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VESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE AU YATENGA (HAUTE-VOLTA)

Une reconnaissance du pays Kibga

J.-Y. MARCHAL
Géographe O.R.S.T.O.M.

RÉSUMÉ
La région du Yatknga, au nord de la Haufe-Volfa, est riche en sites archéologiques, tc’moins d’anciens villages.
Après avoir répertorié ces vestiges dans la partie centrale du Yatênga, l’auteur s’interroge sur le genre de vie
de cette ancienne population, fente d’estimer son importance et propose, à l’aide des informations transmises par la
tradition orale, de considérer une occupation kibga (ou dogon) qui aurait pris fin au XVe siècle après s’être maintenue
plusieurs siècles sur les mêmes lieux.

ABSTRACT
The I’atenga region, in northern Upper Volta, abound$ in archeological sites, traces of former villages.
After indexing ihe vestiges found in the cenbral part of I’atenga, the author discussps what may have been the
way of life of this ancient population, tries to estimate its size and, consulting the informafion handed deum orally
front generation to generation, cames to the conclusion that we are in the presence vf a kibga (or dogon) occupation
mhich is thoughb to have ended in the XVe cenfury, afier several centuries in the sanie area.

Au nord -de la Haute Volta, dans le Haut. Bassin de la Une étude de la dynamique de l’espace rural
Volta Bhünche (130-14” lat.. N. : 1045’-30 Long. 0.1, des cheffe- dans la sous-préfecture de Ouahigouya a conduit
ries mossi ont été fondées dés la fin du XV~ siécle. Le cont.rôle
politique des Nakombse sur les populations <,autochtones b)(1)
a nous intéresser a l’histoire de la mise en place du
a permis l’émergence, au milieu du XVI~ siècle, d’un royaume : peuplement, t.ant. il parait. naturel d’associer le
le Yafénga (2). Après des lutt.es soutenues contre les Samo, présent au passe dans lequel il s’enracine. Aussi,
a l’ouest, et les Peul Djelgobe, au Nord-Est, le royaume s’est avons-nous recherchP les informat.ions de cette
Bt.endu sur le territoire reconnu et délimité en 1898 par nature dans les archives coloniales et la bibliographie
l’administrat.ion fransaise : le Cercle de Ouahigouya, aujour-
d’hui Depart.ement, du YatCnga (12 300 km2), divise en quatre relative aux pays de la Roucle du Niger, fait appel
sous-prefectures : Ouahigouya, Gour~y, Sequenega et Titao. à la tradition orale (3) et répert,orié les vest,iges

(1) Les Nahwmbse (sing. Nakombga) const.ituent au sein de la societi: mooga (mossi) le !+%upr politiquement dominant dans
le cadre des royaumes. Ce sont les (/ gens du pouvoir B, les chefs et descendants de chefs. Ce groupe se distingue fondamentalement
de celui des <tgens de la terre u ou Mg-bise qui ont statut. d’autochtones : Kurumba (Fulse), Kibse (Dogon), Kalamse (sous-goupc
kurumba 1) et A’inniose.
(2! Yutt%ga : mot forme de Padega (nom du nakombga, fondateur du royaumej et de Iwzgcz (terre). Yalénga signifie le territoire
de Yadega.
(3) Nous sommes redevable à M. IZAP.~ (Laboratoire d’Anthropologie Sociale au Collepe de Francej d’avoir bien voulu mettre
à notre disposition ses matériaux issus du recueil de tradition orale sur l’histoire du peuplement du I-atdnga.

Cah. O.R.S.T.O.M., SC?.Sei. Hum., vol. XI-, no 4, 1078: 449-483.


4x.) J.-Y. MAHCI~IAL

0 10 20km

Fig. 1.
1 : Les bassins (lu Niger et des Volfa : 1 frontitire du la I-Iantcl-Volta ; 2 rbgion int.&ressPe par l’etude. 2 : Localisafion du Patengn :
1 Ouahigouya et departement. du Yatenga (hachures obliques, ; /2 Hopti ; 3 Bandiagara et I’acturl pays dogon (hachurrs verticales) ;
4 Djibo ; Fi Koneoussi ; 6 Ouagadougou ; 7 Bobo-Dioulasso. 3 : Secteur EttrdiA : 1 Limite nord de la formation ÜrborAe dominante
dans le paysage ;d’aprt!s photographies a6riennPs) ,. ?. CENTRE-YATENGA : secteur 6lw.M ; 3 Limite sud des sols A recouvrement
snblrux ; B : Bah11 ; Th : Thiou ; 0 : Ouahigouya ; I: : Gourcp ; S : Seguenega ; 7' : Titao ; 6X3, xw, ï50 sont Irs isohyi:trs moyennes
annuelles.
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d’occupation ancienne directement. perceptibles dans 1110 OOOene c.ouvrant que le t.erroir de Tugu). Sur
le paysage (lj. un fond de carte, tous les indicateurs de sites possibles
N’ayant aucune compétence particuli+re en archéo- ont étB point& : buttes circulaires probables, exc.a-
logie, nous nous sommes borné, dans l’espace vations au pied des cornichw cuirassées (citernes ‘?),
soumis B l’ét,ude géographique détaillée, à dresser ensemble de petites t-achr s noires (t,as de scories ?).
l’inventaire de 170 anciens sites de villages, à effectuer Une mission sur le terrain a suivi cet. inventaire,
un ramassage et un examen rapide des outils en en mai 1977. 138 sites potentiels se sont. t.rouv4s
pierre et des poteries et A procéder A deux excavations confirmés tandis qu’une trentaine d’indicateurs
pour extraire de l’intérieur de jarres funéraires des se sont av&s érroziés. Par contre, le long du circuit
débris d’ossement,s et, des tessons (2). Il s’agit donc de vérific.ation, 32 nouveaus sites d’habitat, ont. été
d’un travail se limitant à une (( archéologie de rec.ensés. Comme nous n’avons pas emprunté toutes
surface )), dans une région enc.ore peu fouillée par les les pistes wrrossables - l’itinéraire de reconnais-
spécialistes de cette discipline (3). L’espace étudié sance étant. déterminé par la localisation des indices -
correspond approximativement à un rectangle orienté l’inventaire que nous proposons est donc probable-
Nord-Sud, au centre du Yut@nga, de 1700 km- de ment, incomplet.
superficie, allant de Kzznh~i, au Nord, à Ziga, au
Sud (distance 50 km) et de Bissigzzi, à l’Ouest,
à Namisigmu, à l’Est (distance 35 km) (fig. 1). Description et recensement des sites
*
l I Dans le paysage aménagé autour de Ozrohigouyn
par les paysanneries dites (( mossi )), qui wnstituent
Dans un premier temps, la reconnaissance au aujourd’hui de fortes cr)ncent,rations humaines (75-
sol d’emplacements d’anciens villages, autour de 100 hab./km”), des indices d’occupation ancienne
Tugzz (20 km N.-E. Orrahigozzya), puis le repkrage peuvent être perçus dbs que l’at.t;ention se fixe
de ces sites sur les phot,ographies aériennes à l/lO OOOe sur les peuplements végét.aus et les plus pet,its
(IGN A.0 918/100, i971), ont permis de détecter accident-s de terrain. La présence de bouquets de
sur les clichés d’autres vestiges qui n’avaient pas gros Faidhrbia albida ou de Balazzites aeggptiaca,
été repérés sur le terrain (parcouru le long de qui tranchent dans la çontinuitb du (( parc )) à lzarité
transe&). Puis, après une ét,ude comparat,ive, sous (Iiitellczria paradora) et, à II&+ (Parka higlobosa)
st.ér&oscope, des aspects pris par ces sites archéolo- privil&gié par les populations art-uelles, est d&jA
giques sur les c.lichés à l/lO 000e et ceux A 1/50 OOOe symptomatique d’une owupation ancienne (4).
(missions IGN AOF 017, 1952 et HVO/G, 1973), Dans presque t.ous les cas, ces peup1ement.s végétaux
nous avons tenté de déc.eller sur l’ensemble des se situent sur des sols sableux épais, OU sahlo-
,clic.hés à 1/50 OOOec.ouvrant. le c.ent,re du Yatênga, argileux (5) pars.en’& de debris de &ramique ou de
les indices de vestiges arch6ologiques (la mission à gros morceaux rie potcrie (6) dont la densité s’accroît

(1) Le rcp6rage d’une trentaine de sites archéologiques a 86 fait en avril-mai 19î6. en compagnie de J. B. KIJXEGA,
archéologue et. historien dc l’université dc Oz~a,~adongou, aprPs que J. DEvIssa, professeur d’Histoirr ti I’LJniversitB de Nanterre,
ait encouragé notre r~ch~~rchr. Une mission en mai 1977 a permis un rrcrnsenwnt dét.aillé des sites de la partir centrale du I-atdnga.
autour de Ouhigouya rt Irur mise en situation sur les photographies aPrirrmes et les cartes.
(2) En vue dr datation, A. hII\RLIAC, nrchéologuc de 1’O.R.S.T.O.M. nous avait conseil16 d’effwtuer d(*s prc’l+vemeuts. Les
Echantillons ont. Plé examinhs par M me DELI~R~AS et M. G. VALLA~IAS (C:entre des Faibles RadioartivitPs, C.N.R.S.-C.E.&, C;if/
Yvette!. Les ossements, étant en quantit& insuffisante, n’ont pu ètre datés par le C; 14 mais les trssons doiwnl faire l’objet d’un
csamen par la thermoluminescense. Les résultats de l’analyse ne nous sont pas encore parvenus, rn janvier 1979.
(3) La carte. de distribntion des connaissances n’est encore, pour beaucoup de régions, que cellr de la distribution des chcrchrurs.
Mises 5. part les fouilles de Mengao (80 km N.-E. Ozznhigouya), dr Thizz et de Thu (35 km et 55 km N.-O. Ouuhigozryaj effectuites
par hIme A. M. SCHWEEGKR-HEPF.Z,L, de l’Universit& de Vienne (Autriche), la ùocumcntation archt%~~lopique est inexistante. Des
fouilles ont bien @t&menties à Him (20 km N.-O. Ouahigozup), en 1970-71, par ht. WAY-OGU~L~ (IJniversit.6 de Legon, Ghanil), niais
n’ont donné lieu & aucune publication connur. Signalons que G. BERTRAND, archc;olog~u! de I’O.H.S.T.O.bl., a commrucc8 en
décembre 19i8, une recherche dans le Djelgodji et lc Yafënga pi doit rc’pondre aux ~~o~nim?uses interrogations siir les anciens
»ccupantS de ces rCgions.
(4) hloins d’une dizaine de sit.es d’anciens villages sont situés B distance. d’un 6 parc ~3H Acueia albitla (cf. fig. 21.
(5) C:es sols sont appelés Bferrugineux peu lwsiv@s à recouvrement sableux @oliens ‘>. Le x-oilr saI~11ws, plus »II moins &Pais,
aurait Bt& mis en place au cours d’une période aride prolong&&, antérieurt> 0. WOCKIB.F. En Hwntcs-Volta, il priit. s’étendre jusqu’à
400 km au sud dr la zone des sables vifs actuels : Erg ancien. Les sables vifs apparaissent & 1OlJ km au nord dr Ouahiqozrya.
(6) Il n’wt pas rare de pouvoir déterrer de petites potcrirs parfai?cment. consrrv&S ou dr ramasser des fragmwlts tic 10 a
‘20 cm dc long.

Cah. O.R.S.T.O.M., sPr. Sri. Hum., vol. XV, no 4, 1978: 419-484.


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aus abords de buttes circulaires, plus ou moins décorées en impressions variées dont les motifs,
spplanips et. surmont.ées, parfois, dans le cas des généralement, bien conservés, se répètent d’un site
plus grosses, d’un baobab (Adunsoniu digitata). à l’autre (4). Ces t,essons et notamment. les cols
L’érosion, qui provoque localement des saignées laissent supposer une multiplicité de formes et de
dans ce mat,triel pédologique meuble et, plus géné- dimensions de poteries. Cependant, toutes paraissent
ralement, un important décapage du sol, dégage A fond plat ou faiblement inc.urrci! et sans anses,
souvent. en contrebas des buttes ou loin d’elles, sauf les plus grosses et les plus épaisses (jarres).
des iarres de grandes dimensions reconnues par tous Elles sont bien cuites et. non vernissées.
les ;nterlocuteurs locaux comme étant des urnes Mêlés à ce matériel, de rares objets métalliques
funéraires ( 1). (brace1et.s torsadés, maillons de chaîne) ; par contre,
En esaminant les environs de ces vest.iges, nous de nombreus fragments de pilons en pierre (dolérite)
avons pu observer, 1A oil le sol devient. moins épais, et d’anneaux ou de disques perforés (schiste), des
aux abords des affleurements cuirassés, des traces broyeurs plats ou en boules, des polissoirs (dolérite
d’épierrage (tas ou alignements de blocs) et (dans et granite), quelques outils taillés ou polis et enfin
80 t-as sur l/(I) des scories de forge, témoignant de des meules entières ou brisées ou encore percées.
l’emplacement. d’anciens hauts fourneaux (2). Par
ailleurs (dans ii6 cas), et notamment au nord de la Sur les monticules circulaires, parfois enfoncés
zone de prospection, nous avons ohservb, des c.iternes dans le sol, des b1oc.s de cuirasse ferrugineuse sont
creusees sur les hauts de pente ou des mares (20 SI disposés de telle fapon qu’ils font, penser à des
40 m de diamttre) aménagées par des remblais sur pierres de souténement de greniers ou bien encore
les bas de pente et envahies peu ou prou par des à des foyers. En surface (et probablement en profon-
fourrés de combrPt,acés et d’ac.acias lianescent,s deur), de nombreux gravillons ferrugineux sont
entourés de ficus. Les puits situés Q proximité des mèlés à la terre (trés compac,te si les monticules ne
huM.es anthropiquex sont plus rares ; une vingtaine sont pas cukivés), cont,rairement à ce que l’on
ont bté recenses. On les remarque surtout dans la observe dans les c.hamps sableux alentours. Ces
partir sud de l’aire 6tudiée et ils sont tous en partie gravillons pourraient provenir de la décomposition
t.~~rr~blés. Enfin, trois sites sont ent,ourés d’une de murs en torc.his (021 banco) t.ombés en ruines.
le\-Pe de terre interrompue par endroits (3). Le nombre de buttes groupées par site varie de
Partout, les quarAtés considérables de tessons, trois à une trentaine. Les cas les plus fréquemment
@pais ou fins, qui jonchent le sol ou c.onstituent- des renc,ontrés sont de trois 2 cinq buttes (45 %) et de
arnoncel1ement.s distincts auprk des buttes, sont cinq ci dix but,& (3G y,$) (5).

(1) Urnrs ou jarres-cercueils ou pilhoï (SCHWEEÜEH-HEFF~L, 1905).


(2) Les lirus de fonte du fer. rpp&ables par les tas de scories k~~cués des hauts fourneaux au temps de leur acfivit6, n’ont’
pu Btre recensés systbmatiquement. tant ils sont nombreux au Iaf&nga et difficiles h dater. Dans cette région, le fer n’a cc& d’être
fondu à partir du minerai local qu’au oours des anntks 1945-50 bien qu’il faille not.er qu’une partie des forgerons ait interrompu
les at:tiritPs d’extraction et du fonte du minerai dt% les années 30, lorsqu’il a été possible dc rtkupérw les premiéres retombees de la
civilisation industrielle (arbres de direction et hloos moteur, traverses de chemin de ferl.
Les emplawments de hauts fourneaux se situent tant dans les zones aniourd’hui cultivées que dans les t.aillis. On peut. dire,
sans exagirw, qu’il suffit de les chercher pour en 1,rouver t.races. Celles-ci correspondent soit 0. des haut, E fourneaux isolk, soit à des
I batteriw 9 de cinq, dix haut.s fourneaux et parfois plus. Dans cc second cas, il est possible à un wil exercé de les détecter sur
photographies a@riennrs à l/lO OOOr, voire aux échelles inférieures, de facon plus aléatoire.
L’observation du tas de swries à proximité d’anciens sites habites no prouve pas que les hauts fourneaux aient 6té contempo-
rains dr ces sitw. Far contre, la tlbcou\-erfe de braoclet. en fer torsadé et de maillons de chafne prouve que les habitants connaissaient.
1~ travail du fer. Il est, de plus, &vident que pour creuser des cikrnes et des puits dans la cuirasse ferrupineusr, les popiilations
ll~ikaient nicrssairemrnt. des outils en fer (du type daba (houe>‘.
Dans lr cadre d’nnr étude qui pnrtrrait sur lt! travail ancitsn du fer, il conviendrail, dans chaque yillags oil se tient un quartier
du forgerons, tl’rnquéter avec l’aide de oes derniers sur les lieux d’cxtraciion et de fonte du minerai. Nous avons suivi cette demarche
?I TZ~!~U,qui est un des hauts lieus du t.ravail du fer au Yafêngu. Les forgerons 110~1sont montré successivement 1~s puits d’extraction
PL les emplacements de hauts fourneaux oh les trois dernihs gbnérations avairnt travaillé. Outre 1~ t.emps qutt demande une tt?lle
t*ntpit!te (plus d’une demi-journk par vi!lagej les r&ultats & sont pas trbs probants rar les informations n’intéressent. que 1~
vestiws lrs plus récents, remontant :a III~~ centaine d’ann&s tout au ~LUS.
13) Ces kvées de terre observ6e? à Kudangu, Sissumba et .Sabzlni (fig. 2 et 31, au trac+ arrondi ou rrclilirnr, peuvent ttkioigner
du crt:usement d’un fossé pour canaliser l’eau de ruissellement vers les citernes (ai.
(41 lmprtwions de tissus et de vannerie sur les panses des pnterir. q ; impressions de cordeleites et. d’épis (maïs sec et petit
mil ?I d la hase drs cols ; lignes obliques, entrelacs, cbevrnns trPs fins aux raccords peu apparents, Ns b)coucht’s, motifs gauffrés,
dtkorations cn denfs de scie, eta.
(51 Les buttes isoltes n’ont pas 616 dhombrées. Nous n’etudions ici que les grouprmcnts de but t?s anthropiques distantes
lw ~~nw des autres ti’urw centairw de InAtres tout au plus. 11 est certain qu’uue prospection plus fine aurait abouti à dénombrer
{Ilus dr I~lIttec qur *~LIS n’en avons t:hiffr+ p«~lr c.haqu~ site. S’il y a erreur, celle-ci s’inscrit. par dPBaut.
Fig. 2. - VESTIGES D~OCCUPATIO?? ANCIENNE AU \-ATENUA.
1 Citerne isolée ou poupe de citernes ; 2 Groupement de buttes anthropiqups, localisti sur photographies abriermes et non visitk.
Groupes de bnftcs nnthropiques reconnus sur le ferrain : 3 de 3 à 5 buttes ; 4 de 6 k 10 buttes ; 5 tir 11 h ‘20 huttes ; 6 du 21 à
30 buttes ; 7 avec remblai de t.erre périphérique ; 8 sit.ué sur intertluve cuirassé & distance d’un parc arborb. IV.~?. - Tous les si&,
non concernés par ce signe, sont localisés à proximité immkdiate ou sous un vieux parc b Faidherbia albitla. 2 aire de o superposition ,I
de groupements de buttes anthropiques et d’habitat. actuel : centre clrs villages ; 10 asr de drainagr principal ; 11 pkrimbt.re urbain
de Ouahigouya ; 12 itinéraire CIP prospection ; 13 limite du swteur étudié.
L’~~mple de Kndaizga est. représentatif des aires, peuvent, ét.re délimités, exclusion faite des
sites rwonnui;. A. proximité d’une aire épier&> sit,e.s les plus isolés, notamment & la pé.riph&rie de
et. d'une série de citernes, le c,(p,ur du village est. l’aire Etudiée.
forrnt; de 18 but.t,es de tailles inégales. Les unes Dans les ensembles Q semis l&c.he, la distance
peuvent, atteindre deux a quatre rnPwes de hauteur entre les sites varie de Cl,8 & 6 km; la moyenne étant
en Irur cent-re (de mt?me que celles de SiZqa, Hombo, de 3,2 km. Dans les ensembles A semis serr8, les
Po~gow) et dix A t.rent,e mèt.res de diamktre A leur distances séparant, les sites varient, de 0,G à $2 km
baw. Si le ruissellement a érodiz la c.rét.e des buttes et la moyenne est de 1,7 km (1). Tout. confondu,
- que l’on peut. supposer avoir 6t.é plus élec& - le
la moyenne des distances qui séparent les sites est
rrttmc aFent a @talé terre et gravillons A leur pied, de 3 km pour 170 sit,es recensés. A titre de campa-
de telle sort.e que le diametre originel a pu s’accroître. raison, la moyenne de celles qui @parent les villages
On peut, d6duire de cet,te ssrie d’observat.ions actuellement peuplés est de 3,7 km pour 12.2 sit,es
C~LIPles buttes nnthrc-jpiques sont. vraisemblablement. habités repartis sur le méme espac,e. Cette différence
des amas de dbcombrns et que les sites ont été habités provient. d’une répartition beaucoup plus homogéne
t:lms lr cadre d’une occupation agricole sédentaire des sites d’habitat act-uel, contrairement. aux sites
dont les indices sont. les impressions de t,issus et. de anciens qui forment. des grappes.
trwsage sur les fragments de poterie. Bien que nous
n’ayons pas effectué de fonilles et. pas recherc.lié t
I l

