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Le développement industriel

futur de la robotique
personnelle et de service
en France
prospective
oc
Date de parution : 12 avril 2012

Couverture : Nathalie Palous, Brigitte Baroin


Édition : Nicole Merle-Lamoot, Gilles Pannetier
Le pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (PIPAME) a pour objectif
d’apporter, en coordonnant l’action des départements ministériels, un éclairage de l’évolution des principaux
acteurs et secteurs économiques en mutation, en s’attachant à faire ressortir les menaces et les opportunités pour les
entreprises, l’emploi et les territoires.
Des changements majeurs, issus de la mondialisation de l’économie et des préoccupations montantes comme
celles liées au développement durable, déterminent pour le long terme la compétitivité et l’emploi, et affectent en
profondeur le comportement des entreprises. Face à ces changements, dont certains sont porteurs d’inflexions fortes
ou de ruptures, il est nécessaire de renforcer les capacités de veille et d’anticipation des différents acteurs de ces
changements : l’État, notamment au niveau interministériel, les acteurs socio-économiques et le tissu d’entreprises,
notamment les PME.Dans ce contexte, le PIPAME favorise les convergences entre les éléments microéconomiques
et les modalités d’action de l’État. C’est exactement là que se situe en premier l’action du PIPAME : offrir des
diagnostics, des outils d’animation et de création de valeur aux acteurs économiques, grandes entreprises et réseaux
de PME / PMI, avec pour objectif principal le développement d’emplois à haute valeur ajoutée sur le territoire
national.
Le secrétariat général du PIPAME est assuré par la sous-direction de la prospective, des études économiques et de
l’évaluation (P3E) de la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS).

Les départements ministériels participant au PIPAME sont :


- le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie/direction générale de la compétitivité, de l’industrie
et des services ;
- le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement/direction générale
des infrastructures, des transports et de la mer et direction générale de l’aviation civile ;
- le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire/
délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale, direction générale
des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires ;
- le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants/délégation générale pour l’armement ;
- le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé/direction générale de l’emploi et de la formation
professionnelle, direction générale de la santé ;
- le Ministère de la Culture et de la Communication/département des études, de la prospective et des statistiques ;
- le Conseil d’analyse stratégie (CAS), rattaché au Premier ministre.
Avertissement

La méthodologie utilisée dans cette étude ainsi que les résultats obtenus sont de la seule
responsabilité du cabinet Erdyn et n’engagent ni le Pipame, ni la direction générale de la
Compétitivité, de l’Industrie et des Services (DGCIS) qui ont commandé cette étude. Les parties
intéressées sont invitées, le cas échéant, à faire part de leurs commentaires à la DGCIS.
Le développement industriel
futur de la robotique
personnelle et de service
en France
PIPAME Erdyn Consultants

Membres du comité de pilotage


Frédéric Karolak DGCIS/SDP3E3
Noël Le Scouarnec DGCIS/SDP3E3
Mireille Campana DGCIS/STIC/SDRU
Benjamin Leperchey DGCIS/STIC/SDRU2
Anne-Lise Thouroude DGCIS/STIC/SDRU1
Thierry Triomphe DGCIS/STIC/SDRU1
Dominique Naud DGCIS/STCAS/MSP
Damien Cocat DIRECCTE Île-de-France
Michèle Spata DIRECCTE Île-de-France
Pierre-Alexandre Bliman ministère de la Recherche
Alain Michard ministère de la Recherche
Philippe Bidaud GdR Robotique/ISIR
Bruno Bonnell SYROBO
Jean-Christophe Gougeon OSEO
François Hanat Cap Robotique
Jean-Luc Hannequin Novincie
Philippe Roy Cap Digital

La conduite des entretiens et la rédaction du présent rapport ont été réalisées par le cabinet de
conseil :

Erdyn Consultants
23 rue Vergniaud
75013 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 16 86 00
Fax : +33 (0)1 44 16 86 01
http://www.erdyn.fr

Consultants :
Olivier Fallou, associé ;
Robert Millet, consultant expert ;
Simon Creuchet, consultant ;
Tsiresy Ranaivondrambola, consultant ;
Raja Chatila, directeur de recherche, CNRS.

Remerciements
Nous tenons à remercier l’ensemble des membres du comité de pilotage pour leur contribution
effective à la conduite de l’étude et à l’enrichissement du questionnement. Nous remercions
également l’ensemble des acteurs de la filière que nous avons sollicités au cours de ces travaux, et
qui se sont attachés à se rendre disponibles pour répondre à nos questions.

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RÉSUMÉ

La robotique de service est un champ d’application de la robotique de plus en plus médiatisé.


L’action des entreprises du secteur en France comme celle d’autres pays est de plus en plus forte
pour promouvoir des applications et des robots plus ou moins technologiquement perfectionnés, de
l’aspirateur personnel au robot d’assistance militaire. Afin de fournir à la filière et aux pouvoirs
publics une vision claire de la réalité de cette industrie et de ses marchés, ainsi que de leur potentiel
à moyen terme, en France et dans le monde, le PIPAME a confié au cabinet Erdyn une étude
couvrant ces différents aspects. L’étude est articulée en deux parties : une première partie sur l’état
des lieux de la filière, une seconde sur la potentiel de marché de la robotique de service, en
particulier sur trois segments définis au démarrage des travaux :
• La robotique d’assistance à la personne en perte d’autonomie,
• La robotique personnelle et le robot compagnon,
• La robotique de surveillance et de gardiennage.

Comme point de départ de l’étude, nous avons retenu une définition consensuelle de ce qu’est un
robot : c’est un dispositif mécanique permettant de réaliser des tâches, en autonomie de décision
pour une partie des actions élémentaires qui la composent. Le niveau d’autonomie doit être
présent, mais ne porte pas nécessairement sur l’ensemble de la tâche : la capacité à induire un
comportement sur la base de ces informations et une interaction avec son environnement – et donc
un certain niveau d’« intelligence » – est une caractéristique essentielle du robot. Cependant, le
périmètre observé dans la deuxième partie de l’étude repose sur des choix qui excluent par le
marché de l’automobile ou celui de la défense. Cela n’implique évidemment pas que ces marchés ne
sont pas importants pour la filière.

La robotique de service s’est développée en premier lieu autour de la robotique d’intervention,


notamment dans le domaine nucléaire dès les années 1950 avec des mobiles téléopérés. Depuis, la
robotique d’intervention a gagné en autonomie, et s’est déployée dans quelques marchés très
spécifiques tels l’intervention sur catastrophe naturelle ou la défense. Aujourd’hui, les
développements techniques matériels, algorithmiques et en traitement du signal rendent
envisageable la commercialisation de robots en grande quantité, pour servir des marchés
professionnels ou domestiques en environnement beaucoup plus ouvert que la robotique industrielle
déjà bien implantée dans les grandes entreprises industrielles. Notamment, quelques marchés
portent aujourd’hui le développement du chiffre d’affaires de la filière : les robots de défense
(drones notamment), les robots agricoles (trayeuses) ou logistiques (en continuité de la robotique
industrielle), les robots domestiques (aspirateurs) ou encore les robots médicaux pour l’assistance à
l’intervention chirurgicale.

Un écosystème mondial en construction

Les réussites commerciales sont cependant le fait de quelques entreprises dans le monde. L’espoir
du développement d’un robot domestique « à tout faire » bute encore aujourd’hui sur des écueils
tant techniques qu’économiques. Les démonstrations faites dans des entreprises japonaises ou des
laboratoires européens et états-uniens sont loin de leur déploiement à grande échelle. Malgré cela,
les compétences en robotique sont largement développées dans un grand nombre de pays, avec des
spécialités plus ou moins marquées selon la zone géographique. La France, par exemple, est
reconnue pour son excellence dans le domaine du logiciel et de la robotique humanoïde notamment,
l’Allemagne sur la mécatronique et la capacité d’industrialisation, les États-Unis sur la robotique
militaire, etc. L’étude détaille l’état des lieux dans les principaux pays dans lesquels se développe
une filière de la robotique de service.

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Les points saillants de l’analyse sont :


• Une volonté politique affirmée pour un développement de la filière dans quelques pays, dans
lesquels des plans stratégiques ont été définis pour le supporter. L’exemple emblématique en
est la Corée du Sud, qui a pour ambition de devenir le leader mondial dès 2018. Mais on
peut citer également le Japon ou les États-Unis qui portent la filière, par exemple à travers
un investissement massif dans la défense pour les États-Unis, irriguant l’ensemble de la
chaîne de valeur ;
• La France est reconnue comme un acteur important de la robotique sur la plan académique,
et a vu naître quelques entreprises reconnues sur le secteur comme Aldebaran Robotics ou
Robopolis. Elle se caractérise cependant par une industrie composée principalement de
petites entreprises, relativement jeunes, qui n’ont pas encore trouvé leur marché. À la
différence de l’Allemagne, cette industrie ne se construit pas sur le terreau de la robotique
industrielle, secteur dans lequel la France est absente, mais sur la base de la valorisation de
travaux de laboratoire ;
• Les grands groupes industriels français ne communiquent pas aujourd’hui autour de la
robotique, qui reste pour la plupart d’entre eux un objet de veille plus qu’un sujet
d’actualité ;
• En France, le capital-risque ne s’était pas réellement saisi de cette problématique. Associé à
des visions d’entreprises essentiellement tournées vers la technologie plutôt que vers les
marchés, cela conduit aujourd’hui à un manque chronique de fonds propres des PME pour
conduire leur développement. Un fonds, Capital Robolution, vise cette filière
spécifiquement depuis début 2012.

En France, le nombre d’entreprises dont l’activité principale est la conception ou la fabrication de


robots de services serait compris entre 30 et 60 pour un nombre d’emplois de quelques centaines de
personnels très qualifiés : chercheurs, ingénieurs et techniciens majoritairement.

Des marchés en émergence

Le marché global de la robotique de service est aujourd’hui porteur d’un potentiel très important. Il
est accepté par tous les analystes que les marchés sont – pour beaucoup – en émergence, et que
l’incertitude porte sur le rythme de développement de ces marchés. À ce titre, il est difficile de
considérer la robotique de service comme un seul marché ; il s’agit plutôt d’une juxtaposition de
marchés de volume, de niche ou de spécialité.

Nous estimons aujourd’hui que les marchés de robotique de service personnelle comme
professionnelle devraient doubler entre 2010 et 2015. Cette tendance est déjà bien avancée dans des
domaines comme le robot domestique monotâche (aspirateur notamment), les robots jouets, la
robotique de défense et de sécurité, ou encore la robotique de logistique industrielle. Ainsi on table
– en hypothèse prudente – en 2015 sur un marché mondial de 8 Mds$ pour la robotique de service
personnelle et de 18 Mds$ pour la robotique de service professionnelle.

Pour la plupart des segments de marché envisagés pour la robotique de service, les applications en
sont au stade de l’identification et de l’expérimentation. Pour chaque domaine applicatif, les
déterminants des marchés sont très différents : ils peuvent être de l’ordre de l’acceptabilité,
techniques, économiques et sociétaux. Ces différences font qu’il n’est pas possible de parler du
marché de la robotique comme d’un ensemble homogène aujourd’hui, tant que les robots ne sont
pas uniformément implantés dans les environnements de travail et personnels.

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Notamment, le marché qui suscite sans doute aujourd’hui le plus de communications est le marché
de l’assistance aux personnes en perte d’autonomie. Dans ce document, nous proposons donc une
vision de trois marchés spécifiques :
• Le marché de l’assistance aux personnes en perte d’autonomie est vu de plus en plus comme
un champ d’applications prometteur pour la robotique de service. Ce champ couvre des
applications aussi diverses que la télésurveillance, la télémédecine, l’aide à la rééducation,
l’assistance de vie pour les personnes peu autonomes. Force est de constater qu’aujourd’hui,
peu d’applications commercialement viables existent, et qu’un vaste champ
d’expérimentation reste à explorer, en partant des usages, et en validant l’acceptabilité des
systèmes et le modèle économique de leur déploiement. Nous évaluons le marché mondial
de la robotique d’assistance aux personnes en perte d’autonomie entre 1, et 2,5 Mds€ à
l’horizon 2018, réparti entre des systèmes lourds (fauteuils robotisés par exemple) et des
robots compagnons légers et à bas coût.
• Le marché des robots domestiques et robots compagnons est composé de multiples champs
d’application : entretien (aspirateurs principalement aujourd’hui), jeux et jouets, applications
domestiques diverses… D’un marché de machines monotâches, il s’élargira avec le temps
vers des systèmes plus flexibles. Le marché des robots domestiques pourrait représenter un
volume de 11 millions d’unités entre 2011 et 2015.
• Le marché des robots de surveillance et de gardiennage est également un terrain
d’expérimentations avec des initiatives dans le domaine pénitentiaire en Corée, des projets
de surveillance de sites étendus ou de frontières aux États-Unis, en Europe ou en Israël, des
robots de surveillance de locaux (Jazz de Gostai), des tentatives de robots de surveillance
domestique (Wowee), etc. mais aucun système n’a aujourd’hui trouvé son marché. Les
robots de surveillance pourraient également aborder le marché de la surveillance
environnementale Les enjeux que ces systèmes peuvent aborder concernent les coûts
d’exploitation, l’efficacité ou la sécurité des intervenants ; ils se heurtent cependant encore à
des contraintes techniques notamment. On estime que les ventes de robots de surveillance
pourraient représenter des volumes de 3 500 systèmes en 2016 pour les applications
professionnelles, de 50 000 pour les applications domestiques.

Des opportunités pour les entreprises françaises

Les marchés de la robotique de service sont de trois types :


• Des marchés de masse, très orientés vers le grand public, tirés par les coûts, sur lesquels
l’industrie française n’est aujourd’hui pas armée pour être présente sur l’ensemble de la
chaîne de valeur. La France peut cependant afficher des compétences fortes sur la
conception, le développement des applications, la fourniture de composants clés. Il manque
dans les entreprises françaises actuellement présentes sur ces marchés de réelles
compétences pour l’industrialisation des robots.
• Des marchés de niche, caractérisés par de petites séries, pour des marchés professionnels.
Sur ces marchés, l’écosystème français a de véritables atouts en termes d’expertise, de
donneurs d’ordres et de financement de l’innovation. Il manque là encore la capacité
(financière et en compétences) à industrialiser un robot conçu dans le cadre d’une
expérimentation.
• Des marchés de robots spécifiques, pour lesquels les robots sont produits en très petites
quantités, de manière artisanale, et pour lesquels la France est d’ores et déjà un acteur
visible au niveau international.

Sur l’ensemble de ces marchés, il est indispensable de garder à l’esprit que la chaîne de valeur,
lorsqu’elle n’est pas déjà en place, doit se construire de manière complète. Notamment, le

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déploiement des robots passe par la création de services, du SAV au service à la personne intégrant
l’utilisation du robot. Ces activités de service sont principalement des activités de proximité, et
constituent à terme un vivier d’emplois significatif.

Nous estimons que les emplois directs induits par la robotique de service à l’horizon de 5 à 10 ans
sont de quelques milliers à quelques dizaines de milliers. Aujourd’hui, les expérimentations en
cours ne conduisent pas à envisager des impacts négatifs sur l’emploi, s’agissant d’un critère
d’acceptabilité majeur pour le déploiement des robots.

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SOMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE : ÉTAT DES LIEUX .......................................................................................... 17

1. INTRODUCTION – CADRAGE DE L’ÉTUDE .............................................................................. 18


1.1. HISTORIQUE ............................................................................................................................................................18
1.2. TENTATIVES DE DÉFINITION ..............................................................................................................................19
1.3. L’INTRODUCTION DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ......................................................................................20
1.4. PÉRIMETRE DE L’ÉTUDE ......................................................................................................................................20
1.5. DÉTAIL DES TRAVAUX .........................................................................................................................................21

2. LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE.................................................................... 23


2.1. LES DOMAINES APPLICATIFS .............................................................................................................................23
2.2. CHAÎNE DE VALEUR DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE...............................................30
2.3. LE MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE EN 2011 ...............................................36

3. L’ÉTAT DES LIEUX DE LA TECHNOLOGIE............................................................................... 39


3.1. ÉTAT DES LIEUX PAR TECHNOLOGIE ...............................................................................................................40
3.2. SYNTHÈSE................................................................................................................................................................50

4. L’ÉCOSYSTÈME FRANÇAIS DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE.......... 51

5. LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE DANS LE MONDE .................................. 61


5.1. INTRODUCTION GÉNÉRALE ................................................................................................................................61
5.2. ALLEMAGNE ...........................................................................................................................................................62
5.3. ROYAUME-UNI........................................................................................................................................................68
5.4. ITALIE .......................................................................................................................................................................70
5.5. ÉTATS-UNIS .............................................................................................................................................................76
5.6. CORÉE DU SUD........................................................................................................................................................83
5.7. JAPON........................................................................................................................................................................88
5.8. TAÏWAN ....................................................................................................................................................................92
5.9. CHINE ........................................................................................................................................................................96
5.10. LE RESTE DU MONDE ..........................................................................................................................................99

6. CONCLUSIONS .............................................................................................................................. 102


6.1. DES CONCENTRATIONS RÉGIONALES DIVERSES........................................................................................102
6.2. DES SPÉCIFICITÉS RÉGIONALES ......................................................................................................................103
6.3. UNE STRUCTURATION DE LA FILIÉRE DYNAMIQUE ..................................................................................106
6.4. SOUTIENS À LA FILIÉRE .....................................................................................................................................107

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DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE DES TENDANCES DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ...... 109

7. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ET PERSONNELLE ........ 110


7.1. LE FUTUR DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ...................................................................................................110
7.2. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ......................................................114

8. L’ASSISTANCE AUX PERSONNES EN PERTE D’AUTONOMIE ........................................... 121


8.1. APPLICATIONS COUVERTES..............................................................................................................................121
8.2. CONTEXTE ET ENJEUX .......................................................................................................................................129
8.3. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ...................................................................................................................132
8.4. POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DE CES SEGMENTS DE MARCHÉS.....................................................134

9. LE ROBOT « COMPAGNON » ET LES ROBOTS DOMESTIQUES.......................................... 143


9.1. APPLICATIONS COUVERTES..............................................................................................................................143
9.2. CONTEXTE ET ENJEUX .......................................................................................................................................145
9.3. PERTINENCE & VALEUR AJOUTÉE ..................................................................................................................147
9.4. LES ÉTERMINANTS DES MARCHÉS .................................................................................................................149
9.5. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ ................................................................................................................................155

10. LA SURVEILLANCE ET LE GARDIENNAGE.......................................................................... 161


10.1. APPLICATIONS COUVERTES............................................................................................................................161
10.2. CONTEXTE ET ENJEUX .....................................................................................................................................167
10.3. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ.................................................................................................................169
10.4. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ ..............................................................................................................................170

11. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES, JURIDIQUES, NORMATIVES ........................................... 174


11.1. L’ÉTHIQUE ET LA DIFFUSION DES ROBOTS DE SERVICE ........................................................................174
11.2. LA QUESTION DU DROIT ..................................................................................................................................175
11.3. LA ROBOTIQUE DE SERVICE DANS LES NORMES......................................................................................177

12. CONCLUSIONS ............................................................................................................................ 179


12.1. TROIS TYPES DE MARCHÉS .............................................................................................................................179
12.2. L’ÉCOSYSTÈME FRANÇAIS..............................................................................................................................180
12.3. COMMENT LEVER LES VERROUS ?................................................................................................................182

13. SIGLES .......................................................................................................................................... 185

14. INDEX DES TABLEAUX ............................................................................................................ 186

15. INDEX DES FIGURES ................................................................................................................. 188

16. LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES DANS LE CADRE DE L’ÉTUDE.......................... 192

17. BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 194

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P R E M I È R E PA RT I E : É TAT D E S L I E U X

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1. INTRODUCTION – CADRAGE DE L’ÉTUDE


1.1. HISTORIQUE
Sans remonter aux premiers concepts de machine remplaçant l’homme dès le XVIIe siècle, la
robotique est née, dans les années 1950, du croisement des besoins et des disponibilités de
nouvelles technologies développées durant la seconde guerre mondiale : l’électronique,
l’automatique, l’informatique… Les deux premières orientations de ces machines étaient de
répondre aux besoins de l’industrie manufacturière et aux besoins de l’industrie en milieux hostiles
à l’homme.

La robotique industrielle a répondu dans un premier temps au besoin de manipuler de manière


répétitive et automatique des objets entre les machines de fabrication proprement dite. Ce robot
devait donc avoir au minimum un organe de saisie des pièces pouvant suivre des trajectoires
programmables. Le robot industriel est maintenant un produit majeur et répandu à plus d’un million
d’exemplaires, utilisé dans de nombreuses étapes de fabrication (manipulation, peinture, soudure) ;
il est complété maintenant dans le domaine manufacturier par des robots mobiles de transport ou
d’assistance (AGV, picking, assistance au montage) qui ont beaucoup de points communs avec les
robots de service. La robotique est par ailleurs considérée comme un élément clé de la
compétitivité des entreprises industrielles, au point de susciter des soutiens publics massifs, en
Europe comme aux États-Unis 1.

La robotique en milieu hostile répond aux besoins de manipulation d’objets à distance du fait de
leur dangerosité (chimie, explosif), de la nocivité du milieu pour l’homme (nucléaire) ou de la
difficulté à s’y rendre (espace). Les premières réalisations ont été justifiées et financées par
l’industrie nucléaire dans les années 1950. Ces robots sont des systèmes électromécaniques,
téléopérés. Les développements de l’électronique et de l’informatique ont permis d’introduire dans
ces équipements l’assistance à l’opérateur sous diverses modalités (retour d’effort, mouvement
automatique sur commande de haut niveau) afin d’améliorer la précision, la vitesse d’exécution et
d’enrichir les domaines d’application (déminage, lutte contre le terrorisme, intervention post-
accident). Depuis une vingtaine d’années, des moyens importants en R & D ont été mis en place
pour étendre les applications robotiques sur les théâtres d’opérations militaires.

Après la robotique industrielle et la robotique d’intervention, une troisième orientation est apparue
avec les progrès en miniaturisation, microélectronique et micromécanique et les nouvelles capacités
des systèmes de traitement de l’information et de communication qui ont créé les conditions
technologiques favorables au développement de robots mobiles autonomes ou semi-autonomes pour
réaliser des applications de service professionnel et de service personnel à des coûts et tailles
raisonnables à moyen terme.

Les progrès en sciences cognitives et ceux réalisés dans la compréhension du vivant ouvrent
également la porte à de nouvelles avancées sur les capacités d’apprentissage et d’intelligence
d’entités artificielles, matérielles et à leur introduction dans des environnements en forte interaction
avec l’homme. Ces applications de la robotique de service sont très larges car elles peuvent couvrir
des domaines très variés du monde professionnel (agriculture, médical, nettoyage…) et du monde
grand public (jeux, éducation, tâches domestiques…).

1
National robotics initiative, 70 M$, couvre aussi la recherche sur le travail en commun humain/robot.

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1.2. TENTATIVES DE DÉFINITION


Robot
Le terme « robot » découle de langues slaves et signifie textuellement « esclave ». La définition
précise d’un robot, et en contrepoint de la robotique, est complexe. L’article de Wikipedia en
français propose « assemblage complexe de pièces mécaniques et de pièces électroniques, le tout
piloté par une intelligence artificielle. Lorsque les robots autonomes sont mobiles, ils possèdent
également une source d'énergie embarquée. ». L’article en anglais : “A robot is a mechanical
intelligent agent which can perform tasks on its own, or with guidance. In practice a robot is
usually an electro-mechanical machine which is guided by computer and electronic programming”.
D’autres définitions complètent celle-ci par les usages des robots. L’IFR propose : “A robot is an
actuated mechanism programmable in two or more axes with a degree of autonomy, moving within
its environmment, to perform intended tasks”.

Ces définitions, notamment la dernière, retracent l’essentiel de ce qu’est un robot dans l’acception
qui sera la nôtre. Ainsi, une définition simple qui pourrait convenir aussi bien à un robot industriel
qu’à un robot de service serait : un dispositif mécanique permettant de réaliser des tâches, en
autonomie de décision pour une partie des actions élémentaires qui la composent. Le niveau
d’autonomie doit être présent, mais ne porte pas nécessairement sur l’ensemble de la tâche. On peut
la définir comme la capacité à réaliser ces actions élémentaires sur la base d’une consigne simple,
après une prise d’information par le robot sur son environnement. Ainsi, la capacité à induire un
comportement sur la base de ces informations et une interaction avec son environnement, et donc un
certain niveau d’« intelligence », est une caractéristique essentielle du robot.

Dans la pratique, si tout le monde s’accorde dans les grandes lignes sur ces définitions, chacun
pourra avoir un avis différent sur ce que n’est pas un robot. On se posera la question pour une
voiture (partiellement) automatique – qui correspond à la définition d’un robot, mais n’est en
général pas considéré comme tel ; un dispositif télécommandé – à partir de quel niveau d’autonomie
un système mécanique est-il un robot ? etc.

Robotique de service
La robotique personnelle et de service ne constitue pas en tant que telle une chaîne de valeur dont la
validité est générique. À l’instar d’Internet dans les années 1990, la robotique constitue aujourd’hui
un cadre de développement d’outils et de produits qui répondront dans l’avenir à des demandes très
variées, donc à des marchés dont les caractéristiques diffèrent fortement. Notamment dans sa partie
commerciale, le modèle économique sur les différents marchés varie fortement suivant que l’on
parle de marchés domestiques ou de la diffusion de robots d’assistance aux personnes en situation
de handicap. Les contraintes d’exploitation, les coûts de fabrication, les niveaux de fiabilité, voire
les modes de financement du déploiement des robots varieront du tout au tout.

La robotique personnelle et de service recouvre des systèmes très différents, tant dans leurs
fonctionnalités que dans leurs applications. Quelques points communs peuvent cependant être
dégagés, qui permettent de les qualifier au-delà d’une énumération de fonctions ; nous les
énumérons ici dans un ordre qui nous semble mettre en avant les facteurs les plus saillants de cette
définition :

• Une capacité d’opération dans un environnement conçu pour l’homme, et en


interaction avec l’homme, qu’elle soit active (le robot interagit avec l’humain par le biais
d’une interface spécifique, pour échanger de l’information ou agir ensemble à la réalisation
d’une action) ou passive (le robot agit en présence de l’humain sans solliciter son attention) ;

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• Une certaine autonomie dans les déplacements, pour des systèmes sur plate-forme mobile
dans la grande majorité des cas ;
• Des prix de vente et des coûts de fonctionnement compatibles avec une diffusion
relativement large ;
• Pour les mêmes raisons, une fréquence de maintenance faible, une robustesse et une sécurité
de fonctionnement permettant le fonctionnement en présence d’un public éventuellement
large, et souvent non professionnel.

Cette définition est discutable, mais regroupe les grandes caractéristiques communes de la robotique
de service, telle que nous l’abordons dans le présent document. Elle n’est cependant aujourd’hui pas
standardisée. Notamment, certaines définitions de la robotique de service incluent la robotique
d’intervention et la robotique de défense. C’est le cas notamment de la classification proposée par
l’International Federation of Robotics (IFR) dans son étude annuelle du marché de la robotique.

1.3. L’INTRODUCTION DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE


La robotique est classée en différents domaines ; cette classification est discutable selon le point de
vue que l’on adopte, mais nous choisissons ici de considérer les champs suivants :

• La robotique industrielle, qui comprend l’ensemble des systèmes et automates susceptibles


de prendre en charge des manipulations ou opérations de production en lieu et place d’un
opérateur humain. On met en général dans cette catégorie des robots principalement à base
fixe. Cependant, la robotique de logistique, qui se développe actuellement, pourra dans
certains cas être intégrée à ce segment ;
• La robotique d’intervention comprend l’ensemble des systèmes robotiques qui permettent
une projection – pour reprendre une dénomination militaire – sur un lieu d’intervention, sans
intervention humaine physique directe. Initialement développée pour les milieux hostiles,
avec une délégation de l’initiative humaine (systèmes commandés en environnement
difficile ou dangereux : chimique, nucléaire, etc.), la robotique d’intervention voit ses
champs d’application progressivement étendus à des applications plus courantes (robots
agricoles, drones de surveillance civils, etc.) ;
• Du point de vue de cette définition, la robotique militaire entre pleinement dans le champ de
la robotique d’intervention ; cependant, les caractéristiques de sa chaîne de valeur et des
acteurs qui la composent militent pour en faire un segment distinct. Par ailleurs, elle se
différencie également du segment précédent par des contraintes de mise en œuvre tout à fait
spécifiques : contexte de guerre, furtivité, intégration poussée dans une chaîne de
commandement et de contrôle… À la différence des autres segments, les considérations
éthiques et réglementaires prennent une place moins importante dans son développement
(des drones armés sont mis en œuvre par l’armée américaine, par exemple) ;
• La robotique de service peut être définie comme le pan de la robotique qui assiste l’homme
dans ses activités professionnelles comme dans sa vie courante, contribuant à améliorer ses
conditions de travail, sa sécurité, son bien-être, etc. Selon les typologies utilisées, on
distinguera la robotique de service professionnelle, la robotique de service domestique et la
robotique personnelle. Ce pan de la robotique est l’objet de la présente étude, et mérite
qu’on s’y attarde dans la suite du texte. À ce titre, la robotique ludique dans toutes ses
composantes fait partie du champ considéré dans le cadre de cette étude.

1.4. PÉRIMETRE DE L’ÉTUDE


Ainsi, sans nier les liens entre les différents pans de la robotique, voire la filiation technologique qui
existe entre eux, le cœur de la présente étude est la robotique personnelle et de service et les

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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écosystèmes qui se développent autour de ces domaines d’application de la robotique. L’objectif


des travaux dont le premier volet est restitué ici est d’éclairer les pouvoirs publics et les acteurs de
la filière sur le potentiel de développement de ces marchés, les atouts et faiblesses des entreprises et
laboratoires français pour y répondre, et les mesures à prendre qui seraient susceptibles de soutenir
la filière naissante.

Ainsi, le cadre de l’étude est la robotique personnelle et de service. Ce cadre demande à être précisé
avant d’aller plus avant dans l’analyse. La définition de la robotique de service sera complétée dans
le chapitre 2, mais on peut d’ores et déjà tenter de définir le périmètre de l’étude par l’exemple, en
classant les applications selon trois grandes catégories :

• Les applications cœur de cible, qui sont de manière évidente et consensuelle classées dans
cette catégorie d’outils :
Robot de surveillance et de sécurité sur site industriel
Robot domestique (nettoyage, surveillance…)
Robot éducatif (domestique)
Robot compagnon (domotique, éducatif, ludique…)
Robot d’assistance aux personnes en perte d’autonomie (tous milieux)
• Les applications qui ressortent de la robotique personnelle et de service, mais ne sont pas au
cœur de l’étude. Ces applications sont cependant pleinement prises en compte dans le
présent volet des travaux sur le benchmark :
Robot de relations publiques
Robot jouet et ludique
Robot éducatif (en milieu scolaire)
• Les applications hors périmètre, mais qui intéressent l’objet de l’étude par les relations qui
peuvent exister – via des acteurs ou des technologies – avec les applications cœur de cible :
Robot agricole
Robot de nettoyage industriel
Construction/démolition
Robot logistique et véhicules automatiques
Robot d’assistance au chirurgien
Robot militaire

Notamment, on souligne que l’automobile, bien qu’utilisatrice de plus en plus de technologies


robotiques, n’entre pas de plein champ dans le sujet de ces travaux. De la même manière que pour
la robotique militaire par exemple, il est pourtant exclu de les oublier dans l’analyse : la robotique
est et restera un secteur défini par une certaine vision de l’autonomie et du mode de fonctionnement
des systèmes (largement alimenté dans l’imaginaire collectif par la littérature et le cinéma de
science-fiction, des technologies constitutives, mais non exclusives, enfin et surtout par un
développement à travers des marchés d’opportunité. Il est donc difficile) voire impossible – de fixer
des frontières nettes à l’objet de nos travaux.

1.5. DÉTAIL DES TRAVAUX


Les travaux ont été menés en trois volets répondant à la demande du PIPAME.

Un premier volet est orienté sur une analyse comparée de l’écosystème français et des quelques
zones géographiques en pointe sur le sujet de la robotique de service. Ce benchmark montre les
atouts de la France, ainsi que ses faiblesses, pour profiter de l’essor attendu de la robotique de
service dans les 5 à 10 années qui viennent. Ce volet est l’objet de la première partie du rapport de
synthèse.

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Un deuxième volet s’intéresse plus spécifiquement à l’analyse des marchés de la robotique


personnelle et de service. Au-delà d’une approche globale, le rapport de synthèse livre des
conclusions et scénarios de développement sur trois segments – larges – de ce marché, proposés
dans le cahier des charges de l’étude :

• Les robots pour l’assistance à la personne en perte d’autonomie. Ce segment s’intéresse à la


situation de handicap, qu’elle soit temporaire ou définitive, liée à l’âge, la situation,
l’accident, etc. ; dans tous les milieux de vie : domicile, milieu hospitalier, déplacements… ;
• Les robots compagnons ou robots domestiques : allant de l’aspirateur au « majordome », du
robot jouet à la plate-forme programmable, les robots compagnons sont un segment fertile
en idées nouvelles, mais extrêmement varié en termes d’applications… ;
• Les robots de surveillance et de gardiennage : la surveillance et le gardiennage sont vus
comme un marché de démarrage de certaines catégories de robots de service. Ils concernent
la surveillance des sites à vocation professionnelle, mais présentent également des
recouvrements avec les robots domestiques pour la surveillance du domicile. Le périmètre
exact de l’un et de l’autre des segments sera précisé dans le deuxième document.

Un troisième volet des travaux, quant à lui, est consacré à des recommandations à destination des
pouvoirs publics et de la filière pour asseoir le développement de la robotique personnelle et de
service française dans les meilleures conditions. Il est notamment la conclusion de deux ateliers de
travail menés à la fin de l’année 2011 et regroupant, pour le premier, les industriels et chercheurs du
secteur, pour le second, les acteurs publics et de l’accompagnement de l’industrie. Ces
recommandations décrivent un cadre de travail pour les acteurs publics notamment, et ne sont pas
publiées dans le présent rapport.

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2. LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE


2.1. LES DOMAINES APPLICATIFS
Pour cadrer au mieux le périmètre de la robotique personnelle et de service, telle que nous
l’entendons dans la présente étude, il nous paraît important de l’illustrer par l’exemple.

Les robots d’intervention


La robotique d’intervention (traduction de field robotics) n’est pas – globalement – au cœur de nos
travaux ; elle est cependant souvent incluse dans la robotique de service dans la littérature.
Les robots d’intervention sont en général des robots téléopérés (opérés à distance) par des
commandes directes (joysticks, bras maître et autres organes de commande physiques ou virtuels),
ou en semi-autonomie par des ordres de haut niveau pour réaliser et enchaîner des tâches (« va à
telle position », « prends cette pièce désignée sur un écran »)… L’opérateur est donc
systématiquement dans la boucle de commande du robot afin d’interagir et l’aider à réaliser sa
mission en fonction des évolutions de l’environnement matériel et humain.

À ce titre, cette catégorie de robots d’intervention comprend des dispositifs qui sont en limite de la
définition que nous pourrions donner d’un robot (cf. § Erreur ! Source du renvoi introuvable.).

Les robots d’intervention sont en général utilisés pour remplir des tâches dans des environnements
difficiles d’accès ou dangereux pour les humains, ou encore lorsque l’absence d’humain rend
l’exploitation plus aisée ou plus efficace. Historiquement, du moins en France, les robots
d’intervention ont notamment été développés pour l’industrie nucléaire ; ils sont cependant utilisés
dans bien d’autres milieux :

• Défense, théâtre d’opérations (reconnaissance, déminage, surveillance de zone,


logistique…) avec des robots terrestres et des drones aériens. Les robots militaires entrent
pour la plupart dans le champ des robots d’intervention. Ils portent des fonctions de
reconnaissance, de surveillance, de déminage ou de destruction. La décision de tir sur les
robots armés est pour l’instant, pour des raisons d’éthique, sujette à la décision de
l’opérateur humain.

Figure 1 : Robot de déminage Packbot 510 EOD

Source : ROBOSOFT/IROBOT.

• Sécurité civile (sauvegarde, dépiégeage…). La robotique de sécurité civile est mise en


œuvre notamment lors des interventions sur catastrophes naturelles. Des robots
d’exploration, notamment, permettent d’explorer des lieux inaccessibles à la recherche de
victimes. Dans ce champ, on trouve également les robots utilisés par les forces de l’ordre
pour le désamorçage ou la destruction des colis piégés ; dans ce dernier cas, la qualification
de « robot » pourrait cependant être discutée à la lumière de la définition que nous
proposons.

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• Nucléaire (intervention postaccidentel, inspection, réparation…). Le nucléaire est, en


France, un domaine précoce de développement de la robotique d’intervention. Notamment,
il semble que l’expertise initiale du CEA sur la robotique se soit construite sur ce type
d’application. Elle concerne essentiellement l’intervention en environnement irradié, nocif
pour l’opérateur humain. Elle a donné lieu au développement de technologies « durcies »
pour résister à des niveaux plus ou moins élevés de rayonnement.

• Sous-marin (exploitation offshore, application militaire, exploration). La robotique sous-


marine est également un champ de développement important pour des applications militaires
(surveillance sous-marine), pétrolières (exploration, exploitation), de recherche (exemple de
la recherche des boîtes noires d’avions accidentés), etc. Les robots sous-marins, comme
pour l’exploration spatiale, ont l’avantage de ne pas nécessiter l’emport d’opérateurs
humains, générateurs de contraintes d’exploitation coûteuses (espace vital, air, maintien de
la pression, etc.).

• Inspection et maintenance en milieux spécifiques (canalisation…). L’inspection en milieux


spécifiques s’intéresse à l’intervention à des endroits où l’homme ne peut matériellement
pas intervenir à un coût acceptable. Notamment, la réparation de fuites sur les canalisations
est une application relativement courante de la robotique, qui évite des travaux de génie civil
pour une intervention humaine

Figure 2 : Robot d’inspection et réparation de canalisation KASRO 4.0 DN200-DN600

Source : PROKASROMechatronik GmbH.

• Exploration spatiale. Les robots sont aujourd’hui le moyen privilégié de l’exploration


spatiale. Les missions vers Mars en sont un exemple significatif : les délais de transmissions
de l’information n’autorisent pas une téléopération en temps réel par un manipulateur distant
(sur Terre). Ce type d’applications est porteur d’innovations importantes en termes de
perception, de locomotion, de robustesse, etc.

La robotique d’intervention fait appel à des technologies spécifiques pour résister à un


environnement difficile (radiation, température et autres agressions environnementales) et pour se
mouvoir dans un milieu spécifique. Elle doit être capable d’adapter sa mission très rapidement et de
modifier l’enchaînement de ses tâches, ce qui justifie notamment la présence continuelle de
l’opérateur dans la boucle de commande. Ce point est un facteur limitatif de la distance
d’intervention car il nécessite le maintien d’une communication à haut débit avec l’opérateur
(vidéo, télécommande, télémesure). Les développements futurs en intelligence artificielle
permettront de limiter au strict nécessaire ces interactions (de manière identique à un responsable de
mission transmettant des ordres brefs aux équipes sur le terrain).

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Les robots de cette famille, du fait de leurs spécificités technologiques, sont le plus souvent des
systèmes coûteux et fabriqués en petite série. Cependant leur coût n’est pas l’élément majeur sur la
décision de développement et d’acquisition, car leur fonction primordiale est de sauver ou préserver
des vies humaines, ou de remplir des fonctions qui seraient plus coûteuses sans cette technologie
(par exemple, une intervention sur canalisation évite des travaux d’excavation pour une intervention
humaine). Cette famille est intégrée dans la robotique de service car elle est souvent couverte au
niveau recherche académique et développement industriel par les mêmes acteurs que les 2 autres
familles du fait d’une part commune de développement technologique.

On peut citer à ce stade un nouveau type de robot qui pourrait se développer dans le domaine
militaire : les exosquelettes. Ce type de système entre dans une catégorie un peu à part du fait de ces
interfaces directes avec l’utilisateur. Ils seraient assez proches des systèmes d’assistance à l’homme
dans le domaine médical et dérivés de ces systèmes en cours d’élaboration dans les laboratoires,
mais avec des contraintes de performance nettement plus élevées (vitesse, poids…) et des
contraintes environnementales plus fortes. L’exosquelette tel qu’il est développé est de plein champ
dans le cadre de la robotique.

Robotique de service professionnelle


La robotique de service professionnelle intervient en assistance au travailleur dans un cadre
professionnel. Ses fonctions sont principalement de soulager les professionnels de tâches répétitives
ou dangereuses (dans une optique proche de la robotique industrielle), ou de les assister dans des
interventions qui requièrent un niveau de précision ou des qualités inaccessibles à l’opérateur
humain.

• Robot agricole (terrestre et drone, trayeuses…). John Deere développe avec iRobot et la
Carnegie Mellon University des engins autonomes pour l’agriculture et la défense. Les
trayeuses automatiques sont classées par l’International Federation of Robotics dans la
robotique de service, bien que, par ses fonctions et ses technologies, elles s’apparentent plus
à la robotique industrielle. Sur le terrain agricole, hors trayeuses, les déploiements
commerciaux sont aujourd’hui émergents.

• Robot de nettoyage (sol, verrière difficilement accessible). Ces robots constituent une part
importante de la robotique de service professionnelle. Ces robots sont mis en œuvre
notamment dans les espaces publics. Ils sont le fruit de développements spécifiques, et n’ont
aujourd'hui que peu de liens – tant sur le plan des technologies que sur celui des acteurs –
avec les robots de nettoyage domestiques.

• Construction et démolition. Les robots de construction sont utilisés de plus en plus pour
des opérations spécifiques dans le bâtiment et le génie civil. Ils sont en général associés à
une technique particulière de construction (projection de béton par exemple). Ce sont dans
tous les cas des machines spéciales développées pour une application particulière. Les
principaux fabricants et concepteurs de robots de construction sont également des
professionnels du BTP et du génie civil (par exemple Tasei Corporation ou Fujita
Corporation) ; les missions possibles vont de la construction à la reconstruction en passant
par le déblaiement dans des opérations de secours. La démolition en tant que telle est surtout
robotisée sur le démantèlement d’installations dangereuses (nucléaires notamment).

• Robot logistique (véhicule de transport automatique de personnes et de biens, tortues dans


les hôpitaux…). Les robots logistiques sont également une voie de développement
intéressante, notamment en raison de la possibilité de développer des machines produites en

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série : la logistique est un secteur vaste, qui met en œuvre des procédures et équipements
pour partie standardisés. Notons que l’on inclut dans la logistique des robots de tri et de
préparation de colis qui n’entrent pas pleinement dans la définition que nous avons donnée
de la robotique de service.

• Robot de relations publiques (accueil, guide, transport de personne en visite interactive…).


Les robots d’accueil ou d’assistance dans les lieux publics sont aujourd’hui l’objet
d’expérimentations plus que d’un réel développement commercial à l’échelle d’une filière.
Les robots de relations publiques sont mis en œuvre dans des lieux tels que des musées ou
des centres commerciaux, pour aider les visiteurs à s’orienter, leur fournir des
renseignements, voire apporter un aspect ludique à la muséographie du lieu.

• Robot médical (assistance à l’intervention chirurgicale, intervention/examen à distance,


assistance à la personne en manque d’autonomie dans sa rééducation et/ou la vie
courante…). Le domaine médical est également un marché important pour le développement
de la robotique de service professionnelle. Il s’agit là d’un marché ouvert aux innovations,
en forte demande et avec des attentes précises des professionnels de santé et des patients.
Les axes de développement visent à l’assistance des médecins (robots d’assistance
chirurgicale par exemple), du personnel paramédical (assistance à la manipulation des
personnes alitées, fauteuils roulants robotisés), des patients (aide à la rééducation, prothèses
ou orthèses robotisées – dont exosquelettes à terme). Ces dernières catégories de systèmes
robotisés (fauteuils robotisés, orthèse, exosquelette…) étant plus à classer dans les robots de
services personnels du fait de leur utilisation directe par le patient dans sa vie courante.

• Robot de surveillance et de sécurité sur site industriel ou tertiaire (terrestre, drone,


maritime). Ces robots constituent clairement l’un des trois segments qui seront étudiés dans
le cadre du volet 2 de ces travaux. Ils reposent sur deux types d’actions : d’une part la
surveillance au sens de gardiennage, c’est-à-dire la prévention des intrusions physiques ;
d’autre part la surveillance au sens de monitoring, qui assiste l’opérateur humain dans la
surveillance environnementale ou industrielle des sites. Le premier champ d’applications est
aujourd’hui le plus développé. Un exemple de produit sur ce segment est le Jazz Security de
Gostai, vendu près de 10 000 euros.

Figure 3 : Robot d’inspection de surveillance Jazz Security

Source : Gostai.

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• Robot d’assistance au geste dans le milieu du travail. Également appelés cobots pour
robots collaboratifs, il s’agit de systèmes robotiques assistant le geste du professionnel en
environnement de travail (atelier, hangar de stockage…). Le principe de leur
fonctionnement est d’assister le geste de la personne en apportant une force complémentaire
(diminution des efforts, une précision accrue, etc).

Figure 4 : Robot d’assistance au geste (ou cobot) RB3D

Source :RB3D.

Au-delà des applications décrites ci-dessus, il n’est pas possible d’établir une liste exhaustive des
applications potentielles. Des fournisseurs de technologies développent les briques nécessaires à la
conception de robots, que les intégrateurs et bureaux d’études s’approprient au cas par cas pour des
usages répondant à une demande ponctuelle dans diverses utilisations…

Robotique de service personnelle


La robotique personnelle constitue un champ potentiellement aussi foisonnant que la robotique de
service professionnelle. Les utilisations sont possibles pour répondre à un grand nombre de besoins
et d’attentes. À travers la description suivante, on tente d’en dresser un inventaire fourni.

• Robot domestique (réalisant des tâches domestiques d’entretien de la vie courante) : il


constitue aujourd’hui le principal marché domestique pour des robots évolués. Deux
fonctions sont aujourd’hui des réalités commerciales : l’aspirateur d’une part, avec des
ventes croissant exponentiellement dans le monde, et un panel de fournisseurs relativement
important, même si l’un d’entre eux, iRobot (US), semble dominer le marché ; d’autre part
les robots de lavage des sols, qui sont aujourd’hui émergents sur le marché avec peu
d’acteurs ayant mis un produit sur le marché (iRobot Scooba et Royal Appliance
International GmbH – marque DirtEvil – par exemple). Le marché est ouvert par les
aspirateurs, permettant d’envisager le développement de nouvelles applications en fonction
des développements techniques et des choix marketing des fabricants. Ainsi devraient
apparaître dans les prochaines années des robots laveurs de vitres, des robots majordomes
ou des assistants personnels …

• Robot thérapeutique. Derrière cette appellation se groupent un grand nombre de fonctions


possibles. Dans le cadre de ces travaux, on y placera les robots qui permettent de simuler
une présence. Ces robots « affectifs » trouvent aujourd’hui de réels débouchés, notamment
au Japon. On citera pour l’exemple le robot Paro, en forme de bébé phoque, qui trouve sa
place chez les personnes âgées au Japon, et auquel on prête des vertus dans le cadre des
syndromes d’Alzheimer. Au-delà de cette réussite commerciale annoncée, le robot Kaspar
fait l’objet de travaux de recherche dans le cadre de l’assistance à l’apprentissage des

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relations sociales chez des enfants autistes. Des robots comme Paro trouvent leur place chez
le patient et sont donc groupés dans les robots personnels. On voit cependant sur ce cas
précis la difficulté à établir des frontières entre les grandes catégories de robots de service.

Figure 5 : Robot thérapeutique Paro

Source : Paro Robotics.

• Robot d’assistance aux personnes en perte d’autonomie (personnes handicapées,


personnes âgées, malades). Ce secteur sera traité spécifiquement dans le volet 2 des travaux.
Cette catégorie est connexe à la précédente, bien qu’assistant les personnes sur un autre
plan. La perte d’autonomie est aujourd’hui un problème humain et économique : humain à
travers la dégradation des conditions de vie des personnes, économique via le coût de
l’accueil des personnes dans des structures spécialisées. Elle a pour origine des causes
extrêmement diverses, et peut-être aussi bien momentanée que permanente. La conséquence
en est que les applications d’assistance couvrent potentiellement des fonctions très larges,
allant du système d’alerte ou de téléprésence pour des personnes valides mais présentant un
risque d’accident, à des systèmes d’assistance physique pour des opérations de la vie
courante ou les déplacements. En anticipant sur le volet 2, on peut d’ores et déjà présumer
que les systèmes de téléprésence et de télédiagnostic sont une voie de développement
commercial de ces applications à débouchés relativement rapides : les premières offres
commerciales existent, mais ne sont pas intégrées dans les prestations d’alerte et
d’assistance à domicile. Les systèmes robotisés d’assistance physique pour les personnes
dépendantes représentent également un challenge important de développement pour
l’amélioration de la vie courante des personnes handicapées mais le développement
commercial de ses systèmes est plus difficile du fait des petites séries produites.

• Robot éducatif. Le robot éducatif se conçoit selon deux approches distinctes. D’une part
dans une fonction d’assistance à l’éducation des enfants, en créant une réelle interaction
pour des activités à caractère pédagogique. C’est par exemple le cas du robot iRobiQ de
Yujin, qui équipe les jardins d’enfant en Corée. D’autre part, comme support à l’éducation à
la robotique. Dans ce cas, on parle plutôt soit de kits de robotique, soit de robots
programmables. Les robots Lego Mindstorm constituent un support pédagogique courant.

• Robot de jeux ou robots jouets. Les robots ludiques présentent des caractéristiques très
variées, dépendant de la gamme du produit : depuis le robot-peluche très simple dans ses
fonctionnalités, jusque – à l’autre extrême – l’Aibo de Sony (aujourd’hui plus
commercialisé), entièrement programmable, en passant par les Lego Mindstorm (robots à
construire).

• Robot de surveillance domestique. Les robots domestiques de surveillance sont envisagés


pour couvrir plusieurs types d’applications : la première d’entre elles, en termes de temps
d’accès au marché, est certainement la surveillance anti-intrusion. Les prémices de tels
robots sont présentes par exemple sur les derniers-nés des aspirateurs LG, qui donnent accès
à travers un smartphone aux images acquises par le système vidéo de l’appareil. D’autres

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fonctions pourront être proposées pour la surveillance ; elles seront détaillées dans le volet 2
des travaux : détecteurs de fumée, surveillance d’enfants (échéance plus lointaine)…

Le cas spécifique de l’automobile

L’automobile est aujourd’hui un champ de développement particulièrement actif de technologies


robotiques. Elle n’est communément pas considérée comme un secteur de la robotique en raison de
son caractère traditionnellement très « mécanique ». Cependant, il est indéniable qu’elle constitue
sans aucun doute le premier marché de masse pour la robotique de service personnelle. Les
systèmes de stationnement autonome (Park4U de Valeo) sont l’exemple commercial le plus récent
et le plus parlant de robotique automobile. Ils sont nombreux à être mis en œuvre dans les
véhicules : AFIL (assistance au suivi de voie), aide au freinage d’urgence, boîte de vitesses
robotisée, ESP, etc. sont toutes des fonctions de haut niveau apportant une assistance directe au
conducteur, pour améliorer son confort ou sa sécurité, voire l’économie de sa conduite.

L’automobile est également le support de nombreuses recherches dans le domaine des assistances à
la conduite et de la conduite automatique, tant sur des aspects purement techniques que sur la sûreté
de fonctionnement, la fiabilité, l’évolution en environnement complexe, l’interaction avec le
conducteur ou des systèmes externes, etc.). En France, certains laboratoires impliqués dans la
robotique sont également au premier plan de ces recherches : LASMEA, CAOR, INRIA, etc.

Sur tous les systèmes de navigation, de cartographie, de suivi de cible (perception), d’aide à la
décision, etc., l’automobile constitue un terreau d’expérimentation à grande échelle et un marché
important pour les technoproviders de la robotique (logiciels, capteurs, mécatronique, etc.).

Selon notre interprétation, les robots personnels exécutent des tâches autonomes dans le logement
ou ont une relation directe avec les occupants, sans nécessiter de services complémentaires distants
pour effectuer ces tâches et missions de base (hormis les services de base d’une connexion
internet) ; c’est-à-dire que la décision ou la commande est intégrée, et non dépendante d’une
connexion à un appareil domestique (ordinateur, tablette, smartphone…).

