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SU
M
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LE MARCHE DE
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I
L’INVESTISSEMENT
Q
U
E
D’IMPACT EN AFRIQUE
DE L’OUEST
Etat des lieux, tendances, opportunités
et enjeux actuels
AVEC SOUTIEN DE
REMERCIEMENTS ACRONYMES
Ce projet a été financé avec l’aide du gouvernement du Royaume-Uni, à travers ADEPME Agence de Développement et d’Encadrement GIPC Ghana Investment Promotion Center
la mise en œuvre du Programme d’Impact élaboré par le Département pour le des Petites et Moyennes Entreprises
GVEP Partenariat pour l’énergie du village planétaire
Développement International. Le Programme d’Impact vise à impulser le marché AIE Agence Internationale de l’Energie
de l’investissement d’impact en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud. I&P Investisseurs et Partenaires
AMSCO African Management Services Company
IDE Investissement Direct Etranger
www.theimpactprogramme.org.uk
APC All Progressives Congress
IDH Indice de Développement Humain
Ce rapport a été établi grâce à la collaboration de nombreuses personnes, tant APIX Agence pour la Promotion des Investissements et
en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs. Nous souhaitons tout d’abord, remercier toutes IFD Institution Financière de Développement
des Grands Travaux
les personnes interviewées lors de cette étude, qui ont offert de leurs temps, IFU Fonds d’industrialisation pour les pays en
ASG Actifs sous gestion
organisations et savoir-faire. Vos différents apports ont considérablement aidé éclairer développement
un sujet complexe. Nous remercions également les membres de l’équipe du GIIN ASS Afrique Sub-saharienne
IMF Institutions de Microfinance
pour leurs précieux conseils, reçus tout le long du processus d’élaboration du présent AT Assistance Technique
IPRES Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal
rapport. Nous tenons enfin à remercier Jessica Johnson et Aida Ndiaye pour leurs BAD Banque Africaine de Développement
brillantes participations à la recherche et à la collecte de données. LAN Lagos Angel Network
BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
MCF Medical Credit Fund
BIO Société belge d’Investissement pour les pays en
MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord
Équipe Consultative du GIIN Développement
MEST Meltwater Entrepreneurial School of Technology
BMN Bureau de Mise à Niveau
Amit Bouri, abouri@thegiin.org NFSP Programme national de sécurité alimentaire
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
Susan Balloch, sballoch@thegiin.org OCI Organisation de la Conférence Islamique
BoP Base de la Pyramide
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du
Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org CACS Commercial Agriculture Credit Scheme
Droit des Affaires
Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org CEDEAO Communauté économique des États de
ONG Organisation Non-Gouvernementale
l’Afrique de l’Ouest
Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org OPIC Société de promotion des investissements privés
CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal
à l’étranger
CR Capital risque
PIB Produit Intérieur Brut
Équipe de Rédaction de Dalberg CTIC Conseil en Technologies de l’Information et
PME Petite et Moyenne Entreprise
de la Communication
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Naoko Koyama, naoko.koyama@dalberg.com DEG Société Allemande d’Investissement et de
Développement
Développement
Carlijn Nouwen, carlijn.nouwen@dalberg.com PSE Plan Sénégal Émergent
ESG Environnement, Social and Gouvernance
Matthew MacDevette, matthew.macdevette@dalberg.com R&D Recherche et Développement
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
Julia Shen, julia.shen@dalberg.com RH Ressources Humaines
FinTech Financial Technology
John Bazley, john.bazley@dalberg.com SFI Société Financière Internationale
FMI Fonds Monétaire International
SIG Système d’Information de Gestion
Mark Burke, mark.burke@dalberg.com FMO Société Financière Néerlandaise pour le
Développement SMEDAN Agence pour le développement des petites et
moyennes entreprises au Nigéria
FONGIP Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires
TIC Technologies de l’Information et de la
FONSIS Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques
Communication
GAIN Ghana Angel Investor Network
TRI Taux de Rentabilité Interne
GIIN Global Impact Investing Network
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
GIMPA Ghana Institute of Management and Public
JUIN 2016 Administration
AVANT-PROPOS
CHERS LECTEURS,
Le Global Impact Investing Network (GIIN) est ravi de publier le présent rapport
intitulé « Le marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest ». Il a été établi
en collaboration avec Dalberg Global Development Advisors et avec le soutien du
gouvernement du Royaume-Uni dans le cadre de la mise en œuvre du Programme
d’Impact du Département pour le Développement International.
Troisième parmi ceux élaborés sur les marchés régionaux, ce rapport fournit une analyse
du paysage de l’investissement d’impact et couvre quinze états d’Afrique de l’Ouest. Trois
d’entre eux ont fait l’objet de chapitres spécifiques : le Nigéria, le Ghana et le Sénégal.
Les précédents rapports concernent des études menées dans les régions d’Asie du Sud
et d’Afrique de l’Est, portant sur la même problématique. Ils sont disponibles sur thegiin.
org. A travers ces études, le GIIN cherche à collecter le plus de données possibles sur
l’investissement d’impact dans les économies émergentes.
Notre coopération avec Dalberg Global Development Advisors, un cabinet de conseil
mondial bénéficiant d’une présence en Afrique de l’Ouest, nous a permis de faire un
état de la situation qui prévaut dans la région cible. Le rapport traite des investissements
effectués à ce jour, des défis et opportunités présents pour les investisseurs, des besoins
des entreprises, des principaux freins à leur accès aux capitaux, mais également, de
l’impact de la réglementation en vigueur.
L’Afrique de l’Ouest est la seconde zone économique en forte croissance du continent.
Cet état de fait est dû à l’expansion économique du Nigeria et du Ghana. Ces deux pays
ont bénéficié de plus de la moitié des capitaux injectés dans la région Ouest Africaine.
Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont susceptibles d’attirer plus d’investisseurs
dans les temps à venir, en raison respectivement, de la stabilité politique et de l’économie
en croissance. Cependant, la région Ouest Africaine demeure sous-développée. Elle
représente ainsi une opportunité à saisir par les investisseurs en vue de générer un impact
significatif. D’ores et déjà, un certain nombre de secteurs attractifs ont été identifiés.
L’énergie, les marchés financiers et l’agriculture en font partis.
Nous souhaitons vivement faire naître, à travers ce rapport, un intérêt particulier pour la
zone ciblée et pousser à l’investissement et à l’innovation. Les opportunités de placements
substantiels restent nombreuses. Ces investissements généreront une productivité et
une rentabilité qui, elles-mêmes, sous-tendront l’amélioration des conditions de vie
des populations. En outre, les incubateurs, les fournisseurs d’assistance technique et les
associations industrielles locales pourront soutenir le renforcement de l’écosystème de
l’investissement d’impact.
Nous espérons accentuer l’afflux de capitaux profitables aux populations grâce à cet état
des lieux du marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest.
Cordialement,
Amit Bouri
ANALYTIQUE
Introduction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Définitions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Méthodologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 1
TABLE DES FIGURES RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Figure i : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays, À PROPOS DU PRESENT RAPPORT
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Ce rapport fournit des informations capitales sur le paysage de l’investissement
Figure ii : Montant des investissements directs totaux des autres types d’impact en Afrique de l’Ouest. Il comporte quatre chapitres. Le premier traite des
d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 différents constats et conclusions tirés des études menées, au niveau régional. Les
Figure 1 : Contribution sectorielle au PIB de l’Afrique de l’Ouest, 2014. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 trois autres présentent les résultats spécifiques du Nigéria, du Ghana et du Sénégal.
Ces chapitres sont articulés autour de quatre sections :
Figure 2 : Les entrées d’IDE par pays en Afrique de l’Ouest, de 2004 à 2013. . . . . . . . . . . . . . . . 16
1. « Aperçu »f ournit un panorama du climat politique, économique et
Figure 3 : Investissements d’impact directs des IFD en Afrique de l’Ouest par année,
d’investissement de la région ou du pays.
de 2005 à 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Figure 4 : Répartition des investisseurs d’impact selon leur présence locale et leur type, 2. « Offre »p résente les enseignements relatifs au volume des capitaux
Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 d’investissement d’impact mobilisés et ventilés en fonction du secteur, des
techniques utilisées et de l’ampleur des transactions. Les principaux obstacles
Figure 5 : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays, et opportunités identifiés et soulignés par les investisseurs d’impact interrogés
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 dans le cadre de cette étude y sont également décrits. Cette section expose par
Figure 6 : Montant des investissements directs totaux des autres types ailleurs, les différents indicateurs et méthodes en matière de mesure de l’impact et
d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 d’établissement de rapports.
