteuse des rues du nom de Rosine.
Qu'était Rosine? D'où venait-elle ?
Son histoire était celle de mille autres. Née de pauvres artisans, elle avait une
dizaine d'années lorsque son père mourut. Deux ans plus tard, elle fermait les yeux à
sa mère. Alors, sans famille, sans appui, sans ressource, mais douée d'une grande
force de volonté, elle se mit à chercher du travail. On l'occupa dans une manufacture;
elle y tomba malade.
Admise à l'hôpital, elle
en sortit guérie, mais si faible qu'il lui fut impossible de
reprendre son travail. Elle ne perdit pourtant pas courage; recueillie, comme nous l'a-
vons dit, par une bonne dame qui, malheureusement, n'avait point une fortune à la
hauteur de ses sentiments, Rosine se proposa pour faire des commissions; elle eut
bientôt une petite clientèle dans le voisinage. Son gain n'était pas gros; on la payait
le plus souvent avec un morceau de pain. Pour suppléer à l'insuffisance de ce triste
salaire, elle imagina d'aller chanter quelquefois devant la gare du chemin de fer, au
passage des trains de voyageurs. Ses recettes avaient jusque-là été aussi maigres que
son répertoire de chansons était peu varié : elle n'en savait qu'une que lui avait apprise
tant bien que mal sà vieille bienfaitrice.
fievenons au papier que Rosine a eu vingt fois le temps de lire, car Rosine sait
lire et même écrire ; elle a fréquenté l'école des Sœurs jusqu'à la mort de son père.
Or ce papier était une enveloppe de lettre, portant la suscription suivante: A mon-
sieur Frédéric, premier ténor du théâtre de ***, à Paris.
Rosine resta une heure en contemplation devant cette adresse.
A quoi pensait-elle?

Elle pensait que ce Frédéric était peut-être le jeune homme à la pièce d'or.
Mais elle se demandait en même temps ce que c'était qu'un ténor.
Tout intéresse d'un homme qui vous a fait du bien, et qui, au mérite d'un bon
cœur, joint celui d'une belle et noble physionomie.

III
MADAME BÉNARDIN.

Rosine descendit chez madame Rénardin: c'est le nom de la personne qui l'avait
recueillie.
— Voulez-vous me permettre, madame, de vous adresser une question?
— Parle, petite, je te répondrai, si je le puis.
— Qu'est-ce qu'un ténor ?

Madame Bénardin partit d'un prodigieux éclat de rire.


— Eh bon Dieu, petite, en quoi cela peut-il t'intéresser?
— Je vous le dirai tout à l'heure.
— Dame, je ne saurais trop quelle explication te donner, pour me faire comprendre
de loi. Ce que je puis te dire, c'e-t qu'un ténor est un chanteur.
— Je m'en doutais. On gagne donc bien de l'argent à être ténor dans un théâtre ?
— Mais
oui. il y en a, dit-on, à qui leur voix rapporte jusqu'à cent mille francs
par an.
— Alors tout s'explique; j'ai eu peur un moment que ce monsieur ne se fût trompé!
- Quel monsieur, petite?
Rosine raconta ce qui tenait de lui arriver.
— De pareilles aumônes ne sont pas chose commune, dit madame Bénardin ; mais
si ton bienfaiteur est en effet celui dont le nom est sur cette adresse, ce qui me paraît
très-probable, tu peux bannir tout scrupule et regarder cet or comme ta légitime pro-
priété. Les artistes ont le cœur généreux, et celui qui gagne tous les ans cent mille
francs, ne fait pas plus de cas d'un louis que nous autres, nous n'en ferions d'un cen-
time.
- Un louis!. et douze francs de petite monnaie!. ça fait trente-deux francs;
quelle fortune, madame Bénardin ! quelle fortune !
La bonne vieille sourit.
— Au fait, reprit-elle d'un ton plus sérieux, que de millionnaires de nos jours ont
commencé avec moins que cela! Voyons, petite, quel emploi comptes-tu faire de ton
trésor ?
Rosine se mit à réfléchir.
égard, dit madame Bénardin, veux-tu
— Puisque tu n'as encore rien arrêté à cet
que je te donne un conseil ?
— Je le recevrai avec reconnaissance.

Eh bien, si tu m'en crois, tu consacreras une partie de ton argent à remplacer
tes haillons par des vêtements un peu plus présentables.
— Je ne demande pas mieux. pourvu que je ne sois pas forcée d'entamer ma pièce
d'or ; je désire la garder, j'ai dans l'idée qu'elle me portera bonheur.
— Sott ; je t'y aiderai, en demandant pour toi quelques nippes à droite et à gauche.
— Que vous êtes bonne !
— De cette façon, ton louis restera intact, et tu auras encore tes douze francs pour
faire ton voyage et vivre une huitaine de jours.
— Quel voyage ? demanda Rosine en ouvrant de grands yeux.
--- Ancenis n'est pas un pays de ressource, répondit gravement madame Bénardin,
et je te connais assez pour être sûre que le métier de mendiante ne te conviendra pas
longtemps.
— Il ne m'a jamais convenu, dit vivement Rosine; oh ! si je pouvais faire autre chose !
— Tu le peux. Nantes est une grande ville où il y a beaucoup de gens riches; c'est
là que je t'engage à te rendre. Aus-ilôt que tu y seras arrivée, tu te présenteras dans
un bureau de placement, et, comme tu n'es pas encore au fait du service, tu accepte-
ras la première condition qui te sera offerts, si petite qu'elle soit, pourvu qu'on te
fasse entrer dans une honnête maison. Quand tu auras les connaissances voulues, les
bonnes places ne te manqueront point; en un mot, ton avenir dépendra de ton zèle et
de ton intelligence.
aurai.
— Quant au zèle, je vous réponds que j'en
point de ton intelligence.
— Tu feras donc ton chemin, car je ne doute
Il fut décidé que Rosine partirait aussitôt qu'on serait parvenu à lui remonter sa
garde-robe.

IV

LES CHATEAUX EN ESPAGNE.

Huit jours ne s'étaient pas écoulés que Rosine sortait d'Ancenis par la route de
Nantes, aux premiers rayons d'un beau soleil de mars. Elle avait résolu, par mesure
d'économie, de faire le voyage à pied. Le trajet n'étant que de neuf lieues, elle comp-
tait marcher ce jour-là tant que ses forces le lui permettraient ; puis elle entrerait dans
quelque ferme, où le repas et le coucher ne lui coûleraient pas cher, si même on les lui
faisait payer-. Trois ou quatre heures lui suffiraieutlc lendemain pour achever sa route,
et il lui resterait encore une grande partie de la'journée pour commencer ses dé-
marches.
Elle cheminait, le pied leste, la tête droite, toute fière de sa grande coiffe de mous-
seline, de son cotillon de futaine rayée et de ses souliers surtout, genre de luxe qui,
depuis des années, lui était inconnu. Ses cheveux noirs lissés en bandeaux faisaient res-
sortir la blancheur transparente de sa peau fine et soyeuse, et les complaisants sou-
rires qu'elle adressait de temps à autre à sa toilette laissaient entrevoir deux belles ran-
gées de perles éblouissantes.
Toute sa physionomie respirait le contentement. Elle se serait volontiers mise à
danser, sans la crainte de casser la bouteille de cidre, et de renverser le petit pot de
miel, enfermés dans le panier qu'elle avait au bras.
Ne pouvant danser, elle se dédommagea en chantant.
Sa voix n'avait jamais eu tant de pureté ni d'éclat ; elle en fut elle-même émerveillée.
Et puis elle devint pensive
savais chanter! se disait-elle.
— Si je
Mille rêveries lui passèrent par l'esprit.
Si elle savait chanter, elle irait se faire entendre dans les promenades publiques, et
puisque à Nantes les gens riches ne manquaient point— c'était madame Bénardin qui
le lui avait dit — elle aurait bientôt donné plus d'une compagne à sa belle pièce d'or.
Qui sait? Peut-être serait-elle admise à chanter dans les auberges et dans les cafés.
Un autre avenir se présentait même à son ardente imagination.
Mais c'était une idée si ambitieuse, si invraisemblable, qu'elle n'osait s'y arrêter.
Cependant elle avait à son service une belle voix ; on le lui avait dit souvent, et elle
s'en apercevait bien elle-même, sans qu'on eût besoin de le lui dire.
Apprendre à chanter, ce ne serait pas long : elle y mettrait tant de bonne volonté!
Avec une belle voix et du talent, pourquoi donc n'enlrerait-elle pas dans un théâtre?
Quel triomphe ! on l'applaudirait, on parlerait d'elle dans toute la ville.
Quelle fortune! les ténors ne sont sans doute pas les seuls dont la voix, dans les
théâtres, soit estimée cent mille francs.
Et cent mille francs, ça doit faire pas mal de pièces d'or.
Rosine savait lire et écrire, je crois l'avoir dit; mais elle n'était pas forte sur l'arith-
métique; elle ne put parvenir à calculer le nombre de pièces d'or contenu dans cent
mille francs.
Ces calculs et ces châteaux en Espagne l'occupèrent toute la journée. Elle en rêva, la
nuit, dans la grange où de bons paysans, après l'avoir fait souper avec eux, lui éten-
dirent une botte de paille en guise de lit. Le lendemain, à peine s'était-elle remise en
route, que les mêmes images se représentèrent à son esprit.
Les instants fuyaient si rapidement pour elle dans cette préoccupation, qu'elle se
croyait encore bien loin de Nantes, lorsqu'elle y arriva.
Y

I/AFFICHE.