De la même manière, le robot d’assistance aux personnes en perte d’autonomie, bien qu’entrant
pleinement dans notre définition de la robotique de service personnelle, s’approche également, par
ses modes éventuels de mise en œuvre, de la robotique de service professionnelle (faisant le lien
entre la personne particulière et le milieu médical, dans le cadre d’une proposition de service). Ses
fonctions de base sont (exemple du robot Kompaï de Robosoft) : la socialisation, la stimulation
cognitive, l’actimétrie et la levée de doute. Les deux premières fonctions (socialisation et
stimulation cognitive) sont liées au robot lui-même ou à des services distants sur le Web ou
accessibles via des services web comme Skype (lien distant avec la famille, le médecin
généraliste…). Les deux dernières nécessitent des services « professionnels » distants pour assurer
toutes leurs fonctionnalités :
• Actimétrie : service de gériatrie équipé d’applications de traitement des données d’actimétrie
(activités de la personne) pour en déduire l’évolution et les tendances de l’état de santé du
patient ;
• Levée de doute : plate-forme d’assistance médicalisée prenant le contrôle du robot à distance
pour le mouvoir vers la personne et assurer une téléprésence réelle pour prendre la décision
d’intervention ou apporter des conseils si cela est jugé suffisant.

Ces deux familles de robots ont des points communs au niveau technologique comme par exemple
les fonctions de navigation/localisation, sécurité et perception. Par contre les solutions

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mécatroniques utilisées peuvent être plus légères pour les robots personnels en partant du principe
que ces robots auront des performances de mobilité moindre et un taux d’utilisation plus faible
(notion de MTBF inférieur). Les fonctions applicatives du robot (logiciel, IHM, capteurs et ou
actionneurs) sont, elles, spécifiques à chaque type de robot, qu’il soit professionnel ou personnel.

En résumé, les critères distinctifs entres les robots professionnels et personnels peuvent être :

• l’usage du robot : le robot personnel exécute des tâches rendant un service à la personne
particulière dans son cadre de vie (domicile, espaces publics, hôpital, etc.). A contrario, le
robot professionnel rend un service à la personne dans l’accomplissement des tâches de son
métier ;
• le critère d’accessibilité économique : un robot personnel est un robot « abordable »
économiquement pour les particuliers. Ceci n’implique pas nécessairement que le prix du
robot lui-même soit bas, mais que le mode de financement de son utilisation (soutien
financier au titre de l’assurance maladie, location, abonnement à un service, etc.) le rende
accessible ;
• une analyse de rentabilité d’exploitation et d’utilisation distinctes (dissemblable sur un achat
professionnel et un achat grand public) : un calcul purement économique pour le robot
professionnel, éventuellement basé sur ces critères de confort ou de divertissement pour le
robot personnel ;
• des modes d’interaction différents : le domaine professionnel se caractérise notamment par
une capacité à déployer des systèmes nécessitant une formation de la part des opérateurs.
Ceci est beaucoup plus difficile à accepter du point de vue du consommateur ;
• un aspect supervision d’ensemble et une association ou non avec un service distant pour
remplir une part de ses tâches : le robot professionnel est souvent partie prenante d’un
système plus large ;
• Éventuellement, une quantité de fabrication en série très différente, impliquant des choix
distincts de conception et fabrication.

De fait, si certains acteurs de la filière trouveront des marchés sur les deux créneaux, les différences
sont suffisantes pour justifier que des entreprises se spécialisent sur l’un ou l’autre, les modèles
économiques étant tout à fait différents (en règle générale).

Les classifications par famille de robots présentées dans ce document sont basées notamment sur les
sources suivantes :
• Classement de l’IFR (International Fédération of Robotics) qui intègre la robotique
d’intervention dans la robotique de service professionnelle
• Le découpage réalisé lors des travaux de la Plate-Forme Européenne « Europ » (european
robotics technology platform) et du projet CARE (Coordination Action for Robotics in
Europ).

2.2. CHAÎNE DE VALEUR DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE


2.2.1. Description de la chaîne de valeur
La filière de la robotique personnelle et de service s’articulera selon les zones géographiques autour
d’un écosystème issu de la robotique industrielle (Allemagne), de la robotique de défense (États-
Unis), de l’automobile (États-Unis), de l’électronique et l’électrotechnique (Corée du Sud), de
l’informatique, de la biomécanique, voire de l’industrie nucléaire (France), etc.

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De plus, en termes de chaîne de valeur, il est impossible ici de tracer des frontières imperméables
avec les autres champs de la robotique, de l’automatique, de l’informatique.

Ainsi, la chaîne de valeur de la robotique de service est composée des acteurs suivants :

• En amont, les équipes de recherche, académiques ou industrielles, sont à la base de tous les
développements de la robotique de service, que l’on parle du développement des
technologies, des applications, des études sur les impacts, sur l’acceptabilité, sur les
considérations éthiques. La robotique de service étant un secteur émergent, les équipes de
recherche sont aujourd’hui au plus près des industriels, des usages et des marchés. Les
nouveaux usages sont issus en grande partie de laboratoires académiques ; les start-up de la
robotique en sont issues pour la plupart. Les équipes de recherche ou les associations
d’équipes sont largement pluridisciplinaires. La robotique nécessite par essence la
mobilisation de disciplines touchant au matériel (mécanique, mécatronique, électronique,
capteurs…), au logiciel (applications, système, fiabilité, sûreté de fonctionnement…), à
l’humain (biomécanique, ergonomie, psychologie, voire médecine…), aux sciences
juridiques et sociales (acceptabilités, éthique, modèles économiques, etc.).

• Les technoproviders (fournisseurs de technologies) sont le plus souvent des PME, voire des
TPE, qui fournissent à leurs clients des composants, et de plus en plus souvent des fonctions
complètes, comme dans le domaine automobile (ils correspondent dans ce cas aux
équipementiers de rang 1). On ne considère pas dans la chaîne de valeur les fournisseurs
« génériques » de composants individuels, trop éloignés de l’application spécifique pour être
qualifiés de fournisseurs de la robotique. Les technoproviders sont très présents dans la
chaîne de valeur de la robotique, fournissant des fonctions aussi complexes que la
navigation associée à la cartographie et à la perception de l’environnement, les actionneurs
(bras robotisés par exemple), des plates-formes mobiles complètes, etc.

• Les intégrateurs sont, selon le domaine d’application considéré, des PME ou entreprises de
grande taille. Si les laboratoires et technoproviders constituent en grande partie un tronc
commun de la robotique de service, les intégrateurs sont de caractéristiques variées, en
raison de leur historique dans ou vers la robotique de service :
Dans le domaine de la défense, les intégrateurs vont du groupe d’armement,
maîtrisant notamment l’intégration dans la chaîne de commandement, à la PME plus
récente, entrée sur ces marchés de la défense à travers des programmes de recherche
spécifiques. Le cas le plus emblématique de ces derniers est la société étatsunienne
iRobot, connue du grand public pour ses robots aspirateurs, qui réalise l’essentiel de
son chiffre d’affaires sur des contrats de défense ;
Dans la construction et le génie civil, les acteurs les plus en vue sont des
conglomérats japonais du bâtiment et des travaux publics, amenés à développer des
robots dans le cadre de la mise au point de leurs process de construction ;
Les robots domestiques, là encore, sont développés soit par de grandes entreprises de
l’électroménager (LG, Samsung), soit par des PME issues de la recherche en
robotique (iRobot).
D’une manière générale, quatre voies de développement des intégrateurs sont constatées sur
les différents marchés de la robotique de service :
1. Des acteurs déjà implantés sur le marché applicatif : LG sur le marché domestique,
DCNS ou John Deere sur la défense, Fujita Corp. sur la construction, Lego sur le
marché du jeu, etc. ;

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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2. Des acteurs d’autres domaines de la robotique, diversifiant leurs activités vers la


robotique de service : Kuka (robotique industrielle) par exemple en Allemagne ;
3. Des pure players de la robotique de service, PME issues notamment de la recherche
et travaillant à des plates-formes plus ou moins génériques, avec – souvent – une
stratégie de pénétration des marchés par opportunités. C’est le cas notamment de
certaines des entreprises les plus visibles en France : Aldebaran Robotics, Robosoft,
etc. ;
4. Certains technoproviders, comme Gostai en France, deviennent également
intégrateurs.

• Les distributeurs spécialisés ont une place importante dans la chaîne de valeur. Outre leur
rôle de négoce, des entreprises comme Roboshop (États-Unis) ou Robopolis (France)
contribuent à la visibilité des innovations dans le domaine de la robotique de service,
personnelle et professionnelle.

• Les institutions sont à la source du développement technologique de certains pans de la


robotique à travers le financement de contrats de recherche ciblés (contrats de recherche du
DARPA aux États-Unis ou de l’ANR 2 en France), et également à l’origine du démarrage
commercial de certaines entreprises (la commande publique en Corée a permis à Yujin de
passer en régime « industriel » sa production de iRobiQ). Les commandes publiques plus
restreintes portent également le développement de la robotique de défense notamment.

• Les prescripteurs : il convient de souligner le rôle dans la dynamique de la filière que


pourraient avoir dans l’avenir les prescripteurs potentiels que seraient les organismes de
financement de la santé : mutuelles, assurances privées, assurance maladie, associations, etc.

Figure 6 : Chaîne de valeur de la robotique de service


Robotique industrielle, de défense, etc.
Fabricants Laboratoires
de recherche
Technoproviders Intégrateurs
Distributeurs

de composants
Composants
génériques
Irrigation
Technologies croisée
clés

Laboratoires Distributeurs
Technoproviders Intégrateurs Marchés
de recherche

Usages / applications

Subventions de recherche Commande publique
Incitations

Institutionnels/prescripteurs

2
Agence Nationale de la Recherche

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Dans son étude World Robotics Service Robots 2011, l’IFR recense 224 entreprises industrielles
dans la robotique de service. Des analystes interrogés dans le cadre de l’étude évaluent à 350 le
nombre d’entreprises européennes impliquées dans la robotique de service sur l’ensemble de la
chaîne de valeur (technoproviders, intégrateurs, distributeurs). En se basant sur ces chiffres et la
vision que nous avons pu construire sur les différentes zones géographiques, nous estimons que le
nombre d’entreprises dont l’activité principale concerne la robotique de service dans le
monde est compris entre 1 000 et 2 000 3. Majoritairement, ces entreprises sont des start-up.

2.2.2. Une chaîne de valeur ouverte


Dans le paysage actuel de la robotique de service, qui est en cours de définition comme le montrera
le volet 2 de l’étude, la chaîne de valeur de la robotique de service est par essence perméable :

• La robotique de service et sa diffusion à des applications de plus grande diffusion sont


permises par une certaine maturité technologique. Cette maturité a bénéficié des premiers
développements de robots mobiles pour la robotique d’intervention et de défense, et des
développements continus de la robotique industrielle. Ainsi, par essence, la robotique de
service présente des intersections significatives avec ces secteurs d’application, et se nourrit
de développements communs entre les différentes applications. Un exemple emblématique
de cette interconnexion est par exemple la société américaine IRobot, qui a développé en
parallèle une activité de robotique de défense à travers des contrats de recherche importants
avec la DARPA, et une production de robots domestiques (premier fabricant mondial de
robots-aspirateurs).

• Le marché émergent de la robotique de service est aujourd’hui constitué pour bonne partie
de niches, issues d’opportunités identifiées par des laboratoires ou des industriels. Cette
émergence des opportunités est rendue possible par une collaboration étroite entre des
développeurs d’une part, des prescripteurs d’autre part. Cette relation contribue à orienter les
développements d’applications nouvelles.

2.2.3. Les acteurs industriels sur le marché de la robotique de service


Dans le monde, de nombreuses sociétés travaillent au développement et à la fabrication et
distribution de robots de service professionnels et personnels. Ces sociétés sont très majoritairement
des PME, petites sociétés ou des start-up issues de laboratoires de recherche, surtout dans le
domaine de la robotique personnelle.

Des sociétés importantes, actrices de la robotique industrielle, sont en en veille très active sur
certaines applications de la robotique de service, soit en direct, soit via des start-up de laboratoire
(par exemple Kuka en Allemagne, Fanuc au Japon).

Il existe également de nombreux fournisseurs de composants matériels et logiciels, intégrés dans les
robots.

La liste ci-dessous ne prétend pas à l’exhaustivité, mais permet d’illustrer la chaîne de valeur. Les
différentes zones géographiques sont traitées spécifiquement dans la suite du document.

3
Ces chiffres ne comprennent pas les entreprises de service qui exploitent les robots.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• Les précurseurs :
• Honda avec le robot humanoïde Asimo, plate-forme démonstratrice de haute technologie a
priori sans objectif de commercialisation à moyen terme du fait de son coût et des moyens
de programmation nécessaires aux démonstrations.
• Sony avec le chien Aïbo, des robots humanoïdes de petite taille (la danse des robots par
Sony). Sony a abandonné à ce jour ce marché en se recentrant sur ses métiers de base pour
des raisons économiques. En revanche le concept du robot Aïbo a été repris par plusieurs
sociétés coréennes (Genibo de Dasatech) et américaines.

• Les leaders et les sociétés établies


• Aux États-Unis, iRobot sur le marché de la robotique de défense (Packbot, SUGV…) et sur
la robotique domestique (aspirateur autonome), Foster Miller sur la robotique de Défense,
Hoaloha Robotics sur la robotique d’assistance à la personne… ;
• Adept Technology, qui se renforce dans les applications de services avec l’acquisition de
Mobilerobots ;
• De multiples sociétés coréennes sur les robots aspirateurs (par exemple iclebo de Yunin
Robot vendues sous licence par Philips, Ottoroion de Hanool Robotics…) et sur des robots
humanoïdes ou semi-humanoïdes (tronc, bras et tête sur base roulante) ;
• Au Japon de nombreuses sociétés autour du laboratoire de robotique d’Osaka, des sociétés
de grande taille comme Nec (Papero), Toyota (Mechadrid C3), Mitsubishi (Wakamaru loué
comme hôtesse d’accueil) ;
• En France, Robosoft qui est présent sur la défense, le nettoyage industriel, le transport, la
fourniture de plates-formes de recherche et qui a des développements en cours sur les robots
d’assistance à la personne. ECA Automation sur la défense, BA System, acteur important
sur les AGV, qui s’intéresse de très près à ce domaine (médical…), Aldebaran avec le robot
humanoïde Nao, Wany Robotics sur le domaine éducation et plate-forme de recherche,
Robopolis, etc. ;
• En Europe d’une manière générale, on peut citer par exemple Bluebotics en Suisse,
Neobotix (start-up du Fraunhofer IPA) en Allemagne…

• Les start-up et nouvelles venues (en France pour exemple)


Nous nous limitons à citer ici les sociétés françaises : Gostai (plate-forme logicielle Urbi et
robot Jazz), Eos Innovation (eOne), Robopec (Reety). L’étude approfondira au niveau
mondial en tentant de faire ressortir les grandes tendances par pays (au niveau activités et
potentiels suivant les applications visées de la robotique de service).

Le paysage des entreprises de la robotique 4 présente aujourd’hui des faiblesses notables, qui
conduisent à de récurrentes défaillances d’entreprises. C’est le cas récemment pour Wany Robotic
(en liquidation judiciaire depuis juillet 2011), Pob Technology (en redressement en août 2011, puis
en plan de cession depuis fin septembre). Également, une analyse rapide de quelques acteurs
français montre une faiblesse quant au financement du développement de l’entreprise ; une PME
française de la robotique a par exemple été recapitalisée huit fois en cinq ans…

2.2.4. La recherche scientifique mondiale


En France, le programme Robea du CNRS en faveur de la robotique a débuté en 2001, avec en
parallèle la création du département Stic (département Sciences et technologies de l'information et
de la communication). En 2003, le CNRS a initié un programme sur la robotique humanoïde en
partenariat avec le National Institute of Advanced Industrial Science and Technology, créant deux

4
On parle ici des entreprises dont l’essentiel de l’activité est orienté vers la robotique.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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centres de recherche (l’un au Japon, l’autre à Toulouse). Le CNRS a également acheté une plate-
forme HRP-2 (ouverte à tous) pour faciliter les travaux de multiples laboratoires du CNRS sur la
robotique humanoïde.

Le Groupe de recherche robotique (GDR Robotique) a succédé au programme Robea afin de


poursuivre l’animation et la structuration des laboratoires du domaine robotique et proche de la
robotique et de promouvoir et faciliter les échanges entre la recherche et l’industrie.

Un Club des industriels du GDR robotique a également été mis en place depuis 3 ans afin de
faciliter les échanges avec l’industrie. On peut noter cependant que les transferts technologiques des
laboratoires vers l’industrie sont trop faibles en France et le dynamisme du secteur repose souvent
sur des PME non issues du monde de la recherche. Des projets fédérateurs comme ROMEO et
d’autres essayent de pallier ce manque en aidant au transfert technologique.

On peut citer parmi les principaux laboratoires de recherche : l’ISIR, le LAAS, le LIRMM,
différents laboratoire de l’INRIA et du CEA LIST…

En Allemagne, l’institut de cognition et de robotique (CoR-Lab), créé en 2007 à l’université de


Bielefeld, travaille en coopération avec le groupe Honda sur le robot Asimo. Un programme en
robotique de service MORPHA a été mis en place avec un soutien fédéral et un deuxième projet,
couvrant plus largement la problématique des robots humanoïdes, a démarré. De multiples instituts
ont des axes de recherche importants sur la robotique : GPS, FZI, DLR, DFKI, les Fraunhofer
IPA… L’initiative des universités d’excellence, lancée récemment, doit permette d’aider à la
structuration de la recherche.

En Italie, plusieurs organismes concentrent ce domaine de recherche : la Scuola superiore


Sant’Anna (Pise), la Scuola di Robotica (Rome), les universités de Catania, de Padoue et de Milan.
L’université de Gênes coordonne le projet européen Robotcub qui a donné vie au robot Icub, un
robot humanoïde destiné aux chercheurs.

Il existe également de multiples laboratoires dans les autres pays européens sur ce domaine. Le
réseau Européen EURON (European Robotics Resarch Network) a été récemment regroupé avec la
plate-forme robotique « European Robotics », et une action de coordination euRobotics coordonne
les activités de cette plate-forme technologique, regroupant maintenant les laboratoires académiques
et des industriels du domaine.

Le Japon, la Corée du sud et Taïwan représentent également un potentiel très important de


recherche sur le domaine en sachant que ces pays sont plus orientés sur la robotique humanoïde et
les relations entre les laboratoires académiques et les industriels semblent nettement plus fortes
qu’en Europe. La Chine développe également des programmes sur ce domaine et pourrait devenir
un acteur important compte tenu de ses marchés domestiques potentiellement très importants.

Les États-Unis disposent d’une organisation sur la recherche en robotique assez différente de
l’Europe. C’est le secteur de la défense, avec ses liens particuliers avec le secteur public, qui est le
principal investisseur en recherche et développement : la DARPA organise des concours largement
dotés ; elle finance directement (ainsi que d’autres organismes de recherche de l’armée) les grandes
universités (Carnegie Mellon, Standford, MIT, Berkeley…) et des sociétés leaders comme IROBOT
et des start-up de ses universités. Par exemple les travaux sur les exosquelettes pour des applications
militaires ont des retombées dans le domaine civil sur le développement de robots humanoïdes
(robot Domo destiné aux tâches ménagères) et sur des robots d’assistance à la personne âgée ou

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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handicapée (aide à la marche, à la préhension…). La recherche sur le robot assistant/compagnon


n’est pas négligée par ailleurs : aide cognitive, surveillance, etc.

2.2.5. Une filière en cours de structuration


En France, le pôle de compétitivité Cap Digital a créé une communauté de domaine robotique
appelée Cap Robotique qui dépasse maintenant largement le rôle de développement régional initial.
Le syndicat Syrobo, créé sous l’impulsion de Bruno Bonnell (Robopolis), joue un rôle important
dans la structuration de cette filière.

D’autres pôles ont des actions plus ciblées sur certaines applications de la robotique de service ; par
exemple le pôle Alsace Biovalley sur l’imagerie et la robotique médicale et chirurgicale. Des
réseaux en grappe auront également un rôle. Certains viennent d’être labéllisés par la DATAR :
SOLIAGE dans le domaine de l’autonomie et les gérontechnologies, MECATRONIC dans le
domaine de la mécatronique avec le regroupement du réseau MIREM et du réseau Mecatronic.

Au Japon, le METI (ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie) finance de nombreux


projets en structurant la recherche et le développement industriel. La ville d’Osaka aide à une
concentration importante d’universités et d’instituts de recherche disposant de moyens importants.
Elle s’implique dans des aides pour attirer des chercheurs et des sociétés à Osaka et dans la
province du Kansai (Kyoto, Kobe, Nara…). Le Laboratoire Robotique d’Osaka, financé par la ville,
administre toutes ces actions avec le réseau d’entreprise RooBO et la création de RoboCity CoRE
(pôle de recherche et d’expérimentation pour la robotique de nouvelle génération).

En Corée du sud, il existe une forte implication de l’État comme le montre la feuille de route du
National Science and Technology Council. L’État amène de fortes incitations aux développements
d’un marché local pour soutenir la création d’entreprises (robots éducatifs dans les écoles par
exemple).

2.3. LE MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE EN 2011


Il s’agit dans cette section de dresser un tableau rapide du marché de la robotique personnelle et de
service aujourd’hui. Ces aspects seront approfondis dans le volet 2 de l’étude, consacré à l’analyse
prospective de 3 segments de marché.

En 2011, le marché de la robotique de service est décrit notamment par l’International Federation
of Robotics, qui chiffre les ventes sur la base des déclarations de ventes des industriels de la
robotique. Dans les chiffres de ventes indiqués par l’IFR, on notera notamment les éléments
suivants, qui montrent parfaitement l’incidence de la définition du périmètre étudié sur les volumes
de marché dans un secteur industriel aussi émergent. Les observateurs font, de ce point de vue, un
parallèle avec le développement des marchés de l’informatique personnelle au début des années
1980, puis de l’Internet au milieu des années 1990 :

• Les robots pour la défense, et notamment les drones d’observation et d’attaque, sont ici
compris dans la robotique de service. Ces drones sont caractérisés notamment par des coûts
élevés et un haut niveau technologique. La légitimité de la prise en compte des robots de
défense dans la robotique de service, outre les finalités et les convergences technologiques,
tient au rôle particulier que leur développement tient – notamment aux États-Unis – dans la
mise en place de la filière. IRobot, leader mondial des robots domestiques, a ainsi financé
son développement sur la base de contrats de recherche avec le département de la défense.

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• Les robots pour l’agriculture sont aujourd’hui presqu’exclusivement des trayeuses


automatiques (> 95%). D’un point de vue technique, on considère que ce type de robot
ressort plus du secteur de la robotique industrielle, et n’est que peu représentatif de la
pénétration de la robotique de service, notamment mobile, dans le domaine agricole.

Les chiffres de vente pour les robots de service professionnels, repris ci-dessous, démontrent
clairement le caractère encore exceptionnel de l’usage des robots de service, tels que nous les
regarderons dans l’ensemble de l’étude. Si la robotique de défense et la robotique d’intervention 5
sont des segments relativement conquis aujourd’hui, les autres champs de la robotique de service
professionnelle sont clairement émergents aujourd’hui. Parmi ceux-ci, on distinguera cependant
deux segments qui se détachent :

• La robotique médicale constitue un marché important, couvrant des applications très


variées, mais bien définies et répondant à une attente forte de la part des professionnels de
santé et des patients. Le secteur, dans les pays fortement industrialisés, est très solvable.
• La logistique représente également un marché de grande ampleur. Cependant, les chiffres
annoncés par l’IFR incluent des robots de tri ou de préparation de colis, qui à notre sens
relèvent plus de la robotique industrielle.

Le marché de la robotique de service professionnelle est en croissance entre 2009 et 2010, mais a
subi de plein fouet la crise économique entre 2008 et 2009, conduisant, sur certains segments, à une
chute des ventes de robots, comme pour tous les investissements industriels à la même période. Le
segment de la défense n’a, lui, pas été touché de la même manière.

Figure 7 : Ventes de robots de service professionnels en 2010 (en nombre d’unités et en M$)
7000

6000
2009
5000
2010

4000
unités

3000

2000

1000

Source : IFR – World Robotics 2011, Service Robots.

5
La robotique d’intervention est cependant découpée en de nombreuses applications sur lesquelles les marchés sont plus ou moins mûrs.

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Le marché de la robotique personnelle est, lui, encore plus émergent et éclaté. Il est tiré par la
robotique de nettoyage (aspirateurs) qui constitue aujourd’hui l’essentiel des ventes réalisées : 1,4
million d’unités vendues en 2010, représentant 97 % de l’ensemble des robots vendus pour un usage
domestique et 64 % des robots personnels 6 – comprenant les robots ludiques, autres moteurs du
développement de la robotique personnelle.

Sur la robotique de service personnelle, les industriels prévoient de vendre 14 millions de robots
entre 2011 et 2014, 87 000 sur la même période pour la robotique de service professionnelle (y
compris défense et robotique d’intervention).

Figure 8 : Le marché de la robotique de service personnelle en 2010 – un marché de 540 M$


2 500
Milliers d'unités

2 000

1 500
Others
Entertainment robots

1 000 Robots for domestic tasks

500

0
2008 2009 2010
Source : IFR – World Robotics 2011, Service Robots.

6
Source : IFR.

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3. L’ÉTAT DES LIEUX DE LA TECHNOLOGIE


Du fait de la constitution organique d’un système robotique, la robotique est en premier lieu une
science de l’intégration et regroupe de nombreuses technologies nécessaires à la réalisation des
robots industriels et de service. Ces technologies sont le plus souvent identifiées comme suit, en
séparant celles qui sont devenues maintenant des technologies spécifiques à la robotique et celles
qui restent des technologies fortement maintenues et développées dans d’autres domaines
d’application technologique (spatial, aéronautique, automobile…) mais qui sont essentielles à la
robotique.

Technologies « pilotées » par la robotique :


• Architecture système
• Coordination de robot (swarm and ambiant intelligence)
• Interaction humain-robot
• Sécurité
• Actionneur et effecteur terminal (pince, main)
• Locomotion
• Navigation
• Planification
• Contrôle des mouvements
• Apprentissage
• Perception (proprioceptive et extéroceptive)

Technologies « pilotées » par d’autres domaines :


• Outils d’ingénierie système
• Communication temps réel
• Matériaux
• Gestion de l’énergie
• Modélisation
• Capteurs

L’étude, du fait des marchés visés, est orientée principalement vers les technologies nécessaires à la
robotique de service mobile, en majorité dans un environnement intérieur ou du moins bien
structuré. L’aspect manipulation d’objet avec un bras doit être cependant traité, car il reflète un
besoin important de possibilité d’action du robot sur son environnement et sur des objets et des
outils de la vie courante.

De ce fait et compte tenu de l’analyse pays (cf. § 4 et 5) et de notre vision sur le regroupement de
certaines technologies dans les travaux de recherche et les développements industriels sur la
robotique de service, nous proposons de présenter l’état des lieux selon le découpage suivant :
• Logiciel système (OS et environnement de développement pour la robotique)
• Navigation
• Logiciel haut niveau et sécurité (supervision, sécurité, apprentissage, planification de
mission, asservissement de haut niveau)
• Capteurs de perception (sécurité, préhension) et de localisation pour la navigation
• Mécatronique
• Fonctions d'interaction homme/robot
• Communication / échange de données (supports physiques et protocoles logiques)
• Énergie

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Les chapitres suivants donnent un état des lieux de ces technologies en présentant :
• Une description de la technologie (ou des technologies regroupées sur cet item) et des
solutions techniques et performances actuelles
• Les sociétés et entreprises majeures sur ce domaine si il y a lieu (dans le cas où un pays ou
des sociétés émergent de manière importante sur le sujet)
• Le niveau de criticité et de technicité de la fonction assurée au niveau développement et
robustification pour les applications de robotique mobile de service.

Une section particulière est dédiée aux spécificités de certaines technologies pour la robotique
humanoïde (par exemple les contraintes de perception proprioceptive et extéroceptive spécifiques
pour le franchissement de marches, des contraintes d’intégration et d’énergie plus fortes,…).
Une autre section propose une analyse sur la coordination entre robot et le concept d’opération en
essaim (Swarm and Ambiant Intelligence).

3.1. ÉTAT DES LIEUX PAR TECHNOLOGIE


3.1.1. Logiciel système
Les premiers développements en robotique ont été réalisés autour d’Operating Systems temps-réel
classiques (ou exécutifs temps réel) comme VxWorks, OS9, RTX… avec des langages comme le C
afin de générer des applications les plus rapides possibles avec un minimum de taille mémoire.

Actuellement, l’augmentation des capacités en mémoire et de la puissance des processeurs


permettent des évolutions importantes dans le domaine de la programmation des robots et des OS
embarqués ; elle conduit à des outils puissants en termes de facilité de programmation et à une
réutilisation aisée de modules et fonctions disponibles, avec une notion d’enrichissement rapide de
ces outils par le jeu des logiciels libres.

Les outils dominants du marché sont :

• Microsoft Robotics Developper Studio (MRDS, États-Unis) est une plate-forme de


développement pour des applications robotiques, basée sur l’OS Windows avec une
architecture orientée service (SOE). Elle est constituée d’un runtime et des outils de
développement et de simulation : la distribution est gratuite pour les développements, le
runtime est payant pour les applications industrielles commercialisées.

• URBI (de Gostai, France) est une plate-forme logicielle open source (GPL) incluant des
librairies de composants en C++ (Uobjects) et un langage script parallèle et événementiel
(Urbiscript). Elle est intégrée sur des robots tels que le Jazz (Gostai), l’Aibo (Sony), le HRP-
2 (Kawada), le Nao (Aldebaran), les Pioneer, le Spykee (Meccano), le RMP (Segway)… La
dernière version intègre le support de ROS et les développeurs peuvent utiliser les 2
systèmes ensemble.

• ROS (Robot Operating System, Willow Garage, États-Unis) est un OS open source (licence
BSD) associé à des librairies et outils permettant de créer des applications sur le robot sur
lequel il est installé. Ces librairies et outils sont enrichis par la communauté robotique
utilisatrice. Willow Garage est entré en force dans le domaine avec ROS appuyé sur le robot
PR2 ; ils l’ont distribué en dix exemplaires à des instituts de recherche aux États-Unis, deux
en Allemagne et un à l’université de Tokyo, en contrepartie du développement de nouvelles

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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applications autour de ROS. ROS est actuellement porté sur de nombreux robots (Qbo, Lego
NXT, care-O-bot, Nao d’Aldebaran, HRP2-V de Kawada…).

Les langages de programmation les plus utilisés sont le C++ et le Java ainsi que des langages libres
de plus haut niveau comme LUA, Python, Ruby, Perl… Ils ne sont pas spécifiques à la robotique.

Ce domaine des logiciels systèmes est donc basé sur des systèmes ouverts (disponibles en open
source mis à part MRDS qui comporte quelques limites), avec une domination des États-Unis ; mais
la France a également une démarche importante sur ce point (URBI, développement de
laboratoires…).

Les futurs produits dans ce domaine reposant sur des systèmes logiciels ouverts posent la
problématique du modèle économique pour les fabricants, par opposition à des équipements qui
étaient dans le passé le plus souvent fermés par le software. Cette ouverture donne par contre une
importante dynamique au développement des applications en robotique, pris en charge par des
partenaires.

L’aspect hardware sur les processeurs et microcontrôleurs est également très important dans le
développement des systèmes robotisés, notamment avec l’augmentation régulière de la puissance de
traitement et le niveau d’intégration de ces fonctions. Ces développements sont par contre
essentiellement financés par d’autres marchés et ne sont donc pas pris en compte dans l’étude.

Pays leaders : États-Unis, puis France

3.1.2. Navigation
Les technologies de navigation permettent de déplacer un robot d’un point à un autre, cette
technologie est associée à des équipements de localisation relative ou absolue par rapport à
l’environnement. Elle est donc associée à des systèmes de perception pour assurer la localisation et
intègre des fonctions spécifiques comme par exemple l’évitement d’obstacle ou l’asservissement du
déplacement du robot vers un point donné (amer réel ou virtuel). L’acquisition de la cartographie
d’un environnement inconnu est également une fonction intégrée de plus en plus, facilitant le
déploiement des robots de service.

De nombreux algorithmes de navigation sont disponibles avec différentes solutions de capteurs


(vision, laser, radio) associés à des capteurs inertiels :

Navigation en environnement intérieur :


• Technique du SLAM (Simultaneous Localization And Mapping) avec capteur laser 2D ou
capteur vision : Karto (US) est utilisé par des industriels comme Robosoft et Gostai en
France. Mais des produits très performants sortent actuellement de laboratoires français
(Armines avec sa spin-off Corebots, France, par exemple) ;
• De multiples projets de R & D avec la caméra Kinect de Microsoft (accès craké et ensuite
partiellement autorisé par Microsoft) – États-Unis, France et Europe ;
• Fusion multi-capteurs laser-vision et inertiel ;
• Magnétométrie en complément de localisation (Sysnav, France) ;
• Des technologies de GPS indoor (associé au wifi) apparaissent également sur le marché
(Insiteo, ARC second…), portées également sur la localisation de personnes (notamment
pour non-voyants). La précision reste à améliorer pour entrer dans les critères de la
robotique France et États-Unis.

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Environnement extérieur :
• Des solutions basées sur des balises radio ou laser, solutions maintenant dépassées avec la
disponibilité de solutions GPS précise (quelques centimètres de précision de position) ;
• Des solutions basées sur le GPS sont disponibles au niveau industriel. Mais ce système doit
supporter des masquages temporels et spatiaux qui ne peuvent pas toujours être contrés par
la fusion avec des capteurs inertiels ;
• Fusion de données GPS et vision ou laser sont disponibles dans les laboratoires - problème
de fiabilisation dont l’utilisation du laser et de la vision en extérieur (luminosité, conditions
météo, portée…).

Sur ces technologies outdoor, il est difficile de discerner des différences importantes entre l’Europe,
les États-Unis et l’Asie. Nous n’avons pas approfondi de prime abord cette recherche car les travaux
les plus avancés sont le plus souvent intégrés sur des applications de robots de service en dehors de
notre objectif d’analyse (logistique outdoor, transport de personne automatique, mines…).

Cette technologie est un point fondamental dans l’autonomie du robot. La robustesse des
algorithmes de navigation et des capteurs associés, dont notamment de bonnes capacités
d’évitement d’obstacle, sont un élément critique pour la fiabilisation des applications de robot de
service mobile se déplaçant dans des milieux non spécifiquement adaptés et pouvant évoluer
(mobilier divers dans une habitation, obstacles temporaires…).
Les solutions de base existent et doivent être robustifiées en les complétant par exemple par des
mécanismes autoadaptatifs et perception réactive, qui restent encore des axes de recherche en
laboratoire.

Pays leader : États-Unis, France en environnement indoor

3.1.3. Logiciel haut niveau et sécurité


Cet ensemble regroupe, dans le cadre de notre étude, tous les développements logiciels qui couvrent
les besoins de :
• Supervision et contrôle à distance : par exemple dans le cas d’un robot de surveillance ou
d’assistance à la personne à domicile, passant en mode télérobotique à la demande d’un
opérateur afin d’être guidé dans une position ou faire une action de mesure ou contrôle
spécifique. Ces fonctions sont assez classiques et sont déjà disponibles sur des robots de
service
• Supervision globale embarquée du robot. Ces fonctions sont en général dépendantes des
applications couvertes par le robot. Leur complexité est croissante en fonction du niveau
d’autonomie visée sur le robot (cf. notion d’auto-apprentissage et planification réactive
citées ensuite)
• Apprentissage et planification de tâches
• Asservissement de haut niveau suite à des demandes utilisateurs
Déplacement du robot vers un point donné à l’aide d’asservissement vision (ce
mouvement étant différent d’un mouvement du robot vers un point ou une pièce désigné
de manière symbolique dans la carte du robot qui est traité dans la technologie
navigation)
Déplacement du robot en suivant une personne
Déplacement d’un organe préhenseur (main ou pince) et manipulation d’un objet à l’aide
d’un asservissement vision…

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Les notions de planification et d’apprentissage sur l’aspect mobilité du robot et mouvement de bras
ou équivalent seront le plus souvent résolues dans les développements de robots de service par des
techniques de navigation présentées auparavant et d’asservissement par vision.

Il reste par contre un large domaine d’autoapprentissage et de planification réactive de tâches du


robot personnel suivant les applications visées et le degré d’autonomie attendu. Ce domaine qui
rejoint les travaux sur l’Intelligence Artificielle est à notre connaissance encore très amont, ou du
moins très loin des orientations de développement de produits court et moyen terme. La notion de
planification de tâches doit notamment aller au-delà de la gestion de tâche de mobilité avec
notamment sa réactivité dans l’interprétation d’une scène non répertoriée (par exemple réaction vis-
à-vis d’une personne en difficulté et gestion d’une alarme justifiée ou mieux, action urgente
nécessaire).

Par ailleurs les solutions mises en œuvre pour l’aspect sécurité regroupent d’une part des choix
d’architecture (puissance et limitation de l’effort des actionneurs, capteurs de détection de présence
et contact indépendant du logiciel…) mais aussi des fonctions logicielles spécifiques et des capteurs
à différents niveaux de l’architecture du robot pour garantir une sécurité au-delà des normes
actuelles de sécurité utilisées dans l’industrie.

Il est difficilement envisageable, pour des raisons de coût de développement et de production,


d’utiliser des solutions classiques de redondance issues de technologies aéronautiques ou
ferroviaires. Mais l’exploitation des travaux, par exemple, sur la sécurité des logiciels et sur les
fonctions de détection de défauts ou aléas, en cours de développement dans l’industrie automobile
pour des aides à la conduite, pourrait être considérée comme un axe de travail.

La sécurité est un point critique du développement de la robotique personnelle, et plus généralement


de la robotique de service appelée à être exploitée au milieu du public (robot de nettoyage
industriel, de surveillance, robot guide…). Ce point ne semble que peu approfondi à ce jour par les
acteurs au niveau mondial.

Pays leader : pas de leader qui ressorte sur cet aspect très diversifié et lié aux applications

3.1.4. Perception et capteurs


La perception est la capacité d’un système robotisé de se construire une représentation du monde
physique à partir de données perçues par différents types de capteurs : vision 2D et 3D, laser 2D
(nappes laser) et 3D (imageur laser), radar, ultrasons, voire tactiles… Ces données de perception
sont utilisées pour la navigation, la reconnaissance d’objet en tant qu’obstacle ou d’objet à
identifier, déplacer, manipuler…

Les capteurs les plus souvent utilisés dans un système robotisé sont :
• Les capteurs pour la navigation cités au chapitre ci-dessus
• Les capteurs utilisés dans la mécatronique (le plus souvent des capteurs proprioceptifs du
type capteur de position, d’effort, de couples)
• Les capteurs anticollision sécuritaires (ultrason, infrarouge, laser… et par contact)
• Les capteurs utilisés pour le contrôle de haut niveau (vision, laser…) ;

Associés dans un traitement de perception ou d’asservissement de haut niveau, on parle dans ce cas
de traitement par fusion multicapteurs. L’ensemble capteurs-fusion de données peut être fourni par
certains technoproviders comme un seul métacapteur.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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En règle générale, les besoins en amélioration sur ces différentes technologies de capteurs sont la
miniaturisation, la précision et l’aspect coût : certains capteurs (notamment ceux utilisés pour la
navigation) représentent une part non négligeable du coût du robot.

Les développements technologiques sur les capteurs sont portés par de nombreux marchés autres
que la robotique de service. On peut citer notamment :
• Les capteurs vision et inertiel dans le multimédia et la téléphonie mobile
• Les scanners lasers et les capteurs mécatroniques dans la robotique industrielle et
l’automation en règle générale…

Parmi les acteurs :


• Les sociétés Sick (Allemagne) et Hokuyo (Japon) sur les lasers 2D pour la robotique (Sick
propose également une gamme de capteurs IR et laser de sécurité),
• Les sociétés Microsonic et Pulsotronic (Allemagne) sur les capteurs à ultrasons,
• Le capteur laser 3D (imageur) Velodyne de HDL (Canada) et d’autres produits proches en
Allemagne,
• De multiples fabricants de caméras et CCD ou CMOS au Japon et autres pays d’Asie.

Les pays leaders dans le développement de ces différents types de capteurs sont les États-Unis
(mécatronique, vision), l’Allemagne (mécatronique, laser…) et le Japon (capteurs vision et
mécatronique).

Pour mémoire nous pouvons également citer les travaux de recherche sur la perception bio-inspirée
(ou vision bio-inspirée) de plusieurs laboratoires français, qui semblent encore relativement en
amont. Cependant, la société française Brain Vision Systems (BVS) a une forte expérience sur des
outils de perception visuelle (très proche de ces concepts), qui semblent très innovants et dignes
d’intérêt par les acteurs de la robotique.

Pays leaders : Japon, Allemagne, puis Asie et États-Unis

Mécatronique
Cette technologie regroupe un ensemble de matériels tels que les actionneurs, effecteurs et capteurs
de position et d'effort, ainsi que des fonctions logicielles de contrôle bas niveau et asservissement.

L’aspect matériaux utilisés est un point également important, mais les développements et
améliorations dans ce domaine ne sont pas supportés par les marchés de la robotique, et ne sont
donc pas traités dans cette étude.

Ce groupe de technologies peut être découpé en trois applications distinctes :


• Application à la locomotion (roues, jambes, chenilles...)
• Application à la manipulation/préhension (bras)
• Système bio-inspiré et micro-nano assemblage

La première application englobe tous les besoins nécessaires à la mobilité de base d’un robot avec
ses actionneurs et capteurs associés ainsi que les asservissements de contrôle de ces actionneurs.
Les systèmes à roues et à chenilles sont bien maîtrisés et les principaux besoins d’évolution sont
plus liés à de la mobilité sur des terrains difficiles (déplacement en tout terrain à vitesse nominale
par exemple). Des prototypes mécatroniques ont été développés sur le concept roues/jambes visant
à permettre le franchissement de marches et obstacles avec les jambes et à permettre une mobilité

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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plus aisée et rapide sur un terrain sans obstacle important avec les roues (e.g. travaux de l’ISIR,
France).

La mobilité assimilable à de la marche ou de la course (avec des jambes) relève de nombreux


travaux de recherche, aussi bien sur le rapport poids/taille et puissance des actionneurs que sur les
algorithmes d’asservissement et contrôle des multiples actionneurs et capteurs utilisés dans ces
boucles de contrôle (inertiel, position, effort…). Les pays les plus avancés sur le sujet sont les pays
asiatiques avec en premier lieu le Japon et la Corée qui disposent de prototypes opérationnels. Des
travaux sont également menés par exemple aux États-Unis sur les exosquelettes (projet HULC pour
l’US Army), et des mules quadrupèdes robotisées (le BigDog de Boston Dynamics). On peut citer
également les travaux sur des systèmes d’aide à la marche pour la rééducation en France (CEA) et
des robots quadrupèdes (produits Aïbo de Sony, concept repris par la société coréenne Dasatech) et
sextupèdes (divers prototypes). Un bref aperçu des positions des acteurs mondiaux est présenté en
section 0.

La deuxième application (la manipulation) englobe tous les besoins pour la manipulation et la
préhension d’objet à l’aide d’un bras robotisé. Cela inclut le bras proprement dit (avec plusieurs
axes comme un bras humain) et le poignet et pince en bout de bras. Des travaux plus avancés sont
en cours sur l’équivalent de la main humaine, représentée sous une forme plus ou moins complète
suivant la cinématique du poignet, le nombre de doigts et le type de matériau utilisé pour la
préhension. Ces projets sont destinés pour partie au robot, mais également à la conception de
prothèses de main.

La première priorité pour la robotique de service est un bras compact, dextre et sécurisé pour
équiper des robots mobiles dédiés à l’assistance à la personne âgée ou handicapée. Ce besoin est
assez éloigné d’un bras robotisé de type industriel car il doit être léger, puissant et sécuritaire au
niveau vitesse et détection d’effort, et disposer de modes de commande les plus intuitifs possibles
pour l’utilisateur (commande de haut niveau). On peut citer notamment le bras canadien Jaco de la
société Kinova (polyarticulé avec une pince terminale à 3 doigts). Il existe également des travaux
approchants en Allemagne.

Au niveau des recherches plus en amont (bras issu de travaux sur les humanoïdes) on peut citer
l’Italie qui mène des travaux importants sur le sujet : le robot iCub (projet européen piloté par
l’université de Gênes), de multiples projets sur des mains artificielles (Scuola Superiore Sant’Anna,
laboratoire de biorobotique), la France avec des projets de recherche sur la robotique humanoïde
ainsi que le Japon et la Corée.

Pays leaders : Allemagne et Asie sur les actionneurs, pas de leader sur l’intégration
mécatronique. France, Allemagne, Japon, Corée, États-Unis, Italie… se partagent
relativement ces travaux et réalisations.

3.1.5. Interaction homme-robot


L’interface homme-robot doit répondre à différents besoins de relation avec un être humain :

• interaction avec un opérateur spécialisé qui assure sa maintenance (en local ou à distance);
• interaction avec un opérateur plus ou moins spécialisé qui en assure l’exploitation directe
(télérobotique), la supervision à distance (suivi d’exploitation et programmation de mission)
ou qui exploite à distance les données qu’il fournit (télésurveillance de locaux, télémesure
sur une personne assistée…).

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Ces deux premières interfaces sont le plus souvent déportées sur des postes distants et utilisent des
interfaces homme-robot classiques (écran tactile, interface graphique, clavier, souris…) ou des
interfaces plus spécifiques (organe de commande haptique, réalité virtuelle et réalité augmentée…).
Le smartphone peut également servir d’interface.

Le troisième type d’interface assure l’interaction avec un utilisateur non spécialisé, parfois âgé, ou
handicapé sur une fonction sensorielle, ou du moins souhaitant une relation simple et intuitive avec
le robot.

Cette interface peut utiliser


• la synthèse vocale,
• la reconnaissance vocale,
• l’écran tactile,
• la reconnaissance et l’interprétation de mouvement (suivant par exemple le principe de la
Kinect)…

De multiples travaux de développement en cours apporteront à court et moyen termes des interfaces
utilisant :
• la commande à distance via des objets communicants (technologie RFID, infrarouge…),
• le corps tactile du robot (suivant la zone touchée),
• l’expression d’émotions du système robotisé via un canal visuel ou sonore,
• l’expression d’émotion suite à une demande de l’utilisateur sur un visage affiché via un
écran ou des mouvements sur une tête artificielle du robot (mouvement d’yeux, hochement
de tête, mouvement de lèvre…).

Et à plus long terme :


• la reconnaissance de l’émotion de l’utilisateur par le robot (INRIA…)
• toutes les technologies d’échange de sensation via le toucher, l’odeur…
• l’interaction directe avec le réseau nerveux de l’humain via des points de contact externe au
niveau du cerveau ou d’un membre (besoin typique sur les exosquelettes du futur). Ces
technologies sont aujourd’hui développées pour des assistances aux personnes paralysées.

Parmi les acteurs :


• le LIMSI et la société Voxler développent en France des solutions sur la synthèse et
reconnaissance vocale et sur la représentation des émotions,
• l’université de Bielefeld en Allemagne et le laboratoire Memphis Affective Computing aux
États-Unis (sur les émotions),
• le logiciel Kali de synthèse vocale du laboratoire CRISCO,
• les produits de contrôle haptique de la société Haption (bras Virtuose – France) et le
Phantom de Sensable (États-Unis),
• Etc.

Les outils de développement pour des IHM graphiques sur écran sont également à prendre en
compte mais les outils utilisés par internet, les jeux et les téléphones mobiles offrent maintenant un
panel important de solutions disponibles pour les développeurs d’IHM robotiques. De même
l’industrie du multimédia et du jeu fournissent aux IHM robotiques des outils performants et à coût
faible (Wii, Kinect…).

Les technologies d’IHM ne sont pas des éléments critiques vis-à-vis de la faisabilité mais
représentent une attente importante des utilisateurs de futurs produits pour les rendre les plus

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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intuitifs possibles. Elles ont donc un impact majeur sur le développement des marchés de la
robotique personnelle.

Par ailleurs, au-delà de l’interface physique, l’interaction entre le robot et l’humain fait l’objet de
travaux importants en ergonomie et psychologie cognitive. À titre d’exemple symbolique, on peut
mentionner le projet Kaspar développé par l’Université du Hertfordshire (UK), qui s’intéresse à
l’échange entre un robot humanoïde et un enfant autiste, et son utilisation dans l’apprentissage des
relations sociales.

Pays leaders : Japon, Corée et États-Unis sur les interfaces graphiques (tablettes,
smartphones…). La France, les États-Unis et l’Allemagne sont assez innovants sur de
nouveaux modes d’interface et sur l’étude de l’interaction.

3.1.7. Communication
Nous ne traiterons dans ce chapitre que les communications sans fil afin de répondre au besoin
essentiel de robot mobile de service pour sa maintenance, sa supervision et son suivi (voire pour son
téléchargement de mission).

Cette technologie est poussée par l’internet et les besoins de transmission multimédia (reportage,
diffusion broadcast…), et est peu spécifique à la robotique.

Dans le cadre de la télérobotique (robotique d’intervention), le besoin en débit et transmission


temps réel est important. Il était couvert il y a encore quelques années par des modems hertziens
(liaison série à faible débit de quelques KHz et transmission vidéo analogique TV). On dispose
maintenant de technologies de compression de la vidéo et du son et des réseaux sans fil (type wifi,
IEEE811.X) qui permettent d’obtenir des transmissions temps réel, répondant aux besoins de la
télérobotique et de la robotique de service d’une manière générale (supervision, maintenance,
téléchargement…).

D’autres produits de communication sans fil : Bluetooth, ZigBee, liaisons courtes à portées
directionnelles (laser, infrarouge), GPRS et UMTS (3G et 3G+) sont également disponibles.

Cette technologie n’est plus critique pour les applications en robotique de service, même si l’on
souhaite dans certains cas déporter des traitements puissants sur un poste fixe indépendant du robot.

Pays leaders : États-Unis, Corée, Japon sur le hardware et logiciel, France sur le logiciel.

3.1.8. Énergie
L’énergie est un élément fondamental sur un robot de service qui sera dans la majorité des cas
mobile, et donc non raccordé à une source d’alimentation extérieure hormis pour des périodes de
transfert en énergie (sauf exceptions de certains robots d’intervention reliés par fil). Le stockage de
l’énergie sur le robot et son rechargement en énergie sont donc les deux éléments à prendre en
compte. Par ailleurs les développements et recherches pour minimiser la consommation en énergie
des systèmes robotisés (rendement de moteurs, gestion active des mises en veille des capteurs et
processeurs, unité de puissance…) sont également des aspects importants pris en compte dans le
développement d’un robot.

Les technologies les plus souvent envisagées pour fournir de l’énergie au robot sont :
• La batterie et le système de gestion batterie associée (décharge, motorisation réversible,
limitation…)

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• La pile à combustible
• Le solaire
• L’air comprimé
• La biodigestion (recherche encore très amont)

Le thermique et l’hydraulique ne sont pas réalistes sur les systèmes robotisés visés par notre étude.
Compte tenu des contraintes de taille et de prix, la technologie batterie est la plus performante pour
des systèmes robotisés (rapport poids/énergie disponible, durée de vie et nombre de décharges,
performance en débit de pointe, recharge rapide et utilisation immédiate…). Elle est de plus
actuellement celle qui bénéficie des plus gros travaux de recherche et développement industriels,
financés par d’autres secteurs industriels sur des marchés déjà existants (automobile, matériel
électroportatif, informatique et téléphonie).

Les technologies de recharge de batterie sont également importantes (recharge rapide, autonomie du
robot pour se raccorder à une source d’énergie, recharge sans contact…).

Le Japon et les autres pays d’Asie ont une position de leader (recherche et production) sur cette
technologie. Des travaux importants sont menés en France et en Allemagne sur le domaine des
véhicules électriques (batterie elle-même et gestion de ses batteries).

Pays leaders : Japon, Corée.

