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Atti del X convegno di studio
Oristano, 11-13 dicembre 1992
a cura di Attilio M astino e Paola Ruggeri
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Atti del X convegno di studio
Oristano, 11-13 dicembre 1992
Parmi les nom breux docum ents archéologiques élaborés dans les
prem ières décennies de la présence française en A lgérie, il en est un res
té inédit, en dépit de son grand intérêt, p ar suite d ’aléas adm inistratifs: il
s ’agit d ’une carte intitulée “Carte de la Subdivision de B atna dressée
sous les ordres du Colonel C arbuccia com m andant la Subdivision par le
Lieutenant R ousseau du 2* R égim ent de la L égion étrangère” .
Le titre seul m ontre que le cadre n ’est ni historique ni géographi
que, il est adm inistratif: la Subdivision de B atna que com m andait le C o
lonel C arbuccia depuis le 21 octobre 1848, peu après son arrivée à la tê
te du 2* R égim ent Étranger en garnison à Batna, correspond à ce q u ’on
pourrait appeler globalem ent l’Aurès du Nord: la région entre le H odna
et les N ém enchas. Elle était entourée, dans le sens des aiguilles d ’une
m ontre, des Subdivisions de Sétif, de C onstantine, de Bòne, et au sud,
du Cercle de Biskra*.
Dessinée à l’encre de chine et en couleurs, sur support calque, la
carte, qui m esure 1,40 m. sur 1,50 m., est à l ’échelle du 1/100 000. Elle
est conservée à la B ibliothèque de l’institut de France qui l’a récem m ent
7 Un détail en ce dom aine prouve que la carte à l ’échelle la plus petite est une copie: à
Zaatcha, dont l’assaut en novem bre 1849 donna lieu à deux interventions très contestées
du C olonel C arbuccia, la m atrice porte le sigle des épées légendé «16-28 novem bre
1849», indication supprim ée dans l ’exem plaire “officiel”, sans aucun doute à la suite de
la controverse entre C arbuccia et le Général Herbillon responsable de l’opération.
* Voir lettre et rapport cités en annexe.
(IÏ s ’agit de l ’expédition de mai 1850)’ .
M êm e pendant les opérations m ilitaires le relevé des vestiges faisait
partie des objectifs explicites.
Le journal A khhar relate: «On nous écrit d ’A ïn K elba, dans le H od
na, à la date du 11 avril [ 1849].
La colonne sous les ordres de M. le Colonel C arbuccia, com m an
dant supérieur du cercle de Batna, a dû faire un séjour sur l ’O ued Barika
(H odna oriental) pour le règlem ent des affaires qui l ’avaient am enée sur
ce point. Le séjour a été m is à profit pour la science archéologique: les
ruines de Tobna (l’ancienne Tubuna) ont été explorées et un travail a été
fait à ce sujet d ’après les inspirations du chef de la colonne, qui ne négli
ge aucune occasion de faire des explorations de ce g en re » .'"
Carbuccia raconte ainsi cette course:
«Les ruines de T ubna ont été visitées une prem ière fois par moi
dans l’expédition du m ois d ’avril et une deuxièm e fois dans celle du
mois de juillet dernier; ces deux courses ont été m ises à profit pour la
science par des m ilitaires de tous grades du 2® R égim ent de la Légion
étrangère et notam m ent p ar M. le C apitaine C ollineau et M. le L ieute
nant R ousseau». Il relate q u ’il a établi son cam p sur l’O ued B arika à
quelques km. de Tubna et a laissé «M. le Sergent M ajor Thuilliez sous
officier des plus distingués et un des m ilitaires les plus instruits que je
connaisse, en l ’engageant très vivem ent à s ’occuper de T u b n a» ."
L’habitude de faire réali.ser des dessins n ’est pas propre au Colonel
C arbuccia: le M aréchal de Saint Arnaud écrit de Batna, le 12 mai 1850,
à son frère, avocat à Paris: « J’avais déjà vu des ruines en C rèce, en Ita
lie, en Asie, m ais elles m ’im pressionnaient m oins. Peut-être m on adm i
ration pour l’antique étaii-elle m oins développée, en raison de m on peu
de réflexion; peut-être que je trouve les ruines plus dignes d ’attention à
m esure que je m e rapproche d ’elles? C ’est un langage bien poétique et
'^P artie terminale d ’une lettre de Léon Renier à l ’Em pereur Napoléon lit. 17 novem
bre 1858: il en existe une version imprimée et une version m anuscrite, qui se com plète de
plusieurs paragraphes sur les musées: C.A.O.M . - F 80 1733. La form ulation de Renier
souligne com bien l’initiative de Carbuccia était individuelle.
