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Guide clinique
des tests
chez l'enfant
3• édition
• WISC-IV
• EDEI
• NEMl-2
• KABC-11
DUNOD
Le pK109r0mme qui ligure ci-contre d'ensei~ent wpérieur, pr0"1X!UOnt une
mêfite une explication. Son objet est bœse bnikile des a:hots de t- el de
d' olertet le lecteur sur la menace que n1w1n, ou point que la pcmihililé même pour
représente pour l'avenir de l'écrit, les auteurs de créer des œuvres
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particulièrement dons le domaine no~ et de les luire éditer cor·
de réc:!ition technique et oniversi rectemenl est aujourd'hui menocée.
loire, le développement massif du Nous rappelons donc que toute
phalocopilla9e. "'flroduclion, partielle ou lolole,
le Code de 10 propriété intellec
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tuelle du l er juillet 1992 interdit LE AfJIOOJffWtJE
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Sommaire
BIBLIOGRAPHIE............................................... .6Q2.
INDEX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6l..Q.
Clinique des tests chez l'enfant présence l'apport de la clinique à six tests cc
bacccrics de ccscs :
• les Matrices progressives de Raven (1938) ·
• les Échelles différentielles d'efficiences intellectuelles (révisées) de Perron-
Borelli (EDEI);
• la Wechs/er Intelligence Scale for Children IV (WISC-IV);
.;!il
8~ • le Kaufman Assessmenc battery for Children, 2e version (KABC-II) ;
••c:: • la Figure complexe de Rey;
0
<:
• La Nouvelle Échelle métrique de l'intelligence, n° 2 (NEMI-2).
Le choix des tests présentés est simple ; ils figurent parmi les plus utilisés
en France. Trois d'encre eux sont les plus utilisés au monde souvent depui
fore longtemps, PM-38, WISC-IV et KABC-IT - la plus grande parc de
l'ouvrage est logiqucmcnc laissée à ces derniers. La NEMJ-2 est récent...,
mais elle reprend pour partie des énoncés bien connus depuis Zazzo (1966),
voire depuis Binet et Simon (191 I).
tmroauction
L'enfant que nous recevons n'est pas un individu abstraie. Ce n'est pas
l'enfant rencontré dans les étalonnages des tests. C'est un enfant pour lequel
est faite une demande de consultation et d'examen. Il a anticipé la rencontre,
il s'y est plus ou moins préparé, et il ne rencontre pas un monsieur qui
étalonne un test, mais un psychologue, c'est-à-dire une personne préoccupé
de lui.
Si les motifs de l'examen sont des problèmes d'adaptation à l'école,
l'enfant est là devant le psychologue en attente d'une rencontre qu'il peut
redouter parce que ses problèmes d'adaptation ne sont plus tenables. Cela
lui a été signifié par ailleurs, donc il le sait - sans en être nécessairement
conscient ni d'accord. Le compromis sur lequel il vit actuellement ne peut se
poursuivre, il faut changer. Mais comment le faire, comment faire autrement
quand la situation que l'on vous propose a toutes les chances d'accroître vo
angoisses ?
ous connaissons la nature de l'angoisse identificatoire que connaissent
,;!il
8~ tous les enfants d'âge scolaire. Nous savons donc que l'angoisse idenrificaroire
••c:: n'est pas par elle-même propice au meilleur exercice de son intelligence par
0
<:
l'enfant.
Mais c'est un enfant. Nous savons aussi que le propre de l'enfance est un
dépendance à l'adulte, peut-être devrions-nous dire une attente à l'égard
de l'adulte. Er avec Bruner, nous savons que si l'adaptation au semblable
n'est pas propre à l'humain, il dispose d'une quantité de façons de « réagir à
la proximité d'un congénère en aménageant un espace entre lui et nous »
(Bruner, 1996, p. 204). L'enfant aussi le saie et, lui, il ne l'a pas appris dans
tmroauction
les livres. Il est seul avec l'adulte, il lui faut aménager l'espace de la relation
pour la rendre moins angoissante.
Parce qu'il est en présence d'un enfant, le rôle du psychologue dans la
rencontre est conforme en premier lieu au rôle de l'adulte en général: agent
d'un « processus d'assistance, de collaboration entre enfant et adulte, l'adulte
agissant comme médiateur de la culture » (Bruner, 1983-1998, p. 8). Et
comme il témoigne naturellement sa sollicitude à l'enfant, il apporte avec
lui ce qui va leur permettre à tous deux d'aménager l'espace de la relation
pour la rendre moins angoissante. L'élément de culture est amené par le test.
Il a subi des manipulations qui le rendent sans douce bizarre en première
approche à l'enfant, différent des évaluations scolaires, mais ce sont bien
des éléments de culture sur lesquels ils vont travailler ensemble, à ceci près
que le psychologue ne vient pas pour l'enseigner, il vient pour apprécier
la manière dont l'enfant entrera dans les divers exercices culturels qu'il lui
propose et qu'il accompagnera.
La position du psychologue peut encore s'inspirer del'auteur déjà cité.
Bruner (1983) rend compte des principes qui devraient guider le tuteur dans
une relation d'étayage ou d'aide. Son cinquième principe est ainsi formulé:
«Il devrait y avoir une maxime du genre : «La résolution de problème
devrait être moins périlleuse ou éprouvante avec le tuteur que sans lui." »
notre projet, qui est la clinique des tests. Inversement, comme nous nous
intéressons à ce que chaque matériel apporte à la médiation de la relation
avec l'enfant, interroger le principal ressort du renouvellement des tests
s'imposait. L'analyse est un outil de la démarche interprétative en clinique,
Elle doit aussi pouvoir s'appliquer lucidement à ce que disent, écrivent et
finalement retiennent des professionnels et chercheurs de champs voisins.
'ils utilisent une méchodologie fondée sur la mesure, nous savons que la
mesure ne commande pas ; elle est au service de thèses qui s'énoncent. Nous
nous autorisons à les discucer, ec pour cela à les « metcre à plat n. Ce sont
clics que nous interrogeons, avec un exemple à l'appui. Nous en prenons
ainsi la nécessaire mesure.
Les observations présentées dans le corps du texte, au chapitre WISC-N,
témoignent qu'un profit certain peut être tiré des confrontations entre
diverses spécialités de la psychologie. Elles nous apparaissent à ce titre
toujours nécessaires. Mais en pratique, nous le constatons, les épreuves
toujours complexes, mobilisent bien davantage qu'un, deux ou trois savoir
faire chez un enfant singulier. C'est en fin de compte par l'observation
chaque fois renouvelée que les liens pourront être perçus, dans la façon dont
un enfant prend possession des oucils. L'aperception n'est pas le fruit d'une
intuition indicible du psychologue, elle est le produit d'un accompagnement
grâce auquel les petits détails caractéristiques du fonctionnement d'un enfant
face aux tests - et à nous - deviennent sa manière. Elle peut se dir•..,
étayée par ailleurs sur les apports les plus larges qui intègrent aussi ceux d
la psychologie du développement et de la psychopathologie de l'enfant.
Pour cette seconde édition nous ajourons un troisième édition, nous
développons davantage le chapitre consacré au KABC-II de Alan et Nadeen
Kaufman. Les épreuves qui constituent désormais cette batterie peuvent
être lues de deux manières différences: avec les lunecccs de la CHC, c'est
la raison pour laquelle la présentation de cc test suie celle du WISC-IV, ou
.;!il avec d'autres lunettes qui offrent à notre vue un champ autrement plus large
8~ et riche. Il suffit pour cela de revenir à l'apport réel de Luria à la clinique.
••c::
0
<: Nous profitons de l'occasion qui nous est ainsi offerte d'une présentation
succincte de cet auteur majeur.
La Figure de Rey n' est pas réactualisée, c' est le test mis au point par Rey
et développé par Osterrieth, deux grands noms de la psychologie. Ce test
est présenté en cinquième position, sans considération pour la chronologie
de création des diverses batteries considérées ici. Parce que ce test amène
de fait « en son temps» une question qui n'aura été qu'csquisséc avec
les premières présentations, la question du temps dans l'examen. Le test
tmroauction
à l'autre: avec les enfants les plus fragiles, l'ordre de présentation des quatre
preuves principales favorise l'installation progressive d'une relation au cour
de laquelle l'enfant apprend la relation de test à mesure qu'il apprend le test.
Nous ne développerons pas davantage en introduction, mais nous devon
pointer ce qui caractérise sans doute très nettement la NEMl-2 comme
épreuve de développement : elle est dans le paysage des batteries d'efficience,
comme les EDEI, une batterie qui s'adresse à l'enfant, témoignant par sa
construction de son souci pour lui.
Aux analyses des tests - qui ne veulent rien oublier par ailleurs de ce que
peuvent amener les études statistiques à notre compréhension, mais qui les
discutent- nous avons adjoint un grand nombre d'observations singulières.
Le lecteur pourra les trouver très détaillées cc à mille lieues de cc
que l'urgence du travail quotidien commande. Nous le rassurons. Les
observations ciblent diverses pathologies pour lesquelles il nous a semblé
intéressant de pousser loin l'analyse des éléments à notre disposition. Le
comptes rendus journaliers n'ont pas toujours ce volume. Mais, s'ils ne
transcrivent pas, comme dans ces observations, tout ce que nous savons,
ils le résument. Pour cette raison, la restitution des données complexes
de l'examen ne doit pas être la simplification par les chiffres résumant les
résultats, mais plutôt la synthèse écrite d'une rencontre.
es observations ici sonc aucrc chose que des illustrations.
Elles ont pour objet de signifier au clinicien qu'il doit se déprendre de ses
chiffres.
La sophistication dans les calculs qui accompagnent la confection d
.;!il tests, jusqu'à l'affichage des nombres correspondant aux scores pondéré
8~
••c:: dans les épreuves, one leur importance, mais ils ne doivent pas conduire à
0
<: oublier que les tests pour enfant servent des enfants. Les chiffres doivent
être rapportés à cette réalité: l'enfant dans la relation avec l'adulte s'inscrit
dans une relation culturelle précise par laquelle, en coute circonstance, il
aide l'enfant et ce faisant il l'aide à grandir. La situation de test n'échappe
pas à cette contrainte.
es concepteurs de test, nombreux, sont convaincus qu'avec les test
nous évaluons des aptitudes intellectuelles hiérarchiquement ordonnées, les
mêmes à tous les âges. A l'extrême, les chiffres auraient donc le ... dernier
tmroauction
mot, ce qui est un comble. Les observations sont là pour dire le contexte,
et plus quand c'est possible dans un compte rendu. Plus ... c' esr-à-dir
qu'elles doivent viser dans toute circonstance à préciser les conditions dans
lesquelles les scores ont été réalisés, en précisant aussi finement que possibl
les conditions par lesquelles il aurait fallu passer, ou mieux, par où il nous a
fallu passer {en testant aux limites par exemple), pour subvertir ce que nous
avons pu apprécier comme un obstacle dans le cours de la passation, qu'il
était possible à l'enfant de passer sous condition.
ous trouverons chemin faisane d'autres manières de dire et d'expliciter
cette qucst:ion ccncralc: le ccsc doit servir la relation encre l'enfant cc l'adulte
les chiffres ne peuvent pas être des butées, même s'ils disent des limites:
ce ne seront jamais que nos limites ponctuelles. La clinique devra servir la
cohérence du fonctionnement, en s'appuyant sur les écarts entre les scor
et ce qui les a suscités. Elle doit servir la cohérence et identifier le sens de ces
limites ou impasses éventuelles rencontrées dans le test. Parce qu'elle doit
servir le destinataire du compte rendu, pour penser à l'aide la plus judicieuse
à apponer à l'enfant dans son développement.
•••
PREMIERE PARTIE
Les Matrices
•
progressives
de Raven (1938)
CHAPITRE
1
1
L'apprentissage
en cours d'épreuve
1
Théorie des Matrices progressives de Raven . Pagell
_J
Les Matrices orosressives ae Raven
Un test de facteur g ?
Les Matrices Progressives, sous leur forme initiale qui est encore la plu
utilisée aujourd'hui (communément appelées PM-38), one conçues par ét é
l. Titre d'un chapitre de l'ouvrage rrës complet d'O. Marrin, la Mesure d~ L'esprit, Paris, L'I larmarran,
1997.
I.!!..... L'apprentissage en cours d'épreuve
1. Cc qui est évidcrnmcnr faux, l'assertion csr d'ailleurs conrcsréc sous cerrc forme par J. Ravcn
(1998).
Les Matrices orosressives ae Raven
.;!il
• La capacité à segmenter efficacement le problème ·
8~ • La capacité à hiérarchiser les buts engendrés par la segmentation ;
••c::
0
<: • La capacité à formuler des règles abstraites et généralisables.
Les différences les plus importantes apparaissent au niveau des deux
dernières capacités.
L'apprentissage en cours d'épreuve
Nous osons croire que les termes mêmes d'évaluation du potentiel d'appren
tissage déportent cc ne font pas aucrc chose que déporter une différence qu'il
serait de convenance d'admettre de toute façon entre les individus, du point
de vue de leur équipement de base.
Or, ce qui, pour d'autres, est posé comme préalable, constitue selon
nous une hypothèse inutile. Quand il s'agit de définir une manière d'aider
et non de classer, quand nous évaluons les conditions du changement
dans les procédures de réponse d'un enfant, l'hypothèse de différences
consrirurionnelles d'intelligence entre les individus ne nous sert pas. Bien
au contraire: il n'y a pas encre deux enfants en difficulté une différence de
potentiel d'apprentissage, il n'y a pas une différence quantitative que la bonne
procédure d'évaluation pourrait chiffrer, mais des différences qualitative
qui requièrent une analyse en relation avec le sujet: pour l'adulte, il s'agit
toujours d'évaluer non ce que l'enfant produit seul, mais ce qu'il faut
d'implication de sa part, à lui adulte, pour que l'enfant en fasse son profit.
Une présentation fréquence des recherches concernant l'évaluation du
potentiel d'apprentissage retrouve la trace d'une préoccupation ancienne
pour cette question chez L.S. Vygotsky (1935-1985) d'une part, et chez
A. Rey (1958) d'autre pan.
ous relevons pourtant des écarts certains encre la manière donc ces auteurs se
posaient la question, et celle qu'illustrent les recherches en ce domaine. Tout
d'abord, la prédictiviré n'était pas le problème posé par Vygotsky au sens
d'une prédicrivité des réussites de l'enfant seul, mais celui de l'apprentissage
donc de la forme nécessaire d'implication de l'adulte auprès de l'enfant.
C'est dans un essai de définition des liens encre processus de développerncn
cc processus d'apprcncissagc/cnseigncmcnc qu'il aborde, pour donner un
exemple à son argumentation, la question de zone de développement le plus
proche . Comme elle concerne le problème qui nous agite, précisons donc
son sens, d'où l'on conclura qu'il n'est pas pris en charge par les procédures
d'évaluation du potentiel d'apprentissage.
Les Matrices orosressives ae Raven
.;!il
8~
••c::
0
Le potentiel d'apprentissage selon A. Rey
<:
Dès lors nous admettons une place singulière pour ce test, et peur-êtr
pour tous ceux qui s'y apparentent ou s'en inspirent. Ce sont des épreuv
dans lesquelles le sujet apprend en cours d'épreuve le cadre conceptuel du
test, qu'il reconstruit donc au fil des items, à mesure qu'il avance dans la
résolution des items.
En ce sens, et même en nous arrêtant à ce seul aspect du test, il est très mile
au praticien. Il se situe d'emblée, pour peu que l'on veuille accompagner le
sujet dans sa progression et saisir, en le faisane, la dynamique par laquelle
le cadre conceptuel se mec en place, comme épreuve d'une évaluation
dynamique del'efficience incclleccuelle du sujet.
Mais ce n'est pas cout. L'explication finale va plus loin du point de vu
de la clinique. La raison à l'apprentissage en cours d'épreuve est trouvée
dans le principe qui a guidé la construction : superposer, par la structure
de l'échelle, la distance parcourue des premiers aux derniers items à ce qui
sépare la pensée de l'enfant de la pensée de l'adulte:
• Le concepteur a réalisé diverses versions de son test, dont la première était
dérivée d'un test de Spearman. L'organisation spatiale retenue présentait
l'avantage que la question posée soit comprise desjeunes enfants. Retenons
cette idée. La forme retenue d'un rectangle central qu'il faut fermer était
comprise cout de suite par les enfants les plus jeunes dans le sens d'un
problème à résoudre ;
• Par ailleurs la forme « croisement de lignes » verticales et horizontales
induisait une inrerrogacion sur le cadre conceptuel : carrefour, motif de
papier peine où se répète le même motif, élément d'une progression
arithmétique (qui procède par ajouts successifs), ou élément d'une
progression géométrique (qui procède par le produit des Lignes)? Cert
dernière option était << le mode de réponse le plus fréquent, particulièrement
chez l'adulte, celui où le cadre conceptuel subit un changement productif » ;
• Les 60 problèmes de difficulté progressive qui constituent l'épreuv
apparaissent dès lors comme autant de degrés, autant d'échelons qui
comblent la distance entre la pensée enfantine et la pensée adulte. Et
le sujet qui progresse dans la résolution de l'épreuve, en apprenant son
cadre conceptuel pas à pas, est invité à appréhender la distance qui
sépare la pensée enfantine de la pensée adulte comme une distance qui
n'est pas imprenable. Il est en d'autres termes invité à vérifier le temps
de la rcnconcre qu'il n'est pas périlleux de grandir. Les iccms sonc de
difficulté graduelle, chaque palier de difficulté pouvant en conséquence
être considéré comme représentatif d'un âge.
Les Matrices orosressives ae Raven
Les cinq séries diffèrent. L'ordre de présentation des items dans chacune va
bien sûr dans le sens croissant de leur difficulté. Mais l'ordre de présemation
des séries est aussi un ordre de difficulté progressive.
elui-ci est inféré des stades que le concepteur du test, J. C. Raven,
identifiait dans la manière donc l'enfant à différents âges résout les problèmes
des Matrices. L'ensemble de ces stades est rappelé dans l' Introduction générale
aux tests de Rauen (1998). Nous ne les copions pas ici (mais nous en
recommandons la lecture).
La série A
La série B
La série B présence successivement deux items pour lesquels le pattern est
constitué de quatre images identiques. La réponse est à l'image de chaque
partie. Ces items inrroduiscnt un principe nouveau, qui csc la discontinuité
de la gauche à la droite, de haut en bas.
L'organisation symétrique selon les axes médians est confirmée dans
les deux items suivants, B3 et B4, puis rompue pour une symétrie selon
l'axe horizontal, B5 et B6, ou selon l'axe vertical B7. Le passage de la
symétrie totale à la symétrie limitée, à partir de B6, s'accompagne de la
perte d'une ligne continue figurant une hypothétique enveloppe. Les axes
organisateurs internes deviennent prégnants, ceux à partir desquels il faudra
proprement composer ou recomposer ce qui manque. Deux critères guident
cette composition, l'orientation et le dessin interne.
Avec l'item B8, et jusqu'à l'item B 12, l'intersection est intersection de
deux classes. C'est la première vraie difficulté de l'épreuve. Le manuel du test
noce : 11 À 8 ans, c'est généralement vers la fin de la série B que vonc naître
les difficulrés.» Il précise que l'enfant désappointé par cc qu'il considère
comme la simple résurgence d'items déjà résolus, montre l'une ou l'autre
des pièces déjà présentes sur le pattern, celle du dessus ou celle de gauche,
persévérant dans la recherche de l'identique.
Il nous faut aller au-delà de ce premier constat. Pour ces auteurs, c est
à 8 ans que surviennent les difficultés sur la série B. Pourquoi 8 ans, et
pourquoi la fin de la série B ? :
• Les auteurs rapportent que « les enfants de 7 ans et demi et 8 ans, qui
ont saisi que pour compléter les matrices, il faut des figures corrélaciv
sont capables de résoudre une grande partie des problèmes des matrices
progressives standard d'une façon assez semblable à celle des adultes. Il
semblerait qu'avant l'acquisition de cette capacité, les derniers items de
la série B n'ont pas grand sens pour les sujets, mais qu'ensuite la même
réponse à ces items leur paraît quasiment aller de soi.» (1998, p. 41);
• L'utilisateur du test pourra avantageusement consulter les tables issues des
divers étalonnages et constater qu'il y a effectivement un palier sensible
de 7 ans 6 mois, à 8 ans et quelques mois. La note moyenne dans les
populations d'étalonnage fait un bond à ces âges ;
• Les diverses observations concernant ce que l'auteur du test, J. C. Raven
appelait les « sauts de saumon» vérifieraient son intuition.« J.C. Raven
et d'autres auteurs ont avancé l'idée que le développement intellectuel
Les Matrices orosressives ae Raven
La série c
La série C est à notre sens la seconde vraie difficulté de l'épreuve. Le pattern
cette fois est constitué de neuf dessins, donc un manque. Le premier item
ignifie clairement le rôle joué par les lignes, horizontales et verticales. Le
objets dessinés, les inducteurs ont une parenté entre eux : ils peuvent se
présenter comme la répétition du même objet, à diverses étapes de son
développement.
L'item C2 cc l'item C3 présentent des traies communs: les objets croissent
en volume ou en nombre dans le sens gauche-droite de la lecture, cc dans 1
cns haut-bas. La composition du dessin manquant est le produit terminal
d'un processus de croissance. La même expérience est renouvelée dans les
items suivants, C4 et C5. Nous retrouvons à cette occasion la fonction
(< bon professeur» du test, qui ne craint pas de multiplier les exemples pour
confirmer ce qui est en cause ici. Les objets ne diffèrent pas, ou pas beaucoup,
l'un de l'autre; ils sont ressemblants et ne diffèrent que par la caille ou le
nombre d'éléments.
La série C inscrit donc dans l'épreuve autre chose que les symétries ou
asymétries des séries précédentes, à partir des axes centraux qui opposaient
les dessins deux à deux. Elle introduit l'idée de succession, de moments
ucccssifs selon les lignes horizontales cc verticales. Elle incite cc faisane à
prendre appui dans l'analyse de chaque item sur le sens de la lecture et de
l'écriture alphabétique. Elle est la série la plus chargée peut-être sur le plan
culturel. Et ceci tient moins à cette référence à la lecture qu'à l'organisation
sous-jacente à la lecture qui implique le temps comme troisième dimension
aux modifications qui affectent les objets dessinés.
Il nous faut sur ce sujet consentir à un développement qui pourra
apparaître quelque peu étranger aux épreuves d'efficience incelleccuelle. Le
clivage cognitif/affectif peut être nécessaire ou évident au lecteur. Nous
respectons ses options. Mais nous ne devons pas nous interdire de faire le
liens qui s'imposent, quand la compréhension de certains blocages dans une
épreuve le nécessite. Pour notre parc, nous n'adhérons pas à cette partition de
la réalité psychologique des sujets, cout en reconnaissant en elle un moment
nécessaire du développement.
Du point de vue du développement psychoaffectif de l'enfant, le temp
devient utile quand le ((Je» résout par la conjugaison au futur l'écart
entre ce qu'il est et ce qu'il voudrait être. 11 prend d'abord la forme de
l'énoncé « Quand je serai grand... >) Celui-ci est abouti dans l'énoncé qui
Les Matrices orosressives ae Raven ~
l. Tous les rennes utilisés dans ce court développement sur l'un des passages les plus importants de
la vie de tour individu sonr empruntés à Picra Aulagnier. Ils sonr pour leur clarté, nous l'espérons,
imitables par le grand nombre.
L'apprentissage en cours d'épreuve
peuvent réussir l'item C2, qui peut être résolu par la seule lecture verticale,
mais buteront sur C3, C8 et les derniers. Pour les items restant, ce pourra
être « au petit bonheur! ».
i l'on considère maintenant l'introduction d'une référence au temps de la
lecture, assimilée ici à l'idée de croissance, les racés peuvenc affecter à peu prè
n'importe quel item chez des enfants pour lesquels cette problématique a du
ns. À l'inverse, chez les plus persécutés, et nous l'avons observé chez d
adultes intelligents mais malmenés socialement, la négation du temps peut
prendre des formes étonnantes, éventuellement par des réponses symétriques,
la dernière image devant nécessairement être, pour eux, identique à la
première mais opposée spatialement à celle-ci.
Bien évidemment, un signe isolé n'a pas de sens par lui-même et toute
forme de régression isolée sur l'épreuve est possible à tout moment. L'analyse
de l'erreur peut autoriser des hypothèses, qui fonctionnent comme des
inducteurs, mais, comme dans le PM-38, un inducteur seul n'autorise pas
n'importe quelle déduction.
Les derniers items de la série C complexifient le problème initial en
ajoutant une dimension supplémentaire, le mouvement : la succession des
images simule les étapes d'un déplacement. Elles provoquent alors des
superpositions de lecture délicate. Une autre manière de figurer le temps.
Ajoutons encore à ces commentaires sur la série C : les difficultés
rencontrées par l'enfant avec les items de cette série retentissent plus ou
moins avec les éléments d'une problématique personnelle d'utilisation du
temps. Mais ce constat n'enlève rien aux qualités du test: l'enfant l'aborde en
présence d'un psychologue, qui est le porteur par excellence dans l'esprit du
public d'un ordre bâtit sur des différences. Le test peut être le moment où ce
qui est conflictuel pour l'enfant s'exprime, notamment par des compromis
plus ou moins assumés avec cc qu'il a toue de suite saisi du test. Dans le
quelques observations qui suivent, le compromis Orthographe : rend à s
jouer sur le temps que l'enfant consent à l'épreuve: nous le voyons comm
une recherche de sol commun avec cet adulte qui, lui, prend le temps pour
réfléchir, donc comme une amorce de solution idenrificatoire à ce qui lui
interdit ici de penser.
La série o
La série D amorce comme une rupture avec cc qui précède. En apparence.
Après l'introduction du temps dans l'épreuve, tout va désormais par trois!
Les objets sont groupés par trois. Cela, le sujet l'appréhende plus ou moins
Les Matrices orosressives ae Raven
• ;!il
8~
••c:: La série E
0
<:
La série E pose des problèmes d'un type différent. Les liens entre les
inducteurs se lisent horizontalement et verticalement encore, mais ils sont
essentiellement liens de sommation.
Les trois premiers items présentent une sommation en bouc de ligne,
ur des lignes que nous lirons encore de gauche à droite. Les suivant
intervertissent les termes, se dégageant d'une contrainte de sens de lectur,
désormais inutile parce que parfaitement dominée, au point que, par jeu, la
L'apprentissage en cours d'épreuve
règle du sens puisse être changée. Au fil del' épreuve, les items devenant plus
complexes, ce ne sont plus les inducteurs qui s'ajoutent ou se retranchent,
mais leurs propriétés détachables.
Le sujet pour résoudre les problèmes doit considérer non plus les
inducteurs tels qu'en eux-mêmes, mais dans leurs parties. Le travail d'analyse
est donc porté délibérément sur ces inducteurs parce qu'ils se retrouvent
pour partie de l'un à l'autre. L'ajout ou le retrait de fragments qui ne sont
pas perdus évoquent les jeux enfantins dans lesquels l'objet qui s'échange,
passe de main en main. Il n'a pas vocation à être perdu, mais à passer de
l'un à l'autre.
CHAPITRE
2
1
Observations
avec les Matrices
progressives ae Raven
1
Réussite paradoxale chez Arthur, un enfant de 7 ans passablement
en difficulté à l'école . Page.il
_J
Les Matrices orosressives ae Raven
Je peux même suivre le mouvement de ses yeux qui se posent sur chaque petit
dessin puis sur le rectangle à compléter, successivement, sans en laisser aucun.
Sa procédure méthodique est une grande consommatrice de temps. Dè
la première série, je comprends que nous ne terminerons pas l'épreuve dan
les vingt minutes imparties - le temps que je m'étais raisonnablement
fixé compte tenu de l'âge de l'enfant et des difficultés de l'épreuve dans les
dernières séries - ni même en quarante minutes.
Quand les items deviennent plus difficiles, pour peu que je n'intervienne
pas - et pourquoi le ferais-je?-, Arthur prend davantage de temps encore.
Son attitude ne variera pas cout le temps que nous passerons ensemble avec les
Matrices.
Tableau 2.1
1'0item Série A Série B Série C Série D Série E
1 + + +
2 + + +
3 + + +
4 + + +
5 + + +
6 + 4 - +
7 + 3 - +
8 + + 7 -
9 + 1 - +
10 + +
11 2 - +
12 1 - +
Toml 10 9 8
1. Les réponses exactes n'onr pas éré reproduites, seules l'ont éré les réponses erronées pour pcrmerrre
au lecteur curieux d'y aller voir le cas échéant.
Les Matrices orosressives ae Raven
Nous avons précisé ailleurs que les étalonnages pour le PM-38 one été
pratiqués avec de petits groupes d'enfants. Les conditions d'examen en
petit groupe sont meilleures que dans les évaluations scolaires qui se
pratiquent accuellemenc, dans lesquelles chaque enfant est cocalemenc seul
face à sa feuille. Mais les petits groupes ne sont pas les conditions de
Les Matrices orosressives ae Raven
l. Cc rcrmc est utilisé ici dans le sens que lui donne la science de l'œil, non dans sa référence culinaire:
le premier suppose que la distance est donnée et que chacun règle intimement sur cette distance, le
second concerne la confection d'un ragoût, pour lequel l'accomrnodarion consiste à mcrrrc ensemble
des choses qui peuvent convenir, même très passablement.
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
Conclusion
La performance sur le test contredit l'impression de difficulté de l'enseignant.
Mais nous avons noté que l'impression chez ce dernier est diffuse, peu
explicite. Il n'est pas opportun d'opposer à cette idée la performance réalisée
par l'enfant dans des conditions qui ne sont pas celles de sa classe.
Les Matrices orosressives ae Raven
Cependant, quoi qu'il en soit de l'aide et du profit que l'enfant tire d'un
temps qu'il utilise relativement à sa guise, les caractéristiques de son sryl
lui appartiennent. Les traits d'attention, de concentration, d'application, d
méticulosité dans l'approche sont des traits obsessionnels. Ils sont au service
d'une recherche efficace, dans la mesure où les hésitations peuvent toujours
se comprendre dans l'exercice de la recherche et qu'elles trouvent toujours
un aboutissement. Ce ne sont pas, ordinairemenc, des facteurs d'échec dans
la scolarité. Sauf si le besoin d'une utilisation du temps pour soi et le refus
du temps collectif, joints au besoin de s'évader dans ses fantaisies intimes
quand les autres produisent cc qui est demandé conduisent à un écart trop
grand avec le reste de la classe. La solution d'un problème qui nous apparaît
bénin, encrant dans le cadre des variations de la normale, peut commencer
par la réassurance de l'enseignant quant aux capacités de l'enfant à utiliser
les règles avec lesquelles notre pensée compose.
Les deux observations que nous rapportons dans les pages qui suivent
concernent des enfants jugés difficiles par leurs enseignants. La manière
qu'ils ont de se situer par rapport à l'adulte en général tend à invalider tr
vite les règles d'administration des tests. Pour l'un comme pour l'autre, le
PM-38 est administré dans une perspective de relation, qui n'est pas scolaire
mais qui se passe à l'école, avec des outils qui renvoient de loin à ce qui
intéresse l'école.
Nous ne cherchons donc pas à objectiver un niveau d'efficience dans une
épreuve d'induction, mais plutôt à apprécier la manière donc l'enfant peut
poser les problèmes cc les résoudre en nocre présence.
C'est ce qui explique que nous menions l'examen au-delà de la passation
usuelle, qui n'aurait pu, dans les conditions où nous rencontrons ces garçons,
qu'être péjorative et sans utilisation ultérieure possible dans le sens de « la
compréhension de ce qui se passe» (pom paraphraser Rey- voir ci-dessus).
,;!il
8~
••c::
0
<:
Un enfant aaneereux, Martin, 9 ans 6 mois
Motif de l'examen
Martin a été signalé à l'attcnrion de membres du RASED par son enseignante.
on comportement posait problème à plus d'un titre: d'emblée il s'est
présenté comme- et il s'est dit aux autres et à son enseignante à l'école - un
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
Entretien préliminaire
Épreuves utilisées
Je propose à Martin le PM-38. Le choix de ce test s'impose face à un garçon
qui vit manifestement la relation sur le plan de « qui est le plus fort ? >>.
J'écarte donc les épreuves de connaissances qui asymétrisent trop la relation,
dans lesquelles la bonne réponse confirme l'excellence de la question et de
la position du psychologue, en même temps que l'adhésion de l'enfant aux
termes de la relation ainsi posée. À éviter donc.
Matrices progressives standard de Raven (PM-38) sont une épreuve
non verbale portant sur du matériel abstrait : une figure complétant une suit
doit être trouvée parmi plusieurs. Elle présente des avantages certains, au sens
où elles ne sollicitent pas la parole. Par ailleurs le soutien de l'examinateur
peut s'exercer lui aussi sans prise de parole, par la seule présence. Enfin, il
n'y a pas a priori de bonnes ou de mauvaises réponses selon la structure
du matériel mais une réponse qui prend en compte les données culturelles
d'organ isacion d'un matériel disposé spacialemen t.
ableau2.2
N°item Série A Série B Série C Série D Série E
I + + + +
2 + + + 6
3 + + + 2
4 + + + +
5 + 5 + +
6 + + + +
7 + + + +
8 + 2 + 1
9 + + + +
10 + + 4 , 2 ,
Il + 1 - 5 - 3 -
12 + 4 ,
3 ,
3 ,
Total 12 8 9 6
alors encre l'attitude légitime de l'enfant qu'il est, demandeur de ne pas être
laissé seul face à cette tâche, et la suffisance d'une personne bien plus grande
qui afficherait ses certitudes sur les choix opérés.
Sur le plan de l'épreuve même, ce qu'il doit vaincre pour réfléchir un peu
tranquillement est objectivé par la procédure utilisée : la plus souple consiste
à lire méthodiquement, comme il l'a fait après avoir demandé de l'aide. La
moins souple consisterait à saisir le matériel comme une opportunité pour
mettre face à face, symétriquement, deux objets identiques dom l'un des
deux est toujours de trop.
Dans notre expérience, cette dernière manière est la manière préférée de
personnes qui one été malmenées et doivent faire un effort considérable
dans le testing pour dépasser leurs craintes persécutives.
ous avons avec Martin les deux manières. La seconde, redoutable chez
.;!il un petit et difficilement dépassable, ne survient pas fréquemment, mais elle
8~
••c:: est là, de façon latence, et pointe à l'occasion.
0
<:
Conclusion
Motif ae l'examen
Épreuves utilisées
Les difficultés signalées par le maître sont instables et ne sont pas celles
reconnues par l'enfant. Par ailleurs, l'enfant étant décrit comme de tendanc
Les Matrices orosressives ae Raven
ableau 2.3
Notes connaissances Bruce Standard
l'est pas, Cédric paraissant peu gêné de lire à peu près n'importe comment
jusqu'au moment où, presque par hasard, un mot difficile étant reconnu, il
revient en arrière et lie un mot plus difficile encore qu'il avait précédemment
escamoté. L'incident nous semble intéressant parce qu'il montre une étendue
de vocabulaire importante (même s'il s'agit d'un mot simplement entendu
et donc il ne connaît pas cour à fait le sens).
Le laisser-aller dans les réponses qui fusent immédiatement est total dans
l'épreuve des devinettes, ainsi que dans l'épreuve d'arithmétique, les résultat
one annoncés de façon très ferme quand bien même il ne semble pas a.voir
regardé l'image censée soutenir sa réflexion.
L'impression globale est celle d'un enfant que l'on ne parvient pas à
intéresser, soucieux de son image, mais plus soucieux encore d'affirmer son
détachement face à l'adulte quand le matériel résiste. La fatigabilité aussi est
importante, mais il est bien difficile de savoir si elle est due à l'imporran
du travail intellectuel demandé ou à la réalité d'une relation avec un adulte
seul qu'il n'a pas demandée - fatigue mentale, de nature relationnelle. Ce
qui irait dans ce sens est le faible score obtenu contre route attente dans
l'épreuve de devinettes qui réussit habituellement bien aux enfants soucieux
d'adaptation à ce qui les entoure.
ableau 2.4
N°item Série A Série B Série C Série D Série E
1 + + + +
2 + + + 2 -
3 + + + 4 -
4 + + 4 - 2 -
5 + + 2 - 4 -
6 + 4 - 2 - 8 -
7 + 2 - 8 - 2 -
8 6 - 5 - 8 - 8 -
9 + 1 - - - 6 -
10 + l - - - - -
Il 5 - 2 - - - - -
12 6 - 2 - - - - -
Total 9 5 3 l
ableau 2.5
N°item Série A Série B Série C Série D Série E
1 + + + 4
2 + + + +
J + + l +
4 + 4 - 2 - 8 -
5 l - 1 - 4 - 1 -
6 + 4 - 5 - +
7 2 - l - 4 - l -
8 1 - 4 - 6 - 8 -
9 + 1 - 5 - 3 -
10 + l - l - 6 -
li l - J - + 4 -
12 1 - 3 - 1 - 1 -
Total 7 J J J
Conclusion
,;!il
8~ Faut-il changer le voisinage d'Alex pour qu'il accepte de donner le meilleur
••c::
0
<: de lui-même dans les apprentissages? Évidemment non. Quoique ...
Une hypothèse: l'apprentissage exige une certaine sécurité de l'enfant
en présence de l'adulte, surcout quand il se trouve seul avec lui, mai
pas seulement. Toute tentative de rapprochement d'une personne de ma
corporation peut-être, ou plus généralement de l'adulte, est pour lui un
menace. Point n'est besoin d'en connaître la cause, la relation de proximité
mentale est toujours potentiellement périlleuse pour l'enfant, le plus grand
nombre d'enfants parviennent à composer avec, certains n'y parviennent
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
pas. L'intermédiaire que peut être un autre enfant, vis-à-vis duquel il aura
le rôle du censeur (c'est-à-dire ici le psychologue acceptant ou refusant la
réponse) lui permet aussi de se voir réfléchissant (par le regard qu'il porte sur
l'autre enfant). Il réalise à travers sa personne l'unité de la situation, le lien
autrement impensable entre l'enfant et l'adulte. 11 n'est pas indifférent que
cette possibilité apparaisse avec la présence d'une fillette jolie, la différence
fille garçon se présentant comme la plus apte à représenter la différence
sans qu'elle devienne nécessairement périlleuse. Assumant sans risque la
différence, Alex peut la concevoir dans le matériel qui lui est donné à penser,
et la concevoir comme le ressort même de la recherche - surcouc si la
fillette, pourtant timide, le lui montre.
Les indications qui en découlent sont multiples. Retenons en une:
l'approche d'Alex doit être suffisamment distanciée pour ne pas être identifiée
à une menace de séduction. La seule réponse à lui apporter consiste dans la
rigueur du cadre de la rencontre dont l'adulte est le garant. En pratique, et
dans le cadre d'une classe, il n'est pas exclu de pratiquer une observation
susceptible de pointer les moments de décrochages de l'enfant, et, plus
intéressant, ce qui éventuellement permet les reprises d'intérêt, même
limitées.
Motif de l'examen
fille semble assez vite satisfaire de ce qu'elle a fait, sans apporter beaucoup
d'attention à polir, arranger le travail qu'elle remet à ses professeurs.
Julie s'exprime très peu en classe. Les professeurs se demandent s'il s'agit
de timidité ou de vraies insuffisances à l'oral dans les langues notamment.
L'enseignement de l'anglais semble être d'une difficulté indépassable pour
Julie. En résumé, s'ils ne la disent pas particulièrement triste, les enseignants
sont d'accord pour regretter un manque de participation dont ils pensent
qu'il devient une gêne réelle.
'est le père qui accompagne la jeune fille pour la consultation. Les
parents sont séparés - ils n'auraient jamais vécu ensemble. La mère habite
très loin. Il est venu, dit-il, sous la pression des professeurs. Il ne voit pas
pour sa parc d'inconvénient à consulter dans un centre spécialisé, mais se
die prêt à aider l'enfant parce que« si c'est pour son bien... )). Il ne veut pas
qu'il lui soit reproché de ne pas avoir toue fait pour qu'elle soie à l'aise dan
sa scolarité. Par ailleurs, il signifie nettement qu'il faut qu'elle soit « bien
débrouillée dans la vie», parce qu'il ne sera pas toujours là (sic). Et il répète,
à deux reprises « c'est pour son bien ».
Entretien préliminaire
Julie est une jeune adolescence ni plus ni moins gauche qu'une autre à cet
âge. Elle répond volontiers après quelque réflexion à chaque question posée.
Elle sait que les professeurs aimeraient qu'elle ait plus de contact avec les
camarades de sa classe, mais elle les connaît tous et depuis longtemps, et
elle a fait ses choix. Elle a quelques amies, des filles essentiellement, qu'elle
retrouve avec plaisir et avec lesquelles elle rit bien. En dehors de la classe
elle ne les voit pas. Elles habitent en des endroits distants dans la ville. En
dehors du collège, elle est inscrite dans un cours de danse où elle rencontre
.;!il d'autres filles, avec lesquelles elle s'entend plutôt bien. À la maison, Julie
8~ passe son temps à lire, toue, des bandes dessinées, des livres, romans ou livre
••c::
0
<:
plus scientifiques. Elle regarde beaucoup la télévision, souvent en faisane
autre chose, et dispose d'un ordinateur pour les jeux et internet. Elle joue 1
plus souvent seule, ou avec ses chiens. Son père est très occupé et l'amie de
on père également.
Julie pense que la préoccupation des professeurs est due à ce qu'ils savent
de sa situation familiale. Elle dit à ce propos que cela ne les regarde pas.
Elle n'est pas inquiète de ses résultats scolaires, elle fait ce qu'il faut, mai
elle avoue être très contente cette année d'avoir beaucoup moins d'heures
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
de cours que l'an passé. Elle n'a pas choisi de faire du latin, parce que cela
aurait alourdi l'emploi du temps.
Choix de l'épreuve
La consultation ne nécessite pas la passation de test, au sens d'une mise
en question de l'efficience incelJeccuelle de la jeune fille. Il nous semble
cependant intéressant d'apprécier ce qu'elle veut bien donner d'attention
dans un test où elle se trouve seule face à la feuille, ainsi que la manière dont
elle utilise la présence du psychologue (tableau 2.6).
Tableau 2.6
N° item Série A Série B Série C Série D Série E
l + + + + +
2 + + + + +
3 + + + + 2 -
4 + + + + +
5 + + + + +
6 + + + + +
7 + + + + +
8 + + 4 - + +
9 + + + + 1 -
10 + + 8 - + 7 -
Il + + 5 - + 7 -
12 + + 4 - 7 - 1 -
Total 12 12 8 li 7
Synthèse
Du strict point de vue de la performance, Julie se situe dans les 10 % de sa
classe d'âge les plus à l'aise sur le test. J'ai en effet pu remarquer qu'elle n
rechignait pas devant cette épreuve, un jeu fait pour elle. Moins difficile que
de répondre à des questions sur « pourquoi on ne parle pas avec les autres ».
Julie n'a pas besoin, et ne voudrait sans doute pas d'un accompagnement
proche. Beaucoup d'enfants ont besoin que l'on regarde la planche en même
temps qu'eux, pour Julie il semblait évident qu'elle ne ressentirait pas de
gêne à ce que je regarde mes notes au lieu de fixer le même, ensemble.
Il reste qu'en dehors de ce que livre l'épreuve sur l'aisance de la jeune fille
dans ce type de problème, les ratés dans le cours de la passation méritent
que nous y revenions.
Le premier item qu'elle ne solutionne pas nous surprend et la dérange.
Quant à nous, nous sommes surpris de la difficulté qu'elle rencontre. Pour
elle, la série C diffère de ce qui la précède et de ce qui la suit :
• Elle est la première dans l'ordre de passation à présenter un tableau de
huit inducteurs auxquels devra s'ajouter un neuvième. La série précédente
opposait deux à deux quatre inducteurs. Celle-ci en affiche huit, déjà
organisés selon certaines dimension" ·
• Ils peuvent se lire, au sens où leur étalage suppose un début, en haut et à
gauche, et une fin, en bas et à droite. Ils impliquent donc le temps d'une
certaine manière, la succession d'étapes, la progression.
Tou tes les réactions sont possibles en tel ca mais on ne s'étonnera pas
que les réponses de sujet pour lesquels le temp sr un problème - parce
Les Matrices orosressives ae Raven
Conclusion
Julie a peu d'échanges avec les autres selon ses professeurs. Mais elle n'est
pas triste, ni renfermée. Selon ce qu'elle die et selon cc qu'elle montre dans
le test cc la relation de test, sa manière de se situer encre dans le cadre des
variations de la normale.
Cet exemple montre le profit inattendu que l'on peut tirer de l'utilisation
d'un test d'éducrion de relations. L'exercice de l'esprit logique n'interdit
pas à l'esprit du psychologue d'être sensible à des dimensions inattendues
.;!il dans ce champ. 11 offre le moyen d'une observation pratiquée dans un
8~ cadre suffisamment neutralisé pour ne pas délibérément nous situer hors
••c::
0
<: du domaine dans lequel les problèmes, s'il y en a, sont évoqués par des
enseignants du collège.
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
Entretien préliminaire
Deux sœurs aînées travaillent au Portugal, il ne les voit pas souvent. Elles
sont nées ici, mais les parents sont Portugais, elles ont voulu s'installer, s
marier et travailler là-bas. Lui aussi sait parler le portugais. Il a aussi deux
frères aînés qui sont en Espagne. D'autres frères aînés travaillent en France.
Parfois, ils vont voir ses sœurs et reviennent. li ne pense pas aller au Portugal
quand il sera grand, ses parents non plus.
ableau 2.7
N°item Série A Série B Série C Série D Série E
l + + + +
2 + + + 6 -
) + + + +
4 + + + +
5 + + + +
6 + 6 - 2 - +
7 + + + 3 -
8 + + --- - 4 -
9 + + 1 - +
10 + + 8 - 5 -
Il 5 - 1 - 1 -
12 1 - + 8 -
Total 10 lO 6 6
encore. Il réfléchit, puis s'entête sur celle-ci. Elle est la réplique exacte du
croisement figuré à gauche. Il semble que le croisement de lignes a oublié
un de ses termes, seules sont prégnantes les lignes verticales. L'item A12 est
manqué pour une raison symétrique : cette fois encore il hésite, annule sa
première réponse, en trouve une autre, puis une autre encore. Finalement,
les lignes sont bien croisées ; il m'explique, sans que je lui demande, qu'on
les voie ici et là, pareilles. Mais il oublie de considérer ce qui se passe au
niveau même de l'intersection.
La deuxième série, B, voit deux erreurs, pour l'item B6 et l'item B 11. La
distance encre les deux erreurs peut laisser croire que le problème nouveau
posé à cc moment dans l'épreuve a été relativement surmonté. Mais cc n'est
pas exactement ce qui se passe: Alban répond correctement à l'item B6
qui innove par rapport aux précédents. Contre coute attente, l'item B7, qui
n'en représente qu'une copie, est manqué. Après avoir donné sa réponse
erronée, Alban hésite. Comme j'attends, il attend aussi, regarde longuement,
se rend compte qu'il a fait une erreur bien qu'il n'en dise rien. 11 annule
alors celle-ci, et confirme une réponse qu'il a un moment perçue fausse.
e type de réaction de prestance reviendra à plusieurs reprises dans le test.
Bien que j'accende et lui laisse largement le choix de modifier sa réponse
initiale sans porter aucune appréciation sur clic, il préfère confirmer que de
reconsidérer la première erreur.
En revanche pour l'item suivant, B8, il donne d'abord une réponse fausse
au moment où je note des éléments de son comportement précédent pendant
l'épreuve. Sa réponse désigne le symétrique parfait de la figure à gauche.
Puis il parle sur un con péremptoire en me montrant : « Le 4, parce qu'il
faut que ce soit pareil ! » Comme pour les items précédents, je reste muet en
inscrivant sa réponse. Il s'arrête. Il regarde alors les autres dessins et se ravise.
Les items suivants, réussis, sont cependant la réédition du B8. Si j'écris,
la réponse vient rapidement, trop rapidement. Il hésite au moment où je
.;!il regarde, revient sur son choix, puis le confirme. Il y renonce en fin de
8~ compte, mais comme si cela avait un coût pour lui. Dans cet ordre d'idée
••c::
0
<: l'item B11 est l'objet d'une réponse erronée à un moment très court où
j'écris. La page est tournée, je me décide alors à ne plus quitter le cahier des
yeux. L'item B12, copie modifiée du précédent, est réussi.
La série C est le lieu d'observations étranges.
Les deux premiers items sont rapidement résolus, mais Alban piétine sur
3. 11 démissionne soudain, regarde ailleurs et me dit: << Je ne sais pas t »
Il n'a manifestement plus aucun désir de chercher. Étais-je mentalement
peu présent au moment de ce renoncement ? Je l'encourage, par deux ou
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
trois mots : « Mais si tu sais ! Regarde et dis-moi celui qui doit venir ici ! >>
La réponse juste vient alors rapidement. Il faut noter que cet item apporte
un élément nouveau, et intervient déjà après une modification notable dan
l'épreuve. C2 ne peut être résolu sans la lecture, plus exactement, la lecture
obéit à la même règle sous-jacente à la succession des dessins de gauche à
droite sur les lignes et de haut en bas. la progression de gauche à droite est
reprise dans l'item C3 mais elle est compliquée par l'utilisation d'éléments
qui doivent être dénombrés. Alban explique d'ailleurs : « J'ai compris, il fauc
compter.,>
Il passe de plus en plus de temps sur chaque item. Il observe avec grande
attention. Pourtant sa recherche, si j'en crois ce que je saisis de la direction de
son regard, me semble limitée à peu d'éléments. Les objets qui raccourcissent
sur la planche C6 ne lui conviennent pas : il donne une réponse symétrique
à la première figure, et il explique que la précédente sur la même ligne
n'est pas de la même raille. Toutes les figures proposées n'ont pas éré vues,
toutes les lignes de lecture n'ont pas été suivies. On peut se demander s'il
n'a pas besoin que les objets soient rangés dans le sens de la lecture dans un
ordre croissant. Pure hypothèse peut être, que nous ne pourrons vérifier. En
revanche, il est certain que sa manière de procéder n'est pas la même d'un
iccm à l'autre, comme si les règles sous-jacentes au principe de l'épreuve
changeaient.
L'image d'ensemble, prégnante habituellement, n'est pas saisie sur la
planche C7. Sa réponse était coure prête, c'est encore une symétrique
du premier élément en haut et à gauche, symétrie par rapport au centre
du rectangle. La progression selon les lignes et le sens gauche droit est
ici totalement annulée. Ce type de réponse peut être rencontré chez des
personnes qui présentent d'intenses craintes persécutives. Parmi les échecs
qui suivent, il en est un qui aurait dû être évité, sur la planche C9. Alban
m'explique le sens dans lequel il faut lire les lignes - là encore san
questionnement particulier de ma parc - cc donne une explication en cout
point correcte, mais oublie dans l'objet qu'il montre, qu'il est constitué d
deux parties, une intérieure et une enveloppe : il ne voyait alors plus que
l'intérieur.
La série D se distingue par sa construction de la série précédente. Elle
n'est pas du cour marquée par un sens progressif selon lequel le dernier
morceau manquant clôt une succession repérable. Les lignes et les colonnes
upportenc des figures changeantes, différentes, mais elles n'incluent pas une
dimension temporelle ou successive. Alban y semble plus à l'aise, au point
qu'un échec survient dès le deuxième item, D2, qui traduit que les éléments
Les Matrices orosressives ae Raven
n'ont pas été regardés, sans quoi il aurait pu remarquer que les dessins figurés
étaient les mêmes d'une ligne à l'autre. Il combine un thème avec un autre.
Un abord méthodique redevient possible ensuite, il s'impose dans les item
suivants, strictement repérés par leur structure rigide, jusqu'à l'item D7.
À ce moment de l'épreuve, bien qu'il prenne beaucoup de temps pour
répondre à chaque problème, celui-ci ne sert guère à l'élaboration, mais bien
plutôt à se répéter à lui-même que la réponse choisie est la bonne. Il varie
alors les types de réponse, comme en quête d'un ordre qu'il ne peut plus
retrouver. La structure orthogonale de l'item D9 lui donne raison. Nous
arrêtons l'épreuve à ce moment.
Synthèse
Comme on peut le constater l'analyse de la passation de l'épreuve livre bien
autre chose que les résultats chiffrés, même quand ils sont chiffrés par série.
Ainsi des réponses cotées justes apparaissent à l'analyse avoir été obtenues
« à l'arraché».
Il est vain de se demander si les scores obtenus auraient été les même
dans des conditions de passation de test plus proches des conditions de
l'étalonnage. La réponse est non, à l'évidence. Mais ce n'est pas non
plus une pure performance qui était cherchée. Même avec l'aide par un
accompagnement soucieux d'aménager l'espace du raisonnement del'enfant,
respectant ses hésitations, se rapprochant de lui quand il se disait perdu, le
score global montre les difficultés de l'enfant dans ce type d'épreuve. Ce que
l'accompagnement indique en revanche, c'est son poids dans la performance.
ous savons mieux aussi comment Alban le sollicite.
Pendant le court laps de temps où je ne regarde pas avec lui la même chose
que lui, son attention décroche. Il répond, certes, mais selon les mécanismes
les plus simples, ceux que je ne peux pas valider parce qu'étrangers à la nature
.;!il
8~ catégorielle de l'épreuve. Recherche du même, recherche du symétrique.
••c:: Les momcncs où nous sommes ensemble dans un processus d'attention
0
<:
conjoince sont plus favorables :
• Nous passons sans heure le premier écueil pour Alban que représente la
fin de la série B, les premiers items jouant de l'intersection de deux classes.
La structure du tableau facilite sans doute le jeu : quarre objets seulement
ont présentés, qui se distinguent selon l'axe vertical et l'axe horizontal ·
• La seconde grande difficulté de l'épreuve, représentée par le changement
du nombre de cases, impliquant une pensée qui ne s'appuie plus sur d
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
Choix ae l'épreuve
J'ai l'occasion de rencontrer Margot à deux reprises par la suite. Je la retrouve
alors avec un autre enfant de sa classe. Cet autre enfant, ne connaît pas
lui de difficultés dans les apprentissages, mais éprouve une peine sérieuse à
considérer qu'il peut de temps à autre laisser un peu d'espace aux camarades.
li est considéré comme un fauteur de troubles dans le groupe de rééducation
où déjà il rencontrait Margot à laquelle il réservait la plupart de ses mauvais
coups ...
Je ne retrouve rien de la sorte au cours de nos deux rencontres. Pour l
exercices proposés, qui mêlent, selon l'opportunité, des jeux sur les mots ou
des jeux impliquant un comptage, je ne décèle pas un véritable écart entre
ce que fait le garçon, ce qu'il résout, et ce que fait Margot. Afin de mieux
estimer la manière d'aborder ses fameuses difficultés en mathématiques, je
propose à Margot la passation de quelques tests. Le PM-38 est le premier
d'entre eux. Pendant la passation, Junior sera présent. Il sera un observateur
ilencieux et attentif. Il a lui-même un cahier dont il tourne les pages en
même temps que Margot. Il consigne ses réponses en silence et noce s'il est
d'accord avec la réponse de Margot, sans interférer avec les réflexions de
la fillcrre. C'est un exercice éminemment difficile pour Junior. li parvient
cependant à s'en tirer honorablement parce qu'il est très près de moi à ce
moment, ce qui le contraint et le rassure (et moi de mêrne l)
Le PM-38 n'a pas de vocation particulière à identifier un niveau de pensé
mathématique si tant est que celle-ci existe. En revanche, les étalonnages
pratiqués dans la fin des années quatre-vingt-dix montrent, quel que soir le
pays dans lequel ils ont été faits, un saut dans les moyennes obtenues aux
alentours de la huitième année, paraissant confirmer, l'idée d'un « saut de
saumon » dans le développement des aptitudes de l'enfant.
L'âge de Margot est la première indication pour utiliser l'épreuve : il
correspond très exactement au moment auquel le saut qualitatif dan
l'aptitude des enfants à résoudre des problèmes d'induction du type Matrices
progressives peut être attendu.
Au-delà de la performance dans l'épreuve, nous intéressent le niveau de
sûreté dans le raisonnement de l'enfant et les éventuelles fluctuations quanc
aux procédures qu'elle utilise pour résoudre les items successifs, comme c
qu'elle peut montrer d'une compréhension accrue du principe de l'épreuv
au fil de la passation. Nous ajourerons à routes ces questions l'aptitude à
différer sa réponse pour prendre le temps d'analyser le problème posé dan
toutes ses dimensions.
Les Matrices orosressives ae Raven
rendu nécessaire par la nécessité de figuration d'un début et d'une fin, et,
encre ces deux extrêmes, d'un sens de développement ou sens de croissance.
La série D peut requérir l'identification des caractères qui permettront d
différencier, elle ne contraint pas à une lecture qui est une figuration du
temps. En d'autres termes, elle peut dénier le temps.
Tableau 2.
N°item Série A Série B Série C Série D Série E
1 + + + + 3 -
2 + + 7 - + 3 -
J + + 6 - + 1 -
4 + + + +
5 + + + +
6 + + + +
7 + 6 - 8 - +
8 + + 4 - +
9 + 5 - + 7 -
10 + + 4 - 5 -
li 5 - 2 - 6 - 5 -
12 + ) - 4 -
Torn! Il 8 5 8 0
ontrasrées, elle ne prend en compte que les lignes verticales. L'item 12 est
réussi, mais la réponse ne fait pas appel à la même analyse que pour l'item
précédent. La série compte donc onze bonnes réponses sur les douze, ce qui
augure d'une bonne entrée dans le test.
Avec la seconde, des hésitations surviennent pour les items du milieu
de la série. Elle alterne ces moments de recherche pleins de doute avec
des moments plus sûrs, et des affirmations claires. Néanmoins et de façon
générale le temps pris à l'analyse est trop coure, elle est en quête de réponse
immédiates. Nous avons ainsi une succession de réponses par lesquelles elle
moncrc alternativement qu'elle a saisi la nature du problème posé, cc qu'elle
n'en a rien compris: le problème B6 est réussi, B7 est manqué, B8 est
réussi au premier coup d'œil, B9 est le lieu d'une recherche du syrnétriqu
avec la figure de gauche, B 10 est réussi, Bl 1 et B12 sont manqués pour la
même raison que précédemment: Margot semble ne plus considérer que la
seule deuxième ligne avec deux objets identiques et symétriques. Nous ne
pouvons pas dire à ce moment que le principe de l'épreuve a été compris.
urieusemenc, je peux aussi noter que les problèmes de la page gauche sont
objets d'attention, tandis que ceux de la page droite sont peu regardés. Pas
d'explication évidence à cela, je ne peux qu'enregistrer.
a série C est donc saisie un peu vite dans les premiers items. Elle
lecrionne une réponse qui apparaît comme un rappel d'une figure déjà
présente, comme si la seule ligne verticale à droite était analysée. Trois items
successifs sont réussis, C4, CS, C6. Margot passe beaucoup plus de temps
sur ceux-là. Malgré cela, il n'est pas certain que ce ne soit pas encore la
même procédure qui soie utilisée, qui peur être valide dans pour ces items.
La suite est une succession d'erreurs, à l'exception de l'item C9, pour lequel
l'analyse s'intéresse aux places successives d'un même objet géométrique par
rapport à un aucrc.
'une certaine manière, cet item peut être lu comme ceux de la séri
.;!il . La succession des positions respective des deux objets peut laisser place à
8~ l'intersection des lignes, sans notion d'ordre. Cette série est remarquablement
••c::
0
<: réussie sans faillir, jusqu'à l'item 08 inclus. Les affirmations de Margot sont
claires, dites sur un ton très assuré. Celui-ci est en harmonie avec la manière
qu'elle a maintenant adoptée pour résoudre les problèmes: une analyse
méthodique des huit éléments présents sur le tableau. Le temps pris pour ses
réponses est à la mesure du travail d'analyse. Il n'y a plus d'empressement
mais la découverte progressive d'un principe de difficulté croissance bien
ordonnée. À noter: l'erreur pour l'item DIO esc minime, Margot montre
un élément bien proche de la réponse juste.
Observations avec les Matrices progressives ae Raven
Synthèse
Nous constatons avec Margot un phénomène propre aux Matrices pro
gressives. Les items par lesquels s'opère une rupture dans la continuité de
l'exercice pour les enfants sont ceux de la deuxième moitié de la série B. Ils
sont résolus inégalement par Margot, et la différence est sensible dans son
niveau d'attention/concentration sur l'épreuve, comme dans le temps qu'elle
passe à les analyser. La série C est très problématique et semble abordée de
manière très contradictoire d'un item à l'autre. Cependant son attitude à
l'égard de l'épreuve change, marquée là encore par les temps d'analyse.
La série D est plus complexe que les items manqués de la série B, puisqu'il
jouent sur neuf cases, et trois caractères. Elle est cependant résolue de
manière convaincante, plus sûre et déterminée que la série B. Il y a un effet
d'apprentissage ou d'accoutumance au type de problème posé, l'épreuve
est mieux dominée et la gymnastique mentale plus aisée. À considérer ces
éléments avec un peu de recul, on se demande si la série C difficile pour elle
manifestement n'a pas joué en faveur d'un meilleur ancrage dans l'épreuve.