syst,bmat,iquenlent des charbons, nous sommes per-


suad@s que les but.tes ne sont. pas des fwnuli, au
bens de sépult-ures, mais bien des monticules domes- La densitP. dru anciens sit.es peut, laisser supposer
tiques. Les jarres funéraires mises a jour par le un peuplement; relat.ivement fort. si l’on veut. bien
ruissellernent~ sont., soit dispersées dans l’intervalle admet.t.re, d’une part, que c.e peuplement ait occupé
sableux qui separe les buttes, soit groupées en Cet;te région R une période parfait.ement. distincte
0 c.liamps d’urnes 0 (comme & 7bp.z) A plusieurs des périodes moderne et actuelle et, d’autre part,
cent.aines de mtttres de l’aire occupée par les butt.es. que tous les sit.es aient été occup&s simultanément.
L‘a figure 2 prPsente le semis de ces anciens groupe- En premier lieu, il est indispensable de souligner
ments d’habitat.ions, qui se répart,it sur à peu pr6s qu’une population dite sédent.aire bouge; tout
ci0 o;, do l’espace régional 6tudié. Des sect.eurs ddpend de la durée pendant laquelle on l’observe.
paraissttni.~ ne pas avoir étt; occupés, notamment A Il est. courant. au YrSngn d’apprendre que telle
l’Est.; d’autres se singularisent, par une superposition famille a char@ plusieurs fois son lieu de résidence
tles villages actuels sur les sites anciens (44 sites au au cours des tront.e dernieres années (2). On sait.,
sud de Ouuhiyouya et. 8 au sud-est, de l’espace par ailleurs, que des famines comme celle des années
concerné). Ailleurs, on observe des couloirs inoccupbs, 1913 (famine kobgn) ou de 1907 (famine ~l;w~uyu)
larges de trois A quatre kilomAtres, séparant, des ou, plus anciennement., celles qui ont. marqué le
rassemb1ement.i: de sites plus nu moins distants r@ne de Naba Npmbenmogo (1831-1839) ont provo-
les IJIIC des alItres. qu6 la mort et le déplacement de plusieurs dizaines
Ces ob<wvat.ions sont lbien entendu sujettes SI de milliers d’habitants (3).
caut.ion, t.ant il est. vrai que la densit.6 des sites Il s’agit. donc de savoir si les sites reconnus ne
olwrw+ dépend de la possibilité de les localiser doivent pas être ratt,ach& à une pkriode récente OL~
sur les photofSraphies aériennes puis sur le t-errain. contemporaine. Les propos t,enus par les villageois
Cependant, dans l’ét.at actuel de nos repérages. ei-,l’observation des ruines d’habitations abandonnées
deus types dc semis d’anciens villages peuvent Ctre dans le courant. du XIX” siècle dissuadent. de pour-
discern’ks sur la fig. 2 . semis làc.he et semis serré, suivre l’investigation sur cett,e voie. En effet, les
et des ensembles de sit.es, t,els des ensembles nu&!- vestiges de za~se relevant de cette periode ne sou-

(1) I)isl:~nw int~er-si1.w dans les semis làches : 0,8-*L km (26 %i ; *2,2-AIirn (50 <!II ; 1.24 km (23 :OI ; plus do 6 km (1 y&).
t)ijt:lnw in1tcMtr.s dans les semis serr6s : 0,6-l,? km (36 ?t,I ; 1,+1,X km (32 ‘5;) ; 2.-%,4 km (21 ?+,I ; ?.,ü-3,i? km (12 46). Distancr
inter+ites, ttrut confondu : 0,0-i, km (38 yO) ; %,2-4 km (35 4:,1 ; 4,2-f? km (21 0,;) ; 6.2-X km (3c 01.1.
/,1
(2.1 T~ans le village de Say (Gzzrc~l), CII dix mois d’&tude, drux ZU/SY (sing. zaka : fermcl, hat~italion) abrit.ant. de dix A trente
pcrsonues ont btP ahandonn6es en cluelyuc!s scmeinc~s. 1-w habitations on1 616 reconstruites immédiatement en un autre lieu du
terroir, par les mPmrs personnes.
(3) Pendant 1~ famines de 1831-39, * de nombreux paysans quittè.wnt lwr villa-c> CI la rechrrche de 1ux1vel1e.s terres, des
\.illaprs furrnl parliellrment ou i otalrment abaritirmncis i... I cire groupes de paysans rrrants crc’$rrnt de no~~wux villagtts de culture
dont l’implantaiion modifia sensiblement le peupt(>mrnt de crrtaines régions du pays » (T~IR», lR70, p. 142).
T’ESTIGES L~‘OCCUPATION ANCIENNE -4U Y.4 TENGA (H=iUTE-VOLTai) 455
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tiennent aucune comparaison avec les emplacement~s tissement d’une dynamique krosive d’ensemble
d’habitat que nous avons présentés plus haut : ainsi que d’une dkgratlation homoplne de la part
absence de jarres, rareté des fragmenk de poteries, des habitants (qui c~ultivent les sols sableux et
factures diffkentes des tessons, monticules domesti- souvent les buttes). Lit dynilrnique érosive qui les
ques peu discernables. Il faut donc supposer une affeck ne parait pas avoir atteint- des stades dist.incts
ocwpation des sites anttrieure au XIX” sitcle. d’un sit.e A l’aut.re; ce qui, dans le cas inverse,
Gomme les habitants des villages ti dominante aurait pu s’expliquer par une act.ion portanL sur des
mos~i ont. évoqué an cours d’entretiens la possibilité périodes de temps variables. Cet1e constatation
d’at.tribuer ces vestiges aux Fzzlse (Kzzrumba, pré- permet, de supposer que les sit,es ont, été abandonnks
Alossi), on peut, alors penser qu’il s’agit d’empla- au cours d’une ruhre piriodé.
cements d’anciens villages krzrrzmba. Cependant, (2) Les degrks d'usure des tessons et de leurs
une nouvelle fois, nous sommes amené à repousser dessins sont- comparables d’un point 0. l’autre de
dans le temps la période d’wcupation des sites car, l’espace considéré; ce qui corrobore l’idée d’un
A Hôlzgu, Tzzgu et Bzzpzre qui sont les principales abandon des villages au cours d’une nkne séquence
c.hefferies frrlse, les chefs de terre, interrogés sur les de temps : une cinquantaine d’années ‘? assurément
lieux mEmes des vestiges, affirment que ces témoins moins d’un sikle ( 1).
d’owupat.ion ancienne ne peuvent etre assimilés
à une implantation de leurs ancêtres. Ceci étant, (3) L’homog6néit.6 apparente des poteries : mémc:
ils nous ont montré l’emplac.ement de leurs plus texture, répél-it;ion des dessins et. des objetz rnhnagers
anciens quartiers fondés avant que Nczba Yadega ou funéraires, d’uu lieu A l’autre, fait. penser que
(qui constitue un point de repi?re historique facile) leurs usagers relevaient (l’un nihe peuple ou d’un
ne crée un réseau de chefferies rzakombse dans la mPme îo& cult.urel.
région, soit dans la seconde moitié du XVI” sikle. Dans le méme ordre d’idk, la disposition dr:s
Il est donc possible de considérer un peuplement buttes est. presque partout. identique : butte centrale
ancien, distinct. de l’actuel, mème si ce dernier a des élevée entourk d’autres plus petites et moins larges;
origines vieilles de plus de cinq sikles. Des personnes, le tout à proximité ou wus ~111(t parc D à Faidherbia
témoins des ent.retiens, ont cité le nom de TCibse ulbz’dn.
pour désigner cette population ancienne mais les Les sites nbservbs paraissent avoir été habités
chefs de terre kurrzmbn se sont montrés plus réservés par un m$me p?UrJle et abandonnés au cours de la
sur c.ette question tout en reconnaissant, toutefois, m6me période. Cett.e conclusion partielle invite à
que tel puit, comblé aux abords d’un emplacement nous interroger sur les principaux caractères de ce
d’ancien village ou que t-e1 autre, encore fonctionnel peuplement dit-paru.
et proche d’un village actuel, étaient des puits
kibse!...
La seconde interrogat.ion consiste à savoir si les Hypothèses sur les conditions du peuplement
sites ont été contemporains d’une m6me période
d’occupation. A ce propos, ce sont essentiellement Nous proposons, tout- tl’nhord, une esi imntion
les observations de terrain qui peuvent c.onduire de la population ayant vbcu dans ces anciens
B une réponse; laquelle pourra ètre jugke imprudente villages puis, aprPs avoir trnt6 d’imaginer quel
dans l’ét.at acluel d’une reconnaissance de surface. pouvait. être son 0 genre de vie 0, nous mettrons
Nous nous essayons tout de mème dans cette tentative cet-t.e population en relation avec 1’espac.e qu’elle
et pensons que les sites peuvent ètre considérés comme pouvait utiliser.
ront,emporains les uns des autres pour plusieurs Aussi osée et. c.ont,est,able que puisse paraitre cette
raisons : tentative, notamment pour les archéologues, nous
(1) l’aspect actuel des buttes, dont les groupement,s pensons qu’elle peut livrw des connaissawes utiles
s’inscrivent dans des situations topographiques à la compréhension d’une dynamique de l’espace
comparables (h mi-pente, sur sols sableux) est l’abou- ruraI.

(1) Parfois, sur des but& isolées, très :rplanie3, g5ni?ralernent.situées sur les hauta dr penle gravillonnaiw3, les tessonsde
potrrie présentent.des bords ronds, us19et. leurs dessinssont. presque rff’ack. Ils sont fwgnrnt.c;s en mult.iples ptitits ~OPCBBIIS.
Cesbutt.rs sont.diflkiles à rattacher à cellesrlui sont groupées.Elles par;lissont pins ancic?rlntisou plus rtkentrs ([lie CPSdernkzrrs
(les pot.cril:s contemporainessont minces et fragiles...). Elles peuvent évenlut~llcmc~nt. étrc rai tuchbcs 6 I’cwupation des sites de
vilbgcs mais avoir et& occupéespendant. une courte duree paT des chasseursou des forgerons, ou enwre ~handonnk?s pour des
raisons d’inskcurité.
C:esbut.tes isolbcsn’ont. pas 6th intégrées 5.l’éhdc, du bit de loxr aspect insolil c.

Cah. O.R.S.T.O.AI., sb. Sci. Hum., vol. XT’, no 4, 1.978: 44.%484.


. . .. . . 5

----- 6

L 7

Fig. 3. - AIHEB DE PEUPLEMENT SUPPOSF:ES.


1 N11m6ro d’ordre des groupements dr villages et des espaces utilises : aires de peuplement ; 2 Peuplement estim8 par site villageois ;
6 Ennoyage permanent de la cuirasse ferrugineuse avec niveau de nappe phréatique situé cnt.re IIJ et. 15 m du profondeur en fin
de saison sec.he ; 4 Affleurement du socle granitique ; 6 Limite occidentale du bassin de la Volte Blanche ; 6 Axe de drainage
principal ; 7 Les * metropoles ‘J : Be : Bemhla ; Bi : Bil@a ; B. : Burho ; Bu : Bursuma ; Bug : Bupure ; F. : Fili ; Gu : Gurga ; K. :
Kndanga (Dumbre) ; Ko : Konanga ; Ku : Kuba ; Lo : Longa ; Lu : Luguri; P. : Pela ; Sa : Sabuni ; Si : Siliga ; Sis : Sisamba ;
SO : Sbde ; S. : SO» : Su : Suli ; TO : To4se ; Tu : Tugu ; Y. : Yalka ; Yi : Tipo ; Yis : Yisigui ; Yu : Yuba.
T-.ESTI GES D’OCCUPATION ANCIENNE AU I-ATENGA (HAUTE-1,‘OLTA) 457

Si l’on considkre que les buttes sont bien les en grappes paraît art,iculée sur le réseau des axes
emplacements d’anciennes habitations et que celles-ci de drainage; les ensembles dt> villages sont, généra-
pouvaient être construites en matériaux identiques lement disposés ti l’int.kieur de bassins-versants
h ceux des habitations actuelles, du type mossi, affluent8 des bras de la Vo1t.a Hlanche.
kurumba ou dogon du Seno (N.-O. Yat&~ga), on peut L’examen des c.hiffres de population permet de
envisager, avec prudence, d’appliquer A chaque remarquer que, dans chaque ensemble, quelques
tertre un chiffre moyen d’habitants. villages sont. plus importants que leur& voisins
L’estimation repose sur les donnkes extraites des immédiats. DispersCe dans une nPbuleuse de sit.es
recensements de L. TAUXIER, faits en 1914-1917, pour lesquels l’esiknation de la population varie
alors que l’habitat était moins éclaté qu’il ne l’est de 60 à 200 habitants, une t.rent,aine (sur 170) se
actuellement, ainsi que sur nos observat,ions faites au distinguent en présentant. de 300 à 600 habitants.
village de Say (Gurcy) en 1970. Il semblerait que nous ayons & faire Q des groupes
TAUXIER distingue les quartiers forgerons des de villages établis autour de <(métropoles )) qui
quartiers kurumbu et mossi. Pour les premiers, auraient pu être des c.entres de dispersion et (ou)
le chiffre moyen de 43 personnes par habitation est de repli des populat,ions. Ceci pose la question de la
donné. Dans les quartiers fulse-kurumba, une distinc- dynamique de ce peuplement., de sa croissance A
t.ion est faite ent,re les dan (habitations) du nord-est partir de cent.res fondateurs, de son expansion
du Yczténga (28 hab. en moyenne), du nord-ouest territoriale et de sa disparition; autant de questions
(25 hab.) et du sud (30 hab.). Quant aux quartiers auxquelles il est. diflicile de répondre (3). Rien ne
mossi du centre du Yniênga, la moyenne donnée par permet de dire que l’ensemble des groupements de
zaka est de 24 habitants (TAUXIER, 1917, pp. 224-233 villages ait- 0 fonctionné 0 dans le nierne temps
et 548-549) (1). (stricto sensu).)
A Say, la moyenne par zaka située au cclfur du f
1 i ,
village est de 24 habitants. Des mesures d’habitation
ont été prises et mises en relat,ion avec le nombre Les conditions écologiques régnant entre 12 et 140
d’habitants. Sur douze mesures, la moyenne est de de latitude nord permettent une large gamme d’ac,t.i-
20 hab. pour une zaka de 20 m de diamètre. vités : out.re la cueillette, la chasse et la péche,
De ces données, nous empruntons le chiffre le l’élevage pastoral ou sédent~airr, la c.ulture itinérant,e
plus faible de 20 personnes par habitation pour ou intensive et- l’artisanat. (fibres, bois, cuir et
l’appliquer A chaque monticule repéré, sans risquer métaux). Ces activités sont. act.uellement pratiquées
d’encourir une surévaluation des effec.tifs que nous au Yatènga et, ont. pu l’étre anciennement avec
désirons cerner. Ce chiffre de 20 habitants, multiplié d’autant, plus de facilités que les potentialités
par le nombre de buttes dénombrées sur chaque régionales étaient sans doute plus riches qu’elles
sit,e, donne une est.imation minimum de la population ne le sont aujourd’hui.
de l’ancien village. Sur la figure 3, la population Aprks avoir examiné les décors des cckramiques,
estimée pour c.haque site a été reportée (2). réalisés par impression de tissus et de tressage de
Cette figuration de la répartition du peuplement fibres, observk la grosseur des monticules groupés
anc.ien renforce l’observation faite sur la carte des sous les Acaciu ulbiclu, les traces d’épierrage, la
sites (fig. 2), & savoir celle d’une répartition en présence de cit.ernes et de puik, nous supposons
grappes du peuplement ou encore en ensembles que les sit,es étudiés témoignent d’une- occupation
nucléaires constitués c.hac.un d’une multitude de ancienne reposant sur une base agricole stable, bien
groupes humains d’assez faibles dimensions. enracinée et relativement rlrnse. Il est. possible d’ima-
En introduisant sur le fond de carte des variables giner une population sédentaire associant la culture
hydrographiques et hydrogéologiques, la répart.ition (pennisetum, digitarin fwilis (fonio) ?i la cueillette

(1) Remarquons que l’habitat mossi au centre du EyatBngn est de type quadrangulairr, copi6 sur l’habilat. ktzrzzmba, lui-m6me
trés ressemblant A l’habitat dogon de Pplaine P : habitations et greniers carrés, t.oits Q terrasse. Aillwrs, en pays mnssi, l’habitation
est un ensemble dc huttes rondes à toit de paille, jointes entre elles par un mur circulairt~.
(2.) Dans la suite de I’et.ude, nous conclurons avoir affaire ti un peuplement lzibgcz. Or, 1~s forgerons, qui, dans lrs wcensements
de TJXLLXIER,se distinguent par la plus forte moyenne d’habitants/zalîa, ont pour la plupart une origine kibga. Dans cw conditions,
le chiffre 20 ret.enu ne serait. pas raisonnable mais trop faible...
(3) L’citude de la mobilitb de l’habit.at au village de Sag tend a dCtmout.rer qu’apr&s une phase de groupr.ment., le centre du
village se disloque lentement puis at.teint une phase d’kclatement gém!ralis@, ne laissant que peu d’habitants dans le noyau central.
On remarque @~lement qu’en D&iode + conqukrante N, les habitations isolkrs, issues du noyau central, rrnfrrment de gros effectifs
d’habitants pendant que la souche dépkit à la fois dans son effect.iî global et dans l’effectif par :aka. Faudrait-il nous inspirer de
ce constat. pour expliquer la formation des groupes de villages autour des + m@tropoles Y ?

