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LES FIGURATIONS RUPESTRES

DE LA REGION DE DJELFA
Sud Algérois

par
P. HUARD et L. ALLARD

Alors que les gravures rupestres du Sud-Oranais ont attiré l'attention depuis
1849 par de nombreuses publications (1) qui n'ont pas épuisé la matière (2), les (1) Voir Bibliographie dans Lhote,
ceuvres pariétales du Sud-Algérois, dont Djelfa occupe le centre, au ccæur des Les yavures rupestres du Sud Ors
na1s, 1970, p. 202-06.
monts des Ouled Naïl, sont fâcheusement restées dans l'ombre.
(2) HuARD et AlLARD, Nouvelles vs
vures rupestres de l'Atlas saharien,
Semblables à celles du Sud-Oranais par les sujets et les techniques, elles paraitre. Recherches de J. Iuou et
F. CoMTARDI.
ont en propre un riche contenu culturel que révèlent notamment des buf es an-
tiques porteurs d'attributs céphaliques et le fait que presque tous les ovins sont
dotés de sphéroïdes classiques ou des cornages fermés en anneau qui en sont
une stylisation postérieure.

La méconnaissance de l'importance des rupestres du Sud Algérois dans l'étude


la plus récente consacrée au Sud-Oranais (3) a continué à localiser arbitrairement (3) LHOTE, op. cit., p. 192.

dans cette dernière région des problèmes qui concernent des aires et une do-
cumentation beaucoup plus étendues que celles prises en considération jusqu'ici.

L'absence d'une plan général de recherches rupestres pour l'Atlas Saharien,


palliée par des initiatives locales sans lien entre elles, s'est traduite par le dséqui-
libre des tésultats obtenus. A l'Est de Djelfa, la carence presque totale des pu-
blications rupestres jusqu'à l'Est-Constantinois masque la continuité, suggérée
par des documents encore inédits, d'une province rupestre dont l'originalité de-
mande à être mise en évidence.

Le présent travail a pour but de donner aux gurations de la région de


Djelfa, incluant d'intéressantes peintures pastorales, leur juste place dans l'A:las
Saharien et de faciliter l'approche des études palethnologiques et culturelles qui
restent à faire sur les buf es antiques, lions et ovins (4) ainsi que sur le premier (4) HUARD et ALLuD, : a) Ls buf e
bétail localement domestiqué. Il met aussi en évidence laprésence, dans les
monts des Ouled Naïl, d'un centre actif d'élevage néolithique d'ovins et de bovins
iun et
saharien et du Sahara: b) les lions
sur les nupestres de l'Atlas saharien
et du Sahara ; c) les ovins porteurs
porteurs d'attributs culturels semblables. d attributs sur les rupestres de l'Atlas
saharien et du Saharad) les boeuts
Le premier objectif doit être de rechercher, aux niveaux archéologiques des sans cones sur les tiguratíons ru
Chasseurs et des Pasteurs, les centres de densité et si possible de diffusion des Nu. Enpréparation.
Saharaet
représentations de même ordre et des traits culturels dont elles sont les supports. ) HuaD tLecLAT, Recbercbes u
Nous avons utilisé dans ce but un certain nombre de documents encore inédits C iene
Nil et du Sabara, Mémoire du CRA
de la région de Djelfa (5). On comprendra mieux alors les rapports et les axes PE,Alger, sous prese).
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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REG1ON DE DJELFA 69

de liaison entre les foyers rupestres du Maghreb et du Sahara Central, surtout


lorsque seront publiees les gravures naturalistes des secteurs d'In Amenas (1) OuinOus ont étésigneléespar
etduuNord-Ouest de Fort Flatters (devenu Zaouia el Kahla) (2). Le relevé sou 2) Dr. G. TRECoLLEet F. MarIER,
haitable de gravures du Sahara Occidental signalées depuis 1919 (3) peut aussi 975.inedits.
(3) Cap. Augieras. Le Sahara occi
être de nature à apporter des précisions nouvelles. dental, 1919, p. 5.

Histoire de la recherche.
Selon le Père J. Lethielleux (4), le bélier à sphéroide et les sangliers de LaLU dans
Libyca,Xr
Zénina (devenu El Idrissia), aujourd'hui disparus, ont éé connus dès 1850. Le
sous-lieutenant Dogny qui, en 1888-89, releva une partie de la première carte
au 1/200 000 de Messad, a xé la position du rocher entièrement gravé d'Hadjra
Sidi Boubaker, point topographique remarquable. En 1907, M. Magny découvrit
Tabri orné de Zaccar. En 1914, Flamand décrivit sous une localisation erronée
5) FLAMAND,dans 1'An:bropoloie,
(5) la station de Daïet-es-Stel et en publia quelques documents en 1921 (6). Vau- XXV. 1914, p. 435-458, tig. 3-28.
frey (7) en donna une planche en 1939. En 1957, P. Bellin (8) t connaitre des 6) Id. Les Pieres écrites, 1921,
gravures de Koreiker, Sa et bou Khenan et Daïet-es-Stel. En 1965, le Père Lethiel- . I11, IV, p.314-318.
(7)VAUFREY, I'Art rupestre Nord Afri
leux (9) reproduisit des ceuvres connues, y ajoutant des buf es d'Hadjra Mokhotma ans, 1939, pl. VLVII.
N. et d'Ain Naga. 8) P. BELLIN.dans BSPE,Mai-Juin
1957, p. 299-306.

A cette époque, le Syndicat d'Initiative de Djelfa, présidé par M. Delloula (9 LsmHELER,OP. ct


Hadj Belabbès, avait déjà entuepris la prospection rupestre toujours en cours,
qui devait permettre au Père F. de Villaret, seul ou associé à E. Pradiel et Y.
Blanchard, de faire connaître progressivement les euvres d'une vingtaine de
stations nouvelles, dont certaines de premier ordre, comme lOued el Hesbaia
(1964-65) et Aïn Naga (1964-69). En 1970, cet organisme en t connaître des (10) Dans El Dierair, 2, 1970, n° 13,
chefs d'euvre (10). Entre temps, lors de tournées organisées par le Syndicat, P. 44, 45, 47, 48.
des visiteurs, dont P. de Fenouil, M. Marquat, G. Gintzburger, P.A. Shaskow,
P. Giroud ont élargi la documentation ou précisé des scènes. Conduite par le
P. de Villaret, Mme G. Lefèbvre visita entre 1965 et 1970 les stations alors
connues, constituant un recueil de documents resté inédit et aujourd'hui dépassé, (11) G. LEVRE, dans Libyca, XV,
1967, p. 207-213.
après avoir publié (11) une version complète de l'homme placée devant le bé
lier de Daïet es-Stel. En 1974, Mlle Damour découvrit à Zaccar les premières
peintures rupestres de la région. La même année, le P. de Villaret nous a géné.
reusement permis de puiser dans la riche documentation inédite du Syndicat
d'Initiative avant de dégager nous-même sur le terrain des traits culturels des (12)HuARDet LecL, oP. ci.
Chasseurs (12) que nous avons pu, en 1975, compléter en nombre et en qualité
au cours d'une visite générale des sites. Actuellement, la propection rupestre
réalisée 1'intérieur du triangle Djelfa-Messad-Laghouat reste à faire à la péri-
(13) TixIEa, dans Bull. Soc. Royale
phérie. Plus à 'Est, deux stations proches de la wilaya de Djelfa ont été signalées Bele E Gol. etArcbol.,198
sur le territoire de Bou Saâda, dont J. Tixier (13) publia un lion. Dans la région . 21-27, g. 2.
er
désertique au Sud-Ouest de Biskra, les gravures rupestres de l'Oued Ittel décou- Me Soc.Archéot.
Constantine,
1904,
vertes par M. Blanchet (14) sont surtout connues par la publication de Frobenius p. 167, sq, 2 photos, 7 g
(15). (15) Frobenius,Ekade Ektab, 1937,
pl. LXXXVILI-XCI.
Dans les Aurès, aux supports rocheux moins favorables et dans les monts 16)G. e L dans Bal.
des Eyzies, 17, 1967, p. 131.
des Nementchas, la propection rupestre reste à faire. Entre les deux massifs,
(17) R. Le Du, dans Notes et Mém.
le buf e antique gravé inédit découvert par D. Grébenart et C. Roubet près SoArchéolConsienia, Lxil, 196
et dans Revue Africasne, LAXXI,
de Djellal donne une indication intéressante, comme celui de Guerrara dans 1937.

le MZab (16). On rejoint ainsi les régions de Tebessa et de Constantine, respec (18)G. etL Lav, Corpsdes
tivement connues par les publications de R. le Dû (17) et le corpus de G. et de la
ge
rézon
onisi
de Constantine,Mém.
L. Lefèbvre (17) qui réunit les travaux d'auteurs antérieurs, dont M. Solignac V daCRAPE,167, vec bibliogr
phie
(19) est le plus connu. Ainsi, se dessine lentement la carte rupestre de l'Atlas (19) M. SLIGNAC, Les piernes écrites
Saharien. se la Berbérie, 1928.
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70 P. HUARD ET L. ALLARD

LES STATIONS RUPESTRES

Sur le haut plateau aux rides espacées, de direction SO-NE, les stations
rupestres de la région de Djelfa au nombre de 43, (voir Répertoire en Annexe)
présentent des bilans numériques très inégaux.

Elles sont à proximité d'habitats échelonnés à divers niveaux ou au pied


des falaises de grès rougeâtre dont la patine peut atteindre le noir, qui longent
des djebels ou bordent des oueds. Les gravures y sont réparties très générale-
ment en petits groupes espacés.
Ces habitats sont révélés par des silex taillés ou des éclats clairsemé, beau-
coup moins abondants que dans les sites du Sud-Oranais et, comme dans ce
secteur, peu de pièces peuvent être dé nies. Une grosse pierre à affüter, aux
rainures larges et profondes, que nous avons trouvée à l'aplomb du buf e d'Hadjra
Mokhotma Nord, dénote l'usage d'outils polis. Nous n'avons pas vu de poterie
néolithique.
Les grandes stations comme l'Oued el Hesbaïa et Aīn Naga qui exposent
des fauves en frises monumentales ou des parois très chargées, sont des excep-
tions. A Theniet bou Mediouna II, un couple d'éléphants attire les regards sur
un bloc régulier qui a roulé au bas de la pente. Au contraire, à Remeilia, lé

bélier isolé de Sreissir, tandis qu'à Hadjra Mokhotma Nord et au Djebel Doum,
les buf es à attributs céphaliques sont à l'abri des vues, comme ceux de Sa et
el Baroud.
A Hadira Sidi Boubaker et à Zaccar, la faune représentée comprenant le lion,
l'antilope bubale et le bélier à sphéroïde, tapise les parois ou les abords des abris
sous roche. A Kheneg Hilal, la grande faune sauvage et les béliers s'étagent sur les
pentes. A El Gour, sur un méplat, quelques ouvres des Chasseurs retiennent
l'attention.

Fig. 2.- Buf es d'Ain Naga.


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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGlON DE DJElFA 71

A la pleine époque pastorale, des tableaux gravés, qui réunissent ovins, bovins
et personnages vëtus, sont souvent bien en vue.

Le groupe des gravures « libyco-berbères» est presque absent dans le Sud-


Algérois, de même que celui des gravures camelines, alors que tous deux sont bien
représentés dans d'autres secteurs algériens, notamment dans le Sud-Oranais et au
Sahara occidental et central.

Les rares peintures d'époque pastorale, sont placées sous des encorbellements.
Les expositions variées des ceuvres pariétales du Sud Algérois échappent donc
à toute orientation systématique. Cependant, dans une zone où les parois favorables
abondent, il est elair que le choix de certains emplacements a été intentionnel,
répondant à des motivations culturelles, religieuses ou votives, notamment lorsqu'il
a entraîné de réelles dif cultés d'exécution à plusieurs mètres de hauteur sur
des parois verticales, voire en surplomb.