Elle n'a pas entraîné de lassitude, les comparaisons sont plus assurée:
les ressemblances et différences plus clairement perçues, et la structure
orthogonale mieux utilisée.
n soi la variation que nous avons enregistrée dans l'investissement de
l'épreuve, au fil des items est un argument intéressant pour les apprentissages,
notamment quant à la qualité de concentration nécessaire aux analyses qu
Margot est susceptible de mobiliser. Nous n'avons pas la clé des difficulté
d'apprentissage en mathématique avec cette épreuve. Nous percevons que
l'organisation de l'espace de représentation selon le temps est encore
problématique pour Margot, ce qui ne nous semble pas rédhibitoire si
l'enfant manifeste dans le coure laps de temps d'un test comme les Matrices
qu'elle peur percevoir la nécessité d'adopter avec le psychologue une accicude
commune qui reconnaisse de fait au temps cette fonction d'organisateur de
la pensée.
,. ,. ,
DEUXIEME PARTIE
Les échelles
différentielles
d'efficiences
intellectuelles,
. .
version revisee - -
de Perron-Borelli
.;!il
8~
••c::
0
<:
(EDEI-R>
Catégorisation et développement
CHAPITRE
3
1
Présentation
1
Théorie des EDEl .......•..•.....••.....•..•.............. Page.8!
_J
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
1. Rappelons qu'il s'agit d'une étude menée dans les débuts des années soixante-dix, et que la
classification n'éraie pas celle que nous urilisons aujourd'hui, la CTTMEA-R-2000. Acrucllcmenr,
elle-ci conçoit les "dyshannonies évolutives » comme une partie de la troisième catégorie, les
parhologics limites, candis que les" dysharrnonics psychotiques • figurent plus simplement dans la
première catégorie d'• autisme et troubles psychotiques».
l!!..... Présentation
Au point que Lustin (1970/2000) salue dans la mise au point des EDEI
la naissance d'un (( instrument de valeur, qui a permis de distinguer troi
groupes de déficients ». Et il introduit encore dans la huitième édition de
L'Abrégé de psycholugù pathologique (Bergerer, 2000) le chapitre consacré
aux « Réévaluations modernes du concept de déficit » par cette remarque :
«La notion même de débilité simple semble totalement remise en
cause ainsi que la place centrale qu'on lui assimile dans le sein des
organisations déficitaires. Ce que l'on considérait auparavant comme des
complications, semble en fait inhérent à cette hypothétique structure
déficitaire » (1970/2000, p. 293).
Une recherche conduite sur des enfants fréquentant les classes de SES1 au
collège distingue l'efficience intellectuelle de ces enfants, de l'efficience des
enfants fréquentant la filière banale. Ses conclusions confirment l'importance
accordée à la catégorisation et à son niveau comme élément différenciateur.
Perron, Aublé, Compas (1994) rapportent les résultats d'une enquête
menée en 1987 auprès de quatre-vingts élèves de SES ayant pour quarante
d'entre eux bénéficié d'un entraînement au programme d'enrichissement
instrumental de Feuerstein. Ces résultats sont comparés à ceux de quarante
élèves de même âge (13 ans) fréquentant les classes ordinaires de collège.
Pour les auteurs, selon une observation fréquente dans le développement
déficitaire, u à la fois sur le plan des mécanismes cognitifs et sur celui des
acquis scolaires, ce qui paraît central, ce sont les troubles d'élaboration
.;!il
8~ des significations» (p. 166). Les auteurs font l'hypothèse d'une différence
••c:: notable entre les groupes d'enfants dans l'acquisition et les troubles de
0
<:
activités catégorielles au sens de Wallon. Par activités catégorielles, ils
entendenr « les activités qui construisent le sens des objets par des opération
de rapprochement-distinction conduisant à les distribuer en classes •>. Il
précisent qu'une classe se définit en compréhension par les caracréristiqu
qui permettent d'y inclure les objets et en extension par les objets qui la
constituent.
Quatre épreuves de catégorisation, empruntées pour trois d'entre elles à
des classiques de l'examen psychologique, sont administrées aux enfants de
chaque groupe :
• L'épreuve « Tasses, fleurs, pull-over» de l'UDN-80 de Meljac (1980) :
vingt-sept cartes, de trois objets, selon trois couleurs et trois tailles
différences, dans laquelle on demande à l'enfant dc « mettre ensemble ce
qui va bien ensemble» ;
• L'épreuve d'« analyse catégorielle» des EDEI de Perron-Borelli (1978):
vingt-sept objets géométriques, rond, carré et triangles de trois tailles et
trois couleurs différentes, dans laquelle deux inducteurs étant présentés
on demande à l'enfant de trouver celle des pièces « qui va bien avec ces
deux-là»;
• L'épreuve de << classifications sur images» des mêmes EDE!: deux
inducteurs figuratifs sont présentés et l'enfant est invité à retrouver parmi
huit propositions l'image qui va avec les deux présentées ;
• L'épreuve « intersection de classes >i empruntée à Rieben, Ribeaupierre et
Lautrcy (1983): on demande à l'enfant d'imaginer une image qui puisse
appartenir à deux classes à la fois.
L'épreuve la plus significative des difficultés des enfants de SE~ est
l'épreuve « Tasses, fleurs, pull-over» dans laquelle 40 % ne parviennent pas
à dégager sans aide le moindre principe de groupement témoignant d'un
relatif dégagement des différences perceptives.
Les auteurs concluent que, « dans leur ensemble, les élèves de
paraissent forcement handicapés pour ce genre d'activités, et il semble
justifié d'y voir l'achoppement majeur des fonctions cognitives responsable
de leur échec scolaire» (p. 171).
Examinés de façon détaillée, les résultats sont cependant différents selon la
nature du matériel utilisé. Quoique toujours en défaveur des élèves de SES, on
note de moins grands écarts avec les scores d'élèves de classes ordinaires dan
les épreuves de catégorisation portant sur du matériel abstrait". Les élèves
de SES de 13 ans seraient plus dépendants des caractéristiques perceptives
des objets, ce qui est conforme à l'hypothèse selon laquelle la catégorisation
requiert l'abstraction de celles-ci, mais aussi des caractéristiques utilitaires.
1. Il s'agit ici des blocs logiques (triangles, carrés, ronds, de trois dimensions et de trois couleurs
différentes) utilisés dans l'épreuve <l'analyse catégorielle des EDE!.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Discussion
1
Composition aes échelles
différentielles
a'efficiences
intellectuelles
1
Résumé de la composition des EDEI et de ses axes de lecture ..... Page.2i
1
'
A propos
au aéveloppement
ae la pensée catégorielle
1
L'école, le psychologue et les aptitudes catégorielles .•...•...... Page .1..0. L
Conclusion . Page.lQl_
_J
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
etc.» (1989, p. 55). En d'autres termes, les résultats d'examens avec des
épreuves de classification ne constitueraient pas des purs produits d'un
fonctionnement cognitif, à l'abri des effets du contexte dans lequel les
examens sont pratiqués, mais, bien au contraire, semblent être un produit
de celui-ci.
Dans une étude sur le rôle de la médiation parentale dans les modes de
catégorisation, Callanan (1990) parc du constat suivant:
• Pour tout un chacun, les connaissances sont organisées de telle façon que
les relations hiérarchiques entre des catégories d'objets semblables sont
représentées et accessibles ;
• L'organisation des connaissances selon des catégories et des hiérarchies
conceptuelles entraîne l'aptitude à faire des inférences: d'un objet à une
classe d'objets (ce chien a une fourrure, les chiens ont une fourrure), de
classes à des objets singuliers (les chiens aboient, ce chien aboie), et d'une
classe à une autre au sein d'une hiérarchie.
Callanan (1990) postule diverses voies par lesquelles les descriptions (ou
présentations) des objets par les parents peuvent aider les enfants à inférer
entre carégori
• Présentation de propriétés typiques plutôt que de propriétés circonstan
cielles ;
• Distinction parmi les propriétés de celles qui sont vraies pom tous les
termes d'une catégorie,
Cet auteur mène deux expériences s'appuyant sur les travaux de Rosch
( 1976). Celui-ci distingue des niveaux hiérarchiques encre catégories, niveau
de base, niveau inférieur ou subordonné, cc niveau supérieur. Il considère que
les éléments d'une catégorie à un niveau de base, ou inférieur {subordonné)
partagent davantage de caractéristiques perceptives, tandis que les élément
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Conclusion
1
Les épreuves
1
Vocabulaire .......................•.......•.•......•..... Page.ll.L
Classifications . Pagcll.B..
_J
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Vocabulaire
Les épreuves de vocabulaire sont présences depuis Terman dans les batteries
d'efficience incelleccuelle. Divers auteurs ont justifié leur présence, pow- des
raisons différentes.
Pour Spearman et à sa suite Raven, nous l'avons vu, une épreuve de
vocabulaire est une très bonne représentante de la seconde composante de g,
l'aptitude reproductive qu'il considère être en inreraction avec cccce aucre
composancc, l'aptitude éductivc. Rappelons que« la première est l'aptitude
à inférer des relations pertinences sur des données nouvelles, la seconde
l'aptitude à retrouver ce qui est déjà disponible des connaissances acquises».
Cette partition des aptitudes a quelque chose à voir avec celle qui oppos
l'intelligence fluide à l'intelligence cristallisée selon Cattell. Logiquement,
les épreuves de vocabulaire sont rapportées au facteur Ge (intelligence
cristallisée) dans le modèle hiérarchique de l'intelligence de Candi, Horn et
arroll,
Pour Zazzo (1966), « Vocabulaire» est une bonne épreuve de dévelop
pement, qui peut être de bonne sensibilité génétique. Son intégration dans
on échelle d'intelligence, la NEMI reprise de Binet et Simon, améliore
l'ensemble de l'échelle car, plus cc mieux qu'une autre, elle contribue à
distinguer les performances des sujets selon les âges. Elle est logiquement
celle qui offre la meilleure corrélation avec l'ensemble de l'échelle. C'est à
notre sens par ce type d'épreuve que le projet de la NEMI se distingue le plus
sûrement du projet initial de Binet et Simon. L'épreuve de vocabulaire pose
par principe de construction l'équivalence quant aux processus mentaux
impliqués dans cette forme d'intelligence le long des âges. Une épreuve de
vocabulaire peut donc s'appliquer à cous les âges, tandis quel'option prise par
Binet et Simon consistait à séleccionner les épreuves les plus représentatives
.;!il d'un âge donné. Il y avait bien une courte épreuve de vocabulaire dans le
8~
••c:: Binet et Simon, mais elle concernait un âge et un type de mots (les mots
0
<: familiers).
Les épreuves de vocabulaire occupent une place importance dans la bacccric,
elles apparaissent sous deux formes différences selon l'âge d'administration:
vocabulaire dénomination et vocabulaire définition.
Vocabulaire dénomination consiste simplement pour l'enfant à nommer
qu'il voie. Ce qu'il voie est une image, le test est constitué de trente-sept
items représentant donc trente-sept objets, végétaux et animaux. Vocabulaire
Les épreuves
définition consiste à dire ce qu'un mot énoncé signifie. Le test est constitué
de trente-quatre items de difficulté progressive.
La différence est évidente entre la forme dénomination et la forme
définition, selon la question adressée à l'enfant. Support imagé présent
ou absent, recours à un mot ou à une explication, nécessitant un travail
mental de conceptualisation ... Aussi le manuel précise-r-il ces différences
et la nature des décalages que l'on peut trouver encre elles quand elles
ont appliquées au même enfant. Elles sont, pour Perron-Borelli, liées pour
une parc au fait que Vocabulaire dénomination s'applique à des obje
concrets, candis que Vocabulaire définition s'applique en partie à des objets
ou des notions abstraies. Les différences seraient dues, d'autre part, au
fait d'une activité mentale de catégorisation nécessaire dans l'épreuve de
vocabulaire définition, tandis que cette activité mentale n'est pas requise
dans « dénomination». La présentation de 1975 précise que« l'épreuve de
dénomination d'images exige simplement que l'enfant trouve le nom d'un
objet bien précis, concrètement évoqué par l'image, ce qui implique une
accivicé assez élémentaire, ponctuelle, et qui suie de très près un schéma de
conditionnement de type stimulus-réponse. Au contraire, dans l'épreuve
de dénomination, il s'agit d'une véritable démarche catégorielle l... J la
définition suppose que l'objet ou la notion proposé soie situé dans un cadre
catégoriel, soir par l'inclusion dans une classe plus large, soir par l'évocation
d'un caractère essentiel qui le spécifie» (1975, p. 225).
Peut-être l'effet « pensée catégorielle » est-il ainsi surestimé dans
l'épreuve Vocabulaire définition?
ous ne retrouvons pas dans l'analyse factorielle à crois facteurs donc
les résultats sont publiés dans le manuel (1996, p. 193) l'importance de
ce facteur sur la performance dans l'épreuve de Vocabulaire définition. Le
groupe des épreuves verbales est resserré sur les caractéristiques commune
seule Conceptualisation est détachée de ce groupe. Si l'on considère, pour
Vocabulaire, le seul groupe des enfants de 8 ans-9 ans, nous constatons
que le poids du deuxième facteur, « Pensée catégorielle» est le même que
pour la population générale, et le même que pour le groupe d'enfants
plus jeunes, 4 ans-5 ans, auquel a été administrée l'épreuve Vocabulaire
dénomination. Dans cous les cas, Vocabulaire est l'épreuve verbale par
excellence: la saturation par le facteur «verbal» est supérieure à .80. Par
ailleurs, la matrice des intercorrélations entre épreuve ne distingue par
davantage Vocabulaire définition du point de vue de sa parenté avec le
tâches catégorielles: les corrélations sonc de même niveau encre les autre
épreuves verbales ec les épreuves catégorielles.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Il convient sans doute, pour saisir ce qui est en jeu, de revenir à l'expérimen
tation première dans l'ouvrage de Mises (1975). Les épreuves de vocabulair
figurent comme « épreuves supplémentaires >> dans l'expérimentation mené
auprès d'enfants déficients. Rappelons quelques-unes des conclusions:
• Aux quatre groupes de sujets, les deux formes de Vocabulaire sont
administrées, dénomination cc définition. Rappelons que les quatre
groupes sont constitués par A, des psychoses à expression déficitaire; B, des
dysharmonies évolutives de structure psychotique; C, des dysharmoni
non psychotiques; D, des enfants de classe de perfectionnement (QI à la
NEMI entre 55 et 80);
• Les résultats obtenus dans les diverses épreuves des EDEI distingucn
les quatre groupes, cr s'ordonnent sur des profils quasiment parallèle
xcepté pour l'épreuve de compréhension sociale de niveau inférieur dan
les deux groupes psychotiques ;
• Les épreuves de vocabulaire pcrrnccccnc de distinguer deux profil
parallèles pour les dysharmonics, psychotiques et non psychotiques. Ils
font apparaître une efficience dans le test de Vocabulaire définition très
clairement inférieur à Vocabulaire dénomination. Les auteurs remarquent
que la moyenne obtenue par ces deux groupes dans cette épreuve est
remarquablement proche de la moyenne obtenue pour l'épreuve de
conceptualisation :
Vocabulaire dénomination
Vocabulaire dénomination est constitué de trente-sept items présentés sur
un carnet dont on tourne les pages au fur et à mesure que les réponses
one données. Ce type d'activité, consistant à pointer sur un objet, sou
les yeux de l'enfant, et à dire ce que c'est, est une activité coutumière de
petits avec leur encourage. Elle consiste le plus souvent pour le parent qui
tient le livre à nommer les objets en pointant, puis à changer un peu le jeu,
l'enfant pointant et disant: « Qu'est ce que c'est ça r » à nommer encore,
jusqu'au moment où les places dans le jeu peuvent être permutées, le parent
interrogeant, l'enfant répondant.
C'est donc une épreuve facile au sens où la mise en scène est bien rodée
avec presque cous les enfants. Elle a coures les chances d'être tour de suite bien
acceptée, même avec les enfants qui s'expriment peu face à l'adulte, parce
quel' enfant est « embarqué» dans le jeu connu qui permet les permutations
de rôles. La différence avec le connu réside dans le fait qu'ici, le psychologue
ne donne pas les réponses absentes.
ous précisons toue de suite que des enfants plein de bonne volonté dans
l'épreuve peuvent avoir,« le mot sur le bout de la langue» mais ne pas le
trouver immédiatement (mais c'est moins vrai ici, compte tenu de l'âge de
l'oubli, plus tardif que celui de l'épreuve, que dans l'épreuve « Personnage
cc lieux connus» du K-ABC). Il peut être intéressant, l'épreuve terminée cc
enregistrée, de montrer une deuxième fois nonchalamment quelques-uns d
ces items en demandant à l'enfant s'il reconnaît maintenant. Le plus souvent
le temps permet la récupération des mots que l'on cherchait. Le total en
ce cas donnera une idée plus exacte de l'étendue du lexique de l'enfant et
pondérera les conclusions sur le premier chiffre.
Un intérêt de cette épreuve avec les petits enfants, très occupés à
nommer correctement et moins occupés « à bien dire » est ce qu'elle dit de
l'articulation de l'enfant, ec de son usage du genre, des noms, masculin ou
féminin.
Il reste que la réussite ou l'échec sont clairs dans cerce épreuve. L'enfant
en a d'ailleurs une conscience aiguë, revers de la médaille de simplicité de
l'épreuve: il saie s'il a le mot ou s'il ne l'a pas. Le comportement par lequel
il exprime éventuellement son infortune est variable : il peut consister à
empoigner le carnet et tourner rapidement la page, à rester silencieux, ou
encore à interroger le psychologue (plus rare) : « Qu'est ce que c'est ? » Le
plus souvent il explique la chose, il dit à quoi elle sert. On peut lui demander
d'être plus précis, ce qui amène rarement une modification dans la réponse:
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
l'enfant n'a pas nommé l'objet parce qu'il ne sait pas son nom. En revanche
des objets peuvent entraîner des réponses trop larges par lesquelles l'enfant
nomme une catégorie supérieure et non la catégorie de base. En ce cas, un
demande de précision peut avoir un effet positif.
Avec des enfants insécurisés par la rencontre seul face à un adulte,
Vocabulaire dénomination constitue une bonne mise en train.
Vocabulaire définition
Compréhension verbale
chacun qu'il en prenne la mesure avant d'émettre des jugements sur leur
bien-fondé. S'agissant des questions posées aux plus petits, la partition des
tâches parentales entre les parents relève d'ailleurs d'une autre nécessité, qui
est celle de l'âge, de pouvoir répartir les choses selon leur caractéristique
maman ou papa, quoi qu'il en soit de la réalité de ces choses.
Les questions relèvent de savoir-faire sociaux différents : il peut s'agir de
savoirs de type pratique sur les conduites adaptées, ou plus précisément
sociales. Dans ce dernier cas, divers niveaux d'intuition sociale des relations
sont sollicités selon la progression dans l'échelle:
• repérage de sa place dans l'ordre des génération
• questions centrées sur l'enfanc;
• questions relevant de la soumission à une règle extérieure contraignante
mais nécessaire (donc du point de vue du développement du jugement
moral, du stade de l'hétéronomie) ;
• mais ici la règle est sacrée parce que c'est une règle de survie;
• et progressivement questions faisant appel à la capacité à ressentir autrui
et ses émotions.
Classifications
un mot, qui désigne une classe. Le même scénario peut être suivi pour le
premier item. Cette forme d'aide, qui suggère pourquoi ça va ensemble est
limitée aux deux premiers items.
Par la suite elle peut prendre une autre forme et conduire le praticien à
accompagner la présentation des pages, en cas de trop grande précipitation
de l'enfanc. Il ne s'agit pas-surcout pas-de nommer les objets inducteurs,
mais de trouver l'art et la manière de présenter la page de celle sorte que son
attention soit mobilisée sur la tâche.
Il n'y a pas de gêne à notre sens à ce que l'épreuve soit d'abord une
épreuve d'attention: il suffit d'en prendre note alors et de considérer -
avec attention -jusqu'où la mobilisation de l'enfant par le praticien doit
aller pour qu'il veuille bien considérer la tâche à remplir. Il n'est pas interdit
par exemple, au sens du test et de son concepteur, de demander l'attention
de l'enfant avant de lui présenter la page: « Tu es prêt » C'est parfoi
î
Analyse catégorielle
L'épreuve terminale
L'épreuve terminale est une reprise des quatre principes de groupements
qui ont été proposés successivement. Ils sont l'objet de huit nouveaux items,
correspondants aux quatre principes repris deux fois.
L'intérêt principal de cette épreuve est de récapituler les principes de
classification sans aucune forme d'aide du psychologue. S'il se trompe ou si
sa réponse est juste, nous ramassons les pièces de la même manière. L'enfant
est donc seul maintenant, tandis qu'il étaie aidé dans la phase précédente. Il
n'a plus d'étayage, tout au moins sous l'angle de la correction.
Les réactions à ce nouveau dispositif sont diverses et significatives :
• Certains enfants paraissent y trouver leur compte. On a pu voir lors d
éries que les réactions de l'enfant à l'aide en cours d'épreuve semblaient
passablement négatives, et le décalage que l'on identifie maintenant
encre la performance dans les séries et l'épreuve finale, plaide pour une
meilleure réussite si nous sommes plus à distance de lui (l'étalonnage de
la première version des EDEI fournissait deux nombres, pour les séries et
pour l'épreuve totale, ce qui était pratique à cet égard);
• D'autres à l'évidence se mettent à répondre trop vite, ne se donnent plus
le temps de réfléchir, et les performances dans le test accusent la difficulté
à se retrouver comme lâché dans cette partie du test.
elon le cas, l'écart entre les performances, avec aide et sans aide, fournit
des renseignements précieux sur la capacité de l'enfant d'être seul. Bien
entendu, cet élément seul ne suffit pas. Il convient de considérer ce quis'est
passé auparavant, dans les séries, la manière dont l'enfant aborde l'épreuve
finale et la solutionne venant confirmer des hypothèses antérieures, nées au
cours de l'échange.
• ;!il
8~
••c:: Adaptation pratique
0
<:
L'épreuve est introduite par un item d'essai. Le sujet est invité à le résoudre,
nous l'y aidons s'il n'y parvient pas seul.
Il en esc ainsi pour les crois premiers items de l'épreuve. Nous les menons
jusqu'à la limite du temps, nous encourageons le sujet à reprendre s'il
s'interrompt ou se lasse, et nous l'aidons à résoudre ou le faisons sous ses
yeux en décomposant s'il n'y parvient pas.
Par la suite, nous n'intervenons plus, mais le con est donné. Nous
l'encourageons à reprendre s'il s'arrête, éventuellement même si nécessaire
en lui disant qu'il peut en essayer un autre. Nous ne sommes pas indifférents
à sa progression, nous sommes présents, et notre regard accompagne son geste.
L'étayage est patent tout au long de l'épreuve. Il est même des situation
dans lesquels l'enfant se précipite pour nous aider à ranger sur la plaqu
de présentation les pièces qu'il vient d'utiliser, à mettre l'élastique ... Ce
qu'il résout ne relève pas de la coopération, mais la présence et l'aide par la
présence seule ont leur importance .
Adaptation pratique est une épreuve dont les items de difficulté progressive
sont chronométrés. Le temps limite est suffisant pour un nombre conséquent
d'essais et d'erreurs, si le sujet n'est pas particulièrement lent à la tâche.
Cette particularité, ajoutée à un nombre conséquent d'items, fait de
l'épreuve d'adaptation pratique un test suffisamment long pour laisser
le temps au sujet d'apprendre d'un item sur l'autre quelque stratégie
d'assemblage, payante ou non. Il apprend aussi à ne pas se précipiter trop
vire sur la dernière stratégie employée qui peur être erronée sur l'item actuel.
Il apprend à procéder par le contour avec les petites pièces, mais aussi à
• ;!il alcerner la scracégie quand cela ne fonctionne pas.
8~ Les moments fugaces qui indiquent l'effet d'un apprentissage en cours
••c::
0
<: d'épreuve sont du plus grand intérêt, mais plus encore la capacité à changer
à ne pas s'entêter sur une procédure qui a été bonne une fois mais qui peut
être fausse la fois suivante.
gestes et son énergie. Généralement, les enfants restent assis pour effectuer
les encastrements, mais certains se lèvent et mettent tout leur corps en
scène dans l'opération. La palette des comportements est très large, et selon
l'enfant, implique différemment le corps, c'est une évidence. Nous n'en
ferons pas ici la description exhaustive, mais nous arrêterons sur ce qui
mobilise le corps, à notre sens dans la réalité du matériel.
La représentation que l'enfant peut avoir de chaque pièce, de se
dimensions relatives entre dans la qualité de sa réponse. Mais le geste
singulier qui consiste à placer un élément n'existe pas seul et anticipe
quelque chose de plus large dans lequel l'élément s'insère, le geste est plus
ou moins confusément porté par une représentation du but final.
Les assemblages ont vocation à construire un objet carré entrant dans
un cadre. L'organisation de base sur laquelle les pas sont réglés est donné
par une structure orthogonale de départ, disposée devant l'enfant comme
pourrait l'être une feuille de dessin. Au départ, le cadre se voit donc selon
des lignes verticales et horizontales se coupant à angles droits.
Les trois premiers items, 0, 1 et 2, confirment la structure, ils utilisent
des rectangles. Fait important, ils présentent un axe médian, support d'un
asymétrie entre la gauche et la droite, qui coupe le carré en deux selon la
verticale. L'item suivant que nous ne pouvons décrire ici confirme l'appel à
l'image du corps phallique du début de l'épreuve. Puis l'axe médian s'ouvre
-item 3- et libère totalement deux côtés symétriques dans l'item 4, séparés
par un espace central. La structure de base est encore confirmée dans l'item
5, avec deux côtés symétriques mais inversés et une pièce centrale en deux
parties complémentaires. Les items suivants laissent une plus grande place
au contour, le centre n'étant plus occupé que par une pièce: la conscruccion,
pour les items 6, 7, 8 et 9 se fait par le contour qui respecte encore la syrnérri
de pièces opposées deux à deux par rapport à la pièce centrale. Dans les troi
derniers items, l'accolernent de deux pièces, d'abord strictement identiques,
puis progressivement différenciées assure la représentation de l'axe central.
Pour cous les items sans exception, c'est l'accolement de deux pièces qui
peuvent être saisies ensemble par les deux mains, réalisant sur les pièces ce
qui se joue sur l'axe vertébral du côté de l'enfant par l'utilisation simultané
des deux mains, qui libère l'organisation de base. Les enfants en font un
usage qui diffère de l'un à l'autre, mais on peut lire, dans leur façon de
réunir ou de ne pas réunir, quelque chose de la manière parfois douloureuse
par laquelle se réalise l'unité de soi à soi.
Disons-le autrement: nous demandons à l'enfant de réunir des pièces, de
mettre ensemble. Sur un certain plan, réunir les pièces éparses d'un ensemble
désuni renvoie à réunir les morceaux d'un corps. Comme le mouvement
qui réunit passe par le corps de l'enfant, il est incité à réunir l'objet comme
il sait se réunir: les mouvements qui mettent ensemble dans l'épreuve
reproduisent les mouvements régressifs de l'auto-érotisme du tout-petit, qui
se réunit en joignant ses mains, ou l'une à l'autre toute autre partie du corps.
La structure des items qui posent un axe médian incite à ce mouvement.
Utiliser les deux mains pour mettre ensemble des pièces qui vont ensemble,
de la main gauche à la main droite est le geste de base de l'épreuve.
Comme cette activité se mène sous le regard de l'adulte, participant muet,
• ;!il elle a toutes les chances d'être accompagnée par la parole de l'enfant. De fait,
8~
••c:: la parole surgit facilement en cours d'épreuve : comme un bon bricoleur,
0
<: soir parce que cela fonctionne, soit parce que cela résiste et l'agace, l'enfant
est incité à verbaliser pour le témoin muet de l'aventure.
Et comme ce qu'il joue consiste précisément à mettre ensemble des pièces,
sous le regard d'un adulte relié par cette activité à l'enfant, la réunion encre
les pièces du puzzle concourt à la réunion entre l'enfant et l'adulte. La
première est l'analogon de la seconde.
ous pouvons donc être confrontés sur cette épreuve à des mises en
inattendues et parfois spectaculaires. Elles ne peuvent pa
Les épreuves
1
Observations avec
les EOEI·R
1
Une observation étonnante, Jack, 7 ans ...•.....•..•...•...... Page .13.3..
L'examen d'un « enfant dvs » avec des échelles des EDEI, Toufick
7 ans 5 mois . Page.11.Q_
_J
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Pour dore cette partie, nous présentons une observation remarquable. Cet
adjectif ne s'applique pas à la qualité de l'observation, mais au côté quelque
peu extraordinaire de l'utilisation du test par l'enfant. Nous limitons cette
présentation à des extraies de la passation des épreuves non verbales d
DEI. L'examen complet a été publié par ailleurs (Gardey, Boucherat-Hue
Jumel, 2003).
Jack fréquente une classe spéciale dans l'école du quartier. Les premier
temps dans cerce classe ont été difficiles. L'enfant ne supportait pas la
moindre remarque, se mordait, se cognait la tête contre les murs, crachait
sur le maître et l'injuriait, envoyait toue voler autour de lui quand quelque
chose n'allait pas. Le plus clair de son activité consistait en déambulations
dans la classe que nul n'osait contrarier. Le jour où il est rentré de chez son
père, qu'il revoie très rarement, a été le pire de cous: il est arrivé à l'écol
avec un énorme bleu sur la joue, dû à un coup de bâton qui lui avait été
donné par le père parce qu'il avait insulté des gens, faisane là précisément cc
que lui avait demandé de faire cc père. Il s'est livré par la suite plusieurs fois
à des simulacres d'accouplement sur l'une des filles de la classe, et a expliqué
au maître qu'il l'avait vu à la télé sur des cassettes.
Depuis quelque temps, le maître note un changement dans l'attitude
générale de Jack. Il parvient à obtenir un travail de copie de quelques
mots sur une feuille à condition presque de lui tenir la main. La recherche
de proximité est permanente, Jack est toujours volontaire s'il est sollicité
personnellement. Souriant, mais plus encore, caressant, en quête d'attention,
d'intérêt, et de sourires.
Jack accepte en souriant de venir travailler avec moi. Il est plus petit que la
moyenne des en fanes de sa classe, blond cc rond, l'air éveillé, prêt à répondre
.;!il au quart de cour. Il coure devant, monte les csc.alicrs sans m'attendre cc se
8~
••c:: retrouve un peu vice devant la porte du bureau. Volontaire, il s'assoie cc se
0
<: tient prêt, comme un habitué de la situation, en attendant que j'aie ouvert
le matériel et commencé à lui expliquer ce que nous allions faire. L'entretien
préliminaire est de courte durée.
Observations avec les EOEI-R
Tableau 7.1
Échelles Âge dév. Niveau d'eff.
Vocabulaire définitions 7;8 101
Connaissances 8:6 111
Compréhension sociale 7; 8 103
Conceptualisation 8: 106
Niveau d'efficience verbale 105
Classifications séries 7: 94
Analyse catégorielle 6:8 93
Adaptation pratique » 9; 133
Niveau d'efficience non verbale 107
Niveau d'efficience catégorielle 98
Niveau d'efficience générale 105
Il n'y a pas d'écart entre échelles verbales et non verbales. L'écart entre
échelles verbales et échelles catégorielles est peu marqué. À l'exception
notable de l'épreuve d'Adaptation pratique avec une note d'efficience de
133, les écarts intra-échelles sont peu significatifs.
En conclusion, rien dans les échelles verbales ne témoigne de difficultés
d'adaptation, et rien ne peut être mis au compte d'une suspicion de déficience,
ni même de régressions notables dans sa façon de réfléchir.
Les épreuves catégorielles non verbales, Analyse catégorielle cc Classifica
tions amènent des constats bien différents : ces deux épreuves sont marquées
par des impasses en certains moments critiques. Elles sont repérables dan
le protocole par leur étendue: toute une série, la troisième est ratée dans
Analyse catégorielle, et une suite de cinq items dans les Classifications. L'une
et l'autre surviennent sur la base d'un premier échec qui se présente en
l'état comme indépassable. Là où d'autres enfants se récupèrent en intégrant
rapidement une autre démarche, on se heurte avec Jack à un quasi-refus.
Dans l'analyse catégorielle, très vice, Jack tend à prendre le contrôle de
la situation : il se précipice sur la deuxième pièce avant que je l'aie prise.
li persiste malgré les rappels. Quelquefois cela fonctionne, d'autres foi
non. Dans cette lutte pour le contrôle, les rectifications que je fais sont
mal ressenties. Le vrai dérapage survient au début de la troisième série :
dent qui ont coutes tendance à poser une symérri
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
sous nos yeux dont l'axe serait constitué par la pièce médiane, la troisièrn
pièce posée ayant la même forme que la première, éventuellement mais pas
nécessairement la même couleur, ce qui conduit à penser qu'il n'y a pa
simple persévération du principe de groupement de la deuxième série. Merrr
ainsi en symétrie paraît calquer dans le visible les tentatives de contrôle par
lesquels il substitue son geste au mien : une gauche et une droite identiques
de part et d'autre d'un axe central contredit la gestuelle différenciatrice dans
l'espace qui accompagne l'épreuve, les trois cases successives étant écrites
d'un bord à l'autre sur une ligne. Rapportée à l'actualité de la relation, une
gauche cc une droite identiques posent deux personnes pareilles de part cc
d'autre de la tâche, l'une pouvant avantageusement se substituer à l'autre.
Quand il perçoit au quatrième essai le principe de groupement, il se
précipice plus encore sur le matériel, prend la deuxième pièce avant moi
malgré mon rappel et réussit deux items sans obtenir les trois réussites
consécutives nécessaires au crédit de quelques points dans cette série. Il doit
alors être remobilisé dans la quatrième série, qu'il réussie de bouc en bouc,
avant de réussir également, presque sans faute (une seule dans un item de
même principe que la série III) l'épreuve finale dans laquelle les erreurs ne
ont plus corrigées.
ans l'épreuve Adaptation pratique, les premiers items sont quasiment
« expédiés» en quelques secondes, avec une volonté affichée de démontrer
que l'épreuve est d'une facilité qui confine au ridicule... Jusqu'à l'item 5 qui
offre une première vraie résistance et suscite pratiquement des insultes en
retour « on n'a jamais vu quelque chose comme ça, d'aussi bête». Après avoir
remis dans leur boîte toutes ces pièces qui résistent, il reprend, alors que je
n'y crois plus, pièce après pièce pour les arranger différemment. Item après
item il ne se départit pas d'attitudes de grande suffisance, émaillées parfoi
de « cerce fois, c'est cout, je n'en fais plus d'autre», couc de suite démenti
par ma proposition de poursuivre. À l'occasion il die aussi : << Maintenant je
.;!il n'aime plus mon maître, je t'aime coi.>) À quoi je réponds: « Ton maître
8~ est mon ami. » Mon statut dans cette passation est changeant, tour à tour
••c::
0
<:
idéal et inexistant. Lui seul décide. Plutôt, il fait comme s'il décidait, il n'y
a pas de dialogue, il parle, et parlant il refuse, et nous faisons quand même,
tranquillement, sans le moindre doute en mon esprit - passée la première
alerte qui m'a emportée dans son jeu - que nous finirons toute l'échelle,
jusqu'à l'item 12, si rarement réussi.
Du point de vue de la gestuelle, les procédures utilisées privilégient
l'opposition dos à dos des premiers éléments posés. Jack pose simultanément
deux pièces, une dans chaque main, réalisant, dans le cadre en bois, une
Observations avec les EOEI-R
jonction des pièces par une jonction des deux mains. Le mouvement procèd
d'une double unification: entre les pièces, celle qui se voit, entre les deux
moitiés du corps, celle qui s'éprouve.
La résistance opposée par le matériel au mouvement qui unit suscite une
invraisemblable violence verbale. Ce qu'il dit à cette occasion porte toutes les
marques de la violence qui s'empare de l'adulte face à l'enfant récalcitrant. La
mise en scène verbale d'une relation de domination soumission accompagne
le geste qui a la charge de réunir ce qui s'oppose, ce qu'il réalise cependant.
i l'on suit les indications que donne cette scène, le mouvement, par
l'implication du corps et du corps dur et violent a un sens et un bue : assurer
une emprise spatiale sur les objets par une activité qui réunisse, de force, sur
l'axe médian.
ure cette rage peut aussi nous conduire à souligner le besoin de maîtris
des objets, la violence de ce besoin, et la teinte persécutrice du jeu qu'il
irnpliq ue : entre les pièces à encastrer et lui, tout se passe dans les terrn
qui persécute qui ? qui aura raison de l'autre?
En tout état de cause il est alors remarquable que l'excitation, la rage
n'aient pas joué négativement sur la réussite, bien au contraire. Une question
émerge de cet apparent paradoxe: l'attitude de Jack s'acharnant sur le
pièces de bois était totalement démentie par son acceptation sans mot de
nos incitations à poursuivre. Cela signifie-r-il que les solutions sont trouvées
quand la violence peut être mise en scène, ou bien qu'elles sont possibles
parce que l'épreuve offre un cadre qui unit, malgré l'extrême contraste des
attitudes et des paroles ? Nous penchons pour cette dernière hypothèse.
intervient sur cette classe éprouve les mêmes difficultés à mobiliser l'attention
de Louis. Elle« rend les armes 1> : depuis des mois qu'il est présent au sein du
petit groupe d'enfants qu'elle anime, elle ne constate pas de changement, pa
de progrès, au point même qu'elle évoque l'idée d'une régression actuelle.
ouis paraît écouter sa maîtresse qui lui indique qu'il va travailler avec moi
puis reviendra dans sa classe. Il me suit silencieusement, et prend rapidement
sa place. Au départ, il se montre assez retenu, en attente de ce que je vais lui
.;!il demander. La première épreuve passée (Vocabulaire dénomination) dan
8~ laquelle il tend à prendre possession du petit carnet de passation pour tourner
••c::
0
<: lui-même les pages - il ne comprend pas tout de suite ce que « tourne la
page» signifie - est l'occasion de montrer quelques maladresses, et déjà
une indistinction quant à la main mile: ses deux mains, bien collantes,
fonctionnent ensemble à la même tâche, symétriquement. La relation est
moyennement agréable, cependant qu'il réussie assez bien l'épreuve, en
ucilisanc une parole cc un langage sans faute, de façon sacisfaisance pour lui
seul, parce qu'il semble que le gain narcissique n'en soie pas partageable.
Observations avec les EOEI-R
Les épreuves proposées, qui sont verbales, sont bien accueillies, non qu'il
soit particulièrement heureux d'être là et de devoir répondre, mais elles
ne soulèvent aucun mouvement d'opposition. Je note d'ailleurs qu'un
première réponse peut être corrigée, quelques instants plus tard par une
seconde, mieux appropriée, qui montre bien que l'idée n'a pas été perdue
en cours de route. Il a un peu peur de manquer la cantine, mais accepte
tout de même sans difficulté la suite des épreuves, Adaptation pratique
et Conceptualisation. La première d'entre elles est un long moment de
recherches insatisfaisantes, rarement couronnées de succès, mais il reste bien
présent sur l'épreuve, cc ne manifcscc aucune velléité d'abandon avant la fin,
alors même qu'elle devient manifestement trop difficile pour lui.
a longue description qui précède dit bien la difficulté à extraire d
traits saillants d'un comportement en relation si changeant, si difficilement
prévisible. L'examen s'est fait en deux temps qui n'ont rien en commun:
qui nous apparaissait des réticences la veille nous apparaît de la bonne volonté
sans succès le lendemain, principalement dans les épreuves non verbales.
L'opposition supposée par l'enseignante doit être repensée en totalité : il y a
une évidente difficulté à être présent à l'autre ou au groupe dans certaines
activités ou tâches de l'examen, mais pas toujours. Sa présence diffère non
selon les moments, mais selon les tâches. Enfin nous captons des sourires
de l'cnfanc, cc même des rires francs sur des histoires, sur des remarques à
propos des ressemblances, donc nous n'aurions pas soupçonné la possibilicé
la veille. La relation ainsi faire du comportement en cours d'épreuve laisse
déjà apparaître quelques hypothèses sur l'ensemble du fonctionnement.
ableau 7.2
Échelles Âge dév, Niveau d'eff.
Vocabulaire dénomination 30 5:0 107
Connaissances 13 5;4 116
Compréhension sociale 15 4;9 103
Conceptualisation 9 5:0 109
Classifications couples 5 3;6 78
Analyse catégorielle 6 3:5 84
Adaptation pratique 15 4;0 94
Niveau d'ef'ficience verbale 109
Niveau d'efficience non verbale 85
Niveau d'efficience catégorielle 90
Niveau d'efficience générale 99
Les réponses de Louis dans les tests verbaux montrent une certaine aisanc
à penser les mots, à en jouer : il arrive qu'il bouge bien au moment où
nous posons une question quand il n'a rien sous les yeux, qu'il faille aller
le rechercher sous le banc sur lequel il aurait dû rester assis. L'interruption
dans le setting ne remet pas en cause ce qu'il a entendu et retenu de la
question, il continue d'y réfléchir en resurgissant de sous son banc, cc donne
une réponse de bon niveau.
Ses phrases sonc construites corrccccmenc, sans erreur sur le genre de
noms, sans faute de syntaxe. Sa parole est claire exempte de toute déformation
sur quelque son que ce soie. D'une certaine façon, ce bon niveau de parole
et de langage ne paraît pas s'accorder avec l'image que l'enfant donne de
lui dans sa classe. Sa maîtresse remarquait qu'il parlait peu, assez bas, et
semblait plutôt éviter de le faire. Elles sont en revanche en accord avec les
noces d'efficiences apportées sur les épreuves verbales.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Parmi elles, deux épreuves nous semblent pouvoir être rapprochées avec
quelques nuances: Connaissances et Compréhension sociale. À l'âge de
ouïs, les connaissances qui sont acquises dans et dehors de l'école traduisent
l'utilisation qu'il fait de ce qui lui est dit ou de ce qu'il entend, dan
des situations où l'on n'apprend pas encore de façon systématique. Elles
relèvent d'un certain ancrage social. De ce point de vue,« Connaissances » et
« Compéhension sociale» traduisent l'importance que le milieu représente
pour lui, et en quelque sorte son adaptation à celui-ci : elle est bonne et
inflige quelque démenti à l'idée d'un éventuel retrait relationnel.
Dans le subtest de « Compréhension sociale », une plus grande implication
du sujet est attendue, sa compréhension de l'énoncé, donc de la situation, ce
qu'il saie et peut dire des règles selon lesquelles nous vivons ensemble ec qui
nous amènent à agir. C'est sous cet angle, sernble-t-il, que nous pouvons
omprendre la différence de performance entre les notes d'efficiences dan
les deux épreuves. À l'analyse en effet, les items qui posent question à Loui
sont les items dans lesquels on lui demande clairement ce qu'il ferait, ce
qu'il devrait faire. 11 ne livre pas de réponse dans lesquels il se positionnerait
comme celui qui agit, qui écarte le risque, qui console éventuellement, qui
répare ou qui prend soin de l'objet ou de l'autre enfant. Il peut utiliser une
celle réponse si elle lui est soufflée, nous n'en doutons pas, mais elle ne vient
pas spontanément de lui.
La difficulté d'implication personnelle peut prendre plusieurs sens. La
convergence des réponses, qui vont dans le même sens, laisse à penser
au-delà d'une évidente fragilité par le manque à s'affirmer, l'importance de
l'angoisse dépressive, au sens de Melanie Klein : craintes d'avoir endommagé
ou de ne pouvoir réparer le mal infligé à l'objet par sa propre agressivité.
Par ses réponses, Louis signifie que le recours est trouvé dans l'adulte,
.;!il
qui se substitue à l'enfant interrogé pour répondre, c'est-à-dire par un
8~ retournement qui autorise Louis à dire ce que l'adulte doit faire du point de
••c:: vue des règles communes qu'il a bien comprises.
0
<:
> La catégorisation
our deux d'encre elles, les épreuves verbales chez l'enfant plus âgé sont de
épreuves de catégorisation. Ce n'est pas réellement le cas ici, l'épreuve de
dénomination ayant peu de ressemblance sous cet angle avec l'épreuve de
Observations avec les EOEI-R
>-- La catégorisation
mots étaient conservés, Louis les retrouvait, même après une séance de
gymnastique rapide sous les bancs, les images ne semblent pas pouvoir l'être.
Au lieu des images et de ce qu'elles figurent, ce qui est préservé est l'ordre
dans lequel sont disposés les cartons, que ce soit de gauche à droite - et
là il affirme bien un sens préférentiel - ou de haut en bas : j'ai en effet
varié les présentations pour susciter autre chose que la reprise gauche droite
monotone, sans plus de succès: un ordre est donné par la disposition qui
est répétée quand il les colle sur la page.
Au total, mais l'idée est évidemment simplificatrice, l'efficience dans cette
épreuve nous paraît souffrir de l'utilisation que fait Louis du matériel de test
dès lors qu'il s'offre à la manipulation: il le prend comme un jouet, qui n'a
plus de rapport avec ma parole, mais qu'il prend pour son propre compc... .
Quelque chose de même nature se joue dans l'épreuve d'analy
arégorielle. La partie préliminaire de l'épreuve consiste pour l'enfant à
disposer sur le triptyque l'ensemble des vingt-sept éléments géométrique.
Elle est accueillie avec une joie non dissimulée par Louis, qui empoigne le
sachet plastique et le vide d'un seul coup sur le triptyque. Il est visiblement
à l'aise, heureux de bouger. Il se livre au repérage de toutes les places, un
peu gêné par ce qu'il a étalé devant lui. Mais il s'en accommode et le déplace
au fur et à mesure de sa progression. Il explique, pour lui-même à mi-mot
cc qu'il fait en décaillanc les caractères distinctifs de chaque pièce. Le cour
est fait en utilisant alternativement la main gauche et la main droite, tant
pour saisir la pièce que pour la placer. Il n'est pas possible de préciser en I
regardant faire la main le plus souvent utilisée pour placer de façon précise.
Le tableau.L..1 récapitule les réussites et échecs pour chaque série. Nous
n'en donnerons donc pas le détail, mais nous remarquons immédiatement
le problème soulevé en présentation : la succession de trois réussites pour
être crédité de quelques points dans l'épreuve est difficile à obtenir, même
quand nous avons perçu, à un moment assez tôt survenu pour chacune, que
.;!il le principe en avait été compris.
8~ n l'état, le tableau des réponses suggère de pondérer dans nos apprécia
••c::
0
<: tions la noce globale: l'épreuve d'analyse n'a pas toujours été pour Louis une
épreuve d'analyse catégorielle. Quel nom aurait-elle pu prendre dans le cas
présent, présence/absence? L'évitement du regard apparaît dès le premier
item. Comme il place en fin de ligne un élément géométrique cornparabl
en forme et couleur au deuxième inducteur, je lui montre et je place « la
bonne pièce». li évite absolument de regarder malgré ma sollicitation, sans
rien dire. Le troisième item est réussi qui laisse espérer qu'il a compris le sens
de l'opération, mais il commet la même erreur pour le quatrième, corrigée
Observations avec les EOEI-R
ableau 7.3
Item Série 1 Série 2 Série 3 Série 4
1 - - -
2 - - +
3 + + -
4 -/+ (?)+ -
5 + + +
6 + +
7 + -
Total série 2 4 0 0
de notre deuxième rencontre. Notre exposé suit donc, de loin, la suite réelle
de présentation des épreuves.
L!:!..._ Observations avec les EOEI-R
Tableau 7.4
Item Issue Temps Note
1 Réussite 20 s 4
2 Réussite par hasard 50 s 2
3 Réussite bien vue 15 s 4
Réussite avec encouragement à essayer
4 45 s 3
autrement
5 Échec, masque en partie ce qu'il fait Temps dépassé 0
6 Échec malgré essais multiples Temps dépassé 0
7 Réussite, à force d'essais 90s 2
8 Échec désolé avec humour Temps dépassé 0
9 Échec Arrêt 0
• ;!il Conclusion
8~
••c::
0
<:
Les échelles différentielles d'efficiences inrcllcctuellcs attribuent à Louis de
notes qui one vocation à être discutées. Les noces obtenues dans les épreuves
verbales one quelque consistance, dans la mesure où l'on imagine mal qu'une
autre passation donne un résultat bien différent. Les noces obtenues dan
les épreuves non verbales ont moins de consistance, et les validations par
la technique du test et reresr ne font rien à l'affaire. Il y a l'étalonnage et
il y a le métier de psychologue. Er avant la motivation de l'enfant pour
le test, il y a la motivation du psychologue pour la rencontre de l'enfant,
Observations avec les EOEI-R
Épilogue
Quand nous rencontrons une nouvelle fois la mère de Louis pour lui
rendre compte de ce que nous avons observé, elle vient une nouvelle fois
ule. L'enseignante spécialisée entre-temps m'a fait savoir que l'enfant était
radicalement changé dans le petit groupe : il participait, écoutait, coopérait
et acceptait même de ranger le matériel utilisé pendant la séance avec les
autres enfants du groupe.
ous parlons une nouvelle fois de la difficulté que connaissent les
enseignantes successives avec Louis et, de façon plus générale, des relation
entre l'enfant et l'école.
Puis la maman parle de la manière dont son fils lui a rapporté sa rencontre
avec le psychologue. Il lui a die que le psychologue l'avait emmené dans une
autre salle, hors de l'école, ce qui a beaucoup étonné la maman. Étonné
dans sa bouche à cc moment est un euphémisme, je le sens. Je la rassure
l'enfant a été examiné à l'école. Mais que craignaic-clle? On peut penser
qu'être enlevé de sa classe, de sa tâche par un homme a été une épreuve en
soi pour Louis. Le récit l'a été pour sa mère. Ce qui ne manque pas d'intérêt
dans le cas présent. J'explique :
- Vous craigniez que quelqu'un puisse entrer dans l'école et emmener
l'enfant hors de ses murs? Ce n'était plus un endroit sûr pour Louis?
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
- Oui, enfin, je ne sais pas. Lui, il était content, il avait travaillé. Mai
pourquoi hors de l'école? Pour aller où?
- Comment se comportait Louis dans les premiers moments de l'école ?
- Je vous l'ai dit, il ne disait pas un mot. Il restait de marbre et cela
dérangeait la maîtresse. Et quand je venais le chercher « à l'heure de
mamans», c'était l'horreur. Il me faisait payer cher sa journée.
- Vous le mettiez à l'école le matin. Vous le laissiez la journée. Il y
mangeait, il y dormait. Vous l'aviez décidé. Le soir c'était lui qui vous laissait.
- Il n'y avait pas moyen de faire autrement. Je travaille au moment où
il est à l'école. Je m'arrange pour être là à l'heure de la sortie. Je ferme la
boutique le temps de faire l'aller-retour et le confier à une nourrice. De
toute façon, il aime être à la cantine.
Je remarque qu'il y a dans le discours une sorte d'évidence, qui se dénonce
par un blanc, l'absence d'une personne secourable. L'histoire se passe dans
un village, les gens de la région trouvent aisément des relais pour emmener
les enfants à l'école, éventuellement pour les garder. Les premiers relais sont
alors les membres de la famille. Les grands-parents, les tantes, les voisine
plus rarement. Au fil de l'entretien, j'apprends que la famille est réduite
au grand-père maternel, qu'il n'y a pas de frères et sœurs du côté maternel
t que la grand-mère maternelle est morte, alors que la mère n'avait pa
vmgc ans.
'absence dans le discours, l'absence dans les mises en scène pour la
non-garde de l'enfant le midi est la grand-mère. Bien entendu, l'absen
de la grand-mère est signifiée de bien d'autres manières lisibles dans le
questionnement incessant des parents, de la mère particulièrement sur le
rôle parental. Parfois par des affirmations sommaires, elle signifie qu'elle
sait bien ce que doit être l'éducation d'un enfant. Mais qu'ils ne peuvent
quand même pas le battre. Ce qu'elle dit est alors parfaitement caricatural
de la relation encre adulte et enfant, conçue sur le mode « Qui est le plus
.;!il fort ? » en une parfaite confusion des âges encre leur fils et eux-mêmes.
8~
••c:: ous ne soignons pas les parents. Une autre consultation, externe,
0
<: permettrait peut-être d'aborder avec eux quelques problèmes important
pour eux.
uis, pour sa part, a montré ce qu'il attendait, et ce qui pouvait l'aider:
l'école persécutrice ne l'avait pas entendu la première année. La seconde
année, c'était lui qui ne l'avait pas entendue. Nous allions aborder la
troisième année d'une manière nouvelle. La crainte n'était plus de se trouver
à l'école, mais comme sa maman le lui avait signifié, de ne pas s'y trouver
et de n'être donc plus protégé par délégation de son autorité. Le danger
Observations avec les EOEI-R
pouvait être un homme, qui n'était pas de l'école et qui semblait croire qu
l'on pouvait être indifféremment dedans ou dehors. À sa manière, la mère
a transmis à son fils l'histoire du Petit Chaperon Rouge, une histoire dan
laquelle la grand-mère se métamorphose en loup.
Le trouble évoqué nécessite d'être examiné. Les épreuves qui constituent les
batteries d'efficiences intellectuelles ne sont pas réservées à une pathologie
spécifique, si tant est qu'il s'agisse bien de cela. En revanche, puisqu'il est
fait état de difficultés de lecture, il paraît légitime d'examiner la lecture de
l'enfant, et d'apprécier son niveau au regard de sa classe d'âge. Les épreuves de
lecture, incluses dans les tests de connaissance du K-ABC peuvent convenir
à une première estimation.
Mais l'expérience nous enseigne que la spécificité de la dyslexie est un
concept de maniement délicat. En cout état de cause, comme la définition
du trouble dans les nomenclatures fait état de troubles qui accompagnent
fréquemment le trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture, nous
ommes fondé à repérer les caractéristiques du fonctionnement mental
de l'enfant, en quête des troubles émotionnels fréquemment associés
éventuellement, et plus globalement pour apprécier son organisation.
Au-delà, il importe de prendre en compte les besoins d'éclaircissement
de l'enseignante. Elle paraît avoir son idée de la transmission héréditaire du
trouble qui l'a conduite à préconiser que Gaël voie une orthophoniste. Nous
ignorons dans quelle mesure elle-même est impliquée dans la remédiation
de la dyslexie, et le bilan qu'elle fait de son action. Selon notre expérience,
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Gaël est un petit garçon de huit ans, solide, qui paraît habitué aux rencontr
de spécialistes. Il connaît sa date de naissance très précisément, ce qui nous
semble déjà un élément d'appréciation intéressant quant à sa manière de
répondre aux questions de l'adulte. Pour d'autres enfants au même âge, la
date de l'anniversaire seule est connue, mais la date de naissance...
Je ne comprends pas son nom comme il le dit, et lui demande de l'écrire,
ce qui donne lieu à une séquence d'observation courre mais riche : les
majuscules sont tracées sans référence aux règles élémentaires pour le faire,
.;!il mais par des capitales d'imprimerie maladroites manifestement héritées en
8~ droite ligne de ses premiers essais à l'école maternelle. Les autres lettres du
••c::
0
<:
nom sont écrites en cursive, mais le o du milieu du mot est l'objet d'un tracé
étrange, rapide mais non reconnaissable. Je lui demande de la reproduire, il
fait la même chose. Je lui demande alors de tracer un 0, et je comprend
qui m'échappait. Gaël prend le départ à mi-hauteur à gauche, puis entarn
un très rapide mouvement horaire qui s'interrompt après avoir tracé un
arc supérieur de 90 degrés. Il reprend alors un mouvement inverse, plus
orthodoxe dans le sens anti-horaire qui s'achève par une boucle faite en
deux temps. Un tracé rel que je n'en ai pas encore vu. Avec des groupes
Observations avec les EOEI-R
d'enfants dyslexiques âgés, la confusion dans le sens des tracés, tracé des
voyelles particulièrement mais pas seulement, est d'une grande banalité. Le
tracés horaires rigides pour les voyelles sont d'une grande fréquence, tout
comme la négation des boucles ami-horaires que l'écriture cursive concède
à l'écriture du R et du S notamment. Mais un tracé qui combine l'horaire
et l'ami-horaire pour une même ligne est nouveau dans mon catalogue
d'observations.
ornrnent nier plus sûrement un sens par un autre dans le geste graphique ?
La première épreuve de l'examen est <( Analyse catégorielle». Gaël
empoigne le sac contenant les pièces de la main gauche et les place
méthodiquement, sans que j'aie besoin de lui montrer la rnanœuvrc. Il
en fait son affaire. Les deux mains sont utilisées, selon le côté de l'espace où
se trouve la case à remplir. Il semble bien qu'il existe un côté préférentiel,
mais ce n'est pas vraiment clair jusqu'à la fin. L'utilisation des deux mains ne
sera pas démentie par la suite, particulièrement dans l'épreuve d'adaptation
pranque.
Les pièces sont méthodiquement placées l'une après l'autre, sans trop de
méticulosité, mais avec assurance cout en parlant, en disant ce qu'il fait. Les
noms des objets ne sont pas donnés, ni leur forme pour les désigner, ni leur
couleur, ni leur caille. Ce qui n'empêche pas la parole, discrète mais présente
de dire : « Celui-ci, je le mecs là, cc lui, là, je vais le mcccrc là, viens ... » La
seule erreur faîte dans cette première partie d'épreuve est une confusion de
taille : un moyen occupe la place d'un petit, ce dont il s'aperçoit quand tout
a été mis et qu'il ne lui reste qu'une pièce, la petite, qui n'a pas de place ...
Cette présentation sommaire de la partie préliminaire d'Analyse catégo
rielle donne une idée de l'ambiance d'examen avec Gaël. 11 se prête aux
diverses épreuves gentiment, mais sans trop manifester de joie ni de déplaisir.
a seule inquiétude sera pour l'heure, à un moment avancé dans l'après-midi.
JI est calme, ne bouge pas, n'utilise pas non plus le matériel, dans les tests
non verbaux, pour son propre jeu. Il est présent, réfléchit longuement sur
ce qui lui est demandé, répond par des phrases courtes remarquablement
construites et avec les mots justes. Dans les épreuves non verbales, il parle
commente, mais je ne suis pas bien sûr que tous ces commentaires me sont
adressés.
Longtemps j'ai le sentiment que nous sommes encore dans une pha
non dépassée du développement du langage, nommée dans la littérature
langage égocentrique. Ce sentiment s'explique par le rapprochement qui
me semble s'imposer avec d'autres commentaires de Gaël, au moment où il
tentait de lire les mots de l'épreuve de lecture du K-ABC : un premier essai
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
de lecture d'une syllabe était suivi sans interruption par un autre, puis un
autre variant un peu le précédent, puis par un essai de déboucher sur un mot.
Le premier non-mot dit alors lui faisait ajouter r « Non, ce n'est pas un mot
ça! », ou bien : « Non ça ne veut rien dire ce mot-là! » Je n'avais aucun
raison d'intervenir, il suffisait de laisser se faire le mouvement, quelquefoi
répétitif au point qu'il semblait ne jamais pouvoir déboucher. Tous les essais
étaient commentés. L'impression laissée était contradictoire. Par moments
;aël parlait et commentait comme s'il avait pris ma place en qualité de
critique de ses productions immédiates, à d'autres moments, il me semblait
plutôt qu'il devait encore commencer à haute voix parce que la critique que
chacun est en mesure de faire sur sa propre lecture n'étaie pas encore, ou ne
pouvait pas encore être chez. lui quelque chose d'intime.
Tableau 7.5
Échelles Note brute Âge dév. Niveau d'eff.
Vocabulaire définition 30 128
,;!il Connaissances 30 150
8~
••c:: Compréhension sociale 28 109
0
<: Conceptualisation
Classifications séries 23 9 123
Analyse catégorielle 29 6;0 68
Adaptation pratique 26 6;6 87
Niveau d'efficience verbale 129
Niveau d'efflcience non verbale 93
Niveau d'efficience catégorielle 96
Niveau d'efficience générale 111
Observations avec les EOEI-R
La catégorisation
Les hypothèses sur le profil ne peuvent dépasser le simple constat ci-dessus,
cc n'ouvrent pas sur des interprétations. Nous commencerons donc l'analyse
par les épreuves catégorielles. Intéressantes parce qu'appartenant à un mêrn
groupe, elles indiquent des différences de performance surprenantes.
Du point de vue de la catégorisation, ce qui distingue ces deux épreuves
est la nature du matériel utilisé : abstrait dans le cas d'analyse catégorielle,
concret dans le cas de classifications séries. La présentation est la même : elle
consiste en une induction par deux objets géométriques dans l'une, deux
images d'objets concrets dans l'autre, servant à compléter la série par une
troisième, déduite des deux précédentes.
L'épreuve d'analyse catégorielle a été présentée d'abord. Nous avons
précisé la manière donc Gaël l'avait abordée. Sans réticence, mais en indi
quant d'emblée quelques aspccrs remarquables de sa manière: l'arnbidcxtric
affichée, justifiée scrnblc-t-il par la distribution des pièces dans l'espace, et
peut-être, une tendance à nier les différences de taille. Mais cette dernièr
remarque ne vaut que pour une erreur.
L'examen de la suite des réponses indique autre chose. Comme nous le
voyons dans le tableauli, aucune série n'est immédiatement réussie dè
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R) ~
le premier item, quand nous savons que le maximum de points est accordé
pour une série réussie du début à la fin. Une erreur systématique, commi
à chaque nouvelle présentation coûte cher au total.