Cah. O.R.G.T.O.M., s&. Sçi. Hum., vol. X1’, no 4, 1978: 449-484.


ainsi qu’à l’élevage et au travail saisonnier du fer. succédées sur les sites d’habitat avant qu’ils ne
Un modble d’exploitation de l’espace peut aussi soient abandunues.
étre c(projeté o sur ces sites anciens; fondé a la fois L’enracinement d’une société agraire utilisant, au
sur des (cchamps de village B sur sols sableux et sous mieux les condit-ions écologiques se déduit surtout
{( parc. I), assurant la hase alimentaire (mil et fonio) de l’analyse que l’on peut faire de la sit,uation des
et. sur une 0 brousse 0 utilisee, soit dans le cadre d’une anciens villages par rapport au modelé régional
jncbérc a long c.ycle, soit, plus simplement, en tant et, à son suhstrnt géologique.
qu’appoint. al&ent.aire (chasse, pèche, cueillette de Les villages sont. disposes le plus souvent a l’inté-
fruits et. de graminées : éfagrostis, sp0r0boZus... et. rieur des ((niches écologiques o formées par les
fonio sauvage) et. terrain de pacage et d’extraction impluviums qui constituent les têtes de bassin-
du minerai de fer (1). Ce qui est certain c’est que versants. Ce trait c~aract~éristique de la localisation
I;I présenc.e d’un parc A hc.ac.in (2) est l’indice d’une de l’habitat peut. 6tre mis en relation avec la possi-
culture sedent,aire, d’une longue durée d’occupation, bilité. en ces lieux de collecter les eaux de pluie qui
d’unr aesociat-ion culture-élevage et. d’une densitk ruissellent sur les glacis - et les filets d’eau qui
relat-ivernent. blevee de population. sourdent parfois Q la base des corniches cuirassées ---
II est. t-rès probable que la durée d’ocwpation dans des citernes creusées en haut de pente ou a
des sites ait Ate longue (plusieurs siiXles) car, outre mi-pente, peu éloignées Q la fois du revêtement
l’açc~unll.llat.i«n de poteries dans certaines huttes sableux S bonne rétention (3) et des afl’leurements
et. la haut.eur de ces dernières, les traces d’épierrement. cuirassés des sommets d’interfluves qui sont autant
sur les hauts de pente gravillonnaires (qui succtclent. de @tes minéraux exploitables pour. l’industrie du
en c1rntinuit.6 aux sols sableux) témoigneraient. fer (4) (fig. 4).
d’une mise en valeur complét-e des sols sableux C0rnpt.e tenu de aett.e position topographique
et. donc de I’ckQation pour les populations, de des anGens villages, on est en droit de se demander
. cultiver (déja i cette epoque!) des sols aux poten- si les bas-fonds ne se signalaient pas clans le paysage,
tialités agronomiques médiocres OU faibles. Peut- il y a cinq siécles, par une vtgét,ation abondant.e,
Otre, aussi, les conditions d’insécurité ne permetS- du type galeries arborées h sous-skate arbustive
t.aient-clles pas d’étendre les champs trop loin de épaisse et. lianescente, difEcilement attaquable par
l’habitat.; d’où fa necessité d’amenager les haut.s le feu courant.. Les bosquets relictes (bois sac,rés)
de pente a proximite immédiate du village. Dans qui jalonnent, aujourd’hui, les axes de drainage
un cas comme dans l’autre. ces aménagements et qui semble témoigner d’un climax revalu, étayent.
prouveraient. que de nombreuses générations se sont. c.ett,e supposition. Les villages auraient été fondes

(1) L’important materie de broyage trouve sur les buttes et à leurs abords pont t’trr celui de graines sauvages ou de produits
mirn!.raus.
12) L’ancicnnctP dos Acucia albido reste uno qnest.ion diilicate à régler. Hormis la relation 6vident.e entre leur presence et ccllc
des mcmtieulrs domestiques, peut-on considérer que ces arbres datent du temps où les villages Ataient Imbités ?
Le Faidherbiu atteint. un bon developpemrnt. sur les sols sableux @pais mais les rares datations (par dertdrochronologic) réalisées
par MARIA~~ au Sienegal, donnent cent. ans, au maximum, pour les plus vieus .-lcacia observés sur l’emplacement d’un ancien village
(diamPtro des ironcs : ï5 cm). Ceprndant, l’auteur signale que les sept arbres analyses « ont une largeur d’aubier très importante,
ce qui est une preuve d’une grande vitalite. Si les arbres 6tsirnl très vieux, l’aubier serait. Etroit ‘* et. il ajoute : d la datation precise
de ~OI~Sles cernes avec une certitude absolue est au-drssus de nos possibilités actuelles on raison des cernes nuls ou dc l’accumulat.ion
de cernes infimes 3)(hl~nr.kux, 1975, pp. 31 et. 35).
T>our notre IJart, IIOLIS avons obsrrve des Acacia pouvant. atteindra 1,50 m de diamPt.rr à leur base, avec des racines dkhaltssEes,
mais cette vieillesse apparente ne permet pas de leur donner c.inq ou six cents ans d’àge.
La tradition du village de Ldngcr, fond6 au milieu du XVIII~ siècle < dans une forêt oii ne s’avance que Ic chasseur l>, fait. i-t.at
de la découverte d’une 6 clairière ou se trouvaient les ruines d’un ancien village kihga B. Le mot. x clairiere 8 pourrait-il t?tre associe
à Gprc ” 9
(3) Ce rcvèt.rmrnt, qui se t.ermine PII biseau, A mi-pente, sur les sols gravillonnaircs et. s’+paissit lcntrmrnt vers l’aval de la
pente, a pu attc+indre naguere les hauts do pcntc, avanl que l’erosion nc Ic dkcape.
( $) L’intensité du cuirassement est fonct.ion de la nnturr et. de l’épaisseur du manteau d’alt.6ration produit. par les roches-
rnhw et du site topojiraphicIile. Ainsi, les roches basiques et les schistes, riches en mineraux îerro-magnPsiens, ont. donné naissance
a des revètenients ferrugineux Gpais (haut-glacis) qui s’opposent. aux cuirasses de faible epaissetir (moyen glacis) devrloppees sur
les granites, pauvres en fer. Par ailleurs, les swquioxydrs se sont. accumulés surt.out SLIP les surfaces planes ou faiblt?ment inclinees.
ILrs conditions les plus favorables au cuirassemont se sont donc. trouvees rciunies sur les cones d’epandage au pied des versants
des reliefs de commandement (roches du complexe v«lCarln-S~tiimcntnire) et sur les $hicis des zones schisteuses. C’est en ces liens
que le relief cuirassé marque le plus le paysage, t.ant. par l’abondance des témoins que par la denivelk? de leurs rebords et la puissante
induration des cuirasses : tables, impluviums.
Impluvium

. .
‘/
I

* . . * . .
. . . . . - . .
--. e;*. . . .: .
. . . . .-., ._ . ., . -.
. . . . *# .: . _’
* -
-_. ‘_ :-
- . _ . _t . . _._

- Sens de la pente J Végétation \\ ’ I/


) Citerne
:. :.:;.._.. f .:..‘... Recouvrement % +? de bas-fonds
sableux c
Faidherbia albida 0 Puits
xyw!&r Taillis (brousse”tigrée”) Y
w Champs épierrés 63ii Habitation --m- ((gouttière)) d’impluvium
Fig. 4.

préférent.iellement, à mi-pent.e des glacis et leur on peut considérer que les villageois élevaient des
clairikre agricole n’aurait pas eu pour origine le animaux, dont les aires de pacage intéressaient
déboisement d’un couvert végétal épais mais un saisonniérement les chaumes des 4 c.hnrnps de village 0
défrichement par le feu, faci1it.é par la présence et, de fason courante, les kllis des haut.eurs cuiras-
sur les glacis d’une steppe arbustive ou arborée sées et les pâturages graminéens des glacis, A distance
claire, A t8apis graminéen associé aux sols sableux (?). Grespectable D des bas-fonds dont la végét.ation
Enfin, si l’on retient que la présence du bétail est dense pouvait fort, bien abriter cplques glossines (1).
indispensable à la régénération du parc Q Faidherbia, On peut, enfin, érnet.t.re l’hypothése que les bas-

(1) LAMBRECIZT signale la présence de la maladie du sommeil au XIV e siBc.le, au royaume du Uuli, sous une latitude plus
septentrionala que celle du Yat&zga. 11 cite les chroniques arabes à propos de la mort du prince Mari Diala II :
u His end was to be overtaken by the sleeping sickness, which is a desease that frrqueutly hrfslls fhe inhabitants of those
count.ries (...) Sleep overtakes one of t.hem in such manner that it is hardly possible to awake him. HP remained in this condition
during t.mo years, until hr died in the year 7T5 A. H. (A.D. 1.3734) o (LAMBRECHT, 1964, pp. 17-18). L’auteur rrmnrque que la durCe
de deux ans pourrait si&naIer le Trgpanosoma gambiense, qui est. transmis par le vect,eur (&~.s.sirfc~r~~/@i.~ IJU fsé-fsé, prfijudiciable
6Jgalcment 331’8levage.
MARC (1909) parle d’une race taurine, de Mlle normale que l’on rencontre au nord du parall&le 9 : x il semble que ce soit
c.ett.e espèce qui soit la plus anciennement connue dans le pays. C’est. en t.ous cas celle qu’P1Avent de préféwnw les indigènes de
races autochtones, Gourounsi et Boussan&. Les régions qui semblent le mieux convenir à ces aninlaux sont les rM»ns les plus arrosees,
cependant on les rencontre jusqu’A Ouahipouya, ce qui paraît être la limite nord de leur habitat *. L’auteur pense que l’introduction
en pays mossi du zébu remonte seulement à 1’arrivPe des Peu1 au XVIII~ siMe (WARC, 191)9, p. 99).
Nous retiendrons la possibilité d’élever des taurins trypano-rcisistant, au Yaléngu, avant le SVTII~ siMe.

Cal~. O.R.S.T.O.M., sk. Sci. Hum., vol. 9‘c7, no 4, 1976: 449-1154.


460 J.-I-. BZARCHAL

fonds n’attiraient. guilre les cult.ivateurs dont, les populat.ion par village avec 1’espac.ecultivé et utilisé
t.whniques et-aient. adaptt;ex aux sols légers. par ces villages. En l’absence de délimitation des
Unr I’OIlIli~iSSRnC.~ des différent.es particularités espaces villageois, nous ne pouvons tenir compte
des roches sous-jacrntes transparaît enfin dans que de la seule répart.it.ion des fnit,s de peuplement..
l’analyse de la rtpartition spatiale des citernes et. Nous avons observé. que la répartition des anciens
des puits. Sur le socle graniLique, caractérisé par villages ne parait. pas due au hasard mais semble
des arCtnw siiblo-argileusz?s iluentes (altérites) qui bien 6tre fonct.ion d’un certain nombre cle fact.eurs
intrrdisent le creusement de puits profonds (ébou- t,els que le ravit.aillernent en eau, le site topographique
lement.), les sites d’anciens villages s’accompagnent, et la rétent,ion des sols. Aussi, avons-nous remarqué
de c.it.rrnes, dans la plupart. des cas. Inversement, des ensarnbles const,itués par des grappes de villages
dur le socle schisteux, au-dessus duquel le cuiras- disposées dans de petits bassins-versant,s, de part
semrnt ferrugineux est épais, 011 recense moins de et d’aut,re des ases de drainage. Cette constatation
çif.rrnw. L.es -sites sont alors accompagnés de puits d’une discontinuité dans la répart,it.ion du fait.
cnw&s dans les endroits on la cuirasse est, ennogée de peuplement. exclut, a priori, la prise en compte de
en permanrncc, dans les (, gout.t.ières O, au c.ent.re des l’ensernble de l’espace ét.udié comme terme du
impluviums (1). Ces puits- sont, soit. comblés, soit, rapport. de densité. Force est donc. de délimiter des
encore utilisés par les populations. secteurs supposés utilisés et de ne s’int,éresser qu’A
Tous ces indices de choix dans l’occupation de ces derniers, Atant. rntendu que 1’espac.e restant
l’esl~aw c.orrf.rbnrenL la supposition d’un maintien pouvait oc.casionnellement &tre parcouru par le bétail
d’une société rurale pendant plusieurs sitc1e.s dans ou les chasseurs ou, enc.ore. les forgerons.
lrs irncirIlS sites villageois. Parlant. de l’observation c,lassic@e qu’un terroir
t se constitue A partir de l’habitat, et que ce dernier
1 ‘L en est donc le centre, nous retenons le principe
d’une unité de surface par village qui, dans sa forme,
Considérée comme sédent.aire et. vivant de l’agri- ne privilégie aucune direction : le c.ercle (2). Afin
culture, la sozG6t.4 que nous étudions rétrospecti- que ce cxercle soit le plus neut.re possible, nous lui
vement cont.rc)lait inévitablement des portions d’es- affec.tons un rayon égal ti la moyenne des distances
pace autour de SOI~ habit.at. Aussi, sommes-nous inter-sites mesurz?es, soit. 3 km; la superficie d’un
t.entéh de mettre en relation les effectifs estimés de terroir villageois est. alors de 28,26 km” (3). Cet-te

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Les puits 4‘kibsr xparaissentavoir 6t6 cre~lsés par rziveazzssuccessifs,da diamètresvariables, en dessous d’un COI étroit. Au fond.
parfois, deux galcries s’rnfoncrnt d’un ou deux m$t.res dans de.us directions oppwi%? (cornmunicatiun orale, .J.-C. BIOREL,
HOROE4PI.

C*~I Lr trrwir (YSI * la portion de territoire approprit!e, azIrPnagbt+ ct utilisPe par un groupe qui y reside et en t.iw ses moyens
d’rsixtcnw P (S\~TTE~, F’ELISSI~, 1964). Lr site d’habitat est le point. de réf6rcnc.e 0 part.ir duquol les occupants apprc+hendenl
I’rspacr autour d’eux, tx*r lui conf6rant un intt!ri?t qui d&xoit. avec I’&loigncmcnt.
(3) 011 aurait ~II prendre comme espace de référence, un cercle de rayon égal & la moiti6 de la distance moyenne inter-sites,
soit 1,s km, car on peut imaginer, qu’entre deus villsgcs, I’espace optimal utilise par l’un et l’autre s’etrnd jusqu’8 mi-chemin de
la distarw qui les skparr. Bien Ipze crédible, cette concept.ion de l’espace. villageois, SCréfére essentiellement à l’t?spac.e des activittis
agraires et parait trop (i ajustPe I, cornptc tenu des faibles éléments dont nous disposons pour d&tcrnIiner la taille d’un cercle-unit.6
dc calcul.
Par prIIdt>nw, nous consid6!rons WI espace c de vie e plus large, en choisissant. un 7x1~on de trois kilomètres. La tZaditi»n orale
t.fichw de villages) donnent. des informations sur ce qur pouvait iitre la pratiqup de I’pspace par les communautés anciennes. Ces
irdormations r1011s confzn4ent dans lo chois d’un rayon de 3 krn.
Far rxemple, le terroir de Rongn (village fond6 au .y\ re si+clI>) s’ktendait. vr;lisemblahlerncnt, au XVII” si&cle, jusqu’8 1 ou 5 km
de l’habitat car Dirzguiri, fond6 ti cette pciriode dans une ti brousse * du ierroir de Xongcz, est. distant. de 5 km tlt, ce dernirr. Not.ons
qu’:Iujourd’hzIi, la limite sc!parant les deux trrroirs voisins est. sit.udr à 3 km de Honga et 2 de Dingzziri.
S&it!e est Pgalement. fond6 dans IIne « broIIsse * de Ronlga, située entre 1 et. 0 km de ce villages. C:eci se passe au SVIII~ siMe
et. Rongez est aloz5 vicws tir trois sitWrs.
t ;it orIs (wcorz~ I’trll~cz, fond+ au svrre siGrlc dans une 61brousse * dc Ringa, à 3 km de cp. dernier qui, ti 1’8poyue, a 150 ans
d’rxist ence.
Remarquons, rnfin, que la suprrftrie de %$%?5km% par terroir est, peu diffbwnt,e dr. la rrwyonne des superficies actuelles des
twrnirr ~rrrzzmhtr utilisPs depuis cinq si$clt% (21 ,6 lrrrI2).
VESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE AU FATENGA (HAUTE-VOLTA) 461

superficie est donnée A titre indicatif car nous ne TABLEAU 1


possédons pas suffisamment d’é1b.ment.s pour déter-
miner un espace de référence qui ne soit pas arbi- -
traire. De l,oul,es faSons, ce ne sont pas les terroirs N”
pris individuellement, que nous désirons cerner d’«rdrt NIIre Il XllIT (1’P
Estirna- Densitb
mais les aires de peuplement correspondant aux tion de popu
(v. sites hUttPS
grappes de sites d’habitat,. wpei-firie lntion
fig. 4)
Lorsque nous dessinons sur la figure 3 des c.ercles --

de 1,5 cm de rayon (correspondant, à l’éc.helle du 1 ‘4 28 54 km2 10,4


1/200 OO@, B 3 km) centrés sur chacun des sites 2 12 74 108 km” 13,ï
reconnus, quinze ensembles spatiaux cernant quinze 3 14 113 96 km2 23,5
groupements nuc.léaires d’anciens villages, appa- 4 11 03 120 km2 10,5
raissent nettement (1 j. 5 7 68 101 km2 13,l
Pour obtenir la densité de population, nous 6 1’2 61 136 km” 9,o
7 7 51 Cl6 lime 10;6
rapportons la somme des chiffres de population 52
8 F 02 km2 11,3
estirnée à l’intérieur d’un ensemble à l’espace c.ouvert 9 32 Y37 236 km” 20,2
par les cerc.les séquents de chaque ensemble. Selon 10 11 ï!4 1ci8 km2 6-4
que le semis du peuplement est serré ou Mche et II 13 1?? 96 Itme 25,4
que les villages ont une population plus ou moins 12 1-L 1c-4 148 km2 16,7
forte, les densités à l’intérieur des aires de peuplement 13 17 167 224 km2 l-4,!)
délimitées varient de 4,s k 25,4 hab./km2, pour une 1.4 6 67 72 km2 18,ti
moyenne de 14,3 hab./km2 (tabl. 1). 15 .4 2.1 92 km2 48
--
En comparaison de ces domSes, sur la méme 170 Il b 1 167 L 862 lime 14,3
portion d’espace, la population est. actuellement
-
forte de 103 000 hab. (1975) et se répartit en 122
villages dont. les terroirs couvrent 1 733 km2. La
densits de population rurale (except,é Orrahigoup : l’estimation de la population correspondant. à chacune
18 000 hab. et. son terroir) s’élé.ve & 59,6 hab./km2, d’elles.
soit quat.re fois plus que la moyenne des densités de Les densités calculées sont comparables A celles
l’ancien peuplernent. Signalons enfin que la popula- que nous observons aujourd’hui clans les paysanne-
t,ion moyenne par village est aujourd’hui de 847 hab. ries qualifi&es d’c archaïques v telles, pour prendre
contre 147 pour les anciens sites habit.&. des exemples dans les Ggions voisines du I’atênga,
En fait, les comparaisons entre des données les Samo, les Kwzlmbu, les Bron ou les DO~W de la
(cthéoriques 0 se rapport.ant A un ancien peuplement Plaine du Srno. Ces soci&t.és paysannes sont connues
et celles issues d’observations et de dénombrernents pour iivoir perfectionn6 un systBme agraire fonrlé
fait.s actuellement sont valables si l’on suppose que à la fois sur un CSpilC? restreint cultivé annuellement
tous les sil,es anciens ont P,ti: occupés dans le même sous 0 parc 0, autour du village, et au-delA, sur une
temps. Si telle était, la situation, nous devons, Gbrousse », sollicitée ~RIIS le cadre d’une jachère
dans ce cas, diminuer la surface totale retenue de à long cycle. C’est ce modèle agraire que nous
234 km2, puisque quelques aires de peuplement se supposons avoir ét.é c.elui de la population rurale
recouvrent. part.iellement et que les çalculs précédents que nous étudions en consid&rant toutefois que l’accès
inGressent. des ensernbles pris séparoment. La H l’espace pouvait. Pt.re linlit. par l’insecurité et
surface utilisée devient alors 1 628 km’ au lieu de l’essentiel des sct,ivit&s agricoles étre emprisonné CI
1 862 km” jt,abl. 1) et. la densité moyenne at.t.eint l’intérieur des cadres spatiaux strictement définis
cette fois ltj,3 krnz. par les aires de peuplement r.entrées sur les petits
Quoi qu’il en soit, l’inté& de cet essai d’estimation bassins-versants.
d’une ancienne population, par des mét.hocles qui
peuvent èt,re contestBes, est de pouvoir apprécier Les témoignages d’une occupation Kibga
une densit,6 rurale assez élevée bien que nous ayons,
par souci de prudence, retenu des chiffres faibles Les reçherahes dr t-oL1t.w natures, entreprises dans
tant pour le dénombrement des buttes que pour la Boucle du Niger et les confins voltaïques, livrent

--

(1) Pour qu’un cercle appart.ienne & un ensemble, iI faut au minimum qu’il soit sc’cant avec ~111autre cercle dn tel. ensemble
à la moiti6 de son rayon.

