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Au Cœur de l'Atlas

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DU MEME A,lJTEUR ..

V~yage dans le Sous (i899). Challamel. Paris, t900 (épuisé).


yoyages au Maroc. Itinéraires et Profils. Hem·i Barrère. Paris, 1903.
Voyages au Maroc (1899-t901) A. Colin. Paris, 1903 .

. L'en.semble de ces travaux a été couronné par l'Académie française


(Prix Furtado) 1903; couronné par l'Académie des Sciences (Prix
Delalande-Guérineau, t9t0) et honoré de la médaille d'or de la
Société de géographie (Prix Ducros-Aubert), 1908; de la médaille d'or
de la Société de géographie commerciale (médaille Caillé) t903; de la
médaille d'or de la Société de géographie de Marseille, t903.

Il a été publié, en même temps que le présent volume, une pochette de


eji.rtes au 1/250.000 donnant les détails et le profil de)'itinéraire suivi par la
Mission de Segonzac 1904-t905 sous le titre:
Itinéraires au Maroc, 1904~1905. H. Barrère. Paris, t910.
MARQUIS DE SEGONZAC

Au Cœur
de l'Atlas
MISSION AU MAROC

PRÉFACES
de M. EuGÈNE ÉTIENNE. Vice-président de la Chambre des députés
et du Général LYAUTEY. Commandant la division d'Oran

Note de Géologie et de Géographie physique


PAR

M. Lou1s GENT! L, Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris

177 reproductions photographiques, ô cartes dans le texte et hors texte


et une carte en couleurs

PARIS
ÉMILE LAROSE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
1 1, Rue Victor-Cousin, 1 1
MISSION DE SEGONZAC

Notre mission a été organisée et subventionnée par les sociétés sm-


vantes:

Comité du Maroc.
Société de géographie de Paris.
Société de ,qéographie commerciale (Paris).
Société de géographie def Afrique du Nord (Alger).
Société normande de géographie (Rouen).

Association française pour l'Avancement des Sciences.


Société géologique de France.
Ecole â Anthropologie de Paris.

Société de secours aux blessés militaires.

La mission se composait de :
M. LE MARQUis DR SEGONZAc, officier de cavalerie, chef de la mission;

M. Louis I;ENTIL, docteur ès sciences, Maitre de Conférences à la Sor-


bonne (t);
M. R. DE FLoTTE-RoQUEVAIRE, chef du service cartographique du
Gouvernement général de l'Algérie (2) ;
81 SA'iD BouLIFA, Répétiteur de Kabyle à l'Ecole Supérieur des Lettres
d'Alger (3);
S1 Auo EL-Aziz ZENAGUI, Répétiteur d'Arabe à l'Ecole des Langues
Orientales.

Nous tenons à rendre ici un suprême hommage à deux savants prématurément


enlevés aux études marocaines dont le concours nous fut, en maintes circons-
tances, infiniment précieux :
M. GASTON BUCHET, Chargé de mission .du Ministère de l'Instruction publique.
St ALLAL AEDl, Chancelier du consulat de France à Mogador.

(i) Les résultats des observations de M. Louis Gentil ont été publiés en plusieurs
notes et ouvrages dont on trouvera la liste à la page 77f.
(!) Les travaux de M. de Flotte-Roquevaire ont été publiés sous. le titre : Cinq
mois de Triangulation au Maroc. Jourdan. Alger, f909.
(3) Les études linguistiques de Si Sald Boulifa ont paru sous le titre : Textes
Bèrbèrea, en dialecte de l'Allas 'marocain. Ernest Leroux. Paris, i909.
PRÉFACES

Le livre qu'ou va lire a la discrétion de ne chercher à don-


ner nulle part l'impression du courage des actions qu'il raconte.
M. DE SEGONZAC a la coquetterie bien française de vouloir que
sa bravoure se dissimule sous une aisance souriante. La sim-
plicité et la bonne humeur du récit ne laisseront pas deviner
au lecteur ignorant des choses marocaines que le voyageur qui
raconte son voyage est un digne successeur du vicomte DE Fou-
CAULD. C'est la quatrième fois qu'il affronte l'inconnu marocain.
En 1899 il s'exerçait une première fois à le pénétrer en se
promenant entre Mogador, Agadir, Tiznit et Taroudant dans
les régions encore mal pénétrées de l'ouest du Grand Atlas. En
1901-1902 il parcourait tout le nord du Maroc, le Rif et surtout
les pays beraber, jusque-là inexplorés, du Moyen Atlas. Il les
franchissait pour aller faire l'ascension, dans la grande chaine,
du géant des montagnes marocaines, le Ari Aïach, dont il
redescendait, comme les eaux, en suivant la vallée de la Mou-
louta. ·
C'est vers ce point extrême de ce dernier itinéraire que le
marquis DE SEGONZAC a pris la route, à la fin de 1904, pour la
mission que lui avait confiée le Comité du Maroc. Il dev~it sui-
vre au nord le Grand Atlas, de Mogador aux sources de la·Mou-
louta, c'est-à-dire reconnaître la zone de con~ct entre le Moyen
et le Grand Atlas, puis, au lieu de continuer vers le nord-est, e)l
suivant des· chemins déjà parcourus par luiJ gagner le versant

II PRÉFACE DE M. ÉTIENNE

saharien, reconnaltre le haut bassin de l'oued Draa et pousser


jusqu'à l'oued Noun.
Toute la partie capitale de ce voyage a été effectuée. L'explo-
rateur a reconnu que, conformément à la figuration générale
des montagnes marocaines, le Moyen et le Grand Atlas sont
séparés par une dépression très nette, de même que la trouée
de l'oued lnaouen sépare nettement le Moyen Atlas des monts
du Hif. Les vallées opposées de la Moulou'i.a et de l'oued el
Abid, tributaire de l'Oum er Rebia, se continuent sans que le
seuil qui s'élève entre elles présente un sérieux obstacle. Il
existe donc là, entre la plaine de Merakech et l'Algérie un pas-
sage qu'une voie commerciale pourrait utiliser plus tard. En
attendant ce jour, sans doute encore éloigné, un des problèmes
les plus intéressants de l'orographie marocaine se trouve
résolu.
Sur tout le reste de sa route le voyageur a réuni les observa-
tions les plus intéressantes. La dangereuse mésaventure qui
l'empêcha de pousser jusqu'à l'oued Noun, mais sans le déci-
der à préférer la route directe de Taroudant au retour par le
Glaoui, lui a peut-être plus appris que tout le reste sur les
mœurs berbères. Prisonnier de hobereaux chleuh, vivant moitié
de pillage et moitié du produit·de leurs jardins cultivés par des
esclaves, le marquis DE SEGONZAC réussit à se faire tolérer, puis
presque adopter, au point qu'il eut quelque peine à éviter de
devenir le gendre de son hôte geôlier. Mais je ne saurais rien
dire sur ce séjour étrange à Anzour, dans le manoir des Ben
Tabia, qui puisse avoir, même de loin, la saveur du récit.
Jamais le sentiment mêlé que le chrétien, le roumi, inspire aux
Marocains des coins reculés du Bled Siba ne s'est plus ingénu-
ment manifesté. L'infidèle est maudit et doublement bon à tuer
parce que chrétien et étranger suspect aux Berbères, il est un
sorcier malfaisant, qu'on se hâterait de faire disparaitre si on
ne pensait pas qu'il est aussi un enchanteur capable de décou-
vrir les trésors etles sources. Les trésors, pourquoi n'en décou-
vrirait-il pas puisqu'il descend de ces roumis qui en laissèrent,
cachés de la manière la plus artificieuse, sous toutes les vieilles
pierres du pays? Et en voyant comment les ben Tabia invi-
PRÉFACE DE M.. ÉTIE.'~NE Ill

taient leur prisonnier à vaincre les génies gardiens de ces Eldo-


rados enfouis sous les vieilles tours et dans les citernes, on
comprend toutes les '' caches)) de Jules César ou de Ganelon
que les légendes faisaient imaginer à notre moyen àge. Le
récit de la captivité de M. DE SEGONZAC chez les chleuh de l'Anti
Atlas montre bien ce qu'il f~ut penser du « fanatisme maro-
cain)). Il y entre autant d'admiration que de crainte pour le
roumi jugé capable de faire des merveilles, le voyageur
captif fut contraint d'exercer la médecine dans tout le voisi-
nage, peut-être même dùt-il la vie à la boite de pharmacie
saisie dans ses bagages. Une fois le contact pris avec ces primi-
tifs, les relations s'améliorent vite. M. DE SEGONZAC ramené vers
le Glaoui par les chefs des Zenaga se vit sollicité à plus d'une
étape d'envoyer dans le pays des Français qui pourraient soi-
gner les malades et aménager les eaux. L'impression que laisse
la lecture des pages même les plus émouvantes et dramatiques
de ce beau livre vient confirmer l'optimisme de ceux qui
croient que c'est surtout notre manque de volonté qui retarde
la pénétration française au moins dans les régions méridionales
du Maroc.
L'œuvre que publie M. DE SEGONZAC est considérable. Il n'aurait
pu en réunir et en coordonner les matériaux à lui seul. Il n'est
que juste de rendre hommage à ses collaborateurs, M. Loms
GENTIL, qui parcourut le Haut Atlas et Djebel Siroua et dont on
trouvera la belle étude géologique à la fin de ce livre, M. DE
FLOTTE DE RoQUEVAIRE qui établit la cartographie des pays acces-
sibles qui s'étendent au nord du Grand Atlas, MM. SliD BouLJPA
et ÀBD EL Az1z ZENAGUJ, doctes algériens qui ont réuni une grande
partie des renseignements sur les mœurs et coutumes berbères
publiés dans la seconde partie de ce livre. A M. ZENAGUJ on
doit même un chapitre singulièrement pittoresque; c'est celui
où il relate son voyage de Mogador à Taroudant, où il allait
pom· négocier de plus près la libération de l\1. DE SEGONZAC et où
il se trouva tout près d'être massacré comme chrétien. La lan-
gue de ce récit a. une saveur orientale, presque biblique, dont
le lecteur ne manquera pas de goùter l'agrément.
La seconde partie du volume résumant les résultats des mis-
IV l'RÉFACI!: DE M. ÉTIENNE

sions du Iharquis DE SEGONZAC est, en tous points, digne de la


première. Outre les renseignements dont je viens de parler, elle
donne, avec de petites cartes, de brèves indications sur les
groupes, les centres, les puits, les influences religieuses des
régions traversées. Enfin l'étude géologique de M. Louis GENTIL
qui couvre aussi bien les itinéraires du Maroc septentrional que
ceux du dernier voyage au Grand Atlas et au Djebel Siroua lui
donne une annexe du plus haut prix.
Lorsque l'on songe aux conditions dans lesquelles a voyagé
le marquis DE SEGONZAC, on se sent encore plus de respect pour
son œuvre. DE FoucAULD parcourut le Bled Siba sous le dégui-
sement d'un juif, M. DE SKGONZAC a fait son dernier voyage comme
suivant d'un petit chérif qui se fit passer pour parent du fameux
Ma el Aïnin. C'est sous la constante menace d'une trahison
motivée par les disputes ou le zèle des serviteurs engagés un
peu au hasard que les éléments de cet ouvrage si complet ont
été réunis. Il fallait une remarquable conscience pour travail-
ler dans de telles conditions. Il fallait cette belle crânerie,
insouciante en apparence mais appliquée et sérieuse, qui carac-
térise les meilleurs des Français et les rend si incompréhen-
sibles pour les peuples qui ne conçoivent pas la valeur sans
une sorte de gravité pédante. C'est en vrai Français que M. DE
SEGONZAC, comme DE FouCAULD, a donné, autant" qu'il dépendait
de lui, par l'exploration méthodique, les meilleurs titres à cette
prétention à une «situation spéciale ''au Maroc, que notre pays
a revendiquée, qui s'impose peu à peu, ou plutôt qu'un groupe
de patriotes clairvoyants a peu à peu imposée au monde et à la
masse imprévoyante des· Français eux-mêmes.

EuG. ETIENNE,
Vice-président de la Chambre des députés
MoN CHER AMI,

Merci de m'avoir donné la primeur de votre livre.


Vous me procurez ainsi la grande satisfaction de pouvoir vous
apporter mon témoignage.
J'évoque nos causeries de 1904 alors qu'accompagnant notre
« patron » à tous, M. ETIENNE, vous veniez dans l'Extrême-Sud
Oranais reconnaître par l'Est les abords des régions où vous
alliez vous enfoncer par l'Ouest.
J'ai vu là combien vous étiez solidement, sérieusement pré- '
paré et documenté pour la mission que vous vous proposiez de
remplir. Depuis, notre ami commun, votre collaborateur, le
professeur Louis GENTIL, m'a dit et redit quelle somme d'éner-
gie, de labeur, d'exactitude scientifique vous aviez apportée à
sa réalisation. Au cours des missions que j'ai remplies sur la
côte occidentale du Maroc en 1907 et 1908, à Rabat et Casa-
blanca, j'ai recueilli les témoignages unanimes sur la portée et
l'importance de l'œuvre que vous aviez accomplie à travers
tant de difficultés et de périls. Vous avez hautement acquis
le droit d'écrire, avec un légitime orgueil, en tête de l'inestima-
ble document que vous nous donnez aujourd"hui : « Ceci est
un livre de bonne foi ! »
Il appartiendra à de plus autorisés que moi d'en faire res-
sortir la valeur scientifique, géographique et sociologique.
Mais, à côté de vos titres d'explorateur, qu'il me soit permis
de rappeler discrètement que vous en avez d'autres à la grati-
tude de vos concitoyens. Je vous revois à Rabat, en 1907, alors
VI PRÉFACE DU Gf;NÉRAL LYAUTEY

que l'entrée en scène de Moulay Hafid introduisait une nouvelle


inconnue dans cette question marocaine déjà si confuse et com-
plexe. Je me souviens des précieux renseignements que nous
apportait votre documentation sur votre ancien hôte de Merakech,
de vos angoisses patriotiques et de votre désir de mettre au
service du pays les relations que vous aviez gardées avec les
gens du Sud. A ce ·moment encore, vous n'avez pas épargné
votre peine.
Disserter sur ce qui aurait pu être fait ou évité m'entraîne-
rait hors de la réserve qui m'est imposée et serait d'ailleurs
oiseux. C'est le passé. Hier est mort et il n'y a d'intéressant
que demain. Si justifiés que soient les regrets que vous laissez
deviner à la première page de votre livre, nous avons le droit
et le devoir de rester optimistes. Ce n'est pas en vain que le
sang a été répandu, que tant de bonnes volontés ont été dépen-
sées, que tant d'efforts désintéressés ont été prodigués. On ne
saurait méconnaître que bien des malentendus ont été dissipés,
que les points les plus obscurs se sont éclaircis. Nul ne doute
aujourd'hui de notre loyauté à remplir nos engagements ;
l'expérience a prouvé que le rôle tutélaire et pacificateur assi-
gné par l'histoire et la géographie à notre pays sur cette terre
marocaine, n'est ni exclusif, ni prohibitif, que tous les intérêts
peuvent y trouver satisfaction à l'abri de la paix que nous y
instaurons et que chacun doit bénéficier de la lutte que nous y
soutenons contre l'anarchie et l'arbitraire.
La Chaouïa, les confins algéro-marocains sont là pour attes-
ter de la grandeur et de la noblesse de l'œuvre que nous réali-
sons. Ce sont des portes ouvertes, où il est loisible à tous de
venir voir et d'entrer.
Enfin -et ce n'est pas le résultat le moins appréciable des
luttes soutenues en commun - il règne entre tous les agents
qui forment « l'équipe marocaine )) , à Casablanca, à Tanger,
sur les confins algériens, une cohésion et une entente qui, sous
la direction clairvoyante et tenace de notre représentant au
Maroc, ne sauraient rester stériles.
Certes, il y a encore des malentendus à dissiper, des préju-
gés à détruire, des inerties à vaincre, mais ceux qui sont à pied
PIIÉPAet: {)l" fiÉ\ÜtAL UAUTEY ne

d'll'uvre, et •tui ont h·op eonnu Les jour!' •l'ant\·oisse d dt• doute,
n'ont plus lt> droit 1le désesp•'•r•~1· 1ll' l'œun•p dont vous M.Ps un
des plus vaillants ouvrit•rs.

Urau, Lt• 15 juin 1910.


l~ènt'•ral Luun:Y.
AVANT-PROPOS

Au seuil de ce line j'acquitte mes 1lettes de gratitude : JC


remercie, d'abord, ceux qui m'ont fait l'honneur de me confier
le conunandement de la première mis~ion d'exploration fran-
çaise envoyée au :\laroc, et, faute de pom·oir les dénombrer
tous, j'inscris au frontispice de cet ouvrage les noms des sociétés
savantes qui ont patronné et subventionné nos travaux. Entre
toutes ou mc permettra de nommer, avec une particulière
reconnaissance, le Comité du :\laroc, dont le concours nous fut
moralement et matériellement si précieux.
J'apporte, ensuite, à mes collaborateurs, le témoignage public
de mou admiration pour la patience et le courage avec lesquels
ils ont surmonté les obstacles qui hérissaient leur tàche.

Je dois expliquer aussi pourquoi cet ouHagc ne parait que


si longtemps a près notre retour .
.Xotre mission devait être le prélude d'une campagne de
pénétration scientifique, économi(rue et politique au :\laroc. ~ous
étions une avant-garde chargée d'explorer ce champ nouveau
que personne, en ce temps-là, ne contestait à la France.
On sait comment tourna l' « Affaire marocaine '' ; comment
le problème africain, si simplement soluble avec les moyens et
les méthodes dont nous disposions, devint un problème inter-
national irritant, insoluble. Il parut inopportun de publier pen-
dant cette crise les documents que nous avions recueillis ...
Depuis lors l'apaisement s'est fait, et nous versons aujourd'hui
dans le doniaine public, avec des scrupules et des regrets que
i
2 AU CŒUR DE L'ATLAS

l'on comprendra, cette moisson de renseignements que nous


avions glanée pour notre seul pays! ...

••
Notre programme d'action découlait logiquement de mes
précédents voyagès (1) :
J'avais visité, en 1899, le Sud-Ouest du Maroc (2) (Sous et
Tazeroualt); en 1900, le Nord (Rif et Djebala) ; en 1901, l'Est
(Braber). Il me restait, pour « boucler n mes itinéraires, à
explorer le Sud et le Sud-Est du Maroc. Ce fut le but de nos
travaux.
La région que nous nous proposions d'étudier s'étend sur
5 degrés en longitude, et~ degrés en latitude. Elle fut partagée
en trois secteurs :
M. de Flotte-Roquevaire fut chargé de couvrir d'un réseau
de triangulation expédiée la zône Mogador-Demnat-Safi,
appuyée, d'un côté à l'Océan, de l'autre à la chaine du Haut-
Atlas;
M. Louis Gentil, au centre, parcourait le Haut-Atlas, en
s'efforçant d'en pénétrer les parties encore inconnues, notam-
ment l'extrémité occidentale et le versant méridional ;
Je me réservais l'exploration de l'extrémité orientale du
Haut-Atlas, du bassin de l'Oued Dra et de l'Anti-Atlas.
MM. Boulifa et Zenagui m'accompagneraient pendant une partie
du voyage pour recueillir sur place les éléments nécessaires à
leurs travaux d'ethnologie et de linguistique.

..
*

Notre mission prend pied sur le sol marocain le 28 juillet


1904..
La période de gestation a duré deux ans... Durée singuliè-
rement brève si l'on songe à tous les concours qu'il fallut solli-
citer, à toutes les résistances dont il fallut triompher. Durant

(1\ Voir la carte d'ensemble.


(2) Voyages au Maroc, Armand Colin, i903.
AYANT-PROPOS 3

ce:-; deux années le Comitt'• du l\Iaroc fut créé ; l'opinion puhli-


<JUP prépar·ée: une souscription ouverte, dont h• résultat dépassa
magnifiquement nos espérances et nos besoins.
De juillet à novembre la mission s'organise. On recrute des
serviteurs ; on achète des mules: on confectionne le matériel ;
Pt, surtout, on cherche un ~·uide. Car j"ai l'intention d'employer,
ectte fois eneore, la méthodP <fUi m'a réussi jusqu 'à ee jour,
<lP voyager sous le dég·uisement de muletier musulman, dans
l'escorte d'un g·rand personnage religieux.
lue pareille organisation exige de:-; précautions infinies. Et
d'abord on comprend qu'elle doive ètre secrète, sous peine
d'entrainer une catastrophe. Les hommes qui composent cette
caravane simulée doivent ètre braves, discrets et dévoués. Le
matériel, pour ne pas attire~· l'attention, doit ètre conforme aux
traditions locales. Les instruments doinnt ètre dissimulés. 11
n'est pas jusqu 'aux mt\les qui ne doivent être très exactement
harnachées et ferrées aJa mode maroeaine, encore que cette
mode soit archaïque et ba'tbare.
D'ailleurs les difficultés d'organisation ne nous viennent pas
que du Maroc, et je ne puis résister au plaisir, dépourvu de
toute acrimonie, de eonter la genèse de notre armement.
Le l\linistre de la tiuerre, déférant à la demande du Comité
du Maroc, avait hien voulu, après enquête du Ministère de
l'Intérieur, nous prêter un lot de carabines et nous do~ner des
munitions. :\lais le Ministre des Affaires Etraugères, sout"AJux de
voir conférer ainsi une sorte d'estampille officielle à cett~ mis-
sion destinée à opérer sur le territoire d'un souverain voisin et
allié (!), exigea que les armes prêtées fussent maquillées. Le
directeur de l'artillerie fut doue requis de dématriculer les cara-
bines !. .. ~ous étions à la veille de notre départ, et l'opération
Ille parut si compliquée que je courus acheter un lot d'armes et
de cartouches dans une grande manufacture française.
Le malheur voulut que ce colis d'armes manquât le paquebot
qui nous emportait. Il prit le bateau suivant et vint, naïve-
ment, se présenter à la douane de Sa Majesté Chérifienne, à
Tanger. Ce~i se passait avant la Conférence d'Algésiras, au
. temps heureux où la contrebande d'armes florissait sur les
côtes marocaines, où des ballots de fusils passaient <{uotidien-
nement, à peine déguisés, sous les yeux discrètement clos des
Ou mana ... On juge de l'indignation que souleva chez ces ver-
tueux fonctionnaires l'arrivée d'une caisse d'armes loyalement
déclarée ! ... On l'imagine, mais nul n'en a jamais rien su ; per-
sonne ne revit aucune de nos armes ; personne ne fut avisé de
leur venue, ni <le leur disparition. Pendant un mois et demi
nous vinmes les réclamer à l'arri\·ée de chaque bateau, et les
Oumana accueillaient nos doléances avec des mines émerveil-
lées et commisératrices. Un beau jour, las d'attendre, nous
nous mnnes eu route, après avoir raccolé <les armes que quel-
ques Européens complaisants voulurent hien nous vendre ou
nous prêter ...
Et voilà cornmertt notre mission, obligeamment armée par le
Ministre de la Guerre, munie par surcroit d'un arsenal coûteux
et perfectionné acquis à l'industrie privée, fit le tour du Maroc
avec des carabines Mauser, empruntées au Consul d'Allemagne,
et à des commer<;ants fraH<;ais et allemands de Mogador !

Pour utiliser les loisirs (fliC ces laborieux préparatifs nous


créent, nous étudions le Nord du Maroc. Un jeune et éminent
savant, l\1. (;aston Buchet, chargé de missions scientitiques par
le Ministère de l'instruction publique, veut hien nous prêter son
concours dans ces tt·avaux préparatoires. Ensemble nous par-
courons la région Tanger-Ouezzau-Larache, juchant notre théo-
dolite sur les "principaux sommets.
Lu peu plus tard, M. Louis Gentil et M. Gaston Buchet explo-
rent, dans le massif de l'Andjera, le triangle Tanger-Tetouan-
Ceuta.
Enfin M. de Flotte-Roquevaire mesure, sur le littoral de Moga-
dor, une hase qui servira de point de départ à ses travaux géo-
désiques.
CHAPITRE PRE~IIER

DE l!OGADOR A DEM:"'AT

24 décembre
J'ouvre mon journal de route au matin de notre départ de
Mogador. Mes collaborateurs m'ont deYancé : Gentil a pris la
route du Sud; de Flotte celle du Nord. Je Yais me diriger droit
dans l'Est, vers Merrakech.
Il a plu toute la nuit; sur la montagne il a neigé, et la chaine
de l'Atlas se dresse toute blanche dans sa majestueuse splen-
deur. La mise en route de notre caravane est pénible. Les tentes
mouillées alourdissent les charges, les pistPs sont glissantes ;
notre camp a pris racines pendant ces quelques semaines de Yic
sédentaire. A neuf heures, enfin, notre convoi s'ébranle, et
nous voici, pour bien des mois, devenus nomades ...
D'une crête chauve j'aperc;ois, par delà les dunes qui lui font
une ceinture de désolation, Mogador, la ville blanche, coquet-
tement entassée dans ses remparts crénelés, et la mer, la mer
que nous ne reverrons -s'il plait à Dieu! -qu'après un très
long et très lointain voyage ...
Une courte halte ; un dernier adieu aux amis qui nous accom-
pagnent; un dernier souvenir à tout ce que nous laissons en
arrière, et ... en route! En route pour cette belle existence d'ex-
ploration, si pleine d'émotions intenses et splendides, toujours
tendue ve~s un but, animée par une lutte, enchantée par un
rêve ...
6 At; CŒt:R DE L'ATLAS

~otre caravane n'a pas grande mine, elle a bonne apparence.


Nos mules sont un peu g-rasses : leurs harnachements sont
trop neufs. Cc sont défauts qu'une semaine de marche corri-
gera. Mes hommes ont joyeuses figures: ils portent leurs
armes avec une ostentation enfantine. Tout le monde est à pied.
Hien ne nous distingue de nos muletiers : Boulifa, Zcnagui et
moi portons le costume berbère, ayant pareillement sacrifit'),
chez le barbier musulman, nos cheveux, nos barbes et nos
moustaches. Notre Figaro arabe m'a dt)claré, avec un sou-
rire assez énigmatique : « Allah lui-même ne te reconnaîtrait
pas! ))
La piste que nous suivons est celle de Merrakech. Elle ser-
pente à travers les champs fertiles des fda ou Guerd, fraction
extrême-ouest de la province de Haha ( 1). Le sol est rougeâtre,
argileux; par endroits la croûte calcaire, qui forme l'ossature
de cette région, affleure, étalée en dalles ou rompue en pier-
railles. L'horizon est court; les collines rondes limitent la vue.
La forêt d'arganiers, tantôt dense, tantùt cl.air-semée emplit les
vallons, escalade les pentes. Sous ses beaux arbres chargés de
fruits paissent de grands troupeaux de chèvres, sur qui veillent
d'invisibles pâtres. Ces troupeaux rentrent le soir dans les cours
des maisons, ou l'enceinte des douars gavés des fruits d'argan
broutés pendant le jour, et, le matin, les femmes et les filles
trient le fumier, en retirent les noyaux d'argan que la digestion
a décortiqués, les cassent entre deux pierres, avec une merv~il­
leuse vélocité, pour en extraire l'amande dont le hroyag·e don-
nera l'huile. Cette huile possède en propre un goût âpre et fort
que les Berbères apprécient. Ils prétendent, et la science ne
contredit pas leur opinion, que l'huile d'argan jouit d'admira-
bles propriétés reconstituantes. Dans tout le Sous on fait la cui-
sine, on s'éclaire avec l'huile d'argan. Les matrones ont un pro-
cùdé simple et utile à connaître pour ôter à cette huile l'arome
dfl l'argan et le g·oût de rance. Elles mettent une galette de
min de pain au fond d'un poêlon plein d'huile qu'elles font lon-
guement bouillir.

( 1) Voit· : Rensei,qnements.
l'a::o• li his l'lano·l11• 1

-~··

Fig. ':?. -\'ali,;,. do· I'Onl'd Tt•nsill. - l'!t al'ganit•t·. - Tt•t•t·itoil'l' de 1\unt·irnat
1 page 7J.
DE MOGADOR A DEMNAT 7

Vers midi nous sortons de la province de Halta (1) pour péné-


trer sur le territoire de Chiadma (2) dont les champs fertiles
sont semés de bouquets d'oliviers. Nous marchons d'abord en
plaine pendant deux heures, puis nous rentrons dans la forêt
d'arganiers pour y demeurer jusqu'à Sidi abd Allah ou Ouasmin,
où nous campons à 3 h. 30.
Dans cette forêt s'opère notre jonction avec les deux cheurfa
que j'ai choisis pour guides. Ils sont venus par une autre route,
prudemment, discrètement, accompagnés d'un taleb, d'un enfant
de quinze ans beau-fils de l'un deux, et de deux serviteurs. Au
total six hommes et quatre mules.
Cette étape de cinq heures a paru rude aux gens et aux bêtes,
également peu entrainés. La cuisine est sommaire, les prières
sont brèves, et, dans cette nuit de Noël, je suis seul à veiller,
auprès de ma grande lunette astronomique, attendant l'occulta-
tion de l'étoile 55 Piazzi, et rêvant aux joies familiales si dou-
ces, si lointaines ...

'15 décembre
Trois heures d'étape seulement dans un pays tout pareil à
celui que nous parcourûmes hier. Les champs cultivés alternent
avec les bois d'arganiers, la terre rouge avec les dalles calcai-
res. Après le territoire des Ou/ad Saïd nous traversons celui de
Kourimat. Des maisons fortifiées, portant tourelles et créneaull.,
commandent les vallées. Ce luxe d'ouvrages défensifs dit assez
que le pays n'est pas sûr. La forêt de Gueclltoula, que nous lon-
geons un instant, est un repaire de brigands, dont les caravanes
se garent soigneusement. Nous campons à côté de la maison
d'el-Hadj Regragui, ami de nos deux cheurfa.
Cette journée de route m'a permis de faire plus ample con-
naissance avec ces pieux personnages qui vont devenir nos com-
pagnons et nos guides. Tous deux sont issus de la tribu saha-
rienne des Ou/ad Beç-Çbaâ. Le plus jeune, l\Iouley el-Hassen,
parait 35 ans. Il a bien le type du Saharien, souple, un peu

(t) Voir: Renseignements.


(~) Voh·: Renseignements.
8 AU CŒUR m; L'ATLAS

fuyant, au physique comnH' au moral, avec un grand air de


distinction. Sa démarche très caractéristique, à longs pas, en
halançant les épaulf's, révèle dl' suite l'homme du désert. Il
est très noir; son visage allongé sc termine par un léger pin-
ceau de harbe frisée ; ses Y~'UX sont très heaux, leur regard,
omhragé par de g:rands cils rccourhés, est timide ct défiant.
L'expression la plus fréquente de cette agréable physionomie
est un sourire ironiquf'. Il est assez lettré, sans nullf' affectation ;
un peu verbeux; très poli, sans ohséquiosité. Enfîn, l'entreprisP
dans laquelle il s'engage à ma suite, et certaines aventures de
son passé, attestent qu'il n'a pas peur.
Son cousin, .Mouley Abd Allah, est le type du vieux chérif
roublard et sournois. Sa tribu d'originf' est aussi celle des Oulad
Beç-Çbaâ, mais il est d'une fraction émigrée depuis plus d'un
siècle dans la plaine de Merrakech. Toute sa vie s'est passée
dans les camps du Maghzen. Il a 60 ans sonnés, son visage très
blanc est encadré d'un collier dP barbe blanche. Rien en lui
n'attirf' l'attention : fîgurP ronde, peu expressive, où s'ouvrP une
large bouche aux lèvres très minces ; petits yeux noirs dont le
regard dur et fixe n'est tempéré par aucun battement des pau-
pières ; taille moyenne, Pmbonpoint replet, allure alerte et déci-
dée; beaucoup d'autorité dans les manières ct dans la voix qui
est nette et tranchante .
.Mouley el-Hasscn devient le chef spirituel de notre caravane;
.Mouley Abd Allah en sera le chef temporel. Tous deux che-
vauchent des mules harnachées de serijas rouges. Derrière eux
suivent trois personnages de moindre importance : Zenagui qui
joue le rôle de feqih, et deux tolbas dont l'un n'a que quinze ans.
Plus loin viennent sept serviteurs poussant ou montant autant
de mules. Et enfin je ferme la marche, en compagnie de Bou-
lifa, levant l'itinéraire, glanant des échantillons de toutes sortes
pour nos collections, ct prenant, ù la dérobée, des photogra-
phies et des renseignements.

'i6 décembre
Un matin radieux succède à la nuit pluvieuse. La buée monte
calme et légère et s'évapore dans la lumière. L'air est si limpide
= .2::
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HE MOG.\OOR A lliŒNAT 9

<JUP l'Atlas SPmhlP tout prodw. On distinguP nPttPmPnt lPs


roeh!'s <fUi hèrissPnt s!'s parois nPig·pusPs Pl lPs raYins cr!'usés
pa1•lps avalanch!'s. Sa mm·aillP splPndidP barr!' notrP horizon
a VP<' un air dP défi.
Franchir lP Haut-Atlas Pst Pll tous tPmps une difficile entrP-
prisP. J'ai eons!'rvé mauntis souvPnir 1les cols de Goundafi ct
dP Bibaoun traversés PH autounw. Il s'agit c!'tte fois de longer
la f'hainP principale: de pénétrPr PntrP Pile Pt le Moyen-Atlas,
sans même savoir sïl existe mw routP possible: de traverser
ensuit<' le massif c!'ntral du Haut-Atlas, au voisinage de son
point f'Ulminant, dans la région la plus mystérieuse, la plus
sam·ag<' ... et cP la en hiver !
La plaine désolée et pierreus<' des Ou/ad Beç-Çbaâ, et la
maigre forêt rle rPtem dP Chiadma, où nous cheminons inter-
minàbl<'m<'nt, font un piteux contraste avec cette barrière tita-
niquP et fascinant!' dP l'A tlas. f:hPmin faisant nous côtoyons le
l'hamp dP hataillP de Ta/!f>ttecht, où les fractions de la trihu de
Chiruln,a s'Pntrégorgèrl'nt lors oP la mort elu Sultan l\Iouley el-
Hassen. Cinq cents guerrif'rs y périrPnt, Pt, comme la coutume
ne permet rl'inhumer les victimes qu'après vengeance de leur
111ort, cettP plaine demeura longtemps un afl'reux charnier où
des handes de <·hacals se livraient PH plein jour de terribles
eomhats, Pt rlont nul voyageur n'osait affronter l'horreur.
Xous faisons étape à quelqu<>s kilomètres de la Zaouia de
Sùli ei-Mukhtar, chez }p g<'ndre dP notrf' guide l\louley Abd
Allah.

"17 décembre
Des Ou/ad Beç Çban au pays de Ahmar (t1la rouf<' se déroule
uniforme, monotone, au milieu d'une région désolée que p<'u-
plent dP loin en loin quelques huissons de cedra, quelques
touffes d'armoise et <l'asphodèle, de h<'lles iris mauves et des
colchiques.
En Ahmar le pays devient plus accidPnté. Les collines rondes
10 AU CŒUR DE L ATLAS

sont séparées par un réseau de vallées d'érosion aux parois des-


quelles apparaissent les assises rompues de leur ossatm·e cal-
emre.
~ous faisons halte à la Zaouïat Hdil, petite agglomération de
cinq maisons ct, d'une vingtaine de huttes, groupée autour du
tombeau d'un pieux marabout local dont la vertu opère encore
des miracles. La zaouïa n'a d'ailleurs aucun but enseignant ni
politique, aucune affiliation spéciale ; elle n'est qu'un lieu de
pèlerinage où, moyennant une obole, on trouve une hospitalité
assez misérable que rehaussent d'infinies bénédictions.
Ici, comme à chaque étape de notre route, les gens viennent
1muser, s'enquérir des nouvelles, nous conter leurs doléances,
leur misère, leurs griefs contre le gouvernement, contrP ec
maghzen impitoyable, tyrannique, concussionnaire, prévarica-
teur. La rancune n'en remonte pas jusqu'au Sultan : il est trop
loin, trop haut. .. Mais on englobe clans une haine commune les
qards, leurs khalifas, leurs moghazni, auteurs et exécuteurs de
toutes les exactions. Partout on se plaint, il n'est maison ni tente
où l'on n'entende des lamentations, des histoires 1le spoliations
arbitraires, d'emprisonnements injustes. Cc beau pays. si riche-
ment comblé par la nature, agonise sous une iniquité sans
appel, et qui parait sans remède. Le peuple soufl're, se résigïH',
se laisse pressurer et torturer, jusqu'au jour où, la mesure (~tant
comble et la patience épuisée, il se lève dans un accès de
colère, ég·orge ses hourreaux, détruit leurs forteressPs, saccag·c
leurs domaines ... LP calme revient ensuite, par lassitude'; l'équi-
libre naturel des choses se rétablit ; un qard pire succèdP au
qaïd mauvais ; la répression dépasse la révolte en horreur : à
côté de la qaçba ruinée sc dressent les ruines du villagP, la
misère s'aggrave, sans issue, sans espoir ...
Quelle illusion chimérique est celle de nos diplomaties qui se
figurent réorganiser le maghzen, et, par lui, rétablir l'ordre et
la prospérité ...
28 décembre
La même plaine inculte s'étale interminablement autour de
nous, tandis qu'au Sud l'Atlas neigeux semble un immense décor
que l'on déroulerait lentement.
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DE MOGADOR A DEtiNAT 11

Dùs lP départ, vers !1 ht'm·es, nous f1·ane hissons l'oued Chi-


c/mo/la ( t ·. <{Ui porte dans sa hautP valléP lt' nom d'oued Seq-
saoua. Lt's jardins et les olivPttes emplissent sa vallée étroite
Pt ft'rtile.
Plus tard. vers 1 heurP :10. nous traversons l'Oued Rekha.ç oü
notre caravane s'abreuve. Ce n'est qu'un ruisseau de 2 mètres
de large roulant sm· ~n lit rle cailloux tapissé de mousses,
<'neombré de lauriers-l'ose <{Ui eommeneent à défleurir.
La route <{Ue nous suivons semble fréquentée. les pistes s'y
l'reusent et s'y croisent. CPpt'ndant eette plaine d 'el-Maïder est
redoutée des voyageurs. On n'y rencontre que des douars ou
des nouads·. Les gazelles, les lièvres y abondent. Les noma-
des, qui sont grands chasseurs, les poursuivent avec des slou-
ghis . .\(ème quelques chefs possèdent des faucons pour voler
le perdreau et l'outarde.
:\'ous campons en r·as<' l'ampagne. près d'un puits, non loin
dl's nouads des Ou/ad Hammadi et. prudemment, nous resser-
rons notre camp en douar autour de nos mules. et nous plaçons
des g·ardes avec force reeommandations de vigilance.

'i9 décembre
:\'ous sonmu's réveillt'~s ee matin par le vacarme d'une vio-
lente diseussion. Xotre cuisinier marocain et l'un de nos Draoua
se sont pris de querelle : l'un s'est armé de sa koumia, son
poignard reeourhé. l'autre du merkhtaf, cette terrible faucille
emuanchée d'un bàton court dont les gens de l'Oued Dra se ser-
wnt p •ur l'élagage de leurs palmiers et le règlement de leurs
comptes. On les sépare, non sans peine·. mais notre cuisinier,
peu rassuré déjà par nos projets de voyage dans 1'.-t.tlas. me
déclare qu'il me <{Uittera en arrivant à Merrakech. C'est la pre-
mière défection.
L{'s débuts d'un voyag·<' sont toujours pénibles : nous avons
dPux hommes malades <'t cinq mules blessées.
La plaine change d'aspect au voisinage de l'Oued Nefis.
D'aride elle devient fertile : elle se couvre de fermes, d'azibs,

( 1) Voir : Renseignement.~.
12 At: CŒt:R DE L ' ATL.lS

de <fouhbas hlanches. Quelques séguias, dérivé<•s dP la rivii~rP,


suffisent it transformPr cf'tte ré~·ion inculte <'Il un meJ"Y<'Ïll<'UX
jardin.
~ous campons dam; un dP ees abris que 1<' maghzen Pllh'P-
tient sm· les routes fré<fUentées. Nzalat Pl-lhoudi se compose
d'une enceinte de. hram·hages épineux dans l'angl<' de la<1uellP
s'élève la hutte d'un gardiell. Le sol PSt un fumiPr' comme celui
de toutes les nzala. Noh·p camp s'y installP, ù <·Mù d'uue cara-
vane d'âniers et de chameliers venus hier dP Mogarf,·r, au
milieu d'un enchevêtrement de tentt's et d'animaux, ù la lueur
des grands feux de cedra.
Zen agui et l\louley Pl-Hasscn poussent jusqu 'ù }fr•rrakech
afin d'} préparer notre log<'ment, d'y aehetPr trois àHPs pout•
renforcer notre convoi, et un cheval anc unP s<'lle dt' parad<',
luxe indispensable, parait-il, au persmmagP que uotrP cht~t·if
va ,JOUer.

3() déo:mbn•

l'np étape dP quah•p h<'lll'<'S nous conduit ù lllerrnkr·ch, ù tra-


V<'rs une plaine rougPMrP irrig·uéP par dt' jolies séguias dont
les eaux froid<'s Pt limpides courent <'ntr<' dP8 bcrgPs couvPrtP8
de joncs et d<' rosPaux. Il<' loin Pli loin unP ehainP dP monticu-
lPs régulif>rement Pspaeés dènoneP la préseneP rl 'unP eotHluite
rl'Pau souf<'rraine, une (ogyam. CP8 fog·g·aras so11t f'onstitu(Jes
par une ligne dP puits reliés ellh'<' <'UX par dPs trat!elt~
creusées à même dans le sol, sans auf'un eofl'rage.1ln juge du
travail gigantesque et frag·ilP, et rle l'entretien que représente
une foggara de 20 kilomètres de long·ueur dont les puit8,
espacés d<' 50 en 50 mètres, att<'igncnt au tPrminus 15 mètrPs
de profoiHl<'ur. Des générations se sont i1puisécs il cP lalwur
ingrat.
Il suffirait de simplifier cet archaïque système d'irrigation,
d'installer des canalisations, des conrluites !l'Pau, des pompes
pour apporter à cette immense plaine de Merrakech les eaux de
l'Atlas qui se perdent sans profit dans le8 couches perméahles
rlu sol ou s'évaporent au hrùlant solPil d'été. Ce sera l'œuvre
Dt: l!Of.ADOR .\ Ot:~I:\'.H 1:1

de demain... ma1s à 11ui I'PViPndra l'honneur dP l'accom-


plir'? ..

31 décembre
:\ous campons sur un tPrh·P, pri~s dP l'mw des portes de
.llerrak,ch. Hah Armai, ii côté du sanctuaire dP Sirli loussefben
Ali. l'un de!' sept patrons dP la ville, ces sebatou rigel sur qui se
font lPs serments, et dont le pèlerinage constitue le prologue
indispPnsablP de tout voyage vers l'intérieur.
Cinq années sont passées depuis mon dernier séjour à Uerra-
J.:,·ch. Alors, le Sultan habitait son Aguedal; le Dar el-Maghzen
était bruyant comme une ruche, peuplé comme une fourmil-
lière. Le fameux grand-vizir Ba Hamed, le Richelieu marocain,
PI'ésidait aux destinées du .:\Iaroc ; les murs de la Jema el-Fna
étaient copieusement ornés de tètes coupées; le pays était calme
et soumis du Rif au Sous, du Tafile't à l'Océan, et les tribus
payaiPnt lïmpot.
Le décor n'a pas changé. La grêle silhouette de la Koutoubia,
cette sœur marocaine de la Giralda sévillane, domine tou-
jours la campagne, les palmeraies, la ceinture des remparts
crénelés, les terrasses des maisons roses et la forêt des jardins
d'où émf'rgent les peupliers et les ifs. Mais la situation politique
s'est profondément modifiée; la ruche est aux trois quarts
vide ; les vastes places du Dar el-Maghzen sont désertes; la cour
est à Fez; le Sultan n'a plus de prestige, son khalifa, ~louley
el-Hafid, ·n'a plus ni troupes, ni argent. :\'ous l'avons aperçu
assis sous une porte de son palais, causant avec un soldat,
et regardant mélancoliquement tomber la pluie.
Ba Hamed est mort; la forteresse qu'il venait d'achever,
suprême expression de son orgueil et de sa terreur, est
murée. Murée aussi la jolie maison de l'ex-ministre de la
Guerre, le jeune et si séduisant Sid el-~lahdi el-Menebhi, banni
à Tanger. Le maghzen cupide a fouillé la demeure du mort et
celle du proscrit; il a vendu tout ce qui avait une valeur mar-
chande : femmes, esclaves, .chevaux, mules, mohilier et maté-
rif'!. Sa vengeance s'acharrw Pncore contre les jardins. Derrière
les hauts inurs de pisé on aperçoit, des terrasses voisines, les
u AU CŒUR DE L ' ATLAS

jardins en friche que la ronce envahit, des buissons de roses


qui meurent et s'effeuillent sur leurs tiges, des arbres couverts
de fruits qui ne mùrissent que pour la joie des abeilles et des
mseaux ...

'i janviPr 1905


Nous campons ee soir à côté d'un azih d'Abd el-Hamid, qaïd
des Rehamna, assassiné l'au dernier par son propre neveu. Cf'
drame familial me fournit l'occasion de souligner le peu d'im-
portance que les Marocains attachent aux liens du sang. Les
parricides, les fratricides, sont crimes si communs qu'il est
naturel de leur chercher, non pas une excuse, mais une explica-
tion. Ces meurtres sont des conséquences de la polygamie. Les
jalousies des femmes se perpétuent dans les haines entre enfants
d'un même père et de différents lits. Les frères consanguins sont
presque toujours des frères ennemis. Les frères utérins le
deviennent souvent dans les familles puissantes, quand la mort
du chef suscite les compétitions de ses héritiers. Aussi est-il de
tradition qu'un sultan signale son avènement par le massacre ou
l'emprisonnement de ses frères et de ses oncles.
Notre caravane est définitivement constituée à l'effectif de 14
hommes, 11 mules, 3 ânes. Avant le départ, Mouley el-Hassen a
réuni tous nos serviteurs sous la qoubba, il a tm vert le Coran, et
chacun, à tour de rôle, a prêté serment de fidélité et d'obéis-
sance. Ce fut une cérémonie toute simple mais très émouvante.
Désormais nous sommes complices de la même entreprise hasar-
deuse et passionnante.
L'étape s'est déroulée d'abord dans les jardins de Merrakeclt,
entre les murs de pisé qui morcellent à l'infini l'immense pal-
meraie. Peu à peules palmiers s'espacent, et bientôt le paysage
reprend, comme à l'Ouest de la capitale, son ampleur et sa
monotonie. Nous nous rapprochons de l'Atlas, qui, par excep-
tion, n'a encore que peu de neiges cette année. Le Djebilet s'ap-
platit dans le Nord-Est pour laisser passer l'oued Taçaout ei-
Fouqia.·
Nos hôtes, les Rehamna, sont peu fidèles au Sultan. Ils nous
content avec orgueil, pour nous effrayer peut-être, qu'ils ont
OE MOGADOR A DEMNAT 15

hrùlè vifs, récemment,'sur la place même où nous campons, qua-


tre malheureux qui se déclaraient partisans du maghzen. Outre
que cette atrocité ne me parait pas certaine, elle peut, si elle fut
commise, avoir eu d'autres motifs que la seule haine politique.
La forfanterie est un défaut caractéristique des Marocains. Ils
se font meilleurs et pires quïls ne sont. Leur grande bravoure.
Pst une légende, et leur cruauté une fable. Mais cette perpé-
tuelle fanfaronade de férocité place le voyageur dans une
fl\('lwuse alternative de prudt>nee excessive ou de témérité.

3 janvier
~ous continuons à nous élever dans l'Est, en montant vers
l'extrémité de la plaine de!tlerrakech, à travers les territoires de
Me.<ifioua, de Zemran. de Douggana, et nous voici, ce soir, en
pays Chleuh, campés au pied de la zaouia de Sidi-Reha/.
L'Atlas nous est caché par les collines rouges qui bordent sa
chaine. La plaine est admirablement défrichée, irriguée et cul- •
tivée. Les oliviers de Sidi-Reha/masquent une grosse bourgade,
bien campée au flanc d'un coteau, à l'issue des gorges par où
f Ol,ed Rdat sort de la montagne. La maison du qald, toute blan-
che sous son suaire de chaux, surplombe l'amas des maisons grises
ébréchées et croulantes. Plus haut, la zaouia encadre une qoubha
carrée, surmontée d'un toit de tuiles vertes, et une tour blanche, .,

qui donnent à ce saint lieu l'apparence d'un monastère féodal


t
ayant clocher et donjon.
Les visites se sont succédé tout le jour dans notre camp. Ce
fut d'abord un personnage quelconque, sans mandat officiel, qui
vint, comme par hasard, s'asseoir sous la tente de nos serviteurs, .
pour causer ... Il s'enquit, avec force circonlocutions, de notre·
provenance et du but de notre voyage. .
Puis, en l'absence du qaid que ses affaires retiennent à
Merrakech, deux notables vinrent obséquieusement s'informer
des raisons pour lesquelles nous les avions« pnvés de l'honneur
de nous recevoir ... ». Après bien des discours courtois et dila-
toires ils osèrent poser la question qui leur hrùlait les lèvres :
" Où allez-vous ? ,,
16 AU CŒUR Di<; L'ATLAS

Question grave, car du bon vouloir de ces fonctionnaires peut


dépendre l'avenir de notre voyage. Sortir du Bled el-Maghzen
est une. entreprise délicate qui éveille toujours des soup'<ons
ou des craintes.
Notre réponse, dès longtemps préparée, fut que nous allions
à Demnat d'abord, puis, de là, à Fez par la province fidèle de
Chaouia. l\louley el-Hassen vêtu <le khount bleu, le visage à
demi caché par le litham saharien est, désormais, l'un des fils
du célèbre marabout et sorcier soudanais l\la-1-Alnin ech-Chen-
guiti. Il raconte qu'il a reçu de son père la mission de nouer
des relations avec les principaux personnages politiques et reli-
gieux du Maroc, et de visiter les sanctuaires réputés.
Cette fable, que l'apparence de notre chérif justifie et accré-
dite, semble naturelle; elle explique bien l'organisation de notre
caravane, et satisfait la curiosité de nos visiteurs ; mais notre
projet d'aller à Demnat soulève leurs objections: «La route n'est
pas sûre ... les Srarna et les Zf'lnran vont se battre ... une barka
chérifienne campe à <'ùté de la maison du qaid Bel-Moudden
pourle protéger. Il vous faudra des gardes cette nuit. une
0 0 0 0

-escorte demain ! ,

4 jauvier

En dépit des sages conseils de nos botes nous avons décampé


à 9 heures. Un seul soldat nous servait d'escorte, encore nous
a-t-il quittés au tiers de la route. On se bat dans la plaine, à la
frontière de Srarna, et de temps à autre on entend crépiter la
fusillade; c'est chose si eonunune au ~broc que nul ne s"en
inquiète. Le meilleur indiee que la sécurité des routes n'est pas
troublée est la rencontre que nous faisons d'une caravane de
juifs, sordides, afl"reux sous leurs chéchias noires et luisantes
de crasse d'où émergent les longues mèches frisées, les noua-
der, qui les caractérisent.
Nous touchons à la fin de la plaine de Merrakech. Le Djehilet
s'éloigne dans le Nord-Est et s'abaisse; l'Atlas se rapproche et
grandit. Il porte deux brêches: de l'une sort l'oued Rdat qui
ouvre le col du Glaoui; de l'autre sort l'uued T_açaout. La hour-
[)J<; liOGAilUR A [)EM:'i.\T 17

gade de 7'a:;t•rt groupée autour d{' la qac;lw du <jaYd du Glaoui,


accrochée aux pentes des collines, command<' une campagne
admirablement cultivée. Xous sommes au temps des labours, et
dans un seul champ nous comptons jusqu 'à vingt charrues atte-
lées de bœufs, de chevaux, de mules et d'ànes. Cette plaine de
Baïdda est d'ailleurs renommée pour sa fertilité. Elle est cou-
verte de fermes, d'azibs, fécondée par 6 seguias dérivées de la
Taçaout, et partagée entre les trois qardats de Glaoui, Zemran
et Srarna.
Le soir, vers ~heures, nous atteignons la Taçaout. C'est une
rivière de 30 mètres de large sur 80 centimèh·es de profondeur ;
<'Ile est elair<', froide et rapide. Son lit, encaissé entre des bcrg·es
d'une quarantaine de mètres rle hauteur, est encombré de pier-
res roulées et d'énormes blocs qni attestent la violence des crues
hivernales. Cette vallée de la Taçaout constitue une singularité
orographique curieuse. La rivière traverse, sans s'y déverser, la
partie supérieure du bassin de l'ouPd Tensijt, et néglige la plaine
de Merrakech pour porter le tribu de ses eaux à l'Oum er-Rehea.
Les habitants ont corrigé de leur mieux cette omissil)n en
pratiquant des saignées qui vont irriguer la plaine de Baïdda.
Peut-être serait-il un jour possible d'amener toute la Taçaout au
Tensi(t, et de rendre à l'immense plaine de Merrakech la fertilité
et la splendeur qo'elle eut dans un àge géologique antérieur.
Nous campons sur la rive de la Taçaout, dans la zaouia de
Taglaoua, dirigée par des Oulad Sidi Ahmed ben Naceur, ct
peuplée de Draoua. Un village bâti de terre rouge ct de chaume
entoure pittoresquement la zaouia. Taglaoua est une hùtellcrie
nègre ouverte à tous les habitants du Dra qui vont au Maroc ou
en reviennent. Tout y a un air de joyeuse prospérité. les figures
sont noires et riantes, les chansons et les danses ont un rythme
PUéril et sautillant qui évoque le souvenir des bamboulas souda-
naises.

5 janvier
De Taglaoua à Demnat on met 5 heures, en marchant douce-
meut. L'étape est moil}s monotone que les précédentes. Du seuil
de la zaouia on aperçoit les belles olivettes de Tidili et les
i
18 AU CŒUR DE L A l'LAS

maisons éparses au milieu des jardins. Les deux gros proprié-


taires de cette riche région sont le . qald du Glaoui et la
zaouia de Taglaoua. La ligne des collines se recourbe vers le
Nord-Nord-Est, formant un cirque sans issue qu'emplissent les
oliviers de Srarna. On voit croit re vers le Nord les collines d'En-
tij'a et le Moyen-Atlas, et fuir dans l'Est la triple crète du Haut-
Atlas. Existe:-t-il une route qui suive la bissectrice de cet angle'?
Nos renseignements le nient mais tout me porte à le croire. La
direction de la vallée de .l'oued el-A bid me fait supposer que cette
rivière est opposée par son sommet à la Mlouya dont j'ai exploré
la vallée supérieure en 1901.
De Tidili nous gagnons Dra. Les olivettes ombreuses boisent
les .collines rouges. Les maisons sont cubiques et massives.; leurs
murs en. tabia rose sont criblés des trous réguliers des échafau-
dages et des caisses à mortier; les toits plats sont faits de bran-
chages recouverts de terre battue. Tout autre sont les qaçbas
seigneuriales impérieuses et hautaines aux remparts flanqués
de ·tours d'angles effilées et crénelées. L'une des plus carac-
tê~il!ltique est celle .du khalifa Jakir. Sur les hauteurs, au Nord,
1

on v6it la maison du qald bel-Moudden à laquelle les Srarna ,


sont en train de donner l'assaut. Nous entendons distinctement
lès ~oups de fusil, et c'est un singulier contraste de voir les
Glaoua labourer et ensemencer paisiblement leurs champs si
près de la bataille.
·Des caravanes d'âniers passent sur notre route, portant à
Me1'f'akech de belles dalles de sel blanc ou un peu rosé, prove-
n~mt de hi. mine de Kettab dans les collines triasiques du Dra.
Un- peu plus· loin nous rencontrons une troupe de Derqaoua
coiftës du turban vert, et portant au cou l'énorme chapelet aux
grains d 1olivier; ils vont, sérieux et sordides, chantant sur leur
mode grave : laila illa Allah 1... Il n'est de Dieu que Dieu !
De ravin en ravin, toujours montant, nous atteignons les jar-
dins de DeYmat; jardins merveilleux où l'on chemine dans des
sentiers couverts, à travers les oliviers, les caroubiers entrela-
cés, sous un enchevêtrement de ronces, de lianes, de vignes,
où ruissellent mille ruisseaux tapageurs et pressés qui courent à
l'oued Amhacir, au fond du ravin encaissé.
-~
t !l

/Jemnat est une ville forte. Ses remparts sont très dt'•mantPll•s,
mais lt>urs débris attt>stt>nt encort> lïmportancP dP cette plaee
extrème de l'Empire chérifien, à 'Iui incombe la hurdc mission
de gouvernPr les tribus montagnardes de l'Atlas central. :\'ous
l'avons traversée de part en part. Elle est accidentée. Le mellah
forme un quartier spécial, il occupe la partie hasst>, il est
dos par une porte solidP donnant sm· une large rue où flanc
tout un peuple de mendiants et d'oisifs que notre vue éhahit.
Le couuuerce parait actif; les boutiques sont bien approvision-
nées et achalandées de eliPnts h1wards t{Ui causent ct boivent
du thé à l'ombre de leurs auvents de hois. On nous avertit
qu'il existe 4 établissements de bains: 1 it la Qaçha, 1 à lfcttan,
2 à Rhib ...
La place publique étant trop petite pour notre camp, nous
nous installons au 1lehors, près d~ la porte Bab Ifettan. Les
trois autres portes de la ville sont : Bab Taht es-Souq, par où
nous sommes entrés, Bab Igadaïn et B<ih el-Id.
Le qaid, auquel nous avons annoncé notre arrivée, uous fait
souhaiter la bienvenue. Il nous envoie la mouna et une garde,
en nous recommandant de nous métier au moins autant de nos
gardiens que des voleurs ...
CHAPITBE Il

6 janvier
Demnat n'échappe pas à la loi commune ; comme toutes les
villes du Maroc elle n'est qu'un anias de décombres. De sa
splendeur passée, de son importance stratégique et commerciale
il ne reste que le souvenir, encore s'efface-t-il au point IJUC nul
parmi nos informateurs n'a pu nous dire IJUancl et par qui la
ville fut fondée ...
Au temps de Mouley el-Hasscn elle était encore riche ct puis·
sante. Telle la vit de Foucauld en 188-i. La crise de folie fratri·
ci de et de vandalisme qui bouleversa ~e l\lar·oc à la mort du vieux
Sultan sévit à Demnat comme partout ailleurs. Les tribus se
ruèrent à l'assaut de la fortcressP du 11ard cl-Hadj .Jilali
ed-Demnati. Le malheureux était en prière; un coup de baron·
nette le cloua contre terre dans sa pieuse pr·osternation. Ensuite
on détruisit sa maison. Les Srahw pillèrent les souqs, massa- J
crèrent les juifs, torturèrent les riches pour leur arracher le
secret de leurs cachettes ct de leurs silos. On jeta bas des mai- J
1
sons, des pans du rempart, et jusqu'à des mosquées. Puis l'ordre'
se rétablit, tout naturellement, par lassitude. On se reprit à euh
tiver les champs, à irriguer les jardins. Quand la prospérité fui
revenue, un nouveau qaïd prit possession de la qaçha ; il se
garda discrètement de toute allusion au passé ; on laissa dor-
mir en paix les coupables et les morts. Seuls les juifs tirèrent
une morale pratique de cette lec;on. Ils construisirent un mellah
solide, ceint d'tm rempart spécial où ne s'ouvre qu'une seule
porte.
Pal"" :!0 his Planf'he \ï

Fif!". 11. - Porte rlu :\lcllah. iL Llemnal (page 20).

Fig. 12. - l'ot·te de Demnat (page HJ).


DE DEM~AT A L OUED MLOlJYA 21

Quant au qaïd, rendu défiant par la mésaventure de son


devancier, il entretient en permanem·p un poste de cinquante
à quatre-vingts soldats à l'entrée de son bordj, ct, lorsqu'il prie,
cinq hommes veillent sur sa priè1·e, fusil au poing ...
~ous partirons demain matin pour la Zaouia Alwnçal. Un
juif qui prétend connaitr<> le pays nous apprend qu'on y par-
vient en quatre jours, et <{U<' la routP est aussi dang·ereuse
que mauvaise ...

7 janvier
Il fallut, ce matin, avant le départ, faire au qaïd de Demnat
une visite de digestion. Lui-même nous en avait prié, s'excu-
sant de n'avoir pu se rendre sous nos tentes la veille, son fils
ainé étant décédé le matin même.
L'accueil fut cordial. Le qaïd el-Hadj Mohammed Abd Allah
ALellakh el-Kcrouli est un Berbère des Aït-Keroul, il a cin-
quante ans environ, l'air actif et décidé. Son histoire témoigne
de son esprit d'initiative.
Il se trouvait à Demnat le jour où son prédécesseur fut assas-
siné. Aussitôt il réunit les gens de sa fraction épars dans la
ville, fit fermer les portes et occupa la qaçba du maghzen. Puis
petit à petit, à mesure que la sécurité renaissait, il fit acte
d'autorité, tant et si bien que sa situation était acquise <{Uand
l'ordre fut revenu. Le sultan ratifia son intronisation, reçut son
houm1age, et fit Lon accueil à ses présents qui pourtant paru-
rent assez maigres.
Eu homme a';isé le qaïd n'a rien modifié à l'apparence de sa
forteresse. De l'extérieur elle semble une ruine; l'intérieur, au
contraire, en est spacieux, solide et richement aménagé. Les
appartements ouvrent sur un beau jardin qui forme cour inté-
rieure. Pendant qu'on nous sert du thé ct des ~fenj~, sorte de
pains ronds, spongieux, imbibés de Leurre rance fondu et de
miel, on entend les rires des hommes de garde, le cliquetis de
leurs armes, et la rumeur monotone d'une petite école où les
enfants de notre hôte apprennent le CoraiL
Le qaïd a connu à Rabat le cheikh Ma-1-Aïnin, le pseudo-père
de notre chérif; il s'enquiert longuement de nos projets, et
2:2

t~moigne de son attachement et de sa foi en faisant remettre à


Mouley cl-Hasscn une poignée d'argent. Il nous donne ensuite
un guide qui nous accompagnera jusqu'à l'extrême limite de
son gouvernement, ct nous recommande de camper toujours
près des habitations car, dans la montagne, en cette saison, la
neige pourrait nous surprendre et nous bloquer.
Nous sommes partis à onze heures, faisant mille ciOchets, au
grt'~ des sentiers capricieux qui desservent les jardins de Demnat,.
traversant sur le territoire d'Oultana (1) les fractions d'Ait Oua-
oudanous puis de /(ettioua, dont une partie est aux Ai't Mach-
ten, et l'autre aux Ait Blal.
Notre itinéraire coupe les premières pentes du Moyen-Atlas ·
perpendiculairement à leur direction générale. Les ravins y sont
creux, les arêtes en sont vives. De grosses roches émergent des :
argiles rouges ou blancs. Les champs escaladent les pentes. Les
maisons fortifiées, les tirremt, nombreuses d'abord, vont s'es-
paçant de plus en plus, et, bientôt, le sentier que nous suivons,
à mi-pente des ravins rocheux, se perd dans les collines boisées
de arrars, de chênes, de lentisques et de taquiout.
Notre étape s'achève à la Zaouia Ail Mhamed. Il nous faut'
franchir pour l'atteindre l'oued Taçaout Fouqania qui, en ce
point, au sortir des montagnes, est déjà une belle rivière torren-
tueuse, de 30 mètres de large, sur 1 mètre de profondeur. Son
eau limpid~ et glaciale roule sur un lit de cailloux, entre des j
berges boisées et escarpées, le long desquelles les maisons se j
pressent, et à qui les champs cultivés font un cadre continu!
mais étroit car l'encaissement de l'oued rend l'irrigation diffi-.
cile. ;
La Zaouia est tenue par des serviteurs des Oulad ben Nacer. j
Elle a trois siècles d'existence. Mhamed, l'ancêtre éponyme, n'enJ
fut pas le fondateur. Elle fut créée par son père, et g·érée, pen-:
dant la minorité de l\lhamcd, fils posthume du fondateur, par sa
mère. Elle est grande ct peuplée. La famille du santon compte
dix feux ; ses serviteurs et clients en comptent une vingtaine.
· Vue de la rive gauche, elle présente un entassement assez décora-

( 1) Voit : Renseignements.
..s·
·l
1
!
DE DEM~AT A L'OUED MLOl!Y A 23

tif de toits, de terrasses et de tourelles. De prè8 ce n'est qu'un


amas informe de maisons en pisé rouge.
Nous sommes en pays Cltleuh. Les lcttri•s seuls comprennent
l'Arabe. Notre chérif lisait tout à l'heure à l'un des feqihs de la
medersa un poème en l'honneur du Cheikh Ma-1-Aïnin. Le feqih
dodelinait de la tête et scandait du pied d'un air entendu ... on
découvrit dans la soirée qu'il n'avait pas compris un mot.
Les Ait Kéroul qui peuplent la rive droite, en amont de la
Zaouia, tiennent demain une assemblée, dans un village voisin,
et nous voyons passer quantité de cavaliers berbères, tous
pareils, tète nue, le long burnous de laine écrue tombant jus-
qu'à la cheville, montés sur des chevaux de haute taille bien
râblés. Ils ont grand air, et vont vite, portant en travers de l'ar-
çon leurs longs fusils à pierre ou à piston frétés de bagues d'ar-
gent ciselé. Un serviteur les accompagne et court à pied en
tenant l'étrier du maitre.

8 janvier
Il n'est pas facile de s'arracher à l'hospitalité des Chleuhs ...
Quand le ciel leur envoie un hôte d'élection ils le traitent, sinon
avec magnificence, du moins avec une abondance excessive. Ce
fut hier soir un défilé ininterrompu de keskous effroyablement
rustiques, de bouillie de blé arrosée de beurre rance ct de
miel. Tous les gens de la Zaouia vinrent, selon l'usage, parta-
ger avec nous les plats qu'ils apportaient. Les douze élèves de
la médersa nous furent amenés par leurs deux maîtres dont l'un
enseigne le droit selon Ibn' Acem l'autre la jurisprudence d'a près
Sidi Khlil, et la grammaire dan~ l'Alfia d'Ibn Malek. Cet ensei-
güentent donné en arabe est accompagné de commentaires en
langue tamazirt.
C.e matin le défilé culinaire a repris dès huit heures, aussi peu
varté q u 'h·ter ma1s
· plus abondant encore, et nous n ,avons pu
leve~ notre camp qu'après le troisième déjeuner, vers midi et
dem1 ! Ibn Khaldonn déclare que les Berbères mangent sale- \
me~t... Les usages n'ont guère changé depuis son temps ; ilfaut J
avotr un bel appétit et un estomac robuste pour pouvoir pren-
dt·e part à l'abominable tri tu rage qui constitue un repas de fête ...
24

Nous quit' ons la Zaouia en escaladant un ravin perpendicu-


ltlire ù l'oued Taçaout. La montée est raide, le sentier étroit : tm
dP nos mulets s'abat et roule dans le ravin. Il faut le débàter,
remonter la hête et sa charge, puis recharger. CPs opérations se
sont faites sans autre accident qu'un poignet foulé ct quelques
contusions, mais ellPs m'inl;ipire:dt quelque appréhension au
sujet des aptitudes montagnardes de notre caravane.
Notre ravin nous amène enfin au bord d'un plateau d'où l'on
découvre le Haut-Atlas.,dcpuis la falaise rocheuse qui couronne
la montagne des A tt Bo'lt Ouli (les gens aux brebis) et la brèche
dn col de Demnat j~§qu'aux deux géants, le Djebel Anremer ct
le Djebel Bou Ourtoul qui encadrent le col de Glaoui.
Le plateau où nous venons d'atteindre est hordè du côté de la
plaine de Merrakech par le bourrelet des hauteurs d'E11ti(a
(en herhère : Inti fen), collines arrondies, élevées de 200 à
500 mètres au-dessus du niveau du plateau, couvertes de mai-
sons de pierres rouges, solides mais inélégantes, et dont la
robustesse fait regretter la grâce fragile des tirremts de pis1~.
Ce plateau, ![Ui de loin semblait uni, est extrêmement acci-
dent,~. Il est d'ahord assez aride et désert, puis il sc couvre de ,
moissons hlondes ct de heaux vergers d'un vert profond, dont
les tons alternent harmonieusement avee le rouge violent du
sol.
Nous faisons halte auprès de la Zaouia Bou Antar sur le ter-
ritoire de Guettioua (1). Ce titre de Zaouia est hien platonique
car la maison n'a guère d'importance et le maghzen a si peu de
considération pour elle qu'il la détruisit deux fois en dix années
et qu'il lui fait payer l'impôt. Mais les habitants professent un
culte très fervent pour les trois agourram, les trois marabouts,
sous le patronage de I{Ui la Zaouia est placée : Sidi S'id ou Abd
Allah, Sidi'Ali ou Mhamd, et Sidi S'id ou Mhamd. A chaque ins-
tant rPviennent dans leurs discours les mots : « Tout est à Dieu
et it nos ChPurfa deseendants cle son Prophète. »
.
Bou Antar sc singularise par trois coutumes traditionnelles,
dont l'omission entraînerait les pires catastrophes : L'usage

( f) Voir : Ren.~eiq IU'ments.


Db; DEli:\AT .\ L'OUED liLOl'YA 25

du !Jendir. du tambouriu, v Pst interdit ; a ucuu fonctionnaire


elu maghzen n\· doit eom~uaJHIPr: sa hornw, son asile. est
inviolable. ·
L 'agg-lonuiration comprend trente ;\trente-cinq maisons. Gn
taleh dirige une pPtitc école coranique de huit élt'wes. Le mai-
tre est payé par ses élèves : les uns lui remettent un r1uart
dP la dinH': d'autres lui consacrent mw partiP de l_eur récolte.
/Jou Antar ne tolère pas de juifs sur SgJ!}.eri'itôir'ë.' . .
/,~~
1 .. ,_• ,
1.

(::::.'
">,~, )J jan vil'l· _<· , ..
Départ à midi après de trop copieuses a~:-I!Î_~::
;., ~~i~n: de
notables nous accompagnent jusqu'à la limite de leur territoire;
un seul cavalier nous escorte au-delà. Nous rencontrons à mi-
t'tape le courrier qui est allé prévenir les Aït Taguella que
nous camperons ce soir ('hez eux ù Tamchegdan. Les nouvelles
qu'il rapporte sont peu rassurautes : les Aït Messat se battent:
Entij'a (1) s'est insurg(• eontre son qaïd Ould si Abd Allah
ez-Zenagui (2) qui s'est sauvé et en a élu un autre, nommè
Aberràh, que ,le maghzen a pu faire arrêter.
Cette intervention du maghzen dans les affaires intérieures
des tribus du Bled es-Siba nous fait toueher du doigt la sou-
plesse et le machiavélisme du gouvernement chérifien, dont
l'action s'étend hien au-delà des limites oit ses fonctionnaires
peuvent atteindre. Cette action n'est le plus souvent qu'une
action désorganisatrice, elle se borne à entretenir ou à fomen-
ter.des querelles, à précipiter le fort contre le faible puis à unir
et a armer les vaincus contre le vainqueur ...
La plaine d'Entif'a, oÙ nous cheminons en nous rapprochant
de!'i collines qui la bordent à l'Ouest, est très afl'ouillée par les
eaux. Les sources y abondent, les ruisseaux sillonnent les val-
. ·· l' un d' eux l'otœd Ta'aïnit, nait sur notre route au pmts
lét>s ·
d -4rhalo Il 1'azruut, 1'1 separe
· ' ·
(,pftzoua d'E'.. ntz·;·a. L' u t'l'
1 Isat'wn d e

(~) ~o~r: Renseignemmt.~.
( ) \ou· :l)ocuments.
26 AU CŒLR DE L ATLAS

ses naux est la cam;e des discordes <{Ui divisent constamment ecs
deux tribus.
L 'extrc'•mitl~ orientale de la plaine d'Entifa est ti·ès unie,
assPz peupll·e <•t bien cultivée. Les sommets des !'ollines sont
couverts de d16nes (hellout), et les terres en friche de pal-
miers-nains auxquels on m?t 1<' feu <{Uand on veut labourer.
Labourage hien insuffisant où le soc de fer, guidù par des
hommes insouciants, et même parfois par· des enfants, ècorche
à peine le sol; où l'attelage; toujours disparate, ànes, mules,
chevaux, bœufs, vaches, et <{Uelquefois esda vcs ou fe .limes,
contourne les moindres toufl'es, s'arrête à la plus petite résis-
tance, et trace, d'une allure indolente, son imperceptible et
capricieux sillon. Derrière vient le semeur pat·cimonieux, dont
le geste étriqué mesure à la terre la semence mèlt'~e d'ivraie ...
Et pourtant la moisson sera belle, les (~pis clairs-s<"més set·out
hauts jusqu'à frôler le genou des cavaliers, dit le proverh<', et
si lourds qu'un moissonneur coupera dans sa jom·né<' de quoi
remplir sa huche pour l'année entière !
Un autre laheur, plus rude eelui-lù, qui exige dt' la force, ct
demeure l'apanage de l'homme, est l'Magagc dPs jujubiers
dont les branches formeront les haies des maisons et des douars.
L'abattage se fait à l'aide d'une sorte dl:' faucille euuuauch(•c
au hout d'un long hàton, ct d'une 'hachette à fe1· étroit. Un ,
transporte ces broussailles sur de grosses fourches, on les
entasse sur des animaux, et quelquefois sur le dos des hommPs.
Rien n'est plus singulier que la vue de ces immenses buissons
marchants dans lesquels le p01·tem·, àne ou homme, disparait
complètement.
Le jujubier, s'il est précieux pour le sédentaire, est une plaie
pour les voyageurs. Ses branches déchirent, arrachent tout ce 4
qui les frôle, tapis, chouaris, vêtements; ses épines demeurent 1
indéfiniment incrustées dans les étoffes et dans les chairs ...
La vallée de Tamcltegdân, où nous plantons noh·e camp,
abrite plusieurs tirremts en terre battue l'ouge. L'accueil qui
nous est fait est nu premier abord assez peu cordial. Les hommes
sont presque tous absents. On s'est disputé au marchi, du jeudi
de la semninc passt'~e, ou s'est lllèllll' hattu à coups de pierres;
Fig. H>. - Cavaliers Aït ;llessal (pagt> 27).

i'

Fig. lü. ~ Tt•tTitoir<' dt•s Aït )lt'ssat (pagt• :l7).


i


DE DEMNAT A L'OUED MLOVYA 27

nos hôtes ont cu 17 blessés ; aussi se sont-ils rendus en armes


au marèhé d'aujourd'hui qui sp tient chPz leurs agresseurs.
Ces Chleuhs sont semblables de type. dl:' vêtements, et de
coutumes aux Braber du Moyen-Atlas. CommP eux ils ont la
têtp r.mde, l'ossature massive, l'air défiant ct farouche; ils sont
prolixes et simples dans leurs discours ; leurs longs burnous
éffrangés sont sordides. Il faut les entendre apprécier l'adminis-
tration du maghzen et la conduite du Sultnn. Du temps de
M~uley cl-Hassen l'Eutija payait l'impôt. Sous l\louley Ahd el-
Aztz le qa'id de Demnat verse, au contraire, unP redevance
aux chefs de cette turbulente tribu pour iqu'elle reste dans sa
montagne.

10 janl'ier
~ous marchons de midi à i heures à travers une suite de
cuvettes bordées de collines. Les eaux se sont frayé des routes
profondes dans ces calcaires rouges ou gris.
Les collines d'Enti(a prennent le nom de collines des Aït Ali
ou Meghrad puis des Aït bou Zid; elles vont croissant jusqu'au
Dj:helloukhnein dont on aper~;oit le sommet dans le lointain et
qUI surplombe, nous dit-on, le bourg de Ouaouizert et le
confluent de l'oued Ahancal et de l'oued el-Abid.
l'ious pénétrons dans 1~ forêt d'Afraoun sur le territoire des
A" u
ll Jrussat. Les chênes hellout, les arrars, les lentisques y sont
grêles et très espacés. L'abondance des sangliers, des panthères
et surtout des brigands vaut à cette forêt un fâcheux renom.
Les Ait Me:;sat tiennent aujourd'hui un grand conciliabule
auprès des tirremts des A ït lkldeft dont la Zaouia est le but de
notre étape. Les cavaliers et les piétons sont vêtus du kheidous
sombre, sorte dP burnous tissé de laine brune ou noire, qui,
l'l'lev'e sur 1a longue chemisf' de coton blanc, !Pur donne un a1r
·
martial et tragique .
. L'un des traits saillants du caractère hcrbèrf' est la crédulité.
Ln vieillard à harbf' df' nf'Îgf', à l'œil vif est wnu demander
au ch. if'
er une amulette pour avoir un fils. Mouley el-Hassen a
conf~ctionné de sa 11\ain six petits papiers, sorte d'abraxas
lllagtques,auxquels j'ai dù joindre six pilules quelconques. « Tu
28

atrras un fils, a dit le Cht'•rif, si tu avales chai{UC soit•, une heure


apr1\s lP lPver de la lune, uuP pilul1• d unP aruulette. Tu le
noumwras ~la-1-Aïnin ct. .. tu nous Jouueras une hre!Jis ! "

11 jrm vin
Les Aiï Me~sat, nos hôtes, sont PH g·uPt'l'P avee leurs voisins
du eôté de l'Est, les A ït M hamd et lPs A ït lçalt : et, se lon
l'usage invariable, ils nous fout de leurs ennemis un portrait
terrifiant, pour nous détourner de passer sur leur territoire. Si
accoutumés que nous soyious à ces pt•ocèdés, nous suivons sage-
meut leur conseil qui pourtant nous (•cal'te de noh·c dirPetiou ,i
générale, et nous entrailw vet•s le .\'m·d-:\ot·1l-Est, ehez lPs .\ït ·
bou Zid.
Les chefs de la Zaouia J'Ai't lkhll'jnous aeeompagnent, ils
nous font traverser la forêt de el1ènes d' I(ekluien où les arhres
sont plus denses Pt plus beaux llUC 1lans la forèt J A(raottlt.
Les brigands n'y sont ni moins nombreux ni moins hardis. " Tu
n'as rien à craindre 1l'cux- nous dit en souriant notrP Fui1lP-
puisqu'ils te font l.'scorte ! »
On rencontre dans cette région plusieurs sol·tes de maisons.
La tirremt d'abord, cette forteresse tantôt cubique et trapue
qu'un toit plat ct débordant ferme comme un couvercle, tantôt
élégante, ajourée dans sa partie sup{~ricure, ct·éneléc, avec
embrasures eu forme de trèfle, ct cofl't·es flan11Uauts surploru-
bant les abords ct battant le pied des remparts. Autour de ees
châteaux les villages groupent leurs maisons basses, surmon-
tées d'un hangar soutenu par des piliers de hois, semblables
aux maisons kabyles. Enfin, dans les bois, ou 1lans les régions
désertes, on rencontre des maisons isolées ou groupt:•es par
deux ou trois, d'une forme particulière.
L'une des faces, celle où s'ou ne le portail, est constituée
par un mur en pierres sèches de deux mètres de hauteur envi'
rou. Tout le reste de la maison est enterré. Le toit, fait 1te
branchages recouverts d'argile, se confond avec le sol. La cour
intérieure, sur laquelle ouvrent les pièces IJUi servent ll'hahi-
tation, -est en contrP-has, ct à ciel-ouvert. Ces demeures misé'
Fi" 1-1 .
,... • - lnf!tiPl"l. - :ll:nson du <J<tïd lladdotJ n"Ail ft-lw hon (pagt' 2!J).
IlE DEMNAT A r.'om:n 'ILOUYA 29

rables et primitives sei-vent d'abri aux bergers et aux labou-


reurs pendant les saisons des pàturages et des moissons.
Du soutm<>t dénud{• de la colline d'f(ekhden on dècouvre une
fois cncoi·e la ehaine splendide du Haut-Atlas, continm•, tran-
chante, abrupte, avt-(" ses sommets coiflï~s de neige et couron-
nt'>s· dP nuages, sem Il1 able ù quC' 1que .tm mense vague pc, t.ri"t'tee.
•lout la nètf' t'>cumeuse s l~pm·pillcrait l'Il hrunu"'s. Les monts •Le
Bou Gemme:., l{Ui se dressent devant nous, ont la I·cctitude d'unP
falaise · une hrèehe, c ·Pst 1e ("O 1 d' .-trwnça
' ' · ·' on y VOit ,l l qm· f ran-
chit la chaine sur le territoire d<>s Ai"t Abdi et débouche dans
~a. vallée de Tlwdra. Un (•norme piton domine l"e col ct porte
ICI le nom de Djebel M'qrour. L' ensemhle du massif f'St désigné
par l'appellation rl'Adrar n' DerelL!Jlli.-sigü-iJit-.-14. Monltt_qtte·des--
chênes. ----
Il ne pleut jamais à ces altitudes élevées, mais quand la
neige tombe, les vallées et les cols deviennent impraticables.
Ils sont obstru(•s pendant un mois ou deux. Les habitants mas-
quent alors avec des broussailles et des troncs d'arbres les
o~vertures de leurs demeures, et se te1·rent jusqu'au dt'•gel,
VIvant de viande fumée de glands séehés et de farine d'org·e.
Ils portent, pendant l'h~vernage, de longs pantalons qui des-
cendent jusqu'aux chevilles, d<>s jambières de laine ct des
chaussures à semelle de peau dont l'empf'igne est faite en
fibres de palmier nain tressées ou en tellis. Ces bo11 rik,en ber-
hères rappellent les bou mente! algériens.
~ous campons ce soir à Jnguert, dans un décor splendide, au
sommet d' une gorge profonde, sur une atrc · meu
· 1tc qm· f'orme
place d'armes entre deux tirremts. A peine y sommes-nous ins-
ta~és que notre hôte, le (Ffid Haddou n'Art lchehou, nous fait
Pl'l.er de décamper en hàte et de planter nos tentes eontre son
rempart. Les deux forteresses sont en guerre. Une haine, dont
nul ne sait plus l'origine, t-~épare les habitants, et tout récem-
~tent un drame affreux en a ravivé l'acharnement. Le fils du qaïd
St"
e att épris de la fille de son ennemi. On profita de sa passion
lpour l' a tt"Irer dans un guet-apcns et le tuer. Les gens du qaïd
e vengèrent en t'gorgeant son amante. Depuis ce jour de part
et d'aut · ·
. re ·on se guette, on se fusille, sans trève, sans merci.
30

Pendant 11ue nous proc{~dons à notre déménagement une


vive fusillade éclate dans le fond du ravin, à 1.500 mètres de
nous. Les Aït Alla et les Aït hou Zid sc hattent pour une ques-
tion d'eau. Et toute la soirée les coups de feu crépitent, tantôt
traînants, tantôt en rafl'ale, pour ne cesser qu'avec le jour. On
nous apprend que cette querelle dure depuis une semaine, que
les Aït bou Zid ont eu cinq hommes tués f'.e soir.
Il n'y a pas de raison pour 1fUe la hataille cesse, ct, naturel-
lement, les routes sont coupl-es.
Le ciel se. couvre de gros nuages menaçants. La guerre et la:
neige ... graves obstacles !

12 janvier
Cc n'est pas chose facile que de cheminer dans !;Atlas. Les
habitants ignorent les routes, ou, s'ils les connaissent, refusent
de s'y aventurer; le pays est épuisé et difficile; on se Lat par-
, out. Les tribus de cette région sont groupées en deux partis, en
deux iel/s, de foree à peu près égale. La moindre querelle se
propage comme une traînée de poudre. Dès qu'un coup de fen
éveille les échos sonores de la montagne chacun saisit son fusil, 1
jette sa cartouchière ou sa poudrière en sautoir·, et court à la l
rescousse ou à l'assaut.
Nous, qui voulons passer du territoii·e des Aït hou Zid sur
celui des Ai"t Atta, nous ne pouvons trouver, à aucun prix, un,
zettat qui consente à nous faire franchir la jruntière de poudre.·
On nous assure pourtant qu'une fraetion voisine du ~OlHf el-
Jema entretient encore quelques relations a vee les A tt A ua, et
nous partons pour y chercher un guide.
Rude étape, encore que très courte. On descend d'abord, par
des ravins difficiles, dans la vallée de l'oued el-Abid. Ce ne sontl
autour de nous què pentes escarpées, que falaises abruptes, que
gorges au fond desquelles se tordent de capricieux ruisseaux :j
l'oued Assemdil, plus loin l'oued Ahançal, encaissé, rapide et,
clair, larg·e de ao mètres, qui se jette devant nous dans l'oued
el-Abid, plus large et coulant plus sagement sur son lit de
vase. La cuvette, au fond de laquelle les deux rivières cou-
Fig. 1\) - l:oued El-.\hid, Hll ··ontlncnt de rnned .\han•:al (page :10)

Fig. 20. - Vallt'l• dt- l"oueù Ahaw:al (page 31).


OE DE-'INAT A t'om;n ~ILOUYA. 31

fluent, pot·te l<> nom de Ouaouizert, IJU'Plle emprunte à une


localitP voisine où de Foucauld s1;journa en 1883 .
. Xous en escaladons le hord Ouest pour aller demander l'hos-
pttalité aux ,li"t Ali o11 Moltf'lnd, fraction des Ai't bou Zid. Un
peu d'appréhension était pPrmise au sujet de l'accueil I{Ui nous
Sl'rait fait. Tout le pays Pst en émoi; les hommes ont pris part
au combat d'hier soir et, dans la tirrl'mt près de laquelle nous
canlpons, un jl'une homme, presqu'un enfant, a reçu un eoup de
komnmia qui a perforé le poumon ; il est mort dans la nuit.
Tout d'abord personne ne voulait nous héberger, mais le qaïd,
un .vieillard affable, pris d'une crainte superstitieuse, s'est
r~,Vlsé, et nous a prié de nous installer dans ses olivettes qui
s etagent en terrasse au flanc rougeâtre d'un coteau. ·
Le titre de qald qui se reneontre fréquemment dans ces para-
ges est tout honorifique; c'<'st un surnom plutôt qu'une qualité.
Il constitue une survivance de l'organisation établie par le sul-
tan ~louley el-Hassen lors de la campagne du Tafilelt qui termina
son, glorieux règne ( 1894).
~otre hôte nous donne deux documents curieux où se révèle
l'~volution politique du Bl<'d es-SiLa en ces dernières années.
~un est une lettre de Moule y el-Hassen ( l) exigeant lïmpot ;
l autre une lettre de Mouley Ahd el-Aziz (2) le demandant au
11001
de la loi coranique.
~os Aït bou Zid ont deux particularités originales. lls ne man-
gent jamais de viande de bœuf de vache ni de veau; elle est consi-
dérée comme un aliment imn~onde, à l'instar de la ehairdu porc
et du c h'ten. 1ls dansent accouplés : homme ct femme ne se hcn-.
n~nt pas mais se frolent, épaule contre épaule. Le sultan Moule y
e -Hassen fit exécuter cette danse bizarre devant sa tente : elle
llOrte le nom de Çobbat ou Rihiya (chaussures d'hommes et
chau
ssures de femmes) !
13 janviPr
Jou '
rnee assez dramatique Les Berbères sont d'admirables
:•~tteursen scène ; ils nou~ out donné deux représentations
res théâtrales et émounmtcs.
(t) v.
0
(i ~: Document no::!.
) Yotr : Document no 1.
3:2 Ali CIIEUR IlE L ATLAS

La soirée d'hier· avait ilti~ iruruiétante. Per·sonrre n'Mait ,·enu


nous visiter, il avait fallu faire à notre hôte l'afl't•ont d'acheter
de l'or·ge pour parfait·e la ration de nos animaux. Quant à nous
on nous avait apporté seulement un peu de beurre rance fondu
et yueltJUCS pains. ~Ol-> chleuhs avaient en tête d'autr·es soucis
t{UC celui de nous héberger ; la guerre les absorbait.
Cc matin ils nous déclarèrent t.out net que nous n'irions pas
plus loin, qu'il faudrait rebrousser chemin. Sans faire d'inutiles .
objections nous abattons nos tentes, nous bàtons nos mules et, de
la façon la plus tranquille du monde, nous continuons notre t•oute
vers l'Est. Interpellations, clameurs, discussion. Les hommes :
ac('ourcnt, on nous arrète: - '' Etes-vous fous'? Pensez-vous que
les Aït Alla vont vous laisser pénétrer ainsi sur leur territoire '? 11
- « L'accueil des Aït Alla ne saurait ètrc pire que le vùtre; que
la responsabilité en retombe sur vous ct vos enfants l ... » • ,
Ue tous les reproches que l'ou peut faire à un Berbèr·c cel~ j
d'inhospitalité est le plus grave. ~os hùtes, p•·ofoudémeut hunU~ 1
liés, sentent si bien la justesse de nos griefs que toutes leurs j
objections tombent. Us sc réunissent eu cercle, accroupis, ~ ·1
crosse à ter1·c le fusil vertical, et palabrent un court instant, pUI& !
quatre hommes sc lèvent, épaulent et tirent ensemble. Cette :
salve est un signal d'appel. Ue toutes les tirremts, de toutes le& ,
maisons, de derrière chaque rocher,chaque bouquet d'arbres, deS:
guerriers surgissent, accourent, tous semblables, en longs bur~ .J
nous blancs ou noirs, fusil en main, cal'touchière cu sautoir·. j
Tout ce monde nous fait escorte. On sc •·emet en route, pru-11
demment, militairement. Luc avant-garde nous éclaire au loiu, ~
progressant par bonds, d'obstade en obstacle ; deux flancs-g• 1 ~:
des battent l'estrade, à portée de fusil, et nous gagnons ainsi la!
frontière redoutée. On s'arrête, ou concerte le mode d'opéra~;
tion. Devant nous s'étale la large Yallée de l'oued ei-Ahùi que.
nous surplombons du haut de sa berg·e droite. lJn g1·os tertre
rocheux fait saillie dans la plaine, à un kilomètre de nous, e~
l'on aperçoit au-delà une tirremt ti·apue, d'aspect paisible, que'
couronne un panache de t'muée. C'est le premier bourg des Ail
Atta ; une garnison l'occupe et suneille la vallée pal' dell
patrouilles et des sentinelles, comme ferait une grand-g·arde.
DE DEMNAT A L'OUED MLOUYA 33

Quatre AU bou Zid sans armes s'avancent, très ostensible-


lll.ent, eu chantant à tuc-tète, et escaladent le seuil <le roches
qui s'érig·c devant nous. Parvenus au sommet ils s'arrètent,
agitent au-dessus de leurs tètes les pans de leurs burnous, en
bêlant les Aït Alta Un colloque s'engage à longue distance ; le
ve~t nous en apporte les éclats. La négociation dure environ
tro,squarts d'heure pendant lesquels nos AU bou Zid restent eu
arrêt, l'oreille tendue, l'œil aux aguets, observant l'entretien
~éli~at que leurs mandataires poursuivent, et dont nous sommes
enJeu. Enfin l'accord se fait, les négociateurs dévalent en
courant de leur rocher; notre chérif récite une dernière Fatiha
pour appeler la bénédiction divine sur nos hùtes, et nous nous
remettons en route, sous l'escorte de deux hommes seulement,
Vers la tirremt ennemie.
Sept Ait Atta, perchés sur un môle calcaire, assis en demi
cercle, le fusil haut, la main abritant les yeux, nous regardent
Venir, immobiles comme des statues, et mu~ts. Le chérif se dirige
l'ésoluntent vers eux ; quand il est tout près ils surgissent d'un
Beul. mouvement et nennent
· gravement 1m· b a1ser
· 1a mam,
·
PU•s.ils se rassoient aux places qu'ils occupaient et l'interro-
rtolre commence: « D'où venez-vous '? oü allez-vous'? que vou-
ez-vous'? .. »
- '' Nous allons - répond :\fouley el-Hassen - chez votre
Vén· .
ere chérif, notre cousin, Sid Ali Ahanc:al dont la Zaouia est
Pt'oche ... ·»
. offr~ssurés par '.wtrc ~ppar~.nce paci~que les A.i't Atta n~us
d' nt de nous piloter Jusqu a la Zaoma. On convient que l un
deux nous servira de zettat, moyennant une somme de trois
ouros payée en arrivant au but.
1
Dit minutes plus tard nous repartions vers la vallée de l'oued
~Abid. Notre feqih, le faible et poltron Si el-Mahjoub, qui,
P ~dant toute la durée de cette scène, récitait à haute voix la
~ère des agonisants, plaisante maintenant avec notre nouveau
de, il s'enquiert si, dans ce pays de dépravation, de batailles,
de ra .
1es khPilles
.d
et de meurtres, les femmes Ait Atta suffisent à tisser
U Cl onz de leurs amants et les linceuls de leurs époux ...
n seuil d'une trentaine d~ mètres de hauteur nous sépare du
3
34

lit de l'oued. Nous le descendons à pic, à tmvers les chan1p8


rouges et fertiles sur qui ondule déjà le gazon verdoyant des
moissons nouvelles. Le sol de cette vallée est profondément
érodé par les eaux. Les dalles calcaires rompues jonchent les
pentes escarpées par où le plateau se raccorde à la rivière.
L'oued el-Abid franchi, nous remontons la berge adverse
par un sentier tortueux, IJUi · se recourbe en lacets ; nos
mulets trébuchent et heurteJ,~.t leurs ch;;rges aux aspérités deS
parois, et nous nous élevons ainsi jusqu'àla crête de la première
chaine de collines qui encadre la vallée, sur le territoire des A a
Mazir. Quelle n'est pas notre surprise, en atteignant le sommet,
de voir que cette crête est aiguë et tranchante conune l'arête
d'un toit et que le ravin nouveau que nous dominons cache
un village où toute une armée se trouve rassemblée ... Ce vil~
lage se nomme Tij"arioul, et ces guerriers sont les Aït Içah (1)
qui tiennent un conseil de guerre et discutent le plan de l'as-
saut qu'on livrera demain au qçar des Ait bou Zid où nous avonS
campé la nuit dernière. Tout le temps que dure notre descente
difficile parmi les schistes et les pierres roulantes pas mi geste,
pas un mot de cette foule, immobile et muette, ne trahit l'iJn~
pression que lui produit notre venue, ni l'accueil qu'elle noUi!
réserve. Il faut connaitre Î'aspect farouche et énigmatique de ces
Chleuhs, leur abord glacial, voir le décor tragique que forJill!
cette cuvette sans issue, avoir été rebattu des légendes terriblet
qui vantent ct exagèrent la férocité sans merci de ces tribus pU~
lardes, pour comprendre l'angoisse et l'incertitude d'une tellE
arrivée ...
Notre zettat nous devance de quelques pas. Il va s'accroupÎI
au milieu du groupe principal et, pendant que nous faisonf
halte, que nous commençons lentement à dénouer les cordeJ
qui bâtent nos mules, il explique.à voix haute qui nous sonlJilef
et où nous allons. Un des Aït Içah se lève alors, et vient baisel
le genou de notre chérif. Ce geste rompt le charme ; l'arJiléf
entière tient à honorer le descendant du Prophète, les femJile1
mêmes et les enfants accourent à nous, et, pendant un quatf

(t) Voir : Renseignements.


l'latwlu~ \1

Fig. :21.- J:a •..-n<'il d<'~ .\ïl .\lia (pn;:•· ::::) .

Fig. 22. - L<'s .\ïl bon Zid nous fon! cs•·ot·lr (pa;:r :l~).
DE DJ<:~INAT A L'OUED MLOlJYA 35

~'heure, on nou!' pt'PSSP, on nous étreint, av~c une vimération


•nsatiahlP.
. Puis les A ït lçall fornu•nt un vaste cct•dp au milieu duquel
Il faut planter nos tentes, étaler nos bagages. Je n'ai pas besoin
de dire que, sous cette curiosité défiante ct attentive, notre cam-
pement fut rapide et notre installation succintc. On ne monta
~ue deux tentes sous lesquelles nous nous entassàmes, et,
JUsqu'à une heure avancée de la nuit, j'entendis le chuchotte-
Ul~nt de notre pauvre feqih apeuré qui de nouveau récitait la
l)rt'ere des agomsants
. ...

14 janvier
Tous les hommes valides de la fraction .des Art lçah, tribu
des A ft Mess at (1) sont assis en demi cercle sm· les gradim;
rocheux du ravin de Tijarioul où les Aït Jssoumour cachent
leurs tirremts. La scène est étrange ; le coup d'œil est magnifi-
que. On a étendu un haïk à terre, les nobbles l'entourent,
et chacun des guerriers vient, à tour de role, y jeter son obole
en criant : Slah en-Nebi ! Salut au prophète ! Le produit de
chette
c ..
collecte constitue la ziara, l'offratulc des A ït Jçah à notre
erif, et cette cérémonie propitiatoire a pour but d'invoquer
:otre intercession pour obtenir de Dieu la victoire dans le com-
at qui va se livrer.
.P:ndant que ce rite s'accomplit avec la majestueuse sim-
PllCtt'e dont les musulmans. accompagnent toutes les pratiques
d
e leur culte, nous avons le loisir d'ohscrvm• nos hùtes.
t .Le type n'est pas beau; les Aït lçah ont la tête ronde, le
tetnt foncé, h1 face large, les lèvres épaisses ct presque complè-
Clfient rasées, la barbe rare. A part <[Uclques exceptions ils
di brun
Sont , s; Je . n .m. vu que quatre bl on d s, ct JC
. n ,at. compte. que
:x. negres.
.Inutile de dir~ que tous les hommes sont armés. Le fusil à
P
rn,terre de f a b rtca
. t'wn m
. d'tgène d onune
. ; Je . pourtant que 1-
. vms
.....es fu 8ils gras.
Je llle SUis · efforcé de prendre quelques photographies des

If) Vo· . .
tr · Rntsetgnements.
1
36 AU CŒUl\ liE L ,\TLAS

acteurs de cette scène. Cc n'est pas chose facile que d'opérer


sous le regard de quatre <~ents paires d'yeux indiscrets et
dMiants. La photog-raphie pratiquée dans res conditions devient
une prestidigitation hasardeuse. Pour ne pas attirer l'attention
j'ai dû arrimer mon appareil dans un des larges étri<'rs de la
mule du chérif que je promène eu main autour du camp ...
La collecte achevée, on en a versé le produit dans l'escar-
eclle de Mouley cl-Hasscn, qui a l'écité une solennelle Fatiha,.
à laquelle les Chleuhs se sont associés debout, les mains éten-.
dues et jointes pour figurer· le Cor·an ouvert à sa pi'emièr·e sou-
rate. Ils accompagnent d'un murmure confus l'intercession dU
chérif, et acclament les vœux qu'il formule d'un Amin ! sonore.
Après quoi les Aït lçalt se sont groupés par village autour de
leurs cheikhs, ont escaladé la crête d'où nous sommes descen-
dus hier, et s'en sont allés à la bataille. Leurs cris aigus répon-.
dent aux adieux et aux youlements des femmes qui, juchées sur
les ter·rasses, assistent à ce départ. Des coups de feu éclatent
dans tous les sens, ct, conuue nous nous émerveillons de
ce tapag·e révélateur, on nous explique qu'il faut bien essayer S3
poudre et dégorger la lumière de son fusil ...
Une demi heure plus tard nous nous mettions en route lon-
geant les contreforts du Djebel Abbadin. Ce cheminement paral-
lèle à l'axe de la montague nous oblige à franchir tous les ravinS
qui eu descendent. La route est donc pénible, elle se déroula-
au milieu d'une forêt de chênes bellouts et de chênes zéens oil
nous ne rencontrons aucun être vivant. De temps à autres uolfi
deux zettats s'arrêtent, l'oreille coutre terre, pour écouter si,
l'on se bat, ou bien ils escaladent une roche de la falaise et
scrutent attentivement l'immense panorama que nous dominons·;
On n'y voit que les fumées des signaux qui montent droites danS'
la lumineuse et sereine splendeur de ce beau jour d'hiver.
L'oued el-Abid, dont nous remontons la vallée en l'accompa-
gnant de loin, coule au fond d'une véritable gorge ; un sen-
tier muletier en suit le fond.
A la hauteur du Djebel Taguendart on nous signale une
ancienne mine de fer, jadis exploitée, ainsi que l'attestent quel-
ques scories. L'ordinaire légende nous est aussitôt contée : leS
, '
l'lawiH· \Il

Fig.::?~. - Lt•s .\ïl l•:ah aranl lt• •·muhal (pa~n· :l~i).

~... ·>.t
,. ~ · - l"n passage dirtkill'.- Hoult• d'_\ïl Boulnwn il Tanondli (pagl' H).
,;
DE lH:MNAT A L'omm :VLOUYA 37

chrétiens extrayaient d'ici de l'or ct de l'argent. On voit encore,


dans une grotte voisine, les ustensiles et les fourneaux dont ils
se servaient. ..
, Vers l'Est, par de là le fosst; pt·ofond ct encaissé où coule
l oued el-Abid, les montagnes des A ït A tt a et des A ït Soukhman
se prolongent sans interruption, portant deux sommets d'altitude
notable : le Djebel Ioukhnein qui domine Ouaouizert et le Dje-
hel Sgat aux AU Saïd ou le/wu.
Vers 4 heures nous faisons halte à Taharoucht, au centre d" une
douzaine de tirremts tapis au fond d'un ravin. Ce sont des cons-
tructions massives, disgracieuses, dont les hautes murailles sans
fenêtres portent un lourd toit plat percé seulement d'une ouver-
ture par où l'on sort en rampant pour balayer la neige. Un bâti-
ment peu élevé fait, en général, saillie sur l'une des faces, mas-
quant le portail et formant écurie, étable, ct salle de réception
po~r les hôtes. Car ici, comme dans tous les pays d'Islam, la
~atson est le sanctuaire de la famille, et nul étranger n'en peut
ranchir le seuil.
Tous les hommes sont à la bataille ; le peuple féminin est
en · ·
f emot ; nous devons à cette double circonstance l'insigne
aveur de pouv01r . exammer . . l"tscre, t"wn,
de près, en toute mt
1
es femmes des A ït Içah. Elles sont laides en général, et sales
sans exception. La coiffure surtout est sordide ; elle consiste
en.un foulard rouge ou noir. luisant de crasse, taché de henné,
qul enveloppe les cheveux et se noue derrière la nuque. Le
costu ·
me se compose d'une chemise de coton maculée de taches,
sur laq ll . . ,
ue e repose une lœndzra en lame ayant la forme dun
sac per , d . •
QUand 11cef ·e trots
.
trous : un pour la tète ct deux pour les bras.
.
dtra li. att frotd, on superpose à ce vêtement une seconde hen-
u ' P ee en châle et nouée sur la poitrine. les dames portent
c~e parure imprévue : elles se font, avec du henné, une mou-
e sur le bout du nez.
l Les hommes sont vêtus d'une longue chemise blanche à
0
a.rges manches et d'un burnous blanc ou d'un kheidouz brun
u noir.
n Mes com pagnons se sentent peu rassures · par l' accuet'1 qm·
ous est fait. ~ous trom·mis ici un chérif de la Zaouia d'A hnnçat
38 AU CŒUR DE L'ATI.AS

qui nous in 1crroge avec tant d'indiscrétion, et qui accueille notre .


version avec tel air d'incrédulité que Mouley el-llassen ne parle
de rien moins que de retourner à Demnat ...
Nos serviteurs sc querellent, ceux que j'ai engagés refusent ;
d'obéir à Mouley abd Allah qui fait fonction de chef d'escorte; .
ct, comme ils accompagnent leur refus de protestations de .
dèvouement à ma personne, je ·me trouve dans une situation :
délicate. Les gens que mes cheurfa ont amenés avec eux ont si .
peur qu'ils parlent de déserter ...
Tous ces petits dissentiments, qui n'excèdent pas l'habituel
tracas d'un voyage au Maroc, empruntent à l'insécurité de cette·.
région,àl'hostilité des habitants, une exceptionnelle gravité.Nous'
sommes à la merci de nos hommes : une réplique insolente peut
compromettre notre prestige, révéler notre identité ; une répres-
sion sévère peut provoquer une trahison. Il faut une patience, :
une douceur méritoires. Nous ne parvenons à être servis qu'en
accomplissant nous mêmes la moitié de la besogne. Nous.
aurions besoin de nous arrêter un jour ou deux, de reposer
nos mules, de réparer notre matériel que la montagne use, nos
chouaris et nos belleras que les roches réduisent à l'état de
dentelle; mais s'arrêter en pleine montagne, en janvier, cheZ
les Ait Içah ou les A ït Soukhman, serait une imprudence folle .. ·
et nous continuerons à marcher vers l'Est tant que la neige ne
nou arrêtera pas.
15 janvier
La pluie nous a réveillés ce matin. Une pluie fine qui crépi-
tait lugubrement sur la toile de nos tentes. Le ciel était bas, les.
sommets environnants couverts de neige, j'ai cru un instant
que l'hiver, si tardif cette année, allait commencer, et que la
Zaouia d'Ahançal serait le terme de notre cxplora'ion, et notre,
point d'hivernage. Aussi sommes-nous partis tôt pour l'atteindre.
avant que le sentier fut impraticable. Le jour s'est levé; un jour
triste mais peu menaçant. Les nuages qui nous enveloppaient·
se sont éparpillés dans le vent du Sud, et le soleil a dissipé
menaces et soucis ...
La route est conrtc mais rude. Elle longe à mi-pente la berge
-=
c
'-'

c
"'

>
1
DE DEMNAT A L'OUED l!LOUYA 39

escarpée de l'oued el-Abid, tombe à pic dans les ravins et en


ressort par de véritables escaliPrs. C'est au fond d'un de ces
ravins, au milieu des buissons bourrus de arrars et de lenstiques,
au bord d'un torrent rageur et glacé, que se trouve la Zaouia
d'Ahançal, but de notre étape. La région est si peu stîre que
nos zettats nous prient de préparer nos armes, et se dissimulent
prudemment derrière nous. Précautions vaines, fort heureuse-
ment, mais qui impressionnent de f<u;on trl\s défavorable les hôtes
de la Zaouia. Ils sont une dizaine d'hommes, accroupis sur le
Seuil d'une médiocre maison en terre rougeâtre entourée de cons-
tructions plus pauvres, immobiles, énigmatiques, défiants. Il
faut toute la loquacité persuasive de nos guides pour vaincre
~e~r appréhension et forcer leur hospitalité : mais, dès qu'ont
eté échangés les compliments d'usage, la cordialité renait, on
n~us apporte de la paille, de l'orge, des dattes pilées, des pains
d orge.
Il pleut torrentiellement ! ...
16 janvier
Les ténèbres du Bled es-Siba s'obscurcissent de plus en plus
autour de nous. Le chérif de la Zaouia d'Ahançal, Sid Hosseïn
el~Ahançali, notre hôte, nous a déclaré hier soir que nul ne pou-
Vatt franchir la région située à l'Est de sa Zaouia. Lui-mème ne
s'
.Y aventurerait qu'en tremblant. Les A ït Soukhman ( 1), ses ser-
~teurs religieux, n'ont ni foi ni loi; ils trahissent leurs serments,
VJ.olent leur hospitalité, massacrent et pillent leurs hôtes, leurs
parents ... et les Aït Abdi, les Aiï Seri~ les Aiï Haddidou, ettou-
tes les trib us montagnard es vmsmes
. . son t pires
. encore ...
Naturellement cet effroyable tableau nous plonge dans la
~nsternation et l'épouvante, mais, tout de même, on nous a
~t raconté d'histoires semblables qui ne se sont jamais vérifiées
q~ un certain scepticisme nous met en garde contre la déses-
~rance. D'ailleurs à cette menace invisible mais constante on
s accoutu . , , .
me vite ; a cette resistance sourde on oppose tout
t
~aturellement, et selon l'occurrence, l'inertie patiente ou l'ac-
lon d
pru ente, et nous avons dans l'arsenal des proverbes
arabes de belles images pour répondre à ceux qui prétendent
(t) Voir· R · • •
· ensetgnements.
40 AU CŒUR DE L ' ATLAS

nous décourager « la goutte d'eau perce le marbre ! ,, ou


hien: « il n'est résistance que la tenacité ne lasse! n ou encore:
'' les chiens aboient, la caravane passe! ,,
Sid H'sâien (1), chérif d'Ahançal, est un petit homme trapu qui,
par hien des côtés, m'a rappelé son cousin éloign{• Moule y Ahmed,
chérif d'Ouezzan. Quand il parle, son œil gauche se ferme un peu,
le coin de la bouche remonte, et cette contraction lui donne un
air de malignité juvénile. Il sait mal l'arabe vulgaire mais lit
couramment et comprend assez facilement l'arabe littéraire, la
langue liturgique, dans laquelle il a fait des études assez com-
plètes. Ses notions générales sont superficielles mais étendues.
Hier soir, sous la tente, on a longuement causé. La conversa-
tion a roulé tout d'abord sur les affaires intérieures du pays.
Tout voyageur qui passe doit narrer à ses hôtes les nouvelles
qu'il a recueillies sur sa route. De fil en aiguille la causerie s'es~
élargie ; on en est venu à parler des tribus qui habitent le reste
du monde, et qui sont la France, l'Angleterre, l'Espagne, la
Turquie, etc ... on les a jaugées d'une très étonnante manière :
la Turquie vaut 50 ans ; la France 30; l'Angleterre 20; le
monde islamique 100. Il faut, parait-il, entendre par ces coeffi-
cients qu'un voyageur monté sur une mule, ou un piéton mar-,:
chant bien, emploierait 50, 30, 20 ans à parcourir les territoires~
de ces lointaines tribus.
On a parlé beaucoup de la France ; de l'occupation d'A ïn Chaïr
qui a vivement frappé les gens de l'Est; de Bou Amama dont on
colporte avec admiration la réponse à l'ultimatum des Français :
- '' Si vous voulez la paix je serai avec vous, si vous voulez
la guerre je serai contre vous. »
Après cette longue digression l'on est revenu à nos projets.
Notre résolution tranquille, étayée de bonnes formules orthodo-
xes vantant la vigilance providentielle, et l'exhibition de quel-
ques-unes de nos armes à tir rapide déconcertent un peu nos
• hôtes. On a remis au lendemain les décisions définitiYes, en con-
venant que ;;nous ferions séjour pour reposer bêtes et gens et
goùter à loisir l'hospitalité de la Zaouia .


(i) Hosseïn.
DE DEHNAT A L'OUED ~ILOl!YA .tt
On Msigne cette Zaouia du nom oP Zaouia fouqia. Zaouia sep-
• t .
en riOnale, par opposition ii l'autre Zaouia, située à la sortie du
col, sur le versant méridional de l'Atlas.
Le fondateur (le ces Zaouias fut Sidi S'id, disciple de Sidi
)fhammed
l . ou Ça !ah patron d' A.~fi (Safi).
. Sa mémoire prodigieus<'
Ul valut de son maitre le surnom de Haccal, substantif arabe
d'intensité qui signifie qui apprend vite e; .retient hir>n. Ha~çal
devtnt en langup chellha Aha(,~c;àL puis Ahan~àl.
,Un jour, pendant son pèlerinage ii la Mecque, Sidi S'id visi-
tait, avec son maitre, la bibliothèque du Prophète. Il voulut
~rendre un liYre; le gardien l'en empêcha. Mais le maitre
Intervint, prit le livre, et le lut à son disciple. C'était le Dimiati,
l'énumération des 99 noms de Dieu. Sidi S'id le retint, ct, le soir
m.ême, le récita ii Sidi l\lhammed ou Çalah. Depuis lors le
0
•miati est le dikr des affiliés de la Zaouia d' Ahançal, qui le
r' .
ecltent chaque jour.
Ce matin Sid H'saien el-Ahaw:ali est entré sous notre qoubha
a;~c un air soucieux. Il précédait des serviteurs chargés de pro-
VISions de toutes sortes ; deux hommes portaient un mouton fraî-
chement égorgé.
-cc Je me faisais une joie de vous recevoir et de vous héber-
~r. nous dit-il, et j'avais, vous le voyez, préparé une mouna
digne de vous et de moi. ~lais on me raconte que le pays s'émeut
de votr e presence,
· ·
que vos bagages exc1tent 1es convoi't'1ses, quf'
des brigands se concertent pour vous attaquer ... Le mieux serait
que vous devanciez leurs emhùches en partant de suite. »
Nous n'avons aucune objection à faire à ce discours; notre
hôte parait sincère ; l'important pour nous est d'avoir des
~ettats sùrs, et, puisque le chérif nous a déclaré la veille qut>
a. traversée de sa clientèle f'st si dangereuse qu 'ù peine ose-
rait-il s'y risquer lui-même, ·la seule garantie de sécurité que
nous puissions solliciter est la présence du chérif d'Ahançal en ~~
r.rsonne. Cette demande, appuyée du présent d'une montre,
~Isse le chérif un instant rêveur. Il médite, eu tournant et
retournant la montre, parle à voix hasse avec ses gens, indécis
: préoccupé, puis soudain il prend un parti définitif, et, se
urnant vers nous :
42 AU CŒUR LIE L'ATLAS

-«Vous n'aurez pas d'autr~ guid~ que moi~ ,


De la gorge d'OuifilfPn, où sc cache la Zaouia d'Ahançal, nous
sommes revenus ii la vallée de l'oued el-A hid que nous conti-
nuons ù longer en cheminant à mi-côte de sa rive gauche. Lé
chérif d' Ahançal s'pst fait escorter par une demi-douzainf' de
serviteurs à mines patihulaircs. Un scul d'entre eux sait l'Arabe.
mais il se dérobe à toute conversation, et refuse de nous fournir
le moindre renseignement sur son pays. L'intérêt de notre route
est médiocre d'ailleurs ; l'étape se déroule au milieu d'une forêt
de chênes, de arrars et de petits cèdres. J'ai su depuis que
nous avions éviu~ les habitations, qui, tout naturellement, bor-
dent la rivière, pour prendre ù travers la montagne où l'on ne
rencontre rrue quelques douars de bergers et des brigands.
Enfin, après quatre heures de montées roides et de descentes
abruptes, nous atteignons les tirremts des Aït Bou/man (1) qui
occupent le fond d'une cuvette profonde d'aspect assez désolé.
Notre venue, annoncée par un courrier du chérif, a attiré une
centaine de curieux qui nous attendent assis en deux cercles, le
fusil au poing, pendant que les femmes, indiscrètes et effron-
tées, peuplent les terrasses et dominent du vacarme de leur
caquetage la rumeur des hommes.

17 janvier
Les Ait Bou/man ont fêté notre présence par un heidouz lfUi
s'est prolongé très avant dans la nuit. Les danses et le1 chants
d'ici sont identiques à ceux des Brabn du Moyen-Atlas . .flommes
et femmes, formés en cercle, épaules contre épaules, rythment
leur chanson aux battements d'un grand tobbal. Le chanteur.
récite ou improvise; le chœur répète une sorte rle refrain. Tous ~
les exécutants se balancent sur place, d'avant en arrière, d'une
4
fa•:on fort lascive ; les femmes surtout mettent dans lf'UI' mimi-
que une impurleur provoquante. De grands feux, que les specta-
teurs entretiennent, éclairent cette fête. Quand la provision rle
bois est épuisée les chants se. taisent, le public se disperse, et les
chanteurs s'en vont par deux... ·

(1) Voir: Ren,çeignements.


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Ig, 27 · - ('.• o ] <"
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Fi~. ::!X. - l·:nll·.~., du •·ol dP Tillf(II•'I'I (pa~·· t:)J


DE llEMNAT A L•O(jED :\II,OliYA

C'est tout justf' si dans ce pa ys sans morale la fpmnu:• n'est


pas un hien commun. Fille. divorcèe. ou veun•. t>llf' appartit>nt
à <Jui la désire; lf' mariagt> la contient un peu, quant aux appa-
rences du moins. Ainsi s'cxpliqut> <{U(' les femmes marié('s
soient les plus ardPntes au heidouz ; l'on y choisit lihr('lll('nt son
danseur sous l'œil indulgent des maris: on chantt>. on dansf',
tant que dure ln fètt> ..Avec la dernière hrassée de hois disparais-
sent lumière et contrainte ...
Elles ont un joli dicton, les petites ,··pouses bm·hères: " Dit>u
n' .
Y voit pas la nuit ! ))
Les maris non plus n'y voient guèr(' ; il est vrai qu'ils prê-
tent peu d'attention aux ébats de leurs moitiés. Si l'on s'émer-
Veille de leur tolérance, ils répliquent qu(' lorsque l'on possèd('
plusieurs femmes il est difficile de les satisfaire, et impossible d('
les surveiller. Car la pol y ga mie est de règle chez les Chleuh de
cette région; un homme peut prendre autant de femmes qu'il en
pe~t entretenir ; il suffit qu ïl puisse pa y er les frais de la noce, et
qu Il donne à la famille de la mariée une dot variant de 2 à
1
? pesetas. Ce prix dérisoire, nous dit le chérif Ahançali, quipos-
sede admirablement la lettre et l'esprit des coutumes berbè-
res, symbolise la supérioriti> de l'homme, et la servitude de la
femme. « Et d'ailleurs, ajoute-t-il avec un sourire narquois,
lllêtne pour ce prix infime le mari est encore dupe, puisque la
fille est toujours laide et sale, raremen~ vierge et jamais fidèle. ))
Tout cela est hien sévère pour nos hôtesses, mais ces défauts
sont compensés par une qualité qui leur fera beaucoup pardon-
ner :elles sont totalement désintéressées. La chose est d'autant
plus n1 ert
· 't Oire ·
· qu ·e 1les sont besogneuses et coquettes: Jamais, ·
~ous affirme le chérif, elles n'accepteraient un grich 125 centimes)
d~ leurs amis. Aussi leur parure est simple : quel<{UPS anneaux
ii argent aux trois derniers doigts df' la main gauclw, des colliers
l'~ verroterie, des bracelets -d'argent et de cuivre, dons dt>
epoux ou de la famille, en sont les seuls ornements.
fil Le~ hommes portent dans l'oreille droite un gros anneau de
8
d argent tressés et martelés. Quand ils marchent ils relè-
~:nt. cette boucle d'oreille trop lourde, qui risquerait de
chirer le lohe. et la plissent au-dessus de l'oreille.
AU CŒlll\ DE t'ATtAS

LPs enfants sont à peine vMus. Les gar<:ons sont nus sous le
kheidouz écru, les filles n'ont qu "unP chcmisP dP coton sous
leurs lwndiras de lainP frangées de floches multicolores.
l'lous soHunes rl~veillés ce matin par une hruyantP discussion.
~os hùtes SP querellent pour une question dïntér~t: ils sou-
mettent leur litig·c au chérif d'Ahançal avec un luxe Monnant
d'imprécations, de gestes, de menaces. Les hahitantsdes tirremts
voisines suivent la discussion du haut dt' leurs terrasses. On se
hêle d'une tirremt à l'autre, avec les interjedions prolongées
familièrPs aux montag·nards Pt aux SahariPns : " l~h ! .\louha
ou Mimoun, euh ! " Eh ! l\fouha fils de l\limoun ~
Vers fi heures apparait enfin la classique lwrira, potage il la
SPmoule dans lequPl nagent des petits ntrrés dP viande de mou-
ton. LP déjeuner est servi à 11 heures seulement. Il se com-
pose, invariablement, d'un keskous surmontè d'mw moi til~ de
mouton. Nos hôtes assistent à notre repas mais n'y prPiment
pas part. Ils sont trop nombreux, nous dit-on, et la coutume
n'autorise l'hôte à s'asseoir ù la table de ses eon vives <[Ue lors-
qu'il est seul à les recevoir.
Ici l'hospitalitt~ nous est ofl'erte par la tribu : le Mtail en
est réglé par les coutumes locales : le cheikh en répartit la
charge entre ceux des habitants que dési~ne lP rôle dl's imposi-
tions. Chacun d'eux apporte son plat, Pll fait les honneurs d,
quand. mait res l't serviteurs sont repus, s ïl en reste quelque
chose il l'achève en compagnie d.e ses amis.
Le repas terminé on abat les tentes, on forme les dwrt-!·I'S,
on hâte les mules. Toutes ces op<'•rations se font aYec lïndolt>JH'e
la plus noblP: le temps ne eompt~' pas: se hâter serait un gra,·e
manquement aux usages : " Dieu a donné au cheval quatre
jambes et la vitesse: ù l'homme il a donn{~ deux jamhes et la
majesté. n
Nous nous sommes mis en route, vers midi, dans la direc-
tion de l'Est, sans but précis, évitant seulement la vallée de
l'oued el-A bidet ses dangereux riverains. La forêt de chênes est
peu dense. Avec ses dessous de bois de calcaire gris, rouge ou
brun, de micas, d'argiles violacées ou safran{•es, elle prolonge
ce paysage tourmenté où nous vivons depuis quelques jours.
1-'ig. ::!!l. - LP •'ÏI"•!III' "'' TasPrart (.\1"1 .\hdi) (pagr W).

Fig. :lo.- llnPd Onnz.- ti01·ges de Tifrloniu n".\lla•·h (png•· -lï1.


DE lllnt:-.AT .\ L'ouED 'ILOUYA 45

La halte sc fait en plein bois, dans une clairière très sau-


vage, il eùtt'· de CJUelcJtH'S huttes de bergers. Ces pannes gens,
surpris de l'honneur imprént CJUP leur fait le chérif d'Ahan-
ça/ en venant campcr auprès d'eux, nous apportent du lait
aigre, un mouton, en s'exeusant que leur misère ne leur per-
mette pas de faire mieux.
Cn vent d'Est glacial s'est levé, balayant la vallée, secouant
nos tentes d'une fa~on iiH{Uiétante. Dans la soirée le vent s'apaise,
la pluie lui succède, une pluie lcntc>, (lUe coupe par instants la
tombée solennt-lle de larges flocons dl.' neige ... :\"otrc camp
l~rend un aspect lamentable sous ce lineeul ; nos mules ont l'air
81 pito}ahle sous leurs bàts trempés : leurs pauvres pattes entra-
Vées s'enfoncent dans la houe glaciale !

18 janvier
Il a plu et neigé toute la nuit. Yers 7 heures le temps s'est levé,
le vent a tourné, les nuages se sont déchirés, et le soleil est
apparu. Les bergers ont !•ventrè les haies de branchages qui gar-
dent leurs troupeaux des volem·s, des lions, des panthères et des
hyènes, et nous avons continué l'ascension du Djebel Tingarta
(Tinguert), ce gros dôme qui, depuis deux jours, Larre notre
horizon du coté du Sud-Est.
L'ascension se fait dans la neige. Les chênes deviennent plus
rares lllais plus gros; ils font plaee ensuite à de beaux thuyas,
analogues à ceux des forêts des Beni Mguitd: le sommet de la
~lontagne est chauve et roehcux, il disparait aujourd'hui sous
a neige.
?n aperçoit du Tinguert toute la partie du .J1oyen-Atlas com-
prise entre la vallée de la Mlouya et le Djebel Joukhne'in. L'os-
sature en est constituée par deux arêtes : la plus septentrionale
;st escarpée et continue comme une falaise; l'autre, qui forme
éa herge nord de la vallée de l'oued P.l-Abid est moins haute,
dchancrée de plusieurs brèches, et se prolonge à perte de vue
l'ans l'Est où se protile la silhouette d'une grosse montagne iso-
ee, le Djebel Toujjit. C'est de ce Djebel Toujjit que sortent,'
~:~sés par leurs s~nnn~ts. les ou~ds Mlouya et e~-~bid d~nt)
coule vers le :\ord-Est et se Jette dans la ~led1terranee,
Ali CŒUR m: L ATLAS
1
pendant que l'autre coule vet·s l'Ouest et pol'tc ses eaux à
l'Atlantique.
Nous voici doue, enfin, cu vue de cc hut <JUC nous avons si
labot·ieuscment poursuivi. Pour la pt·cmièrc fois j'obtiens la·
confil'Ination <Le l'hypothèse sur qui reposait mon itinéraire : que
. le Ll'lu.'jen-Atla:; et le Haut-Atla:; sont silparés par une vallée,
( orientée SUivant la bissectrice de ranglP formé par les deUX
1
chaînes, ct dont la dit·cction prolong·e la haute vallée de la
1VIouya. Cette ntlléc ounc, entre Jferrakeclt et le Sud algérien,
la voie de communication que nous cherchions.
Nous sonnnes trop rapprochés du Haut-Atlas pour en voir
autre chose que' les avants-monts dontle Tinguert fait partie. Rien
ne saurait exprimer la tristesse de ces solitudes désolées. Les
assises rocheuses affleurent sous la neige dont elles strient la
hlancheur, et, sous ce suaire hivernal, les éboulis de hlocs cal-
caires semblent former un infranchissable chaos.
Ce col de Tingue1·t porte le nom de Col du vent : Aguerd
n'Ouarllwu. Il conduit à la vallée de Taseraft dans laquelle nous
descendons par des escaliers et des lacets où mules et gens, peu
accoutumés à marcher dans la neige, cherrùnent avec beaucoup
de peine. On nous montre deux ruines et un cimetière perdus
dans ces déserts, vestiges d'une fraction que la discorde divisa
en deux tirremts qui se détruisirent.
Quelques troupeaux errent, épars sur ces pentes neigeuses,
en <JUête d'une pâture problématique. Le froid est si vif que le
gave que nous suivons est g·elé. Un affluent égal à lui le gros-
sit avant l'entrée de la clairière de Taserajt où s'élève une
bourgade de 150 feux des Aït-Abdi (1 ). Ce sera notre glte. Les
habitants SOilt doux et accueillants. Us cultivent toutes les ter-
. res accessibles à leurs charrues, et paraissent riches. Mais l'hi-
~ ver les bloque hermétiquement dans leur. ravin ; la neige s'y
amoncelle jusqu'aux toits des maisons et justifie le nom berbère
de ce cirque : Taserajt, la trappe.

19 janvier .•
Le <"iel se couvre, le vent tourne à. l'Ouest, il faut sortir au '

(i) Voir: Renseignements.


;::

ç
Dt: IJEMNAT A L OUt:D :\IJ,UUYA 47

plus vite du eir·que de Tasera(t, si hospitalier tfu'en soit l'<w-


cueil. Notre départ a mis toute la bom·gade en rumeur. Les
hommes entourent l<' du'•rif et sollicitent de lui de nombreuses
fatihas ; les f<'mmes lui tendent leurs enfants et s'efforcent de
toucher ses vètements ; et. <·omme tlll p<'U de la gràce divin<'
r·ejaillit asstrr·t·'IIH'nt sur l<'s s<'rviteurs d'un aussi saint person-
nage, on nous presse, on !mise nos mains avec une artleur tou-
chante, mais exeessin~.
Les hommes son remarquablement laids-. Us ont des traits
trop forts, le nez gros, de grandes oreilles, une bouche énorme,
des dents de carnassiers. Leur visage est précocement tanné par
le hâle et le soleil, et sillonné d'innombrables et profondes rides.
Les femmes sont afl'reuses et repoussantes. Elles se barbouil-
lent le visage de henné, s'enveloppmit la tète de chifl'ons sor-
dides.
Le gave qui nous a conduit à Tazem(t nous sert encore de
guide pour en sortir. Nous longeons son cours qui grossit vite
et devient un joli torrent, auquel on donne le nom d'oued Ouaz.
Il coule entre deux chaines boisées et désertes qui se resser-
rent brusquement obligeant la rivière à se tailler une issue dans
sa berge méridionale.
La gorge de Tif'elouùt n'A ttach ainsi ouverte a des parois de
.too à 500 mètres de hauteur, elle est sauvage et grandiose, le
Yent s'y engouffre en rafl'ales qui nous mordent cruellement,
ca~ le kheidouz berbère, si approprié à l'immobilité, à l'équi-
~tton, si commode pour s'envelopper, est peu pratique pour
a lllarche, surtout dans le vent.
Au sortir de ~ette gigantesque entaille ouverte dans la roche
;>uge, l'oued Ouaz coule dans un magnifique canal naturel,
d llne centaine de mètres de largeur, dont les rives sont droi-
tes et escarpées contme des quais. Dans la berge orientale sont
creusés les Arzen n'Aoujgag, les magasins des Aït Abdi. Ce
Sont des niches foPées à mi-hauteur de la falaise et reliées par
Une herme de 60 centimètres de largeur. Chaque compartiment
a sa porte en bois, solide et munie d'une serrure. Le propriétaire
ne ~ut l'ouvrir qu'en pré~ence de l'un des deux gardiens qui
hahttent à chacune des extrémités de cette corniche naturelle.
i8 At; CŒUR m: L'ATLAS

Xob·e étape se prolonge dans la nuit et nous arrivons ù A(erda


au clair de lune, au milieu des chants, des coups de feu, des
cris de joie. Cet accueil nous montre de quel prestige jouit notre
guide si aimable et si dévoué, le chù1·if d'Ahan~al.

20 janvier
A(l'rda (ou 1'fljerda) est un villag·e : ses ha hitants portent le
nom d'A tt ou A(erd. On n'y n>it ni tirremts, ni appareil guer-
rier. Les maisons meublent l'hi·micycle de collines, en tapissent
le fond, en <'scaladent les parois, s'y superposent, sans ordre,
sa us. précautions défensives. Cc sont des maisonnettes basses, à
toit plat, construites en dalles calcaires ou en pisé, se confon-
dant presque avec le sol dont elles émergent peu. Presque tou-:
tes sont précédées d'un auvent, support(· par des poutrelles de
hois, ee qui leur donne un air de légèreté gracieuse.
l"n marché s'y tient le mardi (et-~. ~ous y faisons séjour
et nos hôtes ne nous caehent pas que notre caravane de 23 hoJil-
mes et U animaux constitue poW' leur pauvreté une très lourde
charge. Mais vraiment nous ne pouvons pas continuer notre
route sans un jour de repos: nos hellera n'ont plus de semel-
les, nos mules plus de fers, nos chouaris plus de fonds ; noUS
sommes dans un état de saleté lamentable ... Aferda est tran- ~
quille, bien abrité, elle possède un savetier, un forgeron, son ·
ruisseau est propice à notre lessive, nous y séjournerons donc, ~
quittes à rendre légère autant que nous le pourrons, et à rému- ~
nérer largement l'hospitalité dont nous sollicitons la prolonga'
tion.
Un des notables est venu nous inviter à prendre une collation
chez lui. Sa maison est campée en espalier, à mi-côte, adossée
à la colline, exposée au soleil; c'est l'une des mieux situées,.~
l'une des mieux construites d' A(erda. Ses murailles sont robUS' ~
tes, épaisses de plus d'un mètre, faites de larges dalles cimentéeS:
avec de l'argile, sans fenêtres ni meurtrières. Une cour inté'
rieure précède le seuil, encadrée de hangards qui servent d'écU'.
rie et d'étable. Les animaux sont aux champs; les mules et leS
vaches labourent, car .on laboure encore en cette saison avan'
cée: lf's troupeaux so11f au pat·a~·p dans la mollt:I!-!'IH'. l:11e fr&s
YieillP mule ;.:·rist', tjllf'l<!llf'S poulf's, tlPIIx chit>IIS llf'lt'•s t(UÏ dor-
lllent paisihlPIIIPIIt. so11t lf's st>tds hùtf's dt> cP 1ieu.
Les ff'llllllf'S dt> notJ·p hùte arcom·ent. di•s lf' poi·chP, pom· nous
baiser les mai11s, nous souhaitPr la hiPIIY<'IIll<' d 11ous im·iter
à fr•a11chir lf' sPuil. La porte df' chènf', massi\·f' Pt r·usti<jue,
tourrw en griw;ant autour rl'UIH' simplP foun·he df' hois, Pt se
ferme par un lotfli<'t tpÜ mortl tlans le chamhranlP.
La Inaison <'OIIIPI't>nd tlPux pii•cps: la pl'f'lllièrl' a 10 mi•trPs dP
long·, sur i dt> la rg·p, pt :J dP ha ut : la spcondP. plus pPtite, sur-
élevée d'un mi-fr<', est st'•parè<' dP l'autr·e par mt mur has, <JUi
ne Inonte pas justlu'au toit. On y accèdP par un<' hrèchl' prati-
<{Uée dans le mur. La !.!TanÔP salle sPrt de cuisillP, de salon de
réception et de chamiH~<' des hôtes; la 1wtite tloit t\h·e la eham-
hre à eoucher du maih•p, et so11 :.:Tellier.
On t'prouve, Cil entrant dans evette df'meure. llllt' imprPssion
de fraîcheur Pt tle ealme. L'obscurité de cette pièee sombre,
dépourvue de fenètres, contraste an•c Ltn•udantP lumière
d'un radieux midi de Janvier. Le jour ne pé11i:h.P que par la
~rte : C{Wllld elle est dose, tjtiChjues rais lumineux filtrent
a travers les hra11dwges de la toitm·p éclair·a11t lt•s volutes
de fum(~c hleue d'tm joli feu de bois t{Ui hrùlP diser·ètement
dans lt> coin le plus noir. Trois femmes, accroupies autour d'un
• gt'and plat de bois, prépare11t le herkoukes que l'on nt nous
· servir.
La scène est d'u11e simplicité patriarcale. Les hommes sont
assis en demi-cercle, sur le sol recouvert de deux grands tapis
de laine écrue très épais et sans aucune teinture. Au centre
~t placé l'ancêtre, un vieil homme glabre, hideusement ridé.
i otre hôte est son petit-fils, les autres personnages so11t des

P<l~ents proches, frères ou neveux. Un comnwrt;ant de passage,


qut sait l'Arabe, nous sert d'interprète, car les gc11s d'A(erda
ne parlent que la langue tamazirt.
d On trouve de tout, dans cette salle commune : la provision
d~ bois est hien régulièrement entassée près du feu, les saes
d orge ct de hlé sont rangés le long du mur. On tlistin~aw
ans la pénomhr·e le grand métier sur lequcllt>s femmes tissent
·•'
50 AU COI<:rll OE L ATL.\8

les IH'JHiit•as Pt los kheidouz dP lainP pt ckux l'hill'l'U<'S, tlont les


socs, PJWOJ'P souillt\s do tc•J'l'<' ft•aic'hP, J'Ptic'•tc•nt IPs c'•dats tlU
feu. l"n aUit•ail I;'U<'J'J'iPJ' : fusil, djPhit·a c!P cuit· cclltstPIII•P de
pdits <'lous d'acif'J', eorHP dP dthï'<' ou dP HtnufloH S<'t'\ a11t de
pou cl r·iC:~re, dég·ot•!-!·eoi J', mouiP it hallPs, lll<'SIII'<' à pond rf', pend
à la muraille.
Tout Pst noir d luisant de fumi'•P. La toihll'f' Pst supportée
par dPs piliPrs de chênf' gTossièr<•mPnt é<JWII'l'is. Un connaît, à
ln profusion ct ii la <JUalit(~ des matériaux, <Jill' lt• sol est roehPUX,
<lUe la forêt Pst proche. L'PIISPmhlc Pst massif et frustl', mais
solitle. Au milieu de cP d(•cor primitif cl'rtains détails consti-
tue~t des anaehronismPs l't font tache : li' fusil, la théière
anglaise, le cofl'rPt à sucrP, lPs pains de stH'l'P <lue l'on casse
avec un galet, le plateau dP cuhTe cisPlt'>, les petits verres
à thé, produits allemands d'une laideur toute germanique.
On a servi d'aborrl le herkoukes. L 'mu• dt's femml's, la plus
1\gée, l'a apporté SUr Un g·rand plat df' }Jois, lllll' (JIIf!~âa, f't J'a
di~posé dl'vant le cht'~rif, f'n l'arrosant dl' hf'tn'l'e raJH'<'.
Aprôs le hl'rkoukPs on a hu lt• thé h·<ulitiotlltl'l. Dl's formu--
les courtoisl's, d'aimahlf's vœux, acconqwf,!·ni'Ill tout le repas.
Ll's voisins et amis, gToup(•s e11 cerdf', adti•n•Ht 11os plats,
pendant <JUe les fPllllll<'S s ·l'm ploient,, alf'l'l('s d discri•tes, à
chàutl'm· l'eau du th<'~ et à fairn l'ireulPI' 1lt• l'Pau ft·aichP.
L\me d'elles est gracii'US<', pi·esllU<' jolie: toutl's trois sont J
renutrquahll'ment pr·oprl's. Leur l'ostum<' dïutérieur sc con•- ~
pose d'nue pièce de eoton blanc sl'rrél' à la taille par une /
ceinture, agrafé~ sur les épaules, J,éant<' d{' l'épaul{' à la cein~ ·
ture, 'laissant voir lf' huste, et 11rlmir{'r sa pt'rfection chi'Z la:
plus .jcmw, sa déchéaiH'I' ehez lf's rif'HX ainées. Ll'ms eh{'veulj
sont relevés sur le sommet df' la tP!e f't dessinf'nt, sous le foU',~
lard de soie noire ou roug<' qui les recouvre, une sorte de bon-·
net eti forme de bicorne, posé en travers de la tête. Une cein-
tur<' ou un cordon de soi<' l'lll'oulèP autour de cet édifice l'orne
et le maintient. Les cheveux sont eoupés courts par derrière ;
on t•onserve seulement deux nattes sur les côtés de la tète, et
les t'~lt>gantes en laissent déborder deux mèches qui s'ébourif-
fent hors du foulard, sur les tempes.
I'Jall<'he .\\îJ

Fig 13 .
" · - \ allét• dt' l'Oued Ouirin (llault• Y<lllt'•e dt• l'utlt'd p]-.\bid) (page :i2).

,.. Fig. :IL - liat lit• 1aJiét' dt• 1'1 '""" 'IJo•n·a (rÎYl' !!au.-ltl').
·•lli!Jtt•lltt•ttl 11P 'J' aoupnza.- J'·ort•l
. 1Jt' 1· Jlt'lles'
. '1 t•s. ,..11 .'"\.Issa
•. ''tl)
( pagt• ~, •.
hE DEMl'iAT A L'OUEII ~ILOUYA 51

P<>lldaHt tout lP fPmps 11'1~' duet• 11oh·p t'Ppas, les voisins, les
pae<>nts, lPs amis, Pnh•pnf, sol'iPHt, s'assoiPtt!, pt·t>nnPnt pal't à
la <'OilYcrsation, simplemPnt, sans forutalitt'•~». LPs fPmmes ont
liht•e aecès; cll<>s app01·teut lem·,.; Pnfants pmu· lt>s fait'!' bénit·,
sollieitc11t des amulette,.; ou des l'l'llltJdl't>.
Au llloment oü nous allions uous len•t• pour sortir, noh·e hùtc
a fait Ve"IJit· devant le chérif sPs deux del'llières femme,.; ct, tout
llalvement, lui a con,M !{U'ellPs se disputaient sans l'!'SSll et l'a
pri(• dn les t•éconcilier. La plut> iigi•e s'est pt•osteru{~e en sup-
pliante, le front conh·e tel'l'e, les mains ct•oisées det•t•iilt·e la
nuque. L'autre, une petite fcnuuP toute jeune, au type kal-
ntouk, pommettes saillantes, teint bistre ct yeux hridt'·s, est
d.emeurée roide ct immobile avec un air de dNi IJUi ne promet
rten de hon pom· la félicité do notre pauvre hôte. Il nous a
c~nfié '{UP sa première femme, la doyenne, remplissait, comme
c est l'usage, les fondious d'intendante, de maih·t>sse de mai-
son : la deuxième est la veuve de son frère qu ïl a {·pousél', sui-
vant l'usa ge encore, pour reeuc1·11·n· ses t roHi · nen•ux en lJas <tge;
'
la troisièmp est la favorite, elle sait son empire sm· le maitre, et
se ~lait à pt'OVO!{UCI' insolemment la jalousie des deux autres.
:\otr·e soiri•c s'est ~tdH'\ï·~e dans tlll(' oisi,·eté J'Pposantc. Per-
sol.nnei et nwtèt•iPl sont dans un Mat ~»ati~»faisant : le moral seul
atss"" •l: l 1I'Sll'et•.
· · .
L1•s extg·enePs .
dP noft·p escol'lc dcnennent
tyt·an · ·
tuques. :\os lwuuncs t•(•dameut it tout pt·opos, ct hors de
propos. L'antagonisme entre mes seniteurs et ceux de10 che urfa
tran~t; les sujets ordinaires de leurs 1fUerelles sont les gardes
nUit, l'altct·nance del-l période~> de marche ct de montag·e des
mulets · Il Ill .arrtv('. !-louvent 1l' ètre !-leu l le
l toute ma cat•avane a.
~larcher à pied ... ~louley el-H:u;t>eu t;'etl't-aill tlc cette liÏtuation,
1 préy 01't 1 , 1
lU e le im s 'ag·gTa \·a ut à mesu1·e 1fUC uous nous ra ppro-
c~erou., du l:-;ud, de la patt·ic de uoloi hommes, ct que lui ct les
Siens Set'OJ 1t Illassact'cloi
to ' d an~t l' vued Dra. C'c qm. l"Iri'tte
. par d essus
·. ut, c 'e..,t d · · ·
" e \·ou• mon autorite ct·oitrc en raison wverse · · de la
lllen.ne La f t . . . 1 . . . . . . .
}[ · au e n en est m a m m a mot, mats a sou cousm
l ouley ahd-AUah, cc vieux reitrc, toujours le premier levé et
~dernie1· eouché, inlasti,ahle en route, insatiable à tahle, qui
tend comutander noh·e pct·smmcl comme un négt·ier sa cara-
.\U CŒUR llE L ATLAS

vane. La <'ondusiou ù tit•er dl' <:l'ttc cxpt~t·i!'nee est <JUÏl IH'


peut y avoir Cil cc pays que deux sortes d'escortes pour tilH'
cxpt~dition du genre de la nùtrc : une escol'te de sPnitPlll'S t·eli-
gicux, diseipl!'s du eh!~rif et tout à sa dt~votion, à qui !Pur l'hef
spiritu!'l dmml' la bastonnade pom· tout salait·e- j'ai pu apprù-
cicr la doeilitl~ ct l'attachement d'une telle escm·tc pendant lP
voyag·<~ <JUP j'ai fait, en 1900, avec le ~~hérif d'Ouezzan: ou bien
un p!'rsonn!'l Mranger au pays, d{~paysé, et par consÙ<Juent
fidHe par discipline ct par nùc!'ssit<\ sinon par dévouement, tel
<JUC s<•t·ait, par· exemple, un ddac hement de tit·ailleurs ou de
spahis al!-!·ùriens ou sowlanais.

'i1 j am: wr
.\ous jouissons d'un hivet· exceptioHnPllemcnt doux, Pt sans
neige. La cr(~dulitè publique attribue le méritP de cette fawur
aux vertus de notre chérif <JUÎ passe pour un grand thauma-
turg·e. On cite dèjit d'étonnants miracl<'s à notre actif: l'autre
semaine une fraetion des A 1'1 Sou!.lmwu avait, parait-il, résolu
de nous attiHJU<'l' petHlant la nuit, pour piller nos hag;ag·es et
nous t'~g·orget•. La nuit Mait radi!'use, ·un splendide da ir d.e lune
t'~elairait la forêt. (juand les pillards voulm·ent sc mcttt·e cil
t•outc pour comnwttt•c leur f01·fait, d'l~paisses ti•n<'~br!'s les 1'11\<~­
loppèrent, rendant !Pur marelw impossible. l'm· h·ois fois ils ten-
tèrent de repi'mHlrc l' ex(~ctttion de leur projet, et, cha<JUe fois,
l'obscurité les arrêta. Ce matin trois d'entre eux sont venus se
prosterner aux pieds du cht'·rif, avouant puhli<JUement leur
faute, confessant lem·s crimes passés, implorant le pardon et la
ht'·uédiction de Mouley el-Hassen ... C'est la première fois <Juïl
m'est donné d'assister à cette sorte df' confession publique que
ni les usag-es ni les traditions islami<JUes ne comportent.
Nous sommes partis d'assez bonne heure, talonnt'•s par des
menaces de pluie. ~ous nous dirigeons sm· ce Djebel Toujjit
que l'on nous a désigné l'autre jour comme étant la source d'où
sortent la Mlouya et l'oued el-Ahid. Le chérif Amhaouch y pos-
sède une zaouia : Sidi Yaltia ou Jousse{. Chemin faisant nous
eoupons plusieurs affluents de l'oued el-Ahid, puis l'oued el'
Abid lui-même. Il porte ici le nom rl'oued-Ouirin, coule sage-
=

= 0

--:: ~'

..
--=
lllent sm· un lit <If' ~·alPts. (•Jttl'P dPs collinPs hoist'•ps, Pt n'a 1-!'Ui•re
plus d(' ;) nH\!rPs <j<' lat·geur ..\u h•!Hps des nPil-!·es il tlevient un
tonent infranchissable, ainsi que l'attestPnt les tll•hris, les
roches roul{~('S, lf'S t!'oncs tl'arhrf' flott(•s lfUi s'eucilf'Vt\trent SUr
ses rives.
Lne surpris!' nous attf'wlait au sommet <le sa ))('rge mh·idio-
nale : la plaine! .\u sortir df' Cf' ehaos montagneux où nous
marchions f'll aveu~des, sans rien voir I{Uf' lf' dos des eollines sur
qui moutonnent lf's.._ bois de arrars Pt 1IP ciH\nf's. les falaisf's qui
bordent lf's plateaux, et les ct'l\tps neit:'etJses des hautes monta-
g~es, nous dt:•couvrons, à l'improviste. un horizon plat, le pre-
mter depuis lftH' nous avons quitt(~ la plaine de :tterrakeclz. A
vrai dire ce plateau n ·a guère que 5 kilomdres de largeur (~ord­
Sud), tandis ({Uf' ,.f'rs l'Est. un sPuil 1IP collinf's le ferme à une
demi étapf' de nous.
La chaine du "lfoyen-Atlas h· horde au Xord: ses sommets
les plus élevés ne semblent pas atteindre 2.500 mètres. Lm;
Aft Seri, les Aït lhand, lf's .lït !chclleqqm·en, lf's .lU Isluîq,
la peuplent ct lf'urs territoires touchent la plaine du Tadla (1).
La chaine du Haut-Atlas la horde au Sud, f'llc est toute
blanche, eomplexc, mystérieuse, traversée à noh·c hauteur par
un col lfUi md .l(erda en relations avee le Tlwdi·a.
Après 2 heures de marche nous attci~·nons. en remontant lP f
lit d'un torrf'nt, lf' village <le Tiregden~~ perché sm· une colline
~~cheuse, escarpée. Tout autom· lf's champs sont dMricht'•s,
.en. cultivés, délimités par des enclos de hranchat:·es. ~ous
1

penetrons ici sur le domaine du fameux chl-rif Sid .\li .\mha-


~Uch, le plus puissant ct le plus riche per,;onnag·c de l'.ltlas .
.a résidence habituelle est la zaouia d'.-li·bala, 1>etite hourg·ade -
Slt ' c
· ~ee au fond d'tm cirque rouge cncadrt'· 1le monta.~.mcs
hotsées.
Arhala <'st une ville sainte, un lwrm, un asile inviolable :
aucun
d' re lllpar t ne l a protege
. . nu 1 etranger
mais . ne s .anserm.
. 't
v ~n franchir le seuil. car elle jouit d'un renom tragique : On
• egorg(' les Juifs, on y hrùlc les envoyés du mag·hzen: ~~·est
" ~
,)j A 1; CŒt:R TH: L'ATLAS

là que fut massacr(~ traih'PUSPillPllt, en 1894, l\louley Srour, le


proprn oru·ln d<> :\loulPy .\hd d-.\ziz, deux fois sacrô puiscruïl
Mait l'amhassndeur du Sultan et l'hôte du eht'•rif.
Nous faisons halte ù trois kilomùtrcs de la zaouia pour
Pnvoycr notrP zettat, Ami·ar hcn 1.\'ac;Pr, solliciter l1wspitalitt'·
du chérif Amhaouch. L'annone!' que des cheurfa Mrangcrs sont
il sa porte énwut fort le grand santim. - « Oü vais-je pouvoir
les loger? )) s'(~crie-t-il.
En apprenant que nous avons un camp. des tentes, des ser-
viteurs, il sc rassure, et nous fait dir·e IJUe nous sommes les
hien venus.
P~ndant cette rapide négociation la pluie s'est mise à tomber,
nous pénétrons dans Ai·bala au milieu d'une foule d'honunes
encapuchonnés qui font la haie sur notre passage, immobiles ct
c'·nigmatiqucs.
Sid Ali Amhaouch est venu baiser la main de .Moulcy el-Has-
sPn ct nous désigner l'emplacement de notre camp. Il nous a
conté qu'il rec;oit depuis deux jours courrier sur courrier l'ap-
pelant auprès de son frère maladP. Une force invisiblP le rete-
Hait ... A l'instant mènw où on l'avertissait dP notre appr·ochc,
une lettre venait de lui annoncer la guérison soudaine de son
frère ... Ce douhle évènemPnt n'est assurf>ment pas une simple
coïncidence ; Sid .\li y voit la manifPstation miraculcusP des
vertus de son hôte. Et nous voici installi>s dans la zaouia mysté-
rieuse, au cœur de l'Atlas! ...

22 janvier
Al'hala, comme toutes les cités marocaines, perd à être vue
de près. De loin c'était unP ville, enclwss{~e dans un cadre som-
hre de montagnes Pt dP forêts. Ville sacrée, inviolée, que sa
merveilleuse et tragicpw li·g-enclc~ faisait prc'•sas-cr intt'•ressante et
curieuse. En réalité elle n'est qu'une agglomération de maisons
massives, cubiques, construites en pisé rouge, recouvertes de
toits plats, groupées autour de deux ou trois grandes tirremts, et
rien dans les mœurs des habitants, dans leur caractère, ne parait
justifier leur terrible l'Pnom.
Mais, si AI'!Jala dt'~c;oit nos cm·iosités, son chérif, Sid Ali
.::

ô
=

.-

k
DE llE~I:\'AT A 1:0Cf:ll 'II.Ot:Y.\

Arnhaourh, nous dt'•tlommi!-!'C. Il <'~t l'un d1~s gt·awls chefs spiri-


tuels du :\Iaroc et. <lPpuis la rnr>t't de Sitl el-ArLi ed-IJerqaoui, lP
plus puissant prrsonnagc reli~·ieux du Sud-Est.
C'est un homnw de F> ans <'11\·imn. ~·t•antl, très blanc de peau,
et remu•<Juahlemrnt ltit·sllte. li podc toute sa barbe ct de longs
cheveux qu ïl réunit sut• le somnwt de la tète ct qu ïl recouvre
d'un simple mouchoir de coton hlanc. Il a le nez un peu bus-
qué, de g;rands yrux teès mobiles ; la bouche lat·ge est pavée
d'énormes dents.l'ahsence d'unr pr:•molait•e y fait une fâcheuse
brèche. La voix est forte, le Y<'t'IH' tt·anchant, le geste exubérant.
La politesse tempùrc la bruS<JUCt'i<' du caractère et l'intransi-
geance dPs idées, mais on sent percPr dans la discussion un tem-
pérament combatif, autorihire, fait pom· commander et pour
combattre.
Sid Ali ben el-:\lckki Amhaouch nous a conté lui-même sa
g~néalogie ct son histoire. Il est de la lignée des cheurfa Idris-
sues, dépossédée par la famille cles cheurfa Alaouites actuelle-
ment régnante ; cette origine cxplicptc la terreur et la haine
qu'il inspire aux Sultans .
. l~c premier de ses ancètrcs <JUi porta le nom d"Amhaouch fut
Stdt .\li ou H'sàcin. Il eut dix enfants, et laissa la baraka, le
majorat spirituel, à l'ainé Sidi Mohammed ou Ali, plus connu
sous le nom de Sidi .:\lohammcd ou Xàcer, qui eut seize enfants,
et légua la baraka à Sidi 'fallut, qui la tmnsmit à son fils Sidi el-
~fekki, père de Sid Ali Amhaouch.
~id Ali fit <le fortes études de théologie, de droit et de gram-
tnatre. Sa jeunesse se passa entre Arhala, Fès, Meknès et Merra-
kech · Les A ft lchcheqqeren sont sa tribu. On le nomme « le Sul-
tan de la nwnta~mc ». Ce tih·e lui fut donné par son maitre Sid
e~-~aouàri, fondateur de la zaouia derqaouia de Ferkla. Il
restde, tan tot r\ A rb a/a, dans la fraction d'AU Abdi ; tantôt à
[illouna, chez les A a Ow'dir: tantot à Tlata-n'ou-A1•ah, près de
a zaouia de Sidi Yahia ou Youssef, aux sources de l'oued el-
:bid. Il est polygame, dans chacune de ces résidences il a
emmes, enfants et serviteurs.
D'ailleurs il vit avec.l'afl'ectation de simplicité et d'austérité
ii li

({IIi ('at·;wlc'•t·is(' Jps JlPt'qaOlta, dont iJ <'SI aduPJJPIIIPlll )p ch<'f


le plus puissant et le plus compr!~hensif.
Sa maiso11 (l'Ai·hala, dans la({U<'ll<' il tint it nous !'<'<'<'voir,
est une vaste cnc<'intc en pisù Pl en Jiranchn~·ps cl<' chèn<'. La
nudiU~ des salles r<qwllc les kheloua, l<'s chamhr<'s vidPs où lPs
hagiogt·aphcs musulmans sc plais<'nt it rcpr!•scntcr l<'s solitaires.
-cc Voyez nw misère - nous dit-il - et dites si c'est là le
palais d'un amhili<'ux, d'un prétendant? ... >>
Et Sid "\li nous cout<' S<'S dènu~U$ avPc l<' Sultan :\loulcy
cl-J:Iass<'H. Il ti<'nt sm·tout ii nous twrrN' l'histoire du meurtre
de Mouley S~·ou~·. dont on l'accuse, ct !{n'il cxpli!{U<' d<' la fat;on
suivant<' :
L 'anw~c que 1<' Sultan, Mouley cl-Hasscn, luttait avec les
revers que l'on sait, contre la rPh<'llioHd<'s Êliata (1892), la tribu
dPs A ït I~sa. fraction des A ït Suukhrnan, choisissait pour qard
Adrtatar, .homme hrave et loyal. Le maghzen voulut lui impo-
ser une de ses créatures, Si!l ou Bassou. Mouley Srour, qui
tenait campag-ne chez les Srarna, ret:ut l'ordre dP soutenir le
candidat du ma~rhzPn, et au h<'soin de l'introniser de fore<', en
l'appuyant a wc sa barka.
L'oncl<' du Sultan s'en vint. par le t<'rritoirP rlPs Zaïan, avPc
200 cavali<'t'S seulement. Il s'engagea sans précautio11s, sans
!léfianc<', clans le col d<' Tirranimin !fUi fait communiqtwr la
haute vallt'•p d<' la Mlouya an'c Arbala. Les Aït Abdi l'atten-
daient emlntsqu{•s (l<'rrii•r<' l<'s huissons fourrt'>s !fltÏ hoisPnt
le défili~. Ils s'{•lanci,rent it lïmprovistc, en tirant des coups de
fusil et en poussant dcs cris. Les cavaliPrs, affolés. se jetèrent
les uns sur lcs autres, se housculèrent, s'cntretuèrent, et dans
cette panÏ![tW ~loul<'y Srour fut (U•sar(:onn{• ct {•crasé. l' n mon-
tagnard lui coupa la gorg-e sans mènH' savoir qui il était.
Le Sultan tint 1<' ehérif Amhaouch pour responsable d<' cc
guct-apens. L'année suivante il t~![Uipa une forte barka pour
soumettre les A ït il hdi et prPtulre le chérif. Les montagnards
effray{•s ahandonnèrent la cause de Sid Ali qui rt>sta seul avec le
qaïd Mohamme(l oul-B<lz ct 1;)O fusils. Il mit le feu aux maisons
d'Arbala, puis gap:na la montagne, d'oit. pendant tout un mois,
il harcela l<'s trmqws du map:hzen.
DE DE11:\'.\T A r.'OUEO )lf.OtYA 57

CepPndant l<'s JHoissons hlondissai<'nt <lans la plaine ; les


fPmm<'s, l<'s Pnfants, lPs tJ·oupPaux, p<HissaiPnt clans la monta-
!-'llP: lP nomhr<' d!'s fidHes <1llait dôrroissant. Sid ~\li PUt pitié
d<>s si<>ns. il <'llYO~<t l<' l{ilïd Ou 1-Bl\z fair<' acte de soumission
en immolant 1 hœufs dPvant la tPnt<' elu chef de la barka.
La rampa,!nw prit fin, l<'s g·ens du nw~rhzen quittèrent av<'r
bite C<>s monbt/-!·nes inhospitalières. Le Sultan fit savoir au rhé-
rif Amhaourh ({UÏllui aceor:lait son par1lon <'t serait lwur<'ux
d<' le voir ù sa cour. Sid ~\li n'eut g·ard<' 1h' S<' rcn1lre ù cette
invitation. Depuis lors il se tient su.r la défensive sachant que
son voisin, le qald des Zaïan, épi!' ses moindres mouvements, t't
que sa tète est mise à prix. Le dernier (jUe tt'nta cette prime fut
~n pauvre diahle dt' mo;:rhazni qui, dans le Ferkla, le manqua
a hout portant de deux coups de fusil. Il fut saisi par les J)er-
rraoua furieux, ct hrùlé vif.
, T<>l Pl'lt le -récit quP ~ons fit ~id Ali. Le qaïd Ou 1-ijâz le con-
hrmf' Pll Tamazirt, car il i~·norp l'Arabe, et sa face affrNISP-
Illf'nt hourg-Pomwntl' s'Pnlmniiw au rècit df' Ct'S prouPSS!'S
passées ...
Il n'est qui' trop cl'rtain qui' nous nvons en cc chérif f;mati-
quc un adversaire avisé, ct qui' nous le trouverons en travers de
toutes nos tentatives à la tète de ses montag-nards de l'Atlas. J'ai
dit qu'il était 1l!'rqaoui ; l'ml!' 1le sl:'s filles:, épousé Sid Bha, fils
df' Sid d-Haouari pt petit-fils du fondatl'ur de l'ordre Sidi
el-Arhi.
Détail à retenir, Sid ~\li ~\mhaouch, li' chi,rif fanatique, Pst
un disciple fidèle du chérif de Tamesloth, df'r(poui également,
~hef df's Ai"t Atta, protégl• an~dais, et 'ami très dévouè de la
rance dont il m'a chargt; de solliciter la protection (1 ).

~.1 janvier
A 10 heures 30 nous étions en route. Sid ~\li nous accompa-
n ' il n ous f era l PS honneurs cl e son terrlfotrl'
gn<' . . .Jusqu
. "a cc qui'
ous ayons franchi lr>s tribus dang·erPuses 1lcs Aït Ahrli ct fh~s
58 AU Cllt:l:R DE t'ATLAS

Aït I!tand. Chemin faisant il nous I'PJLsei.!.i·nn sm· la topog-t·aphic


Pt l'histoirn <lP <"PS t·t'·g·ions qu'il contutit admit·ablPmcnt.
:'-lous Psealiulous 1l'abord lP col <ln Tirranimin fl'ilnchissant
ainsi le sPuil qui st'•pat•n ln bassin atlanti<[lte <lu bassin ut<'~di­
lt>t'I'<Illi•f'n. C'Pst lit <JIIP p<'·t·it :\louley St•om·. L'ascpnsiou Pst fa<·ilc,
la route ath•iut Pli unP lH•ure le sommet du col <l'oit la ntc est
splendide. A l'Ouest l'.ltlas-centml foi•mp un cahos <JUi semble
incxtriea hic, infmnchissable, s'étendant de la erètc du Djebel
bou Gemrnez aux eollines <lu Moyen-Atlas.
Au Sud le Haut-Atlas pol'te <leux énormPs montag·nes :le
Djebel Mqrour, au piPd dmtuel passe le cal rLlhançal; le
,, Djebel Jfaasker, qui domine le col d'b·il par où l'on \<t d'Ar-
" bata au Tlwdra.
Au Nord les montagnes du Moyen-cltlas portent les noms des
tribus rpJi les hahitcut. Le ch{~rif Amhaouch les énumère avec
volubilité, ce sont de l'Ouest à l'Est : Aït 5/ri, .-lït 1/wudi, Aït
Ouirra, Aït Içlwq, Aït Ichcheqqere•1, Beni Jt!guild; par delà ces
trihus ct ces montag·nps, ou dPsccnd dans les plaines du Tadla
ct des Zaïan.
Mais nous sommes las de ces horizons montagneux dont cha-
que étape, depuis deux sem·tincs, nous a foul'l1i l'occasion d'ad-
mirer la s(wère majestl~. ct c'est ,·crs l'Est que vont nos curio-
sitôs, vers l'immense plaine de la Mlouya qui commence à nos
pieds, cncadrt'~c entre le Moyen ct le Ilaut-.lt/as, ct qui va,
s'l·larg-issant à l'infîni, commP un g·olf<'.
Je revois avec èmotiou, sc haussant par dessus les monts
hériss{~s de cèdres des Beni Mquild, le Djebel Haïan, puis, plus
au Sud, g-ig·antesque ct con,·ert de ncig·e, le .lri .Hach, le g.;an t
de l'Atlas, lfUC j'ai asccnsionu(• en 1901.
l\lcs itint'•raircs sc ferment d{•sormais, enveloppant le Maroc
<l'une fa~;on continue de Tan_qer ù. Tiznit, de la .}fr>diterranée à
l' 1ttlantique.
L'enchevêtrement des vallées supérieures de l'oued el-Abid
ct de la Mlouya est un fait géographique intéressant. Les deux
com·s d'cau se croisent, séparés par une chaine curieuse, sorte
de cloison au Sud de laquelle l'oued el-Abid coule de l'Est à
l'Ouest, tandis que la Mlou.t;a coule au Nord, de l'Ouest à l'Est.
Fi., 'i'J .
"'''•·-.LOnerl ~llnnyn: ;111 snrl .r·.\ZI'l'ZOIII'. ;'1 l'luH'iznn.J,. ((;,,,1.\llns (J•n;:eli2) .

.J/ig. ~0. -
'-..;;:.
Habitants rlu 'l'.'ill' ,r.\zet·zout· (.\ïl lhanrl) (l'age li2).
DE DEMNAT A L'OUED MLOUYA 59

Le Djebel Toujjit (la tei~·neuse ). qui fut notre point de direction


pen<lant les deux <lrrnières étapes, rst le 'prPmirr (•li•ment de
cette chaine; le deuxième porte le nom de OuJ}it, (le h•i-
gneux).
La zaouia de Sirli Yal1ya ou Yo1tsse( Pst siftH~e sur· le flanc
Sud du Djebel Toujjit. La Jllouya sort du flanc Nord de la
montagne par trois s0urccs : Sit, Tennout Pt Tamjoutu'Ar-
halou.
Enfin nous aperceYous distinctement trois lwèches, trois cols . . .__
du Haut-Atlas: le col d'b·il, <JilP j'ai nonm1ù d(~jù, Pt qui conduit
à l'oued Tlwdra; le col de Tounjit, qui dM)()uche rlans la yalU•c
de l'oued Reris ; le col de la zaouia de Sidi Hamza, qui mène ~
à l'oued Ziz et au Tafilelt. '
Sid Ali. Amhaouch. à <JUi nous deYons ces renseignements,
~ous trace lui-même un croquis schèmatiquc indiquant la
Situation des trihus de cette rèt6on et son orog:raphie. Il nous
donne encore le dt'·hu.t d'mw prophétie en Yers herbères, com-
posée au xue siècle de l'Islam par son gTand onclP Bou BPkr,
a?~ 0 1l(,'ant l'exp(•dition <fliC lP Sultan :\Iouley el-Hasspn denit
diriger 200 ans plus tard contre la zaouia· d;Ai'hala. Sur le
lllanuscrit qu ïl nous' rem Pt Sid Ali a comment{) et expliqué en
Ara he chacun des mots du poème herbère (1 î.
Après avoir suiYi quelques temps le cours de la Mlouya nais-
sante, à qui les gens du pays donnent le nom d'A.~si( Melouit,
et lonoco- • 1es pentes septentrwna · 1es d u D'Je
· b el T ou;;zt
· .. nous
gagnons le flanc droit de la nlléc pour aller planter notre
camp à l'abri du vent dans la forêt de chênes des A ït-A i'ssa.
. Le chérif Amhaouch, h·ouvant trop faible l'effectif des cava-
1Iers ven
l us a· sa rencontr·e, re f use (1e mettre pie · d a' terre sur
;ur_territoire et nous fait camper un peu plus loin chez les A tt
a~za qui, en un clin d'œil, égorg-ent cinq moutons et dressent
~~e grande kheima noire, sous laquelle le chôrif et son escorte
s Installent.
d Une heure après notre arrivée on nous servait des rognons,
es tranches de foie rôties enfilées sur des baguettes de fusil,

(t) Voir: Documents.


60

d lP lPndPmain, iL l'aubP naissantP. au bruit dPs lteidvu::., au


son du tobbal, 11os spr•vif<'lll'S MaiPllt nneore attahll•s iL dévorPr
d'{•OOI'Illf'S !{UarfiPI'S df' lliOUfOII !'Tl buvant du lait aigTP tl la
bouch<• dPs outr·Ps ...

2-1 janviPr
Les A ïl A 1'ssa ch Pz <[Ui Si<l Ali a refusé de camper hier soir
sont V<'IIUS ce matin, en suppliants, égorger des moutons devant
la tentP du chôrif, et lP prier d'acceptPr llwspitalité de leurs
douars. LPur a hstention d'hif'r fut toute fortuite Pt naturelle : on
avait omis d'avertir les <leux tiers de la fraction. Sid Ali cède à
leurs instancPs, et nous levons notre camp pour revenir le plan-
ter millP mètrPs plus ù l'Ouest. Pendant cc court trajet les
A 'il Al'ssa nous donnent unP fMe (•<[Uf'stre, un lah el-klliel dans
lequel une trentaine de cavaliPrs, armés du ~lartini-HPrll'y ou du
Remington, galopent, (•voluent, autour d'une poignée de pii~­
tons arm{•s de ~·rands fusils marocains.
J'ai, par ailleurs (1), longuement décrit ces jeux guerriers.
CPux des Aït Aïssa ne nous apprennent rien de nom·pau. J'ai pu
constater seulf'ment que les cavaliers de la vallée de la M/ouya
méritent cncorp leur hon renom.
Quand la fète fut fprmin(•e Sid .Ali en rt'~tmit autour dP lui tous
les acteurs, et, de sa voix clai ronnantP, s '(•cria :
- " Fahri<{Uez dl' la poudrP. PnfrainPz vos chf'vaux, la .fJUPr1'e
sainte Pst prochP ! »

'25 JGIWÎer

~ous nous réveillons sous la neige. La vallée de la l~Uouya


est hlanche comme un steppe, Pt du coup notre précieux
compagnon Sid Ali nous ahandonne pour rentrer chez lui.
Avant de nous quitter il nous fait donner un<' mul<' par S<'S vas-
saux l!'s Aït A issa, puis il nous r<'met aux mains d!'s A ït Jhand
qu'il a fait convoquer par un courrier, et qui nous conduiront
chez les AU Yahia.
~ons nous diri~·pons droit sur l'entré<' du col de Tounfit ù trn-

(t) J"oyn.rJP.~ nu ;lfnrnr. 18!l!l-Hl01. .\. Colin.


~u 4J ·
,... · - \ nlJ,~,. "" l"lln,•d '""11_1"<1. - Lt· 'J<i"id .\ziz dt•s lle11i "'"''ild (pa;.:•• li2).

~g. 42.-
\"nllée de l"llncd :\llunya. -Cne palrouillt• d•·s .\"il Yailia (paf!t' li:!).
bE UEM~~T ~ ~UUEU MLOUYA tH

Vers la plaine où l';lpre vent du :'\ot'd fouette des I'afl'ales de


neige qui nous aveug-lent d l'<'Jl(lPIIt noh•p lltnt'ch<' difticilP. Il
était t<'mps dP sortit' dP la ndlt"•p d<' l'olu'd rd-.l bùl où la ncig·p
s'anwncpllp jusqu 'aux toits des tirrPmts.
Xous installons nos tentes au pied du <jt;ar d'.!zerzour, autour
duquel sont dt'jà dresst•s lPs douars des Aiï Ihand que la menace
de l'hiver et la présence des lions ont chassés de la montag-ne.
Et, tout en gTelottant dans la bise g-laciale, j'évo<Ine la vision
de cette même vallée de la Jflouya, telle <flle je la vis en juil-
let 1901, fauve et calcinée par un soleil torride.
CllAPITHE 11.1

DE L'OlJED ~lLO(jY.\ A I.'OUEIJ DRA

26 janvier
Ce matin, PH <JUittant Azerzour, nous nwttons le cap fr·anche-
nwnt au Sud. Avec cl'ttP orientation nouvPllP commellce la deu-
xième partie de notre voyage, qui <·onsistP à travcrsPr le Haut-
Atlas et à gag·ner l'oued Dra en étudiant lPs bassins sahariens de
l'oued Ziz, de l'oued Reris, dP l'oueq Thodra-Ferk/a ct le Djebel
Sa>tro.
Le froid Pst ,-if, nos thPrmomètres mai'<JUCnt - 9°, mais le ciel
est d'une admir·ahlP purctè. Les AU I~tand 11ous font attendre
jusqu'à onze IH•UJ'PS le dôjeuncr <ruïls tiennPnt il nous oflrir,
puis ils pr{•cipitent notrP d(•pat•t Pt nous font travPt'SPr, aussi
vite que nos mules le peuvent faire, la plaine dP la Mlouya. La
raison de cette hùte est que notrP itinéraire doit (~corner le terri-
toire des Beni Mguild, avec lesquels ils so11t en guerre. Ln fort
part~ de cavaliers battant l'estrade a été signalé dans la direc-
tion que nous devons suivre.
Le col de Tounfit ouvre devant nous une échancrure étroite
entre les deux énormPs massifs du Dje!Jel Maasker d du Djebel
Aïaclti. L'Atlas est spkndide; la neige a glissé sur ses pentes
rapides dessinant des arètes vives ct des faces planes <l'une mer-
veilleuse régularité <JUi en font un titanique entassement de
dièdres ct de trièdres. La Mlouya, au gué où nous la traversons,
n'est <Ju'un gros ruisseau clair, assez mpidc, à demi gelé. Elle
n'a nulle part encore plus de 5 mètres de largeur et de 50 centi-
mètres de profondeur.
l'lawl~t• .\.\11

Fi""'' ''>
·>•J, -
,
La111peuu•nl dans un;douat·. - \"allél' dl' la ~l louyal(pag-l' Ii-i) .

.... H
:,. ' - r n douat• do• JliiSil'lll'S. - "L'jlllllllil .\ïl .\li 011 fl!'altilll (J>H.~\' fi.i).
lJF: L nn:n liLOt:L\ .\ t'nUEil lillA ti3

, Au delà la plaiiH' Pst gTisêlti'<'. rif'n n'y pousse (jUe ]p clzi(1,


1absinthP, Pt (jUPlf]Uf'S minusrul('S plantf'S foUITHS'<\rt's dont la
tète seule, toutP ~inél', apparait au-dPssus de la neige.
De loin en loin unt' tii·rt'mt fait tarht' sm· C<' monotone lincmtl
tendu d'une chaine à l'auh·f', du Haut au J!oyen-Atlas. Nous
atteignons les pt'Pmièrt>s p<'ntPs du col de Tounfit : dt's patrouil-
les de cayalicrs t'Il g·ardent l'acc<'·s car les troupeaux ct les
douars des AU 1/wwl y sont n:•nus ehcrchPr un abri contrP l'hi-
Ver. J'apl'r~,"ois l~s postes plaet'•s sur lPs sommets, surveillant la
plaine.
Ce senice dP gardP s't'meut à notre approchP. On voit des
ca:aliers (]Ui dt•YallPnt Je long· des pt>ntes dans un tourbillon de
netge, les patrouilles qui sc dirigent sur nous. Nous faisons
ha~te : on échang·e quel<JUCs paroles de salutation, à voix basse,
PUts l'ami·ar. le rhd des Aii J(wnd. explique qu'il escorte un
agouram. un rht•rif, ami de Sid Ali Amhaourh, et qu'ille remet
sous la protection <les A 11 Yahia. Les noun•aux ,·en us mettent
pied à terre, baisent les nwins:le ~(oulcyel-~Iassen, et nous voici, •v t ..) 4
sans plus de transition. passés du .lfoyen-Atlas au Haut-Atlas,
des Au !band aux AU Ya(lia. (.k..,(,. c,~{··J;,,...r! k ~t 'ffA..{,_e....,.,.,.. )
, Pendant ce collmJue j'ai tout le loisir d'étudier le paysage,
dY retrouvf'r les aspPets ohsPt'\·ès dn haut du ~·l/'1: Azac/z, ct les
~on.mets 'lUi me sout familiPt'S. Dans l'Est, par delà la plaine
ln!lllense oü coule la Mlouya on distino·uc très nettement vers
l ' ~ '
sa Dnlzra, quatre lignes de hautf'UI'S, éehelonnèes du Nord au
nd. La plus septentrionale, qui est la plus élf.'Yée, supporte une
tab~e de forme très particulièrement régulière.
_\ers le l\ord je reconnais les monts des Beni Mguild, des
1·tlfoussi, des Brni Ouaraïn, et le Bou Ihlan dont la cime arrou-
le, toute blanche se dresse au-dessus des crêtes hérissf>es
dde. cèdre s. ~''1 eme
· · ' crots
Je · <l enncr,
· · l e d c uw l'une tt e t rte-
a· l' aH ·'
/'(lU_e, dans la transparence laiteuse de l'air, l'arête tranchante
u ?Jehel.Ouarirth dont plus de 200 kilomètres nous séparent!
~os nom·eaux guides nous font abreuver nos bêtes à un redir
"oisin
r ' pms· tls
·
nous conduisent au milieu de leurs douars, au
ond d'une
.llït .. . cu,·n_tte
" ,:'t 1aq~e li e on d onne 1e nom d e .,~..eJmoua
11 •

1
LI tou Brahim.
64 A IJ CCJt:l,l\ BE L ATLAS

Lïusi'·cm·i u~ de ce tilllll)()lllf'llt ('St !-!'l'il Il de. Cc tt l' il!-''1.!'10 m(•ra-


tioll de tous lPs ti·rmpcaux 1L'U11e tt·il111 Pst fait<• pour tenter
lPs pill;u·ds. l: 11 t•ezzou heUI'l'UX pom·rait e11len•r d \m coup de
main des milliers de mouto11s et dl' chi·n·Ps, dl's I'PHtaiH<'S de
mull's, d'ùtu•s, de elwvaux. Je retroun• l'<' soir, pat•mi ePs. tribuS
pastorales, h•s impressions vôeues dans les t:'I'ands douars des
Beraber, au milieu dl's fm·êts flp,.; Heni Mguild. Le calme de
cette soirt_'•p splPtulide est troubU• par la rentr(•e dl's h·oupeaux
inuomln·ahlPs soulevant un nuage de poussiôre. Pm· mi les cla-
meurs des bPt'g·ers, les femmes s'pmprcssent it h·ait'<' les ehèvres
et les ln·ehis. Ensuite c'est le retour des mules : puis eelui des
chameaux dont la marche est plus lente, la eotuluite plus diffi-
cile; enfin pat·aissclit les cavaliers, tMe-nuP, lP lmt•nous tombant
à la cheville, le fusil en travers de l'ar(,'oll, rcsS<'I'l'aut patieut-
mcut le cercle inuucnse de leur retraite coucentri<fUC. Les grands
feux s'allument, emplissent le camp de clat·tés soudaines, ct
de senteurs aromatiques. La nuit vient, la t•umeur du caiilP
s'apaise, les douars s'cndormeut. C'est l'hem·c oü, sous notre
outa<f hcrmôtiqucmcnt close, commence la veillôc laborieuse ;
Zenag·ui transcrit ses notes, ct fait ses ohser\·ations môh~orologi-
1fUCS: Boulifa surveille la chaudièrP de so11 hypsomèh·c, elasse
nos récoltes géologi<fues et botanÎIIUes, pendant <fUC je hraque
lunette ct sextant vers les (•toiles, 1fll<' .Î~' mets au net mes itiné-
t•aircs, et <fliC j'ô cris le journal de notre t·oute ...
Il faut avoir ,-écu cette vie nomade pour en comprendre le
charme, pour savoir <jucllcs compensations aux misères quoti-
diennes on peut trouver dans la splendeur du décor où fon
lutte, dans la g·randcur du but <fUC l'on poursuit. ..

'i7 janvier

1\"ous étions partis cc matin pour faire une lougue étape•


A peine ~tiOns-nous engagés dans le col de Tounfit que force
nous fut. de nous arrêter. La bourgade de Tounfit, capitale deS
1 •

A ït y ahja.; devait BOUS vendre de r orge et nous fournir une


escorte. ;Elle s'y refuse pour aujourd'hui, réclamant l'lwnncut
-
.-:
.-:
.::

·-
:.-
c
liE L OlEil liLO(;YA A L'OUED DIU 65

de nous hélH'I'!.!<~r, t't J'f'Juet it demain la fournitm·e de fourrage


et de guides <JlH' Bous rC'<fUt~rions.
Il n'y a <fu'il sïndiuer. En Bled es-Siba le ,-oyag·eur est le
jouet de tous lC's caprices : plus fait patie11ee <JUe foree ni diplo-
matie. Séjournet• est une perte de temps, lill clanger, une
dépense inutile : mais passer outre serait folie ... ~ous séjour-
nerolis do11c.
Tounfit est une petite ville d'une cinquantaine de feux, per-
chée sur le dos d'u11 monticule. La partie supérieur(' est occu-
pée par cleux tirrcmts cl'aspcet important. 1
Toutes les constructions sont en pisé gTisàtre. Les maisons
n'ont pas de cour iBtl·riNn·e, mais elles o11t deux ct quelquefois
trois étages, des fC'nètres qui regardent la campag11e, des toits
plats. La mosquée porte un minaret carrt'' assez bien décoré, et
qui n'est pas dénué d'i·lègance.
L'oued qui arrose cette vallée ct s'attarde dans ces champs de
terre g·rise, s'en èchappe par des gorges ahruptes oü poussent
queh1ues ~clair-semés. 6."l"'t.',..._, ' j {.,.L ..-.-r.o
Des sroupes de maisons isolées s'élèvent dans la plaine. On
nous fait camper près de l'un d'eux, aU<fUel (~choit le tour
d'hospitalité. L'accueil qui nous est fait est peu enthousiaste,
"· et justifie les appréhensions de nos serviteurs que les Aït Ya[lia
terrorisent. On nous prend, parait-il, pour des émissaires du
11
Hig·hzen, et beaucoup de nos botes voudraient venger sur nous
les vieilles rancunes et les griefs qu'ils out contre le gouverne-
lllent chèrifien.
Comme si ces soucis extérieurs ne suffisaient pas à rendre
~otre situation précaire, nos hommes se battent. Leurs querelles
tntestiues mettent, à chaque instant, nos existences et notre œu-
Vre en péril. Tantôt ils parlent de déserter, tantôt ils viennent
~nander la permission d'égorger ~es cheurfa et ~m·s~~
louley el-Hassen ne veut plus contmuer le voyage dans de
Pareilles conditions d'insécurité ; il parle de faire massacrer
notre personnel par nos botes, et de continuer la route a,·ec
Une escorte de chleuh.
Mouley .\hel .\llah est venu, à la nuit tombée, me dt>HHIJHier
de lui }I'êtcr mon revolver our qu'il puisse Lrùlcr la <'l'ITPllc de
-----------------
5
Q6 AU CU·:UII DE t'ATLAS

l~l.'_!.t pPttdant 1\•tapt> dP dt>uwiu ... Enfin j'ai I'<'(:u


dP ('t' nH'IliP IJraoui UlH' dt'•dm·ation g·t'il\'(': quatJ·p dt> sPs <·ompa-
triotPs, habitants dP T1sint ('OillnH· lui, Pt qui vivaiPnt avP<' lui
:i ll.fogador, out J'f'(:u la ('Ot!lidPII<'«' (k Hos pt·ojds. CPs honun<'S
cotmaissPnt HotrP intPntiou dP rpn•nit• par IP ),assiu <if• l'oued
nm. Ils ont dù <JUÏttet• Moyador pour I'PtOUI'Ilf'l' clwz PliX très
peu de jom·s après notre dt'·part: .nous <·out'OJlS ehaneP de les
trouvl'r sm· notrP chemin.
- (Juelle attitudn auraiellt-ils Pn cas de I'<'ncontre '?
- .Mauvais<', r<'•pond sans h(·sitcr AhmP<L ils nous pilleront .
ct tc tuPront !
CPci modifie mon prograntm<'. Bien <'ntPndu nous éviterons
Tisint et toute la règion <JUÎ ho rd t' }p eours moyen dl' r our·d Dra.
~ons allons revenir jusqu'à l'owd Da,fès, c'est-à-<lir<' jusqu'à
l'oued Dra sup{~rieur, en long(•ant ll's pentes Sud de l'Atlas
comme nous en avons longé les pent<'s l\ord. En att<'ignant
le Dadès je disloquerai ma caravatw <JUi, dt'•cid{•ment, Pst trop
lourde pour ces régio dènwnts sont trop
inconcilia
Boulifa agne .s cheurfa, ~foulcy Abd
Allah ; il lents et indiscrets : il 4
ie de notre voyage, nos
. de mettrP en lieu sùr ;

rieur. L'isolement <:'st la ranf:on des


vie intense qui ahsorh<' l'<'sprit Pt fatig·
cœur anxieux ct vide ...

A peine avions-nous arraché les premiers piquets de nos ten-


tes <Ju'une délégation des notables de Tounfit est Yenue nous
prier de surseoir. Le cheikh du Yillag·<' est absent; la plupart
Jes cavaliers ~5ont au marché du snmcdi; l)ersomtc ne peut nous
11 liitll'ht• \\1''

Fi;:. 4i.- Ta)!olldil (.\il \'abia). - (;roupt• dîtal>ilanls (pa;:t• ÜX).

Fig. i~. - Ta;:oudil. - Felltllll'S .\il Ynhia lpa~·· liX).


DE L'OUED ~ILOUY.\ A L'on;n 1\RA 67

accompa{-:lll'I'. On Yowh·ait aussi 11ous PXPmptPl' dP la taxe (l\mP


peseta par bètP (JILP les .lït Yahia pr!·ll'n·nt sm· les uu·aYanes
(lUi franehiss(•nt le coL Il faut poul' eda llUP la djPmùa. l'assem-
hll·e (h•s notab!Ps, sP rl·u11issc. POlll' toutPs r·cs raiso11s, pour
lLtUh·Ps eneot'P, (lUe l'on 11e twus (lit pas, l'ami·ar, le chef (le la
fraction lpti nous ht'•herg·p, 11nus pt·ie l!P veni1· lH'elldrP clwz lui
le lwrkoukPs et lP thé qui constituPnt la collation matinal!'.
Quelle difi'{•rpncP entre eet intt'·rieur misérable, cnfumt'·. l'l'ils-
seux Pl la eonfol'tahle demeure de notre hôte d 'A.(erda ! La salle'
conuuune est sombrf' et encombrée, 011 y heurte les tas de hois
écroulés, les outils, les a1·mcs. lféno1:mcs cofl'res cadenassés
sont rang·{·s l<' long du mur.
L'accu<'il de l'amrar est cordial. Il s'excuse de sa pauvreté,
et nous pri•Yient que nous pénNrons dans un pa ys de mécréants,
gens sans foi ni lois. qui seront insensibles à la faveur de notre
v~ site, Pl pour qui un étrang:cr, fùt. illf' plus saint des marabouts,
n est qu'un préwxt<' à exploitation. Le col de Toun(it est assez
fréltuent(•, lPs (g·our qui lP peupleut sont des nzala où l'on ne
t~ouvc ù se procurer de l"org·e d <les zettat qu'à des prix <'xor-
lntants. h~~~ (Y',.. ~t .,{;:.:,.,) .
A1n·ès mw heure d<' pourparlei'S les gens de To11njit nous
fournissent Pntin deux g·uides. d nous nous mettons en route en
reniOntant le val (Llrdouz, pamllèl<' à la direction g{~nérale
de la chaine. Puis nous ~::.Tavissons h' flanc Sud de cette vallé<'
pour passpr dans cPllP de 'ra8si( 1ïwura. torrent clair et hruyant
dont nous remontons le lit tortueux. pénétrant ainsi entre r b·il
Habbari, qui termine le massif du Djebel Maasker, et l<' 51ri
A.g~oni, dernier contrefol't du Djt:bPI .lïachi.
, \ous lllarchions paisiblement Jans l'l'S gorg-es s<wvages, boi-
sees de chên(•s ct de arrars, quand, au coude d'un couloir r'·tran-
glé, deux jeunes brigands se sont avisés de nous couper la
route. · J''t · en tète, J., a1· YU tout à coup d eux 1ongs canons d e
e a1s
fus~ls s'abattre à trente pas d<' nous... .x.a·vs l P,w""'"' M,,·,.)
~otre zet.tat a rele\·é d'un beau geste son kheidouz llans
lequel il était frileusement engoncé, ct a enlevé ~al au
galop ' en p1quant
· .J_ •
w·o1t, •
et tres crànement , sur nos agresseurs.
Quelles ohjurgatians, quelles invectives a-t-il proférèes, je
68 .\U CŒUH HE L ATLA:,;

l'ignore, toujom·s Pst-il que l'apparition de nos armes, hàti-


vement exhihô<•s hors de leurs Muis, a dù ajoutPr Jwaucoup de
poids ù sa glosP, car les jeunes m(~u(•ants se sont pr(~cipitt'•s,
repentants Pt confus, pour haiser les mains de eps passants quïls
pr!>tendaient piller.
La fin de ll•tape est monotone. Nous sommes dominôs de par-
tout. De très he aux cl1ènes ,·ètent lcs parois des montagnes d'une
frondaison sombre. Les c<\drPs boisent les rt'·gions supôrieu-
rcs ; ils paraisscnt malades, leurs trones desséchés encombrent
les ravins, hérissent les sommets, couchés comme d<:'s épaves,
ou drcss(~s comme des gibets.
Tagowlit, notre g'ite, est située dans unP valli~e <fUi sépare la
chaine traversée aujourdlwi <l'une deuxième chainP <fUe nous
traverserons demain. ~otrc amrar avait dit vrai, les gens de la
montagne sont inhospitaliers ct il\tércssés. On nous relègue dans
une maison vide en nous recommandant de nous y harricadcr,
ct l'on nous vend, ù d<:'s prix exorbitants, les provisions dont
nous m·ons hesoin. Ln vieux ch<'·rif, qui s'C'st fixù dans cc lieu
perdu, s'installe indiscrètement au milieu de nous, ct passe une
partie de la nuit à nous confier ses tlolèaneps : « Les gens de
Tagoudit, nous dit-il, sont des hrig·ands : ils n'ont pas plus de
religion que les singes ! ...

29 janvier

Départ laborieux, comme à cha<Iue fois que l'on gite sous. un


toit. Quand on arrive, fatigué, affamé, l'offre <L'une maison
parait une aubaine : pas de tentes à planter, pas de garde de
nuit, plus de craintes des fauves, des voleurs, du froid, de la
neige ... A peine est-on installé, les inconvénients apparaissent :
obscurité complète, vermine, saleté, enfumage ou froid, selon
que l'on ferme ou que l'on ouvre l'unitJUe porte par où pénètrent
l'air ct la lumière, par où s'échappe la fumée.
Nous l'avons éprouvé cc matin; il nous a fallu plus de deux
heures pour mettre notre caravane en marche. Les gens de Tagou-
dit n'ont rien fait pour facilitPr notre exode. Apparemment ils
nous tiennent pom· des uuu·clwnds. car ils sont venus vingt
r
Fig. -Hl.- Col dL• Tounlit.- \ïllnge 1les .\ïl llalta!J (.\ït llad,liduu) (page 70).
fois IlOUS priCI' flp l!'UI' \'Plldt•l• le ('Oilh'llll dP IIOS ('aiSSPS ..\pt't'S
fol'cc pourparlPrs on nous litissp partir, moyennant lill<' taxP 1lP
J5 centimes par hôte, et l'on nous fournit un zcttat. ,!\- ..... ,_tt+ lr~"H-f:...-,·)
Deux routes franchissent la dPuxi(•me chaine : l'une courte
Blais rude ; l'autre long-tH', mais plus facile. ~ous avons opté
pour la seconde; hien nous en prit, car elle constituait déjà le
maximum d'efl'ort dont notre détestable p<'rsonnel et nos mules
fatiguées fussent capables.
On quitt<' d1\s le départ l'Assil Tlwum, qui eoule entre la pre-
nüère et la deuxième chaine, pour traverser cette deuxième
chaine en remontant Llssif Timefquin. Cne ruine, perch!•e sur
une flèche roelwuse presque inaccessible, commande le défilé.
~·est une construction Pll dalles de schistes superposées sans
Ciment, ou ma1:onnées an•c de l'argile. Les murs en parais-
sent peu épais, on y voit des portes, des fenêtres, des poutres
de bois. Ces ruines, que les habitants désignent du nom de !!:l:!!!!!
~' les forteresses des Roumis, passent pour avoir èté
édifiées et habitées par les cln·Miens qui peuplèrent le :\laroc
avant la conquête islamique. Les Regraga, ct les premiers apô-
tres musulmans, les détruisirent, mais les Roumis subtils avaient
caché leurs trésors dans des ~Tottes, des ca\·ernes <'t des silos,
où ils dormPnt, ig;nor!·s de~ musulmans et gardés par des
génies jaloux. Il nous arrivera maintes fois de rencontrer d!'s
ruines semblables ; chaque fois la même légende nous sPra
contée, avPe <ftwlques variantes sans importance.
La deuxième chaine, dont nous gravissons et dôvallons les
flancs escarpt'·s, culmine, au ~1ri Tafellent que nous franchissons
a;ec beaucoup de peine par une faille à dPmi comblée de neig·e.
~ous avons alors devant nous une troisième chaine, dont l'Mt'•-
lllent principal porte le nom de ~lri .1berdou::..
, Nous en longeons le pied en suivant le lit de l'Assif M.saf que
lon nous donne pour la branche principale de l'oued Ziz. ~ons
sommes donc désormais dans le bassin saharien du Tafilelt.
L'oued Msaf, de même que tous les cours d'eau nés entre ces
chaines du Haut-Atlas, a dù se frayer une issue à travers les
roches friables qui forment l'ossature du terrain. Ces gorges
sont admirables ; pâr endroits 1leux cavaliers s'v crois!'rni<'nt
70 AU COEUR DE 1:ATLAS

avec pcmc; les parois SP rejoignent jusqu';\ sn touchnr, ct


les eutasscmPnts de roehes N10uU~cs 1lcssinnnt des nnit<•s g·i'~llll­
tes aux arelH•s cydop<'~nnnPs. En sortant dP I'C couloir lP toncnt
s'assagit, s'étale, il itTig;ue des ehamps exhnuss{~s en terrasses
dont les terres sont retenues par de petits murs en picrrPs l'PH-
forcés avec des trones d'arbres. Cc sont les cultures des Ait Ali
ou Ous:wu, elles s'étendent autour d'un village d'une trentaine
de maisons d'aspect assez misôrahlc. Puis la vallée se resserre à
nouveau, ct l'oued Msaf, s'ouvrant un chemin dans un contrefort
de la chaine priucipale, à travers des gorges moins importantes
<{UC les pr!~cédcntes, nous conduit au village des Ai't Hattab,
fraction de la tribu des AU Hadiddou dont les maisons étagées
sont surmontl~cs 1l'une tour effilée, très délabrée, qui en cou-
r·orme harmonieusement la silhouette.

30 janvier

Comme chaque matin, 1lepnis que nous sommes dans la mon-


tagne, nous perdons deux hcur·es :1 u!~gocier le tarif du passage.
Pour aujourd'hui nous paierons unf' peseta par bête de somm<'
ou de selle, prix exorbitant, si l'on songe <Iu'à cc taux une cara-
vane de vingt animaux versera 200 pesetas pour dix <'·tapes. Ce
qui, avec la nourriture, la solde du personnel et les ft·ais por-
tera à plus de 500 pesetas le prix de dix jourw)es de route ...
Nous descendons encore, pendant une heure environ, la vallée ,
où coule l'oued Msaf, puis nous escaladonsle Djebel Aberdouz.
De sa crête on domine, et l'on comprend toute cette région du
Haut-Atlas. Trois chaines parallèles, continues, orient{~es à peu
près O.S.O.-E.N.E., séparées par d'étroites vallées, consti-
tuent les lignes principales du paysage. La plus septentrio-
nale porte le Djebel .Maasker, le ll·il Ahbari, le 'Ari Aïach
(({tiC l'on désigne ici du·'~om de Adrar Ali). La chaine centrale
porte, de l'Ouest à l'Est, le ';tri Aqdar, le c:4ri Aherdour,
puis, au delà de la trouée de l' ouNl Jlsaf, au col de Si di llamza,
le Assamer n' Ilehnan (la pente des chameaux); la crête se
poursuit ensuite, extrèmement dentelée, portant encore deux
déments saillants qui semhlent importants.
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71

L'oued Msaf coule entre ces tlcux premières chaines.


La chaine la plus méridionalt-, à travers l<HJUelle il va nous
falloir trotm~r un passage, porte, de l'Ouest à l'Est, le ~lri Tafer-
rent, le Ari .lrquiolln, le clri Irguel, et sc prolong;e par unP suite
de pics bizarrement découpés que l'on désigne du nom g·L'néral
de Djebel AU hdeg ~on prononce ici : Aït /:;;di).
llnùt semblé qu'après la trouéP de l'oued Ziz cette chaine
s'écartait notablement de l'orientation générale E.N.E. et
divergeait vers l'Est.
Entre la deuxième et la troisième chaine, au fond du ravin
dans lerJud nous allons descendre, coule un ruisseau qui porte
d'abord le nom d'.lssif Açellafen (Ousellafen). Il franchit sous
ce nom le Ari Arguioun aux g-orges de Taqqa Ouanefres.
On nous apprend qu'il se réunit à l'oued Msaf en un point
nommé Tamedoust, ou Tmnagourt, situé non loin d'ici, entre les
tribus d' Aït Hadiddou ct d'Aït [:;,deg. Ces deux cours d'eau for-
ment l'oued Z iz qui traverse ensuite les territoires d'A ït lzdeg,
de Meddâra, d'Aït A tt a où il arrose Retbat et Tizimi, puis pénè-
tre au Tafilelt à Si(a.
·Un peu plus loin nous attcig·nons l'oued TaNa (1), venu de
Outaïda chez les A.ït Hadiddou. Il ret;oit à Amougqer, chez les
Aït :lterMrl, un affluent venu de Tasraft avec lequel il forme
l'oued Reris.
Enfin cet oued Reris recena à Tasmownt, sur le territoire des
Aït Alta, le tribut de l'oued Tlwdra-Ferkla dont la source est à
Tamtettoucht, non loin de Tasraft .
. Telle est, d'après les indigènes, la genèse de ce bassin saha-
rten du Tafilelt.
La face Xord de toutes ces montagnes est entièrement couverte
de neige; la face Sud n'en porte qu'au-dessus d'une ligne tra-
cée avec la régularité d'une courbe de nivellement.
. Sur ce chaos montagneux àpre et désolé plane un morne
stlence que trouble seul le crissement perçant des aigles gris.
La descente du A.ri A.berdou::; s'effectue par des lacets très roi-
des qui nous conduisent au lit de l'Assif Açellafen creusé entre

(i) Voir Renseignements.


72 AU Ctli'Tl\ m: L ATLAS

dt>UX fa laist•s. llt•ux Yillag·f's sP so11t ('OIIslr·uils Il' long· dt> cf'
gave, ct Pli utilisent les caux : Tahrijjat. f't, d<>ux kiloml-tres
plus has, Taribant où nous campons.

.'11 janvier

Nuit agitée. Nous a vous Mt'· r{~v<'ilU·s· en sursaut par des coups
de feu ... Nos houurws <le garde sn sont crus attaqu{~s, ils ont vu
des gens s'approcher de nos f<'ntes et ont simultan{•ment cri(~ <'t
tiré. J'eussp dont(• df' cette histoirf' si, unf' hf'Ur(• plus tard, une
grêle de pierr<'S 11'avait t'tt~ lancée contl'e nos tentes. Il a donc
fallu faire df's rond<'s Pt S<' tPnir sur la dùfensiw. Cet incident
fâcheux m'est une preuve nouvelle rle l'absence de sang-froid de
nos hommes . .Jp n'aipasplnsde confia11ce Pnleur courage qu'en
leur dévouetllf'Jtt. Puissions-nous 11'avoir pas ù les i>prouver ...
La matint'f' s'<'st ressentie de cet incident. On nous a traités
non pas en hùt<'s mais en ennemis. Ce n'est plus un droit de pas-
sage que l'on exige de nous, c'est une rarH;on. Il a fallu payer
5 pesetas par hètf'! Les AU Hadiddou répondent à nos récrimina-
tions que les Al't I::Aeg coupent les routes, et qu'il nous faut au
moins 30 hommes d'Pscorte pour pouvoir tenter le passage. La
composition de cf'tte escorte montre assez la faussctl' de leur
prétexte: on nous fait accompagner par des Pnfants porteurs
d'un arsenal de dt',risoires fusils hors d'usage ou de bâtons. L'on
se met en route, pourtant, avec un lux<' puéril de démonstrations
et de clameurs guf'rrières, qui attesteut une hien piètre estime de
la hravoure des A7tlzdeg ou une hien haute opinion de notre
naïveté. Par honheur les Aït Jzrleg sont occupt''s ailleurs, et l'ex-
hibition de nos arm<'s contiPnt notre escortf' dans son role. La
route se dl'roule sans incidents. La hrèclH' d<' Taqqa Ouane(res,
entrevue hier, oü nous franchissons la troisièmf' chaine, est une
de ces hellcs gorgf's de l'Atlas que nous aYons plusieurs fois
décrites. Le lit du torrent y sert df' chemin, les lauriers-rose
l'encombrent, deux murailles rocheuses de 300 à 100 mètres
de hauteur l'encadrent ct l'cnsPrrPnt. Puis ee couloir géant s'épa-
nouit en une large Yallée oü l'oued se partage en cinq ou six
ruissPanx qni ,·ont, diminuant cil' largeur ct d'allure, jusqu'à
IlE J:OCF.D ~ILf\l:Y.\ .\ I:U{jEfl llRA

n'l-trp plus <[n'un ('hapPIPI dP fla<[IIPS saum<Hl'<'s. puis ù dispal'ai-


h·e, ahsm·h(•s par la terrP <lSsoift'<'.P.
Et nous voiei pmTPnus dmts un<> l't·;.:·imt très difl'<'•rcnh·. tran-
sition enh·e la montn,!..!'IH'. <[UP nous allmts <[uittPr Pt lP tll·sed qu<>
l'on nP voit pas t'liCOl'<', nwis <[UP dl•jù l'on OPYiiH'. LP sol dPviPnt
plat Pt fauvP, il fornH' mu· rroùtP dur<> où l<>s moindrPs cours
d'<>au sp sont npus(•s tles lits profoncls Pt Pscnrpt'•s. Devant nous
s'Hencl lill<' plainP, au d<>lù sP drpssPHt dPs collin<>s platps sans
végt'~tation, sa11s autrP lwault'• <[tH' la coloration rosP rlont lPs
vêt lP soleil couchant. Cn rnvin travPrsP la plainP, c't>st l'oued
~w\ia. Cinq <p:our, eiiHI g·rotqws de maisons, !en hor·dent lt>s
l'IVes, et cette ag·glomèration port<> }pnom dP Zaouia Si di 1l/oham-
med ou loussf'(.
. LP premier q<;ar qui sP trouv<> sur notre route nom; domw
l hospitalité. Cnt> simple en<·<>intP Pn murs de tPrrP, percée d'nu
large porclw. Pll constitue tout l'apparPil. .\n premiPr aspect on
croirait pénétrer ù l'int<'·riPnr d'tm caravansérail du Sud alg·érien.
L'hôte dt> ce hàtinwnt, un pa un<' chèrif derqaoui, à demi fou,
s'est contenté d'aceoter deux masures en pisé au ehamhranle du
porche. C'est lit quïllog·e, nvec ses deux femmes et ses six
enfants, vivant d'un peu de farine d'orge Pt de l'Pau d'un puits.
Pendant ([U<' nous plantons nos tentes. dont lPs pi<[Uets se bri-
sent sur la croùte durP dP ce sol ingrat, le pauvre homme s'ap-
P~oche de Mouley el-Hassen Pt lui confie piteusement que sa
nnsère Pst grande Pt quïl1w peut rit>n nous fournir. Xos mules
lllaigrissent ù. YUe tl'œil; nos hommes sïrritPnt. On nous annonce
que le Sud souffre <l'une famine afi'rPuse, que les .Ht .Men·ad (1 ),
chez qui nous pénétrons demain, nous attPndPnt lP fusil au
poing ...
Comme il faut passH <[uantlmèuw, et inspirer, sinon du cou-
rage, au moins une crainte salutaire ù. nos hommes, nous inven-
tons, nous aussi, une légendP : lPs .Htlzdeg sP réunissent der-
rière nous, Pt vont nous domwr la chassP, il n'pst dP salut que
dans la fuite en aYant! ...

(t) Voit• llPnsPiynPmPnt.<.


74 1
AU CŒUR DE L ATLAS

1"'' lévrier

TMpal't ù dix !JPUI'PS. ~oti·c personnel a hàtc de !ll~taler; notre


hôte ne peut nous donner f{UC sa hônédiction; jamais mise en
routf' ne fut si }H'estc, si simple. Deux zettats, rPcrutôs ;\ graiHl
peine, nous gutdcront, pour le pr·ix de 15 pesetas chacun.
L'oued Taria, dont nous suinms le lit, coule au fond d'un
v(witahlf' calion dont les parois abruptes, hautes de 100 à 300
mètres, !>lont formées de dalles empiléPs horizontalement. Le
fond n'a pas plus de 200 mètres de large. La rivière y serpente
parmi de petits champs cncadri~s de digues. Les lauriers-rose ct
les tamaris, les peupliers, les noyers, les ahricoticrs, et même, un
peu plus has que la zaouia, les palmiers, font de cc couloir un
long ct délici~ux verger. Les villag·es sont curieusement accro-
chés à mi-falaise, sur les marches géantes que, par endroits,
forment les assises calcaires, d la route quitte parfois le fond
de la vallée pour grimper en corniche.
La zaouia de Sidi Mohammed ou !ousse/ est composée de cinq
q~~our : deux sont habités par· des cheurfa des Oulad AmPr,
trois par des llilratin. Nous défilons devant eux, puis nous pas·
sons au pied d'autres villages appartenant aux Aït Meri·ad.
Les parois de la falaise portent aussi des traces de ruines ;
on nous montre même une sorte !le route en corniche qui est
di1signôc sous le nom de r,·iq en-.TVçara (Hou te des Chrétiens). A
hauteur des ruines de Tazert la vallée se rétrécit en gorges sau-
vag·es nommées Aqqa n'Ouaouna n'Jmùfer.
Le sultan l\louley cl-Hassen traversa ces ri·gions, il soumit les
Aü Meri·ad, ct. d{)molit it eoups de canons quelques villag·es
r{Jcalcitrants. Cette campagne a laissé de profonds souvenirs
dans la mt~moir·c <les habitants. On nous en conte les phases
avec force détails ; les emplacements des pièces sont aemeurés
sacr{•s; les maisons portent encore les traces des obus impériaux.
Les Aït Merrad sc vantent, d'ailleurs, d'avoir victorieusement
résistô au Sultan; leur soumission·fut partielle, et les qards nom-
més par le maghzen furent dôposés ou massacrés dès le lende-
main de l'l)vacuation de leur territoire.
-......
m: L'om:D MLOUYA A L'OUED DRA 75

Les gens d'ici sont très ditf{>r<'nts de CC'UX dC' la montagne. Ils
sont plus civilis{•s, miPUX vêtus, mi<'ux armb;, plus riclws aussi
et plus lPttrt'~s. L'Al'nh<' C'st partout compris, et dPs rdations com-
1ll<'rcialC's suivi<'s sont PntrdPnu<>s av<>c le Tafilelt <[Ui est 1<' cen-
trp d'attraetion de ee nrsant ori<'ntal du Halll-.·\tlos. LPs t'PilllllPS
sont presque graeiPUS<'S. sinon joliPs. LPlir eoifl'urP lnissP voir
ln IIU<fUP : PllPs sont vê>htPs dP toile hleuP <rui siC'd à l<'tn' tPint
hronzé, l<'urs l~endiras ù fond rouge r<>mplacent agTéablcmPIÜ
les !wndiras noires rayéPs dP blanc dPs Aït ljarliddou. LPs mai-
sons aussi rl>vèlent un !'nu ci <l'<'-10:.:-a neP dont nous l>tions di•sha-
bitués. Les tourelles cr{•nPlt'·Ps, p~rtant aux angl<'s dPs pot<>ri<'s
rondPs, surmontent lC's muraill<'s dP pisé gris, p<>rc{•ps dC' m<'ur-
trières en trèfles, <'t <lt\corèes d<' croisillons.
Un peu avant la fin <lPs g·org·ps nous passons entrP deux vil-
lages qu<' sépare mw palmcraiP : it gauche Meifran, à droite
1':!-ùfer: puis nous dôhouchons Pli plaine. Un gros bourg g·ard<'
ltssue de la vallée, c'est Semgat (1), oü nous campons.

2 février

LPs montagnards nous pillaient. lPs g<'ns de ln plain<' nous


exploitent. La soir{·e d'hier nous cmite plus de cent francs. De
plus en plus la ml·flance des habitants ~o?:randit. On raconte par-
tout que le col dP Tizi n'Teb;ount, la v~ie officielle, étant coup{•
par les ..-lü lzdeg le Sultan fait passPr par le Tizi Tindouf
un convoi d'arg·ent rlPstinô à :\[oulev er-Hechid, g·ouwrneur du
Tafilelt ; et cc ·~onvoi c'est le nôtre~ .. ~nus av01;: beau ouvrir
nos cantines à tous les curieux, l<'ur en étaler l<' contenu pour
prouver que nous ne portons ni arg<'nt ni munitions, la légende
persiste, plus fol'te <JUe la réalité, ct nous }lavons eher notre
fa . "
ux- renom de richesse.
Ce matin le fils de l'un des qaïds nommt:•s par :\Iouley el-
Hassen nous a arrachés, presque de force, à la rapacitl· des
gens de Semgat. A peine l>tions-nous à quelques kilomètres de

(t) Voir Rensei,qnemehts.


76

uotrn point dP d«'•pal't, IJllf' uoh•p 1-!"llidf', <'m·prs <fUi nous uous
coufondious Pli I'l'lllPrciPmPIIts. uous fit compt•etHlre <pw s ïl
nous avait odin«'· <lP la foulP <[Ui nous assit'·geait e(•tait anc
l'nspoit• <[lW nous saurions lui Pn t:'•moignet• g·én{•reuscment
notre gratitude.
La route comuwtH~e par suivre la valU~e de l'oued Tal'ia le
long dU< fUel se presse ut lPs <p;our d~s A ït Mhamd, dPs A 'it /J6a
hzem, dP iJfelouân, tous construits en pis{~ gris et sur le même
modblf'. ~ons nous dirig·eons ensuite vers lPs hauteurs <JUi fer-
mPnt notre horizon, Pt <pte l'on désigne sous le nom d'.lri el-
KMa (A ri ou Khla) ct nous les franchissons au col d'Amsed, plus
large et moins sauvage <[Ue les préci~dPnts. La rivière prend ici
le nom d'oued Reris; p)lp rP~•oit, iL la sortif' (lu col, lP tribut
d'une hPlle source oml11·ag·èp par un bouqud dP pnhniPr: la
lég·pndc veut quP ~[oulPy el-Hassf'n s'y soit dt'~saltèr<~. On cnh'P
alors rlans la palmeraiP d'.lm.~ed, gTos hourg· d'mw cPntainP dP
, maisons, assez fièremPnt campi· sur un soclP rochPux ; puis,
laissant la rivièrP fairP llll croclu:-t dans rEst. nous coupons ù
travers la passe <le Taqqat A ïs.~a ou Ra(wu pour gagner ks
trois q<;our dP Tadù~on~l (1"i ct d'.lgoudir Pntrp lPS<fUPls nous
plantons notrP camp.

3 février

~otre guidP tPrrorisP mPs compagnons Pt mes spr,·itPurs. Sa·


curiosité indiscrMP lPur parait 1ÏtulicP dP sPs soup<;ons. Tous se
figurent <fUÏl nous conduit it un ~ru<'t-apens. Le voisinag·p du
Tafilelt pffraye nos chPurfa, attirP nqtrP Pscorte : cha<flH' jour
la marche devient plus difficile ...
Il ne faut pas moins d'une heure pour sortir de la palmeraiP
de Tadil~oust. Les herges, eelles dP gauchP surtout, forment un
jardin continu où s'l~gr<'nnent dPs <p;our, tous analogues, ayant
dPs apparences de fort!'resses, d'élég·ants rPmparts flauqul~s <lP
tours curieusemPtlt ajourées, perct'•s de portPs monumentalPs.

----
Tout y rPspirP ln prospérit<' : l<'s hommes portPnt le burnous 1l<'
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1;""
L?~-
DE L'oUED MLUlYA A L OUED DiU 77

dt·ap hlPu <iPs eitadins pt lP lon;.:· pantalon dP toile hlPUP dPs mon-
tag·nards; ils sont arm(•s'dc fusils ~Tas ou <li' moukhalas inerusti~es
dïvoirP Pt th•ti•Ps dl' h;;:,:·ups <'Il ;~r:,:·pnt cis<>l<'•. LPs fPllllllPS sont
plus iol<'~;.:·a nt cs aussi, 1;lus jolies ~t plus <'O<{UPttPs <{UP eelles
dP nos prèci•dentcs étapPs.
La plaine <le Hadeb oü nous p<'·ui·trons PH suite <>st atl'rpuse.
Le sol Pn est dur et joneh<' de piPrres roulantes. Y ers l'Est rien
n'en rompt la monotoniP : ellP est limitée par un hourrelet de
hauteurs rondes <jUÏ sont lPs eollinPs de l'oued Re teh, <lcr-
rière lesquelles coulP l'oued Ziz. L'oued Reris tourne à angle
droit dans cette plaine ct se diri~·p, lui aussi. wrs l'Est, vers
l'oued Ziz. .
Devant nous, au Sud, SP <lressP une nou,·elle chaine <fUi barre
tout l'horizon : c' Pst lP Djebel Ça~'ro prolmtgemeut de l'Anti-
Atlas. A ses pieds coule l'oued Ferkla.
Avant que nous quittions l'oued Reris on nous monh·e un
ancien aqueduc <rui fut construit du temps de :\(ouley el-Hassen
pour irrig·uer les jardins des <p:our de Arrarad ct de llfeggamen, :r 'lu Y·~
puis nos g-uides nous font presser follement l'allure dans la tra-
versée de la triste plaine d 'Hadeb (la hossue) à qui les monts
roses de l'Atlas et les collinPs bleues du Çah·o font un cadre
d'une émouvantP bcaut(~.
La vallée de l'oued Fe1'kla est de tous points i<lentÏ<jue ù. la
vallée de l'oued Zi:;, à la vall<'·e de l'oued Reris, ct certainement
aussi à celles du Dadès et du Dra. Ces longs ruhans de verdure,
avec leurs chapelets de q<:onr, endorment le topographe qui
peut les dessiner d'un trait, et lassent le statisticien auquel cha-
que informateur donne des noms nouveaux, des détails supplé-
mentaires. Xous abordons la palmeraie de l'oued Ferkla à la
zaouia de Sidi el-Haouari, l'un des centres les plus vén(~rès des
Derqaoua, où résida Sidi cl-Haouari, fils et successeur du
grand marabout Sid el-.\rhi.
Très humblement nous sollicitons l'honneur de planter nos
tentes à l'intérieur de la zaouia. On nous accorde généreuse-
~ent cette faveur. Mais, surabondance de grâce tout à fait
Imprévue, la cour intérieure est un fumier! ...
78 '
AU CŒUH DE L ATLAS

.5 (ém·ier

Nous anms séjoUI'IIt' hiPI'. Il fallait divist>r notr·e mati·riel,


car je coupP. demain, ma car·avanP Pli deux : UIH' moitit'~ I'Pntrl' à
Merrakeclt, l'aufr•p m'aecompas·np dans l'<>xploration du hassin
de l'oued Dra. Boulifa, dont lPs. travaux de linguistique hcrhère
s'accommodent mal de cett<> vie nomade, lH'Pndra le comnumde-
ment de la t'l'action I]Ui rPIÜI'P. Il enuui~n<>ra :\Jouli'Y Ahd Allah,
ce vieux g·u(wrier, actif ct vora(:e, dont l'exePssive énerg·ie ct le
hel appMit ont cu le don d'exaspi~r·er tout le monde. Sou beau-
fils l'ac(·ompag·nc, ct je n'ai pas dP !'<'/-!'l'Pts de 1)('rdrc cet inutile
ct fragile éphèbe, aw1uel il fallait des soins de sultane. Je di•har-
que encor·e m<>s deux Uraoua. }ps fort<>s tètes de mou personnel,
I]Ui, d(~eidl·m<>nt, ont lP cout<>au trop prompt et 1<> verhc trop
iusoler1t. A C('S d<>ux-lit jP confie les autres avec dPs reeomman-
dations confidentielles <>f flatteuses ; aux a uh·<>s je eontie ceux-ci
avec les mèmes fomws cordid.entidlPs Pt ~·ourtoises. Je me
débarrasse, par cette mème oecasion, de tout ee ltUi est encom-
brant, inutile, fatig·ué : eautines, munitions, armes. tPntes, ani-
maux. Enfin je remets à Boulifa ce I{U<' Hous uvons dP plus pré-
eicux : les documents, collections, photographies, itinè1·aires,
observations astronomiques et météorolog·iques, de la première
partie de notre voyage.
J'éprouve, A ces préparatifs, l'inquiétude anxieuse du mois-
sonneur, dont un proverbe IJerbèi·c dit qu ïl song·c sans cesse
« comhien il y a loin du champ au silo, 1le la g·erbe au pain ! "
Quiint à nous, déchus de notl'e splendeur, nous quittons les
rôles magnifiques que nous avons f<'nus jusquïei. Le fils du
cheikh Ma l-Aruin redeYierJt un infime du'•rif des Oulad hci:-
Çbaa; Zenagui n'est plus qu'un modeste feqih, je tombe au rang
dP simple muletier ... ~ous sommes désormais de pau Yres eom-
merc;ants, marchands sans marchandises, courant les marchés
CH <{uète de commandes, jouant par surcroit les emplois de

médecins, de charlatans, de che urfa, ayant à notre arc deux


cordes l'une pour les g·ens intéres~>és, l'flut,re pow• les crédules.
Toute la soirée, toute la nuit, et cc matin dès avant l'aube, les
l'agp '78 hi.< Plandn• XXIX

Fig. i'i7.- L'~ lite<! Tm·ia (Ourrl Ht•ri~).- ~ :ltltut'l'S p( j<trdins rks .\ït :\lcrrad (\'H!-!C H).

Fig. :J8.- \'allée rlr l'tl~trr! Ta da. - La zaouia dl' Sirli :\lohammt•rl Olt lousst•l
(page H).
ï!l

Det·qaoua ont prit'~. hurlé, rùlt', elwnt(• ... Y ers minuit, un 1·hreur
de fPIIIBH's s'Pst mis à entoniH'I' ù l'unisson lP « La ilia ila
.\llah ~ "
Faut-il admirPr ou dùplorPr l{UP le mystieismp puisse attein-
dre de tds Pxcès? C'est sPlon lPs résultats auxquels il conduit. ..
Cf's rt•sultats, pour nos hùtPs, sout lïutolh·auce Pt, surtout,
l'abrutisst>nwnt. ~lais j c dois ù la Yéritè d'ajouter lJUP la pm·e \
doctrine du cheikh dPrqaoui. afrt•auehie des Pxagérations ct dPs \
supPrstitions de sps disciplPs, n'l'IISPif!liP lJUC l'almégation, le j
détachenwnt des biens de ce moudc. Elle prone une mcrveil- 1
leuse fusion de l'êh·p humain l'Il Dieu, de la créature eu son \
créateur, et donne ;\ t·eux dt> ses f~ !JUi parviennent au \ f.,, . . ~ ... ·
degré supérieur d<:' la eonfrériP ~ nYPC l Ïnsoucianee des joies ct des i

~lisères temporelles, tilH' paradisiaque extase, une immarccs- \


sthle félicité.
Ainsi pPnseBt lt>s adeptes des classes riches et lettrées
pour l{Ui la nwurar;qaa, cette loque sordide dont ils rPcouvreBt
leut·s vêt<'mPnts, est uu snuhole d'humilité, ct non la livrée de
misère Pt de salctt\. Pour. les autres. les simples, les déshérités,
qui constituent la majorité dP la confrérie, ils s'absorbent avec
une joie mystique dans les pratit{UPS ahrutissantPs de l'ordre, Pt
portent, an~c une ostentation pué1·ilP la derra!a rapiécèe, le
gros chapelet (tesbilt), le tm·ha11 vert ou hlauc, et l'okkâz, le
bâton ferré du pèlerin mendiaut.
L 'hùte aetuPl de la zaouia Pst Sid Bhn, g·endre de Sid Ali
Amhaouch, fils de Sidi Pl-Arhi Pl-Haouàri, petit-fils de Sidi el-
Ar!)i. Il a 25 ans à peine, il est g·rand, précocement obèse, très
llotr de peau, d'une intelligf'nce médiocre. De ses lènes é~l,li'­
IHes ne sortent <jue des sylla hes incompréhensibles. Son uni-
que préoccupation est l'èdification d'une qouhha qui recouvrira
le tontl)('au de son père. Cette <jouhha semble. copiée sur celle
de Sidi Daoudi ben 1\"ecer de Tlemcen. La mosquée, située à
fauche de la {jouhha, est petite; elle n'a guère que 8 mètres de
ong, sur 6 mètrPs de large; 'le toit est supporté par des colonnes
~e pisé non blanchi. Le jour y pénètre par une ouverture pra-
hq_uée dans le plafond pour laisser passer le tronc d'un pal-
nuer planté au o~nilieon de l'édifice. SidiBba est flanqué d'unfqth
Al; CUELH IlE L ATLA:o.

hyponitP Pt assez lPttrt'., Si Pl-Hahih hl' Il (huai·, du··,·if tics


Oulati he<:-<./haa. Il Hous a tionHt'• l<odurl' du JH'I'Iuif'I' dwpih·c
tl'uu 1-\'l'iiiLti ouvra/-\·<· auquel il t'OHS<tt'rf' soli taiPllt. f:'f'st une
hiog1·aphil' til' Sidi Blm. Le t!i•but f'st lill fatras til' hanalitt'·s pOIH-
pcuscs; puis vient un pant'~g)Ti<[UP t'•lwllt<\ t[W' nofl•p hùtP t'ocoutc
an~t· un ai1· tlc ht'•atc satisfacti:m.
Pour nous étonner· <lP son érutliti_oll le ft[îh nous eitc les phi-
losophes mystit[UCs, les tloetcul's soufÎl[UL's, entre lcst{Ucls ses
pri•t!ilPetions vont it Ilm .\ta-.\llah, tlont ll's lettrés hl'rbères
t!iscHt volontiPI'S: Si le (,!oran n'avait pasi•té rt'•n'·ll~, les Sl'lltcnces
d'Ibn .\ta-.\llah Sl'raicnt nos prièi'<'S!
L:n eertain t!i•sm·roi nous parait rt'~t\·ncr tlalls la coufrérie tics
Dcrqaoua. Sitli Ahmcd hcn 1'1-Hàeh<'m, hcn Pl-.\rhi, connu sous
11' nom de Sidi 1'1-At·hi, mourut en 1S92, à U3 ans, sans désigner
son successeur spiritw•l. Car c 'Pst le propl't' <le ct'tte SI' de que la
/.;/ti/afa n'y soit pas héréditaire, ni transmissible au gTé tlu der-
nier pontife, mais t[U 'elle soit conférée au plus tligne pat• l'una-
nimité des suffbgcs de ses khouall, tic ses frères mystiques. Sid
el-Arbi el-Haouari suceéda à son père. :\lais, désertant la zao-
uia de 801~-Berilt, située dans les Ojebala, sur le tl'rritoire <le la
tribu <les /Jeni Zeroual, oü est inhumé l'anl'èh•p Sidi el-Arbi,
mort f'n 1823, il revint au h<'rceau <le sa famillP, à la zaouia de
Gaou:;, dans lt• Medrdra, fondée par Si .\hnwt! el-lladaoui ct que
son pùrf' avait réor~;<wisi•f'. Il follda lui-mèmP, tlans lP Ferkla,
ia zaouia dont nous som1ucs Pli t'l' moment ll's hôtes. IJUi porte
sou nom, puis il mourut sans tlt'•sigltcr dP successeur, selon la
tradition. Depuis lors les Dertpwua tlu Swl marocain vivent
dans l'incertitude. Les uns se rattaehPnt à Sidi Uba ; tl'autres
prétendent que le Yéritahle eheikh el-Chwt·d, le chef dt' la con-
. frérie, est le cheikh cl-Habri : <·c sont l<'s Hahria: d'autres enfin
affirment tfUe la jcmùa Yieut d'dire it Jle1'1·akeclt 1111 cheikh
no mm t'• Si di Mhammcd hen .\li.
Les prineipaux personnages, l<'s HIOt[adtlcms les plus écou-
tés de la secte, sont présentement : Sidi :\lohammed ben el-
Arhi ben el-Haow\ri, domicilié à TizouggaNn, entre Reris ct
Fe1·kla; Sid cl-Hadj Mohammed Pz-Znmmouri, à Zemmotîr;
Maoula Abd el-Malek à illerrân. Il y a aussi des moqaddama,
·-=

.--
....;
Si

des femmes <fui <'X<'rePnt les fonctions de chef <l<' congrégation,


telle cette Ro<ptyya d'AU Taddart, à qui le cheikh el-.\rbi ben
Abd .\llah el-Haouàri adr<>sse ses instructions dans une lettre
<Jue nous publions ( 1).
Notre d!•part a lieu vers onze heures seulement, après dïnter-
lllinables congratulations. ~ous remontons la vall!·c de l'oued
Fer!.:la jusqu'à sa source, c'est-à-dire jusqu'aux deux <f<;our de
KlwrhPt 1les Huines) que nous atteignons en un peu plus d'une
heure. Klwrbet Jdùl est un <Jçar de eheurfa et de merahtin;
Khorhet /(/1dùn un<p:ar de !ut~·atin. Cett<> route est une promenade
1\.t..J.r sous les pahni<>rs. Chemin faisant nous loug·eons les rPmparts de
~".l...u~ ~' de Tii·edouin, <Llü Assan que peuplent des forgerons.
L'industrie du fer est <lèsh~ dans presque tout le Sud du
~Iaroc ; les forgerons sont des Israélites, des ~la~·atin ou des
Qehala, des Draoua esclaves. Dé nombreux tombeaux de mara-
houts sont épars dans la palmeraie : Sidi Boulman, Sidi Yahia
heu Brahim, Moulev <>1-Hassen el-Kehir, Sidi .\h<l .\llah, Sidi
(iuel'<:il, et tant d':~utres dont les noms m'ont t'<'happi•. La
l'iehesse de l'hagiog·raphie marocaine honore surtout la piété
et la crt'•dulité des habitants, car les légewles quP l'on eolporte sur
certains dP ePs santons sont loin d'ètre èdifiantes : ~idi 13oulman
eut l<> pouvoir merveilleux <le rendre fécondes l<•s femmes
st"rilcs... il périt de la main d'un mari qui eut la euriosité
saerilègc de vouloir assister aux rites mysti~rieux de ce
llliraclc !
Certaines qoubbas de ces pieux personnages ont des formes
particulières : les unes sont coiffées d'une coupole ogivale en
forllle de tiare supportée par une colonnade ; dans d'autres
quatre montants soutiennent une terrasse à ciel ouvert où le
corps du saint se dôcompose librement, en odeur de sainteté,
hors de la portée des ehacals impies. .
Beaucoup de palmiers sont entièrement hnilés, <fU<>lques-uns
sont à demi consumés. Ces destructions harhares constituent la
seule médication en usage contre un ver qui tue les arbres. La
palnwraie n'a pas plus d'un kilomètre de largeur: on Yoit, ù tra-

(l) Yoit· Documents.


ü
82 ,W CŒtm m; L'ATLAS

VCI'S lns palmns, la plaine pit>l'l'I'Usn dn Harlt•b 11ui luit sous le


soleil de midi.
Clweun dns 'J":OUI' de Klwrhet eoutinnt plus de 1.500 habi-
tants. Le marehù d'Asrir qui est tout Yoisin Pst cneomlwé de
monde.
Le Îfl}ltl' d'Asrir passn pom· avoii· Mù construit pnr les gens du
maghzen ; uufon!'tionnnil·e Pi 'luclquPt-l mo!-)·haznis y tim·ent gar-
nison. L'pneeinte de la hourg·adc nst divisôP nu deux parties •
dont l'une est aux juifs, l'auh·e aux l.wra~in. On compte
600 juifs et un millier de lyt~·a!in. Lns lsrat'llitcs y vivent dans
une sécuritt~ rclativf', IL la c.ondition de sc placer sous la tutelle
de deux maitres : un Jlerrruli (Aü Jferrad) pour l'extérieur,
uu l,Ja~~ani pour la vic intl•rieure dans le q1:ar.
Le march(~ sc tient dans le ffUartiPI' juif, sur la place du mellah.
Une foule de 2.500 à 3.000 personnes y cii·cule. On y vend des~
bougies, du sucre, du thé, du heurre, de l'Jnülc, dPs 1lattes, des
grains, de la viande, ù des prix sensihlPIIH'nt supi·l'ÏPurs à ceux
des IIHU'ehés de la cille. Les bf.stiaux, au contraire, SP veudent à
'vil1wix, l'lu•riH• dcviPut I'arP, la famine d1>solc les montagnes.
Un bœuf vaut 30 pesetas, un mouton 10.
On nous montre dans son échoppe le tajer Ya hia, un vieil
israelite à barbe blandw, IJUÏ passe pour le plus riche person-
nage de~ la r(•gion. Plus loin unP femuw juive surveille un~ét11.l
do tahac et de kif. Cette d(•rog-ation à la règle qui interdit a~
femmes de tPnit· !JoutiqtH' Pst une tolh·a11eP iutt'~l'esst'~e. Le mari
de cetfP fémnw ~>'est enfui laissant un passif considérable. Les
cr(•ancicrs obtinrent <fUC l'abandonnée continuât son commerce;
elle paye ain;;i les dette,.; dP son mari, et élève ses enfants.
Lèt; hnazirPn surveillent jalousement leurs protégés juifs
ct prôlèvent un droit sur leurs opérations commerciales. Le juif
SP soustrajt de sou mi<'ux à l'et impôt. L'un d'eux, ayant à nous
fournir dP l'01·ge, JH'Pnd noh•e commande, nous prie de l'atten-
dre un instant, et s'en va chercher le gmin dans sa maison. 1}
revient les mains vides :
-Je vous prie d'attendre encore un moment, mon amazir est
chez moi, il m'est impossible de sortir aucune marchandise
devant lui ... »
PlandtL' XXXI

Fig. fil.- Vallée rie I'Ouerl Heris. -Col el sout·ee rL\Illserl (pagl' 71)).

Fig. fi::?. - f :ot·ges dl' I'Otl!'d Ta ria (Ou cri H••t·is) (page 71 ).
DE L'OUED MLOUYA A L OUED DHA

Il semble que les gens dïei soient plus hospitaliers, moins


rapae(•s, 11ue 1·cux 1le nos dt>rnicrs gltcs. Cd optimisme sera
peut-ètre d{•1:u par les exigences de la dl'l·ni(•rp heure. Trop
souvent nous avons {•prouvé que la ze!!a!a du lendemain est la
ran«:on des cordialités de la veille.

6 février

Xous entrerons, ce soir, sur le territoire de la fameuse trihu


des Aït Alla (1); quatre zettats nous font escorte, trois piétons
de Ferkla ct un cavalier Attaoui.
Notre dédoublement doit s'opérer en vue du premier q~;ar de
Thod1~a ; la plaine est peu sûre, et mieux vaut donner à nos
compagnons l'appui de notre présence jusqu'aux collines de
Testafit, où s'achèn l'oued Thodra. Les oueds de cette région
sont sujets à des défaillances singulières. Ils dis~raissent sou-
dain pour aller ressortir de terre un peu plus loin. Tel est le cas
de l'oued Thodra qui, issu du Djebel Meqrour, au col d'Aitan-
çal, coule dans la plaine, irriguant une belle et fertile palme-
raie encombrée de q~;our et de vergers, puis disparaît à hauteur
des ondulations de terrain de Testafit, après l'agadir des Aït
Aïssa ou Brahim, pour venir sourdre par une centaine de sour-
ces au Ras el oued, entre les collines de Ras Çtaff et les qçour
d'el-Khorbet, sous le nom d'oued Ferkla.
Au moment de la fonte des neiges l'oued Tlwdra, trop puis-
sant, franchit parfois son gouffre de Testafit, il poursuit son cours
à travers la plaine, dans un lit qui tout le reste de l'année n'est
~·un large chemin rempli de galets. Ainsi, pendant quelques
Jours chaque année, l'oued Thodra et l'oued Ferkla ne sont
qu'une seule rivière.
Les pentes de Testafit sont des pàturages réputés. Les Aït Atta s~t
les louent aux A7/ii;;;rad. Le chil). y croit ha~t ct dru. Cette
année 500 kheimas, 500 tentes de pasteurs, sont éparses dans ·
cette plaine. Elles paient une redevance de 20 pesetas par kheirna
et par trimestre.

