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Université Claude Bernard–Lyon I Relations métriques dans

CAPES de Mathématiques : Oral le triangle rectangle, etc.


Année 2006–2007

Difficultés de la leçon
• C’est une leçon analogue à celle sur Thalès, dans le cadre euclidien : elle est pratiquement
insurmontable de partir d’une axiomatique à la Hilbert-Euclide, mais partir de la structure d’un
espace affine euclidien rend l’essentiel vide... Comparer la situation au théorème de Thalès avec
les axiomes d’espaces vectoriels, ou à l’identité de Bezout avec la définition du pgcd par les
idéaux. Morale : une bonne axiomatique est un “élixir de pensée” (Perrin).
• Pour enrichir la leçon, expliciter la façon de retrouver les relations et les origines différentes
(Pythagore, considérations d’aire, triangles semblables), même si l’idée des preuves revient
toujours à développer des produits scalaires.
• Une erreur majeure à éviter : ne pas connaı̂tre d’autre relation métrique que le théorème de
Pythagore. Autre erreur : supposer connue la trigonométrie.
• A mon avis, il faut prendre la partie “trigonométrie” de cette leçon comme un prétexte pour
définir la trigonométrie, en se limitant le plus possible au cadre d’un triangle rectangle.
0◦ Préliminaires
(a) Prérequis
On fixe un plan affine euclidien et la théorie qui va avec : bases, définition d’un produit scalaire,
qu’on notera h·, ·i.
Pour la partie II, on utilise la notion de déterminant d’un couple de vecteurs dans une base
d’un plan vectoriel : si des vecteurs u et v ont pour coordonnées respectives (a, c) et (b, d),
c’est detB (u, v) = ad − bc. On suppose savoir que si B et B ′ sont deux bases du plan, on a :

detB′ (u, v) = detB′ (B). detB (u, v) et detB (B ′ ). detB′ (B) = 1.

La matrice d’une isométrie dans une base orthonormée est orthogonale (t M.M = Id), donc son
déterminant est ±1.
(b) Remarque sur les mesures algébriques
Si on se donne deux points sur une droite, la mesure algébrique AB dépend fortement du choix
d’une base de la droite vectorielle sous-jacente.
Dans la leçon sur Thalès, nous somme censés nous être rendus compte que le quotient de deux
mesures algébriques, lui, est intrinsèque : si A, B, A′ , B ′ sont sur la même droite, avec A′ 6= B ′ ,
AB/A′ B ′ ne dépend pas de la base choisie pour calculer AB et A′ B ′ . (Vérifier !)
Si on se donne de plus un produit scalaire, on diminue l’indétermination sur les mesures
algébriques en imposant de prendre des vecteurs normés. Cependant, toute droite euclidienne
contient 2 vecteurs de norme 1. La mesure algébrique AB est donc déterminée au signe près.
La remarque du jour, c’est que si A, B, A′ , B ′ sont sur la même droite, et si les mesures
algébriques AB et A′ B ′ sont relatives à la même base normée de la droite vectorielle sous-
jacente, alors le produit AB A′ B ′ ne dépend pas du choix de la base normée (parmi deux
possibles).
I Relations métriques
1◦ Inévitable : le théorème de Pythagore
(a) Bien que trivial avec cette axiomatique, il faut le citer quand même !
Pour ABC triangle non aplati, preuve en une ligne de l’équivalence AB 2 + AC 2 = BC 2 SSI
(AB) et (AC) perpendiculaires :
−→ −→ −→ −→
AB 2 + AC 2 − BC 2 = AB 2 + AC 2 − || BA + AC ||2 = 2hAB, ACi.

1
(b) Application : la projection orthogonale réalise la distance minimale

Corollaire Soit D une droite affine, A un point du plan. Soit H la projection orthogonale de
A sur D, i.e. l’intersection de la perpendiculaire en A à D. Alors, pour tout point K ∈ D, on
a : AK ≤ AH, avec égalité si et seulement si K = H.

Démonstration. Par le théorème de Pythagore, on a : AK 2 = AH 2 + KH 2 .


