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futur de la robotique
personnelle et de service
en France
prospective
oc
Date de parution : 12 avril 2012
La méthodologie utilisée dans cette étude ainsi que les résultats obtenus sont de la seule
responsabilité du cabinet Erdyn et n’engagent ni le Pipame, ni la direction générale de la
Compétitivité, de l’Industrie et des Services (DGCIS) qui ont commandé cette étude. Les parties
intéressées sont invitées, le cas échéant, à faire part de leurs commentaires à la DGCIS.
Le développement industriel
futur de la robotique
personnelle et de service
en France
PIPAME Erdyn Consultants
La conduite des entretiens et la rédaction du présent rapport ont été réalisées par le cabinet de
conseil :
Erdyn Consultants
23 rue Vergniaud
75013 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 16 86 00
Fax : +33 (0)1 44 16 86 01
http://www.erdyn.fr
Consultants :
Olivier Fallou, associé ;
Robert Millet, consultant expert ;
Simon Creuchet, consultant ;
Tsiresy Ranaivondrambola, consultant ;
Raja Chatila, directeur de recherche, CNRS.
Remerciements
Nous tenons à remercier l’ensemble des membres du comité de pilotage pour leur contribution
effective à la conduite de l’étude et à l’enrichissement du questionnement. Nous remercions
également l’ensemble des acteurs de la filière que nous avons sollicités au cours de ces travaux, et
qui se sont attachés à se rendre disponibles pour répondre à nos questions.
RÉSUMÉ
Comme point de départ de l’étude, nous avons retenu une définition consensuelle de ce qu’est un
robot : c’est un dispositif mécanique permettant de réaliser des tâches, en autonomie de décision
pour une partie des actions élémentaires qui la composent. Le niveau d’autonomie doit être
présent, mais ne porte pas nécessairement sur l’ensemble de la tâche : la capacité à induire un
comportement sur la base de ces informations et une interaction avec son environnement – et donc
un certain niveau d’« intelligence » – est une caractéristique essentielle du robot. Cependant, le
périmètre observé dans la deuxième partie de l’étude repose sur des choix qui excluent par le
marché de l’automobile ou celui de la défense. Cela n’implique évidemment pas que ces marchés ne
sont pas importants pour la filière.
Les réussites commerciales sont cependant le fait de quelques entreprises dans le monde. L’espoir
du développement d’un robot domestique « à tout faire » bute encore aujourd’hui sur des écueils
tant techniques qu’économiques. Les démonstrations faites dans des entreprises japonaises ou des
laboratoires européens et états-uniens sont loin de leur déploiement à grande échelle. Malgré cela,
les compétences en robotique sont largement développées dans un grand nombre de pays, avec des
spécialités plus ou moins marquées selon la zone géographique. La France, par exemple, est
reconnue pour son excellence dans le domaine du logiciel et de la robotique humanoïde notamment,
l’Allemagne sur la mécatronique et la capacité d’industrialisation, les États-Unis sur la robotique
militaire, etc. L’étude détaille l’état des lieux dans les principaux pays dans lesquels se développe
une filière de la robotique de service.
Le marché global de la robotique de service est aujourd’hui porteur d’un potentiel très important. Il
est accepté par tous les analystes que les marchés sont – pour beaucoup – en émergence, et que
l’incertitude porte sur le rythme de développement de ces marchés. À ce titre, il est difficile de
considérer la robotique de service comme un seul marché ; il s’agit plutôt d’une juxtaposition de
marchés de volume, de niche ou de spécialité.
Nous estimons aujourd’hui que les marchés de robotique de service personnelle comme
professionnelle devraient doubler entre 2010 et 2015. Cette tendance est déjà bien avancée dans des
domaines comme le robot domestique monotâche (aspirateur notamment), les robots jouets, la
robotique de défense et de sécurité, ou encore la robotique de logistique industrielle. Ainsi on table
– en hypothèse prudente – en 2015 sur un marché mondial de 8 Mds$ pour la robotique de service
personnelle et de 18 Mds$ pour la robotique de service professionnelle.
Pour la plupart des segments de marché envisagés pour la robotique de service, les applications en
sont au stade de l’identification et de l’expérimentation. Pour chaque domaine applicatif, les
déterminants des marchés sont très différents : ils peuvent être de l’ordre de l’acceptabilité,
techniques, économiques et sociétaux. Ces différences font qu’il n’est pas possible de parler du
marché de la robotique comme d’un ensemble homogène aujourd’hui, tant que les robots ne sont
pas uniformément implantés dans les environnements de travail et personnels.
Notamment, le marché qui suscite sans doute aujourd’hui le plus de communications est le marché
de l’assistance aux personnes en perte d’autonomie. Dans ce document, nous proposons donc une
vision de trois marchés spécifiques :
• Le marché de l’assistance aux personnes en perte d’autonomie est vu de plus en plus comme
un champ d’applications prometteur pour la robotique de service. Ce champ couvre des
applications aussi diverses que la télésurveillance, la télémédecine, l’aide à la rééducation,
l’assistance de vie pour les personnes peu autonomes. Force est de constater qu’aujourd’hui,
peu d’applications commercialement viables existent, et qu’un vaste champ
d’expérimentation reste à explorer, en partant des usages, et en validant l’acceptabilité des
systèmes et le modèle économique de leur déploiement. Nous évaluons le marché mondial
de la robotique d’assistance aux personnes en perte d’autonomie entre 1, et 2,5 Mds€ à
l’horizon 2018, réparti entre des systèmes lourds (fauteuils robotisés par exemple) et des
robots compagnons légers et à bas coût.
• Le marché des robots domestiques et robots compagnons est composé de multiples champs
d’application : entretien (aspirateurs principalement aujourd’hui), jeux et jouets, applications
domestiques diverses… D’un marché de machines monotâches, il s’élargira avec le temps
vers des systèmes plus flexibles. Le marché des robots domestiques pourrait représenter un
volume de 11 millions d’unités entre 2011 et 2015.
• Le marché des robots de surveillance et de gardiennage est également un terrain
d’expérimentations avec des initiatives dans le domaine pénitentiaire en Corée, des projets
de surveillance de sites étendus ou de frontières aux États-Unis, en Europe ou en Israël, des
robots de surveillance de locaux (Jazz de Gostai), des tentatives de robots de surveillance
domestique (Wowee), etc. mais aucun système n’a aujourd’hui trouvé son marché. Les
robots de surveillance pourraient également aborder le marché de la surveillance
environnementale Les enjeux que ces systèmes peuvent aborder concernent les coûts
d’exploitation, l’efficacité ou la sécurité des intervenants ; ils se heurtent cependant encore à
des contraintes techniques notamment. On estime que les ventes de robots de surveillance
pourraient représenter des volumes de 3 500 systèmes en 2016 pour les applications
professionnelles, de 50 000 pour les applications domestiques.
Sur l’ensemble de ces marchés, il est indispensable de garder à l’esprit que la chaîne de valeur,
lorsqu’elle n’est pas déjà en place, doit se construire de manière complète. Notamment, le
déploiement des robots passe par la création de services, du SAV au service à la personne intégrant
l’utilisation du robot. Ces activités de service sont principalement des activités de proximité, et
constituent à terme un vivier d’emplois significatif.
Nous estimons que les emplois directs induits par la robotique de service à l’horizon de 5 à 10 ans
sont de quelques milliers à quelques dizaines de milliers. Aujourd’hui, les expérimentations en
cours ne conduisent pas à envisager des impacts négatifs sur l’emploi, s’agissant d’un critère
d’acceptabilité majeur pour le déploiement des robots.
SOMMAIRE
P R E M I È R E PA RT I E : É TAT D E S L I E U X
La robotique en milieu hostile répond aux besoins de manipulation d’objets à distance du fait de
leur dangerosité (chimie, explosif), de la nocivité du milieu pour l’homme (nucléaire) ou de la
difficulté à s’y rendre (espace). Les premières réalisations ont été justifiées et financées par
l’industrie nucléaire dans les années 1950. Ces robots sont des systèmes électromécaniques,
téléopérés. Les développements de l’électronique et de l’informatique ont permis d’introduire dans
ces équipements l’assistance à l’opérateur sous diverses modalités (retour d’effort, mouvement
automatique sur commande de haut niveau) afin d’améliorer la précision, la vitesse d’exécution et
d’enrichir les domaines d’application (déminage, lutte contre le terrorisme, intervention post-
accident). Depuis une vingtaine d’années, des moyens importants en R & D ont été mis en place
pour étendre les applications robotiques sur les théâtres d’opérations militaires.
Après la robotique industrielle et la robotique d’intervention, une troisième orientation est apparue
avec les progrès en miniaturisation, microélectronique et micromécanique et les nouvelles capacités
des systèmes de traitement de l’information et de communication qui ont créé les conditions
technologiques favorables au développement de robots mobiles autonomes ou semi-autonomes pour
réaliser des applications de service professionnel et de service personnel à des coûts et tailles
raisonnables à moyen terme.
Les progrès en sciences cognitives et ceux réalisés dans la compréhension du vivant ouvrent
également la porte à de nouvelles avancées sur les capacités d’apprentissage et d’intelligence
d’entités artificielles, matérielles et à leur introduction dans des environnements en forte interaction
avec l’homme. Ces applications de la robotique de service sont très larges car elles peuvent couvrir
des domaines très variés du monde professionnel (agriculture, médical, nettoyage…) et du monde
grand public (jeux, éducation, tâches domestiques…).
1
National robotics initiative, 70 M$, couvre aussi la recherche sur le travail en commun humain/robot.
Ces définitions, notamment la dernière, retracent l’essentiel de ce qu’est un robot dans l’acception
qui sera la nôtre. Ainsi, une définition simple qui pourrait convenir aussi bien à un robot industriel
qu’à un robot de service serait : un dispositif mécanique permettant de réaliser des tâches, en
autonomie de décision pour une partie des actions élémentaires qui la composent. Le niveau
d’autonomie doit être présent, mais ne porte pas nécessairement sur l’ensemble de la tâche. On peut
la définir comme la capacité à réaliser ces actions élémentaires sur la base d’une consigne simple,
après une prise d’information par le robot sur son environnement. Ainsi, la capacité à induire un
comportement sur la base de ces informations et une interaction avec son environnement, et donc un
certain niveau d’« intelligence », est une caractéristique essentielle du robot.
Dans la pratique, si tout le monde s’accorde dans les grandes lignes sur ces définitions, chacun
pourra avoir un avis différent sur ce que n’est pas un robot. On se posera la question pour une
voiture (partiellement) automatique – qui correspond à la définition d’un robot, mais n’est en
général pas considéré comme tel ; un dispositif télécommandé – à partir de quel niveau d’autonomie
un système mécanique est-il un robot ? etc.
Robotique de service
La robotique personnelle et de service ne constitue pas en tant que telle une chaîne de valeur dont la
validité est générique. À l’instar d’Internet dans les années 1990, la robotique constitue aujourd’hui
un cadre de développement d’outils et de produits qui répondront dans l’avenir à des demandes très
variées, donc à des marchés dont les caractéristiques diffèrent fortement. Notamment dans sa partie
commerciale, le modèle économique sur les différents marchés varie fortement suivant que l’on
parle de marchés domestiques ou de la diffusion de robots d’assistance aux personnes en situation
de handicap. Les contraintes d’exploitation, les coûts de fabrication, les niveaux de fiabilité, voire
les modes de financement du déploiement des robots varieront du tout au tout.
La robotique personnelle et de service recouvre des systèmes très différents, tant dans leurs
fonctionnalités que dans leurs applications. Quelques points communs peuvent cependant être
dégagés, qui permettent de les qualifier au-delà d’une énumération de fonctions ; nous les
énumérons ici dans un ordre qui nous semble mettre en avant les facteurs les plus saillants de cette
définition :
• Une certaine autonomie dans les déplacements, pour des systèmes sur plate-forme mobile
dans la grande majorité des cas ;
• Des prix de vente et des coûts de fonctionnement compatibles avec une diffusion
relativement large ;
• Pour les mêmes raisons, une fréquence de maintenance faible, une robustesse et une sécurité
de fonctionnement permettant le fonctionnement en présence d’un public éventuellement
large, et souvent non professionnel.
Cette définition est discutable, mais regroupe les grandes caractéristiques communes de la robotique
de service, telle que nous l’abordons dans le présent document. Elle n’est cependant aujourd’hui pas
standardisée. Notamment, certaines définitions de la robotique de service incluent la robotique
d’intervention et la robotique de défense. C’est le cas notamment de la classification proposée par
l’International Federation of Robotics (IFR) dans son étude annuelle du marché de la robotique.
Ainsi, le cadre de l’étude est la robotique personnelle et de service. Ce cadre demande à être précisé
avant d’aller plus avant dans l’analyse. La définition de la robotique de service sera complétée dans
le chapitre 2, mais on peut d’ores et déjà tenter de définir le périmètre de l’étude par l’exemple, en
classant les applications selon trois grandes catégories :
• Les applications cœur de cible, qui sont de manière évidente et consensuelle classées dans
cette catégorie d’outils :
Robot de surveillance et de sécurité sur site industriel
Robot domestique (nettoyage, surveillance…)
Robot éducatif (domestique)
Robot compagnon (domotique, éducatif, ludique…)
Robot d’assistance aux personnes en perte d’autonomie (tous milieux)
• Les applications qui ressortent de la robotique personnelle et de service, mais ne sont pas au
cœur de l’étude. Ces applications sont cependant pleinement prises en compte dans le
présent volet des travaux sur le benchmark :
Robot de relations publiques
Robot jouet et ludique
Robot éducatif (en milieu scolaire)
• Les applications hors périmètre, mais qui intéressent l’objet de l’étude par les relations qui
peuvent exister – via des acteurs ou des technologies – avec les applications cœur de cible :
Robot agricole
Robot de nettoyage industriel
Construction/démolition
Robot logistique et véhicules automatiques
Robot d’assistance au chirurgien
Robot militaire
Un premier volet est orienté sur une analyse comparée de l’écosystème français et des quelques
zones géographiques en pointe sur le sujet de la robotique de service. Ce benchmark montre les
atouts de la France, ainsi que ses faiblesses, pour profiter de l’essor attendu de la robotique de
service dans les 5 à 10 années qui viennent. Ce volet est l’objet de la première partie du rapport de
synthèse.
Un troisième volet des travaux, quant à lui, est consacré à des recommandations à destination des
pouvoirs publics et de la filière pour asseoir le développement de la robotique personnelle et de
service française dans les meilleures conditions. Il est notamment la conclusion de deux ateliers de
travail menés à la fin de l’année 2011 et regroupant, pour le premier, les industriels et chercheurs du
secteur, pour le second, les acteurs publics et de l’accompagnement de l’industrie. Ces
recommandations décrivent un cadre de travail pour les acteurs publics notamment, et ne sont pas
publiées dans le présent rapport.
À ce titre, cette catégorie de robots d’intervention comprend des dispositifs qui sont en limite de la
définition que nous pourrions donner d’un robot (cf. § Erreur ! Source du renvoi introuvable.).
Les robots d’intervention sont en général utilisés pour remplir des tâches dans des environnements
difficiles d’accès ou dangereux pour les humains, ou encore lorsque l’absence d’humain rend
l’exploitation plus aisée ou plus efficace. Historiquement, du moins en France, les robots
d’intervention ont notamment été développés pour l’industrie nucléaire ; ils sont cependant utilisés
dans bien d’autres milieux :
Source : ROBOSOFT/IROBOT.
Les robots de cette famille, du fait de leurs spécificités technologiques, sont le plus souvent des
systèmes coûteux et fabriqués en petite série. Cependant leur coût n’est pas l’élément majeur sur la
décision de développement et d’acquisition, car leur fonction primordiale est de sauver ou préserver
des vies humaines, ou de remplir des fonctions qui seraient plus coûteuses sans cette technologie
(par exemple, une intervention sur canalisation évite des travaux d’excavation pour une intervention
humaine). Cette famille est intégrée dans la robotique de service car elle est souvent couverte au
niveau recherche académique et développement industriel par les mêmes acteurs que les 2 autres
familles du fait d’une part commune de développement technologique.
On peut citer à ce stade un nouveau type de robot qui pourrait se développer dans le domaine
militaire : les exosquelettes. Ce type de système entre dans une catégorie un peu à part du fait de ces
interfaces directes avec l’utilisateur. Ils seraient assez proches des systèmes d’assistance à l’homme
dans le domaine médical et dérivés de ces systèmes en cours d’élaboration dans les laboratoires,
mais avec des contraintes de performance nettement plus élevées (vitesse, poids…) et des
contraintes environnementales plus fortes. L’exosquelette tel qu’il est développé est de plein champ
dans le cadre de la robotique.
• Robot agricole (terrestre et drone, trayeuses…). John Deere développe avec iRobot et la
Carnegie Mellon University des engins autonomes pour l’agriculture et la défense. Les
trayeuses automatiques sont classées par l’International Federation of Robotics dans la
robotique de service, bien que, par ses fonctions et ses technologies, elles s’apparentent plus
à la robotique industrielle. Sur le terrain agricole, hors trayeuses, les déploiements
commerciaux sont aujourd’hui émergents.
• Robot de nettoyage (sol, verrière difficilement accessible). Ces robots constituent une part
importante de la robotique de service professionnelle. Ces robots sont mis en œuvre
notamment dans les espaces publics. Ils sont le fruit de développements spécifiques, et n’ont
aujourd'hui que peu de liens – tant sur le plan des technologies que sur celui des acteurs –
avec les robots de nettoyage domestiques.
• Construction et démolition. Les robots de construction sont utilisés de plus en plus pour
des opérations spécifiques dans le bâtiment et le génie civil. Ils sont en général associés à
une technique particulière de construction (projection de béton par exemple). Ce sont dans
tous les cas des machines spéciales développées pour une application particulière. Les
principaux fabricants et concepteurs de robots de construction sont également des
professionnels du BTP et du génie civil (par exemple Tasei Corporation ou Fujita
Corporation) ; les missions possibles vont de la construction à la reconstruction en passant
par le déblaiement dans des opérations de secours. La démolition en tant que telle est surtout
robotisée sur le démantèlement d’installations dangereuses (nucléaires notamment).
série : la logistique est un secteur vaste, qui met en œuvre des procédures et équipements
pour partie standardisés. Notons que l’on inclut dans la logistique des robots de tri et de
préparation de colis qui n’entrent pas pleinement dans la définition que nous avons donnée
de la robotique de service.
Source : Gostai.
• Robot d’assistance au geste dans le milieu du travail. Également appelés cobots pour
robots collaboratifs, il s’agit de systèmes robotiques assistant le geste du professionnel en
environnement de travail (atelier, hangar de stockage…). Le principe de leur
fonctionnement est d’assister le geste de la personne en apportant une force complémentaire
(diminution des efforts, une précision accrue, etc).
Source :RB3D.
Au-delà des applications décrites ci-dessus, il n’est pas possible d’établir une liste exhaustive des
applications potentielles. Des fournisseurs de technologies développent les briques nécessaires à la
conception de robots, que les intégrateurs et bureaux d’études s’approprient au cas par cas pour des
usages répondant à une demande ponctuelle dans diverses utilisations…
relations sociales chez des enfants autistes. Des robots comme Paro trouvent leur place chez
le patient et sont donc groupés dans les robots personnels. On voit cependant sur ce cas
précis la difficulté à établir des frontières entre les grandes catégories de robots de service.
• Robot éducatif. Le robot éducatif se conçoit selon deux approches distinctes. D’une part
dans une fonction d’assistance à l’éducation des enfants, en créant une réelle interaction
pour des activités à caractère pédagogique. C’est par exemple le cas du robot iRobiQ de
Yujin, qui équipe les jardins d’enfant en Corée. D’autre part, comme support à l’éducation à
la robotique. Dans ce cas, on parle plutôt soit de kits de robotique, soit de robots
programmables. Les robots Lego Mindstorm constituent un support pédagogique courant.
• Robot de jeux ou robots jouets. Les robots ludiques présentent des caractéristiques très
variées, dépendant de la gamme du produit : depuis le robot-peluche très simple dans ses
fonctionnalités, jusque – à l’autre extrême – l’Aibo de Sony (aujourd’hui plus
commercialisé), entièrement programmable, en passant par les Lego Mindstorm (robots à
construire).
fonctions pourront être proposées pour la surveillance ; elles seront détaillées dans le volet 2
des travaux : détecteurs de fumée, surveillance d’enfants (échéance plus lointaine)…
L’automobile est également le support de nombreuses recherches dans le domaine des assistances à
la conduite et de la conduite automatique, tant sur des aspects purement techniques que sur la sûreté
de fonctionnement, la fiabilité, l’évolution en environnement complexe, l’interaction avec le
conducteur ou des systèmes externes, etc.). En France, certains laboratoires impliqués dans la
robotique sont également au premier plan de ces recherches : LASMEA, CAOR, INRIA, etc.
Sur tous les systèmes de navigation, de cartographie, de suivi de cible (perception), d’aide à la
décision, etc., l’automobile constitue un terreau d’expérimentation à grande échelle et un marché
important pour les technoproviders de la robotique (logiciels, capteurs, mécatronique, etc.).
Selon notre interprétation, les robots personnels exécutent des tâches autonomes dans le logement
ou ont une relation directe avec les occupants, sans nécessiter de services complémentaires distants
pour effectuer ces tâches et missions de base (hormis les services de base d’une connexion
internet) ; c’est-à-dire que la décision ou la commande est intégrée, et non dépendante d’une
connexion à un appareil domestique (ordinateur, tablette, smartphone…).
De la même manière, le robot d’assistance aux personnes en perte d’autonomie, bien qu’entrant
pleinement dans notre définition de la robotique de service personnelle, s’approche également, par
ses modes éventuels de mise en œuvre, de la robotique de service professionnelle (faisant le lien
entre la personne particulière et le milieu médical, dans le cadre d’une proposition de service). Ses
fonctions de base sont (exemple du robot Kompaï de Robosoft) : la socialisation, la stimulation
cognitive, l’actimétrie et la levée de doute. Les deux premières fonctions (socialisation et
stimulation cognitive) sont liées au robot lui-même ou à des services distants sur le Web ou
accessibles via des services web comme Skype (lien distant avec la famille, le médecin
généraliste…). Les deux dernières nécessitent des services « professionnels » distants pour assurer
toutes leurs fonctionnalités :
• Actimétrie : service de gériatrie équipé d’applications de traitement des données d’actimétrie
(activités de la personne) pour en déduire l’évolution et les tendances de l’état de santé du
patient ;
• Levée de doute : plate-forme d’assistance médicalisée prenant le contrôle du robot à distance
pour le mouvoir vers la personne et assurer une téléprésence réelle pour prendre la décision
d’intervention ou apporter des conseils si cela est jugé suffisant.
Ces deux familles de robots ont des points communs au niveau technologique comme par exemple
les fonctions de navigation/localisation, sécurité et perception. Par contre les solutions
mécatroniques utilisées peuvent être plus légères pour les robots personnels en partant du principe
que ces robots auront des performances de mobilité moindre et un taux d’utilisation plus faible
(notion de MTBF inférieur). Les fonctions applicatives du robot (logiciel, IHM, capteurs et ou
actionneurs) sont, elles, spécifiques à chaque type de robot, qu’il soit professionnel ou personnel.
En résumé, les critères distinctifs entres les robots professionnels et personnels peuvent être :
• l’usage du robot : le robot personnel exécute des tâches rendant un service à la personne
particulière dans son cadre de vie (domicile, espaces publics, hôpital, etc.). A contrario, le
robot professionnel rend un service à la personne dans l’accomplissement des tâches de son
métier ;
• le critère d’accessibilité économique : un robot personnel est un robot « abordable »
économiquement pour les particuliers. Ceci n’implique pas nécessairement que le prix du
robot lui-même soit bas, mais que le mode de financement de son utilisation (soutien
financier au titre de l’assurance maladie, location, abonnement à un service, etc.) le rende
accessible ;
• une analyse de rentabilité d’exploitation et d’utilisation distinctes (dissemblable sur un achat
professionnel et un achat grand public) : un calcul purement économique pour le robot
professionnel, éventuellement basé sur ces critères de confort ou de divertissement pour le
robot personnel ;
• des modes d’interaction différents : le domaine professionnel se caractérise notamment par
une capacité à déployer des systèmes nécessitant une formation de la part des opérateurs.
Ceci est beaucoup plus difficile à accepter du point de vue du consommateur ;
• un aspect supervision d’ensemble et une association ou non avec un service distant pour
remplir une part de ses tâches : le robot professionnel est souvent partie prenante d’un
système plus large ;
• Éventuellement, une quantité de fabrication en série très différente, impliquant des choix
distincts de conception et fabrication.
De fait, si certains acteurs de la filière trouveront des marchés sur les deux créneaux, les différences
sont suffisantes pour justifier que des entreprises se spécialisent sur l’un ou l’autre, les modèles
économiques étant tout à fait différents (en règle générale).
Les classifications par famille de robots présentées dans ce document sont basées notamment sur les
sources suivantes :
• Classement de l’IFR (International Fédération of Robotics) qui intègre la robotique
d’intervention dans la robotique de service professionnelle
• Le découpage réalisé lors des travaux de la Plate-Forme Européenne « Europ » (european
robotics technology platform) et du projet CARE (Coordination Action for Robotics in
Europ).
De plus, en termes de chaîne de valeur, il est impossible ici de tracer des frontières imperméables
avec les autres champs de la robotique, de l’automatique, de l’informatique.
Ainsi, la chaîne de valeur de la robotique de service est composée des acteurs suivants :
• En amont, les équipes de recherche, académiques ou industrielles, sont à la base de tous les
développements de la robotique de service, que l’on parle du développement des
technologies, des applications, des études sur les impacts, sur l’acceptabilité, sur les
considérations éthiques. La robotique de service étant un secteur émergent, les équipes de
recherche sont aujourd’hui au plus près des industriels, des usages et des marchés. Les
nouveaux usages sont issus en grande partie de laboratoires académiques ; les start-up de la
robotique en sont issues pour la plupart. Les équipes de recherche ou les associations
d’équipes sont largement pluridisciplinaires. La robotique nécessite par essence la
mobilisation de disciplines touchant au matériel (mécanique, mécatronique, électronique,
capteurs…), au logiciel (applications, système, fiabilité, sûreté de fonctionnement…), à
l’humain (biomécanique, ergonomie, psychologie, voire médecine…), aux sciences
juridiques et sociales (acceptabilités, éthique, modèles économiques, etc.).
• Les technoproviders (fournisseurs de technologies) sont le plus souvent des PME, voire des
TPE, qui fournissent à leurs clients des composants, et de plus en plus souvent des fonctions
complètes, comme dans le domaine automobile (ils correspondent dans ce cas aux
équipementiers de rang 1). On ne considère pas dans la chaîne de valeur les fournisseurs
« génériques » de composants individuels, trop éloignés de l’application spécifique pour être
qualifiés de fournisseurs de la robotique. Les technoproviders sont très présents dans la
chaîne de valeur de la robotique, fournissant des fonctions aussi complexes que la
navigation associée à la cartographie et à la perception de l’environnement, les actionneurs
(bras robotisés par exemple), des plates-formes mobiles complètes, etc.
• Les intégrateurs sont, selon le domaine d’application considéré, des PME ou entreprises de
grande taille. Si les laboratoires et technoproviders constituent en grande partie un tronc
commun de la robotique de service, les intégrateurs sont de caractéristiques variées, en
raison de leur historique dans ou vers la robotique de service :
Dans le domaine de la défense, les intégrateurs vont du groupe d’armement,
maîtrisant notamment l’intégration dans la chaîne de commandement, à la PME plus
récente, entrée sur ces marchés de la défense à travers des programmes de recherche
spécifiques. Le cas le plus emblématique de ces derniers est la société étatsunienne
iRobot, connue du grand public pour ses robots aspirateurs, qui réalise l’essentiel de
son chiffre d’affaires sur des contrats de défense ;
Dans la construction et le génie civil, les acteurs les plus en vue sont des
conglomérats japonais du bâtiment et des travaux publics, amenés à développer des
robots dans le cadre de la mise au point de leurs process de construction ;
Les robots domestiques, là encore, sont développés soit par de grandes entreprises de
l’électroménager (LG, Samsung), soit par des PME issues de la recherche en
robotique (iRobot).
D’une manière générale, quatre voies de développement des intégrateurs sont constatées sur
les différents marchés de la robotique de service :
1. Des acteurs déjà implantés sur le marché applicatif : LG sur le marché domestique,
DCNS ou John Deere sur la défense, Fujita Corp. sur la construction, Lego sur le
marché du jeu, etc. ;
• Les distributeurs spécialisés ont une place importante dans la chaîne de valeur. Outre leur
rôle de négoce, des entreprises comme Roboshop (États-Unis) ou Robopolis (France)
contribuent à la visibilité des innovations dans le domaine de la robotique de service,
personnelle et professionnelle.
de composants
Composants
génériques
Irrigation
Technologies croisée
clés
Laboratoires Distributeurs
Technoproviders Intégrateurs Marchés
de recherche
Usages / applications
Subventions de recherche Commande publique
Incitations
Institutionnels/prescripteurs
2
Agence Nationale de la Recherche
Dans son étude World Robotics Service Robots 2011, l’IFR recense 224 entreprises industrielles
dans la robotique de service. Des analystes interrogés dans le cadre de l’étude évaluent à 350 le
nombre d’entreprises européennes impliquées dans la robotique de service sur l’ensemble de la
chaîne de valeur (technoproviders, intégrateurs, distributeurs). En se basant sur ces chiffres et la
vision que nous avons pu construire sur les différentes zones géographiques, nous estimons que le
nombre d’entreprises dont l’activité principale concerne la robotique de service dans le
monde est compris entre 1 000 et 2 000 3. Majoritairement, ces entreprises sont des start-up.
• Le marché émergent de la robotique de service est aujourd’hui constitué pour bonne partie
de niches, issues d’opportunités identifiées par des laboratoires ou des industriels. Cette
émergence des opportunités est rendue possible par une collaboration étroite entre des
développeurs d’une part, des prescripteurs d’autre part. Cette relation contribue à orienter les
développements d’applications nouvelles.