Tableau 7.6
Série 1 Série 2 Série 3 Série 4
1 + 1 PAR 1 MAR 1 G eB
2 GAR 2 + 2 + 2 +
3 + 3 + 3 + 3 +
4 + 4 + 4 GAR/+ 4 +
5 + 5 5 + 5
6 6 6 6
7 7 7 7
Total par
série
4 s 5 5
La première série est bien abordée, mais contre toute attente la première
erreur survient dès le second item : Gaël place le grand triangle rouge. « Il est
pareil que celui-là» (le deuxième inducteur, un triangle plus petit). Il le pose
alors sur le grand triangle bleu et explique, comme pour lui-même : « Il a la
même caille. >> Le problème qui lui a été posé est oublié, la confusion sur le
cailles prend le pas sur coure réflexion. Comme je lui indique la bonne pièce
en la plaçant, il regarde, sans acquiescer. Les items suivants sont réussis.
La deuxième série est abordée par une erreur dont on se demande si
elle est provoquée par une persévération de la règle précédente ou par les
formes sur lesquelles son regard glisse pour éviter ensuite de s'y porter.
deux inducteurs amènent des hésitations sans fin. Gaël saisit les autres
petits triangles, les empile et expliquc i « C'est cous la même raille.» Je lui
• ;!il indique, en la plaçant, la bonne pièce. Mais cerce fois, il conteste et réitère
8~
••c:: son explication. Les items suivants sont réussis cependant.
0
<: La troisième série est l'objet d'une erreur déjà commise: une confusion
de caille, qui voie encore s'affirmer un triangle rouge. Il concède l'erreur
avant que j'aie pu saisir la bonne pièce, et propose le moyen rond rouge qui
dénote une persévération par rapport à la règle de classification appliquée
ur la série précédente. Après deux réussites successives, item 2 et item 3,
il place à nouveau pour l'item 4, le grand triangle rouge, sans lien avec 1
deux inducteurs. Puis il se ravise, er dit : 11 Ah non, ils ne sonr pas de la
même taille ! » Ce qui n'explique rien ici. Sollicité pour répondre à nouveau
Observations avec les EOEI-R
(ce que l'on fait quand deux bonnes réponses successives ne sont pas suivies
d'une troisième), Gaël donne la bonne réponse. Puis une bonne réponse
pour l'item 5.
La quatrième série est encore abordée par une première erreur. Gaël
semble avoir abandonné sa pièce fétiche, et son erreur est banale ici. Comme
la classification la plus difficile de l'échelle est réussie ici, nous abordons
l'épreuve finale, dans laquelle il n'y a plus d'aide, avec grande attention.
L'épreuve finale est composée de huit items, reprenant les critères de
classifications précédents, successivement. Une seule erreur survient pendant
cerce partie de l'épreuve: alors qu'il a saisi la bonne pièce pour répondre à
l'induction, il la relâche soudainement en disant : « Ah non, celle ci est trop
grosse ! » et se saisie du ... petit triangle rouge !
u total, l'épreuve finale livre un score moins péjoratif que les séries.
Reprises dans un récit, les diverses phases de cerce curieuse observation
apparaissent ainsi :
• La principale source d'erreur concerne les tailles. Gaël n'aborde pas l
test pour ce qu'il est, mais pour y mettre en scène un questionnement
sans fin sur la différence de taille. Il la dénie. Les arguments utilisés pour
la signifier non advenue sont maladroits, mais il semble que leur solidité
importe peu. Il veut poursuivre une mise en scène entamée un peu plus
tôt;
• La suite des erreurs d'allure persévérative prend son origine au moment
de la phase préliminaire. Une seule erreur avait été commise dans le
placement des pièces. La case du petit triangle rouge avait été recouverte
par le moyen triangle rouge. Erreur de taille donc, mais bien masquée,
au point que, lorsqu'il n'a plus qu'une pièce à poser qui n'est autre que
le petit triangle rouge, il déclare qu'il n'y a plus de place. Je n'y vois
pas malice à cc moment, cc je m'avise qu'il a confondu les cailles de
es deux pièces semblables par leur forme et leur couleur. Je découvre
alors l'emplacement du petit triangle de son masque usurpateur et remets
chacun à sa place ;
• Ce qui se produit ensuite peut être compris comme le retour enrêr
de ce qui fait problème, et n'a pas reçu de solution. Comme elle n'est
pas intégrée, la question revient d'une manière différente. Le lien dans
l'épreuve suppose que nous y réfléchissions ensemble. Préserver ce lien
provoque ici d'autres erreurs, dom la succession est marquée par une
crise au cours de laquelle il conteste ma correction, puis par de nouvelles
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
rreurs qu'il commet mais cette fois en livrant l'explication sur la taille
que j'aurais pu donner: il reprend, sur lui-même, mon propre rôle!
• Il reprend mon propre rôle en indiquant qu'il a bien compris : il lui
faut la même forme, la même couleur, mais pas exactement la même
caille. Rien n'est durablement résolu cependant. La concession qu'il fait
à l'épreuve à cc moment est, un bref instant, démentie dans le deuxième
item de l'épreuve finale. Le carré trop gros est enlevé, et pendant de
longues secondes, il ne fait plus un geste pour proposer autre chose à la
place. Comme je lui laisse le temps d'aviser, il récupère alors le disparu
du premier tour, le petit triangle rouge. Ne faut-il pas qu'il ait une place?
C'est lui qui, cecce fois, le pose - mais il a écarté le « trop gros».
a catégorisation ne trouve pas son compte dans le compte rendu de
l'épreuve, parce qu'elle n'a pas trouvé son compte pendant sa passation. La
raison à ce défaut n'est pas due au matériel, en roue point excellent, mais à
la fantasmatisarion de l'enfant qui ne lui a pas permis de l'aborder comme
un matériel neutre.
L'expérience faite ici est limitée dans le temps. Quand je lui propose
l'épreuve « Classifications séries », il est clair pour tous deux que nous devons
faire vite. li boucle en un temps record l'épreuve, et ne commet qu'une
erreur, peu significative. Le niveau d'efficience réelle - mais ce mot a-t-il
un sens ? - est indiqué par le score sur cette épreuve. Elle se distingue de
la précédente par le support que peut crouver l'enfant à la nomination des
classes. Louis ne s'en prive pas ec je ne relève pas une seule réponse donnée
qui ne soie introduite par la nomination de la classe d'appartenance. Elle est
plus ou moins précise, mais quand elle est trop vaste pour servir deux foi
l'ajustement à une catégorie plus restreinte est facilement conduit. Dans l
as inverse également: les classes plus étendues sont fermement délimité
par les objets qui s'y trouvent. S'ils exigent qu'elle soit autre, Gaël ajuste.
otons que l'intervention du psychologue n'est pas utile à ce moment
.;!il
8~ il est relégué à une place de spectateur muet. En ce sens les deux épreuves
••c:: de catégorisation se distinguent. Elles n'impliquent pas le psychologue de
0
<:
la même manière, ce qui peut avoir son importance ici. Il semble en effet
qu'il soit difficile à Gaël de compter jusqu'à deux. La présence trop force de
l'adulte dans un test est un motif à conflit dans lequel l'enfant l'implique.
Nous ne jugerons pas de l'effet positif ou négatif de cette manière de faire
dans le résultat global sur un tcst : il est à l'évidence péjoratif dans l'épreuve
d'analyse catégorielle, tout au moins si l'on considère le seul score final. Il
l'est moins si l'on considère le point auquel nous parvenons in fine dan
Observations avec les EOEI-R
cette même épreuve. Elle se clôt en effet par une succession de bonnes
réponses sur des items qui mêlent les principes classificatoires : les difficultés
rnblenr alors très aisément surrnont
phrase, pour cet item, il donne l'illustration claire de ce que l'on nomme
dans d'autres tests ,, confusion des identités, télescopage des rôles' ». Gaël
décroche dans le test après ce moment, ce que je commente a minima en lui
faisant remarquer qu'il n'y est plus, qu'il faudrait qu'il y revienne ... Comm
une réplique au problème identitaire soulevé juste avant par sa si curieuse
réponse.
Pour résumer sur les épreuves verbales, disons qu'elles sont l'expression
d'une maîtrise de la langue certaine, et d'un investissement sans faiblesse du
domaine des connaissances les plus larges - en grande partie extrascolaire.
Cc ne sont pourcanc des conditions ni nécessaires ni a fortiori suffisances
à la réussite scolaire. Elles peuvent à l'extrême alimenter et s'alimenter
d'une dichotomie entre ce qui s'apprend à l'école et ce qui s'apprend hor
l'école. Manière de reprise d'une autre dichotomie entre un monde de
connaissances qui n'exige rien de la personne, et un monde des relations
sociales qui sollicite autrement.
Adaptation pratique
1. Dans le TAT. Tbematic Aperception Test de Murray, selon la grille de lecture Debray, Shentoub.
Observations avec les EOEI-R
'item 3 n'est pas réussi simplement non plus, selon une structure dressé•. ,
avec une pièce centrale phallique et deux pièces latérales symétriques. Cert
image d'ensemble n'est pas perçue, alors même que la présentation de la
planchette ne propose visuellement par autre chose, qu'il suffit donc de
copier. La pièce phallique est mise à l'horizontale.
À ce stade, une hypothèse sur le mode de résolution semble possible :
les pièces sont correctement perçues dans l'espace, leurs formes, leurs
proportions, l'emplacement qu'elles pourront occuper. Elles semblent moins
aisément conçues dans leurs relations, donc les constructions ne partent
pas d'un schéma, d'un plan d'ensemble. Elles se font de proche en proche,
pièce par pièce. Elles exigent de nombreuses manipulations, mais aussi
commandent de nombreuses répétitions, une construction antérieure n
guidant pas dans un sens ou un autre la démarche qui sera suivie pendant la
tentative suivante. Pour partie, mais pour partie importante, cette procédure
peu économique nous paraît liée au rôle non différencié joué par le corps,
les deux mains actives notamment : dans la pratique, Gaël se sert des deux
mains, pour encastrer les pièces, mais les deux mains n'apparaissent pas
être la base des constructions dans des rôles d'accolement de deux pièces
complémentaires. Les mains ne réunissent pas selon un axe médian.
Or les encastrements présentent de l'item 3 jusqu'à l'item 9 une symétrie
don un axe : une médiane verticale ou, le plus souvent, une diagonale.
Pour les deux derniers items, l'assemblage de deux pièces majeures centrales
outienr l'essentiel de l'assemblage. C'est dire que les mouvements pour
assembler tendent à impliquer les deux mains. Ils renvoient de fait à l'image
du corps debout, symétrique puis différencié.
Cette absence d'étayage dans le processus de construction se traduit par
une moindre efficience sur le test. Les réussites sont (presque) fortuites.
Au total, comme nous pouvons le saisir à la lecture du tableau.I.Z, les
réussites sont disparates, aléatoires: Gaël tombe comme par hasard sur le
bon arrangement en certains cas, et dans d'autres il paraît piétiner sans fin
ur la même manière d'arranger.
otons que le temps mis pour effectuer laborieusement chaque figure n
mble pas chagriner Gaël. Il annonce d'entrée de jeu pour chaque item:
« Ça va être difficile », puis se livre à ses manipulations laborieuses, ave
force gestes rapides et inefficaces. Ce semblant de célérité semble suffire à
attester à ses yeux que c'est difficile, et qu'il travaille vraiment beaucoup
pour solutionner le problème. Comme si cela ne suffisait pas, il mettra plus
de temps encore au moment de repartir à remettre ses chaussures et ses lacets
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
ableau 7.7
hem Issue Temps Note
l Réussite JO s 4
2 Réussite par hasard 45 s 3
3 Réussi le en une position inattendue 20 s 4
4 Réussite immédiate 8s 4
5 Long travail sur l'axe central 30 s 3
6 Manipulations multiples et rapides 55 s 2
Échec, retombe toujours sur le même. Deux pièces identiques Temps
7 0
sont mises en parallèles, jamais en complément dépassé
8 Réussite après multiples essais 90 s 2
Deux pièces identiques ne sont pas traitées ensemble. ni
9 90 s 2
jointes pas l'axe médian
Refait le 8 (banal). mais ne retient pas les horizontales et
10 1 IOs 2
verticales
qu'il avait défaits; comme pour nous indiquer que c'est vraiment difficile,
mais que le temps est son temps.
1. TAT de Murray.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
'ensemble des traits singuliers qui se sont exprimés dans le test renvoie
aux troubles émotionnels des dyslexiques qui constituent sa véritable tram
de fond:
« Un fonctionnement mental donc la composante défensive majeure
consiste très précisément, du fait de l'idéalisation, à refuser la mise en
pièce des images (nous pensons aux difficultés d'analyse des mots en leurs
composants par les dyslexiques), et du fait de l'en deçà de l'angoisse d
castration, à refuser de considérer les "petites différences" par lesquelles se
distingueraient certains graphèmes, ou certains phonèmes, pcrccprivcrncnt
proches (par ce qui se voie ou par ce qui s'entend). »
Mais les tests nous disent aussi autre chose que le diagnostic selon les trait
généraux du trouble. Dans le cas de Gaël, la rencontre a été un moment
important. Il a fait la démonstration de l'impact que pouvait avoir sur
lui la confrontation à un matériel donc la structure même constitue un
facteur d'ordre: « Analyse catégorielle» est construire sur quatre séries de
sept items de difficulté progressive, menant l'enfant au travers de différents
développements de la pensée catégorielle, idéalement d'un âge à un autre. En
dramatisant un peu la représentation, nous pouvons voir l'adulte proposant à
l'enfant de faire un cour du côté de la catégorisation, celle que l'appréhendent
les plus grands. Gaël accepte le jeu, puis renâcle. Il se refuse à considérer cc
qui le sépare des grands, à considérer même qu'entre les grands et les petits
il y a les moyens. Mais le matériel est têtu, il répète la confrontation. Le jeu
ne peut se mener qu'à la condition d'en accepter les règles. Alors Gaël passe
par les étapes d'appropriation de cette réalité, pendant le cours du jeu. Pour
rester dans le jeu.
'est, die d'une autre manière, ce qui semble se passer acruellemenc dans
le cadre du groupe d'aide psychopédagogique. Lors d'une rencontre encre
équipes enseignantes ec soignantes, l'enseignante spécialisée nous die qu'elle
a remarqué à maintes reprises ces derniers temps, l'effort que faisait Gaël
.;!il
8~ pour reprendre par son geste graphique ce qu'un autre lui indique du tracé
••c:: d'une lettre. L'ajustement aux autres est sensible dans le travail du groupe.
0
<:
L'exemple est donné d'un exercice dans lequel les enfants doivent écrire un
mot, non décidé au préalable, de la façon suivante : chacun quand vient
à son tour, ajoure une lettre au mot qui s'écrit. Gaël aime cet exercice et
veille à en faire respecter les règles : ne pas écrire de nom propre (nom de
ville ou nom de personne, ou de marque). Les lettres qu'il propose sont
toujours justes, elles viennent bien là où elles doivent venir. Il fait un effort
particulier pour écrire de façon phonétiquement correcte (ce qu'il ne fait
Observations avec les EOEI-R
pas en classe), pour être effectivement présent et regarder ce que l'autre écrit.
En d'autres termes, la lecture et l'écriture deviennent son affaire en groupe.
Il semble décidé à faire mentir le pronostic sur son apprentissage de la
lecture. Nous l'y aiderons.
Motif de l'examen
La demande d'examen est formulée simultanément par l'école et le
pédopsychiatre du CMP. L'école organise une réunion d'équipe éducative
pour mettre à plat les diverses demandes d'aides dont l'enfant est l'objet.
Toufick consulte au centre rnédico-psychologique (CMP) depuis au moin
un an. Tl se rend pour ces consultations à l'hôpital de jour dans une ville
distante, où il esc incégré dans un groupe d'enfant bénéficiant de soin
apportés par divers professionnels de l'hôpital de jour simultanément, donc
la psychologue travaillant au CMP. Toufick a par ailleurs été examiné
par le médecin scolaire, l'année précédente, qui a posé le diagnostic de
dyspraxie et qui a prescrit des visites chez un ergothérapeute. Ces visites
impliquent une dépense supplémentaire de la famille, qui pourrait, lui
a-t-on dit, être compensée par une aide donc la décision d'attribution
revient à la MDPH. L'équipe technique de cet organisme demande pour la
décision une confirmation du diagnostic par un bilan de neuropsychologue.
Pour cela, la famille consulce donc dans un grand centre régional. Celui-ci
demande à son cour qu'un dossier soie complété comprenant le cas échéant
les conclusions de l'examen psychologique qui aurait pu être fait en milieu
olaire... Par ailleurs, l'enfant consulte chez une orthophoniste qui pench
pour un diagnostic de dyslexie.
Lors d'une réunion d'équipe éducative courant novembre, sont présents,
outre les enseignants, des membres du CMP voisin. La maman est absence,
ainsi que le médecin scolaire et l'orthophoniste. Les échanges, forcément
limités qui one lieu dans ce cadre aboucissenc à s'interroger sur le sens des
démarches multiples, sur la solidité de diagnostics divers, et le bien-fondé
de la demande de la MOPH.
En tout état de cause, l'école par ses enseignants ayant besoin d'êrr
renseignée, l'examen par le psychologue scolaire est demandé et décidé.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
a synthèse qui suit a été présentée à la mère de Toufick. Elle lui sera
remise à la rentrée de janvier.
Épreuves utilisées
Toufick est actuellement en classe de CEl. Il est « suivi » par une enseignante
spécialisée qui le rencontre dans un petit groupe d'enfants, pour ses difficultés
en lecture.
ous le voyons à deux reprises, à un mois d'intervalle.
La première fois, nous choisissons de lui administrer des épreuve
empruntées aux Échelles différentielles d'efficiences inccllcccucllcs de
Pcrron-Borclli cc Perron. Ces échelles présentent l'intérêt d'une claire
différenciation possible entre les efficiences verbale/non verbale, catégorielle
ou non, adaptative ou non. Mises au point dans la perspective d'aider à
la définition des dysharmonies d'évolution selon Misès (L'Enfant déficient
mental, PUF, 1975), elles permettent de mettre en évidence les éléments sur
lesquels portent de la façon la plus évidente la dysharrnonie, praxie, langage,
symbolisation, et son fond relacionnel probable.
a seconde rencontre nous choisissons des ccscs de niveau scolaire qui
permettent des comparaisons avec les constats de l'enseignant. Notre choix
e porte sur les échelles de connaissances du K-ABC (Kaufman Assessmentfor
Cbildren, 1983), comprenant subtests de mathématiques et de lecture d'un
part, subtests de reconnaissance de lieux et de personnages et de devinette
d'autre part.
main, la gauche le plus souvent, l'autre reste sous la table comme s'il n'avait
plus alors qu'un demi-corps.
ableau 7.
Notes Brute Standard
Analyse catégorielle 19 63
Vocabulaire définitions 11 79
Connaissances 16 85
Les notes vont d'un écart type à deux écarts types de la moyenne. Toufick
n'est réellement à l'aise nulle pan, et contrairement à ce que ces notes
paraissent indiquer les écarts ne sont pas significatifs de l'une à l'autre, le
plus mauvais score en analyse catégorielle ne signifie rien quant au fait qu'il
s'agit d'une épreuve non verbale, impliquant le geste et les praxies.
De fait, Toufick s'y montre particulièrement méticuleux, plaçant
consciencieusement les pièces en leur emplacement sans que rien ne dépass... ,
il n'est ni maladroit ni malhabile et le geste est parfaitement accordé au
but de sa manœuvre, ce qui incite à discuter sérieusement l'hypothèse d
dyspraxie qui a été avancée.
Le plus mauvais score en analyse catégorielle ne nous paraît pas devoir
être mis au compte de difficultés spécifiques dès lors que le geste plutôt
que la parole serait mobilisé, mais nous semble dû à la construction mêm
de l'épreuve. Elle est constituée de quatre séries de difficulté progressive et
d'une épreuve finale. Pour qu'une série crédite l'enfant de quelques points,
elle doit être le lieu d'au moins trois réussites successives, ce qui est rarement
le cas pour Toufick, comme en atteste le tableau ll On a par exemple
dans la troisième série la succession : échec, réussite, échec, réussite, réussite,
échec, échec, qui ne lui donne aucun point et grève le score final de façon
ignificative. Aucun poinc n'est accordé non plus pour la quatrième série,
alors que l'item qui s'y rapporte dans l'épreuve finale est réussi. Dans le
même ordre d'idée, la série la mieux réussie est la deuxième, alors que le
score maximum pour les items de même type est obtenu dans l'épreuv
finale pour ceux de la première série.
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
ableau 7.9
Série 1 Série 2 Série 3 Série 4 Épreuve finale
l OB + MAR GAR 1 +
2 + + + P•R 2 M•B
3 + + P•B + J G •B
4 + + GeB 4 +
5 + M eB 5 +
6 - 6 M•B
7 - 7 MAR
8 M•B
Total
5 10 0 0 4
par série
légende: les formes sont désignées par des dessins. Ils sont précédés par l'initiale
de la dimension er suivis par l'initiale de la couleur.
évolué. Elle se heurte à une autre réalité, Tou.fick nous paraît vouloir effacer,
les différences selon les tailles.
Ajoutons encore que cette épreuve présente la particularité d'offrir à
l'enfant une certaine proximité avec le psychologue lors de la passation, et
donc d'être bien réussie parfois par des sujets qui peuvent mettre à profit
l'étayage sur l'adulte dans le cours de la passation. L'effet de cet étayage
est limité dans le cas de Toufick, peut-être exisre-t-il cependant : nous en
avons la preuve négative dans l'épreuve finale : là où plus aucune aide n'est
apportée, la pensée régresse à son exercice le plus simple, la recherche de
l'identique d'un item à l'autre. Nous ne pouvons donc pas dire que Toufick
ne tire pas profit de la proximité avec l'adulte. Mais nous pouvons dire
que ce profit est limicé par l'importance des questions qui le préoccupent
accucllemenc, qui entravent l'accès à cc que l'école valorise particulièrement
la catégorisation, c'est-à-dire la capacité d'abstraire des propriétés d'objet
qui permettent de les regrouper.
L'hétérogénéité du fonctionnement quant à la succession absence présenc
(on pourrait aussi dire d'une attention qui ne tient pas dans le temps) a
son répondant dans les épreuves verbales qui suivent avec l'hétérogénéité
des niveaux de réponse : dans l'épreuve de vocabulaire, des réponses de
type catégoriel voisinent avec des réponses plus enfantines dans lesquelles
les définitions sont données par homophonie - un type de réponse
habicuellemenc refusé par les enfants de cet âge.
L'hétérogénéité des niveaux de raisonnement, la difficulté à maintenir
un certain niveau d'attention, voire un certain niveau de relacion pendant
l'examen se rccrouvcnc dans les épreuves de connaissances du K-ABC.
L'hétérogénéité est cette fois pacencc dans les scores qui pourtant renvoient
à des épreuves du même groupe: épreuves verbales de connaissanc....
"Écartons l'épreuve de lecture compréhension, qui ne peuc être administrée
de façon satisfaisante, Tou.fick ne pouvant lire les consignes qu'il doit mimer
d'une part, et ne comprenant pas qu'une consigne écrite puisse être un
ordre impliquant un geste: le clivage encre le geste et la parole est à ce
moment complet, ce qui milite pour une défense mentale par le clivage,
défense centrale des pathologies limites selon la nomenclature médicale
(CFTMEA-R-2000)
Le tableau Ll.O. présence le résumé des scores obtenus pour ces divers
subtests,
Il est à noter que le clivage peut aussi bien s'exprimer ailleurs, notamment
dans ses tentatives de déchiffrement dans l'épreuve de lecture: Toufick
livre laborieusement des sons face aux mors écrits, dont il se sert pour
Les échelles différentielles d'efficiences intellectuel/es (EDEI·R)
Tableau 7. 10
Notes connaissances Brute Standard
Personnages et lieux connus 16 109
Arithmétique 19 SS
Devinettes 18 105
Lecture déchiffrement 83 80
Lecture compréhension 0 66
Conclusion
t installée, et attend sans un mot que je lui propose ce travail court et vite
fait dont lui a parlé la remplaçante.
Tableau z.n
Échelles Âge dév. Niveau d'eff.
Vocabulaire définition 20 8;6 122
Compréhension sociale 18 5;6 85
Analyse catégorielle 32 5;9 91
Adaptation pratique 30 7;R 110
Niveau d'efficience verbale 104
Niveau d'efficience non verbale IOO
Niveau d'efficience catégorielle
Niveau d'efficience générale 102
Analyse catégorielle
),- Série
caille n'est pas un souci. L'erreur de départ peut passer pour une erreur
de type persévération, mais il s'agit d'autre chose. Le grand triangle roug,
est à la fois symétrique du premier inducteur, et une pièce dont nous
avons à de multiples occasions pu apprécier l'impact, comme porteuse de
revendications phalliques de l'enfant. Ce petit ratage n'affecte pas davantage
la passation. Les autres items de la série sont réussis (tableau Ll.2).
Tableau 7.12
Série l Série 2 Série 3 Série 4 Épreuve finale
1 p •J G .À. R + + 1 +
2 + + + + 2 G .._ R
J + + + M • B/+ 3 +
4 + + G .À.]/G e B 4 +
5 + 5 +
6 + 6 +
7 + 7 +
8 +
Total par série 5 5 10 2 10
Légende: les formes sont désignées par des dessins. Ils sont précédés par l'initiale
de la dimension et suivis par l'initiale de la couleur .
oure la troisième série est réussie. Nous n'en attendions pas moins d'une
série entamée par les deux inducteurs choisis pour le premier item. Nous
voulons dire par là que les matériels sont peu neuu·alisés et qu'il n'est pas
douteux que les différences couleurs n'ont pas la même valeur affective pour
Morgane, non plus que les formes. Le rouge n'est pas le bleu, le triangle
n'est pas le rond.
La quatrième série est réussie pour les deux premiers items. Alors que nou
nous acheminons comme pour la série précédente vers << un sans-faute»
• ;!il Morgane commet une erreur pour le troisième item. Dans ce cas, la
8~
••c:: orrection est tolérée à condition de survenir immédiatement et à condition
0
<: encore que l'item suivant soit également réussi. Ce n'est pas le cas. La
deuxième condition n'est pas remplie. Contre toute attente, Morgane ne
revient pas dans le test immédiatement. Les deux erreurs successives n'ont
pas de logique apparente. Elles affectent plusieurs caractéristiques en même
temps, couleur et dimension. Après ce curieux passage, les items suivants
one réussis sans faute.
Une erreur comme celle-ci coûte cher dans l'épreuve: au lieu de totaliser
dix points, Morgane n'en compte que deux. À ell
Observations avec les EOEI-R
résultat et donne une indication qui ne semble pas légitime du niveau réel
d'efficience de l'enfant dans « Analyse catégorielle».
L'épreuve finale est réussie globalement, y compris les deux items qui
renvoient du point de vue du principe de catégorisation à la série IV de
cotation problématique. Nous remarquons simplement que la seule erreur
commise est une reprise de la même, commise dès le début de la série Il. 11 y
a une certaine obstination ici, ou une fascination particulière pour le grand
triangle rouge, ceci n'excluant pas cela.
Au cotai, l'épreuve d' « Analyse catégorielle » donne sans douce un score
global sous estimé. L'épreuve finale donne sans doute une idée plus juste de
l'efficience de Morgane dans une épreuve de ce type. Le fait que l'épreuve
finale soit mieux réussie traduit par ailleurs le fait que Morgane n'est guère
dépendante dans sa démarche, quand celle-ci est acquise de la plus ou moins
grande proximité du psychologue. L'étayage en cours d'épreuve ne paraît
pas avoir d'incidence sur la performance.
)>- Vocabulaire
celui qui utilise le mot est le plus fort. Et il importe d'être le plus fort. À
défaut, le silence est aussi le plus fore parce qu'il garde le mot en réserve.
Sur un plan différent, les deux registres de verbalisations paraissent
renvoyer à deux extrêmes dans les âges de l'enfant. Morgane a huit ans six
mois dans l'épreuve de <t Vocabulaire», mais n'a que cinq ans et six mois
dans l'épreuve de« Compréhension verbale».
Il paraissait souhaitable de faire figurer les âges de développement
correspondants aux scores dans les épreuves sur le tableau récapitulatif,
comme si ces références avaient un sens particulier pour Morgane. C'est le
cas. Nous trouvons selon le cas l'efficience d'un enfant plus âgé ou l'efficience
d'un enfant plus jeune, qui correspond grossièrement à l'attitude rigide d'un
parent autoritaire coisanc son monde dans l'épreuve de « Vocabulaire» ou
du cour petit enfant que l'on interroge sur des choses qui ne sonc même pas
de son âge dans l'épreuve dc « Compréhension». La dysharmonie dans les
efficiences est effectivement relayée par la dysharmonie dans les manièr
d'être, en relation avec les adultes.
Adaptation pratique
des figures les plus simples dans l'espace. Le contour n'est pas investi, elle n'utilise
pas ce qu'elle a appris dans la résolution de l'item précédent.
L'item 7 est résolu, un peu nonchalamment, d'une seule main, grâce à
l'accolernenr des figures identiques. Ce n'est pas la résolution retenue par
l'épreuve, mais l'ajustement est réalisé malgré tout, et Morgane montre sa
satisfaction d'en être venue à bout.
La même procédure caduque est reprise pour l'item 8, sans succès cette
fois, ce qui m'amène à lui suggérer d'essayer autrement. Elle trouve le moyen
de caler la pièce centrale à partir de deux triangles placés dans les coins.
'item est résolu en un temps honorable.
Pour l'item 9, elle essaie encore d'une seule main, mais s'avise qu'elle y
arriverait mieux si elle prenait dans chacune les deux plus grosses pièce
dont elle joue ensemble, pour libérer enfin l'espace central.
L'item 10 n'apporte rien de nouveau. Sa méthode éprouvée consistant
à accoler les pièces identiques fonctionne ici, ce qui la ravit. Mais c'est par
essais et erreurs qu'elle vient à bout de l'item.
La réussite pour l'item 11 marque le vrai progrès dans l'épreuve. Lette
fois, le contour est assuré, comme le rideau d'un théâtre, il laisse une grande
place centrale donc elle pressent que c'est là désormais que les choses se
passent (tableau L.Li).
Tableau 7.13
hem Issue Temps Note
1 Réussite 25 s 3
Réussite bien menée. pas d'organisation selon axe médian
2 10 s 4
vertical
3 Réussite dans la position standard tout de suite perçue 17 s 4
4 Réussite 30 s 3
5 Réussite avec encouragement à essayer autrement 75 s 2
Échec. Multiples essais, d'une seule main. puis des deux. Veut
6 Temps dépassé 0
.;!il accoler les pièces identiques
8~ Réussite. Une seule main utilisée, en liant les pièces semblables
••c:: 7 25 s 4
0 comme des pièces complémentaires.
<:
8 Réussite après multiples essais 40 s 3
Réussite. Deux pièces identiques sont enfin prises ensemble cl
9 40 s 3
séparées
Réussite. Retrouve sa manière favorite, nécessite muhiplcs
10 90 s 2
essais.
Réussite après avoir passé en revue toutes les procédures éprou-
Il 115 s 2
vées précédemment.
Observations avec les EOEI-R
En résumé
L'histoire de la passation de l'épreuve « Adaptation pratique» peur se
raconter. Dans un ouvrage qui ne divulgue pas le contenu des items, les
images manquent. Mais cela n'empêche pas de saisir l'enjeu. L'épreuve
est organisée, nous avons tenté de le moncrer dans notre présentation de
épreuves des EDEI. L'enjeu pour Morgane particulièrement est de saisir le
sens d'une liaison entre les pièces, s'étayant sur l'image du corps avec son ax
médian support de relation. La démarche en ce sens n'est pas spontanée pour
Morgane. Elle parvient cependant à dépasser ce qui fait obstacle au progrès
dans l'épreuve, à chaque fois qu'elle est encouragée à poursuivre, c'est-à-dire
à chaque fois qu'elle peut réassurer la relation avec le psychologue.
Le conseil de renter de faire autrement est inclus dans la procédure de
la passation préconisée par l'auteur, il n'y a donc pas de dérogation aux
consignes. Mais il est vrai que ce mode de présence a, dans le cas de Morgane,
une incidence réeUe par l'utilisation immédiate qu'en fait l'enfant.
La fin donc de l'histoire est la réussite de l'item 11. Je suis incervenu
deux fois dans le cours de l'épreuve pour encourager sans indiquer, mais
pour ce dernier item, il était implicite que je restais totalement silencieux
et à distance. Morgane a montré à cette occasion qu'elle pouvait faire une
utilisation judicieuse de ce qu'elle avait découvert en marchant, item après
Item.
Pour le dire maintenant en vrai résumé : nous avons eu dans une épreuve
d'encastrement un condensé des blocages liés à la problématique actuelle
de l'enfant, l'autre conçu comme symétrique puis complémentaire mai
non différencié, et des moyens que l'enfant pouvait utiliser pour intéresser
l'adulte à leur dépassement. Le test est à ce niveau ce qu'il doit être : un test
qui précise les conditions pour que cela se passe autrement.
Conclusion
L'observation del'examen avec Morgane se lit dans sa continuité. La synthèse
l'effacerait. Mais nous devons conclure au sujet de la demande d'examen.
Morgane n'a pas appris à lire. Elle n'est pas pour autant déficience et
selon le test proposé peut même apparaître brillante. C'est le drame d'un
développement dysharmonique qui mec l'adulte au défi de reconnaître dans
les contrastes que présence l'enfant ce qu'il en est de son âge réel. Nul doute
que l'ajustement à ce que cette enfant donne à comprendre doit être repensé.
,. ,. ,
TROISIEME PARTIE
Clinique du WISC-IV
CHAPITRE
8
1
Théorie au WISC-IV
1
La mesure de l'efficience globale la plus utilisée dans le monde ... Page .1..9. L
_J
Clinique au WISC-IV
assurer qu'elle est bien enterrée: pour bien des raisons sur lesquelles nous
reviendrons, le sens que Wechsler donnait à l'intelligence est actuel. Ce n
sont ni l'éclectisme, ni l'empirisme qui ont conduit Wechsler à construir,
une batterie de douze épreuves, mais la simple honnêteté intellectuelle : non
seulement nous pensons, écrit-il, que « l'intelligence est une partie d'un
tout plus large, la personnalité elle-même [ ... ] que l'intelligence ne peut
être séparée du reste de la personnalité [ ...] », mais c'est parce que nous
le pensons « [qu'] un effort délibéré a été fait pour prendre en compte les
autres facteurs qui contribuent à l'intelligence totale efficace de l'individu.
Cet effort se reflète dans la composition de l'échelle cc pour le moment dans
les poids égaux attribués à tous les tests. >>.
épétons-le, comme nous y reviendrons à partir des fortes critique
apportées successivement aux diverses versions du WISC, l'attitude du
chercheur Wechsler n'emprunte pas à l'empirisme, mais à la modestie du
chercheur pour son objet d'étude. 11 met dans l' échelle le maximum d'outils,
qui permettront un maximum d'observations, au prix d'une concession
au chiffre global mathématiquement peu défendable - mais qu'il espérait
transitoire - d'une somme qui accorde arbitrairement des poids égaux à
tous les tests. Un maxirnum d'observations parce qu'un « test d'intelligence
peut être un instrument de diagnostic plus utile lorsqu'une certaine attention
t attachée aux facteurs non intellectuels qui affectent le résultat du sujet >i.
Concraircmcnc aux attentes que nous reconnaissons à Wcchslcr, le chiffre
global s'est imposé, tandis que les recherches guidées par « la nécessir
d'un concept plus large de l'intelligence générale que celui qui a cours
actuellement dans les milieux psychologiques» font triste mine.
Rappelons que dans les années trente, les recherches sur les tests d'intelli
gences avaient emprunté une voie marquée par l'apport des mathématiques
à la mesure de l'intelligence, comme le montre l'étude hiscorique de Martin
(1997). Quand Wechsler mec son premier outil au point, la théorie de la
.;!il
mesure de l'intelligence se partage en deux camps, marqués, le premier
8~ par la conception unitaire de l'intelligence de Spearman (1927) avec
••c::
0
<:
le facteur g, le second par Thurstone (1931) et sa méthode d'analy
mulrifacrorielle, qui débouchera sur sa théorie des << aptitudes mentales
primaires» (1938)1.Ce dernier développera d'ailleurs sa propre barteri
l. Nous connaissons l'issue de ces discussions théoriques par leur produit final, historique, qui
apparaîr rérrospcctivcrncnr comme une marche résolue vers le consensus rom comme si la raison
avait guidé l'histoire des tests.
Théorie au WISC·IV
comme l'écrit Wechsler, qui cite alors les qualités attachées nous semble-t-il
à l'exercice de la volonté d'une personne responsable, nous dirions d'un
« ]e », là où d'autres diraient « d'un sujet» ... d'une personne enfin.
1. Elle est publiée en France sous le titre Batterie facwrie/Le PMA (aptitudes mentales primaires)
11-17 ans, Paris, ECPA, 1964.
Clinique au WISC-IV
1
Les inaices au WISC-IV
en question
1
Qu'est-ce qui est abandonné du WISC-111 ? Qu'est-ce qui est
intégré avec le WISC-IV ? •••••••••••••••••.••.....•...•...• Page~
Conclusion . Page.211.
_J
Clinique au WISC-IV
Tableau 9.1
Composition du WISC dans ses différentes versions françaises.
WISC WISCR WISC-lll WISCIV
1949/1957 1974 1991/1996 2003
Information +v +v + v/cv (+ cv)
Similitude +v +v + v/cv + CV
Arithmétique +v + \' +v (+ ml)
Vocabulaire +v +v + v/cv + cv
Compréhension +v +v + v/cv +CV
Mémoire des chiffres (+ v) (+ v) (+ v/cv) +ml
Arrangements d'images +p +p + p/op
Complètement d'images +p +p + p/op (+ rp)
Cubes +p +p + p/op + rp
Assemblages d'objets +D +D + p/01>
Code +p +p + p/vt + VI
Labyrinthes (+) p (+) p (+ p/op)
Symboles (+ p/vt) + VI
Matrices + rp
Identification de concepts + rp
Séquence lettres chiffres + rnt
Raisonnement verbal (+ cv)
Barrage (+ vt)
• compréhension verbale ;
. . .
• orgarnsauon percepnv
.;!il
8~ • vitesse de traitement.
••c::
0
<:
Mais si l'on se réfère à la théorie d'une structure hiérarchique de
l'intelligence, la mise en évidence de ces facteurs fait aussi apparaître ce qui
n'est pas mesuré par le WlSC-111.
ous savons que:
• La théorie d'une structure hiérarchique de l'intelligence reconnaît depui
Cacccll un facteur de premier ordre, g, cc au moins deux facteurs de second
ordre, sous les termes d'intelligence fluide ec d'intelligence cristallisée, G
t Ge;
Les indices du WISC·IV en question
1. Sous le nom de CHC théorie apparaît une référence consensuelle sur la structure hiérarchique de
l'intelligence, pour de nombreux auteurs, qui se situent dans la lignée des travaux de Carrel], Horn ec
Carroll : Canell (1941. 1971. 1987), Carrell et Horn (1978), Horn (1988), Carroll (1993). Flanagan,
auteur avec Kaufman de Essentials ofW!SC-fVAssmmmt, esr co-aureur avec McGrew, er Oniz de
I' Integrated CHC CfGe Cross-Battery Appronch to Assrument.
2. Shaw, Swerdlik, and Laurent (1993), cités par Flanagan et Kaufman (2004, p. 16).
Clinique au WISC-IV
seconde épreuve, très proche dans son esprit et son mode d'administration
de « Mémoire des chiffres » ;
• « Vitesse de traitement >1 est inchangé dans sa composicion pour les deux
épreuves de base qui concourent au calcul de la noce. C'est l'indice qui
est le plus abondamment justifié par les éditeurs en France.
• « Raisonnement perceptif» est un curieux nom, qui paraît composé
pour la première moitié de raisonnement, emprunté à « Raisonnement
fluide » traduction du nom américain du facteur Gf de Carroll, « Fluid
Reasoning », et pour la seconde moitié de perceptif, qui semble emprunté à
« Organisation perceptive», l'indice abandonné du WISC-III. Conscacon
que la composition de l'indice ne dément pas son appellation, avec
l'abandon de trois épreuves définissant l'indicc « Organisation perceptive»
du WISC-III, et l'adjonction de deux épreuves de « Fluid Reasoning >>.
Avant d'examiner le point de vue des tenants de la mesure d'une
intelligence de structure hiérarchique, quelques remarques peuvent être
faites sur les modifications imprimées au WISC dans sa dernière version.
l. Cc trouble sera plus longuement évoqué dans la suite de cc chapitre, à l'occasion d'une obscrvarion
d'enfant.
Les indices du WISC·IV en question
L'épreuve de « Code» dans le WISC est rarement apparue comme une épreuve
d'intelligence. Elle était inconnue chez Binet. Elle est issue des tests dits « Army
Beca », tests non verbaux mis au point dans les années vingt pour la sélection
des recrues dans l'armée américaine. Elle requiert une copie servile, dont le
sujet s'entend dire qu'il devra la réaliser le plus rapidement possible. S'il faut
,;!il défendre l'idée qu'une vitesse de traitement est l'un des facteurs de l'intelligence
8~
••c:: celle-ci doit-elle être évaluée dans une épreuve de copie, qui nécessite mémoire,
0
<: vigilance perceptive, rapidité motrice, donc faible inhibition, et, par-dessus tout
aisance dans l'écriture - parce qu'ils'agit bien d'une écriture dont les sign
sont arbitraires. Cette épreuve a été doublée d'une seconde, qui a tout d'une
épreuve de vigilance perceptive,« Symboles».
Remarquons que les arguments neurologiques avancés dans le Manuel
d'interprétation en faveur de l'évaluation de cet indice, intéressent peu la
méthode clinique en psychologie, qui est d'abord une méthode compréhensive,
en quête de signification auprès d'une personne.
Les indices du WISC·IV en question
1. CHC pour Cartell, Horn et Carroll dont les hypothèses respectives ont été agglutinées en une
dénominarion commune (voir l'annexe consacrée à cette hypothèse singulière sur la structure de
l'intelligence).
Clinique au WISC-IV
• Perception visuelle :
- Cube.
- Complètement d'image
• T n tell i gence criscall isée :
- Compréhension
- Vocabulaire,
- Information,
• Mémoire de travail :
- Mémoire des chiffres,
- Séquences lettres chiffres (arithmétique),
• Vitesse de traitement :
-Code,
- Symbole_,,
- Barrage,
• Quanti tarif:
= Arithrnétique.
En se fondant à la fois sur les résultats apportés par les études citées et sur
ses propres analyses cliniques, Kaufman propose, pour l'usage clinique, de
retenir huit clusrers. Les clusrers ne sont pas les subtesrs mais ils représentent
les facteurs primaires de base dans l'organisation mentale (comme par
exemple Perception visuelle, Mémoire à coure terme). Les clusters de
Kaufman sont la base de son approche en faveur de l'analyse « intra
individuelle » du WISC-N:
• Fluid Reasoning (Gf) Incelligence fluide
• Visual Processing (Gv) Perception visuelle
• Nonuerbal Fluid Reasoning ( Gf-nonverbal) Intelligence fluide non verbale
• Verbal Fluid Reasoning (G/-verbal) Intelligence fluide verbale
• Lexical Knowledge (Gc-VL) Connaissances lexicales
• General information (Ge-KO) Information générale
• Long-Term Memory (Gc-LT1v[) Mémoire à long terme
• Sbort-Term Memory ( Gsm-MW) Mémoire à coure terme
Ces clustcrs ne sont pas cxacccmcnt les aptitudes CHC de niveau If
principal. Certains sont plus précis, et sont donc des regroupements selon
des aptitudes de niveau I, comme Gc-VL, Ge-KO et Gc-LTM, d'autre
Clinique au WISC-IV
Tableau 9.2
Synthèse des données rapportées par F1anagan et Kmt{man (2004) dans l'introduction
à leur ouvrage Essentials of Assessment with WlSC-IV
The Psychological Flanagan et
Épreuve WlSC-lV indice Keith et al.
Corporation Kaufman
1. Similitudes vc Ge GJ G/-verbal
Gc-VL
2. Vocabulaire vc Ge Ge Gc-LTM
3. Compréhension vc Ge Ge GC'-KO
4. !nfonnation vc Ge Ge Ge-KO
Gc-1.TM
5. RaiS01111ernen1 Gc-VL
verbal vc Ge Gf G/-\'crbal
6. Cubes PR G,, Gv G,·
7. ldennflcauon
PR GJ vf G/ Gf-non
de concepts verbal
8. Matrices PR G1• Gf GJ GJ GJ-non
verbal
9. Complètement G,,
d'im1u1.c
PR Ge G,• Gv
JO. Mémoire
WM Gsm Gsm Gsm-MW
de chiffres
11. Séquence Lettres-
Chiffres
WM Gsm Gsm Gsm-MW
12. Arithmétique WM GJ Gq G/
13. Code TS Gs Gs
14. Symboles TS G1• Gs Gs
15. Barrage TS Gs Gs
Légende:
.;!il les indices du WJSC-111 : VC, Compréhension verbale, PR, Raisonnement
8~ perceptif, WM, Mémoire de travail, TS, Vitesse de traitement.
••c::
0
<:
les facteurs CHC: Ge, Intelligence cristallisée, Gf, Intelligence fluide, 1...,v,
Perception visuelle, Gs, Vitesse générale, Gsm, Capacité de rappel/mémoire à
court terme.
les clusters de Kaufman : idem ci-dessus, plus : Cf-verbal, Intelligence fluide verbale,
f-non verbal, Intelligence fluide non verbale, Ge-KO, Incelligence cristallisée
information générale, Gc-VL, connaissance lexicale, Ge LTM, Inrellizence
cristallisée Mémoire à long terme.
Les indices du WISC·IV en question
Conclusion
évidence d'après des données issues de tests de même type. Mais elle est
arurée par Gf (Intelligence fluide) selon Keith, Flanagan et Kaufman,
t secondairement saturée par Gsm (Mémoire à coure terme). Peut-on
discuter ces options ? Invoquer l'Intelligence fluide sur une épreuve
« Arithmétique » nous semble à première vue contredire la définition de
l'intelligence fluide... puisque l'on retrouve ici un produit indiscutable
des apprentissages quant à la forme et au contenu ... ;
• L'indice « Vitesse de traitement» correspond très exactement au facteur
identifié ailleurs. Il y a accord sur les épreuves considérées, « Code ,, et
« Symboles » et mieux encore sur la dénomination du facteur. Oui, mais ...
C'est bien un moment où la théorie CHC pose problème au praticien,
car, si le nom << Vitesse de traitement» semble aller de soi dans une
épreuve dont le score dépend étroitement du temps mis, il reste difficile
d'accorder à ce facteur l'importance d'un facteur primaire d'intelligence,
particulièrement quand ayant beaucoup observé les enfants on a cru
remarquer que la vitesse pouvait être importance pour certains, candi
que d'autres privilégient la précision ... Mais il est vrai qu'il s'agit d'une
discussion d'un autre ordre, extérieur à la théorie CHC qui elle reconnaît
bien cc douzième facteur ;
• L'indice « Mémoire de travail », est défini sur deux épreuves remar
quablement proches, qui sans doute, mettent en œuvre quelque chose
d'identique. La référence CHC suffit à clore la discussion sur ce « quelque
chose d'identique » censé être la « Mémoire de travail ». Comme nou
avons bonne mémoire à long terme nous nous souvenons : dans le K-ABC
« Mémoire des chiffres» est épreuve séquentielle; dans le WISC-R clic
était épreuve d'artenrion/concenrrarion. Le K-ABC se référait à la théori
du traitement de l'information, le WISC-R à lui-même. La théorie CHC
a mis de l'ordre dans la dénomination des facteurs, faut-il pour autant
oublier que<< Mémoire de chiffres» était une épreuve d'attention pour
Binet en 1911, suivi en cela par Wechsler en 1939 et Kaufman en 1975?
CHAPITRE
10
1
Clinique au WISC-IV:
en faveur cl'une
évaluation clynamique
1
Quatre courants d'interprétation de l'efficience sur les tests ? .... Pagelll.
La clinique dans les tests : une nécessaire analyse des épreuves Page.llî
_J
Clinique au WISC-IV
"L'objectif majeur de l'examen clinique est en général de comprendre ce qui pèse sur les
modalités concrètes d'adaptation de l'enfant aux pressions de l'environnement; il paraît
donc, au regard de cet objectifpeu souhaitable d'étudier une intelligence trop épurée de la
pesée desfacteurs éducatifi et culturels. » (Perron, Perron-Bore/li, 1994.)
La pratique des tests d'efficience intellectuelle n'est pas très ancienne. Elle
passe tout juste le siècle. Elle a cependant ses historiens, pressés de trouver
le sens de cette courre histoire. Il peut sembler utile d'ordonner les réalité
de leur donner un sens positif, de conforter l'idée selon laquelle des notion
nouvelles sont le fruit d'un progrès. Trouver le sens d'une hiscoire, c'est un
peu comme se livrer à l'exercice d'éduction sur un problème du PM-38, on
essaie d'identifier des élémcncs/événemcncs à partir dcsqucls « ça change»,
les moments où « ça prend une nouvelle direction». Et celui qui résout trop
irnplernent l'item peut même complexifier la question, en distinguant deux
histoires, celle des tests, celle de leur interprétation. L'histoire d
Clinique au WISC-IV: en faveur aune évaluation dynamique
Chaque praticien peut apprécier pour son propre compte le courant auquel
il pense se rattacher. Nous ne prétendrons pas discuter point par point la
thèse de Kamphaus. Des réflexions cependant nous viennent à sa lecture.
Clinique au WISC-IV: en faveur aune évaluation dynamique
Nous partirons d'elles pour préciser notre démarche en « clinique des test
chez l'enfant».
1. Le sens de l'évolution de l'interprétation des tests irait vers une plu
grande exigence de cohérence théorique à l'égard du concepteur de test,
t à l'égard du clinicien interprète. Une exigence de lier sa méthode
à une théorie éprouvée et consensuelle de l'intelligence. La théorie
éprouvée est la théorie CHC. Elle est connue et diffusée comme
théorie hiérarchique de l'intelligence. Nullement récente, la théorie
hiérarchique de l'intelligence n'est pas une théorie du développement de
l'intelligence. Les facteurs de second niveau identifiés par Carroll sont
considérés comme des réalités incemporcllcs, ils n'ont pas d'histoire, pas
de développement. La théorie CHC est une option théorique singulière,
lie peut se justifie du point de vue d'une psychologie des aptitudes.
2. Mais il arrive toujours un moment où situer l'efficience d'un enfant sur
une tâche en la comparant à celle de la moyenne des enfants de même âge
tourne court. La mesure de l'efficience, à supposer qu'elle soit la mesure
d'une aptitude (ce qu'elle n'est pas) est ponctuelle et ne dit rien sur le.
étapes franchies, s'il y en a, et sur l'étape à venir, s'il y en a une. Or de quoi
avons-nous besoin, sinon d'estimer non cc que l'enfant saie faire, mai
cc qu'il est sur le point d'acquérir, les étapes franchies et la manière donc
il négocie l'étape actuelle? Au besoin de théorie pour l'interprétation,
nous ne pouvons que souscrire. Mais la théorie ne saurait méconnaître
la réalité du développement des fonctions psychiques supérieures. Le
clinicien doit disposer des outils nécessaires à la compréhension du
développement de l'enfant, autrement die - notamment - à ce que la
psychologie génétique et la théorie psychanalytique nous enseignent.
3. C'est une limite considérable, parce que l'absence de référence au
développement pourrait bien coïncider avec l'oubli de l'enfant dans
l'examen. Le concepteur du test n'est évidemment pas suspect de vouloir
faire disparaître l'enfant. Mais le praticien qui entreprend l'examen
des efficiences d'un enfant peut oublier que la réalité de l'enfance
est par définition sa relation de dépendance à l'adulte. Omettre que
l'enfant est un être en devenir, qui a besoin d'un porte-parole, ou
à cour le moins, que l'adulte l'aide à formuler la sienne. La réalité
première de l'enfance exige du psychologue une position fondamentale
<l'accompagnant (« prendre un enfant par la main» éventuellement
mais plutôt lui tendre celle qu'il peut saisir). La proximité mentale est
nécessaire à cela, et l'accompagnement doit être au pas à pa.,.
Clinique au WISC-IV
Ce qu'il convient d'ajouter pour notre part, c'est que la clinique ne s'arrête
pas au moment où l'enfant disparaît à notre regard, elle doit être intégrée
dans l'interprétation. Et a fortiori dans la restitution des éléments du test
administré à l'enfant.
Concrètement, les choses se passent ainsi : le praticien dispose le matériel
d'une épreuve devant l'enfant, il donne l'énoncé du problème qui lui est
soumis. Il note ce que dit, ce que fait l'enfant, mais avant de le noter, il
l'entend, ec avant de l'entendre, il s'entend donner la consigne, il voit la
manière donc l'enfant y réagit, son mode d'engagement dans la relation
médiatisée par le matériel. li entend sa propre présentation de l'item suivant,
les changements qu'il imprime à son rythme d'élocution, à sa conalicé, à la
force de sa parole, qui s'adaptent à ce qu'il perçoit de l'enfant.
ou cieux cl'aménager les conditions - dans le cadre standard de passation
du test qu'il n'est nullement question de pervertir - pour être entendu
par cet enfant, nous accommodons la distance avec lui, pour autant que la
.;!il
voix, le regard et la posture puissent le faire, sans recherche de séduction.
8~ La limite à l'accommodation est donnée par le matériel. Si nous percevons
••c::
0
<:
que la mise à l'aise de l'enfant n'est pas suffisante par nos efforts propres,
nous savons que le matériel contient en lui-même les ressources adaptées
à cet enfant. S'il correspond bien à son âge, il pose nécessairement de
problèmes qui peuvent être compris par lui. Nous ne voulons pas dire par
là que l'enfant les solutionnera, nous voulons dire qu'il comprendra que ces
problèmes posés sont ceux sur lesquels nous serons mobilisés ensemble, cc
qu'en cela ils sont utiles. Ils contiennent, chacun à sa manière, ce qu'il faut
pour rassurer l'enfant quant à ce qui nous amène à être là en tête-à-rêre.
Clinique au WISC-IV: en faveur aune évaluation dynamique
La force des tests se trouve là. Le WISC-IV n'en est pas dépourvu. Nous
insistons longuement par ailleurs sur les épreuves qui le composent, sur
leur âge. Ce qui ne signifie pas que l'âge soit un atout en toute cho
cela nous ne le pensons pas - mais ce qui signifie que des générations de
psychologues, et des générations de WlSC les ont sélectionnées, retenues
puis rodées, afin qu'elles répondent au mieux à leur utilisation par les
enfants testés. Les épreuves ont été accommodées aux enfants auxquels
elles s'adressent. Plus ou moins bien, c'est certain, parce qu'elles ont leurs
qualités propres. Ainsi, nous pouvons conclure qu'il est bon de savoir que
les épreuves mesurent bien cc qu'elles doivent mesurer. Toutes les études
ur la validité de consrruct sont les bienvenues. Il est encore mieux de savoir
que, si elles mesurent bien ce qu'elles doivent mesurer, c'est parce qu'elle
one pu être appliquées à quantité d'enfants qui en ont fait bon usage.
La position clinique dans la passation doit aussi être le levier de
l'interprétation. Il n'est pas question de l'abstraire ou d'en faire un élément
upplérnentaire pour pondérer les scores dans les épreuves. La position
clinique, résolument accompagnatrice, consiste en l'observation attentive
pendant la passation des modifications les plus ténues du processus de
réponse de l'enfant à l'épreuve, et des conditions qui les ont provoquées.
Pour cette raison même, elle ne peut pas être ignorante de ce qui constitue
ces épreuves dans toutes leurs composantes si elle veut apprécier ce qui s'y
produit. Elle exige de pouvoir s'appuyer sur une analyse méthodique large
et approfondie des épreuves.
des versions modifiées sont présentes dans le WISC-N, one été et sont
encore le matériel sur lequel des chercheurs tentent de définir une méthode
d'évaluation dynamique, par l'évaluation d'un potentiel d'apprentissage.
Nous ne déraillerons pas ici ces recherches, mais nous remarquons à la
suite de Huteau et Lautrey (1999) dans le chapitre qu'ils consacrent à cert
question que « les tests sur lesquels ont porté les apprentissages ont été le
Clinique au WISC-IV
plus souvent les Matrices progressives de Raven et les Cubes de Kohs >>. Il y
a pour ce choix une raison identifiée par Raven (1998) :
• Les PM-38 sont le lieu d'un apprentissage en cours d'épreuve. Soulignons
« en cours d'épreuve», car l'apprentissage n'est guère sensible d'une
passation sur l'autre quand il n'y a pas eu d'aide en cours d'épreuve.
L'apprentissage est lié à la structure de l'épreuve, constituée de soixante
items et à d'autres éléments structuraux sur lesquels nous nous sommes
expliqué plus haut'. L'apprentissage en cours d'épreuve est une réalité
ensible aux utilisateurs de ces tests - et quelquefois une attente déçue.
Quelque chose de même nature est perceptible dans les Cubes de Kohs
(et sur d'autres épreuves de construction avec modèle comme l'épreuv
des Triangles du K-ABC) ;
• L'épreuve des Cubes de Kohs a été présentée par son auteur en
1923. Divers auteurs se sont attachés à l'améliorer, avant cc après les
propositions de standardisation de Grace Arthur en 1933. La plupart des
« améliorations » portaient sur le nombre d'items, que d'aucuns voulaient
alléger. L'édition française du test souligne :
l. Une thëse discutée pour la dyslexie dans Comprendre ~ aider l'enfant dyslexique U umel, 2004).
Clinique au WISC-IV
1
Les épreuves au WISC-W.
Éléments d'analyse
1
Composition du WlSCIV . Page.2.ll
Vocabulaire . Page.25.Q..
_J
Clinique au WISC-IV
Composition au WISC·N
Les épreuves qui composent l'outil sont empruntées à tout ce qui s'est fait
avant et qui a été pensé, testé, remanié, reresté ... par Binet et Simon, pui
par Tcrman, Kohs, Portcus cr d'autres. Cc sont de bonnes épreuves, au sen
où elles n'entraînent pas de lassitude chez l'enfant ni l'adulte, où elles sont
le support de riches observations, et sont à bonne distance des évaluations
scolaires usuelles. Elles sont également consensuelles et ont résisté à l'usure
du temps dans l'esprit des utilisateurs.
À ces épreuves one été ajoutées les épreuves issues des tests dits « Army
Alpha and Bera » nés dans l'armée américaine des années vingt de besoins de
élection suivant la doctrine : « The right man at the rightplace ». Elles sont
davantage marquées par l'évaluation: elles incroduisenc notamment avec
l'épreuve de « Code» la notion de vitesse de réalisation, qui étaie absence
des épreuves mises au point par Binet - et je le suppose de sa démarche de
clinicien pour lequel le temps est une donnée utile à la pensée et ne saurait
jouer contre elle.
ans la version WTSC-IV les épreuves s'enrichissent d'épreuves nouvelle
dûment expérimentées ailleurs. Sont-elles absolument neuves ? Dans leur
forme actuelle, sans doute, mais l'épreuve« Identification de concepts>> res-
emble dans son principe à l'épreuve « Classification» que nous connaisson
des EDEI de Perron Borelli (1973), tandis que l'épreuve de « Séquence
Lettres-Chiffres » est une extrapolation del'épreuve de « Mémoire de chiffres
à rebours» (Binet, puis Terman), dans laquelle l'ordre d'énonciation inverse
est remplacé par l'ordre canonique des chiffres et des lettres. Pour ces
dernières on ne s'étonnera pas qu'elles soient saturées par le même facteur
dans les analyses factorielles.
• ;!il
8~
••c::
0
Cubes
<:
près la création de cette épreuve par Kohs, des modifications ont été
proposées par Goldstein. Ces modifications allaient d'abord dans le sens
d'une simplification. En effet, comme le rappellent Galifret-Granjon et
antucci dans leur adaptation (in Zazzo, 1958), l'épreuve initiale cumulait
des difficultés générales affectant tous les items et des difficultés croissantes
d'un modèle à l'autre. Citons avec ces auteurs les quarre difficultés:
• La différence entre le modèle en deux dimensions et la réalisation fait
en trois dimensions ;
• La différence d'échelle entre le modèle et la réalisation (le modèle est à
l'échelle un demi) ;
• L'augmentation du nombre de cubes nécessaires, de quatre à neuf, pui
de neuf à seize ;
• La complexification du modèle avec perte des limites de chaque cube pris
en lui-même (suppression dans le dernier modèle des limites mêmes du
dessin, amenant à confondre le blanc du dessin avec le fond sur lequel
est tracé le modèle).
Galifrcc-Granjon cc Sancucci notent que Goldsccin dans sa version de
l'épreuve, supprime ccrcaines difficultés, cc propose des aides adaptées pour
les autres. Il supprime la difficulté deuxième en conservant quatre cubes
seulement pour ses douze items. Il propose des aides variées en cas de
difficulté, consistant à passer de l'échelle un demi à l'échelle un, ou à passer
de modèles dans lesquels les limites de cubes sont absentes à des modèles
dans lesquels les limites des cubes sont présentes. En désespoir de cause,
il propose encore une aide en remplaçant le modèle figuré par un modèle
construit avec des cubes, et enfin en construisant crois figures donc une
eule doit être reconnue par l'enfant comme identique au modèle. L'objectif
cherché par Goldscein est la mise en évidence de difficultés abstractives ».
