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L'Africa

romana
Atti del X convegno di studio
Oristano, 11-13 dicembre 1992
a cura di Attilio M astino e Paola Ruggeri
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Editrice Archivio Fotografico Sardo - Sassari


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L'Africa
romana
Atti del X convegno di studio
Oristano, 11-13 dicembre 1992

a cura di A ttilio M astino e Paola Ruggeri

Editrice Archivio Fotografico Sardo - Sassari


M onique Dondin-Payre
Un docum ent cartographique inédit sur l ’occupation
de l ’espace dans les Aurès à l ’époque romaine

A la m ém oire de m on m aître M. Le G lay

Parmi les nom breux docum ents archéologiques élaborés dans les
prem ières décennies de la présence française en A lgérie, il en est un res­
té inédit, en dépit de son grand intérêt, p ar suite d ’aléas adm inistratifs: il
s ’agit d ’une carte intitulée “Carte de la Subdivision de B atna dressée
sous les ordres du Colonel C arbuccia com m andant la Subdivision par le
Lieutenant R ousseau du 2* R égim ent de la L égion étrangère” .
Le titre seul m ontre que le cadre n ’est ni historique ni géographi­
que, il est adm inistratif: la Subdivision de B atna que com m andait le C o ­
lonel C arbuccia depuis le 21 octobre 1848, peu après son arrivée à la tê ­
te du 2* R égim ent Étranger en garnison à Batna, correspond à ce q u ’on
pourrait appeler globalem ent l’Aurès du Nord: la région entre le H odna
et les N ém enchas. Elle était entourée, dans le sens des aiguilles d ’une
m ontre, des Subdivisions de Sétif, de C onstantine, de Bòne, et au sud,
du Cercle de Biskra*.
Dessinée à l’encre de chine et en couleurs, sur support calque, la
carte, qui m esure 1,40 m. sur 1,50 m., est à l ’échelle du 1/100 000. Elle
est conservée à la B ibliothèque de l’institut de France qui l’a récem m ent

' Je remercie très vivement Madame Dumas, conservateur en chef de la Bibliothèque de


l’institut de France, et Madame Chassagne, conservateur, de leur accueil et de l ’aide q u ’elles
m ’ont apportée. Ma gratitude va aussi à Madame Laifitte-Lamaudie, conservateur des Archi­
ves de l’institut, et au Service historique de la Légion étrangère. Enfin, j ’ai une grande dette de
reconnaissance envers Monsieur Jean-Luc de Carbuccia, qui a mis ses archives familiales à ma
disposition et qui a généreusement fait don de la carte à l’institut de France. Toutes les citations
accompagnées d ’une référence à des archives sont inédites. Les références sont signalées ain­
si: in extenso pour le Service historique de la Légion étrangère, Aubagne; C.A.O.M , suivi de
la cote pour le Centre des Archives d ’Outre Mer à Aix-en-Provence; Archives de l’institut de
France, A.I.B.L, suivi du nom et de la cote pour les dossiers. Archives de l’institut de France,
E suivi du numéro pour les registres.
fait re s ta u re r’ , et qui en p o ssèd e d ep u is n o v e m b re 1991 un second
exem plaire. Celui-ci coïncide avec le prem ier au sud, à l ’ouest, et au
nord, m ais est beaucoup plus com plet vers l ’est, d ’un tiers environ; il ap­
partenait au petit-neveu du Colonel, Jean de C arbuccia, qui a bien voulu
en faire don à l’Institut*. Il donne à peu près les m êm es inform ations que
le prem ier: il était, en effet, coutum ier de faire recopier les textes ou do­
cum ents q u ’on souhaitait voir circuler. Je ne sais com bien d ’exem plaires
de cette carte, tous m anuscrits, ont été diffusés: S téphane G sell, par
exem ple, ne la connaissait que par une autre copie: «Je m e suis ... servi
de la carte de Carbuccia (copie de M. M oliner-V iolle)», note-t-il à propos
de la feuille “Batna” de son Atlas archéologique de ¡’Algérie^. Le second
exem plaire cité est en fait la m atrice: il com porte certaines inform ations
qui furent plus tard volontairem ent expurgées de la copie officielle et,
seul, décrit la zone qui s ’étend entre K henchela et Theveste, soit environ
90 km. d ’ouest en est. Il est à une échelle plus grande (1/400 000), beau­
coup plus petit en taille (76 x 43 cm .) que le prem ier, donc plus difficile à
déchiffrer quoique l’extrêm e finesse et la précision des traits rendent la
lecture à l’aide d ’une loupe aisée. Le Colonel C arbuccia avait fait agran­
dir la partie de la carte qui couvrait sa Subdivision pour la com m uniquer
aux autorités et avait conservé l’original dans ses archives personnelles.
S ur les deux cartes sont figurés de façon très m inutieuse* à la fois le
cadre naturel et l’occupation hum aine:
- la géographie: le relief est transcrit en courbes de niveau, l ’altitu­
de des som m ets est indiquée, l’hydrographie figure en bleu*, les ressour-