(1) Voir- Rtmseignemer:ts.


Ali CŒUR IJE L'ATLAS

~ous sommt>s parvenus aux palmeraies de l'oued T/wdra:


dt:~sortwtis la route de nos compag·nons Pst sÙI'<'. ~ous faisons un<'
com·tp haltP Pt, tri~s <'mus, malgTé I(UP chacun sP roidisse d<' son
mieux pom· <·aclH'I' ses sentiments, nous nous st:•parons, allant,
les uns ù 1'1 luPst. lPs autrps au Sud, VPrs les monta~nes bleues
du Çai·ro.
Pendant longtPmps encore nous 'pom·ons suivre des yeux la
minuscule Pscorte de Boulifa fuyant dans la plaine. Cn de mes
<<tvaliers déclare <l'un air sentencieux : « La fortmw ne se
di~douhle pas. Di Pu sPul sait avec <{Ui Plie cheminera ! .. . » ( 1).
:\ous a!Jordous lP IJjehel Çai·ro perpendiculairPm<>nt à sa
d iredion g·<~nl·rale. If a ho rd nous fmnchissons trois lits d'oueds
sans \ï~gétation, sans verdurP, <JUe l'on nomme Iris ou hiPn Aqqa
suivant qu'ils ont ou n'ont pas d'Pau. On escalade ensuite un
seuil constitul~ par des couches de calcaires noirs plongeant vers
le ~ord. En arrière s'ou ne une trouée encadrée entre deux
chaines de collinPs oü s'élèvent <juelques q<;our assez miséra- •
hies dPs Aït el-Fersi, fraction <les Aït-Atta.
~ous plantons auprès dP l'un d'Pux notr<' <'amp r<'•duit main-
tPuant il trois teutPs. li nous rPste S<'pt mul<'s et" un <lue, et nous
sommes huit : lP du'•1·if l\Iouley Pl-llasseu, Zl'nagui Pt moi, avec
noh•e fpqih Pt quatre S<'I'viteurs. ~ous ne formons plus <ju'une
petite ea l'av aue hien modestP, et pourtant c 'l'st tout juste si le <J<;ar
auprès duquel nous campons ne ferme pas, à notre approche,
sou unique et nionumental portail. On nous fait dire dl' conti-
nuer notre chemin, ou plutôt de retourner Il 'où nous venons ;
aucune route ne passe par ici : nul zettat ne saurait, en aucun
temps, nous protéger contre la rapacitô des nomades qui errent
dans le Çarro, mais en ee moment plus <JUe jamais l'insécurité
règne dans ces rt'·gions que la famine dùsole.
Prudemment,. humblement, patiemment surtout, .nous rassu-
rons la défiance dPs A 1t A tt a et, après la prière de l'asser faite
en commun sur l'esplanade du q<;ar, les notables viennent nous
apporter une monna très misérable, mais <JUi fait de nous les

11) ~lon collahot·ateur Si Saïd Bou li fa a regagné ~lctTakcch pat· l'itiné-


rairt> suivant : Fel'kla, oued Jladi•s, Ouarzazat, •·ol du (;]aoui, ~Jerrakcl'h.
l'larll'hc X\\11

Fi;:-. fi:3. - \"allh dt• I"Oucrl Ht•r"Îti. - .\quetlrw tl".\ r-r-a r-at! 'pa;!t' ÏÏ).
tH: 1:o(jEh liLol'Y.\ .\ L'orrn Ill\.\

hôtes de la trihu la plus pnissantP pt la plus l'f'dontt'•p du ~llll­


Est marocain.

i (écrir'r

Départ ù 10 heures. ~ous marchons droit au ~ud. Le pays


est affreux ; le sol est pavé de roches noires et brillantes dont les
débris jonchent la terre. Les collines ont toutes même aspect :
un talus d'arg·ile surmonté d'une épaissi' dallf' <le roche ros<~e.
posée, horizontalement ou inclint'•e, tantôt vers le Sud, tantôt
vers l'Ouest: puis unf' nom·elle couche d'argile et, surmontant
l'édifice, une mine<' dalle rocheuse <Iui, d'en bas, semhle un
couvercle. Telle parait, aussi loin que la vue s'étend, l'architec-
ture des collines du Çarro. si étrangement découpées en dents,
tahles, aiguilles ou pitons. L'altitude maxima atteint ROO mètres
au-dessus de la plaine: l<'s cotes moyennes sont entre 250 <'t 300
mètres.
Ce pays morne, sans cau, sans habitants, sans faune, où la
rencontr<' <l'un troupeau, où la vue d'une gazelle sont des évé-
nements rares, est en cette saison recouvert d'une délicieuse
floraison saharienne, petites fl<'urs du désert, imperccptibl('s,
frêles et discrètes que r on remarqu<' à peine' ct qui 1-tend!'nt
un merveilleux ta pis dia pré sur c!'tte solitude tlt•solée.
Xous franchissons d'abord un col, l(' Ti::J n' floujou; la vallùc
s'élargit ensuite, pour sc resserrer de nouveau au col de Ti::;i
n'Teno ut où quelques touffes de palmiers ombragent une som•ee
et des lauriers-rose. Au-<lelà s'ouvre une valll·e sans oued dont
on traverse la herge méridionale au Ti::;i n' lslan, pour pénétrer
dans la plaine d'A.mmar, énorme trouée de 15 à 20 kilomètres de
large, pierreuse, monotone, qui sépare le Çarro proprement dit
des collines de Tisclzaouni qui forment son prolongement ori<'n-
tal, et dont les ondulations vont se perdre dans la vallée de l'oued
Ziz. Ce qui caractérise c<'tte troué<' c'est la régularih' des hau-
teursqui l'enferment et qui, semhlables et pareillement orientées,
cloisonnent cette plaine comme des stalles. Toutes ces collines
ont un nom tiré de l'histoire locale ou de la légende : dans l'Est la
falaist> tlP. Ba Houddou d'oil tomba un hri~and fameux: Tilnt
AU f.Ot:t:ll Ill': L' ATJ,AS

n'.Jaït, l'aiguillP rlP .Taït, auh·c roupnm· de routP (~galcmnnt dlè-


hre; dans l'OtH'st, cpwtt'P massifs rcmarquahles pol'tPnt les
tJoms de Tou ri n' Telrount, Oul n'Telrounl, Taça 11' Telrount,
.lrdi n'Telrount, lP cœur, lP foiP, la tête, l'intpstin, dP la cha-
melle, parce qu'un pPrsonnage mythique, dont on n'a pu me
dire le nom, ayant tu6 sa chanwlle en mangea quelque mor-
ecau en chacun de ces endroits.
V ers 5 heures 30 nous faisons halte dans un site solitaire
c1u'on nomme Tiguelna, au pied d'une grosse tour carréf' sous
laquelle repose une sainte, Roll(la Aïssa. Personne n'est là pour
nous en conter l'histoire, et c'est un ml1lancolique spectacle que
cette minuscule oasis, w'e du caprice d'une petite source, et des
soins de quelques bergers, fraiche, propre, soigneusement cul-
tivée, perdue, et comme oubliée, clans cette plaine arirle.

8 lévrier

Partis avant 10 heures du matin nous arrivons à l'étape à


7 heures du soir, à la nuit close, après neuf heures de marche
sans halte ct sans grand intérêt.
Tout d'abord nous traversons les collines d'Achic/1 qui limi-
tPnt la plaine (Ltmmar. Le eol est étroit, encombré de tamaris;
un ruis<~eau y sourd ct clisparait aussitôt, absorbé par la terre
assoifl'ée; une grotte /ri Rial, béante dans la berge orientale,
renferme un trésor que nous avons commis l'indiscrétion, sacri-
lilge, mais vaine, de chercher. Des traces de foyers récents
attestent que les passants ont coutume de faire étape en ce lieu
propice qui leur offre un abri contre le vent, un peu d'ombre,
de la fraîcheur ct de l'eau.
Ces collines cl'Achich sont des assises calcaires qui plongent
d'une vingtaine de degrés vPrs le Sud. Vues de cette face elles
montent en pente douce ; vues du Nord ce sont des falaises
dressées à pic sur la plaine.
Au delà s'étend le vaste cirque de el-Haçaïa (el-H'açayva)
que ferment les collines de Serf'dra et cl'lzergan. L'ouecl el-
Haçaïa, qui coule au pied nP ces collines, vient de l'Est, il sort
- !IF"'--~-
~··

Fig-. lilî. Yallée de ron·l·d Fl'rkla. - Tii·l'ÙOIIÎll (page ~1).


DE J,'on:D )!!,flUY.\ A T,'ni'Eil lln.\

du Djehd 8irli .ili ben JfrJ;tça. ai'I'osP nPuf <p:our des Aït Alfa
qui portent le nom coll<'etif dP <[\'OUI' r•l-!laçaïa ( L) ct sont·
réputl~s pour leurs jm·<lins plant\•s <lf' tamat•is et <le palmiers;
l'oued trnYcrsc ensuite les collint•s de SPrerlra pour allPr sc
perdrp dans le rl<'sert d 'el-Maï:der <[ui s 'étf'tlll au Sud-Ouest du
Tafilelt.
Plus loin, nouvdl.e plaine, plus nue Pncore, car l'aridité va
s'aggravant à mesure que l'on approche du Sahara. Un chott
argileux, que com-rc par places une mince toison de joncs,
forme le centre de cette dépression. L'oued Tazzârin (2) vient
se perdre dan!) sa rive occi<lentale, il re,;,;ol't de la rive orien-
tale sous le nom d'oued Ajmou. Ces deux vallées peupll•es de
qçour importants encadrent dans le ruban de verdure de leurs
beaux tamaris cette plaine de Tifrit n' Fraoun qui est l'un des
centres les plus importants des Aït Atta.
La nuit nous surprend au milieu des dunes de sable blond
qui précèdent la vallée de l'oued A.jmou, ct nous errons long-
temps à l'aventure, à la recherche du qçar de Tarbalt où nos
zettats ont des amis.
Notre arrivée met le qçar en (~moi. De toutes les maisons
sortent des gens curieux ou inquiets, portant à la main des tor-
ches en djerid dont les lueurs donnent à notre campement une
apparence fantasti(IUe . .Après une heure de pourparlers on nous
assigne un coin de la place publique où sont creusés de grands
trous qui servent à jeter les ordures, puis les torches s'étei-
gnent, les portes se referment, ct l'on nous abandonne sans
Vouloir mème nous fournir une cruche d'eau ...

10 février

La fatigue, l'absence de guides ct de proviswns, nous ont


obligé à séjourner hier dans lP <p;ar de Tm·balt. Les habitants
semblent pacifiques, sages et très misérables. La belle appa-
rence de leurs qçour est un leurre; l'intérieur en est délabré,

(i) Voir Renseignemel;tts.


(~) Voir Renseignements.
lPs maisons st•('('oUl<'nt, }ps lwaux jal'dins plant<~s 11f' tamaris
donnent à leurs indolents propriétaires moins <[Ue le strict
n{~cessaire. On y suppU~c tant hien <{U<' mal par le pillage.
Quand une fraction sent ses provisions s'{~puiser, ou, simple-
ment, quand les hommes ont des loisirs <'t de la poudre, on
organise une barka qui va " manger )) un des q<:our de
l'oued Dadès, de l'oued Dra, du RPris, du Thodra, ou du Tafi-
lelt. Si l'on est repoussé, l'on rentre chercher du renfort; si l'on
est victorieux, on égorge les hommes libres, on garde pour les
vendre, ou pour son propre usagP, les femmes, les enfants
et les esclavPs ; <'nfin, si l'on est en force, on s'installe dans le
qçar, jusqu'au jour oü !IU<'lquP voisin plus fort viPnt le con-
quérir à son tour.
La défianc<' des AU Atta est extrême. Quand nous lPs interro-
geons sur lf's fractions et l'importance numérique de leur trihu
ils répondPnt invariablement : « Dieu seul peut dénombrer les
Aït Atta; leur tf'rritoire n'a pas d<' limites du côté de l'Orient
ni du côté du Sud ... » .

L'étape est rude de Ajmou à Tamgrout : partis à 7 hPures 30


du matin nous arrivons à 7 heures du soir, et nous campons
à Mguerba it 7 lH•ures 40.
En quittant Tm·balt nous gravissom; les pentes pierreuses
d'Aqout Pt de Hart du haut desquelles on découvre la plaine de
Tazzarin, lP Çarro Pi, par delà ses collines dentelées, les cimes
blanches du Haut-Atlas. Du eût{~ du Sud une vaste cuvette s'étale
à nos pieds. D<' son sol ar!-!·ileux {~mergent dC's rochf's dures,
sombres, luisantes, eomme goudronnéPs. Les pPntes des col-
lines sont com·ertes de pPtites ilPurs mauves ; des trou-
peaux paissent, épars dans cet immPllSl' Pt providPilfiPl pâtu-
rage. Nous sortons de cPttP prPmièrP d{~pression par lP col d'Aqqa
mta Touroust. l' IIP nouvellP plainP s 'om-rl' dPvant nous : e 'est la
plaine de Tamgrout, elle est fermôe par deux lignes de hauteurs
qui se soudent du elit{• de l'Est, oü elles portent le nom de DjPbel
Tadrarth, Pt courPnt parallèlement vers l'Ouest, <\l'infini, enca-
drant la longue plaine de la .Feija. La chaine septentrionale,
celle que nous venons de traverser, se nomme Djebel Bou
Zaolfal jusqu'il la hr•\clw ![n'y ouvrP l'ouNl Dra, f't an df'lil
:...
...~"< ~'
r
if
-
-

.-
H9

Djclwl tlrs Ou/ad Yaltia, tl'Ouriri, de Riclw, de ... c'est la


Ùernif.re er!\te !le l'.lnti-.ltla•. La chaine nH~ridionale prl•sf'nte
d'abord, droit t!Pnnt nous. mw trou{•p très nPtte, Taqqat
Iqtaoua. par où sort l'oued /)ra: elle prend f'nsuite les noms de
Djebel Toudma, puis de Djehel Bani.
L'h!~micyrle (le Tadrarth est mt>rwilleuS<'IIH'nt r!1gulicr. On
peut~- suiHe indMinim<.'nt chacune d<.'s assises rocheus<'s dmtt
les lignPs clait·es sont nettes et continues comme des courhes dn
nivPau. LP sonunet plat n'est rompu qu'à la trouée d<' l'oued
Dra, et r<'prcnd aussitôt aprt\s. Cne sèrie de collines èrodèf's,
cffondrt~es, é_gTPlH~es il lïnt!•ri<>ur de CP cirque, atteste l'existencP
d'mw deuxième ehain<' conc<.'ntrique, mais dont les assises, au
lieu d'être horizontales, plongeaient vers la circonférence.
Cette immense plaine est harrée vers l'Ouest par la ligne som-
bre des pahnerai<'s de l'oued Dra, au-dessus desquelles émerge
le minaret de Tamgrout t{Ui nous sert longh•mps de point de
direction. Puis, la nuit vient, nous suivons silencieusement
notre guide, qui semhl<' ht'•sitant et perplexe.
Yers 7 heures nous atteignons Tamgrout. La ville est enf<'r-
mée dans une enceinte tle murs bas . .Après d'assez longs pour-
~arlers on nous ouvre une petite port<', et nous cheminons
InternlÏnablenwnt ù travers un dédale de ruelles (•troites hordé·es
de magasins vides et de ruines. C'est le quartier du marché <rui
vient d'être pill!~ par les AU Alta. Cne seconde porte s'ouHe
ct nous pénétrons dans la deuxièm<' enceinte, tlans le quartiPr
sacré de la célèhre zaouia d<.'s Oulatl ben .'lacer. L<'s murailles
sont hautes, la nuit noire : l<.'s rues sont couv<'rt<'s, nos mules
h_uttent, accrochent les port<'s, tombent: c'est une promenade
smgulière dans c<'tt<' cité saint<', <'ndormie.
Une halte : des coups sourds dans un portail massif ; nous
sommes devant la zaouia. On appellt>, on frappe, on flamhe des
allum<'ttes ; vains efforts, la maison sacrèe parait d!;sertP. Enfin
Une voix dolent<', voix d<' lH\!H'<', 1o!'Uttura le et traînante, r{•pmul
aux ohjur~·ations de nos zettats :
- « La maison des Seigneurs est vit! P ... les maitres sont Pli
Vo)'a~·p ... passez votr<' che~tin, pèlerins malencontreux ! ... >>
~ons avons tonrÎlP lPs talons : lP vira~·p dPs mult>s dans cPtte
90 AU CŒIIH JHo: r,'ATLAS

ruelle obscure rw s'est pas opt'·r·t'~ sans peine: ct nous avons


repris, it tàtons, toujours buttant et trt'•huchant, la nocturne
promenade it tmvf'r's les (pral'tiPr's sil<'rreicux ct ruin{•s. Les
mm·s fr·anehis nous rrous sommes trouvùs dans la plain<', sans
;.;'ite ...
Nos zcttats nous out offert alot•s d'aller· camper dans un
([(;ar voisin, il (!l-ilfguerba. Nous nous y sommes J'CJHlus, ct
nous avons plaut(~ nos tcntf's sur un<' Psplanade dure, it ct>tù
d 'mu• caravanf' df' chameliers, sans a voir pu nH\JilC a hreuver
nos mules.

11 février

Ce matin, dès l'aube, le mo(p(ldem (le la zaouia Naciria est


venu, en personne, s'excuser (le l'aecueil inhospitaliPr qui nous
fut fait cette nuit. Il nous assure que l'esclave de garde a été
roué de coups, que l'on attend notre> présence pour l'achever,
ct nous prie de venir nous installer dans la zaouia.
Nous remettons avec dignit{~ ce changement d'installation au
lendemain, promettant de séjourner dans la zaouia jus<Ju'après
la fête de l'Ard Kehir, qui tombe le 15 ft'·Yrier. Personne, en efl'et,
ne consentirait it se mettre en route si près de cette solennité
familiale et religieuse; de plus. j'ai df'ux occultations d'étoiles à
faire les 13 Pt H février, j'aurai donc hesoin d'être stable, et je
compte que la zaouia nous offrira la s{•curitô et le recueillement
qui nous sont nécessaires, en même temps <JUe le repos dont
nous avons besoin.
Une grave question se pose ici. (luel itinéraire suivrons-nous
polir aller à l'oued Noun '? La route ordinaire passe par Tisint,
Talla, Aqqa, et, de lit, gagne Goulimin. Cette route nous est
interdite, puisque nous risquerions d'y rencontrer des gens qui
nous connaissent. D'ailleurs de Foucauld a S{)journé longue-
ment dans· cette r{~gion d'où le rabbin Mardokar Srour, son
guide, (~tait originaire. Il faut donc trouver un autre itin{~raire et
surtout un prétexte pour abandonner cc chemin classique, car
aller de Tamgrout à l'oued Noun sans passer par Tisint parait
chose aussi absurde ffUe d'aller !le Saint-Denis à Ycrsailles en
l'ag-e HO his

Fii-!". ti9. - .\lassir du Carm. -l'rotH;,. d'.\ntnt;tt' (l';t;,:t• N:i1.

Fi ..
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1 • - ~lassir dn t":arru.- Tigne! na. Tuntbt•au dt• Huuda .\bsa tpag" Xli).
DE L'OUED MLOUYA A L'OUED DRA 91

évitant Paris. Prendrons-nous au Nord, par la montagne, ou au


Sud, par le dèsert ? Il nous serait loisible, sans doute, de
descendre la vallée dl' l'oued Dra, d'aller de mader en mader,
campant chez les nomades ou chez les pasteurs. L'intérêt de cette
route est nul ; les étapes qu<' nous venons de faire dans les
vallées de Re ris et de Fer/da nous ont èdifi(• sur la monotonie de
ces palmeraies. Le premier informateur V<'nu nous dictera d'ici
la nomenclature des <p;our qu<' nous verrions dèfller. Par l<'
Nord, au contraire, nous longerons le pied de L!nti-Atlas, nous
parcourrons une région ineonnue, qui passe pour peuplée ct
fertile. L'objection est <Iue nul ne peut, ou ne veut, nous ren-
seigner sur les possibilités de cet itin<'·raire. A toutes mes
questions on répond par le dicton berbère : « Gu oiseau y
1.
atsserait ses plumes ! ,,
DÉ L'OUED DRA .A LA ZAOUIA DE SIDI ~JOHAM~IED OU IAQOUR

12 février

Cédant aux instartces des ~aciria nous sommes revenus à


Tamgrout. Deux kilomètres seulernentséparente/-.Mguerha de la
ville sacr{~e. A l'Est le cl<'sert rose, pierreux, sans ul1e touffe de
verdure; à l'Ouest, et tout proche, le ruban des palmiers du Dra,
sous lesquels les petits champs, enclos de murs en tahia, produi-

l
sent des orges, des fèves, <les navets, des carottes. Des seguias
boueuses serpentent à travers les cultures. Elles sont les artères
de la palmeraie ; chaque groupe de qçour a la sienne. El-
.Mguerha, Tamgrout, zaouia Sùl en-Nas ct Tazrout sont alimen-
tés par la seguia <le Tassergat. Chacun de ces centres a droit
à quatre journées consi~cutiv<>s <l'irrigation. La distribution des
ea~x est l'objet de toutes les sollicitudes, et la cause de presque
tous les litiges. Cette anni•e l'oued Dra coule à pleins h 'rds, la
paix règne <'JÜr<> ses riverains. Elle n'est troublée que par les
agressions des lmaziren, ces suzerains insatiables dont de
Foucauld a si exactement <l<'•crit les coutumes. Les q<:our vivent
da~ une perpétuelle inquiétud<> ; une garde de dix homm<>s veille
en permanence à la porte de el-Mguerba; les fusils de ce poste
sont rangés le long dn rempart, formant, avec <les poires à pou-
dre et des sacs à halles, une panoplie suggestive.
C'est aujourd'hui sanH'<li. jour <lu marché de Tamgrout. Sidi
Mohamm<>d hen Naeer, fondateur de la eit<', a choisi ce jour du
Sa hhat pour emp<'cher toutf's rf'lations rommercia l<>s Pntre ses
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m: L.OlJED DRA ,\ L.\ ZAOUIA DE SIDI liOHA)DIED Ol 1.\IJUUil 93

set·,·itf'm•s Pt lPs juifs, aux<{Uels il a\<tit interdi l'an·ès dl' la


villf'. LP sow1 pst anim(~: nous le traY<'I'SOJts ù lïu•nr<' oit les
g·ens l'<'llh'!'llt <·hez e1n:: l<>s afl'ait·1•s I'Oilllll<'l'l'ÏalPs ont <'·tl· mi•dio-
cres, lPs cal'a\<llles ne circulPnt gui•I'<' aux approdws <le la fète.
Pat· eonh•p on a Yendu des ceutainPs de moutons pour les saeri-
licPs rituels de L\ïd lù·hir. pt le marchù est tout poudrNtx de
la poussièr<' <fU<' soulènmt l<'s troupt>aux.
Xous r!'voyons au gTand jour lïtinèraire compli<pt{• que nous
avons suivi l'autre nuit. Le portail dl' la zaouia est ouvert, on
nous fait suivr<' mt couloir ohs<·ur, trop {·troit pour les charges
de nos mules, et nous dèhouehons dans une cour intùrieure,
étroit<', à d!'mi occupée par une mar<' d'l'au eroupissante, au
pied mème de la <Iouhha sainte <le Sidi ~lohammed heu ~a<;er
Ce voisinage inspire une terreur sup<'rstitieus<' à mes compa-
g·nons. Ils se seandalisent dl' cett<' profanation: ~Iouley el-Ras-
sen égrène neneusem<'nt son chapelet, le fe<fih chantonne la
prière des agonisants; les serviteurs de la zaouia, les notables
de la ville font une triple haie autour de nous, et, vraiment,
l'instant est très pénible tant sont perceptibles la défiance de nos
hôtes et la peur de nos s!'rviteurs.
Le lllO<faddem de la zaouia est un esclave noir à l'air intel-
ligent. Il nous souhaite la bienvenue au nom <les eheurfa
absents, et nous apprend <tue la femme de Sid Pl-Hanafi, le chef
de la famille, est heureuse que nous soyions sous son toit. Il nous
amène enfin un négrillon d'une dizaine <Lumées, d'apparence et
de manières distinguées, <lui est le fils ainé de notre hôte.
Les tentes dressées, les mules entra v<'<'s, on hoit le thé et
l'on cause. l'lous nous enqu<'·rons, tout naturellement, des
cheurfa, des motifs de leur absence, du ]mt dP leur voyag·e. Il
est étrange qu'une zaouia, eélèhre dans tout l'Islam pour sa sain-
teté et sa richesse, soit déserte... /\
En voici les raisons : après la mort de Sid Bou Bekr la hat·aka
des Naciria fut revendiqu{•e par Sid el-Hanafi, son fils, et par
Sid el-Habibi, son neveu. Cette discussion, dans laquelle chacun
entraînait une partie des fidèles, partagea la eonfrérie en deux
c.amps dont les luttes tarirent également la fortune et le pres-
h~e. Les Draoua se âésafl'ectionnèrent de leurs cheu rfa, la ziara
.H
.
Ctt:IJH liE L ATL.\S

s'en ressentit, et le budget dP la zaouia, grevé par les lourdes


charges de l'hospitaliU· et de la guerre, deYint insuffh;ant. Il
fallut contracter des dettes. Les .Hl .ltta, <{Ui avaient ôté, tour à
tour, alW~s des deux prMendants, avancèrent <{uelqu'argent puis
en réclamèrent le remboursement ; et, comme on tardait à acquit-
ter leur· créance, ils attaquèrent Tamgrout ct en pillèrent un
quartier.
Sid el-Habibi se retira le premier; il eumeua ses femmes, ses
serviteurs et partit pour le Sous oit il fonda, ou seulement res-
taura la zaouia d'Adouar.
Quant à Sid el-Hanafi, resté seul pour faire face aux exigences
des créanciers de la zaouia et aux charges de l'hospitalité, il
partit en voyage, et, depuis deux ans, il circule dans le Sud
marocain, quêtant pour remplir son trésor vide, et s'efforçant
de réchaufl'er par sa présence la charité ct le zèle attiédis de ses
fidèles.
Ces dissentiments ont fait le jeu des autres familles chérifien-
nes qui se soJl.t taillé une clientèle parmi les Naciria. Les plus
habiles et les plus heureux out 1-té les chcurfa de Tamesloht
qui out su s'attacher la tribu des AH Alta.
Mouley cl-Hadj Abd Allah ben Hossein, le chef de cette mai-
son, est représenté par un de ses neveux. Sid bou Azza ou
Driss, qui habite Tazzarin. La ziara des Aït Alla est réglée par
un code dont on nom; a énuméré les articles : on paye au ché-
rif un mctqal par enfant qui nait, par cheval qu'on achète; un
mouton par troupeau de 100 tètes ; un trentième des récoltes de
céréales ; un huitième de la récolte de henné, etc ...
J'ai rencontré Sid el-Hanafi à Mogador ; il était accompagné
d'une trentaine de Draoua. On nous a conté que ce chérif
se faisait amener à cha<{UC étape une femme du pays, l'épou-
s;\it, et la répudiait en levant sou camp. :\'otre informateur
ajoutait que l'on recherchait comme une bénédiction et une
faveur insigne l'honneur de fournir l'épouse éphémère ...
Comme nous manifestions quelque étonnement à voir glorifier
oet impudent abus de l'institution la plus sacrée, le moqaddem
répondit : « Celui dans les veines de qui coule une goutte du
sang du Prophète•se doit au monde !. .. »
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~ous sommes ici r>n pays noir; tous les Draoua, Baratin,
Qehala, Cheurfa, aYN~ dr>s nuancl's difficil<>mr>Ilt pPrceptihlr>s,
sont du noir le plus franc. Yoici comHwnt ils t'xplif{Uent leurs
diflërcnees etlmographii[UPS d lP\II'S orig·inPs.
La caste supérieure Pst coHstitui·e pat• les Aln·ar; l'inféricurt'
par les Haratin (sing. Hartani). LPs premiers sc disent autocto-
nes et seraient des berbères noirs islamisés ; les seconds pro-
viennent du Soudan. Cn mur social sépare ces deux races :
l'infériorité du llartani est affirmi•c par lïntt'rdiction d'épouser
Une ft'mmt' Alu·ar .•\ Ycrti par cette t'xplication je me suis efl'orcé
de discerner les indiYidus que j'ai pu observer. Sans doute on
retrouyc le type berbère ct le type nègre dans toute leur pureté
chez quelques sujets; le nombre en est limité. Dans la plupart
des cas la difl'érenciation est difficile tant les croisements entre
hommes libres ct fenmws esclaves ont mêlé lf's races. Le Draoui
libre, comme tous les ~Iarocains, comme le plus grand nom-
bre des Iimsulmar;s du ~or1l de l'Afrique, a un penchant très
Yif pour les nég-resses. « Elles ont, nous confiait un de nos
hôtes, une ard;ur Pt une docilité qui font UH contraste très
appréciable an•e lïndifl'érPncc de tempérament et l'aigreur de
caractère de nos femmes. ,
Le (Jchli (pluriPl (Jchala. Sig·uitie : homme du Sud) est un
Dra oui, et ordinairement un hartani. Cette di•signation est inusi-
tée dans la Yallée de l'oued lJra, et n'est en usage <JUe dans le bas-
sin du Tafilelt ou dans l'Anti-Atlas. Elle estdcYenue synonyme de
serf,car le Draoui hors de son pays est le plus souYent un esclave.
Parmi ces différentes races il existe plusieurs castes. La
Population se divise en : Braher, Cheurfa et Draoua.
Le Berhri est un huazircn nomade ou sédentaire ; tels les
Aït Atta, ct les Aït Yahia. Dans Ltnti-Atlas il prend le nom de
Chleuh, pour des raisons qui me sont mal connues, et dont la
Plus frt~11uemment fournie est qu'il parle un langage informe ,
connue s'il avait la langue tordue (chellha) ... Le Berhri es("·
lllattre et seigneur de la plaine et de la montagne. Les oasis,
les palmeraies avec leurs qçour, leurs villes, leurs vergers et
leurs jardins sont dos enclaves sur lesquelles il prétend avoir
des droits.
96

LP qc;ouriPII Pst doue ohli;.:·c·· dn l'N'OIIIIaitrP la suzPrainntt'• du


BPrhri cd d'acheter sa pt·otndiou. Ce man·ht\ qui sc nomme la
debiha, IP saet·itiel', pm·ce <JU ·a uh·l'fois 11' pt•ot!·;.:·!· i11unola it une
\·icti111c d<:'\·ant la ti'Hte ou la maiso11 d<• son prot<'dl'UI', con-
sistP c•n JH'l·li~Y<'I!Hlllts dont le taux l'St variable mais rcprt'•scnte
1~11 ntoyi'HIH~ deux elwr;.:·es dÏtollllll<' pom· l'or;_:-<'. ~m onzième
pom· les dattes.
A cc prix le Draoui achète UIH' sécuritù eomplètc ; non seule-
ment sa récolt<· S<'I'a g<tt•d(~c. mais mème Pile lui sera rcmhour-
s(~c au eas oit Plll' Yicnrlrait ù ètr<' pilll·<'. LI' Bl'rhri sc désinté-
resse d 'aillem·s eomplètemcut des afl'ait•ps int(•riPurcs <le ses
dients. Que lPs Il rao ua sc hattl'nt, se pillPnt, c 'pst leur droit.
Il n'interviendra <JUe si on l'appl'lle, Pt en ce cas il faut payer
sou eoucours, ou si quel<JU 'agr<'ssion Mrmtg;èr<', VPnant rl 'une
autr<' trihu berhèr<>, met l<>s hiens de so11 client en pèril.
Les Brahcr ont, dans leurs agglomérations, des Draoua bara-
tin ou qebala. Ce sont des csclan•s avec toute la <U•chéance,
toute la rnisèr<' <{U<' cette servitudl' comporte. On les tue, on les
vctul, on les ôchauge ; leur valeur marchande est variable.
Il arrive parfois <[Ue ces baratin forment un g·roupcment,
(•diticut ou premwnt un <p:ar, ct y Yivellt lihrcmPHt en payant
une dchiha aux Brahcr.
La deuxiènw cash• Pst celle des clwul'fa ct des marabouts
I{UC les lmazirt'n nomment : agouram. Les cheurfa sont de bran-
ches diverses; ils pullulPnt dans le bassin de l'oued Dra. Il en
est sans doute hNmcoup d'apocryphes, mais les Draoua sont
crédules et enclins aux superstitions. Il n'est pas de centre qui
11 'ait sa qouhlm ct son saint, mort ou vif: car Lmtropolatrie

t'PYM deux formes : le culte du saint di-funt. et le culte du saint


vivant. Le plus souvent les <lPux cultPs sont exploités par la
mème famille: la haraka étant h{•t·{~ditairP. le dPSC<'IHlant hùrite,
<'Il mèmQ temps lPs \'l'l'tus de sou asct'nda11t, sa zaouia et son
tombeau. Il les exploite de son mieux, mais la concurrence est
telle que beaucoup de très pieux et très Y<:'rtueux personnages en
sont réduits à la-mendicité. Ceux-là sont nos comm<>nsaux ordi-
naires et nos plus précieux informateurs. IIH s'abattent sous
notre <Jouhba dès qu'elle est plantée, y mangent nos mounas,
DE L'OUEO ORA A LA HOUA OE Stol liOHAllliiW Ot; IAQOUB 97

Y dorment à l'ah ri <le nos tentes ct n'en sortent guère que lors-
que nous levons le camp.
Les zaouia du /Jra sont innombrables, elles sont en général
assez paunes. Les Braher exigent d'elles la dehiha, et ne se font
aucun scrupule de les piller <Iuand l'occasion s'en présente.
Cette pléthore d'institutions et de personnages religieux n'est
pas l'indice d'une piété très vive. Les Draoua sont croyants et
pratiquants, mais sans fanatisme. Les Braber sont plus tièdes
encore, mais plus intolérants; le voisinag·e de l'Algérie exas-
père lem• haine du Chrétien.

1;] lévrier

En dépit de sou renom, de ses prétentions, de l'apparence


qu'elle conserve pour <Iui n'y pénètre point, Tamgrout n'est
qu'un gros qçar, ni plus peuplé, ni moins croulant que toutes
les bourgades en pisé rose qui s'échelonnent le long des rives
de l'oued Dra.
Ses quatre portes se nomment Foum es-Soùq (~ord), Foum
Taourirt (Nord-Est), Bah er-Rezq (Sud-Ouest), Fomu es-Soùr
(Est).
Sa situation privilégiée lui vint en majeure partie de ses che urfa
Naciria dont l'universel renom attirait des pèlerins de tous las
états du monde musulman. Le fondateur de la zaouia fut Sidi
A~er ou Ahmed el-A.nt:ari. C'était un pieux cénobite qui menait
une vie hérémitique, n'ayant qu'un souci : vivre inconnu. On a
c~nservé sa zaouia, on y montre le puits où le saint homme
~abreuvait. Ses hagiographes prétendent que, par mortification,
il pria Dieu de changer l'eau claire et délicieuse de ee puits en
Une eau saumàh·e. Dieu l'exau~·a: elle est imbuvable !
D'autres saints encore sont vénérés à Tamgrout : Sid el-Hàdj
Brahim fondateur de la zaouia de Sid en-Nàs (le Seig11eur des
gens), dédiée au Prophète; Sidi Bel-Qâcem, eélèbre par l'éten-
-due de son savoir.
l' Les jardins de Tamgrout sont fertiles, l'eau y ahonde, mais
. ombre y est rare. Les palmiers ne forment pas un hois, ils sont
epars et clair-semés·. Les figuiers, les abricotiers, les oraug·er8
i
.\l Cot:t: H ilE 1:ATLAS
font, pa1• places, un taillis touft'u; pa1· e1t<lroits aussi s'étalent
des flaqu<'s d'Pau saurnàh·P, bord,'•ps d<' toufl'cs de joncs,
autour dl'SI(UPlles le salpùh•p afflem·<'. LPs si·guias sont mal
Pnh·ctcnuPs. Elles ne rcpri~sPntl'ut nulle part un canal à bords
francs. Partout elles out l'aspect de ruissPaux dP 2 mètres de
larg·pur au plus. L'Pau Pli Pst trouhlP Pt tiède. Tantôt elle sta-
gne, tantôt Pile coule lente ct lw tu• use, tantôt elle court bruyante,
écumeuse. Elle passe sous mille poncenux, par cent aqueducs;
di!-!parait sous les murs de clôtur<', emplit les rigol<'s, inonde
les champs. Nous sonm1rs da us la lJt•riodc de quatre jours oùla
seguia de Tas~>ergat des sut les jardins de Tamgrout, la palme-
raie est pleine de gPns 11ui, la houe en main, surveillent leurs
irrigations.
J'ai voulu pousset· jusqu'au fleuve lui-même : il faut dix minu-
tes à peine pour l'atteindre en passant devant la zaouia de Sid
en-}(as. ~
L'oued est un heau fleuve tranquille, de 40 à 80 mètres de
large, mais sans profondeur. Son lit de sahlc ct de galets
mesure environ 300 mètres cutrc des berges plantées dt> tama-
ris. La rive droite est déserte et un peu ensahh'<'; en aval elle
se couvre de palmiers tandis qu<' les palmeraies de la rive g·auche
semblent s'éclaircir. L'<'aU est douce, un peu plate, mais assez
fraîche.
Suivant l'usage 1lcs pèlPrins nomades wnus ici du fond du
désert, nous en avons hu, 11ous avons fait nos ablutions ct récité
ln prière de l'asscr sur lPs hords du Dra dont l'cau efface les
souillut·cs physiques ct morales ...
Ct'ttc t•rt'•dulité fait sourir<'. de loin. Il faut aux fables leur
cadre nu'rvcillcux; aux h'·gcndes de c<'t antique Daradus, où Pto-
ll•mi•e 11~u~ conte qu'en son temps les éléphants venaient boire,
il faut l'horizon rig·idc des collines plates de Bou Zeroual, de
Tadr:rarth, de Toudma, le c~ · implacablement pur, l'espace
illfini, le silence absolu ct, dais ce paysage où tout meurt de
soif, la majestueuse ~t htrge··coulée tl'cau limpide du dernier
survivant des fleuves sahariens.
Pl a 11<'111· .\ \.\ \'1 Il

Fig. 7:-i.- Ynllée d1• I'On,•d lll'a.- L<' s••ïd <1'.\l'lanndl'al' (J><If!l' 107).

Fi~;;. 7ü. -L'Oued. Dru, à la l.ni.uleur Je T;Hugront (pagl' !JXJ.


IlE L'OUED lllU. A LA ZAOUL\ IlE SIDI MOIIA~DIE!l OU IAQûl"H !)9

11 FVJ·ier

l'lous SOILlllPS all{·s visitC'r le tombC'au de Sidi l\lolwuuucd hcn-


Xa<;cr !}Ui rappPllc eclui de Dou l\t!•dien ii Tlemcen. Il est
Ill· dPrn!•, Pu partie du moins. ln poèmC' Arjou::,a, composé
par le pèrp du !J<Hli aduPl, Sid el-(Jorehi, nous apprend que la
qouhha fut rlc:·truitP par un incPrHliP, et rPconstruitc sous le règ·nC'
du Sultan Sidi .Mohammed, cu 1869. }Jeux vers, du mètre llajaz,
extraits de cc poème, sont gravi~s au frontispice :

La sculpture et la peintm·e en fm·ent achevées,


Pa1· l'aide de !lieu - qu'il soit exalté !
Le 24" joui' de Rajah,
En l'année 12~6 de l'hégiœ.

La !{oubha C'St de forme classique, carrée, ornée d'arabesques


Yertes et roses ct d'inscriptions koufiques découp!•ps dans le plâ-
tre, dont la plupart sont extraites de la Borda. Le toit, en forme
de JlHamide

(1uadran tlo·ulaire ' est recouvert de tuiles vertes ver-
nissées, d sm·moutt• des trois houles d'or classiques qui attes-
tent la sainteti~ du lieu.
Nous suivons un couloir sombre sous lequel débouche la
lllosquée de la zaouia ; elle est g-rande, toute blanche, sauf le
chambranle de la porte Pt le mirah (JUi sont ornés d'inCl'usta-
tions et d'ornementations. De gros piliers carrés supportent les
'Voûtes ogivales à arcs ouh·epa ssés sur qui repose le toit.
Nous débouchons dans une cour intérieure remplie de monde.
La qouhba en forme un côté, Pile est précf>dée d'mw arcade de
trois arceaux dont le revêtement dP plâtre est incrusté et peint.
Uue grille très primitive, assez Lasse pour qu'on puisse facile-
filent la franehir, harre le seuil. ~ous N•tirons nos helleras,
et nous pénétrons, précédés pat• le moqaddem, qui est seul
détenteur -de la clé, et n'ouvre !{U'aux gens de qualité.
L'intériem· de la qoubha a la forme d'une croix ; le catafalque
eu occupe le centre. Trois des bras forment des chapelles voû-
tées qui s'achèvent par des fenêtres à vitraux de couleur; le
quatrième, par où ·l'on entre dans le saint lieu, donne sm· la
1011

l'OUI' iutt'•rÏPUI'<' par UIH' portl' et Ulll' fpnèh·~~ ;..;-rill{•(•. La pii~ce


est somln·p Pt t'P<'UI'illie.
Le eatafalqHP. dt·apl· d'MoUe rouge, S<'mhle 1111 l•ti.Ôt]ll" lit de
bois, portant UIIP houle il clHHJlH' coin. Le saint 1rqJOse au
ePnh·<', sPs sucepssPurs sont aux ang·les; lP monum••nt funèht•e
l'Pilf'Pt'lll(' 1ptatOt'ZP l'f'J'CUCÏls.

Ce sont ef'UX de :
1) Si di .\hd :\lia h hen Pl-HossPïn Pl-(lehhùh, prt'~eut·scur des
1\aeiria;
2) Sidi l\lhaHunPd IH'n Xaecr, le pr<'micr des Xaeiria;
3) Sidi Ahmcd ))('n :\"accr, surnommé el-Khalifa, son fils ;
4) Sidi Ahmcd on Brahim 1'1-:\w;<lri, surnommé Ahoul
Ahhas, I{Ui construisit la gTa ndc mosqu(•c dP Tamgrout ;
5) 1\IPÏlnouna, mèrl' fL\boul Ahhas;
6) Hof1;a. mère d'el-Khalifa;
7) Amina, épouse d'el-Khalifa, descendante fL\bou Bekr
ec-Çaddi•I ;
8) ÇMia, autre épouse d'cl-Khalifa ;
9) Sidi l\lhammed c1;-Çarir, patron de la zaouïa! el-Baraka
•tui pst encore dirigée par sa descendance ;
10) Si di Youssef, fils dP Si di :\lohammed ou ~lhanuncd
inhumé dans la zaouia dP Tamslwurt (Zaïan).
11) Sidi Ali ou Youssef, fils du prl~eédt'nt, surnommé Ahi
Hassen;
12) Sidi Jaafer ben ~toussa, frère de Sidi l\lohanuned
el-l\lekki ben Moussa hen l\lohammed ben .:\lhammed hen
Nacer, auteur d'un ouvrage très populaire dans le Dra, intitulé:
Perles serties ou Histoire des lwmmes célèbres du Dra. On
trouvP, entre autres clwscs, dans cc livre, la légende d'après
laquelle lP Prophète aurait mangé des dattes Bou Sckri venant
des palmeraies de l'oued Dra ;
13) Ahou Bekr, grand'père de Sid el-Hanafi mort en 1281
de l'hégire (186t) ;
14) Sidi Mohammed ben Abou Bekr, père de Sid el-Hanafi,
détenteur aetuel de la Baraka.
Un lustre de cristal pend au-dessus du eatafal•tue; les voùtes
des rhapl'lles suppol'tPnt des lampadnit•cs de ft>r. Le pl<ltre des
Fi;:._, 77 • -\'·Il. l l' f l uc•1 l l>l'A.-
tl ee~~~ · · l'tns.- l'·a•·en''''lt. 1en 1a 1e ( page gg·)
'l' arngt'Oili,.Jill'l
DE L 'ou:n mu A LA ZAOIL\ m; SI Dl )IOILUDI Ell 01) L\QOIJII 1(){

piliers et des voùtPs, le hois tlPs portPs, fPIH\h•ps et plaeards


sont sculptt>s avpc hC'aucoup dP soin: lPs moulurPs dPssinPnt un
rés<'au hlane, vert et ros<' : lPs hois<'ri<'s sont pPintPs il fond
jaun<'. LPs inscriptions rappPllPnt lPs TlOlllS ct lPs n~rtus tlPs
dHunts Pt chant<:'nt lPs louanp.·ps de DiPu.
On nous a fnit baiser le snrcoplwg-P et l<'s <ruatre ang·lt's. puis
nous nous sommes accroupis sur un vi<'ux tapis persan, ct nous
avons hrùl!• du bois parfumé dans mtc cassolPttP. :\louley <'1-
Hassen a dit ù mi-voix quclqups invocations, auxquelles nous
avons r(•pondu en chœur, ct nous sommes sortis en donnant deux
douros au nwq<radem qui Bous a poursuivis jusqu'au seuil de
notre tente de S<'S souhaits de prosp{~rité <'t de ses h{~nédietions .
. Le soir nous p<'•régTinons encor<' à travers la vill<' C't ses jar-
dms, on nous fait voir un<' autre qouhha sous laqu<'lle repose le
fondateur dP Tamgrout. Elle est plus élevé<' que ePile d<'s :\'aci-
ria mais infininlPnt moins rich<'.
Zenagui s'efforce' <le visiter l'admirable' hibliothèque d<• la
zaouia. EllP conti<'ndrait environ 10.000 volumes et manuscrits
recueillis par les ancêtres des cheurfa ct surtout par Sidi Moham-
med ben :\"1\cer qui vécut longtemps au Caire oü sa manie de
bibliophile lui valut le surnom de : la peste des livres. P<'rsonne
aujourd'hui n'a plus souci de cette bibliothèque ; <'ll<' estferml•t>,
assez hermétiquement pour qu ïl ne soit pas possibl<' tl 'y p(•nt'•-
trer, mais pas assez pour que l'on n'y puisse pr<'ndr<' des volumPs.
Plusieurs personnag·es notables sont venus nous Pn ofl'rir il <lPs
prix ridiculement bas qui décelaient leur prov<'naHcP. Tous
ces lines portPnt <l<'s notes manuscrit<'s dP la main dt>s cheurfa.
:Xous en avons acquis que lqu<'s-uns sur lesquPls lP YPndPnr a
soigneusenwnt gratté des suscriptions rèYélatricPs (li.

(t) Ces ounages m'ont été volf;S Im·s de l'agt·ession dont j'ai été victime.
Ils sont maintenant entre les mains des cheïkhs ben l'abia, ·it .\nzolll". Crs
ouvrages sont :
Retour du vieillard à la jeunesse; nvec notes manuscl'ites; édition 1lu
Caire. -Manuscrit de la main d'un chérif Xnciri. relatant les biographies
de ses ancêtres. - La perle du plongeur. de Hat·iri: l-dition <le Constanli·
nople. - El Jfeqqarî: tomes 1 et IV; édition du Caire avec annotations
manusf~t·ites. - Qué.~tion.~ po.qfp,ç à ,<,'idi Jfolmmmed et répon.çes. manus-
1112

La zaouia nous fait dirP l[u'dlP Pst 1lans l'impossibilité de


ti'Ouver dP l'org·p pom· IIOUI'!'ir 11os mulPs. La cliseUP ct·oit ; on
doune de la luzPt'llP aux hNPs de Tamyrout. L'org-P vaut Pll cc
moment 25 pes<'fas ln <JUÏntaL et, 1lïci pPu, on n'en vendra plus
h aucun prix. Lf's Zenaga nomades en sont dl'•jà rôduits à man-
get· des plantes Il<• la Feija. Cette famine est un obstacle dP plus
ù la r{•alisation dP nos pt·ojets. Ell<' <LUgïnl'ntc l'ins(~curih\ les
d<~peuses, et les fatigues de la route.
Quant à nous, la zaouia nous nourrit iL peu de frais ; mais
nous n{~tions pas venus à Tamgrout pour y faire chèrP li<'. Le
matin, vers 8 heurl's, on nous apporte l'açoua!t, que les Braber
appellent aça, crème d'orge• ou de maïs, le plus souvPnt trop
f<Hle ou trop épicée, IJUe l'on boit avec de grosses cuillères ron-
dl's en bois. V ers 3 ou 4 heures de l'a prils-midi on nous sert un
kPsksou; c'est le couscous algérien inondé de sauce au pinwnt
tdm, ou et saupoudr!· <le poin<' rouge ct dl' cam•lle. A 10 ou
11 heures du soir, on nous apporte un plat de viande nageant
dans une sauce rougi' au piment Pt au poivre. On arrose les
lougs intervalles de cc rl'·giuu• <l'innombrables tasses de th(• vert,
ù la menthe, tr<'•s suer(•, f't de <{tl<'li{Ues gorgées d'eau un peu
saumâtre, qui ae<ruiert <lans les gucrba une agréable fraîcheur
ct une odeur de houe regrettahll' .
.J'ai pu installf't' mon observatoire claus d'assez bmmPs ('On-
ditions, et braquer ma grande lunette vers la lune pour y noter,
hiPr, l'occultation d'une hdlP Moile de première grandeur, IX
Taureau, et ce soir, l'occultation d'unP petite étoile de 5,7"
g;randeur. Cf's opèrations astrotwmii{Ues terrifient mes compa-
gnons. Je leur ai dit que lP graud santon, dont la zaouia nous
<>st si propice, Mait un savant et que sans aucun doute il devait
voir mes travaux scientifiiJUPS 11'un œil favorable ...

15 février
- « Aïd mahrouk » ! Donne fête !
C'est un de mes sl'rviteurs qui soulève la porte' de ma tPnte

(Til curieux où sont exposées, par dPmande el r(;ponsc, les opinions el la


do(·lrinc de l'un des :'iad1·ia les plus énulils.
....


·'
. )
...
IlE L'ot;Eil DR,\ .\ L.\ Z\illï.\ IlE >Hill JIII!IUDIW or 1\QOI;B J():J

pour nw passer un plat df' tagoulla hrùlant. L0 tagoulla, auquPl


on donne aussi le nom <le lif'l'rhf'l'l', est un turhan de blé bouilli
et crPvù <lans l'eau, ou dP grains <lf' maïs concass{~s, sm•mrmtt'~
<le viande <le mouton, ct nageant dans l'implacable sauce t·cnr-
late nu piment ct au poivre rouges. Cc service matinal tt;moi-
gne tlu désir qu'ont nos hôtes de s'affranchit· pour toute la jour-
née des soucis culinaires. Ou déjeune donc, puis on sP pt•t1parc
à partir pour la prière. Elle sc fait hors <les murs, imllP mos-
quée, ni esplana<le n'étant de taille à contenir lo peupltl des
fidèles qui se presse cc jour-là derrière l'imam. Aprt\s la prière
vient la Khotba, le sermon officiPl ; puis la parole est à ln
poudre, et Dieu sait s'il s'en consomme sur la terre marocaine
un jour d'Aïd Kcbir !
Tous les hommes valides doivent assister à cette prière du
matin. Sidi ~lhammc<l ben ~açer, soucieux de conserver cette
tradition pieuse, a prononcé anathèmes et malédictions contre
quiconque s'abstiendrait. La ville reste donc livrée aux femmes.
Elles aussi ontleur tradition. RPcluscs et esclaves tout le reilte
de l'annP-c, elles se dédommagent cc jour-là par les plus folles
parties; elles pénètrent partout, fouillent tout, touchent à tout,
prennent ce qui leur plait. ..
. Ces licences m'avaient paru dangereuses pour notre maté-
l'tel, d'autant que nous savions la zaouia peuplée de femmes,
dont notre camp intriguait vin~mcnt la curiosité. Il fut donc
décidé que, pendant que tous nos compag·nons iraient à la
prière, Zenagui et moi, que les màlédictions du santon n'émeu-
Vent point, nous garderions nos tentes.
Bien nous en prit !
A peine le pas des mules qui emportaient nos compagnons se
fut-il perdu dans le lointain qu'un flot féminin commença de
rouler par les rues. Ce ne fut d'abord qu'un· piétinement de
Pieds nus, des chuchotements discrets; puis des courses folles,
des éclats de voix, des fusées de rire. Par tous les trous de la
muraille on apercevait des yeux rieurs et curieux. D'abord on
s.e contenta de nous ohsener de loin, prudemment ; peu à peu
lon s'enhardit. Les premières qui s'aventurèrent à pénétrer

,.
dans nl)tre eour furen.t des petites filles, la tête à demi rasée et

\
tot
hlwissl•f> par· plal'f'S dP toufi'Ps ('l'è)IUPS, aYN' dP ~·r·os colliPrS de
houles de \'erre ou d'ambre pendus au cou, et des ~rands
anneaux d'ar·~-;·prlf aux IH'as et aux orPillPs.
Après les petites fillPs vinrPnt les vieillPs femmPs, 1lrapées
dans leurs pagrws de Klwunt hlPu, lamentahles, ~ei~nardes,
dolentes. Elles entrèrent effrontément sous nos tPntes, s'accrou-
pirent sans fa1;on sm· nos tapis, et se rüirent à nous conter leurs
pitoyables histoires, et à nous prodiguer leurs Y<llUX. Puis, lasses
de nous voir immobiles et comme insensibles à la vue de
leurs misi•rPs, aux récits de leurs maux, elles s'en furent toutes,
sauf une, IJOh'l' voisine, qui, trouvant sa responsahilitl~ engag(•e
par CP voisinagl', s'institua notre gardienne, en nous recom-
mandant cll' Ill' pas nous effaroucher des incliscrMions cles bara-
tines ...
Et de fait Piles le furent, indiscrMPs! La première qui pénétra
sous ma teute poussa un cri d'étonnement. Etonnement par-
faitement joué, car j'entendais depuis un instant le complot
d'une demi-douzaine de commères que mon outaq intriguait.
Derrière cl'tte audacieuse les autres entrèrent, effrontées,
minaudièrPs. Deux minutes plus tard j'avais, autour de moi, un
cercle d'une douzaine de jeunes personnes, guère farouches ni
réservées, qui se mirent en devoir de passer de mes bagages ct
de moi-même une inspection dMailli•e.
Et c'étaient dl's pPtits cris d'Monnement, des soupirs d'adrni-
ration, des poufl'ements de rire, un caquetage de perruches, des
hardiesses de guenons ...
Les femmes de qualité se reconnaissaient des autres à la
riehesse de le'urs vêtements et de leurs parures : étoffes blan-
ches transp.-rentes, gazes et mousselines, gros bijoux d'argent,
colliers énormes, turbans de soie verte ou diadème de cauris et
de perles de couleur.
Toutes, riches ou pauvres, s'enveloppent dans une pièce
d'étoffe voyarrtc qui entourP la croupe et se noue sur le ventre.
Cette sorte de ceinture avantag-e la gracilité des jeunes mais
désohlig:e l'opulence des matrones. Rien n'est comique comme
la démarclw d'une grosse négre!<se bien sanglée dans un pagne
clair.
DE L'ouw DRA .\ LA ZAOUI.\ DE SIDI l!OHUDIED OU IAQOUB 105

La fat:on dP ('«':-; ],plJps toilPttPs Pst fort sonunairP: hot•s la


chf'ntisp rlP coton Pt lP panhlon court, rien n'est cousu: tout est
drap«~. D{'ux filmlPs plac(•ps sur lf's (•paul{'s attach{'nt la pi<\cp df'
dnant ù ln pii•cp d1• dprrièrl'. La ceinture les r{'lie ù ln taille.
En sortp quP IP vNPnwnt pst h(•ant sur les fl1mcs, de l't•pan!P
aux hanrh<'s. « On montre sa h<'aut{• oit on l'a ... "· L<'s j<'n-
nes Draoui<'nnes n'ignorent pas qu'elles ont le huste sculp-
tural, <'t n'ont g·arde dl' li' d{•rohl'r à l'admiration puhliqu<'.
Ce vêtement, qui comm<'llC<' si has, finit tantôt à la che-
ville, tantôt au genou, <'t même parfois h<'aucoup plus haut.
Mais ces ajustements, un peu sommaires, sont corrigés par l'en-
veloppement des pagnes. On les drap{' d<' fa~on à ne laisser
voir que C{' que l'on veut. Pour sortir on relève le dernier
pagn<' par dessus la têtP, tout comme l{' font l{'s paysannes de
chez nous retroussant leurs cottPs qunnd la pluie les surprend.
La coiffure des feinmes dP Tamgrout est loin d'avoir la grâce
de cell<' des AU Men·ad. L{'s chewux, nattés par petit{'s tresses,
à la mode des n(·:o:-resses du Soudan, sont réunis en deux han-
deaux séparés par.,_une raie, et noués sur la nuquP .
. . ~es Draouiemws ne sont pas joli<:'S. Cne seule, a{' toutes mes
VIsiteuses, avait une curieuse p<'tit<' mine dïdolP asiatique, de
grands yeux long·s et hridés. La figure ronde SI' tprminait brus-
quement par un menton pointu, et lPs dPnts, nwnues connue df's
grains de riz, éclairaient un teint tlP hronz<' pâle. Les. autres
étaient laides ou hideuses, d'tm noir inMcis plutôt qui' négress<:'s,
f't maquillé<'s, comme l<:'s fpmmes aralws, aux pommettes, sou!'!
les ~·eux, au bout du n<:'z, au menton. avec des mouchPs fantai-
~;istes un peu partout .•J'ai YU un certain nomhre de fE'nm1es trè!'
blanches, Piles font prime, Pt sont la propriété des chPurfa.
Enfin Pes dames ont lP d(•faut dE' lPur rar<', <'Iles exhalent uni'
fâcheuse odeur de fauYe C't (l<' suin, qu'ell<'s SI' plais<'nt ù r!'haus-
ser des parfums l<'s plus violf'nts : il en r(•stiltf' un mélange d<'
relents ct d<' senteurs ... insurmontahle !
. Il Yavait em·iron deux henr<'s que durait c!'tt<' inYasion fémi-
nule quand éclata une fusillade lointaine. C'était le signal dt:' la
fin
. des, prteres.
·· J e n •a1· pu m ' empec ' l1er 1l' ;u1mtr<'r
· 1a d'Isere-
'
hon OPs honmws avP~tissnnt ainsi, prndPmnwtlf, lt•nrs fpmnu•s
106 Ali Cot:UJ\ m: L'ATLAS

ùe leur rl'tom·. CP fut un saun• qui 1wut, une housf'ulndP, une


galopade nfl'r{mlw par les rues. En uu clin d'œil noh·e com· fut
vidl~e, il n'y l'Psta plus <fUP la vieill<~ voisin!' <[Hi, gnigrwntP ct
plPm·arde, vint III<'JI<Iim·le prix de sa faction.
:\les compagnons m'ont conti~ que la prière fut un hPau sprc-
taclc ; six iL sept cents homnws y assistaient, pt la khotha de
l'imam fut fort t~difiauh•.
J'ai dans lïdl~e. pourtant, que nous nP t'times pas les seuls
malHJuants, et <{UP l'institution tle la 1wièrn extra muras <lùt Nre
sounu~e ù ~idi Mhammed hl' Il \;let'!' par· SPS f<'lllllleS ...

16 février

L'hôtesse mystérieuse de la zaouia nous fait prier de tlemeu-


r<'r encore pour, selon l'exprnssion de son aimahlc M~sir,
" savour<'r aujourd'hui la fête d'hier·, sanctifier demainl<' saint
jour du V<'IHlr'<'<li, f't, le jour suivant, <JUi <'St le samNli, assister
au marcht' de Tamgrout ... »
~os hommes ne demanderaient pas mieux, mais j'ai hùt<' de
quitter cett<' Capoue 11oire : la saison avanc<', la famine appro-
che. Il est dt'~cidl~ <rue nous ehercherons un itinl~raire qui longe
les pentes mùritlionalcs de l'Anti-Atla.ç. D'après des renseigne-
ments très impr(~eis nous devons trouver la haute vallée do
l'ouPd Noun à R étapes d'ici: ell<' nous eonduirait à Guulimin
en 2 ou 3 étapes. Notre premier point de tlircction sera la za-
ouia de Sirli Mrri, dont l'existencP m'est connue depuis hien
longtemps : un nùgre qui m'accompagnait, ct m'abandonna dans
le Sous, en 1899, était originaire de cette zaouia.
~ous nous mettons en route vers 10 heures: un seul Attaoui
nous acc'ompagn!_). Il monte un joli f'heval peu favorable à l'in-
terview: dès qu'on approch<' dP son maitre il hennit et rue.
Pour entrer en matières j'ai fait compliment à ~louha, c'est le
nom de notre zettat, de sa mouture et de sa bonne mine ; il m'a
répondu sentencieusement : « le cavalier des Aït Atta sc recon-
natt à son cheval ct à ses armes ! n
Nous remontons d'abord l'oued Dra jusqu'à Amzrou. Ce
dMilé de q1:our, de palmeraies et de qoubhas est infiniment
-
~

o.
:..

=
-~
:..
DE L'OUED DRA A I.A. ZAOUIA DE SIDI )IOHDDIED OU IA.QOUR 107

monotonP. Notrf' guide nous f'll indiqnP nu pnssn8'f' lf's noms f'f
les propriùtairf's : Ta:,routi, Aït "l.~sa 011 Hrahim, aux .r1.ït Alla;
Timetig. ù df's rliPud'a Filala; la qouhha <lf' ~loulcy Pl-'Arhi;
Arlaoudrar, ct son sPI!l supportt; par l{uatr<> pilastr<>s df' pist\ oit
le snnton, juch!~ hors <if' ·la porh'•p 1lPs chacals, aehi)Vf' dP SP
dPcompospr en paix; Sel'f'l, Asrir. Pt f'Hfin Am:,rou, aux AU Atta.
l~ plus important 1lc tous ces f{l:our. situ{· au piP1l df' la colline
dA ta{ oü g:it un trésor meneillPux, " but uniqm• tlPs tenta ti-
ves de pt'•n(•tration 1lcs Fraw:ais df' Figuig ... "
Tous CPS f{l_'our sont parf'illPmf'nt h<ltis Pli briquf's cruf's, ceints
de murs en pisé, flauqul•s df' tom·s plus ou moins eroulantPs. Ils
sont situ(~s pour la plupart sur le rf'hord du plateau durci
dans lequPl l'oued Dra a creus(~ sa valll~f'. La rive gauche seule
est fertile, encot·e s'v h·ouvP-t-il de longs espaef's désPrts que
l • • L

es dunes de sahlf' ont Pnvahis .


. .-tmzrou s'ét~ndait jadis au loin tlans la plainP; lPs ruinf's qui
l ~'nvironnent attestPnt son ancif'mu:• splPndPur. Ellf' Pst r(•duite
~aintenant ù un <p;a r tlP :~00 mètres sur .100. Pt n'a plus pour la
Signaler f{Uf' sa situation h<'urf'USP sur un mamelon arrondi, et
la pittoresquf' superposition dP ses tPrrassPs et de ses tourelles.
Xous pénétrons tlans ses jardins, d, laissant la zaouia à notre
d~oitf', coupant une importante séguia, nous attPignons le gué
d Amzrou où nous travf'rsons l'oued Dra. LP fleuve a cette
Dlênle. allure majestueuse <rue nous admirions près dc Tam-
grout, il est plus large seulement, et laissf' émf'rger df's ilots de
sable. Il re~.:oit, juste f'U face du gu(~, le tribut platoniquf' d'un
oued sans eau, l'oued n'Feija (Nfi'ch). {luf'lques palmiers sau-
vages végètent dans ce ra,·in dont les rives sont couv<>rtes d'un
givre de salpêtre.
Devant nous s'ouvre un vaste couloir, une Feija de 10 à
1" k'
û llomètres de largeur, ahsolument plat, dont rif'n ne pa rf'
~~nudité et la laideur. Il est horM au ~orfl par les collinf's de fou-
1·zren, aux Aït Yahia, et de Richa, aux Zenaga; au Sud par les
~ollines de Toudma. Quf'lques gazelles, quelques gommiers iso-
és et mal venus sont les seuls incidents de cette route monotone.
Vers .t heures nous avons quitté la direction plein-Ouest, quf'
nous-s · · d . •
UIVlons epms 1 oued Dra, pour mettre le cap sur un hou-
108

quPt dP taruar·is situ!• an piPd dP la falnisP 1le Toudma. LP liPU


sP nomme Rous et-7ïèt, il s'y trouve un hon puits autour
dnquPl campPnt Pli cP momPut dt>s douars dt>s Sjoul et des
.lït .1/owin. aUXIJIIPls nous allo11s dt>mandt>r l'lwspitalit{•. Nous
sommPs acctwillis I'OillmP 1lPs amis, on nous offrp l'abri dt>S
klwimas, la moiti{~ dPs provisions dP toutt> espèct>, on nous
apportP du lait aig-re, de l'eau fraîche ct, pendant toute la nuit,
nos hôtes sc relayent pour g<tr1ler nos tentes. CettP sollicitude
('St un peu accablant(', ('t la chanson de uos V('ill('urs n'('st guère
propice au sommeil, mais, si sceptiquP soit-on sur les senti-
ments de ces noma1lt>s, et si hlasè IJU'on puisst> êtr(' sur les for-
mes de !Pur politesse, on ne pt>ut pas sans humiliation compa-
rPr l'hospitalité dP ePs hnrhart>s ù C('llP d('s civilisès.

17 février

Dépnrt avant 7 hPurPs 30 du matin ; arriv{~p ù l'Mapt> à


5 heurPs 30 du soir; trois quarts d'heur(' de haltP ...
EiiP est interminahl(', cette Feija, dans son cadrt> 1l(' collin('S
toujours part>il; avec sa ,l{•solante aridité. Il faudrait Il(' la voir
qu'à l'auhe ('tau crèpusculP. Cl' matin ll's hautl'urs dP Tadrarth
tranchaient l'Il hlcu vif sur 11' rou1.re orang·{· du ciPl. t>t tout le
paysage baignait dans une ,]t'licit>USI' lumière rose. LP solt>il ('St
apparu tout d'un coup au-dl'ssus de la cr•ètp platt> 1lt>s collint>S.
triomphal Pt dur, et. comml' pat• PndraHtPmt>nt. tout P!-1 dl',·t>nll
nronotont> t>t uniforml'.
Cc soir, mênw aspPct, mais plus durahlP, plus (~mouvant,
avt>c des transitions plus lentes rlP la lumière à l'omhre.
Longtemps les collirws ont f.wrd{•lt>s rt>flets numws 1lont le soleil
couchant les avait par·ét>s. Ln pll'iiH•lnne Nait haute dans le cit>l.
ct c'est à peine !-'Ï. l'on a pu percPvoir le passage de la sérénité.
du jour finissant à la nwjt>sté d(' la nuit.
~ous campons t'Il plt>in désert, près du puits de Ras er-Richa.
La solitude est si eomplMe, si solennelle, nous nous sentons si
perdus dans et>tte immPnsité 11ue nos serviteurs, d'habitude
loqua ePs Pt hrnyants, ost> nt ù pt>inc parlPr à voix hasse ...
IlE L OUEO I.)RA A LA ZAOt.:IA I.)E SWI liOHA)DII..:IJ OU L\.\,!UUl 109

18j'évrier

lite pal'tit> dt> la matinée se perd à courir après uue mule


échapp!•e ... :\ous continuons à marcl)('r Yers l'OUl•st dans la
F,.ija monotone. Les collinPs 11ui nous encadrent font. au col de
Tizi Jlqruur, un coude ù ant:;-le droit. Cn lit d'oued serpenh• au
fond de la dt:·pression, on nous lP désig-ne sous le nom de Ras
el-oued Zguid .
.\près -i heures de marchl·la Feija s'èlaq.ôt.les collines qui la
bordent au ::\"ord, lPs collines de Richa, dt>ssinent un Yaste demi-
cercle d'oit sort un affluent de l'oued Zguid. t ne palml•raie et un
'I«:ar en occupent lP •ll•boueh{•. On les uommP Nqiba. La Yallée de
l'oued Zguid Pst ensuih• resserrée par uu changement d'allure
des collines de Richa, lfUi, sous la forme nouvelle d'une crète
rocheuse, étonnamment tranchante, se dirigent droit sur le Dje-
bel Bani, for1;ant ainsi l'oued Zguid à s'ouuir une issue dans
la paroi méridionale de la Feija. Cette issue porte le nom de
Foum Zguid. Cette dernière partie du cours de l'oued Zguid
est une magnifîque palmeraie, l'une des plus belles que j'ai
vues. ~ous en atteig'llons le premier q•;ar, Çmeira, à 2 heu-
res 35.
Ici se place un incident ë'l'an•, dont je ne puis préYoir encore
l~ portée, 11ui nous met eu périlleuse posture. :\'ems longions pai-
sthlement, et d'assez loin la l)almeraie de Çmeira, et je venais
d' '
_en photographier le q~;ar, grosse aB·glomération de maisons
hten bàties, SPns remparts, habitées par des baratin réputés
. i n d'ependants et assez dangereux, qua nel'Je m ·aper1;us qu ' une
fort
dizaine d'hommes sans armes couraient après nous. Il nous
arrive sans eesse. en cours de route, d'ètre ainsi accostés, arrè-
tés, par des gens qui, sachant notre qualitl;, ou la deYinant à
notre apparence, sollicitent la bén{~diction du chérif voyageur.
N.ous nous arrètons donc, courtoisement, pour épargner à ces
pteux haratin la fatigue de nous joindre. Ils arriYCnt essoufflés,
empressés, nous prient de faire halte, de pénétrer dans leur
qçar, d'accepter leur hospitalité. D'autres accourent; on en Yoit
Une cinquantaine ég·venés sur la piste que nous suivions. Le ché-
110 AU Clii<TII IlE L'.\ IL.\S

rif t'PIIli'I'CiP, déelinP lïuvitation, dt.'l'i<II'P qu'il YPut atteiwh·e cc


soit• la zaouia d1• Sùli Mrri, qtH' la I'OUft~ t•st PIICOI'P long-ue. Le
ton dPs hat·alin dPvit•nl moins ohst'•quiPux; ils dt'~darpnf qu'ils
veult~nt. nous dPIIHIIHIPr justiel' d'un attPntat dont ils fment vic-
tiuu•s ; ils f•xigent pt'I'SI{Ue, maintt•nant, t{Ut' nous nous atTètions
chPz <'UX, tout Pli nous accahlant dP fornH!lPs dP bimn<'nue, et
nous assm·ant de lPur déférPncP Pl ·dp lPur loyaut(•.
Cqwndant leur nomhrP croit sa11s eesse; ils sont maintPIHUÜ
une soixantainP, pt~roraut, criat!l, formant autour de chacun de
nous dPs groupes bavards. Tout à coup notre zettat pousse un
cri, jette so11 cheval de eùté 1'1 dégainP sou fusil : « nous sonuues
trahis! ))
En un clin tl' œil Mouley Pl-llassPII ct ZPnagui sont dL~sarmés,
dix mains s'ahattl'nt sm· 111011 fusil, Pt, comm<' jP résiste, on me
tire à has de ma mulP.
Nulle défpnse n'Pst possihle, nous somnH•s huit contre tout un
q<;ar; ct d'ailleurs on eonti11ue à nous prodit:·upr dPs protPsta-
tions de respect, on nous assurP IH' vouloir riPn quP dP juste et
de raisonnahlc. LnP phrasP rPYiPHt sans ePSSP, (•uig·matique et
in<iuiétante: « :\'ous voulons savoit• IJUPls chPurfa vous ètes ! »
Ou nous conduit ainsi sm· la placP dP Çmeira où toute la popu-
lation est assemblée. Là, c'est uu ntearmc assourdissant, tout le
monde parle à la fois ; et d'abord on rt'•unit nos armes Pll un
tas, ct l'on emmène nos mules à ll•eart. Il ne fait aucun doute
pour nous que nous n'a yi ons été h·ahis, I{U<' notre idcutitl~ ne soit
reconnue, ct que Çmeira ne doive ètrP l<' t<·rmc de notre voyage. ·
Pourtant, après de long·ues et hruyantes explications, nous
finissons par démêler les motifs dP cette a~rression, et les inten-
tions de nos agresseurs. Le IJ<tïd ~lohanmH•d h<'n d-A.t·hi ben
Othman <'1- Y<Ï.hiaoui, qui g·ouvPI'ne cette rt'>t-:·ion, avait tmlonné
aux hommes de son eommandement <le sc remonter en chevaux
pour une opération contre des voisins. Trois haratin avaient été
délégués pour acheter les chevaux dans le Sou~. Sur leur route
de retom· ils avaient demandé l'hospitalité à un chérif alaoui,
l\louley Mohammed. Ce chérif déloyal avait volé ses hôtes et
gardé les chevaux.
D'où fureur des gens de Çmeira, et serment de manger le

'.
,

Fi:!.~;;, - \'allt'••• dt· I'Otu•d Zl!llid.- Foiiiii Z:!11id


lt'I;II·p lt• ll.it'ht•l Bani pl lt• lljt•i"·l Bi··ha) (pa~n· ll7).
IH; L'ot:EO IHL\ A L.\ l.\OLI.\ IlE ~!Ill )IIJJL\)DIEH oU IAI.!OUII 111

prentiPr du\rif alaoui qui passPrait ù p01·t(•p. Justl'HH'nt on leur


avait eonh\ <jUP dPux clwurfa dP c<'ttP fa mill<• <;taiPnt YPnus Pn
Pd<'rinagp ù Tamgrout, Pt lP portrait <[UP l'on faisait dP ZPnagui
ressPm hlait fort ù l'<' lui dP ~loulPy l\lohammed. La Providence
s:rvait à souhait la ratH'UIH' dPs g·p11s dP {)neira: que nous fus-
Sions les coupablPs ou lPurs allit'•s, nous paierions pour eux ...
Pendant près de dPux hem·ps nous assistons impuissants à une
épouvantahlP discussion. Lt>s uns veuh•nt nous piller complè-
tentent, lPs autrP~ ,·eulent. rPtenir sPUlPmPnt nos armes, un
P•uti <'Xtrème veut tout pendre Pt faire disparaitre toute trace
de l'atl'aire; et l'on devine, sans qu'il soit besoin de commen-
taires, comment ils comprennent l'opération.
Xotre zettat, le pauvre homme, est au désespoir. Il menace
les haratin des pires représailles, les accable d'injures, invo-
que tous les saints <le l'Islam. Yaius efl'orts ! Le chérif se
débat de son miPux, exhibe la liste de ses aïeux pour prouver
<tnïl Pst idris~ite Pt non alaoui. On fait venir l'unique lettrt'~ de
la localite' <tui lit à haute voix. Pt lenh•mPnt, chacun des noms
de cettp g·t'•nt'•alog·ie. .
- '' Xe tc démène pas tant, lui dit un vieux nègre à face de
gorillp, quand l'l' serait le Prophète en personne, nous le man-
gerons!»
L'attitude d<' nos senitcurs n'<'st guère hrillante. Il suffit de
Yoir lem· air honteux. apeurt'·, pour ètre certain quïls n'ont pas
la COll
l'· .. sctence
· •
tralH{UI"11e, et <Ill "1
1 s soli t pre't s a' Ille remer
. SI.
<ttlmre tourne mal.
. Nous avons pourtant quelques partisans ; un quart de la
Jentaa opte pour qu~on nous rende la liberté et nos bagages. Les
fentllles, surtout, prennent notre parti.
Finalement il est di~cidé que l'ou confisque nos armes, et l'on
nous prie d'aller eherchPr un gite ailleurs ...
Ailleurs ! ... Où pourrions-nous aller ·?
Sidi Mrri est trop ùloigm'• pour que nous y parvenions avant
la nuit '· l e d esert
· <lUI· nous eu separe
· n ·offre m· a 1Jrl· n1· ressour-
c~s, et les brigands nous sachant totalement désarmés et à-demi
:epo~illés nous co?peront certainement la route. Demander
hospltalité à quelqu'autre qçar de Zguid serait bien chanceux;
11:!

chacun voU<h·ait une p;u·t de œ butin lH'ovi1lentiel dont Çmeira


entama le pillage ... t_; ne vieille femme nous tit·e 1l'afl'airP en nous
apprenant IJUC le cheikh du IJ<;<ll' de Jlharouq est un honnne
juste Pt tlcouti•. Elle nous conseille 1l'aller lui d!'mander aide
et hospitalitt'l.
Nous voici doue descendant la ntllée dP Zguid, longeant
1l'abord, puis traversant sa JWti:;ltifiiJUe palmeraie dont la
fm·tilitll nous laisse bien iusensihles, pour veuir camper sur une
petite esplanade, hors de l'enceinte de iUharouq.
Le cheikh 1•st introuvable. Persolllll' Ill' uous ;ulresse ni un
souhait d<• biennlnue, ui mème UIH' parol1•. On r·d'usP de nous
r·iPIL vendre. Nos mules sont à jeun, nous aussi. \ous souunes
sans dMPnsP, à la met·ci de IJUi voudra nous piller ...

19 février

~ous avons passé une triste nuit. Personne n'a dormi. Un


clair 1le lune admirahlc tlclairait notrP lamentable campement
au pied du q1:ar pittoresque des Ou/ad Hel/al.
L" ne noce bruyant<' battait son plein dans uue bourgade voi-
sine; on entendait le tohlntl rythmant le heidouz, ct la fusillade
alternant avec les chants. [ n à un les com·ives sont rentrés,
qui couplés, qui seuls, ft·edonnant encore des refrains de chan-
sons. En passant près de nos tentes ils se contaient notre mésa-
venture et ricanaient ...
Au jour la situation s'est améliorée. On a fini par trouver le
cheikh ; il se nomme Hanmuul ould Hammid el-Hellali ; c'est un
homme jeune encore, très modeste, grave, dr·oit et juste. Il jouit
dans toute la région d'une autorité qui, pour ètre dépourvue de
titres et de sanction n'en est IJUe plus rar·c Pt plus profonde.
Il a t'~couté silencieusement, les yeux baissés, nos réclallla-
tions désolées, s'est fait expliquer quelques détails de l'affaire
en posant des questions hrèves et claires, et a conclu que le
hon droit était de notre côté. "Cne vingtaine d'hommes l'accon•-
pag·naient, tous ont partagé son a\·is ..Mouley Pl-Hassen, pour
donner plus de poids à sa supplique, déclara quïl était parent
DE L'OUED DRA A LA ZAULJIA DE SIDI liOHA~DIED Ot: L\.!JOL:D 113

proche du fanH'UX marabout saharien, :\la 1-Aïnin, faisant obser-


ver que le maghzen, dont la vénération pour ce marabout est
bien connue, interviendrait certainement pour venger l'offense
qu'on lui faisait; quP tous les gens dt> Zguid, amenés par leurs
affaires à Merrakech, à Taraudant, à Mogador, seraient arrêtés
e,t incarcérés jusqu 'ù cc que justice nous fùt rendue. suivant
1_usagc <fui fait de la responsabilité collective le moyen de répres-
Sion le plus efficace et le plus prompt.
Le cheikh nous promit de faire pour nous tout ce qui serait en
son pouvoir ; il nous déclara que nous étions ses hôtes person-
nels, s'excusant d'avance sur cc que sa pauvreté et la famine
ne lui permettraient pas de nous traiter selon son désir. On ne
trouve plus ni orge ni paille. On s'est battu l'an dernier à l'épo-
que des semailles, il en résulte qu'il n'y a pas de récolte cette
année. Les mules en sont réduites à manger des dates dessé-
c_hées, vieilles de plusieurs années, <Iu'on exhume du fond des
Silos et des greniers.
Xotre feqih a eu si peur qu'il veut partir à tout pr·ix. Il veut
Vendre ses habits et gagner Taraudant en se faisant passer pour
lleddaoui, c'est-à-dire pour un mendiant mystique. Il entraîne
dans sa défection le dernier serviteur du chérif, Si Omar, qui est
aussi efl'rayé que lui. Je sais bien que ces deux poltrons ne s'aven-
tureront jamais seuls dans l'Anti-Atlas, mais ils peuvent trouver
~ne occasion favorable, une caravane en partance pour le Nord;
Ils peuvent surtout être tentés de nous trahir pour se sauver ...
Q.~ant à Mouley el-Hassen il me déclare formellement qu'il
n I~a pas dans l'oued Nuun; arrivé là il m'abandonnera. Je pré-
Vols
. · fimirai
qu e Je. · · mon voyage seu l avec Zenagm· ... rt\ ch aque
Jour suffit sa peine !

20 février
11
C Si tu veux ,·oyager, apprends la résignatiou "• disent les
hleuh · Le consm'l est JU
. d'ICieux
. ; l es gens d e ,. . s .enten-
vmeu·a
dent·\' n ous en f;ure
. souvenir.
.
V~ic~ où en sont les négociations ; le cheikh de Mlwruuq a
Pose l ulfnna t um sm>t-ant
· : R cshtutwn
· · · 1e de nos
pure ct s1mp
8
1U AU CŒlJH liE !.'ATLAS

armes; ou f>change contre UIIP sonm1e quïl paiera lui-même,


de sa poche, pour humilier nos spoliat<~urs et palliPr la honte
dont lc'ur m{~fait couvrn le Zguùl.
Les g·ens Jn Çmeira ont J't~pondu qu ïls ne restitueraif'nt rien,
à aucun prix. !\lais, poUl' marquer leur oéfl-rence enverS le
cheikh llauunad, et se le rcnch'e propicP, ils lui ont envoyé en
présent une des carabines qui no'us ont {·tt· prises. Le cheikh
nous a rapport<~ cette armf', puis il s'pst fait amener une mule
pour aller à Çrneira. Il Pst parti à 11 hPures, ce matin, il est
7 heures du soir, nous sommes encore sans nouvelles du résul-
tat dP ses négociations. Un chérif fixé à Mharouq, qui connait
bien le pays et nous renseigne sans trop de dMiance, nous
déclare <1ue l'autorité du qaïd du Glaoui, Sid cl-.Madani,
!:!'étend jusqu'ici. Ses agents <lans le Sud sont : l'amrar hérédi-
taire des Ou/ad Yaltia, l\lohammcd heu el-ArLi, qui réside à
Amjri sur l'oued Dra ; l'amrar héréditaire des Zeuaga, le
Cheikh Ilammou Pl-Azdeifi, dont la résideuce est à Azdeij~ au
pied du Djebel Siroua; et l'amrar de Tazua!.:ltt, Abd el-
Ouahad ez-Zanifi, de la famille des Art Ouzanif.
Ces chefs reconnaissent la suzeraineté du qaïd du Glaoui,
lui payf'nt un trihu, l.'t défèrent à SI.'S prescriptions. Il va sans
dire 11ue l'exercice d'une telle aut01·itô ne repose que sur
le .conspntement du vassal, ne comporte aucune sanction
innnédiatc, nécessite heaueoup de tact, et ne peut avoir de
lin.lit.es.précises. La forci.' du <jaïd réside dans sa situation géo-
gr~phique; il est le maitre du col du Glaoui, le portier du
Hqtll-Atlas, et peut à son gr(' ouvrir ou fermer aux gens du Sud-
Est maJ'OÇ~tin l'accès Pt le dt:• bouché des marchés du centre dont
ils sont forcément clil.'nts, soit <Iu'ils viennent y vendre leurs
produits, soit qu'ils y achètent les denrées dont ils ne peuvent
se passer : sucre, thé, soufre pour la poudre, armes, etc ...
Une tribu refuse-t-elle l'obédience, le qaïd intercepte la route;
le col fait office de souricière, et, en un tour de main, tous leS
gens de cl.'ttl.' trihu <Iui avaient franchi la montagne sont mis en
prison, lf'urs animaux, leurs marchandises sont confisqués, et
cela jusqu'à ce que la tribu vienne à résipiscence.
l'l;llwhe \LIV

~ '
Il.{.~ r 1
~ · - a lPe de l"Uned Zgnid. -Le ebeikh Haunuad (de .\lbarolllJ) (page tt i).
DE L'OUED DRA A LA ZAOriA DE SIDJ )IOHAJiliED OU IAQOUB l 15

'if j'ëvrier

LPs ehosps s'ari'all~·pJJt : lP ehPikh rst rPntri• hiN ù 10 lwures


<lu soi1· rapporta11t 'lui-mhnP trois dP nos fusils, les autres
seront apport{•s ce soir par les gens de Çmeira. On nous raconte
<Ju'ù la nuit lPs nt'·g·ociations n'étaient pas plus avanc{•ps <JUC le
matin. Le clJPikh fit alors étendre son kheidous par terre, et sc
coucha.
- (JuP fais-tu '? lui dirent les nH•mhres de la jemaa.
-.J'attends votre réponse ! répliqua le cheikh.
Or l'usage veut que l'on tienne compagnie au négociateur, ou
qu'on lui oppose un rdus formel.
Las de cPtte discussion, découragés par cette tcnacité, les
haratin eédèrPut.
Ce matin, <JUand le cheikh entre sous notre qoubha, :\fou-
ley el-Hassen se prl•cipite, se confond en remerciements. Ham-
lllad arrète d'un g;este ce torrent de gratitude :
- Hemercie DiPu, dit-il, moi je n'ai fait que mon devoir.
Cne physionomiP comme celle de ce hartaui, car le cheikh
de Mharouq nous a déclaré lui-même n'être qu'un« humble har-
tani, fils d'esclaves)), fait oublier toutP la barbarie marocaine.
Sa droiture, sa hontè rachètent toutes les offenses, compensent
toutes les misères que nous avons subies. Il rn ·a été donné plus
tard -j'anticipe ici sur des faits postérieurs, mais je ne peux
~e résoudre à laisser inachevé le portrait de cet homme de
hten - il m'a été donné de revoir le cheikh Hammad: j'étais
prisonnier, j'avais été trahi, ma qualité de chrétien était dénon-
~ée, j'osais à peine lui adresser la parole tant je redoutais ses
JUstes reproches. Il vint à moi la main tendue, et me dit simple-
meut:
- Je suis plus encore ton ami qu'autrefois, puisque tu cs
plus malheureux ...
Nous avons le loisir d'étudier les gens de Zguid, ils se prê-
tent assez complaisemment à nos enquêtes. L'un d'eux, qui fait
!onction de secrétaire, de feqih, auprès du cheikh Hammad, porte
e nom de el-Hadj A-bd el-1\loumeu et sc dit chef de la grande
1Hi .\lJ Ctt:LJR IJE J..'ATLAS

zaouia dc Sid i ~loba mm<'d ou Sid, ù Tafrtteclma, sur 1'oued Dra: il


uous a appol'tt'~ <JUPl<fU<'S lincs <{tiÏ provicnnent de la hihliothi~­
<JUC de Tamgrout, comnte tous ecux <{Ue nous avo11s vus dans
cdtn ri·;.:·ion. En fcuilletant un dc ccs livres nous anms trouvi~
un ('Ul'iPIIX documcnt, unc lcttrc d'un eapitainc dc hurcau amhe
prouvant <JUe ec fe<Iih du Zguùl entrcti<•nt dcs rclations sui-
vies avcc lcs Houmis !
Le langat::·e parU~ sur ccs confins du Saltara ofl'rc des particu-
larit<'~s intln·essantcs, il a subi l'influcnec des dialectes cmployès
par lcs l\laures. Lc tcmps n'est pas encore loi11tain où les gran-
des caranmcs de C/wnguit, <le Oualata, de Ticltit, de Tagant,
de Timbouctuu, ,·cnaicnt a hou tir ici ct, lasses de leur rude
h·avt>rst:~t>, SP rq>osei' t>n de long·s s!•jours, vendre Pt échang·er
leurs dcnr<'~es.
Zeuag·ui a reeU(''i.lli dïnt<~rcssants documents liBguisti<jues <fUi
lui ont Mi~ fom·-1is par· un curieux personnage, le chérif Sid
Ht>uini. C'est m1 potih•, f't, parait-il, un exccllf'nt poète: il est
eomplètmncnt ill<'ttrè, c'f'st-ù-dirc <JuÏl nf' sait ni lire, ni écrire,
ni UJI mot de grammaire au sens !•tcwlu quc l'on donne it ee mot
en Arabe. Il nous a dietè df's (•chantillons d<' ses œmTPS, cc sont
des dialogues, discussions cnh·c belle-mère ct belle-fille, entre
femme clwllah ct fenmu• arahc, ct dt>s ga{, chansons de g·estcs,
où sont contés l<'s exploits des hi• ros df' la contri>f'. L'un <le ces
poèmes cdèhre les prouess<'s du cl1f'ikh Hammad. :\"otre poète
vit <le ses chansons. On l'invite, il compost> un gaf, et le col-
porte ensuite par tout le pays. Ce troubadour marocain s'est
eonstitui~ ainsi une elicntèlt> originale : il a 600 M!~cèncs dans la
valU~e de l'oued D1·a, dont chacun lui donne une poig·née de blé
par an. Aussi faut-il voir commt> il connait la list<' des qc,-our. Il la
rôeitc a ne une cléscspérantf' voluhilitl•. Elle sc monte, d'après
son calcul utilitaire, à 360 <{c,-our, autant qu'il y a de jours dans
l'année lunairf'.
A :1 heures, comme nos fusils n'Maient pas encore rapportés,
le ehcikh a d<;pèch(~ son frère aux gens de Çmeira avec ordre de
leut· dùdart>r <fU ïl i1·ait l<'s pt'eiuh·c demain avPe tous les guet·-
riei'S de Mharouq.
A 4 ht>ur<'s nos armt>s Mait>ut sous la <rouhha. J)pux baratin

Fi;.:. ~!J -La Ft•ija, t'Ill l'l' hui n'Tlill'l Tilll;.!lli,,inl .


.\11 fond. Djt•hl'l ~laonas (.\nli-.\IJa,) (pa;.:t• 1 lX).

Fi;.r. !JO.- La Fl'ija. -- )),q)Otll'ht'• dl' Jt)lll'd Tlil. lmi n"rJil.


Au fond Djt•hel ~laonas (.\nli-.\llas (pa;.:t• If~).

)
Dt:•L.OUED DHA A LA ZAOLIA BE Sllll ~1011.\.\DIED OU IAQOtll 117

lPs avaiPnt apport(•ps, Pt opposaiPnt de farouclws fî;.:-urps à nos


ntinPs rt\jouiPs. Ils ont di·dar(• I(UP la .i~'ntaa tiP ~·mr'Îra <1\<tit
1'<'1-!'l'Pt dP n•tte afi'aire. )(oulPY el-llassPn a ri•citt'• sur PliX la
Fatiha : l Ïncitlent pst dos. ~nus nous I'Pmf'ttron s l'Il t•outP
dPmain pour Sidi Jfrri. )f<.s hommPs out rPpris confiaHeP, ~i
Hajouh, mon fefjih, et ~i Omar, }p seniteur du chèrif, m'ont
as~;uré an•e tant d'insistance quïls rPnont;aif'nt à me quitter fjUP
j'ai flair(• quelque motif intt~rf'sst~ ù ePt attachemf'nt si soudain
et si expansif.
Moule y el-Hassenleur avait en f'fl'Pt insinu(• que ,mis en d(~fiauce
par leur projet df' désertion, je songeais à les faire tuer ... .Je les
ai rassurès df' mon mieux, et jamais mon escorte n'a éti• plus
P~'rçante qu'au sortir dP ePtte i•preuvP.

Xous partons tlP honnP hNll'P 1,7 h. 30). Le chPikh Hammad


nous accompag1w, montt• sur un assez joli cheval gris. Il porte
le hurnous hlanc, vêtement des g·ens riches; lf' commun porte
l'akhnif, ce hurnous noir dont la partie postérif'UrP est hizarrf'-
ment color{•p en roug·e.
On nous fait traw~:ser la palmeraie Pt 1<> lit desst'•chi~ dP l'otwtl
Zguid, puis nous escaladons la crète rochf'US(' dP Richa.
Le sommet en est tranchant et dentelé comme une lame
~hréchéf' ; il sépare la vallée de Zguid de celle cl(' son afflu('nt
l'oued lssemgaten qui, grossi tles OU('tls Jleha::,pn, A_qmol(r et Tlit,
atteint le Zguid au point où il pénètre dans une hrèche du Dje-
hf'l Bani à laquelle on donne le nom de Foum Z_quid. Toutes
ces rivières sont desséchées; leurs lits tortueux, remplis tle
galets, serpentent dans la plaine; celui de l'oued Jleha::.en tra-
Verse l'oasis et le qt:ar de Kabia dont on voit distinctement
les maisons. ~ons remontons la vallée de l'oued bsemqaten,
et nous faisons une assez long·ue halte au fjt;ar de Nsoula, fjUÏ
appartient aux .-1 ït A tt a mais fait partie du lefl', de Z,quid, pour
Y acheter un peu d'orge, car nos bêtes meurent de faim.
Xous parvenons un peu plus has au confluent de l'ouf'd Tlit,
f(Ui sort dP l'.-lnti-.4tlas au <rçar d'fmi n'Tlit, Pt nous remontons
118 •
le couloir quP la rivière a ntmst; dans CPS assises horizontales
tle calcair·c clair· justtU'aux Yillag·ps tl':lquerd ct de Tauurirt. Ces
hourgadPs sont vassalt-s dPs Zf'lwga, cllPs ont dPs maisons bas-
ses, petites, laidPs et un air de pauvt·cU~ et de vetustù f{Ui,
pal'ait-il, n'est pas trompeur. La misère y est telle, en cfl'Pt, que
les habitants sc sont dispel'sés pour trouver leur suhsistance.
On nous affirnw que Taourirt est l'aînée de Merrakec!t.

'23 /tfvrier

La route de Sidi Mrri nous écarte de notre direction . .Nous


avons déjà fait un Cl'ochet inutile en remontant l'oued Tlit, nous
ne l'aggraverons pas en poussant justiu'à la zaouia t{Ui d'ail-
leurs n'est qu'à 2 kilomètres, on la voit d'ici, et n'offre aucun
intérêt, encore que l'on y conserve des présents faits ù Sidi
Mrri par les chrétiens, chez qui, dit-on, il est en grande véné-
ration ! .. . En continuant à remonter VPrs le ~ ord nous attein-
drions l'oued Azguemerzivers Tamarou(t; c'est la routP tlu Sous
pf de Merrakeclt. ~

~ons redescendons donc l'oued Tlit jusqu'à /mi n'Tlit, et de


là nous côtoyons l'Anti-Atlas, reprenant notre chemin dans cpttc
Feija, ce couloir, encadré entre la chaine continue du Bani et les
collines arrondies qui bordent l'Anti-Atlas et derrière les(Iuel-
lcs émerge une crète décharnée de 600 à 800 metres d'altitude.
La plaine, dont nous suivons le bord septentrional, est plate et
nue, quelques gommiers y croissent épars, l'on y voit des
ravins desséchés. Cette désolation donne une apparente vrai-
semblance à la légewle IJUi nous est contée. La Feija, dit-on,
fut une forêt immense oü pullulaient les fauves; l'un d'eux
dévora le fils d'un saint marabout qui mawlit cette région inclé-
mente. Depuis iors, les oueds sont taris, la forêt est morte et les
fauves ont émigré ...
A mi-route le cheikh llammad et notre zettat :\louha l'Attaoui
Hous ont quitt{~s, très émus, ct nous prodiguant des recomman-
dations de prudence. Ni l'un ni l'autre n'ont consenti à accepter
aucune rétribution de leurs services ou des dépenses que nous
Fig. \JI.- La Feija.- .\"OliYl'all •!':ar dîssig•~t•rn (Z1•na;.:-a) (pa;.:-1' 11!1).

Fi" 'J~ 1 v .. 1
,... · - · - .a rt'IJa - .\nc·irn •p:;u· ,rJssigliPI"Il. -- .\ l"hnrizn11, c· lljPhPI Bani
(pag1' H9).

••
DF. L OŒD DRA A L.\ ZAOUIA IlE Sllll )IOH.UI\1 Ell Ol' 1.\QOl"B 1 l ~~

kur avions occasionnées. Deux heures plus tard nous campion,;


sur les bor<ls de l'oued Timguissint au pie<l du <p;ar de Timguis-
sint ( Timgassen) vassal (les Zenaga. un peu au-dessous de la
zaouia d'Imaraten.
Xos malheureuses mules sont dans un dat lamentable. On les
nourrit d'herbes et de vieilles <lattes. Ll'ur maigreur fait piti6;
elles sont affreusement bless(~cs, l'une d'elles a tout<' la chair du
1-Œnot emporté, l<>s épiphyses sont à nu. Naturellement elles
sont incapables de porter autre chose r1u'mw très faihle charge,
ct nous a\·ons dù alléger notre bagage de tout cc qui n'était pas
rigoureusement iti.dispcusahle. Les nomades en sont réduits à
vivre d'herbes ; ils les font bouillir longuement dans un peu
d'cau salé<', et en forment des boulettes qui ont l'apparence de
paquets d'algues ou de mousses, et uue saveur âcre et aroma-
tique.

24 février

Cne aubade nous réYeillc. Timguissint joint à l'orgueil de pos-


~éder 200 fusils, la ficrt{~ d'ayoir un rebab (sorte de banjo dont on
,Joue avec un archet) et deux tobbals. On abat le camp de bonne
heure au son de cette discordante musique, dont le but est sans
doute de nous faire oublier l'absence de tout repas, et nous
nous mettons en route escortés par deux zettats, un Berbère et
un nègre.
On nous fait traverser la Feija pour aller toucher le qçar
d?ssiguern, célèbre par ses palmiers, dont quelques-uns Yalent
loO pesetas et donnent des régimes d'un quintal.
lssiguern est un Yillage neuf; l'ancien qçar, situé non loin de
là, sur un monticule, n'est plus qu'une ruine. Il a étr~ détruit
par nos hôtes les Zenaga de Timguissint.
Nous retraversons ensuite la plaine pour revenir à l'Anti-
Atlas dans lequel nous pénétrons en remontant le lit de l'oued
T~sint jusqu'au qçar d'Agmour. Cette rivière arrose la palme-
raie de Tansùla, puis traverse le Bani au pied du Djebel Tai·m-
zour aigu comme un clocher, ct féconde ensuite la belle oasis
de Tisint, décrite par de Foucauld.
120 •
Aff11l!JIII' Psi llHHIPsiP hoHI'!-!'HdP dl' GO fusils, PIH'aslrl•<'
11111'

euh·<' lPs parois <'scarpùes de la vaJl(•p dP l'oued Tisint. Set'


maisons de pi<'rrPs, sulwrpos(•Ps, Pl surmo11tl•es dP tf'rrasscs
couvcrtPs, mp1wllent ePlles dP la J<:aiJylie Pl eellPs 1lPs Beni
Oum·aïn. L'une 11'<' llf's porte u11e aHeÎPilllP tour hlanchc rlont
les angles, les chambranles dPs portPs Pt dPs fPHêtres, sont
peints en rouge, de f<u:on à imitPr la hrilfUC.

25 février

Il parait qu'u1w handP de brigands Pst embusqu{•c sur notre


route. Le chPikh d'Amqour, lui-mème, nous accompagne avec
huit hommes armi~s. Xous escaladons sous leur escortP le flanc
Ouest du val <Llgmour et nous retombons, au rlelà rlc cc seuil,
dans la vallt•e d<' l'oued Islid. L'Anti-Atlas porte dans toute
l'étendue du territoire des Zenaga le nom de Djebel Maouas.
On aperc:oit dP loin, dans la plaine monoton<', l'oasis et la
grosse bourg·adP d'Aqqa-lren où nous allons camper, <'11<' fornte
le centre d'mi<' large cuvette infertile dont la crOlitc calcaire
blanche est dur<' Pt sonore. Partout où l'eau ruisselle, clans cette
Feija, <'Ile agglomère le sable ct les galets de son lit en un con-
glomérat <'xtrèmemcnt résistant. Les seguias y sont taillées avec
beaucoup d'art. CPlles d'Aqqa-lren coulent à 5 ou 6 mètres au-
dessous du sol, au fond de eanaux que l'on dirait découpés dans
le tuf, et dont la largeur ne dépasse guère 50 centimètres.
La ville n'a pas d'autre rempart que les murs de ses maisons
correctement juxtaposées. Tout Pst hlanc: le minaret de laj<'maa
est blanchi à la chaux, et S<' voit dP loin.
Les ha ra tin d ·.~lqqa lren disposf'nt de 800 fusils, ils S<' M•clarent
indépendants; <'Il r·{·aliti~ ils paiPnt la dPhiha à tout<'s l<'s tribus
qui les environnent, Doui Blal, Ounzin, Oulad Jellal. L<' cheikh
Mohammed, qui administr<' le ql,'ar, habite sur un<' hautPUf
située au Nord de la ville. Il se fait suppléer dans ses fonctions
de policf' intérieure par un adjoint, Sid' Brahim.
L'accueil I{Ui nous Pst fait pst courtois, sans empressement.
On nous confirm<' qu<' la s{•curitt'· rlu pays est tri-s prt'cairf'. qn~'
l'lanl'iw \LYII

[Fig. 93. -Y allée de l'Oued Tisinl. - .\gnwnr (page 120).

Fig. 94. - La Feija.- Débourhr de l'Oued Ti~int ..\gmonr .


.\u fond Djebel Maouas (Anti-Atlas) (page 120).
DE t'OUED DR.\ A LA ZAOriA BE SIDJ ~IOHAM~JEJ) or JAQOt:B 121

lf's nomadps aralws eoupf'nt toutf's l<•s routPs. Il nous faudra


prf'wlrP unP PscortP dP 20 rami, df' 20 fusils, pour allPr à Jlir, Pt
PllCOI'P SPI'OnS-llOUS pro ha )J)pJllf'llt oiJJi;.:·t's dP }inPr IJataillP pour
passPI' ...
On nous a si souvPHt co11tè dP par<>illf's histoir<>s qu<> nous som-
lllf's df'Yf'nus fort iHcr{•dulPs, pt nous attf'JI(lions, sans trop d'ap-
prl>hension, l'Ma pp du lendPmain, f'n buvant notrP th{· ù la IllPII-
thP '{liOtidiPn, t{lHUHl un d P 110s sPnitNU'S entra sons la 1fOUhha
tf un air pffart\ Pll 1\0US a llllOnt:ant f[UP J"mu)es hnratin I(Ui nOUS
avait ,·us à .llogador Mait dans }p camp. CPt hommP, nommt'~ Pl-
Hajmi <'1-Eu~·<'uh hf'n Pl-Hassf'n, connait tous mes compagnons.
ll déclare qu'il Va se joindre à nOUS, profiter dl' l"occasion dP
notrE> voyagf' pour retournf'r à Mogado1·. Il s'pnquif'rt des nou-
vellf's df' ceux df' mes Dra oua tl ont il fut le confident, et df'mande
où sont les Chrétiens qui dentif'nt faire partie du voyage. Gran'
émoi! ... J'ordonne qu'on acc1uiesce à tous les désirs d'el-Hajmi,
qu'on l'emhaucltP en lui disant t}Ue nous nous mettrons en route
de bonne heur<', et qu ïl sp eharge de nous procurer unf' f'scorte
puisque nous IW pouvons songer à trouvf'r des zf'ttats.

"}{j février

A 6 heures du matin notre camp est levé, nos mulf's sont


chargées, nous sommf's prèts à partir ..\ 7 heures, après une
heure de vains efforts pour obtenir rescortc promise, on vient
nous déclarf'r qu'il faut renoncer à prendrf' la route d'llir, que
personne ne veut consentir à nous y accompagner.
D'ailleurs de deux choses rune : ou hien nous voulons aller
au Sous, et dans ce cas notre route est au ~ord; ou hien nous
allons à l'oued Noun et alors notre route est au Sud-Ouest. Dans
aucun cas nous n'nvons it passer par llir, à travers le désf'rt
tant redouti• d'.ldnan, oü lPs Oulad ./ella! pillent; rall(:ounent
ct tuent les voyageurs. r HP f'Hl'avane y pPrit la semaine passéP;
Un lllarahout y fut ég-or~·è avant hier ...
CPttp sollicÙudP ,; de~ quoi nous Monner .•J'cu cherchl' l'Il
Yain IPs f'HHSI's: mnis, fnntP dl' pouvoir no11s y sonstrairP, nous
122 '
AU CIEUH DE L ATLAS

finissons par opter pour· la t•outP du Sud-OuPst. ~otrP nouvNlll


serviteur se fait fort de nous h·ouvcr une escm·te cie H fusils
aux <p;our cl'fçserltin <fUi sont sur notre ehmnin.
Et nous voici partis sous la eoncluite d'el-IIajmi <fUi, tout de
suite, fait l'important, donrw des orch·es, <h'~eide cle tout eu chef
de convoi, parl<' enmaih·c.
La plaine est en tout semblable à ce <{n'elle fut ces jours der-
niers. Nous traversons d'ahorcl la palmeraie d'Ida Oustan, <fUC
prolonge, au Sucl, celle cle Tis.r~motulin, dont l'aqueduc fait sail-
lie dans la plaine. L'cau accomplit ici le même travail de pétri-
fication que j'observe depuis que nous sommes dans le bassin
de l'oued Dra; elle cimente elle-même les seguiasoù elle court,
les lits où elle coule, les cuvettes où elle stagne.
Une heure plus tard nous atteignons les deux qçour d'Js.ser-
!tin que rien ne différencie de leurs voisins. Notre hartani réunit
les hommes, leur conte je ne sais quelle histoire à la suite de
laquelle ils viennent nous examiner avec une attention inquié-
tant<'. Puis 12 d'entre eux prennent leurs fusils, et nous nous
remettons en route pour gagner la zaouia de Tm·gant et Aqqa-
Iguiren. Un chérif de la zaouia et ses deux fils sc joignent à
notre escorte.
A t 1 heur<'s, halte près de la zaouia, au tombeau de Sidi bou
Median. Cette zaouia appartient à des eheurfa de Sidi Moham-
med ou laqoub ; elle est petite, p:tuvre, sa palmeraie n'est
qu'un grand jardin. Son qçar croulant est accoté à des ruines
<fUi attestent du peu de respect des Ou/ad Jellal pour la mai-
son sainte. Un jour de famine ils l'ont prise et rasée. Les cheurfa
ont reconstruit leur demeure ; ils paient maintenant une
debiha aux nomades, ct vivent en sécurité sinon en prospérité.
On aperçoit dans la plaine, au pied du Bani, la palmeraie de
Qachat el-Joua. Plus loin, la colline escarpée de Bou Tizen
s'avance dans la Feija comme pour se souder à l'Anti-Atlas, et
la Feija s'étrangle en un couloir ~~troit.
A 11 heures 40 nouvelle halte ...
.J'énumère à dessein ces haltes continuelles pour montrer
quelle patience exige notre mode de voyage : qoubbas à visiter ;
qc:our dont il faut, au passage, saluer les hommes ou hénir les
l'a;:,. 12::! bis
l'lanf'he XL\'111

, Fig. 9:>.- Type d'habitant •L\qtpt-lren.. (p~f:C _121 J• •


El-Hajmi el-Eu~·eub ben el-llassen (le zeltal qm ma trahi) .

.... . ...
·~.: ~·-!i

Fig. 9fl.- La Feija.- .\•)•)11-lren. Porte sm! (p11ge 120).


DE L OUED DRA A LA ZAOUIA m: SIDI MOIIUDIED OU IAQOUB 123

enfants ; mendiants quïl faut sPcourir ; mulPs qu'il faut


rPhâtPr; tout f'st prMPxte ù s'arrêter. QuaiHl lPs prétextes man-
quent, BOS hOIJlllH'S SI' chaq.;·pJit de les faii'f' Ilaitrl'; quand l'occa•
sion ne s'y prètf' pas. ils s 'arrètent tout simplement, mettent l<'
fpu ù une touff!' clïwrh<', tirc11t lPur pipe ii kif, la fmnent dévo-
tiPus<'mPnt, et repartpnt, ahrutis ct satisfaits, sans plus d!' souci
Ô<' notre impatiPnce que sïls aYaient accompli la fonction la
plus naturelle. Si ce ne sont p:ts nos serviteurs, c'est notre feqih
qui nous arrête; ce malheureux est ahimé de clous; la peur se tra-
duit chez lui par de continuelles coliques ; il faut le descendre
ôe sa mule, l'y remonter. ll sème tout sou chargement, perd
tout ce qu'ou lui confif' ... D'autres fois c'est ~Ioule y el-Hassen
<Jui aperc:oit mw g·azPllf' ou une outarde, t>t qui se lance à sa
poursuite sans s'occuper de nous. brùlant en de vaines fusillades
notre prt>cieuse provision de cartouches ...
Pendant cette dernière halte le chèrif de Targanl, qui s'est
joint à nous, nous déclare conficlentiellement que nos guides
nous mènent à un guet-apens. Il nous conseille de profiter
de l'appui que nous donne le voisinage dP sa zaouia pour les con-
gédier, et s'offre à nous conduire lui-même, avec ses fils, à Ilir
où nous pouvons encore arriver avant la nuit.
Mouley el-Hassen fait comparaître el-Hajmi et, séance
tenante, lui dit son fait et le chasse. Hien n'est plus maladroit!
EYidemment nous esquivons pouraujourd'huile piège tendu,mais
<{uelle revanche aurons-nous à subir demain'? ... La faute est cOin-
mise, il n'y a qu'une faeon de tâcher d'en évitPr les conséquences,
c'est de nous y soust;aire par la rapidité de notre marche. Et
nous fuyons, aussi vite que nos pauvres mules p<'uvent le faire,
en traversant la zône dangereuse d'Adnan. La route remonte
l'oued Targant, elle est dure, le lit de l'oued est mi-sable, mi
galet ; nos animaux y enfoncent jusqu'aux jarrets. Comme d'ha-
bitude nous marchons à pied et nos serviteurs se prélassent su~
nos mules blessées ...
Le désert d'Adnan, de redoutable réputation, est une vaste
~laine elliptique, coupée par le lit d'une rivière desséchée,
1
oued Adnan. Les collines qui l'encadrent sont escarpées et de
formes régulières: Leurs lignes de faites sont orientées dans le'
124

SPIIS dPS YPlltS t•(•I-.:-Jlallts: ()upst-Est; !Ps I'OUdH•s rochPUSPS <[lli


constitu<>ut i<>ur ossatm•p plour:·put n•rs 1<> St11l. Ce dl•sert est
lameutahlP; ou n'y \ï1it ni 1111 al'l1t'C, ni tm toit, ni une tente; ui
tm <\tre humain Les Ou/ad ./ella! <[Ui y nomadisent campent
<Lans des ravins, tels <[HP /maaun !j'raten, Bou l!ali{a, 1ln:;our.
Le voyar:·em· <[Ui s'aYPntnre dans ces rl·r:·ions n'a qu'mw sl'ltle
chnnce df' snlut :la vitPSS<'. :\ons marehons, pend.ant l<'s trois der-
nières Lwures de noh·p Map<'. dans l'ohscuritl~ profonde d'un<'
nuit sans lmu• ct nous atteigwms it 9 lu•m·es 3(1 des remparts lwr-
mMiqumnPnt clos d' llir. ~ous plantons notrt• camp contre la
portP, iL tran•rs la<pwlle la voix sonmolPnte 1l'nn g·ardien
rf.pond laconi<[ll<'lll<'llt : " Il Pst trop tard~ n

llir est tm <(<;ar <'Il pis(· roux farci dl' gTossPs <lallPs. LPs m<H-
sons sont <'spacl•es ct de pauvr<' apparence,lPs jardins sont ferti-
les ct di•liei<'ux ù. ccttP l•po<pte où l<'s amandiers sont flem·is, On
compt<> 2i)0 f<'ux, autant dP fusils. et la jemnn de 12 memhres
ne paye aucun<' dchiha. Cdtc i111U~pendancc s'expliqu<'; Jlir est
le march(~ des tribus arahes Pt chleuh : Ou/ad J,•llal, Zenaga,
Ounzin, Ireddio '-la, ete... Elle Pst, par nl•cessitè, un tPrrain
neutrP, une plnc<' d<' coumH'I'C<'. De lit sa s(•curitl· Pt sa pros-
périt~•.
On Yient de reconstruit·c en parti<' la p;rande mos<ruée. La
jemaa est précéd(•e de 6 chamlll'es d'ahlutions; chacune tl' elles
porte un<' inscription indiquant .la dien tète à <[Ui elle est rt;ser-
vée. Il y en a 1 pour les tolha, 2 pour les arabes, 2 pour les
chleuh, 1 pour les baratin.
Ces rac('s et ces cast('s difl'(Jrcntes vivent en assez mauvaise
intelligence, mais le dang('r commun les associe et souvent de
fa<;on anormal('. En ce moment, pnr ('Xemple, deux fractions de
la trihu arnhe d('s Ou/ad Je/lill sont en guerre, elles ont chacune
pris pour allièP tlll(' trihu ehellah : l'une a pour elle Ounzin,
l'nuh·<' Zr·naga.
~ous aYons dti s{~jourtu•r hi<'r il llir; nous mourrions d(' faim
Planche .\LI_\

Fig. U7.- La Ft>ija.- LP 'l\'at·tlï~~t'rliin (page 1:!:!).


Dt-; L OLED DlU .\. LA Z.\.OLIA DE SIDI )IOHA)IMED OU 1.\(JOCB 125

<'t · sous prétexte <jU<' la villP hospitalisP Pll <'<' momPnt plus de
70 IHitPs, on nous a fom·ni lill<' poig·néP dP );,psksou Pt unP hras-
:sép de paillP.
\ous avons ~'l'and 1winc à troUV<'l' un z!'ttat. l'n dwikh des
environs. ~lohPnd hen Tahia, est n•nu nous rPCOlllllHllHiPr de rw
nous fipr ù p<'rsonne pour la travPrséP fl'Ilir à Tagmout. Il con-
sent à nous «:>scorter avPc mu· <lizainP <l'lwmmes jusqu'à la
grande zaouia de Sidi Jfoltamml'd ou Iaqoub qui n'pst qu'à trois
lwures d'ici. \ous y s{•journProns <'Il toute sécurité, puisque la
zaouia est un horm. un asile inviolahlP. Le cheikh viendra nous
chercher dans la nuit. Pt nous gag·nerons Tagmout de très bonne
h<'ure.
Ainsi fut fait. \ous arrivo11s donc ù 9 hPun•s 30 du matin à
la zaouia, après avoir trawrsé la plaine d'Azarar fmi n'Ta-
fen où S<'rpeBte l'oued Sùli Jlohammed ou laqoub. La zaouia est
située dans un col étroit d 'oü la rivière sort pour pénétrer dans
la plaine. Elle comprend trois a~rglomérations que 1«:> ravin
sépare. Le tomhPau du grand saint, patron de la zaouia, est au
fond du ravin, c'est une haouita à ciPl ouvert. Trois fois les
fidèlPs S<' réunirPnt pour érlifiPr unP <(ouhha, Pt chaque fois
la Voùte s'écroula. Les nHu:ons n'admirPnt pas que leur talent
pùt ètre mis <'n eause, pt conclurent que Sidi ~Iohammed ou
laqouh avait Youlu, par ct' miraele. donner un témoignag·e pos-
thume de cettp humilité <fUi fut sa YPrtu favorite ...
La zaouia est l'une des plus riches du Sud marocain. Tandis
que les grandes zaouias des DPrqaoua, dt>s \aciria, confréries
politi<jUes autant <JUe reli/o(·ieuses, s 'épuis<>nt «:>n quer«:>lles intesti-
nes où leur patrimoine s 'émit>ttc, oü lt>ur prestigP somhre, les
zaouias secondaires, localPs, tPlles t{UP Jfrimima, .....ïdi Jlrri,
Sidi Aïssa ou Brahim, florissPnt. au~ment«:>ut lPm· clientèle et
conservent jalouscm<'nt lPur cohésion. Si forte Pst leur vitalité
q.u: ellps continuent à Yi ne <'t it prospèrer mème après la dispa-
l'lhon de la descendance dP lPur créateur, commP e 'pn est 1<' cas
à Sidi .Hssa ou Brahim dont lP chef est un simple nègr<'.
Sidi .Mohammed ou laqouh, chérif idrissite de la branche des
Ait Amrar, fondateur de notre zaouia, fut le contemporain et
l'ami de Sidi Ahmed ou l\loussn, patron rlu Tazeroualt. Ses étu-
t26 '
,\\; t:ŒUI\ BE L ATLAS

des aelwvùes il vint, Pli d~rwbik, se fixPr dans ePs régions


dèsolt'•Ps. LP lieu lui plut it causP de son ariditt'· aLsoluP. Avant
<IP s'y fixm·, disPnt Sf's hagioFI'aphPs, il voulut t\tre certain que
ses disciplPs ne manqw·raiPILt c!P rii'Il. Il inYOifUa donc 3ti0 saints
ct sollicita leur concours, les pria ut <l'Pntrdl•nir sa zaouia pPIHlant
un jour de l'aunéP chacun. Et, c'est pour eoutinuer cette trtulitiou,
tjUe la zaouia re1:oit de tous les poiiLts du Jllaroc, de l'Algérie et
du Sahara, ehacuiL selon sa produdiou, de l'huile, du piment, du
safran, des dattes Pt tout ce 11ui est nécpssair·e à son énorme
clientèle. Le sultan, les 11a1ds du Glaoui,· de Goundafi, le hacha
de Taraudant, le chérif de Sidi Ahmed ou Jloussa, lui adressent
chai}Uf' mm(•e dPs prl·scnts Pt dt' l'arg·prlt. Les Doui Rial ( Dou-
blai) {'UX-mèmPs, cPs piratPs du <h'•sert sans foi ni loi, prélèvent,
à son profit, une dîme sur lPs produits de lPurs hrigandages.
La zaouia compte 166 feux, dont 116 pour la seulP postérité
de Sidi Mohammed. Point de juifs, hit>n f'nteudu, mais heaucoup
de baratin, sPrviteurs de la zaouia. lA•s hôtes sont chleuh ou
arabes, la plup<i.rt sont dPs rnzauuig, des réfug·i(•s, qui sont venus
chercher asile et protPction coutre les ehàtinH'nts ou lPs n~n­
geances qu'ils out Pncourus.
Oules nourrit ct l'on utilisP au miPux leurs servicPs. On leur
fait g·arder les troupeaux, cultiver I}Uelqu~ts ehamps d 'org·e
épars dans la plaine, préparer lPs alimPnts. Quand on pénètre
dans la zaouia la première pièce oü l'on entre est une grande
salle, toute noircie, oü des mzaouig· moudPnt le grain. La pièce
suivante sert de grenier et de magasin de distribution. Les
vivres y sont répartis en deux lots : l'un est salé, l'autre est pré-
paré sans un atome de sel. On nous explique que ce second ser-
vice est destiné aux esprits ! ... On lem· attribue la mèmP portion
IJU'aux vivants, mais sans sel, car chacun sait que le sel chasse
les esprits ...
Dans la cuisine autre miracle. Les marmites, de gros keskass
en fer, sont posées sur des trous percés. dans une large dalle de
pierre. Comment elles cuisent, nul ne le sait, car si quelque
indiscret commettait le sacrilège de regarder dans ces trous il
tomberait foudroyé ! ... Ces marmites magiques ont d'autres par-
ticularités : elles se mettraient à danse1· s'il entrait dans la
1"

.- ...
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IlE L 0\;t:IJ IHU .\ LA ZAOI:IA m: ~lill )IOII.UDIEh 01 IAQOuB 1~Ï

zaouia (lllPlqtw dP~e<>ndant dP:,; Aït (luttas dont lPs ancNrt>s mas-
saerèrPnt .MoulPv .\li eht'·rif: d<> IIH;nu• ellPs r('•w;lPI'iiÏPnt iufail-
lihlt>nwnt par l;urs honds la prt'•st>ueP d'un iutîdèlP ! ...
La zaouia PntretiPnt <lPux m(•(lPrsas où l'PIISPip:ncmPnt col'a-
niciue Pst donn(~ à 150 dùn•s, VPnus (ll' pal'tout, (lont l'Pntrc-
tit>n Pst g:ratuit. Lt>s pi'oft>ssPurs sont 1 fokras <IUi font apprcndrt>
le Qoran ù leurs dùvt>s, en le leur expliquant pt PU lP comnwn-
taut Pu tamazirt, ear pPrsonnP à pt>u près nP comprciHll' Ara lw.
Les élèns dP la médt>rsa ct lt>urs maitrcs sont venus, suivant
l'usag·e, nous apportpr une planclwttc sur ln<Iuellc une sourate
était calligraphiée. Ils nous ont récit(• dt>s wrst>ts du Qoran. Pas
un seul d 'cntrt> PliX n'a pu nous répondre en Ara he.
La zaouia nP s'occupe pas de politique; elle s'abstient éga-
lclllent de tout particularisme religieux, ct n'est servante
d'aueune confrérie : elle ne s'occupe que de pif>t!• et de charité.
Sn charité s't>xerce sur tous ceux qui lui demandent l'au-
Dlùne : à tous elle donne le vivre et le couvert dans un asile
près duquel nous campons. l'lous avons eu la visite des pauvres
de cet asile, ils sont wnus nous présenter le plat de tâm que la
zaouia leur octroie e 'est une f<u·on de solliciter notre généro-
sité. l'lous avons planté un beau, douro neuf dans cette pâte de
k~skous d'orge mêlée de paille hachée, ce qui nous a valu
d Interminables bénédictions.
CHAPITHE Y

IJE LA ZAOUIA SIDI liOHAMM~;D OU IAQOUll A. ANZOUR


AGRESSION ET CAPTIVITÉ

Jer mars

Le moqaddem de la zaouia nous a mis en défiance contre le


cheikh Mohend ben Tahia qui doit venir nous prendre cette nuit.
Ces heu Tabia sont une famille chleuh fixée dans la montagne ;
leur repaire est inaccessible ; ils y vivent de brigandage ... mais
tout le monde est brigand dans ce pays !
D'ailleurs l'exactitudc du cheikh ct sa complaisance désarment
nos soup1;ons. Il arrin· vers minuit, an•c 10 hommes, et se met
à notre disposition poUl' allPr soit it Taqmout, soit au Sous, soit
à Aqqa-lquiren; sa zettata s'étend it une ou deux étapes dans
toutes les dirPctions. Il nous laisse entendre, fort habilement,
quc les chcurfa de la zaouia sont des ennemis de sa famille ;
quc Cl' soi-disant asile est le refug·e de tous les criminels du
pays, d lfUC, en somme, l'exploitation de cc 1h•oit sacré est
d'une immoralitè profonde.
Bref il est convenu que nous uous mnttrons eu route dès l'aube
pour TaJnwut. Le vPut sc ehargc de nous rendrP exacts: vers
olWUl'f'S UIIC hourrasqtW abat la CJOUhha, ct UOUS oh}i~·e à lever
le camp. Le froid est vif, lP V<'nt Pst glaeial, il deviPnt surtout
pénihle quand, après avoir escalad{~ le flanc elu col de Sidi
Mohammed ou Iaqoub, nous parvenons au plateau {~rodé, désolé,
crui s'étend jusqu'aux collines de Tagmout. L'oued Assaderefl
coupe ce plateau ; sa vallée desséchée est large et profonde. Au
DE LA ZAULIA SILJI JIOIIAlDH:D OU L\QOLB A ANZOUH 1:29

moment où uous y <Lesceudons trois hommes apparaissent der-


rière un buisson. Le cheikh leur court sus aTcc trois de ses ser-
vitem·s. Il revient nous contant <JUe cc sont des pillards Ou/ad
Je/lai <Jui, eonvaincus <JUP l'on nous menait ù u11 g-uet-apens,
suivaient noh·c pistP pour avoir part au butin ...
Cette histoire, racontée avec une hilarité exagérée, me remet
en mémoire les défiances du moqqadem de la zaouia, et je
prescris à mes honunl's dt' rester groupés ct de tenir leurs
armes prêtes. La route sc poursuit sans autre incident jusqu'à
11 heures.
~ous souunes dans uni' cm·ctte au fond de laquelle croupit
U~l redir omhragé par des ecdra. Les voyageurs o11t coutume
dY faire halte, les traces de feux l'attestent. ~otre guide nous
propose de nous y arrêter pour déjeuner et pom· faire boire
nos bêtes. On allume du feu: on réchauffe le keskous froid
qui constitue depuis quelques semaines notre habituelle nourri-
ture : on cause. Le cheikh l\Iohend, :\Iouley el-Hassen et quel-
ques autres forment un groupe ; on y examine le mécanisme de
nos fusils à répétition qui, partout où nous passons. excitent
la curiosité et l'admiration. ~otrc chérif se complaît à cette
exhibition de sa richesse et de son sa voit·. Pendant <·e tt>mps une
partie de nos hommes débride et abreuve les mules, l'autre
cherche du bois pour entretenir le feu.
Soudain les bords de notre cuvette sc peuplent de gens armés
qui, en un clin d'œil, déntlent vers nous, le fusil haut, poussant
des cris de g·uerrc. Les serviteurs du cheikh ben Tabia sautent
sur nos armes et les prennent toutes sauf trois : la carabine du
chérif' un f USI·1 a· cmq
· coups, et mon f ns1·1 d e c l1asse que J·· arra-
che des mains d'un chleuh .
. ~les serviteurs, désarmés, se sauvent ; ils escaladent un mon-
heule qui domine la scène. :\"ous restons quatre : l\louley el-Has-
sen.' Zenagui, qui n'a plus que son revolver, un muletier et
ntoi, adossés à un pàté rocheux, prêts à faire feu.
~lohend ben Tabia se jette devant nous en nous criant :
-Ne tirez pas ... c'est un malentendu ... ces gens sont no~
frères!
Xous restons ainsi. face à face, indécis. Ben Tahia t•i•unit en
!1
130 .\l; C:ŒUII IH. 1, .\ TL.\S

cercle tous cPs hrigawls Pt palalH·e an•c r~ux. La conversation


dure quelques minutPs, puis il reviPIIt VPrs Hous portant une
lettre qu'il nous prie dP lit•c. Cette ldtrP {mwne 1lu cheikh
1\lohammed rLlqqa Jrnt, Pile mcotltr~ que nous avons Ml~ recon-
nus par le hartani cl-llnjmi: <JUC l'tw dP nous est chrMicn: que
nous sommes porteurs d'un tr(•sor dh·oh{• au Sultan ... pour
toutes ces raisons il faut nous anètcr. tuer le chrMien ct pren-
dre l'argent.
- Qu'avez-vous à J't'pondre '? dPmande Ben Tabia.
EvidenuuPnt nous sommes trahis. jP suis perdu. l\otre seule
chance de salut est de t<:'nü•r de niPr; elle est bien prohléroa-
tique mais, en dP pareils instants, l'instinct de conservation
prévaut, on se cramponne à tout, ou espère contre toute espé-
rance ...
Mouley el-Hasscn, Zenagui et moi, nous nions énergiquement
qu'il y ait parmi nous un infidèle, ct pour preuve Zenagui récite
la proft>ssion de foi islamique, la Chahada.
Ben Tahia porte nos protestations à ses brigands <JUi, natu-
rellement, ne s'en contenlf'nt pas. Ils VPUlPnt <Ju'on leur
remette le chrétien ct tous les bagages. l\otre position stratégi-
que est telle qu'on ne peut nous tourner, Pt nos agresseurs se
rendent certainement compte, à notre attitudP, <fUC, dans ceS
conditions, la capture sera coûteuse ... Ils caus~nt à voix basse,
discutent.
Cependant Mohend Ben Ta hia revient nt·s nous, ct nous pro-
pose de retourner à la 7aot1Ïa.
- Là, dit-il, vous serez en sùreté, nous examinerons l'accu-
_sation port<''<' .contre vous, ('t nous avis<'rons ....
Nous J'assemblons nos nml<'s, notre caravane se reform-e. On
.sc met en marclw, les brigands nous suivent, les hommes de
.llen Tahia nous cncadr'eut. Par prt:·cautionj'ai placé mon revolver·
dans une poche dt> mou burnous, sous ma main gauche, je tienS
mon fusil de la main droih·.
Pendant une heure nous marchons ainsi, refaisant, en sens
inverse, la route parcourue ce matin. On s'accoutume à tout,
nous finissons par cr·oir·c <JUC le cheikh est sincère, qu'il nolli
l'a;.:•· 1:10 his Plarll'he LI

Fif{. 101.- Fcllllllf'S rlïlir (pal!"e 1'U).

Fig. 102. - .\nzmu·.- Femme esdaye rappnrlanl de IH broussaille.


DE LA ZAULL\ SIDI JIOHAlDIEll Ol 1.\I_IULll A A:\ZOU\ 13l

I'atui•up it la zaouia. L"alet·tf' am·a Ml~ chaudt', mais, aw•c du


h~tnps, dP la diplomatiP pt de l'ar~·pnt, tout s ·m·t·all~·«'t'a !
:'\ous dPsrf'tHlons dans la vallt'•e de l'oued .lssaderen, Pt no~
IIIUlPs peinent <lans lP lit <le la rivière encombré de gTos galets.
Tout ù. coup je suis violPmment tiré à la l'f'IIHl'Sf', arraché ci!'
ma nml<' et, a nmt mème que je puisse sortir mon re vol n•r, je
suis tf'rrassé Pt ligutté dans mon hm·nous dont on nw rahat le
capuchon sur lf's yeux. La premièrf' surprise passée je mc
~éhats flll'icusement; à coups df' pieds, à coups de poing-s j'ar-
rtvc à lllf' t•elever, à dégagPr mon rPvolver. Hélas! le levier-
fermoir s'pst ouvel't dans la lutte, les cartouches sonttomhées ...
J'ai autour dl' moi un cercle d'une vingtaine dïwmmcs <[Ui
brandissent des fusils ct des poif,'"Ilards. J'essaye, désespérément,
de pereer le cercle eu me jetant de toutes mes for.ccs sur un
nègre qui s'abat sous moi, je roule avec lui, et, cette fois, jf' suis
cloué à terre sans pouvoir me relever. A coups de pierre, à
~oups de crosse de fusiL à coups de poignard, on m'ar·rachc mon
Inutile revolver en m'écrasant les doigts, et on m'attache. Le
nègre <IUl' j'ai assommé, ct <Iui saigne abondamment, s'accroupit
sur moi, me renverse la tète d'une main et se prépare à me
scier la gorge avec un atl'reux petit couteau de fer ...
l.;ue intervention se produit en ce moment, quelqu'un arrête
le nègre Moulid; je saisis l'instant où il se redresse pour me
relever moi-même, la corde qui me lie les poignets éclate. De
:~UYeau j'assène un coup de poing à .Moulid et je fais une Ying-
ame de pas en courant.
l.;n coup de crosse dans le genou gauche me fait tomber, on
Dle rabat de nouveau mon capuchon sm· la figure, on m'attache,
et solidement cette fois! J'entends les brigands liUi sc dispu-
tent le plaisir de m'égorger ...
J'ai bien cru que tout était tini.

C'est la curiosité de mes ag·resscurs qui m'a sauYé. L'un d'eux


est intervenu, conseillant de surseoir à mon exécution jusqu'à ce
que l'ou m'etit extorqué des explications sur l'usage des objets
de forme étrange .que contiennent nos bagag·es ; objets dcsti-
132 AL CŒLH IlE L'.HL.\S

w)s, dans l'Psprit de ePs harbm•t>s, <l la rccherelw des mint•s et


des h•t'•sm·s, it la fabrication de la fausse mon1taiP ..
On me laissa donc t'IICOI'P une fois me rPlevel'; ou Ill<'
dépouilla dt> tous mPs vt'-tcments, sauf unP elwmise Pt un seroual.
.Moulitl profita dP ee que j'étais sans défense pour sc ,-engPr de
son mieux dPs coups t{u'il antit rP<;us ct, <ftHtll<l il fut las tlc me
frappct·, on me laissa Pli paix.
Pcwlaut ePtte sn\np Zenag·ui avait failli ètre tué, lui aussi. Ou
l'avait cru ehrétiPn, on l'avait trainé à !'~cart pour l't'•gorg-cr. Ses
protPstations, ses prières, étaient. vaincs. Il se mit it réciter à
haute voix le (Joran; on lïnh•rrog-ca, la méprise fut rPcomllle,
on l'envoya rPjoindre le ch!·rif qui, assis par tcrt'P il quPlque
distancP de lù, discutait lamentablement, implorant pitié pour
lui, pour nous tous, jurant, avec des serments soleunels, <Juïl
était chérif ct t{UP nous étions tous ses serviteurs.
X os homnH•s, peudant ec temps, entouraient le cheval du
dteikh ben Tahia, se pendant à sa crinière, passant sous son
wntrP, g-estes dP supplication et d'humiliation <fUi laissaient
les brigands hien insensibles.
La discussion dura plus d'une ht>m·e .•Jp n'en comprenais que
tlt>s frag·ments, car un tiers seulement de nos agresseurs parlait
,\ra he, c'étaient les Ou/ad Jellal; les autres Maient chleuh et par-
laient Tamazirt. La conclusion de cette palabre fut que l'on laisse-
rait en liherté le elu:~rif ct tous ses senitcurs, t>xcepté moi. )lêllle,
par une dérisoire hypocrisie, on lui rendit <fUatre mules blesséeS
qui uc ])IH'taicnt rien, ct un petit à nP eharg-{~ de h:tttcric de cuisine.
Lf's IJWth'<' autres mules furent ccns{~ps porter mon hagage per-
sonnel, Piles Maient de hon ne pt'isc. On emmènerait dans la Jllon-
tap;nc le prisonnier ct le Lutin, et l'on statuerait plus tard sur
l'usage <JUe l'on c11 ft>rait. Pour <'aimer les objurgations du chérif
ou ouvrit un (loran, ct le cheikh hcn Tahia jura qu~ pas une
aiguille ne serait soustraite des ha~·agcs, ct IJU'il ne tolllberait
pas UJI cheveu de ma tète ...
.J'avais te11té pendant cette discussio11 de me rapprocher de
mes compagnons, un A.1·abe le vit et me chassa à coups de pierres;
Moulid se précipita ct mc souffleta à tour de bras. Pourtant, aU
momt>nt de pal'ti1·, le t•lu·ikh l1cn Tahia me fit enlever mes liens,
DE 1..\ ZAOI"IA Sllll llilllHDIEII 111 L\tjülll A .\~ZOIH t:J3

r<'ndr•e nws 1h{'ll{'rns <'t ma dj<' lla ha ri faitH' ..J<' pus Ill<' ~.dissl'r
jusqu'à mps compa;.nwns et l{'lll' fair<' nws <Hlil'ux. Tons plPu-
raient ... ~lohend )){'n Tahia m'a ,!l'•dar{' d<'puis <pw ,jamais il Ill'
s'Hait tant a mus{• ...

Ce drame a durè d{'UX heures. ~lon cmtsci{'nciNtx haroml-tre


enrégistreur, hil'n {'Jlf{'rmé au fond d'une cantine, a inscrit sans
s'émouvoir les incid{'nts de c<>ttl' route. Gràce ù lui je connais les
formes d'une région qu{' j'ai parcourue la nuit, sans graml souci
d'en observer le détail: je sais aussi la durée de nos marclws,
l'heure d<> nos halt{'s. de notre arriv{•c, l'altitudl' dl' notre gitl',
qui se trom·e dans L4nti-Atlas, au-delà de la lign<> de faite qui
sépare l{' hassin du Dra <lu bassin du Sous.
:\'ous avons remonté l'oued Assaderen jusqu 'à son orig·ine,
marchant droit au ~ord. La vallée, si large au point où l'agr{'S-
sion s'est produite, s'étrangle vite: les collines escarpél's en font
un ravin encaissé, dans lequel la marche est difficile.
La baud{' de hen Tabia s'était dispersée. Cne fraction, compo-
sée d'Ou/ad Jellal, sous les ordres d'un chef de douar nonunt'
Ait Hmnid, servait de g·uide à mes compagnons qui filaient {'n
hâte vers le Sous, n'ayant plus qu'un souci, aller chercher du
secours. Ben Tahia avait pris tout l'arg·ent cont<'nu dans l{' sac
de Zena~mi, notre argentier habitu{'l: il avait donné ï <louros ù
~louley <'1-Hasscn, <>t 7 douros à Aït Hamid: ilS{' trouvait très
généreux, et pensait qu'à ce pcix son complice ct sa victinw
devaient être contents. Cne autre fraction marchait devant nous,
en avant-garde. Enfin le gros de la troupe, dont je faisais partie.
se composait du cheikh et de dix homnws. (luatr{' d'entre {'llX
étaient juchés sur nos mules, l{' reste suivait. On partit ol toute
allure Yers la montagne.
Tant qu'il fit jour les choses se passèrent normalement. Pour
rude que fut cette marche rapide, elle m'était un remède contre
le froid dont ma mince djellaba mc protégeait mal. Le reste de
IllPs YPlenumt~ or!lait me~ compngnons. RPu Ta hia avait pris
134 AU COElll\ DE L'ATLAS

pour lui mon kh<'idous noir. Quand la nuit vint on fit une courte
halte et l'on flt'~lih{~r". Trois hommes bifurquèrent vers 1/ir; on
ouvrit une de nos eantines, l'on y prit au hasard quelques objets
flu'on leur donna. Le serment fait sur le Qoran ne pesait guère!
Quant à moi, l'on discuta sur mon sort, mais la discussion eut
lieu en Tamazirt et je ne compris pas. Seulement Ben Tahia
s'approcha de moi et me dit : «Agenouille-toi ! »
Je crus que c'était l'instant suprême, que l'on ne m'avait
entraîné jusque-là que pour se débarrasser de moi discrètement.
On m'attacha les mains derrière le dos et l'on m'enleva mes
helleras. Un coup de pied de Moulid me jeta la face contre
terre, un chleuh qui dès le début m'avait paru pitoyable et
humain, Sa1d, me releva, ct l'on se remit en marche. Ces mesu-
res de précaution n'étaient destinées qu'à m'empêcher de fuir.
La marche dura encore trois heures. J'étais si endolori, si exté-
nué, j'avais tant de peine à marcher ainsi, piecls nus, les bras
attachés derrière le dos, dans ces sentiers rocheux, que je toUl-
bais sans cesse. Sa1d eut pitié de moi, il passa son hras sous l'un
des miens et me dit tout bas : « Courage ! >>
Gne de nos mules, épuisée de fatigue, s'abattit; il fallut la
débâter pour la relever. On me délia et je fus chargé de la faire
marcher. La malheureuse bête fit encore deux cents mètres
environ, puis s'affaissa lourdement; aucun effort ne put la rele- _
ver. On me fit asseoir près d'elle, de nouveau on m'attacha les .
bras, ct l'on nous laissa là tous les deux, en m'annonçant qu'on •
reviendrait nous chercher le lendemain. Nous devions faire un
hien pitoyable couple, ma pauvre mule et moi, affalés côte à
côte, dans cette nuit glaciale ...
J'étais là depuis longtemps, grelottant, sans pensée, presque
sans conscience, quand j'entendis des voix; c'était Sa1d qui reve-
nait avec deux hommes, un peu de·paille et une guerba d'eaU·
11 me fit délier, on abreuva la mule, on lui fit manger un peU
de paille et l'on se remit en chemin.
Nous avions atteint le sommet du col, notre route descendait
maintenant en suivant le lit d'un oued desséché. On fit halte
devant un rempart bas où s'ouvrit une porte étroite, nous étions
rendus au qçar d'Assaka.
Page i34 bis Planrhc LIT

Fig. 103.- Anzonr. - Le portail du bordj ; l'uniqne cheval.

Fig. i<U.- Anzour.- Le cheikh Mohammed ben Tabia (page Ut).


l)E L.\ Z.\OIJL\ S!lll l!OII.UDIW 0{" L\QOI;B .\ A~ZO\ï\ 13:)

.hmka est un de ces bourg~ chleuh qui peuplent la monta-


gne. Il ne compte pas plus de 30 feux. Ses maisons de pierres
cimentées avec de l'argile, sont basses, solides et laides, mais
. leur ensemble produit un certain efl'et. Le bon état des rem-
parts, la solidité du porche, révèlent l'insùcurité de la région .
.-hsaka fait à sa voisine, Tisserin, une g·uerre san~ trêve ni
merci; elle a pris pour protecteurs les ben Tabia et, depuis cette
alliance, une trêve tacite est intervenue. Ses jardins ne couvrent
pas 2 hectares ; un mince ruis~eau irrigue ses champs où pros-
pèrent des figuiers et des amandiers. En cette sai~on Assaka,
vue des sommets voisin,;, parait un bastion grisâtre ; les orges
tendent à ses pieds un tapis de verdure sur lequel alternent les
figuiers sans feuilles et les amandiers en fleurs.
De tout cela je n'ai rien vu la nuit de mon arrivée. On m'a
conduit par une ruelle sombre devant une maison, la porte s'est
ouverte et l'on m'a poussé dans une salle longue, étroite et
hasse, dans laquelle toute la bande ben Tabia était réunie
autour d'un grand feu. On mangeait, et l'on buvait du thé, et je
fus frappé du luxe du matériel et de la profusion des plats
qui contrastaient si fort avec l'apparence misérable de cette
demeure.
~lon entrée pot rut n'intéresser personne ; on me relégua dans
un coin et nul ne prit garde à moi.
La conversation mi-arabe mi-chleuh, roulait sur notre aven-
t ' '
. ure. On avait entassé nos bagages dans un angle de la pièce,
tls formaient un monceau sur lequel Mohend ben Tabia était
couché. On discutait le partage de ce butin et mon sort. Les
Ouiad Je/la! et Moulid voulaient me tuer. L'un d'eux proposait
même de me crever les veux et de me brûler, il montrait mon
CJ.rnet d'itinéraire, expli~uant que j'y avais écrit leurs noms et
~e chemin de leurs qçour. Ben Tahia et les Chleuh protestaient;
)e le comprenais à leur ton. Leur argument, je l'ai su depuis,
était que ce pillage pouvait amener des représailles, contre les-
quelles je constituais un excellent otage. Plus tard, si aucune
protestation ne s'élevait, on déciderait de mon sort : il serait
toujours temps de me vendre ou de me tuer. Mais les Arabes
u't•u \"otdai<•ut pas d{~IIIOI'dn•. L'm• d'PliX, sP lom·uaut YPI'S mot,
me demanda:
- Que sais-tu faire ; sais-tu di~com-rir lPs tr(~sors; Pxploitcr
des mines; fair<' de la monnaie ? Nous t'emmènerons dans nos
montagnes, elles sont. pleines de tr{~sors lflH' les Houmis y ont
cachés ...
Je déclarai ne savoir rien faire ; j'étais serviteur du chérif,
et Tripolitain. Le Djellali me saisit la main et. l'inspecta, il y vit
des durillons, tira sa kounlia, en appuya la pointe sur l<' crPUX
de ma main, <'lm<' dit :
- H{~pi>tf' <fllf' tu ne sais rien faire ?
J'expliquai que la Tripolitaine est situ(~e au hord de la mer,
que les hahitants sont marins, f'l qtw cf's durillons provenaient
du manienwnt rle l'aviron... ·
L'interrop-atoire continua, sur C<' ton brutal et menaçant,
pendant un<' partie de la nuit, jusqu'à cc que, las de ques-
tionner, on finit par s'endormir. La salle était si étroite qu'un
homme de taille moyenne ne pouvait s'y allonger, dix per-
sonnes y tenai<mt à peine, tant nos bagages l'encombraient. On
m'envoya coucher devant la portf', à côté rle mes mules ...

Le lendemain, dès l'auh<·, les ablutions et les prwres mati-


nales terminées, on décida d<' fair<' l'inventa ir<' elu hutin. Notre
bagage fut étalé. et le pillage commen<:a dirigé par le cheikh
Mohend hen Tabia en personne.
L'exhibition de mon matériel scientifi<JUe fut un Monnement
et une déception. Chronomètres, sPxtant, lunette astronomique,
apparf'ils photographiques, boussolPs, thermomètres, baromè-
tres, hypsomMre, passèrent rlc main en main. On m'accablait
de questions sur leur usage et, dans l'impossibilité où j'étais
d'en faire comprendre l'emploi, je me cantonnais dans mon
rôle de muletier ignorant, déclarant que tout cela servait à faire
de l'astronomie, Pt appartenait au chérif qui seul en connaissait
l<' numicmPnt. Nntur<'llf'm<'nt c<'tt<' répom;p nf' sntisfaisait pPr-
DE 1..\ 7..\0t'l.\ :"IDI liOII.UIMED 0{; 1.\!JOI"II A .\'iZOt:R 137

sonnp : 111ais lP moypn dP fail'l' Plltf'n<lrP la photo~Taphif' ou la


topographiP ù dPs Bf'rh(•rf's! La mènw lllPllaCP I'PYPIIait. comme
un refrain. il rhaquf' r{·ponsP :
- On va tf' ttwr, puisquf' tu nP sais rif'n! ...
On s 'f'fl'ort:a it tl'ouuir tout ce qui était ferm(•, et. quaiHl
l'apparl'il ou la hoitP rt;sistnit. on fort;ait. on ln·isait. L'on
nunit ainsi mw Yin~/."tainP dP hnitPs dl' clicht;s: dl's roulPanx dP
l){'llieulPs furent dt'>roul{•s: un apparf'il panoramiquf' fut tlHonrt;
à roups ftp pif'rl'P. l"n apparf'il photog·raphiquf' à soufflPt Put
un snf·c>(•s ina ttPntln. l"n juif. lw(•sent à eettf' seènP, et •In 'on
avait rPtJUis parep quP tians l'f's ,·oyagPs il avait n1 hPaucoup tiP
choses, déclara reconnaitre ect appareil pour une mousica, un
accordéon ! Et, pen da nt un quart d 'heurf', tous s'efforcèrent,
successivement, de tirer un ~on de ce malheuri'UX instrument...
J'assistais impuissant et consternè ù ce carnage, à l'éparpille-
ment de nos précieux documents. C'est mourir df'ux fois qu(' de
Voir détruire son œuvre ...
Tout au fond de l'unf' dl's cantines Sf' trouvaient cachés six
sacs de cent rials chacun, en monnaie Bassani. Leur découvert('
causa une stupeur générale. On pensait hien avoir fait un coup
heureux, mais les espi·rnnces les plus optimistes ne prévoyaient
pas une pareillt' nuhaint'. Le clwikh ~lohend ferma net la caisse
au trèsor, désirPux, mnis un peu tard, d.f' cnchPr eette fortune il
ses complices, Pt l'on passa à l'inspection des armes.
Ces hommes de poutlr(' ont la passion des helles armes. Ils n'en
possèdent guère. dans C('S régions rt'cuMes. et notre armenwnt
leur paraissait résumer toutt's les perfections. Il fallut ouuir,
démonter, faire manœuYrPr, pistolets et fusils. On s'<>ntassait
pour mieux voir, tout le monde voulait manier, palper, épau-
ler. Ma earahine Lt'e-~letford l't un minuscul<> mousqu<>ton \Yin-
chestpr <'Urf'nt tous l('s suect~s. En hon chef de hri~·ands, qui
sait son rôl<', ])('n Tnhia }ps f'llYPloppa clans un sac dt' toile Pt
s'assit dessus.
__ Ensuite on pilla le lot d"efl'ets qui constituait notrP approvi-
Sionnement. LingP, ])('lleras, vèt<'m<>nts. tout y passa; l<' cheikh
prélevant toujours la part du lion. On déeouHit au fond tlu
hallot Olf's herhit>rs. dt>s fl;wons oit mes collt'ctions t'ntomolo~ri-
• 0 •
138 AU COEUR m: t.'ATLAS

ques flottaiPnt dans <ln formol, dPs sacs d'llchantillons ~·llologi­


<JllPS ... Plus de doutP, je savais d(leouvrit·les mines ct tout cela
servait à fabri<tuer de l'or !
.J' expli<Juai <ln mon mieux que cPs plantes, ces insPctPs, cés
cailloux MaiPtlt <lest inés à composer des médicaments ...
- J)ps mùdieaments! j'étais médecin'? ... Que ne l'avais-je dit
plus tM; justPmcnt hPn Tabia avnit encore dans l'épaule une
ballP <fUi lP faisait souft't•ir·; tel autre avait une plaie, la femme
d'un tel {Jtait mourante ... J'avais des remèdes ; où ètaient-ils?
On se mit à la recherche de notre caisse de médicaments. On
la trouva empaquetée <lans une tcnt!'. Tous les flacons, toutes
les boites furent sortis, humés, flair{ls. On voulait savoir à quoi
chacun servait, goùter à tout. Je pensais arrêter cette frénésie
en prévenant que certaines de ces fioles contenaient des
pmsons ...
- Des poisons! Où étaient-ils'? ... J'avais des poisons et je ne
disais pas ! Et <JUels poisons ; rapides ; sùrs ; douloureux ?.. ·
Toutes les mains se tendaient ...
Devant ce succès, cet assaut, je dus battre en retraite ct
déclarer que le médecin de notre caravane était Zenagui ; je
n'étais, moi, qu'un simple serviteur, je l'avais aidé souvent, je
connaissais certains remèdes, certains secrets, mais beaucoup de
ces médicaments m'échappaient. Pourtant je ferais de mon
mieux pour guérir tous les maux ...
J'étais sauvé. Il ne fut plus question de m'aveugler ni de
m'égorger. Le cheikh déclara qu'il m'enverrait à Anzour où
j'aurais à guérir son neveu dont la jambe était « rongée par
des vers ». Je pouss:lÏ l'aurla~e jusqu'à rappeler que je n'avais
pas mangé depuis quarante heures. On me fit donner une poi-
gnôe de dattes. Puis on referma nos cantines, tout notre bagage
fut entassé dan ..; le grenier de la m'lison, ct l'on décida de partir
le lendemain, dès l'aube, pour Anzour.

n'ASSAKA A ANZOUR

Anzour est situé à 4 heures de marche environ, et droit dans


l'Est d'As1aka. Je n'ai plus à ma disposition aucun moyen de
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DE LA ZAOUI.\ SIOI liOHA~!\IED OU IAQOUB A ANZOUR 139

contrôle, et je ne puis ohtenir (ru'avce d'infinies précautions


C{U<'lquPs rPnseign<'ments géo~rraphiques. Lïtinét•aire, que j'ai
levé GP llll'lllOÎl'P Pt Ù }' PStÎillP, Il 'a ({One (jU \mc précision assez
nlt>atoirc.
En sortant d'A.~.mka on rPmontP le lit d'un ruisseau affluent
de celui que le qçar domine. I"'ous sommes ici au point de
diramation orographique des vallées de Dadès, du Sous et du
Dra. L'oued Assaderen n'est qu'à trois quarts d'heures au Sud
d'ici, et coule vers le lJra ; la rivière qui coule au Nord serait,
m'a-t-on dit, un affluent de l'ouerl Sous. Le ruisseau que nous
allons remonter vient de l'Est ; il arrose de minuscules champs '
\
de céréales laborieusement conquis sur les pentes rocheuses qui )
l'encadrent.
· Un autre ravin, qui lui est opposé par le sommet, dévale vers
l'Est et conflue avec un autre ruisseau au pied du qçar ruiné de
Dodro. Le nom de qçar n'est plus usité ici. Les bourgs fortifiés
des chleuhs sont désignés sous le nom de moudaa dont la tra-
duction serait, à peu près : localité.
Ces moudaa sont groupées par (listricts : Assaka fait partie du
district d'I~a~en; les moudaas d'Art Kleft, Tu/ath, Tizgi, Aït
Hamed. qui jalonnent notre route, appartiennent au district
d'Irredio11a. Tizgi, la plus grande, n'a pas plus de 50 feux.
Leurs jardins ne s'étendent guère sur plus de 300 mètres de lar-
geur, mais s'allongent clans l'étroite· vallée. La plus riche n'a
pas 200 amandiers. C'est dire combien est mis&rable, cette région
pourtant assez habitée.
Les montagnes sont peu élevées ; la plus haute est le Djebel-
lguigui dont la crête s'érige d'environ 250 mètres au-dessus des
cimes voisines.
Toutes ces hauteurs sont constituées par des assises de grès
micacés gris, ou roses, ou n~ême rouge vif, à gros grains. Le
mica abonde, et les habitants le prennent pour un minerai pré-
cieux. A les en croire les gens de Taroudant viendraient, la
nuit, charger des mules avec les roches de leurs montagnes
qu'ils vendent aux chrétiens de Mogador. On voit beau-
coup de ruines sur les sommets. Les habitants prétendent
qu'elles sont les vestiges de l'occupation des Roumis qui les
140 Al. COFTH 111<: L ATLAS

prt'~c<;di~rPnt dans <'P pays Pl dont ils prètPJtdPnt llll\llH' c\fl•p les
descendants: on !Pur domw quPlquPfois lP sm·nom dP Tassount
n'Roum.
~ons somnu•s ar·rin;s à .1 n.::;our \ï'rs il h<>urPs. ~[oh end hen
Ta hia nous avait <ruitt<; à mi-rout<' pour retour1wr à Ilir . .J'ai eu
it peinP lP temps d'PntrPvoir la moudaa cl'.:inzour, Pt lP hordj
dPs hPn Tahia crui la dominP. Sitùt arrivé on m'a mPn<'• ch<'z lf'
clwikh :\lohanun<'cl hPn Tahia .dont le fils va ètre mon elient.
{:n cercle cl<' g-ens somnolents, accroupis autour d'une tld·ière,
devisai<'nt en m'attPndant et, dès le seuil, le maitre de maison
mc déclara d'une fa<;on fort courtois<' que jï·tais 1<' tri•s bien
venu. Il ajouta, sans aucune ironie :
-Tu <'S mécl('(·in, tu S<'ras notre hôte jusqu'à ce <JUP tu nous
aiPs tons guéris.
Ainsi suis-j<' Pntr<~, l<' 3 mars, clans la famille dPs Onlacl hen
Tahin.

Anzour fut, il y a vin~·t ans, un<' moudaa prospère, mw hour-


gade d'mw trentaine cl<' maisons, sise it mi-pente d'une colline
rocheusP, <'t que prolong·<'nit dans la plain<' l<' ham<'au d'Aga-
dir. SPs jardins clPscPnclaiPnt <'Il tPrrass<'s j US<JU 'au foml d \Ml
ravin dont l<>s champs <l'orge tapissai<'nt l<'s flancs. La rivière
coula·it sous terre dans tme seg-uia hien entretenue, jalonn<'~<' de
regnrds soigncusemPnt ma<;onn(•s. Le seigneur de t·e lieu, le
cheikh heu Tahia, Mait un hrig·and notoir<', redoutahl<' et
l'l'douté, qui, jouant en stratèg·e lwhilf' df' la situation de son
bordj planté en travers de la route du Sous au Sahara, rançon-
nait caravanf's Pt voyageurs, taxait lf's mules, lf's juifs; les dat-
tes, les <mHmd<>s, tout cc <[ni passait iL sa porti•e. Hospitalier d'ail-
leurs, hébergeant ses amis c'omntc• il raw;onnait S<'S ennemis,
princièrPment !
Cne qnPrf'llc sur,·int entrP le maitre et ses vassaux. Las d'un
joug écrasant les chleuh cLI nzuur Pt <L1 gadir montèrf'nt à l'as-
saut du hordj, le pillèrent ct tuèrent le cheikh d'un eoup de pio-
C'he. ~<'s quatr<' fils Mai<>nt it llir; ils rPYinrent <'Il hAt<', appcli·-
DE L.\. ZAOUIA SIDI )IOHA)DIEll Ot: IA(,!Ol;ll .\. .\.NZUlR 1-\1

rPnt ù la l'Pst·oussP. lPlll's pat'Pnts.lPurs alliés !Ps Ou lad Jellal, les


1-!'Pns d.- Sedik; ils rqwirPnt lP bordj d'.\u:our, dèmolirPnt aux
trois quat·ts 1P Yilla~;<'. rasi•rpnt .lgadir Pt ,·~1-!-mi.:·i·t·ent tout ce tjUi
tomha sous lPm· eouteau. Le pays fut rui111'• et dt'~p<'uph~ pom·
'JUÏnzt• ans ..\p1·i·s IJUoi les quah·p OulaJ hen Tal1in restaurèrPnt
tant hiPn tjU<' mal le bordj Pt tj!ll'ltjUPs maisons d s'ùtahlirent
parmi lPs ruines.
L'ainé, .\bd Pr-Halnuan. est le maitre de céans; il jouit de
l'autorité que lui confère soli droit d 'ain<'sse. Il conunande en
chef de familh·, répartit lPs charg·es, prélèw les redeYances,
tranche les difl'érends. Il habite hors du hordj, dans un hàtiment
neuf 'fui fait saillie, Pt tjUe l'ou nomme la qoubha. CPtte qoubha
n'a pas de coupole; elle doit son nom, m'a-t-on dit, ù cc IJUC les
fils du cheikh aYaient PU la pieuse pensé<' {l'élever un tombeau
pour honorer la mémoire de leur père. Alul er-Hahman a jug·é
ce monument inutile, il a installé ses deux femmes et leurs sept
enfants dans le sanctuaire inacheYé.
Mohend, mon zcttat félon, habite lP bordj ; son unitJUC femme
lui a donné deux fils et une fille. ~Iohammcd, le père de mon
malade, et Ali, hahitent hors du hordj, dans l'une des maisons
réparées ( 1 ). On a relevé encore cinq ou six maisons pour les
serviteurs, pour les esclaves et leurs famillPs ; l'une d'elle,
attenante au hordj, sert dP mostfuée.
Le bordj est un cube de mat;onncrie flanqué de quatre tours
d'angle, dont l'une surpasse les autres en hauteur et en élé-
gance. Elle est très délabrée mais on y distingue encore des
traces d'arabesques, les fenêtres sont éh\gamment dessinées,
leurs ogives mauresques sont supportées par une colonnade en
partie écroulée. La grosse tour porte à ses quatre coins des cré-
neaux eftilés surmontés de poteries rondes.
La distribution intérieure du bordj est rudimentaire: aurez-dP-
chausséc, les appartements de )lohcnd, ct une sorte de salle sans
fenêtres où l'on fait du feu ct où l'on se chaufl'e ; au premier, une
salle de réception où Mohend reçoit ses hôtes .•\ucun mobilier

_(1) Peu après mon passage Abd cr-Rahman ben 'l'abia fut égorgé par ses
freres Mohend, -'lohammed et Ali.
ne la meuble, le sol est dM'oJtct·~. lt>s mur·s sont dt~aèpis, les
nattes sont mist\rahlPs; tout y t•t'•vde le dt;sordi'P, la salctè,
1Ïusoucia11ce du maitrP.
La <Jouhha d'Ahd cr-Hahma11 eomporte deux corps dP logis
sans étage. Dans l'uu vivPnt les fpmwcs ct les Pnfants, dans
l'autre sont les appartements dP rt'~ccption, c'est-à-dire deux
salles hassPs, tme ;;Tandc pour lP rommun, uuc petite, blanchie
à la chaux ct tendue de tapis, pour les hût<>s de man1uc.
Tout cela est singulièrement primitif Pt fruste ; les seuls
luxes de ces chleuh sont leurs armes ct les parures de leurs
femmes ; encore les unes et les autres sont-elles hien primi-
tives.
Pour achever de brosser cc dt;cor, oü va désormais sc dérou-
ler mon existenec, je n'ai plus qu 'ù mentionner la source à qui
Anzour doit sa vic ct la lH'ospét·itt; de ses jardins. Elle sourd
fraiche ct limpide au pied du bordj, daus u11e miuuscule grotte
artificiPllc que <pwtrc pPrsonnes suffiraient à rempli.·. Son débit
n'excède en aucun t<>mps 30 litr<>s ù la mi11ute, <>Ile baisse nota-
blement en été. L'eau <JUi s' éeoul<> <>mplit en 12 heures unbas-
sin vaseux que l'on déhond<> matin et soir pour irriguer l'oasis.
Les esclaves, la houe en main, veillent à sa répartition. Elle
court d'abord dans les jardins, à travers lPs carrés de navets
ct de fèws, puis clic dégringoh•, une à uJte, e11 cascatelles
hruissantes, les marches CJUi dese<>ndent au ravin, et nt s'Maler
ct sc perdre dans les champs d'orge. Ct>tte source est ma
retraite favorite, quelques beaux peupliers lui font un dôme de
verdure, et, dans cette oasis d'ombre et de fraîcheur, je puis
oublier un instant la méchanceté des gens et la laideur des
choses.

Les douze premiers jours de ma eaptivité se sont écoulés dans


le désœuvrement le plus lamentable. Il fallait, à force de
patience, de résignation, con<JUérir la confiance de m<>s géoliers.
On me traitait en bète curieuse, des geus veuaient de tous les
douars, de tous les bourgs Yoisins, voir l' << étranger ». On
Fig. 107.- .\nznnt·.- Lt• ,·ni ,r.\nznnr (vPrs le Snd) :les ntim•s (pa!-!•' 1H).

Fig-. 108.- .\mont·.- La sntll'''L' t•t le hassin n's••t·mir (Pil!-!l' l i2_,.


liE 1..\ Z.\Oiî.\ ~lill \IOHA\DIEII or 1.\tJl)rll A A:\ZOU\ 14:J

Ill Ïntprrog·<>ait inti'I·minahlPmPnt ~ur toutP~ chosl'S, on nw posait


lPs quPstions lPs plus SiiUf.\TenuP~ :
. - E~t-il nai <pH' l<>s fPllliiH'~ dPs chrétiens aient ciuq ou
SIX p<>tits it chaqu<> porft'•p ·? ... (JU<' l<>s Pnfants dPs chrétiens ~oiPnt
nourl'is a Y<>c du lait dP trui<' '? ...
.\ nw voir tr(•s a~sidu aux rites islami<{li<'S, aux ablutions, aux
prièrps, on finissait pourtant par admettre que j<' fu~sf' muHtl-
man. LP rôle était facil<' ù jou<>r au milif'ti de ces chleuh illet-
trés pour <{Ui la relig·ion ~e horne aux ~œst<'~, et à la récitation
dP qudqups ~oumtl's, flont la plupart ne compr<>nnl'nt pas une
p;nolt> .•Jp continuais ù wutt>Ilir la wrsion qu<' le chérif anit
donné<' : j ·étais TI·irolitaiil, sujet turc l't musulman hanafite.
Ln incidl'nt vint donn<'r une confirmation i1wspérée à cette
fahle. Il existait dan~ une moudaa voisine un vieux hadj, un
P&l<'rin dl' la Mecquf', <{Ui au cours cle son pèlerinage, avait
séjour1u~ un<> ;mn<~<' ù Tripoli. Il était malad<' <>t vint me con-
sulter. Il me parla dl' Trahir'$, la chance voulut <tU ïl y eût habité
en 18Hi, l'anné<' où j<> l'avais visité moi-mème. Le paeha qui
111 'avait re<;u l'avait hèherg·t', aussi ... De ce moment il fut admis

<JUe j'étais Trabe/si.

L'existene<' d'un hour.z chleuh est monoto1w et misérable. Les


hommes dorment ou rallàchent pour la millième fois les mêmes
~écits. Les femmes vaquent à des oceupations d'intérieur tou-
Jours pareilles et ennuyeuses. Les t>sclaves eultivent et irriguent,
leur vie durant, le même heetar<' de terre ingrate. Il n'y a de
~·ivant et de vraiment heurem: que les enfants : on ne les astreint
a aucun travail, ils jouent et se battent du matin au soir, sans
que personne prenne g·arde aux eoups qu'ils re<;oiwnt ni aux
dégâts <juÏls commettent. J'ai tout de suite été leur ami, et un
peu leur victime. La fa<;on dont nous avons fait eonnaissance est
amusante.
J'avais dans ma cantine une provision de chocolat. Interrogé
par les ehleuh sur l'usage de ces tablettes brunes si bien embal-
lées dans du papier de plomb j'avais raconté que c'était un
remède pour soi~ner les mules ... On avait pris le papier de plomb
1H Al t:tt:LR DE J, 'ATLAS

nt laiss{~ lt• t·hoeolat. Tous les matins, j'<'ll don11ais aux p('tits ben
Ta hia <'lll<·m· J'<•eollumuHlallt hiP11le seerPt qu'ils H'avai('llt garde
tlP tJ·ahi1·. J)p la t·omplieih'~ ù la eamm·adPt'i<' il 11·y a qu'un pas!

~la lJl'itwipale attribution est.la mt'~deeille. Je suis uu'~deeiu de


pat• la wlontt'~ du cl}('ikh ~Iohe11d, et je d('Yrais, suivant lui,
ë'Ut'I'ir ses amis d empoisontu•r ses en11emis ! Par bonheur la
caisse de plmrmaeie est restèc it Assah:a, ce <fUi limite mes moyens
d'action ct mc permet d't~ludcr, ln·ovisoirem<'nt du moins, les
consultatio11~ ct surtout les opémtious. Les ehl<'uh o11t uuc opi-
nion étonnante d<' l'habileté du toubib e hréti<'ll. Quand un
malade vient me eonsulter il me dit simplement : « tiuéris-
moi ! " Si je l'interroge sur son mal, il a tout d<' suite' mau-
ntise opinion de mon savoir. C'est à moi de lui apprendre d'où
il souffre. Toutes les maladies, d'ailleurs, découlent de deux eau-
ses : les génies ct les vers ! Elles comportent nécessairement des
traitemeuts variables, mais il existe une panacée bien conunode
pour le mt~dceill : l'amulette. Il m'a fallu quelque temps pour
m'y habituer. J'cu fabri11Ue maintenant une moyenne de dix par
jour. Le proei~~u~ 11e nll'ie pas : on plie un papier en un petit
rectangle ; on le déploie, ct, dans ehaeun des earrés ainsi dessi-
nés, ou trace des sig·11es eabalisti<Iues, des nombres, des figures
gi~ométriqucs. Ou replie le tout <'t, sur le tlcssus, on écrit plu-
sieurs fois les noms 1L\llah et de ~lohammed. C'est l'abraxas
de nos areux ... La superstition 11'a 11i àge ni patrie, le fétichisme
sc rctroun1 dans tous les pays du monde à la hase de toutes les
religions.
)Jais ma dientèle rédame des mèdieaments: ou sail tjue j'cil
possède une pleine caisse à Assa!.:a, et l'on somme le dwikb
)[ohmul tlc la faire nmit· .•J'cxeite les appl·tits le plus 'lue je
peux, avee l'espoir que l'on apportera tout notre mah~I·iell't que
j'arriverai peut-être à en reeonquérir une partie.
Le t.l mars nous nous sommes mis en route pour Assaka, •
nous y avons couché, ct le 1:.> au soir nous rentrions à An.::our,
rapportant tous mes hagages. J'ai cu uu peu de peine à faire
DE LA. ZAOt;U SWI ~IOIIAlDIED OL IAtjOLil .\ A'IZOII\ 145

la t·out~' : les coups dP !'rosse de fusil <{UC j'ai I'ec;us dans le


genou m'ont valu un •'panchement de synovie. U11 de mes uou-
\"!'aux eompa~:nwns. un Ouled .!ella!, à <{Ui j'ai donné quelques
soins, m'a prètü sa mule pendant une partie de la route de
retour. Cc premier t•'moig·nag·p de sympathie m'Pst infiniment
pr·.~cieux.

16 mar~

Désormais mon existence a un but : t•ecoiHJ:Uéi·ir mes docu-


ntents, mon matériel. et sortir d ïci.
Le cheikh Mohend, depuis <IUC son butin est à .ln,:;our. dnieut
un tig·re. Il me conte que ses frères sont ses pires ennemis, <Ill 'on
songe à le dépouiller, que s'il garde jalousement mes hag·ag·es
c'est seulement pour pom·oir me les restituer au jour prochain
où il me rendra la liberté. Tout est enfermé dans son bordj dont
la porte est soigneusement verrouillée et cadenassée ; pour plus
de sûreté nous y couchons lui et moi, lui sur les cantines, sa
kounüa nue à la main, moi en travers de la porte .
. Il passe beaucoup de voyageurs au pied de la hourga.de
d Anzour ; ils vont de Tisint, de Qaçbat el-Joua, tl'Aqqa Iren,
d'llir, au Sous, ou récipr;quement. Il vient aussi des Zenaga,
des habitants de Ras el-Oued, de Zagmousen et des 'Oulad .!ella/.
Ces derniers ont une fraction de 65 tentes campée à 1.500 mètres
d'.-lnzour; ils sont clients des cheikhs, et leur prêtent assistance
dans toutes leurs entreprises de guerre ou de pillage.
L'hospitalité est une des plus belles vertus berbères ; on la
pratique largement à Anzour. Point de soir où l'on n'héberge
des hôtes ; j'en ai vu jusqu 'à :>0 les jours où la je maa se réunit ;
la n1oyenne est de ;) à lO. Haratin qui viennent de la Feija,
chleuh qui vont au Sous YCndre leurs produits et acheter des
provisions, Ou/ad Jellal qui nomadisent dans la montagne,
tous au passag-e s'arrêtent à An::;our. Ces passants colportent les
nouvelles ; on cause autour du thé traditionnel, et toujours à
, peu près des mêmes sujets. Je défraye une bonne pnl'tie de
ces.conversations, et c"est une de mes pires senitudes <JUe cette
obligation de répéter indéfiniment les mêmes histoires, de
10
A1 CIIEII\ IlE L .\'l'LAS

r·ilpondr·c à toutes lns IJUCsliom; oisPusPs quP l'on mc pose ... On


parlP aussi hcaucoup de la trihu voisitll', 011n;:,in, avce laiJUI-'lle
on l'SI Ptl 1-('UI'rrP : on Pll d!>nomhrl' ll's g·ucrriers un ù un, on
les jug·1•, on IPs jaug·p, sans indul~·pncP, uatm·Pllement.
LP matin, dt'•s qu'il fait jour, on SP l1\VP. LPs Pnfants appor-
l!•nt dP l'Pau chaude pour lPs ablutions, on SP lave, peu et
mal, Pl l'on fait la prièrP dl' FaubP. LI' saYon Pst inusité. On en
cmmait rourtant trois Sf rtl's: 11' sabuum roumi, savon d'Europe,
outragPUSI'nH•nt parfmu(l, d IJlH' l'on prisl' à raison dt' soB par-
fum ; le ressaut, savon minin·al avPe l<'IJUI'l on lav<' l<'s vètements
ct li' linge : d enfin lP savon n>g-étal IJUC lPs Ou/ad Jellal
recueillent dans la montagrw Pt que l'on pile dans un mortier.
Vers 7 heures du matin on apporte la tagoulla, IJlle l'on
nomme en arabe el-lwça, potag-e à l'eau, à la sl.'moule fine et
au beurre. On la sert dans dP graBdPs ~~cuelles en terre, avec
un jeu de trois ou quatre gTosses cuillères PU hois quP l'on se
passe à tour de rôle. On plong·p la cuilliwe rlans lP plat et l'on a
soin de la rùclct• cÎiliJ ou six fois sur lP h01·d dP l'!>cuelle avant
dl' la porter il sa bouche pour ne pas tacher le tapis ou graisser
les nattes. Nattes ct tapis sont sacrés : ils tiennent liPu de meu-
bles l.'t de tentures : on ne les foule IJUC pieds nus : on ne cra-
che jamais à terre, mais contre les murs ...
A t 0 heures on prend le thè. Les rites sont les mêmes que
dans tout le .Maroc ; il faut aYoir très grand soin de ne pas
boire vite les petits n•rres que l'on Yous tend. L'usage veut
qu'on PU aspire bruyamment le eontenu, sans presque toucher
le verre des lèvres : usage assez répugnant à entendre, mais
singulièrement prudent à ohsencr. Quand on a Yidé trois
théières le maitre de cèans cu remplit une quatrième que l'un .
des serYiteurs cmportP avec un air de mystère. Cette dernière
tournée ne contient guère IJUC de l'eau chaude; elle est destinée
aux femmes et aux enfants. Ce thé du matin dure. en moyenne
une heure, après quoi l'on apporte 1<> flour, le déjeuner. Il se
compose généralement d'un plat de mergfl, sauce rouge à la
graisse ct aux poivrons, oit nagent des carottes, des choux-fleuri
<>t d<>s navets, et, lPs jours de homhance, un morceau de chè'fl'6
ou de mouton.
DE LA l.\OllA SIDl liOHAMMED or IA(.Iülll A A:\ZOUR 147

Ct' plat est St'ITÏ sm· UIH' cinia, sort1• de tahlP hass!', <{UÏ porte
ég:alement des pains. Ct's pains sont dt> plusiPurs sortes : tautùt
c'Pst du tounnirt, pain !l'OI'!.!"P, plat et tr~~~s cuit; tantùt c'Pst du
loukhrijl, pain 1le blé plat t>t spon~.:-ienx; ou encor!' dn khoub.s,
pain d 'org·e cuit en 1>normes B·alettes ; ou enfiu CP sont des
nèpPs de farÏIH•, analog-ues ù celles tiUe l'on fait !'Il Bt·ctag·tu•.
L'officiant, devant qui ou dépose la tahlP, rompt le pain ct en
répartit les morceaux sur la cinia, eH face de chaque com·ive ; il
retire la viande et la pose provisoirement dt>vant lui pour la
distribut>r plus tard, puis il dit: << Bismillah ! n Au nom de Dieu!
Et chacuu plonge son pain ct ses doigts dans le plat. Il est juste
de reconnaltre qui' l'on passe une aiguière avant et après les
repas, et que chacun s'y lave les mains ... mais si peu! En revan-
che il est de hon ton de se rincer furieusement la bouche après
le repas, da us un bassin qu'un serviteur vous présente, en se
·servant de sou index comme d'une brosse à dents ...
Vers a ou 4 heures, après la prière de l'asser, on sert encore
du thé, ensuite on mange des dattes arrosées de lait aigre.
Ces dattes viennent de la Feija ou de Zguid. .Les chleuh, qui
sont pannes, n'achètent pas de bonnes dattes, elles vont au
Sous, on les voit passer hit•n empaquetées dans des peaux de
chèYres ; les mauvaises seules restent dans la montagne. On
les vend en conglomérat informe de noyaux, de poussière, de
poils de chèvres et de chameaux. Le maitre de céans apporte
un morceau de cette pàtée, les hôtes piochent à pleine main.
On met les noyaux de côté pour les mules.
Enfin le soir, à 7 heures, après la prière de l'acha, on boit
encore du thé, et l'ondine. Ce repas varie beaucoup suivant le
nombre et la qualité des conviYes. ()uand nous sommes seuls,
les femmes se reposent, on sert un peu de beurre rance fondu
ayec du pain. S'il v a des hôtes sans importance on fait un tâm,
un keskous sans ~iande ; si l'on régale des hôtes de marque
on fait un seksou à la viande, et une tagoulla. La tag·oulla,
dont j'ai déjà donné la recette, est un turban de bouillie de mals.
C'est le plat national, il faut être chleuh pour savoir le bien
lllanger. On a ménagé au centre du plat un trou qui est rempli
de heurre ranc.e fondu. Chacun attaque le turban en face de lui,
AL CUEUll IlE L ATLAS

en et·cusant UIW po<·ho dans la<[UCllP on Yf'l'se au fm· et it llli'SUl'e


du lait ait;Te. On pMrit bien sa poit;·n<;e tle tagoulla dans le lait
nigt'P, on h·cmlH' le tout <lans le hPUI'I'<~ fondu et, <l'tm tour de
main hahilP, on amène <'l'ttc p<itô<' li<[Uide <l<'vant sa houehc pour
l'nspirPr an•<· tut hruit formidable. Puis on lèche soigneuse-
meut sa main Pl ses <loigts, ct on les rcplong<' dans lP plat ...
La distribution de la viand<' mérite aussi une mention. L'offi-
ciant l'a plae<;e dl',·ant lui, au d<~hut du repas ; <Juand les convi-
ves ont nmng·è la semoule et la sauee, il sc tourne vers son voi-
sin. ct tous deux sc mettent en de voit• de dèchiqueter le morceau
de viande en autant <lP parts <JU ïl y a de convives. Chacun est
set·vi suivant sa <[Wtlit<~. Il PxistP tm protocolP <ldicat qui
nuance la consi<Umttion depuis le filet jusqu'à l'os ... l\lais ee qui
est tout à fait réjouissant, c'est la lutte héroï<JUC des deux
officiants contre le morceau de viande. Le mouton, le houe ou
la chèHc immolé pour ces agapes, est toujours tué à la der-
nière minute, ct choisi parmi les ancêtres du troupeau, et Dieu
sait si le hétail yit vieux clans cc pays paunc ! Certains tendons
exigent du renfort ; on assiste à de véritables s(~ances de lutte
entre quatre chleuh <[Ui s 'ènortucnt de leurs huit mains à
écarteler un gigot. La politesse veut <JUC l'on parle d'autre chose
pendant ce dépe<:age, et <Ju'cnsuite on s'extasie sur la qua-
lité de la viande d'Anzour. La victime est toujours qualitiée
d'agneau ou de chevreau ; ct, à voir la fac,~on dont les hôtes de
basse catégorie rongent l'os qui leur échoit, en sucent la
moëlle, en croquent les cartilages, on sc prend à rêver avec
inquiètude iL la fac;on dont peut SI' nourrir la meute <les chiens
famdiqucs qui rôdent autour du bordj ...

fi mars

Aïd cl-Achour! C'est jour de fête. On manifeste sa joie en


brûlant un peu de poudre, en criant plus que de coutume; le
thé se prolonge plus tard. On est en famille, car personne ne
voyage un jour de fête. On prie un peu plus longuement. Le
feqih Si Ahmcd, le seul homme de tout le voisinage qui sache
lire et t;ct•it'<', lit it Yoix haut<' dPux souratPs du Qoran sur la ter-
'
Pa;.::•~ 1 iX hi.< l'lanche LV

Fig. 109.- Anzonr.- Le hm·•lj; la porte tl'cntrt'c (page Ut).

Fig. HO.- Anzour.- Types d'esdaYes noirs (page t51).


!)E L.\. ZAOriA SWI )IOHHDIEil 01 L\IJOrii _\ A\ZOU\ 119

rassi' d<' la lllOS!IUi•<'. <'t l<'s /-!'<'IlS pi<'IIX l'i•eoHtent. assis<'n el'rele
HHtom· tl!• lui. att<'ntifs. mais ahs<'nts par la JH•ns«~P. rar ils Il!'
compt'PllnPnt pas mw parolP.
Ce feqih hahitt' le villag<' d'Aiï 1/amed, ù un IIUart tlïwur<'
d'ici. On le fait venir quawl on a IH•soin tle ses services, quand
on rer:oit une lettre ou que l'on YNlt en écrire une. Il est tailleur
aussi, eomm<' presque tous les tolhas. Il m'a eonfir' <[tH' son
aig·uille l'enrichissait plus que sa plume. Il est aussi chari-!·'~ de
l'éducation religieuse des enfants. Chaque fois liU ïl vient. il les
réunit tlans la mosquée et leur fait ànonn<'r leurs planchettes.
Il est hi<'n difficile tl 'apprécier le deg·ré d<' reli!l-·iosité d<' ces
chleuh. Ils sont très pratiquants, mais si faux ! Ils jurent et se
parjurent avec la mPm<' insouciance ; les invocations alt<'rnent
avec les imprhations. On les voit tout le jour i~gréner leur
chapelet ; ils ohservl'nt très rigoureusement le jeùne du Rama-
dan. Ils mentent avec une incroyable effronterie et, le plus
souvent, sans hut, pour le plaisir d<' tromper. Le sPul homme
d'Auzour qui ait quelque f>iété t'st un pam-re vieux ma(,'on, à
demi perclu, qu'on nomme feqih Ali. C'est lui qui a réparé
le bordj et hàti la qouhha ; il remplit hénévol<'ment les fonc-
tions de moudden, il appelle lt's fidèles à la prit'-re ; il fait
chauffer <lP l'eau <lans la salle d'ahlutions qui précèd<' la mos-
quée, et apporte les plats que l'on sl'rt aux mendiants <le pas-
sage. Il passe toutes ses soirèes à épeler un vi<'ux Qoran cras-
seux qu ïl déchiffre à l'ai tl<' d'un<' <~norme paire d<' lnnt'ttt's à
monture de cuivre. Ce doux vieillat·d a reYt'Iuliqtu' pat• avane<' la
faveur de m'égorger ... <'t je ne r<'~mrde jamais sans un peu d'émo-
tion l<'s p:rosst's mains tremhlantt's rle <'<' pam-re vi<'ux caro-
chyme.
La zaouia de Sidi bou .Hssa ou Brallim est toutP proehe :
c'est un lieu de pèlerinage fréquenté. Tout passant s'y arrête.
tout montagnard y porte son offrande. Le moqaddem de cette
zaouia est un vieux nègre monumental, à harbe hlanche, qui
est de mes clients: j'ai rarement vu plus belle dilatation n'es-
tomac! Il m'a confirmé que la postérité de Sidi bou Aïssa était
éteinte depuis longtemps, et que lui-même n'était que le des-
CI'ndant de l'un de st's <'sclaves.
150 AU CŒ!;R DE 1, ' ATLAS

J'ai eu aussi la visite du ch(wif fln la zaouia de .'.îdi Mohammed


on laqoub. On avait ouvert la salle d'honneur pour cet hôte
sacré. Le malheut't>!IX a t'-f(• vidime d'une tentative cl'Pmpoi-
sonnement. Le coupable fut arrêté, on ln mit <'t bouillir à petit feu
dans une grande cuve, pour lui faire avouer quel était l'instiga-
teur de cette tentative criminelle. Il raconta qu'il avait r<lpé le
phosphore d'nue hoitc cl'allumettes dans les aliments du chérif,
mais, cet aveu fait, on ne put plus tirer de lui que des cris
afl'reux auxquels on mit fin en lui arrachant la lang·ue.
J'ai obtenu du cheikh Mohend l'autorisation de rester dans
le bordj avec mes instruments et mes livres. Je sors de mes
cantines, devant lui, les objets dont j'ai besoin, il referme soi-
gneusement les cantines à dé, puis il m'enferme. Dès qu'il est
parti je retire les chevilles qui assemblent les charnières de
mes caisses, elles s'ouvrent ainsi à contre sens; je prends ce
qui m'est précieux, je l'enfouis dans mon capuchon et, plus
tard, à l'heure du repos, quanfl je suis rendu à la liberté, je
vais enterrer mon butin dans les jardins ... J'ai pu reconquérir
par cc procédé mes carnets d'itinéraire, mon journal de route,
mes clichés et mes pellicules photographiques .

18 ma1's

.J'apprends qu'un rcqqas, un courrier, est venu ce matin


apporter une lettre du qaül de Gounrlaji mc concernant. Cette
intervention bouleverse toute ma diplomatie. J'étais par~enuà
convaincre Mohend que j'avais à Taraudant, à trois étapes d'ici,
des amis riches, disposès à me secourir. Il était convenu qu'un
jour prochain nous irions chez le cheikh des Mtouga, dont la
q<u;ha est visible de Taraudant. Le cheikh est un ami intime deS
ben Tabia, l'affaire sc ni~gocicrait par son entremise ; je donne-
rais 500 ou 600 pesetas, ct je reconnaîtrais par un acte devant
adoul, devant notaires, que rien ne m'avait été volé!
Toute cette comhinaison s'écroule. Du moment que le qatd
de Goundaji prend la peine de s'enquérir de mes nouvelles, je
deviens un personnage important. Il ne peut plus s'agir de régler ·
llt: 1..\ l.\01"1.\ SI Ill ~IHI.UI.\IIill OU 1.\QIH.'II .\ A'iZill Il f;)l

l'atfait·c il l'amiable; non que l'on songe à exig-er une forte t'<lll-
~on: ces chleuh n'ont encore aucune idée de cc genre d'opéra-
tion, mais ils ont conseil'IH'l' d"avoir commis un méfait grave, et
rcdoutcnt \les rcprés:tilles. Tant \fliC je SPrai leur prisonnici' ils
11 'out ril'u à craindre. mais du jour où jP serais rendu à la lilwrtù

ils am·aicut tout à redouter de la vengcancc du qard.


Comme eouclusion ;!_ ces consi\lérations le cheikh .\lohl'n(lmc
d('•clara <JUe j"étais désormais lem· hùte ... pour toujolll'S !

..
On pr,~parc unP expédition contrl' Q,mzùt. Les gens de cette
trihu out t>nlen\ le troupeau d'une moudaa voisine, et la dje-
maa se réunit ce soir, à .-1n:;our, pour décider l'opération que
l'on entreprendra. L'encomhrement du bordj est tel que j'ai
dû me t·éfugicr dans la salle où se tiennent les serviteurs et
les esclaves.
Chacun dPs cheikhs a un ou deux serviteurs chleuh et des
esclaws noi1·s. Ils ont en tout t n,'..grPs, 6 uégrcsscs de 20 à 45
ans, et unP <!Pmi-douzaine \lP IH\gTillons. Un bel esclave nu\le
vaut 300 pesetas, nue jeune négresse vaut un peu moins, sauf
si elle est jolie, auquel cas sou prix n'a de limite que le caprice
des acheteurs. Le Suurlan ne fournissant plus d'esclaves, ce
précieux personnel ne sc renouvelle que par reproduction. On
vend aussi des prisonniers de guel're. La condition de ces mal-
heureux dépend du caractère de leur maitl'e. En principe il a
sur eux tous les (lroits, mais son intérêt lui commande de ména-
ger son serviteur et, sauf de très rares exceptions, les chleuh
sont humains pour leurs esclaves.

19 mars

La jemaa continue à discuter ses projets de campagne. Cet


envahissement est une g·êne pour tout le monde. Le cheikh
~lohend devient plus défiant que jamais. Il refuse même de
m'ouvrir la porte du bordj, dans la crainte que quelqu'un de ses
hôtes ne s'y glisse avec moi. C'est tout juste si, devant le mécon-
15~ Al. t:ot:lill IH: 1. ATLAS

tPlltl'llll'llt ;.:·~··nt'•t•al «Jill' l'l'HP st'·rptPstratiou suseitP, il cousent iL


sortir la eaisse it pharmaeie <[Il<' tout lP pays maintenant connaît
ct convoite.
Il mc viP nt, jP l'ai dit, <les malarl<>s <l<> partout : <lu ."ious au
Sahara, du Tafilelt à l'oued .Voun, on sait qu'un BH;decin. turc
ou peut-iitre chrétien, opère des miracles. Le miracle est que je
n'aie encore tué ni estropil~ personne, car je n'ai pas le droit de
refuser les opt;rations que l'on mc demande, dP n<> pas donner
une poudre ou une potion <juelcOJH{Uf'.
Quelques exemples pour prouver cP qu'il Pli peut cuire
d'exercer ill!·~·alPIIH'IIt la mè<l<>cirw Pn pays chleuh :
Le troisièuw jour de ma r<;clusion on m 'amènP un hartani
blessé d'un coup de feu à l'èpaule droite. Le projectile avait
hrisè une côt<>, traversé l'homoplatf•, et Mait resté logé dans les
muscles, it flpur de peau, roulant sous les doigts. Injonction for-
melle d'avoir à extraire cette halle, sans aucun instrument natu-
rellement, ni bistouri, ni pince, ni aig·uilles à suture ...
On me donna l'un de ces p<>tits couteaux de fer av<>c lesquels
les hommes s<> rasent la tète, on l'affila sur un galet, je le
trempai dans <lu sublimè, le patient dèroula son turhan et en
mit un tampon entr<> ses dents ...•Je fis un<> incision deux fois
trop grande Pt une fois trop profonde, la halle tomha. Un peu
dïodoform<>, <lu coton hydrophile ct une des belles bandes en
toile hlanehc dont la « Société de secours aux blessés » nous a
si généreusf'ment fournis, et mon chleuh, satisfait, proclame
mon talent ...
Ceci n'est rien : le plus grave est que l<> renom de cette opé-
ration heureus<> se répand au loin. Les gens qui ont une balle
dans le corps sont légion dans ce pays de poudre, et tous accou-
rent mc eonsulter. Ces projectiles de tous calihres et de toutes
formes, ne se présentent jamais avec le même honheur que
celui du hartani it qui je <lois ma rèpntation, et qui reste, je le
déclare it ma confusion, le seul que j'aie jamais extrait, malgré
de multiplt>s et hien douloureuses tentatives - douloureuses
pour l'opt;rateur presque autant que pour le patient.
Autre_ ennui : mes clients ne respectent pas mes ordonnances.
L<> cht>ikh SI' prMend t>mpoisonnP. Lt>s chleuh ont du poison
IlE LA Z.\ll(L\ Sllll ~HHIA:\I~IEll 01" 1.\IJOI"ll .\ .\!'IZOl11\ f;)3

IIHP tPt'l'l'lll' t'oHstant•• t•t ju,.;titit'•••. Il IIH' dPmatHIP mt Yomitif.


.If' lui domu• 'lllah·" e;H·Iwt,.; tlÏpt;ea. l'Il lui I'Pcomnwntlant
hi!'n dt• n'l'Il prPHtlrP qu'ull sl'ul ;1 la fois. Il nl1sorhl' lPs •pwh·l'
paquPts t\'lill S('U} coup, Pt ma nqU<' l'<'IHlrl' }';lJnl' ...
Enfin. pour t<'rmi1wr c<'s <'X<'mpl<'s, une horrihlt• avPnturl' :
on m'<'mmt'•np un soir dans mt douar tll's Oulad .Jellal pour
soigner un maladp qui avait " dPs vers dans la jamhe ... »On Ill!'
conduit auprès d\uw 1wtite tPnt<'. drl'ssè<' à l't'cart, <'t qui PXha-
lait tm!' odl'ur affrpusp. P<'rsonn<' n'osait atl'ronter cl'tt<' infection.
Enfin deux cle mes ~mith·s se font apport<' l'un oignon, le coupent
en quatre, s'<'n introduisPnt un quartiPr dans chaque narine. et
nous entrons. Sous cPtte tente agonisait un malheureux jeune
homnw dont la jam]w g·auche. à la suite d'une piqùre de vipèrP,
était rong·ée par la ~?;angrèn<'. Pr<'SSI~ d'échappPr ù cPt pffroyahl<'
spectacle, je sors, l'Il confPssa.nt mon impuissance.
-Non! non! me déclare li' chef du douar. tu nl•sortiras que
lorsqu ïl sera g·uéri ! ...
Au ton dont ces ordrl's là sont donnès, et à la figure de
ceux qui les donnent, on sent hien qu'aucune réplique n'est pos-
sihle. Autant raisonnPr avPc des ~rorillPs! .T'Pssaye pourtant
d'expliquPr qu'il n'y a riPn à faire :
Dieu seul peut guérir parPille infortun<' ! ...
l\lais enfin CP mal <'Xiste chl'z toi : fJUI' fait-on l'Il Cl' cas'?
On coupe la jamhc mala dl' ...
Eh hil'n ! coup<'-la !
·~'~'xpliquP 'Ill!' pour coupl'r uni' jam]w il faut des instruml'nts
<(UP jP n'ai pas : un histouri. UIH' scie. des pincPs, des aip:uillPs
à sutur<' : jïnsist<' surtout sur la scie, saehant hiPn qui' ll's
chlPuh n 'Pn ont pas.
- .J'pn ni un<', s\'•criP li' Dj<'llali! Il court jusqu'à sa tente, et
en r<'vi<'tlt triomphalement avec un cercle dl' tonnl'au l'ehan-
cré d'encoches faitl's à la hache. et portant un morceau dP hois
ficelé en croix à chaque extrémité :
- ~laintenant coup!' la jamh<' !
" Coup<' la jamhe ! ... n disail'nt avec autorité les gens du
douar! « Cotqll' la jam]ll' ! ... )) répMait avl'c supplic~tion la
154 AU Cot:rll IlE L ' ATLAS

famille!" Coupe-moi lajamiH', je souU'r·e tant! ... >> soupirait le


ma lhcureux agonisa nt. ..
Cc fut un instant dïwrrihln <~auchcrwu·. Le honhem· voulut
qui' j'ct~ssP sm· moi de la morphine et une seringue il injection .
.J'Pxpliquai au malacle <{Ile j'allais d'ahorcl m'pfl'orcer de le
~uérir en lui consl'rva nt sa jambe ; si .Ï<;ehouais il serait tou-
jours tPmps de coupPr. Et d'ahor·clj'allais aholir la soufl'mnce ...
.Je fis IIIIP injection ; pendant <{Ue son cfl'et ancsthèsiant opérait,
on m'emmena hoire du thè sous une tente. Une demi-heure plus
tard un enfant, envoyé en reconnaissance, revint déclarer que
le malade dormait. Ce fut un émerveillement ; depuis trois
mois le pauvre diable ne poussait <ju'un cri !
J'ai revu plusieurs fois, depuis, ce malheureux. Chaque fois il
me suppliait de lui donner ma précieuse scring·ue à injection et
la « poudre du paradis )) qui le soulageait. Il finit, un jour de
détresse, par se faire porter jus<Jue dans le bordj, pour me poser
son ultimatum : " Coupe-moi la jambe ou donne-moi ton
aiguille ! )) ...
:VIes fonctions ne sont pas toujours aussi terribles,· elles roe
procurent l'occasion de circuler dans les environs d'Anzour; il
n'est guère de village ou de douar, à 6 kilomètres à la ronde,
où je n'aie pénétré. J'ai pu faire un peu de Lien, et j'en ai été
récompensé par de véritables gratitudes. Le seul accident qu~
faillit m'arriver est d'envoyer en paradis un vieil érotomane qul
avait hu une gorgiJe d'acide cantharydique ... il en gu{Jrit, ct ce
ne fut pas le moindre de mes miracles.
20 mars
Ce matin violente discussion, qui faillit tourner au drame. Le
cheikh Mohcnd, toujours en proie à sa stupide défiance, refuse
cl~ me laisser pénétrer dans le bordj, sous je ne sais quel pré-
texte mensonger. Je lui reproche son attitude à mon égard, sa
méchanceté <Iui consiste à mc priver de mon travail, la seule
consolation que j'aie. Il s'emporte, me déclare que je devrais
m'estimer trop heureux d'être vivant, nourri, hébergé à ne rien
faire, et, ce disant, il mc lance un morceau de pain et tourne
les talons. Je le rejoins, je lui jette son pain. Il veut Ille
DE LA Z.\OFIA SIDI MOIIA:II:IH:n or IAQOUB A A~zol:R fiji)

donner un coup de poin~·, je pare et. je riposte ; il Mgainc,


il crie, on accourt. on me saisit., on retient :\lohend <pli,
fm·ieux, voulait me hwr. Il finit par 111 'attacher au pilier qui
soutient h, plafond <lu bordj, mc frappe tant quïl a de for-
ces, puis sort tout ce <{UC contenaiPnt mes poches : montre,
boussole, thermomètre, haromètre, crayons, carnets, tout ce
que j'avais si lahorieusement reconquis, le hrise et le jette à la
volée, puis s'Pn va, jurant qu<' j<' ne r·entrcrai jamais dans le
ho~~j, ct que je ne vivrai pas lon~tl'mps!
C est un désastre ...
De tout le jour il ne m'a pas dit un mot. Quand il est venu
nt'appeler pour le repas d;1 soir. je l'ai prié le plus humblement
que j'ai pu, de me faire mettre les fers et de me jeter en prison :
Je ne suis plus son hùte, il m'a frappP, ma place n'est plus sous
son toit ...
~lohend a eu honte, il m'a fuit des excuses, m'a donné sa
koumia qu'il ne voulait plus porter puisqu'il l'avait tirée contre
moi. Il m'a promis de me rendre tout ce dont il m'a dépouillé,
et de me laisser libre de travailler à ma guise.
Après le repas un des serviteurs, qui est mon ami, et à qui
j'ai conté cette scène, m'a dit tout bas :
- Ne dors pas cette nuit, garde-toi bien de )fohend !

21 mars

:\lohend a dormi du sommeil du juste, il s'est éveillé de l'hu-


meur la plus charmante, et m'a laissé reprendre possession de
mes instruments et de mes documents. La porte du bordj est
restée entr'ouverte, j'entends des pas discrets, des chuchotte-
ments, ce sont mes petites amies, les filles des hen Tabia,
une Lande joyeuse et rieuse dont mon chocolat me vaut la
synlpathie.
Théoriquement, les femmes chleuh vivent claustrées, et (Jlland
elles sortent, elles se voilent le visage ; pratiquement, elles ne
se cachent que des étrangers, encore faut-il pour cela qu'elles
soient laides ou vieilles.
Dès le deu~ième jour de ma captivité j'avais vu défiler toutes
136 AU t:Œil\ DE L ATLAS

lc>s fPIIIIIIPS d '.1 n.:;rmr; Jps pt>titPs, c>ll't•onU•c>s Pt indiscri•tps : les


jNnws, timor·{~c>s, un JII'U intimirh'Ps, s 'psclafl'ant. df' lllf'S moin-
rh•ps HtollYI'IItf'llts, on s'pnfuyant avPr· df's mÎiu•s pfl'at•on<'h•'es
r1uand jc> paraissais m'apPrcf'voit· df' Jpm· prt\sf'llCP.
Elles sf' sont apprivoisr'Ps hit>n vite, les joli{'s fillt>s d'Anzour.
Jolies? ... j'exagère: la ~ml a HtPrie ne 1wut m't>mpêcht>r de confes-
ser qu'f'llf's sont en f.!'l'nèralassf'z laid{'s. Les viPillt>s sont hideu-
Sf's de 1lécrépitudf' f't de salctè : les jeunes ont pom· ellf's leur
j{'unesse, mais ne sont ni plus propres, ni plus jolies. La moins
mal {'st Fathma, fille ain1'P du cheikh Abd f'r-Hahman. Elle
a le n{'Z trop gros, des attaches trop fortes : mais elle a de
heaux yeux noirs omhrag·1's df' longs cils recourhés, df' belles
dents, un joli rire. Ellc> sait sa supériorité, la coquette, f't joue
de ses yeux Pt cie sOit sourirc> comme une vraie fpmnw (l'outre-
mer.
Le surlendemain de mon arrivée elle mc faisait rlemander par
son dernier frère, un hamhin dt> 8 nns, qui sait un pPu d'.\rabe,
si j'avais dans mes haf.!<tg·es df's hijoux ou df's parfums. Il
me restait deux savons, •'chappt's par mirnclc à l'enquête des
pillards ; je les lui ai flonn•'s, Pt nous sommes devenus des
amis. Quand il n'y a personnf', r1uc je travaille dans la snlle du
horrlj, j'f'ntcn1ls un pas léger de pieds nus qui marchent avec
précaution. Puis il se passe tm temps . .Te snis que c'est Fat huta,
qu'elle JIH' guf'tte à trave1·s }{'s ff'ntcs 1le la portf'. Ellc> pousse
un grand t'wlat dc> rirc>, et enh•p comme une follc>, c>n hourras-
qui' .
.Je feins UIII' surpris{' complr\t{', et surtout je eaclw précipi-
tamment tout el' que jc> puis avoir de fragile ou de précieux, '•
tant je connais la rf'doutahle indiscrétion de ma visitf'use. LeS ~
chlPuh regardmtt avec les mains plus qu'avPc les yeux:
Quand Fathma découvre quelque chose qui l'intrigue ou qll1
lui plait, elle fond dessus, s'en empare, et s'enfuit en coup de
V{'Ut. J'ai eu toutes les peines du monde à récupérer mon ·~
flacon de mercure, rtui avait cu l'heur de lui agréer.
J'ai omis de 1lire que Fathma ne sait pas ving·t mots d'Arabe,
et moi pas cinquante mots rlf' Tamazirt. ~os entretiens y per-
llPnt nn]WU. mais Fathma n'pu a eure. EllP parle avf'c nue volu-
--
;...

:...

:...
()E LA ZAUUA SWI ~IOH.UI'ltm Ol: IAI,!IIl:ll A ANZOU\ 137

hilitt; I(UP t·iell IIP 1lèconc!'l'h'. ()ua111l PllP \ïlit <(lll'. ,U•eidèment,
ji' Ill' la l'ompt'<'tHls pas. ell<' a rl'rout•s ù la mimique la plus pit-
tot·es<(UP: PllP ~·<'sticule,l'l'il'. sautP. <'lllll't, d finit, <'Il dès<>spoir de
l'HU SI'. par lllP hm·ler dans l'orPillP dïm·otHprdtPIIsihl<>s paroles.
La sei~tw la plus eomi<(U<' eut pour pr1;h•.\tl' ma boite de cou-
leurs. une p<>titl' boit<> <l<' tourist<> <'Il mètal. Depuis <(Uel<rucs
jours Fathma la [.mig-nait. Elle s'était mis du roug·e aux doig-ts
en touchant un pinceau, et lïdôe lui trottait <'Il tête de se
maquiller. ~\rmée du miroir de ma boussole, l'un des objets de sa
plus constante enYie, elle comme111:a par se harhouillPI' de Yert
et de violet. Enchantée 1le cc premier rt~sultat. l'lle courut se
montrer it sps sœurs et it ses cousines. Dix minutes plus tard
j'avais autour de moi tout<' la hand<' 1les pl'tites hen Tahia,
Aicha, Khedaïja, Z<>ïwt, ljja, lsouka, ~[ahjouba, ~lhnrka, etc ...
Pour sam·er mn boite à couleurs d'un 1lésastre complet je dus
opérer moi-même le maquillag-e d<> ces dt>nwise Iles. Ce fut d'un
comique irrésistible. Les colorations les plus absurdes étaient
les plus goùtées. Si j'obtenais une teinte nouwlle, toutes en You-
laient avoir. Fathma, plus efl'ronh~e que les autres, finit par se
peindre la poitrine et les jambes. La pud<>m· parait inconnue aux
filles d'Anzour!
Cette orgie de peinture eut une fin désastreuse. Abd er-
Rahman, en découvrant, sur le visa~œ de ses filles. que j'aYais des
couleurs, votüut me faire exécuter des fresques pour orner toute
la qouhha. J'eus beau protester <pte ma hoit<> ne suffirnit pas
même à peindre la porie, il fallut, puisque je N'fusais d'opérer
Inoi-même, remettre ma boite à un mallem, un artiste, qui se
fit fort de décorer tout Anzou1'.
Le costume des femmes est peu ditl'èrent 1le celui que portent
toutes les marocaines. Les dessous. pantalon <>t chemise, sont en
khount, en toile de guinée bleue. LP khouut, I(Ui yenait autrefois
du Soudan, était une excellente étofl'e, soign<>usement tissée et
hien teinte. Il aYait le défaut 1l'ètre cher, aussi a-t-il été détrùn!l
par une contrefal..'on anglaise économique et détestable. Son
moindre inconvénient est de déteindrl' afl'l'eusement, et cette
coloration bleue aggrave fàeheust'ment l'apiJarence de saleté
des femmes.
1i)8 Al CŒI'R m: L ATLAS

La clwmise est constitu{~e par dPux piècl's de khount <{Ui ont


la largeur <l'une èpaule à l'auh·P, et la longueur du cou aux
1-\'<'!loux. !leux fihulPs d'aJ•g·<'nt, aceoupll'~es par une chainette, les
agl'llfent ensemble au-df'ssus des épaules. La ceinture, de laine
ou de soif', pe1·met de les em·uuleJ' her11u\tiquement autom· du
huste. C'est dans l'ajustf'ment de cettf' ceinture que la femme se
révèle.
Lorsqu'elle est hien faite, les deux pièces de khount sont flot-
tantes et largement IH\antes, pour laisser admirer tout le haut
du corps. On voit de loin la femme coquette relever, d'un mou-
vement d'épaules, la chemise de khount pour la laisser bouffante
et suggestive. Elles sont toutes coquettes, les filles d 'Anzour, leut
débraillement éhonté n'a <jue rarement l'excuse de la beauté
plastique. Leurs mœurs sont faciles, et dans l'extrême tolérance
des hommes on retrouve une survivance des antiques coutullles,
du temps oü la commmwuté de la femme était admise. Une
seule chose est déshonorante pour une femme : vendre ses
faveurs.
La polygamie est commune chez les chleuh de (~ette r~gion,
mais elle n'est guère pratiquée <fliC par les gens riches ; non
que le mariage soit une chose chère, puisque le mari donne
seulement 15 à 20 douros à son beau-pèr<', mais il faut payer
les frais de la noce et le trousseau de la mariée, et, dans un
mariage ordinaire, il se consomme pour 100 ou 200 douros de
poudre et de noul'I'iture.
Le trousseau consiste en belleras de cuir filali, foulards,
ceintures de laine et de soie, halks de laine brune ou blanche,
bijoux, bracelets de cuivre ou d'argent, colliers de boules d'aJU-
bre, de verroterie, de pièces de monnaie, diadèmes de perleS
ou de coquillages. Fathma porte sur le front, en ferronnière,
une pièce d'or attachée par un fil de laine.
J'ai eu, ce soir, la visite d'un client de nutr<fUe, le frère dU
cheikh héréditaire de la grande trihu des Zenaga, l'amrar .Bella·
Il revient de Taroudant, et fait un crochet, en rentrant à Azdeif,
pour venir me consulter. Son cas est grave; il est tombé de sa
terrasse, il y a de cela quatre ans, et s'est fracturé le coccyx. U
lui en est resté une paralysie des fléchisseurs des pieds, en sorle
HE L.\ Z.\1111.\ ~1111 '11111.\lDIUl ot L\t~lllll .\ .\:'IZO!"I\ (;)H

1}11Ïl p.-ut rhP\<IIH'hPI', mais IH' pPut prPs<pH' pas ma1·<'lwr.


L'allll'ar BPlla Pst 1111 tlt's hri!-!·ands IPs plus rt'doutés dt' la con-
h•t'•p: tous IPs lena!Ja. tl'aillPurs, ont tm f<\dwux I'PIIom, et lt's lwn
Ta hia ont t~prou v{• <pwl< (U't\moi df' rPttl' visitP inopin<~e, e11corc
<pte l'une <iPs sœurs d'Abd f'r-Hahman ait t)pousè le cheikh des
Zenaga. On s'est eonp·atultl dt> la fa<;on la plus rourtoist>, mais
j'ai YU <fUt' l'on Yt'•rifiait la char:.re des fusils, et Mohend m'a
enft'l'lllt\ dans le bordj. '-
.\ llwurp du tilt'' l'on Pst Y t'liU mc t!t•lin·er. et m'ordonner de dPs-
eentlre 1lans la <fouhha où l'amrar Uella m"atteiHlait. L'amrar
est un ~:ros homme au typ<• néronie11 : tète g-labre, figure bouf-
fie, arcades som·cillières pr01>minentes abritant de gros yeux
sans vie, nez (•norme, lèn·es épaisses, hajoues lourdes, màchoire
puissante, col hourreh> 1le g·raisse, membres massifs. La con-
\'f'I'sation s 'eng<t~·e prutlemme11t. L'amrar m'interroge sur mon
sa,·oil'. Je lui confpsse 11ue je ne suis pas mèdecin, mais seule-
Illent diseiple tl"un médecin savant; je ferai pourtant de mon
mieux pour lui rendre l'usage de ses jambes, mais le traite-
ment est long·. Pxig·e des remèdes que je n'ai pas ici ...
Apri•s nu instant de réflPxion et une longue discussion entama-
zirt avec ses serviteurs, l'amrar m'offre de m'enlever, de gré
ou de force, et 1le m'emmener chez lui à Azdeif; j'y serai libre
et je le soignerai de mon mieux.
Cette proposition soulève ljuelques objections, et, tout eu
exprimant au Zenagui la reconnaissance que son ofl're m Ïus-
pii·e. je lui explique mon désir d'emporter une partie de mes
bagages. Cette prétention fait sourire Bella : .
- Estime-toi bien content, me elit-il, si tu sors d'ici vivant ! ...
Il me promet néanmoins de négocier de sou mieux, puis la
conversation change de terrain : on parle voyages, guerre,
armes. L'mnrar tient à me consulter au sujet de son fusil dont
la hausse est déhrasée. On apporte l'étui. on ouvre le cadenas
qui le ferme, et l'on sort un ~lartini-Henry poli comp!e un
miroir. La grosse figure de l'amrar s'anime, pendant qu'il fait
ntanœuvrer le mécanisme, il me conte les exploits de ce fusil ;
c'est une arme merveilleuse, elle a mis à mal une quarantaine
d'hommes, d~puis dix ans qu'il la possède :
160 Al COt;Ut m; L ATLAS

L;n tr•L it. 600 coud1'Ps (200 ml>trPs). a I'C(,'ll la balle


Pnh·p lPs dPux yPux; la tète Mait en houilliP ... Tel autrP, atteint
au vmttrP, a eouru 100 pas en tPitant sPs intestim; avec ses
mains, puis il a crié << Allah ! » Pt est tom hl~ mort ...
LPs sPnitPurs accompagnent eps Pil'royablPs r(lcits 11'un mur-
mure approbateur, et, I{UaiHile maih•p a fini, ils t•ench(lrisscnt
en domwnt de tet·rifiants dMails.

':l'! mars
Tout Mait art·ang·é; j'allais partir awe Lunrat• HPLla qui s'est
monh•t'l ' en cette. eirconstanc<>
- '
hrio·and
r"
dt• ho11 eonst'il
.
et lovai;
...

qwu11l un re<{qas est arrivé, portant h·ois leth·ps: uni' dPs Omuana
de Mogador, UIIP du hacha de Taroudaut Haïda ould Ouuuucis, la
troisième du <jaïd Pl-Hadj Driss cl-Yahiaoui. Toutes disent la
même chose : Avez-vous tué le chrétien, si vous ne l'avez pas
tw', <fUCllc ran<;on Pli voulez-vous'?
Cette triple intervention fait de moi un personnage impor-
tant. Les heu Tallin savent maintenant l[UÏls ont fait un mauvais
coup, ct une honnc afl'aire. Il s'agit <l'éluder les conséquences
de l'un, et de tirer tout le parti possihlc de l'autre. Et d'abord
on d<~clarc it. l'amrar BPlla que je suis trop précieux pour qu'on
me laisse partir sans dP grandes prtlcautions. On m'enverra: ·
sous une forte cscortP, ù l'un dPs puissants protecteurs qUI
sïnt1~ressent à moi ...
L'amrar est parti, me recommatHlant la défiance.

Il s'est passè cc soir unP scène d'un haut comique, mais dont
les consilqucnces pourraient ètrP fàcheuscs. Le cheikh Ahd er-
Hahman m'a fait venir dans la <jouhha, pour causer ct prendre
du tlu~ av<>c lui. Il mc parla d'abord, et longuement, de mille
dwscs indifl'érentes, comme un homme <[Ui tourne autour d'ut\e
<[Ucstion grave ; puis il d1'nomhra ses domainPs, ses alliances :
Sa fille ainée a épousé le cheikh <lP Qaçbat el-Joua; la cadette,
le cheikh <le Zagmouzen ; la troisième, le cheikh de Hohha11
qui administre lP Djebel Siro1ta. Il en reste trois, Fatbota
est cu àgc de se IIHI!'iet·. Et, pt·euaut sa rt~solutiou, il me dit,
tout cl 'un trait :
IlE LA Z.\OUJ.\ SIDI )IOHAMliED Ot; UQOrB A A~ZOl:R 161

Pour<Iuoi ne l"épouserais-tu pas '? Tu r{~cites la Cha-


hada, doue tu cs musulman ; tu connais les senC"ts des Houmi,
mais, par rancune, tu 11c veux pas 11ous lC"s lin·C"r. llcmcure
parmi nous, je te donne Fathma C"t les j;ll'llius d'Agadir; nous
rC"construirons le bordj que nous anms rast'~ ; tu 11ous apprcn-
th·as it trouvct• les tr{•sors C"t les mines dont nos montaa:ncs sont
pleines ; tu fabri<fUcras de la mon11aic ct tu oubliera~ le pays
maudit des ~çara ...
Pendant <fUC le cheikh parlait, C"t sa harangue fut lo11gue,
j'eus tout le loisir dC" pr{·parC"r mC"s objC"ctions it ces ddicatC"s
avances. Je lui fournis d'ahortl la meilleurC", en lui raconta11t
1
{Uc j'étais dt'~jit marit'~ dans mon pays de Tripoli, que j'avais
même des e11fauts, ct I{UC' jC" comptais sur la sympathie quïl
m'avait toujours tt~moignéc pour rC"voir bic11tùt ma famillC". A
l'appui de mon dire je lui montrai une photographie de mes
neveux qu'une des dernières lettres qui mc fùt parvenuC" de
France m'avait apportée. Il fallut lui expliquer l'image, car
ceux qui ont fréquenlt~ des primitifs savent que tout dessit~,
toute représentation plane d'une forme a ya nt dans la réa lili·
trois dimensions, leur échappe complètement. Il faut une
accoutumance, une {~ducation des yeux pour en percevoir le
sujet. Abd er-Rahman fut un temps anwt de distinguer les
deux enfants que la photographie représentait. Quand il eut
compris, son admiration fut telle qu ïl éprouva le besoin, rèel
ou feint, de faire partag·er sa découverte aux siens ; il partit an•c
r· v
nuage, sans plus parler de sa proposition ...

'}3 mars

Le reqqas s'en est allé emportant nos lettres; les mienne~ ont
~our objet de rassurer ma famille dont je ne devine que trop
1 angoisse, et de prescrire à Zenagui de venir attendre à Tm·ou-
dant l'issue de ma captivité ; car j'ai bien l'intention de conti-
nuer, sitôt libre, la réalisation de mon programme. Les lettres
d_es Ben Tabia répondent à leurs correspondants que leur solli-
Citude peut être en repos ; je suis leur hôte et leur anu.
H
162 AlJ CŒUR DE L'ATLAS

l\lais il ne saurait être question de me mettre en libcrtù tant qu'on


ne sera pas fixé sur les intentions des compagnons dont on m'a
st:~par{~, qui font des démarches de tous côtés. Il faut dix jours
pour <jue notre courrier parvienne à Jfo,qador, dix jours pour
<juÏl en revienne, soit trois semaines avant qu'une nouvelle
lettre formule des propositions plus précises ...
J'emploie mes loisirs it donner des leçons d'escrime au sabre,
de lutte, de boxe, de voltige, de fantasia. Les chleuh raffolent
de ces sports ; ils y sont assez maladroits. La voltige surtout, et
la fantasia à cheval leur sont presque totalement inconnues. Il
n'y a dans tout le pays <ju'un seul cheval, propriété collec-
tive des qu<ttre fils Ben Tahia, dont le cavalier ordinaire est
el-Hassein, le frère de Fathma, le fils ainé d'Abd er-Rahman~ Ce
clu~val a été acheté dans le Sous, au cheikh des Mtaga, pour le
prix de 100 rials ; il n'a d'ailleurs jamais été pa y{~. On trouve
quelquefois des chevaux sur les marchés du pays, sur celui d'e/-
Arbaa Zenaga surtout.
Ces marchés sont peu nombreux et très éloignés les uns des
auh·es. Ceux où les habitants d'Anzour fréquentent sont : ·
el-Had Sektana; el-Tnin Aït Hamid et el-Arhaa Z~naga, dési-
gnés, suivant l'habitude marocaine, par le nom du jour de la
semaine, ct celui de la tribu où ils se tiennent.
Ces marchés. out un intérêt politique et un intérêt con1Dlel'"
cial. Ce sont les centres de réunion où se colportent les nou-
velles, où l'on discute, où l'on prend les décisions. Il y éclat~
<juelquefois des ne/ra, des disputes ; elles sont très rares, le\
marché est considéré comme un terrain neutre. On y vend de ·
tout, et très cher ; les cours des dattes, .des amandes, du sucre,
du th(~, sont extrèmement variables; je cite à titre de rensei-:
guement ceux de ce jour :
Le petit pain de sucre vaut 2 1/2 à 3 pesetas (on prononce, en
arahisant. ce pluriel espagnol : psaset). Le thé vaut 2 rials la
livre; l'huile, 2 rials les 3 litres, environ. Un heau mouton se
vend 3 rials ; un bon cheval, 100 rials ; une vache, 60 à 80 ri~S ;:
un âne, 20 rials ; un fusil agadir, 30 à .10 rials, une carabl1l~.
à 16 coups (settacMa), 100 à 150 rials ; uri esclave mâle, 60 à
80 rials.
I'J;nwhe LYII

Fig. 11:3.- .\nzour.- Le <'heval des heu Tabia, IIHHII(• pa1· El-lla~scin
hen Ahd er-Hahman (page !6:2).

Fi){. tU.
- .\11znur.- Le •·alli J'des. OuiHd .ll'IIHI. - Fatluua heu TahiH (Imge 156).
!JE LA Z.\OlU SIIJI liOHAlLUED OU L\I,!OlD A A~ZOll\ 163

La valem· du rial est variable : dans l'Ouest, le 'rial Çabil


l.lsahella) vaut plus que le rial Fuunço (.\lfonso); on les compte,
en moyenne, iei, pour 5 pesetas, pour 41/2 pesetas dans l'oued
Soun; le rial Bassani (Mouley el-Hassen) vaut 5 pesetas; le
rial A zizi (Mouley el-Aziz) n'est accepté nulle part. Il a· été
falH'i<JUé tant de fausse monnaie, et mème tant de monnaie
vraie frauduleusement mise en cours, que toutes les pièees à la
1htppe du Sultan actuel sont refusées dans le Sud du Maroc. Les
pièces les plus employées sont : le grich (1 j 4 de peseta), la
1j2 peseta, la peseta et la pièce de 2 pesetas 1j2.
La mou::;ouna est peu usitée .
.t mou:.ouna valent t ouqîa ;
2:> ouqta valent 1 rba ;
6 ouqîa valent 1 grîch.
L'unité de capacité est le sda. Deux saa d'org-e font la ration
d'un cheval (.t litres environ).
L'unité de poids est le marcfJ (1 livre anglaise), avec ses sub-
divisions.
2:> rials pèsent 1 marco ;
7.t rials pèsent 1 rtal ;
10 ouqta pèsent 1 meqtal;
2:i pains de sucre pèsent 1 qanta;r (i5 à 50 kilos).
L'unité de longueur est le dra (coudée= 30 centimètres).
Ici, comme dans tout le Sud, l'agent commercial par excel-
lence est le juif. Les renseignements que j'ai recueillis sur la
condition et les ag·glomérations des Israélites n'infirment rien
des jugements sévères de de Foucauld, et n'ajoutent rien à l'ad-
mirable précision de ses statistiques. Tel qu'il est, le juif du Sud
est utilisable, et constitue un précieux agent d'importation et
d'information. Je n'en ai vu que de nomades dans toute la région
~-Anzour. L'un d'eux, un petit colporteur qui vendait de la paco-
hlle, m'a déclaré que le pays était trop pauvre et trop peu sùr
pour ses correligionnaires. Dans le Sous, chez les Zenaga, dans
le Dra, dans la Feija, à Tissint, à Aqqa, à Tatta, les juifs sont
sédentaires et libres de se livrer au commerce, sous la seule
condition d'acheter la protection d'un maitre puissant.
Les Arabes forment une partie notable de la clientèle des
164 AU CŒUR DE L'ATLAS

marchés. Sur ceux du Nord on rencontre des Aït Atta, des


Oulad Yahia, sur ceux du Sud des Oulad .Jcllal, des Aït ou
Mribct, des Doui Blat (Doubla!).
La proximité du grand douar de 63 tentes mc permet d'étudier
les Ou/ad J,!llal de priJs ..Je vais sans cesse m'iustallcr dans leur
camp, prendre du thé, soigner des malades. Je m'abstiens d'y
passer la nuit ; les Oulad Jellal cow;oivcnt l'hospitalité d'une
façon si complète que << coucher chez les Ou/ad .Jcllal » é<JUi-
vaut à << aller il Cythère » !
Et vraiment, puisque l'occasion vient d'elle-même sous ma
plume, il faut hien <JUC je le confesse, la vertu du voyageur ne
court guère de daugcrs dans tout cc Maroc lwrhèrc, si faciles
qu'en soient les mœurs, si accueillantes qu'y soient les femmes.
Les tentations que l'on rencontre sont telles <JU 'il faudrait plus
de courage pour y succomber que pour y t•ésister; surtout <Juand
ou exerce, à sou corps défendant, la profession de nu)dccin qui
vous livre les misères secrètes ct les confidences de vos clientes,
et vous donne un avant-goùt des joies ofl'ertPs, et la certitude
de leurs dangers ...
Les Oulad Jcllal sont presque tous très noirs de !>cau ; mais
il est impossible de gt1néraliscr aucun des traits de leur phy-
siouomie ; leur existence nomade les conduit tlu Sahara au
Sous, de l'Oued Noun <~U Drà, et la facilité de nm·urs de leurs
femmes a imprégné leur sang de beaucoup d'élénu•nts berbères
ou nègres. La tribu entière compte plus de 1.200 tPntcs. Le
douar avec IJUi nous voisinons appartient il la ft·action des
Oulad Ali. Ces A.rahes pal'lcnt une langue très pure, très
littéraire ; les nécessités de voisinage les obligent à parler
également hien le Tamazirt. Ils professent un profond mépris
pour les chleuh <JUi leur paient la debiha, ct qu'ils considèrent
comme des vassaux.
C'est un spectacle curieux de voir chaque soir, il l'heure où
la nuit tombe, les femmes des Oulad Jellal venir puiser de reaU
au puits qui se trouve à mi-chemin entre leur douar et Anzolll'·
Par un accord tacite, qui est un bien curieux exemple d'indiflë-
rcnce ou de tolérance, les maris n'y viennent pas, mais leS.
DE LA. ZAOUA SIOI )!OHAmiED OU IAQOUB A ANZOt:R 165

amants y vont PB h·oup<' ct, dans l'ombre pro pic<', les romans
sp dl•nnuent awe une patriarcale simplieitl> ...

'li mars

Le cheikh )lolwnd devient pour moi d'une douceur inquiô-


tante. Il me di•clarc que ses frères sont des fourbes; je n'ai
qu'un seul ami : lui ! ... Il a hâte de me remettre en liberté, mais
les routes sont si peu sùres, et les gens de si mauvaise foi !
Que je n'aille pas croire, surtout, aux honnes intentions de ses
frères. Ils avaient comploté de me laisser partir, et de me faire
assassiner à une heure d'ici ; ils touchaient ainsi ma rançon, ct
se débarrassaient de mon témoignage.
J'ai pu raccommoder deux de mes appareils photographiques.
Le panoramique toürne à la main, son ressort étant cassé ;
l'obturateur du Bloc-~ otes fonctionne grâce à un élastique. Mes
hôtes sont persuadés que ces instruments servent à déterminer
rigoureusement l'heure des prières. On sait, mème à cette dis-
tance de la civilisation, mème à cette profondeur de la barbarie,
que l'astronomie fut une science familière aux premiers musul-
mans, et, parmi les Arabes Ou lad Jellal, j'ai rencontré un taleb,
qui avait des notions de cosmographie extrêmement justes, et.
savait se servir d'une sürte d'octant auquel on donne le nom de
stroulab (astrolabe).
Ce soir, à 3 heures, est arrivé le cheikh Hammou, amrar héré-
ditaire des Zenaga, frère ainé de l'amrar Bella, et chef le plus
puissant de la région qui s'étend entre le Dra et le Sous. Le hut
officiel de sa visite est de proposer son arbitrage entre Ounzin
et lreddioua, qui sont à la veille d'en venir aux mains; le but
réel est de s'enquérir, de la part du qard du Glaoui, de la situa-
tion où je me trouve, et de me ramener avec lui.
Tout cela ne fut pas dit au débotté. Le cheikh Hammou est
un petit vieillard froid, flegmatique, qui parle bas, lentement,
avec une autorité qu~ ne doit guère tolérer d'objections. Ses
petits yeux gris, mobiles et malins, démentent cette apparente
roideur. Il porte la barbe à la façon des chleuh de l'Anti-
166 AU CŒUR DE L'ATLAS

Atlas, presque entièrement rasée, sauf un filet sous le nez ct un


collier sous le menton.
Cette nouvelle intervention en ma faveur pro1luit un 1-!·rM
c'nnoi à Anzour. Le ({aïd du Glaoui <'St le Sultan du Sud ; l<'s hen
Tahia sont fort perplexes de savoir comment répondre à cette
mise en demeure. Mohend, avec qui j'ai causé, m'a déclaré que
le qaYd ne pouvait rien contre eux, pas plus que le Sultan, non
plus que personne, Dieu excepté ! Et encore, ajoute Mohend :
- Allah est juste, il a donné aux chleuh la montagne
aride; il leur accordera plus d'indulgence qu'aux gens du
Harh!

25 mars

Le cheikh Hammou est parti ce matin pour le bourg de Tin-


maliz, dont deux hommes ont été tués par les gens d' Ounân.
C'est là que va se décider le plan de campagn<' d'Ireddioua.
Dans la soirée on mc conduit à une vieille citerne <'nsahlée
qui contient un trésor ! . . . Des jenoun, des génies,. le gardent ·
jalousement. Malheur à l'imprudent qui tenterait de le ravir! ...
J'ai déclaré n'avoir aucune peur des jenoun ; cette tentative
est une épreuve à laquelle on me soumet. J'entre. dans la citerne
avec un pic ct une lampe, je dérang·e de paisibles chauves-
souris, je sonde les murs, je pioche un peu, par acquit, sans
rien trouver, naturellement. Mais les murs portent des traces
de coups de pics, et le sol est entamé en plusieurs endroits,
preuve qu'il y a dans cc pays des esprits forts chez qui la
rapacité prime la superstition.

26 mars

Hier soir, pendant que je prenais la hauteur d'une étoile à


la porte du bordj, un homme s'est approché de moi avec un air
de mystère. Il m'a remis un crayon, un cahier de papier à let-
tre ct des enveloppes, et m'a dit:
- Ecris; je reviendrai demain près de la source, pendant la
prière du louli.
l'ag,• 16ti his l'la1ll'he LVIII

Fig. 115.- .\ztleif. - Enfants juifs (page I!J6).

Fig. I 16.- Types tle juifs tin llant-.\tlas (page HJ61.


Dl LA U.Ot:IA SIDI liOHUBIED 01: IAQOUB A A~ZOUR 167

Cet <'nvoy<' vi<'nt assurém<'Ilt 1le Mogador ou <le Jlermkech :


le crayon et lP papier à ll'tti'f' sont chosPs totalemPnt ig·nol'{~es
dans le Sud ...
J'ai I'cvu mon myst<'rieux courrif'r: c 'pst un homme du villa~c
<Llïtllamid: il viPnt de ilferrakeclt, sans sanlir <JUi l'a Pnvoy!~.
Il <'st I'f'<JqasdP son mMiPr. llm'appr<'IHlque dès que mon ari'f'S-
tation fut notoire, on S<' mit Pn quêtP d'un IWJ<las connaissant
la r<~gion où j'Mais captif. Il s'ofrrit; on lui donna de l'argent,
le crayon et le papier, pour qu'il pùt rapport<'l· un mot de moi,
et on lui dit de faire pour le mieux. JI' lïnterro~œ sur ses
intentions, il me répond qu'il agira suivant m<'s instructions ;
mais, puisque le cheikh MohPIHl annonce son intention de me
conduire chez les Mtaga, le mieux serait qu'il m'attendit dans
son village : AU Hamid est justement la première étape sm• la
route de Mtaga. Il dispose de 20 fusils, le cheikh n'en aura que
6 ou 10. Il nous attaquera, soit en rase campagne, et, en ce cas,
il me recommande de poignarder immédiatement le cheikh <'t
de courir à mes libérateurs, soit la nuit, dans sa propre maison
oü nous serons hl'bergés; mais cett<' d<'rnièrf' hypothèse lui
répugn<' : la première solution est un comhat loyal ; la seconde
lill<' trahison.
Tout étant com·<'nu, nous décidons que mon homme - il sc
nomme Ahmed- attendra six jours à Aü Hamid; s'il Il<' voit
rien venir, il retournera à Mm·ra~ech porter à ceux qui l'ont
envoyé une lcttr<' que je lui remets.
En récompense de ses services Ahmed mc demande de lui
fabriquer une amulette pour que sa femme, Reqiia, prenne en
aversion Mohammed el-Merrakchi, qui est son amant, et. rende
ses faveurs à lui, Ahmed, son légitime mari ! ...

"27 mars

Le cheikh Hammou est revenu de Tinmaliz. Les négociations


en vue d'empêcher la guerre entre Ounzin ct Ireddioua ont
échoué. On entrera en campagne dès demain.
Pour cc qui me concerne, les hcn Tabia réunis en conseil ont
décidé de répondre au qaïd du Glaoui que son désir était un
168 AU CŒUR DE L'ATLAS

ordre, ct qu'ils Maient tout disposés à m'envoyer à lui, mais ils


rôclamcnt une lettre rlu Sultan ou de son khalifa .Mouley el-Hafid,
promettant qu'ils ne seront pas inquiMôs à cause <le leur
mMait; ils sollicitent aussi une somme <le 1.200 pesetas, en
compensation <les frais <JUe mou séjour leur a coùté ; enfin ils
prient humblement le qaïrl <le leur rlouucr un cheval en témoi-
gnage de sa bienveillance.
Cette hizarre <~pitre, <'~crite par le feqih Si Ahmed, requis en
Julte, m'a été luc devant le cheikh Hammou qui a fait immé-
diatement monter un de ses cavaliers à cheval ct l'a envoyé au
qaïd. Elle y sera rendue dans cinq jours, ct la réponse peut être
ici le 7 avril.
l\lohend m'a pris à part, le soir, ct m'a dit :
- Tous ces gens-là veulent te dépouiller et mc frustrer à
leur profit. Nous partirons demain ou après pour Mt aga ...