{<
Otons pour notre part que l'on aurait tort de conclure trop rapidement
sur le rôle du langage dans cette épreuve à partir de cette observation. Si l'on
convient que dans la passation de l'épreuve, l'aide verbale ne doit pas être
donnée, qu'elle est à proscrire, considérant qu'elle invalide les condition
de passation de l'épreuve, les remarquables changements qu'elle produit
chez l'enfant nous semblent bien davantage liés à la restauration d'une
relation entre l'enfant et l'adulte dont il fait l'expérience, qu'à la suggestion
passant par la langue. Il se peut que la facilitation ainsi apportée joue sur la
capacité de l'enfant à mettre ensemble ce qu'il a dans chacune de ses mains,
tandis que les deux termes de la relation actuelle prennent leur bonne place.
C'est l'hypothèse interprétative que nous ferons ci-dessous à partir de cerce
épreuve.
Pour le reste, nous remarquons que les travaux successifs menés sur
l'épreuve des Cubes de Kohs, ajoutés à la pratique des dernières versions
du WISC ont eu sans doute quelque incidence sur les caractéristiques de
l'épreuve dans le WISC-IV. Les éléments de difficultés sont relativement
maîtrisés : la disparition des lignes internes est amenée progressivement
les modèles sont de même dimension que les réalisations. Deux couleurs
seulement sont conservées. En revanche la complexification à partir du
nombre de cubes est conservée, comme la position oblique de certains items.
1. La conquête dans notre système d'écriture d'un sens définitif gauche-droite a mis quelques siècles
à s'accomplir, dans le temps que la pensée grecque passait d'une impossibilité à penser la gauche et la
droite du corps dans un autre rapport que hiérarchique.
Clinique au WISC-IV
lecture est donc possible, sur la base d'une référence à l'image du corp
phallique, de divers moments dans la construction avec les cubes ;
• La structure est carrée et réalisée avec des cubes. Il est intéressant de voir
i l'enfant, pour réaliser sa copie, utilise les deux mains en les réunissant,
un cube dans chacune, à la jonction de l'axe médian du corps. C'est
le mouvement le plus fréquent, de bon aloi, qui renvoie du côté du
ujec acteur au collage nécessaire de la gauche cc la droite du corps selon
l'axe vertébral, un axe qui sépare mais qui, dans le meilleur des ca
distingue, sourient et réunit. À l'extrême, quand l'axe vertical/vertébral
est essentiellement séparateur, l'enfant fait avec la main gauche ce qui se
trouve à gauche, et avec la main droite exclusivement ce qui se trouve à
droite. Il peur encore arriver, mais pour des raisons encore différentes,
qu'une seule main travaille, dans la négacion d'un demi-espace. Le cas
échéant, l'observation devrait être confirmée avec d'autres matériels, et
pour les épreuves permettant de repérer le rôle joué par l'axe vertical -
de séparation/liaison - avec l'épreuve de la Figure de Rey.
Les cubes sont la seule épreuve de toute la batterie dans laquelle l'enfant
manie des objets. Il est donc important d'apprécier à cc momcnc la latéralité
usuelle de l'enfant d'une parc, cc son habileté manuelle d'autre part.
> L'habileté
1. L'UDN-2000 n'est pas la batterie d'idcnrificarion des dyspraxies, simplcrncnr clic permet de
nombreuses observations parce que ses matériels de test mettent à de nombreuses reprises l'enfant en
siruarion d'accorder un geste à un bur. Elle permet par là d'identifier l'artirudc du sujet vis-à-vis des
réalités sensibles, et l'incidence de cette attitude sur la problématique d'accès au nombre.
Clinique au WISC-IV
Similitudes
l. Biner A., Simon T., « Applicarion des rnérhodcs nouvelles au diagnosric du niveau intellectuel chez
des enfants normaux cc anormaux d'hospices er d'écoles prirnaires », Armée psychologique, 1905, Xl,
p. 2/45-336. Ciré par Zazzo R., Vcrba-Rad M. cr Gilly M., Nouvelle EcheLle métrique de l'i11teLligma,
3' éd., Paris, Bourrelier, 1968.
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
L'attention
t/orare
.;!il
8~
••c:: Mémoire de chiffres, à l'endroit ou à rebours, est une épreuve séquentielle:
0
<: les chiffres sont dits en une succession quel'enfant doit restituer. Il doit donc
respecter un ordre d'énonciation, cc non simplement rappeler les chiffre
qu'il a entendus.
Cc faisane, le conflit se joue encre cet ordre imposé par le psychologue
pendant le temps limité de la passation et l'ordre canonique des nombr
que l'enfant a acquis, plus ou moins facilement.
'observation devra donc porter sur les facteurs qui perturbent la
restitution. Il n'est pas rare que l'enfant rappelle correctement les chiffr
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
qui ont été énoncés, mais en les remettant dans l'ordre canonique, qui paraît
le rassurer. On peut comprendre en ce cas le besoin ainsi exprimé de revenir
à la règle commune dont cet enfant ne colère pas que cet adulte fass
qu'il en veut. Plus souvent, le recours à l'ordre canonique se fera sur un ou
deux chiffres seulement, quitte à s'en tenir pour les autres à l'ordre énoncé.
uand il est excessif, ce besoin de l'ordre canonique traduit des craintes
persécutives dont il restera à apprécier plus finement l'ampleur et le rôle
qu'elles jouent éventuellement dans des difficultés scolaires actuelles.
L'écriture
La mémoire ne joue pas sur du vide dans l'épreuve de mémoire des chiffres,
etc' est plus vrai encore dans l'épreuve de chiffres à rebours. Quand on pose
la question à un enfant qui réussit bien cette épreuve de savoir « comment
il a fait pour se souvenir», à la condition qu'il ne se soit pas simplement
précipité pour répéter le plus vice possible par peur d'en oublier - ce qui
arrive, cc marche parfois - l'enfant nous dit qu'il a écrie cc qui lui a été
dit dans sa tête. Écrit comment ? « comme sur une feuille, comme sur mon
front». Le rappel repose sur l'écriture, et la répétition nécessite simplement,
quand la suite est écrite, d'être relue.
Ce constat n'enlève rien aux qualités de l'épreuve comme épreuve de
mémoire, il die simplement ce qu'est la condition de la mémoire ... À un
certain niveau de difficulté, la condition à la mémoire est la notation, voilà
un truisme. C'est même pour cette raison, croit-on, que les humains ont
inventé, lentement et patiemment l'écriture garante de ce qui a été dit -
dont elle ne s'acquitte pas si facilement d'ailleurs.
On aura donc intérêt à ne pas faire de déduction hâtive de mauvais résultat
d'un enfant dyslexique dans l'épreuve de mémoire des chiffres: la mauvais
mémoire n'explique pas la dyslexie, mais la dyslexie très certainement la
mauvaise mémoire.
Identification de concepts
l. La carégorisarion y fuir l'objer d'une évaluation particulière, cr sysrérnariquc, avec rrois présentations,
trois tâches différentes: matériel verbal, matériel figuratif, matériel abstrait.
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
coae
L'épreuve consiste pour le sujet à prendre connaissance de signes associés
aux 9 premiers chiffres, un signe par chiffre, puis à recopier un par un, ces
ignes correctement sous les lignes de chiffres. L'épreuve est chronométrée.
Elle est courte, puisqu'elle est arrêtée au bout de deux minutes, plus tôt si
le sujet est rapide. L'évaluation porte sur le nombre de signes correctement
écrits, dans le temps donné. Il y a une bonification en points pour un remp
inférieur au temps limite.
L'épreuve mérite bien de figurer parmi les épreuves de « Vitesse de
traitement». La vitesse est le premier paramètre de réussit.•..
Pour aucanc cccce vitesse, quand nous observons un en fane, qui a de forces
chances de connaître quelques difficultés dans son développement puisque
nous l'observons, la vitesse ne signifie pas grand-chose par elle-même. Elle
est, elle-même, le produit de nombreux paramètres.
don l'expérience la plus simple, le bon score sur l'épreuve peut être
principalement imputable à deux causes en interaction judicieuse, la rapidité
et l'exactitude. La rapidité brouillonne est coûteuse à la longue, la recherch
Clinique au WISC-IV
d'exactitude peut l'être également quand elle fait perdre de vue le but de
l'épreuve qui est un score maximum en points. Recherche d'exactitude et
recherche de rapidité sont donc les premiers éléments à observer.
Cependant, du point de vue de ce qui est requis dans l'épreuve, les
observations peuvent être beaucoup plus étendues. L'exactitude peut être
respectée soit en mémorisant, soit par le retour permanent au modèle,
mémoriser peut faire perdre du temps si le sujet ne prend plus la peine de
vérifier ce qu'il écrie, ou s'il vérifie tout de même après coup, trop longtemps.
La rapidité peut être là pour cette seule épreuve, provoquée par l'effet
du chronométrage qui transforme l'épreuve en challenge. Inversement, le
chronomètre augmencant l'anxiété peut gêner la rapidité.
Le commentaire que l'on rapportera en marge de l'épreuve après un
premier coup d'œil sur le travail de l'enfant, même réduit à une seule phrase
est donc déjà porteur d'enseignements cc d'hypothèses multiples.
Au-delà du premier constat, l'analyse doit prendre en compte d'autre
observations :
• La première concerne la manière dont l'enfant procède à l'égard du
modèle, la qualité de sa lecture, ici de la focalisation de son attention sur
les divers éléments à recopier, c'est-à-dire de son attention;
• Le nombre d'allers-retours nécessaires pour tracer un ou plusieurs sign....,,
et leur efficacité (un seul coup d'œil ou plusieurs pour un signe) ;
• L'économie de gestes éventuelle s'il s'est avisé que le modèle a déjà été
reproduit une ou plusieurs fois, et se contenter de regarder sa ligne plutôt
qu'au-dessus;
• La qualité générale du processus de copie, méticulosité ou bâclage·
• Le processus de copie, avec la tenue du crayon, la main utilisée, le sens
dans lequel elle est effectuée - l'enfant procède-t-il pour chaque lettre
comme vous l'auriez vous-même fait? ou adopte-t-il un sens de tracé
.;!il curieux et peu économique ?
8~
••c:: • La position générale du corps au cours de la copie, reposante ou fatigant...,
0
<: le rôle donné à l'autre main, tenant ou non la feuille.
L'ensemble des observations dont la liste ici n'est pas exhaustive se fait plus
ou moins délibérément en cours d'épreuve. Elles anticipent et complètent les
appréciations sur les scores qui n'ont pas de sens sans elles. Elles permettent
des hypothèses, ou étaieront d'autres hypothèses, sur d'autres épreuves, dans
des rubriques déjà bien repérées. Nous en citons quelques-unes ci-dessous.
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
L'attention et la mémoire
Les premiers items d'exemple sont - ou non - des items d'apprentissage.
lis introduisent les premiers nombres, et, dès le départ du chronométrage,
le psychologue pourra voir la différence entre l'enfant qui déjà a appris et se
dispense pour les premiers chiffres de retourner au modèle, et l'enfant qui
n'en tire aucun profit, et continue longtemps la copie servile consistant à
revenir pas à pas au modèle. Entre ces deux enfants, coutes les couleurs de
la palette sont visibles.
La mémorisation et l'attention sont ici indissociables, la mémoire ne
pouvant être que le produit d'un effort volontaire d'attention à un certain
moment. Penser qu'elle peut venir mécaniquement est une idée jolie, mais
nous le craignons, peu réaliste: celui qui n'aura pas fait l'effort mental
d'apprendre le numéro de téléphone de sa belle-mère pourra y revenir
indéfiniment sans jamais le retenir, jusqu'au jour où, enfin, à se le répéter,
volontairement, il aura frayé le chemin de sa mémoire : il faudra pour cela,
on le sent bien, qu'il le veuille.
Mémoriser supposant une démarche volontaire, le défaut de mémoire sur
cette épreuve peut recevoir des explications multiples qui renvoient d'abord
à des attitudes très générales et parfois tout à fait délibérées face au test :
• insuffisante mobilisation pour l'examen, accepté en surface, mais refusé
intérieurement ;
• insuffisance mobilisation pour ce type d'épreuve, certains sujets estimant
qu'il n'y a là rien à gagner quant au plaisir de fonctionnement mental
quand ils ont le bonheur de savoir qu'il existe;
• refus de l'épreuve qui s'apparente pour le sujet à une copie servile, obligée,
d'un modèle qui n'a de réalité nulle part ailleurs
Quand l'échec est lié à des comportements moins délibérés, moins en
accord avec l'attitude générale de l'enfant vis-à-vis de l'épreuve, il peut être
lié à de réels troubles d'attention. L'enfant souhaite réussir, mais se décourn
est distrait en cours de route par n'importe quel événement, qui vient créer
une sorte de rupture, plus stressante pour l'examinateur que pour l'enfant.
Comportement psycho-moteur
Les troubles moteurs sont à l'évidence une gêne à la réalisation de l'épreuve.
Ils peuvent concerner la main seule ou impliquer l'œil et la main. Comme le
Clinique au WISC-IV
Inhibition
L'inhibition joue un grand rôle dans les épreuves chronoméuées, ce qui est
une évidence, puisqu'elle est le plus souvent un comportement qui flirte
avec la lenteur, jusqu'aux limites du refus, er qui invalide les réponses par
impossibilité d'aboutir. Elle a le plus souvent une fonction relationnelle:
dans un test verbal, l'enfant inhibé ne répond pas ou a minima, jusqu'au
moment où l'examinateur répète sa question, la reformule éventuellement,
et fini par entendre que l'enfant est en train de lui répondre, mais sans êtr
bien certain de ce qu'il a entendu. Il fait répéter, l'enfant répond en faisant
la grimace de celui que l'on contraint méchamment, et comme ce n'est
toujours pas audible, le psychologue émet un « Tu as bien dit que ... » ce qui
permet à l'enfant très nettement de répondre « non l » en prenant l'adulte
à contre-pied. L'enjeu, on le perçoit, est la maîtrise de la situation en un
.;!il retournement avantageux de l'agressivité.
8~ L'inhibition dans les épreuves non verbales ne s'exprime pas de la même
••c::
0
<: manière et n'a pas le même poids. Comme la parole, qui est l'arme de
l'adulte pour contraindre l'enfant et le renvoyer à sa petitesse n'est pas
impliquée, l'inhibition quand elle n'est pas trop étendue peut donc être
moins redoutable dans les épreuves non verbales. Mais ce n'est pas vrai
de l'écriture. Les expériences négatives et répétitives faites dans la scolarité
auront à n'en pas douter une incidence sur la manière dont l'enfant répond
à la consigne de l'épreuve de « Code », trop proche d'une situation scolair
désavantageuse pour l'enfant en échec.
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
Le freinage peut s'exprimer dans le cas d'enfants qui ne sont pas réputés
inhibés, bien au contraire. Il sera d'autant plus important que l'anxiété
augmente avec une épreuve dont la consigne relève de la double contrainte :
« t.crit vite, mais - pour écrire bien - prends ton temps.» Si l'écriture de
l'enfant est réputée mauvaise avant l'épreuve, il peut s'agir d'un enfant qui
ne tolère pas de mettre dans le tracé des lettres le temps nécessaire à leur
bonne copie, ce qui est- parmi bien d'autres caractéristiques - le cas des
enfants instables : les troubles moteurs se conjuguent à leur intolérance face
au temps et aboutissent, soit à des erreurs en grand nombre, soie à des tracés
lents, méticuleux mais maladroits, sans fermeté.
Vocabulaire
Il est certain que l'âge distingue l'étendue du lexique d'un enfant. C'est
un argument majeur pour l'échelle unique de vocabulaire au travers des âges
à condition de tolérer d'évaluer les effets d'un apprentissage progressif qui
ne saurait être, même relativement, indépendant du milieu familial et de
l'école.
L'âge peut distinguer également le type, voire un niveau de réponse que
l'enfant va privilégier pour définir les mots inducteurs, et là, le problème de
l'échelle unique est posé.
Ces deux questions sont distinctes : nous considérerons successivement la
relation encre l'âge ec le lexique, puis la relation entre l'âge et les modalités
de réponse.
Il est non moins certain que la catégorisation logique n'est pas d'une
utilisation indépendante du contexte, et qu'elle peut être utilisée avec d' autr
formes de catégorisations, contextuelles ou slor-fillers, Le dégagement qu
marque la catégorisation logique par l'abstraction des données perceptives
est un processus qui n'est pas abouti à huit ans, et qui ne le sera peut-être
jamais totalement.
Il est certain enfin que la catégorisation logique est un produit de culture
familial puis scolaire.
Mais une fois ces réalités admises, les choses deviennent simples. On admet
quel' on évalue ce quel'enfant veut bien prendre et réutiliser de cette culrure en
présence d'un adulte donc c'est la spécialité.L'épreuve de vocabulaire se prête
bien à cet exercice, et l'enfant brillant aux yeux du psychologue est celui qui
nous étonne par la manière d'emprunter le meilleur niveau de définition, qui
t le meilleur niveau de catégorisation dans l'épreuve.
Ainsi en vient-on à s'interroger sur l'utilisation possible d'une échelle qui
confond dans sa notation deux types de réponse, catégorielle ou descriptive,
comme si deux réponses descriptives valaient pour une réponse catégorielle.
Pour palier à cet inconvénient, les auteurs de la NEMI, que nous venons
de citer, adoptent un système de notation unique. Elle ignore le niveau
de la réponse, pour ne s'intéresser qu'au seul constat du nombre de mot
que l'enfant connaît. Le manuel précisc i « C'est l'étendue du vocabulaire
qui compte ici; on ne tient pas compte de la précision ou du niveau
d'élaboration de la définition. >}
donc toutes les chances d'un écart réduit en nombre d'items encre la
dernière réussite et la première faute. Malgré cela, pour certains ca
d'enfants, la dispersion peut être élevée: quand par exemple l'enfant
souvient mieux et définit plus volontiers les mots d'acquisition récente
que ceux qui auraient dû être acquis bien plus tôt et ne le sont toujours
pas. Une faille dans le développement peut ainsi se révéler (réelle ou
imaginaire) 1, concernant une période au cours de laquelle en apparence
. ) . , ,, .
rien n aurait ere acquis ;
• Concernant le niveau de pensée catégorielle, les mots incitent plus ou
moins à l'abstraction propre à la catégorisation logique : les catégories
de base sont plus ou moins aisément accessibles, elles sont plus simple
pour les substantifs que pour les adjectifs et les verbes, lesquels seront
définis aisément par un synonyme. L'appréciation du niveau de pensée
catégorielle peut donc être délicate. Néanmoins, on peut être sensible à
la facilité avec laquelle l'enfant recourt à cette manière de définition, ou
non. On peut être sensible au poids qu'il lui accorde, et à ses exigence
personnelles de niveau de pensée: des enfants n'acceptent pas sur cette
épreuve cc qu'ils ressentent comme le mode d'expression d'un petit
enfant, d'autres tolèrent crop bien les registres de pensée fluctuants.
En tout état de cause, nous le constatons, l'épreuve de vocabulaire peut
être vue comme quelque chose de simple, sur quoi le praticien n'a pas
grand-chose d'autre à dire qu'une note, en précisant que c'est une épreuve
d'intelligence cristallisée, et qu'elle témoigne d'un niveau de connaissance.
Ou bien il peuc accacher de l'importance à la complexité réelle de l'épreuve
cc aux variations dans le niveau lexical et plus encore aux variations dans le
niveaux de définition auxquels l'enfant recoure. Elle est alors susceptible de
livrer une grande richesse d'observations propres à ce qu'elle évalue. Eli
nécessite alors, comme toutes les autres, une analyse au niveau de l'item.
Séquence Lettres-Chiffres
1. imaginaire quand la faille est dénoncée par l'absence des mots dont l'utilisation la caractérise.
Clinique au WISC-IV
Matrices
L'épreuve des Matrices est nouvelle dans le WISC-IV. Elle est inspirée du
test de Raven (PM-38). Elle présente avec celle-ci des différences notables.
elon les analyses factorielles rapportées par Keith et al. (2004) et
reproduites ci-dessus, les Matrices seraient sa curées par le facteur T ncelligence
fluide principalement, cc par le facteur Gv, spatial. Pour .les autres étude
citées par Flanagan et Kaufman (2004), elle est une épreuve d'Inrelligen
fluide.
ous savons qu'elle est pour le créateur J.C. Raven et pour J. Raven
actuellement une épreuve d'éduction, pour le vocabulaire issu de Spearrnan,
et dans le champ conceptuel contemporain, d'induction déduction. Ces
derniers termes désignent la manière de résoudre le problème : l'ensemble
présenté au regard du sujet présence des éléments dont la présence dans
l'ordre où ils sont disposés relève d'une règle: cette règle est appliquée à la
déduction de l'élément manquant.
i l'on considère non plus le processus mais l'opération mentale, on peut
voir dans cette épreuve un exercice de la pensée catégorielle: l'association
encre les éléments est consécutive à l'abstraction de qualité commune à
partir de l'ensemble des caraccérisciqucs non pertinences au regroupement.
Abstraire des traits communs et des différences par des comparaisons est une
activité catégorielle : c'est les sens même des opérations de rapprochement
différenciation conduisant à une distribution des objets dans des classes.
L'opération de classification au sens de la logique formelle est une opération
de définition.
Clinique au WISC-IV
axe vertical unissant une gauche et une droite qui longtemps pour l'enfant
paraissent symétriques : quand elles sont le support de différenciation,
lles sont distinguées absolument, à l'image des différences liées à ce qu
Wallon nomme la pensée par couple. La différence distingue absolument.
On peut donc penser que l'introduction d'une ligne différenciatrice
verticale -qui n'oppose pas absolument- introduit un questionnement
intéressant sur la reconnaissance de cerce différence ;
• Nous avons souligné précédemment le passage de problèmes posés sur
des objets concrets à des problèmes sur des objets abstraits. Nous devons
ajouter que les objets abstraies sont des objets colorés, qui peuvent même
avoir une épaisseur dans le dernier tiers de l'épreuve. Ils apparaissent
moins des figures géométriques abstraites que des objets pouvant avoir une
rtaine consistance. Cette différence avec les Matrices progressives a son
importance. Les PM-38 sont d'emblée des figures abstraites, commandant
le détachement perceptif- jusqu'à un certain point puisque la figure
reste visible. Dans les matrices du WISC-IV, le travail d'abstraction
est davantage accompagné par la réalité perceptive des objets imagés.
L'abstraction est un dégagement des réalités perceptives, mais pour obtenir
le dégagement perceptif, on ne se situe pas d'emblée ec totalement dan
l'abstraction. Le dégagement perceptif est limité puisque les objets sont
toujours là (cc même des images d'objets réels au début). La distanciation
avec les objets de la réalité accompagnant l'abscraccion est plus lente, cc
progressive que dans le PM-38 au moins pour les débuts;
• Cerce structure de l'épreuve qui guide l'enfant vers progressivement plu
d'abstraction répond à la constante des bons enseignements. Les notions
sont abordées peu à peu, par complexification croissante, une progression
au cours de laquelle les modes de pensée caractéristiques des âges de
l'enfance sont repérés. L'enfant apprend les Ma.cric.es, comme pour le
PM-38, en les faisane. Nous voyons bien, si nous lui en laissons le temps,
que la progressivité dans l'épreuve est bien ressentie par l'enfant qui
peur changer son comportement au fur et à mesure de la progression.
i cour se passe bien, il se donne d'ailleurs plus de temps à mesure qu'il
avance. C'est de ce point de vue une des épreuves les plus intéressantes du
WISC-IV : elle permet, réellement, de parler d'un processus de répons...,
et d'un processus d'adaptation à l'épreuve.
Clinique au WISC-IV
Compréhension
Symboles
risqué. Il peut se tromper, mais son savoir n'est pas en cause, on ne lui
pose pas« des questions qu'il connaît même pas». Tout est là sous ses
yeux, rien à figurer mentalement. Juste de la vigilance et de la rapidité.
Il peut même se sentir dans la peau du maître ou de la maîtresse qui
sanctionne. L'inversion des places est à coup sûr un élément intéressant
du jeu pour réussir l'épreuve ;
• À l'inverse, la même consigne peut induire des comportements très
différents chez d'autres enfants. Nous en avons un exemple ci-dessous
avec l'observation de Durban. L'enfant piétine (ou il nous en donne
l'impression) dès la consigne, son stylo à la main, incertain de ce qu'il
doit faire, oser barrer le oui ou le non est déjà toue un monde. Quand il
paraît avoir saisi le sens du travail demandé, il ne se précipice pas sur le
premier symbole, il piétine encore, puis il barre cc commet la première
erreur, qu'il perçoit après coup, quand il veut passer à l'item suivant. Il ne
renonce pas mais il hésite à y revenir, il y revient cependant de manièr
plus décidée. Le psychologue peut l'encourager, mais doucement, toute
tentative d'accélération conduisant irrémédiablement à l'effet inverse.
De fait quand tout est terminé, on peut constater un grand nombre
d'erreurs, d'allers et retours encre des signes également barrés, masquant
des confusions par proximité graphique ... Les hésitations dominent
l'ensemble. Elles peuvent s'attacher à des tableaux différents, l'inhibition,
l'hésitation n'est pas le fait du seul obsessionnel. Elle peut aussi se
rencontrer de manière générale chez des enfants fragiles, insécurisés, et
dans le cas que nous venons de décrire chez des enfants qui masquent les
différences en organisant une sorte de flou qui ne permet plus même d
les percevoir.
Encre les extrêmes que nous venons de considérer, bien des manièr
différentes trouvent une place. Ce que nous enseigne « Symboles », un
épreuve simple dans son administration et dans sa cotation, est la difficulté
.;!il
8~ de l'interprétation.
••c:: Celle-ci devrait mettre au premier plan la vitesse, mais quelle vitesse ? La
0
<:
vitesse d'exécution bien sûr, pas la vitesse de base du système nerveux donc
on se demande bien ce que cela pourrait être ... La vitesse d'exécution est
sous l'emprise de nombreux paramètres, dont la motivation à réussir n'est
pas le moindre, non plus que la volonté, la vigilance, la concentration ...
Tous ne pourront pas être exactement appréciés pour cerce seule épreuve
il reviendra au clinicien d'apprécier ce qui lui paraît pertinent dans son
accompagnement de l'enfant.
Les épreuves au WISC-IV. Éléments d'analyse
Arithmétique
d'absence mentale dans la situation de test. Cette manière de faire est lisibl
dans la suite des bonnes et mauvaises réponses de l'enfant, avec un grand
écart entre le premier item échoué et le dernier item réussi.
Plus fréquemment, l'examinateur peut considérer l'effort qu'il doit lui
même produire pour obtenir la présence de l'enfant (nous voulons dire
son attention), en variant les intonations, en faisant en sorte d'être très
présent lui-même, en articulant de façon à garder, à contenir l'attention de
l'enfant pour chaque segment de mot de l'énoncé, énoncé qu'il décompose
par un respect scrupuleux de sa ponctuation. Tous les enfants ne nou
impliquent pas de la même façon auprès d'eux. Nous sentons bien que notre
adaptation à leur manière répond d'abord aux nécessités que le test puisse
être correctement administré, cc que ces nécessités ne nous entraînent pa
toujours dans les mêmes dépenses : là où la neutralité de ton suffit pour le
ujet adulte •< normale-névrotique » et pour les enfants dont on dit qu'il
vont bien, l'effort doit être d'une autre nature pour les enfants dits fragiles,
ceux qui ne travaillent efficacement qu'à la condition que leur enseignant
soit à proximité d'eux. Il arrive donc, dans ces cas, que le résultat du test
contredise l'appréciation qui est habituellement portée par l'enseignant, et
même notre impression initiale. Avec la pratique, nous savons, quand nous
donnons l'énoncé, à quel moment nous sommes entendu, nous savons si
nous l'avons été, et nous savons que si nous l'avons été la réponse de l'enfant
à notre énoncé ne sera pas aberrance. Il peut donc se faire que par la vertu
d'un ajustement bien senti à l'enfant, sa performance dépasse l'impression
première. Nous n'aurons pas pour autant identifié un enfant bien doué
qui se cachait sous des allures de cancre, mais l'épreuve d'arithmétiques
présentant comme une épreuve d'attention, nous aurons aidé l'enfant fragil
à surmonter son angoisse à être seul. Cette appréciation n'invalide pas ce
que l'on peut noter de l'aisance de l'enfant dans le maniement du nombre,
mais elle permet de dire les conditions de cette aisance, sans contredire les
appréciations habituelles de l'enseignant en la matière.
En dehors de ces cas heureux, il peur se présenter bien d'autres situations
moins faciles, dans lesquelles l'anxiété de l'enfant d'avoir à se souvenir, à
retenir les informations pertinentes, à conserver et traiter les opération
demandées l'amène avant même que l'énoncé soit achevé à réinterroger, à
nous demander de répéter, ou dans d'autres cas à se taire en attendant qu
cet énoncé soit enterré pour passer à autre chose. Tous les cas peuvent s
présenter, qui jouent de manière différente de la mémoire et de l'oubli, d
la fuite en avant qui n'entend pas l'énoncé ou de l'inhibition qui plombe la
question.
Clinique au WISC-IV
Ce n'est qu'à la condition que ces facteurs d'échec soient levés que 1
autres aspects de l'épreuve peuvent être perçus, dont notamment, l'aisance
à l'analyse d'énoncés verbaux, et plus loin l'aisance dans le maniement du
nombre, voire dans les opérations sur les nombres. Rappelons à ce sujet qu
répondre 11 au lieu de 12 à rel item est une mauvaise réponse, que rien
dans la notation ne distingue d'une absence de réponse, ou d'une réponse
témoignant que l'énoncé n'a pas été compris ou même entendu. Il n'y aura
donc que l'appréciation du clinicien au cours de la passation sur le sens
à attribuer à chaque réponse qui pourra signifier le sens à accorder aux
difficultés rencontrées qui ne se résument que bien rarement dans le déficit
de « Mémoire de travail ».
CHAPITRE
12
1
Observations avec
le WISC·IV
1
Félix, 8 ans, un enfant présentant un retard significatif
d'apprentissage en lecture (dyslexie) ••••.••.•••...•........... Pagelll.
_J
Clinique au WISC-IV
Lors de notre première rencontre, Félix paraît ailleurs, préoccupé sans êtr
triste. Son visage est fermé. L'impression pourrait plutôt être celle d'un
ennui incommensurable ou d'une très grande fatigue. Comme je l'interroge,
il me dit qu'il dort bien ... Ce que ne confirme pas sa sœur au maître de la
classe qui s'était inquiété. Félix passerait beaucoup de temps dehors, même
le soir, « jusqu'à plus d'heure ».
Il n'a pas grand-chose à dire sur son père et son décès, il s'en tient aux
formules les plus courtes pour répondre à mes questions. Je ne poursuis pas
l'investigation, et je clos après avoir marqué ma compassion a minima. Félix
me sourit et me demande ce qu'on va faire. Puis il me die simplement qu'il
n'est pas enchanté à la perspective de devoir travailler, de réfléchir, ou de
répondre à des questions. li accepte cependant de s'y mettre; par la suite,
pendant l'examen, il se tourne constamment d'un côté ou de l'autre de la
pièce, écoute les bruits au dehors et questionne sans fin sur le temps que
cela va durer, sur ce que nous ferons après, sur l'heure de la récréation ou
l'heure de la sortie.
L'examen est principalement marqué par la difficulté que j'éprouve, du
début à la fin, à mobiliser l'attention de l'enfant. Dans les épreuves verbales,
il tend à me faire répéter chaque question. Bien que je prenne la précaution
à chaque nouvel énoncé de m'assurer de son regard, il décroche après les
premiers mots. Il faut que je me rapproche de lui au-dessus de la table, ce
qu'il supporte crès bien, si je veux le garder présent jusqu'à la fin de l'énoncé.
Bien qu'il faille aussi le rappeler à la situation à chaque nouvel item de
chaque nouvelle épreuve non verbale, sa participation est meilleure dan
l'épreuve des «Cubes» du WISC-IV, et dans une moindre mesure pour
les Matrices. Il est également bien présent dans les épreuves chronométrées,
ans être aucunement performant cependant. L'aspect chronométré ne le
conduit pas à accélérer son rythme, bien qu'il montre par coute son artirud
que cette fois, il a compris: « J'ai pigé» me dit-il, puis incertain: << Ça veut
dire quoi "pigé" ? » Les réponses sont lentes à venir, désespérantes de lenteur,
pleines d'hésitations, d'allers et recours désordonnés entre les choix possibles.
Clinique au WISC-IV
'ensemble de l'ex.amen est donc au sens propre une épreuve, pour nou
deux, particulièrement longue et laborieuse. Félix ne refuse pas son attention,
il ne refuse pas les efforts que je fais, il les voit, les admet et s'y montre
sensible. Quand je pointe le doigt vers lui pour l'inciter à parler à son tour, il
répond, mais avec lenteur, hésitation, comme s'il ne disposait pas des mots
à retourner à cet adulte qui interroge.
Du fait d'une attention trop labile, prompte à s'effacer dès que je me
penche sur la feuille de protocole pour écrire sa réponse, à cause des efforts
constants que je dois faire pour le ramener à la situation, à cause encore
de la lenteur avec laquelle il raisonne, manipule ou écrie, l'examen s'avère
trop long pour être fait en une fois. JI nous prendra deux heures, en deux
rencontres.
ambiance sera différence lors de la deuxième rencontre. Bien que les
difficultés à mobiliser son attention soient inchangées, je noce plus de plaisir
à la rencontre, et même un certain enjouement à l'idée de retrouver les Cubes.
Il est déçu d'entendre que c'est déjà fait, mais accepte plus facilement la
suite, en marquant nettement sa préférence pour les épreuves non verbales.
e tableau .12...l présence le résumé des scores obtenus sur les diverses
épreuves.
QT est subnorrnal, mais la note globale masque une grande
hétérogénéité entre les différents indices du WISC-IV. On relève vingt
points d'écart encre les indices « Compréhension verbale » er « Raisonnement
perceptif» d'une part, et « Mémoire de travail» et « Vitesse de traiternenr »
d'autre parc.
Ce constat est conforme à l'impression générale rapportée, faisant état
.;!il de difficultés d'attention concentration et d'une lenteur évidente dans les
8~ épreuves papier de « Code » et «Symboles».
••c::
0
<: Les notes d'échelles obtenues dans les épreuves de « Raisonnement
perceptif» n'étaient pas prévisibles, au regard du constat fait par le maître et
de l'échec massif de Félix dans sa scolarité. Pas davantage les noces d'épreuves
de << Compréhension verbale». Elles éliminent l'hypothèse de déficience
inrellectuclle.
À l'examen, on relève des écarts importants encre deux épreuves verbales,
«Vocabulaire» (7) ct « Cornpréhcnsion » (11), cc encre deux épreuves de
raisonnement perceptif, << Cubes» (12) ct « Identification de concepts>> (8).
Observations avec le WISC·IV
'ableau 12.1
Note
Subtests Note standard Total
brute
lev Irp Imr [vt
Cubes 34 12
Similitudes 13 9
Mémoire des chiffres 9 5
Identification de concepts 13 8
Code 22 4
Vocabulaire 17 7
Séquences Lettres-Chiffres 11 7
Matrices 16 10
Compréhension 13 Il
Symboles 12 7
Complètement d'images (18) (10)
Sommes notes standard 27 30 12 Il 80
lev lrp lmt lvt QT
Note composite
94 99 76 76 83
Rang percentile 34 47 5 5 13
Légende : les scores sonc convertis de la noce brute en noce standard portée au regard
des quatre indices : Compréhension verbale, Raisonnement perceptif, Mémoire
de travail, Vitesse de rrairernenr.
Ces écarts pourraient nous inciter à regrouper des épreuves qui ne figurent
pas dans les mêmes échelles. Autrement die, la ligne de partage des efficiences
ne paraît pas coïncider avec l'opposition entre « Compréhension verbale»
et « Raisonnement perceptif».
L'analyse du protocole
Pour d raisons propres à cette observation, nous regroupons les analyse
dans d catégories qui suivent le fil de notre synthèse.
> Le langage
Alors, pour définir, il recourt à une autre méthode que celle de l'adulte,
méthode dont il n'est pas vraiment satisfait, qu'il donne presque à regret, en
' xcusant de ne pas « bien le dire». Il définit l'objet par son utilité ou bien
il le replace dans le contexte de son utilisation habituelle. Au pire, il peut
même définir l'objet par les traits qu'il lui faudrait faire pour le dessiner.
Les définitions conceptuelles sont exceptionnelles, ce qui nuit au score final
puisque ses réponses ne sont jamais que des réponses à un point. Au total
donc, il connaîtrait plus de mots qu'il ne le montre par sa performance
dans l'épreuve de vocabulaire, des mots qu'il a entendus, qu'il pressent, san
qu'ils soienc pour autant disponibles à une bonne utilisation. Une autre
manière de dire i « Il en comprend plus qu'il n'en dit.»
Le comportement de l'enfant dans cette épreuve doit être confronté à ce
qu'il produit dans l'épreuve de « Similitudes», épreuve de catégorisation
verbale par excellence, de conceptualisation dans le meilleur des cas. Au
départ del'épreuve, ses réponses rendent à identifier les objetspar le mouvement
dans lequel ils sont pris ou impliqués. Puis il comprend et admet que l
jeu ne sera pas satisfaisant comme ça pour nous deux, et il livre de vrai
catégories pour une bonne série d'items, jusqu'à ce qu'il soit à nouveau
onfronré au manque de mot pour désigner la catégorie commune à laquell
appartiennent les deux objets nommés.
L'observation montre que Félix a bien perçu ce qu'est, pour cet adulte qw
l'interroge, une réponse de bon niveau » dans les épreuves verbales. C'est
(<
une réponse conceptuelle. 11 a bien perçu ce qui vaut dans le milieu où nous
nous trouvons, l'école, et les valeurs sur lesquelles il fonctionne. Dans la
mesure du possible il tente de s'y conformer, de se hisser au niveau requis.
Le manque de lexique pèse lourd à ce moment, candis que la régression à
,;!il un niveau pré-conceptuel quand elle survient n'a pas de limite. S'il pouvait
8~
••c:: dessiner dans l'air l'objet mentionné... Le geste ou l'image lui irait mieux.
0
<: Mais, insistons, l'aspect positif de l'observation est qu'il sait distinguer le
niveaux de réponse qu'il donne à la demande de catégorisation, et sait la
valeur de celui qu'il utilise.
Cette intuition que l'on peut dire « sociale» dans le repérage des situations
et de leurs règles est confirmée dans l'épreuve de Compréhension, malgré
le manque de vocabulaire de Félix, malgré ses incompréhensions à l'écoute
d'énoncés émaillés de mots difficiles. Au besoin, pour pallier une attention
toujours très labile, il me demande de répéter l'énoncé et répond, de
Observations avec le WISC·IV
proche en proche, en effaçant une première réponse qu'il juge après coup
insuffisante, et en tentant une seconde réponse.
Le souci pour autrui, la connaissance des règles de vie commune est
exprimée de façon nette, utilisant des formulations dans lesquelles le « Je»
s'affirme comme manière de présentation responsable de soi. L'intégration
de règles morales est typique de la morale de l'enfant en début de latence:
on applique les règles parce qu'il le faut, parce que l'autre a la force pour
lui. Mais les règles ne sauraient être nocives, elles servent tout le monde et
aident les démunis. C'est une définition possible du stade de l'hétéronornie.
Ces observations contredisent les observations récentes de l'enseignant dan
le cadre de la cour d'école, ce qui sera à réfléchir avec lui. Elles laissent à
penser que le moment actuel de coupure de ses relations amicales est un
moment transitoire - peut-être lié au deuil - qui n'efface pas l'acqui
antérieur du développement de sa conscience morale.
ous rapprochons de cette épreuve d'adaptation verbale une epreuv
dire aujourd'hui de raisonnement perceptif, « Complètement d'images».
Globalement, comme il s'agit d'analyser d'une image concrète pour y trouver
un détail manquant, elle pourrait signer la bonne adaptation pratique de
l'enfant. Dans le cas de Félix, l'ana.lyse du protocole par item ne contredit
pas ce premier constat, mais elle apporte d'autres indications :
• une alternance de bonnes et mauvaises réponses qui nous mène jusqu'au
dernier item de l'épreuve;
• des réponses « régressives r,, qui sont la marque de l'enfant jeune, victirn
ur l'épreuve du réalisme enfantin - ce stade du dessin pour lequel 1
dessin représente tout ce que l'enfant sait de l'objet, et non ce qui se voit.
La succession des réponses indique qu'un échec est régulièrement
uivi de plusieurs autres avant que l'enfant ne se ressaisisse cc puisse à
nouveau raisonner de manière efficience. C'est l'indice d'une fragilité qui
se confirme dans le second aspect remarquable du protocole de répons
la représentation humaine limitée à une partie du corps est mal supportée
comme s'il fallait nécessairement qu'il soir entier. Comme il s'agir de dessins,
on peut penser que pour Félix, le trait qui dessine le contour ne doit pas, ne
peut pas s'arrêter sans le fermer. La limite qui isole l'intérieur de l'extérieur
doit être fermement dessinée, d'un trait continu, séparant clairement l'image
du fond. Le trait qui sépare dans ces conditions isole absolument l'espace
interne de l'espace extérieur, il est imperméable. C'est une certaine sensibilité
aux limites qui s'exprime ici, à l'occasion des représentations humaines
Clinique au WISC-IV
>- L'écriture
,;!il
8~ L'écriture nous paraît devoir être rapportée à l'hétérogénéité des niveaux de
••c:: réponse. Félix écrie mal, bien plus, il écrie comme un toue petit.
0
<:
Il confirme sa difficulté à écrire dans les épreuves qui concourent à
l'évaluation de l'indice « Vitesse de traitement». Cet indice est le plus
péjoratif de coute la batterie, avec « Mémoire de travail >>, et le mauvais score
est en grande partie imputable à l'épreuve de «Code». Nous rctrouvon
ici le profil des efficiences du groupe expérimental d'enfants présentant
un trouble de la lecture et de l'expression écrite dans l'étude américaine
mentionnée et résumée dans le Manuel d'interprétation du WISC-IV.
Observations avec le WISC·IV
,. L'apprentissage
fait, la progression est rythmée par les pages tournées, chacune étant l'objet
d'un nouveau rappel à la tâche.
épreuve propose d'abord des items dans lesquels la pièce manquante
sr la réplique exacte des objets concrets figurés dans les trois cases en
haut à gauche, en haut à droite, en bas à gauche. Une première rupture
est amorcée avec une opposition selon l'axe médian vertical ou selon l'axe
médian horizontal. Elle oppose d'abord les dessins selon un caractère, puis
une deuxième rupture est introduite par laquelle l'élément à trouver est
le produit du croisement de deux classes horizontale et verticale. Félix
'acquitte de la tâche en progressant lentement dans les premiers items. Il
bute sur le premier item d'intersection encre deux classes, une fois, deux fois,
semble prendre la mesure du problème mais se trompe une nouvelle foi
avant de réussir une suite de crois items formés sur le même principe, pui
une nouvelle suite de crois items. Les deux réussites dernières ne concernent
plus ce principe.
La troisième rupture dans l'épreuve, qui passe de quatre cases à neuf cases
n'est le lieu d'aucune réussite. Les items proposent alors des relations spatiales
complexes qui ne peuvent être résolues qu'en adoptant un sens de lecture
gauche droite, haut bas conforme à notre écriture, au lieu des oppositions
selon les axes de symétrie des items de première moitié d'épreuve. Autrement
die, le principe d'une continuité d'une case à l'autre ne peut être surmonté
qu'à l'aide de l'outil incelleccuel pour penser l'espace de représentation
graphique qu'est l'écriture.
i nous burons, croyons-nous, sur la limite actuelle que peut atteindre
l'efficience d'un enfant qui ne semble pas disposer de cet outil, l'épreuve
des Matrices celle qu'elle est, confirme nos observations précédentes dans
l'épreuve des « Cubes» : Félix requiert une attention de tous les instants, et il
la met à profit dans le temps même d'une épreuve donc il fait la découverte.
Que ces épreuves soient considérées comme saturées par un facteur
.;!il « intelligence fluide» dans les recherches sur cinq facteurs et plus, n'a
8~ d'intérêt que pour souligner les potentialités de l'enfant. Nous faisons W1 pa
••c::
0
<: de plus dans l'observation, quand, mettant à profit la structure de l'épreuve,
nous parvenons à identifier le bénéfice que l'enfant tire de notre présence,
des efforts que nous faisons pour le mobiliser sur la tâche à chaque nouvel
essai, et de ce qu'il comprend en progressant dans le cours de l'épreuve.
Observations avec le WISC·IV
> L'attention/concentration
1. Procédé avec l'ardoise connu chez les pédagogues sous le nom de « procédé La Martinière». C'est
à norre sens moins la rigueur qui fonctionne en ranr que relie, que le ryrhme rigoureux d'ensemble
dans lequel tous les enfants sont pris, qui fonctionne même pour des enfants déficients légers.
Clinique au WISC-IV
d'un temps asservi qui perd ainsi son aspect persécuteur chez les enfants qui
oublient. Elle nous a servi ici, mais nous nous sommes heurté à un troisième
problème.
ans l'épreuve « Séquence Lettres-Chiffres» l'utilisation de l'alphabet
rassure, mais elle est problématique pour Félix qui ne peut dire sans se réciter
route la suite si le M est dit avant le Rou après. C'est donc rapidement un
facteur d'échec qui s' ajoure aux difficultés de l'épreuve. Pour l'essentiel il
renvoie au même fond : l'effort que fait Félix pour retenir ne s'appuie pas, ou
'appuie mal sur une inscription personnelle: s'il a une ardoise personnelle
ur laquelle écrire la séquence donnée, le sens dans laquelle il l'écrit et la
regarde est aléatoire, l'ordre de la séquence dans le temps ne correspond pas,
chez lui, non-lecteur, à un ordre d'écriture et moins encore à un ordre de
lecture. Cette mémoire de travail là exige trop de l'écriture intime dont la
difficulté n'est pas résolue par Félix.
ous avons noté après le premier examen avec des éléments du K-ABC
dans l'épreuve de « Lecture déchifirernenr », la nécessité qu'un autre lui
indique le sens dans lequel il devait lier les lettres pour former les syllabes,
puis lier les syllabes pour former les mots. L'association en consonne et
voyelle pouvait être faite, de façon limitée, s'il était accompagné dans cet
exercice. Seul, le sens disparaissait.
La difficulté identifiée dans « Séquence Lettres-Chiffres » est de même
nature. Cela nous a été confirmé par lui-même, après l'examen, sur la
manière dont il s'y était pris pour cette épreuve. Gestes à l'appui, il a
expliqué qu'il voyait les lettres, mais ne savait plus les retrouver, les places
qu'elles occupaient n'étant pas données.
La dyslexie de Félix n'est pas une hypothèse avant l'examen, elle est un
.;!il
8~ fait. Elle est avérée par ses performances dans l'épreuve de lecture -
••c:: déchiffrement du K-ABC -, qui se situent à plus de deux écarts typ
0
<:
de la moyenne des enfants de même âge. Ce n'est là qu'une confirmation à
ce que nous savons de son cursus scolaire.
Ce que l'examen avec le WISC-IV peut apporter de plus, ce sont des liens
possibles avec d'autres particularités sensibles dans la manière dont l'enfant
aborde les problèmes qui lui sont posés.
Le premier, le plus évident parce qu'iJ a été maintes fois souligné est la
difficulté d'attention. Elle est w1 obscacle à l'examen de Félix dans coute
Observations avec le WISC·IV
>- Svnthèse
1. Er nous ne serons pas étonnés de consrater, p. 70-71 du manuel d'inrerprétarion, que l'épreuve
• Séquences Lettres-Chiffres » enregistre les plus grands écarts de performance entre des sujets
normaux et des enfants présentant un rrouble de la lecture, que leur trouble s'accompagne ou non de
difficultés d'expression écrire.
2. Concept utilisé par Bruner (1981) qui nous semble particulièrement bienvenu.
Clinique au WISC-IV
>- Conclusion
• elle balaie l'hypothèse dépressive qui aurait pu figer chez nous-mêmes les
nécessaires incitations au changement.
Aborder fronralernenr la problématique de l'attention chez Félix apparaît
la solution. Ce n'est pas hors de la compétence de l'enseignant, même si
l'on en reconnaît la difficulté.
n peut illustrer le problème que pose l'attention de Félix par l'exemple
de l'écriture, qui est un des soucis actuels de Félix.
Quand l'enseignant perçoit les difficultés attenrionnelles de l'enfant, au
moment où il aborde l'écriture, il peut dramatiser à l'extrême la présencacion
de la difficulté, décomposer le tracé sur le tableau, qu'il effectue à la condition
qu'à chaque instant l'enfant suive du regard le point exact où la craie appui
sur le support, s'interrompre quand il ne suit plus, reprendre quand il
raccroche du regard ... C'est dire que l'écriture, qui doit être un moment
d'attention conjointe, peut devenir un jeu par lequel le plaisir gestuel de
l'imitation accompagne une problématique de perdre - retrouver du regard
à cour instant, jeu où l'humour n'est pas absent: l'enfant y apprend assez vite
que son décrochage d'attention sera repéré- vu - et en quelque temps, à
anticiper lui-même la réaction de poursuite de l'adulte, puis à anticiper ce
décrochage. Le sourire de connivence encre l'enfant cc l'adulte au moment
où le décrochage va se produire traduit que la compréhension du mécanisme
sous-jacent au « problème d'attention» a été transmise à l'enfant.
>- Épilogue
tout comme lui, et tout comme Félix. Elle a déclaré à l'enseignant qu'ell
me verrait plus tard, quand les choses auraient évolué. Dont acte!
Il n'y a pas d'explication, ou plutôt beaucoup trop, à ces arrangementv.
J'en retiens une implication réciproque accrue entre l'enseignant et la mère,
assez contraignante pour l'un et pour l'autre, mais ... Le maître ne me parle
plus de déficience ni de dépression, il regarde Félix de façon plus amène, et
Félix, que je continue de voir sur la demande de sa mère et de l'enseignant
est ravi de ce qu'il fait. Il n'a d'ailleurs guère attendu pour évoquer son père,
au détour d'une phrase, marquer un temps, puis reprendre sur autre chose.
La vie suie son cours.
Je ne trouve pas dans la relation de test avec Raph les moments d'humour
dont parle son enseignante spécialisée. Raph n'est pas détendu, à aucun
moment.
Il se soumet sans mauvaise volonté aux conditions qui lui sont imposées,
il se prend au jeu pour diverses épreuves du WISC-IV, mais s'il sourit par
instants, s'il tâche de faire pour le mieux dans les épreuves pour lui le
plus coûteuses - celles où il faut écrire, regarder ou barrer - « Code» cc
« Symboles », la passation reste laborieuse.
Clinique au WISC-IV
'ableau 12.2
Note
Subtests Note standard Total
brute
lev lrp Imt Ivt
Cubes 14 3
Similitudes JO 6
Mémoire des chiffres 11 6
Identification de concepts 10 4
Code 24 3
Vocabulaire 16 4
Séquences Lettres-Chiffres lO 4
Matrices 14 7
Compréhension 11 8
Symboles 6 2
Sommes noces standard 18 14 10 5 47
lev lrp lmt lvt QIT
Note Composite
78 67 70 62 59
Rang percentile 7 1 2 1 0.3
Légende: les scores sont convertis de la note brute en note standard portée au
regard des 4 indices : Compréhension verbale, Raisonnement perceptif, Mémoire
de travail, Vitesse de rraicemenc.
épreuves verbales (ce qui signifie ici passant par la parole de l'examinateur
et de l'enfant) semblent globalement mieux réussir à Raph que les épreuves
non verbales.
On peur se souvenir, à ce moment de l'analyse, que la dichotomie
verbal/non verbal, qui paraît obsolète aujourd'hui, avait été suggérée aux
créateurs de tests quand l'hypothèse s'était imposée d'une intelligence
pratique que les tests dérivés de Binet n'évaluaient pas. Les enfants handicapés
de naissance pour l'acquisition du langage, des enfants présentant des trouble
moteurs ou praxiques devaient être examinés avec un outil qui aurait mi
en évidence le décalage encre les efficiences, cout en offrant un assez large
éventail d'épreuves dans le champ de leurs compétences préservées. Rien
n'interdit de penser que, dans certains cas, la dichotomie verbal/non verbal
pourrait bien être la ligne de partage des efficiences d'un sujet singulier qui
pense les relations en s'appuyant sur le langage plutôt que sur ce qu'il voit.
L'analyse du protocole
qui peut, pour mener l'analyse, nous dispenser de considérer les indices et
leur distribution, mais nous mener à regrouper autrement nos observations,
~ Le langage
• elle ouvre sur une compréhension des mécanismes mentaux qui ont
d'autres expressions que les éléments dyspraxiques qui ne constituent
qu'un aspect: en particulier, la coexistence dans les procédures de
raisonnement de niveaux très hétérogènes pouvant éventuellement passer
l'un pour l'autre, et le clivage que l'on pressent à cette étape entre le
domaine du vu et le domaine de l'entendu, au détriment du premier.
L'observation des réponses apportées dans les épreuves de « raisonnement
perceptif» cc dc « Vitesse de traitement » permettra d'éprouver ces hypo
thèses, et de les affiner le cas échéant, pour nous permettre d'en traduire
quelque chose à des non-spécialistes .
Les « Cubes » sont bien acceptés par Raph, c'est la première épreuve de
l'examen. Pour les premiers items, sa lenteur seule est évidence, et ses
hésitations pour l'assemblage le plus simple. 11 échoue les assemblages à
partir de l'item 6 et ne peut plus « revenir dans le test» :
• il reproduit le modèle de l'item 6 avec erreur en trente secondes (reprend
obstinément deux cubes supplémentaires) ;
• il disperse les cubes et baisse les bras dans l'item 7 ;
• i1 les rassemble pêle-mêle et en ajoute d'autres, que je retire, dans l'item 8 ;
• je lui laisse terminer l'item 9 dans lequel, à la fin du temps limite, il
a amorcé une procédure valide, qu'il bouclera en deux minutes trente
ccondcs.
Dans le champ des difficultés praxiques, ni les réalisations 1ù les procédures
ne sont catastrophiques. Son adversaire est bien davantage, me sernble-t-il,
un envahissement anxieux face à ces objets qui résistent, puis une sorte de
• ;!il fatalité qui le mène au renoncement dès le premier échec.
8~
••c:: « Identification de concepts» est une épreuve plus éclairante des difficultés.
0
<: Il n'y a là rien à reconstruire, il doit identifier un objet de la première ligne
qui aille avec un objet de la deuxième. Nous l'avons die, et c'est rappelé dans
le titre, il s'agit d'une épreuve de catégorisation, non verbale dans sa forme
mais utilisant des images concrètes.
L'entrée en matière, à la différence de « Cubes » est cout de suite laborieuse.
La consigne ne passe pas, elle paraît immédiatement oubliée dès la page
tournée sur l'item suivant. En fait, rien n'est oublié, mais rien n'a été vu. Son
regard n'accroche pas l'image, il ne met pas en relation. Hasard de l'épreuve,
Observations avec le WISC·IV
deux items successifs présentant, l'un après l'autre, les deux objets à rnettr
ensemble à gauche de l'image, Raph copie cette disposition pour mettre
ensemble les deux objets de l'item suivant, idem pour l'item 3. En clair,
Raph ne considère pas les images une par une, ni ce qu'elles représentent.
Éventuellement, il les nomme, mais ne les assemble pas. Par la suite, nous
parvenons pendant quelques items à surmonter la difficulté que lui opposent
les images. Mais au tournant, la consigne est à nouveau oubliée: il ne voie
plus qu'un seul objet, toujours le même qu'il gueccera d'item en item, et qui
reviendra opportunément un certain nombre de fois, pour lui trouver un
second, oublianc au passage qu'ils doivent être sur deux lignes différences.
La tendance persévérative est très forte à ce moment. Elle lâche pied un
moment, puis revient deux items plus loin. La lecture simple de la suite
des réponses est indicatrice de l'impression d'ensemble: le premier éche
survient sur l'item 2, la dernière réussite sur l'item 16, ce qui est une manière
d'illustration de la dysharrnonie des niveaux de raisonnement mis en œuvre
dans le test.
L'ambiance, et la réussite sont différentes dans l'épreuve des « Matrices».
Elle est abordée plus sereinement. Raph nomme les objets sur lesquels il
doit réfléchir, méthodiquement, ce que je ne lui demande pas. Il parle pour
soutenir sa démarche, il parle pour rendre l'objet dessiné plus consista.ne,
pour en définir le contour en le détachant du fond ... Cette manière de
s'approprier les objets semble fonctionner puisque l'épreuve s'avère moins
catastrophique qu'« Identification de concepts». Au moins en sa première
partie. Le premier échec, sur l'item 11 est suivi de deux autres, aucune règl
ne paraît rendre compte de ses démarches à ce moment. L'épreuve aurait pu
'arrêter ici, mais l'item suivant est réussi in extremis, Raph revenant dan
l'épreuve à ce moment. Ce retour surprend d'autant plus qu'il suppose saut
qualitatif dans le raisonnement. Nous avons alors une seconde réussite, puis
3 échecs consécutifs, puis deux réussites. Précisons pour l'avoir accompagné
pas à pas dans cette épreuve, que les quarre dernières réussites ne doivent
rien au hasard : Raph a pris le temps à ces moments-là de cout regarder et
de développer ses solutions. Tl n'y a rien de mirobolant dans la noce finale
pour cette épreuve, mais un décalage réel avec cc que l'enfant a donné à voir
dans les deux autres épreuves dc « Raisonnement perceptif».
a longue suite d'items réussis en première partie concerne des planche.
dans lesquelles quatre motifs sonc disposés dans un cadre carré, deux en
haut, deux en bas. Ils sont identiques par couples, deux en haut - deux
n bas ou bien deux de gauche - deux de droite. La règle implicite est
l'opposition selon l'axe médian horizontal ou selon l'axe médian vertical.
Clinique au WISC-IV
mode de raisonnement qui prévaut est donc l'opposition selon une seul
caractéristique, par laquelle une seule différence oppose en totalité. La suite
de quatre échecs survient quand une seconde caractéristique différenciarrice
est introduite, l'image à trouver résultant du croisement des deux. Il faut un
assez long temps d'adaptation à Raph avant qu'il surmonte, par instant la
nouvelle difficulté. La noce dans les Matrices rend compte des possibilités
de raisonnement de Raph.
i l'on croie en la parenté des deux épreuves que nous venons de survoler,
la différence des comporcemencs de Raph de l'une à l'autre peut surprendre.
Cecce différence de rendement s'cxpliquc-t-il par d'autres caractéristiques
que celles que nous avons retenues jusqu'à présent? Le seul traie du
comportement de Raph commun aux deux épreuves est la discontinuité des
niveaux de raisonnement dans les deux - plus tranchée cependant dans la
première - ainsi que dans sa qualité de présence de l'une à l'autre. Pour le
reste, l'efficience y est différente, et les raccrochages de dernier instant au test
réalisés dans les Matrices accroissent le sentiment d'une aisance différente
dans l'une et l'autre.
En début d'épreuve << Identification de concepts >i, les images d'objets
concrets one paru jouer dans le sens d'une quasi-sidérarion. Elles n'étaicn
pas vues, et moins encore analysées; la consigne redoublait le trouble, en
commandant le regroupement des images par le concept, nécessitant de
ne pas s'attacher aux caractéristiques figuratives des objets dessinés. Le
jeu sur des images, la nécessité de les analyser dans le détail, pour s'en
détacher ensuite, et passer du registre du vu à celui du mot qui oubli les
objets particuliers pour ne désigner que leur classe d'appartenance, voilà
une activité mentale difficile à celui qui connaît l'angoisse de perdre l'image
de vue, crainte équivalence à la crainte de perdre l'objet dans l'angoisse de
séparation.
Les Matrices se présentent comme une épreuve qui apporte une solution
.;!il à l'angoisse de perte: l'objet à retrouver dans les items d'exernpl
8~ même qui est déjà figuré trois fois, et il n'y a plus qu'à le récupérer sur la
••c::
0
<: ligne du bas. Très progressivement, ce sont deux lignes, ou deux colonnes
différentes qu'il faut compléter, mais l'objet à trouver est encore l'identique
de celui qui se trouve juste au-dessus, ou juste à gauche. Rien de bien
angoissant dans ce jeu. La deuxième modification change et bouleverse
la règle établie au cours des dix premiers items, elle provoque le trouble
chez Raph. Il lui faut cette fois croiser une modification entre les cases
horizontales avec une modification entre les cases verticales. Mais la structure
de la planche ne change pas, elle offre encore 4 cases clairement délimitées, et
Observations avec le WISC·IV
~ La vitesse de traitement
Avant l'examen, nous savions les réticences voire les refus de Raph à écrire.
Il trouve son écriture laide, écrire lui fait mal, la fatigue, il n'aime pas. Il ne
nous die bien sûr rien de tout ça au moment de commencer l'épreuve de
«Code », mais l'observation parle d'elle-même: il ne peut pas réussir cette
épreuve dans des temps honorables, parce qu'il est extrêmement lem, parc
qu'il est malhabile, et, de surcroît, parce qu'il est pointilleux: il ne veut pas
risquer de faire d'erreur. La vitesse à laquelle il écrit n'a aucune irnporran
pour lui au regard de son exigence d'exactitude. Il ne veut pas<( faire faux ».