2 Bibliothèque de l'Institut de France, MS 1935; elle est décrite ainsi à l ’inventaire:


«carte en couleurs à courbes de niveau, sur papier végétal; feuille enroulée de 1,45 m de
long X 1,50 m de large».
3 B ibliothèque de l’Institut de France: MS 7453.
4 II cite aussi les notices d ’officiers des brigades topographiques exécutées en 1901
pour les cartes au 200 000e et au 500 000e. (Atlas archéologique de l'A lgérie - Edition
spéciaie des caries au 200 000e du Service Géographique de l ’Armée, avec un texte ex­
plicatif, Alger-Paris, 1911, feuille 27 “Batna” n. 1 et feuille 28 “Aïn Beïda” n. 1). 11 ne la
m entionne pour aucune autre feuille (ni 29 sur laquelle figure T heveste, ni les trois feuil­
les du sud 37, 38 et 39); il est très probable - mais non assuré - q u ’il n ’avait disposé que
de la copie officielle, la plus petite. Le Colonel C arbuccia m entionne dans une lettre
qu’avant leur expédition à Paris ses travaux ont été recopiés pour la Bibliothèque d ’Alger.
3 Des notations de toutes sortes sont portées sur les cartes: «Moulins», «Fontaine intermitten­
te 7 jours», «Mai.son du Garde Général des Forêts», «Maison du Caïd», «Bois»... La graphie e.st
si méticuleuse qu’à Batna la délimitation des carrés des jardins simés derrière le camp est visible.
6 Un trait très épais indique la «ligne de séparation des eaux du Sahara et de la M édi­
terranée qui sert de lim ites au Tell et connue des anciens géographes sous le nom de
Grand Atlas»; figurée sur la copie, elle n ’est légendée que sur la matrice.
' Ni \ 5 V
Fig 2: Extrait de la carte de la subivision de Batna (Bibliothèque de ITnstitut de France, MS 1935).
ces naturelles et la m ise en v aleur hum aine («M ines», «Lieux de pâtura­
ges pour les cham eaux»...) en noir; la seule végétation concerne les o a­
sis, représentées par de m inuscules palm iers verts tandis que
- r occupation hum aine est principalem ent caractérisée par le rou­
ge, couleur de l ’entourage de ces oasis, des points de localisation des
villages et ag g lo m ératio n s, des sigles sym b o lisan t les m arabouts; les
voies de com m unication sont indiquées en noir ou en rouge.
- l’originalité de ces cartes, qui retient notre attention, est ieur contenu
historique: outre les em placem ents des batailles signalés par des éptées rou­
ges croisées*, tous les vestiges rom ains alors reconnus sont désignés par des
pointillés rouges et les lettres “ R R ” (= ruines rom aines, les tofxjnymes ava­
ient rarem ent été reconstitués), les routes rom aines sont tracées en noir et
légendées «Ve rom aine» avec m ention des hom es m illiaires, la présence
d ’autres vestiges (ponts, m oulins ...) est précisée. Quand les localités mo­
dernes se superposent à une occupation romaine attestée, les toponymes an­
tiques, tels q u ’on les avait rétablis, sont reportés entre parenthèses.
La carte est, en effet, le résultat de relevés très précis effectués sys­
tém atiquem ent par son régim ent, non pas en application de directives of­
ficielles m ais à l ’initiative personnelle du Colonel C arbuccia qui, im ­
pressionné p ar l’abondance des vestiges antiques d ans sa circonscrip­
tion, voulait en g arder trace et les consigner; soupçonné d ’ailleurs par
les autorités d ’avoir détourné à cette fin une partie de ses crédits, et ses
subordonnés de leurs tâch es m ilitaires, il s ’en d éfendit toujours*. Ses
consignes et leur m ise en pratique sont am plem ent attestées.
Ainsi on dispose d ’un livret de 12 feuillets intitulé «D escription des
m ines situées sur la route suivie par la colonne du G énéral de Saint A r­
naud dans les N em enchas et dans l’Aurès» qui débute ainsi;
«3 mai; La colonne com m andée par le Général de Saint Arnaud part
de Batna, fait la grande halte à A ïn Hella Safra (12 km ) et bivouaque sur
l’oued Soutelz (8 km). Dans cette journée nous trouvons quelques pierres
romaines autour d ’Aïn Hella Safra (fontaine des Oiseaux) avec des fragmen­
ts d ’inscriptions de pierres tum ulaires; de la grande halte au bivouac nous
voyons trois m ines isolées qui n ’ont aucune im portance». A nnotation en
marge, face au prem ier paragraphe: «faire la vue de cette mine».