L'ordre de présentation adopté dans cet article n'est pas indifférent, car
il conditionnera des études complémentaires nécessaires. Il tient compte des
classi cations proposées pour le Sud-Oranais (1), d'après les styles, les dimen (1) LOTE, op. cit., p. 170-176.
sions, les techniques de facture, la patine, les superpositions et l'environnement.
On sait que la plus récente s'efforce de caractériser des périodes successives
étages « bubalins » de grandes dimensions, de petites dimensions, décadent, suivis
d'un étage bovidien.
Sur la forme de cette classi cation, les réserves formulées à l'égard du terme (2) HUARD et ALLaRD, dans Libyca,
bubale » pour désigner le buf e antique (2) sont particulièrement de mise XXI, 1973, p. 175, note 5.

dans la région de Djelfa, où l'antilope bubale, Bubalis alcelaphus boselaphus est


pemarquablement gurée.
Quant au fond, l'admission dans l'étage le plus ancien du Sud-Oranais des
béliers à sphéroïde ne peut guère convenir dans le Sud-Algérois, où leurs gu-
rations les plus achevées sont souvent associées à des hommes au vêtement évo-
lué, tandis que d'autres, liés à des bæufs, sont d'époque clairement pastorale.
Le second étage chronologique,, celui des gravures naturalistes de petites LoTE, Les grauresrupesiresdu
dimensions qui repose, dans le Sud-Oranais, sur des considérations « surtout Sud Oranais, p. 173.
d'ordre sentimental » (3), ne s'impose pas avec plus de certitude dans le Sud-
Algérois.
(4) cf. HUaRD et ALLARD, Nouvelles
D'autre part, il existe, dans le Sud-Algérois comme dans le Sud-Oranais gravures rupesires de V'Atlas sabarien
paraitre.
(4) et au Sahara Central (5) des gravures qui, par le style ou la facture n'en- (5) Id. dans Libyca, XXI, 1973, p.
trent pas dans les catégories proposées ci-dessus. 1-183.

L'étage « bovidien », qui viendrait seulement en quatrième position dans


le Sud-Oranais, où il présente un caractère « décadent », est beaucoup plus dé-
veloppé dans le Sud-Algérois ; des indices montrent que dans les deux secteurs,
son origine serait nettement plus ancienne. Nous parlerons d'un étage pastoral
de longue durée avec des moutons et des baæufs.
(6) La premiète publication en la ma-
En n, les classi cations proposées ne tiennent pas compte des traits cultu- tiere, HUARD, Recherches sur les
traits culturels des hasseurs anciens
rels maintenant dégagés (6) qui caractérisent la culture des Chasseurs, le pas du Sahara centre-oriental et du Nu,
sage a la domestication, la pleine période pastorale, et sont présents dans les paru dans la Revued'Fgyptologie,
17, 165, p. 21-80, 17 g. tableau.
deux secteurs considérés de l'Atlas Saharien.
Pour ces raisons, tout en faisant usage, à l'occasion et par commodité, des
ermes gravures de style naturaliste (monumentales, de petites dimensions,
decaden:es ou tardives), nous adopterons l'approche de palethnologie culturelle
quise tévélée féconde dans nos recherches dans tout le Sahara comme sur . HUARDetLECLANT,Recber.
cbes sur la cuiture des Cbusseurs
le Nil Avant propos.
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72 P. HUARD ET L. ALLARD

LES GRAVURES DE L'ETAGE DES CHASSEURS

La méthode précitée conduit à passer en revue les gurations de la grande


faune sauvage et des Chasseurs eux mêmes parallèlement aux traits culturels qui
leur sont associés, dont certaines attestations appartiennent d'ailleurs à lere
pastorale, au cours de laquelle se sont perpétués des éléments palethnologiques
de la culture des Chasseurs.
Nous étudierons successivement les buftles antiques, les éléphants, les rhino
céros, les lions, les autruches et les gurations humaines. Les bovidés présumés
sauvages seront traités en préliminaire à l'étage pastoral.

Les buf es antiques.


Rappelons que deux bucrânes de Bubalus (buffelus) antiquus conservés au
musée du Bardo à Alger, proviennent de la région de Djelfa. Le cornage de l'un
d'eux a une envergure de 2,10 m.
Nous comptons 17 buf es dans le secteur de Djelfa, dont 12 appartenant au
grand art naturaliste, - identiques à ceux du Sud-Oranais,qu'ils soientincisés
ou piquetés -, et 5 de petites dimensions, anciens ou tardifs.
Les grands buf es naturalistes sont conformes aux canons devenus classiques:
tete baissée vue de trois quarts, poils au maxillaire, très grandes cornes représentées
frontalement et souvent striées, corps de pro l, queue repliée fouettant la cuisse,
sabots en deux parties surmontés d'un ergot de poils au bas du jarret.
Ils sont localisés à l'Oued el Hesbaia, Ain Naga, la station de l'Autruche
(Est de Sa et bou Khenan), au Djebel Doum, à Sa et el Baroud, Hadjra Mokhotma
Nord, Kheneg Hilal et Ben Hallouane.
Dans l'Oued el Hesbaïa, une grande frise surélevée comprend trois buftles.
Fig. 3. Station de l'Autruche: buf-
e antique avec disque entre les cor-
Au centre, l'un, de plus de deux mètres, est entrecroisé avec un homme piqueté
nes. (Photo Allard). au corps d'animal et encadré par deux autres personnages qui accusent des traits
culturels des Chasseurs et sont décrits plus loin (voir g. 23). A droite, un autre
buf e dont la tête est occultée par des lichens, a le corps surchargé par un lion de
pro l de même grandeur, en posture d'attaque (voir g. 16 n° 1). On voit encore,
au-dessus d'un grand bæuf sans cornes, le reste d'un buf e disparu dont on
ne distingue que le cornage. En n, subsistent l'indication de l'arrière-train et une
corne d'un dernier buf e.
Ain Naga montre sur une paroi visible de loin deux buf es en le; le mâle
(2 m environ) en tête, regarde vers la droite ( g. 2). Ils sont du bon style du
Sud-Oranais avec des détails anatomiques : sexe, sabots fendus, poils au maxil-
laire. Le premier porte au-dessus de sa corne droite un petit attribut circulaire
relié au cornage.
Ce fauve est superposé à la partie inférieure du corps d'un grand éléphant
exécuté au trait léger, resté en partie visible. De longueur à peu près égale, on
en distingue la ligne du dos, le haut de la tête, les oreilles et l'arrière-train.
A la station de l'Autruche, sur la face intérieure d'un bloc ayant roulé de
la falaise, est gravé profondément un buf e måle de 1,50 m, tourné vers la
droite, aux lignes simpli ées avec un très grand cornage à l'intérieur duquel a
éié évidé à 20 cm au-dessus et à droite du garrot un disque de 18 cm de dia-
mètre, d'un caractère apparemment rituel ( g. 3).

Au sommet de la falaise du Djebel Doum, sur une des parois d'un couloir
assez étroit à section en V, un grand buf e mâle classique (L = 2,35 m), de bon
style avec un puissant cornage, est d'un piqueté léger et régulier ( g. 4, n° 1).
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Fig. 4.- Buf es.


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74 P. HUARD ET L. ALLARD

Des traces d'ocre sont visibles à la croupe et à l'eil. La base de sa corne gauche
supporte un attribut semi-circulaire allongé, d'une vingtaine de centimètres de
haut, doublé en partie par un trait intérieur. Cet attribut est de la même famille
que le précédent. La répétition près de Djelfa de ce trait culturel à des niveaux
archaique ou ancien de la culture des Chasseurs est exceptionnelle dans tout l'art
rupestre saharien, le buf e à disque frontal de Trik el Beida (Sud-Oranais) est
(1)VAUFREY (R.)- op. cit , p. 38, en effet certainement tardif (1).
s 13. 0nephotographie,due u P.
Cominardi. paraitra dans HuUARD et
ALLARD, Nouvelles gravures rupestres A Hadjra Mokhotma Nord, sur la face cachée d'un bloc, un très grand
C- l'Alas saharien.
buf e mâle incisé (2,53 m), aux détails soignés avec deux yeux, est tourné vers
la droite ( g. 4, n° 2). Devant lui, un homme incisé plus légèrement, aux jambes
échies, fait le geste de toucher son cornage avec la main droite. Cet homme
est superposé à un lion à longue queue recourbée, tourné vers la droite, dont
(2) LETHIELLBI, dans Libyca, XII,
1965. l'échine avait éé prise pour un are (2). Le thème de lhomme désarmé touchant

Fig. 5.- Bovidés.


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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 75

un fauve est souvent traité de la Mer Rouge à l'Atlas. Entre les pieds du grand
buf e, deux petits buf es (1,10 m au total) tournés l'un vers l'autre ont leurs
avant-trains fusionnés, les têtes remplacées par un seul bucrâne représenté fron-
talement. C'est un cas particulier d'un trait culturel assez répandu chez les Chas-
seurs où le thème des animaux entrecroisés revêt des formes vatiées.

A Kheneg Hilal, un buf e légèrement incisé (L = 1,20 m), également tourné


vers la droite, est de bon stvle ( g. 4, n° 3).

Terminons cette série en signalant le buf e non relevé de Ben Hallouane,


qui mesurerait plus d'un mètre.
Dans deux stations se trouvent des bovidés qui pourraient être des buf es.
Celui d'Ain Mouilha, (L = 1,12 m), au piquetéprofond et inégal, a le corps
et la tête de pro l avec le cornage de face ( g. 5, n° 1). A Kheneg Hilal, deux
bovidés piquetés aux pieds de buf es (L = 1,13 m), sont de bon style ( g. 5,
n 2), mais leurs cornes sont recourbées en avant et vers le haut, et la queue
est longuc. Nous ne retenons pas, celui, stylisé, de Koreiker dont on ne voit pas
les membres, interprété conjecturalement comme un buf e.

Voyons maintenant les sujets de petites dimensions. Nous avons déjà exa-
miné ceux d'Hadjra Mokhotma. Dans l'Oued el Hesbaïa, un petit buf e (L =
0,50 m) fait partie d'un ensemble d'animaux sauvages qui surchargent la paroi
supportant de grands éléphants de diverses époques. Ce petit buf e de belles
lignes stylisées est inscrit dans le corps d'un rhinocéros hybride qui n'est pas
des plus anciens (voir g. 12). Dans son contexte, il apparaît comme tardif. Il
en est de même pour un petit buf e de style n (L = 0,50 m) gravé au sommet
de la station de l'Oued Remeilia. A Sidi Abdallah Ben Ahmed, un dernier bovidé
(L = 0,30 m) incisé au trait profond et stylisé, ayant l'attitude et le cornage
d'un buf e mais une queue longue avec des membres ef lés, est douteux.

Les eléphants.
Culturellement moins signi catifs que les buf es, les éléphants, de plusieurs
époques, sont nombreux. Nous en avons totalisé 22. grands, moyens et petits.
Il est remarquable que tous, sauf deux gravures mineures sont tournés vers la
droite. Nous les passons en revue par station, en donnant la primauté à celles
comportant les sujets de grandes dimensions. Ceux-ci (de un à deux mètres),
référables au style naturaliste et en général isolés, sont répartis dans neuf stations:
Ain Naga, Theniet bou Mediouna I, l'oued Remeilia, Aïn Mouilha, l'Oued el
Hesbaïa, Sa et bou Khenan, Zaccar, Feidjet Elleben, Bou Sekkin.

Nous avons déjà mentionné le grand éléphant d'Aïn Naga, sous-jacent à un


buf e
A Theniet bou Mediouna I, sur un bloc isolé ayant roulé au pied de la fa-
laise, un couple d'éléphants profondément incisés (L = 1,14 m et 1,75 m) est
en marche ( g. 6, n° 1). On observe des détails soignés : pilon de la femelle,
double tracé des oreilles et déftenses du mâle.

Au sommet d'un promontoire dominant 1'Oued Remeilia, le haut d'un bloc


cassé présente les picds largement incisés d'un grand éléphant (largeur des mem-
bres 21 om) dont le corps s'est écroulé. En face, sur un panncau incliné, un
autre éléphant de même facture très usé (L = 1,10 m) est acturllement sur le
coté, la tête en bas ( g. 6, n° 2).
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Fig. 6. Eléphants
FICURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 77

Parmi les sites d'Aïn Mouilha, bien en vue sur une paroi verticale, un grand
eléphant (L = 1,80 m) à deux yeux, piqueté légèrement, est en vif mouvement )
( g. 6, n° 3). Il surmonte une arme angulaire piquetée, présente aussi dans le
Sud Oranais, guration magique de la culture des Chasseurs.