2◦ Inscription dans un demi-cercle et égalité de la médiane
Proposition Soit ABC un triangle non aplati, I le milieu de [BC]. Alors ABC est rectangle
en A si et seulement si AI = BC/2.
−→ −→ −→
1
On a en effet, avec BI=IC= 2 BC :
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ BC 2 −→ −→ BC 2
AI 2 = hAB + BI, AC + CIi = hAB, ACi + hBA, ICi + hAC, BIi − = hAB, ACi + .
4 4
Variante de preuve. On commence par l’égalité de la médiane :
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
BC 2
AB 2 + AC 2 = || AI + IB ||2 + || AI + IC ||2 = 2 AI 2 + 2hAI, IB + ICi + 2

2
BC 2
(§) AB 2 + AC 2 = 2IA2 + ,
2
puis on exploite le théorème de Pythagore.

Remarque L’égalité de la médiane (§) a l’intérêt de caractériser les distances euclidiennes


parmi toutes les distances provenant d’une norme. Plus précisément, soit ||.|| une norme (pas
nécessairement euclidienne) sur un espace vectoriel qui dirige un espace affine E. On associe
−→
une distance sur E à cette norme par : M N = || M N || pour M, N ∈ E. Alors ||.|| provient
d’un produit scalaire SSI dans un triangle ABC où I désigne le milieu de [BC], la relation (§)
est satisfaite.

3◦ “Considérations d’aire”
(a) Machine à produire une égalité : calculer l’aire
Supposons savoir ce qu’est l’aire d’un triangle : le produit “base×hauteur/2” ne dépend pas
du côté de référence choisi (voir, à ce sujet, II 2◦ (c)). On en déduit facilement la

Proposition Dans un triangle ABC non aplati, soit H le pied de la hauteur issue de A.
Alors, ABC est rectangle en A si, et seulement si

AB.AC = AH.BC.

Démonstration. Supposons ABC rectangle en A. Notons qu’alors, A est le pied de la hauteur


issue de C. L’aire du triangle ABC est donc :
AB.AC AH.BC.
(♠) = A(ABC) =
2 2
Réciproquement, supposons AB.AC = AH.BC. On note A′ le projeté orthogonal de C sur
(AB). L’aire du triangle ABC se calcule de deux façons différentes par :
AB.A′ C AH.BC AB.AC
= A(ABC) = = .
2 2 2
On en tire : AC = A′ C. On veut montrer que A = A′ (i.e., le projeté orthogonal est l’unique
point de la droite à distance minimale du point projeté). Facile avec le théorème de Pythagore :
AA′2 = AC 2 − A′ C 2 = 0.

2
(b) Aire d’un triangle (passer sous silence, savoir répondre)
On peut protester : qu’est-ce que l’aire d’un triangle ? Qu’est-ce qui justifie la relation (♠) ?

Lemme Soit A, B, C trois points non alignés. Alors le réel



1 −→ −→
A(A, B, C) = det(AB, AC) ,
2
ne dépend ni du choix de la base orthonormée dans laquelle on calcule le déterminant, ni du choix de
l’ordre des points. Si H désigne le projeté orthogonal de A sur (BC), on a :

A(A, B, C) = AH.BC/2.

Cela a donc un sens de définir l’aire d’un triangle ABC par : A(ABC) = A(A, B, C). Vérifions que cela
ne dépend pas de la base choisie : si B et B ′ sont deux bases orthonormées, PBB′ la matrice de passage,
−→ −→
M (resp. M ′ ) la matrice dont les colonnes sont les coordonnées de AB et AC dans B (resp. B ′ ), on a :

M = PBB′ M ′ .

Comme PBB′ est une matrice orthogonale, son déterminant est 1, si bien que | det M | = | det M ′ |.
Par antisymétrie du déterminant et parité de la valeur absolue, on a : A(A, B, C) = A(A, C, B). Par
bilinéarité et antisymétrie, on a de plus :
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
det(AB, AC) = det(AC + BC, AC) = det(BC, AC) = − det(CA, CB),

donc A(A, B, C) = A(C, B, A). Comme les transpositions (A, B) et (A, C) engendrent le groupe
symétrique sur trois lettres {A, B, C}, on a démontré l’invariance.
Pour finir, choisissons un repère orthonormé (H, i, j), où i dirige (BC) et j dirige (AH). Soit a l’ordonnée
de A, b et c les abscisses de B et C, on a : |a| = AH et |c − b| = BC, d’où :