Des sociétés importantes, actrices de la robotique industrielle, sont en en veille très active sur
certaines applications de la robotique de service, soit en direct, soit via des start-up de laboratoire
(par exemple Kuka en Allemagne, Fanuc au Japon).
Il existe également de nombreux fournisseurs de composants matériels et logiciels, intégrés dans les
robots.
La liste ci-dessous ne prétend pas à l’exhaustivité, mais permet d’illustrer la chaîne de valeur. Les
différentes zones géographiques sont traitées spécifiquement dans la suite du document.
3
Ces chiffres ne comprennent pas les entreprises de service qui exploitent les robots.
• Les précurseurs :
• Honda avec le robot humanoïde Asimo, plate-forme démonstratrice de haute technologie a
priori sans objectif de commercialisation à moyen terme du fait de son coût et des moyens
de programmation nécessaires aux démonstrations.
• Sony avec le chien Aïbo, des robots humanoïdes de petite taille (la danse des robots par
Sony). Sony a abandonné à ce jour ce marché en se recentrant sur ses métiers de base pour
des raisons économiques. En revanche le concept du robot Aïbo a été repris par plusieurs
sociétés coréennes (Genibo de Dasatech) et américaines.
Le paysage des entreprises de la robotique 4 présente aujourd’hui des faiblesses notables, qui
conduisent à de récurrentes défaillances d’entreprises. C’est le cas récemment pour Wany Robotic
(en liquidation judiciaire depuis juillet 2011), Pob Technology (en redressement en août 2011, puis
en plan de cession depuis fin septembre). Également, une analyse rapide de quelques acteurs
français montre une faiblesse quant au financement du développement de l’entreprise ; une PME
française de la robotique a par exemple été recapitalisée huit fois en cinq ans…
4
On parle ici des entreprises dont l’essentiel de l’activité est orienté vers la robotique.
centres de recherche (l’un au Japon, l’autre à Toulouse). Le CNRS a également acheté une plate-
forme HRP-2 (ouverte à tous) pour faciliter les travaux de multiples laboratoires du CNRS sur la
robotique humanoïde.
Un Club des industriels du GDR robotique a également été mis en place depuis 3 ans afin de
faciliter les échanges avec l’industrie. On peut noter cependant que les transferts technologiques des
laboratoires vers l’industrie sont trop faibles en France et le dynamisme du secteur repose souvent
sur des PME non issues du monde de la recherche. Des projets fédérateurs comme ROMEO et
d’autres essayent de pallier ce manque en aidant au transfert technologique.
On peut citer parmi les principaux laboratoires de recherche : l’ISIR, le LAAS, le LIRMM,
différents laboratoire de l’INRIA et du CEA LIST…
Il existe également de multiples laboratoires dans les autres pays européens sur ce domaine. Le
réseau Européen EURON (European Robotics Resarch Network) a été récemment regroupé avec la
plate-forme robotique « European Robotics », et une action de coordination euRobotics coordonne
les activités de cette plate-forme technologique, regroupant maintenant les laboratoires académiques
et des industriels du domaine.
Les États-Unis disposent d’une organisation sur la recherche en robotique assez différente de
l’Europe. C’est le secteur de la défense, avec ses liens particuliers avec le secteur public, qui est le
principal investisseur en recherche et développement : la DARPA organise des concours largement
dotés ; elle finance directement (ainsi que d’autres organismes de recherche de l’armée) les grandes
universités (Carnegie Mellon, Standford, MIT, Berkeley…) et des sociétés leaders comme IROBOT
et des start-up de ses universités. Par exemple les travaux sur les exosquelettes pour des applications
militaires ont des retombées dans le domaine civil sur le développement de robots humanoïdes
(robot Domo destiné aux tâches ménagères) et sur des robots d’assistance à la personne âgée ou
D’autres pôles ont des actions plus ciblées sur certaines applications de la robotique de service ; par
exemple le pôle Alsace Biovalley sur l’imagerie et la robotique médicale et chirurgicale. Des
réseaux en grappe auront également un rôle. Certains viennent d’être labéllisés par la DATAR :
SOLIAGE dans le domaine de l’autonomie et les gérontechnologies, MECATRONIC dans le
domaine de la mécatronique avec le regroupement du réseau MIREM et du réseau Mecatronic.
En Corée du sud, il existe une forte implication de l’État comme le montre la feuille de route du
National Science and Technology Council. L’État amène de fortes incitations aux développements
d’un marché local pour soutenir la création d’entreprises (robots éducatifs dans les écoles par
exemple).
En 2011, le marché de la robotique de service est décrit notamment par l’International Federation
of Robotics, qui chiffre les ventes sur la base des déclarations de ventes des industriels de la
robotique. Dans les chiffres de ventes indiqués par l’IFR, on notera notamment les éléments
suivants, qui montrent parfaitement l’incidence de la définition du périmètre étudié sur les volumes
de marché dans un secteur industriel aussi émergent. Les observateurs font, de ce point de vue, un
parallèle avec le développement des marchés de l’informatique personnelle au début des années
1980, puis de l’Internet au milieu des années 1990 :
• Les robots pour la défense, et notamment les drones d’observation et d’attaque, sont ici
compris dans la robotique de service. Ces drones sont caractérisés notamment par des coûts
élevés et un haut niveau technologique. La légitimité de la prise en compte des robots de
défense dans la robotique de service, outre les finalités et les convergences technologiques,
tient au rôle particulier que leur développement tient – notamment aux États-Unis – dans la
mise en place de la filière. IRobot, leader mondial des robots domestiques, a ainsi financé
son développement sur la base de contrats de recherche avec le département de la défense.
Les chiffres de vente pour les robots de service professionnels, repris ci-dessous, démontrent
clairement le caractère encore exceptionnel de l’usage des robots de service, tels que nous les
regarderons dans l’ensemble de l’étude. Si la robotique de défense et la robotique d’intervention 5
sont des segments relativement conquis aujourd’hui, les autres champs de la robotique de service
professionnelle sont clairement émergents aujourd’hui. Parmi ceux-ci, on distinguera cependant
deux segments qui se détachent :
Le marché de la robotique de service professionnelle est en croissance entre 2009 et 2010, mais a
subi de plein fouet la crise économique entre 2008 et 2009, conduisant, sur certains segments, à une
chute des ventes de robots, comme pour tous les investissements industriels à la même période. Le
segment de la défense n’a, lui, pas été touché de la même manière.
Figure 7 : Ventes de robots de service professionnels en 2010 (en nombre d’unités et en M$)
7000
6000
2009
5000
2010
4000
unités
3000
2000
1000
5
La robotique d’intervention est cependant découpée en de nombreuses applications sur lesquelles les marchés sont plus ou moins mûrs.
Le marché de la robotique personnelle est, lui, encore plus émergent et éclaté. Il est tiré par la
robotique de nettoyage (aspirateurs) qui constitue aujourd’hui l’essentiel des ventes réalisées : 1,4
million d’unités vendues en 2010, représentant 97 % de l’ensemble des robots vendus pour un usage
domestique et 64 % des robots personnels 6 – comprenant les robots ludiques, autres moteurs du
développement de la robotique personnelle.
Sur la robotique de service personnelle, les industriels prévoient de vendre 14 millions de robots
entre 2011 et 2014, 87 000 sur la même période pour la robotique de service professionnelle (y
compris défense et robotique d’intervention).
2 000
1 500
Others
Entertainment robots
1 000 Robots for domestic tasks
500
0
2008 2009 2010
Source : IFR – World Robotics 2011, Service Robots.
6
Source : IFR.
L’étude, du fait des marchés visés, est orientée principalement vers les technologies nécessaires à la
robotique de service mobile, en majorité dans un environnement intérieur ou du moins bien
structuré. L’aspect manipulation d’objet avec un bras doit être cependant traité, car il reflète un
besoin important de possibilité d’action du robot sur son environnement et sur des objets et des
outils de la vie courante.
De ce fait et compte tenu de l’analyse pays (cf. § 4 et 5) et de notre vision sur le regroupement de
certaines technologies dans les travaux de recherche et les développements industriels sur la
robotique de service, nous proposons de présenter l’état des lieux selon le découpage suivant :
• Logiciel système (OS et environnement de développement pour la robotique)
• Navigation
• Logiciel haut niveau et sécurité (supervision, sécurité, apprentissage, planification de
mission, asservissement de haut niveau)
• Capteurs de perception (sécurité, préhension) et de localisation pour la navigation
• Mécatronique
• Fonctions d'interaction homme/robot
• Communication / échange de données (supports physiques et protocoles logiques)
• Énergie
Les chapitres suivants donnent un état des lieux de ces technologies en présentant :
• Une description de la technologie (ou des technologies regroupées sur cet item) et des
solutions techniques et performances actuelles
• Les sociétés et entreprises majeures sur ce domaine si il y a lieu (dans le cas où un pays ou
des sociétés émergent de manière importante sur le sujet)
• Le niveau de criticité et de technicité de la fonction assurée au niveau développement et
robustification pour les applications de robotique mobile de service.
Une section particulière est dédiée aux spécificités de certaines technologies pour la robotique
humanoïde (par exemple les contraintes de perception proprioceptive et extéroceptive spécifiques
pour le franchissement de marches, des contraintes d’intégration et d’énergie plus fortes,…).
Une autre section propose une analyse sur la coordination entre robot et le concept d’opération en
essaim (Swarm and Ambiant Intelligence).
• URBI (de Gostai, France) est une plate-forme logicielle open source (GPL) incluant des
librairies de composants en C++ (Uobjects) et un langage script parallèle et événementiel
(Urbiscript). Elle est intégrée sur des robots tels que le Jazz (Gostai), l’Aibo (Sony), le HRP-
2 (Kawada), le Nao (Aldebaran), les Pioneer, le Spykee (Meccano), le RMP (Segway)… La
dernière version intègre le support de ROS et les développeurs peuvent utiliser les 2
systèmes ensemble.
• ROS (Robot Operating System, Willow Garage, États-Unis) est un OS open source (licence
BSD) associé à des librairies et outils permettant de créer des applications sur le robot sur
lequel il est installé. Ces librairies et outils sont enrichis par la communauté robotique
utilisatrice. Willow Garage est entré en force dans le domaine avec ROS appuyé sur le robot
PR2 ; ils l’ont distribué en dix exemplaires à des instituts de recherche aux États-Unis, deux
en Allemagne et un à l’université de Tokyo, en contrepartie du développement de nouvelles
applications autour de ROS. ROS est actuellement porté sur de nombreux robots (Qbo, Lego
NXT, care-O-bot, Nao d’Aldebaran, HRP2-V de Kawada…).
Les langages de programmation les plus utilisés sont le C++ et le Java ainsi que des langages libres
de plus haut niveau comme LUA, Python, Ruby, Perl… Ils ne sont pas spécifiques à la robotique.
Ce domaine des logiciels systèmes est donc basé sur des systèmes ouverts (disponibles en open
source mis à part MRDS qui comporte quelques limites), avec une domination des États-Unis ; mais
la France a également une démarche importante sur ce point (URBI, développement de
laboratoires…).
Les futurs produits dans ce domaine reposant sur des systèmes logiciels ouverts posent la
problématique du modèle économique pour les fabricants, par opposition à des équipements qui
étaient dans le passé le plus souvent fermés par le software. Cette ouverture donne par contre une
importante dynamique au développement des applications en robotique, pris en charge par des
partenaires.
L’aspect hardware sur les processeurs et microcontrôleurs est également très important dans le
développement des systèmes robotisés, notamment avec l’augmentation régulière de la puissance de
traitement et le niveau d’intégration de ces fonctions. Ces développements sont par contre
essentiellement financés par d’autres marchés et ne sont donc pas pris en compte dans l’étude.
3.1.2. Navigation
Les technologies de navigation permettent de déplacer un robot d’un point à un autre, cette
technologie est associée à des équipements de localisation relative ou absolue par rapport à
l’environnement. Elle est donc associée à des systèmes de perception pour assurer la localisation et
intègre des fonctions spécifiques comme par exemple l’évitement d’obstacle ou l’asservissement du
déplacement du robot vers un point donné (amer réel ou virtuel). L’acquisition de la cartographie
d’un environnement inconnu est également une fonction intégrée de plus en plus, facilitant le
déploiement des robots de service.
Environnement extérieur :
• Des solutions basées sur des balises radio ou laser, solutions maintenant dépassées avec la
disponibilité de solutions GPS précise (quelques centimètres de précision de position) ;
• Des solutions basées sur le GPS sont disponibles au niveau industriel. Mais ce système doit
supporter des masquages temporels et spatiaux qui ne peuvent pas toujours être contrés par
la fusion avec des capteurs inertiels ;
• Fusion de données GPS et vision ou laser sont disponibles dans les laboratoires - problème
de fiabilisation dont l’utilisation du laser et de la vision en extérieur (luminosité, conditions
météo, portée…).
Sur ces technologies outdoor, il est difficile de discerner des différences importantes entre l’Europe,
les États-Unis et l’Asie. Nous n’avons pas approfondi de prime abord cette recherche car les travaux
les plus avancés sont le plus souvent intégrés sur des applications de robots de service en dehors de
notre objectif d’analyse (logistique outdoor, transport de personne automatique, mines…).
Cette technologie est un point fondamental dans l’autonomie du robot. La robustesse des
algorithmes de navigation et des capteurs associés, dont notamment de bonnes capacités
d’évitement d’obstacle, sont un élément critique pour la fiabilisation des applications de robot de
service mobile se déplaçant dans des milieux non spécifiquement adaptés et pouvant évoluer
(mobilier divers dans une habitation, obstacles temporaires…).
Les solutions de base existent et doivent être robustifiées en les complétant par exemple par des
mécanismes autoadaptatifs et perception réactive, qui restent encore des axes de recherche en
laboratoire.
Les notions de planification et d’apprentissage sur l’aspect mobilité du robot et mouvement de bras
ou équivalent seront le plus souvent résolues dans les développements de robots de service par des
techniques de navigation présentées auparavant et d’asservissement par vision.
Par ailleurs les solutions mises en œuvre pour l’aspect sécurité regroupent d’une part des choix
d’architecture (puissance et limitation de l’effort des actionneurs, capteurs de détection de présence
et contact indépendant du logiciel…) mais aussi des fonctions logicielles spécifiques et des capteurs
à différents niveaux de l’architecture du robot pour garantir une sécurité au-delà des normes
actuelles de sécurité utilisées dans l’industrie.
Pays leader : pas de leader qui ressorte sur cet aspect très diversifié et lié aux applications
Les capteurs les plus souvent utilisés dans un système robotisé sont :
• Les capteurs pour la navigation cités au chapitre ci-dessus
• Les capteurs utilisés dans la mécatronique (le plus souvent des capteurs proprioceptifs du
type capteur de position, d’effort, de couples)
• Les capteurs anticollision sécuritaires (ultrason, infrarouge, laser… et par contact)
• Les capteurs utilisés pour le contrôle de haut niveau (vision, laser…) ;
Associés dans un traitement de perception ou d’asservissement de haut niveau, on parle dans ce cas
de traitement par fusion multicapteurs. L’ensemble capteurs-fusion de données peut être fourni par
certains technoproviders comme un seul métacapteur.
En règle générale, les besoins en amélioration sur ces différentes technologies de capteurs sont la
miniaturisation, la précision et l’aspect coût : certains capteurs (notamment ceux utilisés pour la
navigation) représentent une part non négligeable du coût du robot.
Les développements technologiques sur les capteurs sont portés par de nombreux marchés autres
que la robotique de service. On peut citer notamment :
• Les capteurs vision et inertiel dans le multimédia et la téléphonie mobile
• Les scanners lasers et les capteurs mécatroniques dans la robotique industrielle et
l’automation en règle générale…
Les pays leaders dans le développement de ces différents types de capteurs sont les États-Unis
(mécatronique, vision), l’Allemagne (mécatronique, laser…) et le Japon (capteurs vision et
mécatronique).
Pour mémoire nous pouvons également citer les travaux de recherche sur la perception bio-inspirée
(ou vision bio-inspirée) de plusieurs laboratoires français, qui semblent encore relativement en
amont. Cependant, la société française Brain Vision Systems (BVS) a une forte expérience sur des
outils de perception visuelle (très proche de ces concepts), qui semblent très innovants et dignes
d’intérêt par les acteurs de la robotique.
Mécatronique
Cette technologie regroupe un ensemble de matériels tels que les actionneurs, effecteurs et capteurs
de position et d'effort, ainsi que des fonctions logicielles de contrôle bas niveau et asservissement.
L’aspect matériaux utilisés est un point également important, mais les développements et
améliorations dans ce domaine ne sont pas supportés par les marchés de la robotique, et ne sont
donc pas traités dans cette étude.
La première application englobe tous les besoins nécessaires à la mobilité de base d’un robot avec
ses actionneurs et capteurs associés ainsi que les asservissements de contrôle de ces actionneurs.
Les systèmes à roues et à chenilles sont bien maîtrisés et les principaux besoins d’évolution sont
plus liés à de la mobilité sur des terrains difficiles (déplacement en tout terrain à vitesse nominale
par exemple). Des prototypes mécatroniques ont été développés sur le concept roues/jambes visant
à permettre le franchissement de marches et obstacles avec les jambes et à permettre une mobilité
plus aisée et rapide sur un terrain sans obstacle important avec les roues (e.g. travaux de l’ISIR,
France).
La deuxième application (la manipulation) englobe tous les besoins pour la manipulation et la
préhension d’objet à l’aide d’un bras robotisé. Cela inclut le bras proprement dit (avec plusieurs
axes comme un bras humain) et le poignet et pince en bout de bras. Des travaux plus avancés sont
en cours sur l’équivalent de la main humaine, représentée sous une forme plus ou moins complète
suivant la cinématique du poignet, le nombre de doigts et le type de matériau utilisé pour la
préhension. Ces projets sont destinés pour partie au robot, mais également à la conception de
prothèses de main.
La première priorité pour la robotique de service est un bras compact, dextre et sécurisé pour
équiper des robots mobiles dédiés à l’assistance à la personne âgée ou handicapée. Ce besoin est
assez éloigné d’un bras robotisé de type industriel car il doit être léger, puissant et sécuritaire au
niveau vitesse et détection d’effort, et disposer de modes de commande les plus intuitifs possibles
pour l’utilisateur (commande de haut niveau). On peut citer notamment le bras canadien Jaco de la
société Kinova (polyarticulé avec une pince terminale à 3 doigts). Il existe également des travaux
approchants en Allemagne.
Au niveau des recherches plus en amont (bras issu de travaux sur les humanoïdes) on peut citer
l’Italie qui mène des travaux importants sur le sujet : le robot iCub (projet européen piloté par
l’université de Gênes), de multiples projets sur des mains artificielles (Scuola Superiore Sant’Anna,
laboratoire de biorobotique), la France avec des projets de recherche sur la robotique humanoïde
ainsi que le Japon et la Corée.
Pays leaders : Allemagne et Asie sur les actionneurs, pas de leader sur l’intégration
mécatronique. France, Allemagne, Japon, Corée, États-Unis, Italie… se partagent
relativement ces travaux et réalisations.
• interaction avec un opérateur spécialisé qui assure sa maintenance (en local ou à distance);
• interaction avec un opérateur plus ou moins spécialisé qui en assure l’exploitation directe
(télérobotique), la supervision à distance (suivi d’exploitation et programmation de mission)
ou qui exploite à distance les données qu’il fournit (télésurveillance de locaux, télémesure
sur une personne assistée…).
Ces deux premières interfaces sont le plus souvent déportées sur des postes distants et utilisent des
interfaces homme-robot classiques (écran tactile, interface graphique, clavier, souris…) ou des
interfaces plus spécifiques (organe de commande haptique, réalité virtuelle et réalité augmentée…).
Le smartphone peut également servir d’interface.
Le troisième type d’interface assure l’interaction avec un utilisateur non spécialisé, parfois âgé, ou
handicapé sur une fonction sensorielle, ou du moins souhaitant une relation simple et intuitive avec
le robot.
De multiples travaux de développement en cours apporteront à court et moyen termes des interfaces
utilisant :
• la commande à distance via des objets communicants (technologie RFID, infrarouge…),
• le corps tactile du robot (suivant la zone touchée),
• l’expression d’émotions du système robotisé via un canal visuel ou sonore,
• l’expression d’émotion suite à une demande de l’utilisateur sur un visage affiché via un
écran ou des mouvements sur une tête artificielle du robot (mouvement d’yeux, hochement
de tête, mouvement de lèvre…).
Les outils de développement pour des IHM graphiques sur écran sont également à prendre en
compte mais les outils utilisés par internet, les jeux et les téléphones mobiles offrent maintenant un
panel important de solutions disponibles pour les développeurs d’IHM robotiques. De même
l’industrie du multimédia et du jeu fournissent aux IHM robotiques des outils performants et à coût
faible (Wii, Kinect…).
Les technologies d’IHM ne sont pas des éléments critiques vis-à-vis de la faisabilité mais
représentent une attente importante des utilisateurs de futurs produits pour les rendre les plus
intuitifs possibles. Elles ont donc un impact majeur sur le développement des marchés de la
robotique personnelle.
Par ailleurs, au-delà de l’interface physique, l’interaction entre le robot et l’humain fait l’objet de
travaux importants en ergonomie et psychologie cognitive. À titre d’exemple symbolique, on peut
mentionner le projet Kaspar développé par l’Université du Hertfordshire (UK), qui s’intéresse à
l’échange entre un robot humanoïde et un enfant autiste, et son utilisation dans l’apprentissage des
relations sociales.
Pays leaders : Japon, Corée et États-Unis sur les interfaces graphiques (tablettes,
smartphones…). La France, les États-Unis et l’Allemagne sont assez innovants sur de
nouveaux modes d’interface et sur l’étude de l’interaction.
3.1.7. Communication
Nous ne traiterons dans ce chapitre que les communications sans fil afin de répondre au besoin
essentiel de robot mobile de service pour sa maintenance, sa supervision et son suivi (voire pour son
téléchargement de mission).
Cette technologie est poussée par l’internet et les besoins de transmission multimédia (reportage,
diffusion broadcast…), et est peu spécifique à la robotique.
D’autres produits de communication sans fil : Bluetooth, ZigBee, liaisons courtes à portées
directionnelles (laser, infrarouge), GPRS et UMTS (3G et 3G+) sont également disponibles.
Cette technologie n’est plus critique pour les applications en robotique de service, même si l’on
souhaite dans certains cas déporter des traitements puissants sur un poste fixe indépendant du robot.
Pays leaders : États-Unis, Corée, Japon sur le hardware et logiciel, France sur le logiciel.
3.1.8. Énergie
L’énergie est un élément fondamental sur un robot de service qui sera dans la majorité des cas
mobile, et donc non raccordé à une source d’alimentation extérieure hormis pour des périodes de
transfert en énergie (sauf exceptions de certains robots d’intervention reliés par fil). Le stockage de
l’énergie sur le robot et son rechargement en énergie sont donc les deux éléments à prendre en
compte. Par ailleurs les développements et recherches pour minimiser la consommation en énergie
des systèmes robotisés (rendement de moteurs, gestion active des mises en veille des capteurs et
processeurs, unité de puissance…) sont également des aspects importants pris en compte dans le
développement d’un robot.
Les technologies les plus souvent envisagées pour fournir de l’énergie au robot sont :
• La batterie et le système de gestion batterie associée (décharge, motorisation réversible,
limitation…)
• La pile à combustible
• Le solaire
• L’air comprimé
• La biodigestion (recherche encore très amont)
Le thermique et l’hydraulique ne sont pas réalistes sur les systèmes robotisés visés par notre étude.
Compte tenu des contraintes de taille et de prix, la technologie batterie est la plus performante pour
des systèmes robotisés (rapport poids/énergie disponible, durée de vie et nombre de décharges,
performance en débit de pointe, recharge rapide et utilisation immédiate…). Elle est de plus
actuellement celle qui bénéficie des plus gros travaux de recherche et développement industriels,
financés par d’autres secteurs industriels sur des marchés déjà existants (automobile, matériel
électroportatif, informatique et téléphonie).
Les technologies de recharge de batterie sont également importantes (recharge rapide, autonomie du
robot pour se raccorder à une source d’énergie, recharge sans contact…).
Le Japon et les autres pays d’Asie ont une position de leader (recherche et production) sur cette
technologie. Des travaux importants sont menés en France et en Allemagne sur le domaine des
véhicules électriques (batterie elle-même et gestion de ses batteries).
De même les algorithmes d’asservissement et contrôle des multiples actionneurs associés aux
capteurs utilisés dans les boucles de contrôle (inertiel, position, effort…) de la marche rassemblent
des développements antérieurs de nombreux laboratoires.
La perception et la navigation font appel également à des développements spécifiques (par exemple
la perception d’un obstacle, voire d’un escalier, pour le franchissement)
La France a une recherche académique (mécatronique et surtout logiciels) importante et visible sur
la robotique humanoïde ; les compétences mobilisées peuvent conduire à sous-alimenter la
recherche sur d’autres champs technologiques, tout aussi critiques pour l’industrie de la robotique
de service à court et moyen termes. Sony et d’autres constructeurs asiatiques ont notamment
collaboré avec des laboratoires français et un accord de coopération CNRS-MIT-Japon existe via un
laboratoire commun franco-japonais et des travaux autour de la plate-forme robot HRP2, gérés en
France par le LAAS. On signale également que les organismes étatiques coréens recherchent des
accords de partenariat avec les acteurs français, que ce soit au niveau de laboratoires de recherche
ou du syndicat Syrobo. Enfin Aldebaran est un industriel français reconnu au niveau mondial avec
le robot Nao et son implication dans le projet de recherche ROMEO.
Il y a également de nombreux travaux sur le sujet aux États-Unis, notamment financés par la
DARPA avec des objectifs de retombée militaire sur les exosquelettes (projet HULC pour l’US
Army) et des mules quadrupèdes robotisées (BigDog de Boston Dynamics).
Pays leaders : Japon, Corée, France, Italie sur l’aspect recherche, États-Unis lié au marché
défense.
3.1.10. L’exosquelette
L’exosquelette peut représenter également une technologie spécifique dans le sens où il nécessite la
mise en œuvre de moyen mécatronique et perceptif très particulier avec une forte interaction avec
l’homme. Le besoin technologique est spécifique sur les aspects suivants :
• Les actionneurs doivent être légers, peu encombrants, peu gourmands en énergie et d’une
forme particulière pour s’adapter au mieux à la morphologie d’une personne.
• Du point de vue des capteurs de contrôle, deux solutions de commande sont développées
actuellement. Une première, dite exogène, utilise des capteurs d’effort sur les membres des
utilisateurs. Une deuxième, dite endogène, utilise des capteurs sur la peau et vit à terme des
liens directs avec les nerfs.
• La première solution est relativement adaptée aux exosquelettes destinés à des applications
civiles ou militaires dont l’objectif est d’aider l’utilisateur à réaliser des travaux pénibles et
fatigants voire impossibles à réaliser sans cette assistance. La deuxième solution, plus
complexe, est nécessaire pour développer des systèmes pour pallier le handicap physique de
membre supérieur ou membre inférieur de personnes handicapées.
On peut citer entre autres des travaux menés sur ces technologies aux USA (HULC), en
Nouvelle-Zélande (projet REX de RexBionics), au Japon (projet HAL de Cyberdyne) et en
France (projet HERCULES de RB3D/CEA).
3.2. SYNTHÈSE
Tableau 1 : Synthèse des positions relatives des différents pays sur le développement des
technologies clés pour la robotique de service
Allemagne
États-Unis
Royaume-
Taiwan
Europe
France
autres
Japon
Corée
Italie
Uni
Logiciel système
Navigation
Logiciel haut
niveau
Perception et
capteurs
Mécatronique
(hors humanoïde)
Interaction
homme-robot
Communication
Énergie
Robotique
humanoïde
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).
Des acteurs privés ont rapidement suivi et se sont positionnés sur la robotique industrielle dans les
années 1980, le plus emblématique étant ACMA (Renault Automation). Faute de contextes social et
économique propices, l’effort n’a pas été soutenu et la filière française de robotique industrielle a
lentement décliné pour pratiquement disparaître. La plupart des groupes ont été rachetés par des
acteurs étrangers (le groupe helvético-suédois ABB ou l’italien Comau), seules quelques PME
subsistent aujourd’hui comme SEPRO Robotique.
Des travaux sont menés dès les années 1980 sur la robotique d’intervention notamment par le CEA.
En 1988 est créé le groupe INTRA à l’initiative de ce dernier, d’EDF et de la Cogema, l’objectif
étant de proposer une force de robots et d’engins de chantier téléopérés pour faire face en cas de
catastrophe nucléaire.
Toujours dans les années 1980, une première génération de PME voit le jour dans le domaine de la
robotique de service avec des sociétés comme Cybernetix ou Robosoft. Ces acteurs se positionnent
dans la réalisation de robots sur mesure pour des applications précises : assistance au handicap,
nettoyage industriel, intervention et contrôle sur des installations nucléaires… Une petite série (20
exemplaires) de robots de nettoyage a notamment été construite pour la RATP. L’exploitation en a
été arrêtée 3 ou 4 ans après pour des raisons économiques (coût de maintenance) et de difficultés
d’acceptation par le personnel.
Cet essor de la recherche a fait naître dans les années 2000 une nouvelle génération de PME
innovantes développant des technologies autour de la robotique de service : Aldebaran, Gostai,
EOS…
Le secteur français de la défense s’est aussi intéressé dès le milieu des années 1980 à la robotique.
Depuis, l’engagement de la France dans ce secteur est variable même si l’on note un regain d’intérêt
ces 5 dernières années : des acteurs comme Dassault, ECA, Sagem ou Thales se positionnent
essentiellement sur les drones, des robots sous-marins ou encore des robots d’intervention terrestres.
Parmi ces acteurs, ECA est le seul pure player de la robotique.
En 2010, une soixantaine d’équipes de recherche composées de 600 chercheurs permanents et 300
doctorants travaillaient sur la robotique dans le milieu académique français.