7 Un détail en ce dom aine prouve que la carte à l ’échelle la plus petite est une copie: à
Zaatcha, dont l’assaut en novem bre 1849 donna lieu à deux interventions très contestées
du C olonel C arbuccia, la m atrice porte le sigle des épées légendé «16-28 novem bre
1849», indication supprim ée dans l ’exem plaire “officiel”, sans aucun doute à la suite de
la controverse entre C arbuccia et le Général Herbillon responsable de l’opération.
* Voir lettre et rapport cités en annexe.
(IÏ s ’agit de l ’expédition de mai 1850)’ .
M êm e pendant les opérations m ilitaires le relevé des vestiges faisait
partie des objectifs explicites.
Le journal A khhar relate: «On nous écrit d ’A ïn K elba, dans le H od­
na, à la date du 11 avril [ 1849].
La colonne sous les ordres de M. le Colonel C arbuccia, com m an­
dant supérieur du cercle de Batna, a dû faire un séjour sur l ’O ued Barika
(H odna oriental) pour le règlem ent des affaires qui l ’avaient am enée sur
ce point. Le séjour a été m is à profit pour la science archéologique: les
ruines de Tobna (l’ancienne Tubuna) ont été explorées et un travail a été
fait à ce sujet d ’après les inspirations du chef de la colonne, qui ne négli­
ge aucune occasion de faire des explorations de ce g en re » .'"
Carbuccia raconte ainsi cette course:
«Les ruines de T ubna ont été visitées une prem ière fois par moi
dans l’expédition du m ois d ’avril et une deuxièm e fois dans celle du
mois de juillet dernier; ces deux courses ont été m ises à profit pour la
science par des m ilitaires de tous grades du 2® R égim ent de la Légion
étrangère et notam m ent p ar M. le C apitaine C ollineau et M. le L ieute­
nant R ousseau». Il relate q u ’il a établi son cam p sur l’O ued B arika à
quelques km. de Tubna et a laissé «M. le Sergent M ajor Thuilliez sous
officier des plus distingués et un des m ilitaires les plus instruits que je
connaisse, en l ’engageant très vivem ent à s ’occuper de T u b n a» ."
L’habitude de faire réali.ser des dessins n ’est pas propre au Colonel
C arbuccia: le M aréchal de Saint Arnaud écrit de Batna, le 12 mai 1850,
à son frère, avocat à Paris: « J’avais déjà vu des ruines en C rèce, en Ita­
lie, en Asie, m ais elles m ’im pressionnaient m oins. Peut-être m on adm i­
ration pour l’antique étaii-elle m oins développée, en raison de m on peu
de réflexion; peut-être que je trouve les ruines plus dignes d ’attention à
m esure que je m e rapproche d ’elles? C ’est un langage bien poétique et

4 Bibliolhèque de l’inslilul de France: MS 1369 B. Sur celle expédilion voir Journal


des marches et des opérations du 2 ' Régiment étranger pendant les campagnes de 1841 à
Service hi.slorique de la Légion élrangère, Aubagne - archives A 45-10 - inv. 288-497.
'O Journal “Akhbâr” , 24 avril 1849, n°. 1189.
" ’’Historique des exploralion faites à Tubuna”: MS 1369, Bibliolhèque de l’inslilul
de France. A propos du sous-lieulenanl Rousseau, auteur de la carte, souvent cité pour ses
contributions graphiques: «Par sa lettre du 27 juillet 1849, le M inistre de la G uerre félici­
te M. le Sous-Lieulenanl Rousseau pour les croquis des terrains parcourus par les colon­
nes du Colonel Carbuccia, en avril et mai, dans le Hodna et les Aurès» (il s ’agit d ’une ex­
pédition contre Narah, au sud de M enaa - Journal des marches et des opérations du 2 '
Régiment étranger pendant les campagnes de 1841 à ... Service historique de la Légion
étrangère - archives A 45-10 - inv. 288-497.
bien profond que celui de ces énorm es pierres séculaires qui sont restées
debout au m ilieu des tem pêtes et de la destruction des m ondes. Je rap­
porterai à m a fem m e un curieux album. J ’ai un dessinateur attaché à ma
c o lo n n e . C ’es t un je u n e fo u rrie r aux c h a sse u rs qui a été à l ’É cole
polytechnique renvoyé pour opinion. Son crayon n ’est pas rouge. J ’ai
aussi, dans la L égion étrangère, un ex-officier hongrois que j ’ai fait ser­
gent; il dessine fort bien».'*
En revanche, exceptionnelle est la volonté de C arbuccia d ’exécuter
ces relevés systém atiquem ent et non au hasard des opportunités, de faire
consigner par écrit ces observations auxquelles il chercha à donner non
plus l’aspect de curiosités m ais le ton le plus précis et le plus scientifi­
que possible. La carte n ’est, en effet, que la partie figurée et statistique
d ’un dossier intitulé «A rchéologie de la Subdivision de Batna. Prem ière
cam pagne du I« novem bre 1848 au I« ju illet 1849», qui com prend un
volum ineux bilan écrit et des planches'*.
Ce travail ne fut jam ais ni com plété com m e l ’avait espéré C arbuc­
cia, ni publié, bien que sa valeur eût été tôt reconnue, ainsi par Léon Re­
nier en 1858 dans une lettre à N apoléon III: «Le G énéral C arbuccia
avait, lo rsq u ’il com m andait la circonscription (de Batna), fait dresser
sur une très grande échelle par les officiers placés sous ses ordres une
carte de cette subdivision. Cette carte était conservée à Batna, où je l’ai
vue et consultée plusieurs fois. On y m arquait avec soin, au fur et à mesu­
re des découvertes, toutes les ruines, toutes les voies rom aines avec leurs
hom es m illiaires, tous les m onum ents dont l’existence venait à être ré­
vélée. Si ce travail eût été continué sans interruption depuis 1851 cette
carte doit form er aujo u rd ’hui un docum ent de la plus haute im portance
et Votre A ltesse ferait certainem ent une chose des plus utiles pour la
connaissance des antiquités de l’Algérie si Elle ordonnait que cet exem ­
ple fût suivi dans toutes les subdivisions. O n obtiendrait ainsi, en peu
d ’années et presque sans frais, une carte com plète et aussi exacte que
possible de I’A frique rom aine, travail analogue à celui que l’Em pereur
vient d ’ordonner pour la G aule, dans des conditions infinim ent m oins
favorables et avec beaucoup m oins de chances de succès».

