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Bart Jourquin
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* Bart JOURQUIN est professeur aux Facultés Universitaires Catholiques de Mons (FUCaM, Groupe
Transport et Mobilité) et au Limburgs Universitair Centrum.
Nous présentons dans cet article quelques résultats obtenus à partir d’un
modèle détaillé du réseau belge de transport de fret. Après une brève présentation
du modèle de réseau, nous évaluerons les coûts correspondant à la pollution, à la
congestion, au bruit et aux accidents, ainsi qu’aux dommages causés aux infras-
tructures. Nous présenterons ensuite les impacts simulés d’une internalisation de
ces coûts sur les flux de transport.
Le lecteur intéressé trouvera une présentation complète du modèle et des
méthodes employées, ainsi que des résultats détaillés, dans External costs of the
Belgian intercity freight traffic : a network analysis of their internalisation, par Beuthe
M., Degrandsart F., Geerts J.-F. et Jourquin B., publié en 2002 dans Transportation
Research.
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ESTIMATION DE L’IMPACT DE L’INTERNALISATION DES COÛTS EXTERNES DU TRAFIC DE FRET INTERURBAIN
U1 (W2) U2 (W1)
Xa Xb Xc
U3 (R1)
Xd Terminal
U1 (W2 = 1350 T)
U1 (W1 = 300 T)
U3 (R1 = Camion)
3 LA SIMULATION DE RÉFÉRENCE
La première étape de la recherche a consisté à établir un modèle validé des flux
interurbains existants de fret en Belgique pour 1995, cette année étant la plus
récente pour laquelle les données suffisantes étaient disponibles. Ce « scénario de
référence » a été construit en trois étapes :
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1. Des enquêtes auprès des expéditeurs et des observations du trafic de fret ont
été employées, en conjonction avec des données statistiques agrégées, pour
construire des matrices O-D pour chaque mode de transport et pour les dix
chapitres de marchandises de la nomenclature NST-R. Ces matrices sont
détaillées jusqu’au niveau communal pour ce qui concerne le territoire belge.
Les régions proches de la Belgique sont détaillées au niveau NUTS 3, alors
que le niveau NUTS 2 a été retenu pour le reste de l’Europe.
2. Toutes ces matrices ont été alors affectées mode par mode sur leurs réseaux
respectifs et les flux estimés ont été comparés aux comptages observés le
long des routes, des chemins de fer et des voies d’eau. Des vitesses sur
quelques liens ont été adaptées afin d’obtenir un meilleur ajustement entre les
flux calculés et observés, en particulier dans la périphérie de grandes villes.
Des « exclusions » ont également été introduites pour certaines gares et ports
intérieurs, afin d’y empêcher le (dé)chargement de marchandises pour les-
quelles il n’y avait pas d’équipement de manutention adéquat.
3. Dans une dernière étape, les matrices modales ont été fusionnées pour obte-
nir dix matrices agrégées correspondant aux différents groupes de produits.
Elles ont été employées pour affecter les flux de transport sur le réseau multi-
modal en minimisant les coûts généralisés. Les fonctions de coût ont finale-
ment été calibrées afin d’obtenir une répartition modale conforme à la réalité.
Le modèle affecte donc les flux non seulement aux modes, mais également aux
moyens de transport. Dans cette application, les performances du modèle ont été
assez bonnes. Ainsi, les types de bateau utilisés (300 t, 600 t, 1350 t et 2000 t ou
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5 COÛT DE LA CONGESTION
Le trafic routier est ralenti durant les heures de pointe, de sorte qu’il y a une perte
de temps qui induit un coût supplémentaire. Notre modèle de référence nous a
permis d’estimer que la valeur moyenne pondérée du temps pour une t-km s’élévait
à 23 mECU95. Cette valeur inclut tous les coûts liés au fonctionnement d’un ca-
mion (travail, carburant, assurance, entretien et amortissement du véhicule) plus le
coût d’opportunité lié aux marchandises transportées et les coûts de
(dé)chargement des véhicules.
Il y a également quelques problèmes de capacité sur le réseau ferré mais il
peut être argué qu’au moins une partie du coût correspondant est internalisé dans
les opérations ferroviaires. De toute façon, nous n’avions pas assez d’information
pour aborder ce problème, dont l’analyse complète exigerait une méthodologie
tout à fait différente, basée sur la modélisation fine des opérations ferroviaires.
