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LE MARCHE DE

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I
L’INVESTISSEMENT

Q
U
E
D’IMPACT EN AFRIQUE
DE L’OUEST
Etat des lieux, tendances, opportunités
et enjeux actuels

AVEC SOUTIEN DE
REMERCIEMENTS ACRONYMES

Ce projet a été financé avec l’aide du gouvernement du Royaume-Uni, à travers ADEPME Agence de Développement et d’Encadrement GIPC Ghana Investment Promotion Center
la mise en œuvre du Programme d’Impact élaboré par le Département pour le des Petites et Moyennes Entreprises
GVEP Partenariat pour l’énergie du village planétaire
Développement International. Le Programme d’Impact vise à impulser le marché AIE Agence Internationale de l’Energie
de l’investissement d’impact en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud. I&P Investisseurs et Partenaires
AMSCO African Management Services Company
IDE Investissement Direct Etranger
www.theimpactprogramme.org.uk
APC All Progressives Congress
IDH Indice de Développement Humain
Ce rapport a été établi grâce à la collaboration de nombreuses personnes, tant APIX Agence pour la Promotion des Investissements et
en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs. Nous souhaitons tout d’abord, remercier toutes IFD Institution Financière de Développement
des Grands Travaux
les personnes interviewées lors de cette étude, qui ont offert de leurs temps, IFU Fonds d’industrialisation pour les pays en
ASG Actifs sous gestion
organisations et savoir-faire. Vos différents apports ont considérablement aidé éclairer développement
un sujet complexe. Nous remercions également les membres de l’équipe du GIIN ASS Afrique Sub-saharienne
IMF Institutions de Microfinance
pour leurs précieux conseils, reçus tout le long du processus d’élaboration du présent AT Assistance Technique
IPRES Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal
rapport. Nous tenons enfin à remercier Jessica Johnson et Aida Ndiaye pour leurs BAD Banque Africaine de Développement
brillantes participations à la recherche et à la collecte de données. LAN Lagos Angel Network
BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
MCF Medical Credit Fund
BIO Société belge d’Investissement pour les pays en
MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord
Équipe Consultative du GIIN Développement
MEST Meltwater Entrepreneurial School of Technology
BMN Bureau de Mise à Niveau
Amit Bouri, abouri@thegiin.org NFSP Programme national de sécurité alimentaire
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
Susan Balloch, sballoch@thegiin.org OCI Organisation de la Conférence Islamique
BoP Base de la Pyramide
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du
Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org CACS Commercial Agriculture Credit Scheme
Droit des Affaires
Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org CEDEAO Communauté économique des États de
ONG Organisation Non-Gouvernementale
l’Afrique de l’Ouest
Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org OPIC Société de promotion des investissements privés
CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal
à l’étranger
CR Capital risque
PIB Produit Intérieur Brut
Équipe de Rédaction de Dalberg CTIC Conseil en Technologies de l’Information et
PME Petite et Moyenne Entreprise
de la Communication
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Naoko Koyama, naoko.koyama@dalberg.com DEG Société Allemande d’Investissement et de
Développement
Développement
Carlijn Nouwen, carlijn.nouwen@dalberg.com PSE Plan Sénégal Émergent
ESG Environnement, Social and Gouvernance
Matthew MacDevette, matthew.macdevette@dalberg.com R&D Recherche et Développement
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
Julia Shen, julia.shen@dalberg.com RH Ressources Humaines
FinTech Financial Technology
John Bazley, john.bazley@dalberg.com SFI Société Financière Internationale
FMI Fonds Monétaire International
SIG Système d’Information de Gestion
Mark Burke, mark.burke@dalberg.com FMO Société Financière Néerlandaise pour le
Développement SMEDAN Agence pour le développement des petites et
moyennes entreprises au Nigéria
FONGIP Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires
TIC Technologies de l’Information et de la
FONSIS Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques
Communication
GAIN Ghana Angel Investor Network
TRI Taux de Rentabilité Interne
GIIN Global Impact Investing Network
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
GIMPA Ghana Institute of Management and Public
JUIN 2016 Administration
AVANT-PROPOS
CHERS LECTEURS,

Le Global Impact Investing Network (GIIN) est ravi de publier le présent rapport
intitulé « Le marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest ». Il a été établi
en collaboration avec Dalberg Global Development Advisors et avec le soutien du
gouvernement du Royaume-Uni dans le cadre de la mise en œuvre du Programme
d’Impact du Département pour le Développement International.
Troisième parmi ceux élaborés sur les marchés régionaux, ce rapport fournit une analyse
du paysage de l’investissement d’impact et couvre quinze états d’Afrique de l’Ouest. Trois
d’entre eux ont fait l’objet de chapitres spécifiques : le Nigéria, le Ghana et le Sénégal.
Les précédents rapports concernent des études menées dans les régions d’Asie du Sud
et d’Afrique de l’Est, portant sur la même problématique. Ils sont disponibles sur thegiin.
org. A travers ces études, le GIIN cherche à collecter le plus de données possibles sur
l’investissement d’impact dans les économies émergentes.
Notre coopération avec Dalberg Global Development Advisors, un cabinet de conseil
mondial bénéficiant d’une présence en Afrique de l’Ouest, nous a permis de faire un
état de la situation qui prévaut dans la région cible. Le rapport traite des investissements
effectués à ce jour, des défis et opportunités présents pour les investisseurs, des besoins
des entreprises, des principaux freins à leur accès aux capitaux, mais également, de
l’impact de la réglementation en vigueur.
L’Afrique de l’Ouest est la seconde zone économique en forte croissance du continent.
Cet état de fait est dû à l’expansion économique du Nigeria et du Ghana. Ces deux pays
ont bénéficié de plus de la moitié des capitaux injectés dans la région Ouest Africaine.
Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont susceptibles d’attirer plus d’investisseurs
dans les temps à venir, en raison respectivement, de la stabilité politique et de l’économie
en croissance. Cependant, la région Ouest Africaine demeure sous-développée. Elle
représente ainsi une opportunité à saisir par les investisseurs en vue de générer un impact
significatif. D’ores et déjà, un certain nombre de secteurs attractifs ont été identifiés.
L’énergie, les marchés financiers et l’agriculture en font partis.
Nous souhaitons vivement faire naître, à travers ce rapport, un intérêt particulier pour la
zone ciblée et pousser à l’investissement et à l’innovation. Les opportunités de placements
substantiels restent nombreuses. Ces investissements généreront une productivité et
une rentabilité qui, elles-mêmes, sous-tendront l’amélioration des conditions de vie
des populations. En outre, les incubateurs, les fournisseurs d’assistance technique et les
associations industrielles locales pourront soutenir le renforcement de l’écosystème de
l’investissement d’impact.
Nous espérons accentuer l’afflux de capitaux profitables aux populations grâce à cet état
des lieux du marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest.
Cordialement,
Amit Bouri

Directeur du Global Impact Investing Network


iv • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST
TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ RÉSUMÉ ANALYTIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1. INTRODUCTION, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE. . . . . . . . . . . 8

ANALYTIQUE
Introduction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Définitions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Méthodologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2. VUE D’ENSEMBLE AU NIVEAU RÉGIONAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12


Bref contexte historique et politique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Structure et Performances Économiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Climat des Investissements et Moteurs des Investissements
Directs Etrangers.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Taux d’Intérêt et Inflation.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Facilité à Faire des Affaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

3. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT. . . . . . . . . . . 18


Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Principaux Obstacles et Opportunités en Matière de Mobilisation
des Capitaux d’Impact.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Approches et Outils de Mesure de l’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Au-delà de l’Investissement d’Impact.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

4. DEMANDE EN CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT. . . . . . . 42


Contexte de Développement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Types et Répartition des Acteurs de la Demande. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

5. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 47


Politiques et Règlements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Efforts Visant à Soutenir le Marché de l’Investissement d’Impact. . . . . . . . . . . 48

CONCLUSION : POSSIBILITÉS D’INTERVENTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

ANNEXE: LISTE DES PERSONNES INTERVIEWÉES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 1
TABLE DES FIGURES RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Figure i : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays, À PROPOS DU PRESENT RAPPORT
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Ce rapport fournit des informations capitales sur le paysage de l’investissement
Figure ii : Montant des investissements directs totaux des autres types d’impact en Afrique de l’Ouest. Il comporte quatre chapitres. Le premier traite des
d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 différents constats et conclusions tirés des études menées, au niveau régional. Les
Figure 1 : Contribution sectorielle au PIB de l’Afrique de l’Ouest, 2014. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 trois autres présentent les résultats spécifiques du Nigéria, du Ghana et du Sénégal.
Ces chapitres sont articulés autour de quatre sections :
Figure 2 : Les entrées d’IDE par pays en Afrique de l’Ouest, de 2004 à 2013. . . . . . . . . . . . . . . . 16
1. « Aperçu »f  ournit un panorama du climat politique, économique et
Figure 3 : Investissements d’impact directs des IFD en Afrique de l’Ouest par année,
d’investissement de la région ou du pays.
de 2005 à 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Figure 4 : Répartition des investisseurs d’impact selon leur présence locale et leur type, 2. « Offre »p   résente les enseignements relatifs au volume des capitaux
Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 d’investissement d’impact mobilisés et ventilés en fonction du secteur, des
techniques utilisées et de l’ampleur des transactions. Les principaux obstacles
Figure 5 : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays, et opportunités identifiés et soulignés par les investisseurs d’impact interrogés
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 dans le cadre de cette étude y sont également décrits. Cette section expose par
Figure 6 : Montant des investissements directs totaux des autres types ailleurs, les différents indicateurs et méthodes en matière de mesure de l’impact et
d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 d’établissement de rapports.
Figure 7 : Répartition sectorielle des investissements directs des IFD, 3. « Demande » décrit les principales caractéristiques des bénéficiaires
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 d’investissements d’impact tout en relevant leurs besoins et les obstacles perçus
Figure 8 : Répartition sectorielle des investissements directs des autres types vis-à-vis de l’accès aux capitaux.
d’investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 4. « Écosystème »d  écrit le cadre réglementaire de l’investissement d’impact et des
Figure 9 : Montant total des investissements directs des IFD en fonction principaux acteurs impliqués dans l’appui aux entreprises et aux investisseurs.
de l’importance de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Outre les principaux pays que sont le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, des
Figure 10 : Montant des investissements directs totaux des autres types d' investisseurs informations sur quatre autres pays sont présentées dans le chapitre dédié à la région
que les IFD en fonction de la taille de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . 28 de l’Afrique de l’ouest (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) sous forme de
Figure 11 : Montant total des investissements des IFD en fonction de l'instrument utilisé, tableaux.
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Le Marché de l’Investissement d’Impact en Afrique de l’Ouest est la troisième
Figure 12 : Montant des investissements totaux des autres types d'investisseurs que les IFD édition d’une étude de marchés régionaux publiée par le Global Impact Investing
en fonction de l'instrument utilisé, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Network (GIIN). Cette étude vise à combler le manque de données disponibles sur
Figure 13 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects l’investissement d’impact dans les économies émergentes. La première édition de ces
des IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 rapports a traité de l’Asie du Sud, la deuxième, de l’Afrique de l’Est et la prochaine
traitera de l’Afrique australe.
Figure 14 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects
des autres types d'investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . 34
PRÉSENTATION DE LA RÉGION CIBLÉE
Figure 15 : Montant des investissements totaux provenant des autres types d’investisseurs d’impact
que les IFD et des investisseurs d’impact secondaires, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . 42 L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire,
Tableau 1 : Indices de Développement Humain de l’Afrique de l’Ouest en 2013 . . . . . . . . . . . . . 43 Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra
Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique
Figure 16 : Institutions de microfinance selon le nombre, les clients actifs et le portefeuille
de l’Ouest (CEDEAO). Huit d’entre eux sont membres de l’Union Economique
de prêts bruts, 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)1 et partage ainsi une monnaie commune
Figure 17 : Les acteurs de l’écosystème en Afrique de l’Ouest, Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 arrimé à l’Euro.

1 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-
Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 3


La stabilité politique varie en fonction du pays. Néanmoins, une forte la même période6, l’Afrique de l’Est a reçu, en termes d’investissements d’impact,
amélioration a été notée dans la zone. Au cours de la dernière décennie, le Sénégal, un montant total estimé à 9,3 milliards de dollars. Pourtant, le PIB de cette région
le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie et le Togo ont tous d’Afrique est deux fois plus petit que celui de l’Afrique de l’Ouest7. En outre, on
relativement joui d’une stabilité politique, entérinant ainsi tous accès de violence. Le estime à 97%, mobilisé par les IFD, du montant total des capitaux d’investissement
Libéria, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire ont été récemment victimes d’une guerre d’impact en Afrique de l’Ouest. Depuis 2005, ces investissements des IFD ont connu
civile. Par ailleurs, le Mali, le Niger, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Nigéria sont des un taux de croissance annuel composé de 18%, passant ainsi de 190 millions de dollars
pays constamment confrontés aux risques d’insécurité liés soit à la violence politique, en 2005 à 852 millions de dollars en 2014.
soit au terrorisme.
Plus de la moitié (54%) des capitaux d’investissement d’impact sont injectés
L’Afrique de l’Ouest constitue la deuxième économie du continent avec une au Nigéria et au Ghana. Le Nigéria, représente à lui seul 80% du PIB de la région,
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de la région, estimée de 6% en 2014.2 et a bénéficié de la plus grande part de capitaux d’investissement d’impact (29%).
Les pays tels que le Nigéria et le Ghana restent stables économiquement. Le L’attrait majeur de ce pays pour les investisseurs réside en l’accès à un large marché,
Burkina Faso, le Niger, le Libéria et la Côte d’Ivoire devraient, selon les prévisions, facilement exploitable et en forte croissance. Le Ghana capitalise presque autant d’
occuper une place économique de plus en plus importante. D’ailleurs, la Côte investissements d’impact (25%) que Le Nigéria bien qu’il ne représente que 5% du
d’Ivoire atteindra en 2016, le troisième rang dans le classement des pays à croissance PIB de l’Afrique de l’Ouest. Cette situation est due aux politiques et règlements mis
économique rapide en Afrique.3 en place dans le pays, propices aux échanges commerciaux. Le Sénégal et la Côte
d’Ivoire ensemble, regroupent 21% des capitaux d’investissement d’impact mobilisés.
La facilité à faire des affaires en Afrique de l’Ouest reste à améliorer. Des
lacunes considérables sont notées en matière d’approvisionnement en énergie et
d’infrastructures. Cette situation porte entrave à la mobilité des biens et des services
FIGURE i : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
mais également à la productivité de la zone. Pour les investisseurs, le manque de
ressources humaines rend difficile le recrutement de personnel local qualifié. Par Volume moyen
des transactions
ailleurs, les coûts élevés de la vie (notamment au Nigéria) empêche le maintien de (en millions de dollars)
leur présence dans ces pays. Néanmoins, la facilité à faire des affaires en Afrique de
l’Ouest s’est quelque peu améliorée au cours des dernières années selon certains CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

indicateurs clés de mesure.4 6 545 Total 16,6 394


1 860 Nigéria 20,2 92
1 615 Ghana 27,8 58
OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT
879 Côte d’Ivoire 17,9 49

Le secteur de l’investissement d’impact sort à peine de sa coquille en Afrique de 535 Sénégal 10,1 53

l’Ouest, mais a un fort potentiel de croissance. On note 40 investisseurs d’impact 353 Togo 16,1 22

actifs dans la région, dont 14 Institutions Financières de Développement (IFD)5. Ce 191 Guinée 31,8 6

rapport présente des informations relatives aux investissements d’impact directs 121 Burkina Faso 7,5 16

réalisés par 11 IFD et 26 autres investisseurs de différents types, installés dans la région 115 Niger 8,2 14

et ayant procédé à un investissement total de 6,8 milliards de dollars entre 2005 et 113 Mali 5,6 20

mi- 2015 (voir figures I et II). Cette somme investie en Afrique de l’Ouest reste faible 111 Bénin 5,8 19

en comparaison à celle dont l’Afrique de l’Est a bénéficié. En effet, cette dernière est 90 Libéria 6,0 15