Figure 7 : Répartition sectorielle des investissements directs des IFD, 3. « Demande » décrit les principales caractéristiques des bénéficiaires
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 d’investissements d’impact tout en relevant leurs besoins et les obstacles perçus
Figure 8 : Répartition sectorielle des investissements directs des autres types vis-à-vis de l’accès aux capitaux.
d’investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 4. « Écosystème »d écrit le cadre réglementaire de l’investissement d’impact et des
Figure 9 : Montant total des investissements directs des IFD en fonction principaux acteurs impliqués dans l’appui aux entreprises et aux investisseurs.
de l’importance de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Outre les principaux pays que sont le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, des
Figure 10 : Montant des investissements directs totaux des autres types d' investisseurs informations sur quatre autres pays sont présentées dans le chapitre dédié à la région
que les IFD en fonction de la taille de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . 28 de l’Afrique de l’ouest (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) sous forme de
Figure 11 : Montant total des investissements des IFD en fonction de l'instrument utilisé, tableaux.
de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Le Marché de l’Investissement d’Impact en Afrique de l’Ouest est la troisième
Figure 12 : Montant des investissements totaux des autres types d'investisseurs que les IFD édition d’une étude de marchés régionaux publiée par le Global Impact Investing
en fonction de l'instrument utilisé, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Network (GIIN). Cette étude vise à combler le manque de données disponibles sur
Figure 13 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects l’investissement d’impact dans les économies émergentes. La première édition de ces
des IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 rapports a traité de l’Asie du Sud, la deuxième, de l’Afrique de l’Est et la prochaine
traitera de l’Afrique australe.
Figure 14 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects
des autres types d'investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . 34
PRÉSENTATION DE LA RÉGION CIBLÉE
Figure 15 : Montant des investissements totaux provenant des autres types d’investisseurs d’impact
que les IFD et des investisseurs d’impact secondaires, de Janvier 2005 à Juillet 2015. . . . . . . 42 L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire,
Tableau 1 : Indices de Développement Humain de l’Afrique de l’Ouest en 2013 . . . . . . . . . . . . . 43 Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra
Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique
Figure 16 : Institutions de microfinance selon le nombre, les clients actifs et le portefeuille
de l’Ouest (CEDEAO). Huit d’entre eux sont membres de l’Union Economique
de prêts bruts, 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)1 et partage ainsi une monnaie commune
Figure 17 : Les acteurs de l’écosystème en Afrique de l’Ouest, Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 arrimé à l’Euro.
1 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-
Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Le secteur de l’investissement d’impact sort à peine de sa coquille en Afrique de 535 Sénégal 10,1 53
l’Ouest, mais a un fort potentiel de croissance. On note 40 investisseurs d’impact 353 Togo 16,1 22
actifs dans la région, dont 14 Institutions Financières de Développement (IFD)5. Ce 191 Guinée 31,8 6
rapport présente des informations relatives aux investissements d’impact directs 121 Burkina Faso 7,5 16
réalisés par 11 IFD et 26 autres investisseurs de différents types, installés dans la région 115 Niger 8,2 14
et ayant procédé à un investissement total de 6,8 milliards de dollars entre 2005 et 113 Mali 5,6 20
mi- 2015 (voir figures I et II). Cette somme investie en Afrique de l’Ouest reste faible 111 Bénin 5,8 19
en comparaison à celle dont l’Afrique de l’Est a bénéficié. En effet, cette dernière est 90 Libéria 6,0 15
la seule autre région d’Afrique où l’investissement d’impact a pu être mesuré. Durant 54 Sierra Leone 4,9 11
12 Cap-Vert 4,1 3
3 Guinée-Bissau 1,1 3
493 Non spécifiés* 37,9 13 n = 11 investisseurs
2 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ *Certains projets des IFD ont été regroupés dans la catégorie «Région de l’Afrique de l'Ouest» et n’ont pas précisé le pays.
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf. Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés divisés par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
3 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.
plus proche.
org/en/statistics.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD
4 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://
www.doingbusiness.org/rankings.
5 En raison du caractère unique et de la grande taille des institutions financières de développement
(IFD), les auteurs de ce rapport ont analysé leurs activités séparément de celles des autres types 6 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible
d’investisseurs d’impact, et présentent ces analyses distinctes le cas échéant. sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.
4 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST 7 Ibid. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 5
Les principales opportunités d’investissement perçues résident dans les secteurs
FIGURE ii : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD PAR clés de l’énergie, de la technologie financière8 et de l’agriculture. Géographiquement,
PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 le Nigéria demeure un marché intéressant. Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire
Volume moyen attirent de plus en plus l’attention des investisseurs en raison respectivement, de
des transactions la stabilité politique et d’une forte croissance. Certains investisseurs perçoivent
(en millions de dollars)
également des opportunités au Ghana, alors que d’autres restent assez perplexes,
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
du fait de l’actuelle instabilité économique. D’autres opportunités sont identifiées
221 Total 0,9 252 à travers le renforcement des liens entre les investisseurs locaux et étrangers et les
79 Nigéria 0,9 89 entreprises en vue d’attirer le plus de fonds possibles et de privilégier le financement
75 Ghana 0,9 84 mixte (combinaison des fonds et des investissements subventionnés). Cette
16 Sénégal 0,8 21 collaboration a pour but d’attirer des investissements privés.
11 Côte d’Ivoire 1,1 10
10 Bénin 1,0 10
La mesure de l’impact social reste un défi, du fait de l’hétérogénéité notée dans la
10 Mali 0,8 12
région. Les IFD et les fondations fournissent des rapports généralistes. Concernant
8 Sierra Leone 1,1 7
les autres investisseurs d’impact, leurs mesures sont plus spécifiques.
5 Burkina Faso 0,8 7
4 Togo 0,6 7 LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT D’IMPACT
3 Niger 1,0 3
0.6 Libéria 0,3 2 n = 26 investisseurs L’Afrique de l’Ouest est une région certes en pleine croissance, mais encore sous-
développée. Selon l’Indice de Développement Humain (IDH), la plupart des pays
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobil- de la région sont bien en deçà des moyennes mondiales et sont caractérisés par une
isés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. pauvreté et des inégalités généralisées.
Trois transactions directes au Ghana dont le volume est inconnu, sont également incluses.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD Les entreprises sociales, souvent de petite taille, et les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) ont de grands besoins en financement. La plupart de ces
entreprises ne sont pas assez informées sur les différentes options de financement
Les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et des services existantes, répondent difficilement aux exigences des banques et des investisseurs,
financiers ont attiré d’importants capitaux d’investissement d’impact. En effet, les manquent de mécanismes opérationnels et de gouvernance performants et
IFD ont investi 65% des capitaux de leurs portefeuilles dans les secteurs de l’énergie, sont généralement confrontées à des coûts d’exploitation élevés, freinant ainsi la
de l’industrie et des infrastructures. Les autres types d’investisseurs ont massivement rentabilité.
investi dans le secteur des services financiers, notamment dans les institutions de
microfinance. L’ÉCOSYSTÈME
Les IFD et les autres types d’investisseurs injectent la majorité de leurs capitaux Bien que les barrières réglementaires ne constituent pas la plus grande
sous forme de prêts. Cette forme d’investissements représente 84% des capitaux des préoccupation des investisseurs, certaines méritent toutefois d’être
IFD et 60% de ceux des autres types d’investisseurs. Les IFD utilisent généralement soulignées. Ces barrières réglementaires sont occasionnées par un niveau élevé
des fonds propres et des garanties (respectivement à hauteur de 6% et 7% des d’incertitude politique, une réglementation inadaptée de la faillite et des restrictions
capitaux mobilisés) et utilisent dans une moindre mesure les quasi-fonds propres (3% en ce qui concerne les investissements institutionnels dans les fonds d’investissement
des capitaux mobilisés). Les autres types d’investisseurs ont plus recours aux fonds privés.
propres et aux quasi-fonds propres (respectivement à hauteur de 23% et 13% des
capitaux mobilisés). L’écosystème des organisations d’appui aux entreprises et aux investisseurs est
dynamique, mais encore reste sous-développé. Au cours des dernières années,
Les principaux obstacles perçus à l’investissement d’impact sont: une absence de cet écosystème a été marqué par une croissance et des investissements solides avec
volonté d’investissement de la part des entreprises, une instabilité macroéconomique des incubateurs, des associations et des prestataires d’assistance technique. Il n’est
et politique ainsi que des difficultés à lever des capitaux (pour les gestionnaires cependant pas suffisamment développé pour répondre aux besoins de la région.
de fonds). En outre, la dénomination « investissement d’impact » suscite un fort Son expansion est entravée par une absence de sensibilisation des investisseurs et
scepticisme en Afrique de l’Ouest ; de nombreux investisseurs considérant ces termes des entreprises, sur l’importance de la mise en place de mesures de soutien. Les
comme étant une philanthropie d’un nouveau genre plutôt qu’un investissement à
rentabilité financière.
8 La technologie financière fait référence à des combinaisons innovantes de services financiers alliés à
la technologie, tels que les paiements mobiles.
1. INTRODUCTION,
augmentation des coûts d’exploitation ; d’autre part, l’incertitude de l’environnement
politique et les barrières réglementaires compliquent le processus d’investissement. Le
DÉFINITIONS, ET
manque d’informations est également un facteur déterminant. L’Afrique de l’Ouest
n’est pas une zone aisément compréhensible. Les dynamiques culturelles, religieuses,
économiques et politiques varient considérablement d’un pays à un autre mais
MÉTHODOLOGIE également au sein d’un même pays. De plus, comme rappelé précédemment, il existe
peu de données sur la situation actuelle et les potentialités ouvertes à l’investissement
d’impact dans la région.