−→ −→ b c
det(AB, AC) = = a(c − b), d’où A(A, B, C) = AH.BC.
−a −a

(c) Deuxième preuve de la proposition en coordonnées (sans aire)


−→
On choisit un repère orthonormé (H, i, j), de sorte que HA= HA j. On note a l’ordonnée de
A, b et c les abscisses de B et C. Avec le théorème de Pythagore, l’hypothèse s’écrit :

AB 2 AC 2 − AH 2 BC 2 = (a2 + b2 )(a2 + c2 ) − a2 (b − c)2 ,

ce qui après développement et simplification donne :

AB 2 AC 2 − AH 2 BC 2 = a4 + b2 + c2 − (b − c)2 a2 + b2 c2 = a4 + 2bc a2 + b2 c2 = (a2 + bc)2 .




Par ailleurs,

AB 2 + AC 2 − BC 2 = (a2 + b2 ) + (a2 + c2 ) − (b − c)2 = 2(a2 + bc).

On en déduit sans plus de travail que les deux assertions de la proposition sont équivalentes à
a2 + bc = 0, ce qu’on peut écrire : HA2 = −HB . HC.
4◦ Autres relations faisant intervenir H
(a) Machine à produire des relations : triangles semblables
A

B H C

3
On remarque que si ABC est rectangle en A et H est le pied de la hauteur issue de A, les
triangles ABC, HBA et HAC sont semblables (“cas d’égalité des triangles”). D’où :
AB AC BC AB AC BC
= = , = = .
HB HA BA HA HC AC
En simplifiant : AB 2 = BH.BC, AC 2 = CH.CB, AB.AC = AH.BC, mais aussi
HA AC HC
= = , d’où HA2 = HB.HC.
HB AB HA
On retrouve certaines des relations déjà écrites, et quelques nouvelles. En fait, ces relations
caractérisent les triangles rectangles pour peu qu’on y mette des mesures algébriques.

Principe Pour énoncer des réciproques, il faut mettre des mesures algébriques quand c’est
possible, i.e. quand les points qui interviennent dans le produit des distances sont alignés.

(b) “Nouvelles” relations métriques


Proposition Soit ABC non aplati, H le pied de la hauteur issue de A. Les assertions sui-
vantes sont équivalentes :
(i) ABC est rectangle en A ;
(ii) AB 2 = BH . BC ; (ii’) AC 2 = CH . CB ;
2
(iii) AH = −HB . HC ;
Première méthode (en développant des produits scalaires) :
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
BH . BC = hBH, BCi = hBA + AH, BCi = hBA, BCi = hBA, BA + ACi = BA2 −hAB, ACi,

de même en échangeant B et C, d’où (ii)⇐⇒(i)⇐⇒(ii’). Pour l’équivalence entre (i) et (iii),


on peut utiliser le théorème de Pythagore dans ABH et ACH :
−→ −→
2AH 2 + 2BH . CH = AB 2 − BH 2 + AC 2 − CH 2 + 2hBH, CHi = AB 2 + AC 2 − BC 2 .

Deuxième méthode (en coordonnées) : On reprend les notations de 3◦ (c). On y a vu que


les conditions (i) et (iii) équivalent à a2 + bc = 0. Pour finir, on observe alors que :

AB 2 = BH.BC ⇐⇒ a2 + b2 = −b(c − b) ⇐⇒ a2 + bc = 0.2

(c) Yet another relation (harder to remember)


Proposition Soit ABC non aplati, H comme ci-dessus. Si ABC est rectangle en A, alors
1 1 1
(§§) 2
= 2
+ .
AH AB AC 2
Inversement, si H ∈ ]BC[ et (§§) est satisfaite, alors ABC est rectangle en A.
Démonstration. Si ABC est rectangle en A, on a par ce qui précède :
2
AC 2 + AB 2

1 1 BC 1
+ = = = .
AB 2 AC 2 AB 2 AC 2 AB.AC AH 2
Pour la réciproque, on reprend les notations de 3◦ (c). La relation (§§) équivaut à :
1 1 1
(§§) ⇐⇒ a2 = a2 +b2 + a2 +c2 ⇐⇒ (a2 + b2 )(a2 + c2 ) = a2 (a2 + c2 ) + a2 (a2 + b2 )
[... ]
⇐⇒ a4 = b2 c2 ⇐⇒ (a2 + bc)(a2 − bc) = 0.