D'autres éléphants d'un trait léger existent : à Sa et bou Khenan où un


beau sujet usé (L = 1,50 m) est placé derrière un bélier ( g. 6, n° 4); à lOuest
de Zaccar. où la guration très abimée, mesure plus d'un mètre ( g. 6, n° 5);
à Feidjet Elleben où se trouve une gravure de mauvais style.

Examinons maintenant le « panneau des éléphants» de l'Oued el Hesbaïa


où l'on en dénombre six, de tailles et d'époques différentes.

Sur la paroi exposée au vent, il semble que la couche la plus ancienne de


gravures soit constituée par des bovidés légèrement incisés, sans cornes ou à cornes
rabattues en avant. A droite, un éléphant, très haut (plus de 2 m), à corps étroit
et tête usée, recoupe ce que nous pensons êtres un bovidé sans cornes ( g. 7);
le pied de son antérieur droit recouvre une petite antilope plus ancienne. Plus
à gauche et contrastant avec le précédent, un bel éléphant (L = 1,50 m) profon-
dément incisé en V très ouvert recoupe un bovidé à cornes rabattues en avant,
un autre qui lui tourne le dos et une petite antilope à crinière. Son pied avant
est superposé à un animal aux cornes ballantes ( g. 8).

Ce panneau est une accumulation typique de guration superposées au cours


des siècles, parmi lesquelles les éléphants de grandes dimensions, d'ailleurs d'un Fig. 7- OuedelHesbaia.
style naturaliste déjà évolué. ne sont pas les plus anciennes. Nous avons fait
connaitre des cas analogues, bien que plus simples, du Tibesti (1) et du Tassili
LVIII,19%3,
MA
photo °
da BSP,
(2), où les gravures sous-jacentes sont plus petites, piquetées ou stylisées. (2) HUARD et ALLARD, dans Libyca,
Divers auteurs en donnent aussi des exemples (3) et nous en avons relevé ré- XXI, 1973, g. 22.
cemment dans le Sud-Oranais (4). ()FRONENus, Ekade Ektab pl.
XVII. KuNz, Felbidler der westliscbe
Tassili-n-Ajjer, sous presse.
Il apparaît donc que les classi cations actuellement en usage ont un carac- 4)HUARDet ALARD Nourelles py
tère provisoire. Elles correspondent à un état des connaissances en voie d'être atiesir
pataltre
& VAilarsaberin,
dépassé. Dans cet ordre d'idées, les progrès de la photographie donnent à penser
que les cas de gravures indistinctes à l'æil nu, mélées à des ruvres bien appa-
rentes, seraient plus nombreux qu'on ne le croit. Il y a là une direction de re
cherche, non encore abordée, qui pourrait être positive.

Il existe encore, au registre inférieur du panneau de l'Oued el Hesbaïa,


trois éléphants plus récents que ceux dont il a été question, profondément gravés
et de style médiocre. Ils mesurent respectivement 1,25 m (voir g. 28), 0,90 m
et 0,60 m. Nous avons noté également un petit éléphant incisé de 0,50 m er
de très bon style, dont la tête touche le pied avant du très grand éléphant ( g. 7).

Nous poursuivons avec la scène gravée au sommet de la falaise de Bou Sek


kin. Actuellement envahie par le sable, elle représente un éléphant de plus d'un
mètre, au trait pointillé, mettant à mal deux personnages de même facture (voir
g. 27, n° 2).

Parmi les éléphants d'ancienneté et de tailles moindres, signalons ceux


d'Amoura ( g. 9, n° 1), au trait incisé profond, au corps rayé verticalement et
à deux yeux (L = 1 m); celui de Kheneg Hilal ( g. 9, n° 2), également à deux
yeux, piqueté et de mauvais style (L = 0,70 m); les deux piquetés d'Hadjra
Sidi Boubaker (L = 0,36 m) ( g. 9, n° 3); en n ceux d'Ain Naga et de Sa et
bou Khenan, de 0,40 m chacun.
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78 P. HUARD ET L. ALLARD

Les rhinocéros.

Au nombre de 7, ils sont répartis dans cinq stations où les gurations de


l'espèce, généralement mauvaises, peu dèles et mineures, tiennent une place
secondaire.

Le pachyderme le plus signi catif est celui, unicorne et à deux yeux, du


promontoire de l'Oued Remeilia (L= 67 cm), exécuté au très gros pointillé
jointif et profond ( g. 10). Nous le considérons comme très ancien. A Zaccar,
un rhinocérosbicorne (L = 1 m), d'un faible pointillé, n'est pas de style natu
Fig. 8. Oued el Hesbaïa: vue par raliste ( g. 11, n 1). A Feidjet Elleben, un autre bicorne de plus d'unmètre,
tielle du panneaudeséléphants(pho incisé en U, est d'un dessin décadent comme celui de mêmes dimensions, au
to Allard).
trait pointillé, de Bou Sekkin. Un petit rhinocéros d'Aïn Naga (L = 38 cm),
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FIGURATIONS RUPESTREs De LA REGION DE DJELFA 79

au trait pointillé, est accompagné de deux grandes cupules ( g. 11, n° 2). En n,


deux sujets incisés, stylisés (L = 60 cm et 40 cm), font partie de la faune variée
qui surcharge le grand panneau de l'Ouod el Hesbaïa, sur lequel on remarque
aussi un animal hvbride au trait en U, tenant du rhinocéros et de l'éléphant
( g. 11, n° 3 et g. 12).

Les antilopes.
Dans la région de Djelfa, on voit de nombreuses représentations
bubales naturalistes, généralement incisées et de belle venue, et des
variés de petites dimensions ct souvent stylisés.

C'est au grand alcélaphiné Bubalis dcelaphus boselaphus que revient le nom


de bubale couramment employé en Afrique Noire, et conforme à la linguistique
d'antilopes
antilopidés
3
(1) comme à la zoologie. Un naturaliste d'Afrique du Nord n'a-t-il pas rappelé (1) Il est signi catif que Littre, po
l'existence récente dans l'Atlas Saharien du bubale de Berbérie ? (2). donner un exemple d'antilope ait
crit le Bubale des Anciens appar
tient au genre des antilopes. Robert
Nous comptons 9 antilopes bubales; toutes donnent une bonne représen- dé nit le bubale comme une grande
añtilope.
tation de l'espèce, dont la longue tête et le cornage sont caractéristiques. La plus 12) A. DupUY, dans Trav. IRS, XXv,
belle et la plus connue (3) est celle qu'un lion dévore à Zaccar (L = 1,50 m) 1-2, 1%6, p. 43-44.

( g. 16, n° 2). A Daiet el Hamra, un rocher qui a basculé porte une scène ana- 13) LEnaLLUx, dans Libyca, XIII,
1965, g. 6.
logue mais plus petite et presque etfacée ( g. 16, n° 3). A Hadjra Mokhotma
Sud, une antilope bubale de 0,80 m, d'un dessin très soigné, est retenue par le
jarret dans un piège circulaire ( g. 13, n° 1). Elle est peu différente de la gu-
ration (L 0,60 m) de Sa et et Baroud ( g. 13, n° 2). Par exception, à The-
nietel Mzab, n° 3, il s'agitd'une antilope de pro l, piquetéc,aucornageet auchan-

,
frein bien rendus. A Feidjet Elleben, où les gravures incisées sont homogènes,
une antilope bubale aux membres et à la queue anormalement allongés n'est pas
d'un meilleur style que l'éléphant et le rhinocéros de la station ( g. 13, n° 4).

Fig.9.-Eléphants.
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80 P. HUARD ET L. ALLARD

En n, nous pensons que les trois sujets surmontés d'une main de l'Oued Tamdit
sont à ranger dans la présente rubrique ( g. 13, n° 5). Mais nous ne prétendons
pas déterminer toutes les espèces d'antilopes représentées dans la région de Djelfa,
car c'est une tâche de zoologiste.

Des oryx piquetés aux longues cornes parallèles légèrement recourbées en


arrière se voient à Theniet bou Mcdiuuna II, où ils encadrent un personnage
(voir g. 27, n° 1). A Sa et bou Khenan, deux petits sujets de style n sont sur
le panneau des chevaux libyco-berbrits ( g. 13, n° 6).

Une antilope chevaline à encolure covexe, crinière en brosse et cornes


cintrées vers l'arrière, est le sujet d'un belle gravure piquetée de Daiet es-Stel
(L = 0,50 m; g. 14, n° 1).
Souvent, les cornages mal dé nis s'opposent à une détermination. C'est le
cas pour deux belles gurations incisées à Hadjra Mokhotma, l'une (L = 1 m)
aux cornes rigides parallèles, collier et corps partiellement polis ( g. 14, n° 2),
l'autre étant de dimensions moyennes, à hautes cornes verticales légèrement
Fig. 10. - OucdRemeilia rhino évasées ( g. 14, n° 3); pour deux animaux affrontés à Atef el Gorab (Eig. 14,
ceros piqueté (Photo Allard). n 4) et pour un autre agenouillé dont le corps est marqué de trois demi-cercles
à Sa et bou Khenan (L = 1 m; g. 14, n° 5). Le même problème se pose pour
des sujets de petites dimensions du panneau des ééphants de l'Ourd el Hesbaïa
( g. 14, n° 6). On y remarque en outre une antilope stylisée (L = 0,20 m) rap-
pelant l'oryx (voir g. 17) et un couple d'animaux au long cou (L = 0,30 m).
Il en est encore de même des antilopes piquetées d'El Gour, de la petite gu-
ration de style n située à droite du panneau des lions de l'Oued Remeilia ( g

Fig. 11.- Rhinocéros.


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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REG1ON De DJELFA 81

14, n 7), et d'une petit animal à collier de Theniet bou Mediouna I (voir g.
6, n 1). D'autres antilopidés à colliers ou attributs céphaliques ne se distinguent
souvent des moutons avoisinants que par leurs formes graciles sinon par leurs
queues courtes. Ces traits culturels seront examinés dans les pré minaires à la
domestication. A Bou Sekkin, une belle antilope ( g. 38, n° 2) est associée à
un bovin à a tapis dorsal ».

Fig. 12. Oued el Hesbaia

A détail du panneau des éléphants (Photo Allard).

Parmi les gurations réduites, signalons particulièrement de jolies gazelles


stylisées (L = 0,44 m et 0,26) soigneusement incisées à Sidi Abdallah ben Ah-
med ( g. 14, n° 8) et celle de Sa et bou Khenan ( g. 15) à surface polie. Ces
ceuvres appartiennent au groupe naturaliste mineur assez répandu dans le Sud-
Oranais, dit de Tazina, ce qui ne laisse pas de surprendre, car la plaine de ce
nom ne présente qu'une douzaine de gravures assez peu signi catives (1).
Cette« école » régionale a connu deux formes le style « fantastique » (Flamand)
(1) TixER, op. cit., note 18.

qui allonge démesurément les membres, le cou ou la tête des animaux et celui,
plus modéré, de la gravure de Sa et bou Khenan qui ef le surtout les pattes.

Les lions.
Au nombre de 18, ils forment la presque totalité des félins représentés.
St ion leur ancienneté relative, on peut les répartir en trois séries lions natura-
listes de pro l, trois fois en action de chasse; lions d'assez grandes dimensions,
à tête de face stylisée et corps de pro l; félins plus petits, au trait léger et
généralement tardifs.

a) Les plus anciens lions naturalistes se trouvent probablement sur la paroi


des buf es de l'Oued el Hesbaïa. Le plus grand d'entre eux, incisé, long de plus
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Fig. 13. Antilopes bubales.


FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 83

2 m, aux griffes marquées, bondit sur un buf e de même taille avec lequel il
se confond en partie ( g. 16, n° 1); ils semblent être du même niveau archaique.
La répétition de la forme constante de la longue queue recourbée des lions sur
des parties érodées permet de supposer que le nombre des sujets a dépassé celui
des relevs. Tous sont également incisés, de dimensions plus moyennes et tour
nés vers la droite. Dispersés sur la paroi, nous en notons un sous l'homme placé
derrière le grand buf e, un sous le très grand lion, un autre très haut à droite
repérable par l'arrière train et les poils. sous la cuisse, un quatrième touchant de
la tête le museau d'un grand buf e.