28 mars

Branle-bas général ; on part cu expédition contre Ozmzin f


Le vieux feqih Ali lui-même a pris son fusil, et a chaussé ses
iggoujad, sorte de bottines en laine, à semelle de cuir, qui rap-:
pelleut nos souliers de bains de mer.
- Viens-tu, Ben l\ljahd ! me crie ironiquement el-Hassein,
le frère de Fathma.
Certes je viens, trop heureux de voir de près comment les
chleuh se comportent à la guerre ...
Et nous voilà partis ! Les femmes poussent des youlements sur
les terrasses. Il ne reste en fait d'homme que mon pauvre petit
malade qui sanglote désespérément. ..
Nous sommes 24 fusils. A une heure du bordj on s'arrête, à
l'abri d'un ravin, et l'on combine le plan de l'expédition. Il
s'agit seulement d'enlever un fort troupeau de chèvres et de
moutons, aventuré sur le bord du plateau qui s'étend ·à l'Est
d'Anzour. On évitera de faire usage des armes à feu pour ne
pas attirer l'attention, car nous laissons sur notre flanc droit un
village ennemi qui, certainement, nous couperait la retraite. Je
DE LA ZAOUIA SIDI MORAJUIED or L\QOt:n A A:'iZOUR 169

eonunence à rc:>gretter d'être:> VPnu : l'opération n'est qu'un vol


à main armt~e ...
Xous avons parmi nous tlc:>ux herg·ers; on lc:>s laisse:> dans le:>
ravin. La troupe sp pm·ta_g·e PU deux g·roupes, qui vont c:>nvc:>lop-
per le:> plateau Pt rahattrP lP troupeau sm• lc:>s herg·ers. Je fais
Pilrlif' flu group<' de droitP, le plus nomhrPux, Pt aussi lP plus
expost;. puisqu'il auril le villag·e t>Unt>mi à dos. La marche d'ap-
proche se fait très hien ; j'admirt> sans rPsh·iction l'adrt>sse avec
laqut>llt> lt>s chleuh utilisent les accidents du sol, la souple.:se
tle leur marche rampante. Le troupeau t>st à un kilomètre à peine
du hord du plateau que nous avons atteint, et au delà duquel
il faudra marcher à découvert. Ons 'arrête un instant pour souf-
fler et prendre son élan ..•
Tout à coup des cris éclatent dans notre dos ; trois coups de
fusils partent de la direction du village ... Sauve qui peut !
c'est une déhandade générale. Sans rien regarder, sans savoir
mêu1e à qui ils ont à faire, nos chleuh dévalent la pente du
plateau comme des lièvres ; il en est qui courent tout d'une
traite jusqu'à An:our. Le groupe de gauche, le plus éloigné,
a eu moins peur, il revient en meilleur ordre ; même, il rapporte
quatre moutons, qui, affolés, sont vc:>nus sur eux. L'honneur est
sauf ; on mangera de la viande ce soir, et ce sera l'occasion de
raconter nos prouesses ...

29 mars

La nalveté et la crédulité des chleuh sont colossales. Un


vieil homme, arrivé de Tagmout ce matin, raconte que dans le
Sud-Ouest de l' Anti-Atlas on prétend que je suis le sultan 1\louley
Abd el-Aziz lui-même, allant, sous un déguisement, visiter
la pax1ie méridionale de son Empire ! Il est venu aussi, de
l'Ouest, deux montagnards hlonds; ce sont les premiers échan-
tillons du type blond que j'apert:ois dans le Sud.
Le vêtement des hommes est à peu près le même dans tout
le Sud. Ils portent la qechchaha, la chemise longue, blanche ou
bleue ; le pantalon de khount très long·; le haïk de laine blanche,
drapé de façon à envelopper tout le corps et même la tête, et
170 AG CŒUR DE L'ATLAS

le selham ou klieidous, hurnous hlanc ou hrun tri•s long, ou


l'nklmi(tt·ùs court, <lmtt j'ai di~crit d1',jilla sing·ulii•rc colOJ'ation.
Ct> qui fmpp<' surtout dans ce costume, c'f'st son incommodité
pour la ma rclw. lln homme hiPn mis est dans l Ï111 possihilifl~ de
courir. On simplifie la mise pom· les exp11ditions. On enroule
d'a ho rd son pantalon sur sa tète, comme font les Hifains des
(~tuis de leurs long·s fusils .. On plie le haïk et on le pose sur
u~paule, sous le fusil. Il ne reste que la qechchaba et le
selham que l'on retrousse à l'aide d'une cf'inture. Cette cein-
ture on la porte autour· du cou dans l'ordinaire de la vie, comme
un collier. Le Yètcment est eomplét11 par la c!tkara, cc sac en.
cuir rouge dont un Marocain ne se s(~parc jamais, la !.:oumia, le:
poignat·d t•ccourhi~, ct la poudrière, el-yuern, qui est, comme son
nom l'indique, une corne sertie dans des montures de cuivre ou
· de fer. Son aspect rappelle l'olifant carolingien ; ou la porte
~n sautoir par dessus le selham. Des sachets en cuir fermant à
coulisse, orn(~s de longuPs et minces lanières de cuir, pendent
à la poudri{~rc : cc sont les sacs à halles. Enfin tout homme
porte à la main un chapelet, auquel est suspendu un .cure-dents
1lc mMal, ct au doigt un anneau d'argent.
Les gens riches chaussent la hcllera jaune teinte ayec de
l'1~corce de grenadier, la masse porte le tourzin, simple san-
dale de cuir ou d'halfa: en hiwr on met l'iggoujad ct le um-
mag que j'ai déjà décrits.
Tout le monde est arm{l du fusil à pierre. Il en est de diffé-
rents modèles, de différentes qualités. Les uns ont la crosse
large, d'autres l'ont ètroite; les uns sont longs, d'autres courts;
les uns riches, d'autres sont réduits à la ferrurè. Les plus répu-
tés portent le nom d'Agadir. J'ai eu beaucoup de peine à trou-
ver l'explication de ce nom, elle m'a été fournie par le qaid du ..
Glaoui :Les canons de fusils d'importation étrangère, très supé~:
rieurs aux canons marocains, pénMraie'nt dans 1~ Sud par le port
d'Agadir; d'où ce surnom. De même les anciennes lames de
koumia, fabriquées en Angleterre, portaient comme marque de
fabrique un bateau; de là leur nom de Bahour. Cne moukkala
Agadir vaut jusqu'à 150 rials ; une koumia llabour en vaut
30 ou 40. Une vieille marque de fusil très renommée est le
l':t;!l' 170 bi.< l'lanC"he LI\

~··'}•,
k"r~ "
os. ;<,.
~,'~- .

Fi;.!. 117.- El-.'lh•dinel (Ounzin) (page H!!J).

Fi~. fUt- .\nzolll'.- Al'l'hée du cheikh llanmwu amrar de~ Zenal"a (page 165).
DF. LA ZAOrt.\ SIDJ MORAlUŒD Ot: JAQOt:B A A:'I"ZOt:R 171

Ben-lous"(, du nom d'tm vi<'il at·muri<'t' <1<' Taraudant, mort


il y a mw c<'ntaill<' ,ralln,;<'s .
.\insi v"tu, par•;· armP. l<' chl<'nh a h<'ll<' pr<'staJlC<'. C:e qui
pt-ch<' d1<'z lui c'est la propret•;· Hqmis vin~t-six jours que je
suis ù Anzour, j<' n'ai jamais vu faire il<' l<'ssiv<'. C:hanger de che-
mise est un lux<' inusit···. -'lohe111l m'a r<'_g-ard•; avec stupMaction
quand je suis Y<'nu lui dPmander un p<'u de savon pour lavl'r
mon linge ... .\ous somnu's dt;vorés par la vermine! .. La conve-
nance s'oppose ù ce que j"l'n énumère les difl'érl'ntes espècl's; il
serait impossihle d 't>n (U•nombr<'r ll's rl'prèsentants. Avoir froid,
faim, soif, sont misères brèves, transitoires ; vivre dans la
saleté, au milieu de la vermine, est un mal qui s'aggrave cha-
que jour; c'est cl'lui dont j'ai le plus soufl'ert...

30 mars

' .
Le chérif rle Tameslo!tt vient rl'envover à An.tollr le moqad-
dem de sa Zaouia de Sidi Brahim, porteur du voile sacré qui
recouvre le tomheau du santon. Le moqaddl'm est ù une étape
d'ici, son courrier fait demander aux ben Tahia le chiffre de la
ran~on qu'ils exigent, promettant d'apporter la somme dans
cinq jours, en argent ou en or, quelle qu'elle soit. Et le reqqas
aurait ajouté verbalement :
-Le chérif donnerait 150.000 rials (750.000 pesetas) pour
délivrer son ami le Chrétien!... .
Telle est la nouvelll' que me conte un .Jellali de mes amis .

•'JI mars

Journée de réclusion. Il est arrivé je ne sais quels hôtes avec


lesquels on veut m'empêcher de communiquer; et Mohend
111 'enferme dans le bordj ...

A 6 heures du soir on me fait descendre dans la qoubba. Elle


est encombrée d'une foule d'hôtes; l'un d'eux, un grand
homme décoratif, à l'allure décidée, se lève, me salue militaire-
ment, et me dit en français :
172 AF COI<:UR DE J.'ATL.U;

- Bonjour, mon capitaine, je viens te chercher de ln part


de l\1. de Flotte ...
Je crus que .ïnllnis lui sauter au cou. Il mc sembla que tout
(~tait arrangt~, tJUC j'Mais lihre, enfin! l\loulcy Ahmed, c'Mait le
nom de mon liht;ratcur, m'expliqua qu'il avait rempli les fonc-
tions de guitle clans la camvanc de mon collahomteur de
Flotte. Il avait vu mes autres collaborateurs : Louis Gentil,
qu'il avait laisst~ partant pour explorPr le versant sud elu Haut-
Atlas; Boulifa, qui Mait installt~ à Merrakech; ZPnagui qui, en
exécutant mes ordres, avait failli être t'~charpt~ à Taraudant (1) ...
En une demi-heure je fus au courant de tout cc qui s'était
passé depuis mon dt;part; j'appris le succès de nos travaux,
l'émoi causé par mon aventure, les efforts tentés pour me déga-
ger ... Je ne songeai plus qu'il. sortir le plus tût possible à'Anzour,
et à reprendre l'exécution de mon programme. l\louley Aluned
avait amen{~ avec lui le qadi de Sektana, personnage très
influent dans tout le Ras el-Oued; le cheikh de Zagmousen, el-
Hassen cl-Hadj Abd Allah, le propre gendre d'Ahd er-Rahman
ben Tahia; le taloh el-Hadj Omar, envoyé par le qald cl-Arbi
Alozé hen Haïda cr-Hhali. Il avait huit hommes nrmés et trois
mules.
Cet important cortège e,n imposait visiblement aux ben Tabia.
l\lohend semhlait furieux, mais les lois de l'hospitalité lui impo-
saient un visage souriant ct des formes courtoises. Les hôtes
furent installt~s dans la qouhha, on prit le th•\ et l'on commen-
çait à causer quand un serviteur vint annoncer de nouveau~
arrivants : le cheikh el-Hatlj Taleh el-1\Itagui, ami intim~
des ben Tahia, accompagnt~ d'un homme de Mogador, el-HadJ
Mohammed, ct de quatre S<'rviteurs. Pendant que les heu Tabia
étaient tout à la joie de fêter leur ami, cl-Hadj Mohammed me
remit en cachette une lettre de Pepe Hatto, négociant anglais
hien connu dans tout le Sud marocain, me elisant d'avoir con-
fiance en son envoyé et de le laisser ngir ...
Me voici flone entouré d'amis, ct certain, désormais, d'être bien-
tôt horl des griffes des heu Tabia. En attendant, et pour bien

(f) Voir 11 la suite le Journal de route d'Abd ei-Aziz Zenagni.


DE LA ZAOU.\ SIDI MOHA~DIEil Ot.; L\QOlB A ANZOt.;R 173

aflil'lllcr son auto1·itt~, ~lohcnd, malgrt~ des protestations généra-


les, m'enfernw dans le hordj, ct je l'apert:ois faisant lui-même
une l'onde, pom· s ·assm'Cl' que le portail est hien clos ct que les
eselaves de t:·ardc sont à leur poste.

Jrr avril
.Je vois, non sans inquiétude, sc dessiner entre Moulcy Ahmed,
l'envoyé de de Flotte, ct cl-Hadj ~lohanuned, l'envoyé de Pepe
Ratto, un fi\ cheux antagonisme. Quant aux ben Ta hia ils affectent
•l'entourer lem· ami le cheikh el-~ltag·ui, ct délaissent un peu
le f[adi et lem· gendre.
~louley .\hmed veut cng·ag·er les pourparlers après le repas
de cc matin ...

Echec complet de ~Iouley Ahmed !


L'entretien a commencé d'une fat;on très solen ne ile . Le qadi,
1[Ui est un ,·icillard it ha1·he blanche, a prié les hcn Tabia de

sc l'éunir tlans la f[ouhba. Quand ils ont été présents tous les
1
llHth·e. il a récité la Fatiha. puis il leur a exposé, avec une
g1·aude clartl~ ct beaucoup de fermeté, le but de sa visite :
m'emmener ;n·cc mes bag·ag·es.
Les heu Tabia a\·aient certainement prépart~ lem· rt'~ponse, car
Ahd e1·~Hahman a parlé sans hésitation, ct je suis fo1·cé de recon-
naître que sa défense est adroite. Il dit en suhstancf' ceci: ~ous
sonuucs tout disposés à rendre la liberté à ben ~ljalul, mais nous
devons le remettre officiellement au maghzen, puisque le magh-
zen nous l'a réclamé par ses oumana, par les qaïds du Sous.
Puis, le qaïd du Glaoui nous a envoyé le cheikh des Zenaga, et
nous a\·ons donné notre parole au qaïd du Glaoui. ~ous atten-
drons donc sa réponse, à moins que vous n'ayiez une lettre du
sultan vous autorisant à enuucner ben-~lcjahd '? ••.
L'entretien, que je résume ici, a duré deux heures. Promesses
0 fi. . '
l'es, menaces à mots couverts, rien n'a modifié l'attitude des
ben Tahia. On attendra donc la réponse du qaïd du Glaoui, et
~louley Ahmed ira s'installer avec ses hommes chez le chcik11
174

<le Zagmousen, <JUÏ, Pxasp!'n·{~ contre son heau-pèt·c, me décltu•c


<jue si claus huit jours je ne suis pas libre il vimHlra me prendre
a\'Cc 100 chleuh du Has el-Oued.
Ils sont partis à !) heures, emportant un peu <lu hel espoir
<JUe j'avais fowM sur cc concours de honncs volont<~s ct de cliplo-
matics. llmc reste le cheikh el-~ltag·ui, <jui, tandis que je les
regardais mélancoliqucmc.nt s'éloigner, vint s'asseoit· auprès de
moi, et mc dit en mc prenant la main :
- Je fais le serment de ne sortir d'ici q\ùwec toi, mais il
faut' que. tu paraisses ignorer mon intervention ...

2 avril
Cc matin, de très bonne heure, le cheikh l\Itagui a égorgé un
mouton devant le portail du hordj. Cc sacrifice propitiatoire a
stupéfié les hcn Tahia. Quelle requête peut vouloir leur adresser
cet ami puissant, riche, à eux pauvres montagnards qui n'ont
ni autoriU~, ni fortune"? ... Tel est le rt)cit que me fait Mohend.
Je l'écoute de l'air le plus dMacht~ <JUe je peux . .Mohend devient
plus précis: il me demande si je connais le cheikh, si mes amis
ont des accointances avec lui, si je sais <JUcl<JUe cho;;e de ses pro-
jets? ...
- Non : je ne sais rien du :\Itagui, son nom même m'était
inconnu avant <jlte je vinsse ici ...

.1 avril.
J'assiste, avec l'émotion <JUe l'on devine, aux nég·ociations du
cheikh l\ltagui. Sa méthode contraste avec celle de 1\louley.
Âhmed, de son <ptdi et de ses acolytes. Le cheikh est un petit
homme calme, réfléchi. Il parle peu et lentement; il écoute
beaucoup, et som·it longuement avant cle r{~pondre. Souvent
n.tême son sourire énigmati<JUe tient lieu de rt'lponse. ll est arrivé
ici sa~1s tapag·e, sans but apparent, en ami. Les heu Tahia sont
venus souvent s'installer chez lui pendant des mois entiers, ils
sont ses obligés, il leur a rendu des services de toutes sortes, des,
services d'argent surtout. Le fameux cheval vient de chez lui, et:
n'est pas payé ... El-Hadj Taïeh rend simplement à ses amis~~:
visite dont on le prie depuis quinze au s ...
Fig. li9.- .\zdeif. - Types.•le Zenaga (page HJ3).

Fig. 1::!0.- .\z•leif. - Tn"·~ de Zenaga (page IU:I).


!JE L.\. l.\.OUI.\. SI!Jl li.OUAllliEIJ Ol 1.\.IJOUI A .\:SZOU\ 175

Il apporte de menus pn\seuts : du sucrP, du tht•, 1lPs {•tol!"t•s


pom· l1•s femmes pt lPs tilles, un peu d'argPnt pour lPs sN-
vitem·s. Le cheikh el-:\Ita:..:·ui est un mui rida•, il vient dP Tarou-
dant: I'Ïen n'Pst plus nat:Irel IJUC cl's petits cadPaux ...
Il a assistt'~ sans riPn dire aux nuwœuvres de :\loul!'V .\hnwd.
Son imp,\néh·ahle sourire IW se voile un peu IJUe IJU;uul il me
I'Pgarde. mais si peu, ljlle moi-mèmP je devine plus quP je nP
,Jistin~oaw la IIWII\Cl' dP s,··riPux IJUi omhre un instant ses yeux
<"ouleur de feuille moi·h•.
Hiei· matin il a é!-!·org,·~ un mouton sans Pxpliljlll'r pouriJUOi.
CP ma tin. l'Il lH'!'IHIIlt h• t IH\. pP ml a nt IJUP l'on parlait de dwsPs
indiü't~rentPs, il a racontl'~ d'un ton neutre IJUÏl avait de grandes
ohligations em·crs un Houmi de Jlogador, le tajer (le négo-
ciant) Pepe Hatto ; que j'étais aussi l'ami de ce tajer Pt IJU'il
avait le pr 'jet de me rPcowluire à lui ...
Ce fut un coup de thèàtre, mais personne ne broncha, et le
cheikh sc mit à parler d'autre chose, de l'air le plus indifférent
du IllOIH}l'.
L'envoyé de Pepe Hatto, el-Hadj Mohammed, a entamé
aussitôt des négociations plus précises, mais si mystérieuses
1JUe je n'en connais rien. Je le vois, tour à tour, satisfait et exas-
péré : tantùt nous partons cc soir, tantùt le départ est remis à
demain. Ce matin il était convenu que nous emportions tout,
armes, bagages, mules ; il vient de me dire à l'instant que les
heu Tabia refusaient de rien rendre, et exigeaient une somme
de 1.300 rials ...
J'apprends rétrospectivement des détails peu rassurants : Il
a été souvent question de me faire disparaitre ; le cheikh
:\lohend -mon seul ami ! - considère encore que c'est la solu-
tion la plus simple et la plus sùre. On me laisserait partir avec
ai'Illes et bagages, et l'on me ferait attaquer par des Ou lad ./ella!
en 1JUehfue défilé de la montagne. Dans sa prévoyance mon aima-
ble geôlier a songé à tout : il me rendrait mon fusil de chasse
et des cartouches dont il aurait préalablement remplacé les
chevrotines par du sable ...
Ces renseignements ne sont pas faits pour me rassurer en
cas d'échec des négociations du cheikh el-Mtagui
176 AU CŒFR DE L'ATLAS

Un autre point noir assombrit l'hypothèse la plus heureuse


En cas de lihl~rationlc ch<'ikh cl-Mtagui veut m'emmener chel
lui, it côfl'~ de Taraudant. El-Hadj l\lohammc<l im, pendant Cl
temps, chPrchcr à Mogador le montaut <le ma ra111;on. Il Y l
dans cc projet <JUCl<JUC chose que je IIC m'explique pas bien
puis<JUC j'ai des lettres de cr<'~ dit sur des IsraMites de Ta rou·
dant, ct qu'il me sera possible de rembourser mon lihératcUI
dans la journl~e de mon a~·1·ivl~e.
En outre cl-Hadj Mohammed prétend me ramc11cr jusqu'i
Mogador, cu <lt\pit de IIHt volo11té de retour·ncr vers l'Est, ver.
le Glaoui.
Tout cela est complexe, obscur. Pour l'instant je n'èlèVf
aucune ohjcction it ces d<'cisions prises en dehors de moi. Il
sera temps, quand je serai libre, de songe l' <luw dégager de ce!
nom·clles entraves.

-1 avril

l\lohend sc dit malad<', il prètcnd que je ne veux pas le sot·


guer, le guérir, ct, pour sc venger, il me met à la porte du bord;
dès l'aube, sans n1c laiss<'t' même remont<'t' tll<'S chronomètres
Je suis parYcnu pourtant it lui faire comprcndt·c que ces fra·
giles machiucs s'a rrètaicnt <[U1l1Hl on y touchait, on quand 01
ne les remontait pas ù heure fixe. Il a compris aussi l'iutérê
<lU 'avait, pour mes études ash·o11omiques.la nHH'che règ·ulière d<
mes montres. Cette conqm\hension est devenue pour lui Ul
moyen de vengeance. Il m'cmpèehe de monter mes montr~l
pour le plaisir de m'ennuyer. Quand il veut mc faire soufl'rl
1
il prend une des montres, l'ouvre avec sa koumia, ct pos
son g·ros doigt sur le balancier en se tordant de rire, et el
disant, invariablement : « .Màtct ! " Elle est morte ! ...
J'entre dans la <1oubba au moment où s'achève une <liscussiol
ar;sez vive. El-Hadj Mohammed, qui a le verbe tranchant, '
<.Mclaré que le cheikh Mtagui voulait partir ce soir, que toute
ces tergiversations étaient bien étonnantes de la part de gell
CJUÎ se disaient ses amis, qui étaient ses obligés. ,.
Les heu Tahia, l'air humble ot sournois, ont riposté qu v
DE LA ZAOl:U SIDI liOHAMliED OL' IAQOUB A ANZOLR 177

,;laient au 1lt'•sp~'poir 1le 11c pouvoir acc,~d<·r au prPmier d1;sir


1IU 'ait. Px prim{~ lPur ami. mais le f{aïd du Glaoui avait leur
par·olf' ... Que l'on attende le retour du cheikh Hammou des
Zenaga. ct, en sa pr,;scncf', on me rPmPttrait au ~~~a~ari ...
CP soir Ull incompréhensihlP chan~œment s'pst produit dans
les idt;Ps du ~ltaf.!·ui. Il Pst assis dans un coin OP la <touhha, son
sourirP a fait placP ù un pli amPr <fUi le rend méconnaissahlP :
il évitP mon regard, il reste muPt Pt comme inconsciPnt. El-Hadj
~lohamnwù mc fait signe dP sortir awc lui, et voici cP qu'il mc
raconte: Lt's ben Tabia ont troun:~ un arg·ument d'une subtiliM
machiavéli<JUC. Ils ont pt'I'Stradi~ au cheikh que sïl se mêlait dt'
cette afl'airt' lt' mag·hzcu l'Pu rPmlrait certainement responsablP.
Qu ïl me fasse rPndre la liberté, il sera prou vi~ qu ïl est l'ami
des heu Tahia, et le mag·hzeu saisira ses troupeaux pour payer
l'indemnité que les Houmis ne manqueront pas de réclamer.
S'il échouP, au contrait'P, il aura pt·ouvé et sa bonne volonté et
son impuissance ; comment pourrait-on lui en tenir rig·ueur '?
.\insi·s'en va mon dernier el'poir ...

;J avril

Le chef de la :;aouia de Sidi Mohammed ou /aq(Jzth est


arrivé hier soir. J'ai conté déjà qu'il fut empoisonné avec du
phosphore; il ,.iPnt nw consulter. En Pntrant dans la qoubba
jP suis allé, suivant la lct;on que m'avait faite el-Hadj ~loham­
med, baiser son turban et mt' mettre sous sa protection. LP
charitable vieillard a dit :
- ~e le laissez jamais sortir d'ici, pour aucune offre, ni pour
aucune menace; c'est un chrétien, sa mort réconfortera votre
foi et attirera la bénédiction divine sur vos biens ! ...
Cette malencontreuse démarche m'a valu d'être incarcéré,
séance tenante, dans le bordj ; l\Iohend m'a déclaré fjU'il allait
Ille faire river les fers ...
A 3 heures on est venu me prévenir que le cheikh el-Mta-
gui partait et voulait me faire ses adieux. J'ai réuni mes notes,
Illes itinéraires, mon journal de route, mes clichés, et j'ai tout·
f!
178 AU CŒUR DE L'ATLAS

remis à cl-Hadj Mohammed avec quelques lettres, en lui recom-


mandant de tout l)qrtcr à Mogador, le plus vite ct le plus soi-
Hncusement possible. Puis, au passag·c, j'ai enle\·(~ la clef du
portail du bordj, ct je l'ai ajouU~c à mon envoi. Cc sera un
souvenir si je sors d'ici ; il peut m'êh•e commode aussi c1ue le :·j
'
portail ne ferme plus à clef... ~Î
Le cheikh el-1\Itagui mc fait des adieux désolés: il mc pro-
met de ne pas nùthaudonner, de rester à portée, car il a·fait "
serment de uc pas rentrer chez lui tant què je serai prisonnier.·
Mais il ne peut demeurer une heure de plus sous le toit de gens
sans foi ni loi, <tui ont trompé son affection. Abd cr-Rahlllan
hen Tabia lui r·cuouvcllc, au Hwmcnt du départ, l'expression de .'
ses regrets et sa promesse de ne mc livret• qu'à lui seul.
A 4 heures la petite caravane sc met en route, sans un mot·<
de politesse, sans une seule de ces formules, de ces souhaits~ !
dont les musulmans sont prodigues. Au dernier instant je sup-
plie le cheikh d'envoyer un homme sùr, demain, après la prière .~
de la nuit, à la source d'Anzour; je l'y trouverai, et je m'éva- ··
derai ...
C'est chose conn·nuc. l\lon ami Saïd, celui-là iuèmc qui m'a
sauvt'~ du couteau de :\loulid, mc promet de venir, en personne, .
mc chercher, ct ect espoir d'<)vasion adoucit le regret de voir
s'en allct• mou dernier espoir. .
Mc voici de nouveau. seul, enfermé, et abandonné à Dles
llourrcaux que toutes ces tentatives cxasllèrent... . ·~
J'ai pris une résolution grave ; il s'agit de mettre à sa l'éali~ ;
sation toute la prudence 11ossiblc. Je vais m'évader. Et d'abord :
je tiens à emporter ceux de mes instruments CJUÎ sont indispen--
sables<\ .la continuation de mes travaux. Je profite de ce que·:
l\lohcnd m'a relégué dans le bordj pour arrimer au fond d'~.:·
sac de toile à voile mon matériel et mes carnets. ,
En prévision de mon d1~part avec le Mtagui j'avais t•assenlb'l .:
6
tout ce <l\lC j'ai soustrait à mes cantines et caché dans les jal'- .
dins. Mou sac pèse une trentaine de kilos. Comment pourrai'~/
je le sortir; comment, surtout, Jlourrai-je le porter pendant leS~~
huit heurcli d'étape qu'il me faudra faire en courant dans}$>
montagne en pleine nuit ?
l'a;:•· i iR his l'lmwht• L\1

Fi;:. ttl.- .\;:onl111in.- 1. 1• Yilla,:l' )H'r•·lu; snr 1111 pilon nwlu•nx (pa;:o• 19::!'.

Fig. ttt. - .\z•ll'if. - Le nid d'aigll' •1'.\gonlmin (page f!J::!).


IlE LA l.\OljL\ SIDI )IOHAllliED or 1.\QO@ A ANZOUI 17V

.JP posst'•dc> 1lc>ux outils fJUÎ, au hcsoin, mc scrvir·aicnt d'armes:


un mm·tc>au 1ll' ~ï;ologtw ct une pince-hachette.
On m'ounil'11 le bordj cc soir. à 6 heures, comme d'habitude ;
je ferai la rèpt'·tition g·énéralc de mou évasion, j'étudierai les
issues, la position des gardiens, ct, dc>main soir, je serai au ren-
dez-vous de Saïd. D'ordinaire je rentre dans le bordj où l\lohend
a fini par mc laisser coucher• seul, sachant bien que mes baga-
ges sont mieux gard(~s par moi <JUe par personne. Cc> soir, au lieu
li<> rentrer, jc> sortirai par l'une des deux issues : le portail IJUi
11 <' fPrmp plus. puis11ue j'ai c>ulcvé la clef, ou la porte basse qui

dr nue dans l'étable, ct par où ne passent que les troupeaux.

6 avril

Uuc rÙn<IÏs-jc organisé mon évasion pour la nuit dernière


Tout ctit réussi ù souhait. On ne se fut douté de mou départ
1lu'ù 7 heures, ce matin, f!Uand le cheikh :\lohend m'a fait appe-
ler· ... J'eusse été depuis deux heures à Ait Hamid, au milieu
de mes amis, à l'abri des poursuites des ben Tabia.
:\la répétition générale a très bien réussi. Le grand portail
fut facile à ouvrir, personne u' en gardait l'entrée. La petite porte
de l'étable n'a pas de serrure, elle ferme par un loquet que
l'on pousse de l'intérieur. J'ai donc la certitude de pouvoir sor-
tir fJUand je voudrai.
Il est important que je me prépare un alibi. J'ai conté à
:\loh<>nd que j'irais, cette nuit, chez les Oulad Jellal qui
m'avaient invité à diner et à coucher sous leurs tentes. Cette
intention l'a beaucoup amusé; il m'a.promis la discrétion. En
échange de ma confidence il m'annonce qu'il partira dans la
~oirée pour Sidi ben Aïssa ou Brahim, et me prie de lui en gar-
der le secret...
~lon sac contient: un sextant, un baromètre enregistreur, un
hypsomètre, un thermomètre, 2 appareils photographiques,
avec 300 clichés et 8 rouleaux de pellicules, papier, plumes,
crayons, encre. Il est décidément hien lourd ...
J'abandonne lunette astronomique, lorgnettes, pharmacie,
livres, et hien d'autres choses utiles ob précieuses. Je porte sur
180 AU CŒt;R DE J,.' ATLAS

moi mon ehronograplH', mw boussole, un baromètre et deux


earnets dïtini'~rait·c.
Ces pri'~paratifs si délicats sont afl'rcusemcut {·mouvants ; j'en
suis plus fatigui'l <JUC si j'eusse fait mw étape de huit heures ...
Il est arriv<~, ù 3 hem'<'S, ce soir, deux req<ps. L'un vient de
Zagmousen de la part du cheikh d-IIasscn, gendre d'Ah<l er-
Hahman ; il annonce que le cheikh reviendra iL Anzour dans
trois jours, a ver l'Algérien ~Ioule y Ahmed. L'autre vient de
ehez le qadi de Scktana, Si Abd Allah, et prévient <fUe l'envoyé .,
du <faïd el-Arhi Aloû, parti pour se rendre aupt·ès du <pïd du
Glaoui, sera de retour dans trois jours.
- C'est hien! ri'lpond l\lohend, et, se tom·wmt vers sps frères,
il ajoute : Je mc charge d'abréger leur route ...

7 avril

(luclJc amère <Léception de voir encore le soleil se lever sur


les collines <l'Anzow· ...
~lon gui<le n'est pas venu !
La veillée s'était prolongt'le fort avant dallS la nuit. "\hd cr-
Hahman Hait en veine de rahàchage ct Je prolixit<\. Il Mait neuf
heures <fUand j'ai pu quitter la qouhba. Je suis allé prendre dans
le bordj mon volumineux hallot ; j'ai ouvert le portail <fUi grince
sm· ses gonds de bois, ct je suis descendu, le eœur battant,
jusqu'à la som·cc.
Personiw ! .. .
Dix heures ... Onze heures ... personne ! ...
Je me décide à revenir, laissant près de la source mon pré- .r
cieux hallot. Je rentre dans la <fOUbha, iL tàtons. Les deux req,..
<fUS arriV<~s dans la soirllc y dorment, côte iL côte ; je réveille
celui qui vient de chez le qadi, le seul qui comprenne quelqu<:S
mots d'arabe, et je lui explique, tant hien que mal, à voix basse,
que je veux fuir immédiatement, qu'il faut qu'il me conduise à·
Tassouli chez le cheikh el-Hassen. Etrange colloque <IUe cette
conspiration, dans l'obscm·ité, entre deux hommes <fUi ne se con-
naissent pas et <fUi sc comprennent à peine ...
Pa!o(e IXO his l'law·lu• L\11

,... t-J·•
Fi" -·•·-. \ z, 1.. .
cil.- La plauw •
dt·~ Zenaga. lill'.]
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~ ·1 1._,'"-~).
DF. LA ZAOtiA SIDI )IOIIAlDIED 01: L\QOt:n A A~ZOtR 181

.\lwi•s dP lahoriPUSf'S Pxplications mon chlf'uh sc dt;cidf'. mais


la pPnst;f' I(UP la porte Pst 1-mrrlt'•e lP tPrrorisP. J'arrin• à le ras-
surPI': nous ilf'scPnrlons ; voici lP pm·tail ! ~lon chlf'uh s'ar-
r,;tP ... il a ouhlit; son fusil ! Il rentre lf' clwrc hel', demeure un
1{Uart d'h<'urP, qui me parait un siècle, et rPvient mc dire I(UC

son fusil est PnfPrnu~ à clef dans la sallP dÏlOnUNU' flp la I(OUhha!
Impossible dP partir sans armes ... un Berbère n'abandonne
jamais son fusil... ~lon projet d'évasion est anéanti! ...
Il ne me reste qu'à retourner chercher mon hallot, ct ù le
rentrer sans ètre vu. C'est une délicate affaire. Les chiens, que
ce mouwment insolite émeut, aboient furieusement. ll est
minuit. Le moindre bruit prend une importance singulière
.dans l'admirable silence de ces nuits africaines !
On a fermé la porte ; il faut la rouvrir, avec quels efforts,
avec quel tapage! Je descends par le sentier qui mène à la
source. En passant devant la maison qui sert de mosquée je
remarque que la porte en est restée ouverte. Le sable crie sous
mes helleras: je les ote et je m'écorche les pieds aux roches
aiguiis. lJu dernier espoir mc soutient : si mon guide pouvait
être survenu !...
Personne !. . . La source bruit doucement avec un clapotis
monotone. Dans l'étable les chevreaux geignent avec des vt;Ïx
d'enfants. Je charge mon ballot, et je remonte le sentier pier-
:eux : j'arrive au portail. La nuit est splendide et admira-
hlement claire bien qu'il n'y ait pas de lune.
Le portail est fermé ! ...
Que vais-je devenir"? Il ne faut pas songer à appeler ; com-
ment expliquer ma sortie, mon hallot ? Si je fais du bruit les
esclaves de garde me fusilleront...
Il faut vraiment que les gens d'Auzour aient un sommeil de
plomb p mr ne pas s'éveiller au vacarme que font les chiens! ...
Je mc souviens tout à coup d'une lucarne qui donne dans l'éta-
ble, et dont il m'a semblé possible de démolir le chambranle.
J'escalade le toit qui la commande, ct je commence à déblayer
les pier1•es qui aveuglent l'ouverture. Une voie crie de l'in-
térieur :
- '' Achkoun? n Qui va là ?
t82 AU CŒUR DE L'ATLAS

.Je fais le mort. Pendant. longtemps je reste H~-~~. rdenant


mon souffle, cherchant une solution.
L'id<~c de la mosqu<~e ouverte me vient; je <lf1scewls df1 mon
mur avec des prP.cautions infinies, je reprends mon mallwurcux
hallot, qui me parait it chaque fois plus lourd, plus encombrant ;
et, toujours escorté par les jappements de la meute furieus<',
je gagne la jema ct j'y pP.nètre avec circonspection ...
Elle est vide !. .. J'ai pa~sé là les dernières heures de la nuit
Elles m'ont semblé longues !. ..
A l'aube, un nègre est sorti, la houe sur l'épaule, allant ouvrir
les scguias, je mc suis précipité pour rentrer par le portail
demeuré entr'ouvcrt. Au moment. oit j'cn franchissais le seuil,
le feqih, Si Ahmed, sortait pour annoncer la prière du fcdjer ..•
Après un instant de stupeur réciproque je lui ai rapidement ..
contl'l que je venais de la source oit j'l~tais allé me laver, et ,J
changer de linge. Il a paru me croir·e, ct m'a félicité de ma -~
·)
propreté matinalc. Je suis rentré dans le hordj, sans autre
fâ.cheuse rencontre, plus fatigué, certainement, par ect avorte-
ment de mes projets que je ne l'eusse été par leur r<~alisation .

••

J'ai pu causer un peu avec mon chleuh dl' cette nuit, l'en-
voyé du qadi ; il m'a promis d'être plus brave ce soir. J'ap-
prends que le cheikh Mohend ne rentrera que demain, dans la .•
journée ; la nuit prochaine nous offrira donc encore une occa-
sion propice.
A midi, après le repas pris chez le cheikh Mohammed, ct le
pansement de mon malade, je m'enquiers de mon f.~·uide que
je ne trouve plus dans la qouhha. Il vient de partir ...
Je cours jusqu'à la colline, d'oit l'on domine la vallée
d'Anzour, et j'aperçois mon chleuh, poltron et l1lchc, <fUÏ fuit en
courant vers Zagmouzen ...
Encore un projet avorté ! J'ai comme un épuiscm!'nt de cette
faculté d'espérance si indispensable à ma détresse ...
A Ji. heures on vient m'annoncer que le cheikh Hammou,
l'lawho• 1.\111

Fi~. 1:?:;.- .\zdo·ir.- Lt ral<~i~ 1 • de Tar.. za: hahilalioon~ do·~ lrn~lndyl•·~ (pa~·· 1!1:1).

Fi~. l:!ti.- .\zdt·il".- La Ldai~·· dt• Ta r,·za.- 1:nwrttt'' 1'1 o·oon~l nwl inn~ dt·~ 1rn:..rlndYit''
(pa~·· 1!1:3). . ,
DE H ZAOUIA SJOI ~IOHUDlED OU IAQOUB A A'\ZOUR 183

des Zenaqa, arriYe à An.:;our. Il est escortl~ de trois de ses servi-


tNu•s ct de trois cavaliers 1lu qaïd du Glaoui; il amène quatre
mules ct un cheval de main.
A peiiw descendu de clwvalle chPikh mf' fait appeler. Il nw
conununiquc une lettre du <pïd du Glaoui donnant satisfaction
aux desiderata exprimés par les hcn Tahia, et mc raconte quC>
mes geôliers lui ont écrit pour lui dire de ne pas donner suitP
à leurs demandes, car ils avaient l'intention de me remettre
entre les mains de leur ami le cheikh des Mtaga. Cette four-
herie l'a profondément irrité; iluw prllvient qu'il m'emmènera
de gré ou de force, que je mc tienne donc prèt à tout événe-
ment. Le qaïd du Glaoui lui a donné l'ordre de brusquer le
dénouement. Il songe à m'enlever de nuit. Nous partirions
seuls ; ses cavaliers et ceux du qaïd resteraient pour tenir tête
aux gens d'Anzour, qui n'auront certainement pas l'audacP de
maltraiter un homme des Zena,qa. Plus tard il s'unira aux gens
d'Ounzin et reviendra écraser ce nid de vipères ...

8 avril

.Journée vide ; le cheikh Hammou attend pour parler l'arri-


Vée de Mohend qui ne rentre que tard de Sidi bou A1'ssa ou
Brahim.
La seule distraction de ces longs jours d'attente est l'heure
de la prière du crépuscule. Fathma ct ses sœurs, Aïcha Pt
.Mahjouba viennent, en cachette, n(apportcr tantôt du miel,
tantôt du lait aigre. Elles mc confient leurs commissions pour
la capitale quelconque yers laquelle je vais partir. L'une
veut une montre, l'autre des bracelets, la troisième des fibules.
J'apprends par Fathma que l'on connait ma tentative d'éva-
sion, ct que l'on mc surveille.

9 avril

J'ai quitté Anz0lt1' à 3 heures; après quarante jours de cap-


tivité l
18t AU CŒUR DE L'ATLAS

La scène des w1gociations fut admirable. Après le repas de


midi, le elu~ikh llamniou a pri{~ lPs hcn Tahia de sc r(nwir
dans la qouhha; il m'a fait asscoit· près 1le lui. Il a Pxpost~ ù s<'S
hôtes <{UÏl avait rempli les con<litious po.·il'~cs par eux-mêmes:
il apportait la lettr·c de pardon, la somme d'argent et.le cheval
dcmand1~s ; il partirait à 3 heures, m'emmenant avec n1es
hagagcs.
Aus~itôt les hcn Tahia de protester : le cheikh savait hien
<pw la situation s'Mait moditî!lc depuis son départ. Des offres
considérables leur avaient {~t~~ faites ... Il ne pouvait pas, lui,
leur ami, leur parent, les frustcr de la ranr:on considérable
qui leur était Dfl'ertc. D'ailleurs ils comptaient hien lui faire
une large part dans cette auhaine ...
Le cheikh les laissa parler, puis il appela son chef d'escorte,
nommé Bon Nit, ct lui parla à l'oreille. Bon Nit alla fourrager
dans les chouaris de l'une cl es mules, il revint portant une pou-
drière, ct un petit sac rempli d'argent. Le cheikh présenta ses
cleux mains. Bon Nit versa un peu d'argent dans la droite, et
un peu de poudre dans la gauche. Tout le monde regardait silen-
cieusement cette pantominc. Le cheikh alors tendit ses deux
mains vers les hen Tabia ct dit :
- Au nom clc Dieu, le dément ct le misôricordieux, choisis-
sez!. ..
Bouleversés par cet ultimatum imprévu, déconcertés, indignés,
les ben Tabia protestèrent hruyamment, suppliant le cheikh de
comprendre combien folle Mait sa mise en demeure. Ils repre-
naient, tous ensemble, leurs arguments, leurs objections, leurs
offres ... Le cheikh versa paisiblement la poudre ct l'arg·ent sur
le tapis, et, montrant du doig·t le Sud-ouest, il répliqua ;
-Quand le soleil sera là, je partirai! ...
Puis il s'accota contre le mur, ferma les yeux, ct se mit à égre-
ner son chapelet.
Deux heures plus tard nous quittions An.:;our!
La fin .de cette séance a dé lamentable. On m'a fait venir
dans le bordj, dont j'étais exclu depuis l'arrivée du cheikh
Hammou, et là, devant le cheikh, devant une vingtaine de
témoins, chleuh des villages alliés, Oulad Jellal des douars
l'll!fC IH~ hù ,.,,,,.,11. 1,.\"1\'

Fig.127.- La plaine tics Zcnaga.- Vnc prise de Tafcza, vrt·s le Sntl. An fond," dl'OiiP ..\zdPif;
an pt·emier plan, il dt·oilt>. grolles des ll'Ogodylt>s tir Tafpza (page 1!)2).

f
1

Fig. 128.- La plaine tics Zpnag<L- Vue prise de Tafcza, vers le Sud.- An J'ont!, le Djclwl Agninan cl Ir plateau tl'Amtri (page 190).
186 ..\U CŒUR DE L'ATLAS

ner ne lui plait pas. Et puis, il n ·a pas de sellP ! ... Qur le qaïd
lui 1lomw une selle, avec une houssr en drap eramoisi hrodl•e
et ft'aiJg·,>e de soif' ! ...
Fi;:. 1::!!1. - .\zdPil". -- La mai~on dt' l"illllt'lll'llanuunn (p<tgP 1!10).

Fig. 130.- .\zdt•il".- L'••tllt'<;l, d1•la lllai~nn de l'alllt'<ll'llanuJJOII 1page 190).


CIL\PITHE VI

n' A:'IZOUR A TAZERT

Le cheikh Hammou marche en tète ùe notre caravane, silen-


cieux, enroulé dans ses haïks blancs que r<'couvre un selham
somhre. Derrièr<' lui, deux cavaliers; puis quatre mules montées
et un piéton; puis iuoi, sur une petite mule grise, absorbé par
le levé de mon itinéraire et par mes photographies que la dis-
location de mes appareils rend difficiles.
:· Nous traversons, perpendiculairement à son axe, la vallée
d'Anzour, et nous cscala<lons 1<' plateau qui en forme le flanc
Est ; puis nous cheminons sur ce plateau pierreux, inculte, sans
arbres, sans maisons. Au Nord les crètes dentelées du Haut-Atlas
é.mergent au-dessus des nuages qui roulent dans la vallée de
1 oued Sous comme un immense fleuve de brumes, charié par
le Vent d'Ouest. Il fait un jour gris, triste.
Tout à coup le cheval du cheikh s'arrête et recule. L'escorte
surprise se télescope ; les cavaliers arrachent précipitamment les
housses de leurs fusils, les muletiers sautent à terre.
Alerte ! Cinq hommes, de sinistre mine, harrent notre chemin,
embusqués derrière les rochers, le fusil haut. On sc hèle, on sc
questionne :
- Qui êtes-vous .... Passez au large ou nous tirons ! ...
Ce sont des Ou/ad Je/lat de la fraction d'Ou/ad Ali; ils veulent
to~t simplement nous piller. Le bonheur veut que je les con-
naisse; deux d'entre eux sont de mes clients, les autres m'ont
souvent reçu sous leurs tentes. On se reconnait, les fusils se relè-
Vent, on se congratule, on me félicite, et nous nous séparons
ave c d es vœux de hon voyage et de prompt retour.
188

Le rPste de la I'oute e~t infiniment mouotone ..\prè~ deux hNI-


res de marc·he ~m·le platPau d'Oun::,in non~ tombons à pic dans
llll eirc[UP Pncais~c··, hiPn eultivc'>, d'Pnviron 5 kilomèh·e~ cie clia-
mèfrP. t"IH• bom·~·;ule en piPI'rPs roug·p;)tJ·p~ t·ouromu• l'un tlPs
piton~ dP la IH'I'I.!ï' OuPst. C'p~f Teil~!, villas·p Zena!Ja, Pndavè Jr
dan~ ln fprritoii'P cl'Oun:;,in. Xous y faison~ Ma pP dau~ la maison
cl'unnotahle.
Tei(st Pst hiPn campc'P ~ur ~on sodP rochPux, ~a faee ()upst pst
pittorpsque, sa face E~t domine it pie un ravin cie 60 ù 100 mNrcs
cle profonclPUI'; d, pcut-1'lrP parce que ce fut ma prPmièrc ètape
de lihcrtc', les g·ens m'en parurent moins rude~, plus sympathi-
ques, que eeux avee qui j'ai vécu depuis mon entrée dans l'Anti-
Atlas.

10 a l'ri!

Le~ proverhc~ hcrhère~ sont curieux pour l'antithèse qu'ils


forment avec les nôtres. On y peut mesurer la diifl'rcncc qui
sépare nos mentalités.
Nous disons : « Times is moncy. n Les chlPuh elisent : « Le
temps ne coùtc rien. ''
Il coùte si peu qu'on le prodig·ue, on lP pPrcl. l'lous avons
passé toute la matinée à lézarder dan~ la salle hasse, noire, et
pufum(~e, oü notrP hôte nous a iustall1~s ~m· ses plus helles
nattes Pt ~c~ meilleurs tapis. Persounn ne dit mot ; chacun suit
son rêve, va11ue à ses occupatio11s. L'un rapièce sa sandale ;
un autre fume béatement sou kif ; le clH'ikh Hammou ègrenne
son chapelet ; j'achève de réparer mes instruments. J

La bouilloire chante sur son fourneau de terre dont un enfant


souffle la braise et fait voler la cendre. Le mou! f~f·çinia, l'hôte
prépos{~ à l;t confection du thé, veille avec un sérieux de faqir
ct des minuties de Japonais à la préparation du hrcuvag-e classi-
que. Dehors le vent de Nord-Ouest fait rage ct roule dans le ciel
de gros nuages mena~ants. QuelquPs gouttes de pluie donnent
aux cultivateurs de l'espoir, à nous des craintes ...
On sc met en route à 11 heures seulement. D'abord on des-
cend dans le fond du ravin que Tei(st surplombe, pour gravir
l'ialll'he LX\ï

Fig. t:lt.- .\zdPil'. - Canlil'r dt's ZPnaga (Bon \"il).

Fil(. 1:12.- . .. . . . .
.\zdP!I.- ].,. his Hill<' d1• 1 anJI'al' IJaiiJIIIOII di•vnnl sa lllnison (page -1!15).
D'A'iZOUR A TAZERT 189

ensuite sa hcrgc Sud. Puis, pcwlant trois heures, on chemine


sm· un sol de grès {~rodôs, à travers le HH~mc paysage, toul'-
menté, désolé, sans rencontrer <ime qui vive.
Vingt-quatre hommes nous font escorte, car le hl'uit court
que les Ben Tahia ont lanet'~ les Oulad Jcllal à nos trousses.
En transversant une cuvette, au fond de laquelle se tl'ouvc le
Lourg de Tatguemout, notre escorte nous abandonne et fait
un crochet pour {~viter ce territoire : Teif~t ct Tatguemout sont
en g·ucrrc, ct Teif~t 1loit huit vies humaines ù TatguemQJLt. La
paix ne sera possible !IUC lors1rue l't;fluilibrc sera rMahli entre
lPs crimes des uns ct les meurtres des autres. Nos guides ne
paraissent pas soucieux d'acfruitter cette tlcttc.
Cne heure plus tard nous atteig·nons le Djebel Aguinan, hnr-
rière rocheuse qui coupe notre route. L'oued Agninan en
longe le pied Ouest; on voit dïci des villages jalonnant la val-
~ léc ; le plus proche est Aguerd. Ensuite la rivière contourne un
piton rocheux, sur le sommet duquel les gens de la tribu
ù'Oun:;in ont consh·uit une importante hourgatle, Iwmméc el-
Jfdinet. :'\ons v montons, ear ce sera notre gitc. La route g·rimpc,
en lacets courts pt roides, iL travers de hcaux jardins ~ù pros-
pèr•ent, eùfp it côte, oliviers, palmiers, figuiers, amandiers ct
peupliers.
De la maison du cheikh, ntste demeure au plafnnd soutenu
par deux hellPs arches, ou dPcounf' VN's le Sud, la crète hleue
du Djebel Bani ct, vers le :'\ord, le long ruhan tle verdure dt' la
vallée de l'oued Aguinan, 11ui SI' déroule Pt seq>Cnte parmi les
collines rocailleuses.
Toute la soirée se passe en visites. Chacun tient à honneur
de recevoir l'amrar des puissants voisins Zenaga, alliés et suze-
rains d'el-Medinet. On nous fait visiter le tombeau de Sidi
lassin, patron dP la bourgade, dont la !roubba blanche sm·-
Illonte un tertre rocheux.

11 am·il

Ce ne furent, toute la matinée, que festins et causeries oiseu-


ses · Une CIIHJUa~ltamc
· · 1l e p1ats, une ccntame· (1c convtves,
· ont
190 AU COt:UI DE L'ATLAS

défilé dcnmt nous. LP mcuu chaBg•~ pcu: la convci·sation varie


moins encore :Ta go ulla d kcskous; formules de coul'toisics tou-
tes faitcs ct invocations pit>uses ... liPurcux peuple ù. qui l'art
culinaire ct les frais de conversation cotHcnt si peu de soucis !
Vers 10 heures l'on sc mct en route lonl-!'f'aut le flanc 1lu
Djebel Aguinan. Un peu plus t;u·d uous en franchissons la
crête; la r{~gion 1Msolt~c, aride, qui s'MPwl devant nous, sc nomme
Anari; je ne me souviens pas an>ir vu pays plus h·istc ljUC cc
1ll~scrt, bossué de collines ehauvcs, silloHtH~ de ravins desséchés ...
~\ 2 heures nous attPignons la plaine des Zenaga. H.ic11 de plus
imprévu que cette immense cuvette à fond plut, rouge ct fer-
tile, cncash·éc dans les p<u'ois csca11>é1•s 1lP Llnti-Atlas. On
dirait d'un immense lac dess{~c lu\.
Les villag·cs y font <lcs ilots de vt'r<lm·c autour· dcs<jucls les
champs d'orge étalent un tapis plus p<llc. (.hwlqucs mouticulPs,
h~moins géologi<Iues de l'cfl'ondrcment de cette plaine, portent
des ruines <lont on uous <lit les noms ct les légendes. Xous
descendons <'Il laeets <lans les gTès rouges t>t les micas, et nous
nous dirigeons vers une agglomération adossl~e à la paroi som-
hrc ct hrillaute comme une falaise de minerai dc fer <fUi horde
la face orientalc de la plaine. On la nomme Azde'if, elle est
la rt1sidencc du cheikh Hammou, ct sa forteres~~-.olidement
accrochée ù la I'oehc, a l'aspect d'mt hurg carolingien.

12 avril

Ce matin le cheikh Hammou est Yt'IIU mc trouver dans la


ga;lle tmulu<' dè beaux· tapis quf' l'on m'a r1\serv<'•e : il était
a-ccompagné de ses fils, de ses gendres, de plusieurs notables
et marabouts dont je ne sais pas encore les noms. Il m'a salué
très .solennellclllent cn me disant :
- Celui auquel Dieu nous permet de sauver la vie devient
notre enfant... Sois le bienvenu, et, quand tu seras rentré chez
toi, dis à tous lt>s tiens <fUC les Zenaga les accueillcront connue
des frères ...
Depuis cet instant je vis, je marche, je mange, je dors, escorté,
gardé, ohservé par un peuple d'oisifs sympathiques ct souriants.
l'l;Hwht• LXYII

Fig. 1:1:1. -- Tizi.- L"OIH'd Tintjijt (pai-!t' 1~17).

Fig. 1:H. -- Tizi.- 'la isou du 'iadi :\hd t•t·-Hnlllllall (pai-!t' l\•iJ.
o'A;sZOUH A TAZEHT Hll
On s'cil'ot·cc de mc dire cu tamazirt de fort aimables et intl~t·cs­
santes ehoses r1ue je ne comprends pas. Je mets la main sur
mon cœur avec un sourire ct un salut, et nous sommes r1uittes
et enchantés les uns des autres.
Pom avoir un(' idt\c !l(' la topographie rlu pays, j'ai fait
l'ascension de la falaise noire et luisante contre laquelle A::.deif
est accotée ; les fils du cheikh Hammou faisaient l'office de
ciceroni, et j'ai pu (~crire sous leur tlictèe les noms des moindres
hourg·ades t~parses dans l'immense plaine 11ui s'étale ù nos
pieds, et des montagnes 11ui l'encadrent.
Le roc, d'où j'observe ce paysage, porte UliC ruine informe,
éhoulis de gt·osscs pict't'cs assemblées sans ciment ; on la
nomme Agadir n'Sfilta.
Le Djebel Siroua sc dresse à une ving-taine de kilomètres au
Xord. Derrière lui court l'immense chaine du Haut-Atlas.

13 avril

Le tcl'l'itoire de la tribu des Zenaga s'étend surtout en hau-


teur, du Nord au Sud, des A.ït Amer au Djebel Bani. De
l'Est à l'Ouest il est resserré entre les Oulad Yahia et Ounzin.
La plaine où nous sommes est admirablement fertile ; dans les
années de pluie elle est le grenier de toute la région. Les quel-
ques sources ttui font vivre les villages perdus sur sa surface ne
Suffisent pourtant pas à l'irrigation des champs. Les puits sont
110
lllbreux mais les Zenaga ne savent pas les utiliser pour l'arro-
sage. De toutes les questions qui m'ont été posées celles relatives '
aux pompes, aux conduites d'eau, furent les plus fréquentes. Les
habitants semblent avoir conscience de la possibilité de trans-
former leur ~ays ; ils m'ont exprimé à maintes reprises leur
désir de voir n~uir chez eux un ma/Lem el-ma un spécialiste
des qu cs t·tons tl' eau, qm· 1eur ense1g-ncratt
· · l es travaux a· f'<ure,
· et
leur vendrait l'outillage nécessaire .
. La tribu des Zenaga est indépendante, mais elle paye régu-
lièrentent l'impôt au qaïd du Glaou.i dont elle relève. Le qald
el!t venu plusieu:cs fois àAzdeif. La sécurité et l'ordre qui règnent
192 AU CŒUI\ DE L'A'{I.AS

dans le Sutl-Est du Maroc sont les rèsultats de son t~ncrgic ct de


son activiu~.
Le cheikh llammou sc HOllllltc, de son nom complet, :\loham-
mcd Ida on l'Qard. Sa famille gouvcr·nc depuis longtemps les
Zenaga. Le qard dout il est fait mcHtioH dans cc nom patrony-
mique est Si llrahim, trisaïeul du cheikh llammou, <[Ui fut
iHtrouist1 tJaid des Zenaga par· 1.111 Sultan de la dynastie Fila la.
Le titre de <J<tid W' s'pst pas tr·ansmis, mais le commarulcmPnt
de la tr·ihu Pst dcmcm·è dans la famillP depuis cette t'~poqu<'. L<'
cheikh actuel, qüi gouverne depuis plus <le trente ans, a
rehaussé le prestige des Ida ou l'Qai<I. Fils d'une juive conver-
tie à l'islamisme, il a plusieurs femmes, dont la l>I'Pmii•rc est
sœur tlu ehcikh l\hd Pr-Hahman heu Tahia. Il a huit fils: l'ain(·,
.\hd er-Hahman, peut avoir 30 ans: lP dcrniPr n'a <[tH' 4 ans.
Le frère cadet du cheikh llammou, l'amrm· Ahtl cr-Hahman
fut tut'~, il y a <jtwlqu<'s armées, au siège d'Agoulmin. Agoulmin
est un uid d'aigle pcrelu1 sur une aiguille tle la falaise occiden-
tal!'. Le dPrnier frère dn cl1Pikh est !'ct a mrar Bella <lont j'eus
la visite ù Anzour.

H avril

J'ai cu la malencontrcus<' id<'~<' dP dt'~clarer <JUC je n·a,·ais


aucuna crainte des esprits, dPs jrmoun, <[Ui gardPnt les trt1sors ·
Pnfouis dans les ruines. 1)ppuis lors on mc promène de grottes
en eitPrncs, partout oü la lt'gPnde vPut CJUÏl y ait UIH' cachettP·
hanMe. Et, sans doute, on voit hiPu <JUC les Psprits uc mc font
'aucun mal, mais, comme je IH' découvre aucun trésor, il ne
manque pas de gens défiants pour dire que j'y mets un mauvais
vouloir intéressé, que je reviendrai seul quelque jour prochain,
ct. CfUP, cc jour-là, jç saurai rctrouvPl' lPs tr<'sors dont on m'a
bénévolement indiqut'~ lea> g-ites ...
J'ai exploré ce matin la falaise calcaire de Tafeza qui s'ayance
comme un promontoire rocheux dans la plaine. Elle est formée
de matériaux tendres très affouillés, creusée de grottes nolll-
hrcuses qui furent habitées. Les troglodytes, qui en firent leurs\
dcmem•eH, les fermèrent par des llllU's PH pici·rcs sèches dont
l'::;.:-1• 1!1::! l11s J>Jawhl· L\\lll

Fi;.:-. 1:1:;.- Tislit. ·- L"assil" .\Z!,!"III'IIII'I"Z,:.:ni (pagl' 1\lï).

Fig. 13ti. Tis1it. - Types •l"habilanh (page 1\!7).


n'ANZOUR A TAZERT 193

beaucoup sont encorl' en place. On y distingue les ouvl:'rtures,


I"agentcmcut des habitations, les sentiers d'accès. Il y eut là
des forg(•ro11s dont ou voit l:'ncm·e les fourneaux l:'ncomhr<'~s <le
scories ; preuve certainl' <JU'on exploitait alors les mines <le fer
voisines.
l\Ies guides mc ccrtifi<>nt <JUe ces ruines furent hahitées par des
chrétiens. Les Regraga les trouv(n-ent installés dans le pays
quand ils en firent la conquête. Ces Regraga furent eux-mêmes
chassés par les Zenaga, dont l'occupation remonte à 600 ans.
Les Zenaga sont chleuh, ils ont le type berbère, la tête
ronde, les traits forts, la peau assez blanche mais basanée et
ridée précocement. Us ne conservent <Ju'un filet de moustache
et une jugulaire de harhe. Hudes ct pillards, ils sont, d'autre
part, doux, gais ct loyaux. 1\"ul fanatisuH', aucune intolérance
religieuse, ne paraît les animer contre nous. On m'invite par-
tout, je suis de toutes les fètes, de tous les festins.
Il faut séjourner plusieurs jours pour entrer eu relation avec
les femmes. Elles semblent au premier abord assez farouches ;
on regrette vite qu'elles ne le soient pas davantag:e.
Le premier jour je n'ai vu CJUe les esclaves; le deuxième
.faper<;us des formes voilt~es <JUi fuyaient sur mon passage ;
maintenant <JUe l'on commit mes habitudes, ma discrétion,
l'ou s'embusque pour m'attendre, pour mc demander un ·
remède, une amulette, un cadeau. J'ai cu llwnncur de voir, en
l'entrant de ma promenade, tout le personnel fP.minin du bordj
de Illon hôte. Les hommes étaient à une réunion, les femmes
avaient envahi la cour intérieure. Il -y avait 8 petites fîlles ;
5 jeunes filles de t:i ù. 20 ans ; 4. femmes de ao ù. 50 ans et une
denli-douzaiue de négresses. Les unes portent du khount, les
autres du coton blanc, les négresses sont vêtues de haïks de laine
hrune. Toutes sont couvertes de colliers de perles et de boules
d'alllbres, de bijoux d'argent. La coiffure est la même <Iu'ù.
Anzour. On sépare les cheveux par une raie ; on les tresse eu
deux nattes, un peu en arrière et au-dessous des oreilles ; ces
nattes pendent enveloppées d'un fichu, ou sont relevées et main-
tenues par deux macarons qui rappellent les pompons de
Parade de nos ch,evaux de carrousel.
19-i AU CŒt:R ))J<: L'ATLAS

Les Zenaga trouvent leurs femmes jolies ... Question d ·accou-


tumance, sans doute !

15 avril

On a parlt'~ hier soir d'un voyageur Houm.i qui faillit être


massacrl~ il Jlrimima il y a quelque Yiugt ans. Il était déguis{~ en
juif. .. A ce signalement j'ai reconnu le Vicomte de Foucauld,
et j'ai raconh~ au cheikh llammou sa rencontre avec le Yoyagcur
dans la plaine cle Zmwya. Le cheikh u 'cu eut aucun souvenir,
mais son cavalier de confiance Bou Nit s'en est immédiatement
souvenu. Il m'a même rappel!'• c1ue de Foucauld avait été, à
Tissinl, l'hôte d'un ami des Zenaga, cl-Hadj Bou Hahim Abct·-
S<HI avec lequel il fit un voyage à Mogador.
El-Hadj est mort il y a deux ans à Tissint. Il était tombé dans la
misère, et aYait été recueilli dans l'':lnc des six maisons que les.
ZPnaga possèdcut au pied du Djebel Taïmzour. Ses fils,
Mohammed et Ahd er-Hahman se sont expatri{~s; personne n'a
pu me dire oit ils vivaient.
Pal'llti lPs hùtes m·rivés cc matin se trouvent le cheikh clc la
tJ·ilm de flebbttn, heau-frère d'Ahd cr-Rahman hcn Tabia et le
cheikh des .H't ,-,·emmeg, neveu du cheikh Hammou. Les Hehban
peuplent le Djebel Siroua; la tribu des Aït ."iemmeg marque la
limite occidentale du commandement du Glaoui. L'oued Aït
SemmPg, affluent de l'oued Zagmousen,délimite les territoires du
Glaoui ct du Gozmdafi. J'apprends par ces personnages qu'un
Houmi, habillé eu musulman, est descendu de Telouet à Tikù·t il
y a une quinzaine de jours, il y a séjourné, et s'est dirigé vers le
Djehel Siroua dont il a fait l'ascension. Il était à pied et accom-
pagné de deux serviteurs ; ils ont loué des mules ct ont rempli
leurs chouaris de pierres ...
lmpossihle, it ce dernier trait, <le ne pas rcconnaitrc mon
collaborateur Louis Gentil. Exact au rendez-vous, il s'est trouvé
au Siroua à la fin de I.uars, comme il était convenu, pendant
que de Flotte arrivait à Merrakech. Sans ma mésaventure notre
jonction sc faisait avec une ~~tonnante précision.
Elle s'opère sur la carte, et c'est là l'important. Nos itinérai-
Page 194 bi~ Planche LXIX

Fig.f37. -- h·l'ls.- La maison d"lla111ed n'.\ïl ba llamed (page 19~).

Fig. 138.- h·els. -Vue prise de l'inlériem de la bourgade (page 198).


D' ANZOUR A TAZERT 195

res se raccordent ; d(\sormais mon but est de gag·ner Tikirt ct


~'elouet. Le passage de Gentil dans le Djebel Siroua rend inutile
1 excursion (jUC j'allais y entreprendre.
Je déclare au cheikh Hammou que mon intention est de mc
rendre immédiatement auprès du qaïd du Glaoui. Il sc propose
~e nt'accompagner jusqu'à Telouet, voulant faire de ma visite
1
occasion d'un rapprochement entre les Zenaga ct leur puissant
suzerain. Cette détermination est un événement pour la tribu,
car le cheikh n'a jamais été rendre hommage au qaïd. On
décide que l'on ira en nombre, (1ue l'on portera des cadeaux :
un cheval, des tapis, de l'argent ...
Chevaux et tapis sont deux spécialités des Zenaga. Les che-
vaux sont petits, trapus, laids, mais bien membrés et résis-
ta~ts. Les tapis sont admirablements tissés; ils se vendent à
ratson de 2 rials la coudée · le rouœe y domine ce beau rouo·e
' l ' 0 , !:>
cc atant qui semble être une spécialité des teinturiers de
llerrakech.
Pour célébrer dignement ces importants projets le fils ainé
du cheikh Hanunou nous a invités à déjeuner dans le grand
agadir qu'il habite avec ses frères et ses cousins. Le repas était
servi dans une petite chambre, tout en haut du donjon. On y
accède par un dèdalc de couloirs et d'escaliers sombres, en
traversant la salle centrale, belle pièce carrée dont le plafond
est soutenu par des arceaux ct des colonnes en pisé. Du haut de
ce~te tour on découvre toute la plaine roug·eoyante de Zenaga
qut flamboie sous l'ardent soleil de midi.
La bande des enfants d'Azdeif est une troupe sing·ulièrement
1
~:uyan~e e~ joyeuse. Elle tourne et crie toute la j~urnée autour
lllot, dtsparait comme par enchantement, s abat comme
une Volée de moineaux partout où l'on boit, partout où l'on
Utange.
Les chleuh adorent leurs enfants · ils leur laissent une
enti' 1· , . . . ,.'
ere Iberte ; a peme exige-t-on qu ils apprennent le Qoran
P.endant une heure ou deux par semaine, sous la férule d'un
VIeux feqih.
Pendant les soirées, qui se prolongent indéfiniment, les
enfants sont vautrés au milieu des hommes, ils écoutent tout ce
196 AU CŒUR DE L'ATLAS

<fUI sc dit, tout cc qui sc chante, ct Dieu sait si les chansons


lwrbèrcs sont obscènes ! ...
Il n'y a de h·èvc à cc vacarme que vers la tombée du jour,
à l'heure où la haute falaise d'Azdeil étend son ombre dans
la plaine. On la voit s'allonger sans fin, gagner les montagnes
roses qui ferment l'horizon du côté de l'Est. A cette heure-là,
chaque soir, la population d'Azdeif, lasse de son lalwur ou de
son iuaetiou, s'assied parmi )cs roches qui pot·tcnt le bordj,
ct regarde, les yeux perdus dans je ne sais qw'l rêve, le crt'!-
pusculc envahir la plaine immense des Zenaga.
C'est aujourd'hui samedi, jour du sabbat. Lc_s juifs d'Azdeif
sont dehors, oisifs et sordides. Ils portent, sur une ehemise
long·ue, de couleur innonnnable, l'akhnif herb l'ore ôlimô ct
crasseux ; ils sont chauss{~s de hellcras noires ct coifl'és de la
calotte noire, luisante de graisse; d'on émcrg·eut les nouader,
ces long·ucs mèches qui tombent des tempes cu avant des
oreilles.
Leurs femmes sont dmpt\cs d'une fa<:on assez immodeste
<lans tlcs piùccs de cotonn:ule hlanche; cllcs sont très parées
de bijoux d'argent ct coifl'écs comme les musul~nancs. Les
enfants nc difl'èrcnt gut'lre des enfants chleuh.
DMail singulier: sm· une trentaine de juifs <pte j'ai vus, j'ai
compt<~ huit hlonds ct deux albinos.
Le sort des Isra<Œtcs d'A:deif est assez doux. Le ehcikh est
patet•ttcl ct ne les pressure pas trop. Il ne prélève aucun impôt
spt'lcial sur eux, ct leur laisse la liberté de vaqu<'r à leurs afl'aires,
de voyager, ct même d'émigrer si bon lem· semble. Ils n'en ont
gardc.Azdeif est un asile dont la sécurité leur est précieuse. Leur
mellah, adossé ;d'agadir du cheikh, n'a jamais été pillé. Je l'ai
visité en compagnie des fils du cheikh ct d'un marabout des
environs. Tout cc monde disparate semble vivre en hounc
intelligence.

16 avril

Nous nous mettons en route vers midi, non sans peine, car
notre escorte est nombreuse ct encombrante. De toutes les mai-
l'age HJH biN

Fig. 1:m. - Ti~lit. - l"n ··ayalit•t· d•· Taz<'n;ildli _\ïl llllzanil") p:t;.:<' 1\17).

Fig. -140. - Tikirl. - CaYalier el cheYal d11 Üllill'Zazal (j.Jillj'e HJV).


n'ANZOUR A TAZERT 197

sons, de tous les villnges que nous trnversons, les gens accou-
rent saluer leur amrar. Notre marche est lente ; la plaine f'st
monotone, et le dt~cor montagneuHjUÏ l'enserre est d'une beauté
8
'~n're. Nous traYf'rsons deux zaouia : la première, Sidi el-
Hossein, possède un<' jolie (jouhha hien peinte ct élégamment
ornt\e ; l'autrf' est toute hlancllf', elle ahritc le tomhcau 1lc
Sidi tlhd .1//alz ou Mhend, et jalonne la frontière entre Zenaga
et Aït Amer.
Un peu plus loin nous atteignons le district de Timjijt dont
les tirrcmts bordent un ruisseau : l'Assif Timjijt. Ce district
dépenrl du cheikh de Tazenakltt avec ({UÏ le cheikh des Zenaga
e~t en assez mauvais termes. Nous allons 1lemander l'hospita-
h_té à deux amis, lf' qadi Abd cr-Rahman et son frère le feqih
Std ~lohammed, au bourg de Tizi.

17 avril

Nous devions prendre la route de Tammasin, qui est la plus


courte, mais notre escorte a grossi 1le telle fac;on que nous
s~mmes obligés de passer par la route de Tazenakht, la seule
ou nous puissions trouver à nous ravitailler. Nous avons
-lO animaux de selle ct de hat, et plus de 60 hommes.
J'ai dit que les relations étaient tendues entre le cheikh des
Zenaga ct le cheikh 1lc Ta:enakht, l'amrar Abd cl-Ouahad cz-.
Zanifi (des Aït Ouzanif). Nous longeons Tazenakht sans y entrer.
~es tours de guet, qui gardent la campagne, se hérissent de
hreurs à notre approche. De part et d'autre, on s'ohserve, on
se recueille, mais sans nulle envie d'en venir aux mains.
b Nous longeons ensuite la valh~e de l'assif Azguemerzgi, au
.0 ~d duquel s'élèvent Tazrout, Assaka, Tafounent. Puis, la
rtvtère pénètre entre des collines arides ct laides, où elle
c~ule, large à peine de 2 mètres, rlans une vallée étroite qui
s ouvre seulement à Tislit, ct s'emplit alors de jardins ct de
Vergers.
Nous faisons halte devant la maison d'un notable, ami du
~heikh, qui parait aussi effrayé qu'honoré d'être l'hôte de cette
unposante caravane.
198 AU CŒUR DE L'ATLAS

18 avril

Nom; apprenons ici que le qard elu Glaoui a l'intPntion 11P sc


rendre à Merrakech. Cette nouvelle pr1~cipitc fort oppor·tun{~mpnt
notrl' migration que l'hospitaliU~ de nos hôtes mmtn1;ait dl' pro-
longer outre mesure.
Nous som11ws partis à -1 hcurPs du matin, pour arrin·r à b·els
à 8 heure!'. Un courrier nous avait préc{~d~~. ct la jolie demeure
d'Harncd n'Art ha Hamcd était prête à nous rec1woir.
b·els, vue par un matin d'avril, est une plaisante bourgade en
pis1~ brun, aux maisons artistement orn{~es de dMoration en
briques crues, figurant des colonnades surmont!·es de créneaux
pointus.
Notre hôte est un homme riche. Il nous sert le thé dans deux
services de faYence, l'cau bout 1lans dPux samovars ; viandPs,
dattes, miel ct beurre, lait aigre circul{'nt à profusion. LPs ta pis
sont épais, les nattes sont hlanches, des coussins dP cuir capi-
tonnent les angles. Les armes avec leur matériel de poudrjères,
do sacs à balles, de dégorgeoirs, pendent aux murs en pitto-
resques panoplies de cuirs, de cuivres et d'aciers.
Les plafonds, les portes, les volets des fenêtres sont joliment
peints de motifs roses et rouges sur fond vert tendre. Les jar-
dins sont pleins de rosiPrs PU fleurs; il n'est homme, si pauvre·
soit-il, qui n'ait une rosi' à la bouche ou à la main ...
D'frets à Tagenzalt on marche, p~ndant trois heures ct demie,
à travers un désert montagneux dont la laideur décourage toute
description. Tagenzalt est une bourgade en terre rougeâtre, sans
style. Une maison isolée, juchée surie sommet d'un tertre, mérite
seule une mention. Elle est neuve, joliment bâtie et hien située.
Tagen:::.alt a de beaux jardins où les palmiers prospèrent à sou-
hait ; son climat est doux. ·
Le désert montagneux reprend ensuite. Mais, par delà ces
collines arides, désolées, sc dresse la splendide chaine du Haut-
Atlas. On la découvre sur une longueur immense ; je distinguP,
dans l'Ouest, le pic des Ida ou Mahmoud, et dans l'Est le Djebel
Mqrour, au pied duquel s'étend, comme une large dépression
Page 198 hi~ Planche LXXI

Fig. Ul. -Zaouia de Sidi el-Hossein (Zenaga). -Cavaliers réritanlla Faliha


(page 197).

Fig. 142. - Tikil·t. - La maison du cheikh Hamed ou el-Hadj (page i99).


D' ANZOUR A TAZERT 199
fauve, la vallée de Thodra-Ferl.:la, hordt-e au Sufl par lcs col-
lines hleues ct denteMcs du San·o.
- -- Nous cntrons à Tikirt à l'hcurc où 1<' soleil, disparaissant clPr-
rière les tours <le ~~s di~t!'aux, lui fait un fOIHl <l'apothl'~os<'.
Jp n'ai rien vu dans tout 1<' ~orel dl' l'Afrique qui puisse ètrc
comparé à Tikirt. Cc n'est qu'une petite ville, mais iH'S hautes
lllaisons lui <lonnent un sinp:ulicr cachet dP forterl'sse médié-
vale.
Personne ne sait ici d'où peuvent provenir ces types <l'archi-
tecture si spéciaux. Les photographies que j'ai rapporU~cs
en diront, mieux qu'aucune d<'scription, l'élégance ct la svPl-
tesse.
La demeure du cheikh Hamed ou cl-Hadj, notre hôte, est la
plus hcllc. La salle voùU~c où nous sommes installés peut con-
tenir jusqu'à cinquante convives.
Tout respire la prospérité. Les récoltcs de la vallée de l'oued
lriri sont hautcs ct déjà mùrcs ; les champs sont pleins de tra- '
vailleurs ; d'innombrables scguias brillent entre lPs orges et
luisent, sous leur nappe blonde, comme un réseau <le moire.

1!J avril

. Un nouvel hôte de marque est venu rehausser notre r<\ccp-


hon. Le cheikh Ahmcd, de Tafounent, revient de Telonet, ct
nous conte les nouvelles de la cour du Glaoui. Les fils du cheikh
de Tikirt mc font visiter leurs maisons. On m'invite de tous
Côtés
. a' revemr,
· a· seJourner,
·· a· envoyer <l cs anus,
· <1cs me<· l c-
ctns, surtout.
Vers 3 heures seulement, après un dernier repas, nous nous
remettons en route, dans un terrible vent du Nord qui nous
fouette au visage la poussière de notre propre caravane.
Nous traversons d'abord le lit de l'oued Iriri, puis nous
relllontons son affluent, l'oued Mellalt, qui coule dans une plaine
·
désolée ' Jonc h ec
· d e pterres.
· I...a r1v1erc
· ·' s ' cs t creusee
' un l't
1 pro-
fond dans cc ~ol friable. A 5 heures nous entrons dans le bourg
D'ANZOUR A TAZERT 201

21 avril

La <Ja\'ba <lu <{a'ül Sid el-Madani hen el-l\Iezouar, gouverneur


. du Glaoui, est une juxtaposition de plusieurs tirremts asscm-
hlées sans souci de la symétrie, ct de styles diff{~rcnts. Vu du
Sud l'ensemble est imposant et confus ; la fa~.adc Nord est
ceinte d'un mur bas en pis{~, flanqué <le tours carr<~es. On y
voit des détails modernes qui sont d'un étrang·c anachronisme.
La tour d'entrée porte <le véritables fcnètrcs, protégées par des
persiennes ... Le <pïd habite une lourde hàtisse à trois étages qui
donne sur un riarl, un jardin intérieur entour<S d'une colonnade
~ous laquelle sont situés les pavillons des hùtes. Au centre, un
Jet d'eau retombe dans une vasque de marbre blanc, quelques
orangers ombragent des carrés où l'on cultive de la menthe et
des roses ...
Les fenêtres de la maison du qaïd sont grillées ; par l<'s
volets ouverts j'apcr~·ois les plafoiHls enluminés, <'f, parfois, une
figure de femme énigmatique ct souriante.

Ce matin le Seigneur de cc lieu tient ses assises sous le


porche qui sépare son logis de la première cour intérieure.
Quand j'arrive, conduit par le moqaddem, Sid el-Madani est
tout simplement assis sur une borne. Il fait apporter, pour me
faire honneur, deux chaises cannées sur lesquelles nous nous
juchons, fort empêchés tous deux d'être si haut perchés, dans
une attitude si peu conforme aux usages, si peu seyante au cos-
tume musulman.
La conversation débute par des banalités, puis, tout de suite,
avec volubilité, le qaïd mc coule son émoi de mon aventure ct
me félicite d'en être sorti sauf.
- Quant à moi, dit-il, je me suis efforcé de te secourir, bien
que les heu Tabia ne rélèvent pas de ma juridiction, non pour
ob~ir au maghzen, mais uniquement parce que t.u étais Fran-
Çais ...
202 AU CŒUR DE L'ATLAS

Et Si<l Pl-:\ladani IIW . racontP qu'il a comman<l{~ 1w11<lant


qtwhfUPS mois lPs conting-Pnts Pnvoy{~s contre le Hog·ui. 11 ('st
pass1\ pm· Ora11, oü il a s<'•jom·né assC'Z long'lC'mps pout· connaih'C'
les Fraw;ais, pour admii'Pr lPUI'S soldats, lC'ur armement.
- Quel <lollllllag·p, ajoute-t-il, que votJ·e nouvelle religion ne
vous pcrmPtte plus dP vous servir de ces armC's mer·veil-
lcuses ! ...
Pendant que nous causons un flot dP scniteurs, <le visiteurs,
passe auprès de nous. Chaque homme baise au passagC' la
main du maitre qui, tout eu causant, donne des ordres, reçoit
des lettres, les parcourt d'un coup d'œil, écoute une réclama-
tion. CC':' interruptions ne détoUI'nent jamais sa pensée de l'idèe
<jui l'occup<'. Il reprend ses phrases au point pr<~cis où elles ont
été coupées.
Voici venir sa meute <le sloughis; quinze bC'aux chiens de toutes
rohcs, it poil ras, ou ù poil rude comnw des grifl'ons, conduits
par un UPrhèrP harhu ct sordide. Le qaïd mc demande si
.faim<' la chass(', C't m'ofl'I'<' d'pn org·aniser une pour le lcndc-
InauL
Pendant cette entrevue, qui sc prolonge jusqu'il l'heure du
déjeuner, j'ai tout le loisir cl'ohscrvPr mou hôte. Sa physiono-
mie est singulière ; il a le type kalmouk : teint safrané, yeux
horizontaux, pommettes très saillantes, nez légèrement busqué.
La bouche est affreuse : une houchc de nègre avec de grosses
lèvres, des dents mal rangées, une incisiw~ tachée. La harbe
est rare et les nouader courts. Sid cl-l\Iadani parle has, vite, ct
pourtant de façon claire et précise ; il écoute admirablement,
sans interrompre, avec un <Msir visible de hien comprendre.
Le qaid est mis simplement mais la propreté ct la qualité de
ses vêtements dénoncent un raffiné. Mon accoutrement misé-
rable le choque et le désole. Il n'a de cesse qu'il ne m'ait fait
troquer les hardes sordides dont les ben Tabia m'ont all'uhlé
contre un caftan de drap rouge doublé de soie rose, une (ara-
jia de fine mousseline blanche et un se/ham de drap gros
bleu.
Le qaïd m'annonce qu'il m'accompagnera ltJ.i-même jusqu'à
sa qaçba de Tazert, sise à l'issue Nord du col de Telouet ct
D'ANZOUR A TAZERT 203
devant laquelle nous sommes passés en allant de Merrakech à
Demnat.

23 avril

Vcrs 10 heures <lu matin le c1a'ill Sid el-l\ladani sort <le sa


qac:ba escortl~ d'une foul<' compacte de clients, O<' serviteurs
et d'<'sclavcs. On l'arrNe ii chaque pas : hm sollicite une béné-
diction, l'autre ten<l un placet. L<'s rl'mparts sont couverts rle
spectateurs ct, par delit les r<'mparts, sur ll's terrasses cr<1ne-
lél's des corps de logis, les fcmm<'s contemplent l<' cMpart du
lllaitre ct poussent df's youlemcnts d'adil'u.
Le qaïd, toujours <'ntourl'~, assailli, mont<' à pic<l jusqu'au
lllarahout de Si di Ouissadoun, où la tradition veut qu ïl fasse
une prière avant de sc mettre en route.
Les tolhas l'att<:'ndcnt, d sc pr<;cipitf'nt pour ]miser ses
Yêtem<'nts. Les cavaliers qui YOlÜ r escorter' troup<' bariolée ct
turbulente, font eercl<' autour du marabout. L<'s chevaux sc
traversent, sc cabr<:'nt sous l<'s brutalités du mors, ruent à
l'éperon dont ll'urs cavali<'rs l<'s chatouillent pour parad<'r ;
les grands Mri<'rs sc clwc1uent. Qu<'lqucs piétons armf>s de
moukhala font un<' fusillad<' enragée, en poussant des hurlr-
ments de fantasia.
Pendant cc temps un eh{)rif <les Naciria, mains joint<'s et
capuchon rabattu, récit<' ù voix haute la Fatiha, <'t clame les
vœux de bonheur qu'il adresse au qaïd. Le peuple répond. Le
qaïd prononce quelques paroles, souhaits ct recommandations.
0 ,n amène une superhc mule haie dont la serija est couverte
dune housse de soie roug·c. Sid <'1-:Madani sc md lestement
en selle; un esclave lui tewl un négrillon de 3 ans qu'il ins-
talle à califourchon devant lui : c'est son dernier enfant, Si
Abd el-Malek.
Il est 11 heures. La caravane sc met en route ; on voit, sur
~ . .
senher qui s'engage Jans la montagne, la longue file des
mulets lourdement chargés qui composent notre convoi. Le
moqaddem mc raconte que l'effectif de notre troupe est de
500 hommes.ct autant d'animaux.


204 At; f.ŒUR OF: L'ATLAS

De loin cn loin, assis parmi lcs roc hcs, attendant le passage


elu <Ja'ill, dcs groupcs s'•~clwlomwnt lc long cl<' la piste. Quawl
le qaïcl arrive iL leur hauteur ces gens sc lèvent, vicnncnt haiser
le genou du maih•p, ct formulent leur rP<{UMP.
Sollieitcm·s, mendiants, sujets courtois <{Ui s'PmprPsscnt,
vassauximpol'tantS<JUi hriguent l'honneur· d'unP Fatiha sp<~cialc,
tous aJ'r<\tent lc <J<lïll, sans souci clc sa hùtc ni de sa fatiguc. Et,
chaque fois, Sid 1'1-:\ladani fait halte, {~coutc avec hicnveillancc,
réponcl à nJix hassc, fait prendre 1les notes par scs secrétaire~.
1\;'ul ne l'a hem le c11 vai11 : il 1listrilmc des conseils, elon ne des
ordres, 1ll' l'arg·cnt. Pendant l'étape de Telouet ù Zerkte11 il a
distribué plus de 1.500 pesetas en aumônes ...
Chacun l'mploie, selon son ingéniosité ct sa qualité, un pro-
cédé différent pour sollieitcr la générosité Mgcndairc du <Jaïd.
Les mcnrliants cxbihcnt leurs infirmités, étalent leur misère. Cne
vieille femme couverte d'ulcères eut l'impudeur clc dépouiller
ses haillons ct de sc montrer nue. La maigreur de tous ces misé-
reux est chose effrayante ... Les c11fants apportent leurs planchet-
tes d'écoliers soig·ueuscment enluminées ct calligraphiées. Les
femmes présentent au qaïd un hol rle lait ; il y trempe le doigt
et y laisse toniher une pièce de monnaie. Cet usage est répandu
clans toute la montagne. L'ofl'rc elu lait constitue un souhait de la
part 1le qui l'apporte, il est un heureux prùsage pour celui qui
le rc..-oit, ct l'offrande dont on le réh·ihue n'est ni un salaire
11i une aumône, mais un remerciement.
Notre convoi et notre escorte s'<;grennent pittoresquement sur
les pentes du col 1le Telouet. Du haut de la crête la plus méri-
dionale je découvre, une dernière fois, le vaste panorama monta-
gneux qui s'étend du bassin de l'oued Pt!rkla au bassin de l'oued
SC~us : le Djebel Sarro, la rég-ion centrale de l'Anti-Atlas, le
cirque des Zenaga, les sommets éhréchés qui avoisinent Anzour,
et, plus loin dans le Sud, à peine distinct à travers la brume
bleutée qui monte à l'horizon, le JJjebel Baui, rive septentrio-
nale du Sahara ....
Le qaïd s'approche de moi et, embrassant rl'un large geste,
sans nulle forfanterie, cet immense paysage tourmenté, il mc
dit:
~

~
.....
0
~

0,)
<:.·
!:L

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D'A:"iZOI;H A TAZERT 205

- Voilà mon nmnnandement ! ... La paix y règ·uc à l'hPm'e


lll't~S<'ntP. (juc le Dieu dt'~ment Pt miséricordieux en soit loué !
Combien cette aecalmie, cette prospérité durerout-cllcs ?...
Il faut ètrc fort pour ètrc le maitre dans cette région turbu-
lente ; et pour ètrc fort, il faut être riche ... Les soldats, les
armes, les munitions, les chevaux, les mules se payent. ..
Le maghzen n'a souci (}Uc de lever des impôts. Il Pxige de
ses ({aïds des sommes !'mormes, ct nous 11c pouvons les arracher
nu peuple que par des procédi~s barbares. Qu'en résulte-t-il'?
Les qalds dociles aux volon tl$ du mag·hzen sc font haïr de leurs
administrés, épuisent le pays, sans profit pour personne, car
leurs tribus se soulèvent, les chassent ou les massacrent, et
s'affranchissent du joug du maghzen. Ceux <{Ui veulent ménager
leurs administrés sont convoqués à F}:;,. S'ils y vont oules jette
en prison. S'ils refusent de s'y rendre, ils sont déclarés rebelles;
un autre qaïd est nonuné : le plus otl'rant ! ... Il vient, à la tête
d'une mahalla, prendre possession de son poste, en chasser son
lWédécesseur... ct c'est la guerre ! Qui tlouc afl'ranchira le
maghzen, dP la eo11eussion, <le la prévarication, de la corrup-
tion?... .
Je sais par les secrétaires ct les confidents de Sid cl-~ladani
<{u 'il est de ceux (JUi rcfuse11t de pressurer leurs vassaux. Il est
noté à Fez comme daugercux. Il paye mal; et pourtant il sc
l'niue. Il est criblé tle dettes ; son plus gros créancier est le
célèhre ch<>f du mdlah de Merrakt:elt, l'Israélite J. Corcos. Mais
le maghzen sait hi<>n <{tÙl serait imprwlent de lui susciter un
compétiteur.
- Les Fraw;ais out prèté de 1'arg-ent au Sultan, poursuit le
qaïd. Dans quel hut '?Acheter le pays'? On ne vend pas ce dont
on n'est pas le maitre; le Sultan ne pourrait mème pas disposer de
Tanger ... Héorganiser l'armée? Etahlir la s(~curité? Ouvrir le
pays au commerce et aux industries du dehors'? C'est la tâche des
gouverneurs, des qaïds. Il fallait traiter directement avec nous,
et nous aider au prorata de nos commandements, car le maghzen
est un gouffre, et les millions des chrétiens n'ont servi qu'à
enrichir les vizirs. Pour le prix qu'elle a versé la France eùt
acheté tout lc.~lm·oc ! ...
206 .\V CŒUR DE L ATLAS

Je demande au 1{1tïd s'il croit que le :\Iaroe puisse s'achdcr·.


Il réfl1~chit un instant et r<'pond avec force :
-Non ! jamais le :\Iar·oc ne tolèrcra un maitre clu·Mi<'n, c'est
la loi de l'Islam.
-Mais l'Egyptc, la Tunisie, L\lgt'~ric '?
- Le fidùle sc soumet à l'èprcuve !{UC Dieu lui impose,
mais il a le devoir de défendre la 'erre sainte tant I{UÏllui reste
une goutte de sang ... Vous ètes les plus forts, et je sais 11ue vous
pourriez COIH{U<~rir· le :\Iaroc, mais Dieu a détourrH~ vos esprits
de cc dessein. Vous ne song·cz, 1n·Mendcz-vous, I{U 'à faire rl~gn<'l'
le hien, l'ordre, la st'~cm·it<~ ; qu'à faire du conmwrce avec nous,
à crl~cr des pods, 1lcs r·outc ..;, <les chemins de fer ... Tous les
musulmans de IJouue foi ct d'intelligence vous y aideraient, moi
le premier·. Mais comment pouvons-nous cr·oire it votre parole
après cc lfUC nms avez fait de tous les pays d'Islam oü vous
avez péuétr<~ par la force ou par la douceur '?
-Qu'avons-nous donc fait, Sid el-Madani '? ~ous avons trans-
formé des plaines arides cH t<'rres fertilf's, des régions pauvres
en pays riches, des hrig·ands en cultivateurs hounètes !
-La terre n'a qu'un maitre: celui r1ui la tient de ses aïeux. Les
musulmans possédaient l'AfriiJUe, Dieu la leur avait donnée,
ils étaient libres d'en disposer ideur guise ... Vous les avez spo-
liés! D'ailleurs ù I{UOi bou disputPI' de ces choses, tout est
écrit ...
Et sur cette sentence, <{Ui rôsume l'opinion <le tous les musul-
mans <~clair<~s, le l{aid tire son chapelet et reprend sa route.
J'ai transcrit, aussi fidèlement I{UC possible, ces arguments
d'un homme intelligent et sincère. Si1l cl-Madani est revenu
dans la suite, à plusieurs reprises sur cc sujet 11ui le préoccupe
visiblement pour m'affirmer <JUC si nous savio~1s pcrs.uadcr au
Maroc - non pas seulement au Sultan et au maghzen - que
nous respecterons lïutégritl~ du pays ct sa foi, ·on accepterait
nos conseils, et même notre concours, pour l'org·anisation et
l'administration du pays.
La fin de l'étape est monotone ; notre route monte ct descend
parmi les schistes et les grès rouges, au milieu d'une région
infertile.
Page "206 his l'lnn('hc L\\V

Fig. H9.- Teloncl.- Le départ tin 'laïd, son demicr fîls;


an fond la 'laçhn ùc Tt>lo11el (n1e wrs \p Sud) (page 203).

Fig. t50
· - Telouet.- La porte ùc la qaç-ba. Le feqih t\nqaï•l, servit ems (page 202)
n'ANZOUR A TAZERT 207

Zerkten, où nous couchons, est un ag·adir en pis1~ rose planh~


au bord d'un torrent. Cent hommes l'empliraient outre mcsn1'e.
Nous nous y entassons cinq cents ! Et c'est nn pittoresque
spectacle llUe le campement de notre horde nomade dans cette
gorge de l'Atlas. Une soixantaine de feux empourprent la vall1~P,
le!-i chants sc mèlent en une damcur discordante 'lui se pro-
lonn·e ·
o JUSifU ''a l' au 1>e, temo1g·nag·c
' · exeess1'f' 1l c l a ng1
· 'lance avec
laquelle on veille sur le sommPilllu maitre ...

':H mm

De Zerktf'll à Ta::,ert la route est longue. Le Djebel Me,(iuua


s.~rplomhe le massif CO Ill plexe de rA tlas' ct, de loin ('ll loin, par
l ech·ancrure du col, on aper1:oit la plaine blonùc des Zemmn
vers lfUÏ nous- descendons en suivant les méandres du capri-
cieux oued Rdat. La halte du déjeuner sc fait au village
d'A1'halou, dans la maison de Sid Thami, frère cadet 1lu 11aïd.
l::iid Thami, llUC je connaissais lléjà, est un homme de 2;) ans,
très noir de peau, mais Ile figure fine et intelligente. Il arrive
de la mahalla qui opéra contre les Sraroa, prètant main forte
au (I<tï1l Bel ~louddeu 11ue ses vassaux assiégeaient dans sa
qa 1:ha lors de notre passage. Sid Th ami administre, en cc
llloment, les Mesfioua dont les cheikhs sont tous assemblés
autour de nous, à Arbalou. Ils bifurquent ici pour rentrer dans
leurs foyers. Le qaï1l les cong1)die avec des recommandations
faites sur• un ton qui n'admet aucune réplique. Quand ils sont
hors de vue le feqih de Sid el-l\ladani mc dit : « La poudre
parlera ici avant que la récolte ne mùrisse ... » Trois mois
~lus tard Mes(ioua, .Srama ct Rhamna étaient en pleine
Insurrection !
~ous débouchons dans la plaine à la nuit. Ln goum des
z:m ·an forme
1
la haie sur notre passag·e. Leurs lptïds mettent
Pied à terre, ct viennent saluer leur puissant voisin. Ils lui ren-
de~t compte, en <IuellfUes brèves paroles, d'un différend gTave
qui s'est élevé entre eux, et dans lequel on le prend pour
arbitre ...
208 AU CŒUR DE L'ATLAS

Cc <lifl'ércnd devait être vitlt'~ Ù<~ trag·i<flW fa':on la nuit sui-


nwtc. Le <jaïd Ben Qehhour <~gorgeait son rival et deux de ses
fils, <fUi Maicnt wuus lui demander l'lwspitalitt~, et <juÏl soup-
t:onnait de vouloir s'emparer de lui.
Les vassaux <le Sid cl-::\ladani sont accourus au-devant de
leut· seigueur. Les ovations, les fantasias se déroulent dans
l'ohscuritt~ profonde <fLIC d<•chirent lPs {~clairs de la moUSfjUPt-
terie. Les femmes, reconna iss;thlcs à leurs haïks blancs, cour-
rent et crient pat·mi les candiers.
Tout ù. coup le cortège s'aJ•rête, tilH' viPillc femme en larmes
sc suspeud à la bride de la mule du <ptïd en implorant justice.
Là, <lans la foui<•, on vient de lui voler son enfimt ! C'est un
cavalier des Zemran; PllP l'a reconnu, il H\<tit deux com-
plices ...
Le <pï<l <lonne un or·<h·e lH·Pf que le üw<pddem répète. En un
clin d'œil l'escorte s'pm·ole comnu• par enchantement ; les
chants se taisent, la fusillad<' cess<', ct nous demeurons seuls
dans la nuit, le <ptïd, son seert'~taire ct moi.
CIl <fliH rt d'hpm•e après, l' PSCOrtc rcn~nait dans Ull galop
bruyant, ramenant une douzaine dP cavaliers des Zemi·an, pris
cmiune responsables, ct nous entr·ions <•rlfin <lans la <pu;ha de
Taze1·t.
Fu peu plus ta t•d, pendant <{lie nous soupions sur les terrasses
de la <pu;ha tendues de nattes Pt tl<' tapis, les chefs des Zemrall
amenèrent les coupahles. L'interrogatoire fut remis au lendc-
maiit,· ct Sid cl-.Madani, en n;c priantrl'y assistm·, mc conta <JUC
les vols d'enfants et de femm<'s Mai<' nt un<' odiPuse ct indéraci-
nable coutume des .;\larocains. Le eas le plus frt~qucnt est celui
dont nous venons d'être témoin : on enlève une fille de 10 à
15 ans, les voleurs la violeitf., et la vendent dans une tribu
voisine. Cès crimes exaspèt'<'nt le <iaïd it ec point <jUe lui,
l'homme friJid ct jush•, <JUe j'ai ,.u si patct·ncl <tU milieu de ses
admininistrés, a tué de sa main un nègre qui avait volé le fils
d'une de ses servantes.
Plani'IH• L\\V 1

Fi",.,. i'ï
a · - ..lmHeildat·t. -Col dn Waoui. -La uulisnn d11 'tnïd (pngr
.
207).

Fi~-t. Hî2 _.. . . . . . ..


· · l clouet.- La matson du 'Jaùl ; le rtad ; les .JHL'dtns mtertCILL'S {page 201 ).
Il A:'iZULl\ A TAZEl\T

':25 mai

Le qaïd est debout dès l'aube. On fait la prière, ou déjeune,


et, de suite, on fait amener les prisonniers. Ils s'accroupissent
a~tour de Sid el-Madani. Six nègres énormes sont debout der-
r~ere eux. L'interrogatoire commence. Les Zemran essayent rle
mer, mais les témoins sont là 'lui affirment. Les captifs tentent
alors une autre tactique :
-Seigneur, dit le plus àg·(~, c'était une revanche ...
Il n'a pas mème achevé sa phrase que le qaïd lève la main.
Les nègres empoignent les trois hommes, les terrassent, les
enlèvent et les portent dans la cour des exécutions.
Le qaïd donne l'ordre de leur administrer un nombre de coups
de lanière qui équivaut presque à un arrèt de mort. Sïls survi-
vent, ils seront enchainés et emprisonnés à perpétuité. .
Le supplice commence. Le patient. est jeté à terre sur le ven-
tre ; ses vêtements sont relevés ; deux nègres tiennent les jam-
bes, deux autres tiennent les bras ; les exécuteurs, placés de
chaque côté, frappent alternativement, à tour de bras, avec une
fo~e lanière tressée. Le sang jaillit vet·s le dixième coup. Le
patt~nt hurle, supplie, invoque jusqu'à perdre haleine. II s'éva-
nomt ... On arrète le supplice, on lui verse de l'eau fraiche sur la
tête.' dès qu '"l d . . f'
1 repren connmssance on recommence a rapper.
,C:estun spectacle affreux, mais exemplaire; et, devant l'énor-
~lte.du crime, toute pitié disparaît. On comprend, on partage,
d1lldignation du qaïd. La colère anime les témoins et les acteurs
s'.e ce. drame. On le sent hien à la violence des bourreaux qui
epmsent à frapper avec acharnement, avec fureur ...
Dn incident comique a terminé cette exécution.
De la terrasse, d'oü nous contemplions cette scène, le qaïd a
v~ l'un des nègres prendre et chausser les belleras de l'une des
~lctimes. Il a dit un mot à l'oreille de son moqadrlem, et, quand
e ~~~nier coup de lanière eut cing-lé les jambes sang-lantes du
trotstente
.
z . l . . , .J, •
emram, e negre, avant nwn1e u avon· pu pro erer
f.
~~cri, fut terrassé et fouetté d'importance, pour la plus !-)ralule
JOie de<• .
" assistants.
210 .\lj CŒiil\ !IF. L ,\TL.\S

Une heure après j'ai apert;u dPs uoirs qui traînaient les misé-
rables voleurs d'enfants, toujours t~vanouis et pantelants, jus-
qu'au cachot, où le forgeron les attendait pour river leur
chaine.

Mes itinéraires se ferment à Tazert, et mon journal de route


s'arrête là.
Page 210 bis l'lnnrhe L\\VII

L , Fi;.:·, -t;i:l.- Snppli•·t• ""!l'Ois wiP11rs ,r,•nfanls.


es deux [JI'L'IIIiet·s SOIII (•ll'lldlts. t'•vanonis, ail fond it gauche (page ::!0!)).

~Fiu.
· 1'"
"':"·- Suppli•'e inletTompn.'pat· l'l-vanouissemenl de la.vidimr.
tn esrlaw lui verst' dt~ l'eau froide sut· la lêh• (page 20fl).
CHAPITRE VIl

ÉPILOGUE

Deux jours plus tard j'étais rentré à Merrakech où mon col-


laborateur Boulifa m'attendait. Jamais la capitale de Yakoub
~1-Mansour ne m'apparut si désirable que de cette dernière
etape de la route du retour. Le svelte minaret de l'almohadine
Koutouhia me semhlait être, de loin, comme un phare planté
sur l'extrl\llle rive du monde eivilisè. Le Klwlifn :Moulev
el-Hafid, frère cadet, et frère favori du Sultan Mouley Abd
el-Aziz, me fit l'accueille plus courtois. l\'otre première entre-
VUe fut une longue et réciproque congratulation. Je lui exprimai,
avec toutes les ressources que mon vocabulaire trop indigent
fournissait à ma gratitude, la reconnaissance que j'éprouvais de
s~n intervention. Nul doute que je ne lui fusse redevable de la
liberté, peut-être même de la vie ! Lui, littérateur incomparable,
Ille contait, dans une langue somptueusement voyellée, sa joie
d'avoir pu me servir; heureux, disait-il, qu'Allah lui eût fourni
cette occasion de donner à la France un gage de sou bon
Vouloir .
. Quand nous eûmes absorbé le nombre protocolaire de tasses
de thé parfumé à la menthe, je me disposai à prendre congé
du khalifa. Il était visible pourtant qu'il gardait une arrière-
~e~sée. Ses phrases harmonieuses restaient en suspens ; il sem-
lait soucieux de dire encore quelque chose, et préoccupé de
ti•ouver une t ransttlon.
·· Au moment ou' Je · 1·1 pr1·t b rus-
· me l evat,
~ement son parti, et dit à voix basse, s'adressant à Boulifa et
a moi :
21~ AL CŒI.;l\ UE J, ATLAS

Auriez-vous IJUaliti~ pour l'aire en mou Hom t:PrtailiP etHll-


munication au ()ouvernellll'nt f'ranc;ais '?
.Je lui af'firmai <JUe, hien que dl~pourvu de tout mtuulat offi-
eicl, ,je pouvais h·a11smettrP discrètement et fidHement son
message. LP mieux Mait <JUÏl li' J•édig·etU sous la forml' d'une
lettrl' <JUI' jP rl'ml'th·ais au MinistJ'<'.
Il fut eonvenu lJUe je revieudrais le leudemain, et <JU<' j'pm-
porterais sa lettre. Mais le khalifa tint t'L m'Pxposer d<' suite
IJU ïl s'agissait pour lui d'mw affaire capitale. Sa situation à
Merrakeeh devenait impossible. Di~pourvu d'aq.;·ent et de sol-
dats il n'avait plus ni prestige, 11i autorité, 11i nédit. Son titre
de khalifa <'•tait purement honorifique. Pris entrl' la d<'-fianee de
son frère, le Sultan, que ses moi11dres aetf•s alarn1ail'Ut. Pt lïni-
mitiè des grands <Jaïds du Sud, jaloux de leur indt~pellllanel'. il
vivait misérahlement, entouré d'cspio11s ct d'ennemis. La France
ne pourrait-elle le protéger'? ... 1\"'avait-clle pas, en des circons-
tances analogues, aecor<lé sa protection aux Cheurf'a d'Ouez-
zan?
Il était tard <JUand cette confîdcnee prit fin. Des moghazni
allaient ct venaient autour de nous, intrigués de ee long ct mys-
térieux colloque. Ou allumait dèjà les cicrg·ps de eire jaune
dans les grosses lanternes multicolores. Le khalifa remit au
lendemain la suite de cet entretien. Il fut déci(li) q~e la lettre
serait rédig<'~c, et que nous la porterions au /Jou/a j"mncès, au
gouvernement de la France.
Le lendemain donc, après la prière de l'asser, nous frappions,
Boulifa ct moi, à la porte du Dar cl-l\lag·hzen. L'attente fut
longue ... Le Maroc est une école de patience ! Quand on nous
introduisit enfin, notre surprise fut grand~ de h·ouvcr lt> khalif'a
flanqué de deux Européens ! Tous deux portaiPnt, eommc moi.
le costume marocain, tous deux parlaient couramment L\rahe
ct le Frmu:ais; l'un Mait ltalieu, et avait mi11e <1<• <"olnpars<' :
l'autr·e se donnait pour Allema•ul ct se faisait magnifiiJUI'IIH'Ili
appeler le Docteur Bolzmann ..J'anticipe sur le eours dPs événe-
ments pour révéler de suite que ee person11a~·e, doublement
imposteur, n'était ni docteur, ni Allemand, mais Juif de Syrie.
Elève rabbin, rt>jetl· par ses coréligionnaires, il courait le
l'lanche L\XYIII

Fig. 15i'i. - Tazel't.- Qaçha dn tJaïd du (;]aoni (pages 1ï e\20i).

~·i .. 1'' .
.,. o.>ü.- Tazer\.- Cour intérieure; vrison, in1eruewcu1 tfun suvplicié (page 210).
ÜILOloU:

Maroc en quête de bonnes affaires. Pour l'instant, il exploitait


.Moulcy el-Hafi1l, qui le nu~prisait mais l'Pmployait ù toutes
sortes de hesog-n<'s.
Or, ce soir-lit, Bolzmann l'('lltrait prè('ist'mlCnt d'un Hlyage en
Europe.
Il rapportait it ~loulcy el-Hafid les achats dont il avait été
~harg6 et l[lwhrues menus cadeaux: un revolver Browning, une
JUllt<'lle trièdriqtH'. :\lais surtout il lui apportait une extraordi-
naire nouwllP : l'Empereur Allemand venait de 1léharqu('l' à
Tanger!
Cette visite inopinée était, à l'en croire, mieux qu'une sim-
ple escale de touriste, plus qu'une politesse vis-à-vis de Sa
Majesté Ch{'rifiennc ; c'tltait un grand t'wénement, dès longtemps
prémédité. (~uillaume II, ami des musulmans, venait offrir aux
~larocains le même appui qu'il donnait si opportunément aux
Turcs. Apùtre fervent du panislamisme, il voulait réconcilier
l'Islam d'Orient Pt l'Islam d'Occident; il rêvait de renouer, à
t~avers la .M1;diterranée et, plus au Sud, à travers le Sahara, les
hens dl:' fraternit1S rompus par l'intrusion des Français ct des
Anglais en ~\lg·érie et en Egypte ...
~louley el-Haficl, songeur, écoutait cc récit en ègrenant son
chapcl<'t .
. Sa perplexité semblait extrême, et, comme nous nous taisions,
il se renferma 1lans son mutisme, et nous laissa partir sans faire
aucune allusion à ses confidences de la veille.

Beaucoup plus tard, quand l'accord d'Algésiras eut éclairé sa


conviction, quand il eut compris la vanih~ des espérances con-
bues ce soir-là, Mouley el-Hafid revint à ses premiers projets.
n_ fit à ses avances tel accueil qu'elles comportaient, et, pour
sahsfairf' un désir que lui-même avait exprimé, le gouverne-
ment
. fran Ça1s
· ouvrit
· un d"1spensaœe
· a· Merrak ec l1. L' orgamsa-
·
hon en fut confiée au docteur .Mauchamp, un jeune médecin qui
Venait de diriger avec succès le dispPnsaire de .Jérusalem.
Mauchamp rêvait depuis lon~·temps d'entreprendre des étn-
214 Ail CŒUR DE L'ATLAS

<les m{Jdicales au Maroc. Ses travaux antérieurs l'y préparaient


a<lrnirahlernrmt; il savait L\ralw ; il nvait la passion des recher-
dHJS seiPntifirrucs, nnP vraif' sympathif' pour les musulmans.

Une curiosité très èelairée l'attirait Vf'rs ce mystérieux pays, où


la mr'Jdeeine devait trouver un champ d'action si intéressant, oü
l'apostolat du médecin pouvait être si fécond.
Lors de l'organisation de ma dernière mission, il fut l'un des
premiers à m'offrir sa collaboration. Il ne m'avait pas été possi-
ble de m'adjoindre un mèdecin, mais le Comité du Maroc réser-
vait cette honnc volontr'l pour la première œuvre qui solliciterait
son concours ; ct cette œuvre fut la création du dispensaire fran-
çais de Merrakech.
Mauchamp y réussit au-delà de tout espoir. En quelques mois,
il eut gagné la confiance de Mouley el-Bafid et acquis une
dicntèle. Les pauvres et les malades venaient à lui, de par-
tout, sans que son zèle d'apôtre se lassât jamais. Il n'avait que
deux ennemis : le hacha de Mcrrakech et Bolzmann. Le hacha
par aversion fanatique des étrangers, des chrétiens, par haine
aussi du khalifa dont la suzeraineté exaspérait son orgueil ;
Bolzmann pa1· jalousie, et surtout par rancune, car le hasard
avait voulu que Mauehamp connùt Bolzmann en Syrie et,
comme de justf•, il avait démasqué son imposture.
En mars 1H07 mon collahorateur Louis Gentil était revenu au
Maroc. Il s'était installé à Merrakech afin de rayonner dans
l'Atlas et d'y continuer ses enquêtes géologiques. Il employait
le temps que lui laissaient ses préparatifs de voyage à relever
le plan de Mcrr~tkech et de ses environs. Mauchamp, pour faci-
liter ses travaux et leur fournir un point de repère, avait érigé
un simple bambou au-dessus de la terrasse de son dispensajre.
Il se trouva quelqu'un d'assez lâchement criminel pour ameuter
le peuple contre cet inoffensif signal, pour persuader à la popu-
lace crédule ct stupide que ce hamhou était un mât destiné à la
télégraphie sans fil, et que la télégraphie sans fil était une
entreprise diabolique de pénétration et de conquête française.
Le 1Y mars Mauchamp fut massacré sur le seuil même de ce
dispensaire où, depuis dix-huit mois, il ne cessait de prodiguer
chaque jour les trésors de sa science et de son dévouement ...
l'inllt'h•· L\\1\

5-

'-

F,;.r. 1:1"7. -- La , isil P dt• n:n,pt'l"t'tll' d. \ llt•ninf! '"' ;, Tnn:;t•r ( 1!til:>).


Lï·:nipt'l'l'lll' t'ôlllsnnl nvt•t' Si Tt~rri•-; (l'"'iè'' -:.!l:l).

Fig. l:i8.- Ln visilt• dt• I"Elllpt'l'l'lll' t!".\llt•nla!!tlt' it Tnn:;·er.


Le •!aïd ~lat· LL'ôlll iiiii11ilie11 de !"t•s•·ul"le intpt.•l'iall' (page.2i3).
Quel rôle joua Moul<>y el-llafid dans cc drame ? On ne 1<>
saura, sans doute, jamais. Au premier moment, son attitude fut
parfaite. Il fit arracher ù la foule, par ses soldats, le corps pante-
lant que l'on traînait au hùeltci'. Il fit protég·cr lPs qu<>lquPs
Européens résidant ù "'lerrakech, et lPur fit donner des escortes
pour assurer leur exode. Mais, rlepuis, le machiavélisme féroce
du Sultan a fait douter de la sincét·it(~ du khalifa. Pour bien des
gens, le meurtre de Mauchamp, dùment prémédité, devait être
le prélude du grand soulèvement xènophohe qui jeta le Sud-
marocain contre ~fouley Abd cl-Aziz, ami des chrétiens ...
Uue l'on me pardonne cette digression où je n'ai cherché que
l'occasion de rendre un suprême hommage à mon hérolque
ami le docteur Mauchamp.

J'ai revu Mouley el-Hafid l'année suivltnte dans des circons-


tances épiques. C'ètait au lendemain des massacres de Casa-
blanca . .J'avais rejoint ù Rabat l'ambassade française, accourue
· à l'appel du rlMaillant Mouley Abd el-Aziz. Notre ministre,
· ~1. Regnault, et le général Lyautey s'efforçaient de remettre un
peu d'ordre dans l'esprit, les finances et l'armée du sultan, pen-
dant que notre corps de débarquement s'installait, autour de
Casablanca, sous les balles des Chaouïa. On annonçait que Mou-
ley el-Hafid s'était fait proclamer à Merrakcch, qu'il levait une
armée pour venir livrer bataille à son frère et jeter les Français
à la mer ...
Etait-il possible que mon ancien ami le khalifa poète etît à ce
point changé?
Quels étaient ses intentions, ses moyens d'action, ses alliés?
c
Ne pouvait-on lui faire entendre quelques conseils de sagesse ;
tenter de réconcilier les frères ennemis ?
Avec l'autorisation du Ministre de France, et l'approbation de
M~uley Abd cl-Aziz, je résolus d'aller poser à Mouley el-Hafid
lm-même ces graves questions. Et voilà pourquoi, un mois et
de_~i plus tard, j'étais installé dans le camp du prétendant, au
~ilieu. dé cette légendaire harka qui partait pour la conquête de
Emptre chérifien.
216

.Je transcris i<"i les pages du journal de route qui rt'late mrs
entretiens av('(· MoulPy PI-Hafid Pt son ~TarHl vizir le qaïd du
Glaoui.

Bou Og·gas. Camp de :\loult>y Pl-Jlafid,

28 novemhre 1907

En d•~pit des pronostics, des racontars, des invraisemblan-


ces mêmes, Mouley el-Hafid, sultan Bcn-Drahou, sultan de par
sa volonté, comme on dit ici, est sorti dP :\lcrrakech. Il n'avait,
prétendait-on, ni prestige, ni argent, ni armes, ni soldats; je
suis pourt;mt dans son camp, un camp de 500 tentes environ,
planté à 3 kilomètres des remparts de la capitale, bourdonnant
comme une ruche, grouillant comme une fourmillière. A pre-
mière vue, j'estime à 6.000 hommes la barka hafidiennc; on
compte qu'elle sc doublera par l'appoint rlcs tribus du Houz.
Mais elle peut aussi fort bien fondre de moitié, pour peu qu'on
la paye mal ou que la mouna soit maigre. Quelle peut être la
valeur militaire de cette horde '? L'avenir nous le dira. Mais,
de toutes les troupes marocaines qu'il m'a Mé donné de voir,
depuis tantôt dix ans que j'explor·c l'Empire Chérifien, celle-ci
est la plus misérable et la plus déguenillée.
Le nouveau sultan s'est préoccupé surtout d'entourer sa jeune
majestt~ des apparences traditionnelles. Son campement est
l'exacte réplique de celui de son frère ; son afrag, cette muraille
de toile qui enveloppe ses Ü'ntes personnelles, a les mêmes
•liuu'nsions que celui de Rabat. L ne étonnante musiquP, compo-
st'>c de quelques pistons que rythme une terrible grosse caisse,
joue, en cc moment même, un air arabe. Un souffle d'enthou-
siasme semble animer cette petite armée : ce n'est peut-être
que l'excitation de la première étape, que lajoie de faire hom-
hancc en soir, après avoir touché une première solde et reçu
cinq cartouches par tète ... Les pessimistes. ct il n'en manque
pas dans cettr troupP rP<TUt<;e moitié de gr<\ moitié de force,
prMendent que l<' h·<;sor pst vidP, qtw déjà les munitions man-
quent. :\louley el-Hntifl parait cependant rouler sur l'or.
Que d<' l<'~g·<'ndf's Oll a fait COUl'iJ' sur rori~·in<' de C.<'S heaux
clouhlons <'spng·nols, <lont l<•s plus jPunes ont un sièclr, ct qui
ruiss<'ll<'nt aducll<'mPnt sur }p nwrclu'~ <k :\(errakeeh! La version
offiei<'lle <'st rpw lP sultan a fait omTÎl' 1<' trùsor de la Djchad,
amass<; pat· son ancètre ~\louley Ahrl Allah pour permettre
aux nmsubnans <le faire la ~ni<'rl'<' saint<'. L'ne vieille né:nesse
du palais, seule détentric<' rl~t Sf'eret de Ce h•1>sor, raurait ;évùlé
au sultan, qui, du coup, s'<'st trouvé possesseur <le 24 millions
de pesetas. Suivant une version moins merv<'illeuse, mais plus
vraisemhlablr, :\loul<'y <' 1-Hafid a mis la main sur un trésor
enseveli, vers l<> milieu du siècle drrnier, par un richissime
commerçant de :\lerrakeeh, nommé El-ArJ1i Ben Arab. Les
Inar:ons qui démolissaient les ruines de sa maison auraient trouvé
des caisses pleines de doublons. Le sultan en aurait eu vent, et
s'en serait cmpart>. Cet or donne au jeune som·erain un prestige
considérable. Les doublons ont couru de mains en mains jus-
qu'aux tribus les plus reculées de la montagne, jusqu'au Sahara
même, recrutant les adlu'•sirms, racolant les soldats. En reste-t-
il assez aujourd'hui pour amener rf'tte horde jusqu'à son hnt?
C'est le secret drs dieux.
Ce hut, tout }p monde parait l'ig-norer. Les uns disent que
1
'?~ Inarche contrP Anflous; les au;res prètendcnt que l'on sc
<hrige vers la province de Chaouïa, contre l\louley Ah<l cl-Aziz
ou b'
ten encore contre ~Iazng·an. Les trihus du Houz assurent la
subsistance de la colonne ; ;Iles pavent aussi un<' contribution
de guerre que prélèvent des ouman.a envoyés en fourriers avec
des détaclwments <le soldats. La seule tribu des Aït-lmmour,
chez qui j'ai couché la nuit dernièrr, a dù payer100.000 pesetas,
et fournir en outre une quantitè considérnhle de vivres et. de
fourrages.
L'illlpression qui ressort de cc premier contact avec la barka
hafidienne est médiocre. Elle fait reffct <l'une armé.e très pm~-
rile ·' son
· camp a l' mr
· <l' un JOUe
· t <ans
l ce tt e Immense
· p l ame
·
de Merrùkeçh, enca<lré entre les collines mauves des Djehilet
218 Ali CŒUH llE L'ATLAS

et l'Atlas tittmiqu~, étinePlant ri~ n~ig·p: entr~ la palmeraie som-


]))'(~ d'oit r~nwrg-c la Koutouhia. pt lP !'ourhant d'apotlu\osf' oü le
solf'il vog-uo dans un ciel rl'm· Pt dP pourprf'. Sans doutf', ee dt~eor
1\eras~ l'arnd~P dn 'loulPy Pl-Hafirl. mais comme il est sPyant
au rèvP ht~roïrrue dP c~ jPunr> souvf'T'ain !JUi part ce soir pour la
conquêtf' d'tm cm pirr> ~

2.9 nrwembrf'.

Un coup ri~ canon nous t~vPillP, inuntHliatement suivi d'une


aubade de la musique clu'•rifiPnne. Lf's mystr'>rieux musiciens,
que l'afrag du sultan df.rolw à notrP admiration, paraissent ce
matin n'Mr~ plus que trois : un piston, une clarinf'tte ct la
redoutahle grosse caissP. Unf' g-rand~ rumeur monte du camp;
les hêtf's s'r~hrouent, les soldats chantent ou crient, les gens des
environs apportPnt ks provisions dP houclw, un clairon s'épou-
monne à souffler lm air hâta rd où se mélangent, en une harmo-
niP douteusP, mais touchant!', lPs sonneries anglaise ct fran-
r:aisP du r{•veil. LP tPmps Pst gTis. Cc somhre lendemain d'une
radieuse soit·éc pourrait hien t•tre sym hnlirp1e, mais personne
Il 'y SOng'f' ICI.
Le vif'UX chr~rif de Tanwsloht mf' fait l'honneur df' déjeuner
sous ma tente. Puis il rentre dans sa zaouïa. Cc S!tgc regarde de
loin et de haut les événements présents. Sa zaoura, très fameuse,
est richf', ne paye d'impôts à pPrsonne et ne relève que cl' Allah.
L'excellent vieillard voudrait concilier les choses et réconcilier
les frèrf's ennemis en leur octroyant à chacun une moitié du
Maroc : à l'un, le Nord, dt'limitô par l'Oum er-Rebea ; à l'autre,
le Sud, de l'Oum er-Rf'hea au Sahara, Il appuie sa thèse de
l'exemple des derniers Mérinides partageant l'empire avec les
premiers Almohades, ct je l'afflige beaucoup en lui exposant
les objections qui m'emp~ehent rl'aecepter son idée et de la
soumettre à Moulcy el-Hafid.
Vers midi, la nouvelle sc répand qu'on ne bougera pas.
L'exode de Merrakech est pl~nible ; le matériel n'est pas com-
plet ; cPrtains contingents manquent encore à l'appel.
ÉPILOGm: 2l9

Le ministre de la guerre, tfUÏ porte au :vlaroc le titre d'allaf,


me fait prier de venir le voir;\ trois heures. Ses tentes occupent
à peu près lf' centre du camp, !'t un peuple de clients, sollici-
teurs, ou secrt)taires, en assit'~g·c l'entrée. Dès qu'il m'aperçoit,
Sid eV\iadaui, r1aïd tlu Gla~ui, fenù la foule qui l'entoure,
Ill'entraine devant sa tente, m'otl're un siège et me prodigue
t~u~ les aimables compliments dont. ln lnng·ue arabe est si pro-
digieusement rie he.
Voilà deux années que nous nP nous sommes vus ; et, depuis,
que d'événements! LPs hanalitès et les nouvelles déblayées, nous
~n Vl:'nons aux paroles gT<n·es. J'ai promis au rpïd de rapportPr
Impartialement ses déclarations; je lf's résume en en respectant
l'ordre et, autant r1ue ma mémoire nw le pPrmet, la forme :
- « Nous somm!'s sortis (k \lel'!'akPch, me dit-il, pour faire
quelque chose. Le temps des paroles n'est plus, celui de la pou-
dre est venu. Tout le mondP hlâmait notre inaction; on la pre-
nait pour de l'hésitation, pour dP la faiblesse ; ce n'était de
no~re part que de la patience. ~ous voulions espérer que les
P~lssances curopùennes dPmeurcraient neutres, sc contente-
rawnt d'assister ù notre luttP. Nous IW l'espr'·rons plus: on donne
assistance à ~iouley Ahtl el-Aziz ; on transporte ses troupes,
on lui prête de l'argent! Vous avez beau prétendre que c'est
son droit d'affr!'tcr vos navires pour transporter ses mèhallas
et d'envoyer ù. A1lflons un dPs instructeurs algr'~riens qtw vous
mettrez à sa disposition, nous savons bien !JUC tout cela sc fait
ave
c votre concours ct sur vos conseils. Nous ne sommes pas
rles enfants que l'on puisse hern er ; nous prouvProns que nous
sommes des hommes.
» Vous êtes mal venus, vous autres Fraw:ais, à nous contes-
ter le droit de fair<' une révolution! L'ordre des choses, au ~laroc,
était pitoyable ; vous-mèmes en conveniez avec nous. L'anar-
chie r.egna1't partout ; e l l<' amcna1t. <l cs accu. l ents, <l cs massa-
cres
. '
qu. t' . l , . . . t'
l mo IVaicnt votre egltune mterven wu, ma1s qm cau-
. .
saient chez nous une humiliation et un malaise dang<'reux.
>>N
1
ous avons résolu de supprimer la cause du mal, et nous
voulons r!'tahlir l'ordre, la séeurit!\ ouvrir le pays à tout le
monde, Yfaire pénétrer la tolérance et le progrès. \.bose étrange,
2~0

1:'est vous qui vous mettf'z PH tr·avf'rs de notre mouvement!


Vous, qui vous faites l<'s dMPnsPurs de l'anarchie ct du désor-
<lrf'! Nous vous PH supplions Pneore, au nom de l'ordre, au
nom des sentirrwnts amicaux <[Uf' nous inspire la France, recom-
mandez aux Europ<lens de ne pas intervenir dans les opérations
que Hons entreprenons. Nous n'allons pas it la guerre sainte ;
nous respecterons ceux <[Ui rPstPront neutres ; nous ne voulons,
it aucun prix, provoqtwr un deuxii~me massacre comme celui de
Cnsahlancn ~ ''

Cet entretien avait f'U lieu devant mw dizaine de personna-


ges, <lord le grand qadi Mouley Moustapha, des ch<lrifs et des
<[aïds. Je promis de r<'pètt>r fidi>IPHHmt <'f'S arg·mnPnts, mais le
qaïd du Glaoui m'a pri<' 1l'Pn soumettre d'ahord les tPrmes à
Mouley el-Hafid, qui doit mc recevoir à cinq heures.
ün mokhazni se pr<'~eipite hif'ntôt dnns ma tente, ct m'avertit
que le sultan m'attend. Il me eonduit sous une tente verte,
rehauss(~c d'applications rouges et relevée en dais sur sa face
oriPntale. Sa Majest<\ ch<'~rifîenne est assise lorsqu<' je pénètre
sous cette tente. Le siège qui porte le sultan est un large fauteuil
de fer it roulcttf's d'ivoirf' ; il y Pst assis, les jamhes reployées,
iL la mode arabe, sur un <'~pais coussin de couleur saumon assorti
à son caftan. La belle flg·urc du jeune souverain, très foncée mais
plutM euivrl~e que hronzée, Pst encndrl•c d'une harhe courte,
harmonieusement coupt'\e. Ses traits sont réguliers et empreints
<l'une grande noblessf'. Il porte à la main droite un diamant
assez heau, enchâssé dans une monture d'(~mail bleu. Le ministre
de la guerre, Sid el-Madani, est assis à terre, en face du sul-
tan. Je prends place à côté de lui; un cercle de mokhaznis ct de
dignitaires nous enveloppe à distance respectueuse.
Dix mitrailleuses, montées sur trépieds et soigneusement
encapuchonnées de cuir rouge, et quatre petits canons sur affûts
à roues sont rangés dPvant nous. Au fond, l'Atlas se dresse
impérieux et splendide.
Les compliments prMimimLirPs sont brusquement interrom-
pus par le coup rle canon elu mog-hreh, aussitôt suivi d'une inter-
; .
. .::1

"'....

;~~t:.:
1
. ~(,
_që~~­

-------- ---
ÉPILU\JLE 221

minable sonnerie de dairons pt d'un rotÜPmcnt 1le tambours. Le


sultan nous fait signe d 'attcndre la fin d<' el' vacarmc; il reste,
pendant cilH[ minutes, dans une immohilitl'· hiératique, plongé
dans la contemplation 1le son rèvc intèrieur . .J'ai le loisir 1le le
hien reg·arder, et, tout naturellement, j'én>que l'image df' son
frère, ~louley Abd el-Aziz, <lf'vant qui j'étais en pareill<' pos-
ture, il y a un mois à peine. Cf' lui-ci cst plus majestueux, l'autre
était plus sympathiqu{'; ~Iouley cl-llatîd parait ètre un homme,
Mouley .\Ld el-Aziz était un éphèlw.
Ces contrastes mc rcmcttcnt en mémoire une boutade que
l'on prête au qaïd du Goundafi : « Si leur père n'etH fait qu'un
fils de ces deux enfants-iii, ee fils serait parfait. >>
Mais les clairons sc sont tus, la clameur des muezzins s'est
éteinte, le silence est devenu complet; l\loulcy cl-Hafid sc pen-
che en avant pour se rapprocher de nous. La conversation com-
n~ence alors. Le sultan parle d'une voix harmonieuse, an•c une
VIvacité contenue :
- (( Sid-cl-l\ladani m'a rapporté votre entretien. Tout en est
~Xact. Tu nous ofl'res une occasion de faire entendre nos paroles,
Je suis heureux d'en profiter. :\os griefs sont justes. Nous
demandons à vider notrc I{UCrellc librement, sans c1ue la France
favorise nos ennemis. On nous accuse d 'ètrP le sultan de la guerre
s~~nte ! Déclarc hien que e 'est faux. "\ucun dc mes soldats
n tgnore qu'on les conduit conh•p Ahd 1'1-Aziz. Seulement, que
la guerre sainte s'ensuive, la chose est possible! Il ne tiendra
qu'à vous qu'elle ne soit pas ùéclarc'~e. Tu prétends que les
hommes de Mouley er-Hechid o11t attaqué le g·énéral Drude à
Casablanca. Ce ne sont là quc des isolés, et je les renie. Tous
nos efforts ont tendu, au contraire, it contenir les Chaouïa. Ce
qui met le comble à notrl' désappointement, c'est le débarque-
ment à l\lazag·an des soldats d'Abd el-Aziz, nos ennemis, par
des bateaux français.
>> Je lllarchc <lemain eonh·p l\lazag-an pour livi cr lmtaillc aux
tr~upes de mon frère. (luc dois-je fairP ·? Je veux t\viter à tout
Pl'l~ de léser les Européens. Je d{~sirc qu'ils n'aient aucune
cramte. Connnent y parvenir? ... Tu mc dis qu'en pm·eille occur-
rence, on fa.it une déclaration officielle ..Je la ferai. Mais pour
222 AU C<EUH m: L'ATLAS

donner plus de force à ma dt'~daration, je vais l'écrire. Tu


porteras ma lettre au consul d<> Mazagan. Elle lui affirnwra que
mes intentions sont seulement de eomhattre mon frilrc, ce qui
est mon droit. Je veux, pour mieux attcster encore ma volonté
de respect<>r, de protéger mènu' h's Européens, les prévenir du
jour de la bataille. Ils viendront dans mon camp, sous ma propre
tente qui leur servira d'asil<>. Aucun pillage ne sera toléré;
aussitôt le combat te1miné, 1'01 dre régnera et la confiance
renaîtra» ...
Pendant cet entretien, qui fut long, car j"omets les objections
que je m'pfforçais d~opposcr aux rai&oHs du sultan et aussi les
compliments personnels dont il usait pour me convaincre, la
nuit était tombée. Un serviteur noir, à pas discrets, avait apporté
une gigantesque lanterne marocaine dans laquelle hrùlait un
cierge vert, et c'était vraim<>nt une scène étrange qu<> ce con-
ciliabule passionné ct secret, tenu à ciel ouvert, à la lueur falote
d'une bougie, au cours duquel cc jeune souverain, plein de
confiance, précisait ses volontés ct comptait, comme des réa-
lités échues, les étapes victorieuses de son épopée.

30 llorerr,bre.

Mêmes manifestations musicalPs et guerrières qu'hier matin.


Un grand vent de Nord-Est secoue les tentes qui claquent avec
un bruit de voilures. Quelqtws gouttes de pluie crépitPnt sur la
toile. Il fait froid, et le camp parait morne. J'ai encore dans
l'oreille la voix vibrante de Mouley el-Hafid me disant : 11 Je
marche demain contre Mazagan pour livrer hataille aux h·oupes
de mon frère!.:. »
Ce lendemain n'est pas encore levé, parait-il, car un servi-
teur du sultan me fait prier de surseoir à mon départ. Sa Majesté
chérifienne désire m'entretenir à nouveau de ses intentions ;
elle ine demande, en conséquence, d'être encore son hôte pour
quelques jours, et, puisque j'ai manifesté le désir de me rendre
à .Merrakech, elle fait donner ordre au hacha de mettre u.ne
Page ~~2 bis Plan<'he LXXXII

Fig. 162. - Le camp de ~louley el·Hafid à Zaouia ben Sassi (page 224).

-,-;

Fig. 163
· - Le voyageur Ahrned ben l\lejâd, sur un cheval du Houz (l\lerrakech).
Don de Mouley el-Hafid (1905).
ÉPILOGUE 223

maison de la ville à ma disposition. Je n'ai aucune objection à


opposer à cette courtoise invitation.
Si convaincu que je sois, maintenant, de l'inutilité de toute
tentative conciliatrice, du moins ai-je le devoir de ne pas
repousser l'occasion qui s'offre de renouveler des conseils de
Prudence et de sagesse. D'ailleurs, le nouveau hacha de Mer-
rakech est El-Hadj Thami, frère du qald du Glaoui, l'un de mes
compagnons de route dans l'Atlas.
Il met tant de bonne grâce dans son insistance que nous voici
sur la route de Merrakech. Elle est noire de monde, ou plutôt
grise, car piétons et cavaliers sont en majeure partie vêtus du
long kheidouz de laine à peine désuintée. Voici pourtant des
montagnards, engoncés dans leur akhnif noir étrangement
~rné d'une large tache rousse ; puis des gens du maghzen, fonc-
tionnaires ou chérifs, encapuchonnés dans le selham de drap
bleu, vêtement uniforme des patriciens; puis des soldats, por-
tant la chechia pointue ; des cavaliers berbères, qui vont tête
nue sur leurs chevaux efflanqués ; des femmes étroitement voi-
lées, montées sur de belles mules, que des nègres conduisent
aux tentes de leurs seigneurs ; des filles traînant leurs babou-
:~es brodées dans la poussière rouge d~ la piste ; puis, ~nfin,
Innombrables mendiants, chantant, pnant, clamant et mvo-
'lllant la charité des passants par tous les moyens imaginables,
et au nom de tous les saints de l'Islam .
. Au milieu de ce peuple affairé s'écoule, majestueuse et
lUte .
. l'llUnable, une caravane de chameaux chargés de mysté-
l'leuses cages. Nous croisons un lourd affût sans roues que por-
tent quatre chameaux accouplés, mais de canon point. Un de
. . vOlsms
Ines · · me conte que le canon n'a pu être enlevé des rem-
patis ; il me dit aussi, et ses confidences me plongent dans une
~ande perplexité, qpe les neuf mijrailleuses sur trépieds, que
~dm.irais si ~alvement hier, datent de l'avant-dernier sultan .
. les aurait trouvées dans u:qe kasbah. En y repensant, il me
~ent à l'idée qu'elles ont une curieuse structure, ces mitrail-
Uses Bi luisantes dont le mécanisme est si soigneusement
envelopn.~. de cwr· s:1-•! ·
Il .l"' llJ.èLll •••

lne confie d'autres secrets encore, mon précieux voisin :


ilnùd'firmc que la solde n'a pas dt'• pay•'~p lh-puis 15 jours; on
la n•rsc aux arrivants, conum· don dP J,iPnvPHue, au taux d'une
demi-peseta par tète ct par jout·. "ais, sur cette somnH', le
soldat 1loit sc llourrit·. En cc moment, pour calmPr les récri-
minatious, 011 distribue aux troupes les ~~normes approvisionne-
ments qw~ les tribus voisines apportPtlf chaque matiu. N'empê-
che 11ue des protestations s~ font e11tendre. et j'apprends que
cette ~o:;rawle elamcur des soldats, voisins de nos tentes, que je
prenais pour urw invocation, signifiait: «Nous r1;elamons notre
moww, au nom de Dieu ! >>
Nous entrons dans Mcrrakech par la llah Erkah ; en nous
retournant, la t•oute apparait comme une traitu·~~· de fourmis. Il
sc peut hien que ~louleyel-Hafid u'ait ui armes ni aq..:·ent, mais,
incontestablement, il a des hommes, d s ïl pa1·viPnt ù les au• e-
n er en face de ceux de son frère. ce sera mte prodi~·icus<' bataille
que le heurt de ces deux hordes harhares, quP le choc du
royaume de Fez contre celui de ~lerrakeeh.

Zaouia llcn Sassi, -4 décembre

l\le vowt ren•nu a la mahalla de )loulev d-Hafid. Je la


retrouve caiHpée sm· la rive droite de l'oued 'fensift, en face de
la petite et pittoresque zaouia de llen Sassi, dans la jen1aa
duquel Mouley Pl-Hafid cdt~hret·a, demain, la prière hebdoma-
daire.
Le camp escaladP les ll<'rnièrPs pentes 1les collitws chauves
et pierreuses des Djebilct. On y domine toute la plaine de ~[er­
rakech, qui s'allonge comme un immense couloir entre les Dje-
bilct ct le Haut-.\tlas. La ville aux maisons t•ouges, aux cent
mosquées, aux remparts monumentaux sul'montés de créneaux
croulants, flan<jués de tours efl'ondrécs, Merrakcch, la capitale
de Ioussef ben Tache fin, centre relig·ieux, économique et poli-
tique de tout le Sud marocain, surgit au milieu de sa palmeraie,
de ses olivettes ct de ses jardins, impérieuse et superbe. De
près, ce n'est qu'mw ruine. Ainsi de toutes choses en ce Maroc 1
A nos pieds, J'oued Tensift noue et dénoue C"apricieusement,
connue des ruhans dt> moire, les cinq ou six torrents ou ruisse-
lets ' ou· son cours sP partag·e.
, La mahalla est plus grouillante, plus bruyante encore aujour-
d hui que de coutume. Cne caravane de trente chameaux vient
d'apporter de Safi les uniformes de la harka. On habille les
honunes. L'allaf (ministre de la guerre) Sid el-.Madani a fait
planter une grande koubba à 500 mètres en avant du front de
1
:mdière~ Des contingents d'infanterie sout massés, je devrais
dire par·qués, entre 300 cavalier·s formés en carr{~, le fusil haut.
O~ fait défiler les hommes uu par un, devant les distributeurs
qur les dépouillent de leurs haillons ct les revêtent de la veste
rouge traditionnelle.
J'ignore quelle maison de confection a livré ces abominables
vêtements. L'étoffe en est détestable; les coutures cèdent dès la
première tentative d'essayage; et les misérables recrues s'en
vont, gauches et gênées dans leur nouvelle tenue, rajustant leur
caleçon minable et leur éclatante et ridicule livrée, dont les
lllanches, à demi arrachées, pendent lamentablement .
. Les chefs, qaïds mia (centurions), qaïds rcha (chefs de tabor,
c est-à-dire de bataillons) reçoivent à part des vêtements plus
co_mplets, plus somptueux, vestes, culottes et gilets de toutes
te~tes, et burnous blancs ou gros hleu. Il parait que les che-
chras et les belras ne sont pas encore arrivées. La troupe ira
~ête et pieds nus, sauf à se coiffer et à se chausser à sa guise, et
a ses frais. Voici vingt jours que les soldats n'ont pas touché de
solde ...
De loin, en me retournant, j'admire le fourmillement poly-
~hrome de cette armée hafidiste, puérilement fière de ce ruti-
ant uniforme, gag·e incontestable de son rôle chérifien et de
se~ destinées glorieuses. Tout cela, comme tout au Maroc, n'est
qu apparences et mirages ...

5 decembre

Le ministre de la guerre, Sid el-Madani, me convie à déjeuner


avec 1 · L
t Ut. e repas est servi sous un pan relevé de sa gt•andc
ente conique .. Cne bousculade, plus rude peut-être qu'il n'était
15
~26 AU CŒUR DE L'ATLAS

nécessaire, refoule ct disperse lP pPuplP dP solliciteurs, clients


ct mendiants, <JUi l'assiège. 1\ous voici seuls pour trois grandes
heures, ct j'en profite pour· tenter de faire p<~nétrcr une idée de
conciliation dans l'esprit de mon hùtc. Dès les premiers mots, il
m'arrête:
- « Tu viens ici, me dit-il, nous le savons depuis un mois, por-
teur de paroles de paix. Mou)cy Abd el-Aziz t'a prié de tenter
une réconciliation qu'il désire, ct dont la condition serait le
pardon général, ct l'oubli de notre entreprise. Sois de même
notre porte-parole. A son offre de clémeueP, nous répondons:
>> Un des deux sultans est de trop; si tu peux quelque chose,

sors, ct viens nous combattre ; si tu ne peux rien, va-t-en!


» Mais, continue ardemment le <Jaïd, Abd el-Aziz se gardera
bien de sortir! Son vieux maghzen, fourbe et adroit, s'efforce
de déchaîner la guerre-sainte, de pousser nos partisans contre
vos soldats, avec l'espoir de vous faire faire la guerre à votre
compte, à son profit ; et vous serez, encore une fois, ses dupes,
si nous n'arrivons pas à faire entendre à temps nos supplicatiuns
de neutralité. Ce que nous d<•mandons est-il donc injuste ou
excessif? Un peuple n'a-t-il pas le droit de renverser un gou-
vernement qui le ruine ct l'opprime"? Tu nous dis que nos
déclarations de la première heure ont alarmé la France parce
qu'il y fut question d'un retour à la situation du Maroc au ten1p6
de Mouley cl-Hasscn, d'un appel à toutes les puissances de
l'Europe, parce que nous paraissions vouloir méconnaître l'acte
d'Algésiras ct la situation privilégiée de la France, et désavouer
les dettes contractées par le gouvernement de Mouley Abd
el-Aziz. Rien de tout cela n'était dans nos intentions. Tu sais
mieux que personne <JUe nos sympathies nous portent vers la
France. Que n'a-t-on voulu causer avec nous! Tous ces malen-
tendus eussent été aplanis en une heure de discussion, et la
France aurait su <JUC notr·e plus ardent désir est de conserver
ses symputhies, de l'avoir, plus tard, <JUand Allah aura fait
triompher notre cause, pour amie, pour conseillère et pour
auxiliaire. Notre fierté est trop grande pour que nous sollicitions
de vous aucun concours avant la victoire. Seulement, dis bien à
ceux qui pourront t'entendre qu'il est injuste d'aider nos adver..
t:PILOGUE '::!27
saires et , par consecJUPnt,
. ·
cle nous trmh•t· · nous qut·
en ennenus,
combattons pour la justieP, pour lP hiPII ei pour le progrès.
)) . '· '-'' . f . ') l
~~ llOUS HVIOIIS pPllSé fJUC VOUS y USSH1Z ilCCPSSl J CS, noUS
Vous aurions fait des promesses supérieures il celles de nos
adversaires. Mais ecttp surPnchèrc nous a paru indigne de vous
et ÙP nous. Qu'on attende l'heure de notre triomphe, Pt l'on
v~rra si nous savons facilitPr les Pntrepriscs agricoles, indus-
trielles et commPrciales... "
J'ai promis à Sid el-Madani de lui soumettre le résunH) de
notre entretien ; c'est elire que je m'attache à en respecter le
sens et, autant que possible, la forme. Ce que je ne saurais ren-
dre, c'est l'accent de sincérité de ce plaidoyer.

6 décembre

. .Le jeudi est traditionnellement consacré par le sultan aux


JOI:s intimes. L'afrag chérifien est resté discrètement clos hier,
ll_lats on m'a fait prévoir que je serais favorisé, ce soir, vers
cmq heures, d'un définitif et suprême entretien.
En efl'et, au coup de canon du mogreb, un moghazni est venu
me prendre, et m'a conduit sous la même tente verte où je fus
Ill~né l'autre soir. Le ministre de la guerre Sid el-Madani
Ill Y a précédé. Point de périphl'ases ni de circonlocutions. Les
compliments d'usaB·e sobrement échangés, Mouley el-Hafid
:ntre, de plein-pied, avec volUbilité et feu, dans le sujet qui lui
ent tant à cœur :
.~ cc As-tu songé à nos arguments? :\otre bonne foi t'a-t-elle
~enetré; la droiture de nos intentions à l'égard des étrangers
test-elle
d apparue ? 1l faut que l' on comprenne b'1en l a gravi't,e
e ~a situation. Tant que nous fûmes dans la période de prépa-
ration et d e concentratwn
· on a pu se leurrer sur notre b ut et se
'
llléprendre sur notre fo1:ce. Aujourd'hui, nous marchons au
grand jour. Notre but est Mouley Abd el-Aziz; nos tentes sont
:u soleil! Compte-les, et ajoute à leur effectif nos mahallas
t ~arses dans toutes les directions, ainsi que les contingents des
rihus prêts à. se joindre à nous. Ce n'est plus avec des paroles
228

de misùricor<le, ct des eouseils de sagcss<~ qu'il faut nous ahor-


der. l\ous voulons une r<~ponse pt•<\cisc Pt loyal<'. :\"oh·e qw•stion
est ccllP-ei :La Frnnee a-t-ell<' naiment pris fait et <·ausP pour
.Mouley Ahd el-Aziz, comme tous vos journaux le puhlient "?
>> AccèdPra-t-f'llt> it notre J'P<juêtc, en restant tùmoin dt> noh·e

lutte "? On nous doit la vét·ité, ("ar il est évidPnt !JUP notr<' cam-
pagne s'orientera suivaut voh•c r<·~pousc: ct ccci n'Pst pas une
menace, mais l'expression d'une fatalité dont vous ètes les
arbitres, ct qui sera pour uous iuéluetahle. ~ous sommes encore
à quelques Mapcs de noh·c ]mt, ct, de même <JU<' vous ;n·ez
douté de nos fon·es, de notre aetiou, vous doutez encore de
notre campagnP, ct vous attf'ndrcz la cPrtitude de la dPrnière
heure pour répondre à nos objurgations. :\"ous ne saurions nous
en offenser; lïgnorancP sf'ule est cause dl' votl'e silcuct>. )lais,
quand je serui devant Mazagan, il importera <JUC j'aie un eutr<'-
tien avec le consul fran<:ais, <JUe j'éelumge, av<'c un plénipoten-
tiaire fran<;ais quelconqu<', la promesse de n Ïn<juiMer eu rien les
Européens contre la promessf' de la neutralité de la France.
» Je ne suppose pas que le faeile dlll>ar(jUement des troupes
de Mouley Abd el-Aziz, appuyé pal' la présence de vos frégates,
vous fasse illusion quant aux sentiments des populations de
Mazagan. J'ai occupé ~lazagan sans soldats, fjUatHl il m'a plu.
On la reprend de force: e'est hien ! Mais la venue de ma har~a
pourrait modifier· les choses. Cc n'est pas, en efl'et, avec cette pOl-
guée de soldats que vous avez débarqués que la ville me résis-
tera. Donc, ou mon frère viendra la défcndl'e, ct Allah jugera
entre nous deux ; ou bien Mazagan nous reviendra par un
brusque revirement dont notre prévoyance et notre sollicitude
voudraient épargnet• le <langer aux Européens <JUi habitent
la ville. ))
A ce moment de notre cntrcticu, un moghazni s'appt•ochc du
ministre de la guerre et lui remet une missive urgcute. Le sultan
la prend, la décachète fébrilement, taudis que le soldat bauss~
sa lanterne pour faeiliter la h•eture. Moulev el-Hafid lit ,-ite. a
voix haute, et emphatiquement. Cette lettt·c émane du chef
d'une mahalla <lui opin•e eu avant de la eolouuc, coutre les
Seg·hnrna; <:>Ile rewl compt<' d'un cng·agenwnt qui <:>ut lieu hier
Ü'ILOGtE

Pt r1ui dura plusiPurs heures. L"<>nnPmi a été " rompu '' ~tqum·­
St?~ou) aYee <lPs pPI'tPs sèJ'ÎPUSPS. Le qa'id, en ;muow.;aut sa vic-
ton·~, ajoute rfuÏl Pst l<~g-èr<~nwnt hless{~ au hras. ~louley r~l­
Hahd <>xu}tp ê\Y<'<" un sourii'P <lP tJ·iomplH•.
- '' Eu J'(;sum(•, eontinue lP sultan, tu pars rlPnwin, tu nous
as ~us, tu nous as entendus, tu uous as compris. Puisses-tu con-
Yam:re tes eoncitoyens que nous ne sommes pas les fanatiques
!;tupules qu"on lPm· représente ! ~ous lW demandons ni con-
eours comprom<'ttant ni secours dispendieux. ~ous rôclamons
seulement lP <h·oit fl'cn a ppelcr, entre mon frère et moi, au jug-e-
ment dP HiPn. "

La suite de cette épopée appartient à l'Histoire : Mouley


el-Hafid, mettant à exécution ses menaces, fait appuyer, par ses
mahallas Pt sps canons, les agressions des Chaouïa dissidents
con~rc nos troupes. En février 1908, il se met en marche vers
le .1'\ord, avpc toute sa barka, et défile, de flanc, à portée de nos
postes, narguant le général d'Amade que des ordres malencon-
tr~ux contraignent à l'inaction. Il entre à Fès en triomphateur,
fa tt dépospr solPnnellemcnt son frère ct prend le titre de Sultan,
sous lP nom de )louley el-Hafid Pl-Ghazi, « le Victorieux » !
Depuis lors, la Fortune n·a cesst; de lui sourire. Sans cesse
•nenacé., Illats · t OUJours
· ·
trwmphant. 1·1 a vamcu
· 1es Bem· 1n ~"t"Ir e t
l~s Zenunour qui avaient olu ::\louley cl-Kcbir; il a réprimé la
~ehellion du chérif t>l-Kittani ; il a saccag-(~ les territoires des
u~ad el-Hadj ct des Hiaïna rèvoltés, et s ·~st emparé du célèhrc
retendant rifain, le Hogui. Ses victoires, les orgies qui les
êtent, les libations dont il les arrose semhlent avoir troublé son
ent<'ndenu'nt. Il est atteint d'une mégalomanie féroce ; il sc
complait aux tortures, pensant amst · · conhnucr
· l a tra d"t"
1 wn d es
gl'ands sultans sanguinaires, dont Moulcy Ismaïllui parait le
pt·ototyp
d e. Son msolence
· envers les amhassadeurs et 1es consu1s
es puissancl's étrangères est stupéfiante. Il viole ses engage-
ntents se .t l . , , .
' · , l'I · < Ps trmtes, refmw <l acqmttt>r ses <lctt<>s ...
230 AU Clli<:UR DE L'ATLAS

••
:\lais ce n'est pas pour le vam plaisir d'étudier l'évolution
psychologique de Mouley el-Hafid que j<• 11w suis attardé au
t•écit de nos relations. Je voulais en tirer cette conclusion que
nos généreux projets de pénétration pacifique, de collaboration
avec le Sultan ct son maghzen ne sont que d'irréalisables chi-
mères. Elles nous ont coûté beaucoup de temps, beaucoup
d'argent. .. trop de sang ! Les conseils, les menaces ne sont que
des mots ...
" Les mots - disent les Berbères - ne séduisent que les
femmes, et n'effraient que les bêtes! >>
Eux, n'entendent que deux arguments: l'argent et la poudre.
Et je ne sais pas de meilleure leçon de diplomatie marocaine
<JUe le geste du vieux cheikh des Zenaga, tendant aux brigands
d'Anzour, d'une main ma rançon, de l'autre sa poudrière, et
leur criant :
-Choisissez !
Janvier 1910.
CHAPITRE VIIl

JOLRNAL DE ROUTE DE ABD EL-AZIZ ZENAGUI

MOGADOR. TAROUDANT

Rapport d'Abd el-Aziz Zenagui

Le Marquis de Segonzac, en captivité chez les Oulad ben Tabia,


me fit parvenir ù. Mog·ador, où j'étais rentré ramenant les débris
de sa caravane, l'ordre de venir l'attendre à Taroudant, capitale
du Sous.
L'entreprise était délicate, le Sous étant en complet état d'in-
s~rection. J'organisai mon convoi, conformément aux instruc-
tions de mon chef, et, pour lui donner un semblant de garantie
et un certain air de respect, je joignis un mokhazni aux lettres
de recommandation que notre consul, M. Jeannier, avait hien
Voulu me faire obtenir du maghzen.
Ces lettres et ce mokhazni furent vains, je dirai même qu'ils
me · ·
nutsœent. Car les lettres du maghzen, surtout lorsqu'elles
recommandent des chrétiens ou leurs partisans, revêtent toujours
un caractère mystérieux, dans leur forme et dans leur esprit. Il
faut connaître à fond le maghzen pour pouvoir découvrir ce
caractère.
Que l'on me permette d'en citer un trait comme exemple,
mais il est grosster,
. cel u1-
. l a:
,
« Ayez soin de lui (l'homme recommandé), lit-on, à la fin de
~~rtaines lettres, jusqu'à ce qu'il revienne protégé de la grâce
Allah.)) ..
232 .\l· COt:lll HE L ATLAS

Ll's SIX dl'rniers mots composant cl'ttP formull' consacrée,


IH'I'UJHmf une pl;u·e oit S<' voit la ft·<H'<' d'urtl' autrl' I'Xpres-
siiiiJ f·ompJt'-tement efl'ael•l', l"'ohahJPilii'Jd : " .Jusqu'iL cl' qu'il
I'evienne, marqw'• •lu scPau dP la ('oli•t'f' diviw~. »
La lettre fJUe j'avais pour lo hndw dl' Taroudant portait cc
si~·no conventiomJPl. .J'avais ouvPrt la ll'ttre et constaté cc fait,
l'il présence de ~(. Jeannier, dans son consulat. Cc hacha,
entre parentht>se, n'existait que dans l'imagination de l'amel de
Mogador, car Taroudant n'avait point de gouverneur à l'heure
oü j'y allais.
Nous étions quatre hommes, ct nous avions trois mulets, deux
fusils, quatre revolvers, deux tentes, quelques lettres de cré-
dit, une somme d'environ 600 pcsetns, en monnaie hassanie,
et tout cc que ies instructions de l\l. de Segonzac, et l'expé-
rit•nce que j'avais aCfJUise dans mon premier voyage avec lui
me conseillnicnt d'avoir.
Parti de Mogador le 4 avril, ct coupant l'Atlas au col de
Bibaoun, j'arrivai à Taraudant le 9 de ce mois, à 10 heures du
matin. C'était un dimanche, jour du marché.
Une affluence considérable d'acheteurs et de vendeurs, venus
des tribus avoisinant immédiatement la ville, donnait à celle~ci
un étrange aspect, du moins à en croire mes yeux qui l'avaient
vue, un mois auparavant, dans un calme enchanteur. Je dis
<< avoisinant immédiatement la ville n, car les gens d'autres tribus

n'y avaient point accès, leurs luttes perpétuelles et obscures s'y


opposant.
Taroudant est, certes, l'une des villes les plus vastes de l'em•
pire marocain ; mais les ruines ct lt•s jardins intra-muros en occu-
pent la moitié. Sa population, fju'on peut évaluer à cinq ou six
mille àmcs, se divise politiquement, en temps de paix, c'est-à-
dire lorsqu'il y a un gouverneur fidèle au Sultan, en quatre par-
tics dont chacune doit fournir un certain nombre de soldats. La
qaçha forme, à elle seule, une cinquième partie, caste distincte,
sauvegarde du hacha, avec lequel elle demeure.
Ces cinq groupes de population, habitant les cinq quartiers de
la ville, prennent. en t('mps d'anarchie, le caractère de tribus voi-
.
~nnes · · · c ' est-.t-f
ct ennemies. ,. l'1re que, d ans l a même VI'Il e, 1'l Peut
JO!JllNAL DE IIUVrl~ lJE Allh EL-AZIZ ZENAta 1 ~;Ja

Y avoir cinq partis, d'opinions diU't'I·entes, se f{tH'rcllant les uns


les auh·<'s.
L<' derniPr gouY<'l'IWlll' tlP Tnrmulaut est le hacha Hida ould
~louéis . .Agé tl<• 60 à 65 ans, il consern' encor<' la YÎ~11cur d'une
j~unesse extt·aordiJlaÎr<'. (ira!lll, très hien portant, gTave et auto-
rltairt> • il c st· 11·une achntt~ · · · I(Ul· na
· 1i' t'ga
· 1e que son energu'.
· · Il
~assa toute sa Yit> à détrnirP lPs intlnPnces des seigneurs ses voi-
Sins. Grâce à sa force de caradt~re, à sa ,·olonté inéhranlahle et
aussi·\
, ' sa · t'leneros1
o· • • ·t t~,· 1·1 put, 1l urant son reg·ne,
· 11ot er son t ern
't 01·re
~.un~ ndministratiou haséc sur les principes tle la justice ct de
equlté · Il savait inspirer le respect, ct l'emploi de la force en
toutes circonstances caractérisait le mode de son gouverne-
ment.
Le supérieur qui ne sauruit que se faire craindre, son pouvoir
ne pourrait être que chancelant. A la n1oindre incartade il se
trouverait anéanti. Les détails qui suivent nous expliquent la
lllanière dont fut renversé Hida ould Mouéis, renversement qui
amena la révolution de tout le Sous.
''. Quand le chat est uhsent, les souris dansent. "
Nulle part mieux qu'au Maroc ce proverbe ne peut être
placé.
De même qu'on craint Dieu et qu'on lui obéit parée qu'il est
partout, parce quïl est en nous-mêmes, de même on craint le
, · q uau(l 1.
lllaitre ·1 est uvee nous parce qn1"l nous · regarcl e, mats
·
1
on s'en moque s'il vient à s'absenter.
·~peine le hacha Hida et autres qaïds, rappelés par le Sultan,
U\'atent-ils quitté le Sous ({lt'une révolution générale éclata dans
tout ce pays.
Et il se1nble que le Sultan, en sollicitant, il y a quelques
ann· 1
ces, e concours des gouverneurs du Sous pour combattre le
prétendant qui, en cc moment-là, occupait Taza, n'avait point
rnsé qu'il était impossible que dans des états si désunis, l'or-
re se maintint tout seul, ou simplement par la foree acquise.
hl Malgrè tous les enseignements que lui ont fourni d Ïnnombra-
r, e~ r~volutions pareilles, le Sultan n'y avait, en effet, point
d~flecht, et les principaux qaids du Sous arrivèrent à la tète de
eplorahles comhnttants, laissant flerrièrf' eux }purs fpmmes,
,
234 AIJ f.IEI1R DE L ATLAS

leurs enfants, leurs biens, tout ce qu'ils avaient de plus cher.


On sait l'~ehec que lem infli~·pa le Rogui à la bataille mémo-
rable de Taza. Eux, cependant, n'avaient qu'une seule pensée :
battre en retraite, rejoindre le foyer maternel.
Les qards partis, ou dMruisit. leurs palais, et, quand ils vou-
lurent rentrer dans leurs tribus, on leur en interdit l'accès sous
peine de mort.
Hida ould Mouéis était l'un de ces qaïds venus du Sous. Il
avait laissé à Taroudant, tout son harem cloltré dans la qaçba
que gardaient ses mokhaznis au nombre de 60 fusils. A Ras
el-Oued, son fils Ahmed, qaïd des Menabha, dès que son père
eut quitté le Sous se trouva hloqué dans sa grande maison avec
toute sa famille, ses frères et cousins et lJUelques amis. Il ddt
soutenir un siège de plusieurs mois, pendant lequel il reçut une
balle qui lui ravit l'âme toute jeune, inassouvie. Son frère, le
qaïd el-Hàj, lui succéda et ne se montra pas moins énergique.
C'est un jeune homme d'environ 25 ans, très bien élevé, et d'une
exquise politl'sse. Il a voyagé : c'est un pèlerin qui a visité
l'Arabie, l'Egypte et l'Algérie. Il n'en parle jamais sans que
ses yeux trahissent une joie indicible. ,
De retour au Sous, le hacha Hida trouve donc la face des
choses entièrement changée : Taroudant, où il fut longtemps
maitre absolu, lui refuse toute hospitalit{) ; ses mokhaznis même,
auxquels il avait confié la garde de la citadelle, ses concubines,
ses esclaves et la gérance de tous ses biens, font cause com-
mune avec le peuple et lui ferment la porte au nez. Un de ses.
soldats, Ahmed Kabba, dont je reparlerai lorsque je conterai
comnumt je fus sorti du 1langer, Ahmed Kabha, ayant conquis
la confiance des autres. en devient le chef et joue un rôle con-
sidérable dans les partis révolutionnaires. Les Houara, détrous-
seurs de profession, qui avaient toujours, soi-disant, dépendu du
hacha de Taroudant, ont tenté plus d'une fois la dévastation de
la qaçha d~ maitre absent. Ahmed Kabha a su se concilier les
Oulad Yahia, tribu attenant à la ville, en partageant avec e.U:
les biens du hacha et c'est grâce à cette alliance qu'Ahmad
Kahba a pu repousser les attaques continuelles des Houara.
Ces Oulad Yahia, tribu centrale du Sous, occupent toute cette
JOURNAL DE ROUU m; ABD EL-AZIZ ZF.NAGUI 235

plain~' fertile et très cultivée qui se prolonge, à l'Est, jusqu'à


Taroudant qu'elle entoure de trois côtés et que les Menabb a
continuent à l'Ouest.
Leur qald el-Haj Driss, revenu de l'expédition de Taza, trouve
sa maison détruite et son pouvoir usurpé par el-Haj Ali, grand
brigand dont le système est de profiter des défaillances
~ghzenniennes pour descendre d<>s moutag·nes, où il vit en
extl, et venir raYager la plaine.
D'accord avec cet el-Haj Ali, qui le soutiPilt coutre les Houara,
Ahmed Kabba est non seulemPnt aujourd lwi maitre absolu de
la qa~ha, mais encore il parait avoir, ii Taroudant, une autorit<~
tr·es peu contestée.
Tel est l'état du Sous au moment du retour du hacha Hida.
Tous les hahitauts de Tarowlant, sauf quelques gros commer-
çants, déclaraient désavantageuse la présence d'un maghzen
chez eux. Et c'est Ptonnant car les citadins sont en général
. '
pac1fi ques, et ne demandent pas nueux
·· · · 'bl c-
que de nvre pa1s1
Illent sous l'omhre protectrice d'une t'•gid<> quelconque.
Le hacha Hida peut donc s'pn laver les mains. Mais il le
c,omprend si hien qu ïl 11 'insiste point, sans toujours perdre
l espoir qu ' un Jour
· · 1omtam,
plus ou moms · · un ven.t f'avora ll l e l m·
rapportera son pouvoir.
En attendant <jue œ jour fut venu, il s'en fut chercher asile
dans la ma·1son d e son f'l ., ,
1 s encore assiegee.
L'arrivée soudaine du grand hacha jeta dans le cœur de tous
les Mnabha une sorte de terreur pamque · s1· mtense,
· s1· pene-
' '
trante, que leurs notables au nombre de dix-huit, ne tardèrent
'
pasàv elllr · se prosterner devant ses genoux, off'rant l eurs
~xcuses et leurs cadeaux. Un aceueil, cordial en apparence,
e~r fut réservé. On fit la fête. On mangea des tajin, du
Illechoui, du couscous. Puis, on fumait du kif ; quelques-uns, à
~equ'on m'a dit, buvaient même du vin, que quelques prévoyants
israélites d u VOismage
· · ·
avawnt fermente.,
Les chaleurs enchanteresses de cette boisson dilatant leur
~~Prit, tout le. monde se mit à chanter. Mais le kif produisit
lentôt son effet délirant. Et Morphée ne tarda pas à Mcndre
sPs ailes sm· ePs ltùtPs assoupis. I.Ptii'S armes Maicnt en sùretô
dans une pièee ù c<IU~. Pt les po!'tes 1lu palais ferrlll)es .
•\lors appm·ut IP hacha. ~~ommP un spPetrP majestueux ct
]put, Pt, derriùrP lui, d<'s hommPs aux physionomies sinistres
tl'nant la chaine d'une maiu Pt lP poignard de l'autre. Et le
hacha, 1l'nne voix gravi', vibrante : « Traîtres, fils de traitres!
Cadavres abominables! Chi~ns dP malheur ! Vous avez tué mon
fils qui m'était aussi cher que ma main droite, eh! bien, cette
main droite, et ce khanjar· qu'elle brandit, vont, en un clin d'œil,
vous ravir la vie. »
La main droite du hacha ne tua personne.
Ligotés ee soir-là minue, les notables des Menabha furent, le
lPndemain, fusillès tous ensPmhle et jpf!•s dans un puits.
La nouvelle, r<'·pandue, tPI un ''clair, valut au hacha la sou-
mission 1le toute la trihu .:VIenahha. C'<-·st aujourd'hui dans tout
le Sous la seule tribu (IUi soit dite maghzen.
J'ai traversé deux fois lP Sous dans son état actuel que je
viens de décrire .
.Mon second voyage a ~~té mari{Ué par UIH' mésaventure 1lont
voici le récit.
Un ou deux jours avant mon nrrivt'•e à Taroudant des raqqaçs
spéciaux avaient déjà infornH\ les gens du Sous, et particulière-
ment les Oulad Yahia, qu'un chrètien cousu d'or et porteur
1l'armes magnifiques allait arriver dans leur pays. Le chrétien,
l'· Mait moi !

Arrivé à Taroudant à 10 heures du matin, je plaçai mes


bagages dans un fondouk, et allai trouver les négociants aux-
'Iuels j'avais à remettre des lettres de recommandation et de
crédit. Je m'adressai pour les renseignements à un juif que
j'avais connu pendant mon premier voyage, et auquel j'étais
recommandé, cette fois, par le consul allemand de Mogador. Il
me rec:ut dans sa houtique, m'offrit du thé. Des gens venaient
s'informer du pr·ix de certaines marchandises mais n'achetèrent
rien. Entre temps ils glissaient sur moi des regards curieux et
s'en allaient souriants. Je n'y faisais nullement attention. On fit
signe au juif de sortir. Il sortit et revint me dire : « Ces gens-
Iii vous disPnt l'hrMiPn. n LI' visage blanc du juif Lévy Rclka-
JUUR;sAL HE llOUTE ])E AliD EL·AZIZ ZE~Alil!l '237

noun, c'était son nom, était si p:tle, ou l'etH dit à rn 0unie; ses
yeux apeurés si clignotants, Pt ses memhres si tremblants, qu'il
Ul'eùt pt·ohahlement refusé toute explication si je lui en eusse
demandé. ll me pria <le m'éloigner de sa boutique ct j'ohéis
sans rien dire .
. Sa bouti<IUe sc trouve dans ce grand bazar où tous les négo-
Ciants de marque font leur trafic. Il n'a qu'une porte et c'était
là que plusieurs centaines d'individus attendaient la sortie du
'' chrétien )) . ·
Les négociants, efl'ra yés par le nombre de cette foule crois-
sant de plus en plus, fermèrent tous leurs boutiques et obli-
gèrent le juif à livrer son roumi.
~uand je fus à la porte <lu bazar tout le monde se law;a sur
mot, tels les vautours affamés lorsqu'ils dèeouHent leur proie.
Harcelé, tiraillé comme peut l'ètre utH' halle dans les mains
de joueurs habiles, je pus rester en viP gràce à la convoitise de
files
. agres sem·s,
· · · qm· PXCl't a1't Pn eux une espece
convodtse · de
Jalousie ég·oïste, car chacun voulait avoir tout mon or pour lui
seul · ·~lo n or, s •·nnagnuuent-1
· · ·1 s, revemu't d e <l rot't a· qm· me tmn't .
Les. naïfs croten · pur f'ana t.tsme ; qu ·Pn se <l'tspu t au t
· t que c ·étatt
l~ meurtre <l'un chrétiPII, les fanati<IUPS s'en disputaient la
recontpensp céleste. Cela, je 11'y crois pas. car de tous temps
e~ partout, les actes de brigandage conunis au nom de la reli-
gto~ ont toujours pour mobile lïntérèt matùrid.
St Mbarek d'Abda, vous qui m'avez sauvé la vie, je revois en
c~ moment avec une précision singulière l'imag·e de votre brun
VIsage !
Et vous, Ahmed Kabba, <Illi avez pris une grande part à ce
sauvetage, qui m'avez cnlev<l aux grifl'es de la mort en m'enfer-
~ant dans la qaçba dont \·ous êtes sans conteste le vrai chef,
Je ne vous oubl'1era1. Jamats.
. . '
Le premier me conduil'it, au milieu de la foule, chez le qadi
?e la ville. Il était le dernier à fernwr sa h:mtii{Ue <tui se trouve
a la porte du bazar.
:- Seigneur! lui dis-je. ces g·ens-là me croient chrétien, et je
Q ' pour tant, un fprvcut musu
suts u 1ma11. J e sms
. d e Htemou·e
. . le
oran puissa.nt qui est la parole de Dieu même, et je possède,
238 .\ U ctJ<:Ull IlE 1:.\1'LAS

des connaissances mystii{UPS, thi~olo1.:;il{lli'S et litH~raires. Si ces


gens-là s'obstinent à mc croirP lill chrétien maudit, je ne l'ou-
blierai pas demain, 1Levant le Seil-\'llPUI', lorsque les créatures
comparaîtront toutes nues et 11ue forhHH' et enfants ne serviront
de riPn. "
- « Cela ne mc regarde point », me rèpondit Si l\lLarek qui
était hien convaincu que fétais chrétien. Puis il n'éprouva
aucune honte iL mn faire cet aveu : "Les chrétiens, aujourd'hui,
dit-il, sont JJien plus fol'fs dans lPs scinncPs musulmanes que les
musulmans eux-mèmcs. "
Alors mc tournant vers la foule et d'une voix frèmissante :
« Ceux qui tuPilt volontairement lill ho11 croyant, lPur dis-je,
leur récompense sPra le séjour Mnr'IJCl en cnfPr. " Ils n'y
entendaient rien les bons musulmans t{Ui m'entouraient ! mais
Si Mharek eut maintenant pitir'~ de mon sort : '' Suis-moi,,, me
dit-il. Je le suivis, le tenant par la main, juslju'it la maison du
(Jadi.
Un pays en révolutiou, on ne peut lP comparf'r it rif'n, mème
au Bled es-Siba où les sociétés, rlifl'l;rPntcs par·fois quant aux
mœurs ct coutumes, possèdent des institutions immuables,
réglant leurs genres de vie sociale. llHc peut avoir ni les lois du
passé qu'il vient d'aholir, ni celles, ù plus forte raison, d'un pays
siba qu'il n'a pas connues ou qu'il a tout au moins oubliées . .
J'ai connu le Bled es-Siba. J'y ai vécu plusieurs mois. Ce qu•
m'a le plus frappé, c'est cette sécuritô, cette ententP cordiale de
tous les memhres de la socièté, cette étonnante discipline qu'on
y remarque et qui manque souvent dans un pays de gouverne--
ment.
Dans un pays en révolution, il n'y a qu'une seule loi, primitive
sans doute, mais paraissant être dictée par la naturP même de
l'homme : C'est la loi du plus fort.
Le Sous d'aujourd'hui en fournit un exemple frappant, cette
haute vallée du Sous surtout, qui jouissait naguère d'un sinlU-
lacre de gouvernement, ct où les voyageurs circulaient sans
danger avec leurs riches earavanes et bagages .•Je ne sais si
c'estl'Islam qui fortifie leur àme, mais il m'a semblé que les gens
du Sous étaient tous forts, ou croyaient l'être, depuis les plus
JOUHNAL DE ROt;TE DE ABil EL·AZIZ ZEN.\Gt:l 239

misérables qui portent des haillons juS<JU 'aux plus riches de


force et de f'or t une : Jeu
· ·en at· pomt
· rPHHtrque· un seu l <{Ut· me
parût réellement faihle, nH~nw cc malingTe commerçant, Si
Mbarek d'Ahda, qui a osù prendre seul l'initiative de me faire
obtenir justice, enme conduisant au milieu d'une foule compacte
chez le qadi.
La maison du <radi est placée au fond <fune impasse cou-
verte, espèce de couloir.
,Les foules qui me suivaient, <Jui, ù chaque pas, essayaient de
01
.arrèter, <Jui me frappaient des mains et des pieds, qui déchi-
r~tent Utes vêtements, en criant : ,, .\ mort le chrétien ; tuez
ltnfidèle ; venez à la guerre sainte, ô musulmans ! » ces foules
proclamant la guerre sainte contre un seul chrétien égaré dans
leu~ pays, n'osaient point franchir ce couloir et entrer dans la
lilatson du juge où je fus demander justice.
Tandis que j'exposais l'affaire au qadi des foules nouvelles
rendaient plus tumultueux les rassemblements formés à l'entrée
du couloir. r, ·
un vacarme mouL •
1ous par1aiCn
· t en meme
' t emps·
~our demander à peu près la nH\me chose : que le qadi leur
livrât le ch re't'ten refu~né
· · · dans sa rl emeure ; smon,
· 1·1 s y en t re-
r . o
atent de force.
Ce qadi n'est en fonctions que depuis les débuts de la révo-
lution.
Soutenu par el-Haj Ali des Oulad Yahia et, par conséquent,
formant çoff avec Ahmed Kabha de la (Jaçba, il a, d'autre part,
tous les Houara pour ennemis, et même une partie des habitants
de la ville .
.Soupçonné riche et n'ignorant point les intentions de ses mme-
Irtis qui d , . .~. .
. ' ejtt, avaient essayé de le manger dans sa propre mat-
8
on, il accepta l'ultimatum, le cœur effaré. Il était sùr, cepen-
dant que ., 't · · 1e l m· avms· prouve' par l a
d '. Je ats musulman, car Je
erillère des preuves : Je fus examiné !
Il donna l'ordre à ses mkhâznia de me liner à mes bourreaux,
et, après av 01r · vamement
· · · ' Je
mstste, · f us cont ram
· t d e sort.tr.
~uand je fus au bout du couloir, Ahmed Kabba arrivé me fit
~ .rousser chemin. Et je comparus de nouveau devant le juge
qlli Venait de .me condamner à mort.
2i0 .\l' CŒlJR Ln: L'ATL.\S

KuLba fit en ma faveur· une loug·ue plaidoit·ie.


<< Cet homme-là, dit-il au qadi, fùt-il mème du•t'•tien, s'il
retombait <laus les mains des llo ua ra, serait instantanément
coupé eu morceaux. Et alors, cc ne sont pas les Houara seule-
ment <fui e11 seraient responsables devant Dieu ct devant ses
créatures, mais nous-mèmes, surtout, ~œns de 'la ville: il est à
la fois notre hùte et notre àr·.• ct cc S<'r·ait pour nous uu<' double
honte. ,
Mais, les foules insistant, le q<uli ne voptit point la possibilité
de mc g·ardcr ch('z lui. « Ameaez-le ù la mosquée. dit-il. et on
y viendra l'examiner. ''
Maintenant, comme tout à l'heure, .\hmed Kabha s'opposait
énergiquemcut à l'exécution dP et> dcuxi«~me at•r·,~t du qadi.
Les foules, à qui l'on suggéra lïdl-f' d'aller au fowlouk d'abord
manger les hieus du chrétien, dis parure ut soudain. et. accOIIl-
pagné de KuhLa et suivi de ses soldats, je courus Yers la qaçba.
Aussitôt que j'y fus on cu ferma les portes. Il Mait exactement
une heure quand je me trouvai en lieu sùr.
Que s'était-il passé dans la ville'? Kabba et ses amis venaient
m'en donner des nouvelles à mesure qu'ils en apprenaient.
D'abord le mar~: hi~ de ce jour-là fut réduit à néant.
Les conuner<;ants <fUi a vaient des magasins purent les fermer,
laissant en sûreté leurs marchandises. Mais ceux qui vendaient
en plein air se virent publiquement pillés. Et rien n'est plus
touchant que l'aventure de ces pauvi·es femmes qui avaient rois
longtemps à coudre à la main <juelques vètements sitnples
qu'elles cherchaient it vendre et qu'on leur vola. .
Le juif Lévy Belkanoun, qui devait me rend're quelques sern-
ces, s'était caché dans une maison mauresque, chez un musullllan
de ses amis et. pt•otecteurs. On y était ,·enu le questionner et il
avait répondu que j'étais parfaitement chrétien, apportant aux
chioukh Ben Tahia la rauçou de l\1. de Segouzac. C'était proba-
blement la peur qui lui fit dire ee mensonge.
Les pillards, eu effet, ne souffraient point qu'on leur dit : << il
n'est pas chrétieu. '' Cela les eùt détournés de leur but qui était
de tuer le chrétien, uniquement pour s'emparer de ses bienS·
La foule s'Mait transportée au fondouk et essaya d'y preu-
JOUI\NAL DE ROLTE DE AB[) EL· AZlZ ZDAG!l :!11

drc tout ce <lUC j'~- avais laissé. Mais le propriétaü·e de u~tablis­


Sei~lent ferma hientùt les portes, et ceux parmi les envahisseurs
qw Y étaient déjà entrôs, n'eu pouvaient plus sortir. l\les trois
mules soufl'raient : chacune d'elles était entourt•e de plusieurs
individus qui la tenaient, les uns par la 1-!·uetlle d les oreilles,
les autres par les pieds et la queue. Ils indiquaient ainsi la
par~ qui devait leur revenir dans le partage du butin.
\_;n des hommes que j'avais pris à "logador s'était sauvé par
~a ~errasse du fondouk ; un autre, le mokhazui, soldat de Sidna,
etait devenu comme fou, il <lemeura jusqu'au lendemain, bou-
c~e béante, les larmes plein les yeux ; à chaque question qu'on
lut posait il répondait par des sanglots. Le troisième, Bachir,
brave et fidèle serviteur, avait, dès que la nouvelle lui fut par-
venue, placé mes affaires dans un magasin qu'il ferma à clef ;
et comme il répondait toujours que je n'étais pas roumi, il fut
r~ué de coups, et on lui passa même un couteau sur le cou,
n ayant fait néanmoins qu'effleurer sa peau.
Les notables de la ville s'étant réunis, décidèrent de me
déren dre contre les pillards
. ' · convamcus
. .
mamtenaut .que J··.etais
·
y . '
rallllent mulsuman.
On sonna l'alarme : soixante soldats, fournis par les quatre
qua~tiers de la ville, furent envoyés au fondouk ; d'autres cir-
Culatent en ville.
Quatre heures après-midi. Quarante cavaliers des Oulad
Yahia, et à leur tête le fameux brigand Haj Ali, firent alors
,. n ree menaçante dans Taroudant. 11 y avait
leuret· · d eux JOurs
·
qu ils étaient prévenus de la prochaine arrivée d'un chrétien.
Et _ils étaient vends tout armés, et en nombre, pour empêcher
qui que ce fùt d'avoir une part dans le butin.

11
Les notables de la ville s'adressant au chef des Oulad Yahia:
Si tu es· venu manger le chrétwn,· 1m· d'1sent -1·1 s, ce l m-
· 1'a n ' en
est pas un. C'est un vrai musulman, et, d'ailleurs, tu peux t'en
~e~~e compte par toi-même, car rien n'est plus facile. n Ils
atsatent allusion à la circoncisiou.

801
~it ! firent les Oulad Yahia. Mais il faut que ses biens lui
ent rendus par nous-mèmes, et suivaut les règles d'usage.
Le qa di , ses secrétaires et quelques notables al'lwent · au
16
242 Ali CŒlill IlE L'ATLAS

fondouk. Les Oulad Yabia sont lh ct l'on enrf'gistrc mes bagages,


un à un, jusqu'aux épingles.
Le SDir, vers 9 heures, ma caravane, conduite par les OulaJ
Yahia, arrive à la qaçha, complète.
C'est devant les secrétaires du qadi, devant Kabba, Si Mbarek
et d'autres que les Oulad Yahia m'ont mis cu possession de tous
mes objets.
Sur leur demande, je leur en donne un re<;u.
C'est fini, tout le monde s'en va. Les Oulad Yabia ne s'en vont '
pas cependant, et, pour je ne sais quelle raison, veulent abso-
lument que je leur donne : 2 fusils, 1 revolver, 2 tentes et une
somme de 100 douros. J'accepte le marché, non sans discussion.
Le lendemain, à 8 heures du matin, le qadi de la ville, ses
secrétaires, quelques notables, Kabba et ses n>okhaznis m'accoiil-
pagnent jusqu'à la porte de Taroudant où m'attendaient trois
cavaliers des Oulad Yahia. Je traverse avec ces derniers leur
tribu et j'arrive après midi chez les 1\Ienabha .. Enfin je peu~
respirer maintenant. Je suis en Bled el-Maghzen et je serai
demain l'hôte du grand hacha Hida Ould .Mouers.
Le hacha mc fit reconduire à Merrakech d'où je rentrai à
Mogador.
ABD EL-AZIZ ZENAGUI.
DEUXIÈME PARTIE

Renseignements

Politi
ques, E<.onomiques, Statistiques, Sociologiques, Religieux.

Nous avons groupé dans cette Deuxième Partie les renseigne-


ments qu1· n ous on t e· t e· f ourms
· par d es m
· format eurs m
· d'tgenes,
'
ou que nous avons pu recueillir nous-même :
10
sur la situation économique ;
~ sur l'organisation politique, religieuse et sociale ;
3
, sur la géographie du Sud marocain.
Sous livrons ce_s documents. tels q~e nous 1es ~von~ re~ue1·n·IS.
1'\ous
leur forme mcomplète, ImpréCise, approxtmahve Ils peu-
Vent fournt"r 1a t rame d' une enquete
· p 1us serree.
· L' experience
' ·
nous a souvent prouvé combien il est difficile de déchiffrer un
pays totalement inconnu combien le moindre canevas de carte
est pr' · '
ecteux pour s'y orienter, pour le comprendre.
Ces renseignements ne prétendent à rien de plus; ils appellent
1
e contrôle et la critique de ceux'qui nous suivront (1).

dev(t) ~ous tenons à rendre hommage une fois de plus à notre éminent
dem~~~1 e v·Icomte Ch. de Foucauld dont la Reconnmssance . au ~Maroc
N:ure le modèle de !"exploration marocaine.
du Cous .v?ulons remercier aussi M. Robert Boulle, 'représentant à Mogador
bres ~Ile du Maroc, pour le précieux concours qu'il a donné à tous les mem-
nous t notre mission, et pour Je soin qu'il a pris de nous cherchet' et de
Rire venir des informateurs sérieux.
CH.\PITHE PREMIER

SiTUATIO".· · •
·' ECONO:\IIQUE DU llAROC ~lÉRIDIONAL, ET POSSIBILITES
Qu'•:LLE CO"PORTE

l' L~ région située au Sud du Haut-Atlas, entre le Sahara et


Ocean, est isolée du monde extérieur, par la nature d'abord,
~.nsuite, par la volonté du Sultan. Le désert et la montagne
enserrent sur trois faces; l'Atlantique baigne la quatrième,
et .la disgrâce de ce littoral peu accessible, bordé de dunes,
l'cemt d'u ne b arre presque partout dangereuse, s ' aggrave d e
, obstruction qu ' un souveram
· d e·fitant oppose a' t.out e pene
' 't rat'ton
etrangère.
Le Sud marocain ne communique avec le reste de l'univers
re par une demi-douzaine de cols qui franchissent le Haut-
tlas. Il suffirait de les bloquer - ct ce serait chose facile -
pour que cette région devint une véritable ile. Si l'on ajoute
~ue les populations berbères et arabes qui l'habitent sont en
etat. d'ins oumtsston
· · permanente, on vmt · que ce c h amp d' ac t'ton
est Isol · ·
, e, Yterge de toute pénétration, et sans maitre. Il présente
a notre enquête quatre côtés distincts; nous examinerons suc-
cessivem t
en ces quatre faces.

Trois· p rovmces
· : le Sous, le Tazeroualt, l ·oued N
1 oun,
b at-
·
gtlent dans l'Atlantique. Leurs côtes sont assez bien connues ;
une mis. h'
Sion tspano-marocaine les étudia en 1883 (1). Le sul-

f.'o~it~apport n~anuscrit de
l'ingénieur José-Manuel Alonzo, Bulletin du
·de fA{r1quP fram;aise.
1
246 AU CŒIJR DE L ATLAS

tan Mouley el-Hasscn se croyait assez fort pour lever l'obstruc-


tion ({Ui pesait sur cette r{•gion ct ouvrir sPs marchés au com-
merce européen. Ce projet ne fut jamais rimlisé. Il est urgent
de le reprendre et facile de l'ex(~cuter.
La famine qui désole en cP moment même tout l'Empire ché~
rificn nous fournirait un prétexte de visiter la côte, une occasion
de l'alimenter, d'y nouer des relations commerciales. Les hahi~
tants eux-mêmes nous y convient ( 1). Ils ont adressé une
requête au Sultan, sollicitant fju'on les ravitaillât par mer,
comme cela se fit lors de la dernière famine. Le Sultan n'a pas
répondu à leur (Lemande. Ils ont décidé de passer outre. Leur
loyalisme ne va pas jusqu'à mourir de faim pour complaire au
vague èt loi tain souverain, qui n'a souci - disent-ils -que de
ses plaisirs. j ~~'L
Le premier port à ouvrir est celui d'Agadir-Irir. Son gouver~
neur, le cheikh Mohammed, beau-frère du plus puissant des
trois qards de Haha, Sid Embarek el-Gellouli, s'est déjà mis en
r~pport avec un négoci~tJ~.t ang-lais, auquel il a fait une com-
mande de blé.
Dira-t~on que nous violons l'intégrité du Maroc en pénétrant
·!•par une porte qui s'ouvre d'elle-même? Se trouvera-t~il
quelqu'un pour. protester contre une initiative qui !Uargit le
marché du monde ?
La Commission espagnole signale, en second lieu, le point de
Sidi Mohammed ben Abd Allah ~omme le plus propice à la créa-
tion d'un port. Cette partie du littoral dépend du chérif du
Tazeroualt, Ahmed ould Sidi Mohammed ou Hachem, chef
de la confrérie des Ouled Sidi Ahmed ou Moussa, qui réside
à quelques kilomètres d'Ilir. Ce chérif est animé d'idées trèS

(1) Les événements politiques qui ont bouleven;é le Centre et le Nord du


Mat·oc n'ont fait qu'aggraver l'isolement du sud marocain et son désir
d'émancipation ~nomique. Le danger est que les gens de ces régions pren-
nent pOt.\f confidents de leur désit• tous ceux qui passent. C'est ainsi qu'en
1!l08, un Belge, le D• Tacquin, s'efforça d'organiser une société pour mettre
en valeur le sud marocain : et fjlle, à l'heure actuelle, MM. Mannesmann.
sujets allemands, dirigent dans le Sous une très active pénétration qui a pour
but les gisements miniers que nous avons signalés (1910).
SITUATION t:co~O)(JQI:f: Ol; liAROC liÉRIDIONAL 2ti

libérales et désireux d'entretenir de bonnes relations avec


les puissances étrangères. Il vient de succéder à son père,
Mohammed ou Hachem, décédé au retour d'un pèlerinage à La
.Mecque. Mohammed ou Hacheut avait souvent manifesté le désir
d'entrer en relations avec la France. Il avait même sollicité la
protection française lors de la campagne du sultan Mouley el-
Hassen dans le Sous. Tout récemment encore, il faisait adresser,
confidentiellement, à un personnage officiel de nos amis, une
lettre en hébreu, pour s'informer des intentions de la France.
Enfin le qaïd Mohammed ould Beirouk, gouverneur de l'Oued
Noun, résidant à Goulimin, vient d'envoyer son neveu à Moga-
dor, avec la singulière mission d'y commander un scaphandre
pour curer les puits de sa région dont les eaux baissent d'une
façon·mqu1e · 'tante. Cet envoyé a pris un négoctant
· ang1a1s
· pour
confident des desiderata de la province d'Oued Noun. L'on Y
voud ·
ratt accroitre le mouvement commercial, et amener des
bateaux étrangers sur la côte. Mais le souvenir des tentatives
antérieures ( 1) inspire quelques défia~, et l'on désire, avant
toutes choses, entamer des pourparlers avec les diplomates et
non avec .des négociants. --
On nous a encore rapporté des propos analogues tenus par le~
fd el:~ :\~ohammed du port d'Arbalou, le qaïd Bihi de
oued Massa, les qaïds Ould Brahim ou Saïd et Mohammed
Açouab des Alt bou Amran Saïd el-Glioui d'Aglou.
Rien n'est plus simple q~e de vérifier ces dires. Nous avons ,
sous la main des intermédiaires alliés ou amis de tous ces per-
sonnages. Cette enquête pourrait être faite en un mois; aussitôt
le résultat connu- et nous n'avons nul doute qu'il confirme nos
renseign
. ements - on pourratt · envoyer sur ce tt e côt~ une mis-
·
Sion llli- sCten
· t'fi ·
1 que et mt-commercta· 1e d ontl' œuvre nous
· paratf
devoir e•tre fac ile etfeconde.
,

*
••
Le Haut-Atlas forme une cloison naturelle entre·la plaine de
Merrakech et la région qui nous occupe. Des cols suffisamment

( i) Atlaire Ife « la Tourmaline ».


2i8

nombreux et assez praticahles la traversent, et mettent le Sud


!'11 relations commereiales facil«>s et suivies nvcc le Nord. Le
passage de ces cols t>st lihre pour tout lP monde, snuf pour
nous ...
Ici, comme sur la côte Est, l'ohstncle naturel est surmontable;
la difficulté provenant du mauvais vouloir des habitants est
peu de chose; l'obstruction chérifienne est la véritnble barrière.
La route la plus occidentale est celle qui mène de Mogador à
Agadir. On la fait en quatre étnpes, elle est bonne et sûre. Les
qaïds de la province de Haha : Embarek el-Guellouli et Hamed
Enflons (1) sont en rapport avec les consuls et les négociants de
l\Iogador. Ils observent strictement la consigne qu'ils ont reçue
de nous interdire le passage, mais seraient tout disposllS, pour
peu que leur intérêt y fut lié, à favoriser notre extension com-
merciale vers le Sud.
Le col de Bihaoun met en relation lmi n'Tanout ct Taroudant,
une bifurcation, dite col d' Ameskout, joint Mogador à la nzala
d'Argana. C'est la grande route du Maghzen. Elle est gardée
par le qaïd Si Abd el-Malek el-Mtougui, dont le commandement
s'Mend sur les Ida ou Mahmoud, les Aït B'kher, les Ahl Irri, les
Ahl Imi n'Tanout et les 1\ftouga. Le col débouche à el-
l\leneizla sur le territoire des Haouara, qui relève normalement·
du hacha de Taraudant, Haïda ould Oummeis.
La région de Taraudant est, à l'heure' actuelle, en pleine
insurrection. Le hacha est réfugié dans sa forteresse, hors ·de la
ville. Les principaux chefs insurgés sont: cheikh Yahia, de Mes-
kina ; cheikh Mohammed, des Aït Cheddekh ; cheikh el-Arbi,
de Qfifat ; cheikh el-Mahfoud, des Ida ou Mennou ; cheikh
Mohammed, des Ida ou Mohammed; cheikh el-Arbi, des Abl
Adnim; qaïd el-Hadj el-Hassen, de Qsima, etc., etc.
J'énumère à dessein les noms de ces chefs, dont quelques-uns
me sont personnellement connus. Tous sont en relations excel-
lentes avec des Européens, et l'on est certain de trouver bon
accuPil chez eux.

(:1) Le qaïd Enflous fut notre plus fidèle allié et le dernier soutien dans le
Snd de la Pans!' du Snl1an l\foule.v Ahd 1'1-Aziz (1910).
SITUATIO~ ~:f.ONIHIIQUE DU ~IAROC li~:RIDIONAL 249

