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Edmond Bernus : Spécialiste du désert, du Sahara et

des pasteurs nomades

Les Touaregs, traditions nomades et réalités du désert


Edmond Bernus
Géographe, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement
(I.R.D. ex ORSTOM).
Spécialiste du désert, du Sahara et des pasteurs nomades

Les Touaregs ont suscité chez les premiers explorateurs des


jugements positifs ou négatifs, mais jamais neutres. Ce sont des hommes de confiance qui ne
renient jamais leur parole, dit Henri Duveyrier dans son ouvrage publié en 1864, Les
Touaregs du Nord. Pour Félix Dubois, dans Tombouctou la mystérieuse, édité en 1897, ils ne
sont au contraire que de lâches pillards qui n'attaquent que quand ils sont sûrs de leur
supériorité. On ne peut aujourd'hui évoquer les Touaregs sans que s'interposent les
stéréotypes d'« Hommes bleus », de « Chevaliers du désert » qui font apparaître des
chameliers voilés sur fond de pics volcaniques ou de dunes ondulant à l'infini. Pour aller au-
delà de cette image d'Épinal, nous avons demandé à Edmond Bernus de nous présenter cette
société plurielle dont le modèle donné, le noble-guerrier, ne représente en réalité qu'une
petite minorité de la population et qu'une partie du paysage, celui de l'Ahaggar ou du Ténéré.

Qui sont les Touaregs ?

Le nom de Touareg est d'origine arabe et inconnu de ceux qu'il désigne : de ce fait, c'est un
terme devenu français. Les Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq, « ceux
qui parlent la langue touarègue », montrant ainsi que leur dénominateur commun est une
même culture et avant tout un même langage.

Les Touaregs occupent un territoire immense qui joint le Maghreb à l'Afrique noire et qui
traverse le Sahara en s'appuyant sur des massifs montagneux où l'altitude corrige les effets de
la latitude et permet la vie, grâce à des ressources hydrauliques et végétales absentes des
déserts environnants : ce sont le Tassili des Ajjer, l'Ahaggar, l'Aïr et l'Adrar des Ifoghas.
Ainsi, les Touaregs sont-ils dispersés dans de nombreux États – Libye, Algérie, Mali, Niger,
Burkina Faso – avec quelques petites communautés au Tchad et en Nigeria. Leur poids
démographique est surtout important au Niger et au Mali, c'est-à-dire au sud du Sahara.

Société et traditions

Dans les traditions des Touaregs, on trouve presque toujours une référence à une ancêtre
femme, à l'origine de la chefferie et fondatrice de la tribu – tawshit. Les plus connues sont
Tin-Hinan et sa servante Takana, arrivées dans l'Ahaggar : la première donna naissance aux
Kel Ghela, tribu suzeraine, détentrice du pouvoir ; la seconde fut à l'origine de la tribu vassale
des Dag Ghali. Ce schéma se retrouve un peu partout et presque toujours les nouveaux
arrivants s'allient aux populations déjà en place.

La société touarègue est hiérarchisée ; elle comporte une aristocratie guerrière, des vassaux,
des religieux à titre collectif, des artisans et un groupe servile qui comprend plusieurs niveaux
selon son statut – esclaves, affranchis… Le chameau, en réalité le dromadaire, est l'animal
associé à l'aristocratie, alors que la vache, et plus encore le petit bétail – brebis et chèvres –
sont liés aux classes plébéiennes ou serves. Chaque « confédération » est composée de ces
différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur – amenokal – toujours issu d'une même
tribu et dont le pouvoir est matérialisé par un tambour de guerre – ttobol ou ettebel. Les
Touaregs sont des berbérophones qui font partie de ce grand ensemble berbère qui va du
Maroc à l'Égypte. La langue constitue la pierre angulaire de cette société hiérarchisée, diverse
dans ses composantes. Les Touaregs possèdent aussi une écriture dont les caractères tifinagh,
gravés sur de nombreux rochers, sont souvent difficiles à déchiffrer, mais cette écriture,
toujours vivante, est aujourd'hui utilisée dans des messages écrits sur papier. Elle est
enseignée dans les familles avec des procédés mnémotechniques comme une phrase qui
contient tous les signes de l'alphabet.