Enfin, il n’y a pas de réelle congestion sur les voies d’eau belges, excepté à
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quelques écluses. Notre analyse de la congestion s’est donc limitée au seul trans-
port routier.
Nous avons estimé la perte de temps liée à la congestion en calculant les
différences de vitesse sur les arcs du réseau entre les heures creuses et les heures
de pointe. Cette différence de vitesse, associée aux flux de camions qui circulent
pendant les heures de pointe a permis d’estimer le temps total qui a été perdu sur
le réseau à cause de la congestion. En 1995, le coût s’est ainsi élevé à 743 millions
d’ECU pour les seuls transports interurbains routiers de marchandises.
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mECU par véhicule-km. Ainsi, en 1995, les dommages totaux provoqués par les
camions peuvent être évalués à 63,982 millions d’ECU.
TOTAL 2 123
Le Tableau 2 reprend tous les coûts pour les différentes catégories d’effets exter-
nes tels qu’estimés pour le transport de fret interurbain sur le territoire belge sur
base de la simulation de référence.
8 SIMULATION DE L’INTERNALISATION
DES COÛTS EXTERNES
La simulation vise à estimer l’impact sur les parts modales et les effets externes
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1. Selon l’étude de De Borger et al.(1997), il faudrait ajuster positivement les coûts ferroviaires à
cause des subventions accordées à la SNCB. Ce point de vue étant parfois controversé, nous
avons choisi de ne pas appliquer cet ajustement. Ceci implique qu’il peut y avoir un biais en faveur
du rail dans notre simulation.
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toutes les catégories de produits de la même manière. Les variations les plus
fortes affectent les produits métallurgiques (5) et les produits manufacturés divers
(9), de la route principalement vers le rail, et les produits chimiques (8) vers des
voies d’eau. Un autre transfert important peut être attendu pour le transport de
produits agricoles (0). Le transfert modal pour les produits pétroliers (3) et les mi-
nerais (4) s’opère uniquement vers la voie navigable.
Nous avons ensuite calculé (Tableau 3) les coûts externes totaux des flux es-
timés après l’internalisation de ces mêmes coûts.
Congestion 412,827 – –
Pollution 419,654 88,166 51,943
Accidents 298,600 – 25,075
Bruit 153,313 – 32,013
Dommages 46,396 – –
TOTAL 1 528
Dans ce scénario, le coût total de pollution s’élève à 560 millions ECU, c.-à-d. 102
millions de moins que dans la situation de référence, soit une diminution 15,4 %.
Le coût de congestion diminue encore plus, de 743 à 413 millions (44 %) résultant
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9 CONCLUSIONS
Cette analyse des effets externes des transports interurbains de fret fournit une
évaluation des coûts sociaux principaux qu’ils imposent à la population. Elle inclut
les impacts sur la santé provoqués par la pollution, le temps perdu sur les routes
encombrées, les pertes en vies humaines et les impacts sur la santé dus aux
accidents et aux nuisances sonores ainsi que les dommages causés aux routes.
Nous estimons que les coûts externes liés au transport interurbain de mar-
chandises se sont élevés à plus de 2 milliards d’ECU en 1995. Les résultats de la
simulation d’un scénario d’internalisation des coûts externes marginaux corres-
pondants suggèrent qu’une politique des prix intégrant ces facteurs pourrait être
très efficace en limitant la congestion sur les routes, la pollution globale aussi bien
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que les autres effets externes. Dans un tel scénario, l’économie de coûts externe
s’élèverait à environ 500 millions d’ECU.
Une telle politique ne serait cependant pas faisable au niveau de la seule Bel-
gique mais pourrait toutefois être appliquée dans le cadre d’une politique com-
mune concertée de tous les pays européens. C’est ce qui a été assumé dans nos
simulations mais pas encore par nos décideurs politiques…
BIBLIOGRAPHIE
[1] Beuthe M., Degrandsart F., Geerts J.-F. and Jourquin B., External costs of the
Belgian intercity freight traffic : a network analysis of their internalisation,
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