3.1.9. Spécificités technologiques de la robotique humanoïde


La robotique humanoïde met en jeu des technologies de mobilité et de perception relativement
spécifiques. Elle s’est développée en premier lieu avec des actionneurs pneumatiques ou
hydrauliques pour des raisons de poids et de compacité, car les générateurs de puissance étaient
déportés hors du robot. Cette solution n’était bien entendu viable que dans un laboratoire et pour
une mobilité limitée du robot. Les développements actuels utilisent des actionneurs électriques
développés spécifiquement, mais la gestion de l’énergie reste un problème important si l’on conçoit
un robot de la taille d’un homme…

De même les algorithmes d’asservissement et contrôle des multiples actionneurs associés aux
capteurs utilisés dans les boucles de contrôle (inertiel, position, effort…) de la marche rassemblent
des développements antérieurs de nombreux laboratoires.

La perception et la navigation font appel également à des développements spécifiques (par exemple
la perception d’un obstacle, voire d’un escalier, pour le franchissement)

Le Japon, La Corée, sont leaders au niveau recherche laboratoire et industrie et de nombreux


produits existent (prototypes, petites séries, démonstrateur technologique) mais sans des
applications réelles autres que le divertissement et l’animation.

La France a une recherche académique (mécatronique et surtout logiciels) importante et visible sur
la robotique humanoïde ; les compétences mobilisées peuvent conduire à sous-alimenter la
recherche sur d’autres champs technologiques, tout aussi critiques pour l’industrie de la robotique
de service à court et moyen termes. Sony et d’autres constructeurs asiatiques ont notamment
collaboré avec des laboratoires français et un accord de coopération CNRS-MIT-Japon existe via un
laboratoire commun franco-japonais et des travaux autour de la plate-forme robot HRP2, gérés en
France par le LAAS. On signale également que les organismes étatiques coréens recherchent des
accords de partenariat avec les acteurs français, que ce soit au niveau de laboratoires de recherche

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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ou du syndicat Syrobo. Enfin Aldebaran est un industriel français reconnu au niveau mondial avec
le robot Nao et son implication dans le projet de recherche ROMEO.

De nombreux laboratoires européens travaillent sur la robotique humanoïde, avec notamment le


projet européen iCub qui a permis de développer un petit robot fabriqué en plusieurs exemplaires
pour poursuivre ces recherches. L’université de Gênes est leader de ce projet.

Il y a également de nombreux travaux sur le sujet aux États-Unis, notamment financés par la
DARPA avec des objectifs de retombée militaire sur les exosquelettes (projet HULC pour l’US
Army) et des mules quadrupèdes robotisées (BigDog de Boston Dynamics).

Pays leaders : Japon, Corée, France, Italie sur l’aspect recherche, États-Unis lié au marché
défense.

3.1.10. L’exosquelette
L’exosquelette peut représenter également une technologie spécifique dans le sens où il nécessite la
mise en œuvre de moyen mécatronique et perceptif très particulier avec une forte interaction avec
l’homme. Le besoin technologique est spécifique sur les aspects suivants :
• Les actionneurs doivent être légers, peu encombrants, peu gourmands en énergie et d’une
forme particulière pour s’adapter au mieux à la morphologie d’une personne.
• Du point de vue des capteurs de contrôle, deux solutions de commande sont développées
actuellement. Une première, dite exogène, utilise des capteurs d’effort sur les membres des
utilisateurs. Une deuxième, dite endogène, utilise des capteurs sur la peau et vit à terme des
liens directs avec les nerfs.
• La première solution est relativement adaptée aux exosquelettes destinés à des applications
civiles ou militaires dont l’objectif est d’aider l’utilisateur à réaliser des travaux pénibles et
fatigants voire impossibles à réaliser sans cette assistance. La deuxième solution, plus
complexe, est nécessaire pour développer des systèmes pour pallier le handicap physique de
membre supérieur ou membre inférieur de personnes handicapées.
On peut citer entre autres des travaux menés sur ces technologies aux USA (HULC), en
Nouvelle-Zélande (projet REX de RexBionics), au Japon (projet HAL de Cyberdyne) et en
France (projet HERCULES de RB3D/CEA).

3.1.11. Coordination et essaim de robots


De nombreux travaux sont menés sur ce thème dans le monde, notamment aux États-Unis et en
France. Ils visent à faire travailler ensemble des groupes de robots à la réalisation d’une même
tâche. Le premier intérêt est pour des applications militaires avec des mini ou microdrones aériens
ou terrestres. Ces concepts pourraient s’adresser à moyen terme également à la robotique de service
civile (surveillance de site par exemple).

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3.2. SYNTHÈSE
Tableau 1 : Synthèse des positions relatives des différents pays sur le développement des
technologies clés pour la robotique de service

Allemagne

États-Unis
Royaume-

Taiwan

Europe
France

autres
Japon
Corée
Italie
Uni
Logiciel système

Navigation

Logiciel haut
niveau
Perception et
capteurs
Mécatronique
(hors humanoïde)
Interaction
homme-robot

Communication

Énergie

Robotique
humanoïde
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).

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4. L’ÉCOSYSTÈME FRANÇAIS DE LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET


DE SERVICE
Les premiers travaux sur la robotique en France prennent place durant les années 1970 : l’INRIA (à
l’époque IRIA) et le CEA développent alors les premiers éléments de robotique industrielle à
travers les projets SPARTACUS puis ARA (Automatique et Recherche Avancée). Le CEA y vise la
réalisation de bras de manipulation pour le domaine nucléaire. Grâce à ses travaux, la France a
rapidement occupé une place de choix sur la scène internationale en robotique. L’INRIA s’est
affirmé comme étant en pointe sur certaines technologies comme la vision par ordinateur. HILARE,
premier projet de robot mobile en France, est développé au LAAS en 1977.

Des acteurs privés ont rapidement suivi et se sont positionnés sur la robotique industrielle dans les
années 1980, le plus emblématique étant ACMA (Renault Automation). Faute de contextes social et
économique propices, l’effort n’a pas été soutenu et la filière française de robotique industrielle a
lentement décliné pour pratiquement disparaître. La plupart des groupes ont été rachetés par des
acteurs étrangers (le groupe helvético-suédois ABB ou l’italien Comau), seules quelques PME
subsistent aujourd’hui comme SEPRO Robotique.

Des travaux sont menés dès les années 1980 sur la robotique d’intervention notamment par le CEA.
En 1988 est créé le groupe INTRA à l’initiative de ce dernier, d’EDF et de la Cogema, l’objectif
étant de proposer une force de robots et d’engins de chantier téléopérés pour faire face en cas de
catastrophe nucléaire.

Toujours dans les années 1980, une première génération de PME voit le jour dans le domaine de la
robotique de service avec des sociétés comme Cybernetix ou Robosoft. Ces acteurs se positionnent
dans la réalisation de robots sur mesure pour des applications précises : assistance au handicap,
nettoyage industriel, intervention et contrôle sur des installations nucléaires… Une petite série (20
exemplaires) de robots de nettoyage a notamment été construite pour la RATP. L’exploitation en a
été arrêtée 3 ou 4 ans après pour des raisons économiques (coût de maintenance) et de difficultés
d’acceptation par le personnel.

En parallèle, la France a continué à affirmer sa position en recherche académique avec plusieurs


laboratoires portés par le CNRS, l’INRIA ou encore le CEA List. D’autres laboratoires traitant de
problématiques appliquées se sont aussi intéressés à la robotique (CEMAGREF, INSERM,
ONERA, IFREMER…) à travers des projets collaboratifs notamment. La recherche en automatique
et en technologies de perception se développe considérablement dans le domaine des transports
avec des laboratoires de l’INRETS, du LCPC, le LASMEA… En 2001, le CNRS met en place le
programme ROBEA afin de financer des projets dans le domaine de la robotique. En 2003, un
partenariat est noué avec l’organisme japonais de recherche AIST afin de créer un laboratoire
commun en robotique : le Join Robotics Laboratory (JRL).

Cet essor de la recherche a fait naître dans les années 2000 une nouvelle génération de PME
innovantes développant des technologies autour de la robotique de service : Aldebaran, Gostai,
EOS…

Le secteur français de la défense s’est aussi intéressé dès le milieu des années 1980 à la robotique.
Depuis, l’engagement de la France dans ce secteur est variable même si l’on note un regain d’intérêt
ces 5 dernières années : des acteurs comme Dassault, ECA, Sagem ou Thales se positionnent
essentiellement sur les drones, des robots sous-marins ou encore des robots d’intervention terrestres.
Parmi ces acteurs, ECA est le seul pure player de la robotique.

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Une filière française en voie de structuration

La structuration de la filière robotique française est un phénomène relativement récent. Le CNRS a


formé en 2007 le Groupement de Recherche sur la Robotique (GdR Robotique) afin de regrouper
les acteurs académiques : une soixantaine de laboratoires en sont aujourd’hui membres. Outre un
certain nombre de laboratoires universitaires, des agences de recherche publiques comme l’INRIA,
le CEA, le CEMAGREF, l’IFSTTAR (issu de la fusion de l’INRETS et du LCPC) ou encore
l’ONERA travaillent sur des problématiques liées à la robotique. La Direction Générale de
l’Armement (DGA), à travers la Mission pour la Recherche et l’Innovation Scientifique (MRIS), a
défini en 2008 la robotique de défense comme étant un axe prioritaire de recherche pour ses
services.

En 2010, une soixantaine d’équipes de recherche composées de 600 chercheurs permanents et 300
doctorants travaillaient sur la robotique dans le milieu académique français.

Quelques centres de recherche et laboratoires actifs dans le domaine de la robotique en


France :
- Le Centre de Robotique : Conception Assistée par Ordinateur et Robotique (CAOR)
- L’INRIA avec différents laboratoires sur Rennes, Sophia-Antipolis, Grenoble,
Bordeaux, Rocquencourt
- L’Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique (ISIR) qui héberge notamment le
Centre de Robotique Intégrée d’Île-de-France (CRIIF)
- Le Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes (LAAS)
- Le Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier
(LIRMM)
- Le Laboratoire d’Intégration des Systèmes et des Technologies du CEA (CEA LIST)
- Le LAboratoire des Sciences et Matériaux pour l’Électronique et d’Automatique
(LASMEA)
- Le laboratoire HEUDIASYC (HEUristique et DIAgnostic des SYstèmes Complexes)
- Le Laboratoire d'Intégration des Systèmes et des Technologies (LIST) du CEA
Tous les acteurs de la recherche française sont membres du GdR Robotique.

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Figure 9 : Répartition des forces académiques françaises en robotique

Source : IARP.

En 2007 a également été créé Syrobo, le syndicat professionnel français de la robotique de service,
qui organise notamment le salon international de la robotique de service Innorobo, dont la première
édition s’est tenue à Lyon en mars 2011. L’association comporte aujourd’hui une trentaine de
membres, la plupart étant des PME technologiques.

À une échelle plus régionale, une communauté dédiée à la robotique est présente en Île-de-France :
Cap Robotique. Créé en 2009 comme une extension du pôle de compétitivité Cap Digital,
notamment sous l’impulsion de la PME Aldebaran, Cap Robotique vise à mettre en relation des
acteurs venant d’horizons divers (académiques ou industriels) afin de réaliser des projets R & D.
Même si un grand nombre d’acteurs industriels de la robotique sont présents en Île-de-France, il est
à noter que le rayonnement de Cap Robotique est aujourd’hui d’envergure nationale.

Outre le dynamisme de la région francilienne, un certain nombre d’initiatives régionales sont à


noter : le pôle de compétitivité Imaginove, qui regroupe déjà quelques acteurs en robotique, projette
de créer une filière dédiée en région Rhône-Alpes ; le pôle Alsace Biovalley travaille sur des projets
robotiques dans le domaine du médical (notamment robots pour la chirurgie), et enfin la région
Midi-Pyrénées initie actuellement une réflexion pour créer une filière robotique locale autour du
LAAS.

Au niveau industriel, les forces en présence en robotique sont bien plus minces en France que dans
d’autres pays comme l’Allemagne. Le tissu industriel français se compose :
• d’un premier groupe de PME « historiques » de la robotique de service ou industrielle
(Cybernetix, Robosoft ou BA Systèmes) ;
• de plusieurs PME récentes, pour certaines issues du monde académique présentant une
capacité d’innovation et une dynamique importantes mais avec des moyens limités
(Aldebaran, Gostai Wany Robotics…) ;
• et de quelques grands industriels de la défense (Dassault, Sagem, Thales…).

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Les acteurs privés de la robotique en France sont ainsi essentiellement des petites et moyennes
entreprises. Ces dernières se positionnent pour la plupart sur de la robotique spécialisée ou comme
fournisseurs de technologies. Seule une dizaine d’entreprises ont la capacité de produire des robots
complets et ont donc une position d’intégrateur final. L’industrialisation de la filière est encore
limitée, et les robots sont produits en petites séries s’ils ne restent pas au stade de prototypes.

Tableau 2 : Les PME françaises de la robotique de service


- Aldebaran Robotics - RB3D
- Alpes Deis - Robopec
- Assist Mov - Robopolis
- Bioparhom - Robosoft
- EOS innovation - Robotswim
- Gostai - Ubiquiet
- Meccano - Voxler
- Mindscape - Wany Robotics
- Parrot - Withings
- Pob Technology - Zodianet
On peut citer également des acteurs ayant un rôle de fournisseurs de technologies pour la
robotique comme BVS, Corebots, Effidence, Haption, Kineocam, Magellium, Nav On Time,
Spirops, Sysnav, Voxler...

Une caractéristique partagée par un certain nombre de PME récentes réside dans leur faible
capitalisation, qui leur permet difficilement de faire face à leurs coûts de développement. Ainsi, on
constate pour telle entreprise une moyenne de deux recapitalisations par an sur cinq ans, pour telle
autre une défaillance faute de pouvoir aller au bout de ses développements avant la mise sur le
marché d’un produit. Cette fragilité de l’écosystème est due en partie à l’absence, jusqu’en 2012, de
fonds spécialisés, les fonds généralistes ne s’intéressant pas à la filière (par manque de lisibilité et
de perspectives) ; et en partie au profil des entreprises, qui sont pour la plupart des entreprises
pilotées par la technologie et non par une vision marché, qui peine à s’imposer.

Outre ces PME, quelques grands groupes et entreprises de taille moyenne sont présents dans le
domaine de la robotique d’intervention et de défense :
- ECA sur la défense et la protection civile,
- BA Systems sur la logistique et le médical,
- Adept Technology (filiale française de Adept aux États-Unis, R & D en France),
- EADS,
- Dassault,
- Sagem (groupe Safran),
- Bertin…,
ces quatre derniers acteurs s’investissant surtout sur des programmes de drones militaires.

De façon plus anecdotique, le groupe d’électroménager Seb s’intéresse de près à la robotique de


service : un projet de robot aspirateur a été arrêté il y a quelques années faute de moyens financiers.

Plusieurs axes de travaux majeurs : robotique médicale et d’assistance, drones, robotique


humanoïde, interactions…

Les acteurs de la robotique de service en France sont pour beaucoup académiques et les projets de
robots ont longtemps relevé de l’expérimentation pour le développement de nouveaux
comportements ou fonctions : interactions, perception, commandes d’humanoïde… Néanmoins, des

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projets de recherche ayant des objectifs davantage portés sur l’applicatif ont émergé ces dix
dernières années.

Il est intéressant de noter que le GdR Robotique a structuré son action en huit groupes de travail
couvrant des méthodologies de développement, des champs d’application ou encore des domaines
thématiques de la robotique :
• la robotique médicale ;
• les véhicules autonomes (terrestres et aériens) ;
• la manipulation robotisée à différentes échelles ;
• les architectures de commande avancée de systèmes robotiques ;
• les interactions entre les systèmes robotiques et les utilisateurs ;
• la conception d'architectures mécaniques et mécatroniques innovantes ;
• les robots humanoïdes ;
• la neurorobotique.

Au niveau applicatif, on peut citer de nombreux travaux de recherche réalisés dans le domaine
médical : pour la rééducation ou les orthèses robotisées (CEA List ou LIRMM) ou encore pour la
chirurgie (LSIIT). Plusieurs projets sur des drones pour l’inspection ou la reconnaissance sont
menés (Onera, HEUDIASYC, CEA List) et plus généralement des projets traitant de véhicules
autonomes. Enfin quelques projets pour l’assistance à la personne sont aussi à noter (CEA List,
LIRMM). Les autres gros projets de recherche se focalisent sur l’amélioration de technologies pour
la perception ou pour la robotique humanoïde par exemple.

Quelques projets récents financés par l’ANR dans le domaine de la robotique


- ASSIST (programme PSIRob 2007) pour la réalisation d’un robot mobile équipé de
deux bras et d’un système de vision pour l’assistance aux personnes handicapées
- BRAHMA (programme PSIRob 2006), exosquelette/orthèse robotisée pour le bras
- RobAutiSTIC (programme PSIRob 2006), conception d’un robot thérapeutique pour
les enfants autistes
- ABILIS (programme CONTINT 2008), création d’une main robotique bio-inspirée
- EVA (programme CONTINT 2008), microdrone autonome
- MIRAS (programme TECSAN 2008 et 2009), robot pour l’assistance à la mobilité des
personnes âgées
- HORUS (programme ARPEGE 2009), drone hélicoptère pour l’inspection
- R2A2 (programme ARPEGE 2009), robot humanoïde hydraulique

Figure 10 : Exosquelette Hercule de la société RB3D

Source : RB3D.

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Enfin on notera les travaux de recherche récents de la société RB3D pour le compte de la DGA :
l’exosquelette HERCULE qui peut supporter une charge (sac à dos) et qui laisse entrevoir des
applications aussi bien militaires que civiles. La DGA a par ailleurs lancé en 2009 avec l’ANR et
pour 3 ans le défi CAROTTE, l’objectif étant de financer des projets de robots autonomes pour la
cartographie d’un environnement inconnu. Cinq projets sont aujourd’hui soutenus.

Pour ce qui est des acteurs industriels : Robosoft travaille sur le développement des robots
d’assistance à la personne et au handicap via de multiples projets de R & D TECSAN (programme
ANR Technologies pour la Santé), AAL (programme européen pour l’Assistance à la Vie
Autonome), et FUI (Fonds Unique Interministériel), et vend des plates-formes robotiques de
recherche (Kompaï en très petite série et autres à l’unité). Gostai se positionne à la fois comme un
fournisseur de robots d’accueil, de téléprésence et de surveillance, mais aussi comme un fournisseur
de système d’exploitation libre et complet pour le développement d’applications robotiques
indépendantes de toute plate-forme (avec le langage Urbi). Un certain nombre d’acteurs
s’intéressent à la robotique pour la logistique ou le transport automatique (BA Système, Robosoft,
Nav On Time). Quelques acteurs se positionnent sur le jouet (Parrot, Pob Technology7, Robotswim)
et sur des robots pour l’éducation et la recherche (Wanny Robotics 8). Enfin, la robotique de défense
est un marché de choix pour la France et plusieurs grands industriels et PME sont présents, même si
les développements sont encore expérimentaux.

La PME Aldebaran, avec sa plate-forme Nao, porte en grande partie la filière de la robotique
humanoïde française et est aujourd’hui de notoriété internationale (avec un investissement
significatif d’Intel au capital de la société). Aldebaran adresse aujourd’hui exclusivement des
acteurs académiques pour des applications dans le domaine de la recherche, même s’ils projettent
sous peu (2011-2012) de se lancer sur le marché grand public (a priori pour un usage loisir dans un
premier temps). Ils coordonnent le projet ROMEO pour la réalisation d’un robot humanoïde
d’assistance aux personnes, ce projet est labellisé par le pôle de compétitivité Cap Digital et financé
par la région Île-de-France, la Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services
(DGCIS) et la Ville de Paris. D’un budget de 10 M€, le projet est subventionné à hauteur de
4,9 M€.

Figure 11 : Robot Nao

Source : Aldebaran Robotique.

7
En dépôt de bilan.
8
Plan de cession en cours suite à redressement judiciaire.

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Les robots français emblématiques


- Nao, le robot humanoïde autonome d’Aldebaran
- Jazz, le robot d’accueil, de téléprésence et de surveillance de Gostai
- Kompaî, le robot d’assistance et de téléprésence de Robosoft
- Reeti, le robot expressif de Robopec
- PekeeII, la plate-forme robotisée de Wany Robotics

Peu d’actions publiques spécifiques

Plutôt réticents suite à l’échec de la robotique industrielle dans les années 1980 et faute d’une réelle
culture dans ce domaine, les pouvoirs publics français se sont intéressés assez tard à la robotique.

Des programmes de financement dédiés à la robotique ont néanmoins été lancés ces 10 dernières
années :
• le programme ROBEA initié par le CNRS en 2002 : 32 projets de recherche scientifique ont
été financés à auteur de 3,2 M€ sur trois ans (financement de matériel de laboratoire mais
pas de prototypes) ;
• le programme franco-japonais du JRL pour travailler sur la plate-forme HRP2 en 2003 ;
• le programme ANR PSIRob en 2006 : 25 projets formés par 115 acteurs dont une vingtaine
d’industriels ont été financés à hauteur de 15,2 M€. À noter que le thème de la robotique a
été dispersé ensuite dans les programmes ANR plus récents traitant des TIC (Arpège,
Contint) et un programme ASTRID (commun ANR/DGA) ;
• le défi DGA/ANR CAROTTE (Cartographie par Robot d’un Territoire) créé en 2009 pour
une enveloppe de financement de 1,7 M€ ;
• l’Équipement d’Excellence Robotex, labellisé par les investissements d’avenir début 2011,
qui permettra de financer entre autres l’équipement de 15 laboratoires en plates-formes
robotiques partagées, pour un budget d’achat d’environ 2 M€ ; avec environ 40 % du budget
sur la robotique médicale, 12 % sur la robotique mobile ; 13 % sur la robotique humanoïde
et 35 % sur la nano et microrobotique.

D’autre part, la recherche industrielle en robotique s’intègre dans de multiples programmes


applicatifs de R & D de l’ANR (CONTINT : Contenus et Interactions, TECSAN : Technologies
pour la Santé, ARPEGE : Systèmes Embarqués et Grandes Infrastructures) et des appels à projets
FUI et autres financements étatiques de R & D.

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Figure 12 : Programmes nationaux et européens en robotique jusqu’en 2009

2009
EURON III
2008- 2008
IP ICT, 7ème PCRDT
2007-
Création du GdR Robotique
2007
EUROP, 2006- 2007

« Advanced robotics » 2006 Programme ANR PSIRob


program, 6ème PCRD 2006-2007
2005 2005 Comité d’experts du CNRS
EURON II 2005-
2004-2007 2004

2003
EURON
2000-2003 2002
Prog. Interdisciplinaire de recherche du CNRS ROBEA
(Robotique et entités artificielles) : 3 AAP
2001 2001-2003

2000 Création des RTP du CNSR/STIC : « Robots autonomes et


communicants », « Microrobotique », « Véhicules intelligents »
2001-2002

Source : GdR Robotique.

On notera aussi sur la figure précédente l’existence de programmes européens ayant encouragé le
développement de projets en robotique :
• le programme européen EURON (European Robotics Network) initié en plusieurs phases
dès 2000 ;
• le programme européen EUROP (European Robotics Platform) lancé en 2006 et financé à
travers les actions de coordination CARE puis euRobotics en 2010.

Plus récemment, le projet d’équipement d’excellence ROBOTEX a été retenu dans le cadre du
grand emprunt. Il vise à fédérer un réseau de quinze laboratoires sur le territoire français et a obtenu
une dotation de 10,5 M€. Aucun Institut de Recherche Technologique (IRT) intégrant des travaux
sur la robotique n’a été retenu dans la première vague des investissements d’avenir.

Toujours dans le cadre des Investissements d’Avenir, un appel à projets concernant les briques
génériques du logiciel embarqué a été lancé fin 2011, les logiciels embarqués pour la robotique
étant éligibles.

La formation en robotique en France


La robotique étant une science de l’ingénierie système et d’intégration de technologie, très peu
d’écoles d’ingénieurs proposent une formation en robotique (École des mines de Nantes). De
nombreuses écoles se limitent à l’automatique et à d’autres disciplines nécessaires en robotique
sans les rassembler.
• Plusieurs écoles d’ingénieurs universitaires (Polytech’Paris de l’UMPC, l’ISTY
mécatronique de l’UVSQ…) et des masters au sein de plusieurs universités (UPMC,
Toulouse, UVSQ…).
• Des formations de DUT et BTS plus orientées sur les automatismes et la robotique
industrielle (programmation et exploitation).
• La formation de haut niveau dans le domaine robotique passe le plus souvent par des
doctorats en faible quantité ; on peut considérer que la France n’a pas une excellente

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position sur ce point.


• On soulignera néanmoins la richesse du tissu associatif étudiant : de très nombreuses écoles
en électronique et informatique possèdent des associations en robotique amateur qui
s’affrontent lors de la Coupe de France de Robotique organisée depuis 1993 par
l’association Planète-Sciences. Cette compétition engendrera une compétition similaire à un
niveau européen, Eurobot, dès 1998.

La France en position de challenger, une expertise en « logiciel » reconnue

La France occupe clairement une position de challenger dans le domaine de la robotique


personnelle et de service. Elle est dotée d’une force de recherche académique de très haut niveau :
la France est ainsi la 3ème nation en termes de publications en robotique avec 7 % des publications
mondiales, contre 3 % en moyenne dans tous les domaines scientifiques confondus. L’écosystème
industriel français est par contre bien plus restreint et fragile que ceux des grandes puissances de la
robotique, et ce malgré quelques PME emblématiques dotées d’une bonne dynamique et ayant des
marchés à l’étranger.

Technologiquement parlant, les experts reconnaissent que les points forts de la France se situent sur
la partie logicielle, notamment dans le domaine de l’algorithmie.

Tableau 3 : Positionnement de la France sur les technologies clés de la robotique


Académiques Technoproviders Intégrateurs

Logiciels systèmes

Navigation /
localisation

Logiciels haut niveau

Perception et
capteurs

Mécatronique

IHR

( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)

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5. LA ROBOTIQUE PERSONNELLE ET DE SERVICE DANS LE MONDE


5.1. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le présent chapitre détaille l’état des lieux du développement de la robotique de service dans les
principaux pays en pointe sur le secteur, hors France. La dernière section repositionne la France en
regard des autres pays sur certains critères du benchmark.

Les pays traités ont été définis en comité de pilotage. Ils couvrent les principaux acteurs dans les
trois grandes zones géographiques.

En Europe, outre la France, trois pays sont particulièrement ciblés : Allemagne, Royaume-Uni et
Italie. À titre d’illustration le graphique ci-dessous reprend la répartition des financements
européens de projets de recherche sur la robotique en 2009.

Figure 13 : Financements relatifs des programmes-cadres européens en faveur de la robotique


et la cognition – année 2009 (M€)

Source : Union européenne.

Ce tableau appelle deux commentaires :


• L’Allemagne apparaît comme dominante à juste titre en raison de son effort de recherche sur
la question. Les chiffres, cependant, pourraient être légèrement surévalués en raison de la
gestion par le TUV München d’une ligne de projets, pour laquelle un budget conséquent lui
est spécifiquement affecté ; ces fonds sont redistribués aux entreprises et laboratoires
européens membres des consortiums participants.
La position de la France ne reflète pas son effort de recherche réel sur le sujet. La France dispose de
différents mécanismes de financement de la recherche, qui, présentant un meilleur rendement (taux
de succès) que le PCRDT, détournent les acteurs français de la participation et surtout de la
coordination de projets européens. La France est ainsi notoirement sous-représentée sur les projets
du PCRDT. Cette tendance n’est pas propre à la robotique, mais y est particulièrement marquée.
Pour l’Asie, les pays leaders de la robotique de service sont, dans l’ordre, la Corée et le Japon.
Taïwan et la Chine ont été examinés spécifiquement en raison de son ambition affichée sur la
robotique de service pour le premier, de son ambition supposée pour la seconde.

En Amérique du Nord, seuls les États-Unis ont été étudiés.

Enfin, les initiatives significatives dans d’autres pays du monde sont soulignées dans une section
dédiée.

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5.2. ALLEMAGNE
L’Allemagne est historiquement un des leaders mondiaux de la robotique industrielle. C’est un pays
à forte vocation industrielle, notamment avec la présence d’industries puissantes dans
l’aéronautique, le spatial, et l’automobile. Selon les estimations du département Robotics &
Automation de la VDMA (Verband Deutscher Maschinen und Anlagenbau), la fédération
d’ingénierie allemande, l’Allemagne a fourni en 2009 14 % des technologies de la robotique
employées dans le monde. Cela positionne le pays en deuxième position, derrière le Japon.

Cette industrie est très structurée et devrait être structurante pour la robotique de service. Elle s’est
développée sur l’ensemble du territoire allemand où la maîtrise des différentes technologies est
répartie dans de grands clusters technologiques (voir la carte).

Figure 14 : Répartition des clusters technologiques allemands pour la robotique industrielle


(2008)

Selon la VDMA, l’Allemagne possède de fait les structures et les technologies clés pour la
robotique de service, particulièrement la mécatronique, ce qui lui procure un avantage
concurrentiel. Par ailleurs, le développement de la filière Robotique industrielle a permis au pays de
créer un réseau cohérent et efficace de distribution qui pourrait servir à la distribution de la
robotique de service sur les marchés européens voisins. Des acteurs majeurs de la robotique ont
compris cette position privilégiée et passent par l’Allemagne pour assurer la distribution de leurs
produits.

L’industrie allemande de la robotique de service devrait ainsi, même si les experts ne sont pas tous
d’accord, naturellement émerger en marge de la robotique industrielle.

Du point de vue académique, les deux zones géographiques les plus actives dans le domaine de la
robotique allemande sont Munich et Stuttgart.

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Le milieu académique à Munich s’articule notamment autour des compétences développées en


mécatronique et en capteurs/système optique dans cette région. Les technologies complémentaires
qui y sont développées sont pour l’instant très orientées vers la robotique spatiale. Ce sont
notamment les capteurs, les systèmes embarqués et la vision en temps réel. Les centres de recherche
les plus représentatifs sont le DLR (Institute of Robotics and Mechatronics), l’Université de
Ludwig-Maximilians, l’Université Fédérale Allemande des forces armées et l’Université technique
de Munich.

Stuttgart compte deux centres de recherche ou d’enseignement à forte reconnaissance


internationale : l’IPA Fraunhofer et l’Université de Stuttgart. Les travaux qui y sont menés portent
respectivement sur la mobilité et les composants (dans le domaine de l’automobile) et sur la
communication entre robots. Dans la région de Baden Württemberg, se trouve aussi l’« Institute for
Process Control and Robotics » du KIT (Karlsruhe Institute of Technology) qui travaille
principalement sur des thématiques industrielles avec des manipulateurs 1 ou 2 bras, des robots
d’inspection et de sécurité mais aussi sur des approches personnelles, telles que des robots
humanoïdes, et toutes les interfaces homme-machine.

Munich et Stuttgart sont très actifs nationalement et internationalement. L’Université technique de


Munich et l’Université de Stuttgart participent ainsi par exemple à un consortium international
(comptant PHILIPS APPLIED TECHNOLOGIE) autour du projet de recherche RoboEarth. Ce
projet de réseau et de base de données, qui a débuté en 2010-2011, vise à permettre aux robots de
« partager des informations et apprendre les uns des autres sur leur comportement et leur
environnement ».

Les autres régions développent des activités robotiques moins intensives, le plus souvent toujours
autour des activités historiques.

L’axe Bielefeld-Brême est actuellement très actif dans le domaine de la cognition et de la robotique
de service. D’un côté, des travaux sont en cours à l’Université de Bielefeld dont l’expertise en
informatique et en intelligence artificielle est importante. Ce projet est mené en collaboration avec
HONDA pour la mise au point de robots éducatifs et des interactions homme-machine. De l’autre,
l’Université de Brême possède plusieurs instituts et centres de recherche développant notamment
des thématiques sur les systèmes autonomes de services (Institute for Automation) et la cognition
(Center for cognitive science).

La région de Frankfurt est représentée par l’Université Technologique de Dresde et le laboratoire de


robotique de l’Université Goethe. Ces centres de recherche travaillent activement sur les domaines
de l’intelligence artificielle. Ils programment notamment activement sur la plate-forme NAO
d’Aldebaran.

Berlin est une zone très orientée vers les capteurs et les microsystèmes. On y trouve quelques
laboratoires à l’Université Technique de Berlin et l’institut Daimler Chrysler Research and
Technology dont les thématiques de recherche portent sur la robotique. Les études les plus
pertinentes pour la robotique de service concernent l’intelligence artificielle, la cognition, le
langage et l’interaction Homme-machine. Cette région ne dégage toutefois encore aucun axe clair
de spécialité.

Enfin, autour de Düsseldorf, se trouvent certaines universités très actives dans le domaine des
machines autonomes bi/multipèdes. L’Université Gerhard-Mercator de Duisburg se développe ainsi
autour des fortes compétences en systèmes autonomes, capteurs et automobile qui se développent
dans cette région.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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La filière académique allemande pour la robotique est considérée comme une des meilleures au
monde : plusieurs centres ont une renommée internationale, comme l’Institute of Robotics and
mechatronics de la DLR. Les universités allemandes nouent de nombreux liens à l’international
pour profiter des synergies avec d’autres centres. Des projets de recherche sont ainsi menés en
collaboration avec l’Italie, les États-Unis (UCLA, NASA…), Hong-Kong… Un partenaire
privilégié est la France : il existe un institut germano-français pour la robotique de service et dont la
thématique clé est la robotique intelligente et humanoïde ; des classes d’été sont régulièrement
proposées au KIT pour des échanges franco-allemands sur la robotique.

La particularité des instituts de recherche en Allemagne est de travailler sur des projets ayant une
visée applicative forte. Ils travaillent notamment beaucoup sur des systèmes complets, plutôt que
des composants séparés. On peut par exemple citer les programmes de l’IPA Fraunhofer : Wimi-
Care et Care-O-Bot sont des solutions robotiques destinées à exécuter des tâches simples auprès de
patients dans les hôpitaux. Ces deux solutions sont pour l’instant encore loin du marché car elles
mettent en œuvre des choix technologiques coûteux par rapport aux objectifs de marché visés. Les
tâches qu’elles peuvent accomplir sont porter des boissons, détecter, prendre et transporter des
objets usuels ou encore assurer l’accueil aux entrées. Les résultats de ces programmes
expérimentaux servent par ailleurs aussi à proposer des plates-formes de développement à la
communauté scientifique et industrielle.

Industriellement, depuis les années 1990, le panorama des entreprises spécialisées dans la
fabrication robotique s’est drastiquement réduit. Selon le Pr. Dillmann du KIT, il y avait 10 ans
auparavant entre 200 et 300 entreprises de tailles variables qui se positionnaient sur la robotique.
Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’une dizaine à vraiment produire de la valeur.

Les leaders de l’industrie allemande sont Kuka, Schunk et Festo. Chacune de ces entreprises
dispose d’un programme à vocation personnelle ou à forte probabilité de transposition vers la
robotique personnelle.

• Kuka, premier constructeur allemand de machines industrielles implanté dans la région de


Munich, entame fermement une diversification de son activité vers les robots personnels de
service. Les projets de la firme allemande demeurent encore principalement expérimentaux :
on peut notamment citer l’exemple du bras léger et l’omniRob de Kuka qui sont développés
au sein de la filiale Kuka Laboratories GmbH à Augsbourg. La société participe à des
groupes de réflexion, des incitations et des programmes de recherche multilatéraux sur la
robotique de service : elle est par exemple membre coordonateur de la plate-forme EUROP
et propose chaque année la Kuka service robotics best paper award qui récompense les
meilleurs travaux de recherche sur la robotique de service (personnelle ou professionnelle)
dans le monde.

• Schunk réalise des solutions complètes pour les plates-formes mobiles et des bras robotisés.
Ils sont selon nos informations un des leaders des technologies de saisie par succion et des
systèmes de préhension. Schunk est aussi membre de la plate-forme EUROP. La société
organise parallèlement des manifestations annuelles centrées sur la robotique de service, on
peut citer la Schunk annual expert days on service robotics destinée au partage
d’informations sur les avancées de la recherche et des marchés.

• Festo réalise des systèmes automatisés et des composants pour la robotique industrielle. Ces
derniers sont toutefois réutilisables dans certaines applications personnelles.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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L’industrie allemande est très impliquée dans le développement de l’enseignement sur la robotique.
Des entreprises comme Kuka et Volkswagen sont par exemple structurantes de la Robotation
Academy à Hanovre, un institut de formation orienté vers la formation continue.

À ces tissus d’acteurs techniques, s’ajoutent des agences et institutions très actives sur la promotion
et l’organisation de la filière robotique. Leur effort se fait toutefois plus insistant sur la robotique
industrielle.

L’association allemande de robotique (DGR) assure la promotion de la filière. Elle a originalement


été créée pour la filière de la conception et construction de machines industrielles. L’association
organise chaque année l’ISR (International Symposium on Robotics), l’une des plus anciennes
conférences sur la robotique.

Les fédérations et agences économiques nationales généralistes sont aussi très impliquées dans le
développement de la robotique.

La VDMA (Verband Deutscher Maschinen- und Anlagenbau), la fédération allemande d’ingénierie,


possède deux départements dédiés à la robotique industrielle. Son rôle est de fournir de l’expertise à
l’industrie et d’être un groupe de pression en faveur du monde industriel. Le département robotique
est une association de manufacturiers de robots industriels et de systèmes intégrés. Le département
de robotique et automatisations est une association composée des manufacturiers de robots de
services industriels (aide aux gestes). Les actions menées en faveur de la robotique personnelle de
service sont toutefois encore limitées.

La GTAI (German Trade And Invest) fait l’analyse et la promotion internationale des industries
allemandes. Elle édite notamment la monographie « The Robotics and Automation Industry in
Germany : Market Leadership Powered by German Engineering » pour inciter les investissements
étrangers et nationaux dans la robotique allemande.

Enfin, le Ministère fédéral de l'éducation et la recherche (BMBF) est très impliqué dans le
développement de la robotique personnelle de service. Il a lancé en 2005 une initiative nationale
destinée à ce domaine (DESIRE) et dont l’objectif est de donner à l’Allemagne l’impulsion
suffisante lui permettant d’accéder à une place dominante. Les axes de travail de ce consortium
mêlant milieu académique et industriel étaient :
• d’imaginer et expérimenter des solutions technologiques de ruptures pour des composants
destinées aux applications clés du quotidien ;
• générer une plate-forme de référence ;
• promouvoir la convergence des technologies ;
• créer une cellule de transfert de compétences vers les start-up allemandes de la robotique de
service.
Les résultats de ce projet national qui s’est achevé en 2009 font l’objet de multiples présentations
dans les différentes conférences mondiales (CEBIT, AUTOMATICA…) : ce sont notamment de
nouvelles interfaces pour l’interaction Homme-Robot et des prototypes fonctionnels de systèmes de
service.

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Expertise allemande

De par sa culture importante dans le domaine des machines-outils, l’Allemagne a une forte
expertise dans les domaines de la mécatronique, des composants systèmes et des caméras/capteurs.
À terme, le pays souhaite devenir un acteur de premier plan des systèmes intégrés.

Le logiciel est un axe secondaire dont le développement est rapide. L’Allemagne possède des
entreprises d’envergure internationale, comme SAP, capables de lui donner du poids dans
l’écosystème mondial. Le modèle suivi est celui des États-Unis où des acteurs majeurs tels que
Microsoft, Google et Oracle sont engagés dans le développement des systèmes informatiques.

Les leaders de la robotique


Industriels : Kuka, Schunk, Festo…
Institutionnels : IPA Fraunhofer, KIT, Université de Stuttgart, DLR (Institute
of Robotics and Mechatronics), Université de Ludwig-Maximilians,
l’Université Fédérale Allemande des forces armées, l’Université technique de
Munich…

Tableau 4 : Positionnement de l’Allemagne sur les technologies clés de la robotique


Recherche Technoproviders Intégration
fondamentale

Logiciel système

Navigation

Logiciel haut niveau


et sécurité
Perception, capteurs
(hardware et
acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion

IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)

Les marchés prioritaires de cette technologie sont pour l’instant ceux des composants. Les types de
marchés les plus développés sont encore principalement industriels, comme le montre par exemple
l’activité de certains acteurs tels que Kuka demeurant majoritairement orienté vers la robotique
industrielle.

La dissémination de la technologie allemande de la robotique de service pourra de toute façon


profiter de l’important réseau de distribution et infrastructures logistiques qui ont été développés

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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pour la robotique industrielle. La position centrale de l’Allemagne en fait par ailleurs aussi un lieu
privilégié pour la production.

Financement

Il n’existe pas de marché interne dynamique favorisant le développement technologique de la


robotique de service en Allemagne. Le financement se fait donc par les apports des différentes
parties prenantes.

Les pourvoyeurs de fonds institutionnels sont nombreux. On trouve notamment l’Union


européenne, le ministère de l’Industrie et celui de l’Éducation et de la recherche. Selon ce dernier,
l’Allemagne était en 2008 le premier pays financeur des travaux sur la robotique en Europe,
augmentant même ses budgets de près de 9 % par rapport à l’année précédente. Ces montants sont
par ailleurs aussi plus élevés que ceux alloués dans des pays comme les États-Unis ou le Japon.
Après analyse de la destination de ces enveloppes, on remarquera toutefois que la robotique de
service demeurait la discipline la moins bien pourvue (voir graphique suivant).

Figure 15 : Les budgets allemands pour la recherche sur la robotique en 2008

Les financements alloués par l’État fédéral allemand sont aussi destinés à favoriser l’implantation
d’entreprises étrangères. Selon une publication de la VDMA, il existe ainsi un certain nombre de
dispositifs financiers mis en place pour l’incitation à l’investissement en Allemagne. Ces derniers
n’ont initialement pas de spécificités pour la robotique, mais sont tout à fait applicables à la
discipline de la robotique de service car, avec une des populations les plus vieillissantes d’Europe,
le pays a bien compris l’importance que revêtira la robotique de service et d’assistance dans les
années à venir. L’engagement important de l’État envers l’innovation est ainsi un fort moteur pour
l’industrie robotique de service et permettra de maintenir la compétitivité de ce domaine en
croissance.

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Figure 16 : Les incitations financières fédérales en Allemagne, applicables à la robotique

Pour la recherche les financements industriels s’ajoutent aux efforts publics. Ils se matérialisent
sous la forme de collaborations de recherche ou de financement de projets. Schunk, Kuka
(components) ou encore ABB figurent ainsi parmi les industriels les plus actifs en Allemagne.

Enfin, l’Allemagne est le premier bénéficiaire des financements du 7ème PCRD sur des programmes
robotiques.

5.3. ROYAUME-UNI
Le Royaume-Uni n’est pas traditionnellement connu pour son industrie robotique. Le pays ne
compte ainsi pas de fabricants significatifs de robots, se contentant alors d’être distributeurs et
intégrateurs auprès de l’industrie.

Il existe toutefois des entreprises spécialisées dans la conception de technologies et de systèmes


avancés pour la robotique, certains d’entre eux ayant une posture internationale. Les secteurs
privilégiés pour le déploiement de ces solutions sont ceux présentant des risques majeurs pour
l’intégrité d’un opérateur humain : le nucléaire, les milieux sous-marins, la sécurité et la défense.

Deux des entreprises les plus visibles de l’industrie robotique anglaise sont OC Robotics et
Qinetics. OC Robotics crée des bras manipulateurs pour l’inspection et a une renommée mondiale.
Qinetics crée des robots militaires défensifs (Talon) et s’est récemment illustré dans la catastrophe
de Fukushima par les robots d’inspection qui ont été envoyés pour cartographier les régions à
risque.

À leurs côtés se trouvent des entreprises de tailles et aux activités variées. Deux exemples sont
Shadow Robot et Merlin Robotics. Shadow Robot est spécialisé dans le développement de la
dextérité des mains de manipulateurs pour robots humanoïdes à destination principale du monde de
la recherche en universités ou en entreprises (NASA, ABB, Lego). Merlin Robotics propose des
robots humanoïdes de petite taille pour la recherche, l’éducation ou le loisir.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Sur le plan de la recherche, il n’y a aucun programme national pour le développement de la


robotique, et a fortiori de la robotique de service. Les laboratoires anglais sont très dépendants des
recherches européennes pour mettre en avant leurs compétences en robotique.

Les universités les plus représentatives sont :


• à Oxford où le groupe de recherche en robotique du département des sciences de l’ingénieur
se concentre sur l’imagerie (médicale principalement) et les véhicules robotisés ;
• à Bristol où le laboratoire de robotique (BRL) développe des ensembles complets tels que
pour l’assistance aux personnes âgées lors de leurs déplacements extérieurs, des sous-
ensembles robotiques tels que des bras, troncs et têtes robotisés pour la robotique
humanoïde. Ces composants devraient notamment permettre d’améliorer la communication
non verbale et la gestuelle des robots afin de leur assurer une meilleure interaction avec
l’humain. Le BRL noue de nombreuses collaborations nationales avec l'Université de Bristol
et de l'Université de l'Ouest de l'Angleterre et internationales avec Robosoft par exemple ;
• à Essex des groupes de recherche se concentrent sur la robotique mobile autonome. Ils
développent ainsi des compétences sur la robotique inspirée par l’humain, les capteurs
(laser, vision, sonar, infrarouge et tactiles), le traitement de données, l'intelligence artificielle
(apprentissage automatique, auto-organisation) et l’interaction homme-machine ;
• à Hertfordshire où le groupe sur les systèmes adaptatifs est engagé dans plusieurs projets
robotiques européens (LIREC, ROBOSKIN, IROMEC, ITALK). Ces derniers sont
principalement orientés vers la médecine et notamment vers le traitement des conséquences
de l’autisme (robot Kaspar) ;
• à Londres où l’Imperial College of London a développé le robot humanoïde Ludwig servant
à la recherché fondamentale en robotique cognitive ;
• à Plymouth où la recherche n’est pas très développée. Il existe toutefois un master spécialisé
en robotique de service faisant le point sur la robotique intelligente et interactive, et l’accès à
la robotique industrielle et humanoïde de pointe.

Le lien entre milieu académique et industriel n’est pas flagrant en Angleterre. Il existe ainsi peu de
clusters dédiés à la robotique ou à la robotique de service. On peut citer deux d’entre eux :
• Bristol, où un centre d’affaires mêlant électronique et robotique (OC Robotics, Humanoid
robotics et le laboratoire de l’université de Bristol sur les interactions sociales) mais dont
l’activité robotique est limitée ;
• et Harwell, où un nouveau centre européen de l’ESA a été créé : le Centre for Space
Robotics.

Ce manque de structures s’illustre par ailleurs par un faible réseau associatif pour la promotion de la
robotique. La BARA (British Automation & Robot Association) est l’une des seules à servir et
défendre les intérêts de la discipline auprès des institutions ou des industries utilisatrices. Cette
association est toutefois essentiellement tournée vers la robotique industrielle.

Le moteur du développement de la robotique en Angleterre est la recherche collaborative


européenne. Ce sont les deuxièmes bénéficiaires des financements PCRD sur des programmes
robotiques. Au niveau des pouvoirs centraux, les discussions portent plus sur la bioéthique et la
place du robot dans la société. Selon le British Council, le Royaume-Uni est ainsi très dépendant
des programmes de recherche européens. Le pays y figure souvent en tant que partenaire, spécialiste
de la cognition, plutôt que porteur de projets. La Figure 13 (p.61) donne, pour l’année 2009, les
sommes perçues par les laboratoires et entreprises anglais pour financer les recherches sur la
cognition en robotique.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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On peut donc remarquer une faible visibilité des activités en lien avec la robotique de service en
Angleterre. Les compétences les plus proches de ce domaine sont liées aux développements de
logiciels portant notamment sur l’empathie, le gestuel, le toucher, la cognition et l’apprentissage
(interaction homme-machine principalement). Ces recherches sont alors souvent complémentaires
des solutions matérielles de préhension dont ils ont l’expertise.

Les leaders de la robotique


Industriels : OC Robotics, Qinetics, Shadow Robot…
Institutionnels : Universités d’Oxford, de Bristol, d’Essex, d’Hertfordshire,
Imperial College of London…

Tableau 5 : Positionnement du Royaume-Uni sur les technologies clés de la robotique


Recherche Technoproviders Intégration
fondamentale

Logiciel système

Navigation

Logiciel aut-niveau et
sécurité
Perception, capteurs
(hardware et
acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion

IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)

5.4. ITALIE
L’Italie est un acteur incontournable de la robotique industrielle. Elle a une longue tradition de
l’utilisation de ces machines dans son industrie automobile notamment. Plusieurs entreprises
travaillent dans ce domaine et certains industriels représentent le pays au niveau international.

Malgré l’expérience acquise dans ce domaine connexe, l’Italie semble prendre du retard dans la
transposition de ses compétences dans le domaine de la robotique de service (personnelle ou
professionnelle). Il existe ainsi très peu de fabricants de systèmes robotiques domestiques
autonomes : nombreux sont ceux dont les projets robotiques sont encore au stade expérimental :
STMicroelectronics a par exemple lancé récemment une initiative pour concevoir et fabriquer de-
novo des composants et matériaux pour l’électronique, la robotique de service en bénéficiera de
manière indirecte. Certaines sociétés sont toutefois en phase de commercialisation de produits.
Parmi elles, nous pouvons citer :

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• Genova Robot SRL, spin-off du département des sciences informatiques et systèmes de


l’université de Gênes, fabrique des robots de surveillance et de transport ;
• Zucchetti Centro Sistemi, spécialiste des systèmes automatisés et des logiciels, a
récemment développé une division robotique qui conçoit, fabrique et commercialise des
robots domestiques tels que des tondeuses, des laveurs de vitres ou encore des grooms pour
transporter la nourriture de bétail ;
• Surgica Robotica SpA à Vérone développe en coopération avec l’université Degli Studi di
Verona un robot de chirurgie.

En tout état de cause, l’industrie semble aujourd’hui encore dans l’expectative du succès de telles
machines. La recherche est quant à elle de très bonne qualité en Italie. Elle s’appuie sur un tissu
académique reconnu mondialement pour son excellence dans quelques champs d’étude de la
robotique. Les scientifiques italiens sont ainsi très impliqués dans les consortiums européens sur la
robotique. On peut notamment citer Paolo Dario qui fut coordinateur de nombreux projets
européens et est à l’origine de la « Coordination Action RoboCom » destinée à monter un projet
flagship européen pour le développement des robots compagnons citoyens.

Le réseau d’établissements ayant un fort intérêt pour la robotique est l’IIT (Italian Institute of
technology) qui possède, comme le montre la figure qui suit, plusieurs établissements dédiés à la
robotique ou aux sous-systèmes pour la robotique. Sur 9 établissements répartis dans toute l’Italie, 5
ont des thématiques très orientées vers le développement de sous-systèmes pour la robotique.

L’établissement le plus emblématique est probablement l’ITT POLITO dont la mission est d’étudier
la robotique humanoïde spatiale. L’institut polytechnique de Turin est le leader international dans la
science des matériaux, micro et nanotechnologies, la robotique –notamment humanoïde– et
l’aéronautique : pour ces raisons, il a été choisi comme partenaire pour la mise en œuvre du «
Centre pour la robotique humanoïde spatiale » qui vise à devenir le lieu incontournable pour la
recherche en robotique humanoïde appliquée à l'aéronautique.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Figure 17 : Implantations géographiques de l’ITT

Source : La robotique industrielle et de service : la place de l’Italie dans le Monde (2011) Jean-Charles Tropato.

D’autres universités et centres de formation participent aussi au développement de la filière de la


robotique de service.

En Toscane, la Scuola Superiore Sant’Anna di Pisa possède un institut de biorobotique composé de


plusieurs laboratoires : ARTSLab, CRIMLab et EZ-Lab Research Center. En l’espèce :
• l’ARTSLab (Advanced Robotics Technology and Systems Laboratory) travaille sur les
systèmes médicaux : la robotique de rééducation, la robotique d’assistance, la robotique bio-
inspirée, la bionique, la robotique humanoïde, les interfaces homme-robot et leurs
interactions et la gérontotechnologie ;
• le CRIMLab développe des techniques à l’échelle submillimétrique avec la micro et
nanorobotiques et les systèmes bio-inspirés ou bioappliqués ;
• L’EZ-Lab (Center for Research on the technology and support services for the Longevity)
est destiné à être une référence interdisciplinaire des activités de l’école Sant'Anna pour
promouvoir la longévité. Ses activités sont développées à la fois sur des domaines
technologiques et organisationnels, fruit de la synthèse et de l’analyse de résultats de
recherches menées à l'école et auprès des établissements de santé de la région.