Le voile de tête – tagelmust – est la pièce maîtresse du vêtement masculin. Selon Charles de
Foucauld, « Le voile de front et de bouche et le pantalon sont les vêtements distinctifs de
l'homme […] ; ôter son voile de tête et de bouche, jeter son voile […], ôter son pantalon sont
des expressions qui signifient être déshonoré. » Il est honteux de se dévoiler en public ; un
homme jeune, devant une personne âgée, ne découvre son visage que par une fente où brillent
deux yeux et introduit le verre à thé sous le voile sans découvrir sa bouche. Ce voile protège
les muqueuses du vent, mais plus encore, soustrait les orifices faciaux aux assauts de génies
dangereux.

Les Touaregs sont monogames, ce qui est un trait original dans une société islamisée. Se
marier, c'est « fabriquer une tente » que la jeune femme apporte avec tout le mobilier et les
ustensiles de la vie domestique. Le marié doit fournir des animaux à sa belle famille dont le
nombre et la qualité varient : cette taggalt est constituée de chameaux chez les nobles, de
chameaux ou de vaches chez les tributaires, de petit bétail chez les gens de moindre
importance, mais ces animaux sont le gage indispensable de l'alliance entre les deux familles
qui appartiennent en général à la même catégorie sociale : en théorie, la jeune mariée doit
recevoir les mêmes animaux que sa mère. En cas de divorce, la femme part avec sa tente.

Cultures orale et matérielle


Bien que possédant une écriture, qui sert surtout à de courts messages et à des graffitis, les
Touaregs possèdent une littérature orale d'une grande richesse. Il faut citer les paroles brèves
qui concernent les devinettes et les proverbes, et aussi les contes qui s'inscrivent dans des
thèmes universels, en s'incarnant cependant dans le contexte de la vie pastorale. La poésie
constitue le point fort de cette littérature avec des pièces lyriques qui évoquent l'amour, la
mort, et la nostalgie de l'absence avec l'évocation du campement lointain et de la femme
aimée. Il n'existe pas de caste de griots, comme en Afrique soudanienne : les poètes sont des
hommes de toute condition, parfois des femmes ; il y a de bons poètes dont les vers sont
retenus dans toute la société. Les événements actuels, migrations et révoltes sont les nouveaux
thèmes des jeunes générations et les cassettes permettent de les diffuser rapidement.

La culture matérielle est présente dans des objets de la vie domestique et pastorale, dans des
armes, ou encore dans des bijoux dont les modèles sont reproduits par des artisans, fidèles
conservateurs du patrimoine. Les coupes, les louches et les cuillères en bois, les lits et les
poteaux sculptés ou les porte-bagages des tentes, constituent des objets superbes, souvent
pyrogravés, que les artisans doivent entretenir et réparer. La selle de chameau, qui est une
selle de garrot posée devant la bosse, est surtout connue par le modèle à pommeau en croix :
c'est un objet sophistiqué où s'allient le bois, le cuir et le métal. Les armes, couteau de bras,
lance-javelot, bouclier – aujourd'hui disparu – et surtout l'épée – takuba – qui bat toujours le
flanc des hommes, constituent la panoplie de ces guerriers. Les lames de certaines épées,
venues d'Europe au XVIe siècle ou d'Égypte, portent des marques qui permettent d'identifier
leur origine. Quelques épées, propriétés de grands chefs, possèdent comme Durandal, un nom
qui leur est propre ; les lames les plus nombreuses ont cependant été fabriquées par les
forgerons locaux avec de l'acier de récupération ; toutes les épées possèdent pourtant une
même garde, une même poignée, un même fourreau, et s'identifient dans un même modèle.
Les cadenas, les bijoux en argent, dont la croix d'Agadez est aujourd'hui partout connue, ont
conquis le marché des touristes et de l'Europe.

Vivre avec ses troupeaux dans un milieu aride, aux repères rares, demande une connaissance
intime du milieu, un sens de l'observation qui permet de se situer dans l'espace grâce à des
indices imperceptibles. Le nomadisme est une utilisation rationnelle du milieu par un
déplacement au fil des saisons. Les Touaregs sahéliens conduisent leurs troupeaux dans les
riches prairies au sud du Sahara, sur des terres et des eaux salées, au cours de la brève saison
des pluies estivales ; ils regagnent des parcours méridionaux pourvus d'arbres fourragers et de
ressources hydrauliques permanentes, au cours de la longue saison sèche.