Lettres du M aréchal de Saint Arnaud, t.2, Paris, 1855, p. 272.


'3 Bibliothèque de l’Institut de France, MS 1369 (en cours de pubblication); il com ­
prend un album de 71 planches et un texte divisé en livres, par site, daté du 31 août 1849
et contresigné par J.L. Carbuccia, et un dossier de différents documents épigraphiques el
archéologiques com m uniqués au Colonel Carbuccia devenu en quelque sorte l’interlocu­
teur des m ilitaires. L’intitulé «Première cam pagne du 1er novembre 1848 au 1er juillet
1849» s ’explique par le fait que Carbuccia espérait pouvoir poursuivre ses investigations.
M algré l ’annotation en m arge: «O ui, écrire dans ce sens aux bu­
reaux topographiques», ce souhait ne fut pas e x a u c é '“*.
Le Colonel Carbuccia, qui dut quitter son com m andem ent en Algérie à
la suite d ’un différend avec ses supérieurs auquels ses investigations archéolo­
giques, jugées intempestives, n’étaient pas étrangères, avait transmis par voie
hiérarchique au M inistère de la Guerre, avec dem ande de com m unication à
l’A cadém ie des Inscriptions et Belles L ettres, ses travaux, c ’est-à-dire la
carte, le manuscrit qui en constituait le com mentaire, et les 71 planches qui
l’illustraient. L’Académie désigna une com m ission qui rédigea un rapport
très favorable (lu le 11 avril 1851 et publié'*), invita le Colonel Carbuccia à
lui présenter à deux reprises un exposé de ses découvertes et recom m anda
vivement au Ministre de la Guerre, qui en était propriétaire et qui en interdi­
sait la communication directe par leur auteur'^, la publication des travaux.
A la séance du 30 mai 1851 on donne «lecture d ’une lettre par la­
quelle M. le M inistre de la G uerre inform e l ’A cadém ie de la décision
q u ’il a prise au sujet des travaux archéologiques exécutés dans la Subdi­
vision de Batna, par le 2® R égim ent de la L égion étrangère sous la direc­
tion de M. Le Colonel Carbuccia. P ar cette lettre M. le M inistre annonce
à l’A cadém ie que les ressources de son budget le forcent à renoncer à la
publication de cet im portant travail et q u ’il ne peut, vu les circonstances,
dem ander un nouveau crédit à l’A ssem blée nationale».'*