Source : IARP.
En 2007 a également été créé Syrobo, le syndicat professionnel français de la robotique de service,
qui organise notamment le salon international de la robotique de service Innorobo, dont la première
édition s’est tenue à Lyon en mars 2011. L’association comporte aujourd’hui une trentaine de
membres, la plupart étant des PME technologiques.
À une échelle plus régionale, une communauté dédiée à la robotique est présente en Île-de-France :
Cap Robotique. Créé en 2009 comme une extension du pôle de compétitivité Cap Digital,
notamment sous l’impulsion de la PME Aldebaran, Cap Robotique vise à mettre en relation des
acteurs venant d’horizons divers (académiques ou industriels) afin de réaliser des projets R & D.
Même si un grand nombre d’acteurs industriels de la robotique sont présents en Île-de-France, il est
à noter que le rayonnement de Cap Robotique est aujourd’hui d’envergure nationale.
Au niveau industriel, les forces en présence en robotique sont bien plus minces en France que dans
d’autres pays comme l’Allemagne. Le tissu industriel français se compose :
• d’un premier groupe de PME « historiques » de la robotique de service ou industrielle
(Cybernetix, Robosoft ou BA Systèmes) ;
• de plusieurs PME récentes, pour certaines issues du monde académique présentant une
capacité d’innovation et une dynamique importantes mais avec des moyens limités
(Aldebaran, Gostai Wany Robotics…) ;
• et de quelques grands industriels de la défense (Dassault, Sagem, Thales…).
Les acteurs privés de la robotique en France sont ainsi essentiellement des petites et moyennes
entreprises. Ces dernières se positionnent pour la plupart sur de la robotique spécialisée ou comme
fournisseurs de technologies. Seule une dizaine d’entreprises ont la capacité de produire des robots
complets et ont donc une position d’intégrateur final. L’industrialisation de la filière est encore
limitée, et les robots sont produits en petites séries s’ils ne restent pas au stade de prototypes.
Une caractéristique partagée par un certain nombre de PME récentes réside dans leur faible
capitalisation, qui leur permet difficilement de faire face à leurs coûts de développement. Ainsi, on
constate pour telle entreprise une moyenne de deux recapitalisations par an sur cinq ans, pour telle
autre une défaillance faute de pouvoir aller au bout de ses développements avant la mise sur le
marché d’un produit. Cette fragilité de l’écosystème est due en partie à l’absence, jusqu’en 2012, de
fonds spécialisés, les fonds généralistes ne s’intéressant pas à la filière (par manque de lisibilité et
de perspectives) ; et en partie au profil des entreprises, qui sont pour la plupart des entreprises
pilotées par la technologie et non par une vision marché, qui peine à s’imposer.
Outre ces PME, quelques grands groupes et entreprises de taille moyenne sont présents dans le
domaine de la robotique d’intervention et de défense :
- ECA sur la défense et la protection civile,
- BA Systems sur la logistique et le médical,
- Adept Technology (filiale française de Adept aux États-Unis, R & D en France),
- EADS,
- Dassault,
- Sagem (groupe Safran),
- Bertin…,
ces quatre derniers acteurs s’investissant surtout sur des programmes de drones militaires.
Les acteurs de la robotique de service en France sont pour beaucoup académiques et les projets de
robots ont longtemps relevé de l’expérimentation pour le développement de nouveaux
comportements ou fonctions : interactions, perception, commandes d’humanoïde… Néanmoins, des
projets de recherche ayant des objectifs davantage portés sur l’applicatif ont émergé ces dix
dernières années.
Il est intéressant de noter que le GdR Robotique a structuré son action en huit groupes de travail
couvrant des méthodologies de développement, des champs d’application ou encore des domaines
thématiques de la robotique :
• la robotique médicale ;
• les véhicules autonomes (terrestres et aériens) ;
• la manipulation robotisée à différentes échelles ;
• les architectures de commande avancée de systèmes robotiques ;
• les interactions entre les systèmes robotiques et les utilisateurs ;
• la conception d'architectures mécaniques et mécatroniques innovantes ;
• les robots humanoïdes ;
• la neurorobotique.
Au niveau applicatif, on peut citer de nombreux travaux de recherche réalisés dans le domaine
médical : pour la rééducation ou les orthèses robotisées (CEA List ou LIRMM) ou encore pour la
chirurgie (LSIIT). Plusieurs projets sur des drones pour l’inspection ou la reconnaissance sont
menés (Onera, HEUDIASYC, CEA List) et plus généralement des projets traitant de véhicules
autonomes. Enfin quelques projets pour l’assistance à la personne sont aussi à noter (CEA List,
LIRMM). Les autres gros projets de recherche se focalisent sur l’amélioration de technologies pour
la perception ou pour la robotique humanoïde par exemple.
Source : RB3D.
Enfin on notera les travaux de recherche récents de la société RB3D pour le compte de la DGA :
l’exosquelette HERCULE qui peut supporter une charge (sac à dos) et qui laisse entrevoir des
applications aussi bien militaires que civiles. La DGA a par ailleurs lancé en 2009 avec l’ANR et
pour 3 ans le défi CAROTTE, l’objectif étant de financer des projets de robots autonomes pour la
cartographie d’un environnement inconnu. Cinq projets sont aujourd’hui soutenus.
Pour ce qui est des acteurs industriels : Robosoft travaille sur le développement des robots
d’assistance à la personne et au handicap via de multiples projets de R & D TECSAN (programme
ANR Technologies pour la Santé), AAL (programme européen pour l’Assistance à la Vie
Autonome), et FUI (Fonds Unique Interministériel), et vend des plates-formes robotiques de
recherche (Kompaï en très petite série et autres à l’unité). Gostai se positionne à la fois comme un
fournisseur de robots d’accueil, de téléprésence et de surveillance, mais aussi comme un fournisseur
de système d’exploitation libre et complet pour le développement d’applications robotiques
indépendantes de toute plate-forme (avec le langage Urbi). Un certain nombre d’acteurs
s’intéressent à la robotique pour la logistique ou le transport automatique (BA Système, Robosoft,
Nav On Time). Quelques acteurs se positionnent sur le jouet (Parrot, Pob Technology7, Robotswim)
et sur des robots pour l’éducation et la recherche (Wanny Robotics 8). Enfin, la robotique de défense
est un marché de choix pour la France et plusieurs grands industriels et PME sont présents, même si
les développements sont encore expérimentaux.
La PME Aldebaran, avec sa plate-forme Nao, porte en grande partie la filière de la robotique
humanoïde française et est aujourd’hui de notoriété internationale (avec un investissement
significatif d’Intel au capital de la société). Aldebaran adresse aujourd’hui exclusivement des
acteurs académiques pour des applications dans le domaine de la recherche, même s’ils projettent
sous peu (2011-2012) de se lancer sur le marché grand public (a priori pour un usage loisir dans un
premier temps). Ils coordonnent le projet ROMEO pour la réalisation d’un robot humanoïde
d’assistance aux personnes, ce projet est labellisé par le pôle de compétitivité Cap Digital et financé
par la région Île-de-France, la Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services
(DGCIS) et la Ville de Paris. D’un budget de 10 M€, le projet est subventionné à hauteur de
4,9 M€.
7
En dépôt de bilan.
8
Plan de cession en cours suite à redressement judiciaire.
Plutôt réticents suite à l’échec de la robotique industrielle dans les années 1980 et faute d’une réelle
culture dans ce domaine, les pouvoirs publics français se sont intéressés assez tard à la robotique.
Des programmes de financement dédiés à la robotique ont néanmoins été lancés ces 10 dernières
années :
• le programme ROBEA initié par le CNRS en 2002 : 32 projets de recherche scientifique ont
été financés à auteur de 3,2 M€ sur trois ans (financement de matériel de laboratoire mais
pas de prototypes) ;
• le programme franco-japonais du JRL pour travailler sur la plate-forme HRP2 en 2003 ;
• le programme ANR PSIRob en 2006 : 25 projets formés par 115 acteurs dont une vingtaine
d’industriels ont été financés à hauteur de 15,2 M€. À noter que le thème de la robotique a
été dispersé ensuite dans les programmes ANR plus récents traitant des TIC (Arpège,
Contint) et un programme ASTRID (commun ANR/DGA) ;
• le défi DGA/ANR CAROTTE (Cartographie par Robot d’un Territoire) créé en 2009 pour
une enveloppe de financement de 1,7 M€ ;
• l’Équipement d’Excellence Robotex, labellisé par les investissements d’avenir début 2011,
qui permettra de financer entre autres l’équipement de 15 laboratoires en plates-formes
robotiques partagées, pour un budget d’achat d’environ 2 M€ ; avec environ 40 % du budget
sur la robotique médicale, 12 % sur la robotique mobile ; 13 % sur la robotique humanoïde
et 35 % sur la nano et microrobotique.
2009
EURON III
2008- 2008
IP ICT, 7ème PCRDT
2007-
Création du GdR Robotique
2007
EUROP, 2006- 2007
2003
EURON
2000-2003 2002
Prog. Interdisciplinaire de recherche du CNRS ROBEA
(Robotique et entités artificielles) : 3 AAP
2001 2001-2003
On notera aussi sur la figure précédente l’existence de programmes européens ayant encouragé le
développement de projets en robotique :
• le programme européen EURON (European Robotics Network) initié en plusieurs phases
dès 2000 ;
• le programme européen EUROP (European Robotics Platform) lancé en 2006 et financé à
travers les actions de coordination CARE puis euRobotics en 2010.
Plus récemment, le projet d’équipement d’excellence ROBOTEX a été retenu dans le cadre du
grand emprunt. Il vise à fédérer un réseau de quinze laboratoires sur le territoire français et a obtenu
une dotation de 10,5 M€. Aucun Institut de Recherche Technologique (IRT) intégrant des travaux
sur la robotique n’a été retenu dans la première vague des investissements d’avenir.
Toujours dans le cadre des Investissements d’Avenir, un appel à projets concernant les briques
génériques du logiciel embarqué a été lancé fin 2011, les logiciels embarqués pour la robotique
étant éligibles.
Technologiquement parlant, les experts reconnaissent que les points forts de la France se situent sur
la partie logicielle, notamment dans le domaine de l’algorithmie.
Logiciels systèmes
Navigation /
localisation
Perception et
capteurs
Mécatronique
IHR
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)
Les pays traités ont été définis en comité de pilotage. Ils couvrent les principaux acteurs dans les
trois grandes zones géographiques.
En Europe, outre la France, trois pays sont particulièrement ciblés : Allemagne, Royaume-Uni et
Italie. À titre d’illustration le graphique ci-dessous reprend la répartition des financements
européens de projets de recherche sur la robotique en 2009.
Enfin, les initiatives significatives dans d’autres pays du monde sont soulignées dans une section
dédiée.
5.2. ALLEMAGNE
L’Allemagne est historiquement un des leaders mondiaux de la robotique industrielle. C’est un pays
à forte vocation industrielle, notamment avec la présence d’industries puissantes dans
l’aéronautique, le spatial, et l’automobile. Selon les estimations du département Robotics &
Automation de la VDMA (Verband Deutscher Maschinen und Anlagenbau), la fédération
d’ingénierie allemande, l’Allemagne a fourni en 2009 14 % des technologies de la robotique
employées dans le monde. Cela positionne le pays en deuxième position, derrière le Japon.
Cette industrie est très structurée et devrait être structurante pour la robotique de service. Elle s’est
développée sur l’ensemble du territoire allemand où la maîtrise des différentes technologies est
répartie dans de grands clusters technologiques (voir la carte).
Selon la VDMA, l’Allemagne possède de fait les structures et les technologies clés pour la
robotique de service, particulièrement la mécatronique, ce qui lui procure un avantage
concurrentiel. Par ailleurs, le développement de la filière Robotique industrielle a permis au pays de
créer un réseau cohérent et efficace de distribution qui pourrait servir à la distribution de la
robotique de service sur les marchés européens voisins. Des acteurs majeurs de la robotique ont
compris cette position privilégiée et passent par l’Allemagne pour assurer la distribution de leurs
produits.
L’industrie allemande de la robotique de service devrait ainsi, même si les experts ne sont pas tous
d’accord, naturellement émerger en marge de la robotique industrielle.
Du point de vue académique, les deux zones géographiques les plus actives dans le domaine de la
robotique allemande sont Munich et Stuttgart.
Les autres régions développent des activités robotiques moins intensives, le plus souvent toujours
autour des activités historiques.
L’axe Bielefeld-Brême est actuellement très actif dans le domaine de la cognition et de la robotique
de service. D’un côté, des travaux sont en cours à l’Université de Bielefeld dont l’expertise en
informatique et en intelligence artificielle est importante. Ce projet est mené en collaboration avec
HONDA pour la mise au point de robots éducatifs et des interactions homme-machine. De l’autre,
l’Université de Brême possède plusieurs instituts et centres de recherche développant notamment
des thématiques sur les systèmes autonomes de services (Institute for Automation) et la cognition
(Center for cognitive science).
Berlin est une zone très orientée vers les capteurs et les microsystèmes. On y trouve quelques
laboratoires à l’Université Technique de Berlin et l’institut Daimler Chrysler Research and
Technology dont les thématiques de recherche portent sur la robotique. Les études les plus
pertinentes pour la robotique de service concernent l’intelligence artificielle, la cognition, le
langage et l’interaction Homme-machine. Cette région ne dégage toutefois encore aucun axe clair
de spécialité.
Enfin, autour de Düsseldorf, se trouvent certaines universités très actives dans le domaine des
machines autonomes bi/multipèdes. L’Université Gerhard-Mercator de Duisburg se développe ainsi
autour des fortes compétences en systèmes autonomes, capteurs et automobile qui se développent
dans cette région.
La filière académique allemande pour la robotique est considérée comme une des meilleures au
monde : plusieurs centres ont une renommée internationale, comme l’Institute of Robotics and
mechatronics de la DLR. Les universités allemandes nouent de nombreux liens à l’international
pour profiter des synergies avec d’autres centres. Des projets de recherche sont ainsi menés en
collaboration avec l’Italie, les États-Unis (UCLA, NASA…), Hong-Kong… Un partenaire
privilégié est la France : il existe un institut germano-français pour la robotique de service et dont la
thématique clé est la robotique intelligente et humanoïde ; des classes d’été sont régulièrement
proposées au KIT pour des échanges franco-allemands sur la robotique.
La particularité des instituts de recherche en Allemagne est de travailler sur des projets ayant une
visée applicative forte. Ils travaillent notamment beaucoup sur des systèmes complets, plutôt que
des composants séparés. On peut par exemple citer les programmes de l’IPA Fraunhofer : Wimi-
Care et Care-O-Bot sont des solutions robotiques destinées à exécuter des tâches simples auprès de
patients dans les hôpitaux. Ces deux solutions sont pour l’instant encore loin du marché car elles
mettent en œuvre des choix technologiques coûteux par rapport aux objectifs de marché visés. Les
tâches qu’elles peuvent accomplir sont porter des boissons, détecter, prendre et transporter des
objets usuels ou encore assurer l’accueil aux entrées. Les résultats de ces programmes
expérimentaux servent par ailleurs aussi à proposer des plates-formes de développement à la
communauté scientifique et industrielle.
Industriellement, depuis les années 1990, le panorama des entreprises spécialisées dans la
fabrication robotique s’est drastiquement réduit. Selon le Pr. Dillmann du KIT, il y avait 10 ans
auparavant entre 200 et 300 entreprises de tailles variables qui se positionnaient sur la robotique.
Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’une dizaine à vraiment produire de la valeur.
Les leaders de l’industrie allemande sont Kuka, Schunk et Festo. Chacune de ces entreprises
dispose d’un programme à vocation personnelle ou à forte probabilité de transposition vers la
robotique personnelle.
• Schunk réalise des solutions complètes pour les plates-formes mobiles et des bras robotisés.
Ils sont selon nos informations un des leaders des technologies de saisie par succion et des
systèmes de préhension. Schunk est aussi membre de la plate-forme EUROP. La société
organise parallèlement des manifestations annuelles centrées sur la robotique de service, on
peut citer la Schunk annual expert days on service robotics destinée au partage
d’informations sur les avancées de la recherche et des marchés.
• Festo réalise des systèmes automatisés et des composants pour la robotique industrielle. Ces
derniers sont toutefois réutilisables dans certaines applications personnelles.
L’industrie allemande est très impliquée dans le développement de l’enseignement sur la robotique.
Des entreprises comme Kuka et Volkswagen sont par exemple structurantes de la Robotation
Academy à Hanovre, un institut de formation orienté vers la formation continue.
À ces tissus d’acteurs techniques, s’ajoutent des agences et institutions très actives sur la promotion
et l’organisation de la filière robotique. Leur effort se fait toutefois plus insistant sur la robotique
industrielle.
Les fédérations et agences économiques nationales généralistes sont aussi très impliquées dans le
développement de la robotique.
La GTAI (German Trade And Invest) fait l’analyse et la promotion internationale des industries
allemandes. Elle édite notamment la monographie « The Robotics and Automation Industry in
Germany : Market Leadership Powered by German Engineering » pour inciter les investissements
étrangers et nationaux dans la robotique allemande.
Enfin, le Ministère fédéral de l'éducation et la recherche (BMBF) est très impliqué dans le
développement de la robotique personnelle de service. Il a lancé en 2005 une initiative nationale
destinée à ce domaine (DESIRE) et dont l’objectif est de donner à l’Allemagne l’impulsion
suffisante lui permettant d’accéder à une place dominante. Les axes de travail de ce consortium
mêlant milieu académique et industriel étaient :
• d’imaginer et expérimenter des solutions technologiques de ruptures pour des composants
destinées aux applications clés du quotidien ;
• générer une plate-forme de référence ;
• promouvoir la convergence des technologies ;
• créer une cellule de transfert de compétences vers les start-up allemandes de la robotique de
service.
Les résultats de ce projet national qui s’est achevé en 2009 font l’objet de multiples présentations
dans les différentes conférences mondiales (CEBIT, AUTOMATICA…) : ce sont notamment de
nouvelles interfaces pour l’interaction Homme-Robot et des prototypes fonctionnels de systèmes de
service.
Expertise allemande
De par sa culture importante dans le domaine des machines-outils, l’Allemagne a une forte
expertise dans les domaines de la mécatronique, des composants systèmes et des caméras/capteurs.
À terme, le pays souhaite devenir un acteur de premier plan des systèmes intégrés.
Le logiciel est un axe secondaire dont le développement est rapide. L’Allemagne possède des
entreprises d’envergure internationale, comme SAP, capables de lui donner du poids dans
l’écosystème mondial. Le modèle suivi est celui des États-Unis où des acteurs majeurs tels que
Microsoft, Google et Oracle sont engagés dans le développement des systèmes informatiques.
Logiciel système
Navigation
IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)
Les marchés prioritaires de cette technologie sont pour l’instant ceux des composants. Les types de
marchés les plus développés sont encore principalement industriels, comme le montre par exemple
l’activité de certains acteurs tels que Kuka demeurant majoritairement orienté vers la robotique
industrielle.
pour la robotique industrielle. La position centrale de l’Allemagne en fait par ailleurs aussi un lieu
privilégié pour la production.
Financement
Les financements alloués par l’État fédéral allemand sont aussi destinés à favoriser l’implantation
d’entreprises étrangères. Selon une publication de la VDMA, il existe ainsi un certain nombre de
dispositifs financiers mis en place pour l’incitation à l’investissement en Allemagne. Ces derniers
n’ont initialement pas de spécificités pour la robotique, mais sont tout à fait applicables à la
discipline de la robotique de service car, avec une des populations les plus vieillissantes d’Europe,
le pays a bien compris l’importance que revêtira la robotique de service et d’assistance dans les
années à venir. L’engagement important de l’État envers l’innovation est ainsi un fort moteur pour
l’industrie robotique de service et permettra de maintenir la compétitivité de ce domaine en
croissance.
Pour la recherche les financements industriels s’ajoutent aux efforts publics. Ils se matérialisent
sous la forme de collaborations de recherche ou de financement de projets. Schunk, Kuka
(components) ou encore ABB figurent ainsi parmi les industriels les plus actifs en Allemagne.
Enfin, l’Allemagne est le premier bénéficiaire des financements du 7ème PCRD sur des programmes
robotiques.
5.3. ROYAUME-UNI
Le Royaume-Uni n’est pas traditionnellement connu pour son industrie robotique. Le pays ne
compte ainsi pas de fabricants significatifs de robots, se contentant alors d’être distributeurs et
intégrateurs auprès de l’industrie.
Deux des entreprises les plus visibles de l’industrie robotique anglaise sont OC Robotics et
Qinetics. OC Robotics crée des bras manipulateurs pour l’inspection et a une renommée mondiale.
Qinetics crée des robots militaires défensifs (Talon) et s’est récemment illustré dans la catastrophe
de Fukushima par les robots d’inspection qui ont été envoyés pour cartographier les régions à
risque.
À leurs côtés se trouvent des entreprises de tailles et aux activités variées. Deux exemples sont
Shadow Robot et Merlin Robotics. Shadow Robot est spécialisé dans le développement de la
dextérité des mains de manipulateurs pour robots humanoïdes à destination principale du monde de
la recherche en universités ou en entreprises (NASA, ABB, Lego). Merlin Robotics propose des
robots humanoïdes de petite taille pour la recherche, l’éducation ou le loisir.
Le lien entre milieu académique et industriel n’est pas flagrant en Angleterre. Il existe ainsi peu de
clusters dédiés à la robotique ou à la robotique de service. On peut citer deux d’entre eux :
• Bristol, où un centre d’affaires mêlant électronique et robotique (OC Robotics, Humanoid
robotics et le laboratoire de l’université de Bristol sur les interactions sociales) mais dont
l’activité robotique est limitée ;
• et Harwell, où un nouveau centre européen de l’ESA a été créé : le Centre for Space
Robotics.
Ce manque de structures s’illustre par ailleurs par un faible réseau associatif pour la promotion de la
robotique. La BARA (British Automation & Robot Association) est l’une des seules à servir et
défendre les intérêts de la discipline auprès des institutions ou des industries utilisatrices. Cette
association est toutefois essentiellement tournée vers la robotique industrielle.
On peut donc remarquer une faible visibilité des activités en lien avec la robotique de service en
Angleterre. Les compétences les plus proches de ce domaine sont liées aux développements de
logiciels portant notamment sur l’empathie, le gestuel, le toucher, la cognition et l’apprentissage
(interaction homme-machine principalement). Ces recherches sont alors souvent complémentaires
des solutions matérielles de préhension dont ils ont l’expertise.
Logiciel système
Navigation
Logiciel aut-niveau et
sécurité
Perception, capteurs
(hardware et
acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion
IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)
5.4. ITALIE
L’Italie est un acteur incontournable de la robotique industrielle. Elle a une longue tradition de
l’utilisation de ces machines dans son industrie automobile notamment. Plusieurs entreprises
travaillent dans ce domaine et certains industriels représentent le pays au niveau international.
Malgré l’expérience acquise dans ce domaine connexe, l’Italie semble prendre du retard dans la
transposition de ses compétences dans le domaine de la robotique de service (personnelle ou
professionnelle). Il existe ainsi très peu de fabricants de systèmes robotiques domestiques
autonomes : nombreux sont ceux dont les projets robotiques sont encore au stade expérimental :
STMicroelectronics a par exemple lancé récemment une initiative pour concevoir et fabriquer de-
novo des composants et matériaux pour l’électronique, la robotique de service en bénéficiera de
manière indirecte. Certaines sociétés sont toutefois en phase de commercialisation de produits.
Parmi elles, nous pouvons citer :
En tout état de cause, l’industrie semble aujourd’hui encore dans l’expectative du succès de telles
machines. La recherche est quant à elle de très bonne qualité en Italie. Elle s’appuie sur un tissu
académique reconnu mondialement pour son excellence dans quelques champs d’étude de la
robotique. Les scientifiques italiens sont ainsi très impliqués dans les consortiums européens sur la
robotique. On peut notamment citer Paolo Dario qui fut coordinateur de nombreux projets
européens et est à l’origine de la « Coordination Action RoboCom » destinée à monter un projet
flagship européen pour le développement des robots compagnons citoyens.
Le réseau d’établissements ayant un fort intérêt pour la robotique est l’IIT (Italian Institute of
technology) qui possède, comme le montre la figure qui suit, plusieurs établissements dédiés à la
robotique ou aux sous-systèmes pour la robotique. Sur 9 établissements répartis dans toute l’Italie, 5
ont des thématiques très orientées vers le développement de sous-systèmes pour la robotique.
L’établissement le plus emblématique est probablement l’ITT POLITO dont la mission est d’étudier
la robotique humanoïde spatiale. L’institut polytechnique de Turin est le leader international dans la
science des matériaux, micro et nanotechnologies, la robotique –notamment humanoïde– et
l’aéronautique : pour ces raisons, il a été choisi comme partenaire pour la mise en œuvre du «
Centre pour la robotique humanoïde spatiale » qui vise à devenir le lieu incontournable pour la
recherche en robotique humanoïde appliquée à l'aéronautique.
Source : La robotique industrielle et de service : la place de l’Italie dans le Monde (2011) Jean-Charles Tropato.
• Milan, Bologne et Gênes sont 3 régions qui coopèrent pour développer les systèmes
automatisés pour l’industrie, mais leur activité s’étend doucement aux robots de service.
Dans le Piémont se trouve par exemple l’« Associazione Robotica Piémont » qui contribue au
développement de la robotique mobile et de service dans la région à la suite d’une étude sur l’état
de l’art de la robotique qui y a été menée. Leur activité semble toutefois restreinte.
Le « Polo della Robotica » est une association constituée de 19 petites et moyennes entreprises
établies au niveau national et international, de spécialités variées (automatisation, industrie,
télécommunication, matériaux, capteurs, mécatronique, bio-ingénierie…) et de quelques partenaires
institutionnels tels que l’Université de Gênes, le parc scientifique et technologique de Ligurie,
l’association industrielle de Gênes et la chambre du commerce de Gênes. L’association assure la
promotion de la robotique mobile (environnements intérieurs,
extérieurs/autonome,télécommandée), de la robotique industrielle et de la robotique
anthropomorphique. Son action est peu visible.
Les régions sont toutefois les plus actives dans la promotion de la filière. Elles organisent par
exemple des conférences internationales comme à Milan où l’évènement ROBOTICA regroupe
chaque année les spécialistes mondiaux de la robotique de service humanoïde.
L’Italie n’a jamais vraiment assuré le développement des technologies et composants pour robots.
Le pays tend ainsi à acheter et adapter ceux existant déjà sur les marchés plutôt que d’en créer.
Quelques exceptions de laboratoires tentant de développer des sous-ensembles ou des composants
peuvent être soulignées, mais ne donnent pas au pays une place dominante dans ce type d’activité.
La compétence clé italienne réside dans l’intégration : l’Italie excelle ainsi dans la conception et le
développement de systèmes complets ayant une utilité et fiabilité avérées. L’Italie est en avance
dans le domaine de la fiabilisation et l’acceptation des robots en conditions réelles d’utilisation.
Les leaders de la robotique
Industriels : Comau, Genova Robot, Zucchetti Centro Sistemi, Surgica
Robotica…
Institutionnels : IIT, Scuola Superiore Sant’Anna di Pisa, l’université de
Gênes…
Logiciel système
Navigation
IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).
Financement
Il n’existe en Italie toujours pas de marché suffisamment porteur pour financer le développement de
la filière de la robotique de service. La principale source de fonds est donc le financement par
capitaux privés tels que les equity funds ou encore les capital riskers. Ces derniers permettent ainsi
le lancement de start-up ou de nouvelles lignes de produits/technologies au sein d’entreprises
existantes.
Le projet LELR (Local Educational Laboratory on Robotics) vise à initier les enfants de 3 à 19 ans
à la robotique dans des écoles pilotes – 2 collèges, 2 écoles secondaires et 2 écoles élémentaires – à
Pontedera, Capannoli, Lari et Fauglia. Les objectifs précis de cette expérimentation sont présentés
dans le diagramme suivant :
Marchés servis/visés
L’avis des spécialistes est que le marché italien serait encore faible et insuffisant pour donner
l’impulsion nécessaire au développement de la robotique de service. Le pays croit par ailleurs plus à
la vente de systèmes qu’à celle de composants.
Par conséquent, dans ce domaine, l’Italie se concentre pour l’instant sur les robots médicaux,
marché ayant bien émergé et pour lequel les besoins sont clairement identifiés et exprimés : cela
concerne notamment les robots d’assistance au geste et à la rééducation.
5.5. ÉTATS-UNIS
Dès le début des années 1900, les États-Unis étaient déjà très impliqués dans la recherche de
solutions robotiques télécommandables. Vers la fin des années 1930, les premières études de
faisabilité par Pollard et Roselund pour la société Devibiss donnaient lieu au concept de robot
peintre. Trois décennies plus tard, les premiers déploiements robotiques mondiaux se faisaient en
1962 chez GM dans le New Jersey, grâce à Unimation fondé par G. Devol.
Dans d’autres secteurs, ils ont toutefois développé des expertises assez poussées, notamment dans
la défense avec Lockheed Martin, l’agriculture avec John Deere, les mines et travaux publics avec
Caterpillar et maintenant les applications domestiques, dont ils sont les leaders mondiaux avec
iRobot.
Les États-Unis ont longtemps négligé la création d’une stratégie de développement de l’industrie
nationale américaine de la robotique (contrairement au Japon par exemple). Pour la robotique de
service, personnelle ou professionnelle, ils ont désormais prévu une roadmap afin de piloter cette
discipline en croissance, à l’instar de ce qui s’est fait en Europe.
Source : Thèse de Master 2010 de Mark van der Brandt, US technological innovation systems for service robotics (University of Twente).
Le Massachusetts est la zone la plus densément peuplée en acteurs de la robotique. Plus de 150
entreprises et instituts de recherche se concentrent dans le Massachusetts Robotics cluster : les
thématiques principales sont la robotique militaire et la téléprésence. La région de Boston comprend
les industriels les plus importants comme iRobot et Kiva Systems et les laboratoires de recherche
les plus prestigieux comme le MIT et Harvard. L’origine de la robotique dans cette zone
géographique n’est pas claire : le MIT est toutefois engagé depuis les années 1950 dans des travaux
sur l’intelligence artificielle ; par ailleurs, iRobot est une émanation de travaux d’anciens membres
du MIT.