A Zaccar, sur la composition bien connue où les deux animaux ne peuvent


être séparés, il est remarquable que le lion (L = 0,75 m) ait éé piqueté et de
forme fruste alors que l'antilope aux très belles lignes, est soigneusement incisée
( g. 16, n° 2). Il en est de même à Daiet el Hamra, où la composition est très
semblable à celle de Zaccar ( g. 16, n° 3). Ces lions sont apparemment moins
anciens que le plus grand de l'Oued el Hesbaïa. A Hadjra Mokhotma Nord,
un autre (L = 1,70 m) est sous-jacent à l'homme qui fait le geste de toucher
la corne du buf e ( g. 4, n° 2). Le panneau des éléphants de l'Oued el Hesbaïa
comporte un lion (L = 1,50 m) en mouvement, à deux yeux et à encolure plis
sée, incisé profondément en V ouvert, qui, dans son contexte, ne paraît pas très
ancien ( g. 17). Le panneau de l'Oued Remeilia retient particulièrement l'atten-
tion ( g. 18 et 19). Il groupe six félins de plus d'un mètre chacun, aux griffes
creusées en cupules protondes, serrés sur deux registres. Les deux sujets qui
occupent la partie droite du panneau sont incisés légèrement, ceui du haut étant
accompagné de signes des Chasseurs piquetés. Ils paraissent plus anciens que
les autres de moindre style, qui sont soit au trait mince, soit piquetés linéaire
ment ou sur toute la surface, ou en n au gros pointillé comme celui de droite.
I est possible qu'un cercle,actuellementincomplet, oblitérat le corps de l'ani-
mal du centre représente un piège. Signalons en n un lion piqueté (L = 1 m)
àcinq kilomètres de Bou-Saâda (1). 1) HUARD et LecLANT, op. cit.

b) Dans la région de Djelfa, presque tous les lions à tête de face stylisée
sur un corps de pro l diffèrent fortement par la qualité et la facture de ceux
du Sud-Oranais (type de Djattou). Alors que dans cette région leurs nombreuses
et impressionnantes ef gies, d'apparence votive, dominent les grands sites ru-
pestres où elles seraient les plus anciennes, les sujets du Sud-Algérois, peu nom-
breux, de style et de facture indigents, souvent placés au ras du sol, sont très
généralement tardifs par rapport aux prototypes du Sud-Oranais. Mais, ils con-
servent la position classique de ceux-ci, avec le membre antérieur allongé aux
doigts marqués.

Au Djebel Doum, un lion de 2,14 m, isolé sur un promontoire, présente un


corps incisé assez beau, à griffes pointillées, contrastant avec une tête aux deux
petits cercles concentriques disproportionnés ( g. 20, n° 1). A Kheneg Hilal, un
autre (L = 1,75 m) incisé, placé sur le palier supérieur au pied de la falaise
vive, a une grosse tête fortement stylisée ( g. 20, n° 2). A Hadjra Mokhotma
Sud, au bas du site, un lion médiocre (L = 1,50 m) très détérioré par la desqua-
mation du rocher, présente une tête ronde peu visible ( g. 20, n° 3); dans la
station se trouve également un félin. tacheté (L = 1 m) exécuté au trait léger,
de style décadent ( g. 20, n° 4). Nous considérons que ces oeuvres, d'une valeur
technique et artistique faible, sont postérieures aux lions de pro l locaux comme
à leurs homologues du Sud-Oranais.
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Fig. 14.- Antilopes.
FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 85

c) Les autres lions, associés pa:fois à des bovidés, sont de moindre taille
et de style et facture médiocres. Dans la station d'Aïn Mouilha, l'un incisé légère-
ment (L= 0,80 m), un autre piqueté et un troisième à tête ronde au pointillé
grossier suivent des bovidés ( g. 37, n° 2 et 3). Un petit lion se trouve également
sous les grands « buf es » présumés du même site ( g. 5, n° 1). A Zaccar, un autre
petit lion de pro l (L = 0,40 m) est à signaler. Enftin, au bas de la grande frise de
rOued el Hesbaïa, un dernier, petit et peu visible, à la tête de face exagérément
volumineuse, pourrait être ancien. Ces documents montrent la persistance des deux
modes de représentation des félins.

Les autruches.

Leurs gurations, présentes en de nombreux points, sont d'une qualité


généralement pauvre. Il n'y en a de style naturaliste que dans trois stations, dont
l'une, à l'Est de Sa et bou Khenan, doit son nom à l'espèce. On y voit une très
belle autruche incisée (H = 1,30 m), avec des détails précis ( g. 21, n°1) et
deux autres à peu près semblables, moins apparentes. Une quatrième, piquetée
et de dimensions voisines, est placée derrière le bu e ayant un disque entre les
cornes ( g. 21, n° 2). A Sa et bou Khenan, une belle autruche incisée (H =
0,70 m) a les plumes de la queue détaillées ( g. 21, n° 3). Dans l'Oued el Hes
baia, cinq autres petites, bien exécutées et de style n, ont des attitudes vivantes
( g. 21, n° 4, 5, 6); on note encore une autruche très stylisée (H = 0,25 m),
au corps géométrique à double contour décoratif ( g. 21, n° 7 et g. 28) ainsi
qu'une dernière, plus grande (H = 0,75 m), prise au piège ( g. 21, n° 8 et g.
12). Une outarde (= 0,35 m) et deux échassiers complètent la série des belles
gurations ( g. 21, n° 9, 10, 11 et g. 12).
Fig. 15.- Sa et bon Rhenan:ga
Il suf t ensuite de mentionner diverses autruches de la région. Pouvant at- zelle (Photo Allard).
teindre un mètre, elles sont presque toutes piquetées, d'un stylisation très sou-
vent médiocre et sans détails. On les voit notamment dans les stations d'Aïn
Naga, El Gour, Hadjra Sidi Boubaker, Hadjra Mokhotma Sud, Kheneg Hilal,
Sa et bou Khenan, Sidi Abdallah ben Ahmed, Theniet bou Mediouna II et
Zaccar, site où une autruche est superposée à la scène du lion dévorant l'anti
lope; toutes sont postérieures au style naturaliste.

Les sangliers.

Nous terminerons la série des fauve avec les sangliers. Peu nombreux,
on en n'a vu que dans deux stations occidentales à Zenina (maintenant El Idrissia)
où ils formaient un groupe de trois, actuellement disparu, et à Sreissir où ils sont
en nombre égal ( g. 22).

LES TRAITS CULTURELS DES CHASSEURS.

Des gurations rupestres de la région de Djelfa nous avaient déjà livré (1) 1) HUARD et LEcLANT, op. cit.
une partie des vingt-cinq traits matériels ou de valeur psychique de la culture
des Chasseurs, que nous avons dégagés sur le Nil et dans divers secteurs sahariens.
Il est possible d'accroitre ou d'enrichir localement la liste de ces traits culturels
qui sont parfois groupés ; ainsi un buf e antique de l'Oued el Hesbaïa est associé
à trois personnages aux caractères différents.
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Fig. 16.- Lionschassant.


FIGURATIiONS RUPESTRES DE LA REGiON DE DJELFA 87

Fig. 17- Oued el Hesbaia lhon


du panneau des éléphants (Photo
\Hlard).

Figurations humaines.

Hommes sous des deaux de bêtes.

Dans l'Oued el Hesbaïa, un homme sous une peau de bête ou zoomorphe est
entrecroisé avec un buf e précité, disposition qui peut avoir aussi une signiti-
cation culturelle ( g. 23). A El Gour, deux ithyphalliques piquetés (L = 1 m)
marchent penchés comme des animaux et attestent leur qualité humaine par leurs
bras et un rectangle à diagonales placés sur leur torse ( g. 24 et 25, n° 1, 2), que
l'on retrouve sur un homme de Theniet bou Mediouna II ( g. 27, n° 1). Vus sur
place, ils different. L'un ( g. 25, n° 1) présente un arrière-train d'animal en exten-
sion, tandis que l'autre (n° 2) est doté d'un membre postérieur humain. Tous
deux porient une queue relevée. Le premier semble avoir une tête ronde, le second,
un masque composite oreille et bec, qui a un homologue sur le Nil. On peut se
demander s'il s'agit seulement d'hommes camou és sous des peaux de bêtes ou si
leur représentation a aussi une valeur psychique, attestent un lien entre le monde
des hommes et celui des animaux. Rappelons qu'un arcehr au gros piqueté de
TOued el Hesbaia (1), ayant une très longue queue peut être soit sous une peau (1) Ibid, fg 19, a 9.
de béte, soit porteur d'une queue postiche.

Oueue postiche.
Un homme de l'Oued el Hesbaia, sous-jacent à un éléphant en montre une,
pendant à la ceinture (voir g. 8).

Protection phalliaue.

Un grand homme de l'Oued el Hesbaia, muni d'une protection phallique est


placé derrière le grand buf e de la gure 23. Dans les stations d'Ain Naga et
pet-etre Daietes Stel, des hommes en relations avec des béliers, portant des caches
sxes élaborés (voir g. 29) naus paraissent d'époque déjà pastorale.
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88 P. HUARD ET L. ALLARD

Masaues.
Nous avons vu celui d'un chasseur d'EI Gour. Sur le panneau du rhinocéros
de l'Oued Remeilia, et de !a méme technique au gros pointillé profond que le
tauve, se trouve un personnage de protil (H = 0,59 m) tendant les bras en avant.
qui porie un masque de « mickey » ( g. 25, n° 3). Un de ses membres inférieurs
est de forme animale et l'on croit voir au dessous de la ceinture les deux extré.
mités d'un vêtement de peau. Entin à Ain Naga, un chasseur d'epoque pastorale
à l'armement évolué (hache, arc, bouclier), semble avoir un masque piqueté d'une
torme connue dans le Sud-Oranais (voir g. 33, n° 1).

Ithyphalliques.
Les plus anciens sont ceux d'EI Gour, de Teniet bou Mediouna II ( g. 25,
n° 4) et celui de l'0ued el Hesbaïa placé sous le grand buf e ( g. 23). Le danseur
du couple nu érotique d'El Gour est moins ancien ( g. 25, n° 5). Beaucoupd'autres
ithyphalliques sont d'époque pastorale.

Les armes.

Arcs.
L'archer piqueté de Teniet bou Mediouna II (L = 0,50 m) ( g. 26, n° 1)
s'ajoute à ceux précités de l'Oued el Hesbaïa et d'Ain Naga.

Fig. 18.- Panneau des lions de l'Oued Nemela.


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FIGURATIoNS RUPESTRES DE LA REGlON DE DJELFA 89

Armes longues.
A Sa et bou Khenan, un petit homme quadrangulaire, au gros piqueté, tenant
me arme longue et sous-jacent à un grand boeuf à chigon sans cornes nous paraît
i rattacher à la culture des Chasseurs (voir g. 34, n° 3). Le cas est moins net
sur le panneau des déphants de l'Oued el Hesbaïa, où un petit homme stylisé,
de face, tient une longue baguette (tig. 26, n° 2 et tig. 8).

Armes courbes.
A Hadjra Mokhotma Sud, une belle arme coudée incisée (L = 0,50 m) est
gurée sans coatexte en haut d'un rocher ( g. 26, n° 3). Une autre, à Aïn Mouilha,
gravée sous un déphant ( g. 6, n°3). A Ben Hadid, deux hommes de face au gros
piqueté (L = 0,40 m er 0,70 m) qui portent des armes courbes sont peut être
moins anciens (tig. 26, n° 4).

Massues.
Un personnage piqueté de Sa et bou Khenan tient un engin pouvant être
une massue ou un petit arc. Peut-étre une massue est-elle brandie par un homme
d' Ain Naga au dessus d'un ovin à disque frontal piqueté ( g. 33, n° 2).

Lasso.
Il n'est pas représenté.

Hacbe.
Cette arme est visible à Aïn Naga ( g. 33n° 1).