'^P artie terminale d ’une lettre de Léon Renier à l ’Em pereur Napoléon lit. 17 novem ­
bre 1858: il en existe une version imprimée et une version m anuscrite, qui se com plète de
plusieurs paragraphes sur les musées: C.A.O.M . - F 80 1733. La form ulation de Renier
souligne com bien l’initiative de Carbuccia était individuelle.
'^H isto ire de Ì'A cadém ie .... “ M émoires de l ’A cadém ie des Inscriptions et Belles
Lettres”, 1861,1.20, p. 161-170.
'5 «Je dis à M. le Ministre dans ma lettre responsive de ce jour que si je regrette ces longs
retards, c ’est non seulement parce q u ’aucun remerciement n ’a été adressé ju sq u ’ici à mes o f­
ficiers ou soldats mais parce q u ’ayant été privés de toute direction, nos travaux ne sont pas
aussi utiles q u ’ils devraient et pourraient l’être à la science. J ’ajoute que j ’étais dans l’intention
de correspondre directement avec vous (le Secrétaire Perpétuel de l’Académ ie des Inscrip­
tions], mais que d ’après son désir, je continuerai à lui [le Ministre de la Guerre] adresser nos
découvertes par la filière hiérarchique quoique convaincu que de nouveaux retards seront a p ­
portés dans la transmission à l’Académie. J ’ai l’honneur de vous informer q u ’en effet j ’ai ter­
miné la description archéologique de la dernière expédition faite par la Direction de Constan­
tine dans les Aurès, les Némenchas, et Tébessa, que dans ce moment deux de mes officiers
parcourent les nombreuses ruines qui existent entre Lambesa et Sétif el que je m ’empresserai
de vous adresser le tout dès que l’Académie aura daigné jeter un coup d ’œil sur nos premiers
travaux et les encourager». (Lettre de Carbuccia à Walckenaer, Secrétaire Perpétuel de l ’Aca­
démie des Inscriptions et Belles Lettres, 20 septembre 1850 - Archives de l’institut de France,
A.I.B.L., correspondance, E 369).
(Il convient de rappeler q u ’en cette période de parution de l'E xp lo ­
ration scientifique de l ’A lgérie, notam m ent des tom es archéologiques du
C apitaine D elam are, le M inistre devait depuis plusieurs années supplier
les C ham bres de voter des crédits de publication).
C ependant, si, m algré l’insistance de l ’A cadém ie des Inscriptions et
Belles Lettres, jam ais le M inistère ne débloqua les fonds, la raison n ’était
pas u n iq u em en t fin an cière. Le M inistre estim ait que C arbuccia avait
outrepassé son rôle, com m e il l’expose de la façon la plus claire dans
une lettre au C énéral C arbuccia:
«Son E xcellence (le M inistre de la C uerre) a reconnu que le Dépôt
de la C uerre n ’avait ni le tem ps ni les fonds nécessaires pour faire une
publication à part de ce m ém oire. Il est, sans doute, intéressant pour
l’histoire, m ais il ne l ’est que fort indirectem ent pour les études pure­
m ent m ilitaires. Il pourrait, tout au plus, faire partie du 10« volum e du
M ém orial du D épôt de la C uerre, m ais ce volum e n ’est pas encore com ­
m encé et probablem ent ne sera pas im primé avant deux ans au moins. Si
vous vouliez cependant faire jo u ir im m édiatem ent le public curieux de
choses antiques des renseignem ents que contient la carte, elle pourrait
être gravée su r pierre et recevoir, dans les vides du dessin, une légende
ou des notes explicatives assez étendues. Publiée dans cet état, elle serait
la propriété du D épôt de la C uerre, qui vous en donnerait une certaine
quantité d ’exem plaires dont le nom bre serait à débattre. A gréez ...»'*.
Pour d onner plus de poids à ses recom m andations, et pour m anifes­
ter son estim e à l ’auteur, l’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres
avait pourtant accordé au travail (m ém oire et carte) du Colonel C arbuc­
cia la prem ière m édaille au Concours des A ntiquités en 1851, et l’avait
élu au prem ier tour correspondant régnicole le 20 janvier 1854 en rem ­
placem ent de M. de C erville.
L’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres recom m ande «M. le
C olonel C arb u ccia ... qui a enrichi la science archéologique d ’une si
grande et si précieuse collection de m onum ents épigraphiques et figurés
recueillis en A lgérie»*’ .

'* Lettre du C abinel du Minisire de la Guerre «au Général Carbuccia, CommandanI la


2 ' brigade de la 3 ' Division de l’Armée de Paris, 14 octobre 1853»: Bibliolhèque de l ’In-
slilul de France, MS 1369 A.

'4 Archives de l ’inslilul de France, E 84. Par une lettre du 20 octobre 1852, Carbuc­
cia, en posie en Corrèze, se porte candidai pour êlre correspondani de l’Académie à Bas-
lia: «Je vous prie de daigner faire connaîire à l’Académie le vif désir que j ’éprouve de­
puis longtemps d ’êire nom m é son correspondant à Bastia (Corse) et de lui dem ander pour
moi la faveur d ’une inscription sur la liste des candidats à cet honneur pour les vacances
futures» (ihid., E 371).
M ais, envoyé com m ander le corps de la L égion étrangère en Orient,
le G énéral Carbuccia m ourut le 17 ju illet 1854 du choléra dès son débar­
quem ent à G allipoli, sans que le m anuscrit, q u ’il avait préparé pour une
publication, ait été édité*".
L’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres n ’abandonna pourtant
pas son projet. Dans une note récapitulative des publications restant à
assurer dans le cadre de la collection E xploration scientifique de l’A lg é­
rie, le géographe Jom ard écrivait, le 15 ju in 1854:
«O utre l’anthropologie par M. Serres il resterait à publier, si c ’est
l’intention de M. le M aréchal (Soult, M inistre de la G uerre), les travaux
du G énéral Carbuccia sur lesquels l’A cadém ie des Inscriptions et Belles
Lettres a fait un rapport au gouvernem ent et qui ont valu à l ’auteur en
1852 [erreur pour 1851] la prem ière des m édailles attribuées aux anti­
quaires d e France»*'.
La carte, m aintenant pourvue d ’une sœ u r aînée pour ainsi dire, est
restée inédite et peu connue. Elle constitue pourtant un docum ent histo­
riographique im portant parce q u ’elle garde trace de ruines dont un cer­
tain nom bre disparurent très vite et parce q u ’elle m ontre que, sur le sujet
très controversé et chargé de nom breux enjeux sym boliques, de l’occu­
pation rom aine de l’Aurès et de ses franges, des observations prouvant
la pénétration rom aine avaient été faites dès les prem ières décennies de
la conquête**.