Cah. O.K.S.T.O.M., 86~.Sci. Hum., uol. -YV, no P, 1978: d$Y-ldd.


une somme d’informations disparates int,iressant. ayant été un fameux guerrier, S’at*taque au village
l’histoire de ces r6gions. La littérature ethno- de Gamho (4) peuplés par les Kibse. Ceux-ci s’enfuient
logique, pour sa part, est riche en relat,ions faisant, et Wumturzâgo les poursuit vers le Nord-Ouest,
6t,at d’anciennes populations assimilées par d’aut.res faisant la guerre également à d’autres Kibse qui sont.
ou c.has&es de leur territoire au cours des t.emps. chassés de la région. La t.radit.ion de Gniiti indique
Il n’en demeure pas moins d6licat de débrouiller que la lutt,e menée par IVumtantigo contre les Kibse
de la masse d’investigations, aux propos parfois l’entraîna jusque sur le plateau de Bnmliugnra
contradic.toires, celles qui peuvent, intéresser de (Ibid., p. 280). I,es I~rrrrzmba seraient donc restés
près ou de loin not.re sujet. Parfois l’intéret que sur place alors que les Kibse auraient. ét.é chassés de
présentent des observations originales, fait.es sur le leur habitat.
terrain, est Etouffé sous le poids des recherches plus
d A moins bien entendu qu’il faille pr&enter les choses
anciennes auxquelles il est. fait appel sans en disc.ut.er
autrement et. dire que les KibsP, au cont.rairr des Kurumba,
la validité (comme si les connaissanc.es acquises ne IN supportbrent pas la dominat.ion Nakombga et quittèrent.
pouvaient. pas $t.re soumises ti discussion). Il apparaît le 1”attQa dr leur plein Fr& (UI 2)(Ibid., p. 27H).
aussi que nombre de chercheurs qui se sont passionnés
pour c leur ethnie 0 se soient, efforcés de démontrer Nous retenons, en première hypot,hèse, que les
1’originalit.é de cette dernibre à un point tel que les anciens puits, communément désignés sous l’appel-
éventuels rapprochements avec des groupes voisins lation Gkibse 9 et les sites de villages qui leur sont
sont trés difficiles A percevoir (1). Il semble pourtant assoc,iés sont a met.tre en relation avec cet.te accu-
impossible d’étudier les groupes humains des régions pation kibga qui aurait pris fin dans la seconde
sahBlienne et soudanienne sans avoir connaissance de moitié du xve et le début du xvIe siecle.
l’ensemble zona1 dans lequel ils s’intègrent.
Pour sa part, la tradii,ion des Dogo du plateau de
Ceci citant., nous tenterons un effort d’interpré- Bandiagara (.4 160 km au N.-O. de Ouahigozzya)
tation A partir de la documentation consultée et de relat,e que les an&tres des Dogon auraient séjourné
nos observations. dans le Ynt&nyu.
La tradition mossi (ou mooga) dit que les Nakombsr,
pénétrant dans le Bassin amont de la Volta Blanche, e Les Dogons déclareut yu’ils ont acquis le Renard (5)
çluand ils &Gent. en Haute Vo1t.a (...) disent. c.[ue le mascpie
ont rencontré des Kibse et des Rurumba. Ces derniers
est venu de l’Est. en indicluant Ii1 région du Yatenga (...)
ont (( fait allégeance D aux chefs mossi, tandis que les Il s’est pas& quclclur chose entre les Dogons et. les anciens
Kibue (sing. kibgu) ont été expulsés de leurs villages occupants du Yai.enga U. (DIETERLEN, Sonchamp, 1967,
par Nnbn Rauq fondat,eur du royaume de Zandoma, pp. 35-36).
<i la tin du XV(! siécle (2). Rnrva les a refoulés (t peut-
être jusyue vers Bankas et jusqu’au pied de la Il semblerait qu’au moins quatre clans dogon,
Falaise de Bandiagara 1) (~RD, 1970, p. 277). Son ayant émigré du Munde dont ils seraient origi-
contemporain Nabu Wzrmtnncigo, fondateur du naires (G), entre le xe et le XIIe siécles, se soient
royaume de (fuitfi (3) et décrit par la tradition comme diri@s vers le plat,eau de Bandiagura et le nord de

t 1) (:‘cst ainsi c?ue \V. STA~DE, @minent spécialiste drs l<urIzmba, constate que la r@ion qu’il étudie Pst. parsem+e de nombreuses
buttes, de poterirs et, de jarres funéraires au sujet. descluelles les Kurrzmba assurtrnt~ x qu’il s’agit de morts ne leur appart.enaIlt pas ‘+.
Après avoir const.att: l’emplacement d’un pt1it.sadogon r) e,t remarqub (p,e les pOt.Wies ont. la nl@IIle faCt.LW yIle CelkS tJ’Om+es
a Thiu x à un endroit appel& par les cens du pays : cimetière dogon *, 10 chercheur &crit. : CIla pr8sence dc, Dogon nous semble
douteuw (...) .Juwpz’ici rien ne Iwus a permis de donner un nom Q cet.t.e population qui a habit.d la re,‘mion de Men,-ao et cpzi restera
sans tiout.e pour longtemps, peut-Btre pour toujours, anonyme. Seules des fouilles mbthodiques et. une esploitat.ion plus pOUSS&O
drs traditions locales et voisines permettraient de devoiler peu à peu cet. anonymat. (....) Ne s’agit-il pas plutot de traces laiss&s
par les Sonphaï ? La question est poske... B (S’aune, 1961, pp. 258-59).
L’auteur reoonnaîtra pourtant, plus tard : u L’histoire ancienne des Do@m est. pour moi importante, parce c.lu’on trouve
part.ont en pays kurnmba des vestiges que les gens du pays attribuent aux Dogon * (Sonchamp, 1967, pp. 6X-70).
(?) Le villale de Zandomu est situt! à 42 km S.-E. Ouczhigongn est. zi. 20 km S.-O. Segzzenegn (fig. 1).
(3~ Guiffi est situti ent.re Zandnma et. Seguenegn, à 12 km de co dernier.
(4) A 4 km au Sud de Guiffi.
(6) Selon la eosIno&wnie dogon, dmmn le créateur, tarant du Monde du iVommo, le Monde rbgént!ré, pur, fécond, a mbla-
morphosC Ogo (lui voulait s’emparer de l’oxzvre d’AnznIo, u l’obligeant & se mouvoir comme un quadruptde. Perdant son nom d’Opo,
il prit. ctrlui de I-zzrzzgzz : le Renard pBle, @lement permanent du désordre ou plutOt l’agent. de la d&sorganisation 8 (GnIAuLE.
DIETERLBN, 1965, p. 2.65).
(6) x Le premier emplacement historiyun attestci est un lieu clu’ils appellent. Digou et. qu’ils sit.uent. dans la région de
Tombouctou. Ils disent. : Rnous sommes tous arrivks par là, puis descendu au Mandé et nous, fraction dogon, par refus dc conversion
à l’Islam, iInpos&e par Soundiata, nous sommes partis ; les Kurumba aussi L (DIETERLER, Sonchamp. 1967, p. 35).
TYESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE AU E-ATENGA (I&l UTE-VOLTA) 463

l’actuelle Haute Volta. Le clan Arzz se serait. établi les poteries, qu’elle a examinées de faqon dét,aillée
le long de la ((Falaise 0, les Dgor~ sur le plateau et. et photographiée+ paraissent cn tous points identi-
les Ono, associés aux Domno, dans un territoire ques à celles que noua aven, ramassées, conforte
allant, de la plaine du Seno aux collines de Kuga (1) notre opinion que la partie centrale du YaZénga
(GRIAULE, DIETERLEN, 1965, p. 18; BEDAUX, 1972, relevait, jusqu’8 la fin du xv” siècle, d’un pays
p. 113; GALLAIS, 1975, p. 97). GRIAULE (1950, kibga.
pp. 277-79) tente de préciser la dat.e d’arrivée des SCHWEEGER-HEFFEL note que l’archéologue
Dogon & Bandiagara en s’appuyant. sur le dénom- SZUMOWSKI a mis à jour, prés de Segou et de Mopfi,
brement de douze masques du Sigzti déposés dans des jarres qui ressemblent. beaucoup aux piihoï
l’abri d’lZ)i; il conclut au début du XIII~ siécle (2). (urnes funsraires) de Mengao (4) et. a trouvé, dans
Des publications plus récentes, se référant aux les excavat,ions de roches de Bondiagara, des
datations au C-14 d’ossements et de charbons pot,eries
provenant des sépukures tdem (prédécesseurs des
Dogon dans la GFalaise ))) et d’objek dogon, concluent <r. . . qui prksentrnt des similii.udrs trés remarquaMes, quant
A une fin de l’occupation des Tellem aux SIIF-XIV~ à la forme et à l’ornement.ation, avec les fragments de la r&ion
siécles (3) et a une installation dogon aux xW-xve de Mengao (...) La correspondance paraît si grande qu’on pense
nkcessairement à une relation entre ces deux ré-ions 0 (OP. cif.,
siécles (MAUNY, 1967, p. 536; CLARK, 1967, p. 615;
p. 58-59).
WILLETT, 1971, p. 369; BEDAUX, 1972, p. 115).
Ces informations corroboreraient et compléte- A Thu (55 Bm N.-O. Ozzahigozrya), elle remarque
,raient celles transmises par la tradition nakombga; un ensembIe de sept tertres peu élevés, dont un
aux Kibse du Y&nga, répondraient au moins central, dans lequel elle trouve, A vingt centimétres
c.ert.ains clans dogon arrivés à Bandiagara aux XIVe- de profondeur, de nombreuses boules en pierre, des
XV~ siècles, qui, auparavant (depuis le x” siècle, petits broyeurs, des objets en fer (bracelets, pointes
au plus tOt (?)), auraient, vécu dans la région actuelle de flèches) et. des rest.es de vases presque identiques
du Yatênga. aux fragments de poterie de Mengao. Citant, les
L’aire d’extension des clans Domno et 0~10 n’a propos du chef de Thu, SCHWEEGER-HEFFEL fait
pas lieu de surprendre puisque nous connaissons état (( des prédécesseurs dogon qui ensevelissaient
l’existence de puits kibse, non seulement autour de leurs morts dans de grands canaris )). Les mêmes
Ouahigouya, mais encore dans les régions de observations sont- fait w à Thizz (35 km N.-O.
Kongoussi, Bourzangha et Barsalogho (N. Kaya) Ouuhigouya) :
(fig. 6).
C’est également cet ensemble régional allant de 61des pithoi du type de OBL~X de Men-;ao ainsi que des fragments
la plaine du Gondo (80 km N.-O. Ouahigouya) à de poterie, pareillement analopues ë WLIX qu’on trouve auprk
de ces Vases (...) les objets de Mengüo, tant les dispositifs
Bozzrzangha que PIme A. M. SCHWEEGER-HEFFEL
fumkaires que 10s diff+rwts vases ont pour proches *rparents »,
suppose avoir été habitk par un peuplement kibga sous le rapport de la disposition, comme dos formes, de la
qui se serait établi, selon les Kzvzzmba de Mengao, technique et. de l’ornementation, ceux de T~OI~, Thiou,
(( avant eux, c’est-à-dire avant 1600 o (SCHWEEGER- Bandiagara et. Mopti a)(OP. cif., pp. 63-64).
HEFFEL, 1965, p. 66). Le fait que, d’une part, ses
observations de t,errain, Q Mengao, ti Thiu et à Thu, Dans un article posGrieur à l’étude à laquelle
rejoignent en partie les nôtres et que, d’autre part, nous venons de faire référence, SCHWEEGER-HEFFEL

(1) Kuya se situe Z!I160 km S.-O. Ozzahigou~ya et à 100 km N.-E. Ouagadougou, en territoire voltaïque.
(2) (( Il semble qu’il soit diilkile de rencontrer des preuves mat,k$elles plus anciennes (IL(~ celles dont I’albri d’Ibi offre des
vesl-iges 1s(GRIAULE, 1950, p. 279).
(3) Les mêmes datations permettent. de supposer que l’occupation des Tellem aurail. dPbul& enirct 400 et 500 avant J.-C. et
que cet.te population connaissait le travail du fer (CLARK, 1967, p. 621).
(4) Les jarres mises à jour par Szun~ows~r (1956) sont., toutefois, en position vcrticnlr alors que cellrs du I’utt:ngu, dr Alengao
et de Borzrzarzgha s’observent en positions couch&s ou penchees.
Les jarres abondent dans la Boucle du Niger. Elles ont. Bté remarquk par DESPLAGNES (1007 est. 1901 : EZ Oueledji), MOPIOU
(19651, Kouca (1961 : Aribinda), MAUNI- (1967 : Tilemsi), STA~DE (1967 : Bourznngha), ANQIMWAH (1976 : valMe du Bani, Segozz,
Alaeina), BARTH (1977 : Sevare, Ngomi). On en observe kgalement, dans les régions voltaïques de D,jibo et Dori rt mèmc au Tchad
(cf. travaux de M. et hIme LEBIXJF).
Ce n’est pas t.ant la présence de jarres qui intéresse notre propos que l’observation qu’on peut en faire lorsqu’elles sont
accornpa@es de poteries usuelles, d’objets en pierre ou en fer, à proximité de monticules domestiques ; le tout constituant les
indicateurs d’une occupation sédentaire villageoise. 11est cert.ain que les KiUse n’ont pas CMles seuls à enterrer leurs nlorts dans
des urnes funkaires mais, du Seno à Uozzrznngha, les jarres sont gkiéralement r~~connueü par ka gens du pays comme ayant été
enfouies par les Kibse-Dogon.

Cah. O.R.S.T.O.AI.. scir. Sci. Hum., vol. XV, no d, 1978: A&?-dB&.


PLANCHE 1

F>hotc, 1. - C;iternes anriannes creusties dans la cuirasse


d’un glacis, pc‘rFleIldiculairt:mant à la pente. F~uma
(1 3”3’2’3o”-.~l”Lc’3~“).

Photo ?. .- Tertre central (30 ~25 ml (en blanc) du


site hibga dr Yiliga (1301-A’-2”30’), ait. prise de vue
250 III.

Phiito 3. - Buttes authropiques sous un peuplement


de Bnlnniles treyy@zca : ancien village kilqa de Risi
(13”31’-.2”30’).

Phot CI 1. - Puit kil)-a au crntrc d’un dispositif de cinq


tt*rtws anthrwpiques. Sunlcusi (13031 ‘30”-2020’30”).

Photn 5. - Vitws parc à Faidherbiu czlbida sur ancien


site kihga. A druitr huttes anthropiques aplanies par
la miw cn culture (r C;hamps de village * de Say
(13”I d’-2~14’30”).
T’ESTIGES D’OCCUF’dTION ANCIENNE AU Y-ATENGA (HAUTE-VOLT-l) mi

décrit, Q Gnmbo (où la tradition de Gnitii situe des vestiges d’habitations, mis à part quelques cas
Kibse üu XVe sikle) : dout.eux (2). Que des jarres soient. mises ti jour
au cœur d’un i.f:rtre (rare) CIL~ ?I sa périphkie (cas
+ de nombreuses urnes funéraires (...) La position et la déco- plus @néraI) n’est. pas sufisant. pour conclure qu’il
ration des pithoï, les nombreux pots et petits vases trouvés
au méme endroit correspond A t.out ce cIue nous avons trouve
s’agit, 18 d’une sCpulture, puisque l’on trouve &a-
ct constat8 lors de nos fouilles a Mengao 8 (1966, p. 258). lement des pithoï isolts ou group6s B l’estkrieur des
sites. Faisons rfwiarquer que, de nos jours, au
SCHWEEGER-HEFFEL n'a pas soumis d'ossements Y-ntf+fga, il arrive encorr qw des morts soient
ou de charbons à l’analyse radioactive mais tente enterrés dans la cour de l’habit.ation où à l’extérieur
de dater les vestiges qu’elle a fouillés, d’une façon de la zaka, le long cles murs de clfiture. Il est vrai
originale (1). Elle retient comme époque possible que, plus fréquemm~~nt., les morts aont ensevelis
de la fondation de Mengao, le debut du XIV” siècle dans un cimetibre, B part. tles habitat.ions. Cependant,,
et suppose, 5 partir de diff6rent.s indkes (dont., si l’on veut poursuivre la comparaison, il existe
notamment, la dbcouverte de perles) que les (( hom- précisement. de véritables 0 champs d’urnes P, mis
mes des pithoï S)occupaient déjà la région au x11” a jour par le ruissellement, en dehors tles sites
siècle. anciens. Nous ne partageons pas les vues de
En 1’absenc.ede datat,ion plus prkcise, nous retenons ICImc A. R;I. SCHWEEGER-HEFFEL sw ce point qui nous
cette information qui, d’ailleurs, corrobore celles de intéresse au premier rlief (3).
la tradition dogon exploitées par ((l’École Griaule 0. Les firhes d’enquek sur la tradition historique
Par le semis d’observations auquel elle se rapporte, du Yaténgn, recueillies au niveau de chaque saka
l’btude de SCHWEEGER-HEFFEL est. précieuse; elle (plur. sakse : quartiers dr village) et, mises ?i notre
permet. d’élargir spatialement, la reconnaissance du disposition par hl. IZARD, viennent. wnforter not.re
pays kibga. Toutefois, il convient de remarquer opinion qu’il s’agit bien d’anciens villa-es kibsr-
que son auteur emploie indistinct,ement les termes ClOgOil abandonnés, soit cluelques temps avant
de (t trzmrzli o (sing. tumulzzs) et de ((tertres 1) pour l’installation de Kwzzmba, soit. pendant. la pénétra-
désigner des butt.es anthropiques semblables 51 tion de la région par les Mnlîor~~hst~.Dans un cas
celles que nous avons décrites : circulaires (1@,20 m c.omme dans l’autre, les abandons se seraient produit,s
de diamètre) et peu élevées, au sommet applani au xve siècle et au t,out- clPbut. c-lu oiw" sikcle.
dans leur majoriik. Après avoir éc.rit, ti propos du La tradition villageoise livre des informations
site de Mengao, situé à 300 m d’un réservoir d’eau pouvant 6tre groupees en quatre t.ypes :
artificiel que : (1) il esjt dit expressbment que le quartier fonda-
v de la position des pierres (de soutknement de greniers ?),
teur du village actuel, que ce dernier soit d’origine
de la P&ence de pierres à broyer et. des débris de poteries, knrrzmba ou nakontbga, a bté Ctabli prés de (ou surj
on peut déduire que l’endroit. a étB habit6 dans 1s passb x l’emplacement, d’un vill:iF;e kibgu. Cette information
(1965, p. 9), concerne 23 villages;
(2) il est, quest.ion ti'un pL1it.s kibga (t découvert
l’auteur ne fait plus allusion, par la suite, Q d’éven-
tuels sites de viIlages mais a des tumuli, alors qu’elle en brousse )), OLI de -al&es de mine. Douze villages
continue & répertorier en ces lieux des poteries, des sont concernés par cet.te informat.ioIl;
meules et. des broyeurs. A moins d’une erreur d’inter- (3) il est relatk qu’un ~zc~kornbgc~ fonde une chefferie
prétation commise lors de la traduction du texte 18 même oii les Doyorf viennent d’etre c~hassés.L’un
(écrit en langue allemande), nous pensons que les deux, s’ktant cac& dans les t~aiili~, esl- clécouvert
termes de turnuli et trzmrrlus sont employts & t.ort; et nommé chef de terre. Ce cas est rapporté dans
les buttes doivent, Btre considérées c.omme des keize k-illages (4) ;

(1) hpri?s avoir rr,marcIu& que tes buttes anthropiques forment. ,111dessin qui ressemble beaucoup ;1 la tiguration dogon des
Pleïades et de Vénus au zénith, l’auteur pcnsr,que c’est sciemment que les constellations ont 80 reI)rPsrntPrs. Aussi, fait-elle appel
à 1’Obscrvatoire de l’université de Vicnno pour Btablir a quelles dates la conjonction tirs deus r~~rlSt~~kit.iWlS S'f& Poduite
[phPnonLkw rare). Les réponses données sont : 1809, 1793, 1558, 1315, etc. L’auteur retient. 1315 comme pouv:~nt. être la date de
fondation de illengno.
(2) A la ri@leur, il est possible d’admettre que le tertre central de (Iuelque~ L: sitrs importanls, tels Silgn, F;ndan.@, TZZ~ZZ,
Sabuni ait 6th ~111 lieu de culte et (ou) LUI~ ekpulture...
(3) Si toutes les buttes répertoriées étaient des sépultures, quelle t.aille avaient donc lrs x illarlsx dont elles d@endaient. t’t
oii se trouvaient-ils B .
(4) Exemple dor;n& par la tradition du quartier Budugu, village de Rilin@ : b A I’arrivi&e drs KUkO77LbSe, 1CS~ïibSC S’PKlflliWnt
a l'rxcsption de Ttnzbo, cIui se cacha pendant, c~uelques temps dans une furét prés du village puis revini à Bilinqcl où il prit le tenga
(autel de la terra) et. la houe sacrificielle, lais& par les anciens habitants i>.

Cuh. O.R.S.T.O.M., sC;r.Sci. Hum., vol. ST’, no 4, 197s: 41.9-~8J.