Lr col de Gounrlafi conduit de Amizmiz au Ras cl-Oued,


c'est-à-dire à la hautP vallt'•c de l'olH'cl Sous, comprise entre
le confluent des ouPds Tifnout et Zagmouzen, ct Taroudant. Le
cmnmandement du <faïd Si Taïcb cl-Goundati. qui en a la
garde, s't'tend, au Sud, jusqu'à L\nti-.\tlas; à l'Est, jusqu'au
tl:'rritoirc des Ait SemnH·g·; ù l'Ouest, jusqu'à Taroudant.
J'ai été l'hôt<> de Si ';l'aïch cl-Goundafi en 1899. C'est un
homme actif, un esprit ouvert. Nous aurions en lui un précieux
auxiliaire. Il a pour khalifa son frère, Si Brahim, qui l'a rem-
placé pendant son long sôjour à la cour de Fez.
Le Sultan vient d'envoyer deux mahalla d'un millier d'hom-
mes chacune à Si Taïch .pour l'aider à faire rentrer le Sous
dans le devoir. L'une d<>. ces mahalla est commandée par
:\louley Arafa, l'oncle du Sultan. Elle punira au passage les
Ouled Beç-Çbâa et les Aït Imour qui se sont révoltés, et se join-
dra à la mahalla du qald el-Hadj Ali. Les deux mahalla seront
secondées par la mahalla du Sous, actuellement commandée
par le qald el-Hasscn el-Mezmizi, qui se portera de Tiznit, sa
garnison normale, vers Taroudant. Ces opérations ont dû com-
mencer vers la fln de mai 1go5 (1).
Les principaux chefs du Ras-cl-Oued sont : el-Hadj Moham-
med el-Mtagui, chef de la tribu des Mtaga, voisine de Tarou-
dant; le qald el-Hadj Driss el-Yahiaoui, chef des Ouled Yahia;
el-Arbi Alozé, qaÙl d'Aoulouz ; le cheikh Mhammed des Art
Semmeg.
Tous ces chefs ont été pour moi des amis précieux. Ils m'ont
~~~oigné un véritable dévouement pendant les épreuves que
J at traversées. Je suis resté en relation avec eux. Leurs terri-
toires nous sont ouverts et leur bonne volonté nous est acquise.
Le col de Telouet, qui conduit de Sidi Rehal à Tikirt, et le .. /
~,01 qui met Denmat en communication avec la haute vallée de
oued Dra, désignée sous le nom d'oued Dadès, relèvent de Sid

d (l) Elles se sont temlinées par la pacification de toute la région. Le qaïd


e ~Undafi, retranché dans sa qaçba, s'est prudemment abstenu de prendre
Parh dan 1 ·
el-H s ~ querelle entre les deux sultans. Il esl vassal soumis de Mouley
~1 :-fid, ma1s nul n'ignore qu'il a poo de sympathies pom son g1·and voisin
'l Iri rln Glnoni (1910).
250 All CIEIJR nE t'ATLAS

cl-Madnni ben cl-Mczouar, qaï<l <lu Glaoui (1 ). Les khalifas du


qaïd sont : ses frères Si<l Harnm<uli, gouvPrncm· du Ouarzazat;
Si cl-Hadj Thami, résidant ù. Sfès, charl-\·é de l'administration
des Mcstioua; Si<l Hassih, actuellement occupé à réduire l'in-
surrection des Srarna contre leur qaïd hel :\louddcn; ll' kha-
lifa de Dcmnat, cl-Hadj :\loha mmed ahd Allah Ahcllakh el-
Kcrouli, dont l'autoritù s'éten<l jusqu'aux .\It hou Zid ct aux Alt
hou Ouli, dans l'Est, ct jusqu'au district de Skoura, au Sud.
Nous avons 1\té leurs hôtes au cours de cc voyage. Tous nous
ont prêté leur concours ct sont prêts à vnnir en aide à quiconque
se recommandera de nous.
Le qaïd du Glaoui est lcplus puissant seigneur de tout le Sud
marocain. Par de-là le domaine soumis à son administration
directe, il commande,._it l'Est, jusqu'à l'oued lleris, au Sud_jus-
qt1.'à la Feija, à l'Ouest jusqu'à l'oued Zagmouzen ct au territoire
d'Ounzin. Parmi ceux de ses vassaux qui me sont connus, je
citerai le cheikh Ilammou cz-Zenagui, chef héréditaire de la
grande trihu des Zenaga, comme particulièrement favorable à
notre pénétration commerciale. Les Zenaga circulent librement
du Tafilelt à l'Oued Noun ; ils possèdent encore d'importantes
propriétés à Tisint. Par eux, nous pourrons étudier tout l'An ti-
Atlas, jusqu'au Sahara marocain où leurs bergers conduisent
en hiver d'immenses troupeaux.
~\u delà de Demnat, le Haut-.\t~as est peuplé de tribus berbères
encore réfractaires à toute pénétration. Aucune autorité poli-
tique n'y est écout<'~e. Toute tentative de ce côtô serait préma-
turée. Il y a lieu cependant de nouer et d'entretenir des relations
avec les chefs religieux qui seuls ont accès dans cette région bar-
bare. Ils ne sont que deux: Sid Ali ou Hossein el-Ahançali et Sid
Ali Amhaouch.
Le premier a deux zaouias (2), l'une à l'entrée, l'autre à l'is-

(1) On sait que le qaïd du Glaoui a été l'instigateur du soulèvement du


Sud marocain contre Moulev abd el-Aziz. Il a donné sa fille en mariage au
frère du sultan, Mouley el-Hafid, qu'il a fait proclamer à Merrakech puis Il
Fez. Il est maintenant grand vizir; son frère Si el-Hadj Thami est hacha de
Merrakech (t9f0).
(2) Première partie, pages 38 à 45.
SITUATION ÉCONOMIQUE DU MAROC MÉRIDIONAL · 2Bf

sue du col d'Ahançal d'où sortent, d'une part l'Assif Ahançal,


principal affluent de g·auche de l'oued cl-Abid, et de l'autre
l'oued Thodra, affluent de l'oued Ziz. La clientèle spirituelle des
Ahançali est composée des Aït bou Zid, Ait Atta, Aït I~,~ah ·et
Ait Soukhman.
Sid Ali Amhaouch habite la zaouia d'Arhala (1), voisine des
sources de l'oued el-Ahid et de l'oued Mlouya. Sa renommée est
grande et son influence considérable. Les Alt Ahdi, Aït Sri, Alt
lhoudi, Aït Ouirra, Aït Içhaq, Aït Ichcheqqeren, Aït Yahia, Aït
lhand, lui obéissent. .
Nous avons eu ces deux cheurfa pour hôtes et pour guides pen-
dant plusteurs
·· ·
Jours; 1eur sentunent
· '
pour nous se resume d ans
ces mots, que le chérif Amhaouch adressait aux cavaliers des
Att Yahia, à la suite d'une fantasia donnée en notre honneur:
« Fabriquez de la poudre, fourbissez vos armes, entraîne~ vos
che · la
vaux:, guerre sainte est proche ! »
Il est utile de connaitre ses ennemis, de les surveiller, d'avoir
des agents chez eux. La chose nous sera facile ; les deux cheurfa
sont affiliés à la confrérie des Derqaoua, et Sid Ali Amhaouch
est l'ami du chérif de Tamcsloht, qui est de tout cœur dévoué à
la France (2).
Les deux derniers cols qui franchissent le Haut-Atlas, avant .
que la chaine ne s'affaisse et ne se perde dans les déserts du 1
Sud Oranais, sont le col de Tifnout et le col de Telrount.
L'oued Reris sort du premier l'oued Ziz du second. Les Aït
Haddidou et les Aït Merrarl peu~lent l'u-;;r;s Aït lzdeg l'autre.
Toutes ces tribus montaoonardes sont difficiles à ahor:der. Le
Voisinage de l'Algérie les ~end défiantes et agressives. Il n'y a
. elle s Ill· ch ef pohhque,
chez ·· m· chefs re1·tgteux
· d on t l'"m fl uence
Sott pr·e d ommante,
· mais nous aurons de ce côte un agent d'"m-
,
forrnati
l' on et d e pénétratwn· qm· est exclu de la partie
· centra1e d e
Atlas : le juif.

1 Nul ne connait mieux le Maroc que l~s Israélites. Nous avons


e devoir de signaler comme l'une des œuvres les plus utiles à

~!; :remière partie, pages 53 à 59.


ouley .el-Hadj, chérif de Tamesloht, est décédé en i908.
2G2

noh·e pt'•nt'-tl'lltion. If' dt'•n•loppt'lllPnt df's (•colPs ist•at'dites. ct


c'est pour nous tm pla isit· dt• t'PconHaitr<' avec quel dévoue-
IIH'nt t;dait•t; les maitt'<'S des t'·colf's li<' L\lliance française israé-
lit<' de l\Jo~·ador <'t dP ~lcrrakceh se consacrent à cette tâche
oP nous prépa rPr des auxiliairPs.
Il y a heaueoup à faire Pncore pom· mettrf' ces (~coles en
mPsur<' d<' suffirf' it la population juive. Cc n'est qu'une question
de très peu d'argent, m'a-t-on dit, ct je ne doute pas, tant le
but est intt'~r('ssant, <Jn'on ne le trouve vite et qu'on ne l'emploie
hiPn.

La face Est d(' notre <fUadrilatère est forrnt'~e par le Tafilelt.


\'ous sortons ici de l'('mpire chérifien pour entrer dans la sphère
d'attraction de l'Algérie. Cc bassin saharien n'est rattaché au
Maroc que par ses traditions. Il tloit devenir client de l'Oranie.
La géographie a des arrêts contre qui la politique ne saurait
lutter. Une oasis, de même qu'une ile, est vassale du continent
le plus proche. Or ici le plus court chemin qui joigne le Tafilelt
iL une terre fertile mène à Béchar. point terminus de notre che-
min de fer du Sud oranais (1).
D'ailleurs, l('s sentiments de cette population sont peu fixés.
Il court sur die un dicton berbère qui la juge : « le Berhri n'a
qu'un maitre : la poudre; le Filali n'a qu'un Dieu :l'argent! »
Au Sultan qui fait ap1wl ù son loyalisme, le Filali répond en
montrant l'Est; à l'Oranie qui le sollicite il montre l'Ouest. En
réalité, il ne tient à rien qu'à son indépendance ... financière
surtout. Il masque la peur que nous lui inspirons du nom de
fanatisme, et son mépris pour le Sultan du nom d'orthodoxie.
Le Tafilelt est alimenté par deux routes : celle de Fez, longue
de dix étapes, qui passe normalement par le~col de Telrount et
occasionnellement par celui de Tounfit ; celle de Merrakech,
longue de douze Mapes, <JUÎ emprunte le col de Telouet.
Par l'une, les marehandises arrivent, en temps ordinaire,

(l) De Bécha1' à Bou Denib, 140 kilomrtres environ, en suivantla vallée de


l'oued Guir, avec de bons points rl'cnn aux étapes. De Bou Denib au centre du
TnfilPIL 30 kilomi•h·Ps,
SITU.\TIO.\ tX:OMI)IIQUE lJU ~IAltuC .IIÉltllJiùNAL ~i)3

majorées de 50 o;o; par l'nutrf• de 60 0/0. Ct•s chiih·es liiOIItent,


en tentps d'insurrection, ilu-ùelà de 100 0/0. Eutin. le cas s'est
vu d'un v(•ritahle blocus, isolant le Tafildt tlu "laroe. Il suffit
~our cela que soient fermés les deux cols qui t·elient ectte colonie
a sa métropole.
Il nous serait possible dl' dèterminct·, à notre gTé, cette obs-
truction. Le Tafilelt est presque cnclavô dans le territoire de la
redoutable tr·ibu des Aït Atta. Cette tribu mi-nomade Pt m~­
sédentaire ne reconnaît d'autre pouvoir que l'autorité spirituelle
des cheurfa de Tamesloht. J'ai elit déjà quelle ~:ratitude je de\<lÎs
au chérif, quelle protection et quel accueil j'antis reçu de lui.
Par une lettre manuscrite qu'il m'a remise au moment de mon
dép~t1, il m'autorise ù déclarer 'Ill ïl met toute son influence au
servtce de la France dont il sollicite la protection pour lui et
ses fils.

La frontière Sud du Ma roe est l'habitat d'un certain nombre


de t 'b
ri us nomades, Arabes pour la plupart.
L~ pénétration éco 11 omi11 ue de cette face déserti<Ille n'est que
peu mtéressante. Il importe pourtant de saYoir tiuelles influences
Y peuvent agir et comment ou peut l'atteindre.
Le pouvoir politique y est morcelô it l'infini. L 'autoritt'• des
chefs les plus puissants 11 'excède pas la superficie de leur tribu.
Leur commandement ue s'exerce pas au-dela· d' un d'ISt r1c · t,
d'une
. f t' ' . · t 11
rac Ion, d un douar. et encore leur ac hon es -e e sou-
~e à l'approbation des ·.Jcmaà, ou asscmbl(•es d<' notables,
qm les nomment et les contrôlent. Les Zenaga nous fournissent
un rare exemple de tribu berbère, très fidèlement soumise à
Hn_ chef héréditaire, ct dont le territoire traverse le Sud maro-
catn. du Nord au Sud, du IJjehel Sirona au Sahara.
Ici, l'autorité religieuse n'est plus seulement aux mains des
c~eurfa ou des marab~uts. <tu 'en berbère 011 déii.g'IH' du nom
d agouram : elle appartieut surtout à des zaouias. Les plus
célèbres, les plus influentes, sont celles de Tamgrout (1), sur

(t) Pren-.··
u•te~e partie, pages 8!J il 102.
254 AU COt:UR DE L'ATLAS

l'oued Dra; de Mrimima, sur l'oued Zguid; de Sidi Mrri (1), sur
l'oued Tlit ; de Si di Mohammed ou Iaqoub (2), près d'Ilir; de•
Sidi Arssa ou Brahim (3), près d'Anzour.
Tous ces établissements religieux sont besogneux, et le pro-
verbe berbère dit : « Il n'est sanctuaire (fliC n'ouvre une clé
d'or. »
Notre itinéraire passe pàr toutes ces zaouias, sauf celle de
.Mrimima, que le vicomte de Foucauld a longuement visitée. Je
connais particulièrement les chefs des trois dernières. Hien ne
serait plus simple que d'entrer en relations avec eux.
Il nous est facile d'atteindre directement cette limite méridio..
nale du .Maroc. Les Doui Meuia en connaissent bien la route. Us "'
la parcourent chaque année pour venir piller les mad er de l'oued
Dra et razzier les troupeaux des tribus nomades du Sahel atlan-
tique.
Nos Sahariens ont prouvé (4) qu ïl nous serait facile de faire
la police du Sahara marocain en prenant pour base nos postes
du Sud-Oranais.

Pour compléter cet aperçu de la situation politique et reli-


gieuse du Sud marocain, il nous faut citer encore quatre person-
nages qui, bien qu'habitant au ~ord du Haut-Atlas, ont de l'in-
fluence dans la région méridionale, et peuvent être pour nous
des collaborateurs précieux.
Je nommerai en premier lieu le frère du Sultan, .Mouley el..
Hafid, khalifa de tout le Sud, dont le rôle consiste plutôt à
transmettre les ordres impériaux qu'à les faire exécuter. Son
appui nous serait fort utile. Les voyageurs qui ont circulé daDII
l'intérieur du Maroc savent de quel poids peut être, même en
pays peu soumis, une lettre de recommandation officielle tiJD~

(t) Première partie, page H~.


(l!) Première partie, pages il!1S à i~7.
(3) Première partie, page U9.
(4J Reconnaissance du Capitaine Flye-Sainte-Marie, de la Compagnie saha-
rienne du Touat, vers Tindouf, :H "octobœ 1~04-f t janvier i905, Bulletin du
Comité de l'Afrique Française, octabre i905.
SITUATION ÉCONOMIQlJE UU MAROC lli:RIDIONAL 255

brée au sceau du Sultan. Le makhzen en est avare, et ce refus


" de passeport est sa meilleure arme pour écarter les étrang·ers
entreprenants . .Mouley el-Hafid en sa qualité de khalifa, détient,
le sceau chérifien.
Ce jeune prince est poète, il passe pour l'un des plus fins
lett_rés de l'Empire ; il est populaire, la voix publique l'a
mamtes fois désigné pour remplacer son frère ...
Ces raisons doivent nous intéresser à lui. Nous aurions un
autre motif d'attention. Le khalifa est travaillé par deux influen-
ces quÏ.,Jl()us sont hostiles.
Il a près de lui un moqaddem du célèbre marabout soudanais
de Chenguit, le cheikh Ma 1-Al:nin. Ce « nonce H, comme on
1
~ surnomme, a pour mission d'exciter le fanatisme du prince.
L exagération de sa violence suffÙ à écarter de lui Mouley el-
Hafid qui semble, au contraire, plein de tolérance et de sagesse.
Nous n'en avons pas moins été péniblement impressionnés
quand, lors de notre visite, ce moqaddem, s'emportant contre
les prétentions de la France et ses ag·issements dans la Mauri-
tanie, déclara, avec une fureur tristement prophétique, que
les
d Maur . es· se c11argera1ent
· ·
bien de couper 1a rout e qm· mene
'
u ~énegal au l\laroc (1).
L autre influence fâcheuse qui s'exerce sur Mouley el-Hafid
est celle d'un pseudo-docteur, qui joue près du khalifa les rôles
un_ peu subalternes de secrétaire interprète et de commission-
naire (2).
~i Aïssa el-Abdi, qaïd d'Abda, est le plus riche et le plus
t?lssant des personnages politiques du centre du Maroc.
accueil qu'il fait aux Français, celui qu'en a reçu mon colla-
borateur M. de Flotte Roquevaire, l'aide obligeante qu'il nous
a prodiguée en toute occasion montrent que nous avons en lui
llnanùd·, '. .
evoue autant que précieux par son mfluence et ses
relations.

(i) Quelques
la.ni . ·
semrunes · · tM . Copo-
après notre retour les Maures assassmaien
du ' PUis, plus tard, le lieutenant Fabre. Mais, depuis lors, la belle campagne
co1onel Go ·
Ma l-AI . . uraud V1909) a chassé vers le Nord les bandes pillardes de
(~) Snin qUI est, en ce moment même, réfugié à Tiznit dans le Sous (1910).
ur ce D?cteur Bolzmann, voir Première partie, pages ~12 à 21-i.
Le marabout de Uou el-Jljad est, dans ce même centre d1
Maroc, le chef religiPux lt• plus vt'~tH~t·t'~. Il réside dans le Tadla
mais sa protection s'étend au loin. Elle fut utile à de Foucauld
on nous assure fju'elle nous est eucorc toute acquise, ct que l'
marabout mettrait ses nombreux fils au service de notre cause
Enfin Sid el-Mahdi cl-.Menehhi, proscrit et exilé à Tanger
conserve l'affection et le dévouement de tous les chefs du Sud. L'
qaid du Glaoui est son cousin germain, le chérif de Tamesloh
est son ami. Dans les tribus les plus reculées, j'ai entendu vante
son courage et souhaiter son retour. Lui-même, avec une obli
geance que je n'ai pas sollicitée, m'a offert ses services quand j 1
suis parti pour le Sud. Comme je l'en remerciais à mon retour, i
mc chargea de dèelarer qu'il serait toujours heureux d'être util1
aux Français (1).

(t) Nous n'avons l'ien changé à cet apet·çu publié dans le Bulletin fi
Comité de l'Afrique française de juin t906. On sait comment les événement
ont réalisé nos pré,·isions. Le khalifa ~Iouley el-Hafid s'est déclaré indépen
dant. Il a pris pom ministre tle la guerre (alla() le qaïd du Glaoui dont il '
épousé la fille. ~lerrakcch l'a proclamé Sultan en août t907, Fez l'a reconnl
en janvier 1908. :\Iouley abd cl-Aziz, détrùné, s'est réfugié. à Tanger (juille
-1909. Le marabout de Bou el-lljad est venu à Casablanca, pendant les opé
rations du Général Drutlc, attester son bon vouloir ct offrir de mettre sot
influence au service de notre cnuse. Le chérif de Tamcsloht est mot·t en HJ08
CHAPITRE II

ORGANISA.'fiO:'< POUTII~l:E

En résumé le Maroc méridional isolé entre l'Atlas, le désert


et ~'Océan, forme un ilot à peu p~ès indépendant. Son organi-
llltion politique est si complexe qu'au premier abord elle parait
an h'
arc tque. On y trouve toutes les formes de groupements
~epuis les petites communes indépendantes de l'Anti-Atlas
JUs~'aux grands qardats héréditaires du Houz. Sur cette carte
poli!,îque se superpose une carte religieuse, plus compliquée
encore, où les zônes d'influence des différentes confréries et les
domaines des innombrables zaouias s'enchevêtrent inextricable-
ment. Cette complication s'ao·o-rave chaque jour. Le Maroc est
e~ pleine désagrégation social:: les confédérations politiques se
dissolvent, les tribus se divisent les confréries religieuses se
multiplient ... Bientôt le Maroc ~e sera plus qu'une mosaïque
de groupements élémentaires, de qhila, ayant chacune leur
autonomie politique ct religieuse. Cette révolution, que des
observateurs mal avertis appellent l'anarchie marocaine, n'est
en somme que la tendance atavique de la race Bcrbèr~ à
revenir
L' . · · ancestra1e, au regtme
a' son orB<uusahon ' · d emocra
· t'tque.
htstQire nous montre le Mo,,reb d'avant les invasions arabes
pleuplé d'une poussière d'ho~1mes groupés en communes, en
cl ans ind'epend ants, tels que sont encore aujourd'lnu· nos SUJe · ts
es Kabyles, nos vassaux les Touareg·.
d'La conquête arabe, et la conversion qui l'a suivie out profon-
. emeut moc:\ifié cette organisation rudimentaii·e. Les Arabes ont
17
258

r(~uni les qhilas en trihus sous lP <·ommandement dPs cheikhs, le


trihus en conft'•dérations sous l'administration des <pïds. L
gouvernement dt'mwcrati<{Ue des assembli~es de notahles '
fait place à l'autocratie du qaïd, il la théocratie du Sultan
empereur et pape. Mais cette organisation, imposée par les Ara
hes, ne fut jamais <{UP superficielle. Les Sultans n'ont pu J,
maintenir que par la force, et en courant sans cesse du Nor1
au Sud de leJrs états. A cha<1ue défaillance du pouvoir centra
l'unité du Maroc est mise en ph·il, lf's groupements factices s
désagrègent, l'instinct des Berbères dissocie l'œuvre des con
quérants arabes ct les ramène à'ux eoutumes ataviques à 1
démocratie traditionnelle.

..
L'aire que nous étudions (Safi, Djebel Aïachi, oued Dra) 4
peuplée par les représentants de quatre races qui sont, dans l'oi
dre chronologique de leur apparition au Maroc : les Berbères
les Nègres, les Juifs, les Arabes.
Nous uc tenterons pas de résoudre ici les difficiles prf'lè
mes de l'ethnologie marocaine. L'insuffisance des document
recueillis, la difficulté des observations rendent toute hypothès
aléatoire et toute conclusion prématurée.

Bornons-nous à constater que les populations du centr
sont en majorité berbères. On sait que les invasions arabes oll
d'abord refoulé les Berbères dans leurs montagnes, puis, u
reflux naturel a ramené les Berbères dans les plaines, et repouss
les Arabes aux confins du Sahara. Enfin dans l'intérieur mêiil
du pays l'élément arabe s'est résorbé peu à peu dans la popU
lation berbère, si bien qu ïl n'est .guère possible, aujourd 'hu
de démêler dans quelles proportions le sang asiatique se mêl
au sang africain pour constituer cette population marocainE
• dont les types, singulièrement disparates, varient du Rifai
• blond au Hartani noir.
Dans le Sud marocain les Berbères sont désignés sous dE
noms différents : ils se donnent entre eux le nom d'Jmaziren
on appelle Braber ceux du Moyen-Atlas, du Haut-Atlas et d
ORGA.NlSA TION POLITIQUE

Sahara; Chleuh, ceux du Sous et de L\nti-Atlas ct du Haut-


Atlas; Baratin, les Berbères noirs du bassin de l'oued Dra. Tous
sont sédentaires, agriculteurs, éleveurs; ils ont un instinct
commercial égal, sinon supérieur à celui des Israélites ; ils par-
lent •'·1. peu pres
· exc 1mnvement,
. ·
1a 1angue tamaztrt.
Les Arabes relégués, nous l'avons vu, sur· les confins du
Sahara, sont constitués en g;randcs trihus nomade~, et tiemwnt
en vasselage les communes, les oasis berbères enclavés dans
leurs domaines et auxquels ils imposent un droit de debilw (1 ) .
. Les Nègres, originaires du Soudan, sont esclaves. Ils étaient ·
llnportés autrefois par les caravanes, mais depuis la conquête
fra ·
nçalse ce commerce est ruiné ; la race ne se perpétue plus
que par reproduction, elle suffit cependant aux besoins des
.Marocains. Les croisements de sang berbère et de sang nèg·re
sont f · . . ·
~ requen_ts ; 1ls donnent na1ssa~ce aux Draoua, Haratrn,
Q dana, qm peuplent le bassin de l oued Dra.
Les Juifs sont répartis assez irrégulièrement sur la surface du
Sud-marocam. . 0 n l eur attr1hue
. . .
deux or1gmes : l' une as1a
. t'1que,
~~ plus ancienne, à laq~elle se rattachent les juifs de l'inté-
~e4les Berbères les appellent A'i.t Mouça ou Flichtin, Philis-
~s) qui prétendent avoir quitté la Palestine après la destruc-
tion du Temple de Jérusalem; l'autre européenne, à laquelle se
rattachent les juifs de la côte, venus d'Espagne et de Portugal
au temps des persécutions. Et, de fait, le type, les rites, le lan-
gage des juifs marocains justifie ces assertions (2).
Nous l'avon& dit, l'organisation politique de ces populations
:st rud~en~aire ; elles ne se sont pas encore élevées à la notion
e patr1e ; elles ne sont pas agrégées en nation ; elles for-
:ent de petits groupes sociaux élémentaires, sous le nom arabe
e_ qbtla, oule nom berbère de taqbîlt, que nous traduisons par:
f1't6us.
La tribu n'est guère qu'une unité géographique, car les frac-

... ~tl)aD
Nous
b'h
supposons connus les renseignements que de Foucauld a donnés
e 1 a. ~econnaissance au Maroc, p. 130.
u . . .·

· (j) .
au MLes renseignements et les appréciations de de Foucauld sur les JUifs
aroc son,\ !!_op exacts pour que nous croyions devoir y rien ajouter.
2ü0 .\ü CŒUR DE J.'.\TLAS

tions qui la composent sont imbues d'un particularisme férocf


ment égoïste. On désigne ces t'radions du nom d'ikhs (famille
adm (os), khoms (cinquième), sebs (sixième). La fraction eOI·re!
pond à cc que nous appelons le clan; elle est le premier grou
pement présentant une rèelle cohésion ; elle est constituée pa
la réunion de plusieurs familles ou foyers, que les Berbère
appellent adoum· (maison), inkân (Foyer), tiguemmin (maison;
et les Arabes, kheima (tente), taka (tente), kanoun (foyer) (1)
Ces groupes sociaux s'associent entre eux, pour la défense d'
leurs intérêts communs, en ligues temporaires que l'on nomiD1
leif (tamazirt: ameqqam). Il est hien rare que toutes les frac
tions d'une tribu fassent partie du même leff. Le plus souven
elles appartiennent à deux lcfl's ennemis.
Le trait caractéristique de cette société herbèrP est le particu·
larisme. Chacun le pratique dans la mesure de ses forces. L(
Berbère est férocement égoïste hors de sa famille. .t
Dans la famille, en dépit de l'autoriM du chef, les femmes s~
jalousent, les frères consanguins se haïssent. Entre fractions, toul
est cause de querelles et de batailles : les pàturages, l'eau, etc.
Entre tribus, on s'accorde toujours pour la défense, et quel~fois
pour l'attaque. En sorte que cette région apparaît au géog·raphe
comme-inne mosaïque infiniment compliquée, ct le sociologue
n'y distingue qu'une poussière d'hommes incapable d'ordre ou
de cohésion.
Les nécessités de la vie en communauté ont cependant créé un
organisme social rudimentaire, qui fonctionne à peu près de la
même façon dans presque tous les groupements berbères. Que
l'agglomération soit un doum·, un qçar, une qaçba, une moudâa:
un agadir, une til'1·emt elle est administrée par un conseil, qui
prend le nom de jemàa, d'anf'aliz (berbère), ou de zerou(al
(Houz), ct qui est formé par la réunion de tous les notables,
chioukh ou icemr'rouren, sous la direction de l'un d'entre eux,
élu chaque année, et appelé clœiklt el-am ou Amrar.

(:1) Dans les énumérations on attribue au << fo,Yer >> deux valeurs différen-
tes : le foyer est de trois personnes, un homme, une femme et un enfant, ou
de dix personnes, suivant que l'on dénombre en Yue d'une statistique ou en
YUI' de l'étahlissemenl des impùls.
01\G.\NISATIO'i l'OLITII~IE 2ô1

. Cette ot·ganisation démocratique porte dans le Sous le nom


Pittoresque d'Aït Arbaùt (g·ens aux f{Uarante chefs); c'est par
cette métaphore aussi que les Berbères traduist'nt le mot: Hépn-
hlique · 1•·e'1 cc t'wn du clwtkh· e 1-am est encore accompagnee ·
~ans certaines régions du Sous d'une sorte d'investiture symho-
hque, qui consiste à ceindre la tète de l'élu d'un énorme turban,
une r~.zâa, achetée aux frais de la qbila.
La Jem<la dit aussi un mezrdq (porteur de lance). Ces deux
personnages, 1<' cheikh el-am et le mezrag, sont chargés, l'un
~e faire exécuter toutes les décisions prises par la jemâa,
l autre de surveiller cette exécution.
Une assemblée supérieure, où figurent les chioukh el-am et
les ntzareg. de toutes les fractions, règle les affaires de la qbila.
Cette assetnhlée désigne chaque année un amrar aj'ella, un chef
suprême, dont le mandat n'est, en principe, ni résiliable ni renou-
velable. Cette restriction n'a d'ailleurs jamais empêché certains
chefs ' dont l a pmssance· ou 1es capact·tes ' s ,.tmposaten
· t , d e conser-
V~r longtemps le pouvoir. Le titre d'amrar est aiQ.si devenu
VIager, et même héréditaire, comme, par exemple, dans la puis-
san. .triLu d<'s Zenaga.
Il subsiste encore dans le Sous un certain nombre de per-
sonnages qui portent le titre de qaïd. Ce titre, purement honorifi-
que en Bled es-Siba, puisqu'il désigne un fonctionnaire du magh-
zen ' est l a survtvance· de quelqu ·une de ces nomma · t'wns ep ' h'e-
Inères 1 1
. que es Sultans confèrent au cours de eurs expe thons. 'd' ·
Le dtgn't 1 ·
. atre endosse, en l'acceptant, une responsa b'l't' 1 1 e d'ert-
·
Sotre · car son pouvoir cesse dès que 1a co1onne ch'er1'fitenne eva- ' ....;..,, · ·
eue. son ter · il
rt oœe ; · ne lui en reste que e 1 re qm, par une per- .
't l t't · -.,.;
ststance singulière, peut même être conservé à ses descendants.
ré L~ jenu\a de la tribu règle les affaires extérieures. Elle ne se
unit que pour décider de la guerre ou de la paix, des allian-
d (,le1f) <t.' nouer, les protections
ces · a, accorder (dehzha).· Ell e
Aécrete les préparatifs d'armements à faire. La jemâa des Aït
t rt~htau avait
de
décidé, lors de notre passage, que tout homme de la
't
vrat , selon sa fortune, posséder, avant une date fixée, un
ch eval f .
'un ust1 européen ou un fustl arabe.
0
" pareiJs ordrf's sont transmis à la frac-tion par le cheikh Pl-
262 AU CŒUR DE L'ATLAS

am; l'exécution en est surveillée par le mezrag. Le manquant


est puni d'une forte amende, d, au hesoin, de la confiscation
de ses hi ens ct de la prison.
La jemâa de la fraction est chargée des affaires int~rieures :
()Ile rend la justice, ct fait la police ; le cheikh cl-am est chargé
de la première de ces fonctions, l'autre incombe au mezrag.
Justice. - Théoriquement la justice est rendue par le qadi
conformément au droit musulman, ou à la âda, c'est-à-dire au
droit coutumier en matière criminelle.
En pratic1ue, on a rarement recours au qadi. Il n'existe pas
plus d'une vingtaine de qadis dans le Sud marocain. Ce sont,
ordinairement, de savants vieillards, qui se déplacent peu; leurs
sentences coûtent cher ; il faut habiter dans leur voisinage, et
être riche, pour recourir à leur ministère. La justice est rendue
par le cheikh el-am, conformément à l'isref (jugement), c'est-à-
dire à la coutume berbère. Le cheikh peut quelquefois être rem-
placé par un arbitre, par un chérif, par un étranger de marque.
Son jugement peut être déféré à la jemâa; en principe il est
exécutoire sans appel ni délai.
L'usage de l' isref est une dérogation à la Loi Coranique. Le
chérif d' Ahançal, à qui nous devons les exemples qui suivent,
s'en excusait sur l'ignorance de ses clients et sur l'antiquité de
ces traditions. L'isref admet comme preuve le serment des dix
témoins, qui consiste à opposer aux accusations le serment du
défendeur appuyé par neuf hommes de sa tribu, qu'ils aient été
témoins ou non.
La dia (composition) ou prix du sang, est d'un usage constant.
Sa quotité varie selon la victime.
Entre les Ait Yahia, les Aït Soukhman et les Ichcheqqeren U
est fixé à 500 moutons et 500 douros pour le meurtre d'un
homme. Chez les Alt Atta, l'assassinat d'une femme est coté à.
100 pesetas environ. Le meurtre d'un Juif peut être un cas de
guerre ou l'objet d'un arbitrage, suivant la qualité de son protec-
teur.
Le meurtre d'un étt•anger est payé d'une amende de 60 mou-
tons, que le âr, le protecteur (zettat), doit ramener à la famille du
défunt.
ORGANIS.\. TION I'OLITIQUF: 263
Quiconque, dans une rixe, casse une dent à son advcrsairP,
l .d
UI onne un bœuf de deux ans et un mouton. Il doit, en outrP,
fournir un repas aux arhitres.
L'indemnité due pour une bles.çw·e au viYage varie, suivant la
gravité. Pour l'apprécier, le juge fait mettre des moutons en file,
s~r ~n seul rang. Il se place ù l'extrt~mité de cette file; le blessé
~eloigne de lui à reculons, en lui faisant face, jusqu 'à ce que le
Juge ne puisse plus discerner la blessure. Tous les moutons qui
séparent le juge du blessé sont acquis à la victime.
Le voleur restitue le double de son vol : qui prend un bœuf
en rend deux.
L'adultère est coté :l 300 moutons chez les Ait Atta. Il n'est
puni que si la femme coupable est mariée, car, l'adultère est
considéré comme un vol, non comme une faute contre la morale.
Les mœurs autorisent toutes les licences avec les femmes non
mariées, qu'elles soient vierges, célibataires, divorcées ou
veuves .
. H~spitalité.- Le cheikh el-am répartit les cha~ges de l'hos-
pttahté, la mouna. Elle est due à tout étranger qui la réclame
par la formule traditionnelle : dif Allah ! - je suis l'hôte de
Dieu ! L'hospitalité varie, suivant la qualité de l'hôte. Si c'est
un personnage considérable, il est l'hôte de la tribu, et chaque
foyer doit contribuer à son entretien. L'un fournit le tâm, un
~utre le sucre, un autre le thé, le bois etc., selon les prescrip-
hons du cheikh. Si c'est un simple voyageur, il est attribué à
un h a lHtant,
· conformément à une hste· de rou1ement eta ' hl'te
par le cheikh.
Les contestations en matière d'héritage et de divorce sont les
plus fréquentes et les plus délicates que le cheikh ait à trancher.
11
. nous a semblé, tant les renseignements qui nous ont été four-
IllS.sont confus, qu'aucune règle ne se dégageait de ces sortes
de Jugements. L'arbitre prononce selon l'équité, disent les juges;
selon son intérêt, disent les parties.
L' , .
executwn de ces sentence,, le prélèvement de ces amendes
s?nffre la plupart du temps beaucoup de difficultés. On nous a
Signalé, chez les Alt Abdi, un procédé assez curieux, Le cheikh
se rend ~hez le coupable qu'il a frappé d'une amende, et le met
,\l' CŒI"H IJE L .\TLAS

eu dmueurl' tfen ucquittei·le montaut. Si le eondanuu~ refuse, le


cheikh rmnasse une pierre, ct la mouille en y appli<juant sa lan-
gu<'. L'amende doit Nre payée avant <pw la salive ait séché,
faute de quoi 1<' montant <'Il est douhlt'~. Le cheikh I'enouvelle
trois fois cette sommation, après quoi il requiert lc mezrag qui
<'mploifl les moyens de cocrcition dont il dis po sc.
Il faut <.'ncorc mentionn<~r, parmi les personnages indispensa-
hl<'s ù. la Yic publique ct prh·t'~e, les adoul (notaires), à qui
revient le soin de rédiger les actes importants. Il n'existe que
fort peu d'adoul ct, comme pour les qadis. on s'efforce de se
passer de leurs services toujours fort coûteux.
Les fonctions de police du mezareg s'exercent principale-
ment sur les marchés. Le soûq est la place publique d'une
tri hu. Situé en rase campagne, le plus souvent, et avec intention,
loin des lieux habités, il présentt> une animation qui contraste
singulièrement avec l'habituelle torpeur des bourgades ber-
hères.
Le marché est une institution sacrée dans le Sud du Maroc;
elle m'a paru être plus respectée que dans le Nord. Je n'ai
entendu dire nulle part que l'âpreté des querelles ait inter-
rompu un marché, ni que les femmes seules y fussent admi-
ses, comme cela se fait dans le Nord, chez les Djebala. Un
smiq, dans le Sud marocain, est un terrain neutre; s'il est pillé,
ce sera le fait d'une tribu ennemie, mais non le résultat d'une
ne(ra ou d'une kesra survenant parmi la clientèle du marché.
On s'y hat quelquefois, mais personne n'en profite pour piller
les marchands. Les Berbères ont hien trop d'instinct commer;
cial pour mêler leurs intérêts t'~conomiques et leurs intérêts
politiques. La guerre même n'empèche pas toujours le négoce
entre tribus voisines.
~ous donnerons, aussi exactement et aussi complètement
que possible, dans nos Renseignements politiques, la liste des
marchés de chaque fraction. Nous y ajouterons, pour que cette
énumération soit complète, les grandes foires annuelles, telles
que les mouggar de Mrimima, du Tâzerouâlt, d'Art loùça, et les
fêtes patronales, les moi'tcen, des zaouias et des villes réputées.
ClL\PlTHE III

ORGANISATION l\ELIGlEUSE

L'Islamisme est la relig·ion commune aux Berbères, aux Ara-


bes et aux Nè~res du Sud marocain (1 ). ·Il est permis d'affirmer
que l'islamisation de ces peuples 1)rimitifs est très rudimentaire.
La langue arabe, la langue lithurgique, leur étant Inconnue, ils
ne peuvent comprendre le Qoran, ni en pratiquer toutes les
pr~scriptions. On objecte à cette excuse que le Qoran a été tra-
dutt en langue tamazirt afin que les Berbères en puissent con-
naître, sinon la lettre, du moins l'esprit. Tous les informants que
nous avons interrogés ont démenti cette assertion. Le chérif
Amhaouch s'indignait de cette hypothèse, rappelant avec jus-
tesse que le Livre sacré doit être récité sans aucune altération
du texte, et que même les intonations en ont été notées sui-
· mmmahles.
vant d es rttes .
On comnientc le Qoran en Tamazirt dans toutes les écoles
coraniques berbères, dans toutes l~s zaouias du Sud marocain.
~es tolbas chargés de cet enseignement sont,la plupart du temps,
Incapables de parler l'Arabe ; tout au plus peuvent-ils rédiger
et lire une ·lettre en mauvais Arabe littéraire. L'instruction
r l'1 .
e . gteuse des Berbères se borne donc aux quelques sourates
Usttées dans les prières quotidiennes, auxquelles il faut ajou-

le (f) Nous n ' avons entendu parler tl'aucun sc h"1sme ana1oguc à ce 1u1· que
te savant professeur l\loulieras a décome1·t chez les Zenata, ct dont l'exis-
df'n~c nous avait été signalée en 190f, lors de notre pns!\agc chez les Riata
•llf'l1hm
• • nn (r·
,·oyagP.• au :Jfarod.
266 AU CŒUR DE L'ATLAS

ter le dikr de la confrérie à lëH{Ucllc ils appartiennent (1). Quel-


<{Ues lettrés ont traduit et commenté à l'usage des tolbas berbères
les principaux ouv1·ag·ps de tlu'~ol 1g·ie ct de droit. On nous a récité
des passages d'une traduction du h·ait<~ de tlu\ologie du Chîkh
Snousi, de Sidi K!tlil. ~ous avons rapportô un exemplaire manus·
crit de la Borda du Cheikh cl-Bousiri, avec paraphrase en lan-
g'liC Tamazirt (2).
Lïgno1·ance religieuse des Berbères explique la tiôdeur de
leur foi; elle nous permet 1le comprendre aussi comment l'isla-
misme a pu devenir entre leurs mains cc culte hétérodoxe, mêlé
de fétichisme, d'antropolàtl'ie. de superstition, où sc retrouvent,
pèle-mêle, des sui·vivanecs elu pag·anismr, de la magie, du
judaïsme et du catholicisme. Il semble que cc soit la revanche
du vaincu contre son vainqueur que cette déformation de la reli-
gion des Arabes par les Berbères. Dans son ardeur de prosély-
tisme l'Arat,e ne s'est préoccupé que de con.rertir par le sabre,
sans se soucier si ses néophytes s'assimilaient son dogme. Le Bèl-
hère, docile, a subi la loi du plus fort, mais, dans sa conversion •
trop rapide, trop brutale, il a gardé en les transposant, en les
adaptant toutes les croyances qui lui étaient chères. La plus
importante, celle dont les conséquences sont le plus grave est
le culte des Saints. .,.
L' antropolâtrie est, à l'heure prt\sente, l'agent tl.e dissociation
le plus puissant de l'unité islamique. Les Berbères ont hérité de
leurs 11-neètres païens, juifs ct catholiques ce besoin de croire
aux sorciers, aux prophètes ou aux saints ; ils ont introduit 'dans
la religion la plus hermétiquement monothéiste le culte du

(t) Lr chérifd'Ahançal nous a conté l'origine du dikr des Ahanç.ala: Sidi


S'Id, fondateur de la zaouia d'Ahan\~al, étant en pèlet·inagc à la Mecque,
avec son maitre Sidi Mhammed on ~:alah, visitait la bibliothèque du Pro·
phète. Il vit un livre dont la convel'lure attira son attention, et tendit la
main pour le pt·endre. Le bibliothécait·e l'arrMa en lui disant que quiconque
lirait cc livre serait frappé (le folie. Mais Sidi ~lhammed le rassura et,
donnant le line il son disciple, il le lui imposa comme dikt• de la confrérie
(1u'il rêvait de fondct·. Ce livre était le Dimiati, ou les quatre-vingt dix-neuf
noms d'Allah. Voit· Première partie, page 41, une version presque identique.
(1) Jfanu.~crits berbères de la mission deSe,qonzac. Si Saïd Boulifa. Jour•
na! Asiatique. Sept. octobre t905.
ORGANISATION RELIGIEUSE 267
~hérif descendant du Prophète, la vénération du marabout
~ondateur d'une dynastie sainte. Au temple de Dieu l'V nique
lls ont substitué des milliers de chapelles, de zaouias ; le peu-
ple des Croyants s'est morcelô en confréries rivales, sous la
direction spirituelle et temporelle de chefs avisés qui se font
une âpre concurrence.
Nous avons esquissé en tête de cc travail la carte religieuse
du Sud marocain. On se souvient combien elle est complexe,
c~mbien les influences y sont enchevêtrées. Il n'y reste qu'une
hi~n petite place pour le clergé officiel, pour l' imdm, fonction-
natre assez misérable et secondaire, que l'on trouve seulement
~an§ les agglomérations importantes dotées d'une mosquée, une
}amd. L'imAm est recruté parmi les lettrés de la localité; il est
nommé par la jemàa, et rémunéré par les soins du cheikh el-am.
Il am·lSSIOn
· d' entreterur
· la mosquee,
, de pourvoir · aux b esoms
· d es
tnendiants qui y c~erchent abri ou t:efuge, de prép:rer l'eau qui
sl!rt aux ablutions. Il chante l'appel.aux prières, et difige l'école
· coranique. Les petites bourgades, les qçour, les tirremts, n'ont
souvent pas dïmàm ; un notahlc quelconque enJ'ait fonction, et
cumule les emplois de taleb, de secrétaire, de maitre d'école,
et. .. de tailleur, car les travaux de couture sont une spécialité
des tolhas.
N • .
• ous ne revi~ndrons pas ici sur l'organisation des zaouias et
des confréries dont il a été maintes fois question dans la Pre-
mière Partie de cet ouvrage (1) et dont le détail figure d!ins nos
ren~eignements statistiques. Il importe seulement de retenir que
toutes ces institutions religieuses sont besogneuses, et que, sui-
v~nt le proverbe que j'ai déjà cité, « il n'est sanctuaire que
n ouvre une clé d'or».
La conclusion de ce rapide aperçu de l'organisation politique
et religieuse du Sud marocain sera la suivante :

('_}.~es deux confréries les plus importantes du Maroc méridional sont les
~llClrlm dont le berceau est Tamgrout (voir Première Partie, page 93) et
es Derqaoua (voir Première Partie, page 79 J. Les Uerqaoua du Sous reçoi-
vent lem· mot d'ordre de Sidi Saïd résidant à Derar()'a dans la qb!la de Mes-
;eguina, et de Sidi el-Hassen ou Toumoudist, résidant à el-~fader (Ida ou
emlal), Ils reconnaissent pour chefs les chioukh Derqaoua du Tafilelt. Voir
Pre nu'è re .Partie, plJ8e 80.
268

L'individualisme dissociP l'unité politique, l'antropolâtrie


désagrège l'unité J'eligieuse ; cette situation rend impossible
toute cohésion dans la défense, et chimérique toute velléité de
guerre sainte.
(luant à l'organisation de cette région, comme de tout le'
Maroc d'aill«:urs, nous pensons qu'elle sera l'œuvre d'un pouvoir
central habile, qui élèvera la population berbère de sa désagré~
gation actuelle à l'échelon social supérieur, à la féodalité; qut
groupera les tribus en confédérations régionales sous le com-
mandement de grands qalds assistés de contrôleurs.
L'absorption de ces gTands vassaux par le pouvoir central
constituera l'étape suivante. Pour la mieux accomplir, le Stfltan
d'alors placera sa capitale au centre de gravité de ses Etats; il
mang·era feuille à feuille, qaïd par qald, tribu par tribu, l'arti-
chaut marQcain; il n'en sera plus réduit, pour lever l'impôt, à
courir pendant tout son rè1ne du Nord au &nd de son empire
bicéphale,pu royaume de Fez au royaume de Merrakech.

·,
..

CHAPITRE IV

ORGANISATIO'i SOCIALE

ti

L'esprit particulariste des Berbères fait de chacun de leurs


groupes de petites sociétés très attachées <t leurs traditions, à
leurs coutumes, très différentes, sous des apparences assez sem-
blables. Chacune d'elle devrait faire l'objet d'une monographie,
et de l'ensemble de ces études otfpourrait déduire les traits
• g~néraux de l'org·anisation sociale du Sud marocfin. Faute
.
davoir pu réunir des documènts assez complets., nous devrons
~ous contenter~ d'esquisser cette organisation, en apportant à
l appui de nos dires les textes et les renseignements que nous
avons recueillis.

Le mariage .

.Les Berbères sont polygames, bien qu'en fait la monogamie


SOit le cas le plus fréquent. Tout homme aisé possède deux,
trois ou quatre femmes selon ses movens. 1\ous avons vu un
' "
qçar où la mort de deux frères avait obligé le troisième à épou-
ser ses cinq belles-sœurs, ce qui, joint aux deux femmes qu'il
avait déjà, formait une sorte de harem de sept femmes. Le con-
cubinage est conforme à la loi et à la tradition ; tous les grands
ch~fs politiques et religieux possèdent de nombreuses esclaves
no~res. On nous a cité le hnrem du qald du Glaoui comme le
plus peuplé du Sud marocain.
Le mariage est l'acttl le plus important de la vie familiale
berbère. On y songe de bonne heure. Les garçons se marient
dès qu'iJ.:; peuvent subvenir aux charges du foyer, les filles dès
270 AIJ CŒIJI\ DE L'ATL.\S

<Ju'cllcs sont nubiles, parfois mèlll<' avant. Dans les tribus tout
à fait harlmrcs, chez ]('s Aït Soukhman, par ('Xempl(', c'est la
fille qui choisit son époux. Chez les Aït Atta d(' l'Atlas, la jeune
filleS(' prostitue sans pudem· ; J'homme n'attache aucune impor-
tunee ù la virginité d(' l'épouse, mais il a le devoir <l'épouser
immédiatement la fille ou la veuve qu'il a rendue mère, et le
chérif d'Ahan (Jal ajoutait qu(' ee correctif suffisait à rendre les
hommes plus prudents si les filles Maient plus entreprenantes,
ct que le niveau moral de cette tribu, en dépit de cette éton-
nante tolérance, n'Mait guère inférieur à la moyenne.
Disons tout de suite ~ue, d'une façon générale, les popula-
tions du Sud marocain sont d'une immoralité et d'une impudeur
qui dépasse tout ce que l'on peut concevoir. Les chansons ber-
bères que nous rapportons édifieront le lecteur à ce sujet.
Sauf les exceptions que nous signalons, la demande en
mariage est faite par le p~ ou par la mère du futur. Elle est
précédée !j'enquêtes discrètes, menées par les femmes des deUX
familles, de façon à éviter l'affront d'un refus. Le prétendant •
connaît toujouR> celle qu'il <lP.mande, car dans la montagne les
femmes ne se voilent guère, et partout elles jouissent d'une
liberté d'action indispensable à l'accomplissement de leurs mul-
tiples jonctions. Le BP.rhère, en effet, se décharge sur ses fern-
nies, ses filles ct ses esclaves de tous les soueis de l'existence.
Son rôle à lui sc horne à boire, manger, dormir, faire l'amour et
la guerre.
Le symbole des fiançailles est, en beaucoup d'endroits, un bra-
celet d'argent que les négociateurs passent au bras de la fiancée
dès que le pacte est conclu. Les formes dans lesquels le con-
trat est discuté et passé varient beaucoup. Tantôt, comme dan•
le Sous, les deux pères délibèrent devant deux adoûl, pronon-
cent la formule de la Souna au-dessus d'un plat de semoule
sur lequel repose le bracelet ; tantôt, comme dans le Dadès, on
signe un acte devant le qadi ou son naïh ; tantôt enfin, coJilllle
chez les Aït Haddidou, le fiancé négocie directement avec son
futur beau-père.
Tout mariage, dans le Sud marocain, implique le paiement
d'une dot par le fiancé. Le montant est variable. Chez les An
.
Oll.GANISATION SOCIALE 271

lchcheqqeren, la femme vaut 1.000 à 1.500 pesetas; aussi fête-


t-on la naissance d'une fille plus !JUC celle d'un garr;on. La
plupnrt du temps la dot consiste en une somme d'argent dépas-
s~~t rarement 100 douros (500 prsetas), et rn vêtements, vivres,
biJoux que le flanc{\ envoir, rn unr seule fois ou à chaque mar-
l · Il a som
ché · d' aJoutrr
· a' ses dons que l <JUes menus ca d eaux pour
c père et la mère th' sa fiancée. La fille apporte en mariage des
~êtements, des ust<'usilcs de cuisirH•, des bijoux, et notamment
e collier classique en pièees de monnaies entremêlées de corail
et de verroteries.
Alors connnencent les rites de purification. Partout on teint de
henné les mains des fiancés, on leur met du koheul aux yeux,
?n les lave, on les parfume, on les isole de leurs familles, on
Immole une victime propitiatoire, dont le sang sert à oindre les
montants de la tente ou le chambranle de la porte.
Les cérémonies achevées, les amis du futur viennent chercher
· qu ··1
la fian cee · ' h ·
1 s eonduisent it ch<'val à mule ou a c ameau JUS-
,, l '
qua a demeure prt'~parée pour la noce. Cet exode de la fiancée
r~ppelle toujours, par quelques simulacres de résistance, l'idée
d en~èvement, et s'aecomplit à la tomhée de la nuit. Le fiancé
re?oit de la main de ses amis celle qui va être sa fem·:1e, il la
Volt officiellement pour la première fois. .
La possession s'accompagne toujours d'un semblant de lutte,
prolongeant jusqu'à l'acte suprême cette violence universelle-
lllent simulée.
Un des usages les plus répandus, est celui qui consiste à faire
:ux nouveaux époux des présents en nature. Ces présents consti-
Uent une sorte de prêt ils doivent être rendus lors du mariage
dudonataire ou de ses 'fils.

La Répudiation

d ~es Berbères du Sud de l'Atlas admettent que l'homme a le


~o~t de répudier sa femme ; les femmes jouissent du même
à ~tt ~ans certaines circonstances. En principe, on se conforme
t . lot coranique.· Les formules de répudiation simple, ou de
l'lple répuqiation, entraiDent une séparation provisoire ou défi-
.\1: U~~Lil IlL L .\TL.\~

nitiv1~. La femnw emportP ~l's lHmles, le mari réclame le mon-


tant de la dot, les enfants sont laissl~s au pi·rC'. En pratique, le
Berbères divot•cent moins facilPHlent IJlle lC's Arabes. L ïncompa
tibilité d'humeur ne leur pal'ait pas.-un motif de répudiation
Quand un mari a ù. sc plaindre de sa femme il la fait enferme:
dans l'alœrbiclt, sorte de prison de feunnes, surveillée par un1
tagoujimt, une gardienne.
En cas de stérilité de la femme, ou (1uand le mari a des dou
tes sur la Yirginit1~ de celle qu'il épouse, on a reeours ù.la qalbia
l'examinatrice, qu'il faut se garder· de confondre avec la sage·
femme, la qahla.
L'adultère constaté est un eas de répudiation. Le mari, poUl
donner plus de solennité à cet acte, lP fait écrire par un taleb, e
le remet à sa femnw.
Les A'it Atta de l'Atlas ont une forme de divorce particulière
Le mari convoque une dizaine de témoins et proclame, à hautl
voix, la répudiation et ses motifs. Il a le droit, par surcroît, d'in·
terdire à sa femme d'épouset• certains hommes qu'il désigne
mais dont le nombre ne peut être supérieur à dix.
La femme a le droit de demander la séparation dans certainl
cas : l'impuissance est le plus fréquent. C'est encore la qalbil
qui, sur l'ordre du cheikh cl-am, procède à l'cnquète.
Chez les Art Soukhman, la femme, en sc mariant, choisit Ul
dâmen, un représentant. Elle dit. à son époux : « un tel seri
mon dâmen; j'ai mis la parole de répudiation dans sa bouche ..
Si. pour un motif quelcOlliJUe, elle veut se séparer, elle enV01
dire à son mari, par son di\men : « Ta femme te répudie ! >> Ell
est libre, et rentre dans sa famille sous Ja protPction 1lu di\met
La grossesse ajourne, de droit, toute r{~pudiation, pouf'V
qu'elle sc produise dans 1les dél~s licites après la séparatior
Le mari doit reprendre sa femme, l'entretenir et l'assister ju!
qu'au jour de l'accouchement, ct mème pendant les sept joUI
qui suivent la naissance de l'enfant. L'enfant demeure dans l
maison du père.
Nous avons déjà cité les Ait Atta et les Ait bou Zid comme pa
tieulièrement grossiers et dépravés. On en trouve une nouvel
preuve dans l'extraordinaire tolérance des maris qui ne fol
UI\().\:"'ISATION SOCIALE :r73

aucun cas de la viL·;.ânitt·~ de la fiancée, et qui poussent le mi~pris


de l'épouse jusqu'ù faire entre eux des (~changes de femme. On
nous
. •a 01 eme

assm·c,· nnus ·
sans <Iue nous en ayons o 1>tenu con-
hrmation, que certaines fptctions des .\ït Atta prati<Itwicnt la
communauté de la femme.
La femme divorcée rentre dans sa famille, et tlenwure libre
ou se remarie à son gTé. La veuve est tenue de vine seule
pendant un délai qui va~ie de quatre mois ct <Lixjours ù une année.
La coutume fixe la part d'héritage qui lui re,·ient. Elle est sou-
Vent obligée d'entrer dans la maison <Le l\m de ses beaux-frères
ou de l'un de ses cousins.
Dans presque tout le Sud, veuve et di,·orcée sont synonymes
de prosti tuée .

La Naissance

Le Berbère concentre ses affections dans le cercle étroit de sa


f~mille. Au dehors il est égoïste et brutal, chez lui il est bon
pere, époux patient; il adore ses enfants. La fécondité est une
des qualités les plus prisées de la femme. La stérilité est un cas
de répudiation ou, tout au moins, de relégation au rôle de ser-
vante · On COUJure
· 1a ster1
· "lité par tou t es sor t es d e pro ce· d es
· magi-·
ques. Le plus simple consiste à porter, pendant un laps de temps,
la ceinture d'une femme féconde.
Pendant la durée de la grossesse, et jusqu'à la veille de l'ac-
couchement, la femme continue de vaquer à ses fonctions, de
remplir tous ses devoirs selon le bon plaisir de son époux. Dès
~u'el le ressent les premières ' douleurs, on appelle la qâbla qui
lllstalle la patiente sur un tapis ou sur une pierre, en lui mettant
entre les mains l'extrémité d'une ceinture accrochée aux poutres
du_plafond, puis elle s'installe en face d'elle. Si l'accouchement
a,.lieu pendant le jour, on lais~e l'accouchee seule avec la qàbla;
s il a lieu de nuit, les femmes de la maison l'assistent. Aucun
honune, pas même le mari ne doit être lll'l'sent.
La qâhla noue le cordon, ' le coupe avec des c1seaux, . et le
cadutérise; elle enterre ensuite la délivre, en grand mystère, hors
ela matson
. ou du douar. Pendant ce temps l~ mar1. accomp1"1t
des rites p rop1"t·1ato1res.
. 11 tmmo
. l c d es V1Ctuues,
. . mou t ons ou pou-
• i8
les, ~ui,:ant
.\U COl'.! Il DE L·_\TL.\S

sa fortune. Le sacr~li('e su~v~nt


dift'iwe .'ll.tssi le sexe
,l
de l entant ; un gart;ou Pst touJout·s aceuetlll avec JOie, les filles •
sont moins hien venues : << l\ous n'aimons les netoua (femelles) ~
que l(~rsqu'il s'ag·it <Le nos hdes de soutme ! " disent les Ber~~~ ~.
res. {'ious avons vu pourtant qw~ lPs Aït lchchcqqeren prefe~ ,~
raient les filles. '1
-~
La <fàhla revêt l'enfant d'une simple pièce d'étoffe percée 1
d'uil trou ; elle lui met autour de la tète un cordon de laine ~
auquel pend une amulette. On ne le lave <1ue beaucoup plus :'
tard. Pour le calmer et l' endot·mir, cliP lui fait sucer un chiffon ..
trempé dans une infusion d'huile d'argauier et de feuilles de ~-­
bryone. Sa mère le prend ensuite ct lui donne le sein. ;. •
La superstition hcrhôrc admet <fUe les enfants nouveau-nés
soient menacés de mille dangers occultes : il en meurt tant, et leS ~·-_~.
sorcières sont si puissantes ! Pour conjurer les dang·ers et les .
maléfices on accomplit toute espèce de Pites, on emploie toutes ~
sortes de fétiches. 1\ous avons en notre possession un de ces talidis: 1
mans fahri<{Ué sous la dii·ectiou du fameux marabout de Si ·~
Mohammed ou yaqoub. C'est un nouet de drap bleu, contenant -~
une ln·anche de. persil, de la rue, du sel, du sotifre, et une pié~ i~
cette d'argent d'un grieh. Le tout doit être fixé au poignet de
l'enfant jusqu'au septième jom. Le septième jour on l'attache
au cou, e~t y joignant une amulette écrite par un talcb.
Si l'accouchement est lahorieux, on tente différentes manœu~
vres atrocement barbares. J'ai vu les (Jàhla des Oulad Jcllal user
du couteau et du fer rouge ... En fin de compte, quand toutes
les tentatives ont échow\ <fUe la femme va mourir, on éourl
chercher le toubib, le médecin le plus proche, et le mieux qui
puisse arriver à la patiente est de mourir aYant sa venue!
Il existe pourtant des moyens moins brutaux. Tel celui d~
laver les pieds du mari et de faire boire à l'accouchée l'eau qUl
a servi à cc lavage.
Le septième jour est une date fatidique de la vie de l'enfant.
C'est déjà la fin du repos accordé à la mère. Dès sa délivran~e ~
on l'a nourrie de soupe, asoua, de viande, et de thé. Le trol~ ,:~
sième jour elle~ mangé une poule ou un poulet, suivant qu'elle ··~1
a donné naissance à un garçon ou à une fille. Le septièn1e jout.
~:~
UI\!>A \JS,\ TIO:'< SOCIALE 275

elle se lève, on la haig·ne elle relH'cnd son labeur ct même sa


. ' '
\ï~ conjugale, s'il plait ù son maitre, hien tjUC l'usage lui prcs-
ct•tve ·
. une contmcnce ùc,quarantejours.
L enfant a re~;u un nom dès le premier jour, sinon il ne le
recevra que le septième jour, et pendant cc délai on l'appel-
lera Adrab.
L'imposition du nom est une fète de famille. On immole un
mouton, on convie les enfants du douar ou de la bourgade à
Venir manger un plat de toukhrift, on leur fait réciter une fatiha
pour la prospérité de l'enfant.
p 0 •

ms on se rend chez le marabout ou chez un taleb lJ.Ul coupe


~es cheveux de l'enfant. L'importance que l'on semble attacher
a cette première coupe justifie la théorie des ethnologues qui
Veulent Y voir un rite destiné à purifier l'enfant et à écarter les
maléfices.
Nom-elle fète, et nouvelle invitation aux enfants d'alentour,
en l'honneur des premières dents de l'enfant. «Puisse-t-il vivre
assez pour apprendre les soixante sourates du Qoran! »s'écrient
les convives
0 )

. La fète de la circoncision est quelquefois célébrée le septième


Jour, mais le plus som·ent elle n'est pratiquée que quarante jours
après la natssance,
· · même l' en f ant n ' cs t. opere
parf01s '· ._,~ ou
· ' qua
6ans.
Dans certaines tribus la circoncision est une fête pour les fem-
m~s; elles s'assemblent chez la mère qui, ce jour-là, remet sa
cemture, et lui apportent des présents propitiatoires : poules,
œufs, semoule, argent. .. Le barbier les aide à faire la toilette
de l'enfant, lui rase la tète le lave, le parfume, lui attache à la
cheville d rotte
· un sachet contenant
' de l' a l un et d e l a rue, ou
du henné et du benjoin.
l' Ontnet à sa portée un oignon, des œufs, de l'écorce de noyer,
on bande les yeux de la mère, et l'assistance chante en battant
d~s mains. Pendant que le barbier incise rapidement les chairs
dun coup de ciseaux, un assistant pousse un oignon dans la bou-
che du patient qui hurle de douleur. On la_ye rapidement la plaie
avec de l'huile et du henné. Puis le barbie;, son office accompli,
emporte .le pt'épuce qu'il enterre daille cimetière. Le soin avec
:276 AU t:ŒUR DE L ATLAS

lequel on enfouit tout cc tjUi fait partie du corps humain, la


délivre, le prépuce, les cheveux coupés, les rog·nures d'ong-le,
s'explique I)ar la croyance, presque universellement répandue
chez les Berbères, qu'il suffit de posséder une parcelle d'un indi-
vidu pour pouvoir pratiquer contre lui tous les maléfices et les
envoûtements : c'est bien la théorie de la mag-ie sympathique
telle que nos sorciers l'ont professée.
Les danses, les chants, la guerre, les cérémonies funèbres
font l'objet de trop pombreux articles de notre première partie
pour que nous croyions devoir y revenir. D"ailleurs, les récits
qui suivent complèteront nos informations personnelles.
CHAPITRE V

'IŒURS ET COlTTUMES BERBi:RES

Récits écrits sous la dictée d'informateurs Imaziren.

J'ai puhlié, au cours de cet ouvrage, tous les renseignements


que j'ai pu recueillir sur les mœurs et les coutumes des tribus
que j'ai visitées. Parallèlement à ces enquêtes, j'avais chargé
~on collaborateur Si Saïd Boulifa, répétiteur de Kabyle à
l Ecole des Lettres d'Alger, et Kabyle lui-même, d'interroger
les hab"1tants, et de réunir des documents sur les dialectes ber-
bères.
, Il put constituer ainsi , sous la dictée d'informateurs indi-
genes, un recueil de textes berbères, aussi intéressants pour la
s~ciologie que pour la linguistique. Ces « textes berbères, en
~talecte de l'Atlas mm·ocain, >> ont été publiés, par les soins de
l Ecole des Lettres d'Alger (1), sous le contrôle du très érudit
professeur R. Basset. Je ne donne ici que la traduction de quel-
ques extraits, en leur conservant leur forme de traduction litté-
rale, persuadé que toute retouche et tout commentaire en altè-
re l'al"t 1a saveur.

( i) RuflPtin r/p rorrespondance n.frica.inP. tome XXXVI.


Le Mariage chez les Imazir'en

PRÉPARATIFS DEMANDE - CONDITIONS - CÉRf:MONJES

ACCOMPLISSEliENT DU MARIAGE

Le jeune homme des Imazir'cn, quand il veut se marier, se


livre à un travail, qu'il reste dans le pays on qu:'il' aille à
l'étranger. De cc qu'il gagne, il dépense la moitié ; il cache
l'autre jusqu'à ce (In'il ait économist'1 la somme qu'il s'est
fixée. Alors il revient au pays. Arrivé chez lui, il frappe à la
porte. Sa mère accourt ct lui ouvre. - Sa sœur s'accroche à.
lui; toutes deux poussent des you-you de joie, le font entrer
dans la chambre de la mère. La sœur court chez l'oncle et dit: ••
.1.
« Voici! mon frère ehôri est arrivé ! » - On sc lève et on vient
en courant ainsi jusqu'à la maison. De nouveaux you-you sont
pouss(Js par les femmes. Fatigul1cs, elles sc taisent.- Voilà que,
tout d'abord, on lui présente pour boire un cruchon d'eau; quand
il a bu, on lui apporte de la galette et du beurre salé. Il se lave
la main droite et il mang·c jusqu'à ce qu'il soit rassasié. Il se
lève pour se laver de nouveau les mains. - Puis il se rasseoit,
et se met à causer avec sa mère, sa sœur et ses cousins; il leur
fait part de tout cc qu'il a enduré en pays étranger, de tout ce
qu'il lui est advenu de mal ou de hien. Quant à son secret ille
garde en lui-même. Après avoir attendu trois jours, le jeune
homme dit à sa mère : « Je désire que tu mc maries. » -Elle
lui répond: « Volontiers! mon fils. » - « Que nous faut-il? ll.
-Elle lui dit: '' Appelle le bijoutier israélite, qu'il vienne avec
son aide. >l - Pendant que le jeune homme va chercher le
hijoutier, la mère et la sœur procèdent au nettoyage tomplet de
la maison; elles ~trissent ct préparent du pain de blé qu'elleS
enduisent de beurre. Elles prennent de l'eau, la font chauffer
MŒURS ET COUTmiES BERnf:RES

jusqu'à ce qu'elle soit houillnnt<·, la versent dans la théière :


elles Y ajoutent du sucre ct <lu thé. Elles attendent un moment
que l'infusion soit faite : dies p;oùtent le th.:~. Le trouvant fade,
elles Yajoutent du sucre et re111~ttent la thôière sur le feu ([U 'elles
raniment avec un soufflet. Pcwlant ce temps le bijoutier, aceom-
pagné de son aide, arrive avce le jeune homme. Ils sc dirigent
vers la maison et frappent à la porte. La mère aeeourt et leur
ouvre la porte. Entrés dans la cour de la maison ils y ereusent
un foyer, dressent et montent le soufflet, arrangent leurs outils
et allument le feu. -La mère appelle son fils ; il entre seul dans
la chambre avec sa mère qui lui dit : « Donne-moi de l'ar-
gent? » - (( Combien? » lui demande-t-il. -Elle lui prend deux
r~aux (2 pièees de 5 francs) qu'elle remet au bijoutier, en lui
dtsant: (( Vous m'en ferez une paire de bracelets».- Le juif
~rend l'argent, le jette dans le creuset et se met à souffler le feu
Jusqu'à ee que l'argent soit fondu. Ille travaille en le martelant.
Ayant façonné les hraeelets il les remet à la mère. Le jeune
homme arrive et paye au juifle salaire eonvenu. On leur apporte
du _pain avec du beurre qu'ils mangent: ils boivent du thé; ras-
sastés, ils s'en vont. Aussitôt la mère se lève et va chez l'oncle :
<< Il faut que vous veniez avec moi, leur dit-elle, pour chercher

et demander en maria(J'e une fille qui soit belle et de bonne


t ·n tl
am• e pour mon fils. » - Elle emporte avec elle la paire de
bracelet!'!; elle se fait accompagner de la sœur et de deux cousi-
nes d u Jeune
. homme. Parties, et arrivées au m u·wu d es h a b'1-
~~ s, e lles se mettent à examiner les portes des ma1sons . .
JUS-
qu'à ~e qu'elles aient trouvé une grande maison; alors elles se
m~ttent à marcher doucement, sans que l'attention de personne
Sott att•œee.
· L es gens de la ma1son
· ne s ' en sont aperçus que l ors-
que, entrées dans la cour, elles se mettent à pousser des you-
you. Alors une jeune fille suivie de sa mère arrive et sort. Ces
felllllles courent vers elle, la saisissent ~t lui mettent les brace-
lets aux mains droite et gauche, en disant à la mère: (( Nous
SOJUJUes les hôtes de Dieu! >>. - (( Que la bienvenue soit avec
vous! » lQ~Ir répondent-elle. Aussitôt elle fait dire au père de
la jeune fille de venir. - Il arrive et il rentqe dans la cour de
la lllaisen où il trouve les f<>mmes. Celle!'-ci se lèv~nt et le
280 Ar COEH\ DE L'A TLA.S

salu<'nt <'Il lui embrassant lPs mains. La mère du jeune homme


lui dit : " HM.cs de Di<'u ! >> - « Sovez les bienvenues ! >> lui
rt'~pond-il. Elles lui disent : " ~ons ~omm<'s venus tP prier de
nous accorder la main ciP ta fille pom· notrp garr:on? » Il leur
rt'~pond: <<Partez, dites au jeune homnu' que son délégué vienne,
afin que nous puissions discuter et arrêter les conditions! » -
EllPs sc lèvent et lui disent : << Soit! » - Elles s'en vont en
laissant les bracelets aux hras de la jeune fille. Arrivées chez
Piles, elles frappent à la porte et le jeune homme, resté seul, leur
ouvre en leur demandant : << Eh hien'? >>- « Nous t'avons trouvé
une jolie fille ; S<'s parents ont été contents de nous ; nous avons
mangé et hu à satiété ; maintenant choisis-toi un délégué avec ·
qui discutera le père de la jeune fille >>. Aussitôt le jeune homme
se lève et sort. Ayant rencontr(' un ami du qadhi, il l'invite à
venir chPz lui. A la maison, après lui avoir offert bien à manger
et bien à boire, lejeune homme lui dit: << 0! un tel! >>-«Que
nux-tu, mon fils? >> lui répond-il. Il lui dit : << Voici, je désire
({He tu me repr<'1sentes auprès du père de telle jeune fille jus:
<Jn'à ce que ma noce soit cl,ll•Jw{)e ». - (( Que Dieu m'aide, lUI ..
répond le naïPh, je tc repr{·sentcrai jusqu'à ce que tu aies célé-. ••
hré la fête; tu peux commencer tes préparatifs dès demain >>.Le
lPndemain le naïeb se rend auprès du père et lui dit : << Me voici;
je suis le rcpr(~sentant du jeune homme qui a demandé la main
de ta fille. n - << Voici les conditions lui répond le père, vous
me donnerez telle et telle choses pour la dot de ma fille ». - ,
Il lui dit: << C'est entendu! du consentement du jeune homme
vous pouvez le lui donner. >> Alors, accompagnés du jeune .1·· •
homme, ils se rendent auprès des 'adoul (adjoints du qadhi);
ils font rédiger un acte de ce qu'ils se sont promis. Ensuite ils par-
tent et vont s'occuper des préparatifs de la fête. Le lendemain, le
jeune homme accourt auprès du naïeh et lui dit : « Allons au mar-
ché? >> Ils partent au marché et achètent un taureau de bouche-
rie, puis une charge d'un quintal de blé, un cruchon de beurre,
un 'de, miel et un autre d'huile, du henné, des dattes, un voile,
des bab(>uches, une chemise pour la nuit de noce, une coiffure
avec yn foulard, qui se porte flottant en arrière, un corsage
pour la poitrine. hrodl• l'Il or. Ils achètent encore deux longues
281

chemises blanches. Tout ccci (•tant destiné ù la jeune fille, le


futur aehNP Pg-alemcnt pour lP pèrP une pairP de babouches Pt
un turhan, pour ln mi~rc dPs hnhouches Pt une chemise. -
Lorsqu'il a réuni tout ePia, il l'envoie nux siens. Ceux-ci anu1-
nent dei'i hommps PH asspz g·rancl nomln·P ..\va nt avec eux de
la poudre, ceux-ci ne cPsse~t dP tirer des co~tps de fusils quP
lorsqu'ils sont nrriv(•s près des pnrents de la jPunc fille. - Là,
le père f't la mèrf' sf' li•n•nt et YÎPnnf'nt au df'vant d'eux les
recevoir PH leur disant: " Sovez }ps hiPnvenus ! n - Les hom-
nws Pntrent dans la cour de la maison et rPmettf'nt aux gens
d~ la maison la corbeille qu ïls ont apportéP. Ils s'asseoient et le
pere de la jeune fille leur présente du pain de hM, du miel ct
~u heurre. Il place quatre hommes par plat. .\yant tous mangé
JUsqu'à satiété, ils se lèvent et repartent chacun de son côté.
T_r~is jours s'écoulent ; le quatrième jour, le fiancé envoie une
Vteille inviter les ff'mnws en les avPrtissant du jour du Pétris-
sage.
Le jour du Pétrissage les hommes arrivent et se mettent, avec
les femmes, à clanser ct à chanter toute la nuit jusqu'à ce que
l'étoilP du matin sP lèYP. Alors ils se taisent et s'asseoient pour
nlanger du couscous Pt de la vinndP. - Puis les hommes sc
r r
e trent pour aller sp coucher. Quant aux femmes, Piles se met-
tent aussitôt à pétrir pt pr 1~parcr du pain de farine de blé qu'el-
l:s tiennent à aYoir prêt pour le lendemain, qui est le jour du
.\ettoyage .
. Ce jour, le naïch organise une troupe de tireurs qu'il conduit
a la maison du fiancé. Réunis et munis de leurs fusils ils se met-
tent à faire parler la poudre depuis midi jusqu'à trois ou quatre
heures de l'après-midi. - Le maitre de la fête se lève et leur
porte à manger du pain avec du miel et de l'huile. Ayant fini
de mang·er, ils se lèvent et chacun se retire de son côté. Le
lendelllain, qui est le jour du Blanchissag", le fiancé dit à son
naieb : « Ya, amène-moi un tel et un tel >>. Lorsqu'ils sont au
~ombre de six, ils viennent trouver le fiancé qui les fait monter
a l'étage où ih; s'installent avec lui. On leur monte un plateau
dans lequel se trouve un étui rempli de koh'eul, du h'enné et
des datt.-s: il leur donne les dattes pour les mnn~er, le koh'eul
282 AU CŒI:R DE L'ATLAS

pour se faire les yeux. - Pour cda, ùeux femmes se trouvent


parmi eux. - Lorsqu'ils sc sont fait les yeux ct ont mangé, ils
prennent le mari ô, lui mettent d 11 henni~ aux mains ct à la tête;
cette opèration tcrmint\c, les deux femmes redescendent ct rega-
gnent la cour où elles restent avec les autres femmes. Le nareb
se lève alors pour allei' chercher le boucher. Voici <JUe celui-ci
arrive et pénètre ùans la niaison el} disant : « Donnez donc 1~
taureau <JUe je l'égorge! » On <lôtnche le taureau, on le lut
amène au milieu de la com·. - On prend une pioche, on y creuse
un endroit vers lequel doit couler le sang. On prend égale-
ment dix œufs que l'on enveloppe dans un linge propre, et que·
l'on d<'~pose dans le tl'ou fait pour recevoi1• le sang. Sur les
œufs on met un miroir. - Le hou{' hel' se met aussitôt à ligoter
le taureau; pendant cc temps, deux femmes sc h•nant debout
se mettent à chantel' et à impl'ovisel' en disant : « 0 ! toi !
combien ta mol't est belle ! 0 ! taureau de la fête ! » Lors-
<pie le boucher l'ègorl-\·.c, la m<"l'e du jeune homme court et
apporte une louche qu'elle met sous le sang; lorsqu'elle en est
remplie, la mère la retire ct va rl~pandre ce sang· sur les mon-
tants de la porte dP la maison. - Les autres femmes ramassent
le miroir et les œufs ôgalement couvPrts de sang; puis elleS
prennent et d(~coupent l'estomac du taureau, elles en font deS
brochettes qu'elles pri1parent ct mettent de côté avec le cous-
cous.
Puis toutes les femmes s'eu vont faire leur toilette et mettent
ce qu'elles ont de plus beau. Elles reviennent, npportant chacune
la pierre sur laquelle elle s'asseoit. -Lorsque toutes sont assi-
ses, elles se mettent à jouer l' azamond. Alors se lèvent trois vieil-
les qui, saisissant un tambourin, se placent au centre. Survien-
nent deux autres dont l'une frappe le tambourin au milieu avec
une seule main pendant que l'autre le frappe des deux mains.
Tandis que celles qui se sont faites lw Iles, assises sur leurs pier-
res, battent des mains.
Pendant ce temps des vieilles arrivent et procèdent à la toi-
lette de la mariée; elles l'habillent en lui mettant tout d'abord
la chemise de noce dans laquelle elle sera possédée. Puis elles
lui ajoutent le caftan (corsage) avec par dessus une mlah'fa que
MŒURS ET COUTUMES BERBtRES 283
lamar1ee·· eIl e-même sc fixe aux épaules au moyen d'agrafes.
Installée par elles au milieu de la chambre, les vieilles font
?ire au naleb d'avanc1w. Il arrive accompagné des parents du
Jeune homme pour emmener la mariée. Leur venue s'annonce
?ar des coups de fusils. Toutes les femmes, parentes de la
Jeune fille, se mettent à pleurer. On bilte le mulet, le naïeb
Y. monte, se pousse sur l'av.ant du hàt l't prend la mariée der-
rtère lui. On se met en route. Arrivé à la maison du marié, on
tire de nouveaux coups de fusils. - La mère du jeune homme
accourt, prend sur son dos la mariée et la porte vers la chambre,
pendant que les autres femnws poussent des you-you. Elle Y
entre en courant et y dépose la mariée sur le lit où elle la fait
· EIle ressort et la laisse seule dans la chambre.
asseoir.
On appelle les a-arçons d'honneur du marié, on leur sert des
plats d'aliments, ~ne bouilloire remplie d'cau bouillante, ainsi
que du sucre et du thé. Ils s'installent et se mettent à en verser
dans de petits verres et en boire jusqu'à satiété.
On dessert, en enlevant de devant eux ces ustensiles, puis on
leur apporte de l'eau pour se laver les mains. Trois plats leur
sont aussitôt servis; le premier consiste en un plat de viande
rôtie au beurre salé. Ils s'installent tout autour et le inangent.
On leur sert également un deuxième plat de pain, de beurre et
de miel; le troisième renferme une bouillie de blé grossière-
ment écrasé sur laquelle on a répandu du beurre et du miel.
Ils.mangent de tous les plats. Quand ils sont rassasiés, on leur
presente de l'eau avec laquelle ils se lavent les mains. De nou-
• • • If
veau, on leur rapporte le réchaud garni de braise. Ils font lever tr \ ~.
le .marié, le déshabillent et le plongent dans de l'eau chaude,
PUls lui mettent d'autres habits dans lesquels il se présentera à
".,.. ' .

son épouse. Tout doit être neuf. Après lui avoir fait subir des
fUmigations de résine odorante et l'avoir habillé, tous les gar-
ço~s d'honneur descendent avec lui, portant chacun dans sa
mam droite une bougie. Ils le conduisent jusqu'à la chambre
nuptiale où se trouve la mariée. Les femmes poussent des you-
you.
Le marié ouvre la porte de la chambre et y pénètre. Le na'ieb
referme. du dehors la porte devant laquelle s'installent les
28i .\1 CIIITH HE L ATLAS

g·a•·c:ons cL'honJH'IIr crui s«' mc>ttc>nt it jollfw c>ntre mlX avf'c deux
drrboukas Pt un goumbri.
Ln mari!~ SC' U•vc> pour pric>r. La jeun l' fille l'a y a nt laissé s~
prostPrner, ln frappP aYN~ un morce;nJ de sel. Il pousse un crt
dP roll~rP. il sc> lèvP, la saisit, lui c>nli~ve les effets qu'elle por-
tait. pffets qui avaic>nt <-tl~ soumis aux fumigations de benjoin
Pt dP tMP de camr'léon. lllPs di•pose it la tête du lit, et il ne lui
la issp qu'une rlwmisP de ha ptistP hlanche. S'Hant, lui aussi,
d(•shahillt'•, et n'ayant COUSPI'\'«' C{liC Sa ehemise, il saisit la jeune
fille, c.herclw it lni !Pver les jamhl's : commP l'Ile se refuse. il
lui tord les mains: aussitM elle SI' prôcipite sur lui et le mord
au doigt. Après avoir rec:u pour cela une gifle, elle le laisse se
plac·pr sur ellf'. Il la dc'•florc; elle, l'Il perdant du sang, se met à
CI'if't' : « 0 ! mùre, jt> meurs! >> Lt> mari SP lèvt>, frappe à la
porte que le nait'h lui ouvre. Il sort ct jcttP aux jeunes gens des
dattes qu'ils sp disputent et uumg·cnt. Alors le mari revient à la
..
chambre, s'y assied pour se chauffer près d'un fourneau, ct
il passe toute la nuit sans se coucher. Pendant ce temps les .
fp,mmes poussPnt des you-you de joie et les parents se réjouis-
sPnt. Les jemws gens s'c>tant tus ct ayant cess{~ de jouer, s'endor-
mPnt ch•hors, dev;mt la portP de la chamhre nuptiale. Le len-
dPiwtin, dès l'apparition de l'i•toile du matin, ils RC lèvent et
appf'llent le mari qui arrive et c1ui leur jette la ehemis.e ensan-
glantl'~e de la jeune filiP. Puis il R'hahillc et se coifl'e d'un tur~
han hlaue. Les jPunes gens l'emmiment au hain ct le lavent, lul
font faire les yeux avec du l.:o!t'eul, rougir les lèvres avec de
ncorce de noyer. Cette toilette terminée ils sortent du bain et
accompagnent le mari jusqu'à la maison où ils s'installent a~
premier étage dans une ehamhre. Les femmes leur montent a
déjeuner de la bouillie arrosée de beurre et de miel. Ayant
mangé, ils l'entraînent aux jeux de distraction, et y restent jus-
qu'au soir.
Au moment du coucher du soleil, les jeunes gens le ramènent
en tirant des coups de fusil. Aprùs avoir fait parler la poudre
devant la maiRon, ils montent et rentrent dans la chambre du
premier ôtage avec le mnri. Les femmes arrivent et ferment la
porte sur eux. Aprt's avoir fait de la lumière, ils se mettent à sc
MŒUHS t:T Cüt;TU llt;S Bt:HBÈHB:-i 285

distraire entre eux dans la dwmht·c où ils st> sont installt'•s.


Arrive la mère de la jeune nHH'Ïi·<'. Elle entrP «·hpz sa tîllc t(n'elle
trouve it ln renverse, év;mouie; alors elle SP met iL pleurer. La
lllère du jeune homme aeeourt, et entre dl<' aussi. Toutes les
deux prennent un grand plat en l10is tjU 'elles remplissent ù' eau
chaude, et, après avoir jeté un morceau de sel dans cette cau,
elles saisissent la mariée, la mère du jeune homme par les pieds,
la sienne par les Lras; elles la font asseoir dans eette eau
ch~ude. Aussitôt la jeune fille se réveille et se met à crier : ce
qUl fait rire la mère du jeune homme ct pleurer la sienne qui
ne cesse de dire : " Ah ! ma }lam-re fille ! que le lion des hois a
f ill'1
a tuer ! Ha ! Hale ! Haïe ! ,, Puis elles se lèvent, la font sor-
tir de l'cau, la reconduisent dans sa chamhre où ~lies l'hahil-
le~t. Là elles font appeler une vieille tout <'~dentée. La mère de
~a Jeune tille l'interpelle et lui dit : " Empèche le mari, quand
tl t•entret·a, de toucher de nouveau ma tille " ; puis elles se
lèvent et sortent. Voici que le mari rentre ; il trouve dans la
chantbt•e la vieille assise près de la jeune mariée. « Que fais-tu
là, vieille, lui dit-il'? ,, Elle lui répond : << Je t'en prie ; ne la
t~uche plus! ,, - << Pourquoi'? lui réplique-t-il? >> Elle lui
repond : << Attends qu'il se soit passé sept jours ». Aussitôt le
mari s'en va s'asseoir seul. -La vieille dit à la jeune fille :
<< Voici ma fille, maintenant je vais m'cu aller » ; mais celle-ci

se cramponne iL elle et lui dit : « Tu ne dois pas m'abandonner,


ô l.. mère une telle! .. car, aussitôt toi partie, il va vouloir recom-
mencer, ce chrétien ( t) l}Ui ne commit même pa.s Dieu! certes
cette fois il va me tuer ! n La vieille dit alors au mari : « .Je jure
par Dieu que si tu la touches, tu n'auras affaire .qu'à moi. Voici,
s~ t_u la touches je te rends impuissant ! n Le mari répond à la
Vteille: << Non! ô mère une telle, je ne la toucherai pas "·Sur
ce, la vieille se lève et s'en nt. Un apporte au mari le souper,
~n lui donne de l'eau, ct, après s'être lavé les mains, il dit ù la
Je~e femme, son épouse : " Avance ct soupe av ce moi ". Elle
~Ut répond : << Je ne souperai avec toi que lorsque tu m'aurns
JUré par Dieu que tu ne me toucheras pas ! >> Il lui promet

(t) Ce .terme est usité comme ·une injure.


286 A[; CŒUR HE L'ATLAS

devant Dieu qu'il ne lui dem<mdera rien avant lJUatre jours.


Alors elle s'avance et sc met ù manger avec lui. LorSlfU'ils ont
fini de manger, il sc md à lui donner it la bouche des dattes,
des amandes cassées, t;'l'illées ct salées !JU'elle prend de sa maÏD
et qu'nUe mange. -Tout d'un coup il la saisit et se met à l'ero~
brasser entre les yeux. Elle aussitôt se lève et s'enfuit. lllui dit :
« Pourquoi fuis-tu'? » Elle lui ri~pond : « Où est le serment que
tu m'as fait, traitre '? >>
Il sc met à rire et lui dit : « Pour moi le serment n'a pas
d'effet ». Alors, elle se sauve vers la porte sur laquelle elle se
met à frapper. Le mari sc lève et la supplie de venir se coucher,
alors qu'elle est toute tremblante de peur, en souvenir du pre-
mier jour où ill' a prise et l'a laisst'~e évanouie. La prenant par
la main, il lui dit : << ~·aie pas peur, ù! ma vic! je te jure par
Dieu lJUe je ne cherl'henti it tc prendre que le quatrième jour
ainsi que je te l'ai promis >>. Elle lui dit : << Voici, si tu ne
vas pas t'asseoir, et si tu ne restes pas tranquille, j'appelle la
vieille pour qu'elle revienne et me ramène chez ma mère! 11
L'époux lui jure : << (jue le jcùue d'un an mc soit imposé si je
tc touche avant le quatrième jour! >> Alm·s ils sc couchent et la
jeune femme tourne le dos à son mari. Celui-ci se lève, prend
la lampe, va vers la porte de la chambre, il appelle sa mère et .l
lui dit : Dis aux jeunes geus que je les remercie! >>
La inère s'en va trouver les jeunes gens qui lui répondent :
« Madame une telle, nous avons, quant à nous, fait tout ce qUl
dépend de nous en veillant à ce que la fête de sa noce s'accoJD-
plisse bien; maintenant que cette noce lui porte bonheur, et que
Dieu comble sa joie par la venue d'un fils. ,, - « Qu'il en soit de
même 'pour vous, leur répondit-elle. » - << Et à vous, ajoutent-
ils, nous souhaitons que vous ayez longue vic pour que yous assi~~
tiez aux noces de nos enfants. )) Aussitôt les jeunes gens se reti-
rent et s'en vont chacun de son côté, laissant les jeunes épOU1
vivre ensemble. Au septième jour, la mariée se lève et procède
à sa toilette pour aller, entre le coucher du soleil et le moment du
souper, au bain, accompagnée de sa mère. A leur retour, e~etl
frappent à la porte que la belle~mère vient aussitôt leur ouvrll'·
Elles entrent et les deux mères poussent des you-you dans la
l!ŒURS ET COUTt:MES BERBÈRES 28'1

chambre où elles s'installent pour manger le souper qu'elles


t~ou:·ent PI'èt. LorsllU 't'iles ont iiui de sou1H'r, le mari renh·<' ct
s assied; sa mère lui sert également son repas. (luand il a fini
de manger, il s'en va se eoucher seul laissant sa femme sc
reposer dans une autre chambre ectte nuit ' avec sa mère et sa
belle-mère. Le lendemain, dès <Iu'il fait jour, avant le lever du
soleil, il part seul au bain. Lorsqu ïl a fini de se ~la ver, il sort
du bain, et revêt ses vêtements neufs quïl attache avec une cein-
ture de calicot ; puis il prend son hurnous, il le revêt, en rabat
le capuchon sur sa tète et revient ehez lui retrouver son épouse.
Chez les hnazir'en la coutume est qu'une belle-mère veuve
ne ·
quitte la maison de son gendre que lors<ruc sa fille est accou-
chée. Pendant ce temps c'est elle qui s'occupe de la préparation
de~. repas, de la lessive et de la propreté des ustensiles de
CUISine. Tout ce qui touche au ménage lui est confié. Quant à
la lllè"e
' <l u mar1,. mns1
. . que 1a Jeune
. . . en'esnon
ma!'lee, ' t qua, . sc
reposer et à manger jusqu'à ce que les neuf mois soient écoulés.

Naissance

A.CCOUCHE~IE:.'\T - utPOSITION DU NOM - CÉRÉMONIES


PREMIÈRES DENTS - CIRCONCISION

Il est d'usage, chez les Imazir'en, qu'une femme enceinte


reste à la maison qu'eÜe ne doit jamais quitter. Aussi son état
de grossesse demeure-t-il ignoré jusqu'au jour de l'accouche-
ment annoncé par des you-you. Neuf mois écoulés, la femme
accouche et met au monde un garçon. Ce jour-là, le père se
rend_ au marché, achète trois poulets qu'il égorge aussitôt. Il
envole chercher sa belle-mère qui est retournée chez son mari
après le septième jour du mariage de sa fille. Elle arrive, et se
lllet à pousser des you-you dès l' entrt'1e de la maison en disant
~ Ha! quel bonheur, quelle joie ! n Aussitôt elle se débarrasse
fe _son Voile de laine, retrousse ses manches et prend de la
a~e de blé tamisée ; elle la délaie dans de l'eau chaude. Lors-
qu elle l'a hien pétrie, elle allume le feu, elle plume les pou-
,
A Jj (;tl·:l R lJE L .\l'J,AS

lets, qu'elle coupe eu deux: puis elle Ycrse sur eux dt· l't•an
pure en y mettant du ging·embt•t>. Elle les laisse sm· le feu jus-
qu'à ce qu'ils soient cuits; puis Pile les sort du feu ct les met de
côté. Aussitùt elle proct'ldc à la mise en pains dP sa pâte, pains
qu'elle fait cuire avec de l'huile pom· empêcher cc pain tl'adhé-
rcr au plat dans lm1uel elle le fait I'Uirc. Ayant fini de tout faire
cuire, elle prend un petit plat en bois dans ler1ucl elle coupe le
pain; elle y met du poulet' ct de la sauce non (~picéc. Elle porte
de l'eau à sa fille, qui SP lave la main droite, puis elle lui sert .._
le plat plein. Ccllc-ei après en avoir mangé un poulet ct trois
pains dit à sa mère : << Reprends le plat, j'en ai assez ! n La
mère enlève le plat et le sert aux autres femmes. Cellcs-ei se
lavent les mains ct s'installent autour du plat. Lorsqu'elles ont
mangé à leur faim, la mère du jeune homme al'rive et mange "i;
le reste. •:
Le lendemain ou fait de même; ce jour-là la marraine de
l'enfant arrive, prend les ciseaux ct lui coupe le cordon. Elle
lui noue autour de la tète une tresse de laine, l'emmaillote
dans une étofl'c tle laine. Après six jours, le père égorge un
mouton, et le lendemain il donne un nom à son fils. Ce jour-là,
l'accouchée se lèn' et dit à son mari : << Nous voudrions aller
au bain'? '' - " Volontiers, lui réplique-t-il, ta mère ct les ~
autres femmes peuvent t'y conduire. n Elle lui dit : << Alors,
va le retenir, ct aussitôt après souper nous nous y rendrons; .,
nous laisserons l'enfant à la marraine. Quant à toi, après nous
y avoir conduites, tu reviendras à la maison où tu nous atten-
dras en compagnie de la marraine jusqu'à notre retour. n
Après souper, le mari sc lève ct les conduit au bain où elles
entrent et se lavent. Après s'être hien lavées, elles s'habillent
et restent au bain où elles se reposent jusqu'au lendemain. Dès
le point du jour, elles en sortent ct rentrent chez elles. Arri-
vées à la maison, elles frappent à la porte ; le mari arrive et
leur ouvre. Elles entrent, ct vont s'installer au milieu de la
chambre en poussant des you-you. Aussitôt le père se lève et
va au marché leur acheter des pàtes avec du beurre fondu. Sa
femme prend ces pàtes, les trempe dans de l'eau, y met du
sel, du lait ct du piment pilé dans un mortier. Lorsque ces pâtes
)IŒLRS KI' t:Ot:TUMES BERilÈl\ES

sont cuites, elle les prend et les sert à celles qui l'ont lavée, puis,
elle appelle la marraine qui vient et qu'elle fait asseoir à côté
d'elle. Elles commencent à manger. La maîtresse de maison
pt·end un peu de pàtes dans un hol qu'elle donne à son mari
qui maug·e à part. Lorsqu'il a fini de manger il se lève et leur
dit : « Je vous en remercie! >> - « A votre santé, frère ; que
IJieu bénisse ton fils, et que vos désirs en lui sc réalisent. »
Elles disent également à la mère : « Nous te laissons avec la
paix, sœur. » Elle leur répond : « Que Dieu vous conserve ! »,
puis elles s'en vont, laissant la mère allaiter son enfant. Lors-
qu'un IllOis et dix jours se sont écoulés, le père va au marché et
achète un mouton. Aussitôt la femme se lève, s'habille, et fait
des fumig·ations de résine, de h'ermel et de tête de caméléon. C11\
prend l'enfant, on lui met deux petites gandouras blanches, on
1
?i entoure la tête avec une tresse de laine, puis les parents
l emmènent chez le marabout du pays ; la mère porte son enfant
sur son dos. Ils vont jusqu'à la demeure du saint, frappent à la
porte que le marabout lui-même vient leur ouvrir. Ils entrent
et le saluent tous deux., La femme pénètre chez les maraboutes,
a~enant avec elle le mouton acheté par le mari. Quant à celui-
~1• le tnarabout l'envoie sur la terrasse, lui étend une natte en
Jonc, ct l'y fait asseoir avec quatre autres marabouts qui sont
ses parents. Puis, le maitre de la maison descend et se rend
auprès des femmes; il s'empare du mouton qu'il égorge dans la
cour, le dépèce, enlève la peau et le découpe entièrement.
l' Ensuite il le donne aux femmes ~je font revenir dans de
~au et de l'huile avec du piment pM dans le mol,jtier. Elles y
aJoutent un peu de sel; l'estomac, découpé par elles, y est mis
,~hnélangé dans la marmite avec d'autre viande. Elles allument
de feu. Quand la marmite entre en ébullition, elles prennent
u couscous de blé qu'elles mettent, après l'avoir légèrement
a~~ergé d'eau tiède, dans le couscoussier. Quand il est bien rem-
1
p de couscous, elles le prennent et l'ajustent sur l'oritîce de la
:tarmite dont elles ferment les interstices au moyen d'une cor-
f elette pour empêcher que les vapeurs ne s'en échappent.- La
enlnte du ntara bout se met a· ·armr · 1e foyet' d e b o1s
· Jusqu
· ·a· cc
0
que le cousc~us at·t su 0 1· tr01s
· cmssons
· successives. 1aque fots
· Cl ·
-1!)
~9() .\l CŒIJH m: L ATLAS

le couscous est versé dans le plat Pt rPmis de nouveau sur la


mar1nite. Après l'avoir I'eft·oi1li ave1: la loue he ct hien enduit de
heurt·e salé, elle preiHL la louche, pt arrose le couseous avec la
sauce dans la!JUelle a d11 cuite la viando
Puis elle l'etire le gras-doublP, Le met sm· le eouseous et
appelle son mari. Le mm·about desrCIHL, vient retrouver sa
femme IJUi lui passe le plat. Il lP prmtd à deux mains et le
monte sur la terrasse. Sa femme le suit ct lui passe de l'eau
pour les ablutions; il revient la pl'cndt·e au dernier escalier.-
Après que les gens se sont lavé lPs mai11s, ils conunencent à man-
ger. La femme du marabout revient ct leur fait monter de
l'eau pour boire. Celui-ci la prend ct se met à en verser dans
11h hol avec le cruchon. LorSIJllC les hommes ont hien mangé
et hien bu, les femmes prennent l'enfant qu'elles font passer
au marabout. Il lui mouille aussitôt les cheveux avec de l'eau
tiède; ccci fait il prend un hon rasoir, coupe à l'enfant tous
les cheveux qui sont autour de la tête ct n'en laisse tJU'au
sommet aprt~s avoit• hien dcs"siné un cercle. Ayant fini de le
raser, il prf'nd le petit i11strumcnt avcr lequel il fait des
tatouages ct lui en traeP trois sut· le front entre les sourcils.
Puis, mettant la main droite sur la tète de l' cnfa nt, le mara-
bout récite la sourate du (jorân : « Qoulou A Ilah ou ». Lors-
qu'il a fini de récitnr cette som·at<', il preud l'enfant ct le remet
à sa mère en lui disant : « Tiens! voici ton fils, que Dieu le
bénisse! n La mère embrasse la main du marabout, s'empare
de son enfant, le met sur· ton dos et dit aux femmes du marabout:
<< Que Dieu YQus 1lmme la paix, mes bonnes dames! )) - « Qu'Il
tramJuillise votre àme, eh{~re lille n, lui répondent-elles. - Le
père de l'~nfant arrive, huise la tête du marabout et lui donne~··1
un rial de ziara (visite). Aecompagné de sa femme, il •1uitte la.· · .. ·
demeure du saint et rl.'ntre ehcz lui. Il frappe à la porte, la .
marraine vient leur ouvrir ; ils entrent, se dirigent vers la <~
chambre où la mère fait descendr·e de son dos l'enfant que la .~
marraine saisit et baise sur la bouche ; l'enfant s'étant mis à ,_.
pleurer la mère le reprend ; elle lui donne le sein ; il se met ·~
A
à têter pendant IJUe sa mère le tient sur ses genoux et s'efforce )
de )e calmer. _:_ Un au après, lorsque l'enfant commence à
MŒU\~ ET COUTrm:s BEI\BÈRES 2!H

s'asseoir et à se mouvoir en marchant à 'luah·e pattes, quatre


petites dents lui poussent, deux ;'t la ml\ choir<' infériNire et deux
à la llli\choire supôrieure. Lorsr1ue les parents ont vu t[Ue leur
fils a des dents, la mère dit au père : " Héjouis-toi, notre fils
a poussé des dents; maintenant il va falloir que nous fassions.
la fêt<> des Premières dents en faisant cuire la touf'rikt pour les
petits enfants. " - " Volontiers"' lui dit-il. Il sort, et s'en va
nu marché, à la place aux céréales, pour acheter des fèves, du
mars, des pois chiches, du blé, des lentilles et des pois. De tout
cela il en achète un peu, jus(lu'ù cP qu'il ait réuni mu• I{Uantité
suffisante pouvant cuire dans une marmitP. LP tout est mis dans
la marmite posée sur le foyer qu'on alimellte Ptt y mettant de
lllenu bois. Lorsque tout est cuit, la femme le verse dans le
grand plat oü elle laisse refroidir. Pendant ce temps l'homme
sort et réunit de petits enfants ; quand il en a assemblé seize, il
les amène chez lui, les fait entrer dans la cour. Là il les fait
tenir debout l'un à côté de l'autre et la mèrP portant son
enfant s'assied par terre. Elle installe son fils Pntrc ses jambes
pendant que tous les autres enfantA forment cercle autour d'elle.
~e père soulève le plat de tou{l'ikt qu'il maintiPnt au-dessus de
1
,enfant, à une coudée de sit tète ; puis il crie aux bambins qui
1
.e~tourent : '' Allons ! prenez, jeunes gens ! " Et eux de se pré-
Cipiter sur le milieu du plat, de prendre de la tou/rikt et d'en
Inanger jusqu'ils soient rassasiés : " Eh bien ! avez-vous Lien
~angé •>, leur dit-il '? - " Nous avons bien mangé ,, lui
repondent-ils - cc Alors récitez pour moi une Fatilt'a ", leur
demande-t-il. Ils récitent nne Fatilt'a en faisant teaucoup de
:œux disant, entre autres choses : " (luc Dieu le fasse vivre
- fJPUs~~'à ce quïl ait appris les soixante chapitres du (jorân ! "
Uis tls sortent et s'en vont chacun de son côtè.
L?rsque l'enfnnt a passé quatre ans, la mère 1lit un jour à son
iltn.ar1 ·. c' Il est· a, d esn·er
, . qu<' nous t'asswns
. . . notre en f an t ,
CirconCire
. est grand maintenant, il est en âge de l'être. " -cc Volontiers
répond l~ père, dis-moi ce qu'il nous faut.? ,, -cc Va, dit-elle,
~~ ll_larché acheter une demi-kerrouba de blé, une mesure
Utle de la contenance de huit huitièmes, six livres de beurre,
1111
beau tnouton de la valeur de cinq réaux et deux chuuari-s
29~

(charg·es) de terre blanche (ehaux) avec laquelle nous blanehi-


rons les murs et les chambres d1~ la maison ; fais en sode que
tout cela soit prêt. »
Le lendemain, le père engage un juif qu'il fait venit· et entrer
dans l'intùrieur de la maison; là il se met à lui monh·cr les cham-
bres et autr·es murs de l'habitation. Après les avoir vus, le juif
lui dit : « (lue me donnes-tu'? » Il lui répond : "Je te donne tant
pour tes peines. >l - Le juif, ayant acceptù l'offre, se li•ve, met
une ceinture, relève bien ses effets, prend le grand plat, dans
lequel on lave, le pose au milieu de la cour, et le remplissant
de terre blanche il y verse de l'cau chaude; puis il prend un
petit halai au moyen duquel il remue la chaux jusqu'à cc IJU 'elle
ait rendu blanche l'eau; puis, avec ce halai, il commence, tout
d'abord, à blanchir les chambres. Quand il a fini, il passe aux
murs extérieurs qu'il blanchit entièrement, par couches succes-
sives, tant en largeur 'Iu'en longueur. - Le soir, quand il a
terminé, le maitre de la maison lui paye son salaire ; le juif
ramasse ses outils et s'en va. Le mari et la femme s'installent
dans le vestibule ct laissent sécher les chambres. Qua11d toute la
maison est sèche ils font venir une femme qui est chargée de
faire les invitations. Dès qu'elle est arrivée, ils l'habillent bien,
puis elle part, elle va de maison en maison appeler les femmes en
leur disant : « Madame une telle vous informe de la fête de cir-
concision de son fils. '> - « Que Dieu augmente leur bonheur,
lui disent-elles, quel jour aura lieu la fête'? " - « La fète est
tel jour, si Dieu le permet» leur répond-elle. - Lorsqu'elle a
ainsi averti toutes les femmes, elle revient à la maison. Elle
rentre, enlève les habits dont on l'avait vêtue, ct la mère lui
donne pour ses peines une petite mesure de blé; elle s'en
retourne chez elle, jusqu'au jour fixé pour la fête.
Le jour de la fête, toutes les femmes, lavées et débarrassées
de leur crasse, le visag·e hien maquillé avec des fards noir et
rouge, viennent, habillées de leurs plus beaux habits. Dès le
matin, quand elles arrivent, chacune apporte la pierre sur
laquelle elle s'assied quand elle veut se reposer ; certaines
d'entre elles apportent, comme cadeau à la maitrcsse de la fète,
des pièces d'étofl'e, des foulards de soie ; d'autres l'honorent
~IOt:LR!' ET COLTUlii~S HERUÈRES

en lui rlonnant rlc l'argent, d'autres du sucre. Lorsque la mai-


son est rempliP de femmes invitées par l'autre (la messagôre..)
voici <Juc les vieill<'s arrivent à leur tour; Plies <'nt.rent au
milieu <l'ellPs d se mettent it jouer. Pendant ce temps les
hommes, inviU·s par le père, pénètrent dans la maison et vont
s'installer dans une autre chambre. Le barbier qu'a envoyé
chercher le père, arrive portant avec lui ses instruments : des
ciseaux hien aiguisés, un rasoir, une serviette propre, du linge
blanc et une cuvette en cuivre jaune. Il entre dans la chambre
où sont installés les invités et s'y assied en posant devant lui
ses instruments. Le père se lève, s'en va trouver les femmes et
leur dit : « Donnez l'enfant qu'on lui rase les cheveux. » Elles
lui répondent : « Attendez qu'on l'habille. >> Elles prennent
l'enfant, lui lavent la figure avec de l'eau tiède et lui mettent
une chemise sur laquelle elles ont répandu du parfum ; tous ses
effets sont soumis par elles aux vapeurs de hermel et de hehb er
rechad; ell~s font un tout petit sachet dans lequel se trouvent du
henné pilé et du benjoin noir, avec un coquillage de Guinée
(ca urie) ficelé extérieurement au sachet. Celui-ci lui est aussitôt
attaché sous la cheville du pied droit avec un fil noir pris
parmi les fils au moyen desquels les femmes tressent leurs
cheveux. Lorsqu'elles ont fini de faire la toilette à l'enfant, elles
appellent lP père et lui disent : « Fais sortir le barbier hors de
la chambre. » Le barbier sort et s'assied devant la porte de la
chambre. Là le père lui amène l'enfant qu'il fait asseoir par terre
devant lui. La marraine, elle, apporte de l'eau chaude avec
laquelle lP barbier mouille les cheveux de l'enfant. Ceci fait, il
prend le rasoir ct commence à lui raser les cheveux en partant
d~1 front et en suivant tout le tour de la tête, jusqu'à ce qu'il ait
bten dessinè un cercle. Alors le père fait entrer l'enfant dans
une pièce ù part et ferme sur lui la porte, en poussant la tar-
g,ette de peur qu'il ne se sauve. Puis il revient auprès des invi-
~~s, leur sert du thé avec la théière dans laquelle se trouvent de
eau bouillante, du sucre et du thé. On s'installe, on verse le
~h~ dans des verres et chacun sP met à boire le sien. Quand il a
ànt de boire de cette boisson douce, le maitre de la maison sert
~ nouvelln·dt>s plats de nonrritnrP. Enfin, l'on hoit, l'on man~e
1
294 AU CŒUR DE L A.TLAS

jusqu'à ce que l'on soit rassasié. Puis on se lève, on prend une


couverture de laine crue l"on étale entièrement ct dont un des
houts est fixè il. un des eôtlls du couloir, et l'autre au côté
opposé. Cette eouverture est ôtfmdue de fa1,~on à former une
s11paration entrn les femmPs et lPs hounnes. Le barbier arrive
Pt va sïnstallm· derrière la couverture, du côté de l'intérieur et
tlit : « Amenez-moi l'enfant.·» Le père lui répond : « Volon-
tiers. )) Il sc rend auprès des femmes à qui il dit : « Levez-vous
et commencez à entourer la mère. )) Les femmes sc lèvent,
prennent un grand plat en noyer, le posent au milieu de la
cour et y conduisent la mère. Elles la font entrer dans le dit
plat où elle se tient debout. Elles lui donnent à porter de la
main droite un long roseau au bout duquel sont attachés des
amulettes de préservation et des coquillages de Guinée. La mère
s"étant faite toute belle, se trouve avoir le visage et les yeux
handés avec un linge propre. Les femmes. arrivent, forment le
eercle autour d'elle selon les bords du plat dans lequel elle se
met à tourner ct sur lequel elle frappe avec le roseau. Toutes
celles qui l'entourent battent des mains, tandis qu'elle pleure.
Celles qui battent des mains tout en tournant lui chantent en
même temps lc~8 parolt>s suivantes :

Veillez sur l'enfant, ô ! anges.


Et toi aussi, barbier, que Dieu bénisse ton père!
Tais-toi, femme, ne te lamente pas !
Que ton fils grandisse et devienne jeune homme ! ·
Et que, veillant sur toi, ta vie s'écoule en paix.
Devenu homme, certes tu 11' marieras.
Tu lui amèneras une ôpouse. Tu seras là,
Pour lui célébrer une belle noce au h'enné.
Puisses-tu encore avoir son père pour diriger sa fête !

Pendant que les femmes débitent ainsi ces paroles, le père


ramasse les ustensiles dans lesquels on a mangé. Les invités
s'installent côte à côte, tandis que le p<'lre apporte au barbier
un plateau dans lequel se trouve un peu de h'enné en poudre,
deux coquilles d'œufs, un crottin de mouton, un peu de cendre
2!lo

ct un peu d'huile dont le barhiet• erHLuit La crotte afin de lu fait·c


entrer sans blesser l'enfant. Le pôrc prend la clef et la donne
à la marraine qui s'en va onveir la eharnbrc oü se h'ouve
l'enfant. Elle l'y amimc pondant c1ue lui, il ne cesse de pleurer ;
alors elle lui donne, clans la main dt·oite, un os sm• lequel il y
a encore de la viancle, puis un œuf cuit dans de l'cau chaude et
déharrass{~ de sa coquille. Elle le porte auprès des invités, le
remet à l'un fl'eux qui le saisit ct le soulôvc entre ses mains
pour le déposer devant le barbier. Aussitùt le père se lève ct
sort de la maison; il reste lit, en dehors de l'habitation pour ne
pas assister à l'opération que l'on va faire subir à son fils.
. Le barbier s'approche de l'enfant, lui écarte les jambes; puis
rl saisit la verge de l'enfant. Il prend la crotte enduite d'huile,
et commence à l'introduire dans le prépuce. Pendant que le
barbier est ainsi occupé avec l'enfant les gens qui l'entourent
psalmodient en chœur le refrain suivant : « Que Dieu répande
ses grâces sur Moh'ammed et Ibrahim el-Khelil, le clément ... »
et ils ne se taisent que lorsque le barbier a fini d'opérer. Lors-
que celui-ci a fait entrer la crotte dans le prépuce, il l'enfonce
avec le pouce ; une fois introduite, il l'y retient solidement de
la main gauche, tandis que de la main droite il saisit une paire
èe ciseaux bien aiguisée en disant à l'enfant : « Regarde,
regarde la ceinture de ta mère, voilà qu'un rat l'emporte ! »
Dès que l'enfant lève les yeux pour voir cc que devient la cein-
1ure de sa mère, le barbier fait trac avec les ciseaux et tranche
de prépuce. L'enfant se met à crier. Tous les invités s'approchent
ile lui : c< Tiens, mords la viande ! mange cet œuf ! » Aussitôt
l coinntence à perdre abondamment du sang. L'opération faite,
de barbier prend une coquille d'œuf vidée qu'il tend et remplit
e sang sur lequel il répand de la cendre. Puis il met du h'enné
et de l'huile sur la blessure. L'hôte qui tenait l'enfant le porte
e~ le remet pleurant à sa marraine. Celle-ci le saisit et le
~-ace srir son dos à nu, en lui disant : << Que la protection de
h leu soit sur toi, cher enfant, jusqu'à ce que tu deviennes
omnte. » Rabattant sa couverture sur lui elle se met à le cal-
=e~. Le père de l'enfant arrive, paye le barbier et dit aux invi-
s · '< Que Dieu vous donne la paix et le bien~ chers parents. >>
2~1() .\l" CŒLH JH: 1. ATL.\S

Ils lui J'(~pondent : " .\ous vous adt·essons tous uos vu~ux de
hon hom· )) . puis ils partent ehacun df' son cùt(·. L(~ harhier se
li~Yf' et C'IIIJ>Ol'ie avPe lni ln bout du prt'·pnce coup(• qu'il va
enterrer dans le' cinwtiôeP, puis il sn rntit'C' lui aussi. La mar-
raine, avec l'enfant sm· son dos, ('ourt C't entre chez les femmes
à CJUi elle dit: «Allons saluez le prophMc ; c'est assez ! l'enfant
est circoncis! n Aussitôt les· femmes se taisent ct cessent de
jouer. La mère sort du plat et sc met à rire. On la débarrasse
de son bandeau. Dès qu'elle voit son fils, elle sc réjouit de le
rëvoir vivant, elle le prend et l'embrasse entre les yeux. Toutes
les femmes se dirigent vers elle et lui disent : « Tous nos com-
pliments, madame une telle. » - « Que Dieu vous conserve,
chères sœurs, leur répond-elle. n Aussitôt celles-ci se lèvent,
prennent leur pierre et s'en vont chacune de son côté.

Divorce

POI;VOIRS Dll :'IIARI - CAS D'ADULTÈRE

Chez les lmazir'en, un mari n'est portl~ à divorcer d'avec sa


femme, que s'il a des motifs à invoquer contre elle. - De son
côté la femme peut reprendre sa liberté vis-à-vis d'un homme
qu'elle n'aime pas ou qui est impuissant.
Lorsque le mari s'aperçoit que sa femme cherche à fuir le
domicile conjugal, il l'arrête ct la conduit dans la maison
d'arrêt dite akherhich, où sont enfermées toutes les femmes qui
veulent quitter leurs maris. L'akherbich est une maison de
détention instituée par les notables du village pour y enfermer
toutes les femmes en état de rt~hellion contre leurs maris. Nul n'a
de pouvoir sur la femme que son mari ; celui-ci peut la laisser ,t
dans l'akherhich même un mois sans que personne autre que lui
puisse lui parler ou même la voir. C'est pour cela qu'une vieille
femme veille à l'entrée de l'akherbich; on l'appelle Tagoujimt.
Elle est chargée de servir la prisonnière.
Un homme qui veut divorcer ne le fait qu'au moment oppor-
tun. Un jom·. il dit ii sa femme : " Prépare-moi de quoi man- ·1
}IIJI<XRS i·:T CUVITliES BERBt:RE~ 2~)7

ger, j'ai lP désir d1· partir en voyage vers tel pays. '' -
<< Volontiers ,, , lui répond-Plie ; f't anssitM elle sc li-ve, prenà

de la farine df' hl~·~ 'lu"dlP n·rsc dans le gran1l plat; puis elle
fait chaufl'cr de l'<•an tii•de ; Plle prend deux morceaux de sel
qu"Plie fait fondre clans ecttP farine puis dlP la trempe avec de
l'eau tiMP. Elle la pètrit dans le plat. LorsquP la pâte est prête,
elle Y Illet du cumin pil1~ clans le mortier et autecs épices. Puis
elle la partagP en morceaux pour PIL faire du pain ; elle met le
Plat· en terre sur· le feu et commence ù faire des pains sur un pla-
teau en palmier nain. Chaque pain fait est mis par elle sur le
plat pour y cuire pendant qu'elle en pr1\pare un autre. Chaque
pain cuit est pris du plat et mis dans le plateau, couvert d'un
linge afin que le pain reste chaud. Elle prend un autre pain
~'elle met clans le plat ct elle continue aimi à faire elu pain
J~squ'à ce qu'elle ait fini de préparer le pain destiné aux provi-
Sions de route pour l'homme. Alors elle ramasse ce pain ; elle
prend le sae de voyage, l"ouHe et l'en remplit. Puis elle appelle
son mari ù. qui elle dit : « Voici de quoi manger en route, si tu
pars. »L'homme lui dit : «C'est hien ! ''· - Il se lève, amène
s~n âne, lui met le hàt, et, prenant ses provisions de voyage, il
dit à sa femme : « Que Dieu tc donne la paix. , - « Bon voyage,
lui répond-elle, quand tu revienflras, apporte-moi un peu de
koh'eul pour les yeux ... » Il s'engage sur le chemin et il s'en va;
arrivé à mi-chemin, jetant un regard devant lui de toute la puis-
sance de sa vue, il aperf:oit trois hommes armés de leurs fusils
et assis au-dessus du chemin. Dès qu'il les aperçoit, il les tient
pour des coupeurs de route. La peur le preiHL il fait demi-tour,
~t ~evient en courant jusqu'à chez lui oü il arrive à minuit. Arrivé
al entrée de sa demeure, il entend la voix d'un homme qui doit
se trouver avec sa ff'mme dans la chambre. Il s'arrête sur le
seuil de la maison, tout en teemhlant de peur ù. cause de la pré-
sence de cet homme qui est auprès de sa femme. Assis, il se
Illet à écouter les deux amants qui se livrent à leurs ébats, pen-
dant que son fils dort dans une autre chambre, l'enfant est
encore jeune ; sa mère l'a endormi et a fermé ensuite la porte
sur lui, pour revenir dans l'autre pièce où se trouve son amant.
Là ils donnent libre carrière li leur amour toute la nuit. Au
298

point. du jour, l'amant de la femine sc lèv<' et veut partir ; la


femme vifmt l'accompagrwr jusqu'à la porte. Dès qu'flllc a
ouvert pour donnet• passage à celui qui est avc·e Plie, le mari
sc lève et porte la main sur ~on poignard. L'amant s'enfuit,
mais le mari saisit la femme, la prend pat• les cheveux ct la
traine dans l'intérieur <le la maison. La femme se met à crier et
à pleurer. Alors il revient en courant refermer la porte. Revenu
près d'elle, il se déshabille pour ne conserver qu'un pantalon,
puis il prend un gros hàton solide. La femme sc lève ct s'enfuit
vers la chambre oü sc trouve l'cnfantqu'cllc prend aussitôt sur
son sein; elle dit au mari : « Je suis sous la protection de ton fils
et sous celle de Dieu ! >> Le mari sc <lit·ige vers elle, sc penche et
prend l'enfant du sein de la mère. Il l'emporte, le dépose au
loin. Revenant vers elle, il la saisit, lui arraché tous ses habits
jusqu'à la laisser complètement nue, comme au jour où elle a
été mise au mowle par sa mère. ll la prend par la main droite
et se met à lui administrer des eoups de hàton sur le dos, et elle
de crier, en disant : « Haï, haï! <i mère je meurs ! Courez ! ô
amies, venez me délivrer de la main de l'ennemi de Dieu. » Les
voisines qui ont entendu ses cris, accourent vers l'entrée de la
maison dont la porte est fermée en dedans. Pendant qu;il conti-
nue à la frapper, les autres femmes sc mettent à lui dire du
dehors : « 0 ami ! que Satan soit maudit, c'est assez! tu vas la
tuer! Ne vois en elle que la mère de ton fils! » - << Les défauts
et les vices de cette femme, leur répond-il, sont plus grands
que ceux qu'elle peut avoir dans l'autre monde ; elle méconnait
et la voie de Dieu et celle de sa créature, et ne suit aucune
d'elles. » Pendant qu'il la couvre de coups, il ne cesse de lui
dire : << Ha ! la maudite, tu Ps ainsi faite ! tu as fait de moi un
être plus bas que tous les êtres '? ... » - « Ceci est une chose qui
m'est imposée par Dieu», lui dit-elle.-« Ce n'est pas seulement
la première fois que tu tc conduis de la sorte, tu le fais depuis
longtemps, aussi bien pendant ma présence qu'en mon ab-
sence ! » La laissult là comme une chienne, étendue par terre,
il va ouvrir la porte, sort de la maison et sc rend auprès des
clercs qu'il salue en entrant. Ceux-ci lui demandent: «Qu'as-tu,
ô un tel '? » - « Il m'arrive telle et telle chose, leur
MOEURS ET COUTUMES BERBÈRES 299

répond-il. '' Il leur fait part de tout cc que sa femme lui a fait.
Quand il a fini de parl<~r, les elercs lui <lisent : '' Répudie-la ;
quant à ton fils, tu le garderas, tu veilleras sur lui, tu le remet-
tras à sa marraine q~i l'élèvera jusqu'à ce qu'il soit grand ;
quant à la mère, tu lui feras sig·nifier la lettre de divorce ; tu
lui donneras tous ses effets et tu la renverras sans que personne
l'accompagne. ,, Ils lui rédig-ent aussittit mw lettre de répudia-
tion la plus formelle.
L'homme prend la lettre ct paye les rl<~rcs de leurs peines.
Puis, accompagné d'un ami du <Jfulhi, il revient chez lui. Arri-
Vés à la maison, l'cnvoyè du qàdhi frappe à la porte. La femme
arrive et ouvre : << Voici ta lettre, lui dit-il ! )) , pendant que le
~ari l'interpelle et lui dit : << Va-t-en <l'ici aujourd'hui même,
Je ne te connais ni tu ne me connais. ,, Ln~ femme s'en retourne,
rentre dans la chambre, ramasse ses effets les plus heaux, prend
la lettre et quitte le domicile de son mari. Elle s'en va seule,
où hon lui semble. Quant à l'enfant, il reste auprès du père et
de la marraine qui le soignent ct l'élèvent jusqu'à ce qu'il
devienne un homme.

Maladie

FRAYEUR - SOINS - SUPERSTITIONS - FAÇON PARTICULI~;RE

DE TRAITER UN MALADE

Un homme prit une pioche et s'en alla dans sa propriété irri-


guer du mals pendant le milieu de la nuit. Il allait seul. Arrivé
au champ, il ouvrit le passage à l'eau qui suit la rigole tracée
vers le mals. En descendant derrière l'eau, il aper1:ut devant lui
U~e hyène. Il la prit pour un chien et lui dit : << Va-t-en, le plus
~~ai~ des chiens ! ,, et la hyène de pousse~ d~s gro~nements e_n
faisant : << Ahaha ! » Quand elle eut ams1 aboye contre lm,
;e~ùi-ci jeta sa pioche, s'enfuit en poussant des cris; et chaque
? 18 qu'il regardait en arrière, il trouvait que la hyène était der-
l'Ièpe lui, sur ses traces. Alors il poussa des cris plus forts P-t
~lOO

accdi'~ra sa com·sp, jusqu'il cc 'flt'ayant apcr,;u la lumii~rc Jcs


habitations, la bête le lùcha Pt le I[Uitta en s'Pn allant ailleurs.
Alors le pam-rn honunn apri~s IJUi la hyC:mc a\1tit couru, tomba
par tPLTc devant la porte de sa d.-meurc et se mit ù. ~émir. Sa
milre sortit, ct lui dit : "Qu'as-tu. mon fils'?" - << Une hyène,
lui dit-il, est sortie contre moi dans le champ de mais. ».sa
fpmme lui dit aussi : « Quel malhem· pour moi ! Elle ne t'a pas
fait de mal au moins'? » - << Si, elle m'a fort effrayé, leur répon-
,Jit-il, j'ai couru Pt cri1~ jusc1u'à cc que je sois cxténut'~ de fatigue,
elle ne m'a abandonn(~ I(UC loi'SfJU'ellc a aper~~u les lumières
des maisons. )) Alors l'homme, pris de vomissements, ne rendit
I[Ue du sang. Sa femme se livra aussitôt à des lamentations, tan-
dis que la mère, <JUi n'avait pas <le force pour crier, tomba et
sc roula par terre en disant faiblement. « Ha ! mon fils, heu-
reusement que l'hyène ne fa pas dévoré ! n Et sa femme
d'ajouter: << Ha! mon Dieu qu'est devenu mon jeune poulain'?»
Les voisines qui les avaient entendues se lamenter accoururent
et, trouvant la porte de la maison grande ouverte, elles Y
entrèrent ct se dirigèrent vers la chambre où se. trouvait
l'homme. Elles trouvèrent celui-ci ôtendu, couché sur son dos,
poussant de fortes plaintes. Une femme parmi celles qui étaient
entrées, s'avan1:a ct se mit it calmer l'épouse et la mère en leur
disant : « Louez le Prophète, l'homme n'a aucun mal; levez-
vous ct calmez-vous. )) Une autre arriva et leur dit : << Préparez-
lui nue cuillcrt'~e de bouillie au thym, que vous lui donnerez à
boire pour· lui calmer l'estomac et l'empêcher de rendre du
sang. » La femme du malade se leva, prit de la farine de olé,
prépara la bouillie dans laquelle elle mit du thym réduit en
poudre au moyen du mortier. Quand elle fut cuite, elle la lui fit
boire, avec une cuiller, petit à petit. L'homme, l'ayant toute
prise, rendit cette bouillie mélangée de sang. Puis il se nùt à
se rouler dans la chambre, car son cœur battait à éclater à la
suite de la forte course qu'il venait de faire pendant que l'hyène
le poursuivait. Telle était la cause des so_uffrances du pauvre
homme qui se plaignait en disant : <• Oh ! mon cœur ! >>
Toutes les femmes venues à la maison avaient chacune quel-
que chose it conseiller il l'l~pouse et à la mère. Une autre
liŒLI\S ET CUUTL.\IES BEilllÈLU:S 301

femme leur dit encore : « Donnez du mid an't: du safran et de


l'aouermi en poudre, après l'avoir chauffé (laus un petit plat en
terre dans lel{Uel Yous couperez, pout· t~trc trempé, (lu pain
chaud qui vient d'ètre cuit ; puis vous le lui (lonnerez ù man-
ger. » - " C'est hien, lui (lirent-cllcs. ,, Aussitôt la mère se mit
à lui préparer le miel au safran et à l'aouermi : elle prit du pain
sortant du four, le coupa dans le bol et le remua an~c le
manche d'une cuiller. (luand il fut hien mélangé, elle le donna
à son fils qui ne pouvait le mauger ; continuant ù se plaindre
bien fort en disant : ,, .\h ! mou estomac t{Ui se dèehire ! » La
nlère se leva et prit de l'eau potable llu'elle porta dans une
autre chambre. Là, elle la mit sur le fpu pour la chaufl'er ct la
donner ensuite à boire ù son fils. Une autre femme dit à
l'·epouse : '' Amène à ton mari un (aleb l[UÎ lui èer·ive une amu-
lette et l{Ui tourne et examine pour lui les feuilles afin de voir
ce dont il souffre à l'estomac. -"e serait-il pas possédé par
quelque g·ùnie (démon)'? n La mil re se leva ct s ·en alla elle-
mènte chercher un t'aleh. Allant de mosquùe en mosquée, elle
trouva un hon faleb dans une uwst{Ul'e où elle l'aborda en le
saluant : celui-ci lui dit : ,, Qu'as-tu, mèt·e '? '' Elle lui répondit :
"J'ai mon fils qui est pris de t{Uelque chose. Par ta protection et
celle de Dieu, viens a ,·cc moi à la maison pour que tu puisses le
Voir et te rendre compte de ee l{UÏl y a dans les feuilles. »
«Volontiers, lui dit-il. n Il se leYLt et alla avec elle jusqu 'it la mai-
son où elle le fit entrer. Arriv{~ dans la chambre où se trouvait le
~alade, il s'installa it son chevet, prit ses liYrcs et commença
~les feuilleter jusqu'à ee quïl fut fatigué. N'ayant rieu trouvé,
il dit à la mère du malade : « .\pportez-moi un petit plat. >> Elle
se leva et le lui donna. Il sortit son encrier rempli d'encre,
ouvrit son sac et y prit le porte-plume avec lequel il traçait des
sourates sur ledit plat. Quand il eut fini d'écrire : « Effacez,
~t-il, cc .qu'il y a d'écrit sur cP plat avee de l'eau ehaude dans
aquelle tl faudra mettrP de l'huile, du sel, du ldwu:-amt, du
cumin en graines. Vous lui t'Prez boire cette eau; puis faitl'S-lui
prendre des fumigations avf'e du h'ermel ct un os d'tm chien;
après il n'aura plus aucuu mal. ,, -«Si mou fils guérit, lui dit la
lllère, je m,'engage à te donner un costume complet. n - << Sïl
AU CtJt:UR liE L'ATLAS

plalt à Dieu, il n'aura plus flp mal. '' Elle lui donna une obole
pour le dédommager de sa pPÏIH' : " (hw la paix et le calme lui
reviennent ", dit-il en partant. La mln-e prit l'assiette dont
elle pffac;a l't'~critUI'C avec dP l'eaU tiètle, I'OIIIIlW [c lui avait
recommandé le taleb. Après avoir· fait faire des fumig·ations à
son fils, Pile lui fit boire l'eau. CcttP boisson prise, il sc coucha
et continua à sc plaindre jus.<1u'ù minuit. Lorsque sa femme
entra ct alla le trouver, cliP lui dit : « .Je voudrais <jue tu vives
pour moi et ne meures pas. n - " Pour l'amour de Dieu, nous
devons nous pardonner nos torts, lui dit-il. ,, - " Pourquoi me
dis-tu cela'?, lui demanda-t-ellP. -«Le mal <JUi est en moi, lui
répondit-il, est gran', jP le sais. , - " Que ta vie soit longue,
cher fils, lui dit sa mère, désires-tu quelque chose à manger? >>
Il lui répond : " Je ne veux, mère, qu'un peu de beurre frais et
du pnin chaud. » Sa femme sc leva aussit<it pour lui prt'parer ce
qu'il demandait. Elle le lui porta et le lui servit en tlisant : « Le
voici. n - « Je n'en veux pas, lui dit-il. " - « Que désires-tu 'ln
- « Je ne veux que du poisson, devrais-ji' Pnsuite en mourir."
Le lendemain, la mèr<' s'en alla eneore trouv<'r des israélites;
chaque juif à qui elle de ma nd ait : " As-tu du poisson cuit'? »,lui
répondait :<<Non, je n'ai rien. "Fatiguée d'errer Pllc revint à la
maison, rentra dans la chambre oir sc trouvait son fils ; elle lui
dit : " Fils, je ne t'ai rien trouvé en fait de poi!lson ! » Il jeta
un regard sur sa mère et dit : « (.)ue Dieu nous ouvre de meil-
leures voie!! " ; et !la femme ajouta : « Lui est notre Seigneur et
Maître. )) Il tourna la tète vers sa. femme et lui dit : « Donne~
moi le pot dans lequel j'urine'? >> Elle se leva ct le lui apporta;
elle lui plaça le pot sous ses efl'cts ct alla le soutenir par les
épaules. Lorsqu'il eut fini d'uriner, elle prit le pot qu'elle alla
vider dans les cabinets.
L'homme rappeln sa femme qui lui répondit et se rendit
auprès de lui, en lui disant : « Oui ! me voici, que veux-tu? "
- Frotte-moi un peu le dos ? » Elle s'assit et prit la tête du
malade, qu'elle posa sur ses genoux et se mit à lui frotter le
dos jusqu'à ce que le malade s'endormit; elle-même, le soro~
meil commença à la gagner. Pendant qu'ils sommeillaient ainsi,
la belle-mère s'en alla à la fontaine dès le point du jour puiser
MUEUllS ET LUUT\.iMES BERilf:RES 303
de l'eau à boire. En arrivant à la fontaine elle y entendit des
cris et vit une affluence de personnes. Pt·enant rang, elle atten-
dit son tour <Iui lÙtrriva qu'au soit• au déclin du soleil près de
l'heure du Mar"reh. Elle remplit sa cruche et revint à la mai-
son. Elle y entra, déposa sa cruche qu'elle vida dans la jarre.
En entrant dans la chambre du malade, elle trouva son fils qui
reposait sur les g·enoux de sa femme, tandis que celle-ci som-
nteillait aussi. Aussitôt la vieille l'interpella et lui dit: « Lève-toi,
prépare le souper, <1ue Dieu te couHe de fiente liquide et qu'il
te mette le feu sous toi. 0! la maudite. Mon fils serait-il en train
de mourir, que tu ne lui accorderais pas un moment de répit,
ô ! la plus vile des chiennes ! En tout tu n'es pour nous qu'une
femme de malheur ! Depuis llUe je t'ai amenée et fait#1na belle-
fille, nous ne faisons mon fils et moi que décliner, décroître, ô
figure sans pudeur ! )) La jeune femme g·arda le silence et se
mit sans répondre à préparer le souper. Quand il fut prêt, elle
donna un peu d'aliments à son mari qui ne voulut rien manger,
n'en pouvant plus. Alors elles mirent le plat de côté; quand
elles eurent fini de manger elles-mêmes, elles firent de la
lu~ière et s'assirent près du malade qu'elles veillèrent toute la
nutt. Aussitùt <ju'il fit jour, la belle-mère se leva, prit la farine
pour préparer la bouillie du déjeuner. Dès qu'elle fut cuite, elle
prit cette bouillie, ct la servit toute chaude, toute bouillante. A
son fils, elle en donna de la froide ; <juant à sa belle-fille, elle
lui en servit de la bouillante. La belle-fille vint, s'assit pour en
nt~nger; à peine en avait-elle hu une gorgôe que la bouillie
lu 1 brùla la bouche. Elle se leva, elle ::;e mit à gesticuler, à se
frapper sur les cuisses, à s'égratigner le visage et à ne parler
qu'en faisant des gestes avec les doigts. Lorsque la bouillie fut
descendue et avalée, la femme commença à respirer. Elle
resta là, étendue par terre, jusqu'au soir; alors elle se leva
pour préparer le souper. Quand il fut cuit, elle mangea du
couscous sec qu'elle faisait passer en buvant de l'eau. Puis elle
~:rvit le, souper à ~on n~ari dans une jolie assiette ; quant à sa
He-mere, elle lm serv1t dans un plat son souper dans lequel
elle mit beaucoup de sel et de piment en poudre. Ainsi préparé,
elle le lui ~onna à manger, en ayant soin de lui cacher la
_u; UV Il HE L ATLAS

cruchC' J'eau. A peine la JJelle-mèt•c eut-elle mis une cuillerée


rle couscous dans sa bouche <JU 'elle sc sentit prise, étoufl'ée par
la g·ot·gc: <'lie sc lent, eourut \ers la cr·uehe d'eau: mais elle ne
la trouYa point ; elle se mit ù ehcreher de l'cau; n'ayant rien
trouY<\ elle fit dans le pot de l'urine <ju'ellc but aussitôt. Puis
ell<' s'assit Pt sc mit à se lamenter. Le fils qui l'a,·ait entendu
pleurer lui demanda : << Qu'as-tu pour pleurer ainsi. Elle lui )l

dit : " Voici, ta femme m'a·fait telle et telle choses. '' Il appela
aussitôt sa femme ct lui dit : .c< Où êtes-vous, madame'! ''
- '' JIP voi('i, lui répond-eUP : qu'y a-t-il·? ,, Il lui dit :
<< Uu 'avez-vous fait à ma mère pour qu'elle pleure de la sorte'!''

- « ~on,).e ne lui ai rien fait, tout ce qu'elle a put<' dire n'est


que men~nge. '' Il se tut et ne s'en occupa plus. Le jour où,
pardonné par Dieu, il fut guéri, il sortit et alla s'installer devant
la maison où le faleb qui lui avait écrit l'aperçut ct fit aussitôt
venir la mère a ,·ce la<{Uellc il se rencontra devant l'entrée de la
mosquée. Il lui (lit : " Tou fils est maintenant guéri, que Dieu
en soit louè ! Où est le costume que tu m'as promis de me don-
ner'?''- « Va-t-ell, Moigne-toi de moi, je ne t'ai rien promis.
Quant à mon fils nul ne l'a guéri si ce n'est Dieu. ,; - « Conl-
mcnt! chrdicmu•, tu mc trompes doue, maintenant ... '' La
mère le releva hrus<jUCillent en lui disant : << Je ne t'ai rien pro-
mis, autre chrétien que tu cs, toi qui mens à Dieu et à ses
créatures. » « Allons va, lui dit-il, <IJle Dieu tc calme et te
donne la paix ! ''

Guerre

FAÇON DE SE BATTRE DES DIAZIR'EN - ARliES - ENLlh'El!ENT


o\·N llüi\T - Fl;NÉRAILLES - (;J::IIhlONLES

Ln tour pour l'Pau est dahli nntr<' l<>s lmazir'eu Pt les Ara-
bes. - Un .i.oui·, les lnwzir'cu, nnllant irriguer leurs champs
pendant la nuit, s 'apcr<;urent que les Arabes leur avaient volé
l'eau. Aussitùt ils dédarèr<:'nt aux Ambes : « Il y a désaceord
entre vous nt nous; demain c'est la guerre ! " - « C'est
1!1ij·TBS ET COL Tl )1 ES IJEIIBÜ\E~ 305

entendu ! rt'~roudirent lPs Arahes: cc que vous n'avez jamais


fait, vous Ile }:IOU\ï~Z le fairP ! )) . On rassa quelques jours et la
guerre fut déelartle entre lmazir'en et Arabes. Alors, l'homme
qui était malade et actuellement rétabli se leva, lui aussi, pour
allet• comhattre. Il fit sortir son cheval, le brida et le sella.
Ayant mis précipitamment la selle, le poitrail et la sous-ven-
trière, voilà qu'il oublia de fixer celle-ci assez solidement. De
plus, il avait un eluwal très r(•tif. Ensuite il monta à cheval, et
sa femme lui passa son fusil : tout eu étant à cheval, ille char-
gea avec de la roudre <piÏl ;n·ait sur lui dans sa poudrière. Il
quitta le villag·e : arriv(• au chemin, il vit une foulP de .f.i'Pns <JUÏ
se rendaient vers le lieu de comha', porta nt tons lcyrs fusils :
chacun d'eux portait PH outre, en bandoulière, totdPs sortPs de
choses. Certains portaient des poignards Pt des massues garnies
de pointes, suspendues entre les (•paules; d'auh·cs des serpes
avec lesquelles on coupe le hois : d'autres avaient pris tm levier
de moulin, d'autres avaient uw• pince avec laquelle on troue les
murs, alors que d'autres n'avaient que leurs poig·nards ct leurs
fusils. La plupart des g·ens montés sur leurs chevaux s'élancè-
rent au galop vers le lieu du combat. Arrivés là, les cavaliers
se mirent en ligne l'un à cùtô de l'autre. Derrière eux les fan-
tassins vinrent se ranger. Les Arabes se rangèrent eux-aussi, de
la même façon, les cavaliers en avant ct les fantassins derrière.
Les cavaliers des Imarir'en tirèrent une d{)chargc de coups de
fe~ et se retirèrent derrière les fantassins qui restaient là et gar-
datent leur position en sc tenant couchés. Les cavaliers Arabes
aussi firent une décharge de coups de feu, et se retirèrent en
arrière tandis que leurs fantassins restaient sur place, ronser-
v.ant leur position. AussitM, un combat s'engagea entre fantas-
Sins tandis que les cavnliers se h•naient au large, en rang·. La
ca:alerie des lmazir'cn vPillait sur ses fantassins; ehaque fois
~u un de ceux-ei tombait, Pli l'le ramassait. On resta lù à sc lmttrc
~usqu·au coueher du soleil. Pendant qu'on sc hattait, voilà llUe
e cheval rétifs "cmhalla pt sortit du rang· !les cavaliers Chleuh',
emportant son maih'P. Il s'enfuit vers l'ennemi. Quatre hommes
iarmi les fantassins arahes le mirent en joue et tirèrPnt sur lui.
e cheval fut atteint ; une balle lui traversa le crâne en entrant
.::!0
30() Al CŒlll DE L .\TL.\S

par l'oreille droite ct en sortant par la gauche ; le cheval


s'affaissa avec son cavalier et resta raide mort. Un des ennemis
accourut ct tira à bout portant sur la tète du cavalier dont il
fit sauter la cervelle ; ille laissa mort. sur place. "\ussitôt fait,
il prit la selle et la bride du cheval, ramassa le fusil, la corne à
poudre ct la giberne du guerrior, et il s ·en retourna vers ses
frères. Le soir, quand les lmazir'en revinrent du combat, la
· mère leur demanda : « N'avez-vous pas vu mon fils '? » Ceux
qui connaissaient le fils de cette vieille lui répondirent : « Ton
fils, que Dieu le reçoive dans son paradis ! il est tombé au champ
de bataille en territoire ennemi : il y est resté mort ainsi que
son cheval. >> - (( Je mc mets sous votre protection, leur dit-
elle. " Elle courut aussitôt chercher un houe qu'elle sacrifia
pour les gens du village pendant cette nuit même : (( Ton fùs
est tombé mort, lui dirent-ils, au milieu de l'ennemi, mainte-
nant que Dieu nous donne des hommes qui puissent l'enlever. »
On réunit des gens; lorsqu'ils furent assez nombreux, ils s'en
allèrent à sa recherche pendant cette nuit même. Lorsqu'ils
arrivèrent au lieu où il {•tait tomhé, ils le trouvèrent raide. Ils
le prirent; ils le mirent sur un cheval sur lequel ils l'attachè-
rent au moyen de cordes. Ils revinrent, l'un conduisait le che-
val par la bride tandis que les autres, leurs fusils en main,
suivaient derrière. Lorsqu'ils furent arrivés à la maison du
défunt, ils déposèrent celui-ci devant la•porte et appelèrent sa
mère et sa femme qui sortirent aussitôt. Dès qu'elles l'eurent
vu elles se mirent à pousser des cris; puis elles allèrent s'en-
duire le visage de bouse de vache liquide ct de noir de fumée.
De là, elles entrèrent <lans la cuisine, y cassèrent tous les
ustensiles aussi hien le plat dans lequel elles faisaient cuire le
pain que la marmite. Les hommes prirent le mort, le portèrent
- à la jema'a, l'y déposèrent pour y passer la nuit, là seul et sans
lumière ; parce que, selon leurs usages, celui qui meurt hors
d'une habitation ne doit jamais y être ramené, tandis que celui
qui meurt dans sa demeure a de la lumière, hien qu'il doive
rester seul jusqu'au lendemain, sans que personne le veille.
Ayant entendu des cris, les voisines accoururent auprès de
celles qui pleuraient. Là, les vieilles, deux à deux, se saisissant
.\IU·TI\S ET CO[;Tli~IE~ JlEIIBÈIIES 307

par les épaules Pt lPs jeunes proct'~dant de mème, toutes se


mirent à se lamenter, ct chaemw d'elles accompagnait ses lamen-
tations de parol<'s. L'unP dPs vi Pilles disait: " 1Il· las! cher· Pnfant,
avcctajcuness<•, ta beauté, cher adoré. '' L'autn•, avce la<1uelle
elle pleurait, répli(1uait : « Hélas, seig·neur un tel, tu as poussé ta
vic au danger, jusqu'à te faire tuer par les ennemis, cher enfant. "
L'uue des plus jeunes femmes, s'adressant à la femme du
défunt, dit : << Hélas ! frère, tu ne mét·itais pas de mourir par la
poudre, ni d'ètrc ainsi profané, frôre chéri ! " Et l'ùpouse de
répondre : « Hélas ! cbei' poulain, tu meurs et tu laisses tes
enfants livrés à l'injusticP. - Que vais-je devenir avec eux ! »
Puis elle se mit à pleurer et dire encore : « Ah ! mon poulain,
Ulon poulain! " parole qu'elle dit trois fois très fort. Enfin les
vieilles se turent, et chacune en silence s'assit. Accroupies l'une
à Côté de l'autre ct adossées contre le mur, elles laissèrent
libre le milieu de la pièce qu'occupèrent bientôt les belles
, débarrassées de leur voile. Debout au milieu de la pièce, elles
se mirent chacune 'ù dire <Juelquc chose : « liMas, frère voici
ta dellleure ! ... C<:ci Pst ta maison, hMas frère! ... "Une deuxième
reprit : « Hélas ! fl·èrc Yoici ton li 1 ! voici tes cfl'ets ; hélas,
frère 1· .. · " c ll e contmua
· : « rv re· re, 1a mort num<i't
1 e t'. a prts
· pre-
'
Inaturémcnt : hdas! frère !. .. )) L'l'pou sc du défunt rôpondit :
(( Hélas, mon poulain, quelle ann{~e maudite (lUe eclle-ei! ... Mon
P~ulain, j'ai veillé sur toi jusqu'à cc ((Ue tu fusses guéri et je
Ut.en réjouissais; un autre malheur m'attendait ct voilà <[lW je
SUts réduite à soufl'rir ! ,> Les vieilles arrivèrent et se mirent à
consoler les jeunes. Une fois que les femmes se furent calmées,
le)! Voisines apportèrent dans des eruchons de la bouillie de
Ulaïs cuite; chacune d'elles apporta le sien rempli de bouillie.
~uand une femme entrait et présentait sou cruchon, la mère
i.u défunt lui disait: << Que Dieu vous le rende, chère sœur. "
d Ile lui prenait le cruchon ct se mettait à verser de la bonillie
ans de petits vases qu'elle distribuait ensuite aux femmes qui
en hu .
Q valent. Chaque groupe de trois femmes avait son bol.
d uand elles eurent fini de boire, ct déposé toutes leurs bols
evant elles, la mère prit le cruchon dans lequel on avait
apPorfé la bouillie et alla le déposer dans la cuisine ; tandis
:J08 AL CtJt:Lll liE 1:.\TLAS

que la femme du défunt faisait le tour ÙPs femmes ù (fUi elles


avaient servi à boire de la houillie, ct pat·tout oit elle trouvait
un bol vide, elle le ramassait et le portait «'·g-aiement ù la enisiiw
où elle ri~unit tous les ustensiles servant il prendre la bouillie.
Après avoir fini de d.:~jeuuer, les fcmnws s ·assirent pt se
mirent ;'t causer Pntre elles de la mort de cet homme.
Pendant ce temps, trois h01Înnes de ceux qui avaient rament~
le mort sc rendirent dans le Mellah', achetèrent <fuinze condi~es
de eotonnadc pour servir de liueeul, puis des feuilles de rose,
du myrte et du safran. Ces trois choses composent ee <fu'on
appelle lah'nr-'ul. - Munis de ces olJjets ils revinrent à la uwi-
son. Ils remirent ù tm taleh l'C'S la!t'nout' h·gèremC'nt piU·s dans
Un lllOI'fÎer: puis on chauffa fortement de l'eau dallS UIIC <·asse-
l'Ole l'Il fer blaue, on apporta une grande plauchl' g·arnie de
f
distanee en distance de larges trous, et ou la déposa au milieu de
la djem'à. Puis on prit le cadavre que l'on mit sur la planche
où on le déshabilla. Cu des hommes enleva sou haïk que trois
hommes prirent chacun par un bout ct étendirent au-dessus de
la planche sur laquelle sc trouvait le mort. Le faleL l'ntra sous
la couverture où la casserole d'eau ehaude ainsi qu'une louche
lui furent aussitôt passées. Le pt·ieur lui a us si entra sous la
couverture. Là, avec la louche, il puisa de l'eau chaude qu'il
répandit sur la tête du cadavre pendant qw· le talcb lnvait une
partie après une autre : la tête, les yeux, le nez, le visage :
puis il ouvrit la Louche du mort, il y introduisit ses doigts le
.,.._ pouce et l'index de la main gauehc ; alors le prieur se mit à lui
verser de l'eau pendant qu'ille lavait; quand il eùt tini il passa
au cou, à la poitrine, au ventre, au nombril, aux cuisses; il lui
fit les ablutions en lui lavant les parties ; il continua par les
genoux, les pieds et les mains. Quand le lavage fut terminé, on
lui passa le linceul dont il coupa cinq c·oudt'•es el qu'il dendit
sous le dos du cadavre ; il lui cu mit èg·alement cinq autres
sous les pieds, et les ciny restants fm·eut plact'~t>s sous le eou.
Puis il prit du solide fil de tissagP, J'elt>Ya Pt rl>un it les ]lords
de la pièee plae(~e sous l<>s pieds, 1wit Lti~·uille, ({llC le prieur
lui passa, ct fautila la pièce eu un tour d"aiguillle, cc qu'il fit
aussi pour la pi('e<' plaf'(;f' sons le do~ et dont les bords sont
Jll~·:LliS ET CUllT .Il ES IWlliiÎèi\E.;

réunis sur le ventre ct eusuitc eousus ; puis il procéda de


même pour la dernière piècP plaet;l' sous la nuque, ct dont
les bouts furent tirés et rabattus sur la poitrine et puis cousus.
De lit il prit dans la main g·auelw les la!t'nout qu'il répandit sur
le mort awe la main droite depuis la tête jusqu'aux pieds, puis
il se leva f't appella les gens ù t{UÏ il dit : « Allons, apportez la
eivière. , -On apporta la eivii•rf' IJUC l'ou dt;posa au seuil de
la djemda pendant 'lue d'autres fmtrèreut ct enveloppèrent le
cadavre <lans une natte en palmier nain. Ils daient quatre, les
deux premiers disaient en le portant : '' Dieu est puissant, Dieu
est grand! ,, formule lfll 'ils prononcent deux fois, tandis que les
deux derniers disaient : '' 0 Dieu, reçois dans ton seù1 celui qui
n'a aucune malice!,, Ils répétèrent ces rleux formules. du centre
de la jemda, l'n portant le eadaYre, jusqu'à la porte, où était
déposée la civière. Là d'autres gens arrivèrent pour les aider à
le déposer ct à placer le corps sur la civière ; quatre hommes,
'leux devant et deux derrière, la soulevèrent et commencèrent à
lllareher, pendant que les gens prôsents suivirent le corps. Les
porteurs. ll's deux premiers, disaient : " Il n'y a de dieu que
Dieu et ~[oh'ammed est son Envoyt~ n, et les deux derniers
disaient Pnsuite : " Seigneur, nous vous implorons, nous nous
présentons iL Vous, car nul ne peut nous recevoir au sein rle votre
Paradis CJUe Vous, le Clément, le Miséricordieux )) ; les derniers
l'. ' .
. epeta1ent, tout e11 marchant, les nH\mes paroles que les premiers
JUsqu'ù l'entl't'•e du eimetièl'e. Lù les premiers sc mirent à
dire : Nous voici dans votre domaine, Seigneur, ;~laître de
(<

tous les hiens; accorde:;,-nous rotre bonté en tout et pour tout ».


Ceci fut ·•.mst
la · · t e· par l es (l ermers
· · · ~·ppe, · ·
.Jusqu 'a· l a fosse, ac.
· ôte' d e
~uelle tls dPposerent le corps. - Des hommes de pcme se
filtrent aussitôt it mélanger le mol'tier au moyen d'une pioche ;
t~ndis que la foule se maintenait dehout derrière le mort ; le
\aleb qui avait lavô (·clui-ci, traversa les rangs et alla se placer
( evant les g·ens; alors le prieur prononça à haute voix : « Fai-
sons· la prtcre . . c1es mol'ts sur l " corps (1c cet homme. » Et tous
18
; . gens r1ui SP sont pr{~sPnU•s pour prier ri•pondirent : « Que

~eu le rt'çoive au sein de son l 1aradis et qu'il lui pardonne ses


pechP.s·· · )) - · Apres.
· ]e ta ' 1e l) pronmu:a a· h au t e vmx · : J)'wu
(<
. es,t
310 AU COEUR DE L'ATLAS

Grand » pendant que les g1ms debout sans s'incliner r{~pétaient


tJ·ois fois cc I[Ue disait le t'alPh. La priùrc terminée, le t'aleb
salua, ainsi que tous les gens pr·{~scnts. Alors ceux-ci sc séparè-
rent, en remettant !Purs hahonclws, par· gToupes de I[Uatre,
tandis (jUe d'autres prenaient le cadavre, le portaient wrs la
fosse, l'y descendaient, ainsi ljUC la natte qui a servi à le trans-
porter, et le couchaient, pench{l su1·lc eût(, droit. Puis ils lf' cou-
vrirent de h:ltonnets placôs horizontalement, allant d'tm côté à
l'autre. Lorsque la fosse fut ainsi fermée du haut en has, on
prit le mortier que l'on appliqua sur les hlltonnets. Puis les
gens vinrent et jet<lrent chacun une pierre sur la couverture
de la fosse ; ccci fait, on tira la tf'rre vers la fosse au moyen de
pioches, pendant que les t'olba récitaient d'abord la sourate de
Tabaraka, puis celle de Ouaïn kountoun ,Jta Safarin. Lorsque
les gens eurent fini de combler la fosse, et. que sa place se trouva
être bien déterminée, ils la marquèrent en plantant trois bâton-
nets placés l'un à la tête, les deux autres aux pieds. Puis on
prit la cruche, on arrosa la tombe avec l'cau qui restait, et la
dite cruche fut déposée ù côté du bl\tonnet planté à la partie ··1

supérieure de la tomllf'.
Alors les t' olha sc turf' nt ct les gens de la !.:' bîla donnèrent
chacun son obole aux t'olha en l'honneur du mort. On remit le
montant de cette quête à un d{'s t'olim pour en faire la distribu-
tion à ses camarades; eelui-ei donna à ehacun sa part sans que
personne eut plus ou moins I(UC les autres. Les t'olba, ayant
ainsi reçu leur oholc, dirent aux habitants de la k'bila: «Allons!
récitez pour lui une Fatih' a '? '' On tH une Fatih' a en disant :
« Que Dieu le bénisse, et rôpandc ses os dans le Paradis ! »
De là, les gens s'en retourn!~rPnt. Arrivés à la demeure du
défunt, les t'olim ct les gens de la k'hîla s'arrêtèrent et appelè-
rent la mère et la femme <tu défunt. LorS<{Ue celles-ci furent sor-
ties, les tolba proposèrent une nouvelle Fati!t'a en disant :
« Faisons une Fatih'a pour le tléfunt, que Dieu le re(,'oive au
sein de Son paradis, qu'Il lui pardonne ses péchés et qu'Il
rt'•palllle sa bénédiction sm· ses enfants jusqu'ù. ce qu'ils dPvien-
nent hommes ct reprennent la place tle leur p!we, ct que DieU
mette de la consolation dans le cœur dA tous ! » La Fatih'a
~!flEURS ET COUTLniES HERnf:RES 311

récitée, chacun sc retira de son cùté ; tandis que les femmes


rentraient dans la maison ; l<'t, Plles ;ulrcssèrent à la jeune
veuve leurs condol<•auces, puis elles l'habillèrent avec un voile
de cotonnade ayant fJUinze coudées, flu'elles lui mirent autour
du corps ; après lui avoir entouré la tète avec une bande de
cotonnade, elles lui dirent : « Console-toi, chère amie ; ceci
t'est imposé par Dieu; tous, nous devons mourir ; rien n'est
durable que Dieu ; telle est notre destinée ! » - Puis pendant
les sept premiers jours, des personnes vinrent à la maison du
défunt, apportant avec elles des poulets cuits dans la marmite,
du pain de blé cuit dans le plat, des œufs cuits à l'eau, sans
être débarrassés de leur coque, des dattes appelées ldjihel et
des noix cassées. Ensuite toutes les femmes qui avaient apporté
ceci, se mirent autour des maitresses de la maison pour les dis-
traire par leurs conversations. A l'heure du repas, elles s'instal-
lèrent et se mirent à manger de cc qu'elles avaient apporté et
~urent de l'eau; elles continuèrent à mener cette vie jour par
Jour, jusqu'à ce que les sept premiers jours fussent écoulés. Le
dernier jour, les femmes se levèrent, saluèrent les maîtresses
de la maison et dirent à la femme du défunt : << Madame une
telle, que Dieu prolonge votre vic et qu'Il vous dédommage de
c~ que vous perdez actuellement. » Et les deux femmes de
repondre : « Que Dieu éloignP de vous le mal, chères sœurs. )) -
Puis elles repartirent toutes. Le lendemain, le premier jour
des seconds sept jours, d'autres femmes arrivèrent, apportant
avec elles de grands plats pleins de couscous, du blé avec de
\a viande cuite ; chacune était venue avec son pl~t. Elles restè-
~ent avec les maîtresses de la maison sept jours, mangeant et
Uvant jusqu'à ce que les sept autres jours soient passés ; puis
elles se dirent au revoir ct sc quittèrent.
f Le lendemain, le premier jour de la dernière semaine, les
demmes éloignées du village, toutes celles qui étaient les amies
tu défunt, arrivèrent. Elles avaient apporté avec elles un mou-
hon dépecé, mais sans être cuit, une petite jarre remplie de
, eurre fondu et des ustensiles tout neufs, entre autres un plat
~Pain, Une marmite, une cruche, un pot h eau et deux petites
)arres, une. charge de bois, un panier rempli d'œufs, des pou-
312 AU COEiiR m: t'ATLAS

l(•ts vivants, uu <~t·utlwu d'huile> ..\pri~s avoir fait Pntret• tout


ceCI dans la maison, la Ill(\re du dMunt sn leva, sortit !'t alla
au marclu; cl'oit elle rappm·ta du cum<'l d du pin}('ut eu pou-
dre. Puis elle se mit à prépnr<'t·la vin nd(• que l<'s femmes avaient
apportée dans la marmite tu•m·<': Pli<' fit du pain qu'elle fit
cuir<' dans le plat n<>uf, elle versa dP l'<'nu it boire dans la cru-
che neuve; puis, avee un pot ù Pau n<'nf. <'Ile fit boire les fem-
mes. Elle fit la cuisine avec du beurrP, ri•sernmt l'huile pour
la lampe dans lP cas où elles voudraient fait'<' dt• la lumière
pendant les sept jours. Ceux-ci (~coulés, les femmes voulan'
partir se dirent au revoir, mais les maitresscs de la maison les
retinrent en leur disant : " Restez, nous voudrions faire son
éloge funèbre. >> Les femmes se rassirent et la mère du défunt
alla appeler les voisines qui vinrent. Elles pénétrèrent dans la
maison, ct lù, toutes debout, elles formèrent un cercle au milieu
de la cour, autour de la veuve qui sc trouvait assise au centre.
Puis chacune se mit à impro,·iser it sa fa<:on. Quand l'une
improvisait. les autres gardaient le silPncc tout en tournant et
en frappant des mains lég·èr<'mcnt. Ell<>s continnèrent ainsi
toutes à improvisPr sur luijusqu'ù ce qu'elles eurent terminé le
discours d'éloges ct de lommgcs.
Voici ce que dirent les femmes sur eelui qui est mort par la
poudre au champ de bataille. Ceci est un usage chez les
Imazir'en depuis les prf'miers temps :

f.OMPLAI~TE


Un tel n'a pas laissé de pareil :
Il était homme de grand f'oura~re
Il Mait hravc ct jamais craintif:
S'il avait Mé làehe conm}(' un Juif, on ne serait pas allé le
chercher.
Pieux, il priait; agriculteur, il plantait ;
Charitable, il faisait l'aumône en argent ou en pain.
Labourait-il, il en tirait une récolte suffisante pour lui;
S'il faisait moudre, un produit ahondant en était le résultat. i/J
Se mettant <'Il sPlle sur son cheval, il prit son fusil,
:l13

Ainsi <JtW la eol'll<' da11s lai[U<'liP sp trom<tit de la poudre.


Au sujet 1le l'Pau unP disput<> s"eHR"aF·ea enh·e les Aralws
Et les Imazir'cn qui H\ëti<>Ht toutes les misons.
Les Imazir'en s'<>n allùrPnt <le nuit
Relàcher Pt l'<'pr<>wh·c l'eau Pli litip;<'.
Les Arabes, eux aussi, s'en vinrent nn·s l"nau
Pour pouvoir irrÏF"UPr l<>m·s champs.
Ils trouvi~rent pr1\s d<> eett<> cau des lmazir' Pll ;
~\lors, un iL un, dt>s Aralws se diril-!·èr<>nt
Vl'rs le haut du canal; où ils leur volèrent l'eau.
Voilà que les champs 1les lmazir'en Purent peu d'eau.
Aussitôt, des Imazir'en se levèrent et remontèrent le canal
jusqu'à la tète de la conrluite sans renconh•eJ d'eau.
Mais ils trouvèrent assis deux Arabes
Au haut du canal, veillant sur l'eau,
De peur que lPs Imazir'<>n ne vinssent la reprendr<>.
Au sujet de l'eau <[UÏls ont prise sans raison,
Les Imazir'en leur demandèrent : << Où est l'eau? >>
Les Arabes leur rt~pondirent : « C'est à nous qu'elle revient. n
Alors les Imazir'cn leur déclarèrent : « C'est la guerre entre
nous.>>
- « C'est une parole en l'air, leur répondirent les Arabes
Ce que vous n'avez jamais fait est preuve de votre incapacité. >>
Tous les lmazir'en se réunirent comme un seul homme
Lorsqu'il s·a~·it d'aller sur le champ de bataille
Oit il <levait y avoir un comhat des plus acharnés.
Dès le point du jour, on assembla cavaliers et fantassins :
On ne laissa que ceux qui sont infirmes.
Tous les cavaliers, munis de leurs cornes remplies de poudre
et de balles,
Se dirigèrent en galopant vers le lieu du comhat.
Les fantassins prirent les armes : chacun {~tait ar•nu~ à sa
façon;
Les uns s'étaient munis d'une harre de moulin;
~'autres, d'une faucille avec laquelle ou moissonne ;
,_. Ln autr:e portait son fusil sur son épaule,
Certains ne prirent que de longu<'s et ~mmdes serpes ;
314 AU CŒlll\ DE t'ATLAS

Les uns prirent la petite serpe qu'ils portent à la main;


IJ'autr·es portaient sur l't'•paulP lPur h.Uon de jet;
Certains se munirPnt de la pi nec avec laquelle on perfore les
murs.
Tous sc dirigèrPnt vers le lieu de combat.
Ut, dPvant les fantassins, tous Jps cavaliers se mirent en

Les Ar·ahcs aussitôt r{~unirent cavaliers et fantassins,


Chacun prit ehcz lui qtwl<pH' chose comme arme.
Tous les cavalieri' ar·ahes Naimtt munis de leurs armes,
Ils portaient des fusils, <l<'s corn<'s
PleinPs <le poudre ; ils avaient des halles,
Aussi bien que cles sabres et dPs poi1.mards.
La plupart dPs fantassins avaient des pistolets.
Certains prirent <les cisailles hien tranchantes ;
LPs uns portaient à la main une lance ;
D'autres avaient en bandoulière lP poignard recourbé.
La cavnlerie arabe se pla~~a é~·alement en rangs devant son
infanterie hien alignée
Les lmazir'en les premiers attaquèrent.
La cavalerie, ayant déchargé ses fusils, sc retira ct sc mit
derrière l'infanterie.
Le fantassin couché prit position,
Et aussitôt la poudre et les halles parlèt•erlt
De la part de la cavalcriP arabe qui était nombreuse.
Puis lPs cavaliers se mir·ent derrière leurs fantassins qut
s'accroupirent par tel'l'e pour charger leurs armes,
Et <'ngagèrent le combat, pendant <Iu'en arrière les cavaliers
se tenaient debout.
La nombreuse cavalerie des Arahes qui avaient volé l'eau
fut engag{~e.
Cette lutte contre les Imazir'pn eut pour cause l'eau qu'on dit
appartenir à ceux-ci.
La victoire resta, dit-on, aux lmazir'en.
Le cheval r{~tif d'un tel, s'emporta, sortit ct s'enfuit avec son 6.
maAitrc :ers l'cnAnm ni. l .
ussttôt 1es ra1>es, en cachette, coururent après m,
4
r•.
~lŒURS ET COUTUMES BERBÈRES 315

Tirèrent sur lui ct abattirent son cheval à coups de balles.


Le cheval mort, ils tirèrf'nt aussi sur l1wuunc.
Qu'ils atteignirent à la tète, mettant ainsi fin à ses jours.
Les ennemis lui enlevèrent son hcau fusil,
Ainsi que son sac ct sa corne ii poudre ;
Ils prirent la selle ct la bride,
Et abandonnèrf'nt l'homliH' tltendn par tf'rre.
La nuit arrivôc, on se sèpara;
Les Arabes s'en allèrmtt de l<'nr cùt{•.
Les Imazir' en eux aussi revillrf'nt,
Et reg-agnèrent tous leurs dt>mcures.
Seul, l'homme tut') t1l' revint pas.
Lui ct son cheval manquant,
La mère alla s"f'n informel'
Auprès de tous les cavaliers qui avaient pris part au combat
en leur demandant : " Oü est mon fils ? »
Ils lui répondirf'nt : " Que Dieu le béniss-e, Madame !
Votre fils Pst mort ainsi f{Ue son cheval. »
La IIlère revint, prit tmP hètP dP sacrifice qu'elle alla {•gorger
au milieu de la k' bila
Dont les hahitants lui demandèrent : << Que rlèsires-tu ? >>
- « Que le corps de mon fils me soit apportt'o, leur ri~pon-
dit-clle.
Pour que je le revoie dans ce monde-ci. »
On réunit des gens qui doivent s'en retourner
Dans la nuit, cPux-ci repartirent à sa recherche; ils le retrou-
vèrent
Etendu par terre avec le crAne fracassé.
Ces hommes le ramassèrent ct l'attachèrent avec des cordes
Sur un cheval, oü ils le fixèrent solidement ;
Et, pendant que l'on conduisait la bête par la bridP,
Les autres la suivaient par derrière.
. Ils ramenèrent ainsi le mort, revinrent jusqu'à sa maison ;
ils frappèrent à la porte.
La Inère du mort sortit ainsi que les enfants du défunt ;
A la vue du cadavre des cris s'devèrent.
Les h01innes reprirent le cadavre ct le portèrent à la Djemrîa
316 .\U f'.IJt:IJil IlE f. ATLA~

Où ils le d!•posiwcnt Pt le laissi•t't'nt sans lumière,


Commf' pour tout indivicln qui lltf'UT't f'hcz eux.
C'l'st une coutunH' pow· tous ks lmazit:<'n
Que cdui sl'ttl qui mPul't hot•s de dtez lui ne peut pas avoir
de la lumière ;
Tandis <TUC si <ptd<pÙtn mc•ul't <lans sa demeure, il doit être
t'•c la ir<'·.
Dans la ehamht·e f't la issô seul jns<jll ·an jour (1).
Son épouse se mit encor<' ù sc !ameuter
Au souvenit· cle sou mari Jéfunt <JUi passait la nuit dans
l'obscurité
Les autres femmes lui disaient : ''C'est mal à toi
Ceci Pst inflig·(· par Di Pu ù. cl' a nt res f{UC toi ''
« C'est moi <[Ui deviens ,·cuve, leur dit-elle,
" Et utes Pnfauts, eux aussi qui deviennent orphelins »
- '' Ceci doit arrivPr inévitablement,
La mort est destint'~e it tout autt·e quP toi ! »
A la mère du défunt qui se mit <~galemPut à pleurer les fem-
mes dirent : << C'est toi <JUi dPvrais, vieille,
Tc calmer Pt tc taire, ayant de la sagesse,
Qu'il ne sorte dP ta honehc qu<' dPs paroles cle prièr<'. "
cc C'est moi qui vais suppot'tPr, lPlll' dit-elle, la charge des

petits-fils ainsi <JUC edit' de la n•un•. "


cc Calmez-vous, lui rc'•pondit·<'nt-ellPs; bi(•ntùt ils g-randiront,

lis aur·ont la paroli' Pt possèdPront des hœufs. "


cc Quand vont-ils êtr·e g-rands'? dit-elle.

" Ils ne seront g·rands qu<' lors<{Ue j'aurai rejoint leur père. ))
Elles lui répondirent : << La vie appartient à Dieu,
Et l'être humain IW fait qu'en usPr ! >)

Aussitôt la pauvre vieille Sf' tut ;


La femme du dMunt sc tut é~<tlemcnt.
Toutes les femmes commencèrent à les saluer,
Ainsi que leurs voisines crni avaient pleuré avec elles,
En leur disant : c< QuP Dieu vous pardonne vos actions ;
Hésig·upz-vous ù la mort et ne pleurez pas ! ))

(1) f:e qui suit rst rn p1·ose.


~IŒLHS ET CUlTUIES BEllllÈl\ES 317

Les femmes partirent tout en eausaut de la mort d(' l'homme


qu'elles n'avaient pu soi~·1wr.

Telle est l'histoire d'un homme nwrt. tut'· par la poutlre chez
les hnazir'en ; cc récit est tcrmiw'• avec l'airl<> dP IJi('u.

Ah'idous

.JEU ET DANSE DES IMAZIR'E:\

L'Ah'idous est lP jeu des lmazir'e11 oit hommes Pt femmes


débitent des paroles spirituelles et mortlantes.
Ne se livre au jeu tl<' l'Ait ïdous t[U<' l!'s f-i.'(' IlS tl' esprit, Pxperts
en prosodie.
Le jour où les femmes veulent organiser un Ah ïdous. elles
préparent un hon diner, puis ell<>s cm·oient une vieille ù. qui
elles disent: «Va app<>ler le m'les un tel, an•e tm tel <>t UJI tel. "
Ils arrivent munis de leurs tambourins, Pntr<>Ht dans la maison
où les femmes lPs ret,~oivent l'Il poussant tlPs you-you. Ils
s'asseoient, ct les femmes leur a pportPn t it manger lt• souper ;
puis elles vont à la cuisine allumeP du f<>u pour qu<' les hommes
llUisssent y réchauffer les tamhoùrins ane l<>St[Uels ils joueront.
Quand il a fini !lP (liner, le raïes Ya. se plaeet• au milieu de la
cour, fait résonnet• son tambourin Pt ses compagnons accourus
près de lui commencent aussi it jouer dPs leurs. Les femmes
arrivent ct toutes celles <[Ui savent danspr L\h ïdous, viennent
se placer devant les joueurs. .\ussitot le 1'aïl's commence à
chanter ct il célébrer les louang·es des femmes assises devant
eux, alors que celles-ci rl~pondent aux compliments qui leur sont
adressés sans sp lever jus<Iu'ù ee que lP raïes ait achevé de débi-
ter ses louaut;·es. Voici lPs paroles pnt•lesqw•lles IP t•aks com-
mence L\h Ïdous :

Je te salue, ô oiseau au beau plumage, ù pigeon!


Je te salue, tc saluent les pieds et te salue la terl'e !
Dieu, inspire-moi sur cet ètre qui, sans nous connaltre
arr•t
e e nr.s·regards.
3tH AU LŒI"R IlE L ATLAS

(Juand on ne sait pas ce qu'il est, fait·c sa connaissance est


une volonté divine.

Réponse des Ff•mmes :



(Juc Dieu te rende le salut, toi <fUi nous adresses des louan-
ges!
Quelle partie du monde t'ciivoic, ù toi ! pigeon ·?
0 faon ! au joli cou, qui t'a enfant<~"?
(Jue tc donnait tou père pout· tc nourrit· et t'devcr
Jusqu'à ne semer maintenant, avec ta languc, que de l"or "?
Je te reconnais, ù faucon ! au son de ta voix ;
Pourrions-nous t'interroger sur ton ami·? Où est-il "?
S'est-il absenté, est-il en pèlerinage ou est-il ici"?

Haïes.
Il n'est ni absent, ni en pderinage, ni en ces lieux-ci.
Le chacal passe sur des sentiers escarpés, tandis lfUe le chien
se maintient sur le chemin.
Le fils du mouflon suivaHt un sentier, ses traces disparais-
sent.
La source est fermée exprès. pour toi qui es altéré.

F.

Pourrions-nous t'interroger sur le cours des denrées, toi qui


as voyagé"?
Au moins aie la main serrée et ti mis la clef cachée,
Afin que tu ne sois pas obligé de t'endetter
Pour les belles que tu désires avoir, ô boucher !
Elle te trompe celle-là qui te re~;oit, car tu es desséché par
le froid,
Tandis que, si tu te changeais ct te mettais à l'abri de mes
voiles, tu te réchaufl'erais.
R.
Chacun a quelqu'un de son rang, qui lui convient ;
S'il fréquente une amie qu'il aime, ceci est meilleur pour lui
ljUe le pat·adis,
MŒt;RS ET COUTlUŒS BERBÈRES 319

Vivre, s'unir avec celle fJU'ou n'aime pas, la mort est pl'éfé-
rahle.
Lorsque tu tl'ouvcs quel<ru'un sPul, au guet sut· un chemin,
Sache que c'est une compagnn <JUÏ lui manque.
Désigne-mt.i, allons, qui poul'rat-Je fl'équeutcr '? et ne me
jalouse plus.
F.
L'envie est chez le rocher snul <fUÎ retient l'cau.
/ Dieu t'a amené pour <[tW nous puissions faire échange d'idées.
L'amou!' est pénible : c'est exprès pour toi, ù cœur, <fu'il est
créé.
n nous a affligés de la pot'~sie ct fait négliger le ma'is qui sc
dessèche.
0 ami, dès que je m'éloigne dn toi je pleure et tu gémis.
Je n'ai pu tc pardonner ni m'excuser, n'ayant pas eu d'en-
tretien.
H.

Depuis Lien des années, mon désir de te saluer aspire au tien,


Mais Dieu n'a décidé mon salut pour toi qu'aujourd'hui .
. Je t'en prie, ô cyprès ! incline ta tête que nous nous embras-
Sions. 1

(A ces paroles, le Raïes baisse le léger voile de son visage)

L'aurore est comme ton front ! bonjour, ô toi !


. Qui t'ornes du tabâ, du _plus précieux bijou ; vous vous ter-
Utssez.
Qu'est-ce qui t'a fait aimer, ô belle, le tournoi de la danse?

F.
Où pourra-t-il te rencontrer celui qui veut, ô vénérable,
Te faire une visite ct s'en retourner aussi vite que le vent?
Moi, j'ai particulièrement en tète une chose :
. Lorsque j'ai donné ma promesse à un ami, je ne le quitterai
Jamais ,
Dussè-,je par là, être découpée en morceaux de la grosseur
de o"'rat·ns d',org·c ;
Ali t.:ŒUll HE L ATLAS

Y aurait-il des canons hmqut'~s stu• moi, l'un à côté de l'auti·e,


Je Hl' fahaudounl'r·ais ni ji' nc te dwng·cr·ais f•ontr·e les
richesses .
.J'ai re1:u hien des coups dt• ln\t.on et ai eu des cheveux eoupés
pom toi.
;\ ma miH'<' l[lli m'appelle, je "''•ponds : " Je suis tl'ile tfUC tu
m'as cnfautôP ! "
B.
Au père I[Ui 111 ïuterpellt>, je promets de ne jamais rôpondre.
Ah! ah ! e<' soupir n'est pas un soupir de vic, c'est un soupir
de mort.
0 mon Dieu ! j'ai le cœur, que tu as Jn·is1·~ eon1111e mr t·oscau.
Cœur je tc retieus ct j'appuie sur toi la main droite.
J'appuie sur toi la main gauche pour fempèeher de gémir.
Par Dieu ! ù saint du rocher ! donnez-moi la main
Afin que je puisse voir où le ramier a placé ses petits.
0 toi, arbre qui m'as attiré tous ces vautours,
Que la foudre te hrise ou que la riYièrc t'emporte !
Si le hasard te met en présence de celui que tu aimes,
C'est connue si ton père te laissait en héritage cP nt quintaux
d'objets précieux.
Et si ccttl' I'«'Heouh•t• tc met avec •lucltfu·uu •1uc tu n'aimes
pas,
C'est comme si ton père te laissait eeut dettes.
Si Dieu t'a accordé ses g'I'âccs, ne prive persomw du charme
de ta parole ;
Et si Dieu t'en a privé, inutile de solliciter la protection do qui
que ce soit.
F.

0 ami, je t'aime ! .Je sais que tout le monde t'aime,


J'attends que t~eux tfUi lwétentlt•nt fairul'l' ne veuillcut plus
de toi .
.Je mets toute ma confiance cu LJieu, dans le Prophète, l'en-
voyé et dans les Aug·es !
Qu'il s'éloigne, celui qui entre nous ne fait que rapporter !
Que la poudre lui brùle la langue avec laquelle il s'exprime l
.\lut:L" ilS ~:T COLTli~II<:S llEHBf:lH:;; 321

Ou lui erèYe les yeux au moyeu desquels il voit les gens !


Dans ma fa<:on d'agir, je n'ai <juitté ni voies ni chemins.
Les plus grandes richesses ne mc sépareront pas de toi.
Un fort veut en tourbillon a soufflé et a mis à nu le miel,
Un miel d'une jolie et belle fleur, ô Pigeon !
Comprends, ù intcllig·ent ! re <ju'en paroles je tc dis.
0 ami ! sache <fliC c'est de toi que je parle.
Le grain est moulu. la farine est l'Il train dP sc tamisPr ;
Il ne manqtw <[lW de la viillHi<' Pt des lùg-umes.

IL

Voici, c'est que J at peur <pw des r<>g<n·ds 1w soient attirés


sur nous
Et que, faisant un faux pas, je ne serve de pâture aux vau-
tours.
Car <fuel est celui qui pourrait faire sa prière au bout d'un
roseau
Et rNlesccndre sans lP balancer ni remuPr ses feuilles '?

F.
Allons ! Courage ! tu inspires assez de respect ct de crainte
Rejette le pan de ton burnous et n'aie aucune peur
De toutes les craintes il n'y a que celle de Dieu ; de celle-ci
nous en répondons.
Jamais je ne serai làche puisque j'ai rencontré
Un poisson qui quitte l'eau et, à travers le rivage, regagne le
chemin.
0 ami ! je te le jure, par Dieu le Rédempteur!
Car une chose dans laquelle nos deux mains n'ont pas trempé
. Pour attestel' devant Dieu, n'('st-elle pas, ô frère, une chose
tllicitP '?
H..
Je sais, que Dieu te le rende, que tu ne me veux que du
hien·,
La bonté est Pn toi ; elle est dans ta bouche.
Mes par~nts, <{Ui mc refusent celle que j'aime,
21
Al; CIIHJI\IlJ·: LATL.\S

M'imposent celle que jo no VPUX pas, rcllP à qui aucun amour


ne m'unit.
Il n'y a en moi ni làchctè, ni crainte ;
Toutefois en te voyant, toi, je suis devenu cm in tif.
Jamais je ne serai lAche, puisque j'ai trouvé
Un juif qui après avoir fait ses ablutions ù. la mosquée, alla se
placer près de l'Imâm.
F.
Tu cs mon frère et je suis tienne jusqu 'à la mort.
Ne t'ai-je pas déclaré qu<' jP t'aime et qw: toute autre parole
est superflue ?
Ne le crois jamais si une autre te dit qu'elle t'aime.
T'ayant mangé le meilleur de tes biens, elle tc fuira.
Unissez-vous, ô doigts ! s'cntr'aidPr est une bonne chose
Surtout pour toi, pouce qui n'as personne près de toi.
Explique-moi cc que c'est qu'un livre érrit sans être souillé?
Si tu me l'expliques, je te saluerai ct me soumettrai à toi.

IL
C'est une belle vierge rrui n'a pas d'eufants.
Si tu es intelligente, tu dois nous dire
Et nous expliquer ce que c'est r1u'un livre ricrit avec une épine'/
Si tu me le dis, je te saluerai Pi mc soumettrai à toi.

F.
Passe-moi une glace et 1111 piiwPau, jet: dirai le reste.
Si tu es intelligent et enfant.·~ par un tel,
Explique-moi : l7n ani111ui q•i a t!e longues df'nt:s
Très ~ait/antes au ventre r1t qur· soulèvr la main 't

H.
C'est le pPigne à tisser je le sais, mais je dois te le dire.
Si tu es intelligente, dis-moi ...
En m'expliquant, ce rrue c'est f[U'un animal qui n'a pns de
moelle ni de cervelle ?
Si tu me le dis, je te saluerai et me soumettrai.
)HEURS ET Cl> UT ni ES Bf.RBÈRES :J23

F.
C'est la marmite; <ru'cllc noircisse tes vêtements !
Si tu cs inte Hi gent et enfanté par un tel,
Dis-moi cc tpie c'est qu'une mer qui n'a pas de marins,'!
Si tu me l'expliques, je tc saluerai et me soumettrai.

R.
C'est l'œil, que Dieu crève le tien!
Si tu es intelligente, tu dois mc dire
Et m'expliquer: Un animal qui ne po~sède qu'un seul pied?
Si tu me le dis, je tc saluerai ct mc soumettrai.
F.
C'est un fusil, qu'il t'éclate dans les mains
Si tu cs intelligent ct enfanté par un tel,
Tu dois mc dire : Un animal qui a une calotte ·?
Si tu me l'expliques, ,je tc saluerai et me soumettrai.

H.
C.est le ... , que Dieu déchire h, tien
Dont les cotés sont enflés connue urw marmite et <IUt Ill'
connait qu<> lP mal !
Si tu es intelligente, tu me diras
Et expliqueras : Un anima! dont l'os P.1t défendu
Et la moelle permise et que toul le nwnde mange ?
Si tu me l'expliq~s, je tc saluerai Pt 1\IC soumettrai.
F.
C'est une grenade, je dois te l~ dirP. <'>! mauvais esprit !
Si tu es intelligent, dis-moi,
Et explique-moi : Ils sont cent, arrivP un qui les expulse?
Si tu me l'expliques, je tc saluerai ct me soumettrai.

IL
C'est le Chapelet ; je dois te le dire, car je le sais.
Explique-moi : Un animal qu'on égorge et qui n'en meurt
pas?
Si tu mc lt> dis, je tc saluf't•ai, ù la plus belli' des fcnUIH'S

F.

C'est la .... , que Dieu te eoupt> la tiC'lliH'.


Si tu es intcllig·eut et eufalltt~ pat· un tel,
Explique-moi : Un animal qui n'est jamai' tondu,
Qui rPs.w~mble à un cln:Pn f'l qui dit par son cri : awÎam '?

H.

C'Pst le chacal tJUi voudrait arracher le foie tlc ta mèt'P ~


Si tu C's iutelligc!ltc, dis-nous
Et Hornmc-uous : Un animal qui est dr la longe ur d'une cout/r1e
Et dont ü~s yetu sont deu.r ti.som qui scintillent comme rhu.c
lumir'N•s dans l'obscurité'?

F.
C'est le chat, qu'il te morde et s'enfuie loin de toi!
Si tu cs intelligent ct cnt'imté pat· un tel,
Explique-moi: Un animal qui fait perdre la rais un à l' IJOmnw ·?
Si tu mc le dis, jP tl' saluct·ai Pt me soumettrai.

H.

c·est la hyhw' <fll<l contre toi elle sorte sm· lill chemin !
Si tu cs intcllig·cutc, tu nous diras
Et expliqueras : Cn animal de couleur bigal'l'ée '?
Si tu mc le dis, je tc salUPt·ai pt mc soumettrai.

F.
C'est une panthère, <tu'ellP arral'he le foie de ta mère !
Si tu es intellig·eut ct cnfautè pat• uu tel,
Explique-moi : Un champ ensemencé sans laboureur.,
Jfoissonné dam la journée qui l'f'jJOUsse l'! soir ')

IL
C'est le cù:l et lr!s éto·iles, s'il faut le dit·e, ear je le sais!
Si tu es int!'llig·entc, tu dois nous dü·e
Et nous expliljUer : t:n a11imal t:xl dr· la .'JI'osseur d'w1r1 jar1·e,
Qui se meut f't qui est tout1w: c'est dan~ une forêt que je l'ai
rencontré'?
F.
C'est une ogrr•sse, 1pù•llc fcnlèw toute ta progùniture !
Si tu cs intelligent et. cnfanft~ par un tel,
Dis-moi cc que c'est lfli·un mouton qtti est sans cornes,
Qui est expressément défendu pour le sacrifice et qui na '
jamais été tondu '?
H.
C'est. un chien ; 1111 ïl arrache les poumons de ta mt'n•p
Si tu cs intellig·entc, tu IIH' diras
Et expliqueras: Fn animal de j'orme ronde et qui est défendu
Il a au dos une rigole pourvue au centre d'une petite bouche?

F.
C'est le ... , I{IIP Di Pu déchir<' le tien !
Si tu cs intclligPnt ct enfant<\ par un td
Explique-moi: Un animal qui n'a pas df' main
Et qui marc/u• sur fe l'f'ntre en criant'?.
IL
C'est la viph·e, I{U'cllP sorte confJ·p ta nu1rc !
Si tu cs intellig<'rlfc tu mc diras
Et <'xpliqueras : Un animal roulé en spirale
Avf'c la muitié du corps relr•vé; il ne fait que rampa ?
Si tn lllP lP dis je fp saluerai ct mP sounwttrai.

F.
C't·st lP .Yaja, I(UÏl tP pmmmiYP au milieu de la nuit !
Cessons de nous injurier, e 'est hien prM'(~ra hlc pom· nous,
Pour <[u 'en fri~rcs, llO IlS puissions unir nos efforts dans notre
ddicatc situation
0 Dieu, :\laitre dl' toutPs les dds, viens à notre secours !
Ri Dieu 1w nous oHvrP les portPs. nous uous mettrons en
..
P<~nih·n<'c
326 1
AU COI<;UH OE L ATLAS

0 aigle au plumage hlcu, orné de collerette, que Dieu t'aide !


() Seigneurs T'olha, si je ne m'adresse à vous
C'est pour que vous mï~criviez un /i'or:.; je suis brisé de
chagTin.
Ecrivez-m'en aussi un autre contre l'amour.

n.
Belle, aujourd'hui c'est jeudi, je n'écris pour personne
Car on nous a dit que cc serait un grand péché, aussi je ne
le ferai pas .
.Maintenant, Belli', demain je vous ferai un !t' orz de protec-
tion contre l'amour,
Et je vous en écrirai également un autre contre la tristesse.

F.
Je ne tc crois pas, ta bouclH' ne débite que des mo<Jncries.
Jure-moi sur le Livre ; alors je te croirai !
Je saurai par là, si tu ps d<'cidé ii m'écrire un h'orz de pro-
tection.
Avec ton sourire aux lèvres, tu ne fais que te jouer des âmes.

R.
Pour Dieu, source douce, donne-moi un peu d'cau,
Que je la hoivc, sœm· chérie, la soif est en moi très intense.

F.
La source est sacrée, je n'y laisserai boire personne.
Cent mille pics, ct cent pioches
Ont été brisées sans que l'cau jaillisse,
Et tu désires, toi, raïes, avoir de l'eau !
R.
.
C'est d'une vieille source que j'attends de l'eau ;
Quant aux petites sources si elles ne sont pas remuées elles
finissent pur se dessécher.
Lorsqu'une source descend jusqu'à lu vallée, elle devient tête
de t•ivière.
Alors quand tout le monde aura hu, je hoirai moi aussi.
Par Dieu! je voudrais te fail"e prPndre
Et te crucifier sur mw mura ille.
F.
Donne à ton fusil toute la force de sa portée ;
Ne le charge pas trop de peur qu'il ne t'éclate sur le ventre !
Que Dieu t'inflige trois calamités sur le ventre :
Une, qu'elle soit la gale, te grattPr jusqu"ù l"an prochain ;
Une, qu'elle soit de la poudre à laquelle je mettrai un tison ;
Une, qu'elle soit la mort pour te priver de tes jours.

R.
Plaise à Dieu que ce que tu me désires t'atteigne ;
Que cela soit en bien ou en mal, emporte tout.
Que Dieu te donne, ce que l'ànon donne à sa mère :
Une morsure sur le cou et des coups de pieds sur le derrière.
Que Dieu t'afflige de chagrins qui feraient pleurer ta mère,
Ou la phtisie, ou un mois d"une maladie qui puisse te tenir le
plus longtemps !
Que Dieu te prive de la vue ct que tes jours te soient des jours
de peine!
Que sur toi se répandent des mouches en tas, ô femme mal
propre !
F.
0 homme vil, bien malheureuse celle qui t'épouserait !
C'est contre nature ; et la mort ne veut pas t'enlever !
Lorsque ta femme te demande une paire de babouches,
Tu lui montre tes orteils sans chaussures.
Que Dieu te donne la variole de la grosseur d'une figue,
Et que tu sois de bonne heure sur mi tas de fumier avant le
Jour!
R.
C'est le pa ys de A' bda que je te soub ai te, ô Juiv~,
Où tu porterais sur la peau de ton dos des outres sans eau ;
Qu'ul} Arabe poilu se serve de !oi pour dépiquer le grain ;
828

Et l{llC sa concubine te dispute jusqu'aux fils lfUi attachent


les cJH'VeUX !
.Je 11c tc souhait!' 1pÙm moulin il bras ou des ~.:ardes,
Et, pour toute nourriture, un huitièml' de mesure. pour que
tu sois près de la mort !
Que la plu il' d ispa ra isse pour If"" toutes lcs femmes mai-
grisscnt !
C'est fini pour toi : plus de hons plats ni d'étreintes !

F.

C'est pour toi que les g·rillades d'épis de mars ct les figues
tardives sont finies !
Toi qui as fait la (~our it une .Juive : quelle peine mérites-tu
selon la Loi !
H.

Le service rendu par une Juive est préférable à celui d'une


marchande:
He celle qui s'élance sans voir l'obscurité oit elle sc jette.

F.

Va, rares, un malheur t'attend ct tc guette ;


Tu y laisscrastes olives ct tous tes oliviers.
Tu y vendras tl's hicns Pt y en~ragcras les petits champs de
ta mère !
Puisse-tu devl'nir hcrger ehcz eclui qui nc t'aimerait pas!

H.
C'est lP matin de bonn<' he url' que toutes les Psclaves se
vendent.
Quant à l'après-midi, il n1• reste IJU<' ]cs non-valcurs.
() marmite fêlée, tu nous agaces !
Toi qui cs habituée à ne manger que les boyaux des marchés.

F.
.
Frapp<>z 11' ehiPn de mouli11, il est hahitw~ il lécher la pous-
sière dl' fa1•ine.
.\IIMTRS ET Ct1UlT \tt:S IIEIIIIÈlli':S 329

Va-t-pn YPI'S ta nidH•, \(IIP lliPn ln dt'~molissP sur toi


Prenpz ~·;u•tlP : (''pst un dtit•n Plll'<tF<'' qui Pst au milieu de
vous ;
Dès quïl rf'ncontrf' IJHPlqu'un. il ahoiP aprùs lui

H.
C'Pst toi <tui Ps chiennP, l>Prg·<\rp !
Tu es nwri{•p au plus vil dPs chiPns, un mari <[Ui h• prostitue ;
Lors<{lW <tul'l<ttùm ] u i <lomw <[ltdqups <lPn iPrs
Il fp saisit par l<>s elwveux pt tf' t'onduit vprs lui.
Si tu avais du cœur, jamais tu n'oserais PntrPr dans l'Ah'idous,
Ni te mèh•r aux fillPs noblPs et honnêtPs.

F.
C'Pst toi <tui est le prox<~nt'>te, fils d'un inconnu .
. C'est ta mère <fui est herp·ùrP ct qui n'a pas laissé de prop;é-
ntture ;
Que Bourkab t'atteigne de la tête aux pieds,
Et que, pris aux jarrds, tu puisses avoir un mois de maladie.
J'ai rencontré ton ptirP qui traînait une grenouille par la patte
. Et disait : « 0 ma joie ! Cne auhainc pour laquelle je n'ai
rten dépensé ! ,,
J'ai vu ton père guettant ct attendant en face du Mellah',
Plein d'envi<' de la houilli<' de fève ct du pain des .Juives.

IL
C'est sous le hàt d'un Juif que ta mère est venue au monde ;
Ton père est associé avec Y a' qouh pour sa boutique ;
J'ai trouvé ton père coucht'~ sur ta mèrP ; loin de se déplacer
Lui ayant dérobé sa ehcmise, il me tourna le dos .
.J'ai vu aussi ton père faisant le comi<ruc, ta mt\re mendiPr et
faire la quête
Près des musulmans Pt des Juifs <plÎ donnaient un I'OOU dmcun.

F.
Tes yeux rpsscmhlent ù ceux de Semh'a Jlella!J'
011 à et'.nx rl'nn sin~<' ![IIi fuit e'n rPmonhmt YPrs }p col.
330

J'ai vu ton père et ta mère qui tournoyaient.


Ton père qui, ayant nus ù ta m(~re une hride en corde, la
faisait danser
Lorsqu'il demandait aux gens : « Donnez-moi un sou»
Ceux-(·i lui rt)pondaicnt : ''Dis h ta fcmmt' de jouer. »

IL

Ton pt'wc est un mPuniPI', il Il<' vit qne du produit de son


moulin
(juiconque apporte du gTain ù moudre il lui en vole un peu.
Faisant la chasse aux rats, il les a tous exterminés ;
Il ne sc nourrit que d'eux et dP la farine <JU ïl vole au moulin.
Uuand ces rats étaient attrapés, il les ;.;Tillait dans le four ;
Frits, il lPs faisait rouler dans la farine et il les dévorait.
Ayant fini de manger, il s'pu allait vprs le canal, sc baissait.
Et sc mettait à hoirP dP l'Pmi tronhiP: pris dP coliques
Tl dcscPndait au bas du moulin Pt s 'etl'ort;ait d'évacuer
Tandis qu'il renrlait par en haut, le bas répondait.
Que DiPu tl' fasse donnPr d!'s coups d'un gros bâton ;
Qu'ils tomhl'nt aussi sur ton pP-I'P jns<In'ù cc <JU<' vous soyez
privés de vie !

F.

Fasse Dieu que tu rc~;,mves un coup avec le poignard de


Ammi Mançour !
Qu'il coupe lPs parties <lP ton père et le ... de ta mère.
Que Dieu tc donne nn cancer qui soit aussi large qu'un vase
Pour te ronger le derrière ainsi que celui de ta mère.
Et qu'enfin la menace d'un châtiment te fasse quitter le pays,
Emportant avec toi tous les maux des femmes.
Tu n'es <pt'un .Juif, tes manières nH' l'indiquent,
Car tu ne fais ni la prière ni le jcùnc du Ramadhan.
C'est aujour<l'hui que nous avons connaissance de ton exis-
tence engagée avec toi dans la honte ;
Nous vprrons quel genre de force tu as, tu peux nous le mon-
trer.
)HEURS ET COUTUMES BERBÈRES 331

R.
Plaise à Dieu qu'un chameau tc .... pour que tu mettes au
monde une hyène
Et que tu sois imprégnée de l'odeur du chameau, telle qu'elle
est en lui.
Que Dieu veuille te mettre dans l'anus du lion et qu'il le
referme sur toi !
Tu verrais des excréments de l'être humain dans ses entrail-
les.
C'est sous le nid d'un corbeau que j'ai vu ta mère
-~:ec Yak'oub, mang·eant du pain de Juives.
J tmplore ce qu'implorent les étoiles et l'eau,
Tous les saints du pays 1\m après l'autre.
Que tu perdes la parole et le j cu de l'Ah 'idous !
Que tu ne puisses plus exprimer une seule parole de poésie:
J'espère ce qu'espère l'ennemi en temps de guerre
(Qu'il abatte ta mère au moment où elle se trouverait sur le
chemin
. Et que raide morte elle tombe connue un poteau.
Qu'ilia dépouille de tons les effets qu'elle aurait sur elle).
Je te souhaite, ô chienne ! que des coupeurs de route
Te saisissent et ne te relâchent qu'après avoir passé sur toi à
tour de rôle.
Tu verrais ce dont sont capables les hommes,
Et qu'ils n'acceptent pas de chienne comme toi ...

1 1.
int~ ' &ilence complet au•si bien du côt.\ des hommes que des femmes. Les deux
ressés seuls continuent à s'interpeller.

F.
Je me soumets à Dieu ! pardon si je t'ai fait de la peine !
Cher ami, je me soumets, je ne dirai plus rien.
C'est fini, je ne dirai plus de vilaines choses !
~~ne pardonnerai pas au chant d'avoir amené la parole jus-
. qu a ce point.
Viens, frère, ne crois pas que je sois une rapporteuse.
332 Al' COtTJI IlE L'_\TJ,AS

Le .Juif setii, bien (ru'Mant 1111 (\tJ·e humain, médit sur tout ce
qu'il voit:
Le mouchard Pt l'PnviPux nf' doivPnt Nr·c trait(;S que de la
manii~rc suivante :
Il faudrait }pur administrPr unP fiole d'arsenic ou cinq onces
de poison .
.Je tc mettrai, mon raïes,. dans ma robe qui n'est point fanée!
Viens, partons chez toi : si tu rw veux pas, moi je t'emmène.
Dans mon sommeil, un angP t'a pr<~scntl' ii moi ;
Il m'a rl~véM et ta silhouette et ta voix.
H.
~laudissez le Diahlc, c'est lui qui présente le portrait
D'un homme pour que les femmes en rl\vent.
Le pire de tout pour un voleur e'est d'ôtre dl~couvert et pris.
~·ayant pas sur lui d'armf' pour se dHPndre, il est arrêté
Et frappl· par tous }ps ~·pns du villagP, y compris les femmes.
Si c'cst un Nran~œr·, on le tue et on lP jettP ii la rivière,
Ou s'il est du pays, 011 lui coupe la main,
Pour que toutes les fois (pt'il aura l'i(l(;c df' voler, il regarde
son motg·non,
Voilà rf' ({Ui JllP fait pC'ur ct Ill<' donll<' ù rétl<'~ehir !
Pour toi .ïafl'rontf'r·ai la haine df' nos PllllPTHis. je luttPrai pour
te dM('(ldrP.
S'ille faut, je t'Pmm<\nprai dans u11 iwtr·e pays (qoig·ni· d'ici.
Où, maigri~ leurs rccherehcs, ils ne nous dèeouvriront pas.
Quand nous serons dans ce pays oü nous nous réfugierons,
~ons ferons un sacrifice aux habitants qui ensuite seront
contents ne nous.
F.
Cher ami ! Me trouves-tu donc livr(•p it tes (Lésirs ~
Penses-tu, ô rivière ! que je veuille être plaine !
Prends garde de t'en aller sans que j'en sois inform{~e ?
Allons trouver un marahout. qui recevra notrf' serment ;
Par nous deux un engagPment réciproque est nécessaire,
frère,
Po11r qu'il n'y ait pa~ de trahison de ton roU• ni du mien.
333

H.

Je ne suis pas, mot, uu traitt·c. t'Il ([IIi iJ li<' faut pas avoir
confiance ;
Je femntènerai au su ct au nt de tout le monde ; te tromper,
ce serait pour moi commettre un péché.
Je te munirai de tout pour t'embellir :
Des plaques en argent, (les mt.'•claillous en or,
Un cafetan, cPlui fJUi est hrodù Pn fil d'or,
Des bracelets tout en m·gent pur,
Un diadème forml'~ de ·perles cnfil!~cs.
Des mousselines et une paire d'anneaux de pieds,
Des foulards appelt•!-> : Tasebnit, lek'tib ct ta·brou!.:',
En pure soie des Indes, le tout pour toi.

F.
Dieu, ù frère ('héri ! tu t'es emparé Lle mon àme !
Quand c ·est mon pèrP f1Ui m ïnterpellP, j'arriYP à lui ré-
pondre.
Mais si ma mil re mP parle, je me mets it pleur(~l'.
Alors elle me dit : ,, 0 rebut de la l'bila! "sans at·rivcr pour
cela a· me corrtg-Pr.
.
Le soir, ayant scrYi le diner je pense à toi, je me mets à
pleurer;
Le déjeuner prèt, je mc rctrouYc dans le même Mat.

1{.
C' est moi qui ai lecœur plein de noir, ù sœur !
Ce sont tes larmes qui sont cause de mon amour pour toi.
Les aliments m'étant dcw'IIUS tllners, je ne Yis tiUC d'cau.
Toujours en larmes, jP me tiens i·nillt.'~ cu buvant de l'cau,
A cause de l'amour ct de la grande amitit.'~ tfUC j'ai pom· toi.
Sije te racontais tout ('P (jUü j'ai enduré,
l' Tu verrais que je ne subirais pas de dn\timents plus forts à
Interrogatoire.
Quand je soupire, la moitié de mon ètre s'effondre vers
le sol.
334
De toutes les peines que j'ai eiHlui·.~es, celles causées par toi
sont d'un <jUintal,
Du poids d'un bordj, d'une montagnf', ou de l'étendue d'une
plaine.
Si Dieu t'avait remise un peu à la raison, tu t'en irais sim-
plement;
Quant à mon âme, elle va vers toi, elle est eu toi !
Ma vie n'est faite que Je peines; pour toi je ne fais que
pleurer.
Depuis le lever du jour jusqu'à la n~it, je ne fais que souffrir.
Retiens dans ton cœur que nous nous pardonnons tout
Puisque Dieu veut <fUC je t'épouse.
Lorsqu 'on v Put termiiu:•r l'Ah 'idous, les femmes et les com-
pagnons du raïes sc taisPnt en cessant de chanter. Le raïes seul
continuant à faire résomH'I' so11 tambourin ct s'adressant aux
femmes dit:
Par Dieu, allons ! que pouvons-nous pour toi
Qui occupes l'intérieur de notre cœur !
En vous, nous mettons toute notre foi, ù Saints!
. • 1
Et, av<mgles, à vous tous nous demandons votre protectwn ·
Il faut que l'amoureux verse d,es larmes,
Et sc désole, si l'objet de son amour n'est pas près de lui.
Puis le raïes fait tournoyer son tambourin sur le pouce de la
main gauche, le pouce engagé dans le trou pratiqué sur le cer-
cle. A ce signal ses compagnons sc remettent à jouer fortement
du tambourin. Pendant ce temps, les ff'mmcs se relèvent et
viennent se mettre debout, l'une à cùtl~ de l'autre, devant le
raïes et ses compagnons ; elles battent des mains, alors que
des femmes chantant en chœur disent : « 0 abeilles '', les fem-
mes répondent : « Où est la fleur de Mars '? "
Hommes et femmes, placés en face les uns des autres, conti-
nuent ainsi à chanter en balaw;ant ll•gèrement leur corps, et
les hommes en avaw;ant doucement vers les femmes qui recu-
lent de même. Lorsqu'elles sont arrêtées par le mur de la mai-
son, les hommes reculent tandis que les femmes leur faisant
face les suivent. Ils continuent ainsi jusqu'au lever du jour ;
alors chacun se retire de son côté.
11ŒliRS ~:T COUTt:~n:s DERRt:RES

Là, se termine l'Ah'idous, jeu et danse des Imaz'iren~ tel que


l'ont laissé les PrPmiers depuis les tcmps anciens ( l).

Les Fêtes religieuses des lmazir'en.

L - Le Aïd Sr'ir.

Lorsque la lune du Ramadhàn est apparue pour le premier jour


du mois, les Imazir'en uc prennent pas lc rcpas du « Sh'our ».
La veille, le dincr pris, on se couche jusqu'au leYer du jour et
hommes ct femmes comnH•ncclÜ lc Hamadhà.n. La plupart des
fe~lmesjeùnent ; il en est qui ne jeùncnt pas; la raison pour celles
quine font pas le Ramadhàu est la menstruation. Alors, mangeant
quelques jours de ce mois, elles comptent ces jours jusqu'au
mon1ent où leurs règles s'arrêtent. Là chacune d'elles s'en va, ct
P~sse au hain, et rcYêt ses habits propres. Le lendemain t>lle
fa1t 1e Ramadhàn eommc tout le monde. Quand l .heure du
ior·'reb est arrivt'•c, l1wurc dc maug·er, on boit de la bouillie et
on ne dine que vers L!h'cha. Puis lcs femmes pétrissent et pré-
parent la pâte, alors ({Ul' le criem· appelle et dit: « 0 gens, dor-
lll~~ tous, dormez ! n Il ne lcs avt>rtit ainsi qu'une fois que la
prlere a été faite par tout le monde it la mosquée. -Au second
~~Pe_l,du crieur, les femmes. sc lèn·.nt, allumcnt le feu et font
. Pmn avec la p<lte. Quand ü es cmt, elles le trempent dans du
llllel
l .et d u b eurre ct mangent 1c ,S-.h. our JUsqu
· 'au momen t ou·
e cneur leur dit : « 0 gens assez mang·er et boire, le jour
v: bientôt luire ! » Quand on a mangé et bu, on se rince la bou-
c e et on se recouche jusqu'au jour; alors on se lève et on s'ha-

a:\t)
C L'Ah'idous est la danse nationale des lrnazir'en du eentre de l'Atlas.
te danse appelée Ah'ouac!t pat· les Chclh'as de l'Ouest, est toujours
lllucomp""n'
-o ee d e ch anis. Elle se pratique à 1' oeeaston· de toutes 1es r é..JOUis-
·
Pa ces. pratt" ques ou prtvées
· Dans cc jeu, t"\ y a t OUJOUrs
· d eux ac t eurs prmet-
· ·
Pe~l.' ce sont le raïes et la taraïest, un homme, directem· du jeu qui inter-
CJueel:t une femme c1ui répond. En fait d'instruments de musique, il n'y a
.L.· lamhont·in fJUe les hommes manient; quant aux femmes, elles ne
""'"ent que hattre des mains.
33ti At: CŒUR liE L ATLAS

hiJlP. CPei eoutinuP dl' la 1111\nu• twutii•t'<'lH'tHlaut tout<• la durée


du Hamadltë\11. ()uant il J'pnfaHt dl' quatot·zp ails, il Hl' doit jcù-
lll't' 1)111' le> 2(jme jom· du mois de> Hamadltù11. Coudt!'• toutP la
jotu•td·<~ da11s la dwmlll'l', il tH' sP li•vc> <{UÏt l'lu•urP de> la prière
dP Ldçer.- ~a milrP qui le rén•ille lui dit: "Ulve-toi, uwn fils,
Pt lave-toi la li;.:'lll'<' Pt lPs piPds pour tP vMit• e11suitP de tPs hea~X
dl'Pts. " " Oui, ma m(•rP )), t·i•pond l"Pnfant <lui sP 1<\yp aussi-
tM, pre11d dP l'Pau f'ral;·he, SI' nettoie le visage Pt lPs piPds.
Après lui avoit· mis sPs vMPuu•uts proprPs. sa mèrP grimp~
sm· la tPt't'iiSSP dP la maiso11, appelle lPs voisines, ePiles qui
ÙCUH'UI'I'Ilt il !'Ml~ d'p}lp d lPlll' dit : « ()ue dwetlnl' de VOUS
apporte sa t'O<jltille vide et <lU.Plll' ,-ieHnc avN· sa filiP potn•célé-
Lrer le prPmÎPt'jPùtH' dP noh'<' fils., EJlPslui rt'lpotHIPttt:" \'olon-
tiers, <{U<' <·ela soit un é\·énmuent lH•ureux pour vous ! " Puis
toutes lPs I'Pilllll<'S appeléPs sc lèn•nt Pt arrin~11t ayant ehacune
sa fille ct sa coquillP d'Pscarg·ot. Dl'ls qu'Plies sont eutri1cS dans
la maison dP la fPtllllt<' <JUi les a appelées, nlles s'y installent et
restent jusqu'aux approehes du Jlor'N!b: alors la mère dP l'en-
fant sc lèYP, pr<'nd u 11 foulard PU soit' <ru'e lJp éta lP sur 1<' visage
de sou fils Pt qu'elJP lui fixe il la tMP au moyeu d'une tresse en
soie.- EnsuitP PllP JH'<'tHl son fils <JU.PllP fait monter sur une
échelle. Lorsqu'il est al'l'ivô au mili<'u de l'édJPlle, sa mère lui
abaisse jus<pt'il la poitritu• les franges du foulard; muni d'une
assiette en terre ver11iP tlP gali•ne Pt t•empliP de miel, assiette
qu'elle tÎPHt de la main ga uclw. Pile ë'l'impP YPrs l'enfant et s'as-
seoit à eùtô de lui, sur l't'dwlon marquant le milieu de l'échelle.
Assis<' à sa gauclw, t>llP soutient son fils par les épaules avec sa
main droite et poussp aussitM d~s you-you, suivis <le et'ltX des
autres fcmnH•s <fUi ar·rivPnt sP mcttrP <'Il t'<'rele devant }"pnfaut,
au pied d<' l'éeht>llc. Lors<{U!' tout<•s }ps fPIIHIIPS sP so11t placéeS
Cil rang· H\'PI' LPIII'S lillPs. lllUllii'S cehae!IIH' dP sa eoquill<', la

mère appellP la lJl'<'tllièt'P jcunn filiP <JUi vient ct grimpe su~


lïlcht>lle. Quand elle Pst arrin~P près d<~ la mèrP, celle-ci l~I
passe l'assiette <pte la jeune fille saisit avee la main gauche, tandiS
'Iu'clle tient dans la main dt·oite la coquillP vide. Elle prend du
tniel <laus l'assieU<' jus<ru'ù ee I{U'ellc ait rPmpli sa coquille;
elle la passe à l'enfant <JUi ouvrant la houelH', la saisit ayec les
337

dents. Après avoir remis !"assiette ;!,la mère, la jeune fille redes-
cend et se met <le cùté. La mèt·e de l'enfant appelle alors une
autre fille qui vient et grimpe n•rs elle ; après avoir fait ce qu'a
fait la première elle redescend et sc met de côté, à côté de la
précédente. Pendant que les filles à tour de rôle continuent à
agit· ainsi, les femmes ne cessent pas de pousser des you-you.
Quand les jeunes filles sont toutes passées, elles dansent une
ronde en chantant :

(Jue le Hamadhùu prod1ain nous retrouve


~[ères d'enfants pieux et pratiquants,
Toutes en vie et mariées !
(Jue nous ayons d'abondantes récoltes,
H<'s taureaux ct des vaches,
Des ln·ehis Pt du heurre salé.
Puis toutes les jeunes filles s ·arrêtent et se taisent, tandis que
les femmes cessent leurs you-you. La mère descend son enfant
de l'échelle, le ramène dans la chambre où elle débarrasse sa
tête du lien. -Ensuite les femmes ct les fllles s'installent, pren-
nent de la bouillie pour déjeùner; lorsqu'elles ont toutes fini,
~llcs se retirent chacune de son côté, continuant ainsi à jcùner
Jusqu'à Ldid sr' ir. Ce jour là, les hommes, aussitôt levés et vêtus
d: _leurs beaux habits neufs, se rendent tous vers le lieu de prière
ou_tls s'asseoient et prient en disant trois fois: « Dieu est grand »
et ~ls ~joutent: « Il n'y a de puissance et de force qu'en Dieu le
Tres Eleve, , l'\
1 uguste. n

~es gens assis continuent à dire ainsijusqu'à l'arrivée du qadhi


qut a hien voulu prier avec eux. Aussitôt arrivé celui-ci se met
au ·1·
tnt teu d'eux, debout sur un grand rocher assez haut. Alors
les_ gens se taisent en portant toute leur attention sur le qadhi,
et Ils écoutent ce qu'il va lem dire. - Debout sur le rocher, il
rononce doucement : Ella/, ouakbar ! formule que leur répète
~ prieur: Ellah oua!.:bar! Ensuite les g·ens gardent encore le
stl~uce tandis que le qadhi dit à voix basse :El/ah ouakbar! ce
qUt est encore répété par le prieur; on continue ainsi jusqu'à.
~e que le qadhi· ait terminé la prière (prône) ; alors il descend
u rocher sur lequel il se tenait pendant que le priPur aehèvc
::~
:138 .H: CŒIII\ IlE J.'ATLAS

la prière; quant à la foule, elle fait rleux priùres d'une inclinai-


son ehacune. Quand on a fini, on salue le qadhiet l'on se retire
chacun de t>Oil cùt!l. ()ua JI(] deux hommes se rcneontrcnt, ils
doivent s'embrasser l'un l'auh·e 1'11 disant : " Quo '''h·e fête
soit heureuse!>>- « Que Dieu vous eonscr·vc jusqu'ù l'an pro-
chain ! » rôpond-on. Tous les bomi11es agissent <lP la sorte
jusqu'à ce qu'ils soient rPntri~s ch<·z eux; là ils se mettent à
table et mangent du pain avec tlu beurre et du miel.
Les jeunes filles et les femmes, aprt)S s'être parées de leurs
belles toilettes et de tous leurs hijoux en argent et chaussées de
babouches neuves, sc répandent dans le Yillage ct vont renrlre
visite aux lieux saints du pa ys. Vers le soir·, chaque femme
accompagnée de sa fille, revient chez Plle. Pendant ce temps,
chaque homme, accompagw~ d'un autr·e, sort, et tous deux se
promènent dans les environs du village jusqu'au soir. Puis ils
reviennent et chacun regagne sa demeure. Après avoir soupé,
tous les membres de la famille, femmes, hommes et enfants se
réunissent pour· preudrc du th t'). A près cH avoir hu à satiété,
les enfants se lèvent ct gagnent une autre pit)cc: Arrivés dans
leur chambre, ils se déshabillcut ct acerochcnt leurs vêtements
à un clou, puis ils sc couvrent ave~.: une coun")rture de laine et
se couchent. Quant à leur mèt·e, dormant avec leur père, elle
se couche dans la pièce où ils ont diné. Le lendemain, dès
qu'il fait jour, le père sc lève, s'habille ct s'en va au bain. La
mère s'étant levée et hahillée aussi, allume le feu et procède à
la préparation ct à la cuissvn de la lJOuillie. Gue fois que celle-ci
est prête, la mère réveille ses enfants qui, habillés, vont se
laver la figure, les mains ct les pieds ; puis ils sc mettent, cha-
cun muni de son hol, ù boire dP la bouillie. Le déjeùner pris,
~a mère ramasse le~> ustensiles, les lave ct déjcùne elle aussi,
non sans avoir lai~>sé pour son mari une honne assiettée de bouil-
lie. Lorsque celui-ci est de retour du bain, sa femme prend
l'assiette pleine de bouillie, la présente à son mari qui la sai-
sit et se met aussitôt à déjcùner. (luand il a fini de boire, il
appelle sa femme qui vient prendre l'assiette qu'elle lave et
place avec le,; autres ustensile~>. Ceei fait, elle revient vers son
mari et lui dit : « Voici, notre détür est d'appeler le raï es et
liŒUllS ET COt;TUIES BEI\B~;RES 339

ses compagnons! n - "(juawl, lui demande-t-il? >>- « Aujour-


d'hui ntèmc, lui répond-elle. >> - " Soit ! lui dit-il. >> - << (.)ue
leur prépat·erons-uous pour leur sonpcr, lui demandc-t-(•ilc? >)
- '' Tout est entre tes mains, lui dit l'homme, fais ce que tu vou-
dras! >> - « Achète-nous, tant de viande, dit-elle. )) Alors le
filari sc lève et se rend au marché d'où il lui rapporte un petit
panier rempli de viande, d·oit:·nons, de poivre pilé au mortier
et de navets doux, (1u'cllc senira comme légumes avec le cous-
cous de blé. Aux environs de la prière de l'après-midi, la femme
conunencc sa cuisine ; elle prend la marmite qu'elle remplit à
moitié d'eau; dans le g·rand plat en bois elle découpe l'oignon,
la viande ct le chou qu'('llc met ensemble dans la marmite;
elle Y ajoute la quantité voulue de sel ct de poiue pil{~ ; puis
elle active le feu, ct quand la marmite commence à bouillir elle
pr:nd du couscous sec qu'elle humecte hien avec de l'eau froide ;
PUts elle met le couscous ainsi détrempé dans le couscoussier,
P.osè sur un vase. Lorsque le couscoussier est plelu, elle le sou-
leve et le place sur l'om·erture de la marmite. Entre le cous-
coussier ct l'cmboudmre de la marmite, elle enroule un tam-
P~n de linge destiné à empè('hcr la \<tpeur de s'échapper. Une
fots que les vapeurs out traYersô le eouscoussier, la femme le
sort de la marmite ; elle rcft·oidit le couscous versé dans le grand
plat, llUis elle le l'emet encore dans le eouscoussier ct fait ainsi
la lllême opération trois fois. Y crs le mor'reb le mari s'eu va et
revient accompagn{) du raïes ct de ses eompagnons. Dès <JU'ils
sont enh·és dans la maison, la femme leur prépare un grand plat
de couscous de blé avec de la viande aux navets; elle appelle
son ll1ari et lui présente de l'cau pour sc laver et une serviette
avec la(('lue ll e ou s · essute
· 1es utams.
· Lorsquc tous l cs lllYl
· ·t'es se
sont nettoyé les mains, le maitre de la maison apporte le grand
~lat de couscous yu ïl dépose deqml eux. lls s'installent autour
lu plat et se mettent à manger taudis <JUC le ma1tre de la maison
le~r dit:« Soyez les bienvenus!>>- « (jull t'accorde ses faveurs,
lu~ répondent-ils. >> Pendant cc temps, la femme prend la bouil-
;l:e, la remplit d'eau et la met sur le feu au milieu du foyer .
. Uls elle se rend auprès des voisines à l[UÎ elle dit : « Venez
Jouer l' Ahidous. >> - 11 Volontiers, lui répondent-elles. )) La
340 AL t.:ŒLH JH; t.'ATL.\S

femme revient chez f'lle pour surniller la bouilloire. Quand le


raies ct ses compagnons ont fini dl' mangPr, le mari reprPnd le
plat ct le rapporte itla cuisine. Lù, trouvant l'cau dt> la bouil-
loire en dmllition. il la rctit·p pt y nwt du sucrP !'t du tht'·, puis
il porte aux hommes un platl~au eu cuivre avec quatrP petits
verres, ainsi <pw la thi•iùrc. Le tout est di~pos{• devant eux; ils
se mettent ù sc versl'l' du· tlu'• ct ù boire il volonté. Lors<JUe le
mat·i revient à la cuisine aupt·ùs de sa femme, il rôvcille ses
enfants 11ui, apri~s s'dt•c tous lavé les mains, s'assoient ct sou-
pent avec leur père.
Pendant cc temps, le raïes et ses compagnons se régalent
d'cau succulente (th{~J. Voilù I[Ue dPs voisines cu nombre, at·ri-
vcnt ct s'installeut dans la cour de l'habitation, tandis <JlW la
maitressl.' de la maison garnit le foyer de ml.'nu bois, pour per-
mettre aux joueurs de ri~chaufl'er leurs tambourins. Lorsque les
hommes ont fini de preudr•p du thé, ils se lùvent et se dirig·ent
vers la cour où l'on allume tt·ois lampes accrochées ebacune ù.
sou support, et mtc forte lumiùre se rèpand par toute la maison.
Le raï cs et ses compagnons qui sont entrés dans la euisine pour
bien réchauffer leurs tambours en ressortent ct prennent posi-
tion eu restant dehout au milieu de la com·. Aussitôt, les fenuues
poussent des you-you, d le raïes ayant entamé les préludes,
toutes celles qui sont expertes en la matière viennent prendre
part au jeu ({Ui commence aussitôt ct sc continue toute la nuit
jusqu'ù la pointe du jout·, oü, alors, chacun sc retire chez soi.
Voilà de quelle manière sc passe le Ramdhan, du premier
jour du mois jusqu'à la fin, mar<[Uée par la fète de l'àïd sr' ir;
tous les Imazir'en suivent cette tradition qui date 1les temps
anc1ens.
Ldïd lekbir.

Voici la description du mois 1le Làïd le/.:bir <Iui viPnt après


Lâïd Sr' ir et <Iui dure sept jours appelés Tafas/.:a.
Dès le prt> 1<Ïer du mois, on choisit. pat·mi les troupeaux, des
moutons que l'on rctiPtlt ù la maisou et (jUP l'ou uom·rit d'ot·g-e ct.
de son délayé dans de l'cau salée ; on donne ainsi ù mauger aux
moutow; pom· <JlH' rPux-ri aiPnt l~PillH'Ollp de graisse. - Qunnd
le dernier marché avant lrifd a lif'n. tous les ~-?-'<'Ils s'v rendent ct v
achetent du h'f'nné, dPs voilPs 1h• cotonnalle, hlanel~c. du heurr~1
salé et du mi<'l; ils v achMent (·~·alcment 1les vêtf'ntl'nts neufs
pour leurs f'nfants, 1lPs hahondH:~ 1l'hommes et de fen unes, des
foulards ù franges ct dPs ohjets neufs cuits an feu, c'f'st-ù-dire
tous les ustensiles dl' cuisinP llo nt nous avons déjà parlé. Munis
de tous les ohjets nu•Iltionu(:s, les gens fJUittent le marché ct
reviennent clwz eux. Le lPndcmain, lPs femmes prennent du hM
qu'elles vont lavPr dans les canaux ou rig·oles. - LP lavage ter-
lllÏné, elles ôteiHlent c<' l)lé au soleil; quand il est sec, elles le
r~lllassent et le portent à la maison où elles procèdent aussitôt au
trlage; cc nettoyage fait, le blé pst porté aux moulins à cau
~ans la soirée, par les hommes qui y passent la nuit. Dès qu'il fait
Jour' ceux-ci sc lèvent, soulèvent les vannes et mettent bien en
mouvement les meules devant écraser et moudre le blé.- Lors-
que tout le monde a moulu son grain, le produit est rapporté
et dépos(• <'L la maison. Dès le leudPmain, les femmes sc lèvent
et se nwttPnt tontPs au travail. Elles prennent dPs tamis ct des
g~ands plats Pt passent toute la journèc à tamiser. L'opération tcr-
mtnée, elles ramassent et enferment dans des jarrf's ce qu'elles
ont tamisù. l'n jour après, f'llPs reprennent encore les grands
plats, elles retirPnt la farÎiw et sc mettent av<'c de l'cau fraîche
à faire du couscous. Lorsqu'elles ont ti ni d ·en fabriquer, elles éta-
lent une couwrture an soleil, et y étendent le couscous qu'elles
surveille n t JUSI{U
· ·a· ce I{U ··1 · sec. .\1 ors, ce l m-e1
1 solt · · es.t ramasse'
~-t ntis .dans des jarres: le h•wlcmain les femmes prennent leurs
~ts qu elles vont McndrP au soleil. Cha(1ue literie se compose
e nattes en palmier nain, 1lP com·ertures en laine ct de toiles
relllplies de son, qu'ell<'s mettent sous la tète ct qu'on appelle
~oussins ; lorsi{Ue, sous leur surveillance, tons cPs ohJ' ets ont
l't'
. e suffisamment <'xpost•s âu soleil, elles prennent une baguette
dU• ,
lltov l l
.1 cu 1 c aquelle elles frappent Pt secouent les nattes
d' ou•
s echapp t 1
. ' en· l' fmPnt beaucoup ( c pn1·Ps. - Les nattes ne t -
t . .
t oye
d es, ell <'S repremwnt les cou_vcrtnres qu'elles se contentent
e secouer cntrP leurs mains ; 1mis elles rentrent tous les effets
se ·
coués dans les chambres où e Iles les étendent. Elles prennent
lln antre hlé très hean.-. elles le lavent Pt l<' mettent dnns un
342 AU CŒUR DE t'AnAS

grand mortier en bois dP thuya; Piles saisissent le pilon avec


lequel elles dôcortiquent le hl1', pri~alah!PmPnt mouillé, jusqu'à
cc 1{\lC le grain se d{~pouillP clP son PllVPioppP PXtl'riPUI'P ..\us-
sitôt I[UC le grain est dég·ag-t'•, Pt 1pte les pellicules remontant sont
toutPs amassées au miliPu 1lu mortier, lns femmes mcttPnt de
gran1ls plats prc'ls du mm·tiPr ; f' l ks saisissent celui-ci p;u· l<' bas
ct dirigeant son ouvcrtme vers l'un des plats, elles le penchent
et le secouent pour y vider d lP grain ct les pellicules tout
ensPmblc. Mettant le mortier (li' côt!l, elles prennent des pla-
teaux en palmier nain sur lcsrJlwls elles placent le blé qui vient
d'êtr0 décortiquô clans le mortiPr ..\ssises les pieds ouverts et
allongés chacun de son côté, elles saisissent des deux mains
le plateau et commencent it vanne!' le blô; elles secouent etfrap-
pent les plateaux entre leurs mains, tandis qu'elles soufflent
avec leur bouche, les pellicules s'envolent par dessus les bords
du plateau. Lorsque la quantité de blé du premier tour est van-
née, elles en prennent encore une autre rru'ellcs nettoient dans
les plateaux ; toutes les fcmHH'S 1les Tmazir'r<'n procèdent ainsi
pour séparer le hlè de son enveloppe. Ce hlé ainsi décortirrué et
nettoyé est aussitôt cnfPrnu\ ct ,!.:·ardé pour le jour de Làïd.
Lorsque le jour de b nuit de Làïd arrive, toutes les femmes
prennent de la feuille de h'cnn{• rru'elles pulvérisent au moyen
de moulins à bras. - Assises l'unP cn faec de l'autre, elles éta-
lent une peau de lllouton cnayant soin cle mettre la partie pour-
vue de laine en has ct l'autrP l'Il haut; clles y installent le
moulin. L'une d'elles apt·ôs aYoir fait allonger un pied à celle
([Ui est assise en face d'elle, allonge aussi le sien; puis toutes
deux saisissant le manehP 1lu moulin, poussent la meule qu'el-
les font tourner de 1lroite à g'auchc. Le h'enné moulu sort et
tom he sur les clit1~s 1lc la maie du moulin ct les femmes le reti-
rent, (au fur et à mesuro l[ltÏl tollthcf, YCI'S le milieu dela peau.
-Quand elles ont fini de moudre du h'enn{~, clics le ramas-
sent et elles essuient les 111eulcs aussi hiPn que leur pivot, avec
une queue de mouton. - Le moulin mis de côté, elles repren-
nent le h'enné qu'elles versent dans une assiette vernie où, après
avoi1· ajouté un peu de jus de grenade amère et d'eau tiède,
elles le délaient avec leur main jusqu'à ce qu'il commence à
'liEURS ET COFTUMES m:RRÈRES 3i3

former des filaments.- Puis Pllc.;; prennent un brasier qu'elles


remplissent avec àe la cen<lt'e snr laquelle elles placent des
charhons aràcnts. EllPs apportPnt ôga le ment un panier en roseau
qu'elles bourrent de paill<', elles l'f'ntortillcnt dans une bande
de tissu de laine. Puis, lorsqu'une des femmes est assise avec
ses jambf's allongècs sm· le panier <:oun~rt rlu tissu, une autre
s'empare de l'assiette renfermant le h'cnné <lélayé et vient la
d'cposer lt proximité de celle (rui a les pieds allongés.
- Installée
à côté de celle qui veut se teindre, elle en prend avec la main
droite ct commence à lui en appliquer sur les pieds ; par cou-
ches successives, Pile les lui enduit <le h' en né jusqu'à un doigt
au-dessus des chevilles. Les pieds ainsi teints, elle approche un
réchaud plein de charbon ardent.
Le brasier est placé sous l0s pieds, à deuxampans de distance.
Puis elle prend encore du fil et, saisissant la main droite de
celle à qui elle met du h'enné, elle lui attache le poignet avec
ce fil qui est en laine. -Elle lui applique du h'enné à partir du
fil sur toute la main. Lorsque les deux mains sont teintes, l' opé-
ratrice se lève, prend le brasier cJu'elle va garnir au foyer; elle
le rapporte à celle qui a du h' enné, près de laquelle elle le dépose
et à sa droite. Alors celle-ci sc met it passer ses mains au-des-
sus du réchaud pour se sécher ; quand les mains sont sèches,
elles les enrluit rl'huilc, pour CJUC la teinte du h'enné devienne
plus foncée. Alors elle prend des chiffons de laine avec lesquels
elle s'enveloppe les pieds ; chaque pied est enroulé séparé-
ment dans une bande ; puis elle se lève ct se retire. Ensuite
toutes les autres femmes procèdent pour s'appliquer du h'enné
de la même manière que la première. Lorsque toutes les femmes
se sont mis rlu h'enné, qu'elles se sont toutes tracé sur les pieds
~es. dessins appelés isegdhan. que la nuit de Làïd étant passée,
il fatt grand jour et que le soleil est chaud, vers le soir les fem-
mes reprennent encore le blé qu'elles ont décortiqué, trituré
:ans le mortier. Elles font chauffer les marmites dans lesquel-
f,es elles ont mis de l'eau et un peu de sel. Lorsque le feu du
loyer fortement garni de bois a bieu pris, elles versent dans
tes marmites le blé dont il est question ; elles le remuent cons-
annnenf avec une louche et elles passent ainsi .toute la nuit à
.'
3H

pri~parf•t·du h't,rbal. -IJèSIJUÏl fait jour. ell('s l'('tit·Pnt dufoy('r . ..1


les marmites dans lesquPllPs PllPs out fait cuire }p h 'f'rhal. -
Puis Piles fout IPut• toilPttP. Pli SI' lavant hif'n lP visag·p Pt }C'S
pieds, ct. rPvêtcnt IPs pjf'pfs twufs qu~" Jpm· avaiPnt aehPti~s lcut•s
maris. Les houunPs, habill1~s {~~alPmPut dP vètemcnts neufs
acheU1s au march1\, sP rmHlcnt en masse vers les lieux dP prière,
pour prier comnw ils avaient pri1\ lors de Làïd Çrïr. - Ben-
trés chez eut,' ils s'installent ct prPtment lem• déjeuner consis-

tant en un plat de h 'crhal. Puis ll's fmnmcs sc lèvent ct prennent
des plateaux en palmier nain; elles y vcrsl'nt un peu d'orge
dans laquelle cliPs ajoutent un peu de h'euné en feuilles,
d'!1corcc de noyer et de poudre prise dans la fiole du koh',{.
- S'emparant du mouton de Làïd, les hommes lui ouvrent la
bouche et lui vident dans la gueule le h'cnné et l'orgl'. Ils ajou-
tent, tout de suite après, de l'cau ct lui tiennent, avPc la main
gauche, le museau serré. Puis les femmes, tenant avec la main
droite la fiole de koh 'd, la prl~f-wntent aux hommes ; ceux-ci
saisissent le pinceau ct le plongent dans la fiole pour prendre
du koh'el qnïls applii{Ucnt avec cf' pincl'au sur l'reil droit du
mouton. Ils couchent li' mouton sur le flanc gauche, les houunes
saisissent le couteau ct disent : « Ceci est le sacrifice de telle
famille, les fils d'une telle » ct ils accomplissent le sacrifice de
Lâid, au nom de leurs mères. - Lorsque les gens ont égorgé
et tué leurs moutons, on leur apporte des cruchons d'eau; pui-
sant avec la main gauche, ils rP.pandent de l'eau fraîche sur le
cou du mouton dont ils lavent av ce la main droite la sedion pro-
duite par le couteau. - Le lavag·e du sang terminè, ils prati-
quent une incision sur les pattes de dl'rrière à hauteur du jar-
ret et avec leur houehl' il!>! se mettent it souffler lP mouton par
la coupure ; la peau enfle extériPurl'mcnt et, co llllll' d'autres la
tapotent avec la main sous la queue du mouton, les pattes se
détendent.; quand celles-ci sont fortement tcnduPs les gens sou-
lèvent le mouton par les pieds de derrière et le tiennent appuyé
sur le cou. Pendant que les uns le soutiennent par les pattes
sur lesquelles se trouvent les incisions, ceux qui l'ont égorgé
placent les autres pattes entre leurs jambes et commencent à
dépecer. Lorsqu'ils ont dégagé les cuisses de derrière, ils pren-
~lent des travPrsps l{U 'ils Png·ag·pnt llans les trous de la muraille
Jusqu'à cc que ePs travPrscs aiPnt pass{~ Vl'rs l'intérieur dl' la
maison d l[u'iliw rPstP d'Piles l(UP la moiti1>. On prPnd le mou-
ton, les uns par lPs jamlws lll\]wcèes, lN• autrPs par les piells dP
devant et on le soult'~vl' jusqu 'ù cl' qu'on lui ait entre-croisé les
pattes sur la travers!', on ll' dépècl' et quand la pl' au Pst enle-
Y<'e, on la nwt dP côfl\. On ouHP le vPntrP du mouton ct on v
trouve toutp palpitante unP forte couche de graissl'.'t()n arrach~ '
les cntraillPs l[Uc l;on fait passPr aux femmPs lfUi s'en emparent.
~Iles enlèvent le foie, ct le dt'~coupcnt. avec un eouteau de cui-
Sine; le foie étant fortcmPnt !.!<trni de sel, Plies 1~~ jettent sur la
braise au milieu du foyer; fJ~and il est cuit Piles le découpent
et en donnent un peu à ehacun des hommes. Lorsque ceux-ci
ont fini dl' maug·l'r du foie, ils écartent les flancs du mouton,
et Y introduisent un morceau dP hois qui appuie sur le coté droit
et sur le côté gauche ct. laisse ainsi le ventre de la bête cnt.'rou-
Yert. Dans le foyer les frmmes passent à la flamme les têtes de
llloutons. Lorsqu'elles l('S out grillées, dles les râclent en les
frottant après mw pierre jusqu'à ce qu'elles deviennent jaunâtres,
alors cllesles rincent dans de l'eau; fjUand elles sont devenues
hien propres, elles les font cuire dans une marmite sur laquelle
elles font également euirr à la vapeur du couscous séché, pour
le souper du jour de Là'id. Le soir, elles servent et arrosent ce
couscous avec la saucP dans lMruclle la tête a cuit.. - La viande
placée sur le couscous, les gens s'installent, mang·ent leur sou-
per et sc couchent jusqu'au lendemain.
Ce jour-lù., dès leur lever, les femmes reprennent les entrail-
les. de l'animal qu'elles déposent dans de grands plats. Elles
PUlsent de l'eau qu'elles versent dans les plats sur les entrail-
les; elles lavent les poumons, le cœur, le hoyau, le feuillet. ct
les. deux pochettes, (la panse et le bonnet). Lorsqu'elles ont
fi~t _de nettoyer tout cc que nous venons de mentionner, elles
S<llStssent des couteaux bien aig·uisl~s et elles SC mettent à décou-
per r .
p . estomac en handes nssl'Z lomn1es u
et larges
c
de deux doigts.
Uls elles prennent le cœur, elles le découpent. en menus mor-
ceaux auxquels dles ajoutPnt un peu de poumon et d'intestin
grèle, qu'elles mettent tout enscmhle dam; les poehettes de
7
3-i6 AU CŒUR DE L !.TLAS

l'estomac. La panse ainsi hien I'Pmplie est pcnduP à un crochet


de hois qui <'St eng·ag·{~ dans w1 tl'Ou <lP la muraille ct qui se
h·ouvc ù. lïntèrieui' de la maiso11. Puis <'ll<'s versent dans le
g-ran<l plat beaucoup de sPL du pimPnt ct du cumin pil<'s et de
la <·orian<h•c él-!'al<·nwnt pil<'P. -Elles nuqan.~·Pnt et dt>laient le
tout dans de l'Pau fl'il.!dw ; puis s01·tant du crochet la panse
lt
<pt'f'llcs y ont accrochée, ·elles la plon;.;·ent dans ce liquide et
couvrent l':~rand plat avPc Ull large plateau, en attendant que
les hommes <léeoupPnt !P <'OI'ps dP l'animal et lem· remettent 1'
les quartiers désoss{•s. LPs partiPs l'hm·llues sont dècoupées dans
le sens de la lon;.;·ueur ct l'Il mw sculn piôee ; cette via11de appe-
l<~<' tichclwuiin est destinéP it ètr·o c<mst•J·vée. - Les os sont cas-
sés l'Il trois endroits diil't\J•ents. AloJ•s IPs femmes prennent ces
quartiers aux os casst'os, lPs plong·pJJt daus un 1-\ï'and plat conte-
nant de l'cau où sc tr·ouvPnt du sel, de la cor·iandre pilée, du
pinwnt rouge et fort, et un peu d'ail dont les gousses sont éplu-
chées. Puis, muniPs tlc h·avPrsPs assez ;.;·rosses, elles vont à cha-
que trou de la muraille <Lans la t'OUI'. pifJUCr et engager une de
ces travPI'SPS. CPl'i fait, Piles retournent vers les plats qu'elles
d~eouvrt'nt en PlllPvant ll's platPaux sous lesquels se trouvent
les <ruartiers avec les os eoneasst's. EllPs eomme11cent par éten-
dre tout d'ahord sur ces traverses les quartiers de viande. Puis
elles s'assoiPnt pom: faire <lP la farce.
Voici lPill' fat;OII de pi·oc<'dPr: loi'S<JUC les fpmmes veulent faire
de la l'arl'l', PllPs sc munissrnt dP couteaux, sïnstallPnt toutes
autour des plats et se mcttPnt ù coupPr' un peu du poumon, un peu
<l<' l'intestin grêle et un peu Je l'estomac (feuillet); réunissant le
tout, Piles l'enferment dans un morceau de membrane pr·ise du
ventrP de l'animal. La farel' enroulée dans cettP membrane, est
ensuite entortillt1e au ntoyen de lïnt.Pstin <fUi PH fait le tour
deux fois; au troisième tour, l'intestin est fix<' ct noué, mais sans
être coup<'. Puis elles, font mw tleuxiùme saucisse comme elles
ont fait la première. Quand elles ont fini de fabriquer dessau-
cisses, elles trempent ct roulent hien celles-ci dans Je l'eau
saU~e renfer·mant ègalemcnt du eumin, de l'ail, de la coriandre
et du piment roug·e, mélange d'oit les femmes avaient déjà retiré
h~s quartiers et les os ; elles retirent ces saucisses et les pendent
MŒURS ET COUTllMES BERBÈRES 347

après les piquets, à côté des quartiers de viande exposés au


soleil. Vers le soir, elles ramassf'nt les <JUartiers de viande, les
os et les saucisses, mettent le tout dans de gros eouffins, Pt les
rapportent à la maison.
Le lendemain, dès qu'il fait jour, Plles reprennent lt's couf-
fins qu'elles port<mt dans la cour. Là, les quartiers de viande
sont de nom·cau •'tendus sur lf's traverses comme le jour pré-
'Cédent: elles continuent ainsi jusqu'à ce que les quartiers soient
devenus secs; alors elles les ramassent f't les enferment dans
des jarres qu'elles couvrent hermétiquement.
Au septième jour, le soir, prenant du couscous séché qu'el-
les préparent et hmtu~ctPnt avec de l'eau tiède, les femmes
débouchent les jarres ct en retirent les os et un pot rempli de
s~ucisses, laissant les quartiPrs de viandP dun autre pot de sau-
Clsses pour la fètc de Ltchoura .
.Elles font cuire tous les os ct quelques saucisses dans la mar-
nnte sur laquelle elles passent également à la vapeur le cous-
cous déjà humecté. EnsuitP toutes les jPunes filles procèdent à
leur toilette, mettent lf'urs plus hnanx hahits, sortent et appel-
lent les autres filles leurs voisines qui, elles aussi, sc font toutes
belles. Celles-ci se rendent à leur appel et arrivent an'c elles
e,n apportant leurs instruments de musique, comme la taqenza,
l aggoual, la tak'ezdamout et ]cs tuu:alin ainsi t[UC la haguette
avec laquelle elles font rt\sonner les cisailles. Quand elles sont
rentrées, elles prt\scntcnt aux filles invitées un copieux souper
~ans un grand plat, où leur sont servis en mô .n c temps les os ct
es saucisses .
. Assises en cercle autour du plat, les invitées filles et femmes,
. que 1cs ma1't rcsses <Ic 1a maison
alllsi · se mc tt en t. a· manger JUsqu
· "a
Sahét'
l Al
e. 1'\ ors les femmes prennent un peu de ce souper fjU e - ' l
les réservent pour leurs maris; quand ceux-ei sont rentrés, elles
eur servent le <liner dans un plat plus pPtit. Lorsqu'ils ont fini
de mang·er, ils sortent ct se retirent dans une maison <JUclcon-
que, où, aussitôt arrivés, ils s'enferment à clé.
Alors les filles se lèvent et vont toutes se tenir dehout. dans la
~our, tandis <jue les femmes, ayant allumé du feu dans le foyer
a la · · ·
ClilSine, réchauffent la tagenza, le grand (( aqgoual '' et 1(),
.\U CU•:tH HE L ATI.AS

petite tak'e::,damout. Puis voilà <iu'unc des filles, celle qui !fit
jouer <>t <lanset·it la mani<'t'P dPs~·ensde H'ah'a, s'empare de la
la.'Jeu::.a qu'elle met dans la main ;.:·auche; une autrP prend l'ag-
goual, mwautt·P, la tak'ezrlamout. nnP autre les tou:;alin qu'elle
tient avec la main ~omuehc ct prPtHL dans la main droite lP petit
hàtonnct. - Alors PllPs sc mPttcnt toutes en rang ; eellcs qui
jouent des mains nmt SI' plitcer dPvant celles qui sont munies des
instruments dont nous venons <ln parlm· ; les joueuses de mains
sont plus nomhreusns. - Sc tPHant devant elles, la Tarraïest
(chef) enscig·nc ct dirige la <lause ct lP jeu de mains. Elle com-
mence à faire résonner la tagenza qu'elle sait manier, tandis que
celle qui tient l'aggoual la suit à contre mesure pendant que
l'autre alterne avec sa takPz<lamout tout en jouant aussi à con-
tre mesure avec celle qui a les touzalin. Celle qui s'est munie
des touzalin, les tient Cil engageant le pouce dans l'œil dP l'une
des lames ct l'index qui vi<'Ht après le pouce dans l'autre œil.
Choquant les doigts dP la mai11 g<llH'hP l'un contre l'autre, les
ciseaux produisent un lég·et• son, que la jeu11c fille accompagne
par cPlui qu'elle tire en frappant avec le hàtonnet de la main
droite; les joueuses de mains, en cadence. suivent le rythme.
Alors la joueuse de la tag·PHZa s'adressant it sps compagnes qui
se règ-lent sur plJe pour jow'r lP jeu dPs H'ah'a, dit:
Dieu, jP HP dP\ï'ais IJLI<' plt'lli'Pr car mon cœur tw ,·eut sc
calmer !
Je vais certes vous ;uh·esspr dPs pat·oles sens{~es,
Solides commP les murailles U(' maisons renfer.nant des
richesses :
Bou-H'alou (1) ne te fr<'quentant pas. nous ne te connaissons
aucun défaut ;
0 Timzit notre maitressP, tu as été créée par des Qaids ;
Quant à toi, Taourirt, une seule touft'e de ronce suffirait pour
tc réduire PU cendre.

(1) Tons ces noms fH'OfH'Ps dl-signpnl lPs fanbout·gs el les qnartiet•s de
Demnal, ville sit11t;e sur la rive gauchi' de l'ouPd Amh'açir. un des affluents
de I'ont~tl Tassaout. DPmnal t•slrPnommt~e pom·ses huiles Pt ses polet•ics. -
La spt;cialité de chaque qHnt•licr on fauholll'g nous est donnée pat• la chan·
tcuse; elle u'a dl' louangPs t(UC pout· le quarlim· de la k'asba où réside ~
lf' Qnïrl.
"Y ous les Art Erras qui perchez sur la falaise comme des
ramiers,
Votre hospitalité ne nous a ë:t·atifit;s qn•· d'uw• poirméc d'olive
dans un vase,
Nous logeant dans une maison commune, vous nous avez
exposés au froid ct à la faim.
De toi, Bour'rart, je ne sollicite ni pot, ni vase !
De vous, Aït Oumr'ar, on dit que le grenadier est votre seule
fortune.
0! Aït Ir'erian, vous n'avez de rcmar•1uahle que votre ravin,
Et la source tlc Tala n Ouazar. A Ir'oundra on ne trouve que
du gibier.
Vous, les Art Ter'crmin. nms 1w san~z faire •rue des lampes,
Des assiettes vernies ct des plu ts,
Aussi bien des eouscoussicrs, des encriers et des cruchons.
~hez les Art Fechtan, il n'y a que des prostituées.
l' \ous, les Art :\lùradh, vous vivez comme le sanglier dans de
eau bourheww.
A vous, Art Ouh'crhi 11ui ètes au guet de ce 11ui se dit.
. Je souhaite que vous soyez réduits à payer l'orge cinq ouaq
~sous) le g·rain.
C'est commettre un péché IJlte de fouler leurs terres, lô ~ jon-
gleurs!
Vous, A~t Loqsabi les clwrfa IJUÏ ètes eu haut,
Parun· vous sc trouve un 1·wn c ·est 1Ut· IJlll· vous a p 1aces
· ou·
vous êtes.

Là se ter1uine le jeu du premier des sept jours de Làïd de


Tafaska selon la coutume des lmazir'en. Le lendemaiu, les fem-
m~s se lèvent ct se mc\teut it prép<n·er de la viande fralche
quelles fout l'('Venir et euire dans dl's casseroles nn~c de l'huile,
du, pitnent, de l'oignon ct de l'eau: puis l'lies pétrissent du pain
{u elles font cuire au four sur la hraise. (Juand il est cuit, elles
~ retirent ct le cachent en atfl'ndant que la viande soit apprè-
fee · Le sotr
· · e lles envoient
· · '11 e t'emme appe 1cr d' au t res
une v1e1
fenunes, de celll's qui sont habiles tlans le jeu de l' « Ah Ï-
dous >> • Celles-ci arrivent accompagnées de la vieille ct pénè-
trent clans la maison où elles sïustallnnt. De nouveau la viei!le
est I'em·oy()o par les femmes expcrtPs au jeu en lui disant :
« Va a ppnler le raï es un td Pi ses t'Oill pa gnons'! ,, La vieille
se u~v«' et s'en va en lem· disaut : « Yolonticrs. ,, Elle revient
avce les chanteurs apportant cl11wun son tambom·in. lls entrent
dans la maison ct ils s'asscoient. Alors les femmes, les maitrei~
ses (lu logis Sf' lèvent pour sol'Yii· le souper consit>tant en trois
assiette~> qu'elle~!! ont I'omplios !le viande Pt de sauce, et qu'elles
déposPnt sur· le plateau; cllcs y ajoutent également quatre tas
do pain ùUit au four; p1·euaut le premier plat, elles le servent 1

au raïmi et à ses aides ; elles lPur donnent aussi de l'eau pour


se laver, dans un petit eruclwn, et de l'cau potable dans un
petit !icau cu l'uivrc. Assis en corde, les g·ens se mettent à
manger ct à hoire à Yolonté. Les femmes sont assises également
en deux groupes; la moitit) d'euh·e ellPs mange dans un plat,
l'autre moiti!l daus 1111 autre. Lors<Iu'ellcs ont toutes fini de
mauger, elles se lèvent et vont s'asseoi1· au milieu de la cour.
Elles y font de la lumiim• <JUi se répand sur toute lïwLitation
au moyen de lampes. Le raïPs a<·com:pagn{~ de ses <}ides sort et
se rend à la cuisine :pour réehaufl'er les tambourins. Ceux-ci
réchaufl'és, ils sortent et reYicmwut vers la cour oü ils commen~
cent ù jouet· l'Ah ïdous tandis que les femmes écoutent. .Au point
du jour, chacun se retire de son eôté.
Voilà comment se passe la t'He de Lilïd Tafaska chez les
lm8);ir' en.
La fête Achoura.

La lune de Achoura, le premier du mois, un marché a lieu


chez les Imazir'en aussi hien pour les honun<'s <JUe pour les
femmes. On trouve dans ee mat·ché tous l<'s ohjets chleuh' : des
derboukas, de~> tambourius, !les tamhours (et't'eboul). Les hom-
mes y achètent du h 'enné, des dattes, dm; ti gues sèches, des
pêches sèches, des amandes fermées, des amandes ouverteil
appelées lt'ilt ï ; ils achètent aussi des chemises en toile, dei
foulards en soie, des voiles en cotonnade, des babouches de
femme en cuir rouge, des babouches d'enfants et des chemises
de cotonnade pour les femme!i; ils achètent pour eux-:tUêm~t:l
MŒt;RS ET COUTU1ŒS BERBÈRES 351

des _gandouras en cotonnade, <les hahouehes, des turbans 0t dPs


burnous blancs de laine, lt'~gers d <l'tm tissu bien transparent.
Lor·s<Ju'ils ont aeheté tous eps v<\tcmcnts, ils s'en retournent
chez eux. Les femmes et jeunes filles s'en vont, elles aussi, au
marchô de femmes oü elles aehètent dP l'écm·ee de noyer, du
koh'eul; elles achètent aussi des imendal donl elles sc vêtissent
quand elles vont jouer, au milieu du printemps, dans la campa-
gne sur la verdure ct les fleurs ; elles achètent du fard noir et
du fard rouge, du hcujoin noir ninsi que du r;alahau, dont elles
se font de~> fumigations, dPs clous <IP g·irofle <JU'ellcs percent
avec une aiguille dans laquelle elles ont fait entrer un g-ros fil
de lin ; quand ellPs out enfilè tous ces clous dC' girofle après le
fil, elles s'attachent cc eollicr autour du cou. Lorsque toutes les
femmes ont acheté tout ec que nous venons de dire, elles se
r_etirent chacune de son cùtè pour rentrer chez elles. Là, elles
hrent du hlé, le lavent hiPn; Plies l'étendent sur des couvertu-
~es étalées au sokil et cellPs même;; qui font lavé le surveillent
JUsqu'à ee qu ïl soit see. Alor;; lPs femmes, 1·epliant les couver-
turcs sur le .~·rain, mettent le hlt\ c•n tas sur une de cps couver-
tures
. · p ms
. e llcs preiuteJd des p l <deaux cu JOne,
. e1wque f'emme
etant munie du sien; de la main p;anehe, elle le plonge dans le
hlé, et avec la main droite, elle attirP le grain vers l'intérieur du
plateau. Celui-ci rempli chacune ;;p met ù trier du blé sur son
plateau. Lorsqu"clles o;Jt déharrasst'~ le blé des pierres, elles
~emplissent des sacs (tellis) avec le blé nettoyé. Vers le soir,
~U~s maris prennent et emportent le grain aux moulins à eau
?u Üs passent toute""' nuit ù moudre du blé jus<Iu'au point du
;o~r. -Lorsqu'ils ont fini de moudre leur blé, ils ~~emportent la ,
, re t ournent c11ez eux. 1-.luan
arrne et· sen n d 1"l s son t arrives,
. . 1"ls ,.
~ntrent et déposent leurs sacs dans la cour. Alors surviennent
tes f~nnnes <lui, munies de tamis et de grands plats, se met-
eut a tamiser la farine. Lorsq n'elles l'ont toute tamisée, elles la
rantasse 11t l . . '
• , a mettent dans des JaiTCs pour la conserver JUsqu au
Jlour de l'Illumination. - Puis elle~> prennent du h'enné qu'el-
esrédu· ' .
lsent en poudre au moyen dun mortier ; elles le versent
il
ù é sur un 1·mge transparent, et elles le tamisent sur une peau
P
e mouton, Lorsque le h'enné est ainsi criblé, elles le ramas-
AL t:U,:Lll IJE L ATLAS

sent. et le placent dans un moJ-ePau 1le tissu sel'l'é. Puis elles


mettent dP eùt(~ ce h ·PIIIH~ <tu'PilPs ~·at·dPnt lui aussi pour le jour
dl' lîlluminatioll.
C...)uand le joUI' de lïllumination an·in, dl es t't>prenueut la
fat·ine qu'Plll's avaic11t rèserv(~e, l'Iles la h'PIIliJ<'Ht ct la pétris-
sent jusqu'il cf' 'lu'ellP soit hien travaill,~e: Plies mette11t sur
un plateau la pùtc en·pains qu'Piles font cuire SUI' un plat en
te1·rc. Lorsqu ïl est cuit, t·e pain blaue et hon est mis de eùté pour
le soir. Les houuuPs <lui ont achet(~ de la viande fraîche, la don-
nent aux fPiltllll's 'lui J'apprètent aussitôt pom·le déjeuner. Lors-,
qu'elle Pst euitt~, Plies la t•etit·eut de la twtrmite Pt la mettent
sur des assiettes: puis elles pt·enneut la moitié du pain apprêté,
le m<mg·eut an'e dP la viaude pom· leur déjeuner, l'Il laissant
l'autre moitiè 1l1' ce pain pour le soit·. Le d1',jeuner pris, elles
t'eprennent eueoJ•c le h'enué pilt~ <Ju'elles versent da11s des assiet-
tes. Elles répandent sur lui de l'eau hien ehaude, le délaient
avec leur main jusqu'à ee que le h'enné devienne pareil à de
la bouillie un peu liquide; elles y pressent un peu de jus de gre-
nade acide ct elles le laissent un petit moment. Puis elles pren-
nent ce h 'ennè pour se l'appliquer tout d'ahord sur les pieds,
jusqu'à un doigt au-dessous de la cheville. Elles appellent ce
dessin tract' sur lPs pieds içegdltan. Elles teignent ensuite
leurs mains à partir du poignet, et elles appellent cette façon
de mettre le h 'cnn1~ aux mains taouridlw. Ccci fait, elles reti-
rent les quat·tiet·s de viande ct les saucisses, le t'estant de ce
qu'on a mangé pendant la fète de Taj'aslm. Elles mettent dans
la marmite toutes les saucisses et y ajoutent une honne quantité
, d'eau; quand la Buu·mitt· est ù moitiè remplie ,reau aYN~ u11
· .t.l;·peu d'huile, elles g-arnissent de bois le foyer dont elles attisent
le feu avec un soufflet. Quand le feu a hien pris au hois, la
marmite eommenee à bouillit·. La nuit ,-enue, la viaudfl de
conserve étant cuite, les femmes rPtirent avec une louche cette
viande, aussi hien <fUC lPs saueisses, pour la mettre rlaus des
assiettes vcruics. Lorsque celles-ei sont bien pleines, uue des
femmes sc l'end chez les voisines ct leur dit : « Aussitùt quE
vous aurez pr·is votre souper, que eelles qui voudront participel
au jeu de l'Illumination Yienuent ehez nous devant l'entrée d1
)JŒURS ET t:UCTIJ~IIiS BERBÜ\ES

la lllaison. '' - « C'est <·onveuu », lui répondent-elles. A son


retour ù la maison l'envoYé<' dit : " Voici, je viens de leur
~irP <{~Ùtu~sitùt le' souper iwis, ell<'s viennent jouer au jeu de
lllununahon. " Puis une <les femmes demande : " Allons,
donnez-nous notre dincr ct mang-eons ! » Les femmes se lèvent,
Illettent les plats sm· des plat~-aux, se munissent d'eau et sc
la,:ent les mains ; elles apportent également de l'cau à boire
quelles placent <'t côtl• d'ell<'s. Assises en eerelc, toutes ces
femmes, hahitant la IIH~lllP maison. sc mettent ù numger <lu pain
hlanc avee de la viande de t·onseryc ct des saucisses. Quand
elles ont mangô ct hu à leur satiMé, Plles prennent un autre plat
dans lequel elles versent de la marmite l<' souper de leurs
Utai·is· · Fil
• cs p l accnt ce p 1at remp1·1 ù c more<'aux ù e vmnt· le sur
~e plateau, oü elles mettent èg<tlcnwnt du pain. Elles retirent
a lllarmite du foyer, à proximité duquel elles la déposent.
Alors ellPs prennent le sou pet· destiné aux hommes, le leur por-
te,~t et le servent dans une antre pièce ; elles leur donnent aussi
~e l'eau pour se laver ct de l'eau à boire, qu'elles dt'~posent à
l entrée de la pièce où ils sont. Lorsqu'ils ont fini de souper,
es fenunes prennent la clef de la pièce dans laquelle se trou-
Vent 1 l
es lommes, ct elles les y enferment. Alors toutes les fem-
tnes déb . . .
P arrasset:'s de leur hai:k se levent ct se tiennent debout.
endant que l'une d'elles saisit la tagenza, une autre prend l'ag-
floua[ u
' ne autre les touzzaltn, . et une autre la tasersart; - eIles
llot·tet1t t
• 'e toutes se mettent dehors devant l'entrée de la maison
ou celles . . . . . d
qm ont ete appelees par la femme arrtvent avec es
· Paquets
t . · de JUJU
· · 1ner
· pour l ·Illummatwn
· · ; chacune d cs VOismes · ·
ait et apporte un fagot de juJ"ubicr. Arrivée à l'entrée de la mai-
son . l
ou e jeu doit avoir lieu, elle J. ette son fagot sur les autres ;
ceux .
f -ct fornwnt un gros tas suffisant pour l'Illumination; les
entntes
L apportent un peu de feu qu'elles placent sous les fagots.
uorsquc le feu a bien p1·is ap1·ès le jujubier, les femmes forment
l::ercle autom du jujubiet· enflammé qu'elles désignent sous
tru om du Feu de Joie . .Alors celles qui savent manier les ins-
et .lllents de mus1quc · commencent a· en Jouer
· en s ,.mterposan t
. a contr .
J·0 nant d e ntesure,
..
tandts que les autres les accompagnent en
. .
es llldllls. Pms smntnt le rythnw ct la cadenee du Jeu,
:!3
.\l: Cnt:LH IlE L ATLA:,;

elles arrivent aux prùlwles <ptn la joueuse <le la tagenza com-


lncnce mns1 :

ll n'y a de Dieu que Dieu! 0 vie <JUi n'cs formf>c <JUC de décep-
tions!
Tu es vile comme le lion qui <lèvore sa prop:<~niturc !
ll y avait une fille er<'~éc par lP Seignem·, hPllc comme un
dinar;
Sa renommée, par des écrits, s'dait r<'~panduc à travers wonts
et vallées,
Et dans toutes les plaines. Fille d'un pèt•c J'une grande for-
tune,
Elle fut épousée par 1111 homme qui g·arnit de richesses la cour
de sa demeure.
Par Dieu, je vais maintenant distribuer l'eau du barrage.
Une j:;elui qui se dit notre ami soit là pour en recevoir le pre-
mier à la tête du canal. '
Qu'il sache que l'eau sacrée d'une source est impropre à la '
purification !
L'amour étant entre l'atmosphère ct le vide,
Que dois-je faire, ô ami, à la passion qui m'olJsôdc "?
Dois-je m'élever vers les cieux ou dois-je descendre à terre?
Et toi, ami, par qm·lle voie es-tu venu?
Sois le bienvenu, toi <JUÏ cs le meilleur ct le plus intelligent
des hommes!
Je t'adresse, dusses-tu lPs dédaig·ncr, eent vœux!
Un ami, ô mon Dieu, est comme s'il étnit de mon sang.
(Juant à celui qui mc dirait : « Une telle a été à moi; 'je l'aÏ
rêvé ))'
Je l'abandonne et le laisse pour celle qui le prend pour une
rareté.
Si tu es ainsi traitrc, je ne te eroirni plus,
Dusses-tu, pour te disculper, mc jurer sur le Boukltari.
Où est donc cc serment sacré que tu m'as fait avec nos doigts
enlacés?
Seul le souvenir de ce serment m'est pénible; quant auJ .
autres promesses, tout passe hélas !
llllELI\S ET ClllT[;~JES BIŒBf:HES

J'ai vu sur la murnillP un pig·con <lui sp lamentait, le nlillheu-


reux;
Qu'avait-il? (ju'nst-en <[Ui <lP\ïiÏt. 1<' faire gùmie '? - Il voyait
des colombes.
~ulne va chassPr sm· cles monta!.!'ILCS d'un aecès inaborclahle.
Nul ne va à la chasse, s'il n'y cst,dt~jà dress<~ par des maitres.
Nul ne peut chasser s'il n'est pounu de poudre ct fusil.
On ne peut aller ù la ehassP si on Pst soi-mème gibier, ù igno-
rants.
Adieu, ù Feu de joie, Lmn<'e prochaine je reviendrai à toi,
Plaise à Dieu que je mette au monde un être qui t'alimen-
tera''·
. De cette fal{on, elles arrêtent le jeu. Pour terminer, celles qui
Jouent des instruments <lôhitent un couplet auquel les joueuses
de lllains répondent Pn changeant de cadence. Aussitôt les ins-
truulentistes accélère ut leur j<'u que les autres suivent en mesure
en battant des mains ct en dansant. Dès <IU ïl fait jour, de honne
heure, les maitresses du log·i~ renh·Cilt chez elles, tandis <1ue les
autres se retirent chacune de son côté.
Quand elles sont revenues ehez elles, les femmes prennent
de la farine ; elles la trempent et la pétrissent pour en faire
~u pain au lwurre <Iu'elles maHgPnt, puis elles demeurent dans
eut'S chambres pendant toute b jourllt)e. Ce sont alors les hom-
lUes qui, levés de hon ne heure, sortent et se rendent au ruisseau
~~ils se plongent dans l'eau tout habillés dès qu'ils sont ani-
h~s. - Ensuite ils se relèvent et courent en poussant des cris
ten fort pour amasser la foule dans la rue. Lorsqu'un individu
entend ce s cris, · 1·1 accourt pour votr · ce qm· se rasse ; <l es· <Ill ··1
1
se pré t
. sen e, les gens le saisissent et le portent sur leurs bras en
disant c·
d' . ·. (( es t un nnp1e . . 1, », et ceux qm• l es sm.ven t d errwre .'
aJouter.· (( ("~es t un ennenu. d e D'1eu. » A rr1ves
. , au ru1sseau,
. 1'l s
Poussent
ai . da l' 1 · ··1
ns eau ce u1 qu 1 s on emmene ; 1 s y p ongen t
t ' 'l l' l
1
ns tout h a lll'll'e. L orsqu ··1
1 est l Hen
· trempe· ce l Ul-Cl
· · sort d u rms- ·
au . ' ' an 1s que eau cou e c e ses vêtements, 1 se JOlll m·
seau · et t d · l' 1 1 ·1 · · t l
1
c ss aux autres baigneurs. Il court derrière eux et se met à erier
onlllle eux L t . . . J'
est . . · es gens accouren ; <Imconque arr1ve pres u eux
181
sa et' emmené par eux au ruisseau où ils le plongent dans
l'cau jul'qu'ù ce t{UÏl soit complètement trcmpt~. Puis ils le
làclwnt ct lïudividu sot·t de l't~au. Ils l'tmtinucnt ainsi jusqu'il cc
qu'ils aif'nt fait subir le mt\ mc sort ù tous eeux 11ui sont aeeourus.
Si 11uelques-uns sont avist'•s par tl'autrPs ;.:·ens que la haiguadc
est comHtellet~('. ils se liwcut ct s'enfuient n•t•s les jat·dius; lit
l'un grim]W sm· un olivier pour s'y eachet', un autre sur un peu-
plier; lel' autres p{·uètrént tous dans des trous tlu lit du tor-
reut, où l'eau passe avec lwaucoup de fot·cc 11Ua11<l ceux 11ui
irriguent leurs plates-handes la làchent. Alors les hai;.:·neurs se
ruPttent à leur recherche dans tout 1(' village saus pouvoir les
ùt'~counir; toul' ceux 11ui ont pris le lJain se rt~unisst>nt Pt lors-
qu'ils sont rwml11·eux, ils Sf' diri;.:·('nt vers lf's vcr;.:·ei'S ..\rrivés
dam; les jardins, ils ramassent des pierres tlont dwcun I't>lllplit
le has de son vêtement, vo1lt vers le premier oliviPr, l'entourent
de tous les cùtt~s ct lancent tles pierres contre la cim('. Celui
qui est caché gardf' le silence ; mais dès t[UÏl ('St touch<'~ par· un
coup tlc pierre, ill'<' mf't à nier pt ù dire: « ~Iisérieorde, ù frè-
rPS! '' - « Dcsccwls, espèee d1~ cornard, lui rt'~porHlcnt-ils ; par
Dieu tu uc partiras 11u 'après avoir Mt'~ plong·é toi aussi da us le
ruisseau. )) - (Juand il est dcsccntlu, ill' le plongent ù l'instant
même dans l'eau. Ensuite il pat·t ;n-ec PUX ct leur montre tous
ceux 11ui se sont cachés sur les arbres ; ils leur font suhir la
mt~ me opération l'un aprôs l'auh'<' ; lorstru 'ils lcur ont fait faire
à tous le plongeon, ils les crullu~nent av('c eux jusqu'à t•e qu'ils
leur aient moutrt'· d'en has ceux qui sc sont caclu'~s dans les h·ous
du lit du tot·rent. Alors tous ceux IJUi font des recherches rf'mon-
tent la vallée jusqu'il la hauteur des cavernes; ils vont relâdlCI'
J'en haut l'cau abondante ct fot•tp qui arrive sur t·cs trous. et
ceux qui y sont cachés sout emportés par l'eau. Dès 11ue le pre-
mier tout habillé apparait, entrain(~ par le tm·reut, tous ceux qui
out ainsi laud~ l'1•au sc mdtent ù crier <qH'i~s lui pf à frapper des
mains. - C11 autt·e est ··~galerncnt r·ejctt'• par un autre trou· et
descend le ruisseau au milieu des hw~es. - Enfin l'ou continue
ainsi jusqu'à ee qu'aucu11 ne soit méua1.n~. Lorsc1u'uu d<' eenx-ci
est ath·apè, il f'st a11rent'~ an r·uissPau oit il sul•it lui am;si lt> plow
gcon; ou Il<' le relùchc t{UC lm·st[UÏl est hil'u h·Pmp··~. Il reste
df'hout dans l'Pan ('t quand cPt!\: qui lui ont fait prcnrlr<• le bain
I'epartent pour rPdJCrclwr d'auh•ps pct•sotutcs, ilremontP ct sort
flU ruisseau, lP malhPUI'('IIX, trentpt'~ an'e la seule hlousP en
laine dont il est vètu, pt eet homme est bien chauve. Toute sa
tète est lisse ct rougP ; on n'y voit pas le moindrP che-
veu, fùt-rc uu~mc pour une drog·ut~. - Il s'assoit accroupi,
mettant sa tt~tP hien en facP du soleil, attendant que le devant
do sa blouse soit sec pour le tourner, mettre le sec en arrière
et le mouill«'~ en avant. L'enu coulP le long de sa harbe ; il sc
met à claf{lH'l' fortemPnt des dents ct à grelotter, tandis que le
soleil ln·ille sur· sa tNc. A lem· retour, ceux f{Ui lui ont fait
prendre un hain portent sur leurs hras un autre homme qu'ils
ont retiré du ruisseau et à qui aussi ils font faire un plongeon.
Cecifat't , vot·1·a qu ·un autre. JC
· t ant un rcgar< t en arrwre,
·· ,apcrçm"t
la tète de celui qui est assis au soleil et qui se réchauffe ; il
:ourt chercher un cruchon qu11 remplit d'eau du ruisseau; puis
ü se dirig·e vers celui qui est assis, très doueement de faf;on à
ne pas se faire entendre ct par suite lui faire tourner la tête.
Celui-ct·
. ne s ,apcrt:mt . <l c sa prPscnee
. f{U .apres
. que l' aut re l m. a
\ï~lé sur la tète son cruchon d'eau. L'eau coulant par sa barbe
lut mouille la poitrine f't tout lf' dos. Il se rcli~vf' hrusquf'ment
et se lltet a. eour1r . d a. ct•tcr. 1lll'll
. f'ort ; 1"l se sauve ct 1"l grtmpe .
en courant vers li' haut tle la muraille où il s'arrête'. En grelot-
tant, il jette un coup d'œil iL 1lrnite ct il gauche. Comme il n'a
pas vu lllf\llte un ebat il f'nlèn~ sa hlouse en laine dont il est
Vètu, le seul vôtement ;IU~' le malheureux possè1lc, il Mend edtc
blouse ''t u so l ct"l et 1"l reste tout nu, te l que sa mere . l' a mts . au
n~onde. Alors toutl's les mouches dPs ehamps arrivent ct sc rèu-
lHssent
· · sur l Ut. et le ptquent . sur l c dos ; cc qm. l e f m"t crter . et
sursauter tout en étant assis. Aussitôt il sc lève et va armcher
une 1 .
>ranc 1le de chène avl'e lH<(UI'lle 1l chasse de son dos ces
llllouches ·· f{llt··1 lllP t mnst
· · en fmte.· 1A>rsfJUC sa Il ' h e, 1'1
> oust' I'S t sec
~prend t'til la met. Puis il tlesCPJHl 1lu haut de la muraille et il
sen v· \ . . .
<l. " son retour au vtllag·e, tl h·ouve que tous les habitants
sc u
· sont changès et ont mis leurs vêtements neufs, et que tout le
L e~t
lltonde ., ren t re, e l1cz sm. pour tl PJPuncr.
,.
orsquc tous les hommps sont rentr(~s ehez eux, les femmes
~'n sortent, hahill~Ps seulement tl'Ull haïk pn laine; Plles enfer-
Al: COElJil DE L ' ATLAS

ment les hommes rlans les maisons ct prennent les clefs qu'elles
~~adwnt dans les trous PXtt'~riPurs dn la muraille ; puis nlles se
munissent de vases en t<>I'I'C roug·c, fJU.<'lles portent ù la main
et dies se dirigent vers le t•uisseau. D<~s f{u'elles sont arrivées,
l'urw d'elles prend son vasP avee lc<juel dle va puiser de l'eau
du ruisseau. Elle va vidf'r ee I'<'~eipient bien plein sur une de ses
eompagnes ; une autre tenant elle aussi son vase par une atta-
che, le plonge dans le ruisseau, et lorsqu'il est bien rempli
d'eau, elle le soulève et court dans la <lirection de celle sur
laqudle on a déjà répandu de l'eau, mais celle-ci s'étant enfuie,
elle vide son vase Sut' une autre femme. Alors toutes les
femmes sc mettent à pousser des cris et à rire. - Alors deux
fernm~r'Tattrapcnt et se mettent à sc jeter de l'eau, toutes
nues, telles que leur mère les a mises au monde. Toutes les
autres femmes agissent de la même manière que les précéden-
tes. Lorsqu'elles ont hris<~ tous les cruchons apporU·s, elles
commencent à sc pousser l'une l'autre vers le ruisseau et conti-
nuent à jouer jusqu'aux approches de la nuit. Alors elles se
J'etirent chacune de son eôtr'~. A leur retour, elles reprennent
les clefs de la porte ext<~riem·p, des trous où elles les avaient
déposées ; elles ouvrent leurs maisons, elles entrent l't retrou-
vent leurs maris qui viennent de faire une bonne sieste au point
de n'avoir plus som11wil, elles sortent leurs vêtements neufs ;
elles quittent le h'aïk de laine tout mouillô qu'elles mettent de
côté, pour sc vêtir de leurs hcaux habits neufs; elles chaussent
des babouches qui sont <;gaiement neuves. Puis avec le tube de
ko'heul, elles sc font les yeux. Lorsqu'elles ont fini de s'appli-
quer du ~olt' eu!, elles prmmcnt un petit flocon de laine qu'elles
enduisent fortement de savon; elles prennent de la poussière
de fève moulue qu'cllPs mettent sur un plateau placé à côté
d'elles; elles apportent u11 vas<~ d'eau chaude qui est également
déposé à côté d'elles. Avce le flocon de laine, elles puisent de
l'un ct de l'autre. Cc flocon est tout d'abord trempé dans cette
cau chaude jusqu'à cc qu'il soit imbibé; elles le retirent et
elles le massent entre leurs mains jusqu'ù cc que l'écume soit
formée, alors elles sc frottent le visage avec le savon et la
poudre de fève, ensuite elles le rincent avec de l'cau claire;
)!liEURS F.T COt:TU)IES IIF.RB~:HES

puis elles s'es'luient la figm·c avec un linge pPopre et leur visage


devient brillant comme une llt>ur. Ensuite elles sc passent un
voile de cotonnade par \lessus les vêtements auxquels elles le
fixent au moyen d'éping-les (agTafes) en arg·cnt. Elles les font
prendre l'une au-dessus du sein droit, l'autre qu'elles placent
de la mêmp manière au-dessus du sein gauche. Puis elles pren-
n.ent de l'écorce de noyer avec laquelle elles sc nettoient l'inté-
rleur de la bouche, qui devient roug·e comme une fleur de
safran; elles prennent le fil après lequel elles ont enfilé des
clou<; de girofle ct se l'attachent au cou ; elles prennent égale-
ment du âçfour avec lequel elles sc teignent les lèvres qu'elles
frottent ensuite avec du h'amedh (1) jusqu'à ce qu'elles devien-
nent rouges comme le feu; puis avec la tanest noire, elles se tra-
cent sur le haut du visage un dessin appelé zrer'mil, elles s'en
font aussi un autre entre les sourcils au-dessus des yeux, qu'elles
appellent m·'emmaz; elles s'appliquent également des grains de
beauté sur le visage ; une mouche est posée au milieu de cha-
que joue ; une autre est aussi piquèP sur la partie proéminente
de la houchp (lèvre supérieure) ; h· petit bâtonnet (pinceau) est
ensuite trainé depuis le milieu de la lèvre inférieure jusqu'au
de~sous de la màchoire. Ceei fait, elles prennent le pot de fard
rnolr et elles le mettent de côté ,· elles exposent à des fumiga-
lons d'cncPns les vêtements <lont elles sont vêtues. -Elles se
lèvPnt et preparent
>
· un hon diner avec d e l a v1an
· d e en sauctsses·
dans laquelle on a fait cuire des navets comme légumes ; ce plat
de viande se mange avec du pain de hlé. Tout ce que nous
V~nons de dire étant prêt, elles envoient chercher par une
d ~ntre elles les rares qui habitent le même ir'1·em qu'elles. Le
~Olr tous les raïes accompagnés de leurs aides arrivent avec
j'eurs tambourins ; ils amènent également avec eux quatre
lCfilme . A .
s lflll sont veuves leurs maris étant tous morts. - rrl-
v· '
es sur l'espace située à l'entrée de l'ir'rem, les raïes et leurs
compagn . . l .
d ons ams1 que les femmes et es gens vont vemr pour
'anser l' araça l , s ' y msta
l event
· 11 ent. Les l1aultants
L • d e l''1r' rem se
e vont apporter le souper. Chaque chef de fam1'lle
t ·

1
( ) Grenarle amère, acirlult;e,
:uw .\17 CIJITH IlE 1,'.\.TLAS

appot·te le sien ù l'entrt'•e de lït,.rmu pom· les rllÏl'S qui ont.


acccptè de jouer l'araçal. Lorsque tons les plats sont rt>unis, les
raïes sc placent ù pat·t : leurs rompa~onwns dmtt le rùle consiste
à jouer des mains sP IIH'ttent èg·alemcnt h part. On les installe
par groupe de quah•c par plat ; les t[Uatr·r' se plaePnt autour de
chaque plat, ils pt·enncnt du pain, lP r·oupent et mangm1t en
buvant de l'eau. Lorsqu'il~ ont fini de nutnger à leur satiMè, on
prend un des fagots de jujubier que l'on dépose au milieu des
raï es. On met le feu à ce tas rle j ujuhicr qui s'enfla nunc
vivement.
Alors les mïes s'approchent ct rt~ehaufl'ent hien leurs tanl-
hourins, puis ils sc lèvent ct ils sc mettent debout, tous du
même côté, tenant à la main leurs tambourins ; ceux qui doi-
vent jouer des mains se lèvent et se rangent également d'un
autre côté. -Alors les femmes, toutes en toilette, viennent s'ins-
taller, toutes rlu mème coté, auprès de ceux l{UÎ vont jouer
l'amçal. Celles qui sont venues avee les ra'ies, s'assoient aussi à
côtt~ d'eux; elles sn sont ~~gaiement faitPs hclles. Alors les raïes
commencent la JansP, sur un seul rang· ; ils chantent et jouent
le même jeu. Dès I[UP lPs raïes se taisent, ceux qui frappent des
mains sur le même rang aussi reprennPnt le chant ct le jeu lais-
st>s par les raï es.
Le chant sc continue de la sorte alors que les ra1:e.s font
rèsonncr faiblement leurs tambourins pendant qu'ils débitent
l'araçal. On continue à jouer ainsi, jusqu'au moment où l'on
veut le clôturer, les raÏf'S se mettent il dirP : « Que la bénédic-
tion de Dieu soit sur vous ! » : ceux qui jouent des mains répon-
dent : « ~ons le souhaitons, ami. >> Là le mouvement du jeu se
précipite et le ra'ies qui sait bien toueher de la tagenza se met
au milieu d'eux en donnant à ecux IJUÏ jouent des mains. Le je.u
des mains ct de tambourins devenant. dn plus en plus précl-
piti~, les quatre femmes qui sont expertes dans la danse, se
lèvent et vont sc placer au milieu des hommes ; toutes sont en
toilette; ehacunc d'elles sc voile le visage au moyen d'un linge
en fil, d'un tissu transparent ct hien propre. Puis elles vont sc
plaeer debout, deux en faisant faec à ceux qui jouent des mains,
à l'une des ext.rt'nnités du ran~ ct les deux autres à l'autre extré-
~IOEl'HS ET UHTDIES IIEHB~:m:s :lti 1

lllÏtt'• Cil faisa11t t··~·aleme11t faee aux joueurs des mains. Deux
hommes sorh•11t <h~ hout du ra nu; ct si' ,nwttent à tlans<'r avec l<>s
deux femmes: d<>ux autres ho~nmes se f.midant <lans la danst>
sur ce que font l<>s deux préeéd<>ntes qui sont à l'autre bout,
dansent avee les deux ;mh·es femmes. LPs joueurs de mains, se
lllettant par rl<>ux, f'Xt\cutent <'P que font les pri~r-t~d<>nts ; - pen-
dant que les instrumentist<>s jotwnt en acct~lt'·rant le mouvc-
~lent ; tandis que les autres femmes assises ù proximitt'~ des
Joueurs et da11seurs ne font <{liP pousser des you-you. On
pr~cède ainsi toute la nuit jusqu'au jom·. puis chaque femme se
rehr<> de son <·ôt{•. Les ra'ies ct !Purs aides sc retirent aussi ame-
nant avec eux les quatre femmes, celles <[tH' les ra'l·es ont anw-
nées pour danser et jouer l'araçal.
:\insi se termine le 1'eu tl<' l'm·acal de l'Achoura, tel <rue l'ont
transmis les anciens. ' "

l. . â'id Lmouloud

Voici également ec que font les Imazir'en pour la fête d'Elmou-


loud. Ils étahli~sent un calcul à partir du jour où a cu lieu la
~ouvelle lune. Le septième jour Atant nettement déterminé, ce
Jour est pour eux jour de fête, et un marcht~ pour hommes se
forllle à l'entrée cl'un Jr'rem. Tout ce qui est comestible chez les
hnazir'en s'y rencontre ; œufs, poulets tem1s ù. jeun, moutons
hlancs, houes noirs, taureaux, vaches et hœufs, pois secs, blé,
orge, fève, pois-chiche et lentille. Les habitants de l'ir'rem
devant lequel se tient le march<\ s'v rendent tous également.
~uiconque a de la vieille huile la ~ort de chez lui dans des
Jarres qnïl prend et porte à l'entrée de l'ir'rem où se tient le
I~a~ché. Il va l'exposer sur la place où sc vend l'huile ; il la
dehtte ••'t raison<
• l c quatre rt~aux
. .
par Jarre. - \r 01'l'a que d es gens.
achètent dn hlô, de l'huilf', du hcnrrc salt), du miel, des œufs,
des pois et des lentilles. - Ils se procurent aussi <le la viande :
quatre
t. individus achètent un houe ' ils l'éP". l"'l
ore:ent,
u
le dépècent
e ils mettent de côté la peau enlevée. Ils percent. le ventre du
llOUe il '
·, s re t'Ircilt 1es résH' l us qm. s ' y trouven t. ; 1'l s ouvren t l a
Veau dal)S laquelle i}s les versent pour que CPtte peau paraisse
362 '
AU COI.:UR DE L ATT.AS

lourrle à celui qui voudra l'achete!'. Ils venrlent la peau ct ils se


pa1·tagcnt l'argPnt cnh·c PliX <[UatrP. Ils sc parht~Pitt è,:.:·alPment
la viande et chacun cl'cux empo1·te chez lui son qual't. Ceux-ci
achc'Jtent aussi du hlc\, des pois, des lentillPs, des œufs, des
jcuuPs poulets à jeun <fUi sont assez gr·ands Pt qui <'OillllWIICCOt
it dwutPr. Lorsqu ïl 110 I'Pstc <JUC quah·c jom·s pom· arriYer <t
Lrli:d, lPs fpmmes sc mettent it moudi'f' clu blé et tienllf'tÜ pr<\te
la t'aritH~ ; PllPs passent c''!!,'il lcmPut au moulin lPs pois qu'elles
coueass<•ut. Quaucl tout Pst twèt c·IH•z Pllos, les femmes pren-
IIPIÜ du h'e11nc~ <Ju'dlPs I'c\duisPnt Pli potuh·<' meuue après l'avoir
biPu pilc'·; elles ranmssPnt c·p h ·<'IIIH·· qu'elles mettent aussi de
cùté pou1· la uuit d<' !Aùl fAJWilll)lll/. Ce jour-lit, les hommes
prelllwnt flps poulds tPnus il jeun qu'ils c'~;.;·org·e11t vers le milieu
de la journ{~e. Ils lPs clonnent aux f<•mm<'s; celles-ci lPs repren-
nent f't lPs plument; <·Pci fait. Piles lPur ouYrcnt le ventre avec
mt couteau cle cuisin<'; <'iles sortent les boyaux <ru'ellcs jettent
au fumier ; elles lem coupent la tète ct les pattes qui sont
également jetées dans le tas cle fumier. Puis elles d{~eoupent
chaque poulet en deux et elles le mettent dans une marmite en
terre pour l'apprHer ; elles découpent aussi de l;oignon avec des
feuilles vertes de coriandre (cerff'uil ), qu'elles mettent dans l~
marmite 1.'11 y ajoutant du gingembre et du poivre pilés et aussl
un peu clc sel. Lorsque les femmes ont ainsi tout apprêt6, elles
g·arnisscnt le foyer de bois, et <JU<Utd le fpu a hien pt·is, la mar-
mite se met à bouillir ..\loi's, avec cle la farine de hl<~ qu'elles
nu~la;1g·cnt avec celle de fhm10nt, elles commencent à rouler
du couscous ; celui-ci fait, elles le font passer une première
fois au hain de vapcm. Quand le couscous est h·avcrsé par la
vapeur, elles sortent le eouscoussier de la marmite, pour le
vidf'I' aussitôt dans un g·t•1md plat; après avoir légèrement
as1wr~é d'un peu d'eau f1·alehe et rcmw~ le couscous, elles cou-
vrent le plat avec un plateau.
Puis elles prennent des pois, des lentilles, des pois chiches,
des figues non mùres, du navet vert, du navet séché et de
l'amande verte, jusqu'à cc qu'elles aient réuni sept légumes;
quand tout est prêt, les femmes mettent ces légumes dans la
marmite, où tous ces légumes sont cuits avant qu'elles aient
MIEURS ET COUTUMES BERBÈRES 363
achevé de faire cuire le couscous. Elles en enduisent fortement,
avec du beurre salé, le couscous qu'elles servent avec du poulet
dans les grands plats après ravoir arros1~ de bouillon. Elles
passent de l'eau pour se laver, à leurs maris, et elles sc lavent
elles-mêmes les mains.
Après avoir puisé dans les jarres de reau à boire et l'avoir
déposée à côté d'eux, elles s'installent autom de leur plat et
elles se n1ettent à manger; les hommes aussi s'asseoicnt, man-
gent et boivent jusqu'à ce qu'ils n'aient plus faim. Alors les
femmes ramassent, pour les mettre à la cuisine, les plats dans
lesquds les hommes et elles ont mangé. Ensuite elles prmment
du h'enné qu'elles délaient avec de l'eau chaude dans des
assiettes en terre; puis elles se tracent sur les mains des toua-
ri~h et sur les pieds dPs isegdhan. Lorsqu'elles ont fini de se
tel~ldre avec du h'enné, elles s'enveloppent les pieds dans 1les
c~iffons en laine et sèchent leurs mains an feu. Lorsque celles-
~1 sont devenues hien sèches les femmes se couchent ct dorment
JUsqu'au lendemain; dôs qu ïl fait jour, elles se lèvent et pr<'~­
~arent pour le petit d<'·jeuner de la houillic légère de hl1' moulu
' ~:c du lait. Lors1pw tout est apprèh~, elles prennent leur
1

deJeuner aussi bien que les hommes. Puis elles s'habillent de


nouvea
. ,
u avec des vètements tout neufs et sc preparent pour
Jouer le soir l'A hïdous.
Les hommes, aussi hien que les enfants, mettent également
l eurs vï . les hommes mums · de gros b àtons
e ements neufs. Pms
et d~ gourdins de jet, g-arnis de clous en fer, ct les enfants munis
~'~S,Sl de longs bàtons, sortent tous et se rendent au milieu de
lrrem ' pour se mettre à la recherche des ch"wns ; tou t c h"1en
rencontré end orm1· sur 1e chemm · ou courant a' t ra vers l'"1r·rem
est frap , b . .
le . pe et attu par les hommes qm le hennent par devant ;
h chien assonuné et mourant est abandonné et livrù par les
:lllnles aux enfants, qui sc réunissent après la hête qu'ils frap-
P nt avec leurs longs bàtons jusqu'à cc qu'elle crève. Le chien
lllort 1 f . ·, 1
h ' es en ants le la1ssent et partent en courant derrwre cs
s:b~nles qui, dès qu'ils rencontrent un autre chien, lui font
to
lr le me'
,
t , . 0 . . . .
me sor qu au prenuer. n contmue ams1 JUsqu a a
,, l
lllbee d~ la nuit où alors chacun revient et sfl retire chacun
....
:lfi1 .\1: CU·:tll hE L .\TL.\.S

clwz soi. Uc lem· eùU•, l1~s fPlllllH'S cnvoil'nt, dès !{UC le diner
est prM, un<' vieillP <'Il lui disa11t: "Y a rltPrehcr· le raïes un tel
ct ses rmupa~·Hons. » La vil'iJlP IPtll' r1;pond : " Yolontiers »et
s'en va appeler ln ra.ïPs ct ses aid<'s. Elle revient avec eux et,
arl'iv{H~ ù la maison, <'Ile t'rapp~' iL la port<' !(U<' l<'s femmes
lui ouvrent. Elle fait. <'nh·<'r dans lill<' pil~ec le raies Pt ses aides;
elle leur doUill:' de reau pour S<' laver ct dtJS !JUÏ}s SC sont net-
toyé les mains, elle l<'lll' passe une serviette propre en coton-
nade avec laquelle ils sc les essuient.- Elle prend et leur sert
dans la ehambrc où ils sont assis un grand plat de couscous,
de grosse semoule délayée et. cuite, bien arrosée de beurre;
elle leur y porte aussi de l'eau it boire qu'elle dépose à côté
d'eux. Le raies ct s<'s aides assis, s'installent autour du plat et
ils sc mettent à manger ; tandis !JUC la vieille sc rend chez les
voisin<'s !fU' elle invite à venir assister au jeu. Celles-ci se
lèvent, ct toutes cn toill'ttc e Iles sc réunissent et arrivent avec la
vieille ({tÜ les amène .•\rrivées ù l'cnh·èe de la maison, elleS
frappent à la porte qu'une des femmes leur ouvre. Elles entrent
et vont s'installer dans cette maismt. Le raïcs rappelle la vieille
qui sc rend auprès de lui: "Avez-vous allumé le foyer, lui dit-
il '? » - "~ous l'avons allum{•, lui r,··poml-Plle. , -Aussitôt le
raïes sc lè,·c et sort accompa~·u,·~ dP ses aid('s; ils eutrent tons
dans la cuisine oü ils SP mettcut ù r·l·ehanifcr leurs tambourins.
LorsquP ceux-ci ont {•t,; l1ien r·t'·chaufl'!;S, lP raies Pl ses compa-
~·nons sortent de la cuisiuP Pi sp rPtHit>ut au milieu de la cour
où ils conmwncent ù faire l'PSOilll<'I' leurs tambourins. Les felll-
mes viennent s'asseoir en li~·nc devant eux. Alors le raie~
chante ct débite l'4h'idous quP tout<'s les femmes ècoutent. Cecl
dure ainsi toute la nuit jusqu'au point du jour; alors chaque
femme se lève et s'('ll va ehez <'llc, alors le raies ct ses compa-
gnons sc retirent à l<'ur tour de l('ur côtt;.
Les femmes eontinuent ainsi ù faire jouer l'Ah'idous pour
chaque groupe !le ciw1 familles. C'est ainsi que le lendemain,
il y a un autre Ah'idous dans d'autres maisons et le jeu se con-
tin~e de la sorte, jour par jour, jusqu'au septième jour de la
fête du .Mouloud. - Alors les femmes finissent le jeu et la
danse de l'Ah'ù!fJUS de la t'Pte 1lu !tlouloud. (;'est lit une con-
~IŒlJRS ET I)IUTUIES BERBERE~

tu~1e chez les Imazir'en, <jui date des temps les plus reculés et
qut est transmise par ll's Anci!'ns <JUi sont morts; que Dieu les
bénisse.

De la laine.

TONTt;, LAVAG~:, FILAGE, TEINTURE, TISSAGE.

l;n propriétaire vient aebder pour cent réaux dP bêtes de


race ovine. Ces moutons !'! brebis sont tous jemws. Leur âge
ne dép·1ss
< e pas un an. 1.c• propl'le
· 't mre
· pren d a· gag<'s un J)erg·er
pour les faire paître Pt les g·arder. Il doit l'habiller, le nourrir
et l · · '-
Ut attrtbuer un salaire aJIIIUPl <le tant. Le tl'fmpeau de mou-
tons est donc confié à la 1-.!·ardP du herg:er <JUi, ehat{Ue jour, le
conduit paitre : lorstfll<'. les jours se suec<;dant, on arrive au
hout d'une année, Pt <JUe les moutons. ayant passé un printemps,
se trouvent avoir beaucoup de laine, le propriétai1·e s'en va
retenir quatrP individus habiles tondeurs. il leur donne des
arrhes et leur dit: « Dès <JUÏl fera jour, venez de bonne heure;
q~~nt à moi je m'en retourne pour tout vous prl•parer. n -
". C est en t en d u, 1m· répondeut-tls.
· , - Il renent· c l1ez 1Ut;
· arrn:e
· '
a la lllaison il y entre et dit à sa f<'lllllte : « Lève-toi, femme,
prends une mesure de blé <fU 'il faudra nettoyer et passer dans
le llloulin à hras pour en faire de la !.!TOsse semoule. ,, -
'' C'est fait, lui répond-elle, <JUe devo1;~-nous faire de eette
setnoule '? » - ,, Fais-eu dit le mari, un !.!'l'OS vase de bouillie
au lait doux, pour quatre' persomte·s expertes . '- d
aus 1a tont e, qm·
ont accepté de tondre nos moutons; je me suis cJJtendu avec elles
lPout· <J u •ell es YJennent
· de honne hPUl'P et an•e 1eurs ou t'l 1 s: t u
eur llrép·.treras ensuite,
· pour. eur < CJenncr, u cous<"ous z'b rzn
1 l · · d d' ·
au beurre et, !JOUI' leur u·oùter du }JHÏll et ÙU heUl'I'!' "· -
(( C' . n '
. est lncn, lui rt;poud-ellc. , LP maitre se <lirig·e vers le pare
ou se.h·ouwnt les moutons, il appellP le lwJ•g·eJ' <fUi vient auprès
~e lUI; " Quand il fera jour, lui dit le }Jatron, 11 'emmène pas
hes filoutons au pàturagP, ils ont tous besoin d'être tondus. »Le
erger lu'l repont
· 1 : " L·· Pst 1nPn
· .' )C· Yous en f'l'
e Jl'l'te e t vous
adress t · ·
e ous mes vœux ! ,,
....
])ès qu:il fait jom, les <JUatre individus t{Ui v out tondr<' les
366
moutons, arrivent portant av ce PUX ll'urs cisailles hien tranchan-
tes ct des cordes avec leS<JUelles ils entravent les moutons
c1u'ils veulent tondre. lis frappent ù ln porte, le maitre du logis
leur ouvre et leur dit : " Soyez les hiPnvenus ! " - « Que Dieu
vous ciH>rissP, lui r(~pondPnt-ils. n lis s'assoient Pt quand ils ont
pr·is lP petit déjeuner en hunmt <1<> l'asekki(, ils demandent au
maitre : " Allons ! nous youlons nous mPtti·e au travail. n Le
propriMair·c des moutons sc lèv<', va avec eux ct les fait entrer
dans le par·e oü se trouvent les moutons. LP berger se lève et en
saisit quatre, il en donne un ;\ chacun des toiHlC'urs. Lorsqu'ils
se sont emparés des moutons, chacun d'eux prend le sien, l'en-
trave et commence it lui tondrC' les flancs, le dos et le cou,
jusqu'à ce qu'il ne lui rC'stC' que la tête et la queue, alors ille
lâche. On en prend c1uatrc autres que l'on entrave et que l'on
tond entièrement avPc df's eisaillC's hif'n aiguis<'Ps, en commen-
çant par lPs pattes; on rH~ lf'ur nu\nage que lC' hout de la queue
et la tête, puis on les rclàchc.
Les quatre individus continuent ainsi leur opération jusqu'à
ce qu'ils aient tondu tous les moutons. Alor·s IP propriétaire leur
paye le salaire eonvPnu : " ()ne DiPu tP I'<'JHlC' gènérPux ct ser-
viable, lui disPnt-ils. >> << Ainsi soit-il " r<\poncl le maitre aux
individus qui se retirent et partent clP lC'ur eôt<\. Alors le pro-
priétaire recueille la lai11P : il choisit la plus lwlle qu ïl met de
côté. Le triage terminè, il prend c·ptte hC'llP lainP, In porte dans
une chambre où il la met ù part ; puis il ramassP l'autre laine
ot la donne it sa femme : eC'lle-ei la prend ct elle la conserYe
jusqu'au jour où elle voudra s'en servir.
Le lendemain le mari portC' au marché la laine qu'il avait
choisie :il ry débitt> selon sa forme et sa <Jualit<' : il touche un
bon prix d'une grosse toison, ct un faihlP prix d 'unC' petite,
jusqu'au moment où il a vendu toute sa laine ; alors il s'en
retourne chez lui.
Quant à ceux qui o11t acheté la laine, ils la portent chez leurs
femmes à qui ils la remettent. Elles la prennent, chauffent de
l'eau et achètent de la tir'ir'ejt qu'elles pilent dans un mortier.
Lorsque la tir'ù·'ejt est broyée, elles la répnrult>nt sur la Inine
placé(• claus un grand plat en noyer. Deux femmes assises l'une
"OEUl\S ET COlJTD!ES HERnf;RES :lfi7

en face de l'autre saisissent PnsuitP chacune un hattoir dans la


Inain droite. Vient une troisième fPtllliiC ({UÎ, avec un vase, vcr•sp
de l'eau chaud(' sur lalainl', tandis ({U<' }('S autrl'S hattcnt l'une
après l'autre cette laine a ne les battoirs, jusqu'à cc que l'écume
de la tir'ir'ejt qu'elles ont mise dans la laine soit montée. Puis
elles mettent cette laine dans un gTand panier en roseau et elles
la portent au ruisseau dans l't'at:: t'iles y déposent le panier, à
travers les interstices duquel l'cau monte ct s'écoule ; pour empê-
cher l'eau d'en trainer le pa ni ct•, unn des femmes retient celui-ci
par le haut de ses bords, tandis que les autres femmes arrivent
et se lllettent iL rincer la laine dans de l'cau claire ; quand toute
cette laine a été rineèP, les femmes soulèn~nt le panier qu'elles
posent sur une pierre (JUi est hors de l'cau et qu'on nppelle
asgourd, pierre sm·la(1uelle les hommes lavent leurs vêtements.
~orsque la laine s ·est égouttée, et qu'elle ne contient plus d'eau,
es fenunes soulèvent le pn nier rempli de laine l't elles le pla-
cent sur la tête de l'une d'elles. Elles re,·icnncnt à ln maison;
celle qui porte le panier marche en avant, tandis lJUe les autres,
Inunies chacune de son hattoir, suivent par dt'rrièrc. Quand
elles sont arriv(\ps ù l"ir' rem, elles entrent dans la maison ct
déposent le panier. - Ell<>s premJCnt des nattes de palmier
~am et les étalent dans la cour de llwhitation, dans un lieu où
il ~a du soleil. Puis<' Iles r<'prt>nncnt le panier, en tirentla laine
quelles étalent au soleil sur les nnttes; ({Ua nd cette laine a séché,
l · font vemr
elles · d. eux .Jmvcs
· · <JU ·e 11 cs mn
· "t en t as
· ' asseoir.
· Al ors
es femmes ramassent leur lain<' (1u'clles déposent en tas, puis
elles <a pport cnt une balane<' dont le fleau , est en hms, . l es p l a-
~eau~ en palmier nain et les poids en pierre. Elles pèsent toute
da lame et elles la partagent en deux parties égales. Elles en
e onnent une part ù chaque juive. Aussitôt les juives s'installent
ft se mettent à la peigner avec leurs cardes ; tandis que les
etnmes
ll . 1,event et apportent encore deux pamer·s
se . "d
YI es, e ,
t
e es en remettent à chaque juive un pour y déposer la lainf)
cardée.
Voi~i comment ces juives s'y prennent : elles mettent une
quanhté d e l ame · sur 1a card e qu ' e11 es hennent
· <l e l a mam
· gau-
c ll<• et . 11
(i~ P cs appuient sur le genou; avec la main droite, elles
tirPut Lwtre eat·de. Lorsqu<~ la lainf' <"OIIIIIH'li<"P à drwPHit·lisse,
elLPs t•enYPt'sent Les cardes Pt tirPnt dans )p spns eoHtt·ait·e pour
fair<' passPr la Lairw dP La cardP dP la main ~·auchP sut• celle de
la mai11 dt•oÏtP, puis Plies l'('f'OllliiH'IH"Pllf Ù lllaliWllYI'Pl' ilH'C la
cardP de la mai11 droitP. EllPs contiliUf'llt ainsi jusqu'il cf' que
la lai11P soit hiPII car<lt~P, alors clLPs la tirPnt d(• la eardP et elles
la mettPnt da11s tm pat!icr, puis t>lles prellnf'nt lliH' auh·p <Juan-
till~ de Lain<': PlLPs eontimH'nt ainsi ù eardet• jus<(U,all moment
du d<\j<'Uller ..\Lors lt>s femnu•s lPur apportf'Ht du pai11 <le four
et dP l'huilP, i<•s juin~s dt\jcutH'tÜ Pt IIHIIlgent it satiétt~. Quand
elles ont fini dP HHIII~·<'t', Pll<>s sn t'iHeeHt les mains ct rqll'cnnent
lem· place oü cliPs se remettent iL carder la lainf'. Qua11d elles
ont fini <lP tout <"<ll'<lPr, elles se lèvPHt, re<;oivcHt lf'ur salaire
et sf' t•etirent .•\lors lf's femmf's pren11cnt df's paniers remplis
de lainf', Les rortf'llt dans une pit~ce oü elles rU· posent toute cette
laille cardée Pli La couvrant avec un ling-e propre. Le lendemain,
au point du jo m'. lPs fpmmes Sf' lèvent, MenÔPHt dPs nattes au
soleil, apportent la laine qu'elles y dl~pm;ent et s"asseoient sur
les nattes l'ml<' iL eùti• de l'autre. EllPs prennent chacune dix
peig·nèes: ciHHflH' pei~·nèe est ouvertP Pt partag<~e en deux par
la femme. Lors4u 'elles ont fini de partag·cr Pli deux la peignée,·
elles procèdent aussitôt ù. l'enroul<>ment et it la eonfPetion de
fuseaux de laine. Ensuite eha<(He femme se munit rl'une que-
nouille, elle y attache le premim· rotÜeau de laine dont elle tire
et file l'un des houts qu"ell<> roule sm· le hout du fuseau en bois;
ensuit<> elle se met ù fairP du fil d<> chaine. Lorsque les fuseaux ·
sont garnis de fil, PllPs prPmtPIIt des tamis dnns l('S<juels elles
déposent ces fuseaux. Elles saisissent rextrt·~,nité <lu til an~e ht
main gauche et se mettent <L le <lét·ouh•r en le hobinant sur lui-
même avee la main droite. Lorsqu'elles ont fini d<> mPtft·p le fil
en pelotP, elles prC>mwnt un lill!-;"<' propre et y serrent le til jus-
qu'au jour oit les fenmws auront appr·èt{\ le fil dt> trame.
Le lendemain, les femmes prennent eueore la laine qui est
inférieure à cellt' tjtti lNll' a servi ù faire du fil de chaine, Piles
l'apportent à une juive pour la passer sous une carde. Lorsque
la juive a fini de la peigner·, les femmes la rapportent chez elles.
Elles s 'asseoicnt et sc munissent de longs, fuseaux surmontés dans
.\IOEURS ~;T COUTUMES BERBÈRES 36~)

la partie inférieure d'une rondelle; chacune des femmes prend


de la main droite son fuseau, auquel elle attache de la main gau-
che le commencement du fil de trame. Puis, le pied droit allongé,
elle place, entre le genou et la cheville, sur le tibia, le fuseau
dont l'extrémité portant la rondelle est posée sur un culot de
cruche cassée, alors que l'autre bout tient le fil de la trame.
Elle fait tourner de bas en haut le fuseau sur la jambe, tandis
qu'elle forme le fil avec ses doigts entre le pouce ct l'index,
doigts au moyen desquels elle tire petit à petit la laine et régu-
larise le fil qui s'amincit ct sc forme. Lorsque le fil est devenu
assez long, elle le réunit en l'enroulant sur les doigts de la main
~anche. Puis elle tourne le fuseau, ct y enroule le fil que petit
a petit elle détache de ses doigts. Lorsqu 'elle a fini de faire du fil
et ~e l'enrouler autour du fuseau, elle prend une autre peignée
q~ elle ouvre en deux, dlc joint le hout du fil à la pointe du fuseau
amsi qu'elle l'a fait préc<)<lcmmcnt. Elle continue donc ù filer de
la trame ..\ la fin, le fuseau étant suffisamment garni de fil, elle
l~ prend et place sa pointe entre le gros orteil et le doigt qui
Vtent après lui. Quant à l'autre extrémité du fuseau portant la
rondelle, elle reste sur le culot d'une cruche cassée.- La femme
pr~nd le bout du fil qu'elle enroule une fois autour de l'index,
PUts le tirant à elle elle saisit le fil avec les doigts de la main
"" '
Eauche et le passe ensuite sur les doigts de la main droite. -

i lle alterne ainsi ses mains a près le fil ; le fuseau tourne dans
sens de la g·auche, jusqu'ù cc qu'il soit complètement dévidé.
lle dégage ses mains du fil Je trame et elle attache l'écheveau
~u:elle vient de former. Elle le prend et va, chez les femmes qui
e~lÙent dès le d<'~but, chercher aussi les écheveaux fil<'s par
e:'l, les rapporte ct les serre dans un ling·c.
ln jour, alors <fUC le tilag·c est tcrmin<'~, les femmes sc lèvent
et a '
Pportent du soufre ct un ise!.: ni, panier haut ct large en brins
l la .
le
Urt<w ros<~ entrelacés et attachés avec <les cordelettes de
palIllier 1hllll.
. . - l'll l l
'. es tournent son ouverture vers e so , poscn .
t
ce p ·
anter dans un cndr·oit spacieux et allument du feu sur le
sol à r· , .
lnterteur du cercle. Elles prennent un morceau <le plat
cassé (réel - tau ù) , ct 1cp1accnt sur l c feU JUsqu
· ''a cc qu '"l
1 d cviCnnc
·
rouge. ·l
' u or~ elles apportent les pelotes de fil de chaille et les
24
1
:-!70 .\.U CŒliR DE L ATLAS

{~chevaux de fil de trame f{U' elles suspendent les premières à


l'extérieur et les seconds à l'intérieur du panier. Puis elles jet-
tent le soufre sur l't~clat de plat, aussitôt une grande fumée
s'élève; elles courent chercher une large couverture qu'elles
Malcnt sur tout le panier. Lorsqu'il n'y a plus de fumée, elles
retirc11t la couverture qu'elles étendent au soleil et après avoir
l'epris les échevaux elles vont les y déposer ; quant aux pelotes
de fil de chaim-, elles les accrochent après un clou planté inté-
t•ieurement au mur de la chambre.
Dans la soir{~(\ elles prennent de l'écorce séchée de grenade
amère qu'elles broient dans un mortier; lorsqu'elle est bien
pilée, elles la mettent de coté. Le lendemain elles font chauf-
fer de l'eau sur le foyer, ct, après avoir répandu dans un grand
plat l'écorce broyée de grenade avec un peu d'alun, elles y ver-
sent cette eau chaude qu'elles se mettent à remuer avec une cuil-
lère jt~squ'à ce que l'eau devienne jaunâtre, alors elles prennent
les échevaux de fil de trame qu'elles trempent dans cette eaU· •·
Quand ils sont retirés de l'cau, les échevaux deviennent ·
jaunes, couleur de babouches, appelée ezziouani. Les femmes
emportent les écheveaux, les posent sur l'isekni pour les raire
égoutter et sécher. Ces écheveaux devenus secs, les femmes se
lèvent et en prennent trois qui sont teints en jaune pour les por-
ter à une juive qui doit les teindre d'une autre couleur. -Alors
la juive va prendre trois marmites qu'elle met chacune sur un
foyer; elle verse un cruchon d'eau dans chaque marmite en Y
ajoutant un morceau d'alun, avec autant de sulfate de cuivre
-l'alun et le sulfate de cuivre doivent être employés dans des
proportions égales ; - elle les met dans la première marmite ;
elle prend encore un morceau d'alun et autant de matière
donnant la couleur bleue (ou verte) ; le tout est mis dans la deU-
xième marmite. -Puis elle passe à la troisième marmite où elle
met, avec autant d'alun, la matière qui doit lui donner la cou-
leur rouge orange. Lorsque tout ccci est fait, elle garnit les foyers
de bois ct quand les marmites commencent à bouillir, clic prend
les écheveaux et elle met chacun d'eux dans une marmite. Cha-
que marmite a une teinture spéciale, la première a une teinture
noire, la seconde bleu-vert et la troisième jaune-rouge.
)IOt:UllS ET COUTC:\1 ES ll~:RBÜU:S :371

Quand les écheveaux sont mis dans les marmites, la juive


ferme celles-ci avec des couvercles, ct elle les laisse ainsi bou-
chées jusqu'à ce que la teinture mise en ébullition, son ècume
déborde par l'ouverture des marmites. Alors la juive virmtcnle-
ver les couvercles ; elle prend une louche dont elle introduit le
~anche dans la marmite; elle s'en sert pour sortir le premiPr
e,cheveau de la teinture noire, elle le plonge aussitôt dans de
leau tiède et propre qui se trouve dans une jarre. Elle procède
pour les autres écheveaux de la mèmc manière <tue poul' le prf' ..
~é~ent en trempant chacun <l'eux dans une jarre spéciale. La
JUt~c les y laisse jusqu'à ec <tu 'ils deviennent maniables après
avotr été refroidis ; alors elle les prend ct les presse entre ses
nt~ins ct quand ils n'ont plus d'eau, elle les remet aux femmes
qut.les lui ont apportés. - Celles-ci les reprennent ct, après
avotrpayé la juive de ses peines, elles s'en retournent chez elles.
-Quand elles arrivent dans la cour, elles accrochent les échc-
• Veaux au soleil. - Puis elles prennent trois piquets dont le
pre~ier est long et gros, tandis que les deux autres sont plus
Pehts. Au milieu de la cour, elles plantent le plus long ct les
deux autres petits un à chaque extrémité de la ligne. Une des
femntes prend la pelote de fil de chaine dont elle d{~gage le
. ' ta n d'1s qu ' une autre. va s ·asseOir
bout · <l errwrc
·· un ù cs pc t"t1 s
Pl~ets; survient une troisième <fUi s'installe derrière l'autre
aPeht . piquet, en face de la l>récédcntc. Les deux femmes ainsi
.sstses prennent le fil d'arrêt appel<) asgour, avec lequel elles
hxeront le fil de chaine et l'attache après les piquets. Aussitôt
celle qu·1 a pr1s
. la pelote de hl . de chaine se l'eve ct l a tenant d ans
salllai o· , , , · ·
f'l n bauche, elle eommetH'l' a dPronlt'r ct a dtstrtlnH'l' le
l avec sa· mant . <l r01.te.
~liant de l'une à l'autre <les femmes, elle donne le fil il
ce e près de laquelle elle art·ive. Celle <[UÏ est assisn le pt'PtHl
~Vec la main droite et le passe dans le fil d'al'l'<~t <]UÏ <'st douhl<'.
c·e fil de chaine engagé entre les deux, elle fait un tom· il eeux-
11011 passant celui de la main g·auchc dans la main droite, ct
ce · d ·
la lU . ela main droite dans la main gauche. Puis, tenant aYcc
ch Ulam gauche les deux fils d'arrêt, elle fait descendre le fil de
aine avec sa main droite dans les deux fils d'arrèt pour que
:l72

le fil !le chaine soit r{~g·ulièremcnt placé à côté de l'autre. -


La distrihutricc de fil va vers l'autre fcu:me à qui elle passe
le fil; celle-ci le prend ct l'ajuste comme a fait la précédente
femme, sa compag·nc. -Elles continuent ainsi et, à l'heure du
dl~jPùiwr, le maitre s'en Ya au petit mar·ché où il leur achète un
pai11 f't demi de pain de four. li leur partage cc pain et il cn
(lonne ù ehaeuu<· d'elles la moiti<~ quïlleur place sur le genou:
quant à ePllc !JUÎ distribue le fil, cliP 1wcnd son demi pain !JU'clle
met sous son hras ct Pile coutinue à porter le fil de l'une à J'au-
tre de ces compagnes. Lorsqu 'elle a donné le fil à l'mw d'en-
tre elles, elle sort vite son pain sous l'aisselle, elle en tire une
grosse bouchée !JUi lui remplit la bouche puis elle le remet
sous son hras. Elle continue ainsi jusqu'à ce !JU'ellc ait fini son
pain. Quant à celles qui tiennent les piquets, ellf's mangent le
pain post> sur leur genou en y donnant ellf's aussi de heaux
coups de dents.
Quand elles ont terminé aYec l'opération de l'ourdissage du f
fil de chaine, les femmes sc lèvent ct prennent un loug roseau
p:ros ('t solide, qu'cliPs mettent ù la plac(' du gros piquet sur
lP!JUCl est anu'magé un erois('ment de fil, premier point d'enver-
gure. Le piquet arraché, elles 1(' mettent de côté. Puis elles
apportent deux longues verges en bois de bruyère, un peu min-
ces, <Ju'elles introduisent chacune ù la place qu'occupe chacun
des deux petits piquets: cllt•s apportent l'ensoupl<'au après
lequel elles attachent l'une des verges par SPS deux extrémitéS
au moy<'n d'une cordelette appelée timseddt?st. Elles prennent
également l'ensouple à laquelle elles lixent l'autre verge par les
mêmes moyens que ceux employés pour l'ensoupleau. Puis elles
couchent, en les renversant, ces deux pièces ainsi que le roseaU
,\'PnV<'rg·urc (le façon ù mettre le fil par dessus ; l'ensoupleaU
pos{~ sur le sol, deux femmes s'assoient, une à chaque bout,
eu toul'llant le dos à celles qui, restant dehout, soutiennent J'en-
souple sur la!IUelle elles exercent de fortes tractions pour que
les fils de la chaine soient tendus et redressés. Pendant qu'eUes
agissent ainsi, t>lles poussent des you-you pour attirer chez elles
d'autres femmes. En cfl'et, toute femme qui entend ces you-
you accourt vers la maison où elle entre; dès qu'elle franchit
1HEURS ET t:OUTUm;s BERBI\:Ri<:S :n:l
le seuil et pénètre dans l'intérieur de la maison, les autres fem-
mes l'appellent en lui disant : " Assois-toi sm·l'<·nsoupl('au! "
rne aut re qm. surv1ent
. pour von·. p;,;·a
. l enwnt t't~ qu1. s ,y passP.
est aussitôt retenue et installée à cùti1 des autres. Elles conti-
nuent ainsi jusqu'à ce que la maison se trouve remplie de fem-
mes. Alors d'eux d'entre elles sc lèvent. et se placent l'une en
face de l'autre, entre l'ensouple et l'cnsoupleau; elles prennent
des roseaux qu'elles introduisent l'un après l'autre entre diffè-
rents points d'envergure; elles y placent ainsi (1uatre roseaux,
tous poussés vers l'ensouple. - Quant au rost>au mis it la placr
~u piquet central marquant le premier point d'envergure, elles
e descendent vers l'ensoupleau. Puis les deux femmes, saisis-
sant
, deux roseaux par 1eurs ex t renntes,
· · · commencen. t a· l ever et
a descendre simultanément la main droite et la main gauche,
~our que les fils de la chaine sc détachent et se séparent. Elles
~ont ceci sur toute la longueur de la chaine depuis l'ensouple
Jusqu'à l'e nsoup · ·1eau. - Le d eme · '1 ag·e t ernnne,
· · l es t'eHmles qm·
soutiennent l'ensouple se mettent à enrouler la chaine sur l'en-
~ouple, qu'elles placent aussitot sur l'ensoupleau. L'ensouple
etant pl'le· sur l' ensoupleau, toutes les femmes qm· son t surve-
nues se l'event pour repartir · en disant
· : « 0~ne o·wu vous 1e
lfasse ,ter ·
. mmer avec paix · et sante!
· >)
Et ce 11es a· qm· appar t'Ieilt
te llleher de répondre : « .\ votre postérité, sœurs! >) (à hien-
dô~ Votre tour!); puis elles prennent le mMier qu'elles vont
f ~poser dans un coin de la !~hamhre. Le lendemain, rlès ({UÏl
att jour, les femmes se lèvent et elles vont chercher rles mon-
tants qu' ell es d ressent verticalement, en attac t1ant l' ex t ren11 · 't P·
su ..
· Perteure de chacun d'eux après une traverse qui se trouve
~.ngagée dans un trou de la muraille ; elles fixent l>galcment
autre n ton t ant apres , une autre traverse. Lorsque 1cs ceux l ·
montants son t l nen . l .
fixés au moyen de cordes {'Il pa Illier !HUll, .
deux fe
Cô • lllmcs prennent l'ensouple et la soulèvent chacune par un
te '· une t roisteme
· ·· femme mume · d ' une corde (l c p01'1 (l e lleme,
monte. sur ec · h elle quelle
· appme· sur une des traverses d e l a
muraül L , , l
P . e. es deux femmes soulevent assez haut l ensoup e;
qlll_s la plus rapprochée fait passer le bout de l'ensouple à celle
u, est s~r l'échelle. Cette deruière saisit l'ensouple sm· l'cxh·(~-
3'74 AU CŒUR HE L'ATLAS

mité de laquelle elle passe deux tours de corde ; elle l'attache


solidement au montant en faisant trois nœuds. Puis elle des-
cend ct va fixer l'autre hout de la même façon.
Les deux autres femmes ahaisscnt l'cusouplcau en appuyant
avec leurs pieds jus<Iu'à cc <JUC l'extrémité de l'ensoupleau ait
dépassé le trou qui sc trouve au bas du montant. Alors arrive
une autre femme qui prend comme cheville l'os du pied de
devant d'un mouton ct 'l'introduit dans le trou du montant. Puis
elle va vers l'autre, prend un autre os <ju'elle introduit aussi
dans le trou du sec~nd montaut. Quand les femmes qui exer-
c:aient une pression sJr l'ensoupleau descendent, celui-ci, tenant
à sc t•clcver, sc trou+ retenu par les deux chevilles en os que
les femmes viennentlle placer dans les trous des montants.
Puis, avec leurs . 'igts, les femmes se mettent à arranger, à
régulariser les fils. la chaine pour qu'aucun défaut ne s'y pro-
duise. Lorsque le 1 ntage du métier est terminé, elles prennent
les paillassons s esquels elles s 'asseoient en tissant ; l'une •
d'elles passe derr c le métier ct installe sa paillasse entre le
mur et le métier ; ne autre femme survient avec sa paillasse
<Ju'ellc place, elle ssi, à côté de la précédente. Puis elles pren-
nent trois clous e r dont l'un des bouts forme crochet, elles
les plantent dans 1 mr, l'un en face du milieu de la chaine et
les deux autres, un 1 face de chaque montant. Puis elles pren·
nent une cordelette c 'elles fixent ct nouent après chaque cloU·
Lorsc1uc ces ficelles so~t ainsi attachées aux clous, les deux fenl·
mes s'assoient à l'inté~ur du métier, et prenant chacune sa.
ficelle, l'une, celle de droite ct l'autre, celle de gauche, elles
passent la ficelle autour d\ chaque extrémité du roseau placé à
côté de l'ensouplcau; elles\mt plusieurs nœuds sur le roseau et
arJ'êtf'nt la ficelle ; - passl\nt ensuite à la cordelette centrale,
cllf's la fixent au roseau cort4'H' <'Iles vic1ment de le faire avec
,i
les p1·éc1'dentcs cordelettes. '.·· .
Puis elles vont chercher du fil de « rentrage », fil teint au
h'enné et formé en double, et s'en servent pour faire l'opéra-
tion de « remettag-e '' en attirant la moitié de la chaine vers
le roseau. De l'arrière du métier où elles se trouvent, elles font
passer le fll de reutrag-c vers l'avant, le passent autour du fil de
MOEURS ET COUTUMES BERBÈRES

chaine extérieur qu'elles ramènent vers elles. - Elles conti-


~uent ainsi à faire rentrer les fils pairs ou impairs de la chaine
Jusqu'à ce qu'elles se rencontrent vers le milieu; le roseau étant
garni tout entier de fil de rentrage, le dernier point d'envel'-
gure est obtenu. Elles coupent le fil de rentrage, ct en met-
tent le restant de côt{~. La femme qui les aide arrive et leur
apporte un écheveau de fil <le trame hlane et deux peignes ; à
chacune d'elles, elle donne un peig·nc et la moitié de l'écheveau.
Alors les deux femmes passent derrière le métier et s'assoient
chacune sur sa paillasse, se munissent du fil de trame et com-
mencent en disant : " Au nom d'Ellah! nous nous g·uidons et
nous comptons sur Toi, Dieu, et sur vous, Saints du pays, l'un
après l'autre, pour faire mieux ct plus que nous dans cc tissage,
-,~u'il nous porte bonheur-, que nous souhaitons terminer et
qu Il ne nous reste pas inachevé. ''
Elles prennent des fils de trame qu'elles introduisent dans la
cha_lne avec les doigts, l'index et celui qui est après lui (le
maJeur). Lorsqu'elles y ont cngag·é trois fils de trame séparès
ch~cun par un croisement de fil de chaine, elles prennent le
pew11
tl c avec lequel <'lies rapprochent ct entassent doucement
l~s duites. Quand elles sotit montées de I}Uatec 1loigts dP
lhssage, e llcs sc lèvent et apportent deux pmccs
· : c Ilcs rehrent
·
~s languettes ct humectent avec de la salive l'intérieur <les
· prenant un morceau dc bssu
Pillees ·, pms, · propre en 1ame ·
douce, elles s'en servent pour envelopper le bord de radban en
formation
li ' 11es mtrodmsent
' que · · · d ans 1cs pm
ensmte · ces. E nsm'tc
: es tirent l'attache des pinces qu'elles vont fixrr après le mon-
tnt au-dessus de l'os (cheville) qui retient l'cnsouplcau. Les
f enllnes. placen t une pmce
. a, ch aque cô t c. d u uw. t.ter pour <JUC l <'
tssu Sott bien tendu et qu'il ne sc plisse pas. Elles continuent ù
passer le d . 1 . . .,
, s mtes ct ù les serrer avec es pmgncs, JUS<JU a eP
quelles 'at'e n t t'Isse· une cou d ce
1 · a' pomg
· f'erme· ; a 1ors l eur aH· l<'
eur apporte un écheveau de trame teint en noir, elle le leur
fartage et en donne à chacune la moitié. Puis elles sc remet-
eut à f •
L tsser avec de la trame noire qu'elles serrent fortement.
!lorsqu'elles ont tissé trois doigts, elles reprennent de la trame
) anche '\'' l . . ll
' : ec a1{uellp elles font nn <'mpan <IP hHsa~·e : pms <' PS
376 AU CŒUR DE L'ATLAS

passe:Qt encore à la trame teinte en bleu ou vert; elles s'en ser-


vent pour tisser environ trois doigts, alors elles reviennent à la
trame blanche. Lorsqu'elles en ont tissé trois rloigts, elles pren-
nent l'écheveau teint en jaune; elles s'en servent jusqu'à ce
qu'elles aient mont<; de quatre doigts. Elles reprennent ensuite
la trame blanche et elles continuent à tisser tous les jours sauf
le vendredi, jour que l'on considilre sacré pour les femmes. Pen-
dant ce jour, les femmes ne doivent ni sc mettre au métier, n~
prendre le fuseau, parce <JUe la coutume des Imazir'en est ainsi
fa itc selon les traditions transmises par les anciens.
Lors<Iu'elks ont fini de tisser et qu'elles df~sirent détacher la
pièce tissée, les deux femmes sc lèvent ct prennent deux cou-
teaux de cuisine; chacune se saisit •lu sien. Leur aide s'en va fer-
mer et caler la porte extérieure de la demeure avec une poutre
pour que les voisines n'y entrent pas. La porte fermée, l'une des
femmes dit en ponctuant :
« Il n'y a de Dieu que Dieu ! » - « Interviens en notre faveur,
ô! Envoyé <i'Ellah! )) ajoute l'autre. La première reprend et dit:
« Nous te coupons, ù tissu, avec paix et perfection. A la santé
de mes doigts, qu'ils me soient conservés ! » L'autre répond en
répétant trois fois ce que la première vient de dire. - Puis elles
se mettent chacune de son côté, à détacher la pièce en coupant
les fils pour ne laisser que le surplus de la chaine du côté de l'en-
souple, fils qu'on appelle ir'risen et avec lesquels on coud des
effets de laine. Elles prennent l'ensouple ct la portent dans une
chambre où elles la déposent dans un coin. Elles passent
ensuite à l'ensoupleau sur lequel est enroulée la couverture,
tissu neuf; elles le saisissent chacune par un bout tanrlis leur
aide, prenant elle aussi la couverture, va en reculant. Les autres
allant aussi en arrière, elles déroulent l'ensoupleau et lorsqu'il
ne reste plus sur lui que le dernier pli, maintenant d'une main
la couverture, ellrs détachent de l'ensoupleau la verge sur
laquelle elles avaient monté la chaine ; cette verge dégagée de
ces fils, elles prennent la couverture qu'elles détendent et
secouent entre leurs mains. Quant à leur aide, elle sc lève
et ramasse les différents instruments du m<'tier, ne laissant que
les deux traverses après lesquelles elles avaient fixé les
l!Œl>RS ET COUTUltiE~ BERBÈRES 3i7

montants ~ elle les rentre dans la maison ct va les déposer au


mèmc endroit auprès dl' l'cnsouplcau plactS dans un coin. Les
~eux autres femmes plient cc vètcrncnt neuf, le mettent dans un
hngc de cotonnade et le gardent jusqu'à l'entrée de l'hiver, sai-
son pendant laquelle il y a du froid et de la neige.
Telle est la manière de procéder des femmes des hnazir'en
dans le tissage d'une couverture de vêtement pour hommes ou
pour femmes, du kheidous noir, du burnous blanc, de la djel-
laha, rlu voile avee lequel s'enveloppent les femmes, des cou-
vertures de lit et des h'a1:ks fins pom· hommes. Le tissage des
Vôtemcnts de laine ('St uniformo ~ il n'y a de difl'érence que dans
la teintupc ct tlans la confection des fils de chaine ct 1lc trame.
- Si les femmes veulent confeetionncr un tissu fin et heau,
elles Y mettent un mois ~ quant au tissu ordinaire, elles n'y pas-
sent que huit jours. Ici se termine le récit sur l'industrie de la
lai~c depuis le commencement jusqu'à la fin (du nom à l'ai-
guille). -Que Dieu nous accorde une longue vic !

Les Olives.

SCJ:;N~;s Dl> li~:NAGI>, RÉCOLTE, FABRICATJOL" O~; L'HUILE

Xous voici chez un homme des lmazit·'cn, qui possède qua-


torze 0 rIVIers.
. ll prend sa houe, la porte au forgeron a. qm. 1"lla
. · ('~e 1lll-Cl
rentet · · la sais
· tt
· pour 1a passer aussltô
· t d ans l c b raster.
·
PUI 8 1"l l a martelle sur l'enclume, et, quand elle est bten
.
aplatie, il la trempe dans une mare d'eau fraîche. Aussitôt le
'' fer de 1a p10c · h e se met à grésiller
· dans l' eau ~ 1orsque 1a pwc
· l1e
est· re fr Ot· d"Ie, 1c forgeron la ramasse et passe SUI' 1a partie
· t rau-
chant" une cor11e rle mouton, pour que cette pa1·he
· sOit
· so 1·tue
.J

et
d' ne se. casse
. pas quan d ons ' en servira
. pour f'aire J ·t
. une coiHtUl e
. ~~u. Alors le forgeron remet la pioche au propriétaire qui la
fsaisit
. .en l' exanunant
· de haut en b as. Comme 1·1 1a trouve b"ten
atte, Ü dit avec satisfaction au forgeron : « Que Dieu te donne
la santé ~je t'en félicite !). ,, Puis il prend sa pioche et il s'en
378 AU CŒUR DE L'ATLAS

va. Quand il est arrivé dans sa propriété, il y cnh·e, dépose la


pioche et sc ceint fortement les reins (ventr·e) avre une corde
(végMale). Alors il reprend sa pioche ct il ouHc le rl~sci'Voir
(barrage) d'eau. Aussitôt l'eau s'{~coule par un fossé: il la suit
par derrière ct la conduit jusqu'à l'olivier le plus proche :là,
l'eau s'arrête, retenue par un harragc; l'homme accourt et
ouvre cc barrage a v cc la . pioche : l'cau s'élance et sc déverse
dans la cuvette crcus1~c autour de l'olivier. Cette cuvette rem-
plie, il conduit encore l'cau vers u11 autre olivier. Enfin depuis
le p•·cmiel' olivim·, l'homme ne cesse ch~ suivre ct de eonduii'C
l'cau par le foss{~, en veillant à ce que l'cau ne soit pas arrêtée
par un morceau de bois et par une hranchc 1le celles <fUi sout
coupées ct ''pa•·pillées sous l'olivier. Tclle est la raison pour
la<Iuclle il suit l'eau. Di~s <JUC cette cau est làclH~c du barrage,
il doit la suivre pour enlever ct jctPr de côU~ toute branche
qu'elle rencontrerait. Quand il a fini d'irriguer tous les oli-
viers il vient fermer le fossé par lequel l'cau est arrivée vers le
premier olivier, puis il va au barrage ct le détourne lui aussi.
Ensuite il jette sa pioche, se lave les mains, les pieds et la
figure, sc lève et, reprenant la pioche avec laquelle il vient
d'irriguer, il la met sur son épaule droite ct s'cu retourne eu
prenant le chemin de la maison. Quand il est arrivé chez lui, il
frappe à la porte; sa femme accourt et la lui ouv1·c. Sa feuune
lui dit, dès qu'il est entré et arrivé <lans la cour : " As-tu tout
il'rigué ? » - « Les quelques oliviel's dont Dieu uous a gratifiés,
lui dit-il, ont été tous irrigués par moi ! ,, - « Que Dieu te
donne la santé, lui dit-elle, et qu'Il augmente nos biens ! '' -
« As-tu faim ? » lui demande-t-elle encore. - « Certes, j'ai
faim, lui répond-il, donne-moi ce qu'il y a à manger ! " -:
" Des aliments tout prêts, il n'y en a pas, lui dit-elle : mais 81
tu veux, je vais te faire du pain qui sera bientôt cuit '? » -
" Non, femme, lui dit-il, apprête-:noi seulement mw grillade
d'orge, que je grignoterai pour mc faire oublier la fraicheur de
l'eau; je suis hien engourdi par l'humidité. » •
Alors la femme se lève, prend de l'orge dans le coffre en
roseau, en remplit un vase <fu' elle porte à la cuisine et qu'elle Y
(iéposc. Elle sort en emportant av<'e dl<' un t'clat de poterie,
MOEURS ET COUTUMES BERBÈRES 379

dans lequel les femmes vont chercher du feu ; elle entre chez
une des voisines qui lui en donne. Elle l'apporte, revient chez
elle où elle trouve son mari couché au soleil dans la cour et en
train de ronfler. -Elle le laisse ainsi endormi au soltül, rentre
da~s la cuisine, ct, prenant du bois, elle fait un bon feu qu'elle
achve avec un soufflet. Le feu allumô, elle prend un plat en terre
qu'elle place sur les pierres (trépied) au-dessus du foyer. Lors-
que le plat est chaud, elle y verse l'org-e qu'elle se met à remuer
avec un petit halai pour empêcher que les g-rains n'éclatent ct
ne se fendillent; quand l'orge est cuite ct devenue hien hlanchà-
trc, elle la sort, et elle la porte toute chaude ù son mari, la
dépose devant lui en lui disant : « Lève-toi donc, la g-rillade
d'o:gc est prête ! >> Il se relève et précipitamment il allonge sa
Inam. Tout endormi encore, il prend de la grillade qu'il met vite
dans la bouche. Aussitôt cette orge sc colle après sa langue:
~lors il se lève et, après avoir craché l'orge, il se met à crier et
a se tortiller jusqu'au point d'en perdre la vie ; - puis il court à
un cruchon d'eau ille saisit le soulève de toutes ses forces et le
' '
penchant sur sa houche il se met à boire alors que la moitié de
l' '
eau se déverse et se répand sur sa poitrine. Puis le cruchon à
lamain ' I'l se''lance vers sa femme et, arrive · ' pres
· d'Il e e, 1'11'eve l c
cruchon ct le lui lance sur la tête. Celle-ci tombe étendue par
terre n e fa1sant
. entendre m. une, m. d eux paro l es, qu 'un cer t am .
ro~flement. Lorsque l'homme l'a vue ainsi, il s'approche d'elle
et Il essaie de la réveiller ct de la faire se lever, mais elle ne
.revient llas a. e ll c ct ne se lève pas du so1 ou. e Il e s ,es t. evanomc
, . :
Il la secoue et l'appelle, il ne peut ni la faire parler ni la faire se
relever
. · - J et ant un coup d ,œ1'l , 1'l aperçOI't que d e l' urme . cou-
1
.1aJt sous les pieds de la femme : -alors il lui re lève l('s effets Pt
1 l .
UJ découvre (1)
p . . . . . . .....
Uis, pour s'enlever le moindre doute à cc sujet, il se met

estlt~ _Pas~a9e obscène que je renonce à tJ·aduit·e. Son maintien dans le texte
qu'onecessJte par la partie lexicologique qu'il importe de développer le plus
risant8pourra. - Ceci ne pouvant donc être intéressant que pour les Berbè-
~·aise ' la suppression de quelques passages obscènes dans la partie fran-
' ne P;ut nuire it l'ensemble du chapitt·e (:'Ilote rie Si Said Boulifa).
380 AU CŒUR IlE J;ATLAS

Aussitôt l'homme sc rclt'wc ct dit i\ sa femiiH' : ,, (ju'tm jPùiH'


d'un an mc soit impos1~, si jP tP g·;lJ'(lP clwz moi ~ Ah ~ tu l'S ainsi
faite, ô femme vul~·airc ! n
Voilà que la femme sc r{weille ct lui dit : « Pourquoi? que t'ai-
je fait? ... n - «Ton
- « Non ! lui r{~pondit-il je ne tP veux plus, allons ! viens avec
moi ehez le qadhi l{Ue jc.rende ton contrat'? ... ,, - " Pourquoi
1lois-je aller avec toi'? lui répliquP la fcmnte, vas-y toi !JUine sues
jamais! » Dôs qu'il est près de s01·tir, la femme court apt•ès lui
Pt Pile le retiPnt: « ÉloignP-toi de moi, lui dit-il, jamais tu ne
~~ottcheras aH'!' moi, ni je couchcmi avec toi !... ,, - " l'onr-
•Iuoi '? » lui dcu\ande-t-elle. - '' Justju'ù cc que nous ayons
récolté les olives, ajoutP-t-il. '' - " C'est hien, lui répond la
femme. '' Celle-ci laisse faire le mat•i et ({Uand il s't'st couché
sl'ul dans une autre chambre, alors elle sc lève et elll' y va tout
doucement : arrivée près de son mat·i Pile lP trouve endormi et
rôvant. Elle s'asseoit près de lui et commence ù lui Pnlcwr les
eü'cts. Lorsqu'elle a fini de l'en débarrasser, elle se faufile sous
le drap sans que lui s'en aper':oive :

l'homme se réveille ct se met à crier: (( Tais-toi, lui dit-elle,


n'aies pas peur, c'est moi qui suis ici ! ... ,, - " (Jue tu aies à
répondre à Dieu de la frayeur que tu m'as causèe ! ,, - " l'our-
quoi? suis-je une dia blesse pour pouvoir fcfl'rayei' '! ,, - " Tu
cs plus que diablesse, lui répond le mari " - « Tais-toi, lui
dit-elle, et approehe-toi done vers moi !... ".
. lui demande-t-elle. n
- '' Non, je ne veux rien ! lui réplique-t-il. - ,, Pourquoi ? lui
dit-elle? n - « Moi, je eherehe à conserver ma santé, lui dit-il,
tandis que toi, tu 11e chet·ehes qu'il Ill!' dèbiliter pour qu'une fois
affaihli, je sois in .. apahlc de faire !fUOi qu(' ee soit; alors tu rirais
clc moi, canaille! ... ))-'' ~on! lui dit-clll'; voiei, cher ami, je
ne fais que plaisanter avee toi; pourquoi? suis-je folle pour vou-
loir eoucher avec toi? Non, à partir d'aujourd'hui, je ne penserai
plus à réaliser ma demande ! n - (< Soit, lui répond-il. " -
« J'attendrai jusqu'à ce que tu aies t'amassé tes· olives. ''
:JS1

Ils restent ainsi sépar«~s; et, quand les olives sont mùres,
l'homme s'en va au milieu de la ruP où il s'arrête Pt dit de toutes
ses forces: « 0 fcmlllCS ! que <fUiconquc a une fille ou un garçon,
Ille l'envoie ù la maison ! n .\ussitôt des filles ct des gar«:ons
accourent auprès de lui: ct chacun «l'eux, gar«;on ou fille s'est
muni de son couffin: tous, ils se I'ClHlPnt ù la maison de l'ho.:Jme
'lUi les a dcmawlés. Cclui-ei SP lè,·p f't lPs conduit vPrs la pro-
priétt~ où il entre le premier, passa11t dPva11t eux, suivi pal'
~cs jeunes ramasseurs. (luand ils sont arriY<\s au premier olivier
tl leur dit: ,, Allons! ramassez les olives de cet arbre. » -Alors
ils se mettent ù l'œuvre et cha<1ue tàcheron ramasse de son coté,
tandis que le propridaire les suit et surveille par derrière. Lors-
qu'ils ont fini de ramasser les olives de cet arbre, ils passent
aussitôt à un autre olivier. Ils continuent ainsi, toujours suivis
du maitre jusqu'ù ee que le soleil se trouve bien haut; alors
eha<}Ue tâcheron se trouvc avoir formé un tas (d'olives) à part,
~ar tout ce que les tâcherons ont ramassé est versé en un lieu
llldiqué pur le propriétaire. YPI'S le soir, fJUUn<l ils ont fini de
ramasser, le maitre prend une mesure avec laquelle il va ll:esu-
rer. toutes les olives qu'ils ont ramassées. Il commence l'opé-
r~hon par les garçons, et lorsque leurs tas d'olives sont mesurés,
e que chacun des tâcherons a reconnu le nombre de mesures
contenues dans son tas, le maitre passe aux tas des filles, pour
lesquelles il va aussi mesurer les olives ramassèes. (luand cette
op· .
erahon est terminée pour tout le monde, il leur 1lit: « Allons!
'!Ue chaque tâcheron prenne son panier; nous allons partir ; à
la maison je vous paierai ce qui vous est dû. n -On se lève, et
le maitre en tête, suivi de tous les ramasseurs, revient à la mai-
son. En y arrivant il frappe fortement la porte que sa femme
accourt lui ouvrir. Il v entre, suivi des tâcherons qu'il conduit
v l .
ers a trappe. Il leur découvre l'ouverture de la trappe ct dJa-
r·un d' eux y verse les ohvcs · rapportl~cs. 1~ors<IU ··1 · 1·
1 s ont tous VH n
1curs ll ·
amers, 1c maitre entre dans la chamhrc, prcw 1 un sac< 1c
1110
· et se mc t en 11cvon·
llnaie d e 11ronzc: 1'l s ·ass01t · <1c l cs payer,
co .
nnnençan t par le premier il lui dit : « Comhien t 'ai-j c mesuré '? ))
; ~' Tant ... n lui r!~pond-il. ,\ celui (}Ui a beaucoup ramassé
ohves , il d onne 11caucoup ù' argent; cc l m. qm. cu a peu ramasse.
382 AU COI.:UR OE L'ATLAS

touche peu d'argent. L'usage chez les Imazir'en, en cc qui con-


cerne le ramassage des olives, est que pour une kharouba d'oli-
ves le tâcheron touche un mitk'al; pour une demi kharouha, il
touche cinq ouak' ; s'il n'a ramassé qu'un quart, il touche dix
oujouh ; celui qui ramasse le huitième, aura cinq oujouh ; celui
qui a ramassé un ak'bou a deux oudjouh (2 oudjouh = 1 fels =
1 centime).
Lorsqu'il les a tous payés il leur dit: « Partez ! que Dieu vous
donne la paix. " - " Devons-nous revenir demain matin? ''
demandent les ramasseurs. - Il leur répond : << Certes, ille
faut ; venez dès qu'il fera jour ! » Alors, ils partent chacun de
son côté. -Le lendemain, tous les tâcherons arrivent et appel-
lent le maitre de la maison. Celui-ci sort et va louer un habitant
de l'ir'rem à qui il dit:« Va, accompagne-les au champ, et veille
sur eux; qu'ils ramassent tout ce qui reste d'olives en attendant
que je vienne avec des ânes sur lesquels je rapporterai les oli-
ves. » Cet homme-là s'en va accompagnant lf's tâcherons au
champ.
Le propriétaire se lève et va trouver les habitants de l'ir'1·em
pour demander des ânes ; tout individu sollicité par lui de lui
prêter son âne, le lui donne. Quand il a réuni un certain nom-
bre d'ânes, tous munis de leurs clwuaris (paniers), il les conduit
au champ. En arrivant il trouve que l'homme et les tâcherons
envoyés avec lui, ont fini de ramasser toutes les olives tombées
seules, et que chacun des ramasseurs est assis à côtt~ de son tas
d'olives qu'il vient de ramasser. Il s'arrête, décharf;·e les paniers
et prend la mesure. Il commence à mesur·er les olives, du pre-
mier jusqu'au dernier tas ; lorsqu'il a fini de mesm·er il appelle
l'homme embauché : ils se mettent tous deux ù charger les
paniers sur les ânes. Le chargement terminé, ils conduisent et
ramènent iL la maison les ânes chargés tles premièr·es olives.
Lors<{UÏls sont arrivés f't rentrés dans l'habitation, ils déchar-
gent les ânes de leurs paniers, qu'ils vont vider dans la trappe.
Les tâcherons se présentent et, quand ils ont été payés par le
propriétaire, ils se retirent chacun de son côté. Puis le maitre
attend quelque temps et quand le moment d'abattre les olives
arrive, il se rend au milieu du marché, il dit it tous ceux qu'il
:183
1
'"~contrc assis, tenant une gaule à la main : << Viens-tu chez moi,
111
abath•c d<'s olives '? ,, - « Si tu veux d'autres batteurs, lui
dit celui-ci, en voilà ; j'ai des camarades avec qui je suis venu
du pays et qui savent eux aussi abattre des olives ? » - « Com-
bien de batteurs êtes-vous? » - « Nous sommes dix. » - «Quel
est celui qui est votre chef "? , On le lui montre ; l'homme va le
trouver et lui demande : « \'enez-vous m'abattre des olives de
C{uatorzp arhrPs ? , - " Combien nous donneras-tu pour fait·e
tomher les olives de ePs arhrPs "? Si tu veux nous ne les ferons à
la tà c1le.·) ~a · · crc~dtt
. · ou a. forf<ut).
. . . ,, -«Venez, leur d1t-tl, · · • que Je
·
vous montre les oliviers. , - Us vont avec lui jusqu'au champ
où il leur fait voir tous ses oliviers. Une fois qu'ils les ont tous
Vus, ils lui disent : « A nous dix, tu nous en donneras cinq réaux
e~ tu nous offriras notre déjeuner? » - « C'est entendu, leur
repond-il, allons ! que Dieu vous aide! , Aussitôt le chef se lève
le premier, se ceint et monte sur un olivier ; les autres le sui-
VPnt et ~ ' apres · av01r · · 1e p rop h ete,
· 1)ent · 1·1s conunencen t c l1acun

de son côté à faire tomber les olives. Lorsqu'ils ont fini d'abattre
toutes les olives du premier arbre, ils en descendent pour grim-
per aussitôt sur un autre.
v01..1
C que quinze ramasseurs arrivent ct se mettent à ramasser
les olive s d es ar b res qm· ont ete · · secoues.
· Il s con t'muen t a· smvre ·
les batteurs en cueillant des olives, qu'ils vont déposer au même
endroit, en plusieurs tas séparés et formés par chacun d'eux.
Vers midi, la femme du propriétaire arrive apportant le déjeu-
ner pour les hattèurs ; celui-ci consiste CIL un grand plat de
couscou
l s· (l' orge, de navets conserves · ct arrose· l L'llUl'l e. QuantL
es batteurs ont fini d'abattre toutes les olives, ils descendent des
at·br ·
~s, 11s déposent leurs gaules et se lavent les mains dans le
hasslll d' · 1·1 s s ' assoten
· t en
.. eau qm· se trouve dans le champ ; pms
s Installant autour du r)lat et ils se mettent à manger. Lorsqu'ils
ont fi 01·
l' de prendre leur déjeuner, le pr·opriétaire sort clc
argent de sa sacoche ct compte au chef les cinq réaux conve-
nus avec eux. - Le chef avant touché l'argent, pl'ix de leur
peine se t' . . •
' re trc must que ses compagnons.
t Alors le propriCtmre · · · rev1eu· t vers l' en d r01't ou' son t d'eposes ' l es
as d'olives, il y tt·ouve tous les ramasseurs qui, la cueillette ter-
AU CŒUR m: L ATLAS

miul'~c. vieuueut sc poster chacun à côt!'~ !le son tas. « Allons,


maitr·e, lui demandent-ils, nous voudrions partir nous aussi ;
la nuit arrive et nous avons fini de tout ramasser ; nous 11 'avons
laisst\ aucun olivier ! ... » - << Que Dieu vous donne la santé,
lem dit-il, patientez un moment; et, c1uand les ânes seront
ar·rivc)s, vous m'aiderez ù eharger sur eux les paniers d'oli-
ves; ù la maison je vous paierai, à vous aussi, cc qui vous est
dù. " - Les àncs arrivent, amenés par so11 hcau-frère, le frèr·c
de sa fcmmP. On prend les paniers remplis d'olives, on les u1et
sur les haudets ; chaque âne est chargé d'un panier-double
(clwuari). Lorsque tous les chouaris sont placés sur les ânes, on
r1uui•nc ceux-ci vers la maison. En y arrivant, le mari frappe
à la porte que sa femme vient aussitôt lui ouvrir. On fait entrer
les llncs ct ou les décharge de leurs ehouaris que l'on va vider
dans la trappe. Puis le maitre appelle les ramasseurs qui vont
avec lui jusqu 'à l'entrée d'une pièce où sc trouve dt> la lumière ;
lit, le pah·on tire mt sac contenaut de la meuue monnaie, et,
appelant les ramasseurs l'un après l'autre, il leur paie leurs
peines. (.Juand il a donnè à tous les ramasseurs le salaire qUI
leur est dû, ils se retirent et partent chacun de son coté.
Lorsque l'abattage et la cueillette des olives sont terminés,
uu mois après, le propric)taire se lève pour aller au marché,
où il achète trois petits sacs en palmier uain ; après les avoir
tr·cmpés dans l'eau, il les rapporte à la maisou. Aussitôt arrivé,
il appelle sa femme et lui dit : << Femme, ouvre la trappe ct
apporte-moi un eouffin d'olives ; nous allons les expérimenter
pour savoir si elles lli'Omdtcnt une honne récolte ou non ! '' -
La femme va ouvrir la trappe, Pile remplit le couffin avec des
olives qu'elle apporte ù son mari ; elle lui procure ég-alentcnt
deux pier·r·cs dont l'une est grande et large et l'autre plus
petitt• ; puis elle s 'asscoit l'Il face de lui ; elle prend quelques
poigul~f'S d'olives t]U 'elle place sur la pierre lar•ge et qu'elle
{~cras(• an•c la petite pierre. LorscJUC les olives sout hien écra-
sées et qu'elles fot•meut uue plltc, l'homme prend un petit sac
de palmier uain, le met da us un gros plat ; puis il remplit le sac
avec ees olives écrasl~es. <)uawl celui-ei est bien plein, l'honlnle
prend un deuxième sac qu'il remplit ég·alement d'olives écra-
Mot:URS ET COI.:TUMRS BlŒBtRES

sées et qu ïl place sur le préc<\tlent. Passant au troisième sac, il


le remplit et le met bien plein, sur les autres. Puis il se l~ve et,
aidé de sa femme, ils prennent le gros plat qu'ils vont placer
eu un lieu où le soleil donne ; ensuite la femme va chercher
une meule de moulin qu'ils mettent sur les petits sacs ; ceux-ci
sont laissés là dans le grand plat, exposés au soleil ; dès que
les sacs pressurés par la meule sont échauffés par le soleil,
l'huile commence à s'en échapper et à couler abondamment :
~Ussitôt que l'homme s'aperçoit que l'huile s'échappe des sacs,
ll se met à rire de joie, car ceci lui démontre que ses olives lui
donneront nue bonne récolte d'huile. S'il avait constaté que ses
olives ne donnaient pas assez d'huile, n'étant pas suffisamment
mûres, il les aurait laissées passer une année avant de cher-
cher à les travailler. Il appelle sa femme et lui dit: « Viens
femme, viens voir des larmes de chacal ! » - La femme accourt
et dit: « Que Dieu en soit loué! ,, - « Va, fais-nous du pain,
que nous mangerons avec de la nouvelle huile dont Dieu nous
a gratifiés ! » La femme court vite prendr~ de la farine d'orge,
la verse dans un grand plat, où elle fait fondre dans un coin
~:peu de sel ; puis elle se met à ,tr~mper la farine a~e: de
. _u, quand elle est pâte, elle la petrit ; quant au mari, Il se
dtrtge vers l'entrée de la maison dont il ferme la porte en la
calant avec une perche pour empêcher toute votsme . . d e vemr .
~t ~e voir le produit de leur récolte, ce qui leur porterait pré-
JU~tce par suite du « mauvais œil ,, . - Une fois que le pain est
~~t,, la f~mme le prend et le sert tout ch~ud deva~lt s~n mari.
s assOient tous deux et après s'être laves les mams, Ils com-
lllencent
h . a, manger en ch.sant : « A notre san t e,, a, no t re sante,
,
tille nouvelle ! Souhaitons d'en avoir autant l'année prochaine
et <{ne celle-là nous retrouve pleins de vigueur ! ..... »
Lorsqu'ils en ont mang·é à satiété, l'homme se lève ct dit :
(( p
"" ~mme, prends une gourde, remplis-la <l'huile, j'irai en
h~r~lr. toutes les lampes des lieux saints, afin d'attirer leurs
d~~le.dtctions sur notr<' huile. , Il part, muni de la gourde pleine
1 mle; arrivé à cha<JUe marabout, il entre, et en garnit les
~mpes. Quand il a fait le tour de tous les lieux saints de la
re ·
gion, sans que personne l'ait vu, il rentre chez lui. Le lende-
!5

·~
386 AL CŒCR DE r.'ATLAS

main, il va trouver le propriétaire du moulin à huilt>, qui en a


la clef. Muni de la clef qui lui a été remise, il sc rend au
moulin, l'ouvre et y entre pour examiner les instruments et
ustensiles du moulin et pour que, dans le cas où il manquerait
quelque chose, il puisse en aviser le propriétaire qui l'achète-
t'ait. Comme il l'a trouvé en bon état ct que rien n'y manque, il
Pn sort et referme la porte, met la clef dans sa sacoche, revient
chez lui ct dit à sa femme : « Voici, je viens de louer le moulin ;
clemain nous entamons nos olives ; il ne nous reste qu'à les
{~crascr ! '' - « (Jue cela soit pour notre honheur et notre santé,
lui répond la femme ; envoie chercher mon frère pour t'aider ;
avec des bêtes de somme il te portera les olives au moulin. ''
Le lendemain, le beau-frère arrive et commence à prendre
des olives qu'ils transportent sur des bêtes de somme, ànes et
mulets, au moulin où il les verse dans le dépotoir; le transport
sc continue ainsi jusqu'à cc que la trappe soit complètement vide.
Alors l'homme se rend au marché où il parle à quatre individus,
avec lesquels il convient du salaire qu'il leur donnera pour lui
moudre ses olives. Il arrive donc avec eux au moulin où son
beau-frère apporte et fait entrer tout d'abord uu cruchon d'eau,
pour que le moulin se remplisse ensuite d'huile. Lorsqu'il a
déposé le cruchon dans un coin du moulin, les autres entrent
après lui; c'est le pourvoyeur qui se tient debout sur la maie;
puis celui qui verse des olives sur les côtés de la meule ; ensuite
celui qui ramasse la pâte d'olives écrasées ; enfin arrive le qua~
trième, celui qui est chargé de garnir avec des olives écrasées
les scourtins que l'on pressure pour en extraire de l'huile. Lors-
qu'ils sont tous entrés, ils mettent leur ceinture avec laquelle ils
relèvent et fixent leurs vêtements. Puis le pourvoyeur monte sur
la table et, avec la main, il se tient après le pivot après lequel
est maintenue la meule qui y est appuyée. Le propriétaire deS
olives survenant saisit la traverse de bois (essieu) passée dans le
trou central de la meule ; tandis qu'un autre prend des olives
avec un couffin qu'il vient vider aux alentours de la meule au
milieu de la maie. Lorsqu'on a fini de verser des olives tout
autour de la meule et sur toute la table, le pourvoyeur dit:
<< Allons! au nom du Prophète ... » Alors le patron commence à
MOEURS ET COUTm!Es BERBΌ~:s :l87

pousser l'éparrc ct la meule sc met à tourner, tandis que le


pourvoyeur, la suivant par derrière, pousse et remet les olives
sous la meule avec son pied droit. Lorsque la meule passe sur
les olives, elle les écrase, et le pourvoyeur d'un coup du pied
gauche, retire de côté ces olives écrasées. La meule roulant alors
plus vite, le pourvoyeur la suit derrière tout en manœuvrant
avec ses deux pieds ; du pied droit il pousse des olives sous la
llleule et du piecl gauche il retire celles sur lesquelles la meule
a passé.
Cu autre ouvrier survient · il ramasse les olives écrasées
forlllant une pâte appelée ahaf!lou et les met dans un couffin.
. . en est remp l'1, 1"l 1e passe a. ce l m. qm. es t d es-
Lorsque ce l m-c1
cendu dans le scourtin placé sur la maie du pressoir. L'ouvrier
garnisseur prend les olives écrasées, les verse dans le scourtin
~ont il bourre les différentes parties avec une barre en bois ;
. orsque ce scourtin est fortement garni de cette pâte d'olives,
Il f~it. descendre un autre scourtin qu'il place sur le précédent
~Ul VIent d'être garni. Il monte et entre dans le deuxième scour-
hn où il v erse l es ol'1ves ecrasees,
, , 1"l proce. d e pour ce d euxwme ..
~courtin comme il avait fait pour le premier.- Le deuxième
eta~~ bien rempli d'olives écrasées, il fait encore descendre le
trots1ènle scourtin qu ïl garnit de pâte et qu'il bourre avec la
barre d e bots.
. - Le garnissage des scourtms . t ermme, . , 1"l d"t
1 :
(( Allons ·' au nom du Prophète ... ! ,, Aussttôt
. l e proprtc
. 'tatre
.
1
dàche l'épa rrc qu ··1 · ct 1a meu1e s ' arre't c ; 1e pourvoyeur
1 poussait
escend de la maie ; il prend des rameaux d'oliviers formant
un balai , 1·1 sen
' sert pour nettoyer toute 1a maw, · et, l orsqu ··1
1 a
alllassé tout cc qm· reshnt · l l' o1·tves ecrasees
' ' d ans 1a mate,· 1"l l e
tnet
E dans. l e couffin
. (1u'tl
. va vtder . d ans l c d ermer
. scourt'm.
~~Ulte les quatre hommes arrivent ct prennent deux paillasses
qu Ils pla cen t par dessus 1' ouverture d u l l ermer
· scourt'm ; sur
ces paillasses ils ajoutent deux fortes traverses ; puis tous les
quatre
t ' ile-" sou
· t'tennent 1es scourtms
· pour qu '"l
1 s n ' at"ll en t pas l l c

d ravers t d'
' an ts que le patron prend le bois de la vts . qu '"l 1 tourne
ans le se ns, d e l a d rmte
. ct 1a presse commence a. s ' a b atsser .
vers 1 11
r a P e de scourtins; dès qu'elle est descendue sm· le scour-
ln supérieur, l'huile sc met alors à couler sur la maie d'où, par
388 Al; COt<:t:R DE L'ATLAS

un petit conduit, elle va sc déverser dans la première citerne.


Lorsque celle-ci est remplie, l'huile et les morges passent dans
la seconde, de la seconde dans la troisième. Dans la première
pile il ne séjourne que les morges ; quant aux autres, elles con-
tiennent des morges ct de l'huile, celle-ci restant flottante à la
surface des morges.
Au milieu de la journée, la femme du propriétaire arrive
, apportant aux ouvriers leur déjeuner. Aussitôt le:; hommes se
lèvent, prennent de l'eau à la jarre et se lavent les mains ; puis
ils s'installent et se mettent à manger du couscous d'orge aux
navets conservés arrosé de beurrP-. Lorsque les hommes ras-
sasiés ont fini de manger, la femme ramasse les ustensiles et
s'en retourne à la maison. Quant aux hommes, ils allument du
feu en face des scourtins pour que ceux-ci s'échauffent et que
l'huile s'en dégage. Ccci fait, les ouvriers reprennent leurs
effets, sortent pour aller vers le canal ; là ils déposent leurs
effets à côté d'eux et se mettent à sc nettoyer et à se laver. Leurs
ablutions faites, ils reviennent vers le propriétaire à qui ils
disent : « Voici ! nous allons partir et nous te laissons en paix ! ''
- « Volontiers, leur dit-il, demain dès qu'il fera jour, soyez
ici. » - Ensuite il leur donne de quoi s'acheter à souper :
« Demain, lui répondent-ils, nous remoudrons les tourteaux,
tenez prêt le bœuf qui nous permettra de faire l'opération. » Les
ouvriers partis, le patron ferme la porte du moulin, met la clef
dans sa sacoche et s'en va lui aussi à sa maison, auprès de sa
femme qui lui dit : « Avez-vous fini d'écraser les olives? » -
« Il nous en reste encore ; demain, nous amènerons un bœuf
pour remoudre les tourteaux. " -La femme lui sert le dîner et,
après avoir soupé, il se couche.
Le lendemain, le propriétaire se lève de bonne heure, déta-
che le bœuf, le fait sortir de l'étable ct le conduit devant lui jus-
qu'au moulin. En y arrivant, il ouvre la porte avec la clef ~t
fait entrer le bœuf; il prend le joug, le lui place sous le poitrail
et, avec des cordes passant l'une par la droite et l'autre par la
gauche, fixées au-dessus du garrot, attache l'animal à l'éparre
de la meule, éparre avec laquelle il faisait tourner le moulin le
premier jour. Les quatre ouvriers arrivent et, dès leur entrée,
llŒURS ET COUTlillES BERBÈRES 389
ils trouvent que tout a été préparé. Après un coup d'œil sur les
scourtins, ils s'aperçoivent que ceux-ci sont secs. - Alors le
~ropriétaire va ouvrir la porte <les citernes, et, après examen,
11 trouve les deux premières remplies ; l'huile a même débord(~ !
Quant à la troisième pile, elle n'est qu'à moitié pleine. Il referme
la porte des citernes ct revient vers les ouvriers qui, s'étant
préparés au travail, s'attaquent aux scourtins. De son côté il
prend la: harre de la vis, l'engage dans sou trou et se met à tour-
n.er vers la gauche et à faire remonter la presse. Quand celle-
Cl est hien remontée, les ouvriers retirent les traverses et les

paillasses qu'ils jettent de côté; puis, le prenant avec leurs mains


c~acun par un côté, ils soulèvent le premier scourtin qu'ils vont
deposer sur la table de la meule. Là, ils le vident avec une pio-
che ; puis, passant au deuxième scourtin, ils le saisissent ct le
portent, lui aussi, vers la meule où ils le vident et le secouent.
Enfin ils prennent le troisième scourtin et vont le vider oü ils
ont vidé les autres. Les scourtins mis de coté, le pourvoyeur
remonte
.. sur la maie et ' se tenant debout derrière la meule, il
satstt un long hàton avec lequel il aiguillonne le bœuf quand il
lW veut pas marcher. Il dirige le bœuf ct lui cric : « Allons!
Inarche! » Alors le hœuf tire ct marche tandis que la meule
~ourne et écrase les tourteaux desséchés; le pourvoyeur se met
a manœuvrer comme la première fois ; il pousse les tourteaux
sur lesquels la meule a passé, et les fait sortir avec son pied
~auche. Alors la femme du patron arrive et leur apporte de
1ea u b'ten chaude qu'ils répandent sm· ces grtgnons.
· Quand 1'1 s
sont hien écrasés, le pourvoyeur les fait sortir de la meule; d'au-
tres · ·
, arrtvent, retirent cette pàte pour la mettre dans le scourtm
ou
. l'h omme à la barre l'entasse ; lorsque ce scourtin est p cm, l .
ils en garnissent les autres. Puis ils prennent et dressent sur la
table du pressoir · 1cs scourtms 1 s p1acen t l' un sur l' au t re ,·
· qu ··1
ensu't 1 ·1
e l s font descendre la presse.
Le bœuf dételé, la femme sc lève, l'attache par les cornes avec
sa ~einture pour le trainer, et elle revient chez elle. Quand elle
a:rlVe à la maison, elle l'y fait entrer ct elle lui donne du son
d orge délayé dans un grand plat avec de l'eau tiède et un peu
de sel.
3HO AU CŒUR IH~ L'ATLAS

Lorsque les ouvriers ont déjeuné, ils sc lèvent et allument un


grand feu devant les scourtins, comme ils l'avaient fait la pre~
mière fois. - Puis reprenant leurs efl'ets, les ouvriers disent au
patron : << Que Dieu tc rende hon, un tel, notre d11sir est de nous
retirer ". - " llcvcnez demain, leut' 1'1~pond-il, nous mesurerons
l'huile! "
Le lendemain, dès quïl fait jom, le propriétaire sc rend au
moulin, ouvre la porte ct examine les scourtins qu ïl troüve bien
secs ; ensuite, il va ouvrir la porte des citernes qu'il trouve plei~
nes 1l'huilc. Quawl il descend sa main dans la dernière pile,
elle y est aussitôt arrêtée par la paillasse : << Bénis, ô mon Dieu !
sc dit-il. ))
Les ouvriers de retour changent de vêtements, mettent leurs
ceintures ct sc rendent auprès des scourtins; ils remontent la
presse ct dégagent les scourtins dont ils vident les g·rignons sur
la maie. Les scourtins vidés et. secoués sont mis de côté. Puis sc
muniss-ant des eouftins avec lesquels ils prenaient de la pâte
d'olive, ils ramassent les grignons qu'ils vont déposer dans un
coin du moulin, où ils resteront jusqu'au moment où le boulan~
ger, qui s'en sert pour faire cuire du pain, les enverra cher-
cher.
Ensuite, le propriétaire du pressoir arrive, portant sur sa tête
un petit plat en bois et tenant dans sa main droite une mesure
ct dans sa main gauche un vase en hois. Il dépose le tout devant
lui, à l'entrée du moulin, et il s'assoit attendant que l'on com~
menee à mesurer.
Le beau-frère du propriétaire de l'huile arrive, amenant avec
lui des ânes dont chacun est chargé de deux jarres vides placéeS
dans un chuuari; on prend les jarres que l'on met par terre l'une
à côté de l'autre; l'ouvrier-pourvoyeur va ouvrir la porte des
citernes ; il saisit une jarre ct le vase qu'il porte jusqu'à l'ouver~
ture de la dernière citerne ; puis il se met à puiser avec le vase
de l'huile qu'il verse dans la jarre. Quand celle~ci est pleine, il
la prend et va la porter à celui qui tient la mesure placée dans
le plat. - On mesure ainsi l'huile que l'on 'reverse dans les jar~
. res, et lorsque celles-ci sont remplies on les charge sur les ânes,
au moyen desquels le beau-frère les transporte à la maison. En
MŒURS ET COt:TUllES BERBÈRES 391

arrivant, celui-ci donne ees jarres à sa sœur qui va les vider


dans d'autres jarres plus grandes. Puis il revient au moulin avec
les ânes pour y prendre les autres jarres quïl avait laissées
remplies d'huile .
. L'opération de mesurage termint'~e, l'opérateur laisse uue
Jarre d'huile au propriétaire du moulin comme prix de location
de la meule ; puis il prend une autre jarre dont il partage le
contenu entre les quatre ouvriers, en donnant à chacun d'eux la
moitié de la mesure.
~nsuite, le houlanger qui eherche à acheter les grignons
arrtve, et dit: « Où sont les tourteaux que tu désires vendre? »
- Le propriétaire de l'huile lui répond : « Les voilà devant toi,
dans
. · d u mou1·m. , - J\ pres
le com · 1es avotr · exannnes,· ' 1'l l m·
dit: «Combien dois-je t'en donner? n - « Donne m'en tant! »
l~i demande-t-il. - « Entendu, lui répond le boulanger, que
Dt~u avec cela nous fasse réaliser un gain ! )) Puis il lui paie le
prtx convenu des grignons qu'il vient d'acheter, pendant que le
propriétaire de l'huile lui remet la clef en lui disant : (( Quand
tu auras achevé d'enlever tes tourteaux, tu la remettras au pro-
priétaire du moulin.·,, Ensuite les deux hommes sc séparent ; le
propriétaire rentre chez lui avec son heau-frèrl' IJU ïl retient ù
souper; le diner Hui il lui donne une mesure d'huile : le beau-
frère . l' ' .
I'h . se eve, prend congù de sa sœur et sen vn mt emportant
Utle qu'on vient de lui donner. ·
. Le mattre de la maison sort pour fermer la porte. A son retour,
tl
F trouv e que sa femme est allée se coucher seu1e uans .1 ••
une pte ce.
ermant donc la porte de cette chambre, il se déshabille et s'ap-
proche de sa femme avec le désir de coucher avec elle ; voilà
~ue celle-ci se lève de cet endroit et fuit dans une autre cham-
,re : 11 Où vas-tu ainsi, femme, lui demande le mari? >l. - Il se
l
deve lui ausst,· court dcrrtère
· elle, entrant en meme· t emps <JU 'c Il e
ans la chambre et se met à la cajoler ct à la flatter alors !JU ïl
~st en chemise, car il a laissé tous ses vêtements dam; la cham-
re précédente. - 11 Va-t-en, lui dit-elle, il y a eu contre moi un
serment 1 . ~~ .
. par equelje ne dois jamais coucher avec tot! » - <1 mot,
~: ~e fa~sais que plaisanter, lui répond-il, un serment ne peut
Otr prtse
. sur mot,· car Je · t on mar1· 1eg1
· suts · 't'Hne. " - T01,· t u
(<
392 AU CŒUR DE L'ATLAS

n'cs, lui dit-elle, qu'un fils d'une femme malhonnête. Et le


moment où tu as voulu me répudier? ... Donne-moi deux gifles
pour que tu ne sois pas parjure !. .. '' - '' ~on, lui répond-
elle, il m'est défendu de passer ma main sur ta figure ! . · · "
- <• Je ne t'en voudrais nullement, lui répond-il. » En
disant ces paroles, il serre sa femme contre un coin de la
chambre, cherchant à l'attrappcr, mais elle lui échappe en
disant : ,, Si tu ne veux pas que je sois parjure, laisse-moi
tc demander une chose'? " - " Parle, lui dit-il, quelle est cette
chose ? '' - « Donne-moi ta main, lui demande-t-elle, et jure-
moi par Dieu ... ; mais tu me laisseras faire cc que je veux, afin
qu'entre toi et moi le serment que j'ai fait passe et soit sans effet;
en second lieu, allons, ami, viens ! Asseyons-nous car il n'y a
pas de paroles sérieuses étant debout ... ! » - « Me voici assis,
parle, et dis ce que tu veux, mais ne me débite jamais de men-
songes ! ... »-" Je connais la voie que Dieu me recommande
de suivre, lui dit-elle : il faut que je mc conduise avec toi en
femme honnête et que je t'obéisse ; Dieu t'a fait, toi aussi, pour
être mon mari lég-itime, ton devoir est de te soumettre à m~i
comme je suis sou~misc à toi ; mai11tenant tu vas me laisser faire
de toi ce que je désire, comme tu peux faire de moi tout cc
que tu veux '? ... » - « Soit ! lui répondit-il, maintenant, que
signifie tout ce discours? » - << Donne-moi tes mains, lui dit-elle,
allong·c-lcs en· arri<)re ; une fois attachées, je les relâcherai.
Ceci fait, tu feras, toi, ce que tu voudras de moi. » - << C'est
une parole sensée que celle-ci, lui dit-il. » - Il se retourne et
il lui donne les mains en arrière sur le dos ; la femme tire le
lien avec lequel elle relève les manches de ses vêtements, le
tord en un seul, puis elle s'eu sert pour lui attacher forte-
ment les mains, en y mettant trois nœuds l'un après l'autre:
ensuite elle sc lève pour sorti1· nt le mari 1'interpelle en lul
disant : - << Où vas-tu '? " La femme lui répond : « Patiente un
peu, je vais faire mes ablutions. » - << Dépêche-toi, ne reste
pas longtemps, j'ai les mains qui vont se couper. » La femme se
met à rire et lui dit : <<Comment'? toi qui cs un homme, tu peux
bien endurer quelque chose de plus fort que ceci ! » - Elle
sort ct ferme sur lui la porte cH le laissant là seul dans l'obscu·
~HEURS ET COUTU~IES BERBÈRES 393
rité ct le froid : « Pourquoi, lui crie-t-il, m'enfermes-tu ? " -
" Je nte venge de toi, lui répond-elle, ne m'as-tu pas dit que tu
me répudierais lorsque tu aurais terminé ta récolte d'olives?
.Maintenant que tu as ramassé tes olives, allons ! viens me ren-
dre mon contrat devant le !.:â'dhi :> ... n - " Quclle honte, ô
Ines yeux !... , lui dit-il ; en ee moment-là, jc ne faisais quc
plaisanter avec toi ... ! n - c< l\loi aussi, lui réplique-t-elle, je
ne fais aujourd'hui que rire avec toi. ' ' - " Ceci est hors de plai-
santerie
.
1 · .1·t ·1 ., · 1 · ·
, , Ul ut -1 ; J m es mams qm se coupen
t e t. 1e corps
q~t s enfle de froid ! , La femme lui répond : " Qu'un jeùne
du~ an me soit imposé si, comme tu m'as laissée pendant un
mots releguée en un coin, pareille à une chienne, sans faire
aucun cas de moi, je ne te laisse pas à mon tour coucher seul
cette nuit !... ,
Après lui avoir dit ces paroles, elle gagne une autre pièce
dont elle ferme la porte et s'y couche seule laissant son mari
appeler de l'autre chambre où il était resté ; elle fait la muette
et ne lui répond pas. Alors il se lève et va vers la porte qu'il se
me~ à frapper avec ses talons, en criant et en disant : « Sauvez-
mot, ô créatmes de Dieu! Holà ! une chrétienne mc tue ! voici
que je suis trahi chez moi ! ... ,, Les voisins entendant les cris au
milieu d c 1a nm·t , se lèvent et arrtvent
· mums · c h acun d' un gros
hàton t 1 ·
. ' oyan que cc sont des vo eurs qm on t pene
cr · 'tre' d ans sa
ntatson. lls accourent tous et se mettent à frapper contre la
porte avec leurs bàtons en disant : « Ouvrez donc ! Que vous
· de la sorte?>>-. JAt f emme se l'eve, va vers
est-il arr·tve' pour crter
1
~ porte et, se tenant derrière les battants, ct à travers les inters-
hec~, elle leur répond : cc Il n'y a tiUe le hien ; seulement mon
ntart est devenu un peu fou; il a déchiré tous ses vêtements ;
chaque fois que je cherche à lui passer quelque chose, il cher-
che à m e mordre! Je viens de 1m. donner un vase pour bmrc . ;
après l' avotr · prts,
· il l'a cassé sur moi ... ! C' est moi tf til· sms
malheureuse . .

Dès qu .l . . · . . d. . . 1. . :1. . ,:1 . . t ·, . · .


e e mart enten ces paro es, vm a qu 1 se me a crter
de sa ch b .
am re et à dire aux gens : « Non! elle ne fait que vous
mentir, la mauvaise la damnée! Entrez, vous verrez ce qu'elle
. '
39-i AU CŒUR DE L'ATLAS

m'a fait, la fille de chienne! ... n Les gens demandent à la femme:


" Ouvre, nous verrons cc <1uïl a'? » - " .\llez vous o<·cupcr de
vos affaires; vous n'avez rien à me réelam!'r : vous IH' pouvez
violer ainsi ma pudeur au milieu de la nuit pour une afl'airc qui est
entre mou mari et moi ! ... n .\lo1·s les gens sc retir!'nt en disant :
" Soit! nous nom; retirons ct cie main matin nous reviendrons voir
<juel g·curc de djinn le possède ct le tourmente ! >> --,--Ensuite tous
les voisins accourus rentrent chez eux. Quand tout le monde est
parti, la femme prend un peu de braise ct allume sur un fourneau
du feu c1u'elle anime avec un soufflet: et, <JU<IIld tout le hrasicrcst
devenu ardent, elle rouvre la porte de la chamhrc où se trouve
sou mari, elle y apporte le brasier dans lequel elle jette de la
r<;sinc odorante et prenant les efl'ets de son mari, cll<' les passe
au-dessus du brasier. Lorsc1uc les vêtements soumis à ces fUini-
gations ont été réchauffés, la femme <'Il revêt son mari, puis
elle prend le brasier qu'elle va déposer devant lui en lui disant:
.\ssieds-toi ct ne m'en veuille plus ! - Tout ceci n'est que
plaisanteri<' car je ne voulais que m'amuse!' avPc toi. ,, -Après
avoir hien installé le brasier devant le mari <JUi s'Mait mis à se
réchauffer, la femme sc lève, ramasse tous les hàtons qui se
trouvent dans la chamhre ct va les jeter dehors, dans la cour:
alors le mari sourit et lui dit : " Qu'est-cc qu ïl tc prend pour
jeter ainsi ces batons'? ,, Elle s'approche de lui, elle le prend
par la tête, elle lui toUI'IHl sa faec vPrs elle ct SP met à l'embras-
ser à la bouche ct dit ('Il riant : " .)<' ne jette les hàtons que par
la erainte d'en être frappée quand je t'aurai dMaché les mains!,,
- « Tu n'as rien à craindre de moi, lui dit-il ; je ne veux rien
te faire; c'est toi qui dois me dire pour quel motif tu m'as fais
cela'?,, - « As-tu oublié, lui réplique-t-elle, toi qui es un
homme'? Moi, je n'ai pas oublié cc que tu m'as fait pendant
tout le mois pass{~ ! ... ,, - « lMtachc·moi les mains, ensuite nous
oublierons tout 1·e qui s'est passé ; je tP promets devant Dieu
quü je ne te ferai jamais rien <JUe de ton consentement ; est-cc
que l'on ne sait pas que depuis les temps les plus anciens,
l'homme est auprès de la femme comme la queue du coq ; de
quelque côté que souffle le vent, elle y tourne toujours ! Suis-je
insensé pour vouloir te faire quoique ce soit'? Si je te fais quel-
llŒURS KT COUTUMES BERBÈRt:S 395
!}Ue chose aujourd'hui, tu peux nù·xposer demain à la foule. »
-" Non, lui dit-elle, je ne le ferai jamais; c'est que ,j'ai été
habituée à ton amour; maintenant, je me soumets à Dieu ct à toi;
fais· d e mm· cc que tu· veux, je suis entre tes mains. » - 1)ms ·
elle sc lève, elle dre:sse le lit sur lequel ils se couchent ; elle y
met par-dessus une couverture dont elle }aissC' une bonne partie
pour se couvrir; puis elle se débarrasse des vêtements dont
elle est vètue, ct reste toute nue, telle !JUe sa mère la mit au
lllonde.
Lorsque son mari la voit ainsi, il dit : (( Allons, amie, défais
mes mains et déshabille-moi. je désire aussi me coucher ... ! »
Elle s'approche de lui, elle le débarrasse de ses habits, ensuite
cU~ dénoue le lien avec le!JUel elle lui a attach•) les mains,
PUts elle le r ou 1e a· co, t e· u..~, e Il e. . . . . . . . . . ·
Ils dorment jusqu'à ce qu'il fasse jour; les voisins qui étaient
~enus frapper ù leur porte la veille, reviennent et trouvent
lhomme avec un esprit aussi lucide que le leur; ils lui deman-
• ·• << Qu ·est-ce que tu avais hter
dent · pour crter
· au nu·1·1eu d e l a
nu tt ')• n - << Oh '• ne m 'en parlez pas l Ce que J. ' a1. eu, .Jamats
. . un
c~oyantne l'eut. C'est au moulin que j'ai été touché; je ne suis
de~arrassé du djinn qui m'a bouleversé l'esprit qu'après avoir
prts une drogue préparée par ma femme. C'est grâce à ce breu-
vage ~uej'ai rec&nquis mon bien-être.» Les autres lui répondent
en lm disant : << Ami, tu n'as rien à dire ; tu t'es fait bien du tort
et tu n'as qu'à en vouloir à toi-même car après avoir récolté ton
huile , t u aurats· dù en prélever une ' parhe · et l a d'IS tr1'b uer aux
pauvres ; tu aurais pu même en donner un peu à tes voisins, et
t~ut cela pour que rif'n ne t'arrive. :Maintenant, fais l'aumône
dUne partie de ton bien car cette charité te préservera contre
le s ma1heurs et les maladies ' ... »
:J96 AU CŒUR m: L'ATLAS

AÏT AÏÇI

G. u •

·)
RENSEIGNEMENTS
GEOGRAPHIQUES ET STA'I'ISTlQUES

H'AH'A (tamazirt lh'ah'en)

L'organisation politique et sociale des H'ah'a a été magistrale-


ment 't d'. .
eu lee par le professeur Ed. Doutté (1). Mes rensmgne-
m~nts, postérieurs à ceux qu'il a recueillis, confirment en tous
point~ sa monographie, ct tendent seulement à en compléter
certams détails.
t Les H'a h' a sont Berberes
· · parlent exc Iustvement
· 1ls · 1a 1angue
antazirt .Pourtant les fractio~s qui confinent à la tribu de Chiadma
~e ~e~·ent également de la langue arabe. Les Chiadma faisaient
~adls partie de la tribu de H'ah'a ; ils se sont arabisés au con-
act. des Ahda et des Oulad Beç-Çbàa, et sont aujourd'hui si
rofondément séparés de leurs frères berbères qu'ils font partie
u/eff de Mtouga, ennemi séculaire des H'ah'a (2).
•Cs hommes cJp H'ah'a sont de taille moyenne, secs, vi~ou-

m!~t ~ulletin du Comite de tAfT'. Franç. M. Ed. Uoutté a publié égale-


teno · .'1/errakech, .lfonographie de.~ lfalw, Les grands qaïds; cl nous
8
ad,..} à exprimer· notre admiration pour sa haute érudition et pom· ses
.... rrable· t. .
(2) P s r.avaux (.Janvrer 1905).
A.hd 1 ou_r recompenser le loyalisme du tJaïd Enflous le Sultan Mouley
e -Azrz lui confér·a le commandement de la confédér·ation de Haha.
398 .\li CŒlm IlE r!.\TLA~

r<'ux, bruns. Ils sont braves et qwwellcut·s; les ruines qlll


jonchent leur pays attestent leur comhativiU~. lls vont toujours
tête nue et rasée. Ceux mêmes qui portent la rezda, le turban,
enroulent seulement la bande de coton blaue autour de leur tête,
mais laissent le sommet du crâne à découvert.
La tribu obéissait autrefois à un seul ehef le qa:id el-Hadj Abd
Allah Ould Bihi, qui g~uvernait également une partie du Sous.
Le sultan Sidi .Mohammed fit empoisonner ce trop puissant
vassal et partagea les H'ah'a en quatre qaidats. A l'heure pré-
sente, la tribu est diviséP en deux camps par suite de la querelle
des deux qaids Enflous el-Neknafi et Mbarek el-Guellouli. Ces
deux chefs se disputent le commandement des Ida ou l<;arn et
df.'s Ida ou Gord' dont le territoire est particulièrement riche en
pierre à chaux, en bois de construction, en charhon de bois,
en huile d'argan. Le ~eknafi tient ses titres de propriété du
:\laghzen auquel il a versé 40.000 douros. Le Gucllouli a les
mèmes titres, acquis postérieurement, au prix de 60.000 dou-
t•os (1). Cet exemple des concessions ct des prévarications du
gouvernement marocain n'étonnera personne de ceux qui recon-
naissent le Maroc. Quant aux populations objet du litige elles
ont payt~ l'impôt entre les mains du premier acquéreur, le ~ek­
nali; elles se voient menacées d'avoir it payer au second, et le
repoussent de toutes leurs forces.
L'homme de H'ah'a est travailleur, il cultive soigncuselllent
son sol pierreux. Grâce à l'abondance des sources, qu'explique
le voisinage de la montagne, il a de beaux vergers, de vastes
olivettes. L'arganier est une richesse naturelle qu'il recueille
avec soin. Il fait un important commerce de miel et de cire, et
un sérieux élevage de chèvres dont les peaux s'exportent bien.
:\log·ador est un admirable marché où convergent tous les pro-
duits du Sud (2). Les H'ah'a n'ont que peu de chevaux. Le che-
val est animal de combat pour eux. Les travaux <'t l<'s transports
se font à dos de mule ct dl.' chaiiH'au.

(l) En 1904.
(2) Le qaïd Enflous assure la sécurité des cat·avanes en multipliant les
postes de surveillance, les nt:ala; mais ces nzala pet·çoivent des dt·~s de
passage si élevés qu'elles enh·avent le transit.
H AH A :199

Au point de vue relin·ieux les H'ah'a appartif'nnent, en majo-


rité, à la confrérie <le: ~aciriin. La confrérie des Derqaoua
cotupte aussi beaucoup d'adeptes ; h•ur chef est el-Hadj Saïd
Hareghaïd, résidant à Sidi hou Rja. Les Tidjaniin, assez peu
nombreux, reconnaissent pour chef le très influent chérif Sidi
~lohemd ou Til di, rt)sidant à .\" f'knafa, <lf' qui lP qaïo Enflons
e oct·1ement les conseils.
~'cout d

La tribu de H'alùt est partagée eu quatre qaïdats. Les <Iaïdats


sont <livisées en fractions (les H'ah'a disent QM!a).
HAHA. - .\"eknafa, Ida ou Gord, Ida ou It;aru, Aït Zf'l-
ten, Ida ou Zemzem, lda ou Bouzia, lmgTad, Ida ou Kazzou, Aït
.A\nter, Ida ou Troumma, Ida ou Guelloul, Aït Ouadig;h, Aït
ki. .
Ces treize qbilas sont gouvernées par quatre qaïds :
Le qaïd Ould Gourma commande les Ida ou Zemzem ;
(, Le <faï<l )lbarek ould Si Saïd el-Guellouli commande : Ida ou
;nelloul, Imgrad, Ida ou Kazzou, Ida ou Troumma, Aït .\mer,
antanakht (Ida ou TananJ;
Z Le qaïd Mohammed ou Hammed ez-Zeltni commande les Alt
L et r•e' SI'd e a, Azarara n 'A1t B'l
elten .
1u ;
e qaïd Hamed heu Mbarek ould Euflous commande: ~ek-
llafa Id· G
L.'1 ~ ou ord, Ida ou lt;arn, Aït Ouadigh.
l' ' trtbu de H'ah'a a pour limites : au Nord : Chiadma; il
Üulad Beç-Cbàa ~ltouD'a Ida ou Ziki; au Sud : Ida ou
TEst:
anan. ·' ' l:l '

Fractions de H'ah'a.

~EKNAFA

:Votahte.,.- Chikh Bibi ou Kherdi1l; Abdallah ou El-Kadjir;


c hlkh B'h·
1 1
Ah Bouchkal ; chikh Lahcf'n Djald; Si Mohammed Ben
llled El-Rossini.
~~~ch~~. - Es-Sebt, El-Khemis Sidi 13ouredja..
'~'flanzsation politiq Ill' :
1110 AU CŒUR nt: J.'ATLAS