la seule autre région d’Afrique où l’investissement d’impact a pu être mesuré. Durant 54 Sierra Leone 4,9 11
12 Cap-Vert 4,1 3
3 Guinée-Bissau 1,1 3
493 Non spécifiés* 37,9 13 n = 11 investisseurs
2 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ *Certains projets des IFD ont été regroupés dans la catégorie «Région de l’Afrique de l'Ouest» et n’ont pas précisé le pays.
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf. Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés divisés par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
3 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.
plus proche.
org/en/statistics.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD
4 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://
www.doingbusiness.org/rankings.
5 En raison du caractère unique et de la grande taille des institutions financières de développement
(IFD), les auteurs de ce rapport ont analysé leurs activités séparément de celles des autres types 6 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible
d’investisseurs d’impact, et présentent ces analyses distinctes le cas échéant. sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.
4 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST 7 Ibid. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 5
Les principales opportunités d’investissement perçues résident dans les secteurs
FIGURE ii : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD PAR clés de l’énergie, de la technologie financière8 et de l’agriculture. Géographiquement,
PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 le Nigéria demeure un marché intéressant. Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire
Volume moyen attirent de plus en plus l’attention des investisseurs en raison respectivement, de
des transactions la stabilité politique et d’une forte croissance. Certains investisseurs perçoivent
(en millions de dollars)
également des opportunités au Ghana, alors que d’autres restent assez perplexes,
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
du fait de l’actuelle instabilité économique. D’autres opportunités sont identifiées
221 Total 0,9 252 à travers le renforcement des liens entre les investisseurs locaux et étrangers et les
79 Nigéria 0,9 89 entreprises en vue d’attirer le plus de fonds possibles et de privilégier le financement
75 Ghana 0,9 84 mixte (combinaison des fonds et des investissements subventionnés). Cette
16 Sénégal 0,8 21 collaboration a pour but d’attirer des investissements privés.
11 Côte d’Ivoire 1,1 10
10 Bénin 1,0 10
La mesure de l’impact social reste un défi, du fait de l’hétérogénéité notée dans la
10 Mali 0,8 12
région. Les IFD et les fondations fournissent des rapports généralistes. Concernant
8 Sierra Leone 1,1 7
les autres investisseurs d’impact, leurs mesures sont plus spécifiques.
5 Burkina Faso 0,8 7
4 Togo 0,6 7 LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT D’IMPACT
3 Niger 1,0 3
0.6 Libéria 0,3 2 n = 26 investisseurs L’Afrique de l’Ouest est une région certes en pleine croissance, mais encore sous-
développée. Selon l’Indice de Développement Humain (IDH), la plupart des pays
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobil- de la région sont bien en deçà des moyennes mondiales et sont caractérisés par une
isés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. pauvreté et des inégalités généralisées.
Trois transactions directes au Ghana dont le volume est inconnu, sont également incluses.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD Les entreprises sociales, souvent de petite taille, et les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) ont de grands besoins en financement. La plupart de ces
entreprises ne sont pas assez informées sur les différentes options de financement
Les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et des services existantes, répondent difficilement aux exigences des banques et des investisseurs,
financiers ont attiré d’importants capitaux d’investissement d’impact. En effet, les manquent de mécanismes opérationnels et de gouvernance performants et
IFD ont investi 65% des capitaux de leurs portefeuilles dans les secteurs de l’énergie, sont généralement confrontées à des coûts d’exploitation élevés, freinant ainsi la
de l’industrie et des infrastructures. Les autres types d’investisseurs ont massivement rentabilité.
investi dans le secteur des services financiers, notamment dans les institutions de
microfinance. L’ÉCOSYSTÈME
Les IFD et les autres types d’investisseurs injectent la majorité de leurs capitaux Bien que les barrières réglementaires ne constituent pas la plus grande
sous forme de prêts. Cette forme d’investissements représente 84% des capitaux des préoccupation des investisseurs, certaines méritent toutefois d’être
IFD et 60% de ceux des autres types d’investisseurs. Les IFD utilisent généralement soulignées. Ces barrières réglementaires sont occasionnées par un niveau élevé
des fonds propres et des garanties (respectivement à hauteur de 6% et 7% des d’incertitude politique, une réglementation inadaptée de la faillite et des restrictions
capitaux mobilisés) et utilisent dans une moindre mesure les quasi-fonds propres (3% en ce qui concerne les investissements institutionnels dans les fonds d’investissement
des capitaux mobilisés). Les autres types d’investisseurs ont plus recours aux fonds privés.
propres et aux quasi-fonds propres (respectivement à hauteur de 23% et 13% des
capitaux mobilisés). L’écosystème des organisations d’appui aux entreprises et aux investisseurs est
dynamique, mais encore reste sous-développé. Au cours des dernières années,
Les principaux obstacles perçus à l’investissement d’impact sont: une absence de cet écosystème a été marqué par une croissance et des investissements solides avec
volonté d’investissement de la part des entreprises, une instabilité macroéconomique des incubateurs, des associations et des prestataires d’assistance technique. Il n’est
et politique ainsi que des difficultés à lever des capitaux (pour les gestionnaires cependant pas suffisamment développé pour répondre aux besoins de la région.
de fonds). En outre, la dénomination « investissement d’impact » suscite un fort Son expansion est entravée par une absence de sensibilisation des investisseurs et
scepticisme en Afrique de l’Ouest ; de nombreux investisseurs considérant ces termes des entreprises, sur l’importance de la mise en place de mesures de soutien. Les
comme étant une philanthropie d’un nouveau genre plutôt qu’un investissement à
rentabilité financière.
8 La technologie financière fait référence à des combinaisons innovantes de services financiers alliés à
la technologie, tels que les paiements mobiles.

6 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 7


investisseurs considèrent les systèmes de gestion d’entreprises peu développés, Du fait de la multitude d’opportunités y existant, l’Afrique de l’Ouest est une cible
comme étant un réel frein à la mobilisation des capitaux. Il est alors essentiel attrayante pour les investisseurs cherchant à créer un impact social et environnemental
d’augmenter le nombre d’incubateurs afin de soutenir la croissance du secteur de durable tout en générant une forte rentabilité financière. Néanmoins, il est difficile
l’investissement d’impact. pour ces investisseurs de mobiliser des capitaux suffisants pour la région. Ces
difficultés sont entre autres d’ordre structurel. Par exemple, l’on observe d’une
part que les principaux besoins en infrastructures et en énergie entrainent une

1. INTRODUCTION,
augmentation des coûts d’exploitation ; d’autre part, l’incertitude de l’environnement
politique et les barrières réglementaires compliquent le processus d’investissement. Le

DÉFINITIONS, ET
manque d’informations est également un facteur déterminant. L’Afrique de l’Ouest
n’est pas une zone aisément compréhensible. Les dynamiques culturelles, religieuses,
économiques et politiques varient considérablement d’un pays à un autre mais
MÉTHODOLOGIE également au sein d’un même pays. De plus, comme rappelé précédemment, il existe
peu de données sur la situation actuelle et les potentialités ouvertes à l’investissement
d’impact dans la région.
L’un des principaux buts de ce présent rapport est de remédier à ce manque
Introduction d’informations. En ce sens, il fournit des données très utiles relatives à
l’implémentation des investissements d’impact dans la région Ouest Africaine en
L’investissement d’impact est une pratique qui connait de plus en plus de succès ciblant des secteurs en particulier et en présentant les différents instruments utilisés
du fait des objectifs définis en vue de relever les principaux défis en matière de dans le déploiement d’une telle pratique d’investissement. Par ailleurs, ce rapport
développement. Ces défis concernent le plus souvent le manque de possibilités expose les défis auxquels sont confrontés les investisseurs d’impact actifs dans
d’investissements importants dans les marchés mal desservis. la région ainsi que les opportunités qui leur sont offertes. Il présente également
L’Afrique de l’Ouest représente l’exemple typique d’une région où les défis empêchent les principales caractéristiques et les perspectives des entreprises bénéficiaires
l’exploitation correcte des opportunités. En effet, la région est confrontée à d’investissement tout en identifiant les différents acteurs engagés à l’appui effectif à
d’importants problèmes liés à la pauvreté, à la santé, à l’éducation et à la nutrition. Les ce type d’investissement.
taux de pauvreté de la population de la région sont trois fois plus élevés que la
moyenne mondiale9, tandis que ceux de mortalité des enfants de moins de cinq ans
restent deux fois plus élevés que la moyenne mondiale.10 Pourtant, l’Afrique de l’Ouest Définitions
est la deuxième économie régionale du continent et affiche une forte croissance de Les investissements
son PIB (6% en 2014)11 après l’Afrique de l’Est et abrite le pays le plus peuplé et à la OFFRE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT d’impact sont destinés
plus grande économie de tout le continent, le Nigéria.12 Par ailleurs, les domaines de aux entreprises ou aux
l’énergie, de la production agricole et des infrastructures nécessitent un investissement Le GIIN définit les investissements d’impact comme « ceux destinés
organisations visant à
de taille, doublé d’une innovation poussée.13 aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et
créer un impact social et
environnemental, tout en générant une rentabilité financière”.14 Les investisseurs
environnemental, tout en
d’impact présentent trois caractéristiques :
générant une rentabilité
1. prévision d’une rentabilité financière positive sur la durée de vie de financière.
9 Une moyenne de 46% de la population dans tous les pays en Afrique de l’Ouest vit avec moins de
1,25 dollar / jour, par rapport à la moyenne mondiale de 15%. Dernières données disponibles utilisées
l’investissement ;
pour chaque pays. “World Development Indicators” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http:// LE GLOBAL IMPACT
2. intention de créer un impact social et environnemental positif ; INVESTING NETWORK,
data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators .
WWW.THEGIIN.ORG
10 Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique de l’Ouest est de 93 décès pour 3. engagement à mesurer et à suivre l’impact social et / ou environnemental.
1000 naissances vivantes, par rapport à une moyenne mondiale de 46 décès. “World Development
Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world- Les investissements d’impact sont réalisés dans un grand nombre de secteurs
development-indicators. et à l’aide de divers instruments. Plusieurs types d’investisseurs sont actifs dans le
11 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, notamment les IFD15, les
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ fondations, les entreprises familiales, les banques, les investisseurs institutionnels et les
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.
gestionnaires de fonds.
12 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
org/data-catalog/world-development-indicators.
13 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). 14 Le site web du Global Impact Investing Network, www.thegiin.org.
Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf.
15 Les IFD sont définies comme des institutions financières soutenues par le gouvernement, et qui
accordent un financement au secteur privé (et dans certains cas au secteur public) en vue de réaliser
8 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST des investissements favorisant le développement. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 9
La définition précise d’une PME varie selon les pays. De manière générale, sont
À PROPOS DES PORTEFEUILLES DES IFD dénommées PME, les entreprises qui comptent moins de 250 employés.17 Les
dirigeants de PME interviewées pour les besoins de cette étude ne précisent ni le
La définition utilisée dans cette étude de l’investissement d’impact repose sur l’intention des investisseurs de
revenu, ni le nombre d’employés de leurs entreprises au cours des discussions. Il est
générer des retombées positives pour les bénéficiaires. Les auteurs savent cependant, que cette intention
nécessaire de souligner que de nombreuses entreprises sociales sont des PME.
peut se traduire par différentes stratégies d’investissement. Du fait du caractère unique et de la taille des IFD,
les auteurs de ce rapport analysent leurs activités indépendamment de celles des autres types d’investisseurs Les entreprises sociales et les PME sont les potentiels bénéficiaires d’investissement
d’impact et font ainsi les analyses adaptées. (Ce rapport mettant l’accent sur le développement du secteur privé, d’impact en raison de leur rôle primordial dans la création d’emplois et la fourniture
les fonds accordés directement aux gouvernements ne sont pas pris en compte dans l’analyse.) de biens et services aux populations mal desservies. Cependant, elles font
face à d’importants obstacles pour accéder aux capitaux et pour générer de la
Une segmentation des portefeuilles des IFD en “investissements d’impact” et en “autres investissements”
croissance. L’expérience de ces entreprises révèle donc les principaux obstacles à
aurait pu être intéressante. Elle n’a malheureusement pas pu être adoptée pour cette étude. La perception
l’accès aux capitaux d’impact ainsi qu’à leur mobilisation.
du portefeuille d’investissement des IFD a beaucoup évolué. D’aucuns considèrent tous leurs investissements
comme étant à fort impact, d’autres segmentent leurs activités en plusieurs catégories. Toutefois, la majorité de
ces IFD ne communique pas publiquement sur le caractère à fort impact ou non de leurs investissements. Vu ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME
la diversité des opportunités de création d’impacts sociaux et / ou environnementaux, il a été jugé inapproprié
pour cette étude de procéder à la segmentation des portefeuilles. En revanche, l’analyse en elle-même est Les acteurs de l’écosystème de l’investissement d’impact soutiennent activement
structurée de manière à permettre aux différents lecteurs du rapport d’interpréter les données dans leur les investisseurs ou les entreprises. Il s’agit notamment des types d’organisations
contexte. suivantes :
• Incubateurs /accélérateurs 18
Les investisseurs d’impact investissent à la fois directement dans des entreprises et • Prestataires d’assistance technique (y compris les prestataires de services en
des projets et, indirectement par le biais d’intermédiaires financiers (par exemple, conseil)
les gestionnaires de fonds). En effet, une proportion inconnue des investissements
• Services de notation de crédits
indirects agit comme une source d’investissement direct et les données les concernant
sont insuffisantes. Les intégrer pourrait résulter en un double emploi. Le rapport • Réseaux et associations d’industries
présent met l’accent sur les investissements directs. Cependant, ces investissements • Institutions de recherche
indirects sont traités de façon détaillée dans la section 2 du présent chapitre.
• Concours de plans d’affaires
Seuls les capitaux mobilisés ont été pris en compte dans cette étude. Les fonds
engagés mais non encore mobilisés ont été retirés de l’analyse. Toutes les références
à « capitaux mobilisés » et « capitaux d’impact » renvoient à l’investissement d’impact,
sauf indication contraire. Les données disponibles correspondent à la période 2005
Méthodologie
à mi- 2015 ; toutes les références à « capitaux mobilisés à ce jour » renvoient à cette
Des informations ont pu être collectées durant cette mission grâce à plus de 50
période.
entretiens physiques et téléphoniques avec des investisseurs d’impact, des acteurs
de l’écosystème, des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprises en Afrique de
DEMANDE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT l’Ouest. Les entretiens physiques ont eu lieu dans les principaux pays cibles que
sont: le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, tandis que les entretiens téléphoniques ont
Les investisseurs d’impact touchent les grandes comme les petites entreprises. Les IFD
été réalisés avec des parties prenantes localisées en dehors de cette région ou actifs
ont tendance à favoriser les grandes entreprises en raison de leur capacité à mobiliser
dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.19 La liste des personnes interrogées figure en
et utiliser des capitaux importants. Cette section traite de la demande de deux
annexe.
catégories d’entreprises : les entreprises sociales d’une part, et d’autre part, des PME16
qui représentent 90% du tissu économique de la région.
Dans le présent rapport, les entreprises sociales sont définies comme celles qui : 17 “Micro, Small, and Medium Enterprises around the World: How Many Are There, and What Affects
the Count?” International Finance Corporation (2010). Disponible sur : http://www.ifc.org/wps/wcm/
• expriment un objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental connect/9ae1dd80495860d6a482b519583b6d16/MSME-CI-AnalysisNote.pdf?MOD=AJPERES.
positif, et 18 Les incubateurs permettent aux PME de s’installer et de se développer grâce à une combinaison de
services d’appui aux entreprises (par exemple : le mentorat, le coaching et la formation en gestion
• cherchent à atteindre la viabilité et la pérennité financière.
comptable), au financement et à la mise à disposition d’un espace physique et / ou de machines. Les
incubateurs soutiennent les PME en phase de démarrage et celles en phase de croissance.

16 Les entreprises sociales en Afrique de l’Ouest sont presque exclusivement des PME. 19 Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Burkina Faso, Cap - Vert, Gambie, Guinée, Guinée-
Bissau, Mali, Niger et Togo.
10 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 11
Afin de compléter les renseignements tirés des entretiens, une recherche sont membres de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)20 et
documentaire a été menée sur les portefeuilles d’investissement d’impact et les partage ainsi une monnaie commune, le Franc CFA (FCFA) arrimé à l’Euro. La
dynamiques d’investissement en vigueur dans cette région. Cette recherche s’est langue officielle des pays membres de l’UEMOA, qui est le Français, permet de les
faite à travers l’exploitation d’études universitaires, de bases de données ouvertes distinguer des autres pays frontaliers anglophones.21
au public, d’anciens projets de Dalberg, de rapports des IFD et des investisseurs,
L’Afrique de l’Ouest regroupe des pays aux dynamiques linguistiques, religieuses et
de rapports gouvernementaux ainsi que de sites web et de supports publicitaires
culturelles, etc. très variées. Au-delà même de ces divergences, les risques d’instabilité
des entreprises. Les données présentées exposent généralement les transactions
politique diffèrent considérablement entre les pays et même parfois, au sein du
effectuées par 13 IFD et 27 autres investisseurs d’impact.
même pays. Au cours de la dernière décennie, le Sénégal, le Ghana, le Bénin, le
Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie et le Togo ont tous relativement joui d’une
stabilité politique, entérinant ainsi tous accès de violence. Le Libéria, la Sierra Leone
et la Côte d’Ivoire ont été récemment victimes d’une guerre civile. Par ailleurs, le

2. VUE D’ENSEMBLE AU
Mali, le Niger, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Nigéria sont des pays constamment
confrontés aux risques d’insécurité liés soit à la violence politique, soit au terrorisme.