Rosine élut son domicile provisoire dans une auberge de modeste apparence, à
l'entrée du faubourg Saint-Clément.
Elle prit une couple d'heures de repos, et, après s'être fait donner tous les rensei-
gnements qui lui. étaient nécessaires, elle sortit pour se rendre au bureau de place-
ment, ainsi qu'elle en était convenue avec madame Bénardin.
Mais ses idées s'étaient singulièrement modifiées depuis vingt-quatre heures : il lui
semblait qu'en se mettant à la recherche d'une condition, elle faisait un faux pas.
Aussi ne se pressait-elle guère d'arriver.
Elle rencontrait d'ailleurs, sur son chemin, tant d'objets nouveaux pour elle que sa
curiosité, partout excitée, la portait naturellement à s'arrêter devant les magasins, au
milieu des places publiques et à tous les coins de rue.
Enfin elle oublia si bien le but de sa course que, s'écartant tout à fait du chemin
qui lui avait été indiqué, elle arriva sur la place de la Comédie.
La première chose qui frappa ses regards fut une énorme affiche jaune, collée à l'un
des angles de la façade du théâtre.
Elle s'en approcha : c'était le programme du spectacle.
L'illustre cantatrice FÉDORA et le célèbre ténor FRÉDÉRIC donnaient ce soir-là une
clôture définitive de leurs représentations, avant le départ de ce dernier qui était at-
tendu à Bordeaux, où il s'était engagé à jouer le surlendemain.
Frédéric !. Il n'y avait plus à en douter : c'était bien au ténor, et au célèbre ténor
Frédéric, qu'elle devait de se trouver à cette heure au milieu de la grande ville de
Nantes, avec ses quinze ans et l'espérance. comme Fanchon, sauf la vielle.

VI

ROSINE AU SPECTACLE.

Une foule compacte se pressait devant les bureaux.


Rosine demanda ce qu'on attendait là.
Lorsqu'on le lui eut expliqué, il lui vint un désir, mais un irrésistible désir, de faire
comme tout ce monde, et, la tentation ayant eu le dessus sur les raisonnements qu'elle
essaya consciencieusement d'y opposer, elle suivit la foule.
Heureusement le prix des dernières places n'était pas de nature à ébrécher son trésor
d'une façon trop regrettable. Rosine alla modestement se percher à l'amphithéâtre des
quatrièmes; sa bonne étoile permit qu'elle y eût une place au premier rang.
Peindre rétonnement de la jeune fille à la vue des lumières, des peintures, des
toilettes, de la scène et des décors, ce serait offrir au lecteur la vue d'un tableau qu'on
lui a mille fois mis sous les yeux; je m'en abstiens.
Passons à l'effet que produisit le célèbre ténor sur l'humble chanteuse des rues.
D'abord elle le reconnut parfaitement pour le jeune homme à la pièce d'or.
Seulement il lui parut si beau, si beau que, si le lieu où elle se trouvait n'avait pas
été un théâtre, elle eût été capable de s'imaginer qu'elle voyait un séraphin.
Mais ce n'était rien encore.
Lorsqu'elle l'en lendit chanter, il lui sembla qu'elle était le jouet d'un rêve.
Pour la tirer de son extase, il ne fallut rien moins que l'entrée en scène de l'illustre
cantatrice Fédora.
La pauvre Rosine, dès les premières notes, demeura stupéfaite. Il ne lui était jamais
j-p
sentiment et de force.
venu à l'esprit qu'un gosier humain pût exécuter toutes ces merveilles d'agilité, de

Ce fut bien autre chose lorsqu'elle entendit les bravo, les brava, les bravi, les ap- 'B
plaudissements, les trépignements, et qu'elle vit tomber aux pieds des deux artistes
une pluie de bouquets et de couronnes. <
Ah! si elle avait eu, elle aussi, des fleurs sous la main! y
L'émotion de Rosine avait été si vive qu'elle en eut la fièvre toute la nuit. ;;

VU

MADEMOISELLE FÉDORA.
Rosine se leva très-tard dans la matinée. Le sommeil s'était fait attendre si long-
temps!
A peine habillée, elle sortit. Elle avait l'air grave et décidé de quelqu'un qui a pris
une résolution importante et vigoureuse.
Elle alla droit au théâtre et demanda au concierge l'adresse de mademoiselle Fédora.
Mademoiselle Fédora logeait à l'hôtel de France, place de la Comédie.
C'était à deux pas; Rosine y fut bientôt arrivée.
Après quelques instants d'attente, elle fut introduite dans l'appartement de la grande
artiste.
Celle-ci avait une de ces physionomies qui annoncent un bon cœur, et son cœur ne
démentait point sa physionomie.
Voyant que Rosine, un peu interdite, hésitait à parler, elle la prit par la main et la
fit asseoir.
— Eh bien, ma belle enfant, que me voulez-vous? lui demanda-t-elle du ton le plus
encourageant.
— Je voudrais chanter comme vous, mademoiselle, et je viens vous prier de me
donner des leçons.
Rappelez-vous, cher lecteur, la grande coiffe de mousseline et le cotillon de futaine,
et jugez de l'effet !
Si mademoiselle Fédora ne partit pas d'un éclat de rire, ce ne fut point faute
d'envie; elle fut retenue par la crainte d'affliger et d'humilier la naïve solliciteuse.
— Des leçons!. fit-elle en cherchant ses paroles.
Elle eût voulu donner à son refus une forme qui en adoucît la rigueur.
Rosine se méprit sur l'intention de l'artiste.
- Oh! mademoiselle, rassurez-vous, dit-elle vivement; je ne demande rien pour
rien; Dieu merci, j'ai de quoi payer.
Tirant alors de sa poche un petit mouchoir à carreaux bleus, elle défit le nœud qui
raccourcissait un des coins.
De ce nœud sortit un papier tortillé en papillote.
Le papier, détortillé avec précaution, laissa tomber dans la main de la jeune fille la
-
pièce d'or que nous savons, et qu'elle fit fièrement reluire aux yeux de mademoiselle
Fédora.
— Voici un-louis, dit-elle; pour chanter comme vous, je suis déterminée à en,faire,
s'il
,. le faut, le sacrifice.

Pour le coup, mademoiselle Fédora n'y put tenir. Jamais ses jolies lèvres ne s'étaient
épanouies dans un rire si franc et si prolongé.
Rosine en devint rouge jusqu'aux oreilles.
Puis une larme coula lentement sur sa joue.
Mademoiselle Fédora vit cette larme, et cessa de rire.
Elle s'approcha de Rosine et la baia au front.
— Dieu me garde, chère petite, d'avoir eu l'intention de vous affliger!
Cette fois, mademoiselle Fédora n'eut pas envie de rire.
Cédant ensuite à un mouvement de curiosité, bien naturel dans la circonstance :
— Eh bien, voyons, mon enfant, remettez-vous et chantez-moi le premier air venu.
Rosine reprit courage et chanta sa romance.

- C'est merveilleux! s'écria-t-elle; c'est vraiment merveilleux ! Ah! pauvre petite,


le bel instrument que vous possédez ià ! Quel dommage que vous n'en sachiez pas jouer!
Mademoiselle Fédora tomba dans une profonde méditation.
Pendant qu'elle méditait, son regard ne quittait point Rosine qu'elle contemplait
avec un vif intérêt.
— Qui êtes-vous, mon enfant? reprit-elle après quelques instants de silence.
Rosine lui raconta son histoire.
— Voudriez-vous me suivre, vous attacher à moi comme si vous étiez ma fille?
- C'est le paradis que vous m'offrez, mademoiselle !
— Eh bien, voilà une affaire arrangée. Je te donnerai autant de leçons qu'il t'en
faudra., et, ajouta-t-elle en souriant, tu garderas ta pièce d'or.
Rosine lui prit les deux mains et les couvrit de baisers.
-— J'étais au spectacle, hier au soir, mademoiselle; je vous
Comment se fait-il, dit l'artiste, que tu te sois adressée à moi plutôt qu'à tout autre?
y ai vue couverte d'ap-
plaudissements et de fleurs; le désir de vous ressembler m'est venu, et j'ai pensé que
je ne pouvais mieux apprendre votre secret que de vous-même.
— Je te
l'apprendrai donc, Rosine, et ce sera de ma part un acte d'abnégation, car
tu iras plus loin que moi.

VIII
QUATRE ANS APRÈS.

Nous allons, si vous le voulez bien, cher lecteur, franchir tout d'un coup un inter-
valle de quatre années.
Transportons-nous à Nancy.
L'affiche du spectacle porte que le célèbre ténor Frédéric, de passage dans cette ville,
a bien voulu s'y arrêter pour s'associer à une bonne œuvre et qu'il chantera la Favorite
au bénéfice d'un jeune artiste de la troupe, atteint par la conscription.
C'est l'heure de la répétition ; Frédéric vient d'arriver au théâtre.
Le directeur, appelé dans son cabinet, reparaît presque aussitôt avec un visage bou-
leversé. La représentation annoncée ne peut avoir lieu.
La prima donna, en sortant de chez elle, a fait une chute et s'est foulé le pied; le
médecin exige qu'elle garde un repos absolu.
Et personne pour la remplacer !
On conçoit le désespoir du malheureux bénéficiaire.
Quelqu'un dit :
- MaùemoiseIlc Fédora est ici ; je l'ai vue arriver ce matin à l'hôtel de l'Europe.
Mais ne sera-t-elle point trop fatiguée? mais consentira-t-elle? mais.
— Fédora est ici! s'écrie Frédéric que touchait vivement le chagrin du jeune con-
scrit; je me charge de l'amener; la répétition sera retardée d'une heure, voilà tout.
Et il court à l'hôtel de l'Europe où il plaide avec chaleur, auprès de mademoiselle
Fédora, la cause de son protégé.
— Vous m'intéressez beaucoup, mon cher Frédéric, répond la cantatrice, mais je ne
chanterai point ce soir la Favorite avec vous.
- Un refus! De votre part! Je ne m'y serais jamais attendu. Voyons, Fédora,
rentrez dans votre caractère, et soyez bonne personne. Nous allons tout de suite faire
tirer une nouvelle affiche où votre nom sera répété trois fois, et en lettres monstres.
— Vous laisserez votre affiche telle qu'elle est; une simple annonce suffira avant le
lever du rideau.

monde.
— Ah ! vous consentez?.
— Pas le moins du
— Le ciel m'a refusé la pénétration du sphinx.
— Qu'il vous suffise de savoir que votre représentation aura lieu ; je vous promets
de plus qu'elle passera toutes vos espérances. Retournez donc au théâtre, mon cher
Fernand, je vais y conduire moi-même votre Léonor.

IX

LA RÉPÉTITION.