Bouclier.
Il équpe le personnage à hache de la gure 33, n° 1.

Fig. 19.- OuedRemeilia détail des


lions montrant les signes et piège
circulaire (Photo Allard).
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Fig. 20. - Lions à tête de face sur corps de pro l.


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Fig. 21. Autruches.


92 P. HUARD ET L. ALLARD

Pièges circulaires.
Nous avons déjà vu l'antilope d'Hadjra Mokhotma Sud nettement capturée
( g. 13, n° 1) et le lion piqueté de l'Oued Remeilia entouré d'un cercle ( g. 18
et 19).

Autres pièges.
Une autruche piégée de l'Oued el Hesbaïa se trouve sur la gure 21, n° 8.
Nous verrons plus loin deux signes en globules symbolisant des pièges ( g. 26, n°
5, 6).

Spirale.
Elle est absente.

Motifs serpentiformes.
On en voit deux autour d'un lion de l'Oued Remeilia et ce soit certainement
des signes ( g. 18 et 19).

Signes des Chasseurs.


L'arceau est visible dans l'Oued Remeilia, en rapport avec un lion, ainsi
qu'un signe à deux traits parallèles ( g. 18 et 19). Le globule est en rapport
avec deux félins à Feidjet Elleben ( g. 26, n° 5) et, en tant que piège, dans l'Oued
el Hesbaia ( g. 26, n° 6).

Cupules.
Fig. 22. Sangliers Deux grosses cupules encadrent un petit rhinocéros d'Aïn Naga ( g. 11, n° 2).

Personnages touchant des fauves.


L'homme dHadjra Mokhotma Nord (localisé à tort à Daïet-esStel) qui
fait le geste de toucher le cornage d'un buf e est bien connu ( g. 4, n* 2). A

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Fig. 23.- Oued el Hesbaia buf e et hommes.
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FIGURATiONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA
93

Theniet bou Mediouna II, un homme à coiffure ronde et rectangle à diagonales


sur la poitrine, touche au cou un oryx et en recoupe un autre ( g. 27, n° 1).
A Bou Sekkin, les deux hommes malmenés par un éléphant, qui est curieuscment
en situation de recul, touchent chacun une de ses délenses ( g. 27, n° 2).

Fauves à attributs frontaux.


Nous rappelons seulement les trois buf es d'Ain Naga, de la station de
T'Autrucheet du Djebel Doum, qui constituent une liste exceptionnelle (voir g.
2, 3 et 4, n° 1).

Fauves entrecroisés.
Nous attribuons ce trait culturel aux deux petits buf es situés sous celui
d'Hadjra Mokhotma Nord touché par un homme ( g. 4, n° 2). Cette interpré.
tation nous paraît plus valable que celle d'un combat de buf es. Dans l'Oued el
Hesbaia, sur le panneau des éléphants, une antilope à double encolure nous
semble entrer dans la même catégorie ( g. 27, n° 3 et g. 28).

Mains.
On en voit de très nombreuses, de toutes époques à Hadjra Sidi Boubaker.
Nouspensons que certaines, frustes, piquetées profondément et de patine totale,
sont référables à la culture des Chasseurs. Une main de signi cation magique
surmonte trois antilopes dans l'Oued Tamdit ( g. 13, n° 5).

En résumé, tous les traits culturels des Chasseurs sont attestés dans la région
de Djelfa, sauf le lasso et la spirale, qui sont en revanche tortement représentés
au Tassili dans le secteur de l'Oued Djerat.

PRELIMINAIRES A LA DOMESTICATION
Plusieurs antilopes passées en revue avec la faune sauvage portent des
indices d'appropriation par l'homme, en particulier des colliers, que nous avons
relevés également dans lOued Djerat et en d'autres parties du Sahara. Avec
es pendeloques visibles au cou d'autres espèces comme la girafe, ce sont des
traits culturels en relation avec les essais de domestication, adaptation qui a
ete très progressive et inégale selon les secteurs.

Dans la région de Djelfa, une partie des boæufs aux cornes recourbées en Fig. 24. - El Gour . à gauche
ithyphallique à membres postérieurs
ant Bos primigenius ?), notamment celui sous-jacent à un éléphant de l'Oued et attitude d'animal; à droite: ithy
esbaia (tig. 29, n° 2), sont probablement sauvages. Mais on ne peut séparer phallique masqué à queue et posture
deux certains bæufs sans cornes. f'animal (Photo Allard).
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Fig. 25.- Figurationshumaines.


1

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Fig.26. - Pièges.
2

Fig. 27. Hommes touchant des fauves et antilope à double encolure.


FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGIoN DE DJELFA 97

L'existence d'une race originellement sans cornes, (Bos akeratos), n'est géné-
ralement pas admise car, en vertu de la sélection naturelle, elle aurait été éli-
minée par les races à cornes en particulier par Bos primigenius au cornage acéré
vers l'avant. Rappelons que les Egyptiens d'époque dynastique ont guré des
beufs sans cornes dans les tombes à partir de la Ve dynastie. Ils constituent
ensuite une proportion importante dans les inventaires des troupeaux du Nou-
vel Empire. La question reste ouverte de savoir si ces bæufs ont été l'objet
de pratiques zootechniques ou ont constitué une race arti cielle. On sait qu'ac-
tuellement des races de bovins sans cornes sont développées aux Etats Unis
pour leur rendement en viande.

Dans le Sud-Oranais, le boæuf sans cornes est exceptionnel et, en un cas,


porteur de spirales (1). En revanche, le panneau des éléphants de l'Oued el 1) PhoBENTUS,Hascbra Maktube, 1925
p.. 115.
Hesbaia présente trois bcæufs portant un collier, et deux d'entre eux en sont
les plus anciennes compositions ( g. 29, n° 1, 2).

Une autre paroi de la station juxtapose : un bcæuf sans cornes inséparable


d'un bæuf tenu par la queue, donc domestiqué, lui-même associé à un bélier
( g. 30, n° 1); un autre bæuf sans cornes marchant derrière un bæuf au cor
nagerelevéé en avant portant un chignon frontal ( g. 30, n° 2) ; en n un bcæuf
de bon style à disque frontal légèrement piqueté s'élevant au-dessus des cornes
penchées en avant ( g. 30, n° 3).

Sur le panneau des buf es du même lieu, on note également un grand


bceuf sans cornes (voir g. 44, n°

Les béliers.

Les grands béliers naturalistes du Sud-Oranais porteurs d'attributs cépha


liques variés ont été considérés par certains auteurs comme ayant pu ne pas
être domestiqués, opinion basée sur de simples similitudes de style et de facture
avec les représentations de la grande faune sauvage locale.

Les questions qui se posent à leur sujet ne peuvent plus être envisagées
dans le seul cadre du Sud-Oranais, car la région de Djelfa - où aucun ovin
n'est directement associé à des buf es ou à des lions- leur apporte une très
large contribution. Nous disposons d'une trentaine de documents culturellement
homogènes, se rattachant à des Pasteurs plutôt qu'à des Chasseus. Ils s'étalent
sur une longue période allant jusqu'à une phase avancée de la domestication,
notamment quand ils sont associés à des bæufs domestiques. Nos relevés concer-
nent huit béliers à sphéroide, avec ou sans pendants de joue, jugulaire ou col-
Iier et des ovins parfois munis de colliers auxquels nous reconnaissons des cor-
nages fermés en anneau ou des disques et seulement quatre sujets avec un simple
collier ou sans attribut. Cette distribution, dans laquelle les ovins sans parure
sont exceptionnels, est à remarquer particulièrement. Nous présentons ces ovins
par tranches chronologiques relatives, estimées d'après leur contexte pastoral
de plus en plus af rmé, en tenant compte des normes admises dans le Sud-Oranais.

a)Les béliers à sphéroides ont les cornes recourbées en avant, en forme


de croissant relevé du bout, et souvent la queue longue d'Ovis longipes. Cinq
d'entre eux sont en liaison étroite et de caractère apparemment rituel avec des
hommes, dont quatre « orants ».

Rappelons d'abord les documents publiés.


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98 P. HUARD ET L. ALLARD

Le bélier de Zenina (actuellement El Idrissia) ( g. 31, n° 1), de aille


(1) LEnnELLEUX, dans Libyca, XIII, moyenne et paré aussi d'un collier, a été le premier connu (1). Il a disparu
1965, g. 2.
comme les sangliers de la station. Le magni que bélier d'Ain Naga, d'environ
deux fois la grandeur naturelle et dontil ne reste que la tête et le cou, est incisé
en V et de surface polie ( g. 3i, n° 2). Découvert par le Père F. de Villaret et
(2) El Djezair, n* 13, 1970, p. 47. publié par le Syndicat d'Initiative de Djelfa (2), ce chef d'cæuvre est maintenant
bien connu. Des plumes encadrent le sphéroïde qui est complété par un pendant
de joue, et le bélier a également un collier à chevrons. Il est précédé d'un homme
de même main (H = 1,66 m), au nez convexe, vêtu d'un cache-sexe à boutons,
porteur de bracelets et pourvu d'une coiffure à trois mèches pendant sur la
nuque, tous éléments qui dénotent une phase non archaïque de lépoque pas-
torale. L'attitude de l'homme aux avant-bras levés et à tête baissée est recueillie.
Ce n'est pas simplement celle d'un berger conduisant un bélier, dont le carac-
tère religieux ou rituel est ici accusé par sa haute taille et la série d'attributs
dont il est muni. Entre les pieds de l'homme et le bélier, on distingue un petit
animal sans cornes au piqueté jointif, peu visible, qui pourrait être plus ancien.

Sur le bélier à barbiche incisé de Daïet es Stel (H = 1,25 m) auquel fait


face un« orant» pourvu d'un cache-sexe, nous n'avons pas reconnu la queue
grasse d'Ovis platyra qui lui a été attribuée (3), car l'arrière.train est res
profondément détérioré ( g. 31, n° 3). L'un. des trois béliers à artributs de l'Oued
el Hesbaia, porte un sphéroide ( g. 31, n° 4). Bien sexué, à queue longue, ce
mâle (L = 0,80 m) est associé à un petit homme schématique (H = 0,26) à
queue postiche, dont le piqueté large est différent du tracé du bélier.. Il n'est
pas certain que la ligne qui les réunit łasse partie de la scène.

Fig. 28. - Oued elHesbaiu détal dupanneau ts.


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Fig. 29.-El Hesbaia:berufs.


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Fig. 30. El Hesbaïa barufs.


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Fig. 31. Béliers à Sphéroide.


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Fig. 32. Bliers à Sphérolde.


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Fig. 33. - Béliers à cornage fermé en anneau ou à attributs.


106 P. HUARD ET L. ALLARD

Dans l'intéressante station d'Hadjra Sidi Boubaker, un beau bélier incisé


à section en U (L = 1,16 m), à queue longue, porte un sphéroïde avec pendant
de joue et collier strié ( g. 32, n° 1). A Saouiet, une composition assez médiocre
montre un autre sujet à barbiche, piqueté et usé, dont le sphéroide est ajusté
à la tête par un espèce de socle; il semble touché sous le muscau par un homme
vu de pro l, aux avant-bras levés, qui peut être considéré iomme un orant ( g.
32, n 2). A Daiet cl Hamra, un très beau bélier régulièrement incisé, d'un trait
assez n, 'remarquable par la précision des détails (L = 1 m), situé à 4 ou 5m
de hauteur sur la paroi, présente un sphéroïde classique et un collier à chevrons
g. 32, n° 3). Au pied de la falaise, sur un bloc ayant basculé, un autre bélier
ayant de longs poils sous le ventre est surmonté d'un disque abimé au-dessus
de l'emplacement de la tee effacéc. Les trois lignes qui encadrent le sphéroïde
sont-elles des plumes ? Son large collier à chevrons est usé ( g. 32, n° 4).

b) Nous examinons maintenant une deuxième série constituée par des


moutons sans oreilles, dont le cornage a été conventionne!lement reporté au-
dessus de la tête et fermé en anneau, donnant l'impression d'un disque; parfois,
les stries du cornage sont d'ailleurs visibles.