L’un des principaux buts de ce présent rapport est de remédier à ce manque
Introduction d’informations. En ce sens, il fournit des données très utiles relatives à
l’implémentation des investissements d’impact dans la région Ouest Africaine en
L’investissement d’impact est une pratique qui connait de plus en plus de succès ciblant des secteurs en particulier et en présentant les différents instruments utilisés
du fait des objectifs définis en vue de relever les principaux défis en matière de dans le déploiement d’une telle pratique d’investissement. Par ailleurs, ce rapport
développement. Ces défis concernent le plus souvent le manque de possibilités expose les défis auxquels sont confrontés les investisseurs d’impact actifs dans
d’investissements importants dans les marchés mal desservis. la région ainsi que les opportunités qui leur sont offertes. Il présente également
L’Afrique de l’Ouest représente l’exemple typique d’une région où les défis empêchent les principales caractéristiques et les perspectives des entreprises bénéficiaires
l’exploitation correcte des opportunités. En effet, la région est confrontée à d’investissement tout en identifiant les différents acteurs engagés à l’appui effectif à
d’importants problèmes liés à la pauvreté, à la santé, à l’éducation et à la nutrition. Les ce type d’investissement.
taux de pauvreté de la population de la région sont trois fois plus élevés que la
moyenne mondiale9, tandis que ceux de mortalité des enfants de moins de cinq ans
restent deux fois plus élevés que la moyenne mondiale.10 Pourtant, l’Afrique de l’Ouest Définitions
est la deuxième économie régionale du continent et affiche une forte croissance de Les investissements
son PIB (6% en 2014)11 après l’Afrique de l’Est et abrite le pays le plus peuplé et à la OFFRE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT d’impact sont destinés
plus grande économie de tout le continent, le Nigéria.12 Par ailleurs, les domaines de aux entreprises ou aux
l’énergie, de la production agricole et des infrastructures nécessitent un investissement Le GIIN définit les investissements d’impact comme « ceux destinés
organisations visant à
de taille, doublé d’une innovation poussée.13 aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et
créer un impact social et
environnemental, tout en générant une rentabilité financière”.14 Les investisseurs
environnemental, tout en
d’impact présentent trois caractéristiques :
générant une rentabilité
1. prévision d’une rentabilité financière positive sur la durée de vie de financière.
9 Une moyenne de 46% de la population dans tous les pays en Afrique de l’Ouest vit avec moins de
1,25 dollar / jour, par rapport à la moyenne mondiale de 15%. Dernières données disponibles utilisées
l’investissement ;
pour chaque pays. “World Development Indicators” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http:// LE GLOBAL IMPACT
2. intention de créer un impact social et environnemental positif ; INVESTING NETWORK,
data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators .
WWW.THEGIIN.ORG
10 Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique de l’Ouest est de 93 décès pour 3. engagement à mesurer et à suivre l’impact social et / ou environnemental.
1000 naissances vivantes, par rapport à une moyenne mondiale de 46 décès. “World Development
Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world- Les investissements d’impact sont réalisés dans un grand nombre de secteurs
development-indicators. et à l’aide de divers instruments. Plusieurs types d’investisseurs sont actifs dans le
11 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, notamment les IFD15, les
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ fondations, les entreprises familiales, les banques, les investisseurs institutionnels et les
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.
gestionnaires de fonds.
12 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
org/data-catalog/world-development-indicators.
13 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). 14 Le site web du Global Impact Investing Network, www.thegiin.org.
Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf.
15 Les IFD sont définies comme des institutions financières soutenues par le gouvernement, et qui
accordent un financement au secteur privé (et dans certains cas au secteur public) en vue de réaliser
8 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST des investissements favorisant le développement. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 9
La définition précise d’une PME varie selon les pays. De manière générale, sont
À PROPOS DES PORTEFEUILLES DES IFD dénommées PME, les entreprises qui comptent moins de 250 employés.17 Les
dirigeants de PME interviewées pour les besoins de cette étude ne précisent ni le
La définition utilisée dans cette étude de l’investissement d’impact repose sur l’intention des investisseurs de
revenu, ni le nombre d’employés de leurs entreprises au cours des discussions. Il est
générer des retombées positives pour les bénéficiaires. Les auteurs savent cependant, que cette intention
nécessaire de souligner que de nombreuses entreprises sociales sont des PME.
peut se traduire par différentes stratégies d’investissement. Du fait du caractère unique et de la taille des IFD,
les auteurs de ce rapport analysent leurs activités indépendamment de celles des autres types d’investisseurs Les entreprises sociales et les PME sont les potentiels bénéficiaires d’investissement
d’impact et font ainsi les analyses adaptées. (Ce rapport mettant l’accent sur le développement du secteur privé, d’impact en raison de leur rôle primordial dans la création d’emplois et la fourniture
les fonds accordés directement aux gouvernements ne sont pas pris en compte dans l’analyse.) de biens et services aux populations mal desservies. Cependant, elles font
face à d’importants obstacles pour accéder aux capitaux et pour générer de la
Une segmentation des portefeuilles des IFD en “investissements d’impact” et en “autres investissements”
croissance. L’expérience de ces entreprises révèle donc les principaux obstacles à
aurait pu être intéressante. Elle n’a malheureusement pas pu être adoptée pour cette étude. La perception
l’accès aux capitaux d’impact ainsi qu’à leur mobilisation.
du portefeuille d’investissement des IFD a beaucoup évolué. D’aucuns considèrent tous leurs investissements
comme étant à fort impact, d’autres segmentent leurs activités en plusieurs catégories. Toutefois, la majorité de
ces IFD ne communique pas publiquement sur le caractère à fort impact ou non de leurs investissements. Vu ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME
la diversité des opportunités de création d’impacts sociaux et / ou environnementaux, il a été jugé inapproprié
pour cette étude de procéder à la segmentation des portefeuilles. En revanche, l’analyse en elle-même est Les acteurs de l’écosystème de l’investissement d’impact soutiennent activement
structurée de manière à permettre aux différents lecteurs du rapport d’interpréter les données dans leur les investisseurs ou les entreprises. Il s’agit notamment des types d’organisations
contexte. suivantes :
• Incubateurs /accélérateurs 18
Les investisseurs d’impact investissent à la fois directement dans des entreprises et • Prestataires d’assistance technique (y compris les prestataires de services en
des projets et, indirectement par le biais d’intermédiaires financiers (par exemple, conseil)
les gestionnaires de fonds). En effet, une proportion inconnue des investissements
• Services de notation de crédits
indirects agit comme une source d’investissement direct et les données les concernant
sont insuffisantes. Les intégrer pourrait résulter en un double emploi. Le rapport • Réseaux et associations d’industries
présent met l’accent sur les investissements directs. Cependant, ces investissements • Institutions de recherche
indirects sont traités de façon détaillée dans la section 2 du présent chapitre.
• Concours de plans d’affaires
Seuls les capitaux mobilisés ont été pris en compte dans cette étude. Les fonds
engagés mais non encore mobilisés ont été retirés de l’analyse. Toutes les références
à « capitaux mobilisés » et « capitaux d’impact » renvoient à l’investissement d’impact,
sauf indication contraire. Les données disponibles correspondent à la période 2005
Méthodologie
à mi- 2015 ; toutes les références à « capitaux mobilisés à ce jour » renvoient à cette
Des informations ont pu être collectées durant cette mission grâce à plus de 50
période.
entretiens physiques et téléphoniques avec des investisseurs d’impact, des acteurs
de l’écosystème, des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprises en Afrique de
DEMANDE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT l’Ouest. Les entretiens physiques ont eu lieu dans les principaux pays cibles que
sont: le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, tandis que les entretiens téléphoniques ont
Les investisseurs d’impact touchent les grandes comme les petites entreprises. Les IFD
été réalisés avec des parties prenantes localisées en dehors de cette région ou actifs
ont tendance à favoriser les grandes entreprises en raison de leur capacité à mobiliser
dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.19 La liste des personnes interrogées figure en
et utiliser des capitaux importants. Cette section traite de la demande de deux
annexe.
catégories d’entreprises : les entreprises sociales d’une part, et d’autre part, des PME16
qui représentent 90% du tissu économique de la région.
Dans le présent rapport, les entreprises sociales sont définies comme celles qui : 17 “Micro, Small, and Medium Enterprises around the World: How Many Are There, and What Affects
the Count?” International Finance Corporation (2010). Disponible sur : http://www.ifc.org/wps/wcm/
• expriment un objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental connect/9ae1dd80495860d6a482b519583b6d16/MSME-CI-AnalysisNote.pdf?MOD=AJPERES.
positif, et 18 Les incubateurs permettent aux PME de s’installer et de se développer grâce à une combinaison de
services d’appui aux entreprises (par exemple : le mentorat, le coaching et la formation en gestion
• cherchent à atteindre la viabilité et la pérennité financière.
comptable), au financement et à la mise à disposition d’un espace physique et / ou de machines. Les
incubateurs soutiennent les PME en phase de démarrage et celles en phase de croissance.