La clochette du régisseur s'est fait entendre; tout le monde est au théâtre, la répé-
tition va commencer.
Mademoiselle Fédora paraît, donnant le bras à une jeune personne d'une merveil-
leuse beauté.

Et Frédéric par-dessustous.
Si merveilleuse, que musiciens,"acteurs, machinistes et comparses en sont éb!ouis.

Il y a des gens qui hochent la têle avec un air de doute, lorsqu'on leur parle de pas-
sons subites; je n'ai jamais été de ces gens-là; et j'en aurais été que l'exemple de
Frédéric eût mis un terme à mon incrédulité.
— C'est étrange! se disait-il tout en se laissant aller à une irrésistible fascination,
voilà une jeune personne que je ne me rappelle pas avoir jamais vue, et il me semble
que je retrouve en elle une figure de connaissance.
Mais quel fut son étonnement après le premier morceau chanté par la compagne de
Fédora! car c'était elle que l'illustre cantatrice présentait, selon sa promesse, pour
remplir le rôle de Léonor.
Quelle magnifique voix! quelle suave et brillante exécution !
Il y eut une explosion d'enthousiasme.
La répétition fut un moment suspendue.
Les musiciens, lâchant leurs instruments, se levèrent d'un même mouvement et
battirent des mains avec frénésie.
Le chef d'orchestre ne fit qu'un bond de son siège sur le théâtre; on put croire un
instant qu'il allait tomber à genoux devant la jeune artiste et l'adorer.
Frédéric avait l'immobilité de l'extase.
— Est-ce une hallucination? pensait-il ; je
jurerais que j'ai entendu cette voix-là
quelque part.
La répétition fut reprise. Ce fut un continuel crescendo de surprise et d'admiration.
Frédéric était frappé trop vivement au cœur pour se contenter d'aller mêler un
banal éloge à tous ceux que recevait avec modestie la charmante. Rosine. -
Pourquoi faire mystère d'un nom que chacun a deviné?
Quatre années de bien-être et les leçons de Fédora ont fait, de la cliétive et inexpé-
rimentée chanteuse des rues, une beauté remarquable et une cantatrice hors ligne.
Frédéric, disais-je, s'abstint de toute manifestation qui lui eût semblé glaciale, en
raison de ce qu'il senlait se passer en lui. Mais il s'approcha de mademoiselle Fédora
:
— Le nom de cette jeune artiste? lui demanda-t-il à demi-voix.
— Rosine.
— Rosine! Je n'ai vu figurer ce nom dans aucun journal.
— Je le
crois; elle paraitra, ce soir, pour la première fois, sur un théâtre.
— C'est votre élève?
— Je m'en vante.
— Oh! vous en avez le droit. Où allez-vous en quittant Nancy?
— A Paris, au grand Opéra, où ma protégée débutera-dans huit jours.
— Il faut qu'elle y débute dans la Favorite, dit Frédéric avec feu; j'abrège mon
congé, je pars avec vous; je ne veux pas que le rôle de Fernand soit chanté par un
autre que moi. et traitez-moi de fou, si cela vous plaît, mais il ne tiendra pas à moi
que mon nom ne se mêle encore plus intimement sur l'affiche à celui de Rosine.

LA REPRÉSENTATION.

La seule différence qu'il y eut entre la répétition du matin et la représentation du


soir, c'est que, dans celle-ci, au lieu de quarante admirateurs, Rosine en eut deux
mille, et qu'elle faillit être ensevelie sous une avalanche de fleurs.

XI

CONCLUSION.

Nous surprendrons Frédéric, le lendemain, à l'hôtel de l'Europe, chez mademoiselle


Fédora, au moment ou il tombe aux genoux de Rosine et s'écrie :
— Quel espoir ! Vous ne repoussez point mes vœux! Je serais aimé !
— Depuis quatre ans, répond Rosine en ouvrant nu petit médaillon où est enfermée
une pièce d'or qu'elle lui montre.
L'explication qui suivit, chacun la devine.
Les nécessités du récit m'ont contraint à ciler un opéra et un théâtre de Paris; j'ai
parlé au hasard de la Favorite et du grand Opéra; mais il y a d'autres théâtres
lyriques à Paris, et le titre de l'ouvrage est sans importance. Je fais cette observation
pour qu'on ne m'accuse ni d'indiscrétion ni de maladresse. ,
Au moment où j'écris cette toute simple histoire, il y a quinze jours qu'en présence
d'un monde d'élite, on célébrait à Paris le mariage de. Frédéric et de. Rosine.,
tous les deux premiers sujets du théâtre de ***.
MOLÉRI.
LA DOT II 3BXÛI
SIMPLE HISTOIRE

PAROLES DE ALEXANDRE SAINT-ÉTIENNE

MUSIQUE DE L. CLAPISSON
LA DOT DE SUZON

Chacun disait dans le village Des mains que l'on dirait divines,
Quand je fus las d'être garçon : Un regard vif et pétillant ;
« Jeannot va se mettre en
ménage, Une chevelure soyeuse
Il choisit pour femme Suzon; Qui flotte sur son cou mignon.
Il faut être, je le confesse, Ah! qu'elle pierre précieuse
Bien fou pour faire un pareil choix. Vaudrait la dot de ma Suzon?
Sa femme n'aura pour richesse
Que ses vertus et ses dix doigts. » Elle m'a donné l'autre année
Mais, à ces propos plein d'envie Deux beaux jumeaux gros et joufflus,
Fermant l'oreille avec raison, Pour moi cette douce couvée
Moi j'ai trouvé plus que jolie Vaut cent fois mieux qu'un sac d'écus.
La dot que m'apportait Suzon. Vous tous qui de mon mariage
Dans le temps avez ri si bien,
Elle a sa beauté, sa jeunesse, Ah! je vous souhaite en ménage
Sa fraîcheur des roses d'été, Un trésor tout pareil au mien ;
Sa taille pleine de souplesse, Et je sais plus d'une duchesse,
Son entrain, sa vive gaité; Plus d'une filie du grand ton
Elle a trenle-deux perles fines Qui changerait bien sa richesse
Qu'elle laisse voir en riant, Contre la dot de ma Suzon.
PHYSIONOMIES D'ARTISTES
CROQUIS A LA PLUME

LE COBlSISTE
1

Certains physiologistes, de l'école fameuse de Lavater, voient dans la conformation


des traits du vis ige des indices certains de la nature morale des individus. Suivant ces
observateurs, la tristesse, la joie, tous les sentiments comme toutes les passions prédo-
minantes contractent les muscles d'une façon particulière à chaque genre de sentiment
et de passion. Ces contractions, souvent renouvelées, en donnant au visage certain ca-
ractère d'expression, finissent par modifier sensiblement les traits, lesquels trahissent
ainsi d'une manière palpable les inclinations de notre âme, les penchants intimes du
cœur.
Il y a beaucoup de vrai dans cette théorie. En effet, l'habitude de la réflexion, par
exemple, donne aux yeux cette fixité scrutatrice, ce regard long et profond qu'on re-
penseurs, les savants ; et
marque chez les comme la surexcitation est nécessaire à l'en-
fantement du cerveau en travail, le penseur fronce les sourcils par une action mécanique
et instinctive, contracte violemment les paupières, et imprime ainsi sur son front ces
rides larges et profondes qui sont comme les sillons de la pensée humaine.
Le vice et l'innocence se peignent aussi sur le visage. L'homme qui enfreint les lois
immuables de la morale, sur lesquelles sont fondés les devoirs religieux et les lois so-
ciales, cet homme donne à sa physionomie quelque chose de dissimulé, de craintif et
de bestial, résultant de la réprobation qu'il inspire et de la crainte des châtiments aux-
quels il s'expose. L'innocence, au contraire, qui n'a rien à redouter de personne, con-
serve un visage doux et tranquille, miroir sympathique d'une âme heureuse et pure.
Ce sont là des faits que chacun a pu constater par soi-même.
En procédant par des inductions analogues, on arrive à déterminer d'une manière
généralement satisfaisante, d'après les allures d'un homme et sa manière d'être,
condition dans le monde, ses aptitudes particulières, son genre de vie, son degré d'iu
struction, et souvent même jusqu'à sa profession, s'il exerce une profession. Quant aux
rentiers, ils suent par tous les pores des coupons de rentes, et on ne saurait les con-
fondre un seul instant avec les pauvres diables qui travaillent pour vivre. Un homme
d'esprit ne salue pas comme un imbécile, a dit la Bruyère; un employé de bureau

ne marche pas comme un commis de magasin, dirons nous à notre tour, et les façons
d'un violoniste dif.èrent en plus d'un point de celles d'un clarinettiste, d'un flûtiste ou
d'un corniste. J'oserai même ajouter qu'il y a dans le visage de chacun des artistes
appartenant aux diverses catégoiies d'instrumentistes des caractères distinclifs qui ne
permettent pas de les confondre entre eux.
C'est ainsi que l'on remarque chez les joueurs de cor quelque chose de bouffi dans
le visage, provenant de l'effort habituel que font ces musiciens en soufflant dans leur
instrument.
Tous certainement n'ont pas ce caractère de physionomie aquilonlenne ; mais il n'y
a pas de règles sans exceptions, et il suffit que notre
observation soit générale peut-
être vraie.
Mais à côté de l'influence physique qu'exerce sur l'artiste la pratique de tel ou tel
instrument, il y a aussi l'influence morale que l'usage de tel ou tel instrument produit
sur le musicien.
Les cornistes, par exemple, sont, de tous les artistes de l'orchestre appartenant à la
catégorie des instruments de cuivre, les plus distingués comme éducation et comme
manières.
Cela tient uniquement à la nature essentiellement poétique de leur instrument, et
au privilége que le cor a, sur tous les autres instruments en cuivre, d'être admis dans
les salons. L'artiste suit la condition de son instrument et se fait homme du monde
pour y briller avec lui. Changez le timbre du cor; que de poétique et tendre il devienne
bruyant, propre à peu près exclusivement à renforcer les masses instrumentales, et vous
changez inévitablement les habitudes de l'artiste placé par la force des choses dans un
autre milieu. On peut modifier le proverbe et dire : Dis-moi de quel instrument tu
joues, et je te dirai qui tu hantes, par conséquent qui tu es.
Le caractère du corniste emprunte, c'est incontestable, quelque chose à la douce
gravité de son instrument, à son caractère champêtre et fantastique : bon, sensible,
impressionnable aux beautés de la nature, le corniste aime la campagne, les bois som-
bres, les retraites austères, et les Contes d'Hoffmann ont le Iaient de l'émouvoir. Les
aspirations du corniste, fougueuses d'abord, bientôt languissantes et vagues, s'éteignenl
dans son cœur comme le son du cor éclatant à sa naissance, vaporeux et incertain à ses
dernières oscillations, s'éteint dans l'oreille de l'auditeur attentif et charmé.