Aït TagTagra,
Lemehra,
Ait Zerar,
Ait lrerman.
Mt Jegderj,
Aït Taourirt,
Aït Taouriafalt.
Nekuafa (lniknafcnJ Ait Baba,
\ qaïd Enflous). Aït Joujguel,
Ait Shaq,
Ida ou Khoulf,
Ait Mhend,
Id ou Min.
Statistique. - 500 chevaux, 2.000 fusils, 3.500 feux.
Zrwuia. - Sidi Mohammed ou Sliman El-Jazouli ; Sl'di
,\fohammed; lmin el-Haù.
Eaux. - Sources en quantité.
Sol. - Pays accidenté et boisé.
Produits. - Céréales, vergers, amandiers, oliviers.
Débouché.- Mogador.
Voie de communication. - Traversée par la route de Merra-
keeh à Taraudant.
Limite~.- Nord : Chiadma. -Est : Aït Ouadil, Aït Zelten,
Ida ou lçarn.- Sud : Ida ou Bouzia, lrng·rad. - Ouest : Ida 00
l<:arn ct Ida ou Gorcf.
AïT ÛUADIJ,

Notahles.- Chikh Hiddor.


Statistique. - 60 clH'vaux, 1.000 fusils, 2.500 f<'UX.
Zaouia. - Sidi Ahd El-Oussa~'l.
Eaux. -Beaucoup de sources; Oued El-Ksch.
Sol.- Plaine et mamelons.
Culture.- Céréales, vergers.
Débouché. -Mogador.
Voie de communication. - Honte cie :\lerrakcch ct )fog·ador
au Sous.
. 't es. - 1Nor<.:\.,.
l..,zmz <a on z,. . lten. - Snd:
1 roh·ta d ma. - E"s t : Il
Neknafa. -Ouest : Chiadrna.
Il AU.\ Wl

IDA Ol tiORll'

Notables.- Ali Ben Hadj Mohammed; Lahccn Bell\lahdjoub;


Hadj Ahdallah Aoug·ni ; Chikh .\1ldi.
Marché.- El-Arhan'.\ït Tt~hclla.
Organisation:
( Bou Taz!'l't,
Ida ou MàdH. ' lfran,
J Aït lassin.
l Zaouia Bou llouqi.
Ida ou Blal. {
Oummiranu••· 1.:\h·;uuc•·),
. ,\Chikh : Bel Mahjoub) )
-
,:::; l,~~hikh : ~lharkou ou .B~hi) ~
1
• h. ~Iohauuned ou BduJ. \ ,\ïf
Id cl-.\ouni.
Pl-llaSSf'll.

-...~ Aït Uuassif,


- 1
.\ït Tahclla \
Ch . .:\lohannned oul\Iharck) ~ Aït Touzzount,
A.ït .Amer.
Aït Ba Amran .\ït (lcrrout,
(Ch· el-Hadj Abdallah :1. Zouati.
El-Harartha ~ Aït Sriti,
(c'h. Addi n'Sriti). Oulad Zeïd,
S . . Ichehhaken (lchhak).
zlatt~:tzque. -150 chevaux, 3.000 fusils, 5.000 feux.
·,aollla. - Sidi Bou Otman; Sidi Mohammed ou Ahdallah.
Eaux }> ·
'i ·- mts très profonds.
· o/. - Pay s assez accu · l en t e,
' b otse
· ' d' arganwn;.
·
Culture C. . . .
·- erea1cs, o 1lYJCl'S.
Déhoucl •
V . rte. - :Mogador.
Otes de communication. - Houte du Sous à 1\Iogador et
route de 1l\1
L. . errakech au Sous. Route de Merrakech à .'\log-ador.
Sudz~nztes. - J\ord : Mo~;-ador et Chiadma.- Est: Xcknafa.-
· Ida ou lçarn. - Ouest : Océnn Atlantiquc.

ILIA ou lçAR:'\ (OmssAm:N)


O Notables. - Agueroudj ; Ikehlim: Bounaïm; si Bcl Hadj
Ulnr · 1\1 1 . . .
· · ou ey Ah Azelal.- llad.J Mhm·t>k Pl-Aï•:L
Id Marc/té~· · - El
' - Il a d Snnmou;
· · E t- 'l' um 1 : 1'1
. l 1111. n "l'l't '. - 1·1 .
\ H'llll~
a ou lazza. :!li
402 Al COEilt IlE L .~TL.~S

Organisation :
Tarzout,
Ida ou lçarn Ida ou Koungui,
(Ouissarcn).
( Qaïd Enflous)
(Chikh Bibi ou '1 Ida ou lazza (voisins d'Ida ou Guclloul),
; Aït Bcrda(à l'Est d'Aït lazza),
Arhalou (voisins <l'Ida ou Cio rd, littoral),
Aomar n'Ida ou
Guendel).
l Tahoulaouant (littoral, pol't de pèche),
· Tarouahaïa(litt. voisins d'Ida ou Guclloul).
lmerdito >>

Statistique. - 250 chevaux, 2.500 fusils, 1.000 feux.


Zaouia.- Sidi Mbarck ; Sidi Boulharakat; Sidi Bou Bouze~
kri ; Si di Ahmcd Saïah.
Eaux. - Aghbalou; Smimou; Aousliouit.
Sol. - Pays accidenté ct boisé.
Culture. -Céréales, oliviers, amandiers.
Débouché. -Mogador.
Voie de communication. - Travers(~e par la route de
Mogador au Sous.
Limites. -Nord : Ida ou Gord - Est : Ncknafa. - Sud:
lmgrad; Ida ou Guelloul ct Ida ou Tr'oumma. -Ouest: l'Océan
Atlantique.
IDA ou GuELLOt;L

Notables. -Ben Umar; Ouhella. Qaïd El-Guellouli.


Marché.- El-Had lmeghrin.
Organisation .·
Alt Oussoul Chikh Outsouka,
Ida ou Kouargan Chikh Bou Ghra,
Chikh Mohammed ou Saïd,
Ida ou Zerkou
~
Chlkh Bou lgueroual.
Chikh Mohammed ou Said,
Ida ou
Guelloul Art bou Mejji Chikh Ben Aomar,
(qaïd el- Chikh
)Mohammed ou Bibi.
Guellouli). Chikh .Aghrez,
Imeghrein
~
Chikh Mohammed ou Gheïoll·
Ifni Chikh Ali n'Sti,
Chikh Oujâa,
Ifers
Chtkh Amel Atrouma.
·H AH A 403

Statz.~l1que. - 300 chevaux, 2.000 fusils, 4.000 feux.


Zaouias. - Lalla MPricm ou Yabia ; Sidi Hsa ou llassaïn:
lziraren (Ida ou Kouargan), motFHldem d-ll;ulj fdi . .\ziraren.
Eaux. - Puits et citernes.
Sol.- Pays de plaine.
Culture. - Céréales.
D'h
e ouché. - 1\log-ador.
Voie de communication. - Traversé par la route 1lc .Mogador
au Sous.
L~mites.- Nord : Ida ou l1:arn.- Est: hngTad.- Sud: lda
ou Kazzou; Ida ou Tr'oumma.- Ouest : Ida ou Tr'oumma.

hiGRAD

Notables. - Hamidouch Oudjahrid ; chikh Omar d'Id Ahhou.


Marchés. -Les lm~;ï·ad fréq~cntent el-Khemis Dericli.
ÜJ·ganisation :

hugrad 1 Imouch ken,


1
( 1aïd el-l;ucllouli) \ Tnjahrit,
(Chikll "''Il lare . { SdPttta,
. k ou c1-HadJ,
à Tajabrit) J A.ït Ba Hauunou,
r Agouirer (ruines chrét. ?) .
St · ·
atzstzque. -50 chevaux, 1.000 fusils, 2.000 feux.
Zaouia. - lfrad ou Taha (lferdoutaà) à Tajabrit.
Eaux. ~ Puits ct citernes.
D'Sot. - Pays montagneux ct pierreux, point culminant.
Jehel Amessiten.
Produits. - Céréales gommes, amandes, miel; forêts.
l)pb ' ,
- ouche· - Mogador.
Voie de communication. - Traversée par la route de Moga-
dor au Sous.
B Li~lites. - Nord: Ida ou lt;aru. - Est: Ida ou lçarn, Ida ou
Gouzla. - Sud : Aït Arçi ; Ida ou Kazzou. - Ouest : Ida ou
Uelloul.
IDA ou Tn'ouMMA (TGHOUMMA) v

~a 1·ché.
- Es-Sebt à Imcznitcn.
rganisation :
Al- COEUI\ IJE L ATLAS

lùaou .\dw, ehikh cl-HadJ. ou Akrimüufari.

l
Ida ou Tt·oumnHt
Ida ou ~l<'llil, l"l.tikh Chqu<'rn ou Boudrar.
1qaïd el (;w·l-
Ida ou lssimout·, ehikh Si Bou Chta.
loul i 1.
hwzmitPn, ehikh Si Bou Chta.
Statistique. - 60 du•vaux, 1.000 fusils, 2.000 feux.
Zaouias. - Sidi Ahmcd ou ~JbarPk: Sidi .\hmcd ou l\lraJ'.
Hau.r. - Puits et citPt'IIPS.
Sul. - Plaine lég-i~rc·mcllt hois•"·e.
Cultm·f'. - Ct~réalcs.
lh!buuc!té. - ~lo~·adot·.
l"oiPs de communication. - Tt·aYPrsée par la route de ~lo 0'a­
dot· au Sous.
Limites. - .:\or·d : Ida ou It;arn. - Est : Ida ou (;uclloul et
Ida ou Kazzou. - Stul Ida ou Tauan. -Ouest : Aït .\meur ct
Oc!mu.
IDA ou lüzzou

Notables. -Si Mohammed Akazou.


Marc/té.- El-Jcmtla Assaoua (Ihoudiircn).
Organisation :
~lasfou,
Tioughar,
Ida ou Kazzou Aït ou Bbouz,
(qa'id cl-(iuellouli) Tafentirt (chikh Bourik ),
(chikh Mohammed Zitaou, Ida ou Hammau,
à l\lasfou). lhoudiirc11,
Tarouali,
Srou (chikh Ali ou Dm·dour).
8tatistique. - 1.200 fusils, 2.000 feux.
Zaouia. - Si di ~lohammcd ou Bouzid 1)letlersa des Ida
ou Il amman).
Eaux. - Sources nomhrcuses.
Sol. - Pays très montagneux ct hoisé.
Culture.- Céréales, amandes, gommes, vergers.
/Jéhouc!tl.- ~logador.
Limites. - l\"ord : lmgTad. -Est : .\ït .\'it;i.- Sud : Ida ou
Tanan.- <hH•st: Ida ou Tr'oumma; Ida ou Guelloul.
-iOii

AIT Am:n

,Votable.'i. - Outgzirin, Outmassinin .


.llarcfu:. - El-Klwmis lnH'ssoual à hrhil n'Bùa.
Or_qanisation : '
1 Tililt, ehikh .\hel .\llah Ouauir.
Imessoual, ehikh Bckkera.
Aït Amer, cl~ikh el.-H:'l<.~j ou Ben .\ddi.
Avt. \ IllCl'

(qard el-mt>
1

(' il onhî.
1
1
.\ït Shaq, elukh ben Satd.
Aït Ouiouf, ehikh (jt>rhid.
· A~t Ouaourik: chi~b Mazouz,à .T~mena_g-ht.
Ait Iouss, clukh Saïd ould Qsm .
.\rt Khemis, <·hikh Saïd oul<l Qsiri.
S . . \ ;\ït Oukaqaou, cbikh Imiahi .
. . tatzsttque. - 100 chenwx, 2.~00 fusils, 4.000 feux.
d Zaouias· - Sidi l\lohend Ouchen, à Tasqa Oudraren (moqad-
em
E hou 1\dd') t ;
S'd' A
1 1 · hdcrrahman.
.
au.r. - Puits et citernes.
Sot. - .\lonta~ncux au Sud, plain<" ailleurs.
Cult
E ure · - 1ro.crea
• •
1cs, <l athcrs,
. etc.
let•age. - Chanwaux uomhrPux.
f)éhouc 1 ; 'l
. fi(· - ·' og-ador.

S Lnnite~· · -nor": d : .I <l a ou 'l' r ,oumma. - J'~s t 'l' I' ,oumma. -


'nd. Ida ou Ta nan. -Ou Pst : Ocl·an .

.\ïT ZnTE:S

·rJVotahles. - Uaïd {go. uidm· : El-Ourat; ~i .\hmecl Outsila, Chc;-


n 1medjad. •·
Ma1·ch e.· - l':.1-Hao .\ït Bou SPtta.
0 rganisn.tion :

· lsscm~.dwup:l)('n \ \·oisin~ de ~!Pskala\.


Alt Zelten \ AH Bou Setta \ yoisins clP Ida on ZPm-
(Qald Mohamm~<l on J
zemM<"skala).
.Hamme d ez-Zeltni Halen (.\rt Ouadig·h ~ckna~.
a Azarara n'An Bihi:) Ahcl Adrar il. ou Bonzia. ~eknafa ..\It
.\ïc;i) .
/ .\hel Taqoncht il. on Bouzin ..\ ..\l<'i).
406 At: COEU Il DE L'ATLAS

,"J'tatistique. - 100 chevaux, 2.000 fusils, 3.000 feux.


Zaouia. - Sidi Ghalem (Halen).
Eau.x. -Beaucoup de puits. -Oued El-Kseb.
Sol. - Djebel Takoucht, le reste plaine.
Culture. -Céréales, amandes, olives, vergers.
Débouché. - Merrakech.
Voie de communication. - Traversée par la route de Mcrra-
kech au Sous.
Limites. -Nord : Aït Ouadil ; Chiadma. - Est: Mtouga, Ida
ou Zemzem. - Sud : Ida ou Bouzia. - Ouest : Neknafa.

IDA ou BouziA

La qbila d'Ida ou Bouzia n'a pas de qaid,


Notables.- Bou lfenzi, Bou Khelik.
Marché. - El-Jemaâ.
Statistique. -60 chevaux, 2.000 fusils, 3.500 feu::t.
Zaouia.- Sidi Said ou Abd en-Naim.
Eaux. -Nombreuses sources.
Sol. - Très montagneux.
Produits. - Peu de C(Jréales, vergers, caroubiers, beaucoup
de bois, amandiers, oliviers.
Débouché. -Mogador.
Limites.- Nord: Ida ou Zemzem.- Est: Mtouga. -Sud:
Ida ou Tanan. - Ouest : Aït Aïçi, lmgrad.

Aïr Aïçi

La qbîla d'Aït Aïti n'a pas de qaid.


Marché. - Es-Sebt.
Statistique. - 1.500 fusils, 2.500 feux.
Eaux. -Oued Ait Amer, sources, puits.
Sol. - Pays très montagneux, couvert de thuyas.
Culture. -Très peu de céréales, vergers, gommes, dattiers,
amandierst
Débouché. -Mogador.
Limites. - Nord : lmgrad. - Est: Ida ou Bouzia. - Sud :
Ida ou Tanan. - Ouest : Ida ou Kazzou,
H'AH'A

IDA ou ZEMZE~I

Notables. - Qaïd Gomma.


Marc/té.- Et-Tuin.
Statistique.- 300 chevaux, 2.000 fusils, 3.500 feux.
Eaux·.- Oued El-Kscb ; beaucoup de sources.
Sol. - Djebel Hlass, le reste plaine.
Culture. -Céréales vercrers amandiers, ~?:ommes.
' b ' ~
Débouché.- Mogador.
Voie de communication. - Traversée par la route de Merra-
kech au Sous.
Limites.- Nord: Aït Zelten. -Est: Mtouga.- Sud: Ida
ou Bouzia. - Ouest: Aït Zelten.
CHAPITHE VII

IDA OU TANAN

LPs Ida ou Tauau 11) sont BerhèrPs. Ils parlent exclusivement


la lang·uc tamazirt. Ils sont ind<'~pcwlants ct ne reconnaissent ni
qaids ni sultau. Ils ont pourtant fait partie administrativement
des H'ah'a dnns le cours de l'histoire; on leur attribue même une
orig-ine comllttllle, hien que les Ida ou Tanan s'en défendent.
Ils montrcnt PH core les ruirws d'une forteresse qui fut cons-
truite par un dt> leurs chefs nommé Ahenddar qui aurait conquis
le Sous f't la partiP du Houz situ<'e au Sud de l'Oued Tensift.
Depuis lot·s ils Yinmt snns chef; ils sont administrés par une
Jenul'a eompost~e des chioukh élus par chaque klwms (fraction).
Ce titre de chikh, f'>lectif en principe, est, en fait, presque tou-
jours hért~ditairf'. Le chikh le plus influent est, à l'heure actuelle,
Si el-Hasscn Bou ~aga, fils de cl-Hadj i\lohammed Bou Naga,
chef très {~couté que le qaid Pl-Guellouli a fait assassiner.
Les Ida ou Tanan sc divisent en trois tell (tiers):
Tinkcrt. lfsfassen, Ait ou Azzoun.
Les limites d'Ida on Tanan so11t (2):
Au Nord. -Ait Arnat•; Ida ou 'lYoumma ; Ida ou Kazzou ;
Aït Aiç-i; Ida ou Bouzia.
"1 l'Est. -!\Houg-a.
Au Sud. - Houa ra; Tamaït ; Mesg·uina; (lsima ; Agadir.

(1) Voir dans l'ouvmge de mon collaborateur Louis Gentil, 1Jfission de


Segon:ac, E.rploration.~ au JJfat·oc, page 185 à 238, son yoynge it tJ·avers les
Ida ou Tanan.
(2) Voil· la ('lll'lr~ dPs H'ah'a. an dHlpil!·e pt·(·~~ldpnl.
IDA Ot: TANAX 409

A roi/l'SI.- L'Oet'~aJI.
Leffs.- L<>s lfsfasseu u'o11t auemw alliant:<'; les deux autt·es
ft·ar·.tions sont allit!es ù (.)sima d ù ~Houga. Le IJaï<l Enflons a
~ur eux mw eertaitw autoritt;. LP qaïd f'l-(iuellouli eommand<'
a Tante~:-hart (lfsfassen).
Zaouias. ___:. La g·rande zaouia de Sidi .\li on Brahim eompt<>
environ 100 fPux. Ses merahtin sont les descendants <ln santon
~-d.
1 1 0

· Ah ou Brahim, patron dPs Ida ou Tanan.


Elh· a pour moqaddf'm Si Brahim ou Saïd.
, La za(
·• mw· <l' ,\ ourn· . .nnportan t.e cs t st"t.nep
. ntoms . a. ..,A 1tflnres
d -\r.::()dir.

Tt~KF.RT (A ÏT ~'IÜRT)

Chikh el- Hassen bou Naga administre la qbila.


~Votables. - Fekir Belaïd, Bou Tichik, Agaïou, El-Hadj Bihi
lzem ,. F e k'tr"\l'1, Chikh Taïeh.
Marché. - Et-Tlèta.
Localités. - Pas <le villaQ"es, les maisons sont éparses dans
la lllontagne. '
Organùation :
A~·hg;hcz,
Imsker,
An n'Kcrt ITinkert). Ida Amran,
llazir,
Art ~acer.
Statistiq,LP.- Pas rlc ca,·aliers, 1.000 feux.
. ou A~~·1. .
Zaouia · - ,s·10 1· nra lunt
Eaux. - Sources nomhrPusPs.
()oSol. - ~lonta~nws !Djclwl lskedji, Temketti, Tidili, Touon-
t-rou, etc.).
Prodllits.- CP,r<;alPs, ama1t<les, noix, ver~·t'rs, gommP, hnilP,
Pays hois~. ·
Déboltc 1 • rru'ou appel 1P ~
ara bf~ 0ouera,
tant . ne. - ~lou·ador,
c
~n Pli
azirt Ta ssourt.
Routes. - De Mogador an ~nus.
Umith,.
'"'·'· - v
.,()['( 1'. : 1<111 011 KllZZOll. ,\ Ï t ;\.i<;t.· - 1"',s
• t ·..·\'·t
• (llt
1
410 AT: COELIH DE L ATLAS

Azzoun. - Sud: Ifsfassen. - Ouest : Aït Ameur, Ida ou


Tr'outnma.
IFsFA.SsEN

Notable.- Chikh Ould bou Lachra, chef de la qbila.


Organisation :
1 Aourir,

lfsfasscn ~ Abel
Akssri,
Aouri ou Fclla,
Assif Jeg.
Statistique. - 1.200 feux.
Eaux. - Sources nombreuses.
Sol. -Montagneux.
Produits. - Comme Art Tinkert.
Voie de communication. -Traversée par la route du Sous à
Mogador.
Débouchés. - Mogador et Agadir.
Limites. - Nord : Aït Tinkert. - Est : Ait ou Azzoun. -
Sud: Ahel oued Sous. -Ouest : l'Océan Atlantique.
AïT ou AzzouN
Notable. - Chikh Aghghez.
Marché.- El-Khemis.
Villages. - Maisons éparses.
Organisation :
Ait Aoughrir,
Tidili,
Alt ou Azzoun Tamarout,
Tiskezzi,
Temkti.
Statistique. - 700 feux.
Eaux. -Sources nombreuses.
Sol. - Montagneux.
Produits.- Comme Ait Tinkert.
Débouché. - Mogador.
Voie de communication. - Trlversée par la route de Mer'
i
rakech à Taroudant.
Limites. - Nord: Ida ou Kazzou. - Est: Art Atçi. -Sud:
lfsfasscn. - Ouest : Art Tinkert.
CHAPITRE VIII

AGADIR N'IGHIR

La vill d'~ d"


louh. · el eKhl"
·"ga 1r est g·ouvcrnéc par le frère du gard el-Guel-
~
, : - ha el-Hadj Hassen.
~histoire d'Agadir est connue: elle fut fondée par les Portu-
gais sur l'emil d' . . . S
Cruz · r · l acement une matson portuga1se nommee anta
d ' eprise par les Marocains en1536, à la suite de l'explosion
he sa ~oudrière. Un peu plus tard on construisit à mi-côte, une
atterle destinée à surveiller la rade. La ville était gouvernée
Parunfonctl·
. E · d u "\{
onnmre ·1 • f' · ·
~f a!!·hzen, 1 s y als1ut un commerce assez
actif u •
. n 1760 la fondation de ;\log<tdor par le Sultan Sidi Mo ham-
Ille d détour na une partie· du commerce du Sous. ' Aga d'1r cessa d e
Payer r·
. , llllpôt. Le sultan la fit assiéger en 1776 par une mehalla
1
qu
to s en emp ara e t y exerça une represswn · · · ·
severe. I_. 'acces
' de
'tus les ports de la côte du Sud marocain fut interdit aux navires
e rangers.
1
En 882 .Mouley el-Hassen autorisa l'introduction des grains
Pour par ,
L . er a une famine qui désolait le Sous.
v . a llllssion hydrographique commandée par le lieutenant de
enatsseau ,\ H Dyé opéra des sondages dans la ra d e d'~"'-ga d'1r
u • • •
19
a . 0n · Ses rapports ne JUSh · 'fi1ent pas l es esperances
' que l' on
VaJt fond·
ees sur ce port (1).

(i) Yoit· les l ev es


d'Agadir · 1tydl'Ographtqueillllflubhes
· · • par le Com1té
· du '''1 aroc : t'cm"Il c
La viii~ d'A. .
contreb · ~adtr est devenue, en ces derniers temps, le grand port rie
réprim ande d armes du Sud marocain. Un croiseur français envoyé pour
er cette contrebande n'a pu débat·quet· ses hommes. ï.cs jours rlet··
412 .\ll CŒUH DE J;ATLAS

Soto.Mes.- Allal BPn Salah: llnoj .\hdallnh hou Houliin; Si


Ali ou Hammou.
Jlfarclié. - .Journalier, et el-llad ù Founti.
Organi.~ation. - Ag·adir 1aoo fpux), qoubba de Sidi fioul Qna·
<h·l; Founti au pied sud de la colline qui porte Agadir (i)O feux);
Tamrag-ht : Zaouia Tireldi.
Zaouia. - Sidi Boul (Jnadel.
Puits. - t:nc granoe source à Founti; Agadir a des citernes.
Nature du sol. - Agadir f'St sur une colline ct commande le
col oc la route df' :VIogador.
Produits. - CèréalPs, p<~chPrif's.
Déhouclté. -Mogador.
Voie de communication.- Boute du Sous.
Limites. -Nord: Ida ou Tamm.- Est : Mesguina. - Sud:
Gsima.- Ouest: La mer.
Renseignements topograpkiqurs. - Tamraght <>st ii 1 heure
<l'Agadir·; Agaclir est ù 1/4 cl'hcure de Founti.

niet·s mon <~ollahot·ateur Louis t:enlil <'Il a ,:1,: l'hassé malgt·é la lettre du
Sultan qui commandait de lui faire hon acem•il. En conséquence dt• ccs_p~­
11
cédés inadmissibles, le Gouvet•nemcnt ft·ançais vient. d'cxiget·, ct d'obtentr
Sultan, <Jlle le Khalifa d'.\grulit· fut destitué el •·rmplacé (Mars Hl JO).
CIIAPITHE IX

CHIADMA ET REGRAGA

~ JJes ; I'1 s sont 1.1·origme


co Les Chia' Ùtll'•l se 11·tsent Ara · · h er1Jerc,
·
llslllllle les H'ah'a, dont Léon l'Africain nC' les distinguait pas.
1estsont très arnhisés lJarlent exclusivement l'.Al'alw sauf dans
'J ' '
. ri JUs lilllitrophes des H'nh '11 où 111 l11ng·ue Tamazirt est eom-
prise et parlée. "
Leurs . 1
. .. groupements socwux sont identiques à ceux de eurs
"oisms.
. . t ree
La tribu ' •'td unnts . I'1 v a 11ue l ques annees. par cmq . qa ïd s,
est a t Il ·
.· . c ue einent répartie entre trois qaïds. En 1904 elle tendait
•lse 0o·ro
uper sous un chef unique. Cette concentration, cet efl'ort
Vers l' t .
. au ononue et l'indépendance, marque le recul de la
PUissance d i\l l . .
d. , u 1 ag 1zen. En 1908, elle tend au contraire a se
esagreger en petites qbilas indépendantes, et le pouvoir des
~~lds diminue de jour en jour. Cette évolution a pour cause la
Ispariti
~n complète de tout pouvoit· central.
à-d~es seiZe fractions, que l'on désig·ue du mot arabe ari'm, c'est-
tr Ire os ' ont 1eurs chikhs. Les uns son te' 1us par 1a .Jemà · 'a, 1l' au-
d es sont h'ere· d't ·
I aires· ·
et les JCill<l ·as reumssen
· · t l cs no ta 1JI'l't ·
I es
e
.,·t· la fracti ' · 1 · · · l'
on sans qu aucune 01 precise en mn e a compo- 't 1
.,I 1011.

au~a 1_famille est normalement constituée. Le chef y jouit d'une


11
• or té sans contt•ôlc. Au contraire de lcm·s voisins les H'ab ·a,
'~UI
.,. .sont Vol on Iers monogames, cs C w\ ma prat',Iquentl a po l y-
t' l '1 · d'
~Ulllie qu· dl .
L . a~ eur fortune la leur permet.
e Clnàd Illi· est vigoureux,
· · In
1na•s · f'erwur
· en tai'11 e a· l'Abd'I,
414 AU CŒUR DE L .\TLAS

Les femmes ont un renom <lP heautè; et les maris une réputa-
tion de jalousie.
Un dicton prMcnd qtH' le Chiàd'mi est redoutt~ de ses amis et
nH~pi'isé de ses emwmis :

" En Dra, eha({UC maisou abrite un traître ;


En Hanclwn, un mauvais eouseillet· ;
En Krimat, UJI voleul'! »

Dans les 1-\'l'oupemcnts politiques f{Ui associent les tribUS


marocaines en !Pif, c'est-à-dire en ligues, Chi;îd'ma a pour alliéS
les Oulad beç-~:bâa, et une moiti!~ de H'ah'a ; ct pour enneœis
l'autre moitié de H'ah'a. Mais un fractionnement intérieur
divise la tribu de Chiâd'ma fm deux camps ennemis, ayant pour
alliés, l'un Ahda, l'autre Mtouga (1 ).
Administrativemcut lP :\[Hg·hzcn partaB·e Chiàd'ma en un cer-
tain nombre de khoms, c'est-à-dire de cinquièmes (certainS
informants se sont servis du terme rha' qui signifie fluart). Le
khoms est l'unité territoriale, en matièt·c d'impôt et sc cOinpose
de dix personnes; l'unit!~ sociale est le kârwun, c'est-à-dire le
6
feu, estimé ordinairement à trois personnes : un homme, Ull
femme et un enfant.
Cette rèpartition financière a été abolie par la substitution ~u
tertib aux anciens impôts coraniques. Hl~eemment des contlJllS-
sions, composées d 'unanim et de deux 'adotU, ont opéré le recen-
sement des qaïdats de Chiad'ma, inscrivant le chifl're de forttJllB
de chaque individu sur un registre a}lpelé daftar. Ce tertib ~·Il
jamais fonctionné, ct, depuis 1903, Chiadma, comme les proVJll-
ces voisines, ne pa):O, plus d'impôts rég·uliers, les qaids prélèvent
des contributions p~pporjionnées à leur puissance. ,
Ce qui distingu~ ~hiâd'ma, et leur confère une notoriété
lèl' 13
unique dans l'Islam, c'est la présence dans cette trihu de ,
famille marabouticiue des Regraga (altératiou du mot Red;e-

(i) Les récents événements ont modifié ces alliam:es traditionnelles. ToU~
Chiadma a pris parti pour Mouley ei-Hafirl et s'est allié ave~ les Aït GueJIOll•
ct l\'llouga pour combalii'e le qaïd Enftous (Neknafa) et la garnison de l\(oga
dor Uanvier 1908).
CHIADMA ET HEGRAGA il5
radja), de leurs vingt-l{lllttrc zaouias, et de leur::; innomhrahlcs
sanctuaires.
Les f:hiàd'ma prMenùent que ces marabouts sont une fakhda,
une famille, descendant des Arabes conquèrants. Voici, au con-
trai:c, la légende, telle que les Hegraga la content :
Nous sommes des Ansar (disciples) de Jésus, fils de Marie.
Nous avons em1gre · 1mppcr aux persecu
· · · pour cc ' t"wns qm· ensan-
glantèrent les premières amu'es de l'ère chrétienne. Quand le
prophète ~[ohammed eut révdt'~ le (îoran, les Regraga désignè-
~ent sept d'entre eux pour aller recueillir la parole divine et
a ~-a~porter en Occident. Ces sept envoyés furent :
Sidl Ouasmin ·
Si Ali El-Kra~i ·
Sidi Hassaïn ; . '
Sidi Saïd Sabek ·
Sidi Aïssa Moul el-Outed ·
Si Ali Saïah · '
S1"d·1 , '
Bou l ~\lam.
, En route Sidi Saïd tomba maladP et ses compagnons durent
la bandonner aux soins d'un de }purs hôtes. Il s parvmren
· t au
hut de leur voyag·e et se prosternèrent aux pieds du Prophète.
Combien êtes-vous? interrogea l'envoyé de Dieu.
- Nous étions sept, répondirent-ils, l'un de nous est tombé
ntalade ...
Le Prophète ouvrant son burnous découvrit Sidi Saïd auquel
ce ·
nuracle valut le surnom de Sabek, le -précurseur.
l Quand l'instruction dPs sept Hegrèl t;a fut achevée, Mohammed
e~r ordonna de retourner dans leur pays et de convertir leurs
freres àl a re l'tg-IOn · u.qe 1e..ttre a'S"d"O
· nouvelle. Il remit ·
1. 1 1 uasnun,en
\lJ. recommandant de ne la lire qu'au D}ebel Hadid. En arrivant
dans
H . l e Pays de Ahmar, à quelques etapes · seulcnwnt tu i u·Je b <' l
l ~dld, Sidi Ouasmin ouvrit la lettre <lu Prophète et la lut. Elle
Ui conf,crmt . 1e titre de roi des HPgraga, S oltan R egraga, que 1a
Postérit
n'· ' 1 · conservé. Mais l'cln·oyé, crmgnant
. e UUt · que ce tt e f aveur
à ~sptràt quelque jalousie à ses compagnons, enterra la lettre
Qndroit où il l'avait prématurément ouverte.
Uelques jours plus tard, on arrivait au terme fixé par le Pro-
H6 AIJ CŒllll DE L'ATLAS

phète, et les Hegra~:~·a voulureut prendre eonnaissance de l'épi-


tre sacrt'e. Sidi Ouasmin dut confpsser sa cm·iositt'·. Il raconta le
contenu de la lettre, tit part des craintes qu'elle lui avait inspi-
J·{~cs et indiqua l'emplacement oü il l'avait Pnter!'él'.
On se remit anssitùt en route pour retom·ner au campement
tle Zima, dans le pays dP Ahmm·. (juand on y parvint un phé-
nomène miraculPux s'Mait produit : un vaste lac, le lac Zima,
S'étendait à l' endrt~it même oit, lfUeliJUCS jours plus tot, }eS
Hegraga avaient plan tt'~ lems tentes.
La seule dwsP tjUi paraisse mériter d'ètre retenue dans ce
récit est l'origine herhère des Hcgraga, ct leur conversion à l'Is-
lam lors de la première i11vasioH arabe.
Cette famille maraLoutitjUP eousene une g'l'ande cohésion.
Sans ètrc hermétiquement endogame elle ne donne ses filleS
qu'à des personnages dont l'alliance l'honore ou la sert. Enfin
elle g·arde la tradition du Dour Reg1·aga. ee grand pèlerinage
annuel aux tombeaux des ancètres illustres, qui dure quarante
jours, et conm1cnce le premier jeudi de mars. Il vaut à ceUS:
qui le dirig·ent des ::;iaras, des ofl'randes, abondantes et, à celll
qui s'y joig·nent des faveurs et des indulgences notoires.
La présence de cette 1-;'l'ande famille marahoutique, sa puis-
sance temporelle, l'autorité spirituelle dont elle jouit, ne laiS'
sent guère de place ù d'autres castes, ni à d'autres influences
I'eligieuses. ~ul chérif impOI"tant n'habite le territoire d~S
Chiàd'ma. Le sultan ne peut ouvrir son parasol sm· les territot'
l'PS tles Regraga.

On trouve en Chiàd'ma les trois dasses sociales inférieures


qui remédient, dans tout le Sud ntai'ot·.ain, à la paresse des Bel''
hères : Les baratin, les nègTes ct les juifs. llaratin et nègres se
I'encontrent à l'état d'esclaves ou d'affranchis; les juifs sont
sédentaires, et exercent dans les mellahs leurs habituelles indUS'
trie~-;, ou Hom<ttles quand les besoins de lem· eonuuerce l'exigent·
Presque tous se réclament d'un protecteur herLèrt> ou arabe
choisi parmi les chefs respectés, auquel ils payent l'impôt de la
flebiha.
Nous t•tudierons tl'ahord la caste des HPgi·ag·a, tjUÎ constitue
Clll.\il.\1.\ ET 1\EGHAG.\ 417

l'aristoet·atie rdi.~·ieuse de la tribu; puis les ~_;itH! <{aïdats des


Chi;\d 'ma.

ilEGRAGA

Les Ht>1n·aga. possè<lent vinf.(t-quatre zaouias ; douze t;Tandes


ct douze petites. L 'enseit-memPnt 'lue l'oH y <loHHC H'ofl:'t·c rieu
d.e particulier, sinm1 que l'on y prone partieulièrement l'eftica-
c~té de l'intercession des saints de la grande famille. Les dis-
ctples Y apprennent le Qùran, }ps h'adits, 1111 p<'ll de droit
musulman.
1· es· ."'l"
. . •lll< 1es zao mas
· sont!, 1 J :
1o. S'd'z t Ouasmin (Taourirt).
\ous avons conté la lé~-;·e11de dc cc sa 11ton surnommé Soltan
Regraga. ...
La zaouia est situéc au Djebel Hadid sur le territoire des
Üulad Alssa. Elle relève dt~ qaïd el-Krimi. Son chikh est Si
Hmned hel Moqiddem, son mo<Iaddem se nomme cl-Hadj
~lohanuned Bel Hallat. On y compte 1.200 ;\mes environ,
200 f lllH'ls et 4.0 chevaux. "
Des sources abondantes alimentent cc centre important.
20
Si Ali el-[(rati.
~aouia sise au Djebel Krat, entre les Menassir, Talmest et Bou
Trttech. Relève du qaïd cl-Krimi. A pour chef Si .\hmed ben
Abdm1. Comprend 300 feux 300 fusils, 20 chenmx. Des sour-
ce s l' al intentent. '
ln marché s'y tient le llli.U'di : Sow1 et-Tlèta.
3o Talmest. .
A l'Est du Djebel Kra.t; Pntre la zaouia de Krat, }lekhalif et
Bou T. s·
M rtteeh. Helèvc du qaïd El-Mâroùri. A pour chef 1
Cohanuned ould Si el-Hachmi, moqaddem de lous les Hegmt;-a.
lomprend 1.200 <hues 200 fusils 15 chevaux. C'est une zaouia
~ e Cheurfa <lesceuda11;s de Sidi ~legdoul ('?) ; eUP renferme le
cid de Si di Ahdallal cl-Jelil. Elle est alimentée pHI' <les sources.
4o B ou 1'rttech.
.

· (t) ~e 8 numéros pOL·tés sur la carte correspondent à •:eux de la présente


euumeration.
:li
41H Al" Cti<Xll IlE L'ATLAS

Entt·e TalmPst, Si Ali t>l-lüati, ~lckhalif, At::hissi, Narrat.


Hclèvc elu c1aï<l el-Krimi. Son du•f Pst Si Pl-~Ickki. 500 feux,
100 fusils, 20 cht>vaux. SoUI'I'CS.
5° .'!ùli Hassaïn Mou! el-Bab.
CP san t'on doit son SUI'liOIII de portier (moul el-hah) à ce fait
lJUÏlcommarHJc les crues de la rivière, d peut ainsi, il son gré,
pcrmctti·c ou interdire l'exode des habitants.
Il est situe'~ ù l'cmhouchure de l'oru•d TPJtsift, sur le territoire
des Oulad el-Hadj ; sous la juridiction du qaïd cl-Hadj ; sous la
dirPction de Ould Si Allal. 300 feux, 150 fusils, 10 chevaux.
6° Akermoud.
Territoire des Oulad Aïssa. Qaïdat d'cl-Hadji. Direction de Si
Mohammed Bou Belleur. 200 feux, 150 fusils, 15 chevaux. Citer~
nes et puits de 10 brasses de profondeur.
7° Skiat.
Sur l'oued Tcnsift, entre les Nedjoum, Mekhalif ct Amzilat.
Qaïdat d'Agourram el-Màroûri. A pour directeur le chikh Si
Omar cl-Fcrqouchi, Pi pour mo<{addcm Ould cl-Teqih el-Skiati.
250 feux, 200 fusils, 15 chevaux. Hivic'~rc, puits, citemcs.
8° Amzilat.
Entre Nedjoum, l\lcdar;\a, Skiat et Mcramcr. Relève du qaïd
Agourram cl-M<lroûri. Est dirigée par Si Mohammed Bouikil.
250 feux, 200 fusils, 5 chevaux. Hivière, puits de 10 hrasses.
9° Meramer (Souira Jdida).
Entre Mcdaraà, Amzilat, Oulad-BPç Çhaâ, Ahl Haret. Qatdat
d' Agourram ei-Màroùri. Dirigée par Si cl-Habib el-Haïl.
250 feux, 200 fusils, pas de eh evaux. Oued .Mcramer et sources.
10° .Sidi Bou/ tl/am.
Entre l\[cdaraà ct ~aïrat. Hclèvc du 11aïrl cl-Krimi. A pour
chikh Si Tabar, frère du (pïd cl-Kourimi, ct pour directeur
Si Abd Allah Ould Bassia. 600 feux, 500 fusils, 50 chevaUX·
Citernes, puits de 15 brasses. Beaucoup de vig-nes donnant Ull
raisin très sucré.
11 o Aghissi.
Entre Hanchau, Bou Tritcch, Sidi Yala et Krimat. Qaïdat
d'el-Krimi. Notahles : Si Dahman ct Si Bouih. 400 fep:S:,
300 fusils, 15 chevaux. Citernes; puits de 10 brasses.
IAIIAmiA t:T REGRAGA 419
12" ·"'idi .~·aïd es-Sabek.
l'lous avons PxplitiUé l'origiiw de> son surnom de JJrécur.~ellr.
~a zaouia est située au milii'U d!'s Assassas, près dc>s Mtongga.
Elle relève du tpïd el-lüimi. Le principal persm~m1g·e Pst Si
e_l-Mekki. On y compte 100 fusils. Des sources et des canalisa-
hon~; l'alimentent en eau.

Les douw petites zaouias sont des agglonu\rations de 10 ù 20


feux. Ce sont :
t3o Sidi Abd Allah ou ,<;.,'aM; dans les Meskala, ct rclcnmt
du qaïd el-1\icskali.
f4o Sidi Abd en-Naïm; tenitoire des Oulad bou Nedjima;
qaïdat d' e-
1 K'rmu.
· ·
t5o A hl Taktent; territoire des Medaraà ; qaïdat d' Ag·ourram
el-~làroùri
t6o .\idi Aï.1·sa bou Khabia (le teinturier); sur l'oued Tensift,
entre les Oulad el-Had,j ct les ..Menassir; qaïdat d'el-Hadji.
L~l.légende Yeut que Sidi Aïss<t, chef d'une pPtite cohorte de
Mo'}ahido un, 1l e'f'enseurs d e 1a fOI,
. . mt
. prahque
. , un mgemeux
. , . s t ra-
;agè_m~ pour masquer à ses ennemis la faiblesse de son eflectif.
l faisait teindre, après chaque e-.mbat, les vêtements de ses
compagnons d'armes ct reparaissait, tantôt avec des monta-
gnards aux sel!tams somlJres, tantôt avec des sahariens en
kho .
unt bleu, tantùt avec des g·ens de la plame aux burnouss
blancs ...

t .On Vénère
. encore ' à coté de la zaouia, une g·rande bassine de
einturier (khabia) qui servit à la perpétration de ce pieux sub-
terfuge.
f ~a zaouia contient 130 tolba environ, elle est dirigée par le
eqth Si Abdallah hel-Hafid Talmisti.
7
/ " Sidi .tii'ssa Moul el-Outed, on dit aussi Moul el-Oulid
( ho.mme au piquet); zaouia sise sm le territoire de Naïrat ;
• 'd'1chon
placee sou s l a JUri . d u qaï d e l - K rmn.
. .

1 .ce surnom vint à Sidi Aïssa des efforts qu'il fit pour attirer à
lUt, ,Pour évangélisPr pf pottr pacifier les tribus hPrhèrcs rebel-
es a la prédication des Hegraga. Tandis que set> eompngnonl!l
-120 AL: C:Œt:H DE L'ATLAS

eou\·PrtissaiPut pat• le ~o.daivc. law;aieut des ntall'~didions, sout'-


tlaicut dPs èpidi•miPs, <les fiôHPS, la rag<'. mettaient l<'s iLHligè-
ncs <'11 poussiùre ou en dèroutP, lui, avait plant•~ uu pi•1uet dans
le di~sPrt, ct, eha<JUe jour, il r•'mnissait autour de ec signal C'CUX
•tui <;ehappai<'nt ù la sainte fureur des six apùtres. On raeonte
que ee fut lui «JUi solli(·ita Sidi Hassarn Moul el-Bah (le~ portier)
de fait'(' clèhordet• rouPd Tensift pour at•rèter l'exode <les popu-
lations herht'.t·es.
18" A hl Talwria; situèe Pntre lPs Uulad Aïssa, Tala et Dra;
relève •lu «jald el-~leskali.
Hl" Sùli Abd Allah ben Ouasmin; territoire de Haneban,
pri~s fln ntareh{• de Souq et-TIMa: jul'idietion du «Jaid cl-
Krimi.
20° Jlouley bou Zer!.:toun; sm· 1<' territoire de Tala : relève
du qard cl-Hadji.
21" Sidi bon Brahim; territoire clc Krimat: qaïdat d'cl-
Jüimi.
:":!2° Sidi Saïd hou Gltembour; territoire des Uulad Aïssa : qal-
dat d'el-Hadji.
23° Sidi bou Yaqoub; territoire des Oulad Aïssa: qardat d'el-
Krimi.
Sidi hou Yaqouh sc eonsacra à l'existeucc lu~rémiti<JUC sur
le sommet du lJjchcl Hadid. Il cmhrassait de là un pano·
rama immense, ct surveillait la eôt<', où les chrétiens cher-
chaient souvent iL débar<tuer. Sa qouhha hlauche est posée
comme un signal sur la erMe de la montagtH'. Elle est déserte ct
nue. Le tombeau du santon r<'pose claus un eatafalque de bois
reeouvcrt d'une YieilJe toile. A ctit(• dP lui se h·oun• une autre
tombe dout on n'a pu nous nommer l'hôte. Cne pièce vide, de
:.> mèh•es de longueur, <'IL Yi rem, sur 2 mètres de largeur, sert de
mosquèe it la zaouia. La fa•:adP «JUÏ r<'g-arde l'Est porte un
mihmb pcreé de mPurtrièrPs par oü l'iman peut voir l'Orient
quand il fait la prière. U uP autre piôcc vide servait de salle
d'Mnde aux Pnfants. La zaouia ne compte plus que 5 feux. .
24° Sidi J"ala ; zaouia sitw'le cnh'P les Oulad Aïssa, Aghissi,
el-Han<"han Pt Bou Trif<'ch; relèv<' du qaïd el-Krimi.
Dl \îSION I'OJXIïQU:

La fPihu de Chiàd 'ma Pst divis{•p en dPux 1/fs a uxquP Ls on


donne les noms dP Leh'lnf et dP Drou'. LP f<'rritoil'e est parta~·~'
ndntin·1 ~t
" l'a t'!\"t'ment Pn cmq
. qnïdats 1 1) ·

r (t) 2'ions eiterons. comme e:<emple de l'incessante évolution de l'organitia-


11;; politique du Maroc, le gt·oupement de la province de Chiadma en jan vier
et ~-On verra que des modifications pt•ofondcs se sont produites entre 1905
fé 90~ ri_ans la répat·tilion des ()bilas. Le Sultan Moule.v Abd el-Aziz cou-
p ra offîcteusernent le litre de qaïd rie tout Chiarlma au qaïd el-1\ourimi,
a:~~~~e ramenet• it son pat•fi ct lui faii·e llhllndonner ln f".lluse de Monle.v Pl-

Tt> lia.
Oulatl .\ïssa,
Oulad l'l-llndj EI-:\Ienaeet·,
(Qaïd Hamcd cl-Hadji) Oulad el-Hil<lj.
i>aO chevaux, Toua hel.
6.000 fusils. Zaouia Akermourl.
Zaouia El'lana.
Zaouia bon Trilet"h .
.\ht•l cl-Koul'Ïmat,
( Oulad hou .\jima.
:\(l't\Jlll'I',
Kourirna \ El-Harth,
(Qaïd Si :\Iohammed bPI Hadj .\joum,
llamed hel Aïachi el-1\omimi)./ El-:\Il\halif,
Chiarlma.
1.500 chevaux. Zaouia Kourath,
R.OOO fusils. Zaouia Aït B;\azzi.
Zaouia Hon l'.\lam,
Zaouia Amzilet.
Ahd :\lcskala,
Loummadtl.
El-Assaka.
Mcskala Drà,
(Qaïd cl-Hadj el-Hassen bel Hadj Hanchan.
Mbarek Khonhban el-:\It•sli:ali). Hassan,
1.200 chevaux, Qsima,
8 000 fusils. Zaouia Taout·il'l,
Zaouia Talmest.
Zaonin Sld;ll.
ABOA

.• CARTE
\ 7JJrMe.w!t •• •• politique et relig1euse
•• / de la tribu de
··:·ME TOU GA A MA
-. CHIAD'
GRANDES ZAOUÏAS PETITES ZAOUIAS
1 Sidi Ouasmin. 13 SzdiAbdAJ!alJ ou Said
2 S1di Ali Jil-/{ratf 14 Szdi Abd en- Naiin.
3 Talmest. 15 Ali! Taktent.
4 Bou llitec!J. 16 Sidi Aissa .Bou /(]]abia.
5 SidJJ!assain Mou! el-.Bab. 17 Sidl Aissa Moul Jil-Outed
6 Akermoud. 18 Alzi Taberla.
7 S!a3t. 19 Szdi Abd Allah Ouasmin.
8 AmZilat. 20 .Moula,y_ .Bou Zerktoun.
9 Meramer. 21 Szdi llou Brabim.
10 S1di Bou 1-Afam 22 SJdi Said Bou Gbemoour.
1i Agl11ssi. 23 SJdi Bou Yaqoub
i2 S1di Sairi Sabek 24 Szdi Yala.
ClllADliA ET REGRAI>A

Oulaù el-Ha.(lj 0

Oulad Aïssa 0

Qaïd cl-Hadji
) Tella,
El-Mnâcer.
Leh'laf. \ Meramcr,
Qaïd ~\gourrtîm Pl-~kramri El-.\ledaraâ,
( Ahl Haret.
~ En-~ejoum,
Qaïd Gheridou el-Màroûri ; Et-Tho~àbet,

.
( Mckhàlif.
1 ) El-Krimàt,
Qaïd si Mohammed
Oulad bou Njima,

Drou' l Bel Aïachi cl-Krimi

Qaïd cl-Hadj Hasseln Ould


Naïràt.

1~E::H:rir,h
1 Khoubbàn el-Meskali M- kanl c an,
es a a,
\ El-Assa'assa.

ÛULAD EL- HADJ

B Notables. - Qaïd Hamed El-Hadji; Chikh Si Dhaman ould


ou Nouala; Si Mohammed Zouo ; El-Kouchi; Ahmed ould
Gheridou. 0
, u 1ad Ben Doula.
Marché. - El-Khemis (Oulad Saad).
Organisation :
l Haferd en-Nejer,
1 Affourar,
Oulad el-Hadj ' El-Oulza,
J Oula~ Amira,
Za . f Soufier.
n Olnas. - Seïd de Sidi Hosseïn Moul el-Bab, ct zaouia Ret-
S~a (Chikh ould si Tahar hen Allal) ; Sidi Aïssa hou Khahia ;
el-M Saïd ben Ta aria (à coté de la den.lCure du qaïd) ; Si di Ali
. aachat ; Sidi Mohammed cl-Qoutoubi ; Sidi Moul cd-Dou-
n ta· M
' ouley Abd cs-Selam.
Eaux
' -
c·lternes et puits de 10 brasses.
A lJ CŒUH IlE J! A TL.4$

·"'v/. - .\lamdons hoi"'t'•s tl'at·g<ms et pieJ'l'f'UX.


Cult!ll'f'. - Ct'•rt'~alm;.
nébrJIIcllf;. - ~ali l't
:\logadot•.
Voir! dr· umwumication. - HoutP dP Safi à :\·lo~rador.
Limites. - l\'m•d : .\hda (Aleghiat').- Est : Et-Touàhet.
S1Hl : El-Mwu:er. - Ouest : la mer.

UuLAD AïssA

Notables. - Aïssa el-Aouar (Oulad 1\helfoua) ; .\bd Allah


ould Mharek (Oulad .\li).
Marchés. - Tlèta (mardi); Djemaâ (vendrelli).
Organisation. - Les Oulad Aïssa hahitcnt pour la plupart
sous des nouaïls; ils sont group(•s autour de leurs zaouia ou des
demcurf's df' leurs chioukh rlc la fa1·on suivante :
El-Gouramta. ~ Zaouia Sidi Ali ben.Sald
El-Kohcul. ? Zaouia Setta ou Sethn.
Oulad Ali
) Sirli Ouasmin,
Sidi hou Yaqouh.
~ Sidi Ali hou Bouâli,
Onlad Klu•lfoua. ' lfri,
( 1lar qaïd HPgragui (cP qaïd Pst f'll prison)·
Zaouia. - .\kcrmoud; Sidi Ouasmiu; Ahl Tahria. Si BoU
Youb. Sidi Sald Bou GhPmhour.
Eaux. - Citernes; puits de 1 iL 5 brasses; sources à Sidi
Ouasmin et Assouafit·.
Sol. - Plaine et collinPs.
Culture. - Céréales, vig·ncs ct vergers.
Débouché. - Safi et .Mogador.
Voie de communication. - RoutP de Safi à Mogador.
Limites. - Nord : El-Mwu:cr. - Est : Hanchan. - sud:
Dra ct l'ella. - Ouest : la mer.

l'ELLA

Notables.- Le qaïd Bou Jcma vient d'ètrc tw~ (Janv. t90S~


sa demeure est voisine du Seïd Sidi Amer; Chikh Mohaullne
Ould Chi;wud (Dnr cl-f~ucddim): Onlnd Haïs OnHll'.
CHI.\.DMA ET lŒGRAGA 425
OJ·yanisation. - tiroup<'mPnts autour dP qu<'1qucs rar<'S mai-
sons :

1
1:1-~il'Ol~ll .
Tella hz-Zrahl,
Imzourar,
Chicht.
K Zaouias. - Moulcv Bou Z<'rktoun Haddada ; cl-)laachad cl-
Dhegouha (Zaouia de •Sidi ;\li:\faachou); Zaouia ech-Cherif (Dar
emana, Ouezzau).
\'Eaux. - Citernes ; puits le long de la mer; sourees Oum-cl-
. foun ; Moule-y Bou Zerktoun.
Sol. - Mamelons pierreux et broussailleux.
(Q Culture. - Cérèales. Trois fermes: Azih Si Allal Akenour
·.t ebbat à la.. donan<' d<' Mogador•') : .\zih Ahr11 ham Kouriat (l~n·at\-
11 (') • \ ') • ;
' · Zl ' )1. Rrtchman (Anglais).
D'b
e ouché. - ~{og·ador.·
V~ic de communication. - RoutP de Mogador à Safi.
0 Ltmites. - Nord : Oulad Aissn. - Est : Oulnd Aïssa, Dra. -
.,ud. H h
· a n · - Orwst : la nwr.

1
j
.Organisation. -Les hahitants logent sous des nounïls !-!Tou-
pc~ autom· d<'s maisons cles chioukh ou des seïds de la fat,~on
sun·ante

Chikh Si Qedtlour hf'l Arhi,


Chikh el-KhaJir,
Seid Sidi Sallah (au bord de la mer),
Seid .\hd .\llah <'1-Bettach (route de Safi),
Sidi lt;haq,
Dar Si hou Chaïb er-Hohi,
ForN tl'<'l-Khcrouh el-Koheul.
~. \l'1 ~~'l-1\.l'nh.
Zaouia • - o")l. . .
Eaux .• - C't
•l <'l'lH'S: pmts ~· l'1 1Ç h aq.
· (1(' 7 a· 8 1ll'IISSCS Il' ùl<
Sol. - ;\{a
1 1 .
'Ille ons pwrreux e IOises.t ] . .
Culture · - C. . es.
_.erea
1)t:hou h ·
1
· c P. -Safi et Mogador.
426 AU CŒI:II IlE L'ATLAS

Voie de communication. - Route de Mogador à Safi.


Limites.- Nord: Oulad El-Hadj.- Est: Mekhalif.- Sud:
Oulad Aïssa.- Ouest : la mer.

MEDARAA

Notables. - Si Mohammed ould Aluned ; Abdallah Agourralll


(qaïd).
Marché. - El-Had.
Villages. - Souïra, un mellah ct plusieurs petits villages.
Zaouia. - Tiktent. Meramer ; Amzilat.
Eaux.- Puits.
Sol. - Plaines et mamelons.
Culture. - Céréales, vergers, vignes.
Déhouché. - Mogador et Safi.
Voie de communication. - Route de Merrakech à Mogador.
Limites. -Nord: .i\'cdjoum et Ahl Harret. - Est : Oulad.
Bcç-Çbâa. - Sud : Naïrat. - Ouest : Hanchan.

AHL HARTH

Notables. - Ould Bel Moqaddem; Si El-Aïachi.


Organisation. - Douars et quelques maisons éparses.
Eaux. - Puits de 8 à 10 brasses.
Sol. - Plaine.
Culture. -Céréales.
Débouché. - ~logador et Safi.
Voie de communication. - Houte de Merrakcch par Meraiiler.
Limites.- Nord : Ahda.- Est: Ahmar.- Sud: Medaraâ·
-Ouest : Nedjoum.

EL-KRiMAT (KouRIMA)

Notables. - Qa'îd Si Mohammed el-Aïachi ould si Sald e~'


Kourimi ; chioukh ses oncles et ses frères : Si Hamroou e f
Qerd ; Si el-Hadj Hosseïna ; Si Aomar ; Si Tahar; Be
Mamoun ; Ould ldder.
Marché.- El-Jemaâ.
f.HIADMA ET R~:GRAGA 427
Organisation ·
Lâhadla.
(Chlkh Si Hamou el-Qerd,
oncle du qaïd, très riche
et puissant).
Forêt de Qesoula,

l
Aountiri.
(Chikh el-Hadj Hosseina.) Nzala moqaddem Messaoud,
Tafettecht.
Mestemmou. ~ .Aïn Oumest (Source),
(Chtkh Ould ldder.) ( Forêt de Mtohzan.
(
C Leghiba. ~ Scïd Si di Mohammed ben Brahimi
htkh siAomar (filsduqaïd) ( Souq el-Jcmàa.
Bir el-Fid.
Chlkh Ould bel Lebzar.
~aouias. - Tilioua. Zaouia de mauvais renom dirigée ~ar l~
kh Ould el-Hafid. Bou Tritech (près d'Aquermoud), feqth el"-
Bo~tritichi. Sidi bou l'Alam. Chikh Si Tahar. Aghissi cheurftt
Drtssiin. Chikh Ould l\fouley hou Fach. Bou Brahim. Sidi
Salah.
~aux. -Oued Tafcttcch ct puits de 10 brasses.
Sol.- Plaine mamelonnée.
· . 1es <}ue l ques verg·ers.
Culture · - Ccrea
Do '
e ouché. - Mogador.
V:ie de communication. _ Route de Mogador à Merrakech.
Lunites. - Nord : Naïrat et Oulad Bou Nedjima. - Est :
Ohulad Beç-Çbaà. - Sud : Assaassa ; Meskala. - Ouest : Han-
c an.

d Notahle.s. - Qaïd Khouhban el-Meskali; voir les chioukh ci-


essons.
Marché.- El-Had.
Zaouia
Si . · - El- Machat; Si Ahmed El-Hamri; Sidi Qanoun;
di Yahia.
;aux. - Aïn El-Hajer et puits de 8 à 10 brasses.
.
ol.- Plaine·•
428 AU Ctt:liR DE L'ATLAS

Or,qa11 i.mtio11 : ( Seid Sidi Tleha.


Jaouna.
Rouissat.
Sidi Thami ei-Aïour.
Aït bel Kerroum.
Ou nara
Sidi Mohammed el-Hamri.
(Chtkh Allal)
Bel Kheraz.
Nboubat (puits fameux).
EI-Hassen el-l\Ienhir.
Bou Jelakh.
Bir Selim. •

- EI-Kahra (Chlkh Si Allal ould el-Hadj Tahaf)• '

Oulad Mimoun
Dra

- EI-Hoggara .


- El-l\Iseïm (Chlkh llaoudan) . · · ·
d' Qaddo"'
l\letraza. Chlkh Si l\Ioltammed Ould el Ha ~
Erahat id.
~ CMah id. ·
Oulad el-Hadj , Zmanat. Chikh Annour. ·
(Chtkh Abd ei-Qader i A" H . ~ Chlkh Aomar Ahellouch. f
hel Lebaz) J ID e1- a.1er ~ Chlkh 8rnain. . G errouj·
r
Zaouia Sidi Yahia. Chikh Si Ham1da e1· u
l\louley Anza (metraza). )
Sidi Ali ber Rahmoun (Seïd, medersa. qoubba •
' Ait Allal. Chikh Ould ei-Guetra.
Hhaïa. ~ Soualha-medersa de Si Bihrouk-feqi~ hO
1 Ribrt Aïat. Chikh Mohammed Ould .l.l,ann '
CIIU.llliA ET llEGRAIJ.\ .\29

'Dar' s· Al
oc~ lai, Jernàa, Souq el-Had, Diour el-Had.
feiJ.ih Ould bou Oun, taleb el-l\ladani.
Tahia. pmts de 3 mètres de profondeur.
\
~~:~~· ~edersa ; seïd Rjel-bir 8edra.
Aït 1 ehfa chikh 1\lbarek ei-Ftah.
Jen Hamed
Ei-0leila ·
Qzar ~1-fqih Si hou Jemùa.
1 ·aoma
Za . Kt1 'fa h ar~a.
.
• OUia Aït el·Qaïd, seïd Sidi bou Lanouar.

Ou lad Kerkour.
Aït bou Zeid.
\ Dar· Amara.
, Forêt d'el Betja.
Oulad Aïssam.. El Falati.
Aït el-Hadj Regragui.
Dar 1\lharek.
1 Serita (plaine).
Dar el-Hadj Tahat·.
\ Dar Chlkh el-Haoudan (des Boggat·a ou Mseïm).
ErR .. ~. Aït el-Hadj Abdallah.
mellat . . . . El-Hadj en-Hajmi hou Ljem.

~
Art . El-Hadj Ali bell\lat~
Zao~l~Bachtr; Chlkh El-Hadj Hamida Ould ITak~ellouk:
Ouid 81.Nd.gou1a. Chtkh Si Qanoun ; moqddem S1 el-Arln.
1 Haïda. Chtkh Si Abhou.

\ ~f:.dihr el Gouneïn.
J Do e alla.
1
ua.
·, Tseira.
Dar Amer
1 El Braou
. za.
Z·aou1a D
·
ar Demana.
430

Culture. - C!~réales, vergers, vignes.


Débouché. - Mogador.
Voie de communication. - Route dP Merrakech.
Limites.- Nord: Oulad Aïssa.- Est: El-Hanchan.- Sud:
Meskala. - Ouest : Ha ha ; Tala.

OuLAD Bou Nm!A

Notables.- Chtkh Si Tahar ould el-Kharta. Omar el-Arej.


Douars et maisons.
Zaouia. - Sidi Abd en-Naïm.
Eaux. - Aïn Amassat ; puits de 3 brasses.
Sol. -Plaine et mamelons.
Culture. -Céréales.
Débouché. -Mogador·.
Voie de communication.- Route de Mogador à l\lerrakeeb· f
Limites. - Nord : Naïrat.- Est: Oulaù lleç-Çhaà.- Sud:
el-Krimat.- Ouest: el-.1\rimât.

NA'iRAT

Douar·s et maisons.
Zaouia.- Sidi Bou l'Alam (voircl-Krirnat).
Eaux: - Puits de 6 à 7 hrart~&e~>.
Sol. - Plaine. •
Culture. -Céréales.
Voie de communicati~n. - Route de MalTakech par MraJll~:
Limites.- Nord: Medaraà.- Est: Oulad Beç-Çbaâ. _su ·
Oulad Bou Njima; el-Krimat. - Ouest: Ilanchan, Mekblllif,

• IIANCHAN

Notables.- Mbarek Ben Ali; Ahrned Bakenech.


Marché. - Et-Tlèta el-Qdadra ; el-Khemis Taq<Iat.
CHIADMA ET REGRAGA 4:11
Organisation :
Cbikh MLarek ben Ali,
Oul1l Bakmmich,
Forêt de (.Jessoula (entre Qdadra
El-Qdadra ct Qsima),
Dar Ould Bella ou Zeroual (en
ruines).
Zaouia Sidi Abdallah ben Ouas-
liane han.
mm.
1
Ifoulloussen (Jemâa),
El-Mrazi ; medersa, feqih el-Ba-
ch ir ben Jdaïr, 50 tolbas.
Taqqat Forêt de Rlizoss,
Chikh Omar Ould Zeida,
Chtkh Ould el-Mharouq,
Si Mohammed cl-Qiheul.
Zaouia. - Sidi Abd Allah Ouasmin ; Sidi Mohammed Ben
Ouasnlin · s· l' T
• li 1 1: ala.

sEaux.-
01
Puits d e 5 a. 8 b, I'IUHiPs ; source
. . Tlat a.
a
·-Plaine
Culturp C ·.
De'b ouch -· - érealm; ct vergers, vignew.
·
'Vo. e. - Mogador.
le de r'01n . .
L · . - mumcatzorL - Hou tc de Merrakecb.
zmues. - 1N , ,
Dra
. -o Uest : ord : 1\lekhabf. -Est: Naïrat, Meskala.- Sud:
Ou lad Aïs sa.

MESKALA
Notables .
Khouhb · - Qaïd el-Hadj el-Hassen ben el-Hadj ~1harek
Ould s· an el-:\leskali; Qadi Si Hamed; Mohammed el-Keziz ;
1
h Ahmed Ben 1\lharek.
<rJarch ·
Or ~- - El-Khemis el-Khtarat ; et-Tnin Loummarid,
ganzsation . •
El-Khtarat. Dar el-qaïd; souqel-Khemis;
A.hl Meskala Stfid Sidi Abdallah ou Seïd (medel'ia,
) feqih el-Jerari) ; plaine de Ta'tnint ;
mellah.
1
AL t:ŒUR DE L ATLAS

Aït heu Sl'llikh. i maisons attenantes à


la dPmem·•~ du qaïrl.
Tiiout, résidence de Clwurfa lkissiindela
confrérie des ~aciriin. Chikh Moule)'
Mbarck Chmino.
Shabha. Chikh cl-Hadj Ahmed, frère du
«[aïd.
\ Chikh Uuld el-Hadj el-Bacbir,
.\oug·dal î Chikh el-Hadj ~lbarek ould
.\hl )lcskala. ( Si Ahmed Mharek. .
.\ït heu K«wrek. Chikh ould el-Hazzali·
el-Hamri. Chikh Si l\lohammed Ould Si
.\mara. .
~~1-M_eh~~·c~ta. Chikh ~1-:\Iàt~.el-Mehel'C~d
Zaoma Stdt Amar<t. Chikh St Mohaillill , j
ould Sidi Amara. '
Zaouia Mezza. Chikh Si Hamcd. d
6
Zaouia cl-Fouirat. Chikh Si MohaD1Ill
hcn Hamida.
( Souq et-Tnin. · Si
Lounnuat·id ) Zaouia Si di Saïd Sahe«I (Scïd). Chikh
1 Hammou «·1-l\lourourli. Source.
Eau:r.- Puits de a à5 Jn·asses.
Sol. - Plaine.
Cu/titre. -Céréales.
Débouché. - Mogador. . ,
Voie de ~ommunication. - Houtc de Mermkech par IntJJl
Tano ut.
'ud:
Limites. -1\"ord : El-Krimat. - Est : .\ssaassa. - S
Haha. -Ouest : Dm, Hanchan.
'
• EL-AssA'AssA

Notables. - Bclaïd ould El-Hadj Ahbou; Si Ahntcd Bel


Mekki.
Marché, - Et-Tnin.
Eaux. - ~ourccs et puits de peu de profondeur.
Sol. - PlainP.
Culture. - Cér()ales et Ycrgers.
Débouclté. - Mogador.
roie de communication. -Boute de Merrakech à Mogador.
Limites. - :\'ord : El-Krimat. - Est : Oulnd Bcc;-Çhai\.
~ud •· •'lt
1
ou;.;·a. - Ouest : '[Pska 1a.

E'\-.\.Jüt;~I

:Yotable. - (Jaïd ~i ~aïd cn-~joumi.


Marc/té. - El-Jemaà de Sidi El-Aroussi .
.. Organisation. - IJar d-(Jaïd, détruite depuis dix ans. Chikh
St .'l[ohauuned bel Qaddour. Zaouia Sidi el-.\roussi.
Zaouia. - Zaouia de Sidi el-Aroussi ( Cheurfa); Sidi Alssa
.'lloul el-Outad; Skiat.
Eaux· - Puits de 20 à 40 brasses : Oued Tensift ·
·'~ol
· - Plallles
. et montagnes.
Culttt1'e · - c·erea
· l es e t ngnes.
·
Limites.- Nord: Ahda.- Est: A.hl Hm·fh. - Sud: .Me,[a-
t·a·\
' · - Ouest : Mckhalif.

ET-ToUABET

Notable. - Chikh Ali Tcbti.


Mm·ché.- El-Had.
h Organisation. - Dar ech-Chikh Ali Tebti. Zaouia Sidi .Aïssa
0
~ Khabia. El-Kheneg (près de l'oued el-Kheneg).
Eaux · - ,_., .~·t ernes : Oued
- Tcnst·rt.
Sot lll . . .
·- ame ct nutmdons boises.
CultUie.-. , . .
Cereales.
Débou h •
c e· - Mogador. Safi.
V~ie de communication. - Route de Mogador à Abda.
Lzmites.- Nord : Abda. -Est : Mekhalif. -Sud : el-Mena-
c;ei·
· - Ouest : Oulad El-Hadj.
:!8
434 AU CŒULl lJE L'ATLAS

MEKIIALIF

'11ftables. - Chikh Saïd el-Mkhloufi.


Zaouia. - Talmest, Bou Tritf'ch (voir Kourimat).
Eaux. - Citernes.
Sol. - Plaine et mamelons boisés.
Culture. -Céréales.
Débouché.- Mogador, Safi.
Limites. -Nord: Ahda. - Est: En-l\joum. -Sud: Han-
chan. -Ouest: El-Mena<;er, Et-Touabet.


CHAPITRE X

OULAD BEÇ-ÇBAA

Les Oulad Be~-Çbàa sont une grande tribu arabe du Sahara.


La partie principale de la trihu habite encore aux environs de la
SeguiC't el-Hamra. La fraction dont il est question ici émigra
dans le Houz il y a deux cents ans environ. Elle se divise en
deux qardats :
~
~
Oulàd El-Ghazi,
Oulad Qaïd Mharek Bel Bachir. ( El-Hajaj.
Beç-Çbâa. • ~ Oulàd Brahim,
Qaïd Mohammed RaàB'.
( Oulâd Amran.
Les limites de cette tribu sont: Nord: Ahmar; Tekna. -Est:
Medjat; Mezouda.- Sud : Douiran; Seksaoua; Nefifa; l\ltouga.
-Ouest: Chiâdma.
Ût:LAD EL-GHAZI

Notables. -Abdallah hel qaïd ; si Hamida ben Tabar.


Organisation. - Quelques maisons ct des douars : Oulad
Djemmouna ; El-Ababsa; El-Helalat ; Oulad Abd cl-Moula ;
Oulad Chennan ; El-Gouaïat.
Statistique.- 100 chevaux, 400 fusils, 500 feux.
Sot. - Plaine.
Produits. - Céréales et verg·ers.
Eaux.- Citernes et puits de 15 à 20 brasses.
Voies de communication.- Route de Merrakech.
Débouché. -Mogador, Merrakech.
Lùnitt~s. - ~m·1l : Ah mar.- Est : Alunai': Uulall .\mran.
~ud : Oulad Brahin1. - Otwst : Chiù1lma.

Er.-llA.L\.1 1ll.\ll.JADJ 1

.Votaliles.- Si .\htl el-lljellil hen ~[c,lclehi: Uuld .\g·lwuadj :


Si Tahar ou Ill .\li oulll-Bihi : ~lohammed oulll Lekhal.
Organisation. - ()uelquPs maisons et dPs 1louars: Oulù1l Bcg-
gat• : Oulad Zaouia : Oulad .\ïssa : Oulad hou .\ng-a.
Statistique. - :10 <'hi•Yaux, 300 fusils, tOO f{'UX.
Sol. - PlainP.
ProduiJ.,. - c,:·t·<'~ales.
Eaux. - Citl'rnes l't puits dl' 3 it 20 lmtss,•s.
Débouché. - :\l{'tTakl'eh, .\logaùor.
Voie de communication. -Route de Mcrrakech.
Limites. - ~ord: .\hmar.- Est : Tckna: l\ledjat : .\lczouda.
-Sud : Douira: SPJ,saoua. - Oulaù Amran.

Üt;LAD BRAHBI

Notables.- Qaïd .\lohammcd Hihth; Brahim ben .\lohannucd;


.Ahd cl-JI'lil ould <'1-Kouri; Mohammed ould Bou Jcm<la.
Organisation. - .\faisons et des douars : Ahidat : Dmissat ;
Oulad .Moumen ; Oulad Sghiri; Mdadha ; Mzazka.
Marché. - El~Arha.
StatistiquP. - 100 clwvaux, 400 fusils, 600 feux.
Zaouia. - Sidi cl-.\lokhtat·.
,...,·ot. -Plain<'.
Produits. - Céréall's.
Eazu. -Citernes Pt puits dP 6 hrassC's.
DéboucM. - Mcrrakcch, .\logador.
Voie de communication.- Houtc de ~lcrrakcch.
Limites. - 1\"ord : Oulad el-(ihazi. - Est : Oulad .Amran. -
Sud : .\ltou;.:·a.- Ouest : Chiadma.

Üt;LAD AMIIAN

N ut ables. - Mohammed Ould Mou<; a ; Ahm cd heu Lountin ;


HasSPll Ould el-l\loqaddem.
Organisation. - ~laisous et des doltal'S : .\hd allah lH'n ~lha­
rek; Oulad Bou Hassen: Douar ~fia : Douar cl-(;Iwha :.\hl Tim-
loulct.
Statistique. -1:)0 dwYaux. 30() fusils, i)()() fpux.
Sol. -Plaine.
Eau:r. - CitPI'Iles: puits dP 12 ù 211 ht·assPs: soureP de Tim-
loulet.
Débouché. - ~logador, "'lerrake('h.
Voie de communication.- Houte dP )[prrakPeh.
Limites.- ~ord: Ahmar.- Est : El-llajaj.- Sud : ~difa :
~ltouga. -Ouest: Oulad Brahim: Oulacl p}-(;Jwzi.

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vers MerrakiC!JF

1 MTOUGA
~roquis schématique des OU LAD BEç-ç:BÂA
G.Hure.
CHAPITRE XI

DOUKKALA

« Les Doukkala- dit M. Ed. Doutté (1)- sont un mélange


de Berbères et d'Arabes ... ,,
Le Doukkali est grand, assez rude d'aspect, vaniteux et ver-
satile. Drapé dans son haïk écru il a l'air indolent et pacifique.
Il est en réalité actif et belliqueux ; les muletiers et les chame-
liers Doukkala sont répandus sur toute la surface du Maroc,
presque tous ont, dans lPur tribu, un champ qu'ils reviennent
cultiver soigneusement. Leur loyalisme est précaire, et dure tant
que le Sultan réside à l\lcrrakech ; dès que Sa Majesté Chéri-
fienne part pour Fès le Doukkali ne paye plus l'impôt. Ainsi la
prospérité actuelle de la tribu s'explique par le long séjour de
~louley Abd Pl-Aziz dans le l'lord de ses états (2).
Les Doukkala ont peu de maisons. Ils vivent en douars. Leurs
douars sont formés de klwima et de nouala, de tentes et hut-
tes. Le chef de la famille habite sous la tente, les autres mem-
bres de la faulille occupent les naoula.
La tribu des Doukkala est normalement divisée en cinq qa1-

(t) Merrakec!t. Premier fascicüle, pages 126 à 278. Dans cette étude M. Ed.
Doulté étudie. d'une façon tt·ès complète, les mœurs et les coutumes des Douk-
kala. :""ous laisset·ons donc de cùté toute cette pal'lie épuisée pal' )"éminent
professeur, et nous nous bornerons à parlet· de l'organisation de la tribu.
(2) Les Doukkala ont prudemment évité de prendre parti dans les événe-
ments t•écents. Ils n'ont opté ni pour Monle,v Abel rl-Aziz ni pou1· Mouley el-
llaficl. Ils aspirent à vivre indépendants, administrés par leurs :erou{at
(conseils), sans payer d'impôt it personne (Jamirr 1908).
DOUKKALA

dats. Actuellement elle est fractionnée cn dix-sept qaülats ( 1 1.


Nous donnerons ici la répartition normale, ct en note la répar-
tition actuelle. Les cinq qaïdats sont :
Oulad Bou Aziz
'
Houzia, Chtouka, Chiad'ma,
Oulad Oumer
'
Oulad Bou Zerara,
Oulad Ferej, El-Aounat, Oulad Amran.
Ces qaïdats forment cinq khoms (cinquièmes), subdivisés eux-
mêmes en qbîla.

(1} La répartition actuelle en dix-sept qaïdats est la suivante :


Qaïd Ould cl-Hadj Mbarek Oulad Ghalcm.
Qaïd Ould el-Hadj Qaddour ) HOail'aid'naD, .b
. ua om.
Hrakta,
Oulad Aïssa,
Qaïd el-Hassin Oulad Hassin,
) Oulad Rebia,
Ou lad Zalim.
Hou zia.
Qaïd Triaï

Qaïd Ahmed cl-Ghcrbi \


~
Chtouka,
Chiadma.
Gherbia.
~ Oulad Sbita.
Qald Abd es-Selam ez-Zemamri Zemamra.
Qald Abd es-Selam ez-Ghenadri Qhenadra.
Qaïd ben Oumer Beni lkhlef.
Qaïd Ahmed cd-Derqaoui Beni Mdassen.
Fetnassa,
Qaïd Bel l\lehdi
OuladJaber.
Qaïd Ould Hamadi Oulad Meslem.
Beni Helal,
Qaïd el-Hadj Abd el-Qadder
Oulad Taleb.
Qaïd bou Ali Tous les Oulad Ferej.
Bosra,
Qaïd Abd es-Sclam
~
Ou lad Harold,
Metran.
S Oulad Youçef,
Qaïd Ralem
? Beni Sir Ciris.
Qaïd Si Qaddour el-Henini
5 Oulad Salah,
( Oulad Bou Bekr.
Qaïd Abbas bel Qaddour Oulad Saïd.
140 Ar et:t:rH DE L'ATLAS

lllriSIO~ m:s 1)OijKKALA


Uulad W1alPm,
llaïaïua,
Haralda,
Oulad Bou .\ziz (1 Khoms). Oulad .\ïssa,
Oulad Douih,
Ou lad Bassin,
Oulad Rehiu,
Oulad Zalim.
Bouzin,
Triat (1 Khoms). Cbtouku,
Chia·dnw.
Ghcrhia,
l Oulad Rbi.ta,
' ZPmamra.
Oulad Omner (1 Khoms).
J Ghenadra,
( Ben lkhlef,
t
· Beni :\•Iedasscn.
Beni Helai,
Oulad Ahmed,
Oulad Mesl<'m,
Oulad BouZerara (1 Khoms) Fetnassa,
Oulad Jahcr,
Onlad Taleh,
Onlad Ha hal.
· El-.\leharza,
, . ., , \ Oulad Amara,
Oulad ~ereJ (1;3deKhoms) J d, h l
r 0 tl1a H 1a aUlfil('( ,
' Oulad Sidi ~l<'ssaoud Ben Hassin.
Beni Sir Ciris,
Oulad Youssef,
El-Aounat (1/3 de Khoms). llosra,

1 Oulad Hamicl,
Metran.
\ Oulad Saïd,
On lad Amr an (1/3 de Khoms) , Oulad Bou Bekr.
1 Onlad Ralah. .
DOUKKALA

ÜULAD llHALEM

Notables. - Ah<l Pl-(ja<idPr Khou Lahmai', Si El-Ghali.


Marché.- Et-TlMa: d-.Jema<L
Zaouia.- Sidi Ahmcd Ben :\lbarck.
Puits. -Puits de 7 à 8 brasses.
Sol. - 'lanwlons picri'eu:x, plaine riche 1ln rùté du Souq cl-
Jcmaà.
Cultw·,!. - Cèrt'•ales.
Débouclu!.- '[azagan, Sati.
Limites.- ~ord : Oulad .\ïssa. -Est : Haïalua. - Sud:
Oulad He hia. Onalidia. - Ouest : la mer.

H.üAÏANA

Marché. - Es-Seht.
Zaouia. - 'loulaY Abdallah Ben .\hein, à Saïss.
_Puits. - Profondeur 20 brasses .
.'')ol. - PlainP de honni' qualité Pi fJUelques mamelons pier-
reux.
Culture. - Cl•t·l~ales, cactus.
Débouclté. - 'Iazagan.
Voie de communication. - Route de '[azagan à Safi par
Gharbia.
Limites. - :\'ord : Harakta. - Est : Oulad Ben lkhlcf. -
Sud: Oulacl HPhia. - OuPst : Oulad Ghalern.

JI.\.RAKTA
Douars.
Zaouia.

Ulis.- ProfondPnr 6 ù Hl hrasiiws.
Culture. - CPréalcs.
D'b
e ouché. - 'lazag-au.
V~ie de comnwnic~tion. - Boute de .'\lazagnn ù Safi.
H Llmites. - ~ord : Oula1l Donih. -Est: Ben Ikhlef.- SIHl
aïaïlla · - Oulad .\ïssa.

Mm·cl1é.- El-llad.
nouars.
1
442 AF Clll<:lJR DE L ATLAS

Zaouia.- Sidi Ghalcm.


Puits. - Aïn Sidi abd cl-Aziz, puits de 2 à 4 brasses.
Sol. - Mamelons très pierreux ct plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché.- Mazagan.
Voie de communication.- Route de Mazagan à Safi.
Limites. -Nord : Oulad Douïb. - Est: Harakta. -Sud :
Oulad Ghalcm. -Ouest :La mer.

OuLAD DouÏB
Marché. - Es-Sebt.
Puits. - Profondeur de 25 brasses.
Sol ..- Quelques mamelons pierreux ct surtout plaine.
Culture. -Céréales.
Débouché. - Mazagan.
Voie de communication.- Route de Mazagan à Safi et,de
Mazagan à Merrakech.
Limites. - Nord : Oulad Hassin. - Est : Harakta. - Sud :
Oulad Zalim. - Ouest : la mer.

OuLAD HASSIN
Grands douars.
Zaouia. - Mouley Abdallah ben Mcghar, à Têt.
Puits. -Profondeur 12 à 15 brasses.
Sol. - Mamelons pierreux.
Culture. - Céréales, potagers, vergers.
Débouché. -Mazagan.
Voie de communication. - Houte de Mazagan à Safi. Route
de Mazagan à Merrakech.
Limites.- Nord: Mazagan et El-Houzia.- Est: El-Houzia,
Maharza et Beni Helai. -Sud : Oulad Douïb. - Ouest : la mer.

OuLAD REBIA

Notable.- Si Mohammed El-Arouri.


Douars.
Zaouia. - Sidi Ali Ben Mhammcd.

ilt •
DOUKKALA 443

Puits. -Profondeur 20 brasses.


Sol. -Plaine.
Culture. -Céréales.
Débouché.- Mazagan.
Voie de communication.- De Mazagan à Safi et à Merrakeeh.
Limites. -Nord: Haïaïna.- Est: Ghenadra et Ben lkhlef.
- Sud : Oulad Sbita. - Ouest : Oulad Ghalem.

OuLAD ZALIM
Douars.
Puits.- Profonds 3 à 5 brasses.
Sol. - Mamelons pierreux.
Culture.- Céréales.
Débouché. - Mazagan.
Voie de communication. -Route de Mazagan à Safi.
Limites. -Nord: Oulad Douïb. - Est: Oulad Douïb.
Sud: Oulad Aïssa. -Ouest: la mer.

HouziA
Marché. - El-Arha.
Douars et ville d' Azemmour.
Zaouia.- Moulay Bou Chaïh d'Azemmour.
Eaux.- Puits de 5 à 7 brasses. Oued Oum er-Rebia.
Sol. -Mamelons pierreux et plaine.
Culture.- Céréales.
Débouché.- ~lazagan.
Voie de communication. - Route de :\lazagan à Merrakech
et de Mazagan à Casablanca.
Limites.- Nord: Rivière d'Oum er-Rebia, Azcmmour (ville).
-Est: Oulad Feredj. - Sud: , Beni Helai. - Ouest: Oulad
Hassm.
et Mazagan.
CHTOUKA
Marché. - Et-Tnin.
Douars et Ville d'Azemmour.
Zaouia.- Sidi Bou Bekr.
Eaux. -Puits de 12 brasses, rivière d'Oum er-Rebia.
Sol. - Mamelons pierreux ct plaine.
Cultur~. -Céréales, potagers ct vergers.
44-i A lJ C<J<:l;l\ liE L'A TI.AS

Débouché. - llazagan nt .\zPmmom·.


Voie de communication. - Honte dP Mazagan à Casablanca.
Limite:;. - :\ot•cl: Chaouia.- Est: Chiadma. -Sud: Ou<'d
Oum cr-HPhia.- OuPst: la mer·.

CHIADMA

Jfm·ché. -Et-Tnin, placi• PtlfrP Chiadma Pl Chtouka.


Douat·s.
Zaouia. - Sidi Bou-BPIH'.
Puits.- Profondeur 10 à 12 hrasscs.
Sol. - Mamelons piPrrcux ct plainP.
Cultm•p. - Cérc'·alcs, pota~·<'rs Pt vergers.
Débouché. - llazagan.
Voie de communication. -Route de Mazagan à Casablanca.
Limites. - ~ord: Chaouïa, Oulad Amara. -Est: Chaouïa et
Oulad .:\IhammPcl. -Sud : Hivic\t'P d'Oum cr-Rebia. - OuPst:
Chtouka.
GHERBIA

Notables. - Si Ahmccl Ben Abdallah, Ou lad cl- .\min.


Marché.- Et-Tnin.
Douars.
Zaouia.- Oulad Ben Nifl'ou.
Puits. - Profondeur 10 à t:> hrasses.
Sol.- Petits mamelons Pt 1-!Talld<' plainP.
Culture. - Cér(~alcs.
Débouché. -Safi et ~lazagan.
Voie de communication. - RoutP de :\lazag·an à Safi.
Limites. -~orel: Oulacl Shita.- Est: Oui:..ul Salah.- Sud:
.\hda (Tcmral. -Ouest: .\hela (Temra).

Notable. -Si .\llllwcl Shiti.


Dowli'S, IIH t'a 1lc'~prospJ•Ïei.
/.nouia.- Sicli .\li Bf'l' Ba hal. dans c·PttP fraction sc• trouW un
asiJP cJp lt~]li'PIIX ,1!111'111.
llOt:KKALA

Eaux. - Puits rlP 10 à 15 brasses, source de ::-lidi .\li BPr


Ha hal.
Sol. - .\lanwlous d plainP.
f'ulturt!. - Cèt·(~ales.
/)éboue/If;. -~afi eOiazag<tll.
Voie de communication. -Hou te de Sa ti à ~lazag<t n.
Limites.- Xord: Oult>(l HPhia. - Est: Zemamra.- Sud:
tlherhia. - ÜuPst : ~\bd a.

ZEMA.DRA.

Notable.- (laïd Ahd es-Sdam BPl Haehmi.


Marc/té. -El-Khmnis.
Douars.
Zaouia. - El-Kouassem.
Puits. - Profondeur 2;) brasses.
Sol. -Plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché. - Safi ct
.\lazagan.
Limites. - l\"ord : Ghenadra, Oulad Hahal. - Est : Oulad
Bou Bekr. -Sud: Oulad Salah. -Ouest : Oulad Sbita.

(iHENADRA
Notable. -Ben Allal.
Marché.- El-Khemis (entre Ghenadt•a et Zemamra).
Douars.
Puits. -Profond. 25 brasses.
Sot.- Plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché. -Mazagan et Safi.
Z Limites.- ~ord : Ben Ikhlcf. -Est : Oulad H.ahal.- Sud:
enlantra.- Ouest: Oulad Rehia.

BEN IKHI.E•'
Notable.- Ben Oumer.
Marché. - El-Arba.
Douars.
Puits. -Profondeur 15 à 25 brasses.
Sol. - Plaine.
Culture. -Céréales et potagers.
Débouché. -Mazagan ct Ylerrakech.
Voie de communication. - Boute de Merrakech à Mazagan.
Limites. - Nord : Beni Helai. - Est : Beni Medassen. -
Sud : Ghenadra. Oulad Hebia. - Ouest : Haïaïna et Herakta.

. BENI MEDASSEN

Notable. -Si Ali Ben Derkaoui.


Douars.
Puits.- Profondeur 15 à 20 brasses.
Sol. - Plaine.
Culture. -Céréales et vergers.
Débouché. - Mazagan.
Limites. - Nord : Beni Helai. -Est : Oulad .Meslelll· -
Sud : Oulad Hahal. - Ouest : Ben lkhlef.

BENI HELAL

Notable. -Hadj Abd el-()adder El-Helali.
Marché.- Jemaà.
Douars.
Puits.- Profond. 20 à 25 brasses.
Sol. - Plaine.
Culture. -Céréales, vergers.
Débouché. -Mazagan.
Voie de communication. - Route de .Merrakech à Safi.
Limites. - Nord : Oulad F eredj. - Est : Oulad Ahmed. -
Sud : Oulad Meslem, Beni Medassen et Ben Ikhlef. - Ouest :
Oulad Doulh, Oulad Hassin.

ÛULAD AHMED

Notable.- El-Hadj El-Maati.


Marché. ~Et- Tlèta ;Sidi Ben Nour.
Grands douars.
Zaouia.- Sidi Saïd, Kouassem de Ouarar.
DOUKKAI..\ 447

Puits. -Profond. 30 à 40 brasses.


Sol.- Plaine.
Culture. -Céréales, vergers, vignes.
Débouché.- Mazagan.
Voie de communication. - Route de l\lerrakech à Mazagan.
Limites. - Nord : Beni Helai. - Est : Oulad Djabeur, Fet-
nassa.- Sud: Oulacl Bou Bekr.- Ouest: Oulad .Meslem.

OuLAD MESLEM

Notable.- Ould Ahmecl.


Douars.
Puits. -Profond. 25 à 30 brasses.
Sol. -Plaine.
Cultu1'e. -Céréales t vergers.
Débouché.- Mazagan.
Limites. -Nord: Oulacl Ahmed.- Est: Oulacl Bou Bekr. -
Sud : Oulacl Rahal. . . Ouest : Beni .Medassen.

FETNASSA

Notable.- El-Mehdi Oulcl Ali Yaqoub.


Douars.
Puits. -Profondeur 35 à 40 brasses.
Sol. - Plaines.
Culture. -Céréales, vergers.
D'b
e ouché.- Mazagan, Merrakech.
Voie de com~wnication.- Route de Mazagan à Merrakech.
Limites. -Nord: Oulad Djaber. - Est : Oulad Hamid.- Sud:
0
ulad Bou Bekr.- Ouest: Oulad Ahmed.

ÜULAD DJABER
Douars.
Puits. - Profond. 25 à 30 brasses.
Sot.- Plaine.
Culture. -Céréales et vergers.
Débouché. - Mazagan.
Voie de communication. - Route de Mazagan à Merrakech.
.i48 .\U COE{jR IlE 1.'.\TLAS

Limites. -1\"ord: Oulad Taleh.- Est: Meh·an.- StHl : Fet-


uassa. - Ouest : Oula(l Ahmn(L

ÜI;LAD TALEII

Puits.- Profond. de 2;j à 30 brasses.


Sol. - Plaine.
Culture. - Ct'•rl•ales, nr0·prs.
/Jébouclté. - ~laza,!:\·a 11.
Limites. - 1\'ord: Chaouïa. - Est: Metra11. - Sud: Oulad
Djalwt·. - Ou!'st : Oulad Sirli 'lessaoud.

ÜULAIJ lhHAL
Notable. - llen Uriss.
Douars.
Puits. - Profo11d. de 2:; à 30 brasses.
,','ol. - Plaines.
CultuN~. - C{~réales et ver 0·er·s.
DéboucluL- Mazagan. •
Limites. - l'lord : Beni ~ledassen. - Est : Oulad Bou Bekr·
- Sud : Zemamra. - Ouest : Ghenadra.

EL-~lEHARZA

Puits. - Profond. 15 il 20 brasses.


Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales, n-J•0·ct·s.
Débouché. - Mazagan.
Limites. - "ord : Chiadma. -Est : Oulad Mhammed. -
Sud :Beni Helai. - Ouest : El-Houzia. Oulad Hassin.

ÜI;LAD AMAHA
Douars.
Eau.c. -Puits de 15 brasses, rivière d'Oum e1·-lh•hia.
Sol. - Plaines.
Culture. - Céréales, verget·s.
Débouché.- Mazagan.
Limites.- "ord: Chaouïa.- Est: Oulad Sidi Messaoud. -
Sud : Oulad l\lhammed. -Ouest : Chiadma.
DOLKKALA

ÜULAD JfHAmiED (l\fHAMliED)


Douars.
Puits. - Profowl. 12 à 15 hrassPs.
Sol. - Plaines.
Culture. - Ct~réales et nrg·ers.
Déhl)uclté. - ~lazag·an. ,,
Limites. - ~ord: Oulad Amara.- Est: Uulad Sidi .'\lessaoud.
- Sud: El-.Meharza. -Ouest : Chiadma.

Ot:LAD Smt :\lt:ssAocn BEN HAsstN

Marché. - El-Had.
Douars.
Puit.\. - Profond. 1~ ù 211 hrassPS.
Sol. - Plaiul's.
Culture. -Céréales et n•rg·ers.
Débouché.- .Mazagan. .
Limites. - Nord : Chaouia. - Est : Oulad Taleb. - Sud :
B .
ent Helai. - Ouest : Oulad )lhammcd et Ou lad Amara.

BENI SlR CIRIS


Eaux. -Beaucoup de sources ct puits de pen de profondeur.
Sol. -Mamelons et plaines.
Culture. -Céréales.
Débouché. - 1\Ierrakech.
Voù( de communication. - Route de .Merrakcch à Casablanca.
Limites. - Xord : Chaouïa. - Est : HPhanma. - Sud :
Rehantna. -Ouest: Oularl Youçef.

Ut:LAD YouçEF

Notable. - ~lessedck ould El-.\ouni.


Marché. - El-KhPmis.
Douars.

uus. -Profond. de 15 brasses.
Sot. - .Mamelons et plaine.
Culture. - Ct\rt'~ales et n•rg·f•t'H.
D'b '-'
e ouché. - .'\lerrakech et Mazagan.
;!!1
450

Limites. -Nord: Chaouïa. - Est : Bosra. - Sud : Hehamna.


- Ouest : Mctran.
Bos RA
Marché. - El-Had.
Douars.
Puits. - Profond. de 12 à 15 brasses.
Sol. - .Mamelons et plaines.
Culture.- Céréales et vergers.
Débouché. - Mcrrakech ct Mazagan.
Limites. -Nord : Chaouïa. -Est : Beni Sir Ciris. - Sud :
Rehamna. -Ouest : Oulad You~~PE.

0ULAD ll.UIID
Douars.
Zaouia.- Sidi Tounsi.
Puits. -Profond. 5 à 10 brasses.
Sol. -Mamelons et le Djebel Lakhdar.
Culture. - Céréales et vergers.
Limites.- Nord: Metran. Oulad Youçcf.- Est : Rehamna.
- Sud : Rehamna.- Ouest : Fetnassa.

Douars.
Puits. - Profond. de 15 à 20 brasses.
Sul.- Plaine et mamelons.
Culture. - Céréales et vergers.
Débouché. - Ma7agan et Merrakcch.
Limites.- Nord : Chaouia.- Est: Oulad Youçef. - Sud:
Oulad Hamid. -Ouest: Oulad Djaher, Oulad Taleb.

ÛULAD SAïD

Notable.- El-Hadj Saïd.


Marché. - El-Arba.
Douars.
Zaouia. - Beni Dghough.
Puits. - Profond. 25 brasses.
Sol. -Plaine.
DOUKKALA 431

Culture. - Céréales et verg-ers.


'
Débouché. - Merrakech et Mazag-an. L

Voie de communication. - RoutP de 1\lazng-an à 1\lerralH•eh.


Limites. -Nord: Oulad Bou Bekr. -Est: Oulad Dlim. -Sud:
Abda.- Ouest: Oulad Salah.

OuLAD Bot:; BEKR

Notable. - Kassem Ben Djaoui.


Douars.
Puit.s. - Profond. de 2i) brasses.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales et vergers.
Débouché. -Mazagan et Merrakech.
Limites. -Nord: Oulad Ahmed, Fetnassa.- Est: Rehamna.
-Sud: Oulad Saïd.- Ouest: Oulad Rahal, Zemamra, Oulad
Mesle m.
ÛULAD SALAH

Notable. -Si Kaddour El-llini.


Douars.
Puits, -Profond. 35 à 40 brasses.
Sot.- Plaine.
Culture. -Céréales. .
Débouché. - Mazagan.
Voie de communication. - Route de Merrakech à Mazagan.
Limites.- Nord : Zemamra.- Est: Oulad Bou Bekr et Oulad
Saïd. - Sud : Abda. - Ouest : Gherbia.
UL\PITBE Xli

ABDA ET OUALIDIA

Les auteurs anei<•us nous appreuneut <fUC la tribu .\rahe de


Doukkala comptait au nomhre de ses fractions le clan des Abda.
l\"ous n'avons pu dôterminPr l't'•poque oü cc dan conquit son
autonomif' Pt deviut la tribu d'Ahda. Dans la suitf', cette tribu se
fradionna, et l'un de ses claus donna naissanee it la trihu <L\h-
mar. Hien IH' subsiste des liens originPls <fUi unirent .\bda à
Doukkala. Urw inimitii~ profonde sépare, au contraire, ces deux
trihus. En rcvatH:he ll's <taïds d'Alunar reconnaissent la suzcrai-
netl~ du <taïd d'Ahda.
L'histoir<' d'Ah<la est intimPulent mèléc à celle du ~Iaroc. La
trihu fut presque toujours so"umise au Mag·hzen. Ell<> fut la
clieutP ct l'alliéf' des Portugais auxquPls elle servit de rempart
c<mtrP les assauts <lPs Chiê\d'uw coll<luits par les He~·mga.
Lors de l'an'm<'mellt <h· ~loulcv Pl-Hassen la h·ihu Mait <livi-
sée L'ii <JUatrf' qaï<lats. Le sulta; réunit ces fraetions sous le
commandement d'un chef unique, le qaïd Aïssa, issu d'une des
plus anciennes famillt>s arabes (Himer) de la trihu ..\ sa mort,
son fils, Ben Omar bPn .:Hssa, lui succéda. Il Put pour successeur
son fils, Mohammed heu Omar, fr·èr·p du <faïd actuel Si Aïssa
ben Omar.
La mort du sultan ~(ouley f'l-Hasscn mit PU péril l'organisa-
tion <(UÏ avait <'-tè son œuvr·e ..\hda se souleva eouh·c son qaïd
en appelaut it son seeours les gens de Safi. Si Aïssa, soutenu seu-
lement par la fraction de Temra, s'allia aux Doukkala et écrasa
lïnsm·r·<wtioii. J)ppuis ](>rs, il r·èi-('IH' sans contest!'. Après s'être
.\lillA ET UL\LIIIL\ 'aii:1

fait reduutPI' il :;'pst fait aillli'J'. 1ln l'a hiPll Hl. quand, il y a 1flla-
ft•p ans, ]p sultan :\loulPy .\hd Pl-.\ziz. jaloux. d inquiet dl' son
prestige, lP fit al'J'êtPI'; tout }p llouz faillit sP soulP\ï'l'. Il fallut.
précipitPIJliiiPllt, l'PlùehPl' }p IJHÏ<I pt }p COIII!JlPl' dl' fa\ï'Urs.
Cettp f>pr1mvp a g-randi son infltH'Jl('P morah•. On 1wut dire qu ïl
est le IllaitrP Ile l'Ou Pst marocain, commP lP qaïd du Glaoui Pst
~e maitre du Sud. Sa fortunP eonsi(lt'•rable Pst le produit dP ses
Illlmensps domainPs, Pt non }p fruit dP soli administration. Il a
sous Sl's ordi'I's un noyau llP2.0UO cavalii'I's dwisis parmi SPs pro-
ches, et armés de fusils à tir· rapide. Cne dientèlP cousid{•rn hle
~ncomhre sa maison. Il nourrit ehaquP jour plus dP 2. 000 luites.
Sa passion pour la ehasse Pt sa simplieitl· sont lôgC'ndairPs. SPs
ennemis, 1pti sont Pneorc nomhrPux, lui rPproclwnt unP sl·,·(·ritl>
1
lui, à les C'Il croire, va jusqu'à la cruaut{• (1).
Les gens d'Ahda ne vivC'nt pas dans des villages. LPs riches
possèdent des maisons, leurs servitcurs C't lf'ltrs tPnanciPrs se
groupPnt autour d'eux dans dPs huttPs, des nollala.
Comme toutC's les trihus du l\laghzen, Ahda est divis<'~ en cir-
c~nsrriptions administratives nomm{~es Khoms (pl. Khmas),
c est-à-dir<> cinquième. Ahda ClHnprC'ncl trois khoms suhdivist'•s
en îd, c· 'pst-à-dir<> Pli mains.
Le groupPment politiljtte, lt> lejf, dont .\hda fait partiP se cmn-
}lose dPs tri hus cl' .\hmar, dP Chaouïa, d 'unP moiti<'~ de Chiâd 'ma,
d'une moiti{~ 1l<' li' ah 'a.
Le lpfl' cmwmi comprend : IJoukkala, Oulad B<>1·-Chaà,
Mtou"''l
ec. l' au t l'<' tnoihe
· · · d e ('l · l' uta, unP -frac t'1011 1l <' ..\h
~ nà1 .. mar
habitant lP t<>rritoire dl' Cheehaoua.
Le typp de l'Ahdi est commun; il est d'assez gTand<> taill<>,
q.uoique plus pctit que l<> Doukkali: il passc pour hrav1•. ~a sp{·-
Cialité est 1(·lC'Ya!r<' : ses bœufs sont forts ; la lainP dl' ses mou-
tons est réputée'; ses chPvaux sont, avec CI'UX de l\Itouga, l<'s
nl<>illeurs du R'arh. LP sultan possède, dans la presqu'il<' com-

1•.lllSUt'l'('<>('
(t) Si Aïssa heu Omat• 11 pt·is parti pout· .\lou ley ei-Jiafid rlès le 1lélmt de
\ j 'f . • , J 1 ) . . "t .
1 . . ' ton. c a stupe ac!ton genet·a e ec gt'iliH •(aï• , qm pm·mssm st
,~~;hs~e,_ ~ p01·té, 1~ pre mie~· c~u~1 et le pins ù_ange,t·eux ~u pomoit• de ~lou.ley
1 el Aztz. Il a ete nomme mtntsh·e des alfaH'Cs etranget•es du nouveau Sni-
fln. Ses fils ont 1;1,; nommc\s h1wha Pt onmnnn dr. Sali.
.....
..,.
~

CAR TE POLITIQUE
DE LA

-~i$" TRIBU D'ABDA


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OULAD OLIM

AH MAR

G.llu.~.
AllDA ~:T UUALIDIA

prise enb•e les lagunes d'Oualidya et la mer, une jumcntcrie oü


400 juments et <Iuelqu<~s (>talons vivent ct multiplient en liberté
sous la rcsponsabilitô ùc la tri hu <L\hda. On sait que cette res-
llonsahilitè consiste à rPmplae<•r tout animal <JUi meurt ou dispa-
ratt, en vertu d<' ee priueipe <pt<" le bien du Sultan ne meurt pas.

DIVISION n' ABnA

1
Oulad Zeïd,
Zaâ.

Behatra (1 Khoms)
1 Djehouch,
1 Temra,
Loulad,
Derbala,
Oulad Selman,
1 Aleghiat.

Alameur (1Khoms)
~{:~~:::~·
El-Behirat,
1 Mouissat.
\ El-ldalaA,
Rebia (1 Khoms)
l Chehali,

I Sehim,
Bekhati.

ÜULAD ZEïD

Notables. - Bel-Ghezal. Hadj Selam El-Feùoudi. Ben Mba-


rek el-Jelidi. Si Tahar Bel Habib.
Marché. - El-Had Herara.
Zaouia. - Sidi Bou Ch ta.
Sources. - Sidi Bou Chta. Sidi Chachkal. Takabrout. Beau-
coup de sources ct de puits de peu de profondeur.
Sot. - Hautes falaises ct mamelons rocheux avec cuvettes de
terre fertile.
Produits. -Céréales, pays pauvre, favorable au pâturage.
Débouché. - Safi. ·
451) .\U COl<: Pli DE 1.' A TI. AS

Voie dr· r·rJmlillliiÏ('(I/ion.- Houtf' dt> ~ali ,·, :\[azagau par le


lillo•·al.
Limilr·s. -.\or·d: lljt>hotwh. -Est: Tt>tllra. Loulad. -Sud:
T.-r·•·itoiJ•p dP Safi.- fhwst : Oet'•an.

Notabll•s.- Ou lad Hadj Klwlifa.- Si Allal BPn Hcddi.


M.arclté. - Et-Tlèta Bouarich.
Zaouia. - El-Ghaï Lin.
Puits. -l\liat bir on bir (cent et un puits). Puits nombreux et
pPn profonds (dt• 4 ù. 6 brasses).
Sol. -Mamelons rodwux.
Cultm·e . .- Cèrt~alt>s.
Oébouché.- Safi.
Lirnitrs. - Xord : Tetnra. - Est : l·entra. - Sud : Loulad. ..,
- Ouest : Oulad Zeïd.
DJEROUCH

Notables.- Si~accur El-Kissoumi. Oulad El-Feqih Bel Hadj.


Zaouia. -Aïr. et Si<li Mohammed El-.Maàti.
Le territoire de ÜUALIDIA est enclavé entre cette fraction. la
mer, Doukkala ct Temra.
Puits.- Nombreux ct peu profonds.
Sol. - Mamelons pierreux et broussailleux.
Culture. -Céréales.
Débouché. - Safi ct marché de Et-Tnin de Gherbia dans
Doukkala.
Limite.~.- Nord : Doukkala.- Est : Temra. -Sud : Oulad
Zeïd. - Ouest : la mer·.
TE liRA

Notable. -Si Aïssa Ben Omar, qald actuel de A.bda.


Villages. - La maison de Si Aïssa et celles de ses serviteurs
ct clients forment un groupe de :SOO it 600 maisons dans un
rayon de moins d'un kilomètre.
Marc hP. - El-Kht>mis rlP fionidir 1pnits).
AliDA ET OUALilliA 437

Statistigue. - 2.500 chevaux; 3.000 homnws, JlrüSf[lH' tous


arm(•s <IP fusils à tir mpidP ; 4.000 ù 5.000 fpux.
Zaouia. - .Maaehat d !\lonl El-Bt>rgui.
Puits. - ~omhrPux Pt asspz profonds dl' 15 à 20 brasses.
Sol. - )[anwlons pierreux rlnns l'Otu•st ; homH'S h•rres Pt
plain" it l"Est.
Culture. - Cù1·t'ales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication. - Houh• dP Safi à ~lazagan.
Limites.- ~ord : Doukkala.- Est : El-Idalaa, Sehim, Alch-
cin. -Sud: Derhala, Loularl. -Ouest : Za1\ 1't Djehouch.

LouLAn

Notables. -Si )lohanuncà ould HouizPnt.


Zaouia. - Zaouia dt' Herlil.
Eaux. - PPn dt' puits d h·t>s profonds, 15 à 20 lmtssPs, entre
autres les puits op Sarno .
.'·iol. - Plaint' mamPlonnt'•P.
Culture. - C!'•réales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication.- RoutP de Safi à Mazagan parSarno
et Gherbia. - HoutP <li' (;uprando pnssant par }ps Oula1l .\mran
de Doukknla, lP nwrché dn lJjPma<\ dl' SPhim Pt Sidi M'harPk
~loul el- 0 u 1·l(1.
LimitPs. - ~ord : TPmra. - Est : Dt>rhnln.- Sufl : Oulad
Zetd. - Otwst : Onlad ZPïd.

Th:nB.\L\

Notable. - ~lanti El-Hamidi .


. Eau.r.- l'n seul puits chPz :\laati El-Hamidi, 4i) hrassps; dPs
Citernes.
Sol. - )[amelons piPrreux com·prts dP g·pnPfs : has-fonds de
h .
onnes tPrrPs.
Culture. - Céréales.
DrihnuchP. - S 11 fi.

1
Voie de communication.- Houte de Safi à Merrakech (par et-
Tlèta) à Sidi Mohammed Tidji ct Zima.
Limites. -:Nord : Tmma. -Est: Sehim, Djeramna. -Sud:
Oulad Selman.- Ouest: Safi (territoire).
Le territoire de SAFI se trouve enclavé dans cette fraction qui
s'étend le long de la mer, depuis le cap Safi jusqu'au Djorf El~
Yahoudi, sur une bande de 4 ou 5 kilomètres de largeur.
Limites de Safi.- Nord: Oulad Zeïd.- Est: Derbala. -Sud:
Oulad Selman et Alleghiat (Abel Ghiat).- Ouest : la mer.

OuLAD SELMAN

Notable.- Si M'barek Bel Hamadi.


Marché. - Es-Sebt Guezoula.
Zaouia.- Sidi Sald Bou Ghenbour.
Eaux. - Guezoula, plus de 500 à 600 puits de 18 brasses;
citernes.
Sol. - Mamelons pierreux couverts de genêts et plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication. -1° Route de Mogador à Safi 2° route
venant de Djemaâ de Sehim à Mogador par Guezoula.
Limites. -Nord : Derbala et Safi. -Est: Alameur. - Sud:
Aleghiat.- Ouest: la mer.

ALEGHIA T ( AHEL GaiAT)

Notables.- El-Hadj Salah El-Mahmoudi. - Chikh el-Hadj


Bachir.- El-Hadj el-Fatmi.- Chikh Messaoud. - Oulad el-
Hadj Merah.
Marché. - Et-Tnin d'Aleghiat.
Zaouia. - Oulad Bec-Çbaâ.
Eaux. - Puits d'El-Malah, sur la route de Mogador à Safi.
Sol. - Gros mamelons broussailleux et pierreux.
Culture.- Céréales, potagers.
Débouché. -Safi.
Voie de communication. - Route de Mogador à Safi; route
ABD.\. ET OUALIDIA. t\o9

venant de Doukkala à Mogador par Es-Seht Guezoula et marché


de Et-Tnin.
Limites. - N"orù: Oulad Selman. -Est: Mouissat. -Sud:
Chiadma. - Ouest : la mer.

DJERAM~A

Notables. - Quebbour Ould Houman. Ould Nouiga (ancien


qaïd).
Marché.- Et-Tlèta de Sidi Mbarek.
Zaouia. - Zaouia de Sidi ~lbarek, Bou Guedra.
Eaux.- Puits de Tlèta Sidi Mbarek, 8 à 10 brasses; citernes.
Sol.- Petits mamelons, plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication.- 1° Route de Marrakech à Safi par
Zima; 2o Route de Doukkala à Mogador par Es-Seht de Guezoula.
Limites. -Nord : Sehim, Alehcin.- Est : Mouissat. -Sud:
Behirat. - Ouest : Derbala et Loulad.

ALEHCIN (AHEL HECIN)

Notable. -Si Ahmed Guerdam.


Zaouia.- Ahel Anegga.
Eaux. - Puits assez nombreux, de 8 à 10 brasses; citernes.
Sol.- Plaine.
Culture.- Céréales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication.- 1° De Safi à Merrakech passant par
Sebaà Sedrat; 2° Et route de Doukkala à Mogador par Es-Seht
Guezoula.
Limites. - Nord : Behirat et Djeramna. - Est : Djeramna.
-Sud : Aleghiat. - Ouest : Oulaù Selrnan et Derbala.

BEHIRAT

Notable.- Si Ahmed Ben Amer.


Zaouia. - El-Gourailn.
160 AU CUEI;R !JE J, ATLAS

Eaux. - El-Ogla, 8 it 10 puits de la brasses; citernes.


Sol. - Plaine.
Cult ure. - Ct'~r(~alPs.
JJébouché. - Safi.
VoiP rie communication. - Houte dP ~lerrakceh it Safi par
Et-Tlèta Sidi Mharek.
Limitf's.- Nord: Djeranma. -Est: :\i[ouissat.- Sud: Aleh-
cin. -Ouest: Oulad Selrnan et Derbala.

MomssAT

Notable.- Chikh Zaouia Ould El-Hadj El-Hachmi.


Zaouia. - Zaouia dP Sidi Kanoun. Sidi Ahmed Ben ~[barek.
Zaouia <le Lekouach.
Eaux. - Puits d'El-Hona de t) it 7 brasses.
S'ol.- Pays montagneux ct raviné. Djebel El-Mouissat.
Culture. - Cériml(•s.
Débouché. - Safi.
Voie de communication. - Boute de Snfi it :\IPernlwch par
Et-Tlèta.
Limites.- ~ord: Schim.- Est : Alunar. -Sud: ;\leghiat.
- Ouest : Alchcin.
EL-lDALAA

Notab!P. - Chikh Seghir : Bou Chaïb BPI' Hnhal.


Zaouia. - Sidi Ahmt><L Bou Medin.
Eatu:. -Puits de Gadir, 12 hrasses; citernes.
Nature du sol. - Plaine cl<' terrP noirf'.
Culture. - C<'r{•ales.
Débouché. - Safi.
Limites.- ~orel: Doukkala.- Est: Chchali.- Sud: Schitn·
- Ouest : Tenn·a.
Î.HEIIALJ

Notahles. - .\hd el-Qadder Ould Saül El-Hafian : Ould


Dnhman (l'un des ehefs du derniPr soulùvcmcnt).
Zaouia.- Zaonïet Sidi Zouin. EI-HncldPr, SidiBou Zaïkin.

.\llhA ET Ot:ALliJlA HH
Ealt.l'. - El-(;ut-tatnta. El-Haddt•l' (60 hmsses1: eitel'llt'S.
Sol. - PlaiuP t't tljt'hPl Sidi Bou Zaïkiu.
('ultw·t•. - ( :c'·1·l~a lPs.
/)ébo~tché. -Safi.
roù· de cmnnwnication. - Houte dt• Ooukkala à Safi pal' El-
,Jemuà tlP SPhim.
Limites.- ~oui : BPkhati pt Oulatl Aml'an (Ooukkala).
Est : .\hnHH'. -Sud : Sehim. - lhwst : El-ldala<\.

SEHDI

Notables.- Uuld El<\ssnl. Oulncl Ut-u B1·ahim.


Marché. - El-Jemaâ de Sehim.
Zaouia. - Sidi Aïssa Ben ~lakhlouf.
Eaux. - El-Jemaù (60 brasses; : citen11·s .
.'iol. - Plaint•.
Culture.- Céréales.
Débouché. - Safi.
Voie de communication. - Houte de lloukkala à Safi par
El-Jentaâ.
Limites. - J\ord : Chehali et El-ldalaù. - Est : Ahmar. -
Sud: ~louissat. -Ouest : El-ldal;u't, Alehein.

BEKHATI

Notable. - El-Hadj Bou Chaïh.


Marché.- El-Had.
Eaux. - Quelques puits de 60 brasses ; citerne:-;.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales.
Débouché. -Safi.
Voie de communication. - Houte de Ooukkala à Safi par El-
Jemaà.
Limites. - i\'ord : Doukkala \Oulad Amran). - Est : Oouk-
kala (Oulad Amranî. - Sud : Chehali, El-ldalaâ.- Ouest :
Doukkala.
462

0UALIDIA ( 1)

Chef (f. f. de Qaïd). -Si El-Hachmi.