NIVEAU RÉGIONAL L’Afrique de l’Ouest fait face à d’importants défis en matière de développement et
de croissance économique. Les crises récentes survenues sur bien des plans ne lui
ont pas permis de les surmonter. En 2014, cette région d’Afrique a subi la plus grande
Bref contexte historique et politique épidémie d’Ébola de l’histoire de l’humanité. La Guinée, la Sierra Leone et le Libéria
ont été particulièrement touchés. Près de 28 000 cas d’Ébola ont été noté faisant
plus de 11 000 morts.22 Cette épidémie a eu, en plus des pertes en vies humaines,
LES PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST des effets dévastateurs sur les systèmes de santé et de gouvernance déjà fragiles
de ces pays affectés. Elle a également catalysé d’importants investissements dans
MALI la région Ouest Africaine. En guise d’exemple, une collaboration entre NetHope
CAP-VERT (un consortium d’organisations humanitaires internationales) et Facebook a permis
SÉNÉGAL de mettre sur pied des infrastructures permettant l’accès à une connexion internet
NIGER convenable dans le but d’aider les intervenants dans les zones touchées par le virus
BURKINA
FASO Ébola en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée. Ce genre d’événements met en
lumière le manque de réactivité des autorités de la région. L’épidémie a permet
aussi bien à ces derniers qu’aux investisseurs, de réfléchir à des solutions efficaces et
GAMBIE Pays membres de l’UEMOA durables en vue d’éviter la récurrence de pareils évènements. C’est dans ce cadre que
Pays hors zone UEMOA bon nombre d’infrastructures sanitaires ont été ou sont en cours de construction et
GUINÉE-BISSAU d’implémentation, avec à leur disposition des dispositifs technologiques plus solides et
plus résistants. 
GUINÉE
SIERRA LEONE
NIGÉRIA
Structure et Performances Économiques
LIBÉRIA TOGO
BÉNIN
CÔTE D’IVOIRE Le Nigéria domine l’économie de l’Afrique de l’Ouest, représentant près de 80%
GHANA
du PIB de la région. Sur les 20% restants, le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent
respectivement 5,4% et 4,8% du PIB régional suivi du Sénégal avec 2,2% et de la
Gambie avec 0,11%. 23
L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra
Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique 20 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-
de l’Ouest (CEDEAO) qui facilite la libre circulation des biens et des personnes et Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
ainsi, la coopération économique entre ses États membres. Parmi eux, huit États 21 Sauf pour le Cap-Vert qui parle portugais.
22 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,” Centre pour le contrôle et la prévention des
maladies (2015). Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-
counts.html.
23 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
org/data-catalog/world-development-indicators.
12 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 13
L’économie régionale repose sur le secteur des services qui compte pour près de 60% ​​ classement des pays à croissance économique rapide en Afrique.28 Les principaux
du PIB (Figure 1). L’agriculture occupe une place très importante dans les économies moteurs de la croissance sont : l’agriculture (Nigéria, Côte d’Ivoire et Sierra Leone), la
de nombreux pays, notamment en Sierra Leone, au Mali, au Togo et en Guinée- production pétrolière (Ghana), les services (Nigéria et Côte d’Ivoire) et les
Bissau. Ce secteur est le plus grand pourvoyeur d’emplois.24 Compte tenu de la forte exportations de minerais (Sierra Leone). Le pétrole a été un facteur essentiel de
dépendance de la région aux importations de produits alimentaires, notamment de croissance au cours des dernières décennies au Nigéria. Actuellement, ce secteur est
riz, il est urgent d’améliorer la croissance et la productivité de ce secteur.25 Outre le en déclin en raison du vol de gazoduc, de l’incertitude politique et des faibles niveaux
secteur des services et de l’agriculture, les industries minières et extractives continuent d’investissements.29 
à jouer un rôle important dans les pays tels que le Nigéria, le Ghana et la Guinée.
Il convient de noter qu’une part importante de l’économie de l’Afrique de l’Ouest
En effet, l’exploitation minière représente 26% du PIB de la Guinée et 95% de ses
repose sur le secteur informel.30 Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données relatives
recettes d’exportations. 26 
à ce secteur, tout porte à croire que les entreprises informelles (grandes comme
petites) sont au moins aussi nombreuses que les entreprises formelles et constituent
FIGURE 1: CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DE L’AFRIQUE DE L’OUEST, 2014 *
une part importante de la productivité et de l’emploi dans la région.31 Au Sénégal, par
exemple, on estime que le secteur informel contribue à environ 40% du PIB du pays.32
PIB en milliards
720 569 39 34 16 13 12 9 8 7 5 5 2 2 1 1
de dollars
6%
Industrie 21% 21% 30% 21% 24% 26% 23% 14% 20%
38%
17% 16% 16%
8%
14% 14%
Climat des Investissements et Moteurs des
Investissements Directs Étrangers
22%
Agriculture 22% 20% 22% 17% 36% 36% 44%
21% 22% 37% 62% 42%
42% 20%

L’Afrique de l’Ouest représente une part importante des Investissements Directs


Services 59% 57% 59%
76% 64%
57%
50% 52% 50%
44% 42% 41%
49%
43%
Étrangers (IDE) en Afrique subsaharienne et y a attiré en moyenne 35% des flux
35% 32%
d’IDE entre 2004 et 2013.33 Le Nigéria regroupe environ la moitié de ces flux et est
actuellement le troisième pays bénéficiaire d’IDE en Afrique subsaharienne (derrière
l’Afrique du Sud et l’île Maurice).34 
ia

na

so

ali

nin

er

ée

ne

ria

au

e
ga
ion

er
oir

bi
g
ér

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M
Fa
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g

Le
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G

ed

G
Alors que les IDE avaient été multiplié six fois entre 2004 et 2011,35 passant de 3
rra

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C
rk
t

uin
Sie

Bu

milliards de dollars à 19 milliards de dollars, ils ont entre 2011 et 2013 diminué de 37%,

G
* Les données de l’année 2014 ne sont pas toujours disponibles : les chiffres de la Gambie datent de 2013, et ceux du Mali de 2012.
passant de 19 milliards de dollars à 12 milliards de dollars (Figure 2). Ce déclin résulte
Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)
en grande partie de la baisse des entrées d’IDE au Nigéria, même si les IDE dans
presque tous les pays de la région ont également enregistré une baisse entre 2011 et
2013 (à l’exception du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana).36 
L’Afrique de l’Ouest constitue la deuxième économie du continent et affiche une forte
croissance. La zone a enregistré une croissance annuelle moyenne de son PIB de 6,4
% entre 2006 et 2010 et de 5,5% entre 2011 et 2014 (6% en 2014, malgré les 28 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.
org/en/statistics.
conséquences de l’épidémie d’Ébola).27 Les pays tels que le Nigéria et le Ghana
29 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African
restent stables économiquement. Le Burkina Faso, le Niger, le Libéria et la Côte
Economic Outlook (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/
d’Ivoire devraient, selon les prévisions, occuper une place économique de plus en plus uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_Outlook_2014.pdf.
importante. D’ailleurs, la Côte d’Ivoire atteindra en 2016, le troisième rang dans le 30 L’économie informelle est constituée d’entreprises et d’activités économiques qui ne sont pas
réglementées et qui échappent à l’impôt.
31 “The Informal Sector in Francophone Africa: Firm size, productivity and institutions,”
Banque mondiale (2012). Disponible sur : https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/
handle/10986/9364/699350PUB0Publ067869B09780821395370.pdf?sequence=1.
24 “Regional Agricultural Policy for West Africa,” CEDEAO (2008). Disponible sur : http://www. 32 “Skills for Employability: The Informal Economy,” Dalberg and Results for Development (2012).
diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/01_ANG-ComCEDEAO.pdf. Disponible sur : http://www.resultsfordevelopment.org/sites/resultsfordevelopment.org/files/
25 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). resources/Skills%20for%20Employability%20in%20the%20Informal%20Economy.pdf.
Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf. 33 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
26 “Guinea : Trade Policy Review,” OMC (2012). Disponible sur : http://www.wto.org/english/tratop_e/ org/data-catalog/world-development-indicators.
tpr_e/s251_sum_e.pdf. 34 Ibid. Dernières données à partir de 2013.
27 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic 35 La baisse en 2009 et 2010 peut vraisemblablement être attribuée aux répercussions de la crise
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ économique de 2008.
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.
36 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
14 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST org/data-catalog/world-development-indicators. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 15
Le taux d’inflation moyen entre 2009 et 2014 était d’environ 1% pour les pays de
FIGURE 2: LES ENTRÉES D’IDE PAR PAYS EN AFRIQUE DE L’OUEST, DE 2004 À 2013 l’UEMOA et de 9% pour les pays hors zone UEMOA. Les écarts sont faibles entre
19 les pays de l’UEMOA mais les taux d’inflation des pays hors de cette zone varient
considérablement. Par exemple, entre 2009 et 2014, le Cap-Vert a eu un taux
Reste de la région*
15
d’inflation de 1,9% contre 13% pour la Guinée. Les taux d’intérêt présentent une
14 14 Sénégal situation similaire.41 Le taux interbancaire moyen de l’UEMOA sur la période 2009-
12 Mali
12 2014 était d’environ 4%,42 contre 18% pour les pays hors zone UEMOA.43
Bénin
10 Malgré le caractère hétérogène des différents pays de cette zone UEMOA, on y note
Côte d’Ivoire un climat macroéconomique plus stable accompagné néanmoins d’une croissance
7
6 Burkina Faso économique plus faible. En effet, la croissance moyenne du PIB dans les pays de
Niger l’UEMOA, entre 2010 et 2014, est passée de 1,9% à 5% ; celle des pays hors zone
3
Libéria UEMOA était comprise entre 1,2% et 9,4%.44
Ghana

Facilité à Faire des Affaires


2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Nigéria
* Comprend la Guinée-Bissau, la Gambie, le Cap-Vert, le Togo, la Guinée, et la Sierra Leone
Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)
L’Afrique de l’Ouest est une région où il n’est pas aisé de faire des affaires. Des
lacunes considérables sont notées en matière d’approvisionnement en énergie et
d’infrastructures. Cette situation porte entrave à la mobilité des biens et des services
La baisse des entrées d’IDE est entre autres liée à celle de la productivité et des
mais également à la productivité de la zone. Pour les investisseurs, le manque de
investissements dans le secteur pétrolier au Nigéria,37 à la chute des prix des produits
ressources humaines rend difficile le recrutement de personnel local qualifié. Par
de base et aux conflits régionaux.38 Le lancement de la production de pétrole au
ailleurs, les coûts élevés de la vie (notamment au Nigéria) empêche le maintien de
Ghana et en Côte d’Ivoire, ainsi que le maintien de la stabilité politique et de la
leur présence dans ces pays.
sécurité au Bénin et au Burkina Faso contribuent à accroître leur capacité à attirer des
IDE dans un contexte de déclin régional.39 D’après le rapport Doing Business de la Banque Mondiale, qui classe 189 pays en
fonction d’indicateurs liés à la facilité à faire des affaires, la région Ouest Africaine
occupe la 152ème place. Alors que le Ghana est classé parmi les 100 premiers pays
Taux d’Intérêt et Inflation (70ème), le classement du reste de la région reste entre la 122ème (Cap-Vert) et la
179ème place (Guinée-Bissau).45 Ces résultats découlent principalement des difficultés
Les pays de l’UEMOA ont une monnaie (le Franc CFA Ouest Africain) arrimée à liées au paiement des impôts (taux d’impositions élevés et charges administratives
l’Euro et une banque centrale (la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, y afférent lourdes), à l’accès à l’électricité, à la durée d’obtention de permis de
BCEAO) communes. Ces pays opèrent donc dans un environnement macro- construction et à la durée d’enregistrement de propriété. Les personnes interrogées
économique nettement différent de celui des autres pays de la région. En guise dans ce cadre ont également fait état des niveaux élevés d’incertitude politique,
d’exemple, on note que les pays de l’UEMOA font face à des taux d’inflation et ne permettant pas de définir clairement et facilement les réglementations devant
d’intérêt inférieurs à ceux des pays hors zone UEMOA.40 s’appliquer aux investisseurs.
Les tendances sont toutefois portées à l’amélioration. En effet, entre 2013 et 2014,
37 “OECD Investment Policy Reviews : Nigéria 2015,” Organisation de coopération et de huit pays de la région ont enregistré des progrès sur les indicateurs relatifs à la facilité
développement économiques (2015). Disponible sur : http://www.keepeek.com/Digital-
Asset-Management/oecd/finance-and-investment/oecd-investment-policy-reviews-Nigéria-
2015_9789264208407-en#page1.
38 “World Investment Report 2015,” Conférence des Nations unies sur le Commerce et le 41 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
Développement (CNUCED) (2015). Disponible sur : http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ org/data-catalog/world-development-indicators.
wir2015_en.pdf. 42 “West African Economic and Monetary Union: Staff report on common policies for member
39 Selon le rapport de la CNUCED : “Les investissements directs étrangers en Afrique conservent countries,” Fonds monétaire international (2014). Disponible sur : https://www.imf.org/external/pubs/
une dynamique soutenue par les flux intra-africains” Conférence des Nations unies sur le ft/scr/2014/cr1484.pdf.
Commerce et le Développement (2014). Disponible sur : http://unctad.org/en/pages/PressRelease. 43 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
aspx?OriginalVersionID=189. org/data-catalog/world-development-indicators.
40 Pour plus de précisions sur la relation entre les taux de change fixes, l’inflation et les taux d’intérêt, 44 Ibid.
veuillez consulter le document ci-après : “Does the Exchange Rate Matter for Inflation and Growth ?”
45 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://
Fonds monétaire International (1997). Disponible sur : http://www.imf.org/external/pubs/ft/issues2/.
www.doingbusiness.org/rankings.

16 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 17


à faire des affaires, 46 quatre d’entre eux ayant amélioré leurs classements et ayant fois plus petit que celui de l’Afrique de l’Ouest52. Les raisons justifiant la petite taille
gagnés près dix places. 47 Quatre des cinq premiers pays d’Afrique subsaharienne de ce marché seront examinées plus en détails dans les chapitres suivants, mais elles
ayant enregistré les progrès les plus importants sont localisés en Afrique de l’Ouest (le traduisent déjà un environnement immature et moins propice aux investissements.
Mozambique étant le cinquième pays).48
Les investissements d’impact effectués à la fois par les IFD et les autres investisseurs
Des initiatives telles que la mise en place de l’Organisation pour l’Harmonisation d’impact dans la région, ont néanmoins augmenté. Avant 2014, les investissements
en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) jouent en faveur de l’amélioration directs des IFD enregistraient une tendance à la hausse (Figure 3). Les capitaux
des systèmes de réglementation de la région. En effet, l’OHADA vise à améliorer mobilisés ont connu une forte croissance annuelle de 18%, passant de 190 millions de
l’environnement réglementaire pour les investisseurs en Afrique Occidentale dollars en 2005 à 852 millions de dollars en 2014 (bien qu’ayant baissé en 2013).
et Centrale49 et comprend neuf États d’Afrique de l’Ouest.50 D’importants
investissements ont été effectués par les IFD en vue de combler les lacunes en
matière d’approvisionnement en énergie et d’infrastructures dans la région. FIGURE 3: INVESTISSEMENTS D’IMPACT DIRECTS DES IFD EN AFRIQUE DE L’OUEST PAR ANNÉE, DE 2005 À 2014
CAPITAUX MOBILISÉS NOMBRE DE
(EN MILLIONS TRANSACTIONS
n = 11 investisseurs

3. OFFRE DE CAPITAUX
DE DOLLARS)
894 55
900 Total des capitaux 852
816 800 50
800 Nombre de transactions 748

D’INVESTISSEMENTS
45
700 670
40
600 35
D’IMPACT 500
400
435
385
30
25
316 20
300
190 15
200 10
Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés 100 5
0 0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
ÉTAT DES LIEUX ET CROISSANCE VALEUR MOYENNE
DES TRANSACTIONS 21,1 10,9 12,8 14,8 18,7 24,0 14,6 16,9 16,0 15,8
Il existe 46 investisseurs d’impact en Afrique de l’Ouest, dont 14 IFD et 32 autres (EN MILLIONS DE
DOLLARS)
investisseurs d’impact de types différents. Les recherches menées ont permis d’obtenir
des informations relatives aux investissements d’impact directs effectués par 11 IFD et Remarque: Des investissements inconnus (408,6 millions de dollars ) ainsi que les investissements correspondant à la période Janvier-Juillet 2015 (20,5 millions de
26 autres investisseurs d’impact. Ces investissements ont été d’environ 6,8 milliards de dollars ) ne sont pas inclus. Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés, divisés par la valeur des transactions.
Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au
dollars dans la région entre 2005 et 2015. On estime à 97% le pourcentage, déployé
100.000 le plus proche.
par les IFD, du montant total des capitaux d’investissement d’impact en Afrique de Source: Les données des portefeuilles des IFD ; analyses de Dalberg
l’Ouest, indiquant un manque de participation du secteur privé. Pour l’Afrique de
l’Est, la seule autre région d’Afrique disposant de données sur la question, l’ensemble
du marché de l’investissement d’impact est négligeable. Durant la même période,51 Les données disponibles sur les investissements effectués annuellement par les
l’Afrique de l’Est a reçu, en termes d’investissements d’impact, un montant total autres types d’investisseurs sont cependant limitées. Néanmoins, celles des années
estimé à 9,3 milliards de dollars. Pourtant, le PIB de cette région d’Afrique est deux précédentes disponibles indiquent une croissance générale de 0,2 millions de dollars
mobilisés en 2008 à 17 millions dollars mobilisés en 2013,53 ce qui permet de noter
une concordance avec les informations recueillies des personnes interrogées. Les
cinq dernières années ont été marquées par une recrudescence de gestionnaires de
fonds dans la région Ouest Africaine, notamment au Nigéria. Sahel Capital Partners
46 Gambie, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Sénégal, Guinée et Nigéria. et Doreo Partners sont deux exemples illustrant cette émergence. Alitheia Capital été
47 Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Sénégal. jusqu’en 2010, la seule entreprise active en Afrique de l’Ouest.
48 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale 2015). Disponible sur : http://
www.doingbusiness.org/rankings.
52 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible
49 OHADA (2015). Disponible sur : http://ohada.org.
sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.
50 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
53 Les données annuelles pour 2014 et 2015 sont très limitées. Bien que les estimations indiquent une
51 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible baisse des capitaux mobilisés de 18 millions de dollars à 13 millions de dollars en 2014, les personnes
sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html. interrogées déclarent que cela ne reflète nullement la réalité et que les investissements d’impact
effectués par les autres types d’investisseurs ont augmenté au cours des deux dernières années.
18 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 19
Une autre tendance notée est l’apparition de plus en plus fréquente de fondations
en tant que pourvoyeurs de capitaux d’impact. Les entrevues ont permis de FIGURE 4: RÉPARTITION DES INVESTISSEURS D’IMPACT SELON LEUR PRÉSENCE LOCALE ET LEUR TYPE, JUILLET 2015
souligner d’une part, la forte croissance de ces investissements en Afrique de Répartition des investiseurs d’impact par pays
l’Ouest ; d’autre part, le rôle démonstratif de ces fondations, mettant en exergue
les possibilités d’investissement dans les marchés jugés à haut risque par les
20 Burkina Faso
Niger

46
1 0
investisseurs traditionnels. De nombreuses fondations sont présentes dans les pays Avec présence 2 0
Sénégal
aux économies fragiles et, au-delà de la fourniture de subventions, cherchent à permanente
5 5
apporter des solutions aux problèmes locaux. Les fondations intègrent de plus en plus Mali