11

Le cor a plus d'un droit à la considération des artistes et des gens du monde : sa
naissance est aussi noble qu'antique. La chevalerie avait des cors qui appelaient aux
armes, sonnaient la cavalquète et annonçaient le combat. Le cor des nains, si fréquem-
ment cité dans les vieux romans et les vieux fabliaux, repose sur des traditions cer-
taines. Le cor, qu'on appelait aussi oliphant ou trompe des chevaliers, servait à hucher
les clients et à les appeler à la rescousse. On connaît la fin mémorable de Roland à la
bataille de Honcevaux. Se voyant sur le point de tomber entre les mains de l'ennemi qui
le serrait de près, il donna du cor avec tant de force pour demander du secours, qu'il
se rompit les veines du cou et périt sur-le-champ. La mort de Roland est décrite d'une
manière originale dans l'un des plus anciens poëmes du moven âge, la Chanson de
Roland. « Le comte Holand, avec peine, fatigue et grande douleur, sonne du cor d'i-
voire. Le sang clair lui en sort parmi la bouche, et la tempe de son cerveau s'en éclate.
Le son du cor porte bien loin; Charles l'enlend, qui passe à cette heure les portes du
défilé; le duc de Naimes aussi. Les Français l'éconlent, et le roi dit : « J'entends le cor
« de Roland; il n'en sonne jamais que pendant le combat. » Ganes répond : « Il
n'est
« pas
question de combat. Vous êtes déjà vieux, blanc et fleuri; vous parlez comme un
« enfant. Vous connaissez, du reste, l'orgueil démesuré de Roland; c'est merveille que
« Dieu le
:
souffre si longtemps pour un seul lièvre il va corner tout un jour. A cette
« heure il s'amuse avec ses pairs. Chevauchez toujours; pourquoi vous arrêtez vous? »
Il n'a pas toujours été sans danger de jouer du cor, si nous en croyons le chroni-
queur Froissard. Cet auteur nous apprend, dans son récit de la surprise du chastel
»
de Thun, le terrible châtiment infligé aux cornistes. Voici le passage qui a trait à ce que
nous disons : « La guètedu chastel avait ouï sonner le cornet du varlet, et était dure-
ment émerveillée que
ce pouvoit être; car on avoit fait une ordonnance en ville, que
sur peine de perdre le poing, nul ne sonnast nul cornet. »
A la même époque, la chevalerie écossaise avait des cors, qu'elle regardait comme
le plus noble des instruments. Les gentilshommes tenaient à honneur de faire sonner
l'heure de leurs repas par des fanfarés; mais cet honneur n'appartenait qu'aux per-
sonnes de la plus haute distinction. Le même chroniqueur, Froissard, décrivant les
mœurs du fameux chef des Gantois révoltés, Àrtevelle, remarque qu'il menait un train
de prince : « Itfaisoit, dit-H, sonner et corner devant son. hostel à ses disnées et
soupées.
De nos jours, la mission des cornistes est changée, et changée à leur avantage, il
faut le reconnaître. Ils n'appellent plus les grands seigneurs à dîner, qui, du reste,
dinent fort bien sans eux, et le cor est devenu l'un des instrumentsles plus utiles de
l'orchestre. Les symphonies de Beethoven, les opéras de Méhul, de Rossini, de Meyer-
beer et les trois chefs-d'œuvre de Weber, Freyschùfa, Euryante et, Obêron, donnent
la mesure de tout le parti qu'on peut tirer de cet instrument si expressif, si coloré, si
pittoresque. Boïeldieu a trouvé dans le cor le plus poétique interprète de sa plus char-

dame! dans son opéra de la Dame

pistons.
Blanche.
mante inspiration; nous voulons parler de la ritournelle de l'air : Viens, gentille

De nouveaux et-nombreuxeffets de cor s'obtiennent avec le cor à pistons, qui, d'abord


dédaigné comme toutes les choses nouvelles, bonnes ou mauvaises, a pris enfin droit de
cité dans les principaux orchestres d'Europe, aussi bien qu'au Conservatoire de Paris,
où une classe importante de cet instrument est dirigée par M. Meifred, le propagateur
en France du cor à
On n'employait guère autrefois, dans les symphonies, que deux cors, dont le rôle se
bornait à des tenues insignifiantes. Les partitions modernes renferment quatre parties
de cor, qui concourent souvent, par des dessins ingénieux, à l'ensemble du tableau
animé de l'orchestre.
Dans la chasse du second acte de Guillaume Tell, Rossini a eu l'idée de faire exécuter
un trait diatonique par quatre cors en mi bémol, à l'unisson. C'est là un effet neuf et
original qui ne serait peut-être pas venu à l'esprit de ce grand maître, s'il n'avait lui-
même joué du cor en virtuose accompli. .,
Le cor était du reste l'instrument favori de la famille toute musicale de Rossini. Voici
une anecdote qui nous a été racontée par Banderali, chanteur distingué, et témoin
oculaire dans cetter
Rossini avait
circonstance.
un père, médiocre musicien et joueur de cor. Sans jeu de mots, il était
bien le plus drôle de cor. des mille petits orchestres ambulants et peu consonnants qui
aient jamais, égayé le dilettantisme italien. Comme les ouvriers compagnons qui font,
dans notre pays, leur tour de France, le père de Rossini voyageait, en Italie, sans* autre
bagage que son outil, son précieux cor, qu'il mettait au service de tous, moyennant
une faible rétribution. Mais pour cela, il ne s'en croyait pas moins un très-habile artiste
et un exécutant de première force. 11 s'indignait qu'on ne lui confiât pas les parties les
plus importantes dans les symphonies, et s'en plaignait souvent à son fils. Le futur
auteur de Guillaume Tell- riait sous cape, et prenait un malin plaisir à entretenir les
illusions de son père. Il n'était jamais si heureux que quand, après l'avoir confirmé
- dans la bonne opinion qu'il avait de lui-même, il obtenait de sa complaisance un de
ces
solos de cor qu'il jouait si mal. A chaque couac qu'enfantait le malheureuxinstrument,
le jeune Rossini applaudissait en étouffant un sourire moqueur.
Un jour, il entra solennellement dans la chambre de son père.
« Mon père,
lui dit-il, le moment de la justice est arrivé pour vous. Depuis vingt ans,
vous cherchez à faire savoir à l'Italie, qui vous méconnaît, qu'elle possède un cor, un
véritable cor, un cor comme on n'en voit guère, un cor comme on n'en voit pas. Eh
bien, cette occasion que vous avez tant sollicitée et qu'on vous a si méchamment refusée
jusqu'à présent, je viens vous l'offrir, moi. Je pars pour Bologne, où je vais faire
représenter un opéra de ma composition. Vous aurez la satisfaction bien douce de vous
asseoir au premier pupitre et de vous faire tourner les feuillets par les cornistes, vos
rivaux et vos ennemis. Pour un musicien tel que vous, les répétitions sont inutiles.
Ne vous dérangez donc pas, et pourvu que vous arriviez à Bologne une heure avant

pable. »
Ces paroles douces comme le ., .,
la représentation, cela suffira. Je vous connais, mon père; je sais de quoi vous êtes ca-

1 miel1 arrivèrentjusqu'au cœnr d du corniste incompris ;


il sourit agréablement à son fils, de l'air modeste de la vertu qui reçoit enfin sa récom-
Une lettre de Bologne renfermant
pense. :
ces mots « Tout est prêt, venez, » avertit le
père de Rossini de se mettre en route.
Il arriva au théâtre au moment même où les instrumentistes prenaient place à l'or-
chestre. Rossini, assis au piano, se leva à la vue de son père et le présenta aux musi-
ciens réunis, avec une gravité affectée, dont personne ne s'aperçut, du reste. Le père
Rossini, qui jouissait déjà d'un premier triomphe, salua ses confrères d'un air de pro-
tection et prit place à l'orchestre.
La salle était comble, et le public des théâtres d'Italie, qui s'impatiente toujours,
s'impatientait comme de coutume, quand un signal du chef d'orchestre établit le silence.
Après quelques instants pendant lesquels le chef regarda si chaque musicien était à son
poste et si tout était bien disposé, l'ouverture commença.
Elle débutait par un long solo de cor, que Rossini avait placé là, comme on le pense
bien, avec intention. La vue de ce solo ne découragea pas l'intrépide corniste : il saisit
bravement son instrument et en porta l'embouchure à ses lèvres. Mais, oh malheur ! la
première note qui en sortit fut un énorme couac. Le jeune maestro s'y attendait et
con-
tout en dissimulant son envie de rire, il rassura son père du geste et l'engagea à
tinuer. Mais à ce couac succédèrent d'autres couacs; puis d'autres encore. Le corniste
faisait des efforts surhumains pour lutter contre les difficultés de l'exécution et dompter
l'instrument rebelle : il était pourpre, ses joues étaient gonflées comme celles d'Aquilon,
et ses yeux sortaient de leur orbite; ainsi contracté, son visage était d'une éclatante
laideur.
Cependant les couacs se succédaient toujours, d'autant plus détestables que le malheu-
reux Rossini soufflait plus fort. Il se sentait vaincu et se serait piteusement laissé couler
sous son pupitre, sans les gestes encourageants de son fils, qui ne cessait de lui répéter
que cela allait très-bien ainsi, qu'il fallait continuer. Un bruit sourd, présage de la
tempête, se fit entendre dans les galeries supérieures du théâtre, qui .exercent en Italie
le pouvoir absolu que s'arroge en France le parterre.
A ces rumeurs succédèrent bientôt les sifflets. 11 se fit dans toute la salle un brui
épouvantable, et, comme les sifflets n'exprimaient plus assez vivement l'indignation
générale, on jeta force pommes cuites et trognons e choux, qui arrivaient dru comme
grêle au milieu de l'orchestre en déroute. Il y eut un sauve-qui-peut général, et les
musiciens épouvantés laissèrent les instruments au pouvoir de l'insurrection, de plus
en plus menaçante, heureux en pareille circonstance de sauver leur personne. Brei', la
pièce tomba, avant même le lever du rideau, au milieu d'un désordre indicible.
La consternation était générale ; chacun se désolait : Rossini seul riait aux éclats de
la piteuse mine que faisait, caché dans un coin, son pauvre père plus mort que vif.
Hàtons-nous de le dire, cette plaisanterie de la jeunesse de Rossini n'attaque en rien
les sentiments de tendresse qu'il a toujours eus pour l'auteur de ses jours. Plus tard il
l'a prouvé en assurant à sa vieillesse une aisance d'autant plus douce que, pour l'infor-
tuné corniste, elle était inespérée.