16 Les entreprises sociales en Afrique de l’Ouest sont presque exclusivement des PME. 19 Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Burkina Faso, Cap - Vert, Gambie, Guinée, Guinée-
Bissau, Mali, Niger et Togo.
10 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 11
Afin de compléter les renseignements tirés des entretiens, une recherche sont membres de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)20 et
documentaire a été menée sur les portefeuilles d’investissement d’impact et les partage ainsi une monnaie commune, le Franc CFA (FCFA) arrimé à l’Euro. La
dynamiques d’investissement en vigueur dans cette région. Cette recherche s’est langue officielle des pays membres de l’UEMOA, qui est le Français, permet de les
faite à travers l’exploitation d’études universitaires, de bases de données ouvertes distinguer des autres pays frontaliers anglophones.21
au public, d’anciens projets de Dalberg, de rapports des IFD et des investisseurs,
L’Afrique de l’Ouest regroupe des pays aux dynamiques linguistiques, religieuses et
de rapports gouvernementaux ainsi que de sites web et de supports publicitaires
culturelles, etc. très variées. Au-delà même de ces divergences, les risques d’instabilité
des entreprises. Les données présentées exposent généralement les transactions
politique diffèrent considérablement entre les pays et même parfois, au sein du
effectuées par 13 IFD et 27 autres investisseurs d’impact.
même pays. Au cours de la dernière décennie, le Sénégal, le Ghana, le Bénin, le
Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie et le Togo ont tous relativement joui d’une
stabilité politique, entérinant ainsi tous accès de violence. Le Libéria, la Sierra Leone
et la Côte d’Ivoire ont été récemment victimes d’une guerre civile. Par ailleurs, le
2. VUE D’ENSEMBLE AU
Mali, le Niger, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Nigéria sont des pays constamment
confrontés aux risques d’insécurité liés soit à la violence politique, soit au terrorisme.
NIVEAU RÉGIONAL L’Afrique de l’Ouest fait face à d’importants défis en matière de développement et
de croissance économique. Les crises récentes survenues sur bien des plans ne lui
ont pas permis de les surmonter. En 2014, cette région d’Afrique a subi la plus grande
Bref contexte historique et politique épidémie d’Ébola de l’histoire de l’humanité. La Guinée, la Sierra Leone et le Libéria
ont été particulièrement touchés. Près de 28 000 cas d’Ébola ont été noté faisant
plus de 11 000 morts.22 Cette épidémie a eu, en plus des pertes en vies humaines,
LES PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST des effets dévastateurs sur les systèmes de santé et de gouvernance déjà fragiles
de ces pays affectés. Elle a également catalysé d’importants investissements dans
MALI la région Ouest Africaine. En guise d’exemple, une collaboration entre NetHope
CAP-VERT (un consortium d’organisations humanitaires internationales) et Facebook a permis
SÉNÉGAL de mettre sur pied des infrastructures permettant l’accès à une connexion internet
NIGER convenable dans le but d’aider les intervenants dans les zones touchées par le virus
BURKINA
FASO Ébola en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée. Ce genre d’événements met en
lumière le manque de réactivité des autorités de la région. L’épidémie a permet
aussi bien à ces derniers qu’aux investisseurs, de réfléchir à des solutions efficaces et
GAMBIE Pays membres de l’UEMOA durables en vue d’éviter la récurrence de pareils évènements. C’est dans ce cadre que
Pays hors zone UEMOA bon nombre d’infrastructures sanitaires ont été ou sont en cours de construction et
GUINÉE-BISSAU d’implémentation, avec à leur disposition des dispositifs technologiques plus solides et
plus résistants.
GUINÉE
SIERRA LEONE
NIGÉRIA
Structure et Performances Économiques
LIBÉRIA TOGO
BÉNIN
CÔTE D’IVOIRE Le Nigéria domine l’économie de l’Afrique de l’Ouest, représentant près de 80%
GHANA
du PIB de la région. Sur les 20% restants, le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent
respectivement 5,4% et 4,8% du PIB régional suivi du Sénégal avec 2,2% et de la
Gambie avec 0,11%. 23
L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra
Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique 20 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-
de l’Ouest (CEDEAO) qui facilite la libre circulation des biens et des personnes et Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
ainsi, la coopération économique entre ses États membres. Parmi eux, huit États 21 Sauf pour le Cap-Vert qui parle portugais.
22 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,” Centre pour le contrôle et la prévention des
maladies (2015). Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-
counts.html.
23 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
org/data-catalog/world-development-indicators.
12 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 13
L’économie régionale repose sur le secteur des services qui compte pour près de 60% classement des pays à croissance économique rapide en Afrique.28 Les principaux
du PIB (Figure 1). L’agriculture occupe une place très importante dans les économies moteurs de la croissance sont : l’agriculture (Nigéria, Côte d’Ivoire et Sierra Leone), la
de nombreux pays, notamment en Sierra Leone, au Mali, au Togo et en Guinée- production pétrolière (Ghana), les services (Nigéria et Côte d’Ivoire) et les
Bissau. Ce secteur est le plus grand pourvoyeur d’emplois.24 Compte tenu de la forte exportations de minerais (Sierra Leone). Le pétrole a été un facteur essentiel de
dépendance de la région aux importations de produits alimentaires, notamment de croissance au cours des dernières décennies au Nigéria. Actuellement, ce secteur est
riz, il est urgent d’améliorer la croissance et la productivité de ce secteur.25 Outre le en déclin en raison du vol de gazoduc, de l’incertitude politique et des faibles niveaux
secteur des services et de l’agriculture, les industries minières et extractives continuent d’investissements.29
à jouer un rôle important dans les pays tels que le Nigéria, le Ghana et la Guinée.
Il convient de noter qu’une part importante de l’économie de l’Afrique de l’Ouest
En effet, l’exploitation minière représente 26% du PIB de la Guinée et 95% de ses
repose sur le secteur informel.30 Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données relatives
recettes d’exportations. 26
à ce secteur, tout porte à croire que les entreprises informelles (grandes comme
petites) sont au moins aussi nombreuses que les entreprises formelles et constituent
FIGURE 1: CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DE L’AFRIQUE DE L’OUEST, 2014 *
une part importante de la productivité et de l’emploi dans la région.31 Au Sénégal, par
exemple, on estime que le secteur informel contribue à environ 40% du PIB du pays.32
PIB en milliards
720 569 39 34 16 13 12 9 8 7 5 5 2 2 1 1
de dollars
6%
Industrie 21% 21% 30% 21% 24% 26% 23% 14% 20%
38%
17% 16% 16%
8%
14% 14%
Climat des Investissements et Moteurs des
Investissements Directs Étrangers
22%
Agriculture 22% 20% 22% 17% 36% 36% 44%
21% 22% 37% 62% 42%
42% 20%
na
so
ali
nin
er
ée
ne
ria
au
e
ga
ion
er
oir
bi
g
ér
g
M
Fa
ha
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uin
bé
-V
o
To
né
Bé
am
Ni
g
g
Le
’Iv
-B
G
ap
Ni
Li
Ré
ina
G
Sé
ed
G
Alors que les IDE avaient été multiplié six fois entre 2004 et 2011,35 passant de 3
rra
ée
C
rk
t
uin
Sie
Cô
Bu
milliards de dollars à 19 milliards de dollars, ils ont entre 2011 et 2013 diminué de 37%,
G
* Les données de l’année 2014 ne sont pas toujours disponibles : les chiffres de la Gambie datent de 2013, et ceux du Mali de 2012.
passant de 19 milliards de dollars à 12 milliards de dollars (Figure 2). Ce déclin résulte
Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)
en grande partie de la baisse des entrées d’IDE au Nigéria, même si les IDE dans
presque tous les pays de la région ont également enregistré une baisse entre 2011 et
2013 (à l’exception du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana).36
L’Afrique de l’Ouest constitue la deuxième économie du continent et affiche une forte
croissance. La zone a enregistré une croissance annuelle moyenne de son PIB de 6,4
% entre 2006 et 2010 et de 5,5% entre 2011 et 2014 (6% en 2014, malgré les 28 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.
org/en/statistics.
conséquences de l’épidémie d’Ébola).27 Les pays tels que le Nigéria et le Ghana
29 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African
restent stables économiquement. Le Burkina Faso, le Niger, le Libéria et la Côte
Economic Outlook (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/
d’Ivoire devraient, selon les prévisions, occuper une place économique de plus en plus uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_Outlook_2014.pdf.
importante. D’ailleurs, la Côte d’Ivoire atteindra en 2016, le troisième rang dans le 30 L’économie informelle est constituée d’entreprises et d’activités économiques qui ne sont pas
réglementées et qui échappent à l’impôt.
31 “The Informal Sector in Francophone Africa: Firm size, productivity and institutions,”
Banque mondiale (2012). Disponible sur : https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/
handle/10986/9364/699350PUB0Publ067869B09780821395370.pdf?sequence=1.