Or, H ∈ ]BC[, donc bc < 0 et a2 − bc > 0. Il vient a2 + bc = 0, et conclut avec 3◦ (c).

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II Trigonométrie
Rappelons la définition d’un angle (orienté) de vecteurs : classe d’équivalence d’un couple de
vecteurs non nuls modulo isométrie (directe) et produit par des scalaires strictement positifs.
Le cosinus ne pose pas de problème, puisqu’il est bien défini à l’aide du seul produit scalaire.
En revanche, le sinus n’est bien défini que si on oriente le plan. Et un triangle rectangle ne
“voit” pas l’orientation.
D’où un certain embarras : doit-on parler uniquement d’angles non orientés aigus (les seuls
qu’on trouve dans un triangle rectangle) ? ou doit-on définir les lignes trigonométriques de
tous les angles ? Ne sort-on pas ainsi de la leçon ?
1◦ Cosinus d’un angle de vecteurs
(a) Etant donné un couple de vecteurs non nuls (u, v), on définit leur cosinus par :

hu, vi
cos(u, v) = .
||u||.||v||

Grâce à l’homogénéité et à l’invariance du produit scalaire par une isométrie, on a : cos(u, v) =


cos(u′ , v ′ ) si (u, v) et (u′ , v ′ ) définissent le même angle (réciproque fausse). En ajoutant la
symétrie du produit scalaire, on tire :

Lemme Le cosinus de deux vecteurs non nuls ne dépend que de leur angle (non orienté).

Remarque Le cosinus est nul si et seulement si l’angle est droit.

(b) Les relations métriques dans le triangle nous donnent un moyen commode de calcul :
−→ −→ BA
Lemme Un triangle ABC est rectangle en A si et seulement si cos(BA, BC) = .
BC
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
−→ −→ hBA, BCi hBA, BA + ACi BA hAB, ACi
En effet, on a : cos(BA, BC) = = = − .
BA.BC BA.BC BC BA.BC
(c) Réinterprétation : symétrie du rapport de projection

Corollaire Etant donné un triangle ABC non aplati, on note H le projeté orthogonal de B
sur (AC) et K le projeté orthogonal de C sur (AB). Alors :

AH AK
= .
AB AC
−→ −→
La démonstration est évidente si on remarque que le rapport écrit est cos(AB, AC). L’intérêt
de ce corollaire provient de ce qu’il est essentiellement équivalent à la symétrie du produit
scalaire, et servait à introduire le produit scalaire au lycée à une certaine époque.
2◦ Sinus d’un angle de vecteurs
(a) Ici, on fixe une orientation du plan. Soit (u, v) un couple de vecteurs non nuls.

Lemme Etant donné un angle α, défini par un couple de vecteurs non nuls (u, v), et une base
orthonormée directe B, l’expression
detB (u, v)
||u||.||v||
ne dépend que de l’angle α, et pas de son représentant (u, v), ni de la base B.

5
Définition. Cette expression est appelée sinus de l’angle α et notée sin α.
Démonstration. Soit (a, b) et (c, d) les coordonnées respectives de u et v dans une base
orthonormée directe B. On a :

hu, vi2 + detB (u, v)2 = ||u||2 ||v||2 ⇐⇒ (ac + bd)2 + (ad − bc)2 = (a2 + b2 )(c2 + d2 ).

Cette dernière relation est immédiate à vérifier. (NB: on l’appelle parfois identité de Lagrange,
elle exprime (entre autres) que le module d’un produit de complexes est le produit des modules.
On peut en déduire l’inégalité de Cauchy-Schwarz (car det2 ≥ 0) :

|hu, vi| ≤ ||u||.||v||.)

Par suite, la valeur absolue du sinus ne dépend que de l’angle, et pas du représentant de l’angle,
ni de la base dans laquelle on calcule le déterminant. En effet :

| detB (u, v)| p


= 1 − cos2 (u, v).
||u||.||v||

Quant au signe, si B et B ′ sont deux bases orthonormées directes, on a :

detB′ (u, v) = detB′ (B) · detB (u, v),

donc le signe de sin(u, v) ne dépend pas de la base B.2

Remarque • Pour les angles non orientés, seule la valeur absolue du sinus est bien définie.
• La définition proposée ressemble à la définition habituelle de la trace ou du déterminant d’un
endomorphisme : calculer dans une base, voir l’indépendance vis-à-vis de la base.
• On pourrait définir le sinus en termes de produit vectoriel, mais pour cela, il faut plonger le
plan dans un espace euclidien orienté, et soit montrer qu’il existe un plongement canonique,
soit vérifier que ceci ne dépend pas du plongement. C’est plutôt moins économique.