III
On ne saurait, en parlant du cor, oublier un des artistes les plus étonnants, ou
plutôt l'artiste le plus étonnant qui se soit jamais produit sur cet instrument. Nous vou-
lons parler de Vivier, qui, par un procédé inexplicable, par la pression multiple des
lèvres sans doute, est parvenu à exécuter, sur le cor, des fanfares à plusieurs parties
simultanées. Il a fallu que nous entendissions nous-mêmecet artiste, dans l'intimité du
tête-à-tête, pour croire à un phénomène aussi extraordinaire. Vivier n'est pas moins
excentrique comme homme que comme artiste ; sa vie est une longue suite de plaisan-
teries plus ou moins originales. En voici quelques-unes :
Un jour, c'était à Londres, Vivier monte dans un omnibus ; à peine y est-il assis que
sa figure prend un caractère de profonde inquiétude. Il fouille dans toutes ses poches,
se tâte partout avec des mouvements convulsifs et désespérés ; des exclamations sourdes
s'échappent de sa poitrine haletante ; de temps à autre, il lève ses mains au ciel, et des
gouttes de sueur perlent sur son front; son émotion est extrême. Machinalement il va
jusqu'à tâter ses bottes pour s'assurer si l'objet qu'il paraît avoir perdu et auquel il
attache un si grand prix ne s'y serait point glissé. Vous connaissez le caractère peu com-
municatif mais impressionnable des Anglais; tous les voyageurs qui sont dans l'omnibus
avec Vivier gardent le silence, mais tous l'observent avec le plus vif intérêt et paraissent
s'associer à son malheur ; chacun semble se dire : « C'est un homme qui a perdu son
portefeuille renfermant des sommes considérables, toute sa fortune, peut-être ! »
Tout à coup Vivier, obéissant à une inspiration soudaine, fait un bond sur lui-même,
ôte brusquement son chapeau et jette les yeux dans l'intérieur.
Un bonheur ineffable succède alors à des inquiétudes mortelles.
Vivier regarde le fond de son chapeau avec cette émotion souveraine qu'on éprouve
à retrouver le plus précieux des biens dont on se croyait à jamais privé.
Des larmes de satisfaction viennent se mêler aux larmes de regrets qui remplissaient
ses yeux l'instant d'auparavant.
Tout entier à ses émotions et paraissant oublier jusqu'aux personnes présentes, Vivier
«envoie d'une main un baiser à l'objet miraculeusementretrouvé.
Mais quel est cet objet si cher à son cœur ?
Les voyageurs de l'omnibus qui, avec le conducteur, ne quittent plus de leur regard
le chapeau de l'artiste, vont l'apprendre enfin.
Vivier, après quelques nouvelles démonstrations de bonheur, plonge lentement une
main dans son feutre, pour ramener à lui cet inappréciable trésor !
Sans le bruit de la voiture qui roulait, on eût entendu battre les cœurs dans toutes
[les poitrines.
Quelques secondes encore d'une attente perplexe et les spectateurs de cette scène si
palpitante d'intérêt voient, quoi ?. une cocotte en papier !
Vivier, qui n'a pas l'air de s'apercevoir qu'on l'observe, prend délicatement cette co-
cotte par la queue, la contemple sous toutes ses faces, la caresse, l'embrasse avec transport
et la cache ensuite précieusement dans sa poitrine. Puis il descend aussitôt de l'omnibus.
Je vous laisse à penser la stupéfaction des voyageurs à ce dénoùment si peu prévu.
Une autre fois Vivier passe la frontière de Belgique pour revenir en France. Il a deux
malles avec lui, mais il paraît vouloir en dissimuler une aux yeux méfiants et alertes des
douaniers. Un d'eux met la main sur la malle et demande les clefs pour en vérifier le
contenu.
— Monsieur, dit Vivier en parlant à l'oreille du douanier et en jetant autour de lui un

regard inquiet, laissez-moi passer cette malle sans la visiter ; je vous jure qu'il n'y a rien
dedans qui soit sujet aux droits.
— Les clefs !. reprend le douanier, ou je fais enlever la serrure.
je
— Monsieur, vous en
prie !
— Il n'y a pas de prières qui tiennent. Les clefs ! les clefs !.
— Monsieur, je vous en supplie !
— Assez, monsieur, assez.
— Non, ce n'est pas assez, et s'il le faut je me jetterai à vos pieds.
— Monsieur, par cette insistance déplacée vous aggravez vos torts. Les clefs!. les
defs !. de vos
— Au nom du ciel, monsieur le douanier, au nom de votre chaste épouse,
enfants bien-aimés, au nom de tous ceux qui vous chérissent et que vous chérissez, n'ou-
vrez pas cette malle, car, je vous le jure ici sur les cendres de ma tante, il n'y a rien
dans ce coffre qui soit soumis aux droits.
Un serrurier fut requis. Plusieurs douaniers, attirés par les supplications saugrenues
de Vivier, vinrent se ranger autour de la malle pour la fouiller en tous sens.
La serrure ayant cédé sous le marteau du serrurier, dix mains de douaniers soulevè-
rent le couvercledu coffre mystérieux.
Mais, au lieft d'en examiner le contenu, on vit tous les douaniers reculer avec effroi
en appelant au secours.
Au même instant vingt serpents, de couleur et de grandeur différentes, levèrent leur
tête aplatie, en tirant leurs longues langues acérées, et en faisant des efforts pour sortir
de leur prison.
bien dit, exclama Vivier, qu'il n'y avait rien dans cette malle qui fût
— Je vous avais
sujet aux droits. Les serpents, Dieu merci! entrent de franchise sur tous les territoires.
Vivier, qui a la manie des serpents comme d'autres ont la manie des chiens ou des
chats, caressa ses reptiles devant tous les spectateurs fort peu rassurés, et referma la
:
malle en murmurant «Ces douaniers de la frontière de Belgique ne veulent jamais
croire ce qu'on leur dit ; ils se feront dévorer par des bêtes féroces, c'est sûr!. »
Mais la plus étourdissante des plaisanteries de Vivier, parce qu'elle a demandé, pour
pouvoir être conduite à bonne fin, des mois entiers de patience et de sacrifices personnels
inouïs, est celle que le célèbre corniste a faite à un propriétaire chez lequel il a demeuré.
Ce propriétaire, intraitable à l'endroit des animaux, avait signifié à l'artiste qu'il eût
à se défaire d'un chien, d'un chat et d'un corbeau avec lesquels il logeait. Vivier parut
se résigner; il se sépara, non sans regret, de son chien, de son chat et de son corbeau,
trois excellents amis.
Quelque temps après, divers locataires se plaignirent, au concierge et au propriétaire,
d'être réveillés pendant la nuit et le matin au point du jour par un son étrange et pro-
longé qui semblait partir de l'appartement occupé par Vivier. Ce son, dont aucun des
locataires ne put déterminer la nature d'une manière précise, les surprenait aussi parfois
dans le courant de la journée. Un Américain qui venait dans la maison crut pouvoir as-
surer au propriétaire que le son mystérieux qu'on entendait était celui d'un buffle. «Je

était.
connais parfaitement la voix du buffle, disait l'Américain, pour l'avoir chassé dans les
montagnes Rocheuses, et je le vous assure (lue avez un buffle chez vous.
que vous av
quatrième étage ! allons donc, vous rêvez, monsieur, ré-
— Un buffle chez moi et au
pondait le propriétaire, ce bruit est tout simplement le son du cor dont mon locataire
s'amuse à jouer de temps à autre.
Six mois se passèrent; à la fin, la voix du buffle, suivant les uns, le son du cor, sui-
vant les autres, devint intolérable, et le propriétaire se décida à voir par lui-même ce
qui en
Il sonne à la porte de Vivier; celui-ci fait entrer son propriétaire, qu'il reçoit dans la
salle à manger. Après les compliments d'usage, le propriétaire allait adroitement entamer
la question du son perturbateur et mystérieux, lorsqu'un terrible et long mugissement
se fait entendre dans la pièce adjacente, qui était le salon.
« Ah ! mon
Dieu, dit le propriétaire, qu'y a-t-il donc dans votre salon?
— Dans mon salon? répond
Vivier avec indifférence.
— Eh !
oui, monsieur, dans votre salon !
monsieur.
— C'est une jeune vache,
vache chez moi !
— Une
chez moi, oui.
— Chez vous, non ;
Monsieur, c'est une infamie, je vous donne congé et vous allez immédiatement

renvoyer cet ignoble animal.
la modération, monsieur, reprend Vivier, de la modération ; souvenez-vous
— De
que vous êtes marié, qu'on ne sait pas ce qui peut arriver, et qu'il est au moins mal-
adroit, dans votre position, d'insulter les bêtes à cornes. »
La génisse, trop grande pour passer par les escaliers, fut déménagée par la fenêtre
avec une peine infinie.
Vivier, qui n'avait mis personne dans la confidence de celte farce si longuement pré-
méditée, avait, une belle nuit, porté cette génisse chez lui, quand elle n'avait encore
que quelques jours d'existence, et l'avait soigneusement nourrie jusqu'au
jtisqti au jour
jour où le

qu'on y élevait du gros bétail.