L'épreuve de vitesse est en fait une épreuve d'écriture, maniant des termes
inconnus.
Dans l'épreuve de code, l'essentiel de son énergie est employé à tracer :
l'écriture témoigne d'une conicité périphérique insuffisante pour produire ce
qu'il voudrait. Les craies ne sont pas tracés de façon rectiligne, et apparaissent
parasités par des mouvements légers mais immaîcrisables. Raph a une claire
conscience de l'insuffisance de ses productions, qui ne sont en rien l'image
de ce qu'il voudrait faire. Tl ne craint pas mon regard dans le cadre de
l'examen, mais je sais qu'au milieu d'autres enfants, il refuse l'écriture sous
le regard des autres, en partie pour ne pas montrer ce qu'il estime un défaut.
Son écriture, comme en classe sur le cahier est cabossée. C'est l'écriture
d'un enfant qui commence à écrire, à quatre ou cinq ans, et qui précède
l'écriture habile aux alentours de 6 ans (un peu plus tôt chez les filles). On
remarque:
• une tendance à la persévération dans l'épreuve;
• soit par la reprise de la suite des nombres - il écrie un 2 sous le 1, à deux
reprises;
• soit par la copie de celui qu'il devait coder;
Clinique au WISC-IV
traitement».
Chacun pour soi peut apprécier la part qu'il veut reconnaître aux facteurs
ainsi nommés pour définir l'intelligence. Il faut savoir que la batterie de
tests, par construction, donne le même poids à chacune des épreuves qui
la composent pour le calcul du QIT. L'épreuve de « Code», qui consiste
à copier le plus rapidement possible le signe associé à chacun des neuf
chiffres répétés de façon aléatoire sur la ligne modèle, a le même poid
dans l'évaluation finale, qu'une épreuve exigeant de dégager un concept
commun à deux objets nommés. Nous savons que l'école ne confond pa
les aptitudes requises dans l'une cc l'autre. Et, la passation l'indique, elles
ne sont pas équivalentes pour ce qu'elles mettent en évidence, dans le cour
de la passation du test, ne serait-ce que par le temps nécessaire à bien y
répondre, pendant lequel nous accompagnons l'enfant: deux minutes pour
l'épreuve de (<Code», dix minutes pour l'épreuve de «Similitudes», et
souvent beaucoup plus pour l'épreuve « Identification de concepts » qui
n'est pas limitée dans le temps - fore heureusement car pour donner une
réponse intelligence il faut parfois du temps.
Malgré l'aspect péjoratif que représentera à nos yeux l'indice « Vitesse
de craicemenc » dans l'examen psychologique de Raph, nous souhaicon
procéder à l'évaluation des deux épreuves qui entrent dans son calcul. Sans
illusion sur ce que l'on mesurera effectivement avec elles, elles demeurent
usceptibles de fournir des informations importantes sur l'écriture del'enfant,
ses manières d'aménager l'anxiété d'une épreuve chronométrée dans laquell
il est tenu par l'épreuve, et soutenu par la proximité du psychologue, et
surtout sur l'évolution de son trouble graphique bien connu dans sa classe.
es précisions sont nécessaires pour apprécier les chiffres donnés pour les
quatre indices qui résument le test:
Clinique au WISC-IV
• Compréhension verbale : 78 ;
• Raisonnement perceptif: 67 ·
• Mémoire de travail: 70 ·
• Vitesse de traitement: 62.
Deux noces d'indices sonc à plus de deux écarts types de la moyenne des
nfanrs de même âge,« Raisonnement perceptif» et « Vitesse de traiternent ».
Deux notes d'indice ne sont pas à plus de deux écarts cypes, « Compré
hension verbale» er « Mémoire de travail».
es écarts encre noces d'indices sont importants cc la comparaison par
paire semble opposer :
• « Compréhension verbale» à « Raisonnement perceptif» (onze point
d'écart, ce qui est la limite d'une différence significative à .15);
• et surcout, « Compréhension verbale » à« Vit de traitement » (seize
points d'écart, différence significative à .05).
Compte tenu de l'importance de cet écart, il convient de rappeler, comme
le Manuel d'interprétation du WlSC-lV, ce qu'écrivait Wechsler:
<< En construisant les QI du Wechsler-Bellevue, Wechsler a mis l'accent sur
le QI rotai décrit comme la moyenne performance du sujet à cous les tests
administrés. Toutefois, Wechsler avait conscience que, dans certains ca
les indices devraient être considérés séparément, particulièrement dans
le cas de personnes qui souffrent d'un déficit spécifique et doivent faire
l'objet d'une attention particulière» (Wechsler, 1944).
Dans le cas de Raph, le déficit spécifique étant connu, il n'y a aucune raison
pour conserver un QI Toral aussi sérieusement plombé par des épreuves de
vitesse. Pour cette raison, le QIT ne sera pas calculé, mais remplacé par les
noces d'indices qui de notre point de vue résument le mieux l'observation :
Compréhension verbale, Raisonnement perceptif et Mémoire de travail :
.;!il 78, 67, 70. Elles situent l'efficience intellectuelle actuelle de Raph au niveau
8~
••c:: d'un retard mental léger (QI inférieur à 70).
0
<: L'aspect contrasté des efficiences est amplement confirmé si l'on considère
les performances de l'enfant dans chacune des dix épreuves administrées.
ignifions par là qu'aucun domaine d'investigation n'apparaît exempt de
la manifestation d'un trouble qui s'exprime d'abord par la dysharmonie
des efficiences. Les meilleurs niveaux de réponses comme les plus régressif:
peuvent apparaître dans les épreuves notant les deux indices « Compréhen
sion verbale» et « Raisonnement perceptif», malgré la relative aisance de
Raph dans les épreuves verbales.
Observations avec le WISC·IV
Il semble que l'on puisse trouver une des causes de la dysharmonie des
efficiences dans une relation problématique aux images, qui ne soutiennent
pas le raisonnement, mais l'inhibent quand elles devraient le servir. On
ne retrouve pas, face aux images, une capacité d'attention qui est bien
présente par ailleurs, dans les épreuves verbales (par exemple Mémoire des
(<
chiffres »).
erre cause de difficulté, bien sensible lors de la passation des épreuves,
paraît liée en partie aux grandes difficultés qui accompagnent l'exécution
d'une tâche qui, comme l'écriture, requiert des gestes précis, une conicité
périphérique suffisance, et une bonne représentation dans l'espace de la
équence de gestes à effectuer.
Avec le temps, on peut supposer que ce trouble, évenruellernent
neurologique mais à coup sûr très ancien a marqué négativement le
développement des activités graphiques, l'expression par le dessin et plu
encore l'acquisition de l'écriture, et détermine en grande partie actuellement
le rejet de tout ce qu'il dessert et de tout ce qu'il représente :
• Pour la même raison, les épreuves de l'examen classiquement considérées
oit comme épreuves d'arrenrion/concenrrarion, soir comme épreuves
de mémoire immédiate, posent des problèmes insurmontables à Raph
'il doit mémoriser en écrivant intérieurement les chiffres ou les lettres
à rappeler. Il ne pouvait pas davantage répéter il y a un an les dix
premiers nombres en ordre inverse, parce qu'il faut pour les répéter, nous
ernble-t-il, les voir intérieurement - ce qui suppose qu'ils y soient écries ;
• Les images sont incluses dans le champ des objets difficiles à penser,
d'autant plus que leur décomposition-les penser dans leurs articulation
- nécessite une mise en pièce improbable à celui pour qui perdre de
vue l'image de l'objet équivaut à perdre l'objet. Nous voulons parler
ici d'angoisses de séparation d'expression évidente dans les attitudes et
conduites de l'enfant avec l'enseignante spécialisée, et qui se retrouvent
pendant l'examen dans des attitudes de grande dépendance.
Face aux soucis multiples qui découlent de ce tableau, l'aspect à coup
sûr le plus intéressant dans l'enseignement se trouve du côté des efforts
d'adaptation que fait l'enfant, pour rester présent à son groupe d'enfant, et à
ses divers incerlocuceurs. C'est mis en évidence dans les tests, notamment dans
l'épreuve dire de « Compréhension» - traduisant une bonne intégration
et une bonne intuition des règles sociales, mais bien davantage encore dans
les épreuves qui engagent un processus d'apprentissage. Qu'elles ne soient
pas conçues pour cela n'empêche pas ce processus bien particulier, dans un
Clinique au WISC-IV
épreuve du type des « Matrices », par lequel, Raph, soutenu par l'attention
de l'examinateur et par la structure du matériel, intègre tant bien que mal le
principe sur lequel l'épreuve est conçue, et peut dépasser à l'occasion no
attentes initiales dans l'épreuve.
est sans douce cette volonté d'adaptation, et cette capacité à cirer profit
d'une relation d'étayage bien conduite qui lui a permis l'an passé et pour
le début de l'année présente d'acquérir une maîtrise suffisance de la lecture
pour le déchiffrement de consignes simples.
>- Conclusion
s'interroge sur le côté factice à cette joie affichée. Elle trouve incessamment
des raisons à pouffer de rire à cout instant. En classe, elle peut aussi s'occuper
ilencieusemenc avec des broutilles, en se soustrayant à la relation aux autres.
En grande section et Cp on mentionnait déjà ce comportement d'évitement
de la relation.
Cécile est une enfant au contact facile, clic se montre volontaire quand
elle est personnellement et directement sollicitée pour la réalisation d'un
tâche scolaire qu'elle juge à sa portée. Elle ne manifeste aucune opposition
franche, mais son comportement joue des ruptures d'attention que nous
considérons comme autant de manières de ne pas être là.
Clinique au WISC-IV
>-- Commentaire
Le bilan établi après quelque mois ne tente pas de mesurer l'écart avec cc
qui étaie noté en début d'année, mais considère seulement l'actuel. Il est
donc difficile d'apprécier les progr
Clinique au WISC-IV
Les attitudes de Cécile sont très variables au cours de l'examen. Elle semble
cour d'abord prendre très au sérieux la situation de test. Il n'y a chez elle
pas un moment par la suite, où elle montre son désintérêt pour le travail
proposé. Cette précision est nécessaire, si l'on tient compte pour apprécier
on comportement pendant l'examen, de l'enchaînemen c des réponses dans
les tests verbaux nocammenc, qui pcuvcnc se terminer de manière bizarre:
même dans les cas où les réponses sont constituées par à peu près n'irnport
quoi, la relation d'examen est encore investie.
L'attention qui était très problématique semble-t-il en début d'année en
classe ne constitue pas au cours de l'examen un problème insurmontable,
par elle-même. Mais il est vrai qu'une certaine excitation peur survenir, au
Clinique au WISC-IV
fil des épreuves et quand Cécile perd pied dans celles-ci. Cette excitation est
une gêne évidente à la présence del' enfant dans le test. Elle demande alors à
être calmée, ralentie, ce qui est possible dans l'épreuve en cours en modifiant
le rythme des items, le rythme des énoncés et l'inflexion de la voix.
Nous devons encore tenter de nuancer ces remarques: l'attention n'est pas
un problème tant que Cécile n'est pas débordée, désorganisée par un premier
échec qui l'entraîne par la suite à répondre de manière régressive. À partir
du moment où la question, particulièrement dans les épreuves verbales, est
insoluble et la met en échec, nous éprouvons une réelle difficulté à lui faire
reprendre pied dans l'épreuve, mais son attention n'est pas alors en cause: le
mors one changé de qualité, la consigne de l'épreuve a changé, et la logique
des réponses ignore le principe de l'épreuve. Les mécanismes mentaux qui
relaient le sentiment d'échec invalident nos tentatives de reprendre ensembl
le travail de lien (ce qu'est nécessairement le travail intellectuel).
Quant au comportement de Cécile, il est également changeant. Dans le
premiers temps de la rencontre, son attitude est assez scolaire, elle se tient
bien et fait bonne figure, conformément à ce qu'on attend d'elle à l'école. À
mesure qu'elle prend plus d'assurance par ce qu'elle montre de ses savoirs et
possibilités de réflexion, à mesure que le temps passe dans le test, elle tend à
vouloir prendre le contrôle d'une manière cout à fait insupportable, comme
i nous étions deux copines pas vraiment d'accord sur le sens du jeu. Ces
expressions ne surviennent pas n'importe quand, mais scmblc-r-il, quand je
suis en train d'écrire quelques notes, et plus simplement quand je pose le
regard sur mon papier. Elle se précipice sur ces notes, conteste que celle ca
oit remplie et pas celle-là, jusqu'à ce que je lui explique que le temps pour
écrire n'est pas long, il ne s'agit que de deux ou trois mots, et qu'elle est assez
grande pour savoir qu'elle doit attendre gentiment que j'aie fini. Le discours
est entendu, et Cécile refrène ses tentatives de prise d'assaut de mes papiers.
,;!il
8~ Les traits saillants du protocole de WISC-IV
••c::
0
<:
Tableau 12.3
Note
Subtests Note standard Total
brute
lev lrp Imt Ivt
Cubes 24 10
Similitudes 17 13
Mémoire des chiffres 10 7
Identification de concepts 17 12
Code 49 10
Vocabulaire 22 10
Séquences Lettres-Chiffres 16 12
Matrices 16 li
Compréhension 7 8
Symboles 27 10
Sommes noces standard 31 33 19 20
lev lrp lmt lvt QJT
Note composite
101 107 97 100 102
Rang percenti le 53 68 42 50 56
Légende : les scores sont convertis de la noce brute en noce standard portée au regard
des quatre indices : Compréhension verbale, Raisonnement perceptif, Mémoire
de travail, Vitesse de craicemenc.
L'analyse du protocole
Cette première question incomprise est une question directe qui lui
est posée à elle. Peut-être est-ce la raison pour laquelle elle se trouve en
difficulté ?
Les réponses suivantes ne confirment pas cette hypothèse. Soit elles n
sont pas comprises, à cause d'un mot interprété à contresens, soit Cécile
livre la réponse la plus simple et la plus automatique - ce qui n'a rien
d'exceptionnel à cet âge - soit elles sont l'objet d'une réponse franchement
bizarre et donc exceptionnelle.
Au rotai, « Compréhension » nous semble traduire une fragilité certaine
dans la compréhension sociale des situations données : elle saie quelque
règles de conduite, mais la morale personnelle des relations n'a rien à voir
avec ce qu'elle sait. La première difficulté voie son efficience dans le test
huter de façon catastrophique, sans qu'il soit encore possible d'inférer
un niveau de développement des réponses qu'elle donne. Il semble que
les niveaux de réponse ne connaissent pas de palier inférieur. Les deux
épreuves, que les scores obtenus paraissaient opposer traduisent de fait une
seule réalité : la très grande hétérogénéité des niveaux de raisonnement qui
peuvent être utilisés dès lors qu'un minimum de contention n'est plus assuré
par le caractère scolaire bien repéré des questions.
L'épreuve de « Vocabulaire» confirme le recours aisé à la catégorisation:
ans qu'il soie besoin de sollicicer un complément de réponse, Cécile donne
d'emblée une réponse non ambiguë, par la nomination de la classe ou par
une caractéristique précise de celle-ci. Cette manière fonctionne sans faill
tant que la concrérude des objets nommés le permet, mais elle achopp
au premier item désignant un verbe s'appliquant à une relation humaine.
L'engagement dans l'épreuve est ensuite beaucoup plus conflictuel, il n'y
a plus de réponse à deux points, mais des régressions éventuelles, jusqu'au
niveau où un son vauc pour cout le mot.
L'épreuve de vocabulaire confirme donc aussi l'importance et l'ampleur
d'éventuelles régressions dans le niveau de réponse aux questions du test,
ans état d'âme manifeste et sans l'ombre d'une hésitation.
fait le plus surprenant issu de l'analyse des réponses est sans doute qu'il
n'était pas décelable à la lecture du tableau des résultats : l'hétérogénéité des
niveaux de raisonnement n'apparaît pas, pour la raison que les premièr
réponses, complètes et parfaitement cadrées, coïncident tout à fait avec c
qui est demandé. L'impossibilité de répondre, ne laisse pas la fillette roue à
fait muette. Elle poursuit la relation de test en utilisant les questions d'une
manière différente, sans le soupçon d'un filtre grâce auquel elle identifierait
ce qui peur encore se dire, et ce qui ne peut plus l'être, en rapport avec son
Clinique au WISC-IV
Il est douceux que nous puissions prendre ensemble les crois épreuves qui
encrent dans le calcul de l'indice raisonnement perceptif, elles n'évaluent
pas les mêmes aptitudes. <• Cubes » est une épreuve de construction,
(<Identification de concepts » est une épreuve d' éduction et catégorisation,
« Matrices >> une épreuve d'éducrion organisée différemment.
,.. Synthèse
distingue dans la manière et les régressions que l'on observe dans les unes
mais pas dans les autres.
Les épreuves les plus sensibles aux difficultés d'attention donnent d
résultats contradictoires. Ils ne mettent pas en cause l'attention de l'enfant,
mais la nécessité qu'elle éprouve à se référer à l'occasion, d'une manière rigide
mais efficace, à un ordre qui s'applique à l'adulte autant qu'à elle (ordre
canonique des chiffres). Peut-être celui-ci est-il d'autant plus nécessaire
que, nous le notons, s'exprime dans les résultats aux tests une alternance de
présence absence à l'épreuve donnant selon le cas des performances de bon
ou mauvais niveau sans transition ?
Les épreuves les plus scolaires montrent l'aisance et la tranquillité
dans l'exécution de la tâche qu'elles exigent. Elles montrent également
l'application qu'elle y met, et sa capacité à adopter la méthode la plus
efficace pour elle.
Si l'on s'intéresse donc aux indices de « Vitesse de traitement» et
« Mémoire de travail », considérons qu'ils doivent rassurer sur le profit
que l'enfant tire de la scolarité. L'école permet d'acquérir et de faire la
démonstration que l'on acquiert des outils de pensée par lesquels les choses
s'ordonnent. Il ne s'agit encore que de l'écriture, de l'alphabet et de la suite
des chiffres.
Nous faisons un pas de plus avec les épreuves de Raisonnement perceptif.
Elles indiquent très nettement le profit que peut tirer l'enfant de leur
structure, et de leur organisation selon le temps. Le meilleur niveau
d'efficience est atteint quand Cécile peur se doter d'une méthode, 1) qui
onfirme la manière donc l'école mec en ordre, notamment par la lecrur,
écriture, 2) qui confirme l'organisation de l'épreuve par l'enchaînement
de paliers de difficulté, ouvrant sur l'élaboration progressive de méthodes
utilisables de l'un à l'autre.
Dans cette mesure, tenue par le temps de l'épreuve et par le temps dans
.;!il l'épreuve, ainsi que par un raisonnement qui s'appuie sur des objets concrets,
8~ figurés, ou sur des objets de manipulation, le raisonnement logique peut
••c::
0
<: livrer son meilleur niveau.
Il en va autrement dans les épreuves verbales.
De manière générale, le langage est bien investi, le lexique est bon, la
conscruccion des phrases est souvent j usrc, il joue parfaitement son rôle
pour autant que les objets auxquels il réfère peuvent être pensés dans leur
oncrétude. Les abstractions par le langage sont possibles, là encore quand
Iles s'appliquent à des objets concrets. Il en va autrement quand les mors
s'appliquent à des notions plus subtiles, sentiments, impressions, ressentis,
Observations avec le WISC·IV
>- Conclusion
La première réponse : avant tout, une question : les écarts constatés selon
l'usage de relie ou celle épreuve sont-ils si importants ? Êtes-vous, avec les
econds, hors de l'intervalle de confiance défini par les premiers ? Si la
réponse est non, il n'y a pas de problème. Pour vous, ils sont vrais cous les
Observations avec le WISC·IV
deux. L'outil n'est pas d'une précision d'horloger, ne lui demandez pas plus
qu'il ne peut donner.
i la réponse est oui, le problème est digne d'intérêt. L'hétérogénéité des
niveaux de fonctionnement selon les épreuves serait le trait à considérer
dans vos hypothèses interprétatives. Considérez les épreuves différences, ce
qu'elles mobilisent et tentez de saisir ce qui est possible pour les unes, et ne
l'est plus pour les autres. Mais il faut pour cela considérer que cc sont de
épreuves différentes, et nous sentons bien que pour vous le problème est là.
La seconde réponse: de fait, il y a, dans l'énoncé de la question, d'autres
questions sous-jacentes. Nous en voyons trois :
• la première pourrait être: quel crédit accorder au chiffre de QI attribué
à un enfant sur la base de la passation du WISC-IV, si dès lors que l'on
change les outils pour d'autres, prévus en remplacement pour cela, le
chiffre diffère ?
• la seconde pourrait être : quelle consistance le concept de déficience
intellectuelle a-t-il, pour disparaître ou apparaître selon les épreuves
passées d'une même batterie?
• la troisième question serait: qu'est ce qu'un résultat « favorable » à
l'enfant?
> Ces mises à l'épreuve cernent-elles toutes les mises à l'épreuve possibles
de l'intelligence de l'enfant ?
on, bien sûr. Sternberg, J. Raven et d'autres moins connus discutent cela
depuis longtemps, et il semble que leur voix commence à se faire entendre.
ous prenons note de ce que Laucrey répond à une journaliste du journal Le
Monde (Cojean, 2 mai 2007) en faveur de l'abandon du QI. Il précise que
les conduites intelligentes débordent très largement ce qui est évalué par les
seuls tests. Il cite, comme les auteurs que nous mentionnons, l'intelligence
sociale, la créativité qui n'entrent pas en ligne de compte pour la définition
d'un cursus scolaire: « Fini, l'usage d'un chiffre unique pour traduire une
intelligence que l'on saie désormais multidimensionnelle! Et finis les tests
urvalorisanc les aptitudes nécessaires à la réussite d'un cursus scolaire. Tanc
d'autres qualités, la créativité, l'intelligence sociale, méritent reconnaissance.
Osons le vrai débat ! »
n attendant ce jour radieux, nous avons des demandes, et nous avon
des outils. Considérons alors, sans trop de présomption sur notre capacité
à cerner l'intelligence d'un enfant, ce que leurs concepteurs disent de
outils.
Ils semblent d'accord pour se référer à une théorie hiérarchique de
l'intelligence, et ils le disent. 11 n'est pas nécessaire d'y adhérer pour considérer
ce qu'elle die. Cette théorie reconnaît depuis Carroll (1992) un facteur
général, et huit facteurs de groupe.
Les analyses factorielles menées sur cette base mettent en évidence, pour
le WISC-fV, selon le choix que le chercheur estime le mieux adapté, la
consistance d'une hypothèse à quatre facteurs (Psychologicaf Corporation) ou
d'une hypothèse à cinq facteurs (Keith notamment). La première option
correspond à cc qui était cherché, la seconde a cc qui est trouvé à l'arrivée.
Une conclusion s'impose dans cous les cas : même avec la théorie
.;!il
hiérarchique CHC- que l'on peut penser rcsrriccivc puisqu'elle est posée
8~ sur les données constituées par un grand nombre de recherches orientée
••c::
0
<:
vers ce qu'elles souhaitaient trouver - toutes les conduites intelligentes n
sont pas évaluées par la batterie.
Par ailleurs, matériels supports à problèmes ou questions problèmes ou
de connaissances ont une base concrète, réelle, tangible nécessairement
complexe : les objets de la réalité sont antérieurs à la création de tests. Aucun
matériel de test ne peut prétendre mettre en jeu une aptitude et une seule. De
ce point de vue, elles ne sont même pas en cous points interchangeables encre
épreuves de la même famille. Il y a des variations encre épreuves apparentées.
Observations avec le WISC·IV
Le déficit intellectuel et le QI
onvienr dans cous les cas de substituer à l'approche globaliste qui sanctionne
la fameuse intelligence, une approche analytique par laquelle celui qui vou
écoute puisse accéder à du vivant, à du dynamisme. C'esr le propre de
l'enfance, on ne doit pas pouvoir le manquer.
qu'il est hors de l'école. Dans l'école, ou dans une consultation privée, le
jeu est autre. La hiérarchie est connue par tous les enfants, qu'ils recourent
facilement ou non à une catégorisation logique. L'accepter, c'est encrer dan
le monde de l'autre, adulte, et témoigner que l'on ne veut rien savoir de
mieux que ce qu'il y a dans sa culcure.
Pour cecce raison, les deux épreuves << Vocabulaire » et « Similitudes »
non seulement ne sont pas jouées d'avance, mais laissent entrevoir un
dynamisme propre au déroulement de l'épreuve: facilité du recours au
meilleur niveau de catégorisation, la catégorisation logique, ou refus, et plus
finement, enchaînement des réponses et des niveaux différents, rupture
dans l'épreuve qui peuvent être rupture dans la relation ... puis reprise ou
non, et comment. Toutes ces observations ne s'intéressent encore pas au
contenu même des mots, qui ne sont jamais neutres mais selon le cas, selon
l'enfant, peuvent avoir des sens chargés.
épreuves d'intelligence cristallisée ne sont pas moins le lieu de processu
de réponses singuliers que les autres, mais on peur prendre moins de plaisir
au jeu question- réponse parce qu'il est de maniement problématique pour
beaucoup d'enfants qui utilisent mal le langage et ne veulent pas risquer des
erreurs dans un jeu pour eux assez scolaire.
Et l'organisation spatiale ?
Clinique du KABC-11
CHAPITRE
13
1
Les motifs aune révision
au K-ABC
1
Préambule . Page.lil.
_J
Clinique au KABC·II
Préambule
tntroauction
1. Kauhnan Battery for Children Assessmenr, de Alan et Nadeen Kaufman, 2"'" version, 200
Les motifs d'une révision au K·ABC
Tableau 13. I
Composition de la batterie selon l'âge de l'enfant
âges 3; 4; 5; 6; 7 ; à 12 ;
Séquentiel/Mémoire à court terme (Gsm)
Mémoire des chiffres (Nurnbcr Recall) Principale Principale Principale Principale Principale
Suite de mots (Word Order) Sup Principale Principale Principale Principale
Mouvemems de mains() land Movements) Sup Sup Sup Sup
Sirnulranéffraiternent visuel(Gv)
Dénombrement de cubes (Block Sup Sup Sup
Counrmg)
Raisonnement conceptuel (Conceprual Principale Principale Principale Principale
rhinking)
Reconnaissance de visages (Face Principale Principale Sup
Recognlrlon)
Planification spatiale (Rover) Principale Principale
Triangles (Triangles) Principale Principale Principale Principale Principale
Reconnaissance de formes (Gelsrnlc Sup Sup Sup Sup Sup
Closurc)
Échdlc apprcntissagc/Mémolrc à long renne (Olr)
Mémoire associauve (Adamis) Principale Principale Principale Principale Principale
Apprenrissage de codes (Rebus learntng) Sup Sup S11p
Mémoire associarive - différé (Arlanris Principale Principale Principale Principale
delaved)
Apprentissage de codes - différé (Rebus Sup Sup
learning delaved)
Échelle Plamûcanon/lnrelllgence fluide (Gf)
Séquences logiques Principale Principale Principale
Histoires :l compléter (Story Complction) Sup Principale
Échdlc Connaissancesjlntelligencc cristallisée (Ge)
Dénominarion Principale Principale Principale Principale Sup
Devinettes Principale Principale Principale Principale Principale
Connaissances culturelles (Verbal Sup Sup Sup Sup Principale
Knowledge)
.;!il
8~ 1. I.e descriptif qui suit n'est pas une rraducrion mot à mordu rexre paru dans • Essenrials of
••c:: KABC-11 •. Il ne pouvait pas l'être. Souhaitant ne pas trahir la pensée des auteurs, nous sommes
0
<: ependanr resté au plus près de celui-ci.
2. L'IDEA, ou Individuals Desahiliries Educarional Ace (acruellemenc version déc. 200'1) esr une
loi fédérale des Etats-Unis qui fixe pour les Etats et organismes publics les conditions d'éducation
spéciale pour un cerrain nombre d'enfants préscnranr des troubles, Ses implications sont irnporranrcs,
en termes d'aides financiëres et de soins spécialisés, mais aussi dans la définition des soins et de ceux
qui scronr habilités à les donner. Les 13 catégories acrucllcmenr reconnues de troubles sont les retards
meneaux, les déficits auditifs, visuels, de parole et de langage, les troubles émotionnels sévères, les
troubles moteurs, des déficits de santé, ou les inadaptations multiples, qui one des besoins spéciaux,
donc une éducation spéciale et requièrent les aides de services spécifiques. L'lDEA est récente (1975)
cr l'objet de multiples pressions et critiques de la pan de groupes intéressés, chez les parents comme
chez les professionnels du soin,
Les motifs d'une révision au K·ABC
l. Il a beaucoup éré fair érar de la rhéoric CHC dans la partie de l'ouvrage consacrée au \XllSC IV.
Nous renvoyons donc à cette partie et à la discussion sur le fond introduire par Kaufman à l'occasion
de la publication du \XllSC IV, en rappelant qu'il a rédigé avec Flanagan l'ouvragc « Esscnrials of
WlSC lV •. On trouvera d'autre part en annexe une présentation succincte de cette théorie et des
questions qu'elle a posées, notamment à des auteurs qui lui prêre leur nom, et des questions qu'elle
nous pose du point de vue plus général de mises à l'épreuve des aptitudes de l'enfant,
Les motifs d'une révision au K·ABC
ans doute parce qu'il a déjà été beaucoup question de la « théorie Luria )>
dans la première version du K-ABC ? Pourtant la mauvaise impression
sur le sort fait à l'œuvre du chercheur soviétique défunt (depuis 1977) est
confortée par le résumé succinct de ce que l'on ne peut pas considérer
comme une théorie. Cette présentation résume ce que l'on peut notamment
trouver dans le premier chapitre d'un ouvrage de Luria bien diffusé aux
États Unis, The working brain paru en 1973, et sous-titré Introduction to
neuropsychology. La présentation par Kaufman de la « théorie Luria » figure
(elle représente par l'image) les propositions de Luria, qui identifie trois
ensembles cérébraux fonccionncls distincts. Ils sonc ici nommés « Blocks ))
tandis qu'ils sont nornmés « Units » chez Luria, ce qui n'évoque pas tout
à fait la même chose chose : le terme « block » évoque un objet physique,
potentiellement visible, donc une réalité matérielle localisable, tandis que l
terrne « Unit» peut renvoyer à un concept, qui ne pose pas la question de
sa localisation. Les auteurs concluent :
« Les Kaufman se sonc centrés sur les aspects inrégrarifs de la théorie de
Luria, plutôt que sur les fonctions spécifiques à chaque ensemble, pour la
construction du KABC-II.
En vérité, le KABC-B étaie destiné primitivement à l'évaluation de
comportements complexes, intelligents, de haut niveau. Par sa concep
tualisation, l'incégracion des ensembles de Luria saisit cerce complexité.
La théorie de Luria mec l'accent sur l'intégration des stimuli entrant,
cc le travail de l'ensemble 2 pour encrer en connexion avec l'ensemble
3. Ainsi le KABC-II inclue des subresrs qui nécessitent la synthèse de
tirnuli auditifs et visuels (par exemple Suite de mors, Mémoire associative,
Apprentissage de codes, et Planification spatiale). Pour saisir le lien enrr
les ensembles 2 er 3, le KABC-II inclue la mesure de processus simultanés,
qui ne nécessitent pas seulement l'analyse, le codage et l'emmagasinage
de stimuli venant de l'extérieur, mais exigent aussi le fonctionnement
exécutif et la résolution de problème (par exemple Planification spatiale,
.;!il Conceprualisarion visuelle). »
8~
••c:: En somme une explication peu compréhensible sous cette forme pour le
0
<:
lecteur ignorant de Luria. En revanche, la dernière partie de la conclusion
de Kaufman et ses coauteurs insiste sur l'implication de multiples structure
cérébrales pour venir à bout de tâches qui ne sont pas, qui ne peuvent jamais
produire des mesures pures d'une seule fonction psychologique supérieur,
spécifique. Cet énoncé correspond bien aux démonstrations de Luria mai
mble contredire quelque peu une approche selon une théorie des aptitudes
qui voudrait que les dires aptitudes soienc mesurées par des épreuves typiques
Les motifs d'une révision au K·ABC
.;!il
« Il a été prouvé que les enfants qui réussissent bien dans les disciplines
8~ colaires que sont la lecture, l'orthographe et les mathématiques obtenaient
••c:: des résultats élevés aux tâches de traitement simultané et séquentiel. De
0
<:
même il a été prouvé que les enfants qui obtiennent des notes faibles à
l'un des processus, simultané ou séquentiel, réussissent moins bien dans
es mêmes disciplines(. .. ) >• (Kirby et Oas, 1977)
Il apparaît donc, pour les auteurs, un lien très fort entre la théorie du
traitement de l'information, son collage sur la référence à Luria, la mise à
l'épreuve des efficiences attendues chez l'enfant, et ce qui en découle, sur le
plan de la rernédiation. Sur ce dernier terme, nous devons encore insister : ce
Les motifs d'une révision au K·ABC
qui intéresse les auteurs, ce sont les troubles des apprentissages scolaires, et
la remédiation concerne, elle aussi, le scolaire et ceux qui peuvent la mettr
en œuvre. C'est précisé par Kaufman, dans le manuel (1983/1993):
« L'examen psychopédagogique par le K-ABC débouche directement sur
un projet pédagogique car c'est le but même de ce type d'examen d'aboutir
à un programme d'intervention pédagogique efficace» (1983/ trad fr.1993,
p. 13).
Aurrcmcnc dit, claircmcnc: l'outil sert à appréhender la source de dif
ficultés scolaires, et à définir ce qu'il reviendra à l'école d'entreprendre
pour y remédier.
Qu'en est-il avec le KABC-11?
Des études sur les troubles spécifiques des apprentissages sont rapportées
par Kaufman et coauteurs (2005), dans le chapitre des applications cliniques.
Ils partent du déjà connu, et rappellent ainsi que des études utilisant le
K-ABC avec des enfants SLD (Speciftc Learning Disabiliries) « suggéraient,
par la comparaison entre scores séquentiels et simultanés, des faiblesses relatives
dans les processus séquentiels de traitement de l'information qui tendent aussi à
être, par nature, analytiques et Linguistiques. >)
À la suite trois études sont résumées dans le même ouvrage utilisant 1
KABC-II. Elles se rapportent à trois groupes différenciés d'enfants: rroubl
d'apprentissages des mathématiques, de la lecture, de l'écriture (expression
écrite).
Du côté des constats généraux aux trois groupes, les auteurs notent :
• Les différences encre les groupes expérimentaux et le groupe contrôle
(indemne de trouble) affectent coutes les épreuves du KABC-II significa
tivement, avec des variations de l'une à l'autre!
• Les trois groupes expérimentaux présentent un Indice simultané/ Gv un
peu plus élevé que les autres indices. Les auteurs précisent que la différence
séquentiel/simultané était connue, mais qu'elle est rejointe par d'autres
analogues, impliquant Planification, Apprentissage, et Connaissances.
• La différence entre les indices 1PM (Processus mentaux) et IFC
(Fluide/Cristallisé) existe, mais elle est faible. Peur-être, écrivent les
auteurs, parce que les groupes ne sont pas « purs», mais constitués
d'enfants qui cumulent les troubles des apprentissages (pourtant réputés
« spécifiques »), ils ont très souvent un trouble de lecture quand ces
enfants sont examinés pour un autre trouble.
• Dans l'échelle Apprentissage, contrairement aux attentes des auteurs, 1
réalisations des enfants des groupes expérimentaux s'avèrent faibles mais
Clinique au KABC·II
de même ordre que leurs réalisations dans les autres échelles. Ce qui
peut surprendre, puisque comme ils l'indiquent, les subtests de l'échell
Apprentissage mettent l'enfant et le psychologue dans une relation proch
de la relation scolaire (mais limitée à un seul enfant) et surtout parce
que ces épreuves font appel à de nombreux processus psychologiques
supérieurs, et apparaissent comme un composé d'éléments complexes
interdépendants. Les difficultés auraient donc dû être accrues dans les
épreuves de cette échelle, ce qui ne se vérifie pas1•
• La lecture, en déchiffrement et compréhension, et l'arithmétique ont été
xclues de l'échelle Connaissances. Malgré cela, l'hypothèse de scor
ignificativement inférieurs dans les épreuves de l'échelle Connaissanc
actuelle éraie posée. Elle ne se vérifie pas : « chaque groupe d'enfants connais
sant des difficultés présente un indice pour l'échelle Connaissances/Cristallisé
semblable aux autres indices du KABC-11. » (Kaufman, 2005, p. 214).
Sur l'ensemble on retiendra donc une efficience significacivemenc
inférieure dans toutes les échelles du KABC-II, les épreuves de l'échelle
Simultané/Gv, apparaissant un peu mieux réussies que toutes les aucr .
L'explication à ces constats serait que les crois groupes, troubles en
mathématiques, lecture et écriture contiennent cous en réalité un pourcentage
important d'enfants ayant des difficulcés de lecture (81 % dans le groupe
<< mach», ce qui devrait conduire selon nous à relativiser le concept de
« troubles spécifiques»).
Dans l'étude consacrée aux seuls troubles de la lecture, l'échantillon
« expérimencal » est constitué d'enfants sélectionnés pour un écart important
encre leurs performances incellecruelles et en lecture, évaluées par des tests
pécifiques. Ils sont âgés de 13 ans en moyenne.
résultats sont assez semblables aux deux autres groupes : cous 1
indices du KABC-II sont dans une moyenne inférieure au groupe témoin,
à environ un écart type de la moyenne. L'indice moyen le plus bas affecte
.;!il
8~ Apprentissage, la différence simultané/séquentiel existe, elle est de 2.7, mais
••c:: elle est de même niveau dans les autres comparaisons inter échelles.
0
<: ous présentons ci-dessous l'argumentaire des auteurs en relation avec
ces études, et notre commentaire, dans un tableau, nous l'espérons, plus
lisible. C'est-à-dire que nous espérons par là, sans déformer la contribution
l. Nous verrons plus loin, dans l'observation Nar, qu'il y a une explication psychologique à cc
phénomène. Elle nécessite une analyse précise et pratique des épreuves mettant la mémoire en jeu,
pour les comparer urilcmcnr, elle nécessite égalcmenr de considérer les éventuels troubles érnorionncls
(souvent évoqués comme conjoints aux troubles d'apprentissage).
Les motifs d'une révision au K·ABC
des auteurs, montrer que les changements qui affectent l'outil KABC dans sa
deuxième version correspond en définitive à une autre utilisation de l'outil,
ou à une autre vocation de cet outil.
Tableau 13.2
Argumentation de A. Kaufman, E. Lichtenberger, 1 Commentaire inspiré de la clinique des troubles des
E. Flctcher-janaen et N. Kaufman apprentissages
La question que se posent alors les auteurs esr La question rraduir le fonds de l'argumenrarre rhéorique,
« comment les scores inférieurs dans tous les indices qui est de considérer le développement des aptitude
se traduisent-ils dans les acquisitions ou réalisation et le développement des apprentissages, dans une
scolaires ! • relation causale I inéaire des aptitudes aux réalisarions.
·- ·t la conception du pédagogue jardinier épinglée
par Vygotsky. Cet auteur lui opposait une relation
dialectique des développements selon laquelle le bon
enseignement est toujours un pas en avant du dëvelop
pement des fonctions psychologiques supérieures - et
dernières sont aussi
Les auteurs répondent à leur question, selon la logique Évaluation douteuse. Le concept de conscience pho
qu'elle sous-tend, par une comparaison entre les nologique n'a pas acquis partout le sratur causal qui
indices des échelles !-:ABC-li cr les indices HEA-ll lui est attribué ici. La conscience phonologique peut
de la passation aux mêmes enfants de leur barterie être un pré requis aux yeux de ceux qui enseignent, er
alaire. Après avoir considéré l'importance de la qui oublient cc faisant, qu'ils sont ceux-là mêmes qui
conscience phonologique comme condition d'accès l'enseignent avec la lecture (voir Oison, 1994/1998,
à l'apprentissage de la lecture alphabétique - tout au notamment ; et Chauveau, 1997, selon une perspective
moins son aspect soi-disant consensuel , er la preuve différence, qui réinscrit la conscience phonologique
par l'image, au travers des études d'imagerie cérébrale dans l'ensemble des compétences métalinguistiques et
et EEG confirmant les zones cérébrales impliquées, il leur développemenr conjoint au cours de l'apprentissage
conseillent d'exanuner les scores comparés entre la de la lecture)
conscience phonologique selon le KTEA-ll et l'échelle
processus séquentiels du KABC-II enfant par enfant.
Ceue comparaison aidera à comprendre l'étiologie du nclusion en contradiction avec ce qui fondait
trouble et à ordonner les bonnes prescriptions. IM 10
Le rôle du psychologue sera en fm de compte de notamment, La démarche d'idennûcarton du trouble
encourir à la prescription de soin, comme résultat refuse de mettre une étiologie supposée au rang des
d'une mise en évidence de la cause du trouble. C'est signes d'identification ; elle l'eut porter sur la sémiolo
n effer l'étiologie qu'il s'agirait d'interroger. gie en écartant délibérément route considération sur
l'étiologie.
• L'évaluation compréhensive consiste à mettre en Cerre question a son imporrance, parce que le pas
ëvldencc des prescriptions pour des intervention franchi est susccpnble d'amener le trouble des apprcn
en relation étroite avec les forces CL faiblesses d, tissages dans la sphère d'un personnel menant en œuvre
l'enfant. • (2005, p. 220) • ( ...) la recherche neu les rcmédiations qui n'est plus celui de l'école.
ropsvchologlque esr en voie d'idenrifier les périodes
critiques du développement cérébral qui répondent
aux stratégies de remédiarion des forces et faiblesse
(Teerer, 1997) • (2005, p. 220)
Clinique au KABC·II
Tableau 13 .2
(suite)
L'évaluation • compréhensive • (ou intelligente) 1. le trouble spécifique ainsi restreint est une vue de
répond à l'objectif. Elle comprend rrois moments : l'esprit. Les troubles émotionnels, pour ne cirer qu'eux,
L la mise à l'écart de toutes les causes particulières, ont « le plus souvent • associés aux troubles d
dont émotionnelles, culturelles, sociales pour ne apprentissages'. La question serait plutôt <l'aborder leur
considérer que le trouble srricrernenr spécifique ; diagnosric de façon éclairée au travers des tests, le
2. l'idenuûcauon précise <le « tous les points forts et KABC-II pouvant parfaitement y contribuer puisqu'il
points faibles Je l'enfant • ; ournit une base d'observations <l'une grande richesse ;
3. servir de base aux prescriptions 2 et 3. • points fores et points faibles de l'enfant • est
points fores er points faibles. un vocabulaire scolaire, mais pas seulement : il copie
délibérément la neuropsychologie adulte qui étudie le
troubles consécutifs à une lésion cérébrale er les râche
de « réhabilitation • qui en découlent, confondant
ainsi l'enfant en développement et l'adulte, les troubles
liés au développement et les troubles consécutifs à une
arrelnte anatomique.
a. voir à cc sujet l'étude de !'INSERM,• Dyslexie, dywrrhographie, dyscalmlie, Bilan des tU11111ée1 sàemifù,11n ,. Paris, Les
ëdiuons INSERM, 2007.
• ;!il
Ce qui revient à turia
8~
••c:: ans un article synthétique, « Une revue et une étude empirique sur les échelles
0
<:
composites du Das-Naglieri cognitive Assessment sytem (CAS) », McCrea 1
(2009) rappelle succinctement le modèle des trois unités présenté par Luria
1. Simon McCrea, écrit comme membre du J .P. Das Developmenral Disabilities Center, University
of Alberta, Canada. Adresse de l'aurcur: Dcparrmcnr ofNeurology, Univcrsiry of British Comumbia,
Vancouver, British Columbia, Canada.
Les motifs d'une révision au K·ABC
1. Nous conservons pour cette première apparition de ces termes leur dénomination anglaise.
2. Nous soulignons.
Clinique au KABC·II
ans le KABC-II, les termes utilisés pour nommer les échelles issues
de la « théorie Luria » et leur définition sont, à peu de choses près, ceux
des échelles PASS et CAS. Planification, Séquentiel et Simultané sont l
mêmes, mais l'échelle Arousal/artenrion du CAS, que l'on pourrait traduire
par Éveil/Attention devient Aptitude à l'apprentissage dans le KABC-11
bien que sa définition par Kaufman et coauteurs (2005, p. 14) soit loin de
justifier une appellation aussi simple' :
<( Reflète l'intégration des processus associés aux trois ensembles de Luria,
au premier plan les processus d'attention/concentration qui sont du
domaine du bloc2 1, qui requièrent également le bloc 2 pour coder les
processus et le bloc 3 qui élabore la stratégie nécessaire pour apprendre et
retenir l'information nouvelle avec efficacité. Les processus simultanés cc
équenriels sont associés en premier lieu au second ensemble de Luria et
renvoient à des processus de traitement de l'information « pas à pas » ou
holiscique. »
Si l'on suit bien ce qu'écrivent les auteurs, les tâches qui composent l
problèmes d'éveil/attention ne sauraient concerner la seule attention, ni
le seul codage selon le système duel séquentiel/simultané, ni l'aptitude à
évoquer une stratégie ni le choix des tactiques conformes au sens de cette
stratégie, mais tout cela à la fois ... Ce qui est bien, comme nous le verrons
plus loin, la manière dont Luria analyse en ses diverses séquences, toutes
également intéressantes, et coutes devant retenir l'attention du psychologue,
la résolution de problèmes complexes de construction tels que l'épreuve des
Cubes de Kohs par exemple ou les problèmes de nature logico-verbale.
Peut-on, dès lors, considérer que la nature de l'apcicude mise en jeu dan
cette épreuve est l'apprentissage? Si la réponse est affirmative- nous croyon
en bonne clinique que le terrne « apprentissage» est un bon résumé de ce qu
l'on mesurera à la fin de l'épreuve, comme produit complexe de démarches
complexes associant bien des aptitudes toutes nécessaires - peut-on soutenir
.;!il qu'il s'agisse là d'une « aptitude» singulière, Glr? Cela est contestable.
8~
••c:: En roue état de cause, si la question de la compatibilité encre les deux
0
<: systèmes de référence est posée, la référence à Luria a le mérite d'amener de
la complexité, c'est-à-dire d'inciter le psychologue à rester au plus près des
la partie gauche du tableau annonce que dans la majeure partie des cas
l'utilisateur préférera le modèle CHC. Tandis qu'au bas de la même
partie gauche on précise en dernier point qu'il utilisera Luria « S'il a
un solide engagement en faveur de l'approche des processus mentaux selon
Luria, et s 'il croit que les connaissances acquises doivent être exclues de toute
évaluation cognitive. » (2004, p. 3) Qui aurait envie d'être définitivement
dépositaire d'une théorie ringarde et fermée contre une autre, moderne
et ouverte? Il semble donc ne pas y avoir d'alternative pour l'auteur,
candis que l'énoncé des troubles pour lesquels le psychologue est invité à
e référer à l'un ou l'autre modèle esc théoriquement consiscanc.
Cependant, le fonds de la stratégie suivie par les auteurs, quant à lui est
très explicite, puisqu'ils l'écrivent: il s'agit de s'aligner sur les directives
de l'IDEA (Individuals with Disabiliries Education Act), et pour cela,
de faciliter les correspondances directes entre les troubles authentifiés
« spécifiques », et leur expression cour aussi « spécifique» dans les batteries
de tests. Pour cela, le pont encre la psychométrie et la neuropsychologie
peuc constituer une étape importance. Kaufrnan cc ses coauteurs le disent
ainsi dans le paragraphe qui justifie la nouvelle version: « Il s'est ajouté,
à la réfèrence initiale à Luria, une interprétation des échelles fondée sur
la théorie CHC, les théories neuropsycbologique et psychométrique ont été
ainsi liées. » En d'autres termes, ec pour ce qui intéresse le psychologue,
l'ambition des auteurs peut être aussi, grâce à cette batterie de tests, de
réaliser un pont encre deux domaines de la psychologie qui n'ont pas,
jusqu'à la dernière décennie, eu beaucoup d'occasions de se retrouver.
La raison n'est au fond pas franchement psychologique, l'injonction
vient d'ailleurs, ec déjà dans un ouvrage antérieur d'autres auteurs dont
Flanagan avaient clairement indiqué l'ambition à venir du resting.
Elle figure en annexe du présent volume, en introduction aux <• élément
sur la théorie CHC ». Les buts assignés à la théorie, pour Alfonso,
.;!il Flanagan et Radwan, (2005, p. 199) sont de permettre à terme le
8~
••c:: diagnostic d'un trouble des apprentissages, au travers de l'estimation
0
<: de déficits personnels cognitif et scolaire conjoints, une estimation « qui
autorisera à dire qu'il [le trouble des apprentissages} est bien le propre de
l'individu, et non éventuellement causé par des facteurs exclu.si.fi comme
les différences culturelles, les différences de langage, d'éventuels troubles
émotionnels, etc. )) En clair, est assigné à la théorie, pour ces auteurs
de prendre parc à une stricte définition des troubles des apprentissages
qui tiendrait de l'individu et de lui seul : ni effet de la culture, ni effet
de l'apprentissage/enseignement par lequel se transmet la culture, ni
Les motifs d'une révision au K·ABC
Tableau 13.3
Dénomination échelle selon Dénomination échelle selon
Dénomination KABC-II
• Das-Luria » théorie CH
Aptitude à la planification
existe, elle ne peut être contestée. Ce que l'on peut en revanche contester
t son rapport avec la méthode de Luria. Luria concevait des épreuves pour
les besoins de ses examens, ou utilisait celles qui existaient, pour cerner
l'atteinte fonctionnelle consécutive à une blessure localisée. Mais il prend
au long de ses écrits le soin de préciser que d'une personne à une autre
la même blessure ne produit pas le même effet, d'une part, d'autre part
que l'identification précise des troubles fonctionnels n'a de sens qu'à mieux
ajuster la manière dont on viendra en aide au patient pour en limiter les
effecs, et finalernent les dépasser - ce que l'on nomme réhabilitation.
En revanche, une autre voie s'ouvre à qui veut rester clinicien avec le
KABC-11: il s'agirait d'interroger la méthode de Luria pour apprécier les
vrais points de convergence entre cliniciens et les utiliser au mieux de
l'élaboration d'un discours par lequel nous pourrions être compris d
neuropsychologues cout autant que des enseignants.
l. Nous conservons bien sûr le terme utilisé par Luria qui a travaillé en Union soviétique jusqu'à sa
mort.
2. L'éditeur aux USA de la biographie de I Iornskaya précise pourtant en bas de page que la
bibliographie est incomplète {!), et dans sa préface, qu'il est" le psycbologne savant souiétiqu« (Russe)
Le plus citi en Amérique du Nord, m terme ~ citations contemporaines en Américain, Canadien et
Britannique (. ..) • (Tupper, 2001, Vlll).
Les motifs d'une révision au K·ABC
1. Nous soulignons.
2. Lcrrc de Luria à Sachs, da rée du 19 juillcr 1973, cirée par Sachs dans sa préface à Lu ria, L'homme
dont le mode volait tri éclat, Le Seuil, 1995, p. 11
Clinique au KABC·II
1. Je souligne.
Les motifs d'une révision au K·ABC
Toue ce que nous venons de rapporter des observations qui peuvent être
faites dans le cours d'une épreuve selon Luria nous renvoie très directement
au concept de JQ. JI n'est pas nouveau dans les tests, mais il prend coute sa
aveur ici, introduit sur le commentaire de l'apport de Luria.
Il s'agit d'une conceptualisation qui accompagne nécessairement les
données chiffrées du test. Elle ne concerne pas les aptitudes évaluées par
la bartcric, au travers des indices, mais l'appréciation des conditions de
l'évaluation des aptitudes, par les indicateurs qualitatifs.
Ces notes d'observation sur lesquelles le Manuel du KABC-IT attire
l'attention de l'utilisateur correspondent à des observations sur les compor
ccmcncs de l'enfant, qui. faciliteraient ou entraveraient la démonstration de
ses aptitudes réelles, celles que le test veut les meccre en évidence.
Pour Kaufman (2005, p. 138-167) :
« Les indicateurs qualitatifs du KABC-II sont des comporcemencs notés
pendant le test qui peuvent exercer une influence positive ou négative
sur les performances. Ce sont des facteurs comportementaux qui one le
potentiel d'affecter la fidélité et la validité des scores dans les épreuves,
bien qu'ils ne soient pas liés aux constructs du test en cours de mesure. >i
.;!il
8~ (Sartler, 2000)
••c::
0
<:
tâche, mais n'en reste pas moins un élément notable dans le comportement
en cours de test.
Pour l'attention, les choses semblent plus claires : Kaufman note avec
dis (2003) qu'elle est:
.;!il
8~ « un construcr mulcidimensionnel, impliqué dans la définition d
••c::
0
<: fonctions exécutives parce qu'elle est une variable constance qui fournit
la base des fonctions de haut niveau, l'attention est une des fonction
cognitives les plus fondamentales, comme la mémoire, le langage, la
perception, qui autorise la formation des fonctions corticales supérieure
comme <<planification» et « organisation». » (Kaufman, 2005, p. 150.)
L'on n'est pas obligé de souscrire à cette affirmation qui oppose des
catégories de niveaux différents, donc non opposables. Par ailleurs :
n aura remarqué que ces composantes IQ recouvrent pour beaucoup
l'objet de nos observations dans les premières étapes du processus de
résolution de problèmes selon Luria. - Pour Luria, cout au long, et
particulièrement dans le paragraphe consacré à l'examen de l'activité
de pensée, au travers de tests complexes, le découpage du processus de
résolution de la tâche renvoie à autant de moment pendant lesquels est en
cause tantôt la motivation à réfléchir au problème posé, tantôt la capacité
à réfréner le premier mouvement sur le matériel, tantôt la capacité à
considérer l'ensemble des données de manière ordonnée ou judicieuse,
etc. Autant de capacités qui sont, pour Luria, parties intégrantes de
l'activité de pensée, complexe par nature.
Autrement die, ce qui pour les concepteurs du test, et sans doue
une très grande partie des chercheurs dans ce domaine, constitue
autant d'éléments hétérogènes, gênant la bonne mesure des aptitudes
cognitives d'une personne, correspond pour Luria à des étapes dans la
résolution de la tâche. Ce ne sont pas des parasites, sauf pour celui
qui place la performance dans l'épreuve au fair de ses intérêts, mai
des moments privilégiés d'observation, qui renseignent, à savoir les lire,
Clinique au KABC·II
1
Le KABC-11, Composition
1
Échelle connaissances .•.................................... Page.116.
_J
Clinique au KABC·II
Tableau 14.1
Aide-mémoire présentant une brève description des épreuves
Raisonnement conceptuel Des images, figuratives ou abstraites, sont présentées à l'enfant. Elles ont
(Conceprual rhinking) une forme de parenté, relevant de divers niveaux de catégorisation. L'enfant
montre l'intruse.
à l'enfant de
Planification spatiale
(Rover)
Triangles Deux parties composent le test : pour la première l'enfant reproduit la figure
(Triangles) réalisée par le (\5ychologue avec des blocs de diverses formes, dimensions et
ouleurs, dans la seconde il reproduit avec des triangles bicolores les modèles
Reconnaissance de [orme
(Gclstat Closurc)
Mémoire associative - difftré I Après un délai de 15 à 25 minutes l'enfant montre ce qui est nommé à chaque
(Atlnntis dclaved) présentation par le psychologue, conformément à cc qu'il a appris.
- dif-] Après un délai de 15 à 25 minutes l'enfant lie les phrases comrosees av
-mboles qui lui ont fo: présentés dans l..i phase antérieure.
(Rebus leaming delaved)
Le KABC-11, comnosnion
ableau 14. l
(suite)
Échelle connaissances
Les auteurs du KABC-II ont choisi de présenter deux modèles théoriques
pour rendre compte des réponses d'un enfant sur leur batterie. Ils présentent
succinctement les différences entre les deux modèles comme réduites à
l'utilisation ou non des épreuves de connaissances. Le choix du modèle
<( Luria » exclue aujourd'hui les épreuves de Connaissance....
Cependant il nous semble malavisé de se refuser à l'évaluation de
connaissances de l'enfant a priori. Nous avons précisé plus haut un autre
point de vue : la totalité des épreuves peur être passée sans avoir fair le choix
du modèle retenu, incluant donc les épreuves de connaissances acquises dans
cous les cas, quitte à ce que le modèle sous-jacent à l'analyse soit décidé après
la passation des tests, et donc en connaissance de cause. Nous choisisson
après coup, par exemple le modèle de Luria parce que la partition des scores
entre processus mentaux séquentiels et simultanés le justifie pour mener
une analyse conséquence des résultats, ou bien nous choisissons le modèle
CHC parce que le vieux modèle Cattell-Horn semble pertinent.
ans cous les cas, et même dans celui d'une référencenécessaireet pressanceau
cul modèle issu de Lu ria, centré sur les processus meneaux selon la dichotomie
séquenriel/simultané, rien n'interdit de manier l'ouril « connaissances" comme
cela était recommandé dans la première version du K-ABC.
Clinique au KABC·II
Dénomination
énominacion est une épreuve de vocabulaire sur image: l'enfant nomme
ce qu'il identifie sur l'image, ou sur une partie de l'image.
Cette épreuve est «complémentaire» à partir de l'âge de sept ans. Elle
semble pourtant la bienvenue avec beaucoup d'enfants, parmi lesquels 1
nfants inhibés.
D'une épreuve similaire dans les EDEI, Michèle Perron-Borelli remarque
qu'elle est très proche de situations connues de l'enfant, depuis le plus
jeune âge, l'adulte pointe, l'enfant nomme, ou inversement. La forme du
questionnement est de nature à rassurer l'enfant. C'est un jeu couramment
pratiqué entre l'enfant et l'adulte. C'est la raison pour laquelle Perron-Borelli
la présence en premier dans sa batterie.
don le Manuel du KABC-II édition française, les auteurs attachent
une certaine importance à distinguer avec l'épreuve les capacités de
reconnaissance des capacités de rappel. Elles se distingueraient par l'âg
auquel elles se manifestent, plus tardivement pour le rappel évidemment
mais elles se distingueraient aussi du poinc de vue de la localisation cérébrale
dévolue à l'une et à l'autre: dénomination d'une image (donc rappel) dan
le lobe frontal gauche, pointage d'une image (donc reconnaissance) dans
le lobe pariétal gauche ... (Manuel du KABC-11, p. 94). L'insistance sur les
localisations cérébrales dans un manuel qui ne détaille pas la masse des
observations que l'on peut faire sur une simple épreuve de dénomination
sur image nous interroge ... Serions nous revenus aux beaux temps des
différences localisations cérébrales, consécutivement établies à la suite de
la communication de De Broca puis à celle de Wernicke sur l'aphasie:
perce de l'aptitude au langage expressif, donc le centre était situé dans le
tiers postérieur du gyrus frontal inférieur gauche pour De Broca, perte de
l'aptitude à comprendre le discours, dans le trouble de Wernicke, que le
.;!il découvreur situait au tiers postérieur du gyms temporal supérieur gauche ?
8~ ous avons rappelé plus haut ce que valait la recherche de localisation
••c::
0
<: cérébrale pour Luria (1973), là où des ensembles fonctionnels étaient
impliqués, aussi peut-on s'interroger sur l'opportunité de justifier un subrest
de cette manière, comme si la localisation affirmée avait pour mission de
confirmer la réalité d'une fonction.
JI n'est pas besoin d'invoquer des localisations, pour distinguer le langage
en expression du langage en compréhension. Cerre distinction est à la base
de cous les tests de langage, elle pose des difficultés sérieuses à être mises en
évidence dans le cas du langage en compréhension. Mais de cela il n'est pa
Le KABC-11, comnosnion
Chris
Chris est une fillette de 6 ans 3 mois. Elle est née fin novembre, ec n'a pa
encore tout à fait 6 ans quand elle encre au CP. Au moment où nous la
rencontrons, à la mi-mars, elle inquiète encore ses enseignantes par son
comportement général vis à vis des tâches scolaires, mais semble sur le point
de résoudre les difficultés de la lecture ec de l'écriture: avec un peu d'aid
et une sollicitation soutenue, elle peut lire des mots simples (c'est-à-dire
ne mettant pas en jeu des sons complexes par leur prononciation ou leur
écriture).
Le mot immaturité, incontournable dans les signalemencs de l'école,
'impose à l'esprit des enseignantes, quoiqu'elles n'aient pas fait explicitement
référence à son jeune âge à l'entrée à la grande école pour le justifier. Ell
joue sur l'affectif répère-t-on, en signifiant par là que Chris s'engage dan
Clinique au KABC·II
le travail demandé pour faire plaisir, et sernble-r-il, sous réserve que ça lui
fasse plaisir aussi. Elle n'est pas gênée d'être au sein du groupe des enfants
de maternelle à l'occasion des « décloisonnements 1>, quand elle retrouve par
la même occasion la maîtresse des petits. Elle prendrait même un certain
plaisir à se trouver là où d'autres auraient le sentiment, et le manifesteraient
d'être pris pour des petits.
Qu'en est-il du développement par ailleurs, langage, dessin notamment,
et au-delà de sa manière de composer avec l'adulte dans l'apprentissage?
Puisqu'il est question d'immaturité, faut-il entendre par là la notion d'un
retard conséquent qui n'ose se formuler?