Le MIT est l’un des centres de recherche les plus actifs dans le domaine de la robotique. Il
compte plusieurs laboratoires dont les thématiques de recherche sont variées et se
concentrent principalement sur l’interaction homme-machine :
• Le Distributed Robotics Lab développe de petits modules robotiques indépendants qui
accomplissent une tâche en se coordonnant les uns avec les autres.
• Le Laboratory for Human and Machine Haptics travaille sur le sens tactile humain (le
rôle de la peau, la perception, le retour biomécanique…) pour développer celui des
robots et améliorer leur interaction avec leur environnement. Ce laboratoire développe
par ailleurs des connaissances dans le domaine de la réalité virtuelle.
• Le Model-Based Embedded and Robotics Systems Group fait principalement de la
programmation de systèmes à autodétection d’erreurs, de réseaux robotiques, de
systèmes adaptifs.
• Le Newman Laboratory for Biomechanics and Human Rehabilitation cherche à
comprendre et quantifier les aspects clés de la performance sensori-motrice de
l’humain et restaurer les fonctions motrices des personnes affaiblies par la maladie, les
accidents ou le vieillissement.
À l’ouest, la Silicon Valley Robotics s’organise autour de la plate-forme PR2 de Willow Garage. Le
rôle de ce cluster est d’assurer la dissémination des technologies robotiques et d’inciter l’utilisation
de standards de programmation qui y seraient développés. À terme, la région souhaite devenir un
cluster mondial pour la programmation robotique. On y compte de nombreuses compagnies et
laboratoires travaillant sur la programmation de logiciels système et d’acquisition de données. Les
entreprises phares de la région travaillent aussi bien sur des solutions logicielles que matérielles : on
compte par exemple Adept Technology, Willow Garage, Intuitive Surgical et Hansen Medical. Ces
industriels sont en étroite collaboration avec les plus grandes universités californiennes que sont
Berkeley, UCLA et Stanford.
En marge de ces trois grands pôles d’activités, on compte aussi des clusters non moins actifs.
Selon certains experts américains, les États de New-York, Hawaii et Floride ont une forte
orientation vers les solutions logicielles : un exemple représentatif est par exemple Hoaloha
Robotics qui réalise des logiciels et des services pour l’assistance des personnes en perte
d’autonomie. Cela n’empêche toutefois pas de trouver dans ces différentes régions des entreprises
axées sur le développement de solutions matérielles. Par exemple nous trouvons à New-York la
compagnie Honeybee Robotics spécialiste de la conception et fabrication de systèmes robotiques
(projets spatiaux), capteurs et mécatronique ; en Floride le Global Robotics Institute développe la
robotique médicale d’assistance à l’acte.
Le Michigan a une longue tradition de l’utilisation des systèmes automatisés pour l’industrie
automobile. Afin de reconstruire les emplois détruits lors de la crise traversée par cette industrie,
une initiative de création d’un cluster robotique sur les connaissances en automatisation a été prise.
Elle est financée par des fonds provenant de l’US Small Business Administration. Les applications
développées sembleraient surtout orientées vers les applications militaires terrestres.
Le cluster d’Hampton développe une forte spécificité dans les capteurs, notamment pour les
applications routières. Ces derniers sont destinés à l’intégration dans des systèmes autonomes. Ce
pôle s’appuie sur la renommée et la compétence en matériaux et détecteurs à faisceaux d’électrons
de la NASA et du laboratoire Jefferson.
Enfin, des entreprises et centres de recherche fournissent des avancées significatives, mais de
manière plus isolée.
On peut par exemple citer, dans l’Oregon, la société Urban Robotics qui développe des solutions
logicielles et matérielles pour le géospatial et la surveillance : ce sont notamment des algorithmes
pour l’intelligence artificielle et la reconnaissance d’objets, et des solutions capteurs. L’autre
exemple important est la GeorgiaTech University qui a longtemps travaillé sur les applications de la
JAUS (Joint Architecture for unmanned systems) avec Pittsburgh et développe actuellement des
thématiques sur les systèmes autonomes et l’acceptation des robots dans la société.
Aux États-Unis, une des plus importantes associations pour la promotion de la robotique est la RIA
(Robotics Industries Association). Le rôle de cette organisation est de fédérer et informer les acteurs
de la robotique sur les développements récents de ce domaine, et de promouvoir les différentes
solutions techniques américaines au travers de documents scientifiques, techniques, articles de
presse. L’association a initialement une action en faveur de la robotique industrielle, elle traite
toutefois aussi de la robotique de service.
Les clusters organisent aussi régulièrement des conférences pour augmenter leur visibilité et celle
de leurs membres. On peut par exemple citer des évènements annuels tels que le RoboBusiness
Leadership Summit à Boston ou l’International Conference on Robotics à Pittsburgh.
Enfin, les agences américaines organisent souvent des démonstrations et des concours pour doper le
développement des technologies. On peut par exemple citer l’ « US Army Robotics Rodeo », les
concours DARPA sur les systèmes autonomes.
Le Congressional Caucus for Robotics formé en 2007 sous l’initiative de son président Mike Doyle
informe exclusivement les membres du Congrès sur les principales avancées technologiques de
l’industrie robotique américaine. Ces informations permettent :
• d’augmenter la sensibilisation générale aux défis et enjeux de la robotique parmi les
membres du Congrès et les analystes politiques ;
• d’éduquer les membres du Congrès et le personnel du Congrès sur la R & D actuelle et
future ;
• de servir de base de discussion au Congrès lors des forums portant sur les questions
politiques relatives à la robotique ;
• de veiller à ce que les États-Unis demeurent compétitifs dans l’industrie de la robotique.
Les américains sont persuadés que c’est le logiciel qui fait principalement le robot, pas le matériel.
Idéalement les nouveaux robots utiliseraient des standards américains. Les États-Unis ont ainsi
toujours tenté de proposer des standards de protocole pour la robotique avec l’appui du Department
of Defense américain. Ces derniers se baseraient notamment sur la plate-forme PR2 de Willow
Garage et son ROS (Robots Operating System) que de nombreux scientifiques et industriels utilisent
actuellement : c’est le cas notamment de Samsung Electronics. Un exemple de standard SAE qui a
par exemple émergé des travaux américains est la JAUS (Joint Architecture for unmanned systems)
dont le but est d’harmoniser (selon la vision américaine) les formats de données et les protocoles de
communication entre nœuds systèmes.
Comme nous l’avons vu précédemment sur l’état des lieux des différentes compétences
développées sur le territoire américain, le pays dispose de deux atouts significatifs pour le
développement de la robotique de service :
• un haut niveau de maîtrise des logiciels, notamment pour la navigation autonome, la
localisation et la navigation (maîtrise du système GPS), et les interactions homme -
machine ;
• un savoir-faire indéniable en mécatronique hérité de la longue tradition de fabrication de
systèmes autonomes pour l’agriculture et le génie civil de compagnies comme John Deer et
CAT.
Logiciel système
Navigation
IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).
Outre le fort succès d’iRobot, les compagnies souhaitant développer des plates-formes pour le grand
public se heurtent toutefois à de sérieuses restrictions. Selon les informations que nous avons pu
recueillir :
• La spécification des standards de sécurité pour les robots aux États-Unis tendrait à trop
s’appuyer sur les normes destinées aux machines industrielles. Ces dernières sont trop
restrictives et sembleraient alors être un frein au développement de la filière aux États-Unis
(augmentation des coûts, ralentissement des développements).
• La question de l’affectation de la responsabilité civile lors de l’utilisation des robots n’est
pas encore totalement tranchée. Elle est intensivement étudiée dans des universités telles
Financement de la filière
Du coté institutionnel, il n’y a aux États-Unis aucune aide directe ou indirecte, de type grands
programmes, pour soutenir spécifiquement le développement de la filière robotique personnelle de
service.
Les financements annoncés par les plans de relance ou de financement de la recherche concernent
toujours exclusivement les applications professionnelles. En 2011, la National Robotics Initiative
(NRI) lancée par le Président Obama est par exemple exclusivement orientée vers les applications
professionnelles. 70 millions de dollars US sont ainsi investis par la NASA, le NIH, la NSF et le
département de l’agriculture pour développer des robots pour l’agriculture, la santé et la
surveillance. L’objectif principal de ce plan est « d’accélérer le développement et l’utilisation des
robots aux États-Unis afin qu’ils travaillent à la place ou en coopération avec les gens » selon le
discours du président américain.
The goal of the National Robotics Initiative is to accelerate the development and use of
robots in the United States that work beside, or cooperatively with, people. Innovative
robotics research and applications emphasizing the realization of such co-robots acting in
direct support of and in a symbiotic relationship with human partners is supported by
multiple agencies of the federal government including the National Science Foundation
(NSF), the National Aeronautics and Space Administration (NASA), the National Institutes
of Health (NIH), and the U.S. Department of Agriculture (USDA). The purpose of this
program is the development of this next generation of robotics, to advance the capability
and usability of such systems and artifacts, and to encourage existing and new communities
to focus on innovative application areas. It will address the entire life cycle from
fundamental research and development to industry manufacturing and deployment.
Methods for the establishment and infusion of robotics in educational curricula and
research to gain a better understanding of the long term social, behavioral and economic
implications of co-robots across all areas of human activity are important parts of this
initiative. Collaboration between academic, industry, non-profit and other organizations is
strongly encouraged to establish better linkages between fundamental science and
technology development, deployment and use.
Two classes of proposals will be considered in response to this solicitation:
1. Small projects: One or more investigators spanning 1 to 5 years.
2. Large projects: Multi-disciplinary teams spanning 1 to 5 years.
As detailed in the solicitation, appropriate scientific areas of investigations may be related
to any of the participating funding organizations. Questions concerning a particular
project's focus, direction and relevance to a participating funding organization should be
addressed to the appropriate person in the list of agency contacts found in section VIII of
the solicitation.
Les financements plus spécifiques apportés par les agences nationales telles que la NASA et la
DARPA sont principalement destinés au développement de l’informatique, de l’industrie et des
applications militaires. Depuis le début des années 2000 on constate de forts investissements dans
ce domaine. Ces efforts se traduisent notamment par de longues et importantes vagues de
financement du DoD américain. Récemment encore, en parallèle de la NRI, cette agence a ouvert
une enveloppe budgétaire de 41 Mds$ pour l’achat et le développement de systèmes aériens
autonomes (drones) sur la période 2012-2014.
Même s’ils excluent formellement les applications personnelles de services, ces financements
profitent à leur développement : les nombreuses technologies de pointe développées sont duales et
peuvent être transposées à des applications civiles ou personnelles.
La récupération des technologies issues de la défense et de l’aérospatial n’est ainsi pas rare. On peut
notamment citer l’adaptation des technologies de la NASA dans les travaux de la Northeastern
University destinés à fabriquer des robots d’assistance personnelle ou encore dans ceux de Berkeley
visant à développer des exosquelettes pour les handicapés au sein du laboratoire de robotique et
d’ingénierie humaine.
Marchés visés
Avec la baisse des prix des composants (lasers, capteurs de mouvements, puces électroniques,
composants électroniques) et des techniques (augmentation du pouvoir de calcul ordinateur,
diminution du prix des logiciels), les États-Unis espèrent pouvoir développer rapidement des
produits plus intelligents et moins chers pour leur marché intérieur, puis pour l’export.
Comme l’avons vu, la robotique américaine se tourne de manière prépondérante vers la défense, le
médical et les services pour les professionnels. Le domaine des robots logistiques est par ailleurs un
autre type de marché que les Américains souhaitent servir assez rapidement.
La défense sera pour un moment encore un des principaux acheteurs des robots américains. C’est un
domaine incontournable comme l’illustre la forte dépendance iRobot, premier fournisseur de robots
de service, envers ses autres revenus issus de la vente de systèmes autonomes de défense.
La figure ci-dessous illustre l’activité des compagnies spécialisées dans la robotique dans les
principaux pôles d’activité américaine en 2009.
Figure 21 : Les principaux marchés visés par les compagnies américaines de la robotique
Source : Thèse de Master 2010 de Mark van der Brandt, US technological innovation systems for service robotics (University of Twente).
À la fin des années 1990, la Corée du Sud décide de s’intéresser à la robotique de service. Le
Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie (MOCIE) lance alors les premiers
programmes de recherche publics dans ce domaine. Dès 2003, la robotique « autonome » est
décrétée comme étant un axe prioritaire de développement, et des plans de soutien de la filière se
succèderont tous les 3 ans (2003, 2005 et 2008).
Plusieurs raisons ont poussé la Corée du Sud à s’intéresser à la robotique de service, aussi bien pour
des usages professionnels que personnels :
• la population coréenne vieillit et le taux de fécondité y est parmi les plus faibles de l’OCDE.
Le gouvernement mise ainsi énormément sur la robotique d’assistance aux personnes afin de
garantir l’autonomie des personnes âgées ;
• la Corée du Sud possède la maîtrise d’un grand nombre de technologies et une forte
expertise dans le domaine de l’électronique et de la mécatronique avec des constructeurs
d’électronique grand public de renommée mondiale ;
Au début simple « suiveur » du Japon, la Corée ambitionne aujourd’hui de devenir leader sur le
marché de la robotique de service en détenant en 2018 20 % du marché mondial. Autre annonce
récente marquante, le gouvernement souhaite qu’un robot soit présent dans chaque foyer coréen en
2020. Tous domaines de la robotique confondus, la Corée du Sud représente aujourd’hui le 4ème
marché mondial.
La Corée du Sud présente un grand nombre d’acteurs aussi bien académiques qu’industriels. Une
grande partie de ces derniers sont réunis au sein de la Korean Association of Robot Industry (KAR,
établie en 1999) qui est actuellement en voie de fusion avec la Korea Robotics Society (KROS,
établie en 2003 et plutôt académique). Une autre organisation de moindre ampleur est active :
l’ICROS (Institute of Control, Robotics and System, créé en 1994) qui possède une approche
davantage centrée sur la mécatronique.
La plupart des acteurs de la robotique sont localisés dans la région de Séoul ou dans différents pôles
économiques du nord-ouest du pays. À noter toutefois une initiative récente (2010) de promotion
d’un pôle de la robotique regroupant laboratoires et entreprises à Daegu, dans le sud-est du pays : le
Korea Institute for Robot Industry Advancement (KAIRU).
Des collaborations académiques et industrielles sont recherchées par la Corée, notamment avec les
États-Unis, l’Allemagne et la France, comme en témoignent les récents contacts avec la filière
française, notamment lors du salon Innorobo 2010.
Les premiers investissements industriels dans le domaine de la robotique de service sont venus des
grands groupes avec une forte spécialisation en électronique grand public : Samsung et LG. Ces
acteurs ont notamment attaqué ces marchés sous l’angle de l’électroménager et de la robotique
domestique. Un grand nombre de PME avec des projets plus ou moins spécialisés ont suivi au début
des années 2000.
La Corée du sud constitue le 5ème marché mondial en robotique professionnelle et de services. Tout
comme son voisin le Japon, le marché coréen est particulièrement technophile et consommateur
d’innovation.
Le premier marché intérieur concerne les robots aspirateurs et de nettoyage qui se sont fortement
développés ces dernières années. LG, Samsung et Hanool sont notamment positionnés sur ce
segment.
Parmi les autres applications notables en Corée, on peut citer le marché de la robotique pour
l’éducation. Les robots sont en effet très présents dans les écoles, l’objectif étant surtout d’habituer
les jeunes enfants à la robotique dès les plus jeunes âges. On peut par exemple citer les robots ludo-
éducatifs de Yujin dans les écoles primaires ou encore le robot de téléprésence ou autonome
Engkey pour l’apprentissage de l’anglais.
Vient ensuite la robotique pour l’accueil et l’information avec des robots de Yujin, Dasatech,
ETRI… Ces robots peuvent être à un stade plus ou moins avancé de commercialisation mais ne sont
pas encore déployés à grande échelle.
De façon moindre, les acteurs coréens s’intéressent à d’autres applications : la robotique médicale
avec le rachat d’une technologie américaine de robot chirurgien par la société Curexo, la robotique
de défense et de surveillance avec les robots aEgis, WATCHER ou ARGOS, ou encore la robotique
sous-marine avec les robots Ichthus.
Tout comme pour le Japon, le marché de l’assistance aux personnes constitue un axe de recherche
et développement prioritaire, mais les projets en cours n’ont pas atteint le stade de la
commercialisation à grande échelle. Les Coréens ont par ailleurs un certain nombre de projets de
robots humanoïdes en cours (Ahra et Hubo du KAIST, Ceropi du KITECH).
Même s’il est plus récent qu’au Japon, la Corée du Sud est marquée par un fort engagement des
pouvoirs publics dans le soutien la filière robotique. Dès 2003 puis 2005, le gouvernement a
sponsorisé un certain nombre de projets de recherche focalisés sur des technologies ou sur la
robotique humanoïde.
En février 2008, le gouvernement coréen adopte la Law on the Development and Distribution of
Intelligent Robots, suivi en septembre 2008 par la Robot Special Law. Ces plans visent à
promouvoir la robotique « intelligente » par le support de la R & D sur les technologies cœurs et les
technologies annexes, le support de la formation, et la promotion de projets multidisciplinaires. Il
est alors acté qu’un plan de promotion du développement de la robotique doit être relancé tous les 5
ans par le gouvernement coréen.
Ces plans ont été définis avec le concours de centaines d’experts : le Korean Robotics Basic Plan
Committee. En mars 2009, le premier plan est établi : 1 000 Mds Won (750 M$) sont débloqués sur
une première période allant de 2009 à 2013, l’objectif est de faire de la Corée une des trois nations
majeures sur la robotique. Le deuxième plan, prévu pour la période de 2013 à 2018, vise à en faire
le leader mondial.
Figure 22 : Points clés du premier plan pour les robots intelligents en Corée du Sud
L’ambition coréenne
La Corée du Sud affiche de grandes ambitions dans le domaine de la robotique de service. Du fait
notamment d’un marché intérieur conséquent, le pays est aujourd’hui bien placé sur les segments de
l’électroménager (robots aspirateurs) et du robot éducatif, et il espère devenir une des grandes
puissances internationales de la robotique dans les années qui viennent. En plus d’un vaste réseau
de laboratoires et organismes de recherche, le pays comporte deux groupes majeurs de
l’électronique (LG et Samsung) et un grand nombre de PME parfois de tailles conséquentes.
Au niveau des technologies, la Corée du Sud possède une forte expertise en mécatronique et en
électronique. Elle a par ailleurs une très bonne capacité à aller vers des produits finis et la grande
série pour des marchés grands publics. Son point faible concerne plutôt les aspects logiciels, la
Corée collaborant d’ailleurs avec des laboratoires américains et allemands afin de bénéficier de
leurs expertises sur ces aspects.
Logiciel système
Navigation / loc
Mécatronique
IHR
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés)
5.7. JAPON
Le Japon est considéré par beaucoup comme le berceau de la robotique à travers les premiers
automates construits au XVIIème siècle. Ce contexte culturel couplé à des problèmes de natalité et
de vieillissement de la population ont conduit très vite le Japon à s’intéresser à la robotique dans les
années 1960. Dès lors, le Japon n’a cessé de se forger une réputation de leader dans ce domaine, le
pays est d’ailleurs surnommé le « Robot Kingdom ».
Le Japon s’est lancé sur la robotique industrielle dans les années 1960 et 1970 pour accompagner
l’automatisation de chaînes de production notamment dans le domaine automobile. Il s’est
rapidement positionné comme leader mondial sur la robotique industrielle et ce notamment grâce au
soutien d’un fort marché intérieur et l’appui des pouvoirs publics. Cette politique de robotisation
accompagnait un besoin en main-d’œuvre lié au contexte démographique du pays et était favorisée
par un bon niveau d’acceptation sociale (politique de l’emploi à vie). Au milieu des années 1990,
50 % des robots industriels de la planète étaient au Japon, ce pourcentage étant aujourd’hui
redescendu à 36 %. Marquée par les crises économiques successives, la robotique industrielle
japonaise est plutôt en déclin ces dernières années.
Dès les années 1970-1980, les premières universités et quelques industriels s’intéressent à la
robotique humanoïde. Fujitsu crée notamment un des premiers robots humanoïdes au milieu des
années 1970. Dès lors, les robots humanoïdes japonais ne cesseront de se perfectionner, tirés par les
nombreux projets d’expérimentation des laboratoires et industriels.
Les travaux sur la robotique de service se sont accélérés à la fin des années 1990, notamment dans
la perspective de l’exposition universelle d’Aichi en 2005. On peut par exemple citer le Humanoid
Robotics Project sponsorisé par le METI et démarré en 1997 qui a permis de développer les
versions successives des plates-formes humanoïdes HRP, dont la dernière date de 2010.
Un net ralentissement de l’activité du Japon dans le domaine de la robotique s’est fait sentir lors des
dernières crises (2008-2009), ces dernières ayant fortement impacté la robotique industrielle : de
nombreuses lignes robotisées ont été arrêtées et la demande pour les robots industriels a fortement
chuté (70 % d’exportations en moins en 2009 selon la JARA). Ces crises ont aussi affecté la
robotique de service, et les financements pour des projets aux débouchés commerciaux incertains,
notamment en robotique humanoïde, se sont taris.
Des industriels leaders de la filière, une force académique qui n’est pas en reste
Deux associations majeures réunissent les acteurs de la robotique au Japon : la Japan Robot
Association (JARA) fondée en 1973 et à visées commerciales (notamment pour la robotique
industrielle) et la Robotics Society of Japan (RSJ) fondée en 1983 pour promouvoir la recherche
académique.
Sans être toujours structurés à travers un organisme fédérateur, un certain nombre de pôles
concentrant des acteurs de la robotique sont identifiables. On peut citer : Fukuoka, Kanagawa (sud
de Tokyo), Tochigi (nord de Tokyo), Tsukuba (nord-est de Tokyo), Niigata. La ville d’Osaka va
plus loin et souhaite devenir un pôle de référence avec le développement de RobotCity CoRE : un
campus dédié à la robotique de nouvelle génération.
Les politiques publiques d’investissement sont menées de concert par deux ministères :
• Le Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI)
• Le Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sciences et Technologies (MEXT)
Le National Institute of Advanced Industrial and Science and Technology (AIST) est une des
agences nationales de recherche japonaises les plus en pointe sur la robotique, notamment avec
l’Intelligent Systems Research Institute ; ce dernier adopte une double stratégie : développement de
robots complets et commercialisables (Paro) et développement de plates-formes de recherche
notamment à travers le projet HRP. L’AIST a notamment collaboré avec le CNRS en 2003 pour
former le Joint Robotics Laboratory (JRL) et travailler sur la plate-forme HRP-2.
Les entreprises ont eu un rôle central dans le développement de la robotique au Japon. Les premiers
industriels à s’être intéressés à la robotique de service sont les grands groupes :
• groupes de l’électronique (Fujitsu, Nec, Toshiba, Sony, Panasonic),
• groupes de l’automobile (Honda, Toyota),
• groupes de l’ingénierie (Kawada Industries),
• fabricants des robots industriels (Kawasaki, Fanuc, Yasukawa),
• groupes de BTP (Taisen, Fujita),
• et dans une moindre mesure les prestataires de services télécoms (NTT Docomo).
Beaucoup de ces derniers réalisent des développements avec leurs équipes et leur expertise interne :
ce fut par exemple le cas pour le robot Asimo développé par Honda dont seul un algorithme de
contrôle a été développé en partenariat avec l’Université de Waseda. Il s’agit pour ces industriels de
démontrer leur savoir-faire technologique. Néanmoins, des alliances entre grands groupes et
universitaires existent.
En parallèle de ces grands groupes qui contrôlent souvent les technologies et l’intégration, de
nombreuses PME se sont formées pour développer des projets de robots de service spécialisés ou
pour fournir des technologies particulières : la moitié des PME de la robotique au Japon ont un rôle
de technoproviders.
Le JARA organise l’International Robot Exhibition (IREX) dont une part (l’IREX-SR) est dédiée à
la robotique de service (environ 1/3 de la surface du salon contre 2/3 pour la robotique industrielle).
De nombreuses expérimentations
Bien que n’ayant pas tous connu le succès escompté, les robots jouets sont assez présents et
constituent un premier marché grand public : on retiendra l’exemple du robot chien Aibo de Sony
lancé en 1999 puis abandonné en 2006 faute de succès suffisant. Contrairement à son voisin coréen,
le Japon ne s’est que peu impliqué dans les robots domestiques de nettoyage (de type aspirateur).
On retrouve aussi quelques acteurs positionnés sur la robotique de surveillance et de sécurité bien
que cela ne présente pas un enjeu conséquent au Japon (Tmsuk Co, Sogho…), sur la robotique sous-
marine pour des applications industrielles d’inspection (Mitsubishi Hi, Eamex Co, Daiichi Kogei),
ou encore sur la robotique dans le domaine de la construction (Tasei Corporation, Fujita
Corporation).
Par ailleurs, le Japon est la nation la plus avancée en termes de robotique humanoïde : le robot
Asimo d’Honda ou encore les plates-formes successives HRP en sont une bonne illustration. Ces
développements visent avant tout une optique de démonstration technologique et n’ont pas vocation
à être commercialisés, et ce d’autant plus que les usages de la robotique humanoïde ne sont pas
encore parfaitement cernés. De façon plus générale, le Japon s’est positionné sur les interfaces
homme-robot, et notamment sur les visages robotisés sur lesquels plusieurs entreprises ont une
expertise.
Les pouvoirs publics japonais sont intervenus dès l’émergence de la robotique industrielle afin de
soutenir la filière. Depuis la fin des années 1990, le gouvernement a énormément investi sur la
robotique d’assistance à la personne et sur la robotique humanoïde. La particularité de la politique
de financement japonaise vient de sa structure interministérielle : les ministères se répartissent des
thématiques ou applications clés de la robotique et les soutiennent à travers leurs agences de
financement.
Dès 2001, le METI a lancé un programme de financement sur 10 ans intitulé 21th Century Robot
Challenge, programme ayant pour objectif de promouvoir la robotique domestique.
En 2006, le Council for Science and Technology Policy (CSTP) a identifié dix thématiques clés de
recherche pour le Japon dans le domaine des TIC. Une de ces thématiques concernait la robotique et
fut adaptée en un programme de soutien interministériel : le MEXT a notamment en charge les
robots d’intervention, le METI les robots d’assistance à la personne et le MEC (Ministry of Internal
Affairs and Communications) les réseaux de robots.
Enfin, la Roadmap technologique du METI de 2010 inclut la robotique comme l’une des 31
technologies clés prioritaires pour le Japon.
Les Japonais sont aujourd’hui considérés comme étant les leaders technologiques de la robotique
dans le monde. Le pays, marqué par de forts enjeux démographiques (vieillissement de la
population et manque de main-d’œuvre), affiche une politique ambitieuse de R & D émanant aussi
bien du secteur public que du secteur privé.
Leurs forces en R & D sont considérables, et les Japonais développent des robots techniquement
très avancés. Néanmoins, la plupart de ces prototypes ont vocation à servir de plates-formes de
recherche ou de vitrines technologiques pour l’entreprise ou le laboratoire qui les a conçus.
Les Japonais ont beaucoup communiqué sur la robotique et leur avance dans ce domaine.
Cependant, il semble qu’il y ait une certaine désillusion ces dernières années faute de succès
commerciaux. De nombreux projets ont échoué notamment à cause du prix final des robots :
Roborior (Tmsuk), My Spoon (Secom), Wakamaru (Mitsubishi HI). Les experts s’accordent pour
dire que les projets de robots japonais sont technologiquement trop avancés (multifonctions et
humanoïdes), trop coûteux et finalement peu adaptés à une commercialisation sur le marché.
Pour ce qui est de leur expertise technique, elle se concentre essentiellement sur les technologies de
la mécatronique et de l’animation, avec de fortes compétences dans le domaine de la robotique
humanoïde, ainsi que les IHR, les interactions, l’expression et la modularité. Les Japonais sont un
peu moins présents sur les aspects logiciels et travaillent avec des laboratoires étrangers à ce niveau.
Notamment faute de budgets militaires, ils sont aussi assez faibles pour ce qui est des robots tout
terrain ou utilisables en conditions difficiles. La récente catastrophe de Fukushima illustre ce
constat : dans le pays phare de la robotique, ce sont bel et bien des robots américains qui ont
participé à l’inspection des réacteurs endommagés.
Logiciel système
Navigation / loc
Perception et
capteurs
Mécatronique
IHR
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).
5.8. TAÏWAN
Dans les années 1980, le gouvernement taïwanais favorisait le développement de l’automatisation
de l’industrie. Cependant, le développement de robots industriels n’était pas satisfaisant car les
entreprises taïwanaises devaient importer les technologies clés, ce qui rendait la filière peu rentable.
Les entreprises locales ont donc commencé à développer des produits connexes à la robotique
industrielle.
Dans les années 1990, l’importation de robots industriels a fortement augmenté en raison du fort
développement de l’industrie des TIC. Les entreprises locales se sont alors spécialisées dans
l’intégration de systèmes et de services à valeur ajoutée, et des compagnies locales ont commencé à
développer des technologies clés comme des serveurs et des moteurs.
Les acteurs
Un seul acteur académique identifié à Taïwan travaille sur la robotique : la National Taiwan
University. Cette université possède un laboratoire de robotique qui mène des recherches sur les
bras robotiques, les humanoïdes, les robots mobiles (exploration, patrouille de sécurité…), les
robots d’inspection de tuyaux et les robots joueurs de football.
L’Industrial Technology Research Institute (ITRI) est un organisme national de recherche qui a
servi de pionnier dans le développement de l’industrie high-tech de Taïwan. Cet organisme
regroupe 87 chercheurs et travaille sur 130 sujets de recherche dont notamment les robots de
sécurité intelligents (détection d’intrusion, de fuite de gaz, de changement de température,
patrouilles) et des robots de compagnie.