24 “Regional Agricultural Policy for West Africa,” CEDEAO (2008). Disponible sur : http://www. 32 “Skills for Employability: The Informal Economy,” Dalberg and Results for Development (2012).
diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/01_ANG-ComCEDEAO.pdf. Disponible sur : http://www.resultsfordevelopment.org/sites/resultsfordevelopment.org/files/
25 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). resources/Skills%20for%20Employability%20in%20the%20Informal%20Economy.pdf.
Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf. 33 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
26 “Guinea : Trade Policy Review,” OMC (2012). Disponible sur : http://www.wto.org/english/tratop_e/ org/data-catalog/world-development-indicators.
tpr_e/s251_sum_e.pdf. 34 Ibid. Dernières données à partir de 2013.
27 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic 35 La baisse en 2009 et 2010 peut vraisemblablement être attribuée aux répercussions de la crise
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ économique de 2008.
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.
36 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.
14 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST org/data-catalog/world-development-indicators. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 15
Le taux d’inflation moyen entre 2009 et 2014 était d’environ 1% pour les pays de
FIGURE 2: LES ENTRÉES D’IDE PAR PAYS EN AFRIQUE DE L’OUEST, DE 2004 À 2013 l’UEMOA et de 9% pour les pays hors zone UEMOA. Les écarts sont faibles entre
19 les pays de l’UEMOA mais les taux d’inflation des pays hors de cette zone varient
considérablement. Par exemple, entre 2009 et 2014, le Cap-Vert a eu un taux
Reste de la région*
15
d’inflation de 1,9% contre 13% pour la Guinée. Les taux d’intérêt présentent une
14 14 Sénégal situation similaire.41 Le taux interbancaire moyen de l’UEMOA sur la période 2009-
12 Mali
12 2014 était d’environ 4%,42 contre 18% pour les pays hors zone UEMOA.43
Bénin
10 Malgré le caractère hétérogène des différents pays de cette zone UEMOA, on y note
Côte d’Ivoire un climat macroéconomique plus stable accompagné néanmoins d’une croissance
7
6 Burkina Faso économique plus faible. En effet, la croissance moyenne du PIB dans les pays de
Niger l’UEMOA, entre 2010 et 2014, est passée de 1,9% à 5% ; celle des pays hors zone
3
Libéria UEMOA était comprise entre 1,2% et 9,4%.44
Ghana
3. OFFRE DE CAPITAUX
DE DOLLARS)
894 55
900 Total des capitaux 852
816 800 50
800 Nombre de transactions 748
D’INVESTISSEMENTS
45
700 670
40
600 35
D’IMPACT 500
400
435
385
30
25
316 20
300
190 15
200 10
Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés 100 5
0 0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
ÉTAT DES LIEUX ET CROISSANCE VALEUR MOYENNE
DES TRANSACTIONS 21,1 10,9 12,8 14,8 18,7 24,0 14,6 16,9 16,0 15,8
Il existe 46 investisseurs d’impact en Afrique de l’Ouest, dont 14 IFD et 32 autres (EN MILLIONS DE
DOLLARS)
investisseurs d’impact de types différents. Les recherches menées ont permis d’obtenir
des informations relatives aux investissements d’impact directs effectués par 11 IFD et Remarque: Des investissements inconnus (408,6 millions de dollars ) ainsi que les investissements correspondant à la période Janvier-Juillet 2015 (20,5 millions de
26 autres investisseurs d’impact. Ces investissements ont été d’environ 6,8 milliards de dollars ) ne sont pas inclus. Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés, divisés par la valeur des transactions.
Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au
dollars dans la région entre 2005 et 2015. On estime à 97% le pourcentage, déployé
100.000 le plus proche.
par les IFD, du montant total des capitaux d’investissement d’impact en Afrique de Source: Les données des portefeuilles des IFD ; analyses de Dalberg
l’Ouest, indiquant un manque de participation du secteur privé. Pour l’Afrique de
l’Est, la seule autre région d’Afrique disposant de données sur la question, l’ensemble
du marché de l’investissement d’impact est négligeable. Durant la même période,51 Les données disponibles sur les investissements effectués annuellement par les
l’Afrique de l’Est a reçu, en termes d’investissements d’impact, un montant total autres types d’investisseurs sont cependant limitées. Néanmoins, celles des années
estimé à 9,3 milliards de dollars. Pourtant, le PIB de cette région d’Afrique est deux précédentes disponibles indiquent une croissance générale de 0,2 millions de dollars
mobilisés en 2008 à 17 millions dollars mobilisés en 2013,53 ce qui permet de noter
une concordance avec les informations recueillies des personnes interrogées. Les
cinq dernières années ont été marquées par une recrudescence de gestionnaires de
fonds dans la région Ouest Africaine, notamment au Nigéria. Sahel Capital Partners
46 Gambie, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Sénégal, Guinée et Nigéria. et Doreo Partners sont deux exemples illustrant cette émergence. Alitheia Capital été
47 Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Sénégal. jusqu’en 2010, la seule entreprise active en Afrique de l’Ouest.
48 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale 2015). Disponible sur : http://
www.doingbusiness.org/rankings.
52 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible
49 OHADA (2015). Disponible sur : http://ohada.org.
sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.
50 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
53 Les données annuelles pour 2014 et 2015 sont très limitées. Bien que les estimations indiquent une
51 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible baisse des capitaux mobilisés de 18 millions de dollars à 13 millions de dollars en 2014, les personnes
sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html. interrogées déclarent que cela ne reflète nullement la réalité et que les investissements d’impact
effectués par les autres types d’investisseurs ont augmenté au cours des deux dernières années.
18 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 19
Une autre tendance notée est l’apparition de plus en plus fréquente de fondations
en tant que pourvoyeurs de capitaux d’impact. Les entrevues ont permis de FIGURE 4: RÉPARTITION DES INVESTISSEURS D’IMPACT SELON LEUR PRÉSENCE LOCALE ET LEUR TYPE, JUILLET 2015
souligner d’une part, la forte croissance de ces investissements en Afrique de Répartition des investiseurs d’impact par pays
l’Ouest ; d’autre part, le rôle démonstratif de ces fondations, mettant en exergue
les possibilités d’investissement dans les marchés jugés à haut risque par les
20 Burkina Faso
Niger
46
1 0
investisseurs traditionnels. De nombreuses fondations sont présentes dans les pays Avec présence 2 0
Sénégal
aux économies fragiles et, au-delà de la fourniture de subventions, cherchent à permanente
5 5
apporter des solutions aux problèmes locaux. Les fondations intègrent de plus en plus Mali
26
Investisseurs d’impact 2 0
dans leurs mécanismes de fonctionnement et leurs outils d’aide au développement,
Guinée
la dynamique de l’investissement d’impact. Elles visent la réduction des risques Sans présence Bissau
permanente 2 0
sur les marchés, perçus par les autres investisseurs comme dangereux ou non
viables. L’objectif de la Fondation Lundin par exemple est d’atteindre les marchés les Guinée
plus mal desservis. Dans ce cadre, cette fondation a orienté ses investissements vers Types d’investisseurs d’impact 2 0
des pays tels que le Niger et le Burkina Faso. Cordaid est également une fondation
qui a pour mission de lutter contre la pauvreté dans les pays sortant d’un conflit Avec présence Sans présence Sierra
Ghana
permanente permanente Total Leone Libéria Bénin
politique ou civil, ou d’une épidémie. Ainsi, cette fondation a investi en Sierra Leone 2 0 2 0
4 5 2 0
Nigéria
IFD 5 9 14 3 5
et compte également investir au Libéria et en Guinée. Au-delà de ces fondations,
il existe d’autres acteurs également engagés à l’aide à la croissance économique et Autres types d’investisseurs 15 17 32
Côte d’Ivoire Togo
à la réduction de la pauvreté. Broad Cove est un investisseur d’impact au Libéria • Gestionnairs de fonds 24 4 0 2 0
et au Ghana. Le but de cette organisation est de construire des logements et des • Fondations 6
# Nombre de IFD sont présent # Nombre d'Investisseurs autres
infrastructures connexes, conformément à sa mission de pénétration des marchés les • Investisseurs institutionnels 1 dans le pays types d'investisseur sont présent
dans le pays
moins stables.
Remarque : Le nombre de pays n’est pas égal au total indiqué, certains investisseurs étant présents dans plusieurs pays.