Dès l'écriture del'en-tête du protocole, la fillette tend à donner un certain
cour à la relation. Quand j'écris son prénom, elle me fait remarquer« Je
peux l'écrirc !» sur un con qui dément l'impression de petite chose timide
qui émane de cette poupée. Elle est haute comme trois pommes, mais sait
s'affirmer, dans un domaine où nous ne l'attendions pas puisqu'elle étaie
censée avoir une mauvaise écriture. Elle écrit alors son prénom avec une
splendide majuscule, et le termine joliment. Nulle difficulté cursive ici,
l'écriture est habile, indéniablement, s'il y a eu des difficultés il y a quelque
temps, nen. n ' en reste.
L 'épreuue de dénomination
La première épreuve proposée, dénomination, nous montre d'emblée une
recherche d'affirmation de soi, par les gestes et par la parole: elle empoigne
les deux côtés de la feuille qu'il faut tourner, sous couvert de m'aider, mais
ans me demander mon avis, prenant par le geste le contrôle du rythme de
l'échange, sinon del'échange lui-même ; par ailleurs elle hésite peu, cc semble
préférer, quand elle n'est pas bien sûre d'elle, soit différer et mettre le temps
à profit pour réfléchir et répondre à bon escient, soit dire tout de go qu'elle
ne sait pas. Sous cet angle déjà, qualité et force de l'affirmation d'abord,
.;!il
utilisation d'un temps utile pour son propre compte, nous comprenons bien
8~ que la suspicion de retard mental est hors de propos.
••c::
0
<:
e surcroît, aucune erreur concernant le genre des noms, aucune erreur
grossière d'approximation ni dans la nomination, ni dans la prononciation,
peu d'hésitation, peu de demande d'aide à l'adulte. Le langage apparaît
d'emblée d'un bon niveau d'expression, et le lexique étendu, ce que confirme
la noce standard qui situe le niveau à plus d'un écart type au-dessus de la
moyenne des enfants de ccc âge.
Le KABC-11, comnosnion
Devinettes
L'épreuve de devinettes éraie présence dans le K-ABC sous sa premier
forme, dans l'échelle de Connaissances aux côtés d'épreuves scolaires. De
nombreux items ont été repris, d'autres ont été ajoutés. Elle s'applique à
cous les âges, quand l'échelle de Connaissances est appliquée.
Les auteurs soulignent l'aspect ludique del' épreuve. Le jeu de devinettes est
connu de beaucoup d'enfants qui le pratiquent parfois spontanément encre
eux. Les caractéristiques de l'objet à deviner sont dévoilées progressivement
et l'enfant qui réussit le mieux est celui qui attend que toutes soient dite.•.
C'est une épreuve verbale. Passés les premiers items pour les petits, les plu
grands se retrouvent vite dans une situation qui requiert d'abord l'écoute
de l'énoncé de l'adulte. C'est donc d'abord une épreuve de langage en
compréhension. La difficulté qu'il rencontre éventuellement doit pouvoir
être appréciée à ce premier niveau :
comment réagie-il dans une situation où seul le langage se trouve entre
lui ec le psychologue ?
semble-t-il posséder cous les termes du lexique nécessaire à comprendre
les questions ? Et comment réagit-il face à un mot étranger ? Certains
enfants compensent aisément par le sens global qu'ils donnent à la
question, d'autres paraissent ne pas pouvoir dépasser l'élément étranger
le terme inconnu - comme s'ils y décelaient un élément potentiellement
persécuteur, qui les rejette, cc suscite le rejet en retour.
À la différence de la situation scolaire bien connue où l'adulte énonce et
l'enfant cherche et répond, les énoncés ne recèlent pas de piège: ils sont
de difficulté progressive, et peuvent donc être abordés sans risque a priori
d'être cout de suite en peine de répondre dans le sens attendu.
es énoncés concourent à dessiner une image, d'abord floue et changeante,
puis plus précise d'un objet qui est censé, jusqu'à un certain niveau de
difficulté, appartenir à l'univers des connaissances de l'enfant. Les énoncés
recourent à la catégorisation, mais dans le sens de la description, de l'utilitaire
de cc que l'on fait avec, de la manière donc on en use, ou du contexte dans
lequel on le trouve. La cacégorisacion dans les énoncés se distinguerait
d'ailleurs sur ce point de celle, logique, dont joue davantage l'épreuve de
<( Raisonnement verbal » du WISC-IV. Dans les devinettes, les référenc
sont celles de la culture commune. En ce sens, l'enfant bien adapté à son
monde, peut y montrer un bon niveau de réussite.
Clinique au KABC·II
Échelle séquentielle
Suite ae mots
Reprise de l'épreuve de même nom du KABC. L'enfant est invité à montrer
les objets dans l'ordre de leur nomination par le psychologue. Une difficulté
supplémentaire, sous la forme d'une tâche interférence est introduite en
cours d'épreuve.
elon le manuel,
« Le test est une adaptation du test audio-verbal de Luria (1966) destiné
à mesurer les fonctions corticales supérieures du lobe temporal gauche.
Luria faisait répéter aux patients des séries de trois ou quatre mors. II avait
remarqué que certains types de patients aphasiques avaient des difficultés
considérables à répéter ces séries. » (Manuel, p. 78)
Cette épreuve est une mesure de la mémoire immédiate del' enfant, notée
Csm dans la théorie CHC, épreuve séquentielle pour Kaufman, tandis qu
Luria y voyait, selon le manuel
« un test clinique audio-verbal destiné à mesurer les fonctions corticales
upérieures du lobe temporal gauche. >>
i la mémoire immédiate est requise dans cette épreuve, l'attention et
la concentration y sont à l'évidence forcement et préalablement sollicitées
ainsi qu'une certaine aisance en lecture et écriture, cout au moins en ce qui
fonde, à partir d'elles, l'organisation de l'espace de représencacion graphique.
Considérons les plus attentivement :
our l'attention et la concentration, ce sont, là encore, les « indicateurs
qualitatifs», mentionnés après l'aptitude spécifique de référence CHC, qui
n donnent la mesure, p. 78 du manuel :
« est perturbé par la tâche d'interférence de la couleur,
ne parvient pas à maintenir son attention,
répond de manière impulsive et incorrecte,
se concentre de manière inhabituelle,
verbalise à propos de l'item. >1
'écart entre les deux échelles est en effet le plus important pour le group
« dyslexiques »1. Les auteurs précisaient alors:
1. Mais le groupe._ dyslcxiques » de l'étude américaine ne se distingue pas vraiment à notre sens par
cc qui dcvrair le définir, les moyennes obtenues dans les deux épreuves de lecture ne sont pas même à
un écart type de la normale, ce qui amène quelque réserve sur la sélection de ce groupe, malgré les
exigences dans la sélection du groupe donr il est fair érar p. 121. Les moyennes dans les épreuves de
lecture sont en revanche significativement faibles dans le groupe " Di1Eculté de lecture • d'une étude
française (Tableau 4.28, p. 126) qui concerne 22 enfants, cr, sur cc pcrir nombre d'cnfanrs, l'écart
entre Séquentiel et Simultané plus important que dans l'étude américaine.
Clinique au KABC·II
s'assurer que l'enfant est arrenrif.» Les derniers termes sont soulignes en
caractère gras. Et l'on considère ensuite ce qui est recueilli comme l'ayant
été dans les conditions incluses dans les consignes. Pourtant il convient d
discuter ce qu'est être attentif. Parce qu'il y a 100 manières d'être attentif,
comme il y a 100 manières d'être présent quand on vous parle.
Quand peut-on considérer que l'enfant est attentif? Quand il vous
regarde ? Mais l'enfant qui ne vous regarde pas peut être attentif alors même
que le regard direct de l'adulte pourrait gêner celui-ci et pas celui-là. Faut-il
d'ailleurs le regarder et le regarder dans les yeux? Certains ont besoin du
regard direct auquel ils s'accrochent comme à une planche de salut, d'autre
penseront mieux s'ils sont à l'abri du regard direct, d'autres, beaucoup
d'autres préféreront sans le dire que le psychologue ferme lui-même les yeux
au moment où il dit les mots ou les chiffres, attestant pas là-même, de surcroît
qu'il fait l'effort de les voir mentalement, donc de les écrire intérieurement.
Celui-là trouve une manière d'accompagnement qui incite par la mimique
à faire comme lui, à la manière de la mère qui ouvre elle-même la bouche
quand elle tend la cuiller pleine vers la bouche du bébé. Tou tes les manières
de jouer l'attention, de veiller au meilleur niveau d'attention de l'enfant
ne sont pas équivalentes, et l'on peut le penser, toutes n'ont pas la même
valeur, le même effet selon les enfants. Ce qui convient à l'un ne convient
pas nécessairement à l'autre. Certains ont besoin de distance pour penser,
cc l'on peur penser que les enfants engagés dans une manière d'organisation
mentale névrotique entrent dans ce cadre, mais pas toujours, d'autres ont
besoin de proximité pour penser, pour« voir » mentalement, et se montrent
plus dépendants de cette proximité, et c'est généralement le cas des enfants
qui éprouvent des difficultés dans les apprentissages, connaissant quelques
troubles émotionnels .
• ;!il
Mouvements ae main
8~
••c:: Trois positions de la main sur la table sont montrées par le psychologue
0
<:
à partir desquelles des suites de complexité progressive sont faites sous le
regard de l'enfant, qu'il est invité à reproduire.
e test est emprunté et adapté de Luria (1966), selon le manuel, « qui
évaluait la capacité de réaliser des mouvements habiles comprenant trois
composantes successives» (manuel, p. 79). C'est dire que, pour son créateur,
l'efficience dans la tâche ne se réduisait pas à la mémoire immédiate, mais
Le KABC-11, comnosnion
l. Nous utilisons le tcrmc « absence» dans le sens d'absence mentale, sans référence à l'absence d
l'épilepsie.
Le KABC-11, comnosnion
des difficultés rencontrées, et pourrait à tort faire croire que Nat n'est pas
allé loin dans les réussites, ce qui est faux. Même les derniers items sont
manqués de peu, un détail. La caractéristique du fonctionnement semble ici
être l'alternance entre les moments de grande proximité mentale requise par
les items de plus haut niveau, et des moments de décrochage, se traduisant
par une certaine discontinuité dans la qualité de l'attention.
Échelle simultanée
semblerait donc pour les images difficiles qu'un certain palier soit représenté
par la 9c année quant aux capacités de dénombrement de cubes.
Les mêmes auteurs considèrent que la note attribuée est un indice peu
valide des possibilités intellectuelles générales de l'enfant, et que « la réussite
ou l'ëchec dans l'ëpreuue dépend en partie des possibilités d'attention du sujet et
de Lafaçon dont l'examinateur Le mobilise».
L'encadré qui suit présence quelques remarques concernant les conduites
de Nat, susceptibles d'apporter d'autres éclairages sur l'intérêt de l'épreuve.
Nat
Dans l'épreuve de dénombrement de cubes, le score obtenu, de 6 en note
tandard, est le plus bas du protocole de Nat, l'épreuve ne convenait pas
à l'évidence à son approche. On relève en effet plusieurs caractéristiques
concourant à l'échec dans le dénombrement:
• un dénombrement pour chaque item beaucoup trop rapide. On ignore à
ce moment comment il compte, mais son résultat survient plus vire que
le terme de notre propre comptage. On ignore aussi pourquoi il procède
de cette manière, besoin d'affirmation dans une épreuve à première vue
imple à réaliser, ou tendance générale à ne pas fixer la difficulté mais au
onrraire à glisser superficiellement sur l'image ?
• une difficulté d'analyse selon les codes culturels d'une représentation
appuyée sur la perspective conventionnelle : les cubes qui ne sont pas vu
ne sonc pas comptés, malgré les items d'apprentissage,
• et une tendance à se désorganiser face aux difficultés que lui oppose
l'épreuve. Au début il compte encore les cubes, méthodiquement, à la
fin, les faces sont confondues avec les cubes, la réalisation de la tâche
est progressivement détériorée pour abourir à une manière de résolucion
d'un âge bien inférieur à celui de Nat.
L'ensemble de ces traits ne dément pas ce que nous notions de dépendance
.;!il
8~ à l'image chez Nat, quand il est face à un matériel présenté sur du papier,
••c:: qui est l'autre versant de sa dépendance à la proximité de la personne. Il ne
0
<:
'agit en effet pas seulement de voir et de reconnaître, comme sur Mémoire
associative, des images en dimension, inchangées d'une page à l'autre, mai
de saisir les objets représentés dans un espace à crois dimensions. Ce n'est
pas seulement le code de représentation des objets en trois dimensions sur
un support qui n'en permet que deux qui est en cause. C'est que ce code
onrredit tout ce qui est attendu de l'image : elle doit, pour Nat, représenter,
c'est-à-dire conserver le lien à l'objet à travers son image, or on lui propose
Le KABC-11, comnosnion
ici de se servir de ce qui lui est si nécessaire pour faire disparaître les objets à
la vue, ce qui est bien le comble du traitement demandé de l'image.
Ces constats sous la plume des auteurs scrupuleux seraient de nature à nou
ramener par le chemin le plus direct à la lecture de Luria, tel que nous l'avon
présenté dans le chapitre précédent. Les problèmes que nous soumettons
aux enfants requièrent tous de prendre en compte des paramètres qui ne
sont pas, qui ne sont jamais un par tâche. Les tâches sont complexes, nous
avons détaillé en suivant Luria les différences étapes nécessaires à prendre en
compte dans la résolution d'un problème proposé à l'enfant. L'analyse d'un
protocole d'examen est nécessairement fondée sur l'observation de tous les
instants traversés par la recherche de l'enfant, pour autant que nous pouvon
en percevoir quelque chose. Ainsi l'épreuve de Raisonnement conceptuel
- dont le nom trahie d'ailleurs l'échelle dans laquelle il est classé - si elle
se trouve concourir à la détermination de l'indice Visualisation présent
d'autres caractéristiques utiles à l'observation. La réussite nécessite de limiter
la précipitation sur la première image venue, de les considérer toutes, pour
mettre ensemble ce qui peur aller ensemble. Tout cela n'est pas dit à l'enfant
qui doit le déduire de ce qu'il voit.
omme l'épreuve est pratiquée sur un support imagé, les problèmes
qui peuvent être rencontrés par certains enfants pour répondre au mieux
peuvent être liés au support : le collage à l'image entrave son identification
complète, celle que le lexique la permet, et peut conduire à des résultats
paradoxaux: l'image est susceptible de faciliter le travail parce que tâche non
verbale pour les enfants qui dominent mal la langue, mais elle peut être une
entrave chez ceux qui craignent de perdre l'image (dans les cas d'angoi
de séparation qui est fréquente dans les troubles émotionnels ... Et ceux-ci
accompagnent généralement les troubles des apprentissages ...)
à dessus, l'explication la plus complète est encore donnée par Luria :
le développement des processus mentaux supérieurs ne suie pas un cours
naturel et linéaire, mais un cours qui intègre, à un certain moment, les
nouvelles formations issues de l'intégration de la parole qui constitue autant
.;!il d'outils.
8~
••c::
0
<:
Planification spatiale (Rover)
Cette épreuve est une épreuve principale après 6 ans. Elle ne remplace pa
l'épreuve d'organisation spatiale de la précédente version du K-ABC. Le
principe en diffère, cout comme l'activité de l'enfant.
manuel du KABC-II souligne que:
Le KABC-11, comnosnion
Le manuel précise par ailleurs les difficulcés que le test oppose à l'enfant,
et les exigences qui en one découlé pour définir précisément les règles de
passation de l'épreuve.
omme dans le manuel, Kaufman et ses coauteurs (2005, p. 159)
insistent dans la présencacion rapide de l'épreuve et la rédaction de la
liste des << Influences potentielles sur la performance » sur la quantité de
fonctions exécutives, impliquées dans la tâche: elle exige l'attention lors de
la présentation de la tâche et des consignes, la capacité à réprimer ou inhiber
les premiers mouvements spontanés avec la figurine en main, intégrer de
nouvelles règles en cours de jeu ec recomposer les règles précédentes, analyser
les données d'un problème qui change à chaque nouvel item, comparer les
solutions et effectuer un choix entre elles en continuant de se soumettre à
chaque nouvelle règle.
Au total il s'agit incontestablement d'une épreuve complexe, pour laquelle
on a quelque peine à souscrire à l'idée qu'elle offre une bonne mesure d'une
aptitude bien définie, Gv, compte tenu de toue ce qu'elle implique.
L'épreuve débute par un cemps d'apprentissage important parce que des
règles sont dites dès le dépare qui doivent être scrictcrncnt appliquées, par
l'enfant cc par l'adulte : en effet il est tentant de soutenir la quête del'enfant
au pas à pas en intervenant en cours d'épreuve pour rappeler la consigne
de comptage que tous les enfants ne respectent pas spontanément, surcout
dans les jeunes âges.
L'excitation du jeu peur amener des comportements régressifs du
répertoire enfantin, comme un comptage aléatoire des cases parcourues,
surprenant chez certains.
La conduite par rapport aux règles édictées est évidemment du plus
grand intérêt clinique. Elle doit être mise en relation avec le fait que le jeu
proposé voit lui-même ses règles changer dans des situations qui appellent à
la régression.
Ici, la notion de jeu est importante: l'enfant tient une figurine à la main,
et dénombre les pas qu'il lui fauc faire pour aboutir au meilleur résultat.
Le jeu amène l'excitation, cc l'on peut parfois penser que l'identification à
Clinique au KABC·II
l'animal qui cherche emporte l'adhésion du joueur, ce qui s'est produit dan
l'observation rapportée ci-dessous.
Khi
Khi est un solide garçon de neuf ans. Il n'a pas de difficultés d'apprentissages,
puisqu'il se présente comme l'un des meilleurs élèves de sa classe dans les
disciplines de base, arithmétique et expression écrite. Ce qu'il oppose à son
enseignante se situe sur le versant comportement: depuis son entrée à l'école
primaire, il a fait l'objet de demandes d'aides de la part des enseignants en
direction du psychologue « pour qu'il puisse parler ec être écoucé ». Il est
violent avec les camarades dans la cour de récréation. En classe, il travaille
quand il veut, il lui arrive souvent de refuser de répondre à un exercice
ous prétexte de fatigue. Il y a incontestablement une certaine complaisance
emprunte d'une charité mal comprise des enseignants vis-à-vis de Khi, due
à leur connaissance des particularités de son histoire familiale, abandon de
la mère, décès récent du père, l'enfant est élevé par ses grands parents.
Khi aborde d'emblée l'exercice avec excitation. Il voulait toucher la
figurine, il l'a dans la main et me dit qu'elle ressemble à mon chien. L'enjeu
est vite saisi, ce qui l'est moins est le système de contraintes légères exposées
d'emblée. Les premiers essais d'apprentissage suffisent à peine à l'amener à
dénombrer case par case, il veut briller, et me montrer qu'il peut évaluer d'un
coup d'œil le nombre de cases... et se trompe dans ses estimations. Quand
nous parvenons enfin à un respect des règles, l'iruégracion de nouvel!
règles le dérangent beaucoup au poinc qu'il en oublie encore le comptage et
n'est plus certain du tout de cc qu'il doit faire. En avançant dans l'épreuve
la désorganisation se poursuit, et le but du jeu commence à lui échapper: il
veut prendre plusieurs trajets, puis quand il se fixe à un projet en particulier
annonce des chiffres fantaisistes, en répétant et changeant à chaque instant
les éléments du comptage qu'il effectue. Le score total est à plus d'un écart
type en dessous de la moyenne des enfants de son âge.
.;!il
8~ 'est, pour Khi un résultat inattendu si l'on considère la seule aptitude
••c:: évaluée par l'échelle Simultané/Gv. Le garçon est brillant partout ailleurs,
0
<:
mais les conditions proposées ici ont rencontré très exactement ce qui
pouvait le mettre en difficulcé : règles changeant dans le cours du jeu qui
cmblcnt dépendre du seul psychologue, nécessité de différer, d'attendre cc
e donner le temps d'analyser coute la situation, compter pas à pas comme un
petit, tour cela est peu compatible avec le constant besoin d'affirmation qu'a
ce garçon. Mais c'est aussi ce qui signe tout l'intérêt clinique de l'épreuve.
Le KABC-11, comnosnion
Triangles
Triangles est une épreuve principale à tous les âges. Elle a donc été modifiée
depuis le K-ABC première version, dans le sens où une bonne série d'items
ont été ajoutés pour les premiers âges.
Les items ajoutés n'utilisent pas des triangles bicolores, mais d'autres
formes, qui doivent être diversement assemblées pour être présentées en
conformité avec le modèle. Le problème est il alors de même nature ?
Les auteurs notent que :
« La performance est meilleure pour ceux qui peuvent procéder par essai
et erreurs, peuvent mettre au point une stratégie d'analyse du modèle,
identifier ses composants, ec se montrent flexibles dans leur approche de
résolution de problèmes. La recherche démontre que les enfants déprimés
tendent à présenter de mauvais scores dans cette épreuve » (2005, p. 162).
Us relèvent de nombreuses influences potentielles sur la performance qui
réfèrent à des champs distincts d'observation.
L'accent est donc mis par les auteurs sur ce qu'ils considèrent comme
parties de la catégorie « fonctions exécutives », en les considérant logiquement
ici, non comme participant de l'élaboration de solutions aux problèmes
posés.
Cette épreuve est inspirée, pour les auteurs, par l'épreuve phare des Cubes
de Kohs. Ce qui a été rapporté de l'appréciation de cette épreuve par Luria
peut être appliqué ici :
« La tâche intellectuelle que doit effectuer le sujet est de dépasser les vecteur
de la perception directe pour convenir les éléments de l'impression visuelle
en éléments de construction. Cc problème peut être résolu dès que le
ujet peut dépasser la perception directe du dessin et recoder, recomposer
la structure perçue à partir des éléments de construction. ( ... ) » (1973,
p. 331). Il s'agit en fait d'une épreuve dans laquelle le va-et-vient enrr
le modèle et les éléments de construction est nécessaire, et porteur d'une
activité sous jacente d'analyse du modèle en ses composants - ceux-ci
étant les pièces triangulaires bicolores (pour la deuxième partie du test).
Par ailleur
• c'est une épreuve complexe, qui se réalise au terme d'un processus, donc
les moments sollicitent diverses capacités ;
• c'est une épreuve dans laquelle les instruments dom dispose l'enfant sont
les mêmes, d'un item à l'autre, avec des modèles changeants.
Clinique au KABC·II
Reconnaissance de Formes
L'épreuve de reconnaissance de formes n'apparaît plu omme épreuv
principale dans le KABC-II. Elle était, dans la prernièr version du test,
l'une des grandes nouveautés parmi les épreuves.
lie consiste à identifier un objet, ou un animal, ou un personne à partir
d'une image fragmentaire.
Clinique au KABC·II
Échelle apprentissages
1. S'agir-il alors de l'évaluation d'une aprirudc CHC ou de plusieurs? La question csr d'auranr plus
actuelle que les auteurs analysent ensuite les diverses séquences du travail au cours <lesquelles plusieurs
compétences bien disrincrcs cnrrcnr en jeu (voir plus loin cc qu'ccrit Luria de l'analyse des processus
de pensée mis en jeu dans les épreuves complexes de réflexion).
Clinique au KABC·II
Mémoire associative
'épreuve de mémoire associative est une épreuve principale, à cous les âge
de l'Échelle Apprentissage.
Après qu'ils one été présentés cc nommés, l'enfant doit retrouver en 1
pointant sur une image d'ensemble les objets nommés par le psychologue.
Les objets appartiennent à trois catégories différentes, toutes référant au
fond marin (d'où le nom original dans l'édition américaine,(< Atlantis »).
'épreuve peut être menée à bon rythme, ce qui a une incidence sur la
capacité à retrouver l'image récemment nommée.
La première phase nécessite de l'attention, puisque nous montrons
l'objet et le nommons. Cela suppose de notre part que nous nommons
en présentant au bon moment, quand l'enfant est mentalement présent.
L'épreuve d'apprentissage sous réserve d'attention est donc aussi une épreuve
qui requiert une certaine attention de la part de l'examinateur: en d'autres
termes, comme coute bonne épreuve d'apprentissage, elle nécessite une
certaine qualité de mobilisation des deux côtés du matériel, chez l'adulte, cc
chez l'enfant.
Les auteurs retiennent de cc jeu qu'il met à l'épreuve la flexibilité, au sen
où, après une erreur la réponse correcte doit très vire être reprise par l'enfant
après qu'elle a été soufflée par le psychologue.
Par ailleurs elle peur être sensible à l'inhibition de deux manières différentes
au moins, soit l'enfant inhibe son geste, le pointage, en hésitant sur sa réponse,
soit l'enfant résiste de manière générale au rythme que nous pouvons tenter
de donner à l'épreuve, parfois condition à la bonne réussite. Dans ce dernier
cas, on peut se demander si le freinage n'est pas une résistance à la proximité
mentale que nous provoquons avec l'enfant par le rythme de l'épreuve et le
attentes réciproques du meilleur moment pour nommer le nouvel objet.
ous insistons donc sur les qualités de cerce épreuve, qui sont d'abord
.;!il celles d'une épreuve d'apprentissage. Pour bien fonctionner, elle nécessite
8~
••c:: un jeu d'ajustement réciproque entre l'enfant et l'examinateur qui peut être
0
<: plus ou moins bien accepté, voire refusé par l'enfant.
artanr, bien qu'épreuve de mémoire, on peut obtenir sur cette épreuve
des scores qui contredisent les attentes, du simple fait que celui auquel
elle réussit le mieux est aussi celui qui tolère le mieux, voire qui utilise le
mieux la proximité mentale offerte lors de la passation. Les enfants dies
« anaclitiques », dépendants de la proximité de l'adulte peuvent, partant être
ceux auxquels elle réussie bien.
Le KABC-11, comnosnion
Apprentissage ae codes
Échelle planification
Histoires à compléter
Il s'agir en apparence d'une épreuve classique dans les batteries de tests,
présente dans les multiples révisions du WISC sous le titre des « arrangement
d'images». Mais cette référence classique nécessitait de remettre en ordre
conformément au développement de l'histoire les dessins qui en figuraient
les étapes, lues comme une bande dessinée de gauche à droite. Dans sa forme
KA BC-TT, les histoires à compléter sont déjà, en partie, disposées sur une
bande horizontale, mais il en manque une ou plusieurs qui doivent trouver
leur place dans la lecture de l'histoire.
Le premier facteur d'échec est ici l'impulsivité, quand elle s'oppose à
l'analyse méthodique des fragments présents. Elle est parfois évidente dès le
début de l'épreuve, dans certains cas extrêmes l'impulsif se comporte face
à cet exercice de closure de manière catastrophique, comblant les vides au
petit bonheur, sans souci de l'histoire.
Pour d'autres observations, moins marquées par la réaction catastrophique
à l'exercice de closure, le facteur d'échec reste cependant la précipitation
sur la première réponse, le balayage visuel restant réduit à sa plus simple
expression par un simple coup d'œil.
Les images ici sont assez complexes, et leurs ressemblances de l'une à l'autre
one fréquences. L'enfant ne peut en venir à bouc sans les comparer. Celui
qui prend peu en compte les différences peut se satisfaire d'approximations
qui invalident sa réponse. C'est un souci fréquent rencontré par certain
dyslexiques pour lesquels les petites différences peuvent être négligée
(comme l'ordre horizontal gauche droite dans la lecture, par ailleurs).
Enfin, il est possible de considérer que cette épreuve fait référence à des
situations de la vie ordinaire, mettant en scène des personnages mus par
des mobiles dont l'enfant peut avoir plus ou moins facilement l'intuition,
l'intelligence. L'épreuve peut donc être considérée à cet égard comme
une épreuve d'adaptation sociale, utilisant des codes sociaux transparents
concernant diverses manières de jouer des règles ou de la naïveté d'autrui.
Séquences logiques
Dans le test de séquences logiques, l'enfant est aux prises avec du matériel
abstraie, cc dessiné. Dans sa présentation, il évoque Je parent omniprésent d
tous les tests de cette catégorie, les Matrices progressives de Ravcn (1938).
C'est un test d'induction - déduction. Des images sont présences, appelant
Clinique au KABC·II
à saisir le lien qui les unit, et celui qui permet de les ranger l'une après l'autre
dans un premier temps, pour en déduire l'image manquante. À la différence
des images à compléter, celles qui sont présentées ici sont abstraites, mai
plus claires, plus délimitées au regard.
CHAPITRE
15
1
Observations
avec le KABC-11
1
abv, 11 ans, un enfant présentant une déficience intellectuelle
légère . Page..4Q.2.
_J
Clinique au KABC·II
Motifs de l'examen
Gaby a 11 ans,
Tl est l'aîné et a longtemps été le seul enfant de la famille, une petite sœur
est née il y a quelques mois. Les deux parents sont à la maison.
Gaby fréquence une Classe d'inclusion scolaire (CLIS) de type 1, qui
réunit des enfants présentant un retard mental. Il y est pour la rroisièrn
année.
Les débuts de la scolarisation ont été difficiles, il a été rapidement en
échec et déscolarisé par sa famille pour une scolarité par correspondance. La
famille refusait le projet de CLIS 1. li faisait à ce moment l'objet d'un suivi
par un service spécialisé de l'éducation nationale pour l'aide psychomotrice,
du fait de séquelles d'hémiplégie. Il a un usage très restreint de son bras
droit, sa main inactive reste en permanence sous la table.
.;!il Il étaie par ailleurs, à cc moment, sous craicemcnc antiépileptique. Il
8~
••c:: a finalement été accueilli en CLIS après une période transitoire pendant
0
<: laquelle son temps étaie partagé encre CLIS et CNED1•
elon son enseignante, c'est un enfant actif en classe, mais lent. Il a besoin
d'être rassuré par la présence et la parole de l'adulte et paraît témoigner d'un
grande(< immaturité». Les niveaux scolaires seraient de fin CEl, début CE2,
ce qui signifie un retard scolaire supérieur à deux ans.
Comportement
La lenteur s'observe dans rouces les sicuacions. Les temps de latence initiaux
peuvent être longs, les questions doivent parfois être répétées, et l'enfant
rassuré par un ton neutre qui ne le bouscule pas.
Le test de lecture nous a renseignés sur son niveau réel de lecture : Gaby
déchiffre lentement. Il n'a pas la maîtrise des sons d'écriture complexe, et le
sens ne lui permet guère de suppléer les manques dans le déchiffrement. Les
réalisations de ce domaine ne sont donc pas de fin, mais de début CEI.
Il se montre docile, plutôt accommodant, malgré les difficultés très vice
présences. Cependant, il peut contester vivement ce qu'on lui propose, ou
affirmer de manière assez nette que le moment est, selon lui, mal choisi pour
des tâches exigcantes ;« Oh, je n'ai pas envie d'écrire des longs mots, je sui
feignant aujourd'hui! >i. Souriant, il paraît content de venir, et se montre
sensible à l'intérêt qu'on lui porte. Il témoigne à l'occasion que l'humour
est là.
Résultats
Les résultats one été inscrits dans le tableau ci-dessous. Les épreuves sont
présentées, dans l'ordre de lecture le plus simple, en regroupant les épreuv
Clinique au KABC·II
réel. Ces écarts très importants concernent des épreuves proches puisqu'ell
concourent toutes les deux à l'évaluation du même indice Gv (Traitement
visuel dans la théorie CH C).
Ce fait vaut d'être cout de suite noté, parce que cela signifie, au moin
pour les crois premières aptitudes visées par cette batterie, Gsm, Gv cc Glr,
que les lignes de parcage encre les efficiences de l'enfant ne sonc pas celles
visées par la batterie.
Dans le détail:
il y a plus d'un an d'écart en âge de développement encre les épreuves de
« Suites de mots» d'une parc, cc« mouvements de mains » ct « Mémoire
des chiffres» d'autre parc, des écarts qui incerrogcnc pour des épreuves
qui concourent ensemble à l'évaluation du même indice de Processus
1(
devraient entretenir une vraie proximité si l'on s'en tient au seul matériel,
et au fait qu'elles concourent toutes deux à l'évaluation de l'indice
«Apprentissage» ou (< Mémoire à long terme».
Les craies saillants ainsi décrits permettent donc quelques hypothèses, mai
dans le cas qui nous occupe, un second niveau d'analyse doit rendre compt
des résultats paradoxaux.
Considérons donc les indices incriminés, pour tenter de saisir cc qui, pour
Gaby ne marche pas, alors même qu'il se montre à l'aise dans les autre
épreuves concourant au calcul du même indice.
Le plus proche de son âge réel pour son niveau de réussi cc est l'indice Gv
(Traiccmcnc visuel).
3 épreuves sur 4 lui réussissent ici. Une seule le trahie, l'épreuve de.
Triangles. Tl s'agit d'une épreuve de construction progressive: un modèle
est montré, réalisé par un dessin bicolore employant coujours les mêmes
matériaux de base pour la construction.
Les triangles se distinguent des autres épreuves de l'indice Gv en ce qu'il
exigent la coordination de gestes d'un corps vertical, unissant selon l'axe
vertébral cc qui se présente à la main gauche avec cc qui se présence à la
main droite. L'élément de base de la construction, la première unité de
construction que l'enfant réalise d'item en item, réside dans l'assemblage d
Clinique au KABC·II
1. Le rerme de « foirc sur l'extérieur • csr utilisé par les auteurs pose kleiniens pour qualifier ccrrc
disposition mentale qui fait pièce, dans les défenses contre l'angoisse dépressive, au déni de la. réalité
interne. Lc:5 deux termes de cette arrirude centrale, déni de la réaliré interne, foire sur l'extérieur, nous
emblenr cerner l'essentiel des difficultés rencontrées pa.r l'enfant ici.
Clinique au KABC·II
dans un premier temps, les noms des objets ou animaux présentés, et fair,
la démonstration ce faisant de ce que l'on apprend. Ce n'est que dans un
second temps, à quelques épreuves de là, que l'on répondra de ce qui rest
de l'apprentissage premier. Tout se passe ici comme si le rappel à distance
était de bien meilleur niveau que le rappel en cours d'apprentissage! La
capacité à apprendre est patente au travers de ces deux épreuves.
ous avons par ailleurs la confirmation de ces capacités d'apprentissage
dans les noces obtenues dans l'échelle des « Connaissances». Elles restent à
un peu moins de deux écarts types de la moyenne des enfants de même âge.
Conclusion
Les épreuves du KABC-II classent Gaby dans la catégorie des enfants
déficients intellectuels légers. Les noces d'indices qualifiant des aptitudes
intellectuelles sont relativement homogènes, cependant que l'on peut
constater des écarts importants entre échelles concourant à la mise en
œuvre d'une même aptitude. Ces écarts paraissent le plus souvent liés
à des difficultés relatives au travail de représentation mentale, ainsi qu'à
un manque d'appui des représentations sur le développement du schéma
corporel.
L'ensemble des modalités d'élaboration de réponses dans nos tests est
apparu tributaire d'une organisation men cale gouvcrnéc-> :
d'un côté par une certaine vigilance perceptive qui permet à l'enfant de
s'ancrer solidement dans la réalité,
candis qu'elle laisse peu d'accès aux réalités psychiques internes.
Cependant, les capacités d'apprentissage existent, exigeantes quant au
temps qui leur sera nécessaire. Les connaissances usuelles ainsi acquises ne
sont pas celles d'un enfant déficient.
Observations avec le KABC·II
Premières difficultés
Les difficultés apparaissent dès le début de la passation, avec une épreuve cen
sée être habicuellemenc bien acceptée, selon les auteurs du test, et facilita.trice
pour la suite, l'épreuve de Mémoire associative (indice Apprcncissagc/Glr).
Pour Carmen, le niveau de réalisation est remarquablement bas, puisqu'il
est à trois écarts types de la moyenne avec une note standard de I point.
Ce très mauvais score pèse lourdement sur l'ensemble des indice
qu'il contribue à évaluer : sur l'indice Apprcntissagc/Glr, cc sur l'Indicc
::luide/Cristallisé pour l'ensemble des épreuves.
En considérant l'ensemble des scores, nous remarquons que des difficulté
d'une celle importance ne se manifestent pas ailleurs, dans la suite des tests.
Ce qui induit plusieurs hypothèses non contradictoires :
c'est une épreuve d'apprentissage par nomination arbitraire d'objets,
objets qui n'appartiennent à aucune autre réalité que celle de cc test.
C'est donc une épreuve verbale singulière
mais aussi une épreuve donc les règles sont celles d'un jeu décidé par
l'adulte, unilatéralement, ce qui est dans la narure du test, mais peut
apparaître dans le cours du tcsting comme une caricature de l'école, où
l'on apprend cc qui ne nous servira nulle part ailleurs,
.;!il
et qu'elle est la première épreuve, qui nécessite par nature un ajustement
8~ réciproque encre les partenaires de la relation, un ajustement qui sera
••c::
0
<:
réalisé sous condition : que la relation ne recèle rien de périlleux, cc que
l'enfant ne vérifiera qu'en s'engageant.
Beaucoup de conditions sont réunies pour rendre l'épreuve difficile,
d'emblée. Mais ce qui organise la difficulté, pour cette fillette, et qui
mobilise l'attitude de refus, et notre attention aux conditions de ce refus,
paraît être d'abord la nature verbale de la tâche.
Observations avec le KABC·II
La première source d'inefficience chez l'enfant, est celle qui affecte le verbal.
Elle apparaît massivement dans l'épreuve de connaissances lexicales,
« Dénomination », avec certaines particularités :
Le vocabulaire de Carmen ne renvoie pas à des niveaux meneaux divers :
la dysharmonie (ici, puisqu'il s'agit de langage, la dysphasie) ne peut être
évoquée, au sens d'une acquisition chaotique et sans repères d'âges du
lexique.
Au contraire, le lexique et son emploi nous paraissent renvoyer essentiel
lement à des acquisitions d'un enfant beaucoup plus jeune, ici celles d'un
enfant de 6 ans cc demi.
Des mots sont connus, mais exigent une recherche progressive, comme le
ferait un enfant étranger à notre langue.
Carmen serait bilingue, français/espagnol, elle cherche ses mots en françai
comme le ferait un petit Espagnol, ce qui choque les maîtres de l'école qui
savent qu'elle a fait toute sa scolarité, maternelle et primaire, ici en France:
la très faible efficience verbale ne s'explique pas par l'origine espagnole par
elle-même, non plus que par le bilinguisme.
L'origine espagnole, en effet, n'interdit pas par nature les acquisitions
dans une autre langue, particulièrement quand l'enfant a parcouru route sa
scolarité en France.
ous devons, par ailleurs, écarter l'hypothèse d'un trouble de langage,
retard de parole ou de langage, ou dysphasie: il n'y a pas de trouble
d'articulation dans ce qu'elle a pu produire en notre présence, et la syntaxe
élémentaire des phrases n'est pas en défaut. Ce que Carmen n'a pas développé
du langage est ce que l'école est chargée de lui transmettre: les mots pour
nommer - le lexique - et surtout les moyens progressifs d'interrogation
onde sur la langue, en appui de l'écrit : ses règles de transcription, et
es règles de fonctionnement (grammaire et conjugaison notamment, mai
aussi de compréhension des rapports encre les objets par le développement
de la catégorisation verbale).
ocons à ce sujet que, ce qui apparaît d'abord comme un retard dans le
maniement de la langue, par défaut de son développement dans le temps de
l'école primaire, va de pair avec le retard dans les connaissances culturelles.
Pour ces dernières, comme pour le lexique, le retard n'est pas dû à un
hypothétique « facteur dys » : il est homogène, et renvoie cssenciellcmcnc à
un non développement.
Clinique au KABC·II
> Des aptitudes non verbales d'un niveau de développement conforme à son âge
Des scores supérieurs à l'âge de l'enfant sont atteints dans deux épreuves, qui
n'ont pas grand-chose en commun. Elles sont même celles qui ont la plus
faible corrélation entre elles selon le manuel en Français, Planification spatiale
(Indice Simultané/Gv), et Histoires à compléter (Indice Planification/Cf).
La première lui attribue l'âge de développement de 12 ans 8 mois, la seconde
l'âge de développement de 12 ans.
Hiscoircs à compléccr présence des images mises en ordre se rapportant à
une séquence de vie pracique. Trouver les images qui manquent parmi celle
qu'on lui présente, exige de l'enfant une certaine intuition des relations
sociales.
L'épreuve réussit bien à qui perçoit rapidement le sens de l'histoire,
en prenant un minimum d'indices, en d'autres termes à qui interprète
rapidement les termes à sa disposition d'une situation requérant une bonne
adaptation sociale.
L'histoire de Rover, en « Planification spatiale», avec son obstination à
retrouver ses trésors ensevelis se prête bien à une identification chez l'enfant.
Pas de langage, un minimum de mots, la gestion d'un espace ouvert, ce
qui est permis cc cc qui ne l'est pas. Ces craies n'enlèvent rien aux qualité
nécessaires à se sortir de la situation de façon avantageuse, mais ils précisent
que tout est réuni pour que cela fonctionne chez Carmen.
Enfin, le meilleur niveau de réussite (13 ans en âge de développement) est
atteint par Carmen dans l'épreuve de « Mouvements de main». C'est une
épreuve non verbale, l'enfant doit reproduire la suite de gestes réalisée sous
ses yeux. Aucun mot n ' est ec 'hange.'C armen est tres
' artennve. a' ce moment,
les gestes paraissent être son domaine. Elle ne perd pas le fil dans le cours de
l'épreuve, son attention est très soutenue, elle est pratiquernent « dans» le
geste de l'adulte qui montre, et à ses yeux qui la regardent la reproduction
.;!il
ne passe pas par le verbe (elle ne verbalise pas les positions successives).
8~ Cette réussite est à souligner, car elle indique ce qui est possible à l'enfant
••c::
0
<:
dans une épreuve qui sert à la détermination de l'indice séquentiel/Gsm:
la narure « séquentielle» de la tâche n'a pas entraîné d'échec. La réussit
témoigne de ce que la mémoire à court terme est excellente, pour autant
que l'on n'utilise pas de mots, ni n'association entre gestes et mots réglée
par l'écriture (inversement,« Suite de mots » est une des épreuves les plus
difficiles pour Carmen, nous comprenons pourquoi).
Observations avec le KABC·II
Conclusion
L'examen par le KABC-11 atteste que Carmen répond en de nombreux
domaines aux attentes que l'on peut avoir d'une enfant de son âge. En
d'autres termes elle est normalement incclligencc cc capable d'apprendre.
Cependant, ces dispositions sont contrariées par une très faible efficience
dans les épreuves verbales et culturelles, marquée par un lexique peu étendu,
pratiquement celui d'un enfant de 5 ans de moins qu'elle, autrement dit
d'un enfant qui entamerait sa scolarité primaire!
On peut s'interroger sur la manière donc cette enfant a pu grandir dan
les murs de l'école, en restant vierge de coute inscription de la cul cure du
pays par l'apprentissage de sa langue et de son écriture. Il faut sans douce
user de bonnes capacités d'adaptation à des milieux divers, pour y rester
l'adaptation n'excluant pas de bonnes capacités de résistance à ce qui s'y
présente comme étranger (ou porteur de risque dans le cas de Carmen).
Comportement
Préambule: Le rapport d'examen est donné à la première personne par le
psychologue. Cela a une importance particulière dans le cas présenté, qui prend
en compte la recherche par l'enfant d'une recherche d'implication de l'adulte
auquel il s'agrippe.
Raph se présente comme un enfant très conique, toujours en mouvement,
et qui n'a de cesse de montrer tout ce qu'il est capable de fa.ire. Il est
rencontré à plusieurs reprises, une première fois pour le connaître un peu et
dédramaciser la rencontre et son contexte. Dédramatiser est nécessaire parce
que, alertées, les enseignantes one prévenu les parents, le psychologue et le
médecin dans le même temps. Il attend donc de voir « le Monsieur».
À la première rencontre, l'enfant est tout de suite intéressé par celui qui
s'intéresse à lui. 11 pose maintes questions sur le comment et le pourquoi. Il
souhaite savoir pourquoi nous sommes ici et pas là-bas, pourquoi maintenant.
Par la suite, ses questions restent pressentes, mais il prend progressivement
une autre mesure de son interlocuteur auquel il paraît vouloir se référer. Les
questions sont du type: « Toi aussi quand tu étais petit, tu ce barrais avec
les aucres ? ». Il écoute polimenc la réponse, mais laisse tomber la sienne en
crois mots:« Moi, j'aime ça (la bagarre) », encourageant son interlocuteur à
une leçon de morale qu'il n'aura pas.
Raph a une petite sœur, elle aurait un peu moins de trois ans. 11 en
parle facilement, ce qui ne signifie en rien une absence de jalousie latente,
précisément le jour où il se trouve à l'école pendant qu'elle est à la maison
avec maman. Pour venir à bouc de la batterie K.ABC-II, il faudra deux
rencontres. Il est d'humeur identique à chaque fois, heureux visiblement de
me voir et de faire un bout de chemin ensemble, d'un bâtiment à l'autre. Il
est loquace, questionne beaucoup, passant rapidement d'un sujet à l'autre.
L'un de ses sujets favoris est cc que je faisais quand j'étais petit: comment
je me comportais avec les autres, à quoi je jouais, si j'aimais les avions ...
C'est une relation entre enfant et adulte, il ne commet pas d'erreurs sur no
Clinique au KABC·II
exemple. Ailleurs, s'il s'agit d'un stylo ou d'un crayon, il est difficile de lui
faire lâcher prise, tant il est évident que I'agrippement est fort, tonique. La
force du cramponnement évoque ce que l'on nomme parfois hypertonicité
périphérique, pour souligner qu'elle affecte la périphérie du corps, donc l
mains, et qu'elle tend à s'exercer contre la mobilisation mentale qui, elle,
est centrale.
ependanr, malgré ces particularités dans la manière de Raph, l'enfant
paraît d'emblée mobilisable dans les tâches qui requièrent le plus l'attention.
Il nous regarde, nous écoute. Ou regarde ce que nous lui montrons. Ce n'est
cependant pas toujours le cas.
Les plus grandes difficultés d'attention sont apparues moins sur des
épreuves particulières que dans des circonstances particulières. Avec l' épreuv
de Mémoire de chiffres, nous sollicitons fortement l'attention de l'enfant. Il
répond à cette sollicitation, sans problème mais à minima. Avec l'épreuve
de Mémoire associative (avec les animaux, plantes et cailloux marins) nous
n'avons pas de souci dans les débuts de l'épreuve, jusqu'au moment où il
semble se lasser. À mieux analyser alors les conditions de certe « fatigabilité >l,
Raph paraît pressentir que les questions vont devenir plus difficiles, d'une
parc, et que l'exigence de l'examinateur devient plus pesante, d'autre parc.
Tl s'avise, passée la moitié de l'épreuve, à mettre des limites à sa poursuite.
Comme il interroge sur la durée du cesc, je lui réponds que nous arrêrcron
à la fin de la partie en cours. «Requinqué», il se met à réussir cous le
derniers items! En résumé: À ce moment du test, l'attention en tant qu
telle n'était problématique qu'à s'exercer sur un jeu un peu longuet, ou
sur des problèmes dans lesquels il allait inévitablement, de difficulté en
difficulté, se trouver dans l'impossibilité de bien répondre.
ette question est très importance chez cet enfant. Il semble ne pas
accepter de faire piètre figure, et nous l'avons vu pleurer dans une épreuve
qu'il ne réussissait pas, le second item des Triangles. Voyant, sans que cela
ne lui soie die, que ses essais ne « collaient pas », il se refusait alors à regarder
le modèle pour corriger sa copie. La susceptibilité particulière de l'enfant, et
quelquefois le simple fait d'appréhender de se trouver dans une situation
délicate pour répondre avantageusement, est de nature à entraver fortement
et durablement son attention.
C'est avec toutes ces considérations qu'il faut aborder le protocole
d'examen de Raph sur le KABC-11.
es réalités nous one amené à faire des séances courtes : réalité d'un enfant
qui peut être se Lasse plus vice qu'un autre, et autre réalité procédant de la
Clinique au KABC·II
Ailleurs, dans d'autres épreuves, l'impulsivité peut être de fait très présente -
et pressante. Elle s'exprime de deux manières différences dans des épreuve
qui ne lui réussissent pas trop bien, concourant à l'évaluation de l'indice
(<Simultané/Gv ». La difficulté apparaît dès l'épreuve de « Raisonnement
conceptuel ». Là, la recherche de rapidité semble entièrement commander
la démarche. li doit trouver l'intrus, pourtant les images ne sont pas toutes
regardées, la première réponse est souvent formulée à la première seconde, et
nous devons insister sur les consignes dans les essais préalables pour calmer
l'ardeur du garçon. Il ralentie le jeu, mais souvent le regard semble glisser
ur les premiers éléments, jouant contre une analyse méthodique des terme
de l'énoncé en images.
ous retrouvons une difficulté de même ordre dans l'épreuve de
«Triangles». La première partie de l'épreuve semble facile pour lui, jusqu'au
moment où il se trouve, dans la deuxième partie, devoir manipuler des pièce
identiques en tous points, les triangles. Toue se passe alors comme si les
repères élémentaires disparaissaient, par exemple l'opposition des couleurs.
Par ailleurs, la structure des premières figures, composées sur un axe de
symétrie verticale, lui échappe. Le modèle esc comme nié, écarté, et l'enfant
se refuse tout simplement à le regarder : il se comporte comme s'il avait un
modèle en tête, mais quant à celui qui est devant lui, il ne le regarde pas, ne
l'analyse pas, ne perçoit pas les deux moitiés qui le composent.
Nous avons plus tard repris ce test aux limites, en fournissant un minimum
d'appui à l'enfant, en pointant le modèle, puis, comme cela étaie encore
inefficace, en proposant de le réaliser à deux, chacun une moitié. Cela a
fonctionné. Nous avons de nouveau tenté l'épreuve une semaine plus tard,
nous avons pu la mener bien plus loin, quand a été passé l'écueil d'un
mauvais souvenir sur les premiers items utilisant les triangles.
.;!il
Il n'y a pas de « ratage » particulier ici, qui serait lié à on ne sait quell
8~ ondition particulière, mais une vraie difficulté dans la première présentation
••c:: du test, comme pour« raisonnement conceptuel», à considérer les images
0
<:
dans le détail, à s'y arrêter, à focaliser son regard sur ce qui le constitue.
Tout cela nécessite du temps, le désir de venir à bouc du problème, et sans
doute une certaine tranquillité d'esprit. Celle-ci n'est pas acquise dans la
première présentation. L'enfant réagit à ce moment comme s'il lui fallait
prendre cout de suite la mesure de la situation pour l'écarter aussitôt.
Observations avec le KABC·II
1. Cerre correction est faire en douceur: dans l'épreuve d'apprentissage de code, c'est la présentation
de la page suivante qui introduit w1 « Souviens toi, c'est .. , "qui confirme ou non les images traitées
Clinique au KABC·II
Pour Raph, ce n'est pas ainsi que cela se passe. L'erreur est tout de suit
identifiée, et mal ressentie, et la correction immédiate est, pour cet enfant,
un démenti qui rapidement rend à devenir insupportable et à provoquer 1
refus. Nous pouvons donc supposer que, dans des conditions plus tranquille
pour sa susceptibilité, les capacités d'apprentissage seraient de niveau un peu
supérieur, équivalent au moins au score atteint dans Connaissances/Ge. La
différence de 12 points entre les indices apprentissages et connaissances est
significative (mais relativement fréquente au vu de la Table 0.9 du manuel).
Mais au moment où nous le voyons, l'enfant n'est pas globalement dans
une période tranquille.
Conclusion
La première réalité à prendre en compte, concernant Raph, est son âge. Il
a 5 ans. Cet âge est un problème pour lui, parce qu'il se scnc grand, il est
dans la grande section de maternelle, avec les grands.
a question de l'âge est ici au premier plan, on s'en doute, parce que
l'enfant et son entourage avec lui, se laissent facilement tromper par le
discours de l'enfant, son art de la réponse, où l'on croit plus souvent
entendre une réflexion digne d'un adulte qu'une parole d'enfant.
Er il est grand dans la comparaison que l'on fait autour de lui avec la petite
sœur. li lui est beaucoup demandé, à la maison, de se conduire comme un
grand: il va prendre le bus seul pour se rendre à l'école, il mange à la cantine
quand la petite sœur reste à la maison, et il confie tout cela crânement.
Cependant, le fait de revendiquer des habiletés qui sont celles des grands
a ses limites: les défis, tels que l'enfant les rencontre à l'école avec l'écriture,
ou pour produire un travail susceptible d'être bien accueilli par la nouvelle
maîtresse peuvent être vus, pour peu qu'il y rencontre une résistance, comm
des moments de risque de perdre la face particulièrement pénibles à vivre.
.;!il
8~ La recherche d'affirmation phallique a ses limites surtout si elle s'exerce dans
••c:: un environnement peu rassura.nt sur la place que l'on occupe vraiment. À ce
0
<:
moment, il aimerait sans doute pouvoir se sentir petit. S'il le perçoit parfois,
car cela arrive, il se rebiffe très vire contre ce besoin entrevu un coure instant.
Voilà en quelques mots, le résumé de ce qui vient à l'esprit dans le contact
avec cet enfant.
jusrc avant. Dans l'épreuve de Mémoire associative, nous montrons cr nommons cc qui a été manqué
par l'enfant, avant de tourner la page.
Observations avec le KABC·II
La Figure de Rey
CHAPITRE
16
1
La Figure ae Rey :
le temps aans l'examen
1
Figure de Rey, organisation spatiale et dyslexie . Pagefil
_J
La Figure ae Rey
l. Cc n'csr pas le C35 dans la classification inrcrnarionale du handicap, ni dans la Nomenclarure des
dlfidences incapacités et dés11va11tages (arrêté de 1989), ni dans le Guid« barème de la Skurité sociale
( 1993) qui assimile les « troubles du langage écrie» - donc les troubles de l'apprcnrissagc de la
lecture - aux troubles du langage.
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
1. Il convient d'accueillir avec prudence les compt~ rendus de travaux qui renversent la proposirion
lassique associant troubles d'organisation spatiale et dyslexie : les classifications, comme nous l'avons
rappelé, fonr figurer les troubles d'apprentissage en une catégorie distincte des troubles du langage cr
des troubles praxiques, Or, si la tendance de certains textes officiels revient à considérer la dyslexie
dans les troubles du langage et à considérer une continuité du langage oral au langage écrit, il devenait
difficile en même temps d'imputer la dyslexie à un trouble de l'organisation spatiale ...
La Figure ae Rey
lui-ci, non l'espace, mais le passage d'un « espace agi donc il est le cencr,
naturel[ ...] à un espace culturel imposé par l'écrit >l (Delassus, p. 71)1•
En tout état de cause, l'hypothèse d'un lien, éclairé par la Figure de
Rey, encre dyslexie et trouble de l'organisation spatiale apparaît aujourd'hui
moins attractive sous cette forme.
Le lien entre cette épreuve singulière de dessin et la lecture devrait
pourtant être réévalué en enterrant certaines hypothèses qui ont fait long
feu: la première qui considère l'épreuve de la Figure de Rey comme une
épreuve d'organisation spatiale, la seconde qui pose une relation linéaire
encre croublc de l'organisation spatiale cc dyslexie.
Militant à notre sens en faveur de ce réexamen, citons par exemple les
conclusions de Bonato et Piérart qui, s'ils ne retrouvent pas parmi le
enfants mauvais lecteurs une moyenne des scores obtenus significativement
inférieure à ce qu'elle est chez les norme-lexiques, notent tout de même
des particularités dans les dessins. À elle seule, cette réalité devrait inciter à
examiner autrement les productions des enfants dyslexiques.
Pour ce faire, il est utile de revenir aux déterminations premières de
l'épreuve selon Rey: pour son auteur, la Figure complexe est une épreuve
d'organisation perceptive, celle-ci étant culturellement déterminée, actualisée
par une activité graphique elle-même culcurcllcmcnc orientée. C'est à cc cirre
que peuvent être interrogés les rapports encre les produccions dans l'épreuve
-y compris du point de vue de l'organisation d'un espace particulier, celui
de la représentation graphique (ce qui est d'ailleurs la valeur que Perron ec
Perron-Borelli reconnaissent au test) - et la lecture-écriture.
l. il est dommage que l'auteur de cette belle intuition abandonne l'enfant au seuil de ce passage par
ces mors « encore fauc-il qu'il en soir capablc », comme si l'accès à la culrure relevait de l'aprirudc de
l'enfant seul davantage que de l'acquisition transmise par l'adulte.
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
a une fonction dans le toue, l'ensemble formé étant réductible aux rapports
existants encre des détails» (1959, p. 3), serait ensuite incapable d'évoquer
ou de reproduire le percept.
Comme épreuve de mémoire, le test se pratique sur deux temps: copie av
modèle d'une figure complexe, puis, après trois minutes, tracé du même
objet complexe sans modèle.
Elle se présence donc comme une épreuve de mémoire d'un cypc très
particulier: celle qu'elle peut être évaluée par le test, la mémoire est
étroitement dépendance de l'activité du sujet dans la première phase de
l'épreuve, en présence du modèle.
Dans cette première phase, l'activité du sujet est organisatrice des relation
perçues encre les parties d'une structure abstraite, sur le fond d'une perception
selon Rey, polarisée par l'activité graphique.
Ainsi le geste graphique fait-il davantage que donner sa forme à l'ensemble :
bien en deçà et au delà, la perception des relations elle-même (l'analyse) est
déjà déterminée par cette activité.
Les relations encre organisation perceptive et activité graphique sont
résumées dans les assertions suivantes selon Rey :
• la perception visuelle est directrice d'un processus de copie ;
• cc polarisée par cette activité [graphique] ;
• culturellement déterminée, c'est-à-dire sous la dépendance général
des connaissances du sujet et de son entraînement à l'exercice de ces
connaissances.
L'analyse des productions du sujet par le psychologue doit distinguer les
deux moments de l'épreuve par:
• une appréciation de l'élaboration perceptive à la lumière de cc que nou
savons « des connaissances cc méthodes formées par le sujet dans le cours
de son développement » ;
• et une appréciation de ce qui peut en être restitué de mémoire, quand
« nous sommes assurés que le sujet a déployé dans le passé une activité
normale» (1959, p. 4).
e qui signifie qu'il revient à l'examinateur d'apprécier les production
d'un sujet dans les cadres repérés de ses connaissances et de sa culture.
Rey étudie d'ailleurs, à la fin du manuel de présentation de l'épreuve, le
étalonnages d'en fanes genevois et égyptiens scion qu'ils sont ou non scolarisés.
Il conclut que si l'écart encre enfants genevois et égyptiens scolarisés est
négligeable,<< l'écart entre les enfants égyptiens suivant l'école et ceux n
La Figure ae Rey
Aux âges considérés, à partir desquels l'épreuve peut être proposée, l'activité
graphique et l'organisation de l'espace graphique nouent un rapport
privilégié avec l'activité d'écriture, ce qui a été diversement mis en évidence:
Baldy cr Chatillon ( 1998, p. 36 I) rapportent une observation déjà ancienne
.;!il de Zazzo (1950, p. 217), qui notait qu'à partir du cours élémentaire - à
8~
••c:: huit ans - la moitié gauche de la feuille exerce « une plus grande force
0
<: attractive dans l'ensemble des activités graphiques». D'autres études ciré
par ces auteurs indiqueraient que « les apprentissages scolaires structurent
l'espace de la feuille de papier en établissant un système de références
spatiales (haut-bas et gauche-droite) et en orientant temporellement cet
espace (avant-après) ».
Nous avons pour notre parc pu identifier un changement affectant le sens
du tracé de la Figure (mais aussi l'utilisation du temps de copie ec de mémoire
ainsi que la reproduction des axes organisateurs internes) chez le jeune enfant
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
que le groupe se fait de lui-même, de ses rapports avec les autres groupes et
de ses rapports avec l'univers naturel! ».
L'auteur auquel nous empruntons cette définition précise que le quc:.
tionnement sur le symbolique constitue une façon cl'aborder la sociologie
de la culture. Le symbolique est simplement défini comme « ensemble des
relations de sens socialement constatables ».
Au sens de ces définitions, tout échange entre des personnes se pratique
au travers d'un processus de reconnaissance mutuelle : celui-ci nécessite que
la matière même de l'échange dise ce qui fonde la relation, et confirme le.
positions respectives occupées dans cette relation.
La Figure de Rey est évaluée sur la relation encre deux productions, selon
deux moments, copie/mémoire, présence/absence.
u fait notamment de cette dernière caractéristique, elle s avère très
sensible, comme toutes les épreuves qui suscitent un travail d'évocation
(épreuves séquentielles du K-ABC notamment, dont l'épreuve phare dans les
tests de mémoire des chiffres) aux qualités mobilisatrices du psychologue2 .•.
elles-ci, comme dans toutes les épreuves qui impliquent la mémoire
par l'évocation, sont elles-mêmes étroitement dépendances de la relation
personnelle que le psychologue noue avec le temps. C'est là un des élément
fondamentaux du cadre de la relation de l'examen avec la Figure complexe,
qui n'est pas inscrit dans le manuel, mais qui est un élément implicite, qui
doit être réfléchi pour servir de fondement à l'analyse des conditions d
productions graphiques du sujet.
En règle générale, il est souhaitable que le psychologue considère qu'il est
doux d'indiquer à un sujet, par sa tranquillité, « qu'il a le temps», que le
temps n'est pas une source d'angoisse mais d'apaisement : le temps est la
donnée utile de la culture du psychologue, il ne scelle pas la perte mais la
possibilité de retrouver autrement.