A Hadjra. Sidi Boubaker, un beau bélier naturaliste incisé (L = 1,04 m)


à cornage fermé en anneau est superposé à un équidé plus ancien, légèrement
piqueté, au museau évidé ( g. 33, n° 1). Du ventre de ce bélier part un trait
vertical (interprété dans le Sud-Oranais comme une émission d'urine), qui cortes
pond ici à un sillon naturel de la roche. Une brebis sans cornc, munie d'un col
lier, tourne le dos au bélier et touche presque l'arrière-train d'un grand bauf
(L = 2 m). Ces trois animaux, qui ne peuvent être dissociés, dérotent une do
mestication bien établie. Dans la même station, ,deux autres mo:ons, piquet:
et incisé, au cornage fermé en anneau, sont de qualité inégale ( g. 33, n° 2).

A Kheneg Hilal, un bélier (L = 1,20 m) à queue longue, gravé superti


ciellement, porte un petit collier; son disque est orné d'une lon:e antenne
penchée en arrière ( g. 33, n° 3). Dans l'Oued el Hesbaia, un bélier (1. == 0,80 m
profondément tracé dans la paroi ( g. 33, n° 4) présente l'amor intérieure
d'un cornage fermé et un collier large pendant du poitrail. A Sa et ! : Khenan,
un mouton (L = 0,73 m) à longue queue, porte un cornage en a: iu ou un
sphéroide à demi effacé et la trace d'un collier ( g. 33, n° 5). A The:. : el Mzab,

Fig. 36. Ain Mouilha ovins por


tant des cornages déformés et feston-
nés de brufs (Photo Allard).
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Fig. 37. -Bovins anciens.


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Fig.38. - Bovins.
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Fig. 39. Scènes pastorales.


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Fig. 40. -Scènes pastorales.
FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGiON DE DJELFA 111

cvins et bovins ont les mêmes cornages fermés en anneau ( g. 34, n° 1). A
Hadjra Mokhotma, plusieurs animaux aux formes légères, moutons ou antilopidés
(L = 0,70 m), ont la tête surmontée d'un disque traversé par un diamètre ver-
tical ( g. 34, n° 2).

Deux moutons d'Ain Naga à attributs frontaux piquetés ont été montrés
en rapport avec des hommes, dont l'un à panoplie complète de chasse, l'autre
paraissant brandir une massue ( g. 35, n° 1, 2). A Morhoma, deux ovins mé
diocres à cornage fermé se font face ( g. 35, n° 3). Toujours dans cette station,
l'un des deux ovins incisés a des cornes levées en arceau ( g. 35, n° 4).

c)Il existe encore des moutons porteurs seulement de colliers, dont la


tete parfoiseffacéeou brisée a vraisemblablementétépourvue d'un cor
nage en anneau ou d'un sphéroïde. Dans l'Oued el Hesbaïa, un bélier mesurant
1,25 m, de belles lignes (voir g. 30, n° 1) a un collier, une barbiche et de longs
poils sous le ventre; comme il porte une corne, on peut supposer que l'amorce
de son attribut frontal correspondrait à un sphéroïde. Il ne peut être séparé
d'un granc bæuf tenu à la queue par un homme. A Sreissir, sur un bloc dif ci-
lement accessible en haut d'une falaise, la représentation d'un très beau bélier
au trait incisé, à collier et longue queue, dont le corps et les membres rappellent
celui d'Hadjra Sidi Boubaker, a eu certainement un caractère votif ( g. 33, n° 6).
Malheureusement le support rocheux est écaillé à la place de la tête. A Bou Sek-
kin, en haut de la falaise, un beau bélier (L = 1 m) à deux queues, avec l'avant
du corps décapé par piquetage, porte en relief un collier et une corne ( g. 35,
n 5); une petite antenne en virgule apparaît au-dessus du frontal.

d) Nous signalerons à part deux animaux d'Aïn Mouilha, au corps évidé


et poli (l'ensemble mesurant 1,80 m), dont la tête, les membres antérieurs et la
queue ne sont pas de bovidés, et qui, ressemblant beaucoup à des moutons ou à
des chèvres, sont pourvus de grands cornages magni és de bovidés ornés de
festons ( g. 36).

Les cornages arti ciellement déformés sont nombreux sur les gravures des
Pasteurs de Nubie. On a même trouvé à Faras (1) dans une tombe du cimetière (1)NoRDSTROM, dans Kush, X, 1962,
34-61.
du Groupe C, deux bucrânes avec une corne déformée. Cette pratique est cou-
rante sur les rupestres du Nil, d'Uweinat et du Sahara tchadien, où elle est venue
de Nubie avec d'autres traits culturels du Groupe C (2), s'étendant jusqu'en (2) HUARD, dans Kush, XI,_19631
3-81. HuARD, dans Kusb, XV, 1
Air. Cependant un bucrâne piqueté très ancien du Nord Tibesti, vu de face P.90-96, g. 2-3et pl. I.
avec une corne rabattue en avant (Huard inédit) et quelques autres cornages
(3) HUARD et ALlaRD, dans Libyca,
déformés de l'Oued Djerat (3), montrent que la pratique a débordé dans l'es XXI, 1973, p. 200, g. 16.
pace le cadre du Sahara oriental où on la pensait con née et, dans le temps, re
monte certainement avant la n du III° millénaire qui marque le début du
Groupe C.

imposition à des moutons de cornages de bcæufs dans un but culturel ou (4) HuARD, dans Trav. IRS, X, 1953,
rituel n'est pas unique. Nous l'avons constatée au Tibesti (4), où le but recher- pl. VII, n° 3.
ché a été oertainement du même ordre ( g. 35, n° 6). Les deux exemples pré-
cités se placent dans une période d'élevage bien établie.

Des cornages magni és sont portés à Sa et el Baroud par des animaux sub-
chématiques(L = 0,35 m), qui semblent etre des antilopes. Ces pratiques, ap
Plquées à des bovidés, se voient aussi dans la phase pastorale moyenne du
Tibesti (5). () 1bid., pl. Vi, * 1 e 7
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112 P. HUARD ET I.. ALLARD

Fig. 41.- Ain Mouilha hommes àbandesmolletières

Les bovins.

A propos des préliminaires à la domestication, nous avons parlé des beurs


de l'Oued el Hesbaïa. On en connait d'anciens ailleurs. A Zaccar, il s'agit dun
grand bæuf naturaliste piqueté (L = 2 m), au corps de pro l, avec une seule
corne de face actuellement visible ( g. 37, n° 1). A bou Sekkin, un bæut sub
naturaliste à grandes cornes en croissant est exécuté au gros piqueté protona
( g. 37, n° 2). A Sa et bou Khenan, un grand baeuf (L = 1,50 m) à chignon
ou cornage fermé, réalisé au gros piqueté jointif, recoupe un ithyphallique quadran
gulairefrustedefactureanalogue,semblanttenir unearmelongue( g. 37, n )
sous l'encolure, un autre ithyphallique brandit une arme courbe.

Les autres bovins que nous avons retenus sont d'époque pastorale. Ils ont en
majorité des cornages fermés en anneau et parfois sur le dos des dispositils c
(1) HuARD, dans Rivista di Storia segment de cercle dits « tapis de bât » qui sont peut-ête des moyens de portaE
dell'Agricoltura, ne 4, 1962, p. 6,
g. 2, n° 26. (1). Les compositions dont ils tont partie comptent aussi des moutons å cornag
formé, des antilopes ou des hommes. A Hadjra Sidi Boubaker, un homme au cor
quadrangulaire comme dans le Sud Oranais, est en présence d'un grand Dru
dont les oreilles se dressent entre les cornes, au-dessous duquel sont éagés deu
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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 113

moutons à cornage en anneau ( g. 39, n° 1). A Teniet el Mzab, bovins et ovins


semblables, tendant au subschématisme, ont les mêmes cornages fermés (voir
g. 34, n 1). A Hadjra Mokhotma et Ben Hadid, les animaux de cet ordre sont
dif ciles à distinguer ( g. 38, n° 1). A Bou Sekkin, il s'agit de bovins plus
récents, de facture soignée, dont l'un avec un « tapis » sur le dos surmonte une
antilope ( g. 38, n° 2). A Sa et bou Khenan, un bovin stylisé (L = 0,60 m)
large collier, portant entre les cornes un disque piqueté, est associé à un animal
gracile (L = 0,50 m) pouvant être une antilope ou un capridé ( g, 38, n° 3).
Ce dernier, nement incisé, a un long cou orné d'un quadruple collier ; torte-
ment stylisé, cet animal donne l'impression d'avoir des cornes minces dressées
et incurvées, enserrant un sphéroïde piqueté hérissé de plumes (?). Dans l'Oued
Mergueb, un bæuf grossièrement piqueté à cornage en anneau surmonte un
orant ithyphallique aux bras levés ; ils attestent la persistance de deux traits
culturels archaïques ( g. 38, n° 4).

Scènes pastorales.
Ayant parlé plus haut de la scène pastorale ancienne d'Hadjra Sidi Bou-
baker ( g. 39, n° 1), nous examinons maintenant des tableaux gravés postérieurs
qui mettent en rapport des hommes et des bovidés.

A Hadjra Mokhotma Sud, un bæuf est associé à un personnage remanié.


Sous sa forme primitive, c'était un homme de face au corps entièrement piqueté
( g. 39, n° 2). Plus tard, il a été recouvert par un corps rigide paré d'une énorme
coiffure à trois cornes présente aussi dans le Sud-Oranais (1). Il tient à la main 1) LHOTE, Gravures rupestres du Sud.
Oranais,p. 119, n 45 p. 120, n*
une grande arme angulaire. Le baæuf est du niveau archéologique du personnage
surimposé.
Ain Mouilha donne quatre scènes de grandes dimensions. Dans l'une, une
vache à « tapis » abritant sous le ventre son petit est associée à un homme et
à une femme dont la robe est ornée de pois (Longueur totale : 1,50 m) ( g. 39,
n 3). L'économie des lignes est remarquable. Dans une autre scène (L = 3,50 m),
un personnage est couché auprès d'un bovin subschématique, dont le cornage est
déformé ( g. 40, n° 1). Sur le même panneau, un homme liforme brandit un
un bois de jet devant un autre bovin dont les oreilles sont dressées entre les
cornes. Un petit animal informe est à coié de l'homme couché. Dans la troisième
scène (L = 1,75 m), un autre petit animal se tient auprès d'un homme couché,
au-dessusduquel un bæuf à cornage rabattu en avant portant un « tapis » dorsal
est suivi par un lion piqueté ( g. 40, n° 2). C'est également un lion qui, dans
la même station poursuit un animal incisé à cornage en anneau et queue relevée
( g. 40, n° 3).
A Morhoma, un personnage que ses vêtements rendent carré, est face à
un bæuf ( g. 40, n° 4).
A Daiet es-Stel, un homme de face (H = 0,80 m) élève les bras au-dessus
d'un bovin de pro l à cornes relevées en avant et à fort chignon saillant ( g.
40, n 5).
A Zaccar, unbacæuf subschématique, au gros pointillé, paraît tenu à la queue
par un homme ( g. 40, n° 6). Audessous, un personnage plus petit touche
au museau un animal en posture de recul ( g. 40, n° 7).

Les trois personnages de style n à « bandes molletières» d'Ain Mouilha


sont également d'époque pastorale ( g. 41). Ils sont associés à une femme en
robe et à un petit mouton subschématique de style n, avec une protubérance
subcirculaire.
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Fig. 42.- Figuration humained'époquepastorale.
FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 115

Figurations humaines d'époque pastorale.


Outre celles qui font partie des compositions décrites plus haut, nous avons
relevé des personnages dont les plus signi catifs sont à mentionner.