Des variations qui confirment la règle

Dans une société si diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d'autres à la peau
noire, il n'existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg c'est se comporter comme la
société le demande, c'est-à-dire en fonction de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale :
l'artisan possède la liberté de la parole, l'aristocrate un comportement désinvolte, le religieux
une manière retenue. Ne pas se conformer à ces règles, c'est s'exposer à la critique, la dérision
et peut-être l'exclusion.

Les dénominateurs communs permettent de reconnaître un Touareg, de Djanet en Algérie, à


Madaoua au sud du Niger. Il existe cependant, bien entendu, des différences sur divers plans.
Différences linguistiques entre les dialectes du nord et ceux du sud. Différences d'organisation
politique entre les chefferies centralisées les plus connues, et souvent analysées à partir des
Kel Ahaggar, et celles plus souples de l'Aïr avec, en plus, une chefferie urbaine sédentaire au
rôle religieux particulier, représentée par le Sultan d'Agadez. Différences de composition des
« confédérations » avec certaines riches en vassaux – imghad – d'autres en religieux –
ineslemen. Différences enfin, de la composition de la population touarègue avec une majorité
croissante de groupes noirs d'origine servile selon un gradient nord-sud. Différences de types
d'habitat avec les tentes à velum en peaux de la partie ouest du pays touareg et les tentes en
nattes végétales dans l'Aïr jusqu'aux frontières de Nigeria.

Vivant dans un si vaste espace, les Touaregs ne peuvent vivre de la même manière au Sahara
central ou au Sahel, dans les vastes plaines de l'Azawagh ou dans les massifs montagneux,
dans les zones pastorales ou les zones agricoles méridionales. Les Touaregs du nord
possèdent un élevage composé essentiellement de chameaux et de chèvres, ceux des régions
pastorales méridionales, Azawagh, Aïr, Adrar des Ifoghas ont des troupeaux plus diversifiés
avec chameaux, vaches, brebis et chèvres ; vers le sud, le nombre des chameaux diminue et
celui des vaches augmente. Les Touaregs de l'Aïr cultivent des jardins irrigués dans les
vallées méridionales et pratiquent le commerce caravanier entre les marchés du sud et les
salines de Fachi et de Bilma qu'ils ravitaillent en produits variés et dont ils rapportent le sel et
les dattes. Plus au sud encore, les Touaregs sont des agro-pasteurs pratiquant agriculture
pluviale et élevage, ce qui exige un contrôle des troupeaux pour protéger leurs propres
récoltes et surtout celles des paysans. La cohabitation avec d'autres éleveurs, Peuls surtout, et
avec des agriculteurs, pose souvent de graves problèmes.

Les Touaregs dans les États

Les Touaregs ont résisté de toutes leurs forces à la pénétration des troupes françaises au début
du siècle. À partir de 1916 et 1917, ils se révoltèrent contre l'occupation française et mirent en
péril les troupes coloniales. L'organisation de l'Afrique française, scindée entre une Afrique
coloniale et le Maghreb, mit un terme aux hostilités et les Touaregs durent s'insérer dans un
nouveau maillage de l'espace : les « cercles », dirigés par des administrateurs coloniaux en
AOF et les « territoires du sud », commandés par des militaires en Algérie. L'indépendance
des États sahéliens surprend les Touaregs qui n'ont pas été préparés à cette évolution et qui
possèdent un nombre limité d'élites scolarisées, prêtes à assumer des responsabilités
administratives ou politiques. La dispersion des Touaregs dans de nombreux États, leur
implantation dans chacun d'eux dans la zone la plus désertique, la moins peuplée et la plus
éloignée de la capitale et du pouvoir, leur donne l'impression d'être oubliés et abandonnés
dans une région moins développée que les autres.

Une première révolte contre l'État malien est durement réprimée en 1963-1964 dans l'Adrar
des Iforas, avec des Touaregs munis d'épées et montés sur des chameaux contre des chars.
Mais c'est à partir de 1990 qu'une révolte au Mali, puis au Niger, soulève le pays touareg
contre les États. Les jeunes Touaregs qui avaient migré en Libye, connaissent alors le
maniement de la kalachnikov et la conduite des véhicules tout terrain. La guerre fut dure :
arrestations, massacres, émigration en Algérie et en Mauritanie. Aujourd'hui la paix est
revenue sans que les Touaregs aient obtenu totalement satisfaction.