À Gênes, l’université possède trois laboratoires en robotique : le GRAAL, le Laboratorium et le


MacLab. Les différents groupes qui y travaillent s’intéressent à de nombreux sujets comme par
exemple la robotique mobile, les expressions faciales, les bras et mains robotisés…

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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À Rome, l’Université La Sapienza possède un laboratoire de robotique attaché au département


d’informatique et système. Ce laboratoire est tourné vers l’epxérimentation et permet aux étudiants
de réaliser leur projet de fin d’études. Parmi les thématiques abordées les plus importantes : les
robots multisystèmes, les robots d’exploration, les véhicules aériens non habités et les interactions
homme-robot.

Les différents acteurs de la robotique sont organisés en parcs scientifiques et technologiques et


districts technologiques (districts, équivalents des clusters et pôles de compétitivité) avec une
activité significative de recherche dans le domaine de la robotique. Internationalement, les zones les
plus visibles sont :

• Le Piémont, région leader en robotique du fait notamment de la présence du leader italien de


la fabrication de robots industriels COMAU (un des six plus importants fabricants de robots
industriels dans le monde), développe les robots de services professionnels.

• Milan, Bologne et Gênes sont 3 régions qui coopèrent pour développer les systèmes
automatisés pour l’industrie, mais leur activité s’étend doucement aux robots de service.

• La Toscane se concentre sur la recherche fondamentale mêlant coopération entre entreprises


et laboratoires de recherche. Elle tente de développer des applications terrain pour des robots
autonomes tels que des robots médicaux, des assistants de nettoyage de piscine, jardins…
Des travaux grandeur nature sur l’acceptation et la fiabilité des robots sont menés dans des
villes-tests lors de projets comme le dustcart à Peccioli.

• La Ligurie développe la robotique et les systèmes intelligents. Environ 7 000 chercheurs et


techniciens y travaillent, dans les domaines de la robotique et des technologies de systèmes
intelligents intégrés/embarqués. Ils se partagent entre l’Université de Gênes et plus de 70
entreprises qui composent ce district.

Peu d’associations assurant la promotion de la filière


L’Italie possède peu d’associations ayant une forte visibilité sur la scène mondiale.

Dans le Piémont se trouve par exemple l’« Associazione Robotica Piémont » qui contribue au
développement de la robotique mobile et de service dans la région à la suite d’une étude sur l’état
de l’art de la robotique qui y a été menée. Leur activité semble toutefois restreinte.

Le « Polo della Robotica » est une association constituée de 19 petites et moyennes entreprises
établies au niveau national et international, de spécialités variées (automatisation, industrie,
télécommunication, matériaux, capteurs, mécatronique, bio-ingénierie…) et de quelques partenaires
institutionnels tels que l’Université de Gênes, le parc scientifique et technologique de Ligurie,
l’association industrielle de Gênes et la chambre du commerce de Gênes. L’association assure la
promotion de la robotique mobile (environnements intérieurs,
extérieurs/autonome,télécommandée), de la robotique industrielle et de la robotique
anthropomorphique. Son action est peu visible.

Les régions sont toutefois les plus actives dans la promotion de la filière. Elles organisent par
exemple des conférences internationales comme à Milan où l’évènement ROBOTICA regroupe
chaque année les spécialistes mondiaux de la robotique de service humanoïde.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Expertise dans la filière de la robotique de service

L’Italie n’a jamais vraiment assuré le développement des technologies et composants pour robots.
Le pays tend ainsi à acheter et adapter ceux existant déjà sur les marchés plutôt que d’en créer.
Quelques exceptions de laboratoires tentant de développer des sous-ensembles ou des composants
peuvent être soulignées, mais ne donnent pas au pays une place dominante dans ce type d’activité.

La compétence clé italienne réside dans l’intégration : l’Italie excelle ainsi dans la conception et le
développement de systèmes complets ayant une utilité et fiabilité avérées. L’Italie est en avance
dans le domaine de la fiabilisation et l’acceptation des robots en conditions réelles d’utilisation.
Les leaders de la robotique
Industriels : Comau, Genova Robot, Zucchetti Centro Sistemi, Surgica
Robotica…
Institutionnels : IIT, Scuola Superiore Sant’Anna di Pisa, l’université de
Gênes…

Tableau 6 : Positionnement de l’Italie sur les technologies clés de la robotique


Recherche Technoproviders Intégration
fondamentale

Logiciel système

Navigation

Logiciel haut niveau


et sécurité
Perception, capteurs
(hardware et
acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion

IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).

Financement
Il n’existe en Italie toujours pas de marché suffisamment porteur pour financer le développement de
la filière de la robotique de service. La principale source de fonds est donc le financement par
capitaux privés tels que les equity funds ou encore les capital riskers. Ces derniers permettent ainsi
le lancement de start-up ou de nouvelles lignes de produits/technologies au sein d’entreprises
existantes.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Les financements publics sont quant à eux limités :


• Au niveau national, l’État s’implique peu dans le développement de la filière. Il ne propose
ainsi aucune aide financière directe ou indirecte pour le développement de la filière. Au
niveau administratif et règlementaire, aucune aide n’est à mentionner. L’inexistence de
signaux d’incitation au développement de la robotique de service limite donc son
développement : l’industrie serait alors assez frileuse à développer des machines pour
lesquelles subsistent d’importants doutes sur le partage des responsabilités en cas
d’accidents causés par des robots autonomes.
• C’est plus au niveau des régions que les actions se font sentir. Quelques régions clés ont de
forts espoirs dans le développement de la robotique de service (la Toscane et la Lombardie).
Ces régions aident alors financièrement la mise en place de programmes de recherche sur la
robotique. Elles peuvent aussi assurer la promotion de la robotique pour favoriser son
déploiement. Si nous avons déjà cité précédemment l’exemple de la Toscane avec
l’expérimentation du dustcart, nous pouvons aussi mentionner une initiative importante de
la région de Valdera, lancée en février 2011 selon le calendrier qui suit :

Figure 18 : Calendrier du déploiement du projet LELR

Le projet LELR (Local Educational Laboratory on Robotics) vise à initier les enfants de 3 à 19 ans
à la robotique dans des écoles pilotes – 2 collèges, 2 écoles secondaires et 2 écoles élémentaires – à
Pontedera, Capannoli, Lari et Fauglia. Les objectifs précis de cette expérimentation sont présentés
dans le diagramme suivant :

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Figure 19 : Objectifs du projet LELR (février 2011)

Marchés servis/visés
L’avis des spécialistes est que le marché italien serait encore faible et insuffisant pour donner
l’impulsion nécessaire au développement de la robotique de service. Le pays croit par ailleurs plus à
la vente de systèmes qu’à celle de composants.

Par conséquent, dans ce domaine, l’Italie se concentre pour l’instant sur les robots médicaux,
marché ayant bien émergé et pour lequel les besoins sont clairement identifiés et exprimés : cela
concerne notamment les robots d’assistance au geste et à la rééducation.

5.5. ÉTATS-UNIS
Dès le début des années 1900, les États-Unis étaient déjà très impliqués dans la recherche de
solutions robotiques télécommandables. Vers la fin des années 1930, les premières études de
faisabilité par Pollard et Roselund pour la société Devibiss donnaient lieu au concept de robot
peintre. Trois décennies plus tard, les premiers déploiements robotiques mondiaux se faisaient en
1962 chez GM dans le New Jersey, grâce à Unimation fondé par G. Devol.

Depuis, l’industrie américaine (principalement automobile) était devenue forte utilisatrice de la


robotique. Malgré ce fort engouement et la naissance des premières applications robotiques
industrielles dans le pays, les États-Unis n’ont toutefois jamais développé d’industrie forte de la
robotique, qui s’est alors préférentiellement développée en Allemagne et au Japon.

Dans d’autres secteurs, ils ont toutefois développé des expertises assez poussées, notamment dans
la défense avec Lockheed Martin, l’agriculture avec John Deere, les mines et travaux publics avec
Caterpillar et maintenant les applications domestiques, dont ils sont les leaders mondiaux avec
iRobot.

Les États-Unis ont longtemps négligé la création d’une stratégie de développement de l’industrie
nationale américaine de la robotique (contrairement au Japon par exemple). Pour la robotique de
service, personnelle ou professionnelle, ils ont désormais prévu une roadmap afin de piloter cette
discipline en croissance, à l’instar de ce qui s’est fait en Europe.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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L’écosystème américain fournit des efforts importants sur la recherche et le développement


commercial de la robotique de service. De nombreux acteurs le composent avec de gros centres
académiques et nombreux petits industriels – il n’y a en effet aucune entreprise de grande envergure
aux États-Unis –, ce qui permet aux États-Unis de conserver leur avance.

Une Amérique bipolaire


La majeure partie de l’activité robotique américaine se répartit sur deux grandes zones
géographiques : le Sud-Euest et le Nord-Est.

Figure 20 : Carte des entreprises et universités intervenant sur la robotique

Source : Thèse de Master 2010 de Mark van der Brandt, US technological innovation systems for service robotics (University of Twente).

Le Massachusetts est la zone la plus densément peuplée en acteurs de la robotique. Plus de 150
entreprises et instituts de recherche se concentrent dans le Massachusetts Robotics cluster : les
thématiques principales sont la robotique militaire et la téléprésence. La région de Boston comprend
les industriels les plus importants comme iRobot et Kiva Systems et les laboratoires de recherche
les plus prestigieux comme le MIT et Harvard. L’origine de la robotique dans cette zone
géographique n’est pas claire : le MIT est toutefois engagé depuis les années 1950 dans des travaux
sur l’intelligence artificielle ; par ailleurs, iRobot est une émanation de travaux d’anciens membres
du MIT.

Le MIT est l’un des centres de recherche les plus actifs dans le domaine de la robotique. Il
compte plusieurs laboratoires dont les thématiques de recherche sont variées et se
concentrent principalement sur l’interaction homme-machine :
• Le Distributed Robotics Lab développe de petits modules robotiques indépendants qui
accomplissent une tâche en se coordonnant les uns avec les autres.
• Le Laboratory for Human and Machine Haptics travaille sur le sens tactile humain (le
rôle de la peau, la perception, le retour biomécanique…) pour développer celui des
robots et améliorer leur interaction avec leur environnement. Ce laboratoire développe
par ailleurs des connaissances dans le domaine de la réalité virtuelle.
• Le Model-Based Embedded and Robotics Systems Group fait principalement de la
programmation de systèmes à autodétection d’erreurs, de réseaux robotiques, de
systèmes adaptifs.
• Le Newman Laboratory for Biomechanics and Human Rehabilitation cherche à
comprendre et quantifier les aspects clés de la performance sensori-motrice de
l’humain et restaurer les fonctions motrices des personnes affaiblies par la maladie, les
accidents ou le vieillissement.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• Le Nonlinear Systems Laboratory les principes mathématiques de la stabilité, de


l’adaptation et de l’apprentissage afin de les transposer à la robotique. Ils se basent
notamment sur des modèles biologiques.
• Plusieurs groupes informatiques travaillent au sein du CSAIL(Computer Science and
Artificial Intelligence Laboratory) sur le développement de l’intelligence artificielle
notamment pour le développement de la robotique humanoïde. On peut notamment
citer le groupe de locomotion robotique ou le groupe de robotique humanoïde.

Pittsburgh comprend un cluster connu sous le nom de Roboburgh ou RoboCorridor. Plusieurs


fabricants de solutions robotiques comme General Dynamics, ReSquared et Bossa Nova y sont
implantés. L’institut de recherche américain le plus connu travaillant sur les thématiques robotiques
personnelles a été fondé en 1979 à la Carnegie Mellon University. Les applications principales
développées par ce groupement de laboratoires sont la robotique de terrain, les humanoïdes et la
vision informatique destinée notamment aux systèmes de navigation autonomes.

À l’ouest, la Silicon Valley Robotics s’organise autour de la plate-forme PR2 de Willow Garage. Le
rôle de ce cluster est d’assurer la dissémination des technologies robotiques et d’inciter l’utilisation
de standards de programmation qui y seraient développés. À terme, la région souhaite devenir un
cluster mondial pour la programmation robotique. On y compte de nombreuses compagnies et
laboratoires travaillant sur la programmation de logiciels système et d’acquisition de données. Les
entreprises phares de la région travaillent aussi bien sur des solutions logicielles que matérielles : on
compte par exemple Adept Technology, Willow Garage, Intuitive Surgical et Hansen Medical. Ces
industriels sont en étroite collaboration avec les plus grandes universités californiennes que sont
Berkeley, UCLA et Stanford.

En marge de ces trois grands pôles d’activités, on compte aussi des clusters non moins actifs.

Selon certains experts américains, les États de New-York, Hawaii et Floride ont une forte
orientation vers les solutions logicielles : un exemple représentatif est par exemple Hoaloha
Robotics qui réalise des logiciels et des services pour l’assistance des personnes en perte
d’autonomie. Cela n’empêche toutefois pas de trouver dans ces différentes régions des entreprises
axées sur le développement de solutions matérielles. Par exemple nous trouvons à New-York la
compagnie Honeybee Robotics spécialiste de la conception et fabrication de systèmes robotiques
(projets spatiaux), capteurs et mécatronique ; en Floride le Global Robotics Institute développe la
robotique médicale d’assistance à l’acte.

Le Michigan a une longue tradition de l’utilisation des systèmes automatisés pour l’industrie
automobile. Afin de reconstruire les emplois détruits lors de la crise traversée par cette industrie,
une initiative de création d’un cluster robotique sur les connaissances en automatisation a été prise.
Elle est financée par des fonds provenant de l’US Small Business Administration. Les applications
développées sembleraient surtout orientées vers les applications militaires terrestres.

Le cluster d’Hampton développe une forte spécificité dans les capteurs, notamment pour les
applications routières. Ces derniers sont destinés à l’intégration dans des systèmes autonomes. Ce
pôle s’appuie sur la renommée et la compétence en matériaux et détecteurs à faisceaux d’électrons
de la NASA et du laboratoire Jefferson.

Enfin, des entreprises et centres de recherche fournissent des avancées significatives, mais de
manière plus isolée.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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On peut par exemple citer, dans l’Oregon, la société Urban Robotics qui développe des solutions
logicielles et matérielles pour le géospatial et la surveillance : ce sont notamment des algorithmes
pour l’intelligence artificielle et la reconnaissance d’objets, et des solutions capteurs. L’autre
exemple important est la GeorgiaTech University qui a longtemps travaillé sur les applications de la
JAUS (Joint Architecture for unmanned systems) avec Pittsburgh et développe actuellement des
thématiques sur les systèmes autonomes et l’acceptation des robots dans la société.

Des associations très actives

Aux États-Unis, une des plus importantes associations pour la promotion de la robotique est la RIA
(Robotics Industries Association). Le rôle de cette organisation est de fédérer et informer les acteurs
de la robotique sur les développements récents de ce domaine, et de promouvoir les différentes
solutions techniques américaines au travers de documents scientifiques, techniques, articles de
presse. L’association a initialement une action en faveur de la robotique industrielle, elle traite
toutefois aussi de la robotique de service.

Les clusters organisent aussi régulièrement des conférences pour augmenter leur visibilité et celle
de leurs membres. On peut par exemple citer des évènements annuels tels que le RoboBusiness
Leadership Summit à Boston ou l’International Conference on Robotics à Pittsburgh.

Enfin, les agences américaines organisent souvent des démonstrations et des concours pour doper le
développement des technologies. On peut par exemple citer l’ « US Army Robotics Rodeo », les
concours DARPA sur les systèmes autonomes.

Le Congressional Caucus for Robotics formé en 2007 sous l’initiative de son président Mike Doyle
informe exclusivement les membres du Congrès sur les principales avancées technologiques de
l’industrie robotique américaine. Ces informations permettent :
• d’augmenter la sensibilisation générale aux défis et enjeux de la robotique parmi les
membres du Congrès et les analystes politiques ;
• d’éduquer les membres du Congrès et le personnel du Congrès sur la R & D actuelle et
future ;
• de servir de base de discussion au Congrès lors des forums portant sur les questions
politiques relatives à la robotique ;
• de veiller à ce que les États-Unis demeurent compétitifs dans l’industrie de la robotique.

Paradigme américain de la robotique

Les américains sont persuadés que c’est le logiciel qui fait principalement le robot, pas le matériel.

Idéalement les nouveaux robots utiliseraient des standards américains. Les États-Unis ont ainsi
toujours tenté de proposer des standards de protocole pour la robotique avec l’appui du Department
of Defense américain. Ces derniers se baseraient notamment sur la plate-forme PR2 de Willow
Garage et son ROS (Robots Operating System) que de nombreux scientifiques et industriels utilisent
actuellement : c’est le cas notamment de Samsung Electronics. Un exemple de standard SAE qui a
par exemple émergé des travaux américains est la JAUS (Joint Architecture for unmanned systems)
dont le but est d’harmoniser (selon la vision américaine) les formats de données et les protocoles de
communication entre nœuds systèmes.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Comme nous l’avons vu précédemment sur l’état des lieux des différentes compétences
développées sur le territoire américain, le pays dispose de deux atouts significatifs pour le
développement de la robotique de service :
• un haut niveau de maîtrise des logiciels, notamment pour la navigation autonome, la
localisation et la navigation (maîtrise du système GPS), et les interactions homme -
machine ;
• un savoir-faire indéniable en mécatronique hérité de la longue tradition de fabrication de
systèmes autonomes pour l’agriculture et le génie civil de compagnies comme John Deer et
CAT.

Les leaders de la robotique


Industriels : Irobot, Kiva Systems, Adept Technology, Willow Garage
Institutionnels : MIT, Harvard, Berkeley, Carnegie Mellon (Pittsburgh),
Georgia Tech, NASA

Tableau 7 : Positionnement des États-Unis sur les technologies clés de la robotique


Recherche Technoproviders Intégration
fondamentale

Logiciel système

Navigation

Logiciel haut niveau


et sécurité
Perception, capteurs
(hardware et
acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion

IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).

Outre le fort succès d’iRobot, les compagnies souhaitant développer des plates-formes pour le grand
public se heurtent toutefois à de sérieuses restrictions. Selon les informations que nous avons pu
recueillir :
• La spécification des standards de sécurité pour les robots aux États-Unis tendrait à trop
s’appuyer sur les normes destinées aux machines industrielles. Ces dernières sont trop
restrictives et sembleraient alors être un frein au développement de la filière aux États-Unis
(augmentation des coûts, ralentissement des développements).
• La question de l’affectation de la responsabilité civile lors de l’utilisation des robots n’est
pas encore totalement tranchée. Elle est intensivement étudiée dans des universités telles

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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qu’Harvard ; ce point, qui soulève beaucoup de questions, retiendrait toutefois aujourd’hui


encore les investissements.
• Enfin, très peu de développements se font dans la robotique humanoïde dans laquelle les
Américains ne croient pas vraiment. Le pays préfère les machines spécialisées capables de
produire de la valeur pour son utilisateur.

Financement de la filière

L’industrie de la robotique domestique, de service et de divertissement est très développée aux


États-Unis. Elle bénéficie :

• d’apports financiers d’un marché dynamique ;


Le marché américain de la robotique de service (professionnelle ou personnelle) est le plus
important et dynamique au monde.
Deux exemples illustratifs sont les ventes de robots de service iRobot, et le fort intérêt pour
la robotique d’assistance en milieu hospitalier. Les robots Roomba de la société américaine
ont généré en 2010 plus de 250 millions d’euros de revenus. Les robots d’assistance en
milieu hospitalier ont déjà trouvé leur place dans de nombreux centres, pour transporter des
documents, des fournitures médicales, des repas aux patients, des analyses au laboratoire,
des médicaments, des déchets ou du linge sale... C’est le cas notamment de l’hôpital St-
Joseph Mercy d’Oakland, de divers hôpitaux du Michigan comme du Medical Center à
Pontiac, de St-Joseph’s Healthcare à Clinton Township, de St-Mary Mercy Hospital à
Livonia ou de Crittenton Hospital à Rochester qui ont tous recours depuis 2006 à des robots
de garde permettant aux médecins et aux patients de rester en contact à distance. D’autres
centres hospitaliers comme l’hôpital El Camino dans la Silicon Valley déploient le robot Da
Vinci S (dès 2007) pour assister les chirurgiens.
• de fonds privés ;
Les apports en capitaux proviennent aussi bien de sources américaines qu’étrangères : en
2010, les États-Unis ont ainsi reçu plus d’un milliard de dollars US d’investissement de
sources japonaise, coréenne ou européenne selon la National Intelligence Council.
• du dynamisme de grands noms de l’industrie ;
• l’industrie robotique américaine peut ainsi s’appuyer sur de grands noms et leurs grands
projets pour se développer : IBM fait de la recherche sur la sémantique pour la
communication avec le WATSON computer ; Intel a fondé un laboratoire de robotique
personnelle à l’Institut robotique de l’Université de Carnegie Mellon ; Microsoft développe
le système Kynect sur la base de capteurs et la plate-forme gratuite Microsoft robotics studio
pour les développeurs, John Deere et CAT font des composants mécatroniques.

Du coté institutionnel, il n’y a aux États-Unis aucune aide directe ou indirecte, de type grands
programmes, pour soutenir spécifiquement le développement de la filière robotique personnelle de
service.

Les financements annoncés par les plans de relance ou de financement de la recherche concernent
toujours exclusivement les applications professionnelles. En 2011, la National Robotics Initiative
(NRI) lancée par le Président Obama est par exemple exclusivement orientée vers les applications
professionnelles. 70 millions de dollars US sont ainsi investis par la NASA, le NIH, la NSF et le
département de l’agriculture pour développer des robots pour l’agriculture, la santé et la
surveillance. L’objectif principal de ce plan est « d’accélérer le développement et l’utilisation des
robots aux États-Unis afin qu’ils travaillent à la place ou en coopération avec les gens » selon le
discours du président américain.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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La National Robotics Initiative américaine

The goal of the National Robotics Initiative is to accelerate the development and use of
robots in the United States that work beside, or cooperatively with, people. Innovative
robotics research and applications emphasizing the realization of such co-robots acting in
direct support of and in a symbiotic relationship with human partners is supported by
multiple agencies of the federal government including the National Science Foundation
(NSF), the National Aeronautics and Space Administration (NASA), the National Institutes
of Health (NIH), and the U.S. Department of Agriculture (USDA). The purpose of this
program is the development of this next generation of robotics, to advance the capability
and usability of such systems and artifacts, and to encourage existing and new communities
to focus on innovative application areas. It will address the entire life cycle from
fundamental research and development to industry manufacturing and deployment.
Methods for the establishment and infusion of robotics in educational curricula and
research to gain a better understanding of the long term social, behavioral and economic
implications of co-robots across all areas of human activity are important parts of this
initiative. Collaboration between academic, industry, non-profit and other organizations is
strongly encouraged to establish better linkages between fundamental science and
technology development, deployment and use.
Two classes of proposals will be considered in response to this solicitation:
1. Small projects: One or more investigators spanning 1 to 5 years.
2. Large projects: Multi-disciplinary teams spanning 1 to 5 years.
As detailed in the solicitation, appropriate scientific areas of investigations may be related
to any of the participating funding organizations. Questions concerning a particular
project's focus, direction and relevance to a participating funding organization should be
addressed to the appropriate person in the list of agency contacts found in section VIII of
the solicitation.

Les financements plus spécifiques apportés par les agences nationales telles que la NASA et la
DARPA sont principalement destinés au développement de l’informatique, de l’industrie et des
applications militaires. Depuis le début des années 2000 on constate de forts investissements dans
ce domaine. Ces efforts se traduisent notamment par de longues et importantes vagues de
financement du DoD américain. Récemment encore, en parallèle de la NRI, cette agence a ouvert
une enveloppe budgétaire de 41 Mds$ pour l’achat et le développement de systèmes aériens
autonomes (drones) sur la période 2012-2014.

Même s’ils excluent formellement les applications personnelles de services, ces financements
profitent à leur développement : les nombreuses technologies de pointe développées sont duales et
peuvent être transposées à des applications civiles ou personnelles.

La récupération des technologies issues de la défense et de l’aérospatial n’est ainsi pas rare. On peut
notamment citer l’adaptation des technologies de la NASA dans les travaux de la Northeastern
University destinés à fabriquer des robots d’assistance personnelle ou encore dans ceux de Berkeley
visant à développer des exosquelettes pour les handicapés au sein du laboratoire de robotique et
d’ingénierie humaine.

Marchés visés

Avec la baisse des prix des composants (lasers, capteurs de mouvements, puces électroniques,
composants électroniques) et des techniques (augmentation du pouvoir de calcul ordinateur,
diminution du prix des logiciels), les États-Unis espèrent pouvoir développer rapidement des
produits plus intelligents et moins chers pour leur marché intérieur, puis pour l’export.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Comme l’avons vu, la robotique américaine se tourne de manière prépondérante vers la défense, le
médical et les services pour les professionnels. Le domaine des robots logistiques est par ailleurs un
autre type de marché que les Américains souhaitent servir assez rapidement.

La défense sera pour un moment encore un des principaux acheteurs des robots américains. C’est un
domaine incontournable comme l’illustre la forte dépendance iRobot, premier fournisseur de robots
de service, envers ses autres revenus issus de la vente de systèmes autonomes de défense.

La figure ci-dessous illustre l’activité des compagnies spécialisées dans la robotique dans les
principaux pôles d’activité américaine en 2009.

Figure 21 : Les principaux marchés visés par les compagnies américaines de la robotique

Source : Thèse de Master 2010 de Mark van der Brandt, US technological innovation systems for service robotics (University of Twente).

5.6. CORÉE DU SUD


Suivant les japonais précurseurs dans ce domaine, la Corée du Sud s’est lancée sur la robotique
industrielle à la fin des années 1970. Les grands groupes industriels coréens se sont d’abord fournis
en automates pour la production chez leur voisin japonais (notamment dans le domaine automobile)
avant de s’atteler au développement de leurs propres robots. Contrairement au Japon, la Corée ne
percera toutefois pas de façon spectaculaire dans ce domaine et un seul gros acteur, Hyundai Heavy
Industry, est encore aujourd’hui présent sur ce marché.

À la fin des années 1990, la Corée du Sud décide de s’intéresser à la robotique de service. Le
Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie (MOCIE) lance alors les premiers
programmes de recherche publics dans ce domaine. Dès 2003, la robotique « autonome » est
décrétée comme étant un axe prioritaire de développement, et des plans de soutien de la filière se
succèderont tous les 3 ans (2003, 2005 et 2008).

Plusieurs raisons ont poussé la Corée du Sud à s’intéresser à la robotique de service, aussi bien pour
des usages professionnels que personnels :
• la population coréenne vieillit et le taux de fécondité y est parmi les plus faibles de l’OCDE.
Le gouvernement mise ainsi énormément sur la robotique d’assistance aux personnes afin de
garantir l’autonomie des personnes âgées ;
• la Corée du Sud possède la maîtrise d’un grand nombre de technologies et une forte
expertise dans le domaine de l’électronique et de la mécatronique avec des constructeurs
d’électronique grand public de renommée mondiale ;

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• les Coréens, particulièrement technophiles, devraient soutenir ces développements en


générant un marché intérieur conséquent. La culture de la robotique est aujourd’hui très
marquée : dès leur plus jeune âge, les enfants sont habitués aux robots présents en nombre
dans les établissements scolaires. Deux parcs d’attraction à thème sur la robotique devraient
ouvrir leurs portes dans les années à venir à Incheon et Masan ;
• enfin, le gouvernement coréen considère la robotique de service comme un important
vecteur de développement économique et voit à travers cette filière naissante une
opportunité de développement majeure du pays.

Au début simple « suiveur » du Japon, la Corée ambitionne aujourd’hui de devenir leader sur le
marché de la robotique de service en détenant en 2018 20 % du marché mondial. Autre annonce
récente marquante, le gouvernement souhaite qu’un robot soit présent dans chaque foyer coréen en
2020. Tous domaines de la robotique confondus, la Corée du Sud représente aujourd’hui le 4ème
marché mondial.

Un écosystème d’acteurs développé

La Corée du Sud présente un grand nombre d’acteurs aussi bien académiques qu’industriels. Une
grande partie de ces derniers sont réunis au sein de la Korean Association of Robot Industry (KAR,
établie en 1999) qui est actuellement en voie de fusion avec la Korea Robotics Society (KROS,
établie en 2003 et plutôt académique). Une autre organisation de moindre ampleur est active :
l’ICROS (Institute of Control, Robotics and System, créé en 1994) qui possède une approche
davantage centrée sur la mécatronique.

La plupart des acteurs de la robotique sont localisés dans la région de Séoul ou dans différents pôles
économiques du nord-ouest du pays. À noter toutefois une initiative récente (2010) de promotion
d’un pôle de la robotique regroupant laboratoires et entreprises à Daegu, dans le sud-est du pays : le
Korea Institute for Robot Industry Advancement (KAIRU).

Plusieurs grandes agences nationales de recherche travaillent aujourd’hui sur la robotique de


service : le Korean Institute of Science and Technology (KIST), l’Electronic and
Telecommunications Research Institute (ETRI) ou encore le Korea Institute of Industrial
Technology (KITECH). Par ailleurs, une cinquantaine d’universités travaillent sur ces sujets en
Corée.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Quelques organismes de recherche et universités notables travaillant sur la robotique de


service en Corée du sud :
• KAIST (Seoul)
• Pusan National University
• Chonbuk University
• Postech (Pohong University of Science and Technology)
• Korea University
• Seoul National University of Technology

Des collaborations académiques et industrielles sont recherchées par la Corée, notamment avec les
États-Unis, l’Allemagne et la France, comme en témoignent les récents contacts avec la filière
française, notamment lors du salon Innorobo 2010.

Les premiers investissements industriels dans le domaine de la robotique de service sont venus des
grands groupes avec une forte spécialisation en électronique grand public : Samsung et LG. Ces
acteurs ont notamment attaqué ces marchés sous l’angle de l’électroménager et de la robotique
domestique. Un grand nombre de PME avec des projets plus ou moins spécialisés ont suivi au début
des années 2000.

Industriels coréens présents sur la robotique de service


- Dasatech - Microrobot
- Dasarobot - Robotiz
- ED Corporation - RoboTech
- ETRI - Samsung
- KT - Woori Tech
- LG - Yujin Robot
- Hanool

Depuis 2007, la Corée du Sud organise le salon international Robot World.

Robots domestiques et éducation

La Corée du sud constitue le 5ème marché mondial en robotique professionnelle et de services. Tout
comme son voisin le Japon, le marché coréen est particulièrement technophile et consommateur
d’innovation.

Le premier marché intérieur concerne les robots aspirateurs et de nettoyage qui se sont fortement
développés ces dernières années. LG, Samsung et Hanool sont notamment positionnés sur ce
segment.

Parmi les autres applications notables en Corée, on peut citer le marché de la robotique pour
l’éducation. Les robots sont en effet très présents dans les écoles, l’objectif étant surtout d’habituer
les jeunes enfants à la robotique dès les plus jeunes âges. On peut par exemple citer les robots ludo-
éducatifs de Yujin dans les écoles primaires ou encore le robot de téléprésence ou autonome
Engkey pour l’apprentissage de l’anglais.

Vient ensuite la robotique pour l’accueil et l’information avec des robots de Yujin, Dasatech,
ETRI… Ces robots peuvent être à un stade plus ou moins avancé de commercialisation mais ne sont
pas encore déployés à grande échelle.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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De façon moindre, les acteurs coréens s’intéressent à d’autres applications : la robotique médicale
avec le rachat d’une technologie américaine de robot chirurgien par la société Curexo, la robotique
de défense et de surveillance avec les robots aEgis, WATCHER ou ARGOS, ou encore la robotique
sous-marine avec les robots Ichthus.

Tout comme pour le Japon, le marché de l’assistance aux personnes constitue un axe de recherche
et développement prioritaire, mais les projets en cours n’ont pas atteint le stade de la
commercialisation à grande échelle. Les Coréens ont par ailleurs un certain nombre de projets de
robots humanoïdes en cours (Ahra et Hubo du KAIST, Ceropi du KITECH).

Les robots coréens emblématiques


• Le robot chien Genibo de Dasatech pour prendre la relève de l’Aibo de Sony
• L’iRobiQ à des fins éducatives ou le Galaxy pour l’accueil de Yujin
• Le robot humanoïde Hubo du Kaist

Un investissement des pouvoirs publics conséquent

Même s’il est plus récent qu’au Japon, la Corée du Sud est marquée par un fort engagement des
pouvoirs publics dans le soutien la filière robotique. Dès 2003 puis 2005, le gouvernement a
sponsorisé un certain nombre de projets de recherche focalisés sur des technologies ou sur la
robotique humanoïde.

En février 2008, le gouvernement coréen adopte la Law on the Development and Distribution of
Intelligent Robots, suivi en septembre 2008 par la Robot Special Law. Ces plans visent à
promouvoir la robotique « intelligente » par le support de la R & D sur les technologies cœurs et les
technologies annexes, le support de la formation, et la promotion de projets multidisciplinaires. Il
est alors acté qu’un plan de promotion du développement de la robotique doit être relancé tous les 5
ans par le gouvernement coréen.

Ces plans ont été définis avec le concours de centaines d’experts : le Korean Robotics Basic Plan
Committee. En mars 2009, le premier plan est établi : 1 000 Mds Won (750 M$) sont débloqués sur
une première période allant de 2009 à 2013, l’objectif est de faire de la Corée une des trois nations
majeures sur la robotique. Le deuxième plan, prévu pour la période de 2013 à 2018, vise à en faire
le leader mondial.

Parallèlement à ces plans de financement, le gouvernement coréen soutien la demande intérieure en


passant des commandes publiques. Le robot iRobiQ de Yujin Robotics a ainsi pu être industrialisé
et produit en série suite à une commande de l’État coréen pour l’éducation.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Figure 22 : Points clés du premier plan pour les robots intelligents en Corée du Sud

L’ambition coréenne

La Corée du Sud affiche de grandes ambitions dans le domaine de la robotique de service. Du fait
notamment d’un marché intérieur conséquent, le pays est aujourd’hui bien placé sur les segments de
l’électroménager (robots aspirateurs) et du robot éducatif, et il espère devenir une des grandes
puissances internationales de la robotique dans les années qui viennent. En plus d’un vaste réseau
de laboratoires et organismes de recherche, le pays comporte deux groupes majeurs de
l’électronique (LG et Samsung) et un grand nombre de PME parfois de tailles conséquentes.

Au niveau des technologies, la Corée du Sud possède une forte expertise en mécatronique et en
électronique. Elle a par ailleurs une très bonne capacité à aller vers des produits finis et la grande
série pour des marchés grands publics. Son point faible concerne plutôt les aspects logiciels, la
Corée collaborant d’ailleurs avec des laboratoires américains et allemands afin de bénéficier de
leurs expertises sur ces aspects.

Tableau 8 : Positionnement de la Corée du Sud sur les technologies clés de la robotique


Académiques Technoproviders Intégrateurs

Logiciel système

Navigation / loc

Logiciel haut niveau

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Académiques Technoproviders Intégrateurs


Perception et
capteurs

Mécatronique

IHR

( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)

5.7. JAPON
Le Japon est considéré par beaucoup comme le berceau de la robotique à travers les premiers
automates construits au XVIIème siècle. Ce contexte culturel couplé à des problèmes de natalité et
de vieillissement de la population ont conduit très vite le Japon à s’intéresser à la robotique dans les
années 1960. Dès lors, le Japon n’a cessé de se forger une réputation de leader dans ce domaine, le
pays est d’ailleurs surnommé le « Robot Kingdom ».

Le Japon s’est lancé sur la robotique industrielle dans les années 1960 et 1970 pour accompagner
l’automatisation de chaînes de production notamment dans le domaine automobile. Il s’est
rapidement positionné comme leader mondial sur la robotique industrielle et ce notamment grâce au
soutien d’un fort marché intérieur et l’appui des pouvoirs publics. Cette politique de robotisation
accompagnait un besoin en main-d’œuvre lié au contexte démographique du pays et était favorisée
par un bon niveau d’acceptation sociale (politique de l’emploi à vie). Au milieu des années 1990,
50 % des robots industriels de la planète étaient au Japon, ce pourcentage étant aujourd’hui
redescendu à 36 %. Marquée par les crises économiques successives, la robotique industrielle
japonaise est plutôt en déclin ces dernières années.

Dès les années 1970-1980, les premières universités et quelques industriels s’intéressent à la
robotique humanoïde. Fujitsu crée notamment un des premiers robots humanoïdes au milieu des
années 1970. Dès lors, les robots humanoïdes japonais ne cesseront de se perfectionner, tirés par les
nombreux projets d’expérimentation des laboratoires et industriels.

Les travaux sur la robotique de service se sont accélérés à la fin des années 1990, notamment dans
la perspective de l’exposition universelle d’Aichi en 2005. On peut par exemple citer le Humanoid
Robotics Project sponsorisé par le METI et démarré en 1997 qui a permis de développer les
versions successives des plates-formes humanoïdes HRP, dont la dernière date de 2010.

Un net ralentissement de l’activité du Japon dans le domaine de la robotique s’est fait sentir lors des
dernières crises (2008-2009), ces dernières ayant fortement impacté la robotique industrielle : de
nombreuses lignes robotisées ont été arrêtées et la demande pour les robots industriels a fortement
chuté (70 % d’exportations en moins en 2009 selon la JARA). Ces crises ont aussi affecté la
robotique de service, et les financements pour des projets aux débouchés commerciaux incertains,
notamment en robotique humanoïde, se sont taris.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Des industriels leaders de la filière, une force académique qui n’est pas en reste

Deux associations majeures réunissent les acteurs de la robotique au Japon : la Japan Robot
Association (JARA) fondée en 1973 et à visées commerciales (notamment pour la robotique
industrielle) et la Robotics Society of Japan (RSJ) fondée en 1983 pour promouvoir la recherche
académique.

Sans être toujours structurés à travers un organisme fédérateur, un certain nombre de pôles
concentrant des acteurs de la robotique sont identifiables. On peut citer : Fukuoka, Kanagawa (sud
de Tokyo), Tochigi (nord de Tokyo), Tsukuba (nord-est de Tokyo), Niigata. La ville d’Osaka va
plus loin et souhaite devenir un pôle de référence avec le développement de RobotCity CoRE : un
campus dédié à la robotique de nouvelle génération.

Les politiques publiques d’investissement sont menées de concert par deux ministères :
• Le Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI)
• Le Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sciences et Technologies (MEXT)

Le National Institute of Advanced Industrial and Science and Technology (AIST) est une des
agences nationales de recherche japonaises les plus en pointe sur la robotique, notamment avec
l’Intelligent Systems Research Institute ; ce dernier adopte une double stratégie : développement de
robots complets et commercialisables (Paro) et développement de plates-formes de recherche
notamment à travers le projet HRP. L’AIST a notamment collaboré avec le CNRS en 2003 pour
former le Joint Robotics Laboratory (JRL) et travailler sur la plate-forme HRP-2.

Une cinquantaine d’universités sont actives dans le domaine de la robotique au Japon.

Les universités notables actives en robotique de service au Japon :


- Université de Waseda et le Humanoid Robotics Institute
- Université de Tsukuba et ses trois laboratoires en robotique
- Université de Tokyo
- Université de Tohoku
- Université de Ritsumeikan
- Université d’Osaka
- Université de Saga
- Université de Saitama
- Shibaura Institute of Technology

Les entreprises ont eu un rôle central dans le développement de la robotique au Japon. Les premiers
industriels à s’être intéressés à la robotique de service sont les grands groupes :
• groupes de l’électronique (Fujitsu, Nec, Toshiba, Sony, Panasonic),
• groupes de l’automobile (Honda, Toyota),
• groupes de l’ingénierie (Kawada Industries),
• fabricants des robots industriels (Kawasaki, Fanuc, Yasukawa),
• groupes de BTP (Taisen, Fujita),
• et dans une moindre mesure les prestataires de services télécoms (NTT Docomo).

Beaucoup de ces derniers réalisent des développements avec leurs équipes et leur expertise interne :
ce fut par exemple le cas pour le robot Asimo développé par Honda dont seul un algorithme de
contrôle a été développé en partenariat avec l’Université de Waseda. Il s’agit pour ces industriels de

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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démontrer leur savoir-faire technologique. Néanmoins, des alliances entre grands groupes et
universitaires existent.

En parallèle de ces grands groupes qui contrôlent souvent les technologies et l’intégration, de
nombreuses PME se sont formées pour développer des projets de robots de service spécialisés ou
pour fournir des technologies particulières : la moitié des PME de la robotique au Japon ont un rôle
de technoproviders.

Le JARA organise l’International Robot Exhibition (IREX) dont une part (l’IREX-SR) est dédiée à
la robotique de service (environ 1/3 de la surface du salon contre 2/3 pour la robotique industrielle).

De nombreuses expérimentations

Les entreprises et laboratoires japonais s’intéressent à un grand nombre d’applications et les


expérimentations sont nombreuses.

Bien que n’ayant pas tous connu le succès escompté, les robots jouets sont assez présents et
constituent un premier marché grand public : on retiendra l’exemple du robot chien Aibo de Sony
lancé en 1999 puis abandonné en 2006 faute de succès suffisant. Contrairement à son voisin coréen,
le Japon ne s’est que peu impliqué dans les robots domestiques de nettoyage (de type aspirateur).

L’aide à la personne est évidemment un des enjeux importants de la robotique de service et de


nombreux travaux peuvent être identifiés sur ce sujet, on peut citer le robot peluche Paro de l’AIST
à vocation thérapeutique ou le robot My Spoon de la société Secom pour aider les personnes âgées à
s’alimenter. Le robot Paro est aujourd’hui commercialisé à travers une société spin off de l’AIST.

On retrouve aussi quelques acteurs positionnés sur la robotique de surveillance et de sécurité bien
que cela ne présente pas un enjeu conséquent au Japon (Tmsuk Co, Sogho…), sur la robotique sous-
marine pour des applications industrielles d’inspection (Mitsubishi Hi, Eamex Co, Daiichi Kogei),
ou encore sur la robotique dans le domaine de la construction (Tasei Corporation, Fujita
Corporation).

Par ailleurs, le Japon est la nation la plus avancée en termes de robotique humanoïde : le robot
Asimo d’Honda ou encore les plates-formes successives HRP en sont une bonne illustration. Ces
développements visent avant tout une optique de démonstration technologique et n’ont pas vocation
à être commercialisés, et ce d’autant plus que les usages de la robotique humanoïde ne sont pas
encore parfaitement cernés. De façon plus générale, le Japon s’est positionné sur les interfaces
homme-robot, et notamment sur les visages robotisés sur lesquels plusieurs entreprises ont une
expertise.

Les robots japonais emblématiques :


- Le robot humanoïde Asimo d’Honda (100 M$ investis en 15 ans par Honda), probablement
un des robots techniquement les plus évolués, la dernière version date de novembre 2011 ;
- Qrio puis Aibo de Sony
- Les robots successifs HRP de l’AIST et de Kawada Industries (entre 200 et 300 M$ investis
en une douzaine d’années)
- L’exosquelette HAL développé par Cyberdyne Inc.
- Paro, le robot peluche de l’AIST pour accompagner personnes âgées et malades
- My Spoon, le robot « d’assistance aux repas » de Secom

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Un investissement public soutenu

Les pouvoirs publics japonais sont intervenus dès l’émergence de la robotique industrielle afin de
soutenir la filière. Depuis la fin des années 1990, le gouvernement a énormément investi sur la
robotique d’assistance à la personne et sur la robotique humanoïde. La particularité de la politique
de financement japonaise vient de sa structure interministérielle : les ministères se répartissent des
thématiques ou applications clés de la robotique et les soutiennent à travers leurs agences de
financement.

Dès 2001, le METI a lancé un programme de financement sur 10 ans intitulé 21th Century Robot
Challenge, programme ayant pour objectif de promouvoir la robotique domestique.

En 2006, le Council for Science and Technology Policy (CSTP) a identifié dix thématiques clés de
recherche pour le Japon dans le domaine des TIC. Une de ces thématiques concernait la robotique et
fut adaptée en un programme de soutien interministériel : le MEXT a notamment en charge les
robots d’intervention, le METI les robots d’assistance à la personne et le MEC (Ministry of Internal
Affairs and Communications) les réseaux de robots.

Enfin, la Roadmap technologique du METI de 2010 inclut la robotique comme l’une des 31
technologies clés prioritaires pour le Japon.

Figure 23 : Projections du METI et du NEDO (New Energy and Industrial Technology


Development Organization) sur le marché mondial de la robotique

Une puissance de la robotique… qui doute

Les Japonais sont aujourd’hui considérés comme étant les leaders technologiques de la robotique
dans le monde. Le pays, marqué par de forts enjeux démographiques (vieillissement de la
population et manque de main-d’œuvre), affiche une politique ambitieuse de R & D émanant aussi
bien du secteur public que du secteur privé.

Leurs forces en R & D sont considérables, et les Japonais développent des robots techniquement
très avancés. Néanmoins, la plupart de ces prototypes ont vocation à servir de plates-formes de
recherche ou de vitrines technologiques pour l’entreprise ou le laboratoire qui les a conçus.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Les Japonais ont beaucoup communiqué sur la robotique et leur avance dans ce domaine.
Cependant, il semble qu’il y ait une certaine désillusion ces dernières années faute de succès
commerciaux. De nombreux projets ont échoué notamment à cause du prix final des robots :
Roborior (Tmsuk), My Spoon (Secom), Wakamaru (Mitsubishi HI). Les experts s’accordent pour
dire que les projets de robots japonais sont technologiquement trop avancés (multifonctions et
humanoïdes), trop coûteux et finalement peu adaptés à une commercialisation sur le marché.

Pour ce qui est de leur expertise technique, elle se concentre essentiellement sur les technologies de
la mécatronique et de l’animation, avec de fortes compétences dans le domaine de la robotique
humanoïde, ainsi que les IHR, les interactions, l’expression et la modularité. Les Japonais sont un
peu moins présents sur les aspects logiciels et travaillent avec des laboratoires étrangers à ce niveau.
Notamment faute de budgets militaires, ils sont aussi assez faibles pour ce qui est des robots tout
terrain ou utilisables en conditions difficiles. La récente catastrophe de Fukushima illustre ce
constat : dans le pays phare de la robotique, ce sont bel et bien des robots américains qui ont
participé à l’inspection des réacteurs endommagés.

Tableau 9 : Positionnement du Japon sur les technologies clés de la robotique


Académiques Technoproviders Intégrateurs

Logiciel système

Navigation / loc

Logiciel haut niveau

Perception et
capteurs

Mécatronique

IHR

( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).

5.8. TAÏWAN
Dans les années 1980, le gouvernement taïwanais favorisait le développement de l’automatisation
de l’industrie. Cependant, le développement de robots industriels n’était pas satisfaisant car les
entreprises taïwanaises devaient importer les technologies clés, ce qui rendait la filière peu rentable.
Les entreprises locales ont donc commencé à développer des produits connexes à la robotique
industrielle.

Dans les années 1990, l’importation de robots industriels a fortement augmenté en raison du fort
développement de l’industrie des TIC. Les entreprises locales se sont alors spécialisées dans
l’intégration de systèmes et de services à valeur ajoutée, et des compagnies locales ont commencé à
développer des technologies clés comme des serveurs et des moteurs.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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À partir des années 2000, le gouvernement a lancé un programme de développement et de


promotion de la robotique intelligente afin de répondre aux futurs besoins en robotique de service.
En effet, à Taïwan comme au Japon, la population continue de vieillir et le taux de naissance reste
faible, le développement de la robotique de service est donc essentiel.
Les entreprises locales ont ainsi commencé à se développer et des prototypes de robots ludo-
éducatifs, de sécurité, de nettoyage, de compagnie… ont commencé à voir le jour.

Les acteurs

Un seul acteur académique identifié à Taïwan travaille sur la robotique : la National Taiwan
University. Cette université possède un laboratoire de robotique qui mène des recherches sur les
bras robotiques, les humanoïdes, les robots mobiles (exploration, patrouille de sécurité…), les
robots d’inspection de tuyaux et les robots joueurs de football.

L’Industrial Technology Research Institute (ITRI) est un organisme national de recherche qui a
servi de pionnier dans le développement de l’industrie high-tech de Taïwan. Cet organisme
regroupe 87 chercheurs et travaille sur 130 sujets de recherche dont notamment les robots de
sécurité intelligents (détection d’intrusion, de fuite de gaz, de changement de température,
patrouilles) et des robots de compagnie.

Figure 24 : Tendances du développement de la recherche taïwanaise en robotique

Source : Shieh Cheng-Han (ROBOAT - TW)

En ce qui concerne le tissu industriel, l’entreprise Robort semblerait être un des seuls développeurs
privés de robots de service à Taïwan. Les entreprises qui investissent dans la recherche en robotique
de service sont les fabricants de l’IT, des intégrateurs tels que Microstar, Shin Kong Security Co,
BenQ, Via Technologies, Quanta, Mirle et Teco.

L’association ROBOAT (ROBOtics Association Taiwan), qui existe depuis 1996, est le principal
regroupement d’acteurs de la robotique : elle est forte de 180 membres dans 98 entreprises.
ROBOAT a fusionné en 2011 avec TSMEA (Taiwan Society of Manufacture Engineering and
Automation Technology) pour former TAIROA (Taiwan Automation Intelligence and Robotics
Association).

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Pour sa visibilité, Taïwan organise annuellement un évènement international incontournable pour le


monde de la robotique : le TIROS (Taipei International Robot Show). Cet événement est organisé
par le Industrial Development Bureau (IDB), le Departement of Industrial Technology (DoIT) et
ROBOAT, et réunit les acteurs mondiaux de la robotique industrielle et de service.

Expertise

Tableau 10 : Positionnement de Taïwan sur les technologies clés de la robotique


Recherche Technoproviders Intégration
fondamentale
Logiciel système Non renseigné Non renseigné Non renseigné

Navigation Non renseigné Non renseigné Non renseigné

Logiciel haut Non renseigné Non renseigné Non renseigné

niveau et sécurité
Perception, Non renseigné Non renseigné Non renseigné

capteurs (hardware
et acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion

IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).

Applications et marchés

La priorité du pays en matière d’industrie robotique a longtemps été le développement de la


robotique industrielle.

Le marché est plutôt tiré par une demande en robotique industrielle. En effet, pour le moment, le
marché de la robotique de service est peu développé et la demande est faible, ce qui ne favorise pas
le développement de la filière. Cependant, cette tendance est en train de changer au profit de la
robotique de service grâce à la politique du gouvernement taïwanais qui souhaite devenir une plate-
forme incontournable dans la conception et le développement de la robotique intelligente.

En 2007, l’industrie de l’intelligence robotique pesait 24,2 milliards de NT$, soit environ 600 M€,
ce qui représentait 5,57 % du marché mondial. L’objectif est d’atteindre 125 milliards NT$ (3,1
Mds€) en valeur de production d’ici 2015.

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Figure 25 : Répartition de l’activité de l’industrie taïwanaise en 2010

Source : Shieh Cheng-Han (ROBOAT - TW).

Politiques publiques

La robotique de service étant prometteuse, le gouvernement taïwanais l’a désignée comme


« industrie de la nouvelle génération » et l’a ainsi incluse dans son « plan de promotion pour
l’augmentation des investissements dans les technologies émergentes », ce qui a permis un
financement de la filière de 2 milliards NT$ (50 M€) sur 5 ans.

Le gouvernement taïwanais continue son action de soutien en lançant la « Stratégie de


développement de la robotique intelligente et de ses applications », qui a pour but de positionner
Taïwan comme l’un des leaders de la conception et de la fabrication de robots intelligents dans le
monde.

Figure 26 : Schéma de financement public du soutien à la filière robotique

Source : Shieh Cheng-Han (ROBOAT - TW).

Synthèse

La robotique intelligente combine différents modules en se concentrant sur l’intégration. Comme


Taïwan possède un tissu dense d’intégrateurs (capteurs de distance, imagerie, interfaces homme-

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machine, systèmes de pilotage, plates-formes de contrôle, systèmes énergétiques, puces de


contrôle…), l’île a potentiellement une forte capacité de production.

Cependant, Taïwan possède des lacunes sur certaines technologies clés (les principaux modules, les
plates-formes partagées, les prototypes…). De ce fait, ces éléments essentiels sont détenus par des
entreprises étrangères, ce qui les oblige à payer des licences et donc à réduire les profits.

Taïwan a donc de grandes ambitions mais possède un retard certain sur ses voisins japonais et
coréen.