'^H isto ire de Ì'A cadém ie .... “ M émoires de l ’A cadém ie des Inscriptions et Belles
Lettres”, 1861,1.20, p. 161-170.
'5 «Je dis à M. le Ministre dans ma lettre responsive de ce jour que si je regrette ces longs
retards, c ’est non seulement parce q u ’aucun remerciement n ’a été adressé ju sq u ’ici à mes o f
ficiers ou soldats mais parce q u ’ayant été privés de toute direction, nos travaux ne sont pas
aussi utiles q u ’ils devraient et pourraient l’être à la science. J ’ajoute que j ’étais dans l’intention
de correspondre directement avec vous (le Secrétaire Perpétuel de l’Académ ie des Inscrip
tions], mais que d ’après son désir, je continuerai à lui [le Ministre de la Guerre] adresser nos
découvertes par la filière hiérarchique quoique convaincu que de nouveaux retards seront a p
portés dans la transmission à l’Académie. J ’ai l’honneur de vous informer q u ’en effet j ’ai ter
miné la description archéologique de la dernière expédition faite par la Direction de Constan
tine dans les Aurès, les Némenchas, et Tébessa, que dans ce moment deux de mes officiers
parcourent les nombreuses ruines qui existent entre Lambesa et Sétif el que je m ’empresserai
de vous adresser le tout dès que l’Académie aura daigné jeter un coup d ’œil sur nos premiers
travaux et les encourager». (Lettre de Carbuccia à Walckenaer, Secrétaire Perpétuel de l ’Aca
démie des Inscriptions et Belles Lettres, 20 septembre 1850 - Archives de l’institut de France,
A.I.B.L., correspondance, E 369).
(Il convient de rappeler q u ’en cette période de parution de l'E xp lo
ration scientifique de l ’A lgérie, notam m ent des tom es archéologiques du
C apitaine D elam are, le M inistre devait depuis plusieurs années supplier
les C ham bres de voter des crédits de publication).
C ependant, si, m algré l’insistance de l ’A cadém ie des Inscriptions et
Belles Lettres, jam ais le M inistère ne débloqua les fonds, la raison n ’était
pas u n iq u em en t fin an cière. Le M inistre estim ait que C arbuccia avait
outrepassé son rôle, com m e il l’expose de la façon la plus claire dans
une lettre au C énéral C arbuccia:
«Son E xcellence (le M inistre de la C uerre) a reconnu que le Dépôt
de la C uerre n ’avait ni le tem ps ni les fonds nécessaires pour faire une
publication à part de ce m ém oire. Il est, sans doute, intéressant pour
l’histoire, m ais il ne l ’est que fort indirectem ent pour les études pure
m ent m ilitaires. Il pourrait, tout au plus, faire partie du 10« volum e du
M ém orial du D épôt de la C uerre, m ais ce volum e n ’est pas encore com
m encé et probablem ent ne sera pas im primé avant deux ans au moins. Si
vous vouliez cependant faire jo u ir im m édiatem ent le public curieux de
choses antiques des renseignem ents que contient la carte, elle pourrait
être gravée su r pierre et recevoir, dans les vides du dessin, une légende
ou des notes explicatives assez étendues. Publiée dans cet état, elle serait
la propriété du D épôt de la C uerre, qui vous en donnerait une certaine
quantité d ’exem plaires dont le nom bre serait à débattre. A gréez ...»'*.
Pour d onner plus de poids à ses recom m andations, et pour m anifes
ter son estim e à l ’auteur, l’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres
avait pourtant accordé au travail (m ém oire et carte) du Colonel C arbuc
cia la prem ière m édaille au Concours des A ntiquités en 1851, et l’avait
élu au prem ier tour correspondant régnicole le 20 janvier 1854 en rem
placem ent de M. de C erville.