Village fortifié. - Oualidia de 40 à 50 maisons et 3 douars.
Statistique. -40 à 50 maisons, 3 douars.
Eaux.- Sources et puits nombreux.
Sol. - Rocheux, sauf leflong des lagunes.
Culture. -Céréales et potagers.
Débouché. -Safi et Mazagan.
Voie de communication. - Route de Safi à Mazagan par le
00~. •
Limites. -Nord : Doukkala. - Est : Temra.- Djehoucb.
- Ouest : Océan.

(1) Les habitants de Oualidia relèvent d'un qaïd du Dar el-.Magzen. Le


dernier, qui n'est pas encore remplacé fut Si El-Mehdi El-l\lenebhi, ancien
ministre de la Guerre.
Oualidia ne paie aucun impùt. Elle a la garde du littoral et la charge de
la jumenterie du sultan située sur son tel'l'iloirc.
CHAPITRE XIII

AH MAR

La tribu de Abmar forme 12 fractions :


El-Biahsa,
El-Krarma,
Riahma,
Oulàd Sald,
Oulàd Brahim,
Ahn1ar Oulàd lich,
Ferjan,
Oulâd Maachou,
Jemadgha,
Nouacir,
Hedil,
Hialna.
EL-BIAHSA

Notable. - Mahjoub El-Aradi.


Organisation. - Maisons et douars.
Marché.- Et-Tnin.
Statistique. _ 150 chevaux, 500 fusils, 800 feux.
Zaouias. - Sidi Bou Mehdi el-Ghaouti ; Zaouiet ben Hermet
el-Allah.
Sol. -Plaine.
Eaux. - Puits de 20 à 25 brasses.
Produits. -Céréales, pâturages.
Voie de communication. -Route de Safi.
Limites. - \ord: Doukkala. - Est : Hehanma. - Sud
.lf'wtcl;.;·ha. - lluest : lüarma.

EL-KnAR~IA

Notable. - ~lessaoud ould el-Arhi heu Houmad.


Orgimisation. - ~laisons f't douars.
Stati.,tique.- too~·JH•ntux, 400 fusils, 600 feux.
Zaouia. - Sidi Thami f'l-Louhit•i.
Sol. - Plaint>.
Ewu. - Citet'lli'S d puits de :::!0 it 25 ln·asscs.
Produit:;. - u~ ..(~a1Ps, pütm·agt•s.
Voie de communication. - Honte de Safi.
Limites. - :\"ord : .\hda. - Est : Biahsa. - Su<l : Hiaïna. -
Ouest : Hiaïna .

•\lotable. - Cjaddout· hf'n .\Hou.


Organisation. - ~laisous et douars.
J'lm·ché. - El-Hord et el-Arba.
Statistique. -lOO ehemux, 200 fusils, 300 feux.
Sol. - Plaiue Pt Ojchellghoud.
Eaux. - Som·cps Pt puits }WU profonds.
Produits. - Ct•t•t'mles, piitural-\·es.
Voie de communication. - Houte de Safi.
Limites.- ~ord: Ah•la. - Est: Krarma.- Sud Hiama;
Oulàd lich. - Ouest : Fe1·jan.

ÜULAD SAlll

1\/otable. -Si El-Amri.


Organisation. - Maisons et douars.
Jfarché. - El-Jema Sidi Chiker.
Statistique. - 50 chevaux, 200 fusils, :100 feux.
Zaouia.- Sidi Chiket•: .Moul Chehiha.
Sol. -Plaine.
Eaux. -Sources et Oued Tensift.
Produits. - Cért:~ales.
.\Hl! AR 4üi)

Voie de commw1ication. - Houtc de Safi.


Limites. -l\"ord : Hiaïna.- Est : Oulâd Maachou.- Sud :
Oulàd Brahim. - Oulàd lich.

0CLAJ) BRAUD!

Statistique. - 30 chevaux, 150 fusils, :.!50 feux.


Sol. - Plaine.
Eaux. -Sources ct oued TPnsift.
Produits. -Céréales.
Voit? de communication. -Boute de ~log·ador.
Limites. -l\"ord: Oulàd Saï1l.- Est: Owlaïa. -Sud: Tekna.
-lluPst: Ferjau.

Il n.\ll heu

Notable.- Si Allal ben Zin.


Organisation. -Douars.
Statistique. - 20 chevaux, 130 fusils, 200 feux.
Sot. -Plaine.
Eaux. -Sources et oued Tcnsift.
Produits. - Céréales.
Limites.- Nord: Riahma. - Est: Riaïna; Oulàd Saïd. -
~u,t : Oulàd Brahim. - Ouest : Ferjan.

FERJAN

Notable. -Si Omar heu Hamadi.


Organisation. -Douars.
Statistique. - üO chcYaux, 200 fusils, 300 feux.
Sol. - Plaine.
Eaux. - Sources ; puits de 3 à 4 brasli.es ; Oued Tensift;
Oued Chechaoua. La Zaouia de Hedil est enclavée dans cette
fraction.
h' Limites. - l\"ord : Riahma.- Est : Oulàd lich : Oulàd Bra-
un. - Sud : Oulüd Bee-Cbaa. - Ouest : Chiadma.
0
A 30
466

ÜULAD MAACIIOU

Notable. - Ould Ileddi hen Dauou.


Organisation. - Maisons ; douacs.
Marché.- El-Khemis.
Statistique. - 150 chevaux, 300 fusils, 500 feux.
Zaouia.- Sidi Bou Mehdi.
Sol. - Plaine.
Eaux. -Lac salé de Zima ; citernes; puits de 6 à 10 brasses.
Produits. - Céréales.
Voie de communication.- Houte de Safi.
Limites.- Nord: Biahsa.- Est : Jenadgha.- Sud: Oulâd
Brahim. - Ouest: Oulâd Saïd.

JF.NADGHA

Notable. - Ould ben Ba.


Organisation. - Douars.
Statistique. - 150 chevaux, 200 fusils, 400 feux.
Sol. - Plaine.
Produits. - Céréales.
Eaux. - Citernes ; puits de 20 h1·asses.
Limites. - Nord : Hha~nna. -Est : Oulâd ~Iaachou.- Sud:
Oulârl Saïd. - Ouest : Hiaïna.

NouAcr<:R (ZAOIJIA)

Notable. - Si (Jacem 1mld Bel (Ja1li.


Organisation. - ~[aisons.
Marché. - El-Khemis.
Statistique.- 60 chevaux, 150 fusils, 300 feux.
~-,·ot. -Vallée de l'Oued Chichaoua.
Eaux. - Oued ~hichaoua.
Produits.- Vergers, céréales.
Voie de communication. -Route de l\Iogador.
Cette zaouia située au hord de l'oued Chichaoua est située
entre les Oull\d Beç-Çhaa et Tekna.
AH !\lAI\ 467

HEDIL (ZAOUIA)

Notable.- Si Abd el-Qader hd l\loqaddcm.


Organisation. - Maisons.
Marché.- Et-Tnin.
Statistique. - 20 chevaux, 100 fusils, 200 feux.
Sol. - Plaine. .
Eaux. - Oued Chichaoua.
Cette zaouia est enclavée dans le territoire de Ferjan.

RIAÏNA

Stfttistique. -20 chevaux, 150 fusils, 200 feux.


Sol.- Plaine.
Eaux. -Puits de 4 à 6 brasses.
Pruduits.- Céréales.
Voie de communication. - Route de Safi.
Limites.- Nord: Krarma.- Est: Oulâd Said.- Sud: Oulâd
Brah'1m. - Ouest : Oulâd lich.


CH.\PITHE XIV

REHAMNA

Pum· ce IJUÎ concerne l'histoü·e et l'organisatiou sociale des


Hehanma nous renvoyons le ll'etem· à l' i~tude très complète de
M. Ed. Doutté (1 )· ~ous nous occuperons seulement de l'organi·
sation politique de cette importante et turbulente trilm.
Les Hchàmna se divisent en cinq klwms (cinquième).

Hehâmna
r Brabich,
Oulàd Slama.
Selam El-Gherraba,
'
) Selam El-Arah,
Oulàd Bou Bker.
Les limites de la trihu sont :
Au Nord: IJoukkala, Beni ~Ieskin. - A l'Est : Sraghna, Zeut·
ran. - Au Sud : Mesfioua : lll'rhih. - A l'Ouest : J[enabha;
Oulad Delim : Haomu·a.
to Brabich

Le khoms des Brahidt SI' divise 1~11 onze fractions :


Oulad lilwnnan,
Tl oh,
Oulaô Abdallah.
Brahieh
El-filaka,
Oulad Brahim,
\ Mehazil,

('l l Jft>rmkPt'll. Contit.: olt• 1'.\friqiiC ft·ano:aist>.


1\EHAllNA

El-.\nakir,
El-Kht·arha.
Brahirh El-~hotwtwm.

1 Be nt-Hassan.
llulad ZPhir.
Les limitPs (lu kho111S sont :
Au Nord : Srag-hna. - A l'Est : ZPmran. - Au Sud : Oulàd
Slama ; Pl-Glwraha. - A l'Ou Pst : Oulàd Bou Bker.
Nous donnons ei-dPssous lPs rPTH<Pi~·npments que nous poss{•-
d .
ons sur rPs fractions :

Notables. -Si Mharck; El-Hadj el-Mokhtar.


Douars.
Jfarché. - El-Had Ras el-.\ïn.
Zaouia · - C!'d' \l'
vl 1 "' 1.
Sol. -Plaine.
Eaux.- Puits de 8 à 10 hrassrs de profondrur.
Cultures. - Céréales, pàtura~·es.
Voie de communication. - HoutP de Mrrrakeeh.
Limites. - ~ord : Oulad Abdallah. - Est : Tloh. - Sud
Skoura.- Onel'lt: Oulad Brahim.

TLOH

Notah!r•. - ( luld Bou SPI min.


Douars.
Sol. - Plainr.
Eaux. -Canaux d'irri~·ati~n.
Cultures. - Céréales, pàtura~·es.
Voie de communication. - Route de )[crrakc ch.
Limites.- Nord: Oulad Abdallah.- Est: Sraghnn.- Swl:
Ghouanem.- OuPI'It: Skoura: Oulad Glwnnnn.

ÛULAD .\BDAUAH

"Votable. - Ould hrn Taïihi.


Douars.
Marchf.- Et-Tnin.
470 AU CŒUR DE L'ATLAS

Zaouia.- Sidi Mohammed Merzouk.


Sol. -Collines Djehilet.
Eaux. - Puits de 7 à 10 brasses.
Cultures. -Céréales, pàturages.
LimitPs. - Nord: Sraghna. - Est: Tloh. - Sud: Oulad
Ghennam. -Ouest: El-Alaka.

EL-ALAKA

Notables. -Tabar ben Ahmed; qaïd el-Djilali.


Douars.
Marc hé. - Et-Tnin.
Sol. -Plaine couverte de jujubiers.
Eaux. -Puits de 70 à 80 brasses.
Culture. - Céréales, pâturages.
Limites.- Nord: Sraghna.- Est: Oulad Abdallah.- Sud:
Oulad Brahim. - Ouest : Aït Moussi.

OuLAD BRAHIM

Notable. - Ahmed Ould El-Kial.


Douars.
Zaouia. - Sidi .Makhlouf.
Sol.- Collines Djebilet.
Eaux. - Oued et puits de 3 à 5 brasses.
Cultures. - Cér{~ales, pâturages.
Lzmites. - Nord : El-Alaka. - Est: Oulad Ghennan.- Sud:
Skoura.- Ouest: El-Anakir.

ME HUlL

Notable. - Ahmed bel Djilali.


Douars.
Marché.- Et-Tnin, Sidi Bou Otman.
Zaouia.- Sidi Bou Otman.
Sol. - Collines Djebilet.
IŒHUINA til

Eaux. - Puits Jn :l ù 5 hra;ssPs.


Cultures. - Cl•r6alcs, pù.turagcs.
Voie de communication. - Honte de :\ierrakech.
Limites.- ~ord : El-Anakir.- Est: Oulad Brahim.- Sud:
~lekhalif. - Ouest : El-Khrarha.

EL-ANAKIR

Notable.- Rahal bel Ahbès.


Douars.
Sol. - Djebilet.
Eaux. -Puits de 5 à 10 brasses.
Cultures. -Céréales, p<lturages.
Limites. -Nord: üulad Brahim.- Est: Skoura.- Sud:
Mekhalif. - Ouest : Mehazil.

EL-KHRARBA

Notables. - Si Qaddour; hel Labsen.


Douars
Zaouia. - Sidi Mohammed ben Moumen.
Sol. - Djebilet.
Eaux. -Puits de 60 à80 brasses.
Limites.- Nord: El-Alaka. - Est: Oulad Brabim; Meba-
zil.- Sud : Mehazil. - Ouest : El-Gherraba.

EL-GHOUANEM

Notable. -Si Tabar bel Hadjani.·


Douars.
Sol. -Plaine.
Eaux. - Puits de 6 à 10 brasses.
Limites. -Nord: Sraghna. -Est : Zemran.- Sud: Mek-
halif
· - Ouest : Skoura. .
472 1
AU CŒrR DE L .-\TLAS

2° Oulad Slama
LP 1\holll~ dPs Ou lad ~lallla SI' di,·isl' l'li Yin~o.d l't·adions :
Oulad Bela~·uid,
Oulad Talha,
Oulad Bou Aïssoum,
Ait Tlil,
:\1 l' khalif,
Oulad :\lansoul'.
Oulad TalPh,
Skoura,
Douar Ahmed ~ah,
Oulad Slama ~ Ahel Sidi Ali,
.\hel Hadjoub,
Aït lbourk.
~\ït Tah'h,
El-Arahat,
.\hel :\[ohammed Chaoui,
Ahel el-Hezzaoui,
Schikat,
El-B<'ghoula,
Mta~wil.
Limites de Khoms. - 1\'ord : Berahich. -Est: l\lcsfioua. -
Sud : Merrakech ; Herhil. -Ouest : l\lenahha : Selam El-Gbe-
raba.
OuLAD BELAGt;ID

;Volable. - Chlkh Brahim.


Douars.
,'-,'ol.- Plaine.
Eaux. -Canaux d'irrigation.
Voie de communication. - Boute dl' Merrakech.
Limites.- Nord: Oulad Talha. - Est: Oulad Mansour. -
Sud : Herbil. - Ütwst : Oulacl Bou A'issoum.

ÛULAD TALHA

.Volable.- El-Hadj ~lohamml"1l.


Douars.
lŒHA~INA 473
Sol. -Djehilet.
Eau:r. -Puits <iP 7 it 15 hrassPs.
Limites. -:\"ord: ~lekhalif.- Est : Onlad Mansour.- Sud:
Oulâd D<'lil~!"lli<l. - (hwst: Onlad Bon Aïssoum.

fh;L.\D Bor Aïssont

:YotaMe.- Chikh .lilnli hPl ~(Pkki.


Douars.
Sol. - Djehilet.
Eau.T.- Puit!' de 3 ù 5 hrassPs.
l'oie de communication.- Route rl<> Merrakech à Mazagan.
Limites. - Nord : Mekhalif. - Est : Oulad Talha: Oulad
Bela~·uid. - Sud : HPrhil. - ÜnPst : Menabha .

.\ïT Tw.
Notable.- Si Pl-Hallwmi hel-Hadj.
Douars.
Sol. - Djehilet.
Eaux. - Puits dP 8 ù 15 lwasses.
Voie de communication. - Route de Mcrrakech à Mazag·au.
Limites. - ~ol'd : Aït ~lonssi. -Est: Oulad Bou Aïssoum. -
Sud: Oulad Bou .\ïssoum: )(enahha. -Ouest : El-Groun.

MEKIIALIF

Notable. - Chikh ~lohammP<l.


Douars .
.'-,"ol. - Dj<'hilet.
Eaux.- Puits dP 8 ù 12 hrassPs.
Voie de communiuttion. - RoutP de Merrakech à Mazagan.
Limites. - ~ord : El-~IPhaliz: Anakir: Skoura. - Est :
0
ulad .Mansour. - Sud: Oulnd Talha.- lhwst : Aït Tlil.

Ol~LAn ~fANsOrR

.Votah/,..- BPI ~(p],ki.


nollllrs
474 .\l' COEH\ D~: L'ATLAS

Marché. - El-JPmaà.
Zaouia. - Ben Sassi.
Sol. - Plaine.
Eaux. - Canaux d'irrigation.
Voie de communication. -Honte de El-Qelaù.
Limites. -Nord: l\lekhalif ; Ghoualem. -Est: Oulad Taleb.
- Sud : .Mcrrakech .. - Ouest : Herbil.

OuLAD TALEB

Notable.- Si i\lbarek ben Ahmed.


Douars.
Sol.- Plaine.
Eau:r. - Canaux d'irrigation.
Limites. - Nord : Ghoualem. - Est: Mesfioua. - Sud:
Merrakech. - Ouest : Oulad :Vlansour.

3° Salam el-Gheraba

Le khoms ù'El-Gheraha se divise en six fractions


Sehiqat,
Aït Moussi,
Arib Oulad Raho,
El-Gheraha El-Gucrinat,
El-Groun,
Oulad ~Ibarek.
Les limites de ce khoms sont : Nord : El-Brahich. - Est:
Oulad Slama. - Sud : ~Ienahha. - Ouest : Selam El-Arab.

StmiQAT

Notable. - El-Mekki ben Jilali.


Douars.
Zaouia. - Zaouiet Bel-Garen.
Sol. -Plaine.
Eaux. - Puits de 70 brasses.
Voie dP. communic(ltion,- Route de Mazagan.

'
.J
REHAMNA.

Limite.- Nord: El-Berabich. -Est: El-Berabich.- Sud:


Ait Moussi. - Ouest: Oulad Mbarek.

AIT Moussi

Notable.- Chikh Salah.


Douars.
Sol. - Plaine.
Eaux. - Puits de 20 à 25 brasses.
Voie de communication. -Route de Mazagan,
Limites.- Nord: Sehiqat.- Est: Berahich.- Sud: Herbil.
-Ouest: El-Groun.
ARIB ÛULAD RAHO

Notable.- Chikh Hamidat.


Douars.
Sol. - Plaine.
Eaux.- Puits de 6 à 10 brasses. ·
Limites. - Nord: Berabich.- Est: Oulad Mbarek.- Sud:
El-Grinat. -Ouest: Selam el-Arab.

EL-GRINA.T

Notable. -Mohammed el-Hirat.


Douars.
Zaouia. - Sidi Ahmed ben Mahrnoud.
Sot. - Plaine.
Eaux.- Puits de 20 à 25 brasses.
Voie de communication.- Route de Merrakech à Mazagan.
S Limites. - Nord: Arib Oulad Raho. - Est : El-Groun. -
ud : Menabha. -Ouest : Selam el-Arab.

EL-GROUN

Notable.- Chikh Qaddour.


Douars.
Sol. - Plaine.
Eaux,- Puits de 50 à 60 brasses.
176

Limites.- ~or·d : Oulad i\JharPk. - Est: Ait ~loussi.- Sud:


1\lenabha. - ÜHPst : EJ-( ;,·inat.

OtrJ.A[J ~IDAREK

Notable. - Childt PI-.Jilali.


Douat·s .
.~·ot. - Plaine.
Emu. - Puits de 30 à iO hrassPs.
Limites. - Nord: Sraghna. - Ef'.t : SPhiqat. - Sud: El~
(iroun.- Ouest: At·ih Oulad Raho .

.to Selam El-Arab


LP khoms dP Selam el-.\rah l'flot divis{• en dix-huit fractions :
Oulad Bella,
Oula1l .Jahl'r,
Oulnd Bou Clwrit,
Rt>quibat,
Nouadji,
Oulad Bou Kcd ia,
l\fekichrat (1 ).
Aït Yaf'.sin,
KhPlafa,
( ~uPda la,
:\' 011 id J'at'
.1 eriount.
Tot•ceh,
Ait Hcnnnn,
Aït ~[oussa ou Ahnwd,
Oulad .\hi1l,
Oulad Barka,
1
.\louani.
Ll's limites du khoms sont :
~ord: Oulad Uou BkPI'.- Est: Sclam El-tilwmha.- Sud:
Hamar : Oulafl Oelint. - Ouest : Donkkaln.

(Il li y a désaf·•·ord enlt·•' ll's infol"llmnls; les nns •lh·isenllP khOlll!l en ~cpt
fr·:wtions seulrmrnt. 1111 :mlr'P ~·ajon tl' lrs onzP det•nii•t'l'!l.
IŒH.Ul~A

( h;L.\11 Jh:LL.\

-'"otab/,.. ·- 'lol!awuJt•d l!l'n .\lPt·zo ul-.


Douars. •
Jlarrllé.- Et-Tniu.
Sol. - Plaiilt'.
Emu.- Puits de 31n·asscs.
. Limites.- ~ord: Es-St'llcl.- Est: ..\'ouadji. -Sud : "\lcnab-
1
lit. - OuPst : Oulad Llclil.

5" Oulad Bou Bker


Le khouts d1•s ( lulad Bou Bkt>r st' diYist> l'Il ,·in;.d-di'UX frac-
tions:
Soualt'lt,
.\ït heu ChaJuekh,
Oulad Ahmed heu ~lhat•ek,
Oulad Larhi heu Lahe<'u,
Oulad Ahmed ben Jilali,
Es-Selle! (1),
Semihat,
El-Foukra.
Ahel el-Fouiniu,
Oulacl Si Bou Yahia.
Üulad Bou Bkcr Oulad <'1-lladj Jilali,
El-Kehahra,
Chiadma,
Mchammediiu,
Oulad Bah Aïs sa.
Oulad Sidi el-llehilil,
El-Qçar,
El-Djeloud,
Chcïhat.
El-Khmnilat,
Ahel Heg:uita.
Oulad Bmhim.

1,(t) La majorité des informants borne la division du klwms aux six pre mie-
es fractions.
478 At; CŒIJR DE L'ATLAS

Les limites de ce khoms sont :


Nord: Sraghna. -Est : El-Berabich. - Sud : Selam èl-
Arab. - Ouest : Doukkala.
CHAPITHE XV

SRAGHNA (Srar'na)

La tribu des Sraghna est d'origine berbère. Elle!est l'une des


plus turbulentes de cette région. Depuis 1903le qa.ld du Glaoui
est aux prises avec elle. Elle a tenté de détruire la qaçba de
~on qaïd, Bel Mowlden. Cne mahalla chérifiemw, appuyée par
es frères de Sid Pl-~[atlaui, a rHahli l'ordre (1905).
~.ors du l-ioult'~vement de l\louley el-Hafid les Sraghna ont
pris positwn
· · contre lui, par rancune contre son beau-père et
allar le qat··d d u ('l .
, aom.
Le jour même où :\loulev el-Hafid sortit de Merrakech pour
;e porter contre l\Jazagan. unP partie de Sraghna pénétra, à
atnellall, pri-s de Sidi Rehal, dans la qaçha du qa.ïd Bel Feïda
;t
1
le massacra. l\louley el-Hafid dut faire face à cette agression.
. a passé le mois de janvier 1908 à combattre les Sraghna et à
negocier avec eux et leurs alliés les. Tadla et les Beni Meskin
que le Chérif de Bou el-Djad avait, à l'instigation de notre con-
SU} de Casablanca, ligués contre l'usurpateur.
Les alliés ordinaires de Sraghna sont Zemran et Entifa; ses
enne . h
lllis ahituels sont : Glaoua et Rehamna.
La tribu de Sraghna est divisée en cinq khoms qui sont :
( El-Halafat,
El-Ararcha,
Sraghna ? Abel El-Ghaba Oulad Hammou,
Oulad Shih,
Oulad Zerrad.
480
Oulad Cher·qi.
Uulad 13oul-i·riu,
Alu•J Pl-Oued Beni Amer·,
Ou lad Ah 111<'{1.
1lunasda.
Uulad Bou .\li,
Praïta.
\
Zaouia <, Dzouz,

J Atamna.
f Uulad Yaqoub.
Oulad Tahla,
Uulad Uu~;-gad,
13ou llaoula Fetnasa,
Oulad Khira.
Ham mad na.
Uulad Khellouf,
Senhadja,
Entifa,
Djebhala 1
· Ah el Bezou,
J A.~t Mcssat,
r Att Ayat,
Aït Atah.
Les limites de Sraghna sont :
;\ord :Beni l\leskin: Tadla. -Est: Demnat; Glaoua.- Sud;
Zmurau: Hehamna. - Ouest : Hehanma.

1o Ahel el-Ghaba

Le khoms d'Abel el-tihaba se divis~~ l'Il emq fractions ; il a.


pour limites :
~ord: Ben !\[f'skin. - Est Zaouia. - Sud : Zemna. -
1)ucst : Hchauuw.
EL-HALAf.lT

1Yotables. -.\Ji hen Kourata; El Hadj el-Mati.


01•ganisation. - Douars et quelques maison!c!.
Sol. - Plaine.
SlUtiiL'\A 181
Eaux. - Canaux.
Culture. - c.:~réales.
Voie de communication. - H.outc de El-Qelàa à Mazagan.
Limites. -Nord : El-Ararcha. - Est : Oulad Hammou.-
~ud : Oulad Sbih. -Ouest : Hchamna.

EL-.\.RARCIIA

Notables. - Boulaïd ; Uen .\l·t>dj.


Organisation. - Oouars.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales.
Eaux. - Source d'Aïn tiaïnou, situ(•c su1· le tel'l'itoi1·e de
Zemrau, amenée par une eaualisationjusqu'à El-Qelâa.
Voie de communication. -Hou te d'El-Qelaà à Sidi Rahal.
Limites.- Nord: Oulad Ze~·rad.- Est: Oulad Hammou.-
Sud : El-Halafat. -Ouest : Rhanma.

OuLAD HAMliOU

lYotables. -Bel Kouied; Si .Mohammed Ben Kadj.


Sot. - Plaine.
Eau.c. - Canal de Gaïnou.
Cttl!Jtre. - Céréales
. Voie de communication. - H.oute d'El-Qelaù ù Mcchra ech-
Ch<HJ•.
E·L~mites. - 1\ord: El-Hadra; El-Khela \terres vag·ues).-
.st · Üulad Bougrin: Dzouz. - Sud : Oulad Sbih.- Ouest:
El-AraJ•eha.
OuLAD SBIH

l'fotahles. - Chikh Allal; Bel Arouci.


Organi8ation. - Ooua1·s.
Jlarche' • - .Et
< -
1'nnl.
.
s01 · - Plaine.
Culture. - Cércalcs.
Eaux. - QuatJ·e puits de 12 à 30 b1·;~s:ses.
Voie ~e communication.- Route de Mcrrakech à El-Qt'lt\a,
;H
.\l" t:Œlll DE L ATL.\S

Limiü·s. - Nord : Oulad llnntlllotl. Est El-(JelAa. -


Sud : Hhamna.- Ouest: El-llnJafat.

Ot:LAD ZEIIRAD

Nutablr'.~.- El-Hadj Hahal; El-.\r-hi lwu Chellah.


Organisation. - Douars .
.llarché. - El-Harl.
Sol. - Plaine.
Culture. - CérèalPs.
Eau:c. -Puits dt' 16 ù :!0 hJ·assPs.
Limites. -Nord : OuJad ClwJ·IJi.- EHt : Oulad Bougrin. -
Sud : El-Arareha. -Ouest : Hehanma.

2° Ahel el-Oued

Le khoms d'Abel cl-Oued SI' diYis<' l'Il eÎIHJ fra etions; il~ pour
limitPs: Nord: ll<'ni l\l<'skin.- Est: Djehbala. -Sud· Zaouia.
-Ouest : Ah Pl d-Ghaha.

ÜULAD CnER\.!1

Notables.- El-Hassan ; Oul1l .\Hal.


Organisation. - Plusieurs petits villages.
Marché. - El-Arha.
Zaouia. - Sidi Bou ;\lohammed Salah.
,'-,'ol. -Plaine.
Culture. __..:__ Ci>r·t'·ales.
Eaux. - Puits d<• 16 ù 20 hrasses.
Voie de cummuuication.- Route de Mcrrakech à Tadla.
Limites. -Nord : Beui :\leskin. - Est : Beni .\mer.- Sud:
Oui ad Bougrin. - Ouest :·Ou lad Zcrrad.

Ocun BomiRil'i

Notahlf's. - î\>lharPk he l-I ~hendom ; El-Arhi hen Doua.


Organisation. - Douars.
·"'ol. - PlAine.
SHAC~H~A i83

Culture. - Cér{•alPs.
Eaux. -Canal d puits cl<> 2G lmtssc>s.
Voie de communication. - HoutP ci'El-(Jel<îa aux Beni
Meskin.
Limites. - ~orel : Beni Amer. - Est : Ounasda. - Sud:
Üulad Y<H{ouh. - UuPst : 1lnlad Hammou.

BENI A)IEH

Nutable. - Ben Haddon.


Organisation. - Douars.
Marché. - El-Arha.
Statùtique.- 35 cheYaux, 150 fusils, 200 feux.
Sol.- Plaine.
Culture. -Céréales.
Eaux.- Canal.
Voie de communication. -Route de Merrakech.
Limites.- Kord : Beni !\[eskin.- Est : Ou lad Ahmed. -Sud:
Aounasda.- OuPst : Ouad ChPrqi.

ÛULAD AH~IED

NotaMes. -El-Hadj Habal : Onld el-Mesfat·.


Organisation. - Douars.
Sol. - Plaine.
Culture.- Céréales.
Eau· - Canal.
Limites.- Nord : Tadla. -Est : Senhadja. -Sud Oulad
Bou Al·
1. - Ouest : Beni Amer.

ÛUNASDA

sOrganisation.-
ol. - Plaine.
Villag·c d'El-Qc;ar.
'
Culture. -Céréales.
Eaux. - Canal.
O Limites. - Nord : Beni Amer. - Est: Oulad "\hmecl. -Sud:
ulad Yac.1oub.- Ouest: Oulad Bougrin.
i84 AL LŒlJH lJE L'.\TL\S

3" Zaouia

Le ldwms d'pz-Zaouia sP (li~ist> <'Il einq fmctio11s ; ses limites


so11t :
~ord : .\hel •·1-0und. - Est : Uouaoula.- Sud: Zcmrau. _..
OuPst : Ahd Pl-l;haba.
Ot:LAD Bot: .\u

Sot ables. - ~i ~\hm cd bel Hassan Si Hcgrugui.


Or!Janisation. - Douai'S.
Sol. - Plain<•.
'.
f'ulture.- Ct'•t·•·~alPs, jardins.
Hmu:. - Hiviùre.
Voie de communiwtion. - Houte d'El-(..)elàa it Tadla.
Limites. - Xortl : Oulad Ahmcd. - Est : Oulad Khil'a. -
Sud : Atamna. - Ouf'st : Oulad Yaqoub.

Fn.üTA

J\'utables. - Ould Si Ali; Si Fatah.


Or!Janisation, - Douars ct maisons.
Jlarclté. - E1-Had .
.'iol. - Plaint•.
Culture. -Céréales ct jardi11s.
Eaua·. - Hivière.
Limites. - Xord : .\tamna ; Dzouz. - Est ~ Oulad Tabla.-
Sud : Zemran.- Ouest : Dzouz.

Dzot:z

Sutable. - El-Hadj )IJmrek.


Organisation. - Douars.
Sol. - Plaine Pt collines.
Culture. - Ct'H·ôalcs.
Eaux. - Source d'AYn Dzouzia, ct puits de 8 brasses.
Limites. - ~ord: Oulad Ya<JOUO.- Est : Oulad Bou Ali.-
~nd : FI·aïta. - Ouest : Ou]ad Shih ; Oulad Hammou.
_\T,UIN.\

.Yotah!Ps.- BPI Bahloul: Bt>n Yt>tl'ou.


Organisation. - llonnrs Pt ({llPl((lH'S maisons.
,\,'ol. - PlninP.
rulture. - Ci'•rt;alPs.
Eau.r.- Canal.
Voie dr' communication. - HoutP tlt• :'llPrrakl'ch.
Limites. - :\'ortl: Oulad Bou Ali.- Est: Onlncl T:1hln.
~ud: n
r rnïta. - Oul'st : Frnïh1.

Üt'LAD YAQOI'B •

Si :\lolwnnul'd hcn ()atldour.


l'l.lotah/p. -
Organisation. -Douars et une maison.
Sol. - Plnin<'.
Culture. - Cér{~alcs et jardins.
Eaux. - Hivière et puits de 10 hrasses.
Umit,s.- :\'ord : Ounasdn.- Est : Oulad Bou ~\li. -Sud:
Dzouz. -Ûul'st: Dzouz.
1o Bou Haoula
Le khoms dl' R01~ Haoula sf' divisl' PH cinq frnrtions ; S('S limi-
tes sont :
Nord : Djcbbala. - Est : Œaoua.- Sud: Zcmran. - Ouest:
Zaouin.
0ULAil T AHI.A
J'fotabl,. - El-Had.} :\fohamntl'tl hi'H Atm•an.
Organisation. -Douars.
-"ol. -Plaint'.
rulture. - Yf'rg·prs Pt c{•rt'•a li'.
Ealtr· · - l'' ·. '
llVJerf'.
z Limites. - Nord : Atanma. - Est: Oulad Ouggad. - Sutl :
~~'mrnn · - Onl'st : Fraïtn.

lluLA n Onaan
.Yotah/e. -Si d-Arhi lwn Ali.
Or(lani.~ntlon. - Douars.
486 ,
Al' Ot:UR DE L ATLAS
.
Zaouia. - Sidi Tounsi.
Sol. - Plaine.
Culture. - Cér(~alPs.
Eau.r. - Rivièr«'.
Voie de communication. - Hou tc de MeiTakech.
Limites. -Nord: FPtnassa. - Est : Glaoua. - Sud : Oulad
Tahla. - Ouest : Atwua.
FETNASA

Notables. -Qaïd Ahrneùen-Najini; Si Mohammed ben Amran.


Organisation. - Douars.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales.
Eaux.- Canal.
Limites.- Nord: Hamadna.- Est: Demnat. -Sud: Oulad
Ouggad. - Ouest : Oulad Khira.

OutAD KnmA

Notable.- El-Yamini Ould Hadj Saïd.


Organisation. -Douars.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales.
Eau.r.- Riviùre.
Limites.- Nord: Scnhadja.- Est: Oulad Khellouf.- Sud:
Hamadna.- Ouest : Oulad Bou Ali.

H.u!MADNA

Notables. -Mahjouh lwn FPd(loul; Si .Mohammed ben Ah boU;


Bou Guetih ; qaïd Bd l\loudden.
Organisation. - Douars ct maisons.
M arcfuJ.. - El- Ar ha.
Sol.- Plaine.
Culture.- Oliviers et céréales.
Eaux.- Source Aïn el-ArLa.
Voie de communication. - Route de Merrakech.
Limites.- Nord: Oulad Khellonf.- Est : Demnat.- Sud:
Fetnassa.- Ouest: Oulad Khira.
SHAGIINA

:;o Djebbala

Le khoms des Djehbala pst ,ti,·ist·· Pll st•pt ft·adions ; mais les
~ractions tnonta.~·nat•dps dP cP khoms sont pt·esque toujours
tusoumises. Xous en <tonnons ici l'org<lnisation d'après nos infor-
I~lateur·s 1lu Bled d-jla,!.dtzl~n: on ,-et•ra plus loin l'organisa-
t~on partienliiwe de ePI'tainPs dl' ePs t'radions telle que nous
lavons recueillie sur place.
Les limites des Djehbala sont :
Nord: Tadla. - Est : D1•mnat : Glaoua. - Sud : Bouhaoula.
- Ouest : Zaouia.
OuLAD KHELLOUF

Notables. - Si Mohammed ben .\hmed ; El Hadj Allal bel


Khadir.
Organisation. -Douars et maisons.
Sol. - Plaine.
Culture. - Oliviers, céréales.
Eaux. - Oued lfechtan.
Voie de communication. -Boute de Merrakech.
Limites. - Nord: Senha1l]·a. - Est : Demnat. - Sud
H .
amaradna. - Ouest : Senhadja.

SE~HADJA

Notables. - Si Mohammed hen .\llal; El-Hadj Rahal; Ben


Saïd.
Organisation. - Maisons et douars.
Sol. - Plaine.
Culture. - Oliviers et ct•réalPs.
Eaux.- Puits de 12 à 16 Jn·asses.
l'oie de communication. - Houte dC' Merrakech.
S Limites. - ~ord : .\lwl Bezou : Entifa. - Est : Demuat. -
nd : Demnat. _ OuPst : Ahel Bezou; Oulad Ahmcd.

E~TIF A CN tafa)

Notah!,s.- Mohammed ZPnagui: Kourmach.


Orga'{lisation. - PPtits Yillages.
4H8 .\l; Clt:t:H m: L'ATLAS

Marché. - Et- Tnin.


Sol. - Monta~nws.
Culture.- OliviPrs, cln·{~nlPs.
l!.au:r. - Son re es nomhr<'USPs.
Limites. - 1\'m·,I : Aït Atah. - Est: llcmnnt. - Surl : Sen·
h:uljn.- Ouest: AhPl BPzou.

1'iotahles.- El-Ha,lj Mohamnwd oulrl Ath•ah.


Organisation. - Yillag·c de Bczou.
Zaouia. - Ml•dPrsa.
Sol. - :\fonfltl-!'lli'S.
f:u/ture. -.Jardins, f'I;J'l•aJPS.
Eaux. - Solll'<'.PS.
Limites. - ~o1'1l: Tadla. - Est : Aït Atah, Entifa. - Sud:
SPnhadja. - lhwst: Tadla .

.\ïT :\h:ssAT

Jfarclu1, - El-.\rha.
,r;.,·ol. - \lolltag-nPs.
CulturP. - .Jardins ct c-ér{~al<'s.
Eaux. - SourcPs.
Limites. - ~ord : Aït Azat. -Est 0Pmnat. - Sud: Ait
Atah. - Ûlwst : Tnrlla.

AïT AYAT

Orqanisation. - PPtits villn~·ps.


Sol. - :\fontap:nes.
ru/ture.- Jardins et cér{~ales.
Eaux. - Sour<·Ps.
Umites.- Nm·d: Tarlln. -Est: Dcmnat. - Surl: Aït Mes·
sat. - Üul'st: Tn1lla.
.\ïT ;\TAll

.'Votabln.- Owhcn : Ould Ahmidou .\li.


Or_qnniwttinn. - PPtits villap:Ps.
SIIA.GHNA

Marcfu:.- El-KhPmis.
Sol. - ~lontag·nes.
(;u/turP. - .f;l!'dins. d•r(•al(~S.
Eaux.- Oued Pl-Ahid : eanaux.
Limites. - Nord: Aït Messat. - Est: Dcmnat. - Sud:
Entifa.- Ouest : Abd BPzou.
CIL\PITHE XVI

TRIBUS DU HAUT-ATLAS

AIT MEGHRAD (Merrad)

Les Aït MAghrad sont dPs lmazirPn. Ils parlent le Tamazirt,


mais leur voisinage du Tatildt les oblige à de fr{~quentes rela~
tions avec cles voya~·enrs Arahes. Us vivent en qçour indé~
pendants les uns des autres. Chaqnn qçar est administré parU~
chfkh el-'âm (•lu par la jPuw'a. En c·as de g·uerre les qçour qut
prennent les armes nouuneut un cldldt a/ella pour une durée
déterminée.

ÜRGANJSATION POLITIQUE DES "\ïT MEGHRAD

A.ït M~amd,
Ait ou Lf'oum.
lrhih-,1
Ait Meghrad .\ït Amer ou Mançour,
.\ït Issa hon lzzem,
Aït Ayyoub,
Aït Amer on Gahi.
LPs qçour des Aït Meg·hrad s'(~ehelonnPnt dans les vallées.
La nomPnclatm·p suivant<' mentionne seulement les qçour
situl•s ln long de l'oued Tai·ia et <l<' l'oued Reris.
Amougger ~ Taeheg·gacht,
(ConfltH•nt dPs deux hrauches , .\ït ben Sid,
dont Pst formé l'oued Taha). ( El-Mrabten.
Adzeddi.
TRIBUS Dll tJ.ACT ·ATLAS
4H1

Atsaoudeddit.
Ouimiden.
Dcher el-Kebir,
Aït Sleman,
Sc mg-at ;\ït Cheou,
200
( habitants, pasdcjuifs). Ait IJcmmi,
Ait .\yyoub,
Aït Wll lzzem.
Melouan.
An Std ou Ali.
Amellak.
Thahnouth.
Lahron
Th~~e1~dounth.
El-QI,"ar el-Kebir.
lgran (el-Fdaden).
Ait Brahim
Time~guit. -
Asefla.
( l.Iemmou
Aourir,
Dcher ech-chérif,
Taditoust El-Werth,
Zenba,
Thazgateth,
Th \ El-Borj.
, aleth Thafraout.
L oued T aria •· prend ensuite le nom d ' one d R. <'l'IS
· (('l · ) et
J" 1er1s
arrose l' . . .
D oas1s du même nom, formô des qçour smvants :
cherJdid.
Megga men ( bâti par le mag-hzen Î.
~tl •
l)rrlr ~~ya ou Otman.
L

Aït Guetto
lzerrar. .
El-I.Ierrath.
Goul~ima.
AU CŒU~1 IlE L'.HLA~

.\ït \lo<•h.
Thakntlwr·th.
Boutlwufith.
Gaouz.
Ech-Chorfa .
.\ïtOmm ou lahya .
.\ït laa<pmh.
Khlil.
Aït Sidi Anuw.
Tounfit (.t q<;nm·1.
AIT ATTA

Les Aït Att a sont des lmaziren. L<~m· fpt·ritoire, limiti· ù fEst
par le Tafilelt, au Norrl par les Aït lahya. les Zenaga, et les ,\lt
~feghrad. à l'Ouf'st par· lPs tribus chleuhs cle Zguid et M ln Feija,
est sans limite précise du côté du ~ud. Ils vivent PB q1;nur le long
des vallées ptfont paltre li' urs trmqwaux dn ns L\nti-Atlas f'f dans
le Sahara. Tribu puissaute. r·iclw. cavalière, ils sont redoutés de
leurs voisins. Ils sc consi1lèr·cnt eomm<' un<' caste supt'•rieurc,
une at·istof'ratie. Ils méprisf'nt les Berbèrf's dl' la montagne, alll~
quels ils donnent le surnom de cldeu!t, parcf' IJUI', dis('nt-ils, leur
fa1:on oP parler fait CJ'oire qu ïls ont la lan~·ue tordue, c!tell/ltl·
Les baratin Pt lf's nè~·r·es sont leurs eselan~s ; ils Pxploiteut Ie,s
juifs, et n'ont de resppc•t que pom· l'antoritt> rPli~·iPHSI' du chértf
dl' Ta nu•sloht.

OnGANISATIO\ POLITII.Jn: n.:s AiT .\TTA

( Ait Ounir.
2.:j00 fusils.
·~ .\ït Ouall<ll.
't () ll<t,, J1 l Lill.
'\ 1 .
\ . \ït Il a ssOII, f :J.OOO fusils.
\\
. ït . tt a.
1 .\ït.
.\:it ou. ~l'hg~~i, 1.~0? fusils .
~lcrzoui .

1
.\ït lsfoHl. 1.• )0() tusrls.
l' .\ït lazza. ~ Aït f'l-Fersi, '
~ 1.500 fusil!-1·.
1 .\ït Issn :\lezz{•. \
L11 stntistiqul' dl's 'JI:ourrll's Aït .\tt11 Pst PSSPnti~llPment ,·aria~
TlllllLS UL H.\UT-ATLAS

t'égions·-. ' .
hle. Des gltet·t·es eoutilluelles moditieut la eat·tp puliticptl' de ees

\ous <'tl duJLJL('l'olls une id<'~c· en disant quc· la plupad des


<[•:our elu Hcr·is o11t ehau~·c'• trois fuis de nwih·e l'Il ePs 1lernièrcs
années. Conquis sur· les Aït ~leg·hrad par les .\ït .\.tta, ils sont reve-
Hus' ':, l ~urs
• anc•c•ts
· uutih·es, mals· 1es •\ ït .\tt a se prqmt•eu
' t a· 1cs
t·~pt·eutlrP, Pt nous les C:•uumc'•t•ous ici su us avoit· pu counaltrc le
t·esultat de la dernière campag·m·.
, .\ït ou :\ebghi,
Ouaatal'.'
Uussiki. ~~
.. s-.
.
SCIIII'II'.
1 .\ït Omur,
J El-Jùid.'
r .\qdim.
1
· Tiadadat.
Tiuuou.
Ouerchan.
Aït cl-Fersi.
Ir rem .
•\.ït Mat't:l't,
Tagdilt,
lmitcrr.
• Tircrmatin (2 'Ic:om·).
Talwshasseth,
Tarzout,
Thodt·a \
<' Tadafalt.
J lchtat.
r Touzouka,
Toulouiu.

~i:.~:routeha,
1

.\.tllara
Çtv\1:.\>... MellalJ,
)
Outouri.l~ l 0 ulto•u-..·~)
Maggaman,
Aït lahya ou Otman,
. I'rerrer,
. Tj~uanin,
1 IZerraren,
A.ït Guetto,
Onlmima,
lkhel'l'azen,
Ait l\loch,
Takaterth,
Herrouir,
Re ris Bouthenfith,
lyt;aouz,
Aït llammou ou Lhasen,
Aït laaqouh,
Akhlil,
~id i l\loussa ou Issa,
' Tsourza.
Aït ou Nebghi,
Zaouia de Mekis,
,\ït lahya ou Gnyyour,
Jramna,
Oulad Issa,
.\lt Chach,
Tiguedrin,
El-Gara,
Er-Hcteh Aït Amira (2 qçolll'),
Takhiamth,
Er-Rbit,
El-Blarma,
Zaouiaou Yensou,
Zaouia Tazouggarth,
El-Marka,
Tamarkith,
Tabdt a hith.
Tafilelt l\lezp;ui!la (Aït ou Nehg·hi).
( Aït lchchou,
' Aït Hossaïn,
Fzou
) Aït Jaoui,
{ Aït ou Mnaçf.
Abd el-Aziz,
Ri y
~ Alennif.
TllllllS lll· 11.\LT-ATLAS

Pl-llazhan,
Tazp~.;·zaouth,
Aït Haddou,
El-Ha<;ana
llwndar,
El-Faeht.
Amda.
Tichcmmuumin,
Mejran,
Aaddan,
Tifekhsit,
Tiqecheha,
Ajnwu ou Tarhalt Za!-j·our,
Tharoulit,
Tharenho~th,
.\ït Hamnu,
1
BelJerou,
' .\ït lzzo.
1 Houhri,

.\ït Chih,
Ithouthaouen,
Tazzarin
1
, lzakbcuniouen,
Thassakbth H'll.:henniouen,
Aït Ada,.

1lgouthern,
.\ït lwn Merdi .
.\ït Abhou,
~Hal
Aït Daoua,
~ Iattachen.
Aït Lahsin,
.\ït Ouzzin,
Aït Boulman,
.\ït Al<man,
Aït Sloullou,
Boulman .
\ Aït Ouzzin.
En-Neqoub . Aït Mesaoud,
( Tnoumrith,
4!Jü

' .\h,li,
Tamsahlet.
( .\ït Ouaazin.
Ile mc han,
Ben Dlala
Aït lahya ou )luussa .
.\mzr·ou (400 fusils, autrefois au 'la~·hz,•n).
Ez-Zet•ouan (Aït Ounirl.
Bou Dnih (2 q<,;otil'J.
1 Talektaout,
,
. r l'!'e~ll n'.\~it 1sfou.
Ti~·uit .\ït Kht•J·,h,
.\ït lzzo,
1 Er-H.iabi .
.- Bounou u' .\ït Alouan,
\ Er-Hcha,
El-.Mham id
) Ti1·af,
( .\ït Issa ou Brahim.
CHAPITRE XVII

QAIDAT DU GLAOUI

AïT ABDI

T Tribu berbère (Brabcr); parle le Tamazirt; est indépendante.


T~s:aft en est le centre, on lui donne également le nom de
lnJaf ou Timjgàren. Les Aït Abdi sont montagnards. Ils culti-
;·ent les vallées ct font paitre leurs troupeaux dans la montagne.
/s exploitent une mine de sel située non loin de Taseraft. Ils
ont partie du même lefl' que les Aït Soukhman.

ORGANISATION POLITIQUE DES AïT ABDI.

~ Aït er-Robaa,
~ 1er leff
Aït Ahdi ~ Aït ou Aferd (Taferda).

( 2e lefl' ~ Aït Ouarad,


Aït Boulman (Tazeraft).

En-Dm
Enumération des tribus du Dir (versant septentrional) du Moyen-
znas, des sources de l'Oued Oum er-Rehia à la Qa(;ba des Beni
~~:1 (Renseignements fo~rn~s par Sid Ali Amhaouch) (1). . .
y lhand (le centre prmc1pal en est le Marabout de S1d1
oussef).
Aït Abd el-Krim,
Aït Mechchàn (centre principal El-Qbab
Leqbab).
Aïtlchcheqqeren Aït bou Yaqoùb ou Issa,
Aït Ahmed ou Issa,
Aït bou Brahim,
Aït lçhaq,
\ Aït bou Melal.
(!) Voi~ Première partie, page 59.
32
i98 AU CŒUR DE L ATLAS
1

.. Aït abd en-Noûr,


Aït Houdi Art Gtêf,
)
.
Imhouach .
~ Aït Sid,
A.ït Ouirra
? Art Yaqoub.
AH Mhamed,
Art Soukhman
!
.Art abd Louli,
Art Sid.
Qa~ba Beni Mellal.

FTOUAKA

CrtHJUis du territoire des Gl A0 UA


Echelle de temps.
Q'L..:.i..~.:..:.~..:.:~;....!.___ _.?~-.:L.~--;L1 _ _:;~ Heures.

G.Hu ·

Aïr SouKHMAN

Tribu berbère (Braber); se vante de n'avoir jamais eu de


contact avec le Maghzen. Reconnaît pour ancêtre éponyme UJl
esclave de Mouley Abd el-Qader el-Djalni nommé Soukbmall·
Son origine remonte donc au xuc siècle de l'ère chrétienne.
Nous avons deux versions de son organisation politique·'
L'une nous fut fournie par Sid Hsaïen, chérif d' Ahançal ; l'au~
trc par le célèbre et savant chérif Sid Ali Amhaouch. La qualité
de nos informants nous oblige à exposer les deux systèmes. '
QA.IDA T DU GLAOUI t99

ÜRGANISATION POLITIQUE m;s AïT SouKHMA.N

D'après Sid Hsaïen Ahançal.


Aït Khouya (où est la zaouia).
Aït lhrir Aït Sid,
)
Aït lzriguen.
Aït lchchou,
Aït Soukhman Aït Issa,
Aït Abdi,
Aït Ouidir,
Aït Hammi,
Aït Amer ou lchchou,
Art .Mnaçfa.
D' après Sidi Ali Amhaouch les' Art Soukhman se divisent en
deux le/ls : Art Moussa ou Daoud et Art Ougli. Chacun de ces
leffs se subdivise en deux clans : Aït Haqqi ou Ali et Aït Hmama
ou Ali.

§ Aït M ! ,! Aït Ouidir,


Aït Aqqi ou Ali Aït Amer ou lchchou,
S oussa Aït Abdi .
.ct ou Daoud
~ Aït Daoud ou Ali.
~ ) Art Sid ou Ali
_;: Aït Ougli ) Aït Issa,
Ait Hamama h h lAït er-Robaa,
ou Ali Aït 1c c ou Aït ou Afer,
Aït Abdi Aït Ouarad,
L . Aït Boulman.
. es Aït Daoud ou Ali et les Aït Sid ou Ali sont deux fractions
Issues d , 1
u meme aïeul ; elles sont actue lement en guerre.

AïT ATTA

T Les Alt Atta sont des Imaziren, ils parlent exclusivement le


damazirt. Leur chef est un chîklt annuel, choisi dans chacune
:fractions successivement, et sacré par un agouram, c'est-à-
e Par un marabout.
i)()() .\U I:OIWR IH: L'ATLAS

La .Jemàâ sc tieat lf's jours df' marché ct contrôle l'adminis-


tration du chikh. Les Aït l\tta ont deux marchés hebdomadai-
res : cl-Had ct cl-Jcmn.
La tribu est partagée en deux lelfs : celui de la plnine, tuht
Ounir ; celui de la montagne, Aït Ouallal.

ÛRGANISATIO~ POLITIQUE DES AiT ATTA


Aït Anlr,
Aït Khenuouj,
Aït Altman,
Aït Ounit·
Aït Mrajden,
Aït Boujjou,
Aït Bou Ali.
Aït Chlb,
Aït Atta
lhtasseu,
Aït Khedji,
Aït Chrouhou,
Aït Ouaaziq,
Ait Ouallal
Aït Sidi Mhand,
Aït I'rroum ou Serrim,
lmzilen,
Aït Sid ou lchchou,
Aït Tislit.
Les Aït Bou Ali, Aït Sidi l\Ihaud ct "\ït I'rroum ou Serrim, sont
dits Igourrâmen ; ee sont des familles marahoutiques.

AïT ATAB
Tribu d'Imaziren indépendants. Elle fit, comme· sa voisine
d'Aït .Messat, acte de soumission vis-à-vis de 1\louley el-Hasse~·
Elle lui fit hommage de 500 mules lors du passage de l'expédi-
tion du Tafilelt, en 1894.
Depuis ce temps son chef, le Qaïd Haddou ben HossaïeD
el-Bouzidi, qui réside à Inguert, continue d'administrer la tribU,
et entretient avec le .Maghzen des relations épistolaires (1)· Il 3
pour Khalifa son frère Addi.

(1) Voir Documents.


QAIDAT DU GLAOUI

Les Aït Atab font partie du même leif qua les Aït Mess at de
la plaine, que les Guettioua et les A.ït TaO'uella contre le leif
d'E · _tl_ '
nhfa ct des Ait Mes sa t de la mou tag·ne ( 1).

ÜnGA~ISATION POLITIQUE DES AïT An.B

\ AH Bou Zid,
Ait Atah ' Ahel el-Oued,
( Iqadoucen.

L:s Aït Bou Zid forment la fraction la plus puissante ; ils ont
vennron
. . 1· 200 1eux.
J' Ils sont en ec moment eu guerre avec 1eurs
Oisms les Aït Atta.

AïT MESSAT

l Les Aït "Iessat sont Imaziren ; ils parlent exclusivement la


\~n~~le tamazirt. La légende leur donne une origine chrétienne.
OlcJ cette légende, telle que le chérif d' Ahan~,"alnons l'a contée :
L
L'<t fra crIon 1a plus ancienne de la tribu est celle des Aït l<;l).a.
ancêtre éponyme, lçha, était fils d'une L.èrc chrétienne ct d'un 1

At·abe
t établ'I d ans ces regwns.
· · Cette c l1re't.1eune, nommee
' 1)'.!ec l1-
ellou, était la fille d'un seigneur chrétien du nom de Ad. Elle
eut Une sœur, nommée Todi·a, dont descendent les gens de
Todra .
. Or Un soir le grand saint Sidi Sid Ahançal, patron du pays,·
VInt · · ' ·
l VIsiter la tribu d'Aït Messat. Nul ne voulut l'héberger. Seul
e lllari de la chrétienne lui fit accueil.
se Il était pauvre, ct n'avait pour tout hien qu:un troupeau de
8
pt chèvres ; chaque jour il en égorgeait une pour le repas de
n~ll hote · Le septième jour, son fils, qui depuis longtemps était
~ladc, expira. Au souper Si(li Sid Ahan(,'al, Monné de ne plus
Votr l' f ' .
t en ant, s'enquit de son état, et, 1'.\rahe, pour ne pomt
rouhler l c repas de son hôte, repon
· I quI··1 chut
d't · · m· d'Isposc.'
- Çheyyeh (2), il se porte bien, répliqua le saint.

(1) v011.
(i) ' Documents.
Çhe,ryeh, diminutif de Çahih, <[Ui signifie : étant en bonne sauté.
502 AU CŒUR DE L'ATLAS

Et l'enfant se bwa sur snn séant. On lui donna le nom de


Çheyyeh, qui plus tard s'altéra et devint lçha.
La tribu d'Aït Messat est Siba; le dernier contact qu'elle eut
avec le Maghzen fut lors du passage de Mouley el-Hassen allant
au Tafilelt. La tribu jugea prudent de rendre hommage au
grand Sultan ; elle lui offrit une magnifique ziara de 700 mules.
Le Sultan fit acte de suzeraineté, leva des impôts, se fit escor-
ter par un contingent de notables, et nomma quelques qards.
Depuis lors les Aït Messat ont rompu avec le Maghzen. Ils n'ont
plus de qaïds. Chaque fraction a son cMkh, les Aït Tferkel en
ont deux. Ces Chioukh jouissent des prérogatives ordinaires, et
exercent le droit coutumier. La seule particularité dans leurs
attributions consiste en l'exercice successif du droit de police
par chacun des chioukh (ceux de Aït Tferkel comptant pour un
seul) sur l'unique marché de Aït Messat, el-Khemis Aït Ikhletl
(Khlift).
Les Aït Messat ne tolèrent pas l'installation du mellahjuüsut
leur territoire, mais les israélites peuvent venir au marché, Y
faite du commerce et y pratiquer leurs industries. Les bijoU•
' tiers séjournent même parfois deux ou trois mois chez des clients
riches qui les emploient.
La tribÙ d' Aït Messat est divisée en deux leIfs :

~
rut ou Tferkel,
ter leff
Aït ou Goudid,
Aït Messat
2e leff ~ Aït Mhand,
? Ait lçha.

Le nom d' Aït Messat est plus particulièrement employé po~r ·


désigner le premier leff, les fractions du deuxième étant désl·
gnées par leur nom générique.
Les alliances de ces deux lelfs des Aït Messat sont la résul· .-
tante de leur situation géographique. Le premier leff, habitant
la plaine, fait cause commune avec les Aït Atab, les Aït Bou Ztd,
Guettioua et Ait Taguella. Le deuxième leff, habitant la monta'
gne, est du parti d'Entifa.
QAIDA T DU GLAOUI 503

ÛRGANISATION POI.ITJQüE D'Aïr 'MESSAT

lhararen,
Aït ou Tferkel. Aït Aballa (Abd Allah),
Aït Arfa,
!
, Aït Khlift (lkhleft).
Aït Ouàzzodh,
Aït Aït ldzir,
Azroumli Aït Sid,
Aït
Iqejjàm,
ou Goudid
Aït Aït Berka,
ou Fezza 1
Aït en-Neçf,
l
Aït Issa.
~ ) Ali Mhand.
Aït Mhamed ou Sid,
Aït Issa,
lamoumen,
\ Art lçha.
Aït Mejjout,
Aït Hsi,
Aït lzerouàl.

ENTIFA (herb. lntifen)

c' La tribu d'Entifa est Imaziren. Elle est en ce moment Siba,


o:~~à~dire insoumise. Le Maghzen lui avait imposé un qaïd,
·lat . St Abd Allah ez-Zenagui. Ses exactions furent telles que
S rtbu se révolta, obligeant le qaïd à s'enfuir chez les Aït Atab.
~· s~ccession fut sollicitée par un berbère du nom d' Aberràh,
q ;dvtnt à Fez demander au sultan une lettre d'intronisation au
ca at d'Entifa. La lettre obtenue il rentrait dans son nouveau
c~~tnandement, quand le qaïd du Glaoui le fit arrêter et incar-
do:tr,,etno~ma à sa place Si Çalah ben Mohammed Aouràr (1)
trib l autortté est bien précaire à l'heure où nous traversons sa ••
u.

(t) Voi.r Documents.


504 AU CŒUR DE L'ATLAS

ÛRGANISA TION POLITIQUE D'Entifa.

·\··tT ague ll a ~ Tamchegdân,


" 1
El-:\faoudhaa,
Hfala,
Ahcl Bzou,
Aït Omras,
Entifa Aït Hassan,
Zenaga,
El-Atamna,
Foum el-Jema,
Skoura,
Larhia.
Lors de notre passage la fraction d'Aït Taguella a rompu avec
Entifa, elle fait partie du leif d'Aït Messat. Les deux ikhs d'Ait
Taguella ont environ 500 fusils. Leur Jemâa est composée de
clouze notables et dirigée par le Chikh Ali ou Mzil. Leur ~ellah
eontient 35 taka, c'est-à-dire 35 feux (le taka est l'équivalent du
• kânoûn arabe).
ÛULTANA

Le territoire d 'Oultana est le commandement du qaïd de DeJll-


nat. Les habitants sont cles Imaziren, 'parlent la langue tamazirt
et ne comprennent l'Arabe que sur les confins de la plaine de
Merrakech.
La qbila est divisée en sept khoms :
( Qaçba,
Igadaïn,
Taoudanonst. Demnat.
j
Ifettan,
Mellah.
\ Aït Blal,
\ Aït Mhamd,
Oultana. Guettioua. Aït Majten,
Aït ZmirkoU ·
'.., ,. i•
luou Antar. Aït KeroueL
Aït Chitachen,
Aït louaridhen,
Ghezcfl',
Fetouaka.
QAIDAT DU GLAOUI . 505
Uultana situé aux confins du Bled el-Maghzen est le théâtre où
se nouent toutes les intrigues, où se rlénouent toutes les querel-
les entre les tribus insoumises et le sultan. Oultana est la proie
d~ vainqueur. Il fait partie actuellement du leffSiba (1) avec les
Aït Taguella, Entifa, Aït en-Neçf, Aït bou Zirl, Aït Messat.
Les limites d 'Oultana sont :
. Nord: Sraghna (route de Fès). - Est : Oued el-Akhdar.
Sud: Glaoua (oued Taç~aout). -Ouest: Ghejedama.

TAOUDA~OUST (Outaoudanoust).

Ce khoms est le plus riche. Demnat e~ fait partie.


Notables. -El-Hadj el-Arbi; bel Hadj Ali ; bou Nekhilat; Si
Mansour ben Afkir.
Villages. -Sour ; Aït Zadmen; Aït Hassaïn.
Zaouia. - Sidi Yahia.
Sol · - Plame
· et montagnes.
Eaux · - R"lVIeres,
·· canaux u..J''1rr1ga
• t'wn.
Produits. -Céréales, vergers, oliviers.
Voie de communication. - Route de Merrakech à Fès, route
de Demnat ù Merrakech.
K Limites. -Nord : Sraghna. - Est : Aït l\lajten. - Sud:
erouel ; Demnat. - Ouest : Fetouaka.

Dt:MNAT (2)

MNotables.- Si Ali Chaïah ; Hadj Mohammed; Adjebli; Si


ohamnted Chebani.
QOrganisation. - La ville est partagée en quatre quartiers :
~çba, Igadaïn, lfettan, Mellah. Plusieurs villages l'entourent :
~ Maïat, Zouaiet Oumghar, etc ...
laouz·a
.· ·-
0 umghar.
Aï;~n~tes. Nord: Ah el Taouadanous.- Est: Kerouel.- Sud :
hitachen. - Ouest : F etouaka .

(t) Voir Do
(~) V . • cuments.
0 1
~ Première partie, pages 19 il 23.
506 AU CŒUR DE L'ATLAS

GuETTIOUA ( 1).

Le khoms de Guettioua est le plus puissant d 'Oultana.


Notables. - El-Hadj Mohammed Ahadri; Si Mohammed
Ighil. _
Villages. - Aoula ; Ouaouisert (Ouaouissekht) ; A'it Blal.
Marché. - El-Arba.
Limites. -Nord :·Ghesefl'.- Est: Sraghna. -Sud: Glaoua.
- Ouest : A'it Chitachen.
A'iT CHITACHEN

Notable. -El-Hadj Mohammed bou lzerg·an.


Villages. - Tissilt; lhouiren.
Voie de communication. -Route de Demnat à Tamgrout.
Limites. -Nord: Demnat; Kerouel. -Est: Ghezeff; Guet-
tioua. - Sud : Glaoua ; Ftouaka.

KEROUEL . (2)

Notable.- El-Hadj Mohammed Abelagh.


Villages. - Ihansal.
Zaouia. - Sidi Youssef.
Limites.- Nord : Demnat; Abel Taoudanoust. - Est: Alt
Majten ; Ghezeff. - Sud : A'it Chitachen. - Ouest : Aït Cbita-"
chen.
GuEZEFF

Notahle.- El-Hadj Mohammed ou Merri.


Limites.- Nord: A'it Majten.- Est: Sraghna.- Sud: Guet-
tioua. - Ouest : Aït Chitachen ; Kerouel.

FKTOUAKA

Notable.- Lahcen ould Nacer ou Haddou.


Village. - Tiguili.
( f) L'organisation de Guettioua que nous donnons ici di tfère de celle eXP':
sée plus haut. La première a été recueillie sur place ; la seconde est fournae
par des informants. • .
(t) Kerouel que nous portons comme fraction de Guellioua est donne par
un autre informateur comme un lihorns.
QA.IDAT DU GLAOUI 507

Marché. -Et-Tnin.
Voie de communication. - Houte de Demnat à Merrakech.
Limites. - Nord : Sraghna. -Est : Ahel Taoudanoust, Dem-
nat, Kerouel. - Sud : Aït Chitachen. - Ouest : Glaoua.

TouGANA

Est placée sous le commandement du qaïd du Glaoui.


Renseignements topographiques. - De Tahassanet à Et-Tlèta
Mesfioua, 2 h.
De Tahassanet à Takioulet, 1/2 h.
De Takioulet à Ouzal, 1/2 h.
L'oued Rdat coupe la route entre ces deux localités. On voit
encore un pont en ruines.
~·A~al à Tizel, 1/2 h.
e TIZel à A'it Trahalet 1/4 h.
De Zerkten (dar el-qaïd el-Glaoui) à Tagmout, 1/2 h.
De Telouet (Qaçba du qaïd), 3 h.

0URIKA.

Notable.- Si Abd es-Selam Bel-Hadj.


Renseignements topographiques. - De El-Khemis (à 4 h. de
Merrakech) à Takatert, 1/4 h.
De Takatert à Et-Tnin (à 2 h. 1/2 d'Outkent).
De
D' Et-Tnin
. a' Alegst.·
DeAl~gs1 ~ Timalizen, 1/2 h.
Tunalizen à Anzal, 1/4 h.
D: Anzal à Akhelidj, 1/2 h.
D AkhelidJ. à Outkent (Mellah Qaçba du qaïd), 2 h. 1/2.
n·outkent à Taourilt 1/4 h. '
D~ Taourilt à Agadir, 1/4 h.
~eAg~dir.à Tinalizen 1/4 h. (à2 h. d'lguer),
TtnallZen à A'it Lahcen, 1 h.
~e Aït Lahcen à Asgui, 1/2 h.
e Asgui à lguer 1/2 h
D'I ' .
D guer à Tazrout, 1/2 h.
e T~zrout à Aghbalou, 1/2 h.
508 AU CŒUR DE L'ATLAS

De Aghhalou à lgherman, 1/2 h.


De lgherman à Asni, 1/4 h.
De Asni à lrghef, 1 h.
De lrghef à Aghhalou el-Khemis, 1 /2 h.
De Aghhalou à Bou Toked, 1/2 h.
De Bou Toked à .\ït el-Kak, 1/4 h.
[)c Aït el-Kak à .\ït Iran, 1/4 h.
De Aït Iran à Aou.ril, 1 h.
Marché. -Et-Tnin.
Sol. - Plaine et mont~g·ne.
Culture.- Ci•réales, oliviers, amandiers.
Limites. - Nord : Glaoui. - Est: Goundati. -.Sud : Ghe~
ghaïa. -Ouest: Merrakech, :\tesfioua.

HERAïA ( GuEGHAïA)

Notables.- El-Hadj Laheen hen Mohammed; Si Brahim n'Aït


Abdallah; Bou Kedir.
Organisation. - Akhour; Tilouna ; Douar ech-Chérif ; Tabe~
naout; Aït Zekri; lmiu TPhi(lert; DjPlwl el-Akhdar; Tasse~
loumt ; :\louley Brahim; Bou Kedir ; Asni.
Marché. - Et-Tlèta de Tahenaout.
Zaouia. - Mouley Brahim (Chérif Moul<'y el-Hadj de Tames~
loht).
Sol.- Montagnes et plaine.
Eaux. - Sources.
Culture. - Céréales, olivettes.
Voie de communication.- Route de Merrakech au Sous.
Limites.- Nord: Ourika.- Est: Glaoui et Goundafi.- Sud:
Souktana.- Ouest: Merrakech.
Renseignements topograpluques. - De Akbour à Merrakech,
1 h.
De Akhour à Tilouna, 2 h.
Tilouna et Douar ech-Chérif se touchent.
De Tahenaout à Tilouna, 1 h.
De Tahenaout à Aït Zekri, 1/2 h.
De lmin Tebidert à Aït Zekri, 1 h.
De Imin Tebidert à Djebel el-Akhdar, l h. 1/2.
QAIDAT DU GL.\OUI 509

De Tasseloumt à Djebel el-Akhdar, 1/2 h.


De Tasseloumt à Moulcy 13ra him, 1/2 h.
De Bou Kedir à ~Ioule y Brahim, 1/4 h.
De Bou Kedir à Asui, 1/4 h.

MESFlOUA

. La tribu de Mesfioua est Berbère et montagnarde. Elle cul-


hve aussi les plaines situées entre l\Ierrakech (Sud-Est) et le
Haut-Atlas. Cette tribu était en pleine insurrection quand je suis
· '1 errakech cu 1899. Le tabor (bataillon) du fameux qaïd
cntr·e a"'
e~-Ha_dj Ali célébrait une victoire remportée sur les Mesfioua ct
:efil~tt par la ville, portant 44 têtes coupées, et trainant 150 pri-
onnters. En mai 1905 la tribu était soumise ; le frère du qa'id
du Glaoui , s·l Th amt· l' a d mtmstra1t.
· · · Trots. mms . p 1us t ar d nou-
~elle. révolte, réprimée sévèrement par le qaïd Sid cl-Madani .
.a trtbu est aujourd'hui tranquille et prospère.
_La carte que je donne ci-dessous a été dressée à l'aide des ren-
setgnemens . s·1 Th ann. 1m-meme.
t et des croquis que rn ' a fourms . A

Croquis du temtaire des


MESFIOUA
Echelle
,."', i .... , ,...

TOUGANA

0 uR 1KA OH•'IJ•'

'.1'"'
l
&ou. hi!
G Hur
CHAPITRE XVIII

TAMESLOHT

Le district de Tamesloht formait jadis un qaïdat, sous leS


ordres du chérif Mouley el-Hadj. Depuis 1893, époque à laquelle
la protection Anglaise fut accordée au Chérif, Tamesloht a été
rattaché à Merrakech, et a été placé sous la direction adminiS-
trative d'un khalifa. La famille des Meslohiin possède la célèbre
zaouia de Mouley Brahim, et dirige deux autres puissantes
zaouias: Tazarin (Aït Atta), Sidi Mohammed ou Yaqoub (Dra)·
Notables. - Le chérif Mouley el-Hadj el-Meslohi, protégé
anglais, et ses trois fils ; Kerouch el-Brighli.
Statistique. - 50 chevaux, 300 fusils, 900 feux.
Organisation. - Tamesloht (Zaouia); Sehib ; Touirga; [)at.
el-Aïn Zaouia de Mouley Brahim.
Marché.- Marché quotidien et Souq el-Jemâ.a.
Zaouia. ~ Zaouia de Tamesloht.
Sol. -Plaine.
Culture. -Céréales, olivettes, jardins.
Voie de communication. - Route du Sous à Merrakech (par
Imin' Tanout).
Limites. - Nord: Merrakech. - Est: Gheghaïa.- Sud:
Souktana.- Ouest: A'it Immour.
Renseignements topographiques. - De Tamesloht à Merra-
kech, 2 h. 1/2 (N. E.).
De Tamesloht à Dar el-Aïn, 1/2 h. (E.).
De Touirga à Merrakech, 2 h. 1/2 (N. E. N.).
De Touirga à Dar el-Aïn, 1/2 h. (0.).
De Touirga à Sehib, 1/2 h. (E.).
TAMESLOHT 511

CHERARDA

On désigne sous le nom de Cherarda la confédération des trois


fractions suivantes émigrées du sud dans le Houz (1).
Doui Blal,

t.
Cherarda
La
lons.
. l
Tekna,
Oulad Delim.
tribu des Aït Ahmar sépare Tekua des deux autres frac-

DoUI BLAL

~ette fraction, soumise au Maghzen, est issue de la grande


. u arabe des Ida ou Blal qui nomadise dans le Sahara maro-
cam au sud de l'oued Dra.
Notahle. - El-Hadj ei-Màti ou Regragui.
0 ouars .
.Varche.· - El-Arba Bougadtr.·

LV~iemues.
l
de communication.- Route de Safi à M~rrakech.
.
- Nord: Oulad Delim. - Est : Menabha. - Sud :
Herbil· 0
' udaïa. - Ouest : Ahmar.

TEKNA (tribu maghzen)

N otahle. - Qaïd el-Mokhtar ould Saïd el-AYn.


0 mani ·
satwn. - Douars.
"
Eau:.c
V . ·-
c·Iternes ; puits de 10 brasses.

_
L~te de communication. -Route de Mogador.
un·
Ues. -Nord: Ahmar. -Est : Frouga. - Sud: Medjat.
0
Uest : Üulad Beç-Çbàa ; Chichaoua ; Ahmar.

(t) La ré ·
Le ché . giOn dont Merrakech est le centre est appelée el-Houz-Merrakech.
région rif de Tamesloht nous dit qu"une très ancienne répartition divise cette
qout: ~hdeux letr : Aït Zouqqout et Aït Fademt. Font partie des Aït Zouq-
Soukta amna, Seraghna, Zemran, Mesfioua, Goundafa, Gheghaïa, 't/2
(Azrarta,1 etc ... ; Font partie des Aït Fademt : Oulad Beç Çbaa, Sbouiat
' _1t Souk tana, etc ...
;)12

OuLAD DELIM (tribu maghzen)

Notables.- Qaïd Mouida ould Siül ; Qaïd Brahim el-Antri.


Organisation.- Douars.
Marché. -Et-Tlèta.
Zaouia. - Sidi Ahmed.
Eaux. - Citernes; puits de 15 à 20 brasses.
Limit~s.- Nord: Menabha.- Est: Rhamna.- Sud: Her~
bil. ~ Ouest : Doui Blal.

OU DAIA (tribu maghzen).

Notables. - Qaïd Bou Selham; qaïd el-Arbi ; qaïd Saïd.


Organisation. - Oulad Beç-Çbaa ; Tareda ; Oulad Alloue~ !
douar el-qaïd Houman; Shimat ; Ghar et-Tour ; Zaouiet Sldi
Zouin ; El-Ghaf; Zaouiet Cherardi ; Aïn Sidi ; El-Aïoun ; Oulad
El-Qern.
Renseignements topographiquPs. - De Oulad Beç-Çbâa à
Merrakech, 4 h.
De Oulad Beç-Çbâa à Tarda, 1/2 h.

De Oulad Allouch à Tarda, 1 h.
De Oulad Allouch à Douar el-Qaïd, 1/2 h.
De Shimat à Douar el-Qaïd, 1 h.
De Shimat à Ghar el-Tour, 1/2 h.
De Sidi Zouin à Ghar ct-Tour, 1 h.
De Sidi Zouin à el-Ghaf, à 1 h. 1/2.
De Zaouiet Cherardi à el-Ghaf, 1 h. 1j2.
De Zaouiet Cherardi à Aïn Sidi, 1 h.
De El-Aïoun à Aïn Sidi, 1 h.
De El-Aïoun à Oulad el-Qern, 1 h.
Marché. - Et-Tnin de Zaouiet Cherardi.
Eaux. - Oued Nefis; Oued Tensift; sources.
Sol. - Plaine.
Culture. - Céréales ; vergers; olivettes.
Voie de communication.- Route de Mogador.
Limites.- Nord: Doui Blal.- Est: Merrakech.- Sud: Arl
hnmour . ....-Ouest: Ahmar.
'LUIESLUHT

HERBIL (trihu maghzPn).

Yotab/e.- ~lohammed lwn d-HassPn.


1

OrJ anzsatwn.
· · - Douars.
Sol. -Plaine.
Eaux. -Oued Tcnsift ; citernes : puits dP 10 ln·asses.
Voie de communication. - Route de :\Iazag,an à Safi.
Limites. - Nord et Est : Hhamna. - Sud : MerrakPch. -
Ouest : Oudaïa ; Uoui Blal : ( lulad Delim.

~hNABHA (fraction mag·hzen issue de la gTmHie tribu du


Has el-Ouecl)

Notables. - Si Ayad el-:\lcnehhi : Si Halwl heH Tounsi ; Si


Abbas el· -.,"'·I enc hl11.·
Organisation. - Douars ct maisons.
Marché.- El-Had.
Sol. - Plaine.
Eaux. - Puits de 40 brasses.
Cu~ture.- Céréales et saponaire récoltée dans le Bebira.
v~U! de communication. -Boute Mazag·an.de
Ltrnites. -Nord ct Est: Hhanma. - Su<l : Oulad ])clim.-
l
Ouest .· Dom. Bla.
CHAPITRE XIX

QAIDAT DU GOUNDAFI

GouNDAFI

Le Qaïd Si Taïeh el-(~omulafi ( 1) est un <les plus puissants qaïdS


de l'Atlas. Son commaudcmPnt est limitt'~ à l'Est par celui du
qaïd de Glaoua, à l'Ouest par eelui d~ qaïd de l\ltouga, au Sud
par celui du qaïd de l\Ienahha.
Si Taïeb est, à l'heure actuelle (janvier 1908), retiré dans sa
qaçha de Tagucntaft. Après avoir rendu hommage ù ~loulay el~
Hafîd il s'est quercW• aVPc Jps <Jaïds de ;\Houga, dP (ilaoua et
d'Ahda. Il s'est enfui de ~I<'ITakeeh, ct nous •~<'·clare <Iu'il attend
au fond de son inacccssihle défilé <fliC les événements se
dénouent.
Les tribus vassales du <raïd <le Goundafi sont :
Ouneïn, Tifnout, Tidili, TalPkjount, Talcmt, 1/2 Souktana,
1/2 lndaouzal, 1/2 lndouzal, ~Izoudi, Amizmiz, Seksaoua, (iued~
mioua, Oulad 1\Ita, Frouga, Teluw, ;\ledjat, Aït humour.
Le territoire de Gouudafi s 'éteH<l le long <le la vallée de·
l'Oued Nefis.
Fezdada 4 feux.
·100 ))

' Aghhar
Mouldighet 20 )}

Goundafi < Taë"IIlout 30 )}

1 Tagoundaft
Tassafet
40
iO
)}

)}
1
1
Targ-a ou Fella 60 )}

'
(1) Voir l'étude de M. Edmond Doutté. LPs Grands qaïds.
QAIIHT OL GIIL~HH'l 01iJ

Taferhoust 40 feux
Arghen ))20
Talaten Yaqoub ))150
Alla )) 50
Taghhart )) 60
Agoundiz 100
))

Takherri )) 4
Ihennaïn ))10
~
Imeghraoun ))1''i)
Targa lzdar ))10
lguer n'Kouris )) 8
Goundafi
Tong er-Khih ))
15
Tlaïalin (zaouia) )) 5
Talat en-Nous )) 10
Aït Hassaïn ))60
Imidel ))10
lmegdal ))20
Asguin ))40
Tagadirt cl-llour ))40
Ouargan 200 »
Agdour n'Qik iO >>
Qik 60 ))
Marche. - Et- Tnin à Taguendaft.
Zaouia
E · - zaomet· r·taïa1m.
.
Saux.- Sources, oued Nefis.
ol.- •~Io n t agnes.
·Culture
~ . · - C'erea
, l es; aman d'wrs ; noyers.
L ~ze_ de communication. - Route de Merrakech au Dra.
Au mutes. - Xord : Glaoui. - Est : Tifnout. - Sud : Ounaïn ;
So Zoulet ; Ida ou Msatoug; Guedmia.- Ouest : Aguergour;
nktana ; Gheghaïa ; Ourika.
~enseignements topographiques.- De Fezdada à Aghbar, 2 h.
De Fezdada à ~louldighet, 1 h. ·
Te Mouldighet à Tagmout, 3/.i h.
Dagoundaft est en face de Tassaft, à 1/2 h.
De Tagoundaft à Tagmout, 1 h.
e Tagoundaft à Targa ou Fella, 1/2 h.
516

De TafPrlwust à Targa ou Fella, 1j2 h.


De TafPrhoust ù Arg·lu'n, 1 Il.
De Taferlwust ù Talaten Ya(rouh, 1/2 h.
De ~\lla it ÂI'ghen, 1 h.
De Alla ù Tag-hhart, t h.
Tag·hhal't Pst en facP d'.\g·oundiz.
De Taklwrri it Tat:·hhart, 1/2 h.
De Takht>JTÏ it lheunaïn, 1/2 h.
De lmeghraoun it Jhennaïn, 1/2 h.
De Imegh rao un it Targa lzda r, 1 h.
DP lguer nl{ouris it Tarli<l lzdar, 1 12 h.
De !guer n'Kouris it Toug Pr-Khih, 1 h.
Tïalaliu en face d<' Talat en-:\ous.
De Tïalalin ù. Toug c1·-Khlh.
De Tïalalin à .Aït Hassaïn, 1 h.
De Imide! ù Aït)Hassaïn, 1 h.
De lmidel à Imeg·dal, 1 h.
Oc Asguin à lmegdal, 1/2 h.
De Asguin à Tagadirt cl-Bom·, th.
De Ouargan à Tag·adirt, 3/4 h.
De Ouargan à Agdour n'Qik, 2 h.
De Agdour n'(_~ik à la rivière, 1 h.
De Agdour n'Qik ù (jik, 1/2 h. ·
Agdour n'Qik est à égale distance de l'oued 1\efis et de l'oued
Gheghaïa.
Qik est sur l'out>d (iheghaïa.

Aouwvz

Au confluent des deux oueds Tifnout et Zagmouzen. Les Ait


Aoulouz sont gouvernés par le qaïd el-Arbi ed-Derdouri aJllÎ dll
qaïd de Goundafi, avec qui il partage le commandement des Ida
ouAgommad
\ Ida ou Agonunad,
Aït Aoulouz J Tamessoult,
\ Amari.
Seïd Pt zAouia de Si di Bou Rja.
InA or ZAL

Tribu indPpeuclante.
Notables. - Chikh l\lohanuned ould El-Hadj, El-Hachmi,
Aloukas.- Chikh Brahim El-Bedaà.- Si Lahcen de Tamda.
Villages. - Dar ou Mansour, 10 feux: ~\glou, 20 feux ; lferd.
15
d' feux : El-)louih ' 30 feux·, Tamda . 25 feux; l\leneizla (marché
El-Had, 70 f<'ux : Ida ou ~loumen. 80 feux.
Nature "'' sol. - Col de Bihaoun.
Eaux. - SourcPs d citernes.
Culture. - c,•réales, amandes, henné, oliviers.
Voie de communication. - Route du Sousse à .Mogador.
Limites. -Nord et Ouest : Ida ou Ziki. - Est : Ida ou Mou-
men. - Sud : Houara.
De Dar ou Manso ur it A~dou, t j 2 h.
D'Aglou à lferd 1/2 h. '--'
D'I ferda· El-Momh
'. 1 h.
D'E · '
1-:\fomh à Meneizla, 2 h. (route de Taroudant).
D'El-Mouih à Tamda, 2h. (ro~tte de Tiznit).
De Meneizla ù Ida ou Moumen, 1 h.

SouKTA:'lA

Notables.- Qaïtl Omar Ounnas ; qaïd Lahcen el-Guerg-ouri.


D ~rganisation.- Tizguin; Zcrga ; .-\g·uergour ; Abel ed-Dra;
ertat ; Abel Ounnas (mellah) ; Takrich ; Anamer ; Sidi Fares.
Zaouia. - Akrich : .SidiiFares.
Sol · - l)l ·
t ame et montag-ne.

Cultm·e.
r . -Céréales, oÙvettes,. VPrg-ers.
c

·Ole de communication - Route de l\lerrakech au Sous.


, Limites. - ~ord : .Mc~rakech. - Est: Ghcghaïa. - Su1l:
<.oundafi. -Ouest: (iuedmia (oued ~efis'): Tanwsloht.
Ren~e· · 1 T' · · 'l' l 1t
1 h. 1/4.tgnement.,· topoqrapl11ques. - )p 1zgum a ames o 1,
De T'
tzguin à Zerga, 1/2 h.
~e Zerga à Amzmiz, 1 b. 1/2.
.e Z{'rg-n ;i Tou i r~rn.
'
1 h. 1 /2.
De Zcrga à Tcnsift, 1 h.
De Zerga à Abel cd-Dra, 1/4 h.
De Zerga à Deriat, 1/2 h.
De Aguergour à Tamesloht, 2 h.
De Deriat à Tamesloht, 3/4 h.
De Ahel Ounnas à Tamesloht,, 1 h.
De Ahel Ounnas à Ahel cd-Dra, 1 h.
De Takrich à Tamesloht, 1 h. 1/2.
De Takrich à Ahel Ounnas, 1 h.
De Takrich à Ahel cd-Dra, 1 h.
De Takrich à Anamer, 1/2 h.
De Anamer à Tamesloht, 1 h. 1/2.
De Sidi Farès à Tamesloht, 2 h.
De Sidi Farès à Anamer, 1 h.

GuEDMIOUA

Notables.- Qaïd el-Hassen; Qaïd el-Abbas.


Organisation. - Amzmiz (Mellah) ; Tizguin ; Art Saheli;
Dar En-Nous.
Marché. - El-Khemis Tizguin; Et-Tlèta Amzmiz; Et-Tnin
Dar Akimakh.
Sol. -Plaine et montagne.
Eaux. - Sources et seguias.
Culture.- Cér{~ales, vergers, olivettes, vignes.
Voie de communication. - Route du Sous ; route du col de
Goundafi.
Limites. -Nord: Medjat; Oulad Mta. - Est: Souktana;
Goundafi ; Sud : Goundafi, Aït Zoulit. - Ouest : Ida ou Mah-
moud ; Seksaoua ; Douiran; Mzouda.

MzounA
.
Notables.- Qaïd el-Hadj Omar el-Mzoudi ; Chikh HammoU;
Biinik ; Chikh Omar Azaou.
Organisation. - Aït Hassaïn ; Tihouna ou Mzil ; douar el-
qaïd; Sidi Soultan ; Zaouiet Si di Ahmed ou Ali.
QA!Il.\ T Ill' I;OP:\'Il.\FI :i 1!l

Marché. _ Es-S<' bt.


Zaouia. - Sidi Ahmcd ou "\li: Si<li Soultan ; Sidi Hassaïn.
Voie de communication. - Route dt> Mcrrakech à lmi n'
Tanout.
Limites. -l'lord. - l\lcdjat Est : Gucdmioua.- Sud: Doui-
ran.- Ouest: Oulad Dcç-Çhùa.

SEKSAOUA

Notables.- Omar ould Bihi ou Hefed; Chîkh Ahmed.


Marché. - Et-Tlèta.
Eaux. -Oued el-Kihra.
, Voie de communication. - Route de Merrakech à hni
n Tanout.
Id Limites. - Nord : Oulad Beç Çbàa. - Est : Douiran. - Sud :
a ou Mahmoud.- Ouest: Nefifa.

DouJRAN

Notables. - Ahmed bou Neddi; Mohammed ben Abd es-


Selam.
Org · · '
amsatzon. - El-Kihra etc.
Mo.rché. - El-Arba. '
Zaouia. - Sidi Ali ou Mohammed.
Eaux. - Oued el-Kihra · sources.
Li · '
mues.- Nord: Oulad Beç-Çbâa. - Est : Guedmioua. -
Sud: Seksaoua. - Ouest : Seksaoua.

TALEKJOUNT

Notable. - Chikh Ahmed el-Bazzi (Siness).


Org .
antsation. - Agoudal-Siness.
Sot._ M
ontagnes.
Prodz ·, . ·
tz s. - .Arcramers amandters.
St · e '
atzstique.- 350 feux quelques chevaux.
Lim· '
Tai Ues. - Nord: Ida ou Kaïs. - Est: Menabha. Sud:
e~t. -Ouest : Aït Yous.
520 Ail CIJI·:UH IlE 1.',\TL.\S

AïT hnwun
Notablt:s. - ()aïd l'l-,\I>J,j : Qaïd Bassou : ()aïtl Saïd; Chérif
~(ouley .\1 i.
Organisation. - Douars et maisons.
Marché. - Es-~Pht dP Dar .Jdida.
Sol. - PlainP.
f'ultm·r:. - Cèrt'•ales : VPrgcrs : olivcUPs.
Emu:. - Canal de TamPsp;alt ; rivièrPs: canalisation ; puits.
Voie de communication. -Route de Mogador.
Limites.- Nord: Oudaïa. -Est: Mcrrakech; Tamesloht.-
Sud : Ou lad .\Ha.. - Ouest : Frouga.

Mrm.TAT (.\'[Pjjat)
.i\'otables. - Oulad <Jaïd Ahmed : famillP dPs Beni Aicha.
Organüation. -Maisons et douars.
Marché.- El-Had.
Zaouia. - Sidi bou Daoud hen Rekha : Si di Saïd Amhin;
Sidi Ahmed ou Moussa.
Eaux. - Scguia d'Assif el"-Mcl: puits de 7 à 20 brasses.
Voie de communication. - Route de Mogador et route du
Sous.
Limites. -Nord: Tekna. - Est: Frouga. -Sud: Gued'
mi oua : 1\lzouda. - Ouest : Oulad Rc~-Çhâa.

FROU GA

Sotab!P. - El-Hadj Mohammed hen Djcrid.


Organisation. - Maisons isolées : deux villages.
11J.arché. - El-Arha.
Voie de communication. - RoutP dP .\logador, Pt route du
Sous.
LimitPS.- Nord: l\fcdjat.- Est: Aït humour.- Sud: Gued'
mioua. - OuPst : TPkna.

ÛULAD .\fTA

Notables.- Qaïd Mohammed Ber Rahal; El-Hadj el-Hassell..


lwn Lou ha 11.
tjAIOAT nr GOUNOAFI 521.

Organisation.- \ïllag·<•s : 'lerdja: <'1-Krakch, Pte.


Marché.- Et-Tnin. '
Eau:r. - Oued ~dis.
Voie de communication. - Boute d'Amzmiz.
Limites. - Nord: A'it Immour. - Est: Aguergour.- Sud
et Ouest : (;ll<'dmioua.
CHAPITRE XX

QAIDAT DE MTOUGA

l\boUGA

Le qaïd Abd cl-Malek Oul1l ~loussa cl-l\Hougi, dit Tiggi (1), 3


sous son commandenwnt les tribus et terrif<lires suivants :
Mtouga, Nfifa, Demsira, Imi n'Tanout, AssPratou, Qira, Ida oU
Ziki, 1/2 Ida ou Zal, Ida ou Talilt, Ida ou Mhamoud, Ida ou Kats.
Le qaïd est en ce moment (janvier 1908)dans le campde Mou~
lay el-Hafid. Il a déjà plusieurs fois sollicitt~ l'autorisation de
rentrer chez lui pour défendre son territoire contre le qatd
Enflons qui menace 1le l'envahir avec l'aide des renforts ~
Moulay Abd cl-Aziz lui a envo)t'!;. .
La tribu de ~Houga est soumise au Maghzcù : elle se divise ell
cinq khoms.
Intcmlin,
Ida ou Merzoug,
Mtouga. Alassen,
Ra hala,
Ida ou Talilt.
Notables. - Qaïd Ahd el-.\lalek el-:\ltougui; El-Hadj MohaJll'
med (Tarselt) ; Chikh Bihi n'Aït Mohammed ; Sidi Mohannued
ben Abder-Rahman.
Marchés.- Et-Tlèta; El-Arha.
Zaouia.- Sidi Abd el-Moumen près de Tarzelt, assez pa~~
vre, 200 âmes, ne paye pas d'impôts, moqaddem Si el-Mekkl'
Sidi Abd er-Rahman ou Messaoud Cheurfa, 300 à 400 feUS.,
moqaddem Si Ali ; Sidi hou Brahim, 15 feux, moqaddeJll
Mohammed.

(i) Voir Le.~ Grand.~ qaïds, par Edmond Donllé.


QAIDAT DE MTOUGA 523
Limites,- Nord: Oulad Beç-Çbâa.- Est: Nefifa; Demsira.
-Sud: Ida ou Ziki; Ida ou Tanan. -Ouest: Haha; Chiadma.

INTEMLIN

Id Limites.- Nord : Oulad Beç-Çbâa.- Est : Nefifa. - Sud:


a ou .Merzoug. - Ida ou Talilt ; Rahala.

IDA ou MERZOUG

Limites. -Nord : Intemlin - Est : Demsira. - Sud : Alas-


sen. -Ouest : Ida ou Talilt ..

ALASSEN

_~mites. -Nord : Chiadma. - Est : Rahala ; Ida ou Talilt.


nd : Ida ou Mersoug ; Ida ou Ziki. - Ouest : Haha.

IDA ou TALILT

Su~imites.- ~ord: Rahala. --Est: Intemlin ; Ida ou Mersoug.


et Ouest : Alassen.

RAHALA

L~~
1 .
Id es. -Nord : Oulad Beç-Çbâa. -Est : lntemlm. - Sud :
a ou Talilt. - Ouest : Alasseil.

NEF IFA

Ab:otables. - Chikh Ali ould Zidan; chtkh Ahmed ou Zekri ;


V~llah ould Beslan.
A tl/ages. - Imi n'Tanout; Sidi Abd el-Moumen; Hocen;
sserato T
u; alaten lrrahalen.
0 rganisation :

Oue. d Imi n'Tanout,


Nefifa. Oued el-Bour,
z.
aouia s·d·
Ameznez. J
E · - l 1 Ali ou Mohammed.
S au.x · - Asst·r el-Bour.
ol.- M ta
. on gne.
Al' CUTII DE L'ATLAS

Voies de communication.- Hontes de :\lNrakcch ù :\logador et


df' MPrrakcch an Sous.
Limites.- ~ord : Oulnd B''':-C)Hia.- Est: SPksaoua.- Sud:
Dcmsira. - Ouest : :VItoug·a.

Soluble.- Ould Bejja.


Vi tlayes. - Ifren Pl-Arha ; Zaouia Hahala : Zaouict el-
.\rima; lrghi ; Amezri : Timlilet : Agadir cl-Ghachi; AlllZa-
mar ; Chamaren.
Organisation:
Ouassen, Chikh .\hdallah ould Mbarck oU
:\lhend.
Hassen, Anll'ar Ahmed ou Jàa.
A.ït Messaouu. Chikh Si Brahim ou Zcroualf.

Demsira
(1.000 feux).
Taskemt. - Chikh Aomar ou Bihi.
Afellaïs, Chikh Aomar ou Chiad. •(f
Ait Bekheur (indépPndants, refusPnt tout inrpôi)·
Ikhouhalen, Chikh Ahdallnh n':\"tt Ali ou MeS-
saoud.
Asseratou, Chik h .\luut>d ou Jâa.
1 .\ït Daoud, Chikh Ahmed lgouzalcn.
Zauuias.- Mzlla el-.\rima: arghi; Ben Xacf'r (Taskaout); Tizi;
Tamarount.
V~ie.de com"!unica~io~. -.Route du So?s. ud·
Llmlles.- :\ord: :\ehfa : S{'ksaoua.- Est: Ida ou )[ahn•~ki.
- Swl : Ida ou Mahmoud : 1dn ou Zal. - Ouest : Ida ou 'Il '
:\ltoug·a.

1DA ou ZJKI

qal:
Trihu chleuh très lu•lliqueusP. diYisM jadis en six ou huit
dats, placf><~ aujourd'hui par le Sultan Mouley Abd el-Aziz so1J
l'autoritl~ dn qaïfl de Mtou~::a. Ellf' est divisée en quatre
<fPSllll\ :
t.!AILlAT llt: .wruna

~
Aït l\lnussi, dlikh. d-~lahjo~lJ ~)~mroueh.
lda ouZiki. lmeg·uenoun, ehikll 1'1-Ha(l,] lltlu.
El-Halef, ehikh d-:\lahjouh.
Aït ~aïd.
Marché. - Souq el-.h'nula "\ït .\loussi.
Zaouia. -Si .Messaoud (Che urfa '1 dans le DjPhel Tatrirt.
Produits. -Huile, amandiers, forèts, panthères ct moufflons.
CHAPITRE XXI

LE SOUS

Le Vicomte de Foucauld a recueilli une classification des tribUS


du Sous en deux familles : Sektana ct Guczoula.
Cette même classification nous est donnée avec une variante:
les deux familles seraient Haougga ct Guezoula. La légende 'Veui
que les ancêtres éponymes de ces deux familles aient été deUS
femmes également belles, pareillPmcnt guerrières, fJUi auraieni_
entraîné leurs partisans dans leur querelle, et divisé tout le pays
en deux camps. L'une, Semlalia, (~tait chi·rifa, descendante df
prophète, son parti prit le nom de Guczoula (en berbère Ta~··'
zoult) ; l'autre, Aniia, d'origine moins noble, eut pour adep
les Haougga (en berbère Tahoug·gat).

LEs mougga1· Du Sous

Le mouggar (tamazirt : moussem) est une foire annuelle. :Elle ,•


diffère du souq, du marché hebdomadaire, par l'importance dU
trafic qui s'y fait et l'abondance de sa clientèle. L'ordre iiJ)lllUB'
ble dans lequel ces foires se succèdent est réglé d'après le caleD' ··
drier Julien, seul usité dans le Sud marocain. l
L'une d'elle est célèbre dans toute l'Afrique du ~ord :
8

mouggar Sidi Ahmed ou l\loussa (Tazeroualt). Elle oflre cette


particularité d'être triple. ;
Le premier mouggar a lieu le troisième lundi de mars, et dut6. :~
cinq jours;
Le deuxième a lieu le premier lundi d'octobre ;
Le troisième, 40 jours après le deuxième.
Les mougg·ar se succèdent ensuite dans l'ordre suivant :
LE SOUS 527

Chez les Aït Bou Amran :


8
joul'S après le premier nwu!-!,'gar de Sidi Ahmed ou Moussa
Dlou?'gar de Tadaïght (Aït Djerrar), <fUÎ dure 3 jours ;
8
. Jours après, mouggar de Bou Gue rfa (Aït Bou Bker), durée
3 Jours ·
'
8
8
j~urs après, Sidi Mohammed ben Abdallah (lmestiten) i
3 JOUrs; après, Sidi l\lessaoud ou Zîna (A.ït lkhlet), durée
. Jours
8
. jours après, Sidi Mohammed ou Abdallah (Aït Moussakna),
3 Jours;
8'
Jours après lsseo·
D ' tl· •
ans l'oued Noun:

(fi•n-IO jours
11'
après le l)remier moue'"'"ar de Si di Ahmed ou Moussa
~vr ), mouggar d'Asrir (Zouafit), durée 3 jours;
tl

8
~ours après, El-Q~.:abi (Aït Lahcen).
8 Jours
. apr·,es, (•.
L~l
El- Gl wz1. (.G-, ou l'mun
. ).
8
L;~urs «près, deuxième mouggar d'Asrir (Zouafit).
.s mouggar <l{' Chtouka sont :
8
S1'di• Jours
1 après le premier - IIIOll ee o·o·ar de Si di Amed ou Moussa
·der (.\ït Amr)
:~ours après, Si~i Saïd ou l\Iessaoud (.Aït Milk).
J.ours après, Aoukhrib (Art hou Lefàa).
8
~ours après, Allal (Aït Amira).
8
~ours après, l\ledPrsa (Art lzza ).
8
J.ours après, Si di Bi hi (Art .\mira).
8
8
~ours après, Sidi Abdallah ou Brahim. (Aït Oued Rinn).
S•d•
.J~urs après. Sidi Bou Shah \Ida ou Gouaran).
Mezar·a trOis
. nwugg·ars :
Le pr .
M emter a lieu 8 jours avant celui de Sidi Ahmed ou
. oLussa, le deuxième lundi de mars.
Shah.e deu XIen1e
··' · 8 jours après le mouggar <l e S'd'
a heu 1 1
b ou

Le troi ·· · . . .
de S'd' steme a heu en automne, tl coïnctde avec le mougg·ar
l'es~ ?ou Abdclli (Aït Brahim); ce sont les deux ~ernièrcsfoi­
1

8.e 1année .
tn.o Jours après le deuxième mougg·ar de Sidi Mezar a lieu le
Ugg~r de Sidi Mohammed Chcchaoui (Art B~kkou).
.\li Ctt:liH DE L ATL.\S

Le J·uui' dP Ja fète du Mouloud se tient le moun· ..ar de Sidi


t'li':'
MohanunPd Chehki (Assa).
8 jours après Je premici' mougf(·ar de Sidi Ahmetl ou Moussa
Tukoucht 1Aït Souah).
8 jours après Ouagrad (Aït SouahJ.
8 jours après Talmest (Aït Souah).

(h;ED Sors

L'Oued Sous est furmé pa1· dPux riviiwes : l'Oued Tifnout et


l'Oued Zagmouzen. La première lui apporte lP trihu des eaux du
Haut-Atlas Pt du Djehd Siroua. la s1•eonde le h·ihu 1les caux de
l'Anti-Atlas. Cette région a été Mudi•~e d'une fa«;on h·ès colllplète
par le Vicomte de Foucauld (1 ). On verra que nos inforrnations
se superposent exactement aux siennes.

TIF~OUT

Oued Tijlwut. - L'oued prend sa source dans le Tidili e''


coule vers le Sud d'abord, à travers le territoire des Ait TaJllel'
dou ; où il arrose :
Tidili .
•\fezza,
'1 nmag·hart,
Azro n' Aït Le ti (mellah),
Tanmersselt,
Ouaouzoug·ht. Oued hmwrakht. afthwnt. ne f?:auch~.
lmelliJ,
~[ezg·pmma t,

Tassoult,
;\ssai'P{-l' 1mdl ah 1,
.\m•mid,
TnlamitPI't.

(f) fleCOitiWÜISlli!Ce fllt .J/ct/'(1(:, pagP :J:H.


f • LE SlOS 5:.!9
t

Antezzarko, zaouia de Cheul'fa des .\H Ben Ouissadcn Clùkh


Tahia, mellah.
hni n'OuanLOumen. Oued, affluent de droitP, dt>scendant des
.\rt Ouamounwu
Ighil, '
Tizerouin
lmoukhsa'n
Tang-hent, '
Tigrout,
Aghella,
.\mzaout·ou
.\skaouu, '
.\ghfezli
'
Ting·het·da,
l~laoun Taùdarin. Oued Aze;;·;;Touz (lzgTouzen), affluent de
drotte, sort du Djebel Ouijeddan, traverse les Aït Tameldou,
arrose ldikel, Tazougart, Tamedilt, Afclla, Ikiis, Azeggrouz.
Hellout, dar chikh d'Id l\Ihend.
lgli. Oued ldikel, affluent de droite ; oued Seqsed, affluent
de gauche.
Aguerd n'Ougadir. Oued Ikis, affluent de droite.
Timiter n'Aït Iamen. Oued .Msount, affluent de gauche.
lguizi, chikh d'Id Mhend, mellah.
Arlad Tahtani.
Arlad F' ouqam,
· mellah. 'f
Tarnadout.
Tantessoult, zaouia de Sidi Ali ou l\Ibend. CheUl·fa.
Agadir, qa'id si .Mohammed Abdallah (bâtie sur un rocher).
~lzi. Oued Tizgui n'Mousi, affluent de gauclw.
rarniouin.
Tithliit.
Douzrou
Teïssa. '
L'oued Tifnout pénètre i~.:1· sm· 1e lt>t'I'ttoll'e
· · <l'I ounzwuu.
. Il v•
arrose :

:a
530
l'irwksif.
Taouarsout,
Zaouia Agdz (Igourram).
lchakoukPn,
Ider~o;<m,
Assoul,
~\lk ('l'a k'
Taàrat,
Aït Ajarlan
lcr~"l.;·natcn,
Ta hia, chikh l\Ioulcy Aomar, chérif
d'Ait Brahim,
Tazelin,
Agdz Ait Himmi,
Tagadirt Aït Hamed ou Hammou,
Assaoun,
lounzioun Aoufour.
'foug cl-Kbit·,
Questan,
lhiehichnn,
Assl-!·oun,
Tinmckoul,
Almid,
Aït Hmid Tasst>drent, chikh llamerl d'Id el~
Qaïcl.
Souari,
Aguerd,
Tarzout,
Imi n'Tamgout,
Aoulouz.
L'oued Tifnout re11oit de nombreux affluents dont les pluS
importants sont l'oued lzgum· ct l'ouc1l lgrcns1laten qui se jet--
tent un peu avant le confluent 1lc l'oued Zagmouzen.
Oued lzguer. - Sort elu DjPheL\ntar et arrose :
Antar.
Ouaouzouggert.
Anammer,
Taouielt, zaouia ef"toptbeau de Sidi Ali ou Mhend.
Timitel' (1 ).
Inmeghzen.
Id ou Amghar.
lgourzan.
Tagadirt n'.Aït el-Haz.
Amazzer.
Mensour.
Tiski.
lgourdan.
Talmoudat.
Tisgui n'Aït Mouqqer.
Tamezzerst, zaouia et mellah.
BouT"lZl.·
Anrouz.
Id el-Hassen ou Ali.
Assaka.
Ara ben.
Tagriuualt.
Igoumran.
Aït Ouzaqar.
AïtTebeda.
Tagherhant
~r
A'it Ifeo-hd
1:) ,
Chikh Si Mohammed Abdallah.
" Ial. Oued Achakchki tl'averse Zgounder chez les Ai:t Ifri où
set '
rouve une grotte célèbre (2).
A0 Ul1ouz chtkh lhobhan mellah.
Oued lgremsdaten. _ P;end sa source à .\gaouz et arrose :
Agaouz.
hni n'Tineskis.
Tirezza. .
Agadir nlgremsdaten.
Agouni.
d Tamanert, tombeau du rabbin Rebbi Israël enterré avec sept
. disciPl es, pe. l ermage
e ses
TIghirt.
. ce,l,e Jwe.

(t) limiter , lli>m rréquent qm· s1gm


· 'fie « s1gn
· al d' al arme >>.
("')
" Our· 1 · . "'
• r sJgmfie grotte. ·• .;;:. ·
.\ït Smaïl.
TÏWf.)glli Il.
Tamimou1uin.
lmid<>r, zaouia de Sidi el-Kouss y(·nt'·ri~ des .Musulmans et des
Juifs.
Tamghhout. zaouia dP IIH'I'abti11 .
.\zag·haghPII ( rlt•sert1.

Ou~Eï:\

Notables. - Chikh Mohammed lssafareu. Chikh .\lohammed


d'Adouz. Chikh Lahc<'n d'Art .\loudden.
Villages :
El-)ledad 20 feux
Amghaz 30
Tamjrejret 10
Ouilzau 13
Disk 10
.\rlouz (nu•llah 25 maisons, ma1·ché
d'Et-Tnin) 30
Tamesloumet \Zaouia Sidi Ahmed
ou Yaqouh) 20
Tamterg-a 30
Tamedghoust 40
.\ït Yassin 40
Aït Draret t5
ljedan 10
Tasseguint t5
Talaouin 20
lnemli 15
lgli 10
Tag·oulemt 30
Taouriret el-Bahrin 20
Zaouia. - Zaouia de Sidi Mohammed ou Yaqoub.
Nature du .sol. - .\lontagnes.
Eaux. - Sourees et riYières.
Culture. - Céréales, verg·ers, dattiers, noyers.
Voie de rommunication.- Routede l\[crrnkech.
Débouché. -Sous et ~lerrakPth.
R:nseir;nemenfs topo_qmphiquPs:
D El- ~(c,lad à ~\mg-haz, 112 h.
D'El-~l<>dad ù Tamjr<>jrl't, 1 h.
D'El-~h'dad ù IJisk, 1 h.
Ile Tamjrejrct à Amghaz, 1 h.
De Tamjrejrl't à Ouilzau, 1/2 h.
De TamjrPjrl't il Disk, 1/2 h.
DP Adouz ù Disk. 1/2 h.
De Adouz <L Tamesloumet, 114 h.
De Tamterga à Tamesloumet, 1/2 h.
De Tamterga à Tamedghoust, 1 /2 h.
De Tamedghoust à Ait Yassin, 1/4 h.

RHALA (lrhal).
Les Rhala sont divisés cu six seds.
HNotahle.ç.-
. Qaïd El-Arbi Derdouri. - Chîkh Mohammed ou
assm. - Chikb Hommad n'aït lehon. Chikh abd er-Rahman
d'Aït El-Kias.- ~Iouley Bihman n'Aït ou Berri.
Medjcrdin 30 feux.
Aït Salah 60
Tinzl'rt Imnach 40
Douterga 30
Aït MPrrach 40
1 Douat• Cheurfa 30
Aït Bou MPssaoud (mellah 1lf' 15mai-
sons) 40 feux.
Aït Yahia 50 -
Douar ouM Haha
Ida ou Zaouict Sidi Ali ou .\lansour (march{~
Kaïs (1) cl'El-Jcmaâ) {zaouia dl's Oulad BPn
~acPr) 60
TakPrzmi 30
Aït ou Lahrech 10
.\ït Chelloud 15
TachPdirt 10
Ali cot:Uil m: 1. ATLAS

Tazouknit 20 feUX·
A.ït El-Hadj 15
Talat 30
Tamzaguet 40
El-Aïn
Zaouiet Si di Ahmed ou Yaqoub 15
Tiniguet 40
Aït Boulidjour .10
Aït Ouachou 40
Taghezrit 15 felll·
Tameldou 20
Azazi 20
Taghlaniet
Aït Ali 40
Tagadirt 20
Stara 15
Tagadirt n'Oudiz 15 feUX·
Bourogh (qoubba ·de Sidi Bourezg) 30
Ida Outift (marché d'Et-Tnin) 40
Aït Salah 30
Ameghli (mellah de 30 maisons) 40 -
Amari
Tahala Taourirt (marché d'el-Arba et de El-
Rad
Aït Ben Saadi (demeure du Mezouar
des Cheurfa, Mouley Ismaël ben
Nacer) 20
Aourir 20 -
lmin Temgout 30 -
Ida ou Goummad 40 fe~·-
Aït Hammou 50 -
Tigm Agadir n'Tafoukt 30 -
n'Talaght Taguenza 16 -
Tirghet 15 -
Aoumeslaghet 30 -

sant sud dn H~ut Atlas ; elle dépend du qaïd Ahida ould Oummeis; la prin·
ci pale localité en est Tigouga (chikh Abd er-Rahman ben el-Hassen); 8~:
marché est El-Jemàa Tagouzni ; sa zaouia de Mouley ldt·iss est située sur
Djebel Tlidis auprès d'une mine cie fet' réputée.
r.E sor~ 535

Tigmi \ ~aou~ct ~i.d~ Amar <~u ~aroun 40 feux.


n'Talaght 1 Z~omet. Suh Bou Bkcr 30
, Art Igmt 50 -
Eaux. -Sources et oue<l Sous.
Culture. - Oliviers, vergers.
Voie de communication. - Honte de Tata à Merrakech et
route de Taraudant au Dra.
Alliés.- Aït Semrne()> · A·1t Io·o·as · Houara · Oulad Yahia.
t'l' e~ ' '
Ennemis. - Indaouzal; l\lenahha.
Renseignements topographiqlfes :
De Aït Bou Messaoud à Douar che urfa (sur la rivière), 1/4 h.
De Aït Bou Messaoud à Aït Yahia, 1/4 h.
De Douar ould Baha à Aït Yahia, 1/4 h.
De Douar ould Baba à Zaouiet Sidi Ali ou Mansour, 1/2 h.
De Takerzmi à Zaouiet Sidi Ali ou Mansour, 1/4 h.
De Takerzmi à Aït ou El-Ahrech, 1/2 h.
D'Aït Cheloud à Art El-Ahrech, 1/4 h.
D'Au Cheloud à Tachedirt, 1/2 h.
De Tazouknit à Tachedirt, 1/2 h.
De Tazouknit à la rivière, 1/2 h.
Tazouknit est entre Aït El-Hadj et la rivière.
De Tazouknit à Talat. 114 h.
De Talat à Aït El-Hadj, 1/4 h.
De Tamzaguet à Tachedirt, 3/4 h.
De Tamzaguet à Aït El-Hadj, 1/ 4h.
Tamzaguet tout près de Zaouiet Sidi Ahmed ou Yaqoub.
De Tiniguet à Zaouiet Sidi Ahmed, 1/2 h.
De Tiniguet à Aït Bou Lidjour, 1/4 h.
De Aït Ouachoû à Ait Bou Lidjour, 1/2 h.
De Taghezrit à la rivière, 3/4 h.
De Taghezrit à Tazouknit, 1 h. 1/4.
De Taghezrit à Tameldou, 1/4 h:
De Tameldou à la rivière, 1/2 h.
De Tameldou à Azazi, 114 h.
De la rivière à Azazi 1/4 h.
D '
e Alt Ali à AU Ouachoù, 1/2 h.
De.Aït Ali à Tagadirt, 1/.l h.
i;:Jfi

Tag·adil't. tout }H'ÔS dt> Stara (SndJ.


Tag·adil'l n'(ludiz Pli f<H'P tlP .\ïl Ouaelwù.
Boni·o~od1 1 CJonhha dP Sidi ·f3ourPzp:) Pli fa ct• dP Tiniguct.
Jlp ltla Ontift ù Tag·;Hlirt n'Oudiz, 1/1 h.
)lp Ida Outit't, ù .\ïl Sala, 1/1 b.
lf.\m<'ghli ù Stcu·a. 1 h.
D'AIIWf:'hli cl AlnaJ•i, 1 h.
D'Amari ù la ,.j,·ii~rc, 1/i h.
D'Amari ù Taourirt. 3/4 h.
D'Amari it. Ait Bou Saadi, 3/4 h.
D'Aourir it Aït Bou Saadi, 1/2 h.
D'Aourir ù Jmin Tcmgont, 3/1 h.
Ida ou (ioummad Pn facP de Ameghli.
Aït H;mmwu en face d'Ama1·i .
.\gatlir n'Tafouq en fac<' de .\ït Bon Saadi.
D'Agadir n'Tafouq à Taguenza, 1/ .th.
De Tirf:-hd ù ln riYièrP, 3/1 h.
De Tirp;hd cl ,\zazi. 1 h. 3/1.
De TirghPt ù Taglwzrit, 2 h.
De Tirg·het it Aoumeslaghet, 1 /4 h.
De Tirghct à Zaouiet Sidi Amar ou Haroum, 1/4 h.
D'AoumeslagbPt à Zaouiet Sidi Amar ou Haroum, 1/4 h.
Zaouiet Sidi Bou Bk<'r en face d'Aourir.
D'Aït lguit it ZaouiPt Sitli .\mar, 1/2 h.
ll'A:it lguit ù Taglu'zrit. 2 h. 1/2.

SENDAL.\ (lssendalPn)
Notahlt1s. - Akhillou; .\heoud; Si El-Hanafi ; Si Abd-el Ilal
MarchP. - El-Kh~mis zaouiet Sidi Salah.
Villages. - El-Feida ; Asdass; Aourir ; Adar ou Alll~n;
[ssil; lminl~od1zPr ; ,\mchtout ; .\mseg-t; dar Aheout; Tidzt.
Zaouia. - Sidi Salah.
Eau.T. - BPaucoup de sourc<'s.
Natm'f! du sol. - Montagn<'s.
Cult ltl'f'. - V crg·crs ct ct'~réal<'s. U
Limites. -Nord: Houara. -Est: Guettioua. -Sud: 1 a'
lt'TI. - Otwst: Titlsi.
i.E SOUS :>37

Reuseignements topoyl'flphiques :
D'El-Ff'ida ù Sidi Salah, 1;2. h.
D'El-Ff'ida à Amsegt, 1/2 h.
D'El-Ff'ida à .\sdass, 2 h.
D'El-Feida à Adar ou Aman. 1 h. 3jt.
D'El-FPidaà lssil,1 h. 1j2.
' D'El-Feida ù lmin I~·hzcr, 1 h.
D'El-Fcida à Amchtout, 3/4 h.
D'Asdass à Taroudant, 3 h.
lrAsdass ù Aourir, 1/2 h.
D'Asdass à Adar ou ~\man, 1 h.
De Aourir à Taroudant, 2 h. 1j2.
De lssil à Adar ou Aman, 1/2 h.
De lssil à Imin Ig·hzen, 3/4 h.
D'Amchtout à Amsegt, 1 h.
D'Amchtout à Dar Abeout, 1 h. 1j4.
De Dar Ahout à lm in lghzer, 1 h. 1/4.
/

CHAPITRE XXII •
QAIDAT DE MENABHA (Ras cl-Oued)

MENABHA
,
Le qaïd Ahida Ould Oummeis, qaïd des Menabha, cororoan~e
sur une partie de la vallôc supérieure de l'oued Sous depUJS
le confluent des Oueds Tifuout ct Zagmouzenjusqu'à Taroudant.
IJ habite chez les Oulad Ber-Rehim (Oulad Abba). Cette régio~
porte le nom de Ras el-Oued. Les tribus actuellement soutnl'
ses au qaïd des Mcnabha sont :
Menahha,
Aït lggas,
Rhala,
Haouara (en cc moment révolU~s, janvier 1905),
Aghren,
Mentaga,
Aït Semmeg,
lndaouzal.
La tribu des Menabha est divisée en six Seds (sixièrocs) .. té
Elle est administrée par le qaïd A.hida Ould Oummeis assiS
de son fils et kalifa El-Hadj Hammed. d
6
NotaiJles. - Chikh Ould Bari (Aït Jomit); Chikh MohaJillll
cl-Hadj Saïd (Oulad Abdallah), Moulzirek (Oulad Ziad.
Aït Ben Nehar 30 feu$·

MenaLha
Oulad
Ait El-Flis
Djaafra
25 -
60
20
--
Abdallah Oulad Mohammed
Oulad Ziad
.Aït En-Nafoukh (mellah
100 -
QAIDAT DE MENABHA 539

de 20 maisons) (mar-
ché d'Et-Tnin) 30 feux.
Oulad Aïssa 60
Aït Azerloual 20
Oulad 40
Aït Dahman
Abdallah 50
Oulad Malek
Zaouict ben Abbou 30
Agouidir Abbou 20
Zaouiet Sidi Bou Bker 60
Agadir Remel 30 feux.
10
~ El-Heri
Agadir El-Amr 100
El-Mckhatir 60
1
Hezaguena 50
lgli 30
Assakra
Fouzara 30
Oulad Aouidat 50
Menabha Zaouict Nedjouâ 30
Zaouiet El-Khorta 20
Chama 60 feux.
1 Ait Mellouk
Dir
40
50
Dir , Oulad Amar hen Ali 30
t Agadir Bou Chhab 15
Zaouia 20
\ Agdal 30
( Douar Lahcen ou Bour-
him 20 feux.
Ah el ed-Draâ (mellah de
30 maisons) 30
Tamazt Douar El-Qoudia 40
El-Kraker 30
Ahcl Zaouiet Sidi Ayad 40
\ Aït Youb 70
Aïn Achaâoui 20
510 Al Cot:t;ll IlE L ATJ,A!-0

.\ïu El-.\ssid 30 fetll·


Oula<l Brahi111 20
Chouatat 30 -
Oulad Abhou (m<'llah d<'
Ou lad 30 maisons) ( nwison
BPI' HPhil du qaïd Idrla).
El-Bordj
Cht>t•aïr
.\g·adir Cht>urfu
50
30
2:>
~0

Ou lad Mha rP k t'';J
Oulad Farès 30
Oulad Zt'kri 2";)
Menahha
Zaouif't Sirli Ahrlall<th ou
))oussa 60
30
Oulad .\mra 11
Oularl Hadjah 15
40
--
Ou lad
Ailag
:\leghafra
Oulad Hriss
lgoudaJ• (nw re h (~ d'Et-
50 -
Tlùta) (mellah dP 20
maisons'! 50
40
--
:\fadida
Ek\ounia
llj<•radat
60
30
--
)fENTAGA il\Hnt:·a)

Cette qhila montagnard<' a pour chikh El-Hadj Tateb El-Mta·


gm.
NotniJle.- Si Mohammed n',\ït <'1-Hassen.
Or_qanisat ion :
Aguerd Pl-Had 400 feux
lmoulas iOO
.\It Bou Bker 600
Art El-Hadj 600
Ta 111aloukt t:SO
.\oua ronan 400
tjAIDAT DE ~1 ENABHA 5U

Bou El-Hajlat 200 feux


.\mechrck 200
Jfal'l.:hé. - Tlèta n'lmi.
Zaouia.- Sidi lder (Cheurfa;.
Limites.- ~ord: Le HauL\tlas. -Est : Seksaoua.- Sud:
Ait lgg·as. - Oul'st : lda ou .Mhamoud .

.\YT ZoL:LIT

Tiouineg-ht 200 feux


lfonzaren 50
Talegjomtt 300
lda ou Kaïs iOO
Ida ou ~lessatou~· 200
Tigouga 300
Art Zoulit A~·ounsan 250
Imedlaouu 300
Azazen 400
Amzal 500
Talamet 100
Agdal 50
Oued ~ekhaïl 400
Aït h:-as · 600
Rens · '-' 1.
ezgnements topograpmques :
De Au Ben ~ehar à Aït El-Flis, 1/4 h.
De A.It Ben Nehar à Agouidir Abbou. 2 h.
De Djaafra à El-Flis, 1/2 h.
De Djaaft•a à Onlad ~Iohammed, 1;'4 b.
D'Oulad Ziad à Uularll\lohannned, 1/4 b.
D'Oulad Ziad à Aït en-Xafoukh, 1/4 h.
De Oulad Aïssa à Aït en-~afoukh, 1/2 h.
~e ~ulad Aïssa à Aït Azerloual, 1/2 h.
e Aït Dalunan à Aït Azerloual, 1/2 h ·
De Au Dahmau à Oulad ~lalek, 1 h.
De Üulad Malek à la rivière, 1/2 h.
De Oulad Malek à Zaouiet ben Abbou, 1/4 h.
De Oulad Malek à Agouidir Abbou, 1 h.
AU CŒUR DE L'ATLAS

De Agadir Hemel à Zaouiet. heu Ahhou, 1/4 h.


De Agadir Hemcl à Aït IJahman, 1/2 h.
De Agadir Remel à El-Heri, l/4 h.
De Agadir Hemel à Agadir El-Amr, 1/4 h.
De El-Heri à la rivière, 1/2 h.
De Zaouiet Sidi Bou Bekr à Assaka, 1/4 h.
De El-Mekhatir à Agadir El-Amr, l j i h.
De El-Mekhatir à Rezagucna, 1/2 h.
De El-Mekhatir à Zaouiet El-Khorsa, 1/2 h.
De Rezaguena à la rivière, 1/2 h.
Zaouiet Nedjoua touche Zaouiet El-Khorsa.
De Fouzara à Assaka, 1/4 h.
De Fouzara à Chama, 1/4 h.
Zaouiet Sidi hou Bker touche à Zaouiet El-Khorsa.
De Chama à la rivière, 1 h. 1/2.
De Chama à Ait Mellouk, 1 h.
De Dir à Aït .Mellouk, 1 j 4 h.
De Dir à Oulad Amar hen .\li, 1/1 h.
D'Agadir Bou Chhah à Oulad Amar ben Ali, 1/4 h.
D'Agadir Bou Chhah (source) ù Zaouia, 1/.& h.
De Zaouia à Agda!, 1/2 h.
De Douar Lahccn ou Bourhim à la rivière, 1/2 h.
De Douar Lahcen ou Bourhim à Oulad Aouïdat, 1 h.
De Douar Lahcen ou Bourhim à Ahel ed-Dra, 1/4 b.
Abel Ed-Dra à la rivière, 3ji b.
Ah el Ed-Dra à Douar El-Qoudia, 1 j 4 h.
De Douar El-Qoudia à la rivière, 1/4 h.
Douar El-Qoudia touche El-Kraker.
De Douar El-Qoudia à Aït Youb, 1/2 h.
De Douar El-Qoudia ù. Aïn Achaoui, 1/2 h.
Ahel Zaouiet Sidi Ayad touche Douar El-Qoudia.
De Aïn Achaoui à la rivièt·e, 3/4 h.
De Aïn t'i-Assid à Agdal, 1/2 h.
De Aïn El-Assid à Agouidir Abbou, 2 b.
Aïn El-Assid touche Oulad Brahim.
De Chouatat à Oulad Brahim, 1/4 h.
De Chouatat à Oulad Abbou, 1/4. h.
'
lj.\ llH. T DE, .IlE~ AB HA
..
De El-llorùj ù Uulad Abbou, 1/ i h.
De El-Bordj à Clwraïr, 3j 4 h.
De Cheraïr à Oula<l .Mharck, 1/2 h.
De Oulad Amrau ù Oulad Hadjah, 1/2 b.
De Oulad Amran <L lg·oudar, 2 h. .
De Oulad Amran à Zaouiet Sidi Abdallah ou Moussa, 1/2 h.
De Üulad Zekri ù. Zaouict Sidi .\bdallah, 1/4 h.
De Oulad Zekri à Oulad Farès, 1/4 h.
De lgoudar à Oulad Farès, 2 h. 1/2.
De lgoudar à Aïn Achaoui, 1/4 h.
De lgoudar à ~ladida, 1/4 h.
De lgoudar à Djeradat, 1/i h.
De lgoudar à Oulad Driss, 2 h.
De lgoudar à Meghafra, 2 h.
De Igoudar à Oulad Radjah, 2 h.
De Madida à Aït Youb, 1/2 h.
De Madida à El-Aounia, 1/4 h.
De Meghafra à Oulad Driss, 1 h.
De )leghafra à Oulad Radjah, 1 h.
De El-Aounia à Djeradat, 1/2 h.

AïT IGGAS

ElNota~les. - Chikh .Mbarek ould Ouadi. Chikh Brahim n'Aït


-Arbt. Mohammed ou Ahmed.
Villages:
Ida ou Zerki 30 feux
Talbordjt 20 -
Aït Tament, Qaçbet ou El-Chquer
(marché d'El-Arba) 30
El-Gherah 15
Tagadirt 20
lchebaan 30
Zaouiet Sidi Moussa 10
Bou Oughioul 15
Ida ou Goueïlal 30
Zaouia. - Sidi Bella.
;;.u
..\U CŒUll l,IE L '
.\TLA~

Nature du sol. - Plaine et Hwutag·nes.


Eaux. - Citernes et puits de li) mètres.
l:ultul'e. - Ct'•t•i•alc~. •
Voies de conwwnù:ation.- Route dP Taroudant il 'lerrakech
cf route de Tm·oudaut au Dra.
Renseignements tupug,•ap!tiqàes:'
De Ida ou Zerki à Taroudant, '2 h. (pat• l'oued Sous).
De Ida ou Zet•ki à Talhordjt, 1/ i h.
De Ida ou Zet·ki à Ichchaau, 2 h.
De Ait Tameut à Talburdjt, 1/2 h.
De Aït Ta ment à El-Gherah, 1 h.
De Aït Tament à Tag·adirt, 1/2 h.
De Tagadirt ù. El-tiherah, 1/4 h.
De Tagadirt ù lehebaau, 1 h,
De Zaouiet Sidi Moussa à l'oued Ziad, 1 h.
De Zaouiet Sidi Moussa à Ichebaau, 1 / i h.
De Zaouiet Sidi Moussa à Bou Oughioul, 1/2 h.
De ZaouietSidi Moussa à Ida ou (ioueïlal, 1 h.
De Ida ou Goueïlal à Zaouiet Sidi Bella, 1/4 h.
De Zaouiet Sidi Bella à l'oued Sous, 1 h.
De Ida ou Guucïlal à l'oued Sous, 1 h.

llAOUARA

( irantle tri hu tlivist'Je e11 deux pat•ties st,parèes par l'oued SoUS::
Oulad Saïd. au ~ord: ~aaïm au Sud.
Bouria ao feUS
Boudhar (marehé d'El-.\rha) 50
1 Uulad Sg·hir· 60
Amres 15
Zaouiet El-Baat·ir 20
Uula(lSaïd Bou llsira 15
Douar Aïssa 20
~ouadji 60
Oulad Bmhim
El-Uouida
Kchachda
60
30
25
--
IJAIDAT IlE ME:\AllHA 3.15

Zaouiet llammla 1''i) feux


Stabat 20
Oulad Saül Oulad l\loumcn 30
1l0
Oulad Gucroum
l~ueuaouiat 20
\ Douar ould Bcl-"\ïd 35
Ou lad Ti ma (mar- ~ ces den :x t'radions
sont 1HI :\oi·rl de
ché d'Et-Tnin) ~ l'Oued Sous. 30
Arrou iO
"\zrou ~
Oulad Daho 60
Oulad El-Qoura 35
Gucfifct (marché d'Es-Scht) 200
Amezzou (marché ou El-Jemâa) 40
El-Hcfaïa 100
El-Gucroun 30
Oulad Saïd, Ahl cr-Hemel 100
:\naïm Oulad .Mohammed 50
Assila 30
Aït Si Qassem 20
Oulad Raho 30
Aït Boutili 100
El-Mehadi (marché de El-Had) 60
Oulad Ali 70
Adouar Sidi Ahmcd hcn Yahia 60
Aïn Mediour 25
Guerdan 100
Guelalcha 100
y Agafaïn 30
~ ature du sol. - Plaine.
C.Utt;e p .t
C ·- Ut s et oued Sous.
ulture
V . · - C' crea
, . 1cs ; vergers 1c 1ong d u Sous
, .
; argamcrs.
LOte de communication.- Route de Mog·ador.
ont es deux· part'tes de la trtbu · sont sans cesse en guerre ; elles
·Ida pourtant des ennemis communs : Sendala ; El-)lcnahha ;
Il ou Ziki .' ·)1 csguma wc : l~l
. ; et une a Il'. ~ 1tou k·a.
ert.Yein

.
J 1tements lopogtapluques:
Al. CŒlî\ liE L ATL.\S

])e Bou1·ia il Boudhar. 1;~ h.


De Bou ria il Oulad Ti ma, 1 h.
He Bouria à .\r1·ou, 1 h.
Ile BoudhaJ' il l'OtH•d ~ous, 1 h.
De Boudhar ù Ou lad ~;.;·hi l'. 1 h.
De Boudhar il Ami'PS, quel<ptes mi nu tes.
Oulad Sghir· en face de .\mpzzou.
De Oulad Sghirà Zaouict El-HaariJ•, 1 h.
De Oulad à Bou Sira, 1/2 h.
De Zao\Ûet El-Baarir it Bou ~ira, 1/2 h.
De Zaouiet El-Baarir ù Oulad Brahim, 1 h.
Zaouiet El-Baarir Pli face dP El-Hefaïa.
De Douar ~\ïssa à Bou Si J'a, 1 / i h.
De Douar ,\ïssa à Nouadji, 1 h.
De Nouadji à l'Oued Sous, 1 h. 1j2.
El-Bouida en face de El-Mehadi.
D'El-Bouida à Oulad Brahim, 1 h.
D'El-Bouida ù 1\.cehachda, 1/2 h.
De Zaonict llansala ù 1\.cdwdula, 1/4 h.
De Zaouict Han sala à Sta hat, 1 h.
De Stabat à l'Oued Sous, 1 h. 1;'2.
De Stabat à Oulad )[oumcn, 1 h.
Dt' Stabat à Oulad (ineronn, 1/2 h.
De Oulad (iueroun it Oul;ul ~loumen, 1 h.
De üuenaouiat à Kechachda, 1/1 h.
De Douar Ould Bel-.\ïd ii Tat·oudant, 1 h.
De Douar Ould Bel-.\ül it ( inenaouiat, 2 h.
Azrou en fac<• <Le Oulad Tima.
Azrou en face de Arrou.
De Oulad llaho il .\zt·ou, 1 h.
De Ou lad Dabo :l Oued Sous, 1/2 h.
))e Oulad Dabo à Oulad El-(lonra, 1/2 h.
De (iuefifet à Oulad El-Qonra, 1/1 h.
OP Guefifet à l'Oue1l Sous, 1 /~ h.
D' ;\mezzon itOu lad El-(Joura, l /2 h.
J)'Amezzou it El-Hefaïa, 1 b.
lfEl-(iuf'I'oun it El-Ildaïa, 1,12 h.
tjAIIHT m; ;\H;!iAIIIIA i).\Ï

.lfEl-litH'l'oun ù Oulad Saül Ahl <'l'-HPmPl. :1; 4 h.


D'Oulad Saïd ù l'Oued Sous, 1;2 h.
D'Oulad Saïd à Ou lad :\Iohammed, 1/2 h.
De l'Oued Sous à Oulad :\Iohammed, 1/2 h.
De l'Oued Sous à "\ssila. 1 h.
De .\ssila à Oulad Mohammed, 1;4 h.
De Assila à Ait Si-Qassem. 1/4 h.
De Oulad Raho ù Aït Si-Qassem, 1/4 h.
De Oulad Raho à Aït Boutili, 1/2 h. 1

De Oulad Raho ù Oulad Ali, 1/i h. a


De Adouar Si Mohammed ben Yahia à Taroudant, f'h.
De Adouar Si l\lohammed hen Ya hia ù Aïn l\Iediour, 1/i h.
Guerdan entre "\douar Si .Mohammed et Aïn l\Iediour.
Guelalcha et Agafaïn en face de Douar Ould Bel-Aïd.

ARGHEN

, Tribu chleuh administré<' pat· le qaïd .\hida Ould Oummeis.


~on territoire,partie monta~we et pa!'tie plaine, est peuplé par
eux sortes de populations. En plaine :
:\. Arazan. Chikh .\ït Ouharihha,
l'
Chd er-Rhaman. Aït Aatman,
h htkh :\iohend Aït Khelkhcl,
en Hanunan. 1 Ait Abdallah Ouicss.

1 Timzcrouil, chikh :\lohammed n'Aït el-Hadj,


/ Adouar n'Aït Bibi,
Ta ga hour el-Qat;ha,
El-1\Iechra,
Tararin. Chikh n'Ouadd<'r, 366 seids, ct
\
El-Jerf ruines chréti<'IlllPS ('?),
Agadir n'heu Anad,
Agadir cl-Jdid,
. Tagadirt n' Aït Aamcr,
\ Aït lazza,
' ·. Anoutel.
Zaouia Sidi Aatman ou Mherid (Seïd).
Ali tŒlH DE L ATLAS

Les fractions moutaguanles sont


Ida ou (;ueti,
Ida ou Finis,
Ait ~limouu,
.\ït :\Ioussa ou El-Hadj,
Ida ou Zclu·i,
lùa ou ~adif,
Ida ou Kensous,
Taltegmout,
Aït Abdallah,
Ait Setiut,
:\lm·aït,
.\ït Tammadan,
Aït Aatman,
Aïf lhourk,
Tammest,
~\ssif n'Ouarrcn,
Aït l\linwuu,
Tiuilft.

AïT SElUIEG

Notables. - Ahmcd ou l\lansour. Chikh Brahim ould Bazi. Ali


ou Naccr (de Targa). Ali n'Ait Agouram. ·
Villages:
Talamet 100 feux.
Talekdjount (marché ù'El-Khe-
uus 20
Sins 20
Fouzara 40
Tiouinghct 30
Achbarou 30
Ait Youss 20
lfcsfass 15 ~

Targa Zougaghcn (marchè d'Et-


Tnin 60
.\mzal (marehi~ d'El-Bad) 100
I}AIIHT IlE )J W'i.\IIH.\
;)4!1

Ait Maala 50 feux.


Tadjeg-nlt 30
Han~ruira f)O
lfeno·up}t 30
.\fto~t (demeure du qaïd Abd er-
Ha lunan ould Hachai 25
Taherhourt 30
Stara 10•-
Taour11guct 30
Touchaà 40
Zaouiet Sirli Ouazziz 15
Til oua 100
Tagandout 20
Nature du sol. - Montagnes et plaines.
Eaux. -Sources. . d
C
ulture. - Comme les qçour, et, en Pl u s • des orangers, u
henné et surtout du safran. , M kech
• de communication. - R ou t e d e Taroudant a
r ou•
Tr erra .
Renseignements topographique.ç :
Talekjount en face de Sins.
De Talf'kjount à Talamet, 1 h·.
De Talf'kjount à Fouzara, 1 h. 1/2.
De Talamet à A.chharou, 2 h. 1/2.
De Talamet à Amzal, ~ h.
De Tiouinghet à Fouzara, 1/2 h.
De Tiouinghet à A.chharou, 2 h.
De Aït Youss à Achbarou, 1j2 h.
De Aït Youss à lfesfass, 1/4 b ·
D'Ifesfass à Targa Zougaren, 114 h ·
D'lfesfass à .Amzal, 2 h.
D'lfesfass à AïtMaala, 1 h.
De An ~'laa la à Amzal, 1 b. 1/2 ·
De Au Maala à Tadjegalt, 1 b.
De An Maala à lfenguelt, 1/2 h.
De An ~laala à A.ftout, 2 b.
De Tadjegalt à Amzal, 2 h.
De Tadjegalt à H11nguira, 1 h. 1/2.
550 AU CŒl;R DE L ATLAS

Ile lfenguelt ù llanguii·a, 1 h. 1/2.


Ile lfcng;uelt à Aftout, 1 h. J /2.
De Jfenguelt à Taherhourt, 1 h.
De Taberhourt ù Stara, ;) minutes.
De Taherhourt it Taoura/-\·uct, 1/2 h.
Ile Taherhonrt à Touehaà, 1/2 h.
···.. De Tahcrhourt à Sidi Ouazziz, 1 h.
1le Sidi Ouafziz ù Targa Zou~<tr<>n, 3 h.
lit
De Si di Ouazziz à Til oua, 1 j -1 h.
"' De Tagandout à Tiloua, 1/2 h.
De Tagandout à Targa Zougarcn, 4 h.

INDOUZAL

Lo ({aïd de ( ~oundafi exerce une autorité virtuelle sur la ~


tic orientale de cette trihu. Le qaïd de Taroudant et le qat
flamed ou Malek ont des intèrèts ct une clientèle dans la par'"
tic occidental!'.
Villa,qes
50 feUJ·
lljorf
Bou.\han 15
30
--
Djorf
Taouraghct
El-1-Iefaïr 50 -
:\loulcy l\Iaham-
med mta El-
Agadir El-Bour (chikh Hadj
m'lwrck u'Aït El-Baz) 60
30
--
Jcrd.
Ag·adir· Akchou
Zaouict Sidi Ahmcd ou Yaqouh 15 --
Tassoukt
Tirig·ht
25
15
30
-- >

Zaouiet el-Amnn.
AkPchtim Tahtani 60
15
--
---
Tazioukt
A k<>ehtim Che hi ka 30 );
qaïd Aluncd Akcchtim Fouqani 30
'i;·~
ould MalPk
--
lmaoun 20 '
lgoudar n'Tatlet 60 -~
.;
TachPrifPt · 70 :J!

.~
,·~
·~~
IJAIDAT 'm: 11E~AHHA

.\ït El-Hadj 30 fPlL\ .

.\~·adit· ZPIIa~<l 10
I~·hit· Tahtani 15
I.~·hit· Fou<pllli 20
Akechtim
TafPllount 50
<(a"iù AhmPd
:\(aout 15
ould ~lalek
Ta t'raout 40
TanH'l'"'Otdt
1':1 • 10
15
Tam~TPt ech-Cheurfa
Tasso um t 20
Tirg·uet 100
! lhchach 30
1
( lguendaz 20
10
Tirguet ' Zaouiet Sidi Saïti
Qaid Sa·1·d fre. re Aït El-Hadj 15
du qaïd Ah- / lgui u'El-Feïd
30
25
Dled ould .:\la- \ Douar Cheurfa
lek 1 Aït ~1ohammed
Zaouict Sidi Abdallah ou el-
15

Hassen 20
\ Imi n'El-Had 5
· Tidnas 30
E
C aux · - C'tl ernes, sources ct oued Sous.

. ·'· - C,erea
V:ulture·· , 1es, o1tners,
. . vergers, aman d'ters.
r ozes de comnntnication. - Route de Tatta à Merrakech et
oute de Taroudant à Drà.
CH.\PITRE XXIII
•• OULAD YAHIA

La tribu est administrèc par le qaïd cl-Hadj Driss. .


Notables. - El-Hadj ali ben Aïssa (Oulad Messaoud), qUl
habite à Agadir Telha, chez les Aït lazza, et commande égale-
ment Tiiout ct Reguita ; ï.hikh :\fohammed ould Saïd El-Ain'
(Oulad El-Hallouf); Yazid n'Aït .\hid; Si Ahmed n'Aït Si Satd
El-Ghefiria; Chikh .. Ould Aït Aomar; Chikh Mohammed Ould
ben Mellouk (Oulad Ajal) ; Chikh Bou Maïti ez-Zidounia.
Villaqn (1):
Oularl Ahhou Tahtauiin 30 feux

(t) Ces 1litl'ércutcs localités sont gi·oupées par l'un 1le nos informateurs
de la façon suivantr :
Tlèta Oulad Hallouf, . . bell
Oulad Messaoud (Chikh El-Hadj Ah
Ho mad, Zaouia Si di Aï ad, 80 feux),
Oulad EI-IIallouf Agadir Tolba, . 'Ail
Zidania, chllih F.l-Radj F.I-Arbi 11
Taouni,
Taguedrant.
1 Aït Jsbeïr (voisins 1l'Arazan),

Rgada,
Oulad Yahia
Oulad Jafei'.
700 chevaux,
Oulad Aai·I'a Aourlad, ut
i.OOO fusils
Serahna, ehikh Tabar n '.\ït !\!oqu~d~~~
Seïd Sid el-Hadj ben Yah1a, S1di
lli'ahim, d)
Timedouin (maison de l'ex-qafd Saf •
r Aïl Afaïr,
~ Oulad Mehad, 0
ui ·
:\lon t ag nards. El-Bhm·a, Seïd Sirli Ahmed El-Bhai'll ' .
Tanzart,
? Oularl (ou Aït) Amrr. ·

OCLA!J YAIH.'I.

Zidounia, \vu:ha eonstntitl' jadis


pour t·onHhllnder Tat·oudant ti) feux.
Oulad El-Hallouf (Zaouia de ~idi
.\llal hel-Gliazi) (mellah de 20
maisons. nâtrché d'Et-Tlèta) 60
Oularl Tcrna 30
Oulad Raho 10
Sidi .\mari• 30
Oulad SaÏ<l 50
Takerkourt 30
Oulad Amira ;)O
Agadir Tolha 60
Ben Sifer 15
Freija 20
Chaaha
Frikis 50
Oulad Ajal 60
Oulad .Messaoud 40
Zaouiet Sidi Ali n' Aït ~\omar 30
Oulad Bou Hiis (marché d'Et-Tnin) 70
Taguetrant 80
Hegada 20
El-Ghefiria 40
Oulad Hraha 20
Srahna 50
Oulad Mehad 30
Timedouin (marché ù'Et-Tnin).
Mellah de t:> maisons (maison du
qaïd Ahmed El-Jaïdli) 40
Oulad Azzouz 100
Oulad Maammar 20
Oulad Abbou El-Foukaniin 30
· du so1. - Plame
Nature · arrosee · par l' oue d S
.._ou s.
Culturn Ol" .
l': . "· - lVters, vergers.
nOte de communication. - Route de Taroudant.
~tP.nseign ,·
J) Pments topograpmques .·
e Oulad Ahhon Tahtaniin à Tarourlant, 1/4 h.


554 AU COEIJR DE L'ATLAS '

De Oulad Ahhou Tahtaniin ù. Zidania, 1 h.


De Zidania à Taroudant, 1 h.
De Zidania ù Oulad El-Hallouf, 1/2 h.
De Oulad El-Hallouf h Oulad TPriHI, 1/2 h.
lie Oulad Baho à Oulad Tcrna, 1/4 h.
De Oulad Baho ù Sidi .\mara, 1/i h.
Oula<l Saïd en. face de Sidi A~nara.
Takerkourt en faec de Oula<l .\mir·a.
Agadir Tollm en facP de F1·Pija.
De Takerkourt à Oulad Saül, 3ji h.
De Takerkourt à ~\.!.\·ad ir Tolha, 1/ 1 h.
De Ben Sif<~r ù..\gad ir Tolha, 1 j1 h.
Chaaba touche Freija.
De Frikis à Freija, 1/4 h.
De Frikis à Oulad .\mira, 1/4 h.
He Frikis ù Oulad .\djal, 1/4 h. (E. ).
De Oulad Messaoud ù Oued Tiout, 1j2 h.
De Oulad î\Iessaoud à Sidi .\mara, 1 /4 h.
De Oulad l\Iessaowl it Zaouiet Sidi Ali ben Omar, 1/2 h.
De Oulad .\djal à Zaouiet Sidi Ali, 1/2 h.
De Ou lad .\djal à Oulad Bou Hiis, 1 h.
De Oulad .\djal à Taguetmnt, 1 h. 1/2.
De Oulad Bou Riis à Zaouiet Si di Ali, 1/4 h.
De Oulad Bou Riis à Taguetrant, 1 h. 1/2.
Hegada sur l'oued Sous.
De Hegada à Taguetrant, 3/4 h.
De Regada à Chaaha, 2 h.
De Regada à El-Giwfiria, 2 h.
De Oulad Hraha à El-Ghetiria, 1/2 h.
Ile Oulad Hraha <'t Srahna, 1/4 h.
De Oulad Mehad à Shrana, 1/2 h.
De Ou! ad :\1ehad à Timedouin, 1/4 h.
De Timedouin à Oulad Azzaz, 3 h.
De Timedouin à Oulad Maammar, 3/4 h.
J)p Oula<l Azzouz à Taroudant, 9 h.
·~
De Oulad AzzouzJt l'oued Sous, 1/2 h.
lle Oulad l\faammar· à Oulad Ahhou El-Fouqauiin, 1 h. t~
·~
;_;t
Ol'LAD YAHJA 555

MESGUINA

Notahles. - Qaïd Ben Chcdakh; El-Yazid Et-Tikioui.


Marché.- El-Jcmaii.
Villages. - Tikiouin ; Tamaït : Sidi Bowlhah ; Dcr·arga : Aït
Baha; Taourirt ; Douar Ben f:ht'ddakh ; .\nouncf~·uer ; Dar Ben
Azza ; Ahel Ighil ; Ahel Agafaï ; Kenassis. .
St atzstzque.
· · ·
- 100 chevaux, 1.000 fusils, 1.000 feux.
Zaouia. - Sidi Bou Bker, Sidi Salah.
Eau;c. - Oued Sous.
Nature du sol. - Montagnes ct plaines.
Culture.- Cér(~ales, vergers, potagers.
Débouché.- Mog·ador.
Voie de commwti~ntirm. _ Houtc de Mogador et de ~[errakcch.
Limite~;.- ~ord: Agadir et Ida ou Tanan. - Est: Houara.
-Sud: Chtouka.- Ouest : Gsima.
R .
ensezgnements topographiques :
De T"k·1 lüunin à Aooadir th
n ' .
De T"k·1 tou nin à Tamaït, 'i. h.

De Tikiounin à Sidi bou Shah, 4 b.


Det·k·1
tounin à Derarga, 1/4 h.
De Tamaït à Agadir, il h.
1 1 b ou Sh a b , 2 l1.
De Tama·it a: s·d·
D
e Tamaït à Taourirt 1 j4 h.
Des·d· '
D 1 l hou Shah à Aït Baha, 3 h.
e Sidi hou Shah à Taourirt, 1 h.
De Sidi bou Shah à Douar ben Cheddakh, 5 minutes.
Des·d·
De ~ ~hou Shah à Anounefguer, J h.
D Stdt hou Shah à Dar Ben Azza, 1/4 h.
e Dcrarga à Aït Baha, 3 h.
~e ~aouiet Sidi Salah à Taourirt, 1/2 h.
De Zaouiet Sidi Salah à Douar ben Cheddakh, 2 h.
De Zaouiet Sidi Salah à Anounefguer, 1/4 h.
e Zaouict Sidi Salah à Dar Ben Azza, 4 h.
CHAPITRE XXIY

TRIBUS DE L'ANTI-ATLAS

luu (lia len)

La confi~rl{wation d'Hala peuple la regwn comprise entre


Chtouka (0. ), Has ei-Ouerl (Y), Sektana lE.) ct lf' bassin de
l'oued Dra (S.).
Son organisation politique est rudimentaire ; aucun lien ~e
parait unir ces districts montagnarfls. Leur communauté d'ol'l'
gine est problématique. Les Halen se croient originaires du Sud'
Est. Ils pensent avoir émigré sous la poussée des tribus saba'.
riennes. Ils appartiennent au lPff rlcs Taguezoult. La confédér&'
tion se compose de dix-huit 1listricts.
Chaque district porte une clènomination commune.
sr
Le chef virtuel d'Ilala est le qaïd Si Taïeh el-<iucllouli ..
autorité sc réduit à peu de choses. On entretient avec lUl e
bonnes relations paree qu'il commande le col de Goundafi ~
lequel se fait tout le commerc<' dl.' cette région. Le qaïd ~ "~;·
nement tenté de faire })a ver un imJlôt régülicr aux Halen, 1l 3 .
. . ' tlaJ
se contenter de prélever- comme font tous les qaïds de l A .
- un 1lr·oit de passage sur les marchandises qui transitent Sllf•
son territoir1•. En fait les Halen sont indépendants.
Organisation : r'
Aït Seg·ue1ldt, oü se trouve la zaouia Tafr.qe ".
(chc,urfa ), moqaddcm Si Ham cd d'Ait Zaboll
Souq-El-Had, . 1
llale1t. Ida ou Ska (500 feux) Souq El-Khemis, 2 fractloJl
s{~parèes,

Ikhoullan (:JOO fi'UX 1.


Ihentass,
TRIBLS DE L'AYfi-ATLAS 837

Tasseùmit, Zaouia Sidi Yaqoub. uwqa<Ldem El-


• Hadj Pl-llassen .
1 .\lessdab;-uen, SOUIJ El-Khemis.
lssendalen, sou<J El-.\rlm,
.\ssadPss,
Aït .\hd .\llah,
Ida ou Sekri,
Aït ou .\lghri,
Oum Sedeqt,
llaleu. lherqaq,
Touf El-.\zd (Azz) sow1 Et-Tnin,
hni El-Had. sowr El-Had,
TifPehtran,
Ida ou Guenidif, Zaouia Sitli .\IPssaoud, moqaddem
Afilal Sow1 El-Jem;\a,
Toudma,

_ l
L
lrgh,
Tirkatin,
Aït Mig·hat (.\leraït).
. e patron
sal1lte loc 1 des Halen est Sidi Ya<Iouh. On y vénère aussi une
.
a e nommee Tafeqert.

TAZALAKHT

pa~htla indépendante (.\ït Arbaïn). Région montagneuse et


T vre où le pm-tag·e se fait à dos d'homme et surtout de femme.
hazalakht
h' es t I'Pputé
· '-' pour ses mmes
· d c f er et< l' ant'mwme.
· Les
a 1tants f · ·
El requentcnt les marchés smvants :
El-Rad Ida ou Semlal.
-Arba Aït Baha.
Et-Tlèta T
El aouanas, Aït Saïd.
z -Jentàa Ammeln.
aouias. - Sidi l\loumenin ; Sidi Abdallah.

SocKTANA (Sektana)
EuLa tribu de Souktana est sous l'autorité du qa:td de Goundâti.
e a ~our ennemis les Zenaga, Ounzin, les .A:it.Hemid.
5n8 At; COEUR DE L ATLAS

Notahtes. - Chikh AIHlallah llùu Tom·irt. - Chikh Lahcen


dlnin lg·hzl'l'. Childr Ouahnran ù Taom·il't El-Had. - Chikh
Laheen Tazolti de Tazoult.
Jfa!'chés. - El-1\liPmis, lg·hil ~o;.d10, El-Had lntaoun.
Villages :
Taourir·t El-llad 60 feux.
Et-Tlè.ta 4,0
Amaï11 t:i
Timg1rild 11
Aït TPlha 300
Imwnm 50
.\ouzl't (zaouia de Si di :\lhammPd
(iouissa dPn) 30
Taguergoust 50
Ta hia n'Boro 50
Tazoult 50
lgriz 4,0
Ighil N og·ho (meU ab 20 feux 1, mar-
elu; tl'l'l-Kbt•ruis'l 60
Tagtwjdit, :JO
lhoukarl'n 40
:\lakhfaman (mellah de 30 feux) 70
.\ït Yahia (mellah de 20 fpux) 100
Imgoun ()0
lntaoun (lnarché d'l'l-Hatl) 100 .. ,;

Annam er 10
Agounnifad 4,0
Taguenafa 20
Tidnas 1;)
Makhfan 25 '
.va/ure du sol. - Plnine et monta~-;·ul'.
Eaux. - Som·cp Pt l'ivièrP de Souk ta ua.
Culture. - OliviN·s, dattiers, lègumcs, et)rl~all's. ..
Déboudé. - Taroudaut. file!Î
Voie de r:omrnunù:ation. - Route de Taroudant au Ta . •
Limites. - Nord : Iouzioun. - Est : Ounzin. - Sud . <~
'·"'1
Hem id. - Ouest : Zenaga.
TRIIILjS DE I:ANTI-ATL.\S 559

llenseignenu•nfs topo_qraphiques :
Be Taourirt El-llad ù Et-Tl<\ta, 1 h.
IJe Taourirt El-Had ù Amaïn. 2 h.
De Taouri1·t El-Had ù Tidnas, 1 h.
D'Et-Tl&ta ù Amaïn, l h.
D'Et- TlPta à Timp;uilet, 1/2 h.
D'A.ït Tel ha ù Timg·uilet, 1 h.
D'.\ït Telha <L Ti<h~as, 2 h. 1;2.
D'Aït Telha à hn;.:·oun, 1 h.
D'Aouzet ù Img·oun, 1 h.
D'.\ouzet à Taguergoust, :~ h.
De Tabia n'Boro à Tat:'UPI'g·oust, 1/4 h.
De Tabia n'Boro ù Tazoult, 1/i h.
De lg·riz ù Tazoult, 1 j 4 h. .
De lg·riz à l~llil No~·ho, 1 j 1 h.
De Tag·uf'jdid ù I~dlil ~o.g·ho, 1/2 h.
De Tagw•jdid ù IhoukarPn, 2 h. lj2.
De :\Iakhfamau ù Iboukar<•n, 1/4 h.
De )[akhfaman ù Imgoun, 1 h.
De Aït Yahia à .\maïn, 1 h. 1j2.
De Aït Yahia ù hng·oun, 5 h.
De Ait Ya hia it lnt<:oun, ;) h.
De Aït Yahia ù .\nnamel', 8 h.
D'Imgoun ù lntaoun, 1/i h. '
D' lntn·o
e un a· "\ nnamer, 'l• l1.
De Tagu!'nafa ù Agounnifad, 1/1 h.
De Taguenafa à Tidnas, 1 h.