Ce sont:
à Hadjra Sidi Boubaker, un ithyphallique en présence d'une femme pa-
raissant porter une robe ( g. 42, n° 1);
à Hadjra Mokhotma, un homme penché en avant (H = 0,40 m) avec
l'indice d'une petite queue, ainsi qu'une femme ouverte de facture fruste
(H = 0,60 m) pourvue d'une queue postiche ( g. 42, n° 2);
au Nord de Zaccar, une femme ouverte placée audessous d'ua bovidé (1) LHOTE, Les gravures rupestres de
de mauvais style est entourée de deux phallus ( g. 42, n° 3), scène qui r'Oued Djerat, ĪI, 1976, p. 629, n
2045.
a un homologue plus ancien dans l'Oued Djerat (1);
à Zaccar, sur une paroi isolée, une femme debout de face les bras ouverts
a le sexe bien marqué ( g. 42, n° 4);
à Sa et bou Khenan, un petit homme au gros pointilé (H = 0,50 m)
vu de face a une dépression au sommet de la tête, qui peut être l'indice
d'une coiffure ( g. 42, n° 5);
à Theniet bou Mediouna II, un homme est guré en position assise, un
bras levé avec la tête de face sur le corps de pro l; l'avant-train d'un
petit animal repose sur ses genoux ( g. 42, n° 6);
à Daiet el Hamra, sur un pan de rocher renversé portant un bélier abimé,
un homme aux membres ouverts, légèrement ithyphallique, à la tête
ornée de deux antennes, coiffure généralement tardive ( g. 42, n° 7)
a un animal contre lui ;

àTheniet el Mzab, un homme à coiffure trilobée et plastron rectangulaire,


a des homologues à Hadjra Mokhotma Sud, Feidjet Elleben et dans le
Sud-Oranais ( g. 42, n° 8).
En résumé, la longue période pastorale a laissé des personnages divers dont
certains ont encore l'arc des Chasseurs et dont d'autres ont les vêtements et
les coiffures caractéristiques de l'Atlas Saharien.

Nous mettons à part « les amoureux timides » d'Aïn Naga (2), ( g. 43), (2) Cf. El Diezair, ne 13, 1970, p.

dont la composition et la facture sont remarquables. Des èches apparaissent au-


dessus d'un bouclier en forme de haricot comme dans le Sud-Oranais (3). Se )LHOTE, Gravuresrupestres du Sud-
Oranais, p. 10, n° 2 et 5. HUard et
rait-ce ici un carquois ? La dépression qui marque le centre de l'accessoire occupe LECLANT Recbercbes s les Chas
seurs, g. 71.
la place de la tête d'un mouton à collier dont le corps est visible derrière le
personnage. Celui-ci porte une coiffure ou un casque à cimier avec une touffe
jetée en avant, et trois mèches pendent derrière la nuque, détail que l'on retrouve
sur l'homme placé devant le bélier d'Ain Naga et dans le Sud-Oranais. La femme
a une chevelure soigneusement coiffée, maintenue en arrière par une barette.
L'ensemble, très évolué, est de caractère méditerranéen.

Les canidés.

Un petit canidé vertical incisé se trouve dans le haut du panneau des lions
dOued Remeilia. C'est très probablement un chacal ( g. 18). Le seul chien
domestique à peu près certain est celui qui se trouve derrière le gros bæuf de la
Scene pastorale d'Hadjra Sidi Boubaker. La question peut se poser pour l'animal
d'Hadjra Mokhotma Sud, à queue relevée vers le haut, en relation avec un per-
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116 P. HUARD ET L. ALLARD

sonnage à coiffure à trois cornes tenant une arme angulaire (tig. 39, n° 2) et à
Ben Hadid ( g. 38, n° 1). Ce sont des chacals qui, dans une scène de Theniet
el Mzab eniourent une brebis agenouillée, car l'hypothèsc de huit chiens de
berger est peu vraisemblable dans une région ou le chien n'a jamais étédressé
à assumer cette tâche ( g. 44, n° 1). Aïn Mouilha montre deux petits animaur
placés près d'hommes couchés, trop informes pour permettre une supposition
fondée à leur égard ( g. 40, n° 1, 2).

Les équidés.
Les gurations d'équidés se situent à plusieurs niveaux chronologiques. Les
plus anciens sont: celui d'Hadjra Sidi Boubaker, aux longues oreilles et au mu
seau poli, sous-jacent à un bélier ( g. 33, n°1); celui d'Ain Naga, de style
naturaliste ( g. 44, n° 2) et, sur le panneau des buf es de l'Oued el Hesbia
un petit équidé dont il ne reste que l'avant-train visible ( g. 44, n° 3) à lin-
térieur d'un grand beuf sans cornes. A Hadjra Mokhotma Sud, un petit équidé
de style n à deux yeux (L = 0,25 m) se trouve sur le panneau des animaur
à attributs céphaliques ( g. 44, n° 4). On note également un petit équidésur
le panneau des éléphants de l'Oued el Hesbaia ( g. , n° 5) àSa et el
Baroud, deux petits sujets dont l'un à crinière ( g. 44, n° 6). A Sa et bou Khe
nan, un panneau porte des petits chevaux nus, incisés, de style n,accompagnés
de ti nars (exceptionnels dans la région) et d'une facture remarquable. L'un
d'entre eux est surmonté d'un buste d'homme, mode tardif de représentation
d'un cavalier ( g. 44, n° 7). Cet ensemble est le seul du secteur de Djelfa com
portant avec certitude des chevaux domestiqués, si l'on se refère aux donnés
historiques actuellement réunies, selon lesquelles le cheval monté, venud'Egyp:e,
a pu être connu en Libye Orientale à la n dtu II° millénaire, puis auSahara
Central, avec les Equidiens, au début du I millénaire av. J.C.

Fig. 43.- Aïn Naga les amoureux timides» (Photo Allard)


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Fig. 44- Canidés Equidés.


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Fig. 45.-Peintures.
FIGURATIONS RUPESTRES De LA REG1ON DE DJELFa 119

LES PEINTURES RUPESTRES

Cette forme d'art pariétal, déjà connue mais rarc, dans la région de Tebessa
Du, dans Revue Africaine,
(1), de Constantine (2), et dans le Sud-Oranais (3), a commencé à se révéler if, n°372-379,1937, ig.
P. 27.
dans la région de Djelfa à partir de 1974. Cet élément nouveau est important.
(2) G. et L. LeFEBYRE, Corpus des
gravuresrupestres de la région de
Les documents du Sud-Algérois actuellement relevés sont localisés en trois Constantine, 1967, p.. 229-274.

sites 3)PROBENTus, Hadschra Maktuba, pl.


l18.

- Au DjebelDoum, le grand buf e portant un attributcéphalique( g. 4,


n° 1) accuse deux traces d'ocre, l'une marquant l'ceil, l'autre soulignant la protu-
bérance de la croupe. A proximité, le contour d'une grande autruche stylisée
(L= 60 em) est peint au frottis usé. Un petit personnage à longue queue pos-
tiche recourbée (H = 20 cm) est le troisième témoignage local peint pouvant
être attribué à la culture des Chasseurs ( g. 45, n° 1). Ce personnage voisine avec
un petit animal au contour légèrement incisé, sans corne, (L = 18 cm), peut être
un ovin dont le corps a été passé à l'ocre, comme une autre petite bète à cornes
du même site. Ces deux documents peuvent être d'époque pastorale.

- A Zaccar Sud, un abri sous roche est orné de peintures du même niveau
archéologique dont trois éléments ont été photographiés par Mlle Damour. Ces
peintures sont réparties en quatre scènes

Dans la première, un archer nu ( g. 45, n° 2) rappelant ceux du Tassili,


peint à l'ocre pâli (H = 35 cm) et dont le corps est orné d'un motif sinueux,
tient à bout de bras un arc simple et bombé, avec lequel il vise un petit animal
aux formes élancées. C'est localement le sujet le plus ancien. Il est encadré par
deux archers de moindres dimensions (L = 30 cm), plus foncés et de caractère
plus évolué. L'un, à droite ( g. 45, n° 3), muni d'une poche phallique et dont
la tête est entourée d'une chevelure stylisée en auréole ondulée, porte attaché à
son épaule un grand acoessoire orthogonal à base ren ée, symétrique de l'arc,
dont l'interprétation serait conjecturale. Le second, à gauche ( g. 45, n° 4), coiffé
de plumes, est pourvu d'un accessoire analogue mais plus léger. Il tire au-dessus
de deux animaux de petite taille en marche, mal caractérisés et de style très mé
diocre, à cornes rabattues en arrière, membres antérieurs longs et frêles et queue
mince.

La deuxième scène, vivante et de dimensions très réduites (H = 15 cm)


représente un petit personnage accourant pour assommer avec une crosse une
homme en relation intime avec une femme qui domine son partenaire ( g. 45,
n° 5).

La troisième
composition montre un personnage également très petit, que
nous pensons être une femme, ééendant les bras au-dessus de trois petits ani-
maux (H = 5 cm à 8 cm), probablement des tortues (deux tortues avec leur
petit) dans une scène énigmatique ( g. 45, n° 6).

En n, l'abri contient un beuf linéaire peint.


- A Hadjra Mokhotma Sud, nous avons remarqué descentaines de pas
tilles cireulaires de 1 cm à 2 cm de diamètre, peintes anciennement en deux
tons d'ocre, rassemblées sur deux mètres carrés environ d'une paroi en encor
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120 P. HUARD ET L. ALLARD

bellement et situées à une hauteur que la main de l'homme n'atteint pas. Cet
ensemble ne suggère, dans son état actuel, aucune guration identi able. On
note cependant deux assemblagesassez réguliets, l'un en demi cercle, l'autre en
croix. La composition est dépourvu d'élément de datation dans un site où coexis-
tent des gurations des Chasseurs et d'époque pastorale.

L'érude de l'ensemble que constituent sans conteste les gravures anciennes


du Sud-Algérois et du Sud-Oranais ne pourra être approfondie et nuancée qu'après
la publication des documents complémentaires relevés depuis cinq ans dans cette
dernière zcne.

D'ores et déjà, deux ordres de faits dont la signi cation, les rapports et
limportance restent à apprécier, ont successivement appartenu en propre à la
région de Djelfa :

l'imposition précoce d'attributs céphaliques, probablement rituels, de la


famille des disques frontaux sur des représentations de buf es antiques
du style naturaliste de grandes dimensions;

la vocation ancienne de cette région à un éievage mixte d'ovins et de


bovins, dent les témoignages accusent d'emblée des préoccupations au
moins culturelles, puis un caractère social marqué lorsque la vie pastorale
a prédominé.

BIBLIOGRAPHIE

Puolications donnant des gurations rupestres de la région de Djelfa.

1914.FLAMAND, G.B.M.- Deux stationsnouvelles 1965.


LETHIELLEUx,J. - Vestiges
préhistoriques
de pierres écrites découvertes dans le cercle de et protohistoriques de la région de Djelfa,
Djelfa. L'Anthropologie, XXV, 1914, p. 433- Libyca, XII, 1965.
458, g. 25-26. 1967.LErEBVRE, G.- La station rupestrede
Daiet es Stel, Libyca, XV, p. 207-213.
1921. Id.- Les pierres écrites, Paris, Masson, 1970. Syndicat d'Initiative de Djelfa. Dans es
1921, pl. III, IV, p. 314-318. monts Ouled Nail, El Djezair, Alger, n° 1, p.
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Mém. 20, IPH., Paris, Masson, 1939, ppl. 1974.CAMPs,G. -Les civilisationsprébistoriques
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1957.BELLIx, P.- L'art rupestredesOuled 1977.HUARDetLEcLANT,J. -Recherchess
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1960. TixIER, L.-Gravure rupestre de BouSaâda 11; 55, 15; 61, 18; 89, 1-2; 134, 19-21;
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Géol. et Archéol., 1958-1960, p. 21-27, 3 g. 200, 13.
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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 121

ANNE X E
REPERTOIRE ANALYTIQUE DES STATIONS RUPESTRES
DE LA REGION DE DJELFA
Les stations sont classées par ordre alphabétique, accompagnées de leur
numéro sur la liste de répartition géographique ( g. 1). La toponymie est celle
adoptée par le Syndicat d'Initiative de Djelfa. Les noms imprécis ou erronés de
quelques stations citées dans la littérature et la localisation fautive de certaines
gures notoires sont mentionnés dans le répertoire, avec renvoi au nom valable
ou au site réel.
Ain Mouilha (4 Grand eléphant au-dessus d'une arme coudéc. Bovidés
frustes de pro l (buf es ?). Petit lion. Autruche à tête transformée. Deux ovins
pourvus de grands cornages de bovins, détormés et festonnés. Quatre scènes pas-
torales à composantes diverses bovins à cornages partois détormés; personnages
dont certains couchés; femme en roche à pois; félins derrière des bêtes à cornes.
Panneau comprenant trois grands personnages de style n à molletières et une
femme en robe. Petite tête d'équidé.
Ain Naga (12). Couple de grands buf es antiques naturalistes, dont le
premier, superposé à un grand éléphant presqu'effacé, est pourvu d'un petit at-
tribut céphalique circulaire. Beau et grand bélier naturaliste à sphéroide, avec
jugulaire et collier, précédé d'un homme portant un slip à deux deux boutons.
Couple des « Amoureux timides » et équidé. Petit rhinocéros avec 2 cupules.
Lapin. Archer avec hache et bouclier devant un animal à attribut céphalique.
Personnage brandissant une massue devant un animal semblable. Petit éléphant
stylisé. Autruches et animaux médiocres.
Amoura (15). Deux éléphants de 1 m au trait incisé en V, avec le corps
rayé verticalement.
Argoub Ezzemla (3). Bovidés stylisés à cornage fermé en anneau. Beau
motif oral (?) incisé.
Atef el Ghorab (13). Deux antilopes affrontées.
- Ben Hadid (26). Bovins au cornage fermé en anneau. 2 personnages au
gros piqueté ou pointrilé ancien, tenant des armes courbes.