propriétaire, qui n'avait voulu ni chien, ni chat, ni corbeau dans sa maison, découvrit

Vivier qui est un mystificateur comme il y en a peu, un virtuose comme il n'y en a


pas, un homme d'esprit et un compositeur comme il n'y en a guère, ne peut en aucune
façon infirmer nos observations relativement au caractère des cornistes en général, les-
quels restent, à côté de Vivier, les hommes que nous savons, un peu bouffis, senti-
mcntals, champêtres, inconstants, inquiets, rêveurs, platoniques en amour, amis du
merveilleux, mais médiocrement passionnés pour les serpents, et convenablement res-
pectueux envers leurs propriétaires.
OsCAH COMETTANT.
POLKA DES MARIONNETTES
POUR LE PIANO
PAR OLIVIER MÉTRA
CHEF D'ORCHESTRE DE MABILLE ET DU CHATEAU DES FLEURS
EUGÈNE SCRIBE

CONSIDÉRÉ COMME POËTE LYRIQUE

M. Legouvé, de l'Académie française, s'exprimait dans ces termes dans une notice
insérée dans le Moniteur universel : « Quand cette affreuse nouvelle a éclaté dans
Paris, quand on apprit que cet homme qui, depuis plus d'un demi-siècle, était comme
une partie de la vie de tous, que celui que l'Europe entière saluait du nom d'immortel, était
mort tout à coup, le lendemain d'un succès qui était son quatre cent cinquantième, en
quelques secondes, sans secours, dans une voiture de place, et qu'on l'avait rapporté
cadavre à celle qui l'avait embrassé plein de vie quelques instants auparavant, alors
une consternation véritable s'est répandue dans la ville, on eût dit un malheur public. »
Et n'est-ce pas en effet un malheur public, que la perte d'un homme qui, par son
talent, contribuait à la gloire de son pays, d'un homme dont la renommée s'est étendue
de la France à toutes les nations du monde civilisé, et dont l'honorabilité sans tache et
l'inépuisable bonté de cœur rehaussaient Jje rare mérite intellectuel. Il s'est pourtant
trouvé des hommes assez ennemis de leur propre estime pour poursuivre systématique-
ment de leurs sarcasmes cruels cet esprit ingénieux et charmant, ce cœur plein de
bontés, et empoisonner jusqu'aux dernières années sa vie laborieuse et utile. Ceux-là
n'étaient pas au convoi de Scribe ; ils auraient pourtant pu s'y cacher dans la foule des
hommes illustres qui rendaient à l'honorable académicien les suprêmes devoirs. En
effet, tout ce que Paris compte d'hommes marquants dans les arts, la littérature et les
sciences, suivait à pied le corps du glorieux défunt, malgré la pluie qui n'a cessé de
tomber durant cette journée. C'étaient d'aboi d des députations appartenant à l'Académie
française, au conseil municipal de la Ville de Paris, à la commission des auteurs dra-
matiques, à l'École polytechnique, aux écoles Sainte-Barbe et Chaptal.
Le deuil était conduit par le neveu de M. Scribe, M. Bayard, fils de l'auteur drama-
tique et auditeur au conseil d'État, et par MM. Biollay, ses deux beaux-fils.
Son Excellence M. le ministre d'État comte Walcwski, accompagné de M. de Saulx,
son chef de cabinet, avait voulu assister au convoi de l'écrivain qu'il honorait de son
amitié personnelle.
Les cordons du poêle étaient tenus par M. Dumas, sénateur, président du conseil
municipal; Vitet, de l'Académie française; Édouard Thierry, directeur du Théâtre-
Français, et Auguste Maquet, président de la commission des auteurs dramatiques.
MM. Villemain, Viennet, Empis, Ponsard, Émile Augier, Patin, Saint-Marc Girardin,

française.
Alfred de Vigny, Cousin, Legouvé et Lemercier, en uniforme, représentaient l'Académie

On remarquait encore :
,

MM. Wolow.^ki, le baron Dupin, Lebrun, Mignet, de l'Institut; puis MM. Auber,
Ilalévy, le prince Poniatowski, Clapisson, Olfenbach, Ambroise Thomas, Victor N!asé,
Félicien David, Maillard, Bazin, Boulanger, Georges Kastner, Gévaert, A. Boiëldieu,
Berlioz, compositeurs de musique, puis :
Les professeurs du Conservatoire impérial de musique : MM. Révial, Elwart,
•1. I. Masset, Faure, H. fierz, etc. ;
Tous les directeurs des théâtres de Paris;
Tous les artistes du Théâtre-Français, du Grand-Opéra, de l'Opéra-Comique, du
Théâtre-Lyrique et du Gymnase;
Beaucoup d'acteurs des autres théâtres de Paris ;
Enfin, un nombre considérable d'amis connus et inconnus, d'admirateurs du défunt
appartenant à toutes les classes de la société.

Puisque nous venons de parler du funèbre corlége, ajoutons qu'une messe a été
chantée parles élèves du Conservatoire, avec le concours de MM. Faure; Nathan. Ciati,
Levasseur et Gourdin. L'église (Saint-Hoch), richement décorée, était littéralement
remplie. La voix sonore et harmonieuse de M. Faure a paru plus belle que jamais dans
un Pie Jesu de la composition de M. J. Cohen. Arrivée au cimetière du père Lachaise,
la foule silencieuse et profondément émue fait cercle autour de la fosse, où .six dis-
a
cours ont été prononcés.
M. Vitet a parlé au nom de l'Académie française, M. Auguste Maquet
au nom de
l'Association des auteurs dramatiques, M. Labrousse pour le collége Sainte-Barbe,
M. Paillard de Villeneuve pour le conseil municipal, M. Thierry
pour la Société des
gens de lettres et la Comédie-Française, M. Montigny comme directeur du Gymnase.
Les discours de MM. Vitet et Maquet ont surtout émotionné la foule. Avec plus de
bonheur d'expression que les autres, peut-être, mais non avec plus de cœur et de sin-
noble de Scribe.
cérité, ils ont su rendre justice au génie merveilleusement fécond et au caractère si

Nous venons sans doute bien tard pour parler de la vie de l'illustre écrivain ; toute-
fois, et parmi les nombreuses notes biographiques qu'on a pu lire il en est quelques-
unes de particulièrement précieuses, et que nous croyons pouvoir reproduire avec inté-
rêt pour nos lecteurs. Ces notes, restées inédites jusqu'à ce jour, ont élé retrouvées,
par hasard, dans les papiers de Bavard. Elles sont tout entières écrites de la main de
celui qui fut le plus brillant des disciples de Scribe, son camarade de collége et son
neveu par alliance. -
Bizarre coïncidence! le jour de la mort de Scribe se trouve être le jour anniversaire
de la mort de Bayard, qui, sorti vivant du tombeau par ces notes biographiques jus-
qu'ici ignorées, semble rendre à son ami le discours que ce dernier avait prononcé dans
un éternel adieu pour honorer sa mémoire.
Voici quelques-unes de ces notes, écrites en 1840, et que nous empruntons à M. de
Biéville :
« Scribe (Augustin-Eugène), est né à
Paris le 24 décembre 1791, dans la maison de
son père, qui tenait un magasin de soierie à l'enseigne du Chat noir, rue Saint-Denis,
au coin de la rue Trousse-Vache.
« En 1827, après une grave
maladie, un médecin, appelé en consultation, lui con-
seilla d'aller respirer l'air natal. lui dit Scribe en souriant, je suis
— « Hélas ! docteur,
né au coin de la rue Trousse-Vache, à deux pas de la Halle; croyez-vous que cet air-là
me guérisse? »
« Scribe sortait à peine du berceau lorsqu'il
perdit son père. Sa mère vendit le ma-
gasin de soierie qu'elle tenait avec son mari, réalisa une fortune honorable, et vint se
loger aux environs de l'église Saint-Roch.
« Scribe fit ses études au collège
Sainte Barbe, dont il fut un des élèves des plus dis-
tingués. Il remporta plusieurs prix au concours général, et, entre autres, le prix de lo-
gique. On se rappelle encore, à Sainte-Barbe, une thèse soutenue par lui devant Laro-
miguière contre M. Bernard de Rennes, depuis député et conseiller à la cour de cassation.
« Le collège Sainte-Barbe suivait les cours du lycée Napoléon. La, Scribe se
lia d'une
étroite amitié avec les frères Delavigne.
« Au sortir du collège, il entra dans une étude d'avoué, chez M.
Guillonné-Merville.
qui, ne le voyant presque jamais, lui écrivait : « Si M. Scribe passe dans le quartier, je
« le prie de monter à l'étude, où il y a de la besogne pressée. »
«
Madame Scribe mourut. Elle avait pour parent M. Bonnet, l'un des premiers avo-
cats du barreau de Paris; elle l'avait donné pour tuteur à son fils. M Bonnet désirait
que son pupille suivît la même carrière que lui ; mais, au lieu d'aller à l'école de droit,
Scribe composait des vaudevilles avec son camarade Germain Delavigne.
« Ils parvinrent, en 1811, à faire jouer une
arlequinade en un acte, les Derviches,
sur le théâtre du Vaudeville de la rue de Chartres, que Barré dirigeait. Cette petite
pièce eut un certain succès; mais, après, les deux amis essuyèrent quelques échecs.
M. Germain Delavigne, découragé par un nouveau désastre, dit à son compagnon d'in-
fortune :
« — Je
crois que nos parents ont raison, cette carrière ne nous convient pas. Faisons
notre droit.
« — Je suis de ton avis, répondit Scribe; je n'ai plus que deux ou
trois pièces à faire,
après cela, j'y renonce tout à fait. »
Enfin les succès arrivèrent; le premier fut I'Auberge, ou les Brigands sans le
«
savoir, vaudeville en un acte, représenté en 1812, toujours rue de Chartres et toujours
avec M. Germain Delavigne.
« En
1815, Scribe donna, seul, son premier opéra-comique, la Chambre à coucher,
qui resta longtemps au théâtre1.
« Ce fut en
1817 que la vogue commença pour ses ouvrages : le Comte Ory2, Une
Nuit de la garde nationale, et le Nouveau Pouvceaugnac, firent courir tout Paris.
D'autres succès suivirent presque sans interruption.
aEn 1820, l'un de ses plus heureux collaborateurs et de ses plus intimes amis,
Delestre-Poirson, devenu directeur d'un nouveau théâtre, le Gymnase-Dramatique, a
soin de se l'attacher par un traité qui ne lui permet de travailler que pour son théâtre
ou pour les théâtres royaux. C'e>t alors que Scribe, tantôt seul, tantôt avec l'aide de
ses collaborateurs, MM. Germain Delavigne, Mélesville, Mazères,
Dupin, Varner, etc.
produit cette série de petits chels-d'œuvre qui ont, pendant quinze ans, soutenu la
prospérité du Gymnase et alimenté tous les théâtres de la province et de l'Europe.
« En 1822,
Scribe débuta au Théâtre-Françaispar Valérie.
« Scribe a fait la fortune
de l'Opéra-Comique comme celle du Gymnase. La Neige,
Léocadie, la Dame blanche, la Fiancée, le Maçon, l'Anibassadrice, Fra-Diavolo,
le Domino noir, etc., etc., ont joui d'une vogue justifiée par la pièce autant que par la
musique.
« Après avoir travaillé avec Boïeldieu, Rossini, Ilérold, etc., Scribe s'associa avec
M. Auber, dont l'esprit comprit si bien le sien, que l'on dirait, en écoutant leurs ou-
vrages, qu'ils ont fait ensemble le poëme et la musique.
« En 1828, Scribe commença à
l'Opéra cette suite de grands succès qui ne s'est jamais
nterrompue. Le premier fut la Muette de Portici, qui fit révolution et tua du coup
tous les opéras que l'on avait donnés depuis trente ans. Le public, qui avait abandonné
ce théâtre, y revint. Scribe donnait des opéras amusants. C'est le caractère de tous ses
ouvrages, dans quelque genre que ce soit. Il veut avant tout plaire et amuser. C'est eu
cela qu'il a surpassé tous ses contemporains.
«
Scribe avait fait, au commencement de sa carrière, un mélodrame, les Frères in-
visibles, qui eut un grand succès à la Porte-Saint-Martin. Il a donné à l'Opéra le meil-
leur programme de ballet que nous ayons, la Somnambule. On peut dire ainsi qu'il a
traité tous les genres, et que, dans tous, il s'est placé au premier rang.
« La Revue de Paris, le Journal des Débats, le Siècle, le Constitutionnel, ont pu-
blié de lui des nouvelles charmantes.
« Il a fait jouer plus de trois ouvra-es, dont au
is cents ouvrages, ai moins vingt en cinq actes, et
plus de cinquante, et des meilleurs., à lui seul. »
Bayard écrivait ces notes en 1840, nous le savons, et nous savons aussi que Scribe
n'a jamais pris un jour de vacance.
I) faut donc dire aujourd'hui environ quatre cent cinquante ouvrages, dont au moins
trente en cinq actes en collaboration, et plus de soixante sans collaborateur.
« Il a une aptitude inconcevable au travail ; on le trouve toujours prêt à prendre la
plume. On lui reproche de manquer de poésie : parmi les auteurs comiques, je n'en