466 <J.-l-. M.~KCIIAL

(4) la t.radit,ion rapporte qu’une fois le village mieux comprendre le mode de peuplement en
for&, des forgerons kibse, provenant de villages pet.ites aires nucléaires qui se dessinent A l’intérieur
proches, y sont ét.ablis d’autorité. Cet exemple se des bassins-versants. Il est possible, en effet, de faire
ran<wnt.re dans dix-huit villages. des rapprochements entre ce a modèle 1) et, d’une
L’ensemble de ces informations ponctuelles se part, celui du peuplement dogorz établi dans les
((superpose Q B la localisation de 66 sites anciens à villages relictuels au nord-ouest, du Yafênga, d’autre
l’int&?rur des terroirs des villages intéressés (fig. 5, part, les anciens noyaux sédentaires du Gzzrma.
A comparer avrc fig. 2 et, fig. 3). Dans le Gondo méridional (1&14030), le peuple-
Les fiches tic village sont, ric.hes à d’autres égards. ment dogon résulte d’un vigoureux mouvement, de
Il y rst fait. cit.at, not,annnent de filikes migratoires colonisation agricole, récemment issu de la GFalaise )),
kibsr-dogovz entre le T’atélzgu et- le plateau de Barztfia- qui s’appuie sur un maillage de villages relictuels
gaw ou la plaine du Seno. C’est ainsi que l’on apprend du ((Vieux pays )) <1ogo?l,relevant des clans Kor,
que le village kihga de Bilinga entretenait des Domvzo et Ono (2). Ces villages sont groupés en
relations avec Hômbo (Barzdiagara), de même que ensembles de cinq A vingt unités maximum, rassem-
Zigu avec +irzr (Sev20), Yisigzzi avec Pogono (Seno) blant pour la plupart de 200 à 300 habitants chacune
et T’ipo a\-ec Yibi (Bandiagara). Il apparait égale- (GALLAIS, 1975, p. 118). Ces effectifs villageois,
ment. que les chefferie s, créées par Razva, Wzrr71tanûgo peuvent Gtre comparés, bien que plus élevés, à ceux
rt leurs parents, dans la seconde moitié du xve que nous avons don& aux sites kibse du Yaféngu.
sikle et- le début du XVI~, se sont. (t plaquées 0 sur les Remarquons que la moyenne de 200/300 habitants
ï«ncontr~it.ions de villages kibse qui figurent. parmi par village n’est due qu’& l’existence de quatre
les plus peuplks, selon nos estimations : aires de (1gros u villages abritant de 400 à 900 hab. ; concen-
peuplement 110s9, 11, 12, 13, 14 (tabl. 1 et fig. 3). tration exceptionnelle qui tient A la difiçulté de
Cette informat,ion doit etre mise en relation avec creuser des puits dans cet,t.e partie du GO~Z~O,où la
l’observation feit,e d’une superposition de l’habitat. nappe phréatique atteint des profondeurs allant. de
actuel sur les anciens sites dans certains secteurs de 45 à 70 m. Le fait qu’au Yafénga, la nappe engorge
l’aire que nous étudions (fig. 2). Enfin, les sites, la cuirasse à une dizaine de mètres de profondeur
qui, par leur importance, ont tté appelés a métro- seulement, au centre des impluviums, aurait sans
poles )), se situent, au moins pour ceux des ensembles doute permis une dispersion relativement plus forte
nos 9, 11, 12 et 13, prG.sde villages OU, actuellement, en petites unités d’habitat.. Remarquons encore
les chefs de t.erre sont des L?ugzzba (sing. Bugo), que, dans le Sew Central, immédiatement voisin
prétres de la fertilité et gardiens de l’rlme du mil, du Yafênga, la colonisation dogon....
d’origine kibga (1 j. Ceci tendrait k prouver que,
lors de la penétration nnkombga, les Kibse étaient Ys’est faite moins par une immigration r2u départ dc la Falaise,
encore nombreux dans ces lieux. Ailleurs, en effet, que par le desserrement des clans dogon restks dans quelques
gros villages de la Plaine h (OP. cif., p. 119).
les chefs de terre nommés par les nouveaux (( gens du
pouvoir 1) sont kzzrumbn 022 encore vnossi, lorsque le Ce fait récent peut étre mis en parallèle avec
village a bté créé de toutes pièces, loin d’un village l’antique peuplement du Yatênga qui, dans une
autochtone; ce qui const-itue une exception. phase d’expansion, aurait connu une Gdiaspora )>
Nous dkouvrons donc de multiples correspon- A partir des Gmétropoles D.
dances entre In localisation de sites d’anciens villages, Intéressante est aussi l’analyse des sites refuges
que nous considérons dorénavant, comme kibse, et du Bd, du Dalla-Boni, du Hombori et du Gorozzol,
la tradition historique recueillie sur les lieux mêmes,
sous des latitudes plus septentrionales. Là, les
au niveau des unit& lignagéres (saka). groupements de petits villages évoquent, à l’inverse
* du cas précédent, le repli de villageois dans des
s l
sites où :
Gette somme de témoignages en faveur d’une « ... en l’absence de relief, la défense peut Btre facilitée par la
antique OCxx2~JatiOn kibga au Yaiênga permet de v&%ation plus dense des galeries d’oued. De fason g&n&ralc,

_-

(1 I + Le Bugo est un prètre que ses fonctions apparentent au prêtre dogon àu hinu ; plusieurs villages du Tatcnga sont
cornmandbs par des Buguba (...) L’un des plus kminents d’entre eux, celui de Yisipui, jouait un ri?& religieux considérable
h l’époque de Naba Rawa et demeura sous les Yat.enga Naba, un dignitaire de prenlier plan. On peut ainsi voir qu’entre Kibse
et. Nakonibsc, s’il y a eu rtpulsion, il y a eu aussi attraction ; ces deux ph6noménes, cependant, n’ayant certainement pas conccrn8
les mèmes é1Pmrnts de la population Bibse du Yatengta Y (IZARD, 1970, p. 276 et. 278).
(2.) Rappelons que les Domno et Ono ont.. selon la tradition, occupé un krritoiw plus vask s’ttendant. a l’Est. Au nord-ouest
du FatZnga, les villages de Thizz, Thrz, ainsi que cinq autres sont toujours habites, au moins partiellement, par des Dogon. Ils
knoignerairnt d’une antique occupation du territoire, en continuit avec l’occupation du Seno- Gondo.
VESTIGES U’OCCUP,ITION dNCIENNE AU I-ATENGA (HrlIlTE-FOLTA) 467

--S__\ ,,

R8liGA 1

Fig. 5. - IBIPIANTATIONS KURUMBA ET NAKOMSE CONTEMPCIRAINES I)~J DÉPART LIES KIBGA.

1Nom 3
de village actuel ; 2 Limite de terroir ; Retenue d’eau artificielle (barrage) ; 4 P+rimPtrp urbaiu de Ouahigouya ; 5 Piste ;
6 Axe de drainage. Informafions issues de in frudifion orale (enqu8tes de Al. Isard) : ‘7 Emplacement d’un :mcien village kibga attcst& ;
8 Implantation kurumba au XV~ siCcle et debut, du XVI~ sibcle; 6 Implantation Nakomhp :~u XV~ siécle ct dbbut du xv~esi&cIe.
le villageois pi&ton. arml’ de fltrhes, est. plus à l’aise que le le pouvoir des anciennes chefferies ne pouvait
nomade monté et srm6 de javelots ou d’&pte, à travers les s’exercer que sur des populations réparties sur de
taillis (11 (...j 0~ sites tl~ relief sont doutis d'un certain petites surfaces, afin de pouvoir rbpondre instanta-
nombre d’avantages Pcolopiques : microclimat, SOUTCeR
nément. à une menace des cavaliers. Précisément,
p~rrnnrs, sols de bonne rétrnt.ion de versants (...) C:es avantages
sont. comperisPs par des inconv&ients certains dont le plus chez les Dogon, l’organisation politique repose sur
important est l’rxiguïtb des surfaces cultivables (..,) mais la un ensemble d’unit,és qui constituent chacune des
roalisation d’une rertairw densitb. de peuplement sur WI espace petits pays dont le Ogon est le chef à la fois politique
limitt est une des conditions de sécurit6 D (Ibid., pp. 169-701. et. religieux

J. GALLAIS estime le peuplement de ces (<vieux c L’organisation traditiorrnc~lle est. étroitement. limitee à
pays », calrul~ leur surface et observe que : l’wistenco de petites rc’publiqws géront.ocratiqucs, de nat.ure
clanique, groupant, quelques villages sous l’autorit religieuse
v Les noyius d’implantation villagroisc se pr&entent sous et~ judiciaire de chefs Plus, les C&on. Ainsi l’ancien canton
forme de petites régions sCparPes dont la surfaw varie dr administratif d’hru (...) est en r6alité constitu6 de quatre
qurlques ccntainrs à un millier de kilom&t.res car&. A l’intb- pet.its paj-s traditionnellrmrnt distincts, autour des villages
rieur de ces ncjyaus, la densit8 r+alisPe SP tient en ordre de principaux de TagualP, Se-u&, Ty et. Koba h ((~ALLAIS, 1975,
grandeur entre 6 et 10 habitants au km’ (Ibid.? p. 17Oj (2~. p. 100).

On est saisi par les c,omparaisons qui peuvent. Si les Kibse du Ynténga sont bien apparentés
Ptre soutenues entre ces 4 vieux pays 1) et les aires aux Doprz, la marquetterie politique particuliére
de pel.I~J~eI~le~lt. que nous avons délimitkes aut‘our à cette sociét.6 serait une explication de plus aux
des groupements d’anciens villages, à la différenc.c petites unit& de peuplement. que nous avons recon-
prk que les aires 1iib.w sont moins étendues et leurs nues.
densités kilomtitriyues plus fort.es. Ces différences Enfin, les mécanismes de défense, précédemment
pourraientS, t.out.efois, s’expliquer, d’une part, par énoncés, oblige 1’Clevage à se concentrer dans...
le trompartimenl age plus fin de l’espace au I’cSrzga a les limites du noyau defensif à l’inttrinw duquel la forte
par les impluviums cuiras& et, d’autre part., par implantation humaine réduit Irs surfaces de @turage.
I’esistewe de puits d fort, dé;hit, permettant le L’élevage lié a I’agriculturc y est. diff%ile sans t.echniques
ravitaillement en eau d’un nombre important d’habi- intensives trés particuli+res )> (Ibid., p. lïlj.
tants. On peut. aussi penser que les aires de peuple-
ment kilse auraient, atteint, des densités élevées L’entretien d’un o parc. D à Fuidherhia albida aut.our
du fait- d’une obliaat.ion k demeurer concentré des villages - et. nous savons que ce (<parc. 1)constit.ue
dans des sites ti6fensifs; ce qui aurait. pu provoquer, un des prinçipaus c,arac.t.éres de rec.onnaissance des
par ailleurs, unr saturation des espaces cultiva- anciens sites d’habitat - serait, une des formes
bles (?). de réponses u intensives o au problème posé par
J. GALLAIS poursuit. l’énumérat.ion des méwnismes l’élevage, ainsi, peutAre, que le maintien de cilernes
de défense des sedentaires en s’intéressant aux lorsque c.elles-cli se trouvent, en terrain schist.eux
structures d’enc~;iclrptiient politique. 11 explique que et font double emploi avec les puits (?) (3). Si le

{ 1) Au YcMzp, les cornichrs cuirasséescouvrrks de taillis, dont. certains ont III~ physionomie dr @brousse tigr6e *, pouvaient
parfaitement former un syst+me dbfensif naturel, entourant les impluviums (fig. A).
(21 DensitPs kilomtitriques calculfies par J. GALLAIS : 3,+10-5,2-8-7-l 1,7-8,8.
131 Si le foncage de puits profonds relhve de connaissirnccs ri, de techniques porticuliiws (lue les Kibne-&yJn paraissent
avoir acquises, nous ne pensons pas que I’ambnagement de riternes soit spécifique de cr peuplement. T)e nombreux villages dogon
du Gondo possktient. bien des cit.rrnes encow peuplbes de crocodiles mais @alement, les villages kurumba du nord du I’afëngu et
du D,jPlyo([ji.
TJrs ctiterrws tincore 1’1~s vastes et plus profondes que cellrs que nous connaissons (REICEELT citr des profondeurs de 1 à 5 m
et des tiianr6Xres de Xl à iKNl m) ont 6th dicrit.os dans l’ensemble du Gzzrma, principalement par »ELAFOSSE (1912), MO~RGUES
(193F1, GALLOIS (1975j et REICHELT (1977) qui en a dénombrb- 277. Pour t.ous ces auteurs, l’existence de citernes demontre
(t qu’un’ population sédentaire, aujourd’hui disparue, a su compléter uu rtseau naturel clr points d’eau insuffisant pour ses besoins r)
(hfOURC;UriS, I!%?L, p. 3531. GALLAIS (1975, pp. 172-73) pCnW que les citerI1r.s ont pu èh? ;IIdnagéeS par kS KZZZYZ~~U, hrSCpI'ik
occupaient le Gurma, et encore utilisBes par les Songhaï, à la fin du XV~ siècle. Çurieusement, les habitants quest.ionn& sur ces
c’iternes r6pondant qu’elles sont I’cwvrc des Noumor~~ consid6rés comme forgerons (ibid., p. 172~. C)r, Noumou peut être rapproché
tir ~‘rvnmo, 11~@nie de l’eau, une des puissances les plus considérables du panthéon doyen, dout les crocodiles sont les serviteurs
(cf. GRIAULI?, 1931, p. 187).
Les ~QUI~~, d’un cùtb, les Kurumba, dr l’autre, auraient IJU assimiler, chacun dans lrur région, des populations (1archaiques *,
tJu typ” Nio~~iusr~ (CIles grns d’avant S) qui creusaient. des citernes... f?j C.f. Annexe : l’assimilation politique.
VESTIGES D’OCCUPdTION ANCIENNE AU YATENGA (HAUTE-VOLTA) 469

Faidherbiu albida est. communément. enketenu par Dans la perspective d’une conquête tot.ale du
les sociétés 4 paléonégrites 0 vivant. sous c.eslatitudes Rassin de la Volt~ Blanche par les Nakombse,
nord-soudaniennes, nous savons également que, pourquoi les Kibse auraient.-ils subi de plus fortes
dans la cosmogonie dogon : attaques que leurs coisins Kzzrzzmba, au point de
ne trouver de solut,ion que dans la fuite, alors
(I la graine. du Senr (acacia alhida) fùt crC?éeavant celle du fonio que les Kzwzzmha, non seulement (( conservent,
(Diitaria exilis). Elk qrrma dans la premiérc terre (celle de intacte leur autonomie politique au Lorzzm (région de
Y~urougou, 10 Renard Pâle (...) L’acacia est associé & la tête Alengaoj o (T~ARD, 1970, p. 282), demeurent dans
de l’homme. aux triplés, à la x-ieilksse, C+la mort (...) L’acacia
alhida .est plant6 en mèrnc! temps que le haobah (Adansonia
leurs villages du I’afzQzga central lorsque ceux-ci
dioit a t a) et Ir Mena (Prosopis africana) dans le champ attxhé passent sous contr6le ~znkombga, mais encore parais-
RUS yrandrs maisons dr famille (ginna) o (DIETERLEN, 1952, sent avoir profité de 1’k~ergenc.e du nouveau pouvoir
pp, 154-55) (1). pour s’implanter en force au Yafénga.
Les Kibse auraient.-ils ét.6 insuffkamment armés
T-ne telle tradition expliquerait encore davantage devant les cavaliers porteurs de lance ? Les méca-
I’associat.ion reconnue ent,re la localisat.ion des nismes de défense analyés en rapport avec leurs
anciens villages et la prksence de tcparc )) A Faidherbia sites d’habitat prouveralent le contraire, ainsi que
albida. ce que nous savons de leur hahi1et.é dans le travail
La disposit,ion des anciens villages A l’intérieur de la forge (ce qui sous-entend la fabrication d’armes).
de l’espace regional serait. à metkre en relation De plus, les cavaliers nzzkombsr ne sont pas invin-
avec des unités polit,ic.o-sociales, de dimensions c.ibles. Ceux-ci, quelques décennies après les événe-
modest,es, correspondant A des t,errit.oires de disper- ments qui nous intkressent., ont délibérément mis un
sion maximum du peuplement, élaborée par élargis- terme !A leur ambitS«n de contr&ler le pays samo
sement progressif A partir de noyaux : les a métro- (0. Yafhga) devant, la rc’sist.ance que leur ont opposée
poles o (si+ges des Ogon et des Bzrzu). Cet. élargisse- les paysans, qui savaient SI l’occasion constituer
ment, se serait, (( crispé Dautour de sites g&)graphiyues de véritables confédérations de guerre entre leurs
particuliérement, favorables au ravitSaillement en villages et user de leurs arcs. Pourquoi, dans ces
eau et A la défense. conditions, le peuplement. kibga a-k-il été démant.elé,
ce qui constit.ue un fait. umque dans la tradition
nakombga ? La c.onquét,e du Bassin de la Volta
Blanche est, en effet, prkentte comme une assimi-
Les interprétations possibles de l’abandon des villages lation de populations autochtones au sein d’un
nouveau syst.bme politique. Sans dout,e s’accompa-
De l’ensemble des informations issues de la tradi- gnaik-elle de razzia de la part. des cavaliers (( peu
tion orale, nous retenons qu’une populat,ion kibga, soucieux de s’arrèt.er en chemin 1)(pillages de greniers,
implantée au Yatcnga probablement à partir du rapt,s de captifs...) mais 6011 but: était de cr6er des
Xe-XIe siécles, disparait à la fin du XV. Des effectifs cliefferies villageoises et, II»I~ pas d’ext,erminer les
sont décimks lors des combats mais le plus gros du autochtones.
peuplement. rejoint. les clans kibse-dogon de la plaine
du Gondo et. du plateau de Bandiagara, tandis que (1Un jour, Ics cavaliers rnc~ttmt. pied SI terre, attachent leurs
quelques lignages demeurent, dans la région pour chevaux et posent leurs lances. Autour de la r&idencr choisie
assurer, sous le contr6le politique nakornbga, soit par le c,ht?f dont l’installation suppost? l’accord prkalable,
1: culte de la terre, soit le travail du fer (2). ohtrnn de grk ou de force, du maitre de la terre de l’endroit.,
un nouveau territoire polilique se cnnstitur, défini par uu
La disparition, relatbe comme subite, d’un peu-
r6seau de commandements villageois, projection territoriala
plement, part,içulièrement bien ancré à son t.errit.oire de la dynastie naissantr. Point de guerres de conquêtes,
durant quatre ou cinq sikles, pose un problème & proprement, parlrr, point du rornbats si, du moins, nous
que les combats rapportés par la a geste )) nakombga nous m tenons à la kttrr à la tradition orale 1)(IzARD, 1973,
ne peuvent. résoudre A eux seuls. p. 140).

(1) Le Kilena est utilis8 par les forgerons pour la fabrication du charbon de kJOiS.
(2) Le Dinangourou (région de Yoro, au Mali) aurait pu accueillir aussi des Kibse du E-aféngn (‘?I.
Des quartirrs de village Y mossi a sont donc authentiquement kibse, comme en t6moignent les cnyuétes de ill. IZAR~I. Il est
mèmc possible quo des ligrnages kibse se soient maintenus à 1’8cart des commandements nukorrt hse. La tradition du village de A’ôgo
ne dit-elle pas que ~1le. villape actuel a Btb fondé par Naba Bingem, fils de Lûmbcoegn (1043-167c) 9) et. que le fondakur a chassé
les Bibse de leur village pour s’y t%ablir... deux cents ans après la conyu&te de Naba Rawu ! . . . Quoi que cet exemple soit unique,
il pose nfianmoins un8 question fondament.ale, demeurant. jusqu’ici sans rdponse.

Cuh. O.R.S.T.O.AI.. st9. Sci. Hum,, col. XV, no 3, 1978: 14.9-484.