20 «Près, de partir pour l’armée l’Orient», le G énéral C arbuccia demsuide à l’Acadé­


mie des Inscriptions et Belles Lettres des instructions pour «em ployer au profit des scien­
ces archéologiques les moments de loisir que ses devoirs m ilitaires pourraient lui laisser»
La commissiion désignée par l’Académ ie le 16 juin 1854 remet son rapport le 23 juin (Ar­
chives de rilnstitut de France, E 84).
21 C .A .O .M .- F 80 1592.
22 Sur lia controverse, marquée principalement dans l’historiographie contem poraine
par les ouvirages de C h r . C o u r t o i s , Les Vandales et I’A frique, Paris, 1955, et M. B é n a ­
b o u , La résiistance africaine à la romanisation, Paris, 1975, voir récem m ent l’étude et la
bibliographiie de P h . L e v e a u , L ’occupation du sol dans les m ontagnes méditerranéennes
pendant l ’Amtiquité: l'apport de l'archéologie des paysages à la connaissance historique,
“La montagtne dans l’Antiquité, Actes du colloque de la SO PH A U ”, Pub. Univ. Pau, Pau,
1992, p. 5- 16. Sur la valeur sym bolique voir par exem ple la rem arque du M aréchal de
Saint Am auid à Mme de Forcade, juin 1850: « J’ai battu les N em enchas, je suis passé là où
personne n ’îavait osé passer depuis Antonin le Pieux qui y avait envoyé une légion rom ai­
ne» (loc. d it. note 12, p. 294).
C hronologie des travaux archéologiques du Colonel C arbuccia

Toutes les sources de cette chronologie proviennent d ’archives inédites:


Archives de l ’institut de France: série A.I.B.L.
Service historique de l’Armée de Terre - Vincennes.
Service historique de la Légion étrangère - Aubagne.
Archives privées Jean-Luc de Carbuccia.

2 septem bre 1848: le Colonel Jean-Luc Sébastien Bonaventure Carbuc­


cia prend le com m andem ent du 2« Régiment de la Légion étrangère station­
né à Batna; affecté au 57« de Ligne à Paris, il avait perm uté avec le Colonel
De Noue.

21 octo b re 1848: il est nom m é C om m andant de la S ub d iv isio n de


Batna.

1 novem bre 1848 - 1 ju illet 1849: explorations archéologiques dans la


circonscription, notam m ent fouilles au sanctuaire d ’Esculape à Lambèse.

21 fé vrie r 1850: lettre du Colonel Carbuccia dem andant si le Ministère


de la G uerre a bien transm is à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres
les travaux q u ’il lui a com m uniqués.

23 août 1850: Carbuccia annonce à l’Académie des Inscriptions et Bel­


les Lettres l’envoi de ses travaux “Archéologie de la Subdivision de Batna”,
carte et m anuscrit accom pagné de planches. Une com m ission académique
est chargée d'un rapport.

fév rie r 1851: le Colonel Carbuccia quitte l’Algérie, muté au 18e R égi­
ment de Ligne à Clerm ont-Ferrand.

21 m ars 1851: Carbuccia fait à l’Académie des Inscriptions et Belles


Lettres un exposé sur «Histoire de ses travaux géographiques, archéologi­
ques, et historiques dans l’étendue de la Subdivision de Batna»', le président
W alckenaer lui adresse les rem erciem ents de l’Académ ie.

28 m ars 1851: le M inistère de la Guerre dem ande la valeur de «un tra­


vail de M. le Colonel Carbuccia qui se trouve joint à cette lettre»; la commis­
sion déjà constituée par l’Académ ie des Inscriptions et Belles Lettres pour
faire le rapport est saisie.
I I avril 1851: le rapport sur les travaux archéologiques du Colonel Car­
buccia est lu à la séance du vendredi, publié au “M oniteur universel” le 23
avril 1851, repris dans Histoire de l’A cadém ie des Inscriptions et Belles L et­
tres, “M émoires de TA.I.B.L.”, t.20, 1861, p. 161-170.

25 avril 1851: Carbuccia lit à l’A cadém ie des Inscriptions et Belles Let­
tres un mémoire sur les «Itinéraires anciens de la Subdivision de Batna».