1 LaChambre à coucher fut mise en musique par Guenée.


S Cette pièce était un vaudeville dont Scribe fit plus tard l'opéra
en deux actes, rendu impéris-
sable par la célèbre musique de Rossini.
trouve que dans Molière. D'ailleurs, la poésie dans un théâtre comique, qu'est-ce, en
somme? C'est l'auteur comique de notre époque.
« On
critique son style. Il pense qu'au théâtre il faut parler comme dans le monde.
Lisez donc nos comiques ! Les meilleurs, c'est là leur secret.
« Ses plans,
légers en apparence, sont faits avec un soin, un tact, une raison, qui
les rendent faciles à exécuter. Aussi Scribe a-t-il quelquefois écrit une comédie en cinq
actes en moi: ,s de quinze jours.
«
Le caractère de Scribe, c'est la bonté, la bienveillance unie à une grande fermeté.
Il jouit largement, dignement de l'immense fortune qu'il- s'est acquise tout entière par
son travail. Il est toujours entouré d'ouvriers qui le bénissent. Généreux jusqu'à l'ex-
cès, il n'a jamais refusé un service. »
Ici s'arrêtent les notes de M. Bayard. Nous les compléterons en disant ce que tout le
monde ignorait du vivant de Scribe, ce qui était pour lui le secret de son cœur : c'est
que, sans compter les secours imprévus donnés aux infortunes de passage, il servait
annuellement, et cela depuis longtemps, treize mille francs de rentes viagères à d'an-
ciens collaborateurs malheureux, à de pauvres musiciens, à des artistes dramatiques
infirmes ou trop vieux pour pouvoir gagner leur vie.
Mais c'est assez nous occuper de son cœur; il est temps pour nous d'examiner Scribe
sons le côté qui nous intéresse plus particulièrement, je veux dire au point de vue des
poëmes d'opéras et d'opéras comiques.
Les aimables gens qui se sont le plus acharnés contre Scribe, en lui reprochant bien
haut de manquer de poésie dans le style, et tout bas, peut-être, d'avoir trop d'argent
dans sa caisse, eux qui, le plus souvent, n'avaient ni style à colorer, ni caisse à rem-
plir, ont surtout répandu leur ironie mal déguisée sur les poëmes lyriques du successeur
de Quinault, de Iloudard de Lamolte, de l'abbé Pellegrin et de Gtiillai d. Dieu me garde
de troubler la paix profonde qui règne depuis si longtemps déjà autour de ces morts
illustres. Ils sont morts et bien morts ; que le ciel ait leur àme avec leurs alexandrins
devenus inutiles. Ah ! je voudrais voir, pour rire un instant, la figure de Meverbeer,
par exemple, si, l'un de ces quatre grands poëtes lyriques que je viens de nommer, ou
tous les quatre, revenaient au monde pour lui offrir soit Alcijon, soit Amadis de
Gaule, soit Phaéton, soit Jephté, soit Hippolyte et Aricie, soit enfin OEdipe à Co-
lone, ou bien encore ïphigénie en Aidide. Certes, on le voit, nous ne choisissons pas
les plus mauvaises de leurs pièces. Eh bien, j'imagine que l'auteur de Robert, des
Huguenots et du Prophète, après avoir pris connaissance du poëme de l'un de ces
messieurs, le regarderait avec stupéfaction, et lui demanderait très-sérieusement s'il se
moque de lui.
— Entendez-vous par là, me dira-t-on peut-être, que MM. Quinault, Lamotte,
Pel-
legrin et Guillard n'avaient aucun talent?
Point. Ils avaient, au contraire, beaucoup de talent : Quinault surtout était un poëte;
mais, entre les poëmes lyriques du temps de Lulli, de Sacchini, de Gluck, de Bameau
et ceux de nos jours, il y a précisément toute la différence qui existe entre les pre-
miers essais de la musique dramatique et les chefs-d'œuvre de nos grands opéras mo-
dernes. C'est tout simplement un autre art, et le plus obscur, comme le plus célèbre
des compositeurs, refuserait aujourd'hui de mettre en musique le meilleur des poëllies
d'opéra anciens. Et il aurait grandement raison, car la pièce, outrageusement sifflée
comme manquant des principaux éléments dont se compose le spectacle si multiple du
Grand-Opéra, entraînerait inévitablement la musique dans sa lourde chute, quel que
fùt le mérite de la partition. Mais que dis-je Pie poëme ne serait reçu ni par l'ad-

lire.
ministration de l'Opéra ni par aucune autre administration de théâtre; il ne se trou-
verait pas un libraire pour l'imprimer, et, s'il était imprimé, pas une personne pour
le
A proprement parler, les opéras anciens ne sont guère que des cantates d'une in-
trigue nulle le plus souvent, roulant, comme les tragédies, sur deux actions les plus
simples du monde, et n'offrant au compositeur de musique, au maître de ballet, au
décorateur, au metteur en scène, que de rares occasions de faire apprécier tout leur
talent. La forme même de la coupe des vers, presque tous de douze pieds, est anti-
musicale, et les rhythmes variés, qui sont la source par excellence des inspirations du
musicien, manquent absolument dans les opéras anciens.
On ne sait pas généralement dans le monde tout ce qu'un bon livret d'opéra repré-
sente d'imagination alliée au calcul, d'abnégations littéraires et poétiques en faveur du
musicien, d'efforts de toute nature, et, par-dessus tout, de souplesse dans l'esprit et de
sentiment artistique. C'est tout un monde spirituel et matériel qu'un livret de grand
opéra met en mouvement, et ce monde multiple, par qui est-il conçu et conduit, si ce
n'est par l'auteur du poëme? Seulement il arrive ceci : c'est que le poëte, après avoir
animé du premier souffle de vie tous les personnages du Parnasse dont il est le dieu,
finit toujours par subir la loi de ses sujets insatiables dans leurs exigences. Chacun ré-
clame de lui des sacrifices nombreux, et, comme il est bon père, il donne toujours sans
s'apercevoir que le riche patrimoine de son imagination se réduit, en fin de compte,
aux proportions les plus modestes
que puisse atteindre un patrimoine de dieu, même de
dieu d'opéra.
J'en veux donner deux exemples entre mille : je les prends dans une biographie de
Scribe, publiée il y a déjà quelques années.
Un jour, Meyerbeer, le libretto d'un opéra en main, fut trouver Scribe et lui dit :
« Notre
sujet exige ici une romance.
répond Scribe. Quel rhylhme voulez-vous?
— bon !
— Je veux des vers de huit syllabes, forme carrée.
désirez. »
— Vous aurez ce que vous
Scribe se hâte de composer la romance et l'envoie à Meyerbeer, qui la lui retourne
aussitôt avec un billet ainsi conçu :
« La forme carrée est absurde. Faites-moi des vers de dix syllabes ; cela porte mieux
la mesure. »
Il l'allait bien se résigner. La romance fut mise en vers de dix syllabes, puis modi-
fiée avec des vers de différentes longueurs. Remise de nouveau en vers de huit syllabes,
pour être ensuite arrangée en vers de dix pieds, elle passa par toutes les formes pos-
sibles avec toutes les rimes imaginables. Scribe avait pâli toute une semaine sur cette
maudite romance, lorsque, rencontrant un soir Meyerbeer :
«
Pourquoi, diable ! dit le compositeur au poëte, prétendiez-vous qu'il y avait là un
sujet de romance?
moi qui l'ai prétendu, c'est vous !
- - Eli ce n'est pas