PRÉSENCE LOCALE ET SOURCES DE FINANCEMENT Source: Analyses de Dalberg
Volume moyen
En Afrique de l’Ouest, l’investissement d’impact se concentre principalement des transactions
au Nigéria et au Ghana qui ensemble représentent plus de 50% des capitaux (en millions de dollars)
mobilisés dans la région. Les IFD et les autres investisseurs mobilisent
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
la majeure partie de leurs capitaux au Nigéria (voir figures 5 et 6). En
ce qui concerne la part des investissements des IFD et des autres types 6 545 Total 16,6 394
d’investisseurs dans le PIB, le Ghana est de loin la principale destination pour 1 860 Nigéria 20,2 92
Sur les 6,5 milliards de dollars de capitaux mobilisés par les IFD, 1,9 milliards de dollars 353 Togo 16,1 22
(28% de l’ensemble des capitaux mobilisés) ont été injectés au Nigéria grâce à 92 191 Guinée 31,8 6
investissements directs. Le Ghana a pour sa part reçu 1,6 milliards de dollars (25% 121 Burkina Faso 7,5 16
de l’ensemble des capitaux mobilisés) à travers 58 investissements directs. Alors que 115 Niger 8,2 14
le Nigéria occupe le premier rang en termes d’investissements d’impact, le Ghana 113 Mali 5,6 20
à la vue de son PIB, est quand même le principal bénéficiaire. Les investissements 111 Bénin 5,8 19
d’impact mobilisés en 2014 représentent 0,07% du PIB du Nigéria et 0,27% de celui 90 Libéria 6,0 15
du Ghana. Cette situation est probablement due au positionnement politiquement 54 Sierra Leone 4,9 11
Les investissements d’impact directs mobilisés par autres types d’investisseurs que les
IFD constituent beaucoup moins capitaux que ceux des IFD. Ils représentent 3% des
capitaux d’impact mobilisés. Il est intéressant de noter que l’attraction de ce type de
capitaux, est plus portée vers le Ghana et le Nigéria, recevant à eux deux près de 80
millions de dollars. Les causes de cet état de fait sont traitées de manière exhaustive
dans les chapitres consacrés aux pays. Néanmoins, on note qu’elles tiennent aux coûts
nettement plus faibles des transactions commerciales ainsi qu’au climat politique plus
stable du Ghana.
FIGURE 7 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 FIGURE 8: RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES
IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
Volume moyen Volume moyen
des transactions des transactions
(en millions de dollars) (en millions de dollars)
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
* Ces investissements sont effectués dans les PME des secteurs suivants: éducation, industrie, santé, services aux entreprises, transport, commerce de gros et de
détail et agro-industrie. Cependant, la ventilation par secteur n'a pas été possible.
* «Autres» comprend le commerce de détail, la construction/l’immobilier, le transport, et le recyclage.
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
Remarque: la valeur moyenne des transactions peut ne pas être égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. plus proche. Trois transactions dont le montant des investissements est inconnu, dans le secteur de l'énergie, ont été exclues.
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs
Les autres types d’investisseurs que les IFD en Afrique de l’Ouest concentrent
50% de leurs capitaux aux services financiers (Figure 8). Les institutions de TAILLE DES TRANSACTIONS
microfinance engrangent la majorité de ces investissements du fait des problèmes
d’inclusion financière de la région. Les personnes interviewées ont indiqué que
les investissements dans ce secteur ont commencé à se stabiliser en raison d’un Les transactions des IFD ont tendance à être plus grandes, traduisant
plafonnement des taux d’intérêt dans les pays de l’UEMOA et d’une forte volatilité l’importance accordée au financement de projets d’envergure en matière
des devises au Ghana. Les logements (au Ghana), les TIC (au Nigéria) et l’agriculture d’énergie, d’industrie et d’infrastructures. En outre, lorsqu’il s’agit de petites
(au Nigéria, au Ghana, au Sénégal et au Burkina Faso) apparaissent comme des transactions, les procédures et la bureaucratie des IFD rendent les coûts
secteurs à forte croissance pour les investisseurs. des transactions très élevés. En revanche, les transactions des autres types
d’investisseurs ont tendance à être plus petites, en raison à la fois de leurs
S’agissant des autres types d’investisseurs, l’agriculture, après les services financiers
structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur
représente le plus grand nombre de transactions. La moyenne des transactions dans
marché cible, les PME.
ce secteur est faible. La plupart des entreprises bénéficiaires d’investissements dans
le secteur de l’agriculture sont de petites entreprises, qui font face à des problèmes
de grande envergure dans la chaine de valeur agricole et ne capitale qu’une Les IFD investissent près de la moitié de leurs capitaux dans les transactions
faible productivité. Cette situation rend difficile la résilience des agriculteurs et la supérieures à 50 millions de dollars (voir figure 9). Cette pratique est adaptée à leurs
secteurs cibles que sont l’énergie, l’industrie et les infrastructures, qui nécessitent
26 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 27
généralement des investissements plus importants en capitaux fixes. Le plus grand
nombre de transactions est cependant compris entre 1 et 5 millions de dollars. Dans
cette fourchette, l’agriculture enregistre le plus grand nombre de transactions (22),
ENCADRÉ 2. SIERRA LEONE
suivie par les services financiers (15) et les infrastructures (14).
En 2013, la Sierra Leone comptait parmi les économies les plus dynamiques dans le monde. Après
FIGURE 9: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX DIRECTS DES IFD EN FONCTION DE L’IMPORTANCE DE LA dix années de guerre civile qui a pris fin en 2002, le climat politique s’est stabilisé et le PIB enregistré
TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015 a permis de noter une croissance de 20%. Cette croissance est due aux exportations de
Volume moyen fer et de minerais, à l’agriculture, mais également, à la construction.1 Depuis 2006,
des transactions un certain nombre d’investisseurs d’impact ont commencé à investir dans le
(en millions de dollars)
pays, notamment quatre IFD et six autres types d’investisseurs. Les IFD se sont
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS
concentrées sur les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’industrie, tandis
31 < 1m 0,5 68 que les autres investisseurs, eux, se sont concentrés sur le secteur en pleine
257 1-5m 2,6 99 croissance de la microfinance. Bien que la Sierra Leone ait bénéficié des plus
474 5-10m 6,8 70 faibles taux d’investissement des IFD en Afrique de l’Ouest, les investissements
provenant des autres types d’investisseurs ont été plus importants. Le PIB du
936 10-20m 13,6 69
Bénin par exemple, étant deux fois supérieur à celui de la Sierra Leone ; les deux
1 643 20-50m 29,9 55
pays ont quasiment bénéficié des mêmes montants d’investissements issus des
3 203 > 50m 97,0 33 n = 11 investisseurs investisseurs autres que les IFD (10 millions de dollars au Bénin par rapport à 7,8 millions
de dollars en Sierra Leone).
Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le Toutefois, en 2014, le pays a connu une épidémie d’Ébola, qui a coûté la vie à près de 4 000
plus proche. personnes.2 Les répercussions économiques ont été rudes. La baisse du tourisme et la perte de
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD
productivité dans les secteurs ont contribué à la chute du PIB de la Sierra Leone qui a vu sa croissance
passer de 20% en 2013 à 17,5% en 2015. Les entretiens menés ont indiqué que plusieurs investisseurs
Les autres investisseurs font de bien plus petites transactions en raison de leurs ont été contraints de cesser leurs activités dans le pays. L’économie devrait cependant se redresser
structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur marché avec une croissance prévue de 2,8% en 2016.3 Par ailleurs, les investisseurs portent à nouveau leur
cible, les PME (Figure 10). En outre, les gestionnaires de fonds actifs en Afrique attention sur la Sierra Leone afin d’aider le pays à reconstruire son système de santé déjà fragile. En
de l’Ouest effectuent de plus petites transactions conformément à leur stratégie guise d’exemple, en Juillet 2015, les donateurs se sont engagés à hauteur de 3,4 milliards de dollars
d’atténuation des risques, répartissant ainsi leurs fonds et réussissant à effectuer un pour faciliter la restructuration sanitaire des pays touchés par l’épidémie Ébola, y compris la Sierra
grand nombre de transactions, petites certes, mais en nouant des partenariats avec Leone.4
d’autres investisseurs. En ce qui concerne les fondations, les transactions de plus
petites tailles traduisent une préférence pour les prêts de faibles montants souvent 1 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African Economic Outlook (2014).
accordés sur une courte période (un à deux ans). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_
Outlook_2014.pdf.
2 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,» Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (2015).
Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-counts.html.
FIGURE 10: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D' INVESTISSEURS QUE LES IFD EN
3 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.
FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
4 “Pledges of $3.4 billion for Ebola recovery made at United Nations,” Reuters (2015). Disponible sur : http://www.reuters.
Volume moyen
com/article/2015/07/11/us-health-ebola-un-idUSKCN0PL00B20150711.
des transactions
(en millions de dollars)
Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le
plus proche.
Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs
58 “Private equity investments,” Banque Africaine de Développement (BAD) (2015). Disponible sur
: http://www.afdb.org/en/topics-and-sectors/sectors/private-sector/areas-of-focus/private-equity-
investments.
65 “East Africa private equity confidence survey,” Deloitte (2015). Disponible sur : http://www2.deloitte.
62 “Development Effectiveness Reviews,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/topics- com/content/dam/Deloitte/za/Documents/finance/za_private_equity_confidence_survey_
and-sectors/topics/quality-assurance-results/development-effectiveness-reviews. may2015.pdf.