En ce qui concerne le tissu industriel, l’entreprise Robort semblerait être un des seuls développeurs
privés de robots de service à Taïwan. Les entreprises qui investissent dans la recherche en robotique
de service sont les fabricants de l’IT, des intégrateurs tels que Microstar, Shin Kong Security Co,
BenQ, Via Technologies, Quanta, Mirle et Teco.
L’association ROBOAT (ROBOtics Association Taiwan), qui existe depuis 1996, est le principal
regroupement d’acteurs de la robotique : elle est forte de 180 membres dans 98 entreprises.
ROBOAT a fusionné en 2011 avec TSMEA (Taiwan Society of Manufacture Engineering and
Automation Technology) pour former TAIROA (Taiwan Automation Intelligence and Robotics
Association).
Expertise
niveau et sécurité
Perception, Non renseigné Non renseigné Non renseigné
capteurs (hardware
et acquisition de
données)
Mécatronique et
locomotion
IHR (techno et
ergonomie)
( inférieur à la moyenne des pays analysés ; dans la moyenne des pays analysés ; supérieur à la moyenne des pays analysés).
Applications et marchés
Le marché est plutôt tiré par une demande en robotique industrielle. En effet, pour le moment, le
marché de la robotique de service est peu développé et la demande est faible, ce qui ne favorise pas
le développement de la filière. Cependant, cette tendance est en train de changer au profit de la
robotique de service grâce à la politique du gouvernement taïwanais qui souhaite devenir une plate-
forme incontournable dans la conception et le développement de la robotique intelligente.
En 2007, l’industrie de l’intelligence robotique pesait 24,2 milliards de NT$, soit environ 600 M€,
ce qui représentait 5,57 % du marché mondial. L’objectif est d’atteindre 125 milliards NT$ (3,1
Mds€) en valeur de production d’ici 2015.
Politiques publiques
Synthèse
Cependant, Taïwan possède des lacunes sur certaines technologies clés (les principaux modules, les
plates-formes partagées, les prototypes…). De ce fait, ces éléments essentiels sont détenus par des
entreprises étrangères, ce qui les oblige à payer des licences et donc à réduire les profits.
Taïwan a donc de grandes ambitions mais possède un retard certain sur ses voisins japonais et
coréen.
5.9. CHINE
En Chine, la recherche en robotique a démarré dans les années 1980 : à partir de 1986, des
programmes gouvernementaux s’y intéressent et notamment le programme national 863. Ce dernier
a été lancé en 1953 par le Ministère des sciences et de la Technologie (MoST) afin de favoriser le
développement économique du pays. Il se compose de plans quinquennaux, dont chacun se focalise
sur des domaines et des thèmes précis. C’est ainsi que les 7ème, 8ème et 9ème plans quinquennaux (de
1986 à 2000) possédant des objectifs de croissance dans les nouvelles technologies ont permis le
développement de la filière robotique.
Il est à noter que la Chine communique encore assez peu vers l’extérieur sur ses avancées dans le
domaine de la robotique.
L’agence Chine Nouvelle a annoncé la mise sur le marché prochainement d’un robot domestique
fabriqué par Xinsong automation. Ce projet avait été classé projet national clé par le gouvernement
afin d’anticiper les problèmes liés au vieillissement de la société. Ce robot est donc capable de
donner de la nourriture ou des médicaments, de déclencher des alarmes en cas de fuite d'eau ou de
gaz, d'envoyer des SMS ou des vidéos sans support filaire, de chanter une chanson ou de jouer aux
échecs. La réalité de cette mise sur le marché n’a pas pu être vérifiée.
Dès 1985, la Chine se dote d’une association robotique, la CAA Robotics Society, qui a pour but de
promouvoir le développement et populariser la robotique, ainsi que de renforcer les échanges entre
les acteurs dans le pays. Pour cela, elle organise tous les deux ans une conférence nationale sur la
robotique, elle publie un journal bimensuel « ROBOT » (journal rédigé en chinois avec seulement
les titres et un résumé disponible en anglais), et organise ou sponsorise différents événements
robotiques. Cette association est composée de plus de 260 personnes venant de 100 universités,
instituts de recherche et entreprises différentes.
Nous pouvons d’ailleurs identifier plusieurs régions actives dans le domaine de la robotique grâce à
leur tissu académique et industriel.
Heilongjiang
Liaoning
Pékin
Shandong
Hunan
Jiangsu
Guangdong
Heilongjiang
La province de Heilongjiang est très présente sur le secteur de la robotique notamment grâce au
campus d’Harbin constitué de l’Institut de Technologie (HIT), de l’Université Polytechnique et de
l’Université de Science et de Technologie.
L’Université Polytechnique d’Harbin travaille, quant à elle, sur le développement d’un robot
médical intervenant dans des opérations chirurgicales en collaboration avec plusieurs centres de
recherche en robotique dont l’institut de robotique de l’Université de l’Aéronautique et
d’Astronautique de Pékin. Ce projet est financé dans le cadre du projet 863.
Enfin, l’Université de Science et de Technologie de Harbin travaille sur la création d’un robot
capable de jouer au football et de robots sous-marins.
Liaoning
L’Institut d’Automatique de l’Académie des Sciences de Chine (CAS) ainsi que l’Institut
d’Automatique de Shenyang développent de nombreux projets robotiques.
Le CAS travaille en particulier sur les véhicules sous-marins autonomes tels que les poissons
bioniques, des robots détecteurs de mines ou d’exploration des fonds marins. Il concentre ses
recherches autour des mécanismes de structures, le déplacement et le contrôle de ses robots
subaquatiques.
De plus, un tissu industriel s’est formé à Shenyang afin de porter au niveau industriel les activités
de recherche. Cependant ces entreprises se sont plus tournées vers la robotique indutrielle : Siasun
Robot & Automation Co., Ltd (affiliée à l’Académie des Sciences de Chine), Microcyber Inc.,
Xinsong, Advanced Manufacturing Technology Industrial Development Company, Ltd. (zone
industrielle orientée vers la recherche en haute technologie et l’industrialisation de robots et
d’équipements d’automatique).
Pékin
La région concentre des instituts, des centres de recherche et des entreprises qui développent des
activités R & D en robotique. Deux instituts se distinguent : l’Institut de Robotique de l’Université
d’Aéronautique et d’Astronautique de Pékin (BUAA) et l’Institut de Technologie de Pékin. Leurs
travaux portent sur :
• la robotique humanoïde (robot BHR) : l’Institut de Technologie de Pékin a été sélectionné
pour la première phase et le BUAA pour la seconde.
• la recherche sur les poissons robotisés (recherche sur la structure mécanique mais également
systèmes de contrôle). D’ailleurs le BUAA a développé le premier robot poisson chinois en
1999.
• la robotique médicale : l’Institut Technologique de Pékin a travaillé sur un robot
orthopédique et la chirurgie buccale et le BUAA a développé quant à lui un système
robotique de chirurgie orthopédique de la jambe ainsi qu’un robot d’assistance à la
neurochirurgie.
Côté industriel, l’entreprise pékinoise Hangoog, soutenue par l’État chinois, développe de petits
robots humanoïdes destinés principalement à la recherche et à l’éducation. Leurs robots sont conçus
en Chine, « sans apport de technologie extérieure ».
Shandong
La province du Shandong s’illustre particulièrement dans le domaine de la robotique aussi bien au
niveau de la recherche que de ses activités industrielles.
Le tissu académique est important sur des thèmes de recherche variés. L’Université du Shandong, à
Weihai, et l’Université de Technologie du Shandong ont déjà travaillé sur des projets de robots
détecteurs de mines et de robots de service. L’Institut d’Automatique de la Shandong Academy of
Sciences mène des recherches sur la robotique industrielle et de service.
Le Centre de Recherche en Robotique de l’Université des Sciences et des Technologies du
Shandong a mené à bien des expériences de téléguidage électronique sur des pigeons et des souris,
et mène des recherches en robotique animale. Le centre de robotique de l’Université du Shandong
s’intéresse à de nombreux thèmes tels que des plates-formes robotiques ultras rapides, un robot
quadrupède (ressemblant au BigDog américain), les robots de détection de mines et de sauvetage et
les robots terrestres de reconnaissance ignifugés.
Pour ce qui est des acteurs industriels, l’entreprise Jinan semble occuper une place importante dans
l’écosystème robotique de la région.
Hunan
L’Université Nationale de Technologie de Défense, basée à Changsha, travaille sur un robot
humanoïde appelé Blackmann. Elle réalise également des études sur les systèmes de stabilisation et
de contrôle de robots mobiles.
Jiangsu
La Southeast University, à Nanjing, mène des travaux sur les systèmes de détection d’objets et
d’individus (reconnaissance visuelle) et la manipulation d’objets par des robots.
Guangdong
Le tissu industriel de la province a entrainé le développement d’entreprises spécialisées dans la
robotique telles que la Fangxing Science and Technology Co. Ltd à Shenzhen, qui a réalisé un robot
cuisinier ou la New Concept Aircraft Co., Ltd., à Zhuhai, qui a développé un gecko robot
mécanique appelé « Speedy Freelancer » pouvant se déplacer sur les murs rapidement et éviter les
obstacles.
La robotique en Chine a pu décoller grâce au programme 863 et ses projets nationaux clés qui ont
permis de financer de nombreuses initiatives. Ce programme a particulièrement aidé la robotique
humanoïde qui a reçu en 2001, pour une période de cinq ans, une enveloppe de 17 millions de yuans
(environ 1,7 million d’euros). Grâce à cette aide, différentes universités et instituts ont pu collaborer
afin de développer différents prototypes de robots humanoïdes (BHR-1,2 et 3).
L’effort pour le développement de la robotique n’a pas été que national, certaines provinces ont aidé
localement la recherche et l’industrie. C’est par exemple le cas du gouvernement de la province du
Shandong qui a lancé une politique de financement afin de soutenir l’innovation et le
développement de l’industrie robotique. Cette politique touche en particulier les domaines de la
R & D pour les secteurs de la défense, des équipements de sécurité, de la fabrication de robots
industriels, des extractions de pétrole et des ressources minières ou des services à la famille. De
même, la province a mis en place une politique d’allègements fiscaux et d’aides pour les entreprises
de ces différents secteurs.
Les programmes d’aides nationaux et locaux ont permis à la Chine de se doter d’un tissu
académique et industriel ainsi que d’équipes de recherche de qualité dans tous les domaines de la
robotique (médicale, humanoïde, industrielle, de défense, domestique…). Cependant, le pays reste
encore assez loin derrière les leaders mondiaux (Japon, Corée, États-Unis, Europe). La Chine ne
semble pas vouloir combler cet écart pour le moment, la priorité étant pour elle de répondre à des
besoins intérieurs (militaires, scientifiques…) et de s’affirmer dans ce domaine de recherche. À
noter par ailleurs que la faible coordination des programmes de robotique au niveau national crée
une forte compétition interacadémique que certains observateurs jugent néfaste (dispersion de
l’effort).
L’Australie dispose de très fortes compétences dans le domaine des robots de terrain et des
systèmes de navigation autonome. Le pays fait ainsi partie des plus grands fabricants de robots pour
la logistique et les activités minières. L’Université de Sidney possède un centre de recherche sur la
robotique dont la réputation mondiale n’est plus à faire : l’Australian Center of Field Robotics. Ce
centre assure le développement de systèmes de positionnement, de capteurs et des logiciels
nécessaires pour leur exploitation.
À la manière des autres pays asiatiques, Singapour affiche ses ambitions dans le domaine de la
robotique. Depuis 2010, l’Economic Development Board souhaite faire du pays un hub pour la
commercialisation de robots de service. Quatre grands thèmes en relation avec les besoins de
l’économie singapourienne et de sa région : logistique, médical, l’inspection d’infrastructures et les
transports. À côté de cela, Singapour conserve une petite force académique notamment à travers le
Centre for Robotics and Artificial Intelligence de l’université Singapore Polytechnic.
La Suisse possède, selon les données de l’IFR, un attrait très marqué sur les applications robotiques
de loisir et d’éducation. Deux faits significatifs ressortent : des travaux importants dans le domaine
des actionneurs sont menés à l’EMPA pour développer les EAP (Electro Active Polymers) qui
miment les contractions des muscles ; il existe par ailleurs une fondation Suisse dédiée à la
robotique sous le nom de Swiss Mobile Robotics qui est un consortium de start-up issues de
laboratoires universitaires dont l’objectif est de mieux représenter les intérêts de la robotique Suisse.
Les sociétés représentées sont par exemple BlueBotics (robots autonomes d’intérieur pour le loisir
et l’assistance aux personnes en perte d’autonomie), Cyberbotics (logiciels de programmation pour
la plate-forme e-puck de GCtronic), K-Team (plates-formes robotiques pour la recherche et
l’éducation), GCtronic (assurant le développement et la commercialisation de l’e-puck conçu à
l’école polytechnique fédérale de Lausanne), Neuronics (bras robotique et intelligence artificielle)
ou FiveCo (bureau d’étude pour l’intégration de systèmes).
Pour finir, l’Europe s’organise depuis un certain temps maintenant pour réunir et amplifier
rapidement les synergies au profit de la robotique industrielle et personnelle. Deux grands groupes
de travail ont ainsi été montés pour réfléchir aux axes stratégiques européens : les programmes
EURON et EUROP. EURON se concentre sur les intérêts de la recherche européenne. La carte qui
suit montre les différentes parties prenantes du groupe EUROP, centré sur les problématiques de
l’industrie robotique.
6. CONCLUSIONS
6.1. DES CONCENTRATIONS RÉGIONALES DIVERSES
Nous avons tenté d’estimer les forces en présence sur les différentes zones géographiques. Ces
estimations sont basées sur des données d’origines diverses, et ont donc un niveau de précision très
différent d’une zone à l’autre. Dans tous les cas, le recensement des acteurs fait par l’IFR dans ses
études constitue une base de travail, fournissant un chiffrage a minima des entreprises constituant
les écosystèmes nationaux.
Parmi ces entreprises, la répartition des acteurs recensés par l’IFR est présentée sur la figure
suivante. Ces chiffres sont intéressants, mais des biais sont introduits par le fort historique de l’IFR
et des sources exploitées dans la robotique industrielle.
Figure 28: Répartition des entreprises de robotique de service recensées par l'IFR
Autres
Suisse Etats-Unis
Suède
Canada
Corée du sud
Italie
Allemagne Japon
Royaume-Uni
France
Sur la base des différentes sources exploitées par la présente étude, nous estimons sur la Figure 29
le nombre d’entreprises de la robotique de service dans les principaux pays analysés. Dans les
chiffres présentés, nous soulignons les points suivants :
• Taïwan affiche un grand nombre d’entreprises dans la robotique, mais il s’agit
principalement de fournisseurs de composants génériques. Nous manquons de clés pour
affiner cette estimation ;
• Le Japon présente moins d’acteurs, mais ce sont des conglomérats de grande taille.
Enfin, il est notable que les grands groupes industriels français s’intéressant à la robotique de
service, principalement dans la défense et la sécurité, développent des équipes de petite taille au
sein de leur organisation, pour assurer la veille et les développements. À ce titre, ces groupes
peuvent être considérés également comme des PME dans le domaine de la robotique, en termes
d’effectifs.
DE
US 30/70
100/200 FR
30/60
IT
20/40
TW
100/150
Sur ce point, la France n’apparaît pas encore comme un acteur représentatif (en volume), car se
concentrant – pour la conception et la fabrication – sur des marchés de faible volume et
essentiellement émergents comme la robotique éducative ou l’assistance aux personnes en perte
d’autonomie. Du point de vue des technologies, l’expertise de la France est reconnue notamment
sur deux aspects :
• Le logiciel dans tous ses aspects ;
• La robotique humanoïde.
Il convient cependant de souligner que le travail de recherche visible porte principalement sur des
applications à haut niveau de complexité, préparant la robotique de service « intelligente ». Les
entreprises françaises ne travaillent que peu sur des robots spécialisés, susceptibles de faire l’objet
d’une diffusion large à court terme.
Surveillance
Assistance handicap
Loisirs
Aspirateurs
Domestique
De manière plus qualitative, l’analyse fait ressortir des spécificités des pays selon certaines des
dimensions qui sont approfondies dans le volet 2 des travaux notamment. Le Tableau 11 dresse un
panorama qualitatif des différents pays analysés :
• La Chine n’apparaît pas dans ce tableau car son action et ses acteurs ne sont pas aujourd’hui
significatifs sur les marchés décrits.
• Les marchés cités sont vus à la fois sous l’angle de l’application et de certaines plates-
formes technologiques. Nous y avons repositionné l’automobile pour mémoire, car
potentiellement terreau d’un grand nombre d’innovations technologiques ou de process pour
l’industrialisation de masse des technologies de la robotique.
Tableau 11 : Positionnement des pays analysés sur certains marchés de la robotique de service
(échelle qualitative)
Autre robotique
professionnelle
Jouet/ludique
Surveillance
Assistance à
l’autonomie
Automobile
compagnon
Personnel/
Entretien
Défense
France
Allemagne
Royaume-Uni
Italie
États-Unis
Corée du Sud
Japon
Taïwan
Présence affirmée : les entreprises et laboratoires du pays sont fortement présents sur cette problématique.
Tableau 12 : Positionnement des pays analysés sur trois compétences spécifiques (échelle
qualitative)
Exosquelette
Plateformes
Humanoïde
robotiques
France
Allemagne
Royaume-Uni
Italie
États-Unis
Corée du Sud
Japon
Taïwan
Présence affirmée : les entreprises et laboratoires du pays sont fortement présents sur cette problématique.
Autre spécificité géographique : le profil des entreprises qui composent la filière de la robotique de
service est différent d’un pays à l’autre. De ce point de vue, le cas de la France est particulièrement
remarquable : la filière française ne se bâtit pas sur un socle d’entreprises venant de la robotique
industrielle. Il en découle deux faits importants à prendre en compte dans l’analyse :
• Une majorité d’entreprises jeunes et de petite taille ;
• De faibles compétences sur l’industrialisation des produits.
travaille depuis plusieurs années à cette structuration au niveau du continent (réseau EURON par
exemple).
Hormis en France, les principales associations énumérées dans le tableau précédent sont
historiquement en grande partie composées d’entreprises de robotique industrielle. Seuls les acteurs
français ont mis en place aujourd’hui un syndicat différent pour la robotique de service. Ceci est dû
notamment, selon nous, au fait que l’industrie de la robotique industrielle française ne comprend
pas de fabricant majeur.
Il apparaît également à l’analyse des principaux pays producteurs de robotique de service, que la
recherche occupe une place déterminante dans le succès des filières. En effet, sur des marchés
en grande majorité émergents, et des usages à inventer pour lesquels les technologies demandent à
être développées, qualifiées, industrialisées, le lien entre recherche académique et industrie est
essentiel. À ce titre, il est important de noter que ce lien culturellement fort en Allemagne est un
atout important ; par ailleurs, il est aussi important de souligner aujourd’hui que les start-up
françaises sont pour la plupart issues des laboratoires de recherche académiques, et entretiennent de
ce fait des liens étroits avec ceux-ci. Cependant, ce lien est beaucoup moins étroit en France entre la
recherche académique et les groupes industriels établis.
Les pays asiatiques – Corée, Japon, Taïwan et dans une mesure moindre la Chine – voient dans la
robotique de service, notamment personnelle, un secteur à très fort potentiel en termes de
développement industriel. Ainsi, ces pays ont inscrit la robotique personnelle et de service comme
un axe stratégique de développement dans leur stratégie d’innovation. Cela se traduit par des
soutiens financiers et un accompagnement de la structuration, ciblée sur cette thématique.
A contrario, les pays d’Europe n’ont pas identifié de manière formelle ce secteur d’activité comme
particulièrement important, dans l’ensemble des technologies « de la communication ». Ainsi, si les
acteurs de la robotique bénéficient bien de soutiens financiers à l’innovation, ils viennent au niveau
national d’appels à projets plus larges, et non d’instruments spécifiquement dédiés. Ce constat
induit que les financements publics globaux de la filière ne sont aujourd’hui pas garantis d’un
exercice à l’autre.
Les États-Unis présentent un profil encore différent avec un soutien à deux niveaux : des
subventions fortes sur les contrats de recherche pour la défense, qui profitent indirectement aux
secteurs civils, voire grand public (iRobot, par exemple) ; un plan de développement de la
robotique, annoncé à l’été 2011, visant à travailler sur les robots de service professionnels.
Enfin, les exemples coréen avec la robotique d’éducation ou domestique, et américain avec la
robotique de défense montrent que l’existence d’un marché intérieur est un moteur fort pour le
développement de la filière. Dans ces deux cas, c’est même la commande publique qui permet
l’installation d’un marché et l’industrialisation des technologies et des produits.
D E U X I È M E PA RT I E : A N A LY S E D E S
TENDANCES DE LA ROBOTIQUE DE
S E RV I C E
On le verra dans la suite de ce document, il est difficile d’estimer les taux de croissance des
nombreuses applications qui constituent le marché de la robotique personnelle et de service.
Cependant, la plupart des analystes consultés ou ayant publié sur la question s’accordent à penser
que le début des années 2010 est un tournant sur ces marchés, et constitue le démarrage réel de leur
développement. Un consensus se fait aussi sur l’ampleur que prendra la dissémination des robots
dans les environnements professionnels et personnels dans les années à venir, même si le rythme de
démarrage des marchés fait débat. On est donc aujourd’hui au démarrage d’une industrie de grande
ampleur, à couverture mondiale.
Nous présentons sur la figure suivante une projection des marchés de la robotique de service, vus
comme un ensemble, à partir de quelques estimations des marchés établies par des analystes
d’origines diverses (industrie, analystes de marchés, Erdyn).
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Ils mettent en évidence la grande incertitude qui existe aujourd’hui sur une estimation du marché
global de la robotique personnelle ; ils soulignent cependant tous la forte hausse du marché de la
robotique personnelle dans les années qui viennent. Dans la suite du document, dans les sections
dédiées aux trois marchés particuliers que l’étude a choisi de mettre en valeur, nous tenterons de
cadrer ces marchés par des données objectives sur lesquelles baser notre réflexion. Nous ne nous
hasarderons cependant pas à remettre en question ces chiffres en valeur absolue.
Le même constat est fait sur les analyses des marchés de la robotique de service professionnelle.
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
sont étoffées avec le temps. La valeur affective attribuée à certains de ces jouets en fait peut-
être les prémices des futurs robots compagnons.
• Le robot de défense, et notamment le drone, qu’il soit d’observation ou d’attaque, est
également un marché mature et en croissance. Il est largement porté par les opérations
extérieures menées par les pays de l’OTAN, et finance une grande partie de la recherche en
robotique autonome dans le monde. À titre d’illustration, l’IFR prévoit que la robotique de
défense continuera à porter en grande partie le marché de la robotique de service dans les
cinq années à venir.
D’autres apparaissent comme des pistes intéressantes à suivre, car potentiellement porteuses de
développements rapides sur des fonctionnalités ciblées, comme par exemple :
• Les robots de service en environnement industriel : les robots industriels sont largement
répandus dans les industries manufacturières. De facto le milieu industriel n’est plus à
évangéliser sur l’intérêt qu’il peut tirer de l’utilisation de robots dans ses processus. Les
premiers robots de service au sens de notre définition, implantés dans ces milieux, sont des
robots de logistique : robots de type « industriels », c’est-à-dire limités à une implantation
donnée dans un environnement sécurisé pour, par exemple, la composition de colis ; robots
de type « service », plus autonomes dans leurs déplacements, partageant l’espace avec les
opérateurs humains.
• Les robots agricoles, aujourd’hui majoritairement des trayeuses automatiques, sont en
développement. Aux États-Unis comme dans les grandes exploitations européennes, des
systèmes de guidage, voire de conduite automatique, aident à l’exploitation des grandes
surfaces (moissons par exemple). De plus en plus, des projets de robots sont expérimentés
sur des actions plus précises de cueillette, d’arrosage, etc. Ce segment pourrait être un axe
de développement important de la robotique de service.
Enfin, de nombreux projets de robots sont en phase de recherche et développement plus en amont.
Sur certains de ces segments se pose la question du bon niveau de maturité avant un démarrage
effectif de la commercialisation, ou tout du moins d’une expérimentation à grande échelle.
L’histoire des produits technologiques montre clairement que le modèle classique de
développement de nouvelles applications passe par la commercialisation de systèmes aux
fonctionnalités limitées, vendus éventuellement avec des marges faibles, permettant de tester les
fonctionnalités et performances, l’acceptabilité, bref d’ouvrir le marché d’une part, de mettre en
place l’outil industriel d’autre part. Des secteurs d’activité où de telles expérimentations
apparaissent aujourd’hui nécessaires pour faire naître des applications commercialement viables
sont par exemple :
• Les robots pour la surveillance : certaines expérimentations, comme celle des robots
« gardiens de prison » en Corée, permettront de définir des applications viables dans un
marché qui est aujourd’hui unitaire : chaque robot vendu l’est dans un but différent, avec
éventuellement des adaptations au produit lors de la vente ;
• Les robots pour l’assistance aux personnes en perte d’autonomie : les expérimentations en
vraie grandeur, sur des applications qui – dans ce secteur – doivent couvrir un champ de
besoins très diversifié, permettront de valider des concepts, des usages, voire des choix
technologiques. Ce secteur est plus détaillé dans le chapitre 2.
Source : Erdyn
Nous estimons que le potentiel de création d’emplois est de quelques milliers à un horizon de
cinq à dix ans, en emplois directs et indirects.
Valeur ajoutée
La valeur ajoutée ou pertinence de l’application est le cœur de l’acceptabilité des robots et de leur
réussite commerciale. La valeur apportée par un nouvel objet peut être de l’ordre du service rendu
au sens opérationnel du terme (le robot rend un service qui n’existait pas), de la performance (le
robot remplit mieux certaines fonctions d’un autre système ou un intervenant humain, ou avec
moins d’effort de la part de l’humain), de la valorisation de son utilisateur (forte motivation pour
certains produits grand public), etc. En tout état de cause, la valeur accordée au service rendu doit
être suffisante pour déclencher l’acte d’achat ou d’utilisation d’une nouvelle technologie.
La question de la valeur ajoutée est centrale dans la présente étude. Elle est la première question à
laquelle une nouvelle application robotique doit répondre pour passer du statut d’expérimentation à
celui de produit.
Éthique
L’éthique est une valeur essentielle pour l’acceptabilité d’une technologie, d’un produit ou d’un
service. Elle est cependant diversement considérée suivant la personne qui se pose la question : elle
questionne l’individu d’une part, la société d’autre part. Le chapitre 5 de ce document traite
spécifiquement de cette problématique.
Juridique
L’acceptabilité juridique pose deux questions :
• La question de la responsabilité, centrale pour les industriels, interroge sur les transferts de
responsabilité possibles de l’utilisateur vers le fabricant du robot, en raison de l’autonomie
dont dispose le dispositif, pouvant l’amener à prendre une décision portant préjudice à une
personne, notamment en cas de dysfonctionnement ;
• La question de la légalité éventuelle de certains dispositifs : certains types de robots, en
environnement professionnel comme domestique, peuvent poser des questions relatives aux
libertés individuelles (respect des données personnelles, du secret médical, etc.) par
exemple. D’autres cas de figure sont envisageables.
Industrialisation
La question de l’industrialisation des systèmes est posée pour le déploiement des dispositifs.
Notamment, si les start-up de la robotique sont capables de mettre au point des dispositifs
technologiques de laboratoire, voire des premiers déploiements en petite série, elles n’ont en
général ni les compétences, ni les ressources pour porter une démarche d’industrialisation de leurs
produits pour des déploiements en grande série. Ce verrou est central pour la réussite commerciale
des entreprises de la robotique.
Normes et standards
Pour certaines applications, la normalisation et la standardisation peuvent être des enjeux
importants : la normalisation s’intéresse aujourd’hui plus à la sécurité ; la standardisation
industrielle peut permettre de lever certains verrous liés par exemple à l’interopérabilité des
systèmes, qui peut être importante pour certains marchés professionnels et pour des systèmes
avancés, à terme, en environnement domestique.
l’internet des objets et aux normes IP v6 peuvent donc constituer un élément favorisant certaines
applications.
Évolutions démographiques
Les évolutions démographiques sont en soi un déterminant de la demande pour certains segments de
marchés. Éventuellement facteurs déclencheurs, le vieillissement de la population ou des baby-
booms accroissent l’importance de certains besoins, favorisant la rentabilité de nouveaux modèles
économiques ou d’applications innovantes.
Pénurie de main-d’œuvre
La pénurie de main-d’œuvre sera à terme problématique dans certaines populations vieillissantes,
comme au Japon par exemple. Cette pénurie est un facteur incitatif important pour la robotisation de
certaines tâches professionnelles.
Demande de sécurité
La demande de sécurité est une constante des sociétés occidentales, qui font par exemple que la
vidéosurveillance urbaine, longtemps décriée, semble maintenant acceptée largement.
Sociétaux Techniques
Economiques
Le marché domestique est essentiellement tiré par des déterminants de marché liés principalement
au coût des dispositifs par rapport aux services rendus. Certains verrous techniques peuvent encore
limiter l’évolution des robots ménagers ou ludiques, alors que le robot compagnon plus évolué n’est
aujourd’hui pas mûr techniquement et économiquement.
Figure 37 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots d’assistance aux
personnes en perte d’autonomie
Assistance
Acceptabilités
Sociétaux Techniques
Economiques
Les robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie font face à des verrous selon les quatre
dimensions, comme nous l’évoquons dans le § 7.2 :
• Acceptabilités : avec par exemple des considérations d’acceptabilité individuelle par les
personnes assistées, ou sociales par les corps professionnels de la santé ;
• Sociétaux : le marché lié à la dépendance est par exemple fortement corrélé au
vieillissement général de la population des pays du Nord ;
• Économiques : l’équation réconciliant le coût des systèmes et les modes possibles de
financement n’est pas résolue ;
• Techniques : les fonctionnalités avancées attendues pour certains systèmes n’ont pas encore
de solution technique.