30 mai 1851: la Guerre fait savoir q u ’aucun crédit n ’est disponible pour
l’édition des travaux de Carbuccia. L’A cadém ie décide que «son Secrétaire
jjerpétuel écrira de nouveau à M. le M inistre de la Guerre, pour le prier de
vouloir bien prendre les m esures nécessaires pour que cet im portant travail
fût publié et soumis à l’appréciation du m onde savant».

25 ju illet 1851: sur rapport de D ureau de La M alle, Raoul-Rochette et


Hase, l ’Académie des Inscriptions et Belles Lettres décerne aux travaux de
Carbuccia la première médaille du concours des Antiquités.

10 octobre 1851: avec ses rem erciem ents (il «rem ercie l’Académie de
l ’honneur q u ’elle vient d ’accorder au 2« Régim ent de la Légion étrangère,
dans sa personne»), le Colonel Carbuccia rem et l’argent du prix (5(X) Lr.) à
l ’Académie des Inscriptions et Belles Lettres «pour en disposer comme elle
le jugera convenable».

Cette attitude n ’est pas sans précédents: le 28 décem bre 1847 De Cau-
mont avait offert 500 Lr., soit la valeur de la m édaille d ’or du concours des
Antiquités, pour doter un prix sur l’histoire de l’art du M oyen Age.

24 octobre 1851: l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres décide


q u ’un prix sera décerné à «un des m ém oires sur la géographie ou les antiqui­
tés de l’Algérie». La médaille fut attribuée le 3 août 1855 au Général de Cre-
ully (ou Creuilly), directeur des fortifications de la province de Constantine,
qui avait envoyé le 2 fé v rie r 1855 un rapport sur les 1500 inscriptions q u ’il
avait recueillies et se proposait de publier (“N otes su r diverses questions
concernant les Antiquités algériennes. L ’évêque Novatus").

20 octobre ¡852: Carbuccia, en poste à Tulle, se porte candidat pour


être correspondant de l ’Académie des Inscriptions et Belles Lettres à Bastia.

24 décembre 1852: Carbuccia est présenté en tête pour être élu correspon­
dant, «en remplacement de M. Caldavène», de mêm e le 23 décembre 1853.
20 ja n v ie r 1854: le G énéral Carbuccia est élu au prem ier tour «corres­
pondant régnicole» en rem placem ent de M. de G erville, et, «près de partir
pour l’arm ée d ’O rient», il dem ande des instmctions pour «employer au pro­
fit des sciences archéologiques les moments de loisir que ses devoirs m ilita­
ires pourraient lui laisser».

16 ju in 1854: une com m ission académique (Hase, Guigniaut, Le Bas,


de Saulcy, com te de L aborde) est désignée pour lui répjondre.

23 ju in 1854: elle rem et son rappjort.

26 ju in 1854: le G énéral Carbuccia s’embarque pour rejoindre l’Armée


d ’O rient, où il doit com m ander les deux régiments de Légion étrangère.

17 ju ille t 1854: le G énéral Carbuccia m eurt du choléra en débarquant à


Gallipoli.

Tém oignages sur les travaux archéologiques du Colonel Carbuccia.