63 IRIS est le catalogue de mesures de performance d’impact qualitatives et quantitatives généralement 66 Into Africa: the rise of private equity,” Freshfields Bruckhaus Deringer (2014). Disponible sur : http://
acceptées et géré par le Global Impact Investing Network. Disponible sur : www.iris.thegiin.org. www.freshfields.com/uploadedFiles/SiteWide/News_Room/News_/01795_MKT_WWW_PE_
64 SafeCare vise à aider les prestataires de soins de santé dans les régions où les ressources sont Growth_In_Africa_INTERACTIVE_AW.PDF.
limitées. Disponible à : http://www.safe-care.org/. 67 Liste des investisseurs, Paga (2015). Disponible à : https://www.mypaga.com/paga-web/customer/
40 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST static/company/investors. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 41
TABLEAU 1 : INDICES DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN DE L’AFRIQUE DE L’OUEST EN 2013
FIGURE 15: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX PROVENANT DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS D’IMPACT
QUE LES IFD ET DES INVESTISSEURS D’IMPACT SECONDAIRES, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015
Variations dans le
Volume moyen Pays* Indice IDH, 2013 Classement IDH, 2013 classement depuis 2012
des transactions
(en millions de dollars) Nigéria 0,504 152 1
CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS Sénégal 0,485 163 -3
Investisseurs Bénin 0,476 165 0
221 0,9 252
d’impact*
Togo 0,473 166 1
Investisseurs *n = 26 investisseurs
138 5,5 25
**n = 2 investisseurs Côte d’Ivoire 0,452 171 0
secondaires**
Gambie 0,441 172 0
Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux Libéria 0,412 175 0
mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus
Mali 0,407 176 0
proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus.
Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD Guinée-Bissau 0,396 177 0
Guinée 0,392 179 -1
Burkina Faso 0,388 181 0
Ces investisseurs, bien que n’étant pas investisseurs d’impact proprement dit, peuvent
se révéler de précieux partenaires et alliés dans les efforts visant à accroître le nombre Sierra Leone 0,374 183 1
et la taille d’investissements à fort impact au cours des prochaines années en Afrique Niger 0,337 187 -1
de l’Ouest.
* Données non disponsibles pour le Cap-Vert et le Togo.
4. DEMANDE EN CAPITAUX
Source: Indice de Développement Humain, 2013
D’INVESTISSEMENT D’IMPACT Le taux d’alphabétisation de l’Afrique de l’Ouest figure parmi les plus faibles au
monde. Parmi les 10 pays enregistrant les plus bas taux d’alphabétisation des adultes
en 2009, 7 sont issus d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger,
Contexte de Développement Sénégal et Sierra Leone.71 Sur le plan sanitaire, la région a enregistré au cours des
deux dernières années une baisse des taux de mortalité des moins de cinq ans,
L’Afrique de l’Ouest a connu une croissance économique au cours des cinq dernières passant de 197 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 132 décès en 2011.
années. Malgré les effets de l’épidémie d’Ébola en 2014, la région a enregistré une Toutefois, ces taux restent toujours en deçà de l’Objectif du Millénaire pour le
croissance du PIB de 6%.68 Les progrès en matière de développement humain n’ont Développement de réduire de deux tiers d’ici 2015 le taux de mortalité infantile.72 La
cependant pas été aussi impressionnants. En 2013, l’Afrique de l’Ouest affiche un mise en place d’infrastructures hospitalières est nécessaire. On compte moins d’un
faible Indice de Développement Humain (IDH) estimé à 0,426, se trouvant en lit d’hôpital pour 1000 citoyens dans toute la région, contre plus de 11 lits dans les
dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui a elle, un IDH de 0,502 et pays développés.73 L’épidémie d’Ébola a contribué à affaiblir les systèmes de santé
bien en dessous de la moyenne mondiale qui a quant à elle un IDH de 0,702. Les de la région, mais représente également une occasion unique de les reconstruire leur
pays de la région ont connu une croissance plutôt lente à partir de 2012 (Table 1).69 permettant ainsi d’être plus solides et plus résistants dans les années à venir.
La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté de 1,25 dollar /
jour est trois fois supérieure à la moyenne mondiale (moyenne de 46% pour les pays
d’Afrique de l’Ouest contre 15% au niveau mondial). Le Nigéria comptabilise à lui seul
environ 100 millions de personnes vivant dans la pauvreté. 70
68 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic 71 Les données plus récentes ne sont pas disponibles. “West Africa Literacy Rates,” IRIN (2009).
Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/ Disponible sur : http://www.irinnews.org/report/84052/west-africa-combating-world-s-lowest-
aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf. literacy-rates.
69 “Human Development Reports,” PNUD (2015). Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/data. 72 “African Leadership for Child Survival,” USAID. Disponible sur : http://www.usaid.gov/sites/default/
70 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank. files/documents/1860/Africa%20Key%20Facts%20and%20Figures.pdf.
org/data-catalog/world-development-indicators. 73 The World Factbook, CIA. Disponible sur : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-
42 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST factbook/fields/2227.html. RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 43
Types et Répartition des Acteurs de la Demande Les entreprises sociales dans la région étant peu nombreuses, les PME commerciales
constituent également une cible importante pour les investissements d’impact. En
Comme indiqué dans la section « Définitions », ce rapport se concentre Afrique de l’Ouest, les PME représentent environ 90% de toutes les entreprises et
essentiellement sur deux groupes d’acteurs de la demande : les entreprises sociales et contribuent à environ 30% au PIB,76 bien que variable selon les pays. Au Ghana par
les PME commerciales. Les deux groupes d’acteurs sont des bénéficiaires potentiels exemple, les PME représentent environ 92% de toutes les entreprises et fournissent
de capitaux d’impact en raison de leur rôle dans la création d’emploi et la fourniture 80% de l’emploi.77 La plupart des PME de la région sont concentrées au Nigéria et au
de biens et services aux populations mal desservies. Contrairement aux grandes Ghana78 et sont axées sur les secteurs des services financiers, de l’agriculture et des
entreprises, les deux font face à de plus importants obstacles à l’accès aux capitaux à services. 79
la croissance. Les IMF, dont beaucoup sont des PME et / ou des entreprises sociales, méritent
Aux fins de la présente étude, les entreprises sociales définies comme celles cherchant d’être mentionnées car elles représentent une cible importante des investissements
à la fois à devenir financièrement autonome et à disposer d’une volonté explicite de d’impact. En 2013, 112 IMF en Afrique de l’Ouest ont communiqué avec le
créer un impact social / environnemental, semblent être des cibles idéales pour les MIX Market, qui collecte des données relatives aux activités des institutions de
investissements d’impact. Cependant, il existe peu d’entreprises de ce type en Afrique microfinance à travers le monde.80 Elles disposent ensemble d’un portefeuille
de l’Ouest. Parmi les exemples tirés des entretiens, figurent la Laiterie du Berger cumulatif de prêts brut de 1,5 milliards de dollars répartis entre 2,1 millions de
et Nest for All au Sénégal, Paga et Andela au Nigéria, Toyola au Ghana (bien que clients actifs (Figure 16). D’après ces données, le Sénégal compte le plus grand
Toyola soit aussi active dans 6 autres pays d’Afrique de l’Ouest), et Liberty et Justice nombre d’IMF (30) et occupe ainsi la première place en termes de portefeuille de
Apparel au Libéria. Un paysage récent des entreprises sociales au Ghana utilisant prêts bruts (402 millions de dollars), suivie de près par le Nigéria (351 millions de
une définition plus précise du terme («des entreprises créées pour répondre aux dollars). La majorité des clients actifs (56%) se trouvent au Nigéria, dont les 11 IMF
besoins sociaux et environnementaux concentrant leurs efforts sur le réinvestissement accordent des prêts à environ 1,2 millions de personnes.81 La moyenne des prêts varie
des bénéfices dans l’entreprise et / ou dans la communauté») a identifié 24 autres considérablement dans cette région, passant par environ 150 dollars en Sierra Leone
de ces entreprises se consacrant essentiellement à l’agriculture, l’éducation, la santé jusqu’à 4 000 dollars au Sénégal. Cela s’explique probablement par le fait que des
et la technologie propre.74 Le faible nombre d’entreprises sociales identifiées est en IMF dans certains pays allouent une part plus importante au financement aux PME ou
partie dû au manque de données disponibles, mais est également lié au fait que le à celui d’entreprises informelles plutôt que des prêts à la consommation personnelle.
concept d’«entreprise sociale» est peu connu en Afrique de l’Ouest. De nombreuses
entreprises de prestations de biens et de services semblables aux entreprises sociales
ne se définissent pas comme telles.