Sociétaux Techniques
Economiques
Pour les robots de défense, le marché existe aujourd’hui bel et bien. Si les restrictions budgétaires
peuvent ralentir le déploiement des robots, les principaux déterminants sont technologiques.
Sociétaux Techniques
Economiques
Pour les robots de surveillance, dans un environnement civil notamment, et particulièrement sur les
sites ouverts, se posent essentiellement deux types de questions. Primo sur les solutions
technologiques permettant au robot de remplir une mission de surveillance : la détection de
mouvement à partir d’un système lui-même en mouvement est un problème technique ardu, par
exemple. Deuxio, sur des questions d’acceptabilité juridique : un robot peut-il intervenir de manière
autonome ? évoluer seul dans un espace ouvert (drones) ? manipuler ou collecter des données
personnelles ?
Sociétaux Techniques
Economiques
Le marché des robots agricoles se développera sur la base de coûts d’exploitation avantageux par
rapport aux pratiques qu’ils sont censés assister, et d’innovations technologiques pour réaliser les
gestes de l’agriculture.
Sociétaux Techniques
Economiques
Les services professionnels en logistique présentent des caractéristiques similaires aux marchés
agricoles du point de vue de ce graphe. Les considérations technologiques et économiques sont
prépondérantes sur ces marchés très techniques.
Ce dernier domaine est plus prospectif ; il n’existe pas à ce jour de produits robotiques en
exploitation. Le besoin est partiellement couvert par des solutions technologiques de base
(téléassistance via une ligne téléphonique) qui évoluent rapidement avec des produits plus
sophistiqués issus de la domotique. Le besoin est également couvert par l’intervention ponctuelle à
domicile via les organismes de service à la personne (visite journalière, aide aux repas ou aux
soins).
Ces systèmes d’assistance « intelligents » regroupent, au niveau objectif, entre autres, les fonctions
de téléassistance, d’assistance physique et d’assistance mentale.
8.1.2. Téléassistance
On trouve sur ce marché de nombreuses sociétés de téléassistance qui utilisent des systèmes d’appel
via une ligne téléphonique et qui sont actionnés par les usagers en cas de besoin. On peut citer
notamment les sociétés suivantes :
• Valore, service de téléassistance, service de convivialité et service internet ;
• Présence Verte : association nationale regroupant un ensemble d’associations locales.
Environ 30 M€ de chiffre d’affaires au niveau national ;
• AFRATA Association française de téléassistance ;
• GTS ; société privée de téléassistance
• Fillassistance : société de téléassistance, filiale de la CNP.
Ces services sont proposés via des abonnements avec installation du matériel et sont financés par
les usagers, le cas échéant avec une prise en charge partielle des collectivités territoriales
(département principalement). En 2011, le parc d’instruments de téléassistance ou de
télésurveillance installés est estimé à 400 000 en France, 1 000 000 au Royaume-Uni.
De nouveaux produits apparaissent sur le marché et viennent compléter l’offre technologique pour
ces sociétés de services :
• Vidéoassistance ;
• Montre alarme zigbee à domicile ;
• Montre alarme couplée avec GPS pour une utilisation en mobilité extérieure ;
• Montre bracelet de détection de chute ou capteur fixé sur le corps de la personne ;
• Modules complets intégrés dans un environnement domotique de surveillance des locaux
(détection de gaz, incendie, intrusion…).
Il est important de souligner que ces produits, technologiquement matures et disponibles depuis
cinq ans, commencent aujourd’hui seulement à trouver leurs marchés en France, car étant objets de
réticences de la part des personnes et de leur entourage.
Ces équipements peuvent être raccordés par une liaison internet haut-débit couplée le plus souvent
avec une liaison GSM, GPRS ou 3G pour sécuriser le lien de transmission, l’équipement pour
l’extérieur étant couplé uniquement à une liaison 3G.
Ces équipements sont également utilisés dans des EHPAD (Établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes) ou maisons de retraite médicalisées afin d’assister le personnel dans
le suivi et la surveillance des personnes dépendantes. Ces établissements peuvent être publics,
privés-associatifs ou privés-commerciaux.
Parmi les acteurs français : la société Intervox (rachetée récemment par le groupe Legrand), la
montre ZCare de Cléode, le produit Saverlife GPS, etc.
L’offre commerciale de service et technologie dans les différents pays européens est assez similaire
(avec une tendance plus technologique sur l’Europe du Nord) mais avec des différences importantes
en marché résultant : une pénétration forte en Scandinavie, au Royaume-Uni et en Irlande, une
croissance lente en France et Allemagne, un rattrapage aux Pays-Bas et Espagne, et des marchés
émergents au Portugal, Hongrie et Grèce. L’évolution de ces marchés est par ailleurs plus liée à
l’intervention publique qu’au PIB par habitant des ces différents pays. Ceci est confirmé par
l’attentisme constaté en France depuis l’annonce du report du plan gouvernemental sur la
dépendance.
Selon l’étude du cabinet Basic, en 2009, la pénétration moyenne des services de téléassistance en
Europe est présentée sur la figure ci-dessous avec une évolution importante, en 2015, de ce taux de
pénétration du fait de nouveaux services offerts et de l’augmentation régulière du nombre de
seniors, qui constituent l’essentiel du marché pour ce type d’assistance. Par contre ces évolutions
seront différentes suivant les services offerts (source étude Basic) avec notamment l’intégration
dans cette offre de services télémédecine.
Ces éléments nous conduisent à une estimation de taux de pénétration d’environ 0,1% en nombre
d’abonnés en 2010 pour une population d’environ 80 millions de seniors de plus de 65 ans en
Europe. Selon nous, la classe d’âge visée par ces équipements est plutôt les plus de 75 ans qui
représentent environ 45 à 50 % de la population totale de seniors citée auparavant. On obtient donc
un taux de pénétration d’environ 0,2 % en 2010 sur cette population. En 2015, il est estimé à
environ 2 % sur la population de plus de 75 ans, qui aura augmenté d’environ 45 millions de
personnes en Europe.
Nous n’avons pas de chiffres aussi précis sur ce marché au niveau mondial mais nous estimons qu’il
est assez équivalent, proportionnellement à leur population, pour des pays comme les États-Unis, le
Canada et le Japon qui ont des assurances de durée de vie et des taux de vieillissement de la
population assez proches des pays européens (quoiqu’un peu inférieurs pour les États-Unis). Ces
trois pays représentent environ 470 millions d’habitants avec une population concernée de 30 à 40
millions de plus de 75 ans. Cette estimation en nombre d’abonnés reste cependant à modérer suivant
le modèle familial de gestion des aînés de ces différents pays.
Ce segment de marché est en dehors de notre étude mais les chiffres présentés fournissent des
données de base pour étayer une part des 3 segments de marché présentés ensuite.
Parmi les équipements robotisés monotâches, on peut citer des produits commercialisés pour l’aide
au repas comme MySpoon de Secom au Japon, Bestic en Suède, Neater Eater et Windsford Feeder
de Patterson Medical au Royaume-Uni. Ces produits sont commercialisés depuis environ 10 ans
pour un coût moyen de 3 000 à 5 000 € suivant les produits.
On peut également citer des fauteuils roulants tels que la wHing de DRK, groupe Segula, a
développés en collaboration avec l’AFM (Association Française contre les Myopathies) pour les
grandes dépendances. L’architecture électrique de ce fauteuil électrique permet d’intégrer des aides
à la mobilité et des compensations des membres supérieures.
Des stations robotisées d’assistance (multitâches) ont été développées dans les années 1990-2000
(AF Master du CEA, PROVAR de l’Université de Stanford) mais ce concept ne semble plus faire
l’objet de projets majeurs ou de développements industriels.
Les autres systèmes font l’objet de nombreux programmes de recherche en Europe, aux États-Unis
et en Asie et un certain nombre de prototypes existent. On peut citer entre autres :
• Le HAL (Hybrid Assistive Lymb) de Cyberdyne (Japon). Cette combinaison robotique
utilise des capteurs placés sur la peau pour détecter les différents mouvements des membres
du corps et ainsi multiplier la force de 2 à 10 fois. Alimenté par une batterie d’une
autonomie de 2h30 à 5h, cet équipement se vendrait environ 4 200 $. Il est fabriqué en petite
série et loué à des maisons de repos.
• Le robot Mobiro d’aide à la mobilité de Toyota a été conçu pour les personnes à mobilité
réduite. Il est capable d’atteindre une vitesse de 6 km/h avec une autonomie de 20 km. L’un
de ses avantages est de pouvoir circuler sur des surfaces y compris avec des obstacles sans
que la position du passager n’en soit affectée.
• Des prototypes de fauteuils roulants intelligents avec une navigation semi-autonome (projet
européen SYSIASS, le Labs Autonomos à Berlin, le LASC à Metz…).
• Le déambulateur motorisé et intelligent développé actuellement conjointement par Robosoft
et l’ISIR (Institut des systèmes intelligents et Robotique) en France dans le cadre du projet
MIRAS cofinancé par l’ANR et la CNSA.
• La prothèse de bras « intelligente » (contrôlée par les nerfs du patient suite à une délicate
opération chirurgicale), développée par Otto Bock Healthcare Product GmbH en
collaboration avec l’AKH (hôpital central de Vienne) et l’université de médecine de
Vienne.
• Des travaux importants sont actuellement réalisés aux États-Unis sur les prothèses
robotisées, notamment pour des anciens combattants blessés gravement dans des conflits
récents.
• Des travaux de recherche sur des orthèses de bras et de main qui pourraient apporter une
assistance à une personne handicapée et être utilisées également en rééducation
fonctionnelle (Armin de l’école polytechnique de Zurich, le projet ANR BRAHMA
regroupant CEA, ISIR, LNP…)
• L’exosquelette des membres inférieurs Hercules développé par la PME française RB3D en
collaboration avec le CEA List et la DGA. Ce système permet à un homme de transporter
une masse importante sur son dos à 4 km/h avec une autonomie de 4 à 5 heures.
L’application est en premier lieu militaire mais pourrait être utilisée également par des
patients handicapés et des ouvriers ayant des charges lourdes à déplacer (commercialisation
en 2014-2015 au prix de 20 000 €).
Source : RB3D
Concernant les exosquelettes, on peut distinguer les exosquelettes endogènes qui sont contrôlés
pratiquement en interne par la personne (capteurs sur peaux, voire capteurs reliés directement à des
nerfs) des exosquelettes exogènes, contrôlés par des capteurs d’efforts recueillis lors des
mouvements de la personne. Les premiers (exosquelettes endogènes) sont en fait très proches de la
prothèse.
On peut citer également des bras robotisés développés spécifiquement pour la collaboration avec
une personne (vitesse et couple limités et sécurisés) qui peuvent être utilisés en station fixe ou
embarqués sur un fauteuil intelligent ou un robot mobile (cf. système d’assistance intelligent ci-
dessous). Couplés à des équipements de perception visuelle, ils peuvent réaliser des mouvements
semi-autonomes :
• Le bras JACO de Kinova commercialisé au prix d’environ 25 à 30 k€
• Le bras Manus d’Exact Dynamics, remplacé à terme par le bras I-ARM plus léger (510 kg,
25 k€)
Ces équipements dédiés à la mobilité ou la manipulation dans la vie courante ont pour objectif
d’être utilisés dans tous types d’environnement de vie.
Également dans ce domaine, des systèmes robotiques dédiés au transport ou à l’aide au déplacement
de personnes comme les robots RI-MAN et RIBA au Japon seront réservés à un usage en milieu
hospitalier pour assister le personnel soignant.
Tous ces systèmes sont en cours d’expérimentation. Les produits futurs se positionnent sur un
marché de petites séries, d’un coût assez élevé (de 10 k€ à quelques dizaines de k€), relativement lié
au marché médical. Il devra être soutenu, par exemple pour la France, par les assurances et
mutuelles dans le traitement des handicaps suite à accident et par des sources de financement à
trouver dans le traitement des personnes âgées afin de l’ouvrir aux personnes aux ressources
limitées.
8.1.4. La rééducation
La rééducation des patients atteints d’hémiplégie spastique (paralysie d’un côté du corps) est très
délicate. Les causes de ces paralysies sont multiples : hémorragie cérébrale ou accident vasculaire
cérébral (AVC), traumatisme, tumeur ou sclérose en plaques. Le cerveau peut être rééduqué et un
certain degré de récupération fonctionnelle peut être obtenu grâce à une rééducation suivant des
mouvements élaborés qui nécessite des exercices guidés par un kinésithérapeute de manière très
précise et cela plusieurs fois par jour avec des exercices de 30 à 45 mn.
L’intérêt d’utiliser un système robotisé pour guider le patient dans cette rééducation est manifeste
pour augmenter le nombre de séances, cette répétitivité étant un facteur important du taux de
réussite de cette rééducation. Les premières réalisations étaient des systèmes de laboratoire réalisés
à partir de petit robots industriels. Des produits spécifiques sont maintenant disponibles :
Il existe également des systèmes basés sur des manipulateurs à câbles et des systèmes bimanuels
ainsi que des équipements pour la rééducation de la main (Rutgers Master II Glove).
Des travaux de recherche importants sont menés pour améliorer ces équipements et élargir leurs
domaines d’application. Les projets et développements sur les orthèses et exosquelettes présentés
dans le chapitre précédent sont également une solution bien adaptée à ce besoin (BRAHMA,
ARMIN…).
Les robots pour l’entraînement des sportifs ne sont pas abordés dans cette étude mais la chaîne de
valeur du sport représente un potentiel important de croissance avec des travaux de développement
notamment aux États-Unis. Ce type d’équipement, à des prix plus serrés, pourrait être également en
utilisation dans le futur pour répondre à des besoins de rééducation plus conventionnelle.
Ces systèmes seront connectés dans la majorité des cas à des plates-formes distantes de
téléassistance (plateau médicalisé) ou de télémédecine. Ils ont des fonctionnalités multitâches et
pourront remplacer à terme des fonctions d’assistance et d’entretien physique et cognitif « fixe »
(via des box, télévisions, caméras et autres outils domotiques spécifiques). De par leur mobilité, ils
pourront offrir de réels et multiples services à des personnes dépendantes sans une multiplication de
systèmes et capteurs à installer dans le lieu de vie. Ils pourront également être associés à ces
fonctions « fixes » en cas de besoin complexe d’assistance.
De multiples projets sont en cours de développement en Europe, en Asie et aux États-Unis. Ils se
présentent pour l’instant sous forme de plates-formes mobiles plus ou moins ergonomiques et sont
commercialisés comme des plates-formes de développement, utilisées par les sociétés et
laboratoires partenaires pour des développements de fonctionnalités de navigation autonome,
d’interaction homme-robot (parole, son, reconnaissance et expression d’émotion...) et d’applications
de services futurs d’aide à la personne (actimétrie, interface avec plateaux médicalisés, stimulation
cognitive…). Elles sont également utilisées pour des expérimentations réelles avec des personnes
dépendantes pour les projets les plus avancés.
On peut citer entre autres :
• Le Kompaï de Robosoft utilisé sur différents projets en France et en Europe (Robodomo,
Romadom, Pramad, Armen…) ;
• La plate-forme robotisée du projet ANSO du CEA qui expérimente des applications
intégrant un bras robotisé. ;
• La plate-forme robotisée Pearl aux États-Unis ;
• La plate-forme robotisée Care-O bot de l’institut de Fraunhofer en Allemagne, équipée
également d’un bras ;
• La plate-forme Jazz de Gostai, plus dédiée actuellement à des applications de surveillance et
de téléprésence, et qui pourrait évoluer vers des applications complémentaires plus dédiées
aux personnes dépendantes ;
• La plate-forme AVA d’iRobot qui sera commercialisée début 2012 vers de nombreux
laboratoires aux États-Unis qui travaillent sur ces applications ;
• Le robot humanoïde Nao d’Aldebaran qui est une réussite commerciale (1 500 robots
vendus) et qui contribue à de nombreux travaux de recherche sur la robotique humanoïde et
ses interactions avec la personne ;
• Son grand frère ROMEO (1,30 m) en cours de développement qui préfigure de futurs robots
humanoïdes domestiques d’assistance à la personne ;
• Le robot humanoïde Twendy One (Japon) qui mesure 1,47 m et pèse 110 kg développé par
l’université de Waseda (pas de commercialisation envisagée à ce stade, son coût serait de
l’ordre de 2 M€).
Dans ce segment « système robotique intelligent », nous avons sciemment omis de traiter des robots
compagnons (robot de compagnie) monotâches (ou du moins réservés à un nombre de tâches
limitées d’interaction avec la personne) tels que Taizo : un petit robot coach pour personnes âgées,
Paro : un bébé phoque très expressif à finalité thérapeutique expérimenté au Japon, le chat NeCoRo,
le robot Kaspar expérimenté auprès d’enfants autistes et différents petits robots dotés d’un certain
nombre de fonctions d’interaction avec une personne afin d’assurer un lien social et cognitif.
Ces robots sont en fait quasiment des robots personnels dont le marché est par ailleurs analysé dans
le segment « compagnon domestique ». Un croisement avec les besoins et utilisations
thérapeutiques sera à traiter dans ce cadre.
Concernant les personnes âgées dépendantes, les évolutions démographiques des personnes de
plus de 75 ans sont importantes et assez similaires en Europe, en Amérique du Nord et par exemple
au Japon ou en Corée. Par contre les besoins peuvent être très différents suivant le modèle familial
et les moyens disponibles (aides financières des organismes étatiques et des collectivités,
associations et sociétés privées d’aide à la personne…) :
• Dans les pays scandinaves et les Pays-Bas, la prise en charge de la dépendance est très
professionnalisée avec peu de personnes âgées vivant chez leurs enfants.
• Dans l’Europe du Sud, la prise en charge familiale est le cas général avec des aides sociales
associées (très peu de prise en charge formelle en établissement ou à domicile).
• Le Japon a des caractéristiques assez proches de celles des pays d’Europe du Sud.
• En Allemagne et en France, le contexte de prise en charge est dans une situation
intermédiaire, par contre les stratégies d’aide sont différents : gestion du 5ème risque par la
sécurité sociale en Allemagne et aides sociales du type de celles des pays du Sud en France.
En France, par exemple, les financements disponibles sont l’APA (Allocation Personnalisée
d’Autonomie), des petites aides des collectivités locales et la personne elle-même.
• Les États-Unis présentent les différentes stratégies des pays européens, suivants les États,
mais avec des aides sociales nettement plus faibles qu’en Europe et basées sur des
assurances privées auxquelles a accès une partie seulement de la population.
Les capacités à financer des aides techniques au sein de ces différents pays seront donc très
variables suivant les organismes apportant des aides. Leur développement dans chaque pays sera
d’autant plus envisageable que les moyens financiers seront centralisés par des organismes à même
d’évaluer le retour sur investissement d’aides techniques aux aidants par rapport au coût de l’aide
humaine totale ou du placement en institution (calcul économique complet).
Concernant les personnes de tout âge en handicap physique, le contexte sociétal est différent,
avec une prise en charge plus généralisée par les familles dans les différents pays. Par contre, les
solutions mises en place pour lutter contres les discriminations dans la vie courante (transport, lieux
publics, etc. ) sont très variables, et sont plus avancées dans les pays d’Europe du Nord. Les
modalités de prise en charge financière institutionnelles varient également et font l’objet de
nombreuses études. Il ressort cependant que les modalités des pays nordiques facilitent notamment
la mise en place des aides techniques aussi bien au niveau acquisition que formation et assistance à
la personne pour les utiliser. Ce dernier point s’applique bien entendu à l’implantation du système
d’assistance robotique qui semble plus aisée dans ces pays 9.
Les objectifs affichés de ces types de robot sont d’améliorer la qualité de vie des personnes peu ou
pas autonomes en leur offrant la possibilité de vivre le plus indépendamment possible malgré leur
handicap. Par exemple, malgré le coût potentiellement élevé des prothèses, l’apparition de tels
équipements opérationnels permettrait de redonner une vie sociale et professionnelle à des
personnes, induisant un bénéfice sociétal, voire économique, important.
De même, en leur permettant de rester chez elles, en les aidant dans les tâches quotidiennes, en leur
faisant prendre leurs médicaments et en servant de lien avec les soignants, le robot d’assistance à
domicile, en lien avec un réseau d’assistance, pourrait permettre de retarder le départ en institution
des personnes dépendantes. Le maintien à domicile est dans la mesure du possible toujours
préférable : les départs en maison de retraite sont souvent suivis d’un traumatisme causant une perte
de capacités physiques et intellectuelles si ce départ n’est pas un choix délibéré de la personne.
Ce même robot utilisé dans des institutions, permettrait de soulager le personnel soignant ou
accompagnant de nombreuses tâches répétitives et parfois ingrates, et pourrait apporter à la
personne aidée une plus grande autonomie d’action.
Pour les personnes affectées d’un handicap physique permanent, les robots peuvent avoir des
impacts importants sur la qualité de vie des personnes. Un enjeu essentiel est alors de ne pas
considérer le robot comme un palliatif à la présence humaine, mais comme un outil
complémentaire, au risque de créer un phénomène de désocialisation des personnes aidées et de
rejet de la part des réseaux d’aide qui pourraient le mettre en place.
De manière générale, que ce soit pour les personnes âgées ou les personnes de tout âge en handicap
physique ou sensoriel, des études sur l’acceptabilité de ces systèmes auprès de différents
échantillons ont montré des réactions très différentes et partagées (1/3 très intéressé, 1/3 en refus
complet et 1/3 « demandant à voir ») sans qu’il soit possible de dégager de manière claire des
classes et profils de personnes à sélectionner. L’exploitation de tels systèmes nécessite donc
systématiquement des formations et essais avec les personnes concernées afin de sélectionner les
patients et éviter des erreurs d’attribution.
Il ressort également que le système robotisé d’assistance peut être apprécié du fait qu’il limite la
dépendance vis-à-vis d’un être humain. Cette dépendance étant souvent perçue comme
humiliante pour la personne (ce qui n’est pas le cas vis-à-vis d’une « machine »).
Les parties prenantes sur ces deux segments de marchés sont relativement nombreuses suivant les
modalités d’exploitation et le contenu final des services offerts pas les équipements :
9
Constat tiré notamment de la réussite du projet européen MANUS dans les pays nordique et échec en France selon l’AFM.
10
EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.
• Fabricant du produit ;
• Fournisseurs de services web associés ;
• Fournisseurs d’application logicielle complémentaire (éducation, jeux, travaux cognitifs…) ;
• Provider de connexion internet ;
• Société de téléassistance (en lien avec services médicaux) mais nécessité d’être associée à
une visite régulière si non assurée par la famille ;
• Tout organisme d’aide et de cofinancement (association, commune, département ou région) ;
• Société de maintenance/entretien et support à domicile ;
• Hôpital, Clinique, EHPAD - praticien et aide-soignant, ingénieur hospitalier (utilisation en
interne) ;
• Service médical à distance (sans société de service intermédiaire) ;
• Financeurs : Société d’assurances, CNSA/APA, collectivités territoriales, CPAM 12 ;
• Praticien orthopédique, kinésithérapeute, ergothérapeute ;
• Gérontologue…
Les « patients utilisateurs » (acceptabilité) et les « financeurs » sont les acteurs prépondérants pour
permettre le développement de ces marchés mais tous les organismes en charge de la mise en place,
de l’exploitation et du support sont critiques également dans le développement et la valorisation des
ces équipements suivant le mode d’exploitation retenue.
Motivation :
• Maintien à domicile pour éviter des coûts en établissement importants ;
• Favoriser le maintien de la vie de la personne dans son environnement antérieur (si
souhaité) ;
• Aider dans les établissements le personnel qui est en sous-effectif chronique (contact, guide,
assistance à la mobilité… ) ;
• Réduction de la dépendance de l’aidé vis-à-vis de l’aidant (humain) ;
• Préinstallation réduite voire nulle dans les locaux d’utilisation, permettant une utilisation
temporaire ou prolongée et le changement de lieu de vie si besoin sans coût induit.
11
SAV : Service Après-Vente.
12
CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie.
Prérequis :
• Valeurs ajoutées réelles vis-à-vis du service rendu ;
• Prix abordable avec les services associés ;
• Réflexion profonde sur les modes de financement de ces services technologiques et mise en
place d’aide pour les faibles revenus ;
• Marché d’état ou de région pour le démarrage du marché ;
• Système robuste et fiable, sans danger pour la personne (risque sur mobilité) ;
• Acceptabilité par la personne. Ce point peut justifier plusieurs approches d’offre robot
(Physionomie et interface) et de services afin de s’adapter aux différentes possibilités
d’acceptabilité des personnes concernées ;
• Sécurisation des liens de communication et des moyens de détection, notamment sur l’aspect
surveillance de personne afin de lever au maximum les risques juridiques liés à des
dysfonctionnements de la chaîne globale de service dans des phases critiques de chute,
malaise, etc. du patient.
Les principaux déterminants qui motivent de pousser les développements et qui pourraient en
freiner le développement sont repris dans le tableau suivant :
Motivation :
• Maintien à domicile pour éviter des coûts en établissement importants ;
• Favoriser une vie la plus normale possible de la personne dans son environnement intérieur
et extérieur sans une assistance humaine (besoin d’indépendance et de valorisation) ;
• Réduction de la dépendance de l’aidé vis-à-vis de l’aidant (humain) ;
• Réduire les coûts importants d’assistance humaine « privée » et/ou réduire l’impact sur les
aidants (famille, amis…).
Prérequis :
• Valeurs ajoutées réelles vis-à-vis du service rendu ;
• Prix abordable avec les services associés ;
• Réflexion profonde sur les modes de financement de ces offres technologiques et mise en
place d’aide pour les faibles revenus ;
• Marché d’État ou de région pour le démarrage du marché ;
• Système robuste et fiable, sans danger pour la personne (risque sur mobilité) ;
• Acceptabilité et utilisabilité par la personne.
Les principaux déterminants qui motivent de pousser les développements et qui pourraient en
freiner le développement sont repris dans le tableau suivant :
Les développements actuels sont encore assez éloignés du produit idéal exploitable sur un patient
dans le cadre de sa vie courante. Ils nécessiteront des phases d’adaptation et d’apprentissage.
Suivant le système, ils pourraient être associés à du personnel de support assez classique (infirmier
et technicien) pour des orthèses, déambulateurs et fauteuils roulants robotisés.
Le coût de ses équipements peut être estimé entre 20 à 30 k€ avec un coût annuel de support et
maintenance de 5 à 10% du coût d’acquisition (chiffres moyens constatés pour les équipements déjà
commercialisés).
Ces équipements seraient financés par les assurances dans le cas de handicap suite à traumatismes
(garantie multirisque- accident) et par la CPAM, les mutuelles et autres aides au handicap dans le
cas d’un handicap par maladie et vieillesse, avec sans doute une participation du patient.
L’exploitation de prothèses robotisées relèvera par contre d’un niveau de praticiens spécialistes et
d’un encadrement de support hautement spécialisé. Le coût de ces équipements sera nettement plus
important et ils nécessiteront de plus des interventions chirurgicales assez lourdes pour leur
implantation et un coût annuel de support et maintenance spécialisée (pas de données de coût estimé
à ce jour).
Ces équipements seraient financés par les assurances dans le cas de handicap suite à traumatismes
(garantie multirisque- accident). Le financement par la CPAM, les mutuelles et autres aides au
handicap dans le cas d’un handicap par maladie et vieillesse, sera sans doute plus difficile et
complexe à mettre en œuvre compte tenu des montants à engager.
Par ailleurs, ces équipements relèvent clairement de la catégorie des équipements médicaux pour
lesquels la procédure d’homologation – nécessaire à une prise en charge par l’assurance maladie en
France – peut s’avérer longue et onéreuse.
Les bras d’assistance de type Manus et Jacco sont des outils robotisés qui pourront être associés à
des fauteuils roulants robotisés, à des systèmes de rééducation et également intégrés dans des
« systèmes d’assistance intelligents ». Les perspectives de marchés sont donc intégrées dans ces
marchés respectifs. Elles peuvent être importantes si leur coût n’est pas prohibitif notamment dans
des « systèmes d’assistance intelligents ». Le coût de 25 000 € par exemple pour le robot Jacco sera
pénalisant pour un robot personnel (fauteuils roulants robotisés et « systèmes d’assistance
intelligents »), d’autant plus qu’il devrait être complété par des moyens de contrôle et
asservissement par vision afin de le rendre réellement opérationnel et utilisable par le patient.
Le chiffre d’affaires du marché technologique pour l’autonomie en 2010 en France est de 55 M€, en
progression de + 62 % par rapport à 2009 (données de l’ASIPAG 13). Ce chiffre intègre toutes les
technologies confondues, de la simple téléassistance aux équipements de compensation plus ou
moins évolués et les besoins applicatifs relevant de la robotique ne représentent donc qu’une part
potentielle relevant de solutions robotiques.
Une étude de la DREES (n° 439 - novembre 2005) donne de manière détaillée des données sur le
nombre de personnes handicapées en fonction de leurs handicaps, classés sur la base de 9 actes
essentiels de l’existence dans 6 domaines de la vie quotidienne : la toilette, l’habillement,
l’alimentation, l’hygiène, les transferts et les déplacements. On peut en déduire les éléments
suivants :
• 24 000 personnes sont lourdement handicapés avec 5 domaines incapacitaires sur les 6 ;
• 37 000 personnes avec 4 domaines incapacitaires sur les 6 ;
• 61 000 personnes ont des incapacités dans au moins 3 domaines
Ces chiffres nous donnent une estimation des marchés en système d’assistance robotique de 30 à
50 000 équipements rien que pour la France avec un taux de renouvellement de 5 à 10 ans (toute
technologie et handicap confondus, membres supérieurs ou inférieurs).
13
ASIPAG : Association Solutions Innovantes Pour l'Autonomie et Gérontechnologies.