26
Investisseurs d’impact 2 0
dans leurs mécanismes de fonctionnement et leurs outils d’aide au développement,
Guinée
la dynamique de l’investissement d’impact. Elles visent la réduction des risques Sans présence Bissau
permanente 2 0
sur les marchés, perçus par les autres investisseurs comme dangereux ou non
viables. L’objectif de la Fondation Lundin par exemple est d’atteindre les marchés les Guinée
plus mal desservis. Dans ce cadre, cette fondation a orienté ses investissements vers Types d’investisseurs d’impact 2 0

des pays tels que le Niger et le Burkina Faso. Cordaid est également une fondation
qui a pour mission de lutter contre la pauvreté dans les pays sortant d’un conflit Avec présence Sans présence Sierra
Ghana
permanente permanente Total Leone Libéria Bénin
politique ou civil, ou d’une épidémie. Ainsi, cette fondation a investi en Sierra Leone 2 0 2 0
4 5 2 0
Nigéria
IFD 5 9 14 3 5
et compte également investir au Libéria et en Guinée. Au-delà de ces fondations,
il existe d’autres acteurs également engagés à l’aide à la croissance économique et Autres types d’investisseurs 15 17 32
Côte d’Ivoire Togo
à la réduction de la pauvreté. Broad Cove est un investisseur d’impact au Libéria • Gestionnairs de fonds 24 4 0 2 0

et au Ghana. Le but de cette organisation est de construire des logements et des • Fondations 6
# Nombre de IFD sont présent # Nombre d'Investisseurs autres
infrastructures connexes, conformément à sa mission de pénétration des marchés les • Investisseurs institutionnels 1 dans le pays types d'investisseur sont présent
dans le pays
moins stables.
Remarque : Le nombre de pays n’est pas égal au total indiqué, certains investisseurs étant présents dans plusieurs pays.
PRÉSENCE LOCALE ET SOURCES DE FINANCEMENT Source: Analyses de Dalberg

En termes de présence locale, les investisseurs d’impact se retrouvent au Sénégal


La majorité des investisseurs étant des IFD, les gouvernements étrangers constituent
(10 bureaux), au Nigéria (huit bureaux) et au Ghana (sept bureaux ; Figure 4). La
donc la principale source de mobilisation de capitaux d’impact. Pour les IFD,
Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)54 et la Banque Africaine de
la majorité des capitaux directs mobilisés proviennent des acteurs régionaux et
développement (BAD) sont les plus grands investisseurs régionaux. La plupart
internationaux. La Société Financière Internationale (SFI), la BOAD et la BAD ont
de leurs bureaux sont implantés en Afrique de l’Ouest (respectivement sept et 12
mobilisé ensemble 4,8 milliards de dollars, représentant 74% de l’investissement des
bureaux nationaux) mais ont plutôt leur siège social au Togo (BOAD) et en Côte
IFD en Afrique de l’Ouest. Les fondations qui reposent sur des capitaux provenant
d’Ivoire (BAD). Vingt-six investisseurs, dont neuf IFD, ne disposent pas d’une
des personnes à valeur nette élevée et des entreprises, ont généralement leur siège
présence physique permanente dans la région.
social en dehors de la région Ouest Africaine. Les gestionnaires de fonds (qui
représentent la majorité des autres types d’investisseurs) basés tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur de la région, disposent de capitaux provenant principalement des
investisseurs issus des marchés développés. Comme examiné plus loin de manière
plus approfondie, les gestionnaires de fonds basés dans des pays d’Afrique de l’Ouest,
déclarent avoir de grandes difficultés à accéder aux capitaux locaux et dépendent
plutôt des IFD, des fondations et d’autres acteurs régionaux qui représentent ainsi
leurs principales sources de financement.

54 Banque Ouest Africaine de Développement.

20 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 21


RÉPARTITION PAR PAYS
FIGURE 5 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

Volume moyen
En Afrique de l’Ouest, l’investissement d’impact se concentre principalement des transactions
au Nigéria et au Ghana qui ensemble représentent plus de 50% des capitaux (en millions de dollars)
mobilisés dans la région. Les IFD et les autres investisseurs mobilisent
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
la majeure partie de leurs capitaux au Nigéria (voir figures 5 et 6). En
ce qui concerne la part des investissements des IFD et des autres types 6 545 Total 16,6 394

d’investisseurs dans le PIB, le Ghana est de loin la principale destination pour 1 860 Nigéria 20,2 92

les investissements d’impact. 1 615 Ghana 27,8 58


879 Côte d’Ivoire 17,9 49
535 Sénégal 10,1 53

Sur les 6,5 milliards de dollars de capitaux mobilisés par les IFD, 1,9 milliards de dollars 353 Togo 16,1 22

(28% de l’ensemble des capitaux mobilisés) ont été injectés au Nigéria grâce à 92 191 Guinée 31,8 6

investissements directs. Le Ghana a pour sa part reçu 1,6 milliards de dollars (25% 121 Burkina Faso 7,5 16

de l’ensemble des capitaux mobilisés) à travers 58 investissements directs. Alors que 115 Niger 8,2 14

le Nigéria occupe le premier rang en termes d’investissements d’impact, le Ghana 113 Mali 5,6 20

à la vue de son PIB, est quand même le principal bénéficiaire. Les investissements 111 Bénin 5,8 19

d’impact mobilisés en 2014 représentent 0,07% du PIB du Nigéria et 0,27% de celui 90 Libéria 6,0 15

du Ghana. Cette situation est probablement due au positionnement politiquement 54 Sierra Leone 4,9 11

stable et favorable aux investisseurs du Ghana. 12 Cap-Vert 4,1 3


3 Guinée-Bissau 1,1 3
La Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux puissances francophones, sont également 493 Non spécifiés* 37,9 13 n = 11 investisseurs
d’importants bénéficiaires et capitalise ensemble 22% des investissements d’impact
mobilisés par les IFD. Cette situation reflète la taille et le niveau de sophistication des *Certains projets des IFD ont été regroupés dans la catégorie «Région de l’Afrique de l'Ouest» et n’ont pas précisé le pays.
Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés divisés par la valeur des transactions. Les capitaux
économies de ces pays par rapport au reste de l’Afrique de l’Ouest. Pour le Sénégal,
mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
son positionnement géographique comme point d’entrée aérien et maritime pour plus proche.
l’Afrique occidentale francophone lui confère sa particularité. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Les investissements d’impact directs mobilisés par autres types d’investisseurs que les
IFD constituent beaucoup moins capitaux que ceux des IFD. Ils représentent 3% des
capitaux d’impact mobilisés. Il est intéressant de noter que l’attraction de ce type de
capitaux, est plus portée vers le Ghana et le Nigéria, recevant à eux deux près de 80
millions de dollars. Les causes de cet état de fait sont traitées de manière exhaustive
dans les chapitres consacrés aux pays. Néanmoins, on note qu’elles tiennent aux coûts
nettement plus faibles des transactions commerciales ainsi qu’au climat politique plus
stable du Ghana.

22 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 23


ENCADRÉ 1. L’INVESTISSEMENT D’IMPACT DANS LES PAYS
FIGURE 6: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD MEMBRES ET HORS ZONE UEMOA PAYS MEMBRES DE
PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 L’UEMOA
Volume moyen Les pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
des transactions ont en commun des politiques macroéconomiques et une monnaie, le Franc CFA • Bénin
(en millions de dollars)
Ouest Africain, arrimé à l’Euro. Il existe donc des différences entre les situations • Burkina Faso
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
des pays membres et des pays hors zone UEMOA. La comparaison de ces états • Côte d’Ivoire
221 Total 0,9 252
de fait permettra de souligner les différences entre les profils face à l’investissement
79 Nigéria 0,9 89 • Guinée-Bissau
d’impact.
75 Ghana 0,9 84
• Mali
16 Sénégal 0,8 21 Les pays hors zone UEMOA ont des activités d’investissement d’impact beaucoup
11 Côte d’Ivoire 1,1 10 plus importantes, tant en termes de nombre d’investisseurs (34 contre 22 dans les • Niger
10 Bénin 1,0 10 pays membres de l’UEMOA) qu’en capitaux mobilisés (4,5 milliards de dollars contre • Sénégal
10 Mali 0,8 12 2,3 milliards de dollars pour les pays membres de l’UEMOA). La taille du marché • Togo
8 Sierra Leone 1,1 7 des pays hors zone UEMOA, principalement du Nigéria, permet de justifier cette
5 Burkina Faso 0,8 7 situation. Les pays hors zone UEMOA disposent d’un PIB six fois plus élevé que celui PAYS HORS ZONE
4 Togo 0,6 7 des pays membres (623 milliards de dollars contre 97 milliards de dollars pour les pays UEMOA
3 Niger 1,0 3 membres de l’UEMOA). • Cap -Vert
0.6 Libéria 0,3 2 n = 26 investisseurs
Les IFD dans les deux types de pays (membres et non membres) représentent • Ghana
environ 97% des capitaux d’impact mobilisés en Afrique et concernent des • Guinée
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobil-
isés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche.
investissements réalisés davantage dans le secteur de l’énergie. Les investissements
dans ce secteur sont de 36% et 27% du total des capitaux mobilisés respectivement • Nigéria
Trois transactions directes au Ghana dont le volume est inconnu, sont également incluses.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD dans les pays membres et non membres de l’UEMOA. Les investissements dans • Liberia
le secteur des infrastructures représentent une part plus importante des capitaux • Sierra Leone
mobilisés par les IFD dans les pays membres de l’UEMOA (23% contre 9% pour les
SECTEUR pays hors zone). Le secteur des industries quant à lui représente une plus grande • Gambie
part des investissements dans les pays hors zone UEMOA (24% contre 13% pour
les pays membres). Les autres types d’investisseurs dans les pays membres et hors
Les investissements des IFD impulsent la croissance de secteurs à forte zone se concentrent sur les services financiers qui représentent respectivement 60% et 50% des capitaux mobilisés.
attractivité de capitaux tels que les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des L’investissement agricole apparaît comme une problématique commune, bien que plus marquée dans les pays de
infrastructures. Les autres types d’investisseurs concentrent leurs capitaux l’UEMOA (25% des capitaux mobilisés contre 9% pour les pays hors zone).
sur les secteurs exigeant relativement moins de capitaux tels que les services
financiers et l’agriculture. Les états membres de l’UEMOA mobilisent une plus grande part des capitaux des IFD et des autres investisseurs,
sous forme de prêts. Une faible part est perçue sous forme de fonds propres. Cette situation est probablement due
à des taux d’intérêt nettement plus élevés dans les pays hors zone, encourageant ainsi l’utilisation d’instruments et de
mécanismes autres que les prêts.
Les IFD investissent principalement dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et
des infrastructures, qui ne bénéficient pas de nombreux investissements en Afrique
POURCENTAGE DES CAPITAUX MOBILISÉS PAR LES INVESTISSEURS D’IMPACT DANS LES ÉTATS MEMBRES ET
de l’Ouest (Figure 7).55 Les capitaux mobilisés dans ces secteurs sont estimés à 4,2
HORS ZONE UEMOA
milliards de dollars, soit 65% de l’ensemble des capitaux mobilisés par les IFD. La taille
des transactions est beaucoup plus importante dans ces secteurs et dans celui des UEMOA Hors UEMOA UEMOA Hors UEMOA
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), où les investissements IFD Autres investisseurs
ont porté sur le développement des infrastructures de télécommunications fixes et
Prêts 92% 80% 78% 54%
Fonds propres 5% 6% 12% 27%
55 Comme indiqué dans la section consacrée aux Définitions, il existe un débat quant à la question de Quasi-fonds propres 3% 3% 8% 14%
savoir s’il convient d’inclure tous les investissements des IFD, étant donné que les IFD investissent
dans plusieurs entreprises et projets sans actions prioritaires apparentes ; c’est le cas des banques
Garanties Néant 11% Néant Néant
commerciales, des projets immobiliers et des sociétés minières. Bien que nous reconnaissions
l’importance de segmenter les portefeuilles des IFD en investissements d’impact et en d’autres
types d’investissements, les IFD n’indiquent actuellement pas lesquels de leurs investissements sont Remarque : La somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100% en raison de l’exclusion des transactions
considérés comme investissements d’impact.
effectuées par le biais de mécanismes inconnus.
24 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 25
mobiles permettant aux populations d’avoir accès à la connectivité téléphonique croissance des entreprises agroalimentaires. Le logement, en revanche, nécessite des
et à Internet. Le plus grand nombre de transactions est réalisé dans le secteur de investissements de capitaux fixes plus importants et à plus long terme. Néanmoins,
l’agriculture, ce qui témoigne de son importance et du potentiel de croissance et de on peut déjà noter une valeur moyenne des transactions relativement élevée de 2,5
génération d’emplois dudit secteur. millions de dollars.

FIGURE 7 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 FIGURE 8: RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES
IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
Volume moyen Volume moyen
des transactions des transactions
(en millions de dollars) (en millions de dollars)

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

2 017 Énergie 39,5 51 110 Services financiers 1,4 77


1 371 Industrie 27,4 50 30 Agriculture 1,0 31
842 Infrastructure 16,5 51 15 Logement 2,5 6
597 Services financiers 11,3 53 8 TIC 1,5 5
580 TIC 29,0 20 5 Santé 1,2 4
480 Agriculture 6,7 72 2 Industrie 0,6 4
125 Minéraux 17,9 7 2 Transport 1,7 1
109 Tourisme 10,9 10 2 Services 0,5 4
79 Éducation 4,2 19 1 Commerce de détail 1,4 1
78 Eau et assainissement 6,5 12 1 Construction / immobilier 0,9 1
52 Santé 4,3 12 46 Indéterminé* 0,4 115
73 Autres* 6,1 12
n = 26 investisseurs
143 Inconnu 5,7 25 n = 11 investisseurs

* Ces investissements sont effectués dans les PME des secteurs suivants: éducation, industrie, santé, services aux entreprises, transport, commerce de gros et de
détail et agro-industrie. Cependant, la ventilation par secteur n'a pas été possible.
* «Autres» comprend le commerce de détail, la construction/l’immobilier, le transport, et le recyclage.
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
Remarque: la valeur moyenne des transactions peut ne pas être égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. plus proche. Trois transactions dont le montant des investissements est inconnu, dans le secteur de l'énergie, ont été exclues.
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

Les autres types d’investisseurs que les IFD en Afrique de l’Ouest concentrent
50% de leurs capitaux aux services financiers (Figure 8). Les institutions de TAILLE DES TRANSACTIONS
microfinance engrangent la majorité de ces investissements du fait des problèmes
d’inclusion financière de la région. Les personnes interviewées ont indiqué que
les investissements dans ce secteur ont commencé à se stabiliser en raison d’un Les transactions des IFD ont tendance à être plus grandes, traduisant
plafonnement des taux d’intérêt dans les pays de l’UEMOA et d’une forte volatilité l’importance accordée au financement de projets d’envergure en matière
des devises au Ghana. Les logements (au Ghana), les TIC (au Nigéria) et l’agriculture d’énergie, d’industrie et d’infrastructures. En outre, lorsqu’il s’agit de petites
(au Nigéria, au Ghana, au Sénégal et au Burkina Faso) apparaissent comme des transactions, les procédures et la bureaucratie des IFD rendent les coûts
secteurs à forte croissance pour les investisseurs. des transactions très élevés. En revanche, les transactions des autres types
d’investisseurs ont tendance à être plus petites, en raison à la fois de leurs
S’agissant des autres types d’investisseurs, l’agriculture, après les services financiers
structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur
représente le plus grand nombre de transactions. La moyenne des transactions dans
marché cible, les PME.
ce secteur est faible. La plupart des entreprises bénéficiaires d’investissements dans
le secteur de l’agriculture sont de petites entreprises, qui font face à des problèmes
de grande envergure dans la chaine de valeur agricole et ne capitale qu’une Les IFD investissent près de la moitié de leurs capitaux dans les transactions
faible productivité. Cette situation rend difficile la résilience des agriculteurs et la supérieures à 50 millions de dollars (voir figure 9). Cette pratique est adaptée à leurs
secteurs cibles que sont l’énergie, l’industrie et les infrastructures, qui nécessitent
26 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 27
généralement des investissements plus importants en capitaux fixes. Le plus grand
nombre de transactions est cependant compris entre 1 et 5 millions de dollars. Dans
cette fourchette, l’agriculture enregistre le plus grand nombre de transactions (22),
ENCADRÉ 2. SIERRA LEONE
suivie par les services financiers (15) et les infrastructures (14).
En 2013, la Sierra Leone comptait parmi les économies les plus dynamiques dans le monde. Après
FIGURE 9: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX DIRECTS DES IFD EN FONCTION DE L’IMPORTANCE DE LA dix années de guerre civile qui a pris fin en 2002, le climat politique s’est stabilisé et le PIB enregistré
TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 a permis de noter une croissance de 20%. Cette croissance est due aux exportations de
Volume moyen fer et de minerais, à l’agriculture, mais également, à la construction.1 Depuis 2006,
des transactions un certain nombre d’investisseurs d’impact ont commencé à investir dans le
(en millions de dollars)
pays, notamment quatre IFD et six autres types d’investisseurs. Les IFD se sont
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
concentrées sur les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’industrie, tandis
31 < 1m 0,5 68 que les autres investisseurs, eux, se sont concentrés sur le secteur en pleine
257 1-5m 2,6 99 croissance de la microfinance. Bien que la Sierra Leone ait bénéficié des plus
474 5-10m 6,8 70 faibles taux d’investissement des IFD en Afrique de l’Ouest, les investissements
provenant des autres types d’investisseurs ont été plus importants. Le PIB du
936 10-20m 13,6 69
Bénin par exemple, étant deux fois supérieur à celui de la Sierra Leone ; les deux
1 643 20-50m 29,9 55
pays ont quasiment bénéficié des mêmes montants d’investissements issus des
3 203 > 50m 97,0 33 n = 11 investisseurs investisseurs autres que les IFD (10 millions de dollars au Bénin par rapport à 7,8 millions
de dollars en Sierra Leone).
Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le Toutefois, en 2014, le pays a connu une épidémie d’Ébola, qui a coûté la vie à près de 4 000
plus proche. personnes.2 Les répercussions économiques ont été rudes. La baisse du tourisme et la perte de
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD
productivité dans les secteurs ont contribué à la chute du PIB de la Sierra Leone qui a vu sa croissance
passer de 20% en 2013 à 17,5% en 2015. Les entretiens menés ont indiqué que plusieurs investisseurs
Les autres investisseurs font de bien plus petites transactions en raison de leurs ont été contraints de cesser leurs activités dans le pays. L’économie devrait cependant se redresser
structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur marché avec une croissance prévue de 2,8% en 2016.3 Par ailleurs, les investisseurs portent à nouveau leur
cible, les PME (Figure 10). En outre, les gestionnaires de fonds actifs en Afrique attention sur la Sierra Leone afin d’aider le pays à reconstruire son système de santé déjà fragile. En
de l’Ouest effectuent de plus petites transactions conformément à leur stratégie guise d’exemple, en Juillet 2015, les donateurs se sont engagés à hauteur de 3,4 milliards de dollars
d’atténuation des risques, répartissant ainsi leurs fonds et réussissant à effectuer un pour faciliter la restructuration sanitaire des pays touchés par l’épidémie Ébola, y compris la Sierra
grand nombre de transactions, petites certes, mais en nouant des partenariats avec Leone.4
d’autres investisseurs. En ce qui concerne les fondations, les transactions de plus
petites tailles traduisent une préférence pour les prêts de faibles montants souvent 1 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African Economic Outlook (2014).
accordés sur une courte période (un à deux ans). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_
Outlook_2014.pdf.
2 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,» Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (2015).
Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-counts.html.
FIGURE 10: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D' INVESTISSEURS QUE LES IFD EN
3 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.
FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
4 “Pledges of $3.4 billion for Ebola recovery made at United Nations,” Reuters (2015). Disponible sur : http://www.reuters.
Volume moyen
com/article/2015/07/11/us-health-ebola-un-idUSKCN0PL00B20150711.
des transactions
(en millions de dollars)