Vraiment?. S'il en est ainsi, nous nous sommes trompés. »
Ce nous caractérise à merveille l'omnipotence du compositeur de grand opéra en
général; c'est- un trait charmant, heureusement trouvé, s'il n'est pas vrai.
Un jour, rencontrant Scribe sur le boulevard des Italiens et le prenant par le bras,
Meyerbeer lui glissa mystérieusementces mots à l'oreille :
« Il m'est venu hier soir une idée qui fera la fortune de notre ouvrage.
Voyous l'idée.
— Je voudrais réunir, au quatrième acte, tous nos personnages, afin d'avoir un
septuor.
— Mais c'est impossible, dit Scribe; les trois premiers actes sont terminés, vous le
savez; et, quand on veut une situation semblable, il faut la préparer de longue main.
— Vous avez raison, c'est un énorme travail à refaire. Mais un septuor ! Songez-y
donc, un septuor !
— Allons, soit; j'arrangerai cela, » dit Scribe en soupirant..
Il consacra, malgré son extrême facilité, près de six semaines aux retouches. Meyer-
beer prit le libretto, le garda trois ans, et dit enfin à son collaborateur :
« Toutes réflexions faites, notre septuor n'ira pas. Je préfère un monologue. »
Halévy est peut-être, de tous les compositeurs qui ont travaillé avec Scribe, celui qui
s'est montré le plus facile, et qui a le plus respecté les vers de l'auteur. Auber lui cou-
pait une strophe de manière à la rendre inintelligible quand il ne demandait pas à
Scribe des paroles sur des airs faits à l'avance, et d'un rhythme tel qu'il semblait ex-
clure toute poésie. Boïeldieu intervertissait l'ordre des rimes; Adam ne voulait que des
vers masculins. Donizetti lui demanda un jour s'il ne pouvait pas lui faire des vers neu-
tres, afin de n'être pas gêné dans les terminaisons des phrases. Hérold déplaçait la cé-
sure ; Carafa ne craignait pas de donner quatorze pieds à un hexamètre, se fondant sur
ce dicton : « Qui peut le plus peut le moins. » Enfin un autre auteur, ayant trouvé une
mélodie Irès-sentimenlale qu'il destinait au ténor dans une des situations les plus pa-
thétiques de la pièce, pria Scribe de composer pour cet air des paroles pleines de re-
grets et d'amour. Pour guider le poëte, le musicien avait fait un monstre. En voici les
premiers vers :
Ah ! te voilà, crapaud d'enfant,
Tout barbouillé de confiture ;
Tu l'aimes donc, la confiture?
Oh ! oui, ça se voit, je le jure.
Chinois 1 magot de paravent !
C'est dégoûtant.
Crapaud d'enfant !

Et l'on s'étonne ensuite qu'il y ait dans les livrets des rimes mauvaises, des vers mal
conçus, des répétitions oiseuses ; que certains morceaux soient trop longs, que d'autres
pèchent
par l'excès contraire ; qu'il n'y ait pas là, comme dans les pièces de Lamartine
et de Victor Hugo, ce cachet suprême de poésie et d'indépendance d'esprit. Braves gens
qui tenez ce langage, je voudrais bien vous voir, armés de votre lyre, faire appel à la
muse, entourés de tous les gens qu'il vous faudrait satisfaire, et qui sont en droit de vous
tout demander : — compositeurs de musique, maîtres de ballet, décorateurs, machi-
nistes, régisseurs, chanteurs, danseurs, éclaireurs et claqueurs! Vous vous en tireriez
sans doute avec tous les honneurs de la plus délicate poésie, et beaucoup mieux que
Scribe, Saint-Georges et que tous les maîtres du genre. Mais pourquoi donc, braves
gens, au lieu d'utiliser au profit des plaisirs de tous votre admirable organisation, vous
bornez-vous à éplucher, sans profit pour personne, les fautes de syntaxe que votre per-
spicacité a découvertes dans les livrets d'opéra, et que votre bienveillance accoutumée
s'empresse de signaler dans vos écrits éphémères, qui, réunis, ne valent certes pas un
bon poëme lyrique? J'ai lu le triste article que Gustave Planche a écrit à l'occasion de
la réception de Scribe à l'Académie, et je me suis dit qu'il ne valait pas la première
scène du Mariage de raison.
Eh bien, pour nous, musicien, qui avons comme tel à parler de Scribe dans un jour-
nal de musique, nous le disons en toute sincérité : les livrets des grands opéras de cet
illustre auteur sont et resteront les modèles du genre. Le premier grand opéra de
Scribe, la Muette, est un chef-d'œuvre, et l'admiration qu'il inspire s'accroît de l'infé-
riorité relative des livrets qui l'ont précédé. Depuis la Muette (1828), Scribe n'a cessé
de doter l'art musical de poëmes dans lesquels les plus grands compositeurs actuels ont
trouvé les situations les plus propres à favoriser leurs inspirations.
Au reste, les compositeurs le savent, et ils se sont toujours plu à lui rendre justice.
Il y a sans doute plus de mérite littéraire à avoir écrit le Verre d'Eau, mais il y a peut-
être plus de difficulté à avoir fait Robert le Diable, et le Théâtre-Français nous mon-
trera toujours plus de bonnes comédies que l'Opéra de bons poëmes.
Je m'aperçois en finissant que, malgré la longueur de cet article, je n'ai point parlé
des opéras comiques de Scribe. Au demeurant, cela importe peu : les opéras comiques
de ce charmant auteur sont dans toutes les mémoires, et tout le mal qu'on en a dit n'a
pas empêché le bien qu'on en pense. Quelques critiques ont reproché à Scribe d'avoir
trop travaillé et travaillé trop vite. Ces mêmes critiques, il est vrai, reprochent à Meyer-
beer de travailler trop lentement et de ne pas assez travailler, et à Rossini de ne pa
travailler du tout. Que faire, mon Dieu! que faire!.
Un mot encore.
Le jour des funérailles de Scribe, le Théâtre-Français, l'Opéra-Comique et le Gym-
nase ont fait relâche ; le Grand-Opéra a donné le spectacle suivant : un ballet, le Pa-
pillon, et le premier acte du Philtre, d'Auber et de M. Scribe lui-même.
OSCAR COMETTANT.

TABLE DES MATIÈRES

Calendrier et Éphémérides musicales.


Ministère d'État. — Institut. — Conser-
3 La Chanteuse des rues.
La dot de Suzon, paroles de
M

vatoire de musique 15 SAINT-ETIENNE, musique de L


ALEXANDRE
CLAPISSON. 43
Physionomies d'artistes 46
Seine.
Association des sociétés chorales et [orphéons

Année scolaire
du département de la

Conservatoire.
Concours du
Liste des lauréats
17
18
lb.
29
MÉTRA
Polka des marionnettes pour piano, par OLI-

Eugène Scribe
VIER 55
56
ANCIENNE MAISON MEISSONNIER
Paris (COMPAGNIE MUSICALE), E. GÉRARD et CIE, rue Dauphine, 18.

ÉDUCATION MUSICALE DES ENFANTS


PAR
A. LE CARPENTIER
ADOPTÉE AU CONSERVATOIRE ET APPROUVÉE PAR L'INSTITUT.

piano.
SOLFÈGES

édition.
Petit Solfége pour les Enfants.

Edition in-8, sans


piano
Edition in-4, avec accompagnement de
Edition in-8, sans accompagnement. 9e
Adopté au Conservatoire, dans la séance du 5 juillet 1854.
Solfége à Deux voix pour les Classes d'ensemble.
accompagnement
Edition in-4, avec accompagnement de

in-8 net.
Adopté au Conservatoire, dans la séance du 5 juillet 1854.
net.

net.
15 f.
2

20 f.
5
»
50

»
»

Contenant les Principes de la musique; format


Suite à la Grammaire musicale; format in-8 net.
Grammaire musicale par Demandes et Réponses.
1
1
f. 25
25

PIANO
COURS PRATIQUE DE PIANO ÉLÉMENTAIRE ET PROGRESSIF
Adopté au Conservatoire, dans la séance du 26 décembre 1853.
1er DEGRÉ.
— Méthode

études enfantines,
tions sur des motifs
3e DEGRÉ.
choisis.
pour
exercices, gammes, récréations, et six petites études; 23e
2" DEGRÉ.
édition.
les Enfants, contenant les premiers principes, des
— Seeonde partie de la Méthode, contenant vingt-cinq
— Op. 59.précédées
chacune d'exercices et préludes, et suivies de douze récréa-

récréations.
— Op. 174. — Vingt-cinq

octaves »
trente exercices journaliers et quatre
Études élémentaires et progressives,
12
12 f.

12
»

degrés.
»
4° DEGRÉ. — Op. 175. — Vingt-cinq Études de moyenne force et cinquante

perfectionnement 18
exercices journaliers comprenant des
5e DEGRÉ. — Op. 127.
— Vingt-cinq
Études caractéristiques de style et de
APPENDICE
12 ),

6e DEGRÉ. — Op. 57. —


École de la Mesure, pour être travaillée avec les 2e, 3°, 4e et
10 f.
5e
7e DEGRÉ.
— Op. 78. — Quinze Préludes brillants et de moyenne force.
Tous ces ouvrages ont été adoptés par l'Institut, dans sa séance du 2 septembre 1854.
9
»
»

ÉLÉMENTS DU PIANO A QUATRE MAINS


ÉTUDE DE LA MESURE.
Op. 252. — Manuel des Jeunes Pianistes, contenant vkrç^poJtjte tîïèç&ns mélodi-
piane^!^WH:e^mai^
ques et cinq récréations très-faciles, sans octaves, I)our
pour le pia a, 12 f. »

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