Part.out., le processus de conquete aboutit à sceller geables mais, faute de pouvoir vérifier leur validité,
l’association ent.re les 0 gens du pouvoir 0 et. 6 les gens la recherche d’int,erprétat,ions des abandons de
de la terre D. villages risque d’aboutir a des spéculations plus ou
Pour rtponclre à cett,e interrogation, nous formulons moins stériles. Aussi, ne ret:enons-nous que certaines
~PUS hypolhèses. La Premiere fait intervenir une d’entre elles, parmi les plus plausibles; celles qui
volonté part-iculière des Nakombsc de contr0ler s’appuient sur quelques indices.
une région d&ja cormue pour son abondant.e produc- A l’appui de la premiére hypothése, nous savons
tion de fer et, ce, d’autant plus, qu’elle se trouvait que le I’aténga est part,iculièrement bien doté de
SI I’Clwqur B portée des raids c.ommandts à partir niveaux cuirassés a&f‘leurants d’oU l’on peut extraire
des états islamiques du Nord. Ce cont.riXe, qui ferait en surface ou en profondeur un minerai de 40 à
référence & une consc,ience politique t6t affirmée, 70 % de teneur en fer (1) ; ce qui pourrait expliquer
se serait, manifesté par la créat,ion habituelle de un développement précoçe d’une industrie du fer
chef’feries maia encore par le prélkvement int.ensif de dans cette région et la bonne qualité des outils et,
cont.ingents de forgerons (et de foreurs de puits), des armes qui y étaient fabriqués. De plus, les
d6tent.eurs d’une t-echnicité réputée, pour les plac.er forgerons du Yatenga - dont la plupart actuellement,
dans les villages du Sud, déja commandés par les se rattachent St des origines kibse - savent, à la fois
ATcr120m hf?. Cr contr0le d’un genre particulier, extraire et fondre le minerai, puis travailler le fer;
aboutissant à terme au d6mant.élement du pays association de travaux qu’il est rare de rencontrer
M~gn, se serait. exprim6 arec d’autant plus d’a,rrres&- en Afrique occidentale.
vit.6 que les Kibsr auraient. résiste, au moins dans un
Que les Nakombse aient tenu particulièrement h
premier temps; aprè!s quoi, le proc.essus engagé
contr0ler cette région et a faire travailler les forgerons
se serait, perpétré jusqu’a la disparition cornpl6t.e
kibse pour leur compte est. d’autant plus plausible
des communautés kibse indépendant,es.
La seconde hypothése n’exc.lut pas la première; que la productTion du fer faisait au XIX~ siècle au
Yafèlzga, et. sous leur contrUle, l’objet. d’une expor-
elle la comp1Gt.e par l’introduction de 1’idé.e que le
pays liibgn connaissait au xv” siéçle une sit,uation tation qui classait. cette région premiére productrice
de l’Afrique Oc,cidentale : 1500 hauts fourneaux et
de crise dont les Nakombse auraient profit,& pour
s’implant.er rapidement,. Celle-ci aurait. pu avoir 540 tonnes de fer annuelles sont les estimations
propres à caractériser cette production (NOIRE,
pour origine soit des épidémies ou des sécheresses,
1903 ; FRXNCIS-BCEUF, 1937, p. 452) (2).
soit des razzia songhuï, soit encore des relations
host.iles avec les Krzrrtmbn. Il est possible, également, A la tin du xve siè,cle, la renommée de l’industrie
d’envisager une progressive sat.urat.ion des aires de du pays kibga aurait, déjà été suffisamment etendue
peuplement kibse qui aurait amené, plusieurs décen- pour que ses forgerons soient l’objet de convoitises
nies avant la pénétration naknmbgu, le développe- de la part d’une format,ion étatique en gestat,ion.
ment d’un processus migratoire vers les régions Ceci expliquerait que les premiers Nakombse, par-
owup6es par les c.lans alliés. venus dans la partie amont du Bassin de la Volta
Lw trombinaisons de plusieurs fact,eurs se ratta- Blanche, aient voulu rapidement asseoir des c.heffe-
chant. aux deux principales hypothéses sont envisa- ries (3) et, se heurtant à une résistance kibga, aient

Il) Cf. irzfra, noie 4 p. 458. L’:rbondance des cuirasses prknte, par contre, l’inconvénient majeur pour l’agriculture.
(2) Lw forges du ~&!n~lu avec celles d’cremendrl (pr& du lac Aoungzzndu, N.-O. Homùori, ancien refuge des Doyen
((1Hzzrrthche I<en langur peul) sont, en 1937, les seules de l’AOF à prkparer le fer nn vue de l’exportat.ion (FRANCIS-BCEUF, p. 437).
A cette c”pOfpIcL, 10s fers dp LOUPS du I*aft:ngn sont encore exportbs dans tout k pays IrLOSS& le Gurzznsi, le nord de la Gold Coast
( c~hll72li) et. jUS<lll’~ ~077lbOZ7CfOU.
(31 L’6[mrpi~t~Tnent des cheffrries de Raruo le long d’un axe S.-E. - N.-O. de plus de 130 km, coupant le pays kibgn et l’abandon
des plus septentrionales (sangcl et ~&lbare) pour un ired@pl»iernent.B des chefferies sur les (1mbt.ropoles B kibse sit.uks au sud de
Ollahi$oZzya, pourraient trouver là une explication.
Notons que t&~czhi~on;~o, que nous citons en tant que rt%rence pratique dc localisation, n’existait, pas S l’tpoque. La r&idence
royale de Orzcrhigouyu (Wayg~yo : <,venir se prost.orner ,3) a 6th fond6e par Naba I~ûngo vers 1780 (Cf. IZARD, 1971, 1,. lv2).
-- -- -

Photo 6. ‘Races de cultures kibga (9). Anciens champs Ppierrés. Sol dficapb à Kibitangk (13030’30”-2021’). -%
Photo 7. -- Jarres funtkaires d+$agées par le ruissellement. Bulzoma (1.3°i9’.30”-2025’30”).
Photo 8. - Estractiml de pot.&$ d’une butte anthropique. '~OI%S (13”38’-2”29’).
Photo !l. - Fragments de poteries et. broynr. Escmples reprksentatifs dos lossons jonchant. le sol de tons les anciens Sites T’iSitbS.
Photo II). - Anciens c.hamps. Décapage, des sols sable-argileux par le ruissellement sur 1111 ancien espace ciiltiv6. A droite, k? maigre
bouquet d’arbws situe l’emplacement d’une ancienne citerne. Ent.re celle-ci et, la corniche cuirassée: de l’arriks-plan, des alignements
de pierre timoignrnf d’un amknagement antique des pentes. Siliga (13’45’-2”30’), ait.. prise de vue 250 m.
choisi de déporter progressivement les forgerons en ou non par des Kurumhu. D’autres sont, laissés à
les disséminant dans le réseau de villages où ils l’abandon; les meules y sont brisées et les puits
exercaient déj& un réel contrôle. La tradition atteste, bouchés afin que les Kibse ne puissent plus y revenir.
en tous cas, que cette politique s’est exercée d’une
facon continue de Rama A I’adega (le fondateur du f
I i
l'dPngc7), soit pendant une quarant.aine d’années
environ (1). Il ne s’agirait donc pas d’un (<cataclysme 1)
Parmi la série de facteurs pouvant expliquer une
guerrier dévast,ant en deux ou trois campagnes le
situation de crise au Yatênya, lorsque les .lYakombse
pays kibga mais d’une usure de son peuplement
considkré tel un vivier dans lequel les Nakombse y pénèt,rent, nous évoquerons les épidémies et. les
prklevaient des forgerons, à mesure de la création sécheresses dont le peuplement kibga aurait pu
de chei’feries, pour en faire des captifs au service souffrir, puis nous porterons notre at,tention sur
d’un nouvel ordre politique. L’exemple de la (( prise 1)
d’éventuels raids songhaï et sur une possible hosti1it.é
des forgerons de Tngrz est, de ce point. de vue, entre les Kibse et les Kurumba.
parfaitement explicite : Bous avangons l’hypothése de difflcukées tempo-
raires ou d’une crise dont nous ignorons la nature
u Naba Wumt.anâgo rt son fils Naba Atugum opprimèrent. car, au dépouillement des fiches de villages, il
duremrnt. Irs forgerons de Tugu qui, dispers& par la force apparaît que, d’une part., des Kurumbu se sont
en divers points du royaume, furent astreints à de durs travaux implantks dans des villages kibse désertés avant,
et soumis à des brimades discriminatoires : ‘c’est ainsi méme la pénétration nakotkbgtr et que, d’autre part,
que Naba htugum, d’aprés la tradition de Guit.ti, les obligea c.ertains sites kibse n’ont été (<decouverts )), aban-
k port.er un morceau de charbon en sautoir, afin qu’on puisse
donnés, qu’au cours des XVII~ et xv@ siècles, soit A
aisfwrnt. les dist.inguer des autres 6léments de la population P
(Imxo, lW0, p. 28lj (2). l’occasion de chasses (Sd&, Lhga), soit A mesure
de la progression des défrichementSs (Goltdologo,
Si Mles ktaient les condit.ions de l’(<occupation 0 Kerga, Sulu, Tâvuse, Sissamba, Moogo...).
du pays kibgn, on conç,oit mal que des villages Si nous savons que des villages kibse sont devenus
privk de leurs forgerons et des femmes de ces der- les sièges de chefferies nukombse dès Rcuva, il faut
niers, généralement potiéres, aient pu se maint.enir donc knsidérer, également, que des villages kurumba,
longtemps. A court terme, l’impossibilitt de vivre ou reconnus t,els, étaient d’anciens sites kibse aban-
devait. s’y ressentir, surtout. si les activit,és liées à donnés quelques décennies auparavant. De plus,
la forge occupaient auparavant une part impork~nte il y a lieu de supposer que des emplacements de
de la populat,ion. Les habitants abandonnent le villages désertés n’étaient, pas c,onnus ni des Kurumbn,
village et se dispersent dans ceux qui ne sont pas ni des Nukombse, puisqu’ils ne sont (t déc.ouverts B
encore affectés par les raids nakombse, princ.ipalement. que bien après la phase de la conquéte (4).
les villages du Nord-Ouest qui se raccordent en On pourrait, admettre que ces prétendues (i décou-
continuité & ceux du Gondo et du plat.eau de vertes )) intéressent en fait des villages évacués
Bnntlin~arn, avec lesquels il semble que les Kibse au xve siècle sous la pression des Nakombse et
n’aient Jamais cessé d’ent.retenir des relations (3). dont le souvenir de leur localisation aurait disparu
Dans certains villages rkemment abandonnés en des mémoires deux siéc.les plus tard. Cette suppo-
partir ou en t,ot.alité par leurs occupants, les sition n’est. pourtant pas acceptable car plusieurs
Nakombs~ s’&ablissent avec leurs gens, accompagnés de ces (t dkouvertes )) se font dans des (( brousses 1)

(1) I.es chronologies du Yafênyu donnent pour dates du rBgne de Naba I’adega : 1540-1360, 1510-1503 et 1541-1565.
(CI Lrs autres éléments de la population etaient., pour leur compt.r, ast.reinfs au port de cic.atrices de reconnaissance des alli@
sujrts et descendants de Wéd-Raogo : l’ancêtre des Nakombse. Ceux qui les port.aient, no pouvaient. èt.re r6duits en esclavage.
6 Lorsque les guerriers de Oubri (fils de Wed-Raogo) se prés&ntairnt dwaut les villages, le port de cic.atrices et. l’offre de divers
cadeaux suffisaient à assurer Ia paix aux gens des villages u (TIEKDREISIXIGO, 1963, p. 11). Sans rt?prCsentcr réellement. une cils&,
les forgerons du YufPnga sont, toujours d des gens à part i) pour le reste de la population massi.
13) A cet égard, J. Gat~ars (1975) note que le mouvement récent. de colonisation tZo!{on à partir de la « Falaise B s’est fait
lr long d’aws claniques qui se suivent jusqu’A 50 et 80 km de la Falaise et que <cchaque village de la Falaise s’est ainsi vid8 le long
d’un axe principal M (p. 112). Il est possible d’imaginer à rebours un m6me processus pour la fin de l’occupation kibqa, puisque
dans lr mouvement r&nt. ({ les colons tendent, à r6occuper dos terres sur lesquelles leur clan a des droits relevant d’une antique
occupation » (ibid.).
(41 A l’ouest du I-aftlnga, les premiers établissements sarno, fondés à la fin du SP et au début du XVI” siècles sont situ&, eux
aussi, à proximit6 d’anciens sites de villages : c . . . continuant. à s’étendre vers l’Est, (k la rencontre des Mossi), Les Samo cr&rent
Kourano., Koulebale et ensuito Lankoy, oil ils trouvérent. déjà des ruines et des puit.s + (NOIRE, 1905). Lanko~ (ou Lankue) est situt?
à -10 km S-0. Ouahigouga.
T’ESTIGE. L)‘OCCUPATION AIIICIEIVJVE AU SATENGA (HAUTE-T’OLTA) 473

relevant, de chefferies kurumbu, fondées ankieu- nakombga; date trop t.ardive pour retenir notre
rement, & l’avancée nakombga. Or, on sait que les attention.
tèg-bise détiennent les t,raditions faisant précisément, Les conditions kolobiques auraient. pu, par contre,
ré.férenc.e aux anciens occupants de leur territoire. être favorables à l’existence de foyers endémiques
S’ils avaient connu les emplacemenk de villages de Trypanosomictse et (ou) d’0~~hocr~cos~. Nous
kibse dkouverts inopinkment. par des chasseurs, avons déjA suppo& que la vbgétation des bas-fonds
la tradition de ces chefferies en ferait état,; ce qui pouvaitf bien abriter, h cette époque, des glossines
n’est pas le cas. A titre d’exemple, Sôde est fondé (Glossina palpalis). Les &ssines (ou tsé-tsé),
sous le régne de Naba .Kâ~lg« (1757-1787), aprks vect.eurs de la maladie du sommeil, vivent, & l’abri
qu’un chasseur ait découvert dans la (( brousse )) des c0uvert.s arborés, rec.herchent l’humidit,é et, leur
de Ndngn (une des t.rois puissantes chefferies de reproduction nécessite des Grepas sanguins 1).Glossinn
terre krzrrzmbn) un ancien puit en eau. Le chasseur palpalis (et. faclzinoïdesj sont IocalisCes actuellement
en avise le chef de Rfinga <tqui envoie son fils recon- au-dessous du 12e degré, en Afrique occidentale et,,
naître l’endroit., en compaf;nie du chasseur )). Cet en Haut,e Volta, sous wtte latitude, des épidémies
exemple, loin d’ètre unique, laisserait ent,endre que, meurtrikres de T~~ypanosnmiaue ont. sévi entre 1900
d’une part, l’extension de l’anc.ien peuplement et 1940. La maladie du sommeil a un pronostic
kibga n’était pas reconnu dans sa t,otalit,é A la fin généralement fatal; la mort, survient, entre deux et,
du XVIII~ siècle, du fait d’une végétation encore (luatre ans. On sait. que le défrichement participe
dense à cett.e époque, et que, d’autre part, cet.te ô. 1’Alimination des @tes A tsé-tsé mais des popula-
relative ignorance s’expliquerait par I’ahandon t,ions t,r+s faibles de Glossina palpalisl dans des
prkcoce (au début du xv” siécle ?) de c.ertains biotopes atypiques (terrains c.ult.ivGs, parseniés
villages kibse dont les champs étaient. déjà reconquis d’arbres ou lon@s par une galerie forestiére) peuvent.
par les t,aillis au moment, de l’arrivée des Kurumbu, ètre dangereuses pour de::‘I groupements humains (2).
puis des Nczkombse (1). Jl r1’exist.e donc pas de corrélation entre le nombre
Le seul fait que des chefferies kurnmbn se soient de glossines cn UIL lieu et. le nomhre de cas de
implant,ées en pays kibga, avant la fin du xv” siècle Trypanosominsr humaine; cette affection peut pré-
pose problème : le peuplement était-il affaibli et, senter des re\,ivisrences dans des foyers 6 silencieux 1)
pourquoi ? Les Kurumba (( chassaient, ))-ils les Kibse depuis de nombreuses années. Ceci’étant, la maladie
comme l’ont fait plus tard les Nakombse ? peut déc.imer un peuplement., soit sous sa forme
Les épidémies ou les péjorations climat.iques tpidémique, soit, plus lentement. en une trerkaine
sont, parfois avancées pour expliquer la disparition d’années (3) et., encore, at-teindre des zones c saines 0
ou le repli de populations dans ces régions d’Afrique. par transmission de Tqmurwsomiu gambiense, d’indi-
Il est possible de spéculer sur d’éventuelles épidémies vidu a individu, au cours de déplacements de popu-
ou sécheresses ayant affaibli le peuplement kibga lation (4). Bien que les villages kihse soient, généra-
mais, alors, pourquoi c.elui-ci aurait-il été le seul lement situés entre 5 et 10 km de distance des
atteint., quand tout indique que les Kurumba principaux aft1uent.s de la Volta Blanche, le peuple-
voisins ont, été animés, au cours de la même période, ment aurait pu 6tre confrorké à c.e type de maladie
par une dynamique expansionnist,e. plus que les Kwwmba, dont. I’essenkel des effectifs
Le seul témoignage que nous ayons, pour la Boucle demeurait, concentré au Word-Est, hors du Bassin
du Niger, d’une mort.alit,é provoquée par une de la Volta Blanche. Ckt,f.e différenciation nous
Epidémie (choléra ?) intkresse l’empire songhnï en parait, c.ependant., hien faible pour pouvoir expliquer
1536 (CISSOKO, I%X? cité par BEDAUX, 1972., p. 168), que la maladie du sommeil aurait part.iculit.rement,
soit, à une dat,e postérieure au début de la conquêt,e affecte le peuplement, kihgtr (5).

(1) A moins de penser que les tc?g-bisakurzmba, afin de conserver Iwrs prProgativrs de priittwlus b prcmirrs occupants y aient
feint d’ignorer l’existrnce de C~Evestiges d’occupation ant.Arieure k la lrur ; hypothbse bout R fail. plausible.
Dans le cas inverse, la régén&tion compl$t.e dc la vCgétalion arbustive (CombrEftrctw! rlomin:mts) peut se faire en wus trrnt.aine
d’anmies et. ainsi encercler une ancienne clairiére agricole, au point de la masquer.
(2) Une Bpid&mie 5 Hamako, en 1961, a eu pour origine une concrntration de ts+-tsé dians des bosquc%ts tir manguiers plantés
cn terrain cultivé.
(3) L’exemple de la tentative de colonisat,i«n de la valWe dr la Semliki, or~~nis& par I’udmiIlistratioIL belge entre 1893 et
1920, prouve qu’en 27 ans la plupart. des COhLS SoILt IYII0rt.S ; le reliquat étant hospit.alisP.
(4) Une seule piqiwe de Glossina palpalis peut, Pt-re infectante et déclencher une épidémie.
(5) L’aristocratie kurumbn posskdait uns cavalerie qu’il fallait peut-êtrr t.enir à distance des foyers t-le Trypnnosomiuse (a).
Not.ons qt~e les prrmi&res chrfferies nakombse, qui disposaient. également de chevaux, se sont établies an snd-ourst. de I’act.ueI sit.e
de Ouahigouya (Bissiguin, Iiubu, Knri, Rissi, Zemba, Pisigi) et à une quarantaine de kilnmétres de ce premier groupe., au Sud-
Suite p. 474.
Cah. O.R.S.T.O.Al., sb. Sci. Hum., vol. XV, no 4: 19Y8: 449-484.
L’étude d’une situation de déséquilibre entre un t.ant, dans les petits villages que dans les<<métropoles D,
peuplement. rt son environnement oblige & envisager, de plusieurs sitcles (:u 5 ggArée par la grosseur des
également, les effets d’une possible endémkitk buttes anthropiques). Une épidémie de T~ypanoso-
oncliclc.erc~.hienIie. La 1imit.e nord de l’0rzchocercos~~ miase aurait pu, cependant, provoquer une forte
at.t.rint act.uellement. 1% 40 le long de la Volt,a Noire inort,alitb dans tous les villages, qu’ils soient, petits
(k 1’Oue~i.j et. de la Voka Blanche (rkgion de Kagu). ou gros (?).
Avec 1P développement plus septentrional des Une mauvaise pluviosit,t: étalée sur plusieurs
galerks forestiéres, il y a c.inq sikles, il est. vraisem- années peut avoir également des effets directs sur
blable que les simulies (Simzdinm dammwzm), dont. l’abandon de villages connaissant, des difkultks
le cnmport~ement est en bien des points comparable d’approvisionnement en eau ou ayant des réc.olt.es
B celui des glossines, aient pu, au moins en saison déficit,aires. Les habitants se concentrent, alors,
des pluies, rernont,er la vallée de la Volta Blanche autour des meilleurs puik ou bien, dans le c.as de
jusqu’au parall+le 14 (1). disette prolongbe, fuient. la région. Aucune chronique
Toutefois, il est. peu probable que l’071chocwcosc, ne permet, cependant*, d’affkmer qu’une péjoration
dont les effets sont, surtout, ressentis par des petits climatique soit. venue modifier sensiblement la
groupes humi\ins dispersés à proximité des gîtes diskibution du peuplement, dans la Boucle du Niger,
g simulies (21, ait pu enkaver, d’une quelconque au XIV~ ou xve siècles, mise à part. la mention fait,e
facon, la st.abilit.6 du peuplement. kibga aux densitks d’une famine A Tombouctou en 1446 (MERRITT, cité
relativement, klevkes. Il faut préc.iser que la condition, par SCHOVE, 1977, p. 41) (4). Cependant,, on sait que
pour qu’un peuplement puisse se maintenir de faSon les puits kibse
durable dans une aire d’endemkité onchocerquienne,
sont remarquablrs par leur profondeur (...) ainsi que par 1eu1
est. liPt% Q une répartition continue et relativement
grande hauteur d’eau qui reste Capt&e en fin de saison sèche.
dense des unit.& résident.ielles et des lieux d’activit.6 Ils sont. pour la plupart implantés dans des zones de cuirasses
agriwle. A cet égard, le mode d’implant.at,ion kibgn et, argiles lat&it.iques aquif6res on tout.e saison. 11est probable
&t.ait, favorable au maintien du peuplement; il n’est, qu’ils ont et& creusbs alors que le niveau d’étiage de la nappe
gu+re possible, par exemple, d’imaginer un repli était beaucoup plus has qu’actuellement. Cc sont souvent les
progresAf' des habitants des petits villages situés meilleurs puits de village P (BURGEAP, 1975, p. 24).
& la périphérie des aires de peuplement sur les G. . . lw niveaux moyens relevés dans les puits au cours de
<(mt;t.ropoles 11,par la seule pr6senc.e de simulies (3). la campagne 1978-75 sont. parmi les plus bas, sinon les plus
NOus ne pouvons considérer les fact,eurs sanitaires bas, de tous toux qui ont existi: depuis la dernikre grande
ptriode de sécheresse du Sahel (celle des années 1913). CPS
comme ayant. pu &re responsables d’un repli du niveaux constituent. donc un repère d’extrême Ptiage b>(Ibid.,
peuplements c.ar, dans le c.as de la Trypanosomiase p. 1).
comme de u.~IZChOC&I’COSE, le dépeuplement inkervient- « Il semble bien que les anciens puits dogons (...) n’ont pu
apr& une trent,aine d'années (50 ans maximum) ètre men& jusqu’k leur profondeur actuelle, compte tenu
de cont.ect avec la maladie. Cette durée est trop de la faiblesse des moyens d’exhaure kaditionnels, qu’à
courte, (VJnlpt~ tenu d’une permanence de l’habitat, partir de niveaux de nappe encore plus bas ~1(Ibid., p. 18).