(b) Calcul du sinus



−→ −→ AC
Lemme Le triangle ABC est rectangle en A si, et seulement si sin(BC, BA) =
.
BC
Démonstration. Si le triangle est rectangle, ce qui précède donne :
r r
2 2 2
q
sin(BC, BA) = 1 − cos2 (BC, BA) = 1 − AB = BC − AB = AC .
−→ −→ −→ −→
BC 2 BC 2 BC

Inversement, soit A′ le projeté orthogonal de C sur (AB). Si on suppose | sin | = AC/BC, on


a avec le sens direct dans A′ BC :
A′ C

−→ −→ AC
= sin(BC, BA) =
.
BC BC

On en tire A′ C = AC, et on conclut comme en I 3◦ (a) –et pour cause !

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(c) Aire d’un triangle, déterminant, sinus : même combat !
Fixons une base orthonormée directe B, un triangle ABC non aplati, H le pied de la hauteur
issue de A. On a, d’après ce qui précède :

−→ −→ −→ −→
BC.AH = BC.AB. sin(BC, BA) = detB (BC, BA) .

Or, cette expression est invariante par permutation de A, B et C. En effet, si par exemple on
échange A et B, on voit que :
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
detB (BC, BA) = detB (BC − BA, BA) = − detB (AC, AB),

Ceci démontre la propriété utilisée en I 3◦ (a) : le produit “aire×hauteur/2” ne dépend pas du


côté de référence choisi. On l’appelle l’aire du triangle ABC. Plus explicitement, si K est le
pied de la hauteur issue de B, on a, d’après les deux calculs précédents (det = detB ) :

−→ −→ −→ −→ −→ −→
AC.BK = AC.BA. sin(AC, AB) = AB.AC. det(AC, AB) = BC.AB. det(BC, BA) = BC.AH.

3◦ Tangente d’un angle non droit


Par définition, la tangente tan α d’un angle α est le rapport de son sinus par son cosinus. Ceci
n’a de sens que lorsque celui-ci n’est pas nul, i.e. lorsque l’angle n’est pas droit.

−→ −→ AC
Lemme Si le triangle ABC est rectangle en A, on a : tan(BC, BA) =
.
AB

Exercice. Tâcher de définir le complémentaire d’un angle aigu et de constater que le sinus
d’un angle aigu est le cosinus de son complémentaire.
III Applications
1◦ Moyennes arithmétique, géométrique et harmonique
Soit a, b ∈ R∗+ , avec a ≥ b pour fixer les idées. On considère trois points P , G et Q alignés
tels que P G = a, GQ = b et P Q = a + b. Soit A le milieu de P Q et M l’un des deux points
d’intersection du cercle de diamètre [P Q] et de la perpendiculaire à (P Q) passant par G.
M

P A√ G Q
(a) Vérifier que la longueur g = GM vaut : g = ab.
(b) La perpendiculaire à (AM ) passant par G coupe (AM ) en H. En considérant le triangle
AGM , montrer que l’on a :
a+b a−b√
GH. = ab.
2 2
(c) En considérant le triangle HGM , calculer HM 2 et en déduire que h = HM est la moyenne
harmonique de a et b : h−1 = (a−1 + b−1 )/2.
(d) Déduire des résultats précédents que l’on a :

a+b
h≤g≤ .
2

7
2◦ Projection stéréographique dans le plan

N
M

O A′ A

N′
Fixons un repère orthonormé d’origine O, C le cercle de centre O et de rayon 1, N le point de
C de coordonnées (0, 1) (le pôle nord), N ′ le point de coordonnées (0, −1) (le pôle nord-prime),
M un point de C distinct de N et N ′ , A l’intersection de (N M ) et de l’axe des abscisses, A′
l’intersection de (N ′ M ) et de l’axe des abscisses, x l’abscisse de A, x′ celle de A′ . Alors :

xx′ = 1.