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

75 < 1m 0,4 182


118 1-5m 1,8 66

28 5-10m 7,1 4 n = 26 investisseurs

Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
plus proche.
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

28 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 29


INSTRUMENTS D’INVESTISSEMENT UTILISÉS Les autres types d’investisseurs favorisent également les prêts, avec 60% des
capitaux d’impact mobilisés. Vingt-trois pourcent des capitaux sont constitués par
les fonds propres et 13% par les quasi-fonds propres (Figure 12).57 Cela est dû en
Les IFD favorisent les prêts dans la mesure où ils présentent moins de risque, partie à l’importance accordée par ces investisseurs, aux Institutions de Microfinance
nécessitent une gestion moins active et donne une vision de l’émergence (IMF). La valeur moyenne des transactions sous forme de prêts est généralement
beaucoup plus claire. Les autres types d’investisseurs favorisent également les moins importante. Elle est estimée à 0,7 millions de dollars par rapport à une
prêts, même s’ils utilisent une plus grande variété de mécanismes comparés moyenne d’environ 2,5 millions de dollars pour les fonds propres et les quasi-fonds
aux IFD. Les gestionnaires de fonds préfèrent une approche pratique de propres. Cela peut s’expliquer par la facilité avec laquelle les fondations accordent
gestion de leurs investissements, favorisant les mécanismes de financement des prêts aux institutions actives dans les secteurs des IMF et de l’agriculture. Les
sur fonds propres et quasi-fonds propres. Les fondations quant à elles ont plus grandes transactions en matière de fonds propres et de quasi-fonds propres
tendance à préférer les prêts et les quasi-fonds propres. concernent les activités des gestionnaires de fonds qui nécessitent des participations
importantes. Les attentes quant au rendement des fonds propres varient. La plupart
des gestionnaires de fonds visent des rendements compris entre 20% et 24%. D’autres
La quasi-totalité des investissements directs des IFD dans la région Ouest Africaine ne se contentent que de rendements légèrement inférieurs à ceux du marché,
se présente sous forme de prêts (Figure 11). Ces investissements comprennent compris entre 13% et 17%.
84% de tous les capitaux mobilisés et reflètent d’importants prêts accordés dans les
secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures. Les taux de rendement
FIGURE 12: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D'INVESTISSEURS QUE LES IFD EN
attendus ont tendance à baisser et à se fixer entre le taux du marché et légèrement FONCTION DE L'INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
en dessous, habituellement entre 13% et 17%. Bien que les données sur la durée des
Volume moyen
prêts soient limitées, la taille et la nature de nombreux projets des IFD (notamment
des transactions
la construction de centrales électriques et l’expansion d’infrastructures de téléphonie (en millions de dollars)
mobile) indiquent que ces prêts durent entre 10 et 15 ans.56 Les IFD utilisent autant CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
les fonds propres que les garanties (respectivement 6% et 7% des capitaux mobilisés),
133 Dette 0,7 208
mais utilisent moins les quasi-fonds propres (3% des capitaux mobilisés).
50 Fonds propres 2,5 20

28 Quasi-fonds propres 2,3 12


FIGURE 11 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD EN FONCTION DE L'INSTRUMENT UTILISÉ, DE
JANVIER 2005 À JUILLET 2015 10 Inconnu 0,8 12 n = 26 investisseurs
Volume moyen
des transactions
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
(en millions de dollars)
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS plus proche.
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs
5 508 Dettes 17,5 314

366 Fonds propres 7,6 48

211 Quasi-fonds propres 8,4 25


Outre les investissements effectués dans le but de percevoir un rendement
460 Garanties 76,7 6
financier, les IFD et les autres investisseurs d’impact, dans le cadre leurs stratégies
0.5 Inconnu 0,5 1 n = 11 investisseurs d’investissement, ont souvent utilisé, soit des dons d’assistance technique, soit des
subventions. Les autres investisseurs d’impact ont plutôt tendance à fournir une
Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux assistance technique de manière informelle, par le biais d’appuis non financiers aux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le entreprises et d’orientations. L’assistance technique est principalement fournie dans le
plus proche. but de mettre en place des systèmes de gestion adaptés et de renforcer la capacité
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD
de gouvernance des entreprises cibles bénéficiaires d’investissement. C’est un volet
essentiel de l’investissement dans la région Ouest Africaine. Selon les termes d’un
investisseur : «Si je devais lever un fonds d’investissement d’impact sans un dispositif
d’assistance technique, je ne l’aurais probablement pas fait.»
56 “Project focus: Takoradi, Ghana,” Private Infrastructure Development Group (PIDG) (2015).
Disponible sur : http://www.pidg.org/news/project-focus-takoradi-ghana ; “Africa’s ICT
Infrastructure : Building on the mobile revolution,” Banque Mondiale (2009). Disponible sur : http://
siteresources.worldbank.org/INFORMATIONANDCOMMUNICATIONANDTECHNOLOGIES/ 57 Environ 4% des capitaux provenant des autres types d’investisseurs sont mobilisés par le biais
Resources/AfricasICTInfrastructure_Building_on_MobileRevolution_2011.pdf. d’instruments inconnus.

30 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 31


DÉSENGAGEMENTS
Il existe très peu d’informations disponibles sur le désengagement des investisseurs ENCADRÉ 3. CÔTE D’IVOIRE
(participations détenues par les investisseurs vendues afin de leur permettre de Après plus d’une décennie de conflits violents, notamment deux guerres civiles, la Côte d’Ivoire est de
récupérer leurs investissements) notamment de la part des investisseurs d’impact nouveau en train de devenir une destination clé pour les investissements. La croissance économique a
autres que les IFD. Au cours de cette étude, un ensemble de 49 désengagements fait un bond, atteignant environ 8% en 2015. D’ici 2016, le pays devrait être la troisième
ont été identifié (46 provenant des IFD et s’élevant à 665 millions de dollars et six économie d’Afrique à la plus forte croissance.1 Le climat des affaires s’améliore aussi
issus des autre types d’investisseurs d’une valeur estimée à 19 millions de dollars). rapidement et la Côte d’Ivoire figure parmi les dix premiers états sur le classement
Les entrevues ont permis de souligner en outre que ce dernier montant est très mondial des pays qui ont enregistré des progressions notables selon le rapport
probablement sous-estimé. La plupart des désengagements des IFD ont eu lieu au Doing Business de la Banque Mondiale de 2015.2 La stabilité politique s’est
Ghana et au Nigéria dans les secteurs des industries et des services financiers ; tandis accrue, incitant la Banque Africaine de développement (BAD) à ramener en
que les désengagements de la part des autres types d’investisseurs ont tous eu lieu au 2014 son siège à Abidjan, capitale de la Côte d’ivoire. Ce retour de la BAD
Ghana dans les secteurs des services financiers et du logement. à son siège d’Abidjan a permis au pays de se positionner comme un centre
politique et d’investissements pour l’Afrique occidentale francophone.
INVESTISSEMENTS INDIRECTS Les investisseurs d’impact connaissent le potentiel de la Côte d’Ivoire. Le pays
Les investissements indirects se produisent lorsque les investisseurs mobilisent des est le troisième plus grand bénéficiaire de capitaux d’impact, après le Nigéria et
capitaux par le biais d’intermédiaires financiers (gestionnaires de fonds et banques le Ghana, accueillant sept IFD qui ont mobilisé 880 millions de dollars et cinq autres
commerciales) qui utilisent ensuite ces capitaux pour les investir directement dans types d’investisseurs qui ont mobilisé 11 millions de dollars dans le pays. Les IFD mobilisent la plus
des entreprises ou des projets. Une proportion inconnue d’investissements indirects grande partie de leurs capitaux sous forme d’importants prêts dans les secteurs de l’énergie et des
constitue une source de capitaux pour les investissements directs. Par conséquent, infrastructures, tandis que les autres types d’investisseurs se concentrent principalement sur les
afin d’éviter un double comptage (et en raison de très insuffisantes données sur la opérations de prêts et de fonds propres au profit des secteurs de l’agriculture et des services financiers.
nature des investissements indirects), les investissements indirects ont été exclus Les entretiens indiquent que le secteur de l’investissement d’impact de la Côte d’ivoire poursuivra
de l’analyse ci-dessus. Toutefois, étant donné que les investissements indirects sa croissance et demeurera la première destination en matière d’investissement d’impact en Afrique
représentent une proportion importante des investissements, notamment pour les occidentale francophone.
IFD, il conviendrait de les examiner dans la mesure des données disponibles.
Les investissements indirects réalisés par les IFD s’élèvent à 3,3 milliards de dollars
et représentent 34% de l’ensemble des capitaux mobilisés (voir figure 13). En ce qui 1 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.
concerne les autres types d’investisseurs, les investissements indirects s’élèvent à 29 2 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.
millions de dollars, représentant 12% de l’ensemble des capitaux mobilisés (voir figure org/rankings.
14). Malgré des données limitées sur les investissements indirects, deux tendances
sont notées :
• Les IFD concentrent généralement les investissements indirects sur les banques
commerciales aux fins de rétrocession à des PME, ainsi que sur les gestionnaires
de fonds d’investissement d’impact et les fonds de capital-investissement. L’accent
mis sur les banques commerciales traduit la volonté des IFD de renforcer le
système des banques commerciales et accroître leur capacité à faire des prêts à
des clients nécessiteux (comme les PME). En revanche, la présence de sociétés de
capital-investissement dans les portefeuilles d’investissement des IFD est en partie
due au nombre limité de gestionnaires de fonds d’investissement d’impact dans la
région. Pour reprendre les termes de la Banque Africaine de Développement, c’est
également dû au fait que les IFD reconnaissent que « les acteurs dynamiques et en
nombre croissant du capital-investissement sur le continent africain contribueront
de manière importante à son développement économique et social ».58

58 “Private equity investments,” Banque Africaine de Développement (BAD) (2015). Disponible sur
: http://www.afdb.org/en/topics-and-sectors/sectors/private-sector/areas-of-focus/private-equity-
investments.

32 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 33


• Les autres types d’investisseurs concentrent les investissements indirects sur les prenantes et les populations en vue d’obtenir des investissements d’impact. La
banques rurales offrant une gamme de services financiers aux habitants et PME deuxième raison tourne autour de la mise à contribution des réseaux existant de
des régions rurales, bien qu’il existe l’exemple d’une fondation ayant investi sur un banques commerciales locales. Le Medical Credit Fund (MCF) en est une illustration.
gestionnaire de fonds d’investissement d’impact ainsi que celui d’un gestionnaire Il a pour but de fournir des fonds aux banques commerciales qui les prêtent de
de fonds d’investissement d’impact investissant dans une société de capital- nouveau aux PME évoluant dans le secteur de la santé. En collaborant avec un certain
investissement. La préférence des autres types d’investisseurs pour les banques nombre de partenaires locaux, le MCF est en mesure d’atteindre une cible beaucoup
rurales reflète leur connaissance des nombreux problèmes en matière d’accès aux plus large. Par ailleurs, en sous-traitant aux banques locales existantes les activités
services bancaires formels dans les zones rurales, ainsi qu’en matière d’adéquation d’évaluation du risque-client et les procédures de décaissement des fonds, le MCF est
entre l’offre des investisseurs et la demande des banques rurales pour de petites en mesure de réduire considérablement ses frais d’exploitation et d’octroyer des prêts
transactions. initiaux d’au moins 5 000 dollars. La troisième raison justifiant l’investissement dans
des fonds est la réduction des coûts de transaction. Les investissements dans des
FIGURE 13: COMPARAISON ENTRE LES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX ET LES INVESTISSEMENTS INDIRECTS DES
fonds permet aux grands investisseurs (tels que les IFD et les investisseurs
IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 institutionnels) de déléguer les décisions d’investissement à des experts locaux qui
pourront conclure de plus petites transactions, ce qui s’avère particulièrement utile
Volume moyen pour les IFD cherchant à accorder des prêts aux PME.
des transactions
(en millions de dollars)
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

6 545 Directs 16,6 394 Principaux Obstacles et Opportunités en Matière


3 319 Indirect 23,2 143
n = 13 investisseurs
de Mobilisation des Capitaux d’Impact
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus
proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus.
PRINCIPAUX OBSTACLES PERÇUS À LA MOBILISATION DES
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD CAPITAUX D’IMPACT
L’Afrique de l’Ouest pose des défis importants pour les investisseurs qui cherchent
à mobiliser des capitaux. Le secteur est encore peu connu, avec peu d’investisseurs
d’impact actifs à l’échelle régionale. Les principaux obstacles sont les suivants :
FIGURE 14: COMPARAISON ENTRE LES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX ET LES INVESTISSEMENTS INDIRECTS DES
AUTRES TYPES D'INVESTISSEURS QUE LES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 • Ouverture aux capitaux des entreprises ayant des besoins en investissements :
De nombreuses personnes interrogées ont cité le manque d’ouverture à
Volume moyen
des transactions
l’investissement de la part des entreprises comme étant un obstacle majeur à
(en millions de dollars) l’investissement. Plusieurs éléments entrent en ligne de compte. Premièrement,
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS les problèmes liés à la gouvernance et à la gestion. Par exemple, les personnes
221 Directs 0,9 252
interrogées ont déclaré avoir observé la nomination de proches des chefs
d’entreprise au conseil d’administration et aux postes de direction, plutôt que
29 Indirects 1,2 25
n = 27 investisseurs du personnel ayant suivi une formation appropriée et qualifiée. Il est également
difficile d’embaucher du personnel dûment qualifié. Deuxièmement, les
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
entreprises manquent de systèmes administratifs liés à la gestion financière
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus
proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus. solides. Elles manquent aussi de ressources humaines et opérationnelles, ce
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD qui rend difficile pour les investisseurs l’évaluation de leur rentabilité ou de leur
viabilité. Ces lacunes sont plus fréquentes dans les PME et les petites entreprises
en zones rurales. Troisièmement, de nombreuses entreprises sont réfractaires
Il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles les investisseurs de l’impact au changement et rechignent à modifier leurs structures et pratiques pour les
réalisent des investissements indirects, soit par le biais de fonds ou d’institutions remplacer avec ce qu’ils voient comme des normes imposées par les investisseurs.
financières. La première raison concerne la volonté d’établir une présence locale en
passant par les différents acteurs de la zone. Les marchés d’Afrique de l’Ouest sont • Difficulté à obtenir des capitaux : Par rapport aux normes mondiales, l’Afrique de
très hétérogènes et sont caractérisés par une asymétrie des informations. Les l’Ouest se distingue par des marchés de capitaux peu actifs et de faibles niveaux
personnes interrogées ont souligné la nécessité d’une connaissance de de financements nationaux. Les gestionnaires de fonds locaux ont déclaré dans
l’environnement et du marché local et de la création de liens avec les parties les entrevues que la mobilisation de capitaux nationaux constitue un défi de taille