Suite de la note (5) p. 473.


Est. (I~~onmxr~,Tuguya, Rondolnga, Zamtlonm, Ranawa). Tous ces villa,,a ws sont situt% k 10-15 kilomètres des principaux axes de
tirainage. Out.re la présence dc 6 métropoles >>kibse en cc.5 lieux, la localisation des chefferirs pourrait Bt.re mise en relation avec la
prkncr de Gfossina paZpaZisdans les galeries forestibrrs des bas-fonds (9).
,,1) L’oIicliclcrrc»st~ est. untx Blariose transmise par une mouche Sinmlium da»mosum dont. les larves et les nymphes se
t-1+\-c~l~.tippentdans l’eau, lorsque lr courant atteint 1 a’ 2 m3/s. La simulie transmet. à l’homme les liirV?S d’un ver parasit,e Onchocerca
rral~~nZ~.squi, dans la pwu, produit. des microfilaires. Ceux-ci se rbpandent dans les tissus octodrrmiques et notamment la c.hambre
de l’cllil. Si CPS mirrvfilaires sont produits en grand nombr? et. dc fa$on continw, par lrs piqùres r&pétécs de simulies, des Esions
ocnlairt~a gravrs, conduisant. au bout de quelques années k la cé.cite, apparaissent.
(.2) Plus il 1. a d’habitants, plus 10 nombrr de piqîu’es infectantes est. divisb entre les individus et plus il y a de chances pour
un peuplw~ent tir pouvoir résister à l’endémie. Un peuplement. en petit.cs unit.@s disperskrs en brousse ne peut se mainknir
au-t:lel;t d’uncl cinquantaine d’anntes, les habitants 6tant. devenus ilveUgkS.
(3) J.-P. HERV~~E~ (1978, p. 9) cite de nombreux villagrs bissa ,‘sud du de@ 12) installés à proximité, des gites A simulies
et i~~l~~:~IY+IllI~l~llt prospfires a la fin du x1x c siBcle. Les habitants de ces villages pratiquaient une agriculture sous (1parc 8 & UCUCiU
crlhidu k-t concentraient. leurs aclivit.& dans les mémes lieux, comme on est en droit de le penser pour les Kibsc. La densitB do
35 hatl/kmP, par terroir, avancee par l’auteur, pour définir un seuil en dessous duquel la population peufZ tXre condamnée à terme,
n’est. qu’une proposition valable pour une aire d’hyperend&mic. Rien ne permet de supposer que le l~afërqp ait pu SC situer dans
dr telles conditicms.
(4) D’aprPs 11:schroniques arabes, MEHRITT signale pour Tombouctou, outre la famine de 14% de mauvaises rkcolt.es 011 1538
et. 1587-X8. Les chroniques de Kane, Qadez et. du Bornou font état de onze années de sécheresse au milieu du XVI~ sikcle (BAIER,
1!>76, p. 5). Tout?s ces dates sont postkrieurf+ à la pkiode qui nous intéresse.

C&I. O.R.S.T.O. A[. , stir. Sci. Hum., ml. SI’, 1104, 1.978: 419-484.
VESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE AU YLTENGA (HAUTE-VOLT-4) 473

Les observations des hydro-@ologues conduisent (r L’oscillaCon fort.e ent.re les saisons de pluie et de skheresse
donc. 9 supposer qu’une péjoration pluviométrique forme la base de la pensi% esthbtique du cultivateur (dogon).
a ét,é véwe (d’une facon ou d’une autre) par les Dans le rnytht,, rei te opposition est. r6aliscie dans le conflit
entre le dieu d'eau, lct Nomma, et. le Renard pâle, l’esprit de
Kibse. Et si celle-ci a été plus accusée que celles des
la skheresse ~1(GUGGEPWEIM, 1978, p. 1TZ).
ann6es 1913 et 1973; il n’y a pas long ?I imaginer les
effets de ce manque de pluies sur la répartition de Nous savons que le mythe du Renard, c le dkobeur
la populat,ion, à la recherche d’eau et de nourriture. de mil », a ét.6 Qacquis D lorsque les Dogorz vivaient
En 1914, sur 300 000 habitants recensés au Yafénga, au Yufèngu :
l’administrateur enre&t.rait la mort de près de
* Depuis cett.e Epoqne, le Renard se trouve comme en exil
60 000 personnes et le départ Qmomentané 1) de dans un monde il part. (...) il sera cependant un agent nkessaire
100 000 autres (1). En 1972, on notait : au d8veloppement de la vie sur t.erre (...) Le Renard avait
inauguré l’agrioulturc~, mais en semant. des graines dbrobées
u La campagne a vu le déficit vivrier s’accentuer. Parallèlr- (qui n’ont. pas germé) ( . ..) 11 faudra purific?r le sol desséché
ment, l’exode rural R atteint. une importance sans pr&.8dent. pour le rendre ~4III~IIVPRII fk~~nd. Pour réaliser cet acte cathar-
De nombreuses familles sont parties et celles qui resknt. tique, 1~s hommes stmerortt à leur tour (...) Le Renard
sur place sont. privées de bras validas. La sit.uation parait. quittera alors Ics lieux ct. se i+funiera dans la brousse inculte,
catastrophique... 8 (O.R.D. ïatênga, 1972). son domaine. Mais lrs hommes le suivront et purifieront de
nouveaux espaces en tWlimitan1. dr ~OUVORIIS champs. Ainsi,
la présence ~II Renard comme SPSagissements favoriseront-ils
A tout le moins, doit-on c.onsidérer que les villages l’expansion de l’humanité... s: GRIAULE, DIETERLEN, 1965,
les plus démunis en eau se seraient vidés de leurs p. 269).
habitants qui auraient décidé de se regrouper dans
ceux qui détenaient les meilleurs puits. Si l’on La Terre du Renard ( EyufPnga), skhe, où les
associe cette considération avec l’implantation des graines ne peuvent gernwr pourrait ètre ce 0 Vieux
premikes c.hefferies ïzakombse, principalement au Monde 11,sit.ué ti l’Est. et. Bcdiugara serait ce Monde
sud de Ouahigor~~a ei; autour de BUS~, SI prosimité régénéré, pur, fécond que les Iiibse auraient finale-
immédiate des ((métropoles 9 kibse, bien approvi- ment atteint (?).
sionnées en eau, il est possible d’en déduire que Il n’est pas besoin d’imaginer un bouleversement
d’importants effect,ifs lcibse se seraient. repliés sur total de la vie rurale pour tenter d’estimer les effets
ces sites, tandis que d’autres choisissaient de quitter d’une déficience pluvinmétrique. Des pluies insuffI-
la région, not,amment pour la (t Falaise 0. Au moment sant.es ont pour conséquence immédiate de rendre
de l’arrivée des Nukombse, la population lcibgn incertains les bkéfices d’une culture sur les sols
aurait donc été concentrée autour des 0 métropoles D secs et donc de pousser les tultivat,eurs g rechercher
bénéficiant de puits profonds. Les cavaliers, qui des sols à bonne r&wtion. Plut.Ct qu’une complète
avaient besoin d’un réseau de points d’eau pour mise en déroute de la vie agricole, nous pouvons
leurs chevaux et. leurs gens, se seraient installés supposer un estompage progressif du peuplement
de préférence en ces lieux, suivant de près les kibga dans les sec.t.eurs les plus secs. Des centres
Kurumba, attirés dans les mérnes endroits pour les seraient, restks actifs parce que bien pourvus en
mêmes raisons (2). puit,s mais aussi en terres sablonneuses, tandis que
d’autres auraient. ét,é progressivement, abandonnés.
La période de sécheresse aurait pu précéder de
En période de crise des rwsources, il a souvent kté,
quelques années seulement l’arrivée des Nakombse.
observé que la populnt.ion se r6tract.e et que, dans
Il est possible que le myt.he du Renard de la les villages affectts; par l’exode, lorsque In vie soc.iale
cosmogonie clogorz soit à rapporter & cette phase de et rnatkielle devient clifficile g gérer, le reliquat. de
sécheresse qui aurait obligé une partie des Kibse à population peut. dkcider tardivement d’abandonner,
quitter le Yafënga. k son t,our, le site d’habit.at (3).

(1) (<-1 la suite d’une saison des pluies trts mauvaise en 1913, la rkolte d’octobre-nc]vc~zzIbre 1913 fut, trés rbduitc et. amena
une famine intense en aofit et. septembre 1911. Cct,te famine fit mourir 5T 626 personnes d’après mes ralcnls (...) J’ai pu constater
dans les villages de nombreuses cases abandonnées, en ruines, dont tous les habit.ants sont morts ou p;rrt.is dans les crrcles du Sud,
. ,
moms eprouves... b (TAUXIEX, rapport politique annuel, 1914-1915).
(2) Immtdiatement au sud do Ozznhi~~ozzya,44 villages sont actuellement Ysurimp&s * I des sites d’habitat kibse. Parmi eux,
34 utilisent encore, peu ou prou, des puits kibse. Parmi ces 34 villages, 1.4 ont. 6th fondés par les Kzzrzzmhn rt 10 par les Nukombse,
dès le XV~ sitcle. Au Sud, autour de Basi, S villages ont et.6 fondés sur des vestiges kibse ; 2 par les Kzzrum ha et. 5 par les Nakombse.
Les puits kibse, dkcouverts plus tard, encore en eau, auraient pu Ptre réalimenti:s aprPs rehaussement de la nappe, é la suite
d’une période pluvieuse.
(3) Un u désengagement D progressif des Kibse semblerait mieux c.onvenir aux termes de la tradition orale qu’un abandon
brutal des villages, comme cela s’est produit en 1914, par exemple. Il est souvent mentionn8 qu'une: ou plusieurs familles kibse
sont restées sur place et ont confié l’autel dc la terre aux successeurs lïurumha «U nahvntbse.

Cah. O.R.S.T.O.M., sb. Sci. Hum., vol. XT’, no 4, 197X: 449-481.


1176 J.-I-. AIARCHAL
VESTIGES D’OCCUPATION ,1NCIENNE AU I-ATENGA (H.-t ZITE-VOLTA) 477
-

T,e gonflement d6mographique des quelques villages Les Tarîkh mentionnent. que dès l’avènement de
attractifs aurait pu avoir pour conséquence, loca- Soni ,clli (146465), fondateur de l’empire songhuï,
lement, une sat,uration des espwes cultivabIes, et. jusqu’A la tin du r+gne de Dcfozztl (1589), les nskia
laquelle aurait engendré, à son tour, des départs de furent, en guerre awc. les GAlossi D ou prktendus
populakn. Il est, évident que l’espace kibga n’était, tels et, assurément, avec les populations habitant
pas (<fini )), comme on peut le dire, aujourd’hui, de les rkgions au sud de la Bouclr du Niger (1). outre
l’espace rural du Yaténga mais, wmpte tenu des les raids c mossi 1) met,tant ;IL~ pillage les villes du
obligations de défense, il n’était, sans doute pas Nord (?Xmtr, Onalafu, 1477 et 1480 ?j, les chroniques
possible de cultiver n’importe où, m&me si le sol arabes signalent, pour la swonde moiti6 du xve
pr&ent,ait loin des villages les qualités particuliè- sifkle, Ii3 pénétration des C@ons méridionales paI
rement recherchées en période de sécheresse. L’aban- les Songh«ï :
-don lent (en quelques années) des sites d’habitat
aurait, permis cett.e constitut,ion des filikres migra- 1465 : mise en déroute ctes + dlossi IPqui se wplient - 1467-
toires dont font état aussi bien les traditions locales 68 : expkiition son!ghaï an Ha»lbori - 1470-72 : incursions
que celles recueillies A Bandiagarn. songhni pn pays CC ~nossi I - 147%ï6 : nouvelles espb,ditions dans
la région du Homhori - l-183-84 : d Soni .\ii dMait les Mossi
rt- irs poursuit jusqu’à I:I lirriittr dtx itwrs ktats’ sur le territoire
duquel ii IGnbtre .> 1P~GBART), 1962., p. 126j - 1497-99 :
L’uskia ~l~oharnrned pc!nèfre 1~s r&ions sud rt ravage le pays
En minimisant les effets possibles des facteurs t<mossi ‘1. 4 L*e prince rntama la lutte avec P,LIS ; il tua nombre
sanitaires mais en prenant en compte des difGc.ultks d’hommes, dl’vasta leurs champs, saccagea lrurs demeures
agraires engendrées par les al6as climatiques, nous et emmena lrnrs M’iints en captivite if (7’. Soîtdtin, chap. 121-
venons de formuler l’hypothèse d’un abandon lent. 122, CitP par iZARU, 1%lJ, 1,. 451.
des aires de peuplement. kibse, avant l’arrivée des
NakomOse. Bien que lrs IIOIKU tk Kibsr 01.1de Dogon ne soient
Une sécurité de plus en plus prkaire aurait. pu, mentionnés nulle part clans ces chroniques, il est
aussi, accompagner ce processus et l’engager, d’une probable FLIC leu villages du I’nf&lgu connurent
phase de rétraction du peuplement, dans une le passage des cavaliers xenus du Nord (2). Chaque
émigration vers le refuge formé par le plat,eau gréseux campagne s’accornp~~gnant, de rapt.s de captifs
de Bandiagal~a. (KfKlCH 1953, p. 18N), il est aussi pensable que les
II faut, ic.i, faire état des razzia songhaï et du forgerk kihw furent. p;lrt.iculièrerrle~lt. l’objet de
desserrement du peuplement kurumba, qui paraît pressions de la part. des Sw~gh(xï, comme ils l’ét.aient
s’6tre fondu en un mouvement coalescent avec les dans le méme ternp~ rt. l’ont. 4f.k plus tard, de la part
abandons de villages kibse. des Nakomhse (3) :

(1) En Afrique, des noms dc lieux ou de peuples peuvent être employés dans le Iunpape courant. pour dksigner simplement
la direct.ion qui méne à ces lieux ou psuplrs. Ainsi l’appelation de Musi ou dlosi des Tarfkh peut vouloir désigrner le sud de la rQion
drs Lacs ou le sud du Gurnm, tout c.omme Ghannfa dési@e, dans la tradition orale (~11 ETclVnga, 6 tout. le nord-ouest de la Boucle
du Niger : Douentza, Sarafkt, Tombouctou, Ouslata, etc. L (TAUXIER, iR17, p. 80) et. non i’empiawmrnt de la capitale tir l’ancien
royaume soninlrk du Ghana, de mêmr, encore, que u Kom-Nore (d du ÿtjt& dr l’eau gi dt%i-ne pour les yc%s du Yatenga la partie
du Bani entre San (51 Mopti mais sert @~aiemcnt à désigner la directinn du Nord-Ouest 11(IZAHD, 19711,p. NO). On pourrait citer enfin
Dicmaré (u beaucoup de gens 0) : mot. employé pour plusieurs régions (y COnlpriS ilU N(.lrd-C:aIrrl?r«Ll~~l ainsi PLI” Mandri qui peut
signiflrr aussi bien l’Ouest que l’Est selon que l’on s’intéresse aux traditions Irurumba ou tiogon. Encore do nos jmrs, les paysans
du Yatt;ngn d@signont. les lieux d’immigration de leurs parents en citant ,l bi@jan, ce qui sigMr tri% souvwt Côfr d’Iz!oire, au-delà
de la frontibre.
On peut donc supposer qu’il ne s’a@ pas de Mossi (Nal<onzb.~e)& proprement parler, mais dr groupes de guerriers organis@s
qui pouvaic%t ne pas relevrr obligatoiremont d’t%ats constitués. Les Turilch, rbdigés aux xwe rt SYII~ silicies, resituent les t%nements
antérieurs dans le contexte de leur époque et designent. comme étant mosi des populations qui, effrctivrmrnt, à partir du XVI~ siécle,
sont. passées s0~1s le contrhle politique des ;Ilos.si.
(2.) Ouuhigouya est distant. à vol d’oiseau de 155 km de Douenfru, 105 de Hombori, 170 cl’.Aribintiu, 380 de Tombouctou et
42.0 de Gno.
Dans le Tartlch Es-SoUdân, il est prPcisé, que les guerriers songhaï mett.aient. wpt jours I~LL~ franchir 156 km rntrt: le Niger
et. le Bani, dans une r6pion marécarcuse oblipennt à de multiples d8tours ( PAGEART), 1968, p. 761. Des cavaliers peuvent aisbment.
parcourir 200 km dans le même temps, au Gzzrma.
(3) Les esclaves dc case (Zencfj) fXahlis dans les villages de culture des populations vassales de l’empire sont Qles restes du
butin ramas& dans le pays des Mossi par Mohammed, lorsqu’il les rbduisit en esclavaga aprPs les avoir vaincus u (KODJO, 1976,
p. 807). Ces villages de cultures se sont multipliés dans l’empire songhai, à mesure des campa~r~cs des princes de Gao.

Cnh. O.R.S.T.O.M., sk. Sci. Hum., vol. Xl’, no 4, 1978: 449-484.