AïT HEMID

Les .\ït Hemid payent la dehiha aux Oulad JelLtl et aux Ida ou
Blal. Ils ont pour ennemis Ounzin et Souktana. .
Notable~· · - 1\l
;, o h amnte(l n ·.-H
\ .. t (')
... 11·kh (.de Ti rit) Si Ouakrm1
~Uld Abdallah ou Mhammed (à !min ou Assit'). Chikh Abd er-
•lahntan h T .
en aina
~~~: ' '

:Ut Moussa ou El-Hadj . 100 feux, puits.


.\V CŒUH DE L ATLAS

Taourirt 100 feux. puits.


;\ït ou Lahecn :>00
Tanamrout 100 citernes.
· A~-lcz 15 citernes.
Asrouks 30 sources.
Darouallou 15 puits.
Oued El-Assai 100 puits.
.\g-adit· Jedid 50 sources.
Taourda 1i) puits.
Ti1·it (marché d'Et-Tnin) 40 puits.
.\mzaourou (1) 30 puits.
~\.mczoug 20 puits.
.\.ït Ba Salah 30 puits.
Tankaout 10 puits.
Tazoug·art i-0 ~urees.

lniks sources.
15
El-.Mdinct sou l'ces.
:JO
Adrouli 10 puits.
Talnter~-a 10 puits.
lhlouclwn 15 puits.
Tinmaliz 30 sources.
Anzour (Dar hen Tabia). 10 som·ces.
L: n doum· des Oulad Jellal, les Ou lad el-llassen, caJDP'
aup1·ès d'Anzour.
Tisferouin 30 feux, puits .
.\.zmr 30 puits.
lzerzcr 15 sources. ·d
Zaouia. - Sidi hou .\.ïssa ou Sliman (houl(•s d'or). ~
Mohammed ~u Brahim: Sidi B.1:a~üm ou Ali I,Derqaoua), Dl~\~
dem d-Had,J ou hel Khed. S1dJ Mohammed ou Otman

(t Amzaout·ou : (Jhlla monlagmH·dc assez l'ichc L\ïl .\t•baïn, t•égime;::;


crali•lue). Les homBtcs y sont très pelils de taill(' Ils t;migt·ent en til"
pom· trayaillcr au: 1~1incs ou aux récoltes. Leut· sol ~~·or~t.Iit des _figues~~
ques champs de cet·calcs. Ils o11t une coutume parllcultere qut les as ·
déposet• u~e garantie avant de demander justicr. .. 1 bal
0
Les notables sont : le •fadi Si :\fohmnmed Ajlim. ct les •:hionl•h Stl'
mctl ou .\hhnu, et Si Ah ru rd .\bara.
Till Hl S IlE L ·.\:\Tl-ATLAS :.>61
n 'Tl'e t (, Dl'r<pona) lllOijHd<leiUS SPS f'l
l S '-''
oH 1·l '~"1CH •t ~~·<li
"' .. l C' •· "\hd cr-
Ha luna 11 •
Sature du sol. _ ~lonta!.!'IH' dt> Kri),is. Taukaout. .\nzom· .
.\guenin. ' •·
Eaux. -Puits de 10 brasses.
Culture. - Cérôah•s, amandiet·s. li~ui<'l'S, llOH'I'S.
Débouchés. - Taroudant Pl ~logador.
l'oies de comJJwrtication. _Route de Tatta it Oued Dra, route
de Tissiut ù Dra.
Limites. - :\"ord : Souktana. - Est : Ounziu. - Sud: El-
IJçour. -Ouest : .\ït ~lelloul.
Renseignements topographiques :
De Taouril'tà Aït ~loussa on El-Hadj, 1/2 h.
De Taourirt à Tanamrout, 1 h.
De Taourü;tà Aït ou Laheen, 2 h.
De Taourirt à Asrouks, 1 h.
De .\glez à Tanamrout, 1/4 h.
'De Ag-lez à .\srouks, 1 h.
De Dar Ouallou à Asrouks, 1 h.
Dt' Bar Üuallou à Ould El-.\ssaL 1/ 't h ·
De Taourùa à Agadir .Jdid, 1/2 h.
De Ta ou rda ù Ti rit, 1 h.
De AnlZaourou à Tirit, 1/2 b.
De Antzaourou à Amezoug·, 1 h.
De Ait Ba Salah à Amezoug·, 1 h. 1/2.
De Aït Ba Talah à Tanekao~tt. 1 h.
De Tazoug<u·t à Taourda, 2 h.
De Tazougart à Tirit, 2 h.
D~ Tazougart à Iniks, 1/2 h.
D El-)Idinet ù lniks, 2 h.
D'El-.Mdinet ù :\u..tdir Jdid 3 h.
Ù, . • o< '
,El-.\Idmet ù Adrouli, 1/2 h.
D El-~ldinet à Tamterga, 1/2 h.
De Tantterga à .\drouli, 1/2 h.
De Tantterga à Tinmaliz, a h.
De Tallltertm à Tisferouin, 6 h.
De T
antterga à Azmt·, 2 h.
:w
.\l: UJI<;\jl\ HE 1. ATLA~

J)p Tamtl'r·;.;·a ù. lzi'I'ZCI', 1 lt. 1'2.


))p lhlonehPn il Xit :\lous~a ou El-lladj, 2 lt.
De lhlouelwn il .\'itou Lahr.l'll, 3 h.
He Tinmaliz ;\ .\nzom, 3/1 lt.
])p Tinmalz il Tisfer·ouin, 3 h.
He Tinmaliz il..\zr·ar·, 1 h.
,.Dl' Tinmaliz ù lzerzPr, 4 h.
De .\zrat• ù. lz~'rzer, 1 h.

AïT :\h:LLOUJ,

/1/otables. - AhmPd Ali ..\bdallalt n'Ait El-Hadj. Si El-Has-


san ould Sidi Hoummad.
,..,'ol. -Collines.
Eaux. - Sources et citernes.
Cultw·e. -Céréales, élevage de troupeaux.
JJéboucllé. - Marchés du Sous.
Voie de rommunication. - CltPmin de Tatta au Sous ~
Tnngarfa.
Limites. - \"ord : Ida ou \"idif. - Est : .\ït llemid. - Sud:
Tatta. - Ouest : Ida ou \"idif.

hu OU .\' WIF

Villages. - :\laisons èparpillées. Tag-mout, 50 maisons; Art,


Kin, 30 m~isons avec tlll agadir.
Sol.- Pays lllOilta;.;·Heux.
Eau:r. - Sources.
Cultlll'f!. - Dattiers, amarulPs, oJ•g·p, maïs.
Dé!Jouché. - :\larchés d n Sons.
V~ie_ dr• conu~wuimt irm. - Routé 'de Tatta ù :\[errakech. d:
Lnmtes. - :\or·d : lndouazal. - Est : .\ït :\lelloul. - Su
Ta tt a. - Ouest : .\rghen.
Tal-\mout l't Ait Kin payent IlllP dehiha ù. llou,mida ould Bt3~
him el-Harzlaou d~s Ida ou Blal. . . Siid
Lf• reste de la tl'ilm paye une del nha a Ahmed )lah o~4 ~
dPilli)Ul'ant ù. Toug et·-Hih de~ Ida ou IUal. Les Ida ou Nidif . :;
emwmis dl's Onlad Jellal.. ''
~
·:1
i~
i)ti3

Et-IJI,:OUJI

On do nue le nom d 'el-()(,'our aux districts chleuhs <fUi peu-


plent lP versant méridional de L\nti-Atlas. Cns ()(,'OUI', adminis-
tr~•s pal' leurs Jemai\, ont, pour la plupart, des dehiha sur les
h·Ihus des Oulad Jellal ct des Doui Blal.
_Notrzbles. - .\hid heu lllal. El-Hadj Salem hen Kcrroum:'
H1d1• 1>en K erroum. Houis bel Hadj :\lohammed oul<l :\lharek-
ben Omar. El Hadj :\loussa ben Alla.
Statixtique. - hni n 'Tatlet. Zaouia de Sidi
1\lohanuued ou Yaqoub 100 feux.
Hekon 15
llig·h 100
Tisse nassamim 30
Aqqa Ircn 300
Serghina 10
Targant 1";)
Tissekmoudin 40
Ida Oulstan =~o
Qa<:het El-Joua 200
Tghit 30
El-Khene~.:- Sidi Hczzoug 10
.\iflJll lguiren 30
Aq<fa n'Aït Sidi 10
.\gadir 100 feux.
Ait Ouiran 120
Zaouia 60
Tissint
Taznout 15
Beni l\loussi 20
". :\[rimima i)le!-!·himima) ()0
~atur,, du sul. - Plaine déserte limitée par le Djebel Bani.
aux. - Sources.
Culture
~ .
. .
-· - 01 lVters, :l {.bers, f'tgmers,
ta . · d'
Jill' ms.
1 1 ° ~ de communication. - Houte du Sous au Dra et au Tati-
1

e t, de Tindouf à l\Icrrakech.
ftellsein ·
l) nements lopograpluques :
J

e Rekon à lm.i n'Tatlet, 1/2·h.


Al COÈLll liE L .\TL\1'

De Re kou à lligh, 1 h.
De Tissenassamin ù llig·h, 1 h.
lle Tissenassamin à ,\(jqH lg·hen, 2 h.
])e Serg·hina ii. Aqqn lren, 1/2 h.
De Serghina <'t Targ<mt, 1/1.
He Ida Oulstau à Ta1·g·ant, 1 h.
De Ida ·oulstan ù Tissekmoudin, 1/4 h.
He Aqqa lg-uiren à El-Qa~;het El-Djoua, 1 h.
De A(tqa lg·uiren à El-Kheneg·, 2 h.
De Tissekmoudin à (Ja«:hct El-Djoua, 2 h.
He Tghit ù El-Klwneg, 2 h.
De Tghit à .\qqan'A.ït Sidi, 1 h.
( De Tansida à Isscngaren, 1 h.
Oued Tlit ) D"Issengaren ù Zaouia de Sidi )lrri,
(Tansida) J. 2h.1j2.
\r hni n'Tlit.
De Tansida à A.qqa n' Aït Sidi, 1 h.
D'Agadir à ,\qqa n';\ït Sidi, 1 h.
D' A.g·adir à Aqqa Aït Ouiran, 1 /4 h.
De Zaouia Tassint à Aït Ouiran, 1/2 h.
De Zaouia Tassint à Taznout, 1 / 1 h.
De Beni .Moussi à Taznout, 1/2 h.
De Beni l\loussi à ~h·imima, 2 h. 1/2.

T.lNZIDA

Formée de trois qçour le long de l'oued Tanzida.


Tanzida 30 feux.
Issengaren (dépùt de vivres de
Ansoula) tO
lmin Tlit (zaouia de Sidi ~Irri) 30
Eaux. -Rivière coulant toute l'année.
Culture.- .Même production que tous les q«;our.
Renseignements topographiqzœs :
Imi n'Tlit à 2 h. 1/2 d'lsseng<treJL
lssengaren à 1 h. de Tanzida.
Tnnzida il 1 h. d'.\qqa n'Aït Sidi.
TATTA

.VotaMes. - Qaïd Jloummad tlt' Tintaz:u·t; .\hmetl ~Iah ould


Siid (Toug er-Rib): (lard l\Iouloud ould Qard Ali (Toug er-Rib).
Qçour. - SédentairPs et no ma des.
Villages :
Tighremt (Est de la rivièrt') 40 feux.
Akka lzouukat 15
.\diss ~marché d'El-Klwmis) 100
Toug er-Hih .iO
Tintazart 60
Toursoult 60
El-Qçahi 15
El-Jebaïr tO
Taïti 40
Ida Oulstan 10
Intefian 15
Tiguizmert 10
.\It Yassin 15
.\g·ouchB·al 40
Agadir El-Hena (mellah df' 30 feux),
marché d'Et-Tlèta. 60
NatuJ·e du sol. - Grandf' plaine.
Eaux · - 0,:,ourcf's.
Culture. - Dattiers et aehres fruitiers. Beaucoup de roses.
Voie d. · ·
Tatta rel'e cotmnunzcatwn. - Houte d e Tarou d an t a' Guennma.
.
. . . eve <l es Ida ou Blal qui l'habitent
· en part"te.
Lunues. - ~ord : Ida ou Nidif. -Est : El-Q«:onr. - Sud :
0 Ued D .
ra· - Ouest : AJt Mrtbf't.
CIL\PITHE XXY

CHTOUKA

La confédt'r·ation de .Ciltouka constitue l'un des groupements


les plus importants du Sud maroeain. Il est difficile de préciser
les relations des différentes trihus qui la composent tant elleS
sont mobiles. A l'heure présente un vent de particularisiile
souffle dans lf' Maroe mhidional et désagrbgc tous les left's
(Chleuh : Anwr1qoun). J)'une fat;on g{mérale pourtant Chtouka
est divisèc t'Il df'ux partis :_les trihus du Sahel, désignés sous le
311
nom de Chtouka ; les tribus de la montagne, appartenant
1-\'l'Oupe des Aït Ouadrin.
! Qsima (1),
Aït Baba,
Ttla ou :\lha llllllf'd,
Ida ou ~IPnnou,
1mechgui~·uilPn,
TirPst,
Ida ou Gouaran.
Art Amira ( 1 1,
lncehadcn (1),
Chtouka
Allal,
Ait Iazza,
Ida ou Uouzia .
.\ït .\mer,
.\rt lkkkou,
Art Bou Taïcb,
Ait Bel-Lcfa;l,
Art i\lilck,
Aït Ilougan.
(i) ()siuw, ~lesguiua. Aït A1uira, luednllll'u forment un Jeff sous le po"
d'Al1rl OuPd Sous.
I;HTO!jli.A i)liï
1 lkouuka,
.\ït .'\Izat·,
Aït Baba,
.\ ït FPrs,
.\ït .\li,
.\It Touzzount,
Art .\ït .'\loussa, ·
·
0 ua(lrm Imeddioutt,
Aït Ouig·emma 11,
lmt'khiin
Aït Fellas,
Aït Ouazen ,
Aït Oughan,
lmekouin ,
AH Touchka.

QSIMA (Gsima)

El~ta~les. -El-Hadj Lahct:'n; AIHl er-Rahman ould El-Hadj


· rht; El-Qsimi (Qaïd).
Jlarcz.é.
11 E ·
•• ~- - ~t-Tlèta.
J zllage..~. -
D h" 1nzt:'g·p:an, demeure du qaïd ; Aït. Mell oul ;
c tra. B S . T
• ' en • ergaou; Tighmi ou Fella; Lemzar. araïst.
Zaouia. - Lemzar; Taraïst; Seïd Sidi Salah.
Eaux
!V. · - Source!-;. Oued Sous .
. ature du sol. - Plaine.
Culture
D · - ('. , al ·
~cre es, vergers et potagers, argamers.
/~Oltché. - Mogador.
L ~ze_ de communication. - Route de :Mogador au Sous.
zmues. -Nord : Ag-adir et Mes:mina.- Est: Mesguina.-
SU·ch
d L c~
li · _touka.- Ouest: La mer.
Densezgne ments topog1'ap h.zque~ :
e Au Melloul à Agadir, 3 h.
De Aït Melloul à Dchira 1/4 h.
De A. '
D It Melloul à Lemzar, 3/4 h.
De Inzeggan à Dchira, 3 h.
~ Inzeggnn ù Aït Mf'lloul, 1/2 h.
Taroudant
HOUA RA •.•.• -·-·
_.-·-l····-···-·-·-·-·-··-~JDA OU LIEN
.-· "\ tSENDALEN
CHTOUKA
SIMA: .... ·. (}'oquis sdlèJJJiitlfjlle deSS!!li
·./···~:.:AlT-~,NjA\ ····... SouGetTieta
par uninfoTITJtenrinùigène. ~
•• •• (nlt.a_ ••• ~~~ ~ IDA OU SKA '-;-••• -;,.;
Taddart ,\.
lm•ussem) -._
-.. ,.•

0
.
Tmhammou
\IDA {)U MI-IAMMED
•• ••••
Bou Ïôù•JY.- •
9
;:s
·-·-r _ ./ .. ·····-...
t IKOUNKA x ··__.../..•ILALEN
:--············
·JOUGHEISEit. Souq .~.'fnrn •:;
el-Khmis ~ ~ & S' S~ïd Olërif
[··-·-··+'-·-·- ... }medersa) Sid• bou Mezsu1da !~
~ :!2 A

J. ········-··--.......... .!~ /\:;.;.···


/
Tafekert
h·-·-·-·-·-·-~~~~:,e!.·····
.-"

.' \ el Bordj ••• . .:.('


1DA OU GOUARANSouq el Jemaa ·:AiT
-·-·-... l~uesmer s; bou~Shab
A.t Oeklr '•... (Qlj;d Alo)
·- ... ...
(mOu:ssem)
~
·......... _ ~
AiT~ El.IAZZA ~
fteiha
(mêderSI\
::=

-"ëh1kh M~üiO~d ·- ·- ·-·- •-·- ·- ·- "'


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........
................
569

l)p lnz!'f.!'f.!'<lll ù .\g·adi1·. 2 h. lj2.


De lnz!'gg-an à Tig·hmi on Fdln, 3/ i h.
DP lnzegg<ln ù Lemznr, 3/ th.
Dl' RPn SPrgnou à .\g·<Hlir, 1 h. 1f2.
Df' B<'n SPJ'_g·aou ù llchirn. 1/2 h .

.\ïT BARA (m'ta El-Outn)

Notable.- Chikh Bouhouch oul<l Bou L<'frn.


Villages. - .\g-adir : Djaïra.
Eaux. - Puits de 6 hrass!'s.
Nature du S()/. - Plain!' sa hlonncww.
Culture · - cerea
· · 1cs.
S Limi'fes. - ~ord: ~lf'sguina. -Est: Ida ou ~lahammcd.­
ud: loughf'iscn. -Ouest : .\ït Amira.
Ren setgnements
· tnpngraphiques :
Agadir et Djaïra SI' touchent.
De Djaïra à Sidi Bibi, 1 h. 1/2.
De Djnïrn à Taomirt, 2 h. 1/2.

IDA ou ~h.HAMMED

h" Nntahles. - Hoummad ou Saïah : Salah ou El-Houz ; Bra-


un ou Houman.
MarcLe·
ft • - Et - 1' lllll.
.
Villages.- Talhordj; Aït Bella; Zaouia Si Saïd chérif; Douar
Hoummad ou Saïah ; douar Salah ou El-Houz : Bou lougra;
douar .~ "t ,T .
-u ·'ad1r Tinhammou.
Zaouia. - Sidi Saïd Chérif (medersa)·
Eaux · - p Ul·t s <1e llO ~ ·
1Jrasses.
Natln·e du sol. - Plain<'.
Culture · - (', .
v. A'l't'i.l 1''"'
l '~.
Ote de communication. - Honte de Mog·ador à .\ït ou Blal
et rout ..1 ·
eue Tarowlant à Foum El-Hassan.
Limites. - Xord ..\·1·t ~mira. _ Est : Houara. - Sud : Ida
ou Me .. ·"
nnou.- Otwst : .\ït Iazza et .\ït Bnha.
Rense1· .
• ,qnements topoqmph1quPs:
1
!)70 AC CŒUII llF. L ATLAS

]k TaliJOr•tlj ù. A;.:;adir n'.\ït Ba ha. 1 Il. 1 !"'2.


])p Talhordj it ZaouiPt Sidi Bibi, 2 h.

De Talhor·dj ù Taour·il't, 2 Il. 1("'2.


IJP Talhordj it .\ït Bella, 1 h. (nuPst).
])p Talhordj ù Zaouia Sidi Sa'ill eh(·rif, 1/2 h.
De T:tlhm·dj ù Douar llounuwul ou Saïa h, 1 h.
De .\ït BPlla à Zaouia Sidi Saül chérif, 1 /2 h.
]k ;\ït Bella ù Douar· lloumnuHI nu Saïah. 1 Il.
J)p .\ït BPlla ù llouar· Salah ou El-Houz, 1/2 h.
1le Aït Bella :1. llo u 1o u;.:-ra. 1 h. 1 j.t.
J)p Douar· Salah ou El-Houz ù llouar· .\H Nadir, 1 h.
l)p Douar· Salah ou El-Houz à llollill' Hoummad ou Salab,
3/4 h.
1le Zaouia Sidi Saül Chin·if ù. Bou lou~·ra, 1/2 h.
j)p 1louar Hoummad ù.Saïah à llouar .\ït Nadir. 1 h.

lDA OU l\hN:.OU

Notables. - llounrmad .\hekhas; Brahim frère d'El-IIadj


~Jtitf:'Ui .
•tlal'chr>. -Et-Tlata Sidi Saül.
Villages.- Tadouart; Bou .\lamen; El-Kherha ; Tagragra; ·
Tafraout : lghir.
Zaouill. - Sidi Saül Chérif.
Eaux.- Puits de 30 hrasses.
Nature du sol. - Plaine.
ru/ture.- Céréales.
oll'
Voù· de communitation. - Route de l\logador ct de Tar
da nt.
Limitr•s.- ..\'ord : llaouara.- Est : Tidsi; Ida ou Ska. ,....
Sud : lkounka ; Ida ou ~lahammcd. - OuPst: Ida ou Mahalfl'
med.
Renseignements topographiques :
De Tadouart à Talhordj Ida ou Mahammcd, 3 h.
De Tadouart it Douar Aït ~adir, 3 b. 1(2.
Ile Tadouart :l Bou Alanwn, 1/2 h.
))e Tarlouart :1 El-Klwrha, 1/2 h.
571

DeTadouart 11. Ta~-;'l·ap:ra, 1 h.


De Tadonart ù Tafraout, 3f4 h.
DeTadouartà lghir, 1 h.1f2.
De Bou Alamcn ù Talhordj Uda ou 'Iahammcd), 3 h.
De Bou "\lanwn ;'t El-Khcrha, 1/2 h.
De El-Kherha à Tat;-ra~·a, 3/i h.
De Tag-ra;.:Ta ù Tnfhwut, l /2 h.
De Tagragl'a ùlg-lür, 1/2 h.
De Tagragra ù Sidi Saïd, 1/2 h.
DeTafraoutà Ighil', 3/'t h.

IDA ou (iol'ARAI'

Notables. i .\li ou Ilamdan : ~\hmcd ou Brahim.


Marchés.- El-Jemaà; :\lonsscm de Sidi bou Shah .
. Villages.- El-(;uezmir; .\zouggar; Talcmrest; Tin Moham-
~ed ou Hammou; Ighil El-F<>ïd: lmzilen : El-Bordj; Tinezdi;
At El-Atti; Tag·adirt; Tin Hem mou: In Ouachtouk: Tougaran ;
:\douar El-Q1:ar: Tin cl-Baz : Toul<>chguer : Touhassoun: douar
Î hdallah ou .\li : Tirest : "\ït Bouari : Talmit : Bou Toutla :
atran ; Tin Hafi : 'Icrs Sidi .\lnnell.
Zaouill . - S"d" , 1a1J.
1 1 l)~ou Sl

Eaux. - Puits de 40 à 50 brasses.


Nature du sol. - Plaine et montagnes.
Voie de romnwnication. - Honte de ~log-ador et Taraudant.
Ik Limites. - Nord : .\ït Baba ; Ida ou ~lahammcd. - Est :
~ 1~Unka ; Aït Mzal. - Sud.:' Aït Jazz a. - Ouest : .\ït Amira ;
~~- .
Ren sezgnements
· topographiques :
De El-Guezmir it Bou Igra (d'Ida ou Mahammed), 3 h.
De El-(~uczmir à Tallwrdj (d'Ida ou Mahammed), 3 h. 1/2.
De El-Guezmir <t Taourirt (Aït Amar), 2 h. 3/'t.
~e El-Guezmir à Azoug6''tu', 1/2 h.
.. De El-Guezmir à Talep.oust, t j2 h.
•De El-Guezmir à Ighil El-Fcïd, 1 h.
e El-Guezmir à Imzilen, 1j2 h.
~e El-Guezmir à Bou Toutla, 1 h .
.....
AU CŒUII IlE !.'ATLAS

])p El-liu<'zmirù El-Bor·dj, 2 h.


De EI-nuPzmirù Tinez<li. 3 h.
DP El-1 iu<'zmir it .\doua l' El-IJ<:a l', 1 !t. 11-t.
De El-liuezmirit Tougaran, 1 h.
De El-fiuezmir it Tin cl-Baz, th. 1/2.
De El-fiuezmir ù Toulechg·uPl', 1 h. 3/i.
f)p :\zoug1..:·at• it Bou (g·ra. 2 h. 1/2.
De .\zougg-ar il Bon Toulta, 1 h.
De .\zong-g·ar à Tonhassoun, 2 h. 3ji.
De .\zouggar ù, TalemrPst, 1'2 h.
De .\zougg-ar ù Tin :\lohammed ou Hammou.
De Talemrcst à Ighil El-Feid, 3/1 h.
De Talemrest ù Talmit, 3/4 h.
De TalPmrcst à Bon Toutta, 3/ 'l 1;. f
De Talemrest it Tirf'st, 3 h.
De Tin Mohammed ou Hammou ù Bou lg·ra, 1 1).
De lmziln à Ig-hil El-Feid, 1/2 h.
De Imziln à El-Bordj, 1 h.
De lg·hil El-Feïd à Talmit, 1/2 h.
De El-Bordj ù Tineztli, 1 h.
De El-Bordj ù .\tt El-.\tti. 1 h. 3/ i.
De El-Bordj à Toug<nïm, 1/2 h.
De El-Bordj ù Tircst, 3 h.
De El-Bordj à Sidi Bon Shah, 1. h. 1 j2.
De Tinezdi ù Ait Ek\ttj, 1 h. 1/;!.
De Tinezdi à Tag·adirt, 1 h.
De Tinezdi ù Tin Hemmou, 3/4 ·~·
De Tinezdi it ln Ouachtouk, 3/i h~
He .\tt El-.\tti à Tirest, 2 h.
De :\ïtEl-.\tti ù Sirli Bou Shah, 1/2 h.
JJc .\ït El-.\tti ù Tag·a<lirt, 1/2 h. · t

.•
De Tag·adirt ù Tin IIPnllliOU, 1Î2·h.
J)p Tag-adirt ù lu Onaf'htonk, 1;2 ~t.
()p Tiu IIPntmou it ln Ou;;(·.hJouk,. 1/ i h.
He Tongm·an ù .\douar El-IJ<:ar, 3/4~1.
(1 .
-·.
Ile .\douar El-IJ<:at· ;/Tin El-Baz. 112 h. • 1 • !

()p Tin EI-Baz ù Tilt llati, 1 ~~ h. • ·f


• 1
I:HTOUKA 573

De Tin El-Baz it Toulechguet·. 1'2 h.


De Tin El-Baz ù Douar .\lHlallah ou .\li, :J/ 4 h.
De Toulechg·uer it Touhassoun. 1/4 h.
De Touhassoun à Tin Hafi, 1/2 h.
De Touhassoun it. Douar .\bdallah ou .\li, 1/2 h.
De Tirest ù latran, 1 h. 1j2.
De Tirest ù Sidi Bou Shah, 1 h. 1/2.
De Tirest à Aït Bouari, 1/2 h.
De Sidi Bou Shah à .\ït Bouari, 1 h.
De latran à Talmit, 1 h.
De latran à Bou Toutla, 1 h.
De latran à ~lcrs Si<li AhnH'<l, 1/2 h.
De Bou Toutla à ~[crs Sidi .\hmed, 3j4 h .

.\ïT AmRA

Notable. - Saïd ould Saül ou Mbarck.


Marchés. - El-Khemis; "Ioussem de Taddart, et de Sidi Bihi.
Villages. - Takat ; El-Bordj ; .\ït "Iimoun; AnmnN' ; Ben .
Guemoud (Arabes 'J • Adouar · Zaouiet Si di Bi hi : Tin Addi : Tous-
h ' '
ah ; Touamal. Ghezala.
Zaouia. - Sidi Bibi.
Eau:r:. -Puits de 7 ;l 8 brasses.
Nature du sol. - Plaine.
Culture. - Céréales.
D'be ouché. - Mog·ador. ·
Voie de commun~·ation. - Honte <le "logador.
S Limites.- ~ord : Oued Sous.- Est : Chtouka ou .\mar. -
ud: lnechaden: .\ït Bekkou.- Ouest :la mer.
Renseignements topographiques :
De Takat à la mer, 1 h.
De Takat à Agadir, 3 h.
De Takat à lnzegan (()sima 1, 2 h.
'"' De Takat à El-Bordj, 1 h. 1;2.
t. De Takat à Aït Mimoun, 1/2 h.
ll>e El-Bordj à Inzegan, 2 h .
.Re El~Bordj à Anamer, 1 h.
ü74 .\U CŒt;Jl DE L'ATL.\S

llf' El-Bm·dj il Ben (;ucmowl, t h.


Ue El-Bordj <'t Adouar, 1 h.
De El-Bordj il Sidi Bibi, t h. 1 ;2.
Ile Ait l\timoun ù.lamet•, 1 h. 1/2.
De ,\ït l\timoun ù Al-\·adir, 2 h. 1/2.
De Aït ~limoun il Anamcr, 1 h. 3/ L
De Aït ~llmom1 ù. Uen (;uemowl, il;1 h.
De Anamer ;'t A(louar, :J;4 h.
D(~ .\natner il Tin .\ddi, 1 h.
De ~\nam er il Toushab, 2 h.
De A nam cr il Toua mal, 3 h.
De Adouar à Sidi Bibi, 1/2 h.
De .\douar it Tin .\ddi, 3/4 h.
De Tin .\(ldi ù Tousbah, 1/2 h.
De Tousha), it TouamaL 1 h.

I~ECHADEN

Notable.- lladj BI'ahin1 d'Ait llPkir.


Marrhé. - El-Jiad ben Dlimi.
Villageç. - Forment un seul ;.;Tos villag·c: lncchaden et le
hameau de Ta;.;·oudceht.
Eaux·. - Puits de ;) it 6 IH·asses.
Nature du sol. - Plaine.
Culturr'. - Cér{~ales.
Débouché. - Mogador.
Voie de coumuutication. - Houte de :\log<tdor.
Limites. -l\' orel : AÙ Am ira. -Est : Allal. - Sud : Aït Bek' •
kou.- Ouest: la mer.
lnechaden est en ce moment en ;.;·uerre avec .\ït Bekkou (Jilll'
vier 1908').

.\ïT IAZZA

NotaMe. - ~ajcm OuM El-Bachit· .


.liarché. - tin mouggar.
1ïllagPs. - Anou El-Jdid ; Tin El-IJaïd ; Zaouia :
...
Fetaïah ; Tin Aït Dekir.

CfiTOLKA ;)7;)

lao11ia. -Zaoui d .\ït lazza, oit st> fait lt~ mou~'!~·at·d'd-Fetaïah


(medersa).
Eaux. - Puits 1le :)0 hrassPs.
l•lature du sol. - Plaint'.
Culture.- Céréalt>s.
Limites.- :'11ml : Ida ou (iouarau.- Est: Ida ou Bouzia.-
Sud: Aït .\mar. - UuPst : .\Hal.
, Renseignelilents topogrttjJhiqur!.~ : D'.\nou El-.Jdi1l à Ag·adir
n Aït Baba, 2 h. 1/2.
D'Anou El-.Jdid ù Bou lou~'!"a (Ida ou :\loluunmcd), 1 h. 1f2.
D'.\nou El-Jdid ù. Tin t>l-()aïd, :Jj1 h.
D'Anou El-.Jdid ù la Zaouia, 3/4 h.
De Tin El-Qnïd ù ln Zaouia, 1/2 h.
De Tin El-Qaïd it Bou lout;Ta, 1 h. 3fi.
De Tin El-Qaül ù In Kourri, 3/4 h.
De In Koul"!'i ù la Zaouia, 1/2 h.
De In Kourri ù Fetaïah, 1/1 h.
De ln Komri ù Tin .\ït llt:,kir, 3/i h.
De Fetaïah ù In KomTi, 1/2 h.
De Fetaïah ù Tin .\ït IIPkir, 1/2 h.

InA oc BouziA

Xotahte - Chikh :\lohamnu'd 1L\ït Oudjan.


B lïllages. - Ihaouna ; Tamou<ljont; Bizouran ; douar d'Aït
el Baroud : Bon TPhlat ; Bou Tabct: !min Aghgoummi.
Zaouia.- Sidi FarPs.
Eaux. - Puits 1le 50 hrasses.
Natut·e du sol.- PlainP.
Culture - Ct'~rt'•alPs.
Voù~ ri" rrm 11 u 1111 ica 1ion. - HontP de Tiznit ù Taro utin nt.
Limites. - ~onl : Ida ou (iouaran. - Est : Aït lazza.
Sud : Aït l\lilek. - Out~st : Aït Fers.
\ R,n ·
- Setgnements 1 •
topo,r;ropntquf's :
, De lhaouna ù .\chgherghi (.\. Boulefàa), 2 h. 1f2.
De lhaouna ù Zaouiet Ana~·lu·ih, 3 h .
..~e lh~ouna à Tamondjout, /2 h.
l
376

De lhaouua il Uizouran, 1j:.! h.


IJP Tamoudjout ;'t Douar· .\'lt Bt>L Bar·oud, h.
De Tamoudjout ;'t Bizuur·a11, 1/2 h.
Dt~ Tamoudjout il Zaouiet Sitli Farl's, 3/i Ir.
De BizOLII'êlll ù IJouar Aït Bd Barowl, H/i h.
De Bizour·a11 à Bou TPhlat, 3/1 h.
De Bizouran ù Bou Tahd, 1 h. lj2.
De Bizouran ù. lmin Aghgoummi, 1 h. 1/2.
Douat· .\ït lwl Uaroud ù ZaouiPt Sidi Farès, 1/2 h.
l)p Douar· .\ït BPl Baroud ù Bou Tt>hlat. 1/2 h.
De Bou TahPt à Bou Tehlat, 1 h.
De Bou Tahd à hui11 .\g·hg·oulluni, 3/4 h.

Notables.- Chikh :\louloud ould .Mhar·<·k ou .\li: Chikh .\nted


ou Abd allah \Ida ou Aïssi).
Marché. - :\louggar de Sidi hlder·. .
Villages. - Tin Tafouqt : Tin Bou Saïd: lmiu Oughgounll
(peut-être le même que ei-dessus1: Bakhir: Taour·irt: Ag-adir;
Douar ~loulowl.
Zaouia. - Sidi lddPt'.
Eaux. -Puits de 30 à iO hr·assPs.
Nature du sol. - PlaiuP.
f'ulturP. - Cér(~all's.
Voie de cmnmunication. - HoutP dl' :\lor:<tdut·.
. .
L wules.- "': l :.\ ït 1azza.- hst:
nore ' 1tla ou Bouzra:
· .\ït .\Ii.
- Sud : .\ït l\lih•k. -Ouest : .\ït Bou Ld<la : .\ït BeJ,kou.
Renseignements topographiques :
De Tin Tafouqt à lu Kourri (.\ït lazzal, 2 h.
De Tin Tafouqt il Tin .\ït llt>kit·, 2 h. 1/2.
De Tin Tafouqt ù Ti 11 Bou Saül. 1/2 h.
De Ti11 Tafouqt ù lmin Ou.:..d1g·otmri. 1j:.! h.
De Tin Tafouqt à Taout•il'f, 1/2 h.
De Tin Tafouqt ù Douar :\louloud, J/:.! h.
De Tin Bou Saïtl ù Tin .\ït Dekit·, 1/2 h.
De Tiu Uou Saül ù hain Oughgoumi, 1 h. 1j:!..
CIITOLI\A

De Tin Bou :-iaïd ù Taouril't, 3/1 h.


Dt> Tin Bou Saül ù Bakhir, 1 h.
llP Tin Bou Saïd ù. .\(!·adit•, 1 h. :~j4.
De Tin Bou Saül il Sidi lddPI', 2 h.
De Taourirt ù Bakhir, 1 h. 1/2.
De Taourirt it lm in Üu!-!-·hg·oumi, 1/2 h.
De .\!:!·adir à Bnkhir, 1 h. lji.
Dl' Agadir à Sidi ldder, 1 h. 1/2.
Si <li ldder it Douar :\louloud, 3/1 h .

•\ïT BEKKO(j

.Yotahles. - (Jaïd Umat· ben Deliwi Clukh Lahcen heu


Abd el-K<>rim .
.llarclté. - El-Had.
Villages. -Dar heu Delimi; Ghezala; Tafraout ; lferian;
Qa':ha ben Abd El-Jelid ; .\ft·iat ; .\ït El-.\ïat: Douar BPn Abd
el-Kl'rim.
Zaouia. - Sidi Bou :\le<liu el-Arouci ; Sidi :\lohanuued ech-
Chechaouni.
Eaux. -Puits de 10 it 15 ht·ass!'s.
Nature du sol. -Plaine.
Culture. - Céréales.
Déhnuché. -Mogador.
Foie de cmumunicalion. - Houtn dP :\Iogador.
Limites. - ~ord : lnPchaden ; .\llal. -Est : .\ït Amer: Aït
Bou Lefàa. - Sud : .\ït Bou Lefùa : Ait bou Taïeh. - Ouest :
l'Océan.
Renseiynemenls topngraphiques :
De Dar hen IHimi à Inechaden, :1/.i h.
De Dar h<>n IHimi à Touamal, 1 h. 1 /2.
De Dar lkn Dlimi à la mer. 2 h.
De Dar hen Dlimi à Qaçba ben .\hd El-Jelil, 2 h.
De Dar heu Dlimi à Afriat, 2 h.
De Dar hen Dlimi à .\ït El-.\ïat, 1 h. 1 ;2.
De Dar hen Dlimi à douar Ben .\hd el-Kerim, 1 h.
De_Dar hen Dlimi à Zaouiet Sidi :\loh•1 ech-Chechaouni, 1 h.
:lï
He Dat· lwn Dlimi à Zaouit>t ~idi hou :\li•1lin Pl-.\t·ouci, 1/~ h.
De llhPzala it Tafraout, 2 h.
lln (lhPzala à lft>rian (pat· lt> littoJ·ai'i, 114 h.
J)p (lhPzala <~ (.!a1;ha IH•n .\hd Pl-JI'lil, 1 h.
De Afriat à (.!a~,"ha lwn .\bd Pl-.Jl'lil, 1j~ h.
De Afriat à lférian, 1/2 h.
De Afriat it Zaouid Sidi Bou :\ll~din el-.\rouci, 2 h.
He Douar IH•n .\hd el-KPrim ù Ait el-.\ïat, 1/2 h.
De Douar hen Ahd el:KPrim it ZaouiPt Sidi :\[ohammed ech-
Chechaouni, 1/2 b.
De Douar hen Ahd El-Kt>rim à Zaouiet Sidi Bou ~li~tlin el-
Arouci, 3/4 h.

AïT Bou TAïEil

Notable. - Chikh Houmnwd 11 '.\ït Doukkali.


Marché. -- El-Jemaà.
Villages. - Douar El-Kehir: Bouihat : lfprian (.\rabes);
Tahouhaneikt.
Zaouia. - Sidi Bou :\{Pdian El-.\l'Ouei.
Eau:1:. - Puits de 10 ht·assPs.
Nature du sol. - Jllaiw·.
Culture.- Cér{~alPs.
Voie de communication. - HoutP dP ~logador.
Limites. - ~ord : .\ït lkkkou. - Est : .\tt Bou Lefàa. -
Sud : :\lassa. - Ouest : la lllPI'.
llenseiynemen/.;; topograJJ!tiques:
De Douar El-Kehit· à la mer, 3 h.
DP Douar El-KPhir à .\friat (.\. lkkkou), 2 h. 1j2.
De Douar El-Kehir à .\'it El-.\ïat, 1 h.
De Douai' El-KPhit· à Bouihat, 1;2 h.
J),~ Bouihat ù .\ït El-.\ïat, 1 h .

. \ïT Bot: LEF.U

Notahles. - El-:\loqaddetll Hoummad ; Chikh Mohamn1ed


Ben Saïd Chikh Abd t'l-KPrim.
Jlarr-IH;. - Et-Tnin : moussPm d'Ouag·hril.
CllTUl"KA ;')7~)

lïllages. - AehghPt'!:ïhi (mellah) ; Zenihi ;· .\gadit• ; Stabat;


douat· El-Houssin; Ta~·hzout.
Statistique. - 100 c hC'V<ltlx, fj()O fusils, GOO feux.
Zaouia. - Aït Bou Lefàu ; Oun~·hrih.
Eaux.- Puits dP :Jo ù 40 hrasst>s.
Nature du sol. - PlaitH'.
Culture. - C{~réalPs.
Limites.- :\ford: Aït Bckkou.- Est : .\ït .\mat·, Ait :\Iikk,
Ai:t Ilougan. -Sud: ~lassa.- ÜuC'st: Aït Bou Taïeb.
Renseignements topoqmphiques :
De Achgherghi à lnechaden, 3 h.
De Achg·her~hi à Zcnihi, 1 h.
De Stahat à Inechaden, 4 h.

AïT MtLEK

Notables. - .\hmcd ou Fckir; Brahim ou Bou Selum; Si


Henunou n'.\ït .\.li.
l illa,qes. - Assersif; Bou lzakarC'n; Tagaïout ; Bou Tahet;
ToudghPrh ; TinefkirC'n.
Znouia. - Sidi Bou Bker. Sidi Sa'i<l ou l\If'ssaoud.
Eau:r. -Puits Je 15 ù 20 hrass{'s.
Nature du sol.- Plainf'.
Cul turf'. - C{•réalf's.
Voie de communication.- Honte de Mogador.
Limites.- Nord: A.ït Amer. -.Est: Aït :\loussa. - Sud :
Aït Ilouga11. - Ouest : Aït Bou Lefàa.
Renseignements topogmphiques :
D'Assersif à Aehgherghi (AH Bou Lefàa), 2 h. 1j2.
D'Assf'rsif à Zaouiet Anaghrib (.\ït Bou Lefàa), 3 h. 1/2.
D' Assprsif à Bou Izakaren, 1 /2 h.
D'Asset·sif <l'Tagaïout, l h.
D'Asscrsif à Touclgherh, 1 h.
D'Assersif à Tinefkiren, 2 h.
De Bou lzakaren à Tagaïout, 1/2 h.
Lh• Bou lzakaren à Achglwrghi, 3 h.
l)c Uou Izakaren à Bou Talwt, 1 /2 h.
AU t:Œl.ll liE L ATLAS

!Je Tag<tïout iL Bou Tahl.'t, l/2 h.


De Tagaïout à Ida on .\ïssi, l h. 1/2.
De Tind'kircn à TouPlghN·h, 1 h.
Dl.' Tirwfkir<'n it Ida ou .\ïssi. 1 h. 3j4 .

.\ïT h.Ol!t;AN

Notables. - Chikh l\Iamouh ; Abdallah Ben Djah ; Moham-


med Abaghah.
;Vlarcltés. - Et-Tnin dlmin Oughgoumi ; El-Had Sidi l\lczal
Mousscrn de Sidi :\Iezal.
Villages. - Imiu Oughgoumi ; Tafraout ; Tamaliht (mellah
de 30 maisons) ; Amzaourou ; Talaghat ; Ibourim.
Zaouia. - Sidi l\lezal.
Eaux·. -Puits de 10 ù 15 brasses de profondeur.
Nature du sol. - Plaine.
Voie de communication. -Hou te de Mogador et de Ta roudant.
Limites. -Nord : Aït .Milek. - Est : Ait Moussa. -Sud : Ida
ou Gucrsmoukt. - Ouest : Aït Bou Lefâa.
Renseignements topogmphiques :
D'Imin Oughgoumi à Aït ou Aïssi, 2 h.
D'Imin Oughgoumi à Tinefkiren (Aït Milek), 2 h.
D'lmiu Oughgoumi à Tafraout, 1/2 h.
D'lmin Oughgoumi à Tamaliht, 1 h.
D'Imiu Oughgoumi à Amzaourou, t h.
D'lmin Oughgoumi ù Talaghat, 1 h. 3f4.
D'Imin Oughgoumi li Ibourin, 1/2 h.
De Tafraout à Tinefkircn, 2 h. 1/4.
De Tafraout à lbourin, 2 h.
De Tamalith à Tinefkiren, 1 h. 1/4.
De Tamalith à Amzaourou, 1/2 h.
De Ta mali th à Ihourin, 1 h. t f2.
De Tamalith à Sidi l\lezal, 1 h. 1/2.
De Talaghat à Amzaouron, 1 h.
d'Amzaourou à Sidi Mezal, t h. 3f.t.
CIITIIIKA

IKOU:\'K.\

l\'otahles. - El-l\li\alem .Ahmc<l; ~\hmcd Ameg'iHil'OU; 13ou


Bker Djeùdi.
Habitations.- Anou el-.Jdid 11\; Tamoug:unt; Ta~ra~-ra (2);
Si di Bou Mezguida .
.lfarrht5. -1\louggar de Tafekirt.
Zaouia. - Tafelürt.
Eaux. -Puits de :10 à 60 hrasse.:.
Sol. - Plaine et montag·ne.
Limites.- Nord : Ida ou Mennou.- Est: Tidsi.- Sud: .Att
Üufrâ. - Otwst,: Ida ou Gouaran .

.\ïT BAHA (Jehala).

Notablt?s. - Chikh Hassoun: Mohammed ou Ali; Si Addi


. d'Ait El-Ouali.
Mm·ché. - El-Arhaâ.
Vata,qe.~. - lm'in El-J('maâ (mellah de 30 feux); Adouz
(mellah d(' 2.) feux): Tafegagh; Agadir ou Fella; Agadir
El-Arhatl: Clwguigla.
Eaux. - Puits de 3 à 4 brasses.
NaturP du sol. - Montagnes et plaines.
Culture. - Amandiers.
L'imites.- ~ord : Ida ou ~lennon.- Est: lkounka. -Sud:
Ida ou Gouaran. -Ouest : Aït Chtouka.
Rense1:gnernent.1· topographiques :
D'Imin El-Jcmaà ù Tamcjloujt, 3 h.
D'Imin El~Jemaâ à Tirest (Ida ou Gouaran), 1 h.
D'Imin El-Jemaà à Bou Telat (Ida ou Bouzia), 1 h.
Dlmin El-Jemaà à Adouz, 1/2 h.
D'Imin El-.Jemaà à Tafcgag·ht, 1/2 h.
D'Imin El-J('HHlà à .Agadir ou Fella, 3/4 h.
D(' Adouz it Tirest, 1 h. 1/2.

!i) Anou El-Jdid a déjà été mentionné tians Ail Iazza.


(~) Déjà meu lion né rlnns la ft·action voisine d'Ida ou Mennou, floit faire
•lo.ubl<' <'mploi.
1
AC COElll\ DE L ATLAS

J)p Adouz it Tafegagltt, 1;2 h.


De ;\douz à Agadir ou Fella, 1/2 h.
De Adouz it Agadir El-Al'lw, 1/1 h.
De Tafcgaght it Agadir El-.\rha, 1/2 h.
De Tafegaght à Cheguigla, 1/2 h.
JJ'Aga<lir El-Arha it CIH•guigla, 3/4 b.

AïT :\IoussA

Notables. - Ali ou Bibi; Chikh Hoummad; El-Hadj Ali ou


Iriguin.
Villages. - Tafraout. Tamcjloujt.
Zaouia. - lfeghcl.

Eaux. - Sourecs, citernes, oued.
Nature du sol. - Plaine ct montagnes.
Limites. - Nord : Touzzount. - Est : lmcdioun ; Art Oui-
gucmman; lmekhiiu. - Sud : Oued Oul Bas. - Ouest : Att
llougan; Aït Milck.
Ren.seignement5 topographiques :
De Tafraout à Agadir ou Fella (Aït Uaha), 3 h.
De Tafraout it TanH·jloujt, 2 h.
CTL\PITHE XXYJ

IDA OU LTIT

La confédération dl<la ou l..tit comprend trois qbila comme


l'indique son nom (Ida ou Ltit: Gens des trois tribus).
Ida ou Semlal,

l
Ida ou lAit Ida ou Ba kil.
Ida ou Gnersmoukt.
Elle a pour alliés les Aït Ammeln (A. Immel), et pour enne-
ntis les Aït Braïm, les Aït Rekka, les lmejjat.

InA ou Sn1LA.L

La <{hila d'Ida ou Semlal pr{~tcnd être l'une des plus


anciennes du :\laroc (1). Elle est dispersée en trois groupe-
ntents .:
Ida ou Scnllal,
Ida ou Scmlal
l
Tazcroualt,
El-Mader,
Notahfes.- Qaïd Moussa Semlali; Chikh El-Roussin; Clùkh
Tabar; Chikh El-Hadj Brahim cr-Hechid.
Villages. - Tadart; Ouijan ; Agadir; Ouchan; Tanout;

(i) Void sa g<Sw;alogie, suivant nn des notables de celte tribu:


Mohammed
1
Falhma
-----~
El-Hossein El-llasscn
1
Abd Allah
Mou ley l<l~·i~- J~far

~l!lnlcy llrlriss n SPn!\alia (Ancêtre des Ida on Semlal).


A (T COEt:ll IlE 1. ATLAS

!~., ..... -.~ ......


...
..
' .. . '
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'

IMEJJ

Igherm J
_:., .... ......... -'-- . ...
_,. '..
.
.. .'

' / AIT ALI


((JdJdAllJ
'
,
SlBou.Alxlh~'..... ,,-'
..
'

...
( laOU/d.IOOUSSeJ/J~:>•'' (</
'
HEMMÎN .f,YU' ' ,,
...'
, "'uo
AIT BOU IFFOULE
'
'' ..
..
/);Iii lluu !abu èJJ lid
Souqel·Tièt.'! /
'
'

..
1
'•-·: AIT BOU IASSIN 1

'
lddrazel :
AÏT ABDALLAH\, f&del-Mdttm'L-'
···-·-;r·-·-·-·-~\,

~~/
. .~ AIT BRAHIM '· }

~~ 1
AiT HAMED
(J:tii.kmd,OacdHOllll} 1---·-·-,_!~!1-~JJJCHT '
,,<..,~
~'J
l
, ","
1
ûnzert
\
~
AITMouss; ••• -•-t;, /
r:!~Ll ~·-·-··îiJ'A OU LOUGG;N'··-·-·-·-·····
Hur

Assaka; lghir Mcloulcn; Ait Ba ha; lssemoug·uen; Tighmi; Aga-


oir Tig-hmi: Tammaehet: Ap:ueni m'ta ~idi el-f~hiat: Ouirgan.
IDA OC I,TIT

Ma1·c!u;.,.. - Et-Tlda lle Uuijan (mellah dP ao maisons);


Assaka (a t'•g·nlPmPHt un mPllah clP ~0 maisons).
Eaux. - BivièrP lll' TazProualt Pt ritPrnps: puits de trois
hrassPs.
l'lature du sol. - PlainP.
Culture. - Ct'r(~alPs.
Voie de communication.- Boute dP l\logador au Tazeroualt .
.. zaouia. - La confréri<' la plus inflUPlÜP est cPlll' dl:'s Naci-
rnn.
Limites.- :\'ord : Ida ou (~nl'rehmould.- Est : ;\ït Baha. -
Ouest : AH Znit. - Sud : Oulad Djerrar ct Aït Braïm.
Renseignements topogntphiques :
L'oued Tazeroualt travPrsc lP territoire dlda ou Semlal, ct la
routl' de Mogador à Ilir sépare Ida ou Scmlal de Ouafka.
De Tadart à Aït Brahim, 2 h.
DP Tadart à Aït Znit, 14 h.
De Tadart à Aman n'Tag·lnnra, 1 h. 3/4.
De Tadart à Ouirgan, 1/2 h.
De Tadart à Ouijan, 1 h.
De Tadart à Ouchan, 2 h.
De Ouijan à Ouirgan, 1 h. 3/1.
De Ouija~ à Agadir, 1/2 h.
De Ouijan à Ouchau, 1 h.
D'Agadir à Ouirs:an, 2 h.
D'Agadir ù Tan~~d, 1 h. 3/.1.
D'Agadir à Ig·hir l\ldoulcn, 1/2 h.
D'Agadir ù Aït Baba, 1 h. 1 ji.
De Tanout à Ouchan, 1/2 h.
De Tanout à Assaka, 1 h. 1/2. ·
Dl' Tanout à lg-hir l\ll'loull'll, 1 h. 1/2.
De Ouchan ù .\ssaka, 1 h. 1j2.
De I~:hir l\leloull'n iî.•\ït Baba, 1 h.
Dl:' lghir MPlonlcn ù lsscmouguen, 3j4 h.
DP I~·hir ~leloulPn à Tif,:-lnni, 1 h. 3jl.
Dl' lghir ~lPloulPn à Tammachct, 2 h.
De lss<'mougucn à .\ït Bah a, 1/2 h.
flc lsspmou~H<'n
. '
ù Tis:hmi.
'
1 h.
i)86 .\U CŒllll o~; L'ATLAS

De Agadir Tighmi ;'r Ti.~.drmi. 1 · '1 h.


Dn Aga!lit• Tig·hrni ù. [ssnmou~·u<'n, 1 h.
[)p A,!..\<Hlit· Tighmi il. Tammn!·.lwt, l h. 1/2.

TAZERO{jAL T

Le Taz<woualt est eomph"• comruP fradion dP la tribu d'Ida ou


SPmlal. Il Pst le het·cnau df' la famille marahoutiquc des Oulad
Si!li Ahmed ou ~loussa. La lé!-!·emle veut que l'auct~tre éponyme,
Ahmcd ou :\loussa, ait t\t(~ un brig·ancl réputé pour ses talents
d'acr·ohate et de jongleur. ene vieille femme pesamment char-
gèP \·int ù passer un jout· sm· son clwmin. St's compagnons la
bafouèrent, mais lui, s'emparant de son fardeau, la conduisit
jusqu'au terme de son voyag<'. Depuis lors, tom~hé par la grâCe,
il vécut solitaire non loin d'llig·h, à l'endroit oü s"Mève aujour-
d'hui sa zaouia. Le marahout Hosst'tn ou Haehem lutta long-
temps contre le pouvoir ciu'rifiPn ; les campag·nes de 1880,
1886 entreprises par ~louley El-Hassen, ct la campagne de
1898-H)OO, conduite par le rraïd Si Taïeh cl-Gcllouli, sur l'or-
dre ri<' Ba-HamNl r(·gent de \louley Ahd cl-.\ziz, em·ent le Taze-
roualt pour ohjedif..\ucune d'l'HP ne fut couronnt'•fl d'un succès
définitif, ct le marahout aduel, Sidi ~lohammed ou Hosseïn, est
indépendant. Il est âg{•, et n'a rru'tme influence limitée. Son fil~
est un homme dépourvu dP sct·upulcs, qui s'énivre, et n'a souel
que de sc procurPr de l"argPnt. La fortune des marabouts a
diminué avec leur prPstig·e. Le plus clair de leur revenu est le
produit d'un tronc scellé près du tombeau de Sidi Ahmed oU
Moussa qui produit, lm·s 1lu fa meux marc lu~ annuel (mouggar)
du Tazeroualt, de 3.000 ù 1.000 douros. Les marabouts appar-
tiennent à la conf"rf)ric 1les Qadriia, mais la confrérie des Naciriin
est également très puissante au Tazeroualt.
Lirnitn. - .\u Nord: Ida ou Ba kil.- A l'Est: Imedjjad. -
Au Sud : Ait Jerrar.- .\l'Ouest: Aït Jerrar.
Natute du sol. - Le Tazeroualt est entouré d'une ceinture
montagneuse.
Eau;1·. -L'oued Tazeroualt le traverse. On y trouve de l'eaU
en a hondanc(-; puits ct sources.
IDA Ot: L'fiT 587

Voies de COIII7Itllnical ion. - Ltoutes de Tiznit, d '()fran, de Gou-


lintin, d'"\ssaka.
Localités. - La Zaouia, oü sc trouvP lïmportante Qaçba
d~s marahouts (200 feux); lligh \100 feux, 150 chevaux) très
dechue, mellah (lOO feux); Tirmi \Sud de la Zaouia) (100 feux) ;
lntez~mgen (100 feux).; Tiouimaman (100 feux). - En dehors
de la famille et des sen·iteurs des marahouts la population est
en majeure partie composée d'Ida ou Sentlal ~t d'Imejjat.
Renseignements topographiques : .
De lligh à Ouafka, 2 h. 1/2.
De Iligh ù Aguech~<d ( Ajt Bah a), 1 h. 1/2.
De lligh à la Zaouia, 1 h.
De llig·h à Mas·aman, 1/2 h.
De la Zaouia à .\gucehg·al, 1 h.
De la Zaouia it Uuafka, 2 h.
De i\Iagaman ù A,u:uechgal, 1 h.

InA ou GmmsMOUKT

Limites. - "\u Nod : :\lassa et .\ït Bou Lcflla, Aït llou~an,


Aït Alnned. -.\l'Est : .\ït Souah. "\ït Immel. -Au Sud: Ida
ou Bakil. - A l'Ouest : l'Océan .
.Vature du sol. -Plaine ù. l'Ouest, montagne dans l'Est.
Eaux. - La rivière d'OuPd El-Has arrose la partie méridio-
nale du territoire; sourees, puits assez pt•ofmHls, ct eitcrnes.
Voie de commwticall:on.- La route de :\Iogador à l'oued Noun
travcr··e
·~
1a t ri·1 m. ·
Localités. - El-:\Iader; Fcrgoula (.\fcrg·onlla) ; .\ncnaddou;
Taourirt; Ighil El-Feïd ; Taghzout; lkhfentchich; Afrag ; Bou
Rdtm; Tankist ; A'it lghzer; Adaï; Tin Addi ou Bidar; lmi n'Ou
Agour ; lnsoulefa ; "\qqa el-:\1eloulen ; El-Aïoun ; Aoudja ; Aït
~rahiill ou Hious; hui n'el-Kheneg; lshouia; Bou Koura; lfghel;
agadirt ; El-Qaçha ; Touaman.
Marché. - Souq El-Jematî Bou Rdim.
Zaouias. - Zaouia de Tankist (~aciriin) ; Zaouia d'Ifghil ;
Zaouia de Bou Koura.
Notr;bles. - Qaïd :\[oussa; .Mahammed ould Ali ou Ynhia ;
Mouha n'.\ït .\lnlallah : .\onHll' hPl-lla<lj : ~i .\hmNl el-Kas;
Mohammt>d Pl-f)onhiln.
Statistique.- Emi1·on 1.200 feux: 1.MO fusils; 200 chevaus.
Rensl'ignements topo_qraphiques :
De El-MarlPr ir .\~-lon, 3 h.
De El-.\ladPr it. Xonnir, 2 h. 1 /'!..
De El-Macler ii KhPnahih, 3 h.
De El-Mader 1Ï' Ferg-oula, 1 h. 1/2.
IJe El-:\lader à .\nenaddou, 2 h.
Ile El-.\lader it Taom·irt, 2 h.
De El-Mader à Tagadirt, 1 /2 h.
De FPrg-oula ii Aït Nomli'l'r, 3 h. J
De F Prgoula à !.nenadrlo;i, 1 h.
J)p Fer~·otila à Taourirt, 1/2 h.
De FPrg-oula 1't Ighil El-Feïd, 1 h.
De Fergoula à Taghzout, 1 h .•
De Fergoula à El-Qa1:hat 1/2 h.'
De Taonrirt à Ighil El-Feïrl, 1/2 h.
De Taourirt à Tagadi,rt, 1 ~L ij4.
De Taghzout à Anenaddou, 1/2h.
De Jkhfentchich à Taghzont, 1 h.
De lkhfentchich à Anenaddou. 1 h. 1/2.
De lkhfcntchih ù .\frag, 3 h.
De Ikhfentchich it Aït lghzcr. 3/4 h.
De lkhfentchich à lnsoulefa, 1 h. 1/1.
De lkhfentchich à AkalmeloulPn, 1 /2 h.
De .\f,·ag ù Ig-hil El-Feïd, 1 h. 1/2.
De Afrag- à Bon Hdim, 1/2 h.
De Bou Rdim à Ighil El-Feïd. 2 h. 1/2.
Dt> Bou H1lim à Taukist, 1 h.
He Rou Rdim ù Tin .\ddi on BidPr, 2 h.1/2.
Ile Bou Hdim ii .\oudja. 2 h.
De Tankist ù Aïf lghzm·. 1 h.
De Tankist à lg·hil El-Feül. 2 h.
De Tankist ir .\dai. 3 h. 1/2.
He Tankist ù Tin .\ddi ou Bidal', 2 h. 1/2.
De Tankist ii .\olllljn, 1 h.
ID.\. Ol Llll' 38!1

De Tankist, ù Boukolll'a, lj2h.


De Adaï il Aït lg·hzcr, 3 h.
De Adaï ii Tin .\ddi ou Bidal', 3 h. l/2.
De Adaï à hnin ou .\:.:·om·, 112 lt.
De Adaï à hniu El-KlteneF, 2 h. a;-1.
De Adaï à lshouia, 1j2 h.
DeAdaïà lf~·hel, 1 h.
De Tin Adrli ou Bidar ù Taukist. l h.
De Tin Addi ou Bi~lar ù Aoudja, 2 h.
De Tin Addi ou Bi dar ù .\ït Brahim ou Hious, 1/2 h.
De hni n'Ou Ag·our ù Aït Ig·hzcr, 3 h.
De Imi n'OuAgour à Iusoulcfa, 1 h. 1;2.
De hni n'Ou Agour à Ishouia, 1 h. 1/2.
De hui n'Ou Ag·our à lfghel, 3j i h.
De lnsoulefa à .\ït Ighzer, 2 h. J /2.
De Insoulefa à El-.\ïoun, 1 h. 1/2.
De Akalmeloulen à Anenaddou, 1/2 h.
De Akalmeloulenà El-Aïoun, 1/2 h.
De Aït Brahim ou llious à Aoudja, 3/4 h.
De Aït Brahim ou Hious à Imin El-Khencg, 1/2 h.
De Bou Qoura à Aït lghzer, 1/2 h.
De lfghel à Isbouia, 1 h. 1/4.

IDA ou BAKIL

Les Ida ou Bakil sc divisent en deux ,u;roupcs :


Ida ou Bakil ~ A.ït Ouafka,
? Aït Baha.
Ils ont pour alliés : Ida ou (;uersmoukt ct .\'if lmmel et pour
ennemis: Art Braiim, Aït Hekha, fmejjat.
Zaouia. - Adouz, Dar El-Aïlem (naeirïïn), chikh Si ~\lul el-
Aziz; lgdi, medersa ; Mouzeid, medersa ; fg·hazan, medersa ;
Afrella ou Guenz, 2 medersa (enfantine l't co1·anit{Ue 1 ; Afaou-
zour, medersa narciria.
.\ïT ÜUA.FKA

Notables. -Si Brahim lglwchi.


Stq,tistique.- ti)O fcux, 100 fusils, 20 ehevaux.
590

Zaouia. - LPs Naeirïïn sont l'Il majoritt'•.


Naltfl"f'du sul. - Pa ys molltag·ll<'UX.
Hau:r. -Pas dl' r·i,·ii•r•ps : sourcPs ahowlantes Pt puits.
l)roduùs.- Cér(•alPs, oliviPI'S.
Lo('(llitr!s. -Cu sPul villa~-;·n: .\ïtOuafka, it 1/2 heure d'Ague~
chgal (Aït Balla), it 2 h. 1/4 PnYii·on <l'I~.du·<•m (A.ït Uaha).
LimitP.<:. - 1\'"orrl : Aït Baha. - Est : Aït Imm<'l. - Sud:
Tazeroualt. - Ouest : Ida ou SPmlal.

AïT BARA

Notab!Ps. - Qaïd Omar ould <[ll'id Mohammed el-Hadj A.zza.


Localités. - Aït l\fpssiid : ladjelin : l\lira : Assif: .\ït Kodni;
Toumanar : Agcehgal : El-Qal,"ha: lgllrPm ; Tafraout : Gecbdid;
Agarlir Addi .\lunt'd: lgtwrd ou <awlim: .\[.radir el-~Iagbzen.
Zaouir1. - Si di Bou Salah.
Naturt! du sol.- Pa vs monta!.!'JJPUX.
Eaux. - Pas dt' g.,.,;nrl cotu·~-d'Pau, mais sources abondantes
et puits.
Vo·ie de commun ica! ion. - La route du Tazeroualt sépare Ida
ou Semlal d'Ait Balla.
Limites. - 1\'ord: Ida ou (~uHsmoukt. -Est : Aït Immel.-
Sud : Aït Ouafka.
Renseig11ernents topographiques :
De Aït l\lessiid à Aït Baha, 1 h. 1/2.
De Aït M<•ssiid à Ida ou Senllal, 8 h.
De Aït Messiid à Tanout, 1 h.
De Aït Messiid à lajelin, 1 h.
De Aït Messiid it Aït Kodmi, 1 h. 1j2.
De lajelin à Ait Baha, 1 h. 3ft.
De lajclin à Ida ou Srmlal, 8 h.
De lajclin à Tanout, 1 h. 3j4.
De Iajelin à l\lira, 1 h.
De Mira à Aït Baha, 2 h. 1/2.
De Mira à Assif, 1/4 h.
De l\Iira à El-Qat:ha, 1 h.
De Assif à- Aït Baha, 2 h. 3j4.
lllA Ot; L'fiT 591

De .\ssif ù Ait 1\mlmi, 2 h. If:!..


De Assif à Toumana1·, 3 h.
De .\ssif ù El-Q<t~;ha, 1 h. 1/4.
De Toumaua1· ù .\ït 1\odmi. 1 h.
D "l' .
e oumanar ù Agucchgai, 1/1 h.
De El-Qa<;ha ù Tafmout, 1/2 h.
De El-Qa<;ha ù I~odm:~m, 1/2 h.
De lg·hrem ù Aït Kodmi, 1/2 h.
De lghrem à Tafraout, 1/2 h.

AIT ZNIT (Tiznit)

L ~e territoire de Tiznit est enelavé au milieu des Ida ou


rht. lne lég·e!l(le sin;.mlièrt' prétend expliquer à la fois la forma-
lon d(' cette a;.:;.donH't·atiou hétérog·èue, et l'étymologie de son
nom. · •·11
u e pros t't1 lH'«' · t se fi1xer a'l' en-
· <l' un<• gt'<m<1e 1waute· (·1·) vm.
drOit . où se··1·evp au.JOIII'<
· I'l tUt'1"1zmt.
· .\ utour <l e sa kl ·
· tetma <l es
nouatl s\•levt'~l'<'nt, Pt ce fut l'emb1·yon de la <jbila actuelle dont
le nollllH'l'l)t•tw• l'orio·int>
1:l •

L~ qhila de Tizuit fait partie tlu leif' des Tahouggat.


Lzmites. - Xord :Ida ou (~u<>rsmoukt.- Est: Aït Jerrar, Ida
ou Bakil. - Sud : .\ït Braïm. - Ouest : Aït ~oumer et Aglou.
Satu,.,! dtt sol. - Pays plat, bordé de collines à l'Est et au
Sud.
~a~.c.- Trawrsé par 1<> lit de l'Oued Adou<lou (Oued Tiznit).
d l uzes de communication. - Tiznit est le centre de diramation
e nolllbreuses routes :
Tiznit-Agadir (Sous), ~lmwdor.
1" . ' . . . .
.~Zlllt-llig·h (Tazeroualt), ()fran, Tamanart, lcht, le Sahara.

T
l~znit-(;oulimin (Ou('d ~oun), .\.ssaka (Dra).
l .
Zntt-.\g·lou Inter).
Localités. - La ville de Tiznit est habitée par les fractions
suivantes:

et ti) lzan·tu
· stgm · cour t'1~ane td e 1a raeme
· .,.te en ·1·atHazu·t · h e'b raHJne
" « zoua, »
at·ube ·. . . .
•" IZlli, " lorni<JIIet').
,
;)92 .\L CliELI\ liE L ATLAS

Tiznit

Les autrt~s ag·;.;-lom{•l'ations sont .


Tagouidel't, TamPdg·honst, Touirg11, .\tPhhan, Tadouaret, El-
Aouina (Talaïnt), El-Azih .
.Volables. -Le 1-\'0UVCI'IH'lll' a duel 1lP Tiznit est Ould Si Hounl-
mou l\lhamed ou JlPssou11.
Mouley el-llafid a nonuut'~ it t'l' t:ommandPnJent un nouveau
qaïd qui n'a pas encore tenté de pr<'tHirP possession de son poste.
Les autres personnages importants sm1t : lPs qaïds de toutes
les tribus voisines, rMugi11s ù Tizuit, Pt lPs notables suivants :
Si Hennou n'Aït ou Hassoun, Si Urahim n'Aït Onafka, )lohalll-
med Zehrat, à. Touirga.
i~'larchés. - Sow1 El-Kkcmis Touit·ga ; Sow1 Et-Tlèta El-
Aounia.
La zaouia de Sidi Ahd er-Hahman, à Tizuit, est importante· \.'
Les Naciriin sont très influents. 1
.'•itatistique. - 600 feux; 100 chcnlùX. La garnison de Tiz~l ,,
est très variable ; elle serait en tht'~ori<' 1lP ti·ois thahors, lll81s
n'atteindrait pas en ('l' moment 300 hon1nu•s.
Renseignements topographiques .·
Oc Tizuit il )[aden, 2 h.
Oc Tiznit iL Ida ou t inet•smould, 2 h.
He Tiznit il El-Aïouu, 4 h.
He Tiznit <t Tagouidirt, 1/:! h. (\crs la 111<'1'1.
De Tiznit à Tamcdg·houst, 2 h.
De Tiznit à Touirga, t h.
J)p Tiznit ù .\lu•hhan, t h. 1; ~­
Oc Tizuit à .\man TPmaghra, 2 h.
Oc Tizuit <'L .\ït Bt·ahim ou Salah, :1 h.
Oc Tagouidirt à Tamedghoust, 1 h.
De Tagouidirt ù Touit·ga. :lj4 h.
Oc Tag·ouidirt à Tadouat·d, 1/2 h.
De Tagouidirt il El-Aounia, ~ h.
IDA ot; LTIT

De Taouirga ù Tadouaret. 1/2 h.


De El-.\ounia à TaJHt'dg-houst, 1 h.
De El-.\zib à El-Aounia, 1/2 h.
De El-Azih à Tamedg·houst, 3/4 h.
De El-Azib à Aman Temaghra, 2 h.
D'Ait Brahim ou Salah à Aman Temaghra, 1;2 h.
D'Aït Brahim ou Salah à .\hebban, 2 h.
CHAPITHE XXVII

AG LOU 1

La confédération d'Ag-lou sc divise en trois fractions :


El-Khenahih,
Aglou
l Oulad Noumer,
Aït Aglou.
On la dit Bled Maghzen parce fJUe, depuis quinze ans, ses
qaïds sont investis ou reconnus par le ~[ag-hzen, mais en fait elle
est indépendante et ne payP aucune rcdevanee au sultan.

Et-KIIENADIB

Limites.- Au ~ord, Massa: ù I"Est, Ida ou Ba kil: au Sud,


Oulad 1\"oumer ; à l'Ouest, l'Océan.
Nature du sol. - Hégion hasse : littoral atlantique bordé de
dunes.
Eaux. - Les puits ont 5 hrasses 1le profondeur moyenne.
Voie de communication. - La route de Mog·ador à A.ssaka
suit le littoral, ù trois kilomètrPs environ dP la mer.
Localités. - Cne seule agglom{•ration : le village d'El-Khe-
nahib, situ(~ iL t heure dP la IHPI', ù 1 heure d'Arhalou (Massa),
à 2 heures d'Aït Lias (Massa), à 2 heures 1 /':!. d'Oulad Nountef·
Il faut citer encore la petite Zaouia de Sidi Ouagag. . d'
Notable.\. - Le personnagP le plus important est El-Ha J
.\bid El-Khenbihi.
Statistique.- Environ 150 feux; 100 fusils; 15 chevauX·
Les gens d'El-Khenahih sont l\Irahtiu.
0CLAI.) :\"uUMER

Limites. -Au l'lord. El-Klwnahib; à l'Est, Ida ou Uakil; au


Sud, Aït Ag-lou ; il l'Ouest, l'Oci1an.
Nature d11 xol. - Le tPI'ritoirc des OulaJ ~oumer s'dend sur
environ 3 heures de littoral (N. S.) et sur 3 lwures de profon-
deur (E. o.).
Eaux, - L'Pau est fournie par des puits dei) hrassi'S de
profondeur moyenne.
Voie dP- communication. - La route de Mogador à .\ssaka
traverse du Nord au Sud.
Localités. - Le village d'Oulad Noumer est située à 1 heure
de la mer, à 2 h. 1 j2 au Sud d'El-Khenahih; à 1 heure au Nord
d'Aglou.
Notables.- Son chef se nomme Ahmed ould El-Hadj El-
Arhi.
Statistique. - Il sc compose de l:SO feux ; 120 fusils; une
quinzaine de cht>vaux.
Les Oulad Noumer sont une fraction détnchée de la grande
tribu des Oula!l lw!;-Çhaa originaire du Sahara, !lont une bran-
che est allée se fixer dans lt' Houz Merrakech ahandonnant dans
sa migration ce rameau des Uulad :\'oumer .

•\ïT AGI.OU

Limites. - Au Nord, A1t Noumer; à l'Est, Ida ou Bakil; au


Sud, Aït Ba Amran; à l'Ouest. l'Oet>an.
Naturt• rlu sol. -Le territoire rLh;Jou s'étend sur 2 heures de
littoral du Nord au Sud, et 3 heures~ de l'Est :1 l'Ouest. C'est une
région pinte; Aglou est à tf~ journée de :\lassa.
Eaux·. - L'Oued Adoudou traYcrse de l'Est à l'Ouest. [ne
source célèhre nlimcnte la zaouia de Sidi Moussa.
l Voie ,fe communication. - La route !le :\Iogador à .\ssaka
onge le littoral à a heures de la mer ; elle bifur(jUC à Aglou
vers Assaka (2 jours) et vers Goulimim (2 jours).
Lor;alités. -Le village J'Aglou est une fot·te agg·lomération.
Al CŒll\ DE L'ATLAS

Notables. -Il a pour chefs lP IJaül Brahim u'Aït El-Hadj, le


chikh Saïd l\ldcrkou, 1<' chikh .\hmed ou Hommad.
Marchés. - Souq Et-Tnin .\giou, ct :\Iouggar ll'A/-(Jou it coté
de la zaouia de Si di Moussa.
Statistique. -Environ 3.000 feux.
Zaouia. - Sidi Ouagag, medersa de 1.200 feux ..\ssemhlée
annuelle de foqra ~aciriin: chikh El-Hachir.

MASSA

Le territoire de Massa s'étend le long de l'Oued El-Ras (chleuh:


Assit' oul Ras) sur environ 4 heures de marche (N.O.-S.E.). Uest
indépendant et mal soumis à son qaïd .Mohammed Si Hermou.
Limites. -Au Nord, Aït bou Taïeb (Chtouka); ù l'Est, Ida
ou Guersmoukt; au Sud, El-Khenahih (Aglou); à l'Ouest l'Océan.
Eaux. - L'Oued El-Has coule abondamment en tous ternp8 • 1
Puits de 5 à 10 brasses.
Voie de communication. -La route d'Agadir à Tiznitle tra-
verse au gué de Tassennoult.
Localités. -Il arrose les villages suivants :
Rive gauche Rive droite

Qoubhat en-Nebhi (Sidi Ouas- t R'hat,


sein), Arbalou (maison du qaïd),
Aghrimz, Talat ou Nguerf,
Imalalen, Dar Jdida,
Aït Lias,
Tikiout, Tassila,
Ida ou Loun, Souq Et-Tlèta,
lfentar, Afensou,
Tassennoult, Touhouzar.
Jouaber (à 4 h. d'Arhalou).
Au Nord de l'Oued : Izouika ; au Sud : Aouizen.
Notables.- Si Mohammed ben Mahammed; Bihi ou Ali.
Marché.- Souq Et-Tlèta.
Znouin. - Sirli Mohammerl ou Ahmed (naciriin).
At;r.or :)97

Renseignements topographiques :
De Arbalou à Bouïhat n 'Aït Bou Taïeh, 3 h.
De .\rhalou à la Mer, 1/2 h.
De APhalou ;1 Tarzout n '.\It Bou LPfàa, t h.
De Arhalou il Ida ou Mont, 1/2 h. .
De Tassila (situé en face d'Ida ou ~fout) à la mer, 1 h. 1/4.
De lfentar à Ida ou l\lout, 1 h.
De lfentar il ~\fensou, 1 /2 h.
De JouaLer à Tassila, 1/2 h.
De Aït Lias à Jouaher, 3/4 h.
De Aït Lias à Touhouzar, 2 h.
De Aït Liasà Aouizem, 2 h. 1/2.
De Tass<'nnoumet à Afcnsou, 1/2 h.
De Tassenmounet à Aït ou Mribet, 2 h.
De Touhouzar à Aït ou Mrihet, 1/2 h.
De Touhouzar à Adouar Sidi Ali, 1 h.
De El-Gareh à Igouika. 1/2 h.
De El-Gareh à Aït ou Mribet, 1/2 h.
De El-Garf'h à Adouar Sidi Ali, 1 h.
De Anouiz<'m ù .\Hou l\lrihet, 1 h. 1/2.

LAKHSAS

Limites.- Au .\'ord, .\ït Jerrar; à l'Est, Aït Er-Rha et Ofran ;


au Sud, Oued Noun ; à l'Ouest, Aït Ba Amran .
. Nature du sol. -Le territoire de Lakhsas est en majeure par-
he"' t
'" 0 ll agneux.
Eaux.- L'oued Gourizim y prend sa source. L'eau est rare;
on trouve partout des citernes.
Voie de communication. - Une routl.' mène à Mogador.
Org anzsatwn
· · :
Au Ali (N , ~ Zaouia Sidi Ali ou Sard (naciriinJ.
' · E.). ? Zaouia Sidi Homman El-Hassen.
lddrazel (S. E. ).
AU Bou lassin (S. O.).
Au ~on lffonlPn (f:PntrP 1 alli~ au Tnzl.'rotlêllt.
AG Cot:t;R DE L'ATLAS

.\ït llemman \O·J (L;~idi Uou Abd Elli (rne(lersa).


\ Ta~<tmsa (Vill) .
.\ït Braiim. · Bou :\'aaman (hourgadP),
t lssil n'lkmhalla.
Zaouia. - li ne me(lersa à cùtô du Scïd de Sidi Rou Ahd Elli
dans les Aït Brahim Pt un Souq el-Jemâa ; Zaouia Bou Izakaren
.. ~ ;
(derqaoua) moqaddem El-Hadj Ali.
Marché. - Un mouggar pri-s de cc Seïd, et Souq et-Tlèta
n 'Ti~·uinit.
1V~tables. - Qaïd Ali n'Aït Ali; Qaïd Bou Hahia Bou l'Id
d'Aït Iffoulcn ; Qaïd El-:\t;ulani d'lddrazel; Mahammed boU
Umar; ~lohammed ou Saül, Cheikh .Moussa des Aït Braiim .
.'·ltati~tique. - 2.400 feux, pour les 5 premières fractions. LeS -
Aït Uraiim, qui sont souvent comptés comme une qbila isolée,
sont estimés à 500 feux : 300 fusils ; 50 chevaux.

AiT JERRAR

Limites. - Au Nord, Ida ou Bakil; à l'Est, Tazeroualt; au


'
Sud, Lakhsas; ù l'Ouest, Aït Braïm (Lakhsas).
Nature du sol.- Territoire pPu montagneux.
Eaux. - L'oued Adoudou traverse le territoire de l'Est à
l'Ouest. Som·ces. La som•cp de Talaïnt est particulièrement
abondante.
Voie de communication. - Houte d'Ofran à Massa.
Localités. - Talaïnt•(El-Aouina) hourgade fortifiée ayant un ··:~

mellah; El-Bouaïrat (Lehouaïr) ; Er-Regada ; Idegh, villa~e


.J
important; derqaoua; lghboula; Ighrem; El-Fraïnina ; Ighlf
l\fploulen: Mirghed.

( 1) Les tri hus d'Aït llemman et d'Art Braiim se sont définitivement séparéeS
de J.nkhsas on nous en donne l'organisation suivante :
, Aïl fmi Owjni,
\ Tagounza .
.\ït Bt·aiim ( Talat n'Zeqqi,
.,. Bou Naaman,
Issil n'Demhalla,
Ail Bou Scksou,
(.ianvier 1908),
At; Loi; ti9!1

Zaouia. - Zaouia de Tadaïght, merautin. Les Naciriiu pt


. Derqaoua sonten majoritô dans cdtc tribu.
March,;. - Souq El-llad Talaïnt, pt ~louggar à Tadaïght.
Nota/J!es. - L<' cptïd sc nomme },.bd es-Selam, il habite
.
Talaïnt; on cite Ava<l El-Jerrari Tahar oul<l Ahmed.
Statistique. - 3.000 fpux.
'
Produits. - Hégion riche, cl•réales, olivettes, vergers.
Renseignements topographiques :
De Talaïnt à El-Bouaïrat, 1/2 h.
De Talaïnt à Ighboula, 1 h.
De Talaïnt à lghrem, 1 h.
De Talaïnt à Mirghed, 1 h.
De Talaïnt à Tadaïght, 1/2 h.
De ldegh à Ouidjan, 2 h.
De ldegh à Ida ou Semlal, 2 h.
De ldegh à Er-Regada, 2 h. 1J2.
De ldegh à El-Bouaïrat, 2 h.
De ldegh à Ighboula, 1 h. 1/2.
D"Er-Regada à Ouidjan, 2 h.
D'Er-Regada à Tadaïght, 1/2 h.
D'El-Bouaïrat à Tiznit, 2 h.
D'El-Bouaïrat à Ighir Meloulen, 1/4 h.
De Talaïnt à Tiznit, 3 h. 1 j2.
D'lghboula à ldegh, 1 h. 1 j2 .
. D'lghboula à El-Bouaïrat, 1 b.
D'Ighrem à El-Bouaïrat, 1 h. 1/2.
D'lghrem à Ighir Meloulen, 1/4 h.
D'Ighrem à l\lirghed, 1/2 h. ·
CHAPITRE XXVIII

AIT BA AMRAN

La confédération des Aït Ba Amran est aujourd'hui indépen-


dante. L'autorité du Maghzen, rétahlie par la deuxième cam-
pagne de Moulcy El-Hassen dans le Sous, en 1882, périclita à
la mort de ce sultan (1894). La campagne du qaïd Si Taieb El-
·Guellouli, en 1898-1900, rendit fjtwlqu 'autorité aux fonction-
naires nommés par le Maghzen. Depuis un an (1906) tous
ces qaids ont dù quitter leurs résidences et se réfugier à Tiznit,
dernier et bien faible réduit de l'autorité chérifienne. Mouley el-
Hafid a déjà vendu quelques-uns des qaïdats de Aït Ba Amran.
Les habitants ont refusé de recevoir ses envoyés et déclarent
ne connaître d'autre sultan que l\louley Ahd El-Aziz, mais
cette profession de loyalisme demeure platonique, puisqu'ils nê
payent d'impôt à personne et refusent de reconnaître aucun
qaid.
Le seul chtkh qui ait une influence étendue est Si Moham-
med Ould El-Hossein ou Abia, le jeune ehikh des Ait Issi-
mour.
Le qadi Si Zoubeïr est un marahout {•eouté.
La confédération d'Ait Ba Amran comprend les qbila sul-
vantes:
Abel Sahel,
Aït Bou BkPr,
Mesti (lmestitPn),
Aït Ba Amran Sbouia,
Ait lazza,
Ait Abd Allah,
Ida on Son~g-Plll,
AÏT liA A}IR.\:'i ()01

.\H .\lousakna.
\ .\ït lssÎIIHllll',
Aït Ba Amrnu ~ \··t . 1
,. o_u 1•·
1
1
.\ït .\lt,
' Smahra.
EU<' Pst ft'<ldinnn(•p l'Il di'HX lPH' (lont l"nn pm·tn l<' nom d'AH
El-Khoms.
~\hel
SahPl,
Shouia,
.\ït Inzza,
Art Abd Allah,
Ait El-Khoms Aït ~[ousakna.
Aït lssimour,
Aït Youh,
\ .\ït .\li,
Smahra.
\ Aït Bou Bk er,
l Mesti,
\ lda ou Souggem.
d La confédération d' Aït Ba Am mn s'étend sur deux jomnées
e marche du l'lord au Sud (d'.\glou à Assaka). di'UX jours de
marche du ~ord-Otwst au Sud-Est (.\g-lou à (~oulimin), ct
Une demi-journée à une journée de l'Est à l'Ouest.
O Elle est, en majorité, composée d'adeptes de la confrérie des
uled ben Naceur (~aciriin). Les deux représentants les plus
V' '
~ne~és de cette confrt'•ri<' sont : Sidi Haml'd ou :\lejjoud dans
d' qhtla d'Aït Sahel, l't Sidi Mohammed Abaragh dans la qbila
li Au Bou Bker. Le produit des ziara est porté à Sidi El-
achmi heu Pl-Hadj Hnsscn, à Timeggilcht (Otwd Dra) .

.\ïT SAHI<.:I.

Limùe.~. -Occupent lP littoral, d'Aglou à .\ït Bou Bkcr. Ils


s~nt limités par les Aït Braïm du côté de l'Est. L'oued Gouri-
Zln traverse leur territoire.
Nature du sol. - Pays
. de collines hasscs, 1)roprc à la eulture
1.s Ppr{•alPs.
( (' '
.\1: Cl.tTII IH: L ATL.\S

lP h·a VPl'HI' l'Il ~.rar·Ph, ain Hi qu ·mw pPtitc •·ivii~re vo1Hme, en


allant <L\~·lou à .\Hsa ka. L'ou Pd 1t'ni h·a V<'I'SP A'it Bou Bk er de
l'Est ù. l'OuC'st. Le littoral Pst I'IH'olllhr(• dP <Lunes. Il offre un
pPtit port de pècllf'urs à EJ-Jesi1·.
Ertu.z:.- En <le hors des rivii•I'Ps on h·om·p d'abondantes sour-
ePs: lPH puits ont de 10 iL 15 lll·assps dP prof'ondl'nr.
Voies de communication. -La rouf<' d'Aglou ù (~onlimin
(N. O.-S. E.) et la routn <L\~·lou ii .\ssaka (~- S.) sont les
voies ll's plus fréquPntéPs.
Divisions. - Les Aït Bou BkPr se <livisl'nt PH deux ~randes
fractions :
Outou~o.dwns
.\ït Pli ~ous \ fSS<'/-!' ( lllOUSS!'lll. lllêlÎSOn
(1.300 f.,ux:,. / du qard').
' :\JPHSaïdir
"haïrta (prùs <le la mon·
Aït Bon Bker. tag·np du même nonl)·
Aït lkhlef El-J l'si I' (pPtit port, pê-
(1.000 fenx). cheries cxePllPntes).
Souq Pl-KhPmis n'Art BoU
Bl\.1'1' .

.Volables. - LP <pïd :\lohamm!'d ou Brahim ou Sard habitait


Isspg; Pt avait pour khalifa Hon th\rn Si :\lohamliH'<l. Il a fui
momentanément sa dPmeurP, Pt H'est rN'ugi{~ à Tiznit.
Statistiques. -Environ 2.300 f'pnx. Les Art Ikhlef' ont pour
fJald MohammP<l ou Ali.
L''/f. - LPs AH Bon Bkl'l· ont pour ennemis tra<litionnels
leH Aït Ahd Allah et }ps AH lazza. Ils font partie d<' la confédé-
ration dl's Aït El-KhomH.
Zaouia. - ~lPd<'rsa Sidi hou Brahim, à lsseg-, <lont lP chtkh
est Hanwd hel ChPqqei'. LPH ~aeiriin ont pour chikh Sidi
Mohamm<>d ould Si di ::\lohammPd Abara,g·h. L<'s che urfa <l'Ouez-
zan ont un MahliHs<>m<>nt ù llhaq. .
Les ~\ït lkhlPf ont unP mPd<'I'sa près du Souq El-Khemis: ils
sont <'Il majorit.<'- ~aeiriin : quf'lqtws Der<Jaoua.
.\ÏT liA AlUlU~ 60ü

~h:sn l ehleuh : lnwstitPn)

Limites.- Au :\ord les Aït Bou Bkcr, h•s .\ït .\[ousakna ; à


l'Est les Aït Youh. lPs Aït .\li ; au Sud Shouia ; ù l'Ouest
l'Océan.
, Nature du ~ol. - Pays de plaine s'Mcndant de l'oued Ifni it
l oued Areksis, d art•os(• par dPux autres petites rivières: l'oued
Tazerout 1:\.) et l'ouPd El-Koureïma (S.).
Voies de communication. - La route <L\glou ù (;oulimin
écorne l'extrémité orientale <le :\lesti. La route d'Ag-lou it
Assaka traverse le territoire (:\ .-S.I.
Organisation :
' Ida ou :\:\am11w.' groupes, l'un au hord de la
<~~·,ux
mer, 1 autre a 1 Est.

Mes ti 1Id lnnite11.


Aït Chaïh, rég·ion nord.

Ida ou lgedel.
lbidaden.
1
, Ouled Driss (Arabes).
Notables.- Cheïkh Haïssoun hen Aomar.
Statistique. - 600 feux, 20 chevaux.
M:aouias. - MedPrsa ~le Sid,i ?~~('l'Zë' et medersa de Sidi
hanuued ben Daoud; foqm :\acH'Hn.

SBOLIA (lshouia:l

Limites. -Au l\'fwd, Mesti; à l'Est, Aït .\li; au Sud, l'oued


Noun ; à l'Ouest, l'Océan.
Nature du sol. - Pays de plaine mamelonnée au hord de la
nter et de montagnes rlans la partie orientale. La côte est
rocheuse par endroits.
Eaux. - L'oued Areksis traverse le territoire <le Shouia de
. l:Est à l'Ouest; l'oued .\ssaka le limite au Sud. Hol's ces
l'lVières, l'eau est mauvaise, les puits sont saumàtrl:'s. Les mai-
sons ont des citernes .
. d'P'I'odu~ts. - Cultures de e•'réales. Les mmes de cuivl'e
Ar~ksts sont très vantées (?).
606 All CffilJR DE L'ATLAS

Voie de commuuicatiu11. -La r·outl' d'.\glou it Assaka longe


le littoral et passe à ArP ksi s.
Marché. - SmHJ Et-Tlèta Shouia, dans l'Est.
HistoiN'. - Le port d' Al'eksis est dPmeuré eôlèhre par la ten-
tative de débarquement et d(•tahlisselllent commercial du .Major
Spilshury (affaire de la Tourmaline).
Organisation :
z'enaga.
Aït .\bd Allah ou Brahim .
.· Id Iagou,
~
Sbouia
.\ït Ali ou Amer Aït Sliman,
J Aït Hamed,
l El-Haouafi.
NotablPs. - Le <Jaïd se nomme El-Bachir hen El-Hassen; on
cite comme pcrsmHW!-!'PS influents ~[ouloud ou Belaïd, et El-
Has•en ould ~[han•k, ee derniPr, faihle d'esvrit, hénéficie de
la grande autorité dP son père :\'Iharek ou Ahmed mort l'an
dernier (1906).
Statistiq Ill'. - En Y iron 1.200 feux; 1.300 fusils ; 10.1 che-
vaux.
Zaouia. - ;\(<~<lersa voisin<· du Sow1 Et-Tlèta. Les confréries
(jUi ont lP plus d'adeptes sont les Tidjaniin et les ~aeiriin.

AïT fAZZA

Limites. - Au Nord et à l'Est, Lakhsas;. au Sud, Aït Abd


Allah; à l'Ouest, Aït Bou Bker.
.1
Nature du sol. -Région montag·neuse.
L'agglomération la plus importante est Bou Guerfa où se
tient un mouggar annuel.
Organisation : .
. ~ Aït :\'[przt•gt (Tamerzegt) Pndan:~ dans Aït Sahel·
Aït Iazza ? Aït Bou Guerfa, Aït El-.\sri (V ill.).
Notables. - Le qaïd Hamed Assouah nommé par l\fouleY
El-Hassen s'est enfui à Tiznit.
Statistique. - 500 feux.
Zaouia. - Médersa de Sidi Brahim ou Ahd Allah, à BoU
AÏT liA A311\Al\ 607
Guerfa, dirig·ép pa1· les Clwm·fa d('Sl'I'IHlants du fondateur. Con-
grégation des Naeiriin.

;J\ïT .\BD ALLAH

Limites. -Au Nord, .\ït Iazza ; ù l'Est, Lakhsas; au Sud,


Aït lssinwur ; à l'Ouest, Aït Bou Bker, Ida ou Souggem.
Nature du sol. - Hégion montagneuse.
Eaux. - L'oued Ifni prend sa source ·dans ces montagnes.
Les PUits
· ont environ 15 ln·asses de profondeur.
Voie de communication.- La route d'Aglou à Gouliminlaisse
les Aït Abd Allah à l'Est.
Organisatwn :
Oukhrih (gros village, mellah).
A. Abd Tarhalt.
Allah j
Za?uia ~~eu importante d'Aït lazza ou Heda, sur la
\ Iron he re des .\ït Iazza.
Jlarché. - Souq El-Arba et :\loug{o\·ar d'Oukhrih.
_Notabf,. - Le lfaïd Pst Si Ali El-Khezzar, actuellement à
T Iznit.
Statistique. - EnYit·ou 800 feux; 500 fusils; 100 chevaux.
Z~ouia.- ~Iedersa pour lt>s enfants, près du Souq, et zaouia
~eu 10lportaute d'.\ït Iazza ou Heda, sur la frontière d'Aït lazza.
onfrérie des ~aciriin.
l Leff. - Les .\ït Ahd Allah sont alliés aux Aït Iazza contre
es Au Bou Bker.

InA ou SouGGEAI

Limite •. - Au Nor(l, Aït Bou Bker; à l'Est, Aït Abd Allah


et ·\.ït 1ssmwur;
. au ~nd, Aït Moussa kna; à l'Ouest, Aït Bou
Bker.

N~ture du sol. - Hè~ion montagneuse.


0 zt•i~ions:
Ida ( Tafraout ~gahoun.
( ou ' .
Souggern ) Ta_fraout n'Beni Aïch.
( Allalen.
Stat_istique. - 300 feux; 10 chevaux.
60R

Zaouia.- Zaouia imp01·tanh• dP ~idi ~liman. Confrèrie des


~aciriin

AïT ;\lovssA.K:"iA

Limites. - "\u ~orù. Aït Ida ou Soug·~·em et Aït Bou Bker;


'" . . t
à l'Est, .\ït lssimom· ct Aït YouL ; au Sud, MPsti: à 1 Oues'
Aït Bou Bker.
Nature du sol. - L; ne ruontagtw importante, le Djebel Taou-
lccht, située sur la f-rontière <L\ït Youh donne naissance à un
affluPnt dP l'Otwd Ifni; cet affhwnt for·mc la frontière de Mesti.
Or,qanisat ion
Tinkazzou rmeder·sa; llto<pdrlPnt d<>s \'aciriin:
Tfjir "\li (propltN<• -~ ... i
lg·hir<•n n'Brahim.
A. Moussakua
"\ssif n'La roussi,
Sidi :\lcssaoud ou ZPina lmou~·~·ar·),
"\mellou.
iVotable. -Cheikh Mouloucl ou Za~·ga ~aïd n'lkaïk.
Statistique. - 400 feux; 20 chevaux.

SMAHRA

Limites.- "\u~ol'<l. Aït Issimour; ù rt~st. Lakhsas: au sud.


Oued Noun: iL l'Ouest, .\ït Ali.
Nature du sol. - ~lonta~·II<'UX.
Divisions. - :\massiu (gros village) ; "\baïnou (g·ros village)·
Notable.- Qaïd El-Bachir (qaïd de Shouia).
Statistique. - 350 feux ; 10 ehevaux.
Zaouia.- Zaouia de Sidi ~lima11 Ahaïnou. \'aciriin. t;ne
. . e deS
source chaude sulfurP11se sitnl•p près dP la zaouw oper
guérisons miraculenses '? ..•

"\ïT JssUIOUll

. .
L tmtles.- .\. u "'01'<
'" 1. •\ ï t •\1 J< l •\Il a 11: a· l'E's.·t, _.\·t·t -.\h<l Allah
e t La kl IS<IS ; ali .--,111 1• •\"{t ,. Oll 1l : a l'f 1li<'S t .'lt•s·t'r
...: .l <'t .\'it )lotiJ
sakna.
Nature du sol. - Pa~·s de l'ollincs.
AÏT IL\. .UllU:\

Eaux. - Pas de rivières. Les puits out une dizaine de brasses


de profondPUJ' _
Produits. - Culture tle cért'~alcs.
Voie de communication. - La route tL\glou ù 1;oulimin
1 1ssunour
laisse ~\"t · a. l'l'~st.
Marc/té. - Souq Et-Tnin.
L'agglomération la plus importante Pst cclii' de Ta n~werfa où
se trouve une zaouia avec medcrs;t.
Notables. - Le jeune Cheikh Si l\Iohannncd Ould El-Hossein
ou Abia jouit d'une réellc autorité sur tout Ba .\mran. Son
père, Ahia ou Ahia, était <ptïd et très puissant. Sa famille est la
r:w'. ~neic~me de la trihu. On ('ite pm·ore Si .\liai hon Fouss, et
qatd Ah Len hou .\hia.
·'·itatistique. -Environ 600 feux ; 50 chcnwx.
Zaouia. - Il existe unc merlcrsa tlonnant l't>nseig·nement
corani<Jue il Tangarfa. Xaeiriin. ·-

.\ïT .\LI

Limites.- Au Nord, Art Youh; à l'Est, Smaral't Lakhsas; au


Sud, Oued ~oun ; à l'Ouest, Shouia et l\Iesti.
Nature du sol. - Pays de montagne.
Eaux. - Ruisseaux, sources de l'oued Ifni (Oued BouigTa).
Voie de communication. - La route d'Aglou <t (ioulimin tra-
Verse le territoit·e (N. O. -S.E.).
Divisions :
( Id Ramdan,
A.ït Ali ) Art Gounfel,
~ Aït loughran,
\. Aït Ouggoug.
Notable.- Cheikh El-Hossein n'Art Ali; même <Jaïd que le
qaïd des Art lssimour.
Statistique. - 700 feux.
Zaouia.- Medersa ù Taddcl't. Xaciriin .

. \ïT Youu

Lim,ites.- Au Xord, Art lssimour; à l'Est, .\ït .\bd .\llah et


au
ti 10 Al' COElll IlE L ATLAS

Lakhsas ; au Sud, Aït Ali Pt .\[Psti; ù rOtH'St, :\Jpsti et Aït Mous-


sakna.
Nature du .10!. - H!'~giou de eollitws, montal.nJ<'IlSP <lans l'Est."
Eau;z·. - Pas de cours d'Pau; puits ass<>z profonds (15 a
2il hrasscs). .
Voie dr comnumication. - La route d'Aglou traverse le terri-
toire(~. O.- S. ·E.) <>t passe par l'important village d'ldchera.
Notable. - Le cheikh Ham cd ~la khou mort en 190o a eu
pour successeur son oncle le qaïd Uou Baker.
J)ivisions :
"\ït Hamm ou,
\ ldch<>ra,
Aït Youh ) Art Ougui n'Zekri,
( lhemchin (gros village),
Souq El-Djemila.
Statistique. - 300 feux.
Zaouia. - Pas de nwdersa ; J'pnsPÎFilf'lllPnt coranir1ue est
donné dans chaque villag·p à la Jpma. 1\'"aciriin.

. ..
~
CIL\PITHE XXIX

OUED NOUN ,

La désig·nation gèographi<JUC d'Oued Noun est appliquée it la


confédération des tribus qui hahitl'nt le bassin de l'Oued Assaka.
Cette confédérntion se divise cu deux groupements :
Aït Jemcl (Tahogat).
Aït Bella (TaguesoultJ.
Ces deux groupements sc divisent eux-mêmes de la fa<;on
suivante;
Ait Moussa ou ,\li loÙ se trouve (~oulirniu),
, Aït Lahcen,
' lzerguiin,
ArtJcnlCl ( Ijmd) ,\ït llPssin,
1 Ye~'!:{OU~'. ..
· ,\ït lmCJJilÏ (:\fcJJal),
lzenkat .
.\ït .\hmed,
~ Art Messaoucl,
Aït Bellah ) Azouafit (Zouafit),
j Bel ~oni.lat,
[ Aït ) assm.
Les lig·ues politiques <JUi unissent ces qbiltt sont JWU stables.
LeN Aït l\loussa ou Ali et les· Azouafit entrainent dans leurs
querelles tra<l'itionnelles tantôt les unes tantôt les autres des
qhUa de leur groupement. Izer~omiin a pour clientes les petites
fractions d'Art Hessin, de Medjat et d'Izenkat.
La population de l'Oued .Noun S<' dit d'origine berbère, elle
Parle le Chleuh et l'Arahe et croit avoir été convertie, il y a
0 ~ns, par Mouley ldriss lui-même.
115
61'::! .\l CŒlll DE L ATLAS

Ses souvenirs hist01·iques n'out de précision 4u'à dater du


commencement <lu XVIII'' sièele. Le <ta'id IJahman a manifesté
plusieurs fois le di~sit· d'cnh·er 1liredement en relations écono~
miqucs avce l'Europe. Ses neveux, Saddiq Ould El-Habib Ould
Beirouk, t>t Brahim El- Khclil s'associent ù ses projets. Son
frère .Abidin lui fait une violente vpposition ( 1). Sans s 'exagét•er
la valeur des sentiments xénophiles du qaïd d'Oued ~oun, on
doit surveiller les négociations qu'il conduit ct le conunerce
qui sc fait en cc moment entre les navires espagnols et la côte
d'lsscrguiin.
Tout le comlltet·ee de l'Oued ~oun passe actuellement par
Mogador (6 étapes); en sorte IJUC le prix de revient 1les mar~
chandises y est mnjorè de 8 douros (4 douros de droits de nzala,
.i douros de frnis de portag·c). Le chiffre total de cc commet•ce,
exportation ct importation, est supérieur ù. 300.000 douros
par an.
Les gens de l'Oued Noun sont fanatiques, mais leur relis·iou
se borne à une observance rigoureuse du culte extérieur isla~
mique et une intolérance farouche. Ils sont ignorants. Leur
qàdi Si Ali El-Filali, résidant à (ioulimin, estime 4ue la pr~~
portion des illettrés dépasse 90 0 j 0. Aucun personnage reb~
gieux ne jouit d'une autorité particulière. On cite pourtant le
chérif Mouley Ali ben Mouley Sliman ct quelques cheurfa deS
Oulad Bcç Çhaa, comme assez révérés.

(i) Généalogie des Beirouk.


Abd El-Qadcr
1 1
Abd Alluh Salem
1 •
:\lluu·ck
1 1 1 1
El-.Madi Abfùin Sliah 1\lhammcd EI-Habih Uahrnan
1 1 1 1 1
Hrahim ~lchammed EI-Hassen Ali ou Faha .

1 1 1 1 . i !id .
Kounti Seddiq Brahim Ei-Kheitll\1°~
lllloulid Hnmmed El-Hachir Abd .\llah Abd El Qadcr EDiâdl -
(prisonnier à Mogador) 3

El-Habib fut le complice du major Spiclsbui'J clans l'alfail·~· cil' la 'fonrn
li nP. L1• qaïcl arfnp) cost llahman ; son lils lui suec·èclcra.
Hl3

GéogNtphie. - La rivii•rP d'.\ssal\a dout Je bassin por·te le


nom d'Oued Nonn t'st formt'<' par la réunion de deux affluents:
l'OulU El-Achar d l'Onf'd Saïad qui confluent <'n un point
nommé El-1\làader
L'oued Saïah porte, dans la df•rnièr•e partie de son cours, le
nom d'Oued Noun. Le district qu'il traverse porte le nom de
T~kna, et est g·ouverné par le qaïd Dahman ben Beïrouk. Cc
district, que l'on désig-ne couramment du nom d'Oued Noun, est
très conuner~~ant, trè~oindépLndant. Il sert d'intermédiaire entre
le Soudan et le .Maroc et entretient de bonnes relations avec les
tribus de l'Anti-Atlas, les .Maures et le Tazeroualt.
Les fractions qui l'habitent sont :
/ Aït Bouchen,
i Iharan,
! Aït Moussa ou Ali
Khoumiin,
(Goulimin)
Aït Ali ou El-Has-
(Sédentaires)
sen,
A.ït Ouakrim.
Injourcn,
Ait Bou .Mejout,
Ait El-Hasscn
Aït Daoud on Ahd-
(El-Qcahi, 1\ allah,
Tisscgan) Aït Yahia,
(nomades)
Aït Ijmcl Zckkara,
(Aït Djemel) 1 Aït Saad.
El-Gorah,
lzerguiin
Chtouka,
(nomades)
1 Aït Saïd.
( Aït Saïd,
Ycqqout \ Aït Hanunon,
(nomades) ) El-Abidat,
( Aït lhourk.
Aït Hasseïn ( Ces trois petites
Me1ljat J fractionssontvas-
lzcnkat Î
\ sales d'Izerg-uiin.
<-~

Aït hon .\ïta


(iH AV Ut:t:R OE L'ATL\!'

.\ït Hiran,
\ Aït Bou Adi,
Aït Ahmcd < Aït Bou el-Arouab,
1 El-Herahir,
' lgherbiin.
El-Khenous,
Azouafit ~ Aït .Mahammo,
(Asrir,tj2Tirmert, Ahel Hin, .
· 1/2 Ouaroun) Amouazigh,
Alt Bella
Aït Ahmadou Ali·
Bel-Houilat El-Haratin,
(l/2 Ouaroun) El-Biod.
Aït ~Icssaoud Oulad Daoud.
(1/2 Tirmert),
Aït lassin,
(Ferket),
·(Guir)
Aït bou El-Achra.

CFOlfUiS des
OÇOUR DE L'OUED NOU
OI.JW NOUX

l'volables.- Qaïd Daman Ould Beïrouk.


Marchés. - El-IJad · mow.ru-ar Sidi EI-(;hazi.
, \ C"'

Zaouia. - Sidi El-nhazi. .


Eau. - Sources.
Sol. -Plaine.
CultliJ·e.- Cérèales ; on laboure quand il y a des crues de
l'Oued Saïah.
VoiP de communication. -Route de Mogador.
Limite8.- ~ord: Aït Ba Amran.- Est: Azouafit; Alt Mes-
saoud; Bel Houilat. - Sud : Azouafit ; Aït Messaoud. - Est :
Aït El-Hassen.
AïT EL-HASSE~

Grande qbila dont le territoire s'étend sur trois jours de


marche. Le chikh Dahman Ould Beïrouk en est le véritable chef
hien qu'elle ait deux qaïds :
Oaïd Mohammed El-Amin, résidant à El-Qçabi, et Chiba ben
Najern ben Hommid, dont le frère Mohend El-Mokhtar ben
llornmid est le chikh le plus écouté.
Organisation :
Abel ~ajem (Q•;ahi et tentes). Chikh Mohend el-Mohktar.
Rouimiat. Chikh .Mohammed ould Ouara, chikh Mbarek ould
Abdallah ou Bhii. .
Aït Bou Meggout. Chikh Ould Hammou ould bou Chaad ould
El-Boumeggouti. Chïkh Saïd ould Brahim ben Ali.
Ahel.Moh~mmed ed-Dleïmi.Chikh Saghri Ould Mohammed ed-
Deleüni.
Zkara. Chikh Aomar ould el-Rellaoui.
Au Sàad. Chikh ould Hamedan.
Aït hou Gsaten. Chikh Mohammed ould hou Debbouz.
Ida ou Daabdallah. Chikh Ramouk.
Aït Abd El-Qader. Chikh Salek ould Mohammed.
Les principales localités sont :
El-Qçabi.
Tisseggnan.
Pc]l.era.
616

Tiliouin.
Chouit·al.
OutuitiJo;.
~laalJOuda.
Lchif'r (l'oued Dra).
Tiderguit (miel ; mine de sel).
Timatnous (Oued Dra).
El-Khencb Aït hou Meggout à 1/2 étape de Lehicr.
Zaouia.- El-Qçabi; Seïd Sidi Amer ou Amt•an.
Marché. - Mouggar d'El-Qçabi.
Limites. - Nord : Sbouia. - Est : Oued ~oun. - Sud :
Oued Dra (Hammada). -Ouest: La m<'r.

IMEJJAT (Merljat)

Limites. - Au Nord, Tazeroualt: à l'Est, .\ït Moussa ou Ali;


au Sud, Ifran ; à l'Ouest, Lakhsas.
Géographie.- Territoire montagneux.
Eau.- L'eau yest rare; on recueille l'eau de pluie dans des
citernes.
Voies de commum:cation.- Houtesd'lfran, de Massa.
Organisation. - La Qbila est divisée en d<'ux fractions : .
A.ït hen ~iran (4.000 feux ; réSl'
( denee du qaïd).
Aït er-Hha (3.000 feux).
A1t Tajejt (;S.OOO feux) (sud du
Qaïd Saïd Mbarek ou El- Tazeroualt, sont souvent coDlP'
Hassen n'Aït ben Niran. tés pour qbila isolée). •
Aït Kermoun (200 feux).
Agouchtim (300 feux), 2" résidence
\ du qaïd .
•\goummad (300 feux) .
.\ït Ali (3.000 feux).
Tizgui (500 feux).
Ighir Melloul (300 feux).
Qa1d bou Hiia, n'Aït Moussa
Aït Hemman (200 feux).
Aït Moussa (500 feu~), résidence
du qaïd.
617

. L'inimitié 1l'IUH'jjat Pt d'lfran met sans cesse aux prises les


VIllag·es dP ees dPIIX gl'onpPilH'llls .

•\l'r AuliED

NotaMes. - El-Gasli : ;\rhemmik.


Localilt;. -Ida ou .\hnwd.
Jlm·rhé. - El-.-hba.
Eau.r. - Puits de t:; ;\ 20 lH'asses: une petite source.
Limites. --Nord : Azouafit. -Est : Lakhsas. -Sud : Ida ou
Brnhim. - Ütic~.'t '··t \ .... c·111.
" ·• .""\.l
(l

ÀZOUAFIT (Zouafit).

Notable - Qaïd Aït Hamed Arhemmik.


Or,qanisation :
Ahel Asrir. Chikh Ould el-Hiba,
Azouafit Tighmert. Chikh Ould el-Mâti.
Ait Ouaram. Chikh Ould Hamed ou Salem, com-
mande aussi les Aït lassin.
Zaouia. - Asrir. ·
E~u:c. - Source d' Aïn Tirmert ; puits.
\ ~zmites. - Nord : Art l\loussa ou Ali. - Est : Aït Moussa ou
" h. - Sud : Aït Mcssaoud. - Ouest : .\Yt Ahmed.

AiT MESSAOUD

Notable. - (jaïd Zf'roualrésidant à Taïddert et commandant.


au881·1es Aït hou el-Arhra.
·
Tirmert.
Localité. -
Limites. - Nord : Azouafit. - Est : Ait Ahmed. - Sud :
Au Inssin.- Ouest : La Hamada. •

.\ïT IASSIN

MNotables. - Qaïd onld Hanwl ou Salem hahite Asrir. Chikh


barek El-lassini.
L()calitf. - Ferkct.
618 AU CtJ-:!:Jl IlE L'ATJ,AS

Eaux .•- Puits ri<' 1;) <'t 20 IH·ass<'s.


Limites.- Nord: .\zouafit. ~Est : Ida ou llrahim.- Sud<:
~
Aït Bou ;\clu·a. - OuPst : f\ït .\hmed.

AïT BOU AcHRA (A. bou el-Achra)

Ont ln même ·qaïd qun l<'s ~\ït J\lpssaoud.


Notahle.- El-Hasscn ben El-Maïouf. •
• • Localité. - Aït Bou Achra .
Eau_x. - SourePs ct puits d<> 15 brasses.
Limites. -Nord : AH Iassin. - Est : Ida ou
Oussa. - Swl et Ouest : El-Hamada.
Renseignements topographiques :
De Goulimin à Tagant, 1 jour 1f2.
De Goulimin à Assaka, 1 jour 1 f2.
De Goulimin à El-llrar, 1 jour long;.
De Goulimin à lgisel, 3 h.

IFRAN (Ofran)

On donne l<' nom cL'Ifran à lïmpor·tante agglomération


·" peuple la vallée de l'Oued lfran. Les villagps qui la
sent sont complètement intll~pcndants :on les dit « .\ït Arballl"i . ·
c'esf-à-dirc communes sans chefs, administrées par leurs jeJilAa:.
Nul n'y pénètre sans zcttat. Ils n'ont pas d'alliés, et se bat:·_
,f'
tent sans cesse entre eux. .}1
Le pays est riche ct produit en abondance le maïs, l'orge, let: :J;_~
. ·Ji
dattes, les olives. ·· · ;. ;
... On peut répartir ces bourgades en trois : grou~es
_ '-~t-...·
Timoulei. Souq El-Jemâa (700 feux),
ble··
f.:
Amsra. Souq El-Arba (1.000 feux) ; nota }4 ._,
Si Mohammed ou Mohammed. .: f
Timoulei Ida ou Chkra (3.000 feux) ; notable : MobaJtl.... _.~
-..-..
med ou Messaoud. ·Si~·:.'
Assaka (2.000 feux) ; résidence du chérif .. ~:~:
Mohammed ou Hassou. .. -' ;;
• •,.
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ou

MAROCAIN

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,; 1

1
1


F

! ;.
OUED NOUN 619

Zaouiet, Seïd Si( li hou L\lam (:l. 000 feux). Souq


1 El-Had ; notable : El-Hadj Bel Kass.
Aguersouaq (1.000 feux) ; nqtahl(' : Si Ahmed
1 ou Bel Aïd.
Taskala (2.000 feux) ; notable : Si Hammed ou
l'askala
\ Hoummou.
(Tinskala t) 1_ Souq El-Hafl, le fqih El-Hadj El-Hossein y

.Id:::~e.(t.OOO feux); notable : Hammed


m Taleb Moumma.
1
Lamtok (500 feux) ; mellah; notable : Mbarek
ou Assoun.
1 Taourirt lzaka (1.000 feux); notable : Si Salah.
Timoussan ( 1.000 feux) ; notable : Mohammed
ou .\li.
Tankert 1Lhamtek
him ou
(El-foqani) (500 feux) ; notable : Bra-
Bella.
(Tinkert)

I
Tankert (3.000 feux).
Timesguida ; El-Jemâa (500 feux) ; notable
l\Iohamrnerl ou Ali.
J La longueur de ce territoire est de 2 heures de marche. Les
Luifs sont nombreux, on les emplo~e même à faire la guerre.
aes Haratin y
forment une population ouvrière de plus de
·000 hommes.
lfran a pour ennemi traditionnel Imejjat.
CHAPITHE XXX

ÇMARA (1)

Çmara, située sur la seg-uiet El-Hamra, à trois jours de marche


de la mer, est actuellement la r<'sidencc du marabout Maou El-

( 1) Nous donnons à t ill·e de t'Pnsc•ignemeuts une liste des r·acles foraines


de l'Atlantique cpri ont étc• visilc'es par· des mtvir·es de I'Ornuwrce. ct les
deux itinéraires de I'Ouc,J ~oun it Chrnguitti.
Radrs clP l'Atlantique:
EI-Bouida (Onrd :'~~mm).
Sahel EI-Har·sa.
Akhfenir·,
.\sonir·on,
Tar·faia (1•ap Juh,v), Oued Dr·a.
EI-Baddar·,
Taf•·aont,
Aoussi .\lunand.
Thowll'i m,
LPrnsith.
Bou lclntll',
Flisath.
EI-B111dda (Hiu dP Or·o).
Les c'htp<•s dP la mniP dl' I'OuNl :'ïoun it Cmam sont :
Oued Noun,
EI-AouinPt (.\ïl Oussa).
Tir·otmzoun (sour·c·t• JH'i•s de I'OuPd-lh'a).
Frnjr·iah (pas rl't•Hu).
Oued Zita U'llll ahonclantP).
Klu·ihit-hat (pns d'rau).
Toughom·t c,se~~:uia).
«)11111'11. .J
Jliiii'1'11ÎI'PS dP J'Oul'd .\OIJII Ü C:hPnguitli :
Otu•cl .\oun (f.oulirnin),
J

~
f.uil· (puits Pt ()c,'lll'),
Bani (q~m·).
1
c;aada.
f;andn,
ÇMARA 621

Arnein (.Ma l~Aïnin ), fils du Chikh Fade!, fondateur <le La confré-


rie des Fade lia. Le ehikh FadPl eut quatrP fils : .Màou El-.\ïueiu
s'installa à Cheng·uitti dans L\dmr: li' chikh EJ-.\miu, à Cmara ;
le chikh Sàacl B!~U, à Touizikt, dans llnchiri, ![Ui fait p:rtie du
territoire de la )Jauritanie ; le chikh ::-;id El-Kheir ù Dar ~;tlam,
dans le Hodh ..
Le chikh Maou El-Aï11Pin a eonquis la confiance du Sultan
Mouley el-HassPH, Pt, après lui, eellP de son suceessem· .\louley
Abd El-Aziz, il a pris l'hahitud<~ dl' wnir chmiue ann{•e récolter
les abondantes ,, ziara ,, !Jill' rccuPilleut ses zaouias <lu Maroc.
Chenguitti lui a paru trop loiu, et les 2i) ôtapPs qui séparent
l'Adrar de l'Oued ~oun trop peu stiJ·es. Les <·on\·ois de ~n·ains,
les troupeaux. lPs prèsPnts <Iu'il rappo••tait dt> ses fntctueuscs

Selth :\t•;:uecl,
El-llemirliat.
BelianaL
Seguicl cl-llamra.
Route du Sahel Route du dé~ert

Meramit Zouilila.
Jrifia, ' ~laadra,
Krtb (sans cau), Aonkat·at.
El-Bir. ~lzimiza.
Ledjot~ad (dans I'Admr Sonltouf). Bou Ht·e~o:n••lt.
Oum ed-Doniat (mm·e qucl<llll'fois Laonrdj fsL•hldta l't salines •I'Idjil;
. sèche), point ll't'IIIÏnus de la eolonne de
Ttznig, .\lanritanie).
Lassak Bou Dridja.
F '
AOU~Jonl (<Ja~·ha et f'OI), .\lehiritat.
MOUdt (fO puib). Bou Alai!a f01·lc étape,
• ehaguin (qaçba). EI-Dhai'(Dhat·: dos; pm· opposition it.
Char (qaçba). la plaine situl-e au Not·d •[n'on
~tar, 35 k. de Fonm Joni, nomnu• L•l-Bathl•u: le venin•,)
-Dhar plateau, Chenguitti.
Chenguitti. (Co nt t·ait·enlt'ut à ecsreuseigtll'IIIenls,
le •·ol01wl (;onmud nous a appt·is
qu'il y avait 12 ,qapes sans eau de
Zcrnmour à ldjil).
Itinéraire de Tarfaia à Cmara :
Tarfaia (rade el boηdJ),
El-Haggoumia (bon puits), tO heures de mat•ehe.
Rassen (redirs, puits médioct·cs), t2 heures.
Çmara, 12 heures.
622 At; COt:UR lit: L'ATLAS

tour·nées oft'raient aux coupnur·s dt• rouit' du Sahara u11e pt·oie


trop tentante, trop facile. Il a dow~ fixé sa rt'~sideuce it Çmara, à
1i) aapes au :\'ortl d<' Cheu!-(·uitti, ù 3 Mapt>s seuleuu•nt de Tar·
fara, point de la côte situi~ ù l'emhouchm·e de la Seguiet El·
Hanmt où il se fait dépose!' pat· les hat<'aux <JUi le ramôiH'Ht du
.Maroc.
Tarfaïa, qu'on nomme aussi cap Juhy, n'ost <Ju'tme rade
foraine. L"n hordj impol'tant, hahitl• sPulement par· <tuelques
oumana du ~lag·hzen, rappelle la tentative commerciale de
l'anglais ,\lac Curtis (189.1).
La zaouia de (,:mal'a se compose de ciiHJ maisons, autour des
quelles sc groupent les tentPs des serviteurs du Chikh. Çmara
n'a de marclu'~ voisin <JUC celui de (ioulimin. Les pàturages deS
environs sont ù peine suffisants pour nourrir lt•s quelques cen·
taines de chameaux <JUi constituent la fortune du Chikh. Un
millier d'esclaves, iL peine vêtus, <lesservent la zaouia.
On nous assure que Çmar•a dépérit en l'absence <le son chef.
On sait que .Maou El-Aïnein, parti pour Fez en aoùt 1907, était
campé sous les mur·s de ~lerrakech au moment oü l\louley el·
Hafid sc proclamait Sultan. Il tenta nlinement de réconcilier
les deux frères t'Il leur conseillant d'unir lem·s efl'orts conh;c 13
France .
.Moule y Ahd el-Aziz resta sourd à sc~ exhortations. Dès lors le
Chikh prit ouvcl'tcment h• parti de ~louley Pl-llafid <JUi, en !
reconnaissance, lui flt verser par la ville de ~lerrakech une")
« oumia 11 (r·ation quotidiPimne) de 1>00 douros poul' l'entretien'
de sa suite.
Moule y Abd el-Aziz répondit à cette attitude en faiHantfertner .•
la zaouia du Chlkh à Mogador et expulser ses fidèles. . :
Les serviteurs, les. talami,f du Chl.kh, dont le nomht•e nlJ ~
parait pas excéder i.OOO, proYiennent de divers 0'1' mpements· J
Cc sont des gens des :\lechdouf, des Oulad (iheilan tHiran), ;
grande trihu qui nomadise au Sud de l'Oued ~oun, des Oulad .
Be1:-Çbaâ (Bo]J.-Çbaa), du Tajakant (Tadjakant), quelques ·
hommes de famille royale de l'Adrar· les Oulad Aïdda (le chef-
actuel de cette famille est Yahia ben Aothman), et enfin deS
ouvriers des salines d'Idjil, sorte de caste particul~re à laquelle 4
i

1
1
J
on donne le Hom <l'Arzarir, ct dont le chef actuel est Sidi
Mohammed El-Kounti, <JUi r<'si<lP à Ouadan.
Nous avons longtemps <Hlmis que cette clientèle du Chikh
n'avait aucune valeur militail'e. La brillante campagne du
colonel Gourau nous a prouvé <JUe les talamid de Ma 1-Arnin
étaient singulièrement braves et actifs. Le rezi par lequel ils ont
tenté· de couper la retraitP de notre colonne de .Mauritanie, sur-
prenant et tuant le eapitaine Bahelon, tournant le colonel
Gourau, et venant, jusqu'au Sud de Chenguitti, attaquer en plu-
sieurs points les chameaux de nos convois, est une opération
dont la hardiesse a fait l'admil'ation de leur vainqueur.
On peut affirmer' que sans l'intPrvention des talamid de Ma
1-Ainin l'Adrar ne nous aurait offert presqu'aucune résistance.
Le vieux Chikh tl pour lieutenants ses fils dont les plus connus
sont:
~aâma, futur détenteur de la Baraka, chargé des intérêts
spirituels dn la Zaouia; Ahmed el-Herba, chargé des rapports
~Vec le Sultan, <pti fut re<:u à Fez en grande pompe lors de
léchec de la dernière ambassade espagnole ; Chikh Hassan, qui
dirigea lPs op<'~rations <le l'Adrar en 1908; il y fut remplacé, en
1909, par son frère El-Oueli, àgé de 25 ans, le plus jeune des
fils de Ma 1-Arnin ; Lakhdaf a la g·estion des biens temporels, et
en particuliers des troupeaux.
On cite encore pm mi les amis du Cbikh : Ould el-Khadem,
Chikh d'Aouinet; Ould Hamed ou Salem, chef des Ait Iassin;
0 uld Bel Ard Cham, Dahman Ould Beirouk et ses neveux.
Le Chikh trouve encore appui chez les Rcgueihat et chez les
Oulad Delim, dont le chef est El-Hamoïm .
. Lors de mon derniPr voyage au Maroc le Chikh Ma .1-Arnin
avait de nombreux ennemis dans l'Oued Noun, le Sous et le
l'azeroualt. Le Tckna qui détenait l'hégémonie religieuse et
Pülitique se déclarait ouvertement hostile à son influence.
La situation s'Pst modifiée ; nos victoires dans l'Adrar ont
effrayé le vieux Chlkh qui s'est mis en route vers le Nord, vers
le Maroc, emmenant avec lui ses tentes et ses troupeaux. Aux
dernière; nouvelles il était à Tiznit, ville située au Nord du
l'azeroualt et qui fut le point terminus de mon itinéraire, en
624 .\U t:tt:t;R DE L ATLAS

1899 (1 ). Ses intentions sont mal commes; les uns prétendent


qu'il doit allet· s'installer près de Mcrrakech, à la zaouia Che-
rardi, d'autres affirment qu'il sc fixera dans le Has el-Oued,
dans la haute vallée de l'Oued Sous.
Nous avons la preuve que c'est le Sultan .Mouley el-Hafid lui-
même qui appelle à lui le Chikh .:\la 1-Ainin, et qui lui offre
l'hospitalité ; et cela précisément au lendemain de cette cam-
pagne de l'Adrar où les fils et les tala mid du Chtkh nous ont
combattu, au moment même où le Sultan vient de signer
l'accord par l('(fUel il s 'eug·age formellement à ne plus soutenir
.Ma 1-Ainiu !. ..

Je termine ees Uenseignements e11 l'l'mereiant le colonel Gou-'


rau qui a hien voulu rectifier et mettre à jour ees quelques
notes sur le territoire de Çmara, voisin de la Mauritanie théâtre:
de la glorieuse campagne qu'il vient d'achever.
Ses rectifications m'ont prouvé, une fois de plus, que leS·
informations recueillies de la bouche des indig·ènes contiennent.
beaucoup d'inexactitudes et d'erreur. Elles font ressortir aussi'
la rapidité kaléidoscopique avec laquelle se modifie la situation·;
politique de cette mosalque marocaine. Elles me fournissent un
nouveau prétexte à solliciter l'indulgence 1le tous ceux qui con-
trôleront ces documents. Cet a veu de leur im perfectionme procure
l'occasion de rendre encore hommage aux admirables travatll,
de mon illustre devancier, le premier et le plus grand des expl~
rateurs du Maroc, le vicomte Charles de Foucauld, aujourd'hui
Frère Charles de Jésus, ermite au fond du Sahara.
Qu'il daigne me permettre de placer ce livre sous sa hau&j
autorité, et qu'il m'excuse de l'achever eu publiant sa bell& ~·
bienveillante lettre qui constitue pour moi le plus précieux d~
éloges :

(1) Photogt·aphie de Tiwit, Vuyayes au il/arue, p. 272.


!3R#t· AU; g . t. oJ
/

~ ~~ .f,· ptth;.,'~ / ~· ~ rTt?Ud..-_3


~ tt.~ >, (' ~~ ~Û'l-._ / !
1/o-t::. te tL.<_

tq_.__ , p-v- / ',..;;~u ,_;_.,, h« ~ ~ E


~ t~a A u ~- û~ v"tc... ....
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~k, h-1 'e ~ A;~- ~- érn~ /tM..' -vtdi..

l.,orftr,a._.Ctn-t_ ~dtor~ ~ rfou, -·· ; ; ~ / r.-u:, 1

~ ~u.... ~ ~Moc. ~ ~ 'rn-r JrVtY ~ ;é-. /


~~ t'L~,- ~ _ J'~~ a' YP~ ~·
t'~ ~,._/n~ J'eu.. .u.-~ /; ~'
4. ~7'.//ll,t~-t-.i ,h· ~~ ~ ~~t ~
'V'~ e,o ~~~ 1 tp--. '?/~tA., ~
/J~ CIJ~...tû.. d, ~p?,·~~~ Jt~ ~ ~
. -
' "'•.

·.- .._:--?··

-~
'-~.
CHAPITHE XXXI

DOCCMENT n" t (Traduction).

Louange à Dieu seul !


Que la Bénédiction d'Allah soit sur notre Seigneur· et Maitre l\loham-
rned et sur sa famille.

« Cachet de ·Abd el-Azi:;; •J

~ notre serviteur très dévoué, le qaïd Iladdou ben Hossàien el-Bou-


Zidl. Que Dieu l'assiste et lui aceorùe le salut ainsi que la miséricorde!
. En~uite : Parmi les devoirs que la nécessité, la coutume et les preuves
Irrévocables ont établis, se trouve la Zakat qui est une des bases de la
Religion, rendue obligatoire par le Livre (Qoran) et par les décrets
(Sounna) mêmes du Chef des Envoyés.
l Le Très-Haut n'a-t-il pas dit dans son Livre sublime et pur : « Faites
a prière et pa vez la Zakat , .
Le Prophèk (sur lui soient la bénédiction et le salut) disait au sujet de
ce devoir, incitant les gens à s'en acquitter et les avertissant des menaces
auxquels ils s'exposeraient en le négligeant :
d « Celui à qui Dieu aura donné des biens et qui n'en aura pas payé la
~ hne, Dieu, au jour de la Résurrection fera apparaitre ces biens sous la
•orrne
L . d' un python à la tète chauve, avec deux excrOissances. de chau...
he JOur de la Résurrection, ce python s'enroulera autour du cou de cet
0
_rnme; ille prendra dans ses mâchoires et dira : « Je suis ton bien, je
SUis to t
n résor ll.
, Oe plus, celui qui se refuse à la payer, on doit le contraindre à
sac ·
Ir quitter sur le champ. Notre Seigneur Abou Bekr eç-Çaddiq (Que
1
r ~u soit satisfait de lui !) a dit : « Par Dieu ! quand ils ne me refuse-
aient
. qu' une ch'evre parmi· 1es re devances qu ··1 · t a· l'E nvoye· de
1 s paya1en
)) Jeu ·
• Je les combattrais à cause de ce refus ».
Dans ces conditions, nous t'ordonnons de satisfaire, dans ta province,
a~ obligations imposées par Dieu à tes administrés, à savoir, la Zakat
tU

626 AU COU;R LlE L'ATLAS

et la dl me et de pousser tes sujets ù s'en aequitler 1(1 plus tt!t possible afin
que la souillure des p('•ch(~s soit (\t'•tach{w (IP il'urs livn•ts.
Que Dwu vous sanctili(• ~ Qu'Il soit satisfait de vous; qu'Il bénisse vos
récoltes et les prmluits de vos bestiaux !
Salut.
Le 7 Habi' II de l'année 1:1ll~ (Hégire).
L'enveloppe du document n" -1 porte l'adresse suivante :
Le qaïd Haddou ben Hossâien el-Houzidi.

DOCUMENT n' :! (Traduction).

Louange à Dieu seul!


Que la hrnédietion de Dieu soit sur notre Seigneur et :\1 aitre Mo ham·
med et sur sa famille.

Cachet de Mouley el-llassen.


A notre serviteur très dévoué, le qaïd Haddou ben S'îd el-Bouzidi
(Que Dieu l'assiste et lui accorde son salut et sa mist>ricorde !)
Ensuite : Au reçu de cette lettre, je t' onlonne de lever pour une Harka '
le nombre habituel de tüs compatriotes, choisi parmi les hommes les
plus valides. Tu y joindras les chevaux les meilleurs quant à la vitesse,
à la force et à l'entraînement. Il faut que le tout soit apte à rendre des
services en cas de ùataille. Tiens-toi avec eux, sur 1(~ lieu de rassemble-
ment, tout prèt, afîn qu'il l'arrivée de notre auguste commandement de
partir, tu te trouves dispos sur le qui-vive.
Salut.
Le 7 du Sacré Hamadan de l'anm\e 13H (llégii'e).
L'enveloppe n" :! porte l'adresse suivante :
Le qaïd lladdou ben Sld el-Bouzidi.

UUCUl\IENT n" :~ (Traduction).

Louange à Dieu seul !


Que la Bénédiction (le Dieu ~oit sur notre Seigneur Mohammed et sor
sa famille! De la part du serviteur de son "laitre 'Ali hcn 'AbdessalarP
hen el--Arbi ùen 'Ali el-Hassani d Ouazzan,
A tous nos fermiers qui prendront connais>Jance de eet écrit (Que le
salut soit sur vous ainsi que la miséricorde et la bénédiction de Dieu 1}
Que ma prière adressée à Dieu en votre faveur soit exhaussée !
Ensuite, nous vous ordonnons d'avoir des égards pour le porteur .W
DOCC1IE!\TS 627
cette lettre. Traitl•z-Jt, gtinl··reu~t·ment comnw votre hùte et I'Ondui~Pz­
vou~ nv1•e lui ave1· la rectitude la plus parfailr pour tout ce dont il aura
besoin Dieu vous sem fayorahlt• et \'OUS aidt>ra.
Salut.
Ici le caehet : Ali ben Ahdes~<alam ben ei-'Arbi d-Ouàzzani (que Dieu
l'assiste ! )
Pour t''viter les faux le chérif l\louley Ali a fait graver un cachet con-
tenant unl:l faute d·orthogr·aphe. Le Cht'!!·if efface et corrig·e la faute, de sa
main, quand ~on secrétain• a appost\ IP- cachet.

DOCLl\IEi\T n• 4 (Traduction)

.Au nom de Dieu, le Clément, le .Miséricordieux !


Que la bénédietion et le salut ~oient ~ur notre Seigneur l\loharnrned,
sur sa famille et sur ses compagnons.
A droite est placé le cachet qu'on peut lire :
« EJ.Ifanafi ben Mohammed ben Ahi llekr, Dieu soit pour lui>>.
Aux amis en Dieu Tris Haut, aux généreux, les membres de la tribu
de Taourit n "fillès, à qui je m'adresse en bloc et int!ividuellPment.
notamnwnt notre l\[oqaddern trPs dèvouè, le sieur Aluned et le Taleh Si
B~àhirn, que Dieu vous proti>ge ! Et que Je salut et la :\Iiséricorde de
Dreu soient r(•pandus su~ yous ainsi que se~ bénédictions ! Je lou!', en
votre faveur, Dieu, en dehors de qui, il n'y a point d'autre divinité.
Ensuite, en demandant df' vos nouvelles. nous adre~sons à Dieu des
prières favoi"ables pour vous et votre postérité, espérant qu Il les accueil-
lera et .
vous assurera le bonheur dans ce monde et dans 1 autre .
.Notr·e esclave, le por-teur de la présente aniYera chez vous avec mission
de Prendre ce que Yous avez l'habitude d'ofl'rir, chaque année à la
Zaouia.
Donc, dès son arriYée, remettez-lui ce qui se trouve sous la main du
:&loqaddem, quoi que ce soit. l\Iais ayez soin de nous transmettre le
compte de ce que vous lui aurez remis. afin que nous sachions clairement
ce ·
qut provient de chez vous .
. Oue Dieu rende abondants vos biens et vos récoltes. r.. rtiles vos te nes !
Atnsj soit-il !
Salut,
Le 25 Rab: du PI'Ophète de l'année t3t:l.

DOCUl\IENT n° 5 (Traduction).

Louange à Dieu seul !


A nptre ami et frère, le qaïd Haddou d'Aït lchchou, à la Djemâ'a
.\t: CŒUR DE L ' ATLAS

d'Aït Bouzid et d' Aït Messat ; à vous tous le salut et la. miséricorde
divine.
Ensuite : ce que nous désirons de vous (que DiPu vous en récom-
pense!) c'est que vous veniez en aide à nos frères d'Aït Taguella et d' Aït
en-Neçf.
Tandis que nous croyions former avec vous un tout homogène, puisque
nous sommes du même Jeff, voici que nous apprenons maintenant que
nos frères d'Ait Taguella viennent d'être réduits par les Guettioua et que
Zenagui est en prison chez les Aït l\lhamed.
Quant à nous, nous ne leur avons encore rien dit. Nous nous explique-
rons avec eux lorsqu'ils dirigeront leurs regards vers nos demeures.
Cependant nous voudrions que tu fusses la cause du bien de tous, en
faisant ton possible pour rétablir la paix ; si non, tu nous donneras ton
avis sur l'issue de l'affaire.
Salut.
Çalah Aourâr
et l'assemblée d' Ahl (gens) de la Djem· a
(Dieu les rassure !)

DOCUMENT no 6 (Traduction).

Louange à Dieu seul !


Que Dieu bénisse notre Seigneur Mohammed, sa famille et ses corn pa-
gnons et leur accorde le salut.
A l'ami le plus dévoué, le qaïd Haddou d'Aït Bouzid et au Cheikh
Brahim (Que Dieu vous assiste tous deux!)
Que le salut soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et ses
bénédictions !
Ensuite: nous désirons de vous deux que vous ayez soin de régler Je
conflit qui a surgi _entre nous et nos frères d' Aït Taguella. Vous y feleS
certainement tout votre possible, comme nous le pensons bien.
Nous restons fidèles à nos amitiés.
Salut.
Vous serez renseigné par le porteur de la lettre.
t;alah ben Mohammed Aourâr des Hentifa (Uue Dieu l'assiste!)
Nous conservons notre vieille alliance avec vous. Vous êtes à nous et
nous sommes à vous. Vous nous trouverez à votre aide en toutes circons·
tances. Il en est de même de vous à notre t'gard.
DOCUl\IEXT n' 7 (l'radudion)

Louange à Dieu seul!


A notre ami le qaïd Iladdou d'kit l~:hchou et à son frPre 'Addi.
Que le salut soit sur vous ainsi que la miséricorde et la bénédiction
de Dieu.
Ensuite : votre lettre nous est parvenue par l'intermédiaire de notre
ami 'Ala.
Elle nous apprend que vous êtes, Dieu merci, en bonne santé.
Quant à nous, sachez que Dieu nous a délivrés de la Barka.
La sécurité règne dans ces parages.
En ce qui concerne le qaïd ben el-l\loudden il est allé à l\lerrakech
voir Mouley llfidh. Les Sràrna également sont allés~ l\lerrakech.
Le Qaïd el-Glaoui est rentré à Tazert. Quant à vous, il faut qu'un de
vous vienne chez nous, afin que nous nous entendions avec lui. Car
vous et nous, nous formons un seul bloc sans divergence.
Salut.
Çalah ben Mohammed Aourar' (que Dieu le rassure!)

BOCPMENT no 8 (Traduction)

Louange à Dieu seul !


Que Dieu bénisse celui après quoi il n'y a point de prophète !
A la lumière la plus éclatante, la plus mystérieuse et la plus célèbre,
au soutien des vrais croyants, le plus savant de ceux qui possèdent la
vérité, à l'homme au c~ur sincère, l\louley lbràhim. Que ta grandeur
se. perpétue, qu'elle croisse indéfiniment ! Et que le salut ainsi que la
Miséricorde et les bénédictions d'Allah, Très-Haut, continuent à se
répandre sur toi et sur tous ceux qui t'aiment, tant que durera la mar-
che de la sphère céleste, tant que se répétera son mouvement!
Ensuite : ne te laisse pas séduire par les nombreuses gens de notre
époque qui prétendent faire partie du nombre des fidèles de Dieu, et qui
f~nt parade des qualités des mystiques. Or ces qualités ne sont pas aussi
Sincères que tu le crois. Au contraire, ils agissent pour leur propre inté-
rêt, non pour Dieu. Pour s'en convaincre. il n'y a qu'à se rappeler ce
que disaient nos (maltres) illustres (Que Dieu soit satisfait d'eux!)
Ils disaient : « .l\lettre sa confiance dans les hommes est signe de per-
dition ».
Parmi ces gPns-lit, tu en vois heaucoup qui aiment occuper le pre-
630 AU COI·:UR DE L'ATLAS

mier rang et ne veulent point rester en arrière. Ils ne font cela que dans
un but : rt>mplir leur maison de gens, psalmodier bruyamment, offrir
à manger, se rendre populaire, recevoir des éloges, acqut'•rit· une supé-
riorité et s'emparer de ce qui se trouve entre IPs mains des gens, se
souciant peu de Dieu.
" Certes! nous appartenons à Dieu et c'est à Lui que nous revien-
drons. Jl
Du reste, la célébrité dans cette vie n'est qu'une disgrâce et l'âme l'Il
est cependaJtt entachée, tandis que la vie obscure est un bonheur et l'âme
ne la désire pas.
On dit aussi dans le mème sens : cc l'obscurité est une faveur qu'on
ne sollicite point, et la célébrité un malheur dont l'ame est satisfaite ,;
Et je loue, pom toi. Dieu en dehors de Qui il n'y a point de divinité,
d'avoir fait que tu n'aies pas étl• à la tète d'Aït Hdiddou en général et
surtout de Houssin Icheqqer d Ali Krou et de Tah~is. Car (Dieu merci)
avant que le raisin soit mùr, ils en ont fait du raisin sec. Mais ils n'~n }'\•
ont rien obtenu. De mème Qarfoùn, S'id de Taddart et leurs semblabl~s.
Ils n'ont trouvé aucune aide pour leur entreprise et ne cessent d'être
enchalnés comme nous par les liens des passions et ils ne sont occupés
que de leurs propres intérêts. Ils n'ont à faire qu'aux enfants et aux
femmes et se détournent des hommes vertueux.
Parler encore d'eux serait trop long. ,
Prends courage, rejette loin de toi leurs paroles et (( laisse-les se ·,~
divertit· dans leurs divagations ». Dis : Allah ! et tu découvriras le mer·
1,
veilleux qui te sépare de Dieu et de ton Cheikh. Répète ce nom
d'Allah jusqu'à ce que tu atteignes, par la Puissance de Dieu, ton but .. l
N'aie d'égards que pour le Cheikh, dans toute entreprise et en toutes cir· ·
constances. Si par son intermédiaire tu as obtenu quelque grâce, attri-.
bue-la à Dieu.
Eux, au contraire, demandent à leur Cheikh des faveurs et s'ils
obtiennent quelque chose ils oublient d'en louer Dieu.
Salut.
Ecrit rapidement, au milieu de l'agitation où se trouve mon esprit, 3
cause des nombreux troubles qui se sont abattus sur ce pays, épreuves
infligées par Dieu à ses serviteurs.
A la date de 18 Safar de l'année t3t 9.
Votre petit chien.
Ali ben el-Mekki (Que Dieu arrange son affaire et la facilite!)
Fac-similé du document no 11
1 ~,

.,

.-.-
DOCli)IENTS 631

DOCt:l\IENT n° H ('l'radur.tion)

Cachet: (Il n'y a de dù•ini/1; que Dù'u, Jlo!uwuned est l'Envoyé de


Dieu).
j
Au nom de Dieu le Clément, le )Jiséricordieux !
Que Dieu bénisse notre Seigneur et maitre l\lohammed, sa famille et
ses compagnons et leur accorde le Salut.
A la femme supérieure, la b(mie et l'heureuse. à notre sœur en Dieu,
la respectable Moqaddama, la dame Roqayya d'Aït Taddart, et au fils
de son frère (que Dieu l'ait en sa miséricorde !), le sieur Mohammed ou
Otaman et à la mère de celui-ci, Lalla Aïcha (Que Dieu vous protège
tous!)
Que le salut ainsi que la Miséricorde et les bénédictions de Dieu Très-
H . .
aut SOient sur vous, sur toute votre famille et sur vos enfants !
Qu'II les comble de sa faveur de la même façon dont il en a comblé
ses serviteurs les saints, par sa gràce ! Ainsi soit-il !
Ensuite : votre lettre dont nous avons saisi le contenu, nous est arri-
vée en même temps que votre « ziara " (que Dieu l'agrée!)
Qu'II soit avec vous, qu ·n vous dédommage de la perte que nous avons
eue par la mort de notre frère en Dieu, le 1\loqaddem Sidi Otman !
Nous demandons à Dieu Très-Haut de substituer la patience à l'amour
q~e nous avions pour lui; de remplacer le dérunt par son aide divine ;
d améliorer la situation de son fils, en le bénissant, en faisant de lui le
meilleur des successeurs; d'augmenter ses biens, de prolonger sa vie;
de mettre en nous la patience et la résignation pour son malheur .
.. . Aimez Dieu et Dieu vous aimera. Occupez tout votre temps à men-
banner le nom de Dieu et à faire vos prières dans leurs heures déter-
minées. Rapportez-vous à Dieu en toutes vos affaires. Nous vous recom-
mandons à Dieu et à son Envoyé en qui les espérances ne sont jamais
déçues. - Adressez à Dien de bonnes prières pour nous, pour le siècle
et pour les gens du siècle; surtout pour notre Seigneur et maitre le
Sultan (Que Dieu le rende victorieux).
Salut.
Le 2 Djoumada ter de l'année t3t6. - -
Le plus humble .des humbles, le chien des fidèles de Dieu,
El-Arbi ben Abdallah el-Houàri.
(bieu soit pour lui!)
632 .Ul f.Ot:LIR m; i/ATJ,AS

DOCŒIENT no 10 (Traduction)

<< Cachet>> "Jlu'y a de divinité q11e Dieu. Mohammed est l'envoyé de


«. JJieu (Que Dieu répande sur lui sa bénédù:tion, ainsi que sur sa famille
« et lui accorde le Salut! »
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux !
(jue Dieu bénisse notre seigneur et maitre Mohammed, sa famille et
ses compagnons et leur accorde le salut!
A notre maitre qui est notre Baraka, notre grand trésor et notre ami
en Dieu Très-Haut dont il est le Saint ; au faqih illustre, le frère en
Dieu le grand et respectable 1\loqaddem, sidi Mohammed ben el 'Ràzi
de Tadiroust.
Que Dieu nous assiste, toi et moi en tout état de la vie ; qu'Il nous
affermisse, toi et moi, par sa grâce, en tout ce qui lui plaît et qui, pour
nous, est un devoir, tant dans les paroles que dans les actes !
Qu'un salut, complet et général, ainsi que la miséricorde et les béné-
dictions de Dieu soient sur toi, sur la totalité de ta famille et sur tous
ceux qui te sont attachés! Que Dieu, par sa grâce, les rende tous heu-
reux ! Ainsi soit-il !
Ensuite : votre lettre nous est arrivée en même temps que votre
« ziara •, que Dieu l'agrée! Puisse-t-il, par sa gràce, te venir en aide,
rendre abondants tes biens, t'accorder un bienfait éternel qui ne finira
jamais, t'épargner tout souci, éloigner de toi tout malheur et tout cha-
grin, nous faire profiter, toi et nous des biens de ce monde et de l'autre,
nous préserver toi et nous de tout malheur dans ces deux mondes!
Ainsi soit-il !
Nous conservons, jusqu'à la mort, cet amour que nous avons conçu
pour toi en vue-de Dieu. Et toi, Dieu merci, tu nous appartiens; tu es
notre frère et notre ami en Dieu, pour Dieu et par Dieu. Dis : << Sei-
gneur mon Dieu ! Toi seul es mon but; ta satisfaction est mon désir,
toujo'lrs et en toutes circonstances >>. - Et répète souvent cette autre
prière bénie: "l\lon Dieu, nous ne te demandons pas d'éloigner de nous
ce que tu as décrété, nous te demandons seulement l'assistance par un
souffle venant de toi-même, dans tout ce que tu as décrété. l\lon Dieu,
fais-nous jouir de nos sens de la vue et de l'ouïe: accorde-nous le pain
quotidien durant toute notre vie et que ta sollicitude dure jusqu'après
notre mort!
0 notre l\laltre ! 0 :Maitre et Possesseur de toutes choses ! « le b1en es
entre Tes mains et Tu es tout Puissant ».
Je t'envoie un 1·em~·de des yeux. Je demande à Dieu (Qu'il soit glorifié!)
Fac-similé du document no 12
nocn1ENTS

que, par sa pure bonté et sa générosité, Il t'accorde la guérison et te


préserve de tout mal et de toute souffran!'e. Ainsi soit-il !
Adres~e à Dieu tes meilleures prièrPs pour nous, pour le siècle et les
gens du siècle, surtout pour notre Seigneur et Maitre le Sultan (Que
Dieu le rende victorieux !)
Salut.
Le 15 Çafor de l'année f301.
Le serviteur des gens de Dieu.
Abdallah Mohammed el-Arbi ben l\lohammed ei-Hùchemi el-Hassani
(Dieu soit pour lui !)

DOCUMENT no t 1 (Traduction)

Louange à Dieu!
De la part d'Ould Cheikh Hamou Zenagui à Asdeif, au voyageur
Ahmed ben .Amjahd.
Après les salutations d'usage,
Je vous serais obligé de nous faire la faveur de répondre à nos trois
lettres qui sont demeurées absolument sans réponse. Faites-nous savoir
ce qui est résulté au sujet des quatre fusils à cartouches dont vous aviez
parlé chez le qaïd l\ladani à Tellouat. Ecrivez-nous par l'intermédiaire
du Consul français de Saffi où nous sommes, pour tout ce que vow;
jugerez bon de nous envoyer quP CP soient des fusils ou de l'argent. Le
Consul nous remettra cela. Quant aux affaires que vous avez laissées che:~.
Oulad ben Tabia à Anzour, si vous le désirez, je pourrai les racheter à
ses gens, car ben Tabia est mort et il ne reste que ses frères. Ceux-ci
m'ont dit : « Si tu désires tes objets, il faut nous donner cent réaux.
Ecrivez ce que vous jugerez convenable, mais faites-nous le plaisir de
répondre à notre amabilité vis à-vis de vous par l'envoi de ce que vous
nous avez promis.
Salut 8 redjeb 1:~24.
Signé: Oulad Cheikh Hamou Zenagui d'Asdeifà Saffi.

DOCUJ\IENT n" 1:! (Traduction)

Louanges à Dieu.
Au chrétien Ahmed ben Amjahd, Barez (Paris). Après le Salut.
Au re<:u de la présente ne concevez aucun doute et ne nous négligez
Point car nous vous avons envové trois lettres avant celle-ci, de la ville
de Djedida par le ronsul Brido: Aucune réponse n'y a été faite. Nous
som nies en ee moment à Saffi attendant un mot de vous.
fi34

Ensuite, cher ami, nous désirons les deux fusils Chassepot que vous
nous avez promis. Si vous le pouvez envoyez-les, sinon prévenez-nous ou
envoyez-nous ce qui vous plaira, en fait d'argent pour que nous rentrions
dans notre pays du Sous. Vous savez que nous avions un pacte; nous
avions convenu de fuir avec vous dans notre pays, mais nous n'avons pas
exécuté la promesse. Nous avons appris que vous aviez décidé de partir
de chez ben 'l'abia à .Anzour. Nous vous avons conduit chez nous à Azdeif
et vous avez séjourné dans nos demeures tant que Dieu a voulu; puis
nous vous avons accompagné à Tellouat, chez le qaïd qui vous a installé
à la Koubba. Yous m'avez dit : « Tu recevras ces fusils par l'intermé~
dia ire du qaid >> • .Je n'ai rien reçu. Vous m'avez dit : ((.Je te les enverrai
chez toi>> . .Je vous en remercie. Si vous m'envoyez quelque chose, faites-le
passer par les mains du Consul à Safti. Nous désirerions une bouteille
pleine de « poison » car la bouteille que vous nous avez donnée n'en
contenait pas Salut de la part de votr~ ami Cheikh Hamou et son fils
Cheikh Abderrahrnan et tous leurs enfants grands et petits . .Je suis à
Saffi où j'attends votre réponse. Si vous avez envoyé quelque chose par le
Consul Brido dites-le moi.
Si VOU8 désirez « les affaires qui vous restent » et qui se trouvent entre
les mains de Ben Tabia, envoyez de l'argPnt pour les retirer, sinon elles
resteront là. Salut.
Ge documetJt a été é~ril et sigtJé par Si Ali Ambaoucb
DOCUMENT no 13 (traduction) lui mtlme. JI explique I'orogra11bie de la région d'Arbala
(Voir: Premiére partie, page 591 ,

La rivière, dite Oued Oum ar-Habî' (Oum er-Hebia), coule vers J'Ouest, dans le sens de cette flèche.
~ J

En amont de cette l'ivière se trouve la ville de Kayt .\hmad ou .\ït .\hnlild, dc•ux orthograplws !\gaiement corredes du
même nom. A Kayt Ahmad (ou Aït Ahmad) se trouve le mausolée du saint ve1·tueux Sidi Yot'tsouf, c'est une ,·ille remplie du
mérite de la lecture du 'ilrn (sciences) et du Qoran
Plus loin, se trouve la ville de Chaqran. C'est lit que se trouve le m;wsolt\!~ de ~idi .\li Amahoach; et aussi sa post(·rité.
Au delà de Chaqran, on rencontre Aït lçlu\q. C:'est lit que se trouve la Zaouia de la confrérie de Bekriya, ainsi que le~
Ouleds Sidi Sa'td et Sidi Ya'qoùb, l'un des trois chérifs, qui sont frères. 1::'
0
Au delit de Aït lçhi\q, se trouve :\ït Oum Fakht. ~
~
l:\1:
Au delà de Aït Ayrà se trouve Aït S;dd. :"l
'-"!
>-!
'fJ

L'Oued l\llouya coule vers l'Est; c'est le plus rapproché cles Oueds du cùlé cie la montagne. JI coule dans œ sens :
e ~

L'Oued Al-lbttd (EI-.\bîd) coule vers J'Ouest, dans le sens de la flèc:he c~i-dc::;sous, jusqu'iL cc cp1'il se renwnti·e avec l'Oued
Uum-ar·Habf.
~ ~

montagne montagne UJonlugne rnontagne

--------------------------------- -------------------------------
Louan,qe à Allah.
Dcseriplion cl'une partie de la rt'•gion rll' lljl'bel .\ilam. 0)
Approuvé pa1·: ~
c.r.
(Signature de Si .\li Amhrouch.)
TROISIEME PARTIE

CHAPITHE PHE)IIEH

OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES

Les instruments emportés par la mission fm·ent lPs sUI-


vants : .
1 théodolite ;
1 lunette astronomique ( 150 g-rossissements) ;
2 sextants (avec leurs horizons artificiels);
3 montres de torpilleurs (les mêmes qui m'ont servts dans
llles précédents voyages 77, 78, 79 Fournier) ;
1 chronographe ;
1 hypsomètre (avec sa chaudière) ;
2 baromètres (Naudet);
8 thermomètres (Thomas);
2 boussoles-baromètres-montre (Thomas) :
1 baromètre enregistreur (Hichard).
, Mon collaborateur, de Flotte-Hoquevaire, chargé de couvrir
d ~n réseau géodésique le triangle Safi-Demnat-Mogador opé-
ratt avec le théodolite, un sextant, des boussoles, baromètres
lthern lOmetres,
· une montre. L . ('.. en t'l
1 re1evat't son thneratre
· · · · a·
a boussole et au baromètre.
Les autres instruments m'ont servi à déterminer ma route.
J'ai prié MM. Ch. de Villedeuil et E. Hasse, calculateurs du
Service géographique de l'Armée, de rèduire mes observations,
comme ils avaient eu l'ohlig·eance de le faire déjà pour celles de
ti3H .\li CŒUR DE L ATJ.AS

mes préei·dents voyag·r•s ..le leur t•enol!Yt>llr• iei l'expt·cssion de ma


pom· lem collahoration précieuse, ct jr~ pu hl if' ci-des-
!:)l'a ti twle
sous les résultats dn lem·s h·avaux.

~OTE

AlJ SUJJ<:T DES OllSERVATIONS ASTHONOJII(.!liES

Sauf les obserYations d'azimuts ct de déclinaisons faites au


théodolite et les ot:cultations ohsent'•es ù la lunette astronontÏ-
que, toutes les ohs<•t·vations astronomiques ont t)té faites au sex-
tant avec horizon artificiel. Le programUlP de cps ohseryations
comportait la détermination de l' dat de la montre par 3 pointés
sur une étoile dans l' E~tt et o pointùs sur une étoile dans l'Ouest,
la latitude par 3 ou o pointés sm· la polairP, les ohservations
d'occultations étant intercalùes entre les tleux déterminations
de l'état du chronomètre.
En général ce programme a Mé suiYi, mais par suite des dif~
ficultés d'observation, hrumcs, éelairage cléfectueux, etc., on a
relevé queh1ucs ohservatious défectueuses qui ont été éliminées-
Depuis le départ de Pari~>, lPs h·ois chronomètres de la mis~
sion ont étt) comparl·s joul'llellmuent, le tableau résumé ne f&it
mention des comparaisons quP de !'~poque où le~> o}Jservations
astronomiques ont commencé ( 1).
Ces trois chronomètres (n°" 9ï, 9H, 09) sont lm; mèmes qui
furent employés par M. de Seg·onz<w daus son précédent voyage
au .Maroc, en 1901, ils avaient été remis PU état, huilés et régléS
avant le départ ; ù cette époque les observations furent rame~
nées au chronomètre no 98 comme étant c~.>lui dont la marche
avait été la plus régulière ; dans les ohsPnations prt\t>entes,
c'est toujours cette nJontre (chronomèh•p !l8J r1ui a scr,·i do typ#l
pour les comparaisons et pour noter l'hrurc des olu>crvationlii
astronomiques et l'on verra, par l'exposé de~> l•omparaisous, que
c'est ce chronomètre qui a présenté la marche la plus faihle et

(1) Ce tableau est incomplet dans la publication par suite de la perte


d'une page de texte dans l'envoi à l'impt·ession ; cette page n'a pu être
recon11tituée ensuite.
OHSEl\YATIO;'IS ASTI\O~OMJQU;s

la plus r<;gulièrP. LP tt·nCI'~ de ln <·oudH• dP utaJ'ciH• rl<'s chrono-


DlèhPs est supprf)u, 1<' tahl<'all t·t'·sunu'• c!Ps eotnparaisons fnisant
ressortir trt'~s PxactPmcnt lPs ù-coup qui ont pu se produire.
En ne crmsidérant <}li<' lPs Prl'Purs aecidentellPs des ohser-
Yations, on Pst ohligt'• dP rPconnaitrP qu<' la moyPmH' dPs 5 poin-
tés qui donnent l'état du chro11omt'•trc pPtd être entachée d'une
~rre.ur de -+- 2'. Par suitP il n'y a point liPu de s'étonner que
~différence des correetions dt> deux séries faites il des jours
différents présPntellt uu {~cart <{Ui peut atte~ndre i'. La preuve
de ce fait Pst fom•niP par l'exam<'n du tableau dps corrections
~u chrononH\tre. DPux group<'s de pointés sur dPs étoiles dif-
ferentes exécutés à d(•s irltPrvallPs si faihlPs <pH• la marche du
Chronomètre pendant cet intf•rvalle llP dépasse pas 0•1, don-
' 'd us suivants
nent le"" rest · ('D'tl" ·
1 <·rene('S pnses ét ot'le Es t, - e't01'1 e
Ouest) : '

10 cMtP Ill hre + 1er f'tiiTier - fs2


~ u
()sR St>mgaL
EL\dhammn )) - 12 Tarlirousl 2 li - :j3
15 )) -0 2 El-Khorbel 5 )) + 29
. .~
Mogaclor Hi -4 3 Tarhell . 9 00
IÏ )) - ::14 \ i2 ))
+ 28
~lerrakech
Si Rahal
s·1
:!2
. ·. 3 jamier
hou Antat·
))
+3 2
+ 3 4
Tamg1·out .
., :~ Il

))

,,
+ 3 ;;
- 0 ti
5 ))
+ 2a .\lharouq 21 ' -- 0 3
Tamchegdan . Taourirt 22
9 + 20 ))
+2 9
Art llihleft. 10 ))
+ 12 Timgui~sint 2a )} -06
Mejmoua :W Agmour 24 -2 4
)) + 2 ;;
Tounfit. .
T . . -z7 -65 Aqqa lren . 25 )) - l 9
s:U'hant . . 30 ))
+14 IJir 27 )) -50
tdi Mohammed 31 +12

On est donc en droit de conclure qu'une marche du chrono-


Inètred'd e mte · r1e deux sértes · f mtes
· a· un Jour
· d''m t erva lle peut
être e n t ac l tc\<' rl ' une erreur attPtgnan
· t mseuwn
· ' t 2' , m
· d épen-
damntent de l'eft'et des sauts qu'accusent parfois les comparai-
sons. Par suit<>, il y a lieu d'abord de rechercher quelles sont
l~s ntarches qui ont été dl'terminèes dans les meilleures condi-
ttons d e préctswn.
· · · · con d m't aux remarques sm-
On est mnst ·
Vantes
6i0 Ali CŒUll DE L'ATLAS

Aïn el-lladjar ~ 27 nov. (2 H!'ries) ~ inlrnalle Iii!)


i d('('. (1 )) )
El-.\dhamna. 0 ~ 14 !!!'(· (2
0
))
)1 )) 1.0 )) + 5 ~{
15 )) (2 • ) )

;\logador.
l'" "
17 )) (2
20 )) (:!
")) )) 1
)) ) ! ))
1.0
3.4
))

))
+680
+" 61
du W déc. au 20 dé!'. )) 4,4 )) +oH
Menakeeh ~ 30 !léc. (1 série ) ~ +3-"
1,7 ))
.· ter janv. (2 » )
~ 12 )) (2 )) ) 1 )) 1.1 + t87
13 )) (2 )) ) )
Tamgrout. 0

114 )) (2 )) ) ~ )) O.!J )) +"65


, du 12janv. au14janv. )) 2,0 )) + 3 {6
~ 18 fév. (1 série + .J!S!
:\lharouq. 0

21 )) (2 » ~~ )) 2,9 »

Le meilleur parti à tirer dPs ohsenations de :\logador con-


siste à combiner les s(~ries du 20 dèeemhrP avPc ePiles des 16
et 17. A Tamgrout, il est à peu près certain <pt<' les <leux sérieS
du 12 janvier comportent une errem· de - 2' environ qui altère
les marches du 12 au 13 et du 12 au 14 : ou tw prendra donc
<lue la valeur du 13 au 14. Les marches à consit!èrer restent
done les suivantes :
Aïn ei-Hadjar. . . . . . +3s7
Arrêt du l:hronornètre .
1
EI -Adhamma .
Mogador. .
.Merrakech .
Tamgrout .
.Mharoutj .
Ces nombres paraissent indiquer que la marche est restée
constante, et par suite voisine de 4'4, pour les localit<;S où l'on
a séjourné.
D'autre part la considération de la longitude donnée par leS
occultations conduit it la détermination suivante de la marche
du chronomètre n° 98.
A Mogador (hôtel .Jaequety) la longitude fournie par l'occul·
tation de a Taureau est de 0 11 t8m26~0; l'état du chronomètre
n'a pu être ohteuu <lue par 5 pointés sur une étoile dans l'Est,
mais en considèrant que la longitude de cc lieu donnée dans
la connaissance des temps <le 'J905, pour le Consulat d'Angle·
OBSERVATIONS ASTRONO:IIIQlJES 641

terre, est 0h18 00 U•H, il y a tout lieu d'admPtti't' l'ob~cnation


comme parfaite (1 ).
A Aït lkhleft, la longitude obtenue par l'occultation de
96
Verseau le 10 janvier, est Oh35m46' 4 et difl'ère de - 19'7 de
celle que l'ou obtient par le tran~port de l'heure. L'état du
chronomètre
' étant hien déterminé , cette diftëreuce ne peut
se l'
xp tquer que par une erreur de lecture sur le temps noté
pour l'immersion de l'étoile. L'observation a fourni :
Temps noté au chronomètre pour lïmmersion. 8hfSmUs2
Etat du chronomètre. . . . . . . . . . + 22 42 8
Temps moyen de l'immersion. . • . . 8 40 57 0
Si au moyen de la latitude adoptée 31 °57'11" et de la longi-
~Ude calculée par le transport des montres Oh36m6'2 on calcule
a prédiction de l'occultatiou, on obtient pour le
Temps moyen de l'immersion • . • . . . 8h4;Jm57•9
D'après ce résultat on est donc en droit de conclure que le
tentps no t e· est erroné dun
' nombre rou d d e 5 mmutes.
· Cette
~rreur ressort d'une autre considération, car si au inoyen de la
ongitude fournie par l'occultation on cherche à déterminer la
:arche du chronomètre par rapport aux longitudes de Merra-
dech et de Tamgrout, dans le premier cas l'on obtient+ 3'2,
ans le second+ 5'4, marches trop différentes pour ne pas être
anormales. Quoiqu'on puisse sembler en droit d'appliquer la
hcorrectt·ou d e o.. nnnutes
· sur 1e t emps no t'e, erreur qm· d 01't pro-
d~hlement provenir d'une fausse transcription sur le carnet
~hservation, on s'est astreint à n'en tenir aucun compte et à
reJeter cette observation.
A Tamgrout la longitude se trouve déterminée par deux
;ccultatious, l'une de a. Taureau le 13 février, l'autre de t 15
aureau le 14 février.
La première donne . . . . 0h32m2tH
La deuxième donne. . · · 032 220

sisli) Les coordonnées données pour l\logador ont élè modifiées duns lu con·
ance des Temps de t909 :
~ Latitude Longitude
ê~:ador · . .[C. T. 1905[31 "30'30"NI12°3' 440j0h.i8mU•91 Lieut.Arlett.
s~latanglais c T.t909 31 3015 N 12 6440 0.18 26 9 Lieut.Al'lett.Dyé,09
41
642 AU CŒUR IlE L'ATLAS

L'Mat du (:hronomètr<~ SPillhlP mÏPIIX <ldermint~ le 14 que


le 13, m:~is les compal'HÏsons dPs <·ht·onoJHMt·es n'accusant rien
d'insolitP, on adoptP doue la moyenne <l<~ ces <leux valeurs que
l'on pout eonsid<~l'el' <·onmw parfaites.
Au moyen de ePs rés11ltats on déduira la. marche du chl'ouo~
mètrP u 0 US Cil eonsid<~t·mJt d'ahord lPs dift'<1rPuccs de longitu~
des ohteuues Puh·c Modagor Pt Merrak('ch, puis entre Merra~
kech et Tamgrout, enfin entre :\[ogador et Tamgrout. On
obtient :
Mogador Merrakech
16 déc. à 6" 0 + 8•20• 5 30 déc. à 17 1• 0 + 16'"30' 2 L = Oh48•!l6'0
17 )) )) 6 :l + 8 27 3 l"janv." 9h 5 + 16 36 0 L':=:OUlJiO
20 » )) 15 9 + 8 43 0
~
Moy.= 18 dée. à 1h37 + 8"'30•27 31 déc. à 13"25 + 16"'33• t L-1' =Oh 7• !' 0
!6m33•1 - (8m30•27 =
+ 13jl!h88 ,u.) 7ml!•O fL= +- ~·50
Merrakech Tamgrout

13 fév. à 9h 9 + 29"' 9• 3 L = Qh41•24o0


H " » 8 1 + 29 13 6 L'=~
Moy.=31déc. à 13h25+ 16"'33•1 13fév. à21h 0 + 29m!1•45 L-L'= O" 9•0'0
29œft'45- 116"'3~•1 + 44j 7h7J fL) = 9mO•O fL = + 4•93
Mo~arlor Tamgrout

Moy.=18déc.il 1h3-;; + 8•30'27 13fév. à21:0 +29"'1i'45L-L•= Oh16"!'fl


29"'1N~ - {8"'30•27 + 57jl9h63 p.) = f6m2•0 fL = + 4•827

Ces valeurs sont un peu plus fortes que celles trouvées pré~
cédenunent par les dMPrminations de la marche dans les loca~
l 1't'es ou· l' on a sc.JOUI'IW
'· ' t na
' ; l' ecar. ' rtcn
· d' anorma l c.t l' on peut
admettre que la marche du chronomètre n° 98 a été constante.
Nous adopterons pour calculer les long-itudes des localités où
l'état du chronomètre a été détPrminé, la valeur de la marche
déduite des diffèl'ences de longitude Mogador-Tamgrout en fai--
sant ainsi portPr la différeuce sur le plus grand espace du tempS·
Les r(•sultats sont consig-nés dans un tableau ci-annexé dans
lequel les longitudes sont rapportées au méridien de Paris.
La v;[leur de la mal'chc diui'IIe du chronomètre sur laquelle
reposent eps longitudes a ·~tè adoptée sans aucun souci de
chercher it ohtenir une concordance avec les travaux cartogra~
phîques antérieurs. On s'est guidé uniquement sur les considé:
rations exposées ci-dessus qui paraissent peu critiquables. Aussl ·
l' ensPmhlf' des résultats constitue-t-il un document original
ORSERYATIONS ASTRONO)!JQUES ti43

qu '1
1
sera impossihlP <If' n(~ti1i;.:m· dans lf's tm vaux ult1~I·icurs sm·
la réo·l·(
e >Il pan·out'Uf'.
Certes l'on pPtd I'f'!-!'l'f'tt(•J' qtH' les chronoml>tJ·es aiPnt Pli 1111
ari·èt -' -"\dl lallllla, <JlW l' <'Xp l Ol'idPIII' Il ·ait
. . «" l<'l · Jlll l'CCOII}lf'l' Une
fois: ''tU IIHlinS
. . "1 . . ] 1.
SOli tJ·aJPt, IJU 1 Il ad Jlll 0 JSPI'\1'1' 1 illlh'PS 0{;1.'11 -
l
tahons afin de multipliPr les nitéJ·iuni d'Pxaetitude (le l'PBSPmhlP
, re' ·~~ult n t s; HlillS
des · l' on ne saur;ut · assez ms1s
· · t er sur cc f';ut · IJUC
l occultation ohsPrVI~C à Aït Ikhleft comporte une correction
presque CP !'taine de 5 minutes ~Tüce à laquP llP on obtient une
Vérifi · ..
cahon excellente.
On ne peut doue avancer <JUf' lPs lougitudes pr(~sentées l'l~sul-
tent d' .
une hypothèse sans controle. Pour en contester les nom-
~res il faudrait pouvoir prouver fJUe lPs coordonnées admises
JUsqu'à ce jour pour divers points dP l'itinéraire proviennent de
tdonnée s P1us certanws, · · 1es e'l emen
et, sur ce p01nt, · t s d e d'1scusswn
·
~nt .défaut. Il y a lieu plu tot de s'étonner qu'un observateur
.redutt a·· se cacher soigneusement 1orsqu ··1 · 't usage (l e ses
1 f msm

~struments ait réussi, nonobstant les fatigues d'un aussi rude


' r·e, a· J'apporter un tel ensemh1ccl' ol >Serva t'wns.
Ihnér·ti
E. liAssE, Ca. DE VILLEDEt:JL.
TABLEAU DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES

Ain el-Hadjar.

Le ~7 novembrf' !904.
B = 750 mm. a=+ 130 E=+ .'15"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de « Orion (à l'Est)
i0h.~1 m.59s.O 77o 7' 0"
!6 ..1 ~ 79 4 30
3t ~ • Si i~ 10
38 6 4 83 37 50
Correction du chronomètre=- t2 m. 50 11. !.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de « Cocher (à l'Est)


10h.46m.16s.O 1!~16' 30"
51 3!! 0 123 59 10
Correction du clwonomètre =-
i2 m. 49 s. 5.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


H h.2m. 34s. 6 65027'20"
Latitude= 3t 0 38' 57".

Le 30 novembre 1904.
B == 753 mm . .i Il=+ 1f0 E =+55''

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


8h.j5m.53s. 65".(5' 10"
5~ 54 ""50
9 0 H
"" .10
(i 33 .u 20
Latitude = 31°39' 26''.

Le 3 décemb1•e 1904 .
•B = 757mm. 0 = + !3° TIH:orlolite Ladert•ièrr
646 Al; i'ŒOR n: L ATLAS

DÉCLINAISON MAGNÉTIQUE

Chronomètre n• 98 Azimuts de la polaire Nord magnétique


~ 2380 28' ~ ">20° 28'
6h.9m.12s.O C. l:. ~ ;)8 28' c. (;, ? ~ 40 28
( ' {) ~ 238 27
'" . ~ 58 27
Déclinaison = 17° 6' Ouest.

Le 4 décembre 1904.
B = 758mm. 0= + 150 E =+55''

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


7h.59m.12s.4 65°42'30"
8 4 28 6 42 40
7 49 2 43 0
9 54 8 43 10
12 21 4 43 20
u 18 6 43 30
17 55 6 43 50 ,,
Latitude= 31°39'38 ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de a Cygne (à J'Ouest)


8h.23m.17s.4 75°29'30"
26 5 4 74 29 10
30 32 6 72 56 10 6.
Correction du chronomètre = - 12 m. 24 s.

L'état du chronomètre n'ayant pas été déterminé les 30 novembre et


3 décembre, on a admis que la marche était régulière et adopté la valeUf•
proportionnelle au temps, résullant des états des 27 novembre et 4 décemb;e·
On adopte pour la Latitude d'Aïn el-Hadjar la moyenne pondérée es
h·ois déterminations de Latitude d'après leur nombre de pointés. , ,
Latitude adoptée = 31°39 31 ·

El-Adhamma
(Dai' Babba).

Le 10 decembre 1904.
n= 753mm. e= + 16° E = 0"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de a Cocher (à l'Est)
7h.26m. 25s. 2 70°51'10"
31 48 4 72 42 40
39 54 6 75 27 40
44 52 2 77 10 45 j.
COtTcclion du chronomètre = - 12 m. 3i s.
ORSEfiVATIONS .\~TRO:>~OmQI:ES fi fi

Chronomètre n• 98 Hauteurs de <X Cygne (à l'Oucsq


8h.2m. 39s. 8 74° t6' ~;r·
6 24 0 72 58 0
Conection dn dtronomètre = - 12 n1. 33 s. 0.

Chronomètre no 98 Hauteurs de la polaire


8h.29m. ;)s.O 65°23' 0"
Latitude= 3i 0 27' 55''.
Les montres, non remontées se sont arr·êtées le t3.

Le 14 decembre t904.

B =754mm. 7 6 = + 15" E = - 20"

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


6h.37m. 57 s. 0 65°!7'30"
46 6 8 t7 40
49 5t 8 t7 30
Latitude = 3t • 27' 23".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de <X Cocher (à l'Est)


72059' 30"
6h.55m.48s.6
73 58 10
59 36 6
7 2 6 0 75 10 40
75 38 30
3 30 6
76 48 50
6 49 6
Correction du chronomètre = + 8 m. 36 s. 4.

Hauteurs de <X Cygne (à l'Ouest)


Chronomètre n• 98
79°14'30"
7h.H m. 33s. 0
78 31 0
13 42 2
77 42 35
15 56 0
77 10 30
17 31 2
19 39 2
76 26 0
Correction du chronomètre=+ 8 m. 37 s. 6.

Le 15 decembre 1904.

B = 75-lmm. 6 = + H> 0 E = - 20"

Hauteurs de <X Cygne (à l'Ouest)


Chronomètre n• 98
6h. 5m.29s.O t01 ° 1a' 40"
100 22 20
7 51 0
9 43 6 99 45 0
99 7 45
H 25 6
Correction du chronomètre = + 8 m. 42 s. t.
1
IHS AC COEUR DE L ATLAS

Chronomi,tre no 98 Hauteurs de e< Cocher (à l'Est)


Gh.17m. 9s.ü 61° 13'15''
20 4 4 ()2 11 55
21 54 6 62 49 20
24 5;} 2 63 50 30
27 3:1 0 64 42 45
Correction du chronomètre = +
8 m. 41 s. 9.
ChronomNre n' 98 Hauteurs de la polaire
üh.34m.:{4s. 8 65°16'15"
43 25 6 15 150
49 18 5 17 20
Latitude= 3{ 0 27' f'.
Les observations du 10 décembre ont été faites par vent très violent.
Les montres non remontées se sont arrêtées le 13 décembre, elles ont été
remises en marche à 6 heures du soir.
On adopte pour la Latitude d'EI-Adhamna la moyenne pondérée des
trois déterminations d'après leur nombre de pointés.
Latitude adoptée =
31 • 27' 18".

Mogador
(Terrasse de l'hôtel Jacquety).

Le 16 décembre 1904.

B = 762 mm. 0= + 18° E = + 15"


ChronOIJlètre no 98 Hauteurs de e< Aigle (à J'Ouestl
5h.45m.32s.4 65° 12' iO"
46 51 0 64 39 55
4i 5 0 6-i 9 10
50 0 6 63 18 0
51 5 2 62 52 -15
Cot•t·cction du clu·onomètre = +
8 m. 22 s. 1.
Chronomètre n' 98 Hauteurs de la polaire
5h.55m. 5s.6 65•H' 0"
6 17 0 6 17 40
19 . 38 8 17 -10
22 26 4 19 20
24 53 4 21 10
Latitude= 31" 30' H"·
Chronomètre n' 98 Hauteurs de e< Cocher (à l'Estl
üh. !":lm.18s. 8 58°:iO' 0"
7 14 6 59 7 10
8 41 0 59 35 20
!1 31 8 59 55 55
11 8 6 60 25 50
Correction du chronomNre = +
8 m. 18 s.-'·
OBSl-:R VA TI ONS ASTRO"'OmQI1ES

Le 17 décembre 1904

H:::::: 762 mm. E=+w··


Chronomètre n• 98 Hauteur~ de 0< Aigle {à l'Ouest)
5h.49m.15s.2 61°5(r o··
52 30 2 60 35 20
55 15 0 59 24 50
58 31 0 58 2 0
6 4 18 4 55 35 20
Correction dn ehronomètre =+
8 m. 29 s. O.

Cbronomètre n• 98 Hauteurs de « Cocher (à l'Est)


6h.15m.50s.6 63° 25' 30"
19 39 8 64 41 30
24 27 0 66 f6 30
27 41 4 67 22 40
32 10 6 68 56 40
Correction dn chronomètre =+
8 m. :!5 s. 6.

Chronomélre n• 98 Hauteurs de la polaire


6h.43 m. 9s. 0 65°25' 0"
46 19 6 23 20
48 28 0 i4 50
Latitude= 310 30' 34''.
Latitude adoptée= 31° 30' 22''

Le 20 décembre 1904.

n :::::: 760 mm. (j = + uo E = + 20"


OccuLTATION nF. (/. TAUREAU (immersion).

Chronomètre n• 98
14h}\2m.52s.(i .
Lon~ihule = 0 h. 48 m. 26 s. 0 = 12° 6' 30'' Ouest.
Chronomètre n' 98 Hauteurs de E gd• Ourse (à l'Est)
15h. 3m.55s.O 89048'20"
6 3 0 90 22 10
8 14 2 90 59 40
9 ::J2 3 91 19 40
12 21 0 92 6 20
14 23 2 92 38 30
Correction du c:hronomèh·c =+
8 m. i3 s. 0.
650 AU Cct:UR HE J./ATLAS

Marrakech
(Bab Rmat)

Le 30 décembre 1904.

B = 728mm. 5 6 =+5o E = + 10"


Chronom~tre n• 98 Hauteurs de c.c Gémeaux (à J'Ouest)
16h,49m. 5s.4 73o1)3' 0"
54 17 0 71 46 ·5
58 39 6 70 0 0
f7 2 5 6 68 38 10
7 u 0 66 35 0
Correction du chronomètre = +
16 m. 30 s.~.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


17h.44m.Us.O 60o57' 0"
51 6 4 60 56 30
Opérations interrompues par le jour.
Latitude= 31o 38 'GO''
NO •

Le 1er janvier 1905.

B = 720 mm. ()=+HO E = + 5"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
9h. 3m. f s.O 65°8'40"
5 24 0 6 30
8 31 0 4 0
Latitude =31 o 37' !~" ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Sirius (à l'Est)


9h.16m.20s.O 61019'40"
f8 23 G 61 53 10
20 44 4 62 :31 20
22 43 6 63 2 50
25 15 0 63 43 30
Correction du chronomètre = +
16 m. 37 s. 6.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de~ Andromède (à. J'Ouest)


9h.42m. 5s.O 89° 56' 0"
44 34 4 88 57 10
47 33 0 87 46 20
50 35 4 86 30 30
~2 55 6 85 35 30
Correction du chronomètre =+ 16 m. 34 s.-'·
OBS~;RVA Tl ONS ASTRONO:\IJQUES 651

Sidi Rehal

Le 3 Janvier 1905.
B=704mm. 0=+6· E=+5"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de Sirius (à l'Est)
9h.54m.50s.4 92"49'10"
58 42 4 94 12 25
10 1 1 6 95 5 10
3 12 0 95 53 40
6 8 0 96 56 30
Correction •lu clu·onomètre = + 18 m . .Us. 3.
Chronomètre n• 98 Hauteurs de i Andromède (à l'Ouest)
10h.23m. 8s.6 92°17'30"
33 34 2 88 59 20
41 0 2 86 13 10
44 33 0 84 54 10
47 38 4 83 45 20
Correction du chronomètre = + t8 m. 40 s. 9.
Chronomètre no 98 Hauteurs de la polaire
10h.5:hn.23s. 6409' 30"
56 58 64 6 50
Latitude =
3t• 38. 29".

Demnat

Le 5 Janvier 1905.
B::: 690 mm. 5 6=+6o E = + 1'40''
Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à l'Est)
Hh.47m.25s.2 90•48'20"
56 49 0 94 37 40
12 2 0 2 96 47 15
5 f6 2 98 2 10
7 21 4 98 56 25
Correction du chronomètre=+ 20 m. 47 s. 4.

Chronomètre n° 98 Hauteurs de la polaire


f2h.19m.37s.2 63o23'10"'
22 34 4 19 30
28 28 4 !6 30
Latitude = 31° 4lY 34'".
AU CŒlill DE L ATB.S

Zaouia Ait Mhend

Le 7 janviel' 1905.
B = 704 mm. () =+ 7• t: =+t' 30''
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
9h.39m.17s.6 6a 0 3' o··
49 55 8 64 56 0
53· 53 2 64 53 50
Latitude= 31° 50. 5'' ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à J'Estl


10h. Om. 39s. 8 49"20' 40''
5 14 6 51 18 30
10 8 0 53 20 0
15 2 2 55 26 40
21 45 0 58 18 20
Correction du chronomètre =+
21 m. 12 s. 1·

ZaouXa Bou Antar

Le 8 Janvier 1905.
B = 680mm. 6 = + 4° E = +f' 0"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de ~ Andromède (à J'Ouest)
9h.24m.51 s . .2 83"57'50~
29 43 2 82 3 30
33 H 2 80 40 40
36 47 8 79 14 30
40 7 4 77 54.30
COITection rlu chronoi:nèh·e = +
21 m. 32 s. O.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


9h.45m. 52s.2 65° 0' 30''
9 52 3 4 64 57 40
10 1 31 2 64 51 20
Latitude= 310 52' f'.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à J'Est)


10h. 6m.23s.O 53°36' 30''
10 11 () 55 H 20
u 23 2 57 1 0
19 4 2 58 59 50
23 3H 2 60 56 45
CorrPction ;lu l'hronoml>tre = +
21 m. 34 s.:~.
OBSERVA TI ONS ASTRO;'iOMII,JUES 653

Tamchegdan

Le 9 janvier -1905.
B = 675 mm. 5 e= + 4• E = + 30''
Chronomètre no 98 Hauteurs de Procyon (à l'Est)
8h.22m.49s.8 66°55' 10''
26 9 8 68 15 50
34 27 0 71 40 0
38 29 " 73 1.7 10
u 23 " 74 20 10
Cot·rection du cht·onornètre =+ 21 m. 57 s. 9.

Chronomètre n• 98 Hauteut·s de la polaire


8h.51 m.42s.6 U5°32'30"
8 56 5{ 6 29 40
9 4 4 6 27 40
Latitude= 31• 55' 28".

Chronomt:•tre n• 9S Hauteurs de (/( Andromède (à l'Ouest)


9h.H m. 2t s. 2 1î9° 8. o··
15 32 4 57 33 45
19 .u 6 42 0
1)1)
22 Hi 2 54 38 :;
24 39 4 53 43 0
CotTeclion du dtronomèlre = +
21. m. 55 s. U.

Zaouia Ait Ikhleft


Le 10 janvier 190ti.
U = 665 mm. li e= + 4° E = + iO"
OccuLTATION Ill': 96 VERSEAU (immersion)
Chronomètre n• 98
8h.18m.Us.2
p Longitude = 0 h. 35 m. 46 s. 4 = s• ;m· 36.. w.
our cette longitude consulter la nole page 4.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de (/( Andromède (à l'Ouest)


!) h. ;j lll. 33 s. 6 ;)9° 33' 50 ..
10 42 6 57 28 20
t3 26 0 56 23 30
15 52 0 55 23 30
18 7 0 54 27 15
Correction du chronomèlrl~ = + 22 m. 42 M. 2,
t)i)4

Chronomdre n• 98 llauteurs de R•\gulus (à l'Est)


Uh.45rn.47s.O .i8° 41' ;;;r·
50 1!) 0 ;;o 3li 50
54 11 4 52 j;) 30
:')6 4.f. 0 53 21 40
59 14 6 54 24 30
Cot'l'l~elion tl11 dtronomèlrc = +
22 w. 43 s. .J,

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


9h.22rn. 3!')s. 6 65°17' 5"
28 37 2 15 55
35 2 4 14 20
Latitude= 31 6 57' if'.

Inguert (Ait Bou Zid)

Le H janvier 1905.

B = 651 mm. 5 0 = + 70 E = + i' 10"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à l'Est)
10h. Sm. 5s.O 59°56' 0"
10 54 2 61 8 50
13 42 6 62 19 30
19 33 2 64 48 20
22 18 4 65 56 45
Correction d11 chronomètre =+2a Hl. 3 s. 1).

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


10h.25m.51s.8 64°52' w··
31 6 6 64 48 0
34. 46 0 64 46 20
Latitude =
a2° 3' 0" •

Chronomètre n• 98 Hauteur~ circumméridiennes de SiriUS


i0h.39m. 4s.2 82°27' 30''
45 45 2 82 39 0
48 16 0 82 41 55
51 18 0 82 44 1.0
Latitude = 32o 2' 49" ·

Latitude adoptée = 32° 2' 55".


OBSER YA 1'IO:'iS AS1'1HJ:'i0-'III,!UES

Axt Boulman

LI' 16 janvier 1905.

B = 662 mm. 5 e= + 12• E = + 1'10"'


Chronomètre n• 98 Hauteurs de Procyon (à l'Est)
9h.10m.41 s.6 97° 1'10"
u, 49 2 98 30 0
17 32 4 99 26 40
20 32 6 100 29 50
24 32 2 101 20 0
Correction du eln·onomètre = +
25 m. 3 s. 5.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


9h.31m.52s.4 65030'40"
35 35 8 27 55
40 32 2 24 30
Latitude = 32° 12' 48".

Taseraft (Axt Abdi)

Le 18 janvie1· 1905.

B ::::: 595 mm. E = + 1' 0"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
7h.Wm. 34s. 8 66°27' 0"
20 4 0 j5 0
23 0 4 24 10
Latitude = 32° 11' 46".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Procyon


7h.29m.27s.8 61° 7'50"
32 44 2 62 28 10
35 35 0 63 40 0
37 30 2 6.4 24 -15
43 2 0 66 41 0
Correction du chronomNre =+
!6 m. 12 s. 2.

Üi:ll!e~a.tion difficile- vent gènant - beaucoup de témoins.


656 AU CŒUR DE L'ATLAS

Aferda
(Aïl Abdi)

Le 19 Janvie1· 1905.

B = 641 mm. 5 (J = + 2o E = + l ' 10''

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polail·e


Hh.40m.23s.4 64021't0"
43 53 4 64 20 0
48 23 6 64 ft) 25
Latitude = 3:1! 0 :tf ai"·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de (3 Lion


11 h.57m.33s.O 80"58"50"
12 0 10 8 82 2 30
2 8 {i 82 52 50
4 56 8 84 3 30
8 2 6 85 21 ao "
Corrcelion du cltronomèlre = +
26 m. 1'!6 s. ·

Arbala

Le 22 janvier 190ti.

B = 623 mm. 5 o = o• E = + fO"


Chronomètre no 98 Hauteurs de la polaire
9h.48m.26s.4 65°37" 0''
53 59 2 33 20
56 39 6 32 0 0

Latitude = 32o 28' 39' ·

Chronomètre no 98 Hauteurs de 'l' Andromède


JOh.12m.Us.8 67° 5'20"'
16 36 ,( 65 32 50
2:! 22 li 63 25 40
12 51 ~ 5{i 19 10
.,7 26 .t 54 38 30
Concction du chronomètre = +
27 m. 20 5 • !.
OBSERYATIONS ASTRONOMIQUES 657

Taouenza
(Aït Aïssa)

Le 23 janvier 1905.

1:1 == üO;'J mm. ri e= + o• 5 E = + i' 30..


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
7h.13m.i9s.2 67" :r 10
16 3 4 410
19 :J;) H 2i0
Latitude= 320 34' 33".

Clu·onomètrc n• 98 Hauteurs de " Andromède


7h.45m.48s.4 69°30'30 ..
50 31 4 67 33 10
56 38 4 65 10 0
58 5.'5 4 64 5 30
Correction du chronomètre=+ 27 m. 45 s.
Vent Ob· .
· set·vat wn douteuse.

Mejmoua

Le 26 janvie1· 1905.

1:1 = 605 llllll. 5 e =- to E = + 1' 0"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
iJh.50m.23s.8 67"23' 0
54 13 8 21 10
56 45 8 19 0
Latitude = 320 32' 25''.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Œ Andromède (à l'Ouest)


6h. :lm.53s.2 106020' 30''
7 15 0 104 54 20
12 5 4 102 51 iO
15 52 6 101 18 30
21 2 2 99 7 10
u 20 8 97 44 3;j
Correction du chronomètre =+
29 m. HS s. 4.
u
658 AU CŒCR DE L'ATLAS

Chronomùtre n• !J8 Hauteurs de ~ Gémeaux (a· l'Est)


6h.:J2m.21s.2 70°51'10''
34 44 2 71 50 45
37 1R 8 72 53 50
iO :J R 73 ;)9 ;)5
43 19 1) 75 22 5
f.orrcclion du ehronomètrc = + 29 m. i7 5• 9·

Tounfit

Le 27 janvier 1907.

B = 6H> mm. 5 0 = - 0° 5 E = + 10"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
5h.Mm.35s.2 67°13' ()"
5 57 18 4 67 11 0
6 2 33 0 67 9 20 "
Latitude = 32° 27' 55 •

Chronomètre n• 98 Hauteurs de B Gémeaux (à l'Est)


1

6 h. 8m.18s. 4 62°37' o··


H 4 4 63 46 30
15 48 8 65 41 20
18 16 6 ()6 42 40
20 37 8 . . 67 39 30 &.
Cort·echon du chronometre=+ 29 m. 21 5·

116811
Chronomètre n• 98 Hauteurs de "' Andromède (à 1'0
6h.3Sm.40s.4 go• o·5o"
7 10 24 0 76 51 20
13 24 4 75 35 0
16 1 6 74 31 20
17 ;)9 6 73 43 20
21 40 0 72 14 0 9
5
Corrcclion du chronomètre=+ 29 m. 27 • •

Tagoudit

Le 28 janvier 1905.

B = 613 mm. 6 = 0° E = + 1' 10''


OBSERVATIONS ASTl\ONOmQLES ()59

Chronomètre no 98 Hauteurs de la polaire


8h 3~m.4Us ..i 6;)"53'50"
40 43 4 65 50 u
43 4 8 ü5 48 20
Latitude = :120 23' 0".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de 'l Andromède


8h.48 rn. 2üs. il 88° :r o..
54 30 0 ~ 48 20
57 52 ü 84 32 30
9 0 3 2 83 45 20
Correction du chronomètre =+29 m. 55 s. O.

Aït Hattab

Le 29 janvier 1905.

B == 624 mm. 5 6 =-5° E = + 1' 0"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
()JO 42' 10''
6h. 7m.16s.8
11 10 4 40 30
24 39 4 36 40
Lalilnllc =
31° 45' 58".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de oc Andromède


6h.30m.52s.2 89°39'30"
34 23 2 88 w 0
37 42 0 86 47 50
40 33 2 85 :{5 10
43 24 6 84 24 20
Correction du chronomètre =+29 m. 39 s. 7.

Taribant

Le 30 janvier 1900.

B = 620 mm. 0 = 00 E = + 40"


Chronomètre rio 98 Hauteurs de la polaire
6h.31 m.43s.O 66°22'30"
37 39 6 20 40
44 25 2 18 1)
Latitude= 32° ·10' 48".
660 AU CŒtR DE L ATLAS

Chronomètre n• 98 Hauteurs de a Andromède (à l'Ouestl


tlh.5i m. 9s.2 79029' 30''
55 57 0 77 30 20
58 28 2 76 28 30
7 0 36 ti 75 34 25
Correelion du chronomètre=+ 30 m. 8 s. 8.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Procyon (à l'.Esll


7h.10h1. 3s.6 740 2' 10''
12 21 0 74 57 20
15 5 ~ 76 2 10
17 20 2 76 55 20
Correction du chronomètre += 30 m. to s. :1.

~aouta Sidi Mohammed

Le 31 janvier 1905.

B = 647 nun. 6 = + 40 E = + 10"


Chronomètre no 98 Hauteurs de la polaire
7h.17m. 3s.4 65043' 40"
22 21 2 38 20
27 33 6 37 10
Latitude = 32° 0' t5"·

ChronomiJtre n• 98 Hauteurs de ~ Andromè:le (à l'Ouestl


7 h.37m. 21 s. 2 87025' 40"
41 2 6 85 56 10
45 15 4 84 i5 50
47 50 2 83 14 30
50 49 6 82 2 30
Correction du chronomètre =+ 30 m. 13 s. t.

Chronometre n• 98 llauteu,·s de Procyon (à l'.Estl


7h.54m.40s.S! 92°56'50"
7 58 2;} 8 94 20 30
8 1 10 2 95 21 0
8 ;; 7 ü 9ü 4ü 20
Coi·rcclion du ehronomèh·!~ = +
30 n1. t4 s. 3•
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES ti61

Semgat
(Aï! Merrad)

Le 1er {litJril'r t 905.


B = 657 mm. E = + Hi"'
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
6h. 4m.48s.~ 66° 6' 20''
H 8 0
Latitude = 3{0 59' :loi''.
Chronomètre n• 98 Hauteurs deAndromède (à l'Ouest)
r.t
6h.i8m.37s.6 89°27' o··
~i 6 0 88 23 30
23 -13 4 87 29 15
25 28 6 86 34 30
27 48 0 85 36 0
Correction dn chronomètre = +
30 m. 52 s. 3.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Procyon (à l'Est)


6h.30m.39s.O 6t035' 0"
35 49 " 63 .u 0
38 H ~ 64 .u 30
40 10 2 65 30 15
42 27 8 66 26 30
Cort·eclion dn chronomètre = +
30 m. 51 s. i.

Tadirouat

Le 2 février 1905.
B = 674 mm.;) 6 =+go E = + 30''
Chronomètre n• !!8 Hauteurs de la polaire
8h. 9m.38s.2 64°47' 10''
13 55 8 .u 50
19 58 0 41 30
Latitude= 3t• .18' 29' .

Chronomètre n• 98 Hauteurs de '1 1 Andromède (à l'Ouesq


8h.45m. 8s. 2 80o57' 10"
49 {q 4 • 792430
57 8 2 76 33 10
9 0 6 8 75 27 10
•• CmTcdion rln chronoml>tr·r =+
31 m. 18 s. ().
662 Al' COt:llH m: J;ATL\S

Chronomètre n• 98 II au leurs de Procyon (à J'Est)


9 h.H m. 30 s. 2 120°33'10''
22 rm 6 1.22 16 0
25 51 6 122 49 20
Correction du chronomèh·e = +
31 m. 15 s. 1.

Campement dans le ehemin de romle. Conditions diffieiles, horizon limité


par les remparts et les maisons de Tadiroust.

Zaouia el-Haouari

Le 3 février 1905.

,,
B = 683 mm. 8 = + 1f0 E= 0

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


7h.49m.56s. 2 64°23' 0"
7 54 31 2 i9 20
8 0 8 2 15 Hl
Latitude=+ 31o 3i' 16" ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de ~ Andromède


8h. 6m. Os.2 70°40'50"
9 48 0 69 12 0
13 0 2 67 55 30
16 35 8 66 32 fO
Col'reelion du ehronomètre = +
31 m. iO s. 6•

El-Khorbet el-Khd1m

Le 5 février 1905.

B = 681 mm. 8 =+go E = + 1' tO"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
6h 51 m. 13s.6 64•U'30"
55 11 2 40 40
7 0 27 4 38 tO
Latitude =31° 29' 18'',
OllSER \"A TION" A~THON(HIIQUE!'

Chronomètre n• 98 Hauteurs de oc Andromède (à l'Oue~l)


7h. 7m.~7s.4 62°22' o··
10 56 4 60 56 30
1/'i 12 6 59 13 w
{8 28 (j 57 52 40
21 50 .J 56 30 20
ï.orrcclion du chronomèl re = +
31 m. 1 s. t.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Procyon (à l'Est)


7 h.28 m. 58 s. 6 91° ~9· o··
32 45 6 92 55 30
35 50 2• 9-i 5 0
40 29 6 95 46 10
45 19 8 97 31 50
Correction du chronomètre = +
3f m . .f. s. O.

Agadir AXt el-Fersi

Le 6 février 1905.

B = 670 mm. 6 = + 12° E =+t' 10"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
10h. 3m.35s.6 62°32' 50"
9 34 0 30.&0
13 37 6 28 30
Latitude = 31° 2t' 31 ".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de tx Persée


10h.2im.3~s.2 7f 0 ·U' 0''
28 31 2 69 28 iO
33 53 4 67 45 40
37 14 2 66 .(2 {0
42 5 8 65 8 t.O
Correction du chronomètre = +
30 m. i4 s. 6.

Tiguelma

Le 7 février 1905.

B :::: 684 mm. 5 6 =+go 5 .E = + 1'0"


664 AU CŒT.:R DE I/A TLAS

Chronomi•tre n• 98 Hauteurs de la polaire


7 h.15m. a3 s. 0 63°33' o··
20 48 4 30 10
2fi 3 fi 27 40
Latitude= 3{ 0 !' 14".

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à l'Est)


7h.37m.50s.2 44°26' 30"
42 06 46940
Correction dn chronomètre =+ 30 m. 38 s. (douteux).

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Sirius (à l'Est)


7h.49m.36s.4 78°46' 0"
52 ;}8 4 79 17 30"
56 7 6 79 45 30
58 46 8 80 11 0
~ 2 20 0 80 40 20
Correction dn chronomètre =+ 30 m. 37 s. (douteux).

Opérations contrariées par la brume.

Tarbelt

Le 9 février 1905.

B = 696mm. E = + 40"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à J'Est)
!Oh.15m.26s.2 113"36'30"
18 45 6 114 53 50
22 12 8 H6 11 20t
24 31 8 117 5 0 0
Correction du chronomètre = +
30 m. 4 s. ·

Chronomètre no 98 Hauteurs de c.c Taureau (à J'Ouest)


10h.30m.48s.O 72o48' 0"
34 2 6 7t 24 40
36 M 2 70 H 35
u 40 4 67 42 0 0
Correction du chronomètre = +
30 m. 4 s. ·

Chronomètre n• 98 Hauteut·s de la polaire


10h.49m. 7s.4 60o31' 5"
:>2 21 0 29 10
Z"i7 51 4 24 30
Latitude = 30• 36' 53"·
OBS~;RVATIONS ASTRONOMIQUES 665

Mguerba

Le 11 février 1905.
B :::: 70~ mm. E = + 10''
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
1 h.56m.5!s.6 t.~so22· o··
~ f ':!7 0 ~010
4 'i4 2 19 40
L11tiludP =
3Qo U' ;;o··.
Chronomt'ltre n• 98 Hauteurs de Procyon
':!h.Hm.46s.O -U 0 56' 40"
15 46 8 43 u 0
20 13 4 41 2{ 50
Correction du chronomètre = + 29 m. 9 s.

Tamgrout
(Zaouïa ben Naçer).

Le t2 (év1•ier 190!'j,
B:::::: 702 mm. 5 0 = + {40 E = + 40"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
7h.f4m.40s.8 6fo50' 0"
20 12 2 61 48 10
24 39 0 61 45 20
Latitude = 30" Hi' 23".
Chronomètre n• 98 Hauteurs de ~ Andromède (à l'Ouest)
7h.37 m. 28s. 2 67046'!0"
41 38 4 66 6 20
45 25 0 64 38 20
49 7 4 63 u 30
52 20 6 61 55 20
Cort·ection du chronomètre =+
29 m. 5 s. 9.

Chronomètre no 98 Hauteurs de Régulus (à l'Est)


flh.3~m.Us.2 75"53' 20''
37 :.; 2 77 45 30
39 17 6 78 42 50
43 :; 6 80 20 0
4~ Ml fi 81 29 20
Correction du cht·onomètre = + 29 m. 8 s. 7.
666 AU CŒilR m: r!ATf,AS

Le 13 février 1905.

B = 704 mm. 0 =+Ho E = + 30"


OccuLTATION DE ()( TAUREAU (immersion)

Chronomètre n• 98
9h.7m.N7s.2
Longitude= 0 h. 32 m. 26 s. 1 = s• 6' 31" Ouest.
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
9h.19jm. 45s. 2 60•33' 5"
2-1 u " 31 30
30 49 6 26 56 ..
Latitude = 30° 15' tJ '

Chronomètre n• 98 Hauteurs de ()( Persée (à J'Ouest}


9h.37m.16s.4 760 3' 45"
42 2 2 74 31 5
45 3 6 73 30 20
49 0 6 73 15 10 5
Correction du chronomètre =+
29 m. 7 s. ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de ~ Lion (à J'Estl


10h. 3m.35s.2 75°54'10"
6 52 2 77 18 50
11 31 0 79 19 0
'
13 37 2 80 13 30 0
Correction du chronomètre =+
29 m. H 5• •

Le 1.4 fevrier 1905.

B = 704 mm. 5 0 = + 130 E = + 30"


OccULTATION DE H5 TAUREAU (immersion)

Chronomètre n• 98
7h. 9m.52s.2 t
Longitude = 0 h. 32 m. 22 s. 0 = go 5' 30" oues '
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
7h.28m.38s . .2 610 39' 0"
31 25 0 36 40
33 19 8 34. 40 ..
Latitude =
30• US' 3 '
OBSERVATIO~S ASTRONOMJQn;s 6tl7

Chronomètre·n• 98 Hauteurs de 'l Andromède (à l'Ouest)


7h.47m.30s.O 84° {' to''
5~ 17 6 82 i2 30
57 25 6 80 19 40
8 0 20 4 79 u 15
3 38 0 77 59 50
Col'rrelion dn cht·onomèh·e =+
29 m. 13 s. 9.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à l'Est)


Sh. 9u;.23s.4 69"Hr 5"
ti 20 2 70 33 0
u 40 4 7f 33 w
16 42 ~ 72 25 Hl
19 31 8 73 38 40
Cor!'ection dn chronomèh·e = +
29 m. f3 s. 3.

tioOn ad?pte pom· la latitude de Tamgroul la moyenne des trois délermina-


ns, sott :
et p Latitude adoptée == 30° 15' i3" .
. our la lon<>ilnde la valeur mo,,·enne fournie par les deux occultations,
SOtt; " ·'

Longitude adoptée = 0 h.32 m. 24 s. O. = 8° 6' 0" Ouest

Hassi N'Sfer

Le 17 février 1905.

B = 688 mm. 6 =+go E =+50"

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


8h.41m. 5s.8 60°~4'.10"
49 16 0 60 20 0
54 38 4 60 16 30.
Latitude = ao• 3' 8''.
Chronomètre n• 98 Hauteurs de rx Persée
9h.43m.27s.O 69'39'40"
47 27 0 68 u 0
50 37 2 67 22 30
Correction du chronomètre = +
26 m. 2 s. 5 .

.llrf.harouq

Le 18 (évrie1· 1905 .

• B::::: 702 mm. 6 =+no E= + .10"


668 AU CŒUR D~<; J, ATLAS

Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire


8h.Hm.25s.8 60"5t' tO"
18 14 8 47 50
22 9 8 45 30
Latitude =
30" 7' -'9'',

Chronomètre n• 98 Hauteurs de IX Taureau


9h. Om.Hs.! 98054'10''
4 34 8 97 3 0
.8 28 ~ !)5 21 50
H 47 4 93 56 30
15 28 f) 92 22 30 i
Coi'I'ection dn chronomètre =+
2~ m. 45 s. •

Le 21 février 1905.
B = 695mm. 0 = + 16° E = + 40"
Chronomdre n• 98 Hauteurs de Procyon (à. l'Est)
6h.23m. 47s. 2 89°28' 0"
26 4f 8 90 36 40
29 40 0 91 46 55
32 4t 6 92 57 5
3i") 19 6 94 27 tO
Co1·rection du chronomètre = + 24 m. 57 8• 9•
Chronomètre n• 911 Hauteurs de la polaire
6h.44m. 1s.O 61034'30"
49 35 0 32 5
54 49 2 '17 40 "
Latitude =
30° 7' ~ '

ChronomHre n• 98 Hauteurs de IX Bélier (à rouesll


7h. 1m.21s.O 86"22' 40''
14 56 6 80 31 -10
19 20 4 78 37 IO
22 9 6 77 '14 45 :1
Coi'r<•ction dn chronomètre =+
24 m. 58 s. ·
.
On adopte pour la Latitude de Mhai·ouq, la moyenne des deux dc'termina·
tions.
Latitude Hdoptée = :J0° 7' 37'',

Taourirt el-.Mdelna
(Oued l'lit)

Le 23 flvrier 1905.
B = li73 ITIIII. (j = + 70 F. = + 20''
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES 669

Chronomètre no 98 Hauteurs de Régulus (à l'Ouest)


3h ..u m.56s.4 58°46' 50''
49 H ~ !St.i 38 20
53 22 2 :J3 49 i.iO
59 ~3 i 50 47 50
Correction du chronomèll·e = +
24 m. 7 s. 5.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Clt Lyre (à l'Est)


4h. 3m.58s.6 83° i' 20''
7 20 0 84 i7 50
9 56 0 85 19 10
1% !() 4 86 13 30
u 54 4, 87 14 40
Conection du chronomètre = + U m. 10 s. 4.
Chronomètre n• 98 Hauteur:; de la polaire
4h.3!m.36s.2 ;)8°25'50''
2i.i 40
38 ~1 4
~8 10
42 19 0
46 56 0 28 40
Latitude= 30° 16' o··.
Timguissint

Le %3 février 1905.
B ::::: 683 mm. 6 = + 12° E = + 30'"
Hauteurs de la polaire
Chronomètre n• 98
61°29'30''
6h.57m.43s.8
21 20
7 9 28 2
16 10
18 33 6
Latitude = 300 g· 47".
Hauteurs de Régulus (à l'Est)
Chronomètre no 98
(}4025'to"
7h.28m. 7s.2
66 19 0
33 24 {)
68 25 50
37 12 2
69 43 iO
·iO 23 8
70 39 t5
42 31 6
Con·ection du cl\t'onomètrc =+
2:.: m. 50 s. f.

Chronomètre n• 98 Hauteurs de 1 Andromède (à l'Ouest)


7~ 0 50'30"
7h.47m.~8s.2
50 ;}9 6
7f 34 tO
a4 3 o 10 ~" ao
57 52 8
69 1 0
67 8 iO
8 3 2 2
Vent t res
· gênant.
Correction du chronomèll·e = + 23 m. 50 s. 7.
670 AU CŒUll DE t'ATLAS

Agmour

Le 24 février 1905.

H = o92 mm. 0 = + 1f0 E= + 30"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
7h.39m.33s.o 60o48'50"
43 22 8 46 50
47 14 0 45 10 .•
L11titude =
30° 3' il> ·

Chronomètre n• 98 Hauteurs de Régulus (à l'Esll


7h.53m.2h.8 76036'20"
57 37 6 78 25 ~·
8 0 23 6 79 36 50
3 29 6 80 57 0
5 59 8 82 2 10 8
Correction du chronomètre --:- +
22 m. 50 5 • •

Chronomètre n• 9 8 Hauteurs de ox Bélier (à rouestl


8h.13m.52s.4 5f010' 40"
17 5 4 49 48 20
23 46 6 46 59 0
27 33 2 45 24 40
30 56 ü 43 59 0 s
Correction du chronomètre =+ 22 m. 1î3 s. ·

Aqqa-Iren

Le 25 février 1905.

H = 692 mm. o= + -ta• E = + 10"


Chronomètre n• 98 Hauteurs de ox Bélier (à rouesl)
7h.33m.5h.2 66° 40' 30"
57 i 2 rm 47 30 .
Correction du chronomètre = + 22 m. 27 s. 3
Chronomètre n• 98 Hauteurs. de Régulus (à J'Ouest)
8ld5m.ns.2 87t~3f' 0"
19 t 8 89 3 30
21 40 6 90 12 0
25 30 2 91 48 40
30 34 6 93 58 iO l.'
Correction du chronomètre =+ 22 m. i5 8

OBSERVATIONS AS'fRONOllh,!UES ü71
Chronomètre n• 98 Il auteurs de la polaire
9 h. 1 rn. 30s. 0 59°47'50"
5 18 6 45 25
JI; Latitude= 29°59'1)".
uages. Observations plus complètes impossibles.

Ilir
Le 27 février 1905.
B = 666 mm. 6 = + 12° E = 0"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de " Bélier (à l'Ouest)
7h.26m. 7s.2 67° 4'50"
30 19 4 65 17 10
37 25 8 62 {4 50
42 22 8 60 9 30
Correction du chronomètre =+
21 m. 20 s. 5.
Chronomètre n• 98 Hauteurt1 de Régulus (à l'Est)
7 h.47 m. 49s.2 78038' 40"
52 7 0 80 !8 30
58 16 4 83 7 40
8 0 57 8 S4 {6 0
Correction du chronomètre = +
21 m. Hi s. 5.
Chronornèh·e n• 98 Hauteurs de la polaire
8h. 6m.27s.6 600f4' 40"
·H 50 4 H tîO
{6 i4 2 4 50
Latitude = 29° 57' 30".

Zaouia Sidi .Mobaouned ou Iaqoub


Le 28 février i 905.
B- ""0 mm. 5.
- uv 6 =+go E = + 15"
Chronomètre n• 98 Hauteurs de la polaire
9h.27m.·18s.O 59°32'30"
31 i7 6 !8 20
{0 3 39' 2 9 55
Latitude = 30o 2' 50".
Chronomètre n• 98 Hauteurs de " Cocher
10h.l8m. 39s. 2 8io 54' 40"
22 6 0 80 4i 40
25 24 8 79 33 50
28 21 8 78 3-f 30
3{ t4 4 77 3{ 0

Lam· ·
Correction du chronomètre = + 21 rn, 2 s. 4.
Blîive0 t ISsJon ~st attaquée ; les chronomètres sont volés; les obsenations qui
• sont l'~tites à l'aide du chl'onograpbe.
672 AU CŒUR DE L'ATLAS

Tizi

Le f6 avril HJ05.

H = 632 mm. IJ = +Uo E = + f' 50"


Chronographe Hauteurs do la polaire
Hh. 7m.f3s.O 58044' 30"
fO 50 2 «
.10
i5 23 2 43 20
20 f8 0 42 50 •.
Latitude = 30° 33' 15 •

Chronographe Hauteurs de Véga (it.l'Ouest)


H h.28m. 5s.6 48053' 50"
33 2 4 50 40 30
35 12 6 51 27 30
38. 49 0 52 50 0
40 29 8 ;;a 24 30
Correction du chronomètre = +
0 111. 33 5• •
1

Chronographe Hauteurs de Regulus tà J'Est)


H h.-i8m.57s.4 79° 2' iO''
52 56 2 77 « fO
55 16 4 76 47 30
58 a 2 75 33 30
12 t 27 8 74 7 50 f
Correction du chronographe =+ 0 m. 2{ 5• •

Tislit

Le 17 avril 1905.
13 = 640 mm. !J =+{50 E = + f' 40"
Chronogmphe Hauteurs de la polaire
8h.20m.33s.2 59°48' 0"
24 7 0 45 20
27 20 4 43 50 '~1''·
Latitude = 30° 39

Chronographe Hauteurs de oc Cocher


8h.32m. 6s.O 6fo14' 40"
35 53 0 59 58 10
38 1 8 59 14 10
40 t6 6 58 28 30
.u 19 6 57 u40 5
Correction du chronographe = +
i m. t S· · •
OBSERVATIU~S ASTRONOMI(JUES 673

Lhrunogr.tphe llaulcur,; ùe Procyon


8 h.54m.14 s. li H0°50'10''
57 5 2 79 4:1 0
;)9 :JO H iX 4a :;o
9 tt 0 7X 2 o
2 44 0 77 2ii 10
Correction du chronographe = +
0 m. 53 s. 1.
L'é.. . fourni
Ca!( · . pour la cOI'!'ccl ion du ehronoQ"raphe par les <il'ux étoiles
~servt'L•s.
tant ü Tizi <JU'il Tislil, n'a p11 êii'l' exp,li<JUl-; un a pris les va.leurs
oycnnes pour le ealcHI des Lali!Hdes.

Tikirt

Le 18 avril 1905.

U = U48 n1111. () = + 14° E = + l' 30"


Chronographe Hauteurs de Procyon
f0h.26m. 3s.8 40° 37' 30"
·ao 4t s :38 38 ;;o
36 27 50
Fêt . :i5 43 H ·
01 1l' est 1rop basse pour continuer.
Correction du eh•·onographL• = +t m. 6 s. 7.

Chronographe llauteur·s de la polaire


10h.5tm.4is.O ;')9° 31 fO''
10 56 54 2 :35 10
H 2 28 0 34 30
LalillldC = 30° 58' .1,7'',

Cl1ronographe Hauteurs de Véga


H h.10 m. 49s. 0 46° 210"
15 14 8 47 4:1 0
18 24 2 48 54 10
21 22 6 49 57 40
25 9 6 51 20 0
Correct ion du chronog•·aphe = + 1 m. ·10 s. O.
ô74 AU CŒUH DE L'ATLAS

COMPAI

-
Les comparaisqns ont toujours ''lé l'ait es par l\1. ÙP Sl'gonzac par rapport au

CmiPARAISONS

LOCALITÉS DATES -~
(
Chronorn.-.tre Chronomètre
n• 98 n• 97

1904
--------
b. m. b. m. s.
Novembre 27 10 1 10 12 48 0
l) 28 9 55 10 ti 43 0
)) 29 9 52 10 3 37 0
)) 30 8 11 8 22 29 6
Aïn el-Hadjar. • Décembt·c 1 \10 911220
1
)) 2 9 46 9 ;;7 f2 8
)) :l 9 44 \1 5~; 2 ;;
)) i 8 ;;3 !) 3 57 ~
)) 5 . 9 u !1 ;;.t 50 6 Cl
)) tid7 le~ montres ont étP l'('mon!ées mais non
El-Adhamna .,Dè.ce.mhre R 8 9 8 19 21 2
Mogador. . lll'Cl'lltbt·e H Il 1);{ 12 :l 12 4
Décembre JO 7 () 7 1ô 9 2
i )) 10 !1 42 !1 52 9 2
El-Adhamna .
l ''
))
))
))
))
Il
12

l.t
t:i
!l)(\('{'Il1bl"(' ·llî
{) :1
s:n
(i
(j
(j
41
:{2
s ;;2 58 8
s27 8ti
1 ;{ les montres non remontées se sont at
7 (j 7 16 4
6 41 10 2
6 32 2 4
r11

l ' ' )) 17 6 54 t\ 53 54 8
6 53 6 ;)2 48 2
:\Iogador ' ")) IR
!\) !l 44 9 43 40 6
)) ::W !1 1J 9 !0 :32 2
)) 20 Hi 10 1i> !1 27 6
, DéePmhrl' 21 10 43 10 42 22 2
El-.\dhamna .~ )) 22 !1 (j 9 5 13 2
~ )) 2:1 7-H 7W 28
Sidi .\hdallah Ouasruin . Dl'et'lllht·e 24 1o 34 w 33 :a s
Bot·d,i Pl-Hadj Hcgragui . Dl'cPmhrP 25 7 10 7 8 41 4
Dat· Si11i Salait el-tiouaïal. D1•n~rnlwe 2() 98 9ü29-'
Z1J011ïat Ilùil Dél·eJllbl·t· 27 6 i8 6 46 19 2
i'\zalel el-Hammadi D1:cembrc 2R 71.f. 7129~
Na ei-Ihoutli Décembre 29 7 28 7 25 58;)

Le tahleau des comparaioons dea chronomètres, entre le 2\l déct·Illhre et le 1-' féYri"•
OBSERYATIO;\'S A~TRONOmQŒS 6ii)

CIIRONOM~:TRES

e'eat ce .
meme ehrnnornèlrc ,111 i a st•ni pour h•s obst•rvalions as\rononlÏ•pH•s.
~

DIFFÉRENCES

~---------------~------~---- OBSEHVATIO:\'S
Chrono mètres Chronomètre<
9S.!J9 9\1-Vi
----_, _________ - - - - - -------- -----1-------------11

+50
s. m. s.
+ 20 .H 6 s.
m.
- :12 20 2
s.
..
+ 11 64
60 + 20 :18 2 + .{(j .{4 - 32 21 (j
7 4 + 20 4:i 0 -:32 :w 0 i 6
7 6 + 20 -i8 8
5 8 - ;{2 18 {
;) 0 1 (j !}!) 11'011 bi é
9 2 + 20 51 8 - :12 1:1 8 - 2 0
to a + 21 ;{ 0 11 2 - :!2 t;'i 8
+ 15
!") t) + 21 11 8 8 8
i 0
- :12 u :l + 1 ::i
fi 4 + ::!1 t;'i 8 7 4
- ;{2 Il! 8 - 1 0
21 ~
+ 21 23 2 - 22 t:l 8
12 • +88 + 21 :J:I 4
+ +lOt
- 31 5-i (j
- 1 6
Il
Il
~
~
3 2
11 0 +
21 .1,:1 8
2 l -16 8
3 0
-
-
:li ;'i6 2
31 ;)() 0 + 0 4
- 0 4
1~ so+ 21 n 2 0 4
.)
-
-
31 ;'j(j 4
16 ;)2 0
?
,31!4 48 +:W::i:32 '!
9

4 à 6 beures. + 31 rH '•
16-lttbe - 21 ;)5 0

IO ~ -t- - 0 56
2•
6 2
78-084
-- 0 10 8
+ 24 .i0 - 0 1 8
-t- 3 8
3 8
13 2 7 6 - 0 4 4 + 0 2 0 ti 4
18 66 - 0 32
1 2 + 0 R 4 ;) 0
19 • 76 - 0 1 6
1 (j
1 {
+ 0 13 4 6 2
!78 84-002 + 0 1\) 61 ti ti
~· +
1 8
~8
46+
54+
016
0 28
1 2 +
0
0
2ti 2
29 (j
3 4
4 0
38 90 +Oi2
1 4 + 0 :l:l 6 7 0
~~ 10 4 +0 (j 2
2 0 + 0 iO ti (j8
1 8 6~ Ho +098
:l 6 + on 4 8
10 4 + 0 l.j 0
l 2 +
+
o :a 2
(i
i 8
~6 12 0 + 0 19 (j
;.) ti 0 ;,!) 8 (j2
llo 8 10 2 + 0 2;) i
oi 8 + 1 :i 2 5 8
1 fi 9 8 + 0 29 8
4 4 + 1 H 0 ï 4
5 10 9 + 0 32 2
2 .{ + 1 18 .{ 5 3
-r- 0 37 8
::i (j
+ 1 23 7
~
~ion.
-
ti76 AU CŒUR DE L'ATLAS

COMPARAISONS
-~
LOCALITÉS DATES
Chronomètre Chronomètre
n• 97

.. -
n• 98
~

h. m. h. m.
Semgal (AH ~Iermd) .. Févrie.r 1 7 fi ü 55 M:!
Tadirousl. . · . . . . . )) 2 10 28 10 17 39 4
)) :l 9 23 9 12 29 8
Zaouïa el-Baouari. ·) )) 4 7 8 6 57 18 6
El-Khm·bet el-Khdim .. )) 5 9 3 8 ;)2 7 4
Agadir Aït el·Fcrsi )) 6 851 8 39 53 8
8 24 41 4
Tiguelna. :1 ))

))
7
8
8 36
9 30 9 18 27 4
Tarbell. . .! 9 33 12 6
1 )) 9 9 45
8 20 1 2

-~
)) 10 8 32
l\lguerba. )) 10 14 32 u 19 55 2
)) H 8 15 8 2 43 2
)) 12 8 57 8 44 30 0
)) 13 7 46 7 33 17 2
Tamgroul 13 9 12 8 59 u 8
·)
))

)) i4 7U 7 1 3 0
)) 15 7 7 653480
Rous n'tlèt (Aït Atta) . )) 16 8 32 8 i8 34 4
Hassi Sefra (cl-Fcija) . .1 )) 17 10 13 9 59 2t 2
7 34 8 6
)) 18 7 48
)) 19 7 29 7 u 59 2
Mh,.·ouq (Oued Zguid). ·) )) 20 8 16 8 1 47 6
)) 21 7 39 7 24 35 4
22 7 8 65a248
Taourirt . s
"1
))

)) 22 16 36 16 21 17 2
Timguissinl. )) 23 8 27 s· t2 H 4
Agmour. )) 24 8 47 8 31 57 8
AwJa lrcn :1 ))

))
25
26
6 53
9 32
(i 37 47 8
9 16 39 ~
Ilir .
·î
Zaouïa Si l\loh·t ou YaqouLI

))
27
28
8 37
8 12
8 21 27 6
756142

L'atla<jue de la mission se produit le 1... Mars. Perte des chronomètres.


~
OH SEin' ATIO"'S ASTI\O:'ÎO~IIIJliES
677

- -
DIFFi'~RENCES

OBSERVATIONS

-- -
~èlres Chronomi>tres
A Chronomètres A
A 99 !li
98-99

Î •.
lis s. m. s. . +
m. s.
;-; 2
!'-i~
+
s.

1~ 6 i 13 6
1
+U 8 + + 6 8 8 0
+ 4 20 4 + 6 02 5 0
14t ~- ~
9 () 46
+ 6 ;) 2
13~ 6
H2 + 4 2;) 0 :! 2 () 14 2
9 0
1t 2 + 4 27 2 1. 4 + 6 24 0
9 8
62 13 6 + 4 28 6 7 0 + 6 30 6
() ()
ts 6 12 4 + 4 35 6 4 0 + 6 39 0
8 4
3!6 uo + 4 ;{9 6 5 8 + 6 47 2
8 2
47 4 us + 4 45 4 6 4 + 6 55 6
8 4
1S8 8 H4 + 4 51 8 6 4 + 7 0 6
5 0
' 48
~ t6 8
60 + 4 58 2 2 6 + 7 40
3 4
12 0 + 5 0 8 3 6 + 8 4
1~ 30 0 13 2 + 5 4 4 6 8 + 7 12 4
7 18 8
6 4
42 12 8 + 5 11 2 + 8 0
145 8 4 8 7 26 8
+ 5 16 0 +
!ll7 ~ H 8
24 0 8 1 6
+ 5 16 8 + 7 28 4 8 0
: t~ 0 3 8 7 36 4
HiO + 5 20 6 8 4 + 7 43 0
6 6
: 7:1 6
138 g 13 6 + 5 29 0 5 8 + 7 50 8
7 8
:lit 4 13 2 + 5 34 8 () 4 + 7 57 ()
6 8
12 () + 5 41 2 6 4 + 8 3 8
6 2
08
~ t~ ~
94 + 5 47 6 3 2 + 8100
6 2
·~6
11 6 + 5 rJO 8 5 0 + 8 ·16 6
6 6
·3.'1 12 2 + 5 55 8 2 0 + 8 26 8
iO 2
4~ ~ 10 6 + 5 57 8 4 2 + 8 33 2
6 4
76 + 6 2 0 + () 4
'48:
' 2~
58
13 6
+
+
6
6
3
52
2
1 2
2 0 +
+
8 39 6
8 43 4
3
7
8
8
1
t2 ~ 5 8 8 51 2
'!0
10 0 + 6 1{ 0
2 4 + 8 58 8
7 6
'3! ~ 82 + 6 n 4 3 2 + 5 0
12 0 + 6 16 6 + 9 3 8 7 4
-15: t3 4 + 6 2t 2
4 6
46 + 9 11 2 8 8
+ 6 25 8 + 9 20 0
Al' CŒTJR ll~; L' ATLAl'l

Résumé des états adopi

1
E'L\T ADO l'TÉ

---
DATES ET HEURES
LOCALIT~;s du
dos observations
\ chronumèi re n• g:

1904 h. m. s.
El-.\rlharnma. 14 Mc ü lX 7 + x8 39 5
30 88
Mogador 18 dée. it 1 5 + 1.6 33 1
:\lerrakech . 31 déc. à 13 3 +
1901:)
Sidi Rahal :~ janvier il 1.0 3 + 20
18
llernnat a janvier· il 12 0 + 21 1
Zaouïa Aït :Mhcnd. 7 jauvicr it 10 2 + 21
Zaouïa Bou Antar. 8 janvier à 9 \1 + 2i
Tamchegdan 9 janvier à x 9 +
Zaouïa Aït Tikhlill 10 janvier à 9 ::; + 22
Inguert 11 janvier à 10 a + 25
23
Aïl Boulman W janvier it 9 a + 26 1
TaseraJt ·18 janvier it 7 6 + 26
Al'enla. 19 janvier à 12 0,. + ·:n
AdJala. 22 janyier ir 10 ,)
+ 27
Taonenza. 23 janvier· i1 7 8 + 29 1
:\lejmoua. 't(i janvier :'1 (i 4 + 29
Tounfit. 27 janvier i1 6 6 + 29
Tagoudil 28 janvier i1 8 !l + 29
Aïl llallah 29 janvier :'1 (i 6 +
T:u·ibanl. 30 janviPr il 7 1 + 30 1
Zaouïa Sidi :\lohammed :H jan vier· i1 'j !) + 30
Scrngat 1er ftlvripr ù (i ::; + :10 t
Tadiroust 2 ft;nier it 9 1 + 31 i
Zaouïa cl-Houari :3,. février il 8 2 + :H
El-1\hor·brt el-1\hdîm ,) ft;n·ipr il 7 4 + 31 1
.\gadir Aït cl-Fcrsi 6 ft;vrirr· ü 10 5 + 30
30
1
Tigne! na. 7 féYrier à 7 9 + 30
Tarhelt. 9 f,;\Ticr à 10 5 + 2fl
l\Igucr·ba. 11 féHiCI' à H 2 +
Tamgrout .. 1;{ février· it 21 0 + 29
Hassi N'Sefra. I7 ft;ITier à !) 8 + 26
:\lharou<t . . 1!l f'hTiPI' it 20 0 + 24
Taourirl el-~ltlclna 22 f't;Hier à j(j 0 + 24
Tirnguissinl. 23 f'hTiCl' it 7 7 + 23
.\gmour 2i fénicr
_,)
ù x2 + 22
A<[qa Ircn 9" ft\vricr h 8 0 + 22 t
llir 27 féiTier à 7 7 + 21
Zaouïa Sitli :\lohamrned .
:1 28 l't;n·ier il 10 t + 21

Les chronomètres sont pr·is.


OllSEHYATIOXS ASTHOXOmQt:E!' 6i!l

llolllètre n • 98
et calcul des longitudes.

~
l~Afl.~HE ,=~=~=""'"T======j""======~•
ealeulee TE\IP~
correspondant LO:'IGtTl:DE

.._____
~+.s. 827 pour la ùate
,-, !\to"ador
ou à Tu~ngrout
en t~mps
OBSERVATIONS

m. s h. m. s.
+ 8 Il. 4 0 48 0 9
48 26 0
+ 9 35 4 0 41 28 3

+ 9 4!1 a 0 39 32 7
+ 9 :19 3 o 37 :n 9
+ 10 ~ti 0 37 22 5
+ 10 t:~ 3 0 37 6 2
+ 10 18 0 o:{ü471
+ 10 22 9 0 36 6 1
+ 10 27 9 0 35 50 4
+ 10 51 \1 0 31. u 4
+ Il 1 2 0 :i3 15 0
+ Il li 9 0 33 ü 5
+ 11 21 1 0 32 27 0
+ H 2:î 3 0 32 6 3 douteux.
+ H 3!1 ü 0 30 49 0
+ 11 u 4 0 30 45 8
+ Il 1.9 7 0 30 20 7
+H:HO 0 30 40 3
+ 28 1 0 0 30 15 5
+ 28 (i 0 0 30 16 3
+ 28 10 (j 0 29 42 9
+ ':!R 1~; 9 0 29 23 0
+ 28 20 (j 0 29 34 0
+ 28 30 1 0 29 51 5
+ 28 35 5 0 30 44 9
douteux.
+ 28 39 8 0 30 48 8
+28:>00 0 31 10 0
+ 29 0;; 0 32 15 5
32 24 0
+ 29 28 5 0 35 50 0
+29402 0 37 12 6
+ 2\1 ;)3 9 0
0
38 8 9
+ 29 :>7 0
0
38 30 6
0
+ 30 2 0 39 34
+ 30 (j 8 0 40 4 4
0 41 2~ 4
+ :{0 16 4
+ 30 21 7 0 41 43 3
-
RÉSULTATS DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES

LONGITUDES
LOCALITES LATI- OBSERYATIONS
TUDES
en temps en arcs

h. m. s.
---------
Aïn el-Hadjat·. 31 39 31 )) ))

El-Adhamma 31 27 18 048 0 9 12 0,2


Mogador 31 30 22 048 26 0 12 6.5
IO 21,0 Longitude pa•· l'occultatiOD
l\lcrrakech 31 37 39 1041 24 0 id. pa•· cbrooo01èlJ'8
. \041 28 4 10 22.1
Sidi Hahal . 31 38 29 039 32 7 9 53,2
Dernnal 31 45 34 0 37 37 9 9 24.5
Zaouïa Aït Mhend • 31 50 5 0 37 22 5 9 20,6
Zaouïa Bou Antat· 31 52 1 0 37 6 3 9 16 6
Tamchcgrlam 31 51) 28 0 36 47 1 9 1Ù
Zaouïa Aït Tikhlirt 31 57 11 0 36 6 2 9 1,5
Inguert (Aït bou Zirl). 32 2 i'i5 0 36 50 4 8 57,6
Aït Boulman . . . . 32 12 48 0 34 14 4 8 33.6
Taseraft (Aït Ahdi). 32 H 46 0 33 15 0 8 18,8
Aferda . . . . . . 32 21 52 0 33 6 5 8 16,6
Arbala ; 32 28 39 0 32 27 0 8 6,8
Taouenza . 32 34 33 0 32 6 7 8 1,6 Longitude douteuse
Mejmoua . 32 32 25 0 30 49 0 7 42,3
Tounfit . . 32 27 5;) 0 30 45 8 7 41,5
Tagoudit 32 23 0 0 30 20 7 .7 35,2
Aït Hattab 31 45 58 0 30 40 4 7 40;1
Taribanl . . . . . . 32 10 48 0 30 15 6 7 :~3.9
Zaouïa Si Mohammed. 32 0 15 0 30 16 ;{ 7 :~4,1
Semgat. 31 59 34 0 29 .j2 9 7 25,7
Tarliroust. :H 48 29 0 29 21 0 7 20,7
Zaouïa el-Haouari . 31 :!1 16 0 29 34 0 7 23.5
El-Khorbet el-Khdlm. :ll 29 38 0 29 ;;t 5 7 27,9
Agadir Aït el-FPt'si. at 21 ::H o 30 44 9 7 41.2
Tiguelma . 31 2 14 0 30 48 9 7 42,2 Longitude douteuPe
Tarbelt. 30 36 53 0 31 10 0 7 47,5
El-Mguerha . 30 14 50 0 32 15 5 8 3,9
Tamgrout 30 15 13 0 32 2~ 0 8 6.0
Rassi N'Sefra 30 3 8 0 35 50 0 8 ;)7.5
Mharouq ao 7 37 o 37 12 6 9 18;1
Taourirt el-1\ldclna. 30 16 0 0 38 8 9 9 32,2
Timguissint . · 30 9 47 0 38 30 7 9 37.7
Agmour 30 3 26 0 39 34 0 9 53,5
Aqqa Iren. 29 59 6 0 40 4 4 10 i, t
Ilir. . . . . . . . 29 ;)7 30 0 41 22 4 10 20,6
Zaouïa Si :\lohammed 30 2 50 41 43 3 10 25.8
~!zi. (Dar el-Ouadi). :~o 33 :'!!'l » ))

ltsht. . . . . . . 30 39 47 )) •
Tikirt. 30 58 47 )) ))

On trouvera en outre dans le~


tableaux résumés des observations les résul~~~u~~
déterminations d'Azimut faites à Mogador et la valeur rie la déclinaison magn
Ain el-Hadjat'. Oum el·Aïoun ct Merrakech.
ORS ER \'ATION3 ASTRO~OMIQt:ES liR1

La liste des positions géographiques qui suit résume


les travaux de M. de Flotte-Roquevaire (1).

POSITIONS
:"!OMS ALTITVDES
GEOGRAPHIQUES
~

DES POINTs TRIGO!'<OMJ::TRIQUES ~


et d. . . Latitude Longitude du point du sol
es1gnahon des signaux (2\ N W de mire
---------- ---
A
i Aaü a (Lalla\ ou Arl!ana Re·
~ ala. Gros arganier trôs visi-
1
Te ; _lla~c sud de la vallée du
ens1ft, a l'entréP du l\framer. (3)
Le sommet tle l'arbre . . . . . 31•43' 40"2 H•3l' 34''2 65tm20 •646ml0
2
A~~etELd ela
KRou c?\ c!'>mrl. Le som-
qoubba . . . . . . . 31 49 41 210 1\l 11 9 5i5 60 !i69 foO
3
AB(D ER-RAHMA!'< BIO:N i\1Et'AOUD
. Srnrj. LesommetdelitqÔubha. 321910 011 32 191 101 70 !l5 iO
4 Abid (Koudiat el·) Le sommet. 31 39 38 0 10 22 12 1 504 ~ 504 "

A~Ir> (KOUDIAT
1
5
EL·'· Le sommet
e a colline du Nord . . . . . 31 39 59 1 10 21 47 5 500 r.o 500 50
6
A~HEG [DH:BEL
ommet . . . .
(ou SIG)]. Le
. . 31 15 51 7 9 56 28 7 3.597 60 3.597 60
7
A~HAMNA !EL-l. La terrasse
lanche de la mai;:on appelée : •
0 ar Babba . . . . . . 31 29 09 4 12 01 .U 5 128 10 122 10
8
A~HAM:-<A (EL·). Le sommet de
a tour . . . . . . . 31 29 OS 0 U 01 U 3 130 40 122 40

(2) Les
(1) \' . llOill s '1es stahons
· · J'1qu é s en •·a1·ar teres
sont Ill< · gras.
L~Ir la. planche de croquis des signaux. . . .
131 d s al.htudes du ;:ol, déduites de mesures de la difference de mvean entre le
Point
nées e•. m.Ire et le sol, sont préci>llées d'un astüisquc ; les autres ne sont don-
qua 1estime.
flR2

-
.\l" CŒ!:R DE L'ATLAS

POSIT!Oi'iS
NOMS ALTITUDES
G (WG RAPHIQ UES
~
IlES POINTS TI,TfiONO~iÉTRIQUE~ ~

10
el désignation des ~ignaux

ADRA H X !HL Le Sommet W.


Dôme de neige.

AGOUHZI(D.JEB~:L)
Latitude Longitude du point
N

31•23'25"5
'V dt) mire

------
9•37'47"7 3.143•" 3.143• '

Le Sommet. 30 56 21 3 10 50 3:2 8 3.451 70 :3.~51


70
du sol

H AH~ŒD EL-F!<:DHIL (S!DI). Le tO


~ommet d., la qoubba. . . 31 53 36 3 10 25 09 9 568 10 562

12 AIT lHEN (Sommet A chez les .. ) :l1 1:l 04 4 10 07 46 2 3 227 fiO 3.~7 90

80
13 AIT lREN !Sommet B chez les .. ) 31 1:l O:l 2 10 07 51 4 :J.ll15 80 3.!!15

14 AISSABI•N ÜMAR EL-ABDI(Qasba !40 80


du qaïd Si ... ) . . . . . . . . . 32 24 10 0 H 19 00 7 150 80

15 Aïssa ben Omar el-Abdi (sta- 137 80


tion prè' de la qasba de Si ... ) 32 27 i i 3 11 29 06 1 137 80

16 AIT BOU ÜULLI 10U Arr B ÜULLI) 30


(urEB
, · ) So
~.L , 111111e t W . ''1
,, "'4 06 3 S 39 03 2 3.613 30 3.613

17 AIT Bou ÜULLI lOU AIT B ÜULLI) tO


(DJEBEL;. Sommet E) . . . . . 31 44 18 8 8 36 56 3 3,753 40 3.753

18 ALI (SIDI). Sid HU N. de Zaouia


ben Sassi. L11 sommet de la 497 40
qonhba. :H 43 34 9 10 11 :!?6 8 503 40
19 ALI EL· KOURA TI (Srol). Le som-
445 10 i37 iO
met rlrl la <JOUbba . . . . • . . 31 48 42 ~ 11 !,3 18 8
20 AMHACH. Ancienne qasba du caïd
des Aït Zelten. Le sommet de la
:li 16 :;4 806
,
tour ~ Il 48 til 7 813 ))

21 AMS~:RDI::-1 (D,JEBF~Ll . ;H 08 07 0 10 13 H S 3.758 » 3.i5S •


80
22 AMSKRIM ID.TEBEL OU). 31 03 20 6 10 18 36 5 3.993 80 3.993

23 Anq el-Ojemel. Colline sur la


routo tle ~ogad11r il Merrakrch.
Le talha au bord rJe la falai>e. 31 33 17 6 H 16 0~ 5 487 90

24 ANQ EL-D.TRMRI. (LA NZALA i 60


DITE). La zeriba. deH hôteo. 31 :Jl 30 9 11 15 ~8 1 404 60 40
24 AOUAGAN? (D.TEBFL). . . :li 05 04 4 10 18 18 3 3.849 10 3.8i9 tO
bis
25 Aouri (Koudiat'. Colline au sud
de DemnHt. chez ~~~ Aï! Chita· 30
chen). . 31 41 ;;54 9 21 19 0 1.385 :lü t.38 5

26 ARBRE à l'Est et trr~s près du


ti9 tO
bordj An-Nadour. Le sommet. 32 20 36 8 t 1 36 24 7 1.53 iO
27 os ;; Hl 90 it1 90
Ardhous -Koudiat) 1 31 36 31 9 10 50
28 ARDHOUS (KOUDIAT) 2. 463 90 463 90
31 35 43 1 10 50 42 7
6R3

-
OB~ EH VATIONS AI'TRO:"I I~IIIJUES

POSITIO:-IS
l'IO~IS
ALTITUDES
1; (.;()<; RAPHIQ UES

DESPOI':\T,;TRIGO:-<OMÉTRJQUES ~- ~--
Latitude Longitude du point du ~ol
e~ désignation de< signaux
N 'V de mire

29
ARDHOU,; (KOliDIAT) :1. Jtu35';:!V''~ 10' :;o· 3~··7 H8'"90 U!lm90

30 3t 35 !ti 9 10 51 ();) 0 45:i 10 455 10


ARDHOU>< IKOUDIAT) 4.

Argana Rehala (v. LALLA AA- ))


)) ))
LIA). ~

31
Azm (Mai~on couvert<> en tuile~
vel'tes, dans un az;h à l'Est et
prè~ ~"S mur~ dl' :\lerrilkor·h l. èi45 50
3~ 29 4 10 18 16 'i 551 50
La pomte du toit . . . . . . . 31

B
a2 B ase (Terme Nord de la).
Angle S.-E. de la pouril·ièrl1 l'lli
née de la plage de Mogador, au 1 •
~ucl de lmb SPhah. . . . . . . ~1 30 :l2 1 1:? 06 21 0
33 B
as~ <Terme Sud de la). PieHe
~~n~te en rougf\ dan' la ma<;on·
erJe flpc;:. rninP.'-' cie rant•]('11
aquedue cle ~1ogarler . . . . . :H ::!\J :!6 2 12 06 18 1 2 90 2 90
34 B
f,L ABRÈS (Sror). Dans "'" eol·
'?P-< rlu Guili'. près MerrakPI'h.
L anglo Sud-Est du bàtiment . 31 38 45 2 10 22 43 8 549 80 5-i2 80
35
B~~ Q 'ss~:-.1 (Smr).?- rEst de Z•
. n Rassi P-t au pwd Sud des
Djebilet. Le sommet de la
qoubba. . . . . . . . . . . 31 40 07 4 10 04 t:i 8 5 .. 6 20 51,1 20
36 B
RNr N AnUEH ISror). Le som- 520 80
met de la qoubha. . . . 3:! llO 2i 0 H n Ill :>
37 B ER RE:\IRA"' (DJEBEL) 1 31 4t 13 9 10 23 0~ Ï 5G .. iO 56'• 70

38 B I.i:R REMRA~ (DJIŒEL) 2 iO:! \lO 702 90


31 44 .t:! Ï 10 22 t!o 0
39 BER REMR~~ (DJEBEL) 3 (K' el·
Akra]) . . . . . . . . . . . . 31 45 09 R 10 21 59 -1 iô3 • i63 ..

40 B~<R R E~IkA~ (D.TI BEL) 4 (K' el·


Botma) . . . . . . . . . . . . 31 4~ 17 9 10 :!; :\} 6 ïi4 10 ii4 10
i66 )) i66 ))
41 B ER REMRA)< (l)JEBF.L) ;Ï ~~ 45 21 9 10 21 40 2
ii! B er Remran (Djebel) 6 (Ras
bou Kraïma) 31 4;; 23 7 10 21 37 3 --'
114: )) 77-i •

43 B ER R~MRA~ (D.TEBI·:L) 7 .11 45 !12 8 10 21 24 0 i1fi 20 il6 20


44 B ER RE:IlRA~ (D.TEBFL) 8 bis 666 30 6Gii 30
31 46 14 5 10 21 10 4
-
Al' COEUR DE L'ATLAS

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
G(WGRAPHIQUES
~~­
DES POINTS TRIGONOMÉTRIQUES ~~
Latitude Longitude du point du sol

----- -----
et désignation des signaux
N W Je mire
-------
4:i BIT ALLAH (LALLA) (ou Si Abd
Allah Skial ?). Tour ronde. Le
sommet.. . 31•46'44"3 11•35'47'"8

46 Botof (Dunes de ... ). L'extré-


mité Nord de la June du milieu,
au Sud et au-de~sus de la piste
de Mogador à Merrakech . . . 31 30 34 (. 12 03 41 2 132 20

47 BOU ASSABA (FALAISE DE). Ex- 30


trémité Est . . _ . . . . . . . 31 31 31 7 10 01 33 7 1.042 30 t.04!

48 BOU ASSABA (FALAISE DE). Ex- 1


trémité Ouest . . . . . . . . . 31 29 45 0 i() 03 -12 3 914 » 9!+

.}9 Bou A.TMAN (SIDJ). Sommet de tO


la qoubba _ . . _ . . 31 54 10 3 10 t 3 50 4 735 10 i30 .

tiO BOU KECHBA (arbre de) . 32 24 21 5 11 35 18 2 147 ~0 142


20

51 Bou OURJOUL (DJJmru.) . 31 17 44 2 9 47 50 7 3.55i 90 3.55~ 90

r.
52 CHERBADI (Zaouïa). Sommet de 366 20
la (:oumaa . . 31 -i~ 42 ti 10 3!1 47 ü 378 20

53 CHICHAOUA (:"'zala. Ma tente


dans une zeriba prùs de l'entrt'!e 381 '))
de la Nzala . . . . . . . . . . 31 33 08 7 11 05 21 3 383 •
~54 90 3ti+ 99
M COLLINE isolée rians le Mouis><at. 31 15 41 4 t1 03 11 9

55 CONSTRUCTION BLANCHE ou sid, 623 90


prl'>~ et il I'E. de Lalla Aalia. . 31 43 29 2 11 31 36 3 (128 uo

n
56 DFMNAT. Sommet dP la tour <le 2 40
la qasba du qaïd . 31 43 29 7 9 21 tt 5 1.017 40 1.00

57 DIABAT (Sommet du Minaret de ,8 +0


la Mosquée du village de). 31 28 52 6 12 06 21 1 2:l 40

31 42 03 ti 10 26 04 7 558 80
558 so
58 l>J~:BILET 2.
741 10
31 51 13 4 10 30 17 4 741 10
59 D.JEHILET 3.
80P
,
60 D.TIŒILET 4. 31 52 :!6 2 10 30 49 3 800 ))

7?;4 -JO 754 10


61 D.TEBILF.T 5. 31 :i2 05 7 10 29 33 5
OlJSERVATIO::'iS ASTRONO)lli,J\ji<:S

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
Gf:OGRAPHIQUES

DESPOI:-<TSTRIGO:-lOMËTRlQUES ~ ~
Latitude Longitude du point du sol
et désignation des signaux N W de mire
-
62 D.JEBILET 6.
63
DJ ElliLI<:T 7. 31 52 16 0 10 26 56 4 839 90 839 90
6 1. D.JEmu:T s.. . 31 49 1~ 8 10 2~ 00 0 i08 70 708 70

D.TEBILET 9 (v. djebel He1·bil, )) ))


Ouest) .
Ojebilet 10 (v djebel Herbil, )) )) ))
Est) . . . . . ·.
65 DJEBILET 11. 31 42 31 8 10 2li 08 5 571 • 5ii •

DJ ~::i~Llt'l' 13 (". dj. Ber Rtnman


8 ) ............ . » » )) ))

66 DH:BILE'l' 14. 31 ~· 27 3 10 :u 03 5 6:-\4 30 684 30

67 D.iliBILET H bis . 31 47 :6 9 10 19 59 6 683 • 6~3 •


68 DJEBIU.T 1~. 31 51 58 4 10 18 49 9 7GO 70 760 70
69 D.J "-BlLET Hi. 31 52 t9 3 to 18 o4 4 743 70 743 ;o
70 DJEBILET 17. . 31 51 18 2 10 17 43 3 782 80 782 80
71 DJEBILET 18. 31 50 26 5 10 17 os 8 826 30 826 30

7! DJEBILET 1!l.
31 52 51 4 10 15 08 7 851 80 851 80
73 DJEBILET 20. 31 50 23 1 10 15 18 8 803 » 803 »
74 D.JEBILET 23. 31 48 42 7 10 13 50 4 780 90 780 90
75 DJEBILÉT 24. • 31 54 :!!6 7 10 iO 00 2 896 " 896 •
76 DJEBILET 25. 3i 55 15 3 lO 08 03 5 1.000 40 1.000 40
11
DJEBILET 26 (v. djebel Tekzim t}. • ' •

Djebilet 27 (v. djebel Tekzim 3}. • • » •


77 DJEBILET 28. . 31 4ï 30 2 10 13 08 1 694 40 694 iO
78 D.TEB!LET 2\1. . 31 47 32 3 10 12 34 9 699 60 699 60
79 DJEBILET 30. 31 47 32 4 10 10 35 6 760 40 760 40
80 DJEB!LE'r 31. 31 5:; 08 4 10 03 00 9 900 80 900 80
81 D.JEBILET 32. . 31 45 26 2 10 11 49 7 671 30 671 30
8! D.JEBILET 33. . 31 49 06 3 10 04 33 3 ·78::? 20 78:? 20
83 DJEBILET 34. . 31 46 53 6 10 07 11 4 697 90 697 90
NOMS
POSITIO:\"S
G~:OGRAPHIQUES
ALTITUDES
-
~~
DE,; POIN'l',.;THIGO.!IIO~!I~:THHJUER ~

--
et désignation des signaux Latitude Longitude du point du sol
N W de mire
---
84 D.JEBILET 3~. 310 46' 52"6 1Û 0
Q;)' 4.}',7 8:JOm30 830•30

883 t
85 DJERILET .16. :n 46 H 9 10 05 08 0 883 »

86 DJEBILET 31. 8ï0 90 870 90


31 47 05 7 10 04 0!1 ;{

87 D.JEBILET 38. 31 47 08 4 JO 03 38 fi 72\J 60 7!9 60

88 DJEBILET 39. 31 46 40 6 10 03 10 2 837 50 sa1 so


89 DJEBILET 40. 8:16 90 836 90
31 46 25 5 10 02 53 6
90 DJEBILÈT 41 ' 8!6 {0
31 46 31 3 JO 01 26 6 826 JO
91 DJEBILET 42. :H 42 42 f, 1,0 10 37 5 688 40 688 40

92 DJIŒILET 43. :\1 .flj J !l li JO 01 :;2 5 763 30 763 311

93 DJEBILET 44. 795 80 795 80


~' 45 01 6 JO 03 11 0

94 DJEBILET 45. 899 20 899 ~0


31 44 29 1 10 02 48 2
95 Sommet entre le Tizi n Imiri et 60
le Tizi n Slit 31 02 14 3 JO 39 :18 4 3.243 60 3.243

F
96 FATHMA TOUROUHIA (LALLA).
Le sommet de la qoubba 32 08 32 7 11 08 56 0 481 20 476 !0

97 GOUHSA (DJEBEL). L'extrémité


Sud :!1 03 30 1 JO 19 50 8 3.836 90 3.836 90
98 G UILIS 1 (D.JEBEI.). 31 38 21 6 10 22 40 6 51 ï 10 51.7 {O

99 GUILIS 2 (DJEBEL). 3t 38 26 9 JO 22 32 5 539 40

100 Guilis 3 (DJEBEL). 31 38 33 2 JO 22 ':.7 \1 ~42 90

H
101 H11cen (Sidi el-). Dans le Maïda.
(Le bàtiment Sud . 31 58 20 2 11 1(j 0:! ï 621 60 •61S 50

102 Had1d iDjebel). Station sur un


eontrefort au Sud Ouest de Sidi
Yaqoub. 31 40 36 9 11 55 31 - il40 90 340 90

103 HADID (DJEBEL). Le point cul-


Illillant, au N.-E. de Sidi-Ya-
qoub . 31 44 57 \i 11 47 08 3 713 90 713 90

'
ORS ER V.\Tl ONS ASTHONOmQFES

- NOMS
POSITIONS
t;J;:OGRAPHIQUES
ALTITUDES

DESPOI~TS TRIGO:<!O!t[I;;TRNUES /~
Latitude Longitude du point du sul
et désignation de:--: sign·aux W de mire
N

104 H Allllll!DDOUCH(QA:-;BA).Lesom-
met dda tour Sud-Oue>;t . . . 31'J~J' li 0 11•41'03"~ 34m~O :!5m20

105 Herb'l
1 Est (Djebel). Le point
cu.minant . . . . . . . . . . 31 51 38 i 10 ::!4 :;::! 1 964 50 964 50

1u6 H ~nmc OuEsT IDmBEL). L'ar-


bre Ou somm~t. . . . . . . . 31 51 36 !l 10 25 O!l 1 9.ï2 90 952 90

l
107 I GDAD (ou ÜUGDAD). Le point
culmmant. 30 57 57 2 10 n 3:! 1 3.1i28 60 3.628 60

tus loud'
.1 (Jerf el·). Sommet de la
pomte Sud . . . . . . . 32 10 41 5 H 36 0~ t 83 40 83 40
109 lroud !Djebel). L'arbre du som·
met du Nord . . 31 52 40 2 t 1 12 50 1 t>04 llO 600 20

K
tto K ourat (Djebel). Lt> point cul-
n811nant au Nord-Est de la Z• de
' Ali el-Kourati . . . . . . . 31 49 25 6 11 42 54 7 503 70 503 70

L
HiL allouz 1Azib
. 32 09 53 7 tt 26 :!8 !l Iii 60 *163 70
Israël).
~~~ LIK OUMT 1D.JEBEL' 3t 07 18 0 tO 12 49 7 3.881 60 3.881 60

M
H3 •~I AACHAT (Z•) Le grand Minaret. 32 27 51 0 H 26 05 4 126 40 118 40
lt4M A~MOUD ii DA OU). Pic de
Tmerget (Djebel lfguig ?) . 30 48 50 1 il 10 30 0 3,:;45 50 3.5Hi 50

it5 M
• RAIH1HI IZ• RL-l. Sommet du
mur à l'an~le NorJ-Est du Sid. 3:! 00 03 2 11 22 05 1 '>12 60 407 60
116 M rargn. lel ). (''ollinc au-dc~sus
de la Z•) . . . . . . . . . . . 32 oo 49 2 11 22 :n 6 519 , 519 ,
H7 •uAI>iO!\S BLA~CH~:s près de Si di
H

Rahal, c~lle du Nord . . . . . 31 ;{8 i i 5 9 49 50 ti 738 40 734, 40

Hs MARis·o~s BLA.NCHES près de Si


1
a u!.l. Celle du sud . . . . .
1
31 38 16 5 !l 49 :;o 7 i38 40 734 40
688
-
At; CŒUR DE L'ATLAS

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
Gf:OGRAPHI!..lUES
DEi; POINT;; TRIG0)-10:\ii~TRIQUES ~
~
Latitude Longitude du point du sol
et désignation des signaux
N W de mire
1---
119 Marrakech. (La terra:sse supé·
rieure de ma maison à) . . . 31•3113"5 10•::!0' 19"6 496m90 •488•60

t 20 Marrakech. Maison du Mel-


lah, én face de la Poste fr·an- 493 70
çaise . 31 37 03 0 10 19 57 8 503 70

f21 MERRAKECH. La Koutoubia. 31 37 17 0 10 20 31 8 557 80 ••9t !0

1:22 MLOUKA (LALLA) .. 32 23 56 0 11 34 24 6 1~5 30 !50 30

123 MOGADOR. Le fortin de la petite


5 »
île au Sud-Ouest de la ville . . 3'1. 30 37 0 12 07 02 2 11 •
124 MOGADOR. Grande Batterie. Tour 3 !0
l~st, tourelle Sud-Est . . 31 30 37 9 12 06 4i 9 18 20

125 MOGADOR. Grande Batterie. Tour ! 90


Ouest, tourelle Sud-Est . . 31 30 40 3 12 06 53 2 17 90

126 Mogador. La tour de l'Hôtel !0 50


Jacquety . 31 3,0 4t 3 12 06 3~ 5 2~ 50

127 MOGADOR. Minaret de la· Grande


Mosquée . . 31 30 47 5
• 12 06 36 1 36 )) tO •
128 Mogador. Palm tree house. (La
Palmara HôtelJ. La terrasse la 66 80
plus élevée. . 31 26 18 2 12 06 00 0 76 80

1!9 MOGADOR (BAIE DE). Fortin por-


tugais en ruines près de l'em-
,bouchure de l'O. Kseb . . . . . 31 29 24 5 12 06 58 4 10 80 ))
,
130 MOGADOR (BAIE DE). Ruines du
palais du Sultan, près de I'em·
bouchure de 1"0. Kseb. Le pi- • 60
gnon central , . . . . . . . . 31 29 0~ 8 12 06 3~ 6 u 60

131 MOGADOR (ILE DE . Mât do pavil-


lon de la maison du médecin s50
du Lazaret . . 31 29 59 8 12 Oi 26 5 15 50

132 MOGADOR (ILE DE), Minaret de H!O


la mosquee. . 31 29 42 9 12 07 37 6 29 20
8 70
133 MOGDOUL (SIDI). Sommet de la ,
qoubba . . . . . . 31 29 39 2 12 06 11 4 15 70
50
13. MOULAI ALI (RAS) . 30 57 15 8 10 59 2t 2 3.187 50 3.t87

135 :'.!OUL RAGOUBA iSIDI). Angle 307 90


Sud-Est du Sid . . . 32 09 59 6 1t 14 05 9 310 90

136 ~IOKRTAR (ZAOUIA SJDr). Le 396 !O


sommet de la qoubba . . • 31 34 40 6 H 2i 25 5
6H9

-
OBSERVATIONS ASTRO~O~IIQUES

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
GÉOGRAPHIQUES
POINTS TRIGONOM~:TRIQUE s~
~
DE~
Latitude Longilud e du point du sol
et désignation des signaux w
,_ N de mire
---
f37 M~AMER (ARBRE DANS LE). A
1 Est et Près de Lalla Aali a . • 31•43' 33"0 t1·3l' 13''8 632•10 6:il8•10

tas MTOUGA. A. . 3i i:il 40 0 H 37 57 8 1.364 i 0 1.364 10


139 MTOUGA B. • 3i i3 39 6 H 43 i6 i l.i:il9 :il0 t.U9 20
fi O MTOUGA. C. . . 31 14 17 i fi H 4i :il 1.071 40 t.07i 40
ti 1 M~OUDIA (NZALA). Sommet dela
409 70 401 70
our . • . • . . • . . . . . . 3i 34 47 0 iO 50 24 0

N
H2 Nadour (Bordj en-) ou tour
i63 80 t57 80
carree du cap Safi. Le sommet. 32:i!OH4 H 37 10 4

0
143 ÜGDIMT (DJEBEL) '/ . ... . . 31 00 05 0 10 46 43 2 3.323 20 3.3!3 :i!O
f44 Otf.l•NINA (QASBA RUINÉE DE).
798 50 790 50
a tour du Sud. . . . . . . . 3i :28 49 l iO 04 2i 6
))
ÜYGJ>A.D (D.IEBEL) ou lgdad. (V.
gad) . . . . . . . . . . . . • ))
• •
H5 0 yiRZ~N ~(DJEBEL) ou dj. Tala- 3 349 60 3.349 60
ou rn (dJ. Erdouz 'l). . . • . . at oa 35 a iO 43 34 4
fi6 001 RZAN B (D.JEBEL) ou dj. Ta-
3.585 30 3.585 30
mezmlalt . . . • . . . . . . . 31 Oll 5:il i iO 45 19 9
H7 0 ~RZAN c (DJEBEL). Falaise du 3.404 80 3.404 80
aroussa . . . • . . . . . . • 31 04 39 3 10 45 30 3
148
o'URZAN D (DJEBEL). Falaise du 3.2i3 90 3.243 90
aroussa . . . . • . . . . . . 31 05 43 9 iO 45 i3 5
149
O~rlKA(CHEZ LES AIT 0UMAST) 3.069 iO 3.069 10
anc de la vallée de J'Oued. . 31 H 50 7 9 57 51 1

H
150
Rfhma (Lalla). Le sommet de 441 50 •a5 50
a qoubba . . . . . . . • . • . 3:il 07 08 8 H 15 iO 7
15t . 31 3:il 5:2 2 li H 35 i 496 30 496 30
RAIAT 1 (KOUDIAT ER-) .
152 RaXat2. Colline du milieu. Arbre
498 iO 498 10
Ouest au bord de J'escarpement. 3 l 33 ii 8 H H 29 5
1sa RAIAT 3. 494 80 494 80
. . .. .. 3i 33 05 6 11 li 35 7
AU COEUR DE L'.\.TUS

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
(i[;;OGRAPHIQUES
DES POI~TS TRIGONmr~:TIUQUES ....---...----------. ~

Latitude Longitude du point du sol


et rlésignation des signaux
N W de mire
-------1-
154 RAIAT 6 . . . . . 3t• 33'25"3 H• 11' 26''7 495m50
155 RARABAÛERF EL-). Le haut de
la falaise . . . 32 04 45 5 11 40 16 8 67 20 61 iO
70
156 RAT 1 (DJEBEL) . . 31 32 44 5 9 09 17 4 3.339 70 3.339

157 RAT 2 (D.TEBEL) • . 31 34 43 9 9 06 54 1 3.Hti 80 3.H6 80


158 RAT 3 (DJEBEL) . . 31 33 09 8 9 08 28 6 3.502 20 3.50! ~0

s
i03 70 9170
159 SAFI (SIDI BOU ZID, près de) . 32 i9 25 9 H 35 46 4
160 SAFI(JAMA KEBIRA).Le somme t 7550
du minaret . . . . . . . . . . 32 18 04 6 11 34 52 7 85 50

161 SAFI (JAMA SI SALAH). Le som- 4Ô 60


met du minaret. . . 32 17 39 7 11 35 05 2 48 60

. . 32 15 48 58 »
162 SAFI (ZAOUIA Sr OuAssAL) 7 11 35 08 9 65 •
72 iO 64 {0
163 SAFI. La tour Nord-Est de la qasba . 32 17 55 9 11 34 38 7
164 Safi (La terrasse la plus élevée {0! 60
de la villa André, près de). 32 19 10 2 11 34 33 7 112 60

165 SAFI (La terrasse supérieure de 79 {0


la maison Blanco, près de) . . 32 17 12 2 li 33 43 6 87 10

166 SAID ISIDI) ou SMAIN, près Ta- 598 90


melelt. Le sommet de la qoubba. 31 49 iO 1 9 59 u 5 604 90

167 Salah (Sidi). Le sommet de la •7• so


qoubba . . . . . . • . • . . . 31 49 08 4 11 53 07 5 88 »

168 SASSI (ZAOUIA BEN). Le sommet 471 gO


de la çoumaa. . . . . . . . . 31 41 1.4 0 10 12 00 6 489 90

169 Seksiou (Sidi). Le sommet de la t30 70


qoubba . . . . . . . 32 36 27 0 11 31 22 2 136 70
566 30 56i 30
170 Sm. Dans les Djebilet. . . 31 48 42 0 10 16 13 Il

171 Skiat (Djebel\. La colline des 668 ,.


Quatre-Arbres. L'arbre Nord. 31 46 50 5 11 37 28 4 672 40

172 SOMMET A (bordure sud de la iO


vallée de l'Oued OurikaJ . . • . 31 10 47 9 9 57 55 4 3.611 40 S.6H
173 SOMM~;T B (bordure sud de la 30
vallée de l'Oued Ourika). . 31 10 55 9 10 Ot 00 6 3.789 30 3. 789

174 SOMMET C (bordure sud de la tO


vallée de l'Oued Ourika). . . 31 09 20 4 10 00 U 2 3.93i 10 3.931
OBSERVATJO]IjS ASTRONOMIQUES 091

POSITIONS
ALTITUDES
NOMS GÇ:OGRAPHIQUES
DESPOINTSTRIGONOMETRIQUES ~ ~
et désignation des signaux: Latitude Longitude du point du sol
_ N W de1uire
----
175 so MMET D (bordure sud de la
vallee de l'Oued Ourika 1• • • • 31•09'18''8 10•01' 41"3 :t900•!0 3.900m20
176 so MM~T NOIR 1 dans la haute
vallee de l'Oued Ourika • . . • 31 08 511 3 10 08 39 7 3.9!8 70 3.9!8 70
i77 so MMET NOIR 2 dans la haute
vallée de l'Oued Ourika . . . . 31 08 U 3 10 08 43 5 3. 936 60 3. 936 60
f78 So MMET dans le plateau de "rès
rouge en avant de l'Atlas " 31 20 01 8 10 00 24 9 2.620 » 2.620 »
179 s
Oultan (Koudiat es- ... ) .
.
. 31 35 15 1 H 34 30 5 489 90 •89 90

T
~h .
BGOURT (DJEBELi. • . . . . 30 ~9 !0 7 H 07 H 8 3.186 90 3.186 90
181 T ACliDIRT (Pic au-dessus de) .• 31 10 57 9 10 11 30 9 3.605 40 3.60!S 40
18'>
-
T~Cl:IE BLANCHE (Aftleurement
e gypse dans les Djebilet 1 • . 31 51 t4 2 10 19 15 7 709 70 709 70
183 TAGOURAMT (TIZI N) . • • . • • 31 07 49 1 10 29 52 2 2.567 40 2.567 40
f84 TALl!!ZA (DJEBEL). Front OttMt. 3t 05 46 3 H 35 32 9 t.6il 30 t.621l 30
185 T
~LMEST (ZAOUIA). La terrasse
S!lpérlettre du bâtiment prin-
Cipal . • • . . . . • • . . . . 31 -i9 56 8 H 40 34 8 207 50 199 50
186 T axnerzagt (Djebel) . . . , . . 31 24 23 8 11 53 05 3 4H 80 4U 80
187 T AMERZOCHT 2 (DJEBEL). . . • 31 24 36 6 ii 52 26 7 548 70 548 70
188 T
~fe~loht (la terrasse la plus
evee de la maison de Si
Moulai el-Hadj). . . . . . . 31 ~9 34 0 10 26 54 4 602 30 587 30
189 TAMJOUTT(DJEBEL) ou Tirkourt. 31 01 24 3 10 18 33 6 3.860 » 3.860 »
190 TASSERRIMOUT. Latour du Nord. 31 25 53 9 10 02 21 8 1.204 50 1.196 50
191 TASSERIUMOUT. La tour du Sud. 31 25 46 0 10 02 ii 5 1.209 30 1.201 30

19! TE KZIM 1 (DJEBEL) . • 3t 55 35 8 10 07 36 0 1.078 20 1.078 20


193 TEKZIM .
2 (DJEBEL) • . 31 55 19 2 10 07 U 3 1.047 30 1.047 30
1114 Tekz·tm 3 (Djebel) . . . • • . 31 55 04 7 10 07 37 t 1.040 40 1.040 40
195 T.
EZA (DJEBEL). Le sommet •• 31 02 57 9 10 35 49 6 3.289 30 3.289 30
196
, T lDJLI (DJEBEL) • . • • • • • • 31 16 35 8 9 55 12 2 3.266 80 3.!66 80
1
692 AU CŒUR DE L'ATLAS

POSITIONS
NOMS ALTITUDES
GÉOGRAPHIQUES
DES POINTS TRIGONOMÉTRIQUES ~ ~
Latitude Lon~o:itude du point

-
et désignation des signaux du sol
N w de mire
---
197 Tilda (Djebel). L'angle N.·E.
du mur en ruines au som-
met . . ... . 31• 33' 40"9 H•06'06"5 489m80 489-stl

TIRKOURT (DJEBELI, v. Tamjoutt


(Djebel) . . . . • . . . • . . . ))
• )) »

198 TJZERT (DJEBELI .. . 30 53 51 5 u 02 19 1 3.354 90 3.35i 90


199 TOUBKAL (DJEBEL)· • • 31 03 32 7 10 15 51 l 4.177 80 4.177 8tl

200 YAGER (DJEBEL)._. .. . 31 16 26 8 9 48 45 2 3.378 40 3.378 ill


!01 Yakoub (Sidi). Au ·sommet du
Djebel Hadid, le sommet de la
qoubba • • . . • • . . . • • . 31 4! 30 0 H 52 f5 7 658 60 *65f 60

z
202 ZERGTOUN (SIDI MOULAI Bou). g50
Le sommet de la qoubba . . . 3t 38 52 8 12 01 04 0 15 50
....
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CROQUIS DES SJGIWI!t
DE LA RÉGION

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MOGADOR, DEMNAT. SAFI

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CHAPITRE II

RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

par Louis GtNTIL

~fes r 1
· ee lerclH's, au cours de la Mission, ont porté sur deux
Parties 1· t ·
, · c Is mctes dn Mag-hreb.
!
p ai d'abord exploré la partie du Maroc septentrional corn-
l'Ise entre Tanger, Tétouan et le djebel Kelti (mont Anna des
cartes .
Atlas. l~larm~s), puis j'a~ porté tous m.es eff~rts sur le Haut-
. Illctrocam ou du moms sur sa partle occidentale, touchant
~~;1ement par son revers méridional à la naissance de l'Anti-
as.
Je sépa · d . .
nesqui , rerai, ans ce qm va smvre, deux régions marocai-
n ont aucun rapport commun.

1. -MAROC SEPTENTRIONAL

d Mes· ifmeraii•ps
· · ~
dans le lharoc septen t rwna
· l se d PVf'
· loppent
. a f rwam
ans le ,.a' s·t c promoqtmre . . qm. s 'avance vers l'E spagnc et
Paratt
G'} av otr · son symetrique
· · d e l' au t re c ôt e· d u d e· t rm't ue
J

l lraltar.

ch Parti 1l e '['ang:er Jill


.. · parcouru l' "~n
" dJera,
· 1ong·~~· e t t raverse' 1a
li aine qui hord1~ cette grnndP tribu, dans l'est, et la s<'·parf' de
aouz de Ceuta; puis j'ai sillonné dans tous les sens lf's f'm·i-
rons de Te't onan, poussant une pmu · t.e aussi· 1om· que poss1'li 1 f'

~u sud, Vers le djebel Kelti. Enfin j'ai fait quelques excursions


I h: canrpag·ne de Tanger, notamment JUsqu
ans · ·au cap spartel.
1
. m a été possible de mc faire ainsi une idée de l'orog-raphie
(m(i AU Clt:UR DE L'ATLAS

,!f. cPttP partiP 1ln Ma~·hrPh Pt j'ai recuPilli, 1l'auh·e part, quel
ffliPS doCIIIILCllfS g·ùolo~Ô!fUPS Îllfi~I'f'SStllltS fJUÏ jettent Ull joU
nouvPau sm· la structurf' du Hif, sur l'ouvPrturf' du détroit, E
d'une manière plus gi~JJèrale, sm· l'histoirP dP la ]\[{~diterrané
occidentale.
Au point de vue orographique on peut se fairP une idée trè
simple de cette partie du Continent africain.

Gibraltar•

DANS LE
Echelle= 1:1.500.000
LESPINASSE, e ·

Une chaine se développe arrivant de l'est pour décrire un


courbe assez régulière et aboutir au djebel Mour;a (Mont aux Si.JJ
ges), l'une des Colonnes d'Hercule, qui se dresse en face de S~1
congénère, le Rocher de Gibraltar, situé de l'autre côté du détroli
Cette chaine, que j'ai désignée sous le nom de chal' ne de l'A ndjefi
dans la partie comprise entre Tétouan et le détroit, constitue daJI
son ensemble le Rif, c'est-à-dire le Petit-Atlas de Ptolémée. Ell
est assez abrupte sur son versant faisant face à la mer, donn~
ainsi à première vue l'impression d'un effondrement de la Médi
terranée occidentale, accident aujourd'hui admis par tous le
géologues après la synthèse magistrale d'Ed. Suess. Au contraire
le versant du Rif qui fait face à la terre s'étale largemenl
RECHERCHES DE GÉOLOGŒ ET Dt: m:oGRAPRIE PHYSIQUE 697

~outrant ses plis jusqu 'au delà dP Tanger, et vers l'hinterland,


~us~'au delà de Fès. Et ce contraste des deux flancs de la chaine
t uR tf était autrefois encore plus frappant puisque ,ainsi qu ïl résul-
dera de ~ette étude, l'ahrupt de l'ancienne falaise, née de l'effon-
re~nent du massif ancien qui occupait la place de la Méditer-
:.~nee. au nord de la chaîne, tend à s'effacer sous le travail de
erosion plus actif sur ce versant que sur le revers méridional
dela chame .
. ~es travaux sommaires ont été publiés sur la géologie de la
r;glon que j'ai parcourue par plusieurs voyageurs : Desguin
~ 870), Bleicher (1874), Oskar Lenz (1880-82), Brives (1902),
· Buchet (1903); mais un seul demeurait capital tant par l'im-
po~nce des données stratigraphiques qui s'y trouvent consi-
gnees que par l'idée qu'il donne de la structure de la chaine. Il
est dù à Coquand et date de 184.7 (1). Il constitue un travail d'en-
se:rnhle tandis que les travaux plus récents sont beaucoup plus
restreints
h e t c ' est 1m· qm· a serv1· d e pom
· t d e d epar
· t a' l' a dm'tra-
Ie s~thèse, La face de fa l'erre de l'illustre géologue viennois.
Mals hien que mes observations stratigraphiques ne fassent
~e confirmer la conception géniale de Suess elles sont, pour la
P upart, en désaccord avec celles de Coquand.
h' Le terrainle plus ancien qui affleure dans le Rif occidental est
Ien le Silurien formé d'une succession puissante de schistes
noirs, parfois ch~rbonneux, avec bancs de quartzites, dont l'en-
senthle
d ·
represente · paleozoïque
la sérte · d es « sc, h'1s tes d es Traras n
, eJ.Pouyanne(2)quiétaientconsidéréscommedevantappartenir
a la hase des terrains primaires. L'âge de ces schistes est définiti-
~e:rnent fixé par la découverte des Graptolithes que j'ai faite dans
e Haut-Atlas ainsi que nous le verrons plus loin. Malheureuse-

rr
ntentje n'ai pu retrouver les calcaires noirs à Spirifer, signalés
mon devancier à Djaritz (Iarrïts). Il n'y a, en ce point, que
es schistes avec hancs de quartzites recouverts par des calcai-
res 1·1as1ques.
·

l'if) ~ · Coquand, Description géologique de la partie septentrionale de


p ~Ptre du "Yaroc lB. s. Géot; de Fr., li• sér., IV, ~· part., i846-47,
• f 88-t 249, pl. X).
?u~~~ Voir à ce sujet : L. Gentil, Esquisse strati,qraphique et pétrographi-
u bas.~in de la Tafna (Aigei·, 100~, p. 74-76).
6fl8 Ali CŒUR DE t'nu~

Coquand a rapproeh(~ <l tort l'importante formation de poudi.n·


gues, de gri1s ct d'argiles rouges IJili surmontent les schistes palé~
zoürucs, de 1' Old Red Sandstorw .Ces d1~pôts fluviatiles ou lagullll1'
rc\'i, sn nt en ri~ alité~ plus réeents; ils doivent (\trc sùparès du Dé va·
nien ponr Nre plae(~s au niveau du Permien, auquel il convie~
1l'adjoin<l1·e vraisemhlahlement la hase du Trias. Ces coucll~ 1
rouges sont, ù n'en pas douter, l'équivalent des « PomHnguel
des Beni :\lcnir ,, de la fl'Ontière algérienne, du massif des aelf
Snass(m, etc., eonsi{lôrés comme permiens. Et çc par'l-lléli~tll
1

a dô,ji~ {~t{~ <t(lmis par E(l. Sucss (1) et par la Commission dfl ~
Carte g·{~ologique internationale de l'Europe (2). Mes ohsefV4'
tions ne font que le confirmer ; elles nte permettent en ~n~t~
de signaler, iuterstratitiùes dans ce terrain ferrugineux, dC:I
roehes volcaniques a ndésitiques ou diahasiques qu' qn peul
Mudier plus à loisir dans le Haut-Atlas.
Des veines de charbon ont été signalées plus tard dans ce~
grès rouges, par l'exploratpur Oskar Lenz, qui ont fait croir~ 1
l'existence d'un terrain carhonifère ancien, sinon du Houiller·
Mes recherches m'ont permis do retrouver des tracel' dE
plante~ 11ui sont représentées par des aiguilles de Conifères ~~
semblent 1levoir· confirmer l'ùg·e perrno-triasique que j'attribUI
à cette form<ttion ; mais do toute fa(,'on il ne peut être questiot
de végaaux de la houille. .
Sur les schistes siluriens ou les couches rouges permo-tria.~l'
f[lHlS reposent en 1liseor1lance qes c<tlcaires massifs, zoogèp~f:
dùlmtant th!I{Uemlllellt p<tr· un conglomérat de hase ct q!lejo c()W
sidère comme appartenant ù la s1~rie liasique. Au-dessus se super~
posent des rnarno-ealeaircs dont une partie appartient vraiseJJl:
hlahlement encore au Lias, puis des alternanees de lits calcairei1
de hancs dolomitiques, avec marnes et argiles bariolées sunnolt~
tl~ cs de dolomies massives et de calcaires à silex qui prennent P~
it la strueture du djebel Dorsq, yui domine la ville de TùtoU~~·
Coquand synchronise les calcaires hlancs de la base de cette pqli'

(1) La face de la Terre, traduction française de Ernm. de Margerie, t


p. 291.
(2) Carte géolo!Jique internationale de l'Europe, feuille 36.
RECHERCHES DE GÉOLOCIE ET DE GI::OG!\AI'IIIE PIIYSIQlT 6Hfl

8llnte succession avec les calcaires ur;.:·onicns de la Uassc-Pro-


~ence, parce qu'il dit y avoir recueilli, dans L\ndjera, de nom-
dreux échantillons de Clwma (Requienia) ammonia (1). :\lais, j'ai
11
nte convaincrr,, à la suite d'un grand nombre d'observations,
&~rès le relel·é d'un certain nombre dr coupes, que les calcaires
ou ce géologue d~t avoir recueilli le prMPndu fossile ci·étacé sc
~oQUvent au~dc~sous du Jurassique du Djel~cl Dorsa admi~ p~r
quand lui-meme. Il en résulte que la presence de RequlCIHa
qmmonia dans les calcaires de l'Andjera est controm·ée. On est,
en réalité, en présence d'un Lias cnlcaire, surmonté de marno-
cal~aires toarciens ct de la série jurassiqtw. Il semble hien -
~aJs la preuve paléontologique est encore à f<üre - qu'on ait
a, comme dans l'Ouest-algérien, la (rans,qression 'mé.soliasique
avec toute 1a serte
d' · · JUrassique
· · 1· 1oppee
st· <eve · (ans
l l cl) masst·rs d n
d~ehelFill~aoucen ct des Beni Snassen. ?ne 0Tandc. simi~itudc
· successiOn ct de faciès de ces terrams second<!u·cs eclate
8
Ul'tout ' 1 . 1
f ro t'· a a suite de mes récentes oLsen'ahons dans a zone
· ~ tere algéro-marocaine (2).
~len que je n'aie pas rapporté de fossiles des calcaires massifs
1
qu forment la crète de la chaine de l'Andjera, le djebel Kelti
et,. d'une manière plus gènérale, toute l'arête calcaire de la zone
a~ale du Rif, leur ~ge liasique ne semble guère douteux .
. Ces calcaires sc confinuent jusqu'à la mer, formant la masse
lrnposante du djehcl Mouç-a ct il parait bien difficile de ne pas
~ettre sur le prolongement de cette zone secondaire le Hocher de
qthraltar. L'identité des calcaires des deux Cqlonnes d'Hercule
e~ deux côtés du qétroit, a étt) établie par Hamsay ct G,eikie (3)
;u 1
ont admis leur Age jurassique et ~i~F1alé, à Gil.lraltar, Rhyu-
dho~ella concirma ; mais "\V. Kilia11 a trouvé, dans la collection
c~oVerneuil, à l'Ecole des mines _de Paris, une sér~.e de H_h~n-
.. llelles et des débris rl'.Ammonltcs çlq Hocher qu Il constdere
comme des espèces plutôt liasiques (4). L'analogie des crètes

i!~ Coqu~nù. Mém. cité, p. t226.. . , ,. ,


'V'liJ Esqutsse géologique du masstf des Bem Snassen (B. S. freol. ir. (4e)
( • i908, p. 39t-4t7, pl. VIII-IX. .
3
Jou: .A. C. Ramsay and J. Geikic, On the Geolog!f of Gtbraltar (Quart.
<• n. Géol. s. xxxrv, t878, p. 513).
in() La_ Face de la Terre, trad. fr. ill' Emm. ùc 1\largerie, 1, p. 249, nota
rapaglllale 4.
700 AU CŒUR DE L'ATLAS

calcaires de la chaine de l'Andjera avec les crêtes liasiques dilB


chaines du Tell algérien a également frappé mon confrère
.M. Brives qui les a vues à distance (1). .,
Au-dessus du Jurassique se développent, sur le revers occi~
dental de la chaine de I'Andjera, des calcaires marneux avec
marnes schisteuses, à Huîtres, puis des schistes avec rogno~.
calcaires, renfermant des Inocérames sur lesquels Bleicher a déJl
appelé l'attention (2). Ce sont les dépôts du Cénomanien et du
Sénonien qui marquent le passage du géosynclinal dinarique
que l'on peut ainsi suivre dans la chaine tellienne à travers 1(
Nord-africain.
Ces formations affleurent dans l'Andjera et dans les environs'
immédiats de Tanger; ils sont recouverts par l'Eocène. .
Les dépôts éogènes forment dans la région comprise entre le
cap Spartel, Tanger et Tétouan, une succession épaisse, débu~
tant généralement par des calcaires marneux, gris blanchâtres,
surmontés d'argiles schisteuses avec lits calcaires ou grésetll·
La série se termine par des grès siliceux, grossiers ou finS,
souvent friables, entremêlés de lits d'argiles schisteuses bari~
lées en rouge ou en vert. La puissance totale de la formation
dépasse· 400 mètres. Ce flysch éocène est peu fossilifère. L~S.
seuls débris organisés qu'on y ait rencontrés sont localisés soit
dans les calcaires marneux de la base, soit à un niveau asse•
élevé des grès supérieurs.
Les calcaires marneux renferment de nombreuses emprelll · teS
signalées par Bleicher :
Zonaritl!s alcicornis F. 0., Chondrites arhuscula F. O., Ch·
Targionii sternb., Ch. intricatus Sternb. et Ch. expansus F.o.,
du flysch de la Suisse, de l'Italie du Nord, du Sud-Ouest de la
France et du Nord de l'Espagne (3). .
Cette flore de Fucoides, dont on connaît également des repr~.

(i) A. Bl'ives, Sur la constitution géologique du Maroc occidental, C. ].\.


Ac. Sc. CXXXIV, :1.902, p. 922-925. tJI•·
(2) Dr Bleischer. Lettre sur le Maroc. Extr. Rev. Sciences natur. Jfo
peltier, Juin 1874. . /.
(3) Ed. Bonnet, Contribution à la flore tertiaire du Maroc septentriOntl
C. R. Ac. Sc. séance du 9 avril :1.906.
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQtE · 701

lientants dans 1es o·res · t crt'Ialrcs


· · ·
eoo·enes d u TcIl a1o·crH'll
· · ou
tunis. , . o o . o .
ten, ne prectse malheureusement pas le mveau auquel 1ls
~P~artienncnt. Il en est tout autrement des Foraminifères que
J at recueillis dans des calcaires de l'Andjera.
Le djebel Stitouïra montre, intercalé dans les grès supériem·s
de lasér'le qm· nous occupe, des lentilles
t'l · ca1catres
· d ont 1es echan-
'
1 lons" .. · · r
'~ue J at recueillis, polis sur plusieurs faces, ont oftert à
Illon ami Jean Boussac :
t' Nummulites Fahianii Prevus, sections axiales et tangen-
l ~elles montrant des piliers disposés en spirale, des filets réticu-
~s STanuleux et une lame transverse, et ne pouvant apparte-
ntr qu··
a cette espèce.
Orthorphagmina sp., nombreuses et petites espèces lisses et
granuleuses.
Operculina sp.
A~v~olina sp. de petite taille, très abondantes.
Mtltolidées abondantes.
Lithothamnium.
s , La. présence de Nummulites Fahianii suffit à démontrer qu'il
ag.t indubitablement du Priabonien et celle de nombreu-
;es Orthophragmina toutes petites et semblables à celles qu'on
drouve partout dans le Priahonien, jointe à l'absence complète
'V~s~randes espèces de Nummulites, d'Orthophragmines et d'Al-
~olines de l'Eocène moven, corrobore pleinement cette déter-
lllination. •
. Cette découverte est importante, elle apporte quelques préci-
Sions sur l'âge de cette formation des grès numidiens de l'Afri-
re du Nord qui embrassent très vraisemblablement non seu-
l~lll~nt l'Eocène supérieur (Priabonien), mais encore la base de
à l'ligocène. Dans le Maroc septentrional ils s'étendent partout
l ouest de la chaine de l'Andjera jusqu'au cap Sparte! et vers
~ sud-ouest, au col du Foundaq, au djebel Habib et jusqu'à
t;ar el Kebir.
lüt'Le,s terrains néogènes ont été signalés sur un point des côtes du
ah ' a la suite de la découverte d'un gisement fossilifère aux
lb. Ords de la ville de Tétouan, par l'explorateur Oskar Lenz. Les
a~ériaux qu'il en a rapportés, étudiés par l'éntinent paléontolo-
702 AtJ CŒllll DE L'ATLAS

~·iste Th. Fuchs, ont amPné ce clernier à rapprocher la faune


de TUouan de f'CllP clc Lapng-y (Hongrie mériclionalc), qui
appartient au nivPnU miocc'Jne elu " clPuxième ,;tage méditcrra-
uc'~<'n » (1 ). Cette faune est en r(~alitl~ plus jeune.
Au voisinage inun(·cliat de la villP, clans la vallée de l'ouad
Bou Sfiha, on observe, appuyés sm lP massif primaire ct juras-
si(llte du djclwl Dorsa : .
to lJn hanc cle poudingue de 2 it 3 mètres d'épaisseur avec
cjttd(jUPS fossilC's, parmi lcsc1ucls l' Q.ytrea Velaini l\Iun. Ch. se
montr·c hien conservée.
2° Argil<'s hleues, sahlettsPs, épaisses ùc 20 it 30 mètres, avec
lits de sahlPs interstratifi(~s, renfermant toute une faune où
dominent les l\folluS(JUes, particulièrement abondants ct bien
conservés clans les parties sableuses.
3° Grès calcarifères jaunâtres, souvent friahles, épais d'une
vingtaine de mètres ct rC'nf<'rmant quelques fossiles parmi les-
<Jucls Pectunculus bimaculotus Poli ct des Huitres.
La faune des argiles bleues, essPnticllement marine, est très
riche. J'en ,;i ratJporM cle nomhreux. spécimens parmi lesquels
plus de 200 <'spèces ont {~té recmmues (2). Ce sont des Lamelli~
branches et clcs Gastropodes auxrptels sc joignent ùes dents de
Squales, des Crustac~s, des Polypiers, des Bryozoaires, de~
Fornminifères. Les plus importantes espèces sont les suivantes :
Arca diluvii Lk., P. cristatus Bron.,
A.laétea L., Radula inflata Chemn.,
A. pectinata Broc., Cardita rufescens Lk.,
Pecten benedictus L., Lucina spinifera Mont.,
P. complanatus Sow., L. borealis L.,
P. bol!enensis Font., Jagonia retiezt!ata Poli,
P. scabrel!us Lk., Cardium multicostatum Broc.,
P. opercularis L., C. papilloslmz Poli,
P. varius L., C. cypriuni Broc.,
P. pusio L., Venus verrucosa L.,

l t) Beitraege ~ur Kenntniss der Tertiaerbildungen in Nord und W'tlt:.


a(rika (Vcrh. rl. k. k. gcologischcn Hcichsanstalt, Wicn) t883, p. ~-JSD;
(2) Louis Gentil et A. Boiste!. Sur l'existence d'un remarquable gisemen
pliocène à Tétouan (~Im·oc) C, IC Ac. Sc. 26 juin 1905.
l'lnnrh•• L\\XIII

Fi;.:·. HH. - Chai nt~ d" 1'.\ ndjtH"a


(<Ill S<'t"Oild plan 1<' dti!tlt' liasiqnt' dt• lf;il"al t•II\Phit·a).

EIII'. de Loub lit•Ulil. J.:.rploralions 1111 J/nn1f'. Ma~:--oll el C.Ε· ,··elit.

Fig.rw:i. - L" ll.i"h"l;llnrsa


(<Ill pl"CIIlÏI'I";J>lan. la Yillt·:.dt'_l'tl!nnan).
RÈCHERCHES DE GÉOWGfE ~;T DE G~;OGRAPIIIE PHYSI(.IUE 7(}:}

V. multilamella Lk., Sassa clatlwata Bonn.,


V. ouata Pennt., Columhclla semicaudata Bonn.,
Ciree minima .\font., C. tetmgonostoma Font.,
Venerupis int~ L., . Jlurex spinicosta Bronn,
Psammohia fœroensis Cherhn., .Mifl·a scrohiru!ata Broe., var.
Ps. unfradiata Broc ., Jfassoti Font.
C01·bula gibba Oliv. Jf. striatula Broc.,
C. revoluta Broc., Ancilla oh.<oleta Broc.,
Che nopus Utângerianus Hisso, Surcula dimidiata Broc.,
Ch. pes pelicani L., Pleurotoma tzaricula Broc.,
Turritetla vermicularis Br., )Jril!ia Allionii Bell.,
Natica ltelicina Broc.j Batl1ytoma cataplu·acta Broc.,
IV. Josephinia Hisso, Pseudotoma intorta Broc.,
Yermetus intortus Lk., Terehra fuscata Broc.,
Erato !aevis Don., Conus Brocchii IJronn,
Morio echinoplwra L., Rin_qicula Grateloupi :\Iich.,
Triton affine Desh., 1f. Gaudryi Jlorlet,
liane/la marginata Martin., JJentalium sexangulwnSclu·ot,
Fasciolaria acanthiophora F., etc., ete.
Cette faune ne peut, comme l'avait pensé Fuchs, être classée
dans le« deuxième étage méditerranéen »;elle appartient incon-
testablement au Pliocène. D'autre part, l'association de Turbo
tuherculatus, Ranella marginata, Turritella vermicularis, Cheno-
pus Uttingerianus ct Pecten hollenensis, caractérise les cottchcs
les plus inférieures de cette partie· dll Néogène; on est en pré-
sence du Plaisancien.
La faune des argiles hlcues de Tétouan offre des analogies
frappantes a\'ec de Millas et du Boulou, dans le Roussil-
lon ; de Los Tejares, aux environs de Malaga en Espagne ;
du Sahel d'Oran, des Trois Palmiers et de Douéra, en Algérie.
Le Pliocène de Tétouan s'appuie sur le flanc oriental de la
chatne du Rif. Il forme une }>ande littorale laissant surtout
affleurer les grès supérieurs, dans le Haouz de Ceuta, jusqu'au
Voisinage du Ras Tarf. Les argiles fossilifères apparaissent prin-
cipalement à proximité de la chatne par suite du relèYement
des couches sur les bords du bassin.
· De plus, le Pliocène pénètre assez profondément vers l'ouest,
704 AU CŒUR DE L'ATLAS

jusqu'à plus de 15 kilomètres des cùies, dans la vallée de l'oua~


Bou Sfiha, montrant ainsi que la chaine du Rif était de ce côte
déjà fortement échancrée dès le début du Pliocène.
Il est indispensable d'admettre que la mer plaisancienne péné-
trait, comme à Malaga et à Millas, dans un golfe assez étroit au
bord de l'emplacement duquel s'élèvent, aujourd'hui, les ntina-
rets de la ville sainte du Rif.
Il résult~ de l'exposé stratigraphique qui précède, que des
changements importants sont à apporter à l'esquisse géologi~e
dressée par la Commission de la Carte géologique internati~­
nale de l'Europe pour la chaine du Rif, inspirée en grande partie
des travaux de Coquand. La teinte verte du Crétacé, notam-
ment, devra laisser place à celle du Lias e{ du Jurassique et le
Pliocène devra être substitué au Miocène.
Au point de vue tectonique le trait dominant de la structure
du Rif occidental réside dans la disposition de ses couches en
dômes anticlinaux et en cuvettes synclinales. Si l'on suit l'a~e
de la chaine on passe continuellement, en effet, d'une suréle-
vation anticlinale dans laquelle les. strates offrent un plonge-
ment périphérique autour d'un point central, à unt> autre, par
une dépression synclinale qui abaisse généralement la hauteur
de la chaine. Et tandis que, dans le premier cas, les coucheS
inférieures massives du Lias calcaire émergent, dans le seco~d
la cuvette montre des couches stratigraphiquement plus éle~ees
comme les marnocalcaires du Lias supérieur ou les dolo:anes,
les argiles schisteuses du Jurassique.
·On peut citer de nombreux exemples de ces caractéristique~
tectoniques du Rif occidental. Parmi les dômes le djebe
Touatla, le Hafat el Kebira, le djebel Tserents, vraisemblable-
ment aussi le djebel Mouça (Mont aux Singes) dans la chaille
de l'Andjera; le djebel Bou Zcltoun et le djebel Kelti (Mont
Anna), au sud de Tétouan ; et parmi les cuvettes synclinales, le
col de Makhnakh el Tcldja, dans l'Andjcra ct le cirque de Khan·
nous, dans les Beni Hassan ( 1) ; on peut encore faire la reilla~­
que que la vallée de l'oued Bou Sfiha, à Tétouan, s'est creusee
i~ et
(1) Louis Gentil. Mission de Segonzac. Exploratwns auJ/aroc, P·
suiv.
RECHERCHES DE UÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHŒ PHYSIQUE 705

à travers une dépression synclinale car on observe là, notam-


ment dans le djebel Dorsa, les dép<its les plus devés du Juras-
sique considérablement abaissés.
La même .-;tructure semble devoir exister de l'autre cùtè du
détroit.
Ainsi se trouve confirmée, tant au point de vue tectonique que
stratigraphique, l'idée d'Ed. Suess du prolongement de la chaine
du Rif, à travers le détroit de Gibraltar par la Chaine bétique.
Le bras de mer qui relie la Méditerranée à l'Océan correspon-
drait ainsi à l'eflondrement produit entre deux grains du cha-
pelet montagneux formé 'par la partie occidentale du Rif.
Cette structure de la partie occidentale parait être également
la caractéristique de toute la chaîne. On peut constater, en effet,
la présence de dômes anticlinaux plus à l'ouest, dans la région
de Tanger et le Crétacé (Cénomanien, Sénonien) qu'on ren-
contre au s~d de la ville jusqu'à Bahraïn et l'Ain Dalia, affleure
à la faveur d'une disposition tectoniqde de ce genre.
Je ne serais pas surpris que le djebel Sarsar ait une structure
analogue; enfin une e:tploration récente m'a permis de constater
que les îlots jurassiques de la région de Fez correspondent à des
dômes anticlinaux séparés par des cuvettes synclinales qui ont
été en partie comblées par les dépots néogènes du )liocène
l _l0 Yen et supérieur (1). Dans l'est, près de la frontière algé-
rtenne, le massif des Beni Snassen montre encore 1a même
structure (2); màis il n'est pas encore certain que ce massif
appartienne au Hif. Il peut aussi bien faire partie - si l'on se
Place au point de vue orotectonique - du Moyen-Atlas; les
observations manquent totalement pour décider de cette ques-
tion (3).
Un fait non moins remarquable est celui de la disposition
tournante de la chaîne Rif-Cordillère bétique, dans la partie la

(1) Louis Gentil. Principaux résultats d't~.ne récente mission au Jlaroc


(été-automne 1909). C. H.. somm. des séances de la Soc. Géolog. de Fr.,
Séance du 7 mars 1910.
(:!) Louis (ientil. Esquisse géologique du massif des Beni Snassen (But. S.
Géol. Fr. {4") VIl!, p. 391-477, pl. VIII-IX).
(3) ilfissionLouis Gentil au Jlaroc (premie1· rapporl sommai1·e). La (;éo-
~l'aphie, XX, no !S. Hi nov.1909, p. 325-3i7,
45
'Î06 Ail CŒUH DE L'ATLAS

plus ocei<lnntale dn bassin nu'~dit<•t'l'all<'~ell. CPttP disposition, sur


la(ptPllP Ed. Suess a app<'l<\ l'attention (1 1, apparait trL•S nctte-
mCJd si l'on se plaeP, com11w j"ai pn ]p faiL'P, sui' 1111 sounnet
ôlevé comme le <lj<dwl Bou ZPitonll, aux ahot·ds du Mont Anna,
d'où il Pst permis <l'Pmlmtss<'L' d'u11 <·oup d'(l'illa plus grande
. 'e
<'~tendue dP la chaine. On constate alors que la eourbe dessme
par les c:ilcaires liasiques dP la zone axiale est d'une parfaite
rf~gulariti\. Le Rif, d 'ahord dirigé ouPst-est, s ïncurv<' vers ~e
nord avant les R'mara et suit à pPn prt)S le m<'n·idicn dans la partie
qui sépare l'Andjera du Haouz de Ceuta (rhaine de l'Andjera)·
Aussi les cartes de mes devanciers, la carte de :\f. de Flotte
notamment, ne donnaient-elles qu'une idée biPn imparfaite de
la courbe régulière dessinée par le Hif dans sa partie la phill
occidt'ntale ct j'ai essayé de corriger eette imperfection danll
l'Esquisse orographique elu Maroc dont j'ai fait accompag·ner 1JI
carte cle mes itinéraires da11s le Haut-Atlas (2). .
Cn dernier fait tcctonii1ue est en relation étroitP avec la p 051"
tion du détroit de Gibraltar. On p(~ut constatPr, en pfl"ct, que la
chaine du Rif s'abaisse très rapirlf'Ii:wnt Pli approcha nt du djebel
Mow:a puisquP depuis le djehel Kelti (2.201 n1.) au Mont-au!~
Singes (856), il y a une chute· de plus de 1.200 mètres sllt'
l'étendue relativement faihlP de ()() kilomètres. Et comme, aû
delà du Hocher de Gihraltar, il y a relèvement rapide de ls-
chalne hétir1ue, on est amené à admcttr·e <{UC la r,Jgion dd
détroit correspond à une partie surbais.~rfe de la r:ludne continu'
Rif-Cordillère bétique, autrement dit elle correspond à une ai~
d'ennoyage des plis de cette chaîne. 'î
L'efl'rondrement du détroit de Gibraltar se serait donc prod4
dans la partie de plus faible altitude de cette zone <l' e!lnoyagé.;
Enfin la question de l'âge et l'ouverture du détroit acttl~
demeure l'une des plus importantes de l'Histoire de la Médite~
ranée occidentale.
On sait depuis longtemps que cette comtnunication n'exis~
pas à son emplacement actuel à l'époque miocène et c'efi

(1) Ed. Suess, loc. cil., 1, p. ::!92.


(2} Louis (;en til. Itinéraires dans le Haut-A tl as marocain. « La Céogra•
phic ». Paris, XVII, n° 3-15 mars i908, p. i77-200, fig ..U-56, pl. Il.
Pag~ i()(i bis PlanchP 1.\\XTV

t:xtr. de Louis Gentil f:.,.plorutitms au .llaroc. )la~~~~~~ !'l t:it• ,;d.

(au Pt>e . Fig. 167.- Ln vnllt;P dP l'OuPd ()uilan dans ]p Lias Pl ],. Pt•nui,•n
Inter plnn. lnpiHz dmts IPs 1'11 knit•Ps 1iasi'llll'S. :Ill rond Tél U\lilll :Ill pi Pd dll lljPl)(' lllmsa).
l\EUIERCHES in: Gf:OLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHY~IQliE 7()Ï

1'
a Une des plus remarquables conclusions des travaux de ln
Mission française d'Andalousie ( 1). Elle semhlait coufinu(•e par
la_ prétendue <lécouverte, par le paléontolog·iste Th. Fuehs, du
~hocène moyen à Tùtouan, <l'après les matériaux rappm·t<'~s
par Oskar Lcuz. On pouvait admettre, en efl'et, <jll 'un hras de
la Iller ù u <1cuxwme
·' e't ag·e me<· l't ·
1 erraneen aurm't pu passer par
~a vallée de l'ouad Bou Sfiha ct recouper la chaine Je L\11<ljcra
~usqu'à l'Ueéan atlantique. Mes observations moutreut qu'il faut
ecarter cette hypothèse puisqu'on ne trouve à TMouan que les
Vestiges d'tm ancien golfe pliocène.
Depuis l'année 1905 mes missions successives m'ont permis,
en outre, de réunir un certain nombre d'observations <JUi éelai-
rent d'un jour nouveau cette question de l'ouverture du détroit
de Gibraltar et confirment, notamment, l'idée nettement expri-
~ée par .Munier-Chalmas, d'après les observations et les maté-
l'taux de .:\1. llera:oron qu'elle remonte au début du Pliocène.
u '
J'ai étudié sur de nombreux points les côtes marocaines
]~aignées par l'Atlantique, depuis les Grottes d'IIerwle (cap
Spartel) jus<ju'au Sous. Partout j'ai constaté une bande plus ou
Inoins large d'un Plaisancien qui rappelle celui de Tétouan ou
offre le Jllus souvent notamment à Arzila, dans les Chaouia,
' '
a Safi, à 1\Iogador, un faciès à Pectinides où se montrent sou-
Vent associés :
Pecten plano-medius Sacco P. lleghintSis Segu.,
p '
· henedictus L., Lissochlamys perstriatula S.
P. hollenensis Font., Ostrea edulis L.,
P. scabrellus, Lmk., etc., etc.
P. Jacobeus L.,
Il est frappant de voir que les côtes d'Espagne, dans la région
de Cadix montrent, d'après Mac-Pherson, des couches avec des
faunes tout à fait analogues ct que le Pliocène de la région
de Lisbonne est caractérisé par les mèmes associations it Pecten
plano-medius, Lissoch!amys perst'!iatula, Venus gigas Lmk etc.,
que l'on rencontre dans les gisements marocains.
Nous sommes donc amenés, sans perdre de vue l'absence de
M(t) Paris, lmpt·. Nat. 1889. ~lémoires de Mll. Bet·lrund et Kilian, de
'• M. ~ichel-Lévy et Bet•geron.
70H AU CŒUR DE L'ATLAS

s{•dimcuts miocèucs dans la :\lèditerraw;c occidentale, à syn~


chronisci' des dépôts plaisancicus répartis sur les côtes de la
P<~ninsule hispanique et du Maroc, de part et d' 'autre du détroit.
L'illustre géologue Ed. Suess a montré comment la commu-
nication entre l'Oci>an et la Méditerranée néogène (la Pr(rnédi·
terranée de Munier-Chalmas) se faisait à l'époque du «premier J
et du deuxième étages >> par un détroit nord-hetique (1). Mais
cc passage s'est peu à peu obstrué et, comme les donnéeS
paléontologiques montrent que les échanges entre les deuJ
grandes mers n'ont jamais été interrompus, tandis que le détroit
de (iibraltar est de formation relativement récente il fallait
qu'une autre communication interocéanique sc fut ouverte
ailleurs. On pouvait penser qu ·elle se trouvait au sud de la chaiDe
du Hif .
.J'ai déjà appelé l'attention sur ce côté de la question et fait
ressortir à plusieurs reprises tout l'intérêt qu'ofl'rira au géolo~
gue la jonction d'Oujda à Fez le jour où il sera possible de
tenter cc voyage actuellement très périlleux, sinon impos·
siblc (2).
J'ai montré en outre, dans la zone algéro-marocainc, la trans~
gression du Miocène moyen vers l'ouest par le nord du massif
des Beni Snassen ; et l'empiètement graduel que je laissais
entrevoir des caux de la Méditerranée néogène vers l'ouest, par
le sud de la chaine du Rif, a re(:u un commencement de con~
firmation dans la découverte d'une faune du Miocène supérieUl'
(Sahdien) à la frontière du Kiss, d'après des matériaux recueil·
lis à Adjeroud.
De plus j'ai trouvé récemment, dans la région de Fez, des ves~
tiges importants des dépôts miocènes du comblement de rau·
cien détroit Sud-Rifain (3); mais je n'ai pas vu trace de dépôts
pliocènes. De même, il faut s'attendre à trouver des indices dn

(1) La Face de la Terre, édit. franç., 1, p. 380.