34 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 35


pour leurs activités. Ils comptent presque uniquement sur ​​les capitaux étrangers
ENCADRÉ 4. TOGO ET BÉNIN provenant des IFD et des fondations, plus difficile à identifier, étant donné que
plusieurs bailleurs de fonds internationaux ne sont pas représentés dans la région.
De plus, l’obtention de financement de fonds de roulement auprès des banques
TOGO
commerciales s’est révélée difficile pour leurs sociétés en quête d’investissement,
La situation du Togo s’améliore progressivement. Après un régime dictatorial dès la fin des années soixante même avec des bilans post-investissement renforcés.
et suite à une élection présidentielle contestable en 2005, le Togo a organisé des élections démocratiques
crédibles en 2013 et en 2015.1 La croissance économique est passée d’environ 4% en 2006 à • Difficulté à se désengager des participations au capital : La question des
près de 6% en 2015 et devrait demeurer forte en 2016.2 Le climat des affaires s’améliore désengagements continue de préoccuper les investisseurs en fonds propres et
également. Le Togo figure parmi les dix premiers pays du monde avec les classements quasi-fonds propres. Au cours de cette étude, très peu d’exemples de réussite de
les plus améliorés selon le rapport Doing Business de 2015. 3 Sur le plan politique et désengagements des participations au capital ont été trouvés, à l’exception notable
réglementaire, le gouvernement met en œuvre une série de réformes fiscales visant à d’ExpressLife au Ghana, que Leapfrog Investments a cédé à Prudential en 2013.
lutter contre la mauvaise administration et la corruption. Tout le monde n’a cependant En l’absence de marchés secondaires59 dans la majeure partie des pays d’Afrique de
pas bénéficié de ce progrès ; il existe d’importantes disparités régionales en matière de l’Ouest, d’autres solutions ont été examinées. Outre les rachats d’entreprises, les
revenus et d’accès aux services de base, avec la majorité des pauvres du Togo vivant personnes interrogées ont essayé de passer des arrangements, où les entreprises
dans les zones rurales. paieraient soit un pourcentage des recettes annuelles (redevance) ou un forfait
annuel en contrepartie des investissements.
Le Togo est l’un des plus importants bénéficiaires de capitaux des IFD après le Nigéria, le
Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cinq IFD ont mobilisé un total de 353 millions de dollars • Instabilité macroéconomique et politique : Au cours des dernières décennies,
(presque le double de la Guinée qui a bénéficié de 190 millions de dollars). Les IFD concentrent l’Afrique de l’Ouest a souffert d’une forte instabilité économique et politique. Si
leurs capitaux dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures, qui représentent ensemble environ 85% des de grands progrès ont été réalisés en ce sens, plusieurs questions restent à
capitaux mobilisés. Les IFD investissent principalement sous forme de prêts (91% des capitaux mobilisés), résoudre. Tout d’abord, l’instabilité monétaire, notamment au Ghana, a renforcé le
même si environ un tiers des transactions sont réalisées sous forme de capitaux propres. Les autres types climat d’incertitude. Une tension est apparue entre les investisseurs internationaux
d’investissements sont modestes. Ils s’élèvent à 4 millions de dollars et se concentrent presque exclusivement sur qui préfèrent accorder des prêts en dollars ou en euros, et la volonté des
les institutions de microfinance. entreprises à obtenir un financement en monnaie locale afin d’éviter les risques de
change. Deuxièmement, les questions de sécurité restent préoccupantes pour les
BÉNIN investisseurs, notamment au Nigéria en raison du conflit actuel avec Boko Haram
dans le nord du pays. Enfin, la fragilité des économies des pays ayant été affectés
Le Bénin a joui depuis les années 90 d’une grande stabilité politique, alors que la croissance économique
par une épidémie constitue également un problème. Comme indiqué, l’épidémie
a nettement augmenté depuis 2010 et devrait atteindre 6% en 2015. Bien qu’il existe toujours des défis
d’Ébola a eu de nombreuses incidences sur le commerce dans la région, affectant
considérables en matière de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté, le gouvernement
de façon significative les pays sortant d’un conflit tels que la Sierra Leone et le
béninois met en œuvre un « programme d’investissements structurels » visant à mobiliser
Libéria.
les investissements publics et privés dans le but d’améliorer les résultats sociaux dans le
pays. Parallèlement, le climat des affaires s’est considérablement amélioré : le Bénin figure • Réglementation imprévisible : La plupart des personnes interviewées ont cité
parmi les dix premiers pays du monde ayant les classements les plus améliorés selon le quelques obstacles réglementaires à l’investissement dans la région. Ces personnes
rapport Doing Business de 2015.4 étaient plus préoccupées par le manque généralisé d’une législation claire et
mise à jour que par les difficultés à ne prévoir des orientations politiques que par
Le Bénin est l’un des principaux bénéficiaires de capitaux provenant des autres
des réglementations restrictives. Le Liberia est caractérisé par différents partis
types d’investisseurs après le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cinq
politiques préconisant l’adoption de réglementations tout aussi différentes. D’autre
investisseurs d’impact ont mobilisé un total de 10 millions de dollars dans le pays, les
part, les entrevues ont permis de noter que la plupart des personnes déplorent
investissements étant effectués sous forme de prêts au profit du secteur des services
les lois commerciales obsolètes de la Sierra Leone datant des années soixante et
financiers (86% des capitaux mobilisés) et de celui de l’agriculture (14% des capitaux
ne correspondent plus aux pratiques commerciales actuellement en vigueur. Les
mobilisés). Les investisseurs voient dans ces secteurs des perspectives de développement dans les
personnes interrogées ont toutefois signalé des obstacles réglementaires
domaines de la microfinance, de l’agro-industrie et de l’accès aux marchés agricoles ; perspectives favorisées par
sectoriels, notamment dans le secteur de la microfinance en Afrique occidentale
l’utilisation de nouvelles technologies.
francophone. Les IMF dans ce domaine sont réglementées comme les banques
formelles, ce qui leur impose des conditions strictes pas forcément adaptées
1 “US Relations with Togo,» Département d’État américain (2015). Disponible sur : http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/5430.htm. et ralentit la croissance du secteur. Par ailleurs, la BCEAO a baissé le plafond
2 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.
3 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.org/rankings.
4 Ibid. 59 Les marchés secondaires impliquent la négociation des investissements existants dans une entreprise
donnée.

36 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 37


des taux d’intérêt de l’UEMOA de 27% à 24% en 2014. Bien qu’ayant limité services au-delà du domaine de la microfinance ; c’est le cas par exemple de la
les comportements abusifs en matière de prêts, ce plafonnement impose des micro-assurance qui protège les petits exploitants agricoles contre les mauvaises
contraintes aux IMF accordant des prêts dans des zones à haut risque et souvent récoltes. L’Afrique de l’Ouest dispose de grandes étendues de terres disponibles
dans les zones rurales. pour la production agricole, mais souffre de faible productivité agricole. Le
secteur de l’agro-alimentaire est en particulier considéré comme une occasion
• Difficultés de perception : Certains gestionnaires de fonds locaux ont refusé
importante d’introduire la mécanisation et l’utilisation de techniques modernes,
d’être associés aux termes « investisseurs d’impact », bien que leurs fonds soient
mais également d’élargir l’accès aux marchés nationaux et internationaux.
conformes aux critères de tels investisseurs c’est-à-dire, la volonté de créer un
impact et à l’engagement à mesurer cet impact. Cela est en grande partie dû au • Zones géographiques : Nigéria, Côte d’Ivoire, Sénégal, Liberia et Sierra
stéréotype qui veut que les investissements d’impact n’entrainent que de faibles Leone : Le Nigéria est considéré comme un « géant endormi » pour les
rendements financiers60 et ne diffèrent pas de la philanthropie. L’investissement investisseurs, toutefois capable de créer un impact et de générer un rendement
d’impact lutte pour gagner en crédibilité, en raison du scepticisme qui entoure les financier incomparable sur le continent. Paradoxalement, les pays affectés par
nouvelles plateformes d’investissement, sachant que les fonds de pension de la l’épidémie d’Ébola devraient attirer une part de plus en plus grande des capitaux,
région hésitent à investir dans les fonds de capital-investissement, par exemple, des organismes de développement s’efforçant d’utiliser l’investissement d’impact
compte tenu en partie du manque de compréhension et de confiance en son pour la reconstruction d’infrastructures de santé, de télécommunications et de
potentiel et en ses objectifs. 61 Un certain nombres d’investisseurs régionaux autres gouvernance. Alors que les défis macroéconomiques au Ghana restent au cœur
que les IFD se sont notamment montrés préoccupés par le fait que les attentes des préoccupations des investisseurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire suscitent un
placées dans l’obtention par l’investissement d’impact de rendements du marché intérêt croissant, en raison de l’amélioration d’une forte croissance économique. La
ou supérieurs au marché minent davantage la confiance. Ces acteurs ont estimé Banque Africaine de Développement a en 2014 occupé de nouveau son siège à
que le rendement élevé ou pas de l’investissement d’impact est spécifique au Abidjan, en Côte d’Ivoire. Sa présence devrait contribuer à accroître la confiance
contexte. Vu les défis et les coûts de transaction élevés ainsi que l’investissement des investisseurs et à catalyser les activités de développement dans le pays.
dans la région, ces investissements ne devraient pas être considérées comme
• Mise en relation des acteurs locaux et étrangers : L’élargissement de partenariats
classiques.
entre les acteurs locaux et étrangers sera déterminant pour le développement de
l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Pour les entreprises étrangères,
PRINCIPALES OPPORTUNITÉS PERÇUES À LA MOBILISATION les partenariats avec les entreprises locales permettent de débloquer des capitaux
DES CAPITAUX D’IMPACT étrangers. Par exemple, Broad Cove agissant en tant que partenaire américain
pour des organisations locales au Ghana et au Libéria a obtenu un financement
Malgré ces défis, les personnes interrogées ont mis en évidence plusieurs de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC, Société américaine de
opportunités pour la croissance et l’expansion de l’investissement d’impact en Afrique promotion des investissements privés à l’étranger). Pour les investisseurs étrangers,
de l’Ouest. Les principales opportunités perçues sont les suivantes : des partenariats avec des investisseurs locaux peuvent étendre le champ d’action
• Secteurs clés : Énergie, services financiers et agriculture : Bien que des des investissements d’impact et réduire les coûts de transaction associés à la
défaillances du marché en matière d’offre de biens et de services publics et d’accès recherche d’opportunité d’investissements.
aux services financiers persistent au niveau régional, de nombreuses possibilités • Capitaux diversifiés : La disposition tactique des capitaux diversifiés (utilisation
d’intervention s’offrent toutefois aux investisseurs d’impact. Le secteur de l’énergie complémentaire des fonds subventionnés et axé sur le taux du marché) peut
demeure l’une des priorités des IFD et des autres investisseurs. Les premiers attirer les investissements privés en réduisant les risques élevés associés aux
se concentrant sur des projets de grande envergure favorisant l’électrification marchés vulnérables et frontaliers. Les fondations qui cherchent des rendements
nationale, tandis que les autres portent un vif intérêt aux projets à moindre inférieurs à ceux du marché peuvent par exemple s’associer aux investisseurs
échelle favorisant ainsi la promotion des solutions énergétiques hors réseau. Les en quête de rendements du marché et utiliser leurs attentes moins élevées de
investisseurs sont également de plus en plus intéressés par des combinaisons rendement pour inciter les investisseurs à l’esprit plus commercial à passer des
novatrices de la technologie et des services financiers (FinTech) tels que le accords qu’ils auraient jugés trop risqués. En outre, les capitaux diversifiés peuvent
paiement mobile (mobile money). Ils souhaitent également étendre leur offre de aider à accroître l’offre des gestionnaires de fonds d’investissement d’impact en
supportant les coûts de frais de gestion. Les personnes interrogées ont noté que
les fonds ne sont généralement pas viables jusqu’à ce qu’ils franchissent le cap des
60 Une étude récente publiée par le GIIN et Cambridge Associates a montré des rendements financiers 60 à 70 millions de dollars, mais comme souligné précédemment les gestionnaires
de 51 fonds d’investissement d’impact privé, qui sont en grande partie conformes à l’univers de
de fonds peinent à lever des fonds. En revanche, la collecte de fonds plus
comparaison des fonds d’investissements privés sans intention de créer un impact. Voir le rapport à :
http://www.thegiin.org/knowledge/publication/introducing-the-impact-investing-benchmark. modestes exerce des pressions sur les gestionnaires de fonds qui imposent des
61 “Pension Funds and Private Equity: Unlocking Africa’s Potential,” Emerging Markets Private Equity frais de gestion de 2% et l’augmentation des frais de gestion risque d’entraîner un
Association (EMPEA) (2014). Disponible sur : http://empea.org/newsroom/empea-news/pension- désaccord de la part des investisseurs. Les subventions de fondations permettant
funds-and-private-equity-unlocking-africas-potential. de couvrir les coûts de gestion peuvent combler cette lacune et catalyser la
38 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST formation de fonds plus modestes. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 39
Approches et Outils de Mesure de l’Impact Au-delà de l’Investissement d’Impact
Les indicateurs et les cadres de mesure de l’impact diffèrent largement entre De nombreuses personnes interrogées ont indiqué que dans une région aussi peu
les acteurs, mais des rapports relativement sont établis annuellement et mis à la développée que l’Afrique de l’Ouest, de nombreux investisseurs sans y prêter gare,
disposition du public. La Banque Africaine de Développement publie la «Revue pourraient probablement effectuer des investissements créant un impact en raison
annuelle sur l’efficacité du développement», qui résume sa performance en fonction de leur contribution à l’accroissement des entreprises locales mais également à
d’un certain nombre d’indicateurs d’impact, lesquels sont restés stables depuis celui des flux de capitaux dans la région. Les personnes interrogées ont souligné
la première revue en 2011.62 Les IFD préfèrent recueillir les données relatives à que de tels investissements occultent les investissements d’impact des autres types
l’impact au niveau des gestionnaires de fonds plutôt qu’au niveau des entreprises. d’investisseurs. Les investissements en fonds propres en Afrique de l’Ouest par
Ils ont également une préférence pour la collecte de données plus sur l’impact des exemple, se sont élevés à 298 millions de dollars rien qu’en 2012 (contre 242 millions
gestionnaires de fonds plutôt que sur les entreprises. de dollars en Afrique australe)65 et croissent à un rythme soutenu : 84% de tous les
capitaux privés investis dans la région depuis 2004, ont été réalisés entre 2012 et
Les méthodes de mesure et d’établissement de rapports divergent pour les autres
2014.66
types d’investisseurs que les IFD. Les grands investisseurs internationaux et les
fondations utilisent généralement des mesures et des rapports exhaustifs. Par Au cours de cette étude, l’équipe de recherche a également rencontré plusieurs
exemple, l’ONG Cordaid fournit des rapports cohérents sur son impact social au investisseurs qui, bien que ne correspondant pas à notre définition de l’investisseur
moyen d’IRIS,63 le catalogue d’indicateurs standardisés gérés par le GIIN. Le Medical d’impact en raison d’une absence d’intention de créer et / ou de mesurer un impact,
Credit Fund adhère au cadre des normes fondamentales relatives aux soins de santé sont toutefois susceptibles d’entrainer un plus ou moins important dans la région. Il
de SafeCare,64 qui mesure les résultats des petits et moyens établissements de santé y a plusieurs raisons à cela. D’abord, ils investissent souvent dans des entreprises
auxquels il accorde des prêts et permet ainsi d’effectuer des comparaisons entre les disposant de solides résultats sociaux. Certains investissent par exemple dans
différentes régions géographiques. des institutions de microfinance qui peuvent relever les défis posés par l’inclusion
financière. Deuxièmement, ils investissent souvent en partenariat avec d’autres
En revanche, les gestionnaires de fonds locaux ont des mesures d’impact
investisseurs d’impact. Adlevo Capital a par exemple investi en partenariat avec
spécifiques et assujetties aux demandes individuelles de leurs investisseurs (IFD par
Omidyar Network et Acumen Fund67 dans la société Paga, opérateur de paiement
exemple). Les plus petites entreprises dans lesquelles ces gestionnaires de fonds
mobile au Nigéria. Troisièmement, ils bénéficient d’investissements provenant
investissent, n’ont souvent pas la capacité d’assurer le suivi et de rendre compte des
d’investisseurs d’impact, notamment des IFD, qui les considèrent comme pouvant
indicateurs sociaux et financiers, ce qui rend difficile la collecte de données. Il faut
contribuer fortement à l’instauration d’un climat d’investissement sain dans la région.
ajouter que de nombreux gestionnaires de fonds n’ont pas la capacité nécessaire
pour recueillir et regrouper ces données pour plusieurs secteurs et entreprises dans Les données disponibles indiquent que les « investisseurs d’impact secondaires »
lesquels ils investissent. Par conséquent, un seul ensemble d’indicateurs de base est disposent d’une influence considérable. Les capitaux mobilisés par seulement deux
généralement suivi. Les indicateurs les plus communément évoqués sont : le nombre investisseurs secondaires s’élèvent à 138 millions de dollars, tandis que l’ensemble des
d’emplois créés, le nombre de clients servis et les revenus des clients. capitaux mobilisés par les autres types d’investisseurs d’impact s’élèvent à 221 millions
de dollars (Figure 15). Leur profil d’investissement est en phase avec celui des autres
Des progrès ont cependant été enregistrés récemment quant à la capacité des autres
types d’investisseurs d’impact. La plupart des investissements sont effectués dans
types d’investisseurs à évaluer leur l’impact. Les investisseurs ont signalé des progrès
les secteurs de la microfinance et des TIC, les quasi-fonds étant privilégiés en tant
significatifs au cours des cinq dernières années dans les systèmes d’information
qu’instrument.
de gestion (logiciels permettant la collecte, la structuration et le compte rendu
des données) qui permettent aux organisations de mieux suivre les indicateurs,
notamment ceux relatifs à l’impact social. Il est également important de noter que
selon certains investissements dont l’impact est inhérent aux activités économiques
principales, la mesure de l’impact social risquerait d’être un double emploi. C’est le
cas avec les entreprises sociales, le paiement mobile et la micro-assurance. Pour de
tels investissements, le suivi de base des indicateurs financiers a été considéré comme
suffisant.