En argumentant sur la relation du psychologue au temps, nous introdui-
ons, pour l'analyser, ce qui constitue à nos yeux le fondement symbolique
de la relation de test sur la Figure complexe : le temps comme référence
commune, comme organisateur de la relation entre le sujet et le psychologue,
qui permet que la relation s'instaure, et qui indique simultanément ce sur
quoi le psychologue portera son action (scansion des moments dans la copie
par le changement des couleurs, limite imposée entre les deux moments de
l'épreuve, appréciation de la fin de l'épreuve) et ce sur quoi il portera son
analyse (enregistrement des phases, des repos, de la succession des traits ...).
Mais de surcroît il sait, et il le signifie en soumettant cette épreuve au
sujet, que Le temps est un facteur d'organisation à lui seul dans L'épreuve parce
qu'il oriente l'espace de représentation graphique.
'est cette hypothèse de très grande portée dans l'examen psychologique,
particulièrement quand il concerne des enfants connaissant des difficulté
en lecture que nous allons examiner longuement maincenanc.
l. l.S. Vygorsky, • The Prchisrory ofWrirrcn L:rnguagc •, in Mindin Society. The Deuelopment of
Higher Psycbological Processes, Harvard University Press, 1978.
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
opposés (bison et cheval) s'y retrouvant dans des systèmes de liens spatiaux
complexes.
Plus tard, dans l'écriture linéaire alphabétique, les signes en nombre
limité se partagent entre consonnes et voyelles. Ces signes sont de valence
différentes, opposées au sens où les voyelles correspondent à l'émission
prolongée d'un son que les consonnes transforment quand elles sont
associées à ces voyelles, ou arrêtent, quand elles introduisent un nouveau son.
L'écriture offre donc une composition d'éléments de valences opposées qui
peuvent symboliser, comme le propose Rosolato (1985, p. 170), les valeurs
maternelle et paternelle : le son vocalique serait de valence maternelle, le son
consonantique de valence paternelle. À ce propos, G. Haag (1988, p. 107)
faic la remarque suivante :
« r...
l dans notre écriture, la plupart des lettres représentant des sons
vocaliques ouverts one une forme plus courbe à tracé ami-horaire, candis
que la courbe se referme pour beaucoup de sons consonantiques - est-ce
un hasard?»
Mais d'une fonction séparatrice, les axes médians acquièrent une fonction
différenciarrice, dès lors qu'ils traversent l'espace sans l'interrompre en
totalité. L'observation enseigne que longtemps les productions des enfant
jeunes (avant huit ans) s'appuient en copie sur la médiane verticale pour
traiter séparément chaque moitié du grand rectangle.
Une confirmation du rôle de la médiane verticale est apportée par
l'observation des copies de jeunes enfants, de 6 ans à 8 ans qui tracent
majoritairement leur figure selon une séquence« circulaire» ami-horaire, à
la manière d'un « 0 », et qui interrompent ce tracé quand ils arrivent à la
médiane verticale. Elle semble un point d'appel incontournable, dense cc
solide, qui parcage alors l'image en deux parties qui seront successivement
remplies, droite puis gauche.
n copie, la médiane verticale distingue deux moitiés, gauche et droit
différant t< absolument» (selon le terme employé par Perron-Borelli et
Perron, 1970, p. 148) chez l'enfant jeune, au moment où il acquiert la
connaissance d'une main gauche et d'une main droite (4 ans-7 ans). Elle ne
peut donc pas être considérée comme différenciatrice à ce moment. Elle est
séparatrice. Une explication à cette observation est classiquement formulée
en termes de phase du développement de l'organisation spatiale.
Mais on peut aussi lier le rôle de la médiane verticale aux particularité
de sa prod uccion - il est obtenu par un craie vertical - cc tend à séparer
en deux l'espace de la feuille en même temps que la Figure produite. Cc
faisant, elle rend logiquement à constituer le support privilégié des positions
phalliques du sujet. Ce terme doit être pris ici dans toute son ambiguïté, en
partant par exemple de l'acception proposée par Nicolaïdis :
Nous pouvons retrouver l'historicité ou l'axe phallique du signifiant
« [ ... ]
en considérant le phallus non seulement comme élément de différence des
sexes cc des généracions pendant l'œdipc (ou signifiant du complexe de
castration : Lacan), mais aussi comme élément de séparation des liens les
plus archaïques de la relation mère enfant, séparation qui transformera la
perte en manque et en désir1• »
Au stade phallique, la différence des sexes est une petite différence qui
fait toute la différence, résumée dans la formule « en avoir ou pas ell >) :
1. Scion le Vocabulaire tir psychanalyse (Laplanchc cr Pontalis, 1967, p. 460): « On peur employer
les rennes de phase ou de position phallique, qui soulignent qu'il s'agit là d'un moment intersubjectif
inrégré à la dialectique de l'Œdipc, plurôr que d'un stade à proprcmcnr parler de l'évolution
libidinale. •
La Figure ae Rey
l. Deux analyses de productions d'enfants, le premier âgé de 7 ans, le second, une adolescente
de 16 ans, sont déraillées de façon conséquence dans l'ouvrage Pratique clinique de l'ivaluntion
intrllecturlle (Gardey, Boucherar-Hue, Jumel, 2003) auquel nous renvoyons le lecteur.
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
li est fréquent que l'on utilise le terme de processus dans l'examen des
fonctions psychiques supérieures, sans pour autant que l'analyse porte
réellement sur l'utilisation du temps par la personne. Soyons donc clair ici,
quand nous utilisons ce mot, c'est pour signifier que nous considérons le
choses se faisane, leur enchaînement, et finalement la manière donc le sujet
a utilisé son temps de réponse.
Dans les développements théoriques qui précèdent, nous avons élargi
l'idée selon laquelle l'épreuve de la Figure de Rey, épreuve de dessin au temps
de l'écriture, testait la manière dont le temps est utilisé, intégré à l'ouvrage.
Le constat d'utilisation du temps peut être restitué en partie par une lecrur
sur l'image: le type de construction notamment indique grossièrement la
suite des traits, leur ordre. Grossièrement, insistons sur le mot. Par ailleurs,
le temps total mis pour la reproduction, de copie puis de mémoire, peut
être comparé aux temps mis par la population d'étalonnage.
Mais il manque ce qui fait l'originalité de l'instrument. La figure de
Rey est une épreuve graphique, cc de ce point de vue, les craies que l'on
voie figure faite ne disent pas tout. Si la valeur culturelle partagée, que les
enfants du CP nous indiquent si clairement, est le sens de l'écriture et de la
La Figure ae Rey
Le temps d'exécution
L'étalonnage ancien d'Ostcrricrh montre une évolution remarquable des
temps mis pour la reproduction de la figure au fil des ans. Elle est marquée
par l'ampleur des temps dans le jeune âge, c'est-à-dire jusqu'à 8 ans, puis
leur réduction vers un temps moyen utile qui semble très largement, et
très curieusement partagé. Au cours de diverses sessions de présentation
de la Figure à des adultes, nous nous sommes fréquemment assuré que le
temps moyen, tel qu'il figure dans l'étalonnage d'Osterrieth, de l'âge de
ans à l'âge adulte est perçu par des personnes qui n'ont pas l'expérience
du cesc, comme le temps normalement, socialement nécessaire. Comme s'il
existait une forme de consensus social sur le temps qu'il serait de bon aloi
d'utiliser pour cc test! Cc temps le plus fréquemment évoqué csc de 4 à 5
minutes, en copie comme en mémoire. Bien entendu, il y a toujours dan
les assistances nombreuses des avis divergents, ceux-ci ont leur intérêt, nou
y reviendrons : expédier la figure en 1 minute, ou prendre 20 minutes d'un
.;!il
8~ temps de psychologue pour copier l'image, cela peut avoir une signification !
••c:: Mais avant l'âge de raison, avant la maîtrise de la lecture du temps sur
0
<:
l'horloge, avant 8 ans, les variations les plus amples se rencontrent. Le temps
sans douce n'appartient pas encore au consensus, chacun a le sien.
L'application à l'enfant de six ans notamment permet de saisir l'impor
tance d'un temps d'élaboration1•
l. le rcrmc • élaborarion • ici csr utilisé dans le sens défini par Laplanchc cr Ponralis dans le
vocabulaire de /,a psychanalyse, « travail accompli par l'appareil psychique en vue de maîtriser les
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
excitations qui lui parviennent cr dom l'accumulation risque d'être parhogènc. Cc travail consiste à
intégrer les excitations dans le psychisme et à établir entre elles des connexions associatives ».
La Figure ae Rey
Ce qui ordonne le tout peut être appréhendé par la succession des étapes
de construction des parties, ordonnées différemment selon les sujets. Ell
peuvent être ordonnées selon le sens que le sujet attribue implicitement
à la Figure. Le sens attribué est lui-même un compromis plus ou moin
clair passé entre sa forme et l'orientation de l'objet dans un espace de
représentation graphique qui contraint le temps.
on-signifiants, la Figure et ses éléments nous apparaissent cependant
orientés. L'aspect « en coin » de l'ensemble concourt à lui affecter un début,
la croix à gauche, et une fin en devenir, le triangle droit terminal, pourvu
d'un losange:
• Haag développe (1990) le rhème de la croix dans les dessins enfantins:
chez les enfants psychotiques, le passage des diagonales aux fenêtres à
des axes perpendiculaires correspond à ce moment où peut être posé ce
qu'elle nornmc « le fond de soi»; il s'agit d'un moment éminemment
fondateur quant à une position de sujet ;
• peur-on, suivant cette idée, voir dans la croix la représentation del'origine ?
Obtenue par le croisement des axes horizontal et vertical, elle conjugue
pom Haag le maternel et le paternel ;
• l'extrémité droite de la Figure, représentée par un triangle, pointe tournée
à droite soutient encore l'idée d'une orientation gauche-droite, conforme
à l'intégration du temps dans l'espace de représentation graphique: la
pointe tournée vers la droite indique le sens du mouvement;
• mais le fait le plus significatif est certainement la très grande fréquence
des réponses à la question « qu'est-ce que c'esr r » Voyant dans l'imag,
une maison, une église, ou un avion, une fusée, un bateau, un poisson :
l'image« maison» ne suppose pas d'orientation horizontale au dessin,
(c'est un cas particulier sur lequel nous reviendrons). La fusée, l'avion,
le bateau sont en revanche nettement orientés, avec un avant et un
.;!il
arrière. Remarquons que le sens qu'impose ici l'image est inverse du tracé
8~ habituel de ces objets (faits d'avant en arrière, ils sont tracés de gauche à
••c::
0
<:
droite, cc tournent donc la tête vers la gauche). Au scadc de l'écriture, le
mouvement de l'objet va de la gauche vers la droite, comme la main, ou
comme l'œil qui parcoure l'espace de représentation graphique.
L'éventuelle signification, plus ou moins claire, plus ou moins conscience,
que le sujet peut attribuer à la Figure a peu de chance d'être dite
pontanémenc. L'expérience nous montre d'ailleurs qu'elle peut être
changeante avec les divers moments de l'épreuve (voir plus loin l'observation
du dessin d'Éva). Elle n'est pas le seul facteur d'ordre dans la construction,
La Figure ae Rey : le temps dans l'examen
Tableau 16.l
Copie Mémoire
Ordre de construction Sens de construction Ordre de construction Sens de construction
1. Largeur gauche Haut en bas 1. Croix latérale gauche Haut en bas, gauche à
du grand rectangle droite
1
Contribution ae l'épreuve
ae la Figure ae Rey
à la compréhension
ae la ayslexie
1
Une définition opératoire de la dyslexie . Pageill
Conclusion . Pagcfil
_J
La Figure ae Rey
isolée »), et une hypothèse différente, dynamique qui intègre le trouble dans
l'ensemble d'une organisation psychique donc il est une composante (dans le
sous-chapitre 2.7. « Troubles névrotiques avec perturbations prédominances
des fonctions insrrurnentales »).
La dyslexie isolée
Quant à la dyslexie isolée (sous chapitre 6.1 00), c'est une « altération
pécifiquc de l'acquisition de la lecture, affectant la compréhension de la
lecture, la reconnaissance des mots, la lecture orale et les performances dan
les tâches nécessitant la lecture. Les troubles consistent en des confusions d
l 1166 Contribution ae rëpreuve ae la Figure ae Rey à la comprënension ae la dyslexie
L'expérimentation
La population d'étude sur laquelle nous étaierons notre propos, est constituée
de deux groupes d'enfants en deux études distinctes.
Les deux études one été menées à quinze ans d'intervalle, sur deux groupes
d'enfants de mêmes âges, de 10 ans à 12 ans, d'origine sociale identique
(parents employés, ouvriers ou petits commerçants), en des lieux différen •.•..
Outre l'écart de temps encre les deux études, cc qui distingue ces deux
groupes d'enfants est la manière dont a été porté le diagnostic :
.;!il
8~ • de dyslexie/dysorthographie dans le premier cas, sur la base d'une
••c:: évaluation de la lecture et de l'orthographe et d'une définition du trouble
0
<:
par l'écart de deux écarts types avec la population de référence sur le
trier plan de la lecture et de l'orthographe, les autres réalisations étant
conformes à la moyenne des enfants de même âge ;
• de dyslexie dans le second cas {les vingt enfants s'avérant être dysorthogra
phiques à l'examen). Pour certains, la dyslexie n'est pas isolée, ou dans le
ens retenu par la CFTMEA-R-2000, elle est isolée mais on connaît des
antécédents de troubles de langage voire pour une enfant, une dysphasi
l 1168 Contribution ae rëpreuve ae la Figure ae Rey à la comprënension ae la dyslexie
Dans une observation sur deux le dessin est réalisé de droite à gauche, ce
qui n'apparaît pas dans le groupe d'enfants non dysorthographiques (et
qu'exceprionnellernenr dans les productions « tout-venant» sur l'épreuve).
ans la plupart des cas l'axe médian vertical est présent dans l'épreuve
de copie. 11 apparaît alors séparateur en excès, soit parce que sa présence
entraîne une discontinuité entre les éléments gauche-droite de la Figure,
soie encore parce qu'avec lui s'exprime un évident déséquilibre de la Figure
avec une moitié gauche surdimensionnée par rapport à une moitié droite
qui se fond dans la pointe terminale.
Il est très fréquemment absent, dans un cas sur deux, dans l'épreuve de
mémoire: la continuité de l'enveloppe, du contour, paraît alors s'opposer à
l'évocation d'une ligne de parcage. Toue se passe ici comme si l'axe séparateur
ne pouvait être envisagé sous son aspect unificateur complémentaire :
l'unification entre les deux moitiés de l'espace est faite au prix de sa
disparition.
La troisième caractéristique des productions des enfants dysortho
graphiques concerne les temps de production dans les deux moments
copie et mémoire : ils sont « normaux » dans l'épreuve de copie, mais
remarquablement brefs dans l'épreuve de mémoire: il n'y a que deux sujets
sur les vingt du groupe qui prennent un temps de réalisation comparable
dans les deux épreuves. Ce craie constitue la particularité la plus fréquente
de ce groupe :
• la moyenne des temps de copie des vingt sujets du groupe dysorthogra
phique est de 4 minutes 45 secondes. Elle est comparable à la moyenne
des temps habituellement mis aux âges considérés;
• la moyenne des temps de mémoire est de 3 minutes 15 secondes. Elle est
significativement inférieure si l'on pratique un simple calcul des limites de
confiance de la moyenne des différences (cas de comparaison de moyenne
de deux échantillons appariés) : la moyenne des différences est - 87
.;!il
8~ secondes, l'écart type 69. L'hypothèse nulle est très largement écartée;
••c::
0
<:
• en revanche on ne constate pas de différence des temps utilisés chez
les enfants du groupe témoin qui prennent des temps en moyenne
sensiblement identiques dans les deux moments de l'épreuve (mais avec
une grande variabilité d'un enfant à l'autre).
l 1170 Contribution ae rëpreuve ae la Figure ae Rey à la comprënension ae la dyslexie
Le sens ae construction
À 6 ans beaucoup d'enfants construisent la figure dans le sens droite-gauche.
Avec l'apprentissage de la lecture, et indépendamment du niveau de lecture
qui a été atteint, ce type de construction disparaît. La persistance de ce
mouvement peut recevoir plusieurs explications, non exclusives l'une de
l'autre:
• la Figure de Rey présente un point d'appel à l'origine sous la forme
d'une croix à gauche. L'extrémité du dessin dans le sens ordinaire de
construction est une pointe. Que la pointe se présente d'emblée comme
l'élément d'appel ou d'origine dans les constructions inversées serait une
expression de cc que nous avons très fréquemment noté dans bien d'autres
domaines de la manière donc le non-lecteur âgé aborde le matériel :
ont perçus immédiatement et mis en évidence les éléments à valence
phallique. L'origine n'est pas dans ce cas l'intersection de deux lign•..,,
verticale et horizontale, soutenant des positions différentes, active et
passive, paternelle et maternelle (Haag, 1985), mais le contour d'un objet
pénétrant. Il est saisi dans la réalité extérieure, mais n'est pas réellement
organisateur au sens où le sujet ne peut l'y mettre s'il n'y est pas ;
• si le trait gauche-droite a valeur séparatrice, comme le geste de projection
qui le supporte, le trait inverse chez le droitier serait porté par un
mouvement ramenant à soi, par un mouvement de « cramponnement ,i
(selon le terme d'Hermann, 1943). Mais en dernière analyse, il n'est
peut-être pas nécessaire d'attribuer une signification unique à ce geste:
la simple négation du sens de nacre écriture par un geste droite-gauche
témoigne déjà de ce que le geste enfantin, de rejet ou de cramponnemenc,
est trop présent: comme s'il n'avait pas acquis encore cette possibilité de
fractionnement dans les mouvements les plus fins de l'écriture. Le sen
droite-gauche reflète la concraincc de ne pas pouvoir penser les choses
autrement que dans des catégories extrêmes, acceptation ou rejet, trop
près ou trop loin. Il ne permet pas de trouver la bonne distance ;
• on observe fréquemment un tracé droite-gauche quand l'enfant se réfère
implicitement au dessin d'un objet concret, une maison par exemple.
Cette voie d'interprétation n'invalide pas les précédentes : s'appuyer sur
La Figure ae Rey
Les temps
L'hypothèse la plus fréquemment formulée qui considérerait une certaine
tendance à« bâcler >) l'épreuve n'est pas consistance si l'on mec ce phénomène
en rapport avec le temps de copie normatif qui montre bien que la
mobilisation du sujet sur la tâche n'est pas en cause. JI semble bien plutôt
.;!il que la rapidité d'exécution du dessin soie en rapport direct avec la façon dom
8~
••c:: le sujcr « éprouve» le temps. Celui-ci est dans un travail d'évocation, comme
0
<: un matériau non utile au sujet. Or le temps est une donnée première sur
l'épreuve de la Figure de Rey, parce qu'elle est conduite en deux moments,
parce qu'elle sollicite une remémoration donc un travail contre l'effacement
non pour garder celle quelle l'image initiale, mais pour l'ajuster aux éléments
de la réalité interne qui la recomposent. Enfin le temps intervient dans
l'orientation même de la Figure sur laquelle nous avons insisté: qu'il y ait
figuration d'une origine et référence à un sens de progression suffit à inscrire
une troisième dimension, le temps, à l'espace ainsi orienté.
l 1172 Contribution ae rëpreuve ae la Figure ae Rey à la comprënension ae la dyslexie
Conclusion
que celui-ci n'y joue pas de rôle de liaison, ce qui serait en revanche le
cas lorsqu'il est lui-même traversé par l'axe horizontal.
ur la Figure de Rey, dans la figuration d'axes orthogonaux, chaque ligne
est traversée par l'autre et cependant continue. La verticale n'est en définitive
utilisable que quand elle peut s'étayer sur l'horizontale.
es axes peuvent être traduits en termes d'axes paternel et maternel (Haag,
1990) selon certaine tradition s'appliquant au dessin du jeune enfant. Mai
considérons que cc qui est déterminant est d'abord la nécessité de la liaison
qu'ils entretiennent. Présents ensemble, les deux demi-espaces gauche et
droit sont disjoints et reliés. Le témoin de la liaison, l'axe horizontal peut
alors se présenter comme le support de la différenciation puisqu'il unit
deux moitiés distinctes, en continuité malgré la ruprure. C'est là lui faire
jouer le rôle d'axe du temps: celui-ci permet très précisémenc ce passage des
relations en simple contiguïté à des relations de continuité par lesquelles le
temps réorganise l'espace.
Le sujet recherche à l'extérieur ce qui garantirait des positions séparatrice
(phalliques). li apparaît de ce fait un glissement vers le rôle que joue de façon
généralc « l'enveloppe» qui a cssenciellcmcnc une fonction séparatrice, encre
intérieur cc extérieur : sur la Figure de Rey, celle-ci est toujours présente
chez les sujets dysorthographiques (le plus souvent faite de proche en proche
à la copie et en une fois à la mémoire, ce qui est fréquent chez l'enfant
jeune dans l'étude d'Osrerrieth). La précipitation dans la deuxième partie
de l'épreuve (mémoire) diminue notablement quand l'enveloppe a pu être
tracée, le sujet semblant considérer alors la tâche comme touchant à sa fin.
La lecture qui soumet certains sujets à une impossible perce de vue rend
de la même façon à privilégier une saisie des mots par leur « contour », leur
enveloppe, comme ils le feraient d'un dessin qui représente le lien visuel
maintenu avec l'objet. Saisir les mots par le contour, globalement, c'est
d'abord renter d'en faire des images. C'est aussi, en leur conférant un
.;!il enveloppe, les isoler les uns des autres, les séparer absolument, tout en le
8~
••c:: rendant insécables. Ils ont par là eux-mêmes une valeur séparatrice en exces.
0
<: Cette appréciation est encore vérifiable par une autre observation dans le
tracé des lettres de l'enfant (ou de l'adulte) mauvais lecteur: routes les lettres
peuvent être orientées dans le même sens horaire, consonnes et voyelles. Il y
a à la fois une négation des éléments différenciateurs internes à l'écriture,
et affirmation dans le geste bas-haut-bas d'un mouvement dur et violent
essenciellemenc séparateur.
CHAPITRE
18
1
Observations
avec la Figure ae Rey
1
Figure de Rey d'Éva, 16 ans 9 mois . Page~
_J
La Figure ae Rey
Tableau 18.1
Résul.tats chWrés pour Éva.
Note Position sur étalonnage Temps Type
.;!il
Copie 30 Centile 30 3 mn45 I
8~
••c:: Mémoire 25 Centile 60 4 mn I
0
<:
Le résumé présenté dans le tableau 18.1 indique des temps moyens. Les
deux productions sont de cype I, mais le score est inférieur à la moyenne
elon l'étalonnage adulte. La noce en copie indique que la copie n'est pas
parfaite, loin s'en faut, malgré le type de copie. Des particularités, un style
personnel à Éva dans la procédure, sont vraisemblables. L'amélioration d
la position sur l'étalonnage en « mérnoire », laisse à penser qu'elles n'auront
pas desservi celle-ci.
Observations avec ta Figure de Rey
Premier aperçu
Les productions sont peu conformes à l'idée que nous nous faisons du
dessin d'une jeune fille de lycée fréquentant une première S. Les dimensions
générales sont peu fidèles au modèle, les proportions également, les traits
sont faits avec une certaine désinvolture, peu appuyés.
Pourtant l'impression d'ensemble laissée par ces dessins, qui ne nous
paraissent pas représentatifs de cet âge, est démentie par le temps mis à
l'exécution. L'épreuve n'est pas bâclée. Il y manque seulement ce que nou
anticipions de craies obsessionnels de bon aloi.
La comparaison entre copie et mémoire indique une perte ou des
déplacements sur un certain nombre d'éléments intérieurs et extérieurs en
mémoire. La préoccupation de la jeune fille étaie pourtant dire, accompagnant
le dessin: « Là il y avait quelque chose, je ne suis pas sûre, qu'étaie-cc donc »î
Mais la préoccupation pour les détails manquants, affirmée n'est pas confirmée
par le dessin. Sauf à croire que la jeune fille aie réellement des problèmes d
mémoire... li semble bien plutôt qu'Éva ait utilisé le matériel à sa manière,
imprimé W1 certain sens à la Figure, peu soucieuse de ce qu'elle était réellement
dans ses proportions. Cette hypothèse de base s'appuie essentiellement sur
les modifications sensibles de copie à mémoire, jusque dans les formes qui
confondent carrés et rectangles, grand et petit. .. Il est vraisemblable que quelque
représentation a animé le crayon en cours de dessin, sans prendre toute la
place, mais aboutissant à une sorte de compromis entre une image- peut être
préconsciente- et les exigences du modèle (cableaul.8..2.).
Éva, F,gure de Re'/, ccoie.
La Figure ae Rey
--+
Copie
a figure est construite à partir du grand rectangle. Celui-ci est tracé en tout
point selon le sens de l'écriture, gauche-droite, haut-bas. Cette base étant
posée, le mouvement se poursuit par la pointe à droite, constituée par le
triangle isocèle, puis le losange terminal, un mouvement rigide de gauche à
droite pour le triangle, sitôt suivi par un second mouvement droite-gauche
- par rigide nous signifions dans le sens des aiguilles d'une montre ou sen
horaire - et d'un mouvement anti-horaire complet, peu banal pour le
losange terminal. Les deux mouvements sur cette pointe cc le losange sont
donc inverses l'un de l'autre. Le symbolisme de l'opposition est transparenc.
.;!il
Éva organise la suite à partir du centre du grand rectangle. Il a été identifié
8~ par le croisement des deux diagonales. Un premier rayon à partir du cencr
••c:: est tiré vers le haut, tracé de bas en haut - à l'inverse donc du sens de
0
<:
l'écriture - il traverse la longueur supérieure du grand rectangle, et, toujours
de bas en haut, constitue le côté vertical du triangle supérieur. Celui-ci est
achevé par un trait de tracé identique, de bas en haut.
Les autres médianes sont tirées méthodiquement du même centre, par
des traits en rayon, du centre vers la périphérie, les deux rayons constituant
la médiane horizontale sont alignés, et se prolongent à droite en médiatrice
du triangle isocèle.
Observations avec ta Figure de Rey
ableau IB.2
Anal)'se du processus de construction.
Copie Mémoire
Sens de Sens de
Ordre de construction Ordre de construction
construction construction
Sens
7. Losange à droite 7. Carré inférieur H/8, G/D, H/B
ami-horaire
8. Diagonale
8. 1"' diagonale Haut en bas H/8
petit carré inférieur
De bas en haut
1 1. Hypoténuse du triangle 1 1 et 12. Triangle rectangle
Droite à gauche puis
rectangle supérieur supérieur
haut en bas
12 Petite perpendiculaire
à longueur supérieure H/8 J 3. Médiane verticale H/8
du grand rectangle
Tableau 18.2
(suite)
1 7. Segment parallèle
17. Cinq hachures parallèles Haut en bas du côté droit GID
du grand rectangle
18. Demi-médiane verticale Gauche
18. 4 segments parallèles
prolongée vers Croix Bas en haut à droite,
dans ¼ sup, gauche
inférieure de bas en haut
19. Segment parallèle
Haut en bas.
19. Carré inférieur petit rectangle intérieur D/G
gauche ù droite
prolongé
Gauche
20. Croix inférieure Diago-
à droite. 20. Croix latérale 11/8
nale petit carré
haut en bas
21 . Segment parallèle 21 . Segment parallèle
du côté droit du grand Haul en bas du côté droit du grand H{B
rectangle rectangle
22. 4 segments parallèles 2 D/G. 2 G/D. de 22. Rond intérieur
Mvt ami-horaire
dans ¼ sup. gauche bas en haut avec 3 points
.;!il Les éléments internes et externes sont ainsi «cousus», de part et d'autre
8~ des frontières inférieure et latérale gauche du grand rectangle.
••c::
0
<: Peu de particularités à ce moment du dessin, les traits sont tous faits
de gauche à droite et de haut en bas pour les petits éléments - sauf,
auf les quatre segments du quart gauche supérieur du grand rectangle :
curieusement, ceux-ci sont tracés du centre vers la périphérie, alternant deux
tracés droite/gauche cc deux tracés gauche/droite. Nous n'avons pas une
<• explication » à cecce curiosité.
ous pouvons cout juste remarquer, si nous revenons sur le centre de la
figure, qui se trouve être le centre du rectangle et pratiquement le cencre d
Observations avec ta Figure de Rey
Mémoire
Pourtant, crois minutes plus tard, Eva commence le tracé sans le modèle
par une enveloppe plus large que le grand rectangle, englobant celui-ci et l
triangle isocèle à droite dans le même mouvement. Il ne fait pas de douce
pour Éva que l'épreuve sans le modèle est une épreuve de mémoire, et que
la plus sûre manière de ne rien oublier consiste à bien fermer l'espace à ce
qui doit y rester. Elle assure d'ailleurs l'objectif en réutilisant les sens de
tracés précédents, alors même que leur enchaînement a changé.
La forme, sans douce, est portée par l'évocation d'un objet orienté de
gauche à droite, qui n'est pas l'évocation du dessin de copie. L'enchaînement
encre les diverses parties de la figure n' est plus le même, le losange terminal -
« qu'il ne faut pas oublier», nous die Éva - ne suit pas la pointe constitué
Synthèse
L'analyse des deux productions d'Éva est nécessairement celle d un processus,
au sens où le début de l'épreuve cc sa fin ne peuvent être confondus: il
' t passé quelque chose dans le temps global du test, dont la traduction
est visible si l'on considère la manière dont les dessins onr été faits, et
particulièrement, le sens dans lequel les traits ont été tracés.
En copie, Éva alterne deux moments, qui globalement distinguent
l'enveloppe, le contour et son orientation, de l'ensemble des éléments
internes et externes. Il y a des liens entre l'enveloppe et les éléments
disparates, mais ils ne sont que d'étayage: les éléments sont en appui de la
structure externe jusqu'à l'identification d'un centre à partir duquel sont
lancés les traits qui vont concourir au tracé de deux éléments périphériques,
en haut et en bas, qui prendront sens dans l'épreuve de mémoire, du fait des
positions respectives qu'ils ont prises de part et d'autre du centre de gravité.
Un point rayonnant à partir duquel sont lancés des pseudopodes nou
évoque très directement les dessins d'enfants tout petits, illustrant la
problématique de l'astronaute perdu dans l'espace en quête de ses points
d'attache décrit par Geneviève Haag (1990): chez le jeune enfant, le dessin
dans lequel nous voyons un soleil, est le prétexte à envoyer dans l'espace
de représentation graphique des rayons qui doivent trouver un ancrage ;
celui-ci est constirué/atresté par le retour sur soi, vers le centre. Nous voyons
cela dans le dessin de la fleur et ses pétales. Le soleil et la fleur peuvent
d'ailleurs être confondus quand on demande à l'enfant cc qu'il a fait en une
formule comme « une fleur-soleil )>.
Éva n'est pas un enfant cout petit, cc qui n'exclue pas que le centre de
l'enveloppe ait besoin d'un ancrage, avant de rayonner. Elle le détermine
par le croisement des diagonales, donc par des points déjà là, les sommet
du rectangle. Les axes organisateurs internes ne sont donc pas jusqu'à ce
moment des axes organisateurs. Les médianes ne peuvent être faites qu'après
avoir refait le parcours antérieur qui les rend possibles, la prise de possession
du fond.
La copie constituerait donc une première étape pour Éva. Si elle est
convaincue qu'elle doit aller à la pêche aux éléments pour ne rien oublier,
la démarche qu'elle suit ne die pas la même chose. Ce qui l'anime, c'est la
rructure, et sa construction, donc son organisation.
La première phase de copie éraie rclativcmcn c maîtrisée, cc qui est attesté
par le sens des craies. Mais elle s'achève sur la pointe de la figure par un
ymbolismc transparent inutilisable sinon désorganisateur. Puisque le sen
La Figure ae Rey
de la figure et le sens du tracé peuvent aussi être porteurs de risque, les assise
doivent être retrouvées autrement. Le dessin de copie s'achève ensuite sur
l'ébauche d'une organisation à partir d'une symétrie progressivement mis
à jour.
En mémoire, l'axe de symétrie est tracé tout de suite après le contour,
toue le contour englobant rectangle et triangle isocèle. Tout se passe comme
si la figure avait définitivement pris son sens dans l'encre deux temps de
la passation. Elle esc orientée, elle représente quelque chose, mais on ne
air pas quoi, et son axe médian est visible et organisateur de l'ensemble. Il
est réellement, c'est attesté par le processus de construction, devenu l'axe
de symétrie de l'ensemble. Les deux éléments, carré et croix inférieure, et
triangle supérieur, l'aileron, confirment l'interprétation du dessin, et celle-ci
entraîne des déformations : le triangle supérieur est le dessin d'un aileron.
Des éléments sont mis en symétrie, au prix d'un déplacement ou d'un
déformation. Ailleurs Éva passe des compromis encre le récit qui soucient 1
processus de dessin et la réalité géométrique des éléments, mais ce sont des
compromis défavorables aux qualités proprement géométriques attendues
des objets qui composent l'ensemble.
L'inconvénient d'un axe de symétrie est qu'il n'est pas perméable. Mais
c' est ce dont Éva a besoin à ce moment. Il sépare et s'oppose donc à tout
tracé le traversant. Éva peut bien regreccer l'oubli de certains éléments, dont
le petit rectangle intérieur, nous savons qu'il étaie gênant parce qu'il se
trouvait nécessairement à cheval sur - ou traversé par - l'axe médian.
Conclusion
La facture névrotique des dessins est patente. Elle s'apprécie moins sur les
images elles-mêmes, qui ne nous disent pas grand-chose, que par la manière
.;!il donc Éva a utilisé le temps des dessins.
8~ ous n'avons, pour faire la synthèse du processus, pu faire autrement
••c::
0
<: que donner un récit avec son développement et ses rebondissements. Et en
mentionnant le fait que la coupure introduite encre les deux temps de la
passation a assumé ici une fonction organisatrice : la coupure, le temps san
rien devant soi, marque un avant et un après dans la procédure.
n ce sens, l'utilisation du temps semble contredire le point stérilisant
auquel aboutit le dessin, une représentation transparente et un axe de
yrnétrie peu perméable. Une problématique phallique en fin de compte
stérilisante du point de vue de la production.
Observations avec ta Figure de Rey
Il n'en est rien. Cette problématique est un axe de repli qui reste 1c1
organisateur. Il permet d'assurer ce qui est nécessaire, autant de tracé
marquant l'emprunt aux valeurs partagées d'utilisation de l'espace d
représentation graphique.
Ajoutons que le strict examen du sens des tracés est un indicateur clair
de la valeur conférée aux divers éléments du dessin. Dans les dessins d'Éva,
les tracés inverses du sens conventionnel de représentation du temps sont
toujours apparus au compte de déformations personnelles, imposées à la
figure.
L'observation dans son ensemble peut illustrer la valeur que l'on accorde
parfois à l'épreuve en clinique adulte aussi.
'utilisation du test de la Figure de Rey en clinique légitime la réintégration
de l'épreuve dans le champ d'une méthode d'analyse des productions des
ujets intéressée par les aléas de la mémoire, conçue ici comme aprirud
psychique à retenir, à conserver, à distinguer, à sélectionner ce qui parviendra
au champ de la conscience.
Ainsi Debray (1983) réintègre dans l'analyse les deux moments de
l'épreuve. Son étude menée au près de patients diabétiques insulino
dépendants met en évidence les modalités du jeu mené encre la réalité
matérielle de la Figure et les particularités du travail mental effectué par ces
ujecs : à la différence de sujets présentant une organisation névrotique ou
psychotique franche, chez lesquels la tendance à déformer, surcharger ou.
transformer la figure est de règle, il n'y a, dans la population d'étude, pa
ou peu de déformations à la copie, et une relative soumission à la réalité.
Ce qui aurait pu dans une approche essentiellement globale, sur la base
du travail fini, être compris comme l'expression d'une« bonne» copie -
s'accompagne d'un malaise sensible dans l'épreuve de mémoire: l'aspect
fréquemment lacunaire de la Figure de certains protocoles s'oppose alors
dans d'autres à un aspect déformé et surchargé, voie d'expression d'une
(< symptomatologie mentale positive».
Commentaire du tableau 18.3 : les cemps pris pour les réalisations sonc respectables,
mais les productions ne semblent pas à leurs mesures, même en tenant compte
des doutes sur la qualité psychométrique de l'étalonnage.
Premier aperçu
ous pourrions répéter pour Lucie, ce que nous notions pour Éva, ci-dessus.
Les traits sont peu fermes, et d'emblée on est frappé par la liberté que prend
Lucie avec les proportions de la figure. Le grand rectangle, en copie, puis
davantage en mémoire est réduit à un carré. Le triangle isocèle qui constitue
la pointe droite de la figure est considérablement allongé, le triangle rectangle
upérieur surélevé, les croix trop longues ou trop courtes. Ce sont les rapport
entre les divers éléments qui paraissent en cause.
Les notes obtenues accusent ce qui pourrait apparaître comme un certain
laisser-aller, dans la mesure où elles se situent coutes deux en dessous de la
moyenne que l'étalonnage attribue aux productions adultes. C'est w1e élève
de première Sec l'on peut penser que la rigueur mathématique a du sens
dans l'enseignement qu'elle reçoit.
Lucie n'est pourtant pas suspecte d'avoir pris l'épreuve avec dilettantisme
elle esc relativement anxieuse et interrogative quant à la qualité de sa
production. Elle y passe du temps, plus de 5 minutes en copie, ce que sa
.;!il production ne montre pas. Toue se passe comme si les éléments, davantage
8~
••c:: que l'ensemble avait mobilisé son attention.
0
<: La comparaison entre copie et mémoire confirmerait cette hypothèse.
L'effort est patent pour ne rien oublier en mémoire, des éléments non
présents à l'origine sont ajoutés, mais on note de nombreux oublis et
inversions, un appauvrissement dans la production de mémoire qui frappe
urtout les éléments périphériques. Ce fait est d'autant plus surprenant en
première analyse que le temps pris pour la mémoire est le temps moyen mis
dans l'étalonnage pour cerce tâche. Il n'y a pas de bâclage, mais beaucoup
d'interrogations en cours d'épreuve, qui aboutissent en mémoire à des choix
Observations avec ta Figure de Rey
Tableau 18.4
Analyse di, processus de construction
Copie Mémoire
Ordre de construction Sens de construction Ordre de construction Sens de construction
1. Largeur gauche 1. Largeur gauche
H/B H/B
du grand rectangle du grand reccangle
2. Longueur
2. Longueur supérieure
supérieure GID GJD
du grand rectangle
du grand rectangle
3. Triangle rectangle 3. Largeur droite
B/H. H/B H/B
supérieur du grand rectangle
4. Largeur droite 4. Longueur inférieure
H/8 D/G
grand rectangle grand rectangle
5. Longueur inférieure
0/G 5. Croix de Saint André H/B
grand rectangle
6. Côté supérieur
6. Médiane verticale
du triangle isocèle H/8 H/B
prolongée au-dessus
à droite
7. Côté inférieur
7. Hypoténuse Triangle
du triangle isocèle H/8 H/B
rectangle supérieur
à droite
8. Segment parallèle
au côté droit 11/B 8. Croix inférieure G/D
du rectangle
9. Côté supérieur
9. Losange terminal à
4 fois H/B du triangle isocèle H/B
droite
à droite
l O. Segment liant la 10. Côté inférieur
croix latérale au grand D/G du triangle isocèle H/B
rectangle à droite
11. Médiane
11. Croix latérale H/B horizontale prolongée D!G
triangle isocèle
12 Cinq hachures
12. Carré inférieur H/8, D/G, B/H H/B
parallèles
13. 4 segments
13. Croix inférieure GID parallèles dans un G/0
quart sup gauche
14. Croix de Saint
14. Segment parallèle
André 11/B G/D
côté sup petit rectangle
ableau IB.4
(suite)
16. Médiane
16. Rond intérieur avec
horizontale D/G Non noté
3 points
Copie
Mémoire
comme si le rappel des divers éléments était la vraie question posée par le
test. Les oublis sont plus importants à l'extérieur de la figure.
Par exemple, le losange terminal a disparu, à moins que... À moins
qu'il soit remplacé par quelques petits traits incertains, dans lesquels nou
n'identifions pas un losange mais une croix, au sommer, comme pour le toit
d'une église. La symétrie encre la gauche et la droite de la figure, cherchée
en copie par la succession losange terminal - croix latérale, est confirmée
ici, mais quelle symétrie?
Le rectangle est fait en premier lieu, comme en copie, mais tout de
suite complété par l'intersection des deux diagonales. La médiane verticale
est tracée ensuite, très appuyée ce qui lui donne davantage d'épaisseur et
prolongée en haut et en bas : autrement dit, elle traverse le rectangle, cc
qu'elle ne faisait pas en copie. Il semble ainsi que cette médiane conscirue
maintenant un axe organisateur pour l'ensemble de la figure. C'est à partir
d'elle que d'autres éléments sont rappelés, notamment les hachures en bas à
droite, puis les hachures en haut à gauch~.
ous remarquons que tous les segments intérieurs sont tracés de gauch
à droite ensuite, à l'exception de la médiane horizontale, tirée encore en un
seul trait de la droite vers la gauche.
Comme il manque encore beaucoup d'éléments au rappel, Lucie poursuit
sa recherche, mais sans trop de succès. Elle place alors la croix à droite, et des
segments internes déplacés ou inventés, sans appuyer sur le crayon. A-t-elle
voulu reproduire le carré inférieur dans le sommet du rectangle opposé ?
Nom ne le savons pas ec nous ne questionnons pas le sujet après l'épreuve.
Conclusion
omme chez Éva précédemment, le temps qui sépare les deux moments de
l'épreuve paraît avoir été mis à profit pour changer quelque chose dans la
rratégie.
ans le cas de Lucie, il ne semble pas que l'explication, l'interprétation
quelle aie donnée à l'image aie servi le travail de remémoration. Les éléments
rapportés sont peu déformés, quand ils ne sont pas intégrés à la démarche,
ils sont plus souvent absents.
En copie, nous cherchions un axe organisateur. Nous pensions l'avoir
trouvé avec l'axe médian horizontal, tiré dans le sens possible de la figur
i l'on se fie aux quelques modifications que Lucie lui a fair subir, comme
d'une bâtisse couchée à l'horizontale. En mémoire, ce n'est pas cette fantaisi
La Figure ae Rey
Préambule
Les deux observations que nous présentons ci-dessous peuvent être considé
rées ensemble. Elles concernent deux sœurs jumelles, qui ont fuie l'objet par
leur enseignante de demande d'orientation spécialisée simultanément. Elles
ont, à la suite d'une réunion d'équipe restreinte, restées dans leur classe,
mais elles ont été accueillies ensemble en petit groupe par l'enseignante
spécialisée. Cette forme d'aide a relevé d'une gageure : dans la mesure où les
nombreuses prises en charge qu'elles avaient connues avant cette nouvelle
école les avaient toujours séparées, il nous semblait inutile de leur demander
de réitérer ce qui était déjà connu et n'avait guère fonctionné. Par ailleurs,
nous pensions que l'évolution de coute personne allant vers la différenciation
dans la mesure où celle-ci est abordable, il ne paraissait pas nécessaire de la
forcer en séparant les jumelles, mais plutôt de l'accompagner.
La première parcie de l'observation relate sans s'y accarder quelque
éléments d'un examen des efficiences scolaires des deux filles.
La deuxième partie laisse la parole à l'enseignante spécialisée qui nous a
confié les notes synthétiques prises après deux séances de travail en milieu
d'année.
La troisième partie enfin est consacrée à la relation détaillée des apports
de l'examen avec la Figure de Rey, pratiqué peu après les deux séances
rapportées. Il s'agissait pour nous à ce moment d'alimenter la réflexion des
divers professionnels engagés auprès des filles.
Zoé
Les parents rencontrés en fin d'année scolaire précédente ont parlé des
difficultés très tôt rencontrées avec les jumelles, notamment du peu d'écoute
cc de réponses adaptées trouvées du côté de l'école. Ils semblent avoir
rencontré beaucoup de monde au dedans et au dehors de l'école, mais peu
de solutions.
L'accord est pris au cours de cette réunion avec les deux parents pour
une rencontre hebdomadaire des deux filles avec une enseignante spécialisée.
L'aide apportée se situera délibérément sur le terrain des apprentissages.
On peut en effet penser que les difficultés d'apprentissage, qui sont d
difficultés à retenir, mettent en jeu diverses problématiques : les difficulté
d'apprentissage sur fond de fragilité sont évocatrices de pathologie limir
de type « dysharrnonie évolutive », comme le confirment les donnée
anamnesuques.
,;!il J'explique que le cadre des rencontres régulières cc prévisibles est la
8~
••c:: réassurance nécessaire à cc que la mémoire, c'est-à-dire une certaine maîtrise
0
<: ordonnée de l'histoire personnelle puisse fonctionner sur des notions à
onnaîcre. La démarche n'est donc pas celle d'une thérapie en soi, mais de la
mise en place d'un cadre qui concoure à rassurer les fillettes sur leur capacité
à retrouver et à garder.
Cette hypothèse doit par ailleurs retenir la singularité du développement
psycho affectif de jumeaux, qui, bien que« faux», n'en sont pas moins quant
à leur étayage narcissique très dépendants l'un de l'autre, de leurs regard
réciproques. La gémellité est ainsi un enjeu singulier dans le cadre d'un
Observations avec ta Figure de Rey
aide apportée aux deux filles simultanément. Ce qui se donne à voir est
une grande différence encre elles, à tout point de vue. Leur comportement
en classe paraît confirmer cette différence, mais on peut s'interroger sur
la nécessité pour les jumeaux, pour être vus et acceptés par l'entourage,
de s'appliquer à outrer les différences, qui ne sont pas en réalité - dans
leur réalité - la matière première de leurs relations : cette question est
d'autant plus vive que le langage du jeune âge de ces jumelles, encore présent
aujourd'hui à travers des phrases réduites à leur plus simple expression (un
peu comme les phrases du langage intérieur), trahit que l'étayage et le monde
commun cc exclusif qui csc celui de leur couple singulier esc encore bien là.
ous n'avons donc pas - ou trop - d'hypothèses concernant l'évolution
possible de chacune des filles quand nous aurons mis à leur disposition
un cadre commun. Mais le recours qu'offrent les jeux sociaux appuyés sur
des rôles différenciés et différenciateurs, rôles abandonnés successivement
à chaque nouvelle phase du jeu, autrement die, l'activité première d'un
petit groupe d'enfants consistant à varier les rôles, à les permuter, devrait
constituer une réponse intéressante au problème des fillettes : apprendre à
se différencier en fonction des moments du jeu, parce que l'on acquiert la
certitude de ne pas se perdre. Nous envisageons donc de ne pas contraindre à
différencier en opposant, en contrastant les images que les deux filles donnent
d'elles-mêmes, ce qui est contraire au mouvement de différenciation.
~ Épreuves utilisée
a minima ; elle ne refuse aucune épreuve, mais ses recherches sont limitées à
ce qu'elle sait tout de suite ou ne sait pas.
Tableau 18.5
.;!il
8~ Notes connaissances Brute Standard
••c::
0
<:
Personnages et lieux connus 13 68
Arithmétique 25 66
Devinettes 19 74
Lecture déchi lfrement 26 68
Lecture compréhension 13 72
laquelle les deux sœurs sont ensemble, mais répondent tour à tour, le
raisonnement apparaît plus consistant que ce que l'on aurait pu supposer à
la lecture des tests verbaux. Le score situe Noémie encre le centile 25 et 1
centile 50, normal faible,
> Conclusion
La faible efficience dans les tests de type scolaire, et plus généralement les
tests verbaux de connaissance est l'aspect le plus saillant du protocole. Elle
paraît liée à la fois à des archaïsmes dans le langage de l'enfant, er à une
attitude de retraie face à la tâche qui lui échappe.
Malgré cerce impression dominante, bien présence, l'outil intellectuel
apparaît autrement mobilisable dans le second test passé. Sur la foi de ce test,
et du comportement de Noémie en présence de sa sœur à cette occasion, le
travail en petit groupe avec les deux filles nous semble une bonne indication.
Élodie
Comme pour Noémie, les scores attribués avec les épreuves de connaissance
du K-ABC sont homogènes, à une seule épreuve près. Comme pour Noémie,
l'efficience moyenne est à deux écarts types de la moyenne des enfants de
c âge. Comme pour Noémie, les épreuves de lecture font apparaître des
particularités, et les mêmes erreurs sont faites en lecture déchiffrement. La
La Figure ae Rey
),- Conclusion
Tableau 18.7
Résultats chiffrés pour Élodie.
Note Position sur étalonnage Temps Type
Copie 26 < Centile 10 4mn I
Mémoire 22 Centile 60 3mn 30s I
Les deux figures, copie et mémoire d'Élodie montrent peu de différence. Elles
one de même facture, et elles semblent avoir été faites de la même manière.
On relève seulement, en mémoire un trait supplémentaire, curieusement
absent dans la copie. Étonnant !
Les deux dessins ont été faits dans des temps semblables. Sur l'ensemble
nous relevons encore une modification quant à la place occupée par le dessin
dans l'espace de la feuille: il se trouve à la limite supérieure de la feuill
dans le dessin de mémoire. Par ailleurs les croix extérieures sont rétrécies.
Les traits paraissent mieux assurés en mémoire, au sens où certains
raccords, présents dans la copie, pour le triangle isocèle formant une pointe
à droite du grand rectangle, ou encore dans le tracé de la largeur gauche
du grand rectangle ont disparu. Mais par ailleurs, les traies sont corrects,
bien appuyés, mais la méticulosité n'a pas guidé la production. Élodie n'a
pas demandé de règle pour faire le tracé, et l'on comprend pourquoi au
premier examen de la production. L'enjeu du dessin n'apparaît pas être au
service des hésitations mais plutôt d'une certaine vigueur. Elle clôt la figur
de mémoire en disant: « Je crois que je n'ai rien oublié.» Ce qui est vrai.
Les scores notent donc une progression de la copie à la mémoire quant au
positionnement dans l'étalonnage, avec peu de perce de points.
Le tableau 18.8 décompose les différences séquences des deux tracés. Il rend
compte à la fois de la procédure empruntée pour la construction, et du sen
des tracés successifs. les noms que nous avons donnés aux divers segments
sont pour l'essentiel empruntés à ceux que donne Oscerriech dans le manuel
d'utilisation de la Figure de Rey. Le dessin proprement die peut être vu à
La Figure ae Rey
.;!il
8~
••c::
0
<:
Observations avec ta Figure de Rey
Copie
Le premier geste d'Élodic est de prendre le modèle cc de le mettre à la
verticale, je le reprends donc et lui dis qu'il doit rester comme il est. Elle
admet, mais réitère le même geste après qu'elle a choisi un crayon parmi ceux
qui sont posés sur ma feuille. Je reprends le modèle, le repose à l'horizontale
en lui répétant la consigne. Nous n'y reviendrons plus par la suite et elle ne
changera pas son dessin de position de son côté, cependant qu'elle ne tient
pas sa feuille tout à fait à l'horizontale.
Il n'y a pas de latence réelle avant le début de l'exécution. Élodie fait
exactement ce qui lui est demandé, sans état d'âme, en s'appliquant à ne
rien oublier. Le rythme est soutenu, c'est le même du début à la fin, il n'y a
ni empressement, ni bâclage, mais bien de la méthode.
Pour la copie comme pour la mémoire, le grand rectangle central, avec le
triangle isocèle à droite constitue l'élément central de la construction. Tout
le reste, éléments externes comme éléments internes est fait de place en place
au fur et à mesure de la construction, et au hasard des proximités.
La figure commence par l'angle supérieur gauche du rectangle, cc se
poursuit par la largeur gauche du rectangle, faite de haut en bas, puis la
longueur supérieure du même, faite de gauche à droite. La largeur gauche
est très appuyée, faite en deux fois ce qui est normal avec sa stratégie, mais
ce qui conduit à une réaffirmation du même trait qui fait figure de suppon.
Tous les traits horizontaux seront faits à la suite de gauche à droite, tous les
traits verticaux seront faits de haut en bas. La référence au sens de l' écritur
s'impose à l'évidence, surcout dans le tracé du grand rectangle que rien
n'impose d'effectuer comme cela. Cette règle sous-jacente à la construction
que Élodie semble s'être donnée à elle-même n'est pas démentie même dans
le tracé des diagonales. L'organisation de la Figure nous semble être sous
l'emprise de la règle implicite culturelle de l'organisation de notre espace
graphique. Ailleurs, dans d'autres matériels que la Figure de Rey, nous le
rangerions volontiers dans le registre des mécanismes meneaux de la série
rigide - référence au TAT.
Ici le procédé s'avère efficace. Il n'y a pas d'hésitation dans le dessin, sauf,
nous l'avons noté, dans le tracé du triangle isocèle droit: les deux segments
qui constituent les côtés du triangle sont faits en deux temps, pour aménager
un ajustement en cours de tracé à l'inclinaison que Élodie leur donne. Nou
relevons une deuxième hésitation, ici une erreur corrigée, qui concerne la
même partie du dessin: le rond avec les trois points est d'abord fait dans
cette partie de la figure, puis, Élodie se rendant compte de son erreur, barré
et reproduit à la bonne place.
La Figure ae Rey
Mémoire
Comme on peut le voit sur le tableau récapitulatif des séquences de
construction ( tableau ..1.8.,fil l'ordre adopté pour la construction de copie est
rigoureusement repris dans l'épreuve de mémoire. Non seulement les traits
sont reproduits dans le même ordre, mais ils sont tracés dans le même sens.
Ce qui donne, au moment où Élodie les dessine, le sentiment d'une grande
sûreté et d'une grande fiabilité dans la manière dont la figure a été analysée,
comprise. Répétons que le procédé emprunte essentiellement à une valeur
culturelle, introduite par l'école, qui est le sens de notre écriture, et par
extension le sens supportant l'organisation de notre espace de représentation
graphique.
• ;!il
ur le tableau rapportant les tracés (tableau 18.8), G/D, on l'aura compris
8~ ignifie « gauche-droite», tandis que H/B signifie « haut-bas ». La seule
••c:: exception, qui a son importance, concerne la médiane horizontal....
0
<:
Cette exception était déjà présence dans la Figure de copie. Elle étaie
alors pratiquée en deux temps - items 9 et 22 de notre liste - elle est
maintenant réalisée en W1 seul mouvement, résolu, avec un ajustement au
point de croisement des diagonales, centre de gravité du grand rectangle.
L'efficience en mémoire est donc au moins égale à ce qu'elle a été en
copie. Tous les traits sont fermement tracés, le support qu'a trouvé Élodie
par l'utilisation du sens d'organisation de notre espace de représentation
Observations avec ta Figure de Rey
'ableau 18.8
Copie Mémoire
15. Cinq Hachures Non noté 15. Carré inférieur Non noté
paraJlèles
Tableau 18.8
(suite)
17. Pelit rectangle Haut en bas. gauche 17. Croix inférieure G/D
intérieur à droite
18. Croix latérale Bas en haut 18. Cinq hachures Non noté
parallèles
19. Carré inférieur Haut en bas. gauche 19. Rond intérieur avec
à droite 3 points
graphique, gauche - droite, haut - bas, jouant très clairement son rôle de
facteur d'ordre.
Mais ce représentant d'un sens qui s'impose, à celui qui l'utilise comme à
celui qui regarde, a une limite. Nous avons souligné en début d'épreuve la
demande réitérée d'Élodie à propos du sens dans lequel se trouvait le modèle.
Elle le voulait vertical. Y avait-il ici assimilation de la totalité de la Figure
à une représentation figurative d'une maison, d'une église ou d'une fusée?
Toujours est-il qu'elle la voulait dressée selon sa plus grande dimension, dans
une évocation phallique évidente, au sens que la psychanalyse donne à cc
mot, c'est-à-dire d'un objet qui sépare l'espace de représentation (mentale)
en deux parties distinctes. La reprise d'un trait, ici tracé horizontalement,
.;!il mais de droite à gauche, nous paraît être le maintien de l'investissement
8~
••c:: initial de la Figure: elle s'organise selon cet axe, selon cette représentation.
0
<: La brève mise en scène d'un conflit sur le sens de la figure en tout début
d'épreuve aurait donc ouvert la voie à un compromis. La prégnance de la
valeur de la Figure reste entière, elle ne fera pas irruption dans la réalisation
de l'épreuve pour sa totalité, mais se manifeste, par le sens du tracé de la
médiane horizontale, comme nous l'avons noté dans l'épreuve de copie, par
les déformations subies par la partie droite de la Figure.
Observations avec ta Figure de Rey
> Conclusion
Tableau 18.9
Résultats chiffrés pour Zoé.
Copie
L'image de la figure est tout à fait reconnaissable. À première vue, tout
semble y être, à ceci près que le grand rectangle semble incomplet : les deux
plus grandes dimensions sont effectivement présentes, la médiane verticale
également, mais il manque la deuxième largeur : cette partie droite du grand
rectangle est en fait confondue avec le triangle de droite : les proportions
confirment l'impression : les crois espaces déterminés par les crois craies
verticaux se réduisent à deux. À l'image encore, la médiane verticale bien
présente partage totalement la figure en deux parties distinctes, les deux
parties incluant des éléments extérieurs au rectangle. Au total, l'axe médian
vertical n'est pas seulement axe médian du rectangle, mais tendu du haut
en bas et partageant la figure en deux parties égales, il devient pratiquement
axe médian séparateur dans la feuille elle-même.
Le processus de construction explique d'une certaine façon l'impression
laissée par l'image, mais son analyse permet aussi d'autres développements:
• comme l'indique le tableau des segments successifs avec le sens des tracé
le grand rectangle est tracé aussitôt après la croix Le premier élément
tracé n'est d'ailleurs pas la croix mais le petit segment horizontal qui relie
celle-ci au grand rectangle ;
• le grand rectangle est quasiment fair en un seul mouvement. Il commen
n un trait vertical, doublant la croix, puis se poursuit par le contour
de l'ensemble. Le rectangle en tant que rel n'apparaît pas dans cette
procédure par laquelle la succession des premiers traits concourt tout
simplement à constituer une enveloppe. Les éléments externes sont pris
dans l'ensemble, en un vaste mouvement ami-horaire;
• comme Élodie, Zoé identifie quelque chose qui doit partir de la pointe
droite de la figure pour constituer son axe de symétrie. Elle trace donc la
.;!il
8~ médiane horizontale à partir de cette pointe, en un geste droite-gauche
••c:: inverse du sens de l'écriture. Mais cette médiane elle-même ne concoure
0
<:
pas à l'organisation interne: aucun élément ne vient l'appuyer, nou
constatons au contraire une rupture dans les liaisons : le losange terminal
uccèdc à cette médiane, puis des éléments qui se trouvent à droite ou
à gauche. La médiane horizontale n'appelle pas la médiane verticale.
Celle-ci apparaît bien plus tard, après d'autres détours, elle n'est pas tant
ce segment qui coupe la précédente, qu'un large trait fendant la totalité
de la figure de haut en bas, dans un grand mouvement séparateur qui
Observations avec ta Figure de Rey
Tableat, 18.10
Copie M~moire
Ordre de construction Sens de construction Ordre de construction Sens de construction
1. Segment liant 1. Segment liant
la croix. latérale G/D la croix latérale G/D
au grand rectangle au grand rectangle
2. Croix latérale Lar-
2. Croix latérale B/H geur droite H/8
du grand rectangle
3. Largeur gauche 3. Largeur gauche
H/B H/B
du grand rectangle du grand rectangle
4. Longueur sup.
du grand rectangle
4. Carré inférieur G/Dct H/B G/D
Longueur inférieure du
grand rectangle
5. Diagonale du petit 5. Côté supérieur tri-
H/8 H/B
carré angle isocèle
6. Côté supérieur
du petit carré,
6. Côté inférieur cri-
début de longueur G/D H/B
angle isocèle
inférieure
du rectangle
7. Longueur inférieure 7. Longueur inférieure
G/0 G/0
du grand rectangle du grand rectangle
8. côté inférieur
8. Losange terminal
du triangle isocèle B/H, G/D Non noté
à droite
à droite
9. côté supérieur 9. Petit carré inférieur
du triangle isocèle B/1!, D/G (ramené dans le coin II/B
à droite intérieur du rectangle)
10. Longueur
10. Diagonale petit
supérieure du grand D/G H/B
carré (inversée)
rectangle
1 1. Segment parallèle
du côté droit du grand H/B 11. l"' diagonale H/B
rectangle
12 Médiane horizon-
Laie D/G 12. 2° diagonale H/8
du grand rectangle
J 3. Segment parallèle
13. Losange terminal
Non noté du côté droit du grand H/B
à droite
rectangle (déplacé)
14. Rond intérieur 14. Cinq hachures
Non noté H/8
avec 3 points parallèles
15. 4 traits parallèles,
15. l"' diagonale II/B,D/G G/D
coin supérieur gauche
16. Petite perpendicu-
laire 16. Rond intérieur avec
H/B Non noté
à longueur supérieure 3 points
du grand rectangle
17. Croix inférieure G/D
Observations avec ta Figure de Rey
ableau 18. 10
(suite)
18. Triangle rectangle
B/H.H/B
supérieur
19. Médiane verticale
H/B
du grand rectangle
20. 2° diagonale H/8 20. Rectangle H/8
21. Cinq Hachures
Non noté 21. Croix latérale H/B
parallèles
22. 4 traits parallèles.
G/D
coin supérieur gauche
23. Petit rectangle
Non noté
intérieur
Mémoire
La production de mémoire apparaît fruste en comparaison de la copie, mai
le mouvement par lequel cette dernière a été faite, nous a en quelque sorte
prévenu de la suite.