L’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres recom m ande «M. le
C olonel C arb u ccia ... qui a enrichi la science archéologique d ’une si
grande et si précieuse collection de m onum ents épigraphiques et figurés
recueillis en A lgérie»*’ .
'4 Archives de l ’inslilul de France, E 84. Par une lettre du 20 octobre 1852, Carbuc
cia, en posie en Corrèze, se porte candidai pour êlre correspondani de l’Académie à Bas-
lia: «Je vous prie de daigner faire connaîire à l’Académie le vif désir que j ’éprouve de
puis longtemps d ’êire nom m é son correspondant à Bastia (Corse) et de lui dem ander pour
moi la faveur d ’une inscription sur la liste des candidats à cet honneur pour les vacances
futures» (ihid., E 371).
M ais, envoyé com m ander le corps de la L égion étrangère en Orient,
le G énéral Carbuccia m ourut le 17 ju illet 1854 du choléra dès son débar
quem ent à G allipoli, sans que le m anuscrit, q u ’il avait préparé pour une
publication, ait été édité*".
L’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres n ’abandonna pourtant
pas son projet. Dans une note récapitulative des publications restant à
assurer dans le cadre de la collection E xploration scientifique de l’A lg é
rie, le géographe Jom ard écrivait, le 15 ju in 1854:
«O utre l’anthropologie par M. Serres il resterait à publier, si c ’est
l’intention de M. le M aréchal (Soult, M inistre de la G uerre), les travaux
du G énéral Carbuccia sur lesquels l’A cadém ie des Inscriptions et Belles
Lettres a fait un rapport au gouvernem ent et qui ont valu à l ’auteur en
1852 [erreur pour 1851] la prem ière des m édailles attribuées aux anti
quaires d e France»*'.
La carte, m aintenant pourvue d ’une sœ u r aînée pour ainsi dire, est
restée inédite et peu connue. Elle constitue pourtant un docum ent histo
riographique im portant parce q u ’elle garde trace de ruines dont un cer
tain nom bre disparurent très vite et parce q u ’elle m ontre que, sur le sujet
très controversé et chargé de nom breux enjeux sym boliques, de l’occu
pation rom aine de l’Aurès et de ses franges, des observations prouvant
la pénétration rom aine avaient été faites dès les prem ières décennies de
la conquête**.
fév rie r 1851: le Colonel Carbuccia quitte l’Algérie, muté au 18e R égi
ment de Ligne à Clerm ont-Ferrand.
25 avril 1851: Carbuccia lit à l’A cadém ie des Inscriptions et Belles Let
tres un mémoire sur les «Itinéraires anciens de la Subdivision de Batna».
30 mai 1851: la Guerre fait savoir q u ’aucun crédit n ’est disponible pour
l’édition des travaux de Carbuccia. L’A cadém ie décide que «son Secrétaire
jjerpétuel écrira de nouveau à M. le M inistre de la Guerre, pour le prier de
vouloir bien prendre les m esures nécessaires pour que cet im portant travail
fût publié et soumis à l’appréciation du m onde savant».
10 octobre 1851: avec ses rem erciem ents (il «rem ercie l’Académie de
l ’honneur q u ’elle vient d ’accorder au 2« Régim ent de la Légion étrangère,
dans sa personne»), le Colonel Carbuccia rem et l’argent du prix (5(X) Lr.) à
l ’Académie des Inscriptions et Belles Lettres «pour en disposer comme elle
le jugera convenable».
Cette attitude n ’est pas sans précédents: le 28 décem bre 1847 De Cau-
mont avait offert 500 Lr., soit la valeur de la m édaille d ’or du concours des
Antiquités, pour doter un prix sur l’histoire de l’art du M oyen Age.
24 décembre 1852: Carbuccia est présenté en tête pour être élu correspon
dant, «en remplacement de M. Caldavène», de mêm e le 23 décembre 1853.
20 ja n v ie r 1854: le G énéral Carbuccia est élu au prem ier tour «corres
pondant régnicole» en rem placem ent de M. de G erville, et, «près de partir
pour l’arm ée d ’O rient», il dem ande des instmctions pour «employer au pro
fit des sciences archéologiques les moments de loisir que ses devoirs m ilita
ires pourraient lui laisser».