65 “East Africa private equity confidence survey,” Deloitte (2015). Disponible sur : http://www2.deloitte.
62 “Development Effectiveness Reviews,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/topics- com/content/dam/Deloitte/za/Documents/finance/za_private_equity_confidence_survey_
and-sectors/topics/quality-assurance-results/development-effectiveness-reviews. may2015.pdf.
63 IRIS est le catalogue de mesures de performance d’impact qualitatives et quantitatives généralement 66 Into Africa: the rise of private equity,” Freshfields Bruckhaus Deringer (2014). Disponible sur : http://
acceptées et géré par le Global Impact Investing Network. Disponible sur : www.iris.thegiin.org. www.freshfields.com/uploadedFiles/SiteWide/News_Room/News_/01795_MKT_WWW_PE_
64 SafeCare vise à aider les prestataires de soins de santé dans les régions où les ressources sont Growth_In_Africa_INTERACTIVE_AW.PDF.
limitées. Disponible à : http://www.safe-care.org/. 67 Liste des investisseurs, Paga (2015). Disponible à : https://www.mypaga.com/paga-web/customer/
40 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST static/company/investors. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 41
TABLEAU 1 : INDICES DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN DE L’AFRIQUE DE L’OUEST EN 2013
FIGURE 15: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX PROVENANT DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS D’IMPACT
QUE LES IFD ET DES INVESTISSEURS D’IMPACT SECONDAIRES, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
Variations dans le
Volume moyen Pays* Indice IDH, 2013 Classement IDH, 2013 classement depuis 2012
des transactions
(en millions de dollars) Nigéria 0,504 152 1
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS Sénégal 0,485 163 -3
Investisseurs Bénin 0,476 165 0
221 0,9 252
d’impact*
Togo 0,473 166 1
Investisseurs *n = 26 investisseurs
138 5,5 25
**n = 2 investisseurs Côte d’Ivoire 0,452 171 0
secondaires**
Gambie 0,441 172 0
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux Libéria 0,412 175 0
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus
Mali 0,407 176 0
proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD Guinée-Bissau 0,396 177 0
Guinée 0,392 179 -1
Burkina Faso 0,388 181 0
Ces investisseurs, bien que n’étant pas investisseurs d’impact proprement dit, peuvent
se révéler de précieux partenaires et alliés dans les efforts visant à accroître le nombre Sierra Leone 0,374 183 1
et la taille d’investissements à fort impact au cours des prochaines années en Afrique Niger 0,337 187 -1
de l’Ouest.
* Données non disponsibles pour le Cap-Vert et le Togo.

4. DEMANDE EN CAPITAUX
Source: Indice de Développement Humain, 2013

D’INVESTISSEMENT D’IMPACT Le taux d’alphabétisation de l’Afrique de l’Ouest figure parmi les plus faibles au
monde. Parmi les 10 pays enregistrant les plus bas taux d’alphabétisation des adultes
en 2009, 7 sont issus d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger,
Contexte de Développement Sénégal et Sierra Leone.71 Sur le plan sanitaire, la région a enregistré au cours des
deux dernières années une baisse des taux de mortalité des moins de cinq ans,
L’Afrique de l’Ouest a connu une croissance économique au cours des cinq dernières passant de 197 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 132 décès en 2011.
années. Malgré les effets de l’épidémie d’Ébola en 2014, la région a enregistré une Toutefois, ces taux restent toujours en deçà de l’Objectif du Millénaire pour le
croissance du PIB de 6%.68 Les progrès en matière de développement humain n’ont Développement de réduire de deux tiers d’ici 2015 le taux de mortalité infantile.72 La
cependant pas été aussi impressionnants. En 2013, l’Afrique de l’Ouest affiche un mise en place d’infrastructures hospitalières est nécessaire. On compte moins d’un
faible Indice de Développement Humain (IDH) estimé à 0,426, se trouvant en lit d’hôpital pour 1000 citoyens dans toute la région, contre plus de 11 lits dans les
dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui a elle, un IDH de 0,502 et pays développés.73 L’épidémie d’Ébola a contribué à affaiblir les systèmes de santé
bien en dessous de la moyenne mondiale qui a quant à elle un IDH de 0,702. Les de la région, mais représente également une occasion unique de les reconstruire leur
pays de la région ont connu une croissance plutôt lente à partir de 2012 (Table 1).69 permettant ainsi d’être plus solides et plus résistants dans les années à venir.
La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté de 1,25 dollar /
jour est trois fois supérieure à la moyenne mondiale (moyenne de 46% pour les pays
d’Afrique de l’Ouest contre 15% au niveau mondial). Le Nigéria comptabilise à lui seul
environ 100 millions de personnes vivant dans la pauvreté. 70

68 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic 71 Les données plus récentes ne sont pas disponibles. “West Africa Literacy Rates,” IRIN (2009).
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ Disponible sur : http://www.irinnews.org/report/84052/west-africa-combating-world-s-lowest-
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf. literacy-rates.
69 “Human Development Reports,” PNUD (2015). Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/data. 72 “African Leadership for Child Survival,” USAID. Disponible sur : http://www.usaid.gov/sites/default/
70 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank. files/documents/1860/Africa%20Key%20Facts%20and%20Figures.pdf.
org/data-catalog/world-development-indicators. 73 The World Factbook, CIA. Disponible sur : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-
42 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST factbook/fields/2227.html. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 43
Types et Répartition des Acteurs de la Demande Les entreprises sociales dans la région étant peu nombreuses, les PME commerciales
constituent également une cible importante pour les investissements d’impact. En
Comme indiqué dans la section « Définitions », ce rapport se concentre Afrique de l’Ouest, les PME représentent environ 90% de toutes les entreprises et
essentiellement sur deux groupes d’acteurs de la demande : les entreprises sociales et contribuent à environ 30% au PIB,76 bien que variable selon les pays. Au Ghana par
les PME commerciales. Les deux groupes d’acteurs sont des bénéficiaires potentiels exemple, les PME représentent environ 92% de toutes les entreprises et fournissent
de capitaux d’impact en raison de leur rôle dans la création d’emploi et la fourniture 80% de l’emploi.77 La plupart des PME de la région sont concentrées au Nigéria et au
de biens et services aux populations mal desservies. Contrairement aux grandes Ghana78 et sont axées sur les secteurs des services financiers, de l’agriculture et des
entreprises, les deux font face à de plus importants obstacles à l’accès aux capitaux à services. 79
la croissance.  Les IMF, dont beaucoup sont des PME et / ou des entreprises sociales, méritent
Aux fins de la présente étude, les entreprises sociales définies comme celles cherchant d’être mentionnées car elles représentent une cible importante des investissements
à la fois à devenir financièrement autonome et à disposer d’une volonté explicite de d’impact. En 2013, 112 IMF en Afrique de l’Ouest ont communiqué avec le
créer un impact social / environnemental, semblent être des cibles idéales pour les MIX Market, qui collecte des données relatives aux activités des institutions de
investissements d’impact. Cependant, il existe peu d’entreprises de ce type en Afrique microfinance à travers le monde.80 Elles disposent ensemble d’un portefeuille
de l’Ouest. Parmi les exemples tirés des entretiens, figurent la Laiterie du Berger cumulatif de prêts brut de 1,5 milliards de dollars répartis entre 2,1 millions de
et Nest for All au Sénégal, Paga et Andela au Nigéria, Toyola au Ghana (bien que clients actifs (Figure 16). D’après ces données, le Sénégal compte le plus grand
Toyola soit aussi active dans 6 autres pays d’Afrique de l’Ouest), et Liberty et Justice nombre d’IMF (30) et occupe ainsi la première place en termes de portefeuille de
Apparel au Libéria. Un paysage récent des entreprises sociales au Ghana utilisant prêts bruts (402 millions de dollars), suivie de près par le Nigéria (351 millions de
une définition plus précise du terme («des entreprises créées pour répondre aux dollars). La majorité des clients actifs (56%) se trouvent au Nigéria, dont les 11 IMF
besoins sociaux et environnementaux concentrant leurs efforts sur le réinvestissement accordent des prêts à environ 1,2 millions de personnes.81 La moyenne des prêts varie
des bénéfices dans l’entreprise et / ou dans la communauté») a identifié 24 autres considérablement dans cette région, passant par environ 150 dollars en Sierra Leone
de ces entreprises se consacrant essentiellement à l’agriculture, l’éducation, la santé jusqu’à 4 000 dollars au Sénégal. Cela s’explique probablement par le fait que des
et la technologie propre.74 Le faible nombre d’entreprises sociales identifiées est en IMF dans certains pays allouent une part plus importante au financement aux PME ou
partie dû au manque de données disponibles, mais est également lié au fait que le à celui d’entreprises informelles plutôt que des prêts à la consommation personnelle.
concept d’«entreprise sociale» est peu connu en Afrique de l’Ouest. De nombreuses
entreprises de prestations de biens et de services semblables aux entreprises sociales
ne se définissent pas comme telles.
Selon les données recueillies au Ghana, les investisseurs d’impact ont encore à jouer
un rôle prépondérant dans le financement des entreprises sociales. L’étude a révélé
que le financement de la majorité de ces entreprises provient à la fois de subventions
des donateurs et fondations que des contributions de la famille et des amis.75 Les
données recueillies des entretiens corroborent cet état de fait. Par exemple, un
incubateur axé sur les entreprises sociales au Nigéria a souligné qu’aucunes des
entreprises qu’il avait rencontrées ne savaient ni ce qu’était l’investissement impact,
ni que des investisseurs d’impact existaient dans le pays. D’autre part, le fondateur
d’une entreprise sociale au Ghana a noté avoir finalement obtenu un investissement
d’impact provenant d’un investisseur américain. Il n’a pu le trouver qu’au bout de 5 ans 76 “La Finance au Service de l’Afrique,” BAD (2012). Disponible sur : http://www.mfw4a.org/fileadmin/
de recherche d’options différentes : « J’étais un pauvre homme qui voulait servir les data_storage/documents/MFW4A-documents/Soutien_MFW4A_De__veloppement_PME_
pauvres et les employer pour faire de même... alors personne ne voulait me donner dans_l_UEMOA__Fr__Final.pdf.

de l’argent. » Alors que les entreprises sociales de renom et très médiatisées (par 77 “Growing the Global Economy Through SMEs,” Edinburgh Group (2012). Disponible sur : http://
www.edinburgh-group.org/media/2776/edinburgh_group_research_-_growing_the_global_
exemple Paga) attirent les investissements d’impact, d’autres sont soit inconnues des economy_through_smes.pdf.
investisseurs d’impact, ou ne sont pas considérées comme suffisamment solides pour
78 “Document de Stratégie d’Intégration Nationale, Pour l’Afrique de l’Ouest 2011-2015, ” BAD (2011).
bénéficier des investissements.
Disponible sur : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Policy-Documents/DSIR%20
pour%20l’Afrique%20de%20l’Ouest%20-%20REV%202.pdf.
74 “Social enterprise landscape of Ghana,” Overseas Development Institute (2014). Disponible sur : 79 Ibid.
http://www.britishcouncil.org/sites/britishcouncil.uk2/files/social_enterprise_landscape_in_ghana_
80 Dernières données à partir de 2013.
report_final.pdf.
81 “Africa market profile,” MIX Market (2015). Dernières données à partir de 2013 : http://mixmarket.
75 Ibid.
org/mfi/region/Africa?order=series_multimedian_3&sort=desc.

44 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 45


• Lacunes en matière de capacités : Les entreprises sont confrontées à d’importants
FIGURE 16: INSTITUTIONS DE MICROFINANCE SELON LE NOMBRE, LES CLIENTS ACTIFS ET LE PORTEFEUILLE DE PRÊTS défis de maintien de systèmes administratifs solides concernant la conservation
BRUTS, 2013 des données financières, la gestion des ressources humaines, la gouvernance
Nombre d’IMF
et le marketing. Il est donc difficile pour elles de répondre aux attentes des
PORTEFEUILLE DE PRÊTS BRUTS (EN MILLIONS DE DOLLARS) EMPRUNTEURS ACTIFS (EN MILLIERS)
investisseurs, même dans des domaines essentiels tels que la présentation des
402 Sénégal 30 97 ventes et du chiffres d’affaires. En outre, les entreprises éprouvent également
351 Nigéria 11 1 185 des difficultés à embaucher du personnel qualifié pour aider à la mise en œuvre
182 Togo 11 161 et la gestion des opérations. La Société des services de gestion pour l’Afrique
162 Bénin 16 243 (AMSCO) présente dans la région, a été mise en place dans le but de résoudre ce
161 Burkina Faso 6 108 problème.82
106 Ghana 8 159
77 Mali 4 • Coût élevé des affaires : En raison d’infrastructures peu développées dans
71
59 Côte d’Ivoire 4 la région, il est difficile de lancer les produits sur le marché. Le manque
16
10 d’infrastructures routières par exemple, rend difficile le transport de marchandises,
31 Niger 32
tandis que l’insuffisance des infrastructures de télécommunications entrave la
3 Sierra Leone 1 21
communication et la sensibilisation des clients. Cela constitue un problème
2 Libéria 1 12
supplémentaire pour les entreprises qui luttent déjà pour la protection de leurs
clients et le développement de leurs activités et limite leur capacité à générer les
Remarque : Les données ne tiennent compte que des institutions de microfinance qui ont communiqué leurs données de 2013 à MIX Market
bénéfices nécessaires pour susciter l’intérêt des investisseurs.
Source: MIX Market (www.mixmarket.org)
• Difficulté à répondre aux différentes exigences des investisseurs : Lorsque les
investisseurs sont identifiés et leur attention attirée, ils présentent des exigences
différentes et parfois lourdes. Bien que cela ne constitue pas un obstacle
Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la majeur, cette situation peut contribuer à augmenter le coût relatif à la recherche
Demande d’investissements.

Malgré d’importantes disparités selon les pays, les personnes interrogées ont
permis de relever une série de défis communs qui touchent toute la région. Il s’agit

5. ÉCOSYSTÈME DE
notamment des défis suivants :
• Manque d’options de financement en dehors des banques commerciales : Les
marchés des investisseurs potentiels, des capitaux de risque et des capitaux
privés demeurent fort modestes en Afrique de l’Ouest. Il n’existe également L’INVESTISSEMENT D’IMPACT
qu’un petit nombre d’investisseurs d’impact actifs dans la région. Compte tenu
de cette situation, les entreprises ont du mal à identifier des sources formelles
de financement au-delà des banques commerciales. S’il existe d’autres sources
de financement, elles restent toutefois méconnues, en particulier dans les pays Politiques et Règlements
comme le Burkina Faso et la Sierra Leone, qui disposent de très peu de données
d’analyse de marché disponibles. Peu d’entreprises sont au courant de l’existence Certains gouvernements en Afrique de l’Ouest, tels que le Nigéria et le Ghana,
des investissements d’impact, du lieu où de tels investisseurs se trouvent et du encouragent activement les investissements et préconisent des mesures incitatives
fait qu’ils cherchent activement à élargir leur réseau d’entreprises où investir. En telles que des « congés fiscaux » et des exonérations des droits à l’importation pour
conséquence, les entreprises considèrent l’accès au capital comme étant largement certains secteurs. Tandis que les barrières réglementaires sont un sujet très peu abordé
synonyme d’obtention de prêts auprès des banques commerciales. dans les entretiens, les investisseurs d’impact ont souligné les difficultés suivantes :

• Exigences élevées de garanties pour les prêts : Les banques en Afrique de • Restrictions aux investisseurs institutionnels locaux : Les règlements dans de
l’Ouest sont peu disposées à prendre des risques, et n’adaptent pas leurs produits nombreux pays d’Afrique de l’Ouest empêchent les investisseurs institutionnels
ou services aux besoins des PME ou des entreprises sociales. Elles n’accordent tels que les banques et les fonds de pension, d’investir dans des placements privés,
généralement des prêts qu’aux clients pouvant fournir un grand nombre de constituant un important facteur de renforcement et de croissance des entreprises
garanties sous forme d’actifs et d’épargne, ce qui n’est pas le cas de beaucoup
de PME et entreprises sociales. Ces exigences strictes en matière de garanties
constituent pour les entreprises des difficultés d’accès au financement.
82 Site web d’AMSCO : http://www.amsco.org.
46 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 47
dans les marchés développés.83 Le Nigéria a récemment accompli des progrès en
permettant aux fonds de pension d’investir 5% de leurs actifs sous gestion (ASG) FIGURE 17: LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME EN AFRIQUE DE L’OUEST, JUILLET 2015
dans des « classes d’actifs différentes dont les placements privés. D’autres pays de
la région devraient suivre cet exemple.
Innovate Salone* Sierra Leone
• Réglementation incohérente : Plusieurs investisseurs d’impact internationaux Libéria
effectuent des investissements dans divers pays de la région. Cependant, ces iLab Libéria* Sénégal
investisseurs soulignent que les environnements réglementaires et économiques
varient fortement selon les pays, si bien qu’il est difficile de maintenir un Ghana
Jokkolabs*
portefeuille d’investissements diversifié. Alors que les neuf pays de l’OHADA84 Nigéria
progressent vers une harmonisation du droit des affaires, il existe un manque de Incubateur et
cohérence entre les pays non membres de l’OHADA. L’incertitude politique, accompagnateur
même dans un pays donné, constitue une autre difficulté. de croissance TIC
Ghana
(CTIC) Agence de
• Inadéquation et désuétude des règlements en cas d’insolvabilité : La résolution Investment
Promotion Développement
de l’insolvabilité des entreprises constitue un défi majeur en Afrique de l’Ouest, Meltwater et d’Encadrement
Centre
provenant en grande partie des lacunes dans la législation sur les faillites et Entrepreneurial des PMEs
des processus intervenant dans leur mise en œuvre. Dès lors que l’entreprise School of (ADEPME)
African
Technology
devient insolvable, ces lois sont alors nécessaires pour clarifier et appliquer les Management
procédures de remboursement des créanciers et de gestion des actifs. L’indicateur Services Company
ServLed (AMSCO)* Bureau de mise
de résolution de l’insolvabilité du rapport Doing Business mesure la performance
à niveau du
des pays dans ce domaine. La performance de l’Afrique occidentale est faible Nigérian Sénégal (BMN)
; le classement moyen de la région est 136ème sur 189 pays. La Guinée-Bissau et Initiative
Investment
Development
le Cap-Vert sont classés respectivement dernier et avant-dernier du classement Promotion
Ghana Synapse Center Agence de
; et la résolution de l’insolvabilité d’une entreprise au Niger peut prendre jusqu’à Commission
Promotion des
5 ans. Cependant, la Sierra Leone a récemment assoupli les procédures en Wennovation Investissements
SME Enablis Ghana Institute
promulguant une nouvelle loi sur les sociétés et en mettant en place une juridiction Hub et des Grands
Development Of Management
appliquant des procédures accélérées pour les affaires commerciales. 85 Agency Travaux
Global Village and Public
SPARK of Nigéria (APIX)
Energy Partnership Administration—
(GVEP) Centre for Impact
Passion
Efforts Visant à Soutenir le Marché de Incubator
Novametrics LLC International
The African
Private Equity and
Investment

l’Investissement d’Impact L5Lab SSG Advisors Dalberg


Venture Capital
Association* Enterprise
Development
Ghana Angel
iDEA OnFrontiers Performances Centre: Jiggen ci TIC
LES TYPES D’ACTEURS Investor Network
Management Pan-Atlantic
Consulting Lagos Angel University
Dans toute la région, il existe peu d’acteurs soutenant les entreprises et les CcHub EFinA YouWin!
Network
investisseurs, la plupart étant regroupés au Ghana, au Nigéria et au Sénégal. Comme
indiqué sur la figure 17, il existe plusieurs catégories d’acteurs à considérer. INCUBATEURS PRESTATAIRES D’ASSISTANCE TECHNIQUE RÉSEAUX ORGANISMES DE CONCOURS DE
RECHERCHE PLANS D’AFFAIRES
* Également présents dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest
Source: Recherche documentaire ; entretiens

83 “Pension Funds and Private Equity: Unlocking Africa’s Potential,” EMPEA (2014). Disponible sur Les incubateurs et les prestataires d’assistance technique sont les plus nombreux. Le
: http://empea.org/newsroom/empea-news/pension-funds-and-private-equity-unlocking-africas- nombre d’incubateurs a récemment augmenté pour accueillir le nombre croissant de
potential.
PME à soutenir. La majorité se concentre sur la technologie (Co-creation Hub et
84 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
iDEA au Nigéria ; Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) au
85 “Doing Business Regional Profile: CEDEAO,” SFI (2014). Disponible sur : http://www.ihk-krefeld.de/ Ghana). Cela reflète le rôle important de l’utilisation de la technologie, en particulier
de/media/pdf/international/doing-business/westafrika-doing-business-in-the-economic-community-
of-west-african-states-2014.pdf. de la technologie mobile, dans de nombreux aspects de la vie en Afrique de l’Ouest.