Lettre du C olonel C arbuccia au G énéral H erbillon, Com m andant la


D ivision de C onstantine, 31 août 1849 (inédit - A rchives A.I.B.L.).
« J’ai l ’honneur de vous adresser un prem ier rapport sur les résultats
d ’un travail archéologique très rem arquable auquel se sont livrés depuis
le m ois de n o v em b re d e rn ie r avec beaucoup d ’assid uité m ais à leur
tem ps pjerdu des m ilitaires du 2* Régim ent de la Légion Étrangère.
Le m om ent est arrivé où, par suite des besoins du service et de vo­
tre Inspjection G énérale [inspection générale du G énéral Herbillon en dé­
cem bre 1849 consécutive à l ’attaque de Zaatcha], ce travail a dû être in­
terrom pu pour être repris plus tard s ’il se peut.
Placés pjour les différentes m issions dont ils ont été chargés par moi,
soit jjour le service de la colonisation, soit pour le lever général de la Subdi­
vision qui s ’exécute en ce m om ent au milieu des ruines romaines dignes du
plus grand intérêt et qui tém oignent de la grandeur du peuple Roi, ces braves
soldats pleins de dévouem ent et de bonne volonté ont utilisé leurs loisirs de
garnison ou leurs m arches en colonne dans l’intérêt de la science dont la
France a toujours été le berceau et la protectrice.
C om m andant supjérieur de la Subdivision de Batna, j ’ai dû encoura­
ger des études sur une histoire qui ne doit pas être sans enseignem ents
pour notre présent et surtout pour notre avenir, car en lisant Salluste ne
dirait-on pas q u ’on assiste à la peinture des m œ urs des Arabes de l’A l­
gérie en 1849?
Le travail que nous avons entrepris sera de longue haleine, nous le
continuerons et puis nous le recom m anderons à nos successeurs qui, à
notre exem ple, le laisseront à ceux qui viendront après eux, non sans y
avoir travaillé eux-m êm es. C om m encé avec nos seules ressources qui
sont très restreintes surtout en m atériel, je dis franchem ent que nous
l ’avons bien peu avancé.
Aussi, je vous dem ande avec insistance un tém oignage de satisfac­
tion pour m es soldats, ce n ’est pas p our les résultats obtenus m ais pour
la preuve de bonne volonté q u ’ils ont donnée.
J ’espère pouvoir une ou deux fois p ar an vous adresser les résultats
des recherches qui seront faites pour com pléter les prem iers ou pour en ­
richir la science de nouvelles découvertes. (...)
Je dois vous exposer, m on G énéral, que dans le cours de ces diffé­
rentes explorations, j ’ai cru devoir accorder de m es deniers différentes
gratifications que m ’ont semblé bien avoir m éritées les m ilitaires de tous
grades qui y ont été em ployés. Cette dépense est de 680 francs. (...)
Je rem plis enfin un dernier devoir, M on G énéral, en recom m andant
à toute votre sollicitation [pour sollicitude] les officiers et sous-officiers
dont le zèle et l’intelligence m ’ont été d ’un grand secours. Je ne dois pas
oublier M. le L ieutenant C olonel de C aprez [com m andant en second]
qui s ’est associé à nos travaux avec le zèle consciencieux q u ’il apporte
en toutes circonstances.
Ces M essieurs s o n t...
Si ce travail devait être com m uniqué à un savant par M. le M inistre
avant d ’être adressé à l’Institut je le verrai avec plaisir confié au m odes­
te M. le C om m andant de La Marre.
D aignez agréer. Mon G énéral, l ’hom m age respectueux de mon dé­
vouem ent».

R apport de l ’A cadém ie des Inscriptions et Belles Lettres, H istoire


de l ’A cadém ie ..., “ M émoires de l ’A .I.B .L .” , 1861, t.20, p. 161-170.
«Peu après son arrivée à ce poste (le com m andem ent de la Subdivi­
sion de Batna), en octobre 1848, il (C arbuccia) s ’est donné la m ission
d ’explorer et de faire explorer en totalité ce vaste espace, qui n ’a pas
m oins de 1200 lieues carrées, exploration qui d ’ailleurs était nécessaire
sous le point de vue m ilitaire et stratégique. Il avait heureusem ent sous
ses ordres de nom breux et d ’excellents auxiliaires; les plus capables et
les plus intelligents d ’entre eux, officiers, sous-officiers et soldats, ont
été chargés de fafire partout des relèvem ent exacts, de les rapporter à m e­
sure, de noter to u s les m onum ents, toutes les pierres sculptées et écrites,
toutes les bornes, m illiaires, tous les vestiges laissés par la dom ination
rom aine (et ces vestiges, ces m onum ents, ces débris sont pour ainsi dire
innom brables); on faisait ces travaux dans les instants de loisir, ou pen­
dant la m arche des colonnes. C haque jo u r le ch ef de ces expéditions vo­
yait arriver des m atériaux considérables; il les coordonnait sans retard,
et l ’on dressait ainsi, par parties, une grande carte, appuyée sur plusieurs
points q u ’avaient déterm inés les ingénieurs du dépôt de la guerre.
Si l’on trouvait une inscription, elle était im m édiatem ent copiée par
le dessinateur le plus exercé du détachem ent. U ne statue, un m orceau
d ’architecture étaient-ils enfouis? A l’instant des m ains robustes et pru­
dentes pratiquaient une fouille; le m onum ent était mis au jour, dessiné
ou em porté, et sa position était fixée sur la reconnaissance du terrain;
chaque soldat, transform é p our ainsi dire en antiquaire im provisé, docile
à la direction qui lui était im prim ée, exécutait avec em pressem ent, m ê­
me avec jo ie, les ordres du c o m m a n d a n t...
C ’est ainsi q u ’on est parvenu à rassem bler tous les élém ents d ’une
grande carte, à l ’échelle du 100 000e, qui a plus de 2 m ètres sur 1,50 m;
à y m arquer des courbes horizontales approxim atives exprim ant la for­
m e du terrain dans ce pays m ontagneux et très accidenté, plusieurs gise­
m ents m inéraux, les altitudes des lieux, les cours d ’eau dans un grand
détail ...; l’on y a m arqué les nom breuses bornes m illiaires qui ont été
découvertes, la plupart encore en place, enfin toutes les ruines rom aines
... N ’oublions pas d ’ajouter que le C olonel C arbuccia a recueilli et fait
écrire soigneusem ent, en arabe, de la m ain des indigènes, tous les noms
de lieux de ruines, au nom bre d ’environ trois cents».
Buste en plâtre du Général Carbuccia (copyright Photo Musée de l'Armée, Paris).

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