Par convexité des demi-plans, A et A′ sont dans le même demi-plan de frontière (N N ′ ) que M .
Donc xx′ ≥ 0. Quitte à changer le repère, i.e. le signe de x et x′ (mais pas la valeur de xx′ ),
on peut supposer x ≥ 0 et x′ ≥ 0.
Le triangle N N ′ M est rectangle en M car inscrit dans un demi-cercle, donc les angles N\ ′N M

et N\N ′ M sont complémentaires, donc le produit de leurs tangentes vaut 1. On conclut :

OA x OA′ x′
tan N\
′N M = = , tan N\
N ′M = = .
ON 1 ON ′ 1
Remarque En remarquant que [...], on peut exprimer sin α et cos α en fonction de tan α/2.

3◦ Projection stéréographique dans l’espace


Dans un espace affine euclidien orienté, fixons un repère orthonormé (O, i, j, k) qu’on décrète
direct, S la sphère de centre O et de rayon 1, N le point de coordonnées (0, 0, 1), N de
coordonnées (0, 0, −1), M sur S distinct de N et N ′ , A l’intersection de (N M ) et de (O, i, j),
A′ l’intersection de (N ′ M ) et de (O, i, j).
On note z l’affixe de N dans le repère (O, i, j) et z ′ l’affixe de A′ dans le plan (O, j, i) (attention
à l’interversion). Alors :
zz ′ = 1.
En effet, les points O, A et A′ appartiennent aux plans N N ′ M et (O, i, j), donc ils sont alignés.
Comme l’orientation choisie pour les affixes z et z ′ sont opposées, l’argument de z et celui de
z ′ sont opposés.
Par ailleurs, les modules x = |z| et x′ = |z ′ | sont les abscisses de A et A′ dans le repère
−→
(O, OA /OA, k) du plan N N ′ M . On a donc xx′ = 1 d’après 2◦ .
4◦ Rotondité de la Terre
(a) C’est loin, l’horizon ? On assimile la Terre à une sphère de diamètre R = 6 400 km.
Le sommet d’un phare est à une altitude h par rapport au niveau de la mer. A quelle distance
maximale d voit-on le phare ?

8
d

√ h 1/2
p  
Réponse : d2 + R2 = (R + h)2 , d’où : d = (R + h)2 − R2 = 2Rh 1 + .
√ 2R
On approxime cette distance par 2Rh, car h/R est “petit”. L’erreur commise dans cette
approximation est majorée grâce au théorème des accroissements finis appliqué à u 7→ (1+u)1/2 :
√ √ h h3/2
ε = d − 2Rh ≤ 2Rh × = √ .

4R 2 2R
Avec h ≃ 60 m et R ≃ 6 400 km, on trouve une erreur ε ≤ 0,065 m : correct !
(b) Au fait, le rayon de la Terre ?
Comment mesurer le rayon de la Terre avec un chronomètre, et un bâton ou un cocotier ? par
la méthode dite d’Eratosthène. Pour simplifier, on suppose qu’on est sur l’équateur. La Terre
est vue ici depuis un point situé au-dessus du pôle Nord.

h
h
R R α R

Instant t0 Instant t0 + ∆t

• Le Soleil est tout d’abord vu depuis le pied du bâton, au raz de l’horizon. Déclenchement
du chrono à l’instant t0 .
• La Terre, tourne, le Soleil disparaı̂t de l’horizon vu du pied du bâton, mais pas depuis le
sommet du bâton.
• Il lui faut un certain temps pour se coucher à nouveau : c’est le temps que la Terre tourne
de l’angle α. Arrêt du chrono à l’instant t0 + ∆t.
Comme la Terre tourne autour de son axe à la vitesse constante d’un tour par jour, on a, en
exprimant ∆t en secondes :
α ∆t
= .
2π 24 × 3600
Par ailleurs :
R h cos α 2h
cos α = , d’où R = ∼ 2.
R+h 1 − cos α α
D’où, en exprimant ∆t en secondes, h en mètres et R en kilomètres :

3732,48 × h 3, 78 × 105 × h
R≃ ≃ .
π 2 ∆t2 ∆t2

Réf. : http://perso.wanadoo.fr/philippe.boeuf/robert/astronomie/rayonterre.htm

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