C'est au Niger et au Mali que les Touaregs sont les plus nombreux, constituant 10 % et 6 % de
population totale. La langue touarègue fait partie des cinq langues nationales.

Les Touaregs sont conscients de la richesse de leur culture et plusieurs d'entre eux travaillent
à recueillir et à publier leurs traditions orales. Il faut cependant reconnaître que les révoltes se
sont faites à l'intérieur de chaque État et, qu'à cette occasion, il n'y a pas eu de tentative de
construire une nation touarègue. Il y a eu seulement la prise de conscience que les Touaregs
font partie d'un vaste ensemble berbère, lui-même éclaté au Maghreb.

Edmond Bernus
Juillet 2002 Copyright Clio 2010 - Tous droits réservés
(Article publié sur http://www.clio.fr/)

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Les Touaregs occupent un territoire immense qui joint le Maghreb à l'Afrique noire et qui
traverse le Sahara en s'appuyant sur des massifs montagneux où l'altitude corrige les effets de
la latitude et permet la vie, grâce à des ressources hydrauliques et végétales absentes des
déserts environnants : ce sont le Tassili des Ajjer, l'Ahaggar, l'Aïr et l'Adrar des Ifoghas.
Ainsi, les Touaregs sont-ils dispersés dans de nombreux États – Libye, Algérie, Mali, Niger,
Burkina Faso – avec quelques petites communautés au Tchad et en Nigeria. Leur poids
démographique est surtout important au Niger et au Mali, c'est-à-dire au sud du Sahara.

Société et traditions

Dans les traditions des Touaregs, on trouve presque toujours une référence à une ancêtre
femme, à l'origine de la chefferie et fondatrice de la tribu – tawshit. Les plus connues sont
Tin-Hinan et sa servante Takana, arrivées dans l'Ahaggar : la première donna naissance aux
Kel Ghela, tribu suzeraine, détentrice du pouvoir ; la seconde fut à l'origine de la tribu vassale
des Dag Ghali. Ce schéma se retrouve un peu partout et presque toujours les nouveaux
arrivants s'allient aux populations déjà en place.

La société touarègue est hiérarchisée ; elle comporte une aristocratie guerrière, des vassaux,
des religieux à titre collectif, des artisans et un groupe servile qui comprend plusieurs niveaux
selon son statut – esclaves, affranchis… Le chameau, en réalité le dromadaire, est l'animal
associé à l'aristocratie, alors que la vache, et plus encore le petit bétail – brebis et chèvres –
sont liés aux classes plébéiennes ou serves. Chaque « confédération » est composée de ces
différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur – amenokal – toujours issu d'une même
tribu et dont le pouvoir est matérialisé par un tambour de guerre – ttobol ou ettebel. Les
Touaregs sont des berbérophones qui font partie de ce grand ensemble berbère qui va du
Maroc à l'Égypte. La langue constitue la pierre angulaire de cette société hiérarchisée, diverse
dans ses composantes. Les Touaregs possèdent aussi une écriture dont les caractères tifinagh,
gravés sur de nombreux rochers, sont souvent difficiles à déchiffrer, mais cette écriture,
toujours vivante, est aujourd'hui utilisée dans des messages écrits sur papier. Elle est
enseignée dans les familles avec des procédés mnémotechniques comme une phrase qui
contient tous les signes de l'alphabet.

Le voile de tête – tagelmust – est la pièce maîtresse du vêtement masculin. Selon Charles de
Foucauld, « Le voile de front et de bouche et le pantalon sont les vêtements distinctifs de
l'homme […] ; ôter son voile de tête et de bouche, jeter son voile […], ôter son pantalon sont
des expressions qui signifient être déshonoré. » Il est honteux de se dévoiler en public ; un
homme jeune, devant une personne âgée, ne découvre son visage que par une fente où brillent
deux yeux et introduit le verre à thé sous le voile sans découvrir sa bouche. Ce voile protège
les muqueuses du vent, mais plus encore, soustrait les orifices faciaux aux assauts de génies
dangereux.