Selon les données recueillies au Ghana, les investisseurs d’impact ont encore à jouer
un rôle prépondérant dans le financement des entreprises sociales. L’étude a révélé
que le financement de la majorité de ces entreprises provient à la fois de subventions
des donateurs et fondations que des contributions de la famille et des amis.75 Les
données recueillies des entretiens corroborent cet état de fait. Par exemple, un
incubateur axé sur les entreprises sociales au Nigéria a souligné qu’aucunes des
entreprises qu’il avait rencontrées ne savaient ni ce qu’était l’investissement impact,
ni que des investisseurs d’impact existaient dans le pays. D’autre part, le fondateur
d’une entreprise sociale au Ghana a noté avoir finalement obtenu un investissement
d’impact provenant d’un investisseur américain. Il n’a pu le trouver qu’au bout de 5 ans 76 “La Finance au Service de l’Afrique,” BAD (2012). Disponible sur : http://www.mfw4a.org/fileadmin/
de recherche d’options différentes : « Jétais un pauvre homme qui voulait servir les data_storage/documents/MFW4A-documents/Soutien_MFW4A_De__veloppement_PME_
pauvres et les employer pour faire de même... alors personne ne voulait me donner dans_l_UEMOA__Fr__Final.pdf.
de l’argent. » Alors que les entreprises sociales de renom et très médiatisées (par 77 “Growing the Global Economy Through SMEs,” Edinburgh Group (2012). Disponible sur : http://
www.edinburgh-group.org/media/2776/edinburgh_group_research_-_growing_the_global_
exemple Paga) attirent les investissements d’impact, d’autres sont soit inconnues des economy_through_smes.pdf.
investisseurs d’impact, ou ne sont pas considérées comme suffisamment solides pour
78 “Document de Stratégie d’Intégration Nationale, Pour l’Afrique de l’Ouest 2011-2015, ” BAD (2011).
bénéficier des investissements.
Disponible sur : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Policy-Documents/DSIR%20
pour%20l’Afrique%20de%20l’Ouest%20-%20REV%202.pdf.
74 “Social enterprise landscape of Ghana,” Overseas Development Institute (2014). Disponible sur : 79 Ibid.
http://www.britishcouncil.org/sites/britishcouncil.uk2/files/social_enterprise_landscape_in_ghana_
80 Dernières données à partir de 2013.
report_final.pdf.
81 “Africa market profile,” MIX Market (2015). Dernières données à partir de 2013 : http://mixmarket.
75 Ibid.
org/mfi/region/Africa?order=series_multimedian_3&sort=desc.
Malgré d’importantes disparités selon les pays, les personnes interrogées ont
permis de relever une série de défis communs qui touchent toute la région. Il s’agit
5. ÉCOSYSTÈME DE
notamment des défis suivants :
• Manque d’options de financement en dehors des banques commerciales : Les
marchés des investisseurs potentiels, des capitaux de risque et des capitaux
privés demeurent fort modestes en Afrique de l’Ouest. Il n’existe également L’INVESTISSEMENT D’IMPACT
qu’un petit nombre d’investisseurs d’impact actifs dans la région. Compte tenu
de cette situation, les entreprises ont du mal à identifier des sources formelles
de financement au-delà des banques commerciales. S’il existe d’autres sources
de financement, elles restent toutefois méconnues, en particulier dans les pays Politiques et Règlements
comme le Burkina Faso et la Sierra Leone, qui disposent de très peu de données
d’analyse de marché disponibles. Peu d’entreprises sont au courant de l’existence Certains gouvernements en Afrique de l’Ouest, tels que le Nigéria et le Ghana,
des investissements d’impact, du lieu où de tels investisseurs se trouvent et du encouragent activement les investissements et préconisent des mesures incitatives
fait qu’ils cherchent activement à élargir leur réseau d’entreprises où investir. En telles que des « congés fiscaux » et des exonérations des droits à l’importation pour
conséquence, les entreprises considèrent l’accès au capital comme étant largement certains secteurs. Tandis que les barrières réglementaires sont un sujet très peu abordé
synonyme d’obtention de prêts auprès des banques commerciales. dans les entretiens, les investisseurs d’impact ont souligné les difficultés suivantes :
• Exigences élevées de garanties pour les prêts : Les banques en Afrique de • Restrictions aux investisseurs institutionnels locaux : Les règlements dans de
l’Ouest sont peu disposées à prendre des risques, et n’adaptent pas leurs produits nombreux pays d’Afrique de l’Ouest empêchent les investisseurs institutionnels
ou services aux besoins des PME ou des entreprises sociales. Elles n’accordent tels que les banques et les fonds de pension, d’investir dans des placements privés,
généralement des prêts qu’aux clients pouvant fournir un grand nombre de constituant un important facteur de renforcement et de croissance des entreprises
garanties sous forme d’actifs et d’épargne, ce qui n’est pas le cas de beaucoup
de PME et entreprises sociales. Ces exigences strictes en matière de garanties
constituent pour les entreprises des difficultés d’accès au financement.
82 Site web d’AMSCO : http://www.amsco.org.
46 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 47
dans les marchés développés.83 Le Nigéria a récemment accompli des progrès en
permettant aux fonds de pension d’investir 5% de leurs actifs sous gestion (ASG) FIGURE 17: LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME EN AFRIQUE DE L’OUEST, JUILLET 2015
dans des « classes d’actifs différentes dont les placements privés. D’autres pays de
la région devraient suivre cet exemple.
Innovate Salone* Sierra Leone
• Réglementation incohérente : Plusieurs investisseurs d’impact internationaux Libéria
effectuent des investissements dans divers pays de la région. Cependant, ces iLab Libéria* Sénégal
investisseurs soulignent que les environnements réglementaires et économiques
varient fortement selon les pays, si bien qu’il est difficile de maintenir un Ghana
Jokkolabs*
portefeuille d’investissements diversifié. Alors que les neuf pays de l’OHADA84 Nigéria
progressent vers une harmonisation du droit des affaires, il existe un manque de Incubateur et
cohérence entre les pays non membres de l’OHADA. L’incertitude politique, accompagnateur
même dans un pays donné, constitue une autre difficulté. de croissance TIC
Ghana
(CTIC) Agence de
• Inadéquation et désuétude des règlements en cas d’insolvabilité : La résolution Investment
Promotion Développement
de l’insolvabilité des entreprises constitue un défi majeur en Afrique de l’Ouest, Meltwater et d’Encadrement
Centre
provenant en grande partie des lacunes dans la législation sur les faillites et Entrepreneurial des PMEs
des processus intervenant dans leur mise en œuvre. Dès lors que l’entreprise School of (ADEPME)
African
Technology
devient insolvable, ces lois sont alors nécessaires pour clarifier et appliquer les Management
procédures de remboursement des créanciers et de gestion des actifs. L’indicateur Services Company
ServLed (AMSCO)* Bureau de mise
de résolution de l’insolvabilité du rapport Doing Business mesure la performance
à niveau du
des pays dans ce domaine. La performance de l’Afrique occidentale est faible Nigérian Sénégal (BMN)
; le classement moyen de la région est 136ème sur 189 pays. La Guinée-Bissau et Initiative
Investment
Development
le Cap-Vert sont classés respectivement dernier et avant-dernier du classement Promotion
Ghana Synapse Center Agence de
; et la résolution de l’insolvabilité d’une entreprise au Niger peut prendre jusqu’à Commission
Promotion des
5 ans. Cependant, la Sierra Leone a récemment assoupli les procédures en Wennovation Investissements
SME Enablis Ghana Institute
promulguant une nouvelle loi sur les sociétés et en mettant en place une juridiction Hub et des Grands
Development Of Management
appliquant des procédures accélérées pour les affaires commerciales. 85 Agency Travaux
Global Village and Public
SPARK of Nigéria (APIX)
Energy Partnership Administration—
(GVEP) Centre for Impact
Passion
Efforts Visant à Soutenir le Marché de Incubator
Novametrics LLC International
The African
Private Equity and
Investment
83 “Pension Funds and Private Equity: Unlocking Africa’s Potential,” EMPEA (2014). Disponible sur Les incubateurs et les prestataires d’assistance technique sont les plus nombreux. Le
: http://empea.org/newsroom/empea-news/pension-funds-and-private-equity-unlocking-africas- nombre d’incubateurs a récemment augmenté pour accueillir le nombre croissant de
potential.
PME à soutenir. La majorité se concentre sur la technologie (Co-creation Hub et
84 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
iDEA au Nigéria ; Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) au
85 “Doing Business Regional Profile: CEDEAO,” SFI (2014). Disponible sur : http://www.ihk-krefeld.de/ Ghana). Cela reflète le rôle important de l’utilisation de la technologie, en particulier
de/media/pdf/international/doing-business/westafrika-doing-business-in-the-economic-community-
of-west-african-states-2014.pdf. de la technologie mobile, dans de nombreux aspects de la vie en Afrique de l’Ouest.
87 See the following for an interesting debate on the issue: “Are Africa’s wealthiest doing enough to help
the continent?” The Africa Report. Available at: http://www.theafricareport.com/The-Question/are-
africas-wealthiest-doing-enough-to-help-the-continent.html.
INTERVIEWÉES
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Note: Les acteurs ci-aprés denommés "Offre" ne sont pas necessairement investisseurs d'impact. Offre Téléphonique Medical Credit Fund Gestionnaire de fonds
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Organisme académique/
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de recherche
Offre Téléphonique Africinvest Gestionnaire de fonds Information Technology Developers Entrepreneurship Accelerator
Écosystème Nigéria Incubateur
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