Zoé reprend la manière adoptée pour la copie en tout début d'épreuve.
La croix latérale à gauche du grand rectangle est tracée, puis se sourient du
côté gauche du grand recrangle. La progression est donnée par le tableau
figurant la succession des traits. L'enveloppe est une image de la copie, et
aboutit à une forme semblable, mais en adoptant cette fois une progression
horaire (dans le sens des aiguilles d'une montre). Le mouvement horaire est
un mouvement à la fois plus rigide que le précédent, et plus éloigné de celui
que l'on retrouve dans l'écriture. Nous savons que dans l'écriture cursive
les voyelles procèdent d'un mouvement ami-horaire (Haag, 1990).
Dans la mesure où des éléments périphériques tendent à être intégrés à
cette enveloppe, le triangle rectangle supérieur disparaît, et avec lui, l'appel
au tracé de la médiane verticale. Le petit carré inférieur gauche est plus
ou moins confondu avec le petit rectangle et se retrouve maintenant seul
à l'intérieur du cadre très épuré. L'absence des axes médians ne peut pas
cependant être due à la seule absence de certains éléments supports. De
l'analyse précédente, il ressortait que ces axes médians n'avaient pas, ne
devaient pas avoir de sens l'un par l'autre, dans la mesure où la présence
de chacun ignorait celle de l'autre. S'ils se croisaient, c'était comme par
hasard et figure terminée, car le processus de conscruccion les distinguait
absolument. Comme ils n'existaient finalement que pour séparer l'un d
l'autre les éléments intérieurs, tour se passe maintenant, dans le Figure de
mémoire comme si cette fonction avait cédé la place à la seule enveloppe.
La Figure ae Rey
> Conclusion
SIXIEME PARTIE
La Nouvelle
-Echelle metrique
-
de l'intelligence n°2
CHAPITRE
19
1
Théorie ae la NEMl-2
1
Commentaires ............................•.....•..•...•.. Page.5.2.i
L de Zazzo (1966) n'est pas neuve. Elle n'a pas été révisée depui
sa création. Comme elle intègre de nombreuses questions qui ne
peuvent plus être utilisées avec les enfants que nous rencontrons
actuellement, elle nécessite une refonte. Comme, par ailleurs, les ingrédients
qui composent le cocktail administré diffèrent selon les âges, elle n'évalue
pas selon l'âge la même chose et ne permet pas les comparaisons d'un âge à
l'autre. Elle nécessite une refonte complète.
Rappelons que l'échelle initiale de Binet cc Simon, l'Échcllc métrique de
1911, présentait une succession d'épreuves ordonnées selon leur difficulté,
et retenait celles dont la réussite était représentative de l'intelligence des âge
successifs de l'enfance. La NEMI de Zazzo, Gilly er Verba-Rad écornait déjà
le principe en intégrant une épreuve de vocabulaire pouvant être appliquée
à cous les âges, sous l'argument qu'elle était de « bonne valeur générique».
Le principe était encore démenti dans la NEMI par la présentation, pour les
derniers degrés de l'échelle, d'un mode différent d'évaluation de l'efficience
intellectuelle.
Cette autre manière d'organisation de la batterie d'épreuves est retenue
pour la conscruccion de la NEMT-2. Elle est désormais constituée de sept
échelles:
• « Connaissances »;.« Comparaisons», « Matrices analogiques» et « Voca
bulaire», soit quarre échelles (<obligatoires» à la détermination d'un
« indice d'efficience cognitive » ;
• <' Adaptation sociale», « Répétition de chiffres», et « Représentations
visuo-sparialcs » (« Copie de figures» ou « Comptage de cubcs »), soie
trois échelles facultatives.
Chacune des échelles permet de situer la performance du sujet selon sept
classes normalisées, déterminant une note standard allant simplement de 1
.;!il
8~ à 7 (tableau 12.Jj.
••c::
0
<: Tableau 19.1
Classe ou note standard 2 3 14 5 16 7
Pourcentage théorique 11. 1 21.2 1 25.8 21.2 I 11,1 4.8
La somme des noces ainsi obtenues pour les quatre premières échelle
permet seule la détermination d'un « indice d'efficience cognitive». L'TEC
réfère l'efficience du sujet à une distribution normale pour laquelle la
moyenne est 100 et l'écart type de 15. C'est donc une lecture aisée pour
Théorie ae la NEMI-2
Commentaires
par Méré1 ce n'est pas seulement parce qu'elle aboutit à un résultat chiffré,
c'est aussi parce qu'elle donne une mesure aussi exacte que possible de son
lncertitude'', »
Il complète en ajoutant que le QI dans ces conditions intègre nécessaire
ment une marge d'incertitude, qui resterait avec le meilleur test de plus ou
moins 5 points (le QI est ici le rapport entre les âges mental et réel x 100).
a dernière édition du WISC-N ne dément pas cette assertion. Comm
la précédente, elle fournit les marges encre lesquelles est inclus le chiffi·e, selon
l'incertitude que nous lui consemons. On ne peur que saluer l'initiative prise
avec la NEMI-2, guidée par le bon sens. Les bornes pour chaque examen
sont assez larges pour contribuer à désacraliser le chiffre.
Un examen rapide
il s'arrête aux quacre épreuves obligatoires à la détermination de l'indice
d'efficience cognitive, l'examen est bref. Il n'est pas en soi sacrilège de vouloir
réduire le temps de l'examen avec une batterie généraliste. La NEMI-2 a
d'ailleurs un prédécesseur en ce domaine, puisque le WISC-IV aussi peut
être réduit à quatre épreuves. Et avant cette batterie, Perron-Borelli proposait
déjà une version écourtée des EDE!.
Cependant le risque couru nous semble plus important ici. Les épreuves
qui sont regroupées dans le calcul de l'indice d'efficience cognitive one
quelque parenté, sur laquelle nous reviendrons plus loin : en arrêtant là le test,
nous perdons ce qui peut être apporté par les épreuves dires supplémentaires
de la batterie, qui one été étalonnées sur les mêmes populations, et dont
les résultats peuvent avantageusement être comparés à ceux des épreuv
obligatoires. La première est une épreuve d'adaptation sociale qui n'a
pas d'équivalent dans la batterie, la seconde une épreuve de Mérnoir
.;!il
immédiate/Mémoire de travail qui n'a pas non plus d'équivalent, la troisièrn
8~ enfin est une épreuve graphique d'organisation perceptive, ou une épreuve
••c:: impliquant la représentation spatiale encore sans équivalent.
0
<:
Nous verrons dans les deux observations présentées en fin de chapitre que
les épreuves supplémentaires ont été très nécessaires pour alimenter notre
compte rendu d'examen aux parents des enfants examinés.
l. Personnage qui reprochait à Pascal ses nombres au nom de la connaissance par l'intuition.
2. Souligné par l'auteur.
Théorie ae la NEMI-2
La structure de la batterie
De nombreux items empruntés au Binet-Simon ou à la NEMI sont regroup
dans les épreuves de la NEMI-2. Elles font la part belle à quatre échelles
verbales, dont trois sont « obligatoires ». Sous le seul aspect de ces épreuves
verbales, la NEMI-2 paraît une proche parente des EDEI, impression
confortée peur être par le nom de deux de ses échelles, « Connaissances»,
«Vocabulaire » - mais pourraient-elles être nommées autrement?
Dans les EDEI, les épreuves verbales peuvent être considérées ensemble
pour la détermination d'un indice verbal, l'une d'entre elles, Conceptualisa
tion servant également pour le calcul de l'indice Catégorisation. Dans les
EDEI, le « cœur » de la batterie est constitué par les épreuves catégorielles.
Il ne paraît pas y avoir ici de correspondance. L'auteur a pris une option
différente, en misant sur la dichotomie chère à Cartell entre « Connaissance
cristallisée» et « Raisonnement fluide».
Les analyses factorielles publiées dans le manuel d'utilisation de la NEMI-2
confirmeraient l'option. L'analyse en composantes principales à deux facteurs
distingue bien deux groupes d'épreuves:
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
Connaissances
L'épreuve de Connaissances de la NEMI-2 est une épreuve verbale au
sens classique du terme, c'est-à-dire une épreuve « Question/réponse i>.
L'examinateur énonce la question, l'enfant répond. De ce point de vue, elle
apparaît l'épreuve la plus proche du style de l'interrogation scolaire, « Je
t'interroge, tu réponds». Une épreuve de même type existe dans les Échelle
différentielles d'efficiences intellectuelles de Perron-Borelli, comme dans le
WISC sous ses diverses versions, sous le titre « Information» (en épreuve
supplémentaire dans le WISC-IV). Le K-ABC présente plusieurs épreuv
pour l'évaluation d'un indice « Connaissances» qui prend alors un sens bien
différent: il est la traduction française discutée du terme anglais acbieuement,
et correspond à cinq échelles différentes dont trois portent sur des contenus
proprement scolaires.
Perron-Borelli remarque pour sa part que l'épreuve est d'emblée bien
acceptée par les enfants dans la batterie ec conseille de commencer la
.;!il passation par elle. La raison à cette bonne acceptation tient sans doute à la
8~
••c:: proximité entretenue par cette épreuve avec la situation scolaire, à son aspect
0
<: onnu donc rassurant. Une autre raison peut être aussi qu'elle ne mobilise
pas de réponse complexe, on s'approche avec elle du style des questions
posées dans les jeux télévisés ou radiophoniques pour lesquelles les réponses
ne comportent pas de réflexions très élaborées ni d'engagement personnel.
Tl y a pourtant d'une batterie à l'autre des différences dans l'esprit même
des questions qui évaluent les mêmes aptitudes. C'est la raison pour laquelle
nous ne pouvons nous contenter de pointer ici ce à quoi elles ressemblent.
xarninons l'épreuve dans son détail.
Théorie ae la NEMI-2
Comparaisons
L'épreuve de « Comparaisons » est constituée de deux parties bien distinctes,
(( Différences» qui s'adresse aux plus petits, de 4 ans à 7 ans inclus,
«Ressemblances» qui s'adresse aux plus grands, de 8 ans à 12 ans. Ce
deux parties sont des reprises d'épreuves présences, pour la première dans
le Binet-Simon 1911 sous le titre « Comparer deux objets de souvenir »,
pour la seconde chez Binet-Simon 1905 sous le titre « Ressemblance entr
plusieurs objets connus représentés de souvenir».
Ces deux appellations précisent les conditions dans lesquelles les objets
éraient présentés. La forme diffère dans la NEMl-2 puisque les deux partie
sont articulées pom en faire une échelle unique, mais l'administration de
l'épreuve n'a pas changé sur le fond. La première difficulté de l'épreuve
consiste dans l'évocation. L'absence d'image est un appel à la représentation
mentale des objets, et par là même une première sollicitation au détachement
perceptif pour représenter non un objet particulier mais un objet identifié
par les qualités qu'il partage avec d'autres de même nom, pouvant différer
dans leurs détails.
e ce point de vue, les réponses de l'enfant qui font appel à la
représentation d'un objet en particulier pour en dessiner les contour
ingulicrs sont déjà en retrait du premier travail d'abstraction sollicité par la
consigne. Des réponses singulières peuvent survenir dès la première partie
de l'épreuve, consistant dans la description d'une scène que l'enfant est seul
à vivre, consistant, par exemple dans la question portant sur les différences
entre deux insectes, à mimer ceux-ci dans leur danse respective.
La notation de l'épreuve en sa deuxième partie reconnaît selon son auteur
deux niveaux de réponses. La cotation des réponses attribue un point au
premier niveau de réponse, concret et fonctionnel qui réunit les inducteurs
par des éléments descriptifs ou par l'usage commun. Elle attribue deux points
.;!il au second niveau de réponse, quand est nommée une classe d'appartenance
8~ commune aux mots inducteurs. C'est en définitive le plus ou moins bon
••c::
0
<: niveau d'abstraction qui est apprécié. C'est-à-dire la capacité de l'enfant à
quitter le terrain de la réalité perceptive pour aborder celui de l'abstraction.
a question de la catégorisation a été longuement développée plus hauc
dans l'ouvrage présent, à propos des Épreuves différentielles d'efficience
intellectuelles de Perron-Borelli ( 197 5, 1996). Elles constituent pour l'au reur
<( le cœur » de la batterie. Cette position centrale, rappelons-le, est liée au rôle
que parait jouer la difficulté importante à catégoriser dans le fonctionnement
Théorie ae la NEMI-2
qui est allé à l'école sait que la bonne liaison pour deux mots inducteurs est
une catégorie logique.
Et du point de vue de la logique de l'épreuve, dans le cadre où elle est
administrée et par la personne qui l'administre, toute autre réponse ne traduit
pas seulement une faille de l'aptitude catégorielle, mais une mise en question
du contexte dans lequel l'épreuve est administrée. La non-catégorisation est
aussi un refus d'utiliser ce que chacun sait de l'école, la culture propre à ce
lieu, qui doit nécessairement être partagée.
Bien sûr, catégoriser c'est faire abstraction des évidences perceptives qui
tendent à opposer les objets nommés, pouvoir les penser ensemble, saisir et
retenir ce qui les unir par des propriétés communes. Poser entre elles un lien
consistant plus fort que ce qui les sépare. Mais on conçoit sans peine que
cc travail puisse être facilité dans l'ici cc mainrcnanr de la passation, sous
la condition que cc qui unie les deux partenaires de la relation d'examen
représenté dans l'examen par des éléments de culture commune, soit accepté
de part et d'autre.
s difficultés qui s'opposent à la bonne réponse dans l'épreuve d
omparaisons apparaissent donc de deux ordres différents, mais liés l'un
à l'autre. Disons qu'il est plus difficile de penser ensemble deux objet
perceptivernent différents quand la relation au sein de laquelle les objets
sont évoqués met aux prises, dans l'esprit de l'enfant, un enfant et un adulte
en totalité étrangers l'un à l'autre. Et logiquement, l'enfant qui éprouve les
plus grandes difficultés à recourir à l'abstraction - donc à l'accord sur cet
élément de culture commune - est aussi celui pour lequel la distance qui
le sépare de l'examinateur est la plus imprenable.
Ce qui prépare, ce qui précède l'épreuve des « Ressemblances» à ce titre
n'est donc pas sans importance. Nous avons souligné, pour la première
épreuve de la batterie, «Connaissances», l'importance en nombre de
questions qui nomment des catégories et demandent à l'enfant d'en extraire
.;!il souvent, deux éléments différents. C'est à l'évidence une préparation à ce qui
8~ uit. Peu importe qu'elle ait été construite délibérément ou non comme cela.
••c::
0
<: Il n'est nul besoin de démontrer, il suffit d'indiquer la chose. Er souligner
l'importance du respect de l'ordre de passation des épreuves d'abord, puis
le profit que le psychologue peut cirer de ce constat: d'une certaine façon,
dès la première épreuve l'accord est cherché avec l'enfant sur ce qui fonde
notre présence l'un à l'autre. Il est cherché avec des questions simples, qui
n'ont pas pour vocation de déstabiliser l'enfant. Il constitue de la sorte un
premier degré dans l'abord de la catégorisation.
Théorie ae la NEMI-2
1. Psychoreclmicien : cc terme péjoratif csr employé par Zazzo dans le chapitre qu'il consacre à la
rigueur et à la finesse dans le manuel d'application de la NEMl, pour nommer les utilisateurs de tests
qui se dérournenr du calcul du QI classique parce qu'il n'est pas un chiffre stable, cc qu'il ne peut pas
erre, par définition puisqu'il est lm rapport entre deux âges.
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
Cette stratégie, nous le pensons, est tout à fait en phase avec les exigences
de rigueur et de finesse de Zazzo, pour lequel l'accommodation à l'enfant
t la situation d'examen. Il écrit (1966, p. 176) :
quelle que soit la précision avec laquelle une situation est définie, il
<1 [••• ]
faut toujours prévoir que le sujet puisse la transformer, en modifier le sens.
Et alors la réussite ou l'échec n'est plus valable pour cc que nous voulon
savoir.»
Et plus loin dans la même page, de façon mut à fait claire:
« Mais la situation, c'est aussi, en un sens beaucoup plus large, la façon
dont l'enfant réagit, le contact qu'on a pu établir avec lui, son degré de
oopération. >>
administrées les épreuves, et par l'ordre dans lequel sont donnés les énoncé
alors l'examen gagne en fines
• l'addition des scores pour les réponses à un point et les réponses à deux
points peut être délaissée pour considérer séparément les unes et le
autres;
• l'étendue de raisonnements de niveaux différents;
• les réticences ou non à l'utilisation de raisonnements marqués par la
puérilité;
• quand quelques réponses catégorielles exceptionnelles sont données par
l'enfant, ce qui les a facilitées ou ce qui les a entravé
• les modifications que la structure du test entraîne ou non dans la
mobilisation de l'enfant sur la tâche : le comportement est-il le même au
fil des quatre premières épreuves, s'améliore-t-il et dans quel sens? Le
niveau de réponse change-t-il en conséquence d'un bouc à l'autre de la
batterie, la catégorisation gagne-r-elle quelques points ?
Matrices analogiques
Vocabulaire
L'épreuve de «Vocabulaire» est un classique des batteries d'évaluation
de l'efficience intellectuelle. Elle a été intégrée au Biner-Simon pour la
construction de la NEMI (1966). Zazzo justifiait cet apport central par
la sensibilité génétique de l'épreuve, et pour sa valeur comme épreuve de
développement. Elle était alors l'épreuve corrélant le mieux avec l'ensernbl
de l'échelle. Sous sa forme initiale, la connaissance du mot pouvait être
attestée en peu de mots, seule l'étendue lexicale était comptée.
Dans la NEMI-2, l'épreuve est composée de vingt-sept items: cinq items
de zéro ou un point, vingt-deux items de zéro, un ou deux points. Les
premiers items qui s'adressent aux enfants les plus jeunes ne nécessitent pas
aux jeunes âges de réponse catégorielle. Dans les vingt-deux items qui suivent,
la différence de cotation tient compte du niveau catégoriel de la réponse.
ependanc, cous les mots à définir n'offrent pas toujours la possibilité d'une
réponse par un synonyme ou une classe d'appartenance. Nous relevons à
partir de l'item 6, une douzaine de mots pour lesquels le synonyme ou
la classe s'impose sans nécessiter d'explication plus approfondie, candi
que les dix autres exigent une explication plus détaillée, ou un synonym
accompagné d'un adjectif qui en précise le sens avec pertinence.
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
1
Observations, avec
la Nouvelle Echelle
métrique
ae l'intelligence n° 2
1
Andréa, 8 ans et demi, une fillette pseudo-déficiente . Page~
Présentation de l'enfant
Andrea est une enfant active cc souriante. Comme elle demandait depuis
longtemps à venir travailler avec le psychologue, elle n'est aucunement
réticente à l'idée de réfléchir sur quelques tests avec moi.
lle me semble avoir beaucoup grossi dans les deux dernières années,
ile a quitté les vêtements de poupée que je lui ai connus quelques anné
auparavant. En revanche, dès les premiers échanges, le trouble qui affecte
son articulation me semble inchangé. Andréa parle comme une enfant
beaucoup plus jeune, qui commence cout juste à faire des phrases, élidant
des consonnes dans les mots, des mots de liaison dans les phrases, et affichant
une trop évidente niaiserie - mais l'évidence n'est-elle pas par définition
le jeu de la niaiserie? Les craies puérils qui affectent la parole me semblent
labiles, instables, scion notre conversation ou le moment dans l'examen.
Quand elle m'accompagne le long des couloirs, elle me mec en garde en
adoptant un ron grognon auquel je ne crois pas. Le ton est d'ailleurs démenti
par un sourire mal réprimé : « Mais moi, je ne veux pas encore parler de
mon père, qu'ils sont séparés. Et comment c'est chez lui... Ah non, je ne
veux pas en parler. »
Observations avec ta Nouvelle Échelle métrique ae l'intelli9enœ ,,, 2
Je lui réponds: « Eh bien, n'espère pas que nous allons parler de tes
parents. Je suis venu de proposer de réfléchir, sur des questions ou des petit
problèmes qui n'intéressent pas ces parents, ta famille ou ta maison. »
Je ne saurais dire si elle est rassurée par cette réponse, mais elle est tout
à fait disposée à prendre place à une table de travail ; je dois seulement
lui indiquer que celle qu'elle avise d'abord est trop petite, alors nous nous
installerons à une table pour les grands.
Elle prend rapidement possession des locaux, trouve la lumière, installe
sa chaise du mieux qu'elle peut à l'endroit que je lui montre ec s'assied. Elle
me regarde et me dit qu'elle a un peu peur en tremblant.
Elle suscite le désir de la rassurer comme on le ferait avec un petit enfant.
Je lui dis que ces choses sur lesquelles nous allons travailler sont une occasion
de chercher, qu'il n'y a rien de grave si elle n'est pas sûre d'une réponse
qu'une autre question viendra ensuite qu'elle pourra résoudre aurrcmcn •...
Cette attitude consistant à afficher et à dire son anxiété ne la quittera pas au
fil de la passation des épreuves de la NEMI 2, bien qu'elle sache à l'occasion
avoir réussi à répondre correctement à certaines questions qui n'étaient pa
si faciles.
Tableau 20.l
Total des notes
Note brute totale Note standard standard épreuves
obligatoires
Connaissances 13 1
Comparaisons 18 3
Matrices analogiques IO 2 10
Vocabulaire 16 4
Adaptation sociale /2 2
Répétition de chiffres 9 I
Copie de figures 9 2
lndice d'efficience cognitive 77 < IEC < 89
Rang percentile de 11EC 13.l
Tableau 20.2
Aite Connais- Compa- Adaptation Répétition Copie de
Matrices Vocabulaire
.;!il au test sances raisons sociale de chiffres figures
8~ 9
••c:: 8 .!.
0
<: ?.
16-18
8 16-18
7 .!.
2
7 14-18
6 .!. 10-12
?
6 13 11-12
5 .J!. 9-11
5 9-10
4
Observations avec ta Nouvelle Échelle métrique ae l'intelli9enœ ,,, 2
amendée au fil de la passation, du fait qu'elle aurait pris davantage appui sur
la relation d'examen et sur un processus sous-jacent d'apprentissage du test.
Les différences d'efficience relevées entre les épreuves de l'IEC pourraient
à l'analyse recevoir une autre explication. De fait, la simple lecture d
réponses de l'enfant dans les divers subtests verbaux montre une différence
notable entre la première et la quatrième épreuve. Pour « Connaissances »,
les réponses sont courtes. Cela est conforme au sens de l'épreuve, l'enfant
connaît ou non la réponse, il ne lui est pas loisible des'en approcher par des
explications progressivement plus claires. Dans Vocabulaire, au contraire,
nous constatons des tentatives successives pour s'approcher mieux du sens
de la bonne réponse .« Vocabulaire» apparaît alors moins scolaire dans son
application que Connaissances, et partant, plus propice à un échange par
lequel l'enfant demande à l'adulte de faire un effort symétrique au sien pour
saisir le sens de la réponse, et se situer avec lui en fin de compte sur la rnêm
perspective de rapprochement et de compréhension mucuelL.
Les deux hypothèses ne sont pas contradictoires, et peuvent fort bien
s'articuler ensemble :
• tes epreuves successives peuvenc donner lieu à un apprentissage sur J
principe intime que l'on retrouve de l'une à l'autre;
• tandis que moins «scolaire» dans le sens habituellement péjoratif du
terme, l'épreuve de Vocabulaire qui est la dernière de cette série ouvre sur
une possibilité d'échanges d'un aucre niveau que les épreuves question
réponse du début.
'est cerce double hypothèse donc nous allons éprouver la solidité dans
l'analyse.
La lecture superficielle du protocole, avant même l'appréciation du
niveau des réponses prises une à une, confirme notre seconde hypothèse. Les
réponses dans l'épreuve de « Vocabulaire» sont l'objet de développements
.;!il complets, avec des phrases entières. Quand la première réponse ne convient
8~ pas tout à fait à Andrea, elle entreprend de préciser, cc parvient avec un
••c::
0
<: second énoncé à quelque chose d'un peu différent.
fait vaut d'être souligné pour cette épreuve, parce qu'un style de
reponse bien différent peut être observé ailleurs, dans Adaptation sociale.
ans celle-là aussi, les questions posées requièrent des réponses utilisant d
phrases et non simplement un ou deux mots. Vocabulaire et Adaptation
sociale sont donc semblables à cet égard. 11 n'y a pourtant dans la seconde
que peu de tentatives de précision au-delà de la première réponse. Nous y
Observations avec ta Nouvelle Échelle métrique ae l'intelli9enœ ,,, 2
Conclusions
Motifs ae l'examen
Tableau 20.3
Épreuve Note brute Note Standard Correspondance
Lecture déchiffrement 28 88 Médian 8 ans ½
Lecture 20 114 Médian 11 ans
compréhension
Tableau 20.4
Toral des notes
Note brute totale Note standard standard épreuves
obligatoires
Connaissances 16 3
Comparaisons 23 3
15
Matrices analogiques 21 4
Vocabulaire 24 5
Copie defigures 8 5
Indice d'efficience cognitive 95 < IEC< 107
Rang percentile de l'IEC 51.7
Les notes qui résument ces résultats indiquent une efficience cognitive
normale, en tour point conforme à ce qu'obtiennent en moyenne les enfants
de même âge dans la population d'étalonnage du test. Rappelons que selon
le mode de calcul utilisé pour cette batterie d'épreuves, l'indice d'efficience
cognitive est de moyenne 100 et d'écart type 15. L'intervalle probable
d'efficience encadre très exactement la note moyenne 100.
Cc score moyen peucsurprendre, au regard du parcours scolaire de Sylvain,
et de son doublement de classe, qui pouvait laisser supposer une moindre
efficience intellectuelle.
.;!il Les notes obtenues dans les diverses épreuves sont converties selon une
8~
••c:: distribution en sept classes. La classe moyenne est la classe 4. De ce point
0
<: de vue, les résultats se distribuent irrégulièrement dans les quatre premières
épreuves : deux noces sont inférieures à la moyenne des scores moyens à cet
âge, une est supérieure. Les décalages apparaissent clairemenc sur le tableau
suivant, qui convertit les noces en « âges de développernent » (tableau lQ.j).
L'épreuve de «Vocabulaire » est sensiblement mieux réussie que les
autres épreuves verbales servant au calcul de J'indice d'efficience cognitive,
« Connaissances» et « Comparaisons ». Elle est, en première analyse, moins
colaire que les deux autres, au sens où les connaissances reposeraient plutôt
Observations avec ta Nouvelle Échelle métrique ae l'intelli9enœ ,,, 2
ableau 20.5
Sylvain, NEMI-2 : conversion des scores en âges de développement.
Âge Répétition de Comptage
Connaissances Comparaisons Matrices Vocabulaire
au test chiffres de Cubes
12 !
12 24 8
11 ~ 8
Il 8
10 ! 8
10 20-21 18-19
9 ! 25 20-21 18-19
z
9 20-21 18-19
8½ 16
sur des acquisitions faites à l'école, tandis que « Comparaisons >> appellent
un travail mental de catégorisation qui est la base même du travail scolaire.
Sous cet angle, les résultats dans la batterie de test ne feraient guère que
confirmer, en l'éclairant, la contradiction que nous notions d'emblée, encre
la bonne réussite dans le test, et le retard scolaire de Sylvain. L'hypothèse
elon laquelle cela irait mieux hors de l'école que dans l'école serait même
confirmée par le fait que le plus mauvais score est obtenu dans l'épreuve
dite de « Connaissances 11.
Mais cette première hypothèse suppose que les Connaissances dans la
NEMI-2, comme l'échelle de Connaissances du K-ABC, intègrent de
éléments issus directement des acquisitions scolaires ... Or il n'en est rien. Il
n'est question ici ni de lecture ni d'arithmétique, mais de cout autre chose.
Les énoncés appellent des acquisitions qui peuvent se faire ailleurs qu'à
l'école, ou des connaissances relatives à la maîtrise des références temporelles,
ou encore la nomination d'objets appuyée sur un raisonnement catégoriel. ..
Aussi l'hypothèse première d'une réussite meilleure dans les situations non
scolaires doit- elle être pondérée par l'analyse méthodique des réponses de
ylvain aux divers items de l'épreuve.
n doit encore considérer une seconde hypothèse, indépendante de
la première et nullement contradictoire. Nous avons noté la différence
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
parfois sur une catégorie d'objets dont l'enfant doit nommer un ou deux
membres. L'épreuve est donc en son fond plutôt catégorielle, elle ne requiert
pas un raisonnement sur les catégories chez l'enfant, mais elle signifie très
clairement que l'objet sur lequel nous allons nous retrouver dans l'examen
est bien celui-là.
L'intuition préconsciente chez l'enfant est vire confirmée par la deuxième
épreuve, Comparaisons. Celle-ci est encore très modestement réussie par
ylvain. Le nombre de points attribué pour chaque réponse varie selon
son niveau catégoriel: l'examinateur nomme trois objets donc l'enfant doit
dire en quoi ils se ressemblent; il attribue deux points pour une réponse
catégorielle, un point pour une réponse descriptive. L'examen du protocole
de réponses de Sylvain indique qu'il privilégie largement la comparaison
en se fondant sur les ressemblances visuelles, ou bien utilitaires. Il donne
ulement trois réponses catégorielles sur les quinze items réussis. L
reponses catégorielles sont, à ce moment de l'examen, exceptionnelles.
L'interprétation au privilège que l'enfant accorde aux réponses descripriv
ou utilitaires n'est pas univoque. L'école est le lieu de la catégorisation. Plus
ou moins confusément, l'enfant le sait: à l'école, on appréhende les objets
quels qu'ils soient en les rangeant dans des catégories, on reconnaît les objets
qui vont ensemble« parce que c'est logique» et non parce qu'ils sont l'un à
côté de l'autre - fortuitement ensemble. Les objets sont ensemble parce
qu'ils sont apparentés malgré leurs différences visibles. Par exemple, les fille.
et les garçons, différence imprenable peut-être pour l'enfant jeune (en cout
cas qui doit l'être), sont tout de même ensemble comme enfants face à la
maîtresse ... À l'école, on apprend à nommer les catégories. Nous savon
aussi que les catégories logiques surgissent plus facilement chez l'enfant
quand il est interrogé à l'école que lorsqu'il se trouve en dehors de celle-là.
Le contexte de l'interrogation détermine largement le choix qu'il fera ou
non d'une réponse catégorielle.
Le choix d'une réponse descriptive ou utilitaire chez Sylvain peut donc
apparaître comme une incapacité d'ordre logique, aussi bien que comme
un refus de jouer le jeu de l'école, ou plus simplement pour se rapporter à
la situation d'examen elle-même, comme le refus de nous situer ensemble
ur les mêmes références nécessaires. En d'autres termes, je demande par ce
type de questionnement à l'enfant qu'il accepte d'utiliser la même langue
que moi.
r à ce moment du test, Sylvain accepte bien de répondre très gentiment
à mes questions, mais il refuse cc que les catégories porccnc d'abstraction, cc
se réfugie dans ce qui se voie, par la description, ou par le geste ucilicaire qu'il
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
implique - qui se voit aussi. Il est à la fois hors du jeu nécessaire à l'école et
au test, et hors d'une sphère du raisonnement logique détachée du visible.
Le véritable tournant dans la passation des épreuves a lieu dans les Matrices
analogiques. Le test est composé d'une trentaine d'items de difficulté
progressive. Le matériel est composé d'éléments géométriques simples,
donc abstraits. Il est présenté sous forme de tableau qui croise des classes
d'objets horizontalement et verticalement. Le dernier élément est manquant
et doit être retrouvé parmi ceux qui sont proposés en bas. Chaque item
commande donc une certaine lecture, prenant en compte la structure, c'est
à-dire le croisement horizontal vertical. Ce type d'exercice est à l'évidence
inaccoutumé à Sylvain. Il apparaît d'abord désorienté. Ses réponses viennent
assez vice. Comme je ne le presse pas, lui laissant le temps de se reprendre
chaque fois que je perçois une hésitation, il se laisse progressivement
davantage de cemps pour analyser méthodiquement les problèmes. Mais
il faut insister ici. L'apprentissage d'une conduite appropriée à la bonn
résolution des problèmes est progressif. Son adaptation au temps nécessaire
à la bonne analyse est progressive, comme est progressive sa compréhension
du mécanisme sous-jacent à la présentation des diverses questions.
La première hésitation chez lui porteuse d'une nouvelle manière d'appré
hender le test survient dès le quatrième item. Il a répondu trop vice. Je ne
lui donne pas la bonne réponse, mais j'attends. Il regarde une nouvelle fois,
il cherche un accord avec moi qui relève à ce moment de la seule intuition
puisque je ne lui dis ni oui ni non à sa réponse. Il n'est de coute manière
pas nécessaire de le lui dire, il saie quand sa réponse est juste, il sait quand il
a correctement analysé, et les réponses justes sont fermement données.
Au fil de l'épreuve Sylvain parle davantage. Il analyse à haute voix, cc que
je ne lui ai pas demandé de faire, mais c'est une manière de m'impliquer, de
me tenir là mais dans son explication. Les raisonnements deviennent plus
fermes à mesure que l'on avance dans le test. Les deux items 20 et 21 sont
.;!il manqués, ses réponses sont hésitantes, mais il ne trouve pas mieux dit-il,
8~ comme s'il avait tout à fait conscience de ne pas avoir trouvé « le truc » qui
••c::
0
<: emporte sa conviction (et la mienne). Il n'y a cependant pas de décrochage,
les deux items suivants 22 et 23 sont réussis, et ce n'est pas le fruit de
réponses « au petit bonheur». Nous avons atteint des items qui deviennent
franchement difficiles, les trois suivants sont faux et nous arrêtons l'épreuve.
Le travail a été tel dans ce moment que j'ai même le sentiment d'un niveau
de réussite plus élevé que celui que nous confère l'étalonnage.
a réussite est simplement moyenne, puisqu'elle correspond à la class
normalisée 4 (quatrième classe sur sept). Mais c'est dans la passation la
Observations avec ta Nouvelle Échelle métrique ae l'intelli9enœ ,,, 2
Conclusions
L'efficience intellectuelle de Sylvain se situe exactement dans la normale
de sa classe d'âge. Aucune épreuve n'est véritablement ratée, aucune n'est
véritablement réussie, néanmoins des décalages sont sensibles selon les
épreuves entre les efficiences intellectuelles.
Les décalages paraissent imputables en grande partie aux variations propres
à l'enfant, dans sa manière d'aborder les épreuves, selon l'expérience et
l'apprentissage qu'il fait en cours d'examen. L'apprentissage concerne bien
sûr la nature des questions posées, qui lui apparaissent d'abord étrangères
avant que de s'être rassuré, moins sur sa capacité à les résoudre, que sur sa
capacité à garder le contact mental avec l'adulte au fil de sa progression.
L'efficience intellectuelle de l'enfant n'est donc pas en question. En
revanche, les craintes qu'il peut rapidement éprouver à l'idée d'aller à la
rencontre d'objets culturels adultes, si elle n'est pas accompagnée, tendent
à induire le recours à des raisonnements plus ancrés sur le perceptif qui le
rassurent quant à ses angoisses de perte.
C'est banalement le problème de la croissance mentale de l'enfant, dans la
période de 6 ans à 12 ans, qui n'a pas trouvé sa solution au moment où ell
devait l'être, c'est-à-dire dans l'abord des premières années de grande école.
Les particularités du protocole rejoignent les particularités de la lecture de
ylvain. Nous avons noté la grande disparité dans les niveaux d'efficience,
selon que le sens, l'intuition du mot ou de la phrase lui permettait
ou non d'esquiver le travail méthodique d'analyse (découpage ou mise
en pièce, en tout cas démarche active d'appropriation et d'assemblage
des objets). Dans la compréhension des énoncés, dans l'intuition des
phrases, nous retrouvons les mêmes sources que dans sa performance
notable dans l'épreuve de Vocabulaire. Par instants elle évoque quelqu
chose comme de l'hypermarurité. Nous entendons par là une recherche
d'adaptation, d'accommodation réussie mais coûteuse, au sens où ell
l'amène à fonctionner sur un registre proche de celui de l'adulte, avec les
références de l'adulte, quand il serait plus économique de se retrouver dans
les cadres usuels aux enfants de même âge.
os investigations ne sont pas exhaustives, elles donnent une première
appréciation, à la fois de la manière dont l'enfant raisonne et de son efficience,
au regard des enfants de même âge que lui. Elles donnent aussi des indication
ur cc qui lui est nécessaire pour progresser. L'adulte enseignant a un rôle de
premier plan à jouer. Les acquisitions de la période scolaire ne sont pas, ne
ont jamais les acquisitions d'un enfant seul, elles impliquent nécessairement,
La Nouvelle Échelle métrique ae l'intelligence ,r 2
plus particulièrement dans le cas de Sylvain, l'adulte avec lui, parce que
ses acquisitions doivent s'étayer très étroitement sur le sens de la relation
d'apprentissage ou d'aide. En d'autres termes, ce qui n'est pas acquis, ou
mal acquis, ou ce qui s'acquiert encore de manière problématique (comm
par exemple les tables de multiplication, ou les référence à l'heure et au
temps un peu problématiques pour Sylvain) nécessite un accompagnement
proche par lequel l'enfant se garantit à la fois de la fiabilité des éléments
culturels crans mis, et du fait que la transmission inscrit bien deux générations
également intéressées au processus.
ANNEXE
Quelques éléments
sur la théorie CHC
Préambule
.;!il
Il ne peut être question de tout dire sur une théorie à l'élaboration de laquelle
8~ un grand nombre de chercheurs sont attelés de l'autre côté de l'Atlantique.
••c::
0
<:
Par ailleurs, Tl n'est pas sans intérêt d'apprécier le sens dans lequel sont
menées les recherches sur les tests, cc les justifications aux modifications qui
les affectent ces temps-ci.
es documents sur lesquels nous appuyons ce résumé sont d'une part
des documents ou ouvrages fondamentaux, d'autre part des document
mis à disposition du public le plus large par la voie du WEB. Ces mises
à disposition témoignent de la force d'engagement des promoteurs de la
théorie et de ceux qui la discutent. Par cette voie, des divergences apparaissent
Annexe
aussi éventuellement, qui donnent selon nous parfois un peu d'air au lecteur
aux prises avec des argumentations massives et en apparence peu contestées.
Le document le plus cité est accessible sur le site de l'Institutefor Applied
Psycbometrics (IAP) et rédigé par Kevin McGrew (2004), sous le titre Castell
Horn-Carrol (GfGc) Theory: Past, Present, Future à l'adresse: d1ttp://www.
iapsych.com/CHCPP/CHCPP.HTML>.
Un deuxième document est fréquemment cité. Il est rédigé par John Horn
sous le titre : Some Thoughts on the Nature ofAdult Human Intelligence, Rand
2004, John Horn, Psychology Department, University ofSouthern California
à l'adresse : <http://www·.rand.org/labor/aging/rsi/rsi_papers/2004_horn.
pd&.
- n troisième document n'est pas cité, mais recommandable et émouvant.
John Horn est décédé en 2006. L'année précédente, il répondait au
questions d'un interviewer, coutes fondamentales. Ce document peut être
visionné à l'adresse: <http://www.indiana.edu/rvintell/QandA.sthmb
Introduction
l. la traduction reprend les mors mêmes du rcxrc anglais, ~ assessments for indiuiduals suspected of
hrtuing a leaming disnbili ty •.
Annexe
De quoi s'agit-il ?
elon McGrew (2004), la coupure étaie réelle à la fin des années quatre-vingt,
encre les recherches théoriques et empiriques sur les facteurs de l'intelligence
d'une part, et le développement et l'interprétation des batteries de tests en
psychologie de l'éducation d'autre parc. Un pont devait être jeté entre ce
deux domaines.
Il a paru possible d'en poser les piles dans l'esprit de ses théoriciens à partir
de deux apports consistants : la collaboration de théoriciens de grand renom
à l'élaboration d'une batterie de tests conçus à partir des études factorielles
d'une part - ouvrant donc la voie à une autre manière de concevoir les
batteries d'efficiences intellectuelles (l), et l'élaboration d'une classification,
condition à toute démarche scientifique d'autre parc (2).
(1) La première tentative pour lier la théorie Gf-Gc de Carcel! er Horn
à une batterie d'épreuves a été menée à partir de 1985, à l'occasion de la
révision de la batterie de tests Woodcock-johnson Psychoeducational Battery
(WJPEB). Pour aboutir à sa forme révisée, WJ-R (1989), la commission
de réforme du test a utilisé l'éclairage de Horn sur la théorie Gf-Gc, et
les confirmations de Carroll sur la structure de la version antérieure du
test (à partir d'analyses factorielles pratiquées selon la méthode d'analyse
exploratoire de Schmid-Leiman, appliquées aux matrices de corrélation du
Woodcock-Johnson 1977). Les études menées postérieurement à la réforme
du WJ, sur le WJ-R (1989) auraient fair apparaître que des épreuves du
WJ-R constituent en l'état de bonnes mesures d'aptitudes Gf-Gc, tandis qu
d'autres aptitudes ne sont pas évaluées dans la batterie. McGrew conclut en
faveur d'un test qui perrnettrair d'évaluer les sept aptitudes identifiées par
Catrell et Horn avec au moins deux épreuves pour chacune.
(2) Dans un ouvrage majeur, Human Cognitive Abilities : A Suruey of
Factor-Analytic Studies Carroll expose, en 1993, les conclusions de ses étude
fondées sur la reprise des quatre cent soixante ensembles de données les plus
représentatifs de toute la littérature des soixante dernières années consacrées
Quelques éléments sur la théorie CHC
1. Ce système de notation a été introduit par Carroll : chaque focreur de second niveau est noté par
un G majuscule, suivi d'une lettre différente: en minuscule, Nous les employons ici. pour Horn, alors
qu'elles ne sont pas encore utilisées, l'anachronisme se justifie uniquernenr du besoin de savoir de
quoi l'on parle.
2. Initialement Long Term Storage mu/ Retrieual.
3. Ou Cognitiue Processing Speed.
4. Une dixième aptitude aéré ajourée à celles-ci en 1988, concernant les habiletés en lccrurc cr
écriture (Grw), Elle ne figure pas dans la liste la plus récente éditée sur le WEB, en 2004,
Quelques éléments sur la théorie CHC
Avant de nous arrêter à cette question autrement intéressante pour celui qui
aborde les tests avec l'enfant- et l'enfance est un âge particulier de la vi
-, considérons les arguments avancés par Horn en 2004 sur le g de Carroll.
Il écrit :
«Carroll en 1993 recense 153 facteurs, issus de 146 sources de données,
considérées comme mesurant l'intelligence générale, ou le possible facteur
g de Spearman. Le problème est que, bien que chacun de ces facteurs
généraux soit le plus haut facteur des mesures d'aptitudes dans la batteri
où il est calculé, les batteries présentent divers segments des domaines
d'aptitudes cognitives, si bien que le facteur général [d'efficience] dans un
batterie est différent du facteur général [d'efficience] des autres batteries. >>
Ec plus loin:
« [Pour] Carroll (1993) le facteur pour un ensemble de donnée est
dépendant des facteurs de premier niveau pesant sur les variables. [ ... ]
Les facteurs considérés comme représentant g ne remplissent même pas
le critère d'invariance configurale, et moins encore le critère d'invariance
métrique.
L'invariance métrique est une condition structurelle à la validité de
conscrucc. Le même construct doit être mesuré sous différentes conditions
(dans divers échantillons, pour les mêmes échantillons à divers moments). »
ous n entrerons pas plus avant dans la discussion des positions de Horn,
qui n'est pas notre objet. Nous citons ces extraits pour souligner que la
discussion est ouverte, les divergences ne portant pas sur des détails dans
l'esprit de l'un des prête-noms de la théorie CHC.
Quelques éléments sur la théorie CHC
1. Troubles émotionnels est un conccpr qui 11 'est pas entré dans la pratique des spécialistes en
France, mais qui occupe une place importante dans la CIM-10. Une bonne partie d'entre eux serait
considérée ici comme rroublcs névrotiques.
2. http://www.rand.org/labor/aging/rsi/rsi_papers/2004_horn.pdf. Consultée le l" juillet 2007.
3. Le tableau 2 de l'article de McGrew (2004) présente en les comparant et les résumant les théories
Cartcll-I lorn cr Carroll des aptitudes cognirivcs humaines. Grw csr csscnricllcrncnr d'apparition
récente et de définition attribuée par McGrcw à Woodcock, 1994, sous le titre Eng/ish-Llfnguage
Gnu Factor (McGrcw 200/4) - voir la page CHC Theory defined - Kevin S. McGrcw, 7-22-05
http://www.iapsych.com/chctheor}' l .odf
Quelques éléments sur la théorie CHC
des aptitudes, et par là, la manière dont on se doit d'aborder les efficience
de l'enfant.
Horn rappelle ce qui « tient » au travers des âges dans les diverses aptitudes
et ce qui décroît. Ce qui tient est « Connaissance cristallisée» {Ge) et
(<Aisance pour conserver et retrouver sur le long terme » ( Tertiary Storage
Retrieval-TSR ou Glr). Ce qui décroît est « Raisonnement fluide» (Gf),
« Mémoire à court terme» (SAR ou Gsm) et « Vitesse de traitement cognitif»
(Gs). Ces réalités soulèvent le problème suivant:
« Les adultes qui sont intellectuellement aptes à poursuivre des activités
exigeant de hauts niveaux de raisonnement, de mémoire et de rapidité
cognitive réalisent de plus faibles scores dans les tests d'intelligence
particulièrement dans ceux qui évaluent Gf, SAR er Gs que des personnes
plus jeunes qui ne sont pas aptes dans ces activités.
Ce qui suggère que les tests n'évaluent pas des aspects importants
du raisonnement, de la mémoire et de la vitesse caractéristiques de
l'intelligence adulre. »
'appuyant sur diverses sources et travaux, Ericsson et Chamesson dans
le champ de l'expertise, Lubrinski et Benbowon pour l'ajustement au
travail, Ackerman pour le développement adulte, et ses propres travaux avec
Masunaga sur les aptitudes expertes, Horn conclut que le développement
cognitif ne finit pas à l'entrée dans l'âge adulte.
ur la base des arguments fournis, cette conclusion de Horn est un
euphémisme. Non seulement le développement cognitif ne s'arrête pas à
l'âge adulte, mais la manière donc il s'accommode des réalités qu'il rencontre
amène des changements notables dans les aptitudes. Pour l'exemple cité
emprunté à ses propres travaux, le concept même de mémoire de travail'
ouvrirait sur une formulation différente de celle que nous connaissons
actuellement. L'auteur ne conclut pas plus loin, et laisse son lecteur apprécier
l'étendue des questions soulevées.
.;!il Il suggère que l'âge adulte conduit les personnes à concentrer le
8~
••c:: développement de leurs aptitudes dans le domaine de l'expertise. Ceci
0
<: conduirait à un moindre usage de l'intelligence fluide, mais conduirait, dans
le domaine del' expertise, à la création d'une sorte de mémoire à large empan,
permettant de travailler sur une grande quantité d'information accessible à
l. Qui ne serait pas confondu avec • Mémoire de rappel • de Horn, mais pa~ non plus avec Csrn,
• Mémoire à court terme » de la CHC récente : sa réalité comme fucreur CHC est très discutée, mai
il figure encore comme facteur de niveau 1 (voir McGrcw 2001 qui fair la synthèse des travaux sur le
ujer à cette date),
Annexe
Il n'est pas sans intérêt pour le praticien que l'on considère ainsi les
aptitudes. Il est important de savoir qu'elles changeraient dans leurs
caractéristiques, voire dans leurs définitions au travers des âges. Ce constat
remet en cause l'affirmation de McGrew selon laquelle les mêmes aptitudes
se retrouvent à tous les âges, et remet en cause l'indifférenciation entre les
âges qui gêne un peu dans l'abord de l'évaluation de l'enfant à l'adulce.
l. Nous admirons la figure rhétorique par laquelle les trois piliers se trouvent être les trois niveaux
de la théorie hiérarchique.
Annexe
1. Traduction littérale. Nous conservons le terme de rigucur « spécifiquc » réinrroduir ici par les
auteurs tandis qu'il est absent partout ailleurs.
Quelques éléments sur la théorie CHC
1. • Qu'en est-il des dilférc:ncc:.s de race, de: genre, d'ethnie: dans la structure: CHC de l'inrelligcncc ? •
• En considérant les cypes majeurs d'aprirudes cognitives, il y a peu de chance que la structure
fuctoric:llc: distingue: de: quelque: manière: systématique: les groupes selon le genre, les différc:ntc:.s
cultures, les groupes raciaux, er autres. »
2. Nous éprouvons à cet endroit quelque difficulré à traduire le rcrmc • racial groups • cr proposons
ethnies: il n'est pas certain que le rerme « groupe racial » ait w1 sens.
Quelques éléments sur la théorie CHC
ux-rnêmes, mais de la structure des aptitudes évaluées par les tests, que l'on
suppose analogue à la structure des aptitudes humaines et lui correspondant
. .
pomt par pomt.
Pourtant, l'affirmation de Carroll n'est pas sans évoquer une ambition
plus ancienne, s'exprimant dans le même champ, chez Cartell avec les tests
culturefair. On peut objecter qu'ils visaient alors une aptitude particulière,
considérée comme l'aptitude générale- puisque l'aptitude à l'éducrion des
relations était assimilée à g. Il ne s'agissait pas comme ici de la structure
des aptitudes, ce qui serait tout à fait différent. Rappelons pourtant ce qui
s'écrivait couramment de la théorie de tests culture fair dans les années
cinquante, ce sera nécessaire pour apprécier ce qu'il en est des changements
sur le fond de la théorie.
Dans le début des années cinquante, Carrell soutient l'idée de tests culture
fair qu'il a d'ailleurs produits. Le matériel est accompagné d'un manuel,
Culture Fair Intelligence Test. A Measure of(< g », par RB. Cartell et K.~.
attell '.
n peur y lire ce projet initial : « Nous avions comme principaux buts
[outre la recherche de validité et de fidélité] d'éliminer les effets des
apprentissages culturels spécifiques l... J » (p. 6), et, plus loin:
« Les subtesrs du test CF (culture fair) visent donc à mesurer l'aptitude
générale d' éduction des relations que de nombreuses recherches one montré
ornrne :
a) largement innée ;
b) une caractéristique relativement constante chez un individu ;
c) opérant dans des domaines cour à fait différents, comme les aptitudes
verbales, numériques, spatiales et sociales» (p. 7).
accell répète ces principes plus loin en précisant au passage que g, ou
l'aptitude à l'éduction des relations - qui esc subsumée par Gf-, sont
une seule et même chose :
.;!il
8~ <<Il semble quel' on puisse dire que le test CF mesure l'intelligence générale
••c:: (c'est-à-dire le facteur g ou l'aptitude d'éduction des relations) sur une
0
<:
base de performances moins affectées par les variations de lieu et de temps
cc les préjugés de l'cthno-ccntrismc [... ] les tests indépendants de la culture
mesurent de façon plus valide l'intelligence en la séparant des influences
de l'éducation, du milieu social, culturel et ethnique [... ] >) tid., p. 9).
l. la deuxième édition csr publiée en France en 1974 par les Édirions du Centre de psychologie
appliquée.
Annexe
réussies par les filles que par les garçons (pour la plupart), il serait injusr
de leur demander de faire plus pour se trouver à la moyenne des enfants d
leur classe d'âge. Cette manière d'intégrer les différences qui appartiennent
de toute façon à la réalité n'est pas toujours la manière choisie par 1
concepteurs de tests. Ainsi, des différences entre ethnies ou cultures peuvent
donner lieu à des étalonnages différents.
Mais l'argument de Carroll invoqué pour la qualité non différenciatrice
de la CHC ne porte pas sur les performances dans les épreuves mais sur
la structure des aptitudes. Ce que permet la CHC est d'une autre nature.
Elle pose que la structure des aptitudes humaines est la même, et que l'outil
permettant d'en analyser l'utilisation par l'individu est le même. JI serait
parfaitement démocratique ?
ous avons vu qu'une brèche pouvait s'ouvrir dans cc dogme, au travcr
de l'exemple des travaux de Horn et Masunaga (2000) : la structure d
aptitudes varie avec l'âge. Pas seulement l'efficience dans certains domaines,
quand on les compare à d'autres, mais la structure des aptitudes, jusqu'à
postuler pour l'adulte âgé un facteur non répertorié. Ceci ne plaide pas
pour une identité de structure des aptitudes humaines. D'autres exemples
peuvent être cités. Nous en avons rencontré à l'occasion, notamment au
travers de la présentation des Progressive matrices par J. Raven (1998) : cet
auteur insiste longuement sur le poids de la culture dans l'évaluation de
l'aptitude éduccive. Il cite les recherches dans des milieux culturels bien
différents, qui invalident dans ces conditions l'utilisation de tests d'aprirud
à l' éducrion de relation et corrélats.
Cette critique sur un détail était portée en 1995, on peut penser que
les théoriciens de la CHC en ont tenu le plus grand compte. En effcc,
nous trouvons dans la classification des aptitudes de niveau I er de niveau
II présentée par McGrew (2004), une aptitude qui se rapporte à c
Quelques éléments sur la théorie CHC
.;!il
8~ Qu'en est-il au développement?
••c::
0
<:
Le texte d'où nous sommes partis, une présentation sur le WEB de la
théorie CHC par McGrew (2005), fait état des « limitations ofCHC (GfGc)
theory » selon Horn et Noll (1997). Elles sont résumées, et peuvent donc
être présentées telles que :
• clic est dans l'ensemble une généralisation descriptive empirique cl
résultats de la recherche, mais bien moins une explication déductive d
ces résultats ;
Annexe
1. Nous adoptons ce terme en français pour traduire le terme anglais assez délicat d'acadernic
achieuemrnt. On peur lui préférer celui d' • acquisitions scolaires •, mais il csr important ici de marquer
une sorte d'évitement du terme scolaire ou école d'une part, et du terme apprentissage d'autre part.
Quelques éléments sur la théorie CHC
1. leami11g oppommities : les occasions d'apprentissage, comme si l'école n'organisair pas sysrérnari
quement son enseignement, et ces « occasions •.
2. Voir plus loin la définition de ce « modèle dorninanr » par Vygocsky.
Annexe
l. Cc dernier facrcur/aprirudc csr dûmcnr représenté dans le WJ-R mais n'est pas listé dans IC5
aptitudes CHC, peut-être du fair de son année de publication, 1989 antérieure à la CHC.
Annexe
<<Les relations, marquées par les discontinuités identifiées dans nos analyses,
suggèrent enfin pour l'âge considéré ici, un processus de développement
dans lequel Gf conduit des changements positifs dans les cornpérenc
[scolaires] l'année suivante, et que ces influences sont plus fortes durant
l'enfance et la pré-adolcsccncc.»
> L'amélioration des compétences est vue comme produit de Gf, ce qu'est cette
aptitude et son « investissement »
1. Nous soulignons.
Quelques éléments sur la théorie CHC
est sans doute le point positif que nous retiendrons de l'étude de Ferrer
et McArdle (2004). Si l'on comprend bien, les psychologues pourraient
mettre en évidence, à l'aide de leurs tests, les améliorations à venir dans les
compétences scolaires des enfants.
'aucuns, psychologues, pourraient se défier d'un rôle de prédicteurs
que d'autres, pédagogues, auraient tôt fait de leur contester en enregistrant
l'échec de la prédiction.
Mais la première question que se posera le praticien sur de tels résultat
sera la suivante : quels tests ont été utilisés pour cela ? Er s'ils servent à évaluer
l'aptitude dite fluide, comment ont-ils été utilisés ? Finalement, que sait-on
concrètement de la manière dont cette aptitude est mise en évidence ?
Pour répondre à cette question, il faudra revenir au début de notre ouvrage.
Et peut-être relire toue ce qu'écrit sur son test d'éduction des relations le
descendant du créateur des Progressive Matrices (1938).
Pour ses auteurs il est hors de doute que les PM-38 ne sont pas un test
culturefair, qui d'ailleurs n'existe pas. C'est un test d'une certaine culcure,
celle de l'aptitude éductive, valorisée dans certains milieux et pas dans
d'autres. Hautement valorisée à l'école cc chez ceux qui veulent aider le
enfants à grandir, les psychologues, cliniciens ou théoriciens des aptitudes.
'est aussi un test éminemment intelligent : nous voulons dire par là
qu'il prend le parti d'accompagner celui auquel il est administré, du jeune
âge jusqu'aux âges adultes, en sollicitant les aptitudes éductives du jeune
âge, puis très graduellement les aptitudes des plus grands et enfin des
adultes. Dans cet accompagnement le test d'éduction bien construit repère
les passages difficiles, cc offre même le moyen à l'enfant de prendre le ccmp
d'un premier contact avec la difficulté, puis d'y revenir un certain nombr
de fois, pour ne pas quitter le terrain sur un doute sans réponse.
Quelques éléments sur la théorie CHC
Ce que l'enfant rencontre avec ce matériel n'est pas toue à fait nouveau
pour lui, d'emblée, mais concerne un domaine dont il perçoit bien qu'il
est celui de l'intelligence du praticien. La question alors, pour l'enfant
et pom l'adulte est celle d'un échange au cours duquel l'adulte l'invite à
faire quelques pas sur son terrain de prédilection à lui. Qu'il y réponde
positivement est bien le gage de l'intelligence de l'enfant en développement.
u'il apprenne, en cours d'épreuve, comme nous avons tenté à maintes
reprises de le montrer au travers de l'analyse de l'utilisation de certains
matériels est à coup sûr quelque chose qu'il faudra souligner et restituer à
ceux qui one la charge d'éduquer. Elle servira à prédire ce qui est en fait
déjà en cours du côté de l'enfant.
ous nous garderons bien sûr ce constat, de conclure sur des points forts
ou des points faibles, en bref sur une utilisation possible de la théorie CHC.
Des limites en l'état nous semblent indépassables, nous nous y sommes
arrêtés. Pour autant il peur se faire que sous un certain angle, comme c'est
le cas ici, notre point de vue rejoigne celui des spécialistes de cette théorie.
Pour le reste, chacun devra apprécier ce qu'elle apporte à sa pratique de la
relation clinique. Comme sur les tests, nous avançons avec ce qui est à notre
disposition. Sans oublier nos déterminations, qui sont de servir l'enfant et
on développement, donc ceux qui œuvrcnr avec nous sur cc terrain.
Permettons-nous, pour clore notre réflexion, de nous référer encore
une fois à Binet : nous avons commencé avec lui, terminons avec lui.
Rosencwajg (2006) rappelle en conclusion d'un article consacré aux dernier
développements de l'évaluation de l'intelligence de l'enfant que:
<< Le sujet, l'enfant, est pour Binet au centre de ses préoccupations et c'est
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WECHSLER D. ~ .2i, fil-1.21. 12.2., zone proximale de
.2.Q2., 203,lll.l!L 303,fil développement) 22, ll, 2.22.
Table aes matières
• l d' apprennssage
L e potenne • s eval ue en cours d' epreuve
l I , .
auiae clinique aes tests chez l'enfant
Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2.1
onclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .l.QZ.
Vocabulaire.................................................... lll
Vocabulaire dénomination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
Vocabulaire définition fil
Classifications... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
e que l'on évalue avec l'épreuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ll.2
e que l'on peut noter en appui de l'enfant.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ll.2
L'examen d'un« enfant dys » avec des échelles des EDEI, Toufick 7 ans
5 mois lZQ.
Motif de l'examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lZQ.
Épreuves utili ' .izi
Comportement pendant les épreuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lli
Résultats obtenus dans les tests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lZ2..
onclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lli
Qu'est-ce qui est abandonné du WTSC-III? Qu'est-ce qui est intégré avec
le WISC-TV?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1..2.2.
L'intelligence dans le WISC-R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l2l
L'intelligence dans le WISC-III. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
L'intelligence dans le WISC-IV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Cubes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2.31.
e que l'on évalue avec l'épreuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2..21
e que l'on peut noter en appui de l'enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lli
imilitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.31.
Cc que l'on évalue avec l'épreuve................................. B1i
Cc que l'on peut noter en appui de l'enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~
Code 246
L'attention et la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
Comportement psycho-moteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
Inhibition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
propos du désir de réussir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12.Q.
Vocabulaire.................................................... 12.Q.
L'âge de l'enfant et l'étendue du lexique dans les épreuves de vocabulaire. . . . ill
L'âge de l'enfant et ses modalités de réponse dans « Vocabulaire » • • . • • • • . lli
équence Lettres-Chiffres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 54
Matrices .
ompre'h ens1on
. .
ymbolcs .2.61,
Table aes matières
Arithmétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266
Le temps dans l'épreuve « Arithmétique » . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . 266
L'arithmétique dans l'épreuve << Arithmétique ». • • • . . • . . • • . . • • . • • • • • . 267
Préambul
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
Devinettes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..18.Q.
Table aes matières
22Q.
Dénombrement de cubes (Blacks) (épreuve de 5 à 12 ; 11) . . . . . . . . . . . . . . .3.2.Q.
Raisonnement conceptuel (Conccptual rhinking) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
Planification spatiale (Rover) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12.1
Triangles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~
Reconnaissance de Formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
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<: Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472
Mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 482
ynthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . -4.M
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
ommentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 524
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tcrence cogrunve . 524
Un examen rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
La structure de la batterie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . lli
Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fil
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••c:: Introduction... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 572
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BIBLIOGRAPHIE............................................... .602.
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