48 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 49


Les faibles coûts d’investissement associés à de nombreux services axés sur la qu’étrangers étaient conscients des incitations à l’investissement qui avaient été
technologie, favorisent la croissance du nombre des PME dans les centres urbains. annoncées. Les entretiens ont également indiqué que les organisations sont peu
sensibilisées aux programmes d’appui aux entreprises, tant publiques, que privés.
Les prestataires d’assistance technique sont bien représentés ; ils sont largement
répartis entre les organismes d’appui gouvernementaux axés sur le développement • Manque de ressources : Compte tenu de l’absence de systèmes administratifs
des PME et la promotion des investissements, et les cabinets de conseil privés et de gouvernance professionnelle dans les entreprises, l’incubation et l’appui aux
chargés de fournir des services de conseils aux entreprises et aux investisseurs. Il est entreprises constituent un processus fastidieux et coûteux. C’est la raison pour
encourageant de constater qu’au cours des dernières années, un certain nombre de laquelle les incubateurs affirment qu’ils ne peuvent accueillir qu’un nombre limité
réseaux, axés sur le développement de milieux d’investisseurs en capitaux propres, d’entreprises à la fois, soit une infime partie des entreprises qui ont besoin d’une
sont apparus. Les entretiens avec ces réseaux indiquent qu’il existe une forte volonté certaine forme d’appui.
de la part de ces investisseurs de trouver de nouvelles et meilleures façons de
Malgré ces contraintes, les acteurs de l’écosystème étaient optimistes quant à la
collaborer.
trajectoire de l’investissement d’impact dans la région. Ils ont pris soin de souligner
Deux organismes de recherche ont été identifiés : le centre de l’investissement que comme le secteur de l’investissement d’impact est encore très jeune, il est
d’impact du Ghana Institute of Management and Public Administration (GIMPA) compréhensible qu’il soit confronté à des lacunes et à des problèmes associés à
et le Enterprise Development Center (EDC, Centre pour le développement de l’agrandissement rapide. Tout comme les investisseurs, ils ont également identifié les
l’entreprise) à l’Université Pan Atlantic du Nigéria. Le Centre du GIMPA a pour débouchés s’ouvrant dans des secteurs tels que l’agriculture, l’énergie, la technologie
but de fournir des informations sur le plaidoyer et la sensibilisation à la pratique des et les services financiers. En outre, ils ont indiqué que compte tenu du développement
investissements d’impact au Ghana. Ce centre a publié plusieurs rapports sur la des marchés des capitaux privés et des capitaux-risque dans la région, un cercle
situation du secteur.86 L’EDC mène, quant à lui, des recherches sur l’écosystème du vertueux pourrait apparaitre dans le secteur, entrainant une augmentation des
développement des entreprises au Nigéria, assure le renforcement des capacités des investissements et incitant les entreprises à développer des systèmes administratifs
entreprises et organise des activités de réseautage en vue de réunir les investisseurs et permettant de répondre aux besoins des investisseurs. De meilleurs systèmes
les entreprises. administratifs permettent aux entreprises d’attirer plus facilement des capitaux et aux
investisseurs de trouver des entreprises en quête d’investissements, sachant que plus
les investissements stimulent la croissance, plus l’afflux de capitaux est important.
PRINCIPALES CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS
L’écosystème de l’investissement d’impact dans la région est encore émergent. Par
conséquent, les acteurs des organismes de recherche aux incubateurs sont limités. Les
personnes interrogées ont relevé les défis suivants :
• Concentration de l’écosystème : Les acteurs se trouvent bien souvent dans CONCLUSION : POSSIBILITÉS
D’INTERVENTION
les grands centres urbains de Lagos, Accra et Dakar. Cela convient aux
organisations d’appui aux investisseurs, étant donné que les investisseurs locaux
sont principalement situés dans ces centres urbains, et que les investisseurs
internationaux peuvent se déplacer plus facilement vers eux. Toutefois, il est Bien que plusieurs personnes interrogées étaient optimistes quant aux perspectives
absolument indispensable d’assurer une plus grande répartition géographique de de croissance du secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest de
l’appui aux entreprises, notamment dans les zones rurales. De plus, il est nécessaire croissance, d’autres ne l’étaient pas encore. La capacité des investisseurs d’impact
de développer l’incubation d’entreprises au-delà de l’accent actuellement mis sur la à générer un rendement financier important suscite beaucoup de scepticisme. En
technologie. outre, vu que nombre d’entre eux sont dans la région considérant que « l’impact » se
• Manque de sensibilisation des investisseurs au potentiel de l’appui à présente sous toute forme d’investissements et contribuant à renforcer les capacités
l’écosystème : Le soutien aux investisseurs est encore en cours de construction nationales (même dans des domaines tels que le pétrole et du gaz), l’engagement
et son efficacité en Afrique de l’Ouest reste encore à prouver. Il est donc difficile des investisseurs d’impact à créer un impact social ou environnemental devient moins
pour ces acteurs d’avoir la crédibilité nécessaire pour agir comme une solide avantageux.
structure d’appui. Par exemple, un incubateur a signalé qu’il s’est démené pour Compte tenu de ce contexte, il est important que les investisseurs d’impact ainsi
mobiliser les investisseurs et les intéresser au potentiel des incubateurs à générer que les organismes d’appui soient proactifs dans le développement du secteur de
un réseau d’entreprises où il est possible d’investir. Un organisme d’appui aux l’investissement d’impact. Les entretiens ont révélé ce qui suit comme étant des
investisseurs a quant à lui déploré le fait que peu d’investisseurs, tant locaux interventions prometteuses :
• Sensibiliser à l’investissement d’impact : De nombreux investisseurs en
Afrique de l’Ouest, ne savent pas ce qu’est l’investissement d’impact, ou le
86 Consulter http://gcii.gimpa.edu.gh pour plus de détails.

50 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 51


considère comme un nouveau type de philanthropie. Dans les deux cas, le s’agit de stimuler la croissance des entreprises, puisque les capitaux propres
terme « investissement d’impact » n’a pas été accueilli avec enthousiasme dans permettent aux investisseurs d’adopter une approche plus interventionniste et
la région. La sensibilisation s’avère donc utile. Cela pourrait se présenter sous la de recourir à leur expertise pour assurer la gestion des entreprises, souvent en
forme de publications et de diffusions de travaux de recherche, de développement siégeant au conseil d’administration. Toutefois, les entreprises en Afrique de
de réseaux plus solides d’investisseurs d’impact dans le but de renforcer la visibilité l’Ouest hésitent à accepter les investissements en capital, par crainte de perdre le
collective et de permettre aux investisseurs d’impact de sensibiliser les investisseurs contrôle de leurs entreprises. Un des moyens d’y remédier consiste à établir une
commerciaux. présence locale. Les entretiens ont indiqué que les propriétaires et gestionnaires
d’entreprises attachent de l’importance à la prise de contact physique et sont
• Capitaliser sur les africains et les sociétés africaines les mieux nantis :
beaucoup plus susceptibles d’accorder leur confiance à des investisseurs qui
Relativement à l’intervention susmentionnée, il est particulièrement important
sont à la fois présents et connus de leurs communautés. Pour les investisseurs
de solliciter et de mobiliser les africains à valeur nette élevée comme nouvelles
qui ne peuvent pas agir de la sorte, trouver des partenaires locaux ou investir
sources de financement. Les entretiens ont indiqué que plusieurs africains à
indirectement par l’intermédiaire des gestionnaires de fonds locaux constitue
valeur nette élevée désirent investir leurs capitaux dans des initiatives à des fins
également une option envisageable. Ceux qui ont déjà une présence locale
à fort impact.87 Il est temps d’aborder avec eux le potentiel de l’investissement
devraient, bien sûr, continuer à insister sur leur rôle en tant que partenaires aux
d’impact, en vue de représenter une nouvelle vague de philanthropie africaine
entreprises.
à la fois percutante et financièrement viable. Parallèlement, il existe beaucoup
de grandes sociétés qui se développent dans la région et qui pourraient se • Élaborer un bilan de succès au moyen de mesures plus cohérentes : Il est difficile
servir des investissements d’impact pour leurs chaînes d’approvisionnement. Les pour les investisseurs de mettre en adéquation un ensemble de paramètres et
personnes interrogées ont signalé que comme les personnes à valeur nette d’indicateurs d’impact, notamment parce qu’ils traitent avec diverses entreprises
élevée, ces sociétés manquent de sensibilisation et de compréhension du concept ayant des profils d’impact différents. Pourtant, des mesures internes plus efficaces
d’investissement d’impact. et cohérentes, ainsi que les rapports externes permettent d’identifier les moteurs
de réussite et d’échec, en dotant enfin le secteur d’une meilleure trajectoire de
• Renforcer l’écosystème des incubateurs : L’un des messages constamment
croissance. Une plus grande utilisation des SIG pourrait faciliter le processus de
répétés, transmis par les investisseurs concerne l’extrême difficulté à trouver
suivi des mesures internes et rendre plus facile la diffusion des résultats.
des entreprises où il est possible d’investir. Celui des incubateurs concerne les
difficultés à mobiliser les investisseurs. Cette situation est particulière, étant donné Le bilan de la croissance économique rapide en Afrique de l’Ouest, ainsi que la
que les incubateurs fournissent l’appui qui permettra aux entreprises de développer présomption qu’une telle croissance se poursuivra, est à l’ordre du jour de nombreux
un réseau pour les investisseurs. De toute évidence, il existe des lacunes dans investisseurs locaux et internationaux. Les investisseurs d’impact ont récemment
la collaboration. Afin de combler cette lacune, deux mesures s’imposent : il est commencé à se focaliser sur la région. Bien que le secteur soit actuellement de
nécessaire d’assurer le développement de l’écosystème des incubateurs et de petite taille, il y a de grandes possibilités de croissance. Ces possibilités ne peuvent
renforcer les liens entre les investisseurs et les incubateurs. Pour atteindre ces cependant être exploitées sans des efforts rapides et coordonnés dans l’ensemble du
objectifs, les investisseurs d’impact peuvent : secteur de l’investissement d’impact.
• Établir des relations avec des incubateurs individuels pour les aider à
comprendre les types d’entreprises recherchées, les indicateurs les plus
importants lorsqu’il s’agit d’investir ainsi que les besoins futurs probables des
réseaux d’investisseurs ;
• Investir dans des incubateurs afin de les renforcer en nombre et en capacité ;
• Travailler avec les incubateurs pour développer un réseau plus solide
d’associations de soutien qui établiront les relations entre les investisseurs et
les sociétés et mobiliseront les gouvernements.
• Sensibiliser et mobiliser les entreprises sur la valeur des capitaux propres
grâce à des partenariats locaux : Les investisseurs estiment généralement
que les investissements en capital s’avèreraient plus efficaces que les prêts. Il

87 See the following for an interesting debate on the issue: “Are Africa’s wealthiest doing enough to help
the continent?” The Africa Report. Available at: http://www.theafricareport.com/The-Question/are-
africas-wealthiest-doing-enough-to-help-the-continent.html.

52 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 53


ANNEXE: LISTE DES PERSONNES Offre Téléphonique Netherlands Development Finance Company (FMO) IFD

INTERVIEWÉES
Offre Téléphonique Injaro Investments Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Leapfrog Investments Gestionnaire de fonds

Note: Les acteurs ci-aprés denommés "Offre" ne sont pas necessairement investisseurs d'impact. Offre Téléphonique Medical Credit Fund Gestionnaire de fonds

Catégorie Endroit de Offre Téléphonique MicroVest Capital Funds Gestionnaire de fonds


d'acteur l'entrevue Organisation Type
Offre Téléphonique Oikocredit Gestionnaire de fonds
Offre Ghana Acumen Fund Gestionnaire de fonds
Offre Téléphonique Shell Fondation Fondation
Offre Ghana JCS Investment Limited Gestionnaire de fonds
Offre Téléphonique Teranga Capital Gestionnaire de fonds
Offre Ghana Lundin Fondation Fondation
Offre Téléphonique TIAA-CREF Investisseur institutionnel
Offre Ghana Venture Capital Trust Fund Fonds gouvernemental
Offre Téléphonique Whole Planet Fondation Fondation
Offre Nigéria Alitheia Capital Gestionnaire de fonds

Offre Nigéria Doreo Partners Gestionnaire de fonds Demande Ghana Initiative Development Ghana Incubateur

Offre Nigéria International Finance Corporation (IFC) IFD Demande Ghana Sinapi Aba Trust Enterprise

Offre Nigéria Sahel Capital Partners Gestionnaire de fonds Demande Ghana Toyola Enterprise

Offre Sénégal Banque Nationale de Developpement Economique (BNDE) Gestionnaire de fonds Demande Nigéria Africa Exchange Holdings (AFEX) Enterprise

Offre Sénégal The West African Development Bank (BOAD) IFD Africa Training and Management Services (ATMS) Fondation/ Prestataire d’assistance
Demande Nigéria
Africa Management Services Company (AMSCO) technique
Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement
Offre Sénégal Investisseur institutionnel Demande Nigéria Andela Enterprise
et le Commerce (BSIC)
Offre Sénégal CGF Bourse Investisseur institutionnel Demande Sénégal Mutuelle d’Epargne et de crédit du Djoloff (DJOMEC) IMF

Offre Sénégal Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) Investisseur institutionnel Demande Sénégal Enablis Enterprise

Offre Sénégal Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) Gestionnaire de fonds Demande Sénégal Laiterie du Berger Enterprise

Offre Sénégal Fonds Souverain d’Investissement Stratégiques (FONSIS) Gestionnaire de fonds


Écosystème Ghana Ghana Angel Investor Réseau Réseau
Offre Sénégal International Finance Corporation (IFC) IFD Prestataire d’assistance
Écosystème Ghana Ghana Investment Promotion Centre (GIPC)
Offre Sénégal Investisseurs et Partenaires (I&P) Gestionnaire de fonds technique
Ghana Institute of Management and Public Administration (GIMPA) Organisme académique/
Écosystème Ghana
Offre Sénégal Root Capital Gestionnaire de fonds Center for Impact Investing de recherche

Offre Sénégal Sen Finances Gestionnaire de fonds Écosystème Ghana Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) Incubateur

Offre Sénégal Teranga Capital Gestionnaire de fonds Écosystème Ghana Servled Incubateur

Offre Téléphonique Accion Gestionnaire de fonds Écosystème Nigéria Co-creation Hub (CcHUB) Incubateur
Organisme académique/
Offre Téléphonique Adlevo Capital Gestionnaire de fonds Écosystème Nigéria Enterprise Development Center, Pan-Atlantic University
de recherche
Offre Téléphonique Africinvest Gestionnaire de fonds Information Technology Developers Entrepreneurship Accelerator
Écosystème Nigéria Incubateur
(iDEA)
Offre Téléphonique Alterfin Gestionnaire de fonds
Écosystème Nigéria Lagos Angel Réseau Réseau
Offre Téléphonique Broad Cove Gestionnaire de fonds Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Prestataire d’assistance
Écosystème Sénégal
Moyennes Enterprises (ADEPME) technique
Offre Téléphonique Cordaid Investments Gestionnaire de fonds
Écosystème Sierra Leone Innovate Salone Incubateur

54 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 55


À PROPOS DU GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK

Le Global Impact Investing Network (GIIN®) est une organisation


à but non lucratif dévouée à augmenter l’échelle et l’efficacité des
investissements d’impact. Le GIIN édifie l’infrastructure essentielle
et soutient des activités, de l’éducation, et de recherche qui aident
l’accélération du développement d’une industrie cohérente des
investissements d’impact. Pour en savoir plus, visite www.thegiin.org.
30 Broad Street, 38ème étage, New York, NY 10004, Etats Unis
+1.646.837.7430 | info@thegiin.org | www.thegiin.org

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