Aussi wtt.? péril-& dc l’histoire soudanienne, si elle a profit4 second. a l’ouest du préçb,dent, dont, le centre politi-
RUS pays de la !&ucle placts sous la coupe dircctr tks hslri~s, que et religieux a 61.6 Mengao, CIU sud de Djibo :
a dd ètrc hien sombre. pour le hTossi, hi Mali, les etats haoussa, C*apitale du LZZJ*ZI~. Ce royaume théocratique a ét.6
le Gourmn, le Bmyon, le pays dogon (...j Les Sanghaï avaieni dominé par les Peu1 Djdgobe, A partir de 1730-50,
1:)main hmrdn i...) II en est rtsultk une Smorragie effroyahlr et nombre de villages kzrrumba (47, dit, la traditionj
qui a causé!le d~pruplemtwt du glacis mkidional des rmpiws
musulmans$’i&iAUNI-, 1961, p. 611). sont devenus rimaïbe (captifs de Pezzl), tandis qu’une
partie de la population se déplaçait vers le Sud-
Investissen1ent.s de villages, pillages des greniers, Ouest, au I’atPlzga, venant. grossir les gr0upenient.s
prélkenientx de r.aptifs c.onditionnent fortenwnt. kzzrumba déjR en place dans cette région. Ces derniers
une remise ~1 cause de l’owupation de l’espace par avaient, émigré du Lrzrrznz et d’,lribindrr dans le cou-
les soci@tés paysannes; les réactions de défense rant. des XIV-x+ siécles.
aboutkwnt qénkralernent. à une concentration des De ces informations, il ressort que l’aire d’ext.ension
groupes humains en des sites privilégiés. Si les Kibse des Kurzr~nba parail, trbs t6t. avoir dkbordé les limites
ont eu A pAt,ir des raids snrzghaï, quelques annees des deux (croyaumes O. Il est, mèrne probable que le
avant. l’arrivtie des Nakombse, il y a tout lieu de peuplement kurrzmbcr s’étendait. bien au nord
penser que leur peuplenlent, présent.ait. déjA des d’hibinda et du Lzzrum, A l’intérieur du Gz~rrrzc~,
signes (l’affaiblissement lorsque Aamcz corntnen~a, avant que s’exerce la poussée solzghaï sur les rives
a son t.our, à y prelever des forgerons (1). du Niger (XIII”-XIV” sikles) yui aurait provoqué
son (( décrochements B vers les régions du sud et, du
L’intluenw ~orzqhnï au sud de la Boucle du Niger sud-ouest de la Boucle (3). La pénét.rat.ion kzrrzzrnba
pourrait ne pas Stre étrang@re & la pénékation du
du pays kibga serait donc le contre-coup de l’émer-
pays kibgu par les Kurumba, que tout.es les traditions
genc.e du pouvoir sorzghaï; le passage, un siMe plus
(y corrlpris les leurs) font, arriver au I’atPnga peu
t.ard, de la région d’Aribirtda, sous le cont,rDle des
;~Vi~nt.les Ncrknmbsr~.
Askin de Gao aurait. accéléré ce mouvement, niais,
Nous savons des Krzrrrmha (sing. KurumcZo) (2)
c:ett.e fois, ce ne sont. plus des Pniigrés que le I’aiénga
qu’iln habitent actuellement. :
accueille mais des guerriers kzzrzzmba plus ou nioins
HUne aire s’étendant. à peu prks do la ligne Ouahi~ouya- vassaux cies Sorzghaï (4).
Konyoussi, au Sud. jusqu’à celle reliant Balm à Aribinda, L’empire de Gao est un ensernble de régions
au 1Nwd,trt dkpassantcelle-ci, au Nord-Ouest, jusqu’à Yoro, habitées par des populations vassales. Au-de& des
dans le Mali. Dans wtte aire, setrouvent drs villages puremrnt limites de l’enipire, les autres peuples, soit paient
lcouroumi mais, dans certaines sgglomtrations importantrs, tribut aux Askia, soit. sont l’objet de pillages et de
ils owuprnt un quartier voisinant. avec des Mossi ou des
déportation pour constituer des villages de captifs.
»ogo N (SciiWEEt;ER-HEFFEL, sl.AunE, 1967, p. 165) (fig. 61.
Dans CC contexte, les li’zzrzzmbu-songlzaï d’hibirzda
Deux groupes sont: dist.inguks par les auteurs ont pu pénétrer pkriodiquement. en pys kibgu
préc.it.és : l’un, c.entré A l’est. sur dribinda, qui a pour le razzier et. y établir de petit.es colonies (cornme
fnrnlb le Kzrrzz»zei:snrzghnï HLIX XV et XVI” sikles et. le i!4Tzzgzz).Aussi estil ditXcile de se rallier aux e.xposls

I 1) La tradition nakombga ne fait pas état de luttes RVWles Sonyhal. C,ependanb, TZARU(lOï0, p. 277) mentionne que l’abandon
des chefferies isolées de DuBure et de Sun!ln (r.f. not.es54, p, 34). créeespar Rnwa au N.-O. de ITaténgn,aurait pu ètrr provoqu8
soit. par l’ardeur wmbattivc des Dopn, soit. * sous la pression de la puissance sonraï O.
(2) I~urumt7, Kurumeï ou Doforo, en langue songhai ; Kurzzmnnkobe OUUefnrobc rn ianguc pciul. Les Kurumbu parlent (parlaient)
le Kurumfe.
(3) ti Tous les rensei@xxnrnts rccucillis sur l’ancien Louroum nous obligent 3. le situer plus au nord que le Lozzrourn de nos
jours et k y voir IIIL pays assez litcndu i (S'aune, 1961, p. 2%).
Sur lo plan Ptymologique, on retrouve dans le mot Kurumbu la racine Gur, de mème que dans Gurmn, G7zrzznsi,Gurmczntche.
Gur signifierait u brousse 4, selon FORTES (Sonchamp, 1967, p. 53).
Les traditions considèrent que les Gurmantche et. les Kurumba sont. les anciens maltrcs du sol en pays songhaï. ROUCH prtcise
que l'on voit toujours + arriver Irs Kourozzmba en pays Djerma, jusqu’aux limites des terres dont. ils se considèrent les maîtres,
c’est-à-dire jusqu’ti la région de Dosso ; ce qui correspond vraisembldblemttnf fi l’aire anc.irnnr des Ko7zrorzmhn. Ils viennent.
d’dribintfn... u ( . ..I Les Songhai considèrent que la brousse appartient aux Gourmnntche et que la terre appartient aux Kozzroumbu
(Sonchamp, 1965, pp. 75-76).
(4) LH province du Kurumei songhn1 disparait. en 1690, avec la fondation dans la région de Dori de l’kmirat. peu1 du Lipftrlto,
relrvant de l’état de Sokofo.

Photos 11 et 12. -Jarres funéraires. mises à jour le long de la piste Yuba ROnga. -+
Photos 13, 14 et 15. - Poteries et fragments de ckramique prPIevés sur trois sites difftirerrts.
Photos 16. -. Outils en pierre, brace1et.s torsadés en fer, pe.tits broyeurs prc;levts à Tugu.

C1711. O.R..Y.T.CJ.hi., se?. Sci. Hum., zwl. SV, no ‘L, 1.978: 41%dS1.
PLANCHE III
-Mo J.-l-. MARCHAL
--

qui prkent.ent, les Krrrrrmbo c.omme kt,ant, des wlt.i- fer et. savaient, rnkailler la pierre i> (C+HIA~LE, 1941
vateurs libres, cohabitant pacifiquement avec. les p. 10; SCHWEEGER-HEFFEL, 1966).
Dogon, en un contact prolongé (DIETERLEN, 1940, Les Nioniose sont. aux Knrzzmba ce que les Kurumba
p. 182.). : sont. aux Nnkombse; c’est-~-dire des Gaut.ocht.ones D
e (kils-ci ont vécu au I‘atenga avant l’arrivée tics Kour«umba assimilés, A qui le nouveau pouvoir a confié le cu1t.e
et certains d’entre eux y sont. restbs avec les envahisseurs. de la terre, si-parant. ainsi le religieux du politique (5).
Il y a donc eu (...J cohabitation rt intc‘rpt’n(ilration des deux Les Nioniose des villages kurumba du Lzzrzzm, de
PlCments et il est posail& de relever des analogies dans leurs Titao et du E’atCzzga c.entral sont, trk vraisembla-
rites et leurs croyances, notamment en ce qui concerne l’àme, blement des kibse, soit. assimilés sur place, soit encore
la force vitale r«nf&ée a chaque être et le @nie de l’eau 3, déport& dans d’autres villages pour y exercer le
(GHIAULE, DIETERLEN, 1942, p. 0). mét,ier de la forge ou celui du w1t.e.
Les emprunts culturels des Ku7~rzmha (1) ne condi- *
tionnant nullement, leur attit,ude pacifique A l’égard l *

des Kibse et, l’,lgo du Lzzrzzzn, supposé Gtre demeuré Les JïzrrzzznOa que les Nakombsr rencontrent
independant, parre que resté animiste, devait sans dans le Rassin amont. de la Volta Blanche, h la fin
doute payer tribut, ~4 I’ArcZo d’ilribindn mais se du xv” siikle, ne sont pas des c.ultivat.eurs pacifiques
comporter comme un prince songhaï face aus villaffes c.ohabit,ant. avec les Jiibw; ils sont en t.rain de
kihsf~. Le t-errit.oire du Lrrrzzin n’est-il pas parsen prendre la place des Kibse attirés sans doute par la
d’ernpla~ement~s de villages kibse ? tec.1micit.é du fer et, les puits profonds de ces derniers
On sait que les Kzuv,zmba sont formés de deux
(conjoncture de sécheresse), aidés dans leur st.ratégie
groupes dont- l’un s’apparente & une aristocratie par les raids songhuï qui s’exercent, sur une population
-;uerri&re, possédant. le cheval : les Konfe (2) et le déjà contractée et. crispk autour de ses points
second aux o autoAtones o assimilés appelés A d’eau.
Aleizguf~ : SuzzJadugrr et. Nioiziose, ailleurs (3). Dans un tel conkxte, les Naliombse n’ont fait
Que sont ces T(autochtones o dans les groupements qu’apporter une contribution finale au déman&
kzwzzmbn du Yatênga, sinon, comme à Rtînga, des
lement. de la s0r:iét.é kibga encore établie au I’ntèzzga
Zorom et, des Segue (ou Sigzrt!) qui sont des patr0nyme.s et. déja forkement entamke ou compktement assimilée
dogon (forgeron pour le premier et. non forgeron au Nord-est., au Lzzrrim.
pour le second) ? Que sont, de m&ne, les Il’nrwza La politique kzzrzzmba d’assimilation des Kibse
(It’er»w ou ITy&érni) des villages kzrrzzmbn de h expliquerait. leur coopération h la mise en place du
r&gion de Titrro si non des snzldre dogozz? réseau de c,hefferies zzukombse; usurpant dans la
La litt8ref.ure ethnolo@que signale également majoritk des villages les autels de la t.erre. En se
que les Suzr~adzr~zr (4) sont. des CC faiseurs de pluie u faisant valoir 0 premiers owupants i), ils prennent
(SnzoatEzr~gzz A&ie 0 nuage ))) qu’ils sont associk place dans le nouveau système politique (6).
a’ la magie, qu’ils honorent, le génie des eaux, que
w sont les prét.res de la terre (STA~DE, Sonc.hamp, Paris, janvier 1979.
lHli7, p. C%i), qu’ils sont, appelés les 0 sorciers tlu
mil 0, qu’ils dbtiennent. (t l’âme du mil i) (KouCH,
Sonchamp, p. 75), qu’ils Gconnaissaient le t,ravail du

(1) Cf. égalcmwt S(:H~~E(~I~ER-HEFFEL, 1X92, pp. 380-21.


(21 6 Le cheval blanc est l’insigne du chef. Lui seul a le droit d’en possédrr. Les lionfe ont le c.lwval, l’instrument. de guerre )
(%'.\UDE, I$%l, 11. 2131.
(3) Nioninse ne doit pas être confondu avec Ninisi qui, pour les gens du Evaf2nyr, dtsigne spécifiquement. les Samo.
(4) @Les Sawadugu sont répartis dans de nombreuses agglomérations : Aribinda (KW~), Relrhede, Dala, ~kIrOUndOl1,Pilio,
TipnP, Mengao, Tolou (Toulfc), Souli, ïVliniour~douré, dans le cercle de Dori ; Burum, Bon, Barga, Pina, Surunpa, dans Ir cercle de
Ii:>J% ~,hi3TERI.EN, 1%4(:),p. 18-l).
(5) Cf. Annexe : L’assimilation politique.
(6) Lrs villagrs krrrumbn titablis immédiat.ement au nord de Ouahigonya resteront indépendants jusqu’à la fin du XVIII~ sikcle.
Ce n’est I~I’& ce moment qu’ils seront inquibtks par l’extension des commandements nukombsc en m0me temps qu’ils seront assaillis
par les Paul, au nord. Pendant trois sikles, il semble donc qu’il y ait ru entre les Nuhombse et. les Ko@ une réelle cohabitation
11e terme parait ici approprie). Notons que les Songhaï ont pu aussi, trés t.Ot, s’intégrer au royaume du Yat&ga, assumant les
fonctions de teinturiers /Marânce).
Les exemples donnc’s par les traditions de I’ugu ei de Bugzre (deux des trois plus puissantes che.fferies de terre knrumba) sont
significatifs de cette entente sccllk? aux dépens drs Kibse.
Les forgerons kihse dc Tzzgu sont dtkim& par Naba Wfimfnnago, A la fin du xv’ siklc, alors que des Kurumba ~CIL~S
d’ztribindn contrfilent d6jà le village. Ces Kurnmba ne rr.<»ivant un chef mossi qu’A la fin du XVIII e siécle et acceptent. alors la

Cah. O.R.S.T.O.Af., SE~.Sci. IIum., zrol.ST’, no 4, 1978: 449-484.


VESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE .1U I’;t TEN GA (I-IA UTE- YOL TA) 481

ANNEXE

L’assimilation politique

L’assimilation est un processus commun, quasi ccA Mengtrn, vivrnt sept, familles qui port.oni. des Sondre
universel. Des ent,it?As (( politiques o naissent puis (noms de clans) tliffbrents. I%LL~ de ces familles sont. Ijarti-
disparaissent, se juxtaposent ou se superposent les culikwnent importantes : la famille limfr et la famille
unes les autres dans un ordre chronologique. L’assi- Szzzzxzdzzgzz.Les Sazzvdzzgzrse tlisrnt descendants d’un anc8tre
sorti de terre. Ce prcmirr Sazzradzz~yzz
aurait PtG le premier
milation se fait d’autant plus vit,e que les groupes l~o~rmc sur terre. (...) Rlaintrnant. qu’est-ce qu’un Konfe
Gvaincus o parlent la langue de c.eux qui détiennent rt qu’est-w qu’un Snrwdzzgz~ ‘? Les Sazz~adzzgrz appartiennent
le pouvoir et parfois perdent. leur identité. lignagère à CPI ensrmblc de srns que les Aiossi appc’llent Nyon$lasi
(extension du sorldre (patronyme) H’ed-Haogo, en (~1qui s’appellent souxcrnt @alrmrnt ainsi. Mais ils s’apprllrnt.
pays mossi) (1). aussi naturellrmenf. F’IZZSP, Kurzu7~ba, etc. Les lionfe du
Les (( conqu&t,es o songkaï, hwmnba, nalmnbga sont Lozzrorzm (Mr?ngao), ceux qui fournissrnt 1~ chef, disent :
assimilat.ric.es et généralisatrices. En organisant un YNous, nous sommes des Iiurzzmba ; mais les Sawadzzgu sont.
nouveau modéle de soc,iété, elles en figent d’autres, des Ngorzgosi » (STA~DE, So~~cl~r~np, 1967, pp. 64-65).
qui étaient en devenir; si bien que chaque peuple ou Les Samatluyo sont, assiniilk dans la société
société est, formé de l’association de plusieurs groupes lit~r~[~~nb~~par les Kw~fa. Ces deux groupes sont.
ou classes, mais seule l’histoire de celle qui détient, assimilés dans la socibt6 songkal par les MZga.
le pouvoir politique est transmise par la tradit,ion.
Cette assimilat.ion n’est pas toujours perceptible fcOn trouve des faits amlog~~~s si l’on consid8rr la situation
au moment de I’enquét,e, comme on peut en juger des Kzzrunzbu (Fz11.w) dont les villages ont Eté intkgrés au
par l’exemple suivant. : I’crkkp au SIS~ siklc. Les Kurumba sont dtx langue et de
culture <gvoltaïques O. Dans l’ancirn royaume de Louroum
(1Los Kzzrzzmhade Mengao considkcnt les Alaïga d’hibinda (r+$xl iICtLl?llf? Cl, dle!rLg/trfl, km le I’je[yodji), 10 souverain
comme des S’onglmi (...) R«uc:H, de son cote, dit qu’Alribinda (,l!go) appartenait. A celui des grands groupes de descendance
est un village du K’nrurnei sonyhai, pays kzzrzzmba investi constituant la sociPtP kzzrun~h« auquc~l rst. associ+ lr rwm
par les Songhnl (...) mais les Aiaïgn se disent Kzzrzzmba ou claniqur Konfe, tandis que la maifrisc tltc la terre appartrnait
Fzzlse (...) et parmi ces Maiga, vivent des gens qui porknt. à un autre grollpe, le plus ilL2Chilï~~Lle clr la soci@tb, dont les
le nom de Sazuadzzgzz.Ceux-ci se disent également Kurzzmba mrrnb~~ port rnt le I~II~ claniqur Sazzwdzzqzz!+quivalent du
ou Fu/se et, pourraient être considkts comme des Ngongosi nom mossi SazradoyhoI.
si l’on savait quand ces Sazuadugzzsont venus dans CO pays. !&ILS 1~s vilhges kzzrunzbu, passPs t.ardivemrnt. sous domi-
Les Sazuadzzgzzdiscnt ètre Irs plus anciennement installés nation nokonise, l’ancien rhcf de villapc (Ful’Naba), dont la
h .Aribinda. u ,rrPni:al~@e se rat t:rchc~ #nPralcment ?i celle des :lyo, acquit

chefferir de la terra. Pour se conformer à ce1.t.c nouvelle fonction, ils inventent une 1C:grnde qui ne peut cachrr la vtkitt : leur ancêtre
est sorti de terre à Tugu (indication manifeste do la prékminence de I’occupationj mais en poussant de In tèt.e une meule de pierre
auprès de laquelle se trouve LLILC femme (d’autres occupants, donc !). Aussi prcifPre-t-il SC réenfoncer SOLLSterre et ressortir un peu
plus loin car, dit-il, Gcette femme risquerait bien de raconter un jour que c’est elle qui m’a déterr? *.
La tradition de Bugzzre laisse transparaître la mSme ambiguïte. Le fondateur de cette rhrffcrie de terre vient du Lurum, aprPs
ètre passe par Tugu. Il s’installe à Bugure après avoir mis le feu Q la brousse et l’inrendie SP propa$~ jusqu’ti Irzz (qui est un village
dogon de la Plaine du Gondof. Le fondateur devient ainsi le maître du trrrit.oire qu’il a incendifi.
Cette tradition tend à nier une quelconque occupation du t.erritoirr avant l’arrivk des Iirrrzzmhn mais fait, toutefois, rWwnce
à un voisinage kibga. L’important site kibga situé, ti 5 km $ l’ouest de Bugzzre, dans le terroir dr Zipz, est polwtant parfaitement.
reconnu par la tradition de UZa qui prkcise, d’une part, que Ies Kibse de Ziga étaient précisk~ient librs aux gens d’Aru rt que,
d’autre part, le chef de Eugure a voulL~ les chasser mais s’est ravise devant la force occull~ tic leur chef qui, par la suite, est devenu
bugo.
(1) Cf. IZARD, 1976, pp. 69-81.

Ctrh. O.R.S.T.O.dI., st!r. Sci. Hztm., vol. XT’. no 1, 1078: 14.9-483.


482 J.-Y. MARCHAL

-
Nioniose- /‘j III\\

Fig. 7.

un statut analogw à celui de fC$-sobn, tandis q11r l’ancien Blanc.he (Ouagadougou, Yako, Kaya...). Ailleurs,
maître de la terre conservait. ses fonctions pour la seule fraction la tradition fait- état, non plus de Nioniose, terme
I~zzrzzmb~z
du village désormais à commandement nah-omsc’1 vague : Qles gens d’avant », mais de Kibse, de Fzrlse
(Izamn, 1970, p. 117).
pour désigner les occupants rencontrk au moment
de la « conqw3.e 0. Dans ces régions, les Nioniose
En amont des proc:essus d’assimilation qui vien- oonst~ihaient. bien le fond de peuplement ruais
nen t d’étre exposés, il est, possible d’admettre une n’étaient, plus reconnus sous ce t,erme puisque dkjà
assimilation de Nioniose pw les Kibse-Dogon, Ik assiniiks par des groupes organisés.
oil ils se trouvaient, (1).
La figure 7 schématise la Aratification dont nous
Il s’agit, chaque fois, de l’absorption d’un fond de venons de faire bt.at. Il est? exclu d’en tirer l’image
peuplement. par des groupes culturels et politiques de couc.hes successives de peuplements dif’férentk,
géniralenient8 étrangers A la région mais peuk-être absolumentz étrangers les uns aux autres, surimposés
aussi issus du fond mkne de peuplement. (2). mais plutc)t celle de l’bmergence de différents systèmes
Les Mioniosa sont évoqués dans l’histoire mossi politiques organisés et mis en place par des groupes
en leurs lieux, chaque fois que les Nakombse ont, restreink qui ne seraient, pas tous des (( wnquérants s.
rencontré un peuplement, sans stat.ut$ politique défini. Rappelons qu’il suffkait aus villageois de port,er les
C’est ainsi que les Nioniosf~ sont. cites dans les tradi- scarifications pour être reconnus Mossi, c’est-&-dire
tions de la partie méridionale du Bassin de la Voka sujets des Nakombse (TIENDREBEOGO, 1963, p. 11).

Crrh. 0.R.S.7’.0.zII., dr. Sci. Hrzm., 001. xv, II" i, 197x: 449-481.
l’ESTIGES D’OCCUPATION ANCIENNE AU 1.ATENGA (HAUTE-VOLT-41 483

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