5.9. CHINE
En Chine, la recherche en robotique a démarré dans les années 1980 : à partir de 1986, des
programmes gouvernementaux s’y intéressent et notamment le programme national 863. Ce dernier
a été lancé en 1953 par le Ministère des sciences et de la Technologie (MoST) afin de favoriser le
développement économique du pays. Il se compose de plans quinquennaux, dont chacun se focalise
sur des domaines et des thèmes précis. C’est ainsi que les 7ème, 8ème et 9ème plans quinquennaux (de
1986 à 2000) possédant des objectifs de croissance dans les nouvelles technologies ont permis le
développement de la filière robotique.

Il est à noter que la Chine communique encore assez peu vers l’extérieur sur ses avancées dans le
domaine de la robotique.

L’agence Chine Nouvelle a annoncé la mise sur le marché prochainement d’un robot domestique
fabriqué par Xinsong automation. Ce projet avait été classé projet national clé par le gouvernement
afin d’anticiper les problèmes liés au vieillissement de la société. Ce robot est donc capable de
donner de la nourriture ou des médicaments, de déclencher des alarmes en cas de fuite d'eau ou de
gaz, d'envoyer des SMS ou des vidéos sans support filaire, de chanter une chanson ou de jouer aux
échecs. La réalité de cette mise sur le marché n’a pas pu être vérifiée.

Des acteurs essentiellement académiques

Dès 1985, la Chine se dote d’une association robotique, la CAA Robotics Society, qui a pour but de
promouvoir le développement et populariser la robotique, ainsi que de renforcer les échanges entre
les acteurs dans le pays. Pour cela, elle organise tous les deux ans une conférence nationale sur la
robotique, elle publie un journal bimensuel « ROBOT » (journal rédigé en chinois avec seulement
les titres et un résumé disponible en anglais), et organise ou sponsorise différents événements
robotiques. Cette association est composée de plus de 260 personnes venant de 100 universités,
instituts de recherche et entreprises différentes.

Nous pouvons d’ailleurs identifier plusieurs régions actives dans le domaine de la robotique grâce à
leur tissu académique et industriel.

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Figure 27 : Provinces chinoises ayant des compétences notables en robotique

Heilongjiang

Liaoning
Pékin

Shandong
Hunan

Jiangsu

Guangdong

Heilongjiang
La province de Heilongjiang est très présente sur le secteur de la robotique notamment grâce au
campus d’Harbin constitué de l’Institut de Technologie (HIT), de l’Université Polytechnique et de
l’Université de Science et de Technologie.

Le HIT se distingue particulièrement pour ses divers travaux autour de la robotique :


développement d’une main robotisée en collaboration avec le centre allemand de l’aérospatial
(DLR), de robots d’assistance aux personnes âgées (dans le cadre d’un projet national clé), d’un
robot expressif (parole et gestes) destiné à l’éducation préélémentaire et également de robots de
démonstration technologique comme un robot danseur.

L’Université Polytechnique d’Harbin travaille, quant à elle, sur le développement d’un robot
médical intervenant dans des opérations chirurgicales en collaboration avec plusieurs centres de
recherche en robotique dont l’institut de robotique de l’Université de l’Aéronautique et
d’Astronautique de Pékin. Ce projet est financé dans le cadre du projet 863.

Enfin, l’Université de Science et de Technologie de Harbin travaille sur la création d’un robot
capable de jouer au football et de robots sous-marins.

Liaoning
L’Institut d’Automatique de l’Académie des Sciences de Chine (CAS) ainsi que l’Institut
d’Automatique de Shenyang développent de nombreux projets robotiques.

Le CAS travaille en particulier sur les véhicules sous-marins autonomes tels que les poissons
bioniques, des robots détecteurs de mines ou d’exploration des fonds marins. Il concentre ses
recherches autour des mécanismes de structures, le déplacement et le contrôle de ses robots
subaquatiques.

L’Institut d’Automatique de Shenyang travaille sur différents domaines : la robotique humanoïde


(robot BHR), les robots médicaux (robot orthopédique, robot de chirurgie nasale, de chirurgie mini-
invasive rachidienne), ainsi que le développement d’une plate-forme robotique antiterroriste
(WeiFu Robot) capable de traquer et désamorcer des charges explosives mais également d’effectuer
des missions de recherche et de sauvetage en milieu urbain.

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De plus, un tissu industriel s’est formé à Shenyang afin de porter au niveau industriel les activités
de recherche. Cependant ces entreprises se sont plus tournées vers la robotique indutrielle : Siasun
Robot & Automation Co., Ltd (affiliée à l’Académie des Sciences de Chine), Microcyber Inc.,
Xinsong, Advanced Manufacturing Technology Industrial Development Company, Ltd. (zone
industrielle orientée vers la recherche en haute technologie et l’industrialisation de robots et
d’équipements d’automatique).

Pékin
La région concentre des instituts, des centres de recherche et des entreprises qui développent des
activités R & D en robotique. Deux instituts se distinguent : l’Institut de Robotique de l’Université
d’Aéronautique et d’Astronautique de Pékin (BUAA) et l’Institut de Technologie de Pékin. Leurs
travaux portent sur :
• la robotique humanoïde (robot BHR) : l’Institut de Technologie de Pékin a été sélectionné
pour la première phase et le BUAA pour la seconde.
• la recherche sur les poissons robotisés (recherche sur la structure mécanique mais également
systèmes de contrôle). D’ailleurs le BUAA a développé le premier robot poisson chinois en
1999.
• la robotique médicale : l’Institut Technologique de Pékin a travaillé sur un robot
orthopédique et la chirurgie buccale et le BUAA a développé quant à lui un système
robotique de chirurgie orthopédique de la jambe ainsi qu’un robot d’assistance à la
neurochirurgie.

Côté industriel, l’entreprise pékinoise Hangoog, soutenue par l’État chinois, développe de petits
robots humanoïdes destinés principalement à la recherche et à l’éducation. Leurs robots sont conçus
en Chine, « sans apport de technologie extérieure ».

Shandong
La province du Shandong s’illustre particulièrement dans le domaine de la robotique aussi bien au
niveau de la recherche que de ses activités industrielles.

Le tissu académique est important sur des thèmes de recherche variés. L’Université du Shandong, à
Weihai, et l’Université de Technologie du Shandong ont déjà travaillé sur des projets de robots
détecteurs de mines et de robots de service. L’Institut d’Automatique de la Shandong Academy of
Sciences mène des recherches sur la robotique industrielle et de service.
Le Centre de Recherche en Robotique de l’Université des Sciences et des Technologies du
Shandong a mené à bien des expériences de téléguidage électronique sur des pigeons et des souris,
et mène des recherches en robotique animale. Le centre de robotique de l’Université du Shandong
s’intéresse à de nombreux thèmes tels que des plates-formes robotiques ultras rapides, un robot
quadrupède (ressemblant au BigDog américain), les robots de détection de mines et de sauvetage et
les robots terrestres de reconnaissance ignifugés.

À côté de ces universités et instituts, la province du Shandong possède le Key Laboratory of


Engineering Technology ainsi que des plates-formes d’innovation technologique travaillant autour
du développement, de la production, de l’intégration de systèmes et de services en robotique.

Pour ce qui est des acteurs industriels, l’entreprise Jinan semble occuper une place importante dans
l’écosystème robotique de la région.

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Hunan
L’Université Nationale de Technologie de Défense, basée à Changsha, travaille sur un robot
humanoïde appelé Blackmann. Elle réalise également des études sur les systèmes de stabilisation et
de contrôle de robots mobiles.

Jiangsu
La Southeast University, à Nanjing, mène des travaux sur les systèmes de détection d’objets et
d’individus (reconnaissance visuelle) et la manipulation d’objets par des robots.

Guangdong
Le tissu industriel de la province a entrainé le développement d’entreprises spécialisées dans la
robotique telles que la Fangxing Science and Technology Co. Ltd à Shenzhen, qui a réalisé un robot
cuisinier ou la New Concept Aircraft Co., Ltd., à Zhuhai, qui a développé un gecko robot
mécanique appelé « Speedy Freelancer » pouvant se déplacer sur les murs rapidement et éviter les
obstacles.

Un soutien des pouvoirs publics modeste

La robotique en Chine a pu décoller grâce au programme 863 et ses projets nationaux clés qui ont
permis de financer de nombreuses initiatives. Ce programme a particulièrement aidé la robotique
humanoïde qui a reçu en 2001, pour une période de cinq ans, une enveloppe de 17 millions de yuans
(environ 1,7 million d’euros). Grâce à cette aide, différentes universités et instituts ont pu collaborer
afin de développer différents prototypes de robots humanoïdes (BHR-1,2 et 3).

L’effort pour le développement de la robotique n’a pas été que national, certaines provinces ont aidé
localement la recherche et l’industrie. C’est par exemple le cas du gouvernement de la province du
Shandong qui a lancé une politique de financement afin de soutenir l’innovation et le
développement de l’industrie robotique. Cette politique touche en particulier les domaines de la
R & D pour les secteurs de la défense, des équipements de sécurité, de la fabrication de robots
industriels, des extractions de pétrole et des ressources minières ou des services à la famille. De
même, la province a mis en place une politique d’allègements fiscaux et d’aides pour les entreprises
de ces différents secteurs.

Une ambition et des moyens pour le moment limités

Les programmes d’aides nationaux et locaux ont permis à la Chine de se doter d’un tissu
académique et industriel ainsi que d’équipes de recherche de qualité dans tous les domaines de la
robotique (médicale, humanoïde, industrielle, de défense, domestique…). Cependant, le pays reste
encore assez loin derrière les leaders mondiaux (Japon, Corée, États-Unis, Europe). La Chine ne
semble pas vouloir combler cet écart pour le moment, la priorité étant pour elle de répondre à des
besoins intérieurs (militaires, scientifiques…) et de s’affirmer dans ce domaine de recherche. À
noter par ailleurs que la faible coordination des programmes de robotique au niveau national crée
une forte compétition interacadémique que certains observateurs jugent néfaste (dispersion de
l’effort).

5.10. LE RESTE DU MONDE


Les pays mentionnés précédemment présentent tous une spécificité nationale qui permettait de les
caractériser de manière globale. D’autres pays possèdent aussi des programmes robotiques, mais les
développent d’une manière plus localisée. On peut notamment citer l’Australie, la Suède, la Suisse
et le Danemark.

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L’Australie dispose de très fortes compétences dans le domaine des robots de terrain et des
systèmes de navigation autonome. Le pays fait ainsi partie des plus grands fabricants de robots pour
la logistique et les activités minières. L’Université de Sidney possède un centre de recherche sur la
robotique dont la réputation mondiale n’est plus à faire : l’Australian Center of Field Robotics. Ce
centre assure le développement de systèmes de positionnement, de capteurs et des logiciels
nécessaires pour leur exploitation.

À la manière des autres pays asiatiques, Singapour affiche ses ambitions dans le domaine de la
robotique. Depuis 2010, l’Economic Development Board souhaite faire du pays un hub pour la
commercialisation de robots de service. Quatre grands thèmes en relation avec les besoins de
l’économie singapourienne et de sa région : logistique, médical, l’inspection d’infrastructures et les
transports. À côté de cela, Singapour conserve une petite force académique notamment à travers le
Centre for Robotics and Artificial Intelligence de l’université Singapore Polytechnic.

En Suède, de nombreuses compagnies d’envergure internationale ont un intérêt dans la robotique.


Cela vient du fait qu’elles travaillent sur ce domaine, comme ABB (robotique de service
professionnelle et robots forestiers), ou qu’elles souhaiteraient développer des technologies
robotiques dans leurs produits, c’est le cas notamment de Philips (robots industriels) et Electrolux
(robots aspirateurs). L’environnement suédois est ainsi idéal pour le développement de la robotique
de service personnelle, surtout dans le domaine ménager. L’activité reste toutefois très industrielle
comme le montre l’orientation à plus de 50 % de l’activité d’ABB, seul spécialiste robotique, dans
le domaine des robots industriels.

La Suisse possède, selon les données de l’IFR, un attrait très marqué sur les applications robotiques
de loisir et d’éducation. Deux faits significatifs ressortent : des travaux importants dans le domaine
des actionneurs sont menés à l’EMPA pour développer les EAP (Electro Active Polymers) qui
miment les contractions des muscles ; il existe par ailleurs une fondation Suisse dédiée à la
robotique sous le nom de Swiss Mobile Robotics qui est un consortium de start-up issues de
laboratoires universitaires dont l’objectif est de mieux représenter les intérêts de la robotique Suisse.
Les sociétés représentées sont par exemple BlueBotics (robots autonomes d’intérieur pour le loisir
et l’assistance aux personnes en perte d’autonomie), Cyberbotics (logiciels de programmation pour
la plate-forme e-puck de GCtronic), K-Team (plates-formes robotiques pour la recherche et
l’éducation), GCtronic (assurant le développement et la commercialisation de l’e-puck conçu à
l’école polytechnique fédérale de Lausanne), Neuronics (bras robotique et intelligence artificielle)
ou FiveCo (bureau d’étude pour l’intégration de systèmes).

Au Danemark, il y a actuellement un fort intérêt pour la robotique professionnelle. Il existe ainsi un


cluster danois regroupant des entreprises dont l’activité est centrée sur les technologies robotiques
pour des secteurs comme la santé, l’agriculture et l’industrie. Un communiqué du ministère des
affaires étrangères danois invite ainsi les investissements étrangers. Le Danemark possèderait ainsi
les ressources nécessaires pour assurer le développement de la robotique médicale (des formations
et des financements adaptés), des besoins identifiés pour la robotique agricole (production
alimentaire et animale) et enfin une expertise importante pour le développement de nouveaux robots
de production. Les compétences mises en avant par le Danemark sont l’intelligence artificielle, la
programmation robotique, la construction de bras multiaxes, les technologies de préhension et les
capteurs.

Pour finir, l’Europe s’organise depuis un certain temps maintenant pour réunir et amplifier
rapidement les synergies au profit de la robotique industrielle et personnelle. Deux grands groupes
de travail ont ainsi été montés pour réfléchir aux axes stratégiques européens : les programmes

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EURON et EUROP. EURON se concentre sur les intérêts de la recherche européenne. La carte qui
suit montre les différentes parties prenantes du groupe EUROP, centré sur les problématiques de
l’industrie robotique.

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6. CONCLUSIONS
6.1. DES CONCENTRATIONS RÉGIONALES DIVERSES
Nous avons tenté d’estimer les forces en présence sur les différentes zones géographiques. Ces
estimations sont basées sur des données d’origines diverses, et ont donc un niveau de précision très
différent d’une zone à l’autre. Dans tous les cas, le recensement des acteurs fait par l’IFR dans ses
études constitue une base de travail, fournissant un chiffrage a minima des entreprises constituant
les écosystèmes nationaux.
Parmi ces entreprises, la répartition des acteurs recensés par l’IFR est présentée sur la figure
suivante. Ces chiffres sont intéressants, mais des biais sont introduits par le fort historique de l’IFR
et des sources exploitées dans la robotique industrielle.

Figure 28: Répartition des entreprises de robotique de service recensées par l'IFR

Autres

Suisse Etats-Unis

Suède

Canada

Corée du sud

Italie
Allemagne Japon
Royaume-Uni

France

Source : IFR, World Robotics 2011.

Sur la base des différentes sources exploitées par la présente étude, nous estimons sur la Figure 29
le nombre d’entreprises de la robotique de service dans les principaux pays analysés. Dans les
chiffres présentés, nous soulignons les points suivants :
• Taïwan affiche un grand nombre d’entreprises dans la robotique, mais il s’agit
principalement de fournisseurs de composants génériques. Nous manquons de clés pour
affiner cette estimation ;
• Le Japon présente moins d’acteurs, mais ce sont des conglomérats de grande taille.

Enfin, il est notable que les grands groupes industriels français s’intéressant à la robotique de
service, principalement dans la défense et la sécurité, développent des équipes de petite taille au
sein de leur organisation, pour assurer la veille et les développements. À ce titre, ces groupes
peuvent être considérés également comme des PME dans le domaine de la robotique, en termes
d’effectifs.

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Figure 29 : Estimation du nombre d’entreprises industrielles dans les principaux pays de


l’étude (fourchette basse/haute)
UK
20/40
KR
60/120
JP
40/80

DE
US 30/70
100/200 FR
30/60
IT
20/40
TW
100/150

Source : Erdyn, d’après sources documentaires et entretiens experts.

6.2. DES SPÉCIFICITÉS RÉGIONALES


Le premier enseignement de cet état des lieux est la mise en évidence de très fortes disparités dans
les domaines d’activité des acteurs de la robotique selon la zone géographique, et par conséquent
l’historique de l’écosystème. Ainsi, on note immédiatement à la lecture de la Figure 30 que les
robots de défense sont très largement produits aux États-Unis. Ce sont majoritairement des drones
aériens en l’occurrence.
Sur la robotique personnelle, les États-Unis dominent largement le marché des aspirateurs avec
iRobot par exemple, alors que l’assistance à la personne semble une chasse gardée de l’Europe et le
jouet majoritairement fabriqué en Asie. On note cependant que cette tendance est logiquement
inversée en Corée du Sud, où la production nationale représentait de l’ordre de 62 % des achats de
robots aspirateurs en 2008.
Attention cependant à une interprétation trop affirmative des chiffres avancés par l’IFR. Si la
méthode (interrogation des industriels) est éprouvée dans ce type d’exercice, elle laisse une part
d’incertitude quant à la qualité et l’exhaustivité de l’information recueillie. Par ailleurs, on table ici
sur des pourcentages forts sur des échantillons faibles (assistance au handicap : 40 ventes déclarées
en 2010).

Sur ce point, la France n’apparaît pas encore comme un acteur représentatif (en volume), car se
concentrant – pour la conception et la fabrication – sur des marchés de faible volume et
essentiellement émergents comme la robotique éducative ou l’assistance aux personnes en perte
d’autonomie. Du point de vue des technologies, l’expertise de la France est reconnue notamment
sur deux aspects :
• Le logiciel dans tous ses aspects ;
• La robotique humanoïde.

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Il convient cependant de souligner que le travail de recherche visible porte principalement sur des
applications à haut niveau de complexité, préparant la robotique de service « intelligente ». Les
entreprises françaises ne travaillent que peu sur des robots spécialisés, susceptibles de faire l’objet
d’une diffusion large à court terme.

Figure 30 : Origine des robots de service vendus dans le monde en 2010

Surveillance

Assistance handicap

Loisirs
Aspirateurs

Domestique

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Source : IFR, World Robotics 2011.

De manière plus qualitative, l’analyse fait ressortir des spécificités des pays selon certaines des
dimensions qui sont approfondies dans le volet 2 des travaux notamment. Le Tableau 11 dresse un
panorama qualitatif des différents pays analysés :
• La Chine n’apparaît pas dans ce tableau car son action et ses acteurs ne sont pas aujourd’hui
significatifs sur les marchés décrits.
• Les marchés cités sont vus à la fois sous l’angle de l’application et de certaines plates-
formes technologiques. Nous y avons repositionné l’automobile pour mémoire, car
potentiellement terreau d’un grand nombre d’innovations technologiques ou de process pour
l’industrialisation de masse des technologies de la robotique.

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Tableau 11 : Positionnement des pays analysés sur certains marchés de la robotique de service
(échelle qualitative)

Autre robotique
professionnelle
Jouet/ludique

Surveillance
Assistance à
l’autonomie

Automobile
compagnon
Personnel/

Entretien
Défense
France

Allemagne

Royaume-Uni

Italie

États-Unis

Corée du Sud

Japon

Taïwan

Présence affirmée : les entreprises et laboratoires du pays sont fortement présents sur cette problématique.

Présence de quelques acteurs importants de la problématique.


Quelques entreprises et laboratoires travaillent sur le sujet.
Vide : action non significative en 2011 ou non visible.
Source : Erdyn, d’après sources documentaires et entretiens avec experts.

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Tableau 12 : Positionnement des pays analysés sur trois compétences spécifiques (échelle
qualitative)

Exosquelette
Plateformes

Humanoïde
robotiques
France

Allemagne

Royaume-Uni

Italie

États-Unis

Corée du Sud

Japon

Taïwan

Présence affirmée : les entreprises et laboratoires du pays sont fortement présents sur cette problématique.

Présence de quelques acteurs importants de la problématique.


Quelques entreprises et laboratoires travaillent sur le sujet.
Vide : action non significative en 2011 ou non visible.
Source : Erdyn, d’après sources documentaires et entretiens avec experts.

Autre spécificité géographique : le profil des entreprises qui composent la filière de la robotique de
service est différent d’un pays à l’autre. De ce point de vue, le cas de la France est particulièrement
remarquable : la filière française ne se bâtit pas sur un socle d’entreprises venant de la robotique
industrielle. Il en découle deux faits importants à prendre en compte dans l’analyse :
• Une majorité d’entreprises jeunes et de petite taille ;
• De faibles compétences sur l’industrialisation des produits.

6.3. UNE STRUCTURATION DE LA FILIÉRE DYNAMIQUE


La filière française est en cours de structuration avec la création de Syrobo (syndicat professionnel),
GdR Robotique du CNRS (recherche académique), Cap Robotique (du pôle de compétitivité Cap
Digital)… Force est de constater que, à l’exception des États-Unis, les autres pays leaders sur la
robotique de service ont également vu leur filière s’organiser. C’est clairement en Corée du Sud que
cette structuration est la plus forte, avec deux associations qui ont récemment fusionné en une seule
(KAR).

En Europe, l’Allemagne structure sa filière de robotique de service à partir de l’écosystème de la


robotique industrielle, en raison de l’historique fort sur ce secteur d’activité. L’Union européenne

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travaille depuis plusieurs années à cette structuration au niveau du continent (réseau EURON par
exemple).

Hormis en France, les principales associations énumérées dans le tableau précédent sont
historiquement en grande partie composées d’entreprises de robotique industrielle. Seuls les acteurs
français ont mis en place aujourd’hui un syndicat différent pour la robotique de service. Ceci est dû
notamment, selon nous, au fait que l’industrie de la robotique industrielle française ne comprend
pas de fabricant majeur.

Figure 31 : Principales associations structurées d’acteurs de la robotique de service


Association, cluster… Pays Industrie Académique
Syrobo France X
GdR Robotique France o X
Cap Robotique France X X
IFR International X o
VDMA Allemagne X
Polo della robotica Italie X o
Massachussetts Robotics Cluster États-Unis X X
RIA États-Unis X
KAR Corée du Sud X X
JARA Japon X
RSJ Japon o X
TAIROA Taïwan X
X : composition principale
o : composition marginale.

Il apparaît également à l’analyse des principaux pays producteurs de robotique de service, que la
recherche occupe une place déterminante dans le succès des filières. En effet, sur des marchés
en grande majorité émergents, et des usages à inventer pour lesquels les technologies demandent à
être développées, qualifiées, industrialisées, le lien entre recherche académique et industrie est
essentiel. À ce titre, il est important de noter que ce lien culturellement fort en Allemagne est un
atout important ; par ailleurs, il est aussi important de souligner aujourd’hui que les start-up
françaises sont pour la plupart issues des laboratoires de recherche académiques, et entretiennent de
ce fait des liens étroits avec ceux-ci. Cependant, ce lien est beaucoup moins étroit en France entre la
recherche académique et les groupes industriels établis.

6.4. SOUTIENS À LA FILIÉRE


On note une différence marquante entre les différentes zones géographiques dans la volonté et la
manière de soutenir la filière de la robotique de service.

Les pays asiatiques – Corée, Japon, Taïwan et dans une mesure moindre la Chine – voient dans la
robotique de service, notamment personnelle, un secteur à très fort potentiel en termes de
développement industriel. Ainsi, ces pays ont inscrit la robotique personnelle et de service comme
un axe stratégique de développement dans leur stratégie d’innovation. Cela se traduit par des
soutiens financiers et un accompagnement de la structuration, ciblée sur cette thématique.

A contrario, les pays d’Europe n’ont pas identifié de manière formelle ce secteur d’activité comme
particulièrement important, dans l’ensemble des technologies « de la communication ». Ainsi, si les
acteurs de la robotique bénéficient bien de soutiens financiers à l’innovation, ils viennent au niveau

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national d’appels à projets plus larges, et non d’instruments spécifiquement dédiés. Ce constat
induit que les financements publics globaux de la filière ne sont aujourd’hui pas garantis d’un
exercice à l’autre.

Les États-Unis présentent un profil encore différent avec un soutien à deux niveaux : des
subventions fortes sur les contrats de recherche pour la défense, qui profitent indirectement aux
secteurs civils, voire grand public (iRobot, par exemple) ; un plan de développement de la
robotique, annoncé à l’été 2011, visant à travailler sur les robots de service professionnels.

Figure 32 : Exemples de financements directement dédiés à la robotique de service


Pays Action
Corée du Sud Korean Robotics basic Plan
750 M$ ; 2009-13
Objectif : leader mondial en 2018
720 M$ ; 2002-08
Passage de 6 200 emplois en 2008 à 80 000 en 2018
France Financements de projets de recherche
Action Robea 3,2 M€
Programme ANR PSirob 15,2 M€ (2006)
Fonds européens (appels non spécifiques) 20 M€ (2009)
Programmes amont drones (DGA) 188 M€ (1999-2008)
Allemagne Fonds européens (appels non spécifiques) 94 M€ (2009)
États-Unis Développement et achat de drone (DoD) 41 000 M$
Plan Obama, développement de la robotique de 70 M$
service professionnelle (2011)
Japon Investissements privés significatifs :
Honda 100 M$
Kawada 300 M$
Taïwan Soutien public à la filière :
Intelligent Robot Industry Development 100 NTD/an
Intelligent Robot Technology Development 200 NTD/an
Intelligent Robot Research 100 NTD/an

Quelques exemples emblématiques de soutien à la filière :


• Le Korean Robotics Basic Plan vise à faire de la Corée du Sud le leader mondial de la
robotique de service (et donc potentiellement de la robotique dans son ensemble) à horizon
de 2018. La robotique est ainsi déclarée comme un chantier national stratégique pour
l’industrie. Il est soutenu par exemple par l’achat public de robots éducatifs pour les écoles,
permettant à Yujin de passer d’une production artisanale à une production industrielle.
• Le LELR (Local Education Laboratory on Robotics), dans la communauté de communes de
Valdera (Italie) introduit, à titre expérimental, les robots dans les écoles de différents
niveaux avec le double objectif d’aider aux apprentissages et d’être un support d’éducation
aux sciences de l’ingénieur.
• En Europe, dans le but de candidater à la constitution d’un flagship, la communauté organise
le projet Robot Companion for Citizens (RCC). S’il est retenu, le projet organisera le
financement de la recherche, au niveau européen, sur une durée de 10 ans.

Enfin, les exemples coréen avec la robotique d’éducation ou domestique, et américain avec la
robotique de défense montrent que l’existence d’un marché intérieur est un moteur fort pour le
développement de la filière. Dans ces deux cas, c’est même la commande publique qui permet
l’installation d’un marché et l’industrialisation des technologies et des produits.

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D E U X I È M E PA RT I E : A N A LY S E D E S
TENDANCES DE LA ROBOTIQUE DE
S E RV I C E

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7. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE ET


PERSONNELLE
7.1. LE FUTUR DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE
Le marché de la robotique personnelle et de service est aujourd’hui émergent au regard de son
potentiel de développement. Avec les réserves mentionnées dans le volet 1 de l’étude, on trouve les
exceptions suivantes qui établissent les bases des marchés dans les robots de service professionnels
comme personnels :
• Les robots de défense, et notamment les drones, sont l’objet d’abondants budgets de
recherche et sont porteurs des développements technologiques qui nourrissent les
applications de la robotique de service professionnelle en particulier ;
• Les robots jouets, qui constituent un marché maintenant en voie de maturation, sont de plus
en plus présents sur les étalages des grandes enseignes de jouets. Ils sont aujourd’hui un
marché de masse ;
• Les robots aspirateurs, enfin, sont le premier marché de masse de la robotique personnelle
utilitaire.

On le verra dans la suite de ce document, il est difficile d’estimer les taux de croissance des
nombreuses applications qui constituent le marché de la robotique personnelle et de service.
Cependant, la plupart des analystes consultés ou ayant publié sur la question s’accordent à penser
que le début des années 2010 est un tournant sur ces marchés, et constitue le démarrage réel de leur
développement. Un consensus se fait aussi sur l’ampleur que prendra la dissémination des robots
dans les environnements professionnels et personnels dans les années à venir, même si le rythme de
démarrage des marchés fait débat. On est donc aujourd’hui au démarrage d’une industrie de grande
ampleur, à couverture mondiale.

Nous présentons sur la figure suivante une projection des marchés de la robotique de service, vus
comme un ensemble, à partir de quelques estimations des marchés établies par des analystes
d’origines diverses (industrie, analystes de marchés, Erdyn).

Figure 33 : Compilation d'estimations des marchés de la robotique personnelle (domestique et


ludique) – estimations raisonnables (ligne) et optimistes (barres) – en M$
14 000  

12 000  

10 000  

8 000  

6 000  

4 000  

2 000  

0  
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Sources : IFR, Global Industry Analysts, sources diverses, estimation Erdyn.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Ils mettent en évidence la grande incertitude qui existe aujourd’hui sur une estimation du marché
global de la robotique personnelle ; ils soulignent cependant tous la forte hausse du marché de la
robotique personnelle dans les années qui viennent. Dans la suite du document, dans les sections
dédiées aux trois marchés particuliers que l’étude a choisi de mettre en valeur, nous tenterons de
cadrer ces marchés par des données objectives sur lesquelles baser notre réflexion. Nous ne nous
hasarderons cependant pas à remettre en question ces chiffres en valeur absolue.

Le même constat est fait sur les analyses des marchés de la robotique de service professionnelle.

Figure 34 : Compilation d'estimations des marchés de la robotique de service


professionnelle – estimations raisonnables (ligne) et optimistes (barres) – en M$
30 000  

25 000  

20 000  

15 000  

10 000  

5 000  

0  
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Sources : IFR, Global Industry Analysts, sources diverses, estimation Erdyn.

Finalement, nous estimons que le marché mondial de la robotique de service personnelle et


professionnelle pourrait atteindre 27 Mds$ en 2015.

7.1.1. Une promesse au stade de l’expérimentation


Certains marchés peuvent aujourd’hui être considérés comme en voie de maturation, d’autres en
sont à un stade expérimental, quelques-uns peuvent être considérés comme matures. Les possibilités
d’applications offertes par les technologies robotiques sont très importantes, mais varient beaucoup
en maturité technologique.

Les marchés matures sont :


• Dans le domaine personnel, les robots domestiques que sont les aspirateurs, tondeuses à
gazon et robots de nettoyage humide constituent aujourd’hui un réel marché de masse. Avec
10 millions d’unités vendues dans le monde en 2011, le robot aspirateur représente un
marché de 3 à 4 Mds€. Cette maturité est due principalement à un acteur américain, iRobot,
qui a su prendre le risque de commercialiser en 2004 les premiers produits aux performances
sans doute imparfaites, mais qui ont permis le développement des gammes suivantes.
Depuis, beaucoup d’acteurs de l’électroménager se sont lancés sur ces applications.
• Le robot jouet : les robots ayant des fonctionnalités plus ou moins larges ont été introduits
depuis plusieurs années, dans un premier temps avec des performances très limitées, qui se

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sont étoffées avec le temps. La valeur affective attribuée à certains de ces jouets en fait peut-
être les prémices des futurs robots compagnons.
• Le robot de défense, et notamment le drone, qu’il soit d’observation ou d’attaque, est
également un marché mature et en croissance. Il est largement porté par les opérations
extérieures menées par les pays de l’OTAN, et finance une grande partie de la recherche en
robotique autonome dans le monde. À titre d’illustration, l’IFR prévoit que la robotique de
défense continuera à porter en grande partie le marché de la robotique de service dans les
cinq années à venir.

D’autres apparaissent comme des pistes intéressantes à suivre, car potentiellement porteuses de
développements rapides sur des fonctionnalités ciblées, comme par exemple :
• Les robots de service en environnement industriel : les robots industriels sont largement
répandus dans les industries manufacturières. De facto le milieu industriel n’est plus à
évangéliser sur l’intérêt qu’il peut tirer de l’utilisation de robots dans ses processus. Les
premiers robots de service au sens de notre définition, implantés dans ces milieux, sont des
robots de logistique : robots de type « industriels », c’est-à-dire limités à une implantation
donnée dans un environnement sécurisé pour, par exemple, la composition de colis ; robots
de type « service », plus autonomes dans leurs déplacements, partageant l’espace avec les
opérateurs humains.
• Les robots agricoles, aujourd’hui majoritairement des trayeuses automatiques, sont en
développement. Aux États-Unis comme dans les grandes exploitations européennes, des
systèmes de guidage, voire de conduite automatique, aident à l’exploitation des grandes
surfaces (moissons par exemple). De plus en plus, des projets de robots sont expérimentés
sur des actions plus précises de cueillette, d’arrosage, etc. Ce segment pourrait être un axe
de développement important de la robotique de service.

Enfin, de nombreux projets de robots sont en phase de recherche et développement plus en amont.
Sur certains de ces segments se pose la question du bon niveau de maturité avant un démarrage
effectif de la commercialisation, ou tout du moins d’une expérimentation à grande échelle.
L’histoire des produits technologiques montre clairement que le modèle classique de
développement de nouvelles applications passe par la commercialisation de systèmes aux
fonctionnalités limitées, vendus éventuellement avec des marges faibles, permettant de tester les
fonctionnalités et performances, l’acceptabilité, bref d’ouvrir le marché d’une part, de mettre en
place l’outil industriel d’autre part. Des secteurs d’activité où de telles expérimentations
apparaissent aujourd’hui nécessaires pour faire naître des applications commercialement viables
sont par exemple :
• Les robots pour la surveillance : certaines expérimentations, comme celle des robots
« gardiens de prison » en Corée, permettront de définir des applications viables dans un
marché qui est aujourd’hui unitaire : chaque robot vendu l’est dans un but différent, avec
éventuellement des adaptations au produit lors de la vente ;
• Les robots pour l’assistance aux personnes en perte d’autonomie : les expérimentations en
vraie grandeur, sur des applications qui – dans ce secteur – doivent couvrir un champ de
besoins très diversifié, permettront de valider des concepts, des usages, voire des choix
technologiques. Ce secteur est plus détaillé dans le chapitre 2.

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Figure 35 : Répartition des marchés de la robotique de service en fonction du critère de


maturité et de typologie des marchés

Source : Erdyn

7.1.2. Un potentiel de création d’emplois difficile à estimer


En France, la création d’emplois sur la robotique de services se fera selon plusieurs axes :
• La conception des robots, les machines spéciales et petites séries, axes de développement sur
lesquels la France est compétitive, permettront de créer des emplois fortement qualifiés :
chercheurs, ingénieurs, techniciens… ;
• La production de robots en série : s’il est aujourd’hui peu réaliste d’envisager une maîtrise
complète de la chaîne de valeur par des établissements implantés en France, notamment en
ce qui concerne un certain nombre de composants, certaines entreprises existantes montrent
qu’il est possible de conserver en France une part de la valeur ajoutée liée à la production en
masse de systèmes robotisés : Legrand, Seb, Somfi, Stäubli par exemple ;
• Le service directement lié au robot : distribution, service après-vente ;
• Le service associé au robot dans certains segments de marché, notamment lorsque le robot
est mis en œuvre dans le cadre d’une prestation incluant éventuellement une intervention
humaine (surveillance, téléprésence…). Dans ce cas, les emplois peuvent également prendre
une part des emplois à créer autour de ces services indépendamment de la robotique ;
• La conception et production de composants et sous-systèmes entrant dans la composition
des robots : si la production des composants génériques à bas coût paraît aujourd’hui
difficilement accessible aux acteurs français, la mise au point de composants logiciels, de
composants mécatroniques, de systèmes pour l’autonomie, etc., spécifiques à la robotique
peuvent être des champs de développement pour les entreprises françaises et européennes.

Nous estimons que le potentiel de création d’emplois est de quelques milliers à un horizon de
cinq à dix ans, en emplois directs et indirects.

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7.2. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ DE LA ROBOTIQUE DE SERVICE


Au-delà de ces chiffres, la robotique personnelle et de service est constituée aujourd’hui d’une
multitude d’applications donc certaines font l’objet d’une exploitation commerciale, et d’autres sont
encore aujourd’hui à l’état de projet ou d’idée. Le développement commercial de ces applications
sera fonction d’un certain nombre de déterminants, que nous évoquons ici pour les préciser ensuite
dans les chapitres correspondants.
7.2.1. Les déterminants de l’acceptabilité
L’acceptabilité est un déterminant large, qui pourrait inclure la valeur ajoutée ci-dessus. On entend
en général l’acceptabilité comme la capacité d’un produit à être accepté par l’utilisateur et la
société. Traiter cette question revient donc à répondre à un certain nombre de questions très diverses
en fonction du champ d’application. Différentes théories existent pour analyser l’acceptabilité des
nouveaux produits et technologies. On peut citer par exemple la théorie unifiée de l’acceptabilité et
de l’usage des technologies. En tout état de cause, l’acceptabilité repose sur un certain nombre de
considérations.

Valeur ajoutée
La valeur ajoutée ou pertinence de l’application est le cœur de l’acceptabilité des robots et de leur
réussite commerciale. La valeur apportée par un nouvel objet peut être de l’ordre du service rendu
au sens opérationnel du terme (le robot rend un service qui n’existait pas), de la performance (le
robot remplit mieux certaines fonctions d’un autre système ou un intervenant humain, ou avec
moins d’effort de la part de l’humain), de la valorisation de son utilisateur (forte motivation pour
certains produits grand public), etc. En tout état de cause, la valeur accordée au service rendu doit
être suffisante pour déclencher l’acte d’achat ou d’utilisation d’une nouvelle technologie.
La question de la valeur ajoutée est centrale dans la présente étude. Elle est la première question à
laquelle une nouvelle application robotique doit répondre pour passer du statut d’expérimentation à
celui de produit.

Éthique
L’éthique est une valeur essentielle pour l’acceptabilité d’une technologie, d’un produit ou d’un
service. Elle est cependant diversement considérée suivant la personne qui se pose la question : elle
questionne l’individu d’une part, la société d’autre part. Le chapitre 5 de ce document traite
spécifiquement de cette problématique.

Juridique
L’acceptabilité juridique pose deux questions :
• La question de la responsabilité, centrale pour les industriels, interroge sur les transferts de
responsabilité possibles de l’utilisateur vers le fabricant du robot, en raison de l’autonomie
dont dispose le dispositif, pouvant l’amener à prendre une décision portant préjudice à une
personne, notamment en cas de dysfonctionnement ;
• La question de la légalité éventuelle de certains dispositifs : certains types de robots, en
environnement professionnel comme domestique, peuvent poser des questions relatives aux
libertés individuelles (respect des données personnelles, du secret médical, etc.) par
exemple. D’autres cas de figure sont envisageables.

7.2.2. Les déterminants techniques


Technologique
La maturité technologique est un autre déterminant des marchés. En effet, le niveau technologique
requis pour remplir certaines fonctionnalités avancées ne permet pas d’envisager aujourd’hui leur

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déploiement avec des performances fonctionnelles, d’autonomie, de sûreté de fonctionnement ou de


fiabilité suffisantes. Cette question de maturité technologique se traduit en deux conséquences
distinctes, qui résultent de deux attitudes différentes face à cette question :
• Des déploiements précoces de systèmes aux fonctionnalités limitées, qui permettent de tester
les systèmes sur les marchés. Ces déploiements requièrent cependant des capacités
financières pour soutenir le développement des entreprises sur la durée ;
• Des délais dans les déploiements, qui permettent de mettre au point les briques
technologiques, mais sans le soutien des retours d’utilisateurs.
Aucune de ces attitudes n’est en soi positive de manière générique, mais il est nécessaire d’évaluer
le juste niveau de maturité avant l’expérimentation ou la mise sur le marché de systèmes robotiques.

Industrialisation
La question de l’industrialisation des systèmes est posée pour le déploiement des dispositifs.
Notamment, si les start-up de la robotique sont capables de mettre au point des dispositifs
technologiques de laboratoire, voire des premiers déploiements en petite série, elles n’ont en
général ni les compétences, ni les ressources pour porter une démarche d’industrialisation de leurs
produits pour des déploiements en grande série. Ce verrou est central pour la réussite commerciale
des entreprises de la robotique.

7.2.3. Les déterminants économiques


Sécurité
La sécurité de fonctionnement est évidemment un prérequis essentiel pour le développement des
marchés et le déploiement des applications. Il s’agit du point sur lequel portent aujourd’hui
principalement les travaux de normalisation.

Modèle économique et chaîne de valeur


Outre la question du coût de revient liée aux enjeux de l’industrialisation, le modèle économique
pour la diffusion et l’usage de certains systèmes n’apparaît pas aujourd’hui mature, et ce selon
plusieurs angles de vue :
• Le modèle de vente : achat, location, usage dans le cadre d’une prestation de service, etc. ;
• Le prix de la prestation est à définir en fonction de l’attente du marché et du service rendu ;
• L’existence ou la mise en place de la chaîne de valeur complète, depuis la production
jusqu’à la distribution et la mise en œuvre…
On souligne à ce stade que la production peut également faire appel à des compétences externes à
l’écosystème français, notamment pour des questions de coût.

Normes et standards
Pour certaines applications, la normalisation et la standardisation peuvent être des enjeux
importants : la normalisation s’intéresse aujourd’hui plus à la sécurité ; la standardisation
industrielle peut permettre de lever certains verrous liés par exemple à l’interopérabilité des
systèmes, qui peut être importante pour certains marchés professionnels et pour des systèmes
avancés, à terme, en environnement domestique.

Interactions avec l’environnement, internet des objets


La capacité d’interaction de robots avec leur environnement repose pour partie sur les capacités de
perception du robot, mais également sur l’adéquation de cet environnement aux fonctions que le
robot doit remplir. Dans un environnement industriel, des étiquettes RFID permettent par exemple
le repérage et l’identification d’objets particuliers pour des robots de logistique. Les projets liés à

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l’internet des objets et aux normes IP v6 peuvent donc constituer un élément favorisant certaines
applications.

7.2.4. Les déterminants sociétaux


Les déterminants sociétaux pilotent notamment les besoins en nouvelles fonctionnalités. Il ne s’agit
pas ici d’en dresser une liste exhaustive, mais de présenter quelques éléments particulièrement
pertinents au regard du développement de la robotique.

Évolutions démographiques
Les évolutions démographiques sont en soi un déterminant de la demande pour certains segments de
marchés. Éventuellement facteurs déclencheurs, le vieillissement de la population ou des baby-
booms accroissent l’importance de certains besoins, favorisant la rentabilité de nouveaux modèles
économiques ou d’applications innovantes.

Pénurie de main-d’œuvre
La pénurie de main-d’œuvre sera à terme problématique dans certaines populations vieillissantes,
comme au Japon par exemple. Cette pénurie est un facteur incitatif important pour la robotisation de
certaines tâches professionnelles.

Demande de sécurité
La demande de sécurité est une constante des sociétés occidentales, qui font par exemple que la
vidéosurveillance urbaine, longtemps décriée, semble maintenant acceptée largement.

Appétence pour la technologie


Le développement et le déploiement large des technologies de l’information, avec une interaction
de plus en plus poussée de l’humain avec la machine, sont de toute évidence des facteurs favorables
au développement de la robotique.

7.2.5. La priorisation des déterminants


Prioriser de manière générique ces différents déterminants est impossible, tant les contraintes sur les
différents marchés sont variées. Nous proposons cependant une classification de quelques grands
marchés possibles selon leur dépendance aux différentes classes de déterminants.

Figure 36 : Proposition de priorisation des déterminants pour le robot domestique


Domestique
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques

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Le marché domestique est essentiellement tiré par des déterminants de marché liés principalement
au coût des dispositifs par rapport aux services rendus. Certains verrous techniques peuvent encore
limiter l’évolution des robots ménagers ou ludiques, alors que le robot compagnon plus évolué n’est
aujourd’hui pas mûr techniquement et économiquement.

Figure 37 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots d’assistance aux
personnes en perte d’autonomie
Assistance
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques
Les robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie font face à des verrous selon les quatre
dimensions, comme nous l’évoquons dans le § 7.2 :
• Acceptabilités : avec par exemple des considérations d’acceptabilité individuelle par les
personnes assistées, ou sociales par les corps professionnels de la santé ;
• Sociétaux : le marché lié à la dépendance est par exemple fortement corrélé au
vieillissement général de la population des pays du Nord ;
• Économiques : l’équation réconciliant le coût des systèmes et les modes possibles de
financement n’est pas résolue ;
• Techniques : les fonctionnalités avancées attendues pour certains systèmes n’ont pas encore
de solution technique.

Figure 38 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de défense


Défense
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques
Pour les robots de défense, le marché existe aujourd’hui bel et bien. Si les restrictions budgétaires
peuvent ralentir le déploiement des robots, les principaux déterminants sont technologiques.

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Figure 39 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de surveillance


Surveillance
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques
Pour les robots de surveillance, dans un environnement civil notamment, et particulièrement sur les
sites ouverts, se posent essentiellement deux types de questions. Primo sur les solutions
technologiques permettant au robot de remplir une mission de surveillance : la détection de
mouvement à partir d’un système lui-même en mouvement est un problème technique ardu, par
exemple. Deuxio, sur des questions d’acceptabilité juridique : un robot peut-il intervenir de manière
autonome ? évoluer seul dans un espace ouvert (drones) ? manipuler ou collecter des données
personnelles ?

Figure 40 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots agricoles


Agricole
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques
Le marché des robots agricoles se développera sur la base de coûts d’exploitation avantageux par
rapport aux pratiques qu’ils sont censés assister, et d’innovations technologiques pour réaliser les
gestes de l’agriculture.

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Figure 41 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de service en


logistique
Logistique
Acceptabilités

Sociétaux Techniques

Economiques
Les services professionnels en logistique présentent des caractéristiques similaires aux marchés
agricoles du point de vue de ce graphe. Les considérations technologiques et économiques sont
prépondérantes sur ces marchés très techniques.

Les prochains chapitres approfondissent trois segments de marchés, choisis au démarrage de


l’étude :
• L’assistance aux personnes en perte d’autonomie,
• Le robot domestique,
• La surveillance et le gardiennage.

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8. L’ASSISTANCE AUX PERSONNES EN PERTE D’AUTONOMIE


8.1. APPLICATIONS COUVERTES
8.1.1. Introduction
L’objectif est ici d’analyser le marché des robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie
(personnes handicapées, personnes âgées dépendantes) dans le but de les aider dans la vie
quotidienne, dans les loisirs, au domicile et en milieu hospitalier et par extension dans
l’amélioration de leur état de santé (rééducation physique, entretien mental…). On entend par
dépendance l’état d’une personne qui ne peut réaliser seule les actes de la vie quotidienne, par
handicap un désavantage quelconque, infirmité ou déficience, congénitale ou acquise, permanente
ou temporaire.
Le domaine étant assez diversifié en termes d’applications et de besoins, nous découpons le marché
en quatre segments pour l’analyse :
• La téléassistance ;
• L’assistance physique ;
• La rééducation ;
• Les systèmes d’assistance « intelligents ».

Ce dernier domaine est plus prospectif ; il n’existe pas à ce jour de produits robotiques en
exploitation. Le besoin est partiellement couvert par des solutions technologiques de base
(téléassistance via une ligne téléphonique) qui évoluent rapidement avec des produits plus
sophistiqués issus de la domotique. Le besoin est également couvert par l’intervention ponctuelle à
domicile via les organismes de service à la personne (visite journalière, aide aux repas ou aux
soins).

Ces systèmes d’assistance « intelligents » regroupent, au niveau objectif, entre autres, les fonctions
de téléassistance, d’assistance physique et d’assistance mentale.

8.1.2. Téléassistance
On trouve sur ce marché de nombreuses sociétés de téléassistance qui utilisent des systèmes d’appel
via une ligne téléphonique et qui sont actionnés par les usagers en cas de besoin. On peut citer
notamment les sociétés suivantes :
• Valore, service de téléassistance, service de convivialité et service internet ;
• Présence Verte : association nationale regroupant un ensemble d’associations locales.
Environ 30 M€ de chiffre d’affaires au niveau national ;
• AFRATA Association française de téléassistance ;
• GTS ; société privée de téléassistance
• Fillassistance : société de téléassistance, filiale de la CNP.
Ces services sont proposés via des abonnements avec installation du matériel et sont financés par
les usagers, le cas échéant avec une prise en charge partielle des collectivités territoriales
(département principalement). En 2011, le parc d’instruments de téléassistance ou de
télésurveillance installés est estimé à 400 000 en France, 1 000 000 au Royaume-Uni.

De nouveaux produits apparaissent sur le marché et viennent compléter l’offre technologique pour
ces sociétés de services :
• Vidéoassistance ;
• Montre alarme zigbee à domicile ;

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• Montre alarme couplée avec GPS pour une utilisation en mobilité extérieure ;
• Montre bracelet de détection de chute ou capteur fixé sur le corps de la personne ;
• Modules complets intégrés dans un environnement domotique de surveillance des locaux
(détection de gaz, incendie, intrusion…).
Il est important de souligner que ces produits, technologiquement matures et disponibles depuis
cinq ans, commencent aujourd’hui seulement à trouver leurs marchés en France, car étant objets de
réticences de la part des personnes et de leur entourage.

Ces équipements peuvent être raccordés par une liaison internet haut-débit couplée le plus souvent
avec une liaison GSM, GPRS ou 3G pour sécuriser le lien de transmission, l’équipement pour
l’extérieur étant couplé uniquement à une liaison 3G.

Ces équipements sont également utilisés dans des EHPAD (Établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes) ou maisons de retraite médicalisées afin d’assister le personnel dans
le suivi et la surveillance des personnes dépendantes. Ces établissements peuvent être publics,
privés-associatifs ou privés-commerciaux.

Parmi les acteurs français : la société Intervox (rachetée récemment par le groupe Legrand), la
montre ZCare de Cléode, le produit Saverlife GPS, etc.

L’offre commerciale de service et technologie dans les différents pays européens est assez similaire
(avec une tendance plus technologique sur l’Europe du Nord) mais avec des différences importantes
en marché résultant : une pénétration forte en Scandinavie, au Royaume-Uni et en Irlande, une
croissance lente en France et Allemagne, un rattrapage aux Pays-Bas et Espagne, et des marchés
émergents au Portugal, Hongrie et Grèce. L’évolution de ces marchés est par ailleurs plus liée à
l’intervention publique qu’au PIB par habitant des ces différents pays. Ceci est confirmé par
l’attentisme constaté en France depuis l’annonce du report du plan gouvernemental sur la
dépendance.
Selon l’étude du cabinet Basic, en 2009, la pénétration moyenne des services de téléassistance en
Europe est présentée sur la figure ci-dessous avec une évolution importante, en 2015, de ce taux de
pénétration du fait de nouveaux services offerts et de l’augmentation régulière du nombre de
seniors, qui constituent l’essentiel du marché pour ce type d’assistance. Par contre ces évolutions
seront différentes suivant les services offerts (source étude Basic) avec notamment l’intégration
dans cette offre de services télémédecine.

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Figure 42 : Évolution attendue des services de téléassistance en Europe

Source : Étude téléassistance en Europe – cabinet Basic –2009.

Ces éléments nous conduisent à une estimation de taux de pénétration d’environ 0,1% en nombre
d’abonnés en 2010 pour une population d’environ 80 millions de seniors de plus de 65 ans en
Europe. Selon nous, la classe d’âge visée par ces équipements est plutôt les plus de 75 ans qui
représentent environ 45 à 50 % de la population totale de seniors citée auparavant. On obtient donc
un taux de pénétration d’environ 0,2 % en 2010 sur cette population. En 2015, il est estimé à
environ 2 % sur la population de plus de 75 ans, qui aura augmenté d’environ 45 millions de
personnes en Europe.

Nous n’avons pas de chiffres aussi précis sur ce marché au niveau mondial mais nous estimons qu’il
est assez équivalent, proportionnellement à leur population, pour des pays comme les États-Unis, le
Canada et le Japon qui ont des assurances de durée de vie et des taux de vieillissement de la
population assez proches des pays européens (quoiqu’un peu inférieurs pour les États-Unis). Ces
trois pays représentent environ 470 millions d’habitants avec une population concernée de 30 à 40
millions de plus de 75 ans. Cette estimation en nombre d’abonnés reste cependant à modérer suivant
le modèle familial de gestion des aînés de ces différents pays.