- BenHallouane (32).- Buf e deplus d'unmètre.


Bou Sekkin (11). Eléphant mettant à mal deux hommes qui lui touchent
les défenses. Beau bélier avec une corne au-dessus du front et collier en relief.
Mauvais rhinocéros de plus d'un mètre. Bovins dans une scène pastorale. Lions
(?). Bceuf au gros piqueté profond.

- Choucbet Essnober (37). Restes d'un grand animal à cornes. Petits animaux
gravés super ciellement (bovins tardifs, personnages).

- DaietelHamra(8). - Lionpresqu'effacé
attaquantuneantilopecomme
à Zaccar. BElier à sphéroïde et collier. Autre grand bélier sur un bloc retourné,
avec disque, plumes et collier. Personnage à bras et jambes ouverts, coiffé de
deux plumes.

- Daietes Stel (5). Grandpersonnageà bras levés devant un béier à sphé


roide. Ithyphallique piqueté aux bras levés devant un animal à cornes et protubé.
rance frontale.
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122 P. HUARD ET L. ALLARD

- Daiet es Stel (buf e et homme de Lethielleux) voir HadjraMokhormaN.


Daiet Gehil (21). Gravures très effacées, non relevées.
Djebel Doum (20). Grand buf e antique au trait pointillé léger portant
au cornage un attribut subcirculaire. Grand lion à tete de face sur le corps de
pro l. Quelques peintures: autruche, personnage à queue, bovin.
El Gour (27). Deux ithyphalliques aux corps de bête, marchant penchés
avec un bras humain levé; tous deux ont le torse marqué d'un carré à diagonales
et l'un, a un masque à bec. Joli couple nu, dont un ithyphallique, dansant. Anti-
lopes piquetées.
Feidjet Elleben (1). Eléphant médiocre au trait très usé. Rhinocéros au
trait en U de mauvais style. Belle antilope stylisée. Deux mauvais félins devant
un globule (piège).
- Guelt el Bidha (40). Deuxanimaux très ns nonrelevés.
Guelt es-Stel (Flamand. Lethielleux). Localisation erronée; V. Daiet esStel.
- Hadjrat elKhalous(Flamand). Voir Daïetes-Stel.
- Hadjra Mokbotma Nord (6). Grand buf e touché au cornage par un
homme superposé à un lion à demi-effacé. Sous le buf e, deux autres, plus petits,
fusionnés 1l'un dans l'autre, avec un bucrâne central unique. Grand panneau avec
mouton à collier et cornage fermé en anneau. Belle antilope. Petit cheval à deux
yeux. Personnage penché à queue. Deux personnages ouverts. Animal s'échappant
d'un piège circulaire.
- Hadjra Mokhotma Sud (7). Grand lion très usé à tête de face. Félin
tacheté à tête de face. Très belle antilope bubale retenue par un piège circulaire.
Personnage derrière deux animaux semblables à cornes magni ées. Personnage de
face à grande coiffure trilobée surimposée, tenant une arme angulaire. Grand pan-
neau peint de centaines de petits cercles à l'ocre, indéchiffrable. Panneau gravé
complexe avec animaux et personnages.
Hadjra Sidi Boubaker (30). Beau bélier à sphéroïde, jugulaire et collier.
Autre bélier à cornage fermé en anneau, superposé à un équidé plus ancien;
brebis également incisée tournant le dos au bélier et touchant l'arrière d'un grand
bæuf piqueté, les trois sujets formant un ensemble. Ithyphallique faisant face à
une femme en robe. Mouton incisé au cornage fermé en anneau. Grande scène
pastorale avec personnage au corps quadrangulaire, un bovin et deux ovins au
cornage fermé ; chien, autruche. Deux petits éléphants. Très nombreuses mains
de toutes époques, dont les plus anciennes sont au piqueté très profond.

- Ishak (38). Très petitsanimaux(station nonrelevée).


- Kheneg Hila (25). Grand bu e naturaliste à barbe. Deux bovidés de
pro l au corps de buf e, mais avec les cornes tournées en avant. Bélier à sphé
roide et collier. Grand lion au trait en U, à tête de face. Petit éléphant à deux
yeux. Animal, probablement un baeuf, repris pour faire un rhinocéros.
Koreiker (36), Avant-train de bovidé interprété, peut être abusivement,
comme un buf e antique.

Morhoma (18). Deux animaux à cornage fermé, dont un mouton, se faisant


face. Un personnage au corps quadrangulaire devant un bovin. Deux ovins mé
diocres, dont un bélier aux cornes relevées au-dessus de la tête.
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FIGURATIONS RUPeSTRES De LA REGiON DE DJELFA 123

Ntsila(2). Deux petits quadrupèdes se faisant face.


Oued Chguieg (41). Traces de gravures, non relevéces.
Oued el Bo:ir (43). Station non relevée.

- Oued elHesbaia(17). Grandestation. Trois sites. a) Grande frise suré


levée avec de grands sujets de grandeur naturelle; grand buf e entre-croisé avec
un homme au corps animal; devant lui, grand homme à demi-effacé avec pro-
tection phallique; sous lui, homme de face à phallus pendant. Grand lion de
pro l superposé à un buf e qu'il attaque. Grand bæuf sans cornes; petits lions.
Grand baæuf incisé à disque frontal, superposé à un homme à coiffure en champi-
gnon. Grand lion à tête de face b). Compositions pastorales situées àà divers
niveaux petit animal devant un piège ; beau bélier casqué devant lequel est un
petit homme de face. Bélier à long collier. Autre bélier casqué à collier. Petit
personnage tenant par la queue un bovidé. Taureau aux cornes penchées en avant
et autre taureau sans cornes. c). Grande paroi couverte de gravures de plusieurs
époques se chevauchant, sans composition d'ensemble. On compte: 4 éléphants,
dont 2 superposés à des bovins ou à un homme plus anciens. 1 lion de pro l,
1 grand bæuf sans cornes, 1 autre bovin. Bons petits sujets incisés recouvrant
ou encadrant les grands personnage aux bras étendus ; bovins, 2 rhinocéros,
un petit buftle antique tardif ; 2 éléphants, plusieurs antilopes, dont une à double
encolure 2 lapins, 7 autruches, dont une prise au piège ; une outarde, deux
échassiers.

- Oued el Youhi (39). Gravures très abimées,assezpetites. Peut-être des


éléphants. Station non relevée.

Oued Mergueb (16). Bovins très usés, dont un à cornage fermé, entre
les pattes duquel se trouve un personnage aux bras levés.

Oued Remeilia (33). Grand panneau avec 6 lions de quatre factures;


cercle coupant le dos d'un des lions; signes des chasseurs. Antilope à cornage
fermé. Beau rhinocéros unicorne piqueté, très ancien. Trois éléphants, dont les
fragments d'un grand, naturaliste, éroulé. Petit buf e au trait n.
- Oued Tamdit (14). Troisantilopessurmontéesd'une main.
Rocher des Pigeons (34). Station la plus méridionale, sans grand intérêt

Sa et bou Khenan (10). Eléphant. Bélier casqué à collier. Petit éléphant.


Baeuf sans cornes sous l'encolure duquel un petit ithyphallique élève une arme
courbe. Le bæuf est superposé à un personnage rectangulaire tenant une arme lon-
gue. 2 hommes schématiques. Bæuf et bélier à attribut céphalique. Scène pas-
torale schématique. Antilope au corps marqué de trois demi-cercles. Petits animaux
stylisés et ns dont une belle gazelle polie. Autruche. Quadrupèdes dont un à
attribut céphalique. Jolis petits chevaux naturalistes, au trait n, avec ti nar
ancien.
Sa et bou Khenan (Lethielleux) Lion dévorant une antilope, v. Zaccar.
Sa et el Baroud (19). Deux grands if es médiocres usés. Antilope in-
cisée. Canidé ou félin. Petit équidé à crinière. Petites antilopes de pro l à cornes
vertucaies ou rami ées. Chevaux.
Saouiet (29). Bélier à sphérošde, jugulaire et collier, que vient toucher
à la barbiche un homme.
Sidi Abdallah ben Abmed (2). Très petit buf e tardif incisé super cielle
ment, aux lignes subschématiques. Antilopes et autruche stylisées de petites di-
mensions.
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P. HUARD ET L. ALLARD
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- Sreissir(31).Béliernaturaliste.Troissangliers.
Station de l'Autruche (9) ou Sa et Bou Khenan Sud. Buf e antique
naturaliste avec disque évidé entre les cornes. Très belles autruches. Personnage
aux bras levés.
Theniet bou Mediouna I (23). Deux éléphants se suivant. Petit animal
à petites cornes et collier. Petite antilope.
Theniet bou Mediouna II (24). Archer au gros piqueté profond. Ithyphal.
lique à tête ronde, au corps marqué d'un rectangle à diagonales, touchant au cou
un oryx. Autres personnages au gros pointillé. Grand corps d'homme à phallus
incisé. Grand éléphant esquissé. Autruche stylisée.

Theniet el Mzab (22). Antilope bubale. Une vingtaine d'ovins ou bovins,


dont certains à cornage fermé en anneau. Personnage à corps rectangulaire et coif.
fure trilobée élevant les bras. Brebis agenouillée entouréc de 8 canidés (chacals).
Autruche.
- Zacca- (28). a)Caverne.Lion de pro l se jetant sur une antilopebubale.
Autruche. Scènes pastorales. Eléphants libyco-berbères. b) Zaccar haut. Rhinocéros.
Grand baeuf. Femme sexuée. c) Zaccar Ouest éléphant. d) Zaccar Nord scène
érotique. e) Peintures sous abri : chasse à l'are, femme et trois tortues, scène de
jalousie, bcæuf.
Zenina (35). (actuellement El ldrissia). Gravures disparues bélier à
sphéroide et collier; trois sangliers.
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FIGURATIONS RUPESTRES DE LA REGION DE DJELFA 125

RESUME :

Description de gravures et peintures (ces dernières récemmentdécouvertes)


de la région de Djelta. L'étage des Chasseurs y est bien représenté par des buf es
antiques, ééphants... avec tous les Signes des Chasseurs autres que lasso et spi-
rale; les attributs céphaliques paraissent précoces sur les but es. La phase pastorale
livre de nombreux béliers à sphéroide, des bovins porteurs d'attributs céphaliques
semblables; elle montre la vocation ancienne de la région à l'élevage. Est suivi
d'un répertoire analytique des stations.

ABSTRACT

Description of the engravings and paintings (recently discovered in the


region of Djelfa. The hunters' stage is represented by Bubalus antiquus, elephants,
etc., with all the signs of hunters but not lasso and spiral. The cephalic attributes
of B. antiquus appear to be of an early date. The pastoral phase represented by
many rams and bovines, all with similar cephalic attributes indicates an early
herding adaptation in the region. The text is followed by an annotated list of sites.
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