8.8.2. Rééducation
Inventaires des coûts :
• Coût des équipements : amortissement sur 5 ou 10 ans
• Coût d’exploitation (support, SAV, maintenance évolutive)
L’exploitation des équipements robotisés semble réservée à des services spécialisés de médecine et
réadaptation thérapeutique en hôpital, de par leur coût d’acquisition et le niveau de formation
nécessaire à leur exploitation. Le marché est donc limité à des petites séries et se rapproche plus en
valeur des équipements médicaux, et soumis à des réglementations et normes de ces équipements.
La société Hocoma a réalisé un chiffre d’affaire de 21 M€ en 2010 avec ses quatre produits, qu’elle
distribue au niveau mondial (30 partenaires distributeurs et filiales aux États-Unis et Singapour). La
société InMotion (États-Unis) semble avoir une activité un peu moins forte sur le domaine. D’autres
sociétés ont une activité partielle sur ce domaine (technologie par câbles et autres). Sur ces bases,
on peut estimer le marché mondial actuel à environ 40 M€ avec un potentiel de croissance
important compte tenu des besoins estimés en traitement de ce type.
Pour exemple en Europe, les cas d’AVC sont évalués à cinq pour mille habitants, nécessitant à
80 % une thérapie de rééducation lourde de ce type, ce qui représente environ 2 millions de
personnes qui nécessiteront une thérapie durant leur vie, soit environ 25 000 traitements par an en
Europe.
Financeurs :
• Personne elle-même ou aidant
• Assureur (assurance suite traumatisme accidentel, prévoyance, 5e risque, dépendance)
• CPAM : uniquement sur la part suivi médical de maladie chronique, sous réserve que la
télémédecine soit remboursée (évolution en cours) en tant qu'acte (médical, infirmier,
orthophoniste, kiné), l’intervention du psychologue n'est pas prise en charge en tant qu'acte
médical.
• Collectivités locales
• APA14 avec le robot en tant que complément à l'auxiliaire de vie
14
APA : Allocation Personnalisée d’Autonomie.
• Association (APCH15... )
• EHPAD (dans les cas d’exploitation en EHPAD)
• PCH16 vers moins de 60 ans (2 % des cas concernés au maximum)
L’objectif est une utilisation multiplates-formes (téléassistance, télémédecine, Internet pour la vie
sociale, le ludique…).
Dans sa version multifonctions, c’est un produit professionnel, il doit être associé à un plateau
médicalisé de téléassistance ou à un plateau hospitalier. L’intérêt du système dans son usage à
domicile est limité s’il est uniquement connecté à un aidant (famille, proche… ). Par contre,
l’utilisation en EHPAD peut être entièrement interne à l’établissement avec une simple connexion
vers l’extérieur pour la vie sociale (Internet et « skype » avec la famille et les amis). Les coûts
d’exploitation sont a priori pris en charge par les services généraux des établissements après
formation hormis le service après-vente et le support technique qui restent externalisés.
COVEA estime que cela peut représenter 150 à 200 personnes par an en utilisation temporaire ou
permanente suite à un retour au domicile après traumatisme grave (donc tout type de population du
jeune au senior) qui seraient financées par l’assurance.
Le cas de financement le plus critique est l’exploitation en assistance à la personne âgée dépendante
à domicile car les seuls financements majeurs envisageables à ce jour sont la personne elle-même,
les collectivités locales et l’APA. On peut imaginer des contrats d’abonnement au service avec
fourniture du robot suivant un modèle identique aux FAI mais en ajoutant une contrainte forte sur la
disponibilité, la sécurité, la confidentialité et le support.
Un abonnement type présence verte coûte 30 € par mois et une liaison FAI internet 20/30€.
Il faudrait alors viser un coût du service à 150/200 € par mois (voire plus si on offre des services de
vie sociale réelle et que la personne peut les financer). Ce budget doit permettre d’amortir le robot
sur 5 ans : le prix du robot devrait être inférieur à 5 000 € pour tenir cet objectif.
Un scénario d’exploitation commerciale directe vers l’utilisateur semble d’intérêt plus limité et d’un
coût trop important pour le patient/utilisateur moyen. Il n’est pas pris en compte dans notre analyse
car il ne représentera qu’une part faible du marché (personnes aisées et technophiles).
L’étude de la société Basic sur la téléassistance nous montre un nombre d’abonnés de service de
téléassistance en Europe évalué en 2010 à 100 000 abonnés et estimé à 800 000 voire 1 million
d’abonnés en 2015, en Europe. Ces chiffres nous semblent sous-évalués mais représentent déjà un
potentiel important de marché pour la robotique d’assistance à la personne si l’on prend un taux de
pénétration de 20 % en nombre d’abonnés avec des systèmes apportant une valeur ajoutée
nettement supérieure. Soit un marché potentiel en 2015 de 200 000 abonnés en Europe.
Les estimations de l’évolution démographique mondiale donnent par ailleurs une augmentation de
50 % de la population seniors en 2030 et un doublement en 2050, ce qui donne un potentiel de
croissance de ce marché d’ici le milieu du siècle.
15
APCH : Association Point Carré Handicap.
16
PCH : Prestation de Compensation du Handicap.
Ces chiffres sont pratiquement doublés si on ajoute les marchés du Japon, États-Unis et Canada et
quelques autres pays ayant des courbes démographiques et taux de natalités proches de l’Europe.
8.4.4. Projections
Le tableau ci-dessous présente une synthèse des différentes applications présentées dans les
chapitres précédents :
Ce classement est plus lié au potentiel de disponibilité à un stade opérationnel qu’à un classement
optimum par usage suivant les pathologies concernées.
En 2005, une étude d’Alcimed sur les technologies pour la santé citait à horizon 5-10 ans la création
d’une demande sur la robotique d’assistance à la personne en France avec l’influence de
l’international. Force est de constater que, si le postulat de base reste vrai, l’horizon de
développement en France, comme dans beaucoup d’autres pays, reste à 5-10 ans, voire plus pour
des applications à forte valeur ajoutée.
Notre estimation – raisonnable – évalue entre 1 et 2,5 Mds€ le marché mondial des systèmes
robotiques d’assistance à l’autonomie à l’horizon 2020. Sur cette valeur, on évalue à 30 % la part de
l’Europe sur ce marché. L’évaluation tient compte d’une augmentation du nombre de produits
vendus et d’une diminution en parallèle du prix de vente unitaire des robots (assistance « lourde » et
robot compagnon).
Notre évaluation fait également apparaître une proportion de 2/3 pour les robots compagnons (à bas
coût) et de 1/3 pour les robots d’assistance « lourds » : fauteuils équipés, orthèses, robots
d’assistance en environnement professionnel.
Figure 50 : Évaluation du marché des robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie
– hors rééducation – à horizon 2018 (hypothèses haute et basse, en M€)
3 000
€
s
n
o
liil 2 500
M
2 000
1 500
1 000
500
‐
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Distinctions géographiques
Les distinctions géographiques au niveau développement sont très variables suivant les sous-
segments considérés et on été traitées dans les chapitres précédents.
• Pour la croissance du marché, les principaux facteurs distinctifs au niveau géographique
seront l’évolution de l’acceptabilité par les populations (favorable en Asie) ;
• Les capacités de prises en charge financière (plus favorables en Europe compte tenu de
l’historique des aides sociales) ;
• Les capacités à mettre en œuvre les services associés (égales a priori).
Les faiblesses de la France sont, d’une part, le manque d’industriels sur le segment : aucun sur les
robots de rééducation, peu sur les systèmes d’assistance physique et limité à des petites entreprises
sur le segment novateur des systèmes d’assistance intelligents ; ces PME ne disposant pas des
moyens d’industrialisation nécessaires au développement du marché. D’autre part, l’écosystème
français voit se développer très peu d’expérimentations en vraie grandeur, qui permettraient de
valider des applications, éventuellement avec des fonctionnalités limitées, fournissant aux
industriels l’occasion de déployer des systèmes, de travailler sur l’industrialisation et de baser leurs
développements sur de réels retours de terrain, en même temps que favorisant la visibilité
internationale des acteurs.
8.4.6. Conclusions
Sans vouloir revenir sur les différentes applications et leur potentiel de marché présentés dans les
chapitres antérieurs, on peut noter qu’il est important de discerner :
• les applications destinées aux personnes handicapées et aux thérapeutes de la rééducation
qui adressent un marché de taille moyenne, avec des petites séries de fabrications,
• les applications destinées aux personnes âgées qui pourraient adresser à terme un marché de
masse nettement, compte tenu des évolutions démographiques, sous réserve
d’investissement industriel important (justifié par la taille du marché) afin d’obtenir des prix
de série faibles et donc des coûts de série accessibles au plus grand nombre.
futurs produits et d’assurer le retour d’expérience et l’amélioration des systèmes sans impliquer le
grand public dans un premier temps.
Il est également important de souligner que le développement des ces marchés ne se fera que dans
un environnement important de services associés (centre de téléassistance, distributeur formation,
maintenance… ).
Dix ans après les premiers prototypes proposés par Electrolux et Dyson, qui ont ouvert la voie aux
séries Roomba d’iRobot (leader du marché), seuls quelques robots peuvent afficher une
maturité technique suffisante pour convenir à un marché. Les applications disponibles se
restreignent toutes à du travail dans un plan et il n’existe pas de robot commercial capable de
manœuvrer dans les trois dimensions de l’espace de manière efficace. Les fonctions proposées par
les robots domestiques actuels s’inscrivent plus volontiers dans la continuité de l’amélioration
continue des solutions déjà présentes et le renouveau des usages.
• Les aspirateurs ont été les premiers robots domestiques proposés au grand public : c’est
pourquoi ce sont aujourd’hui les produits les plus vendus. Si en 2005 par exemple les ventes
annuelles de robots aspirateurs en France s’élevaient à un millier, ce sont 31 000 robots en
2009 puis 100 000 en 2010 qui se sont vendus. Des grandes surfaces spécialisées peuvent
compter jusqu’à 40 références de robots aspirateurs différents dans leur catalogues. Ces
produits se sont rapidement intégrés dans la chaîne d’évolution des aspirateurs traditionnels
dont le renouveau a notamment été initié par les machines sans sacs. Ils viennent en
complément des produits traditionnels plutôt qu’en remplacement.
• Les tondeuses à gazon représentent la seconde application la plus répandue au sein des
robots domestiques selon les statistiques de l’IFR. De la même façon que les aspirateurs, ils
s’insèrent dans un continuum d’évolution des outils d’entretien des pelouses comme la
tondeuse avec sac, puis après eux, les tondeuses tracteurs sur lesquels il est possible de
monter. Initiés par Electrolux, les systèmes automatisés sont aujourd’hui bien diffusés.
• Les nettoyeurs de piscine reprennent les mêmes caractéristiques que les robots aspirateurs.
Leur développement est plus récent, mais au-delà de leur caractère étanche pour pouvoir être
immergés, ils sont de plus simple conception du fait de la nature de l’aire à traiter (le plus
souvent rectangulaire, sans obstacles).
• Les dernières nouveautés sont les laveurs de carrelage, utilisant des brosses munies de
lingettes humides, et le robot balai capable d’attraper la poussière, les poils et les cheveux.
Il n’y a actuellement pas assez de recul pour apprécier leur niveau de diffusion.
Pour cette catégorie de produits, la dénomination de robotique est parfois utilisée de manière
légèrement abusive, dans un but de valorisation marketing. On trouvera ainsi souvent cette
appellation pour des applications telles que des engins purement télécommandables par exemple,
qui n’entrent pas dans le périmètre de l’étude.
Le robot de compagnie peut interagir avec l’utilisateur : les solutions les plus simples recueillent,
analysent et traitent les informations exprimées (par exemple les centres d’intérêt, expression de la
faim… ) ; les plus complexes pourraient à terme capter le non exprimé (émotions). L’objectif est de
pouvoir amener une réponse pertinente en réaction à ces données. Ce type de dispositif peut par
exemple :
• assurer une présence artificielle rassurante pour les personnes fragiles telles que les
personnes âgées ou les enfants par exemple ;
• amener des informations, rendre des services au quotidien ;
• remplacer à terme, ou compléter la console de jeux avec des possibilités d’action physique,
de projection d’image et d’autres modes d’interaction ludique.
La téléprésence est souvent assurée par des plates-formes mobiles équipées de caméra, micro et
éventuellement d’écran de retransmission. Ces dernières peuvent ensuite être utilisées pour assurer
le lien entre les personnes comme c’est déjà le cas avec les systèmes de visioconférence, ou pour la
surveillance des domiciles, activité qui est traitée dans le chapitre suivant.
Les plates-formes de programmation se multiplient et constituent une première étape dans la
démocratisation de la programmation robotique. Elle permet au grand public et aux étudiants de
débuter le développement d’algorithmes et d’applications propres. Pour les moins complexes, on
parle de produits comme les Lego Mindstorm, et pour les plus complexes, se basant sur différents
environnements comme Windows Robotics Studio, on assiste aujourd’hui à l’éclosion d’une offre
avec des systèmes comme PC BOT.
Enfin, les jouets sont les systèmes les moins évolués. Ils possèdent quelques capteurs leur
permettant une adaptation sommaire à leur environnement et sont parfois rustiquement
paramétrables. On parle alors de produits comme le Robosapiens de WooWee. Des acteurs du jeu
vidéo, s’intéressent à de nouveaux concepts robotiques ludiques.
marginalement compensé par un investissement des hommes dans les tâches ménagères, les
solutions de substitution pourraient trouver là un facteur de développement :
électroménager, jouets éducatifs… ;
• l’augmentation du niveau d’éducation du public diminue les ressources humaines moins
qualifiées. On manque ainsi actuellement de personnes pouvant réaliser des tâches courantes
(aide à domicile… ) et de soin des personnes dépendantes (personnes âgées, malades… ). Le
second cas est traité dans le chapitre précédent, les tâches courantes pourraient quant à elles
être réalisées par des robots ;
• l’importance du « rang » social : dans la société consumériste où la valeur des hommes est
souvent liée à l’étendue de ses biens, le robot peut jouer un rôle important de faire-valoir de
la position sociale, comme le furent en leur temps la voiture, le réfrigérateur ou la
télévision ;
• enfin la diffusion large des nouvelles technologies (smartphones) facilitera l’acceptabilité
individuelle de nombres de dispositifs nouveaux, plus ou moins intrusifs, dans la vie
quotidienne des ménages…
À l’inverse deux tendances assez marquantes peuvent limiter la diffusion de nouveaux équipements
ménagers et de divertissement :
• l’augmentation de l’équipement qui suit difficilement la taille des logements : avec la
pression immobilière dans les villes, où vit plus de 75% de la population des pays
industrialisés (statistiques ONU), les logements auront bientôt peine à accueillir encore plus
d’équipements. Malgré leur forme compacte, les robots, notamment domestiques, peuvent
alors avoir du mal à s’adapter à des environnements où les équipements sont plus en plus
nombreux et éventuellement volumineux ;
• le vieillissement de la population, malgré une population vieillissante qui a été confrontée de
plus en plus tôt aux évolutions technologiques, induit un segment de population plus
difficile à convaincre et de fait moins consommateur de produits technologiques.
Enjeux
Au vu de ce contexte social, il est clair que des robots domestiques et les robots de divertissement
peuvent répondre à des enjeux importants tels que :
• compenser l’affaiblissement lié à l’âge ou aux handicaps pour les tâches de la vie
courante. La compensation du handicap a longuement été traitée précédemment. En
complément nous pouvons toutefois ajouter que les robots domestiques et compagnons
pourront se montrer très utiles dans l’accomplissement de tâches simples pour apporter une
autonomie supplémentaire à ce type de population ;
• réduire l’intervention humaine dans les tâches simples, répétitives et salissantes. Dans
un contexte social où les gens disposent de moins en moins de temps pour réaliser les tâches
courantes, les robots viendraient réaliser ces tâches en se substituant à eux. Les particuliers
aspirent leur logement environ 1h par semaine ;
• aider à la décision et à l’analyse. L’aide à la décision et à l’analyse consiste à fournir les
informations les plus pertinentes nécessaires pour répondre à des questions courantes. Si
initialement ce type de service peut être fourni par des systèmes informatiques, des
nouveaux produits robotiques reprenant ce type de rôle apparaissent. Ils sont encore
rudimentaires et consistent par exemple en la fourniture de prévisions météorologiques, de
cours de bourses ou l’acquisition et l’analyse de mouvements dans un local/bâtiment ;
• dans une moindre mesure, améliorer l’efficacité énergétique. Plusieurs études ont
comparé les consommations énergétiques des robots aspirateurs avec celle des aspirateurs
normaux. Les robots, fonctionnant généralement avec des moteurs plus petits et optimisant
leur temps et moment de passage, consomment pour l’instant moins d’énergie que leurs
homologues manuels pour des tâches comparables. À terme, cela pourrait répondre à un
enjeu majeur actuel sur la maîtrise de l’énergie.
Il est pour l’instant encore difficile de juger de la pertinence et de la valeur ajoutée des robots de
compagnie. Ils manquent en effet encore de maturité, même si de premières expériences telles que
Paro au Japon semblent montrer un effet de ces robots sur le bien-être des personnes.
Les robots domestiques répondent dans le principe à un besoin de gain de temps, mais pêchent
encore par leur efficacité discutable et leur rapport prix/service rendu trop élevé. Partis d’une base
non aboutie, les nouveaux produits commercialisés se concentrent encore beaucoup sur la
correction des défauts constatés des premières générations (nouveaux moteurs d’aspiration,
meilleure autonomie, meilleurs systèmes de coupe, algorithme de cheminement revu… ). Les
améliorations fonctionnelles sont donc minimes et concernent par exemple l’adjonction
d’équipements à faible valeur perçue tels que des caméras, des rayons UV pour « désinfecter » le
milieu avant/pendant l’aspiration ou le nettoyage, ou encore la reconnaissance vocale des ordres.
Pour illustration, les robots aspirateurs recueillent, selon des études américaines, un niveau
d’insatisfaction assez palpable quant à leur performance, qui n’empêche cependant pas aujourd’hui
la croissance forte du marché :
• aspire difficilement les moquettes et tapis ;
• ne détecte par les objets au sol ;
• ne peut aspirer les escaliers ;
• a une faible contenance de réservoir, ce qui peut réduire sa capacité d’aspiration ;
• a souvent une faible autonomie ;
• est incapable d’aspirer les meubles ou de les déplacer pour aspirer derrière/dessous ;
• ne peut servir efficacement d’aspiration d’appoint, pour aspirer efficacement à un point
précis par exemple) ;
• enfin, est lent et bruyant, ce qui peut représenter une nuisance aux utilisateurs ou pour ceux
qui sont obligés de subir le bruit (voisins, résidents le plus souvent si l’objet est programmé
pour fonctionner dans une maison où se trouve un retraité par exemple).
Pour les autres applications (laveur de carrelage, tondeuse robotisée… ) on peut aussi citer pour
exemple des défauts d’autonomie du système liés par exemple à :
• l’obligation de rajouter de l’eau chaude à différentes phases du nettoyage dans le laveur de
carrelage ;
L’achat de ce type de produit se fait pourtant dans l’espoir d’obtenir un service irréprochable et de
gagner du temps. Cette dissonance entre l’attendu et la réalité peut avoir un effet négatif notoire sur
l’achat (si véhiculé par l’information) ou le réachat (si véhiculé par l’expérience).
Figure 52 : Exemple de comparaison de performances entre robot et humain sur des tâches
simples
Une étude EPFL 2011 montre que les robots sont moins rapides pour effectuer une même tâche que
les équipements traditionnels : il faut 1h pour aspirer 20 m² avec un Roomba quand il faut 6
minutes avec un aspirateur traditionnel. Le robot consomme moins d’énergie mais la différence est
faible et les utilisations non fonctionnelles vont tendre à rendre les robots énergétiquement moins
efficaces (mise en route lorsque le sol n’a pas besoin d’être aspiré, pour le plaisir de regarder le
robot, pour la démonstration aux proches… ) selon une étude de la Georgia Tech.
Une étude danoise de 2010 a pour sa part comparé le coût d’utilisation d’un robot par rapport aux
solutions classiques utilisées dans l’administration. Les robots se sont avérés plus chers à
l’utilisation que le recours à une prestation de service. Les résultats sont présentés dans le tableau
qui suit.
l’analyse de l’environnement
Compenser les conséquences
Aider à la décision et à
Réduire l’intervention
simples, répétitives, et
Améliorer l’efficacité
(dont acquisition de
connaissances)
énergétique
salissantes
Aspirateur ++ +++ + +++
Tondeuse à gazon ++ +++ + ++
Nettoyage de piscines - ++ - -
Laveur de sols ++ ++ - -
Balayeur ++ +++ - -
Robot de compagnie +++ + ++ -
Téléprésence +++ + ++ -
Plate-forme de - - +++ -
programmation/éducation
Jouets - - +++ -
- : inexistante/inapplicable ; + : faible ; ++ : moyenne ; +++ : forte.
9.4. LES ÉTERMINANTS DES MARCHÉS
Déterminants de la demande
Les marchés américain, européen et asiatique (hors Japon) réagissent de manière comparable à
l’offre robotique et s’attardent plus sur la fonction proposée, le service rendu et le prix réclamé.
Dans ces trois zones géographiques, les robots sont aujourd’hui encore considérés comme des
gadgets : les robots compagnons souvent considérés comme des jouets et les aspirateurs peinent à
être classifiés comme réels équipements électroménagers.
Ces zones peuvent être dures envers la robotique, deux exemples issus d’études pour l’illustrer :
• Les possesseurs américains de robots pensent par exemple que les robots ne sont pour
l’instant pas à la hauteur des espoirs qu’ils ont suscités et ont été survendus (source : étude
Georgia Tech).
• Selon la VDE, même si 56 % des personnes âgées se montreraient spontanément favorables
à la présence d’un robot dans leur maison pour des tâches ménagères, 40 % y seraient aussi
spontanément opposées et après réflexion, plus d’un retraité sur deux serait finalement
sceptique quant au service rendu de ces objets peu avenants.
Le Japon est particulier : ce pays est culturellement très favorable aux solutions robotiques (premier
constructeur de robots industriels… ) et le fait de posséder ce type d’objet passe avant l’évaluation
de la pertinence de sa fonction. Dans ce pays, un robot devra tout de même être le plus
communicant ou sociabilisé possible : ce qui devrait conduire à une demande toujours plus soutenue
pour les robots compagnons/divertissement que les robots domestiques.
Plus communément :
• Aujourd’hui, les robots personnels sont chers par rapport au service rendu, ce qui les destine
à des foyers possédant un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne. Cela en fait un achat de
confort qui dans certains aspects peut avoir un rôle social. L’adoption massive sera donc
plus lente, comme pour l’informatique qui en près de 30 ans d’existence peine à pénétrer les
foyers de CSP 17 de base.
• Dans le segment d’individus visé, les personnes les plus susceptibles d’adopter les nouveaux
robots sont les jeunes adultes, les technophiles et les enfants. C’est un socle assez labile qui
peut disparaître rapidement si l’offre n’évolue pas assez vite et au gré des tendances et
convaincre les ménagères des catégories sociales majoritaires, celles qui permettront
d’assurer un ancrage durable de ces produits dans les foyers, sera plus compliqué.
Nous nous intéresserons plus particulièrement à la chaîne de valeur des produits ménagers dont les
ventes représentent actuellement la plus grande part du marché de la robotique personnelle de
service.
Les canaux d’approvisionnement en composants ne sont pour l’instant pas encore spécifiques à la
robotique. Il y aurait ainsi actuellement peu encore d’acteurs spécialistes de pièces ou grands
ensembles génériques pour la robotique. C’est une étape qui semble importante pour partager les
coûts et réduire le prix des robots qui sont pour l’instant encore chers. Par ailleurs, il apparaît que
sur ces marchés grands publics, la fabrication complète des robots ne sera viable que si une partie
au moins en est faite dans des pays à bas coût de main-d’œuvre. La valeur ajoutée pour les acteurs
français qui travaillent sur ces segments est donc réduite d’autant.
n’y a par exemple en France plus de donneurs d’ordres ou de grands fabricants d’équipements
ménagers, hormis Seb ; il en va de même pour les robots domestiques.
Tous ces produits s’écoulent ensuite par les circuits traditionnels longs (iRobot est exclusivement
importé en Europe par Robopolis puis redistribué dans les grandes enseignes) ou courts (vente
directe ou via un seul intermédiaire) du petit électroménager. Le graphique et le tableau suivants,
indiquent les tendances de distribution des aspirateurs traditionnels qui sont proches de celles pour
les robots aspirateurs.
Source : GFK et GIFAM (Groupement Interprofessionnel des Fabricants d’Appareils d’équipement Ménager) – décembre 2010.
Avec le développement de la robotique, on voit aussi apparaître des acteurs spécialisés de produits
robotiques (domestiques ou de divertissement) qui travaillent le plus souvent en vente à distance
(Robopolis, Roboshop en France par exemple).
Les services associés aux robots sont pour l’instant limités à l’assistance après vente.
Tableau 17 : Effet des principaux déterminants sur la diffusion des différents types de robots
Acceptation Environnement
(désinformation,
surinformation)
travail/éthique
Protection du
Effet médias
Prix
Aspirateurs ++ ++ + + + +
Tondeuses à gazon ++ ++ ++ + - +
Nettoyage de piscines ++ ++ + + - +
Laveurs de sols ++ ++ + + + +
Balayeurs ++ ++ + + + +
Robots de compagnie ++ - + + + +
Téléprésence ++ ++ - + - +
Plate-forme de
+ ++ - + - +
programmation/éducation
Jouets ++ - ++ + + +
++ = important ; + = notable ; - = sans effet/effet négligeable.
* : l’acceptation d’une solution est principalement liée à l’adéquation entre les performances attendues et les prix, critères de sécurité, effort à
consentir pour l’utilisation acceptable pour l’utilisateur.
Déterminants technologiques
Afin d’assurer un développement rapide de nouvelles solutions, certains membre de l’IEEE se sont
penchés en 2009 sur les défis techniques à relever à court terme pour aboutir à des solutions
robotiques matures. Parmi les technologies fragiles relevées, on trouve :
• le positionnement absolu dans l’espace (coûteux),
• la couverture de terrain (nécessite des algorithmes plus poussés),
• les capteurs précis (et toujours plus chers),
• les systèmes d’autocorrection d’erreurs (autodiagnostic),
• la sécurité d’utilisation (standards à développer).
Un sondage 2010 de la Georgia Institute of Technology sur les fonctions d’un robot recense aux
États-Unis les demandes qui pourraient être formulées envers la robotique de service : sécurité,
cuisson/préparation des aliments, assistant personnel, lessive, vaisselle, rangement, jardinage,
couper le bois, prendre soin des animaux. Le type de service recherché est directement corrélé à
l’âge des répondants et parmi ces demandes, beaucoup sont encore très complexes à mettre en
œuvre. Ces demandes sont relativement proches de ce qui peut être demandé dans des pays
européens (recoupement de sources diffuses).
Le robot majordome constituerait une synthèse de toutes ces demandes. Cela le rend encore plus
hypothétique car trop complexe. Des échecs tels que celui d’EOS Innovation montre que l’accueil
et la maturité de telles solutions ne sont pas encore réunis. Cette conception de la robotique entrera,
par ailleurs, en concurrence directe avec la domotique qui gère et coordonne déjà les appareils de la
maison de manière efficace. On peut donc constater que l’attente de performance est grande sur ce
segment de la robotique.
Pour les applications commerciales actuelles, l’effort pour mettre et maintenir le robot en action est
relativement conforme aux attentes des clients. Les constructeurs ont pris le parti de ne pas fournir
des instruments trop complexes. Dans l’absolu toutefois, une étude danoise de 2010 montre que le
temps à consacrer à la préparation et l’entretien des machines n’est pas négligeable, ce qui pourrait
réduire l’intérêt de ces solutions.
L’influence sociale est actuellement double. Les technophiles ressentent la robotique comme un
progrès pour la société et auront un rôle incitateur de ce type d’achat. Le regard des techno-
sceptiques tendra plutôt à dénigrer l’aspect « gadget ». Chacun jouera donc un rôle pour favoriser
ou freiner la diffusion des robots personnels. Les produits robotiques ont pour l’instant
principalement élu demeure chez les personnes averties et facilement influençables.
Les éléments facilitateurs de l’offre ne sont pas encore nombreux pour améliorer la diffusion des
robots. Ainsi, si on parle des services associés aux robots qui seraient les premiers arguments, ils
sont encore assez peu développés, et le support offert pour l’utilisation des machines ne se
différencie pas de celui des autres équipements de la maison.
Le marché des robots domestiques est tiré par les aspirateurs dont les ventes profitent de la bonne
forme du marché des appareils conventionnels, et les robots tondeuse à gazon. Ces deux produits
ont atteint un niveau de maturité technique suffisante pour consolider leurs marchés. Cela se
manifeste notamment par une multiplication des acteurs proposant des « me too » de qualités
variables : il existe actuellement une quarantaine de références d’aspirateurs robots.
Les robots aspirateurs représentent 95 % de la robotique domestique selon l’IFR. La tondeuse à
gazon automatique, le second plus grand marché depuis 2005 stagne et a du mal à être accepté. Au
vu des projets en cours de développement et de leur état d’avancement, cet ordre de grandeur
devrait rester le même à court terme. En effet, il ne semble pas y avoir d’innovation de rupture
prévue (aspirateur capable d’évoluer hors plan, par exemple). Il est probable qu’on observe un taux
de croissance légèrement supérieur à ce qui est observé actuellement pour les cinq prochaines
années (~ 10 % annuel selon l’IFR), grâce à une baisse du prix de la technologie, aux nouvelles
Figure 55 : Potentiel d’évolution de la robotique domestique entre 2011 et 2015 selon deux
hypothèses extrêmes d’évolution (en milliers d’unités, dans le monde)
fonctionnel qui permet de donner l’impression que la machine est professionnelle, efficace et
nécessitera le moins d’interventions possibles.