Ce segment de marché est en dehors de notre étude mais les chiffres présentés fournissent des
données de base pour étayer une part des 3 segments de marché présentés ensuite.

8.1.3. L’assistance physique


Nous positionnons dans ce segment de marché des équipements robotiques d’aide aux déficiences
physiques tels que :
• Des équipements robotisés monotâches (par exemple pour les aides au repas) ;
• Des stations robotisées d’assistance ;
• Les orthèses des membres supérieurs ou inférieurs ;
• Les prothèses intelligentes des membres supérieurs ou inférieurs ;
• Les déambulateurs intelligents ;
• Les fauteuils intelligents (dotés de fonctions d’assistance à la conduite, de bras de
manipulation…) ;
• Voire des exosquelettes complets des membres inférieurs.

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Parmi les équipements robotisés monotâches, on peut citer des produits commercialisés pour l’aide
au repas comme MySpoon de Secom au Japon, Bestic en Suède, Neater Eater et Windsford Feeder
de Patterson Medical au Royaume-Uni. Ces produits sont commercialisés depuis environ 10 ans
pour un coût moyen de 3 000 à 5 000 € suivant les produits.
On peut également citer des fauteuils roulants tels que la wHing de DRK, groupe Segula, a
développés en collaboration avec l’AFM (Association Française contre les Myopathies) pour les
grandes dépendances. L’architecture électrique de ce fauteuil électrique permet d’intégrer des aides
à la mobilité et des compensations des membres supérieures.
Des stations robotisées d’assistance (multitâches) ont été développées dans les années 1990-2000
(AF Master du CEA, PROVAR de l’Université de Stanford) mais ce concept ne semble plus faire
l’objet de projets majeurs ou de développements industriels.

Les autres systèmes font l’objet de nombreux programmes de recherche en Europe, aux États-Unis
et en Asie et un certain nombre de prototypes existent. On peut citer entre autres :
• Le HAL (Hybrid Assistive Lymb) de Cyberdyne (Japon). Cette combinaison robotique
utilise des capteurs placés sur la peau pour détecter les différents mouvements des membres
du corps et ainsi multiplier la force de 2 à 10 fois. Alimenté par une batterie d’une
autonomie de 2h30 à 5h, cet équipement se vendrait environ 4 200 $. Il est fabriqué en petite
série et loué à des maisons de repos.
• Le robot Mobiro d’aide à la mobilité de Toyota a été conçu pour les personnes à mobilité
réduite. Il est capable d’atteindre une vitesse de 6 km/h avec une autonomie de 20 km. L’un
de ses avantages est de pouvoir circuler sur des surfaces y compris avec des obstacles sans
que la position du passager n’en soit affectée.

Figure 43 : Exosquelette HAL (gauche) et robot Mobiro (droite)

Sources : Cyberdyne, Toyota.

• Des prototypes de fauteuils roulants intelligents avec une navigation semi-autonome (projet
européen SYSIASS, le Labs Autonomos à Berlin, le LASC à Metz…).
• Le déambulateur motorisé et intelligent développé actuellement conjointement par Robosoft
et l’ISIR (Institut des systèmes intelligents et Robotique) en France dans le cadre du projet
MIRAS cofinancé par l’ANR et la CNSA.
• La prothèse de bras « intelligente » (contrôlée par les nerfs du patient suite à une délicate
opération chirurgicale), développée par Otto Bock Healthcare Product GmbH en
collaboration avec l’AKH (hôpital central de Vienne) et l’université de médecine de
Vienne.

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Figure 44 : Prothèse de bras Otto Bock Healthcare Product GmbH

• Des travaux importants sont actuellement réalisés aux États-Unis sur les prothèses
robotisées, notamment pour des anciens combattants blessés gravement dans des conflits
récents.
• Des travaux de recherche sur des orthèses de bras et de main qui pourraient apporter une
assistance à une personne handicapée et être utilisées également en rééducation
fonctionnelle (Armin de l’école polytechnique de Zurich, le projet ANR BRAHMA
regroupant CEA, ISIR, LNP…)
• L’exosquelette des membres inférieurs Hercules développé par la PME française RB3D en
collaboration avec le CEA List et la DGA. Ce système permet à un homme de transporter
une masse importante sur son dos à 4 km/h avec une autonomie de 4 à 5 heures.
L’application est en premier lieu militaire mais pourrait être utilisée également par des
patients handicapés et des ouvriers ayant des charges lourdes à déplacer (commercialisation
en 2014-2015 au prix de 20 000 €).

Figure 45 : Exosquelette Hercule

Source : RB3D

• L’exosquelette néo-zélandais REX de la société RexBionics pour les membres inférieurs à


destination des personnes paraplégiques mesurant entre 1,50 m et 1,95 m et pesant moins de
100 kg.

Concernant les exosquelettes, on peut distinguer les exosquelettes endogènes qui sont contrôlés
pratiquement en interne par la personne (capteurs sur peaux, voire capteurs reliés directement à des
nerfs) des exosquelettes exogènes, contrôlés par des capteurs d’efforts recueillis lors des

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mouvements de la personne. Les premiers (exosquelettes endogènes) sont en fait très proches de la
prothèse.

On peut citer également des bras robotisés développés spécifiquement pour la collaboration avec
une personne (vitesse et couple limités et sécurisés) qui peuvent être utilisés en station fixe ou
embarqués sur un fauteuil intelligent ou un robot mobile (cf. système d’assistance intelligent ci-
dessous). Couplés à des équipements de perception visuelle, ils peuvent réaliser des mouvements
semi-autonomes :
• Le bras JACO de Kinova commercialisé au prix d’environ 25 à 30 k€
• Le bras Manus d’Exact Dynamics, remplacé à terme par le bras I-ARM plus léger (510 kg,
25 k€)

Ces équipements dédiés à la mobilité ou la manipulation dans la vie courante ont pour objectif
d’être utilisés dans tous types d’environnement de vie.

Également dans ce domaine, des systèmes robotiques dédiés au transport ou à l’aide au déplacement
de personnes comme les robots RI-MAN et RIBA au Japon seront réservés à un usage en milieu
hospitalier pour assister le personnel soignant.

Figure 46 : Robot RI-MAN (Japon)

Tous ces systèmes sont en cours d’expérimentation. Les produits futurs se positionnent sur un
marché de petites séries, d’un coût assez élevé (de 10 k€ à quelques dizaines de k€), relativement lié
au marché médical. Il devra être soutenu, par exemple pour la France, par les assurances et
mutuelles dans le traitement des handicaps suite à accident et par des sources de financement à
trouver dans le traitement des personnes âgées afin de l’ouvrir aux personnes aux ressources
limitées.

8.1.4. La rééducation
La rééducation des patients atteints d’hémiplégie spastique (paralysie d’un côté du corps) est très
délicate. Les causes de ces paralysies sont multiples : hémorragie cérébrale ou accident vasculaire
cérébral (AVC), traumatisme, tumeur ou sclérose en plaques. Le cerveau peut être rééduqué et un
certain degré de récupération fonctionnelle peut être obtenu grâce à une rééducation suivant des
mouvements élaborés qui nécessite des exercices guidés par un kinésithérapeute de manière très
précise et cela plusieurs fois par jour avec des exercices de 30 à 45 mn.
L’intérêt d’utiliser un système robotisé pour guider le patient dans cette rééducation est manifeste
pour augmenter le nombre de séances, cette répétitivité étant un facteur important du taux de
réussite de cette rééducation. Les premières réalisations étaient des systèmes de laboratoire réalisés
à partir de petit robots industriels. Des produits spécifiques sont maintenant disponibles :

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• Le robot LOKOMAT de la société Suisse HOCOMA : il permet la rééducation des membres


inférieurs et la rééducation à la marche. 20 systèmes sont opérationnels en France dans des
services hospitaliers spécialisés. Le prix est d’environ 200 000€

Figure 47 : Robots de rééducation Kinova (gauche) et Armeo (droite)

• Le système ARMEO de HOCOMA permet la rééducation des membres supérieurs. Il peut


être associé à une visualisation en réalité virtuelle des mouvements. Le prix est d’environ
50 000€ et dix équipements sont installés en France. Une version motorisée réellement
« robot », ARMEO Power, doit être commercialisée à court terme
• La société In Motion aux États-Unis propose également des produits robotisés assez proches
pour la rééducation des membres supérieurs (utilisant le bras Manus cité dans le chapitre
précédent).

Figure 48 : Robots de rééducation InMotion (gauche) et Rutgers Master II Glove (droite)

Il existe également des systèmes basés sur des manipulateurs à câbles et des systèmes bimanuels
ainsi que des équipements pour la rééducation de la main (Rutgers Master II Glove).

Des travaux de recherche importants sont menés pour améliorer ces équipements et élargir leurs
domaines d’application. Les projets et développements sur les orthèses et exosquelettes présentés
dans le chapitre précédent sont également une solution bien adaptée à ce besoin (BRAHMA,
ARMIN…).

Les robots pour l’entraînement des sportifs ne sont pas abordés dans cette étude mais la chaîne de
valeur du sport représente un potentiel important de croissance avec des travaux de développement
notamment aux États-Unis. Ce type d’équipement, à des prix plus serrés, pourrait être également en
utilisation dans le futur pour répondre à des besoins de rééducation plus conventionnelle.

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8.1.5. Les systèmes d’assistance intelligents


Nous positionnons dans cette catégorie des systèmes robotisés mobiles qui ont une vocation
multitâches pour l’assistance à la personne dépendante pour des raisons de handicap moteur ou
mental suite à maladie, accident et vieillesse. Ces systèmes ont de multiples fonctions de base qui
sont configurées suivant le besoin de la personne. On peut citer :
• la surveillance et la levée de doute,
• la stimulation cognitive,
• la socialisation via des outils de jeux, d’accès à distance audio-vidéo aux proches, agenda,
courses…,
• l’actimétrie (recueil de données sur l’état du patient et de son évolution, lié à un acte de
télémédecine, études épidémiologiques, info sur la vie quotidienne),
• la consultation de télémédecine,
• l’assistance via la manipulation et le transport d’objet (avec une option bras embarqué
suivant le type de système)…

Ces systèmes seront connectés dans la majorité des cas à des plates-formes distantes de
téléassistance (plateau médicalisé) ou de télémédecine. Ils ont des fonctionnalités multitâches et
pourront remplacer à terme des fonctions d’assistance et d’entretien physique et cognitif « fixe »
(via des box, télévisions, caméras et autres outils domotiques spécifiques). De par leur mobilité, ils
pourront offrir de réels et multiples services à des personnes dépendantes sans une multiplication de
systèmes et capteurs à installer dans le lieu de vie. Ils pourront également être associés à ces
fonctions « fixes » en cas de besoin complexe d’assistance.

De multiples projets sont en cours de développement en Europe, en Asie et aux États-Unis. Ils se
présentent pour l’instant sous forme de plates-formes mobiles plus ou moins ergonomiques et sont
commercialisés comme des plates-formes de développement, utilisées par les sociétés et
laboratoires partenaires pour des développements de fonctionnalités de navigation autonome,
d’interaction homme-robot (parole, son, reconnaissance et expression d’émotion...) et d’applications
de services futurs d’aide à la personne (actimétrie, interface avec plateaux médicalisés, stimulation
cognitive…). Elles sont également utilisées pour des expérimentations réelles avec des personnes
dépendantes pour les projets les plus avancés.
On peut citer entre autres :
• Le Kompaï de Robosoft utilisé sur différents projets en France et en Europe (Robodomo,
Romadom, Pramad, Armen…) ;
• La plate-forme robotisée du projet ANSO du CEA qui expérimente des applications
intégrant un bras robotisé. ;
• La plate-forme robotisée Pearl aux États-Unis ;
• La plate-forme robotisée Care-O bot de l’institut de Fraunhofer en Allemagne, équipée
également d’un bras ;
• La plate-forme Jazz de Gostai, plus dédiée actuellement à des applications de surveillance et
de téléprésence, et qui pourrait évoluer vers des applications complémentaires plus dédiées
aux personnes dépendantes ;
• La plate-forme AVA d’iRobot qui sera commercialisée début 2012 vers de nombreux
laboratoires aux États-Unis qui travaillent sur ces applications ;
• Le robot humanoïde Nao d’Aldebaran qui est une réussite commerciale (1 500 robots
vendus) et qui contribue à de nombreux travaux de recherche sur la robotique humanoïde et
ses interactions avec la personne ;

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• Son grand frère ROMEO (1,30 m) en cours de développement qui préfigure de futurs robots
humanoïdes domestiques d’assistance à la personne ;
• Le robot humanoïde Twendy One (Japon) qui mesure 1,47 m et pèse 110 kg développé par
l’université de Waseda (pas de commercialisation envisagée à ce stade, son coût serait de
l’ordre de 2 M€).

Figure 49 : Quelques projets de robots d’assistance « intelligents »

Kompaï Care O Bot Anso (CEA)

Nao Twendy One Romeo

Dans ce segment « système robotique intelligent », nous avons sciemment omis de traiter des robots
compagnons (robot de compagnie) monotâches (ou du moins réservés à un nombre de tâches
limitées d’interaction avec la personne) tels que Taizo : un petit robot coach pour personnes âgées,
Paro : un bébé phoque très expressif à finalité thérapeutique expérimenté au Japon, le chat NeCoRo,
le robot Kaspar expérimenté auprès d’enfants autistes et différents petits robots dotés d’un certain
nombre de fonctions d’interaction avec une personne afin d’assurer un lien social et cognitif.

Ces robots sont en fait quasiment des robots personnels dont le marché est par ailleurs analysé dans
le segment « compagnon domestique ». Un croisement avec les besoins et utilisations
thérapeutiques sera à traiter dans ce cadre.

8.2. CONTEXTE ET ENJEUX


8.2.1. Système robotique de rééducation et d’entraînement.
Concernant les systèmes robotiques de rééducation qui sont centrés actuellement sur la rééducation
neuromotrice suite à des accidents vasculaires et en thérapie à la sclérose en plaques, ces nouveaux
équipements représentent une amélioration certaine de la rééducation aussi bien en durée qu’en
efficacité, permettant une augmentation importante du taux de réussite. Les applications orientées

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vers l’entraînement des sportifs et la rééducation conventionnelle post-traumatique représentent


également un potentiel de développement. Aucuns travaux ni développements de ce type n’ont été
répertoriés en France (ni en Europe à notre connaissance) mais des produits existent par exemple
aux États-Unis.
Les acteurs sur la rééducation robotique en France
• Utilisateur final (patient).
• Circuit de distribution commerciale et SAV.
• Fabricant du produit.
• Hôpital, Clinique (utilisateur praticien kinésithérapeute et ergothérapeute et administration
financeur).
• Praticien kinésithérapeute et ergothérapeute (utilisateur et financeur dans le futur ?).
• CPAM pour le remboursement des actes.
• Et aussi potentiellement des acteurs de la chaine du sport.

8.2.2. Assistance physique et système d’assistance intelligents


Les contextes démographiques et sociétaux pour les différents pays pris en compte dans notre étude
sont très différents selon que l’on analyse les besoins et moyens disponibles pour les personnes
âgées dépendantes ou les personnes de tout âge en handicap physique.

Concernant les personnes âgées dépendantes, les évolutions démographiques des personnes de
plus de 75 ans sont importantes et assez similaires en Europe, en Amérique du Nord et par exemple
au Japon ou en Corée. Par contre les besoins peuvent être très différents suivant le modèle familial
et les moyens disponibles (aides financières des organismes étatiques et des collectivités,
associations et sociétés privées d’aide à la personne…) :
• Dans les pays scandinaves et les Pays-Bas, la prise en charge de la dépendance est très
professionnalisée avec peu de personnes âgées vivant chez leurs enfants.
• Dans l’Europe du Sud, la prise en charge familiale est le cas général avec des aides sociales
associées (très peu de prise en charge formelle en établissement ou à domicile).
• Le Japon a des caractéristiques assez proches de celles des pays d’Europe du Sud.
• En Allemagne et en France, le contexte de prise en charge est dans une situation
intermédiaire, par contre les stratégies d’aide sont différents : gestion du 5ème risque par la
sécurité sociale en Allemagne et aides sociales du type de celles des pays du Sud en France.
En France, par exemple, les financements disponibles sont l’APA (Allocation Personnalisée
d’Autonomie), des petites aides des collectivités locales et la personne elle-même.
• Les États-Unis présentent les différentes stratégies des pays européens, suivants les États,
mais avec des aides sociales nettement plus faibles qu’en Europe et basées sur des
assurances privées auxquelles a accès une partie seulement de la population.
Les capacités à financer des aides techniques au sein de ces différents pays seront donc très
variables suivant les organismes apportant des aides. Leur développement dans chaque pays sera
d’autant plus envisageable que les moyens financiers seront centralisés par des organismes à même
d’évaluer le retour sur investissement d’aides techniques aux aidants par rapport au coût de l’aide
humaine totale ou du placement en institution (calcul économique complet).

Concernant les personnes de tout âge en handicap physique, le contexte sociétal est différent,
avec une prise en charge plus généralisée par les familles dans les différents pays. Par contre, les
solutions mises en place pour lutter contres les discriminations dans la vie courante (transport, lieux
publics, etc. ) sont très variables, et sont plus avancées dans les pays d’Europe du Nord. Les
modalités de prise en charge financière institutionnelles varient également et font l’objet de

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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nombreuses études. Il ressort cependant que les modalités des pays nordiques facilitent notamment
la mise en place des aides techniques aussi bien au niveau acquisition que formation et assistance à
la personne pour les utiliser. Ce dernier point s’applique bien entendu à l’implantation du système
d’assistance robotique qui semble plus aisée dans ces pays 9.

Les objectifs affichés de ces types de robot sont d’améliorer la qualité de vie des personnes peu ou
pas autonomes en leur offrant la possibilité de vivre le plus indépendamment possible malgré leur
handicap. Par exemple, malgré le coût potentiellement élevé des prothèses, l’apparition de tels
équipements opérationnels permettrait de redonner une vie sociale et professionnelle à des
personnes, induisant un bénéfice sociétal, voire économique, important.

De même, en leur permettant de rester chez elles, en les aidant dans les tâches quotidiennes, en leur
faisant prendre leurs médicaments et en servant de lien avec les soignants, le robot d’assistance à
domicile, en lien avec un réseau d’assistance, pourrait permettre de retarder le départ en institution
des personnes dépendantes. Le maintien à domicile est dans la mesure du possible toujours
préférable : les départs en maison de retraite sont souvent suivis d’un traumatisme causant une perte
de capacités physiques et intellectuelles si ce départ n’est pas un choix délibéré de la personne.

Ce même robot utilisé dans des institutions, permettrait de soulager le personnel soignant ou
accompagnant de nombreuses tâches répétitives et parfois ingrates, et pourrait apporter à la
personne aidée une plus grande autonomie d’action.

Pour les personnes affectées d’un handicap physique permanent, les robots peuvent avoir des
impacts importants sur la qualité de vie des personnes. Un enjeu essentiel est alors de ne pas
considérer le robot comme un palliatif à la présence humaine, mais comme un outil
complémentaire, au risque de créer un phénomène de désocialisation des personnes aidées et de
rejet de la part des réseaux d’aide qui pourraient le mettre en place.

De manière générale, que ce soit pour les personnes âgées ou les personnes de tout âge en handicap
physique ou sensoriel, des études sur l’acceptabilité de ces systèmes auprès de différents
échantillons ont montré des réactions très différentes et partagées (1/3 très intéressé, 1/3 en refus
complet et 1/3 « demandant à voir ») sans qu’il soit possible de dégager de manière claire des
classes et profils de personnes à sélectionner. L’exploitation de tels systèmes nécessite donc
systématiquement des formations et essais avec les personnes concernées afin de sélectionner les
patients et éviter des erreurs d’attribution.
Il ressort également que le système robotisé d’assistance peut être apprécié du fait qu’il limite la
dépendance vis-à-vis d’un être humain. Cette dépendance étant souvent perçue comme
humiliante pour la personne (ce qui n’est pas le cas vis-à-vis d’une « machine »).

Les parties prenantes sur ces deux segments de marchés sont relativement nombreuses suivant les
modalités d’exploitation et le contenu final des services offerts pas les équipements :

Parties prenantes sur les systèmes d’assistance intelligents :


• Utilisateur final (patient) seul ;
• Utilisateur final (patient) avec service à distance associé ;
• Utilisateur en EHPAD 10 ;
• Circuit de distribution commerciale et SAV 11 (produit sans abonnement ou location) ;

9
Constat tiré notamment de la réussite du projet européen MANUS dans les pays nordique et échec en France selon l’AFM.
10
EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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• Fabricant du produit ;
• Fournisseurs de services web associés ;
• Fournisseurs d’application logicielle complémentaire (éducation, jeux, travaux cognitifs…) ;
• Provider de connexion internet ;
• Société de téléassistance (en lien avec services médicaux) mais nécessité d’être associée à
une visite régulière si non assurée par la famille ;
• Tout organisme d’aide et de cofinancement (association, commune, département ou région) ;
• Société de maintenance/entretien et support à domicile ;
• Hôpital, Clinique, EHPAD - praticien et aide-soignant, ingénieur hospitalier (utilisation en
interne) ;
• Service médical à distance (sans société de service intermédiaire) ;
• Financeurs : Société d’assurances, CNSA/APA, collectivités territoriales, CPAM 12 ;
• Praticien orthopédique, kinésithérapeute, ergothérapeute ;
• Gérontologue…

Les « patients utilisateurs » (acceptabilité) et les « financeurs » sont les acteurs prépondérants pour
permettre le développement de ces marchés mais tous les organismes en charge de la mise en place,
de l’exploitation et du support sont critiques également dans le développement et la valorisation des
ces équipements suivant le mode d’exploitation retenue.

Parties prenantes sur les systèmes d’assistance physique :


• utilisateur final (patient) ;
• circuit de distribution commerciale et SAV ;
• fabricant du produit ;
• tout organisme d’aide et de cofinancement (association, commune, département ou région) ;
• hôpital, Clinique ;
• financeurs : Société d’assurance, CNSA/APA, collectivités territoriales, CPAM ;
• praticien orthopédique, kinésithérapeute, gérontologue…

8.3. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ


Un certain nombre d’éléments endogènes et exogènes à ces développements peuvent à terme
pousser ou freiner le développement des marchés de ces différents produits.
8.3.1. Systèmes d’assistance intelligents
Sur le segment de marché de l’assistance à la personne avec des « systèmes d’assistance
intelligents » on répertorie les motivations et prérequis suivants :

Motivation :
• Maintien à domicile pour éviter des coûts en établissement importants ;
• Favoriser le maintien de la vie de la personne dans son environnement antérieur (si
souhaité) ;
• Aider dans les établissements le personnel qui est en sous-effectif chronique (contact, guide,
assistance à la mobilité… ) ;
• Réduction de la dépendance de l’aidé vis-à-vis de l’aidant (humain) ;
• Préinstallation réduite voire nulle dans les locaux d’utilisation, permettant une utilisation
temporaire ou prolongée et le changement de lieu de vie si besoin sans coût induit.
11
SAV : Service Après-Vente.
12
CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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Prérequis :
• Valeurs ajoutées réelles vis-à-vis du service rendu ;
• Prix abordable avec les services associés ;
• Réflexion profonde sur les modes de financement de ces services technologiques et mise en
place d’aide pour les faibles revenus ;
• Marché d’état ou de région pour le démarrage du marché ;
• Système robuste et fiable, sans danger pour la personne (risque sur mobilité) ;
• Acceptabilité par la personne. Ce point peut justifier plusieurs approches d’offre robot
(Physionomie et interface) et de services afin de s’adapter aux différentes possibilités
d’acceptabilité des personnes concernées ;
• Sécurisation des liens de communication et des moyens de détection, notamment sur l’aspect
surveillance de personne afin de lever au maximum les risques juridiques liés à des
dysfonctionnements de la chaîne globale de service dans des phases critiques de chute,
malaise, etc. du patient.

Les principaux déterminants qui motivent de pousser les développements et qui pourraient en
freiner le développement sont repris dans le tableau suivant :

Systèmes d’assistance Frein possible Motivation


intelligents
Acceptabilité et utilisabilité Gênant si niveau de service Très variable suivant les
associé insuffisant personnes
Système robuste, sûr et fiable bloquant
Sécurisation des Bloquant pour certaines
communications avec service applications (surveillance
distant chute, malaise…)
Maintien à domicile Facteur important (psychique
et financier)
Réduction de la dépendance Facteur important (psychique
(domicile et EPHAD) et financier)

8.3.2. Assistance physique


Sur le segment de marché des produits d’assistance physique, nous retrouvons les principaux
points suivants :

Motivation :
• Maintien à domicile pour éviter des coûts en établissement importants ;
• Favoriser une vie la plus normale possible de la personne dans son environnement intérieur
et extérieur sans une assistance humaine (besoin d’indépendance et de valorisation) ;
• Réduction de la dépendance de l’aidé vis-à-vis de l’aidant (humain) ;
• Réduire les coûts importants d’assistance humaine « privée » et/ou réduire l’impact sur les
aidants (famille, amis…).

Prérequis :
• Valeurs ajoutées réelles vis-à-vis du service rendu ;
• Prix abordable avec les services associés ;

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• Réflexion profonde sur les modes de financement de ces offres technologiques et mise en
place d’aide pour les faibles revenus ;
• Marché d’État ou de région pour le démarrage du marché ;
• Système robuste et fiable, sans danger pour la personne (risque sur mobilité) ;
• Acceptabilité et utilisabilité par la personne.

Les principaux déterminants qui motivent de pousser les développements et qui pourraient en
freiner le développement sont repris dans le tableau suivant :

Robots d’assistance physique Frein possible Motivation


Acceptabilité et utilisabilité Gênant si niveau de service
associé insuffisant
Système robuste, sûr et fiable bloquant
Réduction du handicap Facteur majeur
Réduction de la dépendance Facteur important (psychique
et financier)
Prix et financement Bloquant pour une
généralisation pouvant
permettre une réduction des
prix

8.3.3. Rééducation robotique


Concernant le segment de marché de la rééducation robotique, les motivations ont déjà été
largement présentées. Les prérequis sont essentiellement des moyens de financement pour les
services spécialisés.
Les principaux déterminants qui motivent de pousser les développements et qui pourraient en
freiner le développement sont repris dans le tableau suivant :

Robots de rééducation Frein possible Motivation


Amélioration du taux de Bloquant Élément prépondérant dans les
réussite du traitement choix d’acquisition
Ouverture vers la chaîne du Besoin en quantité supérieure
sport et la rééducation post- et réduction des prix
traumatique
Prix élevé des systèmes Bloquante pour une
actuels et moyen de généralisation plus importante
financement disponible (hors grand CHU).

8.4. POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DE CES SEGMENTS DE MARCHÉS


8.4.1. Assistance physique
Inventaires des coûts :
• Coût des équipements : amortissement sur 5 ou 10 ans.
• Coût d’exploitation (support, SAV, maintenance évolutive).

Les développements actuels sont encore assez éloignés du produit idéal exploitable sur un patient
dans le cadre de sa vie courante. Ils nécessiteront des phases d’adaptation et d’apprentissage.

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Suivant le système, ils pourraient être associés à du personnel de support assez classique (infirmier
et technicien) pour des orthèses, déambulateurs et fauteuils roulants robotisés.
Le coût de ses équipements peut être estimé entre 20 à 30 k€ avec un coût annuel de support et
maintenance de 5 à 10% du coût d’acquisition (chiffres moyens constatés pour les équipements déjà
commercialisés).
Ces équipements seraient financés par les assurances dans le cas de handicap suite à traumatismes
(garantie multirisque- accident) et par la CPAM, les mutuelles et autres aides au handicap dans le
cas d’un handicap par maladie et vieillesse, avec sans doute une participation du patient.

L’exploitation de prothèses robotisées relèvera par contre d’un niveau de praticiens spécialistes et
d’un encadrement de support hautement spécialisé. Le coût de ces équipements sera nettement plus
important et ils nécessiteront de plus des interventions chirurgicales assez lourdes pour leur
implantation et un coût annuel de support et maintenance spécialisée (pas de données de coût estimé
à ce jour).
Ces équipements seraient financés par les assurances dans le cas de handicap suite à traumatismes
(garantie multirisque- accident). Le financement par la CPAM, les mutuelles et autres aides au
handicap dans le cas d’un handicap par maladie et vieillesse, sera sans doute plus difficile et
complexe à mettre en œuvre compte tenu des montants à engager.
Par ailleurs, ces équipements relèvent clairement de la catégorie des équipements médicaux pour
lesquels la procédure d’homologation – nécessaire à une prise en charge par l’assurance maladie en
France – peut s’avérer longue et onéreuse.

Les bras d’assistance de type Manus et Jacco sont des outils robotisés qui pourront être associés à
des fauteuils roulants robotisés, à des systèmes de rééducation et également intégrés dans des
« systèmes d’assistance intelligents ». Les perspectives de marchés sont donc intégrées dans ces
marchés respectifs. Elles peuvent être importantes si leur coût n’est pas prohibitif notamment dans
des « systèmes d’assistance intelligents ». Le coût de 25 000 € par exemple pour le robot Jacco sera
pénalisant pour un robot personnel (fauteuils roulants robotisés et « systèmes d’assistance
intelligents »), d’autant plus qu’il devrait être complété par des moyens de contrôle et
asservissement par vision afin de le rendre réellement opérationnel et utilisable par le patient.

Le chiffre d’affaires du marché technologique pour l’autonomie en 2010 en France est de 55 M€, en
progression de + 62 % par rapport à 2009 (données de l’ASIPAG 13). Ce chiffre intègre toutes les
technologies confondues, de la simple téléassistance aux équipements de compensation plus ou
moins évolués et les besoins applicatifs relevant de la robotique ne représentent donc qu’une part
potentielle relevant de solutions robotiques.
Une étude de la DREES (n° 439 - novembre 2005) donne de manière détaillée des données sur le
nombre de personnes handicapées en fonction de leurs handicaps, classés sur la base de 9 actes
essentiels de l’existence dans 6 domaines de la vie quotidienne : la toilette, l’habillement,
l’alimentation, l’hygiène, les transferts et les déplacements. On peut en déduire les éléments
suivants :
• 24 000 personnes sont lourdement handicapés avec 5 domaines incapacitaires sur les 6 ;
• 37 000 personnes avec 4 domaines incapacitaires sur les 6 ;
• 61 000 personnes ont des incapacités dans au moins 3 domaines
Ces chiffres nous donnent une estimation des marchés en système d’assistance robotique de 30 à
50 000 équipements rien que pour la France avec un taux de renouvellement de 5 à 10 ans (toute
technologie et handicap confondus, membres supérieurs ou inférieurs).

13
ASIPAG : Association Solutions Innovantes Pour l'Autonomie et Gérontechnologies.

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8.8.2. Rééducation
Inventaires des coûts :
• Coût des équipements : amortissement sur 5 ou 10 ans
• Coût d’exploitation (support, SAV, maintenance évolutive)

L’exploitation des équipements robotisés semble réservée à des services spécialisés de médecine et
réadaptation thérapeutique en hôpital, de par leur coût d’acquisition et le niveau de formation
nécessaire à leur exploitation. Le marché est donc limité à des petites séries et se rapproche plus en
valeur des équipements médicaux, et soumis à des réglementations et normes de ces équipements.

La société Hocoma a réalisé un chiffre d’affaire de 21 M€ en 2010 avec ses quatre produits, qu’elle
distribue au niveau mondial (30 partenaires distributeurs et filiales aux États-Unis et Singapour). La
société InMotion (États-Unis) semble avoir une activité un peu moins forte sur le domaine. D’autres
sociétés ont une activité partielle sur ce domaine (technologie par câbles et autres). Sur ces bases,
on peut estimer le marché mondial actuel à environ 40 M€ avec un potentiel de croissance
important compte tenu des besoins estimés en traitement de ce type.

Pour exemple en Europe, les cas d’AVC sont évalués à cinq pour mille habitants, nécessitant à
80 % une thérapie de rééducation lourde de ce type, ce qui représente environ 2 millions de
personnes qui nécessiteront une thérapie durant leur vie, soit environ 25 000 traitements par an en
Europe.

8.4.3. Systèmes d’assistance intelligents


Inventaires des coûts :
• Coût des équipements : 5 à 20 k€, amortissement sur 5ans
• Coût d’exploitation à domicile : support, SAV, maintenance évolutive (10 % de
l’investissement par an après mise en place d’un réseau)
• Coût d’équipement et exploitation des plates-formes distantes
• Coût de connexion (ADSL/ câble + 3G en secours)
• Coût de gestion (abonnement… )

Création de nouveaux métiers :


• Référents patients qui rencontrent les patients régulièrement
• Paramétrage et administration du système
• Support et formation
• Offre de services associés modulaires suivant abonnement

Financeurs :
• Personne elle-même ou aidant
• Assureur (assurance suite traumatisme accidentel, prévoyance, 5e risque, dépendance)
• CPAM : uniquement sur la part suivi médical de maladie chronique, sous réserve que la
télémédecine soit remboursée (évolution en cours) en tant qu'acte (médical, infirmier,
orthophoniste, kiné), l’intervention du psychologue n'est pas prise en charge en tant qu'acte
médical.
• Collectivités locales
• APA14 avec le robot en tant que complément à l'auxiliaire de vie

14
APA : Allocation Personnalisée d’Autonomie.

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• Association (APCH15... )
• EHPAD (dans les cas d’exploitation en EHPAD)
• PCH16 vers moins de 60 ans (2 % des cas concernés au maximum)

L’objectif est une utilisation multiplates-formes (téléassistance, télémédecine, Internet pour la vie
sociale, le ludique…).
Dans sa version multifonctions, c’est un produit professionnel, il doit être associé à un plateau
médicalisé de téléassistance ou à un plateau hospitalier. L’intérêt du système dans son usage à
domicile est limité s’il est uniquement connecté à un aidant (famille, proche… ). Par contre,
l’utilisation en EHPAD peut être entièrement interne à l’établissement avec une simple connexion
vers l’extérieur pour la vie sociale (Internet et « skype » avec la famille et les amis). Les coûts
d’exploitation sont a priori pris en charge par les services généraux des établissements après
formation hormis le service après-vente et le support technique qui restent externalisés.
COVEA estime que cela peut représenter 150 à 200 personnes par an en utilisation temporaire ou
permanente suite à un retour au domicile après traumatisme grave (donc tout type de population du
jeune au senior) qui seraient financées par l’assurance.

Le cas de financement le plus critique est l’exploitation en assistance à la personne âgée dépendante
à domicile car les seuls financements majeurs envisageables à ce jour sont la personne elle-même,
les collectivités locales et l’APA. On peut imaginer des contrats d’abonnement au service avec
fourniture du robot suivant un modèle identique aux FAI mais en ajoutant une contrainte forte sur la
disponibilité, la sécurité, la confidentialité et le support.

Un abonnement type présence verte coûte 30 € par mois et une liaison FAI internet 20/30€.
Il faudrait alors viser un coût du service à 150/200 € par mois (voire plus si on offre des services de
vie sociale réelle et que la personne peut les financer). Ce budget doit permettre d’amortir le robot
sur 5 ans : le prix du robot devrait être inférieur à 5 000 € pour tenir cet objectif.

Un scénario d’exploitation commerciale directe vers l’utilisateur semble d’intérêt plus limité et d’un
coût trop important pour le patient/utilisateur moyen. Il n’est pas pris en compte dans notre analyse
car il ne représentera qu’une part faible du marché (personnes aisées et technophiles).

L’étude de la société Basic sur la téléassistance nous montre un nombre d’abonnés de service de
téléassistance en Europe évalué en 2010 à 100 000 abonnés et estimé à 800 000 voire 1 million
d’abonnés en 2015, en Europe. Ces chiffres nous semblent sous-évalués mais représentent déjà un
potentiel important de marché pour la robotique d’assistance à la personne si l’on prend un taux de
pénétration de 20 % en nombre d’abonnés avec des systèmes apportant une valeur ajoutée
nettement supérieure. Soit un marché potentiel en 2015 de 200 000 abonnés en Europe.

Les estimations de l’évolution démographique mondiale donnent par ailleurs une augmentation de
50 % de la population seniors en 2030 et un doublement en 2050, ce qui donne un potentiel de
croissance de ce marché d’ici le milieu du siècle.

De plus, ce chiffre ne prend pas en compte les besoins de la téléassistance de personnes


dépendantes autres que les personnes âgées sur lesquelles nous n’avons pas de données chiffrées à
ce jour.

15
APCH : Association Point Carré Handicap.
16
PCH : Prestation de Compensation du Handicap.

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Ces chiffres sont pratiquement doublés si on ajoute les marchés du Japon, États-Unis et Canada et
quelques autres pays ayant des courbes démographiques et taux de natalités proches de l’Europe.

8.4.4. Projections
Le tableau ci-dessous présente une synthèse des différentes applications présentées dans les
chapitres précédents :

Application ou  Avancement   Potentiel   Horizon  Acteurs France 


usage  temporel 
Systèmes robotiques d’assistance physique 
Orthèse des  Projet R & D Émergence Laboratoire R & D
membres  Défense en cours
supérieurs 
Orthèse des  Projet R & D Émergence RB3D, CEA, mais
membres  Défense à adapter orienté militaire
inférieurs  au handicap à (lourd et
moyen terme encombrant)
& autres laboratoires
Prothèse  Projet R & D Émergence
robotisée 
Déambulateur  Projet R & D Émergence R & D laboratoires,
robotisé  Robosoft
Fauteuil  Produit proche du 2 500 par an pour R & D laboratoire,
intelligent  marché très grands DRK
dépendants en
France
Robots de rééducation 

Robot de  Produit sur le 2012 : 25 000 Potentiel très R & D laboratoires


rééducation des  marché réservé à personnes par an important de mais pas d’acteurs
membres  pathologie en Europe, soit développement si industriels en France
supérieurs  précise 1 000 équipements produits élargis aux
avec couverture pathologies post-
géographique traumatiques
Robot de  Produit sur le Population classiques et à R & D laboratoires
rééducation des  marché réservé à équivalente mais l’entraînement des mais pas d’acteurs
membres  pathologie besoins moins sportifs : x 4 en industriels en France
inférieurs  précise critiques 2020
Systèmes d’assistance intelligents 
Robot  Projet R & D 20 % des abonnés Pénétration Laboratoires R & D,
d’assistance  téléassistance, soit importante du Aldebaran,
cognitive (1)  200 000 abonnées produit et Robosoft…
Robot compagnon  Projet R & D en 2015 sur croissance Laboratoires R & D,
et télé­service (2)  l’Europe importante de la Robosoft…
population
concernée
Total : + 20 à 30 %
par an

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Application ou  Avancement   Potentiel   Horizon  Acteurs France 


usage  temporel 
Robot  Projet R & D Europe : 10 000 20 % par an pour la Laboratoires R & D,
compagnon, télé­ grands handicaps + part personnes Aldebaran
service et aide (3)  20 000 personnes âgées
âgées
(1) Robot d’assistance cognitive : dédié à l’interaction cognitive avec la personne et à des outils de socialisation (interne ou externe via le
Web).
(2) Robot compagnon et téléservice : il peut offrir en sus des fonctions de télémédecine (actimétrie, consultation…) et de télésurveillance,
détection d’évènement et de recherche d’objet.
(3) Robot compagnon téléservice et aide : offre en sus des fonctions d’assistance physique avec la manipulation et le transport d’objet, voire
de l’assistance à certain geste de la vie quotidienne (repas... ).

Ce classement est plus lié au potentiel de disponibilité à un stade opérationnel qu’à un classement
optimum par usage suivant les pathologies concernées.

Schéma sur la croissance possible.


Nous proposons ci-dessous notre vision de la croissance de ce segment de marché compte tenu des
éléments indiqués dans le tableau précédent.

En 2005, une étude d’Alcimed sur les technologies pour la santé citait à horizon 5-10 ans la création
d’une demande sur la robotique d’assistance à la personne en France avec l’influence de
l’international. Force est de constater que, si le postulat de base reste vrai, l’horizon de
développement en France, comme dans beaucoup d’autres pays, reste à 5-10 ans, voire plus pour
des applications à forte valeur ajoutée.

Notre estimation – raisonnable – évalue entre 1 et 2,5 Mds€ le marché mondial des systèmes
robotiques d’assistance à l’autonomie à l’horizon 2020. Sur cette valeur, on évalue à 30 % la part de
l’Europe sur ce marché. L’évaluation tient compte d’une augmentation du nombre de produits
vendus et d’une diminution en parallèle du prix de vente unitaire des robots (assistance « lourde » et
robot compagnon).
Notre évaluation fait également apparaître une proportion de 2/3 pour les robots compagnons (à bas
coût) et de 1/3 pour les robots d’assistance « lourds » : fauteuils équipés, orthèses, robots
d’assistance en environnement professionnel.

Figure 50 : Évaluation du marché des robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie
– hors rééducation – à horizon 2018 (hypothèses haute et basse, en M€)
3 000   

 s
n
o
liil 2 500   
M
2 000   

1 500   

1 000   

500   


2013 2014 2015 2016 2017 2018

Source : évaluation Erdyn.

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Distinctions géographiques
Les distinctions géographiques au niveau développement sont très variables suivant les sous-
segments considérés et on été traitées dans les chapitres précédents.
• Pour la croissance du marché, les principaux facteurs distinctifs au niveau géographique
seront l’évolution de l’acceptabilité par les populations (favorable en Asie) ;
• Les capacités de prises en charge financière (plus favorables en Europe compte tenu de
l’historique des aides sociales) ;
• Les capacités à mettre en œuvre les services associés (égales a priori).

8.4.5. Place de la France


Atouts et faiblesses de la France sur le segment considéré
Les atouts de la France sont le niveau de la recherche académique et le potentiel de financement de
l’aide sociale à l’équipement et aux services associés. Ce dernier point étant commun à l’Europe.
Cependant concernant la recherche académique, il y a un manque réel d’exploitation des travaux
pour aller vers des produits dans l’industrie.

Les faiblesses de la France sont, d’une part, le manque d’industriels sur le segment : aucun sur les
robots de rééducation, peu sur les systèmes d’assistance physique et limité à des petites entreprises
sur le segment novateur des systèmes d’assistance intelligents ; ces PME ne disposant pas des
moyens d’industrialisation nécessaires au développement du marché. D’autre part, l’écosystème
français voit se développer très peu d’expérimentations en vraie grandeur, qui permettraient de
valider des applications, éventuellement avec des fonctionnalités limitées, fournissant aux
industriels l’occasion de déployer des systèmes, de travailler sur l’industrialisation et de baser leurs
développements sur de réels retours de terrain, en même temps que favorisant la visibilité
internationale des acteurs.

Verrous à lever pour favoriser la filière française


• Développer les liens entre la recherche académique et l’industrie ;
• Favoriser le développement de PME de taille moyenne avec des structures financières
solides pour l’industrialisation à moyen terme ;
• Mettre en place les structures de financement des équipements pour tous ;
• Lever les verrous sur l’acceptabilité et l’utilisabilité en réalisant des expérimentations à
grandes échelles (sous-segment de systèmes d’assistance intelligents).

8.4.6. Conclusions
Sans vouloir revenir sur les différentes applications et leur potentiel de marché présentés dans les
chapitres antérieurs, on peut noter qu’il est important de discerner :
• les applications destinées aux personnes handicapées et aux thérapeutes de la rééducation
qui adressent un marché de taille moyenne, avec des petites séries de fabrications,
• les applications destinées aux personnes âgées qui pourraient adresser à terme un marché de
masse nettement, compte tenu des évolutions démographiques, sous réserve
d’investissement industriel important (justifié par la taille du marché) afin d’obtenir des prix
de série faibles et donc des coûts de série accessibles au plus grand nombre.

Concernant ces dernières applications, la mise en œuvre de programmes « aidés » d’équipement


d’EHPAD, sous forme de projets pilotes, permettraient des expérimentations à grandes échelles des

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futurs produits et d’assurer le retour d’expérience et l’amélioration des systèmes sans impliquer le
grand public dans un premier temps.

Il est également important de souligner que le développement des ces marchés ne se fera que dans
un environnement important de services associés (centre de téléassistance, distributeur formation,
maintenance… ).

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9. LE ROBOT « COMPAGNON » ET LES ROBOTS DOMESTIQUES


9.1. APPLICATIONS COUVERTES
Ce chapitre traite les segments de la robotique domestique et de la robotique de divertissement.
Dans les deux cas, nous nous concentrons principalement sur les équipements capables d’agir,
d’interagir, d’analyser et de décider en fonction de la perception de l’environnement afin de fournir
un service à l’utilisateur, en accord avec la définition de la robotique de service que nous avons
dressée précédemment.
Les tentatives sont nombreuses pour simplifier les tâches ménagères et automatiser le
fonctionnement des équipements ménagers. On assiste notamment au développement de la
domotique ou d’équipements automatisés (équipements automatisés de soin des animaux,
électroménager « intelligent »… ). Ces solutions techniques, bien que complémentaires à la
robotique, ne sont toutefois pas encore arrivées au degré d’autonomie et d’interaction accessible par
la robotique. Par ailleurs, les acteurs de la domotique que nous avons pu joindre entendent
maintenir la frontière avec la robotique. Ces applications sont exclues du cadre de cette étude.

Tableau 13 : Applications domestiques commerciales


Tâches domestiques Exemple de produit
Aspirateur Roomba,
Tondeuse à gazon Robomow
Nettoyage de piscines Tiger Shark
Laveur de sols Scooba
Balayeurs Robomop

Dix ans après les premiers prototypes proposés par Electrolux et Dyson, qui ont ouvert la voie aux
séries Roomba d’iRobot (leader du marché), seuls quelques robots peuvent afficher une
maturité technique suffisante pour convenir à un marché. Les applications disponibles se
restreignent toutes à du travail dans un plan et il n’existe pas de robot commercial capable de
manœuvrer dans les trois dimensions de l’espace de manière efficace. Les fonctions proposées par
les robots domestiques actuels s’inscrivent plus volontiers dans la continuité de l’amélioration
continue des solutions déjà présentes et le renouveau des usages.
• Les aspirateurs ont été les premiers robots domestiques proposés au grand public : c’est
pourquoi ce sont aujourd’hui les produits les plus vendus. Si en 2005 par exemple les ventes
annuelles de robots aspirateurs en France s’élevaient à un millier, ce sont 31 000 robots en
2009 puis 100 000 en 2010 qui se sont vendus. Des grandes surfaces spécialisées peuvent
compter jusqu’à 40 références de robots aspirateurs différents dans leur catalogues. Ces
produits se sont rapidement intégrés dans la chaîne d’évolution des aspirateurs traditionnels
dont le renouveau a notamment été initié par les machines sans sacs. Ils viennent en
complément des produits traditionnels plutôt qu’en remplacement.
• Les tondeuses à gazon représentent la seconde application la plus répandue au sein des
robots domestiques selon les statistiques de l’IFR. De la même façon que les aspirateurs, ils
s’insèrent dans un continuum d’évolution des outils d’entretien des pelouses comme la
tondeuse avec sac, puis après eux, les tondeuses tracteurs sur lesquels il est possible de
monter. Initiés par Electrolux, les systèmes automatisés sont aujourd’hui bien diffusés.
• Les nettoyeurs de piscine reprennent les mêmes caractéristiques que les robots aspirateurs.
Leur développement est plus récent, mais au-delà de leur caractère étanche pour pouvoir être

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immergés, ils sont de plus simple conception du fait de la nature de l’aire à traiter (le plus
souvent rectangulaire, sans obstacles).
• Les dernières nouveautés sont les laveurs de carrelage, utilisant des brosses munies de
lingettes humides, et le robot balai capable d’attraper la poussière, les poils et les cheveux.
Il n’y a actuellement pas assez de recul pour apprécier leur niveau de diffusion.

Figure 51 : Exemples de robots domestiques


De gauche à droite et de haut en bas : IRobot Roomba (aspirateur robot) ; IRobot Scooba (robot
laveur de carrelage) ; Robomop (robot balai) ; Husqvarna Robomow (tondeuse à gazon
automatique) ; Hayward Tiger Shark (aspirateur de piscine)

Pour cette catégorie de produits, la dénomination de robotique est parfois utilisée de manière
légèrement abusive, dans un but de valorisation marketing. On trouvera ainsi souvent cette
appellation pour des applications telles que des engins purement télécommandables par exemple,
qui n’entrent pas dans le périmètre de l’étude.

Tableau 14 : Applications compagnon (divertissement ou éducation) commerciales


Compagnon Exemple de produit Public visé
Robots de compagnie PaPero Personnes dépendantes, enfants
Téléprésence Meccano spykee Personnes dépendantes, enfants,
tout public averti
Plate-forme de Lego Mindstorm Technophiles avertis, écoles
programmation/éducation

Jouets Robosapien, Meccano Enfants, technophiles avertis


spykee…

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Le robot de compagnie peut interagir avec l’utilisateur : les solutions les plus simples recueillent,
analysent et traitent les informations exprimées (par exemple les centres d’intérêt, expression de la
faim… ) ; les plus complexes pourraient à terme capter le non exprimé (émotions). L’objectif est de
pouvoir amener une réponse pertinente en réaction à ces données. Ce type de dispositif peut par
exemple :
• assurer une présence artificielle rassurante pour les personnes fragiles telles que les
personnes âgées ou les enfants par exemple ;
• amener des informations, rendre des services au quotidien ;
• remplacer à terme, ou compléter la console de jeux avec des possibilités d’action physique,
de projection d’image et d’autres modes d’interaction ludique.

La téléprésence est souvent assurée par des plates-formes mobiles équipées de caméra, micro et
éventuellement d’écran de retransmission. Ces dernières peuvent ensuite être utilisées pour assurer
le lien entre les personnes comme c’est déjà le cas avec les systèmes de visioconférence, ou pour la
surveillance des domiciles, activité qui est traitée dans le chapitre suivant.
Les plates-formes de programmation se multiplient et constituent une première étape dans la
démocratisation de la programmation robotique. Elle permet au grand public et aux étudiants de
débuter le développement d’algorithmes et d’applications propres. Pour les moins complexes, on
parle de produits comme les Lego Mindstorm, et pour les plus complexes, se basant sur différents
environnements comme Windows Robotics Studio, on assiste aujourd’hui à l’éclosion d’une offre
avec des systèmes comme PC BOT.
Enfin, les jouets sont les systèmes les moins évolués. Ils possèdent quelques capteurs leur
permettant une adaptation sommaire à leur environnement et sont parfois rustiquement
paramétrables. On parle alors de produits comme le Robosapiens de WooWee. Des acteurs du jeu
vidéo, s’intéressent à de nouveaux concepts robotiques ludiques.

9.2. CONTEXTE ET ENJEUX


Dans des sociétés évoluant de manière permanente, le style de vie et les comportements muent et
influencent les besoins en produits ménagers ou de divertissement. Parmi les facteurs sociétaux
les plus saillants expliquant le contexte actuel, nous pouvons citer des facteurs favorables au
développement de nouvelles solutions autonomes et de substitution de l’action humaine :
• l’augmentation de la mobilité, notamment dans le cadre du travail et des loisirs, diminue le
temps passé au domicile. Cela peut induire un besoin de téléprésence pour assurer la sécurité
du logement ou assurer le lien avec les membres de la famille ;
• l’effritement des liens sociaux conduit souvent à l’isolement des personnes âgées et à
l’affaiblissement des liens parents-enfants. Se crée alors un besoin de téléprésence ou de
robots compagnons (sans parler à ce stade d’autonomie des personnes) ;
• l’éclatement de la cellule familiale dans la majorité des pays de l’OCDE, et l’augmentation
des comportements individualistes (prise d’indépendance plus rapide des enfants, hausse du
célibat et des familles monoparentales, des divorces… ) accroissent le nombre de foyers.
Pour exemple, en France, l’INSEE a mis en évidence un accroissement du nombre de foyers
de plus de 80 % entre 1960 et 2007. Cet accroissement s’accompagne aussi d’une
diminution des foyers de plus de trois personnes entre 1999 et 2007. Cela conduit à une
augmentation du nombre d’équipements achetés, et c’est plus particulièrement vrai pour
l’électroménager qui a une vocation assez sédentaire ;
• l’augmentation du niveau d’emploi des femmes : le taux d’emploi des femmes augmente
depuis maintenant plusieurs décennies. Cet investissement professionnel n’étant que

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marginalement compensé par un investissement des hommes dans les tâches ménagères, les
solutions de substitution pourraient trouver là un facteur de développement :
électroménager, jouets éducatifs… ;
• l’augmentation du niveau d’éducation du public diminue les ressources humaines moins
qualifiées. On manque ainsi actuellement de personnes pouvant réaliser des tâches courantes
(aide à domicile… ) et de soin des personnes dépendantes (personnes âgées, malades… ). Le
second cas est traité dans le chapitre précédent, les tâches courantes pourraient quant à elles
être réalisées par des robots ;
• l’importance du « rang » social : dans la société consumériste où la valeur des hommes est
souvent liée à l’étendue de ses biens, le robot peut jouer un rôle important de faire-valoir de
la position sociale, comme le furent en leur temps la voiture, le réfrigérateur ou la
télévision ;
• enfin la diffusion large des nouvelles technologies (smartphones) facilitera l’acceptabilité
individuelle de nombres de dispositifs nouveaux, plus ou moins intrusifs, dans la vie
quotidienne des ménages…

À l’inverse deux tendances assez marquantes peuvent limiter la diffusion de nouveaux équipements
ménagers et de divertissement :
• l’augmentation de l’équipement qui suit difficilement la taille des logements : avec la
pression immobilière dans les villes, où vit plus de 75% de la population des pays
industrialisés (statistiques ONU), les logements auront bientôt peine à accueillir encore plus
d’équipements. Malgré leur forme compacte, les robots, notamment domestiques, peuvent
alors avoir du mal à s’adapter à des environnements où les équipements sont plus en plus
nombreux et éventuellement volumineux ;
• le vieillissement de la population, malgré une population vieillissante qui a été confrontée de
plus en plus tôt aux évolutions technologiques, induit un segment de population plus
difficile à convaincre et de fait moins consommateur de produits technologiques.