(2) Louis Gentil, Rapport sur une mission géologique au ilfaroc (Nou'l'•
Arch . .Miss. Scientif. Paris, Impr. nat. 1908).
Esquisse géologique du massif des Beni Snassen, .Mém. cité, p. 417 ·
(:~) Louis Gentil. Principaux résultats d'une récente mission au Maroc
(été-automne 1909). C. R. somrn. séances S. Géol. Fr. ,séance du 7 mars t9()9•
p.38-40 et Le Maroc et ses richesses naturelles (La Géographie, t. XXI, P· 3i0)• ·
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET Dt: f.t:OGRAPHŒ PHYSIQUE 709

passage de la mer sahélienne au seuil de Taza, mais on ne pourra


pas Voir, de c~ côté, pas plus qu'aux environs de la capitale
lll.arocaine, ceux d'une communication pliocène puisque Taza sc
trouve à plus de 400 mètres d'altitude.
Il faut également renoncer à trouver les indices d'un dètroit
pl~ocène en un point quelconque de la presqu'ile nord-maro-
came qui s'avance vers l'Espagne, alors que la détermination de
Th · Fu ch s, st· eIl c avait
· ete
' ' conf'Irmee, . d' envisa-
' aurai"t permis .
ger une communication miocène à la latitude de Tétouan. Les
dépôts plaisanciens, en effet, se limitent dans cette presqu'ile à
~ne bande assez étroite et n'atteignent jamais dans leurs assises
es plus élevées l'altitude de 100 mètres, alors que la région la
plus occidentale de la chaine du Rif n'a pas de col situé au des-
sous de la cote 400.
L'examen attentif des cartes topographiques et géologiques du
S~d de l'Espagne conduisant aux mêmes déductions, on arrive
alllsi à cette conclusion que, à l'époque plaisancienne, la com-
munication ne pouvait se faire que par le détroit de Gibraltar
sans doute plus étalé, mais occupattt déjà au début du Pliocène,
son chenal actuel, encadré par les deux Colonnes d'Hercule .
. A ce dernier point de vue une curieuse coïncidence est à
Signaler.
L'ancien détroit sud-rifain était, dans la région de Fez,
dominé par deux tlots rocheux : le Zerhoun et le Zalar'. Il sem-
ble que l'Hercule de la mythologie grecque ait voulu, en entrou-
\'l'ant l'isthme qui unissait les deux continents, entre les monta-
gn~s de Calpé et d'Abyla, rétablir les deux rochers imposants
qui gardaient l'entrée du détroit de Fez; car il a placé, au débou-
ché de la Méditerranée occidentale, les deux colonnes qui por-
tent son nom, le Mont-au-Singe, sur la côte marocaine, le Rocher
de Gibraltar, sur le rivage ibérique, en tous points comparables
au Zerhoun et au Zalar'.
Sil'onjette un coup d'œil sur les cartes, si mauvaises soient-
e~es, que nous possédons sur le Rif, on est frappé de la grande
~ifférence d'altitude qui existe entre la tête des cours d'eau qui
s~Uonnentjusqu 'à la mer le flanc septentrional de la chaîne; tan-
·<hs que cette dénivellation est moindre en ce qui concerne ceux
710 AU f-IlEUR DE L'ATJ.AS

dn revers ml~ridional. LPs cours d'Pau de la prmni<~rc série se


trouvent donc 1\h·e plus 1'•loip:ni•s de lf'UI' profil d ï·quilibre que
ceux de ln seconrlf' : il est d'autre pal't assf'z vraisemblable
11u'ils sont '\S<tlf'ment pl us arrosés parce qu ïls font face à la
mer. Aussi, pour cotte oouhlf' raison, les ntlll;f'S du flanc nord
ont-elles des tendances it 1lt'·capitcr celles 1lu flanc ml•ridional,
produisant ainsi mw miqration vers le sud de la liqne des cdtes
de la chaine du Hi(.
C'est ainsi que l'abrupt des côtes m!~lliterraw;cnnes résultant
de l'effondrement de la l\lôditcrranl~e occidentale tend à s'effa·
ccr de plus en plus ainsi que je le faisais rf'lllHl'lfUer plus haut.
Enfin je terminerai cet cxpos{\ sur le Maroc septentrional
par une remarque qui intl\rf'ssf' ln ~éographie humaine danS
cette cmdr{•p.
On est frapp1', dans la r!~;:.:-ion crétacée et éoci~nc de l'Andjera,
de la relation constante CfUi existe entre la position des villages
et la stratigr·aphic <lu pitys.
Les agglomérations sont presque toujours placées au pied de
falaises gréseuses imposantes, et il faut chercher la raison de
cette répartition dans la distribution des sources principales de
la rl~gion. Les grès tertiaires, en effet, forment à leur contact
avec les argiles crétraeôes ou {~ocèncs, sur lesquelles ils reposent,
un rcmarquaplc niveau d'cau. Il en est de même de la super~
· position des calcaires liasiques de la chaine de l'Andjera sur le&
schistes primaires iinpcrm1·~ahles qu'ils surmontent fréqueJll~
ment. Des groupes plus ou moins considérahles de maisons
sont échelonn(~s de chaque côté de la chaine, ù. cheval sut
la limite du Lias ct des schistes sous-jacents : les villages de Dar.
cl-Hadjn.r ct d'Alonia, sur le versant ouest, d'El-Kouf et de
Dar Zardjoun, sur le versant est, sont ainsi placés et alimentéS
par des ùmergenccs abondantes qui sourdent suivant la ligne
d'afflcurcnwnt <le ce remarquable niveau hydrologique ct tollt""
hcnt en cascade sur lml pentes escarpées de la montagne. ·
Le jour où la carte géologique du Nord ;lu 1\Iaroc sera rele'fée
avec assez de prècision ct de détail, le géographe ne manquera ·
pas d'être frappé par cette distribution des agglomératioDII
humaines en rapport étroit avec certains contours géologique'" :.
RECIU:RCHES DE t;ÉOLOr.IE ET Dg G~:OGRAPH JE PIIYSIQCE 711

II. - ATLAS MAROCAIN

.. ~ans l{' Sud-marocain je IIH' suis Httncht\ it suin·<' unP st\I'ÏP


d thuéraires rpli puissent mf' permt•ttre des conclusions <l'en-
semble. Et parmi les nontht·eux problèmes qui s "ofl'raicnt t't mes
~Pchcrches cdui de la strudul'c tlu Haut-.\tlas nùt paru le plus
Intéressant.
l Cettp !pwstion dP g·t\olo;.:·ie Pt de g·èographie physÜpl<> a d'ail-
leurs Pxeitt"•la t·uriositt\ tlP la plupart d<> lllPs deYancicr·s: Balan sa,
looker, Yon Fritsch, Thomson, f'fc., s'y sont attachès.
Mais si }p flanc sppfentrional du Haut-Atlas, au-dessus de
~l~rrakech, a Mi• l'ohjPrtif de la plupart des explot·ateurs maro-
~·<llns, par coutre lP fla1w méridional de la lwute chaine n'avait
' se't'e part·ouru par un g·i~ol ogue.
Jilllt'tt".
Je lllP suis alors proposé de recueillir la plus grande somme
~e documents possible sur la question ct, ù cet effet, j'ai rPcoupt:~
stx fois le Haut-Atlas entre la cùtc altantique et le méridien de
Demnat, soit sm· mw Mcudue de près de 300 kilomètres.
Je me suis efforcé en outl'e de parcourir des régions incon-
nues , evt . "t a nt l c p 1us poss1"]l l e 1cs tbnerarres
.. , . . . par mes
smns
de,·anciers.
Les JH'ellliers renseio·ncments
t')
sur la u~rrande chaine nous vien-
~ent des Ph{~nicicns qui, vers 1150 avant. J .-C., nouirrent des rela-
tions commerciales avec les habitants de la ctite africaine. C'est
r'ar eux fjUP les (irccs curent la première notion de l'Atlas dont
e nom parnit être, dans leur houche, une forme adoucie du mot
Adr'ar' tT • · ·t·re mon tagne.
-1UI, en 1wr1Jère, s1gm .
Le périple d'Hannon (:>00 av. J.-C.), que l'on connait par
1es cent lignes gravi•es sur le Temple de Carthage, fut pendant
~ong:temtls le seul document sur la géographie de cette partie
e 1Afrique.
Plus tard l'occtipatitlll romaine, étendue au Nord-marocain,
lie laisse que peu de traces dans les connaissances géographi-
ques; mais la carte de PtoléJiiée dressée vers l'an 160 ap. J.-C.
<loulle déjiL une idée de la configuration du .\Iaroc. Elle fut
Jhalheurcusemcut inconnue de l'Europe du .Moyen-Ag·c ct lel'
712 AU CŒUR m; L'ATLAS

manuscrits dt> l'illustre astronome alexandrin, r·ctronvés à la fin


du xive siècle, 110 furent puhlii~s c1u'au d(~hut du xve, la première
c~dition datant de FlorPnce 1403.
Dans le courant du XIY 6 sièdc la carte d'Angelino Dulcert
(1339) ct la carte catalane (1375), dressées d'après les portulans
œuvre des navigateurs italiens et catalans, indiquent l'Atlas par--
tant de l'Atlantique pour aboutir à la Syrte, marqué d'une brèche
dans sa partie la plus occidentale ct désignée sous le nom de
porte de Dcra. On retrouvera longtemps ce passage indiqué sur
les cartes plus récentes.

ITINÉRAIRES ~
Ji .
DANS LA CHAINE DU HAUT

Eche/!e~000- 000

Les célèbres géographes arabes, lhn Sayd, Edrisi, Ibn Kba·


doun, Ibn Batouta, Léon l'Africain, nous ont laissé du XIe all
xvi'' siècle de nombreux documents où dominent les noms de
lieu, de cours d'eau, de villes.
Mais la géographique critique de l'Afrique, et par suite du
:\[a roc, commence avec Bourguignon d'Anville qui, vers le
milieu du xvme siècle, dressa les premières cartes qui donnent,
713
.
RECHERCHES DE M;oLOGIE ET DE (iÉOGRAPHIE PHYSIQUE

pour l'époque, une idée renHU'(JlHtble des chalncs du Nord-


ouest africain.
L~ XIX" siècle inaugure une ère nouvelle avec l'Espagnol
Bad!a qui, sous le nom d'Ali Bey el Abassi, parcourt tout le ~ord
d.e 1 Afrique. 11 montre que, contrairement à l'opinion de d'An-
Yille l'Atlas est séparé du Rifpar un profond sillon.
Après lui René Caillé traverse l'Atlas au Tizi n Telr'emt, à
son retour de Tombouctou; puis les anglais Washington, Arlett,
nous apportent d'intéressants documents sur l'Atlas occidental.
Mais ce n'est qu'en 1860 que commence l'exploration vrai-
lll.ent scientifique du Maghreb. Inaugurée par le voyageur alle-
~and Rohlfs elle est continuée par les missions anglaises df'
ooker et BaU, de J. Thomson, par la mission allemande de
Von Fritsch et Rein, qui sont surpassées par l'illustre explora-
teur français de Foucauld. Dans les dix dernières années les
~oyages du marquis de Segonzac, en bled es siba, lui assignent
1
une des plus belles places parmi les voyageurs africains.
On peut emprunter à Léon l'Africain les premières indications
sur le sol marocain. Mais les observations ayant un caractère
Vraiment géologique ne remontent pas au-delà de l'ère des
;:rplo~ations scientifiques du Maghreb, c'est-à-dire au delà de
a~nee 1860. Rohlfs (1863), ne signale rien de bien précis (1)
mats peu après Balansa (1867) rapporte de la vallée de R'er'ara
des schistes ardoisiers avec empreintes de végétaux que Pomel
l'econnait plus tard comme représentant des débris d'une flore
carbonifère du Culm.
La mission Hooker (2) (1871), marque le premier pas vers
la. connaissance géologique de la chaine. Le géologue de la
lllission Maw résume l'ensemble des observations et sa note est
suivie de la description~r Etheridge, d'un genre d'Echino<lerne
nouveau du Pliocène de Safi, le Rotuloùlea fimbriata.

(!) Gerhat'd Rohlfs. Reise durch JI.arokko nach Tripoli. Bremen, 1868.
G (~) J. D. Hooker and J. Bali. Journal of a Tour in Marocco and tite
b r~at Atlas with an Appendix including a Sketch of the Geology of Maroœo
y •eorge Maw. Lonclon, 1879.
7H AU CIH:n Dl': J.'ATLAS

La mission allcntntHlf' .von Fritsch ct Hein (1) (1872) signale


CfllPlfpws faits importants.
L'<>xplorateur Oskm· LPnZ, dans son voyag·e m{mlûrable de
Tang·er ù Tomhoudon (187~l) (2), traverse L\tlas an Col deS
Bihaoun et si.~·nale de ce cùft\ des grôs roug·cs probablement
triasi<ptes d plus loin, dans la vallée du Drà, une belle faune
car1JO nifèt·e.
Le vicomte de Foucauld ( 1880-82) rapporta de ses célèbres
reemmaissanees dPs documents décisifs sur la disposition de~
ellaine, ses profils aident souvent ù comprcndrP l'orographie
des pays trav<>rs{·s mais il w~;.dig·e ù peu près complètcuwnt le
coté g·t\olog'ifiUC (3).
LPs résultats de la mission ang-laise J. Thomson sont des pltll
importants en cc flui concerne le llaut-"\tlas occidental. Cet
Pxplorateur a le souei constant d'une ~cnèse de la chaine et
les idées quïl émet à ce sujet, bien que devant être pour la
plu part ahaudounées, ont néanmoins rendu les plus grandi ·
scrviees à l'étudc de l'Atlas. Il public la première carte gécr
logifllle par lafpiClle il montre la g·rande extension du C~~
tacè ; il donne en outre six coupes transYersales qui font fa~.
un premier pas à l'étude tectonique du Haut-Atlas. Il signale}&,.
premier la direction ~. ~. E., S. S. W. des plis de la chaill
11

hercynienne.
Av a nt la fin du siècle dernier, les étwles g-éologiques -von~ ·'
prendre dP plus ell plus la forme prècise inaugurée par ThoJJl~
son dunt le continuateur, Theohalfl Fischer, apporte sur la
région situèe au nord de L\tlas des observations du plus hllUÏ
intérèt (4).
Les premiers yoyagcs de Segonzac (1901-1903) ont uns. ~
~ ~

(1) Prof. llod. K. von Fl'ilsl:h. Reisebilder aus Jlarocro . .\litt. d. v.~·
Et·dlumdc, 1HH8.
0 11
(:2) Doelcur Oskar Lenz. Timlmuctou. Voyaye au Maroc, au Sahara et
5,'oudan, h·ad. dl• J'allemand. Paris, I88H.
(3) Vieomle Ch. dP Foucauld. Reconnaissance au Jfaroc. Paris, {888. ·2
(4) Theobald Fischer. l'vïssenschaftliclte Ergebnisse einer Reise im A tl~ F
Vorlande l'fJII Jfarokko. P<>l. )1 ill. Gotha, 1900. -.fteine drille Forsc/ttl~ :·7~:
reise im atlas Vorlande ron Marok!.:o . .\lill. d. Geogt·. <:es. in Hamb ' ,··~·r.:
1!)0:2. . .· ·~
\o: ~
·.·..
' :~/
nE<::IiEI\CIIES IlE GEOI.Ot;H; ET m; r.f:I)I;RAPIJJE I'IIY~IQn; 7t:)

irnportance R·éographÏ<JUC tle prPmim· rmll'c. De plus, l'éminent


exl)lor
, •
.. tnr Il' recuer·11 e , l cs sPrws
u •
' · <l'·<'C 1wn t'Il ' lo,:_;1<jues
1 ons ,~-;·co · ·
tres
precwtrx· sur · 1 • • • 1
nes re~:nons encore mcoJllltH'S < ~s g·eo o~rues, · l
Il0 t ' '- ~
anunent sm· le 1\loven-.\tlas.
Les •·ov
• J ages <te
1 1}.>l'Ives,
.' . a. un p01n
cntrcprrs . t d e vue gco , l o~on-
.
qu~ Spécial, ont appol'té tics faits impol'tants sur la stati~Ta­
Phte de L\tlns. Dès 190ii cc géolog·uc a si;.:-nalé un certain nom-
bre ~'horizons parillÏ les<Jncls des étages paléozoïqtws, le Trias,
cer~lUs niveaux crétacés ct de l'Eocène. Au point de Yuc tPc-
tontq~c il confirme la pt·ésencc des plis hercyniens ch~counwts
par 1 homson puis par Th. Fischer ct il sc fait, sur la strurturc
de la ch ame,
T
· ·
succcsstvemcut p 1uswurs
· conccp t'tons (·1) .
t;n sec ilhl spécialiste, Paul LPmoine, à la suite d'un ,·oya~e
&u djchel Iladid, à :\Iarrilkcch, à Telouet, fait ronuaitre un
Cet•tain nom 1H'e de huts
, · nouveaux Importants
· 1 t t"
SUI' a s ra tgra-
~hie de la rhal11c; il annonce, notamment, l'existence du Juras-
:lfJUe au djehcl Hadid et signalé quelques faits très précis sur
es terrains er<'-tacés (2). Au point de vue tectonique il recon-
nau
.. ' en Inetne
' temps que mm· l' extsteuce
· · d' a 1)Ol'<l
d es p 1·ts a lpms
ntPs par Brives.
L'exposé qui va suivre donnPra une idée d'ensemble des
~ou~eaux faits que j'apporte sur la géologie de l'Atlas ct de
a llltsc au point de certaines observations de mes devanciers.

STRATIGRAPHIE

Terrains antesiluriens. - LPs Mpùts antériem·s au Silurien


~araissent ass0z dé~·cloppés dans la zone axiale dc la chai11t>.
Ce sont des schistes a rg·ilo-siliceux, par·fois chloriteux, des
plyllades ct des calcschistes souvent traversés par des filous
de quartz. k.

. Cet ensemble forme un complexe dont il est actuellement


1
~ 1 Possiblc d'apprùciPr la puissance totale, certainement cou-
Stdér·able. Il faudra y joindre, sans doute, une grande p<n·tie

Fl'(l) ( A. Brives. Les terrains crétacés dans le JIa roc occidental. B. S. Géo1.
tn · 4•) V, p. 81-96. - Contribution à l'étude géologique de l'A tlas
aroeain. B. S. t;éol. Fr. (.ie) V, p. 379-398.
ol'f! ~!!) Pan[ Le moine. JJ/ission dans le ,JIa roc occidental. B. Afr. ft·., llen-
t,gn, Colon. n. 2 bis, p. 65-9i, n. 4. p. 31-63, 1905.
1
716 AU CŒUR IlE L ATLAS

des schistes uu~tamorphis!\s (chloritoschistcs, micaschistes,


gneiss, etc.) qui affleurent sur de grandes l~teuducs.
Silurien. - Le Silurien joue uu g·rand rôle dans la constitu·
ti on de l'Atlas, il Pst sul'tout fomu~ de schistes a vee <juartzites aux·
quels il faudra peut-être joindre des calcaires à Orthocères,
signalés par Brives. Les schistes de Tislit de Paul Le moine, sit~éS
dans la région de Telouet, semblent également en faire partie·
On est frappé de la grande similitude lithologique de schistes
ardoisiers, parfois charbonneux, associés à des quartzites blancSt
rosés ou brunâtres qui affleurent dans la z ne aniale de _la
chaine avec ceux que l'on a l'habitude de considérer en Algél'le,
dans les Zaccar de Miliana (Alger) et dans le massif des Trara
(Oran), comme siluriens.
Ces schistes, désignés sous le nom de schistes des Tt·ara, reS"'
semblent pétrographiquement beaucoup aux schistes à Grapto-"
lithes de Sardaigne, mais mes recherches en Oranie, pas plUS
que. celles de mes devanciers, n'ont permis d'y trouver la
moindre trace d'organismes (1).
J'ai été plus heureux au Maroc, car s1 Je n'ai rien trouvé A
ces niveaux dans le Rif occidental, j'ai eu la bonne fortune de
découvrir un riche gisement de Graptolithes, à une quaran·
taine de kilomètres au sud de Demnat, dans la partie centraled1l
Haut-Atlas, dans les Art Mdioual.
Près du col de ce nom les schistes paléozoïques sont noirs,
chargés de matière charbonneuse, entremêlés de petits lits de
quartzites. Ils renferment de nombreuses empreintes d'liY·
drozoaires dont j'ai pu recueillir très rapidement quelqtl~
échantillons, sur lesquels j'ai déterminé les espèces suivanteS·
Monograptw runcinatus Lapw., Monograptus cf. priodon Bart·t
Mo1tograptus cf. Salter1: Gein., Diplograptus sp., Rastrites pere·
grimes Barr. (2).
Tous ces organismes sont transformés en matière charbon"
ne use.

(1) Voir à ce sujet: L. Gentil. Esquisse strati.qrapltique et pétrographi·


que du ha.~.çin de la Tafna (Algei·, 1902), p. 74-76. 1•
(2) L. Gentil. Sur la présence des schistes à Graptolithes dans le HatJ .Î:
Atlas marnrain (C. H. Ac, Sc. CXL, 1905, p. 1659-1660). i~

~
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIUUB 717

Il semble diffîcile de spécifier certaines formes à cause


~e leur mauvais état de conservation mais seule la coexistence
es trois genres ci-dessus indiqués suffit à caractériser le
Go~htandien inferieur (Landowery).
Ces ·organismes occupent une situation élevée dans le sys-
d'a · t es char b onneux, qm· apparmssen
tème . de. s sc lus_ · t a' l a 1avem·
l> •

. nhchnaux aigus et surmontent, en concordance, des quart-


;~tes en bancs épais que l'on peut rapprocher de la formation,
t~~ologiquement analogue, subordonnée aux schistes graptoli-
P ~q~e~ dans le bassin méditerrant•en, notamment dans les
.}:enees. On })eut donc les placer ces grès siliceux dans l'Ordo-
Vlcten .
. Le point fossilifère des Aït Mdioual est le troisième des
gtsen1ents de Graptolithes jusqu 'ici reconnus en Afrique. Le
remier a été signalé par Munier-Chalmas sur des échantillons
e schistes noirs rapportés du Tindesset par l'illustre explora-
teur F · Foureau. Depuis, G. B. 1l\J. F'l aman. d a decrit
' · un remar-
quable gisement de ces organismes à Haci el Kenig, à 400 kilo-
Inètres au nord-ouest du premier et appartenant, comme celui
du Haut-Atlas, à la base du Gothlandien.
~ Je n'hésite pas à la suite de ma trouvaille dans les .Art
• ldioual, à placer' dans le Silurien supérieur (Gothlandien)
un grand nombre d'affleurements de schistes pétrographi-
quernent semblables dans la haute chaine, dans le Rif occiden-
tal, dans l'Algérie septentrionale ; ct dans l'Ordovicien les
quartzites et les schistes sous-jacents.
Les schistes et les quartzites du Silurien sc montrent en de
llon.hreux points du Haut-Atlas situés entre les Aït Mdioual et
l e C0 1
des Bibaoun.
Devonien. ·- Von Fritsch a signalé dans l'Atlas des couches
qu'il pense être dévoniennes, mais sans donner de preuves
~aléontologiqucs (1). Brives considère comme appartenant à cet
~~ge. des poudingues, de~_g·rès et des grauw_ackes ;, il ci~e d~ns
Urika le Spirijier cultrlJU9atus Goldf., mms sa determmatwn

51) Yon Fl'itsch. mém. cité.


718

est un peu sujdtc à caution car l'tmi{jUe exemplaire qu ·ua


recueilli est, (lit-il, un peu •'cras{~ (1). .
Paul Lenwi11e rattache au lMvonien les nH\mes formationS
ainsi (jlie les ealcaires à Polypiers de la Koudiat Ardouz, danS
le Haouz de .MarrakPch .
.J'ai ohservé sur plusieurs points df' la chaine, notamiDent
sur son flanc mèridional, dans la vallée de l'ouad Men~,:,
des grès verdàtres, brunis par oxydation superficielle et r '

fois des grauwackes, entremêlés d'ar{.ôles schisteuses de Dl~.


eouleur.
Les seuls fossiles que j'y aie rencontrés sont des empre~'·• c.

de Gastropo<l.es et de Lamellibranches indéterminables. l\lalf ::~i


· l'tl
y a une te Il e ana l og1e 1 10 l og1que
· e t. s t ra t'1grap1uque
· avec 1.-.:1'·
grès bruns dévoniens qui, datés par des fossiles, cou~
d'immenses surfaces dans le Sahara, (jUe le doute seiDh
impossihlf'. .
lfaillems mes recherches plus ri·eentes m'ont montré l'.eJlt"
tence du Ut~V(mien, lithologiquement semhlahle, dans la Mese~
marocaine où il renf<'I'me de riches faunes cohlentziennes (t).'
Le Uhonien se rencontre dans le Haut-Atlas occidental.~~
dessous du col dPs Bihaoun, dans la valli~e de Meutaga et, d ;
l'est, dans la valU'e SUJ1l'rieure de l'ouad Tet;aout. ·
Grès de Tikirt. - Je placPrai avec r(·serves, dans le Jllê .
étage pal<;ozoiqm', une forma ti on détritique puissante qui affle : · .
sm· de (_,a.T;mdes surfaces (lans la haute vallée du Draa, au s.'-!/t>·
de l'Atlas. '· ~
Cette formation, que je désignerai provisoirement sous IenO~·
de grès de Tikirt, est formée de grès siliceux, durs, quartziteu;!
hrunis par oxydation superficielle, en lits réguliers entrcJDêl
d'argiles schisteuses de même couleur. Leur épaisseur est d'aU
moins 200 mètres. Ils débutent souvent par des poudingtlelt
comme dans les Ait Tarnassin. c8l
Il est impossible de rien dire de positif sur l'âge de &i
dépôts dans lesquels je n'ai pas trouvé la moindre trace

(1) Brives. Contribution à l'étude géologique de l'Atlasmarocain.Mélll·~)


(2) LouiR Gen1il, Rnpport pour une mission scientifique au Maroc (f ,
(Nout'. arch. Jllis,~. Scienti('., l. XVII. Paris, lmpl'. Nal. 1909).
Palle -lloOll 1JIS
.
Plan.-ltt• L.\.\.\\"

(SnpPr . . Fi:.!. Hi~.- l111111t' vaJI,·.,. ""!"Oued Tt•t·aot!l


l'Ost Iton du l'r•;·nti 1•n au Cal'llonif'ère, ntassif volt·aniqttt• du lljPhL·l .\m·'nter
an d<'i'llil'r plan1.

Exli·. ttc l.oub 1;entil. .lli.,.xioll~ lill .t/arvr. Ma~~~~n d Cie t'tl.
Fig. 1ü9. - J)ylies volt'anitptes dans le 111assif du Sit·ona.
RECIIEHCIIES tH: lit:OLOGŒ tt DE tdWGIUPlliE l'li YS! (.IlE Ï j ()

débris
. 01' . . '
samscs . 1
; J<' es rangerm. pronson'<'lll<'n
. . t c1ans l e n1'\·o-
'
lllen avec ler1ud ils ofl'r<'nt le plus d'affinitl~.
Leur •~fPndu~ Pst consid,;rahlP. Depuis Tikirt ils approcht~nt
~u massif du Siroua et paraissent couvrir dP ~.::rand{'s étPtHlues
ans l'Anti-Atlns. Ils offrent partout, sous un climat d{~sPrfit{Ue,
11
~ sol aride parfois complètement di~pounu dP toutP trace de
Vegétation.
Carbonifère. - Le hotaniste Balansa a, en 1868, apport(~ la
prelllièrc }H'cttvc de l'existence du CarhonifèrP au )faroc. Les
elllpreinte~-; végétales des schistes de la vallée de lrer 'aïa <JU ïl
a recueillies ont donné l)lus tard, à Pomel, les indices d'une flore
d u Culm.

Les indications données par Brives sur les schistes ct les


calcaires cristallins avec traces fossilifères <JUÏl signale aux Ida
ou 1\Iabmoud, dans la vallée de l'Erdouz, etc., sont insuffisantes
~our
o.uch
prouver leur àa·e carbonifère. De même Paul Lc•moine rat-
·~
cb. e, sans preuves paléontolog·ir1ues, les schistPs de 1\foulaï Bra-
L lill et les schiste~-; de Tioulou (Tclouet) à eet étag:e paléozoï<JUe.
a question du Carbonifère de l'Atlas en Nait là lorsque j'ai
entrep · .
rts mes recherches.
l' J'ai observé un Dinantien eou\Tant de vastes étendues dans
. est et j'ai pu confirmer pàr la déeouverte d'tmc faune très
lllt' '
eressante, l'attribution au Culm des schistes de Balansa.
L'A · .
t , tlas, au-dessus de la plaine des Haskoura, est consti-
d~e ~ar des dépôts diuantiens puissants que j'ai tra~'ersés
. Pttts le col de Tizi n !moudras, au pied du djebel Anr'mer,
JUsqu'· l
a a plaine. Ou observe là de la base au sommet, la suc-
cessio d , . . . ' . . ,
n e gres nucaces de sclnstes avec hts de calcatres a entro-
~:s, de calcaires à ent;oqucs avec faune dinan tienne, de schistes
a silex no1rs,· pour sc termmer · par des ca1cmres
· '
greseux ·
Jau-
ll.âtres , p .
d a roductus. La puissance totale de cette forma hon est
e plus de 450 mètres.
Les schistes et les calcaires à entroques, renferme, avec de
;olllhreux articles d'Encrines, et de Tétracoralliaires, avec P1·o-
r·Uctus pustu!osus Phil., Fenestella, Euomphalus, etc .. , caracté-
lsant le Visécn.
•·Ces u{•pùts af1leurent sUI' le revers méridioual de la chaine dans
720 AU CŒUR DE L'ATLAS

les Aït lgucrnan, les "\ït :\Ier'ran, etc: Ils se poursuivent trèsl~in
vers l'est ct je ne serais pas surpris qu'ils soient en continUité
avec ceux de la région d'occupation frança~e de Colontb-
Béchar, ainsi que dans la partie septentrionale de la zone fron·
tière, dans la vallée de l'ouad Isly où j'ai recueilli plus réceiil·
ment une faune viséenne plus riche avec Glyphioceras truncatrJ111
Phil., Giyphiocems ( Goniatites) striatum Sow., Posidoniel/8
vetusta (Sow.) Koss., Spirifer trigonalis .Mart. ,Sp. striatus Ma.r1·'
Athyris Roissyi Ross., Retzia ulothrix K., Productus pustulosttl
Phil., Pr. costatus Sow., Pr. corrigatus N'Coy., noDlbreuJ
Crinoïdes et Tétracoralliaires.
Les schistes de .Moulaï Brahim apparaissent dans les avant--
monts de la chaine de l'Atlas, au bord de la plaine du HaouJ·
Ils forment un massif profondément entaillé par la vallée de
l'ouad Ifcr'aïa et s'étendent au nord de la Zaouïa de Moulai
Brahim. La rivière traverse, darl~ des gorges aux parois abrtlP"
tes des schistes argileux, noirs, ardoisiers, d'une puissance d'ali
moins 500 mètres.
J'ai trouvé à la partie tout à fait supérieure de ces schisteS
des empreintes de plantes malheuredsement indéterDlinableS·
C'est sans doute à ce niveau que Balansa a' recueilli les éléDlenW
d'une flore du Culm. Non-seulement les débris indéterDlinableS
de plantes que j'ai trouvés 's,emble:g_t le montrel', mais la décoll•
verte que j'ai faite d'une belle faune,\ un niveau stratigraphiqlle
moins élevé de ces schïstes le confirme nettement.
J'ai trouvé, en efl'et, Orthothetes crenistria Phil. sp., Chont1~
papilionacea Phil., Spirifer sp., Fenestella sp., articles d'Encfl"
nes, etc. l
Je ne doute pas que les mèmes schistes carbonifères aiell
une grande extension dans le Haut-Atlas et qu'ils soient dév~lo~
pés notamment dans les vallées de l'ouad Nfis, de 1°11
Ourika, dans la région du Glaoua. '
Permien et Trias. - Von Fritsch a décrit, sous le nom de Grè'
de JVansero, des grès rouges qui affleurent dans les valléeS de
l'ouad H'er'aïa et de l'ouad Nfis. t}J
Plus tard Ed. Suess, dans son admirable synthèse, La Face

RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSitjUE 721

. , Ilcuse
la Terre IJUCces gTes, correspoiHlen t au Jl crn11cn
. (1. ,). Bn-
.
Ves sw·nal
L a e d es sc lus · · e t d es porp l1yres pernuens.
· t es nncaces · Pau 1
enlOine classe dans le Permien des schistes micacés ct poudin-
S'Ues avec intercalations de porphyres et de diorites.
Le Trias gypseux est signalé par Brives (2), il est ég-alement
r~connu par Lemoine (3), par analogie avec le Trias lagunaire
d Algérie.
Le Permien et le Trias sont représentés, dans le Haut-Atlas
~ccidental, par une suecession très importante, continentale ct
agunaire.
Cette formation débute généralement par un conglomérat,
surmonté d e gres ' arg1'lo-s1'l'1eeux et d' arg1'l es greseuses,
' e ·
par101s
:~argés de petites lamelles de mica blanc et complètement
epourvus de calcaire. Ces couches sont encore caractérisées
t r la présence constante de l'hématite qui leur donne une cou-
eu.r rouge, parfois eramoisie.
l Les poudingues indiquent un conglomérat de base ; les argi-
es gréseuses rouges ou bariolées de eouleurs verte, lie-de-vin,
sont parfois sehisteuses.
. Cette s~cccssion, d'origine vraisemblablement continentale, est
~llséparable des dépôts franchement lagunaires qui les surmon-
en~ et également formée de grès et d'argiles gréseuses bariolés
Illats où la présence du gypse et de sel gemme est constante. Ces
couches salifères se montrent, vers l'est, entremêlées de calcaires
lllag · ·
T . nestens et de cargnculcs et rappellent alors fidèlement le
~as lagunaire de l'Algérie et de la Tunisie.
,foute la succession qui précède forme, en certains points, des
accutnulations de plusieurs centaines de mètres, malheureuse-
dlllent dem curees
· JUsqu
· · comp1e· t emeu.t d'epourvues
··ICI· a· peu pres
e fossiles. Aucun débris organisé n'y a été signalé avant mes
::X.plorations, et je n'ai pas été beaucoup plus heureux que mes
v ~v~nciers puisque mes trouvailles se bornent à des traces de
egetaux dans les grès permiens. Ce sont de petits fragments de

p, ~~ Ed. Suess. La face de la Terre, trad. franç. de Emm. de Margérie, 1,

~) èontribution à l'étude géologique de l'atlas marocain, ~fém. eité.


1
.!fission dans le Jlarut: Occidental, )(ém. eité.
46
722
tig·ns Pt clf's aiguilles cln Coniprt•s, cl'aillPur·s iwl<'·tprminables,
IJlH'j'ai extraits <lt>s gr<'ls rouges <lu Col <l<•s Bihao1111.
Malg-ré ccttf' p<'~nurie <le docunH•nts pal<\ontolo;.:·i1pws il est
i mpossihle de doutPr de l'<lge per·mo-ti·iasiiJIH' df' cf't f'nseillble
car il rq>osf' sur le Carhonifi•re fossilifi·t·e d il est recouvert par
le .Jurassique. .
D'autre part, la pr<'~sencc d'importantes <l<'ojectious volca.IW
<rues dans les couches roug·es complde l'analog·ie de ce ter-
min avec les formations similaires de L\l;. d·rie considéréeS
comme permiennes.
On ne peut qu'être frappô du passap:e insensible df'S coucp~S
t·ougcs aux dépôts franchement lagunaires qui doivent rep~
sen ter' par analogie avec ce qui existe dans tout le reste de rAfrt·
que du Nord, des niveaux même dev(•s du Trias. Il en rôsulte que
les conglom<'~rats ct gTès ferrug·ineux corrcspondf'nt très vraisefll•
hlahlement au Peri~lÎen ct à Lï base du Trias, rappelant ainsi la
formation comparalJlc de la zone Nord-pyrt'•n{•f'nne que Léoll
Bertrand r<'·unit sous le terme de Perm6- Trias.
Ce terrain joue un rôle capital dans le massif ancien dJI Haut·
Atlas par son grand d!weloppcment et par l'(~paissf'ur consid_é~­
hle de ses sédiments. Enfin sa couleur roug·e, parfois crainotste,
le fait reconnaître facilC'ment..
On peut dire q~:il. existe un peu partout dans la_ vaste étend;
de la chaine que J m parcourue. Dans les .\ït ~ldwual ct les
lguernan, à l'est, il recouvre en disrordancC' les schistes iL Grapto-,
lithes ct il est recouvert lui-même par des calcaires jurassique~
. 'éta•
Les poudingues et grès rouges, avec roches volcaniques, s ··
lènt jusqu'au-dessous du djebel Am'mer, reposant sur le~.
dépôts dinan tiens du Tizi n !moudras. Dans cette montagne leS
couchesrougcs n'ont pas moins de400mètresd'1\paisseur; eJ!j
se poursuivent jusqu'au voisinage du djebel Agourzga, dans
1
Aït Mer'ran.
Le Permien est probablement continu sur les crêtes .de ~.
chaine jusqu'au Glaoua où il est très développé, surmontant lei
schistes de ~ioulou, et sur~o~té lui-,~lê~e de gypses salif~~
dans la vallee de Telouet, ams1 que lmd1que la salure .de lBP
Imar'ren.
Sur le flnne nord dl' la chninP ll' Pf'rmif'n, nYPe roehPs vol-
~anicJues, Pst frt's dc',vdoppé dans les Houehdanw, lf's Ftouaka;
selllhlP sur'moiJtt', p<~r le Trias dH'Z les Aït j[e Il ah. Cet ensem-
ble se trouve en coutinuik aYl'C Je Permo-Trias du l\leslioua.
l' Plus à l'oupst il forme lf' Sf'uil qui st'~pare l'ouad Xlis de
ouadl\''r,· .. la'ou
r aw, · el's <1eux nneres
··· son tl c p 1us rapproe l'
tees.
) s snpPriem·s y sont exp 01 es pour l f' se 1 <fU "1
Les dél·)c't· · · 1 't · 1 s ren f' l'r-

lllent. C'est dans c:ette l't'gion que von Fritseh a donné le nom
d~ grès de JVam·ero aux couclws rou~·cs principalement pcr-
llltennes.
Les vallées de l'ouad es Seratou et de l'otwcl Aït .Moussi

d eveloppement cl es eoucbes roug·es pernnennes


~ontrent, ù. partir des abords de Tizi ou Machou, un gTaml
· qm· sont parh-
·
culièrernent épaisses ù. ce col ct à la montée du col des lhbaoun,
au des·sus (l c nznla
]\,' Arg·ana.
Les poudingues sont dr',veloppés en approchant <l'Iferd,
na~-dessus duquel affleurent les schistes et les quartzites silu- .
d:ns du col. C'c.st entre lfe.rd et Ag-lou q~ej'ai trouvr'~ les dé~wis
plantes pernuennes. Enfm unlnmheau Important de Pernnen,
;vec roches volcaniques, affleure dnns les Ida ou Tanan, dans
t~ dépression d'Aneklout, tandis que le Trias lagunaire est par-
~culièrement développé dans les Ida ou Ziki et dans la zone
ttorale, à Tagragra, dans les Ida ou Iceurn, etc. ..
. 'l'errains jurassiques. -L'existence du Jurassique a été sisna-
1
ee pour• la première fois dans le Sud-marocain, au djebel Hadid,
}lar Paul Lemoine. Cette montagne, située à 25 kilomètres au
nord de Mogador, a été visitée par de nombreux voyageurs.
Von Fritsch y a entrevu le Jurassique et le Crétacé, Thomson
en fait du Crétacé.
Ii P~ul Lemoine a recueilli dans les mm·no-calcaires du djebel
il ad~d des Br~chiopodes, des Pélecypodes et des Bélemmitcs, et
fait remarquer que l'étude des deux premiers groupes donne à
cette faune un cachet jurassique (Bathonien-Oxfordien). Il donne
Une li
ste avec Pecten subfibrosus d'Orb., Rftynclwnella Orbi-
f/nyana Op pel., Terebratula ventricosa Hart.
Brives associe les calcaires du djebel Hadid à des couches) à
0
~treacouloni avec R11ynclwnelles et soutient d'abord, malgré les
724 AU CŒUR DE L'ATLAS

preuves pah•outologiques apport(·es par Lenwiue, IJUe c'est bien


du Crétacé inférieur. H1;ccmmcnt il a admis, en ce point, le
Jurassique.
Mes recherches dans L\tlas occidental m'out permis, non sen·
lcmcnt de confirmer l'attribution faite par Lemoine des calcaireS
1lu djebel lladid au Jurassique, mais encore d'apporter plus de
précision·sur le niveau des Brachiopodes qu'il a dudié (1) .
.J'ai en effet dècouvcrt, en plusieurs points au sud de Moga·
dor, des fossiles dans des marno-calcaircs synchroniques des pré--
cédents ct l'association aux mêmes Brachiopodes de Perisphi71C'
tes Chavattensis de Loriol, du Hauracicn du Jura Vaudois, ne
peut laisser subsister de doute et tranche définitivement la
question.
J'ai reconnu le Jurassique à l'extrémité occidentale du Haut'
Atlas et, dans l'est, au delà de l'ouad H'dat. 'd
Dans la zone littorale les marno-calcaires du djebel Hadi ·
affleurent en trois bandes distinctes aboutissant à la mer, a1l·
cap Tafetneh, au cap R'ir, et auprès d'Agadir n lr'ir. '
La bande du cap R'ir, que j'ai pu recouper en plusieurs points,,
est particulièrement intl~ressante. Le Jurassique forme le front;
du cap où l'on voit des calcaires gris, avec bancs réguliers alter-;
nant avec des marnes de même cQuleur. J'ai trouv-é dans leS;
marnes à une hauteur verticale d'une centaine de mètres, dan'l
la série visible, le Perisphinctes Chavattensis de Loriol. : l
Plus à l'est, le djebel Tazenakht offre une belle coup~ aY~
plus de 250 mètres d'épaisseur visibles de la même forlllation' •:j
la base de laquelle les lits calcaires alternent avec des marneiJ~
schisteuses colorées en rouge ou en vert. -~
Plus.à l'est encore, dans la région élevée des Ida ou TanaJl~
le Jurassique affleure sur de vastes étendues jusquc,cl.ans les.~~
ou Ziki. Au bord de la dépression d'Ane_:Klout lès marno-calc~
reposent sut le Permien et montrent sur deux points des ~~~
siles, surtout des Brachiopodes. J'ai recueilli au Tizi n Miktl ·
Rhynchonella ampla H. Douv., Rhynchonella trilobata (MnnY,
ter) Ziet.; Rhynchonella sp. cf. Rh. Amalthei Quenst., Terebrfl'
tula subventricosa d'Orb., Pecten subfibrosus d'Orb.

. -- . ~ ~ . - -- - . ---- -----·--- .. ,,
(1) Louis Gentil et Paul Lemoine. Sur le Jurassique du Maroc occidenlaJ.
--- - -... ~ ,.
-= ..

·-
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE 4iÉOGRAPHIE PHYSIQUE 72;)

Au-dessus du villag·e d'Aneklout un autre gisement renferme


1
~s espèces suivantes : Rhynrhonella ef. Fisclten: R., Rhyn-
~ one/la trilohata (i\f.) Ziet., Rltynclwnella ampla H. Douv., Tere-
ratula suhventricosa d'Orb., TereiJratula subsella Levm.
Au sud de IJenmat l'Atlas offre des arètes calcaires:signalées
jar !~10 lllson c1ui n'a donné aucune indication sur leur âge.
de n ai malheureusement pas trouvé de fossiles sur ma route
~ns la traversée de la haute chaine que j'ai effectuée entre cette
:t
:ille la plaine de Haskoura, mais j'ai constaté que ces dépôts
alcaires et marneux reposaient, en discordance, sur les grès
~ouges permiens ou les gypses triasiques, dans la vallée de
emnat et dans les vallées plus méridionales, et qu'ils étaient
recouv t , , .
c . er s en concordance par un systeme de gres et de hts de
alcaires ou de marnes du Crétacé le plus inférieur.
d ~l ne semble pas douteux, en outre, que cette série secon-
.alre, épaisse de plusieurs centaines de mètres, renferme plu-
Sieurs
d étag· · ·
< es JUrassiques.
L' ex1s
· t ence d es mveaux
· l es p l us e'1ev es'
e ces terrains semblent résulter du fait d'une sédimentation
co~tinue avec le Crétacé inférieur. Et je ne serais pas surpris
qu elle débute par la série liasique sous la forme de calcaires
lllassifs
, co mme d ans 1a zone fronhere . , a1gero-marocame.
, . Ma1s . ce
n est là q u ,une h ypot h,ese car Je
sii . n 'a1. pas rapport,e un se ul ~os- J'

l' e du Lias qui est à rechercher aussi bien dans cette partie de
.Atlas qu'à l'extrémité occidentale de la chaine, dans la zone
!Ittorale .
. Un fait semble néanmoins assez net, c'est que lesformations
~Urassiques, d'abord néritiques, deviennent de plus en plus
athyales à mesure qu'on s'élève dans cette série secondaire.
8
Terrains crètacès. - L'existence du Crétacé dans le Maroc
PUd-occidental a été signalée pour la première fois en 1870 par
0
ll1el, d'a_[lrès des buitres rapportées de la côte de Mogador.
cél~homson a eu le grand mérite de montrer, au retour de sa
d ehre mission, la grande extension des terrains secondaires
~ont il a donné la première carte géologique publiée sur le
0h
aroc. Theobald Fischer et von Pfeil ont signalé d'intéressantes
ser t'
va Ions sur le Crétacé du versant septentrional de l'Atlas
011
de la région qui s'étend au nord de cette chaine. Brives a,
726 AU COEUR DE L'A HAS

par trots· notes sueeesstvcs · pantes (1ans l e B u llr:tzn


· rl.e la Société.
yéoloq iqur: de Frai/Ce) signa u~ Ull Bcrriasien it !l oplites Boissiert,
un N!•ocomien carnc·UH·isc'• par Ost rea Fou/ani, tm (;ault à Aca~­
tlwceras Milleti . •\u-dessus le C!·nomaniPn transg-ressif rcnferllle
Arantlwceras JJantelli an•e des buitres, enfin il sig·nale un
Turonien J1Ur Astarte Sequenza•. :\lais il n'appuie pas ces déter-
minations de listes <l'espèces et il constate, à diverses reprises,
que ces t<~rrains sont assez pauvres en fossiles.
Enfin Paul Lcmoinc eon.firmant certaines donn!·cs acquises P~r
ses ucvancters
.l • <l ~~· f'1111·t anw pt·eeiSIOil
· · · t1eux 1wrtzmts
· nouvea ux·' le
Barrémicn et l'Apticn. .
Mes voyages au Sous ct dans les Ida ou Tatum m'ont pernus
de constater l'cxistenee d'une s{•t·ie complôtc <ln Crétacé da~s
la partie occi<lentalc de la chaine du Hauk\tlas. Comme le
mon t l'P l ' CS<JUISsc
. , 1ogtque
g·eo . qm. accompagne cc t rtn.a.t'l leS
dépù1s sccoru1aircs forment le revêtement de l'extrémité de
la haute chaine jus<pt'à ia côte atlantique. Les niveaux reconnus
sont, le plus souvent, rcmarc1uablcs par la richesse de leur
· · pu, nw l grn· l cs eoncL'thons
f aune; auss1· al-,Je · · precat
tres · ·res det
mes explorations, rapporter d'al>ondauts matl~riaux qui on
permis de signalt•r bon nombre d'espèces caractérisant d'une
façon cl!~finitive des niveaux remarquables du Crdaec\ inférieur
et moyen ( 1).
Le premier étage est. rcprésentô par i'llauterivien très dé"a-·
lopp!~. L' Hauterivien inférieur, en partie nc'~ritiquc, est carac~'
risé par de gros llrachiopodcs ct des Ammonites rappeÎant leS
f ormes d e 1a regwn ' . JUrasstemtc
. . c t cl e 1a runee, no t amJlleni
c ,· ; '

des Leopoldia :
Leopoldia Kiliani v. Kœn. sp., II. (Acanthodiscus) gr. de rfl"
L. Jnostranzewi Karak. sp., diatus Brug. sp.,
L. biassalensis Kar. sp., H. cf. campylotoxus Ubl.,. ·
L. Douannensis llaumb., Parahoplites int<'rmédiatrel
Hoplites Rollieri Baumb., entre Par. ( Thurrnanttia)

(1) Les dét.ermina1ions pal6onlologitp!Cs des fan nes maroc~aincs du Crél~


inf~t·iclll', et ~noyc;n: qn~ j'ai rappol'tées, ~nt .été fait cs au labot·nlo!~·~ de greC '
log te tic 1 UntvcrsttP de (TL'Imohle par lllOn cmtnenl colli!guc. M. \Y.l,.thau, 8 .
le coneours de ~1. Paul Rcboul.
RECfJP.RCRES DE G~:OLOGIE ET m; GÉOGR.\PHIE PHYSIQUE 721
Thurmanni Pict. sp. ct Par. Rhynclwnella multijormis
cruasensis Tore. sp., Hcem. (in PictPt PideLoriol),
llolcostephanlls (Astieria) As- en ,;<' hantillons dP grau dl'
tieriana d'Orb. sp., taiile.
Duval"w (1"1 .
1 alata, lllamv. sp., Tr:rebratula prœlonga Sow.
Nautilus neocomir?nsis d'Orb .. (= ac uta Qu.) abondante, en
E~ogyra Couluni Defr.sp. (var: gros exemplaires passant à
efroitp) T. sella Sow.,
Ostrea (A't' .
ectryonta) rf'ctangu- T. (A ulacotl1yris) collinaria
laris Hœm., d'Orb. (in Pict. et de L.),
Cucultœa sp., forme géante;
A.rca sp.,
T. Salevensis de Lor.,
~r~a cf. Robinaldina d'Orb., T. Moutoniana d'Orb.,
lzcatula sp., E. Carteroni d'Orb. (typique).
Alytilus Couloni Pict.,
r. L'_Hauterivien supérieur (ou peut-être l'extrème base du Bar-
enuen) renferme : .

rtocerast10v. sp. du groupe de truty1·i H. et D. cassidoides
Cr. Duvali mais à costulc~ Uhl.,
t .
res atténuées Lytoceràs densifùn&riatum ·'
Desnw,.l? · nettmayJ•t
-.Jas ;u · ' · Haug, Ull
1 .,
grosse foi'iile in-
IJesrnoce1'as, Nantiluspseudoell!gansd'Orb.,
termédiaire entre JJ. Neu- très coinmun.
Cette fatttw correspond très probablement à la zone à Para-
110Plitcs aitguhcostatus d'Orb. sp., telle qu'elle est dêvcloppée
,Près de Cobonne (Drôme). .
Le Barrémim est extrètnPment fossilifère et rappelle les gise-
lllent~'> de Cobonne (Drôme) et de la Roumanie. On 1·emarque
~epcndant l'absence totale des Ho!t:odiscus d'une part et, de
1
autre, la prédominance des Criocères du groupe des Cr. Ba1·-
r:mense Kil., Cr. Rœmeri N. et V. et Cr. Raeveri v. K., voi-
snts à la fois des types du Hils et de ceux de la Haute-Pi·ovence.
La faune est plutôt celle du Barrémien inférieur que celle du
Barrénticn sup 1;rieur. L<'s espèces les plus renlarquable sont :
~erpu/a sp., Ph. infundibulum d'Orh. SJ).,
'Phylloceras Tethys d'Orb. sp., Desmoceras di(/icite d'Orb. sp.,
728 AU CŒUR DE L'ATLAS

tr(\s commtm a n•c toutes sps Cr. fissicostatum v. K., .


yariMès, passant à D. W aa- Cr. (Ancylocnas) Thiollert'
geni Sim. (typicJUP ), Ast. sp.,
Dewwceras Uhligi 1-laug., Cr. (Ancyloceras) van den He-
D. cassidoides Uhl., cki Ast. sp.,
D. ( Cleonicems) Suessi Sim. Crioceras hammatopt.'lcktJ'fll
(forme intermédiaire entre Uhl.,
D. cassidoides U. ct D. ct D. Cr. Eme1·ici d'Orb.,
Uhligi I-1., Cr. Cornuelianum d'Orb.,
Pulc!tellia c ompressissima Cr. aff. trinodosum d'Orb·
d'Orb. sp. (in Karsten), sp.,
Pulcltellia Caicedi Karst. sp., Cr. dùsimile d'Orb. sp., .
P: Didayana d'Orb. sp., Cr. du gr. de Cr. Panescorst
P. Dumasiana d'Orb. sp., Ast. sp.,
Douvi/leiceras Alhrecltti A u.s- Heteroceras cf. Tardumz· ·Kil.,
triae Uhl. var~, H. Astierianum d'Orb.
Parahoplites sp. intermédiaire Ancycloceras Fallauxi U.,
entre P .angulicostatusd'Orb. Nautiluspseudoelegan.çd'Orb.,
sp. etP.cruasensis d'Orb.sp., N. neocomiensis d'Orb.,
Criocems barremense Kil. Solarium sp.,
Cr. du gr. de Cr. Rœveri v. K., Exogyra Couloni Defr.sp., va:·
Cr. Rœmeri N. et V., large passant à Ex. aq'1118
Cr. rude v. K., d'Orb. sp. (identique à une
Cr. (Ancyluceras) Hoheneggeri variété fréquente dans le
Chi. (in 1-laug, Puezalpe), Barrémien des AugustineS 1
très abondants en fragments près Brouzet (Gard),
. niJ
de jeunes ct d'adultes, Terehratula Moutonza
Cr. Binelli Ast. (jeune et d'Orb.,
adulte). T. Russillensis de Lori., .
Cr. du gr. de Cr. (Ancylocems) Rh y ne ltonell a multi(ormJS
crassum v. K. sp., Rœm. sp.
Cr. nodulosum v. K.,
L'Aptien est représenté, à l'extrémité occiclentale de l'A~la8
marocain par des argiles et des grès renfermant des fossileS
caractéristiques. .
L'Aptien inférieur (Bedoulien) est surtout développé au VoV
sinage du cap R'ir, sur le flanc septentrional de l'anticlinal de·
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gf:OGRA.PHIE PHYSIQUE 729

lllarno-calcaires jurassiqups qui ahoutit à cP promontoirP. J'ai


recueilli là, près de l'embouchure ct sur la riw g'auch<' dP
l'A .
stf n Alt Ameur la petite faune renfermant :
IJott'IJil/eiceras Martini d'Orb. Heteroceras sp.,
sp. (var.), Plicatula placunea Lamie,
D. Cornuelianwn d'Orb. sp.. Rhynchone!la lata Sow.
D. Stobieskii d'Orb. sp.,
l L'Aptien supérieur (Gargasien) surmonte le Bedoulien dans
es mêmes régions; je l'ai trouvé fossilifère plus à l'Pst. à unP
trentaine de kilomètres de la côte, au pied sud-est du djelwl
Aouljdad. Il forme la partie supérieure d'une série puissante de
lllarnes grises ou verdâtres, entremêlées de lits gréseux jamu1-.
tres·' r epresentant
, p l mneurs
. h ortzons
. .]
uu Cre, t ace. lUJerwur,
. '" .
notamment l'Hauterivien et le Barrémien précédemmPnt citi·s.
La faune gargasienne est composée de fossiles pyritcux : Pile
re~ferme parmi les espèces les plus caractéristiques :
Rtbolites semicanahculatus dans les marnes gargasien-
Blainv. mut. major Kilian nes des Basses-Alpes),
(assez commun), L. numzdicum(Coq.) Sayn (hel
Ph~lloceras sp. du gr. de More- échantillon, existe aussi
p lzanus d'Orb sp
. ., dans les marnes aptiennes
lJ h. Carlavanti d'Orb. sp., de la Haute-Provence) ;
esmoceras Toucasi Jacob Lytoceras sp.,
~moules pyriteux nombreux, Parahoplites gargasensis sp.
Intermédiaires entre D. vo- (typique);
lJ ntzum Lory et Sayn, et Par.crassicostatumd' 0 rb.,var.
~ .
· Toucasi J. ; sur ces mou- (se retrouve â Gargas et à
les internes les bourrelets l'oued Cheniour);
du test caractéristiques de Paralwplites nov. sp. (inter-
/J. Toucasi sont, comme il est médiaire entre Par. crassi-
naturel, très atténués); costatum d'Orb. sp., et Par.
Puz ·
osza Angladei Sayn (assez tardefurcatusd'Orb. sp., très
fréquent, existe aussi dans abondante).
le Gargasien des Basses- Parahoplites nov. sp.
L Alpes); ToxocerasCornuetianumd'Orh.
Yloceras nov. sp. (abondants sp. (fragments);
730 AU COEUR DE L ATLMi

Oppelia nisus d'Orb., Carrlium sp.,


Sunnerat ia cf. mresulcata Lcym V e 11 r• ricard i a neocomiefiSÎI
sp., d'Orh.,
Gastropo<les (Solarium, Apor- Terebratula sella Sow. (assez
dwis, de., Pll mottlPs pyri- commun); ..
tcux) ; Magellirzna tamarindus _d'Orb·
Plicatula plncunea Lamk., sp. (fri~quent en moules.P1'
Pl. rarliula Lamk (pyrif.<>ux) ; ritnux ct en échantillons
Corbis sp., pourvus <le leur test) ;
Cuntllaria indét., Jlhynclwnella sp. (écrasée). .
L•ahowlance des · nesmoceras, <les Puzosia, des· Lytocer
· 'asd
•·
des Phyl/aceras associ(~s aux Paralwplites éloigne un peu; ce
type fauni<Iue de Gargas, pour· le rapprocher de certains gtse'
ments algériens comme celui de l'oued Cheniour décrit par
J. Blayac. .
Le Gault est largement représenté et parfois très riche en ~~S'
silcs, ofl'r·ant d'ahor,l un niveau inférieur avec les espèces leS
plus caractéristiques du niveau de Clansayes, d'tm âge in:
nu'~<liaire entre L\ptien sup(wicur ct le Gauli inférieur .. ''
auteurs. J'ai cu l'occasion tic fouiller deux gisementi!i de cette
intéressànte faune.
.
Le premier se rencontre dans un calcaire marneux, griS
. blaB'
chàtr<·, sur11wntant imm<'~<iiatcment ies ar~.:·iles à faune garg''
. u 'bfl
1
sienne, sur une (~paisseur de 20 à 30 mètres. Il m'a dé possi.
de le poursuivre sur urie longueur de 300 à 400 mi1tres dans ufl
ha ne pc\tri d'Ammonites tout à fait remarquable par le noUJhtfl
des individus accumui{·s. Les espùccs y sont en outre asse'
vari{~es :
Belemnites semicanaliculatus (•chantillons de Clansayes);.
iJlainv. mut. major Kii. aJJOn- Douvilleiceras Bigoureti SelJ'
<lant; nes sp.,
Desmuceras sp. indét., Douvilleièeras sp., . ,.
Desm. Toucasi Jacob (tlchan- Douv. nodosocostatum d ·orv···
tillons semblables aux exem- sp. (un ~~chan tillon ~ypi~U:u~
plaires de Clansayes (Drôme) Paralwplttr•s Nolanz Sen fi;··
Desm. A!.:uschaen~e Anthula · sp. (abondant, avec no ~·
(foruH•s semblables aux )H'cuses varidés ([UÎ pcrllle ;
RECHŒC liE~ IlE 10 (:otot;n: ET DE f.I~Of.l\.\PIIIE PllYSIQl"E );31

tront de donner une des- Par. Deslwysei Lcym. sp.


cription plns eomplùtc qnïl (échantillon illcntiquc it !les
n'a été fait jusqu'à ce jour; indiYidus jeunes de L\ptien
espèce d \mc foule lle locali- infürieur lle 11Iomme-d ·ar-
tés de1p 1llilo-proveiH;ales)
· · ; mPs, prôs :\Ionlè1in~ar; c'est
Parahoplites sp., (nombi:eu- h prèthièrP fois que cette
ses formes intermt'~diaires espùce est signalée clans la
entre P. Solani, P. Bigoti zone lle Clansayes) ;
Sennes et P. Grossouvrei P!icatula rarliula Lamk;
Jac.);
Par · n·tgott· Sennes sp. SPrpules ;
Par • <aff • mu l tzspznatus
. . Rhynchonella Delitci Pict.
..\ n-
thula · Terehmtula sella Sow. (êchnh-
Par n ' d tillori typique) ;
· · sp. u gr. de Par. Jfel-
letianus d'Orb. ; Tereôr. JJutempleana d'Orb .
. Cet ensemhle faunique indique très nettement une associa-
tt~h faunique semblable à celle Je Clansayes ; outre la prédo-
1ll:nancc des mêmes espèces ( Parahoplite~ Nolani, Douvilleiceras
Btgoureti, SUI'tout Do uv. nodosocostatwn d'Orh. sp. etc.) ct les
Variétés de Pal'alwplites du groupe Nolani-Bigoti, la présence
de queh{ucs formes apticnncs avec des types albicns tels que
Desmoceras Akusclwense et Rhynclwnella Deluci, est t>minem-
1llent car·actéristique. Uh autre gisement du mèmc niveau, t'~galc-
1llent riche, sc ti·ouvc sur le flanc hord de la chaine .du Haut-
Atlas, au fond de la 3Tandc plaine du Haouz de 11ari·akcch.
l' Dans des martleS grêsctisës foisoitneilt, sui· lü. rive droite de
ouad es Seratou à l'entrée des gori.res ll'hüi il Tanout, les
p '· ' . ~ '"
œrahoplites ct Plicatula râdïola Lamk.
On Y trouve encore :
Lytoceras belliseptatwn Anth. Par. afl'. Nolani Sennes sp.
(fragments). Paralwplites Trelfryarws kat•s.
Parah op t·· .
Ues Uhligi Anth. et sp.,
faunes voisines (extrèinc- Par. cf. Jfilletianus d'Orb. sp.
ntent abondantes et de gran- Parahoplites du gr. des var.
de taille). grosses c6tes de Par. Jl.fille-
~ar: dtr gr. de Par. Aschiltaert- tianus d'Orh. sp.
szs Anth. ?aralwplitl's in t ermédiairc
732 AU CŒUI\ DE L'ATLAS

PntrP Par. Milletiauusd'Orh. P/icatula radio/a Lamk., de


sp., Par. Melchioris Anth. Pt o-rande taillP pf trèS aboU·
Par. Aschiltaensis "\nth., ~ante, montrant la dispari·
Douvilleiceras sp., tion des eùtes dans la por-
Solarium sp., tion palMalP <lPs grands
Bivalves divers (Cardium, {•chan tillons. '
Arca, .Ostrea) et notamment '
J.
4

Cet horizon d'Imi n Tanout, nettement caracterHw, . . , ra ppelle


en même temps que la faune de Clansayes celle Merite par
Anthula dans le Caucase.
, .
I... e Gau l t supeneur cs t. represen
. . ~. . re dans
t e. par sa zone ll11erteU
la vallée de l'ou ad Tidzi, des Ida ou Gue rd, non loin au sud de
Mogador où l'on trouve des argiles et des grès jaunes renfe~
mant des fossiles phosphatés caractéristiquPs de la zone a
Schloenbachia. Bouchardiana Pi ct., de la Porte elu Rhône aV'eC
Schloenhachia inflata Sow. sp. Puz. Mayoriana d'Orb sp.,
très abondante et ses varié- Desmoceras Beudanti d'Orb·
tés passant à Schl. Candol- sp.,
liana Pict. sp., Anisoceras sp.,
Schl. Bouchardiana Pict. sp. Nautilus sp., .
(typique), Melania sp., ·
Acanthoceras Brot tian um Plicatula rrurgitis Pict., et une,
·'~ de
d'Orb. sp. faunule d'Astartes et
Puzosia (Latidorsella) latidor- petits Gastropodes (1 ).
sala d'Orb. sp.,
Enfin de nombreusès gryphées voisines de Gr. conica S~\\'·
Ce niv.eau phosphaté est très nettement celui de Bellegarde (Atnk
sous-zone inférieure du Gault supérieur dont M. Jacob a dérno~j
tré l'autonomie et qui a son type dans l'Ain (Bellegard~') et ;
Haute-Savoie (Saxounet etc.). ~
Quoique les Céphalopodes dominent dans les faunes qui pr~
cèdent leur caractère n'est pas celui des dépôts purement vaseuSi
de la province méditerranéennP. En effet, la présence dei
Brachiopodes de grande taille et de Pélécypodes (Ostracéeftc;

pat,
(1) Ces espèces, comme les pi'écé<lentes, ont été tléterminées
M. W. Kilian.
RECH!!:RCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE 733

Plicatulcs, etc.) donne ù ces associations un cachet néritique


assez accentué. La rareté des Phylloceras, des Lytoceras, la
prédoiUinancc dansl'Hautcrivien lL\mmonites du type jurassien
(Leopoldia), llnnsle Barrémien d'une série de Crioceras qui rap-
pellent des formes répandues dans le Hanovre (Cr. Rœveri, v. K.):
dans l'.Alhicn inférieur de Parahoplites qui règ-nent exclusivc-
lll~nt et !"association de ces espèces, notamment dans le Barré-
OUen, avec des types nettement méditerranéens (Desmoceras,
Putchellia), donnent à ces faunes un type mixte très intéressant.
Les formations néocomiennes du :Maroc appartiennent évidem-
Dlent au bord méridional du géosynclinal méditerranéen et
. . y voyons réapparaître 1es f ormes caracterts
nous · · t'tques d es
regtons marginales septentrionales de ce même géosynclinal
(formes eurytltermes, Haug), alors que dans les régions profon-
d.es régnaient exclusivement les formes appelées sténothermes, ·
c est-à-dire surtout des espèces peu ornées, appartenant aux
Desmocémtidées, aux Phyllocératidées et aux Lytocétatidées.
Il Y a identité remarquable de faciès entre l' .Aptien supérieur
et l'Albien inférieur de l'Atlas occidental avec les niveaux
s~nchroniques de la contrée delphino-provenl;ale (Diois, Barro-
Utes). ·
Le facies est en partie bathyal.
Il est intéressant de constater, en outre, que la faune de
;lansayes possède dans la région delphino-provenc;ale, ainsi que
a lllontré l\1. Jacob, une extension beaucoup plus g·rande qu'on
ne le soupc;onnait, mais qu'pile se retrouve en Afrique avec les
lllèmes caractères et au même niveau.
J'ai réuni l'ensemble de tous ces dépôts crétacés sous une
lllèn1e teinte (Crétacé inférieur) qui couvre de grandes surfaces
dans la région littorale à l'extrémité du Haut-Atlas.
Plus à l'est, surtout au no"rd de la chaine, le Crétacé inférieur
fornle une bordure tout le long de la grande plaine du Haouz
de Marrakech, jusqu'au delà de Denmat, on le rencontre en
~utre fréquemment sur le revers méridional de la haute chaîne,
ordant les grandes plaines du Drà et du Sous .
. Mais de cc coté, il prend B·énùralement un facies difl'érent, très
det ·r1
rt lfUc, souvent la 0-uuairc. Les fossiles y sont hcaucoup plus
7:H
rares Pt }ps gisl'ments (jll'on y l'PIIcontJ·(• n'ont ri<'n de eonq>ar&·
hle ù la richesse parfois h·i~s ,sTa1Hle des git<'s fossilifères si
rr'~pm1<lus dans la zone littorale.
~ur lPs d(;pùts du Ct'(\tae(\ iuf(•rieur s 'MPndPilt mw sr'• rie fl'assi-
ses de nun·ncs, dP caleairf's-nwrnf'nx et de ealcairPs, <piÏ Pm bras-
sent vraisemhlahlPmPnt une succession continue (lu CI'étacé
depuis le Cr'·nomanien jus(1u'aux llÏYPaux les plus élev(·s de la
s()rie secondaire.
Le Cr!nomanien SP montre transgressif, Pn g·r'·n(•ral reconuai~­
sahle ù ses gros ha nes calcaires d à ses marnes oü abondent les
Buitres du Hlwtomagien.
Ostrea scyphax CO({-, Jan ira (probablement J. a;qui-
Ostrea cameleo Co<J., costata Lamk. ),
Ostrea conica d'Orh., P!icatula ef. spinosa )lant.,
Ostrea haliotidea d'Orb., ac- ct de Gastropo(les (lu genre
compagn{~c d'auh·cs Lamcl- P lcu1'otamaria,
lihranclws. de Brachiopodes : Tercbratula
Lima ind<\t., sp ..
C'est clans lPs mèmes ealcaires <jue Brives a signal{) plus a~
nord, au pi<'rl du cljelwl Hadid, Acanthoceras 11/illcti Sow.
Ces dépôts semblent couvrir d ïmmeuses surfaces de la zone.
littorah•, touehant à la cùtc dans la ré~;·ion d'Agadir, reposant
sur les <!épùts du Crétacô inférieur sur lesquels ils sont trans-
gressifs à l'est des Ida ou Tawm, des Ida ou (iudloul, dans leS
Nknafa, etc.
Au nord ct au sud de la haute chaine le Cénomanien ren-
ferme souvent des lits gypseux qui trahissent une ori~;-ine e~
partie lagunaire.
Le Turonien semble hien représenté par des calcaires
marneux néritiques renfermant des fossiles à test fréquemmen~
silicifié, des Lamellibranches ct des tiastropodcs dans lesquels
Brives a signalé Astarte Seguenzœ Th. ct Pers. Ces calcaire~
affleurent dans la vallée de l' ouad Igrounzar (0. Kseb).
Mais si le Turonien existe dans cette parti~ septentrionale d~
Haut-Atlas il est surmonté de couches plus récentes et il semble ·
bien qu'il y ait cu sédimentation continue jusqu'à l'Eocène
inférieur inclusivement
1\ECifERI:HES DE G~;OLOGfE ~T I1E M:OGRAI'UΠPIJYSIIJ[f: i3.1

Il est impossihlc de confii'IllPI' cdte suc('<'ssion confimH• par


des dderminations pall·ontologir1ucs <'Il l'Nat :wh1Pl dP uos
Conn·•is:·>tn .., . t . l J . 1
. ' · · • ces mars J :n roun·, 1 ans (•s assisPs è p,·,;es, dPs cal-
Cüll'Ps :1 Bacu!ites an•1·. Cardites, Astartes, dont li' tt•sf :.;ilicifi,>
Peut se dt'·~<l,:tl'l' ais(·mcnt par mw affa1p1P aux acidPs.
C'est Yraisemhl:.hlemeut au mèmP nireau I[IH' Paul LPnwinl'
a recueilli Lucina subsnwnismali dllrh., Cardita Beaumonti,
Yentts Ren(Jdieri Loeard, Cytherea cf. nitidula L:unk in Opp. .
Ces assises appal'ficuncnt au Crétncè le plus de,·,>.
Le Sénonien, non encore détl'rmÎIH; sm· le flauc not·d du
liaut-.\.tlas est, par contre, démontré par la prt'sl'nce dl' Ostrf'a
?Jesicularis, Ostrea 1\"icaisei Coq., Ostrea proboscidea <L\rch.
accompag-nô d<· Cardiwn du s·r. de hillanmn Sow. C'f du gr. de
Productum Sow., à fpxfrémité occidPntalf' dl' ln chaine dans la
région d'A_s<1dir·. J'ai Pn effH rPcuPilli ces fossi1Ps dnns dl's
grès fria hies dl' conlt•nr crème, <JUÎ s'étalent nofilllliii<'Hf d:ms la
Vallée de L\sif AsPrsif, sur la l'IV(' s·auche de l'<tsif Ti!meJ•akht'
assez loin d 'A~.wdir.
Terrains te~ti~ires. -
Les terrains tertii)Îl'el:' ne jor1ent <JU 'un
Pôle peu important. dans la stratigr11phie du Haut-Atlas ~cci­
dentaL
Brives a si.s-rwlô Numrnul{tes {Jiarrit:;ensis ~l'Jrd1iac dans dPs
calcaires ct mnrnes JJlPUf'S à silex noirs qui se h·oun•nt ~ur
.divers l)Omts
. · 1 l'<!ppqz· te a· I'E'
au nord de la chaine, et IJU "1 ·
...ocellf'
Infér· · · · · t.
leur (Sucssouien). Bien <JUC N. Bwrrll:;f'Jists aplJar wnne
en réalité à l'Eocène moyen (Lqfétien) je ne doute p<~s que le
Tertiaire inférieur existe au nord du Haut-Atlas puis~ue mon
confrère y a trouvé des Nummulites, mais ces qépôt~ méritent
ùne détermination paléontologique plus précise.
J'ai de mon côté observé en q~elques point!'!, notamment sur
la l'Ive
· droite de 1'Ouad IsTounzar, · des marnes et ca,1caires · bl . anc
et silex, qui sc trouva~t au-dessus des calcaires à Baculites,
~elllblent bien appartenir à un ni Yeau infériem·de l'Eocèm', ~n;,Iis
~e· n'y ai pas trouvé de fossiles. C'est probable!-llent dans ces
Gepôts que mon confrère a déco~vert des Nmnnwlitcs et des
astropodes du genre Tl1ersitea.
Le Néogène est représenté d'abord _par de~ s·t·ès calcaires,
736 AU CŒUR DE L'ATLAS

molassiques dans lesquels se trouvent de gTandes huîtres du type


Ost rea crassissima et qui se rencontrent entre Mogador ct Agadir
à des altitudes dépassant 300 mètres. Ces dépôts appartiennent
au deuxième étage méditerranùn (Helvétien-Tortonien).
Le Pliocène est plus marqué, bien défini par l'abondance en
certains points d'un petit Oursin, le Rotuloidea fimhriata Ether.,
avec Ostrea edulis et Pectinidés qui caractérisent le Plaisancien
de la côte occidentale marocaine. Ce terrain est form(~ de grès
calcarifèrcs, parfois molassiques qui s'étalent tout le long de la
côte jusqu'à Agadir formant en certains points des terrasses à
l'altitude élevée d'environ 200 mètres.
' Au-dessous, à des cotes variant entre 100 mètres et le niveau
de la mer, se dressent é.tagées d'anciennes plages, parfois coquil-
lières, qui marquent différents niveaux pléistocènes et ne sau-
raient être, comme on l'a fait, attribuées au Miocène.

ROCHES ÉRUPTIVES ET MÉTAMORPHIQUES

Des roches cristallines, massives ou schisteuses, forment dans


la partie axiale du Haut-Atlas des affleurements très étendus.
Elles ont été sig·nalées, les roches granitiques notamment, par
tous les voyag·eurs qui m'ont devancé, Hooker, Thomson,
Brives.
La région cristalline embrasse les djebel Bou Ourioul et
Tidili, ainsi que tout le flanc méridional de l'Atlas entre l'Asif
hnar'ren et Laoulouz, dans la vallée de l'ouad Sous.
Le soubassement des volcans que nous étudierons un peu
plus loin est également cristallin.
On y rencontre des roches granitiques, parmi lesquelles j'ai
recueilli : granite à biotite, granite à amphibole, tonalite, très
étendus dans la vallée de l'ouad Tifnout (Sous supérieur) et
dans les Ait Tameldou; des g1·anulites à tourmaline, microgta-
nulites, des serpentines.
Parmi les roches métamorphiques les micaschistes, les
chlorisoschistes, les schistes amphibolÙtues semblent dominer.
Il est impossible de rien dire sur l'âge de ces roches parce
<jUe le métamorphisme est intense ct que les observations sur
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gt:uiJRAPHIE PH YSJQUE 737
la rt:• bwn
... · . t. tout a· fmt· msufhsautes.
son · .. ,. .
LI' Silurien, fout au
lllOÏJ~s, a été touché, ainsi qu'il Sf'mhle résulter de ce que j'ai
vu mllcurs.
Sur le flanc nord de la chaine, dans les Mzouda, les petits
cours d'eau qui descendent de l'Atlas roulf'nt, notamment dans
l'ouad Aït Bourd, avec de beaux granitP.s à biotite et uligoclase,
de belles roches de contact, des cornéennes, des schistes micacés,
des sc/listes à andalousite, provenant du massif silurien situé un
peu en aval.
Des .tJranites à amphibole, des diorites, des .fJ1'anulites à
tnicrocline, des granulites à tourmaline, des roches de contact ·
(schistes micacés noduleux) se rencontrent ég<tlement, à l'état de
cailloux roulés, dans la vallée de fouad ~lis sur le flanc septen-
trional du Haut-Atlas, dans l'ouad Talekjount et dans fouad
Mentaga, sur son revers sud, indiquant d'importants gisements
de ces roches cristallines dans les régions élevées de la chaine.
Volcans permiens et triasiques. -A l'époque de la formation
des grès rouges permo-triasiques le Sud-marocain a été le théâ-
tre d'éruptions volcaniques formidables dont la chaine de l'Atlas
a conservé des vertiges parfois très importants.
C'est par des centaines de mètres que j'ai pu appréci<'r en
certains endroits l'épaisseur des coulées et des tufs accumulés en
plusieurs points de la chaine. Sur le revers méridional du dje-
bel Tamjout et du djebel Likoumt, j'estime à plus de 1500 mètres
la puissance de ces déjections éruptives.
Thomson signal~ ces roches le plus souvent comme des filons
de basaltes; c'est à elles qu'il attribue l'aspect de murailles cré-
nelées de certaines crêtes et il insiste avec raison sur leur fen-
dillement par la gelée dans les rég'Ïons élevées de la chaine. li
l'le donne aucune indication sur leur âge.
Brives signale des roches éruptives eu relation avec les dépôts
Permiens. Des amas de porphyres pétrosiliceux dans des schis-
tes violacés de cet âge se montrent, d'après cet auteur, au pied
du djebel Ouirzan et cette montagne serait formée d'une énorme
:masse de microgranulite. De même l'Erdouz et l'Ogdimt sont
fol'lllés de schistes violacés avec porphyres pétrosiliceux et uue
.7
'738 1
AU COEUR DE L ATLAS

diorite (1). Des porphyres à grawls t;l'Ïstaux avec des 1lioriteS


sc rencontrent ailleurs.
Les dùjcctions des volca11s p<'rmiPns ou triasi<ItH'S <[lW j'ai
observées forment une sùrie de roelws microliticpws ou ophi-
tiqucs variées, à orthose, ou, le plus souvent, à feldspaths pla-
gioclases, acides· ou basiques, quclc1ucfois avec olivine mais
appartiennent à des types p<~trogTaphi<Iues très diffùrents de
ceux cités par A. Brives.
Ces roches sont malheureusement assez alt<~rùcs, toujours
envahies par la chlorite, la calcite; les feldspaths sont en géné-
ral très décomposùs, la matière vitreuse secondairement cristal-
lisée, de sorte que leur détermination est toujours difficile.
Les principaux types que je puis signaler sont :
Un ort!wphyre (trachyte) dont les silicates ferrugineux du pre~
mier temps sont complètement décomposc\s ct dont la pâte ren-
ferme une multitude de microlites d'orthose et d'anorthose et
d'un silicate indéterminable. La composition chimic1ue de cet~c
roche implique un magma alcalino-syéliitique, micro-potassi-
que, m(~ga-alumineux, matm{~sicn-ferreux Pt micro-calci<Iue.
Cette roche forme une coulée au col de Tizi n Tar'rat. Ail-
leurs, sur le versant m~ridional de l'Atlas, dans la vallée de
l'oued Tifnout, cc sont des orthophyr<'s analogtH'S passant à deS
albitophyres, avec grands cristaux hrisc'~s ou eorro1lès d'albite.
et d'orthose, d'ahondants microlitcs d'alhitP ct de fpr oxydulé.
Ou bien encore des albitopl1yres francs ù ph1\noeristaux d'al~
bite et d'olig·oclase-albite, des microlites d'alhite et de magnétite.
A ces coulées correspondent des roches f1loniennes de colll'
position analogue.
J'ai rencontré également, traversant le socle cristallin de ces
volcans, des filons d'une roche un peu moins acide correspon-
dant à de vraies porphyrites à labrador montrant au microscope
du pyroxène ouralitisé avec tendance à la structure ophitiqoe
dans la pâte, de grands cristaux de labrador et, au second telllP 9'
des microlites d'une andésine acide.
La composition chimique de cette roche filonienne indique t,Ul

(1) Contribution à l'étude géologique. Atlas marocain, loc. cit., p. 387•


tn:CHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gt;OGRAPHIE PHYSIQUE "739

lllagma alcalino-gTanitique, méso-potassique, méga-alumincux


lU ' . '
aguesiCn-ferrcux, méso-calcique.
Il est remarquable de constater que ces filons sont soun~nt
formés
.. · d'1a bases op h ztlques
pa r d e vraies ·· a, pyroxène noa om·a-
hbsé.
Il Y a aussi tous les passages entre ces diabases franches et
les porphyrites et l'on rencontre fréquemment de la diabase-
porphyrite, au sens que lui a donné Rosenbusch.
Des andésites vraies accompagnent les types précédents dans la
lllême région et certains types pétrographiques semblent appar-
tenir à des mélaphyres, mais la décomposition des silicates fer-
rugineux ou magnésien est telle qu'il est difficile de l'affirmer.
- Plus à l'est, au delà de Telouet, les déjections permo-triasiques
semblent moins acides. Ce sont des porphyriles acide ou basique,
des andésites ou des labradorites augitiques passant quelquefois,
Jlar leur structure, à des diahases ophitir;ues. Ce dernier type
Jlétographi<JUc sc retrouve plus spécialement dans les liions.
L'un de ces derniers, dans la vallée supérieure de l'ouad Tcçaout,
lllontrc de grands cristaux d ·augite ou de diallag·e englobant
~es cristaux de labr11 dbr aplatis sur g 1• ~'analyse en bloc
Jrnpli<JUe un magma granito-dioritique, méga-potassique, mé:>o-
alumincux, magnésien et méso-calciquc. . ··
Il résulte de cet q.perçu très sommaire de la composition des
l'oches volcaniques permo-triasiques que j'ai recueillies qu'elles
appartiennent à des types feldspathiques variés microli tiques ou
0
Phitiques mais à l'exclusion complète des roches quartzifères,
~i.crogranulites et porphyres pétrosiliceux, ou des roches dio-
rlhques signalées par M. Brives dans ces volcans anciens.
Mes récoltes ont porté sur la vaste étendue d'une centaine
de kilomètres, entre la vallée de l'oued R'er'aia et llj. région des
80
Urces de l'oued Teçaout et Tahtia. J'ai retrouvé également
les mêmes types pétrographiques à l'extrémité occidentale de
la chaîne dans les Ida ou Tanan, notamment dans la dépression
d'Aneklout.
Les déjections volcaniques du Permo-Trias s'étendent à tout
l'Atlas occidental.
A l'est, dans les Aït Iguernan, elle~ forment tout le rever.s
740 AU CŒUR Dl<: 1'ATLAS

1111\ridional 1le la chaine, depuis Tagoulast justllÙlllx ahords de


la plaine de Haskoura. Les ramifications du rt\seau hydrogra~
phi11ue de l'oued Te~;aout sont frétfUemment encaissées dans ces
roches verdâtres qui montrent des à-pics imposants.
Les coulées et les tufs porphyritiques sont nettement inter~
cali~s dans l~s grès rouges du système pcrmo-triasique. On
constate fr{~quemment encore des lentilles des mêmes coucheS
rouges enclavées dans les roches d'origine ignée.
La coupe du djehel Anr'mer, qui s'élève imposant au-dessus
du col du Tizi n !moudras, est des plus importantes à cc sujet
ear cette montagne atteint près de 4.000 mètres. Je n'ai pas pu
en faire l'ascension à cause de l'insécurité du pays, mais j'ai
contourné sur un périmètre de plus de 180° le djebel Anr'mer.
J'ai ainsi pu constater que le Dinantien fossilifère est recouvert
en discordance par la succession suivante : Poudingues pel'"
miens, grès et argiles gréseuses rouges, avec roches volcaniques
intercalées puis l'abrupt de la montagne est formé des mêmes
laves et tufs porphyritiques sur une épaisseur de plus de
400 mètres.
Les produits volcaniques se poursuivent, avec les grès rouges
auxquels ils sont associés, dans les régions élevées de l'AtlaS
depuis le djebel Anr'mer jusqu'à la vallée de Telouet. On leS
voit affleurer sur le flanc méridional de l' Adr'ar n lri, sur une·
épaisseur de 200 à 300 mètres.
Sur le revers septentrional ces roches forment des bancS.
puissants dans les Rouchdama et les Ftouaka, depuis la vallée
de l'oued R'dat jusqu'au delà de Demnat. Elles avaient été.
déjà signalées de ce côté, par Thomson. Je les ai vues pluS~
loisir et constaté qu'elles affleurent sur les deux flancs d'un pli
sensiblement est-ouest du Permo-trias, pli complètement éve~
tré par une dépression longitudinale. La coupure de l'oU
Teçaout et Tahtia, près de la Zaouïa ben Daoud, montre ~
6

superbes falaises basaltiques avec de beaux prismes de retrait;·


Dans l'ouest, les crêtes des djebel Likoumt, Toubkal e
Tamjout, sont couronnées par les déjections des volcans perJllO"
triasiques. L'épaisseur des laves et des tufs accumulés est, cil·
Mté, de plus de 1.500 mètres.
R~XHERCHES DE üÉOJ.OGIE KT DE GÉOGR,\PHIE PHYSJQVE 74 f
0 1
de ~ l~s ~oit _repos_er s~r Je sode granitique {'t cristallophyllien 1
l<t peneplame prunaire.
h On voit encore, sur le flanc méridional de la chaine. de nom- 1

reux filons de laves d'orthophyres, de porphyrites qui, le plus


souvent dia1Jasi<[Ues, traversent le soubassement pour se mettre
en ('on
Il ; tin UI't,e avec 1es coul,ees su h aerwnnes
. . de ce. grand volcan.
h n e~t pas douteux qu'on soit là en présence des canaux, des
c enunées comblés par le magma. 1

L'étude de l'ensemble de tous ces matériaux m'a indiqué


1
fi~ grande parenté pétrographique des laves épanchées sur des
1

~~ons de demi-profondeur du flanc sud de la haute chaille. Si


on remarque, d'autre part, que ces fùons se montrent de plus
en plus serrés .:m pied des djebel Likoumt et Toubkal on peut
~dmettre que, de ces côtés, existaient des centres d'énùssion 1
:;'!.Portants correspondant aux épaisseurs les plus grandes d<>s
eJections de ces volcans suhaériens. 1
. L''etendue couverte par les volcans du Permo-Trias est con-
:Idérahle, d'après ce que nous venons de voir. Elle embrasse
.out le Haut-Atlas occidental depuis au moins les Ai:t Iguernan
Jusqu'à la côte actuelle puisque J''en ai retrouvé des vestiges
llOfabJ es dans les Ida ou 'Tanan. 1

. Vers le nord de la chaine on ne sait rien de la limite de ces


der~ptions anciennes mais il est indiscutable qu'elles s'éten- 1

.aient a' 1a p1us grande partie d e 1a 1ueseta 11


marocame

ou• J• •en
1
; observé des traces importantes et semblent embrasser toute
ha Vaste pénéplaine formée par le démantèlement dela chaine
ercynienne. ·
1
. V'o1can du Siroua. _ Le djebel Siro ua forme un massif
~Posant situé au sud du Haut-Atlas et séparant
lln. .
les deux 1
Portantes vallées de l'ouad Sous et de l'ouad Draa. Il se
trouve à la liaison de la haute chaine avec l'Anti-Atlas. Ce
;lassif, dont les sommets peuvent atteindre des altitudes de
n.:oo mètres, a été contourné à grande distance en 1862 par
hlfs, en 1882par le vicomte de Foucauld et c'est ent871 que le 1

;~Yag~ur anglais Hooker vit de très loin, du sommet élevé du


1
Jehel Tiza, la chaîne à laquelle il a donné le nom d'Anti-Atlas
et' dans l'<'st, le Siroua. Von Fritsch (1872) aperçut du T"lZI. n
All CŒUR DE L'ATLAS

Tar'rat « une haute crête montagneuse couverte de neige » ;


mais c'est de Foucauld <fUÎ, ayant vu le djebel Siroua à des dis-
tances de 60 à 100 kilomètres, a donné sur cette montagne les
renseignements les plus intéressants ct l'a dt'•signé sous son
vrai nom.
L'importance· géographique du Siroua ne peut t'1chapper.
Il constitue un nœud orographique de premier ordre, et par son
altitude dcvùe au-dessus d<'s plaines du Draa et du Sous, et par
sa situation à la jonction du Haut-Atlas ct de l'Anti-Atlas.
D'autre part sa position était mal dMermiru\c, aussi à bien
des points de vue l'exploration de cc massif s'imposait-elle.
J'ai eu là bonne fortune, par srtite de circonstances que j'ai
contées dans mon récit de voyage, de le traverser dans toute sa
largeur, en passant <hi hassin hydrographique de l'oued Draà
clans celui de l'oued Sous, par le col elu Tizi n Ougdour situé non
loin elu culminant du Siroua, dont l'altitude atteint environ
3.300 mètres.
Non seulement j'ai pu ainsi apporter quelque connaissance
sur cette partie du Maroc demeurée jm~qu'alors encore viergè
des investigations de l'Européen, mais j'ai pu révéler la consti-
tution géologique du massif elu Siroua qui, avec sa situation
orographique, tm fait l'un des points géographiques les pluS
remarquables du Continent africain.
Le djebel Siroua, en effet, forme un vaste volcan sur l'âge
duquel je ne saurais rien préciser à cause de l'absence de ter·
rains tertiaires à son contact mais <JUe je considérerais volon·
tiers comme récent à cause de sa forme ct de son état de eon·
servation.
Sur la pénéplaine des Att Khzama s'étalent, sur une vaste
circonférence d'nu moins 20 kilomètres de rayon, d'épaisseS
coulées de laves entremêlées de lits importants de tufs de pro·
jections, le tout traversé par des filons, des dykes représentant
parfois les culots déchaussés d'anciens cratères. .
Les déjections du Siroua se succèdent sur une puissahce
totale de plus de 1.000 mètres et appartiennent à des typeS
pétrographiques qui peuvent se grouper en deux séries : rune
trachytique, l'autre phonolitique.
nECHERCIJES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE 7.t3

Les types traehytiques sont assez vari1~s. Le plus fréquent


d'entre eux est un trachyte à biotite rappelant, par son aspect,
les h•achytes du Puy de Sancy, dans le massif 1lu Mont-Dore.
Il montre au mieroseope, 1les phénocristaux d'apatite et de
sphène, rarement de zircon, de la magnétite, de la Matite en
voie de r1~sorption, de la sanidine ; la 1pA.te est constituée par
une association de microlithes, de maqnétite et de sanidine
englo)H\s dans un peu de matiiwe annrphe. J'ai recueilli, en
outr·c, un trachyte a biotite et augite, un trachyte augitique à
biotite et pyroûne, un trachyte à biotite et lwiiyne, enfin un
trachyte essentiellement feldspathique sans Ol!1ments ferru-
gineux.
Il convient encore, parmi toutes ces roches caractérisées par
leurs silicates ferrugineux ou par la présence de l'haiiyne, de
séparer tontes celles <JUi renferment, à coté de la sanidine, un
feldspath triclini<JUe représenté par de l'anortlwse, plus rare-
lllent par de l' ol(qoclase ou par ces deux feldspaths réunis.
Enfin, à côté de ces roches trachytiques franchement cristal-
lines, je puis citer de belles obsidiennes à phénocristaux de
sanidine, de hiotite, d"augite, dont le verre brun montre de
helles cassures perlitiques ; enfin je signalerai des brèches tra-
chytiques, des tuf~ résultant de l'agglom(1ration de cendres très
vitreuses, etc ..
L'analyse chirni<JUC du trachyte à biotite indique, par le calcul
des paramètres magnéti<Jues suivant la méthode de l\L Michel
Lévy, <JUe l'on a affaire à un magma syénitique, méso-potassi-
que, méga-àlumineux, ferromagnésien et microcalcique.
Le type phonolitique est uniquement constitué par une roche
très compadc, fonc1\e, offrant des phéuocrist.aux ne dépassant
guère 1 à 2 mm., dans une pàte abondante. Au microscope on
olJserve, au premier temps de consolidation de rares baguettes
d'apatite, de grands cristaux d'haiiyne, de la sanidine maclée
(loi de Carlsbad), enfin de grands cri~taux assez rares d'·eqyrine
et d'augitc œgyrinique. La pâte du second temps renferme
les mêmes éléments miiH~ralogiques accompagnés de. néphélinc
et d'une <Iuantité variable, mais relativement faible, de Iüatière
vitreuse.
AU COEUR DE J! ATLAS

Les pyrox1~nps ont leurs hords déchiquetés Pt, à l'Nat micro·


litÎiflW, ils formPilt souvent une auréole autour de l'haüyne et
de la sanidinc en grands cristaux. La structure est entrecroisée
dans le cas des èchantillons compacts, tandis qu'elle offre une
fluidalité ~rès marquée dans le!'! types fissiles, rappelant les
plus beaux phonolites connus.
L 'haüyne et la néphéline, qui abondent dans la pàte, sont
disséminées ou groupées autour des phénocristaux de pyroxène.
L'analyse chimique du phonolite à ltaüyne et œgyrine que j'ai
recueilli auprès du puits d'Anou n Daousdern, situé au pied
d'un remarquable piton phonolitique, correspond à un magma
éléolitique, méso-potassique, méga-alumineux, magnésien-fer·
reux et micro-calcique.
Ainsi la composition chimique des deux types extrêmes de la
série que j'ai soumis à l'analyse montre que la région volcani·
que du Siroua forme une province pétrographique caractérisée
par des roches riches en alcalis.
On est frappé, d'après ce qui précède, des analogies de c~
vaste édifice volcanique avec le grand volcan du Cantal qUl
s'1~lèvc au-dessus du Plateau Central de la France. Si le vol·
can du Siroua rappelle par ses dimensions et par ses cime.s
élevées couvertes de neige le grand volcan sicilien, l'Etna, il
offre plus de rapprochement au point de vue de la nature de·
ses déjections, de son état de conservation, et aussi, vraisembla·
hlement de so~ âge géologique, avec celui du Cantal. Comme
le volcan de la Haute Auvergne il est formé de laves acides,
mais généralement un peu plus acides encore que l'es andésites
qui forment la plus grande partie des coulées du Puy Mary, dll
Puy Chavaroche, etc. ; pttr contre il a ses pitons phonolit!qu~~
comparables au Puy de Grioux. Comme le volcan cantahen 1
est entamé par de profondes vallées qui témoignent d'une éro·
sion intense et font remonter les éruptions qui l'ont édifié à deS
époques antéhistoriques probablement néogènes.
Enfin il est remaequahle de constater que le volcan du Siro ua
eepose, comme son congénère auvergnat, sur un socle gramtq ·t' ue
et aistallophyllien, appartenant à la pénéplaine des Aït Khzama,
ct dont la formation est en tous points comparable à celle dll
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gf:OGRAPHIE PHYSIQUE 745

soubassement des volcans d'Auvergne, le Plateau Central de


la France.

CARTOGRAPHIE GÉOLOGIQUE

La carte jointe à cet exposù stratigraphique ct pétrographi-


que sur le Haut-Atlas occidental, a été dressée d'après mes
lcv(•s, ct complétée d'après les documents publii~s par mes
devanciers.
Je ne pouvais songer, durant le court espace de temps que
j'ai pu consacrer à mes recherches dans l'Atlas, à faire une
carte complète de l'immense étendue de terrain que j'avais
embrassée. J'ai dû me borner à repérer sur mes cheminements,
aussi exactement que possible, les contours géologiques que j'ai
recoupés, en les accompagnant de croquis m<' permettant d'éten-
dre li' plus loin possible, à droite et à gauche de ma route, les
affleurements des différents terrains.
Bien que mes itinéraires ne soient certainement pas définitifs
je pense que mes relevés géologiques seront toujours utilisa-
bles, au fur et à mesure des perfectionnements apport!$ ù la
carte du pays, mème lorsqu'une triangulation sérieuse y aura
été faite. Il suffira, en effet, de brider mes itinéraires par un
nombre suffisant de positions rigoureusement déterminées pour
mettre définitivement en place mes contours géologiques.
J'ai complété mes données avec les esquisses géologiques
publiées par mes devanciers, Thomson, Brives ct Paul Lemoine,
et j'ai apporté des changements à ces essais notamment à la
première carte de Brives. J'ai respecté rigoureusement lestra-
cés de mon confrère dans les régions de l'Atlas qu'il a v11es et
que je n'ai pas traversées, mais j'ai cru devoir, dans ces
régions, compléter ou modifier ses tracés lorsque sa carte
n'était pas conforme à son texte.
J'ai mis également à profit les données publiées par d'émi-
nents explorateurs comme de Foucauld, Thomson, de Segonzac;
enfin, je n'ai jamais négligé, en traversant le thalweg des cours
d'cal) descendus de lâ haute cha~ne, de recu:illir toutes les
roches ou cailloux roulés dans ce thalweg. Et cette méthode,
• • quelques précieux
si mauvaise qu ·elle puisse paraître, m'a donné
7i6 1
AU CŒUR DE L ATLAS

résultats ; car si les roches sédimentaires roulées peuvent prêter


à dfl graves confusions au point de vue cartogTaphique, dans
unP contrr'lc où lm; mêmes faciès sc retrouvent fré(JUcmment à
divers niveaux, par contr·c les roches éruptives ct mMamor-
phiqucs que j'ai ramassées ne laissent parfois aucun doute pos-
sihle sur la position approximative de leur gisement, à cause de
leur localisation assez fr{lfJUcutc dans les parties les plus élevées
de la chainn.
Il subsiste encore dans le Haut-Atlas occidental que j'ai par-
couru certaine!': régi'ms dont il est impossible de donuer une
carte gr'Jologique même esquissée ; mais ces lacunes sont pr<'sque
toutes réléguées dans le massif ancien ct je les ai représentées
par la teinte « Paléozoïque indéterminée >>.

TECTONIQUE

Les prcmièr<'s inrlications sur la tectonique du Haut-Atlas ont


été données par la mission anglaise de llookcr, llall et Maw.
C:c dernier, le gr~ologue rle la. mission, a figuré une coupe qui,
partant rles Djehilet, tmvcrsc la plaine du Haouz ct remonte
jusqu'à la crête au Tizi n Tar'rat. Il montre que les calcaires et
lPs marnes cr'r'ltacés on tertiaires de la plaine forment des gour.
Les ohsPrvations de J. Thomson sont, au point de vue de la·
structme 1lc l'Atlas, du plus grand intôrêt. Le premier il signale
dans lPs Ùj~hilPt et ùaits les premiers contrl'forts de l'Atlas .
des schistes relevt'l~ verticalcmPnt et plissés avec une direction if
N. N: E. (chaîne hercynienne) ; puis il donne une série de
six coupes tralls\·cr'sales rlc la chaine, entre le mèrirlicn rlc De rn-
nat ct celui tle l\laroussa, susceptibles d'étahlir la plus grande
confusion au point de vue stratig;raphiquc mais donnant par
contre une première id1~e approximative de l'allure des couches.
C'est ainsi qu'elles montrent le contact fréquent par faille du
Crètacé et du. Paléozoiquc sur le versant nord ; Thomson
insiste même sur cc côté de .la structure du Haut-Atlas.
D'après Blancke~lwrn et O~ar Lenz les plissements de l'Atlas
marocain ont Hnisemhlahlement rl<·huté rlès le Paléozoïque ~t
RECHERCIH:S DE GÉOLOGH: •:T DE G~:OGRAPHIE PHYSIQm; 747

étaient achevés, dans leurs principaux traits, à l'époque ter-


tiaire.
Theobald Fischer confirme la présence de plis primaires à
direction N. N. E. signalés par Thomson dans ce qu'il appelle
le vodand du Haut-Atlas.
A. Brives sig·nalc d'abord dans le Ua ut-Atlas le prolongement
des plis lwrcyniens constatés plus au nord par Thomson d Fis-
cher, mais il nie l'existence de tout autre systôme rlc plissement ;
puis il admet la présence de quatre pli!'! anticlinaux peu niglls,
rigoureusement parallèles dans la zone littorale crétacée et il
donne une orientation vV. E. ou N. E. aux mêmes plis sur le
flanc nord de la chaine.
Les voyages accomplis simultanément dans la haute chaine
par Paul Lemoine et moi apportaient cette notion nouvelle
qu'aux plis hercyniens sc superposaient d'autres systèmes de
plis d'âge tertiaire.
Paul Lemoinc ne pense pas que le Paléozoïque ait participé
à des mouvements récents ct il émet l'hypothèse que le pre-
mier gradin de l'Atlas correspond à un pli eouché.
Peu après, Brives insiste sur le rôle des failles signalt\es par
Thomson qu'il attribue, pour la plupart des points observés, à
des effondrements loeaux résultant de la dissolution des gypses
triasiques, mais ne semble pas avoir eonnaissance des observa-
tions de son devaneier ; il admet cette fois des plis tertiaire!'! ù.
peine aecusés dans l'Atlas proprement dit ct, sans avoir par-
eourule flane sud dela ehaine, il eonelutque « l'Atlasoccidentnl
· est un horst qui a résisté aux plissements alpins et le rt\suhat
de cette résistance a été la transfori11ntiori en failles, au coli-
tact de ec massif, des plis crétacés ou tertiaires qui sc rencon-
trent dans l'aile orientale ». ·
Dans un travail plus récent le même auteur confirme cette
conclusion.
1o Mouvements primaires. - Les mouvements les plus
aneiens nettement constatés dans l'Atlas datent, ainsi que nous
allons nous en rendre compte, du Carbonifère supérieur.
Je me suis efforcé dans les difl'ércntes traversées de la chaine
que j'ai effectuées, de voir, s'il n'existerait pas des traces de
748 AU CŒUil DE L'ATLAS

plissements antédévonicns et, à ee point de vue, je mc suis atta-


ch{\ <'L observer la superposition du Silurien et du Dévonien.
i\lalheurcusemcnt le contact de ces deux étages est souvent .
anormal, mais j'ai ét•' frappé de cc fait que les quartzitt>s ordo-
viciens ct lm; schistes à Graptolithes paraissent plus tourmentés
que lès dépôts du Dévonien ct du Dinanticn, que le Silurien et
le Dévonien affectaient parfois à très peu de distance, comme au
col des Bibaoun et sur le revers sud de la haute chaine, des
directions de plissement différentes.
L'existence d'une chaine calédonienne séparant ces deux étages
serait corroborée par la présence, signalée par Brives, à la hase
des grauwackes à Spirifier cultrijuqatus de Sidi Fers, ct dans
l'ouad Ourika, de poudingues qui sembleraient marquer par un
conglomérat de base, une transgression et une discordance angu-
laire du Dévonien sur le Silurien .
.Mais ces données sont encore trop incertaines pour qu'on
puisse affirmer le mouvement antédévonien ayant donné lieu à
la formation de cette chaine primaire.
S'il peut être prématuré de parler de chaine calédouienne
dans l'Atlas il est, par contre, de toute évidence qu'une chaîne
hercynienne y a laissé des traces manifestes.
A l'est du col des Bihaoun et jusqu'au delà de Telouetles preu-
ves sont nombreuses de la formation d'une ancienne chaine
paléozoïque. Le Silurien, le Dévonien et le Carbonifère inférieur
(Dinantien) ont visiblement pris parUL un important mouveuH'Ilt
orogénique.
Le Silurien se montre partout fortement plissé, en coucheS.•
redressées jusqu'àla verticale, souvent même déversées, laissant
percer à travers les schistes à Graptolithes, en arêtes rocheuses,
les quartzites de l'Ordovicien sous-jacent.
Les couches dévoniennes sont également plissées partout ·
où je les ai rencontrées et elles offrent fréquemment, avec le
Dinantien qui les surmonte, la même allure que le Silurien.
Ces plissements qui se rencontrent part~ut où affleurent les
terrains primaires du massif ancien de la chaine s'observent
avec plus de netteté encore à l'est du col du Glaoui là où le
Paléozoï<JtW a été recouvert par le Jurassique.
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE 749

La travcrsi1c que j'ai efl'ectuèe entre Demnat ct la plaine de


Haskoura a été fort intéressante à ce point de vue parce qu'elle
m'a permis de constater très nettement la superposition discor-
dante des dépôts arénacés du Permien sur le Dinantien tossi-
lij'ère.
Cette discordance sc montre fréquemment entre les derniè-
res ·crêtes de la chaine et la plaine, notamment dans les Aït
Iguernan. On voit le Permien débuter par un conglomérat de
hase qui rcposP sur lPs tranches des calcaires redressés datés par
Productus pustulosus Phil. Fenestella, Euomphalus, de nom-
hrcux articles d'Encrines et des Tétracoralliaircs du Viséen.
Dans l'ouest, les schistes de Moulaï Brahim, caractérisés par
la faune à Ch onet es papilionacea Phil., Or thot/tetes Cl'l'nistria
Phil. sp., Fenestella, etc., sont ég·alemcnt recouverts en dis-
cordance par le Permien qui débute également, dans la vallée
de l'ouad R'cr'aïa par un poudingue de base.
Il est remarquable en outre, de constater que des d{lpôts
permo-triasiques n'ont pas été ou ont été intéressés seulement
par les dernières manifestations orogéniques de la chaine hercy-
nienne.
Les plÎncipaux mouvements de cette chaine primaire sont
donc compris entre la fin du Dinantien et un niveau du Permo-
Trias qui ne pourra être précisé que par des découvertes paléon-
tologiques ultérieures.
De toute fac;on, il est permis de conclure que la chaine
armoricaine-varisque du Maroc méridional est contemporaine de
la chaine carbonifère de l'Europe centrale et occidentale.
Dans la partie occidentale du Haut-Atlas, les plis carbonifè-
res affectent généralement la direction N. N. E. signalée par
Thomson, par Brives puis par Paul Lemoinc et moi dans la liaute
chaine. Mais cette direction de plissement est loin d'avoir l'uni-
formité que lui a attribuée Brives .. C'est ainsi que dans le voi-
sinage du col des Bihaoun ils se redressent vers le nord et
même le nord-ouest. Ces plis afl'ectent néanmoins, dans leur
ense1nble, une direction varisque comme dans le vorland de
l'Atlas.
A l'est du col du Glaoui ils prennent une direction arnwri-
7()0 AU CŒUR :01!; L'A 'tLAg

caine très marquée etlcs mesures que j'ai faites entre Dcmnat et
la plaine de Haskoura, notamment chez les Aït l\ldioual, s'accor-
dent à donner à la chaine carbonifère de cette partie de l'Atlas
une direction voisine duN. W.-S. E.
Dans une région intermédiaire, dans les Aït ZaYneh, un peu à
l'ouest de Tikirt, -les plis primaires ont une direction voisine de
la méridienne, de sorte que les difl'érentes branches de la
chaîne hercynienne semblent hien converger vers un point de
rebroussement occupant approximativement la région inexplorée
du djebel Bou 0u1'ioul et du djebel Tidili, situés à l'ouest de
l'clouet.
Quoique non explorée, cette région semble très métamorphi-
sée à en juger par les nombreux cailloux roulés descendus des
hauteurs dans toutes les vallées des deux flancs de la chaine et
que je mc suis attaché à étudier ; de plus, le prolongmuent
môr·idional de cette pal'tie de l'Atlas, dans les Aït Tamassin, les
Aït Touaïa, etc., est complùtement métamorphique. Aussi ne
peut-on s'empêcher de rapprocher ce métamorphisme intense
du fait de la convergence des plis de la chuinc armoricaine-
varisquc.
Il semhlc hien (1u'on ait là un point faible de l'écorce terres_
tre, qui l'est demeuré encore plus tard ainsi qu'il semble résul-
ter des manifestations volcaniques très importantes à l'époque
du Permien et du Trias puis, à l'époque tertiaire, l'édification
du grand volcan du Siroua semble également en relation avec
la convergence des plis hercyniens du djebel Bou Ourioul ainsi
<1ue nous le verrons plus loin.
Enfin il me parait intéressant de faire remarquer que les plis
de la chaine hercynienne sont, en général, déversés vers le sud,
c'est.:à-dire vers le sud-est de la branche varisque ct vers le
sud-ouest sur la branche armoricaine de la chaine carbonifère.
Ce déverscruent s'observe· nettement surtout sur le flanc
méridional du Haut-Atlas, entre le col des Bibaoun ct El Had
Mneizla ; puis au sud du Tizi n Test, enfin dans les Ait Amelli,
situés au sud.du col des Aït Mdioual.
Après la surrection de la chaine hercynienne les érosions,
déjà commencées dès le début de sa formation, ont peu à peU
RF:CIIEUCIJES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUF: 71.}f

abaissé ses lignes de crêtes, aboutissant ainsi à la formation


d'une pénéplaine qui s'étendait à d'immenses surfaces, couvrant
l'emplacement actuel du Haut-Atlas occidental et, au notd, toute
la Meseta marocaine.
L'érosion a ainsi nivclô la chaine ancienne, laissant une sur-
face à peu près unie, de laquelle {~mergeaicnt seulement des
roches particulièrement dures comme certains <pmrtzitcs du
Silurien. Cette pôn{~plainc a suhi de profondes transformations
géologiques ou morphologiques dans la rùgion axiale du Haut-
Atlas mais elle apparaît parfaitement conservée au sud de
l'Atlas.
Le plateau des Aït Khzama, la plaine des Aït Tarnassin, la
région des A.ït .l\larli et des A.ït Abdallah, dont l'altitude
moyenne oscille aux cm·irons de 2.000 mètres, en font partie.
A. l'qucst elles sc poursuivent par les déjections de l'imposant
volcan tertiaire du djebel Siroua, tandis (1u'au nord Pile dispa-
raît sous les laves ct tufs de volcans, datant de la fin des Temps
primairPs, ou du début du Sccondttirc, du Permo-Trias.
Dans le nord de l'Atlas la pénéplaine primaire se poUl'- .
suit dans toute la Meseta marocaine dont elle constitue la
caractéristique géomorphogéniquc. Elle apparaît dans la région
du solchrat des Oulad Saïd, de Ben Sliman, ou dans les Mdakra,
(Chaouïa), se poursuivant encore à travers le pays des Zaër
jusqu'au pied du .Moyen-Atlas ct des dcrnièr•cs ondulations du
Rif. Ailleurs elle est recouverte par un régime tabulaire du
Crétacé, comme dans le Haouz de .Marrakech ou la Meseta maro-
caine, ou hien dans la région littorale, par le Tertiaire néogène.
Les dépôts du Permien, essentiellement détritiques, parfois
torrentiels, ont été formés sous un climat tropical, avec les
matériaux provenant du dômantèlcment de la chaine hercy~
nienne; tandis que les mouvements orogéniques (jUil' ont fait sur~
gir sc faisaient encore très légèrement sentir.
Cela résulte de mes observations dans le Haut-Atlas, où le
Permien, discordant sur le Dinanticn fossilifère, n'a visible~
ment pas pris part aux mêmes mouvements tandis qu'il a été
souvent affecté par des plis beaucoup plus récents, d'âge ter-
tiairP, fjUe nous examinerons un pPu plus loin.
752 AU CŒUR DE L'ATLAS

Il est, en efl'et, impossible d'amettre, avec Brives, - tjUÏ a


figuré le Permien ainsi que tous les autres étages paléozol-
<1ues de la haute chaine, en bandes pnrallèle:-~ d'une rég·ula-
rité quelque peu schématique, - <{UC les dépôts rou8·cs de la
fin du Primaire aient ainsi été plissés en même temps que le
Carbonifère :la discordance angulaire très marquée et constante
du Permien sur le Dinantien est en contradiction formelle avec
cette observation.
Ce qui peut donner un semblant de véracité à cette asser-
tion de mon confrère d'Alger, c'est que les dépôts arénacés de
la base du Permo-Trias ont, en certains cas, comblé des dépres-
sions synclinales de la chaine hercynienne ou des vallées postdi-
nantiennes dont le creusement avait été dirigé,en certains points,
par la tectonique de cette chaine ancienne ; et les couches se
trouvent ainsi en apparence alignées suivant les plis carbonifères.
Mais si l'observation de ces phénomènes est un peu délicate
dans la haute chaine, elle est par contre plus nette dans la
Meseta marocaine dont l'histoire ne peut être séparée de celle
. de l'Atlas occidental en ce qui concerne la phase paléozoïque
qui nous occupe en ce moment.
Dans la vallée de l'Oum er Rbëa, notamment aux environs de
Mechrat ech Chair, on voit les couches rouges du Permo-Trias
très faiblement ondulées, contrastant ainsi avec l'allure très
mouvementée des terrains sous-jacents ayant pris part aux grands
plissements de la chaine carbonifère. De plus j'ai montré que
les gTès rouges à. quartz pyramidés très vraisemblablement
triasiques supérieurs, surmontés au contraire d'un Rhétien fossi-
lifère, sont à peu près horizontaux (1). Ceci implique que la
pénéplaine de la Meseta marocaine, et par suite celle du Haut-
Atlas occidental qui sc trouve sur son prolongement, était for-
mée avant la fin du Trias. Il est assez vraisemblable qu'elle
l'était même avant le début des Temps secondaires.
2° Mouvements secondaires. - Il semble tout à fait pré-
maturé de parler de mouvements secondaires, en l'état actuel

(l) Louis (;en\il. Rapport sur· une mission scientifique au Jfm•oc en


1908 (:\ouv. at·ch.l\liss. Scientil'., t. XVlll, Hl07, p. 43-47).
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gf:OGRAPHIE PHYSI(.!UE 7o3

des observations dans le llaut-.\tlas mm·ocain. CPpendant <jud-


qucs faits appellent dPjù à cc point de vue l'attention.
~j fou jette Ull COU]J d"œil SUl' feSijUÏSSP g(~olog-ÏijUI~ ljUÏ
accompagne ce travail on est fmppé de l'absence complète du
Jurassi<jUC entre l'ouad .\.ït :\[ous'si ct l'ouad H\lat, soit sur une
étendue de plus de 120 kilomètres. On ne peut évidemment pas
affirmer que quelques lambeaux de ces dépôts secondaires ne
soient, dans cet intervalle, échelonnés sur les flancs ou sm· les
crètes de la chaine, par suite de l'absence de lJonnes <."artcs ct
de l'insuffisance des levés géologÏ<jues; mais toujours Pst-il <jUe
le J Ul'assiquc a presque complètement clisparu dans cette partie
de la chaine a va nt les dépùts crétacés. Or, partout où j'ai ren-
contré le Jurassique aussi bien dans l'est, au delà du col de
l'clouet, c1ue dans la zoue littorale à l'extrémité occidentale de
la chaine, ces terrains secondaires ofl'rcnt les mèmes faciès.
Il ciL résulte que les formations jurassicjues ont recouvert
tout l'Atlas occideutal ct que la disposition de ces dépôts ne
peut ù•xpli<jUCl' que par une exoudation de la partie corres-
pondante de la chaine.
Cc qui donne corps à cette hypothèse d'un mouvement juras-
sicjue c'est le faciès lagunaire ou littoru;l du Crdacé inférieur
sur les deux flancs de la chaine ; taudis qu'il est néritique, parfois
lllêmc bathyal, à sou cxtrt'mlité occidcutalc, dans les Ida ou
Ta nan.
La transgression du Cénomanien se fait sentir partout, ct cet
étage se montre eucore lagunaire en quelques points sur le
flanc septentrional du Haut-Atlas.
3o Mouvements tertiaires. - Aux plis hercyniens se super-
posent manifestement dans toute la longueur de l'Atlas des plis
tertiair·es, parfois très accentués, et qui montrent leur plus
g·rande intensité dans la partie de la chaine située à l'est de
l'ouad R'dat; ils n'en sont pas moins visibles entre cette région
du (ilaoua et la cote atlantique. Enfin les lllOUYemeuts tertiai-
res ont eu leur répercussion au nord et au sud de la chaine.
~i l'on parcourt la haute chaine de l'est vci·s l'ouest, on
constate d'abord une série cLmticlinaux ct de syneliuaux hien
ntarqués dans le Jurassique.
48
Ali CIIEt;R tH: L ' ATLAS

Cne coupe relevée enh·e 1)l'lill lat f't la plain l' <lt• Haskoura,
suinwt une direetion ii peu près nll;ridiPnne. montre successive~
ment :
1o L'anticlinal dP- /)emnat 1lont la voùte jura ssif[IH' et crt~tacée
est <\ventrée depuis DPmnat jns<pt'au delà dP l'ouad H'dnt vers
l'ouest, pour laisser apparaih·<' lPs gTI~s permo-triasi<rues avec
intercalations de roches volcaniqucs. On eonstate <rue ces cou-
ehPs rouges ont ù. peu près la mèmP diJ•Pction 1le plissement
que le Secondaire qui les reeouvrP. LP flanc sf'ptentrional de ce
pli est heaucouv plus redressé qnP le fl;me méridional.
2° L'anticlinal d'lr'il An!:or, s<~part~ du premier par le pla-
tl'au synelinal d'lfiri et qui monh'l' lf' .Jurassi<IUI' recouvert par le
Crétacé inféri<'ur. La valh~c d 'lrïl A n<;or montre, suivant l'axe de
ce pli, le Permien avec roehes volcaniques.
3° Anticlinal dP- Tù·ili. La vallt~e de l'ouad Til'ili met à nu
les schistes siluriens et les pouding·uf's ct grt's lH'rmiens dans
le noyau d'un pli it flancs jurassi<ru<>s. li m'a sf'mhlè fJUe le
Pf'rmo-trias n'avait pas Mé all'ectt'~ par mi plissement autre que
celui traet\ dans le Jurassitpw, tandis <Jlte l<>s srhistf's ù Gra~
tolithes ont une direction très dift't~r·entP. Le flanc sPptentrional
de cc pli est plus rPdrf'ssé <{li<' son flanc nu1ridional d il est
séparé d<> l'antielinal dïrïl A111;or par un pli-faill<> qui laisse
percel' les mnrn<>s hariolt'~es l't le p;ypsP salift\J'p du TI'iaS ·
lagunail'e.
1° Zone antic!ina/P de.,· Ait Mrlioual. "\u delà de l'ouad Tirili
et jus<ru'ù l11 demière el'ètf' de 1'.\tlas dominant la .plaine de
Haskoura, lP .J urassit{Ue fol'me un vaste homhemant anticlinal
dont le flanc sept<>ntrional se montre à la sortie des gorges de
la vallèf' sUlH~J'iPuJ'P dP l'ouad Tir·i 1i, liane très rNiressé,
dén•I'sè d sépart'~ par un pli-faillt~ df' l'anticlinal de Tirili. Cette
zow• anticlinal!' montre plusieurs plis du Jurassi<piC.
Un caractère commun à tous les plis parallèles à la direction
général<' de l'Atlas f{Ue nous '''llolls de passer en revue, c'est
le rNh•essmnent de l<>ul' flanc septentrional par rapport aU
flanc oppos(~ ct une imlwication de ces plis témoignant d'une
po uss{w générale vers le nor<l, ù. l' épüiJUe tertiaire. .
Entre le col de TelouPt d le col de Bibaom1 lm; terr·ains prl~
llECHERCHES BE liÉOLO(OIE ET lH: (;~:ola\AI'Hll\ PHYSIQUE 7[}i)

main•s sont exclnsiYPilH'llt d1'~vdop1H'•s dans les parties t'olen;es


de la dwine, ainsi que l'indiqtH' la eal'te t-;'l;olop:ÏIIHP qui accom-
pa~·Iw cP tJ·avail, et ce fait n'avait pas malll[llf~ de frapper un
observateur aussi saga cP '1111' J. Thomson .•\u contrairP, cette
ri~gion, la plus saillante du Haut-.\ tlas, est entour1~e de tous cùtl•s
par lPs tprrains spcondaires : Pile constituP donc une sode de
massif central I[UÏ partagP ù la fois l<'s caraet(~rps stntigr·nphi-
lfUP pf fpefon il[l!e dPS tl' l'l'Hill S pa i(~OZOÏIJlWS I[UP j'ai expos{•S
pri;eèdemnlPBt. Mais ePs terrains portPnt (~~·alrllH'llt l'rmpr·Pinte
dPs moun•ments tertiairPs, I{Ui ont pu modifîer la direction
gi~nôrale variSifUP des plis hercyniPllS.
Si l'on portP plus particulii•rPmPnt son attention sur l'allure
des grès rougps du PPrmien d du Trias, l'Il efl'et, on est frappé
de les voir afl'ecter des dirPctions 11ui croisent nettement celle
des plis franchl'ment carhonifères. C'est ainsi <JUe dans la ntlléc
dn (;OUildafi lPS conehes l'OUg;es sont hien, ('Olllll!e fa indii[U{~
Thomson, relev1~es il nouveau au sud sur les dépùts plus anciens.
Dans la vallée de fouad R'pr'ala le I'Pt'mo-Trias Pst plissè
suinwt uuP dirPdiou N. E. E.-S. S.\\'., c'pst-ù-dirP parallèle-
ment à la direction généralP de la ehaiue : dl' nH\mc, sur la
lJOrdure occidentale du massif Cf~ntra/ de l'Atlas, ces couches
rouges portPtlt la trace de plis sembla nt E .-\V., crui paraissent
se contimwr sous la couverhH'P 1'~paissc dPs h•tTaius crétac1~s
dans la zone littorale.
En sommP, le Permo-Trias se comportP, dans le massif cen-
tral paléozoique, comme dans l'est oü nous l'avons trouvé
affecté par les plissements tPrtiairPs, au même titre c1ue les
dépôts jurassiques; seulP l'iutensiti• du phénomèuP de plisse-
ment difl'èrP.
L'Pxtr,;miU~ oe<·identalc de l'Atlas nioHtrP une sériP de plis-
senwnts tertiairPs qui ont fait sur~ir lP Jurassic1ue ct parfois le
Pcrnw-Trias il travers les terrains crétacés. Parmi ces plis,
les uns appartiennent au Haut-Atlas, lPs autrPs font partie du
régime tabulaire du Crdacé et de l' Eoei•nP, !lu nord de la chaine.
Les. premiers deseendent dPs hauti'Ul'S dP r Atlas pour aboutir'
le premier au cap Rïr, le spcond aux abords d'Agadir n Ir'ir.
Anticlinal du cap Rïr.- Cet anticlinal est très marqué !lans
75ti

les marno-ealcaires it Perispl1ùu:tes Cltarallensis. Il montre des


flancs monoelinaux s(~par·és par une partie à peu près horizon-
talc <jui forme le sommet du pli. LPs d<'~pôts crdacés s'étendent
au nord et au sud, laissant apparaître le Jurassi<jUC sur une
surface de plus en plus gTandc à mesure qu'ou s'écarte de la
côte; tandis <{UC l'extrémité occidentale du pli aboutit au Ras
Aferui ou cap R'ir. Cc pli forme la chaine d'Azour au delà de
laquelle le djebel Tazuakht, puis le djebel Agourga, le djebel
Tougrou, etc. surgissent. La dépression d'Aneklout montre,
suivant l'axe du pli, les grès rouges permo-triasiques avec
roches volcani<Iues, afl'ectés par le mème mouvement.
Le flanc septentrional de cet anticlinal, qui est dirigé sensible-
ment est-ouest, est très redressé ou même déversé vers le nord.
L'anticlinal d'Agadir n lr'ir, situé plus au sud, se présente
dans les mêmes conditions, mais les marno-calcaircs du Juras-
sique, l{Ui émergent dans la haute vallée de L\sif Tamcrakht ct
au djebel Legouz, n'arrivent pas jusqu'à la côte ct s'enfoncent
sous les dépôts crétacés (cénomaniens) tl <jucl<jUCS kilomètres
à l'est d'Agadir. Sa direction parait ètre sPnsihlement X. E. E.~
s. w. w.
Il est important de remarquer que les plis du cap R'ir et
d'Agadir montrent un abaissement de plus de :2.000 mètres
d'axe, très accentué depuis les hauteurs des Ida ou Ziki; on les
voit s'enfoncer sous les caux de l'Océan.
Ces deux plis j'arment le prolongement de la chaine dn Haut-
Atlas, qui doit être considéré comme s'enj'onçant sous l'Atlanti-
que, entre le cap R'ir et la plainP. du Sous.
Entre eux s'étale un vaste synclinal peu profond où sc mou-
trent développés les dépôts crétacés, depuis l'HautPrivicn jus-
qu'au Sénonien inclusivement.
Le trait dominant de la tcctoui<{Ue de la région située iuuné~
diatemeut au nord de la haute chaine est la disposition fré~
queute, en couches à peu près horizontales, du Crétaci~ ct du
Tertiaire int'i~rieurs. Cette disposition s'observe surtout dans la
partie la plus occidentale de la grande plaine de Haouz de
Marrakech, donnant à cette partie du Maroc les caractères d'un
pnys d'architecture tabulaire.
:..
=

1...;.
1\ECm:RCHES IlE GÉOLOI:IE ET IlE Gt:Oia\APHIE PHYSII_!Œ ii)ï

Cette disposition horizontal(• d 11 Cr{•tae{•, rem a r<pt<-P par


HookPr, puis par Thomson, a t'-t<~ <'ollfirmèP par BrivPs puis par
Paul LPmoinP Pt moi.
LPs eouelH's crMacér>s parfois ll's plus ôl!'vôes (calcaire.~ à Racu-
litPs). p<'UYPnt Mr<' surmont{•ps dP l'EocènP inféril'ur dont l'mt-
semble Pst l'PlH't~s!'nté par cl!'s han cs calcair!'s I'<'COUYPrts par dPs
dépôts pU•istocènPs 1wu épais ou afflPurant sur d!' grandes sur-
faces. EllPs constituent aussi dPs t!'rrassps isollws par l'érosion
en form<' dP _gour (_gara au singuli<'r). sort!'s de tahlPs limit{•ps
par des Pscarp<'ments brusquPs. C!'s _gour sont fréqu<'nts dans
la plaine dP Sidi .\hd <'1 ~I<mmen, ils formPnt égalr>mPrtt lP djebel
Tilda, la _garat Roqiat, l'Ang el djemel, etc. ; mais la ré[.rion
tahulairP n'a pas partout cptte régularité, l'Ile Pst traversée par
quelques plis.
L'anticlinal de Bou Zer_qoun émerg<' brusquement de la plaine
et forme la l'!etite chaine que j'ai dèsignée sous le rwm de col-
lines dP llou Zergoun.
Les calcaires crétacés qui afflPurent dans la plaine se relèvent
it 45° pour r<'prendre, au sommPt du pli, lill<' positimt quasi-
horizontale Pt rPtomlwr en r{'prenant par flexure l'horizontalité
de l'autre côt{• de la chaine.
CPt anticlinal dont la direction !'st scnsihlPmPtlt N. E., S. W.
semhlP sP terminer par un plongPmPtlt püiphiwiqnc des cou-
ches au ~. E. pt sc relier, au sud-ouPst, au platPau tabulair<' dl's
Ida ou Talclt.
lJ n pli vrais!'mhlahlem!'nt analogue de structur<' semble exis-
ter dans les Oulad hes S{'hah, et former l'anticlinal du Mr'amer.
Ces dPUX plis sont accompagnés d'un cr>rtain nombre de
hrachyanticlinaux très courts Pt l)('ll saillants, ailleurs dans la
région crMact)P.
Dans la zone littoral<' il conYiPtlt d<' rapproclH'r <le ces acci-
dents l'anticlinal de Ta_qra_qra dont lPs flancs sont crétacés
(Cénomani<'n, Pte.) ct qui laisse apparaître, suivant son axe
grùcc ù. l'érosion de l'oued Tai.\Tag't'a, lPs marnPs hariolt~es av<'c
diah!lse ophitiqtw, du Trias.
Plus au sud apparaît l'anticlinal de Ras Ta(elne!t, lequd fait
snr~ir lrs IIHtrno-ralraires jmnssiqtH'S du <ljehd Amsit<'tl il tra-
AU CI~·;Uil IlE L ' ATLAS

YPt's les dépùts du Crétaer\ inférinut·. Ce pli pt'f'IHl naissa11cP chez


lPs lmgrad pour. SC' dirig<'t' scnsihlPuwnt est-ouest vers ln cap
Tafd11eh. Il monh•p Pn son cnuh·<· lP Trias salifèrl' dPs Ida
on lc<'urn. Il offt·c la même strnctnt·l' <fU<' ePlui dP Bou Zet•goun,
soll fla ne septentrional est trôs redressé et même <tt'wers{~. Le
sommet du pli forme le plateau de Taguent.
Enfin dans le nord-ouest de la r!·g;i(m tabulaire <rui nous
oceupc le djebel Hadicl et le djehPl Koumt forment un braclty-
anticlinal analogue à ceux <rue nous venons d'examiner.
Brives le considère eo!ll!IH' formé par des couches Ostrea
Couloni tandis qu~~ Paul Lemoine admet, avec raison, l'âge
jurassique des calcairPs qui forment la crète de la montagne.
Si l'on recoupe transversalement le djebel Hadid on voit les
calcaires former un anticlinal dirig<~ sensihlemPnt N. N. E., S.
S. W., dont le flanc occidental est, ainsi que l'a indiqnt~ Brives,
redressé jusqu'à la verticale et déversé vers lè nord-ouest.
L'axe du pli, qui se termine au sud-ouest du djebel Hadid et
au nord-est du djebel Kourat par un plongement périphérique
dn ses couches sous le Crétact), est occupô par des gt·ès rouges
et par le Trias salifère avec roches dialmsiques. A l'est, on voit
lPs couches jurassiques de l'anticlinal, surmontôes du Crétacé
i11férieur et moyen, se relier par flexure aux couches tahulaircs
des Oulad bes Se bah.
L'architecture crue nous venons de décrire dans le nord de
l'Atlas est accompagnée des fractures, si familières it tous les
pays d'architecture tabulaire.
Thomson a été très frappé de l'Pxistence sur le flanc septen-
trional de l'Atlas, de fractures gf•n{~ralcrnent dirigées parallèle-
ment à la direction <ln la chaine. Il les figure dans ses coupes
qui apporte11t ainsi une donni~e trôs inU~t·essante sur la structure
du Haut-Atlas. Il fait huter par faille, dans les premiers contre-
t'orb.; de la chaine, les calcaires et les grès sccoudaires (créta-
cc>s) contre les tf~rrains primaires (schistes, grauwackes, etc.)
<Jtt'ilcoHsidère comnw métamorphiques. Il attribue, notamment,
uHe grande importance ù.la faille de :\faroussa et d'fmi n Tella.
Au sud de la chaine il indicpte une autre grande faille dans la
haute valli~e de l'ouad Agoundis.
RECHERCHES DE ti~:oLOGJE I·:T DE t;~;Oiii\.\PIIIE PHYSIQUE 7:)!1

Brives a d'a ho rd néglig<\ le r·Me de ces fmetur·es tlans ses pi'P-


miiwPs coupes et sa cat•tp tlu Ct•dact\ tlu :\1aroc occitlental; il
corrige cPttP omission dans lP travail suivant Pt attribue une
importanc<• primot•diall' il la faille <le ~laroussn.
J'ai dé frappl' en janvier 1!)0.) de l'Pxistt•nce de ces gTandes
fractures et en témoig-nait dans mes lettrPs à mon éminent mai-
tre M. E. Haug;. ~on seulement j'ai reeonnu les fractures du
flanc septentrional dP la ehain1~ mais j'ai observé sur le versant
dominant la plaine du Sous de non moins importantt~s cas-.ures.
Les premiers contreforts de L\tlas, en hordnr1~ de la grande
plaine du Haouz, sont formés par les terrains cr·étact~s t{Ui for-
ment une hande à peu prt'~s eon ti nue, d'un<' <ptinzaine de kilomè-
tres de largeur d'une altitude comprise entre 1.200 à 2.000 mè-
tres.
La difl'érence de nivPètU des terrains secondaires par rapport
à la plaine S<' produit, soit par pli uwnoclinal (flexure), par suite
d'une descente sans rupture d<'s ri)~oâons affaissées; soit par faille.
Le premier cas <'St le plus fréquent.
Les couches crétac<'~<'S sont partout fortement relevées au
bord de la plaine puis elles prennent une position voisine de
l'horizontale PB se dirigeant Y<'rs l'axe de la chaine. D'autres
dénivellations peuvent s<~ produire avant d'arriver aux terrains
paléozoïques et toujours le contact av<'e ees terrains anciens
du massil centrai du Haut-Atlas se fait par faille. Celle-ci, sorte
de faille-limit<', joue le principal rôle ; c'est la faille de
Maroussa, de Thomson. Elle recoupe l'ouad H'er'aïa et l'ouad
R'dat et sPmhle, dans l'est, se poursuine par le pli-faille qui
limite au sud l'anticlinal de Tirili.
La dénivellation de cette grande cassure doit être considéra-
ble car on apPrt:oit de loin tm <'scarpenwnt abrupt de plusieurs
centaines dP mètrPs de hauh·ur, et fo!'mant, dans les Aït Iren,
les contreforts du djebel Likoumt. Je ne serais par surpris que
cette haute muraille représente la lèvre méridionale de la
grande faille de Yl.aroussa.
Le; flanc m(n•idional de la chai1w offre une structure analogue.
Le Crétacé y forme une bordure dominant la plaine de Sous et
qui s'élève au-dessus de cette plaine par une flexure de ces ter-
ïoo Al! COEUfi JH: L ATLAS

rnins Sl'('oudait·Ps. Sur la rive ;.:·auclw de fouad TalPkjount, cc


tPrraill montrP tilH' sucppssion dP plis imbriqués déversés vers le
nord. LP Crdad• viPnt Pncor<' lmh•r par faillP contrP lP massif
nncien d f'PttP ;.:-ramlc cnssure scmhle Sf' poursuivrP dans l'est,
par la hautP valll~P dP l'ouad A~otmdis, SP prolongPant ainsi
par cPllP si;.:·nalè.e par Thomson. Au-dPssous du djPlwl Likoumt
Plie produit tmP d(mivPllation d'un millif'r dP mètres de la
p<méplaine df's Aït Khzama.
Cette fracturf' se poursuit peut-être jusqu'à la région de
Telouet; mais de CP eût() il paraît plus vraisf'mblahle que le
Crétac{~ repose, par transgression, sur le Paléozoïque pour s'in-
cliner vers les plaines du Draa oü il prPnd, comme dans le
Haouz, une position horizontalP.
Le mèrne régime tabulaire s'y rencontre, avec ses gour
caractéristiques, et paraît s'étendrf' à d'immenses étendues vers
les régions sahariennes et le Tafilelt. Il est même assez proba-
ble le djebel Sar'ro, qui était considéré comme le prolongement
de l'Anti-Atlas vers l'est, appartienne à cc régime tabulaire
du Crétac{~ et ne constittw pas unP chain!' mais un plateau ou
une sèrif' de plateaux.
Il est possible de dt~gager des faits qui précédent, qu<'lques ·'t
conclusions d'ensernhlc.
La formation de la p<méplaine, commencée à la fin du Car-
bonifère dès la surrection de la chaîne hercynienne, a été suivie
du morcellement de cette chaîne concomitant des éruptions
volcaniques importantes, trachytiques, andésitiques ou basal-
ti([Ues qui, commcnc(~ps durant le Permien ont pu se prolonger
à l'époque triasicrue ; tandis que toute la région située au nord
demeurait i11tacte et (~tait émcrgùc dès la fin du Rhétien pour
former la Meseta marocaine.
L'emplacement actuel du Haut-Atlas était envahi par les
mers, jurassiques dont les dépôts, d'abord néritiques, accusent
une formation hathyale hien avant la fin de période.
A cc monH'Jlt, soit par un mouvement tout au début du Cré-
tac(\ soit par un gauehisscmcnt des dépôts jurassiques, ceux-ci
ont éU· <~nwrgés et complètement arasés sur l'espace compris
entrP le col des Bihaoun ct lP col de TelouPt. Et cet ilôt émergé
RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET IlE Gf:OGlUPHŒ PHYSIQUE 7()1

que j'appellerai lP Ma,·sif central de l'Atlas a Ml'• Pnhmrl'~, ;m


moins sur trois facPs, par les mers du Crétacé inférieur qui ont
laissé sur la plus gTandP partie dt' son pourtour des dt'1pôts ar(•-
nacés, parfois littoraux ct souvent lagunairPs. Il faut sp porter
à l'extrémitè occidPillalP ou dans lP nord-ouest de la chaine
pour rencontrf'r les formations néritiques, riches PH Mollusqups
et en Echinides, qui mmltrPnt des tendances bathyales Pn cer-
tains points, notammPnt à l'èp<H[Uf' aptiPnnP. Il scmhle hien
que lPs riclws faunes du Crl•tacl• infèrieur, <[lW j'ai recueillies
dans ces règions pt dont l'l•tudc a Mi• très savamment faitP
par M. \\". Kilian, corr<>spondent au hord sud du gt'Josynclinal
<pli contournait, ù l'ouest, la Jfeseta marocain t' pour se relif'r
av<>c le 1-("éosynclinal dinariquf' dont les tracf's (Cf>nomanien,
Sénonien), sont indiscutables dans la rl·gion df' Tanger oit
elles étahlisst'nt la liaison anc les dépôts similairt's du Tell
algérien.
La transgression cénomanicnne a rf'eouvf'rt la première ébau-
che de l'Atlas, tandis qu'à partir du Turonien les IIH'rs crétacées
sont en régression.
La direction des plis tertiaires a Mé pri•parée par le morcel-
lement de la chaine hercynienne <{Ui avait ainsi déjà tracé les
grandes lignes dt' l'Atlas. De fait les plissemt'nts r!lcents de la
chaine actut'fte vont croiser les plis carbonifères sous un angle
atteignant ou dépassant 45° ct il est peut-être peu de régions du
globe oü sc vérifie plus ncttt'meut cf'tte loi énoncée par Ed. Suess
que « la direction de leur bord fracturé et non la direction des
anciens plis détermine l'allure des plis postérieurs plus
récents ».
Ceci revient à dirf' que la premù~re ébauche de la clzai'ne du
Haut-Atlas date de la (in des temps primaires.
Le grand mouvement tertiaire a cu pour effet de remanier
les plis anciens et d'afl'ectcr, au même titre que lt's dépôts secon-
daires surtout dans la région orientale et à l'Pxtrémité occiden-
tale de l'Atlas, les sédiments rouges permiens <[ui se sont for-
Illés ver•s la fin du gTand mom'ement hei·cynien. Il s'est étahli
ainsi" un régimf' d'auticlinaux nt de synclinaux parallèles ù la
dii't'dion générait' de la dwirw et qui, par leur strudm•P,
762 AU CŒIJI\ DE r.'ATLAS

rappellent, surtout dans la zone littorale, le rt\g-ime pliss{~ de la


chaine sahal'icnne tl'ès hien décrit par· E. Hitter.
Des plis analog-ues SP monh·t>nt jusqu'à une cPI'tain<> distance
au nord, dans la r(~gion tabulaire de la p:rande plaine du Haouz,
qui marquent la r·épc•rcussion des moun•meHts de la chaine
tertiaire.
Cette par<>nté tectonique des deux chaînes africaines He per-
met pas de les séparer : Ir: f/aut-Atla.1 marocain j'ait suite à /a.
cllai'ne saharienne comme le Petit-Atlas, ou Rif, forme le pro-
longement rie [Atlas Te/lien.
Les plis tertiaires du llauk\tlas oceiclental sont en outre
manifestemeHt ;wussés vas le nord ct forment fr{HfUenunent
des faisceaux de plis imhri<Iués notamment dans l'est, entre
Demnat et la plaine de Haskoura, dans la plaine dn Sous, etc.,
tandis que dans la zone littorale on observe des plis anticli-
naux sèpari•s, mais toujours dù·ersr;s t'f'rs le JWI'rl. La même
règle s'observe duns les anticliuaux de la rég·ioH tabulaire du
Haouz de Marrakeeh et de la rt;~·ion littorale. illlllH'~diatcment au
nord de la draine.
Ainsi nous sommes conduits ù Yoir dans le Haut-Atlas un
suhstratum primaire anciennement pliss{\ avee (Mversemcnt de
ses plis vers Le sud et une couverturn seeomlaire, jurassique et
crètaeée, en partie gôosynclinalP, r1ui a subi plus tard des mouve- .
ments tertiaires rJui se sont produits cu sens contraire, vers le
nord.
Ces épisodes dP l'histoire g6ologir1uc de l'Atlas marocain
permettent un rapprochement avec les Pyrénées dont les gran-
des phases ont ètô mises en lumière par Léon Bertrand.
La direction des plissements tt•rtiaires de cette grande chaine
afr·icaine pernwt é~·alement un rapprochement avec les Alpes
françaises, dont les plis pouss{~s par des forces colossales ont été
charriés vers le Plateau central.
Or, il est manif0ste que les plis tertiaires de l'Atlas avaient
des tendances à venir s'écraser contre la llft?seta marocaine, sorte
de pilier rt'lsistant de l'écorce terrestre, depuis la fin des temps
primaires, et comparahle au Plateau central de la Frànce.
Ce r1ui distingue les Alpes de l'Atlas marocain, il. cc point de
RECHERCHE!' Dt•: (;~:OLOtil E ET m; t; ;::olil\.\ l'A 1E PH YSJQUE 763

vue, c'est lïntPnsité infiniment moirulre, dans le second cas,


des efl'orts orog·!lni<rues mis en j<'u.
Après la grande phase des plissenwnts tertiaires il s'est
produit, par rt'~mission des forePs tangentielles, des tassements
sur les deux versants, de part et d'autre du « massif central (le
l'Atlas n dôjit clessiné au (lélmt du Crétacé. "\insi sc sont formées
les régions ejf(jnrll'écs d'architr'clltre tabulaire rlu Haouz de
llferrakeclt au n(jrt!, du Sous et du Draa au sud.
Il en est résulté, aussi, une décompression de la partie axiale
de la chaine et une tendance à la stJ'/Icture en ùrntail des plis
carbonifères qui ont rejoué, notamment <lnns la zone anticlinale
des Aït l\ldioual dans l'Pst, et dans le ~lassif central de l'Atlas,
tout en consPrvant un dôversenwnt plus accentué vers le sud.
Si l'on parcourt le Hauk\tlas dans le sens longitudinal de
l'est vers l'ouest, on voit que les plis tertiaires, surtout accentués
dans les terrains jurassiques, passaif'nt sur le massif palé~zoï­
que central, aujourd'hui tll>Jmrrass(~ par l'érosion <l<'s <lépôts
secondairPs <rui l'ont succpssin•mcnt l't'couvert au moins à
deux époques difl'<;rPnt<'s, j urassiqtw puis crf>tacée, pour s'incli-
ner dans la parti<' la plus occidentale d(~ la chaine avec un
abaissement <l'axe très marquù ct s·Pnfonc<'r finalement sous
les eaux (le l'Océan.
Les <leux anticlinaux du cap R'ir et (l'Agadir doivent être
considùrés comme formant le prolong-ell)ent <le la haute chaine,
pour s' ennoyr'r sous l'Atlantique et réapparaüre alix îles Cana-
ries (l) tandis que les brachyanticlinaux qui surgissent plus
au nord, jusqu'ail djebel Hadid, sont situés en <lehors (le l'Atlas
proprement dit.
Le chenal qui sépare la côte sud-occi<lentale du Maroc de
l'archipel des Canaries est comparable au <létroit <le (~ihraltar
qui cor~espond, ainsi que je l'ai montrô, à un f'Imoyage des plis
ùe la chaine Rif-Cordillière bètique. Il reste à savoir à quelle

(1) L'hypothèse rlu plongement de l'Allas marocain sous l'Atlanli«[UC


pour sc t•clcvcr en «[U<'lques points, aux Canaries, aux iles <ln f.ap Vert ri
dans 1~ groupe <les .\ntillcs, a t'Cl,' li l"«;t:emnH•nl une éclat ante confirmation
dans la «léeouvel'lc «I'Out·sins c!'élae«;s dans l'lie de Ful't"ICI'etltura, mn Cana-
ries, plll' le botaniste Piturd et signalée pal' !'.Dl. Cotl!'cau cl Paul Lemoinc.
7G4 AU CŒUR DE L'ATLAS

époc1uc il a pu sp produire par efl'ondrPmPnt de l'aire à' en-


noyage des plis ter·tiair·c>s, autrPill<'llt dit ù CfUPlmonH'nt s'est pro-
duite la séparatiou dc>s ilc>s I'SPHFIIOlt's 1Lu Continc>nt africain.
La solution de> cc prohlùme implique> d ·a ho rel la connaissance
de l' <ige des plis tc>rtiairPs ou, ce qui revicnt au mème, de l'Age
cle l'Atlas; mais les documents sur cette impor!êlllte question
font en grande parti<' dM'aut. Jc suis sculement port{' à croire
que r Atlas rharocain constitue une chainc trôs jeunP.
J'ai ohserv{~, ù 1110n dernier voyage, tout IP long· 1Le la côte
atlantique, entrP Mog<t.doJ• pt .\gadir, dPs /-('l't~s tol'toniPnS à
0~/I'Crt Cl'flSsissima, 1flli SO!lt alltl)l'ÎI'UI'S llllX pJis tertiaires ile
l'Atlas. De plus, lllH' bande prc>s<rue eontinuP rl'm1 Plaisaneien,
hien earactf'risè par des fa unes de Pectinidés, horde la côte
depuis Tanger; j'ai pu le poursuine juscru'ù la plaine> du Sous.
On voit le> PliocènP infèric>ur s'élever depuis le niveau de la
mer; sur le flanc septentrional dP l'anticlinal du cap Rïr, puis
recounir jusqu'à Agadir dPs plateaux côtiers 1l'tmP altitude
moyenne de 200 mètrPs. Il semble hien qne ce terrain ait pris part
aux derniers mouvemcnts de la chaine ; ct ces plisscments du
Plaisancien sont enc•1rc visibles dans les hrachyanticlinaux qui,
dans la rl~gion littorale sur;..:·iss1'T!t 1lu Crétael\ tahulairP, eouune
au djehcl Hadid.
Le volcan trachytique et phonoliti<rue dont j'ai I'l~v,>lè l'cxis- .
tence au djchel Siroua, au sud du Haut-.\tlas, daterait approxi-
mativement de cette époque.
Il est utile de faire rcmar<fUI'l', Pll outre, qu'il sc trouve sur
l'arête de rebroussement des plissements hercyniens ct jalonne
ainsi, au même titre que le volcan pcrmic>n, cette zone faible
de l'écorce tPrrestre; mais on ne peut s'cmpêehcr aussi de
voir une relation e11tre la pr(~sence de ec volcan n('ogènc ct les
grandes fracturPs IJUi ont donn(• lieu ù. J'efl'olldrc>mcnt de la
région du Sous ct du Draa.
Il résulte de ee qui pr{~cède <rue J'Atlas marocain hien qu'of-
frant lcs analog·ips IJUC j'ai sig·nal1~cs plus haut avec les Pyré-
nées éogènes, s'pu sl~pare au point de vue de son âge pour se
rapprocher dPs "\lpcs de formation ll<~ogène: et que la sépara~
tion de 1'.\rehipc>l dPs Ca11arics du Continent africain sprait
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1\ECHEllCHES DE GÉOLOGIE ET DE Gt;OGl\Al'HIE PHYSII,!U~; ÏÜ.~

de date encore plus rècente, de la tin du Pliocène ou du d1\hut


du Quatrrnaire ..

CONSIDÉRATIONS OROGRAPHIQUES

De l'ètwlc IJUi prècèdc SP di•gng·ent quelques conclusions


intèressantcs sur l'orographie 1lc la ~orraiHle chaine.
Thomson a ôtè amené à distraire du Haut-Atlas la partie
située à l'ouest du col des Bihaoun, par suite de l'àg·e plus
récent, crétacé d'après lui, des terrains <[Ui s'y rencontrent rt
aussi de leur allure soi-disant rég·ulièrP : il r{•unit sous la déno-
mination de plateaux dPs Haha cPttl' partiP du Jlar·oc. ll admet
ainsi que l'Atlas n'arrive pas jusqu'à la cote, IJUÏl s'arrête aux
hauteurs des Ida ou l\laluuoud l't se _h·om·e sépar{• de la mer par
une série de plateaux secondaires.
Il a été suivi <lans sa conception par les voyageurs qui lui out
succéd!~ et Paul Schnell, dans son admira ble syuthC:1se sur
r Atlas nw L'Ocain' a ua tm·cllemcnt aeeq>t.~ 1'interprétation de 1'il-
lustre explorateur ang·lais, iutPrprétation hasée sur de préten-
dus faits g·éologiques. Brives a {·gal<•nwJtt adrnis, après ses
premiers voya1-œs, que l'Atlas Pst Stlpar<~ <le la mer pat· une zone
qu'il désigne sous le nom <le plateaux occidentaux.
« D'une manière générale, <lit-il, la r<~g·ion se pr{·sente sous
(( fornw d'mw succession de plateaux plus ou moins importants,
(( éta!-i·{~s les uns au-dessus des autres et s'élevant jus<Ju'i\ l'alti-
(( tude de 2.000 mètres. Dans toutes ces terrasses successives, les
(( couches se présentent pt•estjUe horizoutales (1 ). "
J'ai montré immtl<liatemeut après comment il est impossible
d'arrètcr l'Atlas à 80 kilomètres de la côte : la n(Jeessité de le
prolonger juS<Ju'àl'Atlantique r(Jsultant de la continuité des plis
alpins de la chaine. Je citais dès cette ôpo<rue les plis du cap
Tafetneh, <lu cap R'ir et d'Ag·adir n Ir'ir (2) et j'ai insisté sm ce
fait dans plusieurs de mes mhnoires.

(1) .\. Bt·ives. Les terrains crtltacis dans le JI arue occidental (B. S. Géol.
de Ft·. (4.") r, 1905, p. 82.
(2) Ann. (iéogr. nO 80. xve (t90U), p. 142-t.t!.
7()1} AU COEUR DE L'.HJ,AS

Malgré eela mon eonfrèrP d'Al~-;·f'r, sans apporter de nou-


vcHux docunwnts, étant donnt~ CJUÏI n'a plus visitt) depuis l'extré-
mité occidental!' cie la dwiiH', admet cette fois, clans uu volu-
mineux ouvragP sur· ses ,·oyaë·cs au 'faroe, l'existence des plis
alpins que~ j'ai sigualc'·s; mais ilmaintiPnt la thi~se ancienne de
J. Thomson.
L'étude tectonique, rapidement PSCJilÏssc'~e plus haut, montre
assez clairement c1uïl faut renoncer à l'interprc'·tation de l'ex-
plm·ateur anglais dont l'errt>ur re'~ suite de cette circonstancP qu'il
n'a pas recoupé l'extrémité de ]a chaine, puisc1u'il convient de
la limiter de ce cote'~ aux deux anticlinaux elu cap llïr et d'Aga-
dir n l'rir, Il est clf'nieur(~ dans la rc'·g·ion crétacée qui appartient
encore à la région d'architecture tabulaire du versant nord
effondré ct qui se rdè,·e seulement clans les Ilaha et les Ida ou
Bouzia vers l'axe de la chaiiH'.
Bien plus, l'ennoyage des plis elu cap Irir et· ci'Ag·adir, sous
le chenal qui sépare la côte sud-marocaine des iles Canaries,
montre la continuité df' ces plissements alpins qui doivent se
retrouver au delii de l'archipel eanarien, dans les iles du cap
Vert et le groupP des Antilles avant d'aller rejoindr·e par l'Amé-
rique du Nord, par l'Himalaya ct le Caucase, la chaine des
Alpes en Europe.
Mes plus récentes ohsenations confirment donc de fac;on déci- ·
sive ma première idée que le Haut-Atlas descend jusqu'à la
cote atlantique. Et il faut re\·Pnir à l'idée des g-éographeS
anciens, qui croyaient que l'Atlas aboutit au crzp R'ir. Cette idée
n'était appuyée sur aucun fait scientifique, die semhlait résul-
ter des apparences orographiques qui n'ont pasmanquc) de frap-
per les voyageurs anciens qui ont pa reouru la r·èg·ioll comprise
entre Mogador et le Sous, plus récemmPttl le lic>tltenant de
vaisseau 'V ..\rlett ( 1 ), ct mes ohservations g·èologicJues sem-
blent bien devoir la consacrer d'une façon définitive.
L'âge rc'~eent, probablement quaternaire, du chenal <JUi sépnre
la côte africaine des iles Canaries peut reinPttre en <fuestion

( 1) Description de la r:ôte d'Afrique depuis le cap Spartel jusqu'au cap


Boyador. (B. S. fiéogt·. Paris, VII, no 37, jam. 11{37, p t2-1-8).
l'histoire ùe l'A tlantis, de cette vaste te ne dont parle Platon
et qui aurait èté eng1outiP sous l'or«~an <lix mille :ms avant notre
ère, après avoir envoyé dans l'ancien eontirwnt l'invasion des
Atlantes, <l'où seraient issus l«>s JWemiPrs peuples d'Europe.
Si, contrairement ù l'opinion des philosophes qui ont com-
menté l'œuvrP de Platon ct à cellf' exprimée par de Humboldt
dans ,, Cosmos))' l'histoire de L\tlantis et<lcs Atlantes n'est pas
un mythe, c'est à la g·éologi«> <tuïl faudra s'adresser pour jeter
quel<{UP lumièrP sui' cette intàf'ssante <fuestimL
J'ai en pfl'et constaté sm· les cùtes sud-maroeaines, Pntre l\loga- .
dor ct Agadir, les d<~ bris d 'anciemws plng·es, soulevées à des hau-
teurs variables ('ntre 0 Pt 100 mèt1·es, <fUi doivent avoir leur cor-
respondant dans l'archipel espagnol. Il semble que leur étude
minutieuse, en permettant de les synchroniser et de préciser les
derniers mouvements de la chaine ainsi que la marche de l'en-
noyage de ses plis, poul'l'ait apporter quel~ue notion précise sur
l'àge de l'<>flondrt>ment du chenal. Cette étude pourrait montrer .
également si, suivaut la thèse de l'Atlantis, le groupe insulaire
des Canaries Il 'a pas appart!'l\U à Ulle ile beaucoup plus etendue
qui aurait tlt<\ morcelée par un ou plusieurs efl'owlrcments.
Le vicomte de Foucauld, en franchissant le col du Glaoui, a
été frappé de l'altitude relatin~m~nt faible de ce passage (envi-
ron 2.600 mètres) et a considéré le Tizi n Telouet eomme un
point orographique remarquahle correspondant à un abaisse-
ment considérable <le la chaine ( 1).
L'importance de ce passage n'avait d'ailleurs pas échappé
aux anciens voyageurs. La carte catalane du xv" siècle et d'au-
tres cartes indi<tuaient schématiquement l'Atlas avec une brè-
che désignée sous le nom de « Porte de Dera ))' qui permettait
aux marchands de la côte de communiquer avec le « pays des
nègres )). L'l1tude attentive des documents laissés par les géo-
graphes al'abes, notamment pal' Léon l'Africain, montre que
cette << Porte de Dera )) n'est' pas autre chose que le col de
Telouet qui s'ouvre sur le << pays du Draa» (2).

(i) Reconnai.çsance au Jfaroc, 1883-8'1, Atlas (Paris, -1888), feuille 7.


(:!) Louis Gentil, Le Jlaroc et .~e.s richesses naturelles, Conférence à la
iociété de Géographie La (itfograpkie, 1910, p. 305.
768 AU CŒUR DE L 'ATJ,AS

Peu de temps après le voyag'(' du vicomte de Foucauld


Thomson eut la même impression mais il ajouta au rille oro-
!JI'ap!tique du Tizi n Telouet une grande importauce yéoynosti-
que et il admit <{Ue très près de là, à l'est du col, se trouve la ,
limite de deux parties du Haut-Atlas qui diffèrent par leur âge
géologique et leur structure. Il fut aussi amené à distinguer
l'aile occidentale ancienne, de l'aile orientale récente.
A l'époque des explorations de Thomson la partie orientale
de la chaine n'avait jamais été traversée, elle avait été en quel-
. que sorte contournée au Tizi n Telr'emt par Hohlfs et par de
Foucauld ; ce n'est que plus tard <JUe le marquis de Segonzac
put atteindre l'Ari Aïachi et, en 190i) traverser la chaine, dans
la même région, au col de Tounfit.
Aussi un intérêt considérable s'attachait-il à la traversée' dn
Haut-Atlas, à l'est et aussi loin que possible du col du Glaoui,
entre ce passage et Ï'Ari Aïachi. C'est pourquoi j'ai entrepris
de recouper la chaine entre Demnat et la plaine de Haskoura.
L'étude stratigraphique et tectonique qui précède démontre
amplement qu'il faut renoncer à la conception de Thomson. Il
n'y a pas de raison d'admettre l'existence d'une aile orientale
récente puisque j'ai montré que les terrains paléozoïques affleu-
raient partout oit les anticlinaux <l'ùges tertiaires, à flancs juras-
siques, étaient <'~ventrés.
Comment concilier l'idée de cet explorateur avec la présence,
dans cette partiA prétendue récente de l'Atlas, de montagnes
pouvant atteindre 4.000 mètres comme le djebel Anr'mer dont
le socle est carbonifère et le sommet formé de roches volca-
niques permiennes '?
J'ai déjà appelé, dès l'année 1906, l'attention sur ces faits (1)
et montré que la seule différence de structure géologique dans
les deux parties de .l'Atla& distinguées par Thomson consiste
dans l'absenee du Jurassique ~ans ce qu'il appelle l'aile occi-
dentale et le rôle~ important dé ces dépôts secondaires dans
l'aile orientale. Aussi peut-on être surpris de voir· M. Brives

(f) Ann. de Géo,qrapltie, no 80, XVe, l!'.i mars f906, p. f48 .


..~
- '· RECHERCHES DE GÉOLOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE 769

maintenir encore récemment (1) l'idée de l'explorateur ang-lais,


d'autant que mon confrère d'Alger n'a pas dépassé dans l'est
le col de Telouct. Comment peut-il donc exprimer une opinion
à ce sujet ? Il en est de cette question comme de celle de la ter-
minaison occidentale du Haut-Atlas que mon confrère a recoupé
beaucoup trop près de la cote pour donner, ainsi qu'il a cru
devoir le faire, un avis sur un problème dont la solution sc
trouvait bien au delà, dans la région des sources de l'asif
Tamerakht.

Un fait semble résulter clairement de la description géologi-


que du Haut-Atlas marocain : la gTande chaine est symétrique
de part et d'autre de ce que j'ai appelé le « massif central du
Haut-ktlas ».
Si, en partant du centre de ce massif, des sommets élevés du
djebel Likoumt, on se déplace vers l'ouest ou vers l'est on cons-
tate la descente des plis tertiaires, tracés dans le Jurassique,
d'un côté comme de l'autre. L'abaisse~ent d'axe de ces plis est
seulement plus accentué dans l'ouest, par suite de l'ennoyage
sous l'océan Atlantique de ceux du cap R'ir et d'Agadir n lr'ir
qui forment, de ce côté, le prolongement de la haute chaine.
Du « massif central du Haut-Atlas » se détache, dans la
région du djebel Siroua, par une virgation des plis anciens,
une branche qui, se dirigeant vers le sud-ouest semble devoir
donner naissance à une chaine qui ne serait autre que celle
désignée sous le nom d'Anti-Atlas.
Il est impossible de donner à ce inot une signification géolo-
gique, pas plus que les mots d' Anti-Liban, d'Anti- Taurus et
d'Anti-Caucase, ne peuvent impliquer une définition tectonique.
Le nom d'Anti-Atlas a été donné par Hooker à la chaine basse
qu'il a aperçue d'un sommet du Haut-Atlas et qui lui a paru
limiter au sud la plaine du Sous. Cet e~plorateù.r considérait
que l'Anti-Atlas opère sa jonction avec lè Haut-Atlas du djebel
Siroua et ce n'est que plus tard que Chavanne incorporait à la
chatn!'l, ainsi définie par Hooker, le djebel Sar'ro. ,

(IJ .\. Bri\·es, VuyatJes au .Jfaruc. Alget·, 1009, p. 56:J-atiti.


1
7'10 AtJ CŒUR DE L ATLAS

Je n'ai pas encore eu la bonne fortune de parcourir l'Anti·


Atlas mais je l'ai vu, presque touché du Sous, du Siroua et de
la plaine de Haskoura. Il m'a semblé que la chaine qui se
détachait du Haut-Atlas par une virgation des plis anciens
de la région de Tifnout et des Aït Tameldou, allait s'épanouir
vers la mer dàns le pays des Tekna et au Tazeroualt, entre
l' ouad Sous et l'ou ad Draa. Mais ailleurs, notamment dans la
haute vallée du Draa, dans les plaines de Haskoura et de
Tikirt, je n'ai vu partout qu'un régime tabulaire du Crétacé
résultant, ainsi que je l'ai dit plus haut, de l'effondrement du
versant méridional du Haut-Atlas.
Ces plaines offrent des gour de même que le Haouz de Mar·
rakech. Et je ne serais pas surpris que le djebel Sar'ro que j'ai
vu d'assez loin, d'environ 50 kilomètres, se· présente non
comme une chaîne, mais comme un plateau, prolongement de
ce pays d'architecture tabulaire, tandis que l'Anti-Atlas serait,
en tant que chaîne, limité entre le djebel Siroua et la côte
atlantique, en comprenant le djebel Fidoust de de Foucauld.

.•
LISTE DES PUBLICATIONS DE M. LOUIS GENTIL .

relatives aux régions parcourues paf la Mle~iop de Segonzac


e~ t 904-1905

1. Exploration scientifique du 1\laroc. Lettre à M. Giard. A. F. A. G.


1905.
2. Les reconnaissances de M. Gentil (Mission de Segonzac). B. Com.
A(r. (ranç. t905, p. t9,-t98.
3. Résumé succinct du récit de 110n voyage au djebel Siroua (Maroc).
C. R. somm. séances S. G. F., séance du 6 juin t905 (4e), V,
p. 9;j.97.
4. Sur l'existence de schistes à graptolitbe& dans le Haut-Atlas maro-
cain. C. R. Ac. Sc. Séance du 19 juin 1905.
5. Sur l'existence d'un remarquable gisement pliocè~e à Tétouan
(Maroc) (en collah. avec A. Boistelj. C. R. Ac. Sc. séance du
26 juin 1905.
6. Conférence sur ses voyages, Rouen, Bull. France Ooton., t905.
7. Sur le Jurassique du Maroc occidental. A. F. A. S. Congrès de Cher,
bourg, t905 (en collab. avec Paul Lemoine) (XXXIV, p. 331-340,
pl. IV-V).
8. Conférence 11ur le Maroc faite au Congrès de Cherbourg en sept.
1905, Bull. A. F. A. 8., t906.
9. Observations à la communication de MM. Brives et Braly &ur C. R.
somm. séance S. G. F. séance du 28 févr. t906( 46 ), VI, p. 758-759.
tO. Mission de Segonzac. Dans le Bled es Siba, Explorations au Maroc.
1 vol. in-4, XV+ 340 p., 223 fig., texte. Paris, Masson, édit.
1906.
tt. Contribution à la Géologie et à la Géographie physique du Maroc.
Ann. Géogr. XV, no 80, 1906, p. t33-t51. Pl. IV-V.
12. L'arganier ou l'arbre du Sous (Maroc). La Nature, févr. t906.
13. Découverte de deux niveaux crétacés remarquables au )laroc (en
• collah. avec W. Kilian). C. R. Ao. Sc., Méance du 5 JDars 1906,
772 AU CŒUR m; L'ATLAS

14. Notice sur la carte géologique du Haut-Atlas occidental (Maroc).


Ann. Géogr. 15janv. 1907, n" 85, XVI, p. 70-77. Pl. Il.
t 5. Sur les terrains crétacl'S de l'A tl as occidental marocain (en colla b.
avec W. Kilian). C. R. Ac. Sc. séance du 7 janv. 1907.
16. Sur l'Aptieu, le Gault et le Cénomanien et sur les caractères géné-
raux du Crétacé inférieur et moyen de l'Atlas occidental marocain
(C. R. Ac. Sc. séance du t4 janv. 1907, en collab. avec W. Kilian).
17. Construction à l'échelle de 1f50.000c d'itinéraires levés en t 905 dans
le Haut-Atlas marocain. Proc. verb., Comm. l'opogr. C. A. F.,
séance du 8 janv. 1908, p. 3.
18. Sur des gisements pliocènes de la cùteoccidentale dul\Iaroc (en col-
lab. avec A. Boiste!). C. R. somm. séancesS. G. F., séancedu
20 janvier1908 (4•), VIII, p. 9.
19. Surie volcan du Siroua(Anti-Atlas marocain). C. R. Ac. Sc. séance
du 27 janvier t 908.
20. Constitution géologique du djebel Siroua (Anti-Atlas marocain). C.
R. somm. séances S. G. F., séance du 3 fév. 1908 (4e), VIII,
p. 19-20.
21. Itinéraires dans le Haut-Atlas marocain. La Géographie, XVII, n• 3,
15 mars f908, p. 177-200. Fig. 44-56. PI. II (carte en couleurs
en deux feuilles) .
22. Sur la formation du détroit de Gibraltar. C. R. Ac. Sc. séance du
t3 mai 190!J.
23. Contribution à l'étude du détroit de Gibraltar. C. R. sormn. séan-
ces S. G. F. séance du 3 mai t 909 (4r), IX, p. 55-56.
24. Une leçon de géographie physiquesurleMaroc(leçon faite à la Faculté
des Sciences de l'Universit.é de Paris en avril 1909). Revue ann.
Géographie, 1909.
25. A propos du travail de 1\1. René de Flotte de Roquevaire : « Cinq mois
de triangulation aul\Iaroc ». Proc. verb., Comm. 1'opogr. C.A. F.,
séance du 21 mai 1909, p. 20-23.
26. Mission L. Gentil au Maroc. Deuxième rapport sommaire. La Géogra-
phie, XXV, n° 2, 15 fév. t9t0, p. 121-125.
27. Contribution à l'étude tectonique du Haut-Atlas marocain. (. 11.
somm. S. G. F. séance 21 fév. t9t0(4e) X, p. 26-27.
28. Observations à la suite de la communication de l\UI. J. Cottreau et
Paul Lemoine, sur la présence du Cénomanien aux Canarie&.
C. R. somm. séances S. G. F., séance du 21 février t 910 vi•)
x, p. 32.
29. Principaux résultats d'une récente mission au 1\laroc (été-automna
RECHERCHES DE G~OLOl>H: ET IH: ta::OGRAPHIE PHHIQH 773

1909). C. R. somm. séances S.G.F., séance du 7 mars 1910 (4e)


x, p.il8-40.
ao. Résultats géographiques d'une mission, en 1909, au Maroc. Proc.
verh. Comm. Topogr. C.A. F., séancedu t6mars19t0,p.15-t7.
Le l\laroc et ses richesses naturelles La Géographie, mai 1910. XXI.
p. 301-320, fig. 52-63. .
32. Les mouvements orogéniques anèiens dans le Haut-Atlas marocain.
C. R. Ac. Sc., séance du tj mai 1910.
33. Les mouvements tertiaires dans le ,Haut-Atlas marocain. C. R. Ac.
Sc., séance du 23 mai i9t0.
34. Contribution à l'étude tectonique du Haut-Atlas marocain. C. R.
somm. séances S. G. F., séance du 21 fév. 1910, p. 20-27.
35. Sur la présence du Priabonien dans le Nord du 1\laroc (en collab.
avec Jean Boussac). C. R. somm. séances S. G. F., séance du
23 mai 1910, p. 88-89.
36. Sur la structure du Haut-Atlas marocain. C. R. somm. séances
S. G. F., séance du 23 mai t 910, p. 90-92
37. Nouveaux itinéraires dans le Haut-Atlas marocain. C. R. somm.
séances S. G. F .. séance du 6 juin 1910.
38. Présentation de ses itinéraires entre Safi et Agadir levés en nov.-déc.
1

i909, Proc. verh., Comm. Topogr. C. A. fl., séance du 9 juin


1910.
39. A propos d'un récent article de M. René de Flotte de Roquevaire (Die
Kartographie von Marokko) paru daas les Petermann's Mitteil-
lun,qen. Proc. verh. Comm. Topogr. C. A. F., séance du 9 juin
19t0.

.. . ;

• .. •


...
.,

••


INDEX GEOGRAPHIQUE (1)

&. Ahançal (voir Zaouia).


Abda, 25-1, 397, 4U, 452-462. 29, 83, 25l, !62, 266, 270.
Achich, 86. Ahl (Ahel) Bezou (Bzou), 480, 488,
Adamna (El-), 680. 504.
Adnan, f2t, {23. Harth, 426.
Adouz, 532. el-Ghaba, 479, 4.80.
Adrar, 62{, 624. Imi n'Tanout, 248.
Adrar Ali, 70. Irri, 24.8.
Souttouf, 62t . el-Oued, 480, 482.
Aferda, 48, 53, 67, 680. Sahel, 600, 60t, 603.
Afraoun, 27, 28. Ahmar, 9, 452, 453, 463-~7.
Agadir (A. El-Fersi), 680. Aïn (El-) (Rhala), 5!4.
(Anzour), UO, Ut. Chair, 40.
n'Sfiha, i9l. El-Hadjar, 680.
(Sous), i70, 246, 248, 4H, Aït Abd Allah, 600, 607.
4f2. Abdi, 39, 46, 47, 55, 56, 57, 25t,
Aglou, 247. 263, 496.
Agmour, H9, f20, 680. Aglou, 594; 595, 596.
Agoudir, 76. Ahmed, 6H, 6t4, 6t7.
Agoulmin (voir Goulimin). Aïci, 399, 400.
Aguerd, H8. Aïssa, 59, 60.
(Ounzin), {89. Arssa Ou Brahim, 83, i07.
n'Ouaoudhou, 46. Ajadan, 53o.

(1.) Cette énumération ne contient que les noms ottés dans le Journal de route
(p. 3 à 230), les Renseignements (p. 2•3 à 276, et 397 à 685) et le Résultat des
observations astronomiques (p. 680). Les noms des tribus et fractions de tribus
sont seuls indiqués. Les sous-fractions ne sont pas mentionnées.

Les noms propres ont été transcrits phonétiquement, d'après les indications
des informateurs. Beaucoup de noms nous ont été donnés avec des variantes,
sans qu'il nous soit pos~ible - tant il est délicat d'interroger les Marocains - de
préciser la prononciation exacte. Le présent Index relate ces différentes versions
que nous avons acceptées sans interprétation. ·
Pour les noms consacrés par l'usage nous avons conservé l'orthographe usuelle,
de même nous avons écrit selon les conventions )labituelles les noms qui nous
ont été donnés par écrit ; ils sont une infime minorité, et nous tenons à nous
?xcuser vis-à-vis des arabisants et des berbérisants pour toutes les fautes que notr&
· Jnsuffi sante connaissance des langues Arabe et Tamazirt ~ous a fait commettre.
776 INOKX ca;or.T\.H'HIQUE

.\ïl Ali on :\legltrad. 27. '\ Aït Had•lidou (lldiddou). 39, !i9, 71,
Ali on .\rohemd. :H, 37. 72, 75, 251' 270, 630.
Ali ou Ousson, 79. llamrd, 139, 149.
Alouan, 108. Hamid (IIernid), 162, 167, t79,
Amer (Chtouka), 566, 576, 577. 530, 559-562.
Amer (Haha), 399, 405. Hassan, !}04.
Amer (ZenRga), 191, 197. Hassin (Hessin), 611,613.
Amer ou Gahi;490. Hattab, 70, 680.
Amer ou Mançour, 490. Houdi, 498.
Amira, 527, 566, 573, 574. lahia ou Ottman, 49L
Amr, 526. Iassin (voir A. Yassin).
Assan, 81. Iazza (A. Atta), 492.
Atab (Sraghna et A. Atta), 480, Iazza (lzza) (A. Ba Amran), 527,
488, 489, 500, 501' 502. 600, 606, 607.
Atta (Haut-Atlas), 30, 32, 33, 71, Iazza (Chtouka), 566, 574, 575.
251, 263, 270, 272, 273, 499, Içha, 28, 3~-38, 251, 502, 503.
500. Içhaq, 53, 58, 251, 635.
Atta (Sahara), 57, 83, 84, 87, 88, Ichcheqqeren (Chaqran), 53, 55,
89, 94. &5, 106, !07, H7, t64, 58,251, 26:!, 271.274,497.
253, 261,492-496. Ichchou, 627, 629.
Ayat, 480, 488. Ifri, 53L
Ayyoub, 490. . Iggas, 543.
Ba Amran (Bou Amranl, 247, Ihand. (Ihernd), 53, 58, 60-63,
600,610. 251.
Baha (Chtouka), 566, 569, 581, lhoudi, 58, 251.
582. lhrir, 499.
Baha (Ida ou Ltit), 590, 591. Ikhfelt (Tikhlift), 27, 502, 680.
Bekkou, 527, 566, 577, 578. Ikhlet, 527.
Bella, 6H, 614. Ilougan, 566, 580
B'ker, 248. Irnejjat (Mejjat), 520, 6H, 6{3.
Blal, 22. Immour, 249, 520.
Bou .\.chra, 618. Iouaridhen, 504.
Bou Amran (voir Ba Amran). louça, 264.
Bou Bker, 527, 600, 603, 604. Ioussi, 63.
Bou Izzem, 76. lafoul, 492.
Bou Leffàa, 527, 566, 578, 579. Issa, 56.
Boulman, 42, 680. Issa bou Izzem, 490.
Bon Ouli, 24. 250. Issimour, 601, 608, 609.
Bon Taïeb, 566, 578. Issoummour, 35.
Bou Zid, 27, 30, 31, 33, 34, 2t!O, Izdeg, 7t, 72, 73, 75, ':!5L
251, 272. Jemel (ljmel), 611, 6t3.
Brahim (A. Meghrad), 491. Jerrar (voir A. Djerar).
Brahim (Sous), 527. Keroul, 23.
Cheddekh, 248. Kleft, t39,
Chitachen, 504. 506. Lahcen (EI-Hacen), 6tt, 613.
Djerar (Jerra1·), 5~7, 598, 599. Machten, 22.
Fademt, 511. Meghrad (Merrad), 71, 73, 7.&,
ei-FPrsi, 84, 680. 82. 83,105,251,490.
INDEX G};OGRAPHIQUE 777
Aït ){(']]oui, 562. Aït ZOUIJqOIIl' 511.
~lessat, 25, 27, 28. &'J, 480, 488. Ajmou, 88.
501-503, 505. Alaka (El-), 468, 470.
Messaoud, 6H. 6f7. Alassen, 522, 523.
Mhamd, 76, 490. Aleghiat (Abel Ghiat), 455, 458, 459.
~lhanù, 502, 503. Alehcin (Ahel Hecin), 455, 459.
Milek (~lilk), 527, 566, 579. 580. Ameskout, 248.
Moussa, 567, 582. Amizmiz (Amzmiz), 249.
Moussa on Ali, 6:1.1, 613. Amjri, 11.4.
Moussa ou Daowl, 499. Ammar, 85, 86.
Moussakna, 527, 60t. 608. Amougger, 71.
~loussi, 474, 475. Amsecl, 76.
Nebghi (Ou-), 492. Amzrou, 106, 107.
Nefç (En-), 505, 628. Anakir (El-), 468, 471.
Omras, 504. Anari, 190.
Ouadigh, 399, 400. Anti-Atlas, 77, 89, 91, 95,.106, H3,
Ou Aferd, 48. 117, HS, H9, 120, 122, 133, 166,
Ouafka, 589, 590. 169, 188, 189. 204, 249, 250, 259.
Ouahlem, 492 .. Anzour, t24, 138, U0-18-1, t~, 193,
Ouallal, 492, 500. 204, 254, 633.
Ouamoumen, 529. Aoulouz, 249, 518.
Ouaoudanous, 22. Aqout, 88.
Ou Azzoun, 4f0. Aqqa, 90, 163.
Oued Rinn, 527. lguiren, 122, t28, 130.
Ougli, 499. Iren, 120, !45, 680.
Ou Goudld, 502. 503. mta Tonronst, 88.
Ouidir, 55. n'Ouaouna n'fmirler, 74.
Ouirra, 58, 251, 498. Arareha (El-), 479, 481.
Ou Mribet, 16~. Arbala (voir Zaouia).
Ounir, 492, 500. Arbalou (port), 24-7.
Ouzanif, 197. (Mesfioua), 207.
Saïd ou lehon, 37. Tazrout, 25.
Semmeg, 194, 249, n48-550. Ardouz, 67.
Seri (Sri), 39, 63, 58, 25t. A1·gana, 248.
Sid ou Ali, 491. A1·ghen, 547.
Soukhman. 37, 38, 39, 52, 56. Ari (voir Djebel).
251,262,270. 27~. 498.499. Arib Oulad Raho, 474, 475.
Tacldart, 81, 630-631. Arlaoudrar, 107.
Tagnella, 25, 5C2, 504. 505. Arraracl, 77.
Tameldou, 528, a29. Arzarir, 623.
Tferkel, 502, 50:1. Arzen n'Aonggag, 47.
Tlil, 472, 473. Asamer n'Herman, 70.
Yahia, 59, 60,63-67,95, -107.251. :\sfi (voii· Safi).
262. Asrir (0. Dra), 107.
Yassin (lassin). !Hf, 614. ti17. - (0. Reris), 82.
Youb, 601, 609, 6to. - (Zouafit), 527.
Zn il (Tiznit), 59L 592. ,')93. Assa'assa (El-), -132.
Zoulit, ;,.u. .\ssaka (0 ..\zi!"nrnH•rzi). -I!J7.
778 INDEX GÉOGRAPHIQUE

Assaka (Qçar), 134, 135, 138, 139, Chenguitti (Chenguit), H6, 255, 620-
144, 613. 623.
Assif (voir Oued). Cherarda, 511, 512.
Ataf, 107. Chiadma, 7, 9, 397, 413-433.
Atamna, 480, 485, 504. (Doukkala), 438, 439, 444,
Atsaoudedd!t, 491. 451, 452, 453.
Azarar Imi n'Tafen, n5. Chtouka (Doukkala), 4:18, 439, 443,
Azarara, 399. 527.
Azdeif, tU, 158, 159, 190, 191, {95, Chtouka (Sous), 566-582.
196, 633.
Azerzour, 6f , 62. D
Azouafit (voir Zouafit).
Dadès (voir Oued).
D Dadès (A. Atta), 495.
Bab Armat, 13. Dahra, 63.
Ba Houddou, 85. Dar Salam, 621.
Barda, 17. Demnat, 16, t8-24, 27. 38, 202, 249,
Béchar, 252. 250, 504, 505, 637, 680.
Behirat, 454, 459. Demsira, 524.
Bekhati, 454, 46{. Derarga, 267.
Ben Dlala, 496. Der hala, 454, 457.
- Ikhlef, 438, 439, 445. Dir (Menabha), 539.
Beni Amer, 480, 483. - (Ed-), 497.
Hellal, 438, 439. 446. Djebala, 80, 264. ,.
Medassen, 438, 439. 446. Djebbala (Sraghna), 480, 487.
Mguild. 45, 58, 62, 63,, 64. Djebel Abbadin, 36.
Ouararn, 63, 120. Aberdouz (Ari), 69, 70, 7f.
Sir Ciris, 438, 439, .U9. Adrar n'Deren, 29.
Zeroual, 80. Aggoni (Ari), 67.
Biahsa (El-), 463. Aguinan, 189, 190. .
Bibaoun, 248. Aïachi (Ari Aïach), 58, 62, 63,
Bou Berih, 80. 67, 70, 258.
- Denib, 252. Art Bou Ouli, 24.
- el-Djab (Bou 1-Jad), 256. Ait Izdeg, 71.
Guerfa, 527. Anremer, 24.
Halifa, 124. Antar, 530.
Haoula. 480, 485. Aqdar (Ari), 70.
Tizen, 122. Arguioun, 71.
Bosra, 438, 439, 450. Bani, 89, 109, 117, H9, 122,
Brabich, 468. 189, 191, 204.
Bou Guemmez, 29, 58.

"
Çarro (voir Djebel).
Bou lblan, 63.
Bou Ourioul, 24.
- (A. Atta), 493. Bou Zeroual, 88, 98.
Casablanca, 256. Çarro, 62, 77, 84, 85, 88, f99,
Chaouïa, 16, 452. 204.
Chechaoua (Chirhaoua), tf, 453. Haran (Ari), 1':18.
Chehali, W, 460~ Iguigui, 139.
INDEX GÉOGRAPHIQUE 779
Djebel Ioukhnein, 27, 37, 45. Fès (Fez), 13, 55, 205.
Irguel (Ari), 7:1. I<'etnassa (Doukkala), 440, 447.
Khla (Ari el-), 76. 0 (Sraghna), 480, 486.
Maasker, 62, 67, 70. Fetouaka, 504, 506 0

Maouas, i20. Figuig, 107.


Mesfioua, 207. Foum el-Jema, 504.
Mqrour, 29, 83, 1980 - Zguid, 109, H 7.
Ouarirth, 63. FraHa, 484.
Oujjit, 58, 59 0
Frouga, 520.
Oulad Yahia, 89. Fzou, 494.
Ri cha, 89, i07, i09, H 7. G
Sgat, 37.
Sidi Ali Ben Mou ca, 87. Gaouz, 800
Siroua, fU, 160, 191, 194, Ghenadra, 438, 439, 445.
195, 253, 528. Gherbia, 438, 439, 444 0
Tadrarth, 88, 89, 9R, 108. Ghezetf, !J04, 506.
Tafellent (Ari Taferrent), 69, Glaoui, f6, 17, 18, 24, fU, t26, t66,
7L 167, f69, i73, ·176, i77, 180, f83,
Taguendart, 36 0
185, f91. 194, 195. f98-20t, 249,
Tarmzour, H9, f94. 496-509.
Tinguert (Tingarta), 45, 46. Gouanem (El-), 468, 471.
Toudma, 89, 98, 107, i08. Goulimin (Agoulminj, 90, 106, 192,
- Toujjit, 45, 52, 58, !J9. 247, 612, 613, 615.
Djebilet, H, 16. Goundafi, 9, 126, 150, 194, 249, 514-
Djehouch, 453, 454, 456 0
521.
Djeramna, 454, 4590 Grinat (El-Guerinat), 47ol, 47!J.
Djorf, 550. Groun (El-), 474, 4750
Dodro, 139. Guechtoula, 7.
Douggana, f5o Guedmioua, 5f8.
Doui Blal, 120, 126, 164, 51 t. Gueldaman, 265.
Menia, 254. Guermid, 8L
Douiran, 519. Guettioua, 24, 25, 502, 504, 506, 628.
Doukkala, 438-453. Guezoula, 526.
Dra (voir Oued). H
- (près Merrakech), 18.
- (Chiadma), 427-429. Haçaïa (El-Haçayya), 86, 87, 495.
Dzouz, 484. Hadeb, 77, 82.
E Haha, 6, 7, 246, 248, 397-407, 414,
453.
Entifa (Hentifa, Ntafa, Intifen), 18,
Haïaïna, 438, .139, 441.
24, 25, 26, 27, 480, 487, !)02-505,
Hajaj (El-Hadjadj), .136.
628.
Halafat (El-), 479, 480 0
F Hamadna, 480, 486 0
Ferjan, 463, 465. Hanchan, .130.
Feija1 88, 102, 107, 108, 109, H8, Haouara, 248, 544-547 0

H9, 120, i22, 145, 147, 163, 250. llaougga, 526.


Ferkla, 55, !J7, 62, 71, 77, 80, 81, 83, Harakta, 438, 439, Ut 0
9t, 199, 204, Hassi n'Sefra (n'SFer), 680.
780 INDEX GtOGRAPHIQUE

Haut-Atlas, 9, 18, 24, 29, 46, 53, 58, Il a la (Ilalen), 556, 557.
59, 62, 63, 69, 70, 75, 88, fl4-, 172, Ilir, 120, 124. 133. 140.145, 246, 2!U.
185, 1~7. 191, 198, 24-f'), 250, 258, 680.
259. lmaonn lfraten, 124.
Hebban, 194. Imgrad, 399, 403.
Hedi! (voir Zaouia) lmider, 75.
Het·bil, 513. Imi n'Tanout, !48.
Hobban, 160. lmi n'l'lit, H7.
Hodh (El-), 6~1. Inguert, 29, 680.
Houz, 407, 453, 5H. lndonzal, 550, 551.
Houzia, 438, 439, 443. Intemlin, 522, 523.
Intifen (voir En tifa).
I lounzioun, 529, 530.
Ida on Baki!, 589. louriren, 107.
ou Bouzia (Chtouka), 566, 575, lreddioua, 124, 139, 166, 167.
576. lrels, 198.
ou Bouzia (Haha), 399, 406. Il'iRial.
ou Gord (Gnerd), 6, 39R, 399, Iril, 59.
401. Iril Habbari, 67, 70.
ou Gouaran, 566, 57·1, !i72, 573. Irrem Ironmin, 69.
ou Guelloul, 399, 402. Isseg, 527.
ou Guersmoukt, 587. 588, 589. Isserhin, 122.
on lçarn (lçaren), 398, 399, 401, Issignern; 119.
402. Izazen. 139
ou Kaïs, 533, 534.
on Kazzou, 399. 40·1.
on LtiL 533-!'i93.
Jzergan. 86.

.J ena dglw, 46H. 46fi.


.
ou Mahammerl, 566, 569. 570. Jnb,y, 621.
ou Mahmoud, t9R, 248.
ou Mennou, 248, 566, 570, 571.
ou Merzoug, 522, 523. Kabia, 117.
ou Mohammed, 248. Kabylie, 120.
Kebbab, 18.
ou Semlal, 267. 583-586.
ou Stan, 122. 1\eronel. ii06.
1\ellioua, 22.
ou Souggem, 600. 607. 608.
Khenabih (El-), 59-1.
ou Talill, 522, 523.
1\horhet Jrlirl, 81, 82, 8.'1.
ou Ta mm, 399, 408-410.
Khor·bet Khrlim. 81. 82. 83. 680.
ou Troumm11, 399, 403, 404.
Khrar·ba (El-), 168, 471.
ou Zal, 517.
Kourimat (El-Krimat), 7. 426.
ou Zemzem, 399, 407.
ou Ziki, 524. 525. Kt·armn, 463, -164,
Idjil, 621, 622.
Iferden, 28, 29. Lakhsas, ;')97, 59X.
••
lfran (Ofr·an). ti18·1il9. Lnrbia, 004.
Ifsfassen, 410. Loulad. 4M. 41'i6.
lgli (Menabha ). r53!l.
Iihib, 490. H
lkonnlor. 5fH. ~i81. ~fil.arlr>r (RI-), 613.
I~DEX GÉOGRAPHIQUE 781
Mader (El-), 267. Nelifa, 52:i.
Maïder (El-), 1:1, 87. Neknafa, 399, 400.
Mauritanie, 621-624. ~eqouh (En-), 495, 496.
Meda1·aa, 426. Njoum (En-), 433.
l\leddel'l'a \Medra1·a), 71, 80. Nouacer (voir Zaouia).
Medinet (El-), 189. :'<qiba, 109.
Medjat (voir A. hnejjal). Nsoula, 117.
Meggamen, 77. ~zalat el-Iondi, 12.
l\leharza (El-), 438, 439, 448.
1\Iehazil, 468, 470. 0
Meif'ran, 75. Ofran lvoü· lfran).
Mejmoua, 63, 680. Ouadan, 623.
Mekhalif (Chiadma), 434. Oualata, H6.
(Rehamna), 472, 473. Oualidia, 451 , 454, 462.
Meknès, 55. Ouuouizerl, 27, 31, :n.
1\lelouan, 491. Ouurzaz111, 200, 250.
l\Ieneizla (El-), ~48. Ouùaïa, 512.
Menabha, at3, 538-551. Oued el-Abiù, i8, ~7, 30, :l2, 33, 34,
Menacer (El·), 425. 36, 37, 39, 4:!, 44, 45, 5~, 5;), 58,
Merrakech, 5, 6, 8, H-18, 24, 46, 53, 6-1, 25f' 6:35.
55, 66, 78. 80, H3, H8, 167, 172, Oued Acellafen ( Assif), 71.
f94, 19l'j, 1\Jd, 200. 202, 204, 247, Achakchki, 531.
~2. 256, 62~. ti29, 680. Adnan, 123.
!llerran, 80. Agmour, H7.
Mesfioua, t5, ~07, 250, 509. Aguinan, 189.
Mesguina (!lleskina), 248, 276, 556. Ahançal, 27, 30, 251.
Meskala, 43L Ajmou, 87.
Mesti (Imestiten), 600, 605. Amhacer, 18.
Metran, 438, 439, 450. Assaderen, 129, 131,133,139.
Mguerba, 88, 90, 92, 680. Assemùil, 30.
Mhamid (El-), 496. .\zeggrouz (lzgrouzen), 5:!9.
Mharouq, tt~, 113, t 14, tt 5, 680. Azguemel"..:i, 118, 197.
Mlal, -i95. Dadès, 66, 77, 88, 1.39, 249,
Mogador, 5, il!, 66, 94, H3, 120,139, 270.
too, 162, 167, n~. 175, 176, 178, Dra, 11, 17, 51, 62, 66, 77, 78,
194, 248, 252, 398, 6i2, 6~1, 637, 88, 89, 91, 9~, 95, 97, 100,
680. 106, 107, 114, H6, 122, 133,
1\Iouissal, 454, 460. 139, 163, 164, i66, 249, 25.1,
Moyen•AUas, 9, 18, 2~, ~7, 4:!, 45, 46, 258, 259.
35,58,63, 258. . Oued Feija (n'), 107.
Mrimima (v oh· Zaouia). Ferkla (voir Ferkla).
Mtaga (.Mentaga), 162, 1u7, 168, 183, Haçaïa (El-), 86.
~49, 540, 541. Idikel, 529.
1\Itouga, 100, i48, U4, 453, 522-~dii. lgremsdalen, 531.
Mzouda, 518. lkis, 529.
Iounid, 200.
Naarm, 545. lriri, 199.
Narrat, 430. Islid, UO.
782 INDEX GÉOGRAPHIQUE

Oued Issemgaten, 117. Ouimiden, 491.


Izgucr, 5:10. Onlad Abd Allah (Mcnabha), 539.
Massa, U7. Abd Allah (Hcharnna), 468,
1\Iehazen, 117. 469.
:\lcllah (Mallch), 199, 200. Ahmed (Doukkala), 446.
Merrad, 200. Ahmed (Sraghna), 480, 483.
Mlouya (Assif Melouit), 18, 45, .\ïdda, 622.
46, 52, 56, 58-63, 251, 635. Aïssa (Chiadma), 424.
l\Isaf(Assit), 69, 70, 71. Aïssa (Uoukkala), 439, UO,
Msount, 529. 441.
Neffis, 11. Ali, 187.
Noun, 90, 106, 113, 121, Hl2, Allag, 540.
163, 164, 245, 247, 250, 5~7. Amaraa, 439, 440, 448.
6H, 619, 620, 623. Amer, 74.
Ouaz, 47. Amran, 436.
Ouirin, 52. Bcç-Çbaa (Bou-Çbaa), 7, 8, 9,
Oum er-Rebea, 17, 635. 249, 397, 414, 435--i37, 453.
Rdat, Hi, 16, 207. 622.
Rekhas, 11. Belaguid, 472.
He ris, 59, 62, 71, 76, 77, 80, Bella, 476, 477.
88, 91, 250, 251' 490, 491. Bou Aïssoun, 472, .473.
Rctcb, 77. Bou Ali, 480. . .
Saïad, 61:1. Bou Bekr (Doukkala), 439, UD,
Seqsed, 529. 451.
Sidi Mohammed ou Iaqoub, Bou Bket• (Rehamna), 477,478.
125. Bou Grin, 480, 482.
Sous, 139, 204, 249, 5'28. Bou Njima, 4:-!0.
Taaïnit, 25. Brahim (Ahmar), 463, 465.
Taçaout, 14, 16, 17, 22, ~4. Brahim ( 0. Beç-Çbaa), 436.
Tamarouft, t 18. Brahim (Rehamna), 468, ~70. '
Taria, 71, 73, 74, 76, 490, 491. Cherqui, 480, 48~.
Tazzarin, 87. Delim, 512, 523.
Tensift, 17, 407. Djaber, 439, 440, 447.
Thodra, 29, 53, 59, 62, 71, 83, Duïbo, 404, 430, 442.
84, 88, 199, 251. Oulad Ghalem, 439, 440, 44i.
Thoura (Assit), 67, 69. Ghazi (El-), 435.
Tifnout, 249, 1128-531. Ghennan, 468, 469.
Timelguin (Aasif), 69. Hadj (El-), 423.
Timguissint, H9. Hamed, 439, 440.
Tisint, 119. Hamid, 439, 440, 450.
Tizgui, 5!9. Hammadi, 1t.
'l'lit, 117, us, 425. Hammou, 479, 481.
Zagmousen,194,249,25t,528. Hellal, 112.
Zalim, -i39, 440, 443. lich, 463, 465.
Ziz, 59, 62, 69, 71, 77, 8t:i, 25t. Jellal, 1 ~o. 124, 129, 133, tsrJ, ·
Zguid, 109, :fH-H7, 147, 254. 141, 145, !46, 152, 164, {66,
Ouezzan, 40, 626, 627. 175, 179, 184, 187, 274.
Ouififfen, 42. Khellouf, 480, 487.
INDEX GÉOGRAPHIQUE 783

Ou!ad Kheilan (Rir·an), 62:2. Qfifat, 248.


Maachou, 463, 466. \..)sima, 248, 566, 567.
Mansour, 472, 473.
8
l\lbarek, 47 4, 476.
Meslem, 439, 440, 447. Rahala, 522, 523.
l\I'hammeù, 439, 440, 449. Rart, 88.
Mta, 520. Has Çtaff, 83.
Noumer, 594, ~95. Has el-Oued (Sous), 145, 172, 174,
Ouggad, 480, 485. 249.
Rahal, 439, 4W, 4~8. Ras el-Oued (Thodra), 83.
Rebia, 439, 440, 442. Has el-Oued (Zguid), 109.
Hehil, 1>40. H.cgraga, 413-433, 451.
Saïù (Ahmar), 46::1, 464. Hegneihat, 6'!!3.
Saïd (Doukkala), 439, 440, 444. Rehamna, U, 207, 468·478.
Saïd (Haouara), 544, 545. Heraïa (Gheghaïa), 508.
Salait, 439, HO, 451 . Reris (voir Oued).
Sbih, 479, 481. - (A. Atta), 493, 494.
Sbita, 439, 440, 4~4. Hetbat, 71.
Selman, 453, 456. Reteb (Er-), 494.
Si di Messaoud, 439, 440, 449. Rhala (Irhal), 533-~36.
Slarna, 468, ~7:L Riaïna, 463, 467 .
Tailla, 480, 485. Riahma, 463, 464.
Talah, 472. Riata (Ghiata), 56, 265.
Taleb (Doukkala), 439, 44-0, Richa (voir Djebel).
448. Hif, 13.
Taleb (Hehamna), 472, 474. Hous n' T!èt, 108.
Yaqoub, 480, 485. s
Yahia, 89, 114, 164, i9i, 552-
556. Safi (Asfi), 258, 453, 637.
Youçef, 439, 440, U9. Sahara, 87, 116, 126; 164, ':!04, 245,
Zalim, 439, 440, 443. 250, 253, 259.
Zeïd, 455. Sbouia, 600, 605, 606.
- Zerrad, 479, 482. Sedik, 14L
Oultana, 21, 504, 505. Seguiet el-Hamra, 6::t0, 622.
Oum el-Achar, 613. . Sehim, 455, 461.
Ounasda, 480, 483. Sehiqat, 474.
Ounein, 532, 533. Seksaoua, 519.
Ounzin, 120, 124, 146, 151, 166, 167, Sektana, 162, 172.
168, 183, 188, 189, 191, 250. Selam el·Arab, 468, 476.
Ourika, 507. Selam el-Ghet·aba, 468. 474.
Ouriri, 89. Semgat, 75, 491, 686.
Oussikis, 493. Sendala (lssendalen), 536, 537.
Outarda, 71. Senhadja, 480, 487.
Seredra, 86, 87.
Q Sfès, 250.
Oaçb'a Beni Mlal, 498. Sfoul, 108.
Oaçbat el-Joua, 122, !45, 160. Sifa, 7L
Qçour (El-), 563, 564. Sidi Abd Allah Ouasmin, 7;
784 INDEX GÉOGRAPHIQUE

Aluuecl ou :\loussa, 126, 526, 527. TatHHgourt. 7 L


Hou Median, 122. Tamanacht, 399.
Bou HjH, 399. TamchegdHn, 25, 26, 6!:!0.
Hamza, 59, 70. Tarnedoust, 71.
Ioussef hen Ali, 13. Tamesloht, 57, 94, 17:1., 253,256, ;HO.
Mohammed hen .\hdallah, 246. Tamest, 539.
Mohammed ou .AiulHllah, 527. Tamettoucht, 71.
Mohammed ou Iaqouh, 129. Tamgt·oul., 88, 89, 90, 92, 94, 97 .{07'
RehHl (Hahal) (voir Zaouia). 111, 116, 253,267, 680.
Sil, 59. Tamjout n'.\rhalou, 59.
Skoura, 250, 50~. Tanger, :1.3, 58, 256.
Smahra, 601, 608. Tankerl (Tinkei'L), 619.
Soudan, 94, 105, t5f, 259. Tanzida, tt 9, 564.
Souk tana (SektHnu), :>17, iHX, 557, Taoudanoust, 504, 505.
558, 559. Taouenza, 680.
Sous (voir Oued). THourirt, 1-18, 680.
- 6, 13, 95, HO, H8, 121, 121:1, Taqqa Aïssa ou Hahou, 76.
133, 145; 152, Hi2, 163, 164, i66, - lqtaoua, 89.
173, 187, 245, 2i7, 249, 259, 261, - Ouanefres, 71, 72.
267, ~70, 398, 407, 4H, 526-537, Tarhalt, 87, 88, 495, 680.
623, 624. Ta1·ibant, 72, 680.
S1·arna (SrHghna), '16. :1.7, HS, 20, ;)6, Tarfaïa, 621, 6::.!2.
180, 207, ~50, 479-489, 629. Taroudant, H3, 1::!6, -139, ·150, :1.58,
161), 16:1., 171, :1.7::!, 175, -176, 248,
'l' 249.
Tabaroucht, :i7. Taskala (Tinskalal), 619.
Taht·ijat, 72. Tasmounil, 7 t.
Tadaïght, 527. Tassergat, 92, 98.
Tadiroust, 76, 4!H, 63::!, 680. Tassouli, 180.
Tadla, 53, 58, 2a6. Tassount n'Roun1, 140.
Tadrarth (Yoir Djebel). Tatguemous, 189.
Taferda, 48, 49. Tatta, 90, 163, 565.
Tafettecht, 9. Tazalakt, 557.
Tafettechna, H6. Tazenakht, 1:1.4, 197.
Tafeza, :1.92. Tazeroualt, 125, 245, 246, 264, 5:16,
Tafilet, 13,3-1, 59, 69, 71, 75, 76, 87, 536, 537' 6::!3.
ss, ms, 152, 250, 252, 253, 267, Tazerl, :1.7, 7 4, 202, 207, 208, 629.
494, 502. Taz1·aft (Tazemft), 46, 47, 71, 680.
Tagant, t 16. TaZI·out, 92, :1.97.
Tafounent, :1.97, 199. Tazzarin, 88, 94, 495.
Taghlamet, 534. Teifst, 188, 189.
Tagmout, 125, :1.28, :1.69. Tekna, 5:1.:1., 611, 619.
Tagoudit, 68, 680. 'J'ella, 424.
Taguenzalt, 198. T.eloucl (Tellouat), 194, 195, 199,
Tahala, 534. 202, 204, 249, 633.
Tala n'ou Arah, 55. Telrount, 25:1., 252.
Talah, t39. Temra, .152, 454, 456.
Talekjount, 519. Tenout, 59.
Teslalit. sa. Tloll, 468. 46!J
Thodra (voit· tlllt'•l). Todt•a (voir Tho1lra).
Ticltit, 116. Touabet (El-), ia3.
Tidili, 17, 18. 528. Touat, :!54.
Tifat·iouL 34, 35. Touggana, 507.
Tifelouin n'.\llach, 47. Touizikl, 6:21.
Tifnout (voit· Oued). Tounfit, 59, 60, 6:2-67, 251, 25:!, 680.
Tifrit n'Fmoun, 87.
Tigmi n'Talakht, 534. z
Tigouga, 534. Zaa, 456.
Tiguelma, 86, 680. Zagmousen, !45, 160, 172, 174, 180,
Tiguit, 495. 182.
Tihouna. 55. Zaïan, 56, 57, 58, 100.
Tikirt, 194, 195, 199, 249, 680, Zaouia Adouar, 94.
Tilet·t n'Jaït, 86. .\ghissi, 418.
Timhouktou, 116. .\lwnçnl, 21, ~17, .i5.
Timetig. tu7, Ahl Tahet•ia, 420.
Timguissin t. 119, 6!'10. Alti Taktent, 419.
TimouJ,•i, tH8. AH llihlell (Tikhlifl), 27, 28,
Tindoul', :!54. 680.
Tinguert, 46. Aït I\lhamecl (.\. I\lhend), 22.
Tinkel'l (.\. n'Ker!), 409. 680.
TinmHiiz, 166. 167. Amzilat. 418.
Tinzet·t, a33. At·bala, 53·56, â9, 251, tiSO.
Tit·edouin, 81. El-Baraka, iOO. ·
Tit·egdetll, 53. Bou Antar, 24, 25, m!O.
Tit·gllel. fj;)f. Bou Tritech, .it7.
Til'l'anilllin, 56, 58. Hdil (Hedi!), 10,467.
Tis~haouni, 85. Imaralen, H9.
Tisgmoudin, U::!. I\let·amer, 418.
Tisint, 66, 90, H9. U5, 163, 194, Mouley bou Zerklen, 420.
250. l\lrimima, 125, 194, 254, 264.
Tislit, 197, 680. Nouacer, 466.
Tisserin, 135. Sidi Abdallah ou 1\lhend, t97.
Tissint, 563. Sidi Abdallah ben Ouasmin,
Tizgui, 13fl. 420.
Tizi, 680. Sidi Abdallalt ou Saïtl, 4i9.
Tizi n'Boujan, 85. Sidi Abd en-Nahu, 4t9.
n'Islan, 85. Sidi Aïssa bou Khahia; 419.
1\Iqrour, 109. S.idi Aïssa Moul El-Uuted, 4W.
n'Telrount, 75. Sidi AïssH ou Brahim, 125,
n'Tenout, 85. 179, 183. 254.
Tindouf, 75. Sidi Ali El-Krali, 417.
Tizimi, 71. Sid i Bel ()a~~em, !)7.
Tiznit, 58, !t49, 255, 591·593, 6:23, Sidi Bou Ai'ssa ou lkahi111,
6!4. 149.
Tizouggat·in, 80. Sidi Bou Ala111, 418.
Tlemcen, 79, 99. Sidi Bou BI'IIhim, UO.
50
786 INDEX GÉOGRAPHIQUE

Zaouia Sidi Bou YatJ hou, 402. Sidi Ya hia 011 Ioussef, 52, 55,
Sidi Brahim, t71. 59.
Si di Hamza, 59. Si di Yal a, 420.
Sidi el-Haouari, 77-81, 680. Sldat, 4:18.
Sidi Hassaïn Mou! el-Bab, Taglaoua, 17, ts.
.us Talmest, 4{ 7 .
Sidi el-Hos!lein, 197. Targant, -1!!, {!3.
Sidi Mohammed ou Iaqoub, Zemamra, 4:J8, 439, 445.
1::!5, 150, 177, 254,274,680. Zemmour, llO.
Sidi Mohammed ou Ioussef Zerm·an, Hi, 16, 17, 207, ~08.
73, 74,680. Zenaga, 102, :107, 114, H8, H9, i!.l,
Sidi El Mokhtar, 9. 145, HiS, 159. :162, 163, t66, t73,
Sidi Mrri, i06,il0, til, H7, 177, 183, t88-f97, 200, 204, tf)(),
HS, t25, ~M. !53, 261.
Sid en-N as, 92, 97, 98 Zenata, 265.
Sidi Ouasmin, 417. Zerkten, 204, 207.
Sidi Rehal (Rahal), Hl, ~49, Zguid (voir Oued).
680. Zima, 41.6.
Sidi Saïd bou GhembourUO . Zouafit (voir Azouafit).

••
..
, ·~
' .

(
..

TABLE DES GRAVURES \1)

Figures Pages
f. - i\Ierrakech. - La Koutoubia . 6 bis
~. - Vallée de l'Oued Tensift.- Un arganier.- Territoire de
Kourimat . ))

3. - Vallée de l'Oued TensifL- Halte sous un jujubier, dans


les retems. 8 bis
4 - Vallée de l'Oued Tensift.- Halte sous un arganier, dans
les palmiers-nains J)

5. - Vallée de l'Oued Tensift.- Un marché en plaine 1.0 bis


6. - L'Oued Tensift et sa falaise . ))

7. - Valltle de l'Oued Tensift. - La zaouia de Sidi Hehal. -14 bis


8. - Maison du Khalifa Jakir, près de Demnat. ))

9. - Terminaison de la plaine de l\lerrakech. A gauche,


Serarna ; au centre, Demnat ; au fond, collines de
l'Entifa. . . . . . • · · · · 18 bis
fO. - Territoire d'Entifa. - Défrichage par le feu ))

f f. - Porte du Mellah, à Demnat. 20 bis


U. - Porte de Demnat ))

i3. - Vallée de l'Oued Taçaout.- Le Haut-Atlas vu du plateau


qui domine la zaouia Art Mhamed 22 bis
fj, - TetTitoire d'Entifa. - Plaine pierreuse de Tamchegdan
(Aït Taguella)
f1.S.
- Cavaliers Ait Messat 26 bis
i6,- Territoire des Art .Messat »
i7.- lnguert. -Maison du qaïd Haddou n'Aït Ichchou 28 bis
i8.- Maison des Aït Messat . ))

19.- L'Oued El-Abid, au confluent de l'Oued Ahanc;al. 30 bi.ç


20.- Vallée de l'Oued Ahançal.
21.- L'accueil des Aït Atta . 3-t bis
~2. - Les Ail bou Zid nous font escorte
23. - Les Aït Içah avant le combat. 36 bis
i4,, ;- Un passage difficile. - Honte d'Art Boulman à Tanoudfi. ))

(1) Le~ couvertures du présent ouvrage et de la pochette contenant les cartes


ont été composées à l'aide de photographies obligeamment prMée~ par M. Fré-
cbon e~ par M. Va~re,
TABLE UES GRAVURES

l<'igures Pages

2i'). Le t:ol de Tinguet·l : le ~ommcl du col . :38 bis


26. Vallée de l'Oued ei-Abid. -Territoire des Aïl l•:ah ))

27. - Col de Tinguerl. - L'arrin'e à Taseraft (Aïl Abdi) 42 bis


28. - Entrée du col de Tinguert. ))

29. - Le cirque de Taseraft (Aï! Abdi) . 44 bis


30. - L'Oued Ouaz.- Gorges de Tifelouin n'Attach. ))

31. - Tel'l'iloire des Aït Abdi. - Sortie des Gorges de Tifelouin


n'Atlach 46 bis
a2. - L'Oued Ouaz. -Gorges de Tifelouin n'Attaclt.
33. - Va!Me de l'Oued Onirin (Haute vallre de l'Oued ei-Abid). 50 bis
34. - Haute vallée de l'Oued l\llouya (rive gauche). - Campe-
ment de Taouenza. - Forêt de chênes des Aït Aïssa . ))

..
3a. - La zaouia tl'Arbala. - Résidence du Chérif Si Ali ben el-
l\iekki Amhaouch. 52 bis
36. - La Haute vallée de l'Oued Mlouya.- Au fond le Haut-
Atlas ))

37. - Vallée de l'Oued Mlouya. -Au fond le massif du djebel


AJarhi (Haut-Atlas) . 54 bis
38. - Les sources de l'Oued Mlouya.- Au fond, à gauche, le
Moyen-Allas: à droite, Je Haut-Atlas. ))

39 - L'Oued Mlouya: au Sud Azerzour; à l'horizon, le Haut-


Atlas 58 bis
40. - Habitants du qçar ti'Azerzour (Aït Ihand) . ))

4L - Vallée de l'Oued Mlouya.- Le qaïd Aziz des Beni Mguild: 60 bis


42. - Vallée de l'Oued Mlouya.- Une patrouille des Aït Yahia. »
43. - Catupcment dans un douar. - Vallée tic la Mlonya. 6~ biS
H. - Un douar de past<•ut·s. - .\lpjmoua Aïl Ali ou Bt·ahim ))

45. - Vallée de l'Oued }Iiouya. - Le •Jçar d'Azerzour (Aï!


lhand). 6-i bis
46. - Gorges de l'Oued Msaf (Oued Ziz)
47. - Tagoudit (Aït Yahia). - Groupe d'habitants 66 bis
48. - Tagoudit.- Femmes Aït Yahia .
49. - Col de Tounfit. - Village des Aït Hattab (Ai't Haddidou). 68 bis
50. - Gorges de l'Oued Msaf (Oued Ziz) ,
51. - Col de Tounfit. - La chaîne centrale du Haut-Atlas
(Ari Aberdouz), vue du Ari Tafellent . 70 bis
i)2, Entrée •lu col de Tounfil. - Village de Tagoudil ; au
2• plan, à gauche, le Ari Agoni: à droite, l'Iril Hab-
))
bari : au demier plan, le Ari Aberdouz .
:)3. Col de Tounfit. -A droite le djebel Maasker . 7-i bis
iH. - Haute vallée ùe l'Oued 1\lsaf (Oued Ziz). - Territoire des
))
Aït Ali ou Oussou
"'"
uu. - Col de Tounfit.: vue panorautitjue prise du Ari .\berrlouz.
76 bi 8
- .\u l'ond. it gaucht>, l•· djebel Aïl lzdeg
56. - Col de Tounlil. - Panorama du versant méridional du
Haut-Allas, pt•is du At·i Aberrlouz.
TABJ,E DES ~RAVURES 789
Figures Pages
57. L'Oued Tat·ia (Oued Heris).- Cultures ct jardins des Ail
Merrad. 78 bis
58. - Vallée de l'Oued Tat•ia. -- La zaouia de Si di :\lohammcd
ou Ioussef. ))

59. L'Oued Turia (Oued Reris). - La zaouia de Si<li Moham-


med ou loussef . 80 bis
60. L'Oued 'faria (Oued Reris). - Gorges d'Aqqa n'Ouaouna
n'lmi<ler. ))

6t. - Vallée de l'Oued Reris. - Col et somee d'AmsP<I. R2 bis


62. - Gorges de l'Oued 'faria (Oued Rel'is). »
63. - Vallée de l'Oued Reris. - Aqueduc d'Arrara<l. 84 bi.~
64. Vallée de l'Oued Reris. - Agomlir .
65. - Vallée de l'Oued Fet·kla. - La zaouia de Sidi el-Haouari. 86 bis
66. - Vallée de l'Oued Ferkla.- Tiredouin . »
67. - Vallée de l'Oued Ferkla.- Les deux qçour d'El-Khorbet. 88 bis
68. - Vallée de l'Oued Ferkla. - La zaouia de Sidi el-Haonari
ct sa palmeraie »
69. - Massif du Çarro.- Trouée d'Ammar . 99 bis
70. - Massif du Çarro. - Tiguelna. Tombeau de Rouda Aï~sa. >>

71. Le djebel Çarro, vu de la vallée de l'Oued Ferkla. - An


fond, à gauche, Ras Çlaff . 92 bis
12. La plaine désertique d'EI-Haçaïa. - A l'horizon, palme-
raies de l'Oued Ajmou (Oued Tazzarin) . >>
73. - Vallée de l'Oued Dra. - La ville de Tamgrout, vue de
Mguerba . 94 bis
14. -- Yallée de l'Oued Dra. - Palmet•aie de Mguerba >>

7a. - Vallée de l'Oued Dra. - Le seïd d'Arlaoudrat·. 98 bis


76. - L'Oued Dt·a, à la hauteur de Tamgrout. >>
77. - Vallée de l'OuPd Dra. - Tamgrout, jardins. Face
occidentale 100 bis
78. - Vallée de l'Oued Dra. - Tamgrout. Face occidentale . >>
79. - L'Oued Dra. - Le Gué d'Amz1·ou -102 bis
80. - Vallée de l'Oued Dra. -La ville d'Amzrou, vue du Sud. >>
Si. - Vallée de l'Oued Dra. - Qçour de Seret et d'Ast·ir . 106 bis
82. - La Feija. -A l'horizon (au Sud) le djebel Bani. »
83. - Vallée de l'Oued Zguid; Çmeira. -A l'horizon le djebel
Richa . 108 bis
84. - Vallée de l'Oued Zguid; Mharouq (Oulad Hellal). »
85. - Vallée de l'Oued Zguid. - Foum Zguid (entre le djehel
Bani et le djebel Richa). HO bis
86. Djebel Richa (versant Nord). -· Femmes du Zguid
87. Vallée de l'Oued Zguid. - La crète du djebel Richn
(vet·sant Sud). 114 bis
88. Vallée de l'Oued Zguid. - Le Cheikh Hummad (de
'lhaeouq) • ))
7$10 TABLF. DES GRAVURES

89. - La Feija, entre fmi n'Tiit et Timguissint. Au fond, djebel


Maouas (Anti-Atlas). H6 bis
90. - La Feija. - Débouché de l'Oued Tlit. fmi n'Tiit. Au
fond, djebel Maouas (Anti-Atlas) . »
91. - La Feija. - Nouveau qçar d'Issiguern (Zenaga) . i 18 bis
92. - La Feija. -Ancien qçar d'Issiguern. ---'- A l'horizon le
djebel Bani • »
93. - Vallée de l'Oued Tisint. - Agmour. 120 bis
94. - La Feija. - Débouché de l'Oued Tisint. Agmour. Au
fond, le djebel Maouas (Anti-Atlas) . >>
95. - Type d'habitant d'Aqqa-Iren. El-Hajmi el-Euçeub ben el-
Hassen (le zettat qui m'a trahi) 122 bis
96. - La Feija. - Aqqa-Iren . »
97. - La Feija. - Le qçar d'Isserhin . 124 bis
98. - Le désert d'Adnan. Gorges d'Argueb Argan >>
99. - La Feija à la hauteur d'lsserhin. Au fond le djebel Bani
et la trouée de l'Oued Tisint • 126 bis
100. - La zaouia de Sidi Mohammed ou laqoub . >>
101. - Femmes d'Bir . 1:10 bis
102. - Anzour. -Femme esclave rapportant de la broussaille. >>
103. - Anzour. -Le portail du bordj; l'unique cheval . 134 bis
104. - Anzour. -Le cheikh Mohammed ben Tabia . >>
-105. - Anzour. -Vue prise du Sud : la vallée; les aires pour
le dépiquage ; le plateau d'Ounzin. 138 bis
i06. - Anzour. - Vue prise du Sud : le bordj ; le village; les
jardins; à droite le col conduisant au Sous. ))

W7. - Anzour.- Le col d'Anzour (vers le Sud) : les ruines. 142 bis
108. - Anzour. - La source et le bassin réservoir. ))

109. - Anzour. -Le bordj ; la porte d'entrée. t48 bis


110. - Anzour.- Types d'esclaves noirs ))

111. - Anzour. -Au premier plan, à gauche, Djebel Iguigui;


à l'horizon, crête du djebel Siroua; l'Anti-Atlas (vue
prise de la ruine, vers le Nord) . 156 bis
112. - Anzour. - La ruine qui domine le bordj. L'Anti-Atlas
(vue vers le Nord) . ))

113. - Anzour. -Le cheval des ben Tabia, monté par El.Has-
sein ben Abd er-Rahman . 162 bis
114. - Anzour. - Le camp des Oulad Jellal. - Fathma ben
Tabia . ))

H5. - Azdeif.- Enfants juifs !66 bis


1 16. - Types de juifs du Haut-Atlas. ))

H 7. - El-Medinet (Ounzin) 1.70 bis


118. - Anzour. - Arrivée du Cheikh Hammou, amrar des
Zenaga. ))

119. - Azdeif.- Types de Zenaga t74 bis


1~0. - Azdeif.- Types de Zenaga ))
TABLE DES GRAVURES 791
Figarea Pages
121. - Agoulmin. - Le village perché sur un piton rocheux 118 bis
122. - Azdeif.- Le nid d'aigle d'Agoulmin . »
U3. - Azdeif. -La plaine des Zenaga, vue d'Agadir n'Sfiha {80 bis
i24. - Azdeif. - La plaine des Zenaga, vue des cavernes de
Tafeza ))

125. - Azdeif. - La falaise de Tafeza; habitations des troglo-


• dytes . i82 bis
126. - Azdeif. -La falaise de Tafeza. -Cavernes et construc-
tions des troglodytes. ,.
1i7. - La plaine des Zenaga. - Vue prise de Tafeza, vers le Sud.
Au fond, à droite, Azdeif; au premier plan, à droite,
grotte des troglodytes de Tafeza . 184 bis
128. - La plaine des Zenaga. - Vue prise de Tafeza, vers le
Sud. Au fond le djebel Aguinan et le plateau d'Anari. »
129. - Azdeif. - La maison de l'amrar Hammou. 186 bis
130. - Azdeif. -L'entrée de la maison de l'amrar Hammou . ''
i31. - Azdeif. - Cavalier des Zenaga (Bou Nit) . 188 bis
132. - Azdeif.- Le fils ainé de l'amrar Hammou devant sa
maison. 11
133. - Tizi.- L'Oued Timjijt 190 bis
134. - Tizi.- Maison du Qadi Abd er-Rahman 11

135. - Tislit.- L'Assif Azguemerzgui . t92 bis


136. - Tislit. - Types d'habitants . 11
137. - Irels.- La maison d'Hamed n'Aït ba Hamed. 194 bis
138. - Irels. -Vue prise de l'intérieur de la bourgade. 11

139. - Tislit. -Un cavalier de Tazenakht (Aït Ouzanif). t96 bis


140. - Tikirt. - Cavalier et cheval du Ouarzazat. »
Ut. - Zaouia de Sidi el-Hossein (Zenaga). Cavaliers récitant
la Fatiha . 198 bis
i42. - Tikirt. -La maison du Cheikh Hamed ou el-Hadj • ,,
143. - Tikirt. - L'entrée de la ville (Sud) . 200 bis
144. - Tikirt. - L'Oued Iriri. - Face Nord de la ville . "
145. - Tikirt. - Les maisons fortifiées . 202 bis
146. - Tikirt. -Au fond, le mellah et la vallée de l'Oued lriri. »
U7. - Le massif du djebel Siroua, vu de Tafeza • 204 bis
148. - Telouet. - La forteresse du qaïd du Glaoui . ,,
149. - Telouet. - Le départ du qaïd; son dernier fils; au fond
la qaçba de Telouet (Vue vers le Sud) . 206 bis
150. - Telouet. - La porte de la qaçba. Le feqih du qaïd et ses
serviteurs . 11

15t. - Tameddart. - Col du Glaoui. La maison du qaïd. 208 bis


15!. - Tel ou et. - La maison du qaïd : le riad; les. jardins
intérieurs . •
153. - Supplice de trois voleurs d'enfants. Les deux premiers
sont étendus, évapQuis, au fond, à gauche . 2i0 bis
792 TABLE DES GRAVURES

Figures Pages

H>4. Supplice intel'rompn par l'évanouissement de la victime.


Un esclave lui verse de J'eau froide sm• la tête. ))

Hm. - Tazert. - Qaçba dn qaïd du Glaoui . 212 bis


156. - Tazert. - Cour intérieure: prison, internement d'un
supplicié . ))

W7. - La visite dG l'Empereur d'Allemagne à Tanger (1905).


L'Emperem· causant avec Si Torrès . 214 bis
158. - La visite de l'Empereur d'Allemagne à Tanger. Le qaid
Mac Lean au milieu de l'escorte impériale . ))

159. - L'Ambassade française à Rabat (1908) . 218 bis


160. - La cavalerie du Sultan Mouley Abd el-Aziz à Fez (1908) • 220 bis
161. - Le prétendant Mouley el-Hafid sortant de Merrakech
(1908) .
162. - Le camp de Mouley el-Hafid à Zaouia ben Sassi 222 bis
163. - Le voyageur Ahmed ben Mejâd, sur un cheval du Houz
(~lerrakech) don de Mouley el-Hafid (1908) • ))

164. - Chaine de l'Anjera. 702 bis


165. - Le Djebel Dorsa. ))

166. - Dôme jurassique du Djebel Kelti (Mont Anna). 706 bis


167. - La vallée de l'Oued Quitan dans le Lias et le Permien ))

168. - Haute vallée de l'Oued Teçaout . 718 bis


169. - Dykes volcaniques dans le massif de Sit·oua • ))

170. - Les gour crétacés de Si di Abd el-Moumen et la colline de


Bou Zergoun. 72..1 bis
171. - Arganiers dans la plaine des Houara ))

-1.72. - Vue prise du col des Ait Mdioual. 732 bis


i73. - Le col des Bibaoun dans les schistes et les quartzites
siluriens . ))

174. - Vallée ca1•bonifère de Tamezerit et le Djebel Anr'mer 756 bis


17~. -· Plaine et gour crétacés des Aït Zaïneb. ))

176. - La pénéplaine des Aït Khzama et le massif du Siroua 764 bis


177. - Une vallée dans le massif volraniqne du Siro ua • ))
r
TABLE DES DOCUMENTS

Documents Pages
Lettre du Frère Charles rie Jésus (Vicomte Ch. de Foucauld). 62.1
i. - Lettre du Sultan Abd el-Aziz aux Aït hou Zirl pour leur
enjoindre de payer l'impùt. 625
2. - Lettre du Sultan Moule,y el-Hassen ordonnant aux Ait bou
Zid de fournir un contingent de cavaliers à sa harka. 626
3. - Lettre de recommandation du Chérif l\louley Ali ben Abdes-
salam d'Ouazzan. 626
4. - Lettre du Chérif El-Hanafi ben Mohammed ben Abi Bekr
enjoignant à ses fidèles de lui remettre leur ziara 627
5. Lettre dnqaïd des Aït Ichchou pl'Ïant les Aït bou Zid et les Aït
Messat ses alliés de yenir en aide aux Aït Taguella et aux
Aït en-Neçf qui font partie de leur Jeff • · 627
6. - Lettre du qaïd des Hentifa (Entifa) au qaïd des Aït bou Zid,
pour le prier de s'entremettre entre les Hentifa et les Aït
Taguella . 6i8
7. Leth·e du qafd des Hentifa au qaïd des Aït Irhchou pour le
renseigner sm· la situation de la région • 629
8. - Lettre d'Ali ben el-Mekki, cheikh des Derqaoua, à Mouley
IbrAhim, qard des Aït Hdiddou (Haddidou) • 629
9. Lettre du cheikh des Derqaoua, El-Arbi ben Abdallah el-
Houâri, à une femme, Roqayya, moqaddama des Der-
qaoua chez les Art Taddart. 631
10. - Lettre du cheikh des Derqaoua à son moqaddem de Tadi-
roust pour le remercier de lui avoir fait parvenir la ziara
de ses fidèles. 632
H. Lcth·e de l'un •les fils du cheikh Hamou, ann•at· ries Zenaga,
au rhrétien Ahme•l hen Amjah. à Barez (Paris !) • 631
·12. Du même, au même 633
13. Schéma dessiné ct déerit par le Chét·if Sidi Ali ben el-Mekki
Amhaouch pour expliquer l'orographie •le la t•tlgion d'Ar-
baia 634
14. Hé but Il' un poème berbère. composé au xu• siècle rle l'Islam
par Bou Bekr, granrl'oncle du rhét•if Amhaonch, prophéti-
sant la campagne de Mouley cl-Hassen ronh·e Arbala. Ce
rlorument est écrit ct annoté •le la mnin même de Si•li Ali
ben rl-Mrkki Amhaouch . 636
TABLE DES CARTES (1)

Pages

Carte politique des H'ah'a. 396


Carte politique et religieuse de la tribu de ChiAd'ma. 422
Croquis schématique des Oulad Beç-Çbâa. 437
Carte politique de la tribu d'Abda 4M
Croquis du territoire des Glaoua. 498
Chtouka, croquis schématique • 568
Ida ou Ltit, Lakhsas, Art Jerrar, croquis schématique ~
Aït Ba Amran, croquis schématique. 602
Croquis des Qçour de l'Oued Noun . 6i~
Schéma politique du Sud Marocain. 6i8
Croquis des signaux de la Région Mogador, Demnat, Safi . 693
Itinéraires de M. Louis Gentil dans le Nord du Maroc 696
Itinéraires de M. Louis Gentil dàns la chatne du Haut-Atlas 7i2
Esquisse géologique du Haut-Atlas occidental, par Louis Gentil 775
Oarte d'ensemble dea itinéraires de i899 à i905. 799

{t) L'itinéraire au t.iil~O.OOO de la Mission i904-t905 parait en même temps que


Ill présent ouvrage. Il est édité chez Henry Barré re et a pour titre : Itinéraires ~~~
Maroc, t90,-i905. Ces cartes se raccordent avec les itinéraires t899·t90t pubhés
chez le même éditeur sous le titre Voyages au Maroc (Itinéraires et Profils)
TABLE DES MATIÈRES

Pages
PRÉFACE DE M. EuGÈNE ETIENNE, député d'Oran, Vice-Président de la
Chambre des c!éputés .
PRÉFACE DU GÉNÉRAL LYAUTEY, commandant la division d'Oran v

PREMIÈRE PARTIE

AVANT-PROPOS . t
CHAPITRE PREMIER. - De Mogador à Demnat 5
CHAPITRE II. - De Demnat à J'Oued Mlonya . 20
CHAPITRE III. - De l'Oued Mlouya à J'Oued Dra . . 62
\CHAPITRE IV. - De l'Oued Dra à la zaouia de Sidi Mohammed ou
laqonb. • . . . . . . . • • . . • 92
CHAPITRE V. - De la zaouia de Sidi Mohammed ou laqoub à Anzour. t!S
Agression et Captivité .
CHAPITRE VII. - D'Anzour à Tazert {87
CHAPITRE VII. - Epilogue. iH
CHAPITRE VIII. - Journal de route de Abd el-Aziz Zenagui. Mogador,
Taroudant 23t

DEUXIÈME PARTIE

Renseignements poli#ques, économiques, statistiques, sociologi-


ques, religieux. !.&3
'\'"CHAPITRE PREMIER. - Situation économique du Maroc méridional, et
possibilités qu'elle comporte 244
CHAPITRE II. - Organisation politique du Maroc méridional 257
CHAPITRE III. - Organisation religieuse du Maroc méridional 265
CHAPITRE IV. - Organisation socia.le du Maroc méridional. 269
" ·CHAPITRE V. - Mœurs et coutumes berbères. Récits écrits sous la die-
. té.e d'informateurs Imaziren. . . . . • . . . . • • • 277
Mariage: préparatifs; demande; conditions; cérémonies ; accom-
plissement du mariage i78
796 TABLE DES .1\IATIÈRES

Naissance: Accouchement ; imposition du nom ; eérémonies;


premières dents ; rirroncision
Dinorce : pouvoirs du mat·i: cas d'adultère .
Maladie : frayeur; soins: snpct·stilions: far,.on pat·ticnlièrc de
traiter un malade. 299
Guerre : Faç.on de sc battre des Imaziren : armes: enlèvement
d'un mort: funérailles; cérémonies 304-
Ah'idous : Jeu et danse des Imazir'en 317
Les fêtes religieuses des Ima:ir'en : le Aïd Srir 335
Laïd lekbir, p. 340; la fête Arhoura, p. 350; Laïd Lmonloud, p. 36i
De la laine : tonte, lavage, filage, teinture, tissage. 365 '~
Les Olit•es : scènes de ménage, rér.olte, fabrieation de l'huile. 377 1
Rensei,qnements géographiques

CHAPITRE VI.- La tribu de H'ah'a (tamazirt : Ih'ah'en): p. carte de


H'ah'a. 391
CHAPITRE VII.- La tribu d'Ida ou Tanan. 408
CHAPITRE VIII. - La ville d'Agadir n' lghir .ilf
CHAPiTRE IX. -La tribu de Chtddma; les Regra,qa .4t3
CHAPITRE X. ~ La tribu des Oulad beç-Çbda . "'3-'
CHAPITRE XI. -La tribu de Doukkala. 437 . .
CHAPITRE XII. - La tribu d'Abda; La jnmenterie d'Oualidia . .451
CHAPITRE XIII.- La tribu d'Ahmar. 46i
CHAPITRE XIV.- La tribu de Reltamna 466 ~\

CHAPITRE XV.- La tribu de Sragltna (Srar'na) 478 ~-~

, J,.._ CHAPITRE XVI.- Tribus du Hant-AI las: les A ït Me,qltrad IMerrad):


X les Aït Atta • . . . . . . . . · . · · · · · · 490.·
, CHAPITRE XVII. -Le qaïdat du Glaoui. 497 /

CHAPITRE XVIII. - Le distrirt de Tamesloltt. Les tribus de Clterarda,


d'Oudaïa, de Herbil . 5i0
.t CHAPITRE XIX. - Le qaïdat du Goundafi 5i4
"CHAPITRE XX. -Le qaïdat de Mtou,qa . 5~
CHAPITRE XXI. -La province du Sou.s . 5~
CHAPITRE XXII.- Le qaïdat de Menablta (Ras el-Oued) 538
CHAPITRE XXIII. -Les tribus des Oulad Yaltia et de Mesguina 55!
CHAPITRE XXIV.- Les tribus de l'Anti·Atlas. 556
CHAPITRE XXV.- La confédération de Clttouka . ts66
CHAPITRE· XXVI. - La confédération d'Ida ou Ltit 583
CHAPITRE XXVII. - La confédération d'Aglou. Le territoire de
lilas sa. 59-i
CHAPITRE XXVIII. -La confédération ries Aït Ba Amran . 600
CHAPITRE XXIX. -· La confédération de l'Oued Noun. Le territoire
d'lfran (Ofl'an) • 6H
CHAPITRE XXX.- La zaouia de Çmara et le Chfkh }fa l-Aïnin. 6i0
TABLE DE!' MATitl\E!'i 797

TlWISIÈME PARTIE
1
•.4 .EMIER. - Observations astronomi<jUCs 637
·~ l\ll\1. E. Hasse et Ch. de Villcdcnil, ealculalelll's •lu sel'Viee

,i·-.
b raphilfUe de l'Armée. 638
Tab Hu des observations astt·onomiqnes. 643
Cortparaisons des chronomètres . 674
lé tmé des états adoptés pour le chronomètre n• 98 et calcul
' . <ks longitudes . 678
.d.i ltat des observations astronomiques . 680
t {

List des positions géographiques déterminées par l\1. de Flotte-


l ) R •uevaire . 681
~· t4u.PITRr. ~
il. Recherches de (iéologie ct tic Géogt•aphie physique,
~ ·.- par M. Louis Gentil.
I. Maro.t septentrional 695
· _. \.tlas marocain 711.
'-'t •.ttigraphic . 715

\ géogt·aphique 775

TABLES

;ravures. 787
)ocuments . 793
·- ·· .:artes . 794
•If' c ; matières. 795


I.AVAJ.. - IMI'nn!ERIE J.. JMR~I::OUII ET C'•.
,
-~ ~~

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