L’effet de l’aspect est aussi dépendant de l’âge et de la personnalité des individus considérés. Les
formes humanoïdes et zoomorphes sont ainsi plus demandées par les jeunes adultes et les enfants
chez qui elles donnent une impression d’intelligence et un aspect amical/familier au robot. Les
formes mécaniques et fonctionnelles sont plutôt destinées aux adultes plus âgés et aux personnes
rationnelles et pragmatiques. Les constructeurs travaillent beaucoup cet aspect des robots. L’iCat de
Philips a ,par exemple, pris une forme féline pour répondre à ce critère, chose à laquelle
sembleraient être réceptifs les Japonais, ce qui n’est pas le cas des Européens ou des Américains.
La France dispose, comme nous l’avons vu dans la partie étude technologique, des savoir-faire pour
réaliser des applications complexes. Ce haut niveau de spécialisation conduit toutefois les acteurs à
privilégier des applications à très haute valeur ajoutée (humanoïdes, plates-formes complexes),
négligeant alors les applications les plus simples et faciles à diffuser (jouets, robots domestiques).
Les robots aspirateurs représentent, selon les chiffres de GFK, 4 % des aspirateurs vendus en France
en 2009, ce qui est plus que les 2,5 % observés aux États-Unis entre 2002 et 2006 par la Vacuum
Cleaner Manufacturers Association (VCMA) et les 2 % constatés par iRobot en 2010. En volume
toutefois, les États-Unis, qui comptent plus de foyers, sont les principaux acheteurs de robots
domestiques et de compagnons.
Faiblesse :
• pas de fabricant d’électroménager d’envergure nationale/internationale, hormis Seb qui n’a
pas pris position sur le marché des robots
• pas de fabricant de jouet d’envergure nationale/internationale
• forte dépendance en approvisionnement de composants
Comme évoqué un peu plus haut, la France a depuis longtemps délaissé les secteurs très
concurrentiels. On compte ainsi peu de fabricants français de jouets ou d’électroménagers
d’envergure (Seb, Meccano). Malgré un avantage technologique indéniable, la France compte ainsi
un retard qu’il sera compliqué de combler si elle veut s’insérer sur ces deux segments (hors
compagnon et plate-forme ludoéducative).
Par ailleurs, la France étant plus orientée technologies, elle n’est pas fabricante de composants et
dépend, comme beaucoup d’autres pays, des acteurs asiatiques.
Conclusion
Les robots domestiques ou de divertissement connaissent un engouement important actuellement.
On ne perçoit pour l’instant pas de signe d’essoufflement et le niveau de saturation des marchés
pour les gammes actuelles de produits est difficile à évaluer.
Les robots ménagers et compagnons sont des produits matures pour certains, mais encore largement
considérés comme des gadgets. L’innovation – dans les applications notamment – pour sortir de
cette image est nécessaire et les constructeurs peinent à trouver les applications différenciantes et
marquantes.
Les robots ménagers subissent des améliorations continues (performance ou coût). Pour augmenter
la base des utilisateurs, on assiste actuellement à une baisse des prix. Cela se fait toutefois beaucoup
avec une baisse de la qualité et de la performance. Cela risque de ne pas être acceptable puisqu’il
existe déjà une certaine dissonance entre les performances attendues et celles proposées pour qu’on
se permette de les diminuer.
Les robots de divertissement devront certainement passer par une association à des services pour
percer vers des marchés adultes. Actuellement, ce ne sont en effet principalement que des jouets.
Par ailleurs, les compagnons sont encore loin de vrais produits qui apportent de la valeur et seront
certainement aussi des supports de services plutôt qu’une fin en soi.
Pour la filière française, le robot domestique ne semble pas être une voie de développement
industriel à court terme. Les positions sont à prendre sur des marchés à plus long terme comme le
compagnon, qui pourrait voir de premiers produits à horizon de cinq à dix ans. Le compagnon
humanoïde, pour sa part, n’apparaît pas comme techniquement et commercialement viable à court
terme.
Ce segment ne concerne pas la robotique de sécurité au sens large : sont exclus notamment les
robots d’intervention en zones sinistrées ou radioactives, les robots de déminage et la robotique
militaire. La surveillance de personne dans un souci d’assistance, par exemple la surveillance de
personnes âgées, est traitée dans la partie « Assistance aux personnes en perte d’autonomie ».
Par ailleurs, nous considérons ce segment sous l’angle de la surveillance régulière et périodique (de
type « rondes ») par opposition aux missions plus ponctuelles (reconnaissance, intervention,
inspection… ). Néanmoins, il paraît important de traiter la télérobotique, bien que cette dernière
concerne à l’heure actuelle plutôt des missions d’inspection ou de reconnaissance.
Sur chacune de ces applications, la surveillance peut être étudiée sous l’angle de la télérobotique
comme sous l’angle de la robotique autonome.
Une grande partie des applications actuelles de la robotique de surveillance se fait à travers la
télérobotique. Le développement de la robotique « intelligente » ou « autonome » devrait
pleinement impacter ce segment de marché, en permettant notamment de passer de l’inspection à de
la véritable surveillance. Là où un opérateur doit obligatoirement contrôler le robot en direct en
télérobotique, les robots autonomes peuvent envoyer tout seul des alertes lors d’une détection
suspecte. Il est ainsi possible d’anticiper une bascule progressive de la télérobotique vers la
robotique autonome au fur et à mesure des avancées technologiques dans les dix années à venir.
À l’heure actuelle, ces robots sont utilisés dans des environnements où la surveillance par des
humains est fastidieuse, coûteuse ou dangereuse. Les lieux d’emploi peuvent être des bâtiments
(sièges, usines, musées… ), des sites industriels ou des sites militaires.
(source : Robosoft)
(source : TMSUK)
(source : Rotundus)
Issus de fabricants de webcams ou de jouets, les robots disponibles pour la télésurveillance sont
téléopérés à travers Internet, donc pas ou peu autonomes, et assurent plutôt une fonction de
téléprésence plus « générale » que la simple sécurité : surveillance d’enfants, d’animaux ou
vidéoconférence. Des fonctions d’autonomie basiques peuvent éventuellement être apportées par de
la programmation par des utilisateurs experts.
Noyés parmi les acteurs de robots jouets ou de l’électronique grand public, les robots de
surveillance pour le grand public ne sont pas aisément identifiables. L’offre dédiée est en tous cas
aujourd’hui extrêmement restreinte et se compose essentiellement du robot Rovio de la société
WowWee.
Aujourd’hui des drones et des robots sous-marins sont utilisés pour ce type de mission mais
exclusivement en inspection, et non pour une utilisation périodique. Les robots terrestres ont pour le
moment assez peu de valeur ajoutée sur ces applications : il est néanmoins possible de retrouver des
fonctions de surveillance environnementale sur des robots patrouilleurs multifonctions (gardiennage
et environnement).
Ces robots sont rarement dotés d’autonomie si ce n’est quelques robots marins ou sous-marins
assurant des missions longues durées en mer : relevés de population, étude de la faune... Les drones
sont quant à eux utilisés pour de l’analyse de composants atmosphériques ou l’analyse de la surface
terrestre à l’aide de différents capteurs. Cependant, aucun robot de surveillance environnementale
ne semble être déployé aujourd’hui pour la surveillance en continu de sites industriels à risque.
(source : Fly-n-Sense)
Les particularités de ce segment concernent la taille souvent importante des zones à couvrir et leur
accessibilité au public. Cette dernière caractéristique induit notamment un grand nombre de verrous
potentiels liés à des questions de réglementation (circulation de robots dans l’espace public).
Bien que plusieurs projets d’expérimentation aient pu être identifiés, peu ont atteint le stade de
déploiement de robots sur le terrain. Ce segment est en effet particulièrement sensible aux
problèmes d’éthique et juridiques, le marché est essentiellement aujourd’hui un marché de
machines spéciales.
À noter que pour ce segment, des pays comme la Corée du Sud et Israël ont franchi une étape en
dotant certains robots de capacités d’utilisation d’armes létales.
(source : G-NIUS)
(source : TALOS)
D’après le Cabinet Ecorys, le marché global de la sécurité (sécurité des particuliers, des
professionnels et sécurité intérieure des États) représentaient 100 Mds$ en 2008 dans le monde et
employait plus de 2 millions de personnes. La part de l’Europe représentait environ 30 Mds$.
Au niveau professionnel, les systèmes robotisés visent plusieurs avantages par rapport aux systèmes
conventionnels comme la vidéosurveillance et la télésurveillance :
• La réduction des coûts à travers l’utilisation de ressources moindres pour une zone donnée.
Le déploiement de réseaux de vidéosurveillance peut être coûteux notamment en
environnement extérieur (déploiement d’infrastructures pour l’énergie et les
communications). Un robot téléopéré peut permettre, en outre, d’effectuer la levée de doute
dans un endroit non couvert par une caméra et ainsi limiter les interventions humaines. La
réduction des coûts est évidemment à mettre en relation avec le niveau d’autonomie du
robot. À noter que cette économie peut se faire au détriment de l’efficacité, un réseau de
capteurs pour de la télésurveillance bien installés peut, contrairement à un robot, assurer une
couverture permanente de la zone.
• L’amélioration de l’efficacité de la surveillance : moyennant certains capteurs spéciaux, le
robot peut être plus efficace que l’humain dans certaines situations (détection de produits
chimiques, vision dans des endroits sombres, détection de mouvements rapides… ). Par
rapport aux systèmes classiques fixes, le déplacement de robots de surveillance permettrait
de couvrir les zones de façon optimale. Il reste néanmoins la question du pouvoir de
dissuasion d’un robot face à de réelles patrouilles « humaines ».
• L’amélioration de la sécurité des intervenants : les agents de surveillance sont moins
exposés sur le terrain, n’intervenant que lorsque la présence humaine est nécessaire. Cela est
vrai aussi bien pour la sécurité liée à des intrusions et agressions que la sécurité liée à de la
pollution.
Afin de présenter des avantages par rapport à des systèmes de surveillance classiques, la robotique
de surveillance est plutôt à réserver à la couverture de grandes zones ou de zones assez encombrées
dans lesquelles un système mobile est essentiel.
Les enjeux concernant la robotique de surveillance domestique sont quant à eux aujourd’hui assez
limités, les systèmes de détection d’intrusion classiques étant souvent assez efficaces sur les petites
surfaces à surveiller. À ce titre, la surveillance doit plutôt être vue comme une fonction
supplémentaire de systèmes robotiques multitâches. La robotique de gardiennage domestique en
environnements extérieurs pourrait présenter davantage d’intérêt mais aucune offre n’existe
aujourd’hui.
Tableau 21 : Pertinence des enjeux de la robotique de surveillance sur chacun des segments
Diminution des coûts Amélioration de Sécurité des
l’efficacité de la intervenants
surveillance
Gardiennage
++ ++ ++
professionnel
Gardiennage
- + -
domestique
Surveillance
+ +++ ++
environnementale
Sécurité intérieure - ++ ++
(Légende : +++ / ++ / + = pertinence très forte / moyenne / faible, - = non pertinent).
pays à l’autre, il y a peu de chance pour que la réglementation autorise des robots à
intervenir de façon physique pour éviter une infraction par exemple, ce qui limite les
avantages à employer ces derniers. À noter qu’aujourd’hui, les robots de surveillance sont
soumis aux mêmes contraintes réglementaires que les systèmes de vidéosurveillance. On
peut aussi citer l’inexistence de cadre réglementaire pour les drones à usage civil en France.
Du fait de leur utilisation dans un cadre strictement privé, les contraintes réglementaires
devraient être moins fortes pour les robots de surveillance domestique.
• Enfin, on soulèvera la question de l’acceptabilité déjà vue dans de nombreuses applications
de la robotique. Les acteurs traditionnels de la sécurité, souvent assez peu formés à la
technique, accepteront-ils de travailler avec des robots, voire de remplacer des hommes par
des robots ? En outre, au même titre que pour la vidéosurveillance, se posent les problèmes
de respects de la vie privée et de protection des données sensibles contre le piratage par
exemple.
À noter que la robotique de surveillance professionnelle devrait en grande partie prendre des parts
sur le marché de la vidéosurveillance. ABI Research indique que le marché mondial de la
vidéosurveillance (matériel mais aussi services) devrait être de 17 Mds$ en 2011, avec un taux de
croissance annuel de l’ordre de 10 % par rapport à 2010.
Le chiffrage du marché de la robotique de surveillance grand public est lui plus compliqué du fait
de la non-spécificité de ce type de robot. La fonction de surveillance viendra probablement d’autres
appareils grands publics déjà plus ou moins présents dans les foyers : webcams, robots jouets et
robots de nettoyage. Un autre scénario possible concerne la création d’une offre de robotique
domestique dédiée à la surveillance, qui viendrait ainsi prendre des parts sur le marché de la
détection d’intrusion (systèmes d’alarme et réseaux de capteurs). C’est ce deuxième scénario que
nous allons considérer pour la réalisation des projections.
Le segment de la sécurité intérieure est plus conséquent mais il présente encore des verrous forts
notamment dans les pays européens et en France aux niveaux réglementaire et éthique. Dès lors, ce
segment ne devrait pas pouvoir décoller avant plusieurs années.
Les principales considérations éthiques que nous choisissons de mettre en avant eu égard à notre
étude sont les suivantes :
• la dignité humaine – notamment pour les applications liées à la dépendance ou au handicap ;
• la vie privée, les libertés individuelles, la confidentialité – par exemple pour la sécurité
intérieure ;
• la responsabilité sociale – par exemple dans les questions liées à la sauvegarde de l’emploi ;
• la solidarité, l’égalité, l’équité – concernant l’accès de tous aux « bienfaits » des
technologies…
D’une manière générale, la robotique se voit appliquer les mêmes grandes considérations éthiques
que tout produit technologique ou non, notamment sur le critère d’absence d’effets indésirables ou
nuisibles dans leur usage. Les grands principes éthiques que nous ne détaillerons pas ici sont portés
par un grand nombre de textes nationaux et internationaux.
Les questions posées dans les réflexions du monde académique sur l’éthique et la robotique ont
d’abord été dictées par les premiers marchés de masse des robots de défense et de sécurité ;
notamment, la question de l’intervention directe d’un robot (tir létal sur théâtre d’opérations) sans
supervision humaine est aujourd’hui totalement exclue.
La question de l’emploi
Cette question ne trouve pas de réponse plus simple et plus générique que les deux précédentes, et
est de facto très liée à des questions d’acceptabilité sociale : le robot, en reproduisant des gestes
humains, est-il intrinsèquement destructeur d’emplois ? La réponse est évidemment négative :
aucun lien systématique ne saurait être fait entre l’usage d’un outil et les impacts en termes
d’emploi. Cependant cette question peut être un réel frein à l’acceptabilité des robots dans des
environnements professionnels, privés, ou dans les espaces publics.
La question de la responsabilité
La question de la responsabilité est centrale dans le déploiement dans un environnement non
maîtrisé de certains types de robots. Un exemple emblématique, qui entre dans les dispositifs
robotiques, concerne les assistances automatiques à la conduite dans le milieu automobile. Dans ce
cadre, des réflexions longues ont été menées par les constructeurs automobiles pour trouver un
compromis entre la performance des systèmes, leur niveau de confiance, la compréhension qu’en a
le conducteur et les éventuels transferts de responsabilité que ces systèmes pourraient occasionner,
du conducteur vers le constructeur. Sur ce point, la règle stipule également que dans le cas d’un
produit défectueux, le fabricant du produit complet et le fabricant du composant défectueux sont
solidairement responsables.
Cette question de responsabilité explique notamment, que les systèmes anticollision ne concernent
que le freinage d’urgence, dans des temps avant collision, inférieurs au temps de réaction du
conducteur : le système n’agit qu’à partir du moment où le conducteur ne peut plus contester le
bien-fondé de l’action. Par ailleurs, il ne prétend à aucun moment éviter la collision, ne pouvant
ainsi être pris en défaut en cas de non-fonctionnement ; le conducteur ne peut se reposer sur le
système pour éviter l’accident.
Aujourd’hui, dans le contact avec les personnes dans une assistance à la vie quotidienne, cette
question de la responsabilité pourrait créer un frein au déploiement des technologies. Cependant, le
déploiement au cours des dernières années de nombreux produits technologies a montré deux
tendances sur ce point de droit :
• Une tendance à traiter ce point par la jurisprudence plutôt que d’anticiper les évolutions
utiles du droit. Les juristes ne travaillent valablement que sur des cas d’usage concrets.
• Des différences de traitement de la question suivant les zones géographiques. Suivant le
niveau de protection offert par la société, les risques sont plus ou moins acceptables pour les
industriels : aux États-Unis, c’est en général l’expérimentation qui prime, le droit étant
adapté par la jurisprudence lorsque des problèmes se posent, conduisant à un déploiement
rapide de nouveaux produits 18 ; en Europe, la protection des consommateurs et citoyens par
les États implique des précautions supplémentaires prises par les industriels avant la
diffusion de nouveaux produits ; en Asie, le poids de l’État dans les politiques industrielles
18
C’est dans le Nevada que Google a obtenu l’autorisation de tester sur route ouverte des véhicules automatiques.
Dans le cadre d’une assistance au geste professionnel, la question se pose de manière très différente.
C’est le droit du travail et la responsabilité des CHSCT et de l’inspection du Travail (en France) de
veiller à ce que les conditions de sécurité soient suffisantes pour permettre la présence concomitante
des robots et des employés.
La première question est d’ores et déjà étudiée par les groupes de travail de l’ISO notamment. La
robotique industrielle est déjà encadrée par une norme internationale ISO 10218 : la partie 1 porte
sur les exigences de sécurité des robots, la partie 2 sur les systèmes robotiques et de l’intégration
des robots ayant été publiée en juillet 2011. Cependant, les normes sur les robots industriels ne
peuvent encadrer le déploiement de la plupart des robots de service tels que nous les concevons
dans cette étude.
Le projet de norme ISO/DIS 13482 porte sur la sécurité de fonctionnement des dispositifs
robotiques « non médicaux pour les soins personnels », c’est-à-dire les robots thérapeutiques et les
robots d’assistance personnelle pour les personnes en perte d’autonomie, que ce soit au domicile
personnel ou dans une institution d’accueil. Un autre groupe de travail (TC 184/SC 2/WG 8) porte,
lui, sur les robots de service de manière générale. Dans tous les cas, les exigences de sécurité de
fonctionnement sont centrales dans les réflexions des groupes de travail.
Sur ces questions de sécurité, si le rapport du JRC A helping hand for Europe : the competititive
outlook for the UE robotics industry propose une description de la chaîne de valeur de la sécurité
applicable dans le domaine de la robotique industrielle et partiellement dans la robotique de service
en milieu industriel, cette chaîne est en grande partie inadaptable à la robotique de service qui
impose une interaction forte avec l’humain, et ceci dans un environnement moins contrôlé que les
sites industriels.
12. CONCLUSIONS
12.1. TROIS TYPES DE MARCHÉS
La robotique de service ne constitue pas un marché homogène, mais une juxtaposition de marchés
de niche ou de masse, réunis par une même science de l’intégration. Ces marchés peuvent, dans les
grandes lignes, être séparés en trois grandes catégories, qui proposent des modèles industriels
différents :
• Les marchés de masse que sont les jouets, les appareils ménagers ou les compagnons grand
public, sont basés sur des modèles de production tirés par les coûts dès lors qu’ils sont
matures. Ces marchés, s’ils sont accessibles à des industriels français, ne permettent pas une
présence française sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les composants génériques, ainsi
que, le cas échéant, l’assemblage ne sont aujourd’hui économiquement viables que
lorsqu’ils sont sous-traités à des pays à bas coût de main-d’œuvre. Ceci est particulièrement
vrai tant que l’assemblage ne peut être automatisé largement. Sur ces segments, la valeur
ajoutée pour l’écosystème français proviendra plutôt de la R & D, éventuellement de
l’assemblage final, de la fourniture de quelques briques haut niveau (notamment le logiciel),
de la commercialisation et du service associé. L’image de marque d’entreprises françaises
peut éventuellement être également valorisée.
• Les marchés de niche 19, tirés principalement par la valeur, avec des petites séries
nécessitant tout de même une optimisation des coûts. Plus accessibles à des produits
complexes et plus onéreux, les marchés professionnels (agricole, logistique, assistance à la
personne, etc. ) constituent des opportunités de développement importantes pour les acteurs
industriels français. Sur ces marchés, il est cependant inévitable de travailler sur la base de
besoins avérés, et de mettre en évidence l’apport de solutions. Aujourd’hui, au contraire
d’industriels d’autres pays, les acteurs français sont peu présents dans des expérimentations
en vraie grandeur, qui permettent de prendre des positions sur les marchés, de favoriser le
développement des générations ultérieures par les retours d’expérience, de construire une
image de marque. Ces expérimentations requièrent souvent un support de l’action publique
(comme c’est le cas en Corée du Sud par exemple), et toujours une capacité
d’investissement des industriels : sur des marchés émergents, les fabricants travaillent
souvent à marge réduite ou nulle sur la première génération de produits.
• Les marchés de robots spécifiques, qui portent dans certains cas les germes de certains
marchés de niche, regroupent les applications sur lesquelles chaque produit vendu fait
l’objet d’un développement spécifique (machines spéciales). Dans cette optique, chaque
projet profite moins d’effets d’échelle que les deux catégories précédentes, mais permet la
construction d’une image de marque. Elle demande cependant une reconnaissance
« métiers » pour asseoir la légitimité des entreprises (bureaux d’études, fabricants) sur les
applications de leurs clients. Avec le développement technologique et l’évolution des
besoins, les marchés spéciaux peuvent devenir des marchés de niche.
À l’heure où nous rédigeons ces lignes, les industriels français sont principalement positionnés sur
les marchés spéciaux, peu sur les marchés de niche. Sur les marchés de masse, seul Meccano se
positionne aujourd’hui avec des robots jouets. Robopolis est également un acteur visible de ces
19
Certaines niches représentent des volumes importants. On les nomme ainsi par contraste avec les marchés de masse, principalement tournés vers la
robotique personnelle.
marchés, en tant que distributeur. Awabot travaille au développement de robots ludiques, mais
aucun produit n’existe aujourd’hui.
Marchés de masse
Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
sous-systèmes logiciels
Assemblage
Conception, Applications
intégration
Services
associés
Sur les marchés de masse, les potentiels pour l’industrie française se situent principalement sur les
champs suivants :
• la conception et intégration : les bureaux d’études sont une force de l’écosystème français,
dès lors que les compétences d’industrialisation auront été appréhendées ;
• la mise au point des applications logicielles, basées sur l’excellence française dans le secteur
du logiciel d’application, est éventuellement un champ d’activité propice à l’exportation ;
• les composants logiciels, qui comprennent les blocs de programmation bas niveau
permettant la réalisation des actions élémentaires (déplacement, préhension, localisation,
navigation, perception… ) ;
• l’assemblage final, dans certains cas d’applications à relativement haute valeur ajoutée ;
• enfin, le champ de la distribution et du service après-vente.
Sur les marchés de masse, on aura relativement peu à faire à des composants spécifiques, le champ
des composants génériques étant aujourd’hui difficilement accessible aux acteurs français et
européens.
Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
logiciels
sous-systèmes
Services
associés
Sur les marchés de niche, avec des robots de plus grande valeur, la part de valeur captée par les
entreprises françaises peut être plus importante :
• Comme pour les marchés de masse, la France dispose de compétences fortes et de capacités
de production sur les applications, la conception, l’assemblage.
• Ces marchés font appel plus fréquemment à des composants spécifiques, qui peuvent être
produits en Europe compte-tenu des volumes considérés. On pense par exemple aux
systèmes mécatroniques, aux batteries spécifiques, aux parties d’exosquelette, etc.
• Ces marchés sont également créateurs de valeur et d’emploi sur les services associés (mise
en service, service après-vente, etc. ), les services utilisateurs (mise à disposition dans le
cadre d’une prestation de surveillance, de télémédecine, etc. ), ou encore la diffusion
spécialisée par des acteurs des métiers visés par les niches…
Composants
Composants Composants
génériques spécifiques,
logiciels
sous-systèmes
Services
associés
Sur les marchés de machines spéciales, la relation commerciale est souvent directe entre l’utilisateur
ou prescripteur et le fabricant. Sur ces marchés, l’intégrateur prend en général en charge la totalité
ou la majeure partie des opérations de conception et de d’assemblage des robots. Si le potentiel de
création d’emploi est plus faible sur ce type de marchés, ils sont cependant d’éventuels germes pour
les marchés de niche.
Impacts :
Retours d’expérience pour la mise au point des produits, du mode d’usage et du
modèle économique ;
Amorçage des marchés pour les industriels, favorisant l’industrialisation.
• Assurer le développement des entreprises passe par un financement sur le long terme,
permettant de mettre en œuvre une stratégie guidée par la vision des applications et des
marchés. Aujourd’hui, il est patent qu’une partie des difficultés que rencontrent les startups
provient de la difficulté à financer les développements, et contraignant donc à chercher des
ressources sur le marché avec des produits ou services non aboutis. Les causes de ces
difficultés sont de deux ordres. Premièrement, les fonds de capital risque ne sont aujourd’hui
pas moteurs sur le domaine de la robotique en France, par manque de culture et de visibilité.
Deuxièmement, il arrive que les créateurs d’entreprise aient peur de voir leur part de capital
se diluer trop vite dans leur entreprise, favorisant alors des levées de fonds à des hauteurs
inadaptées, trop fréquentes, ne donnant pas à l’entreprise la visibilité pour le développement
des ses produits et de ses expérimentations.
Impacts :
Survie des entreprises à moyen terme.
20
IRT : Institut de Recherche Technologique.
21
IEED : Institut d’Excellence sur les Énergies Durables.
• Accentuer la recherche sur les usages et les modèles économiques, en parallèle des
expérimentations de produits, est également un moyen de favoriser le développement de la
robotique de service. Les travaux sur les usages permettent de nourrir notamment les
indicateurs pertinents sur l’acceptabilité des solutions technologiques apportées à un certain
nombre de besoins. Le travail sur le modèle économique de la diffusion des robots est
également un élément fort pour le développement de la filière. Dans tous les cas, ce travail
ne peut être efficace et pérenne que basé sur l’identification de besoins réels des
entreprises et des autres acteurs économiques (BTP, mutuelles, assurance, logistique
industrielle, etc.) potentiels utilisateurs des systèmes mis au point (robot et son
environnement de fonctionnement).
Impacts :
Construction de la connaissance sur les critères d’acceptabilité et d’utilisabilité, les
verrous juridiques et économiques ;
Amélioration de la réussite des mises sur le marché de nouveaux produits et services.
• Amorcer les marchés par la commande publique est également un moyen de permettre
les développements de la filière. On peut faire l’analogie avec ce qui se pratique en Corée,
sur la robotique de service (expérimentation de 1 000 robots éducatifs dans les écoles) ou les
initiatives de commande publique de véhicules électriques (commande par les
administrations et entreprises publiques de 15 000 Kangoo électriques à Renault) qui
permettent de générer de premiers revenus pour les constructeurs en créant cette
expérimentation à grande échelle telle que nous la décrivons ci-dessus.
Impacts :
Amorçage des marchés pour les industriels, favorisant l’industrialisation ;
Sensibilisation des entreprises et du grand public à la robotique.
13. SIGLES
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Tableau 1 : Synthèse des positions relatives des différents pays sur le développement des
technologies clés pour la robotique de service...........................................................................50
Tableau 7 : Positionnement des États-Unis sur les technologies clés de la robotique .......................80
Tableau 11 : Positionnement des pays analysés sur certains marchés de la robotique de service
(échelle qualitative) ..................................................................................................................105
Tableau 12 : Positionnement des pays analysés sur trois compétences spécifiques (échelle
qualitative)................................................................................................................................106
Tableau 15 : Pertinence des applications actuelles avec les enjeux poursuivis ...............................149
Tableau 17 : Effet des principaux déterminants sur la diffusion des différents types de robots......152
- 186 -
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Tableau 21 : Pertinence des enjeux de la robotique de surveillance sur chacun des segments........169
Tableau 22 : Effets des déterminants sur les différents segments de la robotique de surveillance..170
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Figure 7 : Ventes de robots de service professionnels en 2010 (en nombre d’unités et en M$)........37
Figure 14 : Répartition des clusters technologiques allemands pour la robotique industrielle (2008)
....................................................................................................................................................62
Figure 15 : Les budgets allemands pour la recherche sur la robotique en 2008 ................................67
Figure 21 : Les principaux marchés visés par les compagnies américaines de la robotique .............83
Figure 22 : Points clés du premier plan pour les robots intelligents en Corée du Sud.......................87
- 188 -
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Figure 28: Répartition des entreprises de robotique de service recensées par l'IFR ........................102
Figure 29 : Estimation du nombre d’entreprises industrielles dans les principaux pays de l’étude
(fourchette basse/haute)............................................................................................................103
Figure 37 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots d’assistance aux personnes
en perte d’autonomie ................................................................................................................117
Figure 38 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de défense ......................117
Figure 41 : Proposition de priorisation des déterminants pour les robots de service en logistique .119
- 189 -
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Figure 50 : Évaluation du marché des robots d’assistance aux personnes en perte d’autonomie –
hors rééducation – à horizon 2018 (hypothèses haute et basse, en M€) ..................................139
Figure 52 : Exemple de comparaison de performances entre robot et humain sur des tâches simples
..................................................................................................................................................148
Figure 55 : Potentiel d’évolution de la robotique domestique entre 2011 et 2015 selon deux
hypothèses extrêmes d’évolution (en milliers d’unités, dans le monde)..................................157
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Figure 69 : Prévisions de ventes de robots de surveillance domestiques dans le monde, en unités 171
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- Mutations économiques dans le domaine de la chimie – volet compétences, février 2010
- Mutations économiques dans le domaine automobile, avril 2010
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- Pratiques de logistique collaborative : quelles opportunités pour les PME/ETI, février 2011
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- 198 -
La robotique personnelle et de service est un champ d’application
de la robotique en plein essor. L’action des entreprises du secteur en
France, comme celle d’autres pays, est de plus en plus significative
pour promouvoir des applications et des robots technologiquement
perfectionnés, de l’aspirateur personnel au robot d’assistance médicale,
en passant par des formes de robot humanoïde.
prospective
oc