Enjeux
Au vu de ce contexte social, il est clair que des robots domestiques et les robots de divertissement
peuvent répondre à des enjeux importants tels que :
• compenser l’affaiblissement lié à l’âge ou aux handicaps pour les tâches de la vie
courante. La compensation du handicap a longuement été traitée précédemment. En
complément nous pouvons toutefois ajouter que les robots domestiques et compagnons
pourront se montrer très utiles dans l’accomplissement de tâches simples pour apporter une
autonomie supplémentaire à ce type de population ;
• réduire l’intervention humaine dans les tâches simples, répétitives et salissantes. Dans
un contexte social où les gens disposent de moins en moins de temps pour réaliser les tâches
courantes, les robots viendraient réaliser ces tâches en se substituant à eux. Les particuliers
aspirent leur logement environ 1h par semaine ;
• aider à la décision et à l’analyse. L’aide à la décision et à l’analyse consiste à fournir les
informations les plus pertinentes nécessaires pour répondre à des questions courantes. Si
initialement ce type de service peut être fourni par des systèmes informatiques, des
nouveaux produits robotiques reprenant ce type de rôle apparaissent. Ils sont encore
rudimentaires et consistent par exemple en la fourniture de prévisions météorologiques, de
cours de bourses ou l’acquisition et l’analyse de mouvements dans un local/bâtiment ;

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• dans une moindre mesure, améliorer l’efficacité énergétique. Plusieurs études ont
comparé les consommations énergétiques des robots aspirateurs avec celle des aspirateurs
normaux. Les robots, fonctionnant généralement avec des moteurs plus petits et optimisant
leur temps et moment de passage, consomment pour l’instant moins d’énergie que leurs
homologues manuels pour des tâches comparables. À terme, cela pourrait répondre à un
enjeu majeur actuel sur la maîtrise de l’énergie.

9.3. PERTINENCE & VALEUR AJOUTÉE


Les robots de divertissement/éducation remplissent assez aisément leur rôle, comme l’ont fait
auparavant les jeux vidéo. En effet, ce type de produit, plus que d’autres, crée le besoin chez un
public averti et à forte capacité d’adaptation. Cela les rend facilement adoptables quand ils sont
suffisamment originaux et bien positionnés (prix, segment de marché). Les prix élevés seront
certainement les freins majeurs à la rapide démocratisation de ces robots, preuve en est l’échec de
produits comme l’AIBO de Sony qui en plus était mal positionné.

Il est pour l’instant encore difficile de juger de la pertinence et de la valeur ajoutée des robots de
compagnie. Ils manquent en effet encore de maturité, même si de premières expériences telles que
Paro au Japon semblent montrer un effet de ces robots sur le bien-être des personnes.

Les robots domestiques répondent dans le principe à un besoin de gain de temps, mais pêchent
encore par leur efficacité discutable et leur rapport prix/service rendu trop élevé. Partis d’une base
non aboutie, les nouveaux produits commercialisés se concentrent encore beaucoup sur la
correction des défauts constatés des premières générations (nouveaux moteurs d’aspiration,
meilleure autonomie, meilleurs systèmes de coupe, algorithme de cheminement revu… ). Les
améliorations fonctionnelles sont donc minimes et concernent par exemple l’adjonction
d’équipements à faible valeur perçue tels que des caméras, des rayons UV pour « désinfecter » le
milieu avant/pendant l’aspiration ou le nettoyage, ou encore la reconnaissance vocale des ordres.

Pour illustration, les robots aspirateurs recueillent, selon des études américaines, un niveau
d’insatisfaction assez palpable quant à leur performance, qui n’empêche cependant pas aujourd’hui
la croissance forte du marché :
• aspire difficilement les moquettes et tapis ;
• ne détecte par les objets au sol ;
• ne peut aspirer les escaliers ;
• a une faible contenance de réservoir, ce qui peut réduire sa capacité d’aspiration ;
• a souvent une faible autonomie ;
• est incapable d’aspirer les meubles ou de les déplacer pour aspirer derrière/dessous ;
• ne peut servir efficacement d’aspiration d’appoint, pour aspirer efficacement à un point
précis par exemple) ;
• enfin, est lent et bruyant, ce qui peut représenter une nuisance aux utilisateurs ou pour ceux
qui sont obligés de subir le bruit (voisins, résidents le plus souvent si l’objet est programmé
pour fonctionner dans une maison où se trouve un retraité par exemple).

Pour les autres applications (laveur de carrelage, tondeuse robotisée… ) on peut aussi citer pour
exemple des défauts d’autonomie du système liés par exemple à :
• l’obligation de rajouter de l’eau chaude à différentes phases du nettoyage dans le laveur de
carrelage ;

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• la nécessité d’assurer la sécurité du lieu d’évolution de la tondeuse à gazon (risque de


passage d’enfants par exemple…).

L’achat de ce type de produit se fait pourtant dans l’espoir d’obtenir un service irréprochable et de
gagner du temps. Cette dissonance entre l’attendu et la réalité peut avoir un effet négatif notoire sur
l’achat (si véhiculé par l’information) ou le réachat (si véhiculé par l’expérience).

Figure 52 : Exemple de comparaison de performances entre robot et humain sur des tâches
simples
Une étude EPFL 2011 montre que les robots sont moins rapides pour effectuer une même tâche que
les équipements traditionnels : il faut 1h pour aspirer 20 m² avec un Roomba quand il faut 6
minutes avec un aspirateur traditionnel. Le robot consomme moins d’énergie mais la différence est
faible et les utilisations non fonctionnelles vont tendre à rendre les robots énergétiquement moins
efficaces (mise en route lorsque le sol n’a pas besoin d’être aspiré, pour le plaisir de regarder le
robot, pour la démonstration aux proches… ) selon une étude de la Georgia Tech.
Une étude danoise de 2010 a pour sa part comparé le coût d’utilisation d’un robot par rapport aux
solutions classiques utilisées dans l’administration. Les robots se sont avérés plus chers à
l’utilisation que le recours à une prestation de service. Les résultats sont présentés dans le tableau
qui suit.

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Tableau 15 : Pertinence des applications actuelles avec les enjeux poursuivis

de l’âge ou d’un handicap pour


(affaiblissement, isolement…)

l’analyse de l’environnement
Compenser les conséquences

les tâches de la vie courante

humaine dans les tâches

Aider à la décision et à
Réduire l’intervention

simples, répétitives, et

Améliorer l’efficacité
(dont acquisition de
connaissances)

énergétique
salissantes
Aspirateur ++ +++ + +++
Tondeuse à gazon ++ +++ + ++
Nettoyage de piscines - ++ - -
Laveur de sols ++ ++ - -
Balayeur ++ +++ - -
Robot de compagnie +++ + ++ -
Téléprésence +++ + ++ -
Plate-forme de - - +++ -
programmation/éducation
Jouets - - +++ -
- : inexistante/inapplicable ; + : faible ; ++ : moyenne ; +++ : forte.
9.4. LES ÉTERMINANTS DES MARCHÉS
Déterminants de la demande
Les marchés américain, européen et asiatique (hors Japon) réagissent de manière comparable à
l’offre robotique et s’attardent plus sur la fonction proposée, le service rendu et le prix réclamé.
Dans ces trois zones géographiques, les robots sont aujourd’hui encore considérés comme des
gadgets : les robots compagnons souvent considérés comme des jouets et les aspirateurs peinent à
être classifiés comme réels équipements électroménagers.
Ces zones peuvent être dures envers la robotique, deux exemples issus d’études pour l’illustrer :
• Les possesseurs américains de robots pensent par exemple que les robots ne sont pour
l’instant pas à la hauteur des espoirs qu’ils ont suscités et ont été survendus (source : étude
Georgia Tech).
• Selon la VDE, même si 56 % des personnes âgées se montreraient spontanément favorables
à la présence d’un robot dans leur maison pour des tâches ménagères, 40 % y seraient aussi
spontanément opposées et après réflexion, plus d’un retraité sur deux serait finalement
sceptique quant au service rendu de ces objets peu avenants.

Le Japon est particulier : ce pays est culturellement très favorable aux solutions robotiques (premier
constructeur de robots industriels… ) et le fait de posséder ce type d’objet passe avant l’évaluation
de la pertinence de sa fonction. Dans ce pays, un robot devra tout de même être le plus
communicant ou sociabilisé possible : ce qui devrait conduire à une demande toujours plus soutenue
pour les robots compagnons/divertissement que les robots domestiques.

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Plus communément :
• Aujourd’hui, les robots personnels sont chers par rapport au service rendu, ce qui les destine
à des foyers possédant un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne. Cela en fait un achat de
confort qui dans certains aspects peut avoir un rôle social. L’adoption massive sera donc
plus lente, comme pour l’informatique qui en près de 30 ans d’existence peine à pénétrer les
foyers de CSP 17 de base.
• Dans le segment d’individus visé, les personnes les plus susceptibles d’adopter les nouveaux
robots sont les jeunes adultes, les technophiles et les enfants. C’est un socle assez labile qui
peut disparaître rapidement si l’offre n’évolue pas assez vite et au gré des tendances et
convaincre les ménagères des catégories sociales majoritaires, celles qui permettront
d’assurer un ancrage durable de ces produits dans les foyers, sera plus compliqué.

Chaîne de valeur du robot domestique


Les chaînes de valeur des robots compagnons/divertissements ne sont pas spécifiques : elles sont
sensiblement identiques à celles des jouets et des produits électroniques courants (mêmes acteurs).
Les concepts ont été initiés par de grands groupes comme Lego ou Sony, puis on assiste maintenant
à la naissance de fabricants spécialisés (WowWee… ). Ces fabricants sont très actifs dans la
promotion de la robotique, dans un contexte ou d’autres fabricants de jouets électroniques abusent
parfois de la terminologie « robot ». Les produits sont diffusés par les canaux classiques de jouets.

Nous nous intéresserons plus particulièrement à la chaîne de valeur des produits ménagers dont les
ventes représentent actuellement la plus grande part du marché de la robotique personnelle de
service.

Figure 53 : Chaîne de valeur simplifiée de la robotique domestique

Les canaux d’approvisionnement en composants ne sont pour l’instant pas encore spécifiques à la
robotique. Il y aurait ainsi actuellement peu encore d’acteurs spécialistes de pièces ou grands
ensembles génériques pour la robotique. C’est une étape qui semble importante pour partager les
coûts et réduire le prix des robots qui sont pour l’instant encore chers. Par ailleurs, il apparaît que
sur ces marchés grands publics, la fabrication complète des robots ne sera viable que si une partie
au moins en est faite dans des pays à bas coût de main-d’œuvre. La valeur ajoutée pour les acteurs
français qui travaillent sur ces segments est donc réduite d’autant.

La conception et la fabrication de robots sont maîtrisées par les généralistes de l’électroménager et


quelques spécialistes. Ces derniers profitent de leur expérience respective en produits
électroménagers et en robotique : les idées proviennent par exemple souvent de grandes firmes
comme l’illustre le cas d’Electrolux, à l’origine des premiers aspirateurs et tondeuses (Husqvarna).
Les électroniciens (Asus ou Toshiba par exemple) pénètrent petit à petit ce marché en tant
qu’acteurs alternatifs, tentant de prendre avantage de leur expérience en systèmes informatiques
pour produire des robots mieux équipés ou moins chers.
Comme pour les aspirateurs traditionnels, on assiste à une globalisation des marchés et des
fabrications. Les lieux de production se délocalisent vers des pays à bas coût de main-d’œuvre. Il
17
CSP : catégorie socio-professionnelle.

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n’y a par exemple en France plus de donneurs d’ordres ou de grands fabricants d’équipements
ménagers, hormis Seb ; il en va de même pour les robots domestiques.

Tous ces produits s’écoulent ensuite par les circuits traditionnels longs (iRobot est exclusivement
importé en Europe par Robopolis puis redistribué dans les grandes enseignes) ou courts (vente
directe ou via un seul intermédiaire) du petit électroménager. Le graphique et le tableau suivants,
indiquent les tendances de distribution des aspirateurs traditionnels qui sont proches de celles pour
les robots aspirateurs.

Figure 54 : Circuits de distribution préférentiels pour les aspirateurs en 2010

Source : GFK et GIFAM (Groupement Interprofessionnel des Fabricants d’Appareils d’équipement Ménager) – décembre 2010.

Avec le développement de la robotique, on voit aussi apparaître des acteurs spécialisés de produits
robotiques (domestiques ou de divertissement) qui travaillent le plus souvent en vente à distance
(Robopolis, Roboshop en France par exemple).

Les services associés aux robots sont pour l’instant limités à l’assistance après vente.

Tableau 16 : Principaux acteurs de la robotique de service domestique et ludique


Aspirateurs et laveurs de sols Electrolux, iRobot, Kenwood, LG, Samsung, Dyson, Karcher,
Black&Decker, Hanool Robotics, Yunjin, Matsuhita Electric
Work, Zuccheti Robotica et de nombreux acteurs chinois qui
cassent actuellement les prix et la qualité des produits.
Tondeuses Wany, Husqvarna/Electrolux, Friendly Robotics, Zucchetti
Robotica, Brill
Lavages de piscines Aquabot, Hayward, Maytronics
Robots Lego, WowWee, Meccano, Dasarobot
compagnons/divertissement
Distributeurs/Importateurs Robopolis, Roboshop…

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Tableau 17 : Effet des principaux déterminants sur la diffusion des différents types de robots
Acceptation Environnement

Réflexion sur les normes


Sécurité d’utilisation
Performance perçue

(désinformation,
surinformation)

travail/éthique
Protection du
Effet médias
Prix

Aspirateurs ++ ++ + + + +
Tondeuses à gazon ++ ++ ++ + - +
Nettoyage de piscines ++ ++ + + - +
Laveurs de sols ++ ++ + + + +
Balayeurs ++ ++ + + + +
Robots de compagnie ++ - + + + +
Téléprésence ++ ++ - + - +
Plate-forme de
+ ++ - + - +
programmation/éducation
Jouets ++ - ++ + + +
++ = important ; + = notable ; - = sans effet/effet négligeable.
* : l’acceptation d’une solution est principalement liée à l’adéquation entre les performances attendues et les prix, critères de sécurité, effort à
consentir pour l’utilisation acceptable pour l’utilisateur.

Déterminants technologiques
Afin d’assurer un développement rapide de nouvelles solutions, certains membre de l’IEEE se sont
penchés en 2009 sur les défis techniques à relever à court terme pour aboutir à des solutions
robotiques matures. Parmi les technologies fragiles relevées, on trouve :
• le positionnement absolu dans l’espace (coûteux),
• la couverture de terrain (nécessite des algorithmes plus poussés),
• les capteurs précis (et toujours plus chers),
• les systèmes d’autocorrection d’erreurs (autodiagnostic),
• la sécurité d’utilisation (standards à développer).

Déterminants environnementaux : économiques


Parmi les facteurs économiques saillants pouvant influer le développement de la robotique, nous
pouvons indiquer :
• La baisse de la durabilité des produits. La durabilité des produits est actuellement en nette
diminution. L’ajout d’électronique à des appareils aussi rudimentaires que des aspirateurs
devrait participer à diminuer leur durée de vie qui était auparavant liée à celle des éléments
mécaniques (moteur, châssis… ). Cela participe au raccourcissement des cycles de
renouvellement.

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• Le multiéquipement des ménages. Le multiéquipement consiste à acheter des appareils


redondants. C’est un phénomène favorisé par la baisse des prix et observable par exemple
dans le cas des aspirateurs.
• Le rapport prix/service rendu. Le rapport prix/service rendu est important comme l’a montré
l’échec du Tribolite d’Electrolux (2001) ou de l’Aibo de Sony. IRobot a connu le succès
avec le Roomba un an après le Tribolite car il était 5 fois moins cher pour le même niveau
de service rendu.
• La saturation du secteur des électroménagers. L’électroménager est une filière qui arrive à
saturation. La question est maintenant de savoir si les robots pourront amener une
différenciation suffisante pour créer des relais de croissance.
• L’organisation de l’industrie robotique. Le manque d’une industrie organisée, notamment
pour les composants où les sous-traitants ne sont pas encore spécialisés, conduit à des
produits chers.

Déterminants environnementaux : règlementaire


Parmi les facteurs règlementaires les plus saillants, nous pouvons citer :

• La protection du travail. On assiste actuellement dans de nombreux pays à une augmentation


de la pression réglementaire pour la protection de l’emploi. L’objectif est souvent de se
prémunir contre des problèmes éthiques futurs. Il est encore tôt pour mesurer l’effet des
robots sur l’emploi, notamment dans le monde du nettoyage professionnel en entreprise ou
des services à domicile.
• La réflexion sur les normes de fabrication des robots domestiques. Les réflexions actuelles
sur les normes de conception se basent pour l’instant sur celles des petits électroménagers.
En Europe par exemple, ces derniers doivent se conformer à des directives sur le recyclage
(augmentation de la complexité car il y a plus de pièces), le bruit (qualité et durée), la
sécurité en milieu explosif, la sécurité électrique, les normes sur les batteries, les émissions
chimiques et la compatibilité électromagnétique.

Déterminants environnementaux : médias


Parmi les facteurs médiatiques les plus saillants nous pouvons citer :
• L’information déformée. Les médias, plus particulièrement le cinéma, ont eu un effet mitigé
sur l’implantation des robots. En effet, ils véhiculent et favorisent des idées et concepts
préconçus souvent inappropriés et éloignés de la réalité qui conduisent souvent à élever le
niveau d’attente des gens, au-delà de ce qui est réalisable (majordome, compagnon
intelligent… ) ou au contraire à effrayer le public (mythe du robot envahisseur).
• La surinformation des clients potentiels. Comme pour toute nouvelle technologie, la
surinformation participe souvent à ralentir la diffusion. Les consommateurs sont aujourd’hui
trop informés via les nouveaux médias : Internet, sondage de satisfaction, réseautage
(forums, salons de discussion… ).
• La forte communication des firmes industrielles. Les fabricants communiquent beaucoup sur
les projets en cours et à venir, même lorsqu’ils sont encore expérimentaux. Cette
communication est d’autant plus importante pour les produits de divertissement et
domestiques puisque c’est le moyen de sonder le marché pendant le développement ; puis de
rapidement vendre le produit une fois qu’il est abouti.

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L’acceptation de la robotique en tant que vraie solution technique


La théorie unifiée d’évaluation de l’acceptation des nouvelles technologies propose 4 axes
déterminants de l’acceptation :
• Les attentes de performances de l’utilisateur
• Les efforts perçus pour mettre en place le système
• L’influence sociale
• Les éléments facilitateurs de l’offre

Un sondage 2010 de la Georgia Institute of Technology sur les fonctions d’un robot recense aux
États-Unis les demandes qui pourraient être formulées envers la robotique de service : sécurité,
cuisson/préparation des aliments, assistant personnel, lessive, vaisselle, rangement, jardinage,
couper le bois, prendre soin des animaux. Le type de service recherché est directement corrélé à
l’âge des répondants et parmi ces demandes, beaucoup sont encore très complexes à mettre en
œuvre. Ces demandes sont relativement proches de ce qui peut être demandé dans des pays
européens (recoupement de sources diffuses).

Tableau 18 : Attentes de la population des États-Unis à l’égard des robots

Source : Georgia Institute of Technology.

Le robot majordome constituerait une synthèse de toutes ces demandes. Cela le rend encore plus
hypothétique car trop complexe. Des échecs tels que celui d’EOS Innovation montre que l’accueil
et la maturité de telles solutions ne sont pas encore réunis. Cette conception de la robotique entrera,
par ailleurs, en concurrence directe avec la domotique qui gère et coordonne déjà les appareils de la
maison de manière efficace. On peut donc constater que l’attente de performance est grande sur ce
segment de la robotique.
Pour les applications commerciales actuelles, l’effort pour mettre et maintenir le robot en action est
relativement conforme aux attentes des clients. Les constructeurs ont pris le parti de ne pas fournir
des instruments trop complexes. Dans l’absolu toutefois, une étude danoise de 2010 montre que le
temps à consacrer à la préparation et l’entretien des machines n’est pas négligeable, ce qui pourrait
réduire l’intérêt de ces solutions.
L’influence sociale est actuellement double. Les technophiles ressentent la robotique comme un
progrès pour la société et auront un rôle incitateur de ce type d’achat. Le regard des techno-
sceptiques tendra plutôt à dénigrer l’aspect « gadget ». Chacun jouera donc un rôle pour favoriser
ou freiner la diffusion des robots personnels. Les produits robotiques ont pour l’instant
principalement élu demeure chez les personnes averties et facilement influençables.

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Les éléments facilitateurs de l’offre ne sont pas encore nombreux pour améliorer la diffusion des
robots. Ainsi, si on parle des services associés aux robots qui seraient les premiers arguments, ils
sont encore assez peu développés, et le support offert pour l’utilisation des machines ne se
différencie pas de celui des autres équipements de la maison.

9.5. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ


9.5.1. Global
Les projets à venir sont très ambitieux : ils envisagent à moyen/long terme la conception de robots
rendant des services encore plus fonctionnels et complexes. À court terme toutefois, ce sont
toujours des applications simples qui prévalent. Un rapide aperçu de la littérature sur les projets en
cours permet d’identifier les applications qui arrivent et les solutions en cours de recherche et
développement (moyen/long terme).

Les applications émergentes :


• Piece of bot, robot divertissement et domestique permettant par exemple de nourrir les
animaux et arroser les plantes. C’est un ensemble de modules programmables avec des roues
et un bras motorisé.
• Windoro, robot domestique de lavage des vitres. Sa future commercialisation suscite déjà
des questions tant le lavage des vitres est une activité peu fréquente : chacun peut en effet se
demander l’utilité d’automatiser une tâche réalisée quatre à cinq fois par an chez des
particuliers.

Les solutions en cours de développement/recherche :


• Jazz de Gostai, robot compagnon / téléprésence / surveillance ;
• Ava d’iRobot, robot compagnon avec une interface tablette tactile ;
• EMOX d’Awabot, robot ludique et éducatif ;
• Willow Garage Turtlebot, robot logistique domestique (agripper et transporter des objets tels
que des plats) ;
• REEM-H2, robot compagnon avec interface tactile (information/renseignement de
personnes) ;
• Projet UC Berkeley, robot domestique de triage/pliage du linge. Au vu des premiers
résultats, le robot de repassage est encore loin d’applications commerciales car c’est une
opération trop complexe ;
• Le robot Roméo d’Aldebaran, robot domestique et compagnon humanoïde. Les dates de
commercialisation d’un tel robot communiquées sont à partir de 2020 ;
• Rollin' Justin Coins, robot domestique et compagnon humanoïde ;
• Luna de Robodynamics, robot domestique ou compagnon humanoïde (en cours de
développement mais la proposition de valeur n’est pas définie) ;
• iCub, plate-forme de recherche modélisant le comportement et les mouvements d’un enfant
de 3 ans ;
• Eve-R-1, robot divertissement humanoïde ;
• iRobi, robot domestique et compagnon (nanny robot) pour l’éducation et la surveillance des
enfants ;
• Panasonic, robot domestique laveur de tête, principalement pour le milieu hospitalier dans
un premier temps.

Les produits compagnons personnels (divertissement, éducation… ) se développant sont marqués


par deux tendances marquantes à court terme :

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• La convergence avec l’informatique/Internet du compagnon : la convergence avec les


systèmes informatiques (intégration d’interfaces logicielles, d’outils de reconnaissance
vocale, de voix de synthèse, d’interaction pseudo-intelligente) est déjà bien entamée. Les
fonctions ludiques, pédagogiques et communicantes des robots compagnons sont celles qui
étaient déjà présentes dans l’informatique. La différence est le support matériel qui permet
de donner l’illusion de nouveauté et de convivialité. Le développement rapide des plates-
formes de programmation devraient participer à renforcer cette tendance.
• Un tâtonnement dans l’approche du marché pour les applications complexes (jouet ou autre
positionnement ?) : le positionnement est le point le plus compliqué à aborder pour ce
segment de produit. Une tentative de segmentation est initiée pour détacher les compagnons
de l’image jouet/gadget. Il paraît toutefois compliqué de les en détacher, tellement les
fonctions des nouveaux produits paraissent complémentaires de celles des articles ludiques.
L’Aibo de Sony n’était pas vraiment vendu comme un jouet, son prix élevé associé à une
utilité faible a participé à son éviction du marché. Robosapiens a lui été vendu comme jouet
pour des fonctions sensiblement identiques mais un prix adapté en conséquence. Les
systèmes plus complexes comme PaPeRo, Wakamaru (Hitachi) ou SmartPal (Yaskawa)
peineront à trouver un positionnement clair.

Pour la robotique domestique, les tendances générales à court terme sont :

• Un marché peinant à innover en termes de fonctionnalités : les concepteurs peinent à


imaginer des applications qui susciteraient une demande de masse. Ces dernières viendront
peut-être des utilisateurs. Par exemple, iRobot n’a pas particulièrement fait d’efforts pour
empêcher le piratage de ses plates-formes de Roomba : leur objectif avoué à demi-mot est
de permettre l’avènement de nouvelles applications qui ne peuvent venir par une approche
essentiellement technologique (« vision de l’ingénieur »). Par conséquent, il est probable
que les marchés tâtonneront pour trouver les futurs leviers de croissance.
• Un timide élargissement de la base de clients : les robots domestiques commencent à
s’adresser aux catégories socio professionnelles moins aisées par une baisse des prix.
• Une baisse des coûts qui commence à être contrôlée : aujourd’hui, les gains de coûts
s’opèrent volontiers au détriment de la qualité des produits proposés via des robots low cost
moins efficaces et plus fragiles. Cela peut avoir un effet néfaste sur la filière en renforçant
l’image gadget des robots de service. La vraie baisse des prix (celle qui conservera la qualité
de la prestation) passera par l’effet d’expérience acquis avec les premiers robots et
l’organisation efficiente de la chaîne de valeur.

Le marché des robots domestiques est tiré par les aspirateurs dont les ventes profitent de la bonne
forme du marché des appareils conventionnels, et les robots tondeuse à gazon. Ces deux produits
ont atteint un niveau de maturité technique suffisante pour consolider leurs marchés. Cela se
manifeste notamment par une multiplication des acteurs proposant des « me too » de qualités
variables : il existe actuellement une quarantaine de références d’aspirateurs robots.
Les robots aspirateurs représentent 95 % de la robotique domestique selon l’IFR. La tondeuse à
gazon automatique, le second plus grand marché depuis 2005 stagne et a du mal à être accepté. Au
vu des projets en cours de développement et de leur état d’avancement, cet ordre de grandeur
devrait rester le même à court terme. En effet, il ne semble pas y avoir d’innovation de rupture
prévue (aspirateur capable d’évoluer hors plan, par exemple). Il est probable qu’on observe un taux
de croissance légèrement supérieur à ce qui est observé actuellement pour les cinq prochaines
années (~ 10 % annuel selon l’IFR), grâce à une baisse du prix de la technologie, aux nouvelles

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applications qui viennent d’être lancées et éventuellement à la participation de nouveaux marchés


(Amérique latine, Chine… ). Il reste toutefois deux inconnues majeures :
• les chiffres de l’accueil des robots balais et nettoyeurs de carrelage ;
• l’effet de la récession européenne sur la consommation et du ralentissement économique
américain et asiatique.
En volume, les ventes d’aspirateurs d’iRobot (75 % du marché selon les analystes) se sont élevées à
environ un million d’unités en 2010 (source iRobot). Pour comparaison, les aspirateurs sans sac de
Dyson, une entreprise qui a fait ses débuts en même temps qu’iRobot, se vendent annuellement à
plus de 3 millions d’exemplaires pour un prix comparable et représentent la moitié des ventes
d’aspirateurs traineaux (84 % du marché) : la diffusion des robots a donc été plus lente. Cela peut
s’expliquer par le fait que les robots aspirateurs se positionnent comme des équipements
secondaires.
Une projection selon deux hypothèses extrêmes, permettrait d’établir une prévision sur l’horizon
2015 de 1,7 à 3,1 millions d’unités de robots domestiques. Avec un lissage des ventes unitaires cela
représenterait une fourchette des ventes de l’ordre de 8 à 11 millions d’unités en ventes cumulées
entre 2011 et 2015.

Figure 55 : Potentiel d’évolution de la robotique domestique entre 2011 et 2015 selon deux
hypothèses extrêmes d’évolution (en milliers d’unités, dans le monde)

Source : évaluation Erdyn.

L’hypothèse défavorable consiste en une économie mondiale en récession pour laquelle la


croissance du secteur égale celle de l’économie mondiale tablée par le FMI pour 2012 à ~ 4 % (il
est toutefois à noter qu’entre 2008 et 2009, l’IFR avait même enregistré une baisse des ventes) et un
accueil mitigé des nouvelles applications balais et laveurs de carrelage (~ 2 % comme les
tondeuses).
L’hypothèse favorable consiste, à l’opposé, en un effet minime de la récession, un accueil des
nouvelles applications comparable à celui des robots aspirateurs lors de ses débuts.

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Tableau 19 : Projection de vente des produits déjà lancés en 2011 (Erdyn)


Application ou usage Avancement Potentiel 2015 Horizon Acteurs
chiffré (projet, (milliers temporel français
produit, d’unités) (rythme
diffusion d’émergence
massive) ou de
croissance)
Aspirateur Croissance 2 100 2010 Robopolis
(distributeur)
Tondeuse à gazon Croissance 50 2010 Robopolis
(distributeur)
Nettoyage de piscines Croissance 10 2010 Robopolis
(distributeur)
Laveur de sols Émergence 900 Émergence Robopolis
2015 (distributeur)
Robots de compagnie Émergence Émergence Aldebaran
2020
Téléprésence Émergence Innovation Voir parties 1
continue et 3
Gostai
Plate-forme de Émergence Maturation Gostai,
programmation/éducation 2020, principal Aldebaran
frein = perf,
prix
Jouets Mature Innovation Meccano,
continue WooWee

9.5.2. Distinctions géographiques


La principale distinction des pays vis-à-vis de la robotique se situera au niveau de l’acceptation de
la technologie. Si nous avons vu précédemment des critères opérationnels conditionnant
l’acceptation, une étude du Georgia Institute of Technology menée en 2010 y rajoute la disposition
sociale (émotion, empathie) et l’apparence du robot comme critère d’acceptation.
Les dispositions sociales des robots sont l’intelligence, les émotions apparentes et le non verbal. Il
n’est pas encore déterminé comment ces capacités influent vraiment sur l’acceptation et la
demande. Pour conquérir le grand public, le robot devrait toutefois pouvoir « se faire transparent et
comprendre les besoins et humeurs des gens » selon Georgia Tech. Les Japonais sont plus
particulièrement demandeurs de robots empathiques, ce qui favorisera le développement des
robots compagnons. Les Américains et Européens sont plutôt à la recherche de solutions
simples, mais efficaces : ce qui favorisera l’essor des robots domestiques.
L’apparence peut améliorer l’acceptation d’un objet. Les éléments entrant dans une maison ne
doivent créer ni peur ni anxiété chez de l’utilisateur : des formes trop radicales peuvent ainsi
susciter le rejet.
Si au Japon, les formes humanoïdes peuvent culturellement favoriser l’acceptation, en Europe et
aux États-Unis ce n’est pas le cas. On y favorise principalement la performance et donc le design

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fonctionnel qui permet de donner l’impression que la machine est professionnelle, efficace et
nécessitera le moins d’interventions possibles.
L’effet de l’aspect est aussi dépendant de l’âge et de la personnalité des individus considérés. Les
formes humanoïdes et zoomorphes sont ainsi plus demandées par les jeunes adultes et les enfants
chez qui elles donnent une impression d’intelligence et un aspect amical/familier au robot. Les
formes mécaniques et fonctionnelles sont plutôt destinées aux adultes plus âgés et aux personnes
rationnelles et pragmatiques. Les constructeurs travaillent beaucoup cet aspect des robots. L’iCat de
Philips a ,par exemple, pris une forme féline pour répondre à ce critère, chose à laquelle
sembleraient être réceptifs les Japonais, ce qui n’est pas le cas des Européens ou des Américains.

9.5.3. Place de la France


Atouts :
• fort techniquement, notamment dans le logiciel, l’humanoïde et l’interaction homme-robot
• un des marchés les plus dynamiques

La France dispose, comme nous l’avons vu dans la partie étude technologique, des savoir-faire pour
réaliser des applications complexes. Ce haut niveau de spécialisation conduit toutefois les acteurs à
privilégier des applications à très haute valeur ajoutée (humanoïdes, plates-formes complexes),
négligeant alors les applications les plus simples et faciles à diffuser (jouets, robots domestiques).
Les robots aspirateurs représentent, selon les chiffres de GFK, 4 % des aspirateurs vendus en France
en 2009, ce qui est plus que les 2,5 % observés aux États-Unis entre 2002 et 2006 par la Vacuum
Cleaner Manufacturers Association (VCMA) et les 2 % constatés par iRobot en 2010. En volume
toutefois, les États-Unis, qui comptent plus de foyers, sont les principaux acheteurs de robots
domestiques et de compagnons.

Faiblesse :
• pas de fabricant d’électroménager d’envergure nationale/internationale, hormis Seb qui n’a
pas pris position sur le marché des robots
• pas de fabricant de jouet d’envergure nationale/internationale
• forte dépendance en approvisionnement de composants

Comme évoqué un peu plus haut, la France a depuis longtemps délaissé les secteurs très
concurrentiels. On compte ainsi peu de fabricants français de jouets ou d’électroménagers
d’envergure (Seb, Meccano). Malgré un avantage technologique indéniable, la France compte ainsi
un retard qu’il sera compliqué de combler si elle veut s’insérer sur ces deux segments (hors
compagnon et plate-forme ludoéducative).
Par ailleurs, la France étant plus orientée technologies, elle n’est pas fabricante de composants et
dépend, comme beaucoup d’autres pays, des acteurs asiatiques.

Conclusion
Les robots domestiques ou de divertissement connaissent un engouement important actuellement.
On ne perçoit pour l’instant pas de signe d’essoufflement et le niveau de saturation des marchés
pour les gammes actuelles de produits est difficile à évaluer.

Les robots ménagers et compagnons sont des produits matures pour certains, mais encore largement
considérés comme des gadgets. L’innovation – dans les applications notamment – pour sortir de
cette image est nécessaire et les constructeurs peinent à trouver les applications différenciantes et
marquantes.

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Les robots ménagers subissent des améliorations continues (performance ou coût). Pour augmenter
la base des utilisateurs, on assiste actuellement à une baisse des prix. Cela se fait toutefois beaucoup
avec une baisse de la qualité et de la performance. Cela risque de ne pas être acceptable puisqu’il
existe déjà une certaine dissonance entre les performances attendues et celles proposées pour qu’on
se permette de les diminuer.

Les robots de divertissement devront certainement passer par une association à des services pour
percer vers des marchés adultes. Actuellement, ce ne sont en effet principalement que des jouets.
Par ailleurs, les compagnons sont encore loin de vrais produits qui apportent de la valeur et seront
certainement aussi des supports de services plutôt qu’une fin en soi.

Pour la filière française, le robot domestique ne semble pas être une voie de développement
industriel à court terme. Les positions sont à prendre sur des marchés à plus long terme comme le
compagnon, qui pourrait voir de premiers produits à horizon de cinq à dix ans. Le compagnon
humanoïde, pour sa part, n’apparaît pas comme techniquement et commercialement viable à court
terme.

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10. LA SURVEILLANCE ET LE GARDIENNAGE


10.1. APPLICATIONS COUVERTES
10.1.1. Introduction
Le segment « Surveillance et gardiennage » concerne la robotique pour des applications de
surveillance de zones ou périmètres délimités, aussi bien pour le marché des professionnels avec la
surveillance d’entrepôts ou zones industrielles ; pour le marché de la robotique domestique avec la
surveillance du domicile ; ou encore pour la sécurité des États et du public à travers la surveillance
de sites sensibles ou le contrôle des frontières (sécurité intérieure).

Ce segment ne concerne pas la robotique de sécurité au sens large : sont exclus notamment les
robots d’intervention en zones sinistrées ou radioactives, les robots de déminage et la robotique
militaire. La surveillance de personne dans un souci d’assistance, par exemple la surveillance de
personnes âgées, est traitée dans la partie « Assistance aux personnes en perte d’autonomie ».

Par ailleurs, nous considérons ce segment sous l’angle de la surveillance régulière et périodique (de
type « rondes ») par opposition aux missions plus ponctuelles (reconnaissance, intervention,
inspection… ). Néanmoins, il paraît important de traiter la télérobotique, bien que cette dernière
concerne à l’heure actuelle plutôt des missions d’inspection ou de reconnaissance.

Ce segment a été divisé en quatre grands types d’application :


• gardiennage professionnel ;
• gardiennage domestique ;
• surveillance environnementale ;
• sécurité intérieure.

Sur chacune de ces applications, la surveillance peut être étudiée sous l’angle de la télérobotique
comme sous l’angle de la robotique autonome.

Tableau 20 : Disponibilité des offres commerciales de robotique de surveillance en 2011


Télérobotique Robotique autonome

Gardiennage professionnel Moyenne Faible

Gardiennage domestique Faible Très faible

Surveillance environnementale Faible Très faible

Sécurité intérieure Faible Inexistante

Une grande partie des applications actuelles de la robotique de surveillance se fait à travers la
télérobotique. Le développement de la robotique « intelligente » ou « autonome » devrait
pleinement impacter ce segment de marché, en permettant notamment de passer de l’inspection à de
la véritable surveillance. Là où un opérateur doit obligatoirement contrôler le robot en direct en
télérobotique, les robots autonomes peuvent envoyer tout seul des alertes lors d’une détection
suspecte. Il est ainsi possible d’anticiper une bascule progressive de la télérobotique vers la
robotique autonome au fur et à mesure des avancées technologiques dans les dix années à venir.

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10.1.2. Gardiennage professionnel


Au niveau professionnel, les robots de surveillance et gardiennage sont utilisés pour surveiller des
zones (en intérieur ou extérieur) pour des applications de détection d’intrusion et de sécurité
incendie. Ces robots sont basés sur des plates-formes mobiles (essentiellement terrestres) équipées
d’un certain nombre de dispositifs de perception (caméra, caméra IR, radar, capteurs de fumée, de
substances chimiques, microphones… ) qui permettent d’assurer les fonctions de surveillance du
robot.

À l’heure actuelle, ces robots sont utilisés dans des environnements où la surveillance par des
humains est fastidieuse, coûteuse ou dangereuse. Les lieux d’emploi peuvent être des bâtiments
(sièges, usines, musées… ), des sites industriels ou des sites militaires.

Ces robots sont en concurrence directe avec la vidéosurveillance et plus généralement la


télésurveillance (incluant notamment les réseaux de capteurs). À ce titre, apparaît immédiatement la
nécessité pour le robot d’apporter une valeur ajoutée par rapport à ces autres dispositifs pour
s’imposer comme un outil valable.

Le marché de la robotique de gardiennage professionnelle n’est pas mâture, et bien que de


nombreuses sociétés proposent des robots dédiés à ces applications, 50 à 200 unités au plus sont
vendues chaque année (IFR, 2010), essentiellement pour des projets d’expérimentation. Ces ventes
ne décollent pas.

Acteurs de la robotique de surveillance et de gardiennage professionnelle (télérobotique et


robotique autonome)
- Airrobot (GE) : mini drone
- Effidence (FR) : acteur de la vidéosurveillance et de la robotique
- EOS Innovation (FR) : robot e-vigilante
- Frontline Robotics (CA) : réseaux de robots pour surveiller un périmètre
- General Dynamics Robotic (US) : robots autonomes ou téléopérés pour
environnements extérieurs
- Gostai (FR) : robot Jazz
- OCRobotics (UK)
- Robosoft (FR)
- Robowatch (GE) : robots Mosro et Ofro
- Rotundus (SE) : robot Groundbot pour la télésurveillance en extérieur
- SOHGO Security Services (JP)
- Tmsuk (JP) : robot de gardiennage T63 Artemis

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Figure 56 : Robot de surveillance


professionnel Mosro de Robowatch

Le robot Ofro est un robot de surveillance


professionnel dédié aux environnements
intérieurs. Les robots Ofro et Mosro de
Robowatch ont été expérimentés par la filiale
française de la société de sécurité G4 Securicor
en 2006. À l’époque G4S a même signé un
contrat d’exclusivité pour la fourniture de
contrats de surveillance avec ces robots. Il
semblerait que le partenariat n’ait pas perduré.
(source : Robowatch)

Figure 57 : Robot RobuLAB 80 de Robosoft


dans une configuration de surveillance

RobuLAB est une des plates-formes robotisées


standards de Robosoft pour des applications
d’intérieur, ici complétée par une caméra
directionnelle sur un mât.

(source : Robosoft)

Figure 58 : Robot de surveillance T63


Artemis de TMSUK

Ce robot construit par la société japonaise


TMSUK est autonome ou téléopéré et utilise des
armes non létales comme un canon paintball ou
un générateur de brouillard.

(source : TMSUK)

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Figure 59 : Robot GroundBot de la société


Rotundus

Ce robot de la société suédoise Rotundus peut


uniquement être téléopéré et est dédié à la
surveillance extérieure de sites « étendus ».

(source : Rotundus)

Figure 60 : Robot e-vigilante de EOS


Innovation

Projet de robot autonome de surveillance dont le


contrôle est pris par un opérateur dès qu’une
anomalie ou une intrusion est détectée.

(source : EOS Innovation)

10.1.3. Gardiennage domestique


La robotique de gardiennage domestique concerne la surveillance des habitations de la même façon
que pour le gardiennage professionnel. Il n’existe pas aujourd’hui à proprement parler une vraie
offre de robotique de surveillance et de gardiennage pour le grand public, ces fonctions étant
assurées par des robots de téléprésence.

Issus de fabricants de webcams ou de jouets, les robots disponibles pour la télésurveillance sont
téléopérés à travers Internet, donc pas ou peu autonomes, et assurent plutôt une fonction de
téléprésence plus « générale » que la simple sécurité : surveillance d’enfants, d’animaux ou
vidéoconférence. Des fonctions d’autonomie basiques peuvent éventuellement être apportées par de
la programmation par des utilisateurs experts.

Noyés parmi les acteurs de robots jouets ou de l’électronique grand public, les robots de
surveillance pour le grand public ne sont pas aisément identifiables. L’offre dédiée est en tous cas
aujourd’hui extrêmement restreinte et se compose essentiellement du robot Rovio de la société
WowWee.

Acteurs de la robotique de surveillance et de gardiennage domestique


- WowWee (Hong Kong) : robot Rovio
- Speecy (JP) : robots webcam
- Robowatch (GE) : robot Mosro Mini

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Figure 61 : Robot Rovio de WowWee

Le robot Rovio est en fait décrit par son


constructeur comme étant une webcam mobile.
Rovio peut mémoriser des points de passage à
l’aide de balise et ainsi suivre des chemins sans
contrôle direct de l’opérateur, ce qui constitue
une forme d’autonomie sommaire. En novembre
2011, son prix était de 180 € environ.
(source : WowWee)

Figure 62 : Robot aspirateur Tangoview de


Samsung

Un phénomène intéressant tend à confirmer


l’apport de la fonction de surveillance à travers
des robots domestiques déjà déployés : les
derniers modèles haut de gamme de robots
aspirateurs intègrent aujourd’hui une caméra à
des fins de surveillance ou téléprésence, comme
le robot Tangoview de Samsung.
(source : Samsung)

10.1.4. Surveillance environnementale


Les applications de la surveillance environnementale visent à assurer une veille contre la pollution
ou encore à prévenir les catastrophes naturelles sur différents types de sites privés (surveillance de
sites industriels) ou publics (missions de protections de différentes agences environnementales, par
exemple).

Aujourd’hui des drones et des robots sous-marins sont utilisés pour ce type de mission mais
exclusivement en inspection, et non pour une utilisation périodique. Les robots terrestres ont pour le
moment assez peu de valeur ajoutée sur ces applications : il est néanmoins possible de retrouver des
fonctions de surveillance environnementale sur des robots patrouilleurs multifonctions (gardiennage
et environnement).

Ces robots sont rarement dotés d’autonomie si ce n’est quelques robots marins ou sous-marins
assurant des missions longues durées en mer : relevés de population, étude de la faune... Les drones
sont quant à eux utilisés pour de l’analyse de composants atmosphériques ou l’analyse de la surface
terrestre à l’aide de différents capteurs. Cependant, aucun robot de surveillance environnementale
ne semble être déployé aujourd’hui pour la surveillance en continu de sites industriels à risque.

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Figure 63 : Robot Wave Glider de Liquid


Robotics

Robot autonome pour l’exploration océanique :


ce dernier peut effectuer des relevés de
nombreux paramètres sur plusieurs mois.

(source : Liquid Robotics)

Figure 64 : Drone Scancopter X6 de Fly-n-


Sense

Ce drone peut embarquer différents types de


capteurs et vise, entre autre, à réaliser des
missions de surveillance environnementale.

(source : Fly-n-Sense)

10.1.5. Sécurité intérieure


Ce dernier segment comprend la robotique destinée à la surveillance de sites sensibles (centrales,
aéroports, gares, lignes de chemin de fer, sites militaires… ), le contrôle des frontières, mais aussi la
surveillance des prisons dont les premières expérimentations ont actuellement lieu en Corée du Sud.

Les particularités de ce segment concernent la taille souvent importante des zones à couvrir et leur
accessibilité au public. Cette dernière caractéristique induit notamment un grand nombre de verrous
potentiels liés à des questions de réglementation (circulation de robots dans l’espace public).

Bien que plusieurs projets d’expérimentation aient pu être identifiés, peu ont atteint le stade de
déploiement de robots sur le terrain. Ce segment est en effet particulièrement sensible aux
problèmes d’éthique et juridiques, le marché est essentiellement aujourd’hui un marché de
machines spéciales.

À noter que pour ce segment, des pays comme la Corée du Sud et Israël ont franchi une étape en
dotant certains robots de capacités d’utilisation d’armes létales.

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Figure 65 : Robot Guardium-LS de G-NIUS

Robot téléopéré et tout-terrain de la société


israélienne G-NIUS.

(source : G-NIUS)

Figure 66 : Illustration du robot gardien de


prison coréen

La Corée du Sud expérimentera à partir de mars


2012 un robot de garde autonome dans le centre
pénitentiaire de Pohang.

(source : Yonhap News)

Figure 67 : Projet européen TALOS

Le projet européen TALOS (Transportable


Autonomous Patrol for Land Border
Surveillance) est porté par un consortium de 14
membres dont l’ONERA devrait s’achever en
2012. Il vise la réalisation d’un système de
protections de frontières par l’utilisation de
robots terrestres et de drones.

(source : TALOS)

10.2. CONTEXTE ET ENJEUX


L’amélioration de la sécurité des personnes et des biens est un des grands enjeux du monde actuel,
et de nombreux travaux sont menés sur l’amélioration des systèmes visant à répondre à cet enjeu.
La surveillance et la sécurité ont d’ailleurs été des applications envisagées dès la création de la
robotique.

D’après le Cabinet Ecorys, le marché global de la sécurité (sécurité des particuliers, des
professionnels et sécurité intérieure des États) représentaient 100 Mds$ en 2008 dans le monde et
employait plus de 2 millions de personnes. La part de l’Europe représentait environ 30 Mds$.

Au niveau professionnel, les systèmes robotisés visent plusieurs avantages par rapport aux systèmes
conventionnels comme la vidéosurveillance et la télésurveillance :

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• La réduction des coûts à travers l’utilisation de ressources moindres pour une zone donnée.
Le déploiement de réseaux de vidéosurveillance peut être coûteux notamment en
environnement extérieur (déploiement d’infrastructures pour l’énergie et les
communications). Un robot téléopéré peut permettre, en outre, d’effectuer la levée de doute
dans un endroit non couvert par une caméra et ainsi limiter les interventions humaines. La
réduction des coûts est évidemment à mettre en relation avec le niveau d’autonomie du
robot. À noter que cette économie peut se faire au détriment de l’efficacité, un réseau de
capteurs pour de la télésurveillance bien installés peut, contrairement à un robot, assurer une
couverture permanente de la zone.
• L’amélioration de l’efficacité de la surveillance : moyennant certains capteurs spéciaux, le
robot peut être plus efficace que l’humain dans certaines situations (détection de produits
chimiques, vision dans des endroits sombres, détection de mouvements rapides… ). Par
rapport aux systèmes classiques fixes, le déplacement de robots de surveillance permettrait
de couvrir les zones de façon optimale. Il reste néanmoins la question du pouvoir de
dissuasion d’un robot face à de réelles patrouilles « humaines ».
• L’amélioration de la sécurité des intervenants : les agents de surveillance sont moins
exposés sur le terrain, n’intervenant que lorsque la présence humaine est nécessaire. Cela est
vrai aussi bien pour la sécurité liée à des intrusions et agressions que la sécurité liée à de la
pollution.

Afin de présenter des avantages par rapport à des systèmes de surveillance classiques, la robotique
de surveillance est plutôt à réserver à la couverture de grandes zones ou de zones assez encombrées
dans lesquelles un système mobile est essentiel.

Les enjeux concernant la robotique de surveillance domestique sont quant à eux aujourd’hui assez
limités, les systèmes de détection d’intrusion classiques étant souvent assez efficaces sur les petites
surfaces à surveiller. À ce titre, la surveillance doit plutôt être vue comme une fonction
supplémentaire de systèmes robotiques multitâches. La robotique de gardiennage domestique en
environnements extérieurs pourrait présenter davantage d’intérêt mais aucune offre n’existe
aujourd’hui.

La surveillance environnementale présente des enjeux au niveau de l’amélioration de l’efficacité de


la surveillance par la possibilité d’atteindre des endroits habituellement non accessibles (utilisation
de drones ou de robots sous-marins), et éventuellement au niveau de la sécurité des intervenants en
limitant l’exposition sur des zones potentiellement à risque.

Enfin, le segment de la sécurité intérieure s’intéresse à l’amélioration de l’efficacité et de la sécurité


du personnel.

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Tableau 21 : Pertinence des enjeux de la robotique de surveillance sur chacun des segments
Diminution des coûts Amélioration de Sécurité des
l’efficacité de la intervenants
surveillance
Gardiennage
++ ++ ++
professionnel
Gardiennage
- + -
domestique
Surveillance
+ +++ ++
environnementale
Sécurité intérieure - ++ ++
(Légende : +++ / ++ / + = pertinence très forte / moyenne / faible, - = non pertinent).