Les Touaregs sont monogames, ce qui est un trait original dans une société islamisée. Se
marier, c'est « fabriquer une tente » que la jeune femme apporte avec tout le mobilier et les
ustensiles de la vie domestique. Le marié doit fournir des animaux à sa belle famille dont le
nombre et la qualité varient : cette taggalt est constituée de chameaux chez les nobles, de
chameaux ou de vaches chez les tributaires, de petit bétail chez les gens de moindre
importance, mais ces animaux sont le gage indispensable de l'alliance entre les deux familles
qui appartiennent en général à la même catégorie sociale : en théorie, la jeune mariée doit
recevoir les mêmes animaux que sa mère. En cas de divorce, la femme part avec sa tente.

Cultures orale et matérielle

Bien que possédant une écriture, qui sert surtout à de courts messages et à des graffitis, les
Touaregs possèdent une littérature orale d'une grande richesse. Il faut citer les paroles brèves
qui concernent les devinettes et les proverbes, et aussi les contes qui s'inscrivent dans des
thèmes universels, en s'incarnant cependant dans le contexte de la vie pastorale. La poésie
constitue le point fort de cette littérature avec des pièces lyriques qui évoquent l'amour, la
mort, et la nostalgie de l'absence avec l'évocation du campement lointain et de la femme
aimée. Il n'existe pas de caste de griots, comme en Afrique soudanienne : les poètes sont des
hommes de toute condition, parfois des femmes ; il y a de bons poètes dont les vers sont
retenus dans toute la société. Les événements actuels, migrations et révoltes sont les nouveaux
thèmes des jeunes générations et les cassettes permettent de les diffuser rapidement.

La culture matérielle est présente dans des objets de la vie domestique et pastorale, dans des
armes, ou encore dans des bijoux dont les modèles sont reproduits par des artisans, fidèles
conservateurs du patrimoine. Les coupes, les louches et les cuillères en bois, les lits et les
poteaux sculptés ou les porte-bagages des tentes, constituent des objets superbes, souvent
pyrogravés, que les artisans doivent entretenir et réparer. La selle de chameau, qui est une
selle de garrot posée devant la bosse, est surtout connue par le modèle à pommeau en croix :
c'est un objet sophistiqué où s'allient le bois, le cuir et le métal. Les armes, couteau de bras,
lance-javelot, bouclier – aujourd'hui disparu – et surtout l'épée – takuba – qui bat toujours le
flanc des hommes, constituent la panoplie de ces guerriers. Les lames de certaines épées,
venues d'Europe au XVIe siècle ou d'Égypte, portent des marques qui permettent d'identifier
leur origine. Quelques épées, propriétés de grands chefs, possèdent comme Durandal, un nom
qui leur est propre ; les lames les plus nombreuses ont cependant été fabriquées par les
forgerons locaux avec de l'acier de récupération ; toutes les épées possèdent pourtant une
même garde, une même poignée, un même fourreau, et s'identifient dans un même modèle.
Les cadenas, les bijoux en argent, dont la croix d'Agadez est aujourd'hui partout connue, ont
conquis le marché des touristes et de l'Europe.

Vivre avec ses troupeaux dans un milieu aride, aux repères rares, demande une connaissance
intime du milieu, un sens de l'observation qui permet de se situer dans l'espace grâce à des
indices imperceptibles. Le nomadisme est une utilisation rationnelle du milieu par un
déplacement au fil des saisons. Les Touaregs sahéliens conduisent leurs troupeaux dans les
riches prairies au sud du Sahara, sur des terres et des eaux salées, au cours de la brève saison
des pluies estivales ; ils regagnent des parcours méridionaux pourvus d'arbres fourragers et de
ressources hydrauliques permanentes, au cours de la longue saison sèche.

Des variations qui confirment la règle

Dans une société si diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d'autres à la peau
noire, il n'existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg c'est se comporter comme la
société le demande, c'est-à-dire en fonction de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale :
l'artisan possède la liberté de la parole, l'aristocrate un comportement désinvolte, le religieux
une manière retenue. Ne pas se conformer à ces règles, c'est s'exposer à la critique, la dérision
et peut-être l'exclusion.
Les dénominateurs communs permettent de reconnaître un Touareg, de Djanet en Algérie, à
Madaoua au sud du Niger. Il existe cependant, bien entendu, des différences sur divers plans.
Différences linguistiques entre les dialectes du nord et ceux du sud. Différences d'organisation
politique entre les chefferies centralisées les plus connues, et souvent analysées à partir des
Kel Ahaggar, et celles plus souples de l'Aïr avec, en plus, une chefferie urbaine sédentaire au
rôle religieux particulier, représentée par le Sultan d'Agadez. Différences de composition des
« confédérations » avec certaines riches en vassaux – imghad – d'autres en religieux –
ineslemen. Différences enfin, de la composition de la population touarègue avec une majorité
croissante de groupes noirs d'origine servile selon un gradient nord-sud. Différences de types
d'habitat avec les tentes à velum en peaux de la partie ouest du pays touareg et les tentes en
nattes végétales dans l'Aïr jusqu'aux frontières de Nigeria.