10.3. LES DÉTERMINANTS DU MARCHÉ


Plusieurs éléments s’avèrent être clés pour le futur développement de la robotique de surveillance et
de gardiennage :
• Les aspects économiques, et notamment la démonstration de la valeur ajoutée de tels
systèmes : aujourd’hui cette valeur ajoutée est encore relativement faible par rapport à des
systèmes de caméras ou de réseaux de capteurs. Les progrès de la vidéosurveillance dite
« intelligente » devrait notamment « éliminer » plusieurs avantages de la robotique. Par
ailleurs, il est important que les acteurs de la robotique de surveillance trouve un modèle
d’affaire adapté à ces nouveaux dispositifs (modèle d’affaire plutôt orienté services que
produits). Plus spécifiquement sur le marché domestique : à nouveau la valeur ajoutée est
aujourd’hui suffisamment peu évidente pour que la robotique de surveillance domestique ne
se développe pas comme une offre à part entière mais plutôt comme une fonctionnalité
ajoutée à d’autres types de robots domestiques. Que ce soit pour le gardiennage
professionnel ou domestique, le prix jouera forcément un rôle au regard de la perception de
valeur ; la surveillance environnementale et la sécurité intérieure seront moins sensibles à
cette question.
• Les limites techniques : le domaine de la sécurité exige un haut niveau de fiabilité encore
loin d’être atteint aujourd’hui par la robotique. Plusieurs années de maturation R & D seront
probablement nécessaires avant la commercialisation de robots de surveillance autonomes
satisfaisant le secteur. La performance semble moins importante pour la robotique
domestique que pour les robots à usage professionnel. Néanmoins, les robots domestiques
feront face à un enjeu supplémentaire concernant la convergence de ces dispositifs avec
l’électronique grand public. Ces robots devront en effet pouvoir être utilisés à travers
Internet, smartphones et tablettes tactiles afin de faciliter leur adoption et leur prise en main.
Plusieurs technologies sont jugées clés pour la robotique de surveillance :
- la perception intelligente, notamment la détection de mouvement lorsque le robot est
en mouvement ;
- la navigation afin de rendre le robot le plus autonome possible dans son milieu ;
- l’autonomie énergétique pour faire face aux contraintes de tournées ininterrompues ;
- les réseaux de robots pour couvrir de grands espaces avec plusieurs robots
communiquant entre eux.
• Les problèmes juridiques et réglementaires : notamment les problèmes de responsabilité
vis-à-vis des actions effectuées par un robot. Par ailleurs et même si cela va dépendre d’un

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pays à l’autre, il y a peu de chance pour que la réglementation autorise des robots à
intervenir de façon physique pour éviter une infraction par exemple, ce qui limite les
avantages à employer ces derniers. À noter qu’aujourd’hui, les robots de surveillance sont
soumis aux mêmes contraintes réglementaires que les systèmes de vidéosurveillance. On
peut aussi citer l’inexistence de cadre réglementaire pour les drones à usage civil en France.
Du fait de leur utilisation dans un cadre strictement privé, les contraintes réglementaires
devraient être moins fortes pour les robots de surveillance domestique.
• Enfin, on soulèvera la question de l’acceptabilité déjà vue dans de nombreuses applications
de la robotique. Les acteurs traditionnels de la sécurité, souvent assez peu formés à la
technique, accepteront-ils de travailler avec des robots, voire de remplacer des hommes par
des robots ? En outre, au même titre que pour la vidéosurveillance, se posent les problèmes
de respects de la vie privée et de protection des données sensibles contre le piratage par
exemple.

Tableau 22 : Effets des déterminants sur les différents segments de la robotique de


surveillance
Technique Économique Juridique Acceptabilité
Gardiennage
++ +++ ++ ++
professionnel
Gardiennage
+ ++ + -
domestique
Surveillance
+ - + -
environnementale
Sécurité intérieure ++ - ++ +++
(Légende : +++ / ++ / + = effet très fort / moyen / faible, - = pas d’effet).

Le faible développement de la robotique autonome par rapport à la télérobotique s’explique, par


ailleurs, aussi bien à cause de verrous technologiques que de contraintes légales. La performance de
l’autonomie n’est pas jugée encore assez bonne alors que le domaine de la surveillance exige un
haut niveau de fiabilité. Les robots de surveillance sont amenés à se déplacer dans des espaces
ouverts à la circulation de personnes ou d’engins, des robots laissés libres dans des environnements
peu structurés pourraient être source d’accidents.

10.4. ÉVOLUTIONS DU MARCHÉ


10.4.1. Gardiennage professionnel et domestique
En 2010, pour le marché de la surveillance et du gardiennage professionnels, l’IFR indique que
moins de 50 robots ont été vendus dans le monde. Toujours selon l’IFR, plus de 4 000 unités
devraient être vendues entre 2011 et 2014. Nous estimons que le marché devrait représenter 3 500
unités en 2016 au niveau mondial, pour une valeur de 140 M$.

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Figure 68 : Prévisions de ventes de robots de surveillance professionnels en unités

Source : IFR 2011- évaluation Erdyn.

À noter que la robotique de surveillance professionnelle devrait en grande partie prendre des parts
sur le marché de la vidéosurveillance. ABI Research indique que le marché mondial de la
vidéosurveillance (matériel mais aussi services) devrait être de 17 Mds$ en 2011, avec un taux de
croissance annuel de l’ordre de 10 % par rapport à 2010.

Le chiffrage du marché de la robotique de surveillance grand public est lui plus compliqué du fait
de la non-spécificité de ce type de robot. La fonction de surveillance viendra probablement d’autres
appareils grands publics déjà plus ou moins présents dans les foyers : webcams, robots jouets et
robots de nettoyage. Un autre scénario possible concerne la création d’une offre de robotique
domestique dédiée à la surveillance, qui viendrait ainsi prendre des parts sur le marché de la
détection d’intrusion (systèmes d’alarme et réseaux de capteurs). C’est ce deuxième scénario que
nous allons considérer pour la réalisation des projections.

Figure 69 : Prévisions de ventes de robots de surveillance domestiques dans le monde, en


unités

Source : IFR 2011 - évaluation Erdyn.

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Nous estimons que le robot de surveillance domestique devrait représenter un marché de 25 M€ en


2016 dans le monde, avec 52 000 unités vendues. Ce marché sera adressé par des robots dédiés de
type Rovio et autres webcams robotisées, les aspirateurs comportant des fonctions de téléprésence
étant exclus de cette projection.

À noter la relative mauvaise forme du marché français de la détection d’intrusion à usage


domestique qui est stagnant depuis quelques années déjà, preuve qu’un certain niveau de saturation
a été atteint.

Figure 70 : Marché français de la détection d'intrusion domestique, nouvelles installations et


CA généré

Source : GIMES 2009.

10.4.2. Surveillance environnementale et sécurité intérieure


Le segment de la surveillance environnementale est un marché de niche qui concerne pour
beaucoup des missions d’inspection et de diagnostic. De la même façon que pour la surveillance
domestique, il est probable que la surveillance environnementale soit une fonctionnalité intégrée
dans des robots de surveillance davantage généralistes. La détection d’incendie semble par exemple
devenir une fonction de base des robots de gardiennage professionnel.

Le segment de la sécurité intérieure est plus conséquent mais il présente encore des verrous forts
notamment dans les pays européens et en France aux niveaux réglementaire et éthique. Dès lors, ce
segment ne devrait pas pouvoir décoller avant plusieurs années.

10.4.3. Vision globale


La vision à moyen terme du marché de la robotique de surveillance et de gardiennage est assez
complexe à déterminer, en effet les projets sont encore pour la plupart au stade d’expérimentation,
et ce malgré la présence d’un premier niveau d’offre.

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Tableau 23 : Synthèse des segments


Application ou Avancement Potentiel Horizon Acteurs FR
usage temporel
Gardiennage Produits Professionnels Émergence sous Effidence
professionnel commerciaux ayant des surfaces 5 ans EOS Robotique
intégrés dans des importantes à Gostai
expérimentations, protéger, Robosoft
mais diffusion professionnels de
limitée la sécurité

Gardiennage Produits Tout utilisateur Émergence sous -


domestique provenant des grand public 5 ans
jouets et des
webcams
Surveillance Déploiement pour Agences Émergence sous Fly n Sense
environnementale de l’inspection et environnementales, 10 ans Novadem
du diagnostic industriels Onera
manipulant des
produits polluants,
centrales
électriques
Sécurité Projets États, armées, Émergence sous ECA Robotics
intérieure d’expérimentation entreprises 15 ans Onera
à long terme possédant des sites Thales
publics

10.4.4. Place de la France


La France est connue comme étant un des grands marchés mondiaux d’utilisation des systèmes de
sécurité. Néanmoins, elle est adressée pour beaucoup par des acteurs étrangers. Par ailleurs, sa
dynamique semble plutôt être à la stagnation ces derniers temps.

Le point faible de la France sur la robotique de surveillance et de gardiennage concerne son


écosystème d’acteurs relativement limité sur les aspects de la robotique proprement dite.
L’écosystème industriel et de service dédié à la surveillance, et plus généralement à la sécurité est
par contre assez développé, avec notamment des acteurs industriels de premier plan (Thales,
Morpho… ).

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11. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES, JURIDIQUES, NORMATIVES


Nous établissons dans ce chapitre quelques faits spécifiques à la robotique sur les plans éthiques,
juridiques et normatifs. Deux points méritent d’être soulignés à ce stade :
• Aujourd’hui, et compte tenu de l’émergence des applications de la robotique de service, ces
aspects n’apparaissent pas comme des freins au développement de la filière : les questions
éthiques ne se poseront réellement que dans le cadre d’applications dans le domaine de la
santé, de la sécurité, ou à terme dans la perspective d’une diffusion massive dans le public –
voire dans les espaces publics – de robots, éventuellement humanoïdes, bénéficiant d’une
grande autonomie de décision et d’action ; les questions de responsabilité, en droit, seront
traitées en grande partie par la jurisprudence ; sur le plan des normes, les seuls travaux en
cours à notre connaissance concernent les spécifications en termes de sécurité des robots de
service.
• A contrario, la réglementation peut être un accélérateur pour les marchés de la robotique de
service. Un exemple archétype en est la Corée du Sud, qui a fait de la robotique, de par la
loi, un objectif stratégique pour le développement industriel, y compris par la commande
publique. En France, les futures lois sur le financement de la dépendance sont attendues par
les acteurs comme des accélérateurs possibles pour le développement et le déploiement de
produits et services utilisant des robots.

11.1. L’ÉTHIQUE ET LA DIFFUSION DES ROBOTS DE SERVICE


La question éthique est régulièrement posée dans les réflexions sur le déploiement des robots de
service. Elle n’est jamais générique, toujours liée à un cas d’usage spécifique. La question est
aujourd’hui beaucoup traitée dans la littérature sous l’angle des applications pour la sécurité.

L’atelier sur la « roboéthique » du réseau européen EURON aborde la question de l’éthique en


constatant que les applications sont émergentes et foisonnantes, et qu’il n’est pas possible de traiter
une question unique de l’éthique de la robotique. Il constate aussi l’absence de réponses simples aux
questions posées par l’introduction des systèmes robotiques dans des environnements personnels ou
professionnels. Dans cet état d’esprit, de nombreux colloques dédiés à la « roboéthique » sont
régulièrement organisés par les sociétés savantes.

Les principales considérations éthiques que nous choisissons de mettre en avant eu égard à notre
étude sont les suivantes :
• la dignité humaine – notamment pour les applications liées à la dépendance ou au handicap ;
• la vie privée, les libertés individuelles, la confidentialité – par exemple pour la sécurité
intérieure ;
• la responsabilité sociale – par exemple dans les questions liées à la sauvegarde de l’emploi ;
• la solidarité, l’égalité, l’équité – concernant l’accès de tous aux « bienfaits » des
technologies…

D’une manière générale, la robotique se voit appliquer les mêmes grandes considérations éthiques
que tout produit technologique ou non, notamment sur le critère d’absence d’effets indésirables ou
nuisibles dans leur usage. Les grands principes éthiques que nous ne détaillerons pas ici sont portés
par un grand nombre de textes nationaux et internationaux.

Trois grandes questions nous semblent mériter d’être mises en avant :

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La robotique pour la sécurité


La robotique de défense, utilisée principalement sur les théâtres d’opérations, ne pose pas de
questions éthiques majeures :
- la question de l’autonomie de décision pour les drones de combats a été résolue en attribuant
systématiquement la décision de tir à l’opérateur humain ;
- au-delà de cette question précise impliquant des tirs létaux, le champ militaire, par nature,
est peu sujet au questionnement éthique.
Par contre, le passage des mêmes objets technologiques dans le champ civil pour des questions de
sécurité, par exemple pour la surveillance de frontières, fait systématiquement apparaître un
questionnement éthique.
Dans cette veine, on note que le projet TALOS dédié à la surveillance des frontières par robots, a
spécifiquement exclu du champ du projet les questions pouvant porter des interrogations éthiques.

La robotique humanoïde ou à forme animale est-elle acceptable ?


Cette question pose un problème éthique important. Considérant la robotique humanoïde, mais la
question se pose aussi avec les robots en forme d’animaux, une position couramment exposée pose
comme postulat que le robot humanoïde sera plus facilement accepté par les personnes, notamment
les personnes âgées ou en état d’altération des facultés mentales. La raison, vérifiée notamment
dans le cas du robot thérapeutique Paro au Japon, de cette acceptabilité améliorée, est imputée à la
dimension affective que prend la « relation » avec le robot.
Cette dimension pose cependant un problème éthique important, qui semble aujourd’hui peu traité
par la communauté de la robotique, mais qui est présente à l’esprit des prescripteurs potentiels et
des acteurs de l’offre de service liée. Certains observateurs pointent en effet du doigt les potentiels
leurres affectifs que représentent ces objets. Les différences d’approche de ces questions éthiques
selon les zones géographiques ne sont pas mises en évidence aujourd’hui.
Autre question éthique liée à l’humanoïde : l’imprévisibilité potentielle des réactions des robots au
regard de leur aspect humain.

Les questions posées dans les réflexions du monde académique sur l’éthique et la robotique ont
d’abord été dictées par les premiers marchés de masse des robots de défense et de sécurité ;
notamment, la question de l’intervention directe d’un robot (tir létal sur théâtre d’opérations) sans
supervision humaine est aujourd’hui totalement exclue.

La question de l’emploi
Cette question ne trouve pas de réponse plus simple et plus générique que les deux précédentes, et
est de facto très liée à des questions d’acceptabilité sociale : le robot, en reproduisant des gestes
humains, est-il intrinsèquement destructeur d’emplois ? La réponse est évidemment négative :
aucun lien systématique ne saurait être fait entre l’usage d’un outil et les impacts en termes
d’emploi. Cependant cette question peut être un réel frein à l’acceptabilité des robots dans des
environnements professionnels, privés, ou dans les espaces publics.

11.2. LA QUESTION DU DROIT


Du point de vue du droit, les robots sont soumis aux même obligations que tous les produits
manufacturés, dont en France :
• L’obligation de garantie imposée par l’article 1603 du Code civil.
• La responsabilité du fait du produit défectueux (loi 98-389 du 19 mai 1998) : il s’agit de
l’obligation qui peut éventuellement poser problème, comme on le détaille par la suite. Elle
fait porter sur le fabricant ou le vendeur la responsabilité des conséquences d’un

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fonctionnement inapproprié du produit : un exemple en est l’affaire du limiteur de vitesse


bloqué. Il revient en général au tribunal de décider si le produit est défectueux, c'est-à-dire
victime d’un dysfonctionnement que le fabricant aurait pu identifier dans l’état de ses
connaissances.
• La responsabilité élargie du producteur, et notamment l’article 5 du décret 2005-829 du
20 juillet 2005, qui stipule que les équipements électriques et électroniques doivent être
conçus et fabriqués de façon à faciliter leur démantèlement et leur valorisation. Cette
tendance générale pour l’ensemble des biens de consommation et d’équipement est
particulièrement considérée pour les produits électroniques en raison de la nature des
matériaux utilisés notamment dans les composants électroniques et les batteries.
• La protection des données personnelles, notamment pour les robots domestiques, médicaux,
de sécurité, etc. Ce point particulier est très largement encadré par le droit actuellement, et
ne constitue pas un enjeu majeur d’adaptation pour la robotique. La diffusion des téléphones
mobiles avec des fonctions élaborées, associée au développement des réseaux sociaux et à la
numérisation croissante des données personnelles ont permis de conforter le cadre légal.

La question de la responsabilité
La question de la responsabilité est centrale dans le déploiement dans un environnement non
maîtrisé de certains types de robots. Un exemple emblématique, qui entre dans les dispositifs
robotiques, concerne les assistances automatiques à la conduite dans le milieu automobile. Dans ce
cadre, des réflexions longues ont été menées par les constructeurs automobiles pour trouver un
compromis entre la performance des systèmes, leur niveau de confiance, la compréhension qu’en a
le conducteur et les éventuels transferts de responsabilité que ces systèmes pourraient occasionner,
du conducteur vers le constructeur. Sur ce point, la règle stipule également que dans le cas d’un
produit défectueux, le fabricant du produit complet et le fabricant du composant défectueux sont
solidairement responsables.

Cette question de responsabilité explique notamment, que les systèmes anticollision ne concernent
que le freinage d’urgence, dans des temps avant collision, inférieurs au temps de réaction du
conducteur : le système n’agit qu’à partir du moment où le conducteur ne peut plus contester le
bien-fondé de l’action. Par ailleurs, il ne prétend à aucun moment éviter la collision, ne pouvant
ainsi être pris en défaut en cas de non-fonctionnement ; le conducteur ne peut se reposer sur le
système pour éviter l’accident.

Aujourd’hui, dans le contact avec les personnes dans une assistance à la vie quotidienne, cette
question de la responsabilité pourrait créer un frein au déploiement des technologies. Cependant, le
déploiement au cours des dernières années de nombreux produits technologies a montré deux
tendances sur ce point de droit :
• Une tendance à traiter ce point par la jurisprudence plutôt que d’anticiper les évolutions
utiles du droit. Les juristes ne travaillent valablement que sur des cas d’usage concrets.
• Des différences de traitement de la question suivant les zones géographiques. Suivant le
niveau de protection offert par la société, les risques sont plus ou moins acceptables pour les
industriels : aux États-Unis, c’est en général l’expérimentation qui prime, le droit étant
adapté par la jurisprudence lorsque des problèmes se posent, conduisant à un déploiement
rapide de nouveaux produits 18 ; en Europe, la protection des consommateurs et citoyens par
les États implique des précautions supplémentaires prises par les industriels avant la
diffusion de nouveaux produits ; en Asie, le poids de l’État dans les politiques industrielles

18
C’est dans le Nevada que Google a obtenu l’autorisation de tester sur route ouverte des véhicules automatiques.

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permet d’anticiper les conditions de déploiement de nouvelles technologies en adaptant la


loi, voire imposer le déploiement de ces technologies par la loi.

Dans le cadre d’une assistance au geste professionnel, la question se pose de manière très différente.
C’est le droit du travail et la responsabilité des CHSCT et de l’inspection du Travail (en France) de
veiller à ce que les conditions de sécurité soient suffisantes pour permettre la présence concomitante
des robots et des employés.

11.3. LA ROBOTIQUE DE SERVICE DANS LES NORMES


Le travail normatif peut-il accélérer le développement des marchés ?
Cette question pose de fait deux problèmes : la question des normes internationales comme garantes
d’une certaine qualité de fonctionnement des systèmes, comprenant la question de la sécurité ; la
question de l’interopérabilité ou de la compatibilité des briques technologiques ou des robots entre
eux. Bien entendu, le droit sur les produits s’impose dans toutes les zones géographiques :
notamment, en Europe, les directives produits et machines, et le marquage CE, constituent le cadre
de base de développement des robots de service et des robots personnels.

La première question est d’ores et déjà étudiée par les groupes de travail de l’ISO notamment. La
robotique industrielle est déjà encadrée par une norme internationale ISO 10218 : la partie 1 porte
sur les exigences de sécurité des robots, la partie 2 sur les systèmes robotiques et de l’intégration
des robots ayant été publiée en juillet 2011. Cependant, les normes sur les robots industriels ne
peuvent encadrer le déploiement de la plupart des robots de service tels que nous les concevons
dans cette étude.

Le projet de norme ISO/DIS 13482 porte sur la sécurité de fonctionnement des dispositifs
robotiques « non médicaux pour les soins personnels », c’est-à-dire les robots thérapeutiques et les
robots d’assistance personnelle pour les personnes en perte d’autonomie, que ce soit au domicile
personnel ou dans une institution d’accueil. Un autre groupe de travail (TC 184/SC 2/WG 8) porte,
lui, sur les robots de service de manière générale. Dans tous les cas, les exigences de sécurité de
fonctionnement sont centrales dans les réflexions des groupes de travail.

Sur ces questions de sécurité, si le rapport du JRC A helping hand for Europe : the competititive
outlook for the UE robotics industry propose une description de la chaîne de valeur de la sécurité
applicable dans le domaine de la robotique industrielle et partiellement dans la robotique de service
en milieu industriel, cette chaîne est en grande partie inadaptable à la robotique de service qui
impose une interaction forte avec l’humain, et ceci dans un environnement moins contrôlé que les
sites industriels.

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12. CONCLUSIONS
12.1. TROIS TYPES DE MARCHÉS
La robotique de service ne constitue pas un marché homogène, mais une juxtaposition de marchés
de niche ou de masse, réunis par une même science de l’intégration. Ces marchés peuvent, dans les
grandes lignes, être séparés en trois grandes catégories, qui proposent des modèles industriels
différents :

• Les marchés de masse que sont les jouets, les appareils ménagers ou les compagnons grand
public, sont basés sur des modèles de production tirés par les coûts dès lors qu’ils sont
matures. Ces marchés, s’ils sont accessibles à des industriels français, ne permettent pas une
présence française sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les composants génériques, ainsi
que, le cas échéant, l’assemblage ne sont aujourd’hui économiquement viables que
lorsqu’ils sont sous-traités à des pays à bas coût de main-d’œuvre. Ceci est particulièrement
vrai tant que l’assemblage ne peut être automatisé largement. Sur ces segments, la valeur
ajoutée pour l’écosystème français proviendra plutôt de la R & D, éventuellement de
l’assemblage final, de la fourniture de quelques briques haut niveau (notamment le logiciel),
de la commercialisation et du service associé. L’image de marque d’entreprises françaises
peut éventuellement être également valorisée.

• Les marchés de niche 19, tirés principalement par la valeur, avec des petites séries
nécessitant tout de même une optimisation des coûts. Plus accessibles à des produits
complexes et plus onéreux, les marchés professionnels (agricole, logistique, assistance à la
personne, etc. ) constituent des opportunités de développement importantes pour les acteurs
industriels français. Sur ces marchés, il est cependant inévitable de travailler sur la base de
besoins avérés, et de mettre en évidence l’apport de solutions. Aujourd’hui, au contraire
d’industriels d’autres pays, les acteurs français sont peu présents dans des expérimentations
en vraie grandeur, qui permettent de prendre des positions sur les marchés, de favoriser le
développement des générations ultérieures par les retours d’expérience, de construire une
image de marque. Ces expérimentations requièrent souvent un support de l’action publique
(comme c’est le cas en Corée du Sud par exemple), et toujours une capacité
d’investissement des industriels : sur des marchés émergents, les fabricants travaillent
souvent à marge réduite ou nulle sur la première génération de produits.

• Les marchés de robots spécifiques, qui portent dans certains cas les germes de certains
marchés de niche, regroupent les applications sur lesquelles chaque produit vendu fait
l’objet d’un développement spécifique (machines spéciales). Dans cette optique, chaque
projet profite moins d’effets d’échelle que les deux catégories précédentes, mais permet la
construction d’une image de marque. Elle demande cependant une reconnaissance
« métiers » pour asseoir la légitimité des entreprises (bureaux d’études, fabricants) sur les
applications de leurs clients. Avec le développement technologique et l’évolution des
besoins, les marchés spéciaux peuvent devenir des marchés de niche.

À l’heure où nous rédigeons ces lignes, les industriels français sont principalement positionnés sur
les marchés spéciaux, peu sur les marchés de niche. Sur les marchés de masse, seul Meccano se
positionne aujourd’hui avec des robots jouets. Robopolis est également un acteur visible de ces

19
Certaines niches représentent des volumes importants. On les nomme ainsi par contraste avec les marchés de masse, principalement tournés vers la
robotique personnelle.

Prospective sur la robotique personnelle et de service


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marchés, en tant que distributeur. Awabot travaille au développement de robots ludiques, mais
aucun produit n’existe aujourd’hui.

12.2. L’ÉCOSYSTÈME FRANÇAIS


Dans cette section, nous nous efforçons d’illustrer le potentiel de développement économique de la
filière française sur les trois segments de marchés détaillés dans les chapitres 8 à 10.

Marchés de masse

Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
sous-systèmes logiciels

Assemblage
Conception, Applications
intégration

Services
associés

Services Distribution de Diffusion


utilisateurs spécialisée
masse

Sur les marchés de masse, les potentiels pour l’industrie française se situent principalement sur les
champs suivants :
• la conception et intégration : les bureaux d’études sont une force de l’écosystème français,
dès lors que les compétences d’industrialisation auront été appréhendées ;
• la mise au point des applications logicielles, basées sur l’excellence française dans le secteur
du logiciel d’application, est éventuellement un champ d’activité propice à l’exportation ;
• les composants logiciels, qui comprennent les blocs de programmation bas niveau
permettant la réalisation des actions élémentaires (déplacement, préhension, localisation,
navigation, perception… ) ;
• l’assemblage final, dans certains cas d’applications à relativement haute valeur ajoutée ;
• enfin, le champ de la distribution et du service après-vente.
Sur les marchés de masse, on aura relativement peu à faire à des composants spécifiques, le champ
des composants génériques étant aujourd’hui difficilement accessible aux acteurs français et
européens.

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12.2.2. Marchés de niche

Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
logiciels
sous-systèmes

Assemblage Conception, Applications


intégration

Services
associés

Services Distribution de Diffusion


masse
utilisateurs spécialisée

Sur les marchés de niche, avec des robots de plus grande valeur, la part de valeur captée par les
entreprises françaises peut être plus importante :
• Comme pour les marchés de masse, la France dispose de compétences fortes et de capacités
de production sur les applications, la conception, l’assemblage.
• Ces marchés font appel plus fréquemment à des composants spécifiques, qui peuvent être
produits en Europe compte-tenu des volumes considérés. On pense par exemple aux
systèmes mécatroniques, aux batteries spécifiques, aux parties d’exosquelette, etc.
• Ces marchés sont également créateurs de valeur et d’emploi sur les services associés (mise
en service, service après-vente, etc. ), les services utilisateurs (mise à disposition dans le
cadre d’une prestation de surveillance, de télémédecine, etc. ), ou encore la diffusion
spécialisée par des acteurs des métiers visés par les niches…

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12.2.3. Marchés de machines spéciales

Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
logiciels
sous-systèmes

Assemblage Conception, Applications


intégration

Services
associés

Services Distribution de Diffusion


utilisateurs masse spécialisée

Sur les marchés de machines spéciales, la relation commerciale est souvent directe entre l’utilisateur
ou prescripteur et le fabricant. Sur ces marchés, l’intégrateur prend en général en charge la totalité
ou la majeure partie des opérations de conception et de d’assemblage des robots. Si le potentiel de
création d’emploi est plus faible sur ce type de marchés, ils sont cependant d’éventuels germes pour
les marchés de niche.

12.3. COMMENT LEVER LES VERROUS ?


Il ressort de l’analyse les principaux verrous suivants, à lever pour permettre le développement de
l’industrie et des marchés, et présentés ici par ordre de priorité. À ce stade, nous ne proposons pas
d’actions pour les lever, mais nous contentons de les décrire et d’évaluer l’impact de la levée de ces
verrous :

• Expérimenter en vraie grandeur ou en présérie les solutions technologiques imaginées en


réponse à un besoin. La plupart des acteurs internationaux visibles sur les marchés de masse
ou de niche, personnels comme professionnels, utilisent cette étape pour mettre au point les
premières versions commerciales de leurs produits. Ceci est particulièrement aisé dans le
domaine de la défense, qui finance en général dans les programmes d’armement une grande
partie des déploiements expérimentaux. Pour les applications grand public, cette phase de
déploiement doit en général être supportée en grande partie par les industriels,
éventuellement soutenus par des mécanismes de subvention français ou européens.

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Impacts :
Retours d’expérience pour la mise au point des produits, du mode d’usage et du
modèle économique ;
Amorçage des marchés pour les industriels, favorisant l’industrialisation.

• Rapprocher les filières de la robotique, afin d’optimiser les coûts de développement.


Contrairement à ce qui se passe en Allemagne où la robotique de service se développe sur le
terreau de la robotique industrielle, l’écosystème de la robotique de service français se
construit sur la base de technologies issues de la recherche, sans le support industriel d’un
écosystème existant. Il apparaît donc important que des rapprochements se fassent entre
acteurs sur des technologies connexes, afin d’une part de capitaliser sur l’expérience de
l’industrialisation d’acteurs établis, d’autre part de mutualiser les coûts de développement et
de fabrication sur des briques technologiques (logicielles, matérielles, intégration)
communes à des secteurs d’application différents, y compris avec des niveaux de
performances requis différents également.
Impacts :
Facilitation de l’industrialisation ;
Gains économiques à travers la mutualisation.

• Assurer le développement des entreprises passe par un financement sur le long terme,
permettant de mettre en œuvre une stratégie guidée par la vision des applications et des
marchés. Aujourd’hui, il est patent qu’une partie des difficultés que rencontrent les startups
provient de la difficulté à financer les développements, et contraignant donc à chercher des
ressources sur le marché avec des produits ou services non aboutis. Les causes de ces
difficultés sont de deux ordres. Premièrement, les fonds de capital risque ne sont aujourd’hui
pas moteurs sur le domaine de la robotique en France, par manque de culture et de visibilité.
Deuxièmement, il arrive que les créateurs d’entreprise aient peur de voir leur part de capital
se diluer trop vite dans leur entreprise, favorisant alors des levées de fonds à des hauteurs
inadaptées, trop fréquentes, ne donnant pas à l’entreprise la visibilité pour le développement
des ses produits et de ses expérimentations.
Impacts :
Survie des entreprises à moyen terme.

• Favoriser les transferts de technologie entre le monde de la recherche académique et les


industriels est un sujet à multiples facettes. La première est technologique et requiert que la
recherche appliquée se fasse en collaboration, ou du moins en bonne entente sur les
objectifs, entre la recherche et l’industrie. Pour reprendre l’exemple de l’Allemagne, cette
proximité fait partie de la culture nationale, et est matérialisée notamment par les
collaborations au sein des instituts Fraunhofer ; en France, c’est l’objectif des IRT 20 et
IEED 21 labellisés et financés dans le cadre des investissements d’avenir ; il est trop tôt pour
un tirer un retour d’expérience. Ce travail de rapprochement ne doit évidemment pas se faire
au détriment de la recherche fondamentale, permettant le ressourcement technologique de la
recherche appliquée. Autre facette de la problématique, le coût des transferts (contrats,
modèles de rémunération, support juridique) est également un enjeu pour les PME
notamment.
Impacts :
Excellence technologique des entreprises françaises maintenues dans la durée ;

20
IRT : Institut de Recherche Technologique.
21
IEED : Institut d’Excellence sur les Énergies Durables.

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Retour sur investissement optimisé pour les acteurs académiques.

• Accentuer la recherche sur les usages et les modèles économiques, en parallèle des
expérimentations de produits, est également un moyen de favoriser le développement de la
robotique de service. Les travaux sur les usages permettent de nourrir notamment les
indicateurs pertinents sur l’acceptabilité des solutions technologiques apportées à un certain
nombre de besoins. Le travail sur le modèle économique de la diffusion des robots est
également un élément fort pour le développement de la filière. Dans tous les cas, ce travail
ne peut être efficace et pérenne que basé sur l’identification de besoins réels des
entreprises et des autres acteurs économiques (BTP, mutuelles, assurance, logistique
industrielle, etc.) potentiels utilisateurs des systèmes mis au point (robot et son
environnement de fonctionnement).
Impacts :
Construction de la connaissance sur les critères d’acceptabilité et d’utilisabilité, les
verrous juridiques et économiques ;
Amélioration de la réussite des mises sur le marché de nouveaux produits et services.

• Amorcer les marchés par la commande publique est également un moyen de permettre
les développements de la filière. On peut faire l’analogie avec ce qui se pratique en Corée,
sur la robotique de service (expérimentation de 1 000 robots éducatifs dans les écoles) ou les
initiatives de commande publique de véhicules électriques (commande par les
administrations et entreprises publiques de 15 000 Kangoo électriques à Renault) qui
permettent de générer de premiers revenus pour les constructeurs en créant cette
expérimentation à grande échelle telle que nous la décrivons ci-dessus.
Impacts :
Amorçage des marchés pour les industriels, favorisant l’industrialisation ;
Sensibilisation des entreprises et du grand public à la robotique.

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13. SIGLES

AAL Ambient Assisted Living (Programme européen)


AAP Appel à projets
AGV Automatic Guided Vehicle
ANR Agence Nationale de la Recherche (France)
APA Allocation Personnalisée d’Autonomie
APCH Association Point Carré Handicap
ASIPAG Association Solutions Innovantes Pour l'Autonomie et Gérontechnologies
FUI Fond Unique Interministériel (France)
IFR International Federation of Robotics
PCH Prestation de Compensation du Handicap

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14. INDEX DES TABLEAUX

Tableau 1 : Synthèse des positions relatives des différents pays sur le développement des
technologies clés pour la robotique de service...........................................................................50

Tableau 2 : Les PME françaises de la robotique de service...............................................................54

Tableau 3 : Positionnement de la France sur les technologies clés de la robotique...........................59

Tableau 4 : Positionnement de l’Allemagne sur les technologies clés de la robotique......................66

Tableau 5 : Positionnement du Royaume-Uni sur les technologies clés de la robotique...................70

Tableau 6 : Positionnement de l’Italie sur les technologies clés de la robotique...............................74

Tableau 7 : Positionnement des États-Unis sur les technologies clés de la robotique .......................80

Tableau 8 : Positionnement de la Corée du Sud sur les technologies clés de la robotique................87

Tableau 9 : Positionnement du Japon sur les technologies clés de la robotique ................................92

Tableau 10 : Positionnement de Taïwan sur les technologies clés de la robotique............................94

Tableau 11 : Positionnement des pays analysés sur certains marchés de la robotique de service
(échelle qualitative) ..................................................................................................................105

Tableau 12 : Positionnement des pays analysés sur trois compétences spécifiques (échelle
qualitative)................................................................................................................................106

Tableau 13 : Applications domestiques commerciales ....................................................................143

Tableau 14 : Applications compagnon (divertissement ou éducation) commerciales .....................144

Tableau 15 : Pertinence des applications actuelles avec les enjeux poursuivis ...............................149

Tableau 16 : Principaux acteurs de la robotique de service domestique et ludique .........................151

Tableau 17 : Effet des principaux déterminants sur la diffusion des différents types de robots......152

Tableau 18 : Attentes de la population des États-Unis à l’égard des robots ....................................154

Tableau 19 : Projection de vente des produits déjà lancés en 2011 (Erdyn)....................................158

Tableau 20 : Disponibilité des offres commerciales de robotique de surveillance en 2011 ............161

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Tableau 21 : Pertinence des enjeux de la robotique de surveillance sur chacun des segments........169

Tableau 22 : Effets des déterminants sur les différents segments de la robotique de surveillance..170

Tableau 23 : Synthèse des segments ................................................................................................173

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15. INDEX DES FIGURES

Figure 1 : Robot de déminage Packbot 510 EOD ..............................................................................23

Figure 2 : Robot d’inspection et réparation de canalisation KASRO 4.0 DN200-DN600 ................24

Figure 3 : Robot d’inspection de surveillance Jazz Security..............................................................26

Figure 4 : Robot d’assistance au geste (ou cobot) RB3D...................................................................27

Figure 5 : Robot thérapeutique Paro...................................................................................................28

Figure 6 : Chaîne de valeur de la robotique de service ......................................................................32

Figure 7 : Ventes de robots de service professionnels en 2010 (en nombre d’unités et en M$)........37

Figure 8 : Le marché de la robotique de service personnelle en 2010 – un marché de 540 M$ .......38

Figure 9 : Répartition des forces académiques françaises en robotique.............................................53

Figure 10 : Exosquelette Hercule de la société RB3D .......................................................................55

Figure 11 : Robot Nao ........................................................................................................................56

Figure 12 : Programmes nationaux et européens en robotique jusqu’en 2009 ..................................58

Figure 13 : Financements relatifs des programmes-cadres européens en faveur de la robotique et la


cognition – année 2009 (M€) .....................................................................................................61

Figure 14 : Répartition des clusters technologiques allemands pour la robotique industrielle (2008)
....................................................................................................................................................62

Figure 15 : Les budgets allemands pour la recherche sur la robotique en 2008 ................................67

Figure 16 : Les incitations financières fédérales en Allemagne, applicables à la robotique..............68

Figure 17 : Implantations géographiques de l’ITT.............................................................................72

Figure 18 : Calendrier du déploiement du projet LELR ....................................................................75

Figure 19 : Objectifs du projet LELR (février 2011) .........................................................................76

Figure 20 : Carte des entreprises et universités intervenant sur la robotique.....................................77

Figure 21 : Les principaux marchés visés par les compagnies américaines de la robotique .............83

Figure 22 : Points clés du premier plan pour les robots intelligents en Corée du Sud.......................87

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Figure 23 : Projections du METI et du NEDO (New Energy and Industrial Technology


Development Organization) sur le marché mondial de la robotique..........................................91

Figure 24 : Tendances du développement de la recherche taïwanaise en robotique..........................93

Figure 25 : Répartition de l’activité de l’industrie taïwanaise en 2010..............................................95

Figure 26 : Schéma de financement public du soutien à la filière robotique .....................................95

Figure 27 : Provinces chinoises ayant des compétences notables en robotique.................................97

Figure 28: Répartition des entreprises de robotique de service recensées par l'IFR ........................102

Figure 29 : Estimation du nombre d’entreprises industrielles dans les principaux pays de l’étude
(fourchette basse/haute)............................................................................................................103

Figure 30 : Origine des robots de service vendus dans le monde en 2010.......................................104

Figure 31 : Principales associations structurées d’acteurs de la robotique de service .....................107

Figure 32 : Exemples de financements directement dédiés à la robotique de service .....................108

Figure 33 : Compilation d'estimations des marchés de la robotique personnelle (domestique et


ludique) – estimations raisonnables (ligne) et optimistes (barres) – en M$.............................110

Figure 34 : Compilation d'estimations des marchés de la robotique de service professionnelle –


estimations raisonnables (ligne) et optimistes (barres) – en M$ ..............................................111

Figure 35 : Répartition des marchés de la robotique de service en fonction du critère de maturité et


de typologie des marchés .........................................................................................................113

Figure 36 : Proposition de priorisation des déterminants pour le robot domestique........................116

Figure 37 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots d’assistance aux personnes
en perte d’autonomie ................................................................................................................117

Figure 38 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de défense ......................117

Figure 39 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de surveillance...............118

Figure 40 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots agricoles.........................118

Figure 41 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de service en logistique .119

Figure 42 : Évolution attendue des services de téléassistance en Europe ........................................123

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Figure 43 : Exosquelette HAL (gauche) et robot Mobiro (droite) ...................................................124

Figure 44 : Prothèse de bras Otto Bock Healthcare Product GmbH ................................................125

Figure 45 : Exosquelette Hercule .....................................................................................................125

Figure 46 : Robot RI-MAN (Japon) .................................................................................................126

Figure 47 : Robots de rééducation Kinova (gauche) et Armeo (droite)...........................................127

Figure 48 : Robots de rééducation InMotion (gauche) et Rutgers Master II Glove (droite)............127

Figure 49 : Quelques projets de robots d’assistance « intelligents »................................................129

Figure 50 : Évaluation du marché des robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie –
hors rééducation – à horizon 2018 (hypothèses haute et basse, en M€) ..................................139

Figure 51 : Exemples de robots domestiques...................................................................................144

Figure 52 : Exemple de comparaison de performances entre robot et humain sur des tâches simples
..................................................................................................................................................148

Figure 53 : Chaîne de valeur simplifiée de la robotique domestique...............................................150

Figure 54 : Circuits de distribution préférentiels pour les aspirateurs en 2010................................151

Figure 55 : Potentiel d’évolution de la robotique domestique entre 2011 et 2015 selon deux
hypothèses extrêmes d’évolution (en milliers d’unités, dans le monde)..................................157

Figure 56 : Robot de surveillance professionnel Mosro de Robowatch...........................................163

Figure 57 : Robot RobuLAB 80 de Robosoft dans une configuration de surveillance....................163

Figure 58 : Robot de surveillance T63 Artemis de TMSUK ...........................................................163

Figure 59 : Robot GroundBot de la société Rotundus......................................................................164

Figure 60 : Robot e-vigilante de EOS Innovation............................................................................164

Figure 61 : Robot Rovio de WowWee .............................................................................................165

Figure 62 : Robot aspirateur Tangoview de Samsung .....................................................................165

Figure 63 : Robot Wave Glider de Liquid Robotics ........................................................................166

Figure 64 : Drone Scancopter X6 de Fly-n-Sense............................................................................166

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Figure 65 : Robot Guardium-LS de G-NIUS ...................................................................................167

Figure 66 : Illustration du robot gardien de prison coréen ...............................................................167

Figure 67 : Projet européen TALOS ................................................................................................167

Figure 68 : Prévisions de ventes de robots de surveillance professionnels en unités ......................171

Figure 69 : Prévisions de ventes de robots de surveillance domestiques dans le monde, en unités 171

Figure 70 : Marché français de la détection d'intrusion domestique, nouvelles installations et CA


généré .......................................................................................................................................172

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16. LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES DANS LE CADRE DE


L’ÉTUDE

M. Jean-Christophe Bailly Gostai


M. Philippe Bidaud CNRS-ISIR, GdR Robotique
M. Jacques Blanc-Talon DGA
M. Bruno Bonnell Robopolis, Awa Robotics, Syrobo
M. Rodney Brooks Heartland Robotics
M. Philippe Caton Covea Tech
M. Guy Caverot BA System
M. Renaud Champion Robolution Capital
M. Kyung Chul Shin KROS / Yujin Robot
M. Paul Dancer SEB
M. Paolo Dario Université de Pise, Scuola Superiore Sant'Anna
M. Bernard Descargues CNSA
Mme Josepha Digiormo Medimex
M. Rüdiger Dillmann Karlsruhe Institute of Technology (KIT)
M. Charles Fattal CNSA, Approche
M. Rodolphe Gelin Aldebaran
M. Daniel Gerard SEB
M. Aurélien Godin DGA
M. Michel Gugliemi IRCCyN
M. Martin Hägele Fraunhofer IPA Stuttgart
M. François Hanat Cap Digital
Mme Petra Koudelkova Aldebaran, Cap Robotique
M. Benoît Labarthe Assistance Publique Hôpitaux de Paris
M. Frédéric Laurent Ministère de la recherche
Mme Qingyi Le Lay Aldebaran
M. David Lemaître EOS Innovation
M. Christophe Leroux CEA LIST
Mme Betty Liu ROBOAT
M. Bruno Maisonnier Aldebaran
M. Patrick Mallea CNR Santé
Mme Annick Martin CNSA
M. Raoul Mallart Archos
M. Yoshio Matsumoto AIST, JRL
M. Robert Meyrignac Rowenta
M. Geoff Pegman RURobots
Mme Fabienne Provençal Orange
M. Jean-Luc Raffin Adept Technology
Mme Anne-Sophie Rigaud Hôpital Broca, Soliage
M. Philippe Roy Cap Digital
M. Patrick Schouller DGCIS
M. Vincent Schramm SYMOP
M. Jean-Pierre Soulier Rowenta

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Mme Astrid Southon DGCIS


Mme Véronique Tanguy ONERA
M. Cédric Tessier Effidence
M. Philippe Vallet AFM
M. Sylvain Van Wassen DRK Mobility

Prospective sur la robotique personnelle et de service

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17. BIBLIOGRAPHIE

World robotics, par l’International Federation of Robotics, éditions 2006 à 2011.

International Assessment of Research and development in Robotics, rapport pour la National


Science Foundation (NSF) USA, par George Bekey et al., 2006.

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Délivrance et prise en charge des aides techniques au Québec, présentation disponible sur le
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A roadmap for US Robotics: From Internet to Robotics, par le Computing Community


Consortium, mai 2009.

L’offre de téléassistance en France et ses perspectives, présentation disponible sur le site de la


CNSA, par T. Perier – Institut Silver Life, décembre 2009.

Prospective sur la robotique personnelle et de service

- 194 -
PIPAME Erdyn Consultants

Séries de monographies par pays, issues de l’Étude européenne sur le marché et les prix des
aides techniques destinées aux personnes handicapées et en perte d’autonomie (Espagne, Italie,
Suède, Royaume Uni, Allemagne), monographies disponibles sur le site de la CNSA, décembre
2009.

Section 230 Immunity for Personal Robotics, document de la littérature grise, par Ryan Calo –
Stanford Law School, novembre 2009.

Achieving Global Leadership : a roadmap for robotics in Massachusetts, littérature grise, par la
Massachusetts Technology Leadership Council, 2009.

Latest Trends in the North American Consumer Robotics Market, étude de Robotics Trends,
présentée par Michael Siggins, 2010.

Robots On the Move from the Production Line to the Service Sector : The Grand Challenges for
Contractors, Workers, and Management, eChallenges e-2010 Conference Proceedings, par Kim
Normann ANDERSEN et al., 2010.

Servicerobotik, rapport de la VDI/VDE Innovation + Technik GmbH, par Rainer Heinstein, mai
2010.

Service Robotics: A global Market Report, par Global Industry Analysts, juillet 2010.

A helping hand for Europe : The Competitive Outlook for the EU Robotics Industry, JRC
Scientific and Technical Reports, pour la Commission européenne, par Simon Forge et Colin
Blackman, 2010.

Enjeux et défis de l’industrie de la robotique en Île-de-France, par la Direction Régionale de


l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE), 2010.

Robotic Visions to 2020 and beyond – Strategic research Agenda for Robotics in Europe,
Rapport par l’European Robotics Technology Platform, 2010.

EuRobotics – Shaping the future of European robotics, littérature grise, par Rainer Bischoff et
al., 2010.

US Technological Innovation Systems for Service Robotics, Mark Van den Brandt, mai 2010.

Market and Perspective of Service Robots in Korea, présentation lors de la conférence Innorobo
en mars 2011, par Kyung Chui Shin – Yujin Robot Co.

Service robotics is a key market of the future, par Christopher Parlitz – Schunk GmbH & Co.
KG, avril 2011.

GfK TEMAX : étude sur les biens d’équipement de la maison au troisième semestre 2011, GfK
Retail and Technology, novembre 2011.

Prospective sur la robotique personnelle et de service

- 195 -
PIPAME Erdyn Consultants

Personal Robot User Expectations, Technical Report 08-01 – Robotics and Intelligent Systems,
par S.N. Copleston et G. Bugmann, 2011.

Wirtschaftlichkeitsanalyse neuartiger Servicerobotik-Anwendungen und ihre Bedeutung für die


Robotik-Entwicklung (EFFIROB) [Analyse économique des nouvelles applications de la robotique
de service et son importance pour le développement de la robotique], par l’Institut IPA Fraunhofer,
2011.

Product Category Rules (PCR) for preparing an ENvironmental Product Declaration for
Robotic Vacuum Cleaner, document de la littérature grise, par Matsutek Enterprises Co., Ltd., 2011.

Understanding Robot Acceptance, Rapport technique (HFA-TR-1103) de la Georgia Institute of


Technology, par Jenay Beer et al., 2011.

President Obama Launches Advanced Manufacturing Partnership, communiqué de presse de la


Maison Blanche, juin 2011.

The Robot DustCart, IEEE Robotics & Automation Magazine, par Pericle Salvini et al., mars
2011.

Exhibition Watch Report GENESICS 2, rapport disponible sur le site www.veillesalon.com,


par VIEDOC, 2011.

La robotique française se cherche encore, article paru dans les Échos du 18 janvier 2011.

La robotique industrielle et de service : la place de l’Italie dans le Monde, rapport d’étude, par
Jean-Charles Tropato – ambassade de France en Italie, août 2011.

The local Educational Laboratory on Robotics : methodology and results on teaching with
robots, par Pr. Paolo Dario, présentation réalisée le 13 mai 2011 au cours de la conference
International Conference on Robotics and Automation (Shanghai).

Status Report of Robot Industry in Taïwan, par Cheng-Han Shieh, présentation réalisée en mars
2011 lors du salon Innorobo (Paris).

Manufacturing Advanced Robotics and Intelligent Automation, par le National Institute of


Standards and Technology, août 2011.

UK Status Report Highlights, par Geoff Pegman, présentation réalisée en 2011 lors de la 30th
Joint Committee Forum (Séoul).

Site Internet de l’Association de la robotique américaine : http://www.robotics.org, accès valide


en janvier 2012.

Site http://www.transit-port.net, recensement non exhaustif des laboratoires de recherche en


robotique implantés au Japon, en Allemagne et en Australie. Accès valide en janvier 2012.

Prospective sur la robotique personnelle et de service

- 196 -
PIPAME Erdyn Consultants

The status of Intelligent Robotics Industry Development in Taïwan, Department of Investment


Services de Taïwan, non daté.

Prospective sur la robotique personnelle et de service

- 197 -
PIPAME Erdyn Consultants

Les rapports Pipame déjà parus

- Diffusion des nouvelles technologies de l’énergie (NTE) dans le bâtiment, juin 2009
- Étude de la chaîne de valeur dans l’industrie aéronautique, septembre 2009
- La logistique en France : indicateurs territoriaux, septembre 2009
- Logistique mutualisée : la filière « fruits et légumes » du marché d’intérêt national de Rungis,
octobre 2009
- Logistique et distribution urbaine, novembre 2009
- Logistique : compétences à développer dans les relations « donneur d’ordre – prestataire »,
novembre 2009
- L’impact des technologies de l’information sur la logistique, novembre 2009
- Dimension économique et industrielle des cartes à puces, novembre 2009
- Le commerce du futur, novembre 2009
- Mutations économiques pour les industries de la santé, novembre 2009
- Réflexions prospectives autour des biomarqueurs, décembre 2009
- Mutations économiques dans le domaine de la chimie, février 2010
- Mutations économiques dans le domaine de la chimie – volet compétences, février 2010
- Mutations économiques dans le domaine automobile, avril 2010
- Maintenance et réparation aéronautiques : base de connaissances et évolution, juin 2010
- Pratiques de logistique collaborative : quelles opportunités pour les PME/ETI, février 2011
- Dispositifs médicaux : diagnostic et potentialités de développement de la filière française dans la
concurrence internationale, juin 2011
- Étude prospective des bassins automobiles : Haute-Normandie, Lorraine et Franche-Comté,
novembre 2011
- M-tourisme, décembre 2011
- Marché actuel des nouveaux produits issus du bois et évolutions à échéance 2020, février 2012
- La gestion des actifs immatériels dans les industries culturelles et créatives, mars 2012

Prospective sur la robotique personnelle et de service

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La robotique personnelle et de service est un champ d’application
de la robotique en plein essor. L’action des entreprises du secteur en
France, comme celle d’autres pays, est de plus en plus significative
pour promouvoir des applications et des robots technologiquement
perfectionnés, de l’aspirateur personnel au robot d’assistance médicale,
en passant par des formes de robot humanoïde.

Afin de fournir à la filière et aux pouvoirs publics une vision claire de la


réalité de cette industrie et de ses marchés, ainsi que de leur potentiel
à moyen terme, en France et dans le monde, la direction générale de
la Compétitivité, de l’Industrie et des Services (DGCIS) a confié au
cabinet Erdyn, dans le cadre du Pipame, une étude prospective sur le
« Développement industriel futur de la robotique personnelle et de service ».

L’étude comprend une analyse comparée de l’écosystème français


(recherche-développement, applications industrielles…) et des pays en
pointe sur le développement de la robotique de service. Ce benchmark
montre les atouts de la France, ainsi que ses faiblesses, pour profiter de
l’essor attendu de la robotique de service dans les 5 à 10 années qui
viennent.

Elle s’intéresse plus spécifiquement à l’analyse des marchés de


la robotique personnelle et de service à travers trois segments  :
assistance à la personne en perte d’autonomie et réponse aux situations
de handicap  ; robots compagnons ou robots domestiques  ; robots de
surveillance et de gardiennage.

Enfin, l’étude présente des recommandations à destination des pouvoirs


publics et de la filière pour asseoir le développement de la robotique
personnelle et de service française dans les meilleures conditions.

prospective
oc

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