Vivant dans un si vaste espace, les Touaregs ne peuvent vivre de la même manière au Sahara
central ou au Sahel, dans les vastes plaines de l'Azawagh ou dans les massifs montagneux,
dans les zones pastorales ou les zones agricoles méridionales. Les Touaregs du nord
possèdent un élevage composé essentiellement de chameaux et de chèvres, ceux des régions
pastorales méridionales, Azawagh, Aïr, Adrar des Ifoghas ont des troupeaux plus diversifiés
avec chameaux, vaches, brebis et chèvres ; vers le sud, le nombre des chameaux diminue et
celui des vaches augmente. Les Touaregs de l'Aïr cultivent des jardins irrigués dans les
vallées méridionales et pratiquent le commerce caravanier entre les marchés du sud et les
salines de Fachi et de Bilma qu'ils ravitaillent en produits variés et dont ils rapportent le sel et
les dattes. Plus au sud encore, les Touaregs sont des agro-pasteurs pratiquant agriculture
pluviale et élevage, ce qui exige un contrôle des troupeaux pour protéger leurs propres
récoltes et surtout celles des paysans. La cohabitation avec d'autres éleveurs, Peuls surtout, et
avec des agriculteurs, pose souvent de graves problèmes.

Les Touaregs dans les États

Les Touaregs ont résisté de toutes leurs forces à la pénétration des troupes françaises au début
du siècle. À partir de 1916 et 1917, ils se révoltèrent contre l'occupation française et mirent en
péril les troupes coloniales. L'organisation de l'Afrique française, scindée entre une Afrique
coloniale et le Maghreb, mit un terme aux hostilités et les Touaregs durent s'insérer dans un
nouveau maillage de l'espace : les « cercles », dirigés par des administrateurs coloniaux en
AOF et les « territoires du sud », commandés par des militaires en Algérie. L'indépendance
des États sahéliens surprend les Touaregs qui n'ont pas été préparés à cette évolution et qui
possèdent un nombre limité d'élites scolarisées, prêtes à assumer des responsabilités
administratives ou politiques. La dispersion des Touaregs dans de nombreux États, leur
implantation dans chacun d'eux dans la zone la plus désertique, la moins peuplée et la plus
éloignée de la capitale et du pouvoir, leur donne l'impression d'être oubliés et abandonnés
dans une région moins développée que les autres.

Une première révolte contre l'État malien est durement réprimée en 1963-1964 dans l'Adrar
des Iforas, avec des Touaregs munis d'épées et montés sur des chameaux contre des chars.
Mais c'est à partir de 1990 qu'une révolte au Mali, puis au Niger, soulève le pays touareg
contre les États. Les jeunes Touaregs qui avaient migré en Libye, connaissent alors le
maniement de la kalachnikov et la conduite des véhicules tout terrain. La guerre fut dure :
arrestations, massacres, émigration en Algérie et en Mauritanie. Aujourd'hui la paix est
revenue sans que les Touaregs aient obtenu totalement satisfaction.
C'est au Niger et au Mali que les Touaregs sont les plus nombreux, constituant 10 % et 6 % de
population totale. La langue touarègue fait partie des cinq langues nationales.

Les Touaregs sont conscients de la richesse de leur culture et plusieurs d'entre eux travaillent
à recueillir et à publier leurs traditions orales. Il faut cependant reconnaître que les révoltes se
sont faites à l'intérieur de chaque État et, qu'à cette occasion, il n'y a pas eu de tentative de
construire une nation touarègue. Il y a eu seulement la prise de conscience que les Touaregs
font partie d'un vaste ensemble berbère, lui-même éclaté au Maghreb.

Edmond Bernus
Juillet 2002 Copyright Clio 2010 - Tous droits réservés
(Article publié sur http://www.clio.fr/)

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Source des liens vers les ouvrages de cette bibliographie : www.ird.fr, droits réservés

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